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(Dix heures sept minutes)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M mes et MM. les
députés, si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît.
Affaires inscrites par les députés de
l'Opposition
Motion proposant que le gouvernement tienne un
véritable débat public sur les choix énergétiques
du Québec
Alors, ce 13 novembre 1991, nous entreprenons les travaux de
l'Assemblée nationale à l'étape des affaires du jour.
À l'article 46 de notre feuilleton, M. le député de
Joliette et leader de l'Opposition présente la motion suivante: "Que le
gouvernement mette en oeuvre tous les moyens nécessaires à la
tenue d'un véritable débat public sur les choix
énergétiques du Québec."
Avant que le débat sur cette motion de M. le leader de
l'Opposition ne s'engage, je vous informe de la répartition du temps de
parole établie pour la discussion de ladite motion. Mises à part
la réplique de 15 minutes accordée à l'auteur de la motion
et les 15 minutes allouées à l'ensemble des députés
indépendants, les deux groupes parlementaires se partageront la
période consacrée à ce débat de façon
égale. Dans ce cadre, les interventions sont limitées à
une durée de 60 minutes chacune.
Je suis prêt à entendre le premier intervenant, à
savoir l'auteur de la motion, M. le député de Joliette et leader
de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je salue le retour
de Mme la ministre d'une mission sans doute justifiée et
intéressante, j'espère, pour le Québec. Je lui dirai,
d'entrée de jeu, que j'en ai profité précisément
pour scruter davantage le dossier de l'énergie et c'est ce qui m'a
amené, au cours de ces jours, à présenter la motion de ce
matin.
Depuis 20 ans, on assiste à une modification rapide et
substantielle du rôle joué par chaque forme d'énergie dans
le bilan énergétique québécois. Ainsi,
l'électricité, le gaz naturel et les énergies non
conventionnelles ont vu leur part relative augmenter alors que la part du
pétrole a diminué de façon significative. À titre
de comparaison, la situation de 1989 par rapport à celle de 1971 nous
donne une excellente idée du changement survenu à
l'intérieur du bilan énergétique. Le pétrole, qui
représentait 75 % de l'énergie consommée au Québec
en 1971, ne représentait plus que 45 % en 1989. sa part est donc
passée des trois quarts du bilan à moins d'une demie. le gaz
naturel, pour sa part, a plus que triplé, passant de 5 % à 17 %.
quant à l'électricité, son poids a été
multiplié par 2,5, passant de 19 % à 39 %.
Les changements continuels observés à l'intérieur
des bilans énergétiques ne peuvent s'expliquer sans une
compréhension de l'évolution du prix du pétrole au cours
des dernières décennies et, surtout, sans une
compréhension des conséquences des deux chocs prétroliers
qui ont fait passer le prix moyen du pétroie brut livré au
Québec de 3,87 $ ie baril, en 1973. à 11,68 $ le baril, en 1974,
à 42,83 $ ie baril, en 1981. Donc, en seulement huit ans, nous faisions
face à une hausse des prix du pétrole de 1100 %.
Il aura fallu cette explosion des prix du pétrole pour
réaliser à quel point nos économies étaient
tributaires de l'énergie et, plus particulièrement, du
pétrole. L'impact des chocs pétroliers aura été
désastreux. Ainsi, à cause de la place que tenait le
pétrole dans la production nationale, il s'ensuivit une
accélération de ia croissance de l'indice des prix à la
consommation. En 1975, malgré la récession, l'inflation se
maintenait dans les deux chiffres. Nous assistions donc à un
phénomène nouveau appelé la "stagflation" où, dans
une même conjoncture, nous avions récession et inflation. Les
politiques macroéconomiques traditionnelles se sont
révélées très déficientes face à ce
nouveau phénomène car, lorsqu'on tentait de combattre la
récession, on activait l'inflation et, lorsqu'on tentait de combattre
l'inflation, on aggravait la récession. Le choix du gouvernement
canadien fut de combattre l'inflation et, aujourd'hui encore, cet objectif
demeure maintenu. Quels sont les résultats? Le Canada compte plus de 1
500 000 chômeurs.
C'est tout ce contexte qui modulera les orientations
énergétiques québécoises. Ainsi, la politique
québécoise de l'énergie, énoncée dans le
livre blanc de 1978, fixait trois objectifs précis: tout d'abord,
accroître l'autonomie du Québec, renforcer la
sécurité d'approvisionnement et promouvoir les économies
d'énergie. Cette politique adaptée aux années quatre-vingt
aura été d'une grande utilité et d'une grande
efficacité car elle répondait expressément à la
situation de l'époque. Ainsi, l'accroissement de l'autonomie du
Québec en matière énergétique a reposé sur
la hausse de la part de l'électricité dans le bilan
énergétique, à savoir 26 % en 1978, 30 % en 1984, et des
objectifs de 40 % pour 1990 ont été atteints. Fait à
noter, de tels pourcentages d'utilisation relative de
l'électricité sont à peu près uniques au monde,
peut-être à l'exception de la Norvège.
La sécurité des approvisionnements a reposé
sur la pénétration du gaz naturel. Et, d'ailleurs, la part
du gaz naturel était quasi inexistante et maintenant nous
dépassons 17 %. Il faut dire aux Québécois qu'en ce qui
concerne l'autonomie énergétique du Québec, elle est
passée de 54 %, en 1978, à 76 %, en 1985, et elle est
retombée à 68 %en 1989.
Face aux résultats de la politique énergétique du
gouvernement du Parti québécois, tous ceux qui connaissent le
dossier énergétique disent: Mission accomplie. Surtout si nous la
comparons à la politique énergétique du gouvernement
fédéral qui fut un véritable fiasco, comme l'ont si bien
démontré les deux économistes Pierre Frechette et Jean
Vézina dans un document intitulé "Économie du
Québec", troisième édition, qui disait en substance qu'en
appliquant des prix canadiens nettement inférieurs aux prix
internationaux, le gouvernement fédéral avait freiné les
profits des entreprises pétrolières, limitant ainsi les sommes
disponibles à l'exploration et à l'exploitation. En maintenant le
prix du pétrole aussi bas, il n'a pas forcé les entreprises
consommatrices à opérer les changements qui s'imposaient. Enfin,
les principales acquisitions visant à rendre plus canadienne par
Pétro-Canada l'industrie pétrolière se sont faites
à grands frais et dans une mauvaise conjoncture monétaire.
À la fin de 1988, le gouvernement du Parti libéral
proposait une politique énergétique pour les années
quatre-vingt-dix en visant certains objectifs prioritaires. Le gouvernement
choisissait alors, en plein coeur du débat constitutionnel sur l'accord
du lac Meech et alors que les préoccupations des Québécois
en matière d'énergie étaient plutôt tournées
- et on se rappellera - à l'époque vers la fiabilité
déficiente du réseau d'Hydro-Québec... On n'a qu'à
se rappeler en cette Chambre les nombreuses questions sur les pannes multiples
qui s'opéraient en plein hiver et tout le débat sur la
fiabilité générale du réseau. Donc, on n'a
qu'à se rappeler cela, M. le Président, pour constater que le
débat qui a eu lieu en 1990, à partir d'ailleurs du plan de
développement d'Hydro, est passé quasi inaperçu. Mis
à part le contexte politique particulier qui fit que ce débat
passa quasi inaperçu, cet exercice ne pouvait que s'avérer
parcellaire et je dirais même décevant puisqu'il devait s'exercer
dans le cadre prédéterminé d'Hydro-Québec.
Depuis, les événements se sont bousculés à
un rythme encore insoupçonnable il y a deux ans: les tensions sont plus
vives que jamais entre les nations autochtones et le gouvernement du
Québec; les batailles judiciaires tous azimuts du gouvernement sur
l'interprétation de la Convention de la Baie James ainsi que
l'aberration juridique que constituait l'entêtement à vouloir
scinder les études d'impact sur l'environnement du projet Grande-Baleine
y sont sûrement pour beaucoup. Mon collègue, porte-parole en
matière d'environnement d'ailleurs, le député de La
Prairie, traitera plus à fond de cette question.
La situation est aussi extrêmement volatile à
l'étranger et, plus particulièrement, aux États-Unis.
À tort ou a raison, et je dis bien à tort ou à raison,
l'opinion publique internationale et américaine a beaucoup de sympathie
pour la cause des nations autochtones et la conservation de leur habitat
naturel. Ce sera une cause extrêmement difficile à gagner et,
au-delà de notre réflexe naturel de défiance et de
fierté face à ces attaques que nous percevons comme des coups
bas, nous devrons apprendre à tirer des leçons de cet état
de l'opinion publique internationale. Il faut dire que la quasi-absence du
Québec sur les tribunes internationales n'aide pas beaucoup.
En plus d'une très forte sensibilité sur le plan
environnemental, les Américains, qui sont aussi nos clients, remettent
en question leur façon de vivre ainsi que leurs besoins
énergétiques en général. Ce phénomène
n'était pas aussi présent il y a encore quelques mois à
peine. De plus, de nouvelles techniques de production d'énergie font
leur apparition au Québec, comme la cogénération qui
soulève différentes questions tant sur les plans
économique qu'environnemental.
C'est dans ce contexte, M. le Président, extrêmement fluide
et volatile, que je me suis donc permis de relire le document de 1988 du
gouvernement actuel, du gouvernement du Parti libéral. Après
cette lecture, j'en suis venu à la conclusion que, sous ce nouvel
éclairage, la politique actuelle du gouvernement du Québec
constitue un échec. On pourrait même questionner: Existe-t-il
encore une politique énergétique au Québec? Reprenons donc
les objectifs de cette politique un à un.
Le premier objectif était d'utiliser l'énergie pour
stimuler le développement économique et appuyer le
développement régional. Ici, tout le monde comprendra qu'il
s'agit de toute la stratégie visant à implanter une série
d'alumine-ries au Québec. Maintenant que l'on sait à quel prix
ces entreprises sont venues s'implanter au Québec, eh bien, M. le
Président, il faut s'interroger. Grâce à l'ensemble des
avantages accordés par Hydro-Québec à ces entreprises
énergivores, on se retrouve dans une situation - et je pèse mes
mots - où chaque emploi créé par ies alumineries est
subventionné, au bas mot, de façon indirecte pour près de
100 000 $ par emploi, par année. De plus, la formule de partage de
risques associée a ces contrats de vente d'électricité
permet aux alumineries de bénéficier d'indexations de leurs
tarifs en fonction du cours mondial de l'aluminium.
C'est ainsi, M. le Président, qu'Hydro-Québec a perdu
cette année près de 200 000 000 $ à cause de ce type de
contrats. Pourtant, le gouvernement savait le risque qu'il faisait courir
à Hydro-Québec en acceptant de
tels contrats. La ministre de l'Énergie, elle-même, disait,
M. le Président, et je vais la citer... La ministre disait dans son
mémoire au Conseil des ministres, au moment où elle
présentait un mémoire pour Lauralco et Reynolds, que - je cite -
"Dans cette situation incertaine - parlant du prix de l'aluminium, la
transformation au niveau de l'aluminium - toute prévision sur
l'évolution du prix de l'aluminium demeure aléatoire, demeure
changeante. Et plus loin dans son mémoire, elle ajoute, et c'est
toujours la ministre qui parle: "II est important de noter que ces contrats
peuvent avoir un impact significatif sur la variabilité de la
rentabilité d'Hydro-Québec et ses répercussions sur les
équilibres financiers du gouvernement."
Donc, M. le Président, au moment où le gouvernement est en
train de vouloir signer des contrats à partage de risques, la ministre
elle-même souligne à son gouvernement que la situation est
incertaine, que l'évolution des prix de l'aluminium est
aléatoire, qu'il y a également une possibilité d'entacher
la rentabilité d'Hydro-Québec et qu'il y a également un
danger sur les équilibres financiers du gouvernement. Comment expliquer
que le gouvernement et Hydro-Québec aient alors opté massivement
pour la signature de tels contrats alors qu'Hydro risque beaucoup pour sa
santé financière et qu'elle n'est pas en situation de surplus
énergétique? (10 h 20)
Le deuxième objectif de la politique énergétique du
gouvernement libéral vise à développer au maximum
l'utilisation de nos ressources hydroélectriques. C'est dans cet
objectif que s'inscrit l'ensemble des projets de harnachement tels
Grande-Baleine, Sainte-Marguerite, Haute-Saint-Maurice et également NBR
et La Romaine. Mais ici, vous me permettrez, M. le Président, de prendre
quelques minutes pour faire le point sur Grande-Baleine.
Ce projet de construction de trois centrales souterraines vise à
produire 3168 mégawatts et coûtera, au bas mot, 12 700 000 000 $.
Actuellement, l'absence de discussion, au Québec, sur les choix
énergétiques a favorisé le déplacement du
débat entourant Grande-Baleine sur la scène internationale,
débat truffé de mauvaises informations et de démagogie
fort préjudiciables pour l'image du Québec. Vous avez sans doute
compris que je faisais référence, notamment, à la
publicité que l'on a pu voir récemment dans le New York Times
où le Québec était décrit comme un saccageur de
l'environnement et comme un oppresseur des premières nations.
Il va sans dire qu'un débat public et complet sur les choix
énergétiques du Québec permettrait de mieux comprendre le
projet et son utilité. Il permettrait également d'analyser de
façon complète les impacts sociaux et environnementaux de ce
développement sur les autochtones. Avec la globalisation des
marchés, le monde est devenu un grand village de 5 000 000 000
d'habitants et l'information s'y propage à la vitesse des
événements. Ainsi, un débat public, au Québec,
contribuerait à maintenir notre image internationale qui correspond
à celle d'un peuple compréhensif et démocratique.
Cet objectif de développer au maximum notre potentiel
hydroélectrique va de pair avec la stratégie d'exportation, si
chère au premier ministre actuel. "Exportons 3500 MW", lisait-on, M. le
Président, dans ce fameux document. "Exportons 3500 MW". À
l'époque, l'objectif paraissait atteignable pour certains, inatteignable
pour d'autres. Aujourd'hui, l'évolution de la demande chez nos voisins
du Sud, l'efficacité de leur programme d'économie
d'énergie et la mauvaise presse entourant le projet
hydroélectrique québécois de Grande-Baleine font que cet
objectif n'est pas atteint et ne le sera peut-être jamais. Voilà
donc encore une fois de nouvelles données auxquelles la politique
énergétique du Québec ne peut répondre. D'ailleurs,
la ministre de l'Énergie elle-même ainsi que le gouvernement
auquel elle appartient faisaient un volte-face complet face à l'ensemble
de la procédure devant mener à l'évaluation et à la
réalisation du dossier Grande-Baleine.
Le troisième objectif de la politique gouvernementale consiste
à assurer et a renforcer la sécurité des
approvisionnements énergétiques. M. le Président, ici
encore, les données ont bien changé. D'abord, le degré
d'autosuffisance énergétique du Québec n'était
plus, en 1989, qu'à 68 %, alors qu'il était à 76 % en
1985. Mais ceci peut s'expliquer, entre autres, par la baisse du prix du
pétrole. Cependant, je tenais quand même à le souligner,
car il y a un début de tendance qui est à surveiller.
Deuxièmement, lorsqu'on parle du degré d'autosuffisance
énergétique, j'ai tendance à penser à
l'hydraulicité, surtout à la faible hydraulicité. À
la fin de septembre, HydroQuébec faisait face à une
hydraulicité de 55 %, ce qui la place devant un déficit
énergétique de 25 TWh, à un coût variant, croyez-le
ou non, entre 30 000 000 $ et 60 000 000 $ le TWh. Hydro-Québec se
retrouve avec un manque d'eau qui pourrait lui coûter entre 750 000 000 $
et 1 500 000 000 $. Et ça, c'est un problème majeur auquel on a
à faire face. Cette énergie non disponible correspond à
une forme de pénurie d'énergie qui nous oblige à acheter
des réseaux voisins. Ce fut d'ailleurs le cas en octobre où on a
livré 0,7 %. Mais regardez, 0,7 % d'un TWh, c'est 20 000 000 $ que
ça a coûté.
Cette nouvelle donnée nous amène à nous interroger
sur le caractère variable de la ressource hydroélectrique et sur
les risques financiers associés à la pleine utilisation de notre
potentiel hydroélectrique. Sommes-nous rendus à un point
où il faut repenser la quantité d'énergie demandée
à chacun de nos barrages? Que penser, par exemple, de la nouvelle
centrale Brisay qui doit entrer en production en 1993, dont le
réservoir... Et ici, j'attire l'attention des gens,
M. le Président: Que penser de Brisay qui, en 1993, doit
entrer en production et, au moment où on se parle, ce barrage n'est
rempli qu'à 42,9 %? Peut-être faut-il revoir notre politique de
vente massive d'électricité aux alumineries et peut-être
faut-il revoir notre politique d'exporter à tout prix? Voilà,
encore une fois, des nouvelles données avec lesquelles il faut
composer.
Le quatrième objectif de la politique énergétique
du gouvernement actuel consiste à garantir l'accès du
Québec aux ressources canadiennes et à des prix
compétitifs. Ici, M. le Président, je serai bref car, depuis la
fin de l'été, le Québec ne raffine plus une goutte de
pétrole venant de l'Ouest - depuis la fin de l'été, le
Québec ne raffine plus une goutte de pétrole venant de l'Ouest.
Je tenais à le dire et à le souligner, M. le Président,
car vous vous rappellerez sans doute que, durant le référendum,
on nous brandissait la menace de couper les vivres de l'Ouest, au niveau du
pétrole. Rappelez-vous Jean Chrétien et ses peurs de Bonhomme
Sept Heures. Au moment où on se parle, on ne raffine plus une goutte de
pétrole de l'Ouest et personne n'est aussi mal pris qu'on le
prétend. Il va falloir que les Québécois réalisent
qu'on s'est tout simplement foutu de leur gueule littéralement.
Le cinquième objectif, M. le Président, consistait
à favoriser la concurrence de l'industrie énergétique au
bénéfice des consommateurs québécois. Ici, je
citerai seulement deux chiffres. En 1990, la hausse des tarifs
d'électricité au Québec fut de 7,5 % et elle fut de 6,9 %
en 1991. Alors, où est la saine concurrence qui devait
bénéficier aux Québécois? Où est cette
volonté de donner aux Québécois une source
d'énergie à bon marché, alors que l'on sait très
bien que le gouvernement, par son ingérence dans la gestion
d'Hydro-Québec, lui fait perdre actuellement des centaines de millions
de dollars, à cause, premièrement, des contrats à partage
de risques, contrats signés pour permettre au premier ministre
d'annoncer des alumineries en campagne électorale?
Où est cette volonté de donner aux Québécois
une source d'énergie à bon marché et aussi de revenir au
fondement même du mandat d'Hydro-Québec et des raisons profondes
de la nationalisation de l'électricité en 1962, lorsqu'on sait
que le gouvernement va aller chercher cette année, grâce à
une taxe sur les emprunts d'Hydro-Québec, une somme de 147 000 000 $ qui
se traduira peut-être par une hausse - pas peut-être, mais sans
doute - de tarif supplémentaire de 3 %? Comment le gouvernement peut-il
d'un côté affirmer sa volonté d'offrir aux
Québécois une énergie à bon marché, et, en
même temps, grever Hydro-Québec de charges susceptibles d'affecter
substantiellement sa santé financière au point où seules
des hausses de tarifs peuvent lui donner les fonds nécessaires pour sa
bonne gestion?
On se rappellera que chaque 50 000 000 $ que nous allons chercher chez
Hydro-Québec, que ce soit par les partages de risques ou que ce soit par
les frais de garantie, la loi 162 que nous voterons cet après-midi,
après la période de questions, ça signifie 1 % de
tarification additionnelle. Donc, près de 200 000 000 $ sur les contrats
à partage de risques en perte cette année, 4 %, plus les 143 000
000 $ que le ministre des Finances va chercher, un autre 3 %, c'est 7 % et on
n'a pas tenu compte de l'inflation et de la gestion normale des coûts
additionnels pour la gestion normale annuelle.
Encore une fois, ces questions n'ont pas été
abordées il y a deux ans et, aujourd'hui, on se retrouve avec une
politique dont l'échec se confirme et qui ne correspond en rien à
la nouvelle réalité. Parlant de nouvelle réalité,
il y a tout le dossier des économies d'énergie. Il serait bon,
grâce à un débat public, de déterminer, avant
d'opter pour la construction de nouveaux équipements, si le
Québec, compte tenu de sa population, de son climat et de sa structure
économique, a atteint un degré d'efficacité
énergétique acceptable. Sinon, est-ce qu'une politique
d'énergie comprenant, entre autres, le développement et la
fabrication d'équipement à faible consommation
énergétique, ainsi que la mise sur pied de programmes de soutien
financier plus direct et plus concret en matière de conservation
d'énergie, comme il en existe ailleurs, d'ailleurs, est-ce que ça
ne créerait pas moins, autant ou plus d'emplois que la construction de
barrages? (10 h 30)
II y a aussi tout le dossier de la cogénéra-tion.
Hydro-Québec a reçu des propositions de production
indépendante d'électricité totalisant plus de 8000 MW,
soit 2,5 fois plus que la puissance du complexe Grande-Baleine. Pourtant, la
société d'État estime ses besoins à seulement 750
MW d'ici à 1995 et a accepté, à ce jour, des projets qui
totalisent seulement 625 MW, selon des critères aléatoires et
questionnables. D'ailleurs, le gouvernement vient d'accepter, me dit-on, un
projet de Kruger alors qu'Hydro-Québec l'avait refusé. Sur ce
point, j'espère qu'on aura des clarifications au niveau de
l'exposé de la ministre. Serait-il rentable, à court et moyen
terme, d'aller plus à fond vers la cogénération? Quelles
seraient les retombées économiques et les emplois associés
à ce type de projet? Voilà autant de questions qu'on pourra
débattre dans un débat public. Surtout, quels en seraient les
effets indirects, car on sait que plusieurs producteurs de papier
prétendent qu'en optant pour la cogénération ils
réussiraient à rendre leur entreprise plus rentable et plus
compétitive par rapport aux Américains. D'ailleurs, la semaine
passée, en cette Chambre, il y avait précisément une
question qui était adressée par ma collègue de Johnson au
premier ministre qui démontrait la volonté de la compagnie
Cascades, je crois, d'y
aller au niveau de la cogénération pour assurer une
meilleure compétitivité, une meilleure concurrence.
Il y a aussi l'ensemble des énergies alternatives qui sont trop
souvent négligées. Il faut savoir s'il y a des concurrents
efficaces à l'électricité qui pourraient être utiles
pour l'économie du Québec. À titre d'exemple, le gaz
pourrait s'avérer, entre autres, un excellent concurrent à
l'électricité au niveau résidentiel. Il serait bon de
discuter quel choix le Québec veut faire par rapport au gaz.
En conclusion, après 20 ans d'évolution, de perturbations,
de transformations majeures au niveau énergétique, de plus en
plus d'individus qui s'intéressent à la situation
énergétique québécoise exigent un véritable
débat public sur les choix énergétiques du Québec.
En effet, je crois avoir démontré que plusieurs facteurs nouveaux
militent en faveur d'un tel débat. Contrats à partage de risques
qui menacent la santé financière d'Hydro-Québec,
perception négative des mégaprojets d'Hydro-Québec
à travers le monde, difficultés d'exporter notre
électricité aux États-Unis, faiblesse de notre
hydraulicité et inquiétude quant au véritable potentiel
hydroélectrique, préoccupations environnementales, pressions en
faveur des économies d'énergie, nouvelles sources
d'énergie, cogénération, etc., voilà autant de
sujets, M. le Président, qui viendraient alimenter un débat
public. Bref, cet ensemble de nouvelles données justifie à lui
seul l'importance d'un tel débat, car l'ensemble de ces nouvelles
données a littéralement jeté par terre la politique
énergétique du présent gouvernement.
Le processus devant mener à l'élaboration d'une nouvelle
politique commence également à faire consensus au Québec.
Ce processus devra tenir compte de l'évolution des
Québécoises et des Québécois quant à leur
désir d'être consultés. La population du Québec,
beaucoup plus intéressée et sensibilisée aux
conséquences économiques, politiques et environnementales de
l'utilisation des différents types d'énergie, doit
nécessairement être impliquée dans un débat sur
l'avenir énergétique.
Il devient de plus en plus évident qu'un consensus se
dégage afin qu'un débat complet nous permette de porter un
jugement global et cohérent sur l'ensemble de la problématique
énergétique du Québec. Ce débat devra nous
permettre de voir clair sur l'évolution de la demande
énergétique, sur notre utilisation des différentes sources
d'énergie et sur la façon dont nous produisons et nous nous
approvisionnons en énergie. Il faudra analyser minutieusement les
aspects économiques, politiques et environnementaux de nos choix
énergétiques, à l'aube du XXIe siècle.
Bref, compte tenu de l'importance majeure du secteur
énergétique au Québec, il est impensable d'aller de
l'avant dans ce dossier avec des bouts de politique élaborés en
catimini. Le gouvernement, par souci pour l'avenir économique du
Québec, doit mettre en branle un processus de consultation
générale et publique, parlementaire ou autre, afin d'analyser
l'ensemble des possibilités quant à l'avenir
énergétique du Québec. Seul un tel exercice rendra
possibles des choix éclairés qui, je le redis encore,
rapporteront, tant sur le plan économique qu'environnemental, à
l'ensemble de la population Québécoise. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle. Sur le même sujet, je vous rappelle, Mme la
ministre, que vous intervenez sur une motion du leader de l'Opposition
officielle. Vous disposez d'une période maximale de 60 minutes. Mme la
ministre de l'Énergie et des Ressources et vice-première ministre
du Québec.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
le député de Joliette de ses préoccupations sur le voyage
que je viens de faire en Asie, M. le Président, et lui dire que ce fut
un excellent voyage pour le Québec. Je dois dire aussi que nous avons
parlé beaucoup là-bas de l'amiante, et non seulement de
l'énergie mais de l'amiante, parce que le ministre de l'Énergie
et des Ressources québécois est aussi responsable des mines qui
touchent la région que vous connaissez bien, M. le Président, et
le comté de Richmond. Nous avons profité de l'occasion pour
apporter un appui du gouvernement dans ce dossier-là, ce qui ne nous a
pas empêchés, non plus, du côté du Japon, de faire
connaître les possibilités du Québec, et Dieu sait que les
possibilités énergétiques sont aussi un atout important
dont nous pouvons nous servir quand nous voyageons à travers le monde,
M. le Président. Je le remercie de s'être informé de ce
voyage et de me donner la possibilité de lui dire que ça a
été un voyage fort important pour le Québec et pour
l'avenir économique du Québec.
M. le Président, les remarques que je peux faire, pour commencer,
c'est des remarques d'étonnement. Je trouve étonnant, je trouve
impensable, peut-être inimaginable, injustifiable, le fait que le
député de Joliette, ce matin, nous demande un débat public
sur l'avenir énergétique du Québec et sur la situation de
l'énergie au Québec.
M. le Président, j'étais de ceux qui, en 1962,
travaillaient aux côtés de quelqu'un qui s'appelait René
Lévesque, père spirituel du Parti québécois.
J'étais parmi ceux et celles qui, en 1962, ont accepté de suivre
cet homme, de même que notre premier ministre, M. Jean Lesage, dans cette
grande lancée de "Maîtres chez nous". "Maîtres chez nous",
il y a 30 ans, M. le Président, ça voulait dire se servir de
l'énergie au
Québec, de l'hydroélectricité pour faire en sorte
que nous soyons capables d'atteindre les sommets que nous méritions,
nous, Québécois, sur le plan économique. M. le
Président, je suis étonnée qu'après 30 ans le
député de Joliette nous demande encore un débat, ce matin,
pour faire un choix, pour faire un consensus qui est fait, encore une fois,
depuis 30 ans. Étonnée... Je pense que ce débat est
inimaginable en 1991, tout près de 1992, donc près de 30 ans.
M. le Président, quand on a formé un gouvernement, quand
on est dans l'Opposition, on doit répondre de ses gestes. C'était
plus facile dans les années soixante-dix, quand ce parti n'avait jamais
été au pouvoir, mais ça l'est moins maintenant, M. le
Président, parce qu'ils ont été, eux aussi, responsables
de la gouverne du Québec.
M. le Président, en 1980, plusieurs groupes
d'intérêt public avaient demandé que soit tenu un
débat public sur la politique énergétique. Plusieurs
questions, dont le recours éventuel à l'énergie
nucléaire, pour n'en citer qu'une seule, faisaient l'objet de vives
discussions. Le gouvernement d'alors s'était engagé à
tenir un tel débat public au cours de la campagne électorale de
1981; c'était M. Bérubé qui l'avait promis. En 1983, le
gouvernement du Parti québécois organisait une commission
parlementaire sur le thème: L'énergie, levier du
développement économique. Et, j'oserais dire, c'était une
suite logique à ce que leur père spirituel avait fait en 1962.
Cette commission parlementaire, qui a connu un succès certain,
constituait d'une certaine façon le premier débat public sur les
choix énergétiques.
En 1988, M. le Président, le gouvernement du Parti libéral
a publié sa politique énergétique: Énergie, force
motrice du développement économique. Celle-ci,
généralement bien accueillie dans les médias, a fait
l'objet de nombreux exposés devant divers groupes sociaux qui sont
actifs tant dans les domaines de l'efficacité énergétique
que dans ceux des énergies nouvelles de l'électricité et
des hydrocarbures. Et, plus récemment, au printemps 1990, M. le
Président, j'ai moi-même eu l'occasion d'animer une commission
parlementaire sur les perspectives de l'offre et de la demande
d'électricité. Cette commission parlementaire a permis à
nouveau à de nombreux groupes de toutes tendances - et Dieu sait qu'il y
en a eu de toutes tendances, M. le Président - de se faire entendre sur
les enjeux, mais aussi sur les choix énergétiques. La tenue des
commissions parlementaires, M. le Président, constitue une excellente
formule pour tenir des débats publics sur les questions
d'intérêt général. Nous sommes tous ici des
représentants de la population et, M. le Président, cette
commission parlementaire nous permet, comme représentants du peuple, de
se sensibiliser aux opinions des divers intervenants du milieu, d'être
à l'écoute de ces intervenants. Et c'est cette formule-là
qui a été généralement utilisée par les
gouverne- ments du Québec quels qu'ils soient, M. le Président,
qu'ils soient du Parti québécois ou qu'ils soient du Parti
libéral. (10 h 40)
M. le Président, je comprends que le député de
Joliette ait scruté le dossier de l'énergie pour que ce
débat se fasse ce matin, pour qu'il présente cette motion, mais
je pense aussi qu'il faudrait le regarder davantage. Encore une fois, M. le
Président, ça a été des choix qui ont
été faits, acceptés par les gouvernements qui se sont
succédé, qu'ils soient de la formation politique du
député de Joliette ou de la mienne, M. le Président. On
n'a qu'à penser au 28 octobre 1979, LG 2, inauguration avec faste; le
premier ministre d'alors appuyait sur le bouton avec plein de fierté.
Et, à l'inauguration de LG 4, le 27 mai 1984, il a
réappuyé sur le bouton, M. le Président, avec autant de
fierté. Ce n'est pas le Parti libéral qui le faisait à ce
moment-là, mais qui l'avait commencé. On était loin du
nucléaire qui avait été, à un moment donné,
mis de l'avant par la formation politique d'en face.
Les alumineries, M. le Président, dont a parlé
tantôt le député, et j'y reviendrai au cours de mon
exposé, ont créé 43 000 emplois directs et indirects.
Est-ce qu'on va refuser aux Québécois 43 000 emplois directs et
indirects, M. le Président? Je pense qu'il ne faudrait pas non plus
oublier que des contrats comme Reynolds, comme Pechiney ont d'ailleurs
été rouverts sous le gouvernement du Parti
québécois parce qu'ils avaient été conclus par le
Parti québécois et ce gouvernement et comportaient des rabais
tarifaires inacceptables. On semble, ça aussi, ce matin, l'oublier, M.
le Président.
Puisque ça s'impose, ce matin, de continuer dans ce débat,
j'exposerai à nouveau la politique énergétique
appliquée par le gouvernement du Québec, qui a été
à nouveau clairement définie il y a maintenant un peu plus de
deux ans et demi, comme je le disais tantôt, en septembre 1988. Cette
politique s'articule autour de trois objectifs, trois objectifs que le
gouvernement considère comme également prioritaires. Pour le
gouvernement, il est essentiel, en premier lieu, que le marché
énergétique québécois soit rendu encore plus
efficace et plus concurrentiel. La deuxième de nos priorités
concerne l'offre d'énergie, et plus précisément la mise en
valeur de nos richesses énergétiques, que le gouvernement
souhaite poursuivre et que le gouvernement aussi souhaite assurer.
M. le Président, enfin, considérant avant tout la
politique énergétique comme une politique économique,
parce que c'en est une aussi, le gouvernement compte utiliser pleinement
l'énergie comme un instrument d'industrialisation et levier de
développement économique et ce, dans la même ligne de
pensée qu'ont eue les gouvernements qui se sont succédé,
qu'ils aient été à l'époque des libéraux et
devenus péquistes, M. le Président, et relibéraux parce
que nous l'avons
fait aussi. Je pense que dans la même veine nous voulons utiliser
pleinement l'énergie comme un instrument d'industrialisation, comme un
levier important du développement économique des
Québécois.
J'aimerais revenir, M. le Président, plus
précisément, sur chacune de ces trois priorités. Notre
premier objectif, je l'ai dit, vise à rendre le marché
énergétique québécois plus efficace et plus
concurrentiel. Depuis le début des années soixante-dix, la
demande énergétique québécoise a subi de profonds
bouleversements que l'on peut, ici, brièvement vous rappeler. En moins
d'une vingtaine d'années, l'électricité est devenue la
première forme d'énergie utilisée par les secteurs
résidentiel, industriel et commercial, faisant du Québec l'une
des sociétés les plus électrifiées au monde. Je
dois vous dire que, lorsqu'on explique ça à nos amis du Japon,
ils en sont quelque peu surpris, mais fort heureux des possibilités
qu'on peut offrir.
Le gaz naturel a également connu une forte
pénétration, gaz, électricité représentant
respectivement, maintenant, 15 % et 40 % du bilan énergétique
québécois. Quant au pétrole, M. le Président, il
conserve une place importante dans notre consommation, soit 44 % du bilan
énergétique québécois.
En même temps que ce bouleversement dans la place respective de
chaque forme d'énergie, le Québec connaissait, comme la plupart
des pays industrialisés, une amélioration de son
efficacité énergétique. C'est ainsi qu'en 1990 on a
consommé, au Québec, à peine plus d'énergie qu'en
1976, alors qu'entre-temps notre produit intérieur brut augmentait de 40
% en dollars constants. C'est dire que nous sommes beaucoup plus
disciplinés, M. le Président, qu'on pourrait le croire.
Pour le gouvernement, au plan de la demande, les acquis des
dernières années doivent être protégés et
doivent aussi être amplifiés. Les principaux secteurs de
l'économie québécoise ont maintenant largement
accès, pour satisfaire leurs besoins énergétiques, aux
trois formes d'énergie conventionnelle. Les marchés
énergétiques sont ainsi devenus très concurrentiels, pour
le meilleur intérêt des consommateurs, et le gouvernement a
clairement marqué le souhait que cette situation soit conservée
et, en plus, soit pleinement exploitée. Ça signifie que le
pétrole, le gaz naturel, l'électricité doivent être
disponibles sur la majeure partie du territoire québécois, dans
des conditions de coûts et avec une sécurité
d'approvisionnement les rendant concurrentiels les uns par rapport aux
autres.
Je vais revenir, M. le Président, sur les implications de cette
politique pour ce qui est de l'offre de l'électricité.
Pour ce qui est du pétrole, notre proximité des grands
courants d'échanges internationaux nous permet de recevoir directement
du pétrole provenant du marché mondial. La remise en cause du
fonctionnement de l'oléoduc Sarnia-Montréal nous prive,
cependant, d'un accès commode au pétrole albertain, et j'ai eu
l'occasion de préciser les exigences du Québec à cet
égard. D'abord, étant donné la consommation du
Québec, il est clair que nous avons besoin de ce pipeline pour assurer
la sécurité de nos approvisionnements. À ce titre, il y a
des discussions qui ont eu lieu, au début d'octobre, avec les
producteurs de l'Ouest et des représentants du ministère. Notre
point de vue a été réaffirmé. Rien ne peut
justifier que le Québec et l'Est du Canada, qui représentent le
tiers de la population du pays, soient laissés sans aucune assurance
ferme du maintien d'un niveau de sécurité adéquat de leur
approvisionnement. Par conséquent, le gouvernement fédéral
ne peut se soustraire à cette responsabilité, et c'est pourquoi
nous ferons toutes les représentations en ce sens, M. le
Président.
C'est dans ce même esprit que le gouvernement a approuvé et
appuyé fortement le projet Soligaz. Comme vous le savez sans doute, ce
projet, qui concerne le secteur pétrolier, qui est essentiel pour le
développement de l'est de Montréal, vise à approvisionner
en liquides de gaz naturel la région montréalaise par
oléoduc, en provenance de l'État de New York. Actuellement, ces
liquides sont transportés d'Edmonton à Toronto par
oléoduc, puis de là par train jusqu'à Montréal.
La réalisation du projet Soligaz, maintenant confirmée,
permettrait d'améliorer notre sécurité
d'approvisionnement, permettrait aussi de réduire les risques qui sont
liés au transport et de diminuer de façon considérable les
coûts de ces liquides qui représentent plus de 40 % des
coûts de production de notre industrie pétrochimique. Soligaz
revêt donc une importance essentielle dans la croissance de notre centre
pétrochimique montréalais.
En ce qui concerne le gaz naturel, le gouvernement du Québec est
directement impliqué dans la distribution, la commercialisation du gaz
que nous recevons de l'Ouest canadien. Pour le gouvernement, le rôle
joué par le gaz naturel sur le marché québécois
doit être encore accru. Une augmentation de la consommation de gaz
naturel permettrait, évidemment, de mieux utiliser l'infrastructure de
transport, l'infrastructure de distribution qui existe. Nous ferions ainsi
bénéficier un plus grand nombre de consommateurs d'une forme
d'énergie qui est facile à utiliser et qui est peu polluante. Le
plan de développement d'Hydro-Québec prévoit d'ailleurs
une utilisation plus importante du gaz aux fins de production
d'électricité. (10 h 50)
En ce qui concerne le rôle joué par chaque forme
d'énergie sur le marché énergétique
québécois, le gouvernement vise ainsi à renforcer la
diversification que nous avons acquise. Il nous faut aussi assurer la
sécurité des approvisionne-
ments pour ce qui est de l'énergie provenant de
l'extérieur et il faut rendre le coût de ces formes
d'énergie aussi bas que possible.
La facture énergétique est en effet un des
éléments déterminants de notre
compétitivité. Globalement, cette facture s'est
élevée, en 1989, à près de 14 000 000 000 $. Dans
une économie où les industries de l'aluminium, du titanium et des
ferro-alliages jouent un rôle majeur, la mondialisation des
marchés nous impose des efforts renforcés pour réduire nos
coûts énergétiques.
Bien entendu, la meilleure façon de réduire ces
coûts est tout simplement d'économiser de l'énergie et
aussi d'en améliorer l'utilisation. J'ai rappelé il y a quelques
minutes, M. le Président, des progrès réalisés par
le Québec à ce chapitre. En 1989, la consommation
énergétique du Québec était moins
élevée que la moyenne canadienne, que l'on calcule cette
consommation par habitant ou par milliers de dollars de production. Les efforts
doivent cependant être poursuivis. C'est pourquoi j'annonçais, en
décembre dernier, que le gouvernement proposerait à la population
d'ici la fin de cette année une stratégie intégrée
d'efficacité énergétique. Déjà
l'Assemblée nationale a adopté, au printemps dernier, un projet
de loi qui visait l'amélioration de l'efficacité des appareils
électroménagers. La réglementation afférente a
déjà fait l'objet d'une prépublication qui devrait
être mise en vigueur sous peu. De même, la révision de la
réglementation découlant de la Loi sur l'économie
d'énergie dans les nouveaux bâtiments devrait être
publiée à très court terme.
Une meilleure utilisation de l'énergie constitue ainsi
actuellement, pour ce qui est de la demande, l'une de nos priorités
essentielles. Il faut être bien conscient du fait que les
économies d'énergie ne pourront répondre à tout.
Une utilisation plus efficace de l'énergie réduira la croissance
de nos besoins, certes, mais il paraît bien téméraire
d'imaginer qu'à court ou à moyen terme ces besoins puissent
être significativement réduits. C'est donc tout autant vers
l'offre que vers la demande que nos efforts doivent porter.
La deuxième priorité énoncée par le
gouvernement du Québec concerne justement la mise en valeur de nos
richesses énergétiques, c'est-à-dire avant tout
l'exploitation de notre hydroélectricité. Le Québec a eu
la chance d'être doté d'un relief et des ressources hydrauliques
qui font de son territoire un site idéal pour la mise en valeur et
l'utilisation de l'énergie hydroélectrique. L'exploitation de
cette richesse est devenue, et à juste titre, l'une de nos grandes
sources de fierté. À l'heure actuelle, le Québec est le
quatrième producteur d'électricité au monde, après
les États-Unis, l'Union Soviétique et presque à
égalité avec le Brésil. À lui seul, le
Québec dispose ainsi de près de 32 000 MW de puissance
hydraulique installée et produit 163 TWh
d'hydroélectricité. Cela représente approxi- mativement 8
% de la production mondiale, 33 % de la production nord-américaine et 58
% de la production canadienne. La mise en valeur de ces énormes
ressources a été réalisée essentiellement
grâce à l'aménagement de grands complexes
hydroélectriques. Le principal d'entre eux, le complexe La Grande, est
le quatrième complexe hydroélectrique au monde. Faut-il rappeler
que, grâce à ces richesses, Hydro-Québec constitue
maintenant la principale entreprise québécoise, la
deuxième société d'État canadienne et l'une des
principales entreprises d'utilité publique en Amérique du
Nord.
Le caractère renouvelable de l'énergie hydraulique donne
évidemment une valeur exceptionnelle à cette richesse
énergétique. L'autre phénomène remarquable, c'est
que le Québec est loin d'avoir épuisé le potentiel
hydraulique susceptible d'être aménagé. On estime ainsi
à près de 50 000 MW le potentiel restant encore à mettre
en valeur, dont le tiers est d'ores et déjà économiquement
aménageable. La mise en valeur d'une partie de ce potentiel est
nécessaire si le Québec veut répondre à la
croissance de ses besoins futurs sans accroître ses dépendances
énergétiques vis-à-vis de l'extérieur.
Au total, comme vous le savez, HydroQuébec prévoit
investir un peu plus de 60 000 000 000 $ au cours des 10 prochaines
années. Ces investissements permettront à notre
société d'État d'augmenter sa capacité de
production et de transport d'électricité, permettront aussi
à Hydro-Québec d'améliorer ses installations
déjà existantes, vont lui permettre aussi de renforcer ses
réseaux de transport et de distribution, tout en contribuant de
façon significative à l'amélioration de l'utilisation de
l'énergie.
Ce plan de développement est déjà entamé et
plusieurs aménagements majeurs sont actuellement en cours de
réalisation. C'est ainsi que quatre chantiers hydroélectriques
sont présentement en pleine activité. Il s'agit des
aménagements de La Grande 1, La Grande 2A, Laforge 1 et Brisay, tous
situés à la baie James, dont les investissements totaux
dépassent les 6 000 000 000 $. Une fois terminés, ces quatre
aménagements ajouteront près de 5000 MW à la puissance
installée d'Hydro-Québec, et ça principalement au cours
des deux prochaines années.
Le rythme des travaux d'Hydro-Québec ne se ralentira pas pour
autant. Dès cette année, la société d'État
commence la réalisation de deux nouveaux projets, Laforge 2 et Eastmain
1, dont la réalisation s'échelonnera jusqu'en 1996. Et, par la
suite, seront réalisés les grands projets Grande-Baleine puis
NBR. Ces deux projets, M. le Président, particulièrement
Grande-Baleine, font l'objet de nombreux commentaires, font l'objet
d'interrogations essentiellement, à ce qu'on nous dit, pour des raisons
environnementales. Et je vais revenir sur cette question tout à
l'heure.
J'aimerais simplement souligner que les trois centrales du projet
Grande-Baleine permettront
de disposer d'une puissance de 3168 MW et d'une production annuelle de
16 200 000 000 de kWh à un prix très compétitif.
D'après les prévisions actuelles, les kWh produits à
Grande-Baleine seront livrés à un coût d'environ 0,044 $,
bien que ça représente, M. le Président, une augmentation
de près de 0,02 $ par rapport aux kWh qui étaient produits au
complexe La Grande, phase I. Le coût de production de l'énergie
obtenu à Grande-Baleine sera environ 30 % de moins élevé
que l'énergie produite par une centrale nucléaire.
Les grands projets hydroélectriques resteront ainsi au cours des
prochaines années le moyen utilisé prioritairement par
Hydro-Québec pour accroître les disponibilités
d'énergie sur notre territoire. Il existe cependant d'autres moyens
d'augmenter la production québécoise d'énergie et deux de
ces moyens: le développement des petites centrales et la
cogénération sont particulièrement prometteurs.
Le 20 septembre 1990, j'ai rendu public le programme de
développement des petites centrales hydroélectriques qui consiste
à confier à l'initiative privée la remise en état
de petites centrales désaffectées sur des sites hydrauliques de
puissance égale ou inférieure à 25 MW. On estime que le
potentiel total des petites centrales déjà économiquement
aménageable est de l'ordre de 300 MW et que sa mise en valeur
entraînera des dispositions et des investissements d'environ 600 000 000
$. Une première tranche de 13 sites hydroélectriques a
été offerte en soumission à la fin du mois de
décembre 1990, et je peux vous dire que le programme connaît un
succès considérable.
Dans le secteur de la production électrique, la
cogénération est un autre domaine d'activité où le
gouvernement du Québec fonde de grands espoirs. La
cogénération à partir de gaz naturel et de la biomasse
représente un mode de production d'énergie et
d'électricité très intéressant. D'ici 1995,
Hydro-Québec prévoit disposer d'une puissance de 750 MW au titre
de la production indépendante, ce qui constitue le double par rapport au
plan de 1990-1992.
Au plan de l'offre, la politique énergétique du
gouvernement du Québec ne vise pas seulement les modes de production
d'énergie bien connus et complètement maîtrisés. Un
effort considérable de recherche-développement est
consacré par le secteur énergétique
québécois à de nouvelles filiales
énergétiques en vue de répondre aux besoins de demain. (11
heures)
En 1987, le Québec a aussi consacré 170 000 000 $ à
la recherche-développement énergétique, ce qui, par
rapport à la dépense énergétique, le place dans une
position analogue à celle de l'ensemble des pays de l'OCDE. Ces efforts
de recherche-développement appuyés et renforcés, dans
certains cas, par un souci direct du gouvernement, concernent principalement
les électrotechnologies, les gazotechnologies, la biomasse,
l'hydrogène, l'énergie solaire et l'énergie
nucléaire.
Hydro-Québec constitue, bien entendu, l'acteur principal dans ce
domaine, avec près de 60 % de toutes les dépenses de
recherche-développement énergétique assumées au
Québec. Le gouvernement attache une très grande importance
à la recherche et au développement en général et
aux efforts de recherche consentis, en particulier, dans le domaine de
l'énergie. Malgré les contraintes budgétaires que nous
devons affronter, les soutiens aux activités de recherche
apportés directement par le gouvernement ont été
renforcés et ont été aussi enrichis. Le gouvernement
appuie, de plus, tous les efforts qui visent à renforcer par des accords
de coopération internationale certaines de nos activités de
recherche. À ce titre, les accords conclus dans les domaines des
électrotechnologies, des gazotechnologies et de l'hydrogène dans
plusieurs pays européens, incluant même des accords avec la
Communauté économique européenne et le Japon, me
paraissent particulièrement exemplaires.
Dans le secteur énergétique, la troisième de nos
priorités, je l'ai souligné, vise à utiliser pleinement
l'énergie comme levier de développement économique et
cette orientation très claire de la politique gouvernementale
découle d'une constatation évidente. Le secteur
énergétique détient une place essentielle dans l'ensemble
du système économique québécois et, plus encore, le
Québec possède probablement, dans le domaine de l'énergie,
quelques-uns des outils les plus prometteurs de son futur
développement.
Il existe plusieurs façons de mesurer l'importance du secteur
énergétique dans l'économie québécoise. La
plus évidente, c'est, bien sûr, le rôle clé
joué par les activités énergétiques au plan des
investissements. Au plus fort des travaux de la Baie James, les investissements
hydroélectriques ont représenté jusqu'à 25 % des
investissements totaux de l'économie, ce qui est tout à fait
considérable et, après avoir sensiblement diminué, ces
investissements ont recommencé à croître rapidement. En
1991, les investissements d'Hydro-Québec représentent près
de 3 % du produit intérieur brut et 15 % des investissements totaux de
l'économie québécoise. Il est à considérer
qu'il en sera ainsi pour les 10 prochaines années, M. le
Président, et ça vous indique l'importance du plan de
développement d'Hydro-Québec.
Entre 1989 et 1990, les investissements du secteur
énergétique québécois se sont accrus de près
de 40 %, passant de 2 700 000 000 $ à 3 700 000 000 $. Ces derniers
temps, une telle croissance était particulièrement bienvenue
alors que les économies des pays industrialisés
commençaient à entrer dans la période de ralentissement
économique que nous connaissons actuellement. C'est d'ailleurs le
dynamisme même de
notre secteur énergétique qui explique, pour une bonne
part, que le Québec ait relativement moins souffert de la conjoncture
actuelle que certaines économies théoriquement plus solides,
comme celle de l'Ontario. Ce dynamisme du secteur hydroélectrique ne se
limite pas aux seuls investissements énergétiques.
On a beaucoup parlé, ces derniers temps, de différents
contrats de vente d'électricité conclus par Hydro-Québec
avec un certain nombre d'industries. J'aimerais simplement rappeler, M. le
Président, l'impact de ces contrats, en termes d'investissements et
d'activités économiques. L'utilisation par le Québec de
l'électricité comme facteur d'appel a permis l'installation sur
notre territoire, d'entreprises, d'industries qui, sans cela, ne se seraient
jamais implantées ici. Il faut se le dire, M. le Président. Et
là aussi, en termes d'investissements, les résultats sont
très spectaculaires. À l'heure actuelle, une dizaine de grandes
industries réalisent au Québec des investissements qui
s'élèvent à plus de 4 000 000 000 $. Ces investissements
vont se maintenir à un rythme soutenu au moins au cours des deux
prochaines années et créer 45 000 emplois en termes de
personnes-année. Par exemple, dans le secteur de l'aluminium, le
Québec est maintenant le troisième producteur et le premier
exportateur mondial avec 7 % de la production totale. L'Alcan, dont le
siège social est à Montréal, est le premier producteur
d'aluminium au monde.
La mise en valeur de notre potentiel hydroélectrique a aussi
entraîné, directement ou indirectement, l'apparition de plusieurs
secteurs d'activité qui sont maintenant parmi les plus performants au
monde. C'est le cas, par exemple, de toute l'industrie du matériel
électrique, des câbles, des turbines, mais aussi des firmes
d'ingénieurs-conseils spécialisées dans la conception, la
réalisation de grands projets de construction et d'aménagement.
Ces mêmes firmes d'ingénieurs-conseils, M. le Président,
peuvent aller à travers le monde faire profiter d'autres pays de leur
savoir-faire qu'ils ont obtenu ici, par les grands projets que nous avons
eus.
Dans une conjoncture internationale de plus en plus compétitive,
la stratégie de développement retenue a eu certains effets
spectaculaires, effets dont nous devons nous féliciter: je le
mentionnais déjà, M. le Président, de nombreuses
industries installées au Québec - il faut le
répéter - les investissements considérables dans le
secteur de l'aluminium, une place de choix en matière de recherche et de
développement, la reconnaissance d'un potentiel hydroélectrique
de première importance pour le développement économique du
Québec.
Pour le gouvernement du Québec, les efforts entamés ne
doivent pas être infléchis. Au contraire, M. le Président,
nous comptons bien faire en sorte que l'économie
québécoise profite au maximum des activités et des
investissements engagés ou annoncés, et ça, je pense, M.
le Président, que celui qui a vu à l'étatisation de
l'électricité, en 1962, serait d'accord avec nous. Le
gouvernement libéral a travaillé et travaillera encore pour
affirmer la place concurrentielle du Québec sur la scène
internationale.
Les priorités d'action que nous venons d'aborder, M. le
Président, représentent successivement le cadre de l'intervention
gouvernementale dans le secteur énergétique. La politique
énergétique que nous avons définie s'applique, bien
sûr, dans un certain contexte où les défis ne manquent pas.
Pour ce qui est du Québec, la situation me semble tout à fait
claire. Le Québec a la chance, oui, la chance, de disposer d'une source
d'énergie renouvelable dont l'utilisation ne remet pas en cause les
besoins des générations futures. Contrairement au
nucléaire, M. le Président, la gestion des ressources
hydrauliques est technologiquement parfaitement maîtrisée et
n'entraîne pas de problèmes de gestion des déchets comme
ça peut être le cas pour le nucléaire.
Il est donc tout à fait normal que la commission Brundtland, qui
a proposé le concept de développement durable, ait explicitement
recommandé le choix de l'hydroélectricité, une fois les
économies d'énergie réalisables effectuées, ce avec
quoi nous sommes tout à fait d'accord. Il est évident que les
aménagements hydroélectriques ne sont pas sans effet sur
l'environnement des régions concernées, mais il me semble que
l'on devrait remettre ces effets en perspective et parler clairement des
alternatives à notre disposition.
Le complexe Grande-Baleine, qui est l'objet des questionnements les plus
nombreux au plan environnemental, entraînera comme effet principal
l'inondation d'un territoire d'environ 1000 km2. Je répète, 1000
km2. C'est vrai que c'est une superficie qui est non négligeable, qui
est cependant, rappelons-le, 10 fois moins importante que la superficie
inondée lors de la construction de La Grande, phase I, et qui n'a
surtout rien à voir, M. le Président, avec les chiffres tout
à fait fantaisistes qu'on entend encore avancer par certains avec une
certitude la plus parfaite. Je répète, M. le Président:
1000 km2. On est loin du trois fois la France, comme on entend et qu'on lit
dans les journaux, on est loin aussi de trois fois le Connecticut ou deux fois
le Connecticut, M. le Président, comme le disent certains de nos amis du
Sud. (11 h 10)
D'une façon plus générale, les risques
environnementaux associés au développement
hydroélectrique, particulièrement dans le Grand-Nord, font
l'objet, depuis plus de 20 ans, d'études, de recherches multiples, des
recherches aussi qui ont été approfondies. Hydro-Québec
est ainsi devenue, et il faut le dire, l'une des spécialistes mondiales
de l'environnement nordique, et des sommes impressionnantes sont
prévues dans le plan de développement de la
société d'État, au titre de la recherche en environnement.
Pour le seul dossier Grande-Baleine, M. le Président, plus de 400
études ont été faites; 60 000 000 $ ont été
dépensés; des mesures d'atténuation ont été
planifiées sur le plan environnemental, des mesures de mitigation aussi,
M. le Président. Une fois que les directives seront reçues du
ministère de l'Environnement et qu'Hydro-Québec pourra
déposer ses réponses à ces directives, je pense que le
débat va prendre une autre tournure. On verra alors, M. le
Président, qu'ici, au Québec, on a la fierté de ce que
nous pouvons faire. Cette fierté se traduit à ce moment-là
par des études approfondies, par des sommes énormes
consacrées à la protection de l'environnement avant
d'entreprendre de grands travaux. C'est ce qu'a fait HydroQuébec et j'ai
bien hâte, M. le Président, que ces études soient mises sur
la place publique. À ce moment-là, les gens qui utilisent une
propagande éhontée contre ce projet auront peut-être un
changement de discours.
Bien loin de constituer une menace pour l'environnement,
l'aménagement de Grande-Baleine aura pour effet direct de réduire
les dommages environnementaux qui sont liés à la production et
à l'utilisation de l'énergie dans tout le Nord-Est
américain.
Certains militants écologistes oublient ainsi un peu vite que
l'électricité obtenue grâce à l'aménagement
de Grande-Baleine remplacera ou évitera des hydrocarbures, de
l'énergie nucléaire et permettra ainsi un gain net en faveur de
l'environnement. Pour avoir été ministre de l'Environnement, M.
le Président, je dois dire qu'on doit avoir à l'esprit - et je
comprends les écologistes d'avoir à l'esprit - certains projets
précis. Quand on est véritablement un vrai écologiste, on
doit avoir aussi une préoccupation de la planète. Et la
planète, c'est tout le monde, ce n'est pas que le Québec.
Quand on fait ici, M. le Président, des arrangements avec
l'État de New York, l'État du Vermont et d'autres de la
Nouvelle-Angleterre pour pouvoir les faire profiter d'un développement
hydroélectrique renouvelable, propre, et efficace sur le plan
environnemental, on protège l'environnement. M. le Président, on
doit avoir cette vision planétaire de l'environnement et non une vision
bornée, comme certains peuvent avoir.
De la même manière, M. le Président, l'installation
au Québec d'alumineries est globalement satisfaisante pour
l'environnement, globalement, si on la regarde comme ça. Si ces
alumineries remplacent des installations qui sont analogues et qui utilisent
dans d'autres pays des hydrocarbures et de l'énergie nucléaire,
encore là, M. le Président, avec
l'hydroélectricité, si on est un véritable
écologiste, on va reconnaître qu'on protège notre
planète en faisant ça, et tout ça, je pense qu'on le
retrouve dans le rapport
Brundtland.
L'avantage évident de l'hydroélectricité au plan
environnemental ne doit pas cependant nous dispenser d'un examen complet, d'un
examen rigoureux, approfondi des impacts prévisibles et, pour cette
raison, le Québec s'est doté d'un cadre législatif
exigeant.
J'ai toujours tenu, M. le Président, à ce que les projets
de développement énergétique que nous voulons entreprendre
dans le Nord québécois soient assujettis au processus d'examen
environnemental qui est prévu non seulement par les lois du
Québec, mais qui est prévu aussi par la Convention de la Baie
James et du Nord québécois. Et je suis confiante quant au
résultat de tout le processus qui est en cours. Le dossier
hydroélectrique du Québec est un excellent dossier. Je suis
certaine et assurée que ma conviction est partagée par la
majorité des Québécois.
Le problème actuel, vous le savez, M. le Président,
réside surtout dans la difficulté que nous avons à
maîtriser des délais très exigeants et, en fait, à
réaliser des arbitrages complexes dans des laps de temps relativement
courts. Je peux simplement vous assurer aujourd'hui de la volonté du
gouvernement du Québec de faire tout ce qui est en son pouvoir pour que
les échéanciers prévus soient respectés et pour que
nos ressources hydroélectriques puissent être mises en valeur dans
des délais requis en respectant les préoccupations de chacun.
D'ailleurs, à cet effet, je vais profiter de l'occasion qui m'est
offerte aujourd'hui par le député de Joliette pour l'informer du
mode de consultations publiques qui est en cours, en ce moment, sur le plan du
développement d'Hydro-Québec. Je rappelle aussi au
député de Joliette que cette démarche découle de la
commission parlementaire qu'on a eue au mois de mai 1990. Hydro-Québec a
donc débuté une consultation sur son plan de
développement. Jusqu'à maintenant, la société
d'État produisait un plan de développement par année;
dorénavant, cet exercise va s'étendre sur trois ans.
M. le Président, le succès de cette activité, qui
est une activité qu'on doit qualifier de novatrice, repose notamment sur
les conditions suivantes: premièrement, l'engagement de la haute
direction; deuxièmement, la diffusion d'une information pertinente;
troisièmement, une discussion de fond sur les options du
développement électrique et, quatrièmement, la confiance
réciproque entre les différents acteurs. Il faut cesser, M. le
Président, de critiquer et de critiquer encore, alors que par
l'entremise d'Hydro-Québec le gouvernement met en place un
mécanisme louable qui ouvre la porte à une franche discussion. Il
s'agit là, M. le Président, d'une nouvelle façon de faire.
Hydro-Québec mettra à la disposition des participants de
l'information qui est pertinente. Il ne faut pas être prophète, M.
le Président, pour comprendre que ça signifie qu'il y
aura des discussions relatives aux options possibles pour l'avenir
électrique du Québec. Il est donc implicite que les
représentants de la société d'État
échangeront sur les préoccupations du public à
l'égard de ces options.
Tous les acteurs de la consultation ont donc un devoir, et ce devoir,
c'est celui d'assurer un dialogue empreint de franchise. C'est donc dans la
foulée de la commission parlementaire de mai 1990 que le gouvernement a
décidé de changer les règles du jeu afin de faire, et je
le répète, une consultation sur les choix possibles de
développement. Ainsi, M. le Président, le plan de
développement doit donc présenter les orientations à long
terme de l'entreprise, doit donc aussi faire état des choix pour
satisfaire les besoins futurs et doit faire rapport de sa consultation.
Il y a une différence qui est évidente avec ce qui se
faisait jusqu'ici puisque les plans à venir discuteront de plusieurs
choix de développement, de la méthodologie d'évaluation de
ces choix, des résultats de la consultation et en expliquant les
orientations que l'entreprise aura retenues. Il est clair, M. le
Président, qu'en procédant ainsi Hydro-Québec permet
à tous et chacun de mieux connaître l'impact des choix
stratégiques du développement hydroélectrique du
Québec. Le prochain plan de développement sera
déposé au gouvernement du Québec le 1er novembre 1992 et,
pour ce faire, le processus de consultation a été amorcé
il y a déjà quelques jours. Au cours des deux années qui
suivront le dépôt du plan, Hydro-Québec devra rendre compte
de sa planification, Hydro-Québec devra rendre compte aussi de sa
performance et devra déposer sa proposition tarifaire.
Parallèlement à ce nouveau processus, Hydro-Québec
doit mettre un terme au cycle précédent. C'est pourquoi
Hydro-Québec devra publier, au début de 1992, un rapport
général et des rapports particuliers sur le suivi du plan de
développement 1990-1992, de même que sur la proposition tarifaire
pour l'année 1992 et, par la suite, tous ces documents seront soumis
à l'examen d'une commission parlementaire, en mars 1992.
M. le Président, contrairement à ce que peut dire le
député de Joliette, nous n'avons aucune crainte à aborder
avec le public certains thèmes cruciaux. Je pourrais en rappeler
quelques-uns, M. le Président: les programmes incitatifs qui sont
destinés aux industries à forte consommation
d'électricité - je pourrais en citer d'autres, M. le
Président - l'efficacité énergétique. Il y a,
d'ailleurs, un groupe-conseil que j'ai formé, M. le Président,
qui se penche sur les données sur lesquelles il a travaillé au
cours des mois qui sont passés et on pourra, en décembre, en dire
davantage. Les exportations d'électricité sont aussi, M. le
Président, un thème important; les moyens de production. (11 h
20)
M. le Président, je dirai également au
député de Joliette qu'à ce jour les rencontres avec les
groupes représentatifs de la collectivité, ces rencontres sont
tout à fait satisfaisantes et permettent des échanges fructueux
avec les dirigeants d'Hydro-Québec. Il s'agit, M. le Président,
et il faut le dire, d'une occasion sans précédent pour les
groupes concernés d'exprimer leur point de vue sur des thèmes qui
ont été retenus.
L'exercice de transparence qu'Hydro-Québec fait
présentement, c'est une première du genre dans l'histoire de
l'entreprise, et il faut le faire, M. le Président. Ceux qui
désirent s'exprimer à ce sujet vont avoir plusieurs occasions de
le faire: 5 rencontres en novembre, dont 100 groupes représentatifs de
la collectivité et certaines des communautés autochtones. Des
ateliers thématiques seront ouverts entre janvier et avril 1992. Il y
aura des consultations, il y aura des échanges sur les impacts des choix
possibles. M. le Président, 5 rencontres en mai 1992 avec les
mêmes groupes que la phase I - ils reprennent les rencontres - 9
rencontres ouvertes à tous, en juin 1992, ayant lieu dans 9 villes du
Québec. De novembre 1992 à février 1993, dans un premier
temps, Hydro-Québec expliquera son plan de développement en
relation avec le résultat de la consultation publique et, à cette
fin, Hydro-Québec consacrera un budget de plus de 2 000 000 $, et ce,
dans 9 régions du Québec. À cette fin aussi, je pense
qu'Hydro-Québec sera disponible pour être à l'écoute
de la population, pour échanger avec elle, livre ouvert, M. le
Président, sans cacher quoi que ce soit, transparente de la façon
dont l'ont demandé les gens qui sont venus s'exprimer à la
commission parlementaire de mai 1990, et nous répondons à cette
demande.
Encore une fois, M. le Président, je voudrais vous dire que ces
consultations se feront à livre ouvert. Elles se feront selon les
règles de l'art, avec les données qui sont
vérifiées et surtout, avec les vrais acteurs. En plus, pour son
information, la majorité des intervenants s'accordent à dire
qu'il s'agit là d'un processus qui est plus qu'intéressant. Je
pense que, ce matin, il faudrait en profiter pour informer le
député de Joliette. D'ailleurs, le taux de participation à
ces rencontres qui viennent de commencer en fait foi, M. le Président,
puisqu'il est présentement entre 75 %et80 %.
M. le Président, je dois dire ici au député de
Joliette que la politique énergétique publiée à
l'automne 1988 expose clairement les motifs et les objectifs de nos points
énergétiques. La réalisation d'un bon nombre des
éléments prévus par cette politique a été
entreprise et, pour plusieurs d'entre eux, est même largement
complétée ou en voie de l'être. En aucun temps, M. le
Président, notre gouvernement n'a été inactif ou
impassible devant l'importance des choix qui sont à faire. Plutôt
que de continuer à
répondre à cette désinformation, cette propagande
qui se fait sur le dos d'Hydro-Québec, nous préférons les
échanges constructs et la confrontation, oui, mais des idées.
Donc, que ceux qui veulent se prononcer utilisent les moyens à leur
disposition, M. le Président. Je fais un appel encore ce matin parce que
ça répond, encore une fois, exactement à ce qui nous a
été demandé par la commission parlementaire, par ceux et
celles qui sont venus nous voir à la commission parlementaire.
M. le Président, je voudrais peut-être donner certaines
réponses au député de Joliette sur l'énoncé
qu'il a prononcé, tout à l'heure, à l'occasion du
débat. On a parlé, et j'en ai parlé moi-même, de
Soligaz, M. le Président. L'accès par Soligaz aux ressources
canadiennes comprend les approvisionnements en gaz naturel, ce qui
représente 17 % de notre bilan. Cette ressource à des prix
très avantageux représente une contribution importante à
notre sécurité énergétique et pour le
développement de l'industrie québécoise. L'accès
aux ressources canadiennes, c'est aussi des approvisionnements en liquide de
gaz naturel pour lesquels le gouvernement actuel a conçu ce projet
Soligaz qui, espérons-nous, pourra débuter ses travaux de
construction très bientôt.
M. le Président, quant à la cogénération, on
en a aussi parlé tantôt, et le député de Joliette
l'a mentionné lui-même, Hydro-Québec doit procéder
à une deuxième phase de sélection dans le but de retenir
des projets de production combinés à partir du gaz naturel pour
une puissance d'environ 800 MW. C'est le nombre important de projets
reçus et le degré d'efficacité énergétique
relativement faible de ceux-ci, de même qu'un taux de réussite peu
élevé observé dans des cas similaires ailleurs en
Amérique du Nord qui ont amené l'entreprise à souhaiter
préciser son approche auprès des autres proposants.
Hydro-Québec préfère, M. le Président, que
les promoteurs révisent l'efficacité énergétique de
leurs projets - je pense que le député de Joliette va être
tout à fait d'accord avec ça - avant de finaliser les ententes
avec les papetières qui font de la cogénération.
M. le Président, le député de Joliette a
parlé aussi de la faible hydraulicité que nous connaissons, au
Québec, depuis 1985. C'est évident que ça a obligé
Hydro-Québec à prendre des mesures particulières pour
compenser, en partie, le manque à gagner dans ses réservoirs. Les
réservoirs ne sont donc remplis qu'à 58,6 % de leur
capacité. Pour l'année 1991, HydroQuébec prévoit
maintenant un déficit aux apports hydroélectriques de 23 TWh. On
se rappellera la sécheresse des mois de mai, juin et juillet de cette
année et l'accumulation naturelle de l'eau dans les réservoirs
est de 15 % inférieure à la moyenne. Hydro-Québec compte
reprendre certaines des mesures exceptionnelles qu'elle avait prises en 1989
pour protéger des stocks d'eau dans les réservoirs. La centrale
de Tracy sera en fonction. Pour combler les besoins de base,
Hydro-Québec a déjà commencé à acheter de
l'énergie auprès de réseaux voisins. La livraison de
biénergie continuera, mais il se pourrait que certaines conditions
contractuelles soient assouplies. Je pense qu'il faut être assuré,
M. le Président, que les besoins en énergie du Québec
seront comblés cet hiver.
Concernant le coût de ces mesures, on ne peut évidemment
pas les évaluer exactement, pour l'instant, car on ne sait pas encore
quelle est l'ampleur des mesures qui seront prises ni combien de temps elles le
seront. Il est donc trop tôt pour connaître l'impact de la faible
hydraulicité et trop tôt aussi, évidemment, pour
connaître le coût de ces mesures.
M. le Président, malgré toutes les interventions que
pourra faire le député de Joliette, je veux encore dire mon
étonnement. Je dois encore dire que je trouve inimaginable, impensable
et injustifiée cette demande d'un débat public, M. le
Président. Encore une fois, je rappelle les démarches qui ont
été entreprises, que ce soit par le gouvernement du Parti
québécois qui a tenu des commissions parlementaires, que ce soit
par nous qui avons fait la même chose. Je pense que les
représentants du gouvernement, comme les représentants de
l'Opposition qui siègent à des commissions parlementaires, M. le
Président, sont de dignes représentants de la population. J'ai
trop de respect pour les institutions qui découlent de
l'Assemblée nationale, comme les commissions parlementaires, pour ne pas
dire comme d'autres que ces commissions parlementaires sont inefficaces.
M. le Président, nous avons entendu, je pense, au-delà de
70 groupes et individus, en mai 1990. Nous les avons écoutés,
nous avons suivi les conseils que ces groupes ou ces individus sont venus nous
donner. Nous avons posé des gestes, que ce soit par des
législations, que ce soit par des gestes qui servent davantage les
efficacités énergétiques et qui font davantage pour
l'efficacité énergétique du Québec, parce qu'on ne
peut pas que produire, il faut protéger l'énergie au
Québec. On les a posés, ces gestes, M. le Président, suite
à la commission parlementaire. Et, toujours suite à cette
commission parlementaire, Hydro-Québec est en pleine période de
consultation, tel que nous lui avons demandé, tel qu'elle l'a fait, M.
le Président, à livre ouvert, encore une fois, face à la
population, dépensant 2 000 000 $ pour cette consultation.
M. le Président, je dois dire que le dossier de l'énergie,
en ce moment, par certains groupes, est trop polarisé pour susciter une
réflexion qu'on peut appeler une réflexion non partisane. Je le
répète, M. le Président, ce dossier d'énergie est
trop polarisé pour susciter une réflexion non partisane sur les
principaux enjeux énergétiques au Québec. Je ne vois pas
ce que pourrait
ajouter à la discussion, en ce moment, un débat public
conduit par d'autres que ceux qui ont été élus par la
population pour mener a bien ce dossier énergétique.
M. le Président, la population nous a fait confiance; dans le
dossier seulement de Grande-Baleine, 71 % de la population dit
qu'Hydro-Québec peut construire en respectant l'environnement, M. le
Président. Je pense que c'est clair et net que nous avons l'appui de la
population. Nous avons l'appui de la population dans des choix qui ont
été faits, un consensus qui a été atteint il y a
déjà 30 ans. Le "Maîtres chez nous" de 1962, M. le
Président, est encore important en 1991, presque 1992. Trente ans
après, il est encore important.
Le "Maîtres chez nous" pouvait être atteint par le
développement économique du Québec, avec cet outil que
nous avons et dont nous devons être fiers, M. le Président, on ne
le dira jamais assez. Il est inacceptable de continuer d'accepter qu'il y ait
des gens qui discréditent et le Québec, et Hydro-Québec,
et je ne fais pas de nationalisme étroit quand je dis ça, M. le
Président. Il est inacceptable de continuer d'accepter que ces gens nous
discréditent sur le plan mondial, que ce soit en Europe, que ce soit aux
États-Unis, à travers les campus universitaires, qu'ils
discréditent le Québec et les Québécois pour les
choix que nous avons faits il y a au-delà de 30 ans.
En 1962, nous l'avions décidé par le père spirituel
du Parti québécois, qui était alors libéral - il
avait, M. le Président, une vision des choses tout à fait
libérale, à l'époque - et par M. Lesage qui était
alors premier ministre. Ce que nous faisons en ce moment, c'est exactement dans
une continuité de 1962, et je ne comprends pas qu'on exige du
côté du Parti québécois, encore une fois, un
débat public, si ce n'est qu'on se raccroche à un wagon qui est
tiré par d'autres groupes de pression et qu'on essaie de faire en ce
moment du capital politique avec ça, M. le Président. On ne doit
pas, avec l'énergie électrique que nous développons ici au
Québec, pour les Québécois, pour le développement
des Québécois, prendre cet enjeu d'une façon partisane. On
ne doit pas le faire.
M. le Président, je suis très fière
qu'Hydro-Québec, en ce moment, fasse en sorte que les consultations se
continuent, livre ouvert, sans cacher quoi que ce soit. Notre gouvernement,
encore une fois, en aucun temps n'a été inactif et impassible; au
contraire, il a été proactif et a constamment informé la
population.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
vice-première ministre et ministre de l'Énergie et des
Ressources. Je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous
étudions la motion présentée par M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition, qui se lit comme
suit: "Que le gouvernement mette en oeuvre tous les moyens nécessaires
à la tenue d'un véritable débat public sur les choix
énergétiques du Québec."
Je reconnais et cède la parole au prochain intervenant, M. le
député d'Ungava. M. le député.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président. C'est avec grand plaisir
que j'interviens sur ce dossier et surtout immédiatement après
avoir entendu les propos de la ministre de l'Énergie et des Ressources
car, en l'écoutant, la seule idée que j'avais en tête ou la
seule réflexion qui me venait en tête, c'était: Qu'est-ce
qu'il ne faut pas entendre, M. le Président! Jusqu'où peut-on
aller dans l'ignominie? Jusqu'où peut-on aller dans l'hypocrisie?
Une voix: Wo! Wo!
M. Claveau: J'écoutais la ministre dire: II ne faut
surtout pas...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le député, s'il vous plaît! M. le leader adjoint
du...
M. Bélisle: M. le Président, le débat a
été très civilisé, avec des questions de contenu et
de la part du député de Joliette et, surtout, de la part de Mme
la ministre de l'Énergie. Des remarques semblables du
député d'Ungava, ça...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): s'il vous plaît,
m. le député! m. le député. m. le
député, je vous rappelle la motion. s'il vous plaît, soyons
calmes. m. le député.
M. Bélisle: M. le Président, une question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Quelle est votre
question de règlement, M. le député?
M. Bélisle: "Hypocrisie", ce n'est pas parlementaire.
Rappelez-le à l'ordre, faites-lui retirer ses paroles.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, je vais suspendre les travaux. J'étais à
discuter avec quelqu'un ici, à côté de moi. Je vais
suspendre quelques instants, rapidement je vais voir le vidéo.
(Suspension de la séance à 11 h 36)
(Reprise à 11 h 38)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député d'Ungava, je vous demanderais de
retirer l'expression, avec la
teneur que vous avez eue, du mot "hypocrisie". Je vous demanderais de le
retirer immédiatement et de poursuivre votre intervention.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Donc, je retire le mot
"hypocrisie". C'est celui que vous me demandez de retirer? Alors, je retire le
mot "hypocrisie", M. le Président, pour dire que, malgré tout, la
vérité a quand même ses droits en cette Chambre.
Toujours est-il que, suite à ce que la ministre disait tout
à l'heure, qu'il ne fallait surtout pas se servir de l'énergie
pour faire de la politique, qu'il ne fallait pas politiser le débat
énergétique, M. le Président, je demanderais juste
à la ministre de se référer au discours de l'aspirant
premier ministre de 1985, son chef de parti, qui à ce moment-là
ne siégeait même pas à l'Assemblée nationale et qui
a fait essentiellement sa campagne électorale de 1985 sur
l'énergie au Québec à partir d'un livre qu'il avait
publié et qui s'appelait "L'énergie du Nord" et dans lequel
bouquin l'actuel premier ministre croyait ou affirmait pouvoir vendre dans les
mois qui suivaient 12 000 MW d'électricité aux États-Unis.
Il a même identifié 7000 MW des potentiels hydroélectriques
sur le bassin de la baie d'Un-gava, imaginez-vous!
Il y a peut-être un potentiel là. Il y a des
dénivellations, il y a des pentes, il y a des courants, des
rivières, sauf que de là à aller construire 7000 MW sur le
bassin de la baie d'Ungava pour les vendre aux États-Unis, ce qu'il dit
lui-même dans son livre publié un peu avant les élections
de 1985, eh bien, il y a tout un monde, M. le Président.
C'est pourtant à partir de réflexions semblables que le
premier ministre a mené sa campagne électorale, en 1985, avec
toute son équipe. C'était: Au Québec on a de
l'énergie à en revendre; la preuve en est que tout le monde veut
avoir l'énergie du Québec. On doit donc produire de
l'électricité à outrance, on va damer toutes nos
rivières, on va prendre tout le potentiel, disait-il. C'est dommage,
c'est incroyable qu'on laisse courir des dollars vers les rivières,
disait-il, sans les utiliser. Toute goutte d'eau qui passe dans nos
rivières et qui n'est pas transformée en
électricité, c'est du gaspil, disait-il. C'était son
discours électoraliste de 1985. Alors, lorsque j'entends la ministre
venir nous dire en cette Chambre: II ne faudrait surtout pas se servir de
l'énergie pour faire de la politique, eh bien, je me dis, M. le
Président, que la vérité a quand même ses droits et
qu'il y a des choses que l'on ne peut se permettre d'entendre sans se donner au
moins la possibilité de riposter et de rétablir les faits, M. le
Président.
J'écoutais la ministre se plaindre de l'image internationale
qu'on est en train de donner au Québec à partir de nos politiques
énergétiques. C'est à qui la faute, M. le
Président? Qui est responsable du fouillis dans lequel on est actuel-
lement, en termes énergétiques, au Québec? Ce même
gouvernement, M. le Président. Avant 1985, on n'a jamais entendu parler
de problèmes d'image du Québec en termes de producteur
d'électricité. Non, parce qu'on n'avait justement pas
politisé le dossier, parce qu'on laissait Hydro-Québec faire ses
approches, et le gouvernement se permettait d'intervenir avec les populations
pour rétablir les faits au besoin et obligeait Hydro-Québec
à se justifier tous les ans en commission parlementaire. Ça,
ça été vrai jusqu'en 1990. On reviendra là-dessus
tout à l'heure.
Mais il n'y en avait pas, de problèmes d'image internationale,
avant 1985, à ma connaissance. Depuis quand a-t-on des problèmes
d'image internationale? Depuis que le premier ministre du Québec s'est
promis à lui-même et à toute la population de vendre 12 000
MW aux États-Unis. Sous prétexte que tout le monde en voulait et
qu'ils attendaient juste après ça, il fallait quasiment fermer
les frontières pour empêcher les Américains de venir nous
voler notre électricité, à l'entendre parler.
Et, à partir de ça, il a créé un contexte
dans lequel plus personne ne se retrouvait, un contexte qui a effrayé
les environnementalistes, un contexte qui a effrayé les populations
amérindiennes, un contexte qui a mis sur ses gardes l'industrie qui
produit l'électricité aux États-Unis et qui voyait d'un
très mauvais oeil un premier ministre quelque part dans les banquises du
Nord, qui annonçait 12 000 MW comme ça, qu'il pouvait vendre
à n'importe qui, n'importe quand, à des prix ridicules. Alors ils
ont créé, M. le Président, un contexte qui a fait en sorte
que l'on se retrouve aujourd'hui devant l'espèce de blocus international
auquel on a à faire face. C'est eux, les seuls responsables de cette
situation-là, M. le Président. Eux et personne d'autre qu'eux
justement parce qu'ils ont voulu politiser le dossier de l'énergie,
parce qu'ils ont voulu se servir d'Hydro-Québec comme tremplin
électoral, parce qu'ils ont nommé à la tête
d'Hydro-Québec des gens qui représentaient leur idéologie
politique et qui étaient là pour faire en sorte de suivre les
demandes ou les exigences du premier ministre afin de permettre que se respecte
le plan d'exportation que le premier ministre s'était fixé, qui
était, souvenons-nous-en - ce sont les chiffres mêmes du premier
ministre que j'utilise - 12 000 MW à exporter aux États-Unis dans
un très court délai.
C'est à cause de ça qu'on est dans la situation qu'on vit
aujourd'hui et à cause de rien d'autre. Ce n'est pas la faute du PQ. Du
temps du PQ, il n'a jamais été question de problème ou de
vision internationale, de visibilité internationale, en termes
d'électricité. Ça a commencé tout
dernièrement, ça, depuis que l'on a politisé le dossier de
l'énergie. Et qui a politisé le dossier de l'énergie? Ce
gouvernement, M. le Président, avec sa campagne électorale de
1985. Et je
voudrais bien voir la personne qui va se lever en cette Chambre pour
venir dénoncer ça; ce serait qu'elle n'était pas là
en 1985 et qu'elle n'a jamais entendu parler son premier ministre ou qu'elle
n'a jamais lu le livre du premier ministre, "L'Énergie du Nord", que
l'on voit d'ailleurs annoncé en bas dans le corridor, dans la galerie
des présidents, en entrant à l'Assemblée nationale, dans
le parlement. Si j'étais auteur de ce livre-là, M. le
Président, je m'empresserais de le faire éliminer de la carte,
parce que c'est quasiment honteux d'entrer dans le parlement et de voir, dans
la galerie des présidents, ce livre L'Énergie du Nord, que l'on
affiche avec une candeur incroyable alors que tout ce qu'il y a
là-dedans s'est avéré inapplicable. Je ne dirais pas faux
sur le plan technique, non, parce que, sur le plan technique, on peut faire
dire ce qu'on veut aux chiffres, mais tout cela s'est avéré
inapplicable, inutile, impossible, inaccessible et probablement aussi non
nécessaire pour les Québécois et les
Québécoises.
Alors, M. le Président, devant ce contexte-là, devant
l'incapacité de gérer la question énergétique par
ce gouvernement qui a amené la situation que l'on vit actuellement, nous
disons au gouvernement: II est grand temps, il est plus que temps que vous
fassiez une consultation publique, un vaste débat public sur
l'énergie pour vraiment savoir ce que les gens attendent, qu'est-ce
qu'ils veulent. Le gouvernement et la ministre nous disent: Ah! Vous savez, au
printemps 1990, on a fait une consultation par le biais d'une commission
parlementaire. J'y étais, M. le Président, et j'ai assisté
à tous les travaux de cette commission parlementaire là. J'ai
participé aux débats avec tous les groupes qui sont venus se
présenter devant cette commission parlementaire là, M. le
Président.
Qu'est-ce qu'ils nous ont dit, les groupes? Ils nous ont dit: Mme la
ministre, ce que vous faites là, ce n'est pas suffisant. On veut avoir
un véritable débat, on veut avoir la chance de se prononcer, on
veut avoir la chance d'étudier en profondeur, on veut avoir des budgets
qui vont nous permettre de nous préparer, qui vont faire en sorte que
l'on puisse se documenter d'une façon convenable, que l'on puisse
élaborer nos positions parce que, nous disaient ces mêmes
groupes-là, des groupes qui défendaient l'industrie solaire, des
groupes qui arrivaient avec un point de vue tout à fait nouveau en
termes d'économie d'énergie, il faudrait modifier nos
comportements en termes de transport urbain afin de pouvoir économiser
de l'énergie. Enfin, il y avait toutes sortes d'opinions, mais les
groupes nous disaient: Écoutez, nous sommes des bénévoles.
Nous travaillons, pour la plupart, sur une base essentiellement
bénévole, et nous devons payer de notre poche pour travailler
dans ces associations, et nous voudrions que vous nous donniez la chance de
pouvoir bien argumenter nos positions, vous faire des démonstrations
Puis comme Hydro-Québec peut faire des démonstrations, comme des
sociétés comme Lavalin, dans le temps - n'en parlons plus - SNC,
admettons, SNC-Lavalin, elles, ont le temps, le potentiel, les
capacités, l'argent pour faire leur démonstration, des
sociétés comme ABB, Asea Brown Boveri, qui produit des
équipements électriques pour HydroQuébec, qui ont le
temps, l'énergie pour faire leur démonstration...
Alors, les groupes nous disaient: Nous, nous avons nos opinions aussi,
nous ne sommes pas idiots, nous avons même des compétences, mais
nous n'avons ni le temps, ni l'argent pour faire nos démonstrations.
Alors, nous voulons un débat public plus large, plus important,
où nous aurons le temps de vous faire connaître nos points de vue.
C'est ça et essentiellement ça qui est demandé.
M. le Président, la ministre nous disait: Hydro-Québec
consulte. Mais ce n'est pas à Hydro-Québec de consulter.
Hydro-Québec a un mandat de produire de l'électricité au
meilleur prix possible pour l'ensemble des Québécois et des
Québécoises. Ça, c'est le mandat d'Hydro-Québec.
Donc, Hydro-Québec, dans la mesure où le gouvernement lui donne
ou lui confirme ce mandat-là, fait les consultations nécessaires
pour aller de l'avant dans ses projets qui vont lui permettre de remplir son
mandat, mais HydroQuébec n'a pas à décider, socialement
parlant, sur les orientations énergétiques. Hydro-Québec a
des compétences dans certains secteurs de l'activité
énergétique. Hydro-Québec n'a pas de compétence
dans le secteur du gaz naturel, dans le secteur du pétrole, dans le
secteur de l'énergie solaire. Hydro-Québec a une
compétence, qu'on lui reconnaît d'ailleurs sur le plan mondial, en
termes de production d'électricité à partir de turbines
qui sont alimentées ou qui tournent en utilisant l'eau des
rivières, ce qu'on appelle de l'hydroélectricité. À
partir du moment où HydroQuébec a le mandat de travailler dans
l'hydroélectricité, elle fait de
l'hydroélectricité. Mais il y a des groupes qui pensent que
ça devrait être autrement. Alors, ce n'est pas à
Hydro-Québec de faire ces consultations-là, c'est au
gouvernement, c'est à la ministre. C'est à elle à aller
voir qu'est-ce que les gens pensent de l'hydroélectricité et s'il
n'y aurait pas des façons diversifiées de produire de
l'électricité. C'est ça le contexte. Voyons donc!
La ministre ne pourra pas éternellement se cacher derrière
Hydro-Québec pour dire: HydroQuébec consulte. Hydro-Québec
consulte dans un mandat bien précis qui est de produire de
l'électricité avec des turbines qui tournent avec de l'eau. C'est
ça son mandat. Mais il y a une vision plus large de l'utilisation du gaz
naturel, de l'utilisation du mazout, de l'utilisation, éventuellement,
du nucléaire, même si, contrairement à ce que la ministre a
dit, c'est un gouvernement du Parti québécois qui a fait un
moratoire sur le nucléaire au Québec. Mais il y a des
gens qui tiennent encore au nucléaire et qui ont leur opinion
là-dessus. Enfin, il y a toute une gamme de possibilités et ce
n'est pas à HydroQuébec à faire la job. C'est à
elle, comme ministre de l'Énergie et des Ressources, à faire
cette job-là, à elle et à son gouvernement, et ne pas se
cacher derrière Hydro-Québec qui a un mandat très
précis de produire de l'électricité au meilleur coût
possible et qui le fait avec des turbines qui tournent avec de l'eau. (11 h
50)
M. le Président, je pourrais parler longtemps. Je pourrais
prendre encore des heures pour expliquer le véritable fond du
problème, mais la ministre se cache derrière certaines
réalités qu'elle n'admet pas, qu'elle ne veut pas accepter. C'est
que c'est son gouvernement qui a politisé le débat de
l'énergie. C'est avec son gouvernement qu'on en est arrivés au
contexte international que l'on connaît actuellement, où on nous
regarde, les Québécois, comme des destructeurs de territoires,
comme des anéan-tisseurs de ressources naturelles pour produire de
l'énergie. C'est eux qui ont fait ça. C'est eux qui sont
responsables de ça, M. le Président.
Alors, je peux vous assurer qu'en ce qui me concerne je continuerai
à prendre toutes les tribunes nécessaires, toutes les tribunes
qui me seront données, qui me seront permises pour essayer de faire
comprendre à la ministre qu'il est grand temps, qu'il est plus que temps
qu'elle décide de faire une véritable, une vraie consultation
publique sur ce que les Québécois et les
Québécoises sont prêts à payer en
électricité, comment ils veulent qu'on la produise et à
quoi ils veulent qu'on l'utilise. Ce sont là les grandes questions, M.
le Président. C'est bien beau de dire: On a de
l'électricité au Québec. Mais quel prix sommes-nous
prêts à la payer? À quoi veut-on qu'elle serve, cette
électricité, et comment allons-nous la produire? Des
réponses à ça, le gouvernement n'en a pas à ce que
je vois, parce qu'il ne nous en a jamais donné, excepté la
réponse d'Hydro-Québec.
Certes, Hydro-Québec a un mandat. Donc, Hydro-Québec,
elle, a des réponses en vertu de son mandat, de ses obligations, de son
engagement envers le peuple du Québec, mais le gouvernement, lui, n'a
pas de réponse à ça, parce que dès qu'il y a
quelqu'un, quelque part, dans notre société qui a un point de vue
différent, un tant soit peu divergent de celui d'Hy-dro-Québec,
tout de suite, on le classe comme un pas bon. On dit: Ah! Hydro-Québec a
raison; tu as tort. C'est comme ça qu'on le traite, M. le
Président. Tant et aussi longtemps qu'on traitera la population du
Québec comme ça, jamais il ne sera possible, pour ce
gouvernement, de réussir à faire un véritable consensus.
Tant et aussi longtemps que ce sera le cas, nous aurons l'opinion
internationale, enfin, nous donnerons au monde, à l'extérieur du
Québec, la vision qu'il a de nous actuellement, à savoir des gens
qui ne savent quoi faire avec leur électricité, des gens qui
gaspillent l'électricité et des gens qui détruisent des
territoires pour produire de l'électricité que nous gaspillons.
C'est malheureusement la situation à cause de l'incapacité, de
l'ignominie de ce gouvernement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Ungava. Alors, sur cette même motion du
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle, je
reconnais M. le député de Saint-Maurice.
M. Yvon Lemire
M. Lemire: Merci beaucoup, M. le Président. Même si
je suis très heureux de m'adresser à mes collègues de
l'Assemblée nationale, nous avons devant nous une motion qui n'a pas sa
raison d'être dans cette Chambre, à mon avis. C'est bien connu, la
motion du mercredi, M. le Président, est un privilège de
l'Opposition officielle dans nos institutions parlementaires, dans notre
institution. L'Opposition l'utilise aujourd'hui d'une façon que l'on
pourrait souhaiter meilleure.
M. le Président, permettez-moi de parler du gouvernement
péquiste d'avant 1985. Et je voudrais peut-être en profiter pour
dire au député d'Ungava d'essayer de se souvenir des
années avant 1985, lorsque nos réservoirs étaient remplis
et que l'eau passait par-dessus nos barrages. Vous vous souvenez, on a
été obligés de donner notre électricité.
Pourquoi? Pour quelles raisons? Parce que le gouvernement d'alors n'avait pas
de politique à long terme. Il avait une vision trop courte et on ne
savait pas de quelle façon faire profiter l'énergie qu'on avait
en quantité.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, cette motion, nous l'avons
devant nous et nous devons la discuter. Elle porte sur les choix
énergétiques du Québec. Nous devons donc discuter de ces
choix énergétiques. J'ai l'intention d'utiliser le temps qui
m'est alloué dans le cadre de cette motion pour montrer que ces choix
énergétiques, le Québec les a déjà faits. Il
les a déjà faits en nous portant au pouvoir en 1985 et en nous y
reportant en 1989, par exemple. Examinons tout de même les motifs de
l'Opposition de vouloir un tel débat.
L'Opposition veut un débat public sur les choix
énergétiques du Québec. Ces choix sont faits, M. le
Président, pour une large part, depuis longtemps. S'il en est ainsi,
c'est parce que, à la différence des autres
sociétés, nous avons au Québec des avantages très
comparatifs en matière énergétique. Ces avantages
comparatifs sont reliés principalement au bassin hydrographique du
territoire québécois. La richesse de notre bassin nous a permis
de nous
orienter vers l'énergie hydroélectrique et, du même
coup, écarter d'autres sources d'énergie, M. le Président.
En effet, alors que d'autres sociétés ont dû s'orienter
vers l'énergie nucléaire, la nôtre, notre
société, a pu, grâce à son bassin hydrographique,
s'orienter vers l'énergie hydroélectrique. On oublie souvent que,
pour une société, avoir le choix entre plusieurs sources
d'énergie, c'est une grande chose. Peu d'entre elles ont, en effet, le
choix des sources d'approvisionnement en énergie que nous avons
présentement au Québec. Souvent, d'autres voisins ont
été obligés d'opter pour l'énergie
nucléaire. C'est le cas, notamment, des plus grandes
sociétés européennes dont la France et la Grande-Bretagne,
pour ne nommer qu'elles.
De notre côté, nous avions la possibilité de
choisir: choisir entre le nucléaire et l'énergie
hydroélectrique. Nous avons choisi, comme on le sait, l'énergie
hydroélectrique. Depuis lors, la politique de la société
québécoise a fait sa marque en matière d'énergie.
Elle a su, en particulier, exploiter l'avantage indéniable que lui
procurent les ressources hydroélectriques d'importance sur son
territoire. Aujourd'hui, les citoyens et les citoyennes du Québec
profitent de tarifs d'électricité parmi les plus bas au monde.
Ils disposent tous ensemble d'une source d'énergie dont les risques
liés à la production et à la consommation sont beaucoup
moins importants que dans le cas d'autres formes d'énergie, à
commencer par l'énergie nucléaire.
L'hydroélectricité est une énergie propre et
très renouvelable. On a souvent tendance à l'oublier dans tous
les débats que nous connaissons actuellement. On oublie souvent qu'on
doit analyser l'hydroélectricité non pas en soi, mais par
comparaison avec d'autres sources d'énergie, M. le Président.
L'hydroélectricité, lorsqu'on la compare à d'autres formes
d'énergie, par exemple, apparaît plus propre et plus renouvelable
que les autres. Elle sort gagnante dans toute comparaison, et ce, quel que soit
l'angle sous lequel on effectue ces comparaisons. Elle surpasse le
nucléaire en moins de temps qu'il n'en faut pour l'ensemble des calculs
de la comparaison.
M. le Président, l'énergie hydroélectrique n'est
pas seulement plus propre et plus renouvelable que les autres. Elle a, chez
nous, une importance économique appréciable. Elle nous donne un
avantage comparatif en matière de développement
économique. Au cours des 15 dernières années, nous avons
misé, nous les Québécois, sur cet avantage comparatif.
Ça a joué un rôle manifeste dans le développement
économique du Québec. Les chiffres sont éloquents à
cet égard.
M. le Président, les données montrent comment le recours
à l'hydroélectricité a pu soutenir notre économie
au cours de cette période et même la faire
bénéficier d'une impulsion déterminante. À eux
seuls, M. le Président, les investissements d'Hydro-Québec
représentent 95 % des investissements du secteur
énergétique au Québec. Ils représentent 15 % des
investissements dans l'ensemble de notre économie. (12 heures)
M. le Président, si les vertus attribuées aux ressources
hydroélectriques ne font pas de doute, il ne fait pas de doute non plus
pour le gouvernement que son développement doit être
géré de la façon la plus efficace qui soit.
L'efficacité énergétique est donc une des priorités
gouvernementales. L'efficacité énergétique s'est
imposée comme priorité pour deux raisons, M. le Président:
la première, c'est bien évident, le souci grandissant dans la
population d'un usage judicieux de cette ressource; la seconde priorité
est liée à l'avantage économique que nous procure
l'abondance des ressources hydroélectriques sur le territoire du
Québec. Notre population, comme celle des autres pays
industrialisés, est aujourd'hui davantage sensibilisée aux
questions énergétiques.
Cette sensibilisation a débuté, comme on le sait, avec la
crise du pétrole de 1973, puis elle s'est poursuivie avec la
montée de toutes les préoccupations environnementales que l'on
connaît. Mais l'urgence de ces préoccupations a
révélé un fait incontournable, soit celui que les
Canadiens et les Québécois sont des grands consommateurs
d'énergie. En fait, ils sont parmi les plus grands consommateurs
d'énergie per capita. Aujourd'hui, ils ont de plus en plus conscience de
cette position peu enviable qu'ils occupent sur l'échiquier mondial.
L'efficacité énergétique est maintenant devenue une
préoccupation pour tous les Québécois et les Canadiens.
Ils font de plus en plus pression sur le gouvernement afin qu'on accorde
à l'efficacité énergétique toute l'importance qu'on
doit lui accorder. Notre gouvernement, soucieux de répondre aux attentes
de la population, en a fait une de ses priorités en matière
énergétique.
Voyons maintenant le rôle que joue
l'hydroélectricité dans le développement économique
au Québec. Ce rôle, M. le Président, en est un de soutien.
Ce qui lui donne ce rôle de soutien, c'est évidemment l'avantage
comparatif qu'elle nous procure. Cet avantage ne doit pas être
gaspillé et l'on doit en faire un usage modéré car il est
important pour attirer des investissements, il est même impératif
pour l'activité économique et pour développer la
compétitivité de nos entreprises. L'usage rationnel de
l'énergie est également important pour maintenir un prix de
revient le plus bas possible, pour conserver notre avantage concurrentiel, M.
le Président.
Dans un monde de plus en plus ouvert où les frontières
existeront de moins en moins, il devient indispensable que les entreprises
puissent être les plus compétitives. Cette
compétitivité exige que les coûts des divers
éléments composant le prix de revient des produits que
fabriquent ces entreprises puissent être réduits à
leur minimum. Et pour plusieurs entreprises oeuvrant au Québec, les
coûts énergétiques sont significatifs.
Donc, M. le Président, l'efficacité
énergétique s'est imposée également pour
préserver l'avantage comparatif que nous procure l'énergie
hydroélectrique. Regardons maintenant comment cela s'est imposé
dans les faits et les actions du gouvernement. Dans les actions du
gouvernement, l'efficacité énergétique s'est d'abord
imposée à travers une commission parlementaire au printemps de
1990. Et on se souviendra que la commission parlementaire de mai 1990 sur la
situation et les perspectives de l'énergie électrique au
Québec en a fait un consensus. C'est ce qui s'est dégagé
de cette commission parlementaire. Les économies d'énergie vont
de pair avec toute politique de développement durable et, en
conséquence, il y a nécessité d'accroître
l'économie énergétique de l'énergie et les efforts
qui sont consentis jusqu'à ce jour.
Au cours de cette commission, plusieurs interrogations ont
été soulevées. Elles traduisent un désir d'explorer
les meilleures voies à suivre, pour atteindre des résultats
tangibles dans ce domaine, pour poser les gestes appropriés et, enfin,
pour rationaliser notre production et notre consommation d'énergie.
Autrement dit, M. le Président, la commission parlementaire a
donné lieu à un débat sur les choix
énergétiques et les façons d'atteindre ces objectifs,
d'atteindre aussi l'efficacité énergétique. Ça,
l'Opposition officielle l'a oublié. On remarque qu'elle a souvent la
mémoire courte dans ces discussions-là. C'est encore le cas
aujourd'hui, en nous présentant une motion de ce genre.
L'Opposition officielle oublie qu'il y a eu non seulement une commission
parlementaire, mais également, en décembre 1990, au nom du
gouvernement du Québec, la ministre de l'Énergie et des
Ressources rendait publiques les principales orientations et interventions qui
constituaient la base même de notre politique dans le secteur
énergétique. L'Opposition officielle oublie également
qu'elle a pris soin de souligner, à ce moment-là, qu'il
était fort souhaitable d'appuyer notre développement
économique sur l'hydroélectricité de
préférence à toute autre source majeure,
particulièrement l'énergie nucléaire. De plus,
l'Opposition officielle oublie que la ministre s'est engagée à
annoncer, d'ici à la fin de 1991, une stratégie en matière
d'efficacité énergétique, une stratégie qui repose
sur plusieurs constats. Il n'est pas utile d'en énumérer tout le
contenu, mais permettez-moi d'en énumérer quelques-uns.
Premièrement, le potentiel hydroélectrique
économiquement accessible au Québec n'est pas illimité. De
plus, une économie qui ne ferait pas le meilleur usage de son
énergie deviendrait rapidement moins productive et perdrait de sa
compétitivité sur les marchés au profit des
économies plus efficaces.
Deuxième constat, M. le Président, l'économie du
Québec. Par la nature même de nos industries, notre
géographie, notre climat, celles-ci sont de fortes consommatrices
d'énergie. Pour rester concurrentielle à long terme et capable de
croissance, l'économie québécoise doit utiliser
efficacement l'énergie de quelque source que ce soit. Donc, le
Québec doit s'attaquer résolument à améliorer son
efficacité énergétique. C'est son progrès
économique à long terme qui en dépend.
Troisième constat, malgré le poids de
l'hydroélectricité dans le bilan énergétique du
Québec et l'effort conséquent d'Hydro-Québec en
efficacité énergétique, les économies
d'énergie ne doivent pas se limiter seulement à
l'électricité. Elles doivent se limiter et s'appliquer aussi
à tout l'ensemble des formes d'énergie. Tels sont,
brièvement, les objectifs de notre stratégie en matière
d'efficacité énergétique.
On peut également citer les objectifs de notre démarche
actuelle que fait Hydro-Québec. Elle constitue l'exemple le plus
récent de la qualité de notre stratégie en matière
énergétique. On sait, comme le soulignait Mme la ministre, que
lundi dernier, à Montréal, le vice-président à la
planification générale à Hydro-Québec, M.
André Délisle, en conférence de presse, a fait part de
l'intention de consulter la population sur le contenu de son prochain plan de
développement. Cette consultation s'étendra sur une
période d'un an et touchera non seulement le public en
général, mais aussi les autochtones et tous les groupes
prônant la défense de l'environnement. Ainsi, tous ceux qui sont
concernés par les questions énergétiques pourront
s'exprimer et seront entendus par Hydro-Québec. De plus, par cette
consultation, Hydro-Québec démontre sans contredit une
volonté de transparence. (12 h 10)
Cette consultation n'est pas, conume ont semblé vouloir le
laisser croire certains, une vaste opération de relations publiques.
Bien au contraire, elle est on ne peut plus sérieuse.
Hydro-Québec est même prête à soumettre au public des
études comparatives reliées aux coûts de production
d'énergie par l'hydroélectricité et l'atome. Pour dissiper
tout doute entourant te sérieux de la consultation, on pourrait
également ajouter ceci, M. le Président: plusieurs milliards de
dollars sont en cause et personne, à commencer par la
société d'État, n'a intérêt à ce que
l'exercice ne soit pas sérieux.
Cet exercice, M. le Président, doit établir notamment,
hors de tout doute, que le Québec a fait le bon choix en misant sur
l'énergie hydroélectrique plutôt que sur l'atome. Il
devrait également montrer que l'efficacité
énergétique veut dire quelque chose pour la société
d'État. En outre, M. le Président, cette consultation devrait
établir, de façon définitive, que le Québec a tout
intérêt à préserver son avantage comparatif pour
assurer son développement
économique. Cette décision d'Hydro-Québec montre
qu'elle sait où elle va en matière énergétique.
C'est là un autre exemple montrant le manque d'à-propos de la
motion de l'Opposition que nous discutons aujourd'hui en cette Chambre.
M. le Président, j'aimerais profiter du temps qu'il me reste pour
m'adresser à mes collègues pour aborder la question
énergétique sous un angle plus large. Aujourd'hui,
l'environnement s'est imposé comme une donnée incontournable de
notre temps. La population est de plus en plus consciente des exigences
environnementales. Elle fait pression sur les pouvoirs publics afin qu'ils
intègrent la dimension environnementale dans l'ensemble de leurs
activités. Ces pressions arrivent dans un contexte de rareté des
ressources publiques. La rareté des ressources publiques constitue, elle
aussi, une donnée incontournable de la réalité de notre
temps, tant et si bien, M. le Président, que nous devons faire beaucoup
avec peu. aujourd'hui plus qu'hier, les pouvoirs publics se voient dans
l'obligation de fournir des réponses aux préoccupations
environnementales de toute la population. ces préoccupations, m. le
président, sont légitimes et doivent être
considérées avec beaucoup d'égards. elles nous posent,
à nous, plus d'un défi. nous devons tenter de les relever avec
succès.
En matière énergétique, nous pouvons dire que notre
société est sur la bonne voie et qu'elle parviendra à
résoudre les problèmes auxquels elle est confrontée. Cet
optimisme, M. le Président, n'est pas de la naïveté. Il est
lucide. Une lucidité qui est précieuse et dont nous avons
grandement besoin, compte tenu des enjeux énormes soulevés par la
question environnementale au tournant de cette décennie.
M. le Président, j'en arrive maintenant à la conclusion de
mon allocution. J'ai tenté, au cours des minutes qui ont
précédé, de démontrer que la motion de l'Opposition
n'était nullement fondée et je crois l'avoir établi. Je me
permettrai ici de résumer les grands axes de mon argumentation que je
vous ai exposée, M. le Président. Le premier axe de mon
argumentation est le suivant: J'ai tenté de démontrer que
l'hydroélectricité était pour le Québec la
meilleure énergie qui soit. Ce point est une évidence pour
plusieurs personnes au Québec, sauf peut-être pour les gens de
l'Opposition.
Ce qui en fait le meilleur choix pour le Québec, M. le
Président, ce n'est rien de moins que le bassin hydrographique du
territoire québécois. Il procure aux Québécois et
aux Québécoises un avantage indéniable par rapport aux
autres sociétés qui, elles, ont dû faire appel à
l'énergie nucléaire. Dans leur cas, cette option est apparue la
meilleure parce qu'elles n'avaient pas comme nous le bassin hydrographique que
nous avons. Telle est la première raison.
Rappelons maintenant la seconde. Elle est simple.
L'hydroélectricité est propre et renouve- lable. Il s'agit
là d'un fait incontestable. Nous n'avons pas connu au Québec des
Tchernobyl, des Three Mile Island et je ne crois pas que la population souhaite
que nous connaissions de tels incidents, M. le Président.
La troisième raison est de nature économique.
Jusqu'à ce jour, l'hydroélectricité a joué un
rôle considérable dans le développement économique
de notre société. Je répète qu'au cours des 15
dernières années les investissements en
hydroélectricité ont représenté 95 % de tous les
investissements dans le secteur énergétique et 15 % des
investissements de l'ensemble de notre économie au Québec. C'est
très important, M. le Président.
Il y a toute une expertise qui a pu être développée
autour de ce secteur et nous le devons à ces investissements dans le
secteur énergétique. Il ne faudrait pas l'oublier, M. le
Président. Il ne faudrait pas que l'Opposition officielle l'oublie non
plus. C'est pourquoi nous avons choisi, comme on le sait, l'énergie
hydroélectrique pour toutes ces raisons. J'invite les membres de cette
Chambre à voter avec moi contre cette motion. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député du comté de Saint-Maurice. Je reconnais maintenant
sur cette même motion... C'est une motion présentée dans le
cadre du débat du mercredi par le député de Joliette, qui
se lit comme ceci: "Que le gouvernement mette en oeuvre tous les moyens
nécessaires à la tenue d'un véritable débat public
sur les choix énergétiques du Québec." Je reconnais et
cède la parole au vice-président de la commission des
institutions et député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue. M.
le député, la parole est à vous.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Pour quelqu'un qui est
originaire d'une région comme l'Abitibi-Témiscamingue, il est
impossible de ne pas intervenir sur cette motion présentée par le
leader de l'Opposition, quant à l'objet de la proposition, de la motion,
qu'il se tienne au Québec un véritable débat sur les choix
énergétiques du Québec.
Le député de Saint-Maurice a probablement fait,
pense-t-il, le discours de sa carrière. Sa conclusion était... Je
pense que je me suis convaincu moi-même que nous sommes capables, au
niveau du gouvernement du Québec, de défendre
Hydro-Québec, comme si la proposition qui est présentée
devant nous ici, c'était d'examiner en matière de ressources
hydrauliques tout le passé des 20 dernières années, d'en
faire le procès et d'en arriver, induisent-ils, à une conclusion
négative. Par ailleurs, à voir l'énergie que met le
député de Saint-Maurice à argumenter en rapport avec la
proposition d'aujourd'hui, il nous fournit toutes les bonnes raisons pour
lesquelles des individus comme lui - c'est son choix et il a raison de
le faire - et des groupes doivent intervenir dans ce débat. Il y a des
éléments dans ce que le député de Saint-Maurice
nous a dit aujourd'hui qui, oui, effectivement, dans la société
québécoise, font objet de discussions, font objet
d'échanges, font objet de préoccupations. Il faudrait être
aveugle et le député de Saint-Maurice ne l'est pas
là-dessus.
Il constate bien qu'il y a, par rapport à des choix qui ont
été effectués au cours des dernières
années... Et la modification du contexte dans lequel nous produisons,
nous consommons, et le prix de cette énergie, ce contexte-là a
changé depuis un bon nombre d'années. Il n'est pas inutile 20 ans
plus tard, 20 ans après les premières propositions sur
l'orientation de la production et de la consommation de notre énergie,
d'effectuer un débat public sur un certain nombre de conséquences
de nos choix. Toutes les sociétés dans le monde, y compris la
société québécoise, font ces retours de
façon périodique, de façon à examiner parce que
personne n'est infaillible, évidemment, les choix qu'on fait avec un
certain nombre d'incertitudes à un moment donné, des choix qu'on
a à faire dans un gouvernement ou dans l'administration courante des
responsabilités d'un gouvernement en matière de ressources
énergétiques. Il n'est pas inutile. Il est surtout
nécessaire que nous puissions étaler en public l'ensemble des
raisons qui nous ont amenés à faire ces choix et à en
examiner les conséquences surtout, encore une fois, pour l'avenir, pour
les 20 prochaines années, au tournant de l'an 2000, au moment où
il y a un certain nombre de dimensions et de préoccupations qui ont
changé dans notre société. (12 h 20)
Quand on dit: Nous allons prendre telle direction, nous allons
prioritairement faire en sorte que le thème majeur de notre politique
énergétique, ce soit l'efficacité
énergétique... Ça, c'est comme être pour la tarte
aux pommes, c'est d'avoir le bon vouloir de dire: On veut avoir le meilleur
résultat. Mais l'efficacité énergétique à
tout prix a un certain nombre de conséquences qui apparaissent dans
notre société et qui sont apparues au cours des dernières
semaines, au cours des derniers mois. Il y a des alternatives qui se sont
présentées au cours des dernières semaines et des derniers
mois et c'est tout simplement cela que l'on réclame de la part du
gouvernement, qu'il mette sur la table l'ensemble des données.
D'induire en erreur au départ, M. le Président, et de
remettre en cause en quelque sorte le choix, la grande direction qu'a
donnée, à l'époque, le fondateur du Parti
québécois, M. René Lévesque, en faisant en sorte
qu'on devienne maîtres chez nous avec la contribution majeure de la
production d'énergie hydroélectrique... Dire que un débat
sur les choix énergéti- ques du Québec, ça voudrait
dire que nous remettrions en question cette grande décision-là,
c'est faux, c'est un syllogisme et ce n'est absolument pas l'orientation du
côté de l'Opposition en réclamant ce débat sur
l'énergie au Québec, ce débat public sur nos choix
énergétiques au Québec. Effectivement, en particulier avec
ses récents projets, Hydro-Québec, qui a la responsabilité
de produire de l'énergie électrique à partir des
ressources hydrauliques, qui accomplit sa mission, réalise ses objectifs
avec des séquences, avec des échéanciers qui, parfois,
sont critiquables, sont questionnables. Et ça, on peut faire ça
en commission parlementaire.
Ici, ce que nous interrogeons, ce que nous demandons, ce n'est pas de
justifier les choix d'Hydro-Québec, de notre société
nationale de production de ressources énergétiques
hydroélectriques, il y a des forums pour le faire. Nous voulons un
débat beaucoup plus large que cela. Mais, à l'occasion d'un des
plans de développement de cette société, qui s'appelle, en
particulier, Grande-Baleine, où on dit: Bien, il faut absolument
produire 3000 MW au cours des prochaines années, d'ici à 1998, il
est apparu un certain nombre de conséquences questionnables pour
l'ensemble de la population du Québec et pour un certain nombre de
groupes au Québec. Personne ne peut nier, personne ne pourra nier le
sérieux des questions que cela pose. L'évaluation de la
réponse peut être différente. Voilà la
réponse d'un gouvernement, que le gouvernement doit donner à la
population du Québec et non pas seulement Hydro-Québec. C'est
important de le soulever, ça.
Regardez, M. le Président, au niveau des choix, par exemple, de
production d'énergie. Je sais bien ce que la ministre de
l'Énergie et des Ressources a dit il y a quelques minutes, à
savoir qu'on s'intéresse, actuellement, à la production
d'énergie électrique avec d'autres sources, mais c'est
éminemment important, compte tenu des conséquences
appréhendées par un bon nombre de groupes quant à la
production hydroélectrique sur le territoire de la Baie James. Imaginez!
On a reçu, au cours des derniers mois, des dernières semaines,
des propositions d'un certain nombre d'entreprises au Québec, d'une
production indépendante d'énergie électrique totalisant
8000 MW. Nous ne nous prononçons pas sur tous les projets qui ont
été présentés, mais, déjà, des
partenaires québécois prévoient qu'on pourrait, à
l'aide des propositions que ces partenaires ont étudiées, bien
sûr, qu'ils font de façon très ferme, produire 8000 MW.
Pendant tout ce temps-là, on continue de presser sur le fait qu'il faut
absolument, mais rapidement, avec un nombre limité d'études ou
encore des études qui nous viendront de partout, développer le
complexe Hydro-Québec de Grande-Baleine.
Dans la seule région de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, il a
été déposé, par exemple...
Et, ça, il faut pouvoir examiner ça. Une
société de la région de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, qui s'appelle la Société
d'environnement et technologie du Rouyn-Noranda régional, fait une
proposition au gouvernement: Nous allons vous produire, à
l'intérieur des normes actuellement déterminées avec les
ententes que vous voudrez bien nous déterminer au niveau du gouvernement
et également d'Hydro-Québec, nous sommes capables de vous
produire 400 MW à partir d'un plan de production
d'électricité en cogénération par le gaz naturel.
C'est 10 % de tout le projet de Grande-Baleine et personne n'a
réclamé, dans ce projet-là, de l'aide du gouvernement, de
l'aide d'Hydro-Québec, de mettre des sous du public. Non, une
société qui a une préoccupation, en particulier
environnementale, on le voit bien par la propre description ou le
libellé de cette société-là, c'est la
Société d'environnement et technologie du Rouyn-Noranda
régional qui propose que les régions du Québec, en
particulier une de ces régions, l'Abitibi-Témiscamingue, puisse
jouir d'un avantage comparatif du fait qu'elle a une accessibilité
privilégiée au réseau de gaz naturel, qu'elle pourrait
produire, encore une fois sans aucun sou d'aide de l'État, 400 MW
d'électricité dans le réseau public et qui, par ailleurs,
ajoute à ce plan de cogénération
d'électricité la possibilité de développer un
processus industriel de production de pâte à partir de ressources
premières ou de ressources naturelles qui sont extrêmement
différentes de ce qui a servi jusqu'à maintenant pour produire de
la pâte. Il suffirait, selon les procédés qui sont
déjà utilisés dans le monde et qui ont été
étudiés en particulier par le centre de recherche sur les
pâtes et papiers de l'Université du Québec à
Trois-Rivières, d'être capable de produire un certain type de
pâte utile à partir de ressources des plantes fourragères.
Et là, ce n'est pas un groupe d'écologistes, comme on veut
souvent les taxer, ce n'est pas un groupe marginal qui propose cette
solution-là. Non, ce sont des gens qui sont concernés par
l'environnement, avec industriels, des gens qui sont préoccupés
par la situation énergétique du Québec et le
développement des régions, intéressés à
faire en sorte que leur contribution en matière de production
d'énergie et de développement régional soit
considérée et qu'on puisse, à partir de là, faire
un certain nombre de choix pour le développement du Québec.
Or, il est important que quand on a des propositions comme
celles-là, et je ne veux pas les évaluer ce matin en public
à l'Assemblée nationale, bien sûr, mais il est important
quand on a des propositions aussi sérieuses que celles de la
Société d'environnement et technologie du Rouyn-Noranda
régional, qu'on puisse répondre dans un bon débat public
avec la bonne information de la part du gouvernement et non pas uniquement
d'Hydro-Québec, qu'on puisse répondre aux trois questions
fondamentales que po- saient les groupes, en particulier les groupes
environnementaux qui sont intervenus à la consultation de 1990 sur le
plan de développement d'Hydro-Québec. Ce que ces gens-là
nous disaient, trois questions auxquelles il faut répondre: Comment
allons-nous produire notre énergie? Qu'est-ce qu'on veut en faire et
quel prix on est prêts à payer au Québec? Si c'est pour
écouler cette production dans les alumineries et que ça nous
coûte, à nous, citoyens, selon certaines évaluations
extrêmement sérieuses, 100 000 $ par année de subventions
indirectes pour créer un emploi dans une aluminerie, ça veut dire
que sur 20 ans - tout le monde a compris - nous aurons payé
collectivement 20 000 000 $ pour maintenir un emploi au niveau des alumineries
au Québec, sans considérer toutes les autres conséquences
sur le plan sociologique, sur le plan environnemental, sur le plan du rendement
et de la transformation.
C'est des questions sérieuses ça. Alors, il faut, dans un
débat public large, permettre à tous ces groupes, à tous
ces intervenants de venir nous dire, au gouvernement, aux législateurs,
aux responsables de la planification comment nous allons prendre le tournant de
l'an 2000: Voici ce que nous proposons, voici les implications
environnementales, voici les implications sociologiques, voici les implications
économiques, voici les implications en matières politique et de
développement régional. Qu'on soit capable de discuter de
ça au Québec dans un vaste débat, voilà
essentiellement, M. le Président, la motion du député de
Joliette et leader de l'Opposition. Et à voir encore une fois la
réaction du parti ministériel, il y a matière, il y a lieu
de le faire et je souhaite qu'au nom d'un certain nombre de groupes et d'une
société comme des promoteurs ou des développeurs de la
région d'Abitibi-Témiscamingue, nous puissions tenir ce
débat dans les meilleurs délais. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Et le débat
sur cette motion du député de Joliette reprendra mercredi
prochain à 10 heures. Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de
cette Assemblée jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 14 h 03)
Le Président: Mmes et MM. les députés, s'il
vous plaît! Nous allons nous recueillir quelques instants. Je vous
remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
Présentation de projets de loi
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article a du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 189
Le Président: À l'article a du feuilleton, M. le
ministre des Affaires municipales présente le projet de loi 189, Loi
modifiant la Loi sur la Société d'habitation du Québec et
d'autres dispositions législatives. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Ce projet de loi a pour objet principal de modifier la
Loi sur la Société d'habitation du Québec afin de
prévoir que toute aliénation d'un immeuble d'habitation à
loyer modique faisant l'objet d'un accord d'exploitation entre la
Société et son propriétaire ainsi que toute constitution
d'hypothèque ou de servitude sur un tel immeuble sont interdites sans
l'autorisation de la Société. Il prévoit également
l'établissement d'une charge administrative assurant le maintien de la
vocation sociale de l'immeuble.
Ce projet précise certains pouvoirs réglementaires
relatifs aux conditions de location et permet aux personnes autorisées
à signer au nom de la Société de mandater une autre
personne pour la signature de certains actes ou documents.
Enfin, ce projet de loi exempte la Société d'habitation du
Québec de l'obligation de renouveler les hypothèques qu'elle
détient sur certains immeubles et prévoit le maintien, lors de la
vente publique d'un immeuble d'habitation à loyer modique, de la charge
administrative qui grève un tel immeuble.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, l'article g du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 183
Le Président: À l'article g du feuilleton, M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
présente le projet de loi 183, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance-récolte et la Loi sur l'assurance-stabilisation des revenus
agricoles. M. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Ce sont diverses
modifications, tel que vous l'avez mentionné, à la Loi sur
l'assurance-récolte et à la Loi sur
l'assurance-stabilisation.
Concernant la Loi sur l'assurance-récolte, le projet de loi vient
d'abord permettre plus de souplesse quant à l'étendue des risques
couverts par la loi et hausse de 80% à 90% le pourcentage maximal de la
couverture d'assurance. Il prévoit également qu'un producteur
assuré selon un système collectif d'assurance pourra
désormais modifier le programme agricole qu'il avait initialement
déclaré à la Régie lors de sa demande
d'assurance.
Concernant, M. le Président, la Loi sur l'assurance-stabilisation
des revenus agricoles, le projet de loi prévoit d'abord que les
indemnités reçues par un producteur en vertu de
l'assurance-récolte seront incluses désormais dans le calcul des
recettes annuelles. Il confie également à la Régie le
pouvoir d'indexer les valeurs attribuées aux structures de production et
de mise en marché et celles attribuées aux éléments
qui entrent dans le calcul des recettes annuelles et du revenu net annuel du
producteur.
Le projet de loi apporte enfin aux lois qu'il modifie diverses autres
modifications de nature plus technique ou de concordance, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, l'article f du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 184
Le Président: à l'article f du feuilleton, m. le
ministre de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
présente le projet de loi 184, loi modifiant la loi sur la protection
sanitaire des animaux. m. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, ce projet de loi
confère à des médecins vétérinaires
désignés par le ministre le pouvoir de prescrire, à
l'égard d'un animal, tout traitement ou mesure sanitaire qu'ils jugent
approprié, dont, notamment, l'isolement, le marquage, l'immunisation ou
la destruction.
Ce projet de loi accorde aussi un pouvoir d'ordonnance au ministre
lorsque la présence d'un agent chimique, physique ou biologique est
susceptible de porter atteinte à la santé des animaux ou des
personnes qui les côtoient. Il peut aussi, pour des motifs d'urgence ou
d'intérêt public, ordonner au propriétaire ou au gardien
d'animaux tout traitement ou mesure sanitaire selon les conditions qu'il
indique.
Ce projet de loi modifie également le régime des permis
relatifs aux médicaments vétéri-
naires et prévoit que les aliments et les
prémélanges destinés à l'alimentation des animaux
doivent être exempts de résidus médicamenteux dans le but
d'assurer la protection du public.
Enfin, M. le Président, le projet de loi apporte des
modifications de concordance à divers articles de la loi. Merci.
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, l'article h du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 405
Le Président: À l'article h du feuilleton, M. le
ministre de l'Environnement présente le projet de loi 405, Loi modifiant
la Loi sur la qualité de l'environnement. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, M. le Président. Ce
projet de loi modifie la Loi sur la qualité de l'environnement afin d'y
prévoir certaines règles applicables à des matières
qui, en raison de leurs propriétés, présentent un risque
pour la santé ou l'environnement.
Ainsi, le projet de loi accorde au ministre de l'Environnement le
pouvoir d'ordonner à celui qui a en sa possession une matière
dangereuse qui est dans une situation susceptible d'entraîner une
atteinte à la santé ou un dommage à l'environnement, de
prendre des mesures pour empêcher ou diminuer l'atteinte ou le
dommage.
Le projet de loi prévoit également qu'une personne qui a
produit ou utilisé des matières dangereuses autrement qu'à
des fins personnelles ou domestiques doit tenir un registre des matières
dangereuses qu'elle met au rebut, qu'elle n'utilise plus pour une fin similaire
à leur utilisation initiale, qui sont périmées ou qui
apparaissent sur une liste établie par règlement. En outre, une
personne qui exerce une activité déterminée par
règlement doit préparer et transmettre au ministre un plan de
gestion des matières dangereuses pour lesquelles un registre doit
être tenu. (14 h 10)
De plus, M. le Président, il est interdit, à moins d'y
être autorisé par le ministre, d'avoir en sa possession, pour une
période de plus de 12 mois, des matières dangereuses pour
lesquelles un registre doit être tenu.
Le projet prévoit également l'obligation de détenir
un permis délivré par le ministre pour celui qui exploite un lieu
d'élimination des matières dangereuses, offre un service
d'élimination de telles matières, traite à des fins
commerciales des matières dangereuses, usées, usagées,
périmées ou mentionnées dans un règlement, utilise
à des fins énergétiques ou entrepose de telles
matières.
Enfin, M. le Président, le projet de loi confère au
gouvernement les pouvoirs réglementaires nécessaires à sa
mise en application.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: L'article i, M. le Président, s'il vous
plaît.
Projet de loi 401
Le Président: L'article i du feuilleton. M. le ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique, président du Conseil du trésor, présente le
projet de loi 401, Loi modifiant les régimes de retraite des secteurs
public et para-public. M. le ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, ce projet de loi modifie les
régimes de retraite des secteurs public et parapublic afin,
principalement, de les harmoniser avec les règles découlant de la
réforme fiscale en matière d'épargne-retraite.
À l'égard de tous ces régimes de retraite, le
projet de loi limite, aux fins du calcul des cotisations et des prestations, le
montant du traitement admissible au montant requis pour atteindre le plafond
des prestations déterminées applicable, en vertu de la loi de
l'impôt sur le revenu, pour les années de service
postérieures au 31 décembre 1991.
De plus, il abolit, au régime de retraite de certains
enseignants, au régime de retraite des employés du gouvernement
et des organismes publics et au régime de retraite des agents de la paix
en services correctionnels, le nombre maximum d'années de service
servant aux fins du calcul de la pension. Par ailleurs, il prévoit que
les participants au régime de retraite des enseignants et au
régime de retraite des fonctionnaires qui atteignent la limite de 35
années de service cessent de cotiser à leur régime tout en
maintenant leur participation.
Le projet de loi comporte, par ailleurs, d'autres modifications,
notamment de nature technique ou de concordance, qui ont pour but de faciliter
l'administration des régimes de retraite.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Oui.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, pourriez-vous appeler
l'article k, s'il vous plaît?
Projet de loi 402
Le Président: À l'article k du feuilleton, M. le
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique et président du Conseil du trésor
présente le projet de loi 402, Loi modifiant la Loi sur le régime
de retraite des élus municipaux et la Loi sur le traitement des
élus municipaux. M. le ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Ce projet de loi modifie
d'abord la Loi sur le régime de retraite des élus municipaux afin
d'harmoniser le régime de retraite prévu par cette loi avec les
règles découlant de la réforme fiscale en matière
d'épargne-retraite.
Par ailleurs, le projet de loi modifie la Loi sur le traitement des
élus municipaux afin d'accorder une allocation de départ à
une personne qui cesse d'être membre du conseil d'une municipalité
et qui a accumulé au moins deux années de service
créditées dans le régime de retraite des élus
municipaux.
Enfin, le projet de loi comporte d'autres modifications, principalement
de nature technique ou de concordance.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
à appeler l'article c, s'il vous plaît.
Projet de loi 185
Le Président: À l'article c du feuilleton, M. le
ministre du Travail présente le projet de loi 185, Loi modifiant la Loi
sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. M. le ministre.
M. Normand Cherry
M. Cherry: Oui, M. le Président. Ce projet de loi a pour
objet d'apporter divers correctifs à la Loi sur les relations du
travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction.
Il précise notamment la notion d'entrepreneur autonome, le droit
applicable au représentant d'une corporation ou d'une
société qui oeuvre sur les chantiers de construction et certains
pouvoirs de la Commission de la construction du Québec.
Certaines amendes sont majorées et de nouvelles infractions sont
créées. Ainsi, en cas de récidive, certaines infractions
entraînent, en outre des amendes, la suspension du certificat de
compétence, de son renouvellement ou du droit d'en obtenir un. De plus,
quiconque utilise les services d'un salarié dont le certificat de
compétence ou le droit d'en obtenir un a été suspendu est
passible de fortes amendes.
Une modification étend à tout entrepreneur de construction
la responsabilité solidaire, avec les sous-traitants, du paiement des
salaires dus par ces derniers à leurs salariés. Une autre
disposition rend responsable du paiement du salaire fixé par le
Décret de la construction tout donneur d'ouvrage qui contracte avec un
entrepreneur qui n'est pas titulaire de la licence requise pour exécuter
des travaux de construction.
Enfin, ce projet de loi supprime l'obligation de publier dans les
journaux la convention collective conclue par les parties et la requête
demandant son extension juridique et une nouvelle disposition permet au
gouvernement de déterminer les cas prévus par la loi où
des frais, droits ou honoraires peuvent être exigés.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article b.
Projet de loi 188
Le Président: À l'article b du feuilleton, M. le
ministre du Travail présente le projet de loi 188, Loi modifiant la Loi
sur le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre et d'autres
dispositions législatives. M. le ministre.
M. Normand Cherry
M. Cherry: Ce projet de loi a pour objet de permettre au Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre de diffuser la politique
générale, y compris les critères d'appréciation
relatifs à la compétence et à la conduite des arbitres,
qu'il prend en considération aux fins des avis qu'il donne au ministre
du Travail.
Ce projet de loi autorise également ce
Conseil à étudier certaines plaintes impliquant un arbitre
de cette liste et à faire au ministre du Travail les recommandations
qu'il juge appropriées.
Le projet de loi permet aussi au ministre du Travail de modifier la
liste en cours d'année, rend obligatoire la consultation du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre avant l'adoption d'un
règlement sur la rémunération des arbitres, introduit une
clause d'immunité pour les membres de ce Conseil et, enfin, apporte des
corrections de concordance.
Lois modifiées par ce projet: la Loi sur le Conseil consultatif
du travail et de la main-d'oeuvre; le Code du travail, chapitre C-27; la Loi
sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, M. le Président.
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Maintenant, dépôt de documents. M. le leader du
gouvernement.
Dépôt de documents
Réponses à des questions inscrites au
feuilleton
M. Pagé: M. le Président, je vais déposer la
réponse à la question 6 du feuilleton de ce jour, inscrite par M.
le député de Joliette. Même chose, M. le Président,
pour la question 13 du feuilleton, toujours inscrite par M. le
député de Joliette. Je voudrais déposer aussi la
réponse à la question 28 du feuilleton inscrite par Mme la
députée de Taillon. Je dépose aussi la réponse
à la question 30 du feuilleton de ce jour, inscrite toujours par Mme la
députée de Taillon, et la réponse à la question 32
du feuilleton inscrite par M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue.
Le Président: Ces documents sont donc
déposés.
Dépôt de rapports de commissions. M. le président de
la commission de l'économie et du travail et député de
Laval-des-Rapides.
Dépôt de rapports de commissions
Étude détaillée du projet de loi 161
M. Bélanger: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'économie et du travail
qui a siégé le 7 novembre 1991 pour procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 161,
c'est-à-dire la Loi modifiant la
Loi sur les établissements touristiques. Le projet de loi a
été adopté avec un amendement. Merci.
Le Président: Ce rapport est donc déposé.
Maintenant, dépôt de pétitions. M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Dépôt de pétitions
Donner aux personnes atteintes du
virus d'immuno-déficience humaine un
meilleur accès aux médicaments
M. Boulerice: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
190 pétitionnaires, citoyennes et citoyens du Québec, et
notamment de la région de Québec.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que la
plupart des personnes atteintes du VIH en arrivent à ne plus être
capables d'assumer les frais élevés de leurs médicaments;
"Considérant que la plupart des personnes atteintes du VIH en arrivent
à recourir à l'aide sociale pour payer le coût très
élevé de leurs médicaments alors qu'ils ont encore la
possibilité physique de travailler; "Considérant que le ministre
de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu débourse
inutilement des prestations d'aide sociale à des citoyens atteints du
VIH qui pourraient et désirent encore travailler; "Considérant
que le ministère de la Santé et des Services sociaux assume des
coûts hospitaliers qui seraient réduits si les personnes atteintes
du VIH avaient un accès aussi facile à leurs médicaments
que les personnes atteintes du cancer et de certaines autres maladies
chroniques contrôlables;"
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous
demandons que l'Assemblée nationale adopte des mesures concrètes
et rapides pour remédier à ces situations, soit en donnant aux
personnes atteintes du VIH un meilleur accès aux médicaments
coûteux dont elles ont besoin." Merci, M. le Président.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège ou sur un fait personnel.
Je voudrais vous aviser qu'après la période de questions
sera tenu un vote reporté sur la motion de M. le ministre des Finances
proposant que soit adopté le projet de loi 162, Loi sur les frais de
garantie relatifs aux emprunts des organismes gouvernementaux.
Nous allons maintenant procéder à la période de
questions et réponses orales. Je vais reconnaître, en
première question principale, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Position du gouvernement à l'égard de la
réforme du Sénat
M. Brassard: M. le Président, le ministre responsable du
dossier constitutionnel peut-il nous indiquer la position de son gouvernement
à l'égard de la réforme du Sénat?
Le Président: Alors, M. le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
(14 h 20)
M. Rémillard: M. le Président, dans tout
régime fédéral, il y a deux Chambres: une pour
représenter les personnes et une autre qui doit être plus
représentative des États. On sait que c'est le principe qui
guidait les Pères de la Confédération, en 1867, et qu'ils
ont voulu un Sénat qui pouvait être représentatif et
soucieux des intérêts régionaux, c'est-à-dire des
grandes régions du Canada.
Malheureusement, le Sénat a raté sa vocation donnée
en 1867, pour différentes raisons, mais on s'aperçoit maintenant
que, manifestement, le Sénat ne remplit pas la mission qu'il devrait
remplir. Il faut donc le modifier et en faire un organisme capable de
participer à ce que cette Fédération soit efficace et
représentative des intérêts des régions. Alors, dans
ce contexte-là, M. le Président, nous avons déjà
manifesté notre intérêt dans la réforme du
Sénat.
Actuellement, il y a quelques éléments de réforme
qui peuvent apparaître au niveau des propositions
fédérales, mais nous n'en sommes pas encore au moment où
on devrait discuter du contenu, du fond de cette réforme du
Sénat.
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: Quelles sont les modifications au Sénat que
son gouvernement est prêt à accepter?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: Tout d'abord, je dois souligner le style
sobre des questions que le député de Lac-Saint-Jean me pose. Je
trouve ça très bien. Je trouve ça très digne.
Alors, tout changement qui respecte les droits du Québec et qui vient
faire en sorte que l'on puisse avoir une fédération efficace et
capable de représenter les intérêts de l'ensemble des
États, et en particulier pour le Québec en fonction des droits
historiques que nous avons. Je peux vous persuader d'une chose: ces droits
historiques, nous, on ne les abandonnera pas.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Brassard: M. le Président, ce qu'on vient d'entendre,
c'est ce qu'on appelle maintenant, en France, la langue de coton. Est-ce que le
ministre reconnaît que son gouvernement est déjà
engagé dans un marchandage où, en retour d'une clause de
société distincte complètement stérilisée,
il accorderait une réforme du Sénat qui aurait pour effet non
seulement un accroissement de la légitimité du pouvoir central,
mais également une diminution du poids politique du Québec au
sein de cette institution? Est-ce qu'il peut lui-même imaginer une
réforme du Sénat qui soit bénéfique pour le
Québec? Personne n'a encore pu concevoir et proposer une réforme
du Sénat dans laquelle le Québec sortirait gagnant.
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, évidemment,
s'il y avait eu cette préoccupation d'un Sénat efficace mais
aussi capable de garantir les droits du Québec, si cette
préoccupation avait été bien présente le 16 avril
1981, vous n'auriez pas abandonné le droit de veto sur le Sénat,
au départ. Alors, j'admire toujours la témérité,
même je devrais dire la bravoure du député de
Lac-Saint-Jean qui pose des questions sur des sujets pour lesquels
eux-mêmes, lorsqu'ils étaient au gouvernement, ont
abandonné le droit de veto du Québec. Dans ce contexte-là,
je répète ce que j'ai dit tout à l'heure: Toute reforme du
Sénat doit respecter les droits historiques du Québec dans sa
représentation, dans sa capacité de représenter les
intérêts du Québec au niveau de la Fédération
canadienne, dans l'intérêt de la Fédération
canadienne et de l'ensemble de la Fédération.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Brassard: Oui, ça veut dire quoi, ça? Le
Président: M. le ministre.
M. Rémillard: Ça veut dire, premièrement, M.
le Président, qu'on n'abandonnera aucun droit. Ce qui existe
présentement comme droits historiques du Québec devra être
respecté. Ça, ça veut dire ça, premièrement.
Deuxièmement, quand nous allons recevoir un projet complet avec des
offres... Il s'agit de propositions maintenant. Donc, on nous dit qu'il y aura
des offres. Nous verrons les offres. Dans ce contexte des offres, on
étudiera ça, mais en fonction des droits historiques du
Québec et aussi des intérêts de l'ensemble de la
Fédération canadienne, que nous voulons efficace et que nous
voulons capable de représenter les intérêts dans leur
ensemble, respectant les intérêts régionaux et les
intérêts du Québec.
Le Président: Alors, dernière question
additionnelle.
M. Brassard: Est-ce que ça veut dire que vous n'accepterez
pas que la proportion actuelle de sénateurs du Québec, en
provenance du Québec, soit diminuée?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, dans la mesure
où je disais tout à l'heure qu'une deuxième Chambre doit
représenter les États membres, être représentative
des États membres, en fonction aussi des droits historiques que nous
avons depuis 1867, en fonction du contexte canadien et de la situation au
Québec, tout ce qui regarde spécifiquement le Québec, dans
tous ces éléments qui sont pour nous des droits, ce sera
respecté, et dans le contexte aussi, comme j'ai dit tout à
l'heure, que nous voulons participer à une Fédération
canadienne qui sera efficace.
Or, dans ce contexte-là, il y a un intérêt de la
Fédération canadienne mais, pour nous, l'intérêt du
Québec en fonction de ses droits historiques, ça, ce n'est pas
négociable.
Le Président: Alors, question principale. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Enquête sur la situation à la
Direction de la formation à distance
du ministère de l'Éducation
M. Gendron: Oui, hier, en interrogeant le ministre de
l'Éducation, M. le Président, sur le fameux dossier de
favoritisme et de népotisme à la Direction de la formation
à distance, qu'on appelle communément la "boite à Ovila",
comme on dit, je lui ai demandé qui assumerait la responsabilité
temporaire de cette boite suite au départ un peu précipité
en vacances de M. Gaudreault. Il m'a répondu que c'était Paul
Fortier, adjoint administratif qui, selon le ministre, ne fait l'objet d'aucune
dénonciation.
Je me vois, M. le Président, malheureusement dans l'obligation
une fois de plus de demander au ministre, comment il en est arrivé
à cette nomination? Qui la lui a suggérée? Et comment
a-t-il pu nommer M. Fortier temporairement responsable de cette boite alors
que, depuis des années, M. Fortier était membre du comité
de gestion avec Ovila. Et ça, tout le monde dans la boite sait ce que
ça veut dire, que sa conjointe a été embauchée
à sa demande comme correctrice du cours de gérontologie et que,
dans la lettre que j'adressais au Vérificateur général, il
était spécifiquement mentionné que M. Fortier
bénéficiait d'équipement téléphonique
cellulaire non justifié par rapport à ses fonctions et que, de
plus, il avait bénéficié d'une somme de 1000 $ comme
cadre, dans un programme pour féliciter les employés, alors qu'il
était non eligible au programme, et que, pire que ça, vendredi,
il menaçait des employés qui avaient des choses à
dire.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: M. le Président, effectivement, vendredi
dernier, à la demande de mon sous-ministre, M. Ovila Gaudreault, le
directeur du service de la formation à distance de mon ministère,
a été relevé de ses fonctions sur une base qui, vendredi,
était provisoire et, effectivement, il est en vacances.
Par la suite, il fallait nommer, procéder à la nomination,
sur une base temporaire, d'une personne pour gérer le service. Mon
sous-ministre a communiqué avec M. Fortier pour lui demander deux
choses: premièrement, s'il était disponible pour occuper cette
responsabilité temporairement et, deuxièmement, s'il pouvait lui
donner l'assurance qu'il ne pouvait être l'objet de critiques ou l'objet
de dénonciations de la part de collègues de travail, etc.
À la première réponse, il a répondu: Oui, pas de
problème. Deuxièmement, M. le sous-ministre, on ne peut me
reprocher absolument rien en ce qui se réfère aux accusations ou
aux allégations qui sont formulées depuis quelques semaines au
sein de notre service. Or, j'ai été informé, hier, en fin
d'après-midi, qu'effectivement M. Fortier avait omis ou oublié de
nous indiquer que sa conjointe avait été embauchée comme
professeur, correctrice du cours de gérontologie. Alors, M. Fortier a
été, lui aussi, relevé provisoirement de ses
fonctions.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: S'il vous plaît! Pour une question
complémentaire, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Vous allez admettre que ça ne fait pas un long
règne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Mais, sérieusement, M. le ministre,
très sérieusement...
Une voix: M. le Président.
M. Gendron: M. le Président, est-ce que le ministre de
l'Éducation pourrait dire à cette Chambre que son sous-ministre
en titre n'a pas été informé, dans les multiples
rencontres qu'il a eues avec ces personnes-là et, en particulier, les 8
qui, pendant un an et demi, ont dénoncé cette situation - 35
personnes qu'il a rencontrées, au dire même du ministre - que ces
personnes-là n'auraient pas dit à son sous-ministre que M.
Fortier présentait des inconvénients à une nomination,
même pour une journée? (14 h 30)
Le Président: M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, le député
d'Abiti-bi-Ouest se réfère effectivement à des rencontres
qui ont été conduites en 1990 par mon sous-ministre qui occupait,
à l'époque, la responsabilité de sous-ministre adjoint
à l'administration. Je peux indiquer au député et à
cette Chambre qu'à 15 h 30 cet après-midi je déposerai, je
rendrai public le rapport que j'ai reçu hier soir, qui est en
reproduction actuellement, le rapport que j'ai demandé à mon
sous-ministre pour l'ensemble de la problématique dans ce service. Je
déposerai donc le document et je déposerai, de plus, les
documents accompagnant le suivi que j'entends y donner, pour être certain
que, dans ce service où, entre autres, un nombre très
appréciable d'employés occasionnels sont embauchés
régulièrement, les règles d'embauché sont
transparentes, loyales et ne font pas l'objet de favoritisme, de
népotisme ou de quoi que ce soit; deuxièmement, pour m'assurer
que les fonds publics et les équipements du public sont bien
gérés; troisièmement, pour nous assurer aussi qu'on puisse
rétablir un service dont le quotidien est tourné vers les
services à la clientèle et non pas des intrigues internes comme
celles qu'on connaît dans ce service-là depuis déjà
un certain temps.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Gendron: M. le Président, est-ce que le ministre de
l'Éducation peut assurer cette Chambre qu'une fois pour toutes la
lumière sera faite, en vérifiant et en écoutant le
témoignage - parce que, je regrette, ce ne sont pas des intrigues
internes - des personnes qui ont beaucoup de choses à dire, mais qui ont
toutes été soit tassées, congédiées ou
simplement ignorées, et qui ont toutes voulu parler à votre
sous-ministre ou qui lui ont parlé - votre sous-ministre en titre actuel
- comme Sylvie Malai-son, comme M. Luc Landreville? On fait accroire qu'il a
accepté d'être tassé, c'est faux. Oui, c'est important, M.
le Président. Les personnes suivantes... M. Gaston Martel, pendant un an
et demi, a dit: Je n'ai jamais vu ça en 40 ans de carrière.
Est-ce qu'une fois pour toutes vous allez vous décider à entendre
ces gens-là pour faire la véritable lumière?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, j'entends prendre les
responsabilités qui m'incombent comme ministre de l'Éducation
pour être certain, comme je l'indiquais à la question
précédente. Je me donnerai les moyens - je le rendrai public cet
après-midi - concrets, tangibles pour que des réponses soient
données à l'ensemble de ces interrogations et que le processus et
d'embauché, et de passage d'occasionnel à permanent, et de
promotion soit transparent, loyal et ne fasse pas l'objet de démarches
s'inspirant d'une volonté de favoritisme ou autre.
Deuxièmement, il y a un problème important, significatif,
pour ne pas dire majeur, au niveau de la gestion. On entend et j'entends faire
en sorte qu'on y donne les réponses. L'autre élément...
Cette démarche s'appuiera sur un concept de très, très,
très grande transparence, M. le député, et j'aurai
l'occasion, évidemment, d'écouter vos réactions
après cette déclaration que je ferai tantôt.
Le Président: En question complémentaire.
M. Gendron: Est-ce que le ministre, M. le Président, va
nous assurer qu'avec 30 personnes sur 50 - et c'est partiel - qui ont des liens
de parenté: frère, soeur, tante, époux, fils,
nièce, neveu, etc., est-ce qu'il va s'assurer que le rapport qu'il va
déposer évaluera les liens étroits de favoritisme et de
népotisme avant d'affirmer, comme on l'a entendu, qu'il n'y a rien
là et qu'on n'évacue pas la question réelle de
népotisme? Et pour en avoir l'assurance, moi, dans mes
responsabilités, M. le Président, je veux déposer
aujourd'hui l'arbre généalogique de népotisme de la
Direction de la formation à distance. Et pour éviter le salissage
de personnalités, je dépose un arbre généalogique
où on a trouvé une méthode d'identifier les cadres sans
nommer les personnes. Mais les gens prendront connaissance qu'assez, c'est
assez et j'espère que la lumière sera faite là-dessus.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt du document?
M. Pagé: Oui, consentement, M. le Président.
Le Président: Consentement. Donc, le document est
déposé. M. le ministre, votre réponse.
M. Pagé: Alors, je veux donner l'assurance au
député et à cette Chambre que toute la lumière,
tous les éléments de ce document qui est déposé et
qui se réfère à des situations familiales assez
étroites - entre parenthèses, vous avez oublié les fils,
les filles, les beaux-frères et les belles-soeurs - seront
étudiés, analysés. Comment se fait-il - exemple concret -
que la personne X se retrouve à la fonction y? Bon, etc. J'ai tous ces
renseignements et j'entends faire en sorte que ça soit traité de
façon indépendante, analysée, étudiée et
j'aurai l'occasion d'y revenir, soyez-en persuadé, M. le
député.
Le Président: En question principale, M. le
député de Laviolette.
Maintien des actifs de l'usine Cascades à
Port-Cartier
M. Jolivet: M. le Président, au début des
difficultés de l'usine Cascades de Port-Cartier, la compagnie Cascades
proposait de transformer l'usine pour fabriquer de la pâte à
bourre ou de la pâte isolante. REXFOR, de son côté, qui
semblait être appuyée par le ministre, proposait plutôt de
se retourner vers la construction d'une machine surcalandrée. Depuis ce
temps, Cascades, de Port-Cartier, est fermée définitivement. Le
ministre, on s'en souviendra, m'avait donné une réponse, M. le
Président, à l'effet que M. Reed Scowen avait été
engagé pour remplacer M. Nansem Cheng pour trouver des investisseurs
majeurs pour l'usine de Port-Cartier dans le surcalandré. Nous
apprenons, ce matin, que M. Reed Scowen a été nommé pour
l'usine de Matane. alors, j'aimerais savoir de la part du ministre: peut-il
m'indiquer si, à port-cartier comme à matane, le
ministère, dans son travail normal, est à la recherche
d'investisseurs majeurs pour construire une machine de super-calandrés
à port-cartier?
Le Président: M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pardon. M. le
Président, j'ai dit aux deux groupes, soit de Port-Cartier et de Matane,
que le gouvernement ferait des recherches pour trouver un partenaire dans les
deux cas. Dans le cas de Port-Cartier, on parle de supercalandrés et on
parte d'autres produits. Avant son départ pour l'Asie, j'ai fait
remettre à M. Reed Scowen des dossiers concernant Port-Cartier et des
dossiers concernant Matane. M. Reed Scowen, dans les deux cas, avec l'aide des
délégations du Québec à l'étranger,
recherchera des partenaires éventuels pour chacune de ces
entreprises.
Le Président: En question complémentaire.
M. Jolivet: M. le Président, est-ce que le ministre peut
m'indiquer qu'il donne la bonne réponse dans la mesure où il peut
me donner la certitude qu'il n'a pas décidé du
démantèlement de l'usine de Port-Cartier?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, en collaboration avec les groupes locaux, avec Cascades, avec
les banquiers et REXFOR, nous avons décidé de maintenir les
actifs de Port-Cartier en bon état et de rechercher un partenaire. C'est
tout à fait contraire aux intentions que le député de
Laviolette veut me prêter, à savoir la démolition de
l'usine telle quelle. J'ai rencontré, à port-cartier, les
ouvriers de port-cartier, les ouvriers de cascades et ils m'ont remercié
pour les efforts que le gouvernement a faits dans ce dossier-là. le
gouvernement investit pour maintenir les actifs, actuellement, et, de plus,
nous négocierons avec les entrepreneurs forestiers des
allégements pour le temps que ça va durer.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Jolivet: M. le Président, est-ce que le ministre peut
assurer cette Chambre et les résidents de Port-Cartier que la
décision 91-198 du 2 octobre 1991 prise par le Conseil des ministres,
signée par M. Benoît Morin, n'est pas exacte? Elle se lit comme
suit: "Le Conseil des ministres décide d'approuver le scénario de
liquidation immédiate des actifs de Cascades Port-Cartier inc.
évoqué par le ministre des Forêts, lequel scénario
implique ceci."
Alors, nous avons le décret que je suis prêt à
déposer, M. le Président. Est-ce que le ministre est en train de
me dire qu'il a décidé et qu'il a mis sur la table cette
décision-là?
Le Président: Pour une demande de dépôt de
document, est-ce qu'il y a consentement? M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: C'est un document qui est susceptible de devenir
public, de toute façon, s'il ne l'est déjà.
Le Président: Effectivement, mais la demande est
là. Je demande s'il y a consentement au dépôt. Il y a
consentement?
Des voix: Non, non.
Le Président: II n'y a pas consentement. Alors, M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, la décision à laquelle se réfère
le député de Laviolette est véridique. C'est vrai.
Ça faisait suite aussi à une décision qui avait
été prise antérieurement par le Conseil des ministres et
si on n'arrivait pas à s'entendre sur le maintien des actifs,
c'était la décision qui était prise. Par la suite, nous
nous sommes entendus avec Cascades, avec les banquiers pour maintenir les
actifs. Donc, cette décision-là, qui découlait d'une
décision antérieure, ne tient plus, M. le Président.
M. Jolivet: On verra ça.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de La Prairie. (14 h 40)
Partage des compétences entre le monde
municipal et le ministère de l'Environnement
M. Lazure: Merci, M. le Président. Ce matin, Le Soleil
titre, en première page: "Québec songe à un transfert
massif en matière environnementale." Les villes écoperaient
encore et hériteraient de la gestion et de l'application de la plupart
des programmes relevant du ministère de l'Environnement. Il y a un mois,
La Presse titrait, et je cite: "Paradis veut scinder son
ministère et créer un organisme indépendant responsable de
l'émission des permis, ainsi que de l'application des lois et
règlements sur tout le territoire québécois." D'ailleurs,
l'éditorialiste du journal The Gazette a réagi à
cet article en disant, et je cite: "Si le gouvernement Bourassa veut montrer
son sérieux en environnement, qu'il supporte pleinement son
ministère, au lieu de songer à créer une nouvelle
structure."
La question, M. le Président, au ministre de l'Environnement:
Est-ce que le ministre peut nous dire exactement ce qu'il entend faire de son
ministère qui s'en va à la dérive à cause de son
manque de leadership politique? Est-ce qu'il entend suivre les conseils de ses
députés ministériels qui lui disent de pelleter les
responsabilités dans la cour des municipalités? Enfin, est-ce
qu'il veut toujours ce fameux organisme indépendant qui est
d'emblée rejeté par les organismes environnementaux?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
sais que la formation professionnelle qu'a le député de La
Prairie fait en sorte qu'il recherche souvent des liens de cause à effet
entre des articles parus dans un quotidien, il y a plusieurs semaines, et un
article paru dans un autre quotidien, aujourd'hui. Je tiens à le
rassurer, il est sur une fausse piste, il n'y a aucun lien entre l'article paru
dans The Gazette, il y a quelques semaines, et l'article paru ce matin
dans Le Soleil.
En ce qui concerne la question d'actualité qu'a traitée
Le Soleil ce matin, je tiens à informer le député
de La Prairie que, depuis janvier 1990, le ministère de l'Environnement
du Québec, en collaboration avec la table
Québec-municipalités, a entrepris un dialogue de façon
à clarifier le partage des juridictions, des compétences et des
actions entre le monde municipal et le ministère de l'Environnement du
Québec. Les Unions municipales et le ministère de l'Environnement
en sont arrivés à un consensus quant à ce partage de
juridictions. Un document a été publié en janvier 1991,
faisant état de ce consensus. Et j'indique au député de La
Prairie, dans le but de lui éviter une question additionnelle - je vois
qu'il manque d'informations sur ce dossier, mais il est libre de la poser s'il
le souhaite, M. le Président - que le ministère de
l'Environnement du Québec publiera au cours des prochaines semaines le
résultat de ce consensus entre les deux Unions municipales, la table
Québec-municipalités et le ministère de l'Environnement du
Québec, consensus qui assurera une meilleure gestion de notre
environnement sur l'ensemble du territoire, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que vous admettrez avec
moi que plus c'est long, moins on en sait? Est-ce que le ministre se rend
compte qu'il n'a pas répondu aux deux questions? Qu'il oublie donc le
lien entre les deux, mais les deux questions restent non répondues. Ma
dernière question: Est-ce que le ministre peut s'engager, avant de
présenter tout projet qui va diminuer les pouvoirs de son
ministère, à discuter publiquement, par la commission
parlementaire de l'aménagement et des équipements, de tout projet
qui diminuerait les pouvoirs de son ministère? Est-ce qu'il peut prendre
l'engagement, oui ou non?
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vais
tenter d'éclairer encore une fois le député de La Prairie
qui est à la recherche d'informations, qui est un petit peu sur un
voyage de pêche aujourd'hui, M. le Président. Je lui
indiquerai...
Des voix:...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je tente
de l'éclairer sur le sujet.
Le Président: Un instant! Je vais demander la
collaboration. S'il vous plaît! S'il vous plaît! Écoutez, la
réponse, c'est le ministre qui la détient. On va
l'écouter, si vous voulez bien. Alors, M. le ministre. S'il vous
plaît! M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, vous avez
notamment précisé hier que ni une question ni une réponse
ne devait provoquer un débat. On dit que le député est
à la pêche. Il n'est pas dans la rivière aux Brochets de
son frère.
Le Président: M. le ministre, allez-y avec votre
réponse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
j'indiquerai au député de La Prairie que le ministère de
l'Environnement n'est pas en train de se déposséder des pouvoirs
qu'il a. À titre d'exemple, je lui signifierai qu'on a
déposé
aujourd'hui même, en cette Chambre, un projet de loi qui concerne
les matières dangereuses, qui vise à augmenter et à
élargir le champ de compétence du ministère de
l'Environnement, parce que le gouvernement libéral du Québec a
à coeur la protection de l'environnement au Québec.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: À partir des propos du ministre de
l'Environnement...
Le Président: En additionnelle? En additionnelle
encore.
M. Dufour: Oui. Est-ce que le ministre des Affaires municipales
peut me donner la réponse à l'effet qu'il peut concilier son
engagement vis-à-vis des municipalités, à savoir qu'il n'y
aura pas de nouvelle responsabilité ni de transfert de
responsabilité financière vis-à-vis des
municipalités au cours du présent mandat de ce gouvernement?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: M. le Président, je n'ai eu connaissance d'aucun
changement à ce sujet depuis les propos que le député de
Jonquière peut retrouver dans le document gouvernemental du 14
décembre dernier.
Le Président: En question principale, M. le
député de Gouin.
Divulgation des salaires des dirigeants d'entreprises
publiques
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Hier, lorsque je
questionnais la ministre déléguée aux Finances sur
l'opportunité de permettre aux petits actionnaires de faire le lien
entre le salaire des cadres et leurs avantages et leur performance, la ministre
me répondait: "Je n'en reviens pas qu'on permette au
député de Gouin - et je la cite, M. le Président - de
poser de telles questions. Il est en train de donner un rôle à la
Commission des valeurs mobilières que la Commission n'a pas." Cependant,
M. le Président, le président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec voit les choses d'un tout autre oeil, lui
qui déclarait, dans Les Affaires du 27 avril 1991, qu'il fallait
favoriser la divulgation des salaires des dirigeants d'entreprises publiques.
Il disait: "Celui qui va me faire rebrousser chemin a besoin d'avoir des
arguments à toute épreuve."
Quels sont, M. le Président, les arguments à toute
épreuve de la ministre pour refuser aux petits actionnaires le droit de
connaître le salaire des dirigeants d'entreprises publiques, M. le
Président?
Le Président: Mme la ministre
déléguée aux Finances.
Mme Robic: M. le Président, depuis trois jours que le
député de Gouin me questionne en cette Chambre. Si vous relisez
ses questions, M. le Président, le député de Gouin remet
en cause des principes comptables qui émanent de l'Institut canadien des
comptables agréés. Le député de Gouin
considère que la Commission des valeurs mobilières du
Québec doit s'ingérer dans la fixation des salaires. Il parle
aujourd'hui de divulgation, mais, si vous relisez ses questions, il pariait de
la fixation des salaires. Une grande différence, M. le Président.
Et c'est là que je dis que c'est absolument aberrant.
Quant aux salaires qui apparaissent dans les rapports annuels, le
salaire global des officiers fait partie des rapports annuels. Le
député de Gouin, M. le Président, a encore maintenu, hier,
que la décision de la Commission des valeurs mobilières du
Québec a fait chuter les titres de la STI. M. le Président, avant
de faire des remarques comme celle-là, il aurait pu lire le sommaire des
transactions - le sommaire des transactions, vous pouvez l'obtenir, M. le
Président, comme un livre de téléphone - et ça
prouverait que ce qu'il dit, M. le Président, ne tient pas debout.
Absolument pas debout.
Le député de Gouin remet également en question le
travail des dirigeants du Fonds de solidarité, M. le Président.
Le député de Gouin, également, prône
l'ingérence politique dans des affaires quasi judiciaires. M. le
Président, c'est absolument inconscient de sa part de faire des
affirmations pareilles.
Le Président: En question complémentaire.
M. Boisclair: M. le Président, il y a au moins deux
inconscients en cette Chambre: la ministre déléguée aux
Finances et le président de la Commission des valeurs mobilières
du Québec. M. le Président, la question est bien simple: Est-ce
que la ministre déléguée aux Finances partage l'opinion du
président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec - qui, en passant, M. le Président, n'est pas
réputé pour être le plus grand péquiste que la terre
ait porté, nommé sous ce gouvernement - est-ce que la ministre
partage l'opinion du président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec qui dit que, le plus rapidement possible,
nous devons prendre les moyens législatifs nécessaires pour nous
assurer que les petits épargnants puissent connaître les salaires
et les avantages sociaux qu'une compagnie publique leur verse pour ainsi
s'assurer une dilapidation, comme dans le cas de la STI, de l'avoir des
actionnaires, M. le Président? C'est ça, la question de fond. Que
la ministre y réponde.
Le Président: Mme la ministre. (14 h 50)
Mme Robic: M. le Président, déjà dans les
rapports annuels des entreprises apparaît le salaire global des officiers
de cette entreprise. Et jusqu'à ce moment, M. le Président, le
président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec ne m'a fait aucune recommandation à ce sujet-là,
c'est-à-dire d'élargir cette divulgation.
Le Président: Toujours en additionnelle.
M. Boisclair: Est-ce que je peux juste déposer un document
dans lequel le président de la Commission des valeurs
mobilières...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Un
instant. Si vous voulez identifier le document que vous voulez déposer,
s'il vous plaît.
M. Boisclair: Oui, M. le Président. C'est un article de
journal dans lequel le président de la Commission...
Le Président: Un instant. Sur une question de
règlement... Alors, sur une question de règlement, M. le leader
du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je voudrais seulement
soumettre à mon collègue, mon vis-à-vis, le leader
parlementaire de l'Opposition, que souventefois on a des demandes comme
celle-là de consentement pour le dépôt d'un document. Il y
a quelques minutes, on se référait à un document qui est
un document public, qui est un décret du Conseil des ministres.
Là, on se réfère à un document qui est un article
de journal. Tantôt, on va déposer le Journal des débats
et on va finir aux bandes dessinées, là. Est-ce possible, M.
le Président, qu'on ait des règles, qu'on s'entende, le leader
parlementaire et moi, qu'un document qui doit être déposé
soit un document qui est pertinent à un sujet et pas
nécessairement un document public?
Le Président: Écoutez, j'ai, comme
président... Simplement, au règlement, il est clair qu'un
député peut demander de déposer un document. Je ne peux
pas l'empêcher de présenter une demande. Il identifie son
document. Il y a consentement ou pas de consentement. Alors, on demande le
dépôt d'un document, un article de journal. Est-ce qu'il y a
consentement ou pas? Il n'y a pas consentement. Très bien.
Alors, en question principale, M. le député de
D'Arcy-McGee.
Une voix: Correct. M. Libman: Merci. Le
Président: Je vous prierais de vous asseoir, M. le
député. Alors, c'est la présidence qui reconnaît qui
va poser les questions et je reconnais le député de
D'Arcy-McGee.
Propos du président de la Commission
des droits de la personne critiqués
par les communautés culturelles
M. Libman: Merci beaucoup, M. le Président. M. le
Président, ma question s'adresse au ministre des Communautés
culturelles. M. le Président, Yves Lafontaine, le président de la
Commission des droits de la personne du Québec, a tenu des propos qui
sont, selon Alain Dubuc, proprement scandaleux et qui ont soulevé un
tollé parmi les groupes minoritaires du Québec en disant que
ceux-ci dramatisent les incidents racistes et il a utilisé comme exemple
la présence du Ku Klux Klan à Sherbrooke cet été.
La Commission, qui est supposée défendre, aider et être
amie avec les membres des communautés minoritaires du Québec, a
été invisible ces derniers cinq mois, une période qui a
été extrêmement difficile pour plusieurs groupes
minoritaires. Il est de plus en plus claire, M. le Président, que la
Commission, et surtout son président, manquent de compréhension
et de sensibilité pour les communautés culturelles du
Québec.
My question, M. le Président. Would the Minister, who herself
denounced this summer the presence of the KKK in Sherbrooke, on behalf of the
Government, send out a much needed message to minority communities of
Québec that these declarations by Mr. Lafontaine are unacceptable and
would she, therefore, recommend to the Justice Minister that Mr. Lafontaine is
unfit to head up the Human Rights Commission and that he should resign
immediately?
Le Président: Alors, Mme la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je désire
rappeler à cette Assemblée que la Commission des droits de la
personne relève, bien sûr, de mon collègue de la Justice,
député de Jean-Talon, et que Me Lafontaine a été
nommé par cette Assemblée, à l'unanimité de tous
ses membres incluant, bien sûr, le député de D'Arcy-McGee.
Je suis d'avis que dans chaque instance, quand il s'agit de violation des
droits de la personne, il faut faire toute la lumière de sorte qu'on
puisse permettre à la société québécoise de
s'en dissocier ou encore de prévenir pour l'avenir afin que de tels cas
ne se reproduisent pas.
Étant donné l'importance de la Commission des droits de la
personne, il est dans l'intérêt, bien sûr, de tous qu'un
dialogue puisse s'établir entre les communautés culturelles et la
Commission des droits de la personne afin de dissiper tout malentendu et de
confirmer le rôle de la Commission des droits de la personne. C'est
d'ailleurs ce que j'ai demandé, par voie de
communiqué hier, et je pense bien... Il semble, M. le
Président, que mon appel a été entendu puisque je
recevais, il y a quelques instants, un communiqué de presse de Me
Lafontaine de la Commission des droits de la personne à l'effet qu'il
est prêt à rétablir les ponts. Vous comprendrez, M. le
Président, que mon rôle est celui de ne pas attiser les chicanes
et davantage de rapprocher les parties.
Le Président: En question complémentaire.
M. Libman: Rétablir des ponts, M. le Président,
ça veut dire beaucoup de choses. Est-ce que la ministre admet
aujourd'hui qu'elle n'est pas du tout d'accord avec les déclarations de
M. Lafontaine, oui ou non? Si non, est-ce que ses déclarations doivent
être retirées?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, Mr. Lafontaine as
President of the Commission des droits de la personne should know by now that
when dealing with issues like these ones, we should think twice before speaking
out. My job as Minister of Cultural Communities and Immigration is to denounce
any act of racism or discrimination. I have been doing so for two and a half
years, and I intend to keep on doing so.
Vous savez, M. le Président, j'ai souvent mentionné, et je
le répète encore, qu'au Québec il n'y a pas de
tolérance pour l'intolérance.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Libman: M. le Président, au ministre de la Justice. In
light of the fact that members of minority communities of Québec are
listless, they have lost confidence in the Human Rights Commission, would the
Minister of Justice consider examining the mandate of the Commission, examining
its structure and composition to at least give it teeth so minority communities
of Québec could feel confident in having recourse to this
Commission?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, on a la chance de
vivre dans une société de liberté et de démocratie.
Quand on regarde ce qui se passe dans le monde, on l'apprécie
grandement. Le fondement de notre liberté de démocratie, c'est le
principe de l'égalité. Peu importent notre langue, notre
religion, la couleur de notre peau, nous sommes tous égaux. Quand j'ai
été informé des propos, tels que rapportés, de M.
Lafontaine, j'ai communiqué avec M. Lafontaine, hier. Nous nous sommes
parlé. Sans vouloir m'ingérer dans les choses de la Commission
qui est un organisme indépendant - simplement pour m'informer - M.
Lafontaine m'a confirmé qu'il rencontrerait les leaders des
communautés pour pouvoir expliquer ses propos. Ses propos, tels que
compris, sont regrettables et très malheureux, bien sûr. Dans la
mesure où ils pourront s'expliquer, je crois qu'on pourra, à ce
moment-là, évaluer la situation sans l'exagérer, M. le
Président.
Comme ministre de la Justice, ce qui m'importe aussi, c'est le respect
de l'institution. Cette Commission des droits doit veiller à faire
respecter les droits qui sont inclus dans la Charte. Dans ce contexte, M. le
Président, je suis de près ce dossier et je suis convaincu
qu'à la suite d'une rencontre entre M. Lafontaine et les leaders il
pourra y avoir une bonne discussion, des explications et on verra ensuite.
Le Président: En question principale, M. le
député de Bertrand.
Incertitude quant au financement du projet
Tokamak
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Le projet Tokamak,
projet conjoint du Centre canadien de fusion magnétique et
d'Hydro-Québec qui emploie une centaine de chercheurs et de techniciens
à Varennes, est menacé de mort au moment même où des
chercheurs européens annonçaient avant-hier une percée
majeure dans le domaine de la fusion thermonucléaire. Unique au monde,
ce projet est l'aboutissement de 10 ans de planification et d'investissement.
J'ai été informé qu'une décision imminente du
Conseil du trésor fédéral de réduire de 40 % la
contribution fédérale du budget d'exploitation de 14 300 000 $,
financé à parts égales par le gouvernement
fédéral et Hydro-Québec, mettrait fin aux activités
du projet et se traduirait par une mise à pied de 40 à 50
chercheurs, dès 1992. Étant donné que si la
décision n'est pas renversée le couperet devrait tomber
dès le début de janvier prochain et considérant que le
Québec est déjà déficitaire en matière de
fonds de recherche du gouvernement fédéral, ma question à
la ministre de l'Énergie et des Ressources... J'aimerais demander
à la ministre, d'abord, si le gouvernement du Québec a
l'intention de réagir vigoureusement à la décision
anticipée, mais non encore annoncée, du gouvernement
fédéral de réduire sa contribution au projet Tokamak et
deuxièmement, si le gouvernement du Québec a l'intention de faire
rapidement toutes les pressions nécessaires pour que le
fédéral maintienne son financement à parts égales.
(15 heures)
Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: II me semble, M. le Président, que le
député de Bertrand dramatise un petit peu la situation.
Soulignons que la participation fi-
nancière du gouvernement fédéral pour le
présent exercice n'est pas changée. Je pense que ce n'est
nullement remis en question. Nous sommes informés que le
fédéral analyse présentement sa participation future.
Aucune décision n'a encore été prise. Hydro-Québec
a fait connaître au gouvernement fédéral, à des
représentants, l'importance du programme, l'importance de le poursuivre.
Il y a déjà 100 000 000 $ qui ont été
dépensés dans le dossier.
Dès le retour de M. Epp de l'Arabie Saoudite où il est
présentement, j'ai l'intention de communiquer avec lui rapidement. J'en
discute cette semaine, d'ici à la fin de la semaine, avec les deux
présidents d'Hydro-Québec pour que nous puissions ensemble faire
les pressions nécessaires sur M. Epp, mais il n'y a aucune
décision qui est prise. Il ne faudrait quand même pas dramatiser
tout de suite.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Vente aux enchères de la collection d'oeuvres
d'art de Lavalin
M. Boulerice: M. le Président. Tout le monde en parle,
1300 oeuvres d'art majeures appartenant à Lavalin vont partir pour
Toronto. Ma question s'adresse à la ministre et elle est fort simple, M.
le Président: Qu'est-ce qu'elle attend pour agir, pour empêcher
cette vente aux enchères? Sait-elle que les articles 8, 15, 16 et 17 de
la Loi sur les biens culturels lui permettent d'empêcher la vente de la
collection en opérant tout simplement une reconnaissance de la
collection comme bien culturel?
Le Président: Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, en
réponse à la question du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, d'abord, nous suivons le dossier depuis le
début. La première fois que je suis intervenue personnellement,
j'étais avec la députée de Chicoutimi. Nous étions
ensemble à la galerie Séquence. Je renvoie la question à
mon collègue en lui disant: Sait-il que le dossier évolue dans le
cadre de la Loi sur les faillites, une loi fédérale? Au moment
où on se parle, nous attendons les rapports d'évaluation de
ladite collection, rapports faits par des experts, dont ceux du Musée du
Québec.
Maintenant, il faut comprendre aussi dans ce dossier-là que la
situation dans laquelle nous sommes fait en sorte que l'action du gouvernement
doit éviter que, de quelque façon que ce soit, on ne fasse
évaluer, surévaluer ou chuter le prix et la valeur des
pièces de ladite collection. Donc, en réponse, je tiens à
vous assurer tous de notre volonté, dans ce cas comme dans d'autres,
d'agir, de sauver ce qui est de notre patrimoine, mais dans le respect aussi de
nos lois.
Une voix: Bravo!
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre sait qu'à force de
suivre le dossier elle va suivre la collection à Toronto,
premièrement? Et, deuxièmement, la loi des faillites
fédérale ne l'empêche absolument pas, dans ses attributions
comme ministre, d'évoquer l'article 8. Est-ce que...
Le Président: Concernant le rappel au règlement, M.
le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, ce n'est pas parce qu'on
met un "est-ce que" avant une très grande déclaration que c'est
une question.
Le Président: Votre question, M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques. S'il vous plaît!
M. Boulerice: Est-ce que la ministre sait que la juridiction
fédérale ne l'empêche pas d'assumer sa juridiction,
d'appliquer les articles 8, 15, 16 et 17, si elle ne connaît pas la loi
de son ministère, et de reconnaître ceci comme un patrimoine et
l'empêcher de déménager à Toronto?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Est-ce que le député sait
qu'il y a des évaluateurs et des évaluations,
premièrement, qui sont faites? Deuxièmement, il faut aussi agir
de façon très prudente. Il ne faut pas brûler les
étapes. J'aviserai aussi le député - conseil d'ami - de
demander conseil lui aussi à son avocat personnel, à savoir ce
qu'il doit dire et faire dans une condition telle? Nous sommes sous la loi.
Nous avons un dossier qui est sous la loi de la faillite, une loi
fédérale. Il faut être très prudent et c'est que
nous faisons.
Le Président: c'est la fin de la période des
questions. alors, nous avons un vote reporté. j'inviterai les
collègues à ne pas quitter leur place, s'il vous plaît.
nous avons un vote reporté. je vous prierai de rester à vos
places, s'il vous plaît. (15h5-15h6)
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
projet de loi 162
Le Président: ...mise aux voix de la motion de M. le
ministre des Finances proposant que soit adopté le projet de loi 162,
Loi sur les frais de garantie relatifs aux emprunts des organismes
gouvernementaux. Que les députés qui sont en faveur de
cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Levesque (Bonaven-ture), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argen-teuil), M.
Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau (La-porte), M. Dutil
(Beauce-Sud), M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros
(Laurier), M. Vallières (Richmond), M. Vallerand (Crémazie), M.
Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont), M. Rémillard
(Jean-Talon), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss
(Pontiac), Mme Frulla-Hébert (Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry
(Sainte-Anne), M. Bélisle (Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M.
Cusano (Viau), M. Picotte (Maskinongé), M. Ciaccia (Mont-Royal), Mme
Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), M. Houde (Berthier), M. Maciocia
(Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie (Abitibi-Est), Mme Trépanier
(Dorion), M. Philibert (Trois-Rivières), M. Beau-din (Gaspé), M.
Chagnon (Saint-Louis), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel
(Sherbrooke), M. St-Roch (Drummond), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire
(Saint-Maurice), M. Poulin (Chauveau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit
(Orford), M. Williams (Nelligan), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Chapleau),
M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Charbonneau (Saint-Jean), Mme Bégin
(Beliechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun),
M. Forget (Prévost), M. Gobé (LaFontaine), M. Joly (Fabre), M.
LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme Boucher
Bacon (Bourget), M. Au-det (Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbi-nière), M.
Brouillette (Champlain), M. Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal
(Châteauguay), M. Després (Limoilou), M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière
(Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Président: Alors, que les députés qui
s'opposent à cette motion veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme
Harel (Hoche-laga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska),
M. Godin (Mercier), Mme Juneau (Johnson), M. Claveau (Ungava), M. Dufour
(Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), Mme Vermette
(Marie-Victo-rin), M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques),
M. Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), Mme Caron (Terrebonne), M.
Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), Mme Dupuis
(Verchères), M. Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
Le Président: Y a-t-il est abstentions?
Le Secrétaire: pour: 76 contre: 25 abstentions: 0
Le Président: La motion est donc adoptée.
Maintenant, motions sans préavis, Mme la vice-première
ministre.
Motions sans préavis
Condoléances à l'occasion du
décès du cardinal Paul-Émile Léger
Mme Bacon: M. le Président, je sollicite le consentement
des membres de cette Assemblée afin d'offrir nos condoléances aux
membres de la famille, aux amis ainsi qu'aux membres de la famille sacerdotale
du cardinal Paul-Émile Léger qui est décédé
la nuit dernière.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à ce
que nous débattions cette motion? Consentement. Vous avez donc la
parole, Mme la vice-première ministre.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Le Québec tout
entier est en deuil depuis l'annonce du décès du cardinal
Paul-Émile Léger, né à Val-leyfield le 25 avril
1904. D'abord connu et considéré comme un serviteur de Dieu,
Paul-Émile Léger entrera au Petit Séminaire de
Sainte-Thérèse à l'âge de 12 ans. Il part rapidement
pour la France et, par la suite, le jeune sulpicien a fait ses études de
droit canonique pour, ensuite, enseigner un an la théologie.
Comme l'ont fait remarquer certains observateurs, sa vie ne pouvait
l'astreindre aux livres ou aux études. Paul-Émile Léger
allait créer de véritables oeuvres nouvelles. C'est au Japon que
commence la grande aventure d'un homme qui est demeuré pour toujours
missionnaire. Il participe alors à sa première fondation,
à sa première oeuvre de pionnier. Un peu plus tard, quand il
partit pour Rome en 1947 pour devenir recteur du Collège canadien, il
répondait à un autre appel. C'est à cette époque
que sa vie prit un nouveau tournant. Il est devenu assez connu des
évêques et assez apprécié du pape Pie XII pour
être nommé archevêque de Montréal, en 1950.
Et c'est là que les Montréalais sentiront de plus en plus
sa présence et que personne ne pourra l'oublier. C'est donc chez nous
qu'il a construit la charité. Il y a d'abord eu la création
de la fondation du Foyer de charité, une maison pour les
démunis qui a été construite à l'aide de dons, de
bénévolat, de générosité secrète et
qui subsiste encore de la même façon. Le projet de Foyer de
charité ouvre la porte à une structure de différentes
oeuvres qui n'avaient qu'un seul but: soulager la misère humaine. Des
oeuvres qui ont permis à des orphelins d'être recueillis, à
des jeunes en difficulté de donner un sens à leur vie, à
des personnes âgées de mourir dans la dignité et à
des malades chroniques de recevoir les soins appropriés.
Outre l'oeuvre du Foyer de charité, on note celles des Portes du
ciel, du Patro Le Prévost, de l'institut Dominique-Savio, de
l'hôpital Saint-Charles-Borromée, institutions qui viennent
toujours en aide aujourd'hui à ceux qui en ont le plus besoin.
En 1962, l'archevêque de Montréal connaît une
année fertile en événements. Il est le défenseur et
l'humaniste de conscience dans les manifestations qui entourent les travaux
préparatoires à la tenue du Concile Vatican II et, le 9 novembre
1967, le cardinal a alors 63 ans.
Il renonce à son titre d'archevêque de Montréal pour
devenir simple missionnaire en Afrique. Paul-Émile Léger transmet
son message d'espoir et de charité en pays du tiers monde. Sa mission se
traduit par une réalisation concrète, soit l'ouverture, en 1972,
du Centre national de rééducation des handicapés de
Yaounde, au Cameroun. À ce jour, plus de 20 000 enfants y ont
été soignés et guéris dans plusieurs cas.
Le cardinal Léger rentre à Montréal en 1979.
Invité à prendre du repos en raison de son état de
santé, le cardinal n'en continue pas moins sa mission tout en continuant
aussi son oeuvre en faveur du tiers monde, mais il le fera dorénavant
d'ici. Le 9 juillet 1981, une loi constituant la Fondation Jules et
Paul-Émile Léger est adoptée par le Sénat canadien
et sanctionnée par le Parlement en décembre de la même
année.
Le gouvernement a ainsi rendu hommage à deux éminents
Canadiens et le cardinal peut voir ses oeuvres coiffées d'une structure
solide. La Fondation a appuyé des projets dans 93 pays et est intervenue
de manière efficace auprès de millions de malades qui ont
constitué l'apostolat privilégié du cardinal.
Sa présence est évidemment réclamée aux
quatre coins du pays et à l'étranger, les tribunes les plus
importantes lui sont offertes. Il ressort que l'éloquence de son verbe
et la justesse de ses propos donnent une dimension souhaitée au message
des petits gestes posés pour aider les plus démunis du monde.
Celui qu'on a appelé également le "prince de l'Église" a
été le serviteur le plus fidèle. Il a semé cette
compassion pour les plus pauvres du monde et cet homme s'est vu confier une
mission dans laquelle il a été appelé à se
dépasser dans l'accomplissement de ses oeuvres. Sa mort nous force,
à travers nos gestes quotidiens, à suivre la voie qu'il a
toujours tracée, celle du partage.
Le Président: Sur cette même motion, M. le leader de
l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, avec la mort cette nuit du
cardinal Léger, c'est un peu une époque du Québec qui se
termine. On a souvent qualifié les hommes de sa trempe de princes de
l'Église et, à maints égards, le cardinal Léger
incarnait bien ce type d'homme. Les jeunes d'aujourd'hui imaginent sans doute
moins bien toute l'importance que le cardinal Léger a pu occuper dans le
Québec des années quarante, cinquante et soixante, comme sans
doute il est difficile de réaliser à quel point la religion
occupait une place importante dans la vie quotidienne du Québec à
cette époque. Mais pour un homme de ma génération ainsi
que pour les personnes plus âgées, le cardinal fut une
personnalité omniprésente et, tant par ses traits de
caractère, son apparence ainsi que son côté infatigable par
rapport aux oeuvres qu'il fondait de par le monde, il possédait un
statut de quasi-vedette, comme on le retrouve maintenant dans d'autres
domaines.
Il fut ordonné prêtre en 1929 et, dès 1933, il
fondait le séminaire japonais de Fukuoka. Ensuite, il connu une
carrière fulgurante. Il fut successivement professeur au
Séminaire de Montréal, vicaire général, recteur du
Collège canadien à Rome et archevêque de Montréal en
1950, comme successeur de Mgr Charbonneau. Il fut nommé cardinal en 1953
par le pape Pie XII et il occupa un rôle très important lors de
cet événement majeur pour la chrétienté que fut le
Concile Vatican II. Il faut d'ailleurs se rappeler de Jean XXIII les
débuts de la décolonisation, l'ouverture de la curie romaine vers
l'extérieur de l'Italie, notamment le tiers monde, les débuts de
la télévision, les reportages du père Legault, pour
comprendre l'ambiance dans laquelle oeuvrait le cardinal Léger.
Le cardinal aurait pu, bien sûr, se contenter de rester
archevêque de Montréal jusqu'à l'âge de la retraite.
Cependant, en 1967, et avec ce sens du spectaculaire qui le
caractérisait, il choisissait de tout abandonner, ce qui n'est pas
facile lorsqu'on atteint un certain niveau dans la vie publique, pour fonder
une oeuvre au Cameroun comme simple missionnaire, afin de s'occuper des
lépreux et des handicapés qu'il avait particulièrement
à coeur. D'ailleurs, des oeuvres importantes de charité
dédiées aux lépreux lui survivent encore.
Comme on peut le voir, l'homme et le prêtre étaient hors du
commun et, par ses actions concrètes et son engagement actif, même
jusqu'aux dernières heures de sa vie, il restera
sûrement auprès de la population, auprès des
miséreux et des petites gens, plus spécifiquement et plus
spécialement à Montréal, où les gens lui
étaient particulièrement attachés, un souvenir populaire
qui, je suis prêt à le prédire, pourra presque devenir une
sorte de culte.
Donc, toutes mes condoléances à sa famille, à ses
proches, à ses nombreux amis. Je ne puis qu'encourager les personnes qui
veulent témoigner leur sympathie à le faire de la façon
qu'il aurait lui-même le plus appréciée, soit en
contribuant à ses nombreuses oeuvres ou à la Fondation
Jules-Léger, qu'il avait également particulièrement
à coeur.
Le Président: Toujours sur la même motion, M. le
ministre des Affaires municipales et ministre de la Sécurité
publique.
M. Claude Ryan
M. Ryan: La mort du cardinal Paul-Émile Léger prive
le Québec d'un grand homme d'Église et de l'un de ses fils les
plus illustres. Le cardinal Léger fut d'abord un homme d'Église
exceptionnel. Engagé très tôt dans une vocation dont il ne
déviait jamais, il a rempli à peu près toutes les
fonctions auxquelles peut être appelé un homme
d'Église.
Successivement prêtre, missionnaire, professeur, directeur de
séminaire, directeur du Collège canadien à Rome, agent de
liaison très efficace entre l'Église canadienne et les
dicastères romains, curé de la paroisse cathédrale et
vicaire général dans son diocèse d'origine à
Valleyfield, archevêque de Montréal pendant 17 ans, père
très actif du Concile Vatican II, missionnaire au Cameroun, fondateur
d'une oeuvre de charité aux frontières universelles,
prédicateur et orateur au verbe d'or et toujours recherché
à toutes les étapes de sa longue carrière,
Paul-Émile Léger fut aux premières lignes de l'action de
l'Église catholique au Québec, au Canada et dans le monde. (15 h
20)
Pendant de nombreuses années, alors qu'il dirigeait
l'Église diocésaine de Montréal, le cardinal Léger
fut sans conteste la figure de proue de l'Église catholique au Canada.
Venu à Montréal en 1950 avec le mandat apparent de freiner des
changements qui se multipliaient, il comprit vite que la réalité
l'invitait, au contraire, à accompagner son peuple dans une
évolution devenue nécessaire.
Dans les années soixante, il fut l'initiateur de changements
majeurs dans les secteurs de l'éducation, de la culture et des affaires
sociales. Grâce à l'attitude ouverte qu'il sut adopter, la
société québécoise put remettre entre les mains de
ses dirigeants laïques de larges secteurs d'activité qui avaient
longtemps été pris en charge par le clergé et les
communautés religieuses. La transition se fit sans heurts majeurs, dans
un climat de respect mutuel et de franche collaboration. Le cardinal
Léger fut un des principaux artisans de ce passage démocratique
et ordonné du Québec vers des modes nouveaux d'organisation
sociale.
Au milieu des années soixante, le Concile Vatican II devait
fournir au cardinal Léger l'occasion de poursuivre à une
échelle plus large le travail de renouveau qu'il avait mis en route
à Montréal et au Québec. Avec l'aide de collaborateurs
à qui il accordait une large confiance, il étudia à fond
les documents préparatoires que les congrégations romaines
faisaient parvenir aux futurs pères du Concile. Il prépara
soigneusement, dans un travail d'équipe, les interventions qu'il
entendait faire dans la aula conciliaire. Les interventions du cardinal
Léger au concile lui valurent d'être considéré comme
l'un des leaders de l'aile réformiste de Vatican II. Jamais un homme
d'Église québécois ou canadien n'avait joui d'une telle
notoriété et d'un tel rayonnement au plan de l'Église
universelle.
Les orientations issues de Vatican II semblaient devoir ouvrir une
nouvelle étape fructueuse dans l'action du cardinal Léger
à Montréal. Ses collaborateurs et ses diocésains
entrevoyaient avec hâte les sentiers nouveaux qu'il ne manquerait pas
d'ouvrir dans le sillage des travaux de Vatican II. Aussi, quelle ne fut pas la
surprise, voire la stupeur de ses collaborateurs et de son peuple lorsque, en
décembre 1966, de retour d'une mission à Rome, dans une
conférence de presse à laquelle j'étais présent, le
cardinal Léger annonça soudainement sa démission comme
archevêque de Montréal et son départ prochain pour
l'Afrique à titre de missionnaire. La décision était si
soudaine et si radicale que tous les milieux en furent
sidérés.
Mais cette décision était à la mesure de l'homme
qu'était Paul-Émile Léger. Cet homme était d'une
générosité sans limite. Il était très
impétueux. Le coeur était chez lui aussi important que la raison.
Il était capable de très grands élans. Il était
aussi capable de changements radicaux dans ses manières d'être, de
penser, et d'agir. Il avait une aptitude exceptionnelle à se remettre en
question, à reconnaître son erreur, à repartir à
neuf, si telle lui semblait être la ligne de conduite qu'il devait
suivre. Ces traits expliquent que le cardinal Léger soit resté
jeune et vigoureux d'esprit et ouvert aux changements pendant toute sa vie. Il
ne voulut jamais être installé nulle part de manière
définitive. Ce trait lui valut bien des ennuis pratiques, mais il nous
le rendit, par ailleurs, éminemment sympathique.
Comment expliquer le dynamisme extraordinaire dont fit montre pendant sa
vie ce géant de l'action que fut le cardinal Paul-Émile
Léger? S'il est un facteur qui explique mieux que tout autre ce qu'a
été cet homme dont nous pleurons la perte, ce fut l'amour, la
charité. Le cardinal
Léger était animé par un amour immense pour
l'Église à laquelle il avait consacré sa vie. Il aimait
l'Église. Il participait en plénitude à ses joies et
à ses souffrances et jusqu'à la fin. Il aimait participer
à des cérémonies religieuses, ne fût-ce que pour
être là avec le peuple qu'il aimait. Il vouait également
une affection spéciale à la personne du pape et à Rome. Il
voyait dans cette dernière ville la ville par excellence de la
dilection.
Mais le cardinal Léger savait aussi que la foi sans les oeuvres
n'est rien. Toute sa vie fut animée par un amour actif du prochain, par
le désir ardent de venir en aide aux personnes qui en ont le plus
besoin. De sa fondation du Foyer de Charité, à celle de
l'hôpital Saint-Charies-Borromée jusqu'à la création
des Oeuvres du cardinal, la carrière de Paul-Émile Léger
fut jalonnée d'innombrables actes concrets marqués du signe de
l'amour du prochain. À mesure qu'il avançait en âge, ce
souci de venir en aide au prochain, loin de se rabougrir ou de se replier sur
son seul pays d'origine devint au contraire de plus en plus ouvert sur le
monde.
Le cardinal Léger a été et demeurera longtemps
à nos yeux un grand Québécois. Nous le reconnaissions
volontiers comme l'une de nos célébrités nationales. Il
figurait toujours avec honneur dans les grands événements
où se côtoyaient les figures dominantes de l'activité
humaine dans notre société. Un événement
était toujours rehaussé par sa présence. Lorsqu'il prenait
la parole, il le faisait avec chaleur et avec un brio dont nous n'oublierons
jamais l'éclat. Il était plus grand que nous tous à bien
des égards. Il avait connu un itinéraire qui déborda
très largement les frontières de notre seul pays.
Mais, avec les années, nous avions l'impression qu'il
était devenu plus proche de chacun d'entre nous. Sa parole
s'était faite plus simple, plus directe, plus proche des
préoccupations quotidiennes des personnes ordinaires. On sentait chez
lui un humour et un détachement qui le rendaient très attachant
pour autrui.
Le cardinal Léger faisait partie de notre existence. Sa figure
était pour nous familière. Nous l'aimions et l'admirions. Son
départ crée, en conséquence, parmi nous un vide
irréparable. Nous conserverons longtemps, M. le Président, le
souvenir reconnaissant du bien immense que cet homme a accompli au
Québec et à travers le monde.
Le Président: Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Avec une grande
simplicité, je voudrais me joindre à ceux qui m'ont
précédée pour dire quelques mots et vous faire part d'une
expérience vécue près du cardinal Léger.
Les deux mots qui me viennent à l'esprit, au moment où je
vous parle, c'est amour et don de soi. Et cette approche qu'il avait où,
lorsqu'on le rencontrait, on avait toujours l'impression qu'il nous connaissait
depuis toujours et qu'il était prêt à nous écouter
et à ce qu'on sort bien. Non seulement le cardinal Léger se
sentait bien ou avait sa place parmi les princes, mais il avait surtout sa
place à côté des tout petits, à côté
des plus démunis et à côté des malades. Son coeur
avait choisi de défendre ceux qui n'avaient pas cette possibilité
de le faire eux-mêmes.
M. le Président, vous savez, en mai 1984, lorsqu'ici, à
l'Assemblée nationale, il y avait eu un triste événement,
le cardinal Léger était dans mon comté. C'était son
anniversaire et il disait qu'il célébrait ses 4 fois 20 ans. Il
avait 80 ans. Ses 4 fois 20 ans, il venait les célébrer avec des
gens d'Acton-Vale et de la région, dans l'aréna, pour les inciter
à l'appuyer dans ses démarches pour aider les plus
démunis. Comme de raison, j'étais restée chez nous, dans
mon comté, pour l'accueillir. J'ai d'ailleurs un excellent souvenir qui
m'est resté de cette rencontre. Je peux vous assurer, M. le
Président, que, lorsqu'on avait le privilège de rencontrer le
cardinal Léger, on ressentait toujours ce grand amour qu'il avait pour
les uns et pour les autres.
Non satisfait de pouvoir défendre les plus petits et les malades,
il avait voulu laisser son poste à Montréal pour venir tout
près de ceux qu'il avait défendus, pour les voir lui-même,
en personne, et travailler auprès d'eux. Un saint homme, M. le
Président, et je suis assurée que, même s'il n'est pas
là et qu'on ne peut plus le voir, en homme, en humain, il sera toujours
là pour défendre les plus petits, les démunis et les
malades.
M. le Président, je suis très touchée par le
départ, bien sûr, du cardinal Léger, et je voudrais me
joindre à tous ceux et celles, c'est-à-dire à tous ceux
qui l'ont connu, pour leur dire que c'est ensemble que nous regrettons son
départ, mais que c'est ensemble aussi que nous avons partagé son
amour.
Donc, M. le Président, je voudrais offrir, moi aussi, mes plus
sincères condoléances à sa famille et à tous ses
amis qui sont particulièrement nombreux. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Johnson. Sur la même motion, je cède la
parole à M. le député de Sauvé.
M. Marcel Parent
M. Parent: M. le Président, c'est avec beaucoup
d'émotion que je joins ma voix à celle de mes collègues
qui m'ont précédé pour témoigner notre peine
à l'occasion du départ de ce grand Québécois. C'est
avec consternation que nous avons appris ce matin le décès,
à l'Hôtel-Dieu de Montréal, de Son Eminence le cardinal
Paul-Émile Léger. Cet homme d'Église a
imprégné et marqué par sa forte personnalité
l'histoire religieuse et laïque d'une période importante de notre
société, en particulier celle qui a entouré la
Révolution tranquille. Pour montrer l'ampleur et la profondeur de sa
contribution, je crois utile ici de rappeler les grands moments de la
carrière de cet ecclésiastique de grande renommée qui
s'est éteint la nuit dernière à Montréal. (15 h
30)
La vie de cet homme remarquable s'étend sur près d'un
siècle. Paul-Émile Léger est né près de
Montréal, en 1904, dans la région de Valleyfield. Fils d'un
marchand général de Saint-Anicet, il fit ses études
classiques au Séminaire de Sainte-Thérèse et ses
études théologiques au Grand Séminaire de Montréal.
Ordonné prêtre en 1929, il nous quitta pour la France où il
se fit sulpicien. L'année terminée, il fit des études de
droit canonique, comme plusieurs esprits brillants devaient le faire à
cette époque où le droit avait une immense importance dans
l'Église. Il enseigna pendant une année la théologie.
L'enseignement ne convenant pas totalement à ses aspirations, il
décide de s'orienter vers des oeuvres missionnaires et part pour le
Japon. C'est là que commence la grande aventure missionnaire de cet
homme. De 1933 à 1939, il sera supérieur d'un séminaire
qu'il a fondé au Japon. Puis, la guerre le ramène au pays
où il occupe la charge de vicaire général du
diocèse de Valleyfield et celle de curé de la cathédrale
de cette même ville, de 1940 à 1947. Puis, la guerre
terminée, il repart pour Rome pour devenir recteur du Collège
canadien.
À cette époque de sa vie, il y eut un nouveau tournant
important. Il devient mieux connu des évêques du Canada et assez
apprécié de Sa Sainteté le pape Pie XII pour être
nommé archevêque de Montréal, en 1950. C'est à ce
moment-là, on peut le dire, qu'il entre dans la vie des
Montréalais; il s'y fait une place que personne ne pourra oublier. Ce
prince de l'Église de Montréal, comme on l'appelait à
l'époque, est très présent dans la vie de la
communauté. Il participe aux débats du temps. De 1950 à
1967, il est un des personnages les plus respectés et admirés du
Québec et du Canada. Sa carrière d'archevêque de
Montréal sera ponctuée de gestes audacieux. On le
considère comme un progressiste, un avant-gardiste qui est très
ouvert à la modernité. En 1967, il renonce à son poste
d'archevêque de Montréal afin de partir pour l'Afrique comme
missionnaire. Il y séjourne pendant plus de 20 ans, avec des retours
ponctuels au Québec pour sensibiliser la population aux besoins en
charité des pays africains.
À l'âge où la plupart d'entre nous songeons à
nous retirer de la vie active, le cardinal Léger créera une
fondation d'oeuvres de charité. On ne peut pas tout raconter, M. le
Président, mais retenons simplement trois gestes qui dépassent
peut-être les autres par leur audace et leur ampleur. D'abord, il y eut
la fondation du Foyer de charité, une maison pour les démunis qui
a été construite à l'aide de dons, de
bénévolat et de générosité et qui subsiste
encore de la même façon. Puis, toujours à Montréal,
il y a eu l'hôpital Saint-Charles-Borromée. Cette oeuvre est un
pari inconstestable qu'il a remporté. Grâce à lui, un vieil
hôpital voué à la démolition a été
rénové par des bénévoles de tous les métiers
et de toutes les classes de la société. Beaucoup d'entre nous y
avons participé. Tous les talents ont été utilisés
et cet hôpital a été transformé en foyer d'accueil
pour les personnes âgées.
La troisième grande oeuvre du cardinal Léger est la
défense des lépreux et des affamés du tiers monde.
Extrêmement sensible à leur misère, il fonda un organisme
de charité, une oeuvre qui dépasse Montréal et même
tout le Québec. On voit donc que l'homme qui est
décédé la nuit dernière était un grand
humaniste. Il se souciait de l'homme dans sa dimension universelle. Sa
démission comme archevêque de Mntréal avait, à
l'époque, surpris tout le monde, sauf peut-être ceux qui le
connaissaient un peu plus intimement. Pourtant, son départ pour
l'Afrique concrétisait cette orientation humaniste qu'il entendait
donner à sa vie depuis longtemps. D'une façon ou d'une autre, il
allait vers les hommes et les femmes et, en particulier, vers les plus
démunis d'entre eux. À cet égard, on peut même dire
que le cardinal Léger a joué un rôle dans l'ouverture du
Québec sur le monde. Il a intéressé et sensibilisé
notre population au sort des êtres humains vivant sur l'un des continents
les plus pauvres de la planète.
Le cardinal Léger est demeuré un homme actif jusqu'aux
derniers moments de sa vie. On sait qu'il était hospitalisé et
qu'il a dû faire plusieurs séjours à Montréal.
Même chaque fois qu'il ressortait de l'hôpital suffisamment alerte
pour reprendre ses activités, il le faisait. On dit même que,
vendredi dernier, il prenait congé de l'hôpital pour aller
recueillir des dons pour ses oeuvres de charité. Tout cela montre, M. le
Président, que le cardinal Léger était un homme
profondément engagé et profondément actif et qu'il a voulu
que les choses en soient ainsi jusqu'à la fin de sa vie.
M. le Président, comme je le disais au début, le
Québec perd aujourd'hui un grand Québécois, l'un des
grands hommes de son histoire contemporaine, et je me joins à tous mes
collègues de l'Assemblée nationale, à tous ceux et celles
qui l'ont connu et qui l'ont aimé, pour offrir à sa famille
religieuse, à sa famille, mes plus sincères
condoléances.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Sauvé. Sur la même motion, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. All of us in
Québec who knew, or knew of, Cardinal Léger mourn his passing.
Not only those of the Catholic faith, but Protestants, Jews, those of no
religious confession at all were all inspired by the example of this man.
He was, of course, a great prince of the Church but, in a way, it is not
as a prince of the Church that he will most be remembered, but as a man, as a
very remarkable man. He symbolized, I think, that that was best in the Catholic
faith that has played so important a part in the entire history of
Québec. He symbolized its universality, its cosmopolitanism, its sense
of the world as a whole.
A man who could start out in Valleyfield, come to know Montréal,
Paris, Rome, Kyoto, eventually Africa, he symbolized the continuity in time of
the Church. A man who entered the priesthood in 1929 and watched the staggering
changes that took place both inside the Church and in the Church, and its
relation to society over the next 60, 70 years.
He symbolized the sense of connection that the Church at its best
establishes between the great of the world and the middling persons, and even
the meanest, and most unhappy, and most unfortunate, and he symbolized, I
think, in his own life, one of the great ideals of the Church, the imitation of
Christ, the recognition that it is in the service of other human beings and in
acts of human decency that one demonstrates greatness rather than in the ranks
and titles one holds in society, even though he had achieved them all. He was a
great Montrealer, a great Quebecker, a great Canadian, a great Catholic.
We extend our sympathy to all members of his family. Perhaps we should
also especially mention the Member for Argenteuil as someone who would perhaps
most sympathize with the particular faith and ideas that the cardinal
represented. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Alors, il n'y a pas d'autres
interventions sur cette motion de Mme la vice-première ministre que je
mets aux voix.
Est-ce que la motion proposant d'offrir nos condoléances aux
membres de la famille et aux amis ainsi qu'aux membres de la famille
sacerdotale du cardinal Paul-Émile Léger,
décédé la nuit dernière, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: Alors, M. le Président, pour les avis
touchant les travaux des commissions, j'avise cette Assemblée
qu'aujourd'hui, à compter de maintenant, pour une durée de 4 h
45, à la salle du Conseil législatif, ainsi que demain, le jeudi
14 novembre 1991, de 9 heures à 12 h 45, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission de la culture poursuivra sa
consultation générale sur la proposition de politique de la
culture et des arts déposée à l'Assemblée nationale
le 14 juin 1991. (15 h 40)
Après les affaires courantes jusqu'à 18 h 30 et de 20
heures à 22 heures ainsi que demain, le jeudi 14 novembre 1991, de 9 h
30 à 11 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la
sous-commission des institutions poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 125, Code civil du Québec.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader du
gouvernement. Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à
l'article 143 de notre règlement concernant l'heure des commissions, Mme
la députée de Johnson? Il y a consentement?
Mme Juneau: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, j'ai
moi-même l'avis suivant à vous transmettre. Demain, le 14 novembre
1991, de 9 h 30 à 12 h 30 au Club sportif Laurier à
Québec, la Commission d'étude sur toute offre d'un nouveau
partenariat de nature constitutionnelle se réunira en séance
publique. Nous arrivons maintenant... Est-ce qu'il y a des renseignements sur
les travaux à vérifier, Mme la députée de Johnson,
renseignements sur les travaux de l'Assemblée?
Mme Juneau: Oui, M. le Président. Vous venez de dire que
ce serait jusqu'à midi.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement, une question de Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: La commission sur les offres va entendre Ivan
Bernier.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ah! Excusez! C'est mon
propre avis, oui. Alors, de 9 h 30 à 12 h 30, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: À 12h 30?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À12 h 30.
Mme Juneau: II n'y aura pas de changement, M. le
Président, compte tenu de ce qui a été annoncé pour
l'Assemblée nationale demain?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non. Moi, je vous donne
l'avis, tel que ça a été convenu et
arrêté.
Mme Juneau: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, nous arrivons
maintenant à l'étape des affaires du jour, M. le leader adjoint
du gouvernement, avec quel article de notre feuilleton, s'il vous
plaît?
M. Bélisle: L'article 10, M. le Président, s'il
vous plaît.
Projet de loi 177 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 10 de
notre feuilleton, M. le ministre des Transports propose l'adoption du principe
du projet de loi 177, Loi modifiant la Loi sur le ministère des
Transports et la Loi sur la voirie. Je suis prêt à
reconnaître le premier intervenant. M. le ministre des Transports.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Merci, M. le Président. J'ai le plaisir, M. le
Président, aujourd'hui, de présenter l'adoption du principe du
projet de loi 177, Loi modifiant la Loi sur le ministère des Transports
et la Loi sur la voirie.
Ce projet de loi, M. le Président, vient affirmer et clarifier la
position du ministère des Transports dans deux champs de juridiction qui
lui appartiennent. Les changements proposés sont d'ordre technique et
visent essentiellement à simplifier certaines pratiques.
Le premier secteur touché par ce projet de loi est celui
concernant les pouvoirs du ministère des Transports de disposer des
immeubles excédentaires appartenant au ministère des Transports.
La problématique à régler dans ce cas est bien simple. La
disposition d'immeubles en trop par le ministère des Transports fait
l'objet de deux pouvoirs réglementaires distincts: l'un du gouvernement
et l'autre du Conseil du trésor. En d'autres mots, M. le
Président, un décret doit être adopté chaque fois
qu'il s'agit de disposer d'un immeuble acquis par un autre ministère ou
organisme. Donc, la solution est d'assujettir à un seul pouvoir
réglementaire, qui est celui du Conseil du trésor, toutes les
dispositions pour les immeubles excédentaires faites par le
ministère des Transports du Québec.
En second lieu, M. le Président, le projet de loi vient
interdire, par règlement, le remorquage par dépanneuse des
véhicules routiers sur certains chemins entretenus par le
ministère, tout en permettant au ministre de conclure un contrat pour
l'exercice exclusif de cette activité. Dans l'optique d'augmenter la
sécurité sur certaines artères et, du même coup,
fournir un cadre juridique afin de faciliter l'administration du
système, on a intégré au projet de loi 177 la
possibilité d'une telle pratique par le ministère des Transports
du Québec. Donc, on attribue, dans ce projet de loi, au gouvernement, le
pouvoir d'interdire, sous peine d'amendes, le remorquage sur certaines voies.
M. le Président, ce dernier point est la suite logique de toutes les
actions prises par notre gouvernement dans les dernières
années.
L'exclusivité d'une seule compagnie de remorquage sur des
boulevards aussi importants que le boulevard Métropolitain de
Montréal s'intègre à cette préoccupation permanente
que j'ai en sécurité routière. Le but de cette
dernière mesure demeure toujours la diminution d'accidents sur les
grandes artères, donc la diminution du bilan routier.
Je propose donc, M. le Président, l'adoption du principe du
projet de loi 177, Loi modifiant la Loi sur le ministère des Transports
et la Loi sur la voirie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le
ministre. M. le député de Jonquière, oui.
M. Dufour: Le ministère des Transports a une bonne
communication. Il faudrait peut-être s'assurer du quorum de
l'Assemblée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous soulevez le
quorum. Qu'on appelle les députés. Allez-y, M. le ministre, on
vous écoute.
M. Elkas: Je concluais, M. le Président. Je propose donc
l'adoption du principe du projet de loi 177, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Transports et la Loi sur la voirie. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Sur le même sujet,
à savoir la motion proposant l'adoption du principe du projet de loi
177, Loi modifiant la Loi sur le ministère des Transports et la Loi sur
la voirie, je reconnais maintenant M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je suis toujours un peu
étonné de voir un tel projet de loi présenté par le
ministre. Le projet de loi 177 modifie le mode de disposition des immeubles
excédentaires, et c'est le ministre des Transports qui pourra
dorénavant disposer des immeubles acquis par d'autres ministères
ou organismes. Le projet de loi aura aussi pour effet d'interdire le remorquage
par dépanneuse sur certaines routes entretenues par le ministère
des Transports. Le but du ministre est de confier à une entreprise
l'exclusivité du remorquage par dépanneuse sur certains chemins.
Cependant, nous pouvons fortement nous questionner, très
sérieusement, sur la rédaction de l'article 7 du projet de
loi
qui donne au gouvernement un pouvoir d'interdiction plutôt que le
pouvoir de confier à une entreprise l'exclusivité du
remorquage.
Le projet de loi, tel que libellé, présente un effet
curieux et j'aurai l'occasion d'en reparler concernant ce projet de loi, M. le
Président. Le ministre pourra nous dire quelles sont ses intentions
puisque le projet de loi, tel qu'on le lit, vise, à toutes fins
pratiques, à interdire de faire du remorquage, de confier à une
entreprise... de faire du remorquage.
C'est une drôle de loi. C'est, au fond, un drôle de projet
de loi parce que, quand on regarde ça, on se demande comment ça
va se passer. On est surpris de voir que l'article est libellé de cette
façon-là. Je vous le lis, M. le Président. "Le
gouvernement peut, par règlement, interdire le remorquage par
dépanneuse sur tout ou partie d'un chemin public qu'il indique parmi les
autoroutes, les sections d'autoroutes et les ponts entretenus par le ministre".
Le ministre ne veut pas que les... On dit qu'il va pouvoir interdire par
règlement le remorquage par dépanneuse sur les autoroutes.
Normalement, on se serait plutôt attendu à ce qu'un article dise
ce qu'il voulait faire, comment il veut faire le remorquage - parce qu'il y
aura certainement encore du remorquage sur nos routes. Mais la loi, telle que
rédigée, ne l'indique pas.
C'est la loi qui doit donner ouverture à un règlement.
Tout ce qu'on dit ici, M. le Président, c'est: "Le gouvernement peut,
par règlement, interdire le remorquage par dépanneuse sur tout ou
partie d'un chemin public qu'il indique parmi les autoroutes, les sections
d'autoroutes et les ponts entretenus par le ministre". Alors, il n'y aura plus
de remorquage, ce sera interdit par règlement dans la loi, par la loi.
De quelle façon, à ce moment-là, pourra-t-on le permettre
si la loi ne donne ouverture qu'à l'interdiction, par règlement,
M. le Président? (15 h 50)
Quand on lit ça, on est un petit peu surpris de la
rédaction du projet, M. le Président. J'aurai l'occasion de
revenir sur les modalités de l'application de ce qu'entend faire le
ministre qui l'a indiqué dans ses propos.
Le ministère des Transports, si le projet de loi est
adopté, M. le Président, va gérer la disposition des
immeubles des autres ministères quand il a de la difficulté
à se gérer lui-même. Je suis un peu surpris qu'on veuille
confier d'autres responsabilités au ministère des Transports,
surtout quand on voit, au cours des dernières années, le genre de
capharnaùm auquel nous a habitués le ministère des
Transports.
Le projet de loi confère au ministère des Transports des
pouvoirs nouveaux relativement à la gestion des fonds publics. En effet,
l'article 1 du projet de loi accorde au ministère des Transports le
pouvoir de disposer des immeubles excédentaires des autres
ministères et organismes publics. De plus, ce projet de loi aura aussi
pour effet d'interdire le remorquage par dépanneuse sur certaines routes
entretenues par le ministère des Transports. Le but que le ministre nous
indique, ce serait de confier à une entreprise l'exclusivité du
remorquage par dépanneuse sur certains chemins.
Nous sommes inquiets des dispositions du projet de loi qui
confèrent au ministère des Transports des pouvoirs de gestion
additionnels, alors que c'est l'un des ministères les plus mal
gérés du gouvernement. M. le Président, là, j'avais
indiqué des exemples du genre de gestion qu'on trouve au
ministère des Transports. Pas tous les exemples, parce que je n'aurais
pas assez de temps dans le temps qui m'est dévolu pour indiquer des
exemples de mauvaise gestion qu'on a au ministère des Transports, mais
je vais en indiquer quelques-uns.
D'abord, depuis 1986, on a assisté à une explosion des
dépenses de services professionnels. Jamais le ministère des
Transports n'a engagé autant de firmes professionnelles. En 1991-1992,
en pleine période de restrictions budgétaires, les
dépenses de la catégorie services professionnels et
administratifs augmentent de 41 % au ministère des Transports. On
construit moins de routes que jamais, mais on a recours à plus de
services professionnels que jamais, M. le Président.
Entre 1980 et 1985, les dépenses de cette catégorie
étaient stables, autour de 30 000 000 $ par année, pour les
services professionnels. De 1985 à 1991, elles sont passées de 32
000 000 $ à 102 000 000 $, soit plus de trois fois plus en services
professionnels, alors que seulement au cours de la dernière
année, c'est-à-dire l'année 1991-1992 qu'on est en train
de vivre actuellement, les services professionnels au ministère des
Transports augmenteront de 41 % par rapport à l'année
précédente, alors qu'on construit moins de routes que jamais.
M. le Président, êtes-vous capable de comprendre ça?
Moi j'ai beau essayer, je ne suis pas capable de comprendre ça. Je suis
incapable de comprendre comment il se fait qu'on coupe chez les petits, on
coupe chez les occasionnels, on coupe dans la voirie rurale, on coupe dans la
voirie régionale... Le budget de la voirie régionale, qui
était, il y a deux ans, de 170 000 000 $, est passé l'an dernier
à 107 000 000 $. Cette année, il va être autour de 70 000
000 $ et moins, mais on aura une augmentation de services professionnels au
Québec de 41 %, des services professionnels qui sont passés,
entre 1985 et 1991, de 32 000 000 $ à 102 000 000 $. Plus de trois fois
plus en services professionnels.
On comprend les amitiés particulières du gouvernement pour
ces firmes, mais là, c'est beaucoup trop d'amour. Ça
déborde. On triple, on fait plus que tripler les services
professionnels, alors qu'on vient encore confier d'autres
responsabilités au ministère des Transports, puis qu'il a de la
misère à gérer les responsabilités qu'il a
actuellement, M. le Président.
On a assisté, au ministère des Transports
également, au dépassement de coûts faramineux dans la
région de Montréal. Malgré toutes ces firmes qu'on engage
à tour de bras, on assiste à des dépassements de
coûts des contrats plus que jamais. En 1988-1989, 1989-1990, 1990-1991,
M. le Président, au cours des trois dernières années, les
coûts des travaux de voirie dans la région de Montréal ont
dépassé les montants prévus aux appels d'offres de plus de
30 %.
Dans son rapport pour l'année financière terminée
le 31 mars 1990, le Vérificateur général constate que sur
les 1426 contrats qu'il a étudiés 923, soit 66 %,
présentaient des dépassements de coûts. C'est le
Vérificateur général. On a l'impression qu'on veut confier
des responsabilités au ministère. On sait qui dirige le
ministère. On sait les amitiés particulières qu'il y a
à ce ministère-là. C'est connu. Le public connaît
ça. Et on sait pourquoi également on veut leur confier d'autres
responsabilités en écartant les appels d'offres.
La gestion des projets, M. le Président. Dans son rapport pour
l'année financière terminée le 31 mars 1987, le
Vérificateur général constate que la performance du
ministère des Transports sur la gestion de ses projets diminue.
L'analyse du Vérificateur révèle qu'en 1982-1983 le
ministère réalisait pour 3,62 $ de travaux pour chaque dollar de
plan et de surveillance de travaux. En 1986-1987, après un an seulement
de Parti libéral, la première année, il ne
réalisera plus que pour 2,83 $ de travaux, soit une baisse de 35 %.
On voit que les firmes avaient faim, M. le Président, parce qu'on
a décidé d'augmenter les contrats pour les plans, les contrats de
surveillance pour avoir comme résultat jamais autant de
dépassements de coûts avec des firmes qui auront des contrats
trois fois plus élevés qu'antérieurement dans une
période de restrictions budgétaires où on dépense
de moins en moins dans le secteur des transports. M. le Président, c'est
évident parce que là, on coupe les petits et on donne à
manger à ceux qui sont déjà gavés par le
gouvernement.
Dans ce même rapport, le Vérificateur général
affirme qu'il existe peu de mécanismes de reddition de comptes à
l'intérieur du ministère des Transports. Personne n'a de compte
à rendre à personne au ministère des Transports. Chacun
est sur un "free lunch", un "free ride" comme aiment beaucoup nous dire les
députés libéraux. Mais le Vérificateur
général, lui, il doit constater qu'il existe peu de
mécanismes de reddition de comptes à l'intérieur du
ministère des Transports. Le ministère ne communique pas à
ses unités administratives des objectifs spécifiques permettant
de contrôler et de comparer les objectifs atteints. On a l'impression
d'une gestion dépassée. Alors qu'aujourd'hui on est capable de
faire des contrôles, le ministère des Transports, sous le
gouvernement actuel, semble incapable de se contrôler lui-même. Et
ça, c'est dans le rapport du Vérificateur général,
année financière terminée le 31 mars 1987, pages 163 et
164, M. le Président.
Dans l'embauche des employés occasionnels, en mai 1990, M. le
Président, un employé du cabinet du ministre
délégué à la voirie transmettait une note par
télécopieur à l'attaché politique du
député de Charlesbourg pour s'enquérir de
l'allégeance politique de personnes ayant postulé des emplois
d'occasionnels au ministère des Transports. Est-ce que c'est pour
ça qu'on veut confier davantage de responsabilités au
ministère des Transports? Est-ce que c'est là la filière?
Est-ce que c'est pour ça qu'on veut confier des responsabilités
à un ministère dont la marque de commerce n'est pas la
performance mais plutôt le dépassement de coûts,
l'engagement urbi et orbi de firmes pour faire des plans et pour faire de la
surveillance alors que jamais il n'y a eu autant de dépassements de
coûts à ce ministère? Et pourtant, le ministre des
Transports veut confier d'autres responsabilités au ministère des
Transports: la gestion d'expropriation. On se demande pourquoi, M. le
Président. On se demande pourquoi.
On voit également au ministère des Transports la
détérioration prématurée d'ouvrages routiers.
Pourquoi confier d'autres responsabilités à un ministère
qui administre des travaux de voirie qui se détériorent
prématurément? Des travaux récents ont montré des
signes de détérioration dans la même année où
ils avaient été inaugurés, M. le Président.
Mentionnons les travaux de réparation de l'autoroute 620 à
Montréal. Ces travaux ont été réalisés par
Beaver Asphalt, firme bien connue du gouvernement, bien connue du sous-ministre
des Transports, et par Simard et Beaudry en 1989. Quelques mois après la
fin des travaux, pas quelques années, quelques mois après la fin
des travaux, M. le Président, des fissures sont apparues sur les murs de
soutènement des viaducs. Croyez-le ou non. Quelques mois après la
fin des travaux où il y a des dépassements de coûts
extraordinaires, où on engage trois fois plus de firmes qu'avant pour
faire les plans et la surveillance, eh bien, on se retrouve avec des murs qui
craquent, M. le Président. (16 heures)
L'autoroute de la Beauce - le tronçon
Sainte-Marie-Vallée-Jonction - et Henri IV à Val-Bélair
ont aussi montré des signes apparents de détérioration,
quelques mois après la fin des travaux. La route de la Beauce, dans les
mois qui ont suivi son inauguration, a calé. On se retrouvait dans des
ventres sur la route. On roulait en sautant. Une route qui venait d'être
finie! À Val-Bélair, l'asphalte calait, pas l'asphalte, pardon,
le béton - parce qu'il y avait du béton en dessous - calait, M.
le Président. Comment ça se fait que pour des routes avec trois
fois plus de firmes qu'avant et des dépassements de coûts
considérables on ait de tels résultats?
Pourquoi le ministre veut-il confier à ses administrateurs
incapables de contrôler leurs coûts, incapables de contrôler
leur gestion d'autres responsabilités? M. le Président, les gens
ne comprennent pas parce qu'on n'est pas dans le secteur des routes bien faites
au Québec, on est dans le secteur des routes pleines de trous. Il faut
quasiment faire du slalom pour faire le tour des trous au Québec, M. le
Président. Ce n'est pas normal que le ministre confie des
responsabilités additionnelles.
Je regarde dans les deux projets de loi. Hier, on était dans la
Commission des transports qui n'a plus besoin d'administrer, à toutes
fins pratiques, l'émission des permis puisqu'il n'y a plus personne qui
a besoin de faire la preuve pour obtenir un permis de camionnage. Le budget
augmente. Il ne diminue pas, il augmente alors qu'on se demande même si
la Commission des transports sert encore à quelque chose puisqu'elle ne
fait même pas respecter les lois qu'elle devrait faire respecter et
qu'elle ne poursuit jamais les entreprises. Quand elle poursuit, c'est
seulement le camionneur, mais jamais l'entreprise qui est partie à
l'infraction parce que, encore là, on est dans le vieux principe, je
suppose. Il faut que la facture soit petite pour poursuivre les gens qui font
des infractions. Mais quand la facture est grosse, on ne poursuit plus jamais.
On voit que le ministre des Transports veut confier des responsabilités
additionnelles à un ministère qui fait constamment patate.
J'ai un autre exemple, M. le Président, la gestion du service
aérien gouvernemental. Le 20 mars 1991, M. le Président, le
ministre des Approvisionnements et Services, le député de
Beauce-Sud, a écrit un avis au Conseil du trésor sur
l'autorisation de l'octroi d'un contrat sans recours à l'appel d'offres
par le ministère des Transports. Le ministre est très dur envers
le ministère des Transports. Voici un extrait de la lettre du ministre
des Approvisionnements et Services, M. le député de Beauce-Sud,
qui porte jugement sur la gestion du ministère des Transports. Il dit:
"Un blâme sévère..." Là, je cite les paroles - c'est
entre guillemets - de la lettre du député de Beauce-Sud. "Un
blâme sévère doit donc être porté à
l'endroit du ministère des Transports tout en lui signalant qu'il
devrait porter une attention particulière aux procédures
d'allocation des contrats de son service aérien." Il n'en est pas
à sa première incartade. On voulait vendre des avions du
gouvernement. On ne s'occupait même pas d'avoir des appels d'offres. Le
ministre devrait cependant blâmer le ministère des Transports pour
avoir dérogé inutilement à la réglementation, et
lui demander d'apporter une attention particulière au processus
d'allocation des contrats par son service aérien gouvernemental. Alors
qu'on voit des exemples comme ça au ministère des Transports, on
serait porté à penser que le ministre en tiendrait compte parce
qu'un tel blâme, ça ne vient pas du Parti québécois,
ça vient du ministère des Approvisionnements et Services: 20 mars
1991, contresignée par le ministre des Approvisionnements et Services,
Robert Dutil, député de Beauce-Sud. Il blâme son
collègue des Transports, mais il blâme aussi le ministère
de ne pas s'occuper, dans sa gestion, de faire des appels d'offres.
Aujourd'hui, on a devant nous un projet de loi, M. le Président,
un projet de loi où on veut interdire le dépannage sur les
autoroutes. Verbalement, on nous dit que c'est parce qu'on veut le confier
à des entreprises, mais on ne s'occupe pas de voir à ce qu'il y
ait des appels d'offres. M. le Président, je vais revenir là
dessus. Est-ce qu'on peut se fier à un ministère lorsque la loi
l'oblige à faire des appels d'offres puis qu'il n'en fait même
pas? Que c'est un des collègues du ministre des Transports, le ministre
des Approvisionnements et Services, qui blâme le ministère des
Transports de se foutre de la réglementation. Regardez bien ce qu'il
dit. Je la reprends et je la relis pour dire que ce n'est pas la
première fois, que ce n'est pas un accident de parcours. Regardez bien
ce qu'il dit, le ministre des Approvisionnements et Services, en parlant du
ministère des Transports: "Un blâme sévère - vous
savez, c'est dur; c'est un ministre du parti libéral qui dit ça -
doit donc être porté à l'endroit du ministère des
transports, tout en lui signalant qu'il devrait porter une attention
particulière aux procédures d'allocation des contrats de son
service aérien, qui n'en est pas à sa première incartade."
on prend la peine de le dire, qu'il n'en est pas à sa première
incartade. "le ministre devrait cependant blâmer le ministère des
transports pour avoir dérogé inutilement - vous voyez bien -
à la réglementation et lui demander d'apporter une attention
particulière au processus d'allocation des contrats dans son service
aérien gouvernemental."
C'est un ministre des Approvisionnements qui blâme le
ministère des Transports de se foutre de la réglementation
gouvernementale. Et puis aujourd'hui, le ministre pense qu'il va nous faire
adopter un projet de loi dans lequel il ne spécifiera pas qu'il doit y
avoir des appels d'offres, où on va simplement donner ouverture dans une
loi à interdire le service de dépannage sur des tronçons
d'autoroute, M. le Président. Wo!
M. le Président, j'entends le député et ministre
délégué à la voirie. S'il y a quelqu'un qui ne
comprend pas dans cette Chambre, c'est lui. Il ne comprend pas facilement. On
essaie de lui mettre les points sur les "i", parce que ce que je dis là,
ce ne sont pas mes paroles à moi. Je cite le député de
Beauce-Sud, ministre des Approvisionnements et Services, qui blâme le
ministère des Transports. Je cite le Vérificateur
général qui blâme le ministère des Transports.
M. le Président, tantôt, dans un autre
projet de loi, je vais lui montrer ce qui vient de se passer devant les
tribunaux américains, par exemple, où une compagnie d'assurances
de l'Etat a été obligée de remettre l'argent aux citoyens
parce qu'elle avait fait exactement comme le gouvernement vient de faire avec
la caisse de la Régie de l'assurance automobile. Écoutez,
là, on n'est pas dans le temps du Far West, où c'était le
plus fort qui l'emportait, et celui qui dégainait le plus vite, celui
qui tirait le premier qui gagnait! C'a été comme ça, 'The
law of the gun"; maintenant, c'est "The rule of law". C'est la règle du
droit. Et les lois qu'on vote dans ce Parlement sont supposées
être appliquées.
Je comprends que pour le ministre des Transports et son adjoint, le
ministre délégué aux Transports, la loi puis les
règlements, ça ne veut rien dire. On est, pour eux, dans le
domaine des voeux pieux, complètement indifférents à ce
que les lois et les règlements disent. On a l'impression d'un
ministère qui est sur le pilote automatique, avec plus que 0,08 %
d'alcool dans le corps. Parce qu'il y a un slalom administratif qui se fait
dans ce ministère-là, qu'on se demande qui mène. Il y en a
qui disent que le ministre ne mène rien, que le sous-ministre prend des
ordres d'ailleurs. Il y en a plusieurs qui le pensent, plusieurs. Pas
plusieurs, la plupart le pensent. Je rencontrais encore des groupes hier qui me
disaient: Eh bien, il semble que c'est le sous-ministre qui décide, mais
que lui aussi, comme Moïse, prend ses ordres du Très-Haut... comme
le ministre de l'Éducation, mais ce n'est pas le même
Très-Haut. Voyez-vous?
Aujourd'hui, on se retrouve, par exemple, devant un Parlement qui vote
des lois pour la frime, et un ministère qui ne respecte pas les lois
puis les règlements qui sont en vigueur, M. le Président. On se
retrouve devant une gestion abusive, une gestion pourrie, une gestion
épouvantable dans un secteur où les gens paient la peau et les os
pour n'avoir rien en retour. Les automobilistes du Québec paient
au-dessus de 3 000 000 000 $ par année, M. le Président. Ils en
donnent de l'argent. On a la gasoline la plus chère en Amérique
du Nord. J'en disais un mot, hier, M. le Président. Je regardais,
à une rencontre qui a eu lieu en fin de semaine avec les comités
exécutifs de l'Eastem Regional Conference, sur les Council of State
Governments des États-Unis, puis on voyait le rapport, là-dedans,
où on disait que le Maine augmentait sa taxe sur l'essence de 0,17 $
à 0,19 $ le gallon.
M. Bergeron: Vous l'avez dit hier.
M. Garon: Non, j'ai dit le New Hampshire, hier. Vous devriez
écouter mieux. Le New Hampshire, je l'ai dit hier, a augmenté de
0,16 $ à 0,18 $ au cours de l'année 1991-1992, et au mois de juin
dernier, le Maine a augmenté de 0,17 $ à 0,19 $. Ça, je ne
l'avais pas dit hier. (16 h 10)
Le député de Deux-Montagnes aurait intérêt
à bien écouter. Il y aurait moins de problèmes avec les
Indiens, sans doute, dans Deux-Montagnes, si les gens qui les écoutent
comprenaient ce qu'ils disent. Aujourd'hui, quand je parle en cette Chambre...
Hier, j'ai parlé de l'État du New Hampshire. Aujourd'hui, je
parle de l'État du Vermont, mais je peux rappeler ce que j'ai dit sur le
New Hampshire: 0,16 $ à 0,18 $ le gallon; le Maine, 0,17 $ à 0,19
$. Nous, pendant ce temps-là, on n'est pas à 0,17 $ ou à
0,19 $ le gallon, on est à 0,19 $ le litre. Je disais hier qu'au rythme
où on s'en va, tantôt, les taxes sur la gazoline seront à
la chopine ou au demiard pour que ça paraisse moins gros.
Une voix: Au biberon.
M. Garon: Si on était au gallon, aujourd'hui, au
Québec, on serait - multipliez 0,19 $ par 4,5 - on se retrouverait avec
une taxe - 0,76 $ plus 0,10 $ - d'à peu près 0,86 $ le gallon.
0,86 $ le gallon! Moi, je me rappelle avoir payé - et je ne suis pas
bien vieux - le gaz 0,30 $, 0,35 $ le gallon. Aujourd'hui, en taxes, on est
rendus à 0,86 $ le gallon. Les libéraux, qui parlaient à
la fine épouvante que le précédent gouvernement
était épouvantable d'avoir des taxes à 0,133 $ le litre,
ont monté, de 1986 à janvier 1992, la taxe de 0,133 $ à
0,194 $ le litre.
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader adjoint
du gouvernement. Sur quel article?
M. Bélisle: Toujours l'article 211, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): La pertinence.
Allez-y.
M. Bélisle: La pertinence, bien entendu. Nous avons eu,
vous et moi, M. le Président, à plusieurs reprises, à
débattre la question de la pertinence. Mais je vais revenir, en autant
que j'obtienne satisfaction. Nous avons un projet de loi devant nous, le projet
de loi 177, qui concerne des modifications. On traite de dépanneuses sur
un chemin public. On parle de choses très précises dans le projet
de loi. On parle également, dans le projet de loi, des immeubles
excédentaires du ministère. Le député de
Lévis, malgré toute sa verve, nous parle de l'essence, nous parle
de la taxation, et ça n'a rien à voir avec le projet de loi 177.
Ça n'a rien à voir! Les dépanneuses et l'essence... S'il
veut contester l'essence qui est mise dans les dépanneuses,
peut-être, mais ce n'est pas ça, son discours.
Une voix: II s'en vient.
M. Bélisle: II s'en vient. Oui, oui, le détour par
Chicago...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement, et également, je m'adresse au député de
Lévis, lorsqu'on veut évaluer en quoi consiste la pertinence, il
y a évidemment l'article 211 qui est général. Mais,
spécifiquement, lorsqu'il s'agit de l'étape de l'adoption du
principe, c'est à l'article 239 qu'on doit se référer. Je
rappelle au député de Lévis que l'article 239 se lit comme
suit: "Le débat porte exclusivement sur l'opportunité du projet
de loi, sur sa valeur intrinsèque et sur tout autre moyen d'atteindre
les mêmes fins." Alors, dans ce sens-là, M. le
député de Lévis, vous avez le droit de faire un
parallèle; la jurisprudence et la doctrine aussi le consacrent. Mais il
faut, évidemment, que vous reveniez, après avoir fait un
parallèle, à la pertinence du débat, à savoir au
projet de loi 177. Aux notes explicatives, il est assez spécifique.
Alors, je vous inviterais à en revenir, M. le député de
Lévis, au projet de loi 177 comme tel.
M. Garon: M. le Président, c'est exactement
là-dessus que... Je pense bien que vous avez été distrait.
C'est ce que je veux vous dire, essentiellement. Ce que je dis, au fond, c'est
qu'on veut confier des responsabilités additionnelles au
ministère des Transports, qui n'est pas capable d'administrer celles
qu'il a déjà. Ce que je donne comme exemple, ce sont des exemples
de mauvaise administration du ministère des Transports. Or, vous, si
vous avez quelqu'un, un mauvais intendant - le ministre de l'Éducation,
il connaît ça, des mauvais intendants - est-ce que vous allez
confier des responsabilités additionnelles à quelqu'un qui
dilapide votre argent? Demandons-nous pourquoi il y a autant de gens en
faillite actuellement! Est-ce qu'on confie des responsabilités à
quelqu'un qui gère mal? Est-ce qu'on veut que l'expropriation...
À moins qu'on ne dise: L'expropriation, au Québec, on ne veut pas
que ça marche. On veut favoriser les "chums". Bien là, on confie
ça au ministère des Transports. Moi, je dis tout simplement, et
c'est là que porte mon propos: Pourquoi le confier au ministère
des Transports, un ministère qui démontre qu'il gère mal?
Je donne des exemples de mauvaise gestion et pour ne pas qu'on m'accuse de
parler en l'air, je donne des exemples.
Je vais en donner un autre exemple de mauvaise gestion, M. le
Président: les ponts de la Cascapédia, la construction de deux
ponts à Cascapédia. Le gouvernement a décidé de
faire construire deux ponts neufs, au coût de 5 000 000 $. Il a fait fi
des recommandations du service des ouvrages d'art et des études des
ingénieurs du ministère des Transports qui suggéraient le
renforcement des ponts existants au coût de moins de 1 000 000 $. Mais il
décide de dépenser 5 000 000 $! Le 14 mars 1991, le syndicat des
ingénieurs du gouvernement a manifesté son désaccord face
à la décision de construire deux ponts. Leur président a
écrit au premier ministre et au ministre des Finances pour
dénoncer la situation. Un ministère qui manque d'argent, qui va
dépenser 5 000 000 $ alors que les ingénieurs, comme association,
disent qu'on peut faire ce qu'il y a à faire pour moins de 1 000 000
$.
Et, M. le Président, pour vous montrer à quel point le
ministre est complice de cette mauvaise gestion, voici ce que j'ai
demandé. Lors de l'étude des crédits, le ministre a
été incapable de chiffrer le nombre de véhicules qui
utilisent ces ponts. J'ai demandé: Combien il y en a de véhicules
qui utilisent le pont, pour dépenser 5 000 000 $ sur un pont? Il ne le
savait pas, M. le Président. Il n'en avait aucune idée. Il
n'avait aucune statistique. Le ministère n'a pas réalisé
ses études avant d'engager cette dépense de 5 000 000 $. On
dépense 5 000 000 $ au ministère des Transports comme si on
achetait un cornet de crème glacée, comprenez-vous, à une
boule ou à deux boules. Il y a deux ponts. On est comme un cornet
à deux boules, si vous voulez. Pas d'étude! On ne sait même
pas le nombre de véhicules!
Je vais vous dire plus que ça. J'ai sans doute
été... Je suis allé le voir, le pont, parce que je n'aime
pas ça. Je ne parle pas à travers mon chapeau. Je suis
allé voir le pont et je vais vous dire une chose, M. le
Président, je vais vous dire ce que j'ai vu, pour montrer quel genre de
gestion il y a au ministère des Transports. Tout d'abord, c'est
marqué sur les ponts que ceux qui ne peuvent pas prendre ces ponts sont
ceux qui ont une charge au-dessus de 10 tonnes. En bas de 10 tonnes, pas de
problème pour passer sur le pont. Mais ce qu'il faut savoir, M. le
Président, c'est que si on descend du village du côté nord,
du côté est au côté ouest de la rivière, il y
a, avec la route 132, 5 kilomètres d'un bord, 6 kilomètres de
l'autre par rapport au pont, et entre les deux, sur la 132, il y a 1,2
kilomètres. Ça fait 12 kilomètres au total. Ce n'est pas
beaucoup de milles, ça, pour les quelques véhicules dans
l'année qui ne pourraient pas prendre le pont. Parce que, entre
Saint-Jules et Cascapédia, le nombre de véhicules qui ont plus de
10 tonnes et qui doivent traverser absolument par là, je suis
persuadé que même si le ministre le savait, il ne voudrait pas
dire le chiffre. Il n'y en a pas de trafic, à toutes fins pratiques. Les
gens qui viennent de là viennent d'en haut de Cascapédia et vont
prendre la 132, ou bien ils arrivent de la 132 et vont à
Cascapédia, ou ils vont à Saint-Jules et n'ont pas besoin d'aller
traverser par ce pont-là. C'est du trafic local, sans doute, des petits
véhicules, des véhicules personnels qui passent là.
Alors, 5 000 000 $! Alors que les ingénieurs disaient: 1 000 000
$, ça serait suffisant pour rafistoler les deux ponts correctement, M.
le
Président. Alors là, pourquoi? J'entends un
député qui me suggère "trafic d'influence". En tout cas,
les ingénieurs du ministère, l'Ordre des ingénieurs,
c'est-à-dire le syndicat des ingénieurs du ministère prend
la peine de dire: Gaspillage. Comme il l'avait dit à Saint-Romuald: On
devrait faire des travaux et on ne les fait pas. Et là, il en passe, des
dizaines de véhicules par jour. Ils ont dit: Le pont, à toutes
fins pratiques, il tient par la peinture. J'ai vu, le lendemain ou le
surlendemain, une affiche interdisant les véhicules au-dessus de tant de
tonnes, et le ministre nous a dit qu'il ferait des travaux sur deux ans. La
première année, il referait la peinture. J'ai dit: C'est vrai
qu'il manque de peinture; si le pont tient par la peinture, il faut qu'il fasse
la peinture. Et après ça, il a dit: On fera les
réparations l'année d'après. Avez-vous déjà
vu ça, vous, un pont que vous peinturez avant de le réparer?
M. le Président, c'est comme ça partout. J'ai donné
un exemple de mauvaise gestion du ministère des Transports. On veut
confier des responsabilités à un ministère qui n'est pas
capable d'administrer celles qu'il a déjà. C'est d'une
réforme administrative qu'on a besoin dans ce
ministère-là. Les réclamations sur contrat, M. le
Président, sont plus élevées depuis 1986, au
ministère. Et là, on va dire qu'ils vont s'occuper de
l'expropriation? C'est eux autres qui vont s'occuper de la gestion?
Écoutez bien ce qu'on dit: "Le projet de loi modifie la Loi sur le
ministère des Transports et la Loi sur la voirie à l'égard
du pouvoir du ministre des Transports de disposer des immeubles
excédentaires. Il permet également au ministère..."
Alors, c'est lui qui va gérer pour les autres, M. le
Président, ce ministère-là, alors que c'est un des
ministères qui gèrent mal? Les réclamations sur contrat
sont plus élevées depuis 1986. Comment ça se fait? On va
leur faire gérer les expropriations des autres ministères alors
que les réclamations sur contrat sont plus élevées depuis
1986. Ça n'a pas de bon sens. En effet, la valeur des offres
proposées et acceptées a presque doublé depuis
l'arrivée des libéraux au pouvoir en 1986. Et c'est à ce
ministère-là qu'on veut confier les expropriations - voyons donc!
- alors que la moyenne est passée... Et la valeur des offres
proposées et acceptées a presque doublé depuis
l'arrivée des libéraux au pouvoir en 1986, passant en moyenne de
2 250 000 $, entre 1982 et 1985, à 4 100 000 $, entre 1986 et 1989, soit
une hausse de 80 %. (16 h 20)
De plus, le ministre a refusé de répondre à nos
questions sur ce sujet. Nous avons posé des questions avant
l'étude des crédits. La réponse du ministère a
été de nous référer à la vérification
des engagements financiers. Lorsque nous avons questionné le ministre en
commission parlementaire, le 25 avril dernier, sur la hausse des montants
accordés par le ministère sur les réclamations sur contrat
depuis 1986, il a refusé systématiquement de répondre a
nos questions.
Le ministre a-t-il des choses à cacher ou est-ce parce que le
ministère cache bien les choses qu'on veut lui confier les
expropriations des autres ministères? Le ministre craint-il de discuter
de l'administration pourrie de son ministère au moment où le
gouvernement sabre dans les services à la population et qu'il hausse les
taxes et le déficit, alors qu'au ministère des Transports, c'est
le gaspillage, les dépassements de coûts, les contrats aux
firmes?
M. le Président, il n'y a personne qui pense, qui croit que le
sous-ministre aux Transports, c'est la personne capable de contrôler les
coûts des firmes. Au contraire, tous les gens savent puis se disent que
c'est monnaie courante, c'est connu de tout le monde qu'avec le sous-ministre
actuel, c'est le crémage. On déborde les coûts. Les
coûts des firmes ont triplé, M. le Président. Depuis 1986,
les firmes d'ingénieurs, les firmes des consultants ont triplé
leurs coûts pour les plans et la surveillance, pour avoir des travaux qui
sont moins surveillés que jamais, M. le Président. On ne fait pas
du transport; on fait de la politique. On ne fait pas du transport de gravelle
ou d'asphalte pour faire des routes; on transporte des contrats, du papier. On
fait de l'encre, M. le Président.
Pendant ce temps-là - puis le ministre actuel le sait -
construction, au coût de 2 000 000 $, d'un tunnel pour les golfeurs sous
l'autoroute 40 dans l'ouest de Montréal. Un ministère qui n'a pas
d'argent, mais qui trouve 2 000 000 $ pour faire passer les petites voitures de
golf en dessous de l'autoroute, dans un viaduc personnel pour golfeurs en
voiture électrique, caddy électrique, M. le Président,
dans une période de récession.
Construction d'un mur antibruit non conforme aux normes du
ministère à Mont-Royal. Alors que, normalement, on paie selon
l'indice de richesse, à ville Mont-Royal, la ville à peu
près la plus riche au Québec, on paie à 100 % puis on vous
sacrifie dans vos comtés, dans chacun des comtés ruraux du
Québec. Dans chacun des comtés en dehors de l'ouest de
Montréal, on coupe, on coupe, on coupe, mais là, on fait des murs
antibruit à Mont-Royal qui ne sont même pas conformes aux normes
du ministère, et là, on paie à 100 %.
Alors, il faut se débattre dans la plupart des comtés du
Québec pour avoir 25 %, 30 %, 35 %, 40 %, 50 % ou 55 % de subvention en
discutant sur l'indice de richesse, dans la ville la plus riche ou à peu
près la plus riche du Québec, ville de Mont-Royal, là, on
paie à 100 % pour un mur antibruit qui n'est même pas selon les
normes du ministère. Ça, c'est de la bonne gestion? C'est de la
gestion pourrie. On fait des petits tunnels ou des petits viaducs pour passer
les caddies électriques des golfeurs de l'ouest de Montréal.
Écoutez bien, M. le Président, pour un ministère
à qui on veut confier d'autres responsabilités:
Aménagement d'une sortie d'autoroute qui aboutit dans une station de
gazoline, sortie qui est non conforme aux normes du ministère des
Transports, sur l'autoroute 5, à Chelsea, dans la région
même du ministre délégué à la Voirie. J'ai
demandé... C'est lui-même qui a dû l'admettre. Je savais la
réponse, mais je voulais qu'il soit conscient que la sortie d'autoroute
qui arrive dans une station d'essence, c'est illégal. C'est contre les
normes du ministère, c'est contre la sécurité publique.
Bien, M. le Président, c'est quoi, ce ministère-là?
Pourquoi avoir des normes si, après ça, on s'en sert quand on
veut, selon l'influence, je suppose, de ceux qui demandent de ne pas les
respecter? Comment ça marche?
Aménagement d'une côte dangereuse qui aboutit dans un
restaurant à Vallée-Jonction, où ça fait deux ou
trois "vans" qui aboutissent dans la salle à dîner, comme si on
était dans un "curb service", parce que la côte est trop à
pic. Résultat, on va être obligés de faire une autre sortie
à la sortie 112 pour ceux qui descendent, pour ne pas qu'ils descendent
dans le restaurant parce que la côte est trop à pic. Quand arrive
un problème, bien, on se retrouve avec le "truck" dans le restaurant.
Pensez-vous que c'est ça, un ministère?
Même genre de ministère qui laisse faire des sorties
d'autoroute qui mènent dans des stations d'essence, des sorties
d'autoroute trop à pic qui descendent dans les restaurants, et,
après ça, on est obligés d'en faire une autre. Ça
coûte 1 200 000 $. Qui paie? Baptiste paie.
On va me dire que ce n'est pas pertinent. Moi, je regrette, M. le
Président, la première réforme qui s'impose, c'est de
faire la réforme du ministère pour rendre des comptes dans ce
ministère-là sur la gestion des fonds publics. Qu'on rende des
comptes!
M. le Président, c'est un ministère où ce n'est
même pas le ministre qui mène. Ce n'est même pas le ministre
qui mène. C'est difficile d'être dur pour un ministre qui est
là comme une boule de Noël, pour la décoration, alors que
tout le monde sait que c'est le sous-ministre qui mène, qui prend ses
ordres directement du très haut. Tout le monde le sait. Je trouve
ça de valeur pour le ministre. Le ministre, c'est une bonne nature,
c'est un gars de compromis. On sent qu'il serait prêt lui, mais...
Ce matin, je faisais une entrevue à la radio. On m'a dit: Oui,
mais le ministre responsable du Développement régional dit la
même chose que vous. J'ai dit: Oui, je suis certain qu'il pense la
même chose que moi, mais il ne l'emporte pas. Ce n'est pas lui qui
mène, c'est le Conseil des ministres. On t'a vu quand M. Ryan a voulu
prendre des taxes des municipalités puis les donner aux commissions
scolaires pour réduire l'assiette fiscale des municipalités.
Qu'est-ce qu'on a vu? On va vu le ministre des Affaires municipales, le
député de Maskinongé se retrouver dans un autre
ministère et on a nommé Moïse ministre des Affaires
municipales où on n'a jamais vu autant d'injustices, M. le
Président, que depuis qu'il occupe cette fonction. On n'a jamais vu
autant d'injustices, par rapport aux municipalités.
L'autre jour le ministre des Transports me disait: Oui, mais quand on
prend l'argent de la rive sud pour la donner à la rive nord, dans la
région de Québec, j'ai l'appui du ministre des Affaires
municipales. Ça lui fait une belle jambe aux citoyens. C'est qui, le
ministre des Affaires municipales? Ce n'est pas Moïse qui descend de la
montagne avec les Tables de la loi. Les gens ont le sentiment de se faire
voler. Ils n'ont pas le sentiment, ils se font voler. Il y a deux ans, le
ministre des Transports, lui-même, disait quoi, M. le Président?
Le ministre des Transports lui-même disait à ce moment-là
qu'il n'y avait pas d'effet de débordement dans la région de
Québec. Aujourd'hui, quand il s'agit de faire payer les citoyens
plutôt que le ministère, là, il y en aurait des effets de
débordement parce que ce n'est pas le même qui paie. C'est
épouvantable, M. le Président.
Est-ce qu'on veut confier des sommes additionnelles, des
responsabilités additionnelles à un ministère qui
fonctionne de cette façon-là? Ça n'a pas de bon sens, M.
le Président. Ça n'a pas de bon sens. La cerise sur le sundae. La
cerise sur le sundae, pour ne pas dire autre chose qui ne serait pas
parlementaire. Je ne voudrais pas le dire. Ailleurs, ils disent: Le couvert sur
quelque chose, mais je dirais la cerise sur le sundae.
Subvention de 500 000 $ pour construire une route pavée de 2 km
qui ne mène nulle part, sauf à un futur projet immobilier
piloté par l'ex-député libéral Jean-Noël
Lavoie. C'est à ce ministère-là qu'on va confier la
gestion immobilière, les terrains excédentaires du
ministère, lui qui fait des routes pour des développements qui ne
se font pas, qui ne mènent nulle part. Le ministre après
ça dit: Nous autres, on veut faire du développement
économique avec des routes qui ne mènent nulle part, alors qu'il
y a tellement un besoin d'argent pour des routes qui mènent quelque
part.
Dans tous nos comtés, M. le Président... Moi, je me
débats pour un viaduc de 500 000 $, même montant. Il y a 50 000
automobiles qui passent sur le viaduc à Lévis. Il a deux voies
comme si on était en campagne; deux voies avec un viaduc mal fait, en
plus. Et là on se débat et il manque d'argent et on
s'aperçoit qu'alors que ça coûterait à peu
près le même montant, on a 500 000 $ pour une route qui ne
mène nulle part. On a 2 000 000 $ pour faire un viaduc pour les golfeurs
de l'ouest de Montréal pour qu'ils puissent passer avec leurs petites
voitures électriques. Puis on a de l'argent: 1 000 000 $
pour un mur antibruit à Mont-Royal. (16 h 30)
M. le Président, c'est pour ça que nous allons voter
contre ce projet de loi là. Le ministère des Transports, dans
l'administration actuelle, ne mérite pas d'avoir de
responsabilité additionnelle. Il mérite d'être sous
tutelle, sinon sous enquête. Ça ne fonctionne pas. Ça ne
fonctionne pas dans ce ministère-là. Ça ne marche pas.
C'est de valeur parce que je ne pense pas que les ministres soient des mauvais
citoyens, mais ils ne mènent pas leur ministère. J'ai vu des
endroits où le ministre avait l'air de bonne foi. Je n'ai pas de raison
de croire qu'il ne l'était pas. La machine ne voulait pas, la machine
était "bocquée" comme un âne sur ses quatre pattes,
bloquée "ben raide". On veut faire annoncer, par exemple, des villes de
40 000 citoyens sur la route. Non, on ne veut pas. On dit: On mettra ça
sur le même panneau, à côté du nom, pour que le monde
sache bien, pour ne pas qu'il se trompe. Non, les fonctionnaires ne veulent
pas. Le ministre dit d'abord oui, mais après ça, il
s'aperçoit que ses fonctionnaires ne veulent pas.
M. le Président, il serait bien mieux de reprendre les
fonctionnaires, pas quand ils ne veulent pas faire des routes qui ne
mènent nulle part mais quand ils ne veulent pas indiquer des routes qui
devraient être annoncées, des villes qui doivent être
annoncées. On est bons pour annoncer. On fait une conférence de
presse pour annoncer un village sur la 20, et on n'est pas capables d'annoncer
des villes de 40 000 personnes. M. le Président, il y a un
problème là.
Et la signalisation mal foutue est une des causes des accidents au
Québec. Combien de fois la signalisation est après la route qu'on
vient de dépasser? On aurait dû dire plutôt que le signe...
Au lieu de mettre le signe avant, on le met après la route. On devrait
peut-être dire sur l'affiche: Vous venez de passer la route que vous
auriez dû prendre... puis vous indiquer comment vous devriez faire un
détour pour la reprendre. Ça n'a pas de bon sens, M. le
Président, qu'est-ce que vous voulez, ça n'a pas de bon sens!
Ce ministère-là a besoin d'une réforme, une
réforme importante avec des gestionnaires de qualité...
Une voix: Style Garon.
M. Garon: Ce serait meilleur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je vais vous dire une chose, je veux dire que ce ne
serait pas difficile. Je ne considérerais pas comme un gros défi
de mieux administrer le ministère des Transports. Je vais vous dire une
chose, je ne considérerais pas ça comme un gros défi, rien
que l'améliorer un peu; ce ne serait pas dur de faire quelque chose de
mieux, ce ne serait pas difficile, dans ce ministère-là.
Une voix:...
M. Garon: M. le Président, quand les gens disent que
j'avais des chèques dans mes poches, au moins, j'en avais, des
chèques. Vous seriez bien mieux d'en avoir. Et parce que je l'ai eu et
que je l'ai montré aux journalistes, j'en ai eu un autre de 19 000 000 $
dans les jours qui ont suivi.
Une voix:...
M. Garon: Non, au contraire, ils n'avaient pas d'argent avant, au
contraire. Et, à ce moment-là, j'en ai eu, de l'argent. J'ai
été chercher quelque 30 000 000 $, avec mes méthodes, mais
elles ont payé, comprenez-vous?
Aujourd'hui, vous autres, vous vous promenez bien plus avec des trous
dans vos poches. Vous n'avez pas de chèques dans vos poches. Moi,
j'avais des chèques; vous, vous avez des trous dans vos poches. Et vous
défendez le fédéral. On regarde ça, M. le
Président. Le déficit, cette année, va dépasser
sans doute 4 000 000 000 $, alors que nous autres, oui, on a eu un
déficit de 3 000 000 000 $ l'année où les taux
d'intérêt étaient au-dessus de 20 %. Aujourd'hui, vous avez
quoi? Vous avez dépassé 4 000 000 000 $ alors que les taux
d'intérêt n'ont jamais été aussi bas depuis les
dernières années.
Pourquoi? Mauvaise gestion, M. le Président. Mauvaise gestion
parce qu'on aime mieux changer les conventions comptables que de
réformer le système. M. le Président, tantôt, j'ai
dit qu'on veut confier au ministère des Transports la gestion des
expropriations des autres ministères. Il va gérer la disposition
des immeubles des autres ministères quand il a de la difficulté
à se gérer lui-même. Et je vais donner un exemple du
même ordre, M. le Président. Réclamation de 1 300 000 $ de
Beaver, parce que les dossiers d'expropriation n'étaient pas
réglés. Écoutez bien, c'est là-dessus... Je suppose
qu'on veut que ça coûte plus cher, l'expropriation. C'est pour
ça qu'on veut confier ça au ministère des Transports?
Réclamation de 1 300 000 $ de Beaver parce que les dossiers
d'expropriation n'étaient pas réglés.
Écoutez bien. Ça, c'est le ministère des Transports
à qui on veut confier toute l'expropriation. C'est à ce
ministère-là qu'on veut confier ça, cette
gestion-là? Le 11 décembre 1989, la compagnie Beaver a
accepté un montant de 1 300 000 $ du ministère des Transports du
Québec en règlement d'une réclamation pour des travaux de
construction sur le boulevard Ville-Marie à Montréal. Le rapport
synthèse et l'étude de réclamation produits par le
ministère des Transports indiquent, à la page 2, que des dossiers
d'expropriation et de déplacement
d'utilité publique non réglés par le
ministère des Transports auraient entraîné un retard de
plus d'un an à l'échéance prévue des travaux. Ce
délai important aurait été la cause principale aux frais
supplémentaires énumérés ci-dessous. Et ces frais
supplémentaires s'élèvent à 1 200 000 $, soit la
presque totalité du montant de la réclamation. Et c'est à
ce ministère-là qu'on veut confier la gestion des expropriations?
Un ministère qui a réussi à se faire "collecter" 1 200 000
$ sur 1 300 000 $ parce que, justement, il n'est pas capable de régler
les expropriations, ou bien parce qu'il sait à qui donner les montants
additionnels, ou bien parce qu'on se dit: C'est le bon ministère pour
donner les montants additionnels à ceux à qui on souhaite qu'il
les donne.
Posons-nous des questions, M. le Président. Posons-nous des
questions. C'est souvent y répondre parce que c'est incroyable qu'un
ministère ait eu un genre de promotion pour mal administrer les
expropriations, pour mal administrer les réclamations, pour que
ça coûte plus cher que jamais sous cette administration du
ministère des Transports. Il faut que ça change au
ministère des Transports. Les Québécois en ont assez de
payer au-dessus de 3 000 000 000 $ pour recevoir 1 000 000 000 $ sur leurs
routes parce que les 2 000 000 000 $ qui restent sont envoyés au fonds
consolidé, mais eux autres payent.
Dans l'assurance-automobile, ils payent également pour de
l'assurance puis on siphonne la caisse: 1 700 000 000 $ en 1986 et ce qu'on va
collecter d'ici à 1995, alors qu'ils ont payé pour des fins
d'assurance, puis on va prendre l'argent pour le donner au ministre des
Finances dont la faim est insatiable, dont la faim est comme Gargantua, une
montagne de taxes qui écrasent le contribuable de plus en plus, qui
écrasent notre économie, qui écrasent les entreprises qui
s'en vont aux États-Unis et de plus en plus à la frontière
du Maine, du Vermont, du New Hampshire.
On verra quoi? Des entreprises québécoises
déménager aux États-Unis parce qu'elles sont
tannées de se faire surtaxer par le gouvernement actuel. M. le
Président, c'est ça, la situation, et le ministre devra apporter
un projet de loi ici pour réformer l'administration du ministère
des Transports. Et un projet, ça serait de faire comme les
Américains, justement, mettre l'argent dans un pot pour que les gens,
quand ils payent pour quelque chose, ils savent que ça va aller dans
quelque chose pour lequel ils ont payé. Mais qu'on ne sorte pas
l'argent.
Je citerai tantôt, parce que je ne voudrais pas me faire accuser
d'être hors du principe de la loi, une cause qui vient d'être
rendue aux États-Unis où l'État de New York a
été condamné à rembourser aux citoyens, avec
intérêts... une réclamation de 30 et quelques millions qui
va coûter 100 000 000 $ à l'État de New York, parce qu'ils
ont fait ce que le ministre des Finances a fait au Québec: aller
siphonner la caisse d'assurance automobile. Dans des endroits où il y a
du droit, les gens sont allés devant les tribunaux puis ils ont
gagné. Ici, s'ils vont devant les tribunaux, ils vont gagner. Pourquoi?
Parce qu'on n'a pas le droit de faire ça. On n'a pas le droit de prendre
de la caisse de l'argent qui a été collecté pour des fins
d'assurance et l'envoyer au ministre des Finances, parce qu'il n'est pas
actionnaire de la caisse de l'assurance automobile. Dans des endroits où
il y a du droit... J'ai vu les gens du Club automobile. Ils trouvent ça
gros, mais les opinions juridiques, toutes les opinions juridiques qu'a eues le
Club automobile disent que le ministère des Finances n'a pas le droit de
faire ça et il ne pourra pas corriger ça non plus parce que
l'argent a été collecté pour des fins d'assurance, et on
l'envoie à d'autres fins. On n'a pas le droit de spolier le citoyen.
Aujourd'hui, on veut confier des responsabilités additionnelles
à ce ministère-là? M. le Président, on veut confier
des responsabilités additionnelles à un ministère pour
gérer les expropriations pour tout le gouvernement? M. le
Président, vous venez d'un comté où une piastre veut
encore dire une piastre, où 10 piastres veulent encore dire 10 piastres,
où on n'est pas dans l'argent de Monopoly, comme dans le comté de
Lévis. Il y a des comtés où les gens ne nagent pas sur
l'or, qui ont besoin de chacune des piastres. Par ces temps-ci, tout le monde a
besoin de chacune de ses piastres. La plupart des gens sont obligés
d'avoir les deux qui travaillent, l'homme et la femme, souvent même de ne
pas avoir de gardienne quand l'enfant revient à la maison à 15 h
30. Des enfants de 7 ans, 8 ans, 9 ans dans les maisons tous seuls parce que
les parents n'ont pas les moyens de payer. Une fois qu'ils ont payé
leurs taxes, il ne leur reste plus rien.
Et le ministre des Transports, au lieu de faire un projet de loi pour
dire: On va réformer le ministère des Transports, chaque piastre
va rapporter au centuple, aujourd'hui, qu'est-ce qu'il fait? On va confier
l'administration à des gaspilleux, à des gens qui ont
été des mauvais intendants. On a vu. Puis le ministre de
l'Éducation, qui est maintenant ministre des Affaires municipales,
devrait rappeler ces paroles du mauvais intendant à ses
collègues. Ils ne lisent peut-être pas ça à chaque
année, cette lecture-là. Qu'ils se rappellent le mauvais
intendant. Qu'est-ce que le Seigneur en a fait? Qu'ils se rappellent ce qu'il a
fait des vendeurs du temple! Je pense que la seule fois où le Seigneur a
fait une colère dans l'Évangile, c'est quand II a chassé
les vendeurs du temple. Bien, II s'attend à ce que le ministre des
Transports chasse les vendeurs du temple du ministère des Transports. Il
s'attend qu'il emploie le fouet à la bonne place plutôt que de
fouetter constamment le contribuable.
On massacre le contribuable, on massacre l'automobiliste comme si
c'était un crime d'avoir une automobile au Québec. Je regarde les
Américains, ils sont heureux d'avoir une automobile. On regarde en
Europe de l'Est, ils ont hâte d'avoir une automobile. Puis, je suis
certain qu'une des raisons pourquoi ils ont débarqué le
communisme, c'est parce qu'ils veulent avoir une automobile, pas rien que se
promener en autobus. Ils veulent aussi avoir une automobile. Aujourd'hui, nous
autres, on est rendus... quand tu as une automobile, on taxe, on taxe, on taxe.
On a quasiment plus le droit d'avoir une automobile au Québec. C'est
normal, M. le Président? Le ministère des Transports a besoin
d'une réforme. (16 h 40)
Enfin, un dernier point. L'article 7 pose certains problèmes.
D'abord, sa rédaction sur l'exclusivité du remorquage. Je ne
voudrais pas me retrouver avec "remorquage à vos frais".
L'exclusivité du remorquage. D'abord, sa rédaction donne le
pouvoir au gouvernement d'interdire le remorquage sur les routes. Cela n'a
presque pas de bon sens que le gouvernement interdise le remorquage quand on
connaît l'importance de dégager les chemins publics lorsqu'une
automobile bloque le trafic. De plus, nous sommes inquiets de la façon
dont seront octroyés les contrats de remorquage exclusif. Comment les
entreprises seront-elles choisies? Est-ce qu'il y aura des appels d'offres?
Est-ce qu'on va négocier des contrats? Comment se fait-il que l'article
dans la loi fait seulement dire qu'on va interdire le dépannage? On ne
dit pas qu'on veut confier de façon exclusive le remorquage après
appel d'offres, selon une réglementation à suivre qui sera faite
en fonction de l'article de loi. Aucun article ne mentionne qu'il devrait y
avoir des soumissions, M. le Président. L'expérience
passée du ministère des Transports dans la gestion administrative
et la gestion de l'octroi des contrats nous laisse songeurs et inquiets face
à ces dispositions.
C'est pourquoi, M. le Président, nous allons fortement
questionner. Je vais vous dire que ce projet de loi va connaître un
débat virulent, vigoureux s'il n'y a pas un article de la loi qui dit
que le remorquage pourra être fait par des entreprises qui ont eu le
contrat exclusif après appel d'offres, si on n'établit pas de
façon précise dans la loi comment ça va se faire.
L'administration passée du ministère des Transports n'est pas
garante de l'avenir. S'il y a un ministère qui n'a pas
mérité qu'on lui fasse confiance, c'est le ministère des
Transports. Maintenant, M. le Président, il va falloir surveiller
à tous les instants ce projet de loi pour ne pas qu'il soit une machine
à favoritisme dans l'expropriation puis dans le dépannage. On ne
veut pas se retrouver avec une machine à patronage dans le
dépannage, puis l'injustice et l'iniquité dans
l'expropriation.
Le député de Jonquière, qui est ici présent,
pourra voir le genre d'iniquité qu'on a vue par rapport à la
réforme de la fiscalité municipale par rapport à ceux qui
ont des raffineries ou des grandes entreprises dans leur ville. On l'a vu. Il
ne s'agit pas rien que de lire la Bible, mais de la comprendre et de la
pratiquer. Ça veut dire que, souvent, la vertu est dans la
théorie et le vice dans la pratique. Il ne s'agit pas seulement de lire
les enseignements qui nous disent de bien faire, mais il s'agit de la
pratiquer. C'est la pratique qui est difficile.
C'est pourquoi, M. le Président, notre tâche comme
députés de l'Opposition... Je suis content d'être
appuyé par les collègues qui sont ici présents en cette
Chambre, M. le Président. Je n'ai pas le droit de mentionner les
absents, j'ai le droit de mentionner les présents. Le
député d'Arthabaska a été vigilant par rapport
à la loi 163 qu'apporte le ministre délégué aux
Transports, et qui est une incohérence, une iniquité, une farce,
comprenez-vous, pour des piquets pour annoncer des fraises à vendre. Je
vois le député d'Ungava dont on peut compter sur l'appui
indéfectible lorsqu'on a besoin de lui. Comme c'est un homme du Nord,
c'est un homme qui ne craint pas le froid. Il est toujours prêt, il est
prêt à tenir le fort. Il ne dira pas: II fait trop froid dans la
bâtisse. Il est capable vigoureusement, le député de
Jonquière également. Ils sont ici parce qu'ils savent à
quel point ce projet de loi est dangereux. Ils sont ici pour manifester leur
appui parce qu'ils l'ont vécu quotidiennement dans le secteur des
Transports. Des gens terre à terre, pas des rêveurs, pas des gens
brumeux, pas des gens qui ne savent pas où ils s'en vont. Des gens comme
la députée de Johnson dont on connaît la sympathie
réelle, concrète, pas théorique, pour les gens qui ont des
besoins, que ce soit les femmes, les jeunes, ou les personnes
âgées.
J'ai déjà dit, moi, que la seule façon de mesurer
la richesse d'une société, ce n'est pas rien que par le produit
national brut. La richesse - parce que la richesse, c'est tout le temps les
mêmes qui l'ont - ce n'est pas ça le bonheur dans une
société. On devrait être capable d'avoir un indice de
mesure du bonheur national brut dans une société, plutôt
que seulement du produit national brut. Le bonheur national brut... Si on
était capable de mesurer avec une grille d'analyse le bonheur des
citoyens, M. le Président, on serait bien mieux outillé pour
calculer la réussite d'un gouvernement.
Aujourd'hui, M. le Président, on a des citoyens qui sont tristes,
qui sont inquiets, qui ont peur de l'avenir. Pourquoi? Devant la gestion du
gouvernement qui les surtaxe, alors qu'il gaspille les fonds publics, les
citoyens sont inquiets parce qu'ils se rendent compte qu'il y a un gouvernement
avec des poches pleines de trous, qu'il y a un gouvernement qui n'a pas de
chèques dans ses poches. Il n'a pas de chèques, il n'a pas
d'argent dans ses poches. Ça ne sonne
pas quand ils mettent la main dans leurs poches, M. le Président,
pas parce qu'ils ont plus de papier. C'est parce qu'ils n'ont rien dans leurs
poches, puis ils gaspillent pareil. Les citoyens sont inquiets, M. le
Président, et c'est en leur nom qu'aujourd'hui j'ai dit au ministre des
Transports que l'adoption de ce projet de loi là va se faire
difficilement, après de longues délibérations, s'il ne
fait pas droit aux revendications que nous voulons faire.
Deuxièmement, je trouve que c'est une mauvaise idée du
gouvernement de confier la gestion de l'expropriation au ministère des
Transports, qui n'a pas montré qu'il était digne de confiance
dans ce domaine par la partie qu'il devait administrer dans le passé. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors merci, M. le
député de Lévis. Je vous rappelle que nous sommes à
discuter de la motion proposant l'adoption du principe du projet de loi 177,
Loi modifiant la Loi sur le ministère des Transports et la Loi sur la
voirie. Je cède la parole à M. le député de
Berthier. Vous avez droit à une période de 20 minutes, M. le
député.
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. Je plains bien les
auditeurs et les auditrices d'avoir entendu l'orateur précédent
parler sur la loi 177. Il a été pertinent pendant 5 minutes sur
60 minutes. Franchement, aimer à mêler les gens comme il le fait,
il faut le faire! Il faut le faire, surtout pour un gars d'expérience,
qui a 15 ans, 16 ans de vie politique, puis un avocat, ne pas savoir ce qu'est
la pertinence! Je pense que les gens vont savoir ce qu'il a pu dire
aujourd'hui.
M. le Président, il me fait plaisir de m'adresser à mes
collègues sur le projet de loi 177, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Transports et la Loi sur la voirie. Il s'agit d'un projet
de loi important pour le bon fonctionnement du ministère des Transports.
Il est donc de nature administrative.
M. le Président, le projet de loi 177 poursuit trois objectifs.
Le premier de ces objectifs est l'attribution au ministère des
Transports du pouvoir de disposer des immeubles acquis par un autre
ministère ou organisme, lorsque ces immeubles ne sont plus requis. Le
second objectif poursuivi par le projet de loi 177 est l'assujettissement de
toutes les dispositions d'immeubles par le ministère des Transports
à un seul et même régime, dont les conditions sont
dictées par les règlements du Conseil du trésor. Et,
enfin, le troisième objectif poursuivi par ce projet de loi consiste
à donner au gouvernement le pouvoir d'interdire, sous peine d'amende et
de remisage, le remorquage sur toute voie de communication entretenue par le
ministère des Transports, tout en permettant à ce dernier de
conclure un contrat pour l'exercice exclusif de ces activités sur ces
voies. Voilà, M. le Président, les objectifs poursuivis par le
projet de loi 177.
Il m'apparaît utile d'entretenir mes collègues de
l'Assemblée nationale sur le pourquoi et le comment de ces objectifs.
Commençons, M. le Président, par le premier objectif, soit
l'attribution au ministère des Transports du pouvoir de disposer des
immeubles dont il n'a plus besoin. M. le Président, nous savons tous que
le ministère des Transports est appelé à exécuter
de grands travaux de construction, d'aménagement et d'entretien. Nous
savons aussi qu'il détient l'important pouvoir d'acquisition de biens
et, par voie de conséquence, celui non moins important de disposer des
biens lorsqu'ils ne sont plus requis pour des travaux d'entretien, de
construction ou d'aménagement. (16 h 50)
Nous savons également, M. le Président, que, depuis que la
Société immobilière du Québec a remplacé le
ministère des Travaux publics, c'est le ministère des Transports
qui a hérité des pouvoirs du ministère des Travaux publics
d'acquérir des biens pour le compte d'autres ministères et
d'organismes et du pouvoir de disposer de ces biens parce qu'ils ne sont plus
jugés requis. Est-ce qu'il dispose des biens qu'il a acquis pour
lui-même ou pour d'autres ministères ou organismes? Le
ministère des Transports doit évidemment respecter les conditions
établies par règlement. Cette situation ne pose pas en
elle-même de problème. Le problème surgit lorsqu'on regarde
les responsabilités attribuées au Conseil du trésor. En
effet, en vertu de l'application de la Loi sur l'administration
financière, le Conseil du trésor doit adopter un règlement
par lequel il confère au ministère des Transports la
responsabilité de disposer des immeubles déclarés
excédentaires. Chaque disposition d'immeuble excédentaire faite
sous l'autorité du règlement du Conseil du trésor doit
être accompagnée d'un décret afin d'éviter toute
contestation judiciaire du pouvoir de disposition. Nous nous trouvons donc
confrontés à un double régime de disposition des immeubles
excédentaires. Cette situation rend pénible la gestion des
immeubles excédentaires et comporte des coûts administratifs
importants, et ce, sans compter les effets qu'elle entraîne au niveau des
délais de disposition des immeubles excédentaires.
En effet, le recours à un décret dans le cas de
disposition d'un immeuble acquis par un autre ministère ou organisme que
le ministère des Transports comporte des détails
injustifiés. Le premier objectif du projet de loi vient corriger cette
situation. Comment corrige-t-il cette situation? Il le fait d'abord en
attribuant expressément au ministère des Transports le pouvoir de
disposer d'immeubles acquis par un autre ministère ou un autre organisme
lorsque ces immeubles ne sont plus nécessaires et sont
excéden-
taires. C'est ce qu'on retrouve à l'article 1 du projet de loi
177 et, notamment, au point 2 de cet article 1. Au point 2, on peut lire: "Le
ministère peut aussi disposer d'immeubles acquis par d'autres
ministères ou organismes qui ne peuvent en disposer eux-mêmes,
lorsqu'ils ne sont plus requis." Telle est la première façon
qu'emprunte le gouvernement pour mettre fin à ce double régime de
disposition des immeubles excédentaires.
Quant à la seconde façon de mettre fin à ce
régime de double disposition, elle est liée au second objectif
poursuivi par ce projet de loi, ce qui m'amène maintenant à
aborder le second objectif. Le deuxième objectif poursuivi par le projet
de loi 177 est l'assujettissement de toutes les dispositions d'immeubles par le
ministère des Transports à un seul et même régime
dont les conditions sont dictées par règlement du Conseil du
trésor. Autrement dit, ce second objectif poursuivi par ce projet de loi
est l'uniformisation du régime de disposition des immeubles
excédentaires. Cette uniformisation s'est opérée à
travers l'assujettissement à un seul règlement, celui du Conseil
du trésor. C'est-à-dire que toute disposition d'immeuble devrait
être assujettie aux seuls règlements du gouvernement et du Conseil
du trésor. Autrement dit, c'est le régime de disposition du
Conseil du trésor qui s'applique partout et dans tous les cas de
disposition que le ministère des Transports sera appelé à
réaliser. Ainsi, nous n'aurons plus qu'un régime de disposition
d'immeubles excédentaires. C'est à l'article 2 du projet de loi
que l'on retrouve cette modification. L'article 2 du projet de loi dit ceci:
"Le ministère ne peut disposer d'immeubles qu'aux conditions prescrites
par un règlement édicté en vertu de la Loi sur
l'administration financière." De tout ceci, M. le Président, on
retiendra que le gouvernement a décidé d'assujettir les
dispositions d'immeubles exclusivement au règlement édicté
en vertu de la Loi sur l'administration financière. Il met aussi fin au
double régime de disposition des immeubles excédentaires. Tel
est, en gros, le deuxième objectif poursuivi dans le projet de loi
177.
J'aimerais maintenant aborder le troisième objectif poursuivi par
ce projet de loi. Comme on l'a dit en présentation, il concerne moins la
question des immeubles que celle du remorquage sur les voies rapides du
Québec. Quelle est la situation, M. le Président, que le projet
de loi 177 vient corriger concernant ce point du remorquage? La situation est
la suivante: Sur certaines voies de circulation rapide de la région de
Montréal, un règlement interdit, sous peine d'amende, le
dépannage, le remorquage ou le déplacement d'un véhicule
immobilisé à moins que ce ne soit fait par un remorqueur sous
contrat exclusif avec le ministère des Transports. Or, comme on le sait,
M. le Président, ce règlement a été adopté
en vertu de l'ancien Code de la route. Ce faisant, il n'aurait pas
l'efficacité législative souhaitée. Malgré cela, le
ministère pourrait sans doute, comme responsable de l'entretien des
voies rapides, continuer d'octroyer des contrats de dépannage exclusif.
Toutefois, il se heurterait aux mêmes difficultés
d'efficacité législative. Ainsi, apparaît-il pertinent d'en
augmenter l'efficacité législative. De plus, le gouvernement a
décidé de se donner, par une loi, la possibilité de
procéder par règlement. La voie réglementaire sera
utilisée pour permettre au gouvernement, d'un côté,
d'interdire, sous peine d'amende, le remisage et le remorquage sur certaines
voies de communication entretenues par le ministère des Transports. De
l'autre, elle permettra au ministère des Transports de conclure un
contrat par l'exercice exclusif de l'activité de remorquage.
Cette solution, M. le Président, a beaucoup d'avantages. Le
premier de ces avantages est celui d'assurer la sécurité publique
sur certaines voies à circulation rapide. Elle assure la
sécurité sur ces voies en empêchant les compagnies de
remorquage de se faire concurrence pour se rendre sur les lieux d'accident ou
endroits où cela pourrait compromettre la sécurité
routière. La sécurité routière est donc la
première gagnante de l'augmentation de l'efficacité
législative du règlement.
Les deuxièmes gagnantes, ce sont les compagnies qui se font
concurrence. Le projet de loi améliore les règles de cette
concurrence. Au lieu d'avoir une concurrence débridée sur les
lieux d'accident, le projet de loi inscrit la concurrence au niveau des appels
d'offres auprès du ministère des Transports pour l'obtention d'un
contrat de remorquage sur les voies rapides. Ainsi, la concurrence se fait dans
un cadre qui ne met nullement en cause la sécurité
routière et permet aux entreprises de faire valoir la qualité des
services qu'elles offrent.
Les troisièmes gagnants sont, évidemment, les conducteurs
de véhicule en panne sur les voies rapides. Ils seront assurés
d'un service efficace et sécuritaire pour eux-mêmes et leur
véhicule. De plus, ils seront protégés des remorquages
usuriers auxquels donne souvent lieu la situation d'urgence dans laquelle ils
se trouvent.
Ainsi, M. le Président, tout le monde est gagnant avec cette
modification législative. La sécurité routière
cesse d'être menacée par un excès d'achalandage de
voitures-remorques sur les lieux d'accident. Les consommateurs sont, de leur
côté, protégés contre la tentation de certaines
compagnies de remorquage d'abuser de la situation d'urgence dans laquelle ils
se trouvent, comme c'est le cas lorsqu'il y a des tempêtes de neige ou
autres intempéries. M. le Président, il ne fait pas de doute dans
mon esprit que nous apportons, là, une modification importante pour la
sécurité routière et ce, particulièrement en hiver.
Tel est, brièvement, le troisième point contenu dans le projet de
loi 177.
J'en arrive maintenant à ma conclusion, en
résumant mes propos. Le projet de loi 177, comme je l'ai
indiqué dans mon allocution, touche deux questions. Il touche celle des
immeubles en surplus et celle du remorquage sur les voies rapides appartenant
au ministère des Transports. L'une et l'autre ont une importance non
négligeable. La question des immeubles en surplus prend une importance
non négligeable dans le contexte d'une gestion responsable des finances
publiques et dans celui de rationalisation de l'appareil gouvernemental. Nous
savons tous que dans la période de croissance l'État a acquis
toute une série d'immeubles pour dispenser à la population toute
une série de services. Aujourd'hui, le contexte de rareté des
deniers publics nous force à réexaminer certains de ces services
et à réévaluer leur pertinence. Du même coup, on
peut comprendre qu'on en fasse autant pour les immeubles qui sont devenus la
propriété du gouvernement. Il va de soi que certains d'entre eux
peuvent ne plus avoir leur raison d'être pour le gouvernement. Ce
faisant, il peut être tout indiqué pour le gouvernement de s'en
départir; de là la pertinence d'un régime de disposition
efficace et fonctionnel est éminemment fondée. Elle l'est
davantage si l'on considère qu'un régime de disposition des
immeubles, pour être efficace, doit être uniforme. Or, c'est ce que
fait le projet de loi 177. (17 heures)
Cette uniformité, il l'introduit à travers
l'assujettissement d'un seul règlement du gouvernement ou du Conseil du
trésor à toute disposition d'immeubles. M. le Président,
on voit donc ce qu'apporte le projet de loi. C'est un régime de
disposition d'immeubles efficace, fonctionnel et uniforme, un régime
tout indiqué dans le contexte de la gestion responsable des finances
publiques qu'est le nôtre.
La seconde contribution de ce projet de loi, M. le Président,
c'est de venir régler le problème de remorquage sur les voies
rapides appartenant au gouvernement. Grâce à ce projet de loi, le
gouvernement pourra améliorer la sécurité sur les voies
rapides. On ne verra plus sur nos autoroutes deux ou trois compagnies se faire
concurrence sur les lieux d'accident. On ne verra plus de gens abusés
par certaines compagnies toujours prêtes à faire des remorquages
à des taux quasi usuriers. Les compagnies désireuses d'offrir
leurs services sur les voies rapides devront maintenant soumissionner
auprès du ministère des Transports. Le mécanisme d'appel
d'offres qu'entend instituer le ministère des Transports aura pour effet
de déplacer la concurrence des lieux d'accident vers le ministère
des Transports. Il n'est pas dit qu'il n'y aura pas d'accidents avec ce
mécanisme, mais ces accidents seront au moins d'une autre nature et
n'auront pas d'impact sur les voies rapides. Ce faisant, la
sécurité routière se trouvera grandement
améliorée.
C'est ce qui complète, M. le Président, ce que j'avais
à dire sur le projet de loi 177. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député de Berthier. Sur ce même sujet, je cède
maintenant la parole à M. le député de Jonquière.
M. le député.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. À
première vue, je n'avais pas l'intention d'intervenir sur ce projet de
loi, mais je pense qu'il y a toujours certains enjeux qui sont en question et
j'ai l'impression que, de plus en plus, ce qui semble anodin prend de
l'importance.
Dans ce projet de loi, qui a pour effet de donner des pouvoirs au
ministère des Transports, la question fondamentale qu'on doit se poser,
c'est: Est-ce que vraiment le ministère des Transports accomplit les
fonctions pour lesquelles il existe? On peut répondre presque sans
hésitation qu'actuellement le ministère des Transports ne joue
pas son rôle.
En même temps qu'il exige de nouveaux pouvoirs, on se rend compte
qu'il veut se débarrasser d'autres pouvoirs. Je vais juste prendre pour
exemple que le ministère des Transports a toujours opéré
le système de transport en ambulance pour les malades en région
éloignée et il veut confier ça à la
Société immobilière du Québec. Il y a un projet de
loi qui a été déposé dans ce sens-là. Le
ministère des Transports, donc, constate qu'il n'est même pas
capable de gérer sa flotte ou son système d'avions pour le
gouvernement et pour les gens en région, ce qui laisse supposer non pas
que le ministère n'est pas capable de l'opérer, mais est-ce que
le ministère veut favoriser les entreprises extérieures au
gouvernement?
Il me semble que c'est dans cette question qu'on doit chercher
l'intérêt du gouvernement concernant ce débarras d'une
responsabilité qu'il a actuellement et qui disparaîtra, mais en
même temps, il dit: Je veux m'enlever des pouvoirs, mais je veux en
même temps en prendre d'autres.
Lorsqu'il s'agit de gérer les biens publics, c'est
peut-être plus apeurant un peu. C'est peut-être un peu plus
dangereux. On sait bien que la disposition de biens, il y a des
intérêts qui jouent là-dedans. Est-ce que ce sera
suffisamment transparent pour que la population puisse juger de la façon
dont on va le faire? Est-ce que ce ne sera pas seulement les initiés,
les gens qui auront des intérêts qui pourront être au
courant de ce qui se passe et qui pourront acheter? Même avec la
possibilité de soumissions, il peut se passer autre chose. Je veux juste
prendre comme exemple ce qui se passe dans beaucoup de municipalités au
Québec où les municipalités ont le droit de disposer de
biens, la disposition de ces biens où c'est défendu par les
employés municipaux d'en acquérir.
Je vous invite, M. le Président, à regarder les
informations contenues dans les journaux concernant celles et ceux qui
achètent les biens
dont les municipalités disposent. Dans 80 % au moins des cas, ce
sont des employés municipaux qui achètent des biens dont la
municipalité dispose. C'est illégal. C'est défendu, puis
ça se fait au vu et au su de tout le monde. Donc, ce sont des
initiés. Vous comprendrez bien que si quelqu'un veut acheter un poteau
de lumière en aluminium qui a été cassé par un
automobiliste ou un camionneur, par accident en tout cas, l'employé est
bien placé pour choisir son poteau, celui qu'il veut avoir. Il le met
quelque part et il dit: Celui-là, je vais l'acheter. C'est
celui-là que je veux. Puis l'autre qui ne le sait pas, il va en prendre
un qui va être un peu plus court. Pour les moteurs, c'est la même
chose. Puis pour les batteries, c'est la même chose.
C'est vrai et c'est là que je trouve que... Il n'y a rien,
même dans ces pouvoirs-là... Il n'y a personne qui se plaint de
ça. Ça a l'air bien normal. Ça ne ressemble pas à
du népotisme, ça ressemble à quelque chose de pas correct.
Vous savez que les employés pourraient perdre leurs fonctions pour
ça. C'est défendu pour la municipalité de disposer de ses
biens au profit de ses employés. Il pourrait le faire acheter par un
cousin ou une cousine, mais ce serait moins direct. Là, c'est
directement et la loi est claire. La municipalité peut disposer de biens
sous forme de soumissions, des soumissions privées, mais sous forme de
soumissions par cotation. Les gens apprennent ça et quand ça va
arriver au ministère, est-ce qu'il n'y a pas un danger réel dans
ce sens-là?
Ça m'inquiète beaucoup que le ministère puisse
demander des pouvoirs qui, dans le fond, me font poser la question, à
savoir est-ce qu'ils seront capables de l'exercer? Regardons un peu ce qui se
passe au ministère des Transports. J'ai eu connaissance dans les
dernières années, parce que je l'ai suivi avec beaucoup
d'intérêt - ça fait partie de la commission de
l'aménagement et des équipements - de combien de fois on a
posé des questions concernant la fabrication, par exemple, de plans. On
s'est rendu compte à une certaine année qu'il y avait 80 000 000
de plans de toutes sortes, pour des routes un peu partout au Québec,
puis il n'y avait pas une cent pour construire ces routes-là. Est-ce
qu'on peut penser que c'est de la bonne gestion? 80 000 000 $ à peu
près en gros qui ont été payés à des
professionnels. L'année 1989. Ça a été payé
à des firmes de professionnels pour certains réseaux routiers,
que ce soient des viaducs ou autres. Ces plans-là reposent en paix,
parce qu'il n'y a pas d'argent pour les exécuter.
Il me semble qu'il y a des questions à se poser. On n'est pas
capable de livrer la marchandise, puis qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille
pas, ce n'est pas sur des plans que les automobiles ou les camionneurs roulent.
Il faut qu'on passe à l'exécution de travaux et ces 80 000 000 $
auraient été bien plus efficaces en construction ou en
réparations. Personne ne peut en douter. En années de vaches
maigres, ces montants dont on a disposé et qu'on a donnés
à des firmes, ça ne sert à rien. Je vous prédis une
chose: Lorqu'on voudra mettre en plan ou qu'on voudra exécuter ces
plans-là, je suis convaincu qu'il y a d'autres firmes qui vont
réexaminer ces plans-là et qui vont aller se chercher encore
quelques piastres, parce qu'ils vont être désuets. La technique
sera un peu plus moderne. On aura peut-être rajouté certains
éléments. Et il est possible, je ne l'espère pas, je ne le
souhaite pas, mais il pourrait arriver que même des firmes recommencent
les plans, parce qu'il y a des choses qui se perdent des fois dans les
ministères. (17 h 10)
II y a des choses qu'on n'est plus capable de retrouver pour une raison
ou pour une autre, mais ça pourrait vouloir dire une nouvelle
fabrication, une mise en plan de certains travaux qui n'ont jamais
été exécutés, pour lesquels le gouvernement a
payé et qui ne seront jamais mis en marche. C'est un danger. C'est un
danger qui n'est pas latent, c'est un danger réel. Ce sont des faits que
je soulève là. Et le ministère n'a pas fait preuve de
responsabilité, à mon point de vue, par rapport à ces
questions-là. Il s'agit de se promener un peu partout pour voir qu'il y
a des tronçons de route, actuellement, qui ne sont pas faits. La
principale fonction d'un ministère des Transports, c'est quoi? C'est de
regarder pour voir si (es automobilistes... s'il y a des routes pour la
population, le transport des personnes, des marchandises.
Et le ministère des Transports a une fonction un peu plus grande,
c'est le transfert des biens et des personnes, mais pas juste sur terre, il va
aussi sur mer, sur le fleuve Saint-Laurent. C'est une mer, une mer
intérieure, mais c'est une mer tout de même; il y a des
traver-siers. Il y avait le transport par air mais là, on s'en
débarrasse. Donc, c'est la Société immobilière qui
va en disposer. Pourquoi a-t-on des langages différents dépendant
des sujets dont on parle?
Est-ce que le ministère des Transports fait des mesures de
diversion en disant: Ça, je ne le prend pas, ça, je vais le
prendre. Et là on est en train de changer, mais c'est quoi, la
cohérence de tout ça? Est-ce qu'on n'est pas en lieu de se
demander si le ministère des Transports ne devrait pas
réfléchir un peu plus longtemps ou un peu plus longuement sur sa
vocation et sur ce à quoi il est dédié, ce
ministère-là? Si c'est pour la sécurité, si c'est
pour la fabrication et la construction de routes, si c'est pour le
transport.
Mais il me semble que ces questions-là, on devrait y
répondre. On ne se repose pas de questions. On aura beau avoir des
comités mis sur pied, qu'on appelle les commissions de
députés, pour essayer de trouver des solutions au manque d'argent
de l'ensemble du gouvernement comme tel - parce que ce n'est pas juste le
ministère des Transports, mais pour le gouvernement comme tel -
ça ne donnera pas de réponse sur la cohérence et sur la
façon de gérer et de diriger un ministère. Il y a beaucoup
de questionnements qu'on peut faire.
Mon collègue de Lévis en a soulevé un certain
nombre, un certain nombre d'éléments qui font que, comme
Opposition, on est dans l'expectative et on doute un peu du bien-fondé
de ce projet de loi qui veut, sur un côté bien bien pratique,
dire: La, ce serait beaucoup plus rapide si c'est le ministère. Mais les
choses rapides, au gouvernement, à moins que ça n'ait
changé beaucoup dernièrement, ça n'existe pas. Ça
fait que la rapidité dans la lenteur, c'est un peu à ça
qu'on peut s'attendre avec ce projet de loi.
Et je ne crois pas que ce soit de nature à améliorer ce
ministère-là. Je pense qu'il y a des questions beaucoup plus
fondamentales qu'on doit se poser concernant la vocation de ce
ministère-là. Moi, j'ai bien l'impression que ça ne sera
pas suffisant pour nous convaincre, en disant: Les immeubles
excédentaires, on va pouvoir en disposer. Et non seulement les siens, ce
sont les immeubles acquis par d'autres ministères ou organismes.
À ce que je sache, au gouvernement, il y a la Société
immobilière qui aurait pu prétendre avoir ce pouvoir de disposer
des biens, parce que la Société immobilière a pour
fonction de gérer l'ensemble des biens qui appartiennent au
gouvernement, que ce soient des locations ou acquisitions de
bâtisses.
Pour en disposer, de ces bâtisses-là, pourquoi est-ce que
ça ne serait pas là plutôt qu'ailleurs? Parce que c'est une
question qu'on doit se poser. Pourquoi le ministère des Transports?
C'est quoi, la vocation qu'il veut se donner de disposer des immeubles acquis
par d'autres ministères ou organismes? Il devient agent d'immeubles.
Quand je sais, et quand tout le monde sait que depuis les 20 dernières
années, ou à peu près, le ministère des Transports,
il ne fait plus d'expropriation. Est-ce que vous êtes capables de me
trouver une expropriation du ministère dans les dernières
années? Moi, je n'en trouve pas dans ma région.
Le ministère des Transports, il ne veut pas acquérir
d'immeubles, si ce n'est pour ses propres fins. Et quand il les acquiert, c'est
vraiment dans sa vocation. Il n'a pas le pouvoir d'administrer et d'aller
chercher des immeubles. Donc, s'il veut en disposer, est-ce que ça
laisse supposer, M. le Président, que le ministère des Transports
pourrait acheter des immeubles comme il veut, de la façon qu'il le veut,
et qu'il pourrait en disposer par après, selon ce projet de loi? Est-ce
que le projet de loi ne cache pas ou ne donne pas vraiment la vision des
actions? Puis je sens déjà que le ministre des Transports
pourrait me répondre: Alors, M. le député de
Jonquière, vous exagérez. Vous savez bien que ce n'est pas
ça. C'est vrai que le ministre des Transports a un côté bon
enfant. C'est un bon gars. C'est un gars sympathique. Probablement qu'il ne
voit pas loin comme ça, mais il n'est pas éternel comme ministre
des Transports et, même s'il voulait tenir ça là, vous
savez bien que l'appareil gouvernemental, c'est pesant, ça.
Mon collègue de Lévis vous a démontré
suffisamment qu'au ministère des Transports, ce n'est pas juste le
ministre qui décide. Ce n'est surtout probablement pas le ministre qui
décide, quand on connaît la façon dont il est
entouré et qu'on voit l'appareil, comment il fonctionne, on voit
l'appareillage lorsqu'on est en commission parlementaire. On sent bien que le
ministre est entouré puis il a un support extraordinaire de la part des
fonctionnaires. Ce n'est pas pour rien. C'est parce que sa marge de manoeuvre
est tellement rétrécie que c'est en fait l'ensemble des gens qui
l'entourent qui décident plutôt que le ministre lui-même.
Moi, je vous dis, je regarde, j'ai beau l'entendre.
Prenons l'exemple du transport en commun. C'est un ancien maire, maire
de Kirkland. C'était ça, le ministre des Transports actuel. Quand
je le regarde et je l'écoute sur la question du transport en commun,
j'avais hâte que les municipalités prennent des
responsabilités et elles payent. Depuis combien de temps il a
changé de langage? Depuis qu'il a été élu
député de sa circonscription. Mais, pour moi, ce n'est pas
suffisant. Je pense que c'est vrai que s'il était comme ça, s'il
avait parlé comme ça comme maire, il ne serait pas demeuré
longtemps maire, et vous, M. le Président, je vous prends à
témoin.
Vous avez été maire de votre municipalité et quand
on est maire, on doit prendre ses responsabilités au nom de nos
contribuables. Un maire qui ne parle pas et qui ne défend pas ses
contribuables, qu'est-ce qu'on lui dit? La porte. C'est ça qu'on lui
dit. Dehors. Et c'est normal. C'est le jeu de la démocratie. C'est le
prix qu'on doit payer.
Parce qu'il est ministre, il a changé de langage. Moi, je ne
comprends pas ça. J'ai été maire 18 ans et ici je me
promène dans le Parlement, et tout le monde pense encore que je suis un
maire, et peut-être que je suis encore maire, dans le sens que j'ai
appris à demeurer très près de mes gens et encore à
parler avec les gens, à les écouter, et je trouve que c'est
encore drôlement important. C'est surtout la qualité la plus
importante qu'un élu doit avoir, être proche de son monde,
être capable d'écouter et transmettre ses désirs. Le
ministre des Transports, bien sûr, ne démontre pas une
volonté extraordinaire d'arrêter les hémorragies qu'on a
constatées, nous autres, dans le ministère.
Est-ce qu'on ne lui donne pas, avec ce projet de loi, un autre endroit
pour l'embêter, dans le fond, ou pour donner plus de pouvoirs à
ses fonctionnaires? Parce que si on est... Forcément, si mes propos
démontrent que dans son
ministère, le personnel a une emprise très forte sur le
ministère, c'est évident que chaque pouvoir qu'on donne à
ce ministère-là, ça renforce le pouvoir des
fonctionnaires. De ce côté-ci, je ne crois pas qu'on soit
prêt à le faire. Si on veut vraiment disposer des biens d'un
ministère quelconque, . ces biens-là, ces biens publics, on
devrait possiblement regarder vers la Société immobilière
du Québec.
Il faudrait peut-être qu'on l'enrichisse un peu, ce
ministère-là, lui donner un peu de volume parce que, dans le
fond, et encore là, si on regarde les périodes de questions,
à moins qu'il n'y ait un scandale quelconque, il n'y a pas grand
questions à poser. C'est vraiment un ministère sur lequel on se
pose la question, à savoir: Est-ce qu'il doit exister? La
Société immobilière du Québec, est-ce que c'est
vraiment un ministère ou si c'est un organisme administratif purement et
simplement? Il n'a pas de décisions politiques. Il fait juste des
échanges. Si on voulait, bien là, ça prendrait presque un
détective pour suivre toutes les transactions et les tractations qui se
font, mais il demeure que ça devrait être là qu'on canalise
pour qu'on puisse vraiment avoir un suivi sur ce qui se passe dans ce
ministère-là. (17 h 20)
Donc, il y a dans ce projet de loi une facette qui est intrigante, pour
ne pas moins dire. Il y a vraiment une possibilité que ce
ministère qui, à mes yeux, ne fait pas tout le travail pour
lequel il est en fonction, sur lequel on peut critiquer dans de nombreux
domaines - tout à l'heure, j'ai parlé du transport en commun,
c'est débarrassé - veut se débarrasser du transport par
avion, puis en même temps veut reprendre d'autres responsabilités.
Il y a des problèmes sans nombre qui ne sont pas réglés
avec les camionneurs. Ne nous cachons pas là, ce n'est pas
réglé avec les camionneurs. Venez en région, les
camionneurs crèvent tous de faim puis on leur met des normes puis des
règlements. C'est tout ça, le ministère. À cette
heure, c'est un ministère à deux têtes, c'est un oeuf
à deux jaunes. Mais il demeure que le ministère des Transports,
on l'a scindé. Ça demeure qu'on peut le prendre dans son entier,
ce ministère-là. Quant à moi, c'est un ministère
qui a des problèmes dans les deux facettes. Ce n'est pas parce qu'on l'a
coupé en deux que ça a diminué les problèmes. On
les a doublés. Ça ne va pas mieux. Seulement que ça nous
fait plus de monde à rencontrer quand on veut régler des
problèmes.
L'autre point que je veux soulever, c'est la question du remorquage.
C'est évident que le ministère veut intervenir sur les
autoroutes. On connaît la chanson, c'est que souvent il y a des gens qui
vont simuler ou vont provoquer des accidents. Ça a été
même dit ou écrit dans les journaux qu'il y avait des accidents
qui étaient provoqués pratiquement par la main de l'homme pour
pouvoir favoriser le remorquage. Ça, c'est évident que c'est
inacceptable. Par contre, le ministère, au lieu de prendre à sa
charge cette responsabilité-là, est-ce qu'il n'y aurait pas
d'autres méthodes pour l'opérer? Je pense qu'actuellement le
ministère se comporte comme s'il voulait être une grosse
municipalité. Dans l'affichage, il veut être fourré partout
puis dans la question du remorquage, il va être encore partout. Donc,
comme on sait que le ministère ne peut pas être partout, comme on
sait que vis-à-vis du réseau routier, il veut s'en
débarrasser... Ils ne sont pas capables de l'administrer. Bien, c'est
à peu près ça qui est le sens de mes propos. Pourquoi le
ministère veut-il prendre des responsabilités que, dans le fond,
il n'est pas capable d'exercer?
Voilà, M. le Président, en quelques mots le sens de mes
propos qui se veulent constructs. Ce que je dis, c'est que les fonctions qu'on
veut s'approprier seraient peut-être mieux dans d'autres
ministères et probablement qu'on aurait de meilleures réponses.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci M. le
député de Jonquière. Sur la même motion, je
reconnais maintenant M. le député de Saint-Jean.
M. Michel Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Alors, le ministre
des Transports, M. Elkas, a déposé récemment le projet de
loi 177 que nous discutons aujourd'hui. Ce projet de loi modifie la Loi sur le
ministère des Transports et la Loi sur la voirie. Alors j'aimerais, si
vous me le permettez, M. le Président, faire un survol du contenu de ce
projet de loi. Ceci nous permettra de mieux comprendre les impacts du projet de
loi 177.
Alors, ce projet de loi modifie, comme je l'ai dit, la Loi sur le
ministère des Transports et la Loi sur la voirie à l'égard
du pouvoir du ministre des Transports de disposer des immeubles
excédentaires. Il permet également au gouvernement d'interdire
par règlement le remorquage par dépanneuse des véhicules
routiers sur certains chemins entretenus par le ministère. Et cela, tout
en permettant à ce dernier de conclure un contrat pour l'exercice
exclusif de cette activité. Voilà qui résume assez bien,
M. le Président, le contenu du projet de loi modifiant la Loi sur le
ministère des Transports et la Loi sur la voirie. Ainsi, comme on peut
le constater, il s'agit là d'un projet de loi visant à modifier
les pouvoirs du ministère des Transports.
J'aborderai maintenant les dispositions concernant les immeubles
excédentaires. Le ministère des Transports, on le sait,
exécute des travaux de construction ou d'aménagement. De plus, il
possède, en vertu de la Loi sur le ministère des Transports et de
la Loi sur la voirie, d'importants pouvoirs d'acquisition de biens. Il
peut également disposer de biens lorsqu'ils ne sont plus requis.
Depuis que la Société immobilière du Québec a
remplacé le ministère des Travaux publics, le ministère
des Transports a hérité de certains pouvoirs du ministère
des Travaux publics. Ces pouvoirs, M. le Président, concernent
l'acquisition de biens pour le compte d'autres organismes ou ministères
et la disposition de ces biens lorsqu'ils ne sont plus requis.
En fait, lorsque le ministère des Transports dispose de biens
qu'il a acquis pour lui-même, ou pour d'autres ministères ou
organismes, il doit respecter les conditions établies par
règlement du gouvernement. Par ailleurs, en application de la Loi sur
l'administration financière, le Conseil du trésor a
procédé à l'adoption d'un règlement. Ce
règlement, M. le Président, confère au ministre des
Transports la responsabilité de disposer des immeubles
déclarés excédentaires par les autres ministères ou
organismes, cela, après que ces mêmes ministères ou
organismes aient acquis ces immeubles par eux-mêmes ou par
l'intermédiaire de l'ancien ministère des Travaux publics.
De plus, M. le Président, chaque disposition faite sous
l'autorité du règlement du Conseil du trésor est donc
accompagnée d'un décret afin d'éviter toute contestation
judiciaire du pouvoir de disposition. En d'autres termes, la disposition des
immeubles excédentaires par le ministère des Transports fait
l'objet de deux pouvoirs réglementaires: l'un du gouvernement et l'autre
du Conseil du trésor. D'autre part, un décret doit être
adopté lorsqu'il s'agit de disposer d'un immeuble acquis par un autre
ministère ou organisme.
Alors, M. le Président, vous comprendrez que ce double
régime de disposition d'immeubles qui ne sont plus requis rend
pénible la gestion des immeubles excédentaires, d'autant plus que
ce régime est compliqué par des dispositions législatives
et réglementaires non harmonisées. On peut aussi facilement
s'imaginer que cela comporte des coûts administratifs d'importance.
Également, le recours à un décret, dans le cas d'une
disposition d'immeuble acquis par un autre ministère ou organisme que le
ministère des Transports, comporte des délais très souvent
injustifiés. On peut donc bien comprendre, M. le Président,
à la lumière de ces faits, les raisons pour lesquelles des
modifications sont tout à fait nécessaires.
M. le Président, notre gouvernement en est venu à la
conclusion suivante: afin d'éviter d'avoir à recourir à
l'adoption d'un décret dans le cas de disposition d'un immeuble
excédentaire acquis par un organisme ou par un autre ministère
que le ministère des Transports, le gouvernement éablit par une
disposition législative le pourquoi de ce ministère de
procéder à une telle disposition. Aussi, pour uniformiser le
régime de disposition des immeubles excédentaires, le
gouvernement du Québec a conclu que toutes les dispositions d'immeubles
devraient être assujet- ties à un seul règlement du
gouvernement ou du Conseil du trésor.
Donc, dans un premier temps, nous avons décidé
d'assujettir à un seul et même régime réglementaire,
celui du Conseil du trésor, toutes les dispositions d'immeubles
excédentaires faites par le ministère des Transports. Enfin, nous
avons décidé d'attribuer expressément par voie
législative, au ministre des Transports, le pouvoir de disposer des
immeubles excédentaires autrefois acquis par un autre ministère
ou organisme.
M. le Président, il fallait revoir l'administration du programme
de disposition des immeubles excédentaires. Nous l'avons fait. Je crois
sincèrement que la solution envisagée est la meilleure.
J'aborderai maintenant, M. le Président, les mesures incluses
dans le projet de loi 177 concernant le remorquage exclusif. On sait que sur
certaines voies de circulation, dans la région de Montréal plus
précisément, un règlement interdit, sous peine d'amende,
le remorquage ou le déplacement d'un véhicule immobilisé,
sauf dans les cas où le remorquage est effectué par un remorqueur
ayant un contrat exclusif avec le ministère des Transports. (17 h
30)
M. le Président, ce règlement adopté en vertu de
l'ancien code de la route n'aurait pas l'habilitation législative
souhaitée. Le ministère pourrait, sans doute, en tant que
responsable de l'entretien de ces voies, continuer d'octroyer des contrats de
dépannage exclusifs. Le gouvernement du Québec, par l'entremise
du ministre des Transports, a donc élaboré une solution. Le
projet de loi modifiant la Loi sur le ministère des Transports et la Loi
sur la voirie propose ainsi de permettre au gouvernement d'interdire, sous
peine d'amende et de remisage, le remorquage sur certaines voies de
communication qu'il indique et qui sont entretenues par le ministère des
Transports.
Le projet de loi 177 précise toutefois que le ministre des
Transports pourrait conclure un contrat pour l'exercice exclusif de cette
activité sur ces voies. M. le Président, l'avantage de cette
solution est d'assurer la sécurité publique sur certaines voies
à circulation rapide et cela, en empêchant les compagnies de
remorquage de se faire concurrence pour se rendre sur les lieux d'un accident
aux endroits où la sécurité routière pourrait
être compromise.
Cependant, si l'on veut parler d'inconvénient, on peut
mentionner, évidemment, que cette solution pourrait brimer la
liberté de choix des conducteurs de véhicules qui sont en panne
et qui doivent confier le remorquage de leur véhicule à une
entreprise de remorquage. Mais cet inconvénient est compensé par
un système d'appel d'offres et, évidemment, un contrat
d'exclusivité. Ce dernier protégerait tout d'abord le
consommateur contre des tarifs de remorquage souvent usuraires. Enfin, il
assurerait la dis-
ponibilité en tout temps, ce qui est d'ailleurs non
négligeable, particulièrement en période de fort
achalandage comme lors des tempêtes d'hiver. La population serait donc
assurée de pouvoir bénéficier d'un service de remorquage
identifié. Également, M. le Président, ce problème
n'est pas seulement sur les routes ou autoroutes de la région de
Montréal; on le retrouve aussi à l'extérieur et souvent en
périphérie de Montréal. J'ai eu, d'ailleurs, des
commentaires à cet effet de différentes associations de
remorqueurs. On a eu des demandes, aussi, à l'effet qu'on puisse inclure
d'autres régions dans ce projet de loi.
On peut facilement le constater, ce projet de loi modifiant la Loi sur
le ministère des Transports et la Loi sur la voirie est tout à
fait nécessaire. D'une part, il facilite l'administration du programme
de disposition des immeubles excédentaires et, d'autre part, il permet
d'assurer la sécurité des usagers de la route en cas de panne sur
certaines voies rapides et sur certains ponts. Ce projet de loi,
évidemment, est d'ordre administratif. Par ailleurs, il devrait rendre
le programme de disposition des immeubles excédentaires du
ministère des Transports beaucoup plus efficace et moins
coûteux.
M. le Président, je termine simplement en remerciant le ministre
des Transports d'avoir soumis à l'attention des membres de cette
Assemblée le projet de loi 177, un projet de loi qui, sans contredit,
améliorera la Loi sur le ministère des Transports et la Loi sur
la voirie. M. le Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Saint-Jean, de votre intervention. Sur ce même
sujet, et je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous en sommes
à l'étude de l'adoption du principe du projet de loi 177, Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Transports et la Loi sur la
voirie, je cède la parole à M. le député
d'Arthabaska. M. le député.
M. Jacques Baril
M. Baril: Merci, M. le Président. En écoutant
attentivement parler mes collègues de l'Assemblée nationale sur
ce projet de loi, le projet de loi 177, qui donne de nouveaux pouvoirs au
ministre des Transports pour revendre - pas juste les siens - les surplus
immobiliers de tous les autres ministères, je vous dirai, M. le
Président, que ça m'a fait un peu sursauter. D'abord, parce que
le ministère des Transports avait le pouvoir de vendre lui-même
ses surplus d'immeubles. Quand on sait, quand on connaît le temps qu'ils
prenaient pour les revendre et la façon dont ils les vendaient, en plus,
et que là, on dit: Maintenant, on n'a pas le temps de faire les
nôtres, mais on va faire ceux de tous les autres ministères. C'est
inquiétant!
Je pourrais donner quelques exemples. À Plessisville, dans mon
comté, le ministère des
Transports avait acquis un surplus de terrain avec le temps, pour
l'élargissement d'une route, qu'il n'a pas utilisé. Les
propriétaires riverains, de mémoire, ça fait au moins cinq
à six ans, sinon sept, qu'ils veulent acquérir ce
terrain-là pour au moins couper les mauvaises herbes qu'il y a dessus,
pour au moins se débarrasser de ces mauvaises herbes là. Le
ministère des Transports disait: On n'a pas le temps de s'en occuper
parce qu'il faut que nos arpenteurs aillent vérifier ça, il faut
que ça soit cadastré pour être sûr que, lorsqu'on le
remettra en vente, pour être certain de notre coup, qu'on vende du
terrain qui nous appartient et non pas du terrain qui appartient à un
autre. Ça fait cinq ou six ans que c'est en marche et, là, j'ai
appris dernièrement qu'enfin le ministère des Transports a fait
une intervention. Ils sont allés mesurer le terrain et, là, ils
l'ont offert aux voisins. Ça va être au plus offrant.
C'est un exemple bien petit, bien mince, si on compare que maintenant le
ministère des Transports veut se rendre responsable de tout revendre
l'ensemble des immeubles appartenant à tous les autres ministères
et les organismes. C'est inquiétant. Mais ça démontre une
autre chose. Il y a une personne qui travaille à l'intérieur du
ministère qui me disait dernièrement: Maintenant que le
sous-ministre en titre est arrivé au ministère, on a
complètement changé de politique. Là, pour être
capable de justifier un emploi, pour être capable d'évaluer une
personne, un nouveau directeur, ce n'est pas nécessaire que tu sois
ingénieur, que tu sois un architecte ou que tu sois un évaluateur
si tu as besoin d'une personne comme telle, en autant que tu puisses
démontrer que tu es un bon administrateur. Tu peux être un
comptable ou avoir des spécialités en administration. Tu ne
connais rien dans l'ingénierie, tu ne connais rien dans
l'évaluation, tu ne connais rien dans l'architecture, mais tu
"gestionnes".
Cette nouvelle façon d'administrer le ministère des
Transports par le sous-ministre qui est en place est en train de tout
congestionner le fonctionnement du ministère des Transports. Et
ça, l'information me vient à l'interne. Des fois, on nous en dit
beaucoup. Quand bien même on n'en prendrait seulement que 50 % de ce
qu'on nous dit, c'est déjà trop, M. le Président. C'est
déjà trop, ce que l'on nous dit. Ça n'a pas de bon sens.
On est en train de congestionner le ministère des Transports.
Supposément, on veut bien "gestionner" le ministère des
Transports. Il y a des gens totalement incompétents dans le secteur
où ils sont engagés. Je ne dis pas que la personne est
incompétente dans son métier, dans sa profession, mais c'est quoi
la raison pour laquelle on l'a engagée, pour laquelle on requiert ses
services d'aucune compétence? Et là, pendant que les autres
fonctionnaires - eux autres qui sont plus bas dans l'échelon - essaient
d'expliquer la raison de la demande ou de la dépense
du ministère que l'autre en haut ne comprend pas, le temps passe.
Tu paies ton monde à ne rien faire et il n'y a rien qui se passe. C'est
comme ça que ça marche.
Sous la gouverne du Parti québécois, on utilisait beaucoup
les fonctionnaires du ministère des Transports dans les régions
pour faire un relevé des routes, pour faire les plans
préliminaires pour la construction de rangs, entre autres, et de routes
aussi. Avec l'arrivée au pouvoir du Parti libéral en 1985 - je
vais vous donner, encore une fois, l'exemple dans le comté d'Arthabaska
- on a donné à une firme privée locale un relevé de
tous les rangs, même les culs-de-sac où il n'y a pas un chat qui
réside là. Elle a fait un relevé pour faire les plans
préliminaires de tous les rangs qui peuvent exister dans le comté
d'Arthabaska. On a fait faire ça par une firme privée pendant
qu'on n'a remercié - évidemment, ils sont syndiqués -
aucun arpenteur et aucun ingénieur du ministère des Transports
qui, avant, les effectuaient eux autres mêmes. Donc, voyez-vous,
ça a coûté des coûts supplémentaires. On me
dit qu'il y a des plans de faits pour les 20 prochaines années, au moins
pour les 20 prochaines années, et là, on redonne aux
municipalités l'entretien et la construction de ces rangs-là, les
petits rangs, etc., tout ça.
Donc, là, on vient nous dire: On connaît ça. Nous
autres, on connaît ça administrer, on connaît ça
gérer. l_à, on va gérer tout le champ immobilier de
l'ensemble des autres ministères et des sociétés
gouvernementales. Nous autres, il faut approuver ça, il faut voter
là-dessus, il faut dire: Oui, on a confiance dans le ministère
des Transports, en donnant des exemples comme ceux que je viens de donner
actuellement. (17 h 40)
C'est scandaleux, M. le Président, d'avoir un projet de loi comme
ça. Mon collègue de Lévis le disait tout à l'heure.
Avec, je pense, toute la bonhomie que je connais du ministre, son
honnêteté, sa franchise; il est ouvert. C'est malheureux. C'est
vrai, c'est un bon gars, je n'en doute pas. C'est un bon gars. C'est
malheureux, c'est de valeur, ce n'est pas lui qui mène et c'est
ça qui est choquant. Ici, à l'Assemblée nationale, on est
des élus. Ce n'est pas le sous-ministre qui se fait élire.
Une voix: Vous allez pas mal trop loin.
M. Baril: Non, non, je ne vais pas trop loin. C'est ça, la
vérité, M. le Président. Ce n'est pas le sous-ministre, ce
ne sont pas les fonctionnaires qui vont se faire élire à la
prochaine élection. Mais, par contre, ce sont les ministres, ce sont les
députés qui sont obligés de justifier des décisions
injustifiables au niveau de la population. C'est ça qui fait mal
à un gouvernement. C'est ça qui n'a pas de bon sens.
Vous savez, M. le Président, j'ai été de l'autre
bord, moi aussi. J'ai été au gouvernement.
Neuf années que j'ai été au gouvernement et,
à la fin du deuxième mandat, les mêmes choses qui se
passent actuellement chez vous se passaient chez nous. Bien honnêtement,
je vous le dis. Les fonctionnaires avaient pris l'emprise sur la gouverne et
c'est eux autres qui gouvernaient, et ils convainquaient les ministres
d'à peu près n'importe quoi. Certains ministres, je dois dire.
Certains ministres, ils les convainquaient d'à peu près n'importe
quoi. Comment?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le député, vous pouvez poursuivre. Je
demanderais l'attention des collègues. Je vous écoute
attentivement. Si vous voulez poursuivre, M. le député.
M. Baril: Moi, M. le Président, vous savez, ce que je dis
là, c'est pour faire part à cette Assemblée de
l'expérience que j'ai vécue. Moi, l'expérience que j'ai
vécue, ça a été enrichissant pour moi et j'aimerais
transmettre cette expérience-là à vous autres qui
êtes sur les banquettes et qui vous apprêtez à voter
aveuglément ce projet de loi, comme il pourrait y en avoir bien
d'autres. C'est ça qui est dangereux. Ça, c'est la fin d'un
gouvernement. Je vous le dis. Vous riez? Vous allez vous faire "pogner". Vous
êtes dans le tunnel. Vous êtes "pognés" le bras dans le
tordeur et vous vous en allez avec ça. D'ailleurs, on a juste à
se promener sur le terrain et on le sait, quelle est l'impression de la
population envers le gouvernement actuel. Les derniers sondages sont
révélateurs. Je pense que c'est 68 % ou 69 % d'insatisfaction.
Ça, c'est pourquoi? C'est parce que c'est vous tous, de l'autre
côté, qui êtes - je vais vous choquer, là - soumis.
Vous êtes soumis aux volontés des fonctionnaires qui vous passent
n'importe quoi. Réveillez-vous! Tenez-leur tête et dites:
Ça n'a pas de bons sens.
Une voix: C'est tous des péquistes.
M. Baril: Je suis obligé de dire: Brassez le ministre.
J'entends, M. le Président: "C'est tous des péquistes."
Première connaissance; ça va changer et ça change
rapidement si c'est tous des péquistes. Si on regarde les
dernières nominations que le Conseil des ministres a publiées
dernièrement, au niveau d'un commissaire à la Commission de
protection du territoire agricole, il y a un nommé Désilets,
membre du Parti libéral, président de l'exécutif du Parti
libéral de Richmond et organisateur en chef dans le comté de
Richmond de 1964 à 1985. Là, je vous donne les années, de
mémoire. Et on dit que c'est tous des péquistes. Voyons donc! On
pourrait vous en défiler une gang. J'en nomme deux ou trois autres
ici.
Le sous-ministre, M. Bard, c'était le trésorier du premier
ministre durant je ne sais combien d'années. Ce n'est pas un
péquiste, ça,
actuellement, le sous-ministre en titre. C'est son droit d'avoir
l'allégeance politique qu'il veut, on est dans un pays libre. Je n'ai
rien contre ça, mais c'était juste pour répliquer quand
les gens disent: C'est tous des péquistes qui gouvernent. Un instant! Un
instant, M. le Président. C'est pour ça que je vous dis, quant au
projet de loi 177, l'intervention que je veux faire, c'est juste pour
réveiller un peu les gens des banquettes qui sont à ma gauche et
en face de nous autres pour que les gens se réveillent un peu et se
disent: Wo! Où est-ce qu'on s'en va, là? Quelle sorte de projet
de loi les fonctionnaires nous préparent-ils?
Je pensais être capable de parler aujourd'hui sur un autre projet
de loi, sur l'affichage. J'ai vu, cette semaine, comment les fonctionnaires
menaient. Le ministre, malheureusement, ne connaissait pas son projet de loi.
Comprenez-vous? Les réponses provenaient du fonctionnaire qui fouillait
dans des cahiers gros comme ça pour venir à bout de retrouver un
article de loi. Moi, je disais: Ça n'a pas de bon sens, ce que vous
dites. Ça n'a pas de bon sens, ce n'est pas de même qu'on marche.
Il a essayé autant comme autant de trouver l'article. Je ne sais pas.
Pour moi, il l'a trouvé et il ne me l'a pas dit parce qu'il s'est
aperçu que c'était moi qui avais raison. Durant ce
temps-là, on convainc, on vend ça aux députés pour
dire: On va régler un problème. Maintenant, c'est le
ministère des Transports qui va - excusez l'expression - "ges-tionner"
l'ensemble du gouvernement. Il va "gestionner" l'ensemble du gouvernement.
Ça n'a pas de bon sens avec tous les scandales, les dépassements
d'argent, les bouts de route. On se lamente dans les comtés pour avoir
de l'argent pour faire nos routes. On n'en a pas.
Je ne reprendrai pas tous les exemples que le député de
Lévis a donnés tout à l'heure sur les dépenses
inutiles qui se font. Combien de firmes privées actuellement profitent
du système? Et là, ces firmes privées là, on sait
de quelle façon elles sont choisies. Ce qui est étonnant, c'est
pourquoi le ministère des Transports veut s'accaparer de ce
pouvoir-là?
Quand c'est le temps d'acheter quelque chose, tous les autres
ministères sont obligés de passer par le ministère des
Approvisionnements et Services qui, lui, passe par la Société
immobilière et là, en retour, quand vient le temps de les vendre,
bien là, ils ne sont plus capables de faire ça, eux autres.
Ça va être le ministère des Transports qui va vendre
ça.
Pourquoi le ministère des Transports? Pourquoi prendre ça?
Pourquoi faire une autre structure? Est-ce que c'est pour prouver l'engagement
qu'on a fait depuis un certain temps à ce ministère-là
d'administrateur... des gens qui ont une formation uniquement dans la gestion?
Pourquoi est-ce qu'on fait ça? C'est étonnant. Je vous le dis
comme je le pense: Je trouve ça regrettable que le ministre actuel des
Transports embarque là-dedans puis qu'il dise: C'est un bon projet de
loi et on va améliorer la situation.
Durant tout ce temps-là, ça amplifie la perte de confiance
que la population a envers ce gouvernèment-là. Et ça
signifie davantage la soumission que les députés ont. Je le
répète, je vous le dis, je parle par expérience. Je ne
voudrais pas que vous pensiez, les députés d'en face, les
députés du gouvernement... Ne pensez pas que je dis ça par
mépris. Je vous dis ça simplement par expérience. Je parle
par expérience.
L'autre sujet, M. le Président, c'est au niveau du remorquage. Si
on lit l'article 7 de la loi, on dit: "Le gouvernement peut, par
règlement, interdire le remorquage par dépanneuse sur tout ou
partie d'un chemin public qu'il indique parmi les autoroutes, les sections
d'autoroutes et les ponts, entretenus par le ministre." On dit bien: "interdit
le remorquage par dépanneuse". On ne dit pas qu'il va permettre le
remorquage, il va interdire le remorquage.
Bon, s'il y a un véhicule en panne, un accident ou quelque chose,
qui va faire le remorquage? Ils vont interdire le remorquage. Là, on
nous explique qu'ils vont donner des contrats - ça va être sur
contrat - à différentes firmes spécialisées dans le
remorquage. On ne dit pas ça dans le projet de loi, mais dans les
discours que le ministre a prononcés et de certains de ses
collègues, ils vont donner ça par contrat. Bon, par
expérience, on s'aperçoit que dans certains...
J'ai déjà eu connaissance de commentaires... Dans certains
endroits, ça se fait et les gens sont obligés de payer un prix de
fou parce que tu enlèves la compétition. Tu enlèves la
compétition, tu as seulement une compagnie de remorquage qui fait le
remorquage. N'en appelle pas d'autres; elles n'ont pas le droit d'y aller, pas
le droit d'aller là. Donc, le prix est fixé, et peu importe que
tu aies un accident ou un bris grave ou moins grave de ton véhicule, tu
paies le même prix pareil. Si tu n'en a rien qu'un, tu n'as pas le choix.
Et on se dit dans un pays libre. On se dit pour la libre entreprise.
C'est un gouvernement pour la libre entreprise, mais on empêche...
On va dire maintenant: Ça va être juste Jos Bleau qui va faire
ça. Les autres n'ont plus le droit. Fini! Allez-vous-en. Gagnez votre
croûte ailleurs. C'est ça qui est inquiétant de la part de
ce gouvernement d'arriver et de parler de grande liberté d'entreprise
et, après ça, ils s'en viennent avec un petit projet de loi d'une
dizaine d'articles, qui a l'air anodin. C'est toujours ça, les projets
de loi.
Je vérifiais cette semaine les projets de loi qu'on va avoir
à adopter durant cette session-ci. Si ce n'est du Code civil, les
autres, les gros projets de loi, c'est 40 articles environ. La plupart, c'est
en bas de 10 ou 15 articles. Et là, on dit: On est un bon gouvernement
puis on en fait des choses, nous autres.
Pendant que l'économie est "sur la bum", les gens s'arrachent les
cheveux, ils ne savent pas quoi faire. Encore cet après-midi, dans mon
comté, une pauvre dame appelle toute en peine et avec raison. Une
famille, trois enfants: Hydro vient de couper l'électricité.
Aujourd'hui, on est le 13 novembre et on coupe l'électricité.
Paf! Plus rien, plus moyen d'entente. Bon, l'hiver est là. L'hiver est
à nos portes. Il y a de la neige dehors. C'est triste M. le
Président. Ce n'est pas des farces.
Durant ce temps-là, on dépense des millions. Là, on
a un projet de loi aussi, ici en Chambre, qui nous est amené là
pour permettre à Hydro-Québec d'augmenter les tarifs encore de 3
%. Le monde n'est pas capable de payer l'électricité telle
qu'elle est là. Le gouvernement va permettre à Hydro, pour
compenser les exigences du gouvernement, les redevances qu'il exige
d'Hydro-Québec, les emprunts qu'Hydro-Québec est obligée
de faire... Elle est obligée de payer pour ça, de donner
ça au gouvernement. Mais Hydro, en retour, est obligée
d'augmenter ses tarifs de 3 % pendant que le monde n'est pas capable de les
payer, hein? (17 h 50)
Mais on "gestionne", on est des bons gestionnaires, nous autres!
Ça va bien, tout le monde part avec la caisse! On arrive avec au-dessus
de 4 000 000 000 $ de déficit, puis ça marche pareil. Ça
va bien, hein? Il n'y a pas de problème. Donc, M. le Président,
je pense qu'avec la démonstration la plus simple possible que j'ai
essayé de faire dans ce court exposé, c'est bien évident
que vous connaissez mon intention de ne pas voter pour ce projet de loi,
à moins qu'il n'y ait des amendements exceptionnels durant
l'étude article par article. Peut-être qu'avec ce que j'ai
amené on va faire réfléchir les députés du
gouvernement. Lors d'un caucus futur, ils vont parler à leur ministre,
et ils vont dire: Avant de nous amener des projets de loi, on va les
étudier comme il faut. On va étudier toutes les implications que
ce projet de loi là va avoir dans mon milieu.
Si chaque député se donnait la peine, M. le
Président, de regarder les conséquences que n'importe quel projet
de loi peut avoir dans son comté, dans son milieu, dans son propre monde
à lui, qu'il connaisse... Tous les députés sont assez
présents dans les comtés, ils connaissent beaucoup de monde.
S'ils faisaient une évaluation des conséquences négatives
qu'ils amènent dans leurs comtés, je vous garantis, M. le
Président, qu'on aurait des projets de loi beaucoup mieux
préparés, beaucoup mieux structurés, qui
répondraient réellement aux besoins de la population.
C'est comme ça qu'on serait capable d'avoir un Québec
beaucoup plus fort, un Québec beaucoup plus dynamique, que d'être
capable de s'administrer comme on s'administre là, à la petite
semaine. On nous arrive avec des petits projets de loi pensés,
réfléchis par des fonction- naires qui pensent régler des
problèmes. Mais, en soi, ils amplifient les problèmes. Ils
pensent enlever des problèmes, mais ils créent des
problèmes tellement plus graves que ceux qu'ils essaient de corriger.
Ceux qu'ils pensent corriger sont complètement effacés de ceux
qu'ils créent.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
ce projet de loi 177? Est-ce que vous voulez exercer votre droit de
réplique?
M. Elkas: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Transports, en vertu de votre droit de réplique.
M. Sam L. Elkas (réplique)
M. Elkas: M. le Président, normalement, je n'aurais pas
pris le temps de mon droit de réplique. J'étais à
l'écoute de l'Opposition et j'ai trouvé, d'ailleurs, assez
honteux qu'on fasse des discours semblables. Comme vous le savez
peut-être, M. le Président, j'ai servi le public pendant 19 ans.
Je n'ai jamais vu une affaire semblable où les gens doivent penser
qu'ils doivent s'opposer. 'The Opposition is there to oppose only when it makes
sense".
Malheureusement, le député de Lévis, qui comprend
bien le fond de cette loi, qui comprend bien que c'est une amélioration
sur ce qu'on a déposé au mois de décembre, l'an
passé, un projet de loi pour lequel il m'a d'ailleurs
félicité... L'esprit d'ouverture, qu'il a dit, ce ministre qui
est prêt à écouter les gens, ce ministre qui est prêt
à améliorer le sort de la société
québécoise. Il a le front, aujourd'hui, M. le Président,
d'exercer une malhonnêteté, une... Non, non, je dois vous dire, M.
le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
s'il vous plaît. Je vous demanderais de retirer vos derniers propos, "une
malhonnêteté". Je vous demande de retirer ces propos
immédiatement, M. le ministre.
M. Elkas: J'étais pour dire: malhonnêteté
intellectuelle...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II faut... Même
"malhonnêteté intellectuelle", vous devez retirer ces
mots-là.
M. Elkas: Si je dois les retirer, je les retire. Je les retire,
M. le Président. Peut-être le fait que je m'exprime dans mon autre
langue, vous allez comprendre que je ne suis peut-être pas en mesure de
répondre ou, d'ailleurs, de m'exprimer d'une façon qui est
acceptable à cette Chambre. Alors je m'excuse, mais j'espère que
vous allez comprendre que le point que je
voulais faire, c'est que j'ai pris le temps, M. le Président,
d'exprimer la raison pour laquelle on voulait déposer ce projet de
loi.
Lorsqu'on a déposé le projet de loi 108, l'an
passé, on avait expliqué à l'Opposition que... Oui,
j'espère qu'il va y avoir des améliorations au projet de loi,
j'espère qu'on va toujours amener des améliorations au niveau du
projet de loi.
Le député d'Arthabaska a le front de se lever ici, ce
soir, et dire: II nous arrive avec des petites affaires qui nous font perdre
notre temps. Mais ils ont pris beaucoup de notre temps, du temps très
très précieux pour peut-être, pour dire exactement ce qui
n'est pas correct. Vous êtes prêt à lire un article, mais
vous n'allez pas au deuxième article. Quand vous regardez un projet de
loi, prenez donc le temps, pour l'amour du bon Dieu, de lire l'article et aussi
de lire la deuxième partie de l'article qui dit - et je vais vous
l'expliquer... On va aller au deuxième article: "L'article 11.4 de cette
loi est remplacé par le suivant". Les gens sont inquiets qu'on va faire
des choses qui ne sont pas correctes. "Le ministre ne peut disposer d'un
immeuble qu'aux conditions prescrites par un règlement
édicté en vertu de la Loi sur l'administration
financière." Pourquoi le refléter dans la loi si, d'ailleurs, on
doit suivre la loi de l'administration financière? Chose que je ne
comprends pas.
On va aller au deuxième point. Le deuxième point que vous
avez soulevé: le remorquage. Même chose. Pourquoi le
refléter? Je ne peux pas demander à mes amis s'ils veulent venir
en appel d'offres. Je ne peux pas appeler un "chum" et dire: Veux-tu venir
faire un appel d'offres? Je dois respecter la Loi sur l'administration
financière. Pourquoi faire du dédoublement? Ça
démontre clairement comment inefficaces vous étiez quand vous
étiez là entre 1975 et 1985. Vous avez démontré -
dans votre cas, clairement...
C'est pour ça que, dans mon cas, je regarde comment c'est
pénible d'essayer de gérer un ministère où vous
autres, pendant la période 1975 à 1985, vous n'avez rien fait au
niveau de l'amélioration des routes sur notre territoire. C'est
malheureux. C'est malheureux et le député de Jonquière,
qui est un ancien maire, doit bien comprendre ce que c'est, l'entretien
préventif. Il n'a jamais connu ce que c'était. Il n'a jamais
connu ce que c'était. Ça me fait quasiment pleurer de voir la
condition de nos routes, ce dont on a hérité et ce qu'on est pris
à réparer parce qu'il y a eu un manque de votre
côté. Je trouve ça vraiment honteux, honteux. Le
député de Lévis se lève et il dit: Ah! Dans le West
Island, ils ont creusé un tunnel pour les gens qui jouent au golf.
Pourquoi vous ne dites pas aux gens la raison pour laquelle ça a
été fait? Pourquoi vous ne le dites pas? Il y en avait un avant.
D'ailleurs, il fallait le refaire. On a creusé une route et on a
défait le tunnel qui était existant, qui était là
pendant des années.
Vous ne voyagez jamais, jamais. Sortez donc un petit peu. Sortez donc un
petit peu. Le député d'Arthabaska aussi. Ça existe plus
que seulement... Je respecte les gens de votre comté. Je pense que c'est
important de voyager aussi, voir ce qui se passe ailleurs. Allez donc voir ce
qui s'est passé sur le Métropolitain l'an passé. Pas une
tôle de déposée, d'argent d'entretien préventif qui
a été mis sur le Métropolitain. Ça nous a
coûté 82 000 000 $. S'il vous aviez eu le moindrement
d'intelligence dans votre temps, vous auriez mis de l'argent dans l'entretien,
un petit peu d'argent. Mais le problème, M. le Président,
c'était la banqueroute ce gouvernement-là dans le temps. C'est
pour ça. Pas une maudite tôle.
M. le Président, je dois vous dire que gérer une
boîte comme la nôtre, ce n'est pas facile. Mais de me faire accuser
du fait qu'on n'est pas là, que le sous-ministre mène tout...
J'ai des petites nouvelles pour le député de Lévis et ses
collègues. Ils ont juste à se promener sur nos routes
d'aujourd'hui. Les lois qu'on a déposées ont aidé la
société québécoise.
Le député de Lévis, dans le temps, était
là, M. le Président, quand ils ont complètement
enlevé le contrôle routier. J'aimerais que le député
de Lévis comprenne ça. Il était ministre dans le temps,
pas ministre des transports, mais il était là. Il doit prendre
ses responsabilités aussi. Il était là et il disait: Oui,
le contrôleur routier, on va s'en débarrasser. Tout ça
parce qu'il était en banqueroute. Il ne pouvait pas les payer. Il
était aussi en conflit de travail. Vous comprenez, c'est trop difficile
d'essayer de régler les problèmes. Savez-vous ce qu'on a fait? Le
chef de l'Opposition qui était ministre des Finances dans le temps a
dit: On va s'en débarrasser. Résultat: Les routes, "free for all"
pour tous les camionneurs. Envoie, n'importe quoi! Personne n'était
là pour régler les problèmes ou contrôler. Puis
ça, vous le savez. D'ailleurs, ils m'ont félicité l'an
passé, à la fin de l'année, ils m'ont dit: Sam, tu as bien
fait ça. Je te félicite, c'est bien bon. Finalement, on va avoir
du contrôle. (18 heures)
Des voix: Bravo!
M. Elkas: La chose qui me préoccupe, M. le
Président, c'est que la sécurité routière, c'est
très important pour moi. Je ne peux pas accepter qu'on ait 1 800
personnes qui meurent à tous les ans sur nos routes, ce qui était
le cas dans leur temps. Ils savent fort bien, puis ils n'ont pas le courage de
se lever en Chambre puis de dire: M. le ministre, je vous félicite sur
les derniers résultats. C'est peut-être le sous-ministre qui
était responsable, ou le sous-ministre adjoint qui était
responsable. On a démontré le leadership dans ces
dossiers-là, M. le Président.
M. le Président, en 1990, on a "posté" notre
meilleur bilan sur nos routes, 1 083 morts sur nos routes. C'est
beaucoup trop. Mais comparé à 1800 dans le temps des
péquistes, c'est une belle amélioration. On a mis nos culottes.
On a accepté nos responsabilités. M. le Président, une
réduction de 5,6 %, année par année, de 1990 à
1989. Cette année, après 8 mois, une réduction de 5 % sur
l'an passé. C'est quelque chose comme une contribution positive qu'on a
faite. L'amélioration des routes, évidemment; les gens ne se
cassent pas la gueule comme ils le faisaient autrefois. On a passé des
règlements qu'on a mis en place et qui ont pu permettre aux services
policiers d'agir d'une façon positive. Vous allez dire que c'est une
mauvaise gestion. Pensez-y donc, 1800 morts dans votre temps puis 1000 dans
notre temps. C'est encore trop, mais n'allez pas critiquer le gouvernement
parce qu'il a livré la marchandise. C'est justement ça, M. le
Président, qui me préoccupe.
On me questionne sur la question des remorqueurs. Ils savent fort bien
aujourd'hui, les remorqueurs, ils le savent, ça aussi, que dans les
grandes régions, surtout à Montréal, sur les autoroutes,
s'il n'y a pas de réglementation, ils sont une dizaine qui chassent le
véhicule. Ça tombe sur le véhicule pour aller le
remorquer. Ce projet de loi n'est pas difficile, il n'est pas compliqué.
Tout ce qu'il dit: Bien là, dorénavant, il va y avoir un
remorqueur qui va y aller. Il n'y en aura cinq, six qui vont se casser la
gueule pour se rendre, pour aller chercher l'automobile en panne. C'est tout ce
qu'on demande; ce n'est pas grand-chose. Mais là, on nous arrive avec
des affaires, ce soir, où on parle de quelqu'un qui peut manquer
d'électricité, ou se l'est fait couper; je ne sais pas ce que
ça a à faire avec un remorqueur.
Puis justement, une gestion saine. L'efficacité, M. le
Président, ils n'ont jamais connu ce que c'était de
l'efficacité. "They cannot even spell it." M. le Président,
ça m'inquiète quand on est pris devant une situation semblable
dans une loi qui va aider à réduire les coûts et rendre le
gouvernement beaucoup plus efficace. Puis j'en ai quatre comme ça
pendant cette période. J'en ai quatre qui vont venir améliorer
l'efficacité du gouvernement. M. le Président, tout ce que j'ai
à vous dire, c'est que c'est déplorable de prendre le temps des
députés de cette Chambre pour répondre à des
affaires... Il y a des sorties qui ont été faites gratuitement,
qui ont été faites par l'Opposition. Je vous remercie
beaucoup.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, Mme la
députée de Johnson, vous avez une demande à faire à
la présidence?
Mme Juneau: M. le Président, est-ce qu'en vertu de
l'article 213 de notre règlement le ministre accepterait de
répondre à une question?
Le Vice-Président (M. Bissonnet):
M. le mi nistre des Transports, est-ce que vous acceptez une question,
qui doit être brève, de la députée de Johnson, en
vertu de l'article 213?
M. Elkas: Non.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député de Fabre. Vos remarques sont
inappropriées.
Est-ce que le principe du projet de loi 177, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Transports et la Loi sur la voirie, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Bélisle: Oui, M. le Président, je fais motion
pour que le projet de loi 177 soit déféré à la
commission de l'aménagement et des équipements pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: Maintenant, nous allons procéder, M. le
Président, avec l'article 11 de notre feuilleton, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 11,
M. le ministre des Transports propose l'adoption du principe du projet de loi
178, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile et la Loi modifiant la Loi
sur l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives. M. le
ministre des Transports.
Projet de loi 178
Adoption du principe
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Merci, M. le Président. J'ai le plaisir, ce
soir, de présenter le projet de loi modifiant la Loi sur l'assurance
automobile. Donc, nous amorçons l'étude proposée des
changements qui sont essentiellement d'ordre technique, et qui visent à
améliorer davantage la situation des victimes.
Je m'attends, M. le Président, à avoir encore une grande
discussion de l'Opposition, que cet article-là est une affaire qui n'est
pas néces-
saire, qu'on peut s'en défaire. Par contre, si vous
m'écoutez, vous allez comprendre que c'est une nette amélioration
du projet de loi qu'on avait déposé. Le débat qu'on avait
eu, la discussion qu'on avait eue au mois de décembre, l'an
passé... Il fait suite à la réforme apportée au
régime d'indemnisation des dommages corporels, dont l'entrée en
application remonte au 1er janvier 1990.
Avant de pousser plus avant l'étude du projet de loi, et pour
mieux situer dans le temps, il convient de faire un bref historique. Rappelons,
M. le Président, que le régime d'indemnisation institué
par la Loi sur l'assurance automobile vise à compenser les dommages que
subissent les personnes lors d'un accident de la route. Les fondements du
régime d'assurance automobile, lesquels font l'objet d'un large
consensus social depuis sa création, reposent sur les principes
suivants, à savoir: l'indemnisation sans égard à la faute;
la compensation de la perte économique au moment où elle se
produit; et, la pleine indexation des indemnités.
La réforme du régime d'indemnisation des dommages
corporels introduite en 1989, et dont les dispositions législatives sont
en vigueur depuis le 1er janvier 1990, vise à corriger certaines lacunes
identifiées au cours de la première décennie
d'administration du régime. Cette réforme avait pour but
d'accorder une meilleure indemnisation aux victimes, accidentés de la
route, et plus particulièrement aux grands blessés; de
rééquilibrer les indemnités en fonction des besoins
véritables des victimes et de leurs pertes économiques
réelles; de faciliter l'administration du régime d'assurance
automobile. Pour tout ça, pour atteindre ces objectifs, il fallait
procéder a un réaménagement des différentes
couvertures offertes selon le concept de la compensation de la perte
économique réelle.
L'un des points majeurs de cette réforme, M. le Président,
fut la hausse substantielle des indemnités versées pour la perte
d'intégrité physique, le préjudice esthétique, la
douleur et la perte de jouissance de la vie. Cette indemnité, d'un
maximum de 42 743 $ avant le 1er janvier, est passée, à compter
de cette date, à 75 000 $. Ce dernier montant a été
porté à 100 000 $ le 1er janvier 1991, et il atteindra finalement
le seuil de 125 000 $, dans un avenir très rapproché, soit le 1er
janvier 1992. (18 h 10)
Dès les premières années d'application de la loi,
nous avons pu constater, M. le Président, que l'ensemble des mesures
mises en place permet déjà de rencontrer les objectifs
poursuivis. En effet, nous avons pu constater que les victimes ayant subi un
accident en 1990 ont reçu au cours de leur première année
d'indemnisation, 74 800 000 $. Si l'on considère qu'en 1989, pour un
nombre comparable de victimes, la Société versait 58 700 000 $,
c'est donc une majoration de 16 000 000 $ que nous pouvons imputer direc-
tement à l'amélioration de la couverture de notre régime
d'assurance.
Cette première année d'application du régime a
permis également de mettre à jour certains irritants qui, quoique
mineurs, demandent à être corrigés. C'est dans ce contexte
que nous vous soumettons le présent projet de loi. À titre
d'admissibilité du régime, nous jugeons nécessaire de
circonscrire davantage la notion de dommages causés par une automobile,
laquelle constitue un élément important du régime
d'indemnisation. En 1990, nous avions prévu l'exclusion relative aux
actes d'entretien ou de réparation. Nous tenons ainsi à
préciser l'étendue de la couverture du régime de
façon à lever toute ambiguïté.
Certaines dispositions sont aussi prévues pour qu'une
compensation puisse être accordée à toutes les personnes
qui, à la suite d'un accident d'automobile, sont privées de
prestations d'assurance-chômage. Actuellement, seules certaines victimes
ont droit à une compensation pour la perte de ces prestations. C'est le
cas de la victime qui occupe un emploi temporaire, un emploi à temps
partiel ou qui est sans emploi lors d'un accident. Par souci
d'équité entre les diverses catégories de victimes et pour
éviter qu'elles ne fassent l'objet d'un traitement distinct les unes les
autres, nous entendons conférer ce droit à l'ensemble des
victimes.
Par ailleurs, il nous apparaît justifié d'accorder une
compensation aux personnes qui cessent, à la suite d'un accident
d'automobile, de recevoir l'allocation de formation versée
conformément à la loi nationale sur la formation. Ces prestations
constituent en effet l'équivalent des prestations
d'assurance-chômage.
Certaines autres dispositions concernant le remboursement des frais
versés à une victime d'un accident de la route doivent aussi
être corrigées. Il s'agit notamment des frais d'aide personnelle
à domicile, lesquels sont accordés à une personne qui a
besoin d'être assistée, soit pour prendre soin d'elle-même,
soit pour effectuer des activités inhérentes à la vie
quotidienne. Ils peuvent également être accordés à
une victime dont l'état psychique ou physique nécessite la
présence continuelle d'une personne auprès d'elle. Les
expériences vécues au cours de la première année
d'application de cet article nous ont démontré qu'il n'y avait
pas lieu de subordonner la hausse de l'aide personnelle à la
nécessité d'une présence continuelle. Pour couvrir les
besoins propres à chacune des personnes, eu égard à leur
autonomie respective, nous entendons revoir la façon d'évaluer la
nécessité d'une présence continuelle.
Dans le même ordre d'idées, mentionnons les dispositions
concernant les indemnités versées à la personne qui,
à la date de l'accident, prend soin d'enfants ou de personnes invalides.
À l'origine, nous visions, par cette mesure, à compenser la
personne qui avait choisi de demeurer en charge de la maisonnée
plutôt que d'accéder au
marché du travail. Aux fins d'application de cette disposition,
le fait de prendre soin d'un enfant de moins de 16 ans ou d'une personne
invalide doit constituer l'occupation principale de cette personne. Pour lever
tout doute qui pouvait encore subsister, nous insistons pour que ces
précisions soient apportées de sorte que cette exigence puisse
être reflétée dans le texte de loi.
Je pourrais encore poursuivre, M. le Président,
l'énumération des mesures correctives apportées par le
projet de loi, mais j'aurai l'occasion de l'aborder de façon plus
détaillée lors de la commission parlementaire. C'est pourquoi
j'invite sans plus tarder mes collègues de l'Assemblée nationale
à procéder à l'adoption du principe du projet de loi
modifiant la Loi sur l'assurance automobile, lequel, nous semble-t-il, ne
soulève aucune difficulté particulière. M. le
Président, vu que c'est une nette amélioration des choses qu'on
avait prises en considération en 1990, où on s'était
engagé à y apporter des améliorations, je ne pense pas que
ce projet de loi va inciter un gros débat. Je vous remercie beaucoup, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Transports. Nous en sommes à l'adoption du principe du projet de loi
178 et je reconnais M. le député de Lévis et
président de la commission des institutions.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le projet de loi 178, Loi
modifiant la Loi sur l'assurance automobile et la Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives,
présenté par le ministre modifie le régime d'indemnisation
de l'assurance automobile du Québec. De façon
générale, le projet de loi améliore
légèrement l'indemnisation de certaines catégories de
personnes. Les principaux changements sont l'exclusion de la personne
exécutant des travaux de modification et d'amélioration
effectués sur une automobile du régime de l'assurance automobile,
l'indemnisation de revenus provenant de l'assurance-chômage et des
allocations de formation, et le maximum remboursable des frais d'une aide
personnelle à domicile passe de 220 $ à 534 $ par semaine.
Cependant, le projet de loi soulève deux interrogations, M. le
Président. Nous comprenons mal que les dommages à la personne qui
effectue des travaux sur une automobile immobilisée en dehors d'un
chemin public soient exclus du régime d'assurance automobile alors que
les dommages qui pourraient être subis par un tiers lors du même
événement seraient couverts par le régime. Nous aimerions
que le ministre nous explique le raisonnement et la logique supportant cette
modification. Deuxièmement, l'article 24 du projet de loi 178 aura pour
effet de permettre à la Société de l'assurance automobile
du Québec de rembourser les frais d'aide personnelle, de garde, les
frais généraux en un seul versement représentatif de la
valeur de ces frais aux personnes ayant subi un dommage corporel avant le 1er
janvier 1990.
La loi 92, sanctionnée en juin 1989, avait introduit ce principe,
mais il ne s'appliquait que pour les dommages survenus après l'adoption
de cette loi. Nous nous étions opposés à l'introduction de
ce principe, M. le Président, parce que nous jugions qu'il ne rendait
pas service à la population et à l'État. En effet, il est
très tentant pour les victimes d'un accident de recevoir en un seul
versement les paiements de leur indemnité et d'utiliser, par la suite,
ces sommes à d'autres fins. De plus, lorsque ces sommes sont
dépensées et que la victime a des séquelles de son
accident, elle doit souvent recourir à l'État par l'aide sociale
pour subvenir à ses besoins, alors que l'argent qu'elle aurait
reçu, qui avait été comme une rente versée
régulièrement, a fondu comme neige au soleil.
Le ministre, par son projet de loi, n'accorde pas des sommes
faramineuses. Quand on pense que le ministre a accepté de se faire
siphonner 1 700 000 000 $ de la caisse de la Société de
l'assurance automobile, de 1986 à 1995, aujourd'hui le projet de loi
accorde, à toutes fins pratiques, quelques grenailles aux assurés
de la Société de l'assurance automobile alors que le gouvernement
en a siphonné 1 700 000 000 $ dans la caisse des assurés, M. le
Président. Pourquoi? Nous le demandons au ministre, qui n'écoute
pas, encore une fois. Il n'écoute pas, il parle. Le ministre devrait
écouter, mais on se rend compte qu'il n'écoute tellement pas que
je lui dis qu'il n'écoute pas, puis il ne comprend pas, M. le
Président. Pour-riez-vous lui demander d'écouter, parce que
j'aimerais ça que le ministre écoute un peu?
M. le Président, le ministre a besoin d'écouter, parce
qu'il se fait passer des sapins, puis nous on est là pour lui dire ce
qu'il va faire dans le projet de loi. C'est pour ça qu'il y a trois
lectures à un projet de loi et une étude article par article.
Voyez-vous, pour un projet de loi, M. le Président, il y a le
dépôt en Chambre pour que les gens soient saisis du projet de loi,
et on ne peut pas en parler avant une semaine pour que les gens aient le temps
d'y réfléchir. Ensuite, on parle, comme aujourd'hui, sur le
principe de la loi, son opportunité, sans entrer dans les
détails. Ensuite, on va en commission parlementaire pour étudier
le projet de loi article par article. Puis, quand l'étude article par
article est terminée, il y a un rapport qui est fait à
l'Assemblée nationale. Il y a encore un débat sur le rapport, au
fond, de l'étude article par article en commission. Ensuite, il y a un
petit délai pour faire la troisième lecture, pour permettre au
ministre de réfléchir encore une fois.
Toutes ces étapes-là, M. le Président - la
députée de Johnson en est témoin au nom de
l'Opposition, puisqu'elle surveille aujourd'hui, ici en cette Chambre,
les intérêts de l'Opposition; elle est, au fond, la gardienne des
intérêts de la population - toutes ces étapes sont
là pour empêcher le ministre de faire erreur. C'est pour ça
que c'est important que le ministre écoute. Pas écouter les gens
qui le félicitent, pas être un peu... (18 h 20)
Moi, je regarde ça, des fois, il y a des gens qui sont
après les ministres, un peu, comme un saint-bernard, comprenez-vous, une
grande lichée. Ce n'est pas de ça que le ministre a besoin. Le
ministre a besoin de gens qui lui disent: Si vous allez dans telle direction,
vous allez vous tromper. Pas avoir des grandes lichées comme un
saint-bernard! Comprenez-vous? Non, parce qu'on est là pour lui dire:
Voici en quel endroit vous pouvez errer, voici ce que les gens nous disent,
voici où vous devez faire attention, voici où on vous dit: Soyez
prudent. À tel point, M. le Président...
Il y a des gens qui sont tellement partisans qu'ils m'ont dit: Comme
député de Lévis, tu fais trop ton travail d'opposition,
parce que, si le ministre t'écoutait, on ne prendrait jamais le pouvoir.
Ils disaient: Laisse-le faire. Il se trompe, dis-lui pas. J'ai dit: Non. Moi,
mon rôle comme député de l'Opposition, c'est de le lui dire
quand il se trompe, d'indiquer tous les points. Il y en a qui me reprochent de
faire ça. Vous ne savez pas combien de fois je me suis fait dire: Dis-le
pas. Il va se tromper, puis on va gagner plus vite.
Mais, moi, je ne pense pas comme ça. Moi, je me dis: II faut
faire notre travail. Le système parlementaire britannique est
déjà un système tellement limité, à cause du
caractère partisan qui le caractérise, à cause des
députés... Je vois des députés de l'autre
côté qui aimeraient dire comme moi, au ministre: Vous errez, vous
vous trompez, mais ils sont obligés de voter pour, même s'ils sont
contre, dans le système parlementaire britannique. C'est pour ça
que je le sais, et je suis persuadé, M. le Président, que vous
aimeriez qu'on ait le système américain. Un système plus
proche de la démocratie, où, là, le gouvernement gouverne,
mais où les députés, même s'ils sont du parti du
gouvernement, peuvent dire publiquement qu'ils sont contre sans qu'il n'y ait
de danger, pour le gouvernement, de tomber. Ça fait un système
parlementaire où les parlementaires représentent davantage leurs
citoyens que celui dans lequel nous devons oeuvrer. C'est un sytème
partisan, le système de parlementarisme britannique; il marche en
Grande-Bretagne et pas ailleurs. Ailleurs, ça a été des
chicanes, des luttes, des pays qui se sont divisés parce que c'est un
système qui est trop partisan. C'est pour ça que moi, dans une
perspective de souveraineté du Québec, j'aimerais bien mieux
qu'on ait un sytème à caractère plus présidentiel,
où les gouvernements vont pouvoir gouverner et les députés
vont pouvoir dire ce qu'ils pensent, même s'ils sont du côté
du gouvernement. Je vois le député de Mille-Îles... Combien
de fois j'ai vu le député de Mille-Îles... Le
député de Mille-Îles vaudrait 10 fois le
député de Mille-Îles du système actuel s'il
était dans un sytème de type américain. Pourquoi? Parce
qu'il pourrait dire ce qu'il pense, et là personne ne sait ce qu'il
pense. Et, des fois, on va en dehors de la Chambre et il nous dit: Si je
pouvais parler... Moi, j'ai vu...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je sais à quel point il aimerait pouvoir dire ce
qu'il pense, mais le système parlementaire dans lequel nous sommes est
un système mauvais. C'est un mauvais système. Moi, j'aimerais
avoir un système américain où on peut dire ce qu'on pense,
comme les Républicains et les Démocrates. Le Parti
québécois et le Parti libéral, peu importe, le
parlementaire représente ses citoyens et représente l'opinion
publique qu'il doit représenter. Et le gouvernement peut gouverner. Il
n'y a pas de danger qu'il tombe même si les gens votent contre. Et
là, à ce moment-là, on a davantage une position de la
population. Moi, je serais pour cette réforme-là. J'ai hâte
qu'on enlève le système parlementaire de notre système. Le
système du parlementarisme britannique a été bon parce que
ça a été le premier système parlementaire. Mais on
a le droit d'améliorer un système parlementaire. On a le droit de
l'améliorer et, à mon avis, le système américain et
le système français actuels sont de meilleurs systèmes que
le système parlementaire britannique parce qu'ils laissent davantage la
possibilité aux députés de s'exprimer.
Alors c'est pour ça, M. le Président, que nous demandons
au ministre de nous fournir, lors de l'étude article par article - je le
dis tout de suite parce que je sais qu'on va continuer, pour lui donner plus de
temps pour nous le fournir - je demande au ministre de nous fournir, lors de
l'étude article par article, les coûts réels de ce projet
de loi pour la Société de l'assurance automobile du
Québec, combien coûteront chacune des modifications
apportées au régime d'indemnisation de la Société
de l'assurance automobile du Québec selon les catégories de
victimes, les blessés légers et les blessés graves.
Pourquoi? Parce qu'il y a une dépense d'argent là-dedans, je
pense, qui n'est pas coûteuse. Je pense que ça ne mettra pas le
fonds d'assurance en péril, loin de là. À prime abord, il
nous semble que, par rapport à ce que les assurés ont payé
dans le passé en primes d'assurance à la Société de
l'assurance automobile du Québec, ce projet de loi représente des
grenailles. Il n'a à peu près pas de signification en termes de
déboursés pour la Société de l'assurance
automobile.
Mais nous allons voter favorablement parce que le peu qu'il ajoute, ceux
qui vont le recevoir, c'est mieux que de ne pas le recevoir. Même s'il
n'ajoute pas grand-chose, il y a des
gens qui vont en bénéficier, et c'est pour ça qu'on
va voter pour. Mais, en même temps, je dois ajouter au ministre - je dois
dire que c'est là-dessus que je vais faire porter le reste de mon
intervention, que je ne pourrai pas finir aujourd'hui - que, par ailleurs, par
rapport aux sommes d'argent considérables qui ont été
versées et que le ministre des Finances siphonne - 1 700 000 000 $ de
1986 à 1995, M. le Président - ça veut dire qu'on aurait
pu assurer tous les automobilistes du Québec gratuitement pendant quatre
ans par les surplus qui avaient été accumulés dans la
caisse de la Société de l'assurance automobile, mais
qu'aujourd'hui le ministre des Finances accapare. Lors de la continuation du
discours que je vais faire, M. le Président, je vais me
référer à un article de revue que j'ai ici, Insurance
Review, une revue américaine.
J'aimerais ça que le ministre la lise, la revue, il pourra m'en
parler, dans le temps. Juin 1991, un entrefilet indique que la plus haute cour
de l'État de New York a établi que l'appropriation par
l'État de New York de sommes dans la Property Casualty Insurance
Security Fund était inconstitutionnelle. Même chose que fait le
ministre des Finances dans notre caisse d'assurance, il n'a pas ie droit de
faire ça. New York, on a obligé à rembourser. Ce fonds est
financé par les assureurs à New York, il est utilisé pour
payer les réclamations des compagnies non solvables. Le fonds a eu un
déficit et il a été démontré que ce
déficit a été causé par les appropriations de
l'État de New York, qui a été condammé à
rembourser, M. le Président. Voyez-vous, quand on regarde ce qui se
passe ailleurs... Pourquoi? Parce que, pour les Américains, "the rule of
law" est importante. Les gens ont connu le Far West. Celui qui avait raison,
c'est celui qui dégainait et tirait le plus vite. On a vu les "Lucky
Luke" où les gens tiraient, souvenez-vous, et on prenait l'argent des
citoyens. Aujourd'hui, les gens veulent que ce soit le droit qui les
administre. C'est pourquoi la protection de la personne, la protection des
citoyens et l'application de la loi sont aussi importantes aux
États-Unis.
Moi, je suis, comme l'était l'ancien premier ministre du
Québec, M. René Lévesque, un admirateur de la
démocratie américaine parce que les gens ont le moyen d'exprimer
ce qu'ils ont à dire. Les gens, les citoyens, la base peut s'exprimer.
Ici, nous autres, on est poignes dans les "establishments". Le système
parlementaire britannique, qui correspond peut-être à la
mentalité des Britanniques, établit, bâtit des
"establishments", puis on est poignes dans les "establishments" où le
citoyen est écrasé, la personne humaine est
écrasée.
Il faut absolument, comme parlementaires, redevenir des
défenseurs de la démocratie, de la concurrence, de la
solidarité humaine, mais aussi de la concurrence. C'est le meilleur
système de protection. Mais, aujourd'hui, on empêche les gens de
parler. Partout au Québec on empêche les gens de parler. Au
Conseil des universités, on fait un "deal": Gratte-moi le dos, je vais
te gratter le dos. Comprenez-vous? Deux projets qui sont mauvais: Laisse-moi
passer le mien, je vais te laisser passer le tien. Au lieu de se retrouver avec
aucun projet qui est mauvais, on se retrouve avec deux mauvais projets, parce
qu'on a fait un "deal".
Il faut arrêter ça, M. le Président. Ça
coûte cher aux citoyens. Et comme le temps...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, il est 18 h 30. Donc, ce débat sera ajourné
à une autre période, et je tiens à vous informer que,
lorsqu'il y aura reprise de ce débat sur le projet de loi 178, il vous
restera 46 minutes de temps maximum que vous pourrez utiliser.
Alors, compte tenu de l'heure, les travaux de cette Assemblée...
M. le leader du gouvernement?
M. Bélisle: Ça va aller, M. le Président.
Bien entendu, sur Lucky Luke et sur le système américain, je
cogiterai ce soir, à la demande du député de Lévis,
mais sur ce je fais motion pour ajourner nos travaux à demain, jeudi 14
novembre, à 10 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce que cette
motion d'ajournement est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Donc, les
travaux de cette Assemblée sont ajournés à demain, le
jeudi 14 novembre, à 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 30)