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(Dix heures vingt-deux minutes)
Le Président: Mmes et MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants. Je vous remercie. Veuillez vous
asseoir.
Nous allons procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
Présentation de projets de loi
M. Pagé: M. le Président, est inscrit au feuilleton
non pas pour dépôt, mais en préavis, ce matin, le projet de
loi 413, Loi concernant l'application du plan conjoint (1980) des producteurs
de lait du Québec. Je conviens, M. le Président, qu'il est en
préavis seulement. Comme je souhaite que le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec puisse déposer
son projet de loi immédiatement, je demande le consentement des membres
de l'Assemblée nationale pour qu'on puisse déposer le projet de
loi malgré qu'il soit uniquement en préavis.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement de
l'Assemblée à ce que ce projet de loi, qui se trouve aux nouveaux
préavis, soit maintenant déposé? Il n'y a pas de
consentement.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, compte tenu du fait qu'il
n'y a pas de consentement, ce qui est évident, est-ce que je pourrais
demander au leader du gouvernement s'il n'accepterait pas, cependant, compte
tenu des circonstances, de la conjoncture, au moins de nous assurer qu'au cours
de janvier il pourrait y avoir quand même une commission parlementaire
sur le sujet? Je comprends que c'est le droit le plus strict du
député de refuser son consentement, mais il m'apparaît
qu'il y a un problème majeur et qu'on se devrait, à mon point de
vue, de pouvoir entendre les gens.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je conviens qu'il peut
être, à sa face même, questionnable que l'Assemblée
nationale soit saisie d'un projet de loi à être adopté la
dernière journée de la session et, par surcroît,
déposé la dernière journée de la session.
Cependant, l'économie générale qui a guidé le
cheminement de ce dossier agricole important, fondamental et majeur au
Québec commandait que les dispositions s'appliquent avant le 1er janvier
1992. Or, il est apparu très clairement, il y a quelques jours
seulement, que le Parlement devait être saisi d'un projet de loi et se
devait de l'adopter. Je retiens que le député de D'Arcy-McGee,
comme c'est son droit, refuse la présentation du projet de loi. Je
comprends aussi l'inquiétude du leader parlementaire de l'Opposition,
puisque c'est un sujet qui risque d'avoir des impacts majeurs et
négatifs pour l'économie agricole québécoise si on
ne statue pas.
Vous me demandez une commission parlementaire. J'entends,
peut-être même avant la fin de la présente séance,
être en mesure de répondre à votre question.
Le Président: Alors, très bien. Puisqu'il n'y a pas
de consentement, nous passons à l'étape suivante. À la
présentation de projets de loi, est-ce qu'il y a d'autres projets de
loi, M. le leader du gouvernement?
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article h du feuilleton.
Projet de loi 304
Le Président: Très bien. À l'article h du
feuilleton, j'ai reçu le rapport du directeur de la législation
sur le projet de loi 304, Loi concernant la ville de Trois-Rivières. Le
directeur de la législation a constaté que les avis ont
été faits et publiés conformément aux règles
de fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé. Je
dépose donc ce rapport.
S'il vous plaît! En conséquence, M. le député
de Trois-Rivières présente le projet de loi
d'intérêt privé 304, Loi concernant la ville de
Trois-Rivières. Est-ce que l'Assemblée accepte d'être
saisie de ce projet de loi?
des voix: oui.
Le Président: Adopté? Adopté. M. le leader
du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
ce projet de loi d'intérêt privé soit
déféré à la commission de l'aménagement et
des équipements pour étude détaillée et pour que M.
le ministre des Affaires municipales en soit membre.
Le Président: Alors, est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Je vais requérir la
collaboration de tous les collègues, s'il vous plaît.
Alors, maintenant, dépôt de documents. M. le leader du
gouvernement.
Dépôt de documents
Avant-projet de loi concernant l'application
du plan conjoint (1980) des producteurs
de lait du Québec
M. Pagé: M. le Président, comme c'est possible de
le faire en vertu de notre règlement, comme leader parlementaire du
gouvernement, au nom de mon collègue, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, comme j'en ai le droit,
je voudrais déposer l'avant-projet de loi concernant l'application du
plan conjoint (1980) des producteurs de lait du Québec; en avant-projet
de loi.
Le Président: Le document est donc déposé.
Maintenant, Mme la ministre...
M. Chevrette: Au niveau du dépôt de documents...
Le Président: Oui, M. le leader...
M. Chevrette: ...est-ce que c'est terminé?
Le Président: Non, ce n'est pas terminé. Non.
M. Chevrette: Je voudrais, avant la période...
Le Président: Oui, d'accord. Maintenant, toujours au
dépôt de documents, Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Rapport annuel de la Régie du gaz
naturel
Mme Bacon: Je suis certaine que le leader parlementaire ne
m'arrêtera pas, M. le Président. J'ai l'honneur de déposer
le rapport annuel 1990-1991 de la Régie du gaz naturel.
Décret concernant un contrat
d'énergie
secondaire assurée entre
Hydro-Québec
et Citizens Utilities Company
Conformément aux dispositions de l'article 6,1 de la Loi sur
l'exportation de l'électricité, je dépose le décret
no 1546-91 concernant un contrat d'énergie secondaire assurée
entre Hydro-Québec et Citizens Utilities Co.
Le Président: Ces documents sont donc
déposés. M. le ministre de la Sécurité
publique.
Rapport annuel de l'Institut de police du
Québec
M. Ryan: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
le rapport annuel 1990-1991 de l'Institut de police du Québec.
Le Président: Le rapport est déposé. M. le
ministre de la Justice.
Rapports annuels du ministère de la
Justice, du Commissaire aux plaintes
des clients des distributeurs
d'électricité,
de la Commission de protection des droits
de la jeunesse et de la Commission d'appel
en matière de lésions
professionnelles
M. Rémillard: Oui, M. le Président. J'ai l'honneur
de déposer le rapport annuel 1990-1991 du ministère de la
Justice. J'ai aussi, M. le Président, l'honneur de déposer le
rapport annuel du Commissaire aux plaintes des clients des distributeurs
d'électricité. J'ai aussi l'honneur de déposer, M. le
Président, le rapport annuel de la Commission de protection des droits
de la jeunesse. M. le Président, j'ai aussi l'honneur de déposer
le rapport annuel de la Commission d'appel en matière de lésions
professionnelles.
Le Président: Ces rapports sont tous
déposés. Je vais en appeler à la collaboration des
collègues, s'il vous plaît. Si vous avez des discussions à
faire, je vous prierais d'aller les faire à l'extérieur. Vous en
conviendrez, au cours de la journée, vous ferez vos discussions à
l'extérieur.
À l'ordre, s'il vous plaît!
Toujours au dépôt de documents, M. le leader du
gouvernement.
Réponses à des questions inscrites au
feuilleton
M. Pagé: Oui, M. le Président. Je voudrais
déposer la réponse à la question 13 du feuilleton de ce
jour inscrite par le député d'Ungava; la réponse à
la question 16 du feuilleton inscrite toujours par M. le député
d'Ungava; la réponse à la question 21 du feuilleton de ce jour
inscrite par Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve; la
réponse à la question 28 inscrite par M. le député
Lévis et la réponse à la question 39 du feuilleton
inscrite par M. le député de D'Arcy-McGee.
Le Président: Ces documents sont déposés. M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, j'avais cru comprendre que
le ministre des Approvisionnements et Services déposerait un acte
notarié qu'il avait conclu. Est-ce qu'il peut le faire? C'est la
dernière journée.
Le Président: M. le ministre des Approvisionnements et
Services.
M. Dutil: M. le Président, je n'avais pas dit que
c'était un acte notarié. J'avais dit que ça avait
été fait devant notaire. J'ai des documents que je pourrais
déposer: ma lettre de démission, les minutes de
l'assemblée, la confirmation d'un professionnel comptable comme quoi ce
sont des documents réels.
M. Chevrette: ...consentement, M. le Président.
Le Président: Alors, vous avez ces documents-là, M.
le ministre, actuellement, ou... (10 h 30)
M. Dutil: Ce que je pourrais faire, c'est les déposer
peut-être à la fin de la période de questions, M. le
Président. Je vais les...
Le Président: D'accord. Donc, nous convenons de revenir
pour ce dépôt de documents par le ministre des Approvisionnements
et Services à la fin de la période de questions.
Maintenant, dépôt de rapports de commissions. M. le
président de la commission du budget et de l'administration et
député de Vanier.
Dépôt de rapports de commissions
Consultation et étude détaillée
du projet de loi 305
M. Lemieux: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé le 17 décembre 1991 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
305, Loi concernant la continuation de l'entreprise d'assurance de Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie et le
maintien de l'existence de cette compagnie. Le projet de loi a
été adopté.
Le Président: Est-ce que ce rapport est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Maintenant, Mme la
vice-présidente de la commission de l'aménagement et des
équipements et députée de Mégantic-Compton.
Consultation et étude détaillée
du projet de loi 296
Mme Bélanger: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a siégé les 16 et 17 décembre 1991
afin d'entendre les intéressés et procéder à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé 296, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal. Le
projet de loi a été adopté avec des amendements.
Le Président: Est-ce que ce rapport est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Maintenant, Mme la
présidente de la commission des affaires sociales et
députée de Taillon.
Consultations particulières sur le
document
"Les régimes de retraite: le partage
équitable des excédents d'actif
Mme Marois: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des affaires sociales qui a
siégé les 13 et 14 mars 1991 et le 20 novembre 1991 afin de
procéder à des consultations particulières et tenir des
audiences publiques sur le document intitulé: "Les régimes de
retraite: le partage équitable des excédents d'actif.
Le Président: Alors, ce rapport est
déposé.
Maintenant, dépôt de pétitions. M. le
député de La Prairie. J'aurais besoin du consentement de
l'Assemblée pour le dépôt de cette pétition. Est-ce
qu'il y a consentement? M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: J'ai donné mon consentement pour que deux
pétitions puissent être déposées: celle de M. le
député de La Prairie et, si je me rappelle bien, celle de M. le
député de Lévis.
Dépôt de pétitions
Tenir des audiences publiques sur le projet d'un site
d'enfouissement
sanitaire dans la paroisse
Notre-Dame-de-Bon-Secours-Partie-Nord
Le Président: D'accord. Il y a consentement unanime?
Consentement. Donc, vous avez la parole, M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Alors, je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 1096 pétitionnaires, citoyennes et citoyens du
Québec.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que
Notre-Dame-de-Bon-Se-cours-Partie-Nord pourrait être choisie pour site
d'un dépotoir; "Considérant que ce dépotoir serait
situé à trois kilomètres, premièrement, de la prise
d'eau potable qui alimente la population de Papineau-ville,
deuxièmement, du complexe touristique Château Montebello,
troisièmement, de la rivière
Outaouais; "Considérant l'opposition des conseils municipaux de
Papineauville et de Montebello à ce projet; "Considérant
l'opposition de milliers de citoyens au choix de ce site;"
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous,
citoyens de la Petite Nation, demandons au gouvernement du Québec la
tenue d'audiences publiques sur le projet d'un site d'enfouissement sanitaire
dans la paroisse Notre-Dame-de-Bon-Secours-Partie-Nord".
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition. Merci.
Le Président: Merci, M. le député de La
Prairie. Votre pétition est donc déposée. Alors, toujours
du consentement unanime de l'Assemblée, je vais reconnaître
maintenant M. le député de Lévis pour le
dépôt d'une pétition.
Revenir sur la décision de transférer la
responsabilité de l'entretien des routes aux municipalités et
prévoir
les budgets pour assurer l'accès à un
réseau routier de qualité
M. Garon: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
51 829 pétitionnaires, citoyennes et citoyens du Québec.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que
votre gouvernement veut transférer la responsabilité de
l'entretien des routes aux municipalités tant locales que
régionales de comté; "Considérant qu'en transférant
l'entretien des routes, votre gouvernement augmentera de plus de 100 000 000 $
les taxes foncières actuellement payées par les citoyennes et les
citoyens, 100 000 000 $ de nouvelles taxes qui, en bout de route, ne feront
qu'accentuer les disparités régionales tout en diminuant les
services; "Considérant que ce changement de responsabilité sans
coordination entre les divers organismes n'assurera pas une qualité
égale d'entretien des routes dans tous les coins du Québec;"
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous
croyons donc que votre gouvernement devrait revenir sur sa décision et
prévoir les budgets appropriés afin de permettre au
ministère des Transports d'assurer à l'ensemble des
Québécoises et des Québécois l'accès
à un réseau routier de qualité. Transférer le
réseau routier, c'est faire fausse route."
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée, M. le député de Lévis.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Je voudrais vous aviser qu'après la période de questions,
sera tenu un vote reporté sur la motion de M. le ministre de la Justice
proposant l'adoption du projet de loi 125, Code civil du Québec.
Nous allons maintenant procéder à la période...
Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Une annonce de complément de réponse.
Étant donné que c'est la dernière journée, je pense
que le ministre des Affaires municipales, par exemple, dans le cas de
Napier-ville, devait donner un complément de réponse à mon
collègue. Est-ce que c'est possible qu'on l'ait après la
période de questions, puisque c'est la dernière?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Le ministre des Affaires municipales fait tout ce
qui est en son possible pour répondre.
Le Président: Très bien. Évidemment, vous
conviendrez que, si un complément de réponse peut être
donné par le ministre, ce sera du consentement unanime de
l'Assemblée puisque je n'ai pas reçu l'avis approprié une
heure avant la période de questions. D'accord. Nous n'y reviendrons
qu'à la fin de la période de questions.
Nous allons donc procéder maintenant à la période
de questions et réponses orales. Je vais reconnaître, en
première question principale, M. le chef de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Orientations proposées dans le plan
stratégique du Grand Montréal
M. Parizeau: M. le Président, mes questions vont
s'adresser au président du Conseil du trésor. Hier, il a
dévoilé un plan stratégique du Grand Montréal dont
le moins que l'on puisse dire est qu'il a été accueilli avec pas
mal de réserves. Ce plan s'applique, il faut le rappeler, à 45 %
de la population totale du Québec et à plus de la moitié
de la production. Dans cette région, le ministre des Affaires
municipales a pelleté l'équivalent d'à peu près 260
000 000 $ de factures gouvernementales par année et, hier, le
président du Conseil du trésor a décidé d'en
remettre à peu près 80 000 000 $ par année, ce qui, en
soi, compte tenu de l'ampleur de la région et de la population, est
vraiment très peu de chose, surtout si l'on tient compte qu'il a
annoncé, du même souffle, qu'en raison de la signature de
l'entente fédérale-provinciale sur le développement le
fonds de développement industriel de deux ans annoncé à
grands coups de trompette par le ministre des Finances est supprimé pour
l'essentiel. Cependant, nous aurons
l'occasion de revenir sur tout ça.
Je voudrais aborder avec le ministre, ce matin, ces liaisons de
l'économie et de la Constitution si chères au premier ministre.
Toute une série de transformations sont suggérées dans le
document pour le Grand Montréal qui ont trait au transport maritime, au
transport ferroviaire et au transport aérien. L'essentiel de tout
ça est de juridiction fédérale, ce qu'on déplore,
découle des décisions du gouvernement fédéral.
Puis-je demander au président du Conseil du trésor, comme
première question: Est-ce que quoi que ce soit dans les attitudes du
gouvernement fédéral actuel, par exemple dans le domaine du
transport aérien, l'amène à penser qu'il pourrait
s'aligner sur les orientations qui sont données dans le document? Est-ce
qu'il y a quoi que ce soit du côté du gouvernement
fédéral qui a juridiction sur ces secteurs qui l'amène
à croire que quelque chose de nouveau pourrait être
apporté?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: Premièrement, M. le Président, je
manifesterais mon étonnement devant la juxtaposition par le chef de
l'Opposition de décisions de décentralisation de certaines
dépenses publiques, par exemple au titre du transport en commun, avec la
facture qu'on reconnaît que ça représente dans la
région de Montréal, et la mise sur pied d'un programme de
centaines de millions de dollars pour le soutien à la recherche et au
développement et à la création d'emplois. J'espère
que le chef de l'Opposition n'est pas en train de dire que l'un doit compenser
l'autre et que c'est même comparable. C'est des décisions d'ordre
essentiellement différent. J'ai entendu la députée de
Hochelaga-Maisonneuve parler du prix du transport en commun et du
développement économique. Vous me permettrez de n'y pas voir,
quant à moi, de lien.
Ce que le chef de l'Opposition met en exergue, je dirais, ne
mérite pas les conclusions qu'il en tire. Nous avons indiqué,
dans le document que nous avons déposé hier, qu'à
l'égard de Montréal nous avons, comme intervenant de
développement économique à tous les niveaux, réussi
à unir autour d'une même table les gens soucieux du transport
ferroviaire, du camionnage et maintenant, depuis un mois, du transport maritime
et aérien. Nous avons à suggérer, dans les années
qui viennent, les mois qui viennent, dans certains cas, des avenues de
solutions, de rationalisation qui appartiennent, à bien des chefs, aux
entreprises montréalaises de transport, aux entreprises canadiennes de
transport. Et si d'aventure nous avions besoin d'intervenir auprès du
gouvernement fédéral, j'ose prétendre que nos relations
avec nos homologues, à cet égard, sont de loin meilleures que
celles que le député et chef de l'Opposition semble entretenir
avec ses homologues à Ottawa. (10 h 40)
Le Président: En question complémentaire.
M. Parizeau: Puis-je demander au président du Conseil du
trésor comment il peut dire: s'il y avait des décisions que le
gouvernement fédéral devait prendre? Comment est-ce qu'il
s'imagine pouvoir rétablir Mirabel comme porte d'entrée du
transport aérien transatlantique vers l'Amérique du Nord sans que
le gouvernement fédéral, qui a déjà
transporté ça à Toronto, intervienne directement dans le
dossier, puisque c'est de sa compétence?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: Ce que j'évoquais pour le transport, c'est que
certaines décisions appartiennent d'ores et déjà aux
transporteurs aériens, à l'administration Aéroports de
Montréal et, surtout, sont sujettes à l'existence d'un consensus
dans la région de Montréal sur l'utilisation que nous devrions
faire de Mirabel qui représente une capacité
sous-utilisée, une réserve remarquable de transport aérien
transfrontalier et international. Mais je fais remarquer au chef de
l'Opposition que ce consensus n'existe même pas, il est à
bâtir. Et l'idée du dépôt du plan stratégique
avec mes collègues, au nom du gouvernement, était de donner un
cadre de référence qui fait en sorte que l'ensemble du milieu
montréalais tiendra enfin un discours cohérent, uni, doté
de cohésion au titre du développement économique de la
grande région de Montréal.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, une autre idée qui
ressort de ce plan stratégique a trait à l'utilisation des
marchés publics, gouvernementaux et Hydro-Québec, pour favoriser
le développement technologique dans la région de Montréal,
pour le susciter et l'appuyer. Merveilleuse idée, que nous avons
beaucoup pratiquée quand nous étions au pouvoir.
Le Président: Votre question, s'il vous plaît.
M. Parizeau: Ma question au ministre est la suivante: Comment
est-ce qu'il peut réconcilier cet objectif louable avec les propositions
constitutionnelles actuelles du gouvernement fédéral, en
particulier l'article 121 tel que proposé qui interdit ce genre de
pratique? Est-ce que le président du Conseil du trésor va
utiliser les circonstances que nous lui offrons ce matin pour dénoncer
vertement l'article 121 dans les propositions constitutionnelles
fédérales, ce que son gouvernement n'a pas encore fait?
Le Président: M. le ministre, président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: D'abord, je souligne deux choses tout de suite au
chef de l'Opposition. Si cultiver les marchés publics est quelque chose
qui a été fait longuement par le groupe parlementaire qui nous
fait face, on est obligé de se demander comment ça se fait qu'il
faille le faire. Première des choses: II faut le faire, ça n'a
pas été fait.
La deuxième confusion, à mon sens, c'est de confondre une
politique qui vise d'abord et avant tout à sensibiliser les acheteurs du
secteur public à ne pas avoir ce réflexe que je qualifierais
d'indu, d'immédiatement regarder la Norvège ou le Sud des
États-Unis ou quelque autre endroit que ce soit, lorsqu'il s'agit de se
doter d'équipements de haute technologie, lorsqu'il y en a chez nous. Ce
n'est pas une politique d"'achat chez nous", c'est ce que l'article 121
interdirait, c'est ce que les mesures dites protectionnistes ont de
reprehensible. Ce n'est pas de l'achat chez nous, c'est de l'achat
alimenté par une meilleure recherche de toutes les options qui existent,
en favorisant au meilleur prix, pour la meilleure technologie, les entreprises
qui, chez nous, exportent déjà à l'étranger,
plutôt que nous, comme acheteurs, aller directement à
l'étranger d'abord et avant tout.
Le Président: En question principale, M. le whip de
l'Opposition et député de Lac-Saint-Jean.
Des voix: Additionnelle.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président: en principale? je m'excuse! je m'excuse, je
n'avais pas remarqué le député de saint-louis. alors, en
question additionnelle, m. le député de saint-louis.
M. Chagnon: En additionnelle, M. le Président. Je voudrais
demander à M. le président du Conseil du trésor si le plan
stratégique déposé hier comporte des
éléments pouvant aider des groupes communautaires qui travaillent
au développement économique sur le territoire de
Montréal.
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: M. le Président, au-delà des manchettes
et des rapports qui, avec raison, soulignent la contribution importante du
gouvernement du Québec au soutien, à l'innovation, dans la grande
région de Montréal, comme piste de prospérité, nous
avons également consacré et nous consacrerons, d'ici à
cinq ans, des dizaines de millions de dollars au titre du soutien à des
organismes qui s'emploient, depuis plusieurs années, à
créer de l'emploi, à remettre les gens en emploi, à
entraîner la main-d'oeuvre, à former la main-d'oeuvre dans les
quartiers les plus défavorisés de Montréal. C'est de loin
l'effet le plus immédiat que nous recherchions dans nos mesures. Nous
sommes extrêmement confiants de pouvoir atteindre des résultats
mesurables très rapidement. Je veux, en ça, remercier mon
collègue de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle pour la collaboration substantielle qu'il a
apportée à ce dossier.
Des voix: Bravo!
Le Président: Pour une autre question additionnelle, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, est-ce que ce plan
stratégique va aussi tenir compte du fait qu'à Montréal on
retrouve une proportion non négligeable de gens qui ont perdu leur
travail, qui sont encore sur l'assurance-chômage actuellement, ou
même encore sur le bien-être social? Qu'est-ce qu'il y a, dans ce
projet-là, pour les aider?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: M. le Président, de façon plus
ciblée, nous avons effectivement obtenu la collaboration du
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle afin d'enrichir et de hausser le taux de
subventions salariales aux entreprises de la ville de Montréal qui
auraient à redonner de l'emploi aux prestataires de la
sécurité du revenu. Je ne suis pas sans savoir que d'autres
régions du Québec et d'autres régions de la grande
agglomération montréalaise peuvent connaître
également des difficultés à ce titre, mais il nous
apparaissait important, à mes collègues et à moi, de
mettre sur pied ce programme-pilote qui vient enrichir le Programme d'aide
à l'intégration en emploi dans la ville de Montréal. Si
nous obtenons les succès escomptés, nous pourrons dès lors
l'étendre aux autres régions qui, quant à elles,
conservent toujours un accès au programme existant.
Le Président: Pour une question additionnelle, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le président
du Conseil du trésor peut nous expliquer l'absence, dans le plan
d'action, de toute proposition concernant la décontamination des
terrains industriels vacants, qui est un obstacle majeur à la
revitalisation et à la restructuration industrielle dans le sud-ouest et
l'est de Montréal? Peut-il nous expliquer l'absence de toute proposition
à l'égard de l'infrastructure routière,
notamment le prolongement de la 25 et la rénovation
d'henri-bourassa, ce qui est un obstacle à la réindustrialisation
de l'est de montréal? peut-il nous expliquer l'absence, m. le
président, de toute proposition...
Le Président: Mme la députée...
Mme Harel: ...concernant le secteur ferroviaire où 2000
à 3000 emplois sont menacés, compte tenu de la publication du
rapport de la Table de concertation sur l'industrie ferroviaire, la semaine
passée? Peut-il nous expliquer...
Le Président: Mme la députée, bien,
écoutez...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Je suis bien prêt à vous
reconnaître en question additionnelle, là, mais vous conviendrez,
normalement, qu'une question additionnelle contient un seul volet, et vous en
avez déjà trois. Alors, M. le ministre.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Évidemment, la
trame qu'emprunte la députée de Hochelaga-Maisonneuve est bien
simple, c'est la longue liste d'épicerie, l'inventaire des demandes
constantes que nous traitons toujours, qui viennent du milieu
montréalais.
La raison pour laquelle ces mesures concrètes n'apparaissent pas
dans le plan stratégique, c'est que dès le départ nous
avons dit au milieu montréalais, nous avons dit à la table de
concertation de la CUM, nous avons dit à PRO EST, nous avons dit
à RESO, nous avons dit aux autorités municipales qu'il n'y en
aurait pas, que ce serait un document qui indique, à long terme, quelle
vision on doit avoir de la grande région de Montréal, comment on
construit des consensus, quelles sont les directions que nous devons emprunter
afin de hausser de façon durable la structure économique de
Montréal, et non pas seulement en pavant des routes ou en construisant
des ponts.
Le Président: En question principale, maintenant, M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition. (10 h 50)
Référendum sur la souveraineté du
Québec
M. Brassard: M. le Président, tout d'abord me
permettez-vous de signaler la présence dans nos galeries d'un ancien
ministre de la Justice et d'un ancien leader du gouvernement, M.
Marc-André Bédard?
M. le Président, l'article 1 de la loi 150 se lit comme suit: "Le
gouvernement du Québec tient un référendum sur la
souveraineté du Québec entre le 8 juin et le 22 juin 1992 ou
entre le 12 octobre et le 26 octobre 1992." Hier le premier ministre s'est
avisé de réfléchir tout haut et de lancer un autre ballon
d'essai, accréditant encore une fois l'idée que le gouvernement
patauge dans la confusion la plus totale. Voici qu'on évoque maintenant
un référendum à la manière d'un test objectif
à choix multiples portant sur les offres fédérales
à venir et d'autres formules nébuleuses. Ce qu'on ne sait pas,
c'est le nombre de cases et s'il va y avoir une case pour: toutes ces
réponses, puis une autre pour: aucune de ces réponses.
Des voix: Ha. ha, ha!
Le Président: Votre question, M. le député,
s'il vous plaît.
M. Brassard: Ma question est très simple, M. le
Président. Comme c'est le temps des étrennes, est-ce qu'on doit
comprendre que le premier ministre nous annonce en primeur et comme cadeau de
Noël un amendement à la loi 150?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, on me permettra juste de
souligner les questions intelligentes et pertinentes du député de
Saint-Louis.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Bourassa: Sans vouloir faire d'allusion désobligeante
à celles qui les ont précédées.
Le Président: Alors, à la question, M. le premier
ministre, s'il vous plaît.
M. Bourassa: Puisque c'est la dernière journée,
quelques secondes pour exprimer bien simplement et bien sincèrement mes
meilleurs souhaits de joyeuses fêtes et de bonne année à
tous les membres de l'Assemblée nationale ainsi qu'à
vous-même, M. le Président, et à toute votre
équipe.
J'arrive finalement à la réponse à la question.
Comme je le fais régulièrement, j'essaie de répondre aux
questions qui me sont posées. Je multiplie les interviews, comme le fait
le chef de l'Opposition. Il a lui-même eu à commenter sur la
question de l'intervention de l'armée canadienne, il y a quelques jours.
Je crois avoir été... Je ne multiplie pas les mises au point ou
les rectificatifs. À tous les deux jours, on lit un rectificatif du chef
de l'Opposition. Ce que je dis au député de Lac-Saint-Jean qui me
fait l'honneur de me poser une question en cette dernière journée
de la session, je lui dis...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Bourassa: ...que la loi... Je lui dis que
j'ai répété ce que j'ai toujours dit: La politique
du gouvernement, c'est la loi 150.
Des voix: Ah!
M. Bourassa: Mais, dans la loi 150, c'est bien connu, il y a une
disposition qui dit que le gouvernement - on est en démocratie, je
termine par ça, M. le Président - se réserve un droit
d'initiative dans l'intérêt supérieur du Québec.
C'est normal. Je ne crois pas que le chef de l'Opposition va s'opposer à
cela. Alors, je dis au député de Lac-Saint-Jean, pour le
rassurer, que nous appliquons la politique du gouvernement qui est toujours la
même, la loi 150. S'il y avait hypothétiquement - parce qu'il faut
dire que, dans le rapport de la commission Bélanger-Campeau, on parle de
deux voies - purement hypothétiquement un changement, la Chambre sera
nécessairement avisée. Alors, je ne vois pas pourquoi le
député de Lac-Saint-Jean s'inquiète. Je ne vois pas
pourquoi le député de Lac-Saint-Jean s'inquiète. Notre
politique est celle de la loi adoptée par l'Assemblée nationale
qui représente la souveraineté du peuple.
Des voix: Ah!
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: Comme le dit la chanson du temps des fêtes:
"Et bonne année grand-mère". M. le Président, le premier
ministre ne reconnaît-il pas d'abord que, dans la loi 150, il n'y aucun
référendum sur des offres constitutionnelles
fédérales qui est prévu, premièrement?
Et le premier ministre ne convient-il pas que, dans le fond, il est en
train de préparer le terrain et les esprits pour atteindre le seul
objectif qu'il poursuit inlassablement, à savoir: accepter les offres du
gouvernement fédéral, peu importe leur contenu, afin de maintenir
le Québec dans le Canada et d'écarter ainsi ce qu'il n'a jamais
eu l'intention de faire: de tenir un référendum sur la
souveraineté?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je vois le chef de l'Opposition applaudir son
collègue derrière lui, mais il disait dimanche exactement le
contraire de ce qu'il vient d'affirmer. Le député de
Lac-Saint-Jean dit: La seule intention du chef du gouvernement, son seul
objectif... Bon. Alors que le chef de l'Opposition disait, dimanche, en
conférence de presse: Je m'interroge sur les véritables
arrière-pensées du chef du gouvernement, je ne peux pas
déceler quelles sont ses véritables
arrière-pensées. Alors que le député de
Lac-Saint-Jean dit exactement le contraire, que je n'ai qu'une seule
pensée, que je n'ai qu'un seul objectif, son propre chef, lui, n'est pas
sûr.
Je répète au député de Lac-Saint-Jean que la
loi 150, c'est vrai qu'elle ne prévoit qu'un référendum
sur la souveraineté. Il n'apprend rien à personne ce matin en
l'affirmant, mais il doit se souvenir du rapport de la commission
Bélan-ger-Campeau endossé par tous, sauf une petite
minorité d'intégristes du Parti québécois, si je
peux dire ça. Ce n'est pas une insulte de parler d'intégrisme.
Alors, sauf une petite minorité d'intégristes, il y a eu
l'endossement, par les chefs syndicaux, par M. Lucien Bouchard, par M. Serge
Turgeon, tous des nationalistes bien authentiques, qui ont dit: Nous approuvons
le rapport Bélanger-Campeau qui prévoit deux voies: une voie,
c'est la souveraineté classique, la souveraineté péquiste
et l'autre voie, c'est le renouvellement du fédéralisme.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Brassard: Le premier ministre a-t-il oublié que la
recommandation contenue dans le rapport Bélanger-Campeau et qui a fait
consensus - pas la conclusion, la recommandation - ne comporte qu'un seul
référendum avec un seul sujet: la souveraineté, et non pas
un test à choix multiples? Est-ce qu'il a oublié que la
recommandation de Bélanger-Campeau, c'est un référendum
sur la souveraineté et que si, entre-temps, le gouvernement
fédéral veut faire des offres...
Le Président: M. le député.
M. Brassard: ...ça n'empêche aucunement que le seul
référendum qui aurait lieu serait celui sur la
souveraineté? Est-ce qu'il a oubllié ça?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le député de Lac-Saint-Jean fait
maintenant des distinctions entre recommandation et conclusion. Oui, d'accord
qu'il y en a. Il y a des nuances. Mais une recommandation a du poids. Tout le
monde sait... Comment se fait-il que tous, tous les membres de la commission,
à l'exception des députés du Parti
québécois, ont endossé ces recommandations de la
commission Bélanger-Campeau? J'admets, je l'ai dit, qu'il va y avoir des
débats sur les coûts de la souveraineté, les implications
de l'union économique, qu'il y a des rencontres qui vont avoir lieu. Le
chef de l'Opposition parlait de Maastricht en fin de semaine. J'aurais
aimé qu'il me pose des questions sur les conséquences que peut
avoir l'exemple de Maastricht sur l'avenir du Québec au sein du
Canada.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, la conclusion, M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Bourassa: Je dis au député... Le
Président: M. le député.
M. Bourassa: Non. Je me suis simplement permis de
souhaiter...
Le Président: Écoutez, je vais demander la
collaboration. C'est évident que s'il y a des interventions d'un autre
député, ça amène un délai à la
réponse et ça allonge la réponse. Donc, en conclusion...
S'il vous plaît! Ça va. Alors, je demande au premier ministre de
conclure.
M. Bourassa: M. le Président, je vous félicite pour
votre perspicacité dans...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, en conclusion, M. le premier
ministre.
M. Bourassa: Je veux dire au député de
Lac-Saint-Jean qu'il a raison de dire que la politique du gouvernement, c'est
la loi 150. S'il y a des modifications, comme je le disais tantôt, s'il
doit y avoir des modifications, par pure hypothèse, l'Assemblée
nationale aura le dernier mot.
Le Président: En question principale, M. le leader adjoint
de l'Opposition et député d'Abiti-bi-Ouest.
Hausse du fardeau fiscal des commissions
scolaires
M. Gendron: À la page 74 de l'annexe à la
déclaration ministérielle du 30 août 1990, il est
clairement indiqué que l'harmonisation de la taxe de vente du
Québec à la TPS fédérale éviterait toute
hausse du fardeau fiscal des organismes publics. Des ristournes ont
été prévues pour les universités, les
collèges, les administrations scolaires, donc les commissions scolaires.
Ces ristournes ont été calculées en fonction d'une taxe
à 7 % et on ignore toujours les hypothèses sur lesquelles le
ministre des Finances fonde le calcul de ces ristournes.
Ma question très simple au ministre des Finances: Est-ce que vous
admettez, M. le ministre des Finances, que... M. le Président, est-ce
que le ministre des Finances admet que le taux de ristourne qui a
été calculé en fonction d'une taxe de 7 %, compte tenu que
c'est resté à 8 % pour les commissions scolaires, ça
représente une hausse de leur fardeau fiscal de 24 000 000 $? Et, comme
le ministre du Revenu a décidé qu'on n'étudierait pas
l'article 387, qui traitait de cette question, à cause du bâillon
sur la loi sur la TVQ, est-ce que le ministre des Finances peut être un
peu plus explicite concernant ses intentions au niveau de ce manque à
gagner de 24 000 000 $ pour les commissions scolaires? (11 heures)
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, cette question fait
présentement l'objet de discussions entre le ministre de
l'Éducation et celui qui vous parie.
Le Président: En complémentaire.
M. Gendron: Est-ce que, M. le ministre des Finances, vous comptez
annoncer prochainement une mesure d'harmonisation qui n'aurait pas comme
conséquence d'augmenter le fardeau des commissions scolaires, quand on
sait très bien qu'elles ont eu leur part d'augmentation de fardeau
depuis plusieurs années et qu'en conséquence ce serait important
que les commissions scolaires puissent être avisées rapidement,
à savoir quelles seront les dispositions ou les mesures prises par le
ministre des Finances pour éviter ce manque à gagner?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, ce dossier sera
traité avec la plus grande justice. Il y a, évidemment, certains
points de vue, certains aspects qui font qu'une méthodologie
utilisée peut être interrogée, peut être
questionnée, mais ce que nous voulons, c'est que le tout soit
traité avec la plus grande justice.
Le Président: En question complémentaire?
M. Dufour: J'aurais aimé poser un complément de
question au ministre des Affaires municipales, mais je vais m'adresser au
ministre des Finances. Compte tenu que ces 40 000 000 $ de transfert aux
municipalités représentent une augmentation de taxes, pourquoi le
ministre des Finances n'a-t-il pas rencontré les municipalités
à la table Québec-municipalités pour discuter de cette
question?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, cette question a
été décidée à l'intérieur,
évidemment, des responsabilités qui sont les miennes. Je prends
ces responsabilités avec le plus grand respect pour les
municipalités, mais il s'agit de questions fiscales et je ne me rappelle
pas avoir été particulièrement invité à la
table en question. Mais il s'agit là de mesures fiscales qui,
ordinairement, sont annoncées lors de discours sur le budget ou encore
dans des déclarations ministérielles.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Dufour: Oui. Est-ce que le ministre des Finances a
l'intention, comme il le fait pour le monde scolaire, de réviser ou de
réexaminer la situation des municipalités et, enfin, se
rendre
compte que trop, c'est trop?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je suis toujours prêt
à examiner des situations comme celles ou du genre de celles qui sont
soulevées ce matin. Je le fais avec l'esprit le plus ouvert et,
évidemment, en tenant compte des divers aspects qui doivent nous amener
à une décision.
Le Président: Une dernière
complémentaire.
M. Dufour: Comme le ministre des Finances nous habitue toujours
à un langage sibyllin qu'il faut deviner...
Le Président: Votre question.
M. Dufour: ...est-ce que vous êtes prêt. M le
ministre des Finances, à vous engager à corriger cette situation
et à respecter ce que vous avez promis lors de l'imposition de la taxe,
la TVQ?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, le député
comprendra que je n'ai pas l'intention de répondre à chacune des
mesures qui peuvent être annoncées en temps utile.
Le Président: Pour une question principale maintenant, M.
le député de La Prairie.
Construction du tronçon
Candiac-Sainte-Catherine de l'autoroute 30
M. Lazure: Merci, M. le Président. Le député
de Salaberry-Soulanges a déposé, hier, une pétition de 10
000 noms priant le gouvernement d'accélérer les travaux de
l'autoroute 30. Je rappelle que le tracé de l'autoroute 30 doit
traverser cinq municipalités du comté de La Prairie, soit
Sainte-Catherine, Saint-Constant, Candiac, Delson et la ville de La Prairie.
Les plans actuels prévoient que le tronçon
Candiac-Sainte-Catherine ne serait construit qu'en 1998. Ce serait le dernier
tronçon. Alors, ma question au ministre des Transports, M. le
Président: Compte tenu de la circulation très intense sur la
route 132, de Candiac vers le pont Mercier, c'est-à-dire le
tronçon Candiac-Sainte-Catherine, compte tenu que cette route actuelle
est très dangereuse, est-ce que le ministre reconnaît l'urgence de
construire ce tronçon et est-ce qu'il peut nous faire part de ses
intentions?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, il me fait plaisir de
répondre à la question du député La Prairie et de
voir l'intérêt qu'il démontre, finalement, à ce
projet de l'autoroute 30. Ça m'étonne que, tout à coup,
les gens qui nous opposent démontrent ce grand intérêt vu
qu'ils étaient complètement contre le projet dans les
années soixante-dix à aller aux années quatre-vingt. Vu
que le gouvernement démontre ses responsabilités et va de l'avant
avec ce projet, ça démontre notre sérieux. On a
déjà donné, M. le Président, des exemples concrets,
alors qu'on a débuté nos travaux sur le contournement de
Kahnawake.
M. le Président, quant à la question qui est posée,
il est évident qu'on aimerait faire l'ensemble du projet, mais c'est
carrément impossible vu qu'on doit attendre les études d'impact,
les études de justification. Il y a des négociations qu'on doit
avoir avec le milieu sur les tracés, mais le tronçon dont on
parle, c'est un tronçon qui a quatre voies et. à d'autres
endroits, il n'y en a pas du tout. Je vous parle du tronçon
Candiac-Brossard. Je parle aussi du tronçon de Châteauguay allant
à la route 540. Il me semble important de compléter ces projets
avant de se lancer dans un projet où on a seulement à
améliorer.
Une voix: Très bien.
Le Président: En question complémentaire.
M. Lazure: m. le président, est-ce que le ministre se rend
compte que l'autoroute 30, ça fait 30 ans que les gens l'attendent,
comme son collègue de salaberry-soulanges le lui a déjà
souligné? est-ce qu'il reconnaît aussi que les libéraux ont
été contre ce projet pendant des années?
Des voix: Ah!
M. Lazure: M. le Président, la question que je pose au
ministre: Est-ce qu'il reconnaît qu'en 1989 plus de 20 000 citoyens et
citoyennes de la région ont signé une pétition demandant
de corriger la situation, ce tronçon de route 132 allant vers Kahnawake
étant tellement dangereux?
Le Président: M. le député.
M. Lazure: Est-ce que le ministre des Transports va enfin devenir
plus sensible et conscient de l'urgence de construire et quand va-t-il
construire ce tronçon?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Elkas: M. le Président, je n'étais pas ici dans
le temps, mais il me semble que l'autoroute 30 a été, d'ailleurs,
construite par les libéraux.
Une voix: Bien oui.
M. Elkas: Puis, le projet a arrêté à
l'autoroute 10 quand l'Opposition a été au pouvoir. Tout à
coup, là, on se réveille et on dit: Ils sont en train de faire
quelque chose de positif et on va les critiquer. C'est justement ça qui
m'étonne de gens qui sont supposés représenter le milieu.
Ça m'étonne que ces gens-là ne puissent pas au moins
supporter les positions du gouvernement qui fait quelque chose, finalement, de
positif dans leur région.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, en question additionnelle, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que le ministre se rend
compte que la population du coin, elle n'en a que faire de ses discours? Elle
veut savoir quand le tronçon Candiac-Sainte-Catherine va être
construit, en quelle année ça va être construit.
Le Président: M. le ministre.
M. Elkas: M. le Président, comme je l'ai mentionné,
ce sera la dernière partie qui sera faite, vu qu'on a déjà
quatre voies en place. On va compléter le restant des tronçons.
On y reviendra à la fin. En 1998, ça va être fait.
Une voix: Très Bien!
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Oui. Est-ce que le ministre des Transports pourrait
confirmer, en cette Chambre, que, du moins, les travaux concernant le
tronçon entre les autoroutes 10 et 15, c'est-à-dire entre Candiac
et Brassard, sont prévus pour la fin de 1992?
Le Président: M. le ministre.
M. Elkas: M. le Président, oui. On a déposé
l'étude d'impact le 7 novembre de cette année et on
prévoit commencer nos travaux à la fin de l'année
1992.
Des voix: Bravo! (11 h 10)
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Ma question
s'adressait au ministre responsable du Développement régional. Je
constate qu'il n'est pas là. Il était là tout à
l'heure.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: ...le ministre responsable du
Développement régional...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Pagé: ...était là. Il est dans
l'immeuble. Il s'amène et il répondra à la question
dès le moment où elle sera formulée. Cependant, je crois
que ce serait plus utile qu'il l'entende, si on veut qu'il y réponde de
façon satisfaisante. Alors, on pourrait passer à la prochaine
question.
Le Président: Très bien. Dans ce cas-ci, je vais
reconnaître M. le député de D'Arcy-McGee. Nous reviendrons
immédiatement après avec Mme la députée de Taillon.
M. le député de D'Arcy-McGee, en question principale.
Déficit du Québec de plus de 4 000 000
000 $
M. Libman: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre des Finances. Since this Government returned to power in 1986, it
has been responsible for the accumulation of a total deficit of over 15 000 000
000 $, and this, despite repeated promises to cut costs, repeated promises to
cut the deficit and put Quebeckers back to work. Mr. President, this figure
does not even begin to represent Quebec's total increased debt over these
years. In other words, this is a government that has not been able to... it has
been incapable of cutting a single spending program or an expense, it has been
completely unable to cut expenses.
Ma question est la suivante: Will the Minister of Finance confirm
figures released this week by Statistics Canada that indicate that Quebec's
deficit for 1991-1992 will be over 4 000 000 000 $? And this is calculated
before the recent revisions of the Ministry of Finance, the recent increases in
the deficit, which may now suggest that the Québec deficit may approach
a staggering 5 000 000 000 $ by the end of the year?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je regrette mais, en toute
simplicité et en toute amitié, je dois dire à l'honorable
député que je ne suis d'accord ni avec ses prémisses ni
avec ses conclusions.
Le Président: Pour une question complémentaire.
M. Libman: Mr. President, I ask the Minister of Finance if he can
confirm the figures released this week by Statistics Canada that Quebec's
deficit will be well over 4 000 000 000 $? And what is he going to do to ensure
that the deficit will not hit
5 000 000 000 $ when all the bills are paid? Le Président:
M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, je suis très heureux
de la préoccupation que manifeste le député de
D'Arcy-McGee pour les finances du Québec. Ça a été
chez nous une préoccupation de tous les instants d'assainir les
finances. Nous avons réussi à diminuer constamment le
déficit.
Des voix: Ha!
M. Levesque: Nous l'avons diminué de 1985 à 1986,
à 1987, à 1988, à 1989. Nous l'avons pris à 3 500
000 000 $, nous l'avons réduit à 1 500 000 000 $ et, maintenant,
à cause de la récession actuelle, nous avons dû faire des
ajustements de cette nature, mais nous n'avons pas perdu le sens des
réalités et des responsabilités gouvernementales,
particulièrement en ce domaine. Nous avons l'intention de poursuivre nos
objectifs de réduction du déficit, mais il y a cependant à
faire face à des situations conjoncturelles. Nous y faisons face avec
courage, avec détermination, mais non sans oublier les objectifs qui
nous guident dans le but d'assainir les finances publiques.
Des voix: Bravo!
Le Président: Toujours en additionnelle.
M. Libman: So, can the Minister then at least inform us today as
to what the total cost to Québec taxpayers will be in keeping
Québec Inc. afloat in the past 12 months? I am referring, for example,
to the losses associated with Lavalin, the Kemtec oil refinery, SDI, SGF,
Hydro-Québec risk-sharing losses and loans to the pulp and paper
industry. What is all this going to cost Quebeckers, all these losses that the
Government has seen in the past year, to keep Québec Inc. afloat? What
is this going to cost every taxpayer?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, je ne sais pas ce qui a
inspiré cette sortie du député de D'Arcy-McGee,
particulièrement à la veille de Noël. Je me demande s'il a
décidé de sortir tout un bagage d'informations plus ou moins
fondées, plus ou moins réelles, et cette partie qui est
réelle, je ne pense pas qu'elle fasse avancer le dossier ce matin. Je
tiens simplement à lui rappeler que nous avons fait des progrès
du côté de l'emploi. Nous avons pu passer à travers cette
récession beaucoup mieux que d'autres parties du pays, en particulier
l'Ontario qu'il chérit particulièrement, et je lui dirai
justement que, de ce côté-là, il y a des pertes d'emplois
beaucoup moindres au Québec qu'en Ontario.
Nous avons pu faire face à nos responsabilités, prendre
des mesures d'accélération des investissements, mettre de l'avant
des programmes comme Mon taux, mon toit. Nous avons réussi à
aider certaines et plusieurs entreprises à passer à travers ces
moments-là par des prêts que nous avons consentis par la
Société de développement industriel. Nous avons, autrement
dit, pris de multiples mesures pour faire face à la situation. Nous ne
pouvons pas nous réjouir qu'il y ait eu quelques difficultés
comme celles que soulève le député, mais je dois dire que
nous avons, et du côté des finances publiques et du
côté du développement économique, été
respectueux particulièrement de ce qui est la priorité du
gouvernement actuel, le développement économique en vue de la
création d'emplois, en vue également de permettre un
développement social et culturel qui est à la mesure de nos
moyens.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Taillon.
Projet de fonds de développement en
Outaouais
Mme Marois: M. le Président, en mai dernier, dans le
discours sur le budget, le ministre des Finances invitait les
différentes régions du Québec à s'inspirer de
l'initiative prise en Gaspésie pour la mise en place d'un fonds de
capitalisation régional, ce qui était fort intéressant
d'ailleurs. Actuellement, en Outaouais, un tel projet de fonds de
développement est en train de se constituer à l'initiative de
gens d'affaires de l'Outaouais, qui associerait, entre autres, la Caisse de
dépôt et placement, les caisses populaires, d'autres institutions
financières, de même que des gens d'affaires de l'Outaouais. Le
groupe a demandé au ministre responsable du développement des
régions d'assurer les fonds nécessaires au démarrage, tel
que promis d'ailleurs, ou tel que prévu au discours sur le budget, de
l'ordre de 150 000 $, pour venir supporter un projet qui pourrait investir
jusqu'à 10 000 000 $ dans l'économie outaouaise. Est-ce que le
ministre responsable du développement des régions peut
répondre positivement à cette demande, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre responsable du
Développement régional.
M. Picotte: M. le Président, nous n'avons pas d'objection
de principe à ces fonds. La plus belle preuve, c'est que nous en avons
accepté du côté de la Gaspésie. Nous sommes à
l'étude du côté de l'Outaouais et, dès que la
réponse sera prête, M. le Président, je l'acheminerai aux
responsables. Nous sommes à étudier le dossier. D'ailleurs,
lorsque la nouvelle politique du développement régional sera
acceptée, j'aurai
l'occasion de me rendre directement en Outaouais et discuter avec ces
gens-là. Je pense que ces gens-là seront très satisfaits,
M. le Président.
Une voix: Quand?
Mme Marois: Alors, est-ce qu'en ce sens le ministre est en
désaccord avec ses collègues de la région de l'Outaouais
qui ont dit qu'il était impossible d'avoir accès à ces
fonds et que les sommes n'étaient pas disponibles, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: Je ne sais pas, M. le Président, où Mme
la députée de Taillon prend ses renseignements, mais j'ai eu
l'occasion à de multiples reprises de discuter avec mes collègues
qui, eux, m'ont fait la demande d'accepter, justement, ce fonds-là dans
les meilleurs délais. Donc, s'ils ne sont pas d'accord, M. le
Président, c'est parce que la question est comme au
référendum dans votre temps, ça ne veut pas dire
exactement ce que ça veut dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Question additionnelle?
Politique de développement régional
attendue
M. Chevrette: Est-ce que le ministre du Développement
régional pourrait nous dire quels sont les motifs profonds qui
empêchent la publication de sa politique du développement
régional?
Une voix: Oui, bonne question, ça. M. Picotte: M.
le Président... Le Président: Sur cette question... M.
Picotte: ...le député de Joliette...
Le Président: Un instant! Un instant! Un instant!
Évidemment, ce n'est pas une question relative à la question
principale. Je suis capable de la reconnaître en question principale,
mais pas en question complémentaire.
M. Chevrette: Considérez-la comme principale, M. le
Président.
Le Président: Donc, comme question principale, très
bien. M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je trouve un peu curieux une
question comme ça du député de Joliette, lui qui a eu
l'expérience du Conseil des ministres. Il sait très bien que tant
qu'un dossier n'est pas accepté par le Conseil des ministres, et qui
chemine à travers les différents comités, on n'annonce pas
quelque nouvelle que ce soit, M. le Président. Je pense que le
député de Joliette ne perd rien pour attendre.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais voulu poser la
question depuis une semaine.
Le Président: Votre question.
M. Chevrette: Est-ce que son absence, c'est parce qu'il
travaillait beaucoup sur sa politique?
Des voix: Oui, oui. Une voix: C'est ça.
Le Président: M. le ministre. (11 h 20)
M. Picotte: M. le Président, oui, exactement, je
travaillais sur cette politique-là, de même que sur la politique
des deux laits, qui a été refusée par le
député de D'Arcy-McGee et qui risque de mettre l'agriculture en
danger. Oui, effectivement, c'était deux problèmes urgents et je
travaillais là-dessus. Le député de Joliette commence
à avoir la mémoire courte. Ne se rappelle-t-il pas qu'hier je lui
ai envoyé des "bye-bye" pour qu'il me pose la même question et il
ne m'a pas répondu? J'étais ici hier.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Très bien! Pour une question
principale, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Révision de la politique des primes
d'éloignement pour certaines régions
M. Trudel: Merci, M. le Président. Une courte question au
président du Conseil du trésor. Suite aux dernières
négociations dans les secteurs public et parapulic, une lettre d'entente
prévoyait l'examen de toute la question des primes d'éloignement
pour certaines régions du Québec par un comité conjoint
entre la partie syndicale et la partie patronale. Le président du
Conseil du trésor peut-il nous confirmer que, le 6 décembre
dernier, il y a eu rencontre entre les représentants des commissions
scolaires et le Conseil du trésor et qu'à cette occasion nous
aurions pris la décision de revoir toute la question des primes
d'éloignement dans les secteurs public et parapublic, en particulier
pour trois régions du Québec, la Côte-Nord, les
Îles-de-la-Madeleine et le Témiscamingue? Est-ce que le ministre
peut nous confirmer qu'il y a eu cette rencontre et qu'il a l'intention d'aller
de l'avant avec cette politique de coupure des primes d'éloignement, en
particulier pour les trois régions - je le répète, M. le
président du
Conseil du trésor - le Témiscamingue, la Côte-Nord
et les Îles-de-la-Madeleine?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: Effectivement, suite à une étude du
Bureau de la statistique du Québec qui a procédé à
une enquête, littéralement, auprès des gens dans les
régions éloignées - certains des députés
ici, en cette Chambre, me le rappellent, au nom de leurs électeurs, avec
beaucoup d'à-propos - il a été décidé de
discuter - parce que c'est matière à discussion, dans le cadre de
nos négociations - de ces éléments avec la partie
représentant nos employés du secteur public. Je dois dire
qu'effectivement il y a eu, au titre de l'éducation, une rencontre. J'ai
moi-même rencontré des intervenants de tout premier rang, de
premier niveau, des Îles-de-la-Madeleine, à la demande du
député des Îles-de-la-Madeleine, il y a quelques mois. Je
veux indiquer qu'à mon sens il devra y avoir des ajustements dans le
système des primes d'éloignement car certains
éléments - c'est objectif, ça - ne se valident pas dans le
sens qu'auraient souhaité nos employés du secteur public. Nous
avons donc matière à discussion. C'est dans ce cadre de
discussion que nous envisageons la poursuite de nos rapports avec la partie
syndicale.
Le Président: C'est maintenant la fin de la période
régulière de questions.
Tel que convenu précédemment, je vais reconnaître M.
le ministre des Approvisionnements et Services, pour le dépôt de
documents. M. le ministre.
Dépôt de documents
Documents relatifs aux intérêts
du
ministre des Approvisionnements et
Services dans la compagnie DUGIL inc.
M. Dutil: M. le Président, je dépose trois
documents. Le premier: une copie de ma démission du conseil
d'administration de DUGIL inc.; un second: copie de la résolution de la
compagnie acceptant cette démission et un troisième: copie d'une
lettre de la firme comptable ayant la garde des minutes de la compagnie,
confirmant que ces copies sont extraites du procès-verbal et confirmant
qu'au registre des administrateurs mon nom apparaît comme suit:
Entrée en fonction: 1er mai 1985. Démission: 10 avril 1986.
Une voix: Est-ce que j'ai droit à une question?
Le Président: Ces documents sont déposés.
C'est un dépôt de documents.
Des voix:...
Le Président: Non. C'est un dépôt de
documents, simplement, ce n'est pas un complément de réponse. M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Rappelez-vous, quand on est passé, le
ministre a dit lui-même: J'irai après la période de
questions, en complément.
Le Président: Moi, ce que j'ai convenu... Écoutez,
j'ai convenu que... Il n'a pas donné de réponse, il a
déposé des documents. Ce que j'ai compris, c'est que c'est un
dépôt de documents qu'on demandait de faire. Le ministre a
agréé à un dépôt de documents qui
était reporté à la fin de la période de questions.
Vous conviendrez qu'il n'a pas donné de réponse. Il a simplement
cité les documents qu'il déposait. Écoutez, formellement,
je n'ai pas de complément de réponse.
Une voix: Question de règlement.
Le Président: Oui, question de règlement.
M. Claveau: Pourquoi lesdits documents n'ont-ils pas
été déposés au moment du dépôt des
documents, avant la période de questions, et non pas après, au
moment des compléments de réponse?
Des voix:...
Le Président: Écoutez, je suis d'accord avec vous.
Au moment du dépôt des documents, à la fin de la rubrique,
le leader de l'Opposition a interrogé. Il m'a demandé de poser
une question, à savoir si les documents que le ministre s'était
engagé à déposer seraient déposés
aujourd'hui. Le ministre a dit qu'il pourrait déposer les documents
à la fin de la période de questions. J'ai demandé s'il y
avait consentement là-dessus, c'est-à-dire qu'on reportait le
dépôt de documents à la fin de la période de
questions, pour ce point précis. C'est ce que j'ai convenu de faire. Ce
que j'ai demandé, c'est donc qu'il était convenu que le ministre
reviendrait déposer ses documents à la fin de la période
de questions. Ce n'est pas un complément de réponse, une
réponse différée. Donc, je ne peux pas admettre une
question complémentaire.
Maintenant, je demande s'il y a consentement de l'Assemblée pour
une réponse différée par le ministre des Affaires
municipales...
Des voix: Non. Pas de consentement.
Le Président: ...à une question posée par M.
le député de Jonquière. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix: Non.
M. Chevrette: M. le Président, ce n'est pas...
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Ce n'était pas la même chose. J'ai
pris la peine de me lever, M. le Président ~ demandez-le au leader du
gouvernement en témoin - pour le demander au ministre, qui a dit que, si
c'était possible, il le ferait. On a même consenti a priori si
c'était possible. Si ce n'est pas possible, il dit non. Mais je pense
qu'on avait déjà le consentement, avant même la
période des questions.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, effectivement, mon
collègue le ministre des Affaires municipales, suite à une
question qui lui a été posée à une période
de questions précédente, s'est engagé à y
répondre éventuellement. Le leader parlementaire de l'Opposition
m'a questionné à savoir si le ministre entendait répondre.
J'ai indiqué qu'il ferait tout son possible. Il est prêt à
répondre et je crois qu'il doit répondre.
Le Président: Très bien. Il y a consentement?
Une voix: Oui, oui.
Le Président: II y a consentement. Très bien.
Alors, pour une réponse différée, M. le ministre des
Affaires municipales.
Réponse différée
Règlement de la municipalité de
Napierville village sur le partage
des frais de construction d'un réseau
d'aqueduc et d'égout
M. Ryan: En 1979, M. le Président, la municipalité
de Napierville village se donnait un règlement par lequel les frais de
construction des réseaux d'aqueduc et d'égout devant être
construits dans des nouveaux développements devraient être
remboursés par les propriétaires riverains ou par le promoteur du
projet, selon une entente préalable devant intervenir entre le conseil
municipal et ledit promoteur.
Depuis l'adoption de ce règlement en 1979, au moins trois projets
de construction d'égout ont été réalisés
dans la municipalité, en particulier sur la rue Dr Beaudin, sur les rues
Charbonneau et Bourgeois et sur les rues Hébert et Forget. Le dernier de
ces projets a été réalisé en 1989. Des factures ont
été envoyées aux propriétaires concernés en
1990 et certains d'entre eux en ont contesté la légalité,
au prétexte que le règlement en vertu duquel ont
été prises les mesures instituant ces travaux n'était pas
légal et que la décision de faire les travaux n'aurait pas
été conforme à la Loi sur les travaux municipaux.
Nos services ont examiné le dossier et en viennent à la
conclusion qu'il y a de bonnes chances que le règlement de 1979 soit
fort contestable au point de vue légal. Mais vous imaginez facilement
toutes les conséquences pouvant résulter d'une décision
qui déclarerait le règlement de 1979 illégal. Ça
n'appartient pas au ministre de prendre cette décision-là. C'est
un juge, évidemment, qui sera appelé à se prononcer.
Mais je pèse le pour et le contre de ce dossier depuis quelques
semaines et j'en viendrai à une conclusion finale en ce qui touche le
ministre des Affaires municipales, au cours du mois de janvier, après
que j'aurai eu l'occasion de faire venir les dirigeants du conseil municipal,
de recevoir leur avis, de mesurer soigneusement toutes les implications d'une
éventuelle conclusion dans ce dossier. En attendant, évidemment,
les contribuables concernés disposent de tous les recours dont ils
voudraient bien se prévaloir auprès des tribunaux, à qui
il appartient, en définitive, de se prononcer sur la
légalité des actes d'un conseil municipal.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que je peux retenir des propos du ministre des
Affaires municipales que ça n'exclut pas la possibilité d'une
enquête par la Commission municipale, en dehors des procédures
judiciaires?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Ce n'est pas exclu, mais il faudrait qu'on ait des
raisons précises de demander l'intervention de la Commission municipale.
Si des motifs obscurs ou douteux avaient semblé présider à
certaines décisions du conseil municipal, c'est sûrement une
possibilité que je n'hésiterais pas à envisager. (11 h
30)
Le Président: Donc, c'est la fin de la période des
questions.
Maintenant, aux votes reportés, nous allons procéder aux
votes indiqués précédemment. J'invite les
députés à ne pas quitter leur banc, s'il vous
plaît.
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
projet de loi 125
Très bien. Je mets maintenant aux voix la motion de M. le
ministre de la Justice proposant l'adoption du projet de loi 125, Code civil du
Québec. Que les députés qui sont en faveur de cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Bourassa (Saint-Laurent), M.
Pagé (Portneuf), M. Bissonnet
(Jeanne-Mance), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Le-vesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan
(Argenteuil), M. Bourbeau (Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M.
Vallières (Richmond), M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Rémillard (Jean-Talon), Mme Robic (Bourassa), M.
Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla-Hébert (Marguerite-Bourgeoys), M.
Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle (Mille-Iles), M. Johnson (Vaudreuil),
M. Cusano (Viau), M. Picotte (Maskinongé), M. Ciaccia (Mont-Royal), Mme
Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), M. Lefebvre (Frontenac), M. Houde
(Berthier), M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie
(Abitibi-Est), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), M. Chagnon
(Saint-Louis), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel
(Sherbrooke), M. Doyon (Louis-Hébert), Mme Pelchat (Vachon), M. Paradis
(Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice),
M. Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nelligan), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Chapleau), M. Fradet
(Vimont), M. Lemieux (Vanier), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard
(Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean), Mme Bégin
(Belle-chasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun),
M. Forget (Prévost), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine),
Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Parent
(Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden
(Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M. Bradet (Charlevoix), M.
Després (Limoilou), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. La-frenière (Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M.
MacMillan (Papineau).
M. Parizeau (L'Assomption), M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Blais (Masson), Mme Marois
(Taillon), M. Garon (Lévis), Mme Harel (Hoche-laga-Maisonneuve), M.
Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M. Claveau
(Ungava), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Paré (Shefford), M.
Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), Mme Caron (Terrebonne), M. Boisclair
(Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M. Beaulne
(Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Holden (Westmount).
Le Président: Alors, y a-t-il des députés
qui sont contre cette motion? Y a t-il des absten- tions?
Le Secrétaire: pour: 108 contre: 0 abstentions: 0
Le Président: La motion proposant l'adoption du projet de
loi 125, Code civil du Québec, est adoptée.
Motions sans préavis
Au niveau des motions sans préavis, je vais informer
l'Assemblée de la teneur des modifications que le groupe parlementaire
et des députés indépendants ont convenu d'apporter aux
règles de procédure de l'Assemblée nationale.
Une première série de modifications visent la reconduction
jusqu'à l'ajournement prévu pour Pâques prochain des
modifications venant a échéance le 21 décembre prochain.
Rappelons que ces modifications concernent l'horaire des travaux de
l'Assemblée nationale et de ses commissions, ainsi que certaines
dispositions régissant les débats de fin de séance.
Une seconde série de modifications ont pour but d'assujettir les
comités directeurs aux mêmes contrôles que ceux auxquels les
Règles de procédure assujettissent les commissions et des
sous-commissions, eu égard à leurs déplacements à
l'extérieur de l'Hôtel du Parlement. Ainsi, le comité
directeur d'une commission parlementaire qui entend se déplacer à
l'extérieur de l'Hôtel du Parlement devra obtenir l'autorisation
préalable de la commission de l'Assemblée nationale ou, le cas
échéant, de son comité directeur. Cette seconde
série de modifications serait intégrée de façon
permanente aux Règles de procédure de l'Assemblée
nationale.
Je cède maintenant la parole au vice-président de
l'Assemblée nationale et député de Frontenac afin de
présenter les motions appropriées, tout en constatant le
consentement unanime de l'Assemblée afin de déroger aux articles
116 et 188 de notre règlement et procéder à l'adoption de
ces modifications. M. le vice-président.
Motion proposant la reconduction
de modifications apportées au règlement
de l'Assemblée nationale
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le Président,
je propose la motion suivante: "Que les modifications au règlement de
l'Assemblée nationale, adoptées de façon provisoire le 24
octobre 1990 et reconduites lors de la séance du 20 juin 1991, soient de
nouveau reconduites jusqu'à l'ajournement prévu pour Pâques
prochain. Elles concernent les articles 20, 21, 52, 54. 2, 91, 92, 97, 105,
111, 143, 143. 1 et 307. "Que les modifications aux articles 21. 6 et 146 du
règlement de l'Assemblée nationale,
adoptées, pour la première fois, lors de la séance
du 20 juin 1991, soient reconduites jusqu'à l'ajournement prévu
pour Pâques prochain. "Que les modifications aux articles 308 et 309 du
règlement de l'Assemblée nationale, adoptées à la
séance du 21 novembre 1991, soient reconduites jusqu'à
l'ajournement prévu pour Pâques prochain."
Le Président: Est-ce que la première motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Ça va?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ça va, M. le
Président.
Le Président: Vous avez une deuxième motion, M. le
leader...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui. Alors, la
deuxième...
Le Président: Non pas leader, je m'excuse. M. le
vice-président.
Motion proposant des modifications aux règles
de fonctionnement concernant les commissions
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je propose, M. le
Président, la deuxième motion qui se lit comme suit: "Que le
premier alinéa de l'article 1 des règles de fonctionnement
concernant les commissions soit modifié en ajoutant à la
première ligne, après le mot "commission", les mots suivants: "ou
tout comité directeur"; que le deuxième alinéa de
l'article 1 des règles de fonctionnement soit modifié en
remplaçant le pronom "elle" par les mots suivants: "la commission ou le
comité directeur"; que l'article 4.1 soit modifié en ajoutant au
paragraphe a), après le mot "commission", les mots "ou son comité
directeur" et en ajoutant au paragraphe b), après le mot "commission",
les mots "et des comités directeurs"; que les modifications aux articles
1 et 4.1, a) et b) des règles de fonctionnement soient
intégrées de façon permanente aux Règles de
procédure de l'Assemblée nationale; finalement, que l'ensemble de
ces modifications aux Règles de procédure de l'Assemblée
nationale soient consignées, au long, au procès-verbal de la
présente séance." Merci, M. le Président.
Le Président: Est-ce que cette dernière motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Il n'y a pas d'autres motions
sans préavis. maintenant, nous allons procéder aux avis touchant
les travaux des commissions. je vais céder la parole à m. le
leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Pagé: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 14 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission du budget et de l'administration
procédera à l'étude détaillée du projet de
loi 187, Loi modifiant la Loi sur les loteries, les concours publicitaires et
les appareils d'amusement.
De plus, à la salle Louis-Hippolyte-LaFon-taine, la commission
des affaires sociales procédera à l'étude
détaillée du projet de loi 175, Loi modifiant la Loi sur la
sécurité du revenu.
J'avise également cette Assemblée que cet
après-midi, de 14 heures à 18 heures, à la salle 1.38 de
l'édifice Pamphile-Le May, la commission des institutions
procédera à l'étude détaillée du projet de
loi 406, Loi sur l'Institut québécois de réforme du
droit.
Le Président: Très bien. Y a-t-il consentement pour
déroger aux heures de séance des commissions? Consentement?
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président: Très bien. Oui, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Avec votre permission, je demanderais la suspension
des travaux pour une minute.
Le Président: Alors, très bien.
M. Pagé: M. le Président, c'est accordé pour
deux.
Le Président: II y a consentement. Donc, les travaux sont
suspendus pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
(Reprise à 11 h 46)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, nous sommes
toujours aux avis touchant les travaux des commissions.
Je vous avise qu'aujourd'hui, le 18 décembre 1991, de 14 heures
à 15 h 30, à la salle Porte Saint-Louis de l'hôtel Hilton
à Québec, la Commission d'étude des questions
afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté se réunira en séance publique. Toujours
aujourd'hui, le 18 décembre 1991, de 15 h 30 à 18 h 30, à
la
salle Porte Saint-Louis de l'hôtel Hilton à Québec,
la Commission d'étude sur toute offre d'un nouveau partenariat de nature
constitutionnelle se réunira en séance publique.
Ceci termine les avis touchant les travaux des commissions.
Alors, motions sans préavis.
M. Pagé: II n'y en a pas.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Renseignements sur les
travaux.
Une voix: II n'y en a pas.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin
à la période des affaires courantes.
Nous sommes maintenant à la période des affaires du jour.
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 21 du feuilleton de ce matin.
Projet de loi 170 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 21,
c'est une motion pour proposer l'adoption du projet de loi 170, Loi sur la taxe
de vente du Québec et modifiant diverses dispositions
législatives d'ordre fiscal.
Une voix: Ce n'est pas 186?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 21. Alors, ce
n'est peut-être pas l'article 21, M. le député. C'est
peut-être l'article 25.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Pagé: Le menu de la journée prévoyait
initialement qu'on amorce l'étude du projet de loi
présenté par le ministre du Travail. On a convenu, le leader
parlementaire de l'Opposition et moi, compte tenu qu'il est très
probable que l'adoption du projet de loi 170 sur la taxe de vente du
Québec doive conduire à un vote, on a convenu, lui et moi, qu'on
amorcerait nos travaux, non pas par les lois présentées par le
ministre du Travail, mais bel et bien par la loi présentée par le
ministre du Revenu qui est à l'étape de la troisième
lecture. C'est ce qu'on a convenu. On l'appelle.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ça va.
M. Pagé: On l'appelle, on la discute et on l'adopte.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, vous m'avez
demandé d'appeler l'article 21. Alors, je reconnais M. le ministre du
Revenu...
Une voix: Sur le projet de loi...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est sur l'adoption du
projet de loi 170, Loi sur la taxe de vente du Québec et modifiant
diverses dispositions législatives d'ordre fiscal. Nous sommes au niveau
de l'adoption. M. le ministre du Revenu.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui, merci, M. le Président. M. le
Président, nous sommes rendus, finalement, à la dernière
étape au niveau du projet de loi 170 qui, comme vous le savez, a
demandé énormément de travail au cours de cette session,
qui a fait l'objet, évidemment, de plus de 10 heures de discours et,
ensuite, de 50 heures de travail au niveau de la commission parlementaire. M le
Président, pendant tout ce temps, le projet de loi n'a pas fait l'objet
de recommandations ou de suggestions majeures de modification suite aux travaux
que je viens de mentionner. Tout au long du travail, on a soulevé - et
je reviens encore là-dessus - des questions de forme qui n'ont
porté, finalement, que sur tout au plus une dizaine d'articles qui
comprennent, en réalité, cinq définitions qui sont
comprises dans l'article 1 et cinq autres articles où on a dit: Ceci
pourrait être aménagé autrement, non pas d'annuler, non pas
de refaire, non pas de revoir en profondeur une disposition à cause du
fait que la disposition est erronée, mais uniquement des questions de
forme. Pour le reste, le tout a porté sur des analyses plus ou moins
exactes, plus ou moins difficiles de la part du député de
l'Opposition, certains membres de la commission qui demandaient des
éclaircissements basés sur, comme je vous l'ai mentionné,
des notions imprécises et pas tout à fait exactes. Finalement, la
commission est devenue, non pas une séance de travail de l'analyse du
projet de loi, mais une commission qui visait à donner de l'information,
qui visait à donner des explications et non pas à apporter des
modifications qui, finalement, visaient à alléger, corriger,
modifier le texte en cours sur le fond.
Après 50 heures de travail, on était rendu à peine
à l'article 132 d'un projet de loi qui en comporte 686. Les commentaires
qui ont fait l'objet, de la part de la commission, d'interventions, soit des
spécialistes du ministère ou de moi-même, n'ont
porté, finalement, que sur des éclaircissements, sur un
approfondissement de la connaissance des membres de la commission. Tout
ça pour dire que, finalement, le projet de loi, dans sa forme telle
quelle, sur à peu près 25 % des articles, n'a fait l'objet
d'aucune modification de nature sérieuse, sur le fond, mais a toujours
demeuré sur la forme et ça, ça fait
réfléchir. Ça demande une intervention de notre
part pour comprendre, effectivement, qu'il y avait, en
réalité, une acceptation générale quant aux
orientations du projet de loi.
On a soulevé, dans les discours de la part des membres de
l'Opposition, des questions portant sur des articles que nous n'avons pas
étudiés. Et on a soulevé, finalement, un hybride, un
monstre hybride, dois-je dire, qui cherchait à établir
effectivement que le projet de loi contenait des lacunes. Et on soulevait une
argumentation fausse en faisant des allégations gratuites, finalement,
qui ne reposaient que sur une mauvaise connaissance du dossier. Tout ça
aussi est inacceptable. On a eu l'occasion de corriger plusieurs des
affirmations de la part des membres de l'Opposition. Je pense, par exemple, au
fait qu'on allègue qu'au niveau des commissions scolaires il n'y avait
qu'un crédit équivalant à 23 %. On disait que ce
n'était pas suffisant puisqu'à Ottawa il y avait un remboursement
de 65 %. On a expliqué à plusieurs reprises qu'il y avait
là une évaluation vis-à-vis du montant des taxes qui
étaient payées à Québec et non autrement et que,
s'il y avait des corrections à apporter suite à des
éclaircissements de la part des commissions scolaires, ou des
municipalités, ou des centres de santé, ces corrections seraient
apportées s'il était démontré qu'effectivement
c'était le cas.
Comme l'a mentionné tout à l'heure le ministre des
Finances, les échanges, les discussions sont continus,
c'est-à-dire qu'il n'y a pas de cessation à ce niveau-là,
qu'il n'y a pas de modification, qu'il n'y a pas d'approche qui puisse exclure,
fermer les portes d'une façon définitive, même une fois que
tout cela serait en marche. Si, quelques années plus tard, il doit y
avoir un ajustement additionnel suite à des changements d'ordre
législatif, suite à des changements d'approche, on le fera. Ce
que nous faisons actuellement, c'est que nous introduisons un projet de loi qui
est travaillable, qui est opérable à partir du 1er janvier 1992,
qui devrait répondre aux attentes de ces intervenants et qui, pour le
moment, satisfait l'ensemble des intervenants.
J'ai eu l'occasion, M. le Président, de souligner
également la question de l'harmonisation. Tantôt, on a
souligné, je pense incorrectement, le fait qu'on ne s'harmonise pas sur
telle prévision, qu'il y a beaucoup d'éléments qui ne font
pas l'objet d'harmonisation, sur lesquels il y a des différences; de
l'autre côté, dans le même discours, dans le même
genre d'intervention, on dit que l'harmonisation est trop forte, que tout ce
qu'on fait, c'est qu'on copie. Là encore, si on avait des exemples
précis, si on avait eu une opposition, pas une opposition, mais une
critique, plutôt, structurelle, une critique qui, finalement, serait
constructive, on serait en mesure d'y donner suite. Mais, malheureusement,
c'est tiré le plus souvent par les cheveux, c'est le plus souvent
exagéré, basé sur des prémisses qui sont fausses
et, en conséquence, qui ne peuvent être retenues,
malheureusement.
On comprend bien que le projet de loi donne suite à une
orientation du gouvernement provincial, en 1990, annoncée par le
ministre des Finances, qui dit très clairement que, compte tenu de
l'intervention du gouvernement fédéral, on s'harmonise et on va
de l'avant et que ce processus est nécessaire puisqu'on doit s'assurer
que le Québec maintienne une position concurrentielle,
c'est-à-dire qu'on est en mesure de rendre des biens sur le
marché au moindre coût possible. C'est ce que nous faisons avec ce
projet de loi. Ce que nous faisons, c'est que nous détaxons le travail
fait par les entreprises, par les travailleurs et les travailleuses du
Québec, nous assurons que ce qui va de l'avant est nécessaire
pour l'augmentation de nos exportations, pour s'assurer que, finalement, ce qui
se rend au consommateur se fasse au plus bas prix possible. Cette
orientation-là, comme je l'ai mentionné, n'est pas chose
nouvelle. Elle est actuellement en force dans plus de 50 pays. J'ai eu
l'occasion, à plusieurs reprises, de souligner que, par exemple, le
Japon a introduit un système semblable, à 14 %, en 1989, que
l'Allemagne, par exemple, qui joue un rôle dominant sur le milieu des
échanges économiques, a également une taxe sur la
consommation qui est semblable, que c'est nécessaire si le Québec
doit intervenir davantage sur les marchés internationaux.
J'ai souligné également - et ça n'a pas
été contredit de la part de l'Opposition; ça n'a
même pas été approché - que l'orientation
d'harmonisation que nous suivons reçoit l'approbation de l'ensemble des
intervenants. L'ensemble des intervenants au Québec est d'accord avec la
notion de l'harmonisation, c'est-à-dire qu'il va y avoir une
administration centrale qui va s'occuper avec une présence, bien
sûr, dans les régions, une organisation qui va s'occuper de faire
la gestion et de la TPS fédérale et de la TVQ
québécoise, réduisant de moitié le coût
d'opération et d'administration par les Québécois et
Québécoises de cette nouvelle taxe du gouvernement
fédéral et de l'aménagement de la taxe de vente du
Québec. Tout ça, finalement, dans un contexte de rendre le bien
sur le marché au moindre coût. Si ça coûte plus cher
pour les entreprises québécoises de gérer cette taxe,
évidemment, ce coût-là va être traduit au
consommateur. C'est une approche qui est révolutionnaire, dans le sens
qu'elle introduit, pour la première fois, une taxe qui était
autrefois cachée.
Je voudrais utiliser l'exemple d'une résidence. À compter
du 1er juillet 1992, les résidences neuves qui entrent sur le
marché de la consommation pour la première fois vont faire
l'objet d'une taxe. Si, par exemple, la maison a une valeur de 100 000 $, la
taxe combinée, TPS, TVQ, est de l'ordre de 10 %. Ce que les gens ne
savent pas, c'est qu'auparavant, lorsqu'on achetait une maison au
Québec, une maison neuve, il y avait effectivement des taxes
cachées de l'ordre de 17 % et ces taxes-là, évidemment,
n'apparaissaient pas dans les papiers, mais on payait la taxe portant sur tous
les matériaux de construction. (12 heures)
Aujourd'hui, cette taxe de vente va être apparente,
c'est-à-dire qu'on va le savoir. On va commencer à constater que
ce que nous présumons comme gratuit, c'est-à-dire l'ensemble des
services que les Québécois et les Québécoises
reçoivent, au niveau de l'éducation, au niveau des soins de
santé, au niveau de la sécurité du revenu, au niveau des
transports, tout ça. finalement, a un prix et que ce prix-là doit
être acquitté. Il est acquitté par des mécanismes
qu'on veut rendre évidents. Plus de raison de cacher ces
éléments-là.
Au niveau du citoyen, on nous dit qu'il va y avoir là un fardeau
fiscal additionnel. Ce discours n'est vrai qu'en petite partie,
c'est-à-dire que l'ensemble des fonds qui vont entrer au gouvernement ne
constituera pas une augmentation des montants que le citoyen doit payer parce
qu'elle est contrebalancée par deux éléments. D'abord, il
y avait un ensemble de taxes cachées, fédérales, des taxes
qui n'étaient pas apparentes au moment de la transaction, qui
étaient payées par le citoyen, et qui vont devenir visibles.
Deuxièmement, c'est que, compte tenu du fait que l'impact au niveau
économique va être des plus positifs, c'est-à-dire qu'on va
avoir des biens pour moins cher sur le marché, ça devrait
permettre d'augmenter, donc, une compétition et, en conséquence,
une réduction au niveau des coûts. Ces montants-là vont
être évidemment bénéfiques pour les
consommateurs.
Tout ça pour dire que, sur le fond, qu'on parle de l'introduction
de la taxe, de la gestion par Québec, et des mesures que nous avons
prises au niveau de l'harmonisation, il existe effectivement un large consensus
qui, je pense, est reconnu par l'ensemble des Québécois et des
Québécoises comme étant favorable. Cette
situation-là va exister ailleurs au Canada, dans les autres provinces.
Je peux vous dire que je suis personnellement très convaincu qu'il
n'existe que très peu de temps d'ici à l'adoption par les autres
provinces de cette taxe, comme l'a fait le Québec. Je crois que, bien
sûr, aujourd'hui, il y a des réticences de la part, par exemple,
de l'Ontario, de la Saskatchewan, de la Colombie-Britannique, mais que ces
réticences sont temporaires et que ce n'est qu'une question de temps
avant qu'ils s'harmonisent d'une façon complète avec la taxe
fédérale.
L'Ontario, on le sait, a une taxe. Il a une taxe sur le linge, sauf pour
le linge d'enfant, évidemment; mais cette taxe-là existe.
Travailler pour les entreprises ontariennes dans ce contexte-là est
très difficile. Ils vont le reconnaître.
Les coûts que cela demande, c'est-à-dire cette duplication
d'une façon constante, vont se faire sentir et, à court terme, je
suis certain qu'un gouvernement responsable, du côté de l'Ontario,
va s'aligner sur le chemin de l'harmonisation, donc va suivre le Québec
dans ce champ.
Pour les autres éléments de critique qu'on pourra entendre
au cours du prochain discours de la part de l'Opposition, je vous demanderais
de bien noter l'ensemble du discours. Vous allez voir qu'il ne porte que sur
des éléments qui sont accessoires, rien sur le fond. On va dire,
par exemple, que dans les autres 540 articles que nous n'avons pas
étudiés il y a là toutes sortes de petits monstres
cachés. Je peux vous dire que l'ensemble des articles est
déjà en opération, du côté
fédéral, depuis un an et qu'effectivement nous avons
examiné ces dispositions parce que, évidemment, ce n'est pas
écrit quelque part au ministère du Revenu et ensuite
présenté à l'Assemblée nationale. Il y a eu des
séances de travail très importantes avec la Justice.
Tout cela a traversé, par exemple, l'ensemble des comités
ministériels et autres qui ont eu le temps et le loisir d'examiner ces
documents avec soin. Chacun des articles a été
étudié présenté au Comité de
législation où, évidemment, ça a été
examiné par un groupe très sérieux de légistes et
d'intervenants spécialisés en droit fiscal. Tout, finalement, a
reçu une approbation et on peut constater le résultat de ce
travail par le fait que, finalement, sur le fond, les 132 articles qui ont
été étudiés n'ont pas fait l'objet de critiques. Il
y a eu, comme je l'ai mentionné à plusieurs reprises, quelques
questions liminaires où, effectivement, on a
réaménagé l'article pour faciliter la compréhension
des membres de la commission. On a effectivement enlevé l'article 15 et
on l'a retourné dans le secteur des définitions, mais, outre ces
éléments-là, il n'y avait là rien de bien bien
majeur.
Je peux vous dire, M. le Président, que, malgré le fait
qu'il y a eu clôture au niveau des travaux de la commission, nous sommes
ouverts à maintenir les échanges avec les membres de
l'Opposition, que toute critique constructive concernant le projet de loi est
toujours rece-vable et sera toujours recevable, c'est un processus continu. Et
il se peut fort bien qu'en cours de route on découvre, par exemple, une
anomalie ou deux. Rien n'est parfait, on le reconnaît aisément. Il
y aura, à ce moment-là, des modifications et on est ouvert et on
le suggère. J'ai d'ailleurs indiqué au député de
Montmorency, s'il voulait continuer à examiner ce projet de loi, que je
suis tout à fait disposé à lui consacrer tout le temps
voulu pour qu'on puisse continuer d'une façon informelle, mais avec
toutes les personnes-ressources disponibles, à examiner le projet de loi
pour qu'il puisse en approfondir sa connaissance.
Tout ça, finalement, dans un but d'ouver-
ture; tout ça pour dire qu'on n'est pas ici, finalement, pour
"bulldozer", on n'est pas ici non plus pour tasser, éloigner des
principes d'application importants. On est ici pour faire la lumière sur
le projet de loi, examiner les dispositions et s'assurer que tous les
intervenants de l'Assemblée nationale sont satisfaits, finalement, du
travail que nous avons fait au cours des 12 derniers mois.
M. le Président, le projet de loi a fait l'objet d'une motion de
clôture et c'est ça, je pense, la critique la plus virulente que
nous avons eue à date au niveau de ce projet-là. Je tiendrais
à souligner que nous n'avons pas le choix d'imposer cette clôture.
C'est un peu avec regret que ça a été fait; ce n'est pas
facile d'imposer ce genre de motion là à cette Assemblée;
ce n'est certainement pas voulu, nous n'avions pas le choix. Il fallait que les
procédures soient en place, il fallait donner un signal clair aux
entreprises qui doivent faire des changements, qui doivent commencer à
préparer ces changements. Nous avons des avis à faire à la
population; nous avons des démarches d'information à faire
auprès des différentes entreprises, nous allons maintenir ces
efforts de communication et d'information d'une façon constante au cours
du printemps et, en conséquence, on avait besoin d'un projet de loi
adopté par l'Assemblée nationale pour que tout puisse prendre
place comme il se devait le 1er juillet 1992, sans les heurts, sans les
difficultés que des modifications de cette nature-là peuvent
créer.
Nous avons donc six mois, six mois franc à compter du
début de janvier pour mettre ces mécanismes d'information, ces
rencontres en marche. Le ministère du Revenu va faire tout en son
possible, par le biais de ses équipes spécialisées
d'information, pour rencontrer des intervenants soit sur une base de secteurs,
soit sur une base régionale, pour échanger avec eux. On peut dire
que c'est un processus continu puisque nous avons ces kiosques en marche, nous
avons des éléments de transfert d'informations vers le public en
marche depuis maintenant 14 mois. Nous avons vu que le 1er janvier 1991,
lorsque nous avons modifié la taxe de vente du Québec, ça
s'est fait sans grande difficulté. Il y a eu, évidemment, des
ajustements de dernière minute de la part de plusieurs, mais, d'une
façon globale, l'information était là, l'information
était sur le terrain et, malgré quelques difficultés ici
et là - et tout à fait mineures, je voudrais bien que ça
soit souligné - l'ensemble de l'opération s'est bien
déroulé et, finalement, à l'avantage des mandataires du
Québec. (12 h 10)
Nous passons donc de quelque 250 000, 260 000 mandataires à 450
000, 460 000 mandataires. C'est une opération majeure; ça doit
être en place pour le 1er juillet 1992 d'une façon convenable.
Nous n'avons ménagé aucun effort pour renseigner ces
gens-là, pour inscrire ces mandataires. Je peux vous dire qu'il y a
à peu près 78 %, 79 % des mandataires qui sont déjà
inscrits, qui sont prêts, donc, à assumer leur rôle de
mandataire. Nous allons maintenir cet effort de renseignements, de transfert
d'informations, de rencontres et d'échanges avec non seulement les
mandataires, les entreprises québécoises, mais également
le grand public. Nous allons doubler, finalement, les temps alloués
à ces séances d'information au cours de la première
moitié de 1992 pour s'assurer que tout le monde soit bien au
courant.
Je voudrais pour une dernière fois, M. le Président, vous
rassurer. Lorsqu'il y aura des suggestions portant sur la forme ou sur le fond
du projet de loi, on peut en tout temps nous les communiquer. Nous sommes
ouverts à ce genre d'échange. La critique constructive est
toujours la bienvenue au ministère du Revenu. On est toujours ouverts
à améliorer puisque, comme vous le savez, le ministère du
Revenu a comme priorité le service à la clientèle, a comme
priorité de bien desservir l'ensemble des contribuables au
Québec, ce qu'il fait certainement depuis déjà fort
longtemps, je pense, avec brio. D'ailleurs, je peux vous dire qu'on est
très confortables dans cette opération-là malgré
que ça demande beaucoup de travail, malgré le fait que ça
demande beaucoup d'ajustements à nos méthodes de fonctionnement
qui sont en vigueur actuellement. Le ministère du Revenu a
démontré sa grande capacité d'intervention dans un champ
aussi nouveau pour lui, au niveau administratif, parce que c'est la
première fois au Québec qu'on administre les deux taxes, ou des
taxes provenant du gouvernement fédéral avec les taxes
provinciales. C'est une première. Le ministère du Revenu a pris
ça, évidemment, avec beaucoup de sérieux, a mis en marche
les mécanismes, et tout est en place et va continuer à se mettre
en place pour être aussi partait que possible le 1er juillet 1992.
Donc, sur l'approche globale, harmonisation, administration unique des
deux taxes, et également sur l'orientation que nous avons prise, d'aller
de l'avant, non seulement ça a été bien perçu et
bien reçu par l'ensemble des intervenants au Québec, mais
également, au niveau du ministère du Revenu, nous allons non pas
nous asseoir et laisser passer le train, mais plutôt maintenir nos
efforts de renseignements et d'informations, nous allons même
accroître nos échanges avec les gens du milieu pour s'assurer que
tout soit en place le 1 er juillet 1992.
J'ajoute, finalement, en "post-scriptum" et en terminant, M. le
Président, que nous sommes toujours ouverts - et ça, je le
répète pour la quatrième fois parce que je veux que ce
soit bien clair - à des bonifications à notre projet de loi. Il
faut s'attendre à ce qu'il y ait des modifications qui soient
déposées, d'une façon constante, au cours des
années suivantes. La Loi sur le ministère du Revenu ou la Loi,
plutôt, sur
les impôts du Québec fait l'objet de modifications
constantes. Chaque année, on y apporte des modifications, soit pour
tenir compte des orientations données par le ministre des Finances,
soit, finalement, pour apporter des bonifications qui nous sont
présentées soit par des associations, des corporations
professionnelles, des intervenants sur le champ, ou lorsque nous-mêmes,
nous constatons qu'il y aurait lieu, par exemple, de faire tel
aménagement, telle amélioration à un article ou à
un règlement quelconque. Nous intervenons toujours, d'une façon
constante, au ministère du Revenu, j'ai pu le constater, puisque
ça fait maintenant 14 mois que je m'occupe de ce dossier; depuis 14
mois, je peux vous dire que les légistes au ministère sont
très sensibles à ce que les lois, les règlements soient le
plus clair possible pour tous les intervenants pour que, finalement, on puisse
donner aux citoyens la meilleure loi possible et avec les meilleurs
renseignements possible. C'est ce que nous tâchons de faire de
façon constante.
Ça met donc fin, M. le Président, à un débat
qui a été particulièrement intéressant. Ça
met fin également à une situation qu'on doit regretter en partie
à cause de la motion de clôture. Je pense que personne ne trouve
ça acceptable et c'est avec regret qu'on a dû le faire.
Peut-être que, dans un autre contexte ou avec d'autres intervenants, il
nous aurait été possible de faire autrement. Malheureusement,
ça n'a pas été le cas. Ça met fin également,
je pense. M. le Président, à une session parlementaire où,
évidemment, toute la question de cette réforme, de cette
révolution au niveau de l'approche que nous avons vis-à-vis de la
taxation, c'est-à-dire qu'on ne taxera plus ce qui produit, nous ne
taxerons plus les produits qui tomberont sur le marché du travail ni
leurs moyens de production, mais nous allons plutôt taxer la
consommation, comme il se fait dans, je pense, tous les autres pays qui sont
dynamiques, qui sont progressifs, peut-être à l'exception des
États-Unis, mais pays qui ne tardera pas, lui non plus, à
introduire ce genre de mesure.
D'ailleurs, je pourrais vous dire, aux citoyens et citoyennes du
Québec, que c'est déjà commencé, en quelque sorte,
aux États-Unis où il y a une taxe sur certains produits de luxe,
où il y a une taxe sur certains produits qui ont tel coût, par
exemple. Ils vont subir l'objet d'une taxation qui équivaut à une
taxe sur la consommation, mais qu'on pourrait voir facilement. Et on remarquera
bien mes paroles, M. le Président, je suis certain qu'au cours des 60
prochains mois on va voir se concrétiser un débat aux
États-Unis dans ce sens-là et que cette taxe fera son apparition
certainement à la fin de ces 60 mois. On va voir les mécanismes
se mettre en place pour l'introduction d'une taxe semblable puisque tout le
monde s'en va vers ça. Il y a déjà 50 pays qui sont
là-dessus, M. le Président, et c'est inévitable, les 50
pays qui sont là-dessus sont parmi les pays les plus progressifs, sont
parmi les pays les plus dynamiques actuellement au niveau mondial.
L'Angleterre, la France, l'Allemagne, le Japon, l'Italie, qui s'en sort
très bien, M. le Président, malgré les difficultés
au sud, le nord de l'Italie qui se débouille très bien dans un
contexte économique très difficile.
Là-dessus, M. le Président, je termine. Je ne peux
terminer qu'en vous souhaitant des bonnes fêtes, à ceux et celles
qui ont travaillé ici, à l'Assemblée nationale, et qui ont
suivi nos travaux, qui ont préparé les galées, qui ont
finalement servi lors de la tenue des différentes commissions, qui ont
dû, je pense, suivre avec beaucoup d'intérêt ce débat
qui est si important pour nous, Québécois et
Québécoises, et qui vont évidemment, je pense,
réaliser que nous sommes en mesure maintenant d'aborder 1992 en sachant
que nous avons fait un petit effort additionnel pour rendre le Québec
plus compétitif sur les marchés internationaux. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre du
Revenu. Je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous en sommes
à l'étape de l'adoption du projet de loi 170, et je cède
la parole à M. le député de Montmorency. M. le
député, la parole est à vous.
M. Jean Filion
M. Filion: Merci, M. le Président. Nous sommes à la
dernière lecture d'un projet de loi, comme je l'ai dit et redit,
très volumineux et très complexe, un projet de loi qu'on a soumis
à cette Assemblée, mais, au fond, où on n'était pas
intéressé à ce qu'on le regarde en détail, à
ce qu'on l'examine pour apporter des corrections, M. le Président, et
à ce qu'on puisse effectivement présenter un document à la
population qui soit des plus efficaces et lisibles pour les gens de la
fiscalité. Nous avons fait un exercice professionnel. Nous avons
travaillé pendant 48 heures pour étudier 686 articles et on a
réussi uniquement à en voir 137, M. le Président. Inutile
de vous dire que c'est une loi très complexe.
Mais là j'aimerais prendre quelques minutes, M. le
Président, parce que, vous savez, le ministre du Revenu me parle
d'amendements de forme et que, dans le fond, il n'y avait pas de changement de
fond. Mais, M. le Président, les échanges ont été
tellement constructs qu'on a commencé à apporter des arguments et
des éléments de fond. Vous savez, des notions comme "expectative
raisonnable de profit", ce sont des mesures de fond. M. le Président,
des notions comme "expectative raisonnable de profit" qui se retrouvent dans
une loi comme cette loi-là, ici, ça a des conséquences
pratiques, où un chauffeur de taxi va se retrouver cinq ans plus tard
pour savoir si effectivement la taxe s'appliquait lorsqu'il la percevait de ses
clients. Ça n'a pas
de bon sens, M. le Président. Des questions de fond aussi
majeures que ça, vous ne pouviez pas en trouver. Je vais vous en donner
d'autres, mais je vais prendre le temps de vous l'expliquer, M. le
Président. Le chauffeur de taxi, les gens prennent le taxi, il va leur
charger, bien sûr, la TVQ Québec, sauf que, si après trois
ans on lui dit qu'il n'avait pas d'expectative raisonnable de profit... (12 h
20) parce qu'on reçoit des lettres à tous les jours, m. le
président, du ministère du revenu qui nous disent: vous n'avez
pas d'expectative raisonnable de profit. vous faites des pertes, on vous les
désalloue, vous n'aviez pas d'expectative raisonnable de profit.
ça prend trois ans, quatre ans, m. le président, avant de savoir
s'il y avait une expectative raisonnable de profit. alors, les chauffeurs de
taxi, m. le président, qui vont appliquer la tvq vont devoir
évaluer s'ils ont une expectative raisonnable de profit. et si, dans
trois ans, ils ont perçu de la taxe qu'ils ont remise au
ministère, après trois ans, m. le président, si on leur
dit qu'ils n'avaient pas d'expectative raisonnable de profit, comme la loi est
écrite avec toute sa confusion dans son libellé, ça va
avoir pour effet très simple - ce n'est pas compliqué - qu'ils
vont devoir remettre la tvq qu'ils avaient perçue de leurs clients.
alors, est-ce que le chauffeur de taxi va devoir avoir une espèce
d'agenda où, à tous les jours, il va noter la course, l'heure, la
date, l'adresse de son client, m. le président, pour s'assurer que si
dans trois ans il doit la remettre... il va falloir qu'il ait un registre qui
va donner l'indication des clients qu'il a pris dans sa course de taxi.
Alors, c'est ce genre de situation là, M. le Président. On
va demander au chauffeur de taxi de s'assurer d'avoir toute l'information sur
ses clients de telle sorte que, si jamais dans trois ans on lui dit qu'il
n'avait pas d'expectative raisonnable de profit, il puisse retourner la TVQ
qu'il a perçue d'une façon erronée, M. le
Président.
C'est ce genre de questions de fond là que j'ai soulevé,
M. le Président. C'est majeur! Des expressions aussi confuses
qu'"expectative raisonnable de profit", imaginez-vous, M. le Président,
comment on peut évaluer ça. Alors, ça demande de la
jurisprudence. Il faut que les tribunaux se prononcent, M. le Président.
D'ailleurs, les tribunaux se sont prononcés sur ces notions-là,
on a des critères d'application et ça prend
généralement deux ans, trois ans, quatre ans. Je le sais, j'ai
vécu un cas. J'ai un cas qui m'a été soumis, le printemps
dernier, où, effectivement, on refusait des pertes à un chauffeur
de taxi; on lui disait qu'il n'avait pas d'expectative raisonnable de profit.
Mais on l'a fait cinq ans plus tard. Quand on parle de taxe de vente, M. le
Président, il faut appliquer la taxe de vente immédiatement et,
le chauffeur de taxi, il ne sait pas s'il doit ou non la percevoir, s'il n'est
pas dans l'expectative raisonnable de profit. alors, m. le président,
lorsqu'on arrivait sur des arguments comme ceux-là, le ministre qui
parle toujours de forme, si, ça, ce n'est pas une argumentation de fond
pour l'application de la loi, on ne peut plus rien discuter parce
qu'effectivement il faut savoir quelles sont les notions, ce qui va
s'appliquer. le ministre refusait toujours en disant: non, non, non,
écoutez, on ne peut rien changer. ça vient du
fédéral. le fédéral l'a écrit comme
ça. ça n'a pas de bon sens, mais ça doit être bon si
le fédéral l'a écrit. alors, m. le président,
qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse, ici, au québec? qu'est-ce que
vous voulez qu'on fasse dans cette assemblée si on ne peut rien dire
parce que le fédéral a décidé que ça devait
être écrit comme ça?
M. le Président, plus que ça. Des questions de fond, je
vais vous en soulever une autre. Le mot "acquéreur", M. le
Président. Il faut bien savoir, dans une transaction où il y a de
la taxe de vente, qui est l'acquéreur. Si je ne sais pas qui est
l'acquéreur, je ne saurai pas qui va payer la taxe. Comme question de
fond, M. le Président, je soulève la définition de
l'acquéreur. C'est le payeur. Ce n'est pas celui dont ie nom est
écrit sur la facture; c'est celui qui va payer la facture qui va
être l'acquéreur. Si ce n'est pas une question de fond, ça,
M. le Président, je ne sais pas c'est quoi. Alors, je demande au
ministre de m'expliquer, effectivement, si le mot "acquéreur", c'est la
personne dont le nom est écrit sur la facture ou si c'est la personne
qui paie. Alors, il me répond: Selon la définition de la loi,
c'est la personne qui paie. Alors, je lui dis: C'est intéressant. Alors,
celui qui est écrit sur la facture, qu'est-ce qui arrive? Ah! ce n'est
pas lui, l'acquéreur; c'est celui qui va payer.
Alors, je lui ai donné un petit exemple. Je lui dis: M. le
ministre, je suis en commerce et mon frère paie l'achat de ma
marchandise. C'est moi qui achète sur la facture, mais c'est mon
frère qui paie. Alors, il me dit: C'est ton frère qui est
l'acquéreur. Je lui dis: Alors, si c'est mon frère qui est
l'acquéreur, qui ne connaît rien au commerce, M. le
Président, il est juste là pour m'aider sur le plan financier -
parce que vous savez, la récession, c'est compliqué, ça
coûte cher, alors, les gens se font aider comme ils peuvent - qu'est-ce
qui va arriver? Il dit: C'est ton frère qui est l'acquéreur; les
intrants, ça va être ton frère qui va s'occuper de
ça. Alors, c'est lui qui va devoir retourner la taxe. M. le
Président, une notion qui ne tient pas la route, une notion qui
complique l'application d'une façon incroyable. Alors, j'ai
soulevé de l'argumentation. Je voulais qu'on arrive à
éclaircir la définition. "Mot"! M. le Président. On ne
voulait rien savoir. Ça venait du fédéral. Le
fédéral l'avait écrit comme ça, M. le
Président. Alors, si ça venait du fédéral,
c'était bon. On n'avait plus rien à dire. Mais, M. le
Président, dans l'application de la loi, il faut que ce soit clair. Et
ce
n'est pas mon frère qui est l'acquéreur, c'est moi; c'est
moi qui achète la marchandise. Mon frère est venu m'aider dans le
financement, il n'est pas venu m'aider pour être considéré
comme acquéreur au niveau de la taxe de vente. Alors, toute la
mécanique d'application par ce genre d'interprétation, M. le
Président, était remise en question, complètement remise
en question.
Alors, M. le Président, écoutez, ça n'avait pas de
bon sens; j'ai argumenté, j'ai essayé de leur faire comprendre,
mais non; à la limite, ils étaient tous d'accord pour dire, au
fond, que mon interprétation était correcte, mais qu'ils ne
pouvaient pas la changer. Alors, franchement, si ça, ce n'est pas des
questions de fond, je pense que le ministre a un problème de fond, parce
que, là, on ne se comprend pas sur le fond. Soit qu'il n'ait pas de
fond, lui, ou qu'il ne comprenne pas les vraies notions de fond. Parce que, M.
le Président, c'est une définition majeure d'application de
l'assujettissement de la taxe.
Plus que ça, M. le Président, plus que ça, j'ai
découvert un trou dans la loi, un trou. On ne rit pas. Un trou. Je leur
ai dit: Écoutez, quand on voit un trou, on est les législateurs,
il faudrait boucher le trou. Alors, on m'a répondu, M. le
Président, que non, non, non, non, ce n'était pas
nécessaire, Ottawa n'avait pas bouché le trou. Ils ont dit: Ce
n'est pas important; si Ottawa ne bouche pas le trou, on ne bouchera pas le
trou. Alors, M. le Président, j'ai argumenté. J'ai
argumenté et j'ai argumenté tant que j'ai pu. Si ça, ce
n'est pas des questions de fond, M. le Président, c'est quoi? C'est
majeur, M. le Président. Alors, je lui explique l'histoire du billet
d'avion: Si tu le prends aller et retour au Québec, tu paies la taxe,
puis si tu le prends une partie au Québec et une partie à
destination, où tu es rendu, le retour, tu ne paies pas de taxe. Hein?
Alors, là, on m'a expliqué qu'ils avaient discuté avec les
compagnies aériennes puis qu'effectivement elles n'embarqueraient pas
là-dedans et qu'elles ne feraient pas d'espèce d'organisation
pour éviter la taxe. Alors, j'ai expliqué, M. le
Président: Écoutez, on ne se fiera pas sur les compagnies
aériennes, on va le bloquer. Là, on m'a répondu: Ah bien
non! c'est le fédéral encore qui décide.
M. le Président, si ce n'est pas des questions de fond, c'est
quoi? Des questions de principe, M. le Président? C'était majeur.
Majeur! Un trou! Moi qui arrivais à l'Assemblée nationale pour
venir aider, je découvre un trou. Bien, je les fais voter sur le trou et
ils votent tous pour le trou. J'étais décontenancé, M. le
Président. Vraiment là, c'était l'euphorie. Moi, je n'en
revenais pas. D'ailleurs, il y en a certains qui, quand ils ont voté
pour le trou, ne savaient plus trop, ils ont dit: Bien... oui, mais je suis
inquiet. Bien oui, je suis inquiet! Ils ont voté pour le trou pareil.
Alors, un trou dans la loi, M. le Président. Si ce n'est pas ça,
une question de fond, on n'a pas la même définition du mot
"fond".
M. le Président, plus que ça, on arrive sur une
expression, un mot, "raisonnable". Alors, je voulais faire un débat
constructif. Je demande au ministre de m'expliquer ce qu'il voulait entendre
par "raisonnable", parce qu'on sait très bien que les transcriptions de
nos débats peuvent servir aux praticiens lorsqu'ils veulent avoir
l'interprétation ou le sens d'un article de loi. Alors, le ministre me
répond: C'est simple, le mot "raisonnable", c'est ce qui est
raisonnable. Alors, je lui dis: Bien, écoutez, ça n'a pas de bon
sens! Il faut expliquer ça un peu aux gens. "Raisonnable", ça
veut dire beaucoup de choses. On a discuté encore une fois au moins une
demi-heure pour essayer de cerner l'esprit du législateur, l'esprit du
ministre, voir si effectivement il voulait me donner des espèces de
paramètres pour aider les gens. Alors, au ministre, pour finir, je lui
dis: Je vais vous donner un petit exemple concret. Vous allez voir que c'est
compliqué, appliquer votre loi. C'est même du chinois pour les
gens. Je vous donne un petit cas. Dites-moi si effectivement, pour une
résidence avec deux acres de terrain, les deux acres de terrain sont un
bien qu'on peut assimiler à la résidence et si c'est raisonnable,
pour fins de l'exonération. Bien, croyez-le ou pas, M. le
Président, il a pris la question en délibéré, puis
après deux jours je n'ai pas eu de réponse et je n'en ai pas
encore. Alors, quand il vient me dire qu'il n'avait pas des questions de fond
à étudier et à regarder... (12 h 30)
Parce qu'on est ici, à ce que je sache, pour examiner une loi
pour les citoyens et les citoyennes. On n'est pas ici pour regarder la loi et
dire: Bon, bien, on n'a rien à dire sur ça. Tout le monde a
réglé les problèmes. Ce n'est pas vrai, c'est plein de
problèmes là-dedans. C'est plein! Je viens de vous en citer
trois, quatre, je pourrais vous en citer d'autres.
C'est incroyable, la situation de cette taxe-là. 686 articles, M.
le Président. On faisait un travail de professionnel. Trop
professionnel, on nous met le bâillon. On dit: Ah, ça va trop
bien. Oui, oui. Il nous a mis le bâillon. Il a dit: Non, non, non, ces
gens-là sont trop bons. C'est des professionnels. Ils veulent tous nous
faire changer notre loi. Ils veulent nous démontrer hors de tout doute
qu'on devrait recommencer notre travail. Dans ce sens-là, il a
refusé de continuer le débat parce que, effectivement...
Bien oui, il peut dire de venir en débat à huis clos et
d'échanger sur un plan pour que je lui donne de l'information puis,
comme il dit, que je lui donne une formation fiscale, M. le Président,
mais ce n'est pas ça, moi, que je suis intéressé à
faire. C'est d'informer la population dans les règles du
parlementarisme. Pas dans les règles de cours par correspondance que je
pourrais donner au ministre! Franchement, on est ici pour voter des lois.
Alors, c'est ça qui se passait, au fond. Vraiment, au fond, c'est
ça. Et, comme vous le savez vous-même, c'est le ministre qui peut
demander un amendement de fond qui peut avoir des conséquences
financières. Je ne pouvais lui demander ces amendements-là. Je ne
pouvais même pas. Le ministre vient me dire que je ne l'ai jamais
demandé. Je comprends que je ne les ai jamais demandés, je ne le
pouvais pas sur le plan strictement des règles parlementaires. Mais,
lui, il aurait pu les demander. Oui, M. le Président, le ministre aurait
pu le faire.
Le débat, M. le Président, était d'un
professionnalisme exemplaire. Un autre exemple de fond, M. le Président,
que je voulais vous citer, c'est extraordinaire, je cite au ministre... On est
en train de regarder un article de foi qui touchait la TVQ des personnes
décédées. Vous savez, en impôt, M. le
Président, les personnes décédées ont six mois pour
produire une déclaration d'impôt. C'est juste en impôt qu'on
peut demander des exigences comme ça. Alors, au niveau d'une personne
décédée, il y a une belle règle, M. le
Président, qui est écrite, où on dit que, lorsqu'une
personne décède, la mécanique suivie, c'est de ne pas
avoir de taxe de vente du Québec. Mais, M. le Président,
croyez-le ou non, ils ont écrit un libellé contraire à
l'esprit qu'ils recherchaient, où, effectivement, on se retrouvait avec
l'interprétation d'un autre article dans la loi, M. le Président,
où effectivement on se retrouvait dans une interprétation de
juste valeur marchande au décès. m. le président, mon
argumentation était tellement bonne que le ministre m'a dit: où
t'as trouvé ça? comment t'as pu faire pour trouver ça? qui
t'a dit ça? m. le président, je l'avais simplement trouvé
dans l'échange fiscal qu'on avait. mais, croyez-le ou non, même
s'il a considéré que j'avais une trouvaille extraordinaire, il
l'acceptait, il le disait en commission, m. le président, ils n'ont rien
changé. encore une fois, ils ont dit: non, non, non, ça vient
d'ottawa. ottawa, c'est des idoles; ottawa, c'est des exemples extraordinaires,
pour le gouvernement libéral.
M. le Président, on nous a soumis un projet de loi, mais, au
fond, on ne voulait pas qu'on le regarde. Si on était honnête, de
l'autre côté de la Chambre, on le dirait. Ils n'étaient
même pas intéressés à ce qu'on l'examine. S'ils
avaient vraiment été intéressés à ce qu'on
le regarde et qu'on l'examine, on nous aurait donné un délai de
temps décent pour qu'on fasse une étude intéressante pour
le citoyen, pour qu'on puisse dire au citoyen: Oui, on l'a regardé; oui,
on a apporté des amendements, comme l'a fait son collègue de la
Justice avec le Code civil, M. le Président. Ils ont eu tout le temps
voulu, ils l'ont regardé, ils l'ont étudié, puis,
aujourd'hui, on arrive avec un projet de loi où tout le monde s'entend
pour dire: Oui, on a fait un bon projet de loi. Mais, pour le projet de loi 170
sur la taxe de vente du Québec, M. le Président, je ne peux pas
en dire autant. On ne voulait rien savoir de nous parce qu'on considère
que la taxe de vente, dorénavant, c'est légiféré
par Ottawa. Le Québec n'a plus rien à dire. C'est à peu
près ça qu'on peut conclure de ce genre d'attitude qu'on a eu en
Chambre, à la commission parlementaire.
Alors, M. le Président, qu'il arrête de me parler de fond
parce que j'en ai eu, de l'argumentaire de fond, tout au long de la commission,
sauf que le ministre ne voulait pas voir, ou ne pouvait pas voir. Ça, je
vais lui laisser la réponse à ces deux questions, sauf qu'il y en
avait de l'argumentaire de fond.
Alors, M. le Président, on nous arrête, on nous
empêche de travailler comme des professionnels, on nous met un
bâillon. L'application de la loi, M. le Président, vous savez que
ce n'est pas le 1er janvier; la loi a été reportée au 1er
juillet. C'est quoi, l'urgence de nous empêcher de travailler en
professionnels? M. !e Président, l'urgence, savez-vous c'est quoi? C'est
qu'ils ont signé une entente avec Ottawa où il fallait qu'ils
s'harmonisent au plus tard le 31 décembre. Une entente qui ne tient pas
compte des réalités du Québec. Une entente où,
actuellement, les gens nous demandent de réévaluer l'application
de cette loi-là, M. le Président. Il y a des pressions dans la
société. On nous dit: La taxe de vente du Québec devrait
être reportée à nouveau. Parlez au monde de la
construction, parlez au monde de l'hôtellerie, parlez aux gens, à
la CSN qui a fait encore récemment, une déclaration. Ils
considèrent que cette loi-là va simplement prolonger la
récession économique, que ce n'est pas le moment de s'en aller
avec cette loi-là.
Bien non, le gouvernement libéral, M. le Président, qui
regarde Ottawa comme une idole, se dit: Si Ottawa est là, c'est bon, on
y va. Mais savez-vous qu'Ottawa a plus de 400 000 000 000 $ de déficit?
Savez-vous ça? C'est quoi que vous trouvez d'extraordinaire, dans
Ottawa? Ce sont des gens qui, comme exemple de gestion fiscale actuellement,
sont en train de battre des records à travers le monde. Ils ont mis une
loi comme celle-là, savez-vous pourquoi? Pour aller chercher des deniers
publics, tout simplement, parce qu'ils ont un problème de contrôle
budgétaire. Ils n'arrivent plus à se contrôler. Et vous
avez vu qu'il y a des sorties financières qui ont été
faites au cours de l'année qui ont démontré que la TPS
qu'ils ont appliquée ne donne rien, absolument rien. Les entrées
de fonds sont moindres que prévues, et le déficit de 30 500 000
000 $ qu'ils avaient prévu va être plus élevé.
Alors, ne venez pas me dire que c'est le temps d'appliquer une taxe comme
celle-là. La récession et l'économie ne peuvent pas la
prendre. Mais ah non! On se dépêche à se geler, à se
mettre dans un carcan au Québec, pour dire: On fait comme Ottawa,
ils
sont pris, on va se prendre nous aussi. Ça n'a pas de bon sens,
M. le Président. On n'a pas à se prendre dans cette
loi-là. Si on avait gardé notre pouvoir de législateurs
parce qu'on ne l'avait pas vendu à Ottawa avec cette entente-là,
on aurait pu encore en discuter d'une façon intéressée et
d'une façon où les gens auraient pu s'exprimer. Mais, M. le
Président je vous le dis, même s'ils la votent, la loi, vous allez
avoir des tollés en janvier, février, mars, parce que les groupes
ne l'accepteront pas, puis c'est vrai qu'une fois qu'elle sera votée,
ah, ils vont dire: Bien, il y a une loi, il faut qu'elle s'applique. C'est
entendu, ils se dépêchent de l'appliquer avant qu'on puisse la
regarder pour leur faire comprendre qu'il faut reculer. Il ne faut pas
l'appliquer. Il ne faut pas la voter, cette loi-là. Si on la vote, M. le
Président, les gens vont payer la taxe sur les services à partir
de juillet. Et les gens le disent, la construction l'a démontré
et un paquet d'industries l'ont démontré, ça va prolonger
la récession. Puis on nous empêche de l'étudier, on nous
empêche de la regarder parce qu'ils ont décidé qu'on
n'avait pas d'affaire à la regarder, l'Opposition.
Mais l'Opposition, là, dans les règles du parlementarisme,
M. le Président, ça fait partie d'un gouvernement. On a un
rôle à jouer puis on nous empêche de le jouer, ce
rôle-là. Et c'est là qu'on se retrouve dans des situations
où, tout à l'heure, les gens vont avoir une espèce de
révolte fiscale. Quand on est rendu qu'on met le bâillon à
l'Opposition pour étudier un projet de loi, M. le Président, et
que ça fait deux ans de suite qu'on le fait, c'est une habitude qui
devient intolérable dans une démocratie comme la nôtre. Et
ça, M. le Président, c'est très important; surtout quand
on fait un travail de professionnel, c'est inadmissible. On veut informer la
population, puis on nous empêche de l'informer.
Alors, pour Noël, les Québécois et les
Québécoises, oui, M. le Président, ils leur ont fait un
beau cadeau: ils leur ont voté une loi sans qu'on puisse la regarder,
puis ils leur ont dit: Bien, préparez-vous. Dans six mois, même si
ça fait mal à l'économie, elle va être en place,
cette loi-là. On ne la réexaminera pas parce que Ottawa a
décidé pour nous. Bien voyons donc, M. le Président,
Ottawa a décidé pour nous! Qu'est-ce qu'ils ont à regarder
Ottawa comme une idole? Ils se font couper leurs transferts, M. le
Président, depuis 1988, le gouvernement libéral d'en face. Ils se
font couper leurs transferts année après année. Ils
manquent d'argent. On leur verse 25 000 000 000 $ par année, à
Ottawa. Ils continuent à se faire couper leurs transferts; ils se font
déstabiliser les finances publiques par Ottawa, puis ils continuent
à dire: Ottawa, ce sont des gens extraordinaires. Ils nous mettent dans
le trouble, puis ils nous envoient des lois, M. le Président, qui ne
s'adaptent même pas à notre situation particulière et
économique. Alors, imaginez-vous, M. le Président, où
c'est qu'on s'en va. En 1992, ça va être terrible. En 1991, on
leur a voté une loi, puis en 1992, M. le Président, on s'est mis
dans une espèce d'entonnoir. On n'aura plus de marge économique,
on n'aura plus de marge de manoeuvre pour travailler notre économie
d'une façon décente.
M. le Président, ce qui est extraordinaire dans cette
loi-là, une loi qui est faite pour M. Tout-le-Monde, qui devrait
être faite pour M. Tout-le-Monde, mais selon le ministre du Revenu, ce
n'est pas ainsi qu'on doit l'interpréter. C'est une loi qui est faite
pour les spécialistes et il n'y a personne d'autre qui doit pouvoir lire
cette loi-là, M. le Président! Parce que, vous savez c'est les
spécialistes seulement qui doivent la lire, cette loi-là! (12 h
40)
Mais le ridicule - par chance que ça ne tue pas - le ridicule de
cette situation-là, M. le Président, savez-vous c'est quoi? Une
loi supercompliquée, et c'est l'épicier du coin, le
dépanneur, le propriétaire d'un dépanneur qui va
l'appliquer, M. le Président. Et ça, vous savez ce que ça
veut dire? Ça veut dire que les gens vont appliquer une loi qu'ils ne
comprendront jamais. Si elle est écrite pour des spécialistes,
comment voulez-vous que les gens ordinaires puissent la comprendre? Alors,
ça a pour effet, comme cadeau de Noël, une loi vicieuse, que
j'appelle. On sait que, dès le départ, on met des taxes et que,
dès le départ, ces taxes-là vont générer de
nouvelles cotisations, vont générer des cotisations avec
pénalités et intérêts. Et c'est là qu'on est
rendu, à faire une loi où on sait d'ores et déjà
que les gens ne comprendront pas - admis par le ministre. Ils ne la
comprendront pas, mais ils vont l'appliquer. On prend les gens pour des
fonctionnaires non rémunérés, M. le Président,
parce qu'on ne les paie pas pour ça, les gens. Ils vont percevoir la
taxe. On ne les paiera pas pour la percevoir, parce que, au fond, c'est un
service qu'ils doivent bien à la collectivité. Par contre, ils
vont faire le travail d'un fonctionnaire, non rémunérés,
et, en plus, comme cadeau, on va leur faire des nouvelles cotisations. Parce
qu'ils ne peuvent pas comprendre ça. C'est impossible. On va leur
émettre de nouvelles cotisations avec des intérêts et des
pénalités. Et c'est là qu'on est rendu comme orientation
fiscale au Québec. On fait des projets de loi qui, à toutes fins
pratiques, sur le terrain vont trouver une difficulté d'application
comme on n'a jamais vu, et on va continuer, par la suite, à leur exiger
des cotisations et à leur dire: Écoutez, vous ne comprenez pas la
loi; nul ne peut ignorer la loi. Mais on leur fait des lois, M. le
Président, et personne ne peut les comprendre. Et on nous fait adopter
ça en vitesse à cette Assemblée en disant: Vite, vite,
vite, c'est le cadeau de Noël qu'on veut donner à la population, il
faut le voter avant Noël. Je ne sais pas si les gens vont effectivement
trouver que c'est un beau cadeau de Noël qu'on leur donne.
M. le Président, on nous a cassé les oreilles sur
l'harmonisation. C'est un mirage, l'harmonisation, un vrai mirage. Et je peux
vous dire, à chaque fois que ce gouvernement-là pouvait se
dissocier du fédéral pour aller chercher plus d'argent, il le
faisait. Il le faisait même sur le taux d'imposition. Non seulement il
l'a mis à 8 % au lieu de 7 %, mais il n'a même pas eu le cran de
dire que c'était en réalité 8,56 %. Parce que,
effectivement, s'il avait eu le cran de dire que c'était 8,56 %, il
serait vraiment harmonisé. S'il l'avait dit, M. le Président,
8,56 %, c'est le résultat net de toute cette histoire-là.
M. le Président, l'harmonisation, dans cette loi-là, je
peux vous dire, dès le départ, qu'elle est complètement
faussée. Alors, je peux vous dire que, sur un plan pratique, on n'est
pas sortis du bois. L'année 1992 va nous amener des maux de tête
incroyables et l'année 1992 va nous mettre dans un carcan où on
n'aura plus de manoeuvre pour travailler notre économie parce que,
tantôt, on va vouloir la reporter et, là, on va se mettre à
genoux devant Ottawa pour dire: Permettez-nous, s'il vous plaît, de
reporter notre taxe. On ne peut pas chez nous. Ça nous crée des
problèmes économiques majeurs.
Alors, M. le Président, inutile de vous dire que cette
loi-là va être votée sur division et je pourrais vous en
parler encore au moins pendant une heure, une heure et demie. Mais,
écoutez, je pense qu'on va suspendre la discussion à ce moment-ci
et nous serons définitivement sur division sur cette loi-là.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député de Montmorency. M. le député de Joliette et
leader de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: merci, m. le président. dans quelques
minutes, nous aurons à voter sur un projet de loi qui, à mon
point de vue, caractérise exactement le présent gouvernement.
depuis deux ans et quelques mois, une chose est certaine et, sur ça, ils
ne sont pas trompés, ils ont taxé. ce sont des "taxeux", m. le
président, "taxeux" en ce sens que deux milliards quelques centaines de
millions exclusivement pour la dernière année... deux milliards
quelques centaines de millions et, en deux ans, 3 400 000 000 $. m. le
président. on a devant nous un gouvernement qui a, bride abattue,
frappé à peu près sur tout ce qui bougeait, mais, en
particulier, sur des biens essentiels, alors qu'on parlait des familles, des
jeunes sans emploi. ça, là-dessus, on ne s'en occupait pas. mais,
des taxes, ça nous a passé de chaque bord des oreilles, m. le
président. on est étouffés. c'était la seule
pièce maîtresse politique qui était au menu
législatif.
L'autre, c'est le Code civil et le Code civil, c'est très
apolitique, ça, on le sait. D'ailleurs, on a étudié... Ce
matin, dans le Parlement, l'ensemble des parlementaires ont applaudi
chaleureusement ceux et celles qui ont travaillé sur le Code civil. Mais
sur la taxe, la loi 170, c'est la seule pièce maîtresse et c'est
sur celle-là qu'on nous impose un bâillon. Ce n'est pas des
farces. Ça prend du culot. En plus d'être frondeur puis
"frondeux", comme on dit par chez nous, pour en imposer à la tonne, ils
ne veulent même pas qu'on étudie sérieusement ledit projet
de loi: un bâillon. En droit parlementaire, c'est détestable de
voir des bâillons venir au moment où on n'a même pas
d'urgence. On n'a même pas d'urgence. Je vous le rappelle, le dernier
article de la loi 170, M. le Président, et vous l'avez lu, vous, vous
savez que le dernier article dit: C'est au 1er juillet 1992 que la loi va
entrer en vigueur. On nous bâillonne parce qu'on ne veut plus qu'on en
parle, des taxes. On va vous en parler pareil, nous autres. On n'a pas fini de
vous en parler, des taxes.
M. le Président, c'est les champions de la taxe. Partait. Mais,
je dois vous dire, sur la gestion du quotidien, là le gouvernement, par
exemple, est loin d'être le champion. Normalement, un gouvernement
alerte, un gouvernement qui s'occupe de sa population voit venir les coups. Il
est supposé. C'est ça, administrer. C'est l'art de
prévoir. Normalement, le gouvernement aurait pu prévoir qu'en
pleine récession il y aurait une avalanche de fermetures d'usines, qu'il
y aurait une avalanche de pertes d'emplois, qu'on passerait à 400 000
chômeurs, à 620 000 assistés sociaux. Ça fait 1 000
000 sans travail, ça, puis les enfants ne travaillent pas. Donc, vous
êtes-vous imaginé le taux réel de personnes sans travail au
Québec? Ce n'est pas 12 % de chômeurs; 12 %, c'est
l'équivalent des 400 000. Mais mettez les 620 000 en plus. M. le
Président, c'est 25 %, 26 % de personnes, ça, qui n'ont pas
d'emploi au Québec. Puis c'est ces 25 %, 26 % de personnes qu'on taxe
à tour de bras, trois milliards quelques cents millions sur deux
ans.
Donc, ils n'ont pas prévu cela. Ils n'ont pas eu de programme. Il
n'y a pas un programme qui est sorti pour essayer de contrer les effets de la
crise. En pleine crise, là on aurait été en droit de
s'attendre à des programmes. À quels programmes on a eu droit, M.
le Président, en pleine crise? On a eu droit à un numéro
de téléphone, 1-800-461-AIDE, pour les PME; 1-800-461-AIDE, vous
receviez, si vous téléphoniez là, une paperasse assez
volumineuse. Une petite entreprise en difficulté, ça lui
coûtait 5000 $ à 6000 $ juste pour faire défricher
ça, pour faire appliquer un programme, etc.
M. le Président, il y a eu l'autre programme, en fin de course,
qui a été Mon taux, mon toit, à 8,5 % ou à peu
près, alors que les taux d'intérêt sont à peu
près l'équivalent, présentement, du programme.
Contrairement à l'incitation qu'on mettait, à l'époque, de
4 % à 5 % de
différence entre la subvention qu'on pouvait donner pour injecter
dans l'économie, injecter dans la construction, M. le Président.
Ils n'ont pas eu d'imagination pour se sortir de la crise. La seule chose
qu'ils ont découverte, c'est la fuite en avant. Ah ça, ils l'ont!
Vous avez vu, Montréal hier, ils ont déposé un projet,
là, et toute l'infrastructure - vous avez entendu le président du
Conseil du trésor ce matin, là -pour venir à bout de
bâtir le tissu industriel... Il a dit: On n'est pas là pour faire
de l'asphalte. Vous vous promènerez sur le boulevard Henri-Bourassa
à Montréal, vous vous promènerez et vous regarderez les
sols contaminés. S'ils ne les décontaminent pas, l'industrie ne
pourra jamais s'implanter. Ils ont dit: Ça, ce n'est pas de nos
affaires. Non, mais en l'an 2000 Montréal va se développer
à raison de 80 000 000 $ par année. De la poudre aux yeux, de la
fuite en avant, donner l'illusion qu'ils s'agitent dans les corridors et qu'ils
font quelque chose.
C'est la même affaire, M. le Président, avec les grappes du
ministre de l'Industrie et du Commerce. Il a découvert qu'il y avait des
grappes. On parlait de ça en 1960. Il a découvert le mot magique
de la concertation. Oh! "C'est-u" un beau mot, ça. On se concerte. Bonne
mère du Ciel, on avait un ministre délégué à
la concertation en 1984. Ils n'en n'ont même pas maintenu en poste. Ah,
ils sont brillants! Quand ils découvrent un mot, ils essaient de
l'utiliser, et ils "s'effervescent". Là, c'est les grappes, et on voit
tous les raisins tomber à tour de bras: Angus qui ferme, Aima qui a de
la misère, Price, Jonquière, Abitibi-Price, vous avez eu Forano
à Victoriaville, Matane. Les raisins... La grappe est dégarnie.
Qu'est-ce qui va rester après ces grappes-là tantôt, M. le
Président? Mais ça paraissait bien, le spectacle des grappes
industrielles. M. le Président, la fuite en avant, la poudre aux yeux,
mais ils ne font pas de programmes concrets, des programmes adaptés aux
besoins d'aujourd'hui. Ça, ils n'en parlent pas, M. le Président.
Pas du tout.
La même chose dans la formation professionnelle. Il s'est
levé, M. le Président, bien coiffé, pour nous dire qu'il y
aurait une commission parlementaire après les fêtes alors qu'il
avait promis une loi avant les fêtes pour régler le
problème de la formation professionnelle et des décrocheurs, etc.
Non, on va aller des mois et des mois, M. le Président, consulter
encore. On va laisser encore décrocher le plus de monde possible, on va
s'organiser pour qu'il y ait de moins en moins de jeunes dans les options
professionnelles. Mais ça ne fait rien, ils ont un beau livre. Vous
savez, ça paraît bien, vous avez reçu le kit de presse,
vous. C'est beau, du beau carton glacé. M. le Président, nous
allons consulter, nous allons faire de quoi, nous avons une vision d'avenir.
C'est ça, ce gouvernement-là.
Là, l'autre ministre qui n'a pas pu faire son petit show avant
les fêtes va le faire peut-être demain, parce qu'il y a un Conseil
des ministres aujourd'hui. Là, ils vont lancer la politique du
développement régional, et ils vont nous annoncer que tant de
millions vont se dépenser en région. Exactement le même
nombre qu'il se dépense actuellement. Mais ça pourrait bien... Un
beau livre, un beau kit de presse, un flash. Ils sont habitués à
ça puis ils nous reprochent de faire des événements
média. M. le Président, le show de Charlesbourg, qui a
coûté un million, ce n'était pas un show médiatique?
C'était quoi, ça? Les manches de chemise roulées puis le
micro sans fil, puis pas de "coat" sur le dos, puis: Aïe! ti-caille, 600
000 $, juste une firme de publicité. Puis payons les transports, payons
les repas, payons les chambres de tout ce beau monde. Ça ne fait rien.
On s'occupe du monde. M. le Président, de la poudre aux yeux! Un
gouvernement qui donne l'illusion qu'il s'agite. Il s'engage un
écrivain, là, puis il dit: Scribouille-moi quelque chose pour que
ça ait de la gueule, en bon québécois, là, puis
pour que j'aie l'air de voir loin devant moi. Je n'ai pas vu le passé,
je n'ai pas compris le présent puis je ne l'assume pas, mais donne-moi
au moins l'illusion dans le monde que je vois loin...
Bien, c'est ça, ce gouvernement-là, M le Président,
qu'on a devant nous. Montréal, son plan de développement, la
formation professionnelle, le plan de développement régional,
puis j'en avais un quatrième. La culture, ça a été
ça. M. le Président, on a un gouvernement devant nous qui essaie
de créer des images. Mais je voudrais lui dire, M. le Président,
que, quand tu as été zéro dans le passé, que tu es
plus que zéro dans le présent, tu ne peux pas être autre
chose que plus que zéro dans le futur parce que le passé est
garant du futur, M. le Président. On a un gouvernement usé, sans
imagination, un gouvernement dépassé. Puis, s'il voulait faire un
beau cadeau de Noël aux citoyens, ce n'était pas une loi 170 qui
impose des avalanches de taxes qu'il aurait fallu, c'était de
libérer le Québec de leur propre formation politique,
c'est-à-dire de déclencher des élections. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle. Alors,
est-ce que la motion proposée en adoption du projet de loi 170 est
adoptée? Vote enregistré. Qu'on appelle les
députés.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise à 13 h 12)
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place. Je mets aux voix la motion du ministre du Revenu proposant l'adoption
du
projet de loi 170, Loi sur la taxe de vente du Québec et
modifiant diverses dispositions législatives d'ordre fiscal. Que ceux et
celles qui sont pour cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Bourassa (Saint-Laurent), M.
Pagé (Portneuf), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M.
Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), M. Bourbeau
(Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M. Vallières (Richmond),
M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Rémillard
(Jean-Talon), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), M. Cherry
(Sainte-Anne), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Ciaccia
(Mont-Royal), Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), M. Houde
(Berthier), M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie
(Abi-tibi-Est), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), M. Chagnon
(Saint-Louis), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel
(Sherbrooke), M. Doyon (Louis-Hébert), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil
(Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Thérien (Rousseau),
M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Or-ford), M. Williams (Nelligan), M. Dauphin
(Marquette), M. Kehoe (Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Messier
(Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean),
Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M.
Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin
(Verdun), M. Forget (Prévost), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé
(LaFontaine), Mme Hovington (Matane), M. LeSage (Hull), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Audet
(Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette
(Champlain), M. Bradet (Charlevoix), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine),
Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), M. Perron (Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M.
Blais (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), M. Jolivet
(Laviolette), M. Baril (Arthabas-ka), Mme Juneau (Johnson), M. Claveau
(Ungava), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Paré (Shefford), M.
Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), Mme Caron fTerrebonne), M. Boisclair
(Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témisca-mingue), Mme Dupuis (Verchères), M.
Beaulne
(Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
M. Libman (D'Arcy-McGee).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a des
abstentions? Aucune abstention.
Le Secrétaire: pour: 71 contre: 26 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, le projet de loi
170 est adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 25 du feuilleton.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je présume
qu'il y a consentement pour poursuivre sans interruption. Consentement?
M. Pagé: Oui, M. le Président, deux choses...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement?
M. Pagé: M. le Président, il y a consentement pour
que la séance se poursuive jusqu'à ajournement, sans tenir compte
de l'heure du repas du midi, et même chose pour les commissions
parlementaires aussi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II y a consentement pour
que l'Assemblée poursuive sans interruption jusqu'à ajournement
et même chose pour les commissions parlementaires également. M. le
leader adjoint...
M. Chevrette: En d'autres mots, ça révoque les avis
antérieurs pour les remplacer par celui-ci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est ça.
Consentement.
M. Pagé: Ça ne les révoque pas,
ça...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, ça va.
Quel article, M. le leader? L'article 25?
M. Pagé: L'article 25.
Projet de loi 188 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): On va permettre aux
collègues, à ceux qui doivent s'absenter... Mes chers
collègues! Alors, à l'article 25, M. le ministre du Travail
propose l'adoption du projet de loi 188, Loi modifiant la
Loi sur le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre et
d'autres dispositions législatives. Je reconnais Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je comprends, par
cette invitation à prendre la parole sur le projet de loi 188, que le
ministre n'a pas de commentaires sur ce projet de loi. Donc, je vais être
brève parce que nous sommes en faveur du projet de loi. Il s'agit d'un
projet de loi relativement bref, concis, de quelques articles, en fait sept
avec l'article qui décrète l'entrée en vigueur de la
loi.
Alors, c'est un projet de loi qui vient modifier, à la demande du
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, certaines dispositions
de la loi pour permettre, entre autres, au ministre de nommer des arbitres en
cours d'année. La loi prévoyait que la nomination des arbitres ne
se fasse qu'une fois l'an et, à partir de la date de la nomination ou de
l'adoption de la liste des arbitres, pendant 12 mois, on ne pouvait pas
modifier la liste des arbitres. Le ministre invoque la nécessité
d'ouvrir cette liste par le besoin, à l'occasion, d'avoir au service du
ministère un arbitre qui soit plus spécialisé dans des
questions qui sont peu courantes ou qui demandent l'avis d'experts. (13 h
20)
Cependant, M. le Président, je me demande si la loi n'a pas
été apportée simplement pour boucher un trou, pour garnir
un menu législatif plutôt maigre, puisque le projet de loi dont
nous disposons aujourd'hui, avec lequel nous sommes d'accord, était
déjà dans les cahiers du ministère depuis près de
quatre ans. Alors, je me dis toujours que si ça a pu fonctionner pendant
quatre ans sans qu'on n'adopte un projet de loi, je m'interroge toujours sur la
pertinence de l'adopter. Si le ministère n'a pas été
empêché de fonctionner correctement pendant quatre ans, alors
qu'il n'avait pas le projet de loi, était-il nécessaire de
l'adopter?
Mais, cela dit, le ministre veut ce projet de loi. Il n'y a rien
là-dedans qui nous paraisse tellement litigieux, qui nous permette de
voter contre, à une exception près, cependant, je le rappelle, la
possibilité d'ouvrir la liste des arbitres en cours d'année ne
nous apparaissait pas une amélioration très significative au
fonctionnement du ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre.
Alors, voilà pourquoi, M. le ministre, compte tenu du peu
d'importance, j'allais dire, de ce projet de loi, nous sommes d'accord avec son
adoption.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Avez-vous des commentaires à faire
dans votre droit de réplique?
M. Cherry: Bien rapidement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre du
Travail.
M. Normand Cherry (réplique)
M. Cherry: II est important aussi de souligner qu'en cas de
plaintes concernant le travail des arbitres, maintenant, dans un premier temps,
quels que soient lès principes qui guideront ces plaintes-là, le
Conseil les étudiera, fera ses recommandations au ministre, dans un
premier temps, dans le but que ça fonctionne bien, qu'il y ait arbitrage
et, s'il n'y en avait pas, avec les recommandations au ministre, dont chacune
des parties - et le plaignant et l'arbitre - recevra copie...
Donc, c'était quelque chose qui était important. Il
s'agissait de protéger les membres du Conseil consultatif, en leur
accordant l'immunité, pour que, dans l'exercice de leurs fonctions, ils
puissent bien s'en prévaloir, en ne s'exposant pas à des
possibilités de poursuites judiciaires. Alors, c'était le but
visé, un des buts visés, M. le Président
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
ministre du Travail. Le projet de loi 188, Loi modifiant la Loi sur le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre et d'autres dispositions
législatives est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Alors, je
vais reconnaître maintenant M. le leader du gouvernement. M. le
leader.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 24 du feuilleton, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 24.
M. Pagé: Oui.
Projet de loi 186 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre du
Travail propose l'adoption du projet de loi 186, Loi modifiant la Loi sur le
bâtiment et d'autres dispositions législatives. M. le ministre du
Travail.
M. Normand Cherry
M. Cherry: Alors, M. le Président, nous voilà
aujourd'hui rendus à l'étape de l'adoption du projet de loi 186,
Loi modifiant la Loi sur le
bâtiment et d'autres dispositions législatives.
D'entrée de jeu, permettez-moi, M. le Président, de faire un bref
retour en arrière afin de mieux connaître le cheminement ayant
mené à la rédaction de ce projet de loi, sur lequel je
sollicite aujourd'hui l'appui de cette Assemblée.
Dans son rapport, la commission Picard-Sexton recommandait, entre autres
choses, des mesures visant à mieux contrer le travail au noir, à
resserrer les critères d'émission de la licence d'entrepreneur,
à établir un code de déontologie pour les entrepreneurs et
à modifier la Loi sur la qualification professionnelle des
entrepreneurs.
En juin dernier, dans le cadre d'une déclaration
ministérielle, je vous présentais un plan d'action permettant de
disposer du rapport Picard-Sexton. Ce plan prévoyait notamment la mise
en vigueur de la Loi sur le bâtiment, et ce, après y avoir
apporté certains amendements.
Les objectifs poursuivis par le gouvernement sont très clairs et
se résument en quatre points: mieux contrer le travail au noir;
responsabiliser davantage les intervenants; meilleure protection du
consommateur et une meilleure qualité des travaux de construction.
Tout d'abord, question de mieux contrer le travail au noir. Des amendes
plus significatives, des mesures de contrôle sur la détention de
la licence ainsi que des échanges de renseignements ont
été retenus. Soucieux de responsabiliser davantage les
intervenants, le projet de loi 186 prévoit l'émission
d'attestations de conformité, l'établissement d'un système
de points d'inaptitude pénalisant les contrevenants et le resserrement
des critères de qualification pour la délivrance des
licences.
De plus, pour que soit mieux protégé le consommateur,
l'émission d'attestations de conformité a été
retenue, de même que la détermination de critères
d'admissibilité des plans de garantie, un système de points
d'inaptitude à caractère public ainsi qu'un cautionnement
individuel et un fonds d'indemnisation supplétif, à
défaut, bien sûr, de pouvoir reconnaître un ou des plans de
garantie.
Enfin, les mesures retenues pour assurer une meilleure qualité
des travaux de construction se résument ainsi: émission
d'attestations de conformité, resserrement des critères de
qualification et imputabilité des intervenants.
En conclusion, et comme vous avez pu le constater, M. le
Président, le projet de loi 186 permet d'atteindre les objectifs du
gouvernement en plus de permettre de regrouper en une seule loi neuf
législations. Et permettez-moi, M. le Président, de vous les
énumérer: Loi sur la sécurité des édifices
publics, qui date du 25 avril 1908; Loi sur les installations
électriques, 22 mars 1928; Loi sur les installations de tuyauterie,
1933; Loi sur les appareils sous pression, également 1933; Loi sur la
distribution du gaz, le 5 mars 1959; Loi sur l'économie et
l'énergie dans le bâtiment, 1980; Loi sur les mécaniciens
de machines fixes, 1925; Loi sur la qualification professionnelle des
entrepreneurs de construction, 27 juin 1975, et Loi concernant la
réglementation municipale dans les édifices publics, seulement
sept articles, le 1er avril 1927.
De plus, ce projet de loi contribue à unifier l'action
gouvernementale en matière de qualification des entrepreneurs en
construction, de normalisation et d'inspection des bâtiments. Je le
réaffirme, M. le Président, ce projet de loi qui se veut une
première réponse législative au rapport Picard-Sexton
marque le début d'une véritable réforme dans l'industrie
de la construction annoncée en cette Assemblée le 20 juin
dernier. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre du
Travail, de votre intervention. Je reconnais - nous sommes toujours à
l'adoption du projet de loi 186 - Mme la députée de Chicoutimi.
Mme la députée, vous avez la parole.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, le ministre a été relativement bref dans ses
commentaires touchant l'adoption du projet de loi 186 et il faut le comprendre,
parce que, quand on examine l'opération, on peut la qualifier
d'échec total. Si, aujourd'hui, nous sommes en Chambre pour adopter
à la hâte et avec précipitation le projet de loi 186, on
peut se demander quels seront les effets réels de ce projet de loi pour
contrer le travail au noir, pour responsabiliser les entrepreneurs, pour
améliorer la qualité de la formation de la main-d'oeuvre et pour
assurer la protection du consommateur.
Je vous dirais, M. le Président, que ce projet de loi, en toutes
ces matières, garantit peu de choses, sinon une meilleure
qualité, sans doute, des constructions, une meilleure protection du
consommateur, mais le ministre a été incapable de nous dire
à quel prix. À quel prix les consommateurs se verront-ils
protégés? Parce qu'il ne faut pas se tromper, le projet de loi
186 vient faire porter les coûts de la protection à l'occasion
d'une construction de maison neuve sur le consommateur. Et, évidemment,
le projet de loi, si on l'adopte avec une telle hâte, la seule raison
valable, nous semble-t-il, c'est qu'en raison de la majoration des amendes
prévues en cas d'infraction par les entrepreneurs, en raison des
nombreuses tarifications prévues pour les différents actes que
posera la Régie, on pense que la seule raison qui justifie une telle
précipitation, M. le Président, c'est simplement que ça
permettra de garnir les coffres de l'État.
Je vais revenir brièvement au projet de loi 185 pour bien faire
comprendre à ceux et celles qui nous écoutent que les projets de
loi 185 et 186, selon tous les intervenants, étaient intime-
ment liés. Et selon la FTQ, tant qu'à ne pas adopter le
projet de loi 185, on était aussi bien de reporter l'adoption du projet
de loi 186. La FTQ allait plus loin, puisque la FTQ disait: 185, on la veut et,
à défaut de 186, on pourrait vivre avec la loi 53. Il faut se
rappeler que la loi 53, c'est une loi qui a été adoptée en
1985, par le gouvernement du Parti québécois, en juin 1985, et
qui créait la Commission du bâtiment, Commission du bâtiment
qui visait à responsabiliser les entrepreneurs. (13 h 30)
Le projet de loi que nous avons l'obligation d'adopter aujourd'hui en
cette Chambre, à l'inverse de ce qui se présentait au moment de
la loi 53, c'est un projet de loi qui déresponsabilise les
entrepreneurs, et j'y reviendrai. Rappelons d'abord que le projet de loi 185,
dont l'étude est reportée après la présente
session, à la suite d'une consultation qui se tiendra sur le statut
d'entrepreneur autonome, consultation qui se tiendra les 18, 19 et 20
février, à l'exception, donc, de ces dispositions, le projet de
loi 185, M. le Président, je voudrais bien rassurer ceux et celles qui
ont pensé que l'Opposition avait assez de pouvoir et avait aussi la
volonté de bloquer le projet de loi 185 et que c'était la faute
de l'Opposition si le projet de loi n'était pas adopté. Non, M.
le Président, il faut le rappeler. S'il y a quelqu'un qui s'ajoute aux
auditeurs pour nous entendre, le projet de loi 185, nous avions convenu avec le
représentant du leader du gouvernement que nous acceptions leur
proposition de reporter l'étude du statut de travailleur autonome, mais,
pour les autres dispositions de la loi 185, nous étions d'accord. Si le
projet de loi a été totalement reporté, il faut s'en
prendre exclusivement aux ministres, au Conseil des ministres, qui ont
cédé soit aux pressions de certains ministres, nous dit-on, qui
voudraient voir tout le domiciliaire échapper au Décret de la
construction. C'est la rumeur qui court de façon constante dans le
milieu. Alors, ils ont cédé aux pressions de ces ministres - on
ne les nommera pas, on laisse le soin au ministre de le faire - et ils ont
cédé aux pressions des entrepreneurs.
Mais quels sont les effets du report de la loi 185 dans sa
totalité, M. le Président? Le plus négatif, l'effet le
plus malheureux, c'est qu'en dépit des beaux discours du ministre on met
de côté, jusqu'à je ne sais quand, l'application d'une
entente, l'entrée en vigueur d'une entente intervenue entre les
syndicats et l'Association des entrepreneurs en construction qui permettait la
création d'un fonds de formation pour la main-d'oeuvre dans l'industrie
de la construction. M. le Président, vous savez qu'on a besoin de mieux
former notre main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. L'idée
qu'on se faisait de la construction que c'est quelqu'un qui arrivait avec son
niveau, son marteau et avec sa scie, ça n'existe plus. Les techniques
sont extrêmement avancées. Alors que ça vous prenait
quelques mois à construire une maison, vous faites ça dans une
semaine, peut-être moins. Il faudrait que j'aille m'informer à
nouveau. C'est 2000 heures de travail. Une maison, c'est 2000 heures de
travail. Il y en a qui prétendent 1000, mais, évidemment,
ça dépend de la maison. On me dit 2000 et l'ACQ nous dit aussi
2000. Peu importe, une maison, ça représente environ 1,7 emplois
par année, parce qu'un travailleur de la construction en sept jours,
nous dit-on, travaille environ 13 000 heures par année.
M. le Président, les travailleurs de la construction ont besoin
de formation. Mais le ministre s'est écrasé devant le lobby des
entrepreneurs. Le ministre s'est écrasé. Malheureusement, le
fonds qui devait être constitué à partir du 1er janvier
prochain ne le sera pas. Vous savez ce que ça représente? Pour
toute l'année, c'est 10 000 000 $ et, pour l'année prochaine,
à compter d'avril, c'est 20 000 000 $, parce que c'est 0,10 $ l'heure.
0,10 $ l'heure, comptez ça. Il y a environ 100 000 000 d'heures
travaillées par année. Alors, ça vous donnait à peu
près 10 000 000 $.
Ça veut dire 10 000 000 $ que nous aurions pu. en période
creuse de la construction, janvier, février, mars, avril un peu moins...
Il y a toujours une période creuse. On aurait pu consacrer ce fonds
à former les travailleurs de la construction. On ne pourra pas, parce
que le ministre n'a pas eu le courage de mettre en application, de mettre en
vigueur l'entente qui est intervenue. Selon le ministre, ses conseillers lui
auraient dit que l'entente intervenue n'était plus légale
puisqu'une des parties avait écrit pour dire qu'elle n'était plus
d'accord.
M. le Président, vous et moi, on s'achète une voiture. On
fonde une compagnie, on signe un document. Allez-vous me dire que, le lendemain
matin, vous pouvez renier votre signature? Non. Ça n'existe pas. La
seule raison qui m'amène à comprendre le recul du ministre, c'est
qu'il a cédé aux pressions, parce qu'il pourrait, de sa propre
autorité, amender le Code du travail pour, comme ça se fait
lorsqu'il y a entente entre les parties, intégrer l'entente qui est
intervenue entre l'AEC, l'Association des entrepreneurs en construction, la
FTQ, la CSN et le Conseil provincial.
Alors, M. le Président, la loi 185 qui n'a pas été
adoptée, dont l'adoption est reportée, aurait pu avoir des effets
moins négatifs si le ministre s'était tenu debout.
Malheureusement, la loi n'est pas adoptée. Il nous dit: Je ne suis pas
capable de la mettre en vigueur et de commencer à constituer le fonds
pour la formation des travailleurs en construction. Je dis: C'est malheureux.
Mais soyons clairs, ce n'est pas la faute de l'Opposition.
Par ailleurs, l'autre effet négatif, c'est l'incapacité,
à cause d'un vice de la loi, d'une faille de la loi sur le travail dans
la construe-
tion. Les syndiqués ne peuvent pas, à tous les trois ans,
tel que c'était prévu à tout le moins dans l'esprit,
revoir l'allégeance syndicale. C'était le souhait de tous les
syndicats. Malheureusement, ça ne se fera pas.
M. le Président, donc, les questions qui se ' posent... Le
ministre nous a dit et il vient de répéter: Ça devrait
permettre de contrer le travail au noir, d'assurer une meilleure qualification
des entrepreneurs, une meilleure formation de la main-d'oeuvre, une meilleure
responsabilisation des entrepreneurs, une meilleure protection du
consommateur.
La loi 186 vient, nous dit-il - il l'a répété
à de multiples reprises - modifier la loi 53. Oui, c'est juste. La loi
53, cependant, à une différence extrêmement importante,
donnait la responsabilité de la gestion de la Commission du
bâtiment aux entrepreneurs. Le ministre, conseillé par je ne sais
qui, est à contre-courant. Il craint une régie du bâtiment
qui va être laissée aux mains de cinq membres nommés par le
gouvernement. Qu'il l'ait après consultation, c'est un minimum de
décence, qu'il s'assure qu'il y ait des représentants de la
construction là-dessus, c'est un minimum de décence, si on veut
parler de construction. Ce n'était même pas dans le premier projet
de loi. Mais il n'en demeure pas moins que ces cinq personnes sont
nommées par le gouvernement et vont gérer toute l'industrie de la
construction. C'est une forme d'étatisation de l'industrie de la
construction. Ça va tout à fait à contre-courant et
ça déresponsabilise les entrepreneurs, alors que la loi 53 visait
à les responsabiliser.
M. le Président, est-ce qu'on peut reconnaître la loi 53
dans la loi 186? À peu près pas. Puis vous allez comprendre
rapidement pourquoi. La loi 53, 301 articles avec l'article qui prévoit
son entrée en vigueur. Alors, 300 articles. La loi 186, 166 articles,
200 paragraphes et 50 amendements. On a plus d'amendements, d'articles et de
paragraphes que dans la loi initiale. Alors, est-ce qu'on reconnaît
l'esprit de la loi 53 là-dedans? Non, M. le Président. On a
complètement dénaturé la loi. On en a modifié le
sens. On en a modifié l'esprit. Quand on vient me dire: C'est seulement
la loi 53 qu'on a un peu bonifié, non, on ne l'a pas bonifiée, on
ne l'a pas améliorée. Mais je le dis tout de suite et je vais le
répéter: C'est la loi du gouvernement. Il vivra avec. Il vivra
avec, mais il me semble qu'il n'y a pas une très grande cohérence
dans ce gouvernement, quand je compare avec le discours du ministre de
l'Industrie et du Commerce qui dit: Mettons tout le monde à la table,
responsabilisons, c'est la meilleure façon de devenir efficace, et
là on met l'industrie de la construction en tutelle d'une
régie.
M. le Président, est-ce que la loi va contribuer à contrer
le travail au noir? Je pense que je partage le discours de tous ceux et celles
qui s'inquiètent des effets du travail au noir. Le travail au noir, on
dit que ça peut représenter 30 000 000 d'heures: 100 000 000
travaillées déclarées et 30 000 000 non
déclarées. Ça veut dire 700 000 000 $ à 800 000 000
$ de revenus non déclarés paf année. Vous
savez, le fait qu'on ait 700 000 000 $ à 800 000 000 $ qui ne soient pas
déclarés, ça veut dire, juste pour le secteur de la
construction, au plan du régime d'assurance-maladie du Québec,
que c'est un manque à gagner, dans l'hypothèse la plus faible, de
26 000 000 $ par année, parce que ceux qui travaillent au noir ne
contribuent pas aux caisses. (13 h 40)
On connaît le problème, actuellement, le problème
des caisses du gouvernement, le problème de ce qu'on appelle les
coûts excessifs de la santé et de l'éducation, du
réseau routier. Ce n'est pas parce que c'est excessif, c'est parce qu'il
y en a 30 % qui ne paient plus leur quote-part. Dans ces 30 %, il y a les
travailleurs au noir. Moi, je suis d'accord qu'il faudrait lutter de
façon efficace contre les travailleurs au noir. L'administration de la
Commission de la construction du Québec, si toutes les heures
étaient déclarées, il y aurait 12 000 000 $ de plus dans
la caisse; l'administration du fonds d'indemnisation en cas de faillite, il y
aurait 870 000 $ de plus dans la caisse. Et là, on sait qu'ils sont
à la dernière cent. Ils s'en vont, parce qu'il y a de plus en
plus de faillites. Ils éprouvent de plus en plus de difficultés
à répondre aux besoins et à payer les travailleurs qui
sont victimes d'une faillite.
Dans les avantages sociaux, on estime que c'est de l'ordre de 70 000 000
$, le manque à gagner parce qu'on ne déclare pas. Ces
gens-là ne paient pas et ne contribuent pas à la caisse. Le
manque à gagner à la Régie des rentes du Québec, M.
le Président, c'est 6 800 000 $, toujours dans les hypothèses les
plus conservatrices. Et à la CSST... On connaît le problème
de financement à la CSST, le fait qu'il y ait quelque 30 000 000
d'heures non déclarées, 800 000 000 $ en revenus non
déclarés, ça constitue un manque à gagner à
la Commission de la santé et de la sécurité du travail de
68 000 000 $, M. le Président.
Alors, M. le Président, la lutte au travail au noir, oui. Mais
est-ce que cette loi permettra de le faire? Je dis non, M. le Président,
parce que ce n'est pas prévu vraiment pour ça. C'est plus
prévu pour aller chercher de l'argent neuf pour mettre dans les caisses
de l'État. Pour contrer le travail au noir, il aurait d'abord fallu
assurer un meilleur contrôle et une meilleure inspection. Il aurait fallu
qu'on puisse déjà avoir...
On lisait ce matin qu'il y avait un trafic de cartes. Je ne sais pas si
vous avez eu l'occasion de lire ça dans La Presse. Ça fait
longtemps qu'on nous en parle. Il y a un trafic de cartes, c'est-à-dire
que les cartes de compétence, comme
il n'y a pas de photo du travailleur dessus, se vendent sur le
marché noir. Vous vous en allez, quelqu'un est sur un chantier, il n'a
pas de carte, il se trouve quelqu'un à la porte qui lui dit: Viens t'en,
je vais te passer la mienne. Il lui fait une carte pour 250 $. Voilà
pourquoi on se retrouve sur les chantiers de construction avec des gens qui
n'ont pas la compétence, mais qui, en même temps, prennent le
travail de ceux qui ont leur carte de compétence. Il aurait fallu
établir, je pense - une suggestion qui a été faite -
l'identification, la photo du travailleur sur les cartes de
compétence.
On aurait pu aussi améliorer la responsabilisation des
municipalités. Bien, je comprends le gouvernement. Il a tellement
"blasté" les municipalités qu'il n'ose même plus leur
demander le plus petit service. Ce n'était pas énorme, ce qui
aurait été demandé aux municipalités pour permettre
aux inspecteurs de contrôler le travail au noir ou d'évaluer
à quelle place qu'il se faisait et dans quelle proportion. Au moment
où vous vous faites construire une maison, ou des rénovations,
vous savez que vous avez besoin d'un permis. Vous allez à votre
municipalité et vous demandez un permis. La ville n'aurait qu'à
publier en même temps le coût des travaux, le coût de
réalisation des travaux, le nombre d'heures. Ça veut dire que
n'importe quel inspecteur passe à l'hôtel de ville, va chercher
les informations, puis il va voir qui travaille, s'il a travaillé puis
s'il l'a déclaré. C'est une méthode qui aurait
été efficace, sauf que, M. le Président, on ne la retrouve
pas non plus dans la loi.
On aurait dû aussi mieux contrôler les entreprises à
numéro. Une partie du travail au noir se fait par les entreprises
à numéro qui exercent une concurrence déloyale à
l'endroit des entreprises qui respectent les lois de la construction et qui
respectent les lois touchant la rémunération des travailleurs. On
a voulu savoir du ministre... Une entreprise à numéro est
reconnue comme étant capable d'opérer au Québec si elle a
une licence et, ensuite, si elle a ce qu'on appelle une place d'affaires au
Québec. On a voulu savoir du ministre ce que c'était, une place
d'affaires. Est-ce que c'est un numéro de téléphone, un
casier postal? Rien. Le ministre l'ignorait.
Alors, je me dis qu'il y aurait peut-être intérêt
à examiner cette question. Qu'est-ce qu'une place d'affaires? Qu'est-ce
qui permet au président-directeur général de l'entreprise
qui s'appelle Canadian Asbestos d'opérer avec un numéro au
Québec. On me dit un numéro de téléphone. Il me
semble qu'il y aurait lieu de voir comment on peut améliorer ces
dispositions de manière à mieux contrôler ces
entreprises.
M. le Président, vous avez certainement eu, comme moi, l'occasion
de constater la chose suivante. Vous avez des entreprises qui s'apprêtent
à faire faillite, qui font faillite, mais deux jours avant, elles se
sont enregistrées une entreprise à numéro. Elles repartent
et c'est fait. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Les
employés se trouvent a être payés sur le bras de la
Commission par le biais de l'indemnisation des travailleurs parce qu'ils ont
fait faillite, et ils repartent. Ils laissent, à ce moment-là, le
consommateur qui a déjà déboursé à l'avance
parce qu'il y avait des exigences particulières. Alors, il a payé
à l'avance certains matériaux. L'entrepreneur est parti avec
ça et, voilà, il se retrouve avec un consommateur qui est
pénalisé, avec des travailleurs qui sont pénalisés,
mais pas l'entrepreneur. On n'a rien, dans la loi, qui va empêcher ce
genre de faillite qu'on peut qualifier de frauduleuse. En tout cas, si elles ne
sont pas frauduleuses au sens de l'esprit de la loi. elles ne respectent pas
l'esprit de la loi en matière de faillite.
On aurait dû également définir clairement les champs
de compétence de la Commission de la construction et de la Régie
du bâtiment, car il va y avoir des chevauchements au plan de
l'inspection. Ne me demandez pas comment ça va s'organiser, mais j'ai
l'impression qu'il y en a quelques-uns qui vont se marcher sur les pieds -
ça, ça a été souligné - alors que. si on
avait mieux cerné les champs de compétence, on n'aurait pas ce
problème-là.
La Commission de la construction. M. le Président, on aurait
dû confier à la Commission de la construction la
responsabilité des poursuites. Vous voulez que je vous donne un exemple
de comment ça se passe lorsqu'il y a un constat d'infraction par la
Commission de la construction? Entre le moment où il y a constat de
l'infraction et le moment où le contrevenant comparait devant un juge,
il peut y avoir deux ans, deux ans et demi. Il peut même y avoir
prescription, dans certains cas. Il serait intéressant de relever le
nombre de cas de prescription. Le Procureur général n'a pas que
ça à faire, le Procureur général ne connaît
pas beaucoup ces questions, et il est spécialisé dans toutes
sortes de matières. Puis, évidemment, ça
génère de l'engorgement et de l'inefficacité.
M. le Président, des cas précis - je ne mettrai pas le
nom. L'infraction a été commise ou constatée,
constatée le 2 août 1990. L'avis préalable a
été émis le 1er mars 1991; la sommation, le 8 juillet
1991; et la comparution, la première comparution - ce n'est pas le
jugement - le 21 novembre 1991. Avant qu'il ne comparaisse, vous avez
peut-être encore une année. Vous avez d'autres cas, je le prends
comme ça au hasard, j'en ai une dizaine. Le 20 septembre 1990... l'avis
préalable, le 17 juin 1991; la sommation, le 17 août 1991; la
comparution, le 25 novembre 1991. Ça veut dire 14 mois après le
constat de l'infraction et, encore une fois, il n'a pas encore
été traduit devant un juge. Une inefficacité totale,
complète, aberrante et qui n'a rien, mais rien, pour désinciter
au travail au
noir. La loi ne vient pas corriger cette situation.
M. le Président, est-ce qu'il y avait urgence d'adopter ce projet
de loi? De l'avis général, non seulement il n'y avait pas
d'urgence, mais le ministre aurait dû recommencer ses devoirs parce que
la loi n'a pas de perspective. Ça serait mieux de le dire, et si elle en
a une, elle est d'arrière-garde. Ce projet de loi ne se situe pas dans
une perspective dynamique de développement de l'industrie de la
construction qui doit se faire dans une perspective de libre-échange, de
mondialisation de l'économie, de concurrence du marché. Il n'y a
rien dans cette loi-là qui nous permette de penser qu'on pourrait mieux
tirer son épingle du jeu en matière de construction en adoptant
ce projet de loi. C'est simplement un projet de loi qui vient donner une
certaine camisole de force, qui vient mettre en tutelle l'industrie de la
construction, qui vient, en quelque sorte, étatiser l'industrie de la
construction.
M. le Président, les principaux éléments du projet
de loi: les plans de garantie sur les maisons neuves; la Régie qui va
contrôler l'inspection, la normalisation, la qualification
professionnelle des entrepreneurs, les attestations, émettre les
attestations de conformité. La loi, nous dit-on, introduit de nouvelles
amendes et majore les précédentes. Elle introduit
également toute une série de nouvelles tarifications pour
différents actes qui seront posés par la Régie. (13 h
50)
Combien coûteront aux consommateurs les effets conjugués
des plans de garantie, des nouvelles tarifications et de la TVQ? On sait
déjà que la taxe du Québec, la TVQ, la taxe de vente du
Québec, la taxe sur la valeur ajoutée du Québec va
contribuer à augmenter, à elle seule, de 3 % le coût des
maisons neuves, 3 %. On pense qu'il y aura 8000 constructions de moins. C'est
énorme, M. le Président, 8000 constructions de moins à
environ 2000 heures de travail par construction, c'est-à-dire 1,7
emploi-année par construction. C'est énorme, le nombre d'emplois
qui vont être perdus en raison de l'entrée en vigueur de la TVQ
sur les maisons neuves. Les associations d'entrepreneurs ont demandé de
soustraire les résidences de l'application de la TVQ. J'imagine que le
gouvernement a été sourd puisque la loi a été
adoptée, tantôt, sur division.
M. le Président, combien ça coûtera de plus au
consommateur? On ne le sait pas. Le ministre l'ignore ou, s'il le sait, il a
refusé de nous donner l'information. Il a refusé de nous donner
l'information. Mais si vous ajoutez simplement les 3 % d'augmentation due
à l'entrée en vigueur de la TVQ plus le plan de garantie que le
consommateur va être obligé de payer... Là, il est à
200 $, me dit-on, en moyenne. Mais là, ça va dépendre; il
va y avoir toute une gamme de plans de garantie et on m'a dit que ça
pouvait aller jusqu'à 1000 $. Alors, ça veut dire, quand vous
achetez une maison neuve, que votre plan de garantie pourrait vous coûter
1000 $. Et là, le consommateur n'a pas le choix. Dans la ioi,
l'entrepreneur est obligé d'adhérer à des plans de
garantie. L'entrepreneur est obligé d'adhérer aux plans de
garantie. Donc, comme il est obligé d'adhérer aux plans de
garantie, il ne prendra pas ça dans ses poches. Il va transférer
la note au consommateur. Le ministre a été incapable de nous dire
les effets et le coût de ces nouvelles tarifications, plans de garantie,
taxe sur le coût d'une maison neuve, et, à n'en pas douter,
ça va avoir comme effet de réduire le nombre de mises en chantier
de résidences.
À combien le ministre évalue-t-il les nouvelles
rentrées dans les coffres de l'État dues aux amendes, à la
majoration des amendes et aux nouvelles amendes? Il l'ignore aussi. N'eussent
été ses fonctionnaires dont je dois remercier la collaboration et
la souligner, le ministre ne semblait pas très, très, très
au fait de sa loi. Je le dis pour le déplorer, pour le regretter, parce
qu'à des questions qui m'apparaissaient évidentes et que le
ministre aurait dû connaître, ces questions-là, il les
ignorait. Et, semble-t-il, il ne s'était même pas informé
au ministre des Finances de combien le ministre des Finances anticipait les
rentrées dans le fonds du gouvernement par rapport à la
majoration de ces nouvelles amendes et à l'imposition de nouvelles
amendes. Voyez-vous, M. le Président, un fait sans
précédent qui explique que la seule raison d'être de cette
loi et adoptée en fin de session à ce moment-ci, c'est simplement
pour garantir les rentrées de fonds.
L'article 162 du projet de loi dit, et je cite: "Le premier
règlement pris par la Régie du bâtiment du Québec
pour la mise en application du chapitre IV de la Loi sur le bâtiment - et
ça touche tout le chapitre qui touche les tarifications et les amendes,
M. le Président - pourra l'être sans qu'un projet de ce
règlement ne soit publié à la Gazette officielle du
Québec - donc, ça va s'appliquer sans que vous le sachiez,
sans que les consommateurs le sachent, sans que les entrepreneurs le sachent -
et pourra entrer en vigueur dès sa publication à la Gazette
officielle du Québec. "Ce règlement n'a pas à
être soumis, pour avis, au comité consultatif en vertu de
l'article 104 de la Loi sur le bâtiment introduit par l'article 45 de la
présente loi." "Le premier alinéa - l'alinéa 22 -
s'applique au premier règlement pris par la Régie du
bâtiment du Québec pour la mise en application de la Loi sur la
distribution du gaz." C'est une autre disposition.
M. le Président, cet article-là nous explique que
l'objectif premier, ultime, pour ne pas dire unique, qui explique qu'on soit en
train d'adopter ce projet de loi le 18 décembre, c'est simplement pour
assurer la rentrée de fonds additionnels
dans les caisses de l'État. Sinon, on aurait, comme pour tout
autre règlement, suivi la procédure pour la consultation, la
publication et l'adoption de règlements en ces cas. Le premier
règlement, M. le Président, va être extrêmement
important parce qu'il m'étonnerait qu'une fois publié à la
Gazette officielle du Québec, il puisse subir des modifications
importantes. Parce qu'on sait comment ça se passe; une fois que c'est
publié, c'est difficile d'amender un projet de règlement qui est
publié et qui est officiellement appliqué. Alors, ça veut
dire que le premier projet de règlement adopté sans consultation,
ça va être celui qui va constituer la base des règlements
d'application de cette loi.
M. le Président, le ministre disait, dans son
énoncé d'orientations et sa déclaration
ministérielle, qu'il voulait responsabiliser les entrepreneurs. Il les a
carrément mis en tutelle et, en les mettant en tutelle, c'est une forme
de déresponsabilisation. Et il se produira avec les entrepreneurs ce qui
se produit normalement quand vous êtes en tutelle: vous essayez
d'échapper à la tutelle. Et c'est ce qui va se produire. Ce n'est
pas une façon de responsabiliser les entrepreneurs. D'ailleurs,
l'association de la construction du Québec demandait le retrait pur et
simple du projet de loi 186 pour cette raison et, en même temps, parce
que le projet de loi n'était pas situé dans une perspective qui
permettait de dynamiser le milieu et de le rendre concurrentiel. C'est une loi
à contre-courant. Je le dis encore une fois, le ministre devra vivre
avec. les nouvelles tarifications qui auront un effet sur le prix des maisons,
je me permets d'en lire quelques-unes, et je terminerai là dessus, m. le
président, pour comprendre comment on a pu, avec un projet de loi,
ouvrir la porte à toute une gamme de tarifications qui vont constituer
l'équivalent de taxes déguisées. je prends seulement un
article. je ne les prendrai pas tous, parce que ça serait
compliqué. on retrouve un peu émaillée dans tout le projet
de loi la possibilité d'ajouter de nouvelles tarifications. je vais
simplement rappeler les frais d'inscription, les frais d'examen ou
d'évaluation qui découlent de la délivrance, de la
modification, du renouvellement d'une licence. il y aura des frais pour les
sommes exigées de chaque entrepreneur ou personne titulaire d'un permis
délivré en vertu de l'article 37, provenant du
prélèvement basé sur une somme fixe
déterminée par règlement de la régie, sur une somme
fixée par règlement de la régie et fondée sur
l'indicateur d'importance d'activité et la performance de l'entrepreneur
et d'une personne titulaire d'un permis. et là, on ajoute: ii y aura
également la possibilité des frais qu'elle exigera pour
l'approbation, l'autorisation, la révision, l'inspection, la formation,
la consultation, la délivrance d'attestations de conformité,
l'accréditation de personnes qu'elle reconnaît et la
vérification. ce sont autant d'éléments de ce projet de
loi qui feront l'objet d'une tarification.
Mais, comme ils ont pensé à tout, ils ont même
prévu un article qui indexera. Je ne suis pas sûre que votre
salaire soit indexé, le mien non plus, celui des travailleurs. pas du
tout, la fonction publique est gelée. Sauf que pour ce qui est de cette
tarification, on s'est assuré qu'annuellement elle sera indexée.
Alors, la seule raison d'être de ce projet de loi, la seule urgence
à l'adopter en fin de session, c'est exclusivement parce que ça
permettra des rentrées additionnelles dans les caisses de
l'État.
À quel coût, cependant, M. le Président, je vous le
demande? Nous l'ignorons. Le ministre n'a pas voulu nous fournir les
informations ou ne les a pas. Combien ça coûtera au consommateur
à compter du 1er juillet, je pense en particulier lorsque entrera en
vigueur la TVQ? Combien ça coûtera de plus au consommateur pour
devenir propriétaire? M. le Président, nous savons que pour la
TVQ, c'est évalué à 3 %. Pour le reste, on l'ignore. Mais
on peut penser que ça va ressembler à quelque chose comme 3 %
également. Ça veut dire que ça pourra coûter 6
%r 7 %. 8 % de plus pour devenir propriétaire.
M. le Président, avec des politiques comme ça, on va
devenir de plus en plus un peuple de locataires, parce qu'on a un gouvernement
qui n'a pas compris l'importance de l'habitation dans l'économie du
Québec, l'importance pour les Québécois et les
Québécoises de pouvoir bénéficier de conditions qui
leur permettent de devenir propriétaires, qui permettent aux jeunes
ménages d'acquérir une maison et d'y élever des enfants,
M. le Président.
Alors, ce projet de loi 186 qui était prévu - et je
rappelle les grands objectifs du ministre - pour contrer le travail au noir,
assurer une meilleure qualification de la main-d'oeuvre, une meilleure
qualification des entrepreneurs, une meilleure protection du consommateur et
une responsabilisation des entrepreneurs, M. le Président, je dirais
qu'il y a un objectif qui va être atteint, la protection du consommateur,
mais à quel prix? Pour les autres, c'est zéro. Le ministre
n'obtient pas la note de passage. Et voilà pourquoi, M. le
Président, nous voterons contre ce projet de loi. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Alors, nous en sommes à
l'étape de l'adoption du projet de loi 186. Je reconnais M. le ministre
du Travail, en vertu de son droit de réplique, en lui indiquant un
maximum de temps de parole de 20 minutes. (14 heures)
M. Normand Cherry (réplique) M. Cherry: Merci, M. le
Président. J'aurais
souhaité, en cette fin de session, ne pas être
obligé d'intervenir en droit de réplique. C'est la
dernière journée. On se dirige vers le congé des
fêtes. Mais comme c'est la deuxième journée
consécutive que ma collègue de Chicoutimi se permet, de
façon très dogmatique, de pontifier sur le sujet... Je reconnais
que c'est un dossier qui n'est pas facile pour quelqu'un qui, comme elle, se
joint à la situation des relations de travail depuis à peine
quelques mois, et plus spécifiquement dans le domaine de la construction
où c'est un code du travail presque particulier. Je reconnais que ce
n'est pas facile. Mais, à ce moment-là, avant de faire des
déclarations, avant de porter un jugement sur la connaissance ou la
méconnaissance, selon sa connaissance à elle, selon la note de
passage qu'elle veut bien donner, je vais me permettre quelques remarques qui,
à mon avis, ont une importance dans le débat.
Premièrement, hier et aujourd'hui, elle s'est permise des
commentaires sur le projet de loi 185 qui a été reporté en
commission parlementaire pour les 18, 19 et 20 février prochain. Elle a
tenté, et c'est à la deuxième reprise, hier et
aujourd'hui, de se dissocier de cette démarche en disant: Nous
étions partiellement d'accord, mais pas tout à fait d'accord. M.
le Président, permettez-moi de vous lire la déclaration de ma
collègue de Chicoutimi, lorsque, en commission parlementaire, nous avons
annoncé le report du projet de loi 185 pour les 18, 19 et 20
février: "D'abord, pour faire un certain nombre de mises au point - je
la cite - je voudrais dire qu'on se réjouit que le ministre, à la
suite des réactions qu'a provoquées son projet de loi 185, ait
décidé de procéder à des consultations populaires,
de manière à permettre aux parties de s'asseoir ensemble."
Ça, c'est sa déclaration. Elle se réjouissait du report.
Hier et aujourd'hui, elle a tenté de se dissocier, de disséquer,
d'en faire...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le
ministre du Travail.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, madame. Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a le droit de
déformer des propos? M. le Président, le ministre peut-il aller
un petit peu plus loin dans sa lecture et rappeler que ce que je disais,
c'était au sujet de l'entrepreneur autonome.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excuse, madame, ce
n'est une question ni de règlement, ni de privilège que vous
venez de soulever. Vous pouvez être en désaccord avec
l'intervention du ministre, mais vous devez vivre avec. Allez-y, M. le
ministre.
M. Cherry: Merci, M. le Président. Non seulement elle a de
la difficulté avec les aspects de la construction, mais même avec
les règles parlementaires; elle vient de nous en faire la preuve. Donc,
elle s'est permise encore une fois, hier et aujourd'hui, de faire des
commentaires sur les aspects légaux, pourquoi, comme ministre du
Travail, j'ai recommandé que nous procédions de la façon
dont je l'ai annoncé et que cette Chambre a confirmé pour les 18,
19 et 20 février prochain.
M. le Président, je recevais, le 10 décembre dernier, une
lettre que je pourrais déposer, M. le Président, qui m'est
adressée par l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec. Le deuxième paragraphe, je vous le lis: "Devant cette
prise de position, l'AECQ vous informe qu'elle va ordonner à l'ensemble
des employeurs de ne pas tenir compte des dispositions législatives au
plan de la formation par le perfectionnement et le recyclage, l'Association
retirant son consentement à la modification du décret
introduisant un tel plan." Elle retire son consentement. Que nous dit le
deuxième alinéa de l'article 51? Qu'est-ce que ça nous
dit? "Il peut, sur la recommandation du ministre, modifier le décret
avec le consentement de l'Association des employeurs et celui des associations
de salariés." L'une des deux parties, M. le Président,
l'Association des employeurs, qui représente 100 % des employeurs,
m'informe par lettre qu'elle retire son consentement. Et, selon l'article de
loi, le ministre ne peut procéder qu'avec le consentement. Je sais bien
que la lettre de l'Association a très peu d'égard à ses
yeux, même le projet de loi semble avoir très peu d'égard
à ses yeux. M. le Président, j'ai des responsabilités. La
façon que j'ai de fonctionner, je le fais en collaboration avec les
parties, je chemine avec elles. C'est dans ce but-là, M. le
Président, que j'ai travaillé jusqu'à maintenant et j'ai
l'intention de continuer. encore une fois, m. le président, l'avis
juridique de mon ministère m'indique que, suite à cette
lettre-là, je ne pouvais pas procéder. évidemment,
ça s'ajoute à l'ensemble des organismes qui ont très peu
d'importance à ses yeux. les juristes du ministère, chez nous, me
disent que je ne peux pas procéder, l'aecq m'informe qu'elle retire son
consentement, la loi dit que je ne peux pas procéder, mais tout
ça semble avoir très peu d'importance aux yeux et à
l'opinion de la députée de chicoutimi.
En terminant, M. le Président, permettez-moi de rappeler que,
depuis le dépôt du projet de loi 185 en cette Assemblée, le
14 novembre dernier et, par la suite, en commission parlementaire le 6
décembre, un profond désaccord entre les parties partronales
elles-mêmes sur la question du travailleur autonome a été
constaté. Comme ministre du Travail et responsable du projet de loi,
j'ai donc décidé de tenir une consultation générale
sur la situation du
travailleur autonome dans l'industrie de la construction, les 18, 19 et
20 février prochain, consultation ayant été
approuvée par un ordre de cette Assemblée le 12
décembre.
M. le Président, j'ai demandé un délai de quelques
semaines à peine, puisque les mémoires devront être
déposés pour le 24 janvier prochain, et nous procéderons
dès février afin que soit approfondie cette notion. Je
réitère ici la volonté et la détermination du
gouvernement de trouver des solutions acceptables quant au statut du
travailleur autonome et quant à la lutte à mener sur le travail
au noir.
M. le Président, je termine mes remarques de cette façon.
Dans l'ensemble de mes dossiers, dans l'ensemble de ma carrière
précédente, j'ai toujours tenté de trouver les compromis
nécessaires en cheminant avec la volonté des parties. Il y a des
fois où c'est un peu plus long, mais le consensus, finalement, produit
des fruits beaucoup meilleurs que cette approche très dogmatique de
comparaison.
Par exemple, le comité consultatif que nous venons adopter dans
ce projet de loi par rapport au Conseil des collèges. Elle nous a
rebattu les oreilles tout le temps avec ça. Probablement que ça
fonctionne bien dans les collèges, mais la formule de comité
consultatif proposée dans le projet de loi est une façon
familière de procéder avec les gens de l'industrie de la
construction. Mais, encore une fois, probablement que le milieu de la
construction a très peu d'égard à ses yeux quand elle nous
a pontifié continuellement quant à la façon avec laquelle
elle était habituée au niveau des collèges.
Dans l'ensemble, c'est un pas dans la bonne direction, auquel s'ajoutera
le projet de loi 185, et qui sera le début d'une nouvelle façon
de fonctionner dans l'industrie de la construction, en responsabilisant les
parties et en nous assurant que les vrais travailleurs et les vrais
entrepreneurs pourront continuer à gagner honorablement leur vie dans ce
milieu d'activité économique si important pour le Québec.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre du
Travail. M. le ministre vous avez fait référence à une
lettre que vous aviez l'intention de déposer. Est-ce que c'est toujours
le cas? Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): alors, allez-y, monsieur.
votre lettre est déposée. est-ce que le projet de loi 186, loi
modifiant la loi sur le bâtiment et d'autres dispositions
législatives, est adopté?
Des voix: Adopté. Des voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté sur
division. M. le ministre du Travail.
M. Cherry: Alors, M. le Président, je vous demande
d'appeler l'article 22 du feuilleton s'il vous plaît.
Projet de loi 180 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 22 de
notre feuilleton, M. le ministre des Approvisionnements et Services propose
l'adoption du projet de loi 180, Loi modifiant la Loi sur le ministère
des Approvisionnements et Services et d'autres dispositions
législatives. (14 h 10)
M. le ministre du Travail, vous avez droit à une période
maximale de 60 minutes.
M. Robert Dutil
M. Dutil: M. le Président, c'est le ministre des
Approvisionnements et Services qui a droit à 60 minutes et non pas le
ministre du Travail.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excuse. M. le
ministre des Approvisionnements et Services, vous êtes le parrain du
projet de loi 180. Allez-y. Vous avez toujours droit à 60 minutes, vous
également.
M. Dutil: Merci, M. le Président. Ce qui
m'étonnait, ce n'était pas d'être nommé ministre du
Travail, c'est que mon collègue ait à parler 60 minutes sur ce
projet de loi là. Je suis certain qu'il aurait...
Une voix: ...en faire autant.
M. Dutil: ...décliné l'invitation.
M. le Président, ce projet de loi contient quatre points majeurs.
Il est plutôt administratif et il a pour effet, entre autres, de
transférer le Fonds du service aérien gouvernemental du
ministère des Transports au ministère des Approvisionnements et
Services.
Lors de l'adoption de principe et lorsque la commission parlementaire a
eu lieu, nous avons éclairci deux points qui inquiétaient la
commission et plus particulièrement la députée de
Verchères, concernant le transfert des employés et concernant
également la publication à fa Gazette officielle. Alors,
il a été mentionné - je pense que le projet de loi est
tout à fait explicite là-dessus - que les employés
seraient entièrement transférés, lors de ce transfert du
Fonds du service aérien, du ministère des Transports au
ministère des Approvisionnements et Services et qu'il n'y avait, de ce
côté-là, aucune inquiétude à y avoir de leur
part. De plus, quant à la publication à la Gazette
offi-
cielle, je pense que nous avons fait la démonstration
qu'elle était implicite, qu'il n'y avait pas lieu de la renouveler dans
le projet de loi comme tel et que, dès que des mesures, des
décrets ou autres sont adoptés, ils doivent automatiquement
être publiés à la Gazette officielle, même si,
effectivement, on ne le voit pas apparaître comme tel dans le projet de
loi.
Maintenant, quant aux raisons qui motivent le transfert du service
aérien, et on a émis certains doutes là-dessus, je dois
vous dire qu'au ministère des Transports il n'y avait qu'un seul service
avec fonds spécial, un fonds spécial voulant dire que tous les
coûts du service sont chargés aux divers clients, que ce soient
les ministères ou les organismes. La vocation du ministère des
Transports n'est pas du tout dans ce genre de services. Ce qui a fait que le
service aérien était attaché au ministère des
Transports dans le passé, c'est plutôt la connotation transport
que la connotation service. Après des discussions avec mon
collègue le ministre des Transports, qui m'avait suggéré
de vérifier s'il n'y avait pas lieu de faire ce transfert-là
devant le fait qu'à son avis l'aspect service était beaucoup plus
important, dans le service aérien, que l'aspect transport, nous avons
fait cette analyse-là - nous l'avons fait faire par nos gens - et nous
sommes arrivés à la conclusion que, oui, il était
d'intérêt, qu'il serait plus facile pour tout le monde et que
ça devrait nous permettre d'améliorer la situation, de
transférer le Fonds du service aérien au ministère des
Approvisionnements et Services, et c'est la raison du projet de loi. Il ne
s'agit pas de chercher d'autres motifs qui n'existent pas, M. le
Président. C'est vraiment la raison fondamentale qui nous a
amenés à procéder de cette façon-là.
Nous avons également introduit dans le projet de loi la
création d'un Fonds du courrier et de la messagerie et d'un Fonds des
approvisionnements et services. Le Fonds du courrier et de la messagerie va
concerner particulièrement l'aspect des timbres et de la messagerie
comme telle, qui est bien identifiable et bien identifiée, et qui
n'était pas sous fonds spéciaux au ministère. J'avais
mentionné en commission parlementaire, l'année dernière,
que c'était notre intention de procéder ainsi et le projet de loi
donne suite, justement, à cette intention-là.
Quant au Fonds des approvisionnements et services, à vrai dire,
il regroupe plusieurs fonds déjà existants plus un fonds qui
n'existait pas et qui concerne l'acquisition de biens - c'est-à-dire
que, dorénavant, l'acquisition de biens fera également partie des
fonds spéciaux - et également trois autres fonds spéciaux
qui seront regroupés dans le même service du Fonds des
approvisionnements et services. Il est important de dire que ce
regroupement-là ne fera pas disparaître les comptabilités
différentes que nous avons l'intention de maintenir dans ces divers
fonds. Il faut se rappeler que l'un des objectifs des fonds est justement de
savoir si le service que nous rendons au prix coûtant... Et, quand je dis
prix coûtant, c'est l'ensemble des coûts devant entrer dans
l'établissement du prix, l'ensemble des coûts étant non
seulement le prix d'acquisition mais également le prix de
l'administration, le prix de la gestion de ces services-là. Ce qui veut
dire que nous tenons compte du salaire des employés qui travaillent dans
le fonds, nous tenons compte de leurs bénéfices marginaux, nous
tenons compte des bureaux qu'ils occupent, des téléphones et de
l'ensemble de tous les coûts qui peuvent entrer là-dedans, de
façon à établir le véritable prix coûtant, le
véritable prix du fonds; et je parlerai tout à l'heure un peu de
cette connotation-là - prix -qui m'apparaît bien importante,
particulièrement dans un ministère comme celui dont j'occupe la
responsabilité. Donc, Fonds spécial des approvisionnements et
services, qui regroupe plusieurs anciens fonds, plus acquisition de biens et,
évidemment, comme je viens de le mentionner, avec toutefois des
comptabilités séparées des centres, comme on le dit dans
le privé, de profit. On ne devrait pas employer ce terme-là. Il
faudrait sans doute en inventer un nouveau. Disons qu'on devrait plutôt
les appeler des centres d'équilibre budgétaire, puisque,
l'ensemble des coûts étant pris en compte dans le prix, il nous
faut arriver à la fin de l'année avec un bilan
équilibré des revenus tirés des divers ministères
et organismes qui ont pris nos services et des coûts que cela a
impliqué d'administrer ces divers fonds-là.
Alors, l'objectif - et je rentre plus à fond dans le
détail de la question des fonds spéciaux - est évidemment
de responsabiliser les demandeurs de services. Nous avons eu des discussions,
dans le passé, à la commission du budget et de l'administration,
sur les façons de contrôler les dépenses des
ministères. Évidemment, à partir du moment où le
ministère des Approvisionnements et Services est créé,
qu'il donne des services et qu'il donne des biens gratuitement aux autres
ministères et organismes, il est bien évident que le
contrôle que doit exercer le ministère des Approvisionnements et
Services est considérable, à savoir qu'il est normal que les
ministères n'ayant pas cet indice du coût, combien ça
coûte - la question que l'on pose lorsqu'on va partout, c'est combien
ça coûte - peuvent être portés à
négliger une analyse plus approfondie quant à leurs
véritables besoins, quant à la demande de biens et services
qu'ils seraient portés à faire au ministère des
Approvisionnements et Services.
Il s'agit donc d'une responsabilisation de notre clientèle, de
nos ministères et organismes, mais il s'agit également, pour le
ministère des Approvisionnements et Services, d'une formule
d'autorégulation bien connue qui nous permet de voir, en fonction des
prix que nous sommes
obligés de charger, si nous sommes vraiment hors marché.
Les biens que nous offrons, les services que nous donnons, en
général, peuvent se retrouver sur le marché à
certaines occasions, et nous sommes en mesure de comparer les prix auxquels
pourraient se fournir les divers ministères et organismes. Ça
nous oblige à nous poser constamment la question: Est-ce que nous sommes
véritablement performants et comment se fait-il que d'autres seraient
capables de fournir ces biens et services à un prix inférieur au
nôtre? Cette formule d'autorégulation, que l'on connaît bien
dans le privé, nous donne un point de repère extrêmement
important pour améliorer constamment nos services et le faire aux
moindres frais pour les deniers publics.
Alors, ce que je tiens à faire ressortir ici, en terminant, sur
la question des fonds spéciaux, c'est qu'on est souvent portés
à parler de dichotomie, privé et public, a savoir que le
privé pourrait être plus performant que le public. Je ne partage
pas cette opinion-là, M. le Président. Je pense que la
distinction qu'il faut faire, une distinction importante et qu'on oublie
parfois, c'est que le fait de ne pas connaître les prix, pour un
ministère comme le nôtre - dans le passé, on ne savait pas
exactement quel prix entier, quel prix de revient nous aurions dû charger
du fait que les frais d'administration n'étaient pas
séparés d'un fonds à l'autre... Lorsqu'on sait quel prix
charger, nous arrivons à faire une gestion beaucoup plus serrée
des deniers de l'État. Nous arrivons à nous poser plus rapidement
les bonnes questions: Est-ce qu'on doit aller dans cette direction-là?
Est-ce que l'on doit offrir ces biens et services qui, pourtant, sont
demandés ou si on doit plutôt laisser le marché
privé s'en occuper?
M. le Président, moi, je suis convaincu que nos gens, nos
fonctionnaires au ministère des Approvisionnements et Services, qui sont
de plus en plus habitués à fonctionner dans cette espèce
de système, de mécanisme de marché, pourtant public - il
n'y a pas de scandale à être public et à avoir certains
mécanismes de responsabilisation et de marché - moi, je suis
convaincu - la preuve est là, on le voit avec les fonds qui existent
depuis quelque temps déjà - qu'ils sont capables de faire les
ajustements nécessaires au fur et à mesure de l'évolution
des biens et des services qui peuvent être offerts, de l'évolution
du marché, pour desservir la clientèle que nous avons de la
meilleure façon possible, mais à un prix qui est concurrentiel,
qui est compétitif.
Un troisième point touché par le projet de loi concerne
l'assujettissement de tous les organismes à la réglementation du
ministère des Approvisionnements et Services et particulièrement
en ce qui concerne leurs achats, M. le Président. Ceci met en oeuvre la
recommandation 4 du rapport Bernard. On se rappellera que le rapport Bernard,
l'année dernière, avait été déposé le
4 juin 1990. Je dois dire que ça fait plus d'un an et demi que le
rapport a été déposé. Il y avait 45
recommandations. Nous nous sommes engagés en tant que gouvernement
à accepter ces recommandations-là et à les mettre en
oeuvre dans le plus bref délai possible. Nous continuons à le
faire selon l'échéancier que nous avions prévu. Nous
avions mentionné qu'une recommandation ne serait pas appliquée,
que les autres le seraient.
Alors, nous cheminons vers ça et je pense que
l'échéance finale de l'adoption de toutes les mesures devrait
être en juin prochain. Nous serons en mesure de faire un rapport final
sur l'application de l'ensemble du rapport Bernard qui permettra de
démontrer à l'ensemble de la population que nous avons pris cet
exercice de transparence extrêmement au sérieux et que nous
l'avons mené véritablement à terme, en ayant
présenté les projets de loi requis, comme celui-ci pour la
recommandation 4, et d'autres projets de loi ou d'autres recommandations, dans
le cadre d'un suivi plus formel et plus complet, pourront être
livrés publiquement. (14 h 20)
Quant à la recommandation 4 dont je viens de parler, elle se
lisait comme suit: "Que la réglementation gouvernementale soit
rédigée de telle façon qu'elle s'applique automatiquement
à tous les organismes du gouvernement, à l'exception de ceux qui
seraient expressément désignés soit comme organismes
partiellement assujettis, soit comme organismes exempts."
Alors, M. le Président, nous incluons donc tout le monde, mais
nous avons une procédure de dérogation. La preuve est
inversée. Maintenant, au lieu de prouver qu'un organisme public doit
être inclus parce qu'il y a des arguments qui le favoriseraient et qui
justifieraient qu'il soit inclus dans notre réglementation, nous
procéderons, comme le recommande le rapport Bernard, à l'inverse,
à savoir que nous incluons tous les organismes publics - et ils sont
nombreux - et, pour ceux qui ne seraient pas satisfaits ou auraient des raisons
de demander une exclusion totale ou une exclusion partielle, il y a une
procédure de dérogation. C'est à eux de faire la preuve
que d'être soumis à cette procédure-là n'a pas de
bon sens et qu'il faudrait qu'ils en soient exclus.
Je donne un exemple que nous avons donné en commission
parlementaire qui illustre très bien, bien qu'il soit un peu
caricaturé, qu'on ne peut pas assujettir tous les organismes ou qu'on ne
peut pas assujettir un organisme dans l'ensemble de ses acquisitions. Par
exemple, M. le Président, si le Musée du Québec veut
acquérir un tableau, il est évident qu'il est bien difficile de
procéder par soumission publique. Je pense que ça saute aux yeux.
C'est un tableau d'un artiste que l'on achète. Ce n'est pas le tableau
d'un autre artiste et, évidemment, il y a des gens qui peuvent discuter
le bon goût ou le mauvais goût de ce genre d'achat là, le
prix ou
le mauvais prix, mais, évidemment, on ne peut pas procéder
selon la réglementation habituelle. Ça saute aux yeux. Alors, on
s'attend à ce que le Musée du Québec nous fasse une
demande pour déroger à la réglementation quant à
l'acquisition de tableaux. Nous en aurons d'autres. Toutefois, le processus a
l'avantage de permettre, d'obliger la discussion de ces organismes-là
face à la réglementation des achats, de faire la preuve qu'ils
doivent être partiellement ou complètement exempts.
Nous avons exclu dans la loi les organismes qui relèvent
directement de l'Assemblée nationale. Ça nous est apparu logique
devant l'argumentation qui nous a été présentée.
L'Assemblée nationale est indépendante de l'Exécutif.
C'est ce principe-là qu'il fallait préserver et les organismes
qui relèvent de l'Assemblée nationale, également, la
raison de les exclure était une raison de leur laisser entière
liberté et entière indépendance face au pouvoir
exécutif. Je mentionne les trois principaux: le Directeur
général des élections, le Protecteur du citoyen et le
Vérificateur général.
Alors, je ne pense pas qu'on ait besoin d'un long argument pour
justifier cet amendement que nous avons apporté et qui a
également été apporté à la Loi sur la
fonction publique, qui se discutait en parallèle de la nôtre.
Ça saute aux yeux, si on veut préserver l'indépendance de
l'Assemblée nationale et des organismes qui relèvent d'elle,
qu'il n'y ait pas de lien de ce genre-là qui soit fait entre le
ministère des Approvisionnements et Services et eux.
Un quatrième et dernier point, M. le Président,
était d'ouvrir nos services à l'ensemble du réseau de
l'éducation et à l'ensemble du réseau de la santé.
C'était également une recommandation du rapport Bernard, la
recommandation no 16, je vous en fais la lecture: "Que le ministre des
Approvisionnements et Services rende disponibles et fasse connaître les
services d'acquisition de biens et de services qu'il peut offrir aux organismes
du gouvernement et du secteur public. Que le ministère de
l'Éducation, le ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science et le ministère de la Santé et des Services sociaux
puissent faire la promotion de ces services dans leur réseau
respectif."
Alors, nous avons décidé d'appliquer également
cette recommandation-là en adoptant l'article 11 du projet de loi.
Article 11, qui se lit... Excusez-moi, je pense que c'est l'article 10
plutôt. L'article 10 où l'on ajoute: "Le directeur peut
également, à leur demande, procéder à l'achat et
à la location de biens meubles pour les corporations du réseau de
l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la santé et
des services sociaux, ainsi que pour les universités."
Alors, ça permettra à ces organismes-là, de
façon volontaire - c'est important de le préciser - en pouvant
continuer à acquérir leurs biens et services d'autres endroits
que du ministère des Approvisionnements et Services, que ce soit du
public ou du privé, par ailleurs, de pouvoir le faire également
au niveau du ministère des Approvisionnements et Services. Je suis
convaincu que, s'ils le font, ils le font parce qu'ils y trouvent leur
intérêt et non pas parce qu'ils y sont forcés et que ce
serait la démonstration que nous sommes justement concurrentiels et que
nous sommes à même de donner des services de qualité
à un prix adéquat. Alors, ça termine mes remarques sur
l'adoption du projet de loi 180.
M. le Président, je voudrais ajouter un dernier mot. J'estime que
la discussion en commission parlementaire, la discussion sur l'adoption du
principe également, s'est faite dans un bon esprit, l'esprit, à
mon avis, qui doit régner dans le cadre de la bonification d'une loi en
commission parlementaire; on peut l'attribuer à la dynamique même
qui existe à cette commission parlementaire et à la
députée de Verchères, qui a fait un excellent travail.
Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Approvisionnements et Services. Sur le même sujet, à savoir la
motion proposant l'adoption du projet de loi 180, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services et d'autres dispositions
législatives, je cède la parole à Mme la
députée de Verchères, critique de l'Opposition officielle
en cette matière. Mme la députée.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Le projet de loi 180,
Loi modifiant, comme vous l'avez dit tantôt, la Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services et d'autres dispositions
législatives, en fait, modifie deux choses. Le ministre a parlé
de quatre points, bien sûr. Mais moi, sans vouloir prolonger le
débat indûment, je m'attarderai seulement à deux points,
celui du rôle du ministre, en premier lieu, et, en deuxième lieu,
sur les fonds spéciaux. dans le cas de dérogation, c'est
là que c'est modifié un peu. on modifie un peu le rôle du
ministre. dans les cas de dérogation à la loi, le rôle du
ministre est réduit à un rôle un peu d'aviseur, en ce sens
que le ministre ne doit que donner son avis. cet avis est transmis au conseil
du trésor qui, lui, fait ses recommandations. dans un troisième
temps, là, c'est autorisé par le gouvernement. ça veut
dire que le gouvernement pourra soustraire un organisme de l'application de la
loi sur le ministère des approvisionnements et services et des
règlements qui découlent de cette loi. c'est là que je ne
suis pas tout à fait d'accord sur les motifs invoqués. ça
veut dire que le gouvernement peut accorder une dérogation à un
organisme qui veut se soustraire à la loi et au règlement. ce que
l'on voit généralement dans la réalité, c'est qu'on
invoque
le motif d'urgence. Vous savez comme moi, M. le Président, que ce
n'est pas toujours évident, l'urgence d'une situation. Qu'on invoque ce
motif-là et que, dans les faits, on se rende compte que ce n'est pas
toujours urgent, ça donne une belle occasion au gouvernement de
l'accorder sans suivre les règles du jeu. Cependant, on sait aussi que
la confiance que le public accorde au gouvernement, l'opinion publique qui dit
que, souvent, on aide des petits amis, que ce soit d'un côté ou de
l'autre, on ne peut pas dire qu'on a... La crédibilité des
gouvernements en général n'est pas à 100 % dans ce
sens-là. On a simplement à écouter l'opinion populaire.
Alors, c'est là que, moi, ça m'inquiète un peu, de voir
que le gouvernement peut, bien sûr avec l'avis du ministre, bien
sûr avec une recommandation du Conseil du trésor - d'abord, le
processus est très long - pour aboutir en bout de ligne que c'est le
gouvernement qui autorise. Ça, ça m'inquiète un petit peu.
J'aurais préféré que le ministre nous détaille
peut-être des occasions plus précises où le gouvernement
pourra s'autoriser des dérogations.
En deuxième lieu, c'est sur les fonds spéciaux. On le
sait, il y a la création de quatre fonds spéciaux. Il y en avait
qui existaient déjà. Le Fonds des approvisionnements et services
fusionne trois anciens fonds en un seul: l'entretien et la réparation
des machines à bureau, les équipements informatiques et la
fourniture d'ameublement. Là, je dois le dire, qu'on fusionne ces
trois-là dans un, je n'ai rien contre et je pense que c'est un geste
qu'on se devait de faire; c'est logique, je pense. Comme vous voyez, M. le
Président, je ne me plais pas à critiquer pour critiquer. Quand
je trouve que c'est un point valable, je l'apporte et ça, je trouve
ça intéressant même. (14 h 30)
On maintient le fonds de reprographie. Dans ce sens-là, on ne
modifie rien, mais là où je ne suis pas d'accord, non plus, c'est
sur la création d'un fonds, bien la création d'un fonds sans en
créer un. Le fonds aérien existait, je pense, à moins
que... Le Fonds du service aérien existait déjà; donc, ce
n'est pas la création d'un fonds nouveau. Ce qui est nouveau, c'est que
les appareils aériens qui appartenaient avant au ministère des
Transports appartiendront maintenant au ministère des Approvisionnements
et Services. Oui, bien sûr, j'ai questionné le ministre à
cet effet et je n'ai pas... La réponse... je ne mets pas en doute la
sincérité de la réponse, mais elle n'a pas
été convaincante à mon goût. Dans ce sens-là,
si on dit: Je peux améliorer la rentabilité, si vous voulez...
Mais rentabilité, ce n'est pas le mot parce qu'on ne fait pas d'argent
avec ça. Disons, si on peut rationaliser - je pense que le mot est plus
exact - ou donner une meilleure gestion, si vous voulez, si on peut accorder
une meilleure gestion à ces appareils-là. Donc, on le prend du
ministère des Transports et on l'amène au ministère des
Approvisionnements et Services. Si c'est vrai, quoique la démonstration
de ça est à venir... Pourquoi pas, dans ce sens-là...
Ça aurait demandé plus de travail, ça aurait
été plus long, bien sûr. Peut-être que je pourrais
demander au ministre s'il a l'intention de le faire.
Pourquoi ne pas scruter à la loupe chacun des ministères
et dire: Dans ce ministère-là, il y aurait lieu
d'améliorer? Le ministère des Approvisionnements et Services...
parce qu'en voyant l'intention du ministre - que je ne mets pas en doute du
tout - je pense que, s'il arrive à réaliser ce qu'il veut faire,
il aurait peut-être avantage à scruter à la loupe les
différents ministères, à aller chercher des petits
morceaux comme ceux-là, les rapatrier au ministère des
Approvisionnements et Services et dire: Nous, on a comme objectif une meilleure
gestion, une meilleure rationalisation des services, comme il a l'intention de
le faire pour le courrier et les messageries. Mais il ne nous a pas fait part
qu'il avait l'intention de le faire non plus pour d'autres ministères.
Alors, là, on sait - je ne m'étirerai pas longtemps sur ça
- qu'il y a eu des difficultés entre le ministère des Transports
et le ministère des Approvisionnements et Services. Est-ce que c'est le
motif? C'est ça qu'on ne sait pas.
Tout ça pour dire que le ministre n'a pas su convaincre
l'Opposition dans ce rapatriement de fonds. C'est pour ça que, comme on
lui a dit, nous n'avons pas donné notre accord à ce
transfert-là, si vous voulez, parce qu'on trouvait que les motifs
n'étaient pas assez invoqués et que le but n'était pas
assez évident. D'ailleurs, on n'était pas les seuls parce que
l'Association québécoise des transporteurs aériens, que le
ministre a bien voulu entendre, à notre demande, avait sensiblement les
mêmes griefs que nous, à savoir le rôle que le
ministère voulait attribuer au service aérien du gouvernement.
Quel était le rôle du service aérien du gouvernement? Quel
était le but de ce changement-là? Ils allaient même
jusqu'à... Le président de l'Association, M. Jenner, qui est
président et chef de direction, allait jusqu'à faire des
suggestions au ministre. Moi, je pense qu'il y aurait amélioration, oui,
bien sûr...
Il y a un autre point aussi que je voudrais soulever - ça, c'est
à l'article 11 - à l'article 14 du même... sur la
création du fonds aérien. On se rend compte, et je lis: "les
pistes d'envol et d'atterrissage, aérogares et hangars ne sont toutefois
pas transférés." C'est là que j'ai encore des craintes,
à savoir comment ça va fonctionner. Est-ce que ça
n'amènera pas un petit peu de zizanie ou de conflits? C'est
approuvé, on le verra à l'usage, mais ce n'est pas
évident, au moment où on étudie le projet de loi avant son
application, qu'il n'y aura pas là des petits problèmes.
Je dois admettre aussi que sur plusieurs
articles de loi il y a un effort pour tenter d'appliquer les
recommandations du rapport Bernard. Je pense que pour quelques articles il y a
cinq ou six recommandations du rapport Bernard qui, en théorie du moins,
étaient appliquées. On sait que le rapport Bernard était
un rapport écrit par Louis Bernard et qu'il portait le titre
"L'efficacité dans la transparence", et je pense que c'est important.
C'est très important si on veut regagner, en tant que politicien, et ce,
je ne le dis pas uniquement pour ma formation, je le dis pour les deux
formations politiques... On aurait avantage à ce que tout se fasse le
plus efficacement possible et avec le plus de transparence possible pour qu'on
regagne enfin un peu de crédibilité auprès du public. J'ai
eu l'occasion de le dire sur un autre projet de loi, mais on ne peut pas se
vanter d'avoir la plus haute cote, les politiciens, de
crédibilité, puis d'efficacité, puis la plus haute cote
d'amour dans le public. Ça, je pense qu'on en conviendra tous. Si on
veut être honnête, ça nous blesse tous un petit peu. On
aimerait tous mieux avoir plus de crédibilité auprès du
public, qui nous a élus d'ailleurs. Je pense que chacun s'efforce du
mieux qu'il peut d'être un bon député dans son comté
et de faire le mieux possible, parce qu'il a tout avantage aussi, parce qu'il
veut être réélu, bon... C'est à nous de mettre tout
en oeuvre pour gagner cette crédibilité, pour redorer la
crédibilité des politiciens au niveau du public.
C'est dans ce sens-là que le rapport Bernard allait, je pense, en
parlant d'efficacité puis de transparence, surtout qu'on parle de
qualité totale. On parle qu'on doit réussir du premier coup
à la perfection. Je pense que chacun des ministères devrait faire
la démonstration de son efficacité et que, finalement, c'est
peut-être par là qu'on réussira à baisser la dette
sans étouffer les contribuables, puis c'est justement ce qui ne se passe
pas, là. On est en train d'étouffer les contribuables, par des
taxes à outrance, parce qu'on veut baisser la dette et qu'on n'arrive
pas à la faire baisser. C'est sûr que ça peut être
difficile de dire: II va falloir peut-être couper au niveau des
ministères. Mais, sans couper, il faudrait être efficace tout
simplement.
Oui, j'espère que les intentions du ministre des
Approvisionnements et Services vont se réaliser, et je l'espère
tellement, moi qui suis porteure du dossier au niveau de l'Opposition, puis ce
sera tellement bien réussi... Comme vous voyez, je n'espère pas
qu'il se coule avec ça, j'aurais tout avantage à dire qu'il se
coule, mais pas du tout. Peut-être parce que je suis encore une nouvelle
politicienne j'ai encore de bonnes intentions, mais j'ai l'intention de rester
comme ça aussi.
J'espère qu'on va réussir. Quand je dis "on", là,
c'est parce que c'est un ministère qui nous intéresse tous les
deux, M. le ministre - moi, je suis la critique de l'Opposition - puis qu'on
fera la démonstration qu'on est peut-être très efficaces et
qu'on est capables d'améliorer, et tout ça dans la transparence
qui fera en sorte que ça nous permettra peut-être d'aller scruter,
comme je le disais tantôt, à la loupe d'autres ministères
et de dire: Nous, aux Approvisionnements et Services, on peut peut-être
être plus efficaces.
Je ne reprendrai pas tous les points que d'ailleurs le ministre a
très bien expliqués tantôt, mais c'étaient
simplement ces points-là que je trouvais intéressant et
même nécessaire, et c'était de mon devoir, de commenter.
Pour ces raisons-là, à cause de cette
démonstration-là qui n'a pas été faite, je pense,
au moment de l'étude article par article, nous voterons contre le projet
de loi.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Pas d'autres
interventions? M. le ministre, votre droit de réplique s'il vous
plaît.
M. Robert Dutil (réplique)
M. Dutil: M. le Président, brièvement, sur les
questions de crédibilité des gouvernements, que voulez-vous, il
semble que ce soit toujours le cas dans nos sociétés que l'on
critique le gouvernement et qu'on essaie de miner sa crédibilité,
quels que soient les efforts qu'il fait pour faire la démonstration de
son honnêteté, quelle que soit l'application de rapports comme le
rapport Bernard et quelle que soit la rapidité avec laquelle il
l'applique. Je tiens à le répéter, M. le Président,
ce rapport-là est un rapport qui a de la crédibilité de la
part du gouvernement et de l'Opposition.
Je pense qu'on ne nie pas ça. Le président du
comité Bernard, Louis Bernard, a été, pendant longtemps,
le plus haut fonctionnaire de l'État et il a une aussi grande
crédibilité de part et d'autre. Il nous a fait des
recommandations réalistes, des recommandations qui améliorent la
transparence sans nuire à l'efficacité, bien que les deux soient
parfois contradictoires. J'ai souvent dit que, si on veut avoir une
transparence complète, ça aurait l'effet d'essayer d'aller
chercher des poissons non pas avec un filet mais avec des panneaux de "veneer",
de façon qu'il ne passe pas de poissons entre les mailles. S'il ne passe
pas de poissons entre les mailles, il ne passera pas d'eau non plus entre les
planches de "veneer" et, finalement, c'est le bateau qui va chavirer.
Or, c'est un peu l'illustration que je fais au niveau de
l'efficacité versus la transparence. On réduit les mailles ici
pour s'assurer qu'il y ait peu de poissons qui s'en échappent, mais ce
qui est important, c'est de s'assurer que, globalement, efficacité et
transparence soient en bon équilibre et qu'on essaie d'être le
plus juste possible envers tous les fournisseurs de l'État, qu'on essaie
de dépenser les deniers publics tout en offrant les services requis de
la façon
optimale. Il y a un terme, je pense, qu'on peut employer dans une
organisation comme la nôtre, qui n'est pas à but lucratif mais
où il y aura des prix, c'est que nous essayons, avec ce point de
repère que sont les justes prix, d'optimiser l'utilisation de nos
ressources. Et je pense que la dynamique même de ce fonctionnement fait
non seulement que l'on gère bien (es services et les biens que l'on veut
gérer, mais qu'en plus de ça on se pose la question si on doit
gérer ceux-là ou d'autres services en fonction de ce point de
repère: Est-ce que d'autres pourraient offrir ça d'une meilleure
façon que nous? Est-ce qu'on pourrait le gérer d'une façon
différente? Ou, question ultime: Est-ce que c'est un bien qui est utile
si on est obligé d'y attacher le juste prix?
Alors, les questions sont ouvertes et en continu; c'est un processus
dynamique et continuel d'optimisation de l'utilisation des ressources. Mme la
députée dit qu'on en verra la preuve dans quelques années.
Je peux vous dire qu'il existe des fonds spéciaux depuis quelque temps
au ministère des Approvisionnements et Services et qu'on a
déjà senti que la dynamique était différente, que
les questions se posaient de façon continue et qu'on imaginait des
solutions qu'on n'aurait peut-être pas imaginées dans un
système différent. Pour ma part, je suis convaincu que ça
ira bien, que ça ira dans le sens que nous préconisons. Mais,
comme le dit Mme la députée, bien sûr, il va falloir qu'il
y ait du temps qui s'écoule pour voir si, dans ces nouveaux services, on
obtiendra exactement les mêmes effets.
Pour ma part, j'en suis convaincu. Pour ma part, je suis convaincu que
les employés de notre service, du service des Approvisionnements et
Services, qui sont des employés du secteur public, veulent que ça
fonctionne très bien, qu'ils ont la capacité, dans le cadre
dynamique qu'on leur crée, de le faire tout aussi bien que n'importe
quelle entreprise privée. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Est-ce que le projet de loi 180, Loi modifiant la Loi sur le ministère
des Approvisionnements et Services et d'autres dispositions
législatives, est adopté?
Des voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté sur
division. M. le ministre du Travail.
M. Cherry: Alors, M. le Président, je vous demande
d'appeler l'article 29, s'il vous plaît.
Projet de loi 405
Adoption Le Vice-Président (M. Lefebvre): À
l'article 29 de notre feuilleton, M. le ministre de l'Environnement propose
l'adoption du projet de loi 405, Loi modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement. Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a pas
d'intervention. Est-ce que le projet de loi 405, Loi modifiant la Loi sur la
qualité de l'environnement, est adopté?
Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté sur
division. M. le ministre du Travail.
M. Cherry: Alors, M. le Président, je vous demanderais de
suspendre nos travaux pour quelques instants, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je suspends les
travaux de l'Assemblée nationale pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 14 h 44)
(Reprise à 15 h 6)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous reprenons les
travaux de l'Assemblée nationale. M. le leader du gouvernement, s'il
vous plaît, avec quel article du feuilleton?
M. Pagé: M. le Président, de consentement, je vous
inviterais à revenir au dépôt de documents pour que le
ministre de la Santé et des Services sociaux dépose un
document.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, est-ce qu'il y a
consentement, M. le député de Laviolette, pour que M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux puisse procéder au
dépôt d'un document?
M. Jolivet: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. le
ministre.
Dépôt de documents
Document intitulé "Un financement
équitable à la mesure de nos moyens"
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Il me fait plaisir de déposer à cette
Assemblée le document de base pour la commission parlementaire que nous
tiendrons au mois de février, qui est intitulé "Un financement
équitable à la mesure de nos moyens".
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Votre document, M. le
ministre, est déposé. M. le leader du gouvernement.
Motion proposant la tenue de
consultations particulières
sur le document
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
la commission des affaires sociales, dans le cadre de la sous-commission des
affaires sociales, procède à des consultations
particulières et tienne des auditions publiques les 4, 5, 6, 7, 11, 12,
13 et 14 février 1992 sur le document de consultation intitulé
"Un financement équitable à la mesure de nos moyens". Je fais
motion, évidemment, pour que les mémoires soient reçus au
secrétariat des commissions au plus tard le 20 janvier 1992 et que le
ministre de la Santé et des Services sociaux soit membre de la
commission pour la durée du mandat. Suite à l'entente intervenue
avec l'Opposition officielle, je voudrais en même temps déposer la
liste des organismes qui seront invités dans le cadre de cette
consultation, qui sont nombreux, vous en conviendrez.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on puisse procéder à l'adoption de cette
motion?
Des voix: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): II y a consentement.
Alors, est-ce que la motion de M. le leader du gouvernement, motion qu'il vient
tout juste de déposer, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, à ce moment-ci de
nos travaux, je vous invite à appeler l'article 35 du feuilleton et
à reconnaître M. le député de Verdun.
Projet de loi 198 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 35 de
notre feuilleton, M. le député de Verdun propose l'adoption du
principe du projet de loi 198, Loi sur la limitation de l'embauche dans les
organismes publics et l'imputabilité des administrateurs d'État
et des dirigeants d'un organisme public. M. le député de Verdun,
je vous cède la parole.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Compte tenu des
ententes, je vais être bref et tâcher de me limiter à 15
minutes dans mon exposé.
M. le Président, c'est assez inaccoutumé, mais non
exceptionnel qu'un député gouvernemental dépose un projet
de loi. Inaccoutumé, mais non exceptionnel parce que ceci s'inscrit dans
une tradition, suite à la réforme du règlement de 1984,
où les députés ministériels peuvent s'impliquer
beaucoup plus dans la gestion des affaires de l'État. À titre
d'exemple, je rappellerai les travaux qui étaient menés par la
commission du budget et de l'administration et le rapport, il y a un an
déjà, déposé par le député de Vanier,
que je citerai d'ailleurs au cours de mon exposé.
M. le Président, ce projet de loi est le résultat d'une
étude qui a été faite pendant tout l'été par
un groupe de députés, qu'on a appelé le comité
Poulin, et qui s'est penché sur les finances publiques et le
déficit gouvernemental.
Le rapport sur les états financiers et les comptes publics nous
indique, par exemple, encore pour l'année 1990-1991, que le
déficit a été de l'ordre de 2 500 000 000 $, situation
qui, lentement mais sûrement, si on n'intervient pas, plonge le
Québec dans une situation sans recours. Dans ce cadre-là, il a
semblé important, pour les députés comme pour le
gouvernement, d'agir. Agir pourquoi? Pour faire en sorte de limiter
progressivement le déficit du solde des opérations courantes et
l'amener, au bout d'un certain temps, à zéro, c'est-à-dire
de ne plus devoir emprunter sur les générations futures, sur le
potentiel des générations futures pour payer nos dépenses
actuelles.
Alors, qu'est-ce qu'il y a dans le projet de loi? Il y a essentiellement
trois choses à l'intérieur de ce projet de loi, trois
éléments: une volonté de limiter l'embauche dans la
fonction publique, mais aussi dans le secteur parapublic, c'est-à-dire
les écoles, les universités, les hôpitaux, et le secteur
péripublic, c'est-à-dire dans les sociétés, par un
mécanisme d'attrition. Ça veut dire quoi? Ça veut dire ne
pas remplacer les gens qui, naturellement, partent. Ça a l'air
peut-être d'une médecine de cheval, mais c'est une médecine
importante pour une situation qui est grave, M. le Président, limiter
l'embauche dans l'ensemble de ces secteurs.
Pourquoi le faire par le biais d'un projet de loi? Il faut pouvoir
répondre à cette question parce que si, strictement par mesure
administrative, l'État ou le gouvernement agit sur la fonction publique,
la fonction publique, ce n'est pas beaucoup. Les traitements, dans la fonction
publique, dans le budget de l'État, qui est de 33 000 000 000 $,
ça représente 3 000 000 000 $. La majeure partie des
dépenses, ce sont des dépenses de transfert aux commissions
scolaires, aux universités, aux hôpitaux.
Dans l'ensemble des dépenses du budget de l'État, pourquoi
toucher les salariés? Pourquoi toucher les employés?
Premièrement, parce que, pour nous, il nous a semblé important de
maintenir ce qui allait directement aux citoyens ou à la relance de
l'économie, de ne pas toucher aux
programmes qui, dans le fond, touchaient les plus démunis, mais
d'essayer de gérer l'État d'une manière plus efficace,
plus fonctionnelle. C'était ça, l'idée d'approche que nous
avons eue. Alors, un projet de loi pour pouvoir limiter l'embauche non
seulement pour la fonction publique, mais pour l'ensemble du système
parapublic et péripu-blic. Première idée.
Deuxième idée. La deuxième idée, elle avait
été abordée déjà à l'intérieur
du rapport qui avait été déposé il y a un an -
c'était le 17 décembre - par notre collègue, le
député de Vanier, qui avait remarqué qu'il était
important que les ministères et organismes révisent à la
baisse le nombre de paliers hiérarchiques. C'est une tendance que vous
avez à peu près dans toutes les corporations de rapprocher les
décideurs de ceux qui sont en première ligne, c'est-à-dire
ceux qui donnent le service aux clients, d'avoir une meilleure
efficacité de l'appareil gouvernemental, que ce soit dans la fonction
publique ou que ce soit dans les organismes péripublics,
c'est-à-dire les établissements d'enseignement, les
hôpitaux, les choses comme ça. Donc, une volonté de
diminuer le nombre de cadres, de ramener le décideur plus proche de
celui qui donne les services.
Dans ce cadre-là, M. le Président, aux articles 8 et 9, on
a une volonté de demander aux organismes de diminuer, sur une
période de deux ans, le nombre de cadres par un facteur de 20 %. Donc,
c'est le deuxième effet. C'est une chose qui est à peu
près reconnue dans toutes les entreprises du secteur privé. On a
actuellement ce phénomène de tassement où on rapproche les
paliers de décision des paliers de première ligne qui donnent le
service. Ça, c'était le deuxième élément du
projet de loi, M. le Président.
Il y a une clause, néanmoins, parce qu'il ne faut pas non plus
penser qu'on va fonctionner comme ça à l'aveuglette, sans
réagir et sans penser qu'il puisse y avoir des situations bien
particulières où ces mesures, qui sont des mesures importantes et
qui ne font pas de distinction, pourraient, dans des cas tout à fait
particuliers, créer des distorsions très graves. Alors, dans ce
cadre-là, M. le Président, on a voulu inscrire dans le projet de
loi un pouvoir qui est donné au gouvernement d'adopter un
règlement qui va exempter de cette mesure les organismes ou secteurs
qu'il détermine. C'est une possibilité pour éviter de
tomber dans l'absurde. Il est clair qu'il faut qu'on se donne des
paramètres généraux, il faut qu'on aille actuellement dans
cette mesure d'économie, mais il ne faudrait pas tomber non plus dans
des cas particuliers qui démontreraient l'absurde d'une telle position,
qu'on soit dans l'impossibilité de fonctionner parce qu'on l'aura
votée. Donc, une mesure d'exclusion, M. le Président, pour
permettre au gouvernement, le cas échéant, d'exempter certains
organismes de l'application de la loi.
Troisième point à l'intérieur de la loi et c'est
important: une volonté de rendre imputable. Ça veut dire quoi,
imputable? Ça veut dire responsable devant le Parlement, les
administrateurs d'État. Ça veut dire les sous-ministres, les
présidents de corporation, les présidents de
société d'État, responsables devant les commissions
parlementaires créées par ce Parlement.
Alors, là, on était pris un peu dans un débat entre
responsables des mandats et des fonctions établis par le ministre de qui
ils relèvent. Ne pas avoir une espèce d'imputabilité
très large, ne pas brimer réellement une tradition à
l'intérieur du parlementarisme britannique où le ministre doit
être responsable, mais responsable devant les commissions parlementaires.
On demande aux administrateurs d'État d'être responsables devant
les commissions parlementaires des mandats et fonctions établis par le
ministre de qui ils relèvent.
Donc, trois idées, M. le Président, à
l'intérieur de ce projet de loi. Une volonté d'équilibrer
nos budgets en forçant l'appareil général de l'État
à être plus efficace, en obligeant l'appareil de l'État
à faire mieux et plus avec moins, ceci, sans mettre personne à la
porte, mais purement et simplement par le mécanisme d'attrition,
purement et simplement en disant: Voici les gens qui partent, et on peut
évaluer à peu près à 3,5 % des gens qui sont en
fonction les gens qui partent chaque année par mise à la retraite
ou parce qu'ils doivent aller ailleurs. Donc, il y a une volonté pendant
deux ans de faire ces économies pour rétablir la situation
budgétaire du gouvernement.
Deuxième élément, une volonté
d'efficacité aussi dans les secteurs public, parapublic et la fonction
publique en diminuant l'encadrement, en rapprochant les mécanismes de
décision des gens qui sont en première ligne et en diminuant le
nombre de cadres, M. le Président. C'est bien simple, ça veut
dire diminuer les cadres par un facteur de 20 % à l'intérieur de
la loi.
Et troisièmement, M. le Président, une volonté de
rendre les administrateurs d'État, les dirigeants de grandes
corporations imputables des mandats et fonctions qui leur sont donnés
par le ministre, imputables devant les commissions parlementaires.
Ceci s'inscrit, M. le Président, dans la réforme et
l'approche du règlement de 1984 qui voulait donner plus d'importance aux
différentes commissions parlementaires. Ceci s'inscrit aussi, M. le
Président, dans une volonté des députés de ce
côté-ci de la Chambre d'en arriver rapidement à un
équilibre budgétaire... à un équilibre du solde des
opérations courantes - excusez-moi -pour faire en sorte que nous
n'empruntions pas actuellement sur nos générations ou les
générations qui vont nous suivre et aussi une volonté
d'équilibrer le budget de l'État, de ne pas augmenter les taxes,
de ne pas augmenter les impôts - parce qu'on considère à
l'heure actuelle
que les gens ont atteint leur capacité de payer -et la
volonté aussi de libérer l'argent nécessaire pour
permettre au gouvernement d'avoir une certaine marge de manoeuvre, pour pouvoir
agir dans l'économie, pouvoir s'occuper des plus démunis, pouvoir
réellement assumer son rôle et sa fonction de gouvernement.
Donc, M. le Président, je pense que c'est une loi qui est tout
à fait saine dans l'esprit, à l'heure actuelle, d'une gestion
responsable des fonds de l'État et je suggère à cette
Assemblée de l'adopter. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Verdun. Sur le même sujet, je cède la
parole à Mme la députée de Taillon. (15 h 20)
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Je suis un
peu estomaquée du projet de loi qui est présenté devant
nous, aujourd'hui, et surtout que ce projet de loi soit présenté
et défendu par le député de Verdun dont la logique est
habituellement implacable. Elle est tellement implacable, d'ailleurs, qu'elle
agace profondément parfois les membres de son propre gouvernement, de
son propre parti. Je l'ai vu, effectivement, avec sa rigueur, au plan
intellectuel, remettre en question certains articles de projets de loi qui
étaient étudiés en commission parlementaire, même si
ces projets de loi étaient portés et supportés par des
membres de son gouvernement.
Et là je suis renversée. Il propose dans une même
loi une chose et son contraire. Pendant un certain nombre d'articles qui vont
de l'article 1 à l'article 9 inclusivement, il propose de
déresponsabiliser tous les gestionnaires de l'État. Il propose de
déresponsabiliser tous les administrateurs de nos fonctions publiques.
Partout, dans tous les réseaux. Il ne se contente pas, d'ailleurs, dans
la loi - c'est assez étonnant, hein! -de l'appliquer à la
fonction publique elle-même, il propose que cette loi s'applique à
l'ensemble des organismes parapublics: les commissions scolaires, les conseils
régionaux de la santé et des services sociaux.
Pourquoi une chose et son contraire? Il déresponsabilise les gens
en leur disant: Peu importe que vous ayez des idées, des projets, des
besoins, peu importe que votre objectif ait été de diminuer
même davantage certains encadrements dans la fonction publique, nous
exigeons de vous une coupure aveugle. Peu importe ce que vous pensez, peu
importe ce dont vous avez besoin pour fonctionner, peu importe la logique,
coupez aveuglément.
Qu'on le fasse d'une façon temporaire, M. le Président,
cela arrive et cela est nécessaire. Mais qu'on le fasse par
l'intermédiaire d'une loi, avec ce qu'on sait que cela peut signifier,
c'est inacceptable parce que, du même coup, il nous dit:
Déresponsabilisons tout le monde. Décidons à leur place.
Que les membres de cette Assemblée établissent leurs diktats, et
là à l'article 10, il nous dit: Oui, mais, M. le
Président, rendons responsables les gens qui sont les plus hauts
serviteurs de l'État. Rendons-les imputables.
Parce que c'est ça que ça veut dire, hein? On utilise
parfois des mots un petit peu compliqués, mais ce que ça veut
dire, être imputable, ça veut dire rendre des comptes. Ça
veut dire: J'ai la gestion d'une organisation à assurer. Je vais dire
aux gens qui me la confient, cette gestion-là, comment je le fais,
comment j'atteins les objectifs qu'on m'a fixés. C'est ça,
l'im-putabilité. C'est la responsabilité des gestes que l'on pose
et le fait que l'on rende des comptes aux gens qui nous ont confié cette
responsabilité-là.
Alors, dans un même projet de loi, M. le Président, on nous
dit: Ne faites plus rien, ne décidez plus rien. Nous vous demandons de
vous fermer les yeux et de couper de 20 % dans vos effectifs d'encadrement, de
15 % dans vos effectifs de personnel. D'ici à deux ans, peu importe ce
qui se passe chez vous, on prévoit une clause d'urgence. Heureusement,
sinon j'aurais pensé qu'il est tombé complètement sur la
tête et que le Cheap Bar l'a vraiment influencé. Ça
m'inquiète, hein! Bon.
Alors, d'un côté il propose ça et, de l'autre, il
vient nous dire bien généreusement: Oui, mais nous devrions
entendre les responsables à qui on confie des mandats. Alors, il
faudrait qu'il choisisse.
Et, là, effectivement, la logique implacable du
député de Verdun, je pense, l'a quitté. Il n'est pas
conscient de ce qu'il propose dans le même projet de loi qui est devant
nous. D'ailleurs, dans cette foulée-là, M. le Président,
vous comprendrez qu'en cours de discussion, si on devait dépasser les
débats que nous avons aujourd'hui, on proposera sûrement, pour les
fins d'une logique minimale, que ce projet soit scindé, pour qu'on
puisse au moins voter indépendamment une partie ou l'autre, parce que je
ne veux absolument pas être associée à cette espèce
de simulacre qui n'a aucun sens et qui va à l'en-contre des principes
mêmes que la loi défend dans un sens et dans l'autre.
D'autre part, je veux faire une autre réserve, à ce
moment-ci, M. le Président. Je veux que nous puissions conserver, par
l'intermédiaire entre autres du leader de l'Opposition, la
possibilité de requestionner fa recevabilité du projet de loi.
Cela étant dit, je n'ai pas l'intention d'aborder cette question. Il y a
des gens, dans ma formation politique, qui ont la responsabilité de ces
tâches et qui sont beaucoup plus habilités pour le faire que je ne
le serais.
Revenons maintenant sur le fond, M. le Président. Si je comprends
bien, d'abord, comme nos débats étaient un peu minces - nous
sommes mercredi; normalement, on devrait terminer ven-
dredi; on nous a mis le bâillon sur la loi 170 - on a, je suppose,
prévu de faire plaisir à certains députés en
disant: On a un peu de temps, vas-y donc. Alors, moi, j'aimerais bien savoir.
De deux choses l'une: ou on envoie le député de Verdun et,
j'imagine, son collègue, le député de Saint-Louis,
tâter le terrain, on les envoie au front, le casque au-dessus de la
baïonnette pour savoir si on va tirer, parce qu'on n'a pas le courage d'y
aller soi-même comme ministre, ou on est en désaccord avec ce qui
est là. Si on est en accord avec le projet qui est là, si le
gouvernement - pas certains membres de cette Assemblée, le gouvernement
- est en accord avec le projet qui est là, j'imagine que le
président du Conseil du trésor va prendre la peine de venir
défendre ce projet de loi, au moins de soulever un certain nombre
d'interrogations qui nous sont présentées, s'il est d'accord.
S'il n'est pas d'accord, on comprendra, à ce moment-là, qu'il
fait ce travail pour la galerie. Le gouvernement veut amuser et occuper ses
députés. À ce moment-là, j'espère que ses
députés auront le courage d'aller jusqu'au bout du processus et
d'amener leurs collègues ministériels à prendre position,
parce que ce serait malhonnête à leur endroit de les avoir fait
travailler inutilement et d'avoir engagé les membres de cette
Assemblée dans un débat qui n'était pas souhaité
par les membres du gouvernement. Je crois qu'effectivement, c'est à cela
qu'on sert actuellement.
D'autre part, sur le fond d'un autre élément du projet de
loi... Je pourrais parler longuement de cette déresponsabilisation et y
revenir, mais comme je sais que le temps m'est limité, que nous avons
prévu un certain temps pour en débattre, je vais revenir sur
cette notion d'impu-tabilité. Depuis longtemps, je suis convaincue qu'il
faut aller vers cette orientation, qu'il faut faire en sorte que les gens, que
les administrateurs d'État, que les personnes qui occupent de hautes
fonctions dans nos institutions, dans nos organisations et dans nos
ministères rendent des comptes. Je suis d'accord avec cette
orientation-là, mais je vais demander, cependant, qu'on cesse de jouer
au tartuffe de l'autre côté de cette Assemblée, qu'on cesse
de nous faire croire des choses alors qu'on ne livre jamais la marchandise.
Nous avons, dans nos propres règles de fonctionnement, dans les
commissions parlementaires, la possibilité de questionner des
représentants d'institutions, des représentants de
sociétés d'État, parce que, dans nos règles - et
vous les connaissez aussi bien sinon mieux que moi, M. le Président -
dans nos règlements, chaque commission est tenue, après avoir
étudié les projets de loi que la Chambre lui demande
d'étudier - parce que c'est ça qui doit se faire en
priorité, les ordres de la Chambre - nous sommes tenus, par la suite, de
choisir une organisation, un organisme, un ministère qui dépende
de la commis- sion.
Imaginons la commission que je préside, la commission des
affaires sociales, qui regarde, qui étudie, qui analyse le
ministère de la Santé et des Services sociaux, le
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu,
l'Office des personnes handicapées, etc. Nous sommes tenus, comme
commission, chaque année, de choisir une organisation et de l'examiner,
de voir son fonctionnement, son personnel, ses politiques, ses orientations,
si, effectivement, elle atteint les objectifs qui lui sont fixés, si
elle assure la livraison des programmes, des services qu'on lui a
confiés. Savez-vous que, depuis deux ans, à la commission des
affaires sociales, jamais je n'ai réussi à obtenir le
consentement, pas des membres de l'Opposition, des membres du gouvernement pour
étudier une organisation. Et on vient me faire étudier une loi,
ici, qui va donner l'imputabilité aux dirigeants des
sociétés d'État et des organismes et ministères?
À quoi joue-t-on, M. le Président? C'est inacceptable. (15 h
30)
II y a encore deux semaines, je siégeais en séance de
travail avec les membres de la commission des affaires sociales... J'ai une
collègue, Mme la députée de Marie-Victorin, qui. depuis
deux ans, propose qu'on étudie non pas le ministère de la
Santé et des Services sociaux, non pas celui de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu, non pas une grande organisation, une toute
petite organisation: le Secrétariat à l'adoption internationale.
Le Secrétariat à l'adoption internationale, il y a quelques
personnes qui y travaillent. On nous a objecté: Ce n'est pas une
organisation, il faudrait étudier tout le ministère, mais on a
dit: Nous, vous savez, on veut essayer de faire des choses qui nous
intéressent et sur lesquelles on croit que les gens ont des
préoccupations. Est-ce qu'on ne peut pas s'entendre qu'on va
étudier le Secrétariat à l'adoption au même titre
qu'on étudierait une autre organisation? Ça ne demandait pas des
mois de travail, M. le Président, quelques éléments
d'étude, une bonne préparation par les gens du
Secrétariat, quelques séances de travail. Jamais on n'a voulu
l'accepter, M. le Président. Et là, aujourd'hui, on voudrait nous
faire accepter le principe. Réalisons d'abord les tâches que nous
avons la possibilité de réaliser avec les moyens qui nous sont
accordés et, après ça, M. le Président, on se
gargarisera avec les propositions que des députés du gouvernement
viennent nous faire.
Les commissions parlementaires, M. le Président, ont la
possibilité d'étudier les projets de règlement qui sont
adoptés par les ministres et par le gouvernement, une fois que les lois
sont adoptées. Jamais on ne nous autorise le droit ni la permission de
les étudier, de rencontrer les gens qui les ont faits, de voir les
organisations qui vont les appliquer, M. le Président. Aujourd'hui, on
vient nous parler
d'imputabilité. Bien, je m'excuse, M. le Président. On se
moque de nous, c'est évident. Quand je verrai des membres de ce
gouvernement, le président du Conseil du trésor, le ministre des
Finances, venir nous dire qu'ils trouvent que cette loi a du bon sens, que
c'est intelligent, que ça a de l'allure, que ça ne
déresponsabilise pas des gens, que ça va permettre d'atteindre
l'objectif, que ça va permettre en même temps d'assurer I
imputabilité, je vais les prendre au sérieux. Je vais douter un
petit peu de la logique du député de Verdun, mais il n'y a pas
beaucoup de choses qui m'étonnent, M. le Président, depuis que je
siège dans cette Assemblée. Quand je les aurai entendus, je vais
prendre très sérieusement la peine de revenir sur chacun des
éléments parce que je trouve que ça n'a pas d'allure, pour
une bonne partie de ce qui est là, M. le Président. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Taillon. Sur le même sujet, je reconnais
maintenant M. le député de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Je suis assez
étonné d'avoir entendu ce que j'ai entendu de la part de la
députée de Taillon. Je suis obligé de constater qu'elle
n'a pas vraiment compris ni l'objet, ni le but, ni le fondement du projet de
Foi qui est déposé devant nous.
Il est utile de revenir sur le fait qu'un groupe de 17
députés ministériels ont passé près de 4
à 5 mois à étudier des programmes gouvernementaux,
à regarder des choses qui pouvaient être enlevées non pas
du rôle de l'État, mais de l'organisation même et de la
systématisation des services offerts par l'État, qui
étaient soit désuètes, soit qui servaient moins ou encore
qui étaient tout simplement inutiles. Le comité Poulin, dont on a
beaucoup parlé et dont la députée de Johnson a loué
l'excellent travail dans les journaux locaux de son comté pas plus tard
que cette dernière fin de semaine, a cherché à
répondre à des problèmes importants.
M. le Président, les problèmes budgétaires auxquels
on fait face et auxquels nous faisons face depuis maintenant six ans, en grande
partie, c'est à cause de l'irresponsabilité du gouvernement
précédent qui a préféré emprunter des
milliards de dollars, 13 500 000 000 $ empruntés sous le
précédent gouvernement pour financer des opérations
courantes, pour financer des salaires, pour financer des programmes, pour
financer des choses que personne, dans l'avenir, ne pourra revendiquer. Les
gens vont payer pendant 40 ans ces emprunts. Les gens qui vont les payer
n'auront jamais de services pour les emprunts qui auront été
effectués par le gouvernement précédent entre 1976 et
1986.
M. le Président, les grands principes du rapport Poulin ont
cherché à faire la promotion de l'utilisateur-payeur, de
responsabiliser les citoyennes et citoyens du Québec au fait que,
lorsqu'ils utilisent un service public, ils utilisent un service qui est
dispendieux, qui n'est pas gratuit, qui a un prix si on l'utilise: un lit
d'hôpital, une salle de classe. Ce prix-là, les gens se doivent de
savoir c'est quoi et se doivent aussi de participer davantage à
l'organisation des services qu'ils veulent recevoir. On ne peut pas faire de
l'angélisme à plein temps. 52 % de notre budget de 38 000 000 000
$ est directement relié aux facteurs de la masse salariale et des
bénéfices marginaux.
C'est pourquoi parmi les conclusions du rapport Poulin, il a
été unanimement décidé, par les membres du rapport
Poulin, c'est-à-dire 17 députés ministériels, 17
députés libéraux, de faire un débat public. Faire
un débat public sur les questions relatives, c'est vrai, d'une part,
à l'organisation des services publics, c'est-à-dire des
employés de l'État et, d'autre part sur la capacité du
gouvernement de revenir à un déficit zéro en ce qui
concerne ses opérations courantes.
Il est assez curieux de constater comment l'Opposition ne comprend pas,
je dirais, le rôle que le Parlement doit jouer dans les débats
publics. Nous concevons que le débat public doit se faire ici, au
Parlement, que nous devons regarder pour l'avenir de la nation, cesser
d'hypothéquer l'avenir des gens qui nous suivront, et faire des choix
qui seront incorporés dans nos lois auxquelles nous devrons nous
conformer non seulement comme Parlement, mais comme organisation de toute notre
société.
La députée de Taillon mentionnait la recevabilité.
Je pense qu'il est inutile, à tout le moins sur le projet de loi du
collègue de Verdun, de chercher à regarder la question de la
recevabilité. Le président l'a admis pas plus tard que lundi
dernier, lorsqu'il jugeait irrecevable le projet de loi que j'ai
déposé concernant la limitation des dépenses
budgétaires du gouvernement et le retour au déficit zéro
des opérations courantes pour dans quatre ans.
Qu'est-ce qu'on retrouve dans le projet de loi 198, M. le
Président? On retrouve, effectivement, comme on l'a mentionné
plus tôt, trois idées maltresses. Ce sont des idées
maîtresses qui visent à réduire la charge financière
de l'État, sans désorganiser l'ensemble des services. Le but
n'est pas de désorganiser les services de l'État, le but est de
faire en sorte de diminuer, d'amoindrir les coûts, donc, d'avoir une
fonction publique encore davantage performante.
Nous avons été surpris de constater qu'il y a à
peine 10 ans - notre collègue, le député de Laviolette,
s'en rappellera sans doute - un groupe de députés, membres du
gouvernement de l'époque, membres du Parti québécois,
avaient, suite à une annonce du ministre des Finances de vouloir
réduire d'un milliard ses dépenses, fait un
groupe de travail, semble-t-il, qui avait suggéré au
gouvernement non pas de réduire d'un milliard ses dépenses, mais
plutôt de les augmenter de 1 500 000 000 $. Malheureusement, le
gouvernement de l'époque a pris ce sillon, a pris ce tracé, et a
vu ses emprunts augmenter de façon abracadabrante: au-delà de 13
000 000 000 $, encore une fois, de dépenses courantes qui devront
être financées pour les 20, 25, 30 prochaines années. (15 h
40)
Que cherche à faire le projet de loi 198? La
députée de Taillon mentionnait le caractère connu de notre
collègue de Verdun, qui est un mathématicien de renom, professeur
de mathématiques à l'Université de Montréal, un
homme dont la logique était, selon ce qu'en disait elle-même, la
députée de Taillon, implacable. On retrouve effectivement cette
logique implacable dans le projet de loi 198.
Qu'est-ce qu'il dit? D'abord, il fait un débat. Il ouvre un
débat. Je vais commencer par la fin; ça va faire changement. Il
commence par un débat sur l'imputabilité de nos cadres et de nos
dirigeants d'entreprises publiques, parapu-bliques et péripubliques.
Combien de fois les membres de cette Assemblée nationale ont-ils pu
entendre un sous-ministre en commission parlementaire ou convoquer un
sous-ministre en commission parlementaire, un dirigeant d'entreprise publique
ou parapublique, le président d'Hydro-Québec, le président
de la Société des alcools, de la Régie du logement et
d'autres présidents d'organisations pour lesquelles les gens paient,
pour lesquelles les citoyennes et les citoyens du Québec paient? Quand
a-t-il été possible de convoquer ces présidents
d'organismes ou ces sous-ministres à des commissions parlementaires pour
pouvoir les questionner sur leur gestion? Pas les questionner sur la politique
- ce ne sont pas des politiciens, ce ne sont ni des femmes, ni des hommes
politiques - mais les questionner sur leur gestion, les questionner, par
exemple, sur les conclusions que le rapport du Vérificateur
général peut avoir touchées. Il peut avoir fait des
réserves sur leur gestion ou sur des éléments de la
gestion de leur ministère, dans le cas des sous-ministres.
Comment, aujourd'hui, avec notre système, pouvons-nous les
questionner? Impossible, si le ministre n'est pas là. Et on rend
imputable le ministre pour des questions qui frisent le ridicule, des questions
qui sont importantes, par contre, sur le plan de la gestion. Par exemple, tous
les ans, le Vérificateur général nous questionne sur les
codes d'accès à l'informatique dans un ministère. Ne
demandez à personne ici de pouvoir savoir, s'il a été
ministre ou ancien ministre, comment ils sont organisés et quels sont
les codes d'accès aux ordinateurs de leur ministère respectif.
Ça ne fait pas de sens. C'est un job que le sous-ministre doit voir
à exécuter, doit faire exécuter, mais c'est son rôle
d'en être imputable aussi sur le plan administratif.
Donc, le projet de loi cherche à rendre imputables les hauts
dirigeants de nos sociétés d'État et aussi de nos
différents ministères. Mme la députée de Taillon se
dit pour ce principe-là, questionne certains membres du gouvernement, et
il y a effectivement quelques membres du gouvernement qui ont manifesté
des hésitations à l'égard du principe de
l'imputabilité des hauts fonctionnaires. Mais je lui dirai, à la
députée de Taillon, que son chef, le député de
l'Assomption, que son collègue, le député de Labelle,
particulièrement le député de Labelle, en commission
parlementaire du budget et de l'administration, l'an dernier, se sont
montrés de façon véhémente opposés à
ce principe-là. Mais c'est un principe tellement important, M. le
Président, qu'il faut applaudir l'initiative du député de
Verdun de l'avoir déposé devant nous et de nous permettre d'en
discuter aujourd'hui.
Qu'il y ait des gens qui soient pour, qu'il y ait des gens qui soient
contre, peu importe le parti qu'ils représentent, c'est très
possible. Nous en connaissons des deux côtés de la Chambre. Ce
sera à eux de venir exprimer les réserves, les motifs qui font
qu'ils ne sont pas aussi d'accord que d'autres de leurs collègues, comme
nous, députés ministériels, en grande partie nous le
sommes. Mais voilà, il faut, encore une fois, saluer, applaudir
l'initiative du député de Verdun de faire en sorte d'amener le
débat non pas dans le fond d'une commission parlementaire dans laquelle
on risque de perdre une grande partie du débat parce qu'il n'aura pas
l'intérêt et le caractère public que le débat peut
avoir ici même, dans le salon bleu, mais directement ici, là
où est le fondement même, le foyer, l'endroit principal où
on a un droit de parole quand on est élu, quand on est
député, l'endroit même où on voudrait faire en sorte
de voir augmenter les responsabilités des députés.
Je pense qu'il faut, encore une fois, saluer l'initiative du
député de Verdun. Le député de Verdun nous annonce
et demande au gouvernement - parce que, finalement, quand on adopte un projet
de loi, on vient exiger du gouvernement - qu'il fasse une attrition, pendant
quelques années, de la fonction publique. On ne dit pas: On va scalper.
On dit: Les gens qui vont prendre leur retraite, qui vont décider de
démissionner, qui vont partir de la fonction publique... Ce que le
projet de loi que nous avons devant nous suggère, il dit: S'il vous
plaît, abolissez les postes, gardez-vous une marge de manoeuvre, demandez
au Conseil du trésor de faire la répartition des postes des gens
qui auraient pu partir mais qu'il pourrait être nécessaire de
rajouter dans les différents ministères. Il y a 3,5 % des gens de
la fonction publique qui quittent année après année et
pour lesquels on remplace les postes. Nous pensons sérieusement,
honnêtement, que nous pourrions par tout simplement le
phénomène de l'attrition
abolir une grande partie de ces postes-là.
Quant au taux d'encadrement, M. le Président, qui est la
troisième partie de ce projet de loi, le taux d'encadrement a ceci de
particulier, c'est qu'il n'a jamais diminué. Il a toujours
augmenté. Le taux d'encadrement, c'est le nombre d'employés par
cadre. On s'aperçoit que, année après année, le
nombre d'employés diminue pour le nombre de cadres qui reste.
Je vais vous donner un exemple: la commission scolaire de
Montréal, CECM. Le ministre de l'Éducation connaît ce
dossier. La commission scolaire de Montréal a perdu 125 000
élèves au cours des 15 dernières années et il y a
un ratio de cadres de 40 % plus élevé qu'il y a 15 ans. On peut
penser que ce n'est pas vraiment normal. La Société des alcools,
en dehors de ses magasins, a un taux d'encadrement d'un cadre par six
employés. Le député de Laviolette, qui est un homme
sensé, sait pertinemment bien que ça n'a pas beaucoup de sens. Il
n'y a pas beaucoup d'entreprises qui ont un taux d'encadrement de 1 -6. Il faut
faire quelque chose.
L'idée de réduire l'encadrement, de rendre les services
plus près des utilisateurs, est là une idée
extrêmement généreuse que suggère le
député de Verdun. On ne peut pas faire autrement, à tout
le moins, que de vouloir discuter des principes comme l'imputabilité, de
s'organiser, parce qu'il n'y a qu'une loi qui peut faire en sorte que le
gouvernement s'encadre lui-même, en décidant de réduire de
3,5 %, c'est-à-dire d'accepter le principe de l'attrition comme
étant un facteur de la diminution du nombre d'employés dans la
fonction publique.
Je terminerai, M. le Président, en disant qu'il faut saluer et
remercier tous les membres ministériels, les 17 députés
qui ont participé au comité Poulin, saluer les initiatives des
députés qui ont présenté les projets de loi ici et
continuer de faire pression sur le gouvernement pour qu'il accepte
éventuellement de s'organiser avec les principes de
l'imputabilité, de la diminution du nombre d'employés et,
finalement, de la réduction à zéro du déficit des
opérations courantes.
Là-dessus, M. le Président, je voudrais vous souhaiter un
joyeux Noël, le souhaiter aussi à tous les membres de
l'Assemblée nationale et aussi à tous les employés de
l'Assemblée nationale avec qui nous travaillons à l'année
longue.
En même temps, M. le Président, vous me permettrez de
demander l'ajournement du débat.
Motion d'ajournement du débat sur le projet de
loi
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le
député de saint-louis. est-ce que la motion proposant
l'ajournement du débat sur le projet de loi 198 est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: ...est-ce que je pourrais déposer un rapport
de commission qui va faire l'objet...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Consentement?
Consentement. Allez-y, M. le député de Laviolette.
Dépôt de rapports de commissions
Étude détaillée du projet de loi
175
M. Jolivet: Au nom de ma collègue, la
députée de Taillon, j'ai l'honneur de déposer le rapport
de la commission des affaires sociales qui a siégé le 18
décembre 1991 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 175, Loi modifiant la Loi sur la
sécurité du revenu Le projet de loi a été
adopté avec un amendement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ce rapport est
déposé. M. le leader du gouvernement. (15 h 50)
M. Pagé: Alors, M. le Président, merci pour le
dépôt du rapport de la part du député de Laviolette.
Je vous inviterais, M. le Président, à appeler l'article 36 du
feuilleton.
Projet de loi 196
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 36 de
notre feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la commission de l'éducation sur le projet de loi 196, Loi concernant
le régime de rentes pour le personnel non enseignant de la Commission
des écoles catholiques de Montréal. Est-ce qu'il y a des
interventions sur ce rapport? Est-ce que le rapport de la commission de
l'éducation portant sur le projet de loi 196, Loi concernant le
régime de rentes pour le personnel non enseignant de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Viau propose maintenant l'adoption du projet de loi
196, Loi concernant le régime de rentes pour le personnel non enseignant
de la Commission des écoles catholiques de Montréal. Y
a-t-il consentement pour déroger à l'article 230 de notre
règlement?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Y a-t-il également
consentement pour déroger à l'article 22du règlement?
M. Pagé: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, le projet de loi
196, Loi concernant le régime de rentes pour le personnel non enseignant
de la Commission des écoles catholiques de Montréal, est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 23 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 181 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 23 de
notre feuilleton, m. le ministre délégué à
l'administration et à la fonction publique et président du
conseil du trésor propose l'adoption du projet de loi 181, loi modifiant
la loi sur l'administration financière et d'autres dispositions
législatives. est-ce qu'il y a des interventions, m. le leader? m. le
député de laviolette? aucune intervention. le projet de loi 181,
loi modifiant la loi sur l'administration financière et d'autres
dispositions législatives, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 27 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 402 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 27 de
notre feuilleton, M. le ministre délégué à
l'Administration et à la Fonction publique et président du
Conseil du trésor propose l'adoption du projet de loi 402, Loi modifiant
la Loi sur le régime de retraite des élus municipaux et la Loi
sur le traitement des élus municipaux. Est-ce qu'il y a des
interventions? Le projet de loi 402, Loi modifiant la Loi sur le régime
de retraite des élus municipaux et la Loi sur le traitement des
élus municipaux, est-il adopté? Des voix:
Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 28 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 403 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 28 de
notre feuilleton, M. le ministre délégué à
l'Administration et à la Fonction publique et président du
Conseil du trésor propose l'adoption du projet de loi 403, Loi modifiant
la Loi sur les tribunaux judiciaires en matière de retraite et
d'avantages sociaux. Est-ce qu'il y a des interventions? Le projet de loi 403,
Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires en matière de
retraite et d'avantages sociaux, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M le
leader du gouvernement.
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. le
Président, je vous invite à appeler l'article 53 du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet de loi 303 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 53 de
notre feuilleton, Mme la députée de Vachon propose l'adoption du
principe du projet de loi 303, Loi concernant la ville de Saint-Hubert. Est-ce
qu'il y a des interventions?
M. Pagé: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mme la
députée de Vachon.
Mme Christiane Pelchat
Mme Pelchat: Merci, M. le Président. Je tiens à
parler, M. le Président, sur le projet de loi 303, Loi concernant la
ville de Saint-Hubert - je ne prendrai pas trop du temps de l'Assemblée,
cet après-midi - simplement pour vous rappeler que l'on a, en commission
parlementaire, étudié, article par article, ce projet de loi
d'une importance capitale pour la ville de Saint-Hubert.
Je tiens à parler parce que ça fait six ans qu'à
titre de députée du comté de Vachon je travaille, avec les
membres du gouvernement, à
régler cette situation qui est, comme je vous l'ai dit,
très problématique. Je vois le leader du gouvernement ici, en
cette Chambre, et il se rappellera que, dès 1985, plus
précisément au printemps 1986, nous avons, lui et moi,
rencontré les autorités de la ville de Saint-Hubert afin de voir
comment le gouvernement pourrait aider cette ville à disposer de ses
terrains qui sont zones agricoles depuis 1978, mais dont on ne peut faire
aucune utilisation puisqu'ils sont complètement lotis. On retrouve, en
fait, presque 10 000 propriétaires différents dont le domicile se
retrouve en Asie, en Afrique, un peu partout dans le monde.
Juste pour faire un petit peu d'histoire, M. le Président. En
1978, lorsque la Loi sur la protection du territoire agricole a
été adoptée ici même, en cette Chambre, ça a
eu comme conséquence directe de zoner agricole 50 % du territoire de la
ville de Saint-Hubert. Je n'ai pas besoin de vous dire que la ville de
Saint-Hubert, la ville qui est maintenant rendue la dixième en
importance au Québec, qui compte 73 000 de population, est une ville
fortement urbanisée. Avant la Loi sur la protection du territoire
agricole, il était d'usage commun des municipalités de
prévoir leur développement à très, très long
terme. En fait, les municipalités décidaient que, pour les 25 et
les 30 prochaines années, elles aménageaient et lotissaient leurs
terrains. Eh bien, à Saint-Hubert, M. le Président, c'est 2632
hectares qui sont zones agricoles et qui, depuis 1978, sont en friche,
inutilisables, inutilisés pour les raisons qu'on connaît, et c'est
ce que vient corriger le projet de loi 303.
Ce projet de loi donne à la ville de Saint-Hubert le pouvoir de
remembrer ces terres, c'est-à-dire de reconstituer des lots qui seront
remis à l'agriculture. C'est sans précédent, M. le
Président, qu'une municipalité comme Saint-Hubert demande
à l'Assemblée nationale: Donnez-nous les pouvoirs de remembrer
nos terres pour les remettre en agriculture. Vous-même, vous savez
très bien que la plupart des maires, ce qu'ils souhaitent, c'est faire
du développement urbain parce que c'est payant au niveau fiscal, au
niveau de revenus de taxation. Mais la ville de Saint-Hubert a compris que ces
terres sont qualifiées, sont catégorisées 2 et 3, ce qui,
en termes d'agriculture, veut dire que nous avons là un potentiel
agricole très considérable. Alors, la ville a demandé
à l'Assemblée nationale de lui donner les pouvoirs de remembrer
des terres et ce remembrement se fera, premièrement, par échange
de gré à gré ou encore par expropriation. Il est bien
évident que la ville favorise l'échange de gré à
gré. Malheureusement, on sera peut-être obligé de
procéder à l'expropriation, considérant la volonté
des propriétaires.
Un autre problème, M. le Président, qu'on retrouve avec la
situation à Saint-Hubert, c'est que plus de 40 % de ces terrains
appartiennent maintenant à la municipalité. Je dirais 60 %, je
m'excuse, appartiennent à la municipalité. Les gens, au cours des
années, se sont bien rendu compte qu'ils ne pouvaient plus utiliser
leurs terrains, leurs petits 6000 ou 7000 ou même 8000 pieds
carrés qu'ils avaient acquis à des fins de développement
urbain. Alors les gens, sachant très bien qu'ils ne pouvaient plus les
utiliser puisque c'était maintenant en zone agricole, ont
décidé de ne plus payer les taxes. Alors, la ville a repris, pour
non-paiement de taxes, ces terrains-là. À la longue, M. le
Président, évidemment, ça prive la municipalité de
revenus. Ça prive la municipalité aussi d'un développement
harmonieux. Quand on se promène le long de l'autoroute 30, à
Saint-Hubert, et qu'on voit toutes ces terres-là qui sont, en ce moment,
en friche, non cultivées, c'est bien triste de voir ce patrimoine
laissé-pour-compte. Voilà, M. le Président. Je tenais
à le souligner puisque c'est probablement, comme députée
de Vachon, le projet de loi le plus important que j'aurai eu à parrainer
ici, à cette Assemblée, le plus important pour la ville de
Saint-Hubert, mais aussi pour toute la rive sud de Montréal.
J'aimerais, M. le Président, en terminant, remercier certaines
personnes qui ont travaillé très fort sur ce dossier-là.
Je dois dire que c'est dès 1982 que le gouvernement du Québec
s'est penché sur cette problématique-là. Le gouvernement,
à l'époque, avait formé un comité tripartite avec
le ministère de l'Agriculture, le ministère des Affaires
municipales et la ville de Saint-Hubert afin de trouver une solution. Il y a
eu, en 1984, un dépôt de projet de loi privé qui avait
été fait pour régler le problème. Malheureusement,
le projet de loi est mort au feuilleton. Il y avait une certaine
difficulté d'application parce qu'on prévoyait la création
de copropriétés indivises. Évidemment, bon, avec les
propriétaires qui étaient à l'extérieur,
c'était plutôt difficile de demander leur consentement.
Finalement, ce projet de loi est mort au feuilleton. On a essayé depuis
1986, on en a déposé un qui a été aussi
retiré. J'ai un préavis, M. le Président, dans le
feuilleton, qui mentionnait que j'étais censée déposer un
projet de loi public de député, qui sera corrigé parce
qu'on pensait que c'était peut-être la meilleure solution, mais,
finalement, c'est un projet de loi privé que l'on adopte aujourd'hui.
(16 heures)
M. le Président, je tiens à remercier
particulièrement M. Ryan, le ministre des Affaires municipales, qui a
accepté, lorsque l'on a décidé d'en faire un projet de loi
privé, de donner l'encadrement et toute l'expertise du ministère
des Affaires municipales et de son cabinet à la ville de Saint-Hubert
pour mener à bien ce projet.
J'aimerais aussi mentionner le travail du ministre de l'Agriculture, M.
Picotte, qui, dès le début, a été bien conscient de
la valeur de ces terres et de la valeur de la remise en agriculture
de ces hectares qui sont classés de très bons sols.
J'aimerais aussi, M. le Président, remercier M. Michel
Pagé qui était ministre de l'Agriculture à l'époque
et qui a, dès le début, bien saisi l'importance d'intervenir dans
ce dossier et qui, à plusieurs reprises, a rencontré la
municipalité, le maire et tous les fonctionnaires de la
municipalité pour essayer de régler ça. M. Middlemiss qui
a succédé à M. Pagé a aussi fait des pressions, a
travaillé très fort à ce dossier.
M. le Président, ce n'est pas souvent qu'on fait ça, mais
j'aimerais le faire. J'aimerais remercier personnellement M. Francis Dufour, le
critique de l'Opposition en matière d'affaires municipales, pour sa
collaboration et aussi parce qu'il a accepté que l'on dépose le
projet de loi et qu'il soit adopté dès cette session-ci,
même si on n'avait pas, malheureusement, respecté les dates
prévues par notre règlement. M. Dufour a été d'une
collaboration certaine tout au long de l'étude en commission. Je tiens
à le remercier.
Finalement, M. le Président, ce projet de loi est l'illustration
certaine d'un changement de mentalité de la part des élus
municipaux qui sont bien conscients que la Loi sur la protection des terres
agricoles est là pour rester, qu'il vaut mieux en prendre son parti,
qu'il vaut mieux en tirer avantage. C'est ce que le maire de Saint-Hubert a
accepté et je tiens à le souligner.
En terminant, M. le Président, j'aimerais aussi souligner le
travail, la collaboration et l'appui de l'Union des producteurs agricoles de la
région de la Montérégie pour son appui. Alors, M. le
Président, je vous remercie, et je peux vous dire encore une fois
à quel point je suis fière que l'on adopte le projet de loi 303
concernant la ville de Saint-Hubert. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Vachon. Il n'y a pas d'autres interventions? Est-ce
que la motion de Mme la députée de Vachon proposant l'adoption du
principe du projet de loi 303, Loi concernant la ville de Saint-Hubert, est
adoptée?
Adoption mme la députée de vachon propose
maintenant l'adoption du projet de loi 303, loi concernant la ville de
saint-hubert. y a-t-il consentement pour déroger à l'article 22
de notre règlement? le projet de loi 303, loi concernant la ville de
saint-hubert, est-il adopté? adopté. m. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 47 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 296 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 47 de
notre feuilleton, M. le député de Saint-Louis propose l'adoption
du principe du projet de loi 296, Loi modifiant la charte de la ville de
Montréal. Pas de débat? Y a-t-il consentement pour déroger
à l'article 268 de notre règlement? Est-ce que la motion du
député de Saint-Louis est adoptée? Adopté.
Adoption
M. le député de Saint-Louis propose l'adoption du projet
de loi 296, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal. Y a-t-il
consentement pour déroger à l'article 22 du règlement?
Alors, le projet de loi 296, Loi modifiant la charte de la ville de
Montréal, est-il adopté? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, l'article 50, s'il vous
plaît.
Projet de loi 305 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 50 de
notre feuilleton, M. le député de Saint-Louis propose l'adoption
du principe du projet de loi 305, Loi concernant la continuation de
l'entreprise d'assurance de Les Coopérants, société
mutuelle d'assurance-vie et le maintien de l'existence de cette compagnie. Y
a-t-il consentement pour déroger à l'article 237 du
règlement? Y a-t-il consentement pour déroger à l'article
268 de notre règlement? Est-ce que le principe du projet de loi 305 est
adopté? Adopté.
Adoption
Alors, M. le député de Saint-Louis propose maintenant
l'adoption du projet de loi 305, Loi concernant la continuation de l'entreprise
d'assurance de Les Coopérants, société mutuelle
d'assurance-vie et le maintien de l'existence de cette compagnie. Y a-t-il
consentement pour déroger à l'article 35 des règles de
fonctionnement concernant les projets de loi d'intérêt
privé et également à l'article 22 du règlement?
Consentement?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, le projet de loi
305, Loi concernant la continuation de l'entreprise d'assurance de Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie et le
maintien de l'existence de cette compagnie, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, l'article 51, s'il vous
plaît.
Projet de loi 294 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 51 de
notre feuilleton, m. le député de tas-chereau propose l'adoption
du principe du projet de loi 294, loi modifiant la charte de la ville de
montréal...
Une voix: Québec.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): De la ville de
Québec. Je m'excuse. Alors, est-ce que le principe du projet de loi 294,
Loi modifiant la charte de la ville de Québec, est adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Alors, M.
le député de Taschereau propose l'adoption du projet de loi 294,
Loi modifiant la charte de la ville de Québec. Y a-t-il consentement
pour déroger à l'article 22 du règlement?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le projet de loi 294, Loi
modifiant la charte de la ville de Montréal, est-il adopté?
Une voix: Adopté. Une voix: Québec.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Je
m'excuse. De la ville de Québec, de la ville de Québec. Alors,
adopté, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je suis bien
heureux que la Loi modifiant la charte de la ville de Québec soit
adoptée. Je vous invite maintenant à appeler l'article 52.
Projet de loi 301 Adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Lefebvre): à l'article
52 de notre feuilleton, m. le député de lafon-taine propose
l'adoption du principe du projet de loi 301, loi concernant ville d'anjou.
est-ce qu'il y a des interventions? Une voix: Non.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que le principe du
projet de loi 301, Loi concernant ville d'Anjou, est adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de LaFontaine propose maintenant l'adoption du projet de
loi 301, Loi concernant ville d'Anjou. Y a-t-il consentement pour
déroger à l'article 35 des règles de fonctionnement
concernant les projets de loi d'intérêt privé?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Y a-t-il également
consentement pour déroger à l'article 22 du règlement?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le projet de loi 301, Loi
concernant Ville d'anjou, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, l'article 15 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 159
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): l'article 15 de notre
feuilleton. l'assemblée nationale prend en considération le
rapport de la commission des institutions sur le projet de loi 159, loi
modifiant le code civil du bas canada en matière de tutelle et de
curatelle. y a-t-il des interventions sur ce rapport, m. le leader du
gouvernement?
M. Pagé: Non.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Laviolette? Le rapport de la commission des
institutions portant sur le projet de loi 159, Loi modifiant le Code civil du
Bas Canada en matière de tutelle et de curatelle, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre de la
Justice propose l'adoption du projet de loi 159, Loi modifiant le Code civil du
Bas Canada en matière de tutelle et de curatelle. Y a-t-il consentement
pour déroger à l'article 230 de notre règlement?
Une voix: Oui, consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): II n'y a pas de
débat, pas d'intervention?
Une voix: Non.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le projet de loi 159, Loi
modifiant le Code civil du Bas Canada en matière de tutelle et de
curatelle, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Je vous invite maintenant, M. le
Président, à appeler l'article 7 du feuilleton.
Projet de loi 175
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): L'Assemblée prend
en considération le rapport de la commission des affaires sociales sur
le projet de loi 175, Loi modifiant la Loi sur la sécurité du
revenu. Y a-t-il consentement pour déroger à l'article 253 du
règlement?
Une voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Y a-t-il des
interventions sur ce rapport, M. le leader? M. le député de
Laviolette?
M. Pagé: Non.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): le rapport de la
commission des affaires sociales portant sur le projet de loi 175, loi
modifiant la loi sur la sécurité du revenu, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle propose l'adoption du projet de loi 175, Loi modifiant la Loi
sur la sécurité du reve- nu. Y a-t-il consentement pour
déroger à l'article 230 de notre règlement?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
interventions?
Une voix: Non.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le projet de loi 175, Loi
modifiant la Loi sur la sécurité du revenu, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 17 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 164
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): L'article 17 de notre
feuilleton. L'Assemblée prend en considération le rapport de la
commission des affaires sociales sur le projet de loi 164, Loi modifiant la Loi
sur les allocations d'aide aux familles. Est-ce qu'il y a des
interventions?
Une voix: Non.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): le rapport de la
commission des affaires sociales portant sur le projet de loi 164, loi
modifiant la loi sur les allocations d'aide aux familles, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle propose l'adoption du projet de loi 164, Loi
modifiant la Loi sur les allocations d'aide aux familles. Y a-t-il consentement
pour déroger à l'article 230 du règlement?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): est-ce qu'il y a des
interventions? le projet de loi 164, loi modifiant la loi sur les allocations
d'aide aux familles, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 18 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 172
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 18 de
notre feuilleton, l'assemblée prend en considération le rapport
de la commission des institutions sur le projet de loi 172, loi concernant la
convention des nations unies sur les contrats de vente internationale de
marchandises. y a-t-il des interventions?
Le rapport de la commission des institutions portant sur le projet de
loi 172, Loi concernant la Convention des Nations unies sur les contrats de
vente internationale de marchandises, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre de la
Justice propose l'adoption du projet de loi 172, Loi concernant la Convention
des Nations unies sur les contrats de vente internationale de marchandises. Y
a-t-il consentement pour déroger à l'article 230 du
règlement?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le projet de loi 172, Loi
concernant la Convention des Nations unies sur les contrats de vente
internationale de marchandises, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: L'article 19, M. le Président.
Projet de loi 174
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 19 de
notre feuilleton, l'assemblée prend en considération le rapport
de la commission des institutions sur le projet de loi 174, loi modifiant la
loi sur les tribunaux judiciaires. y a-t-il des interventions?
Le rapport de la commission des institutions portant sur le projet de
loi 174, Loi modifiant la
Loi sur les tribunaux judiciaires, est-il adopté? Des voix:
Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
ministre de la Justice propose l'adoption du projet de loi 174, Loi modifiant
la Loi sur les tribunaux judiciaires. Y a-t-il consentement pour déroger
à l'article 230 de notre règlement?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
interventions?
Des voix: Non.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le projet de loi 174, Loi
modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, à ce moment-ci de
nos travaux, je constate, si on se réfère à notre
programme de la journée, pour terminer cette session, le feuilleton,
qu'il nous reste à adopter l'article 26 du feuilleton qui se
réfère au projet de loi 401, Loi modifiant les régimes de
retraite des secteurs public et parapublic, où on m'a indiqué
qu'il y aurait un débat entre le ministre délégué
à l'Administration et président du Conseil du trésor et un
représentant de l'Opposition officielle. On sait que le président
du Conseil du trésor doit terminer la séance du Conseil de cet
après-midi qui a été reportée de quelques minutes
en raison de la tenue du Conseil des ministres. Alors, l'article 26 du
feuilleton sera appelé dans quelques minutes, lorsque nous reprendrons
nos travaux, et aussi l'article 9 du feuilleton, où devrait être
déposé avant la fin de nos travaux, cet après-midi, le
rapport, pour sa prise en considération et son adoption, du projet de
loi 187, Loi modifiant la Loi sur les loteries, les concours publicitaires et
les appareils d'amusement. C'est ce qui va compléter, M. le
Président, les travaux prévus au feuilleton de l'Assemblée
nationale du Québec pour cette partie de la première session de
la 34e Législature. C'est bien ça. Alors, à ce moment-ci,
je vous demanderais de suspendre pour quelques minutes.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je suspends les travaux
de l'Assemblée pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprisée 18 h 21)
Le Président: Mesdames et messieurs les
députés, veuillez prendre place, s'il vous plaît!
Nous allons poursuivre les travaux. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 26 du feuilleton.
Projet de loi 401 Adoption
Le Président: À l'article 26 du feuilleton, M. le
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique et président du Conseil du trésor propose la
motion d'adoption du projet de loi 401, Loi modifiant les régimes de
retraite des secteurs public et parapublic. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. le ministre et président du Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Suite aux discussions
qui sont intervenues ici lors de l'adoption des autres étapes de ce
projet de loi, il s'est avéré, et la députée de
Taillon a soulevé le cas, que les agents de la paix en services
correctionnels du Québec, qui sont membres d'un des régimes de
retraite dans lequel nous comptons intégrer, d'une part, les
employés de l'institut Pinel à Montréal, qui est un milieu
correctionnel mais psychiatrique, comme on le sait, où environ 400
personnes ont le même statut d'agent de la paix en services
correctionnels; donc, à notre sens, ils devraient être
intégrés dans ce régime de retraite. Régime de
retraite auquel nous intégrons également des cadres
intermédiaires en milieux correctionnels. Cette décision, dis-je,
semble avoir suscité des préoccupations et des
inquiétudes...
M. le Président, j'ai un petit peu de difficulté...
Le Président: Je vous comprends, M. le leader adjoint du
gouvernement et président du Conseil du trésor. Je demanderais
à nos collègues la collaboration nécessaire pour que le
ministre puisse prononcer son intervention en toute quiétude. Alors, M.
le ministre.
M. Johnson: Je sais que la session tire à sa fin, M. le
Président, et que c'est une matière passablement aride, mais elle
implique 2000 travailleurs du secteur public, dont 1370 agents de la paix en
milieux correctionnels qui ont des inquiétudes sur les effets que
l'intégration de certains employés de l'institut Pinel peut avoir
sur leur régime de retraite. Je leur dis tout de suite que, dune part,
comme employeurs, nous avons l'intention de protéger tous les droits,
tous les bénéfices et avantages des membres actuels de ce
régime de retraite des agents de la paix en services correctionnels. Je
le dis d'autant plus que l'intégration des quelque 700 personnes que
j'ai décrites tout à l'heure, compte tenu du profil de ces
personnes, résulte en un coût de régime plus bas
qu'actuellement. Il y a donc un bénéfice immédiat, au
point de vue financier, à l'intégration de cette cohorte
d'employés dans ce régime de retraite. J'ajoute que si,
d'aventure, toujours au point de vue financier, il se dégageait, suite
à des évaluations actuarielles, des surplus dans le régime
de retraite existant, en aucun cas - je formule ici l'engagement, de mon
siège, comme employeur et représentant de l'employeur - nous
n'entendons utiliser ces surplus pour bonifier les conditions de retraite de
qui que ce soit, sauf les personnes qui sont membres du régime
actuellement. Donc, d'aucune façon, les personnes
intégrées, à partir du 1er janvier prochain, ne pourraient
bénéficier de quelque surplus que ce soit qui aurait pu
s'accumuler dans le régime de retraite.
C'est donc à ce titre qu'il s'ensuit que nous ne pouvons non plus
accepter une comptabilisation distincte. Il n'y a pas de raisons de
comptabiliser de façon différente et distincte le régime
de retraite à l'égard d'un groupe plutôt que d'un autre
groupe de nos employés dans le même régime, compte tenu,
évidemment, de ce que je viens de dire à l'égard du
surplus, de nos engagements à ce titre, d'autant plus qu'il n'y a aucun
coût supplémentaire sur la tête des membres actuels du
régime, suite à l'intégration prévue de 700
nouvelles personnes.
Il n'y a pas non plus de possibilités que nous intégrions,
éventuellement, des gens qui ne répondent pas au profil des
agents de la paix en services correctionnels, donc, les gardiens de prison - on
va les appeler par leur nom - que tout le monde connaît. Les
représentants du syndicat des agents de la paix ont indiqué que
peut-être des gens qui viennent de milieux de la délinquance ou de
soins psychiatriques pourraient, éventuellement, être
intégrés. Ce n'est pas du tout le cas. Je pense qu'on n'a pas
très bien saisi le but du régime. C'est un régime qui
tient compte du fait que des gens agissent en milieux correctionnels. Ce sont
donc des gardiens dans des prisons québécoises. Il n'est donc pas
question d'intégrer qui que ce soit d'autre. Il n'y a qu'un institut
comme l'institut Pinel, et on intègre les travailleurs de l'institut
Pinel dans le régime actuel.
La dernière préoccupation qui m'a été
exprimée, compte tenu du nombre d'employés que le syndicat
représente, est celle de contrôler le forum dans lequel se
décident des aménagements ou des ajustements éventuels par
voie de négociations suite à des ententes au comité
paritaire dans lesquelles, dis-je, se transigeraient des
ajustements au régime de retraite. Je formule ici un autre
engagement, celui que trois des membres de ce comité appartiennent au
syndicat des agents de la paix en services correctionnels et qu'un autre
représentant sur le comité vienne, cette fois, du groupe des
employés qui seront intégrés. On voit donc la
majorité qui est remise dans les mains, comme ça se doit. Ils
sont de loin les plus nombreux. Ils représentent plus des deux tiers des
gens qui seront visés par le régime.
Donc, il y aura trois représentants de ce syndicat, mais
évidemment, comme employeur, je le dis également, nous avons
à tenir compte des besoins qui sont formulés et des opinions qui
sont exprimées par les autres représentants des autres groupes
syndicaux qui peuvent être touchés par ce régime.
M. le Président, ce sont des précisions que je voulais
apporter. Je vais au-delà de ce que je formule de mon siège. J'ai
également, hier soir, signé une lettre à l'intention du
président du Syndicat des agents de la paix, de leurs
représentants, explicitant ce que je viens de dire, couchant donc sur
papier ces engagements que je formule au nom du gouvernement comme partie
employeur. Je crois comprendre que c'est à la totale et complète
satisfaction de la partie syndicale que les propos que je viens de tenir, et
qui sont consignés ici dans une lettre que je leur ai
expédiée ou qui est expédiée ces minutes-ci, que
c'est à leur complète satisfaction que ces engagements sont
maintenant formulés, ces explications sont données.
Le Président: Merci, M. le président du Conseil du
trésor. Maintenant, je vais reconnaître Mme la
députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais
remercier aussi, à mon tour, le président du Conseil du
trésor pour apporter les informations qu'il nous donne à ce
moment-ci de l'étude du projet de loi 401.
Lorsque nous avons fait l'étude article par article et dans les
débats que nous avons eus tout au long du processus, j'avais
demandé à quelques reprises au ministre si les consultations
avaient bien eu lieu auprès des différents groupes
concernés. Je m'étais enquise de la même façon
auprès des responsables des régimes pour savoir si ces
consultations s'étaient faites. Dans tous les cas, on m'avait dit que
ça avait été fait. J'admets que cela avait
été fait, mais il y avait probablement eu des problèmes de
communication ou de mauvaise compréhension de ce que faisaient comme
corrections les amendements apportés par la loi que nous étudions
actuellement. Lorsque le Syndicat des agents de la paix nous a fait parvenir
copie des documents qu'il avait envoyés au ministre, nous étions
déjà très avancés dans le processus de
l'étude du projet de loi, et j'avoue que ça m'a un petit peu
inquiétée. (18 h 30)
Cela étant dit, avec les informations supplémentaires que
le ministre nous a données, les engagements qu'il a pris, je crois que
cela devrait rassurer le Syndicat des agents de la paix en services
correctionnels quant à leurs craintes, quant à leurs
interrogations. Je suis donc prête, M. le Président, à ce
que nous adoptions le projet de loi.
Le Président: très bien, mme la
députée de taillon. il n'y a pas d'autres interventions? en
conséquence, est-ce que la motion d'adoption du projet de loi 401, loi
modifiant les régimes de retraite des secteurs public et parapublic, est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Donc, le projet de loi 401
est adopté. M. le leader... Excusez-moi. Oui. M. le président de
la commission du budget et de l'administration et député de
Vanier, pour un dépôt de rapport.
M. Lemieux: Oui, M. le Président.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt du rapport?
Des voix: Consentement.
Le Président: Consentement. M. le député de
Vanier, vous avez la parole.
Dépôt de rapports de commissions
Étude détaillée du projet de loi 187
M. Lemieux: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
faire rapport que la commission du budget et de l'administration a
siégé le 18 décembre 1991 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 187, Loi modifiant la
Loi sur les loteries, les concours publicitaires et les appareils d'amusement.
Le projet de loi a été adopté avec des amendements.
Le Président: alors, je vous remercie, m. le
député. le rapport est donc déposé. je comprends
que c'est la volonté de la chambre que nous procédions à
la prise en considération du rapport de la commission. très bien.
est-ce qu'il y a consentement pour que nous procédions dès
maintenant à la prise en considération du rapport?
Une voix: Consentement.
Projet de loi 187
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Président: Consentement. Nous allons donc
procéder à la prise en considération du rapport de la
commission du budget et de l'administration qui a procédé
à l'étude détaillée du projet de loi 187, Loi
modifiant la Loi sur les loteries, les concours publicitaires et les appareils
d'amusement. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, simplement, pour souligner...
Pour les écritures, on présume que j'ai appelé l'article 9
du feuilleton.
Le Président: Oui, exactement, c'est ce que j'ai dit et
j'imagine que c'est la volonté de la Chambre que nous procédions
à l'adoption du rapport. Très bien. Est-ce qu'il y a des
interventions? Alors, M. le ministre du Revenu, pour une intervention au moment
de l'adoption du rapport de la commission.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui, M. le Président. Après avoir
travaillé ensemble tout l'après-midi sur le projet de loi, projet
de loi qui comporte six articles, finalement, je peux vous dire que le
résultat du travail de la commission a été fort
apprécié. Ça a donné lieu à deux amendements
et ça nous a permis aussi de bien expliquer aux membres de la
commission, d'échanger avec eux et de recevoir leurs commentaires en ce
qui concerne le projet de loi qui, finalement, a été
étudié et qui, je pense, reçoit l'assentiment de la
majorité des membres de la commission.
À cet effet, M. le Président, comme vous le savez, le
projet de loi vise justement à permettre à la Régie des
loteries d'autoriser à un organisme local, suite à une entente
intervenue et, évidemment, sujette aux lois qui régissent ce
genre d'activité et, en particulier, la loi concernant les loteries, de
permettre à un organisme local sur une réserve ou à un
établissement fixé en tant que tel par règlement
d'émettre des permis de bingo. Mais là encore, je le
répète, aux mêmes conditions qu'actuellement peuvent avoir
lieu des bingos sur l'ensemble du territoire du Québec.
M. le Président, pour terminer une année de travail qui a
été particulièrement achalandée, je tiens à
souligner que nous avons, je pense, bien terminé l'année, avec un
avis favorable.
Une voix:...
Le Président: Alors, merci, M. le ministre du Revenu. Je
vais maintenant reconnaître M. le leader de l'Opposition et
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président, je suis très
heureux, très très heureux de constater que le ministre a pu
apprécier notre travail.
Une voix: Bravo!
M. Chevrette: M. le Président, j'en suis très
heureux parce que je vous avoue que ce type de projet de loi que nous avons
adopté en commission cet après-midi démontre, encore une
fois, un esprit auquel, moi, je ne peux concourir. Fondamentalement, qu'est-ce
qu'on a essayé de faire, M. le Président? C'est de donner un
rôle à jouer aux parlementaires dans ce projet de loi.
Le projet de loi, à toutes fins pratiques, M. le
Président, qu'est-ce qu'il disait? C'est ceci: Je veux me donner le
pouvoir de conclure des ententes. C'est tout. C'est ça, pas plus que
ça. On devra respecter les lois de la Régie des loteries, etc.,
mais je veux me donner un pouvoir de conclure des ententes avec
différentes réserves autochtones, ou encore avec certains
établissements, entre guillemets, ce qui signifie des territoires qui
n'ont pas nécessairement la structure de réserve.
M. le Président, après un argument serré entre le
député - non pas de Sept-lles mais de Duplessis - et le
député de Montmorency, nous avons réussi à
introduire quelques amendements. Tout d'abord, un premier amendement qui
définissait l'autorité, au moins minimum, à être
reconnue, c'est-à-dire les conseils de bande. Également, M. le
Président, nous avons tenté, au cours de cette plaidoirie qui a
duré, et c'est vrai, plusieurs heures, même s'il y avait seulement
six articles, nous avons voulu introduire deux amendements majeurs. Nous
voulions, nous, dans la conjoncture actuelle, que les ententes soient ou bien
prépubliées dans la Gazette officielle ou bien encore
fassent l'objet d'une consultation minimale auprès de la commission du
budget et de l'administration.
Les deux amendements, M. le Président, ont été
rejetés; ils ont été rejetés. J'ignore pourquoi,
mais je sais qu'on a donc de la misère à faire en sorte que la
réforme parlementaire de 1984 puisse porter certains fruits. À
toutes fins pratiques, on a assisté à une démonstration,
M. le Président, que je qualifierai de pour le moins surprenante. On a
même réussi à donner un cours sur ce qu'était un
gouvernement par rapport à une équipe ministérielle.
Ça ne fait rien, ça n'a pas été retenu encore
jusqu'à date, mais peut-être que la répétition
permettra au ministre du Revenu de comprendre que, dans un Parlement, il y a un
gouvernement, qui est le Conseil exécutif, et il y a des parlementaires
qui font partie soit de l'Opposition, soit du parti ministériel, mais
qui ne constituent pas le gouvernement. Pour avoir été
"backbencher" moi-même, je vous dis qu'on n'est pas du gouverne-
ment, même si on est partie de la formation ministérielle.
J'aurai beau le répéter; il ne l'admet pas.
Ce qui nous a amenés, M. le Président, à avoir une
proposition du ministre délégué aux autochtones qui, se
voyant un petit peu gêné du fait qu'il ne voulait pas nous
consulter, se voyant gêné du fait qu'il n'acceptait pas de publier
dans la Gazette officielle, il a été obligé de me
dire: Bien, au moins, je vais les rendre publiques, mes ententes, dans les 15
jours de leur signature ou dans les 15 jours de la reprise de la session, si on
est dans une intersession. Donc là, pour une fois, on va pouvoir,
j'espère, pendant quelques mois, au moins ne pas avoir à exiger,
par la loi d'accès à l'information ou encore par des moyens
quelconques, d'aller chercher l'information. Au moins, après coup, on
aura les ententes en cette Chambre.
M. le Président, je me permets de donner un exemple pour bien
faire comprendre pourquoi on argumentait, nous, les parlementaires, et
ça, je pense, des deux côtés de la Chambre. On a eu
à faire face, pas plus tard que cette semaine et la semaine
dernière, à un type d'entente qui était secret entre
Hydro-Québec et un groupe d'Akwesasne. Nous, les parlementaires, on ne
sait même pas ce qu'il y a dedans et il faut répondre à nos
concitoyens qui nous le demandent.
Le dernier article de cette entente-là, c'était typique,
c'est: Les parties s'engagent à ne rendre publique dans aucun
média d'information ladite entente. C'est nous autres qui sommes
élus, c'est nous autres qui avons à répondre à nos
concitoyens, c'est nous autres qui avons à dire à nos gens: Je ne
sais pas ce qu'il y a dedans. Tu demandes à Hydro-Québec, tu dis:
Ils ont pris l'entente que... Les autres ne veulent pas que ce soit rendu
public et c'est nous autres qui avons à répondre devant le monde.
Ça ne peut pas marcher bien bien longtemps, ça.
Le fait de l'avoir après, maintenant, empêche tous les
parlementaires ici de donner leur opinion. Tu arrives avec une entente, elle
est déposée, mais on n'aura pas pu l'influencer. On n'aura pas pu
dire: Bien ça, c'est dangereux. Par exemple, la sécurité
à accorder durant les bingos sur les territoires où on accorde
des licences de bingo, par qui ce sera assuré, ça? Comment ce
sera assuré, ça? C'était fondamental. C'est des points
fondamentaux quand on a à conclure des ententes. À quel type
d'organisme ce sera confié? Est-ce qu'on pourra vérifier la
qualité ou les qualités morales de ceux qui ont à
délivrer ces permis? Dans la Loi sur les loteries et courses, vous savez
qu'on peut même s'enquérir du casier judiciaire. On peut
s'enquérir de la solvabilité de ceux qui demandent un permis. On
peut s'enquérir de la façon dont ils gèrent l'argent qui
leur provient des loteries.
Mais là, on ne peut pas dire quoi. Ils vont conclure une entente
et on verra après. C'est ça, la situation, ce qui m'a
forcé dans une tentative au moins pour permettre au ministre d'avoir un
petit peu de cohérence vis-à-vis des parlementaires, parce que
j'ai senti personnellement la frustration autant de la part de l'Opposition que
du parti au pouvoir là-dessus. Pour ceux qui pensent que la
réforme parlementaire doit donner un tant soit peu le droit de parole
aux députés en cette Chambre, j'ai tendu une perche que je vais
retendre à ce stade-ci, M. le Président. C'a été
dit en bas; je veux l'avoir en Chambre. (18 h 40)
M. le Président, le minimum au moins que le ministre peut donner
à ce stade-ci, c'est l'assurance qu'il y aura une commission
parlementaire de trois jours où les députés pourront dire
ce qu'ils pensent devrait aller dans une entente-cadre. Ils pourront aller dire
leurs préoccupations. Ils pourront aller dire ce qu'ils pensent des
différentes choses à être comprises dans cette
entente-là, que ce soit sur la sécurité, sur la
solvabilité, sur des événements qui font partie au moins
d'une entente pour qu'on ne se ramasse pas, encore une fois, devant des
fiascos, surtout que les ententes ne seront connues qu'a posteriori. Au moins,
on aura pu dire avant ce qu'on pense comme parlementaires, ce qu'il devrait y
avoir dans ce type d'entente-cadre. Il existe des précédents, de
toute façon, dans certaines provinces canadiennes, me dit-on. Donc, on
pourra s'inspirer de cela.
On pourra inviter des groupes à venir nous dire... Je sais, par
exemple... Le ministre nous confiait que la Sûreté du
Québec a été interrogée là-dessus. Qu'ils
viennent nous dire publiquement ce qu'ils en pensent. Certains groupes qui ne
sont pas nécessairement impliqués dans une négociation,
parce que le ministre délégué aux Affaires autochtones
nous faisait remarquer que ça pouvait être embêtant,
pourraient nous dire ce qu'ils attendent de ça.
Ça pourrait peut-être permettre aux députés
ici de faire des suggestions, même pour la loi des loteries, soit dit en
passant. Je donnais des exemples au ministre, où là, on va voter
une loi qui va permettre à des groupes autochtones, à des
réserves d'avoir la permission d'émettre des permis et, durant ce
temps-là, on a des municipalités dans nos comtés qui ne
sont même pas capables d'obtenir la permission de faire un tirage pour
pouvoir bâtir leur centre communautaire. je l'ai dit et je vais le
répéter à la caméra, m. le président, ici,
à l'assemblée nationale, qu'il nous faut cesser de donner l'image
du deux poids, deux mesures. il nous faut être capables d'expliquer
fondamentalement ce qu'on pense du traitement à donner aux citoyens
québécois, quelle que soit leur couleur, quelle soit leur race,
quelle soit leur langue. il faut avoir une gestion le moindrement
équitable pour l'ensemble de nos concitoyens. si, aujourd'hui, il y a de
l'animosité et de l'incompréhension, si, aujourd'hui, il y a des
gens qui en sont réduits à
penser à identifier le problème autochtone dans son
ensemble à des problèmes particuliers qui se passent au niveau de
groupes particuliers, c'est notre devoir, comme parlementaires en cette
Chambre, de rectifier ces tirs. Mais, pour pouvoir le faire, il faut qu'on nous
en donne l'opportunité. Il ne faut pas qu'on nous laisse exclusivement
le rôle ingrat de questionner sur les folies de groupuscules, mais qu'on
puisse parler également d'ententes cohérentes qui peuvent amener,
précisément, à responsabiliser les gens pour qu'ils se
prennent en main et qu'ils conduisent les dossiers correctement.
C'est ça, fondamentalement, qu'on a plaidé tout
l'après-midi. Ça a paru difficile. Oui, ça a paru
difficile. Ça a paru long pour le ministre, sûrement. Mais peu
importe la longueur, je lui demande, de son siège, dans sa
réponse, de nous dire s'il se rend au moins à la demande minimale
que nous lui avons faite. Je crois que ce serait répondre non pas
à un voeu de l'Opposition, mais à un voeu des parlementaires qui
ont à voter ces législations, qui ont à les expliquer et,
pire encore, qui, par la suite, ont à subir l'ensemble des questions
dont ils ne sont même pas responsables et dont ils ignorent même
les prémisses. Donc, à partir de ce fait-là, dans son
droit de réplique, M. le Président, j'apprécierais que le
ministre, au niveau du rapport - parce qu'il a cinq minutes après chaque
intervention - puisse nous dire s'il prend l'engagement, de son siège,
de tenir une telle commission parlementaire, avec la souplesse qu'on a
exprimée au niveau de la commission, en espérant qu'il pourra
reconnaître que les parlementaires ont le droit de savoir. Merci, M. le
Président.
Le Président: À ce moment-ci, je reconnais le
ministre du Revenu pour une intervention d'un maximum de cinq minutes.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. Ce ne sera certainement
pas cinq minutes parce que, effectivement, nous avons parlé d'une
séance additionnelle qui sera tenue dans le contexte de deux, trois
jours de travail de la part de la commission du budget et de l'administration
pour, justement, examiner l'ossature, la structure d'une entente-cadre à
intervenir, qui pourrait servir de base; ça ne présente pas de
difficulté. Je pense qu'effectivement ça pourrait être
intéressant pour les membres de se livrer à un exercice comme
ça, compte tenu qu'une fois que l'entente sera signée elle devra
être déposée à l'Assemblée nationale et parce
que, aussi, on voudrait certainement lui donner une bonne orientation. Je pense
que c'est une bonne suggestion, c'est de bon aloi et qu'on peut facilement se
rallier à cette proposition-là. Je suis certain que cette
orientation-là est partagée par les membres de la commission du
budget et de l'administra- tion.
Pour ce qui est d'entendre les différentes parties, je pense
qu'il y a quand même des mécanismes. Il va falloir regarder mais,
par exemple, entendre la Sûreté du Québec, si tel est le
voeu des membres de la commission, je ne m'objecterai certainement pas à
la tenue d'une telle présentation.
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que le rapport de la commission du budget et de
l'administration qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 187 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je propose l'adoption de ce
projet de loi.
Adoption
Le Président: Très bien. Donc, pour la motion
d'adoption du projet de loi, est-ce qu'il y a consentement pour que nous
procédions immédiatement à cette motion d'adoption du
projet de loi? Consentement. Il y a consentement également relativement
à la dérogation eu égard à la date de
présentation du projet de loi? Consentement, également. En
conséquence, M. le ministre du Revenu propose maintenant la motion
d'adoption du projet de loi 187, Loi modifiant la Loi sur les loteries, les
concours publicitaires et les appareils d'amusement. Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le ministre du Revenu.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Je ne pense pas qu'il serait nécessaire
d'ajouter autre chose à ce moment-ci, M. le Président, sauf pour
remercier les membres de la commission pour leur bon travail qui a eu lieu cet
après-midi. Tous et toutes, les membres de la commission, je pense, ont
bien travaillé. Qu'il me soit permis, M. le Président...
Finalement, je pense que c'est la dernière fois que je vais avoir
l'occasion de prendre la parole sur ce sujet à ce moment-ci. Qu'il me
soit permis certainement de souhaiter joyeux Noël et bonne année
à tous les membres de la commission ainsi qu'aux permanents et, de
même, j'inclus bien sûr là-dedans ceux qui ont
siégé là-dessus exceptionnellement cet après-midi
et j'entends par cela le député de Joliette de même que le
député de Duplessis.
Le Président: Alors, merci, M. le ministre. Je vais
maintenant céder la parole à M. le député de
Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Alors, merci, M. le Président. Nous avons
assisté, cet après-midi, à une commission parlementaire
qui était, encore une fois, une commission qui découlait d'un
projet de loi qui fut présenté le 6 décembre dernier par
le gouvernement, sous la tutelle du ministre du Revenu du Québec. Nous
avons assisté aussi, encore une fois, en fin de session, au fait que le
projet de loi 187, qui amende la Loi sur les loteries, soit
présenté, soit appelé en commission parlementaire par le
leader du gouvernement la dernière journée de la session.
Durant quelques heures, nous avons eu l'occasion de démontrer, en
ce qui nous concerne, la transparence et de démontrer aussi, bien
sûr, que nous voulions faire en sorte non seulement d'aider les nations
autochtones, mais aussi d'aider le gouvernement à passer à
travers des problèmes qui existent actuellement. On sait, M. le
Président, que ce projet de loi, il existe actuellement pratiquement
strictement à cause des bingos.
Nous avons eu l'occasion, au cours de cette commission parlementaire, de
proposer des amendements qui ont été mentionnés tout
à l'heure par le député de Joliette et leader de
l'Opposition et qui, d'ailleurs, ont été refusés de
façon non transparente par le gouvernement et, en particulier, par le
ministre du Revenu ainsi que par le ministre délégué aux
Affaires autochtones.
Donc, sur les deux amendements que nous avions apportés, il est
sûr que le gouvernement, c'est-à-dire le niveau
ministériel, s'est prononcé à rencontre. Par contre, notre
ouverture d'esprit a fait en sorte que nous votions en faveur d'un amendement
qui était apporté par le gouvernement sous une condition sine qua
non, c'est à l'effet que nous ayons effectivement une commission
parlementaire pour étudier une entente-cadre.
À partir du moment où le gouvernement, en commission
parlementaire, s'est engagé à cet effet, je crois qu'il est
nécessaire, pour l'Opposition, de voter en faveur du projet de loi
lui-même, mais sous la condition sine qua non de l'engagement du
gouvernement par rapport à la commission elle-même.
D'autre part, M. le Président, je voudrais vous dire que nous
aurions préféré, et ce, de loin, que le gouvernement
arrive avec un projet de loi. S'il voulait régler le problème de
Mashteuiatsh, il avait juste à présenter un projet de loi se
rapportant à Pointe-Bleue. Mais ce n'est pas ça qu'il a fait. Il
a préféré présenter une entente-cadre qui a fait en
sorte... pas une entente-cadre, mais une loi-cadre qui est tout à fait
nouvelle, parce que pour nous, c'est du droit nouveau, et on s'est
ramassés avec en commission parlementaire et on a dû
étudier ça article par article, puis il y avait vraiment des
accro- chages qui existaient au niveau de certains points de chacun des
articles. (18 h 50)
Et à partir du moment où le gouvernement avait
décidé de son propre chef de nous présenter ce projet de
loi de façon générale au lieu de s'adresser directement,
strictement à Pointe-Bleue, bien sûr que nous avons dû y
travailler. Et je pense que, de ce côté-là, nous, de
l'Opposition, avons fait notre travail, autant le député de
Montmorency et le député de Joliette que le député
de Pointe-aux-Trembles et moi-même, en commission parlementaire.
Je voudrais conclure, M. le Président, en vous disant ceci: En ce
qui me concerne et en ce qui nous concerne, il est clair que l'engagement du
gouvernement à l'effet de tenir une commission parlementaire, et ce,
dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, en vue d'étudier
une entente-cadre et possiblement pour obtenir que des personnes et des groupes
viennent se présenter au niveau de la commission pour discuter de cette
entente-cadre, je crois qu'il est important que nous le soulignions à
cette Assemblée nationale. Et je tiens, bien sûr, à
souhaiter toutes les chances du monde à toutes les personnes qui, de
près ou de loin, vont devoir travailler aux ententes qui sont
prévues à l'article 3 de la loi 187. Je souhaite la meilleure des
chances aussi à toutes les nations autochtones et à tous leurs
représentants et représentantes qui devront négocier avec
le gouvernement ces ententes.
M. le Président, je tiens à remercier aussi mes
collègues de l'Opposition qui ont travaillé au niveau de la
commission et, bien sûr, certains ministériels qui ont
été très collaborateurs. Merci, M. le
Président.
Le Président: Je vais reconnaître maintenant M. le
ministre délégué aux Affaires autochtones.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Je ne serai pas très long, M. le
Président. Étant donné que c'est la fin de tout ce
processus, peut-être quelques mots de remerciement, surtout. Je vais
commencer par l'Opposition officielle pour la remercier de son appui et de son
support, finalement, dans l'approbation et l'adoption de ce projet de loi.
Un commentaire sur la date du dépôt: ce n'était
nullement pour autre chose, M. le Président, le fait que ça ait
été déposé le 6 décembre; c'est parce que le
rapport final du groupe de travail avec Mashteuiatsh a été
produit après la date limite du 15 novembre, et les discussions n'ont pu
se finaliser avec cette communauté qu'après la date limite de nos
règles de dépôt, ici, en Chambre. Et c'est pour cette
raison-là que ça a été amené par la
suite.
M. le Président, je tiens simplement à souligner que ce
qui est nouveau dans ce projet
de loi et ce qui est bon dans ce projet de loi, c'est que nous avons la
démonstration qu'il y a des possibilités de s'entendre avec les
communautés autochtones, d'avoir des communautés qui veulent
travailler dans l'équité avec le reste de la population, accepter
de suivre les règles qui s'appliquent aux autres, mais qu'on les
applique, ces règles-là, d'une façon différente, en
autant que la différence ne crée pas de privilège ni de
situation d'iniquité, en autant que les différences nous
permettent de résoudre des problèmes. Je pense que c'est
ça qu'il faut qu'on recherche, parce qu'il ne faut pas oublier que le
tout s'est fait dans l'esprit et dans la lettre même des principes qui
ont été adoptés ici, en cette Chambre, et qui
reconnaissent qu'il s'agit de négociations ou d'une entente qui est
intervenue entre le gouvernement du Québec, d'une pan", et une
composante d'une nation autochtone, d'autre part. Et c'est pour cette raison
qu'on ne voulait pas assimiler le traitement de ces ententes à un
traitement particulier quant aux amendements que présentait l'Opposition
pour faire, par exemple, entendre une commission parlementaire avant l'adoption
de l'entente ou même de prépublier.
Quant à l'amendement que j'ai présenté, ce
n'était nullement par gêne, c'était pour rendre plus clair
ce qui était déjà convenu. Étant donné que
les ententes seraient adoptées par décret, M. le
Président, on sait que les décrets sont déjà
publiés dans la Gazette officielle du Québec et, par ce
fait même, publics. Suite aux représentations qui ont
été faites, j'ai suggéré qu'on pourrait même
présenter et déposer ces ententes à l'Assemblée
nationale pour encore plus de transparence et d'évidence, et je suis
content de voir que, finalement, on a pu s'entendre avec l'Opposition.
Tout simplement, un mot de remerciement en particulier au chef Kurtness
pour sa collaboration durant toutes ces discussions qui ont duré bien
longtemps, non pas seulement sur les bingos, mais sur autre chose; à mon
collègue, le ministre du Revenu qui a, tout le long de ce
processus-là, apporté son appui et sa collaboration, ainsi que
tout le reste des collègues, les membres du caucus, les membres de la
commission parlementaire qui, effectivement, ont dû en fin de session,
à la dernière minute, être présents durant tout ce
temps, M. le Président, pour l'adoption finale de cette loi. Merci.
Le Président: Alors, je cède maintenant la parole
au leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. L'Opposition
officielle a donné son consentement, mais sans son consentement, cette
loi ne serait pas votée parce qu'elle a été
déposée en retard, après le 14 novembre, parce qu'elle a
été appelée seulement hier soir, tard en soirée, et
parce qu'on a bien voulu y apporter notre concours pensant
qu'éventuellement cet instrument pourrait servir à certains
rapprochements. Si nous avons donné notre consentement et que nous
voterons pour, maintenant, en troisième lecture, c'est que le ministre a
pris l'engagement formel en cette Chambre, il y a quelques minutes, de tenir
une commission parlementaire sur une entente-cadre. Nous allons y travailler
fermement parce que nous croyons que c'est une commission parlementaire qui
pourrait contribuer à rectifier des faits, contribuer à
démystifier certains gestes qui sont posés, et peut-être
contribuer également à faire en sorte qu'on recherche la plus
grande équité dans le traitement de nos concitoyens à
partir d'organismes publics. Ça, c'est de la transparence qu'on a
demandée, qu'on a voulu exiger parce qu'on pense que c'est important
dans la conjoncture où les gens prêtent énormément
d'intentions et où on interprète les faits de façon
très différente, précisément parce qu'on manque
d'information et qu'on laisse accréditer dans le public un paquet de
choses parce qu'on manque de transparence à l'Assemblée
nationale.
Donc, M. le Président, moi, je pense que l'Opposition a
joué un rôle. Oui. le ministre du Revenu a tenu à remercier
d'une façon bien précise mon collègue de Duplessis. Moi,
je vais le remercier aussi, et remercier le collègue de Montmorency qui
a fait un bout avec nous. Je ne sais pas si le projet de loi 170, sur la TVQ, a
fait en sorte qu'il oublie mon collègue de Montmorency mais, moi, je le
fais, et je le remercie d'avoir participé avec nous, cet
après-midi également, à un bon bout de cette
séance.
Je ne demanderai pas de vote enregistré. Je vous dirai, à
ce stade-ci, que nous sommes pour l'adoption à l'unanimité.
Le Président: II n'y a pas d'autres interventions? En
conséquence, est-ce que la motion d'adoption du projet de loi 187, Loi
modifiant la Loi sur les loteries, les concours publicitaires et les appareils
d'amusement, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Donc, le projet de loi 187
est adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Bilan et voeux M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président, selon l'ordre du jour
qui m'a été confié et selon ce que nous avons
annoncé, cette adoption termine nos travaux pour cette session.
Il m'appartient donc, à ce moment-ci, au nom du gouvernement,
avant de faire la motion d'ajournement que vous soupçonnez, de
formuler
au nom de notre groupe parlementaire du gouvernement, nos meilleurs
voeux de Noël et de bonne année pour 1992, une année
difficile, s'il en sera! Vous aurez, M. le Président, et je pense
à vous au premier chef, à présider encore une fois nos
travaux en ce 200e anniversaire de l'institution de notre régime
parlementaire, démocratique, représentatif. M. le
Président, vous le faites - je m'exprime au nom de tous les
collègues - avec distinction, avec classe, avec le mélange de
sobriété et de panache que cet événement, que ce
bicentenaire pourra requérir. Pour la plupart d'entre nous, et pour vos
électeurs, je devrais plutôt dire, vous êtes le
député de La Pinière. Pour nous, vous êtes M. le
Président, et vous avez à composer avec l'opposition - terme
générique - que notre système parlementaire requiert
à l'occasion de nos débats. Vous faites plus que l'impossible,
à certains égards, afin de maintenir l'ordre en cette Chambre,
nos téléspectateurs en sont les témoins quotidiens.
Je veux également remercier et souhaiter de joyeuses fêtes
à nos collègues, les députés de Frontenac et de
Jeanne-Mance, les vice-présidents qui vous assistent si bien dans votre
tâche, nos collègues ministériels et de l'Opposition que le
leader parlementaire de l'Opposition a salués au passage tout à
l'heure à sa façon qu'on lui connaît bien, avec une pointe
d'humour et d'ironie, quant au rôle particulièrement ingrat qui
est réservé aux députés qui ne sont pas
appelés à faire partie de ce qui s'appelle le gouvernement. (19
heures)
Dans notre système, il y a très certainement des tensions
créatrices qui voient le jour, compte tenu de la composition d'un parti
politique, compte tenu de la composition de l'Assemblée nationale. Le
rôle central que jouent les députés dans notre
système ne peut être passé sous silence. J'en profite pour
souligner que, quant à nous, nous avons, cette année, encore une
fois, pu bénéficier des lumières des groupes de
députés auxquels des mandats spécifiques ont
été confiés par certains membres de l'exécutif, qui
ont fait avancer les choses, nous ont permis de regarder certains dossiers sous
un éclairage nouveau. Au moins un autre député, le plus
récent à date, a réussi à associer son nom, le
député de Chauveau, au rapport Poulin. Ce sont des choses qui,
à mon sens, doivent être soulignées car elles illustrent
parfaitement bien le rôle proactif que les députés peuvent
jouer en cette Chambre. Il est évident que j'ai les mêmes
sentiments, et que je souligne les mêmes talents à l'endroit de
nos collègues de l'Opposition "as well as those Members, some of the
independent Members, who have been sitting here for the last two years or
so".
Très certainement, M. le Président, je veux
également souligner la contribution du secrétaire
général et de son équipe, les gens de la table, comme nous
les appelons. D'aucuns y verraient, dans leurs actions et dans leur soutien
constant de nos traditions, des gens qu'on pourrait qualifier de garde
prétorienne du droit parlementaire au Québec. Ils méritent
amplement cette étiquette. On connaît la difficulté qu'il y
a, dans des circonstances où les débats sont
particulièrement chauds, de bien interpréter le règlement
de sorte que nos travaux se déroulent et progressent tout en faisant en
sorte que les droits des parlementaires soient respectés et que les
initiatives des députés puissent évidemment, elles aussi,
progresser.
Évidemment, au-delà de tout ce personnel, il y a, tout
également, le personnel de soutien de la Chambre et des commissions
parlementaires, nos pages qui nous assistent dans nos tâches
quotidiennes. Lorsque je pense aux pages, à mon sens, je pense toujours
à celui qui, pour moi, est le chef des pages, M. Drolet, qui est, en ce
moment, à votre droite, qui est ici, si j'en crois la petite histoire,
depuis aussi longtemps que le député de Bonaventure. je souligne
donc les mérites de tous ces adjoints, tous ces collaborateurs que nous
avons, ceux qui, au journal des débats, à la transcription
et à la télédiffusion des débats, dans le langage
populaire, se tapent nos discours, comme si ce n'était pas suffisant de
nous les infliger les uns aux autres. ils sont également
consignés par écrit et de façon audiovisuelle, m. le
président, vous le savez, avec les risques que ça comporte pour
tous ceux qui s'expriment en public ici, ayant sollicité un mandat de
leurs électeurs.
Les gens qui nous alimentent également et voient à notre
sustentation, le personnel et les membres du personnel du Parlementaire, le
restaurant Le Parlementaire, et du Mini-Débat. Aussi, tous ceux qui
veillent à notre sécurité en ces lieux ouverts au grand
public, avec raison, et c'est souhaitable que ça demeure comme
ça.
Je terminerais avec une mention toute spéciale pour nos
collaborateurs dans nos cabinets de député, dans nos
comtés. Les gens qui établissent, lorsque nous sommes ici, le
premier lien avec nos concitoyens sont, évidemment, les gens, le
personnel de notre comté. La même chose est vraie à
l'égard du personnel de cabinet, les différents officiers, soit
du gouvernement, soit de l'Assemblée, qui ont à traiter avec la
clientèle autre que celle des comtés, et qui doivent assurer une
prestation de services de qualité afin que nous puissions mériter
la confiance de ceux qui nous ont envoyés ici.
En terminant, des meilleurs voeux de fêtes à tous nos
concitoyens, nos électeurs, qui doivent, certaines fois - je ne peux
m'empêcher de le dire - se demander ce que nous faisons ici, qui sont les
témoins d'échanges particulièrement chauds, à
l'occasion, qui doivent effectivement, au-delà du travail qu'ils nous
connaissent dans nos comtés, se demander ce qu'on vient faire à
Québec. Ce que nous avons fait ici, à Québec,
depuis 200 ans, c'est de tenter de les représenter de la
meilleure façon possible, c'est de faire progresser la
société québécoise, c'est de mettre de l'ordre dans
les lois et la réglementation. C'est même sous la pression que les
circonstances exigent de toujours garder ce sens de notre institution,
d'assurer sa représentativité et sa légitimité.
M. le Président, je souhaite donc, au nom du gouvernement, mes
meilleurs voeux à toute la population, à nos concitoyens, en leur
souhaitant, à l'orée de 1992, une bonne et excellente
année et la santé.
Le Président: Je reconnais maintenant M. le leader de
l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je vous ferai grâce
de toute l'énumération que vient de faire le leader du
gouvernement. Je vais m'y associer pour toutes les catégories de
personnel, du plus humble au plus haut fonctionnaire d'État, de tous les
secteurs, de tous les départements, de tous les services qu'on puisse
avoir ici. Je voudrais peut-être, d'une façon particulière,
remercier nos personnels qui ont travaillé extrêmement fort.
Je dois vous dire, d'autre part, qu'on n'a pas traversé la
session la plus difficile. Je dois vous avouer que j'ai vécu des fins de
session passablement plus ardues depuis 15 ans. J'ai vécu des sessions
où le menu législatif était passablement plus engraissant
que celui qu'on a connu au cours de cette dernière session. M. le
Président, quand même, je pense qu'il y a eu des efforts pour
susciter - de notre côté, en tout cas - des débats. Il y a
eu des efforts, je pense, pour représenter, nous aussi, le plus
adéquatement possible ce que plusieurs citoyens ne peuvent exprimer.
Nous avons tenté, nous, de l'Opposition, de le faire au cours de cette
session, ce qui m'amène à formuler des voeux de santé et
de bonheur, bien sûr, à tout ce monde dont on soulignait
tantôt la participation.
À nos concitoyens, je voudrais peut-être faire quelques
voeux particuliers. J'aimerais que l'année 1992 soit, pour eux, une
certaine forme de répit, ou de soupir, ou d'allégement des taxes,
M. le Président. 1991 aura été une année
particulièrement accablante pour le fardeau fiscal de nos concitoyens et
j'ose espérer que l'année 1992 sera marquée plutôt
par des initiatives de relance économique, par des initiatives
d'allégement fiscal pour nos contribuables, et je pense, en particulier,
à notre classe moyenne qui est étouffée
littéralement par le fardeau des taxes.
Je voudrais souhaiter également, M. le Président, suite
à cette année difficile, une reprise économique à
l'ensemble des Québécois, à ces 400 000 chômeurs qui
sont à la recherche d'un emploi, à ces 620 000 assistés
sociaux qui, entre vous et moi, ont peu de perspectives de travail, eux non
plus. C'est quand même 1 000 000 de personnes. Je leur souhaite, à
ceux qui m'écoutent - vous êtes peut-être de ce nombre ou
vous avez peut-être un enfant, un frère, un cousin, un ami, ou
encore quelqu'un de proche de la famille qui est sans emploi -que
l'année 1992 soit vraiment une année où la reprise
économique marquera des pas importants. Je dois vous avouer qu'on ne
peut pas vivre éternellement des années comme celle que nous
avons traversée sur le plan économique.
Également, M. le Président, à vous et à
votre équipe, à vous personnellement, je pense que vous avez eu
quelques points litigieux à trancher. Je dois vous avouer que ça
nous fait toujours plaisir, nous, de l'Opposition, de faire travailler cette
noble table, parce que nous sommes toujours assurés que ce sont des
décisions sensées, raisonnées, structurées que l'on
nous donne et nous avons réussi franchement, je pense, à faire
évoluer le droit parlementaire par certaines décisions qui feront
jurisprudence.
M. le Président, à tous les parlementaires des deux
côtés de la Chambre, je nous souhaite que la réforme
parlementaire de 1984 prenne de plus en plus de force, que les
députés, à l'intérieur du Parlement, puissent
prendre de plus en plus d'initiatives et prennent conscience que le lieu ultime
de décision, c'est bien ici, en cette Chambre. Je souhaite que le
Conseil des ministres considère les parlementaires comme tels, qu'ils
ont un rôle important à jouer dans le domaine législatif.
Je dis à tous: Santé, bonheur et, M. le Président,
succès pour ceux qui le méritent. Merci.
Le Président, M. Jean-Pierre Saintonge
Le Président: Alors, vous me permettrez quelques instants
que je puisse, tout d'abord, vous remercier de la confiance que vous m'adressez
en tant que président de l'Assemblée et de la confiance,
également, que vous témoignez à mes deux collègues
vice-présidents, le député de Jeanne-Mance et le
député de Frontenac. Nous apprécions grandement la
collaboration des parlementaires, même dans les moments parfois plus
difficiles de nos travaux, mais nous savons que nous pouvons toujours compter
sur votre coopération afin d'assurer que nos travaux puissent se
poursuivre dans le meilleur décorum et suivant la tradition
parlementaire.
Le leader adjoint du gouvernement a fait un excellent tour de piste,
mais je voudrais, à mon tour, remercier particulièrement les gens
de la table, ceux qu'on appelle habituellement les gens de la table, le
secrétaire général de l'Assemblée, le directeur du
Conseil en droit parlementaire et le directeur du secrétariat de
l'Assemblée ainsi que leurs équipes respectives qui nous
soutiennent très bien dans la gestion des travaux de l'Assemblée
et dans toute l'opération. Il y a
également toute l'équipe de la législation qui est
derrière, la grande Direction de la législation. Ça
comprend, évidemment, les gens des commissions parlementaires, le
secrétariat des commissions parlementaires. Sans eux, vous savez fort
bien que nos travaux ne pourraient pas se dérouler aussi bien et suivant
les prescriptions de notre règlement.
Évidemment, je voudrais remercier les pages qui sont près
de nous, les messagers, les gens de la transcription qui prennent les
débats, du son, de la télévision. Je voudrais remercier
ceux de la transcription des débats qui sont des services
extrêmement utiles et nécessaires à l'Assemblée, les
gens de l'accueil, de la sécurité, des restaurants, toutes les
autres directions administratives. Je pense que c'est un apport
extrêmement important pour le fonctionnement de l'Assemblée
nationale. je voudrais, à mon tour, souhaiter à vous tous, mes
collègues parlementaires, à votre personnel, à ceux qui
travaillent dans les cabinets de l'assemblée et dans les bureaux de
comté des députés, à tout le monde aussi du
personnel de l'assemblée nationale, à nos auditeurs et, plus
particulièrement, à nos plus fidèles auditeurs - certains
sont des assidus de nos travaux - à tout le monde, à toute la
population du québec également, nos meilleurs voeux pour un
joyeux noël et une bonne et heureuse année. une bonne et heureuse
année 1992 qui marque, en fait, le bicentenaire de nos institutions
parlementaires.
Merci bien, et je reconnais à nouveau M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: Oui. Sans déborder, M. le Président,
simplement pour prendre la balle au bond, la balle que le leader parlementaire
de l'Opposition a envoyée. Je souhaite, moi aussi, un allégement
du fardeau qui pèse sur nos concitoyens, mais je ne peux qu'ajouter que
les impôts seront plus bas si les services sont moins nombreux.
C'est en terminant sur cette note, M. le Président, que je
souhaite paix, santé et bonheur et, comme disait un de mes amis, "le
paradis avant la fin de vos jours" à tous nos concitoyens, en ajournant
nos travaux, en vous demandant d'ajourner nos travaux au mardi 10 mars 1992,
à 14 heures.
Le Président: Est-ce que cette motion d'ajournement est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. En conséquence, nos
travaux sont ajournés au mardi 10 mars 1992 à 14 heures.
(Fin de la séance à 19 h 13)