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(Quatorze heures quinze minutes)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): alors, mmes, mm. les
députés, si vous voulez vous recueillir quelques instants. si
vous voulez prendre place.
Présence de l'ambassadeur du royaume du
Maroc
Alors, j'ai le très grand plaisir de souligner la présence
dans les tribunes de l'ambassadeur du royaume du Maroc, Son Excellence M.
Tajeddine Baddou.
Alors, il n'y a aucune déclaration ministérielle.
Aucune présentation de projets de loi.
Dépôt de documents.
Rapport de commissions. M. le président de la commission des
institutions et député de Marquette.
Dépôt de rapports de commissions
Consultation sur la protection de la vie
privée eu égard aux
renseignements
personnels détenus dans le secteur
privé
M. Dauphin: Oui, M. le Président, merci beaucoup. Alors,
j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission des institutions,
qui a siégé les 15, 23 et 30 octobre ainsi que les 5, 6, 7, 12,
13, 19, 20 et 21 novembre 1991, afin de procéder à une
consultation générale et de tenir des auditions publiques sur la
protection de la vie privée eu égard aux renseignements
personnels détenus dans le secteur privé.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Rapport
déposé.
M. le président de la commission de la culture et
député de Louis-Hébert.
Consultation sur la proposition de politique de la
culture et des arts
M. Doyon: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que
je dépose le rapport de la commission de la culture, qui a
siégé les 1er, 2, 3, 9, 10, 15, 16, 17, 22, 23, 24, 29, 30, 31
octobre - ce n'est pas fini - les 5, 6, 7, 12, 13, 14, 19 et 20 novembre 1991,
afin de procéder à une consultation générale et de
tenir des auditions publiques sur la proposition de politique de la culture et
des arts telle que déposée à l'Assemblée nationale
le 14 juin 1991.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Votre rapport est
déposé.
Mme la vice-présidente de la commission de l'aménagement
et des équipements et députée de
Mégantic-Compton.
Étude détaillée du projet de loi
178
Mme Bélanger: M. le Président, je dépose le
rapport de la commission de l'aménagement et des équipements, qui
a siégé les 19 et 20 novembre 1991, afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 178, Loi
modifiant la Loi sur l'assurance automobile et la Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives. Le projet
de loi a été adopté avec des amendements.
Étude détaillée du projet de loi
177
M. le Président, un autre dépôt. Je dépose le
rapport de la commission de l'aménagement et des équipements, qui
a siégé le 19 novembre 1991, afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 177, Loi modifiant la
Loi sur le ministère des Transports et la Loi sur la voirie. Le projet
de loi a été adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, vos rapports sont
déposés.
Décisions sur certains articles du
règlement concernant les commissions
Je dépose le rapport de la commission de l'Assemblée
nationale, qui a siégé le 26 novembre 1991, afin de statuer sur
les articles 121 et 127 du règlement concernant les commissions. Alors,
M. le vice-président et député de Frontenac.
Motion d'adoption
M. Lefebvre: Oui, alors, M. le Président, je propose
l'adoption du rapport de la commission de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté.
Pétitions. M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Dépôt de pétitions
Donner aux personnes atteintes du
virus d'immuno-déficience humaine un
meilleur accès aux médicaments
M. Boulerice: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 201 pétitionnaires, citoyennes et citoyens du
Québec.
Les faits invoqués et qui intéresseront le ministre de la
Santé sont les suivants: "Considérant que la plupart des
personnes atteintes du VIH en arrivent à ne plus être capables
d'assumer les frais élevés de leurs médicaments;
"Considérant que la plupart des personnes atteintes du VIH en arrivent
à recourir à l'aide sociale pour payer le coût très
élevé de leurs médicaments alors qu'elles ont encore la
possibilité physique de travailler; "Considérant que le ministre
de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle débourse inutilement des prestations d'aide sociale
à des citoyens atteints du VIH qui pourraient et qui désirent
encore travailler; "Considérant que le ministère de la
Santé et des Services sociaux assume des coûts hospitaliers qui
seraient réduits si les personnes atteintes du VIH avaient un
accès aussi facile à leurs médicaments que les personnes
atteintes de cancer et de certaines autres maladies chroniques
contrôlables;"
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous
demandons que l'Assemblée nationale adopte des mesures concrètes
et rapides pour remédier à ces situations, soit en donnant aux
personnes atteintes du VIH un meilleur accès aux médicaments
coûteux dont elles ont besoin."
Le Vice-Président (M. Bissonnet): votre pétition
est déposée, m. le député de
sainte-marie-saint-jacques. avant de passer aux interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel, je vais
suspendre les travaux de cette assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 21)
(Reprise à 14 h 36)
Le Président: Mmes, MM. les députés,
veuillez prendre place, s'il vous plaît. Veuillez vous asseoir, s'il vous
plaît. Alors, nous allons poursuivre les affaires courantes à la
rubrique des interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
J'ai reçu, en temps utile, un avis du député de
Pointe-aux-Trembles minformant de son intention de soulever, à la
période des affaires courantes d'aujourd'hui, une question de fait
personnel en vertu de l'article 71 de notre règlement. Le
député de Pointe-aux-Trembles fait référence
à deux articles de journaux de l'hebdomadaire L'Avenir de l'Est
joints à l'avis qu'il m'a transmis et concernant la fermeture de
l'Hôtel-Dieu de Montréal et sa relocalisation dans le secteur de
Rivière-des-Prairies à Montréal. Il prétend que des
propos injurieux auraient été prononcés contre lui, tel
qu'il appert du souligné dans un des articles joints à son
avis.
Tout d'abord, d'un point de vue formel, l'avis du député
de Pointe-aux-Trembles ne respecte pas, selon moi, toutes les exigences
requises par l'article 71 du règlement tel qu'interprété
par la décision du 16 avril 1985 de mon prédécesseur, M.
Richard Guay. Cependant, je ne voudrais pas rejeter, pour ce seul motif, la
demande du député de Pointe-aux-Trembles. À l'examen de
l'article joint à la demande, il m'apparaît que les propos
qu'aurait tenus le député de LaFontaine à l'égard
du député de Pointe-aux-Trembles doivent être
analysés dans le contexte global de la situation où ils auraient
été prononcés. Dans le cas présent, je suis d'avis
que la portée des propos est atténuée par le contexte
global de la situation. On pourrait l'interpréter comme un jeu de mots
sans vouloir porter de jugement sur son à-propos ou sur son
bien-fondé. D'ailleurs, si de telles paroles qu'on attribue au
député de LaFontaine avaient été prononcées
à l'Assemblée dans un contexte semblable, je crois qu'un rappel
au règlement relatif au décorum aurait été
suffisant. Il ne faudrait donc pas accorder, pour des paroles prononcées
à l'extérieur de l'Assemblée, un traitement
différent. La question de fait personnel devrait être
réservée à des situations où il ne subsistera aucun
doute pour la présidence sur sa recevabilité, et ce, dans le sens
des décisions antérieures du 16 avril 1985 et du 3 avril
1984.
En conclusion, le cas qui nous est soumis par M. le député
de Pointe-aux-Trembles ne constitue pas, à mon avis, une question de
fait personnel.
S'il vous plaît. Alors, je voudrais maintenant vous aviser que...
Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Peut-être une demande de directive. En vertu
de l'article 55 de la Loi sur l'Assemblée nationale, paragraphe 8, il
n'y a aucun endroit dans le règlement qui stipule qu'il doit y avoir un
lieu spécifique pour que les propos soient injurieux. À la
lumière de cet article 55, paragraphe 8, est-ce qu'il n'y a pas lieu
d'avoir une directive à l'effet que, quel que soit le lieu où
sont prononcées lesdites paroles, ça devrait constituer un
privilège pour le député.
Le Président: Là-dessus, évidemment, dans
l'avis que m'a transmis le député de Pointe-aux-Trembles, je
constate qu'on signalait à la présidence que des propos
pourraient être contraires aux dispositions du paragraphe 8 de l'article
55 de la Loi sur l'Assemblée. Mais, dans le cas présent, je pense
que l'avis qui m'a été transmis concerne exclusivement une
question de fait personnel. On m'a dit: "Je vous signale..." On n'a pas voulu,
à mon sens, dans cet avis-là, de façon précise,
invoquer une question de privilège.
II aurait fallu qu'on soit spécifique et dire: "Les propos, tels
que prononcés, constituent à mon sens une violation de
privilège et j'en fais un cas que je soumets à
l'Assemblée."
Ce n'est pas le contenu de l'avis que j'ai reçu du
député de Pointe-aux-Trembles. En conséquence, moi, je
l'ai traité comme une question de fait personnel, tel qu'il a
été soulevé au premier paragraphe de son intervention.
Évidemment, je suis d'accord avec vous que, parfois, ça peut
être assez voisin, une question de fait personnel et une question de
privilège. Mais, dans ce cas-ci, je l'ai analysé, tel que la
demande m'a été présentée, comme une question de
fait personnel. J'ai remarqué qu'on soulignait la
référence à l'article 55, paragraphe 8, relativement
à une question de privilège, mais vu qu'on n'en a pas fait une
question de privilège je l'ai traité comme une question de fait
personnel, purement et simplement.
Je voudrais maintenant vous aviser qu'après la période des
questions sera tenu un vote reporté sur la motion du ministre du Revenu
proposant que le principe du projet de loi 170, Loi sur la taxe de vente du
Québec et modifiant diverses dispositions législatives d'ordre
fiscal, soit maintenant adopté. nous allons maintenant procéder
à la période de questions et réponses orales des
députés. je vais reconnaître, en première question
principale, m. le député d'arthabaska.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Position du gouvernement sur le rapport
Dunkel dans le cadre des négociations
sur les accords du GATT
M. Baril: Oui, M. le Président. La discussion sur les
accords du GATT achève et l'information que nous possédons
indique que l'article Xl:2c) est menacé. En effet, le bilan tracé
la semaine dernière par le directeur des négociations, M. Arthur
Dunkel, montre que les contingents d'importation ne constituent par une mesure
de contrôle acceptable par les pays qui limitent leur production. Le GATT
semble privilégier l'approche des États-Unis qui consiste
à transformer les contrôles frontaliers en tarifs qui seraient,
par la suite, abolis sur une période déterminée. Cette
approche signifie, à moyen terme, la fin des offices de
commercialisation. Ce document de M. Dunkel a reçu l'appui favorable des
deux ministres fédéraux de l'Agriculture, M. Bill McKnight et M.
Pierre Blais.
Est-ce que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation peut mettre fin à son silence et nous dire s'il est
d'accord avec le contenu du document de M. Dunkel qui suggère, au fond,
de faire sauter nos systèmes de contrôle de l'offre et de la
demande, nos systèmes d'assurance-stabilisation et de transformer sur
une base tarifaire tous les contrôles frontaliers?
Est-ce qu'il a fait connaître sa position aux deux ministres
fédéraux qui ont appuyé le document de M. Dunkel?
Le Président: Alors, M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Picotte: M. le Président, je ne sais pas si le fait de
mettre fin à mon silence va rassurer le député
d'Arthabaska mais... D'abord, je vais corriger un peu ce que le
député d'Arthabaska nous a dit. À ma connaissance, aucun
pays n'a appuyé le document Dunkel présentement. C'est un
document déposé par un négociateur. À ma
connaissance, selon les dernières vérifications que j'ai pu
faire, nos collègues fédéraux qui sont rendus
présentement à Genève, M. Wilson et M. McKnight, sont
partis pour réitérer la position canadienne qui est effectivement
notre position, celle de protéger l'article XI :2c) et celle de demander
à ce que nos programmes verts soient respectés.
Alors, il faut comprendre - et c'est bien important que le
député d'Arthabaska le sache - que présentement c'est une
position qui a été déposée par un
négociateur et des papiers qui ont été
déposés en ce qui concerne les négociations du GATT. L'an
passé, à la même date, j'étais là avec mon
collègue, le ministre des Affaires internationales. Il y a eu des
dizaines de papiers de déposés sans pour autant que les hommes et
le femmes politiques les acceptent. Alors, M. le Président, il ne faut
pas s'y méprendre. Le fédéral s'en va présentement
à Genève pour défendre la position que nous lui avons
demandé de défendre et qu'elle soit respectée. Ce sont les
dernières nouvelles que j'ai obtenues, M. le Président.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Baril: M. le Président, comment interpréter ce
qu'on dit dans les journaux: Le ministre de l'Agriculture réagit
favorablement au document de conciliation déposé par le directeur
général du GATT? Comment interpréter cet appui favorable
que le gouvernement fédéral fait à ce document? Comment le
ministre peut-il faire confiance à ce gouvernement puisqu'il dit une
chose dans les journaux et quand il est rendu au GATT il agit tout à
fait contrairement à ce qu'il dit chez nous?
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je pense que mon
collègue d'Arthabaska devrait faire une certaine distinction. Quand on
dit qu'on réagit favorablement à un document qui est
déposé, ça ne veut pas dire qu'on accepte le contenu du
document, mais ça veut dire tout simplement qu'on veut continuer de
discuter et garder les
bonnes relations en termes de discussion, parce que c'est ça, la
réalité, présentement.
Comme on ne réussit pas à s'entendre, à ce
moment-là, le secrétaire général dépose des
papiers pour essayer d'avoir un certain rapprochement. Donc, je lui dis ceci,
c'est que nos collègues fédéraux nous ont assurés
qu'ils allaient défendre la même position qui a été
mise sur pied, sur la table, par le gouvernement fédéral et qui
respecte les demandes que nous avons faites. Donc, à ce
moment-là, moi, je préfère évidemment me fier
à ce que mes collègues sont partis faire, avec la certitude
qu'ils m'ont donnée, que de lire un article de journal et de tout
simplement me pencher sur le mot "favorablement".
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Baril: Quelle crédibilité le ministre de
l'Agriculture du Québec peut-il donner à deux ministres
fédéraux qui s'en vont au GATT pour défendre les droits de
l'agriculture québécoise quand, dans le propre document du
gouvernement fédéral, "Le fédéralisme canadien et
l'union économique: partenariat pour la prospérité", on
peut lire, à la page 19, que des entraves à la libre circulation
des marchandises... Dans le rapport, on dit: "Les offices de commercialisation
des produits agricoles qui réglementent la production et les prix de
divers produits, comme le lait, la volaille et les oeufs, sont des entraves
à la libre circulation des marchandises." Comment le ministre peut-il
concilier et croire que les ministres vont aller au fédéral
défendre notre position pendant que, sur le terrain, ils sont en train
de la miner par leurs propres propositions?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Picotte: Ce document-là, il existe depuis fort
longtemps; on a eu l'occasion d'en discuter l'an passé. Je pense que ce
qu'il faut faire en sorte de démontrer présentement au
député d'Arthabaska, M. le Président, c'est que les
mêmes positions défendues par le gouvernement
fédéral... C'est la raison pour laquelle les deux ministres sont
partis pour Genève, pour aller réitérer notre position. Il
n'y a pas de demande présentement à Genève pour
réunir les hommes et les femmes politiques pour discuter de ce
projet-là; il y a tout simplement un papier qui a été
discuté, et nos collègues fédéraux sont partis pour
tout simplement réitérer, face à ce papier-là, face
au secrétaire général, la position qui est défendue
depuis au-delà d'un an. Alors, à partir de ce moment-là,
M. le Président, on ne fait pas référence à un
document nouveau ou quoi que ce soit. On fait référence à
la position qui est bel et bien défendue, qui a été
réitérée, d'ailleurs, par nos collègues
fédéraux.
Le Président: Toujours en question additionnelle.
M. Baril: Qu'est-ce que le ministre entend faire pour non
seulement convaincre le député d'Arthabaska, mais convaincre
l'Union des producteurs agricoles, la Coopérative
fédérée et tous les mouvements agricoles en Ontario qui
ont sorti, la semaine dernière justement, les positions que le
gouvernement fédéral défend là-bas? Qu'est-ce que
le ministre entend faire à partir d'aujourd'hui pour défendre
l'intérêt des Québécois et des
Québécoises?
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, c'est de dire exactement ce
que nous avons toujours dit. Il n'y a rien de nouveau là-dedans. Si
c'est nouveau, c'est nouveau pour le député d'Arthabaska, mais
ça fait longtemps que l'UPA, la Coopérative
fédérée, le gouvernement du Québec, et tous les
agriculteurs et les agricultrices du Québec disent la même chose
et obligent le gouvernement fédéral à défendre nos
positions sur le renforcement de l'article XI:2c) et sur la protection de nos
régimes verts au niveau de l'agriculture au Québec. On a toujours
dit ça, on continue de dire ça et il n'y a rien de nouveau
là-dedans. Je pense qu'à ce moment-là et la
Coopérative fédérée et l'UPA et le gouvernement du
Québec défendent les mêmes intérêts et nous
avons la certitude que nos collègues fédéraux
défendent la même position au moment où ils sont rendus
à Genève pour défendre cette position-là.
Donc, M. le Président, je ne voudrais pas que le
député d'Arthabaska laisse prévoir ou laisse penser
à n'importe qui que, tout à coup, ça sort comme d'une
boîte à surprises. C'est la même position qu'on
défendait l'année passée, on était là et on
a continué de la défendre. Je l'ai réitérée
à maintes et maintes reprises. Donc, libre au député
d'Arthabaska de dire tout ce qu'il voudra dire, mais je pense que ça
fait longtemps que tout le monde est sur la même longueur d'onde pour
défendre cette position-là, y compris celui qui vous parle.
Le Président: Alors, en question principale maintenant, M.
le député de Gouin. (14 h 50)
Utilisation du fonds d'indemnisation
de la SIAP pour aider la compagnie
d'assurances Les Coopérants
M. Boisclair: M. le Président, le 24 août 1990, la
ministre déléguée aux Finances signait une entente de
participation avec la Société canadienne d'indemnisation pour les
assurances de personnes. Cette société, mieux connue sous le nom
de SIAP, a pour objet de verser des indemnités aux titulaires de polices
d'assurance
émises par des compagnies d'assurances de personnes insolvables,
il s'agit donc d'une espèce de fonds d'indemnisation privé
financé par l'industrie et dont l'adhésion est obligatoire au
Québec. Selon nos informations, la SIAP s'apprêterait à
verser, pour le sauvetage des Coopérants, une somme de près de
140 000 000 $, nous dit-on. C'est pourquoi, le 20 novembre dernier, celle-ci
envoyait un avis de cotisation à tous ses membres les enjoignant
à verser leur cotisation pour le 20 décembre de cette
année.
La ministre déléguée aux Finances peut-elle nous
donner l'assurance et donner l'assurance aux compagnies d'assurances de
personnes, qui font affaire au Québec, que ce ne sera pas uniquement
elles qui auront à supporter le fardeau du sauvetage des
Coopérants, mais que ce sera bien, comme le prévoit le protocole
d'exécution, l'ensemble des membres de la SIAP, qu'ils fassent affaire
au Québec ou non?
Le Président: Mme la ministre
déléguée aux Finances.
Mme Robic: M. le Président, tel que le
député de Gouin l'a bien dit, c'est un organisme privé qui
a été créé par les compagnies d'assurances
canadiennes qui comprennent, bien sûr, les compagnies d'assurances
à charte du Québec. Le Québec a obligé
l'adhésion à ce fonds d'indemnisation pour nos compagnies
d'assurances, d'où la SIAP qui a négocié avec l'Inspecteur
général des institutions financières et les compagnies en
cause pour arriver à une entente dans un dossier qui nous touche de
près, bien sûr, le dossier des Coopérants.
C'est bien sûr, M. le Président, que, dans cette entente,
les compagnies qui auront à débourser les frais que la SIAP aura
à rencontrer, suite à cette entente avec une compagnie du
Québec, ces frais devront, bien sûr, être assumés en
partie par les compagnies qui font affaire au Québec. Ce sont les
premières qui sont touchées par cette entente. Ensuite, si
ça dépasse un certain niveau, ce sont toutes les compagnies
canadiennes qui doivent assumer les frais.
Le Président: En question complémentaire.
M. Boisclair: M. le Président, la ministre sait-elle que,
dans son avis de cotisation, la SIAP indique que les cotisations versées
par les compagnies canadiennes qui ne font pas affaire au Québec seront
remboursées par les compagnies qui font affaire au Québec et
qu'en conséquence, si on interprète et si on comprend très
bien l'avis de cotisation de la SIAP, il est très clair que seules les
compagnies québécoises auront à payer le fardeau? Comment
la ministre peut-elle concilier ce qu'elle vient de nous dire avec l'avis de la
cotisation de la SIAP?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Il est entendu dans
l'entente de la SIAP que les compagnies canadiennes assument le surplus.
Éventuellement, le surplus à débourser par les compagnies
canadiennes qui ne font pas affaire au Québec devra être
remboursé par les compagnies qui font affaire au Québec.
Le Président: Toujours en additionnelle.
M. Boisclair: Est-ce qu'il faut comprendre, M. le
Président, que le gouvernement du Québec a signé une
entente à l'effet que toutes les compagnies doivent être membres
d'un fonds de garantie dont le contrôle leur échappe, mais dont
les responsabilités leur reviennent à 100 %? Est-ce que c'est
ça, la réalité?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, je comprends mal la question
du député. Il n'est pas question que le contrôle leur
échappe puisque c'est un fonds d'indemnisation créé par
les compagnies d'assurances elle-mêmes. Il y a un conseil
d'administration formé de présidents de compagnies d'assurances
et cette entente a été signée par les compagnies
d'assurances et entérinée par le gouvernement du
Québec.
Une voix: C'est ça.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
leader de l'Opposition.
Mesures pour éviter des vagues de violence en
territoire amérindien
M. Chevrette: M. le Président, depuis la fin de la crise
amérindienne, il y a plus d'une année, à maintes reprises,
nous avons questionné le ministre sur des gestes illégaux, des
gestes graves, des incidents qui se produisent sur le territoire mohawk.
À chaque fois, le ministre nous a exhortés à lui faire
confiance et à faire preuve de patience, parce que, disait-il, par la
voie de la négociation, il réussira à faire respecter un
des plus grands principes de notre société, à savoir: la
justice égale pour tous. or, pas plus tard qu'en fin de semaine, il y a
de nouveaux incidents qui sont survenus avec les forces de l'ordre. de plus,
les rapports nous indiquent qu'il y a une recrudescence quant aux
activités de contrebande, en particulier sur les cigarettes. enfin, ce
qui n'est pas de nature à nous rassurer, le service canadien du
renseignement de sécurité, dans un récent rapport, affirme
que la société des warriors accroît son influence au
québec non seulement à akwesasne, à kane-satake ou
à kahnawake, mais également auprès des micmacs de
restigouche. ma question au
ministre: Est-ce qu'il a pris connaissance du rapport du Service
canadien du renseignement de sécurité concernant cette influence
grandissante des Warriors? Si oui, quelles mesures entend-il prendre pour
éviter des vagues de violence?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: Non, M. le Président, je n'ai pas pris
connaissance de ce rapport. J'ai vu un article dans les journaux hier.
J'étais à Rimouski. Un peu plus tard, cette semaine, j'aurai
peut-être l'occasion d'en prendre connaissance. On verra, à ce
moment-là, mais c'est un rapport parmi bien d'autres, là. Il
faudra le voir au complet, voir exactement ce qu'il y a là-dedans avant
de tirer des conclusions.
Sur les autres points qu'a soulevés le leader de l'Opposition
dans sa question, il y a eu des incidents en fin de semaine. Il y en a
peut-être eu 100 ou 150 depuis un an. Il y a ceux-là. C'est
malheureux, mais ce n'est pas la fin du monde non plus. De manière
générale, la situation reste sous contrôle dans ce secteur.
J'ai causé encore avec des maires de la région, pas plus tard que
la semaine dernière, et les rapports quotidiens sont meilleurs que ne le
laisse entendre un incident isolé comme celui-là. C'est vrai que
la situation de fond n'a pas trouvé de solution.
Je voyais des réponses que donnait à la Chambre des
communes, hier après-midi, le Solliciteur général du
Canada interrogé par la députée d'Argenteuil-Papineau, si
mes souvenirs sont exacts. Le ministre fédéral est exactement sur
la même longueur d'onde que le ministre québécois de la
Sécurité publique. Nous savons tous les deux, d'expérience
et de connaissances certaines, qu'il n'y a pas de solution magique et
miraculeuse à ce problème dans l'espace de 24 heures. Nous
cherchons une solution complète qui tiendra compte de tous les aspects
et pas seulement de ceux qui sont les plus visibles. Cette recherche se fait
dans un esprit de collaboration qui m'apparait salutaire pour l'instant.
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre est
conscient du fait qu'il est en train de s'accréditer, au Québec,
dans la tête de centaines de milliers de personnes, qu'il y a deux types
de justice? Il y a des individus qui se font arrêter pour une petite tape
sur la boite de quelqu'un et qui sont emprisonnés des fins de semaine
alors qu'on voit des gestes disgracieux, des mâchoires fracturées,
des batailles à coups de pied et des individus qui ne sont même
pas arrêtés. Est-ce qu'il conçoit que c'est ça,
comme ministre de la Sécurité publique, qu'il doit laisser comme
image aux citoyens du Québec?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je constate presque tous les
jours que le leader de l'Opposition et des alarmistes comme lui essaient
d'accréditer cette légende à travers le Québec,
mais les gens sérieux ne l'absorbent pas. Les gens sérieux savent
que, s'il y a une rixe qui survient quelque part - ça arrive très
souvent - une rixe entre Blancs, il n'y a personne qui prend le bord de la
prison parce qu'on n'est pas capable d'établir la preuve. Sur 25
batailles qui ont lieu une fin de semaine, il y en a peut-être 2 ou 3 qui
aboutissent à des arrestations. Les autres, ce n'est pas parce que
c'était mauvais, c'est parce qu'on n'a pas été capable de
faire la preuve. Alors, chaque fois qu'on peut faire la preuve dans un incident
qui implique soit les personnes d'un groupe ou d'un autre, elles
reçoivent exactement le même traitement. Mais quand la preuve ne
peut pas être faite, il y a également le même traitement. Il
n'y a pas de présentation devant les tribunaux ou d'arrestation. On n'a
pas la preuve pour le faire.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre est après nous dire
qu'il y a des enquêtes de faites sur place, quand la Sûreté
n'est même pas capable de pénétrer sur un territoire?
Est-ce que le ministre est en train de nous dire, M. le Président, qu'il
sait ce qui se passe, par exemple, dans le trafic alors que les policiers ne
sont même pas capables de faire enquête? Est-ce qu'il est au
courant, par exemple, de la recrudescence du trafic illégal de
cigarettes et d'autres choses? Est-ce qu'il est au courant de cela? S'il ne
l'est pas, ce serait inquiétant. J'espère qu'il va nous dire oui.
Que fait-il pour contrer cela, pour le plus grand bienfait et les
intérêts supérieurs des Québécois, comme dit
si souvent le premier ministre?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Le seul élément nouveau qu'apporte la
dernière question, c'est le rappel de la situation particulière
dans le village de Kah-nawake. J'ai toujours reconnu, dans cette Chambre, que
nous n'avions pas jugé que le moment était venu de décider
que la police ferait une entrée en bonne et due forme à
l'intérieur du village. C'est la politique que vous avez
pratiquée pendant de nombreuses années quand vous étiez au
pouvoir vous-mêmes, et nous croyons que ce problème se
réglera quand nous aurons trouvé une solution
générale à ce problème, solution que
nous recherchons. Si le député de Joliette a d'autres
solutions que celle-là, d'autres méthodes d'approche, qu'il le
dise. S'il pense, comme son chef, que la manière, c'est de foncer dans
le tas, comme il l'a dit lors de la crise amérindienne l'an dernier,
qu'il le dise franchement dans cette Chambre. On saura à quoi s'en tenir
une fois pour toutes.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, en question complémentaire.
(15 heures)
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre de
la Sécurité publique est capable d'assumer ses
responsabilités au lieu de faire le procès des autres,
premièrement? Lui dont l'infaillibilité ne se trahit jamais,
pourrait-il nous dire...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Chevrette: ...M. le Président, comment il peut soutenir
dans un discours que la justice est égale pour tous quand on sait ce qui
se passe, même pas sur le territoire, mais aux abords du territoire des
Mohawks? Est-ce qu'il entend faire respecter les lois du Québec de
façon égalitaire pour tous? Est-ce qu'il sait que son
laisser-aller présentement, le fait qu'il ne fasse absolument rien
contribue précisément à créer de l'animosité
entre citoyens du Québec?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Si le député de Joliette peut trouver un
moment, je lui montrerai des lettres que je reçois de M. Joseph Norton,
le grand chef de la bande de Kahnawake, dans lesquelles il se plaint des
excès de zèle de la police qui, prétend-il, inspecte des
voitures en nombre trop élevé à la sortie de Kahnawake,
qui arrêterait des gens pour rien, etc. Je ne prends pas au
sérieux toutes ces allégations de M. Norton, mais je dis au
député de Joliette qu'il y a deux côtés dans cette
histoire et que la ligne de conduite du gouvernement, laquelle ne s'est jamais
démentie depuis le début de la crise de Kahnawake, est la seule
ligne de conduite sage, pratique et réaliste. Je suis heureux de voir
que, de ce point de vue là, il y a accord entre les deux gouvernements:
fédéral et québécois. Le gouvernement du Parti
québécois, quand il était au pouvoir, a pratiqué la
même politique, parce qu'il savait très bien les risques de
conflagration que présentait la politique à laquelle il a
essayé de se rallier l'an dernier dans l'espoir d'aller chercher des
votes faciles auprès de la population.
Le Président: En question principale, M. le
député de La Prairie.
Aide financière pour l'organisation de la
collecte sélective
M. Lazure: Merci, M. le Président. Dans un document qui a
été rendu public récemment intitulé "Dossier
consigne: gestion des rebus domestiques", le monde de l'alimentation au
Québec constate l'échec de la politique de financement de la
collecte sélective basée sur le volontariat. On va se rappeler
que c'est l'ex-ministre de l'Environnement, la députée de
Chomedey, qui avait mis sur pied cette politique du financement de la collecte
sélective en visant à ramasser 100 000 000 $ en 7 ans
auprès de 300 entreprises. Après quelques années, il y a
à peine quelques millions de ramassés et les détaillants
aussi bien que les fabricants en alimentation constatent échec.
La question au ministre de l'Environnement: Est-ce qu'il est prêt
à reconnaître que cette politique est un échec et,
deuxièmement, est-ce qu'il est prêt à prendre les
dispositions nécessaires pour donner suite aux recommandations du monde
de l'alimentation visant à imposer une tarification obligatoire, de
manière à ce que les municipalités reçoivent une
aide financière adéquate pour l'organisation de la collecte,
sélective?
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
déplore le fait que le député de La Prairie n'ait pas
suivi attentivement le dernier bilan qui a été
dévoilé par l'organisme qui s'appelle Collecte sélective
Québec. Le député de La Prairie aurait été
à même de constater que les services de la collecte
sélective s'offrent à une proportion de plus en plus nombreuse de
la population québécoise. Présentement, au moment
où nous nous parlons, grâce à l'implication de cet
organisme et des différentes municipalités et régies
intermunicipales à travers le territoire québécois, c'est
approximativement un tiers de la population québécoise qui est
desservie par la collecte sélective et ça, c'est un tiers de plus
qu'au moment où vous étiez au gouvernement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question complémentaire.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que le ministre
méprise la population au point de passer toujours à
côté des questions qui lui sont posées? Est-ce que c'est
ça?
Le Président: Écoutez, M. le député
de La Prairie, vous savez fort bien qu'au règlement on ne peut, par une
question de règlement, soulever un point sur le fait qu'on est
insatisfait de la réponse. Je vous invite à poser une question
additionnelle.
M. Lazure: Le ministre de l'Environnement va-t-il prendre les
dispositions nécessaires - je vois le ministre de l'Industrie et du
Commerce opiner du bonnet et je m'en réjouis - pour donner satisfaction
au monde de l'alimentation, imposer une grille tarifaire pour l'ensemble du
monde de l'alimentation, de manière à ce que Collecte
sélective ait les sommes d'argent voulues pour aider adéquatement
les municipalités.
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
après des discussions avec l'organisme Collecte sélective
Québec, nous nous sommes entendus que des progrès substantiels
seraient réalisés si, d'ici à 1993, 50 % de la population
québécoise était desservie par un système de
collecte sélective. À la fin de 1991, comme je l'ai
indiqué, nous en sommes à quelque 33 % de la population qui jouit
de ce service.
Bien sûr, comme ministre de l'Environnement, je souhaiterais
mettre à la disposition de Collecte sélective et des
municipalités qui s'y impliquent davantage de ressources
financières. Maintenant, dans le contexte économique actuel,
imposer sur le panier d'épicerie de la population
québécoise une surcharge sous forme de taxes additionnelles
m'apparaît pour le moins inapproprié.
M. Lazure: M. le Président...
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Lazure: M. le Président, le ministre notera que j'ai lu
le rapport et que ce n'est pas 33 %, c'est 20 % des foyers qui sont couverts au
Québec par la collecte sélective, 20 %. Est-ce que le ministre
qui a créé, il y a un an et demi, par la loi 60 la
société RECYC-Québec, dont un des mandats principaux est
justement de promouvoir la récupération, le recyclage, est-ce
qu'il peut nous dire pourquoi cette société semble incapable de
réaliser son double mandat prioritaire, qui est la consigne des pneus,
depuis un an et demi qu'on en parle, et la consigne des bouteilles à la
SAQ, depuis un an et demi qu'on en parle? Pourquoi est-ce que ça ne
marche pas?
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, deux
précisions pour le bénéfice du député de La
Prairie; je sais que les autres parlementaires auront déjà
compris. Les 20 % auxquels fait référence le député
de La Prairie, c'est là où la collecte sélective va faire
ce qu'on appelle le porte à porte. Il y a un autre système de
collecte sélective qui est offert dans des municipalités de
moyenne envergure, de plus petite envergure et dans certaines
municipalités de grande envergure: c'est ce qu'on appelle la collecte
sélective par quartier. Des cloches sont mises à la disposition
de la population qui peut aller y mener les biens dont elle veut se
départir. Et ça, ça couvre, pour l'ensemble du territoire
québécois, 33 % de la population.
Maintenant, en ce qui concerne le rôle complémentaire de la
société d'État RECYC-Québec et de l'organisme
Collecte sélective, oui, il est de l'intention du gouvernement de
procéder à l'imposition de consignes sur les contenants de la
Société des alcools du Québec, de même que sur les
pneus. Ça fait encore partie de la stratégie du gouvernement du
Québec, et nous entendons procéder dans les meilleurs
délais, de façon à ce que la consigne soit
complémentaire à la collecte sélective et de façon
à ce que nous enfouissions au Québec de moins en moins de
déchets. Merci, M. le Président.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Duplessis.
Renouvellement d'un contrat avec la
compagnie de transport Relais Nordik
sans soumissions publiques
M. Perron: Merci, M. le Président. Au printemps 1990, le
ministre des Transports annonçait la formation d'un comité
spécial dans le but de préparer un plan intégré
concernant le développement des transports sur la Basse-Côte-Nord
du golfe Saint-Laurent, plan non encore déposé par le
comité en question. Le 18 novembre dernier, on apprenait par les
médias d'information que le ministre des Transports s'apprêtait
à signer un contrat négocié avec le groupe
Desgagnés pour une période de cinq à sept ans.
Ma question au ministre des Transports du Québec: Est-il exact
que le ministre entend renouveler ce contrat sans aller en soumissions
publiques et, si oui, pourquoi sur une période de cinq à sept
ans?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: Je remercie le député de Duplessis pour
la question. Il est vrai que le gouvernement du Québec subventionne la
compagnie de transport Relais Nordik au coût de 5 000 000 $ par
année. Il est vrai aussi que le contrat avec le transporteur vient
à échéance le 31 décembre 1992, puis il est vrai
que le gouvernement est en train d'étudier des propositions entre le
ministère et Relais Nordik, qui a fait la desserte pendant cinq ans, qui
a finalement offert à la région un très, très bon
service.
Il y a aussi des améliorations qu'on veut y apporter. Il est vrai
qu'on a établi une nouvelle grille tarifaire qui va être
avantageuse pour les gens de la région. Par contre, la décision
est au Conseil des ministres et elle n'a pas encore été
prise.
Le Président: Alors, en question complémentaire.
(15 h 10)
M. Perron: Est-ce que le ministre des Transports peut nous dire
si, oui ou non, il a recommandé au Conseil du trésor de faire en
sorte que ce contrat maritime soit alloué à la même firme,
et ce, pour cinq à sept ans? C'est là la question, M. le
Président.
Le Président: Alors, M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, tout ça fait partie des
négociations et tout ça fait partie aussi des discussions avec
mes collègues. Je ne suis pas en mesure de dévoiler aujourd'hui
la recommandation que j'ai faite, vu qu'on est en négociation.
Le Président: Toujours en additionnelle.
M. Perron: Oui, une question additionnelle, puisque j'ai
mentionné le comité que le ministre a lui-même
formé. Le ministre trouve-t-il normal d'agir de la sorte face à
ce contrat maritime, sans attendre les recommandations du comité de
transport qu'il a lui-même formé sur le transport
intégré de la Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent?
Est-ce qu'il trouve ça normal, oui ou non?
Le Président: M. le ministre.
M. Elkas: M. le Président, je suis très heureux
d'annoncer au député de Duplessis que les négociations se
font, la concertation se fait dans le milieu. Je suis très heureux de
savoir que des recommandations vont être déposées à
mon bureau. On va agir sur des recommandations faites par les gens du milieu.
Ce n'est pas une question seulement de faire de la concertation, on va agir.
L'Opposition, quant à moi, dans le passé, a tout mis en
moratoire.
Une voix: C'est vrai.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
Mesures pour mieux desservir par
Radio-Canada la population de
l'Est du Québec
M. Bourdon: M. le Président, la fermeture des stations de
télévision de Radio-Canada à Rimouski, Matane et
Sept-îles continue de susciter colère et amertume chez les 450 000
personnes concernées. Comment ne pas être en colère quand
on vit la première tempête de l'hiver, 25 centimètres de
neige, et que Radio-Canada non seulement ne parle pas de la tempête, mais
diffuse plutôt un reportage sur la neige artificielle au mont
Sainte-Anne? Hier, une vaste coalition du Bas-Saint-Laurent, de la
Côte-Nord, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine a
rencontré le président de Radio-Canada pour demander au moins la
réouverture de la station de télévision de Matane.
Ça n'a, comme d'habitude, rien donné.
Au ministre des Communications, quelles mesures le ministre entend-il
prendre pour que la population de l'Est du Québec soit mieux servie par
Radio-Canada?
Le Président: Alors, M. le ministre des
Communications.
M. Cannon: M. le Président, avant que le
député de Pointe-aux-Trembles ne s'intéresse à ce
dossier, nous, de ce côté-ci de la Chambre, nous y
intéressions, à savoir que, oui, la fermeture des postes en
région a causé de graves préjudices aux gens de la
Gaspésie, de la Côte-Nord et aussi du Bas-Saint-Laurent. C'est
avec beaucoup d'insatisfaction, je dirais, que nous avons accueilli, à
cette période-là, la décision du gouvernement
fédéral et aussi des autorités de Radio-Canada de fermer
ces postes en région et, notamment, de faire en sorte que ceux et celles
qui, habituellement, obtenaient des renseignements au niveau de leur
région se voient privés de cette chose-là. Nous l'avons
non seulement déploré auprès du gouvernement
fédéral par des gestes, mais aussi nous avons collaboré
à aider la coalition à prendre des mesures.
Encore une fois je le répète - et le député
le sait aussi bien que moi - il s'agit là d'un dossier qui relève
de l'autorité fédérale. En bout de piste, il y aura
très prochainement un sommet qui sera tenu à la demande du
gouvernement fédéral, sommet auquel le Québec a
l'intention d'envoyer des observateurs, où l'on devrait toucher non
seulement cette question-là, mais également la question de
l'industrie télévisuelle au Québec.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Bourdon: M. le Président, est-ce que la politique des
communications que ne cesse de préparer le ministre depuis des mois va
permettre de corriger la situation qui est vécue dans l'Est du
Québec?
M. Cannon: M. le Président, c'est bien sûr,
ça ne fait pas des mois et des mois. La politique des communications,
elle a été complétée. Elle est terminée.
Elle est actuellement à l'étude au niveau du Conseil
exécutif et franchit, bien sûr, l'étape de l'approbation,
étape qui nécessite une validation à travers les
différents comités. Dans ce sens-là, j'ai
déjà eu l'occasion d'informer les membres de cette Chambre que,
lorsqu'il y aura approbation de la part du Conseil des ministres,
c'est avec plaisir que j'en déposerai une copie et que j'en ferai
part aux membres de cette Chambre.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Bourdon: m. le président, le ministre peut-il nous dire
quand son projet de politique des communications va revenir du conseil des
ministres et être enfin rendu public?
Le Président: M. le ministre.
M. Cannon: Je pense avoir répondu à cette question.
Il est bien évident que ce dossier-là, cette politique-là
est à l'étude. Nous sommes dans une période, je dirais, de
prénégociation où on prépare nos armes. Il est tout
à fait normal, M. le Président, que nous attendions la
proposition fédérale ou le dépôt des offres
fédérales dans cette question-là avant de donner une
réponse.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Johnson.
Décision d'Hydro-Québec de ne pas
octroyer un contrat aux tapis Peerless
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Jeudi
dernier, à la toute fin de la période de questions, je
questionnais la ministre de l'Énergie et des Ressources au sujet d'un
contrat entre Hydro-Québec et les tapis Peerless d'Ac-ton-Vale. Comme le
temps ne me permettait plus de poser des questions supplémentaires, je
voudrais revenir, M. le Président, avec votre permission, en demandant
à la ministre: Est-ce que c'est faire du patronage que de lui demander
d'appliquer chez nous la politique d'achat du gouvernement du Québec?
Est-ce que c'est faire du patronage que de demander à
Hydro-Québec d'accorder au plus bas soumissionnaire conforme le contrat,
soit aux tapis Peerless? Est-ce que c'est faire du patronage que de demander au
gouvernement du Québec de favoriser, lorsque la soumission est conforme
et la plus basse, de donner un contrat aux Québécois et aux
Québécoises?
Une voix: Bravo!
Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: C'est surtout faire du patronage, M. le
Président, que de demander à la ministre de faire des
interventions quand il y a des appels d'offres de faits et des soumissions de
soumises. M. le Président, il y a deux propositions qui ont
été présentées. Ces propositions ont
été étudiées par Hydro-Québec et Hydro-
Québec a jugé - ce n'est pas toujours le plus bas
soumissionnaire, M. le Président - que le contrat qui devait être
attribué devait être attribué à la firme qui
répondait davantage aux besoins d'Hydro-Québec. C'est comme
ça que se donnent les contrats par Hydro-Québec, M. le
Président.
Une voix: Bravo!
Le Président: En question complémentaire, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Est-ce que c'était, M. le Président,
faire du patronage lorsque son collègue de l'Industrie et du Commerce
disait, lui, qu'il questionnerait la Société des alcools du
Québec en ce qui a trait à l'approvisionnement en bouteilles de
verre, en Ontario? Est-ce que c'est du patronage que demander à une
société québécoise de s'approvisionner au
Québec quand cela se peut et que la soumission est la plus basse?
Le Président: Mme le ministre.
Mme Bacon: Je reviens encore, M. le Président. C'est faire
du patronage que de s'interposer dans un appel d'offres et des soumissions qui
sont faites, M. le Président. Ça, la députée le
sait, c'est du patronage. M. le Président, les fibres qui sont contenues
dans les tapis qui ont été retenus... On me dit que ce sont des
tapis en carreaux qui offrent des avantages qui sont indéniables sur les
tapis qui sont en rouleaux parce qu'ils sont interchangeables et qu'ils
peuvent, s'il y a une usure qui est faite, être changés plus
facilement, M. le Président. La fibre qui est utilisée est
à 60 % québécoise, 40 % ontarienne, contrairement à
ce qu'avait prétendu la députée de l'Opposition qui
soutenait que la fibre est d'origine ontarienne et américaine, M. le
Président.
Le Président: Pour une question additionnelle.
Mme Juneau: Est-ce que c'est la même histoire lorsque le
gouvernement du Québec permet que des choses de même se passent et
que 50 employés... Hier, à TVA, on annonçait que 50
employés de Peerless, Acton-Vale, étaient mis à pied.
Est-ce que c'est de cette façon-là qu'on met les employés
sur le carreau aussi? (15 h 20)
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: La députée sait très bien qu'en
ce moment elle est en train de faire de la petite politique, avec un
très petit "p", M. le Président. Je n'ai pas fini ma
réponse.
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
S'il vous plaît! M. le député. S'il vous
plaît! Alors, Mme la ministre, à la question, s'il vous
plaît.
Mme Bacon: La députée sait très bien que ce
contrat n'a rien à voir avec le problème que connaissent en ce
moment les tapis Peerless. Ça n'a rien à voir avec ce
contrat-là. Ils auraient connu les mêmes choses, les mêmes
problèmes, même avec le contrat, M. le Président.
Le Président: Alors, une dernière question
additionnelle.
Mme Juneau: M. le Président, la ministre ne trouve-t-elle
pas inacceptable de dire des choses semblables quand elle sait très bien
que tout marche au ralenti au Québec, que la crise économique n'a
pas aidé nos entreprises du Québec? Il y a eu des centaines de
mises à pied. Est-ce que la ministre ne reconnaît pas qu'un
contrat qui devait aller aux Québécois, aux travailleurs
québécois, un contrat d'au-delà de 1 000 000 $, c'est un
sujet pour faire perdre des emplois au Québec?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: Ce que je sais, c'est que le contrat est donné
à des Québécois et non pas à des Américains.
Je répète que la fibre qui est utilisée est à 60 %
québécoise et à 40 % onta-rienne, contrairement à
ce que vous dites.
Quant aux tapis Peerless, M. le Président, le journal nous dit
aujourd'hui que c'est vrai que 50 employés ont été mis
à pied, mais la récession, l'entente du libre-échange et
la valeur du dollar sont les raisons invoquées par les tapis Peerless et
non pas le contrat d'Hydro-Québec, M. le Président.
Des voix: Ha!
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de Montmorency.
Illégalité des jeux vidéo
poker
M. Filion: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre du Revenu. Récemment, la Cour suprême du Canada a
confirmé l'illégalité des jeux vidéo poker, une
industrie de plusieurs centaines de millions de dollars au Québec. Le
ministre du Revenu faisait part à la presse, en fin de semaine
dernière, que les propriétaires de machines se retrouvent assis
entre deux chaises jusqu'à ce que l'État fasse son lit. Pour le
bénéfice des propriétaires de machines, le ministre
peut-il expliquer en cette Assemblée ce qu'il veut dire par "être
assis entre deux chaises"?
Le Président: M. le ministre du Revenu.
M. Savoie: Je voudrais qu'il soit clair qu'ils ne sont pas assis
entre deux chaises. Actuellement, avec la décision de la Cour
suprême qui confirme la décision de la Cour d'appel du
Québec, effectivement, ces machines-là sont illégales et,
en conséquence, nous avons émis une lettre en ce sens-là.
On a également invité les propriétaires de machines
à vidéo poker à réclamer le montant qui leur
était dû en vertu des droits déjà payés
à la Régie des loteries et courses pour l'émission du
permis. Dans ce sens-là, il n'y a pas deux chaises, la situation est
claire. Là où il y a deux chaises et là où ils
peuvent se retrouver assis entre deux chaises, c'est qu'avec cette
décision-là et une orientation éventuelle du gouvernement
de peut-être occuper, du moins en partie, ce champ d'activité par
un organisme quelconque, cette décision n'est pas encore prise et, en ce
sens-là, ils sont en position d'attente. Donc, il faudrait bien nuancer
les propos et il faudrait bien comprendre l'état de la situation avant
de poser une question en Chambre.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de Montmorency.
M. Filion: M. le Président, toujours dans le même
article - j'ai très bien lu - pourquoi le ministre a-t-il offert aux
détenteurs de permis un remboursement des permis au lieu d'obliger les
remboursements par la Régie aux détenteurs de permis?
Actuellement, il y a de l'ambiguïté sur le terrain. Est-ce qu'on
peut continuer à opérer ou non les machines à poker?
Le Président: M. le ministre.
M. Savoie: II n'y a aucune ambiguïté. Il y a des
permis évidemment qui se terminent, échelonnés dans le
temps; il y en a qui se terminent dans deux semaines, d'autres qui se terminent
beaucoup plus tard. On a dit qu'on était prêt à accepter un
remboursement des permis sur une période définie dans la lettre
qui a été envoyée par le président de la
Régie aux différents opérateurs de ces machines-là.
Donc, pas d'am-bigufté. Je pense que leur position est
particulièrement claire. Ceux qui veulent le réclamer peuvent le
réclamer et ils seront remboursés. Quant à leur position
juridique, la décision de la Cour suprême est finale et, en
conséquence, actuellement, les machines qui sont sur le territoire sont
en position d'illégalité.
Le Président: Alors, toujours en question
complémentaire.
M. Filion: M. le Président, maintenant ma question
s'adresse au ministre de la Sécurité publique. Le ministre
peut-il nous expliquer pourquoi le gouvernement ne peut pas demander à
la Sûreté du Québec de . tolérer une situation
d'illégalité? L'article mentionne: C'est laissé au
jugement de la Sûreté du Québec de reprendre ou pas les
machines à poker. Actuellement, il y a encore de
l'ambiguïté. Les gens se demandent comment opérer. Est-ce
que leurs machines vont être saisies ou pas et quelle est la
procédure qui va être suivie pour les gens qui détiennent
des machines à poker?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: Tout d'abord, il est clair que ces machines sont
illégales. L'appel ayant été refusé par la Cour
suprême, le jugement rendu par la Cour d'appel demeure; les machines sont
illégales. Comme le disait mon collègue, le ministre du Revenu,
les exploitants qui ont le sens des responsabilités devraient voir
à s'en défaire d'eux-mêmes dans les meilleurs
délais. C'est dans ce sens que la décision annoncée par le
ministre du Revenu trouve application. Ceux qui voudront s'en défaire
dans les meilleurs délais, même si le permis qui leur avait
été accordé s'étendait sur une période plus
longue, auront droit au remboursement dont il vient d'être question. Dans
le cas des autres qui n'agiront pas, qui voudront continuer d'exploiter ces
appareils, bien, ils s'exposeront, en temps utile que nous n'avons pas à
indiquer en cette Chambre, à recevoir la sanction qu'ils connaissent
très bien.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions.
Tel qu'annoncé précédemment, nous allons
procéder maintenant aux votes reportés.
Alors, mesdames et messieurs, si vous voulez prendre place, s'il vous
plaît!
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 170
Alors, je mets aux voix la motion du ministre du Revenu proposant que le
principe du projet de loi 170, Loi sur la taxe de vente du Québec et
modifiant diverses dispositions législatives d'ordre fiscal, soit
maintenant adopté. Que les députés qui sont en faveur de
cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: Mme Gagnon-Tremblay
(Saint-François), M. Paradis (Brome-Missisquoi), Mme Bacon (Chomedey),
M. Ryan (Argen-teuil), M. Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau
(La-porte), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M. Vallières (Richmond),
M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay
(Outremont), M. Rémillard (Jean-Talon), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic
(Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla-Hébert
(Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M. Johnson (Vaudreuil), M.
Cusano
(Viau), M. Picotte (Maskinongé), M. Ciaccia (Mont-Royal), Mme
Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), Mme Bleau (Groulx), M. Houde
(Berthier), M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie
(Abitibi-Est), Mme Trépa-nier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), M. Chagnon
(Saint-Louis), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel
(Sherbrooke), M. Doyon (Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), Mme
Pelchat (Vachon), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin
(Chauveau)... (15 h 30)
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Je vais
demander la collaboration des collègues. Nous sommes en période
de vote et je demanderais le silence. M. le secrétaire.
Le Secrétaire adjoint: M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit
(Orford), M. Williams (Nelligan), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Chapleau),
M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M.
Richard (Nicolet-Yamaska), Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail
(Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun), M. Forget (Prévost), M.
Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), Mme Hoving-ton (Matane), M.
Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau
(Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Au-det (Beauce-Nord), Mme
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M.
Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal (Châteauguay), M. Després
(Limoilou), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), Mme Loiselle (Saint-Henri),
M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Président: Que les députés qui sont
contre cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît! Je
demanderais aux députés à l'arrière - dans un vote,
aucun député ne doit quitter son siège sous aucune
considération - de prendre place, s'il vous plaît! Alors, que les
députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever,
s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Blais (Masson), Mme Marois
(Taillon), M. Garon (Lévis), Mme Harel (Hoche-laga-Maisonneuve), M.
Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M.
Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean),
M. Léonard (Labelle), Mme Vermette (Marie-Victorin), M. Paré
(Shef-ford), M. Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), Mme Caron (Terrebonne),
M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), Mme Dupuis
(Verchères), M. Beaulne (Bertrand).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier), M. Atkinson
(Notre-Dame-de-Grâce).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 76 contre: 26 abstentions: 0
Le Président: Alors, la motion est donc
adoptée.
Maintenant, nous allons procéder aux motions sans préavis.
Alors, rapidement, Mmes et MM. les députés, s'il vous
plaît!
S'il y avait consentement, j'aurais, au niveau des avis touchant les
travaux des commissions, à donner un avis particulier par la
présidence. Est-ce qu'il y a consentement à ce que nous donnions
cet avis immédiatement pour que nous puissions procéder? Il n'y a
pas de consentement? Très bien, il n'y a pas de consentement.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...je pense qu'il faudrait peut-être
expliquer, là. Aujourd'hui, c'est le renouvellement de toutes les
commissions parlementaires et il me semble que pour renouveler les commissions
parlementaires, pour qu'elles puissent opérer, ça va de soi qu'on
doive le permettre, il me semble.
Le Président: Comme président, ce que je peux
faire, je peux demander s'il y a consentement, effectivement. La
présidence doit donner l'avis simplement pour que les diverses
commissions puissent se réunir dès maintenant, à un
intervalle de cinq minutes chacune, pour l'élection des
présidents et des vice-présidents. Est-ce qu'il y a consentement?
Il n'y a pas consentement. Très bien. S'il vous plaît!
Écoutez, tout ce que je peux constater comme président de
l'Assemblée... Je peux demander s'il y a un consentement. Il n'y a pas
de consentement. Très bien. Alors, je dois refuser qu'on puisse
procéder immédiatement à l'avis, à ma demande.
Nous allons donc procéder aux motions sans préavis. Je
reconnais M. le député de Marquette.
Motions sans préavis
Condoléances à l'occasion du
décès de M. Guy Descary
M. Dauphin: Oui. Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée pour l'adoption de la motion suivante:
"Que l'Assemblée nationale exprime sa profonde sympathie à
l'endroit de la famille de M. Guy Descary, maire de Lachine,
décédé le 24 novembre, et qu'elle souligne l'apport
exceptionnel de celui-ci au progrès de la ville de Lachine et des
institutions municipales et à la qualité de la vie
démocratique au Québec."
Le Vice-Président (M. Bissonnet): est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion? consentement. m. le
député de marquette.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Merci, M. le Président. C'est
évidemment avec tristesse que nous avons tous appris, dimanche soir
dernier, le décès de M. Guy Descary, maire de Lachine, qui est
décédé, malheureusement, suite à la maladie du
diabète. Il laisse dans le deuil sa mère, que je connais
personnellement, ainsi que son épouse, Marie, et ses deux enfants,
Brigitte et Benoît, ainsi que plusieurs de ses frères, soeurs et
amis.
M. le Président, M. Descary était maire, effectivement,
depuis 1973. Il a donc été élu en 1973 et
réélu successivement jusqu'à son décès. Il
était pharmacien de profession. Lorsque je l'ai connu, M. le
Président, il avait sa propre pharmacie à Lachine et,
jusqu'à son décès, il avait également une autre
pharmacie.
Ce que je peux vous dire, M. le Président, c'est qu'il a su
donner à la ville de Lachine une fierté; une fierté
à sa ville et une fierté à ses citoyens. Que l'on songe,
notamment, au bord de l'eau de Lachine qui, à mon point de vue, est un
des plus beaux bords de l'eau au Canada. Alors, grâce aux
démarches de M. Descary, il a su réussir à obtenir les
subventions nécessaires pour faire profiter l'ensemble des citoyens et
des citoyennes de Lachine de l'accès aux rives, c'est-à-dire
l'accès à l'eau. Que l'on songe aussi aux magnifiques berges
situées justement aux abords du lac Saint-Louis. Il mentionnait
toujours, M. le Président, que ce qui était important pour lui,
comme maire, ce qui était important pour le conseil de ville,
c'était l'amélioration de la qualité de vie de ses
citoyens et ses citoyennes.
C'était également, M. le Président, un homme de
culture. Il a su également donner à la ville de Lachine ainsi
qu'à ses citoyens et ses citoyennes le goût de la culture et de
l'art. Que l'on se souvienne, l'été, notamment, des festivals de
toutes sortes, avec plusieurs organisations, activités. Il nous disait
souvent qu'il y a plusieurs de nos commettants et nos commettantes qui n'ont
peut-être pas les moyens d'avoir un chalet d'été ou de
prendre des vacances à l'extérieur et il trouvait ça
extrêmement important que, dans sa ville, nous puissions avoir plusieurs
activités culturelles.
C'était également, M. le Président, un homme de
décision, un homme de leadership. Lorsqu'il était convaincu que
son idée était à l'avantage de ses concitoyens et
concitoyennes, bien souvent, au détriment de sa popularité
personnelle, il fonçait toujours de l'avant avec cette idée.
C'était aussi un homme disponible. On se
souvient tous que son bureau de maire était toujours ouvert au
public, à ses commettants et commettantes. Même à sa
pharmacie, le samedi, j'avais souvent l'occasion d'aller le rencontrer. Il
faisait du bureau comme maire, le samedi, à sa pharmacie.
Que l'on songe aussi à son implication au sein de la
Communauté urbaine de Montréal. Il a été, au tout
début, de 1974 à 1976, président de la Conférence
des maires de banlieue. Par la suite, il a occupé plusieurs postes,
notamment au sein de l'exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal et, ensuite, comme président de la Commission de la
sécurité publique, poste qu'il occupa jusqu'à son
décès.
Il s'est également manifesté auprès de l'Union des
municipalités du Québec. Il a siégé à
l'exécutif de l'Union des municipalités. Il a été
très actif, très présent. D'ailleurs, notre
collègue de Jonquière aura l'occasion d'en parler un peu
tantôt, de son implication auprès de l'Union des
municipalités du Québec. Il a également été
président de l'Association des villes jumelées du Canada; aussi
président, pour l'Amérique du Nord, de la
Fédération mondiale des villes jumelées. Il a
évidemment été très impliqué
également sur le plan social. Il a été un des
présidents fondateurs de Centraide en 1975. (15 h 40)
En terminant, M. le Président, je tiens à vous dire que,
personnellement, ma famille a été élevée à
Lachine, sur la 11e avenue, et que nous étions voisins de la famille
Descary. Alors, c'est avec beaucoup de tristesse que je m'adresse ici à
l'Assemblée nationale. J'aimerais que cette Assemblée offre ses
condoléances à sa famille, son épouse, ses enfants, ses
amis. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Marquette, de ce témoignage. Sur cette
même motion, M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, merci, M. le Président. Je veux, au nom de
ma formation, bien sûr, me joindre au gouvernement et au
député de Marquette pour offrir mes plus sincères
sympathies à la famille Descary. J'ai connu Guy, il y a de nombreuses
années, à des moments où on a traversé une
espèce de période de crise à l'Union des
municipalités du Québec. C'est là que je l'ai connu plus
spécifiquement. C'est même lui qui a été à
l'origine de mon passage à l'Union des municipalités, d'abord,
comme vice-président. C'est à partir de ça que j'ai pu
occuper la présidence de l'organisme.
Donc, les souvenirs que je garde de cet homme: dynamique,
sincère. Je veux bien aussi considérer l'honnêteté
qu'il manifestait dans ses prises de position. Même si, au vu et au su de
tout le monde, il n'était pas partie prenante - il n'a jamais
été membre du parti auquel j'appartiens, le Parti
québécois - il faut toujours lui reconnaître cette
honnêteté chez les gens d'avoir à se prononcer sur des
sujets sans qu'il y ait de la partisanerie. Ça, ça m'a toujours
frappé. Je me souviens, lorsque le gouvernement du Québec du
temps, en 1976-1977, à ce moment-là... Il y avait eu un
congrès ici, à Québec, auquel le ministre du temps, le
ministre délégué à l'Habitation à Ottawa, M.
André Ouellet, était supposé venir faire un discours
à l'Union des municipalités du Québec, et le gouvernement
du Québec avait décidé de boycotter ou de ne pas assister
à ce congrès. À ce moment-là, il y avait eu
certaines protestations de la part de l'Union et je me souviens que le ministre
Tardif, le ministre des Affaires municipales du temps, était venu
présenter les propos qui convenaient à ces circonstances. Je me
souviens de l'attitude à ce moment-là de Guy Descary ou du maire
de Lachine, vice-président de l'Union des municipalités du
Québec, qui, à cette occasion, avait servi de conciliateur et qui
avait aussi permis à ce congrès de se dérouler avec un
ordre certain, un certain ordre. Donc, il faut reconnaître que cette
personne avait cette capacité de concilier et d'accepter le point de vue
des autres dans un grand respect de la démocratie.
Il a aussi été pour sa ville un élément
déclencheur, d'abord, de toute la remise en question ou de toute la
modernisation de sa municipalité par la prise en main des rives de sa
municipalité sur le lac Saint-Pierre. J'ai eu l'occasion aussi de passer
une journée en sa compagnie, lors d'un conseil d'administration de
l'Union des municipalités du Québec justement à la ville
de Lachine, à son centre culturel, et, après ça, on avait
pu aller faire une croisière sur le lac Saint-Pierre. Il fallait
l'entendre parler de sa municipalité pour comprendre combien sa
municipalité lui était chère et combien il pouvait mettre
de temps et de travail pour l'améliorer, l'embellir.
Une voix: Le lac Saint-Louis.
M. Dufour: Le lac Saint-Louis au lieu du lac Saint-Pierre. On me
pardonnera. Je vais refaire cette correction. C'est le lac Saint-Louis. C'est
un grand lac. Vous admettrez que je n'étais peut-être pas loin.
J'étais à un lac près, un nom près du lac. Donc, il
s'agissait de le voir, bien sûr, à l'oeuvre pour comprendre tout
son engagement social envers sa communauté. Président des villes
jumelées mondiales, c'était un homme connu. Il a passé les
frontières du Québec. Il avait passé les frontières
du pays et c'est ça, le sens de son engagement. C'est qu'à chaque
fois qu'il avait l'avantage de pouvoir mettre le Québec de l'avant, et
sa municipalité, il l'a fait avec beaucoup de vigueur et il a
été un défenseur de l'autonomie municipale. Il faut le
reconnaître dans ce sens-là.
En 1980, son engagement a été encore plus grand. Tout le
monde peut se rappeler le référendum. Il a été un
des partisans de la campagne du oui. Il s'est engagé dans cette
démarche. Ce n'était pas facile. Ce n'était pas facile
pour un maire de dire oui à une démarche puisqu'on sait le
résultat et on sait aussi toutes les pressions indues, les pressions, je
pourrais même aller jusqu'à dire malsaines, qui ont
été exercées par des personnes à ces occasions
où on a brandi des spectres de peur, de la publicité
éhontée, de la publicité inacceptable. Dieu sait si, en
1991, quand on revit ces événements dans notre tête, on
peut se rappeler que ceux qui disaient oui, dans le temps, ils avaient raison.
Ils avaient raison pour un certain nombre d'arguments et aussi dans un sens de
vision. Il faut le reconnaître comme un homme de vision et je veux le
saluer dans ce sens-là.
À travers sa démarche, il a été aussi, pour
l'Ordre des pharmaciens, une personne engagée. Là aussi, il a
réussi à marquer sa profession. Donc, comme père de
famille engagé, comme homme social engagé, bien sûr, comme
représentant de la Communauté urbaine, il a aussi, à
plusieurs étapes de sa vie, eu l'occasion d'imprimer son leadership. Il
a aussi été, je pourrais dire, dans l'éducation, puisqu'il
a participé à une ligne ouverte à la radio pendant
plusieurs années, qui était dans le fond une oeuvre pour
renseigner le public sur ce qui se passait dans la Communauté urbaine de
Montréal et aussi dans sa municipalité.
C'est pour dire que cet homme avait plusieurs facettes à sa
personnalité et ceux qui l'ont côtoyé ont pu en profiter.
Je voudrais d'abord le remercier pour ce qu'il a fait pour sa
communauté, pour le Québec et pour nous. Je voudrais aussi
présenter à sa famille, à ses enfants, mes plus profondes
sympathies et surtout leur dire que son positivisme et son engagement
laisseront un souvenir impérissable chez nous. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jonquière. Sur cette même motion, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: M. le Président, I am happy to join with my
colleague from Marquette and my colleague from the Parti
québécois in giving our condolences to the family of Mr. Descary
and to say something in his memory.
My own riding includes Dorval, which is the adjacent riding to Lachine
and is, in fact, the one in which Mr. Descary was born. When I was first
elected, the very first public function which I had to attend was in Lachine
and I was invited to it by Mr. Descary. One of the things that I remember, when
I really did not have the slightest idea of what I was supposed to do, was the
friendliness and sympathy and consideration that he extended to me in carrying
out my first public duty.
I also remember about him that he was a very forceful personality and
one who made a sharp impression on all those who knew him. He said things, from
time to time, that were highly controversial, but I have always preferred those
who say things from time to time that are highly controversial to those who
never reveal anything about what they think at all. I do not think we always
have to require agreement to maintain respect and I believe that Mr. Descary
won that kind of respect from those who knew him, even when we did have our
grounds for disagreeing with him.
He was a remarkable man among the mayors of Québec and it is a
sad thing that he should die so young. I am sure he will be missed by his
fellow mayors, by the people who worked with him in Lachine and by a great
number of people on the West Island who recall what an important presence he
was among them. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Pour votre intervention sur cette
même motion, M. le ministre des Affaires municipales. (15 h 50)
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je veux m'as-socier à cet
hommage qui est rendu par la Chambre à la mémoire de Guy Descary.
J'ai bien connu M. Descary avant même qu'il soit maire de Lachine, au
temps où il pratiquait sa profession. Il dirigeait sa pharmacie à
Montréal. Il m'a toujours frappé comme étant un homme
d'une grande courtoisie, d'une grande aménité. c'était un
homme profondément intéressé par la chose publique, un
homme franc aussi, au temps où il dirigeait cette ligne ouverte à
ckac dont a parlé tantôt mon collègue de marquette. il se
distingua aussi par un attachement profond au québec, par un
désir de chercher des solutions à notre situation
constitutionnelle qui permettraient au québec de réaliser sa
pleine personnalité, autant que possible, disait-il, dans le temps,
à tout le moins, à l'intérieur d'un cadre canadien
réadapté, renouvelé pour mieux répondre aux besoins
d'aujourd'hui. je pense que le souci de fidélité à
l'endroit du québec était une valeur extrêmement importante
chez lui.
En plus, c'était un homme de la ville d'aujourd'hui. Il a voulu
faire de Lachine une ville moderne, une ville agréable à vivre,
une ville raffinée. Il portait beaucoup d'attention aux relations
internationales de sa ville aussi. Ça l'intéressait beaucoup
d'étendre les horizons de sa ville non seulement à travers le
Québec et le Canada, mais même à l'étranger.
C'était un humaniste - on l'a souligné dans les journaux
ce matin. Je pense que c'est profondément vrai. Ce n'était pas
uniquement un réalisateur de trottoirs ou d'aqueducs. C'était un
homme qui avait une conception beaucoup plus élevée que ça
de la ville. Il voyait une très grande place pour les valeurs de culture
dans la vie urbaine et dans les responsabilités d'une administration
municipale.
Il a pris des responsabilités très poussées
également dans les institutions de la Communauté urbaine de
Montréal. Il a fait partie de l'exécutif de la Communauté
urbaine. Encore jusqu'à ces temps derniers, il a présidé
la Commission de la sécurité publique. J'ai remarqué que
les rapports entre l'autorité politique et l'autorité
policière se sont beaucoup améliorés à
Montréal ces dernières années. Je pense qu'on est
arrivé à un niveau de complémentarité qui permet
à l'autorité politique d'affirmer son autorité propre, en
même temps que l'autorité policière exerce sa
responsabilité propre dans un climat où me paraissent
régner un heureux alliage de responsabilités et de
collaboration.
Je pense que la façon détachée en même temps
que directe dont le président de la Commission de la
sécurité publique assumait sa tâche a beaucoup
contribué à créer cet équilibre, qui est un
modèle, je pense, sur lequel on peut réfléchir avec
beaucoup de profit. Je ne pense pas que ce soit un modèle qu'on puisse
exporter partout dans la forme où il existe. Il m'a été
donné de le vérifier encore récemment. Je trouve qu'on a
des rapports sains entre autorité policière et autorité
politique à la Communauté urbaine de Montréal. Comme M.
Descary était le président de la Commission de la
sécurité publique du conseil de la communauté urbaine, on
doit lui en attribuer une bonne part de mérite à tout le
moins.
Alors, je pense que c'est une perte que nous déplorons
profondément. Je veux avec mes collègues de cette Chambre, M. le
Président, au nom du gouvernement adresser à la famille de Guy
Descary l'assurance de notre souvenir ému et de notre prière
fraternelle.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Affaires municipales. Sur cette même motion, je reconnais maintenant
M. le leader adjoint de l'Opposition et député d'Abiti-bi-Ouest.
M. le leader.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président, assez rapidement. Je
voudrais offrir à Mme Descary ainsi qu'à ses deux enfants nos
profondes condoléances et sympathies pour la perte de M. Descary. Je
pense qu'il s'agit d'une perte majeure pour sa famille, bien sûr, perte
pour sa ville, les citoyens et les citoyennes de sa ville, mais
également une perte pour le Québec parce que
M. Descary était un type qui vibrait aux valeurs modernes.
J'ai eu l'occasion de le connaître à plusieurs reprises
comme ministre de l'aménagement et responsable du dossier Archipel. C'a
été un des premiers qui a tenu à offrir à ses
citoyens et à ses citoyennes une réelle fenêtre sur le
fleuve. Pour lui, c'était important d'offrir une qualité de vie
importante et c'est pourquoi il a souscrit aux objectifs de la corporation
internationale à des villes jumelées. Il a eu du rayonnement au
niveau international. M. Descary a toujours été un homme
immensément présent dans son milieu, généreux, un
homme de décision, disponible.
C'est évident que c'est difficile pour nous d'apprendre que M.
Descary n'est plus aujourd'hui, et je veux tout simplement offrir mes voeux de
sincères condoléances à la famille ainsi qu'à ses
deux enfants. M. Descary a travaillé énormément pour ses
commettants, ses citoyens, en étant très proche d'eux,
très disponible et toujours immensément sensible à des
réalités qu'il a toujours bien défendues en ayant une
ville agréable. Il s'est énormément
préoccupé des dimensions d'aménagement du territoire et,
dans ce sens-là, c'est un apport important pour tous les
Québécois et toutes les Québécoises.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Sur cette même motion, M. le député
de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je voudrais,
moi aussi, m'associer à mes collègues pour présenter mes
voeux de sympathie à la famille, à Mme Descary et à ses
enfants, ainsi que rendre hommage au défunt.
J'ai eu l'occasion, effectivement, de rencontrer plusieurs fois, durant
plusieurs années, M. Descary alors que j'ai été le premier
ministre d'État à l'Aménagement, à l'époque.
C'est l'une des premières rencontres que j'ai eu à faire. M.
Descary était, à l'époque, président de la
Conférence des maires de banlieue et il était question,
évidemment, de toute une série de problèmes qu'il y avait
en ce qui concernait Montréal, l'île de Montréal, et le
fonctionnement de la Communauté urbaine de Montréal. Je puis dire
que, pour un, sur le plan local, il a été un maire exemplaire,
qui aimait sa ville, qui était très attaché à ses
concitoyens qui le lui ont bien rendu puisqu'ils l'ont élu à
plusieurs reprises, mais qui mettait dans ce qu'il faisait et dans
l'attachement qu'il avait à sa ville un grand humanisme qui a
déjà été souligné, mais que je tiens aussi
à souligner.
Je voudrais simplement dire une chose, c'est qu'en ce qui concerne la
réforme de la Loi sur la Communauté urbaine de Montréal,
M. Descary a joué un rôle prépondérant, avec
d'autres, bien
sûr, mais lui-même y a apporté un esprit qui a fait
que maintenant, presque 10 ans après, la Communauté urbaine
fonctionne très bien dans le cadre de la loi qui avait été
votée et qui avait été pensée, en grande partie,
par M. Descary.
Je voudrais simplement ajouter qu'il a été présent
à plusieurs instances dans le monde municipal. Ça a
été quelqu'un qui connaissait beaucoup le monde des
municipalités dans tout le Québec et aussi dans le monde,
puisqu'il a fait partie du mouvement des villes jumelées. Alors, je
voudrais simplement m'associer à mes collègues pour offrir mes
voeux de profonde sympathie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que la motion
présentée par M. le député de Marquette,
président de la commission des institutions, qui se lit comme suit: "Que
l'Assemblée nationale exprime sa profonde sympathie à l'endroit
de la famille de M. Guy Descary, maire de Lachine, décédé
le 24 novembre, et qu'elle souligne l'apport exceptionnel de celui-ci au
progrès de la ville de Lachine et des institutions municipales et
à la qualité de la vie démocratique au Québec", est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): adopté à
l'unanimité. nous passons maintenant aux avis touchant les travaux des
commissions. je reconnais m. le leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Johnson: oui, m. le président. j'avise cette
assemblée qu'aujourd'hui, après l'élection du
président et du vice-président de la commission du budget et de
l'administration, jusqu'à 18 h 30 et de 20 heures à 22 heures
ainsi que demain, le mercredi 27 novembre 1991, de 9 h 30 à 12 h 30,
à la salle du conseil législatif, la commission du budget et de
l'administration procédera à l'étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé
suivants, et ce, dans l'ordre ci-après indiqué: projet de loi
291, loi concernant les services de santé du québec; projet de
loi 293, loi concernant mutuelle des fonctionnaires du québec; projet de
loi 292, loi concernant betts realty ltd; projet de loi 284, loi modifiant
l'acte pour incorporer le ste marguerite salmon club; projet de loi 206, loi
concernant les développements nouveaux de lorette itée.
Après l'élection du président et du
vice-président de la commission parlementaire jusqu'à 18 h 30 et
de 20 heures à 22 heures ainsi que demain, le mercredi 27 novembre 1991,
de 9 h 30 à 12 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la
sous-commission des institutions poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 125, Code civil du Québec.
Après l'élection des président et vice-
président de la commission parlementaire jusqu'à 18 h 30,
à la salle louis-hippolyte-lafontaine, la commission de
l'aménagement et des équipements procédera à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé 299, loi concernant la ville de rimouski. de 20 heures à 22
heures ainsi que demain, le mercredi 27 novembre 1991, de 9 h 30 à 12 h
30, à la salle louis-hippolyte-lafontaine, la commission de
l'aménagement et des équipements procédera à
l'étude détaillée du projet de loi 179, loi modifiant la
loi sur les transports. (16 heures)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vos avis sont
déposés, M. le leader adjoint du gouvernement.
Je vous avise qu'aujourd'hui, le 26 novembre 1991, à compter de
16 h 5, les commissions vont se réunir afin de procéder à
l'élection de leur président et de leur vice-président, et
ce, dans l'ordre suivant: 1° commission du budget et de l'administration;
2° commission de l'économie et du travail; 3° commission des
affaires sociales; 4° commission de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation; 5° commission de l'aménagement et des
équipements; 6° commission de la culture; 7° commission de
l'éducation; 8° commission des institutions.
Ces réunions auront lieu à des intervalles de cinq minutes
successivement et dans les salles Louis-Joseph-Papineau et
Louis-Hippolyte-LaFontaine alternativement.
Toujours aujourd'hui, le 26 novembre 1991... C'est parce que je ne sais
pas à quelle heure, là.
Une voix: De 15 h 30 à 18 h 30.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Après
l'élection... Aujourd'hui, le 26 novembre 1991, après
l'élection des présidents et des vice-présidents des
commissions, jusqu'à 18 h 30 et de 20 heures à 22 heures, au Club
sportif Laurier à Québec, la Commission d'étude des
questions afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté se réunira en séance publique. Ceci termine
les avis touchant les travaux des commissions.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Je vous informe
que demain, lors des affaires inscrites par les députés de
l'Opposition, l'Assemblée débattra la motion du
député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de l'Opposition qui se
lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale s'oppose à tout
référendum pancanadien initié par le gouvernement
fédéral et affectant l'avenir politique et constitutionnel du
Québec, réaffirmant ainsi le droit des Québécoises
et Québécois d'assumer
librement leur propre destin et de déterminer seuls leur statut
politique et constitutionnel."
J'informe également les membres de cette Assemblée que la
présidence a reçu, dans les délais prescrits, une demande
du député de Gouin pour un débat de fin de séance
avec la ministre déléguée aux Finances sur le sujet
suivant: Le paiement, par les compagnies d'assurances du Québec, des
pertes des Coopérants.
Également, la présidence a reçu une demande de Mme
la députée de Johnson à la ministre de l'Énergie et
des Ressources pour un débat de fin de séance sur le sujet
suivant: L'octroi d'un contrat de pose de tapis pour son siège social
par Hydro-Québec.
Également, nous avons reçu, dans les délais
prescrits, une demande du député de La Prairie demandant un
débat de fin de séance au ministre de l'Environnement sur le
sujet suivant: Le financement du recyclage au Québec. Ces débats
de fin de séance auront lieu au moment de la levée de la
séance et la séance sera retardée en
conséquence.
Ceci met fin à la période des affaires courantes et nous
passons à la période des affaires du jour. Je reconnais M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 13 de notre feuilleton.
Projet de loi 405 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 13.
L'Assemblée reprend le débat ajourné le 21 novembre 1991
sur l'adoption du principe du projet de loi 105, Loi modifiant la Loi sur la
qualité de l'environnement. Je reconnais M. le député de
La Prairie.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Le projet de loi 405, je
m'excuse.
M. Lazure: Le projet de loi 405, oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous pouvez
procéder, M. le député.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'intervenir, au nom de l'Opposition, sur ce projet de loi 405 qui vise
à améliorer le cadre législatif et réglementaire
quant aux matières dangereuses. Évidemment, l'Opposition concourt
à toute mesure qui va améliorer la gestion des matières
dangereuses au Québec et, par conséquent, diminuer les risques
pour la santé et la sécurité des personnes.
Cependant, M. le Président - je me réjouis que le ministre
soit ici - je note dans ses remarques de la semaine dernière que le
ministre a cru nécessaire de faire de la petite politique, très
petite politique. Il a dit au début de son discours, M. le
Président, que les moyens mis de l'avant par l'ancien gouvernement
étaient à ce point inefficaces qu'il nous faut aujourd'hui
reprendre le processus de réglementation à zéro - à
zéro, il l'a bien dit - et l'étendre à l'ensemble des
matières dangereuses. Mais la première des remarques que je peux
faire, c'est: Pourquoi avoir attendu six ans? Ça fait six ans que son
Parti libéral est au pouvoir, M. le Président. À le lire,
à l'entendre, on dirait qu'ils sont arrivés le mois dernier au
pouvoir. Six ans, M. le Président, pour réparer ce qu'il qualifie
d'inefficace.
M. le Président, je ne veux pas insister longuement
là-dessus. Ce n'est pas la meilleure intervention du ministre de
l'Environnement. C'était vers la fin de la semaine dernière, vers
la fin de la journée, il était fatigué, probablement. On
va lui pardonner, mais je dirais, M. le Président, que le ministre
actuel de l'Environnement passe beaucoup de temps à présenter des
projets de loi, à préparer des projets de loi. mais ne passe
presque pas de temps à exercer un leadership, une direction politique
sur l'ensemble des fonctionnaires de son ministère. Dans ce
ministère-là, on ne sait pas où le ministre veut
aller.
Deuxième remarque: le ministre a tenté de mettre de son
côté le rapport de la commission Charbonneau. Il a dit que ce
qu'il présente est conforme au rapport de la commission Charbonneau:
c'est inexact. C'est inexact, j'ai vérifié tout à l'heure.
J'ai devant moi le rapport de la commission Charbonneau et ce rapport est
très clair. Il demande principalement deux choses. Il demande d'inclure
dans le règlement sur les déchets dangereux une description des
déchets dangereux recyclables et, deuxièmement, il demande
d'inclure une liste des déchets dangereux. C'est ça que le
rapport Charbonneau dit.
Alors, M. le Président, le problème, ce n'est pas l'aspect
inefficace des règlements, le problème c'est que ce
gouvernement-ci et ce ministre-ci, en particulier, n'a pas utilisé les
moyens financiers qu'il devait utiliser pour faire en sorte que la
réglementation, toute imparfaite qu'elle soit, qu'au moins celle qui
existait soit respectée. Par exemple, on a vu au cours des travaux de la
commission Charbonneau qu'il y avait des caisses de manifestes de transport de
matières dangereuses, des caisses et des caisses qui avaient
été accumulées, et que personne n'avait eu le temps de
contrôler. Comment le ministre va-t-il résoudre par son projet de
loi ce problème d'insuffisance de personnel pour étudier les
manifestes? Il a trouvé la façon magique de le faire: il va
abolir l'obligation de transmettre un manifeste de
transport de matières dangereuses, M. le Président.
Vous voyez un peu le raisonnement. Je n'ai pas d'argent pour embaucher
le personnel qui serait apte à étudier ces manifestes-là.
Au lieu de se battre avec succès auprès de ses collègues
ministres qui ne croient pas à l'environnement, soit dit en passant, au
lieu de se battre pour obtenir des crédits additionnels, embaucher du
monde et étudier ces manifestes-là, il a trouvé la recette
magique: abolition de l'obligation de présenter des manifestes. C'est
réglé, le problème, c'est réglé. Alors,
c'est un exemple de la petite politique à courte vue que pratique le
ministre de l'Environnement. (16 h 10)
M. le Président, le projet de loi 405 présente des
lacunes. Il part d'une bonne intention, mais il présente des lacunes
importantes. La principale de ces lacunes, c'est qu'il n'est pas
accompagné du projet de règlement. Et je vois le ministre qui
opine du bonnet et qui dit: Oui, oui, c'est ça - avec mes excuses, pour
ramasser mon papier - je vois le ministre qui est d'accord avec moi que le
principal défaut de ce projet de loi 405, c'est de ne pas être
accompagné des règlements. Si bien que le projet est une coquille
vide, à toutes fins pratiques. Parce que c'est par le règlement
que nous aurons la liste des matières dangereuses, c'est par le
règlement que nous verrons aussi la définition de ces
matières dangereuses. À tel point qu'un des organismes
environnementaux les plus sérieux au Québec en matière de
législation - il s'appelle, cet organisme, le Centre
québécois du droit de l'environnement - a envoyé au
ministre une communication - je l'ai devant moi - toute récente. Je vais
en lire deux paragraphes. "Le Centre québécois du droit de
l'environnement demande de surseoir à l'adoption du projet de loi 405
relatif aux matières dangereuses tant que le projet de règlement
d'application ne sera pas rendu public et requiert la tenue d'une commission
parlementaire sur ce projet de loi et sur le projet de loi 179 relatif au
transport des matières dangereuses. "Attendu l'importance des nouvelles
dispositions législatives applicables à la gestion des
matières dangereuses et à leur transport, nous requérons
la tenue d'une commission parlementaire après avoir pu prendre
connaissance du cadre réglementaire sans lequel - et remarquez bien ces
paroles qui sont dures, sévères, mais très justes - le
projet de loi 405 apparaît comme une coquille vide." L'Opposition fait
siennes les remarques du Centre québécois du droit de
l'environnement. Par conséquent, nous voterons contre l'adoption du
principe de ce projet de loi à moins que le ministre ne dépose le
projet de réglementation, première condition. Deuxième
condition, à moins qu'il ne consente à étudier en
commission parlementaire ce projet de règlement. Les deux conditions
sont bien claires. Si ces deux conditions ne sont pas remplies par le ministre,
nous nous verrons dans l'obligation de voter contre ce projet de loi
improvisé.
Je sais que le ministre va plaider l'urgence. Il le fait toujours. Et,
la plupart du temps, on se retrouve six mois, un an après avec un projet
de loi qui a été finalement voté, avec ou sans notre
concours - généralement avec notre concours quand il s'agissait
d'un bon projet - mais on se retrouve, six mois, douze mois, dix-huit mois
après, et le projet de loi n'est toujours pas en vigueur, parfois en
totalité, pas encore en application, parfois en partie, et,
troisième situation qu'on retrouve souvent, les règlements qui
devaient accompagner le projet de loi en question, il y a six mois, il y a un
an, un an et demi, ne sont toujours pas publiés. Je pourrais en donner
des exemples, M. le Président. Les rejets industriels. En voulez-vous
d'autres, Mme la députée de Vachon? Les sols
contaminés.
Alors, M. le Président, il s'agit d'un geste improvisé de
la part du ministre. Même s'il y a certaines améliorations dans ce
projet de loi, je veux souligner rapidement quelques lacunes ou quelques reculs
même. Tantôt, j'ai fait allusion aux manifestes. Or, premier recul,
le ministre abolit l'obligation de fournir au ministère de
l'Environnement les manifestes de transport de matières dangereuses.
Deuxième recul, le ministre abolit aussi l'obligation, pour les
entreprises, de fournir un rapport annuel sur leur gestion des matières
dangereuses. Troisième recul, le ministre abandonne sa
responsabilité vis-à-vis du transport des matières
dangereuses et passe la responsabilité à son collègue des
Transports. Il se déleste de sa responsabilité. Or,
imaginez-vous, le rapport Charbonneau était catégorique à
cet égard: il faut garder l'unité du contrôle.
Je vois que le ministre de l'Environnement dit oui de la tête. Or,
en faisant ce qu'il fait, il perd l'unité du contrôle, il la perd,
cette unité. Il la confie à son collègue des Transports
qui, déjà, est complètement débordé, M. le
Président. Vous le savez, il est complètement
débordé. Le ministère des Transports n'a pas comme souci
principal - et c'est normal - de veiller à ce que les marchandises
dangereuses transportées respectent les normes et les règlements.
Ce n'est pas son mandat principal, M. le Président. Le respect de
l'environnement, de la santé, de la sécurité au plan
environnemental, c'est la responsabilité première du ministre de
l'Environnement.
Un autre exemple de recul. Je l'entendais l'autre soir - parce que j'ai
écouté attentivement le discours du ministre - se vanter
d'augmenter les amendes. Bon. L'Opposition n'a rien contre des amendes
élevées, au contraire. Mais je lui demande pourquoi, dans un cas
bien précis, il diminue l'amende de dix fois le montant. Parce que dans
la loi 65, la loi communément appelée "pollueur-payeur", cette
loi stipulait que l'amende pouvait aller jusqu'à 6000 $ dans son projet
de loi. Pour les mêmes infractions, l'amende ne sera
que de 600 $, M. le Président. Je voudrais bien, tantôt,
qu'il explique cette diminution d'une amende qui deviendra dix fois moindre que
ce qu'elle est actuellement. m. le président, la population s'est
éveillée de façon remarquable face aux dangers que
comportent un grand nombre de matières dangereuses au québec.
cette sensibilisation de la population, elle a été
malheureusement accélérée par certaines tragédies
comme l'incendie de saint-basile ou, encore, la découverte de plomb dans
des sols qui pouvaient mettre la santé des humains, des enfants et des
adultes en danger. c'est dommage que ce soit comme ça, mais, souvent,
des tragédies ou des malheurs de ce type ont pour effet d'augmenter la
sensibilité du public à l'égard de ces dangers
environnementaux.
Deux mots sur les BPC. Ça fait maintenant plus de trois ans que
l'incendie de Saint-Basile a sévi et a imposé des privations
importantes à la population de Saint-Basile, de Saint-Bruno et de
Sainte-Julie. On se rappellera que la commission Charbonneau avait reçu,
entre autres mandats justement celui de faire la lumière sur les BPC.
Mais on se rappellera aussi que, lorsque le rapport de la commission
Charbonneau a été publié en septembre 1990, à la
recommandation 107, on nous dit: Qu'une étude d'impact et une
évaluation environnementale des techniques d'incinération mobile
testées au Canada soit conduite sous la direction du ministère de
l'Environnement, intégrant les résultats des tests
effectués en Alberta et au Labrador pour la sélection des
meilleurs équipements disponibles. Ça, c'était en
septembre 1990. Nous sommes presque en décembre 1991. Quel
progrès peut-on constater? (16 h 20)
M. le Président, je regrette de répéter encore une
fois que le ministre de l'Environnement a été négligent et
insouciant à tel point qu'au-delà d'un an après cette
recommandation on ne vient que de voir dans les journaux, il y a quelques
semaines, un appel d'offres public pour une étude sur les
méthodes de destruction des BPC. On repart à zéro, la case
départ! Et tout ça, plus de trois ans après l'incendie de
Saint-Basile. La firme chanceuse, compétente qui sera choisie pourra
toucher la somme d'environ 700 000 $, si mon souvenir est bon, pour faire une
étude sur la meilleure technique de destruction des BPC... Pourquoi le
ministre a-t-il attendu au-delà d'un an avant de donner suite à
cette recommandation 107 du rapport Charbonneau? Pourquoi? J'aimerais bien,
dans sa réplique, qu'il nous en glisse un mot.
On apprend aussi de la part des fonctionnaires fédéraux...
Pas plus tard que la semaine dernière j'avais l'occasion de participer
à un colloque qu'organisait la CSN sur l'environnement, au Palais des
congrès, à Montréal. En passant, je n'y ai pas vu le
ministre, ni ses adjoints parlementaires, ni aucun député
libéral, à toutes fins pratiques. M. le Président, le
ministre a même deux adjoints parlementaires. Il aurait pu en
déléguer une ou un à cet important colloque de la CSN sur
l'environnement. Je sais, je peux lui dire que son absence a été
déplorée, l'absence de tout représentant du parti
ministériel a été déplorée. Avec un nombre
d'environ 90 députés, il me semble que vous auriez pu, M. le
ministre, déléguer un ou deux députés à ces
assises importantes.
Mais, M. le Président, la question des BPC est devenue une
espèce de symbole de la lenteur, sinon de la négligence de ce
gouvernement à poser des gestes. Vous savez, la
crédibilité d'un gouvernement, c'est fait de plusieurs choses. Un
gouvernement qui a dépensé au-delà de 50 000 000 $ suite
au feu de Saint-Basile, au moins 50 000 000 $, et qui ne s'est pas
empressé par la suite de donner une suite rapide au rapport Charbonneau
à ce chapitre des BPC, comment peut-on qualifier ce gouvernement, sinon
de négligent? Ce n'est pas simplement en présentant des projets
de loi que la gestion des matières dangereuses va être
améliorée au Québec.
À part les BPC, on peut aussi dire quelques mots du
procédé de destruction des matières dangereuses
inorganiques, le procédé qui s'appelle Stablex. Stablex,
installée à Blainville dans les Laurentides, a encore, dans ce
cas-ci, provoqué des recommandations précises de la part du
rapport Charbonneau. Je vais en lire seulement une ou deux, les recommandations
24 et 25, M. le Président: Que le ministère de l'Environnement
rende public l'ensemble du dossier technique de l'évaluation des
activités de la compagnie Stablex, incluant les résultats des
prélèvements effectués dans le cadre de l'enquête.
Et 25: Que soit menée une évaluation technique et
environnementale non judiciaire du procédé de traitement des
déchets chez Stablex et des conditions de dépôt
définitif du produit final afin d'identifier les conditions
d'exploitation aptes à assurer la sécurité
environnementale, et avant toute augmentation de la capacité de
traitement de l'usine actuelle.
Les gens de Sainte-Thérèse, les gens de Blainville
s'inquiètent des activités de Stablex. Le ministre n'a pas l'air
inquiet, lui! Le ministre sait aussi que, même s'il y a un surveillant du
ministère chez Stablex en permanence, ce ministère ne s'est pas
rendu compte que Stablex recevait de façon illégale des
déchets dangereux des États-Unis, si bien qu'il y a quelques
semaines, les journaux ont publié la nouvelle que l'agence qui s'appelle
EPA, Environmental Protection Agency, du gouvernement fédéral
américain a imposé une amende assez lourde à Stablex US.
Stablex est possédée par des intérêts
américains. Stablex US a été mise à l'amende pour
avoir exporté sans permis des matières dangereuses à
Blainville. Ne serait-ce que pour
ça, les citoyens et les citoyennes de Blainville ont raison de
venir lancer des cris d'alarme, comme ils l'ont fait, il y a quelques semaines,
en commission parlementaire. La commission Char-bonneau avait des
recommandations bien précises au sujet de Stablex et il serait temps que
le ministère donne suite à ces recommandations.
Vous savez, 80 % et plus des matières dangereuses qui sont
traitées à Stablex viennent des États-Unis. Pourquoi, par
une politique de laisser-faire, permet-on qu'il y ait une telle avalanche de
produits dangereux venant de l'extérieur, alors que, nous, on a une
quantité énorme de produits dangereux, de matières
dangereuses qui ne sont pas traitées? Et ça, le rapport
Charbonneau l'a bien fait ressortir; il a fait ressortir, le rapport
Charbonneau, qu'environ la moitié de nos déchets dangereux
n'étaient pas traités, sont perdus dans la nature et, pendant ce
temps-là, au lieu d'intensifier la recherche des matières
dangereuses et de les faire traiter, que ce soit par Stablex, à
Blainville, ou par Tricil-Laidlaw, à Mercier, on laisse des
quantités énormes de produits dangereux venir alimenter le
procédé de Stablex. D'ailleurs, c'est la même chose pour
les déchets biomédicaux qui ne sont pas nécessairement
dangereux, j'en conviens, mais, dans l'incinérateur pour déchets
biomédicaux qui est à Gatineau, l'incinérateur Decom qui
appartient à Laidlaw, encore là, la très grande
majorité des déchets biomédicaux qui sont
incinérés à Gatineau, au Québec, ne viennent pas du
Québec; ils viennent de l'Ontario, ils viennent des États-Unis.
Est-ce que ce gouvernement-ci va enfin prendre ses responsabilités et
faire comme le rapport Charbonneau le demandait, exercer avec la
complicité du gouvernement fédéral évidemment, mais
exercer une surveillance beaucoup plus intense, beaucoup plus
sévère sur le trafic des matières dangereuses?
Dans le cas de Tricil comme dans le cas de Stablex, les populations
environnantes de la ville de Mercier, le ministre le sait fort bien, sont
très inquiètes. Souvent, depuis deux ans, il a répondu aux
questions que je posais concernant la ville de Mercier par des affirmations qui
étaient de nature à rassurer tout le monde, mais il a fallu
l'enquête en particulier de la Société pour vaincre la
pollution, SVP, Daniel Green, il a fallu l'enquête de cet organisme pour
que le ministère se fasse dire: Allez donc voir à la ville de
Mercier; on pense qu'il y a des centaines de barils de matières
dangereuses d'enfouis sous terre. Le ministère y est allé et il a
constaté qu'effectivement au-delà de 400 barils de
matières dangereuses avaient été enfouis, Dieu sait par
qui, mais avaient été enfouis sur le site de Tricil-Laidlaw.
Alors, j'aimerais peut-être que le ministre, s'il a des informations plus
précises là-dessus, tantôt, dans sa réplique, nous
dise c'est quoi, les résultats de l'enquête de ses
enquêteurs.
Finalement, M. le Président, un mot de certains projets qui sont
lancés dans le public par le ministre de l'Environnement, par un de ses
sous-ministres, le sous-ministre Marsan: le projet de brûler sur une
haute échelle des huiles usées dans les cimenteries. Nous avons
demandé depuis quelque temps au ministre de se servir de l'article 6.3
de la loi qui lui permet de demander au Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, au BAPE, de procéder à des audiences publiques,
à une étude environnementale sur n'importe quel sujet. Alors,
nous disons, nous répétons aujourd'hui, que ce soit dans le cas
de Joliette, dans le cas de Québec ou dans le cas de Saint-Constant,
comté de La Prairie, qu'ii serait utile, qu'ii est même
impératif que le ministre demande au BAPE d'organiser une
évaluation environnementale qu'on appelle d'ordre
générique, non pas seulement sur ce qui va se passer dans la
cimenterie de Joliette ou dans celle de Québec, mais sur le
phénomène, sur la problématique générale de
brûler des huiles usées dans une cimenterie. (16 h 30)
Nous savons que ça se fait dans certains pays. Nous ne disons pas
non au brûlage des huiles usées dans les cimenteries, mais nous
disons: Ayez le respect de la population et transmettez toute l'information
pertinente à la population. La population est capable, dans son jugement
sain, de décider si, oui ou non, les techniques qui sont
proposées pour le brûlage des huiles en cimenterie sont
respectueuses de l'environnement.
L'ensemble du projet de loi 405 est plutôt muet sur, justement, ce
genre d'audiences publiques. Il serait important que le ministre précise
là aussi son orientation. On a eu l'occasion il n'y a pas longtemps,
lorsque la commission parlementaire de l'aménagement et des
équipements a étudié la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts environnementaux, d'entendre
plusieurs groupes demander qu'il y ait toujours une évaluation publique
avec audiences lorsque le ministère approuve la mise sur pied, que ce
soit d'un centre de transfert de matières dangereuses, que ce soit d'un
centre de traitement de matières dangereuses. Alors, à cet
égard, on peut déplorer que le projet de loi soit muet sur cette
question et j'espère que le ministre pourra nous éclairer au
moment de sa réplique.
M. le Président, je veux conclure en vous répétant,
encore une fois, que l'Opposition est toujours d'accord pour bonifier la loi
actuelle, les règlements actuels, pour resserrer les mesures qui vont
permettre une meilleure surveillance du transport et de l'entreposage, de la
disposition de matières dangereuses, mais nous ne voterons pas pour un
projet de loi qui est une coquille vide. Nous ne voterons pas pour ce projet de
loi tant que le ministre n'aura pas déposé ses projets de
règlement et, deuxièmement, tant qu'il ne se sera pas
engagé à ce qu'il ait une discussion ouverte, publique en
commission parlemen-
taire non seulement sur le projet de loi, mais aussi sur le projet de
règlement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de La Prairie. Je rappelle aux membres de cette
Assemblée que nous sommes à l'étude de l'adoption du
principe du projet de loi 405, Loi modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement. Je reconnais l'adjointe parlementaire au ministre de
l'Environnement et députée du comté de Vachon. Mme la
députée.
Mme Christiane Pelchat
Mme Pelchat: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir
que j'interviens et que je vais prendre quelques minutes pour intervenir sur le
projet de loi 405. Ce projet de loi vise essentiellement à donner des
nouveaux pouvoirs au ministre de l'Environnement pour contrôler
l'utilisation des matières dangeureuses.
M. le Président, cette législation est devenue
nécessaire. Elle est devenue nécessaire puisque au cours des
années, on a assisté à un changement des
mentalités. Vous le savez très bien, l'évolution de nos
lois environnementales est tributaire d'une adaptation rapide à laquelle
le gouvernement doit faire face, particulièrement face aux situations
urgentes et aux accidents que l'on a connus ces dernières années
causés par la négligence et l'ignorance de bien des
intervenants.
Comme vous le savez aussi, il n'y a guère bien longtemps -
peut-être une vingtaine d'années - que l'on se préoccupe de
l'environnement. Les dix premières années de ces
préoccupations ont surtout été consacrées à
une offensive curative, c'est-à-dire à une réaction aux
dommages causés à notre environnement. Les dix dernières
années ont sans aucun doute été l'occasion de faire de la
prévention. C'est ça, le contexte dans lequel il faut situer le
projet de loi 405.
C'est un projet de loi qui se veut, avant tout, préventif. Par ce
projet de loi, le ministre pourra intervenir avant même que l'on constate
la présence de contaminants dans notre environnement. Le ministre pourra
contrôler la source du problème, c'est-à-dire la
matière utilisée pour la production et non seulement le
résultat qui en découle. Il faut bien comprendre que le projet de
loi que l'on a ici vise à modifier et à remplacer aussi le
règlement sur les déchets dangereux, et je vais vous expliquer
pourquoi. C'est non seulement pour que les déchets dangereux soient
soumis à une réglementation, mais pour que les matières
dangeureuses qu'on utilise pour produire soient aussi soumises a cette
recommandation-là. En fait, ce projet de loi vise à mettre un
terme à la saga de ce qu'est un déchet dangereux. Ainsi, toute
matière répondant à des caractéristiques de
dangerosité, soit explosive, gazeuse, inflammable, toxique, radioactive
ou corrosive, qui seront définies par le règlement, sera
considérée comme une matière dangereuse.
La loi 405, M. le Président, vient mettre un terme au
problème juridique que soulève la définition d'un
déchet dangereux, sa possibilité d'être recyclable ou
encore la possibilité pour le ministre d'intervenir à toutes les
étapes d'utilisation d'une matière dangereuse, si la
sécurité du public était en danger. Elle viendra aussi
corriger les problèmes d'application que l'on a rencontrés avec
le règlement des déchets dangereux.
Il est bon de rappeler, M. le Président, que cette loi
répond à certaines recommandations du rapport Charbonneau. Tout
à l'heure, le député de La Prairie insinuait assez
subtilement à peine que le ministre n'avait pas tenu compte des
recommandations du rapport Charbonneau. Je dois dire que, lorsqu'on parle de
recyclage des déchets dangereux, de la possibilité pour le
ministère d'intervenir à toutes les étapes et d'une
meilleure définition de déchets dangereux, le rapport Charbonneau
a été on ne peut plus clair.
J'aimerais vous citer, M. le Président, une des recommandations
de ce rapport à la page 208: Un règlement amélioré.
Le premier besoin du ministre est de disposer d'outils juridiques
améliorés, ce qui se traduira par des modifications à la
Loi sur la qualité de l'environnement, à la recherche et au
développement - excusez-moi - aux règlements sur les
déchets dangereux et à d'autres règlements, et par
l'adoption de nouveaux instruments. Le rapport Charbonneau demandait au
ministre de modifier la Loi sur la qualité de l'environnement ainsi que
le règlement sur les déchets dangereux pour améliorer les
définitions et le champ d'intervention du ministre.
Donc, M. le Président, le projet de loi propose un
règlement sur les matières dangereuses qui fera disparaître
l'actuel règlement sur les déchets dangereux. Ainsi, le ministre
pourra intervenir sur toute matière dangereuse avant qu'il y ait
contamination de notre environnement, puisque la loi prévoit que toute
matière dangereuse sera soumise à la réglementation, soit
la matière première, le produit manufacturier autant que les
résidus ou les déchets dangereux. La loi prévoit donc,
pour appliquer le principe, un pouvoir d'ordonnance que le ministre pourra
utiliser lorsqu'il estime qu'il y a urgence pour protéger la
santé du public ou l'environnement.
M. le Président, c'est important de le préciser puisque le
député de La Prairie, tout à l'heure, faisait allusion aux
règlements et qu'il menace même de voter contre ce projet de loi
si le règlement n'est pas déposé d'ici à l'adoption
de cette loi. Indépendamment du règlement, M. le
Président, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la loi 405 donne un
nouveau pouvoir d'ordonnance au ministre, qui n'est pas dans la Loi
sur la qualité de l'environnement telle qu'elle est
rédigée en ce moment. C'est ce que vient corriger la
présente loi.
Je vais vous lire, M. le Président, l'article qui donnera le
pouvoir d'ordonnance au ministre, lorsque adopté. Alors, on dit: "Le
ministre peut, lorsqu'il est d'avis qu'une matière dangereuse est dans
une situation susceptible d'entraîner une atteinte à la
santé de l'être humain ou des autres espèces vivantes ou un
dommage à l'environnement ou aux biens, ordonner à quiconque a en
sa possession la matière dangereuse ou en a la garde de prendre, dans le
délai qu'il fixe, les mesures qu'il indique pour empêcher ou
diminuer l'atteinte ou le dommage."
C'est vrai, M. le Président, le ministre l'a bien dit, que le
projet de loi devait être accompagné d'un règlement,
puisque ce règlement remplacera l'actuel règlement en vigueur sur
les déchets dangereux. Mais, indépendamment du règlement,
M. le Président, il y a un nouveau pouvoir que l'on introduit dans la
Loi sur la qualité de l'environnement, et ne serait-ce que pour ce
nouveau pouvoir, M. le Président, le député de La Prairie
serait très bien justifié de voter en faveur de ce projet de loi
dès l'étape de la présentation de ce projet de loi. (16 h
40)
La loi prévoit donc, pour appliquer le principe, un pouvoir
d'ordonnance, comme je vous le disais, qui pourrait être utilisé
lorsque le ministre estimera qu'il y a urgence. De plus, le projet de loi
prévoit que de meilleurs mécanismes de contrôle
éviteront notamment - notamment, M. le Président - la dispersion
des matières dangereuses dans notre environnement. On sait que c'est un
grave problème, en ce moment, on a un manque de contrôle à
ce niveau. à cet égard, le projet de loi prévoit
également une disposition obligeant les producteurs et les utilisateurs
de certaines matières dangereuses, à l'état de
résidus ou de déchets, à fournir un plan de gestion ou un
registre au ministère de l'environnement. ainsi, une personne qui exerce
une activité déterminée par règlement doit
préparer et transmettre au ministre un plan de gestion des
matières dangereuses pour lesquelles un registre doit être
tenu.
De plus, en vertu de cette nouvelle législation, il est interdit,
à moins d'y être autorisé par le ministre, d'avoir en sa
possession, pour une période de plus de 12 mois, des matières
dangereuses pour lesquelles un registre doit être tenu. Par ailleurs, le
projet prévoit également l'obligation de détenir un permis
délivré par le ministre pour celui qui exploite un lieu
d'élimination de matières dangereuses. Cette mesure s'adressera
aussi à celui qui offre un service d'élimination de
matières dangereuses, traite, à des fins commerciales, des
matières dangereuses usées, usagées,
périmées ou mentionnées dans un règlement et
utilise à des fins énergétiques ou entrepose de telles
matières.
En tant que députée de la Montérégie, M. le
Président, je pense qu'on doit... Il est évident que je me
réjouis d'autant du dépôt de ce projet de loi sur les
matières dangereuses. Je n'ai pas besoin de vous dire à quel
point cette région a été profondément
touchée par la disposition de déchets dangereux et combien les
gens de cette région sont plus sensibles que la majorité des
autres à une réglementation qui vise à contrôler et
resserrer, surtout, le contrôle de l'utilisation non seulement des
déchets, mais des matières dangereuses.
Pas besoin de vous rappeler l'incendie de Saint-Basile, pas besoin de
vous rappeler l'histoire du plomb à Saint-Jean et, même si
ça n'entre pas dans les déchets dangereux, Saint-Amable. Je vous
signale au passage, M. le Président, puisque cela pourrait vous
intéresser, que la décontamination du sol à Saint-Amable
est en bonne voie et que les travaux devraient se terminer d'ici peu.
Donc, M. le Président, il était devenu nécessaire
de modifier notre cadre législatif, surtout pour élargir ce cadre
d'application de la loi à d'autres matières que seulement les
déchets dangereux. Élargir aussi le pouvoir d'intervention du
ministre pour qu'il puisse intervenir avant que des dommages ne soient
causés et, en plus, mettre sur pied des mécanismes de
contrôle plus sévères qui permettent de contrôler
à la source les problèmes des matières dangereuses. Aussi,
M. le Président, éviter que l'on ne se soustraie à la loi
en jouant avec les mots, comme c'est le cas en ce moment avec le
règlement sur les déchets dangereux, où on essaie, en cour
ou ailleurs, de prétendre que ce que l'on a entre les mains, ce ne sont
pas des déchets, mais des ressources renouvelables, recyclables qui ont
une certaine valeur économique, donc qui ne peuvent être
considérées comme un déchet.
Je pense que cette foi s'inscrit dans une large démarche de la
part du ministre de l'Environnement pour éviter les problèmes
causés à notre environnement et ce, dans plusieurs domaines
d'activité. C'est ainsi que le ministre a entrepris une véritable
lutte pour éviter des dommages à notre environnement. Je n'ai
qu'à énumérer, M. le Président, certaines lois qui
ont été adoptées ici, en cette Chambre, depuis une
année, et certains règlements ou projets de règlement qui
ont été déposés, aussi.
Alors, je vous rappellerai, M. le Président, la loi sur le
pollueur-payeur, qui est une pièce législative très
importante et qui est assez révolutionnaire; le projet de
règlement sur l'entreposage des pneus usés, M. le
Président, qui est aussi très important; le règlement que
le ministre a déposé il n'y a pas si longtemps, le
règlement sur les fabriques de pâtes et papiers, où on
énonce des exigences plus sévères et plus claires pour
diminuer les rejets de contaminants dans l'eau; M. le Président, encore
dernièrement,
c'est-à-dire la semaine dernière, le dépôt du
très important règlement sur la gestion des déchets
biomédicaux, sans compter le projet de règlement sur les neiges
usées, la disposition des neiges usées et sur les sites
d'enfouissement.
Je crois que le projet de loi 405 est une suite logique de cette
démarche que le ministre entreprend et que le gouvernement entreprend.
Je ne pense pas qu'il soit vrai de dire que le ministre fait preuve d'un manque
de leadership puisque, au contraire, pour bien assumer un leadership politique,
il faut qu'il y ait un encadrement législatif solide, précis et
bien établi, M. le Président. C'est ce que fait le projet de loi
405. Comment un ministre peut-il intervenir pour interdire une action ou pour
imposer des sanctions à des individus, contrevenants et polluants si la
loi ne le lui permet pas? C'est ce que fait la loi 405, M. le Président.
Je pense qu'effectivement, c'est là une preuve de leadership. Je pense
qu'il faut faire attention quand on porte des accusations. On fait
peut-être des accusations gratuites, et surtout des procès
d'intention, M. le Président, pour se faire du capital politique.
J'aimerais aussi, M. le Président, vous préciser qu'un
autre geste du gouvernement qui visait aussi à diminuer les dommages
à notre environnement, c'est la politique de gestion
intégrée des déchets domestiques. M. le Président,
je pense qu'il est important de vous souligner que Collecte sélective
Québec fait partie de cette gestion intégrée des
déchets solides. Tout à l'heure, à la période de
questions, le député de La Prairie questionnait la pertinence ou
voulait insinuer que Collecte sélective Québec avait,
malheureusement, peu réussi parce qu'on n'a pas atteint l'objectif de
100 000 000 $ pour aider les municipalités à implanter la
cueillette sélective.
Je rappellerai au député de La Prairie, M. le
Président, qu'en aucun temps Collecte sélective Québec ne
refuse de municipalités qui se conforment aux normes exigées pour
les subventionner et qu'il n'y a pas en ce moment de demandes qui soient
refusées ou qui soient en attente à cause d'un manque de fonds.
C'est vrai, M. le Président, que Collective sélective
Québec n'a pas réussi à ramasser les 100 000 000 $, tel
que prévu dans l'entente initiale, sauf qu'il faut voir l'autre
côté de la médaille en disant: Ce qu'ils ont réussi
à faire, c'est déjà moins de déchets qui se
retrouvent dans nos sites d'enfouissement et c'est déjà moins de
résidus que l'on a à traiter.
Je rappellerai, M. le Président, que j'étais à
Granby il n'y a pas tellement longtemps pour accompagner le président de
Collecte sélective Québec afin de remettre un chèque
à la ville de Granby. J'ai fait la même chose à la ville de
Sherbrooke il n'y a pas tellement longtemps, encore une fois, avec le
président de Collecte sélective Québec. Je pense que ce
sont là des gestes qui méritent d'être soulignés,
d'autant plus que Collecte sélective Québec, ce n'est pas
l'argent du gouvernement, c'est l'argent des entreprises qui volontairement y
souscrivent. Alors, je ne pense pas qu'on puisse condamner si facilement une
action privée volontaire qui fournit, dans le fond, une source
financière additionnelle au gouvernement. Je pense qu'au contraire on
doit considérer son travail comme très louable et
l'encourager.
Alors, voilà, M. le Président, les quelques minutes que
j'avais à ma disposition s'écoulant bientôt, l'intervention
que je voulais faire pour appuyer le projet 405. Je rappelle encore une fois au
député de La Prairie qu'il peut toujours changer d'idée
quant à sa volonté de voter contre le projet de loi dès
l'adoption, insinuant qu'il votera en sa faveur si le règlement est
déposé avant la fin de la présente session. Je pense qu'il
est dans l'intention - et le ministre le confirmera lors de sa réplique
- du ministre de déposer le règlement le plus tôt possible.
Cette loi, M. le Président, donne un nouveau pouvoir d'ordonnance au
ministre qui n'existe pas dans la Loi sur la qualité de l'environnement
actuelle et je pense que, ne serait-ce que pour cet article qui est, quant
à moi, capital, le député de La Prairie devrait se joindre
à nous, voter pour le projet de loi et applaudir haut et fort le
ministre de l'Environnement pour avoir eu le courage de le déposer.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Vachon. Je rappelle aux membres de cette
Assemblée que nous en sommes à l'étape de l'adoption du
principe du projet de loi 405 et je reconnais M. l'adjoint parlementaire du
ministre de l'Environnement et député de Saguenay. M. le
député de Saguenay, la parole est à vous.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup de
plaisir que je me joins à ma collègue, la députée
de Vachon et adjointe parlementaire également du ministre de
l'Environnement, pour parler pendant quelques minutes sur cet important projet
de loi. (16 h 50)
M. le Président, elle a terminé son discours en disant: On
devrait, ensemble, féliciter le ministre de l'Environnement d'avoir
apporté ce projet de loi. Je pense qu'on ne pourra jamais axer sur
autant de félicitations puisque c'est la première fois, non
seulement au Québec, non seulement au Canada, mais en Amérique du
Nord, qu'il y a un gouvernement qui a le courage de présenter la
législation qu'il présente là. C'est la première
fois. Il ne faut pas avoir peur. Ça ne se passe dans aucun des 51
États américains ni dans les 9 autres provinces canadiennes.
Alors, on sera, le gouvernement, le seul gouvernement en
Amérique du Nord qui aura eu le courage de
légiférer sur un projet de loi aussi important. Et je mets au
défi mon aimable collègue de La Prairie d'aller vérifier
quelle est la législation dans tous les États américains
et dans les autres provinces canadiennes qui va aussi loin. Il aura sans doute
le droit, en commission parlementaire, de me donner sa réponse.
Peut-être qu'il ira chercher ça en Suède, mais en
Amérique du Nord, M. le Président, je suis convaincu qu'il ne
trouvera rien. C'est la première fois qu'un ministre de l'Environnement
va aussi loin dans une législation, c'est-à-dire de permettre au
gouvernement, malgré les tribunaux, malgré les évasions
qui se faisaient devant les tribunaux, c'est la première fois qu'un
ministre de l'Environnement va avoir des pouvoirs de faire respecter une loi
qu'on passe ici, à l'Assemblée nationale, au-delà des
tribunaux.
M. le Président, j'ai l'intention d'aborder ce projet de loi 405
en deux temps. Dans un premier temps, j'évoquerai brièvement les
motifs qui font et qui ont incité le gouvernement du Québec, et
le ministre de l'Environnement plus particulièrement, à poser des
gestes aussi importants dans le domaine des matières dangereuses. Dans
un deuxième temps, on regardera ensemble les principaux
éléments du projet de loi afin de démontrer, M. le
Président - et ça, c'est important - d'une façon
très claire que ce projet de loi vient bonifier, d'une façon
exceptionnelle, la Loi sur la qualité de l'environnement.
M. le Président, lorsqu'on parle de produits dangereux, on parle
toujours de la Côte-Nord. On se rappellera toujours, en 1989, la
dernière campagne électorale où j'y ai goûté
particulièrement avec des choses que je n'avais pas commandées
dans le catalogue, comme on dit par chez nous, mais qui m'arrivaient par
bateau. Lorsqu'on parle de produits dangereux, on parle aussi d'une psychose
qui est créée avec ça. Aujourd'hui, ce qui me choque un
peu, M. le Président, c'est que les galeries de l'Assemblée
nationale devraient être remplies d'écologistes, de gens de
Greenpeace. Mais où sont-ils donc aujourd'hui? Où sont-ils donc,
ces gens-là qui, lorsque arrive une catastrophe, sont les premiers
devant les caméras pour ameuter, à tort, en grande partie, la
population? Et, lorsqu'un gouvernement a le courage d'apporter une
législation aussi importante, on ne les voit pas. Pourtant, les
feuilletons sont connus du public et ces gens-là devraient être
ici. Tout au moins, s'ils ne le sont pas, qu'ils envoient un
télégramme de félicitations au ministre de
l'Environnement. Ça démontrerait qu'ils ont d'autres
intérêts que leurs propres intérêts, qu'ils ont
l'intérêt environnemental au-dessus de leurs intérêts
qui, dans bien des cas, sont purement financiers, M. le Président.
Le projet de loi 405... M. le Président, il importe de se
souvenir qu'en 1985 l'ancien gouvernement, dont faisait partie le docteur et
charmant député de La Prairie, avait fait une
réglementation, avait donné le permis à Marc Lévy
d'entreposer les BPC de Saint-Basile, une réglementation qui
était "distorsionnaire", que personne ne comprenait, à
côté de laquelle tout le monde pouvait passer. C'est pour
ça qu'on a été pris de catastrophe en catastrophe,
à partir de 1985. Pourquoi le gouvernement, en 1986, n'a-t-il pas pu
légiférer immédiatement? On passait notre temps à
faire les pompiers, à arrêter des feux. Pourquoi? Parce que la
législation ne permettait pas des dents au gouvernement du
Québec. Il a fallu, bien sûr, commander l'enquête
Charbonneau dont un rapport, un des plus beaux rapports qui aient
été soumis à l'ensemble de la population du Québec,
une consultation réelle vis-à-vis de la population,
vis-à-vis des groupes, vis-à-vis des municipalités. Je
pense, M. le Président, que le ministre, par cette
législation-là, se donne des dents pour appliquer le rapport
Charbonneau, se donne des dents, par exemple, pour permettre la destruction des
fameux BPC qui ont coûté si cher aux contribuables
québécois non seulement en papier, mais en argent. Avec tout ce
qui est écrit là-dessus, on pourrait faire virer une papeterie et
baisser peut-être de 25 $ ou 30 $ le coût de notre tonne de papier
pour mieux l'exporter.
M. le Président, le ministre de l'Environnement est le premier
ministre de l'Environnement au Québec qui ait décidé
d'aller si loin. Pour ça, il faut non seulement que le ministre soit
décidé, mais que les partenaires de la société
soient également décidés. Par exemple, au niveau des
matières dangereuses, ce n'est pas au ministre de l'Environnement
d'aller fouiller tout ce qu'il y a d'usines au Québec, qu'elles soient
aux Îles-de-la-Madeleine, qu'elles soient dans La Prairie, qu'elles
soient dans Vaudreuil, qu'elles soient dans la Beauce, qu'elles soient dans
Saint-François, qu'elles soient même près du stade de
Saint-Léonard, M. le Président. Là, il y a des
matières dangereuses en suspension, c'est le cas de le dire. C'est
important que les partenaires s'associent au ministre d'abord pour les
identifier, les dénoncer, pour que le ministre puiss puisse permettre
d'appliquer sans détour cette loi-là.
Lorsque j'entendais tout à l'heure... Ça m'a fait mal un
petit peu que mon collègue de La Prairie dise que c'était une
coquille vide. Sa-vez-vous que, si on avait eu cette coquille-là en
1985, il n'y aurait pas eu de Saint-Basile-le-Grand, il n'y aurait pas eu de
Saint-Amable et on n'aurait surtout pas eu les BPC à Manie 2. Si cette
coquille vide, comme ils le prétendent aujourd'hui, avait existé
en 1984-1985, on ne se serait pas ramassé avec le problème qu'on
a dû être des pompistes.
M. le Président, à partir de la commission Charbonneau,
à partir de la modification à la Loi sur la qualité de
l'environnement autant dans les déchets toxiques que solides et avec,
finale-
ment, les appels d'offres qu'on a vus sur les journaux il y a à
peine quelques jours pour permettre la destruction des produits dangereux
emmagasinés dans des cours de deux choses l'une, au Québec: il va
falloir que le gouvernement prenne ses responsabilités et le premier
geste que le ministre fait, c'est de se donner des dents pour prendre ses
responsabilités. Mais il va falloir aussi comme consommateurs, comme
Québécois, comme Québécoises, qu'on prenne nos
responsabilités. Il va falloir qu'on n'ait pas peur au Québec,
par exemple, comme individus, de dénoncer au ministre de l'Environnement
des gens qui entreposent illégalement les matières
dangereuses.
On a Urgence-environnement. Je demande au ministre de créer une
deuxième ligne qui pourrait s'appeler S.O.S. environnement où les
gens n'auraient pas besoin de s'identifier, mais où ils pourraient
dénoncer d'une façon catégorique des gens, M. le
Président, qui n'ont aucun respect de l'environnement, que ce soient des
individus ou des corporations. C'est fini ce temps-là au Québec.
Mais, pour ça, il faut se donner des armes.
Donc, M. le Président, le partenariat qui va être
développé autour de la loi 405 va permettre au ministre d'exercer
ses pouvoirs, va permettre non seulement d'exercer ses pouvoirs, mais va
permettre de donner ce que l'ensemble de la population recherche: une
qualité d'environnement potable au Québec. Ce n'est pas si
compliqué que ça, si tout le monde met l'épaule à
la roue ensemble, avec une loi qui va nous permettre de le faire.
M. le Président, on ne sera jamais assez sévère
pour ceux qui polluent. Je vais vous conter juste un petit cas dans mon
comté. Quand je pense au ministre de l'Environnement, je pense aussi
à ses nombreux fonctionnaires qui l'entourent, M. le Président,
qui souvent, eux aussi, oublient de temps en temps - un oubli, c'est humain -
de faire certains devoirs que la loi leur confère. Je vais vous donner
un exemple. Pourtant, je l'ai dit et répété en cette
Chambre. J'étais tanné de voir des produits dangereux se
promener. La compagnie Esso, qui doit finalement enlever des réservoirs
à Baie-Comeau, a décidé de prendre de la terre
contaminée par l'essence à Baie-Comeau et de l'emmener sur un de
ses sites à Forestville, sans la permission du ministère de
l'Environnement. Les fonctionnaires n'ont pas donné de permission. Ils
ont arrêté, ils ont recommencé. Je sais que dans quelques
jours, dans mon hebdomadaire, M. le Président, les journalistes diront
que le ministère de l'Environnement n'a pas fait son travail. Savez-vous
que, pour une fois, je ne suis pas souvent d'accord avec les journalistes, mais
sur ça je vais être obligé d'être d'accord avec eux
autres. (17 heures)
Esso, c'est un citoyen corporatif. Qu'il fasse ses devoirs comme un
agriculteur qui est obligé de les faire. Esso, c'est un citoyen
corporatif. Qu'il fasse ses devoirs comme n'importe quel autre citoyen au
Québec ou n'importe quelle autre entreprise ou grande entreprise. S'ils
ne le font pas, c'est du devoir des fonctionnaires en région du
ministère de l'Environnement de prendre des mesures pour que ça
se fasse. Et là, les échappatoires, c'est terminé avec
cette loi-là. Je vais demander continuellement au ministre de
l'Environnement, comme parlementaire, une fois que cette loi-là sera
adoptée et très rapidement, j'en suis convaincu...
Tout à l'heure, le député de La Prairie
s'inquiétait, mais la réglementation, c'est ce qu'on appelle
finalement la mise en application d'une loi. Votons d'abord la loi et je suis
convaincu que, dans son fair-play de parlementaire, le député de
La Prairie s'empressera de voter pour ce projet de loi. Il s'empressera aussi
d'arriver en commission parlementaire pour pouvoir peut-être le bonifier
également, parce qu'il n'a pas toujours tort. Il y a des choses sur
lesquelles il a raison, il faut le reconnaître. Je suis convaincu qu'avec
ses connaissances il pourra nous permettre de bonifier ou d'améliorer
par des amendements.
Ça peut arriver que le comité de la législation ait
des petits trous dans la loi. On l'a déjà vu. Ce ne serait pas la
première fois et on ne tombera pas à la renverse. Mais
regardez-la comme il faut, préparez vos amendements et on va en discuter
en commission parlementaire. S'ils sont conformes au principe
énoncé par le ministre, ça nous fera plaisir de les
adopter, M. le député de La Prairie. De cette
façon-là, vous allez avoir contribué à rendre un
Québec plus propre, plus sain pour l'ensemble de nos concitoyens et
c'est ce à quoi je vous convie. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Saguenay. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M. le
député de Lotbinière.
M. Lewis Camden
M. Camden: Je vous remercie, M. le Président. Le projet de
loi 405 constitue une pièce législative importante en
matière d'environnement. Oui, M. le Président - et je tiens
à le souligner - cette action du gouvernement libéral
représente la réponse à un engagement pris dans le cadre
de la dernière campagne électorale. Le dossier des déchets
dangereux fut historiquement d'une importance certaine pour la population
québécoise. Le ministre en a déjà fait état,
mais je tiens à rappeler quelques principes qui ont guidé le
gouvernement libéral lors de l'élaboration de ce projet de
loi.
D'abord, la gestion des déchets dangereux n'est pas une mince
affaire au Québec. Sur les territoires sont éparpillés
différents types de déchets dangereux qui sont devenus avec
le
temps plus préoccupants. Notre formation politique a, à
maintes occasions, proposé plusieurs recommandations en vue
d'améliorer la protection de l'environnement et, par voie de
conséquence, la qualité de vie des Québécois et des
Québécoises. Ce projet de loi vient concrétiser notre
volonté politique d'assurer une gestion meilleure et surtout, de
façon plus efficace, des matières dites dangereuses au
Québec.
Comme l'a souligné le ministre, les BPC, les huiles usées,
le chlore, l'acide sulfurique comptent parmi ces produits qui suscitent de
l'inquiétude chez la population québécoise. Le
précédent gouvernement du Parti québécois a lui
aussi été sensibilisé à cette question. D'ailleurs,
il faut lui rendre hommage d'avoir su élaborer un règlement en
vue de resserrer la gestion des déchets dangereux. Le gouvernement
libéral a repris ce dossier en assumant un véritable leadership
et propose aujourd'hui le résultat et l'aboutissement d'une
réflexion d'ensemble sur la gestion des matières dangereuses par
l'élaboration d'une loi permettant de resserrer encore plus la gestion
des déchets dangereux au Québec.
On a surtout constaté que le règlement sur les
déchets dangereux a présenté plusieurs difficultés
d'application. Il fallait d'abord définir ce qu'est un déchet
dangereux avant de pouvoir en assumer la gestion efficacement. Comme le
ministre en faisait état, plusieurs intervenants ont même
réussi à se soustraire de l'application du règlement en
évoquant devant les tribunaux le fait que leurs résidus ne
pouvaient être considérés comme des déchets
dangereux selon la loi, mais plutôt comme des ressources renouvelables.
On a également observé que le règlement tel que
décrété par l'ancien gouvernement ne favorisait pas le
recyclage des déchets dangereux, en raison des obligations
imposées qui en réduisaient la valeur économique. En
somme, l'ancien gouvernement du Parti québécois ne s'était
pas donné les instruments efficaces pour assumer la gestion d'un
règlement qu'il avait lui-même proposé.
C'est pourquoi le gouvernement libéral a
préféré faire face à la réalité des
faits, M. le Président. Il fallait trouver des solutions
concrètes, applicables pour un dossier aussi important. C'est dans ce
sens qu'en décembre 1988 le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, qu'on appelle communément le BAPE, s'est vu confier un
mandat en vue de tenir une enquête sur les problèmes et les
solutions de l'élimination des déchets dangereux au
Québec. Cette commission a remis son rapport en septembre 1990. Ce n'est
qu'à partir de ce document que le gouvernement a travaillé
à l'élaboration d'un projet de loi qui allait modifier la Loi sur
la qualité de l'environnement. En ce sens, voilà un exemple
où la mise sur pied d'une commission d'enquête a donné des
résultats concrets.
Le projet de loi 405 permettra au gouvernement de contrôler
l'utilisation, l'entreposage, le recyclage et l'élimination des
matières dange- reuses. En gros, les principes de cette
législation se résument de la façon suivante. D'abord, on
prévoit l'élargissement du champ d'application de la Loi sur la
qualité de l'environnement à l'ensemble des matières
dangereuses. En second lieu, on inclut la possibilité pour le ministre
de rendre une ordonnance. Cette ordonnance fera en sorte qu'on pourra pallier
aux situations d'urgence lorsqu'une matière dangereuse porte atteinte
à la santé ou à l'environnement. C'est là un
principe fondamental pour améliorer la qualité de vie des
Québécois et des Québécoises.
Le projet de loi 405 permet également rétablissement de
meilleurs mécanismes de contrôle. C'est important, M. le
Président, de pouvoir détenir les outils permettant le
contrôle d'une loi, ce que l'ancien gouvernement a oublié plus
d'une fois. Ce mécanisme de contrôle permettra d'éviter la
dispersion des matières dangereuses dans l'environnement. Enfin,
lorsqu'on parle de l'élargissement du champ d'application de ces
matières dangereuses, on veut signifier par là que la loi
englobera toutes les matières premières et les produits
manufacturés aussi bien que les résidus ou les déchets.
Enfin, cette nouvelle législation introduit un nouveau pouvoir
d'ordonnance applicable à toutes les matières dangereuses. Le
ministère de l'Environnement pourra, en effet, rendre une ordonnance
enjoignant une personne de prendre, dans un délai qu'il fixe, les
mesures indiquées lorsque le ministère de l'Environnement est
d'avis qu'une matière dangereuse peut porter atteinte à la
santé ou à l'environnement.
Ce pouvoir d'ordonnance est sans aucun doute un moyen adéquat et
essentiel pour faire face à des situations d'urgence. Le ministre pourra
ainsi intervenir de façon rapide et facile sur n'importe quel cas de
matière dangereuse. Mais ce qui est important, M. le Président,
c'est que le ministre pourra porter une action précise avant que la
matière dangereuse ne devienne un danger effectif pour l'environnement.
C'est là un principe essentiel dans la mesure où il répond
à cette volonté politique du gouvernement libéral de
mettre en oeuvre des actions visant une meilleure prévention pour la
protection de l'environnement.
La loi contient d'autres éléments qui renforcent ce
pouvoir de contrôle auquel je faisais référence tout
à l'heure. Par exemple, il y a obligation, en vertu du projet de loi
405, aux producteurs et aux utilisateurs de certaines matières
dangereuses, à tenir un registre, lequel pourra être
consulté en tout temps par le ministère de l'Environnement.
D'autre part, les producteurs et utilisateurs majeurs de certains
résidus ou déchets de nature dangereuse devront fournir un plan
de gestion de ces matières au ministère de l'Environnement. (17 h
10)
D'autre part, les intervenants qui se spécialisent dans
l'entreposage, le recyclage et
l'élimination de matières dangereuses seront tenus
d'obtenir un permis du ministère de l'Environnement pour une
période de cinq ans. Ce permis pourra être renouvelé
à l'intervenant, le cas échéant. Le ministre pourra, en
tout temps, modifier ou révoquer le permis accordé, dans le cas
où il a jugé que ce même permis n'est pas conforme aux
conditions prévues.
Ensuite, il était important de reconnaître que le
ministère est le gestionnaire le mieux placé pour contrôler
le transport de ces matières. Le projet de loi est clair à ce
sujet, car il veut éviter de doubler les juridictions dans ce domaine.
Le ministère des Transports se voit donc transférer la partie du
champ de juridication que le ministère de l'Environnement avait
assumée jusqu'à maintenant. Nous assistons également
à l'harmonisation avec les autres provinces en cette matière. Une
réglementation est actuellement en préparation et celle-ci
prévoira les modalités ayant pour effet de favoriser la
récupération et le recyclage des matières dangereuses,
lesquelles seront précisées, tel que le recommandait le rapport
Charbonneau.
En somme, dans le cadre de ce projet de loi, le Québec fera
figure de précurseur en ce sens qu'il sera le premier à disposer
d'un encadrement législatif élargi à l'ensemble des
matières dangereuses qui lui permettra de résoudre de nombreux
problèmes actuels associés à l'utilisation du terme
"déchet". De plus, les définitions de matières dangereuses
et des catégories seront harmonisées avec celles qui existent
à l'échelle du Québec, du Canada et sur le plan
international.
Le projet de loi 405 constitue une étape majeure visant à
doter le Québec des outils légaux nécessaires et
essentiels à une meilleure prise en charge de nos matières
dangereuses. Le gouvernement libéral remplit un engagement
électoral important à l'égard de l'amélioration de
la qualité de vie de tous les Québécoises et de tous les
Québécois. C'est la raison pour laquelle je voterai donc
favorablement à l'égard de ce projet de loi. Je vous remercie de
votre attention.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lotbinière. Sur le même sujet, à
savoir l'adoption du principe du projet de loi 405, Loi modifiant la Loi sur la
qualité de l'environnement, je cède la parole à M. le
leader de l'Opposition officielle et député de Joliette. Vous
voulez intervenir sur le principe. Non?
M. Chevrette: Bien sûr, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, allez-y!
M. Guy Chevrette M. Chevrette: M. le Président, ça
fait ma première fois en 15 ans que je vois un gouvernement se
"filibuster" lui-même, 4 ou 5 intervenants de la même formation
politique vanter les mérites d'une loi que je vais vous résumer.
Le Centre québécois du droit à l'environnement demande de
surseoir à l'adoption du projet de loi 405 relatif aux matières
dangereuses tant que le projet de règlement d'application ne sera pas
rendu public et requiert la tenue d'une commission parlementaire, etc. Et il
demande la même chose sur la loi 179 sur le transport des déchets
dangereux.
M. le Président, ceci n'est qu'une assise juridique, là.
Je ne vois pas les députés qui se pètent les bretelles ici
en cette Chambre. C'est une assise juridique qu'on se donne. Il peut y avoir
des règlements qui ne diront rien. Ça n'aura rien donné,
ça. Je veux bien qu'on fasse de beaux discours, qu'on se "filibuste"
pour meubler le temps parce qu'on n'a pas grand-chose à faire. D'ici
à Noël, il faut donner l'impression qu'il y a de quoi. Donc, ils
vont se lever, 4 ou 5 collés comme ils viennent de faire, pour donner
l'impression qu'ils ont un petit peu de contenu.
Je peux vous dire qu'on n'est pas dupes, de ce côté-ci de
la Chambre. C'est effrayant! Ça fait quétaine. Si vous vous
rendez de même à Noël, je suppose qu'il y a du monde qui va
s'en apercevoir. On est en train de voter une grosse assise juridique de
règlements qu'on ne connaît pas. "C'est-u" clair? On est en train
de se donner une grosse assise juridique de règlements de transport
qu'on ne connaît pas. Et ceux qui ont une spécialité dans
le domaine disent: Le projet de loi 405 apparaît comme une coquille
vide.
Je vais vous expliquer pendant quelques minutes qu'est-ce que c'est
qu'une coquille vide puis peut-être que vous allez comprendre et qu'au
prochain projet de loi où vous vous donnerez une assise juridique vous
serez peut-être un peu moins nombreux à parler. Une coquille vide,
c'est comme un récipient puis il n'y a rien dedans. C'est ça, la
loi. Un pas pire récipient qui semble répondre à quelque
chose, mais on ne sait ce qu'il y aura. Il y a quelque chose dedans; on ne le
sait pas.
On ne sait pas quels seront les règlements, par exemple, face au
transport des déchets dangereux. Est-ce qu'ils seront obligés
d'emprunter des routes particulières? Est-ce qu'il y a des normes
spécifiques? Est-ce qu'il y a des tests obligatoires avant qu'ils
partent puis au moment de l'arrivée? On ne le sait pas, par exemple,
pour le transport des déchets dangereux. Voilà un exemple de
coquille qui est vide, puis si on avait mis de quoi dedans on saurait de quoi
on parle.
C'est la même chose quant aux sites, exactement la même
chose. Je ne vois pas pourquoi on peut prendre... Je suis bien heureux de vous
entendre. Il y en a que ça fait bien longtemps
que je n'avais pas entendu parier en cette Chambre, d'ailleurs.
Ça leur a donné l'occasion de se montrer. Mais pour parler d'une
coquille vide, ça fait quétaine. J'aimerais ça que ces
mêmes personnes se lèvent pour nous dire, par exemple... Si au
moins les intervenants étaient venus nous dire: M. le Président,
voici l'assise juridique, voici le récipient qu'on est en train de se
donner, mais on vous dit tout de suite ce qu'il y aura dans le
récipient. Là, j'aurais pu comprendre que le député
de Lotbinière ou le député de Saguenay aurait pu nous dire
quelque chose d'intéressant.
Ils auraient pu nous dire ce qu'il y aura dans les règlements.
Seront-ils soumis à la consultation publique? Y aura-t-il
prépublication? Y aura-t-il des audiences pour entendre les groupes
intéressés? Est-ce qu'on pourra faire parler les compagnies qui
font du transport de déchets dangereux? Est-ce qu'on pourrait faire
venir certaines compagnies qui utilisent les déchets dangereux pour fins
énergétiques, par exemple? Est-ce qu'on pourrait faire venir des
spécialistes en toxicité pour qu'ils viennent nous expliquer le
danger que ça représente, le transport ou l'entreposage des
déchets toxiques? Ça, ça aurait été une
discussion de fond. Mais venir nous dire que vous allez parler de ça
plus tard dans des règlements, vous n'avez pas besoin d'être 12
pour nous dire ça. Un seul aurait pu nous dire: Ceci constitue une base
juridique et, quand il y aura des règlements intelligents, on les
discutera.
Ou bien, légiférez peu et mieux comme vous deviez faire en
décembre 1985 dans le discours mémorable de la
vice-première ministre et députée de Chomedey:
Dorénavant, disait-elle, nous légiférerons peu mais mieux.
Et nous, nous publierons les règlements en même temps que les
législations. On n'a pas un fusil de règlements ici. On ne sait
pas ce que ça sera. Aïe! ça sécurise le monde de
savoir qu'il va y avoir des règlements! Mais si on ne connaît pas
le contenu des règlements, comment voulez-vous qu'on vous dise
aujourd'hui que ça va être sécuritaire ou que ça ne
le sera pas? S'amuser à légiférer et meubler le temps
comme ils l'ont fait depuis une heure, M. le Président... J'aurais le
goût de leur en dire pendant 20 minutes. J'aurais le goût, mais
j'aurais crainte qu'on ne me taxe de faire comme eux.
Fondamentalement, M. le Président, ils veulent se rendre un petit
peu avant ça en décembre. Ils vont être obligés de
nous en mettre 7 ou 8 par projet de loi pour faire voir qu'ils ont bien de
l'ouvrage à l'Assemblée nationale. Ça va permettre de
montrer ceux et celles qu'on ne voit pas souvent parier ici en Chambre, qui ne
font que voter. Je vous dis tout de suite: II me semble qu'on a
déjà assez perdu de temps pour une coquille vide.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement et président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, M. le Président, simplement afin de vous
demander de suspendre nos travaux quelques instants, le temps de laisser le
ministre responsable se rendre ici d'un comité ministériel
où sa présence était requise pour sa réplique.
Quelques instants à peine, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): On suspend les travaux
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 18)
(Reprise à 17 h 21)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous rappelle que nous
sommes à étudier la motion proposée en adoption du
principe du projet de loi 405, Loi modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement, et je vais céder la parole à M. le ministre de
l'Environnement pour lui permettre d'exercer son droit de réplique.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le
Président, vous me permettrez de prendre quelques minutes
essentiellement pour répliquer à quelques-unes des argumentations
présentées par le critique de l'Opposition officielle en
matière d'environnement, le député de La Prairie. Je
n'aurai malheureusement pas le temps, M. le Président, compte tenu du
temps mis à ma disposition, de répliquer aux arguments du
député, qui ne touchaient ni de près ni de loin le projet
de loi que cette Chambre est conviée à adopter en deuxième
lecture.
M. le Président, le député de La Prairie a
débuté en tentant d'identifier certaines faiblesses, à son
point de vue, du projet de loi, tout en reconnaissant qu'il y avait, dans
l'approche gouvernementale, une bonification certaine quant à la
situation qui prévalait. Vous vous souviendrez, M. le Président,
que la législation ainsi que la réglementation que nous
connaissons présentement, qui ont été adoptées sous
l'ancien gouvernement, ne visent pratiquement que les déchets dangereux.
Ce que nous proposons à cette Assemblée, c'est d'accroître
la juridiction du ministère de l'Environnement et d'accorder juridiction
au ministère de l'Environnement sur toutes les matières
dangereuses.
Il s'agit là, vous en conviendrez, d'une extension du champ de
juridiction qui est considérable et qui pourra permettre au
ministère de l'Environnement de mieux accomplir sa responsabilité
de protecteur de la santé et de la sécurité de la
population. À travers ce projet de loi, les lacunes, telles que
dénoncées par le
député de La Prairie, peuvent, dans un premier temps, se
décrire comme suit.
Premièrement, le projet de loi devant l'Assemblée
nationale affaiblit les dispositions actuelles de la réglementation en
n'exigeant plus des compagnies un rapport annuel. J'attirerai l'attention du
député de La Prairie sur les articles du projet de loi qui
remplacent cette obligation. Vous avez raison, elle a disparu, mais elle n'est
pas abandonnée; elle est remplacée par des dispositions qui
visent, pour les grandes entreprises, une exigence beaucoup plus
considérable: rétablissement d'un plan de gestion de toutes leurs
matières dangereuses. Et pour la petite entreprise, qui n'a pas le
même personnel de soutien, la tenue d'un registre. Donc, il est faux
d'affirmer, comme l'a fait le député de La Prairie, qu'il y
aurait affaiblissement quant à cet aspect du projet de loi.
Deuxième affaiblissement, suivant les dires du
député de La Prairie, M. le Président, il s'agirait de
l'abolition de l'exigence d'expédier au ministère de
l'Environnement un manifeste lorsque l'on transporte un déchet dangereux
d'un endroit à l'autre à l'intérieur de la province de
Québec. M. le Président, je soumettrai respectueusement au
député de La Prairie que la responsabilité en
matière de substances dangereuses est déjà entre les mains
du ministère des Transports, qui est bien outillé et bien
équipé à cet effet. Qu'il s'agisse de marchandises
explosives ou autres, c'est le ministère des Transports qui a
déjà juridiction.
C'est un peu l'équivalent, M. le Président, de ce qui se
passe à l'intérieur de l'entreprise. C'est la Commission de la
santé et de la sécurité du travail qui, à travers
un programme qui s'appelle SIMDUT, a déjà la juridiction ou la
responsabilité concernant les matières dangereuses à
l'intérieur de l'établissement. Il a donc paru approprié,
pour une fin de simplification et d'harmonisation avec ce qui se passe ailleurs
au Canada, avec ce qui se passe ailleurs en Amérique du Nord, de confier
au ministère des Transports la responsabilité complète en
ce qui concerne le transport des matières dangereuses. Nous
éviterons ainsi un dédoublement; nous éviterons ainsi des
situations confuses qui ne servaient pas l'intérêt public et qui
coûtaient aux contribuables québécois un double
appareillage en matière de surveillance et de contrôle.
M. le Président, troisième lacune dénotée
par le député de La Prairie. Dans certains cas, suivant ce qu'il
nous a dit tantôt, les amendes seraient diminuées. Je tiens
à rassurer le député de La Prairie. Il a sans doute
tiré son information d'un article paru dans un quotidien. J'ai
demandé au contentieux du ministère de revérifier la
première opinion qu'il m'avait transmise à l'effet qu'il n'y
avait, en aucun cas, diminution des pénalités ou des amendes mais
qu'au contraire les pénalités et les amendes étaient
augmentées. Il me fera plaisir, au cours de la commission parlementaire,
d'expliquer dans les détails au député de La Prairie
où il a commis son erreur en exposant devant cette Chambre qu'il y avait
diminution des amendes.
M. le Président, le député de La Prairie,
après s'être prêté à ces critiques du projet
de loi, nous a parlé de façon abondante de la
problématique des BPC dans la province de Québec. Et le
député de La Prairie a résumé son intervention un
peu comme suit: 'Trois ans après les incidents regrettables et
malheureux de Saint-Basile-le-Grand, le gouvernement n'a rien fait." Ça,
c'est à peu près sa première intervention. Cinq minutes
plus tard, dans son intervention, le député de La Prairie a dit:
"II y a eu le rapport Charbonneau à l'automne 1990 et, depuis le rapport
Charbonneau à l'automne 1990, le gouvernement n'a rien fait." Là,
le député de La Prairie avait l'honnêteté
intellectuelle de reconnaître qu'il y a eu la commission Charbonneau et
que la commission Charbonneau a déposé le rapport Charbonneau,
que j'ai déposé devant cette Assemblée nationale. Et
ça, c'était il y a un an, M. le député de La
Prairie.
Et qu'est-ce qui s'est passé depuis un an? Est-ce que nous avons
donné suite, oui ou non, au rapport Charbonneau en ce qui concerne
l'élément des BPC? Bien, vous comprendrez, M. le
Président, que dans un premier temps nous avons analysé le
rapport et que nous avons préparé la stratégie
d'élimination des BPC. Si bien que le 18 janvier 1991 - et là, on
se souviendra que c'était au mois d'octobre que le rapport Charbonneau
avait été déposé - la stratégie
d'élimination des BPC, telle qu'approuvée par le Conseil des
ministres, a été rendue publique et, au même moment, le
gouvernement du Québec a annoncé la nomination d'une
coordonnatrice quant au dossier des BPC, Mme Linda Ghanimé. Par la
suite, Mme Ghanimé a élaboré un plan d'action
régional et des scénarios de gestion de ces BPC en attendant leur
destruction. Dans chacune des régions, qu'il s'agisse de Saint-Basile,
de Shawinigan-Sud ou de Manicoua-gan, conformément aux recommandations
du rapport Charbonneau, des comités de citoyens ont été
mis en place et Mme Ghanimé et son équipe ont
procédé à la préparation de plans et devis pour
expertise quant à l'élimination comme telle des BPC.
Le 29 octobre dernier, M. le Président, un an après la
parution du rapport Charbonneau et après avoir suivi chacune des
étapes indiquées dans le rapport Charbonneau, il y a eu un appel
d'offres par le ministère de l'Environnement. Il s'agit de trouver la
meilleure firme d'experts-conseils capable de mettre en place le
scénario de destruction des BPC. Nous comptons annoncer dans les
prochaines semaines le nom de la firme qui a été retenue.
D'un côté, M. le Président, vous avez le
député de La Prairie qui nous accuse de ne pas aller assez vite,
de ne pas bouger assez rapide-
ment. De l'autre côté, vous avez le maire de Saint-Basile
qui, dernièrement, intervenait publiquement pour affirmer exactement le
contraire de ce qu'affirme le député de La Prairie en cette
Chambre. Et lui, il est sur le terrain; c'est un élu municipal qui
était là au moment des événements de Saint-Basile,
qui est encore là et qui dit au ministère de l'Environnement...
Et ça, ça ne fait pas tellement longtemps, M. le
député de La Prairie. Le 10 novembre dernier, le maire de
Saint-Basile nous disait ce qui suit, et je le cite: "Appel d'offres pour un
conseiller technique pour l'élimination des BPC: Le ministère de
l'Environnement brûle les étapes", selon le maire Bernard Gagnon.
(17 h 30)
D'un côté, M. le Président, vous avez le
député de La Prairie qui nous dit que ça ne va pas assez
vite. De l'autre côté, vous avez le maire de Saint-Basile qui nous
accuse pratiquement de brûler les étapes. Et moi, ce que je fais
comme ministre de l'Environnement, au centre de tout ça, je continue
d'appliquer les recommandations du rapport Charbonneau qui font en sorte que
les citoyens sont impliqués dans le dossier, là où se
trouvent des BPC: à Shawinigan-Sud, à Saint-Basile, à
Pointe-aux-Trembles, à Manicoua-gan, des citoyens sont impliqués
dans le choix des sites de destruction et dans le choix des technologies de
destruction. Je ne suis pas assez vite pour le député de La
Prairie, trop vite pour le maire de Saint-Basile. Probablement que le rythme
est celui qu'il faut suivre parce que c'est celui que nous a recommandé
la commission d'experts que nous avons mandatée pour évaluer
l'ensemble du dossier, la commission Charbonneau.
M. le Président, par la suite, abandonnant le dossier des BPC, le
député de La Prairie nous a parlé d'une situation qui,
quant à lui, est très problématique, l'importation au
Québec de certaines matières ou de certains déchets
dangereux. Le député de La Prairie nous a rappelé le cas
de la firme Stablex, entre autres, qui importe la proportion importante de
déchets qu'elle détruit de l'extérieur du Québec.
Il nous a également rappelé, en oubliant de féliciter le
gouvernement pour le dépôt d'une réglementation en
matière de destruction de déchets biomédicaux, que la
compagnie Decom, propriété de Laidlaw dans la Gatineau,
détruit également des déchets biomédicaux
infectieux qui, pour la grande majorité, proviennent présentement
de l'extérieur du Québec.
Et le député a tenté d'insinuer, il l'a
insinué, M. le Président, que le Québec devrait fermer ses
frontières à tout ce qui est matière dangereuse et qui
pourrait provenir de l'extérieur du Québec. Il s'agit là,
je vous le soumets, M. le Président, d'une vision péquiste du
dossier des matières dangereuses, qui ne correspond absolument à
aucune des recommandations du rapport Charbonneau, qui ne rencontre pas et qui
n'obtient pas l'assentiment de quelque expert que ce soit qui se soit
penché sur les matières dangereuses.
M. le Président, il est vrai que le Québec importe des
matières dangereuses, mais ce qui est également vrai, c'est que
le Québec exporte des matières dangereuses et qu'en ce qui
concerne... Le député de La Prairie crie, M. le Président
- et je vous souligne que c'est non conforme au règlement - que c'est
moins. Il a techniquement raison. Mais ce qu'il ne vous dira pas, c'est que ce
n'est pas beaucoup moins. Il va vous dire que c'est moins, un petit peu moins.
Eh oui, le gouvernement du Québec travaille à avoir un bilan
d'import-export au niveau des matières dangereuses, qui soit
équilibré, qui fasse en sorte que nous en importions à peu
près le même volume que nous en exportons. Parce qu'on ne peut pas
établir des entreprises du style de Stablex un peu partout dans l'Est de
l'Amérique du Nord. D'ailleurs, qu'est-ce que le rapport Charbonneau
recommandait quant au volume de destruction de matières dangereuses chez
Stablex? Que le volume soit doublé, M. le député de La
Prairie. Il ne recommandait pas de fermer les frontières. Il
recommandait d'émettre des permis de façon à doubler les
volumes de destruction.
M. le Président, cette façon de s'isoler du reste de la
planète, qui caractérise le Parti québécois,
devrait les inciter à être prudents dans certains dossiers, entre
autres dans les dossiers environnementaux. Il y a intérêt pour le
Québec à avoir des ententes d'affaires avec des partenaires qui
sont nos voisins. Nous en avons en ce qui concerne, entre autres, le dossier
atmosphérique. Nous en avons en ce qui concerne le fleuve Saint-Laurent.
Nous en avons en ce qui concerne le lac Champlain. Nous en avons en ce qui
concerne le lac Memphrémagog. M. le Président, les pluies acides
ne sont pas toutes produites au Québec. Il y en a qui nous arrivent de
l'extérieur du Québec, des États-Unis et de l'Ontario et
il ne peut pas y avoir de frontières. Le fleuve Saint-Laurent ne tire
pas sa source dans la province de Québec; il tire sa source des Grands
Lacs et il faut travailler en collaboration avec les autres juridictions.
L'approche péquiste qui fait en sorte que la pollution doit commencer et
s'arrêter au Québec est une approche qui ne peut, en pratique,
s'appliquer.
M. le Président, le député de La Prairie nous a
prévenus qu'il recommanderait à sa formation politique de voter
contre l'adoption du principe de ce projet de loi. Et je rappelle le principe
de ce projet de loi, M. le Président: donner plus de pouvoirs au
ministère de l'Environnement pour intervenir dans le contrôle des
matières dangereuses au Québec. Et vous savez la raison que le
député de La Prairie a donnée à cette Chambre pour
nous indiquer qu'il voterait contre? Il nous indique que les règlements
ne sont pas déposés et qu'il s'agit, suivant son
analyse, d'une coquille vide.
M. le Président, lorsqu'on adopte le principe en deuxième
lecture d'un projet de loi, on se prononce en faveur, oui, d'une coquille, M.
le député de La Prairie. Vous manifestez que vous êtes
d'accord sur le principe du projet de loi. Est-ce que le gouvernement doit
continuer avec la législation péquiste qui a fait en sorte qu'on
émette des permis à Marc Lévy, ou si le gouvernement doit
modifier cette législation pour ne plus couvrir strictement les
déchets dangereux mais étendre sa juridiction à toutes les
matières dangereuses? Lorsque viendra le temps de voter, vous vous
poserez cette question: Est-ce que vous êtes d'accord avec le principe ou
est-ce que vous êtes contre le principe?
Maintenant, je reconnais un certain mérite à
l'intervention du député de La Prairie qui, comme parlementaire,
voudrait, avant d'adopter la loi comme telle, connaître la
réglementation qui est importante et qui va en découler.
Là-dessus, je donne raison au député de La Prairie et je
m'engage à déposer en commission parlementaire la
réglementation, de façon à ce qu'il puisse voter chacun
des articles du projet de loi en toute connaissance de cause et en connaissant
même la réglementation qui va suivre l'adoption du projet de loi.
Dans ces circonstances, il sera en mesure, lorsque chacun des articles sera
appelé, de se prononcer sur le contenu de la coquille, M. le
Président.
Si le député de La Prairie veut avoir cette
opportunité, s'il veut travailler de façon constructive et
positive à l'amélioration de notre environnement, s'il croit que
le ministère de l'Environnement devrait étendre sa juridiction
à toutes les matières dangereuses, s'il croit que le ministre de
l'Environnement devrait détenir des pouvoirs d'ordonnance pour
intervenir de façon préventive dans certains cas et, lorsqu'il y
a catastrophe, de façon rapide pour remédier à la
situation, s'il croit que le ministère des Transports doit être
l'intervenant en matière de contrôle du transport des
matières dangereuses, M. le Président, s'il croit que la
législation actuelle, même si elle est péquiste,
mérite d'être bonifiée, il votera pour le projet de loi du
gouvernement. Merci, M. le Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
l'Environnement. Est-ce que le principe du projet de loi 405, Loi modifiant la
Loi sur la qualité de l'environnement, est adopté?
Une voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Sur division.
Adopté sur division.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Johnson: sur division. m. le président, je fais donc
motion pour que ce projet de loi soit déféré à la
commission de l'aménagement et des équipements pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté M. le
leader adjoint du gouvernement.
Projet de loi 170
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je profite de ce moment
pour indiquer que, plus tôt au cours de la séance, j'ai
négligé de faire motion pour déférer le projet de
loi 170 à la commission du budget et de l'administration pour
étude détaillée. Je fais maintenant cette motion sans
préavis.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, votre
négligence est réparée. Est-ce que cette motion est
adoptée? Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: m. le président, c'était un oubli. j'ai
négligé de... mais c'était un oubli. je vous demanderais
d'appeler l'article 10 du feuilleton.
Projet de loi 185 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 10 de
notre feuilleton, M. le ministre du Travail propose l'adoption du principe du
projet de loi 185, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction. Je vous cède la parole, M. le ministre du Travail, en
vous rappelant que vous disposez d'une période maximale de 60
minutes.
Une voix: Bravo!
M. Normand Cherry
M. Cherry: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir
qu'aujourd'hui, en cette Assemblée, nous allons discuter ensemble du
principe du
projet de loi 185, projet de loi modifiant la Loi sur les relations du
travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre - et
ça, M. le Président - dans l'industrie de la construction.
Dans un premier temps, ce projet de loi a notamment pour objet de
préciser la notion d'entrepreneur autonome, le droit applicable aux
représentants d'une corporation ou d'une société oeuvrant
sur les chantiers de construction ainsi que certains pouvoirs de la Commission
de la construction du Québec. (17 h 40)
II vise aussi, M. le Président, à majorer certaines
amendes et à créer de nouvelles infractions, et ce, pour mieux -
et je répète - contrer le travail au noir. De plus ce projet de
loi étend à tout entrepreneur de la construction la
responsabilité solidaire avec ses sous-traitants du paiement des
salaires dus par ces derniers à leurs salariés. De plus, il
supprime l'obligation de publier dans les journaux la convention collective
conclue par les parties et la requête demandant son extinction juridique
et permet au gouvernement de déterminer les cas prévus par la loi
où des frais, droits ou honoraires peuvent être exigés.
M. le Président, avant d'aller plus loin, vous me permettrez que
nous fassions ensemble un bref historique expliquant la démarche qui
nous amène aujourd'hui à l'adoption de ce projet de loi. Vous
vous souviendrez sans doute, M. le Président, qu'en juin 1988 - vous
étiez membre de cette Chambre à l'époque - le projet de
loi 31 déréglementait le secteur de la rénovation, alors
qu'en mai 1989 les partenaires de l'industrie de la construction étaient
en pleine négociation du Décret de la construction. À
cette occasion, les représentants syndicaux ont alors défendu une
revendication qui leur était chère, soit la mise sur pied d'un
régime de supplément de revenu. Une entente a alors
été conclue sur la prolongation du décret pour une
durée d'un an et la formation d'un comité d'étude sur
cette question.
Donc, le 5 juillet 1989 la Commission sur la stabilisation du revenu et
de l'emploi, appelée plus communément la commission
Picard-Sexton, voit le jour et a pour mandat de faire rapport le 28
février 1990. À la demande des deux commissaires, MM. Laurent
Picard et Jean Sexton, son mandat est prolongé jusqu'au 30 juin 1990.
Toutefois, on s'en souviendra, le Décret de la construction venant
à échéance, il est prolongé le 27 avril 1990 pour
trois semaines afin de permettre la poursuite des négociations. À
la fin de ce délai et devant l'impossibilité des parties à
s'entendre, le gouvernement fixa un décret d'une durée de trois
ans.
La commission Picard-Sexton remet le 28 juin 1990 son rapport à
mon prédécesseur, document rendu public le 12 juillet de la
même année. Je vous rappelle que celui qui vous parle a
été nommé ministre du Travail le 4 octobre 1990.
dès mon arrivée, le rapport picard-sexton se trouvait sur ma
table de travail. j'en ai vite pris connaissance et j'ai demandé aux
gens de mon ministère de se mettre à l'oeuvre. ce dossier
était devenu ma priorité. ce rapport de près de 300 pages,
composé de 9 blocs et impliquant plusieurs partenaires, forme un
tout.
Dans un premier temps, un plan d'action visant à mieux
protéger le consommateur, à accroître la qualité des
travaux dans l'industrie de la construction et à mieux contrer le
travail au noir a été élaboré.
Parallèlement, de nombreux échanges entre les parties
contractantes ont conduit à la mise en place d'un plan de formation par
le perfectionnement et le recyclage.
En terminant ce bref historique, je vous rappelle quelques dates
importantes: adoption du plan d'action par le Conseil des ministres le 19 juin
dernier et, dès le lendemain, une déclaration
ministérielle énonçant les grands volets de ce plan fut
faite en cette Chambre; durant l'été 1991, rédaction du
projet de loi pour lequel je sollicite l'adoption du principe aujourd'hui et
d'un autre projet que nous aurons l'occasion de débattre, et ce,
très bientôt. rétablissement de la notion d'entrepreneur
autonome, lutte contre le travail au noir...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mme la
députée de Johnson, une question de règlement.
Mme Juneau: Je m'excuse d'interrompre mon collègue.
Ça n'a pas de bon sens! Il a une bonne intervention et il n'y a personne
de ce côté-là.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous soulevez le quorum?
Alors, qu'on appelle les députés!
Allez-y, M. le ministre du Travail. Si vous voulez continuer votre
intervention.
M. Cherry: Alors, on se souviendra que le plan d'action, M. le
Président, avait été adopté par le Conseil des
ministres le 19 juin dernier et, dès le lendemain, en cette Chambre,
j'énonçais les grands volets de ce plan. Durant
l'été, la rédaction du projet de loi, dont je sollicite
l'adoption du principe aujourd'hui, et d'un autre projet de loi que nous aurons
l'occasion de débattre et ce, très bientôt. Le
rétablissement de la notion d'entrepreneur autonome, la lutte contre le
travail au noir, la mise en place d'un fonds de formation par le
perfectionnement et le recyclage et la précision des pouvoirs
corporatifs de la Commission de la construction du Québec
représentent les grands fondements du projet de loi 185.
Au sujet de la notion d'entrepreneur autonome, M. le Président,
je vous rappelle qu'un amendement a été apporté à
la loi R-20, en 1988, qui a introduit une déréglementation dans
le
secteur de la rénovation. Par cela, un entrepreneur autonome peut
y agir et ce, en toute légalité, le reste du champ d'application
étant réservé aux "vrais" de la construction. L'intention
du législateur était de voir, par ce partage,
l'établissement d'une paix industrielle que certains ont amoindrie en
utilisant le voile corporatif.
Le projet de loi 185 vise donc à restaurer l'intention du
législateur voulant que l'entrepreneur autonome puisse continuer
d'exister dans le champ d'application qui lui a été
déterminé et ce, en 1988, à savoir tout le système
de règlement. Il est à noter que des mesures transitoires sont
prévues afin d'harmoniser et de permettre à ceux qui sont
touchés par ce changement de faire un choix éclairé. Je
l'ai dit à plusieurs reprises et je profite de l'occasion pour le
répéter, les parties ont été unanimes à
décrire le travail au noir comme un fléau. Mon gouvernement a
choisi d'agir en mettant en place des mesures ayant comme objectif de mieux
contrer toute forme de travail au noir et, par conséquent, de mieux
protéger le consommateur.
Ces mesures se résument à l'instauration d'amendes
dissuasives, de suspension du certificat de compétence, de
création de nouvelles infractions, de réservation du champ
d'application aux employeurs et aux salariés et, enfin,
d'échanges de renseignements. (17 h 50)
Permettez-moi, M. le Président, de revenir au fonds de formation
par le perfectionnement et le recyclage, ce qui permet de donner suite à
l'entente intervenue entre les parties lors de la prolongation du Décret
de la construction en mai 1989 et vise à favoriser la stabilisation du
revenu et de l'emploi dans l'industrie de la construction.
De par les nouvelles dispositions qui lui seront dévolues, la
Commission de la construction du Québec administrera tout fonds que les
parties jugeront nécessaires aux fins de formation. Et, de plus, devant
la nécessité de préciser les pouvoirs de ce même
organisme, le projet de loi prévoit de lui reconnaître le pouvoir
d'emprunter. Ce droit que l'institution avait, il nous semble, étant
donné qu'elle est une corporation, lui a été refusé
car une institution financière, s'inspirant d'une opinion juridique,
réfutait cette interprétation.
M. le Président, le projet de loi 185 s'inscrit dans le plan
d'action annoncé dans ma déclaration ministérielle faite
en cette Chambre le 20 juin dernier. Il se veut une première
réponse au rapport Picard-Sexton. Et, de plus, il fera en sorte de
concrétiser la demande des parties quant à la formation de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, entente menant à la
mise en place d'un plan de formation par le perfectionnement et le recyclage,
visant à favoriser la stabilisation du revenu et de l'emploi des
travailleurs et travailleuses de la construction.
Pour toutes ces raisons, je sollicite donc le consentement de cette
Chambre pour l'adoption du principe du projet de loi 185. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le ministre du
travail. sur le même sujet, je cède la parole à m. le
député de joliette et leader de l'opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. le
Président, tout d'abord, je dois préciser que je ne serai pas le
porte-parole ou le critique officiel. Donc, je me limiterai à mon
rôle de 20 minutes. C'est dû à un engagement. Ma
collègue aura son heure comme critique officielle, ma collègue de
Chicoutimi. Mais, d'entrée de jeu, je suis assez heureux de revenir
à mes anciennes amours pour parler de relations du travail et, en
particulier, un secteur que j'ai touché avec chaleur et émotion,
la construction. Parce qu'on se rappellera que j'ai fait partie d'une
commission en 1974 et on retrouve, malheureusement, encore des
éléments de cela. Ce n'est pas facile de corriger les trous
béants dans ce secteur des relations du travail.
Cependant, j'ai lu le projet de loi avec beaucoup d'attention. Je
comprends les intentions, mais je doute beaucoup des effets et c'est un peu ce
que je veux dire au ministre. En particulier, parlons d'abord des amendes pour
éviter le travail au noir. Commençons par ce point précis.
Il m'apparaît que le système d'amendes n'est pas d'une
efficacité à toute épreuve pour les motifs suivants: tout
d'abord, parce qu'il faut continuellement recourir au Procureur
général. La CCQ n'a pas de pouvoir, ou à peu près
pas. On me dit qu'il y a eu près de 50 000 infractions de
signalées l'an dernier. Mais c'est bien sûr que, quand tu as
recours au Procureur général, avec les rôles
engorgés comme ils le sont, c'est deux ou trois ans. Et les trois quarts
du temps, il n'y a plus de poursuites.
Donc, moi, à mon point de vue, l'efficacité de ce projet
de loi, je la mets en doute au départ. Personnellement, je pense qu'il y
a bien d'autres manières d'éviter le travail au noir, des moyens
incitatifs pour que le citoyen ne soit pas complice avec le travailleur au
noir. Je pense à des exemples. Avons-nous pensé ou est-ce que le
ministre a pensé, par exemple, de dire à un propriétaire
qui fait une rénovation majeure de quelque 12 000 $ ou 20 000 $... C'est
fréquent aujourd'hui, ça. On se fait juste bâtir une salle
de bains puis ça coûte, ça, 10 000 $. Est-ce que le fait
que l'individu, que le propriétaire puisse en déduire une partie
sur ses impôts, ça n'aurait pas été plus incitatif
pour prendre les travailleurs qui sont diplômés puis qui ont leur
carte de compétence dans la construction? Est-ce que
ça n'aurait pas été un moyen beaucoup plus
pédagogique et beaucoup plus rentable d'en arriver à
éviter le travail au noir? Moi, je pense que c'est tout aussi valable et
même plus, dans ma tête à moi, que le système
d'amendes. Je suis convaincu de cela parce qu'on ne parle pas de 5 000 000 $,
on ne parle pas de 10 000 000 $; on parle de 500 000 000 $ annuellement de
travail au noir. Et là, on ne parle pas du troc en plus qui est en train
de s'installer depuis quelques années à l'intérieur de
notre système.
Ce n'est pas surprenant, à ce moment-là, que les revenus
rentrent moins au gouvernement. C'est évident. Quand c'est rendu avec du
travail au noir de l'ordre de 500 000 000 $, 500 000 000 $, ça fait
travailler du monde, ça. Ça fait travailler beaucoup de monde,
ça. Ça paie beaucoup de programmes au gouvernement. Donc moi,
j'aurais pensé qu'on puisse inventorier des mesures plus efficaces que
la simple amende à cause de notre système. Il n'y a pas plus
d'inspecteurs qu'il n'y en aura à l'Office de la construction pour le
travail au noir. Ils n'auront pas plus de pouvoirs, les inspecteurs, qu'ils
n'en avaient avant cette loi-là. Tout ce qui est changé, c'est le
quantum des amendes.
Je dois vous avouer que, moi, personnellement, j'aurais pensé
à d'autres formules, à la publication obligatoire, par exemple,
dans chacune des municipalités, des permis de construire,
peut-être à un rôle actif à jouer par le monde
syndical parce qu'ils auraient devant eux la liste des permis de construire. Je
pense, entre autres, également peut-être, aux institutions
bancaires à qui on aurait pu faire jouer un rôle parce qu'elles
prêtent, et on sait qu'un travail fait au noir, les possibilités
de recours - un, le ministre le sait - sont quasiment nulles quand le travail
est fait au noir, alors que si une institution bancaire ou une institution
financière, les Caisses populaires prêtent, pourquoi ne pas faire
une entente avec elles pour qu'elles prêtent en autant que tout se fait
dans les normes et selon les règles? C'aurait pu être un autre
moyen. Je pense que les municipalités auraient pu jouer un rôle
aussi.
Moi, personnellement, je doute fortement de l'efficacité de cette
loi en fonction de la recherche, si vous voulez, de la diminution du travail au
noir. Je n'y crois fondamentalement pas, surtout qu'il faut passer par le
Procureur général, puis c'est d'une lourdeur épouvantable.
Moi, j'aurais pris plutôt un mécanisme de relations de travail qui
est plus souple et qui peut en arriver à une efficacité beaucoup
plus grande, dans un laps de temps beaucoup plus restreint. En tout cas,
ça m'apparaît en commission parlementaire... J'espère
pouvoir me dégager puis aller discuter, fondamentalement, de cette
approche-là.
Le deuxième aspect qui m'inquiète, il y a un pouvoir
nouveau à la CCQ, c'est le pouvoir de révoquer, si j'ai bien
compris, dans toutes mes lectures, parce qu'il y a trois lois et il faut que je
fasse attention de ne pas jouer les unes sur les autres. Mais j'ai eu une
inquiétude en lisant cela parce qu'on sait comment un salarié,
sur un chantier donné, peut être isolé. Il est à la
merci d'un contremaître ou d'un patron. Il n'a pas toujours sur les
chantiers un délégué syndical. Si le patron dit:
Transporte telle chose. Le type part. Ce n'est pas dans sa définition de
tâche, mais...
Prenez, par exemple, tous ceux qui ont des fonctions, ce qu'on appelle
les fonctions de journalier, manoeuvre, etc. S'il accomplit une tâche -
parce que le ministre est assez dur dans la loi de ce
côté-là - qui est dévolue à un corps de
métier, il est passible de se faire révoquer son permis. Si c'est
le cas, moi, je ne marche pas. Je ne marche pas parce qu'on laisse l'individu
face à son patron, qui obéit à son patron, susceptible,
par une commission, de se faire enlever son permis de travail parce qu'il
accomplit une tâche que son patron lui demande d'accomplir. Il y a un
trou là qu'il va falloir boucher au niveau des amendements parce que
ça m'apparaît être... (18 heures) je ne vous dis pas que
ça se ferait sur une haute échelle, mais je connais trop le
secteur pour vous dire que ça ne se ferait pas, surtout dépendant
du "sticker" qu'il a dans le front sur un même chantier. et ça, le
ministre le sait. s'il y a quatre travailleurs du conseil des métiers,
un de la csd, ou quatre travailleurs de la ftq et un de la csn, et s'il
accomplit des tâches dévolues à un métier, vous
savez bien qu'il va y en avoir, des plaintes. vous le savez bien, surtout si
vous placez ça dans une période de maraudage, vous savez bien ce
qui va arriver. et là, on va avoir d'honnêtes travailleurs qui
vont être placés devant des situations aberrantes. je pense qu'il
y a des trous béants à corriger dans cette loi-là,
même si elle a fait l'objet, sans doute, d'une entente. moi, je n'en
doute pas, mais je pense qu'on est ici, au-delà des partis, pour essayer
de clarifier certains textes qui risquent précisément de
créer des problèmes là où on ne les voyait pas au
départ. et c'est notre rôle d'essayer de voir ce qui peut se
produire à partir de l'instrument juridique que l'on a. et, à mon
point de vue, il y aura un travail à faire au niveau des articles, au
niveau de la compréhension, et il faudra apporter les amendements pour
ne pas permettre que le système connaisse des aberrations.
Travailleur autonome tel que décrit, avec la
possibilité... les articles 19.1 et 19.2. Je vous avoue qu'il va falloir
le vulgariser si on veut que les gens comprennent, parce que c'est technique,
c'est très technique. On sait qu'une compagnie, ça peut
être un individu aujourd'hui; ça peut être un travailleur
autonome qui se crée une compagnie. Qui va identifier lequel de sa
compagnie va aller travailler sur les chantiers? C'est très technique;
je ne crois pas que ce soit
à la portée des travailleurs. Il va falloir qu'on
crée des instruments pour vulgariser cela, pour ne pas se ramasser
devant des aberrations. Je comprends l'objectif, je comprends le but
visé, mais je pense qu'il va falloir qu'on vulgarise un peu la loi pour
permettre une meilleure compréhension de l'objectif à atteindre.
Et ça, je pense qu'on a tous avantage à préciser d'une
façon sans équivoque l'objectif visé par la loi sur ce
côté-là.
Quant à la formation, bien, je vous avoue qu'à cette
étape-ci, en ce qui regarde la formation, je suis pour la
création d'un fonds. Personne ne peut être contre ça. On
veut former la main-d'oeuvre et, en particulier, je dois vous dire que dans le
secteur de la construction il était peut-être temps qu'on s'y
penche. Ça fait longtemps qu'on en discute et c'est une première
de voir, au moins, que les deux parties veulent travailler. Mais j'ai des
inquiétudes, là aussi, et je vais les transmettre au
ministre.
Tout d'abord, tant et aussi longtemps qu'on vivra dans le pluralisme
syndical dans le domaine de la construction, il faut savoir quel pluralisme, et
la loi n'est pas changée là-dessus. Il n'y a pas de modification
à la loi quant à la représentativité. Il y a une
représentativité pour la négociation mais, pour le reste,
un groupe de salariés qui est représenté par un autre
groupe a le droit d'intervention. Au niveau de la formation, je pense
personnellement qu'on doit donner accès à tous les groupes
tolérés ou permis par la loi. Je donne juste un exemple et je ne
veux me faire le défenseur d'aucune centrale, mais je connais les
proportions, ou à peu près. Je sais, par exemple, que la CSD
représente à peu près 16 000, 17 000, 10 %; un autre
groupe, à peu près 15 % ou 20 %. Deux groupes semblables et un
groupe majeur qui est la FTQ, qui est majoritaire.
Mais au niveau de la formation, si j'ai bien compris le projet de loi -
et le ministre pourra, au niveau de sa réplique, demain, préciser
les orientations - tel que je le vois, c'est que sont écartés de
la gestion de la formation des groupes qui ne sont pas représentatifs au
sens de la négociation. Il m'apparaît que l'accès à
la formation, l'accès à l'information pour la formation,
ça doit être ouvert à tout le monde. Ce n'est pas une table
de négociations pour la représentativité. Il
m'apparaît qu'on doit avoir au moins un conseil consultatif où
tous peuvent aller dire leur mot en termes de formation. C'est un peu
différent de la négociation. Je ne vois pas pourquoi on exclurait
des gens qui sont parties prenantes et qui paient - il faut bien se comprendre
- c'est qu'ils paient. C'est un fonds, ça, assumé par les
parties. Donc, si c'est assumé par les parties, les travailleurs de tout
groupe y participent. À mon point de vue, ils ont un mot à dire
au moins, ne serait-ce qu'avant toute prise de décision il y ait
obligatoirement consultation publique. Mais il y a quelque chose là qui
ne m'apparaît pas clair et qu'il faudrait au moins clarifier.
Il y a un autre danger aussi, à cela. Je ne sais pas comment le
ministre va le régler, mais c'est le chevauchement. Parce que je me
souviens d'avoir discuté longuement avec d'autres ministres du Travail
et je connais les soins jaloux, par exemple, du ministère de
l'Éducation. Je ne me fais pas de bile là-dessus, moi, là.
Je ne suis pas venu au monde hier, là-dedans. Je ne sais pas comment on
va en arriver à avoir une ligne claire, une ligne directrice bien
précise. S'il devait y avoir chevauchement, on est aussi bien de ne pas
en faire. Il faut que ce soit clair, là. Il faut que les programmes...
Moi, je pense qu'il y a une distinction profonde à établir entre
la juridiction ultime et la préparation, l'élaboration des
programmes... parce qu'on parle bien de recyclage, de formation de
main-d'oeuvre. En plus de ça, il y a le ministère de la
Sécurité du revenu qui est dedans, imaginez-vous!
Là-dessus, je pense que le ministre doit s'attendre... puis, je
pense qu'on ne lui réservera pas de surprise. Il va falloir qu'il nous
explique comment ça va marcher parce que l'histoire quotidienne des
relations entre les ministères, on sait ce que c'est. On se parle tous.
Quand on n'est pas en Chambre, on est tous d'accord, mais il n'y a rien qui
marche en arrière. Moi, j'ai besoin de savoir comment ça va
fonctionner parce que ce fonds-là va venir à avoir des gros sous.
Dans le fond, à 0,10 $ et à 0,20 $, un peu plus tard, là,
ça va constituer plusieurs dizaines de millions au bout de la course.
Donc, il faut que ce fonds-là serve d'une façon efficace dans
l'industrie de la construction. On ne crée pas un fonds pour le plaisir
de créer un fonds. On crée un fonds pour la formation, en
fonction de l'efficacité et du perfectionnement de la main-d'oeuvre.
Dieu sait, dans ce secteur-là, si on s'ennuie même de nos vieilles
écoles d'arts et métiers, parce qu'à l'époque les
gens travaillaient et ils étaient prêts pour la construction.
Aujourd'hui, ce n'est pas ça qui arrive, fondamentalement. Je comprends
qu'on va prendre des travailleurs en fonction pour les recycler et les former.
Mais, toute la dimension d'apprenti, qu'est-ce qui va arriver? Les corporations
de maîtres électriciens et les corporations de maîtres
tuyauteurs, quel rôle vont-elles jouer dans ça? Est-ce que les
lois constitutives vont tomber? C'était un des principaux rôles,
et la qualité de leurs membres...
Il y a des questions auxquelles il faut répondre
présentement parce que ça ne m'apparaît pas tout à
fait clair dans le projet de loi. Je comprends que le projet de loi est
technique, mais, au niveau de la compréhension qu'on doit en avoir avant
de voter pour un projet de loi, il faut qu'on ait au moins une vision de
comment ça va se faire. Je vois bien qu'il y a un fonds, je vois bien
qu'il y a des parties qui vont constituer des comités de
décision, mais je ne
vois pas comment ça va fonctionner dans le concret. Je ne vois
pas quelles seront les juridictions précises, par exemple, des
ministères. Je ne vois pas quel processus on va faire pour
accréditer les diplômés parce qu'il y a les corporations
dans cela. Peut-être que c'est simple, mais je ne sais pas si on a
réfléchi à ce que pourrait être la
réglementation de ça. Est-ce qu'on a déjà un projet
de... pas de constitution, mais au moins de règlement pour former et
gérer ce fonds-là, pour savoir ce qu'ils vont faire avec, si
c'est une réserve, et qu'on prendra le temps de constituer un mode de
fonctionnement dans le temps? C'est possible que ce soit ça aussi, mais
je pense que c'est important qu'on le sache à cette époque-ci
avant de se prononcer définitivement sur le projet de loi.
Donc, c'étaient mes principales inquiétudes et les
principales remarques que je voulais faire avant, bien sûr, d'aller
article par article dans les prochains jours. Mais je le répète,
M. le Président, pour bien faire comprendre qu'à ce stade-ci,
moi, personnellement, non seulement je crains, je ne crois pas ou peu aux
effets des amendes, je pense qu'on aurait pu aller vraiment vers d'autres
formules beaucoup plus incitatrices où on aurait pu responsabiliser les
milieux. Quand je dis les milieux, c'est responsabiliser autant le travailleur
que les institutions du milieu. Moi, je pense que la structure fait en sorte
qu'on ne règle pas le problème. On ne change pas la CCQ - la
Commission de la construction - on ne change pas le nombre d'inspecteurs, on ne
donne pas plus de pouvoirs, on s'en remet encore au Procureur
général, et on dit: Tout ce qu'on fait, on majore les amendes.
Majorer les amendes, moi, je m'excuse, mais je ne pense pas que ça ait
un gros effet. Quand on sait la somme qu'il y a là, 500 000 000 $, je
pense qu'on doit prendre le moyen d'aller chercher au moins 400 000 000 $ ou
450 000 000 $ et l'objectif serait d'aller en chercher 500 000 000 $. (18 h
10)
Je ne crois pas que ce projet de loi ait des effets substantiels et
significatifs sur le travail au noir. Je le dis en toute franchise, en toute
candeur: Je ne crois pas que ce soit la méthode présentement. Il
faut amener les gens à réfléchir aux gestes qu'ils posent.
Réfléchir aux gestes qu'ils posent, ça veut dire qu'il
faut que tu fasses réfléchir le type qui fait faire les travaux
autant que celui qui travaille. Je ne suis pas certain que, comme
société, on ne doit pas s'appuyer sur les institutions qu'on a en
place, à savoir les institutions financières et les
municipalités. Je pense qu'il y aurait moyen de trouver là une ou
deux pistes qui pourraient nous permettre véritablement de faire cesser
ce fléau.
Ce travail au noir qui se fait et qui se fait sur une très grande
échelle est absorbé par tous les autres. C'est absorbé par
la classe moyenne. C'est absorbé par celui qui travaille
honnêtement 40 heures par semaine et qui a les déductions à
la source. C'est absorbé par celui qui gagne 25 000 $ ou 30 000 $ et
c'est parce que le gouvernement perd 500 000 000 $ qu'il doit taxer en
corrélation. Et ça, M. le Président, c'est quelque chose
de suffisamment sérieux pour ne pas se limiter à la simple
approche de correctifs d'amendes.
Je terminerai, M. le Président, en vous disant que nous aurons
des amendements très sérieux à apporter pour corriger des
choses, autant sur la loi elle-même, son fonctionnement, que sur les
dangers que nous voyons dans certaines ouvertures quant aux pouvoirs de la
Commission et également sur la formation professionnelle. D'abord, c'est
de plus en connaître sur le fonctionnement. Plutôt que de risquer
de mal interpréter les propos, j'ai préféré poser
des questions, espérant avoir des réponses dans les prochains
jours. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle. Sur le
même sujet, je cède la parole à M. le député
de l'Acadie.
M. Yvan Bordeleau
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Aujourd'hui, nous
discutons du contenu du projet de loi 185 qui est une législation fort
importante. En effet, ce projet de loi, cette législation modifie la Loi
sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction.
Avant d'aller plus loin, M. le Président, j'aimerais, si vous me
le permettez, donner un certain aperçu du contenu du projet de loi.
Ainsi, comme je viens de le mentionner, ce projet de loi a pour objectif
d'apporter des correctifs importants à la loi actuelle. D'abord, le
projet de loi précise la notion d'entrepreneur autonome, le droit
applicable aux représentants d'une corporation ou d'une
société qui oeuvre sur les chantiers de construction et certains
pouvoirs de la Commission de la construction du Québec. De plus, le
projet de loi 185 majore certaines amendes et crée de nouvelles
infractions.
Ainsi, lorsqu'il y a récidive, certaines infractions
entraînent, bien sûr, des amendes, la suspension du certificat de
compétence, la suspension de son renouvellement ou du droit d'en obtenir
un. Comme le stipule le projet de loi, quiconque utilise les services d'un
salarié dont le certificat de compétence ou le droit d'en obtenir
un a été suspendu est passible d'amendes importantes.
Par ailleurs, cette nouvelle législation étend à un
entrepreneur de la construction la responsabilité solidaire avec ses
sous-traitants du paiement des salaires dus à leurs salariés. Il
rend responsable du paiement du salaire fixé par le décret de la
construction tout donneur d'ouvrage
qui contracte avec un entrepreneur qui n'est pas titulaire d'une licence
nécessaire dans l'exécution des travaux de construction.
Enfin, M. le Président, ce projet de loi supprime l'obligation de
publier dans les journaux la convention collective conclue par les parties et
la requête demandant son extension juridique. Il permet aussi au
gouvernement de déterminer des cas prévus par la loi où
des frais, droits ou honoraires peuvent être exigés. Voilà,
M. le Président, pour ce qui est du contenu à proprement parler
de la loi 185.
Comme on peut le constater, en plus d'apporter certains correctifs
à la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et
la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, ce projet
nous permet de disposer de certaines recommandations du rapport Picard-Sexton.
Ce dernier n'est donc pas resté sur les tablettes.
Vous vous souviendrez, M. le Président, que c'est le gouvernement
du Québec qui a créé une commission pour établir
les modalités d'un régime de stabilisation du revenu et de
l'emploi pour les travailleurs de la construction. Cette commission porte le
nom de commission Picard-Sexton. Au chapitre des recommandations, on se
rappellera qu'il y avait la lutte contre le travail au noir.
Nous sommes donc fiers aujourd'hui d'inclure dans le présent
projet de loi des normes dissuasives concernant le travail au noir, lequel
constitue un véritable problème pour le Québec.
Effectivement, M. le Président, tout le monde est d'avis aujourd'hui que
le travail au noir constitue un des fléaux les plus sérieux pour
le Québec et pour son économie.
Tout à l'heure, j'entendais le député de Joliette
qui mentionnait qu'on doit faire en sorte que les gens
réfléchissent aux conséquences du travail au noir et je
pense que ce projet de loi, par les mesures qui y sont incluses, permettra et
forcera les gens à réfléchir à ce problème
très important pour le Québec.
Le projet de loi 185 contient donc des mesures pour contrer ce
phénomène. Parmi ces mesures, il y a, comme je l'ai
mentionné, des amendes sévères. En plus de ces amendes,
nous prévoyons la suspension des certificats de compétence. De
plus, le projet de loi établit que le champ d'application sera
désormais réservé aux employeurs et aux salariés
qualifiés et permet enfin un échange de renseignements. Ainsi, M.
le Président, on se rend compte que l'objectif du gouvernement
libéral du Québec est de contrer le travail au noir et, par le
fait même, de protéger le consommateur, ce qui était
d'ailleurs l'un des buts visés par la commission Picard-Sexton.
En plus du volet concernant le travail au noir, le projet de loi que
nous discutons présentement fait état des mesures concernant
l'entrepreneur autonome. Ainsi, avec la venue d'une nouvelle
législation, il continuera d'exercer dans le champ qui lui a
été déterminé en 1988, mais la notion
d'entrepreneur autonome sera précisée. M. le Président,
puisque cette notion sera incluse dans le projet de loi, des mesures
transitoires seront prévues ou mises en place pour harmoniser et
permettre à ceux qui seront touchés de faire un choix
éclairé. Donc, M. le Président, le projet de loi modifiant
la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion
de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction est très
important, puisqu'il touche directement l'un des secteurs-clés de
l'économie québécoise.
J'aimerais, pendant les quelques minutes qui me sont encore
allouées, parler d'un aspect important de l'industrie de la
construction, soit l'aspect de la formation de la main-d'oeuvre.
M. le Président, on le sait sans doute, l'amélioration des
qualifications professionnelles est un élément fondamental de la
croissance économique. Mais malgré les progrès qu'on a
connu au niveau de l'éducation, il y a encore, malheureusement,
plusieurs travailleurs et travailleuses qui sont vulnérables. Je dis
vulnérables puisque vous savez, autant que moi, que les emplois
nécessiteront dans un avenir rapproché une formation qu'ils n'ont
pas toujours actuellement.
Le gouvernement libéral du Québec, auquel je suis fier
d'appartenir, est donc conscient de cette réalité qui peut nous
sembler dure à plusieurs égards. En effet, face aux changements
qui surviennent constamment sur le marché du travail et
évidemment afin de réduire le plus possible le taux de
chômage, il est impérieux que les entreprises et les travailleurs
se mobilisent dans le but de relever le niveau des qualifications
professionnelles.
M. le Président, on se souviendra que le budget de l'an dernier
avait établi un nouveau crédit d'impôt remboursable
à la formation et ce, afin d'inciter les entreprises à investir
dans le développement des compétences de leurs employés.
C'est pourquoi, étant donné l'impact de plus en plus positif de
cette mesure, nous avons tenu à apporter des améliorations de
manière à tenir compte des différents contextes de
travail. Avec le budget de cette année, on a vu les ajustements de
nature technique qui seront apportés.
Mais, en plus de ces ajustements, il faut faire en sorte d'aider les
travailleuses et les travailleurs qui veulent individuellement se perfectionner
ou se recycler afin de mieux s'adapter aux exigences du marché du
travail. À cet effet, le gouvernement actuel a mis sur pied un programme
d'aide financière aux démarches individuelles de formation. Par
le biais d'une formule combinée de garanties de prêt, de
prestation de formation et de déduction d'impôt applicable aux
remboursements du prêt, le travailleur pourra, pendant la durée
maximale de trois trimestres, maintenir son niveau de revenu disponible
à 90 % de ce qu'il était avant sa formation. Ce program-
me s'adressera, au départ, aux salariés qui veulent
acquérir une formation professionnelle de niveau secondaire ou
collégial en vue d'obtenir une attestation d'études. (18 h
20)
M. le Président, vous le savez, puisqu'on l'a
répété à maintes reprises lors du débat sur
le discours sur le budget, lorsque ce programme sera pleinement mis en place et
fonctionnel, soit dans quelques années, c'est plus de 100 000 000 $ qui
viendront à chaque année soutenir les politiques de formation des
travailleuses et des travailleurs du Québec. Il est donc juste
d'affirmer que le gouvernement libéral du Québec a à coeur
la prospérité économique puisque cette dernière ne
peut être réalisable sans investir dans la compétence de la
main-d'oeuvre. Les deux sont étroitement liées et notre
gouvernement l'a bel et bien compris depuis longtemps.
M. le Président, nous sommes à même de constater
l'accélération des changements technologiques des
dernières années. Tout le monde conçoit actuellement que
le progrès technologique dépend de la compétence de la
main-d'oeuvre. Le secteur de la construction n'est pas sans faire exception
à cette règle. La nouvelle législation vient donc apporter
des correctifs à la Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre en apportant des correctifs
que nous avons jugé utiles et nécessaires. Ces correctifs
permettront ainsi une meilleure application de cette loi importante pour
l'économie du Québec.
De plus, ce projet de loi donne suite au plan d'action annoncé
dans la déclaration ministérielle du 20 juin dernier et constitue
une première réponse au rapport Picard-Sexton. Finalement, il
permet de concrétiser l'entente des parties sur la formation de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction.
M. le Président, je veux remercier le ministre du Travail d'avoir
déposé un tel projet de loi, car en plus de
bénéficier à l'ensemble de l'industrie de la construction,
c'est le Québec tout entier qui en sortira gagnant. C'est donc pour
toutes ces raisons que je voterai en faveur du projet de loi 185, Loi modifiant
la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion
de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de l'Acadie. Je vais maintenant céder la parole
à M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. Étant
donné qu'il est passé 18 h 20 et que j'ai droit à 20
minutes, est-ce que je pourrais demander l'ajournement du débat de
façon à pouvoir faire mes 20 minutes en seulement une
période au cours de la journée de demain?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que la motion
d'ajournement est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Cela met
fin à nos travaux réguliers pour la séance
d'aujourd'hui.
Débats de fin de séance
L'octroi d'un contrat de pose de tapis par
Hydro-Québec
Nous allons donc maintenant procéder aux trois débats de
fin de séance. Dans un premier temps, le débat de fin de
séance requis par Mme la députée de Johnson,
adressé à Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Je vous rappelle, Mme la députée de Johnson, que vous disposez
d'une période de cinq minutes pour votre première intervention;
Mme la ministre, vous pourrez répliquer pour la même
période de cinq minutes et, Mme la députée de Johnson,
vous disposerez d'un dernier deux minutes. Allez-y, Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, M. le Président. M. le
Président, très calmement et sans faire de patronage, bien
sûr, parce que des soumissions publiques, il n'est pas question qu'on
fasse de patronage avec ça, je vais tenter de vous expliquer très
clairement la situation du contrat de tapis pour tapis Peerless.
À partir d'un devis descriptif fourni par Hydro-Québec,
dans le devis, il y avait deux propositions. Une disait: Nous demandons une
soumission pour nylon Ultron 3D qui est fait par la compagnie Monsanto,
d'Atlanta, en Géorgie. C'est la seule compagnie qui fait de l'Ultron 3D
et c'est une compagnie américaine à 100 %. Dans l'autre devis,
l'autre demande d'Hydro-Québec, on demandait une soumission pour du
tapis Antron XL fait par Dupont, qui fournit les fibres de tapis Peerless,
d'Acton-Vale.
Donc, M. le Président, il y a eu des soumissions de faites et
tapis Peerless d'Acton-Vale a fait la plus basse soumission correspondant et
conforme au devis descriptif. Je vais vous donner des raisons pourquoi
Hydro-Québec devrait choisir les tapis Peerless. Les tapis en rouleaux
proposés par Peerless sont moins chers que les tapis en carreaux. Les
tapis en rouleaux proposés par Peerless sont en parfaite
conformité avec la politique d'achat du gouvernement du Québec.
Les carreaux de tapis ne rencontrent pas les termes ni l'esprit de ladite
politique d'achat. Les tapis en rouleaux proposés par Peerless sont
conformes au design, tant par leurs couleurs que par leurs
propriétés, tel que choisi par les professionnels, le bureau de
design Sodeplan. Les
tapis en rouleaux proposés par Peerless sont conformes aux
exigences du devis d'Hydro-Québec en tout point.
La Corporation des tapis Peerless a fourni un cautionnement de 720 000 $
garantissant la conformité au devis, incluant la garantie de 10 ans
contre l'usure et la garantie de 10 ans de la conservation d'apparence. Les
tapis en rouleaux proposés par Peerless sont fabriqués avec de la
matière première de meilleure qualité, soit les fibres
Antron de Dupont, alors que les tapis en carreaux utilisent l'Ultron de
Monsanto, une fibre plus petite et plus faible. Les tapis en rouleaux
proposés par Peerless supportent mieux le trafic que les carreaux de
tapis.
Peerless a fourni dans l'édifice H, à Québec, du
tapis en rouleaux et, en même temps, Interface a fourni des carreaux de
tapis dans certains secteurs. L'avis général est que les carreaux
montrent, après quelques années seulement, de grands signes de
fatigue alors que le tapis en rouleaux a toujours l'apparence du neuf.
La plupart des grandes corporations, soit Bell Canada, Air Canada ainsi
que les gens soucieux de la qualité de leur lieu de travail
préfèrent aujourd'hui, en 1991, acheter du tapis en rouleaux.
Bell Canada a acheté 37 000 verges carrées de tapis, Air Canada,
Radio-Canada, Shell de Montréal, Esso de Montréal et ainsi de
suite, M. le Président. La raison d'être des carreaux de tapis -
nous la reconnaissons bien - est de fournir un accès plus facile sous
les planchers lorsque des planchers amovibles... soit ceux d'ordinateur ou de
tours de contrôle d'aéroports. Mais là, on ne parle pas
d'une tour de contrôle, on parle d'Hydro-Québec.
Dans les autres cas, ils sont nettement survendus et ne
représentent aucun avantage pour l'utilisateur. La disposition des
carreaux de tapis représente aussi un problème environnemental
plus grand que la disposition des tapis en rouleaux, puisque l'endos des
carreaux est constitué de huit livres par verge carrée de
matières plus polluantes que les tapis en rouleaux qui ne contiennent
que deux livres et demie par verge carrée de tapis. Donc, la Corporation
des tapis Peerless offrait la meilleure solution pour Hydro-Québec. Il
ne faut pas perdre de vue, M. le Président, que c'était la plus
basse soumission et que, par le fait même, quand Hydro-Québec a
choisi le deuxième soumissionnaire, qui est une firme américaine,
ils n'ont pas fait le bon choix, M. le Président. Bien au contraire,
ça signifie une perte d'emplois pour la compagnie des tapis Peerless
d'Acton Vale et c'est regrettable, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Johnson. Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources, pour votre intervention de cinq minutes.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Je pense, M. le Président, que c'est le comble
du comble de me faire convoquer ici à un débat de fin de
séance pour me justifier de ne pas faire du patronage, M. le
Président. Je pense qu'il n'y a plus rien à comprendre non plus
et je vois bien que, depuis le début de la session, l'Opposition n'a pas
fait preuve de beaucoup d'originalité dans ses questions. On en est aux
questions de comté, M. le Président.
Mais je vais répéter, pour la quatrième, la
cinquième, la sixième, la septième fois, s'il le faut,
à la députée de Johnson ce qu'elle n'a apparemment pas
compris. J'avais pourtant mentionné, il y a quelques semaines, qu'il
n'était aucunement question que j'intervienne auprès
d'Hydro-Québec dans le processus d'attribution des contrats. C'est me
demander de faire du patronage. C'est comme ça que je l'appelle, M. le
Président, et ça, la députée le sait. C'est non,
pas question.
Hydro-Québec est effectivement allée en appel d'offres
pour la fourniture de tapis à son siège social de
Montréal. La proposition des tapis Labrosse a été retenue
et comportait deux possibilités: une contenant de la fibre
américaine et une contenant de la fibre canadienne, soit 60 %
québécoise et 40 % ontarienne, et c'est cette dernière qui
a été retenue par HydroQuébec. Un, les tapis en carreaux
offrent des avantages indéniables sur les tapis en rouleaux, selon les
besoins d'Hydro-Québec, et, deux, ils sont interchangeables pour assurer
une usure uniforme et leur remplacement peut se faire par pièces. Trois,
sa durée de vie est de 15 ans, soit de 5 ans à 7 ans
supérieur à celle du tapis en rouleaux.
Pour l'information de la députée, M. le Président,
tous ces avantages permettent de réaliser une économie de 649 378
$, soit 50 % du coût total du contrat. Pour ce qui est de la fibre
utilisée, elle est de 60 %, encore une fois, québécoise,
40 % ontarienne, contrairement à ce que répète et
répète la députée de Johnson, en mentionnant qu'il
s'agit là d'une fibre d'origine ontarienne et américaine. Je
pense que c'est assez clair.
Ceci est le choix d'Hydro-Québec qui l'a fait selon ses besoins
et ne me demandez pas de m'ingérer dans le processus de soumission de la
société d'État, c'est non. Mes responsabilités, M.
le Président, sont tout autre et vous faites de la bien petite politique
- et je le répète - en me demandant d'intervenir.
Enfin, pour ce qui est de la politique Achetons chez nous, je
rappellerai à la députée de Johnson qu'Hydro-Québec
fait plus que ses devoirs à ce niveau-là. Hydro-Québec a
continué de favoriser l'achat de biens et de services fabriqués
et distribués au Québec, même si elle s'approvisionne aussi
à l'extérieur du Québec et du Canada.
En 1990, le contenu québécois de ses achats était
de 53 % pour les biens et de 94 % pour les services et les travaux, soit un
contenu québécois global de 72 %. En plus, au cours de 1990,
Hydro-Québec a acheté des biens et services et des travaux
évalués à 2 400 000 000 $. On a déterminé
que ce volume d'achat avait soutenu environ 26 000 emplois répartis en
fonction de la concentration industrielle régionale.
De manière plus générale, Hydro-Québec a
inclus dans sa mission l'utilisation de l'électricité pour
stimuler le développement économique et appuyer le
développement régional. La députée de Johnson
semble oublier que les activités de l'entreprise comptent pour 50 % du
produit intérieur brut du Québec et ont soutenu environ 50 000
emplois en 1989 partout à travers le Québec et devraient en
soutenir 67 000 en 1992. M. le Président, au cours des 30
dernières années, l'appui d'Hydro-Québec au
développement économique régional est incontestable. Mais
de cela, M. le Président, évidemment, la députée
n'en fera pas mention. Elle pavoise, permettez-moi de le dire, sur le
tapis.
Je terminerai en lui rappelant qu'en ce qui me concerne, c'est
indiscutable, qu'elle me pose la question 20 fois si elle le veut, je ne
m'ingérerai pas dans le processus d'Hydro-Québec lorsque la
Société va en appel d'offres. Si c'est ce genre de politique que
veut faire la députée de Johnson, elle a frappé à
une bien mauvaise porte, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la ministre.
Mme la députée de Johnson, pour votre réplique de deux
minutes.
Mme Carmen Juneau (réplique)
Mme Juneau: M. le Président, est-ce que la ministre est au
courant qu'après avoir eu le contrat la compagnie Interface s'est
tournée de bord et a demandé à la compagnie Dupont de
fournir les fibres pour fournir Hydro-Québec? Il n'y avait aucun contenu
québécois, mais au moins il y aurait un contenu canadien, parce
que Dupont, c'est de l'Ontario. Est-ce qu'elle sait ça? Est-ce qu'elle
sait que la compagnie Peerless d'Acton-Vale a payé, l'année
dernière, 1 800 000 $ à Hydro-Québec pour
l'électricité de son entreprise? Est-ce qu'elle sait que cette
année, elle est rendue à 1 400 000 $ de coûts
d'électricité pendant que la compagnie Interface a 5 vendeurs au
Québec et elle a un petit bureau de 4000 pieds carrés, donc, elle
ne paie pas d'électricité au Québec?
Est-ce qu'elle sait aussi qu'il y a des gens qui s'en vont sur le
chômage? Quand elle me dit: C'est la récession. Qu'est-ce que
c'est, la récession, M. le Président? Ça veut dire qu'il
n'y a pas de contrat qui entre dans leur entreprise. C'est ça que
ça veut dire, la récession. Si toutes les compagnies comme
Hydro-Québec achètent du produit américain, qu'est-ce que
ça va faire? C'est que nos entreprises vont mourir les unes après
les autres. Est-ce qu'elle est la responsable de l'Énergie? Est-ce
qu'elle est la responsable d'Hydro-Québec? Je ne lui demande pas de
faire du patronage, M. le Président, je lui demande juste de respecter
la politique d'achat du gouvernement du Québec. C'est simplement
ça que je lui demande pour sauver les emplois de nos travailleurs
québécois. C'est juste ça, M. le Président. Et
à chaque fois que je suis intervenue vis-à-vis d'elle... J'ai
envoyé une lettre à Hydro-Québec avec copie conforme
à la ministre. Si c'est ça qu'elle appelle du patronage, M. le
Président, je vais continuer à en faire pour les travailleurs,
à la fois du Québec, à la fois de mon comté.
Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Johnson. Nous allons maintenant procéder au
deuxième débat de fin de séance, celui requis par M. le
député de La Prairie et adressé à M. le ministre de
l'Environnement. M. le député de La Prairie, comme vous le savez
sans doute, vous disposez d'une période de cinq minutes. Oui, M. le
leader adjoint du gouvernement?
M. Johnson: M. le Président, encore une fois, afin de
permettre à mes collègues d'être des nôtres pour la
réplique, je demanderais la suspension des travaux pour quelques
instants.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous allons suspendre les
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 35)
(Reprise à 18 h 37)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Tel qu'annoncé
avant la suspension, M. le député de La Prairie, vous disposez
d'une période de cinq minutes.
Le financement du recyclage au Québec M. Denis
Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. J'ai demandé ce
débat de fin de séance parce que je n'ai pas eu de
réponses satisfaisantes de la part du ministre de l'Environnement
lorsque je lui ai posé des questions aujourd'hui, concernant le
recyclage et concernant plus particulièrement le projet de sa
prédécesseure, la députée de Chome-dey, de ramasser
100 000 000 $ auprès de 300 entreprises dans l'espace de sept ans, pour
que cet argent serve ensuite à aider les municipalités à
organiser leur collecte sélective de recyclage.
On sait qu'après deux ans, M. le Président,
à peine quelques millions de dollars ont été
ramassés. Alors, nous, du côté de l'Opposition, comme les
gens en alimentation... Il y a six groupes en alimentation qui ont
récemment... Et j'énumère les six groupes - ce n'est pas
de la fantaisie, ça: l'Association des détaillants en
alimentation du Québec, le Conseil canadien de la distribution
alimentaire, les Fabricants canadiens de produits alimentaires, l'association
des fabricants de produits alimentaires du Québec, l'Association des
embouteilleurs d'eau du Québec et les viniculteurs
québécois.
Tous ces gens-là disent au ministre, depuis quelque temps: Le
système de contribution volontaire de votre gouvernement, ça ne
marche pas. Ça ne marche pas. Et nous vous demandons, disent-ils,
d'imposer à l'ensemble de l'industrie des tarifs obligatoires. Avec cet
argent-là, Collecte sélective, qui a été mise sur
pied par du bénévolat, pourra satisfaire aux demandes des
municipalités. Le ministre n'a pas répondu à la question
précise: Est-ce qu'il est d'accord, oui ou non, pour dire que un, c'est
un échec, deux, qu'il va donner suite aux demandes du monde
alimentaire?
De toute évidence, puisqu'il n'a pas voulu répondre, comme
il le fait souvent, je prends pour acquis qu'il n'est pas d'accord avec les
demandes du monde alimentaire. Mais, M. le Président, il n'y a rien de
déshonorant à admettre un échec. La politique du
volontariat, à cet égard, a été un échec.
Quand sa prédécesseure a dévoilé ce fameux plan de
100 000 000 $ en sept ans, elle a dit - et le document du ministère le
dit d'ailleurs - que si ça s'avère insuffisant la participation
sera imposée par voie réglementaire. Bon.
Les gens qui sont concernés disent: On est rendus là et
contrairement à ce que la députée de Vachon disait cet
après-midi, c'est faux de dire qu'il n'y a pas de demandes en suspens de
la part des municipalités. Il y a au-delà de 2 000 000 $ de
demandes de la part des municipalités, actuellement, aux derniers
renseignements aujourd'hui, et Collecte sélective Québec n'a
à peine que 1 000 000 $ à donner.
Alors, M. le Président, d'une part, par une loi, il y a un an et
demi, la loi 60, la société RECYC-Québec a
été créée. Elle a plusieurs mandats, cette
société. Entre autres, d'encourager le recyclage. Cette
société a actuellement 28 000 000 $, dont 20 000 000 $ en
placements d'obligations et prêts hypothécaires. Alors que les
municipalités demandent de l'argent, la Société
RECYC-Québec, c'est un échec aussi comme le volontariat dans le
projet Bacon, comme il était appelé autrefois.
M. le Président, plutôt que d'essayer de dire: Ça va
mieux que ça allait il y a 20 ans... C'est évident qu'il y a plus
de ramassage qui se fait, plus de collecte sélective maintenant qui se
fait par rapport à il y a 10 ans. Les automobiles sont plus
perfectionnées aujourd'hui qu'il y a 40 ans aussi, M. le
Président. Mais le ministre de l'Environnement devrait mettre de l'ordre
dans RECYC-Québec. Il le sait fort bien. RECYC-Québec a à
peine un an et demi. Il y a eu deux présidents, deux amis du ministre
qui ont été nommés là: M. Ménard et
maintenant, M. Lord. Le premier s'est chicané avec le cabinet du
ministre. Un autre ami du ministre, son ancien associé dans son bureau
d'avocats, M. Lord, est maintenant président de RECYC-Québec et
ça ne marche pas mieux. Il a donné deux mandats: consigne des
pneus et consigne des bouteilles à la SAQ. Les deux mandats ne sont pas
accomplis et cette société dort littéralement sur 28 000
000 $ pendant que les municipalités s'arrachent les cheveux pour trouver
de l'argent pour organiser leur collecte sélective et leur
recyclage.
Alors, M. le Président, je conclus en disant: Le ministre ne fait
pas son travail et ce gouvernement ne croit pas vraiment au recyclage.
Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de La Prairie. M. le ministre de l'Environnement, pour
votre intervention de cinq minutes.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, comment
rendre claire une situation après que le député de La
Prairie ait appliqué tout son talent professionnel à tenter de la
rendre obscure et confuse. M. le Président, le député de
La Prairie invite le ministre de l'Environnement à reconnaître un
échec. Il connaît le ministre de l'Environnement. Si échec
il y avait, échec nous reconnaîtrions, de ce côté-ci
de la Chambre.
M. le Président, je vous prends comme juge de ce débat.
Sous l'ancien gouvernement - nous parlons de la collecte sélective, M.
le Président - entre 1980 et 1985, à peu près la
même période de temps parce qu'il faut comparer des choses
comparables... Ça fait six ans que le Parti libéral est au
pouvoir. Les six dernières années du gouvernement du Parti
québécois... Pas question, M. le Président, de retourner
40 ans en arrière. Voyons, en fonction de la collecte sélective,
le bulletin qu'on doit décerner aux péquistes, M. le
Président. Nombre de municipalités desservies pendant les six
dernières années du Parti québécois: 77
municipalités, M. le Président. On sait que la collecte
sélective peut varier. Il peut s'agir d'un service de porte à
porte - qui est le service le plus efficace - ou d'un service par apport
volontaire: une cloche dans un quartier. Sous le gouvernement du Parti
québécois, 131 820 portes de desservies par le porte à
porte, et par apport volontaire, 328 160. Population totale desservie à
la fin du mandat du Parti québécois, M. le Président: 460
000 de population totale québécoise desservie par la
collecte sélective.
Oui, M. le Président, je crois qu'il s'agit d'un échec de
la politique du Parti québécois. Sous le gouvernement du Parti
libéral, M. le Président, après la même
période de temps, nombre de municipalités desservies: 260. Vous
vous souvenez, sous le PQ? Quatre fois plus de municipalités desservies
pour la même période de temps. Le porte à porte, M. le
Président? 1 569 012 portes. Sous le Parti québécois, vous
vous en souvenez? 131 820, M. le Président. C'est plus de 10 fois plus
que les libéraux ont fait pendant la même période de temps
que ce qu'a fait le Parti québécois. L'apport volontaire: nous
avons doublé les mesures en termes d'apport volontaire. La population
desservie après six ans de régime libéral? 2 300 000
contre - vous vous en souvenez, M. le Président - à peine 500 000
sous le Parti québécois. C'est six fois plus de population
desservie.
M. le Président, je pense que si on veut comparer les
succès ou les échecs, il faut vous laisser juger; par votre
entremise, il faut laisser la population juger. Le porte-parole du Parti
québécois n'a qu'à s'en remettre aux observateurs les plus
critiques en la matière. Je fais référence, M. le
Président, à un article paru récemment dans Le Devoir,
le 18 octobre dernier, sous la plume de Louis-Gilles Francoeur. Le titre,
malgré les accusations non fondées du critique de l'Opposition en
matière d'environnement, M. le Président, vous le voyez d'ici:
"Progression spectaculaire de la cueillette sélective des déchets
domestiques".
J'ai acheminé l'article au député à la
période de questions, cet après-midi, pensant éviter un
débat de fin de séance ou, au moins, pensant qu'il prendrait le
temps de lire l'article. Évidemment, M. le Président, le
député n'a pas voulu prendre le temps de lire cet article. Je
vous en cite quelques extraits et je cite Louis-Gilles Francoeur: "La collecte
sélective des déchets domestiques a progressé de
façon spectaculaire au cours des deux dernières années,
faisant passer le nombre de Québécois desservis par ce service de
2,2 % en 1980 - alors que vous étiez membre du gouvernement, M. le
député de La Prairie -à 34 % l'an dernier sous un
gouvernement du Parti libéral. C'est ce qu'a révélé
hier le président de Collecte sélective Québec, M.
André Martel, à un colloque sur les déchets
organisé par la Fondation québécoise en
environnement."
Les municipalités se sont impliquées, le gouvernement du
Québec s'est impliqué, les industries se sont impliquées.
Vous me demandez aujourd'hui, M. le député de La Prairie, si je
suis d'accord avec la proposition de certains détaillants en
alimentation importants qui contribuent de façon volontaire à
Collecte sélective Québec de transformer une contribution
volontaire en une taxe sur le panier d'épicerie.
Normalement, comme ministre de l'Environnement, je devrais vous dire: On
manque de fonds, nous allons taxer ou nous allons proposer de taxer le panier
d'épicerie. Dans le contexte économique actuel, je vous incite
à parler avec votre chef, je vous incite à parier avec la
porte-parole de l'Opposition qui représente ou qui défend les
assistés sociaux, je vous invite à parier à vos
électeurs...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demande de
conclure, M. le député.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et si vous continuez à
me recommander d'imposer une taxe sur le panier d'épicerie des
Québécois, je devrai conclure que vous êtes
complètement déconnecté de la réalité
québécoise.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
l'Environnement. M. le député de La Prairie, vous disposez de
deux minutes pour votre réplique.
M. Denis Lazure (réplique)
M. Lazure: M. le Président, le ministre a
évité de répondre, encore une fois, à la question.
C'est bien évident que la population est plus ouverte à fa
collecte sélective maintenant qu'elle ne l'était il y a 10 ans ou
il y a 15 ans. Le ministre de l'Environnement défonce des portes
ouvertes. Le scandale, c'est qu'il y a deux sociétés qui
relèvent de lui, une qui s'appelle RECYC-Québec, qui a 28 000 000
$ dont 20 000 000 $ placés en hypothèques et en obligations alors
que cet argent-là devrait servir à augmenter les 20 % ou les 30 %
de collecte sélective.
Dans le Toronto métropolitain, actuellement, M. le
Président, et après trois ans seulement, 100 % des foyers du
Toronto métropolitain ont la collecte sélective porte à
porte, M. le Président. Les cloches, ce n'est pas de la vraie collecte
sélective. M. le Président, la honte, c'est que ce gouvernement
laisse des sommes d'argent considérables dormir pendant que des
populations de plusieurs villes au Québec veulent avoir de l'aide
financière pour organiser leur collecte sélective. Et la honte,
M. le Président, c'est que ce ministre de l'Environnement passe son
temps, par son cabinet, à émettre des ordres contradictoires
à RECYC-Québec, si bien que les présidents ne font pas
plus que six mois et abandonnent la partie.
Or, M. le Président, je pense que la population jugera. La
collecte sélective, c'est une nécessité, elle est voulue
par tout le monde, La population est bien loin en avant du gouvernement qui se
traîne les pieds et qui laisse de l'argent dormir en hypothèques
et en obligations plutôt que de l'utiliser pour aider les
municipalités. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de La Prairie. Nous allons maintenant procéder au
troisième débat de fin de séance, celui requis par M. le
député de Gouin et adressé à Mme la ministre
déléguée aux Finances. M. le député de
Gouin, vous disposez d'une période de cinq minutes pour votre
intervention principale.
Le paiement par les compagnies d'assurances du
Québec des pertes des Coopérants
M. André Boisclair
M. Boisclair: M. le Président, je vous remercie. Cet
avant-midi, j'avais l'occasion d'interroger la ministre
déléguée aux Finances sur la participation de la SIAP dans
le sauvetage des Coopérants. Les informations que nous avons, M. le
Président, sont à l'effet que la SIAP... La SIAP, il faut le
préciser, est cette Société canadienne d'indemnisation des
compagnies d'assurances de personnes, un organisme privé, financé
par les membres de l'industrie, un organisme pancanadien qui a comme
responsabilité de voir à protéger et à indemniser
les détenteurs de police dans le cas où une compagnie serait
insolvable. On pourrait faire un parallèle rapidement en comparant la
SIAP à la Régie de l'assurance-dépôts, avec la
nuance que la SIAP s'applique aux compagnies d'assurances de personnes et
qu'elle s'applique à la grandeur du Canada et non pas seulement au
Québec comme dans le cas de la Régie de
l'assurance-dépôts pour les dépôts que les
épargnants laissent dans des comptes de banque. (18 h 50)
Donc, cette SIAP est financée par les membres de l'industrie en
fonction d'une formule plutôt complexe qui fait appel à
différents bassins de cotisation où on distingue les entreprises
à charte québécoise de celles qui font affaire au
Québec. Vous comprendrez facilement, M. le Président, qu'une
compagnie comme la Great-West ou la Sun Life, malgré qu'elles aient une
charte fédérale, font affaire au Québec.
Les informations que nous avons, pour revenir au dossier des
Coopérants, sont à l'effet que la SIAP s'apprête à
verser, dans un scénario le plus pessimiste, 145 000 000 $, dans un
scénario plus optimiste, de 80 000 000 $ à 90 000 000 $. Peu
importe le montant, M. le Président, ce qu'il est important de
comprendre c'est de quelle façon l'argent versé par la SIAP sera
financé.
Nous savons à ce moment-ci, M. le Président, que
l'assiette de cotisation au Québec, qui est établie en fonction
d'un certain pourcentage sur les primes qui sont, bien sûr,
versées au Québec, est de l'ordre de 20 000 000 $ à 25 000
000 $. Prenons 20 000 000 $ pour fins de discussion. Donc, si, par exemple, la
SIAP investit une centaine de millions, c'est 20 000 000 $ que les compagnies
faisant affaire au Québec, à charte québécoise ou
non, auront à investir. Et déjà, M. le Président,
elles ont été cotisées.
Au-dessus de ces 20 000 000 $ qui représentent l'assiette de
cotisation du Québec, si on prend la base de 100 000 000 $,
l'hypothèse que je vous soumettais tout à l'heure, il resterait
donc 80 000 000 $ à financer. Ces 80 000 000 $ seront avancés par
l'ensemble des membres de la SIAP, qu'ils soient Québécois,
qu'ils soient à charte fédérale ou pas, qu'ils fassent
affaire au Québec ou ailleurs. Donc, c'est 80 000 000 $ qui sont
avancés par l'ensemble des membres de la SIAP. La question qui se pose,
cependant, est déjà dans l'avis de cotisation qui a
été déposé, c'est de voir de quelle façon,
puisque les membres de la SIAP vont exiger un remboursement... Quelle va
être la participation des compagnies québécoises et sur
quelle base va-t-elle se faire?
La ministre répondait à ma question, et avec raison, que
jamais la participation des compagnies à charte québécoise
- prenons par exemple l'Assurance-vie Desjardins, la Mutuelle des
fonctionnaires, la SSQ ou d'autres compagnies bien connues - ne sera
supérieure à 32 %. Cependant, ce qu'il faut bien comprendre,
c'est que ce surplus que nous aurons à rembourser à la SIAP sera
basé non pas sur les primes de l'ensemble du Canada, mais bien
uniquement sur celles du Québec, pour les compagnies qui font affaire au
Québec.
Ce que nous voulons soulever, M. le Président, et l'interrogation
que nous présentons à la ministre pour qu'elle nous y
réponde et pour qu'elle puisse aussi éclairer l'ensemble des
membres de l'industrie, qu'elle puisse éclairer les
Québécois et Québécoises qui, bien sûr,
contribuent au développement de ces compagnies, qui ont tout
intérêt à les voir prospérer, à les voir
développer de nouveaux marchés, c'est: Quelle
interprétation fait-elle et quelle interprétation est-ce que le
gouvernement fait de ce protocole d'entente? Ce gouvernement qui a signé
une entente avec les gens de la SIAP donc, qui reconnaît finalement les
pouvoirs qui sont ceux de la SIAP, quelle interprétation la ministre en
fait-elle? C'est d'autant plus important, M. le Président, que
déjà, comme je vous le soulignais tout à l'heure, les
cotisations ont été demandées en date du 20 novembre et
que c'est pour le 20 décembre que les compagnies auront à payer
leur cotisation.
Donc, finalement - je résume la question, M. le Président:
Sur quelle base? Sur l'ensemble des primes du Canada ou sur l'ensemble des
primes du Québec pour le débordement des 20 000 000 $? C'est
ça, la question, M. le Président, et j'espère qu'on pourra
avoir les éclaircissements nécessaires dans le meilleur
intérêt de l'ensemble des parlementaires. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Gouin. Mme la ministre
déléguée
aux Finances, vous disposez d'une période de cinq minutes.
Mme Louise Robic
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. le Président,
j'aimerais d'abord remercier le député de Gouin de l'occasion
qu'il me fournit aujourd'hui de mettre en relief une entente qui assure la
protection entière de tous les détenteurs de police des
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie, suite
à l'acquisition du portefeuille d'assurance-vie et de rentes des
Coopérants par L'Industrielle Alliance, compagnie d'assurances sur la
vie.
J'aimerais également profiter, M. le Président, de
l'occasion pour souligner la vigilance et l'efficacité de l'Inspecteur
général des institutions financières, M. Jean-Marie
Bouchard, qui a permis que cette entente se réalise dans la
continuité d'une entreprise québécoise.
M. le Président, le député de Gouin, dans sa
question en Chambre de ce jour, posait la question, à savoir "qui aura -
et je le cite - à supporter le fardeau du sauvetage des
Coopérants". M. le Président, ce ne sont pas les
détenteurs de polices, car ces derniers sont protégés
à 100 % par cette entente. Ce ne sont pas les agents des
Coopérants qui paieront de leur emploi, car ils seront invités
à joindre les rangs de la force de vente de L'Industrielle Alliance. Ce
ne sont pas les contribuables québécois, car aucune somme
d'argent n'est fixée par le trésor public dans cette entente.
Qui donc assumera les coûts reliés à cette entente
qui a permis, coup sur coup, que ni les détenteurs de polices, ni les
agents d'assurances des Coopérants, ni le trésor public ne soient
affectés négativement? Comme le disait lui-même le
député de Gouin, la SIAP, la Société canadienne
d'indemnisation pour les assurances de personnes, est une forme de fonds
d'indemnisation privé, financé par l'industrie et dont
l'adhésion est obligatoire au Québec. Cette société
privée a été créée par les compagnies
d'assurances de personnes. C'est les compagnies elles-mêmes qui ont
créé ce fonds, donc, qui y adhèrent et qui comprennent
bien l'entente qu'elles ont signée. C'est donc une société
administrée par le secteur privé pour lesdites compagnies.
Au Québec, M. le Président, la totalité des
compagnies d'assurances de personnes ont adhéré à la SIAP,
suite à l'obligation imposée par règlement du gouvernement
pour détenir un permis d'opération au Québec. Les
ministres des institutions financières de plusieurs provinces,
d'ailleurs, ont pris leurs responsabilités en rendant obligatoire
l'adhésion des compagnies d'assurances de personnes à la SIAP. Il
s'agissait alors d'uniformiser une mesure visant à protéger le
consommateur sans que l'État n'intervienne monétairement.
Le fait, M. le Président, qu'on constate que la compagnie Les
Coopérants garde ses activités au Québec et qu'aucune
perte ne soit enregistrée par les détenteurs de polices est un
résultat qui découle de cette entente.
Permettez-moi, M. le Président, de rappeler au
député de Gouin qu'il faut être prudent avant d'avancer des
chiffres et qu'on ne peut à ce moment-ci statuer de façon
précise sur les montants nécessaires pour couvrir certaines
pertes. On peut toutefois avancer que les cotisations maximales annuelles sont
de 0,5 % des primes perçues au Québec. Dans le cas qui nous
concerne, si on parle de 20 000 000 $ pour le Québec et de 80 000 000 $
pour le reste du Canada, il est clair que lesdits 80 000 000 $ seront
réabsorbés les années suivantes en fonction du pourcentage
des affaires des Coopérants au Québec. mais, m. le
président, il est important de spécifier que les compagnies
à charte québécoises représentent environ 32 % du
montant de primes vendues au québec et que les autres compagnies faisant
affaire au québec représentent environ 68 % des primes vendues.
c'est dans cette proportion, m. le président, que la répartition
des cotisations s'effectuera d'année en année, ce qui
équivaudra en bout de piste au fait que les compagnies
québécoises auront absorbé environ 32 % des pertes contre
68 % des pertes assumées par les autres compagnies faisant affaire au
québec.
Comme le chiffre d'affaires des Coopérants est à 96 % au
Québec, c'est dans cette proposition que sont établies les
cotisations.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Si les chiffres
d'affaires des Coopérants avaient été... Bon, alors, je ne
ferai pas la comparaison, M. le Président. Je vais tout simplement vous
dire que je termine en disant que les prétentions du
député de Gouin ne sont pas fondées et qu'il s'agit
là d'une excellente entente pour tous les intervenants dans ce dossier,
M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lefebvre): merci, mme la
ministre. m. le député de gouin, vous disposez d'une
période de deux minutes pour votre réplique.
M. André Boisclair (réplique)
M. Boisclair: M. le Président, ce débat, à
ce moment-ci, ne m'aura pas renseigné sur grand-chose si ce n'est que la
ministre, comme je vous l'ai souligné au moment de ma première
intervention, nous dit que c'est 32 % des primes vendues. Il s'agit là
du chiffre d'affaires des compagnies d'assurances à charte
québécoise, qui, bien sûr, en fonction de leur part de
marché au Québec... et la balance - 68 % - constitue le
pourcentage
du marché des primes vendues par des compagnies qui n'ont pas de
charte québécoise et qui font affaire au Québec.
La question est de savoir... J'aimerais demander à la ministre si
elle est au fait que plusieurs banques de l'industrie contestent cette
évaluation sur le seul marché du Québec, et que plusieurs
maintiennent que ce n'est pas seulement sur les primes vendues au
Québec, mais bien sur l'ensemble des primes vendues au Canada, ce qui
vient modifier substantiellement les pourcentages que la cotisation devrait
porter. Est-ce que la ministre est au fait de cette double
interprétation du protocole d'entente? Si elle n'est pas au fait, elle
le sera bientôt parce que des membres de l'industrie vont rapidement
faire connaître leur position. Qu'entend-elle faire? Est-ce que le
gouvernement du Québec, est-ce que la ministre, par le biais de ses
officiers, entend prendre position dans le débat qui oppose à
l'heure actuelle plusieurs membres de l'industrie à la
Société canadienne d'indemnisation? C'est ça la question
que je soulève, M. le Président. Je sais très bien ce qui
en est de la SIAP, je sais très bien quel est son mandat. C'est
moi-même qui le rappelait à la ministre ce matin.
Ce que je voudrais savoir, M. le Président, compte tenu du
différend qui existe à l'heure actuelle sur
l'interprétation du protocole d'entente, compte tenu qu'il s'agit d'un
protocole d'entente passablement difficile à interpréter, surtout
lorsqu'on se permet de lire la version française, qu'est-ce que la
ministre en pense? Quels sont les avis juridiques, qu'en pense la ministre?
C'est ça la question, M. le Président. Quelle position va-t-elle
prendre dans le différend qui, à l'heure actuelle, oppose les
compagnies québécoises, dont l'Assurance-vie Desjardins, à
la SIAP? Quelle est la position de la ministre, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Gouin. Alors, cette dernière intervention met
fin à ce dernier débat de fin de séance et,
également, aux travaux de l'Assemblée nationale que j'ajourne
à demain, mercredi, à 10 heures.
(Fin de la séance à 19 h 2)