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(Dix heures douze minutes)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Bon avant-midi à tous. Si vous voulez prendre place. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Oui, M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article 35 de notre feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi 168 Reprise du débat sur
l'adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 35,
l'Assemblée reprend le débat ajourné le 7 novembre 1991
sur l'adoption du projet de loi 168, Loi modifiant la Loi sur les forêts.
Il restait le droit de réplique de M. le ministre des Forêts, s'il
veut bien l'utiliser. M. le ministre des Forêts.
M. Albert Côté (réplique)
M. Côté (Rivière-du-Loup): merci, m. le
président. quand je relis les galées de la dernière
intervention du député de laviolette, ça commence comme
ceci: "j'écoutais le ministre avec beaucoup d'attention, d'autant plus
que je me disais: ça n'a pas de maudit bon sens, faire un discours aussi
long sur un sujet qu'il nous dit si court. le ministre est obligé -
c'est toujours m. le député de laviolette qui parle - de
répéter des principes que tout le monde accepte depuis que nous
avions, dans les années quatre-vingt, commencé à parler
dans la forêt publique de choses, etc."
Je pourrais dire la même chose, M. le Président, au
député de Laviolette: Ça n'avait pas de maudit bon sens,
faire un long discours comme ça. Tout de même, en parlant de
principes, M. le Président, le député de Laviolette oublie
que j'ai été sous-ministre au ministère de
l'Énergie et des Ressources. Les principes existaient dans ce
temps-là, c'est vrai, mais on n'avait pas eu le courage de les
appliquer. M. Bérubé administrait les forêts comme s'il
administrait une ressource non renouvelable comme les mines. M. Duhaime, dans
le procès de Deniso Lebel, confesse qu'il déléguait
beaucoup. Les forêts n'étaient pas administrées comme une
ressource renouvelable. Je sais fort bien que le député de
Laviolette, lorsqu'il a été ministre délégué
aux Forêts, les auraient appliqués, lui, ces principes-là.
Il aurait eu le courage de le faire. Là-dessus, je lui reconnais le
sérieux de ses interventions. Voilà pour les principes du temps,
M. le Président.
En ce qui concerne la question des phyto- cides et la pourvoirie Mekoos,
à Mont-Laurier, le député de Laviolette me disait qu'il
n'avait pas reçu les informations qu'il avait demandées en
commission parlementaire. Je ne sais pas s'il y a eu un oubli quelque part,
mais, M. le Président, j'ai en main les réponses qui ont
été données au secrétaire de la commission
parlementaire le 27 septembre dernier. Les réponses sont
complètes et, devant témoins, je voudrais bien les déposer
de nouveau en cette Chambre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour le dépôt des documents auxquels le ministre se
référait? S'il vous plaît, est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, il y a
consentement pour le dépôt des documents. Merci. Si vous voulez
poursuivre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les
réponses ont été données en temps opportun, M. le
Président, et les employés du ministère ont fait le
travail qui était nécessaire dans les délais
prévus. Je regrette qu'on impute un peu cette négligence, qui
n'était pas là, qui n'était pas réelle, aux
employés du ministère, dans ce cas-là. Ça me fait
plaisir de déposer lesdites réponses, M. le Président.
En ce qui concerne l'usage des phytocides dans la région de
Mont-Laurier sur la pourvoirie Mekoos, j'ai rencontré Mme Suzanne
Saint-Amour de Mont-Laurier avec les représentants de la pourvoirie,
avec les représentants de Greenpeace et, dès le lendemain, je
leur faisais une proposition. Mais l'exposé que ces gens-là m'ont
fait, M. le Président, m'indiquait qu'on utilisait des phytocides pour
éliminer du bouleau et du tremble, alors que ce n'était pas le
cas parce que, suivant les notes au dossier, la compétition à
éliminer était composée à 35 % de cerisiers, de 10
% à 35 % de framboisiers et de 20 % à 30 % de plantes
herbacées. Il y avait un tremble ici et là. Tout de même,
j'ai offert à ces gens-là de le faire au même prix, au
même coût que REXFOR le faisait, M. le Président, soit
378,02 $ l'hectare. Et les produits coûtaient, pour compléter la
réponse au député de Laviolette, 53,04 $ l'hectare.
Ça me ferait plaisir, M. le Président, de déposer ces
documents-là, encore une fois.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour le dépôt de ces documents?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consente-
ment. Alors, les documents sont déposés. M. le ministre,
si vous voulez poursuivre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette, M. le Président, a fait une
tournée au Québec. Une chance qu'il s'est arrêté, de
tourner, évidemment. Au cours de cette tournée, il a appris des
choses et j'ai constaté que ça lui a fait du bien. C'est correct,
c'est normal qu'un député s'informe, se renseigne. Il a
constaté aussi, au cours de cette tournée, que le reboisement
n'était pas la solution totale à tous les problèmes de la
forêt, au Québec, et il admet que les 300 000 000 de plants qui
ont été mis de l'avant par son gouvernement dans le temps,
c'était un chiffre tiré en l'air, à peu près, pour
essayer de regagner un peu de popularité auprès de la population.
Lorsqu'on fait les calculs en fonction des besoins, en fonction de la
possibilité de la forêt et en fonction également des autres
interventions qu'on fait en forêt, on s'aperçoit qu'on doit
réduire de beaucoup le reboisement au Québec. C'est pourquoi,
dès les premières années de mon mandat, nous avons
réduit le reboisement à 250 000 000. Nous l'avons réduit,
l'an passé, à 220 000 000 et il est fort possible, comme l'a dit
M. Alain Dancause du ministère, lors d'une émission de "La
forêt verte", qu'on soit tenus de réduire à 170 000 000 de
plants le reboisement au Québec, étant donné les autres
interventions qu'on fait en forêt, M. le Président.
L'an dernier, sur 277 000 hectares de forêt coupée, les
industriels ont coupé, avec protection de la
régénération naturelle, 112 000 hectares, ce qui est un
avantage très important sur le reboisement. Lorsqu'on compte les autres
interventions faites par les industriels, on arrive à un chiffre de 260
000 hectares environ de travaux d'aménagement, en incluant,
évidemment, les travaux de reboisement qui comptent pour 72 000
hectares. Donc, la forêt, au Québec, se porte mieux suite au
virage que nous avons pris avec la Loi sur les forêts, avec le manuel
d'aménagement, avec le "Guide des modalités d'intervention en
milieu forestier" et également, tout dernièrement, avec la
stratégie de protection des forêts.
C'est ce qui s'est fait et c'est ce que le député de
Laviolette a appris lors de sa tournée. J'en suis fort heureux. Qu'il
s'informe encore aux fonctionnaires, c'est très bien. Mais il ne
faudrait pas dire, M. le Président, que lorsque c'est un
député péquiste qui s'informe, c'est bien, et quand c'est
un député libéral, c'est du patronage. Il faudrait faire
une distinction. Tous les députés ont le droit de s'informer et
j'espère qu'on va continuer de s'informer de cette
façon-là.
On a parlé également du programme de modernisation de
1979, 1980 et 1981 qui nous a permis, dans l'industrie forestière, de
fonctionner à plein régime pendant une dizaines d'années.
Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il faudra faire autre chose pour aider
l'industrie forestière à se sortir des problèmes qu'elle
rencontre. De concert avec tous les intervenants, je vous dirai, M. le
Président, que le gouvernement est prêt à appuyer les
interventions dans ce domaine-là, si on a des objectifs à long
terme surtout d'offrir des produits à valeur ajoutée qui sont en
demande de par le monde entier.
M. le député de Laviolette, M. le Président, a
également parlé des 18 % de réduction des permis
d'intervention sur la forêt publique pour donner une chance aux
producteurs de copeaux, pour donner une chance également aux producteurs
de la forêt privée. C'est évident que les 18 % en moins sur
la forêt publique n'auront d'effet qu'à la fin de la saison,
c'est-à-dire à partir de janvier et février, pour
favoriser l'utilisation optimale des bois coupés.
Pour terminer, une dernière réponse parce que je pense
bien qu'il est important d'y répondre, on a parlé de Forintek.
Forintek, M. le Président, c'est un centre de recherche qui est
localisé à Ottawa, anciennement appelé les Laboratoires de
l'Est du Canada, à Vancouver. Depuis quelques années,
étant donné que le ministère subventionnait Forintek,
j'essayais d'amener Forintek à s'établir au Québec,
étant donné qu'ils devaient quitter les édifices qu'ils
occupent à Ottawa qui ne sont plus acceptables. J'ai réussi, au
cours des années, à amener cinq ou six chercheurs à
s'associer à l'Université Laval, à la Faculté de
foresterie et de géodésie. Depuis deux ou trois ans, le Parc
technogique du Québec métropolitain s'intéresse à
Forintek et a fait des démarches pour que Forintek vienne s'installer
à Québec avec ses chercheurs, ses 60 chercheurs. C'est une
démarche que j'appuie, étant donné la synergie. Nous
pourrons développer à Québec un centre d'excellence en
recherche forestière. Nous avons la présence de
l'Université Laval, la Faculté de foresterie, le CRIQ. Nous avons
également le centre de recherche du ministère. Nous avons
également la présence du ministère comme tel à
Québec et nous avons, en plus, Duchesnay et la forêt Montmorency.
Ça ferait un centre d'excellence à travers le Québec.
Je dirai, M. le Président, que si Forintek s'installe au
Québec, elle devrait recevoir la même attention, peu importe
à quel endroit elle s'installera au Québec, mais ma
préférence va pour Québec, étant donné qu'on
pourrait créer un centre d'excellence en recherche
forestière.
Voilà, M. le Président, pour les remarques que j'ai
à faire sur la longue réplique du député de
Laviolette et les réponses qu'il souhaitait avoir. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Forêts. Alors, le projet de loi 168... Oui, M. le
député de Laviolette, vous avez une demande à la
présidence?
M. Jolivet: Oui. En vertu de l'article 213 du
règlement, j'aimerais vous faire une demande. Je voudrais faire
une intervention pour expliquer que j'ai été mal cité.
Le Vice-Président
(M. Bissonnet): alors, m.
l'ex-vice-président, vous devez savoir très bien que c'est
l'article 212 et non 213. alors, vous devez le faire d'une façon
très brève. vous connaissez le règlement autant que moi,
alors je vous le permets, en vertu de 212, et très
brièvement.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. C'est bien 212, vous
avez raison, et non pas 213, qui est une question au ministre. J'avais pour but
de bien indiquer que je n'ai jamais dit que le Parti québécois
avait lancé un chiffre en l'air quant au reboisement. Je voudrais bien
que le ministre ne me fasse pas dire ce que je n'ai jamais dit.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, le projet de loi
168, Loi modifiant la Loi sur les forêts, est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Oui, M. le Président, je vous demande
de suspendre les travaux cinq minutes, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, les travaux de
cette Assemblée sont suspendus cinq minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 25)
(Reprise à 10 h 30)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Oui, M. le Président. Nous allons
procéder avec l'article 9 de notre feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi 176 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 9, M.
le ministre des Forêts propose l'adoption du principe du projet de loi
176, Loi modifiant la Loi sur la Société de
récupération, d'exploitation et de développement
forestiers du Québec et la Loi sur le régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics. M. le ministre des
Forêts.
M. Bélisle: M. le Président, si vous me
permettez...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: ...de vous aviser... Avec le consentement de
l'Opposition, nous allons procéder à deux étapes du projet
de loi au même moment. L'adoption du principe...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que le principe
du projet de loi 176 est adopté? M. le député de
Joliette...
M. Jolivet: ...Laviolette.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...Laviolette.
M. Jolivet: Oui. Il y a une erreur, M. le Président.
D'abord, le ministre doit expliquer le projet de loi; donc, c'est l'adoption du
principe et on ne doit pas l'adopter sans l'avoir entendu.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors...
M. Jolivet: Le président a posé une question:
Est-ce que le principe est adopté?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): J'ai compris que vous
vouliez peut-être parler, M. le député, de... Est-ce que M.
le ministre veut intervenir sur l'adoption du principe?
M. Bélisle: Seulement pour vous aviser, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, très bien.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Seulement pour vous aviser. On ne vous demande
pas de demander s'il y a adoption du principe. On va laisser M. le ministre
l'expliquer, faire ses représentations. Je vous explique que, de
consentement entre l'Opposition et le parti ministériel, nous allons
procéder à deux étapes au même moment. Alors, M. le
ministre va prendre la parole et intervenir sur l'adoption du principe. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Très bien. Je
prends bonne note de vos remarques, M. le leader adjoint du gouvernement. M. le
ministre des Forêts.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Étant donné que le présent projet de loi
propose une modification à la loi sur REXFOR relativement à
l'assujettissement de son personnel au RREGOP, Régime de retraite des
employés
du gouvernement et des organismes publics, il convient ici de rappeler,
M. le Président, que, par le chapitre 21 des lois de 1977, le
législateur rendait ledit régime de retraite applicable aux seuls
employés réguliers de la société REXFOR et ce,
à compter du 1er novembre 1975.
Nonobstant le troisième alinéa de l'article 136, le
règlement adopté par l'arrêté ministériel
4551-74 du 11 décembre 1974 ne prend effet, M. le Président,
quant aux employés de la Société de
récupération, d'exploitation et de développement
forestiers du Québec, qu'à compter du 1er novembre 1975. De plus,
nonobstant ledit règlement, seuls sont assujettis au présent
régime les employés réguliers de ladite
Société. Au cours des années qui suivirent, diverses
modifications législatives et réglementaires ont
été apportées au texte de ce régime de retraite, le
RREGOP, plus particulièrement le chapitre 24 des lois de 1983 qui
modifie de façon importante la loi sur le RREGOP. Cette modification
omet de reconduire les dispositions spécifiques à REXFOR telles
que précédemment mentionnées.
Ce n'est cependant qu'en 1988 qu'il a été
réalisé par la Commission administrative des régimes de
retraite et d'assurances, la CARRA, et REXFOR que cette omission aurait
dorénavant pour effet d'assujettir à ce régime de retraite
tous les employés de la Société, quel que soit leur statut
et, notamment, des bénéficiaires de l'aide sociale ou de
l'assurance-chômage embauchés par REXFOR dans le cadre de
programmes ministériels de création d'emplois temporaires visant
l'acquisition d'une formation d'ouvrier sylvicole en vue d'une
réinsertion sur le marché du travail. Rappelons qu'au cours de la
saison d'opération 1991, quelque 600 personnes auront
bénéficié de ce type de programme essentiellement
temporaire.
L'objectif recherché par le présent projet de loi est le
suivant: Au cours des trois dernières années, REXFOR, compte tenu
de ce qui précède, a effectué des représentations
auprès du Conseil du trésor, des représentations
également auprès de la CARRA relativement aux conséquences
pour la Société et les employés des dispositions actuelles
de la loi sur le RREGOP portant sur l'assujettissement de son personnel.
Il m'apparaît opportun, de manière à préciser
l'objectif recherché par le présent projet de loi,
d'énumérer un certain nombre de conséquences
identifiées par REXFOR à l'occasion de ces
représentations. La première, l'assujettissement du personnel
saisonnier de REXFOR, de toute catégorie, syndiqué ou non,
rémunéré à salaire et à forfait, et ce,
rétroactivement au 1er avril 1983; assujettissement du personnel
occasionnel de REXFOR travaillant notamment dans le cadre de programmes de
création d'emplois, de projets spéciaux tels "Forêt-Voir",
et ce, rétroactivement au 1er janvier 1988.
Au chapitre des implications financières et pour les seules
années 1988, 1989, 1990 et 1991, l'assujettissement au RREGOP du
personnel occasionnel et saisonnier de REXFOR nécessiterait des
déboursés de la part de REXFOR et des employés
estimés à quelque 3 000 000 $ eu égard aux cotisations qui
seraient alors redevables à la Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances. À effectif constant, environ
1000 employés occasionnels ou saisonniers, chaque déboursé
annuel subséquent graviterait autour de 1 000 000 $, ce qui inclut la
part de l'employeur et de l'employé.
Administrativement, il serait à toutes fins utiles impossible
d'assujettir rétroactivement à 1983 et à 1988. Qu'il
suffise de mentionner le très fort taux de roulement dans ce type de
personnel, M. le Président, de même que le désengagement de
la Société dans certaines entreprises devenues du domaine
privé; à l'égard de certains groupes régis par une
convention collective, il n'existe aucune disposition négociée
relative à un régime de retraite; les difficultés fiscales
que rencontreraient les employés ayant contribué à un REER
au cours des dernières années. Voyez la complication d'être
rétroactifs à 1983-1988 pour ce type d'employés.
Enfin, il n'apparaît pas approprié d'assujettir à un
tel régime de retraite du personnel occasionnel
bénéficiaire de l'aide sociale ou de l'assurance-chômage
embauché en marge de programmes ministériels
d'employabilité pour une période moyenne de l'ordre de 14
semaines et visant à l'acquisition d'une réinsertion sur le
marché du travail. De par la nature même de tels programmes, la
main-d'oeuvre varie nécessairement d'une année à l'autre
et varie beaucoup. Ainsi, pour la saison 1990, 82 % des effectifs y
participaient pour la première fois alors que respectivement 11 %, 4 %
et 3 % en étaient à leur deuxième, troisième et
quatrième saison.
L'objectif du présent projet de loi vise donc à modifier
la Loi sur la Société de récupération,
d'exploitation et de développement forestiers du Québec afin d'y
prévoir que la Loi sur le régime de retraite des employés
du gouvernement et des organismes publics s'applique aux employés de la
Société, mais à l'égard de ses employés
réguliers seulement, et ce, avec effet depuis le 1er juillet 1983.
De manière concordante, afin de mieux informer les juristes ou
ceux qui consulteront les lois, le présent projet de loi prévoit
en outre que l'annexe II de la Loi sur le régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics, c'est-à-dire
RREGOP, soit modifiée, avec effet depuis le 1er juillet 1983, par
l'addition, au paragraphe 1, après les mots "la Société de
récupération, d'exploitation et de développement
forestiers du Québec", de ce qui suit: ",sous réserve de
l'article 27.1 de la Loi sur la Société de
récupération, d'exploitation et de développement
forestiers du Québec."
En terminant, M. le Président, qu'il me soit
permis de mentionner que le présent projet de loi découle
d'une solution préconisée conjointement par la Commission
administrative des régimes de retraite et d'assurances, par le Conseil
du trésor et en accord avec REXFOR, dans le but de confirmer une
situation de fait originant d'une volonté déjà
exprimée par le législateur en 1977 et permettant de valider
l'action de la Société quant à l'assujettissement de son
personnel au RREGOP. Je vous remercie de votre attention, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Forêts. Nous sommes toujours sur le projet de loi 176 et je reconnais
M. le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Voilà donc un
projet de loi qui, à sa face même, ne demande pas de long
discours. Il y a eu une erreur qui s'est produite lorsque nous avons
révisé l'ensemble de tous les régimes de retraite, que ce
soit le Régime de retraite des fonctionnaires, le Régime de
retraite des enseignants ou le régime de retraite des employés
gouvernementaux et des organismes gouvernementaux qu'on appelle le RREGOP;
l'ensemble de tous ces régimes a été, en 1983,
remodelé, de telle sorte qu'une erreur s'est glissée.
Cette erreur a amené des complications aussi bien aux
employés occasionnels qu'à la Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances, qu'on appelle la CARRA dans notre
langage, ce qui fait en sorte qu'il y a des pertes de temps et
d'énergie. On cotise les gens; ils doivent demander d'être
remboursés de telle sorte que, finalement, c'est un ennui pour tout le
monde. (10 h 40)
La proposition faite par le ministre nous agrée
complètement, M. le Président. C'est un amendement qui est
technique et qui, en conséquence, ne demande pas de longs palabres, ce
pourquoi, M. le Président, je vous dis, comme le leader adjoint du
gouvernement le disait tout à l'heure, que nous serions prêts,
dans le contexte actuel, à adopter le principe du projet de loi et
à procéder ensuite aux écritures, de telle sorte que le
projet de loi pourrait passer toutes les étapes, c'est-à-dire que
nous n'irions même pas en commission parlementaire ni en commission
plénière. Nous passerions à l'étape
définitive et finale de l'adoption du projet de loi de telle sorte que,
dès ce matin, l'erreur administrative, technique de 1983 serait
corrigée et l'Opposition, avec le ministre, serait en complet accord.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Laviolette. Sur cette même question, le projet de
loi 176, je reconnais également M. le député de
Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Oui, Merci, M. le Président. Je ne pouvais pas
laisser passer l'occasion qui nous est donnée sur le projet de loi 176
pour parler un petit peu du nouveau rôle de REXFOR qui lui a
été dévolu depuis 1989, particulièrement au niveau
du reboisement. Le rôle que le ministre des Forêts a bien voulu
donner à REXFOR a été un rôle très important
au Québec. On ne soulignera jamais assez, M. le Président, que ce
soit dans la rue, que ce soit au niveau des producteurs ou des entreprises
forestières et même ici, à l'Assemblée nationale, le
rôle prédominant que REXFOR doit jouer sur nos territoires,
surtout lorsqu'on vient d'un comté comme le mien qui est, à 99,9
%, en forêts.
J'aimerais peut-être, à ce stade-ci, m'atta-quer au travail
que REXFOR a fait dans l'entente Canada-Québec, première entente
sur le reboisement signée entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement d'Ottawa en 1987, et...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le
député de Laviolette
M. Jolivet: ...question de règlement. Le
Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Jolivet: Je ne voudrais pas qu'on commence un débat. Je
vous le dis bien honnêtement: Le projet de loi, vous êtes d'accord
avec moi, c'est une erreur technique au niveau du régime de retraite.
Ça n'a rien à voir avec le rôle de REXFOR et je vous
demande, M. le Président, de demander au député, s'il n'a
pas autre chose à dire, de faire comme nous, de s'asseoir. On va adopter
le projet de loi et on passera à d'autres étapes. M. le
Président, ça n'a pas de bon sens.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur la question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président. Je pense que s'il fallait qu'à chaque fois qu'un
député à l'Assemblée nationale, et
particulièrement un député de l'Opposition, à
chaque fois que vous débordez du cadre strict d'un débat - et je
vois mon ami, mon bon ami, le député de Lévis, à
qui on aura l'occasion de témoigner nos hommages, notre respect, dans
quelques minutes, son 15e anniversaire de vie politique - s'il fallait que je
me lève chaque fois que le député de Lévis est en
dehors du sujet, M. le Président, je n'aurais pas besoin de faire de
jogging, je serais dans une forme resplendis-
santé. Or, M. le Président, le député de
Saguenay, de façon quand même assez limitative, modestement comme
c'est son habitude, entend se référer à des
éléments qui sont prévus au projet de loi tout simplement.
Alors, je vous inviterais à le laisser continuer.
M. Jolivet: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Très
brièvement, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je suis prêt, quand on
a un large débat... Si vous regardez le projet de loi tel qu'il est
là, ce sur quoi le ministre et moi nous nous sommes entendus, c'est
qu'on n'ait pas de débat majeur. C'était de permettre aux
employés et à l'ensemble de la population de bien comprendre la
teneur de cet amendement mineur, M. le Président. Dans ce
contexte-là, qu'on s'attarde à ça pour le moment,
ça suffirait; sinon, je retirerai mes consentements pour le futur. Vous
allez voir que ça ne sera pas drôle non plus.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur la question de
règlement, je rappelle que, selon l'article 239, le débat doit
porter exclusivement sur l'opportunité du projet de loi, sur sa valeur
intrinsèque ou sur tout autre moyen d'atteindre les mêmes fins.
Alors, évidemment, si on regarde les notes explicatives du projet de loi
176, il s'agit d'un projet de loi pour modifier la Loi sur la
Société de récupération, d'exploitation et de
développement forestiers du Québec et la Loi sur le régime
de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics
relativement à l'application de cette dernière à
l'égard des employés de la Société. Donc, je vous
rappelle l'article 239, M. le député de Saguenay, et je vous
rappelle à la pertinence sur ce projet de loi.
M. Maltais: Voilà, M. le Président. Si on m'avait
laissé continuer, on aurait compris que je faisais un préambule
pour revenir à l'essentiel même de la loi. Ça ne
m'impressionne pas que le député de Laviolette se lève et
crie. Les choses que je dis peuvent peut-être lui rappeler certaines
choses...
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
question de règlement. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: m. le président, j'ai été
correct, je n'ai pas crié en cette chambre. je ne voudrais pas qu'on
m'accuse de choses que je ne fais pas, m. le président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, aujourd'hui, c'est jeudi
14 novembre. Je pense qu'on devrait manifester un peu plus de tolérance
de part et d'autre et, s'il le faut, moi, je suis prêt à suspendre
quelques minutes. Conviez-vous en duel devant la tour de l'Amérindien et
on ira voir ça. O.K. Alors, on va continuer nos débats et
j'invite le député de Laviolette à être serein ce
matin. À lui aussi, on va rendre le tribut de nos hommages ce matin.
Alors, laissez donc le collègue intervenir tranquille et on va en faire
autant pour vous.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ceci met fin à
cette question de règlement et je vous demanderais votre collaboration,
M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, si je peux continuer parce
que c'est important, si on me laisse compléter mon préambule pour
en revenir au fonds de retraite des employés de REXFOR en région,
et ça, j'allais le dire, parce que c'est important... Je vais vous
donner un exemple. On a créé un bureau régional de REXFOR
chez nous, aux Escoumins. Le ministre des Forêts l'a créé
de toutes pièces, 35 employés, des gens qui travaillent environ
10 mois par année, qui vont être accessibles à la retraite.
Si vous me laissez parler, on va en arriver là. Je ne comprends pas que
l'Opposition veuille...
Une voix: Bâillonner.
M. Maltais: ...limiter, bâillonner un député
qui veut simplement dire à son ministre que la société
REXFOR, le rôle qu'il lui a donné est conforme aux aspirations des
gens des régions, que le reboisement qui se fait en région, c'est
conforme aux aspirations. Les 350 emplois que ça crée chez moi,
c'est conforme aux aspirations des gens. C'est pour ça que je suis ici
ce matin, pour le dire au ministre et le dire aux gens de mon comté. Je
ne comprends pas que l'Opposition veuille nous empêcher de parler. Eux
qui ont dit, M. le Président, au début de la session, que les
députés libéraux n'avaient rien à dire. Pour une
fois qu'il y a quelqu'un qui a quelque chose à dire, laissez-moi parler,
M. le Président. Laissez-moi parler - je n'ai pas fini - du rôle
de récupérateur de REXFOR que vous aviez donné,
d'interventionniste dans toutes les usines de pâtes et papiers, dans les
moulins de sciage. On a inversé les rôles pour en faire un
développeur économique dans le reboisement et la recherche. C'est
pour ça que le ministre travaille, pour que Forintek soit située
dans la région de la grande capitale de Québec, près de
l'Université Laval, là où sont les recherchistes,
là où les régions du Québec vont pouvoir en
profiter. On ne sera pas
obligés d'aller à Ottawa à toutes les semaines pour
avoir des informations sur nos forêts. Laissez-moi parler! C'est
ça que j'ai à dire à l'ensemble de mes concitoyens, M. le
Président.
Une voix: II a raison. Des voix: Bravo!
M. Maltais: C'est pour ça, M. le Président, que le
projet de loi 176 va venir permettre aux employés de REXFOR de
travailler en région alors qu'étaient pris uniquement des
permanents à Québec. Aujourd'hui, il y a peut-être quelque
chose comme 150 ou 200 employés occasionnels en région qui vont
pouvoir se joindre au fonds de pension de REXFOR, au fonds de pension des
employés du gouvernement. C'est ça que j'avais à dire dans
mon préambule, mais pour en arriver là il fallait quand
même qu'on fasse l'éloge de la société REXFOR sous
la gouverne du ministre des Forêts. Voilà, M. le Président,
ce que j'avais à dire et je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Saguenay.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: En vertu de l'article 213, sur le projet de loi
lui-même, qu'est-ce que le député a à dire?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Un instant! S'il vous
plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le
député de Saguenay, est-ce que vous permettez une brève
question du député de Laviolette en vertu de l'article 213?
M. Maltais: "Anytime"
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, la question doit
être brève et la réponse également. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président... Une voix: Sans
préambule.
M. Jolivet: Oui, je sais. Le député peut-il me dire
ce qu'il pense du projet de loi qui a pour but de ne pas assujettir au
régime de retraite ceux qui sont des occasionnels?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, la question est
posée. La réponse, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, nous sommes totalement
d'accord avec le projet du ministre.
Cependant, contrairement à ce que le député de
Laviolette pense, M. le Président, ces gens-là ont aussi le droit
à des régimes de retraite. Voilà!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je m'excuse, c'est
terminé.
Une voix: Tu as eu la réponse.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Est-ce que le principe du projet de loi 176, Loi modifiant la Loi sur la
Société de récupération, d'exploitation et de
développement forestiers du Québec et la Loi sur le régime
de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, il y a consentement aussi
pour que nous puissions procéder aux écritures
immédiatement.
M. Jolivet: M. le Président, sur cette question, si vous
me le permettez.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur cette question, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: D'autant plus, M. le Président, que nous nous
sommes entendus au niveau des leaders pour faire les écritures et faire
l'ensemble de la loi, vous venez de voir l'exemple d'un député
qui a embêté un peu son leader parce que, dans le fond, il n'a pas
parlé du tout du projet de loi, alors que ce n'était pas
normal.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
Une voix: On va demander s'il donne son consentement? (10 h
50)
M. Jolivet: Laissez-moi finir au moins.
Malgré cette intervention indue, pas normale, dans le
débat sur lequel on s'était entendu, entre nous deux, avec le
ministre, j'accepte, M. le Président, de...
M. Maltais: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement.
M. Maltais: ...si mon intervention est indue ou anormale. je suis
aussi normal que lui. s'il veut le savoir, il n'a qu'à sortir de l'autre
bord de la chambre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! C'est le 14
novembre, demain, ça va être le 15! Si vous voulez poursuivre, M.
le député.
M. Jolivet: M. le Président, je refuse cette invitation
d'aller à l'extérieur, c'est ici que je parle, c'est ici que je
défends les projets de loi. Moi, les menaces à
l'extérieur, ce n'est pas la première fois...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): s'il vous plaît!
s'il vous plaît! mm. les députés, s'il vous plaît! m.
le député de laviolette, est-ce que vous donnez votre
consentement?
Une voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui ou non?
M. Jolivet: Bien, oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le leader,
vous faites motion...
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour qu'on
puisse procéder aux écritures et procéder à
l'adoption immédiate du projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, il y a une motion
du leader pour qu'on procède à la commission
plénière pour étude détaillée et, en
même temps, pour qu'on fasse les écritures. Alors, est-ce qu'il y
a consentement pour procéder aux écritures? Oui?
M. Jolivet: Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que la motion de
M. le leader du gouvernement proposant que l'Assemblée se constitue en
commission plénière est adoptée? Adopté.
Une voix: Adopté.
Commission plénière Adoption des
articles
M. Bissonnet (président de la commission
plénière): Alors, en commission plénière,
est-ce que chacun des articles de ce projet de loi est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Alors,
nous sommes de retour à l'Assemblée. Est- ce que le rapport de la
commission plénière est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Alors, merci M. le Président, le projet de
loi est adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non, je m'excuse, M.
le... Le rapport de la commission plénière est adopté.
Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je propose, de
consentement, l'adoption du projet de loi en troisième lecture.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on procède à l'adoption du projet de loi
immédiatement?
M. Jolivet: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Jolivet: Est-ce que j'ai le droit de parler?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement, oui ou non?
M. Jolivet: Est-ce que j'ai le droit de parler sur le projet de
loi?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ah oui! Certainement.
Mais est-ce qu'il y a consentement pour qu'on étudie l'adoption du
projet de loi immédiatement?
M. Jolivet: ...quelques instants.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Jolivet:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II n'y a pas
de...
Une voix: Vous ne pourrez pas parler...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Est-ce qu'il y a consentement? Le leader du gouvernement a
proposé...
M. Jolivet: Écoutez, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
Attendez une minute...
M. Jolivet: ...refuser mon consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Écoutez. Moi,
j'ai le droit de demander à cette étape-ci... Je m'excuse, je
m'excuse! Pour procéder à la troisième étape de
l'adoption d'un projet de loi dans la même journée, ça me
prend un consentement pour déroger aux articles du règlement. Si
vous donnez votre consentement, nous allons procéder à l'adoption
du projet de loi. Si vous ne le donnez pas, nous ne procéderons pas
à l'adoption du projet de loi aujourd'hui. Est-ce que vous donnez votre
consentement, oui ou non, sans commentaire? S'il vous plaît!
M. Jolivet: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Laviolette, vous...
M. Jolivet: ...est-ce que je peux vous demander une
directive?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous pouvez me demander
une directive, oui.
M. Jolivet: M. le Président, j'avais l'intention de donner
mon consentement.
Des voix: Ah!
M. Jolivet: Devant le fait qu'un député - non, non,
je vous demande une directive - qu'une intervention qui n'avait pas affaire
à être faite a été faite...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le député de Laviolette, je dois vous dire ici que la
présidence va reconnaître quelque député que ce soit
dans cette Chambre qui demande la parole sur quelque projet de loi, sur quelque
motion que ce soit. Tous les membres de cette Assemblée ont le droit
d'intervenir lorsqu'ils le jugent à propos. Ça, c'est la
présidence qui reconnaît le règlement tel qu'il est.
Lorsque je vous demande... Ce n'est pas une directive, c'est le
règlement qui est fait comme ça. Est-ce que vous donnez votre
consentement, oui ou non?
M. Jolivet: Non, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non, il n'y a pas de
consentement. Il n'y a pas de consentement. Alors, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je veux souligner que
l'apparence de générosité du député de
Laviolette a été très limitative dans le temps.
M. Jolivet: Bien, c'est à cause de votre...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement, si vous voulez me...
M. Pagé: Moi, je ne demande pas de directive...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non, non. Si vous
voulez...
M. Pagé: ...moi, j'appelle. M. le Président,
j'appelle l'article 10 du feuilleton.
Projet de loi 178 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous appelez l'article
10. À l'article 10, l'Assemblée reprend le débat
ajourné le 13 novembre 1991 par M. le député de
Lévis sur l'adoption du principe du projet de loi 178, Loi modifiant la
Loi sur l'assurance automobile et la Loi modifiant la Loi sur l'assurance
automobile et d'autres dispositions législatives. Je cède la
parole au député de Lévis qui avait entrepris son
intervention. Je lui avais indiqué qu'il lui restait 46 minutes,
maximum, à son intervention. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je disais, hier, sur le projet
de loi 178, que le ministre devrait nous dire quelles sont les sommes qui sont
impliquées par les quelques mesures qui sont prises par le projet de loi
178. Si on compare aux sommes qui sont dans les coffres de la
Société de l'assurance automobile, qui appartiennent aux
assurés et qui sont en train d'être siphonnées par le
ministre des Finances, ce sont des grenailles. Il y a assez d'argent
accumulé dans les coffres de la Société de l'assurance
automobile pour assurer, croyez-le ou non, tous les assurés pendant
quatre ans, et ce, gratuitement. Le ministre des Finances est comme Ali Baba -
vous connnaissez l'histoire d'Ali Baba qui remplissait ses coffres avec
l'argent des autres - il est en train de vider les coffres de la
Société de l'assurance automobile et, tantôt, il faudra
augmenter les primes, il faudra faire payer les citoyens alors qu'ils ont
déjà payé et qu'il y a des surplus considérables
d'argent qui leur appartiennent. C'est pour ça que j'aimerais savoir
quelles sont les sommes qui sont impliquées par les mesures que
prévoit le projet de loi 178. À mon avis, il s'agit de grenailles
à comparer au montant de 1 700 000 000 $ qui aura été
siphonné de la caisse de la Société de l'assurance
automobile du Québec entre 1986 et 1995.
M. le Président, en 1989, le gouvernement a fait adopter le
projet de loi 92, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile. À
certains égards,
il améliorait le régime d'indemnisation, mais il
comportait aussi des reculs par rapport à ce que le gouvernement avait
promis lors du dépôt de l'avant-projet de loi. Certaines
catégories de victimes, les femmes au foyer, les personnes
âgées, subissaient des coupures. Ce n'était pas
indiqué dans l'avant-projet de loi sur lequel on avait consulté.
C'est par après que ces mesures-là sont arrivées alors que
personne ne les avait demandées. On consultait sur un avant-projet de
loi et on changeait des mesures que personne n'avait demandé de changer.
En effet, lors de l'adoption du projet de loi 92, pourquoi le gouvernement
libéral n'a-t-il pas consenti aux victimes de la route des
indemnités plus généreuses dès 1990, comme il
l'avait promis en commission parlementaire lors de la consultation sur le
projet de loi sur l'assurance automobile? Pourquoi a-t-il reporté au 1er
janvier 1992, deux ans plus tard, la hausse d'indemnité pour dommages
non pécuniaires de 125 000 $ inscrite à l'article 73 de la loi 92
alors que, dans l'avant-projet de loi 92 déposé en 1987, la
hausse de l'indemnité prenait effet dès l'adoption du projet de
loi? Pourquoi n'a-t-il pas consenti d'indemnité plus
généreuse à la femme au foyer plutôt que de couper
ses prestations, comme il l'a fait en adoptant le projet de loi 92? Il aurait
même pu prévoir, dans les cas où les mères au foyer
ont des enfants, des indemnités plus généreuses parce que
ça prend plus de travail pour la femme qui a des enfants que pour celle
qui n'en a pas, par exemple.
M. le Président, pourquoi? D'autant plus que l'argent est
là. Plutôt que le ministre des Finances le siphonne au
détriment des personnes âgées et des femmes au foyer,
pourquoi n'a-t-il pas augmenté ou seulement maintenu les prestations des
personnes âgées plutôt que de couper aussi leurs
prestations? C'est un secteur où il n'y aura plus les avantages aux
citoyens qui avaient payé l'argent sans imposition de taxe, mais, au
contraire, c'est le ministre des Finances qui a décidé de prendre
l'argent. Pourquoi le gouvernement libéral refuse-t-il aux usagers de la
route de profiter de l'amélioration du bilan routier? Ceux qui adoptent
un comportement plus sécuritaire et qui contribuent à
l'amélioration du bilan routier et à faire diminuer les paiements
de la Régie ne devraient-ils pas recevoir entièrement le
bénéfice engendré? Alors, quand les automobilistes ont un
meilleur comportement, il y a moins d'accidents, et s'ils font plus attention,
ce n'est pas eux qui vont en profiter, c'est le ministre des Finances. Il fait
main basse sur l'argent, sur les épargnes ou sur les surplus
accumulés par la Société de l'assurance automobile qui
appartiennent aux assurés.
De 1986 à 1990-1991, le gouvernement libéral a
détourné de la caisse des assurés 762 000 000 $, M. le
Président, soit 328 000 000 $ à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, 350 000 000 $ à des fins de
voirie, alors que les gens paient déjà par leur taxe sur la
gazoline, et 83 800 000 $ pour le transport ambulancier. Encore là, le
député de Beauce-Sud a fait un arrangement incroyable où,
quand il s'agit de l'assurance automobile, ça coûte 1500 $ du
voyage plus le kilométrage, comme dans le cas de l'aide sociale, et,
quand il s'agit d'autres personnes normales, ça coûte 70 $ du
voyage, M. le Président. (11 heures)
On a fait une ponction à même l'argent des autres. C'est
facile d'être généreux avec l'argent des autres. C'est
facile pour le ministre des Transports et le ministre des Finances de dire: On
va vous donner l'argent des autres. C'est facile, n'importe qui est capable de
faire ça. Mais c'est de l'argent qui appartenait aux assurés et
on l'envoie pour 1500 $ du voyage d'ambulance. Voir si un voyage en ambulance,
ça coûte 1500 $ plus le kilomètre! Alors que, quand il ne
s'agit pas de la Société de l'assurance automobile ou de l'aide
sociale, c'est 70 $ du voyage, M. le Président.
On dit qu'on a des comportements d'hommes d'affaires. S'il y avait un
seul homme d'affaires qui se comportait de même, il serait en faillite,
M. le Président. N'importe quel homme d'affaires qui se comporterait
comme se comporte le ministre des Finances, le ministre des Transports ou le
député de Beauce-Sud, s'il administrait ses affaires comme il
administre la Société de l'assurance automobile et le service
ambulancier du Québec, ça serait la faillite. Il n'y a même
pas un prêteur qui voudrait prêter de l'argent dans des conditions
comme celles-là. De 1991 à 1994, le gouvernement libéral
siphonnera, en plus des 762 000 000 $, 109 000 000 $ supplémentaires
indexés par année pour l'assurance-maladie et pour le transport
ambulancier et 475 000 000 $ pour des travaux de voirie, pour un toal de 1 700
000 000 $ à même la caisse des assurés pour de l'argent qui
a été collecté uniquement pour des fins d'assurance et qui
sera diverti, détourné à d'autres fins.
Lorsque la Loi sur la Régie de l'assurance automobile a
été votée en 1977, l'objectif du gouvernement
n'était pas de créer la Régie pour prélever des
taxes pour la voirie, le transport ambulancier et l'assurance-maladie, la
Régie avait pour mandat principal d'administrer un régime
d'assurance.
En outre, M. le Président, le siphonnage de la caisse de la
Société de l'assurance automobile est illégal. En mai
dernier, le Club automobile a rendu publics des avis juridiques sur la
valadité des surplus de la Société de l'assurance
automobile du Québec. Les avis juridiques sur la validité des
surplus de la Société de l'assurance automobile montrent que des
irrégularités graves ont été commises par la
Société de l'assurance automobile du Québec et le
gouvernement au cours des dernières années. Les seules opinions
juridiques qui sont publiques actuellement viennent
confirmer ce que je dis depuis trois ans en cette Chambre, que la
Société de l'assurance automobile, l'argent ne lui appartient
pas, n'appartient pas au ministre des Finances, n'appartient pas au
gouvernement, mais il appartient aux assurés. On n'a pas le droit de
s'approprier des fonds qui ne nous appartiennent pas, qui n'appartiennent pas
au gouvernement, et le gouvernement lui-même n'est pas au-dessus des
lois, M. le Président. Le gouvernement doit respecter les lois qui sont
votées par l'Assemblée nationale comme n'importe quel citoyen.
C'est un abus de pouvoir commis à l'endroit de la Société
de l'assurance automobile du Québec.
En premier lieu, les auteurs de ces avis affirment que la
Société de l'assurance automobile du Québec a abusé
de ses pouvoirs en fixant des contributions d'assurance trop
élevées qui ont généré des surplus que sa
loi constitutive ne lui permet pas d'accumuler. Me Patrice Garant, professeur
à la Faculté de droit de l'Université Laval et
spécialiste en droit administratif, précise que la
Société de l'assurance automobile du Québec n'est pas une
entreprise commerciale d'assurances et qu'elle doit fixer les contributions
d'assurance en se conformant aux expertises actuarielles prescrites par les
articles 151 et 153 de la Loi sur l'assurance automobile. Me Garant ajoute,
entre guillemets, et je le cite: En fixant des contributions d'assurance qui,
compte tenu des évaluations actuarielles, ne sont plus justifiées
par ses besoins statutaires, la Société accumule des surplus qui
n'ont plus leur raison d'être. Ce règlement par lequel la
Société fixe, augmente ou diminue les contributions d'assurance,
en sachant pertinemment qu'un tel surplus en résultera, n'est-il pas
affecté d'un vice grave? Ce règlement est ultra vires parce qu'il
poursuit une finalité autre que celle voulue expressément par le
législateur.
C'est sciemment que la Société commet un tel abus de
pouvoir, M. le Président. Elle collecte des fonds pour des taxes qu'elle
va verser au ministre des Finances alors que son seul mandat, c'est de
collecter selon les études actuarielles pour des besoins d'assurance
pour payer des victimes d'accidents d'automobile et pour aucune autre fin,
parce que la loi ne le prévoit pas. Pourquoi la Société et
ses dirigeants ont-ils agi ainsi et ont-ils commis ou laissé commettre
des actes qui affectent la réputation et la crédibilité du
régime de l'assurance automobile du Québec?
Je n'ai pas été surpris, M. le Président, de voir
Me Paul Vézina, ex-bâtonnier du Québec, démissionner
du conseil d'administration. Je ne sais pas les raisons, mais je n'ai pas
été surpris de voir qu'il a démissionné. Il n'a pas
fini son mandat comme président de la Société de
l'assurance automobile. Le ministre pourra peut-être vérifier s'il
voulait continuer d'être complice d'une action où on vidait la
caisse des assurés. Un administrateur sérieux sait que, quand il
agit de bonne foi, il n'est pas responsable des actes qu'il commet, mais, quand
il commet des actes illégaux, il peut encourir la responsabilité
pour les actes qu'il commet, quand il siège à un conseil
d'administration. De plus, il s'agit d'une violation de la Charte des droits et
libertés des personnes du Québec. En outre, en effet, Me Patrice
Garant affirme: La perception par la Société de l'assurance
automobile du Québec des contributions d'assurance afin de faire des
surplus et l'appropriation de ces surplus par le gouvernement du Québec
violent l'article 6 de la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne. Cet article qui protège le droit de
propriété des individus stipule que toute personne a droit
à la jouissance paisible et à la libre disposition de ses biens,
sauf dans la mesure prévue par la loi.
De plus, M. Garant, précise: À notre avis, l'article 23.1
de même que l'article 155.4 de la Loi sur l'assurance automobile
édictée en 1987 sont invalidés comme contraire à la
Charte parce qu'ils ne font que réaffecter au sein du domaine public des
sommes perçues à l'origine en violation de la Charte.
Prétendre le contraire serait voir dans ces deux dispositions une
validation de violation de la Charte. Cela ne nous paraît guère
vraisemblable à cause de l'article 52 de la Charte qui stipule qu'aucune
disposition d'une loi même postérieure à la Charte ne peut
déroger aux articles 1 à 38. Valider une dérogation
à la Charte serait une dérogation à la Charte, à
moins d'utiliser la clause "nonobstant". Il est inacceptable donc qu'une
société d'État et qu'un gouvernement responsable passent
outre aux dispositions de la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne et la violent si outrageusement.
Où sont les grands défenseurs des droits et des
libertés de la personne du gouvernement libéral? C'est facile de
faire ça quand c'est facile de protéger les droits de la
personne, mais quand il s'agit de millions, de centaines de millions ou
même presque de 2 000 000 000 $, on voit que les responsables de la
protection des citoyens se déguisent en courant d'air. Le courage n'est
pas nécessairement une vertu des administrateurs des corporations dont
le mandat est de protéger les citoyens. Le siphonnage du gouvernement
est anticonstitutionnel. L'opinion juridique de Me Patrice Garant assimile
clairement l'appropriation par le gouvernement des surplus illégaux
accumulés par Société d'assurance automobile du
Québec à une levée de taxes indirectes et les provinces
n'ont pas la compétence d'imposer des taxes indirectes.
Je cite Me Garant: Ce que le législateur provincial ne peut
faire, c'est la levée d'une taxe indirecte réservée au
fédéral par l'article 91 paragraphe 3. La taxe indirecte est
celle imposée à une personne qui la reporte sur un tiers qui,
finalement, en supporte le fardeau. Ici, le législateur impose, à
toutes fins utiles, la société.
II la taxe, lui prenant une redevance annuelle sans contrepartie. Il ne
s'agit pas d'un impôt direct parce que ce sont des tiers, des usagers qui
en supportent le fardeau.
Si le ministre a des opinions juridiques qui disent le contraire, qu'il
ait le courage de les produire. À date, les seules personnes qui ont eu
le courage de produire des opinions juridiques disent que la loi est
violée, que les gens se font voler, que les fonds sont dilapidés,
que les fonds sont détournés, qu'ils appartiennent aux victimes
d'accidents d'automobile et aux assurés de l'assurance automobile. Les
assurés de la Société de l'assurance automobile du
Québec doivent faire valoir leurs droits devant les tribunaux. En raison
du contenu non équivoque des avis rendus publics par le Club automobile,
les Québécois et Québécoises assurés par la
Société de l'assurance automobile du Québec doivent faire
valoir leurs droits devant les tribunaux.
J'aimerais savoir pourquoi le Club automobile a retenu ces opinions
juridiques qui confirment que ce qui est fait est illégal s'il n'avait
pas l'intention de s'en servir? Est-ce qu'il pensait que les opinions
juridiques données diraient que le député de Lévis
avait tort? Au contraire, elles confirment ce que je dis depuis trois ans en
cette Chambre: qu'on n'a pas le droit de faire ce qu'on fait, que le
gouvernement n'a pas le droit de faire ce qu'il fait, de prendre des fonds qui
ne lui appartiennent pas. Les montants en cause sont trop importants et les
irrégularités commises par la Société de
l'assurance automobile du Québec et le gouvernement sont trop graves
pour laisser passer cela. C'est la crédibilité de nos
institutions démocratiques et du régime de l'assurance automobile
du Québec qui est en cause. Il ne s'agit pas de pinottes, il s'agit de
sommes considérables: 1 700 000 000 $.
Cela me rappelle toujours quelqu'un qui me disait un jour, quand
j'étais étudiant: Moi, dans la vie, quand je regarde les
institutions qui nous gouvernent, j'ai souvent l'impression que voler une
piastre, tu es un voleur, mais si tu voles 100 000 $, tu es un financier.
Ça, c'étaient les chiffres du temps, j'étais jeune
garçon dans la trentaine, au-dessus de trente ans, et j'entendais cette
phrase. Je suis en train de me demander... Quand j'ai rencontré des gens
du Club automobile, ils sont tellement sidérés par l'audace du
gouvernement à s'approprier des fonds qu'ils n'en reviennent pas de la
somme de 1 700 000 000 $. C'est une somme considérable. J'espère
qu'ils auront le courage de prendre des poursuites au nom des citoyens parce
qu'il s'agit d'un organisme, le Club automobile, qui collecte de l'argent pour
protéger les citoyens. C'est un organisme qui perçoit des fonds,
c'est un club de protection des automobilistes. Ils ont des opinions juridiques
qui disent que le gouvernement n'a pas le droit, que l'argent appartient aux
citoyens, alors pourquoi ont-ils demandé des opinions juridiques s'ils
ont peur de s'en servir? (11 h 10)
M. le Président, quand je regarde dans l'État de New York,
pour les Américains, les droits de la personne, ça veut dire
quelque chose. Ça veut dire quelque chose. J'en disais un mot hier, le
cas de l'État de New York. Un entrefilet paru dans la revue Insurance
Review de juin 1991 indique que la plus haute cour de l'État de New
York a établi que l'appropriation par l'État de New York de
sommes dans le "Property Casualty Insurance Security Fund" était
inconstitutionnelle. Ce fonds est financé par des assureurs et est
utilisé pour payer des réclamations à des compagnies non
solvables. Le fonds a un déficit; il a été
démontré que ce déficit a été causé
par les appropriations de l'État de New York. On verra bien que
l'assurance automobile sera obligée de collecter de l'argent et qu'elle
va devoir augmenter ses primes éventuellement. Pourquoi? Parce qu'on lui
a enlevé l'argent qui appartient aux assurés, des sommes
tellement considérables que la Société de l'assurance
automobile aurait pu assurer tout le monde pendant quatre ans pour rien,
tellement il s'agit de sommes considérables, M. le Président. Cet
argent-là appartient aux assurés.
Que font nos corporations professionnelles dans ce dossier? En juin
1991, j'ai écrit aux organismes et aux corporations professionnelles
dont le mandat est de veiller à la protection du public pour leur
demander de se prononcer sur l'accumulation de surplus illégaux par la
Société de l'assurance automobile du Québec,
l'appropriation aussi illégale de ces surplus par le gouvernement et le
respect des droits des assurés dans ces cas. Ces lettres ont
été adressées au président de la Commission des
droits de la personne, au Protecteur du citoyen, au président de l'Ordre
des comptables agréés du Québec et au bâtonnier du
Québec, les enjoignant d'émettre leur opinion sur ce dossier en
regard des droits des citoyens et des lois qui les régissent. Les avis
juridiques rendus publics par le Club automobile du Québec indiquent que
la constitution de ces surplus et leur appropriation par le gouvernement sont
entachées d'illégalités et que l'incapacité des
ministres des Finances et des Transports à produire des avis juridiques
démontrant la légalité des gestes posés constitue
des faits importants qui devraient suffire pour que ces organismes
interviennent dans ce dossier. Au moins, vérifiez les opinions
juridiques!
L'Ordre des comptables agréés du Québec et le
Barreau du Québec ont des responsabilités particulières
dans ce dossier. L'accumulation de surplus illégaux par la
Société de l'assurance automobile du Québec et
l'appropriation aussi illégale de ces surplus par le gouvernement
affectent les états financiers de la Société de
l'assurance automobile du Québec et du gouvernement puisque les montants
détournés de la caisse des assurés constituent un
événement
extraordinaire pour la Société de l'assurance automobile
du Québec et le gouvernement et ça devrait apparaître dans
leurs états financiers.
À quoi ça sert d'obliger les gens à faire la
vérification des états financiers si, après ça,
ceux qui sont chargés de la faire se déguisent en courant d'air
parce qu'ils n'ont pas le courage de prendre leurs responsabilités? Et,
là-dessus, j'attaque directement le Vérificateur
général qui n'a pas eu le courage de faire sa job. Au montant
dont on le paie, M. le Président, lui qui est responsable devant
l'Assemblée nationale, c'est un geste honteux pour le
Vérificateur général que d'avoir fait un commentaire dans
l'année qui a suivi, assez ampoulé pour ne pas dire directement
ce qu'il voulait dire, alors qu'il doit, comme Vérificateur
général qui vérifie les livres de la Société
de l'assurance automobile, se prononcer sur cette question-là.
On se demande pourquoi les gens sont cyniques. Ils ont raison
d'être cyniques. On est administré par des peureux, des gens
à qui on paie des salaires fantastiques, au-dessus de 100 000 $ par
année, pour défendre les citoyens, et qui ne sont même pas
capables de faire leur job, M. le Président. Je vais vous dire que le
Vérificateur général du Québec ne mérite pas
la Croix Victoria du courage pour faire sa job. Et l'Ordre des comptables devra
faire, M. le Président, si ça veut dire quelque chose, la
vérification générale. Ne vous trompez pas. J'ai
déjà fait faire une enquête à Madelipêche,
où on a été obligé de changer le code de
déontologie des comptables. Je n'ai pas fini là-dedans parce que
les comptables qui ont une responsabilité lorsqu'ils analysent les
états financiers, qui parlent de leur responsabilité
professionnelle et qui chargent des sommes d'argent considérables pour
protéger le public, doivent prendre leur courage et le faire quels que
soient les montants et quelles que soient les conséquences pour le
gouvernement. Leur rôle, ce n'est pas de glisser la poussière en
dessous du tapis, c'est de protéger les citoyens. Des sommes sont
payées pour qu'il y ait des vérifications
générales.
L'Assemblée nationale, en cette Chambre, a des gens qui ont des
jobs à faire. Eh bien, qu'ils les fassent! Trop souvent, on voit de la
lâcheté, des gens qui ne prennent pas leurs
responsabilités. Je vais vous dire une chose, M. le Président, si
on prenait autant de temps à être bon que certains prennent le
temps à dire qu'ils sont bons, on serait bon en s'il vous plaît.
Le Vérificateur général passait son temps à vanter
son courage. Je l'ai assez vu. J'ai été critique du
Vérificateur général. Quand j'ai demandé des
conventions comptables, j'ai écrit d'avance pour avoir des conventions
comptables en disant: Qu'est-ce qui se passe dans les conventions comptables?
Qu'est-ce que j'ai eu? Des feuilles 8Vè sur 14, mais pas de signature,
des feuilles blanches. Comprenez-vous?
Encore là, il y a des limites. Il y a des li- mites à
payer des institutions qui ne font pas leur travail, M. le Président.
Et, je le regrette, j'aurais aimé beaucoup avoir le Vérificateur
général qu'on avait à Ottawa. À Ottawa, il y avait
un Vérificateur général qui avait du courage, qui faisait
son travail, mais ici, il faisait des conférences pour dire qu'il
était bon et il oubliait de l'être.
M. le Président, cette bataille-là n'est pas
terminée. Moi, je trouve inacceptable que des professionnels qui
chargent des sommes d'argent considérables aux citoyens pour faire un
travail ne le fassent pas. Et quand des opinions juridiques qu'on nous
montrent... Personne ne nous a montré une seule opinion juridique pour
contredire Me Garant et le bureau d'avocats qu'avait engagé le Club
automobile. Aucune opinion juridique! Quand j'écris aux quatre
organismes que j'ai mentionnés, je leur dis: Prenez la peine d'analyser,
c'est les citoyens qui sont en cause, c'est 1 700 000 000 $ qui est en cause.
Ayez le courage de faire votre mandat, ayez le courage d'analyser. C'est tout
ce que je vous demande. Pas de vous déguiser en courant d'air, pas de
vous dire: Bien, ce n'est pas sûr que c'est dans mon mandat parce qu'on a
peur de faire l'ouvrage. Faites votre mandat, analysez si le gouvernement avait
le droit de faire ça et donnez votre opinion. On protège, on
nomme ces organismes-là. L'Ordre des comptables agréés,
c'est fait pourquoi, la vérification générale? Pour payer
un montant, un bonus aux comptables ou si ça veut dire quelque chose, la
vérification générale?
Le vérificateur de la Société de l'assurance
automobile du Québec, est-ce qu'il doit faire son travail ou s'il doit
se déguiser en courant d'air? Moi, je n'admets pas que le gouvernement
se comporte comme un voleur. Je n'admets pas ça. Les organismes qui sont
là pour le surveiller doivent faire leur job, M. le Président.
Ceux qui pensent que c'est fini, qu'ils ne se trompent pas. Dans
Madelipêche, il y en a qui avaient demandé ma tête au
premier ministre et l'enquête a démontré que j'avais
raison. Les principaux visés, ce n'étaient pas les pêches,
c'étaient les institutions financières du Québec. Quand
vous regardez sur les quelque 30 conclusions, il y avait deux poursuites contre
une banque qui n'a pas fait un pouce depuis que les libéraux sont au
pouvoir. Où c'était une commission d'enquête
présidée par un juge qui demandait de prendre des poursuites, on
a pris des poursuites dans le temps qu'on était au gouvernement et il
n'y a pas un pouce, pas une procédure qui a été faite
depuis que les libéraux sont au pouvoir, depuis 1986, M. le
Président. Un cynisme! Un cynisme!
Des fois, je me demande si ce n'est pas moins dangereux de
négocier avec la mafia que de négocier avec le gouvernement parce
qu'on n'a pas le droit de faire ce qu'on fait. Il y a des gens qui se
déguisent en courant d'air parce qu'ils n'ont pas de courage, M. le
Président. La
moindre des choses, c'est que ceux qui font la vérification
générale de la Société de l'assurance automobile
disent qu'est-ce qu'il en est. Qu'est-ce qu'il en est? Le Club automobile a des
opinions juridiques. Est-ce que c'est pour les encadrer et avoir des cadres
avec des opinions juridiques dans les bureaux ou bien si c'est pour agir, une
fois qu'on a les opinions juridiques, qu'on est un organisme de protection du
public et qu'on a des opinions juridiques qui disent que le public n'est pas
protégé, qu'on s'est approprié des fonds qui lui
appartenaient, M. le Président?
Donc, M. le Président, je disais que l'Ordre des comptables
agréés du Québec et le Barreau du Québec ont des
responsabilités particulières dans ce dossier. L'accumulation de
surplus illégaux par la Société de l'assurance automobile
du Québec et l'appropriation aussi illégale de ces surplus par le
gouvernement affectent les états financiers de la Société
de l'assurance automobile du Québec et du gouvernement puisque les
montants détournés de la caisse des assurés constituent un
événement extraordinaire pour la Société de
l'assurance automobile du Québec et le gouvernement, qui devraient
apparaître dans leurs états financiers. De plus, cette somme
détournée, qui s'élèvera à 1 700 000 000 $
en 1995 et qui grossit chaque année, pourrait éventuellement
affecter la cote de crédit du Québec. Ne nous trompons pas. Quand
on regarde ce qui s'est passé pour une somme de quelque 30 000 000 $,
lorsque la cause a été rendue à l'État de New York,
avec les intérêts accumulés, c'était rendu à
100 000 000 $. Imaginez-vous ce que ça représente, 1 700 000 000
$ avec les intérêts! Si l'affaire se... Et, un jour ou l'autre,
l'affaire ira devant les tribunaux parce que si l'opinion de Me Garant est
exacte, comme juriste, qui est le seul qui a rendu une opinion publique
actuellement, ça veut dire qu'on ne peut même pas corriger la
situation et que les montants en cause maintenant, il y a des
intérêts qui vont jouer et qu'éventuellement des sommes
considérables devront être remboursées par le gouvernement;
la Société de l'assurance automobile devra les rembourser aux
assurés. (11 h 20)
On a vu que Bell Canada a déjà été
condamnée par les tribunaux et il a dû y avoir des remboursements
qui ont été faits aux abonnés de Bell Canada. Il pourrait
arriver la même chose et l'opinion de l'Ordre des comptables
agréés est importante parce qu'il administre et veille à
l'application d'un code de déontologie et de principes comptables lors
de la vérification des livres et de la préparation des
états financiers et qu'il doit avertir les citoyens qui lisent ces
états financiers que la vérification leur a
révélé telle ou telle chose. C'est leur job et ils sont
payés pour le faire.
Le Barreau a également des responsabilités légales
envers la protection de l'intérêt public. En outre, dans une
société de droit, il a la responsabilité morale
d'intervenir lorsque des abus de droit sont commis, encore plus lorsqu'ils sont
gros, encore plus quand ils sont commis par le gouvernement et encore plus
quand ce sont des individus, des millions d'individus qui sont spoliés.
L'accumulation de surplus illégaux par la Société de
l'assurance automobile du Québec et l'appropriation aussi
illégale de ces surplus par le gouvernement soulèvent de
sérieuses interrogations sur le fonctionnement de nos institutions
gouvernementales, la protection de l'intérêt public et les
façons, pour les citoyens, de faire valoir leurs droits sans devoir
dépenser des sommes exorbitantes. Lorsqu'un organisme gouvernemental et
le gouvernement commettent outrageusement des abus de droit et bafouent les
droits du simple citoyen, le Barreau doit avoir le courage de défendre
les règles du droit.
Le simple citoyen ne dispose pas toujours des moyens nécessaires
pour se défendre. Imaginez-vous que c'est un simple citoyen qui prend
une poursuite alors que les organismes, à même les fonds publics,
peuvent le traîner devant tous les tribunaux, jusqu'en Cour
suprême, pendant des années. À moins d'être un
millionnaire qui veuille faire oeuvre philanthropique, c'est évident
qu'aucun individu n'a les moyens de faire ça. Le simple citoyen ne
dispose pas de ces moyens nécessaires pour se défendre lorsque
des organismes et des institutions beaucoup mieux organisés abusent de
lui. L'accumulation de surplus illégaux par la Société de
l'assurance automobile du Québec et l'appropriation aussi
illégale de ces surplus par le gouvernement constituent un cas flagrant
où les droits du citoyen sont bafoués. C'est pourquoi la
Commission des droits de la personne, l'Ordre des comptables
agréés du Québec, le Protecteur du citoyen et le Barreau
du Québec, dont la mission principale est de protéger le citoyen
et l'intérêt public, doivent remplir leur mission. C'est à
eux qu'il appartient de se prononcer et non pas de trouver des excuses pour ne
pas se prononcer, de peur d'analyser la situation, mais, au contraire,
d'analyser la situation selon leur opinion. Est-ce que Me Patrice Garant a
raison? Est-ce que le bureau d'avocats qui a donné une opinion juridique
au Club automobile du Québec a raison? À ce moment-là,
c'est sa fonction qu'il doit assumer, soit celle de protéger les
citoyens.
Je vois la ministre des Institutions financières qui est ici, en
cette Chambre. C'est un peu comme le député de Rosemont, ici, qui
pose des questions. Il y a des organismes dont c'est la tâche de
protéger le public. On les paie pour ça.
Une voix: Rouyn.
M. Garon: C'est le député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue, pardon. J'ai dit le député
de Rosemont, mais c'est le député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue. Il y a des organismes dont c'est le mandat
de protéger le public, qui sont
payés pour ça, avec des fonds publics. Bien, qu'ils
fassent leur travail. Aujourd'hui, le projet de loi qui est devant nous
représente des sommes infimes, des grenailles par rapport aux sommes que
le ministre des Finances va chercher dans le fonds de la caisse de l'assurance
automobile. On a l'impression que le plus gros assuré de la
Société de l'assurance automobile, c'est le ministre des
Finances, non pas en tant que citoyen ou individu, mais comme ministre des
Finances. On se demande si c'est une société d'assurance des
déficits du ministre des Finances, la Société de
l'assurance automobile.
Je pense qu'une société québécoise qui n'est
pas capable de faire face à une situation comme celle-là est une
société honteuse, qui n'a pas le courage comme marque de
commerce, une société qui permet, par ses institutions
démocratiques, par ses corporations professionnelles, qu'on
dépouille sans droit le citoyen et qu'après ça on trouve
toutes les excuses pour se déguiser en courant d'air pour ne pas
défendre le citoyen qui se fait spolier. C'est une société
qui a des institutions qui ne méritent pas les sommes qu'on leur verse.
Il y a des corporations professionnelles qui passent leur temps a nous parler
de leur mérite. On a l'impression qu'elles sont en compétition
avec Notre-Seigneur pour la valeur de leur mérite. Elles ont une valeur
infinie. Quand on voit les factures arriver, on a l'impression qu'elles
considèrent que leurs services ont une valeur infinie. Mais quand il
s'agit de prendre leurs responsabilités et leur courage à deux
mains, là, je vais vous dire, on a l'impression d'être en face de
punaises. Il y a des gens qui manquent de courage. Bien, il va falloir, M. le
Président - et, ça, je ne lâcherai pas là-dessus -
que l'Ordre des comptables, le Barreau du Québec, la Commission des
droits de la personne, le Protecteur du citoyen et le Vérificateur
général analysent ce qui a été fait par la
Société de l'assurance automobile. Qu'ils nous le disent
légalement et qu'ils ne cherchent pas des moyens de ne pas se prononcer.
Qu'ils nous disent si, légalement, ce qui a été fait
était légal ou illégal. Après ça, la
population jugera les opinions juridiques qui ont été
énoncées et les confrontera aux opinions juridiques qui ont
été émises jusqu'ici. Les seules opinions juridiques qui
ont été émises jusqu'ici, M. le Président, ont dit
que la Société de l'assurance automobile et le ministre des
Finances ont agi sans droit. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Lévis. Alors, je ne vois pas d'autre
intervenant. Est-ce que le principe du projet de loi 178, Loi modifiant la Loi
sur l'assurance automobile et la Loi modifiant la Loi sur l'assurance
automobile et d'autres dispositions législatives, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M.
Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: Alors, M. le Président, je fais motion
pour que le projet de loi soit déféré à la
commission de l'aménagement et des équipements.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée? Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, à ce moment-ci,
compte tenu des ententes intervenues entre l'Opposition officielle et
nous-mêmes et aussi à l'invitation du président de
l'Assemblée nationale, je vous propose de suspendre nos travaux
jusqu'à cet après-midi, 14 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je suspends donc
les travaux de cette Assemblée jusqu'à 14 heures aujourd'hui.
(Suspension de la séance à 11 h 27)
(Reprise à 14 h 10)
Le Président: à l'ordre, s'il vous plaît!
mmes, mm. les députés, nous allons nous recueillir quelques
instants. je vous remercie. veuillez vous asseoir.
Présence des membres de la famille et des
proches de députés de l'Assemblée nationale
célébrant leurs quinze ans de vie parlementaire
J'ai le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, des
membres de la famille et des proches de sept de nos collègues qui
célébreront demain leurs quinze ans de vie parlementaire, soit M.
Jacques Brassard, député de Lac-Saint-Jean, M. Guy Chevrette,
député de Joliette, M. Jean Garon, député de
Lévis, M. François Gen-dron, député
d'Abitibi-Ouest, M. Gérald Godin, député de Mercier, M.
Jean-Pierre Jolivet, député de Laviolette et M. Denis Perron,
député de Duplessis. Nous réitérons nos
félicitations à ces parlementaires pour cet anniversaire.
Présence de l'ambassadeur du Venezuela
J'ai le très grand plaisir de souligner la présence, dans
les tribunes, de l'ambassadeur du Venezuela, Son Excellence M. Vladimir
Ges-sen.
Présence du consul général du
royaume de Belgique à Montréal
Également, j'ai le grand plaisir de souligner la présence
du consul général du royaume de Belgique à
Montréal, M. Fernand Van Brusselen.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
Présentation de projets de loi
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article c du feuilleton.
Projet de loi 403
Le Président: À l'article c du feuilleton, M. le
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique, président du Conseil du trésor,
présente le projet de loi 403, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux
judiciaires en matière de retraite et d'avantages sociaux. M. le
ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, ce projet de loi modifie la
Loi sur les tribunaux judiciaires afin d'harmoniser le régime de
retraite des juges de la Cour du Québec avec les règles qui
découlent de la réforme fiscale en matière
d'épargne-retraite.
Le projet de loi réduit d'abord le taux d'acquisition de la
pension et porte à 35 le nombre maximum d'années de service
servant aux fins du calcul de la pension. Le projet de loi introduit, de plus,
une réduction actuarielle applicable au montant de pension
afférent aux années de service postérieures au 31
décembre 1991 lorsque le juge prend sa retraite avec 20 ou 25 ans de
service, selon le cas.
Par ailleurs, le projet de loi introduit dans la Loi sur les tribunaux
judiciaires une disposition permettant au gouvernement d'établir,
à l'égard des personnes visées par le régime de
retraite prévu à la partie VI de cette loi, un régime de
prestations supplémentaires. enfin, le projet de loi prévoit que
les municipalités de montréal, laval et québec pourront
adhérer aux régimes de retraite prévus par la loi sur les
tribunaux judiciaires à l'égard de leurs juges, des personnes
ayant acquis un droit à une pension ou des pensionnés en vertu du
régime de retraite équivalent en vigueur au sein de ces
municipalités.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article d du feuilleton.
Projet de loi 406
Le Président: à l'article d du feuilleton, m. le
ministre de la justice présente le projet de loi 406, loi sur l'institut
québécois de réforme du droit. m. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, il me fait
particulièrement plaisir de présenter le projet de loi 406. Ce
projet de loi a pour objet de constituer l'Institut québécois de
réforme du droit.
L'Institut aura pour mission de soumettre au ministre de la Justice des
propositions visant la réforme et le développement du droit.
L'Institut devra élaborer et faire approuver par le ministre les
programmes de recherche qu'il se propose d'entreprendre. Il devra se saisir en
priorité des demandes d'études ou d'avis que pourra lui faire le
ministre.
L'Institut sera composé de cinq à neuf membres dont
certains pourront être nommés à temps partiel; son
secrétaire et son personnel seront de la fonction publique. Les
programmes de recherche ainsi que les rapports de recherche et
d'activité de l'Institut seront déposés devant
l'Assemblée nationale.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article a du feuilleton.
Projet de loi 186
Le Président: à l'article a du feuilleton, m. le
ministre du travail présente le projet de loi 186, loi modifiant la loi
sur le bâtiment et d'autres dispositions législatives. m. le
ministre.
M. Normand Cherry
M. Cherry: M. le Président, le projet de loi propose une
révision de la Loi sur le bâtiment. Le projet de loi apporte des
modifications au champ d'application de la loi, notamment en visant de
nouvelles installations techniques et en introduisant de nouvelles
définitions. Il prévoit également que les
difficultés d'application et d'interprétation du champ
d'application seront déférées au Tribunal du travail.
Le projet de loi institue la Régie du bâtiment du
Québec en remplacement de la Commission du bâtiment du
Québec. Cette régie gouvernementale en matière
d'inspection, de normalisation et de qualification professionnelle des
entrepreneurs de construction est assortie d'un
comité consultatif composé des intervenants du milieu.
Ce comité est formé par le ministre du Travail et a pour
fonction de donner à la Régie des avis sur toute question soumise
par elle relativement à l'administration de la loi ou
spécifiquement prévue par cette dernière.
Le projet de loi complète les dispositions portant sur les
garanties financières et les attestations de conformité en vue
d'assurer une meilleure protection des consommateurs qui acquièrent des
bâtiments ou font exécuter des travaux de construction.
Le projet de loi confie à la Régie la
responsabilité de la qualification professionnelle de tous les
entrepreneurs de construction. Il accroît les exigences en cette
matière, notamment en prévoyant l'obligation de se mériter
la confiance du public pour obtenir ou maintenir une licence d'entrepreneur. Il
habilite la Régie à établir par voie réglementaire
des règles de conduite et un système de points d'inaptitude
à caractère public.
Le projet de loi remplace les dispositions imposant la mise sur pied de
programmes de contrôle de qualité par les nouvelles exigences en
matière d'attestation, de conformité et d'obtention de
permis.
Le projet de loi attribue au Tribunal du travail la juridiction en
matière d'appel des décisions de la Régie concernant la
qualification des entrepreneurs de construction et la sécurité
des personnes qui habitent, fréquentent ou ont accès aux
bâtiments. Le projet de loi reformule le libellé de certaines
infractions et en introduit de nouvelles. Il majore également le montant
des amendes.
Enfin, M. le Président, la Loi sur le bâtiment telle que
modifiée par le présent projet de loi entrera en vigueur le 1er
janvier 1992, de façon à permettre à la Régie du
bâtiment du Québec d'appliquer les nouvelles dispositions
relatives à la qualification. Les autres dispositions entreront en
vigueur à une date ultérieure fixée par le gouvernement,
sauf que la Régie aura le mandat d'appliquer, dès le 1er janvier
1992, les lois actuelles en vigueur qui seront éventuellement
remplacées par ces autres dispositions.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article k du feuilleton.
Projet de loi 291
Le Président: L'article k du feuilleton. J'ai reçu
le rapport du directeur de la législation sur le projet de loi 291, Loi
concernant Les Services de santé du Québec. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose donc ce
rapport. En conséquence, M. le député de
Louis-Hébert présente le projet de loi d'intérêt
privé 291, Loi concernant les services de santé du Québec.
L'Assemblée accepte-t-elle d'être saisie de ce projet de loi?
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Johnson: M. le Président, je fais motion pour que ce
projet de loi soit déféré à la commission du budget
et de l'administration et pour que la ministre déléguée
aux Finances en soit membre.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article I du feuilleton.
Projet de loi 284
Le Président: L'article I du feuilleton. J'ai reçu
le rapport du directeur de la législation sur le projet de loi 284, Loi
modifiant l'Acte pour incorporer le Ste Marguerite Salmon Club. Le directeur de
la législation a constaté que les avis ont été
faits et publiés conformément aux règles de fonctionnement
des projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce
rapport. En conséquence, M. le député de Saguenay
présente le projet de loi d'intérêt privé 284, Loi
modifiant l'Acte pour incorporer le Ste Marguerite Salmon Club. Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
M. Gendron: Adopté
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Johnson: je fais motion pour que ce projet de loi soit
déféré à la commission du budget et de
l'administration et pour que la ministre déléguée aux
finances en soit membre.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article n du feuilleton.
Le Président: L'article p du feuilleton? Une voix:
n
Projet de loi 293
Le Président: L'article n. J'ai reçu le rapport du
directeur de la législation sur le projet de loi 293, Loi concernant
Mutuelle des fonctionnaires du Québec. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce
rapport.
En conséquence, M. le whip du gouvernement et
député de Viau, au nom de M. le député de
Taschereau, présente le projet de loi d'intérêt
privé 293, Loi concernant Mutuelle des fonctionnaires du Québec.
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je fais motion pour que
ce projet de loi soit déféré à la commission du
budget et de l'administration et pour que la ministre
déléguée aux Finances en soit membre.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? (14 h
20)
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint.
M. Johnson: M. le Président, l'article p du feuilleton, si
vous voulez bien l'appeler.
Projet de loi 299
Le Président: L'article p du feuilleton. J'ai reçu
le rapport du directeur de la législation sur le projet de loi 299, Loi
concernant la ville de Rimouski. Le directeur de la législation a
constaté que les avis ont été faits et publiés
conformément aux règles de fonctionnement des projets de loi
d'intérêt privé. Je dépose ce rapport.
En conséquence, M. le député de Rimouski
présente le projet de loi d'intérêt privé 299, Loi
concernant la ville de Rimouski. L'Assemblée accepte-t-elle d'être
saisie de ce projet de loi?
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Johnson: M. le Président, je fais donc motion pour que
ce projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et pour que le ministre des
Affaires municipales en soit membre.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article r du feuilleton.
Projet de loi 295
Le Président: L'article r du feuilleton. J'ai reçu
le rapport du directeur de la législation sur le projet de loi 295, Loi
concernant Aéroports de Montréal. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce
rapport.
En conséquence, M. le whip du gouvernement et
député de Viau, au nom de M. le député de
Saint-Louis, présente le projet de loi d'intérêt
privé 295, Loi concernant Aéroports de Montréal. Est-ce
que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Johnson: M. le Président, je fais motion pour que ce
projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et pour que le ministre des
Affaires municipales en soit membre.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Maintenant, dépôt de documents. Oui, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je voudrais demander au leader adjoint du
gouvernement, étant donné que c'est la dernière
journée, aujourd'hui, pour le dépôt de législations
devant être adoptées avant Noël: Est-ce que même celles
qui sont au feuilleton et qui ne sont pas déposées, c'est donc
parce que le gouvernement ne veut pas qu'elles soient adoptées? Celles
qui sont promises depuis deux ou trois ans et qui devaient être
présentées à cette session-ci ne le seront pas non
plus?
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, il n'y a jamais eu de rapport
entre la question du leader et la conclusion qu'il en tire lui-même.
Le Président: Maintenant, dépôt de documents.
M. le ministre de la Sécurité publique.
Dépôt de documents
Rapport annuel du Comité de déontologie
policière
M. Ryan: II me fait plaisir, M. le Président, de
déposer le rapport annuel du Comité de déontologie
policière pour l'année 1990-1991.
Le Président: Alors, ce rapport est déposé.
Maintenant, M. le ministre des Affaires municipales et ministre responsable de
l'application de la Charte de la langue française.
Rapport annuel de l'Office de la langue
française
M. Ryan: J'ai l'honneur de déposer le rapport annuel pour
l'année 1990-1991 de l'Office de la langue française.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Dépôt de rapports des commissions.
Dépôt de pétitions.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Nous allons donc procéder à la période de questions
et réponses orales. Je vais reconnaître en première
question principale M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: m. le président, je veux tout simplement vous
indiquer que si le ministre de l'éducation avait pu être ici - il
m'a avisé qu'il ne pouvait pas être ici - je l'aurais
questionné sur le dossier que vous connaissez et je voulais quand
même l'indiquer à cette chambre que ma première question
aurait porté sur le fameux dossier de népotisme.
Le Président: à l'ordre! alors, nous allons donc
procéder à la période de questions et réponses
orales. m. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je ne sache pas qu'il existe
une période des avis destinée au leader adjoint de
l'Opposition.
Une voix: II innove.
Le Président: Effectivement, cette
période-là n'existe pas. Je constate que le député
d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition en a pris la liberté.
Alors, nous allons procéder maintenant à la période de
questions et réponses orales des députés et je vais
reconnaître en première question principale M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Rachat des véhicules ambulanciers de la
Corporation d'urgences-santé
M. Trudel: M. le Président, le 9 décembre 1988, le
gouvernement invoquait la motion de clôture pour faire adopter le projet
de loi 34 concernant la réforme du système ambulancier au
Québec. Dès ce moment, l'Opposition avait prévenu le
gouvernement, dans l'adoption de ce mauvais projet de loi, en disant: D'ici
deux ans, on viendra vous remettre les clés des véhicules
ambulanciers de Montréal et vous devrez payer à nouveau.
Depuis ce temps, il y a eu la tragédie de la Polytechnique, il y
a eu le rapport de Coster et ses tristes conclusions, si bien qu'aujourd'hui le
gouvernement est acculé à cette possibilité, à
cette difficulté de devoir racheter à nouveau, en quelque sorte,
les véhicules ambulanciers d'Ur-gences-santé à
Montréal, si on veut poursuivre les opérations du système
ambulancier. Mardi soir dernier, la Corporation d'urgences-santé a
traité de ce sujet à la réunion de son conseil
d'administration quant au rachat de la coopérative ambulancière
des véhicules qui ont déjà été
financés par d'autres sources au gouvernement.
Ma question bien simple, M. le Président, au ministre de la
Santé et des Services sociaux: Peut-il nous dire aujourd'hui combien,
à nouveau, il va en coûter aux contribuables
québécois pour réparer la gaffe du projet de loi 34 et du
député de Beauce-Sud et pourquoi aujourd'hui faut-il à
nouveau débourser pour racheter ces véhicules?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
c'est une question qui a fait l'objet, bien sûr, d'un certain nombre de
discours - je vois le député de Joliette sourire, ça lui
en rappelle très certainement un grand nombre - en cette période
de décembre qu'il évoque. Il est certain que c'est un dossier qui
a fait l'objet d'une étude exhaustive de la part du rapport de Coster, y
compris des intervenants dans le domaine de la santé et des services
sociaux, et que j'ai analysé.
Nous avons décidé de prendre un certain nombre de mesures
et de moyens, y compris des directives à Urgences-santé pour
rétablir une situation, l'objectif premier étant celui d'un
service de qualité et d'un service rapide à la population. C'est
ça l'objectif que nous poursuivions et, pour ce faire, M. le
Président, vous aurez compris que ça prend des
véhicules.
Les véhicules, dans l'opération antérieure,
appartenaient à une corporation dont les travailleurs étaient
propriétaires et, dans le démêlage des dossiers, on a donc
décidé que les véhicules appartenaient à
Urgences-santé et qu'on pouvait ainsi faire en sorte de continuer de
manière
graduelle jusqu'en juin 1992 - avec des étapes en septembre 1991,
en janvier et février 1992, en mars 1992 et en juin 1992 - à
rétablir une situation qui méritait d'être rétablie.
c'est ce qu'on est après faire.
Le Président: En question complémentaire.
M. Trudel: Oui, la prédiction du député de
Joliette était juste. Le ministre peut-il nous confirmer qu'il en
coûtera entre 13 000 000 $ et 16 000 000 $ aux contribuables du
Québec pour racheter la flotte des véhicules ambulanciers
à Montréal, des véhicules qui ont coûté entre
114 000 $ et 130 000 $ et qui, de toute façon, sont mal adaptés
pour desservir le public à Montréal. Combien? Peut-il nous
confirmer que c'est entre 13 000 000 $ et 16 000 000 $ pour racheter la flotte
de véhicules?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, oui,
je peux lui confirmer que ça va coûter entre 13 000 000 $ et 16
000 000 $. Cependant, la nuance qu'il faut faire, c'est qu'il faut faire le
transport ambulancier avec des véhicules. Si nous n'avons pas de
véhicules, ça ne coûte rien et si on a des
véhicules, ça coûte quelque chose. Ça me
paraît évident qu'à ce moment-ci, c'est très
clair.
Dans ce sens-là, ça nous prend des véhicules qui,
selon les différentes analyses qui ont été fartes, dans un
premier temps, pouvaient coûter à l'époque, lorsqu'ils
étaient évalués, 85 000 $ et des véhicules qui,
selon Urgences-santé de l'époque, étaient encore mieux
adaptés à leurs besoins, en coûtaient 115 000 $. Bien
sûr que toute une série d'autorisations ont été
faites et garanties, octroyées par le gouvernement sur l'achat des
véhicules par la coopérative à qui nous payons les frais
inhérents à l'achat de ces véhicules-là. Ça
se paie directement par l'achat ou ça se paie par l'utilisation du
service et, évidemment, on se retrouve avec des véhicules dont on
avait besoin, mais qui, aujourd'hui, deviennent la propriété
d'Urgences-santé et qui serviront aux citoyens du Québec.
Quant à la flotte adaptée, vous ne révélez
pas un grand secret là. Le rapport de Coster a dit: À partir du
moment où vous arriverez dans la phase qu'il faut analyser entre du
transport urgent et du transport non urgent, il faudra, bien sûr, adapter
la flotte de véhicules aux besoins que vous avez et c'est ça
qu'on est après faire et qu'on finalisera en 1992.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Trudel: Le ministre de la Santé et des Services sociaux
pourrait-il nous expliquer aussi pourquoi il faut les acheter ou les financer
deux fois à même l'argent des contribuables? Compte tenu des
nouvelles directives qu'il a émises en matière de
réorganisation du système ambulancier à Montréal et
des inquiétudes chez les infirmières et chez les médecins,
est-il d'accord pour mettre en oeuvre (a réalisation du mandat de la
commission des affaires sociales, le mandat d'initiative d'examiner pendant
trois jours devant cette commission toute la situation d'Urgences-santé
et du transport ambulancier à Montréal?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Si j'ai bien saisi, M. le
Président, le sens et la pertinence de la question du
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue, elle contient
plusieurs volets, le premier étant qu'effectivement, par la location
d'espaces-temps de camions, nous avons garanti un paiement qui devait
lui-même payer le capital sur les véhicules. On se retrouve
à une période x où il reste un solde hypothécaire
qui n'est pas payé et devant une faillite possible de la
coopérative. Ce dont nous avions besoin, c'est des véhicules. On
a donc au-delà des garanties ou avec les garanties que nous avions
fournies - parce que nous nous étions engagés comme gouvernement,
à supporter la coopérative, à être garants de la
coopérative - décidé de se porter acquéreurs des
véhicules pour être capables de continuer le service,
premièrement. (14 h 30)
Deuxièmement, lorsque vous débordez sur la question de
l'inquiétude d'Info-Santé par rapport aux infirmières, de
l'inquiétude des médecins par rapport à la dispensation de
services médicaux, il n'y a pas de surprise là. Dans les
directives que j'ai émises à la fin de juin 1991 qui
découlent directement du rapport de Coster, de ses constatations, de ses
recommandations et d'un comité que j'ai mis sur pied pour être
capable de faire en sorte qu'on réponde aux interpellations que faisait
de Coster, j'ai donné des directives, y compris pour Info-Santé,
dissociation avec Urgences-santé, pour les médecins qui, à
notre point de vue, sont en trop grand nombre par rapport aux besoins
d'Urgences-santé à Montréal, et chacun n'est pas
différent de ce qu'on a vu dans le cadre de la réforme. Chaque
producteur, que ce soit les infirmières d'Urgences-santé, que ce
soit les médecins travaillant à Urgences-santé, se
positionne dans son intérêt, toujours au nom du
bénéficiaire.
Quant au troisième volet - M. le Président, je termine
là-dessus - celui d'une commission parlementaire, je souhaiterais
uniquement une chose, que vous puissiez vous entendre avec Mme la
présidente de la commission qui, encore il y a deux jours,
m'écrivait et, hier, me sollicitait à l'arrière du
trône pour un autre mandat d'initiative sur l'adoption internationale ou
autre chose. Faites votre choix, mesdames, messieurs, je serai à votre
disposition.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Verchères.
État actuel de la toile du Stade
olympique
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Les derniers
événements survenus au Stade olympique et les autres incidents
font en sorte que là, on est plongé dans un véritable
roman-savon. M. le Président, parmi tous les rapports que le ministre
responsable de la RIO m'a transmis, je n'ai pu trouver de recommandation
à l'effet de maintenir le Stade fermé - dans aucun des rapports -
tant la firme Socodec, dans le rapport du 16 octobre, ou la firme
d'ingénieurs Nicolet, Chart rand, Knoll, dans le rapport du 29 octobre,
ou le comité des experts, dans le rapport du 5 novembre, qui dit que -
et je cite - "L'inspection n'a pas relevé de signes qui indiqueraient
que la sécurité de la structure est compromise."
Certes, M. le Président, la fiabilité de la toile n'est
pas garantie, mais personne n'a indiqué que cela comportait un danger
pour le public, ce qui n'a pas empêché le ministre, dans un
communiqué du 7 novembre, de dire: Ainsi, le vieillissement la rend plus
propice au déchirement et dangereuse pour les utilisateurs du Stade.
Le Président: Votre question, Mme la
députée.
Mme Dupuis: Ma question s'adresse au ministre responsable des
installations olympiques. Sur quoi se base le ministre pour affirmer que la
toile est dangereuse pour les utilisateurs du Stade alors qu'aucun rapport n'en
arrive à cette conclusion?
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: Incroyable, M. le Président! Incroyable,
mais vrai, malheureusement. J'inviterais, M. le Président, possiblement
le chef de l'Opposition ou le leader de l'Opposition à prendre
connaissance des documents. Je vais lui donner le bénéfice du
doute. Peut-être a-t-elle mal compris l'interprétation que les
experts font, mais c'est très important de laisser planer que les
experts qui ont été consultés ne disent pas qu'il faut que
le Stade soit fermé.
M. le Président, ce n'était pas le mandat des experts. Le
mandat des experts, c'était de nous assurer que le Stade, dans sa
composition structurelle, était sécuritaire. Les avis, les
documents qui ont été mis de l'avant sont venus confirmer,
après le fait, cette sécurité, pas avant. Soyez
honnêtes. À tout le moins, reconnaissez-le.
Une voix: C'est vrai.
M. Vallerand: Deuxième demande et exigence. Dans notre
conception de la prévention au Québec, par rapport à
l'intérêt public, c'était une sécurité sur la
toiture et sa toile. Tous les experts, tous les experts à
l'unanimité, concluent à un vieillissement
prématuré et au danger de l'utilisation en période
hivernale. À un point tel, M. le Président - j'aimerais que Mme
la députée de Verchères ait le courage de se lever et de
le lire - que dans tous les rapports des trois experts consultés on met
de l'avant, on suggère des mesures de prévention qui vont
jusqu'à fermer le Stade en cas de tempête de neige, en cas d'orage
ou de vents violents. Est-ce que vous croyez, comme gouvernement responsable,
que c'est une façon d'administrer un équipement public de
façon sécuritaire, cette façon-là? Qu'on
réponde!
Le Président: J'apprécierais la collaboration des
collègues, s'il vous plaît. Question complémentaire, Mme la
députée de Verchères.
Mme Dupuis: m. le président, aucune expertise reçue
par la rio ne révèle que la toile n'est pas sécuritaire
cet hiver. un peu de modestie! avec toutes les erreurs qui se sont
passées au stade...
Le Président: Mme la députée, s'il vous
plaît. Mme la députée, vous êtes en question
complémentaire, vous ne devez faire aucun commentaire, aucun
préambule. Posez votre question, s'il vous plaît.
Mme Dupuis: Bien sûr, M. le Président. Une fois pour
toutes...
Le Président: S'il vous plaît. Mme la
députée.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: S'il vous plaît. Alors, Mme la
députée.
Mme Dupuis: Question courte, M. le Président. Une fois
pour toutes, est-ce que la population pourrait savoir qui dit vrai, le ministre
ou le président de la RIO qui affirme que le Stade peut rouvrir si on
prend certaines mesures préventives nécessaires? Qui dit
vrai?
Le Président: M. le ministre.
M. Vallerand: Lecture partielle, interprétation
erronée, M. le Président, encore une fois, de la part de
l'Opposition. Si c'est ça votre conception de la prévention, ce
n'est pas la nôtre. M. le Président, ce n'est pas une
décision du ministre uniquement, c'est une décision du
gouvernement, Mme la députée de Verchères, lors de sa
séance du Conseil de mercredi en huit, premièrement.
Le Président: Un instant. S'il vous plaît, je
demanderais la collaboration... Je donne la parole au ministre pour la
réponse, à personne d'autre. S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Vallerand: Donc, M. le Président, qui dit vrai? C'est
d'abord et avant tout le gouvernement, en autant que je suis
concerné.
Deuxièmement, M. le Président... Je mets au défi
Mme la représentante de l'Opposition, Mme la députée de
Verchères, et je mets à l'écart de ce
défi-là le chef de l'Opposition et le leader un peu plus
responsable. Je la mets au défi, M. le Président, de dire que le
rapport des experts n'entretient pas de doutes sérieux sur la
fiabilité et la sécurité de la toile, une fois
redéployée pendant la période d'hiver. Je la mets au
défi de me dire le contraire de ce que les avis des experts ont dit
à ce jour, M. le Président.
Deuxièmement, M. le Président, ce que je voudrais dire
à Mme la députée de Verchères...
Le Président: Un instant, un instant, un instant! Je vais
demander la collaboration encore une fois de toutes les personnes. En
conclusion, M. le ministre.
M. Vallerand: Je voudrais rappeler, M. le Président,
à Mme la députée de Verchères, que lorsque votre
maison n'est pas en ordre, lorsque votre maison n'est pas sécuritaire,
vous n'attendez pas que le voisin vienne vous dire d'arrêter d'inviter
vos amis. Et, dans un équipement d'utilisation aussi largement publique
qu'est l'équipement olympique, avec les rapports d'experts qui en
attestent, la responsabilité gouvernementale c'est, pour le moment, de
surseoir jusqu'à ce qu'on nous donne des garanties sur la
sécurité de la toile.
Une voix: Bravo!
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Sécurité du Stade olympique
Mme Harel: M. le Président, le ministre du Tourisme
sait-il à quel point les gens de Montréal, et
particulièrement ceux de l'est, et même des députés
de son parti dans cette Chambre, sont excédés de la
manière échevelée avec laquelle il s'est accaparé
des problèmes du Stade olympique? M. le Président, est-ce que le
ministre peut cesser de jouer au gourou de la sécurité et peut-il
laisser son collègue, le ministre du Travail, qui, en vertu de la loi, a
la responsabilité de la sécurité dans les édifices
publics, décider si, oui ou non, la population peut être
rassurée et les salons peuvent avoir lieu, M. le Président?
Une voix: Voilà!
Une voix: Bravo!
M. Vallerand: M. le Président...
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: ...c'est la conception de la sécurité
du côté de l'Opposition, M. le Président. M. le
Président, ce que Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve
ne dit pas, c'est que la responsabilité juridique de mon collègue
au Travail s'inscrit après le fait, pas avant le fait. Et si c'est
ça, votre conception de la prévention...
Le Président: S'il vous plaît, s'il vous
plaît!
M. Vallerand: la juridiction du ministère du travail est
davantage de constater après le fait... (14 h 40)
Le Président: m. le ministre, un instant! s'il vous
plaît! mm. et mmes les députés, s'il vous plaît!
alors, on a laissé le temps à mme la députée de
hochelaga-maisonneuve de poser sa question. j'apprécierais qu'on laisse
le temps au ministre de donner sa réponse également. m. le
ministre.
M. Vallerand: Merci, M. le Président. Ce que j'essaie de
rappeler à Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, M. le
Président, c'est ce que je disais à sa collègue, Mme la
députée de Verchères. Quand notre maison n'est pas en
ordre, quand nous avons toutes les raisons de croire qu'elle n'est pas
sécuritaire, nous n'attendons pas, comme propriétaire responsable
de l'équipement, que notre voisin nous avise d'arrêter d'inviter
nos amis, et c'est la mesure de prévention que nous avons prise à
date, dans le respect de la priorité qui est la sécurité
du public.
Je comprends très bien, M. le Président, les
préoccupations de Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve
et celles de sa collègue de Verchères; je les partage. Il est
vrai...
Des voix: Oh!
M. Vallerand: II est vrai que les mesures de prévention
que nous prenons perturbent des activités économiques importantes
dans un secteur économique qui en a largement besoin, mais je ne pense
pas qu'on doive prendre des décisions à rabais sous le seul
prétexte de vouloir protéger les intérêts
économiques au détriment de la sécurité
publique.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Harel: Oui. Alors, M. le Président, est-ce que le
ministre du Travail, qui a à prendre ces décisions,
considère que le président de la RIO a caché des rapports
à ces inspecteurs des
édifices publics, comme l'indique le quotidien Le Devoir
aujourd'hui?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Cherry: M. le Président, je remercie ma collègue
de sa question. Présentement, M. le Président, les
ingénieurs de l'inspection sont en train d'analyser les documents qu'ils
ont en leur possession. Nous avons également la garantie d'avoir
accès à toute étude ou document pertinent à la
sécurité concernant les poutres, les consoles et la toile du
Stade.
Mon ministère est en contact avec la RIO. Les communications
entre cet organisme et le ministère du Travail sont constantes. Je suis
donc en mesure de réaffirmer qu'avant la réouverture du Stade
tous les documents vont nous être accessibles et, de plus, que
l'inspecteur, M. Tourigny, et les deux ingénieurs qui sont au dossier,
soit MM. Richard Scott et Roch Pouliot, pourront, si besoin est, rencontrer les
experts pour toute information additionnelle.
Une voix: Bravo!
Le Président: En question principale, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition.
Tarification additionnelle aux consommateurs
d'Hydro-Québec
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Lors du dernier
budget, on se rappellera que le ministre des Finances a imposé aux
sociétés d'État une taxe déguisée, sous
l'appellation "frais de garantie", ce qui a eu pour effet de transmettre
à Hydro-Québec une facture de l'ordre de 143 000 000 $. À
l'époque, le ministre des Finances disait: Je m'assurerai
qu'Hydro-Québec puise dans ses frais d'exploitation. Quant à la
ministre responsable de l'Energie, elle nous disait: C'est
prématuré de parler de cela.
Maintenant que la loi 162 est votée et qu'on sait
qu'Hydro-Québec perdra 143 000 000 $, maintenant qu'on sait qu'avec les
contrats à risque Hydro-Québec perdra 160 000 000 $ et
qu'à cause de la faible hydraulicité on pourra se ramasser avec
500 000 000 $ en frais d'achat d'électricité chez nos voisins, ma
question à la ministre: Maintenant qu'on sait tout ça, comment
Hydro-Québec pourra-t-elle présenter un bilan valable dans les
milieux financiers et comment pourra-t-elle respecter ses ratios financiers
sans refiler une tarification additionnelle aux consommateurs
québécois?
Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: M. le Président, je pense que, dans le cas que
vient de mentionner le député de Joliette, ça n'a pas
beaucoup à voir avec le ratio financier. M. le Président,
Hydro-Québec fait tout son possible en ce moment pour essayer de
diminuer les dépenses, de rationaliser les dépenses qui sont
faites et d'avoir davantage une meilleure performance. Le défi
performance d'Hydro-Québec est rencontré par l'ensemble de ses
employés de même que par la direction. Alors, je pense que
ça aide en même temps à rationaliser les dépenses et
à arriver, à la fin de l'année, avec un bilan qui soit
acceptable et qui puisse être aussi profitable non seulement pour la
société, mais pour le budget québécois.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: ...est-ce que Mme la ministre peut nous assurer que
les pertes de 160 000 000 $ sur les contrats à risque et les 143 000 000
$ en frais de garantie ne seront jamais refilés au consommateur
québécois?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, il faudrait que le
député de Joliette attende la commission parlementaire où
Hydro-Québec viendra demander une nouvelle tarification. Dès que
nous aurons cette commission parlementaire, il pourra poser toutes les
questions nécessaires à Hydro-Québec.
Une voix: Très bien.
M. Chevrette: Est-ce que la ministre sait qu'Hydro-Québec,
ne pouvant pas verser de dividendes par le fait qu'elle doit respecter au moins
25 % de capitalisation, que cette loi 162 que nous avons votée hier
obligera Hydro-Québec à refiler la facture aux consommateurs
automatiquement parce que sa loi ne lui permet pas de verser de dividendes?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: Non, pas nécessairement, M. le
Président. Mais je dois dire que j'ai déjà expliqué
en cette Chambre et au prédécesseur du député de
Joliette qu'il y a trois causes principales à l'augmentation des tarifs
d'Hydro-Québec. Évidemment, if y a la faible hydraulicité,
comme il l'a mentionné tout à l'heure. Il y a la mise en oeuvre
d'un programme d'amélioration de la qualité du service, la
fiabilité du réseau qui est aussi une raison fort importante et
dont il faut tenir compte quand on demande une tarification. Il y a aussi la
mise sur pied d'un vaste programme d'efficacité
énergétique.
Je pense que tout ça ensemble fait qu'Hydro-Québec
considère ces trois causes principales pour demander une tarification au
gouvernement. Elles seront étudiées lors d'une commission
parlementaire. hydro-québec s'y présentera et
répondra à toutes les questions. le député de
joliette pourra, à ce moment-là, poser toutes les questions
nécessaires à hydro-québec.
Le Président: En question principale, M. le
député de La Prairie.
Programme de financement des groupes
environnementaux
M. Lazure: Merci, M. le Président. Lors de l'étude
des crédits, le ministre de l'Environnement annonçait en grande
pompe un nouveau programme de financement des groupes environnementaux, environ
700 groupes à travers le Québec. Pour une fois, le ministre a
fait l'unanimité. Mais depuis que les groupes connaissent les
modalités, l'unanimité, c'est qu'ils sont tous furieux et
déçus. En effet, le financement statutaire des groupes est
remplacé par le financement sur la base de projets particuliers. Je cite
une lettre du regroupement de toutes les associations du Québec: "Ce qui
compromet sérieusement leur fonctionnement et leur survie..." Comme le
dit M. Turgeon, leur porte-parole, "au lieu d'accepter notre proposition de
financement de critères objectifs, on nous impose une méthode qui
vise à prendre le contrôle de nos activités."
La question au ministre de l'Environnement: Est-ce qu'il peut nous
expliquer ce virage majeur? Par exemple, en mai dernier, son attaché
politique, M. Gauthier, et le sous-ministre, M. Mead - je le donne comme
exemple, la même chose s'est produite avec d'autres groupes - rencontrent
le Conseil régional de l'Est, le pionnier des conseils régionaux
de l'environnement au Québec depuis 1978, et lui disent: Vous aurez
votre subvention de 35 000 $. Le 2 octobre, plusieurs mois plus tard, le
même M. Gauthier annonce au Conseil: Vous n'avez pas de subvention. Vous
devez nous soumettre un projet particulier d'ici à trois semaines. La
question, je la répète: Est-ce que le ministre peut nous
expliquer ce changement majeur?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
remercie le député de La Prairie de sa question. Il a raison de
souligner qu'il s'agit d'un changement majeur et important qui est causé
par la présence souhaitée et souhaitable de plus de 800 groupes
environnementaux à travers la province qui ont tous et chacun des
besoins de financement. Traditionnellement, le gouvernement du Québec
consacrait, sous l'ancien gouvernement comme sous l'actuel, quelque 500 000 $
sur une base annuelle au financement de ces groupes écologiques un peu
partout dans la province de Québec. Il y avait là des lacunes.
Les groupes se plaignaient que les sommes d'ar- gent consacrées par le
gouvernement n'étaient pas suffisantes. Suite à des pressions
exercées par l'ensemble des députés libéraux dans
chacun des comtés de la province de Québec, suite à
l'engagement que le Parti libéral avait pris à l'occasion de la
dernière campagne électorale, le gouvernement du Parti
libéral a décidé de doubler les crédits. Les sommes
mises à la disposition des groupes environnementaux, des quelque 800
groupes, ne sont plus maintenant de 500 000 $, mais de 1 000 000 $ sur une base
annuelle.
Le Président: En question complémentaire.
M. Lazure: Est-ce que le ministre peut nous dire quelles sommes
ont été octroyées? L'année fiscale est
commencée depuis plus de six mois, presque sept mois. Quelles sommes ont
été octroyées à date, environ? (14 h 50)
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, comme il
s'agit d'un nouveau programme, comme l'a mentionné le
député de La Prairie, qui a été annoncé
à l'occasion du dépôt des crédits, tard au printemps
dernier, les fonctionnaires du ministère ont mis de l'avant, au cours de
l'été, le programme comme tel, qui s'appelle
Action-Environnement, qui a été expédié et
porté à la connaissance des groupes environnementaux au
Québec.
Il me fait plaisir aujourd'hui, dans cette Chambre, d'annoncer au
député de La Prairie qu'en date du 7 novembre 1991 - et,
là, il faut se rappeler que le programme a été
annoncé le 26 septembre - donc, dans une période d'un peu moins
d'un mois et demi, le ministère de l'Environnement a reçu 190
demandes pour un montant total de 2 335 000 $. Il faudra donc que le jury se
penche sur ces demandes, retienne les meilleurs projets qui donneront, pour la
société québécoise, les meilleurs
bénéfices environnementaux. Merci, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Lazure: Est-ce que le ministre se rend compte que, depuis le
mois d'avril dernier, les groupes environnementaux n'ont pas d'argent? Il me
donnait comme réponse les sommes qui ont été
demandées. Il ne m'a pas donné comme réponse les sommes
qui ont été octroyées parce qu'il n'y en a à peu
près pas. M. le Président, les groupes environnementaux sont
à court d'argent depuis des mois et des mois.
Est-ce qu'il a l'intention, en dehors de la rencontre qu'il doit avoir
avec eux dans quelques semaines, d'agir rapidement pour les dépanner? Le
deuxième volet: Est-ce qu'il est juste qu'il exige l'accès
à la liste des membres de chacun de ces groupes-là? Est-ce que
c'est juste, ça?
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, il me fait
plaisir d'annoncer au député de La Prairie que nous n'avons pas
attendu, au ministère de l'Environnement, sa question dans cette
Chambre. Grâce à la collaboration du Conseil du trésor,
nous avons déjà déboursé des montants d'argent
avant de recevoir certains projets des groupes environnementaux les plus
importants qui, traditionnellement, recevaient du financement du
ministère de l'Environnement du Québec, si bien que certains
groupes ont reçu des avances de 15 000 $. Nous attendons qu'ils
soumettent leurs projets dans certains cas. Certains autres groupes l'ont
soumis. Dès que l'analyse du jury sera complétée, les
chèques seront émis et je peux vous assurer qu'il n'y aura pas,
dans ce programme, au cours de l'année, de crédits
périmés, les demandes étant trop importantes. Merci, M. le
Président.
Le Président: Toujours en question additionnelle.
M. Lazure: M. le Président, puisque le ministre n'a pas
répondu à la question, est-ce qu'il est exact que sur l'une des
formules Action-Environnement, à la page recto, au troisième
paragraphe, on dit: La liste des membres cotisants doit être accessible
au ministère. Pourquoi la liste des membres doit-elle être
accessible au ministère? Est-ce qu'il peut répondre à
ça?
Des voix: Oui! Oui!
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, le
député de La Prairie aurait dû prendre un peu plus de temps
pour exhiber le formulaire qui est très simple. Ce sont des
renseignements de base qui sont demandés. Il s'agit de fonds publics qui
sont décernés à des groupes environnementaux. J'ai
indiqué tantôt qu'il y avait, dans le répertoire des
groupes environnementaux au Québec, plus de 800 groupes qui ont
accès à un financement de 1 000 000 $. Il s'agit donc de donner
ou de diriger l'argent vers les groupes qui présentent les projets les
plus novateurs, les plus performants sur le plan environnemental et qui sont
aussi les plus représentatifs de la société. Nous ne
voulons pas donner l'argent des contribuables à des faux groupes. Merci,
M. le Président.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Jonquière.
M. Lazure: ...comme ça, les faux groupes à
l'avenir.
Taxation pour fins municipales de certains immeubles
industriels
M. Dufour: L'adoption de la loi 57 permettait, par l'article
65.1, de porter au rôle d'évaluation certains immeubles
industriels qui font l'objet de nombreuses contestations en cour. Les
différents ministres des Affaires municipales, les Unions municipales,
les municipalités ont beaucoup travaillé pour corriger cette
situation, sans succès. Le ministre lui-même s'est engagé
à déposer, dès cet automne, un ou des amendements à
cette loi afin d'améliorer ou de régler une fois pour toutes les
contestations qui coûtent un prix fou aux contribuables.
Récemment, un jugement de la Cour d'appel s'est montré en
partie favorable à Saint-Basile-le-Grand. Ma question au ministre des
Affaires municipales: Est-ce que vous allez déposer une loi pour
corriger l'article 65.1, tel que vous l'avez promis à plusieurs reprises
en commission municipale?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: D'abord, nous avons déjà apporté
une modification très importante à l'article 65.1, lors de
l'adoption de la loi 145 contre laquelle le député de
Jonquière a malheureusement voté. Nous avons apporté une
clarification très importante en ce qui concerne la taxation pour fins
municipales des installations de production des entreprises de raffinerie. Nous
avons pris l'engagement de constituer un groupe de travail, avec la
collaboration des municipalités, pour étudier les autres aspects
de l'article 65.1 qui demandent des explicitations ou des approfondissements et
ce sera fait dans un avenir prochain.
Le Président: En question complémentaire.
M. Dufour: Est-ce que le ministre des Affaires municipales se
rappelle que, lors de l'adoption de la loi 145, il s'est engagé ici en
cette Chambre à déposer pour cet automne un projet de loi qui
corrigerait ces erreurs qui sont dans la loi et qui sont loin d'être
satisfaisantes même par le dépôt de la loi 145? Ma question:
Après toutes ces années de tergiversations et de contestations,
ne trouvez-vous pas que le temps est venu de mettre fin à toutes ces
contestations en cours, puis de signer une trêve ou de faire une
trêve avec les municipalités pour qu'elles puissent vivre en paix
et tirer des bénéfices de la loi?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je ne veux pas nier, mais je ne
me souviens absolument pas d'avoir pris un engagement aussi précis en
commission parlementaire. J'ai pris l'engagement
de travailler de concert avec les municipalités à
éclaircir les autres problèmes qui pourraient subsister
après les modifications que nous avons apportées a l'article 65.1
et nous le ferons, mais je voulais attendre que la table
Québec-municipalités reprenne ses travaux, que le climat de
collaboration qui doit normalement exister entre le gouvernement et les
municipalités soit rétabli, ce qui a été fait
depuis la semaine dernière, et j'espère bien que ça va
continuer. À la lumière de ce qui a été fait la
semaine dernière, nous pourrons proposer la mise sur pied de ce groupe
de travail dont j'ai promis la formation.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Dufour: On veut bien admettre que la loi 57, par l'article
65.1, était dans le but de bonifier l'assiette fiscale des
municipalités et d'améliorer leurs revenus, mais on a obtenu
l'effet contraire. Est-ce que vous ne croyez pas que le temps est venu de
corriger une fois pour toutes cette situation, et rapidement?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'admets sur la base de
l'expérience que l'article 65.1 rédigé en 1979, lors de
l'adoption de la loi 57, avait été mal rédigé,
parce que peut-être rédigé et adopté dans un climat
de précipitation que l'Opposition avait dénoncé à
l'époque et nous allons continuer de l'améliorer de
manière qu'il produise les fruits que sont en droit d'attendre les
municipalités.
Le Président: En question principale, M. le
député d'Ungava.
Enquête sur les événements
récents survenus à Akwesasne
M. Claveau: Oui, M. le Président. À une question
que je lui adressais le 6 novembre dernier sur les événements de
l'Halloween à Akwesasne, le ministre répondait en cette Chambre
que les allégations à l'effet qu'il n'y aurait pas
d'enquête se basaient sur des sources anonymes et que rien
n'empêchait la Sûreté du Québec de faire son travail
comme partout ailleurs au Québec. Depuis lors, le ministre a
été démasqué, M. le Président.
Des voix: Ah!
M. Claveau: La citrouille est tombée. En effet, M. le
Président, des sources officielles, tels M. Jocelyn Turcotte,
président de l'Association des policiers provinciaux du Québec,
et M. Robert Poëti, porte-parole de la Sûreté du
Québec, affirment que les méthodes de travail ne sont pas les
mêmes qu'ailleurs au Québec et qu'il y a absence de directives
fermes du ministre.
Devant ces affirmations, le ministre de la Sécurité
publique admet-il que, pour enquêter à Akwesasne, la
Sûreté du Québec a besoin de la collaboration des gens de
la réserve - ça ne peut pas se faire autrement - et que cette
collaboration ne sera acquise que si le gouvernement du Québec donne un
message clair en ce sens?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: Je sais que le député d'Ungava a coutume
de se laisser emporter par un vocabulaire un peu excessif. On l'aime à
cause de ça, on l'aime comme ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je ne voudrais pas qu'il change. Il a cité des
sources qu'il appelle officielles. Le président de l'Association des
policiers provinciaux du Québec, M. Turcotte, est un homme pour qui j'ai
beaucoup d'estime, mais il n'est pas une source officielle, à ma
connaissance. C'est une source gouvernementale qui est une source officielle,
ou l'Opposition officielle, mais si M. le député de D'Arcy-McGee
allait se présenter comme l'Opposition on verrait tout de suite le
député de Joliette sauter au plafond pour protester. M. Turcotte
est celui qui, comme bien d'autres, avait vu des avions l'été
dernier à Kahnawake...
Des voix: Ha, ha, ha! (15 heures)
M. Ryan: II était de bonne foi. Il avait lu les journaux;
il pensait que ça équivalait à voir la
réalité. Il était de bonne foi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Absolument! Ha, ha, ha! Alors, M. Turcotte - c'est de
commune renommée - aurait souhaité, à l'été
1990, que le gouvernement prenne la méthode forte pour écraser le
début de soulèvement auquel on faisait face. On lui a dit que ce
n'était pas la méthode du gouvernement. Le premier ministre a
rappelé encore, l'autre jour, ce qu'était la méthode du
gouvernement: c'est une méthode qui cherche à régler le
problème par la négociation dans toute la mesure où c'est
possible et dans toute la mesure où l'essentiel est sauf. Nous croyons
que nous progresserons plus vite de cette manière. C'est plus lent que
ne le souhaiterait le député d'Ungava, mais l'autre
méthode conduirait à des résultats rapides, mais que nous
serions appelés à déplorer très rapidement au plan
de la civilisation. Par conséquent, je ne m'inquiète pas du tout
de ces critiques.
Quant à M. Poëti, il n'est pas habilité à
parler au nom de la Sûreté du Québec. C'est le
directeur général qui est habilité à parler.
Il peut communiquer des informations s'il le veut, mais il n'a pas de mandat
pour communiquer des positions, à ma connaissance. Il a dit: II y a
absence de directive ferme... C'est ça que vous avez dit. C'est bien
différent de ce que disait, la veille, le journaliste de La Presse
qui avait reçu des directives de ne pas faire enquête.
J'espère que vous faites la distinction.
Il n'y a jamais eu de directive - je le répète, M. le
Président - de ne pas faire d'enquête dans le cas d'Akwesasne. Les
policiers ont la directive de faire enquête - c'est une directive
permanente que le ministre n'est pas obligé de répéter
tous les jours - de faire enquête sur tous les actes illégaux qui
surviennent partout sur le territoire et de le faire dans la mesure où
ils peuvent recueillir des preuves. Alors, de ce côté-là,
tout reste ouvert, il n'y a jamais eu de directive en sens contraire. Certains
peuvent trouver que ce n'est pas assez ferme; je leur laisse leur jugement et
je garde le mien.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question complémentaire.
M. Claveau: M. le Président, le ministre a toujours beau
jouer sur les mots, on sait qu'il est expert là-dedans. Mais
admettra-t-il, con-firmera-t-il devant cette Chambre qu'au-delà des
belles palabres, depuis la fin de la crise autochtone, c'est-à-dire
depuis il y a plus d'un an, au moins une soixantaine de véhicules de
police et plus de 200 véhicules de particuliers ont été
endommagés sans qu'il y ait eu la moindre accusation de portée?
Et qu'attend-il donc, devant ces faits, pour lever l'impunité de fait
dont bénéficient les auteurs de ces actes de vandalisme?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: D'abord je vérifierai l'affirmation du
député d'Ungava voulant qu'aucune accusation n'ait
été portée. J'imagine qu'il signifie aussi qu'aucune
arrestation n'aurait été faite. Je vais vérifier
ça. Je suis convaincu que c'est faux, mais je vais le vérifier.
Je ne veux pas l'affirmer aujourd'hui. Chaque fois que les policiers peuvent
recueillir des preuves qui ont des chances de résister à
l'épreuve du tribunal, ils ont l'ordre permanent de les recueillir et de
les transmettre au Procureur général de manière que les
choses puissent suivre leur cours normal.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Le ministre qui n'est
pas pressé, comme il nous le disait tout à l'heure - il aime
mieux les méthodes lentes - peut-il confirmer aussi en cette
Chambre qu'il existe à la Sûreté du Québec un
plan d'effectifs visant à faire face à la situation actuelle
pendant encore au moins deux à trois ans, ce qui laisse présager
que les solutions ne sont pas pour demain?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: II existe toutes sortes de scénarios pour faire
face à des situations éventuelles, et ce n'est pas le genre de
document qu'on publie pour consommation quotidienne.
Le Président: En question principale, M. le
député de Jacques-Cartier.
Intégration des fonctionnaires
fédéraux à la fonction publique
québécoise
M. Cameron: Merci, M. le Président. Ma question est pour
le président du Conseil du trésor. Mardi, j'ai trouvé dans
La Presse que la députée de Taillon a expliqué
lundi - et je cite -"que le Québec serait capable d'intégrer ses
118 000 fonctionnaires fédéraux aux 40 000 que possède
déjà le Québec sans dépenser un cent de plus que ce
qu'il paie déjà." D'abord, je voudrais demander au
président du Conseil s'il est d'accord avec ce calcul remarquable?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: C'est une grosse bouchée! Sur ce sujet comme
sur de nombreux autres, je dois dire que le président du Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec, M. Harguindeguy, et le
président du Conseil du trésor, moi-même, nous sommes
entièrement d'accord. Ça m'apparaît une opération
qui dépasse les bornes du bon sens.
Une voix: Bravo. Très bien répondu!
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: m. le président, est-ce que le
président du conseil du trésor pourrait avoir
l'honnêteté intellectuelle de dire que quand le
québec...
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Alors, votre question, M. le député, sans susciter
de débat évidemment.
M. Bourdon: Le président du Conseil du trésor
pourrait-il dire au député de Jacques-Cartier que, lorsque notre
pays va récupérer les fonctionnaires il va
récupérer les impôts qu'on paie pour les payer
déjà, en même temps?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: Évidemment, si cet énoncé
était vrai - je présume qu'il représente la position
officielle de son parti - on ne génère donc aucune espèce
d'économie. On hérite, là où il y a des
chevauchements, de deux fois plus d'employés qu'on n'en a besoin.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question complémentaire,
toujours, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, le président du
Conseil du trésor a-t-il pris le temps de lire le rapport
Bélanger-Campeau qui dit qu'avec 23 % de la population nous n'avons que
18 % des fonctionnaires fédéraux au Québec et que
ça constitue une marge de manoeuvre importante? En fait, un autre volet,
est-ce que le président du Conseil du trésor lit les rapports qui
ne sont pas fédéralistes a priori?
Le Président: Alors, M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: M. le Président, on découvre si un
rapport est fédéraliste, souverainiste ou "associationniste", ou
je ne sais trop, après l'avoir lu, pas avant!
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Johnson.
Rapport sur la politique des
aînés
Mme Juneau: Merci, M. le Président. En avril 1990, le
ministre de la Santé et des Services sociaux avait mis sur pied un
comité d'experts, 22 experts, sous la présidence de l'ancien
maire de Québec, M. Pelletier. Ce comité devait déposer
son rapport en décembre 1990 concernant la politique des
aînés du gouvernement. Nous sommes rendus au 14 novembre 1991.
Nous n'avons toujours pas eu ce rapport et M. Pelletier est rendu chef de
cabinet de M. Chrétien. Est-ce qu'on va avoir le rapport, oui ou
non?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
puis confirmer, à peu près en tout point, ce que vient de nous
dire Mme la députée de Johnson, y compris que M. Pelletier est
rendu chef de cabinet de Jean Chrétien. Mais ça n'a pas de
rapport avec le rapport, hein? Mais non, ça n'a pas de rapport avec le
rapport. Calmement, très doucement, c'est la dernière
journée d'attente puisque ce sera demain midi qu'on me déposera
le rapport.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions. Il n'y a pas de votes reportés.
Aux motions sans préavis, maintenant. M. le ministre des Affaires
internationales.
Motions sans préavis
Hommage au roi Baudouin de Belgique à
l'occasion du 40e anniversaire de son règne
M. Ciaccia: Je vais faire la motion suivante: Que
l'Assemblée nationale, à l'occasion du 40e anniversaire de son
règne, rende hommage à Sa Majesté le roi Baudouin 1er pour
sa contribution à l'édification du nouveau régime
politique belge et souligne, de façon plus particulière, la
qualité des relations qui unissent la Belgique et le Québec dans
la poursuite d'objectifs communs et complémentaires.
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement
à ce que nous débattions cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Président: II y a consentement. Alors, en
requérant la collaboration de tous les collègues, s'il vous
plaît. M. le ministre des Affaires internationales. (15 h 10)
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Cinquième roi
des Belges, Baudouin 1er est le symbole de la dynastie et de l'unité des
peuples de Belgique et de leurs territoires. Autour de lui, depuis une
vingtaine d'années, s'est maintenu un équilibre politique qui
était indispensable au succès du processus de transfert de
responsabilités aux régions belges.
C'est aussi sous son règne que s'est tenue l'Exposition
universelle de Bruxelles, en 1958. C'est dans cette ville que siège le
Secrétariat général du Bénélux depuis 1960
et, comme chacun le sait, la Belgique, sous le roi Baudouin 1er, compte parmi
les six pays fondateurs de la Communauté économique
européenne. Pour souligner ses 40 années de règne, le
gouvernement du Québec tient à s'associer aujourd'hui aux
célébrations ayant court en Belgique.
De son côté, le Québec célébrera en
1992 le 20e anniversaire de sa représentation à Bruxelles. En
1972, suite à une entente intervenue entre les gouvernements de
Belgique, du Canada et du Québec, un bureau du Québec ouvre ses
portes.
L'année suivante, la vocation essentiellement commerciale de ce
premier établissement est élargie. Une déclaration du
premier ministre du Québec définissait alors les objectifs de ce
qui devenait la troisième délégation
générale en Europe: concrétiser la présence du
Québec à Bruxelles, capitale de l'Europe communautaire et plaque
tournante du Marché commun; accroître les échanges
culturels et économiques du Québec avec la Belgique; faciliter
les échanges commerciaux avec la Belgique et les autres pays du
Marché commun.
L'évolution constitutionnelle de la Belgique a rendu possible
l'établissement de mécanismes de coopération avec les
gouvernements régionaux et communautaires qui ont acquis, au fil des
importantes réformes que vit la Belgique depuis 20 ans, des
compétences qui font de ces gouvernements des partenaires importants
pour le Québec. Le Québec s'est attaché à
créer des liens avec les deux principales communautés
linguistiques. Avec les francophones, ces liens reposent sur les
affinités de langage; avec les Flamands, sur une certaine similitude de
l'évolution sociologique. Ces échanges couvrent aussi bien le
domaine des arts et de la culture que ceux de l'environnement, de la formation
professionnelle, de la recherche scientifique et technologique et des relations
commerciales.
Le Québec et ses partenaires belges se sont entendus pour
encadrer ces échanges par des structures institutionnelles les plus
souples possible. Celles-ci nous permettent d'ajuster
régulièrement les actions que nous soutenons aux
réalités socio-économiques changeantes, de part et d'autre
de l'Atlantique. Mis en place dans les années quatre-vingt, des
comités permanents de coopération avec les exécutifs de la
communauté française de Belgique, de la région wallonne et
de la Flandre contribuent à l'atteinte des objectifs que nous nous
sommes donnés. La libéralisation du commerce international avec
les négociations du GATT, l'accord de libre-échange entre le
Canada et les États-Unis, l'instauration du grand marché
européen de 1993 ouvrent tous les jours de nouveaux défis pour la
coopération.
Dans ce contexte, les Wallons, les Flamands et les
Québécois s'entendent pour multiplier les occasions de s'associer
pour mieux profiter de cette mondialisation des marchés. Le
Québec est souvent perçu comme le territoire le plus
européen de l'Amérique, donnant accès au vaste
marché nord-américain comptant près de 250 000 000 de
consommateurs. La Belgique, située au carrefour des grands axes reliant
les métropoles européennes, occupe une situation
privilégiée dans un bassin de 380 000 000 de consommateurs
outre-Atlantique. Les francophones de Belgique et du Québec ont
également développé un partenariat productif dans le cadre
des instances multilatérales de la francophonie internationale.
M. le Président, l'Assemblée nationale du
Québec n'aurait pu passer sous silence les 40 ans de règne
du roi Baudouin 1er qui, par sa détermination, aura su maintenir
l'équilibre politique en Belgique, cet équilibre si indispensable
au développement des sociétés modernes. Nous voulons
aujourd'hui lui rendre hommage et souligner, et saluer du même coup, la
qualité des relations qui existent entre le Québec et la
Belgique. Merci.
Une voix: C'est beau.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Affaires internationales. Sur cette même motion, je cède la parole
à M. le député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de
l'Opposition officielle.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président, au nom de l'Opposition
officielle, je voudrais joindre ma voix à celle du ministre des Affaires
internationales pour souligner, effectivement, et d'une façon
très particulière, la qualité des relations qui unissent
la Belgique et le Québec dans la poursuite d'objectifs communs et
complémentaires. Également, puisque cette motion est liante avec
l'autre élément important, je voudrais rendre hommage, à
l'occasion du 40e anniversaire de son règne, à Sa Majesté
le roi Baudouin 1er. Une journée d'hommages étant... Pour
certains, c'est leur 15e, pour d'autres, c'est leur 40e, mais plus important
que ça, je pense qu'il est important que l'Assemblée nationale
souligne les relations privilégiées que le Québec a
toujours développées avec Bruxelles, avec, en particulier, la
Wallonie, quand on sait que la Belgique est un partenaire important pour le
Québec à l'intérieur de la francophonie.
Je me rappelle d'ailleurs, moi-même, comme parlementaire, avoir eu
l'occasion de participer à une délégation de
parlementaires en 1978 où on avait eu l'occasion d'aller voir d'autres
collègues parlementaires à Bruxelles, Bruges, Namur et,
essentiellement, c'était pour développer des liens importants
avec la région de la Wallonie. Mon collègue ici,
député de Joliette, comme ministre, avait déjà eu
l'occasion de signer une première entente au niveau d'échanges de
jeunes, Québec-Wallonie, pour permettre des liens
privilégiés qui, immanquablement, M. le Président, donnent
des résultats concrets de franche collaboration.
C'est depuis les années soixante-dix que le Québec a
intensifié ses liens avec la communauté française de
Belgique ainsi qu'avec la Flandre, principalement dans des secteurs de
coopération scientifique et technologique. Il n'est pas tout de faire
des relations d'amitié, il n'est pas tout de développer des
relations qui permettent de faire progresser la francophonie, il est
également important, compte tenu de l'expertise de la Bel-
gique à l'intérieur de la Communauté
économique européenne, de développer des liens
économiques dans des créneaux de développement qui
correspondent à ce que le Québec veut développer, comme la
coopération scientifique au niveau de l'industrie et des hautes
technologies de même que dans le domaine des communications et,
notamment, dans le domaine de la culture, en termes d'échanges
organisés par l'agence Québec-Wallonie-Bruxelles.
Il faut être conscient que le Québec exporte pour 145 000
000 $ de produits en Belgique. Alors, quand on a des liens économiques
pour des sommes de 145 000 000 $, c'est important de souligner ces
choses-là. La motion du 40e du couronnement du roi Baudouin nous permet
de constater l'importance des relations entre le Québec et la Belgique,
plus particulièrement envers sa communauté française.
Je conclurais en disant... Puisque M. le consul général du
royaume de Belgique est dans nos galeries, je lui souligne que, comme
représentant de l'Opposition officielle, il peut compter sur la
collaboration de l'Opposition officielle et sur la collaboration plus
spécifique de deux collègues de l'Opposition qui ont des
responsabilités parlementaires, le collègue de Bertrand et mon
collègue de Sainte-Marie-Saint-Jacques qui sont respectivement
porte-parole de l'Opposition officielle pour les Affaires internationales et la
francophonie.
En conclusion, M. le Président, nous étions heureux de
joindre notre voix à celle du ministre des Affaires internationales pour
cette motion soulignant le 40e. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député. Sur cette même motion, je cède la parole
à M. le député de Jacques-Cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. Our formation is happy
to support the motion of the Minister of International Affairs and also to give
our evocation of understanding of Belgium's strong links with Canada, with
Québec, historically, economically and culturally, and also to give our
congratulations to King Baudouin on his 40th anniversary.
I should perhaps take this occasion to say a little that is of interest
especially to this Assembly perhaps about both Belgium and the monarchy that
has some interesting analogies and parallels, I think, for Canadian society.
(15 h 20)
It has already been noted by the first speaker that Belgium is, like
Canada, a bilingual, bicultural society. It has some more profound similarities
as well. It is a small country, a relatively small country, even though a great
industrial power in Europe, located to the North of a much larger and more
powerful nation, which speaks the same language as one of the groups. It is
also a nation which, like Canada, to some extent owes its early history and
development to things like British foreign policy and British strategic
contentions, quite as much as it does to the intentions of any of the groups of
the people who lived either here or in Belgium.
In the case of Canada, the British at one time wanted a counterweight to
the United States of America; in the case of Belgium, the British were always
willing to support its independence as a state, because they wished to have
something across the Channel other than merely a powerful France. It was for
that reason, for example, that Great Britain guaranteed the neutrality of
Belgium in 1839, and it was also for that reason that when Imperial Germany
attacked France in 1914, by a strategic plan that required them to go through
Belgium, it was the attack on Belgium that directly brought Great Britain into
the First World War. So the fate of Belgium in European history has been one
particularly important to Great Britain, and in terms of the Canadian soldiers,
of course, who fought in that war, and in the Second War, when Belgium faced
invasion again, Belgium's fate has been a particularly important one to us.
I should also say something interesting about the role of the monarchy
in Belgium, I think, that is the considerable advantages that monarchy has
often had in acting as both a symbol of strength and unity and that political
equilibrium referred to by the Minister of International Affairs. There is a
great deal to be said for monarchy in this respect, I think, that we have
perhaps now lost or at least partially lost a sense of it in Canada.
In the case of this province, there are probably many Quebeckers today,
whatever their language, who would be surprised at just how enthusiastically
monarchist it was half a century ago. When, for example, King George VI and
Queen Elizabeth came to visit Montréal in 1939, Camilien Houde put on a
larger celebration than did loyalist Toronto. And huge crowds came out in the
streets to greet the royal family. They were perhaps particularly enthusiastic
because the royal family, of course, spoke fluent French. And when Queen
Elizabeth, on leaving the country, commented in parting "Dieu bénisse le
Canada", at that point she was a very popular figure in Québec
indeed.
I do not think that the monarchy has played the same role in
Québec or in English-speaking Canada in more recent years, for certain
obvious reasons in terms of social and cultural and political changes that have
taken place both in Québec and in Canada as a whole. We may not be able
to use the British monarchy as a unifying symbol anymore, but we should
remember the lesson that monarchs have to teach us, which is a better lesson
than is often
admitted in the popular press.
You know, in the case of the fall of the monarchy in Egypt, when a group
of Egyptian colonels overthrew King Farouk, one of the world's less impressive
monarchs, he commented at the time: Pretty soon the only monarchs left or the
only kings left will be spades, hearts, clubs, diamonds and England. He turned
out to be mistaken. Monarchies survived and flourished not only in England, but
in all or nearly all of the small European States that today belong to the East
sea.
So we see monarchy in Belgium, in Holland and in the Scandavanian
countries. In each of those cases, that monarchy, while it may have had its
moments of historical difficulty as well, acted as a symbol, an entity which
could draw people together despite differences within their own societies. In
Canada, whether we use the monarch or whether we use something else, we too
need to find symbols, methods, devices that draw us all together, rather than
pulling us apart. And we should perhaps say a good word for what the monarchs
of the 20th Century have done in that cause throughout the world. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Alors, cette dernière
intervention met fin au débat sur la motion du ministre des Affaires
internationales qui se lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale,
à l'occasion du 40e anniversaire de son règne, rende hommage
à Sa Majesté le roi Baudouin 1er pour sa contribution à
l'édification du nouveau régime politique belge et souligne, de
façon plus particulière, la qualité des relations qui
unissent la Belgique et le Québec dans la poursuite d'objectifs communs
et complémentaires."
Est-ce que cette motion du ministre des Affaires internationales est
adopté?
M. Bélisle: Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. À
l'étape des avis touchant les travaux des commissions, pas de
renseignements? J'ai moi-même l'avis suivant à vous transmettre.
Aujourd'hui, le 14 novembre, de 15 h 30 à 18 h et de 20 heures à
22 heures, au Club sportif Laurier à Québec, la Commission
d'étude sur toute offre d'un nouveau partenariat de nature
constitutionnelle se réunira en séance publique. Alors, ça
dispose de l'étape des avis touchant les travaux des commissions. Vous
avez vous-même, M. le leader adjoint, des avis à transmettre. Je
vous écoute, M. le leader.
M. Bélisle: Oui, un court avis, M. le Président, si
vous me permettez. J'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui, de 16 heures
à 17 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la sous-commission
des institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi 125, Code civil du Québec.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): J'arrive à
l'étape des renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Pas de
renseignements du côté de l'Opposition officielle. J'ai
moi-même l'avis suivant à transmettre aux membres de
l'Assemblée. Je vous rappelle que l'interpellation de demain, le
vendredi 14 novembre, portera sur le sujet suivant: La Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Mme la
députée de Chicoutimi s'adressera alors à M. le ministre
du Travail.
Je vous avise également que l'interpellation de la semaine
prochaine, qui se tiendra le vendredi 22 novembre, portera sur le sujet
suivant: La situation de l'habitation au Québec. M. le
député de Shefford s'adressera alors à M. le ministre des
Affaires municipales.
Nous arrivons à l'étape de nos travaux affaires du jour.
Avec quel article du feuilleton, M. le leader adjoint du gouvernement,
allons-nous continuer nos travaux?
M. Bélisle: Aux affaires du jour, M. le Président,
nous procéderons avec l'article 5 de notre feuilleton.
Projet de loi 170 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): L'article 5 de notre
feuilleton. M. le ministre du Revenu propose l'adoption du principe du projet
de loi 170, Loi sur la taxe de vente du Québec et modifiant diverses
dispositions législatives d'ordre fiscal. Je suis prêt à
reconnaître M. le ministre du Revenu en vous rappelant, M. le ministre,
que vous disposez d'une période maximale de 60 minutes. Allez-y, M. le
ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. Tout d'abord, je dois
mentionner que l'honorable lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce
projet de loi et il en recommande l'étude à
l'Assemblée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre.
M. Savoie: Merci, M. le Président. Nous débutons
aujourd'hui les discussions visant à procéder à l'adoption
du principe du projet de loi 170, intitulé la Loi sur la taxe de vente
du Québec et modifiant diverses dispositions législatives d'ordre
fiscal. Il s'agit, en fait, du projet de loi permettant au gouvernement de
réaliser
l'implantation de la deuxième phase de la réforme des
taxes sur la consommation au Québec.
Cette dernière étape, comme tout le monde le sait, porte
principalement sur l'élargissement de la taxe de vente du Québec
aux services et aux immeubles, sur l'introduction des remboursements aux
entreprises de la taxe sur leurs intrants et sur l'administration
unifiée de la TPS fédérale et de la TVQ par le
gouvernement du Québec.
À l'époque où nous vivons la mondialisation des
marchés, à une époque où la concurrence
internationale est très vive, que ce soit pour les produits qui sont
fabriqués au Québec, suite à l'existence de la ressource
naturelle, que ce soit au niveau de la fabrication des produits de haute
technologie et sur lesquels le Québec doit compter pour assurer son
avenir également, nous devons assurer des mécanismes qui assurent
la compétitivité de nos marchés. Nous devons être en
mesure nécessairement de nous assurer que nos exportations se fassent au
plus bas prix possible et soient des plus compétitives sur les
marchés internationaux, nationaux et québécois. (15 h
30)
Nous avons eu l'occasion, M. le Président, lors du
dépôt de la modification de la Loi sur la taxe de vente, la
première réforme, de souligner l'élément historique
de ces modifications, dans le sens que ce que nous cherchons à faire,
c'est une réforme en profondeur de tous les mécanismes concernant
les taxes de vente au Québec.
M. le Président, ces discussions, aujourd'hui, devraient, je
l'espère, se dérouler dans un cadre serein de collaboration. Il
faut se rappeler, à ce sujet, que les principaux problèmes qui
ont entouré l'implantation de la TPS fédérale dans les
entreprises découlent, entre autres, de débats négatifs
qui ont donné une mauvaise perception auprès du public d'une taxe
qui, foncièrement et à long terme, et de l'avis unanime, va
donner les effets les plus bénéfiques sur les marchés
québécois pour notre production, pour nos exportations et,
évidemment, pour la création d'emplois. là-dessus, m. le
président, je voudrais souligner encore une fois qu'il n'y a pas eu de
contestation sérieuse provenant de milieux informés sur cet
élément-là. c'est unanime, que ce soit, par exemple, du
côté du conseil du patronat, que ce soit de l'association des
manufacturiers du québec, que ce soit par ceux et celles qui se
préoccupent du développement des marchés et de l'expertise
québécoise dans le contexte de la mondialisation des
économies. je pense que ça fait l'unanimité. il y a
là un consensus. il y en a toujours un ou deux pour parler contre, mais
comme j'ai eu l'occasion de le souligner, même l'opposition, m. le
président, est fondamentalement d'accord avec l'orientation qui a
été retenue. les reportages qu'on voit ici et là,
évidemment, ne reflètent que des reportages partiels. Je tiens
à souligner, par exemple, qu'aujourd'hui le Conference Board a fait la
manchette dans plusieurs journaux du Québec. Je tiens à souligner
que, là encore, si on lit le rapport du Conference Board, il ne dit pas
ce que lui font dire les reportages que nous voyons aujourd'hui en
circulation.
M. le Président, je voudrais tout simplement vous faire un bref
rappel historique du dossier, situer le dossier dans son contexte, dans le
temps, et le situer aussi dans son contexte économique au sein de nos
orientations fiscales et gouvernementales. depuis plus de 10 ans, m. le
président, le gouvernement fédéral a étudié
différentes solutions pour procéder à une réforme
en profondeur de son régime de taxation. en 1989, il a
arrêté son choix sur la tps. en fait, ça a eu pour effet
d'introduire l'ensemble des mécanismes de la tps le 1er janvier 1991.
devant cette décision ferme de la part du gouvernement
fédéral et sur laquelle il n'y avait pas vraiment de contestation
possible - on sait que trois provinces ont contesté, mais je pense qu'il
y en a une qui s'est désistée et il y en a deux qui sont encore
devant les tribunaux; d'une façon générale, ça a
été reconnu comme des mesures dilatoires par les provinces, et il
n'y a pas de fondement juridique à ces poursuites - notre formation a
alors pris le parti de soutenir nos entreprises québécoises, de
protéger les consommateurs, les contribuables québécois
et, surtout, de créer des conditions propices pour favoriser le
développement économique du québec. non pas en taxant le
travail, m. le président, comme l'a fait trop souvent le parti
québécois au cours de ses neuf années de pouvoir durant
lesquelles il a jeté le québec dans la plus profonde
léthargie économique, mais plutôt en taxant la
consommation.
Vous allez comprendre, M. le Président, qu'il n'est pas possible
aujourd'hui, face à un public qui cherche de moins en moins de taxes,
qui recherche les structures les moins taxées possible, d'arriver et de
présenter ce qui peut paraître être, finalement, une
nouvelle source de taxation pour le contribuable. Il y a là,
peut-être, aux yeux de plusieurs, un certain paradoxe. On pourrait
même parler d'une certaine dichotomie de discours. Ce n'est pas du tout
le cas. Il faut bien comprendre que l'orientation donnée par
l'introduction de l'harmonisation de la taxe de vente du Québec sur la
TPS fédérale vise essentiellement à développer une
économie exportatrice très forte, à développer
également une capacité pour nous, non pas de taxer le travail et
le produit du travail, mais plutôt la consommation.
Cette orientation, M. le Président, je voudrais le souligner
encore une fois, elle est très importante. C'est qu'actuellement nous
avons 50 pays au monde qui fonctionnent avec une taxe de vente sur l'ensemble
de la production, qui visent un système semblable à ce que nous
avons
introduit en 1991 sur les biens au Québec. Avec notre
harmonisation avec le gouvernement fédéral, nous avons introduit
un système qui s'appelle, finalement, un système de taxe sur la
valeur ajoutée et ce système de taxe sur la valeur
ajoutée, la TVA, est en vigueur selon différentes
modalités dans une cinquantaine de pays au monde. C'est certainement ces
pays-là qui sont les plus gros producteurs des biens que nous
consommons. On pense, par exemple, au Japon qui a introduit ce
système-là il y a déjà quelques années; on
pense, par exemple, à l'Allemagne qui l'a depuis plusieurs
années. On parle des pays les plus compétitifs actuellement sur
la planète qui ont ces systèmes-là et qui sont bien
implantés. Ils ont en réalité une taxation beaucoup plus
lourde que nous n'en avons ici au Québec, mais ils ont quand même
introduit ces mécanismes-là chez eux dans le but d'augmenter leur
production mondiale et d'augmenter leur compétitivité sur les
marchés internationaux.
Alors, il faut bien saisir que cette orientation-là, oui, elle
crée un fardeau sur le consommateur, et personne ne va le nier, mais il
faut comprendre que ce que nous voulons faire, c'est de nous assurer que les
entreprises, ceux et celles qui travaillent, qui produisent sur le territoire
du Québec, le fassent au plus bas coût possible, justement dans le
but d'aller chercher une partie grandissante de notre marché au niveau
des échanges commerciaux internationaux.
La décision du gouvernement du Québec a été
une décision d'harmonisation, c'est-à-dire que le gouvernement
fédéral s'est installé dans ce secteur de la taxe de vente
et a introduit un mécanisme. Le gouvernement du Québec avait le
choix de s'harmoniser ou de refuser de s'harmoniser comme ont fait, par
exemple, quelques provinces au Canada. Et cette décision-là de
s'harmoniser se fait suivant le principe très clair que nous voulons
maintenir l'initiative sur les marchés.
Un commerçant, une entreprise au Québec qui devait faire
deux rapports au niveau des taxes de vente, qui devait discuter avec deux
administrations, deux ministères du Revenu, deux groupes de
fonctionnaires, deux types de directives, multipliait tous ses coûts par
deux, si on tient compte du fait qu'on peut tout harmoniser sous le même
toit. C'est ce qu'on a fait, nous au gouvernement du Québec, on a dit:
Puisqu'il faut voir le gouvernement fédéral intervenir au niveau
de la taxe de vente, il faut donc s'harmoniser. Il faut donc participer avec
eux à la gestion de cette taxe pour s'assurer qu'effectivement il n'y
ait pas de dédoublement, que les coûts nécessaires pour
l'administration et la gestion de cette taxe soient les plus minimes
possible.
Et cette décision-là - encore, je tiens à le
souligner à tous ceux et celles qui sont présents ici cet
après-midi - a été faite sans contestation. Il n'y a pas
eu d'opposition véritable à cette notion d'harmonisation. Il y a
eu ici et là quelques objections. Il y a eu des gens ici et la... Mais,
d'une façon globale, les entreprises étaient favorables, les
sociétés étaient favorables, les consommateurs ont
appuyé notre orientation, que ce soit l'Association des consommateurs
québécois sous ses deux ou trois organismes différents.
Ils ont tous été d'accord pour dire qu'effectivement il faut
s'harmoniser. Il faut se rappeler que si les entreprises doivent payer plus
pour assurer la gestion et l'administration de ces deux programmes, ce
coût-là, M. le Président, est indéniablement
supporté par le consommateur. Donc, une réduction importante au
niveau des frais d'administration lorsqu'elle est sous un chapeau, et ce
chapeau-là se devait d'être le chapeau du ministère du
Revenu du Québec, ce qui a été fait. C'est une
décision qu'on peut qualifier des plus sages. (15 h 40)
Le gouvernement du Québec pour maintenir cette
orientation-là d'une harmonisation qui, comme je l'ai dit tout à
l'heure, et que je répète, a été reçue
presque - parce qu'il y en a toujours quelques-uns qui vont s'opposer à
quoi que ce soit - d'une façon globale comme favorable, une mesure
incitative qui est dans le bon sens et qui visait, bien sûr, le
mieux-être de notre économie et le mieux-être de l'ensemble
de nos contribuables... M. le Président, lorsque nous avons
décidé d'harmoniser la taxe de vente sur les biens meubles, le
1er janvier 1991, à la taxe de vente fédérale, cette
harmonisation - d'abord au niveau administratif - qui s'est faite et qui se
déroule actuellement, cette harmonisation au niveau de la taxe sur les
biens meubles a été reçue, elle aussi, d'une façon
favorable. Non seulement on s'est harmonisé en disant que, d'une part,
on va suivre les mêmes règles et les mêmes normes, on va
faire la collecte pour vous, on va administrer cette loi pour vous, mais on a
modifié la taxe de vente du Québec pour s'assurer
qu'effectivement les mêmes items sont taxés. On se rappellera
évidemment du débat autour du livre qui a suscité
énormément de passion, d'intérêt. Le ministre des
Finances s'est mis d'accord sur une décision du Parti libéral du
Québec, prise lors de son congrès, d'exonérer le livre de
la taxe de vente. En conséquence, nous nous trouvons en 1991 où,
effectivement, les mêmes biens, sauf quelques exceptions, subissent les
mêmes taxes de vente au Québec que ceux qui sont assujettis
à la TPS. Il y a quelques modifications, rien de majeur, rien qui
n'empêche le bon fonctionnement du système.
Je peux vous dire que nous avons pris la taxe de vente du Québec
qui était à 10 % pour les restaurants, à 9 % sur
l'ensemble des biens, et que nous l'avons réduite à 8 %.
Ça fonctionne comme ça au niveau des restaurants. Étant
donné que c'est à 8 %, que les revenus provenant de la taxe de
vente, compte tenu du fait qu'il y a une baisse de 10 % à 8 % au niveau
des restaurants
et de 9 % à 8 % sur plusieurs biens... Même si on
l'étend à d'autres secteurs, que les revenus sont à peu
près identiques, il y a une hausse évidemment, mais elle n'est
pas importante pour l'année 1991. Donc, on ne peut pas parler de plus
d'argent sous forme de taxes provenant de l'harmonisation de la TVQ avec la
TPS, mais plutôt d'un élargissement de l'assiette. Compte tenu
qu'il y a eu réduction du taux, il n'y a pas d'augmentation importante,
et compte tenu des coûts que nous devrons subir au cours des deux ou
trois prochaines années pour l'implantation du système.
Évidemment, M. le Président, un succès au niveau de
l'harmonisation, il n'y a aucun doute. Là encore, l'appui de l'ensemble
des contribuables québécois, quoiqu'une perception et une presse
négative dise qu'on subit encore d'autres taxes. Là-dessus, M. le
Président, je voudrais vous rappeler que, dans le cadre de la
réforme de la taxe de vente, certaines précisions aux
modalités d'application du régime se devaient d'être
apportées, ce que nous avons fait. C'est d'ailleurs dans le même
sens qu'une consultation préalable au présent projet de loi a
été réalisée au cours de l'année. Donc, en
même temps que nous avons introduit le système de la taxe de vente
du Québec harmonisé à celui du gouvernement
fédéral, nous avons procédé à la
préparation de la deuxième étape en effectuant les
consultations nécessaires. Cette consultation a fait suite à la
publication, le 13 février 1991, d'un document d'information technique
du ministère des Finances afin d'informer les contribuables et les
entreprises des modalités d'application proposées dans la
réforme et de leur permettre de faire des représentations et des
propositions au gouvernement.
De son côté, le ministère du Revenu a accompli au
cours de l'année un vaste programme d'information et de communication
auprès de la population et des gens d'affaires. Plusieurs publications
et communiqués de presse, des annonces publicitaires, des
conférences, des colloques, des consultations auprès des PME et
des fiscalistes, de même qu'une tournée d'information dans
plusieurs centres d'achats à la grandeur du Québec ont
été réalisés. Il y a donc, je pense, une
très bonne réponse du public au niveau de l'information qui a
été transmise mais qui, évidemment, demande des efforts
additionnels de notre côté.
L'ensemble des représentations reçues au cours de
l'année ont, entre autres, amené le gouvernement à
annoncer des décisions relatives aux modalités d'application du
régime de la taxe de vente du Québec. À titre d'exemple,
mentionnons celle portant sur l'apport des biens meubles et corporels au
Québec, la fourniture des biens meubles incorporels et services
effectués au Québec, les fournitures mixtes dans le domaine des
services financiers, le transport de marchandises et de passagers, les
règles transitoires dans le secteur touristique, les méthodes
rapides de remise de la taxe et diverses mesures d'harmonisation avec la TPS
fédérale. Mais la plus importante de ces modifications est
évidemment l'annonce du report au 1er janvier 1992 de l'harmonisation de
la taxe de vente du Québec à la TPS et de la prise en charge par
le Québec de l'administration de la TPS fédérale sur le
territoire québécois. En prenant cette décision, le
gouvernement optait pour la prudence en cette période cruciale de
reprise économique et estimait que cette mesure contribuera à
raffermir la confiance des consommateurs en ce début de reprise
économique.
M. le Président, cette taxe de vente modifiée qui va
entrer en vigueur le 1er juillet 1992 va donc apporter des changements
importants à la façon dont fonctionne notre structure de taxe de
vente. À compter du 1er juillet 1992, on va voir, sujets à la
taxe de vente: les services personnels, les services professionnels mais non
reliés à la santé ou à l'éducation, le
transport des marchandises du Québec et le transport interurbain de
passagers, les services funéraires, les services relies à la
fourniture d'un bien, les loisirs, les biens immobiliers déjà
taxables et certains produits nouvellement taxables et, enfin, les immeubles
neufs et les terrains.
M. le Président, il faut bien savoir que la taxe de vente,
malgré le fait qu'elle s'étendra à compter du 1er juillet
1992 aux services et aux immeubles, ne touchera plusieurs autres secteurs. Je
voudrais, si vous le permettez, en donner quelques indications. D'abord, les
services de santé, les services d'enseignement, les services de garde
d'enfants et de soins personnels, les services d'aide juridique, les
fournitures de certains organismes du secteur publics et organismes de
bienfaisance, les organismes à but non lucratif, le loyer
résidentiel, certains immeubles et certaines terres agricoles. On
n'oubliera pas, évidemment, que certains items également ne font
pas l'objet de la taxe, c'est-à-dire: les livres, les médicaments
sur ordonnance, les appareils médicaux, les produits alimentaires, les
produits et services expédiés et fournis hors du Québec -
c'est très important, c'est le coeur de la réforme. On se
rappellera également que les services financiers, certains services de
transport comme le transport en commun urbain, certains biens dans le secteur
de l'agriculture et de la pêche, de même que des fournitures, des
biens ou des services entre particuliers, donc des transactions entre deux
personnes physiques n'oeuvrant pas au niveau commercial. Tous les items que je
viens juste d'énumérer ne font pas l'objet de la taxe de vente au
Québec.
Donc, harmonisation presque complète là encore avec
évidemment quelques différences, mais mineures, quelques
différences qui sont nécessaires ou utiles pour le gouvernement
du Québec à cause, effectivement, du partage des
compétences au niveau constitutionnel. Mais
d'une façon globale, on peut dire une harmonisation parfaite
quant à l'assiette, une harmonisation parfaite quant à
l'administration parce que ça tombe sous notre administration, on va
gérer, il n'y aura qu'un répondant, ce qui va permettre de le
faire au plus bas prix pour le contribuable.
Je voudrais glisser encore quelques mots sur cette unification de
l'administration et sur sa prise en charge par le Québec.
Évidemment, c'est un événement sans
précédent. C'est la première fois que le gouvernement du
Québec prend en charge, pour le compte du gouvernement
fédéral, l'administration d'une taxe. On gère, donc,
à un coût moindre pour le consommateur, comme j'ai eu l'occasion
de le mentionner à plusieurs reprises, et les montants perçus
revenant au gouvernement fédéral seront donc retournés au
gouvernement fédéral. Le tout, évidemment, dans un souci
de protéger et d'avantager le consommateur québécois.
Ainsi, M. le Président, à compter du 1er juillet 1992, au
Québec, il y aura un seul endroit pour l'interprétation, les
renseignements, l'inscription, les opérations, la perception, la
vérification et les oppositions relatifs à la TPS et à la
TVQ. (15 h 50)
Deuxièmement, il y aura un formulaire de déclaration
conjointe, TVQ-TPS, avec la possibilité de produire une seule
déclaration et d'expédier un seul chèque, et la
possibilité d'une compensation immédiate dans le cas, par
exemple, où un versement de TPS est exigible ou un remboursement de TVQ
est attendu.
Enfin, les coûts seront réduits pour les deux
administrations gouvernementales et pour les entreprises et, bien sûr -
et c'est ce qui est le plus important - pour le consommateur
québécois. On parle, ici, d'une économie de plusieurs
centaines de millions de dollars. C'est important, c'est substantiel et
ça va donner, bien sûr, un avantage pour le consommateur qui ne
devra pas, donc, payer cette facture, qui normalement lui aurait
été versée et qui lui est versée actuellement dans
les autres provinces canadiennes.
À ce sujet, affirmant que le gouvernement du Québec avait
fait preuve de leadership en mettant en oeuvre sa propre réforme de
taxes à la consommation, en réponse à l'intrusion du
gouvernement fédéral dans ce domaine de taxation, le Conference
Board du Canada concluait, un peu plus tôt cette année, dans ses
prévisions économiques pour le Québec, et je cite: "La
réforme permet de simplifier grandement l'application des taxes à
la consommation au Québec puisqu'il n'y aura qu'un seul régime
fiscal auquel les consommateurs et les entreprises auront à se
conformer. Deux régimes non harmonisés de taxe à la
consommation au Québec auront inévitablement
entraîné des coûts additionnels pour les entreprises, en
plus de créer beaucoup de confusion chez le consommateur."
Par ailleurs, et dans ce même rapport, l'organisme,
c'est-à-dire le Conference Board du Canada, écrit: "L'avantage le
plus important dans la réforme concerne les entreprises. Ces
dernières pourront, à compter de 1992, obtenir un remboursement
de la taxe de vente payée sur leurs achats en biens et services. La
détaxation des intrants courants, tels l'électricité, les
fournitures de bureau, l'essence et les services de
télécommunication, réduira les coûts de production
des entreprises québécoises." Fin de la citation.
Bref, la réforme procurera un atout indispensable aux entreprises
québécoises qui doivent s'adapter de façon
accélérée au contexte de libre-échange et à
l'ouverture mondiale des marchés comme l'Europe 1992. C'est important,
cet élément-là. Il est à noter que d'ici à
quelques années l'Europe sera en mesure de relever des défis
très importants au niveau de la mondialisation des marchés. Et
comme je l'ai mentionné au tout début de mon discours, cette
situation de fait, du libre-échange avec les États-Unis nous
force à être beaucoup plus compétitifs. Europe 1992 qui
s'en vient avec des répercussions très importantes pour la
structure économique de l'Amérique du Nord va avoir encore des
répercussions importantes au niveau du Québec. Nous nous devons
de répondre d'une façon très agressive à ces
nouvelles situations au niveau du marché québécois et
cette taxe en présente un élément de réponse
important.
Finalement, M. le Président, j'aimerais préciser que la
réforme des taxes à la consommation au Québec permettra
également d'atteindre un autre objectif très important, à
savoir l'équité fiscale. Ainsi, la réforme prévoit
un système axé sur la consommation de chacun, ce qui évite
une augmentation de l'impôt sur le revenu. C'est non négligeable,
le revenu étant le salaire pour le travail dans la majorité des
cas. C'est pour ça que nous disons que ce que nous faisons, c'est que
nous ne taxons pas le travail, nous taxons la consommation. Il y a là
une différence importante. Nous ne taxons pas, finalement, le produit de
notre travail dans le sens que nous ne taxons pas les éléments
qui sont nécessaires à sa production, mais uniquement la
consommation de ce bien par un particulier. Donc, entre entreprises, le
résultat net est très clair: une augmentation de la production,
une plus grande compétitivité des produits
québécois.
Par ailleurs, des mesures importantes sont prévues afin de
protéger le pouvoir d'achat des contribuables moins nantis, soit dans
les modifications de la taxe de vente du Québec, soit dans le cadre de
la politique fiscale globale du gouvernement fédéral. Par
exemple, il y a maintien de plusieurs exemptions sur des biens et services
essentiels. Il y a introduction d'un crédit d'impôt remboursable
pour la taxe de vente. Il y a remboursement jusqu'à 2,5 % de la
taxe de vente du Québec à l'achat d'une résidence
neuve de moins de 175 000 $. Il y a également indexation des montants
alloués pour les besoins essentiels reconnus dans le régime
d'imposition et dans le régime de sécurité du revenu.
M. le Président, je crois pertinent de résumer maintenant
les principaux faits saillants du projet de loi 170 pour qu'on en comprenne
bien l'ampleur, car, en effet, ce projet comporte pas moins de 686 articles,
261 pages et il modifie pas moins de 9 lois à caractère fiscal.
Il est très important, très substantiel. Rappelons que le projet
de loi 170 donne suite aux déclarations du ministre des Finances du 30
août et 9 décembre 1990 ainsi que du 24 octobre 1991 et au
discours du budget du 2 mai 1991, ainsi qu'aux documents techniques,
communiqués et bulletins d'information publiés par le
ministère des Finances concernant la réforme de la taxe de vente
au Québec.
La question que l'on doit donc discuter ici pour l'adoption de principe,
c'est d'abord et avant tout de vérifier si le contenu du projet de loi
correspond bien aux principes énoncés dans les communications que
l'on vient de mentionner. Ici, M. le Président, ce que nous faisons
c'est que nous prenons les discours du budget, les différents
communiqués de la part du ministre des Finances, nous les traduisons
donc en termes juridiques et nous les présentons ici pour
vérifier la conformité avec le texte cité par le ministre
des Finances, un budget ou un communiqué qui a déjà fait
l'objet de ratifications par l'Assemblée nationale.
À notre avis, il ne devrait pas y avoir de problèmes
puisque le travail des fonctionnaires à cet égard a
été fait minutieusement et vérifié soigneusement.
Du plus, comme le principe d'une TVA fait partie du programme politique de
l'Opposition et que le critique de l'Opposition, le député de
Montmorency, s'est déjà prononcé favorablement à
l'égard de notre décision, il ne devrait pas y avoir de
problèmes pour s'entendre à moins, évidemment, de
manifester une mauvaise volonté, ce que, je suis certain, n'est pas le
cas.
Ainsi, M. le Président, si nous devons regarder le projet de loi
que nous avons déposé à l'Assemblée nationale et
que nous devons examiner aujourd'hui, dans son titre premier le projet de loi
impose la taxe de vente du Québec. À cette fin, il prévoit
d'abord les définitions et des règles d'interprétation
nécessaires à l'application des dispositions relatives à
cette taxe. Par la suite, il détermine les règles relatives
à l'imposition de la taxe en précisant que la fourniture taxable,
c'est-à-dire celle qui est effectuée au Québec dans le
cadre d'une activité commerciale, d'un bien ou d'un service,
entraîne l'obligation de payer la taxe de même que l'apport d'un
bien corporel au Québec et certaines fournitures de biens meubles
incorporels ou de services effectués hors du Québec au profit
d'une personne qui réside au Québec.
C'est également dans le corps des dispositions relatives à
l'imposition de la taxe qu'il précise sur quelle contrepartie la taxe
doit être calculée et à quel moment elle est payable. Le
projet de loi énumère ensuite les fournitures
exonérées, soit celles à l'égard desquelles la taxe
ne s'applique pas et les fournitures détaxées,
c'est-à-dire celles à l'égard desquelles une taxe autour
de 0 % s'applique, ce qui permet, dans ce dernier cas, aux fournisseurs d'une
telle fourniture de réclamer par ailleurs un remboursement de la taxe
sur les intrants. C'est un mécanisme qui est important, qui peut
paraître technique à ceux et celles qui nous écoutent cet
après-midi, mais qui est un élément clé pour le bon
fonctionnement de ce système, c'est-à-dire le remboursement de la
taxe sur les intrants. (16 heures)
Le projet de loi prévoit ensuite les règles relatives au
remboursement de la taxe, ce remboursement auquel a droit un inscrit, soit une
personne autre qu'un petit fournisseur qui exerce une activité
commerciale au Québec fait en sorte que la taxe payée par
l'inscrit à l'égard des fournitures qu'il reçoit pour lui
permettre d'exercer son activité commerciale, lui est remboursée.
Ce remboursement s'effectue, de façon générale, à
même le montant de taxes qu'il a perçu à titre de
fournisseur et qu'il doit remettre au gouvernement. Le projet de loi
précise ensuite une série de règles qui s'appliquent dans
les cas spéciaux comme, par exemple, dans les cas d'un petit
fournisseur, d'une fiducie, des divisions ou succursales d'un organisme du
secteur public, etc. Ce projet prévoit, par ailleurs, dans quelles
circonstances et à quelles conditions une personne peut avoir droit
à un remboursement de la taxe. Il prévoit également une
mesure de compensation relative à la fourniture des livres.
Dans les titres deuxième et troisième, il reprend les
dispositions relatives à la taxe spécifique sur les boissons
alcooliques et à la taxe sur les primes d'assurance que prévoyait
la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et, dans son
titre quatrième, il incorpore les mesures relatives à la taxation
des paris mutuels que l'on retrouvait dans la Loi sur les licences.
Dans son titre cinquième, ce projet de loi modifie neuf lois
fiscales, notamment la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail, la Loi concernant l'impôt sur le tabac, la Loi sur les
licences, la Loi sur le ministère du Revenu et la Loi concernant la taxe
sur les carburants.
Les titres sixième, septième et huitième, nous
retrouvons finalement dans ces titres sixième, septième et
huitième les mesures transitoires, le pouvoir qu'a le gouvernement
d'édicter des règles pour l'application des titres
précédents et diverses dispositions concernant notamment
l'étendue de l'application de la loi au gouvernement du Québec et
à ses mandataires et certaines règles de nature technique.
Je voudrais rappeler, M. le Président, qu'au Québec, avec
l'ancien système de la taxe de vente, nous avions environ 250 000
à 260 000 mandataires, c'est-à-dire des gens qui percevaient la
taxe de vente pour nous. Lorsque vous, comme contribuables, vous vous
présentiez, par exemple, dans un commerce quelconque et que vous
achetiez un bien et que vous payiez la taxe, la taxe était perçue
par ce commerçant, qui s'appelle mandataire pour nous. Cette taxe, une
fois par mois, était transmise au gouvernement du Québec. Il y
avait sur le territoire du Québec 260 000 de ces mandataires. Avec
évidemment la taxe de vente qui s'étend sur plusieurs secteurs,
aujourd'hui, nous prévoyons qu'au mois de juillet 1992, il va y avoir
sur le territoire du Québec 460 000 mandataires. Ces gens s'inscrivent
auprès du ministère du Revenu. Je peux vous dire que nous sommes
rendus actuellement à plus des trois quarts de ces mandataires-là
qui sont dûment enregistrés au niveau du ministère du
Revenu et que cette opération se déroule très bien.
Donc, M. le Président, et je ne voudrais pas conclure
là-dessus, mais je voudrais tout simplement faire un petit
résumé où nous en sommes rendus à date parce que je
n'ai pas l'intention, comme vous pouvez le constater, M. le Président,
de prendre pleinement mon heure. Mais nous avons voulu tout d'abord
s'harmoniser à l'orientation du gouvernement fédéral suite
à l'introduction, à l'intrusion - c'est comme vous voulez - du
gouvernement fédéral au niveau de la taxe de vente, que cette
décision s'est faite sans heurt. Oui, M. le Président, ici et
là, il y a eu quelques oppositions, mais il n'y a pas eu, effectivement,
de la part des entreprises, de la part des associations de consommateurs
québécois ou autres, d'opposition de fonds. Il y a eu des
recommandations quant à certaines modifications. Il y a eu quelques
individus qui ont mal vu cette orientation et qui, évidemment, ont fait
savoir leur mécontentement, mais, d'une façon globale, que ce
soit au niveau de la presse écrite ou parlée au Québec, il
y a un consensus pour dire que cette taxe sera bénéfique pour les
entreprises, bénéfique pour nos exportations,
bénéfique pour l'économie québécoise d'une
façon globale, de façon à ce que cette
économie-là devrait créer plus d'emplois, maintenir le
Québec compétitif au niveau des secteurs clés, au niveau
de nos orientations principales, que ce soit, par exemple, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, au niveau de la transformation des
matières premières et de ses ventes au niveau des marchés
américain, ontarien, européen, que ce soit au niveau de la haute
technologie, une zone dans laquelle le Québec doit justement performer
avec de plus en plus de sérieux pour les années à venir si
on veut s'assurer un développement économique fiable dans des
secteurs de services où, effectivement, le Québec doit maintenir
une forte opposition.
On pense, par exemple, au niveau de nos ingénieurs, au
développement additionnel que SNC doit prendre et d'autres services,
qu'on pense aux architectes, aux ingénieurs, aux bureaux d'avocats, aux
bureaux de comptables qui permettent évidemment au Québec de
jouer un rôle important sur l'échiquier canadien.
Tout ça dépend, évidemment, de notre
capacité de répondre au défi, au défi que nous
avons de supporter les services que nous devons payer vis-à-vis des
contribuables, maintenir un équilibre budgétaire raisonnable, et
tout ça, dans une structure où on ne peut pas taxer le travail,
mais bien la consommation.
Dans ce contexte-là, nous n'avons pas d'autre choix, M. le
Président, que de maintenir l'orientation que nous avons donnée,
il y a déjà plus d'un an, au niveau de la taxe de vente du
Québec, de cette harmonisation, de cette gestion par nous de cette taxe
fédérale qui, là encore, ne constitue pas un objet
d'irritation ou de frottement avec les intervenants.
Tout le monde est d'accord pour dire que l'harmonisation est viable.
Tout le monde est d'accord pour dire que la gestion par le gouvernement du
Québec de cette taxe de vente est souhaitable et que cette
décision, qui a été prise par nous, a été
une décision des plus positives.
Je voudrais, M. le Président, vous citer un texte, qui a paru, il
y a quelque temps, dans un quotidien, Le Soleil, texte qui se lit comme
suit, M. le Président: "Le gouvernement du Québec, ayant à
vivre avec les problèmes qu'occasionne la taxe sur les produits et
services imposée par le gouvernement fédéral, n'avait
d'autre choix que celui d'harmoniser la taxe de vente provinciale avec la
nouvelle taxe sur les produits et services fédérale et ce, afin
de simplifier l'application des taxes à la consommation auprès
des contribuables québécois. Que l'on soit contre la taxe sur les
produits et services fédérale est une chose, mais on ne peut pas
être contre son harmonisation avec la taxe de vente provinciale lorsque
l'objectif est de simplifier l'application des règles fiscales du
Québec. D'ailleurs, un tel geste d'harmonisation, qui permettrait au
Québec de percevoir la taxe sur les produits et services pour le
gouvernement fédéral, est en soi une première qui peut
s'avérer très intéressante sur le plan de l'autonomie
fiscale du Québec."
M. le Président, vous comprendrez que ces appuis à notre
harmonisation proviennent d'un texte qui a été écrit par
le député de Montmorency, un texte dans lequel il a
également cité son appui à l'introduction au Québec
d'une TVA générale, enfin, qu'on puisse l'étendre aux
services. Il va avoir, j'en suis convaincu, des présentations qui vont
chercher à faire peur à la population, qui vont dire que c'est un
drame, qui vont dire que c'est injuste au niveau de tel ou tel
élément de son application.
Je peux vous dire que l'ensemble des éléments ont
été examinés chez nous. Il y a évidemment, ici et
là, quelques problèmes et on
va s'adresser à ces problèmes-là; on va y trouver
des solutions. Je peux vous dire que je suis personnellement convaincu, comme
le sont mes collègues, comme l'est le gouvernement d'une façon
générale, que le fait d'introduire cette notion d'harmonisation
avec le gouvernement fédéral va nous permettre de demeurer
compétitifs et qu'inévitablement, si le Québec doit
prospérer sur le plan économique, si le Québec doit
développer son économie sur les marchés extérieurs,
si le Québec vise à un avenir intéressant en faisant
d'autre chose que de taxer le travail, à ce moment-là, M. le
Président... et ce qui sera certainement la mort de notre
économie si on commence à taxer le travail.
M. le Président, nous devons donner suite à ce projet de
loi, projet de loi qui va sans doute nous occuper pendant plusieurs heures au
cours des quelque six semaines avant les vacances de Noël, que ce projet
de loi, on aura le temps, je pense, de démontrer, avec mes
collègues ministériels, aux députés de l'Opposition
que cette taxe est nécessaire pour le mieux-être de l'ensemble des
Québécois et des Québécoises. (16 h 10)
Je demanderais, M. le Président, à ce qu'on soit
vigilants, qu'on soit vigilants pour s'assurer que les députés de
l'Opposition qui auront à prendre la parole sur ce projet de loi
n'utiliseront pas des exemples et des données nécessairement faux
ou erronés, qu'ils vont se concentrer sur le document qui a
été déposé, qu'ils vont chercher à apporter
une lumière plutôt qu'un discours bassement politique sur ce
dossier et qu'ils ne vont pas chercher, finalement, à semer la
confusion, à désinformer la population québécoise
sur un dossier qui mérite certainement toute notre attention, toute
notre bonne foi et tout notre travail, sachant fort bien, M. le
Président, que les discours que nous allons entendre sur ce projet de
loi vont chercher à faire apparaître plutôt une critique
positive, une critique constructive, une critique qui va chercher à
bonifier les textes qui sont contenus dans ce projet de loi.
Je m'assois et je termine mon discours, M. le Président, en
disant tout simplement que j'ai hâte d'entendre mes collègues de
l'Assemblée nationale se prononcer majoritairement en faveur de ce
projet de loi. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre du
Revenu. Je vous rappelle que nous sommes à débattre la motion
proposant l'adoption du principe du projet de loi 170, Loi sur la taxe de vente
du Québec et modifiant diverses dispositions législatives d'ordre
fiscal. Je reconnais maintenant M. le député de Montmorency. Je
vous rappelle, M. le député, qu'à titre de porte-parole
officiel de votre formation dans ce dossier vous avez droit à une
période de 60 minutes.
M. Jean Filion
M. Filion: Merci, M. le Président. J'aimerais tout
d'abord, avant de débuter mes commentaires au niveau de ce projet de
loi, rassurer le ministre du Revenu qu'effectivement il y aura une critique
très constructive et très positive. Cela n'exclut pas pour
autant, M. le Président, que l'on doive faire ressortir les points forts
mais, également, ne pas oublier les points faibles. Quand on parle de
points faibles, c'est sûr que quand on en parle, ça a une
consonnance négative. Mais quand la critique se fait dans un esprit
constructif, c'est là que c'est intéressant et, dans ce
sens-là, je dois le rassurer que je vais collaborer et contribuer
à 100 % à ce genre de critique là.
Cela n'exclut pas pour autant, M. le Président, que nous ayons un
rôle à jouer, soit d'apporter des éléments à
la population pour qu'elle comprenne mieux un tel projet de loi. Je suis, bien
sûr, flatté de voir le ministre du Revenu terminer et même
citer à deux reprises l'article qui a paru dans Le Soleil, dont
j'étais effectivement l'auteur, à une époque,
c'est-à-dire à l'automne 1990, où nous assistions à
des tollés, mais des tollés de la population qui était
contre un projet de loi, celui de la TPS.
Ce que j'ai dit dans cet article, je le pense toujours, sauf que
l'article doit être cité mais aussi nuancé. Je m'explique,
M. le Président. "Que l'on soit contre la taxe sur les produits et
services fédérale est une chose, mais on ne peut être
contre son harmonisation avec la taxe de vente provinciale lorsque l'objectif
est de simplifier l'application des règles fiscales au Québec".
Alors, le terme "simplification" a une importance capitale dans cette citation.
On va avoir l'occasion, sûrement, pendant plusieurs heures, de discuter
jusqu'à quel point la loi s'est compliquée d'une façon
magistrale. J'aurai l'occasion de démontrer en cette Assemblée
que la loi, non seulement il va falloir la lire avec le projet de loi, mais il
va falloir sortir la loi de l'impôt sur le revenu, M. le
Président, et commencer à se promener entre deux lois pour bien
comprendre l'interprétation de ce projet de loi. À la base, je
dois dire que sur le plan strictement de la rédaction de la loi, je
pense qu'on va atteindre, ce que j'appelle, une forme de sommité de
complexité qui va devenir, je pense, du matériel drôlement
intéressant pour les fiscalistes à travers le Québec.
Mais j'aimerais revenir, M. le Président, sur la citation du
ministre du Revenu où il cite l'article où j'ai pris position
publiquement, il y a de ça maintenant tout près d'un an, un an et
demi. Dans cet article-là, M. le Président, l'essentiel
c'était de montrer qu'on devait suivre le canal qui nous était
tracé et qui nous était imposé. Ottawa nous avait mis dans
un carcan, M. le Président, dans un vrai carcan où on n'avait pas
le choix, à toutes fins pratiques, si
on voulait arriver à mieux se comprendre chez nous au niveau de
nos lois fiscales, de suivre une certaine harmonisation dans la mesure
où on ne se retrouve pas non plus dans un dédale de
complexité fiscale.
Et où je pense que le gouvernement du Québec a
manqué, à ce moment-là, M. le Président, c'est
lorsqu'on est allé et on a joint le fédéral dans une
mesure fiscale sans vraiment s'être reposé avant, M. le
Président. Partout au Canada on décriait cette
taxation-là, la TPS, mais ici au Québec, notre gouvernement
québécois ne disait rien, ne mentionnait absolument aucune
information. Il était muet sur cette taxation-là. Il ne faisait
aucune pression auprès d'Ottawa pour essayer de faire comprendre
à ces gens-là, à ce pouvoir central, la
raisonnabilité de cette taxe-là au moment où elle voulait
l'appliquer.
Il faut revenir à cette époque-là, M. le
Président, pour se rendre compte que le fédéral, tout ce
qu'il cherchait avec la TPS, c'était d'éliminer un déficit
qui aujourd'hui est rendu à 400 000 000 000 $. Imaginez-vous, M. le
Président, on est rendu à faire des lois uniquement pour prendre
des sommes d'argent pour combler un déficit. Pas des lois pour inciter
une économie à mieux s'orienter. Pas des lois pour inciter des
mesures fiscales à stimuler un secteur de l'activité
économique qui est faible. Des lois, M. le Président, pour venir
boucher des trous parce qu'on a mal géré notre
économie.
Et la TPS, M. le Président, a été amenée
uniquement dans cet esprit-là et c'est là que les Canadiens se
sont levés et ont dit: Ça n'a pas de bon sens. On met des taxes
pour mettre des taxes. Ça n'a pas de sens au niveau de
l'économie. Et le Québec est resté muet, M. le
Président, à une époque où il aurait dû
parler. Quand j'ai fait ma sortie, effectivement, dans le journal,
c'était déjà fait. La TPS était en application. Le
Québec avait décidé de l'harmoniser. Et dans cet
esprit-là, oui, je pense qu'ils ont fait un geste qui devait, à
toutes fins pratiques, se faire pour assurer que la praticabilité de la
fiscalité serait mieux, dans la mesure on ne complique pas davantage
notre régime fiscal.
Là où je pense qu'on a manqué, M. le
Président, c'est, effectivement... Si on avait pris le temps d'analyser
les circonstances économiques, on aurait fait des pressions plus fortes
sur Ottawa. M. le Président, on avait un déficit magistral. On
voulait corriger ce qu'on appelle une taxe à la fabrication, une taxe
cachée de 13,5 %. On visait simplement à corriger cette
taxe-là par une nouvelle taxe où on élargissait l'assiette
générale, où on taxait toute la consommation.
On avait un taux d'inflation, M. le Président, dans
l'économie quand cette taxe-là était sur le terrain. On
avait des taux d'intérêt très élevés, M. le
Président. Et en plus de ça, on voulait partir la taxe à 9
%. Il faut se souvenir de la TPS. Elle n'est pas arrivée comme un cheveu
sur la soupe. C'a pris du temps et on est parti à 9 %. On a vu que
c'était pas populaire. On a vu que les gens ne la voulaient pas. On a
tout vu ça. Et là on l'a descendue à 7 %, on a fait des
compromis et M. Wilson, effectivement, était mal pris et il a fait des
compromis, des compromis, des compromis. Pendant tout ce temps-là le
Québec ne disait pas un mot. On entendait crier à travers le
Canada, mais le Québec ne disait rien. Et dès le moment où
on a fait tomber la loi le Québec a dit: Eh bien, nous on s'harmonise.
C'est réglé, c'est une bonne loi. On la considère
excellente. On s'harmonise à la TPS. C'est ce qu'ils ont fait.
M. le Président, ils se sont harmonisés et dans l'esprit
d'harmonisation, je les suis. Et je les suivrai jusqu'à un moment
donné où on va être encore capables de bien comprendre nos
lois chez nous, et on va être encore capables de pouvoir les administrer
correctement, sans se retrouver dans des scénarios où ça
devient tellement complexe, on cherche tellement la pureté dans nos lois
fiscales que sur le terrain, la praticabilité des choses, M. et Mme
Tout-le-Monde n'y comprennent strictement rien. On a beau chercher une
pureté dans les mesures fiscales, on a beau vouloir les compliquer d'une
façon extrême, si sur le terrain on ne comprend rien, M. le
Président, on a complètement manqué le bateau et on a
complètement manqué l'orientation que le gouvernement devait
rechercher.
Au niveau de l'harmonisation, je pense que le Québec a fait son
lit, et il s'est harmonisé à cette taxe. Sauf que je pense qu'on
l'a fait d'une façon rapide, d'une façon où ça
semble même quelquefois improvisé et je vous cite des exemples, M.
le Président. Je vais sûrement avoir l'occasion d'examiner tous
ces points-là lors de la commission parlementaire, mais j'aimerais quand
même vous citer des éléments où... Je veux
immédiatement démontrer que ça fonctionne mal. (16 h
20)
Le Québec, M. le Président, est la deuxième
province au Canada à s'être harmonisée avec les mesures
fédérales. À ce que je sache, on est 10 provinces et on
est seulement 2 à l'avoir fart. Vous savez, M. le Président, le
gouvernement libéral prône une fiscalité uniforme à
travers le Canada. Plus la fiscalité est uniforme, plus la
liberté des biens, la circulation des biens et des capitaux se fait
facilement.
M. le Président, cette taxe-là, la TPS qui nous... On
s'est harmonisés avec la TVQ. Deux provinces canadiennes seulement se
sont harmonisées, le Québec et, je crois, l'Alberta, ce qui a
pour conséquence, chez nous, sur notre territoire au Québec, que
l'harmonisation dont on parle crée des problèmes. Elle
crée des problèmes pour la simple raison que, dans les zones
frontalières... et je parle de Pointe-à-la-Croix, dans le
comté de Bonaventure, et on parle de l'Outaouais, la région de
Hull où, dans ces zones
frontalières là, on se retrouve dans une concurrence
économique déloyale, qui a d'ailleurs été
soulevée. Dans l'harmonisation dont parie le ministre jusqu'à
maintenant, on n'a pas encore senti de mesures particulières pour
permettre aux gens de ces régions-là de pouvoir appliquer des
règles compétitives avec la province voisine.
Quand on regarde Hull, je lisais des articles de journaux
récemment où on parle de 24 000 000 $ de chiffre d'affaires. On
parle d'économie, M. le Président. On ne parle pas de TPS pour la
TPS ou de la taxe pour la taxe. Ça fait déjà trois fois
qu'on entend parler de la taxe pour la taxe. Je pense qu'on va encore en parler
parce qu'avec un projet de loi comme celui-là, c'est évident
qu'on va parler de la taxe pour la taxe. Sauf que là, je parle
d'économie avec les mesures fiscales, M. le Président. Et
l'économie dans les zones frontalières actuellement, la taxation,
telle qu'elle est proposée, nuit à ces régions-là.
Je n'ai pas encore vu de mesures intéressantes proposées par le
gouvernement qui vont permettre aux régions, aux zones
frontalières de pouvoir faire un commerce loyal.
Les gens partent de Hull, traversent le pont, s'en vont en Ontario,
à Ottawa, acheter leurs vêtements, leurs chaussures, leurs
appareils électriques, M. le Président, et ils n'ont pas de taxes
à la consommation. Alors, ils traversent le pont, ils vont acheter leurs
fournitures et reviennent. Pendant ce temps-là, nous, on dit, pour
suivre l'élan canadien, qu'on va s'harmoniser. Il faut s'harmoniser. On
est seuls à s'harmoniser. Il faut le réaliser aussi, à un
moment donné, quelque part. Il faut mettre les pressions où elles
doivent être mises aussi si on veut, en même temps que
s'harmoniser, ne pas nuire à nos propres industries sur notre
territoire.
Je pense qu'à ce niveau-là le gouvernement doit
effectivement faire ses devoirs et avancer dans ce sens-là. Il y a des
zones qui sont fragiles actuellement et je pense que l'harmonisation va devoir
considérer ces zones frontalières là.
M. le Président, on se retrouve avec un projet de loi que je vous
avoue, comme jeune député... Je pense que je vais aller à
la bonne école, mais je dois vous dire que j'aime travailler avec la loi
de l'impôt et les lois de l'impôt. Alors, je vais être bien
servi. Effectivement, on se retrouve avec un projet de loi volumineux, un
projet de loi où j'espère que le ministre du Revenu ne mettra pas
le bâillon à l'Opposition officielle.
Ce projet de loi, j'ai commencé à le regarder, j'ai
commencé à le lire, j'ai commencé à me rendre
compte, effectivement... parce que je pense que je vais passer à travers
article par article avec plaisir. Mais, déjà, M. le
Président, d'ores et déjà, on se retrouve avec des
définitions incroyables, avec des notions fiscales incroyables où
on se réfère à la Loi sur les impôts, où on
vient mêler les deux lois ensemble. M. le Président, je pense que
l'exercice intellectuel va être très intéressant.
Dans ce sens-là, oui, je rassure le ministre du Revenu que je
vais collaborer avec lui pour effectivement faire en sorte de faire une loi qui
soit la plus acceptable pour les praticiens de la fiscalité et aussi
pour ceux, comme il le disait lui-même tout à l'heure, ses
mandataires qui vont être au-dessus de 460 000 $, ses mandataires, les
entreprises, qui deviennent des collecteurs d'impôt; 460 000 $ dont le
ministre parlait. Ces collecteurs d'impôt là ont des coûts
importants d'administration de cette loi-là. Le ministre, quant à
lui, considère que ces coûts-là sont normaux pour
l'entreprise et qu'elle doit les assumer.
Je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui se posent des questions.
Effectivement, pour administrer cette loi-là, elles devraient recevoir
un pourcentage, un pourcentage de la collection pour qu'elles puissent
effectivement couvrir les frais parce qu'elles agissent au nom du
ministère et qu'elles jouent un peu le rôle du
ministère.
Alors, M. le Président, ce que je veux vous dire - je pense que
mes collègues vont également abonder dans ce sens-là,
c'est que nous allons éplucher le projet de loi paragraphe par
paragraphe. Nous allons nous assurer que les iniquités fiscales
d'application vont être éliminées au maximum et, oui, je
vais collaborer dans ce sens-là.
Tout à l'heure, le ministre nous disait, et il était fier
de nous dire ça en cette Assemblée: Souvenez-vous, on a
éliminé la taxe sur les repas qui était à 10%. Ah!
C'est vrai. On a éliminé la taxe générale de 9 %.
C'est vrai, mais ce qu'il ne dit pas à cette Assemblée, c'est que
toute cette élimination de taxe devait se retrouver à un taux de
7 %, M. le Président. Et si c'était vraiment harmonisé
avec le fédéral, comme il le dit si bien, il aurait maintenu son
taux à 7 %, parce que la TPS fédérale est demeurée
à 7 %. Mais, lui, son harmonisation, il la fait là où bon
lui semble, mais quand vraiment vient le temps de s'harmoniser sur les taux,
bien, là, ce n'est pas pareil. Les taux, il peut se permettre de les
élever, parce qu'en fin de compte, ça lui donne plus d'argent. Et
si ça lui donne plus d'argent, bien, c'est le consommateur qui paie.
Effectivement, l'harmonisation concernant le taux, M. le
Président, je pense qu'il l'a oubliée. Il a
considéré que le taux de 8 %, c'était plus
intéressant pour le gouvernement que de le garder à 7 %, comme
c'est le cas de la TPS fédérale. Dans ce sens-là, je pense
que le ministre du Revenu a oublié un gros point de l'harmonisation,
surtout à un moment où nous sommes en pleine récession
économique, à un moment où les gens ont une
capacité de paiement qui a été réduite
considérablement. Je trouve ça intéressant, l'école
de pensée du ministre du Revenu lorsqu'il dit: Vous savez, on
réoriente la taxation. On ne veut
plus taxer les gens qui travaillent, on va taxer la consommation. C'est
pour ça qu'on est parti vers une forme de taxation qui est la TVQ, style
TPS.
M. le Président, c'est des orientations, des choix sociaux
majeurs. Effectivement qu'il s'est référé au Japon,
à l'Allemagne, au niveau de ces pays qui ont appliqué cette forme
de taxation qui, en principe, a du bon. Mais là où il y a un
problème, M. le Président, c'est qu'il y a des moments, dans
l'économie, où on applique des lois, où on fait des
réformes. Il est évident que de la façon dont ça a
été fait au Québec et au Canada, on n'avait absolument pas
compris le moment où on devait appliquer des lois comme
celles-là. C'est ce qui crée, actuellement, toute notre
problématique économique, où les gens ont perdu confiance
dans le système, où les gens disent: Bien, quand est-ce qu'il va
arrêter de taxer? Les gens disent: Bien, ça n'a pas de bon sens
toutes ces taxes-là. À quelle place est-ce que ça s'en va?
Les gens se voient taxer, taxer, taxer. Ils en ont vraiment ras le bol
d'être taxés. Quand on me dit: Bien, oui, mais on change
d'orientation. M. le Président, dans les pays du style de la
Nouvelle-Zélande, c'est vrai qu'on a changé la forme de taxation,
mais savez-vous ce qu'on a fait? On est parti d'un taux d'imposition de 60 %
sur l'impôt sur le revenu et on l'a descendu à 33 %, M. le
Président. Chez nous, on n'a pas fait ça. On s'est dit: Bien non,
ce n'est pas important qu'on descende l'impôt sur le revenu. Nous, ce
qu'on veut, c'est collecter de l'argent pour collecter de l'argent. Alors, on
ne descendra pas l'impôt sur le revenu. On va simplement mettre une TVQ
pour collecter de l'argent. C'est tout ce qu'on veut faire. La réforme,
les bases de transition, on s'en fout. C'est comme ça qu'on a
réfléchi à Ottawa et, chez nous, on a acheté
ça sans dire un mot. On a dit: Bien, c'est bon. C'est bon certain. On
est juste 2 provinces sur 10 à l'avoir harmonisée. C'est
excellent. C'est très excellent! C'est comme ça, effectivement,
qu'on se retrouve avec des problèmes de zone frontalière, surtout
d'une complexité fiscale.
Comme fiscaliste ayant pratiqué pendant de nombreuses
années, M. le Président, je peux vous dire que ça va
devenir spécial de commencer à jouer dans deux lois pour trouver
des définitions, et non pas des petites définitions, des concepts
fiscaux. On va commencer à aller jouer dans la loi sur l'impôt sur
le revenu pour aller voir une définition et revenir dans la taxe de
vente pour voir si ça fonctionne. Après ça, ça va
devenir tellement complexe que le ministre du Revenu va être surpris de
voir qu'on est face à des scénarios, des scénarios fiscaux
où on se retrouve, encore une fois, dans des scénarios
d'évitement fiscal comme on vient de vivre avec la recherche et le
développement, M. le Président. On va vivre encore un autre
scénario parce que plus vous allez compliquer la loi, plus les
fiscalistes vont bien faire leur travail; plus ils vont bien faire leur
travail, plus ils vont trouver un scénario quelque part qui passe
à côté. Après ça, le ministre va être
surpris. Il va dire: Regarde donc! Ils ont passé à
côté. C'est intéressant.
C'est vrai que c'est intéressant, M. le Président, mais
s'il met des règles d'antiévitement pour éviter ces
choses-là et mettre fin à des stratagèmes comme ça,
parce qu'il en a mis une règle d'antiévitement dans son projet de
loi 170, alors, s'il met des règles d'antiévitement pour corriger
ce scénario fiscal abominable, que j'appelle immoral parce que ça
a même été qualifié par d'autres d'immoral, et qu'il
n'ose même pas appliquer sa règle d'antiévitement parce que
son ministre des Finances l'en empêche, là, M. le
Président, je me demande s'il ne complique pas la loi, effectivement,
pour qu'on se retrouve encore dans des scénarios... Parce que les gens
vont commencer à jouer avec les notions et la complexité de la
loi. (16 h 30)
Le but, M. le Président, ce n'est pas d'empêcher les
fiscalistes de bien faire leur travail. Le but, c'est d'en arriver à
faire une loi où on va pouvoir rapidement bien se comprendre tout le
monde, et appliquer des concepts qui vont demeurer encore acceptables pour le
commun des mortels. Je comprends qu'on ne demandera pas à M.
Tout-le-Monde de comprendre la loi de l'impôt ou de faire sa
déclaration d'impôt, sauf qu'il y a, je pense, des limites
à compliquer la loi. Je pense que, cette fois-ci, avec le projet qu'on a
actuellement devant nous, on va se retrouver, j'ai bien l'impression, dans une
drôle de situation parce que ça va devenir très
compliqué de jouer dans ces notions-là et de commencer à
suivre les définitions d'une loi pour les appliquer à une autre.
De toute façon, on va être en commission parlementaire, on va
avoir très certainement l'occasion de discuter abondamment de toutes ces
notions-là.
J'écoutais aussi tout à l'heure le ministre du Revenu, M.
le Président, trouver ça intéressant une taxe à la
consommation. C'est intéressant de taxer les gens lorsqu'ils consomment.
M. le Président, une taxe à la consommation, en principe, c'est
une taxe qui va contre les démunis et qui va contre la classe moyenne.
Une taxe sur la consommation, M. le Président, ça vient gruger
dans les poches de chacun son pouvoir d'achat. On ne tient pas compte, à
ce moment-là, de la capacité de paiement des gens. On frappe
directement le démuni et la classe moyenne. Ah oui! Il va vous parler
d'un crédit sur intrants, M. le Président, mais ces
crédits sur intrants ou ces crédits de base à la
consommation qu'on remet aux gens, c'est insuffisant, pour aider les
démunis à mieux fonctionner.
Les gens, quand vous leur donnez 15,56 % d'augmentation de taxes, qu'ils
ont des gels de salaires ou des pertes d'emplois, ou qu'ils sont
déjà au seuil de la pauvreté, ce n'est pas le
crédit d'impôt sur la TPS ou la TVQ qui peut les
aider à assumer cette réduction du pouvoir d'achat. Ils
ont littéralement une réduction du pouvoir d'achat et, quant
à moi, à ce niveau-là, on n'a rien corrigé pour
créer une équité fiscale pour les gens qui ont vraiment
besoin d'un minimum pour pouvoir payer leurs besoins essentiels de vie.
Où on est vraiment partis, M. le Président, avec ce projet de loi
- quant à moi, on est vraiment sortis des sentiers battus et on a fait
mal à l'économie du Québec - c'est qu'on a suivi
aveuglément la TPS. Je comprends qu'on pouvait s'harmoniser, mais on
pouvait faire des nuances. Une harmonisation, ça peut être
nuancé. Une harmonisation au Québec méritait qu'on regarde
ce qui se passe au Québec, ce qui se passe sur le terrain.
Effectivement, de quoi on a besoin et qu'est-ce qui correspond à nos
besoins chez nous? On avait des besoins au niveau du meuble au début des
années quatre-vingt et on a enlevé la taxe au niveau du meuble,
M. le Président. L'économie du meuble en avait besoin, c'est un
secteur fragile, c'est un secteur où on devait lui permettre d'accentuer
la consommation en réduisant la taxation à ce niveau-là.
On avait pris, au Québec, au début des années
quatre-vingt... D'ailleurs, ça s'est concrétisé à
la fin 1984, le livre blanc sur la fiscalité. On avait
énoncé de grands principes chez nous. On avait un principe
très important qu'on avait mis en place dans notre
société, M. le Président, c'était celui de ne pas
taxer les gens avant qu'ils aient gagné suffisamment pour se loger, se
nourrir et s'habiller. m. le président, quand on a appliqué...
quand on s'est harmonisé aveuglément à la tps, on a
oublié nos beaux principes de taxation. comme je le disais tout à
l'heure, ce qu'on voulait, c'était taxer, ramasser de l'argent et
l'application de la loi n'avait pas d'importance. mais ça a de
l'importance, m. le président, parce que si on vit actuellement une
récession aussi forte, c'est parce qu'on a effectivement enlevé
le pouvoir de consommation aux gens. quand vous allez d'une façon
générale sur tous les biens, sans leur permettre de se nourrir,
de se loger et de s'habiller sans être taxés, eh bien c'est ce
qu'on crée. on crée une espèce de manque de confiance dans
le système et les gens arrêtent de consommer. si vous
arrêtez de consommer, c'est la base même de notre
économie.
Si la consommation ne tourne plus parce que vous la freinez par des taux
d'intérêt élevés, par une taxation à la
consommation, eh bien on se retrouve effectivement avec un produit
intérieur brut moins élevé, une assiette fiscale moins
grande, des entreprises qui font des profits et l'impôt sur le revenu qui
est moins grand pour l'État. Là, on va se retrouver où, M.
le Président? Attendez de voir le résultat qui va se produire
à Ottawa. Ottawa a mis une TPS pour corriger leur déficit. On n'a
même pas encore terminé l'année, et on nous annonce que le
déficit prévu de 30 500 000 000 $ va être plus
élevé. On met des taxes pour corriger des déficits et on
ne réussit pas à les corriger, M. le Président. Nous, au
Québec, on endosse ça en disant: C'est bon. On marche dans
ça. Mais, M. le Président, ce sont des mesures qui ont
été mal pensées à un moment où elles ne
devaient pas s'appliquer. Et nous, on a suivi aveuglément, sans faire de
pression sur Ottawa pour leur faire comprendre le bon sens, comme d'habitude,
à bien des points de vue.
Là, M. le Président, on se retrouve, bien sûr, dans
une situation où on se demande ce qu'on va faire au Québec en
1992. Quand on va arriver, au Québec, en 1992 et qu'Ottawa va nous dire:
Notre déficit est de 38 000 000 000 $, de 35 000 000 000 $, de 36 000
000 000 $, qu'est-ce qu'ils vont faire, M. le Président? Ils vont
augmenter la TPS et ils vont dire au Québec: Augmentez votre TVQ?
M. le Président, où va-t-on se retrouver? Là, je
pense qu'on manque d'imagination au niveau de l'application de cette
loi-là. Il va falloir qu'on la nuance et qu'on commence à
travailler avec cette loi-là pour inciter l'économie à
reprendre dans certains secteurs, à créer des allégements.
Je comprends que le livre, M. le Président, c'est important au
Québec. Mais je peux vous dire qu'il y a beaucoup d'activités
économiques au Québec qui sont importantes et qu'actuellement il
n'y a pas seulement le livre qui aurait besoin d'une exemption fiscale sur la
TVQ. Je pense qu'on va devoir s'asseoir puis regarder comment on va pouvoir
réaménager cette taxe-là pour qu'on arrête de
l'appliquer d'une façon bébête, sans se poser de questions.
D'une façon bébête, sans se poser de questions, M. le
Président, ça ne nous mène nulle part, mais vraiment nulle
part.
S'il y avait seulement la taxe de vente du Québec, ça
passerait encore, M. le Président, mais ce n'est pas seulement la taxe
de vente du Québec que ce projet-là nous amène, il nous
amène une série de mesures de taxes à la consommation en
général. Je peux vous dire que le gouvernement libéral,
depuis trois, quatre ou cinq ans s'est fait le spécialiste de la taxe
à la consommation. Il a réduit les taux d'imposition.
Moi, je me souviens, M. le Président, des taux d'imposition au
Québec, combiné fédéral-Québec, a la fin des
années quatre-vingt. Le taux, croyez-le ou non, M. le Président,
combiné au Québec, était de 69 %, maximum. Alors, on a
réduit le taux d'imposition au Québec depuis les années
quatre-vingt - ce n'est pas loin, c'est 10 ans, 11 ans. On l'a réduit de
69 % à 50 %. C'est-à-dire que les gens qui gagnaient 500 000 $,
M. le Président, à la fin de 1980 parce qu'on a juste
réduit leur taux d'imposition - parce qu'il y a eu des décisions
qui ont été prises, par l'orientation de ce gouvemement-là
- on leur a donné un cadeau fiscal, M. le Président, d'environ 90
000 $. Ce sont des beaux cadeaux. Pendant ce temps-là, on
allégeait la capacité, on allégeait le fardeau
fiscal des mieux nantis et on le tirait carrément dans les
démunis et dans la classe moyenne, et c'est ce qu'on a fait d'une
façon successive depuis trois ou quatre ans. Le résultat de ce
projet de loi là aujourd'hui, c'est ça, on vient de nous
écrire en lettres ce qu'on applique depuis maintenant un an, depuis
janvier 1991.
Dans ce sens-là, M. le Président, il y a eu des choix qui
ont été faits en pensant qu'ils pourraient mieux réactiver
l'économie en diminuant les taux marginaux d'imposition. Mais ils se
sont mis un doigt dans l'oeil, M. le Président. Non seulement ils ont
réactivé l'économie, mais ils l'ont jette carrément
dans la récession. On est encore dans la récession. Le
consommateur a perdu confiance et ce n'est pas cette loi-là, M. le
Président, qui va redonner confiance aux consommateurs. Cette
loi-là ne fait que dire: Voici, on continue de taxer la consommation et
on ne fait aucune nuance. On applique la loi d'une façon
générale sur le territoire et on ne distingue rien.
Il a raison le ministre du Revenu lorsqu'il dit que notre parti
prône ce qu'on appelle une TVQ ou une TVA, une taxe sur la valeur
ajoutée. M. le Président, c'est vrai, mais cette taxe-là
que l'on prône chez nous, elle est modulée. Elle est
modulée parce que, chez nous, on pourrait exempter les vêtements,
les chaussures, les appareils électriques, comme on l'a fait dans le
passé, M. le Président. C'est la différence entre
appliquer une loi bébête et appliquer une loi en fonction des
besoins d'une société, en fonction de ce que les gens doivent
payer au niveau de la taxation et leur permettre d'éviter d'être
taxés sur leurs besoins essentiels de vie. Oui, c'est vrai qu'on a la
TVA qui est l'équivalent de la TVQ, mais on permettrait aux gens, M. le
Président, de ne pas être taxés sur leurs besoins
essentiels si on appliquait ce qu'on a au niveau du programme du Parti
québécois. (16 h 40)
Je pense que le gouvernement doit repenser la façon dont il s'est
harmonisé et doit repenser la façon avec laquelle il a
appliqué la loi. La loi sur la taxe de vente du Québec à
la consommation doit être revue en permettant aux gens de ne pas
être taxés sur leurs besoins essentiels. Mais je ne pense pas
qu'ils soient intéressés parce que tout ce qu'ils veulent, c'est
de l'argent, des impôts. Je pense bien que l'équité fiscale
ou les besoins essentiels, on s'en con-trefout.
Si seulement on se limitait à la TVQ. Mais non, M. le
Président, on est devenus une espèce de machine à taxation
de la consommation. Le gouvernement en place s'acharne à taxer la
consommation, s'acharne tellement à taxer la consommation qu'il est
rendu qu'il se sert d'ailleurs de notre entreprise la plus prestigieuse chez
nous, Hydro-Québec, pour prélever des deniers publics. Que vous
le vouliez ou non, quand on se sert d'Hydro-Québec pour prélever
des deniers publics, ça a des conséquences que le consommateur,
encore une fois, vous venez de lui donner ce qu'on appelle un autre coup.
Un autre gros coup qui fait en sorte que, sans trop s'en rendre compte,
ils obtiennent une augmentation de tarification. On se souviendra, l'an
dernier, ce n'était pas grave, 7 % d'augmentation de la tarification, et
le taux d'inflation était de 5 %. Je comprends, on va chercher l'argent
à Hydro-Québec et après ça, on dit à
Hydro-Québec: Augmente ta tarification. Nous, on ne peut plus y aller
sur la taxation. On va être vus, et si on est vus, les gens n'aimeront
pas ça. C'est sûr que les gens n'aimeront pas ça, M. le
Président. C'est entendu que quand on taxe avec Hydro-Québec,
ça paraît moins, mais les gens commencent à le comprendre
parce qu'ils ne comprennent pas que ça coûte si cher que
ça, l'augmentation de tarification.
Ce qui est un peu aussi aberrant, c'est là qu'on commence
à jouer avec des méthodes de taxation qui deviennent, quant
à moi, abusives. C'est qu'on vous met une TVQ, on vous augmente une
tarification de 7 % qui est une taxe déguisée, dans mon livre
à moi, et on vous met la TVQ par-dessus la tarification; non seulement
par-dessus la tarification, mais par-dessus la TPS qui a embarqué
par-dessus la tarification.
Alors, imaginez-vous, on se retrouve avec des lois actuellement
où on surtaxe la consommation, et ça ne nous mène nulle
part. On a réussi tout récemment à convaincre ce
gouvernement-là de reporter la taxation. On leur a demandé un an.
Ils ont dit: Nous autres, les calculs, on n'est pas habitués de calculer
tellement. On va diviser par deux et on va régler ça comme
ça. On avait besoin d'un minimum d'un an pour relancer
l'économie. Vous allez voir: On va se retrouver au mois de juin et on va
encore poser la question en Chambre, et se faire dire qu'on est irresponsables
parce qu'on demande des reports de taxation qui, à toutes fins
pratiques, finissent par comprendre que oui, c'est bon et on les reporte. On va
se retrouver en juin et on va encore se poser la question: Est-ce qu'on reporte
la taxation? Parce qu'on va encore subir en 1992 un fardeau fiscal lourd. Les
gens n'auront pas le temps de reprendre confiance dans l'économie.
Actuellement, les gens perdent leur emploi. Actuellement, avant de
réussir à redonner confiance dans le système, ça va
prendre du temps. Et six mois, c'est une mesure, encore une fois, quant
à moi, impulsive, qu'ils ont prise pour penser que six mois, ce serait
suffisant. On ne réussit pas, M. le Président. Ottawa va encore
leur renvoyer un fardeau fiscal impressionnant parce qu'eux, à Ottawa,
ifs n'ont pas réussi à contrôler leurs finances publiques
encore. Ça va encore retomber chez nous parce que, quand Ottawa va dire:
Oui, on a défoncé notre déficit puis là, on vous
coupe encore vos transferts.
Québec va dire: Oui, mais moi, l'argent, je vais la prendre
où? Bien, ils vont dire: Fais
comme d'habitude. Taxe ta consommation et en taxant ta consommation, tes
gens seront encore plus taxés et c'est ça. C'est un cercle
vicieux et on n'en sort plus. On n'en sort pas, on surtaxe les gens parce qu'on
paye en double. On paye en double. au québec, on paye en double, on paye
dans 23 ministères, on se duplique, on ne se comprend pas, on dilapide
les fonds. on perd notre énergie à discuter de constitution quand
le malaise, actuellement, il est économique. le malaise, actuellement,
c'est que les entreprises ont besoin de support. les entreprises aimeraient
ça qu'on les épaule dans la formation de la main-d'oeuvre. mais
non! nous, on est experts au québec dans la taxation. alors, qu'est-ce
que vous voulez qu'on fasse? on ne peut pas faire autre chose que de taxer et
pour ce qui est des autres problèmes, on essaiera de les régler
un jour.
Mais ce n'est pas ça le besoin de l'heure, M. le
Président. C'est l'économie. Si au moins on appliquait des
mesures fiscales qui stimulent l'économie, encore, ça serait
intéressant. Mais non, on n'applique même pas les mesures fiscales
pour empêcher des scénarios immoraux d'évite-ment fiscal.
Imaginez-vous jusqu'à quel point on peut avoir de la profondeur en
matière fiscale!
M. le Président, je pense que cette loi va demander beaucoup de
travail et je pense que l'Opposition, nous allons travailler à examiner
un par un les paragraphes. Cette loi-là, M. le Président, le
projet de loi 170 fait suite au projet de loi 89 qui a été
déposé en cette Chambre en novembre 1990.
M. le Président, lorsque le projet de loi 89 qui, à toutes
fins pratiques, est insignifiant... Il a à peine 80 articles, je crois,
ou à peine 80 articles ou quelques pages, 45 pages. Lorsque ce projet de
loi là, qui était la phase 1 de la réforme de la TVQ, a
été déposé en cette Chambre, en cette
Assemblée, M. le Président, croyez-le ou non, on n'a même
pas permis à la commission parlementaire de faire son travail. On lui a
mis le bâillon puis on a mis fin aux travaux. M. le Président, si
on a mis fin aux travaux sur un projet comme celui-là qui a 45 pages,
comme je le disais au ministre du Revenu, si moi, j'ai l'intention de faire un
travail de collaboration et de critique constructive, j'espère qu'il va
nous laisser le temps d'étudier un projet qui ressemble à quelque
chose, comme on le disait, tout près de 700 articles, et en nombre de
pages ici, on a 261 pages.
Ce qu'on nous présente, ce n'est pas un projet de loi, c'est une
réforme de la fiscalité en matière de taxes à la
consommation. Alors, je rassure le ministre du Revenu, effectivement, que je
vais être un excellent critique, qu'on va travailler ensemble pour faire
en sorte qu'au moins, cette lourdeur fiscale soit comestible, la plus
comestible possible pour ceux qui vont avoir à l'appliquer.
Par contre, il faudrait que le ministre du Revenu, M. le
Président, soit d'accord avec moi pour dire qu'on va faire une
commission parlementaire, que, dès le départ, on s'entende pour
commencer les paragraphes et les finir. Parce que si on coupe en plein milieu,
M. le Président, la critique constructive que je vais faire avec lui
n'aura servi à rien. Alors, dans ce sens-là, je le rassure, mais
je veux lui dire que, de son côté, j'espère que lui aussi,
il va se rendre jusqu'au bout de la course et qu'ensemble on va faire un
travail très détaillé au niveau de ce projet de loi.
M. le Président, ce projet de loi, également, vise
à taxer la consommation sur d'autres plans. On taxe le tabac - on sait
que le tabac, le gouvernement a décidé qu'il allait le surtaxer
jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne qui fume; alors, on continue dans
ce sens-là - et on taxe les boissons alcooliques.
Une petite parenthèse au niveau des boissons alcooliques, M. le
Président. On s'acharne depuis deux ans, trois ans, d'une façon
successive à chaque année, à taxer les boissons
alcooliques et on s'en prend toujours à la bière. On sait
très bien que la consommation de la bière est drôlement
plus importante au Québec que la consommation du champagne. Le
champagne, M. le Président, vous le savez comme moi, ce n'est pas tout
le monde qui prend du champagne à tous les jours. Alors, on s'en prend
à la bière. Mais quand on s'en prend à la bière, M.
le Président, vous savez comme moi qu'on s'en prend à M.
Tout-le-Monde et à Mme Tout-le-Monde où, effectivement, la
consommation est plus importante, et c'est encore eux qui paient la
taxation.
Encore une fois, on y va dans la taxation, mais on y va toujours dans la
taxation des gens qui n'ont pas la capacité de payer. Dans ce
sens-là, M. le Président, oui, on devrait changer notre tir. Oui,
il faut commencer à la déplacer. Vous tirez toujours sur la
même cible et cette cible-là, M. le Président, elle n'a
plus de capacité de paiement.
Alors, qu'est-ce que vous allez faire pour relancer l'économie?
Comment vous allez faire pour réactiver la consommation de gens qui
n'ont déjà plus de pouvoir d'achat? Il faut changer le tir.
À chaque fois que je vois, parce que j'ai regardé un peu les
projets de loi... et la boisson, M. le Président, et les budgets le
prévoient toujours... Au niveau des boissons alcooliques, la
bière, elle prend toujours un coup! C'est le cas de le dire que la
bière prend tout un coup.
Bien sûr, on continue dans cette voie de taxation à la
consommation, M. le Président. Ce n'est pas d'être négatif
que de dire aux gens ce qui se passe. C'est ça la réalité,
mais il faut la leur expliquer parce que ces gens-là... Vous savez,
l'impôt sur le revenu... La fiscalité, c'est complexe, M. le
Président, et c'est vrai ce que vous dites là. Mais je peux vous
dire que les gens comprennent quand même parce que la per-
sonne qui regarde dans le fond de sa poche et à qui il ne reste
plus rien, elle dit: Voyons donc, il s'est passé quelque chose; je n'en
ai plus. Ils comprennent ça. Ils comprennent ça que l'argent leur
a été enlevé. Leur chèque est complètement
rapetissé, M. le Président. On ne leur en laisse plus. (16 h
50)
Alors, comment voulez-vous activer une économie lorsque les gens
n'ont plus de pouvoir d'achat? Cette loi-là, bien entendu, elle y va,
elle continue à la consommation. Elle y va sur les carburants, l'essence
et ça continue. C'est une série qui n'arrête pas. Les
permis d'automobile, on y va sur les permis. M. le Président, quand
est-ce qu'on va avoir des mesures fiscales qui vont inciter l'économie?
Je m'ennuie, moi, de ça. Je n'en vois pas, M. le Président.
Depuis plusieurs années je regarde le budget, je cherche des mesures
fiscales incitatives pour l'économie, pour inciter des secteurs de
l'économie à se renforcer et à être plus
compétitifs. On n'en a pas. On nous donne des taxes à la
consommation.
M. le Président, comme je le disais tout à l'heure, je
pense que la réforme qu'on a devant nous aujourd'hui, cette
réforme-là va, à toutes fins pratiques, occasionner
beaucoup d'heures de travail. Et on va être en mesure, au fur et à
mesure qu'on va avancer, d'apporter des corrections. Je peux vous dire, comme
porte-parole officiel en matière du Revenu, que je vais collaborer du
début à la fin, mais j'espère aussi que le ministre du
Revenu, comme il le disait si bien tout à l'heure...
Il citait avec plaisir mes sorties où j'étais d'accord
avec l'harmonisation, où je lui ai bien expliqué que
l'harmonisation, quand on est pris avec la corde autour du cou, on peut y
aller, mais pas y aller d'une façon, M. le Président, à
tout virer le système à l'envers et faire en sorte que ce soit
super-compliqué et qu'on ne se comprenne plus. J'aurai sûrement
l'occasion, M. le Président, de lui démontrer la
complexité, parce que, effectivement, ce n'est pas facile. Je pense que
la commission parlementaire va être intéressante. Je peux vous
dire que je vais collaborer et que ça va me faire très
plaisir.
Alors, M. le Président, les principaux commentaires que j'avais
à vous livrer se résument, grosso modo, à ce que je viens
de vous expliquer et je vais collaborer avec le ministre du Revenu pour
étudier ce projet de loi là. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Montmorency. Sur le même sujet je cède la
parole à M. le député de Rousseau. Je vous rappelle que
vous disposez d'une période de 20 minutes, M. le
député.
M. Thérien: Merci, M...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un ins- tant, M. le
député. Oui, sur une question de règlement, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, je souhaiterais que les
collègues du député de Rousseau viennent l'entendre.
Alors, je vous demande de vérifier le quorum.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Appelez les
députés, s'il vous plaît. M. le député de
Rousseau, allez-y, il y a quorum maintenant.
M. Robert Thérien
M. Thérien: M. le Président, je veux d'abord
remercier le député de Pointe-aux-Trembles qui veut m'assurer un
auditoire dans ce débat sur le projet de loi 170 qui est une loi
d'harmonisation. Mais, M. le Président, dans les 20 minutes qui me sont
accordées, je voudrais surtout intervenir sur cette loi-là, non
comme fiscaliste, non comme expert, mais surtout comme représentant du
peuple.
Je suis un peu surpris du discours du député de
Montmorency. Je comprends qu'il est nouveau au Parlement. Je comprends qu'il a
toute la fougue voulue, mais il faudrait peut-être qu'il sache que - et
je sais qu'il a l'intelligence pour le faire - quand on taxe ou on impose des
gens, il y a des raisons à ça. Quand on s'oblige à
ça, il y a des raisons. Et la principale raison, M. le Président,
c'est l'endettement. On n'impose pas et on ne taxe pas... Mais il me
souligne... Oui, il a raison. Mais l'endettement vient justement, en
particulier, de son gouvernement, jadis, qui a fait croître la dette
incroyablement au Québec. C'est pour ça.
Quand il parlait d'impôt tantôt... On va parier des
familles, comment elles sont taxées, les familles, comment on les taxe
différemment. Quand on lui parlait des plus démunis... Il
était justement dans un système fiscal au Québec où
on taxait davantage les travailleurs qui gagnaient 10 000 $ et plus. Ça,
il n'en a pas parié tantôt. Vous savez, il disait tantôt: II
y a seulement deux provinces et un député qui étaient
d'accord avec l'harmonisation. C'est lui qui était d'accord avec
l'harmonisation. Mais, aujourd'hui qu'il est assis sur une banquette de
député, il se doit un peu de changer d'orientation. Je ne lui en
veux pas, ça fait partie du jeu, M. le Président. Mais, lorsqu'on
parle de taxation, le gouvernement libéral a décidé
justement de taxer la consommation au lieu d'imposer le travail. C'est
là la différence. On a le choix lorsqu'on a des dettes à
payer... Il faut être responsable des dettes que les gens,
malheureusement, nous ont créées auparavant.
Le gouvernement du Québec a décidé par cette loi de
s'harmoniser, de taxer la consommation pour ceux qui consomment davantage au
lieu de taxer le travail. Vous savez, M. le Président, le seul
côté bénéfique, la seule récompense pour
un travailleur, c'est son chèque de paie. Si son chèque de
paie est sans cesse imposé, M. le Président, celui-ci ne pourra
pas consommer. C'est ça qu'on essaie de faire comprendre aux gens de
l'Opposition en disant que ce choix-là, c'est un choix rationnel que
d'autres pays avant nous ont fait, et que le gouvernement du Québec a
fait comme personne responsable.
Donc, M. le Président, je suis très fier de prendre la
parole sur le projet de loi 170 qui est un projet de loi qui concrétise
la deuxième étape de la réforme des taxes à la
consommation du Québec en assurant principalement l'harmonisation de la
TVQ à la taxe sur les produits et services. Pour bien saisir le contenu,
M. le Président, des dispositions qui nous concernent aujourd'hui, je me
permettrai de résumer l'essentiel du projet de loi sur la TVQ. Le projet
de loi détermine donc les règles relatives à l'imposition
de la taxe. À cet égard, il précise que la fourniture
taxable d'un bien ou d'un service effectué au Québec oblige
l'acquéreur à payer la taxe.
C'est ce qu'on a dit tantôt. Le gouvernement du Québec a
décidé de taxer celui qui consomme. Donc, celui qui est plus muni
de fonds est taxé sur ce qu'il achète. Le plus démuni, M.
le Président, achète moins. Donc, il est moins taxé, il
est moins imposé depuis des années. Pourquoi aller imposer un
travailleur lorsqu'il consomme moins? Il faut laisser en liberté
l'argent pour que les gens puissent consommer. Lorsqu'ils consomment, on les
taxe. C'est ça qu'on dit dans la loi. On va taxer l'acquéreur de
biens.
Je prends juste un exemple. On s'était pété les
bretelles jadis en disant: On ne taxe pas le linge pour les plus démunis
ou les familles les plus démunies. M. le Président, est-ce que
les familles les plus démunies achètent du linge coûteux,
dispendieux? Non. Au contraire, on a détaxé des achats ou des
rentrées de fonds qu'on perdait parce que les gens plus munis achetaient
des vêtements très dispendieux qu'on ne taxait pas. C'est tout
simplement un équilibre. Celui qui achète paie. Malheureusement,
cette taxe-là arrive à un moment où le Québec est
peut-être trop endetté dû à des erreurs
passées, où ces gens-là sont responsables.
Ce n'est pas le député de Montmorency qui est responsable,
il vient d'arriver. Mais il y a des gens à qui ça va prendre 65
ans avant de payer les dettes qu'ils ont réussi... Quand il disait
tantôt qu'on est les champions de la taxe, ils ont été les
champions du déficit. C'est ça qu'on dit, M. le Président.
Un déficit... Comme gouvernement responsable, on a décidé
tout simplement de s'harmoniser et de taxer celui qui fait l'acquisition de
biens.
M. le Président, le projet de loi précise de plus que la
fourniture doit être effectuée dans le cadre d'une activité
commerciale pour être taxable, son mode de calcul, et à quel
moment elle est payable. Il précise enfin quelles sont les fournitures
qui sont, selon le cas, exonérées et détaxées. M.
le Président, le projet de loi introduit ensuite les dispositions
relatives au remboursement de la taxe sur les acquisitions des entreprises,
remboursement accordé à certaines personnes. Il prévoit
à ce sujet une série de dispositions qui s'appliquent à
des situations particulières. Par exemple, dans le cas où une
personne devient ou cesse d'être un inscrit dans le cas de l'utilisation
de biens ou de fournitures en ce moment. (17 heures)
Le projet de loi prévoit ensuite une série de
règles qui s'appliquent dans des cas spéciaux. Donc, le projet de
loi ne généralise pas. Aussi, il prévoit des cas
spéciaux. Et ça, c'est fort important. Il y a des cas
particuliers dans le domaine de la consommation. Cette loi-là les
prévoit. Le projet de loi introduit, bien sûr, des mesures de
perception et de versement de la taxe et il détermine les règles
relatives à l'inscription, aux versements ou aux remboursements de la
taxe nette, à la production de déclarations et aux
périodes de déclarations.
En fait, la loi nous dit comment ça va se passer. Ce que le
député de Montmorency disait tantôt, c'est vrai que c'est
complexe. Mais pour l'utilisateur, qu'est-ce que ça veut dire? Pour
l'utilisateur, ça veut dire une chose, M. le Président. Ça
veut dire qu'il y a des produits qui sont taxés et il y a des produits
qui ne sont pas taxés également. On va en parler tantôt des
produits qui ne sont pas taxés. Ça ne taxe pas tout. Les produits
de santé, les produits d'enseignement ne sont pas taxés.
Ça, on n'en a pas parlé tantôt.
Mais je suis curieux un peu d'entendre ce beau discours de fiscaliste
qui dit: II faudrait être imaginatif dans la loi de la fiscalité.
J'aurais aimé qu'il nous dise quels sont les moyens d'être
imaginatif. Si c'est le rôle de l'Opposition de vouloir aider le
gouvernement qui, semble-t-il, n'est pas à l'écoute, pourquoi ces
gens-là, au lieu de faire une analyse sommaire, de critiquer une loi
qui, à la base, est très juste, pourquoi n'en donnent-ils pas des
moyens? Pourquoi, durant le temps qu'elle est a l'extérieur,
n'aiderait-elle pas les gens à dire: Voici les méthodes
imaginatives.
M. le Président, on est encore en face d'un beau parleur. On est
encore en face d'une personne qui est capable de faire des analyses. On en a
connu. Il y en a qui sont passés, mais qui n'ont jamais donné des
solutions. Le chef de l'Opposition était lui-même ministre des
Finances, ministre du Revenu. Où étaient les moyens ima-ginatrfs
dans le passé? Si le passé est garant de l'avenir, ça
m'inquiéterait. Je dirais que le député de Montmorency
devrait s'inquiéter, à moins qu'il n'ait trouvé la formule
miracle pour payer les dettes que son propre gouvernement a
créées.
Donc, pendant une heure, il nous a parié de
la loi et il l'a même appuyée dans le passé. Il a
même appuyé l'harmonisation, mais en aucun temps il ne nous a
donné un moyen pratique dans son discours qui disait qu'on manquait
d'imagination. C'est sûrement le rôle de l'Opposition de dire au
gouvernement qu'il fait fausse route, mais pas juste lui dire qu'il manque
d'imagination sans donner les moyens. C'est les moyens qu'on attend. On en a un
moyen. On a un moyen que 50 pays ont adopté. Ça, c'est fort
important.
On dit aussi dans la loi 170 que ça introduit, en ce qui concerne
la taxe de vente du Québec, une règle antiévitement. Notre
gouvernement demeure convaincu des avantages de cette réforme de la taxe
de vente du Québec, car en plus de diminuer les dépenses
reliées à l'administration... Et ça, c'est important. Ces
gens d'en face ont toujours augmenté les dépenses au niveau de
l'administration d'un programme. Elle aura pour conséquence de favoriser
une meilleure croissance, à moyen terme, de notre économie.
Mais on est tous à même de le constater. Le Québec
sort à peine d'une récession économique qui a
frappé assez durement l'Amérique du Nord. Comme l'affirmait
récemment notre ministre des Finances, nous sommes présentement
dans une période cruciale de reprise économique. C'est donc pour
cette raison que le gouvernement du Québec auquel je suis fier
d'appartenir a décidé d'opter pour la prudence.
En effet, nous avons choisi de reconsidérer la date
d'implantation de la pleine réforme de la taxe de vente
québécoise sur les services et les immeubles. Vous avez
écouté le député de Montmorency. Ils veulent
s'approprier le fait qu'on déplace la date. On n'a pas de leçon
à recevoir là-dessus. On est à l'écoute de nos
concitoyens et c'est dans cet esprit-là que le gouvernement a
décidé de déplacer la date.
Initialement, l'entrée en vigueur de la date, comme vous le
savez, M. le Président, de la phase 2 de la réforme était
prévue pour le 1er janvier 1992, soit dans un peu plus d'un mois. Mais
après d'intenses réflexions notre gouvernement en est venu
à conclusion qu'il serait sans aucun doute préférable de
retarder son entrée en vigueur de six mois. Ainsi, les services et les
biens d'immeubles continueront à être exemptés de la taxe
de vente du Québec, et ce, jusqu'au 1er juillet 1992.
M. le Président, avec cette décision, le gouvernement
libéral démontre, une fois de plus, qu'il se soucie de la
santé financière des Québécoises et des
Québécois. Oui, M. le Président, depuis que nous sommes au
pouvoir, nous prenons en considération la capacité de payer de la
population, et je vous en donne un exemple. Depuis 1985, nous n'avons pas connu
de hausse d'impôt sur le revenu des particuliers et, ça, c'est
fort important. C'est pour ça que je vous dis que la décision du
gouvernement libéral, c'est de ne pas taxer le travail, c'est de ne pas
imposer davantage celui qui travaille. C'est un choix que nous avons fait.
Là, je veux rappeler des chiffres. Vous vous souvenez
sûrement, M. le Président, qu'en 1985 la famille moyenne
québécoise commençait à payer des impôts
à partir d'un revenu de 10 000 $. m. le président, le
député de montmorency parlait de démunis, tantôt.
une famille qui gagne 10 000 $, au québec, fait partie des plus
démunis. à leur époque, elle était imposée.
imaginez-vous! on parle de démunis. voici l'action principale: 10 000 $,
de l'impôt. pour le gouvernement libéral, au moment où on
se parle, c'est 25 655 $, m. le président. quand on veut aider les plus
démunis, on ne taxe pas le travail, on ne taxe pas l'incitatif à
travailler. c'est exactement ce qu'ils ont fait. il n'en a pas parlé
tantôt. j'imagine qu'avec l'expérience, le député de
montmorency va quand même saluer les bons coups du gouvernement.
M. le Président, voulez-vous dire au député de
Pointe-aux-Trembles...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Continuez. M.
Thérien: ...d'écouter un petit peu.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Continuez. 11vous
écoute, là.
M. Thérien: S'il a peine à m'écouter, je
veux le rassurer. Moi aussi, j'ai beaucoup de difficultés à
l'écouter quand il parle.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. le
député de Rousseau.
M. Thérien: Je veux le rassurer là-dessus. M. le
Président, le gouvernement met tout en oeuvre pour aider les familles et
aussi pour identifier les problèmes et essayer de trouver des solutions
concrètes. De plus, le gouvernement libéral du Québec a
décidé de mettre l'accent sur l'utilisateur-payeur, un principe
que nous trouvons conforme à la réalité des années
quatre-vingt-dix. Je pense que personne ne contredit que celui qui
achète doit payer davantage que celui qui n'achète pas.
En effet, nous avons pris la décision d'orienter nos actions vers
les clientèles qui consomment. M. le Président, nous trouvons
logique que ce soit le consommateur qui paie les taxes reliées à
ce qu'il achète. Nous sommes aussi d'avis que les clientèles qui
consomment moins devraient être moins touchées. C'est ça,
un système équitable. Notre décision de ne pas hausser les
impôts des particuliers va d'ailleurs dans ce sens-là, tout comme
le choix que nous avons fait de fixer à 25 650 $ comparativement
à 10 000 $ le seuil minimum à partir duquel une famille moyenne
commence à payer des impôts. Je le répète, la seule
motivation au travail, c'est
le chèque de paie. Si on passe notre temps à l'imposer,
à enlever l'argent de la circulation, c'est l'incitatif au travail qu'on
enlève. Lorsque les gens nous disent: C'est plus payant de rester sur un
système ou un autre que de travailler, ça veut dire que
l'incitatif n'est pas là.
M. le Président, nous avons donc décidé de reporter
de six mois l'application de la taxe de vente du Québec sur les services
et les immeubles, mais nous demeurons toutefois convaincus des bienfaits d'une
telle taxe. En effet, il s'agit là d'un système de taxation
favorable aux exportations, à la concurrence de nos entreprises, et donc
à un renforcement de la structure industrielle du Québec. M. le
Président, près de 50 pays ont déjà opté
pour une telle taxe sur la valeur ajoutée. C'est ainsi que des pays
comme l'Irlande, l'Uruguay, l'Italie, le Danemark, la Grèce, la France,
les Pays-Bas et l'Espagne, notamment, bénéficient d'une TVA qui
varie d'un taux de 12 % pour l'Espagne à un taux de 25 % pour l'Irlande.
C'est donc dire que ce mode de taxation est mondialement connu et reconnu.
M. le Président, avant de conclure, j'aimerais quand même
prendre quelques minutes qui me sont allouées pour décrire les
fournitures auxquelles la TVQ... Il me reste seulement deux minutes, M. le
Président? Il y a des fournitures sur lesquelles elle ne s'applique pas.
Je parlais tantôt de l'enseignement, de la santé. M. le
Président, ce que je dis, c'est que le gouvernement du Québec,
à l'écoute de ses citoyens et de ses citoyennes, a
décidé de reporter une taxe qu'il juge équitable. Et je
conclus en disant, M. le Président, que le gouvernement libéral
décide de taxer la consommation plutôt que de taxer le travail.
Donc, c'est avec grand plaisir que j'appuie le projet de loi 170. (17 h 10)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rousseau. Je rappelle aux membres de cette
Assemblée que nous sommes à l'étude de l'adoption du
principe du projet de loi 170, Loi sur la taxe de vente du Québec et
modifiant diverses dispositions législatives d'ordre fiscal. Je
reconnais le député de Jonquière. M. le
député.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Il faut être
longtemps ici pour apprendre des choses, pour apprendre certaines choses. En
écoutant, des fois, les discours des députés, on peut
s'apercevoir d'un manque de cohérence dans certaines idées. Par
exemple, le député de Rousseau qui vient de parler et qui est
parti... ou s'il est encore là, tant mieux, je vais lui dire. Il dit:
Vous autres, vous étiez les champions du déficit. Puis nous
autres, on les accuse d'être les champions de la taxe. Il me semble que
ça, c'est satisfaisant. Voyons! Y a-t-il quelque chose de plus
bête que ça, dans son essence même? Taxer, puis
déficit, y a-t-il quelque chose de mieux? Il me semblait que ce
n'était pas l'idéal d'un gouvernement pour administrer le
Québec. Ce n'est pas ça qu'il a comme mandat. Le mandat, c'est de
mieux administrer et gérer les biens de la population. Qu'on soit l'un
ou l'autre, ce n'est pas meilleur. Ce n'est pas là-dessus qu'on va baser
un discours cohérent et qu'on va expliquer au monde ce qui se passe ici,
à l'Assemblée nationale, puis quelle est la nature et le sens des
projets de loi. "Ç'a-tu" du bon sens de dire des choses comme ça?
Des gens qui sont supposés être sérieux, rendus à un
certain âge. Ils disent: On n'a pas de leçon à recevoir de
vous autres. Bien non, il y en a qui sont de mauvais élèves. On
aura beau leur donner les leçons qu'on voudra, ils ne comprendront
jamais rien.
Il y a une chose qui est certaine, par exemple, c'est que ça a
coûté au gouvernement libéral un ministre, cette taxe dont
on parle. Il y a un ministre qui est parti. Ce n'était pas le plus
bébête, ce n'était pas le moins intelligent du groupe, que
je sache. J'ai été critique du Revenu à l'Opposition, j'ai
travaillé avec l'ex-ministre et nous avons eu des échanges
ensemble. Il me semblait qu'il maîtrisait pas mal sa matière. Il
pouvait donner des explications, et quand il a vu arriver cette taxe-là,
pourquoi est-il parti? Il n'était pas d'accord. Il n'a même pas
été consulté. Ça s'est fait au-dessus de sa
tête. Il ne faut pas être naïf. Pourquoi un ministre
démis-sionne-t-il? C'est quand il sent que le tapis lui glisse en
dessous des pieds, quand il sent qu'il n'est plus en possession de son poste.
Il a beau être dans l'automobile, mais il n'a plus le volant dans les
mains, il s'en va. C'est ce qu'il a fait, il est parti. Il l'a
dénoncée et il l'a décriée.
Puis ça a coûté quoi au gouvernement, cette
taxe-là? Le monde n'est pas dupe. On a beau dire: Nous autres, on taxe
les consommateurs, on ne veut pas taxer la paye. Voyons donc! Quand vous allez
acheter, vous passez au magasin et on vous dit que ça coûte 200 $.
Non, non, vous avez acheté pour 200 $, mais ça vous coûte
231 $. Ce n'est pas pareil du tout. Là, quelqu'un fait un saut et il
dit: J'en ai trop pris. Il va en enlever ou il consent à payer. C'est
ça qui est arrivé. L'effet néfaste que ça a eu,
c'est que ça a empêché la consommation, ça l'a
enlevée. Peut-être que c'est une bonne chose, remarquez bien, mais
quand on taxe le consommateur, savez-vous qu'une bonne partie des
consommateurs, ce sont des gens des familles les plus nombreuses? La personne
qui est taxée sur son salaire, oui, elle est obligée de donner un
montant, elle est obligée de payer, mais le consommateur, ce n'est pas
juste une personne, un individu. C'est clair que si on travaille comme
ça, il n'y en aura plus de familles. On ne travaille pas pour augmenter
la famille, on empêche la famille. C'est ça qu'on est en train de
faire. On ne peut pas parler des deux côtés de la bouche en
même temps et dire: Nous autres, on veut favoriser la famille, puis, en
même temps, on leur sacre des taxes sur la
tête. On veut favoriser l'habitation, puis on coupe partout, puis
on augmente les coûts partout.
Ce n'est pas de même qu'on favorise des choses. Favoriser,
ça veut dire "créer un climat propice à", et faire des
actions qui amènent les gens à agir dans un sens
désiré. Mais cette taxe-là a un effet dévastateur
au Québec. Les taxes qu'on charge aux consommateurs, c'est des taxes
régressives, des taxes qui empêchent les gens d'acheter, donc qui
paralysent en quelque sorte l'économie. C'est ça qu'on vit avec
cette taxe-là, et il y a des gens qui vont aller défendre
ça. Bien non! Qu'ils nous disent qu'ils ont besoin d'argent, ça
je comprends; qu'ils nous disent que c'est peut-être la meilleure
façon de taxer, je vais peut-être encore concourir
là-dedans, mais essayer de vendre ça au monde et dire: On fait
des beaux gestes et le monde devrait nous applaudir; nous autres, on est fins
et c'est notre façon, vous devez l'accepter.
Vous devriez regarder les sondages. Je pense que le monde n'est pas
dupe. Ça a coûté la tête d'un ministre et ça a
amené une recrue, excellente recrue, au Parti québécois.
Le député de Montmorency est ici parce que, justement, le
gouvernement a posé ces gestes-là, qu'on est en train de discuter
et qu'on veut mettre dans la loi. C'est ça que ça a
coûté. Le gouvernement ne comprend pas pareil, le gouvernement est
sourd. Il entend, mais il ne comprend rien. C'est ça qu'on va vivre avec
cette taxe-là.
Quand on taxe les vêtements, ça semble taxer les services
essentiels. C'est paqueté sur la boisson; on est tellement taxés
qu'à un moment donné, on est obligés d'arrêter, on
taxe un peu moins sur la boisson. Et je ne veux pas la défendre, cette
taxe-là. La boisson, ce n'est pas une chose mauvaise en soi, c'est fait
pour le monde. À force d'abuser, si on met des taxes et des taxes, les
gros consommateurs, les gros buveurs continuent de boire pareil, et ceux qui
boivent modérément, ils boivent modérément, la
même chose. Mais en soi, la boisson, ce n'est pas une mauvaise chose. La
cigarette, peut-être que là, on pourrait dire: Oui, c'est mauvais.
Si on veut la condamner ou pas, peut-être qu'on aura une décision
à prendre un jour, pour l'interdire complètement. Si c'est
immoral de fumer, disons-le carrément. Si ça ne l'est pas, il va
bien falloir qu'un petit bout de papier avec un petit peu de tabac dedans, qui
coûte 0,25 $ ou 0,30 $ la cigarette, je ne sais pas trop... En tout cas,
pour celui qui vous parle, pas de problème, j'ai arrêté de
fumer, je trouvais que je n'avais pas les moyens de le faire. Peut-être
que c'était un choix personnel, mais ce n'est pas comme ça qu'on
favorise une activité économique normale.
On a changé toutes les règles du jeu. Il y a toujours des
contrecoups aux actions qu'on pose. Lorsqu'on taxe les vêtements pour les
enfants et pour les adultes, bien sûr, peut-être qu'on dit au
monde: Vous allez être plus sérieux quand vous allez acheter;
ça sera selon vos besoins. Mais si on fait juste cette
consommation-là... Parce qu'il faut bien penser que, dans le
système dans lequel on vit, le système nord-américain, le
monde est un peu gaspilleur sur les bords. Si ça avait pour effet
d'empêcher le gaspillage, je dirais oui, c'est correct, ça a bien
de l'allure, mais ça va plus loin que ça. C'est en train de
paralyser l'économie. On est en pleine récession, on est en
pleine crise économique et on pose des gestes qui ne favorisent pas la
reprise.
Écoutez ce qui se dit autour de nous. Que ce soient les
municipalités, les commissions scolaires, les industries, tout le monde
se lamente, tout le monde dit: Ça n'a pas de bon sens. On taxe la taxe.
C'est ça que ça a pour effet; on taxe la taxe
fédérale. Moi, je suis allé dans le comté de
Montmorency dans le temps des élections du député, M.
Filion; lorsque M. Jean Filion s'est présenté comme
député de Montmorency, je suis allé me promener dans
Beauport. dans Montmorency et les gens disaient: On ne veut rien savoir de
cette taxe-là. Cette taxe-là nous fait mal, nous dérange.
Et le message qu'il a donné au gouvernement, bien sûr que
ça peut être le message qu'on est pour la souveraineté,
mais c'est aussi qu'au point de vue économique, on ne peut pas accepter
les attitudes de ce gouvernement.
Ils ont compris aussi que, quand un ministre démissionne, il a
des raisons importantes, et ces raisons-là étaient que le
ministre n'avait pas été consulté et que cette taxe
était néfaste. D'ailleurs, il ne s'est pas caché pour le
dire. On le regarde et, de temps en temps, on voit de ses écrits,
encore, au ministre Séguin. M. Séguin, qui dit encore que la TPS
l'a amené à se remettre en question. Le Robin des bois du cabinet
Bourassa menace de démissionner. Il y avait un ministre qui discutait
beaucoup avec le monde; il avait presque fait accepter que le ministère
du Revenu, c'était un bon ministère. Il fallait le faire! Ce
n'est pas pour rien qu'il avait une réputation un peu spéciale,
le ministre du Revenu, faire admettre aux gens que c'est un bon
ministère, que c'est un ministère qui est proche du monde! Il
parle avec le monde. Vous savez ce que c'est, un ministère du Revenu.
C'est le ministère qui fait la job d'aller chercher l'argent dans vos
poches. Je pense que personne n'a aimé ça. Les gens qui taxaient
ont été bien souvent honnis, ils ont été
même... (17 h 20)
Dans les pays totalitaires et à bien des endroits, celui qui va
chercher les revenus, c'est celui qui, normalement, est le plus mal reçu
dans la maison. Ce n'est pas celui qui vient vous porter un cadeau. Une
personne qui vient et qui dit: Je viens vous taxer, je viens chercher vos
revenus, ce n'est pas la personne la plus aimée dans la
société.
Le ministre Séguin avait réussi à humaniser
quelque peu les rapports entre le ministère et les gens. Il avait
presque fait accepter que c'était un mal nécessaire et un mal qui
doit être aimé. Le monde était rendu, presque, à
aimer son mal. C'est un peu ça qui s'est produit, M. le
Président. Je vous prends à témoin. Je pense qu'on l'a
vécue, cette expérience-là. Je trouvais que c'était
un phénomène assez curieux et un phénomène
spécial, mais qui, tout de même, rendait une certaine justice
à un individu qui, je crois, d'après les attitudes qu'il a eues,
ou qu'il a prises, en partie, avait pris à coeur son travail. Pour lui,
son ministère, c'était un travail sérieux; tellement
sérieux qu'il s'est senti le besoin de démissionner parce qu'il
n'était pas capable de supporter d'imposer des taxes de cette
façon-là.
D'autant plus qu'on a beau dire qu'on voulait harmoniser avec Ottawa, il
faut examiner, par exemple, la nature des ententes entre Ottawa et
Québec pour se rendre compte que Québec, dans cette
question-là, était à la merci d'Ottawa. C'est Ottawa qui
décide sur quoi on va taxer et qui on va taxer. C'est comme ça
que ça se passe. Pour une fois, c'est la première fois que le
Québec a, je pourrais dire, renié son autonomie à 100 %.
Donc, c'est Ottawa qui décide. Il s'agit de regarder la taxe d'amusement
dans les municipalités. L'harmonisation, ça veut dire quoi?
Ça veut dire qu'on laisse aux municipalités le droit de mettre
les 10 %, mais Ottawa et Québec vont chercher 15,56 %. Donc, 25,56 % sur
les spectacles de théâtre, sur les sports et sur le cinéma.
C'est ça que ça veut dire.
On n'a pas grand choix. Quand on regarde comment Québec,
actuellement, négocie avec les municipalités: On va
peut-être vous la laisser. On ne vous la laissera pas. Elles n'ont pas
grand marge de manoeuvre. Elles s'harmonisent ou bien elles ne^ s'harmonisent
pas. Si elles s'harmonisent, c'est: Ôte-toi que je prenne la place. C'est
comme ça que c'est en train de se passer et ça va obliger le
gouvernement du Québec à faire de la réglementation,
à suivre des démarches pour pouvoir tracer les endroits où
on peut taxer ou pas. Donc, une perte d'autonomie, non seulement du
Québec, dans les actions, mais une perte d'autonomie des
municipalités à cause des effets néfastes de cette
taxe-là.
Quand on parle de taxation ou d'élargissement du champ de
taxation, on n'a pas fait ça juste pour faire plaisir aux Canadiens,
cette taxe-là, quand on veut s'harmoniser. Il doit y avoir une raison un
peu plus profonde. La vraie raison, c'est parce que ça doit rapporter
plus de revenus. C'est ça, la raison fondamentale de la TPS ou de la
TVQ, la taxe de vente du Québec. C'est parce que, d'une part, ça
augmente les revenus d'Ottawa et, d'autre part, ça augmente les revenus
du Québec. Voilà la raison la plus fondamentale qui fait que le
gouvernement du Québec est prêt à s'adapter
immédiatement à cette taxe-là. Il veut embarquer dans le
train parce qu'il a quelque chose à aller collecter, il y a des revenus
supplémentaires à aller collecter. Sans ça, il n'y aurait
aucune raison pour laquelle le gouvernement accepterait d'aller imposer des
taxes. On ne change pas quatre trente sous pour une piastre. On change les
quatre trente sous pour avoir plus qu'un dollar. Donc, c'est ça qui se
produit, c'est une augmentation du revenu.
Quand on sait la façon dont le gouvernement l'a fait depuis les
deux dernières années, il faut bien lui rendre cette justice que
rien ne l'arrête lorsqu'il s'agit de taxer. Les surtaxes sur les
boissons, 166 000 000 $ depuis les deux dernières années; le
tabac, 289 000 000 $, l'essence, qui est presque un service essentiel dans
certains cas, il n'y a pas de transport en commun partout, 326 000 000 $
supplémentaires. Des taxes en plus de celles qui étaient
déjà imposées. Les entreprises, on veut les favoriser. On
voudrait qu'elles engagent plus de monde. Ce n'est pas ça qui se
produit. Actuellement, les gens sont mis à pied par centaines, par
milliers dans tout le Québec. Et ça, ça commence à
faire mal pas mal fort dans nos régions. Les régions sont en
train de mourir pour ces questions-là; Montréal aussi,
d'ailleurs. Ça fait que personne n'y échappe. 119 000 000 $.
Donc, juste la TPS, ça va rapporter, sur deux ans, 1 916 000 000
$. Ce n'est pas des pi-nottes, là. 2 000 000 000 $! On peut en faire des
choses avec ça. C'est pas mal d'argent. Est-ce qu'on reçoit plus?
Est-ce que les gens reçoivent plus parce qu'ils paient plus? La
réponse, c'est évident, c'est non. On reçoit moins en
donnant plus. C'est loin d'être ce qu'on a appris. D'habitude,
normalement, quand on ajoute des choses, on voit... Si, dans une pile de bois,
vous ajoutez des madriers, la pile augmente, elle s'élève. Au
Québec, quand on donne de l'argent de plus pour nos impôts, en
taxes de toutes sortes, on retire moins.
Et pourtant, le discours du gouvernement, en 1985, je m'en rappelle,
c'était comme ça qu'on a été reçus: On va
faire plus avec moins. Ha, ha, ha! Ça, c'est la farce du siècle.
Mais non, on leur a dit, à ce moment-là: Vous allez faire moins
avec plus. Ils font moins avec plus. C'est ça qu'ils ont réussi.
Ça, c'est des gens qui se qualifient de bons administrateurs, des gens
compétents. Ils peuvent peut-être parler de l'ancien gouvernement,
ils ne peuvent pas parler sur moi là-dessus parce que je l'ai faite, la
preuve. J'ai administré dans d'autres domaines et les déficits,
il n'y en avait pas. Les calculs se faisaient et on regardait comment ça
se passait. On avait les yeux ouverts, parce qu'on savait qu'on administrait
l'argent que la population nous avait confié. C'est comme ça
qu'on doit se comporter. Ça, c'est être responsable.
On aura beau dire et on aura beau faire le procès de n'importe
qui et n'importe comment, ça ne réglera jamais le problème
qu'on vit actuellement. Ça fart six ans que le gouvernement qu'on a en
face de nous est au pouvoir, six ans qu'il
se comporte comme s'il était dans l'Opposition parce que, que je
sache, il y a juste eu des discours du passé, jamais des discours du
présent. C'est le passé et l'avenir; le présent, on s'en
sacre. C'est le présent, M. le Président, qu'on doit gérer
actuellement. C'est au présent qu'on a à faire face. Et on le
fait comment? En s'appuyant sur un passé qui est chancelant et un futur
où on ne sait pas où on va.
C'est un peu ça le gros problème qu'on a avec ce
gouvernement-là et je ne pense pas qu'on ait la solution aujourd'hui. Je
trouve ça pas mal triste et je trouve que les gens, quand on parle avec
eux, ils commencent à en avoir leur voyage. Ils nous disent: La
politique, ce n'est pas diable, ça. Ce n'est pas bon. Que ça soit
n'importe qui, ce n'est pas meilleur. Bien non, et on ne leur donne pas
d'espoir beaucoup parce qu'on ne se comporte pas souvent,
nécessairement, comme des gens responsables, des gens qui ont à
faire face à des responsabilités qui sont celles d'administrer
les biens que les citoyens nous confient. Normalement, quand on en demande
plus, on devrait en donner plus. Si on en donne moins, on devrait dire
pourquoi, et ce, non pas en disant: C'est à cause des autres.
Si on regarde les 50 dernières années, savez-vous que le
gouvernement qu'on a en face de nous, il a été pas mal plus
longtemps au pouvoir que n'importe quel autre parti? Comment ça se fait
qu'on arrive avec ces problèmes-là? Ils doivent faire partie du
problème. Ils doivent faire partie du problème à quelque
part. Ce n'est pas vrai que le problème, c'est juste les autres. Ils
devraient peut-être commencer - au lieu d'être passéistes -
à actualiser leur discours et dire aux gens ce qu'on veut faire et
où on va les amener.
Il n'y a pas beaucoup d'espoir actuellement. On ne dit jamais au monde
qu'on va leur créer de l'emploi, qu'on va aider à créer de
l'emploi. On peut bien le dire dans les discours, mais dans les actes concrets,
moi, je n'en vois pas. Chez nous, dans ma région, on a des
problèmes, on a des difficultés. Je ne vois pas beaucoup le
gouvernement lever le petit doigt à quelque part. C'est comme si
ça n'existerait pas. On dirait qu'il a juste une façon
d'administrer, ce gouvernement-là. C'est de se croiser les bras, ouvrir
la bouche et regarder passer les corneilles, les petites crottes de moineaux.
C'est de même qu'on administre ici, à Québec.
Moi, je trouve ça malheureux et je vous dis que ce projet de loi,
même si mon collègue, le porte-parole de l'Opposition, dit qu'il
concourrait à l'adoption, je vous dis que pour celui qui vous parle, je
suis dans l'expectative. Je suis encore dans l'hésitation. Je ne crois
pas que, ça, ça va améliorer les finances du Québec
parce que ceux qui administrent actuellement, pour moi, ce sont des gens qui ne
sont pas responsables. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jonquière. Alors, je rappelle aux membres de
cette Assemblée que nous sommes toujours sur l'étude de
l'adoption du principe du projet de loi 170. Je reconnais maintenant M. le
député de Beauce-Nord. M. le député. (17 h 30)
M. Jean Audet
M. Audet: Merci, M. le Président. Le projet de loi
170 concrétise une seconde étape de la réforme des taxes
à la consommation du Québec. Ça fait suite, M. le
Président, à une déclaration ministérielle que le
ministre des Finances avait faite en Chambre le 24 octobre dernier qui
concernait le report de la phase 2 de la réforme des taxes à la
consommation du Québec ou la TVQ.
À cette occasion, le ministre québécois des
Finances annonçait que le transfert de l'administration de la taxe
fédérale sur les produits et services, qu'on appelle la TPS,
constituait un geste sans précédent dans les relations
fédérales-provinciales et qu'il permettrait de simplifier
considérablement l'administration des taxes à la consommation.
Question de simplifier, je pense que les gens, dans l'ensemble, étaient
d'accord avec ça.
Après une première étape appliquée depuis le
1er janvier 1991, l'entrée en vigueur de la seconde phase avait d'abord
été prévue pour le 1er janvier 1992. On parlait alors de
l'application de la taxe de vente du Québec sur les produits et sur les
immeubles, du remboursement des taxes sur les acquisitions de biens et de
services utilisés par les entreprises dans le cadre de leurs
activités et de la prise en charge de l'administration de la taxe
fédérale sur les produits et services.
Comme nous le savons tous, M. le Président, notre gouvernement a
décidé de repousser de six mois l'application de cette seconde
phase de la réforme des taxes à la consommation. Pourquoi, M. le
Président? Bien, je pense qu'on a fait la preuve, encore une fois, que
nous sommes un gouvernement à l'écoute des gens. Beaucoup de
députés, l'été dernier, se promenaient dans leur
région, dans leur comté. On entendait: Attendez donc, essayez de
reporter ça un peu cette taxe-là. C'est sûr qu'une taxe, il
n'y a personne qui veut une taxe. Mon collègue de Jonquière le
mentionnait tantôt. Le député de Jonquière en
faisait part tantôt. C'est sûr qu'il n'y a personne qui aime
ça, une taxe. Mais on a dit: Étant donné le contexte
économique plus difficile, au risque de compromettre une reprise qu'on
espère toujours, prochainement, on a dit: On va la reporter. On va la
reporter à juillet 1992.
Je veux revenir un peu sur ce que le député de
Jonquière disait: Des taxes, des taxes. Mais est-ce qu'on a le choix, M.
le Président? On n'a
pas le choix. Bien, on n'a pas le choix. On aurait le choix, oui. Si on
avait voulu ne pas augmenter les taxes, faire comme l'ancien gouvernement
faisait, augmenter les impôts, la table des impôts, ou augmenter le
déficit, possiblement qu'on n'en aurait pas mis de taxes. On aurait pu
en sauver des taxes. Il ne faut pas oublier une chose. C'est que la dette... Le
député de Jonquière disait que oui, possiblement qu'eux
avant nous ont eu quelque chose à dire. Mais il ne faut pas oublier une
chose, c'est que la dette, à partir de 1976 jusqu'à 1985, est
multipliée par six, M. le Président. Ce n'est pas nous qui
étions là, à ce moment-là. Si on avait maintenu le
même rythme de déficit sur nos exercices financiers, le
déficit anticipé au dernier budget, ça n'aurait pas
été de 3 000 000 000 $, ça aurait été
possiblement de 10 000 000 000 $ et plus. On aurait probablement le même
déficit qu'on a en Ontario. L'Ontario a peut-être eu les moyens un
peu plus de faire un déficit plus gros dans le contexte actuel, mais
nous, ici, on les a perdus, ces moyens-là, ça fait longtemps.
Alors on n'a plus de marge de manoeuvre.
Lors de son application, en juillet 1992, le nouveau régime
découlant du projet de loi étudié aura pour
conséquence de diminuer les dépenses reliées à
l'administration - moi, je pense que c'est une chose qu'il faut retenir. Il
favorisera également une meilleure croissance, à moyen terme, de
l'économie québécoise. D'ailleurs, plusieurs organismes,
autant du Québec que du reste du Canada, ont appuyé la
démarche du gouvernement du Québec. Qu'il nous suffise de
mentionner la Fédération canadienne des entreprises
indépendantes, le Conseil du patronat, la Chambre de commerce du
Québec et plusieurs autres qui ont souligné les
bénéfices de la réforme des taxes à la consommation
au Québec.
Même nos opposants, M. le Président, le Parti
québécois a dans son programme une mesure qui prévoit une
telle taxe qu'on appelle la TVA, peut-être un peu différente parce
qu'elle est modulée, mais elle existe. Elle est prévue. On n'a
entendu aucun député péquiste nous dire ici que,
lorsqu'ils arriveraient au pouvoir, ils retireraient la taxe de vente au
Québec. Ils n'ont pas dit ça. Ils n'ont pas dit non plus qu'ils
baisseraient les impôts. J'ai hâte qu'ils nous disent ça, M.
le Président. Personne n'en parle. Ils sont contre. Bien ça,
être contre, tout le monde peut être contre. Il y en a qui viennent
au monde et ils sont contre. On n'a parlé de rien et ils sont
déjà contre.
Un des principaux avantages de cette réforme, M. le
Président, repose sur le fait qu'elle permet de simplifier grandement
l'application des taxes à la consommation au Québec. En effet, il
n'y aura dorénavant qu'une seule administration fiscale à
laquelle les consommateurs et les entreprises auront à se conformer.
Deux régimes fiscaux non harmonisés de taxes à la
consommation au Québec ont inévitablement pour effet
d'entraîner des coûts additionnels pour les entreprises en plus de
créer beaucoup de confusion chez les consommateurs. C'est dans ce sens,
M. le Président, qu'il faut situer le cadre de ce projet de loi
lorsqu'on affirme que le nouveau régime de taxes à la
consommation améliore incontestablement la performance de
l'économie québécoise, à moyen et à long
terme.
J'aimerais maintenant dire un mot au niveau des entreprises parce que
vous savez, venant d'un comté qu'on appelle le royaume de la PME - pour
parler de la Beauce un peu, se vanter un petit peu... Alors, en vertu de cette
réforme, les entreprises pourront, à compter de juillet 1992,
obtenir un remboursement de la taxe de vente payée sur les achats en
biens et services. On parle ici de la détaxation des intrants, soit le
remboursement de la taxe de vente sur les biens et services acquis ou
utilisés dans le cadre des activités de production des
entreprises. On pense, par exemple, à l'électricité, aux
fournitures de bureau, à l'essence, aux services de
télécommunication, etc. Leurs coûts de production en seront
réduits d'autant.
Au niveau des consommateurs, il faut bien situer le contexte qui a
donné lieu au projet de loi 170 pour en comprendre les effets
véritables. D'abord, je signale que le gouvernement a mis l'accent,
depuis 1985, sur la notion d'utilisateur-payeur. Ça, c'est important de
retenir ça. En termes clairs, cela signifie que les
Québécoises et les Québécois devront payer des
taxes dans la mesure où ils décident de consommer. Ça veut
dire que si vous consommez moins, M. le Président, parce que vous en
avez moins les moyens, vous payez moins de taxes. C'est ça que ça
veut dire.
Une voix:...
M. Audet: Oui, c'est ça. C'est ça que ça
veut dire. Si vous achetez un bien qui est plus cher, vous avez plus les
moyens, vous allez payer une quantité plus élevée de
taxes. C'est ce que ça veut dire. Mais on ne parle pas de taxer
n'importe quel bien ou service non plus, M. le Président. En effet,
plusieurs éléments essentiels que l'on utilise quotidiennement
sont exclus de la taxe de vente du Québec. C'est important de le
souligner, surtout que l'Opposition officielle avait choisi, dans le temps, une
toute autre voie pour taxer les Québécoises et les
Québécois du temps où elle formait le gouvernement.
On se souvient qu'ils mettaient l'accent sur la taxe au travail
plutôt que sur la taxe à la consommation. Ça veut dire
qu'on jouait dans les tables d'impôt. Ça, c'est bien facile. On
jouait dans les tables d'impôt. On augmentait le pourcentage, et tout
ça. On payait plus d'impôt, et tout ça. Ça veut dire
qu'il t'en restait toujours moins pour dépenser. Et sur certains items,
en plus, on allait ajouter des taxes à la consommation. Alors, nous, le
choix qu'on a fait, on a
dit aux gens: On va vous donner des crédits d'impôt. On va
rabaisser votre impôt, d'une certaine façon, et puis vous allez
avoir votre revenu; il va être plus gros pour pouvoir consommer.
Cette façon de faire, de taxer le salaire directement, les
revenus directement, avait un effet pervers sur l'économie
québécoise en général. En effet, les familles ont
été pénalisées pendant trop longtemps, dans la
mesure où elles étaient davantage taxées sur le travail
qu'elles produisaient. On pariait aussi, à ce moment-là, de
l'écart fiscal qui existait entre l'Ontario et le Québec.
Ça a été un des engagements qu'on a pris en 1985,
lorsqu'on s'est présentés, et cet écart-là a
été considérablement réduit, M. le
Président. Le gouvernement libéral a une toute autre vision
à l'égard de la politique fiscale du Québec. Il a choisi,
au contraire de l'ancien gouvernement du Parti québécois, de
laisser souffler les familles en réduisant les impôts des
particuliers depuis 1985.
Je tiens à le souligner de nouveau, M. le Président, le
gouvernement libéral a choisi d'encourager le travail produit par les
Québécoises et les Québécois. Le gouvernement
libéral a refusé que soient pénalisées les familles
québécoises en raison d'une politique fiscale qui était
négative. Le gouvernement libéral a mis en application un
système de taxation plus équitable en ce sens que les familles
québécoises ont bénéficié non seulement du
geste de notre gouvernement de réduire les impôts pour les
particuliers, mais, également, ces mêmes familles ont
bénéficié de crédits d'impôt importants qui
ont eu pour effet d'augmenter leur pouvoir d'achat et leur niveau de vie.
M. le Président, en somme, le gouvernement libéral a agi
de façon responsable à l'égard de la politique fiscale.
Depuis 1985, il a effectivement mis en place des mesures qui visent à
encourager les familles québécoises en ce sens que nous avons,
contrairement à l'ancien gouvernement, diminué les impôts
des particuliers et augmenté les crédits d'impôt. Ce genre
de mesure a un effet direct: il améliore la qualité de vie des
Québécoises et des Québécois. C'est en effet sous
notre gouvernement que le niveau de revenu à partir duquel les
impôts exigés sont passés de 10 000 $ - ça veut dire
qu'une famille, avant ça, qui avait des revenus de 10 000 $
commençait à payer de l'impôt immédiatement.
Aujourd'hui, on commence à 25 655 $. C'est un écart important.
Ça représente, ça, M. le Président, près de
2 000 000 000 $ qu'on a retournés aux familles du Québec.
Voilà un geste concret qui vise à améliorer la
qualité de vie des familles québécoises. La position de
notre gouvernement à cet égard est très claire. Nous
voulons favoriser les familles par le biais du régime fiscal, doter le
Québec d'un régime de taxes à la consommation moderne et
équitable, et enfin, rendre nos entreprises plus compétitives.
C'est cet état d'esprit qui a animé le gouvernement pour
élaborer sa politique fiscale en matière de taxes à la
consommation.
Donc, à l'égard de la taxe de vente du Québec, il
faut aussi penser aux fournitures qui sont exclues, exonérées,
des fournitures auxquelles la taxe de vente du Québec ne sera pas
appliquée. C'est important de le souligner, car il s'agit de fournitures
comme les services de santé, les fournitures de services d'enseignement,
les fournitures de services de garde d'enfants, de soins personnels, de
services d'aide juridique, etc. D'autres types de fournitures seront
également exonérés de la taxe de vente du Québec
comme les fournitures de certains organismes du secteur public, les organismes
de bienfaisance et ceux sans but lucratif. (17 h 40)
Seront également exclues les fournitures de certains immeubles et
de certaines terres agricoles, dans des circonstances précises, telles
que définies dans la loi. Seront également détaxées
les fournitures comme les médicaments sur ordonnance, certains appareils
médicaux comme les prothèses, les seringues à insuline,
etc., les produits alimentaires de base, les produits et services
expédiés ou fournis hors du Québec. La liste n'est pas
complète, mais elle donne quand même une idée
précise sur la façon dont on a élaboré la taxe de
vente au Québec. Le gouvernement a tenu compte du fait que plusieurs
biens essentiels ne devraient pas être assujettis à la taxe de
vente du Québec.
Quant aux raisons, maintenant, qui ont incité le gouvernement
à la mise en place de la réforme de la taxe de vente, elles sont
nombreuses. J'en ai parlé un peu tantôt, au début de mon
allocution, mais j'aimerais les résumer de la façon suivante.
D'abord, il s'agissait de moderniser le système fiscal. Il faut aussi
noter le fait que près de 50 pays ont déjà opté
pour une taxe sur la valeur ajoutée. De plus, il s'agira d'une taxe qui
sera plus facile à établir et à percevoir parce qu'elle se
trouve plus transparente. Elle ne sera pas incluse directement dans le prix
d'achat d'un produit. Vous l'aurez immédiatement lorsque vous paierez au
comptoir.
Enfin, il s'agit d'un système de taxation, comme l'ont
souligné plusieurs experts, qui est plus favorable aux exportations.
C'est un système qui sera également plus favorable à la
concurrence de nos entreprises. En ce sens, l'entrée en vigueur de la
réforme de la TVQ qui, comme je le répète, a
été reportée au 1er juillet 1992, aidera à la
concurrence de nos entreprises et contribuera au renforcement de la structure
industrielle du Québec.
De plus, il s'agit d'établir une plus grande équité
pour les contribuables. C'est un système qui prévoit
l'introduction d'un nouveau crédit d'impôt remboursable pour la
taxe de vente à l'intention des contribuables à faibles revenus.
Une indexation des montants alloués pour les
besoins essentiels reconnus dans le régime d'imposition et dans
le régime de sécurité du revenu fait, par ailleurs, partie
des mesures prises par le gouvernement. Ces avantages soulignés dans le
cadre de l'implantation de la TVQ, notamment au niveau de la concurrence du
Québec sur le plan industriel et économique en
général, font en sorte que nous assisterons à
l'implantation d'une politique qui sera favorable à la création
de la richesse.
Quant au contexte des finances publiques en général -
est-il besoin de le rappeler - la demande de services a atteint un point
limite, dans la mesure où elle ne peut dépasser la
capacité de payer des contribuables québécois.
Récemment, le président du Conseil du trésor mentionnait
que cette demande pour les services publics devait avoir une limite. Si elle
devait dépasser cette limite, les contribuables québécois
devraient alors se tenir prêts à payer davantage pour obtenir des
services de qualité.
Alors, ça va de soi. On veut un service? De plus en plus, je
pense qu'il va falloir le payer pour l'avoir, pour pouvoir se le donner. Il est
fini le temps, je pense, où le gouvernement payait pour tout le monde
pour toutes sortes de services, pour toutes sortes de raisons. Le Québec
moderne a développé une structure de gestion et de dispensation
des services publics complexes et de qualité à la fois. Il ne
faut pas, en raison de nos politiques fiscales, faire en sorte de rendre
inopérant tout ce qui a été bâti dans le
passé. Nous sommes à l'heure de la consolidation des services
existants et à l'heure des choix plus rationnels quant aux nouveaux
services à implanter, au fur et à mesure que pointent les besoins
de la société québécoise des années 2000. La
modernisation du Québec s'est bel et bien bâtie au prix d'efforts
considérables, mais nous devons faire en sorte de pouvoir la conserver
et l'améliorer pour une meilleure qualité de vie. Merci, M. le
Président
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député du comté de Beauce-Nord. Sur cette même
motion, soit l'adoption du principe du projet de loi 170, Loi sur la taxe de
vente du Québec et modifiant diverses dispositions législatives
d'ordre fiscal, je reconnais maintenant M. le député de
Pointe-aux-Trembles. M. le député.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, on en entend des vertes et
des pas mûres de la part de nos collègues ministériels. Je
viens d'entendre le député de Beauce-Nord nous dire que la
façon de ne pas payer la taxe de vente est simple, tout à fait
juste, c'est qu'on ne consomme plus. Alors, un niveau de consommation
zéro nous donne un niveau de taxation zéro. Le problème,
c'est que les gens ont besoin pareil de consommer. J'entends nos
collègues dire depuis une heure: En bas de 25 000 $ par année, on
ne paie pas d'impôt au Québec. Je veux bien qu'on regarde
ça, mais on paie quelques taxes. On en paie même
énormément, et je répète qu'il y a une
iniquité fondamentale à ne pas avoir couplé la taxe sur la
taxe de vente du Québec, de ne pas avoir deux choses essentielles:
d'abord, que l'impôt sur le revenu soit ajusté pour compenser le
fait que la taxe de vente est une taxe régressive; deuxièmement,
qu'on ait appliqué bêtement le même taux sur toutes les
sortes de produits, autant ceux des aliments qui sont touchés par la
TPS, entre autres, autant les aliments ni plus ni moins qu'un manteau de
vison.
À cet égard-là, je pense qu'on est devant un cas
d'iniquité flagrante. Je vais donner un exemple pour que mon
collègue essaie de voir où est l'équité
là-dedans. Supposons un Québécois qui a
décidé de continuer à consommer, malgré le
gouvernement libéral - il y en a, il y a encore du monde qui
achète, M. le Président... Ce Québécois-là
s'achète une voiture d'une valeur de 15 000 $ et il gagne 30 000 $ par
année. Il va payer - la TPS plus la TVQ - 2250 $ de taxes sur son
produit. Je le sais. On va me dire: II n'avait qu'à ne pas l'acheter.
Mais supposons qu'il habite à un endroit, qu'il travaille à 20
kilomètres plus loin et qu'il a besoin d'une auto. Alors, il l'a
achetée. Il gagne 30 000 $ par année, il paie aux deux niveaux de
gouvernement ensemble et, au 1er juillet, ça va être les
mêmes fonctionnaires qui vont lui prélever 2250 $. m. le
président, je suis député et je gagne 62 000 $ par
année. supposons que je décide d'acheter une voiture. ça
se défend, ce n'est pas immoral, ce n'est pas illégal, ce n'est
pas encore défendu. je vais payer comme lui, ce citoyen, 2250 $ de
taxes. moi, je gagne 60 000 $ et lui, mon voisin, en gagne 30 000 $. alors, il
est deux fois moins capable de payer de taxes que moi et il paie la même
taxe que moi. exprimé différemment, je suis plus capable, deux
fois plus capable de payer une taxe que lui et je paie la même taxe.
Alors, on ne pourra pas nous faire oublier, M. le Président, que
le régime d'impôt a fait que les plus hauts salariés - et
mon collègue de Montmorency donnait l'exemple... Pensons à un
salarié de 500 000 $ par année. On a baissé l'impôt
maximum imposable de 69 % à quelque 50 %, ce qui fait que de ce
côté-là il y a un avantage de 95 000 $. Donc, quelqu'un qui
gagne 500 000 $ par année va payer, avec les réformes qu'on a
faites à l'impôt, 95 000 $ d'impôt de moins par
année. Et moi qui gagne 60 000 $, j'achète une voiture de 15 000
$ et je paie la même taxe qu'un citoyen qui gagne 30 000 $ par
année. C'est inéquitable et la mentalité...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
La parole est au député de Pointe-aux-Trembles. Lorsque vous
voudrez parler, vous demanderez la parole à votre tour. Si vous
voulez poursuivre, M. le député.
M. Bourdon: M. le Président, le comble de la
mentalité d'impôt et de la taxe régressive qui
prévaut chez les ministériels, c'est Mme Thatcher avec la "poll
tax". Elle, elle a dit: C'est simple. On prend le nombre d'habitants d'une
municipalité, on divise le budget par le nombre d'habitants et c'est sur
la tête du client.
Mais la TVQ est de même nature. Elle est de même essence et
elle a le même effet, M. le Président. Il y a des produits qui en
étaient exclus, des produits de première nécessité
comme des vêtements, des chaussures, des meubles, des appareils
électroménagers que le chef de l'Opposition, lorsqu'il
était ministre des Finances, avait exclus de la taxe de vente. Pourquoi?
Pour deux raisons, M. le Président. Premièrement, ce sont des
produits fabriqués au Québec et on a dit: S'ils coûtent
moins cher, la population va en acheter plus. Et ça a été
un succès.
Bien, depuis le 1er janvier dernier, sur les
électroménagers de base, poêle et
réfrigérateur, les chaussures, les vêtements et les
meubles... C'est des secteurs où le Québec a déjà
eu beaucoup d'entreprises et beaucoup d'emplois. Dans ces secteurs-là,
ça avait deux aspects bénéfiques. Comme ça
coûtait moins cher, les gens en achetaient plus et ça faisait
rouler l'économie québécoise. Deuxièmement, on
avait exclu de la taxe de vente des biens essentiels: s'habiller, se meubler,
avoir un poêle et un réfrigérateur. (17 h 50)
Or, M. le Président, depuis que les génies d'en face ont
décidé qu'ils faisaient pareil comme le fédéral,
ils ont dit: II y a une seule montagne rocheuse au Canada; il y a une seule
sorte de taxe sur la valeur ajoutée ou, si on veut, taxe de vente, TPS
au Canada. Ils ont dit: Ottawa a décidé, on s'aligne pareil.
Alors, ils ont dit: C'est 8 % sur tout. On n'a pas à
réfléchir. Ottawa l'a pensé: on fait pareil.
Alors, depuis qu'on fait ça, les ventes de meubles, de
chaussures, de vêtements ont baissé d'à peu près 20
% parce que ça coûte plus cher. Donc, l'économie
déprime du fait de cette mesure-là et, socialement, c'est injuste
parce que c'est des produits de première nécessité et
qu'on a décidé de les imposer. À cet égard, M. le
Président, il faut avoir l'estomac solide pour dire que le gouvernement
actuel a aidé les familles. C'est le gouvernement qui a le plus
frappé les familles québécoises.
Moi, dans mon comté de Pointe-aux-Trembles, le ménage
moyen a un revenu combiné au plan salarial. Les salaires, le revenu, ce
qui est une base pour une taxation équitable de payer selon ses
moyens... puis on abandonne de plus en plus au profit de la taxe de vente et
d'autres taxes indirectes toutes régressives, toutes faites pour que
tout le monde paie le même prix suivant le même principe que la
"poll tax", en substance, de Mme Thatcher en Angleterre. Alors, ça,
ça a provoqué que les familles en arrachent plus que jamais.
Deux facteurs, M. le Président... Puis je parle de la classe
moyenne dans mon comté de Pointe-aux-Trembles qui, à bien des
égards, est une banlieue en ville de gens qui n'aiment pas ça
traverser un pont pour rentrer chez eux. Eh bien, ils sont taxés de
toutes les manières possibles et imaginables parce que quand on a deux
ou trois enfants, M. le Président, on en paie des taxes, en
commençant par l'épicerie où la TPS s'applique sur une
grande gamme de services, avec des belles distinctions stupides, que c'est un
bien de luxe selon le nombre de réceptacles de yogourt qu'on
achète et que les pinottes salées sont un bien de luxe, mais les
pinottes non salées n'en sont pas.
Là, notre gouvernement du Québec s'en va de la même
façon les varloper, et n'oublions pas que les gens qui tirent
l'essentiel de leur revenu de leur travail ont une diminution de pouvoir
d'achat depuis une décennie parce que, au Québec et au Canada,
les salaires progressent moins vite que l'inflation. Je mentionne à
peine, M. le Président, les couples où il y en a un des deux ou,
parfois même les deux, qui se retrouvent en chômage. Là, les
conséquences sont tout à fait catastrophiques.
M. le Président, je pense que c'est Abraham Lincoln qui disait
que la démocratie, c'est le gouvernement du peuple pour le peuple et par
le peuple. Le gouvernement libéral, c'est le gouvernement de la taxe
pour la taxe et par la taxe. J'en donne une liste exhaustive, M. le
Président. Depuis que le présent gouvernement sévit,
depuis 6 ans maintenant... Il y a des gens qui disent 12 ans, mais c'est 6 ans
et quelques mois, mais ça paraît de plus en plus long. Les gens
sont rendus à comptabiliser un mois par semaine de pouvoir de ce
gouvernement-là, mais ça fait 6 ans qu'ils sont là.
Ils ont imposé directement ou indirectement par la tarification,
les taxes, les coûts des permis et de toutes sortes de manières
parfois extrêmement hypocrites, mais non moins ressenties, un grand total
de 3 321 000 000 $, M. le Président. Puis pour faire oublier ça
aux gens, on dit: C'est le Parti québécois il y a 15 ans. Ah bon!
Puis il y a 15 ans en 1976.
On a fêté certains collègues aujourd'hui qui sont
là depuis 15 ans. Avec quelle dette le gouvernement du Parti
québécois a-t-il commencé qu'il avait
héritée du gouvernement libéral précédent?
Un petit milliard pour les installations olympiques, M. le Président.
Quand on a commis ça, on perd le droit de parler de l'endettement qui
aurait été provoqué par un autre parti qui, entre autres,
avait eu des budgets où, pendant la crise économique de 1982, on
mettait un peu plus d'argent en circulation pour relancer
l'économie.
M. le Président, les journaux nous ont
appris les chiffres récemment. Le Stade, et ça, c'est sans
compter la poutre, sans compter le toit mobile, sans compter les poursuites qui
sont rendues... et les trois salons qu'on va perdre parce que le ministre du
Tourisme, chaque journée que le Stade est fermé, il fait parler
de lui. Moi, je pense qu'il va le fermer pour toujours parce que, chaque jour,
il fait parler de lui. Mais le Stade va nous avoir coûté, avec les
intérêts inclus: le Stade, le Village olympique, le
Vélodrome, l'ensemble du complexe olympique va nous avoir
coûté 3 000 000 000 $. M. le Président, ce n'est pas des
pinottes, salées ou pas salées! 3 000 000 000 $ pour les
installations olympiques! Le prix d'un TGV, le prix de huit, neuf Matane et
Port-Cartier mis ensemble, le prix d'une relance dans les pâtes et
papiers, un prix énorme! Et ça, M. le Président, c'est ces
3 000 000 000 $ qu'on doit à l'équipe libérale qui avait
laissé le maire de Montréal partir pour la gloire avec le Stade,
comme d'autres partent pour la gloire avec leurs cartes de crédit.
M. le Président, 3 321 000 000 $ de taxes, la liste est longue et
elle fait mal. Directement par le gouvernement, on a mis des surtaxes sur les
boissons alcoolisées. Comme mon collègue de Montmorency le
disait: Ce n'est pas le champagne qui a écopé le plus, c'est la
bière parce qu'il y a plus de monde qui boit de la bière. Mais
là, je le sais, on va me dire: Ils ont juste à ne pas boire de
bière. S'ils ne boivent pas de bière, ils ne paieront pas. Mais
là, quand on ne consomme pas, il faudrait rappeler que 60 % du produit
intérieur brut du Québec est fait par des achats de consommation.
Quand les gens ne consomment pas, on ne produit pas et quand on ne produit pas,
on chôme. Et ça, pour le chômage! 620 000
bénéficiaires de l'aide sociale, c'est 28 000 de plus que lors de
la crise économique de 1982. Le gouvernement n'a pas encore
réussi à mettre la moitié de la population en
chômage, mais ce n'est pas parce qu'il n'essaie pas.
Je reviens aux taxes, M. le Président. On a taxé les
boissons alcoolisées, on a taxé le tabac, on a taxé
l'essence, on a taxé les entreprises, on a taxé tout le monde
avec la TVQ qui, sur une base annuelle, rapporte 1 000 000 000 $. On a
taxé les étudiants par l'augmentation des frais de
scolarité, on a taxé parce qu'on a permis à
Hydro-Québec de facturer au-delà de l'inflation pour pouvoir
payer au gouvernement, entre autres, une commission sur les garanties
d'emprunt. Ce sont des taxes indirectes mais, en plus, hypocrites. On a
augmenté les taxes scolaires, on a emprunté à la
Société de l'assurance automobile du Québec et on a
haussé les taxes municipales. Il n'y a pas une taxe, M. le
Président, que ce gouvernement-là n'a pas réussi à
hausser.
Puis, pas rien que les taxes, les permis aussi. Prenez juste un club
d'aînés de votre belle circonscription, M. le Président,
qui va chercher un permis temporaire pour vendre de la boisson pendant une
soirée. Avant, c'était 20 $; là, c'est rendu 50 $. Il n'y
a rien qu'on n'a pas taxé. À cet égard-là, les gens
se retrouvent dans une situation difficile, les gens se retrouvent dans une
situation précaire.
Et la taxe de vente du Québec, M. le Président, ce qu'on
peut en dire, c'est que sur les services, on fait semblant de donner - et
pardonnez l'anglicisme - un "break" à la population. On dit: Au lieu du
1er janvier, ça va être le 1er juillet; mais aux entreprises
à qui on remboursait à partir du 1er janvier la taxe de vente
qu'elles paient, on dit: Vous autres, ça va être pareil, ça
va suivre, c'est rien que le 1er juillet qu'on va vous la rembourser. Alors, le
coup de main phénoménal aux ménages, aux familles, aux
gens les plus démunis aussi, ça représente 150 000 000 $
de perte pour le gouvernement. Quand le gouvernement perd 150 000 000 $ de
taxes, M. le Président, on peut dire qu'il va injecter un vigoureux 150
000 000 $ dans une économie où le produit intérieur brut
est quelque chose comme 100 fois supérieur à ça. (18
heures)
Donc, ça n'aura pas d'impact et c'est hypocrite, M. le
Président, parce qu'on dit: La taxe de vente du Québec sur les
services, qui va toucher la coiffeuse, le taxi, le dentiste, l'avocat qu'on
doit prendre, le professionnel qu'on embauche, tout ça va être
taxé. On dit: Ça, ça va s'appliquer le 1er juillet. Mais
attention! Les entreprises qui devaient, le 1er janvier, se faire rembourser la
taxe de vente qu'elles paient, on les retarde aussi en juillet. Où
croyez-vous que ces entreprises-là vont prendre l'argent? Dans les prix
aux consommateurs vu que les entreprises ne réussissent pas.
M. le Président, il suffit de se promener dans la région
de Montréal et dans la région de Québec aussi, d'aller
dans les centres commerciaux et de regarder les affiches "À louer".
À Montréal, on estime que 15 % des commerces, des locaux
commerciaux ne sont pas loués. Pourquoi? Parce que dans un centre
commercial on vend beaucoup de meubles, de vêtements, de chaussures, des
produits qui étaient exclus de toute taxation, des produits faits au
Québec, donc, qu'on avait intérêt à ne pas taxer.
À cet égard-là, M. le Président, on dit dans les
centres commerciaux que jusqu'à 50 % des magasins vendent des
chaussures, des vêtements, des électroménagers de base et
des meubles. Bien, on les a touchés. On ralentit l'économie. Je
pense que la population en a assez d'être taxée et la seule raison
pour laquelle le Parti québécois n'est pas au pouvoir, c'est que
le gouvernement n'a pas le coeur de déclencher une élection.
Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Je rappelle aux membres de cette
Assemblée que nous sommes toujours à l'étude de l'adoption
du principe du projet de loi 170, Loi sur la taxe de vente du Québec et
modifiant diverses dispositions législa-
tives d'ordre fiscal. Je reconnais maintenant M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Réal Gauvin
M. Gauvin: Merci, M. le Président. Nous discutons
aujourd'hui du projet de loi 170. C'est un projet de loi qui porte sur la taxe
de vente du Québec et modifie diverses dispositions législatives
d'ordre fiscal. Vous me permettrez, à ce moment-ci, d'ouvrir une petite
parenthèse pour rappeler au député de Pointe-aux-Trembles
qu'évidemment une famille qui a comme 30 000 $ de revenus, par exemple,
va probablement s'acheter une automobile d'une valeur de 10 000 $, ce qui va
comporter quelque chose comme 1500 $ de taxe, comparativement au
député de Pointe-aux-Trembles qui va probablement acquérir
une voiture d'une valeur de 20 000 $ et devra payer 3000 $ de taxe sur l'achat
de ce véhicule. Ce qui veut dire que ce projet de loi, cette
réforme à la fiscalité, je pense, vient démontrer
qu'elle favorise les familles à faibles revenus, qui, forcément,
consomment moins ou consomment pour les besoins essentiels et auront à
débourser moins au niveau de la fiscalité, au niveau de la taxe
de vente que les familles qui ont un revenu supérieur et qui vont
probablement consommer davantage et devront débourser davantage au
niveau de la taxe de vente.
Pour revenir à notre projet de loi, ce projet de loi
concrétise, comme l'a indiqué le ministre du Revenu en
présentation, la deuxième étape de la réforme de la
taxe à la consommation du Québec en assurant principalement
l'harmonisation de la taxe de vente à la taxe sur les produits et
services. Ce projet de loi donne suite, comme on peut le lire dans ses notes
explicatives, aux différentes déclarations ministérielles
du ministre des Finances et fait également suite au document technique
publié par le ministère des Finances, intitulé 'Taxe de
vente du Québec". Il donne suite à un communiqué
émis par le ministère des Finances précisant certaines
mesures d'harmonisation à la taxe sur les produits et services au
dernier discours sur le budget, ainsi qu'au bulletin d'information apportant
certaines précisions concernant la réforme de la taxe de vente au
Québec.
M. le Président, cette simple enumeration montre qu'une
réforme fiscale est quelque chose de très complexe. Elle montre
également que l'on ne peut que procéder par étapes, comme
notre gouvernement le fait actuellement. Dans le cadre de mes propos, j'entends
aborder deux aspects de la démarche gouvernementale poursuivie avec ce
projet de loi. Le premier aspect concerne les particularités de la TVQ
qu'instaure le projet de loi 170. Le deuxième met en relief les raisons
de la décision du gouvernement de mettre en place une taxation
orientée vers la consommation. Enfin, je conclurai en montrant les
avantages de procéder à l'adoption d'une telle loi.
M. le Président, le gouvernement, on le sait, poursuit, depuis
son arrivée au pouvoir, une réforme en profondeur de notre
fiscalité. Cette réforme origine d'un constat majeur que nous
avons fait au milieu de la décennie quatre-vingt. Ce constat majeur est
le suivant: Notre société, après avoir mis l'accent sur la
redistribution de la richesse, devait également se préoccuper de
nouveau de sa création. Ce retour vers la création de la richesse
s'est imposé pour éviter d'opérer à crédit
cette redistribution. Cela entraînait notre société
à hypothéquer l'avenir des générations futures.
En d'autres termes, elle jetait une très lourde hypothèque
sur l'avenir des générations futures. Cette tendance était
inquiétante et un redressement s'imposait. Il fallait réorienter
l'ensemble de la société vers la création de la richesse
si nous voulions préserver nos mécanismes de redistribution de
cette richesse. C'est dans cette perspective que s'inscrit la réforme de
notre fiscalité dans laquelle s'insère la réforme de la
taxe à la consommation. Avant de l'aborder, il convient de dire quelques
mots sur cette réforme de la fiscalité et ses objectifs.
Notre réforme fiscale, M. le Président, poursuit,
notamment, deux objectifs majeurs. Le premier de ces objectifs est celui
d'avoir une fiscalité qui encourage la création de la richesse et
le second, c'est celui d'avoir une fiscalité qui permet de relever le
défi démographique.
Parlons d'abord, M. le Président, du premier objectif. Une
fiscalité favorable à la création de la richesse,
ça veut d'abord dire une fiscalité qui est concurrentielle afin
d'attirer chez nous les investissements créateurs d'emplois et
créateurs de valeur ajoutée, comme on le dit maintenant. Nous
sommes, aujourd'hui, confrontés à la nécessité de
préserver et de renouveler notre base industrielle. Son renouvellement
est essentiel pour relever avec succès le défi du changement
industriel auquel est confrontée notre économie. S'il en est
ainsi, c'est d'abord parce que la modernisation de plusieurs de nos entreprises
et surtout l'implantation de nouvelles industries sont la seule façon
responsable et éclairée de créer un avenir acceptable
à nos jeunes, tout comme d'ailleurs de fournir de l'emploi à nos
chômeurs et de préserver l'emploi de nos travailleurs. Bref, c'est
la seule façon de créer de la richesse, une richesse qui, encore
une fois, nous est essentielle si nous voulons conserver nos mécanismes
de redistribution de cette richesse.
Deuxièmement, M. le Président, une fiscalité qui
favorise la création de richesse veut aussi dire une fiscalité
qui encourage l'effort humain, c'est-à-dire le travail. Au cours des
décennies soixante et soixante-dix, l'État a largement
puisé ses revenus en taxant souvent les éléments les plus
productifs de notre société. Au début de la
décennie quatre-vingt, plus particulièrement au milieu de cette
décennie, on s'est rendu compte
qu'un tel mode de taxation avait un effet dis-suasif sur le travail. On
s'est rendu compte qu'il n'encourageait pas vraiment les gens actifs à
travailler davantage. C'est alors que le gouvernement a été
amené à réexaminer toute cette question et à
chercher un mode de taxation beaucoup moins dissuasif au travail.
Cette préoccupation n'était pas présente seulement
au Québec, mais aussi au niveau du gouvernement fédéral.
Les gouvernements partageaient, à cet égard, des
préoccupations analogues. C'est alors que s'est amorcée la
recherche d'un mode de taxation beaucoup moins dissuasif au travail, comme je
le mentionnais. Cela a conduit les gouvernements à regarder du
côté de l'Europe et à bénéficier de leur
expérience. M. le Président, c'est ainsi que fut envisagée
la possibilité d'installer un mode de taxation fondé sur la
valeur ajoutée. (18 h 10)
Qu'est-ce qu'un mode de taxation fondé sur la valeur
ajoutée et en quoi se distingue-t-il des autres modes de taxation? De
plus, il s'agissait d'établir un régime de taxation qui, à
la différence de celui que nous connaissons, englobe dans son champ de
taxation la majorité des produits et services. Autrement dit, au lieu
d'être concentré sur des produits particuliers, il étend,
en principe, la taxation à l'ensemble des produits et services. Je dis
en principe, car dans les faits il y a des exceptions sur lesquelles je
reviendrai plus loin.
Soulignons au passage, M. le Président, qu'en incluant dans son
horizon le secteur des services ce type de taxation est beaucoup plus
adapté à l'économie de notre époque, dans laquelle
le secteur des services occupe une place très importante. Nous savons
tous que le gouvernement fédéral a décidé d'aller
de l'avant et de mettre en place ce type de taxation. Nous savons
également que le gouvernement du Québec a décidé
d'emboîter le pas et d'harmoniser son régime de taxation avec
celui du gouvernement fédéral.
Pour bien comprendre la nature de cette harmonisation et la
portée des modifications qu'elle implique, il y a lieu d'aborder les
particularités de la TVQ afin de bien distinguer les deux
régimes. Regardons d'abord ce qui est commun entre le nouveau
régime fédéral et la TVQ. La TVQ a en commun avec la TPS,
principalement, ce que les économistes appellent l'assiette fiscale,
c'est-à-dire les mêmes produits et services et les mêmes
exceptions.
Pour ce qui est de ces exceptions, ce sont l'alimentation de base, les
médicaments sur ordonnance et certains appareils médicaux.
Figurent aussi au rang des exceptions les services de santé, services
d'éducation, services de garde aux enfants ainsi que le transport en
commun, les loyers d'habitation et certains biens du domaine agricole et des
pêches. Par ailleurs, ce qui distingue la TVQ de la TPS tient au fait
qu'en raison de la Constitution le Québec ne peut entrer dans le champ
des taxes indirectes.
Comme on le sait, M. le Président, l'an dernier,
l'Assemblée nationale a été amenée à adopter
le projet de loi 89 qui concernait surtout la première phase de la mise
en application alors qu'aujourd'hui, avec le projet 170, nous abordons la
seconde phase. On se souviendra que la première phase a donné
lieu à une réduction de la taxe de vente de 9 % à 8 % et
à un élargissement de son champ d'application pour y inclure une
gamme de produits. On se souviendra également que la taxe sur les livres
est remboursée suite à une déclaration du ministre des
Finances. Enfin, on se souviendra toujours que, dans cette première
phase de transition, la taxe de 10 % sur les repas a été
réduite à 8 % en janvier dernier. Telle était, M. le
Président, la première phase de la réforme.
La seconde, celle qui nous occupe aujourd'hui, donne lieu à une
démarche analogue d'extension du champ de la taxation. Mais, cette fois,
il s'agit de son extension aux secteurs des services et des immeubles. De plus,
les entreprises bénéficieront d'un remboursement de taxes sur
leurs achats.
M. le Président, comme nous n'en sommes qu'à l'adoption du
principe je ne crois pas utile d'entrer dans la mécanique très
complexe du projet de loi. Je me contenterai d'insister sur ses effets. Je le
ferai pour dissiper tous les doutes qu'a pu jeter au cours des derniers mois la
conjoncture sur sa valeur et ses bienfaits sur l'économie du
Québec.
Comme d'autres, y compris nos adversaires, je suis convaincu des effets
positifs de ce mode de taxation sur notre économie. Cette conviction
repose sur le fait que 50 pays dans le monde ont adopté ce mode de
taxation. Les chefs de file du monde industrialisé l'ont tous
adopté. Le Japon, l'Allemagne, la France et plusieurs autres pays l'ont
appliqué. Si 50 pays l'ont adopté, c'est en raison des avantages
qu'il procure aux entreprises. Dans un contexte de mondialisation des
échanges qui marque notre époque, nous vivons en cette ère
de modernisation des échanges économiques et devons faire en
sorte que notre économie s'y adapte rapidement. Il en va du niveau de
vie de notre population.
Il n'y a pas de raison pour que nos entreprises qui vont sur le
marché américain et autres marchés étrangers soient
défavorisées par rapport aux entreprises européennes,
japonaises, entre autres. Il n'y a pas non plus de raison pour que les
entreprises qui oeuvrent sur le marché soient favorisées aux
dépens des nôtres. De plus, tout cela, M. le Président, est
essentiel si nous voulons relever le défi de la création de la
richesse, tout aussi essentiel pour le maintien de nos systèmes
sociaux.
Maintenant, M. le Président, je voudrais m'attarder sur le
caractère équitable de la TVQ. Avec les crédits pour les
personnes ayant des
revenus plus faibles, la TVQ préserve le pouvoir d'achat des
ménages à faibles et moyens revenus. La TVQ est équitable
pour l'ensemble des contribuables si l'on considère les crédits
d'impôt et les biens exemptés qui y sont associés. En
outre, toujours en ce qui concerne les personnes à faibles et moyens
revenus, il ne faudrait pas oublier que la réforme fiscale diminue
considérablement leur fardeau. Depuis 1985, le gouvernement a
accordé des baisses d'impôt aux familles et en particulier
à celles à faibles revenus et à moyens revenus.
Ainsi, lorsqu'on considère, d'un côté, le
crédit d'impôt pour personnes à faibles et moyens revenus
et, de l'autre, les baisses d'impôt accordées depuis 1985, on se
rend compte qu'elles sont moins taxées aujourd'hui qu'elles ne
l'étaient hier. Par ailleurs, la population est de plus en plus
consciente que les services publics comportent des coûts que l'ensemble
de la population doit absorber afin d'éviter d'hypothéquer
l'avenir des générations futures.
Pendant longtemps, M. le Président, il y a eu dans notre
société un mythe et ce mythe, c'est celui de la gratuité
des services offerts par le gouvernement. Aujourd'hui, les choses commencent
à changer. En conclusion, je vous dirai, M. le Président, que la
population exige de bien gérer les deniers publics. La population nous
demande d'en faire un usage judicieux. Elle nous demande d'éviter
d'hypothéquer l'avenir, comme je le mentionnais, des
générations futures. Je vous en remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet, et je reconnais maintenant Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. M. le
Président, compte tenu de l'heure qu'il est présentement et
compte tenu que j'aurais droit à une intervention de 20 minutes, est-ce
qu'il serait possible qu'on ait un ajournement du débat?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): mme la
députée des chutes-de-la-chaudière propose l'ajournement
du débat sur ce projet de loi. est-ce que cette motion d'ajournement est
adoptée? adopté. m. le ministre du revenu.
M. Savoie: Alors, M. le Président, je propose
l'ajournement des travaux au mardi 19 novembre, à 14 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
d'ajournement est adoptée? Adopté. Donc, les travaux de cette
Assemblée sont ajournés au mardi 19 novembre à 14
heures.
(Fin de la séance à 18 h 19)