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(Dix heures neuf minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mmes et MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques
instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Nous allons procéder aux affaires courantes.
Déclarations ministérielles
Transfert de responsabilités aux
municipalités en matière de voirie locale
Déclarations ministérielles.
Je vais céder la parole à M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, l'Assemblée nationale est
présentement saisie d'un projet de loi en vertu duquel sera
défini l'encadrement juridique devant assurer le transfert de
responsabilités qui s'effectuera entre le gouvernement et les
municipalités à compter du 1er avril 1993 en matière de
voirie locale.
Ce transfert comporte de nombreuses incidences financières au
sujet desquelles les municipalités ont exprimé avec insistance le
désir d'en connaître les paramètres. Ce besoin est
particulièrement ressenti en raison des décisions
budgétaires que doivent prendre les municipalités en cette
période de l'année. Advenant le cas où les membres de
l'Assemblée nationale adopteraient le projet de loi 57, les
municipalités pourront bénéficier de nouveaux
aménagements budgétaires injectant 22 900 000 $ de plus dans la
proposition accompagnant l'adoption de la loi 145 en 1991. (10 h 10)
En premier lieu, le gouvernement propose de porter de 3300 $ à
3800 $ le kilomètre le coût moyen d'entretien qui servira à
estimer les dépenses des municipalités en matière de
voirie et qui servira aussi à établir les paiements de
compensation devant être versés aux municipalités pour qui
ces dépenses occasionneraient un effort fiscal plus grand que l'effort
minimum exigé par le gouvernement.
Ce coût moyen de 3800 $ sera cependant modulé pour prendre
en compte, d'une part, les difficultés d'entretien qui varient de
l'été à l'hiver et, d'autre part, l'état du
réseau dont chaque municipalité sera désormais responsable
ainsi que certaines difficultés particulières à la
géographie et à d'autres facteurs comme le climat. Le coût
d'entretien oscillera pendant l'été de 1465 $ à 4271 $ du
kilomètre selon l'état du réseau et les problèmes
particuliers qu'il présentera dans chaque cas. Pendant l'hiver, le
coût d'entretien demeurera en moyenne à 990 $ du kilomètre
et pourra varier entre 730 $ et 1535 $. Pour le calcul des coûts
d'entretien en hiver, on conserve le système actuel de modulation,
lequel prend en compte les différences de climat, de topographie,
d'enneigement, etc.
En second lieu, le gouvernement entend assumer en entier le coût
des mesures d'assouplissement annoncées aujourd'hui. Le programme
dévoilé l'an dernier prévoyait que, pour avoir
accès à des paiements de compensation reliés à ces
coûts de voirie, toute municipalité devrait faire face à
une dépense correspondant à un effort fiscal supérieur
à 0,14 $ par 100 $ de richesse foncière uniformisée.
L'effort requis des municipalités restera fixé à un
maximum de 0,14 $ des 100 $ de richesse foncière uniformisée, et
ce, nonobstant les améliorations annoncées aujourd'hui. En
conséquence, le coût des améliorations que nous
annonçons sera entièrement assumé par le gouvernement.
L'effort fiscal des municipalités fut établi l'an dernier
sur la base des prévisions budgétaires des municipalités
pour l'année 1990. Pour l'année 1993, on utilisera plutôt
comme base de calcul la richesse foncière uniformisée de 1992,
mais indexée de manière à correspondre aux
réalités de l'année 1991. Nous avons choisi l'année
1992 parce qu'elle fournit une excellente année de
référence et une référence stable aussi puisqu'elle
est la première année où toutes les municipalités
doivent appliquer le nouveau régime des rôles triennaux
d'évaluation.
Pour les fins du calcul des paiements de compensation en 1993, la
richesse foncière uniformisée de chaque municipalité pour
1992 sera ramenée au niveau de 1991 en la diminuant d'environ 6 %. Le
gouvernement accepte de maintenir à un niveau fixe pour les cinq
prochaines années le montant des compensations que toucheront les
municipalités. On évitera ainsi de discuter à chaque
année des paramètres devant présider au calcul des
paiements de compensation. Les municipalités, connaissant à
l'avance les paiements auxquels elles auront droit, pourront mieux planifier
l'entretien de leur réseau. Globalement, les paiements de compensation
accordés aux municipalités au titre de la voirie
connaîtront ainsi un accroissement de 15 100 000 $ par suite de
l'augmentation du coût moyen de référence.
Parmi les autres volets du transfert, celui qui traite des ponts a
donné lieu à des nombreuses représentations du milieu
municipal. En réponse à certaines inquiétudes, le
gouvernement propose d'apporter des ajustements importants à sa
proposition initiale. Compte tenu des défis particuliers que ces ponts
présentent, le gouver-
nement demeurera responsable, jusqu'à une date
indéterminée, d'environ 440 ponts dont l'entretien exige, en
raison de leur structure complexe, une expertise poussée et des
équipements élaborés. Par contre, les autres ponts seront
placés sous la responsabilité des municipalités à
compter du 1er avril 1993, et, pendant une période de quatre ans, le
gouvernement offrira aux municipalités une aide technique très
appréciable dont les modalités leur seront communiquées
par le ministère des Transports.
Le gouvernement maintiendra intégralement le programme d'aide
à l'amélioration du réseau doté d'un budget annuel
de 50 000 000 $ qui fut annoncé l'an dernier. À l'aide de ce
budget, les municipalités pourront toucher chaque année des
subventions devant permettre de réaliser des travaux
d'amélioration sur leur réseau respectif. Pour chaque
circonscription électorale, le ministre responsable fera connaître
les crédits qui lui seront attribués en vertu du programme, et
ce, pour une période de trois ans. Les crédits seront
établis en fonction du nombre de kilomètres
transférés et de l'indice d'état du réseau. Le
budget ainsi octroyé sera réparti en tranches égales sur
chacune des trois années budgétaires. Il incombera à
chaque député, après consultation avec les
municipalités et les MRC concernées, d'établir pour son
comté une proposition triennale et d'en faire l'objet d'une
recommandation au ministre, lequel prendra les décisions opportunes.
Le gouvernement, en réservant un rôle majeur aux
députés dans la gestion du programme d'aide à
l'amélioration du réseau, a voulu témoigner de
l'importance qu'il attache au rôle du député dans sa
circonscription. Des réserves avaient été exprimées
à ce sujet par certains milieux. Les consultations que nous avons
faites, mon collègue, le ministre délégué aux
Transports, et moi-même, nous ont convaincus que le gouvernement est
justifié de maintenir la confiance qu'il porte au bon jugement et
à l'esprit de justice des députés. À même le
budget d'aide à l'amélioration du réseau local, une partie
des 10 000 000 $ sera réservée pour aider au financement de
projets présentant, aux yeux du ministre responsable, un
intérêt régional ou des avantages particuliers pour le
développement municipal ou intermunicipal. Les quatre cinquièmes
du budget, soit 40 000 000 $, seront répartis par le ministre
après qu'il aura reçu les recommandations de chaque
député.
L'ensemble des mesures annoncées aujourd'hui représentera
de la part du gouvernement, si le projet de loi 57 est adopté, un apport
additionnel de 22 900 000 $ au bénéfice des municipalités
pour les fins du transfert de la responsabilité en matière de
voirie locale.
Ces mesures ont pu être établies grâce à
l'étroite collaboration...
Le Président: S'il vous plaît! J'ai un rappel au
règlement par le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je vous ferai remarquer...
je vous demanderais d'appliquer le règlement en matière de
déclaration ministérielle.
Le Président: Alors, si on me demande formellement de...
M. le leader de l'Opposition...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, nous
sommes très conscients des dispositions de l'article 55 de notre
règlement. Dans les circonstances et compte tenu qu'il s'agit d'une
déclaration ministérielle qui vise à informer et les
députés, et l'ensemble de la population, et l'ensemble des
élus municipaux et des payeurs de taxes, je demanderais l'aimable
consentement du leader de l'Opposition, l'avisant immédiatement que nous
donnerons un consentement identique pour que le critique de l'Opposition en la
matière, le député de Jonquière, qui a sans doute
beaucoup de choses à dire sur le sujet, puisse s'exprimer.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Hier, Mme la députée de Maisonneuve
demandait le consentement pour informer plusieurs centaines de milliers de
citoyens, et vous avez dit non, M. le leader du gouvernement.
Le Président: Effectivement, le règlement... M. le
leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement, M.
le Président. Dans les circonstances et compte tenu de l'humeur du
député de Joliette et leader de l'Opposition, je demanderais un
consentement qu'il ne saurait nous refuser, cette fois-ci, celui de
déposer la déclaration ministérielle de façon
à ce que tous les députés et la population puissent au
moins en prendre connaissance au cours de la matinée.
Une voix: Consentement.
Le Président: Alors, très bien. Donc, notre
règlement est formel: la déclaration ministérielle doit
durer cinq minutes. Nous avons dépassé les cinq minutes.
Maintenant, il n'y a pas de consentement pour poursuivre. Alors, il n'y a pas
de consentement. La déclaration du ministre, je dois donc la terminer
à ce moment-ci.
Document déposé
Est-ce qu'il y a consentement au dépôt du document?
Consentement. Donc, le document sur la déclaration ministérielle
intégrale est déposé.
Je cède la parole au député de Jonquière
comme porte-parole de l'Opposition officielle.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, l'annonce de ce matin ne
s'inscrit que dans la suite de ce qui s'est fait en 1990, c'est-à-dire
le pelletage de responsabilités dans la cour des municipalités.
Une augmentation de taxes de 350 000 000 $.
Le Président: Alors, je demande... S'il vous plaît,
s'il vous plaît! Alors, je demande la collaboration de tous les
collègues, s'il vous plaît, de laisser au député la
possibilité de s'exprimer. Vous avez la parole.
M. Dufour: L'augmentation de 350 000 000 $, ou un transfert de
350 000 000 $ dans la cour des municipalités. Donc, le rouleau
compresseur est en marche. Il n'y a aucun retrait de la part de ce gouvernement
qu'on a devant nous.
De plus, en situation économique actuelle, puisqu'il n'y a pas
beaucoup d'annonces à faire, c'est qu'en 1990 on a annoncé les
mauvaises nouvelles; en 1993, en se basant sur ces mêmes mauvaises
nouvelles, on décide d'assouplir quelque peu. Ça ne change
absolument rien. L'effort fiscal des contribuables concernant la voirie
municipale demeure à 0,14 $ du 100 $ d'évaluation. Ça
vient d'être confirmé, et je pense qu'il n'y a aucun changement
par rapport à ça.
Lorsqu'on parle de l'augmentation, et regardons d'une façon un
peu plus précise ce que ça veut dire, 3300 $ du kilomètre
par rapport à 3800 $. Il faut se rappeler qu'il y a une indexation qui
s'exerce parce que, de 1990 à 1993, il y a quelques changements qui se
sont opérés, les contribuables, les constructions ont
augmenté. Donc, pour moi, ce n'est pas un assouplissement du tout, c'est
seulement les 3300 $ qui sont réévalués en dollars
d'aujourd'hui. Le coût moyen qui était demandé par les
municipalités, c'est 5000 $, et c'est 3800 $. Donc, on dirait que
là il y a eu une négociation, et, comme on dit dans notre
langage, c'est un «deal» qui s'est exercé quelque part. Tout
le monde doit être heureux, on a coupé la poire en deux. Et tout
ça, pour les cinq prochaines années, sans aucune indexation. (10
h 20)
Contrairement aux prétentions du ministre, toutes les discussions
avec les municipalités ne sont pas terminées, ce qui veut dire
que le transfert de la voirie locale vis-à-vis des municipalités,
les discussions ne sont pas terminées. C'est tellement vrai qu'il s'agit
de faire référence au projet de loi qu'on a devant nous pour nous
assurer de ce fait, puisque tout se fera par décret. Donc, quand on sera
fatigué de négocier, le gouvernement fera comme d'habitude, il
décidera. Et, comme je dis souvent, c'est vrai qu'ils veulent mettre
leurs culottes de ce temps-ci, mais, quand on les met, on peut les perdre
aussi.
Les petites municipalités, en particulier, seront les
premières victimes de ce transfert puisque l'entretien combiné du
réseau routier et les services de la Sûreté du
Québec, ça va coûter 130 000 000 $. L'amélioration
du programme de 50 000 000 $, confié aux députés, moi, je
veux apporter un bémol par rapport à ça. Il y a 40 000 000
$ qui vont se dépenser ou qui vont s'appliquer avec l'apport du
député local, les municipalités, les MRC, mais ce sera
toujours le ministre qui pourra décider en dernier ressort. Donc, encore
là, le «tétage» va continuer. Il ne faut pas se le
cacher, dans la question du réseau routier, il s'agit d'avoir un peu
d'expérience sur le terrain pour savoir comment ça se passe. Et,
en plus, il se garde une enveloppe à peu près
discrétionnaire pour dépenser...
Le Président: Un instant, M. le député. Je
vais demander, encore une fois, la collaboration de tous les collègues,
s'il vous plaît. S'il vous plaît! Alors, vous avez la parole, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: 10 000 000 $ des 40 000 000 $ qui restent concernant
les projets régionaux, interrégionaux, encore là, c'est la
discrétion du ministre purement et simplement, et on verra ce qu'on a vu
depuis toujours, le régime duplessiste sera mis en marche avec ce
gouvernement-là.
Un des pires effets de ce transfert, et là, c'est très
muet, 2700 employés qui s'en vont dehors. Ça, c'est l'effet de
cette réforme-là. Ne nous le cachons pas, non seulement des
coûts d'augmentation de taxes, mais 2700 personnes dehors et, en plus, on
s'apprête à démanteler toutes les directions
régionales pour les changer, partout dans les régions. Ça
fait que je me demande si le pire ennemi des régions, ce n'est pas le
gouvernement.
Une voix: Oui, oui, oui.
M. Dufour: C'est ça qui fait problème. En
conclusion, M. le Président, puisque vous me rappelez que le temps file,
la population doit bien comprendre qu'il n'y a aucun gagnant dans ce transfert.
Les municipalités héritent des coûts additionnels qu'elles
reporteront inévitablement sur le compte de taxes des contribuables qui
verront, encore une fois, leur compte de taxes augmenter. Dans le contexte
économique difficile que nous traversons, le gouvernement augmente,
encore une fois, les taxes des contribuables et envoie 2700 personnes sur la
voie du chômage. Belle mesure de relance de l'économie!
Enfin, M. le Président, l'annonce du ministre des Affaires
municipales n'augure rien de bon pour les contribuables et pour la relance de
l'économie. Le ministre vient de nous annoncer une mauvaise nouvelle,
mais, quant à moi, je suis habitué, il semble que le ministre des
Affaires municipales est venu au monde pour annoncer
des mauvaises nouvelles. Merci, M. le Président.
Le Président: Je cède la parole au ministre des
Affaires municipales pour l'exercice de son droit de réplique. S'il vous
plaît! Un instant, M. le ministre. S'il vous plaît! M. le
député de Lévis, s'il vous plaît! Alors, vous avez
la parole, M. le ministre.
M. Claude Ryan (réplique)
M. Ryan: Oui, je sympathise avec le député de
Jonquière parce que, quand on s'est engagé dans la voie du
négativisme, on finit par en devenir prisonnier et par refuser de voir
la réalité, même quand elle est bonne.
Sans demander la permission du leader de l'Opposition, je vais
compléter la lecture de ma déclaration de tantôt, M. le
Président.
L'ensemble des mesures annoncées aujourd'hui représente de
la part du gouvernement un apport additionnel de 22 900 000 $ au
bénéfice des municipalités pour les fins du transfert de
leurs responsabilités en matière de voirie locale. Ce montant se
répartit ainsi: compensations reliées à la voirie, 15 800
000 $; compensations générales de plafonnement, 4 000 000 $;
chemins à double vocation qui seront d'une subvention spéciale
par kilomètre de 832 $, je crois, M. le ministre
délégué; passages à niveau dont l'entretien sera
également subventionné, 1 500 000 $.
Ces mesures ont pu être établies, M. le Président,
grâce à l'étroite collaboration qui s'est établie,
d'une part, entre les trois principaux ministères concernés -
soit le ministère des Transports, le ministère des Finances et le
ministère des Affaires municipales - et, d'autre part, entre le
gouvernement, l'Union des municipalités du Québec, l'UMRCQ et le
monde municipal en général. Les deux unions qui regroupent les
municipalités ont participé étroitement au comité
technique qui a préparé toutes ces mesures avec l'aide... sous le
leadership du gouvernement. Ils nous ont dit, la semaine dernière,
qu'ils étaient fort heureux du dénouement de ce dossier que nous
avons fait cheminer dans l'esprit de concertation et de consultation qui
s'imposait.
Ainsi qu'en témoignent les nombreux articles que publie ces
temps-ci la presse régionale concernant les budgets des
municipalités en vue de la prochaine année, les élus
municipaux acceptent, avec le sens des responsabilités qui les
caractérise - et même, dans un nombre croissant de cas, non sans
une certaine satisfaction - le transfert qui devra s'effectuer à compter
du 1er avril prochain. L'étude des budgets déposés par les
conseils municipaux établit clairement qu'il n'y a pas du tout, du tout
les effets catastrophiques que s'imagine le député de
Jonquière. Je l'invite à lire la presse régionale ces
temps-ci; il verra que l'impact est beaucoup plus modéré que ne
le laissent entrevoir ses propos incendiaires, qui ne lui convien- nent pas.
cet esprit réaliste et constructif, qui caractérise l'attitude
des élus municipaux, permet d'augurer que le transfert de la
responsabilité en matière de voirie locale sera une
opération à la fois réussie et à long terme... m.
le président, pourriez-vous m'assurer la paix?
Le Président: Oui, effectivement. Je rappelle à
nouveau à tous les collègues, s'il vous plaît, de respecter
le droit de parole des autres à qui j'ai reconnu le droit d'exercer la
parole. Donc, M. le ministre, allez-y.
M. Ryan: Le député de Lévis est surpris, des
fois. On est surpris qu'il revienne avec des questions. Quand on
n'écoute pas ce qui est dit, c'est évident qu'on revient avec des
choses qui n'ont pas de bon sens.
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Alors, allez-y, M. le ministre.
M. Ryan: Je termine, M. le Président, en donnant
l'assurance que le gouvernement, à la suite de cet exercice de
concertation qui a été mené en collaboration
étroite entre mon collègue, le ministre
délégué aux Transports, ses collaborateurs et ceux du
ministère des Affaires municipales, et notre collègue le ministre
des Finances et ses collaborateurs également... À la suite de cet
effort, le gouvernement est résolu à fournir aux
municipalités, dans la nouvelle étape qui s'engage, tout le
soutien, toute la collaboration qui sera nécessaire, et j'ai l'assurance
qu'il en ira de même des municipalités à l'endroit du
gouvernement pour le plus grand bien de la population.
Et, de plus en plus, on se rend compte que cet aspect de la
réforme instituée l'an dernier est peut-être, à long
terme, le plus significatif et le plus important. Il y a de moins en moins de
gens qui contestent, en principe, l'opportunité du transfert de
responsabilité pour la voirie locale du gouvernement aux
municipalités.
Présentation de projets de loi
Le Président: Nous allons maintenant procéder
à la présentation de projets de loi. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
vous demanderais d'appeler l'article b du feuilleton.
Projet de loi 61
Le Président: À l'article b du feuilleton, M. le
ministre de l'Environnement présente le projet de loi 61, Loi modifiant
la Loi sur la qualité de
l'environnement. M. le ministre de l'Environnement.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, ce projet
de loi a pour objet de modifier la Loi sur la qualité de
l'environnement, plus particulièrement en ce qui concerne la
procédure d'évaluation environnementale.
Ainsi, ce projet de loi prévoit que toute politique et tout
programme du gouvernement, de l'un de ses ministères ou organismes
doivent faire l'objet, avant leur établissement, d'une prise en compte
des aspects environnementaux qu'ils comportent. En outre, ces programmes de
même que ceux d'une municipalité peuvent être soumis
à la procédure d'évaluation environnementale. Les projets
découlant de tels programmes peuvent, par ailleurs, être
également assujettis à la procédure applicable aux
projets.
Ce projet de loi prévoit que tous les projets
déterminés par règlement, autres que ceux découlant
d'un programme, sont assujettis à une procédure
d'évaluation environnementale. Dans le cas de projets à enjeux ou
impacts mineurs, la procédure comporte une étape de consultation
de la population et, dans le cas de projets à enjeux ou impacts majeurs,
la procédure comporte en plus la possibilité d'audience publique
ou de médiation.
Ce projet permet, en outre, l'établissement d'un fonds en vue de
favoriser la participation des personnes, groupes ou municipalités
à des audiences publiques et apporte certaines modifications concernant
la composition et le fonctionnement du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement. (10 h 30)
Enfin, ce projet de loi confère au gouvernement les pouvoirs
réglementaires nécessaires à l'application de la loi et
contient des dispositions de nature transitoire et de concordance. Merci, M. le
Président.
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté? Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article a du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 58
Le Président: À l'article a du feuilleton, M. le
ministre du Revenu présente le projet de loi 58, Loi modifiant de
nouveau la Loi sur les impôts et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal. M. le ministre du Revenu.
M. Raymond Savoie M. Savoie: Merci, M. le Président. Ce
projet de loi donne suite aux mesures d'harmonisation prévues
principalement dans les discours sur le budget du ministre des Finances du 26
avril 1990 et du 2 mai 1991, dans sa déclaration ministérielle du
17 décembre 1990 et dans le bulletin d'information 91-2 émis par
le ministère des Finances le 5 juillet 1991.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté? Donc, adopté. M.
le leader du gouvernement, ça va?
Dépôt de documents
Maintenant, dépôt de documents. M. le ministre du
Tourisme.
Rapports annuels du ministère du
Tourisme,
de l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie
du Québec et de la Société
du
Palais des congrès de Montréal
M. Vallerand: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1991-1992 du ministère du Tourisme.
Également, M. le Président, le rapport annuel de l'Institut de
tourisme et d'hôtellerie du Québec, pour la même
année considérée, ainsi que le rapport annuel de la
Société du Palais des congrès de Montréal pour
1991-1992.
Le Président: Ces rapports sont déposés.
Maintenant, M. le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles.
Rapports annuels de l'Ordre des
chiropraticiens du Québec, de l'Ordre
des denturologistes du Québec, de
l'Ordre
des diététistes du Québec, de
l'Ordre
des infirmières et infirmiers
auxiliaires
du Québec, de l'Ordre des
inhalothérapeutes
du Québec, de l'Ordre des
ingénieurs
forestiers du Québec, de l'Ordre des
médecins
du Québec et de l'Ordre des techniciens
en radiologie du Québec
M. Savoie: Oui, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer les rapports annuels 1991-1992 des corporations professionnelles
suivantes: de l'Ordre des chiropraticiens du Québec, de l'Ordre des
denturologistes du Québec, des diététistes du
Québec, des infirmières et infirmiers auxiliaires du
Québec, des inhalothérapeutes du Québec, des
ingénieurs forestiers du Québec, des médecins du
Québec et de l'Ordre des techniciens en radiologie du Québec.
Le Président: Alors, ces rapports sont
déposés.
Dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
Dépôt de pétitions.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...je voudrais peut-être, d'une façon
particulière, attirer l'attention de tous nos collègues dans
cette Chambre puisque la prochaine pétition qui sera
déposée a fait l'objet de manchettes
télévisées et également d'articles de journaux, et
je pense qu'on a tous avantage, comme parlementaires, à bien
l'écouter.
Le Président: Alors, très bien. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. J'endosse les propos du
leader de l'Opposition et invite certains ou certaines qui se sentiront plus
visés que d'autres à réfléchir sur les
événements.
Le Président: Je ne peux que concourir avec les propos qui
ont été énoncés ce matin.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Surtout après la journée
d'hier, je pense que les remarques de la pétition s'appliqueront
vraiment à la situation. Alors, au dépôt de
pétitions, je reconnais M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
Demander aux membres de l'Assemblée
nationale d'avoir une tenue semblable
à celle qu'on demande aux élèves
du
secondaire en classe durant leurs
réunions à l'Assemblée
M. Bourdon: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
74 pétitionnaires, élèves de secondaire IV et V de
l'école Louise-Trichet.
Les faits invoqués sont les suivants: «Considérant
ce qu'on a pu voir lors de notre visite au Parlement le 14 mai 1992, à
savoir que la personne qui a droit de parole n'était
écoutée que du président de l'Assemblée nationale;
«Considérant qu'il serait normal que les personnes qui nous
représentent dans notre gouvernement nous donnent un bon exemple;
«Considérant que les députés parlent entre eux, se
promènent, n'écoutent même pas le député qui
lit un projet de loi ou le député de l'Opposition qui donne ses
commentaires; «Considérant que dans les classes les professeurs
nous demandent de bien suivre, de ne pas parler, de garder le silence et de
bien écouter.»
Et l'intervention réclamée se résume ainsi:
«Nous, soussignées, élèves de secondaire IV et V de
l'école Louise-Trichet, demandons à l'Assemblée nationale
d'avoir une tenue semblable à celle que l'on nous demande en classe
durant vos réunions à l'Assemblée nationale et que ses
membres nous servent d'exemple, vous qui êtes nos dirigeants.»
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'origine de la pétition.
Le Président: La pétition est
déposée. Il n'y a pas d'intervention portant sur une violation de
droit ou de privilège ou sur un fait personnel.
Questions et réponses orales
nous allons maintenant procéder à la période des
questions et réponses orales. je reconnais, en première question
principale, m. le chef de l'opposition.
Mesures de financement des PME
M. Parizeau: M. le Président, au mois de mai dernier, le
ministre des Finances annonçait dans son budget qu'un nouveau programme
de la SDI apparaîtrait, qui s'appelait Reprise PME, qui remplacerait
Relance PME, que, dans ce programme, il y aurait 60 000 000 $ de garanties de
prêt pour les PME. On ne peut pas être contre ça. Et on a
attendu. Le programme n'a pas été lancé avant le mois de
septembre. Pourquoi ça a pris plusieurs mois, on n'en sait rien, et
c'est comme ça.
D'autre part, il est clair que l'appel à ces garanties de
prêt a été très lent depuis trois mois et, dans ces
conditions, hier, le ministre de l'Industrie et du Commerce annonçait
qu'on prendrait un an de plus, un an de plus pour utiliser ces 60 000 000 $ de
garanties de prêt et qu'on élargirait un peu les normes
d'attribution parce que personne ne les demande, ces garanties.
Est-ce que je peux demander au premier ministre si c'est ça qu'il
avait en tête au sortir du Conseil des ministres, au mont Sainte-Anne,
quand il disait que, dans le programme de relance, il allait y avoir de
nouvelles mesures de financement des PME? Est-ce que l'annonce d'hier de
prendre un an de plus pour affecter 60 000 000 $ de garanties, c'est ça,
la mesure de relance à laquelle il faisait allusion?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, j'avais mentionné
précisément ce que vient de faire le chef de l'Opposition, qu'il
y aurait assouplissement des normes d'attribution, de manière à
faciliter l'accessibilité de la SDI pour les entreprises en
difficulté, mais c'était l'une des nombreuses mesures. Il y en a
eu d'autres ce
matin qui ont été annoncées. Il y en a d'autres qui
seront annoncées la semaine prochaine. Il y en a eu également qui
ont été annoncées dans le secteur de la main-d'oeuvre.
On sait, M. le Président, que j'ai été
obligé, amicalement, la semaine dernière, de corriger le chef de
l'Opposition sur certains faits. Je lui ai précisé des chiffres
sur l'accélération des investissements publics. Je lui ai
précisé des chiffres sur la main-d'oeuvre, sur la question du
traité de libre-échange avec le Mexique et, également,
j'ai corrigé certaines de ses affirmations, tout ça étant
fait avec beaucoup d'humilité, mais je suis obligé de souligner
au chef de l'Opposition qu'il y a eu quand même des
interprétations inexactes de sa part dans plusieurs cas.
Mais, pour ce qui a trait à la SDI, c'est l'une des nombreuses
mesures. Il y en a plusieurs autres qui ont été annoncées
et qui seront encore annoncées, manifestant la volonté politique
du gouvernement de pouvoir contribuer à la relance
économique.
Le Président: Alors, question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce qu'on me permettrait
de déposer en cette Chambre le document que le ministre de l'Industrie
et du Commerce a remis aux journalistes hier, qui démontre clairement
que le même montant de garanties de prêt qui avait
été annoncé dans le discours sur le budget en mai et qu'on
devait affecter en un an, maintenant, on prendra deux ans pour l'affecter et
que, dans ces conditions, non seulement il n'y a pas relance, il y a
ralentissement par rapport aux intentions de mai dernier? Est-ce qu'on me
permettrait de déposer ce document, M. le Président?
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt du document?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
Le Président: Consentement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Consentement à ce que le
chef de l'Opposition dépose le document qui est issu du ministère
de l'Industrie et du Commerce.
Document déposé
Le Président: Alors, le document est déposé.
Vous avez une question, M. le chef de l'Opposition?
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir
maintenant une deuxième question principale?
Le Président: Je vous reconnais en question principale, M.
le chef de l'Opposition.
Mesures de relance de l'économie
M. Parizeau: M. le Président, le premier ministre vient de
mentionner que plusieurs mesures de relance sont, à l'heure actuelle,
annoncées par le gouvernement; il parlait, en particulier, de ce qui
s'est produit ce matin. Ce matin, effectivement, il y a eu conférence de
presse donnée par le ministre de l'Industrie et du Commerce. Je ne sais
pas si ça l'a à ce point fatigué qu'il n'est pas ici
pendant la période de questions...
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président...
Le Président: Alors, sur une question de
règlement... S'il vous plaît! Une question de règlement, M.
le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, question
de rassurer le chef de l'Opposition, oui, le ministre de l'Industrie et du
Commerce était tôt, ce matin, en conférence de presse. Il a
dû quitter pour une importante réunion du comité
intergouvernemental des ministres chargés du commerce extérieur
qui débute à midi à Toronto.
Une voix: Voilà! Voilà! (10 h 40)
Le Président: Alors, pour votre question, M. le chef de
l'Opposition.
Une voix: Ce n'est pas tout à fait ça. C'est les
barrières interprovinciales des ministres de l'Industrie...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Parizeau: On comprend encore d'autant moins qu'il ait fait
cette conférence de presse ce matin! Il y avait aussi la ministre de
l'Éducation à cette conférence de presse, le ministre des
Communications. Et voici ce qu'ils avaient à annoncer: dans le Fonds de
développement technologique, 15 000 000 $ allaient être
ajoutés à un des cinq volets, 18 000 000 $ à un autre des
cinq volets, et ces deux sommes seraient prises à même les deux
premiers volets. On réarrangeait les chaises sur le pont.
Il faut comprendre qu'en 1988 ce Fonds de développement
technologique a été annoncé. En deux coups, on a mis 350
000 000 $ dans ce Fonds. En cinq ans, il n'y a eu que 63 000 000 $ de
déboursés et 184 000 000 $ d'engagés pour les
années à venir, sur les 350 000 000 $. Et ce matin, on a eu le
front de déplacer 33 000 000 $
à l'intérieur de ces sommes non engagées dont on a,
pour le moment, aucune idée de ce à quoi elles vont servir.
Le Président: Votre question s'il vous plaît!
M. Parizeau: Je vous rappelle, M. le Président, que ce
matin, on a ajouté 15 000 000 $ dans un programme de 35 000 000 $ dont,
jusqu'à maintenant, en cinq ans, 4 000 000 $ seulement ont
été engagés. M. le Président, est-ce que...
Le Président: J'ai un rappel au règlement. M. le
leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je comprends que le leader de
l'Opposition a indiqué que le chef de l'Opposition était en
question principale. Je comprends que vous nous accordez une plus grande
latitude, mais est-ce qu'on peut en venir à une question précise
et directe à un moment donné?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, votre question. S'il vous plaît, MM. les députés!
Votre question, M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: J'y venais, M. le Président. Est-ce que c'est
de ça que le premier ministre parlait, il y a quelques instants, quand
il indiquait que, ce matin, de nouvelles mesures de relance seraient
annoncées? Est-ce que c'est à cela qu'il faisait allusion, un
réaménagement des chaises sur le pont du bateau, et d'un bateau
dont on ne sait pas très bien où il va?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, j'ai eu l'occasion,
tantôt, de souligner au chef de l'Opposition que, la semaine
dernière, dans ses reproches qu'il faisait au gouvernement, il avait
fait plusieurs inexactitudes, pour employer le terme le plus poli. Je lui
demanderais d'essayer, dans une situation difficile comme celle-là,
d'être aussi objectif que ses fonctions peuvent le permettre. Je veux
dire, il peut prendre exemple sur son collègue, le député
d'Abitibi-Ouest, qui rendait hommage, hier matin, à la commission sur
les cégeps, à la relève dans la jeunesse du Parti
libéral.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, j'ai cité un
député de l'Opposition en exemple. Dans les chiffres qui nous
sont donnés par le chef de l'Opposition, je crois, encore une fois, que
ce qu'il aurait dû mentionner, c'est que des entre- prises ayant
bénéficié d'un apport financier en date du 30 novembre
1992, il y en avait 390, pour des montants accordés de 146 000 000 $,
avec des emplois directs protégés de 21 187.
Pour le Fonds - j'arrive au Fonds de développement technologique.
Là, je répondais à la première question. Je
complétais ma réponse à la première question -
à ce jour, il y a plus de 655 000 000 $ d'investissements. Alors, quand
le chef de l'Opposition mentionnait - combien -4 000 000 $, il y a 650 000 000
$. Il y a quand même un écart considérable, M. le
Président.
Le Président: Question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, puis-je rappeler au premier
ministre que, quant aux 390 entreprises dont il parle, cela se compare à
790 entreprises dans Biron I et 1200 dans Biron II. Alors, quand
même.
Le Président: Votre question, s'il vous plaît.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que je peux
déposer ces tableaux qui ont été présentés
par trois ministres, ce matin, dans une conférence de presse qui a
tourné à ce point à la farce qu'un journaliste est sorti
en claquant la porte?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dépôt de
documents.
Le Président: Alors, j'ai une demande pour un
dépôt de documents. Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt des documents? M. le leader.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme d'habitude, il y a
consentement, mais sans commentaire.
Documents déposés
Le Président: Alors, les documents sont donc
déposés. Vous avez une question, M. le chef de l'Opposition, en
complémentaire.
M. Parizeau: En complémentaire, M. le Président.
Est-ce que, quant au financement des entreprises, puisque c'est de ça
que nous parlons, Reprise PME ou Fonds de développement technologique,
la premier ministre va avoir autre chose à dévoiler dans le sens
d'un plan de relance dans les jours qui viennent ou bien si cela
représente, hier et aujourd'hui, la totalité de ce que le
gouvernement a à annoncer à l'égard des entreprises?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, il y aura, d'ici une
semaine, plusieurs autres annonces dans
différents secteurs. Je me permettrais d'ajouter que, ce matin,
il y avait huit projets pour ce qui a trait à la SYNERGIE, totalisant 27
000 000 $. Il y avait un investissement pour Multi-Média de 26 000 000
$. Alors, je veux dire, c'est des choses que ne mentionne pas le chef de
l'Opposition.
Il y avait également la présence, ça se peut que la
présence de plusieurs personnes ait été mal
interprétée par d'autres personnes, mais il y avait la
présence, ce matin, de plus de 10 présidents d'entreprises. On a
pu les confondre peut-être avec d'autres... On m'a dit qu'on les avait
confondus avec des membres de la fonction publique, mais c'étaient des
présidents d'entreprises.
Je réfère à la remarque du chef de l'Opposition qui
disait que quelqu'un a claqué la porte. Alors, je lui dis que le
contexte, peut-être, était un peu nouveau, pour certains. Mais je
me permets, très sobrement, très sobrement, en essayant de
convaincre le chef de l'Opposition, je me permets de lui mentionner toutes ces
mesures concrètes.
Je comprends que c'est peut-être un peu comme chef de
l'Opposition, je ne dis pas que comme Québécois il doit s'en
réjouir intérieurement, mais, comme chef de l'Opposition, lui qui
avait annoncé que le gouvernement ne faisait rien pour la relance et
qu'il doit, chaque jour, comme chef de l'Opposition, souffrir toutes ces
annonces qui sont faites par le gouvernement pour relancer l'économie,
je comprends un peu son amertume ce matin.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que le premier
ministre conviendra que, quand il indique, dans le Fonds de
développement technologique, qu'il y a huit projets au programme
SYNERGIE pour 22 600 000 $ d'engagements, et seulement 4 000 000 $ de
déboursés à date-Pourquoi, diable! est-ce qu'il a
ajouté 18 000 000 $ quand l'enveloppe est de 50 000 000 $? Il n'a pas
besoin de ça!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parizeau: Est-ce que et le premier ministre pourrait nous
dire, au sujet du projet Recherche et développement-PME où il y a
35 000 000 $ d'affectés... Il y a eu seulement, jusqu'à
maintenant, 3 900 000 $ d'engagements puis 2 000 000 $ de
déboursés. Pourquoi est-ce qu'il en a fait ajouter 15 000 000 $
ce matin? Il n'a pas besoin de ça!
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Chevrette: Poudre aux yeux!
M. Parizeau: j'ai eu l'occasion de dire, m. le président,
que j'aimerais que le premier ministre...
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: ...me réponde à cet égard, je
lui ai dit qu'au fond, ce qu'il a à annoncer, c'est ou bien du vague ou
bien des farces plates. Ce matin, si je comprends bien, on est dans le
réseau des farces plates.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je sais que le chef de
l'Opposition, la semaine dernière, avait eu un succès
mitigé sur certaines de ses questions et je ne crois pas... je comprends
pourquoi il reprend encore les mêmes expressions. Je lui dis, je lui
donne des chiffres, je ne vois pas en quoi c'est blaguer que de donner des
chiffres et de dire qu'il y a 227 000 000 $ pour huit programmes de SYNERGIE,
qu'il y a 655 000 000 $ qui ont été engagés,
d'investissements, avec le Fonds de développement technologique, et
qu'il y a d'autres projets qui vont venir, qu'il y a 390 entreprises qui en ont
profité. Je veux dire, ça, il n'y a pas de blague
là-dedans, c'est des réalisations très
concrètes.
Les questions du chef de l'Opposition, comme on le sait, comportent
plusieurs éléments d'accusation pour les politiques du
gouvernement, et parfois avec un humour assez discutable. Je ne vois pas
pourquoi je ne pourrais pas répliquer pour essayer de ramener le chef de
l'Opposition à la réalité. Mais, ce matin, nous lui avons
donné des résultats très concrets qui le confondent
totalement quant à la substance de ses questions, et je comprends qu'il
soit forcé de revenir à de vieux clichés. (10 h 50)
Le Président: En question principale, M. le
député de Labelle.
Demandes faites à Ottawa par le
gouvernement
du Québec en prévision de
l'exposé budgétaire
du ministre fédéral des Finances
M. Léonard: M. le Président, hier, le premier
ministre indiquait en cette Chambre que le gouvernement du Québec avait
fait des représentations à Ottawa en prévision de
l'exposé budgétaire présenté hier après-midi
par M. Mazankowski. Il appert que, de façon concrète, les mesures
destinées au Québec se résument à la
réfection de deux ponts à Montréal. Il appert
également que cet exposé aura des conséquences
budgétaires pour le gouvernement du Québec. Est-ce que le premier
ministre peut nous indiquer si les demandes présentées à
Ottawa par le gouvernement du Québec se résument à la
réfection de deux ponts?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: II y a quelques mesures, M. le Président, qui
ont été annoncées. On parle des ponts de Montréal
et des routes stratégiques. Les modalités sont à
venir.
On est bien concient que la déclaration budgétaire de M.
Mazankowski reflète l'acuité de la situation financière
canadienne. On doit quand même constater... J'ai de la difficulté
à avoir l'attention du chef de l'Opposition, je l'aurai sûrement
en lui parlant des énormes déficits qu'on doit assumer. On doit
même constater que, cette année, le déficit augmentera de
presque 30 % et que, l'an prochain, le déficit sera également
relativement élevé.
Alors, c'est clair que la déclaration budgétaire d'hier
met en relief l'acuité très, très sérieuse de la
situation financière canadienne. Il y a quelques mesures
concrètes qui ont été annoncées; je suis d'accord
avec le député de Labelle qu'elles ne sont pas très
importantes. Il faut quand même noter, si on veut essayer de trouver des
éléments moins défavorables, que les tranferts directs aux
provinces ne sont pas affectés. On sait que c'était une coutume
du gouvernement fédéral durant plusieurs années de
transmettre aux provinces certaines dépenses. On doit constater
qu'à cet égard-là on n'a pas affecté les transferts
directs aux provinces. Mais, de façon générale, c'est
clair que le budget ne comporte pas des mesures importantes pour la relance de
l'économie.
Le Président: Pour une question complémentaire.
M. Léonard: Est-ce que le premier ministre peut nous
garantir que les quelques sommes d'argent disponibles pour le Québec
pour des projets concrets que le gouvernement fédéral est
disposé à engager, dans le domaine du transport en particulier,
ne seront pas annulées par des compressions budgétaires
nécessitées dans d'autres ministères
québécois?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le député de Labelle sait fort bien
que je ne peux pas lui répondre d'une façon absolue, parce que ce
n'est pas moi qui suis président du Conseil du trésor au niveau
fédéral. C'est M. Loiselle qui est président du Conseil du
trésor. Tout ce que je puis dire, c'est que je crois que le gouvernement
fédéral va respecter ses engagements - il les a annoncés
à plusieurs reprises - et que, s'il ne respectait pas ses engagements,
il y a toujours la sanction de la population comme pour tous les gouvernements,
à quelque niveau que ce soit. Mais il s'est engagé formellement
hier à dépenser ces sommes.
Le Président: Toujours en complémentaire,
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Maintenant que l'exposé
budgétaire de M. Mazankowski a été fait,
déposé à Ottawa, est-ce que le premier ministre peut
maintenant déposer la liste des demandes qu'il a faites, lui ou le
ministre des Finances, à Ottawa, maintenant?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, la liste portait sur un
programme d'infrastructures. Je crois que nous allons prévenir le
ministre fédéral des Finances, et nous essaierons de
déposer la lettre demain.
Le Président: Alors, en question principale, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Impacts au Québec des nouvelles mesures
touchant l'assurance-chômage et l'aide sociale
Mme Harel: M. le Président, alors que c'est au
Québec que l'on retrouve la plus forte proportion de la population
vivant sous le seuil de pauvreté, et un sous-emploi chronique qui touche
700 000 hommes et femmes, plutôt que de nous annoncer des gestes concrets
et une véritable politique de l'emploi, les deux gouvernements ont
préféré, hier, se transférer mutuellement de la
clientèle de l'assurance-chômage à l'aide sociale et de
l'aide sociale à l'assurance-chômage.
D'abord, le ministre de la Main-d'oeuvre qui annonce l'extension
à tout le Québec de la même mesure annoncée l'an
passé pour la grande région montréalaise, à savoir
la subvention pour une durée de six mois, le temps qu'il faut pour avoir
du chômage d'emplois temporaires. Et je dois dire, M. le
Président, que le mot «emplois» ne dure que le temps des
conférences de presse seulement et que, par la suite, on les appelle
«expériences temporaires de travail et stages».
D'autre part, Ottawa annonçait, en après-midi, sa nouvelle
stratégie de lutte aux chômeurs plutôt qu'au chômage,
et la proposition absolument révoltante de gel et de suppression des
prestations d'assurance-chômage.
M. le Président, ma question au premier ministre: Puisque cette
suppression est de l'ordre de 875 000 000 $ pour cette année et de 1 600
000 000 $ pour l'an prochain, et puisque c'est la bonne vieille habitude
d'Ottawa de réduire ses dépenses sur le dos du Québec,
à combien évalue-t-il l'impact sur les finances publiques
québécoises de l'augmentation et du fardeau supplémentaire
à l'aide sociale?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, la députée
responsable, la députée de Hochelaga-Maison-
neuve comprendra qu'on n'a pas terminé tous les calculs. Il peut
y avoir des impacts sur l'aide sociale. On a annoncé des mesures hier.
Curieusement, on n'en a pas fait mention. Le ministre du soutien du revenu
mentionnait qu'il y avait 40 % des assistés sociaux qui pouvaient
rester, qui restaient à leur travail. Alors, voilà un
résultat très concret des politiques gouvernementales. On
s'attendrait que ce soit souligné. Quant à l'impact financier,
nous allons examiner et nous pourrons aviser, dans les prochains jours, sur
l'impact financier de ces mesures.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Harel: Le premier ministre sait-il que cet effet concret de
la mesure annoncée par le ministre de la Main-d'oeuvre, hier, et qui
l'était depuis un an à Montréal, a donné comme
résultat que la ville de Montréal a supprimé 900 emplois
et a signé, avec le ministère, une entente pour 1000
expériences de travail temporaires dans le cadre du même programme
annoncé hier? Et, M. le Président, le premier ministre
reconnaît-il qu'avec le tiers des chômeurs canadiens, c'est
principalement le Québec qui va écoper, écoper du tiers et
proportionnellement d'un montant de 275 000 000 $ pour cette année et de
550 000 000 $ l'an prochain?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, nos chiffres ne concordent
pas du tout, d'après mes premières informations. Je suis
étonné. Je suis étonné des propos de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Alors que nous avons
démontré, hier, que le programme était l'un des plus
fructueux, elle nous contredit ce matin en faisant des affirmations qui ne
reposent pas sur les faits et en mélangeant complètement les
secteurs d'activité. Je demanderais à la députée -
c'est son habitude, d'ailleurs - de manifester plus d'objectivité dans
ses commentaires ou dans ses conclusions. Je lui demande de revenir à
son attitude habituelle et de quand même souligner, dans ce
secteur-là, le travail très réussi du gouvernement.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
Mme Harel: Est-ce qu'à l'égard du programme PAIE,
le premier ministre pourrait s'en tenir aux faits plutôt qu'aux
communiqués de presse trompeurs, M. le Président?
Des voix: Ah!
Mme Harel: Est-ce que le premier ministre peut reconnaître
qu'il n'y a, au mois de novembre, que 8694 bénéficiaires qui
participent à cette mesure, et peut-il reconnaître que c'est une
mesure temporaire, M. le Président, qui a une durée de vie de six
mois seulement, et que c'est exactement le même nombre de
bénéficiaires qui quittent et qui reviennent à l'aide
sociale que dans l'ensemble des autres mesures? Et peut-il nous dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président...
Le Président: Oui. Bon! Un instant! Oui, alors, sur un
rappel au règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...lors de sa première
question additionnelle, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve a
adressé deux questions additionnelles. Cette fois-ci, à
l'occasion de la deuxième, elle s'apprête à en adresser
trois. Est-ce que ça devient cumulatif?
Le Président: Bon! Alors, à ce moment-ci,
effectivement... M. le leader... À ce moment-ci, il y a certaines
questions qui ont été posées. Je reconnais que le premier
ministre pourra répondre aux questions posées. M. le premier
ministre.
M. Bourassa: M. le Président, on n'a pas les mêmes
chiffres! On n'a pas les mêmes chiffres. Moi, j'ai... On dit que le
programme, il y a plus de 30 000 qui en ont bénéficié.
Donc, ce n'est pas les chiffres du tout qui sont... Je ne sais pas qui
informe... Je suis bien heureux d'avoir des questions de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. C'est très, très
rare qu'elle m'en pose. J'attends encore des questions du député
de Lac-Saint-Jean. Non, non.
Le Président: Alors, M. le premier ministre. (11
heures)
M. Bourassa: Ce que je dis à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, c'est qu'il y a 30 000 personnes qui en ont
bénéficié, et je lui répète, encore une
fois, qu'on me donne un exemple d'un programme aussi fructueux alors que
près de 40 % réussissent à sortir de l'aide sociale. On
sait que c'est un problème qui est fondamental et 40 %
réussissent à en sortir. Qu'on me donne un exemple d'un programme
efficace comme celui-là. Je ne comprends pas, au moins, ne serait-ce que
pour consolider sa crédibilité, que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve ne signale pas quand même cet aspect favorable du
programme. Elle pourrait simplement le souligner, même
discrètement, dire: Enfin, voilà quelque chose de concret dans un
problème aigu, et passer à ses critiques par la suite. Pas un
mot, M. le Président. C'est difficile aujourd'hui de la prendre au
sérieux.
Le Président: Pour une autre question additionnelle.
Mme Harel: Alors, M. le Président, le
premier ministre peut-il reconnaître que c'est principalement le
Québec et les Québécois qui vont écoper des mesures
annoncées en matière de suppression à
l'assurance-chômage et reconnaît-il que c'est de l'ordre de 275 000
000 $, cette année, et de 550 000 000 $ l'an prochain de diminution de
ces prestations pour le Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je suis déçu
du manque d'information de la députée. Elle devrait savoir qu'en
Ontario il y a un plafond sur les dépenses de l'aide sociale, un plafond
de 5 % qui s'applique à trois provinces: l'Alberta, la
Colombie-Britannique et l'Ontario. Donc, eux sont limités. Si les
dépenses d'aide sociale excèdent 5 %, ils doivent en payer 100 %.
C'est l'une des raisons, d'ailleurs, pourquoi le déficit de l'Ontario a
augmenté d'une façon dramatique. Et elle prétend, ce
matin, que c'est le Québec qui serait la première victime, alors
que nous n'avons pas ce plafond?
Alors, je dis que les chiffres qu'elle a soulignés... Je prends
son affirmation. Son affirmation, M. le Président, c'est que le
Québec est la pire des provinces. Je me dis: Comment peut-elle affirmer
ça d'une façon crédible? Comment peut-elle être
prise au sérieux quand on sait que nous n'avons pas, nous, ce plafond de
5 %? Je veux dire: Ce n'est pas logique. Ça manque de cohérence.
Il me semble que le chef de l'Opposition devrait peut-être poser une
question additionnelle à cet égard pour venir... Je dis...
Le Président: Alors, en conclusion, M. le premier
ministre.
M. Bourassa: ...que les chiffres... Je ne sais pas quelles sont
ses informations...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: Les premières estimations qui pourraient
survenir sur les chiffres de l'impact sur les mesures de
l'assurance-chômage, ces premières estimations qui sont
très préliminaires me paraissent quand même nettement
inférieures et hypothétiques, de toute façon, à
celles suggérées par la députée.
Le Président: Très bien. Dernière question
additionnelle.
Mme Harel: Alors, M. le Président, faut-il comprendre des
propos du premier ministre qu'il admet et se résigne à
l'augmentation du fardeau sur l'aide sociale et qu'il entend y contribuer pour
la moitié de la somme?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: C'est évident que nous devons assumer notre
part, et nous le faisons. Je dis simplement, j'ai simplement
répliqué tantôt, quand elle a dit, d'une façon
catégorique, que nous sommes la pire province. Je dis, M. le
Président, que voilà une erreur absolue de la part de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Le Président: En question principale, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Projets d'immobilisation des commissions
scolaires
M. Gendron: Oui. Il y a deux semaines, M. le Président, il
y avait Conseil des ministres spécial, au Mont-Sainte-Anne,
supposément pour planifier la reprise de la session. Supposément
pour planifier la reprise de la session et mettre l'accent sur
l'économie. Mettre l'accent sur l'économie avec une
déclaration économique corsée, importante, majeure. Or, le
24, on a ouvert la session, le 24 novembre, on n'a pas entendu une phrase, pas
un mot du premier ministre sur sa déclaration soutenue, corsée
sur la relance. Il n'y a pas eu de plan de relance. Et la preuve, c'est que
mardi de cette semaine, les directions régionales du ministère de
l'Éducation ont appelé les commissions scolaires, écoutez
bien ça, en leur demandant de soumettre leurs projets pour le plan de
relance en éducation. On exigeait les projets pour 16 heures le
même jour. Le 1er décembre, on les a appelées et on a dit:
Vous avez jusqu'à 16 heures; vous avez jusqu'à 16 heures le
même jour pour produire vos plans de relance.
La question à la ministre de l'Éducation: Peut-elle
prétendre honnêtement, objectivement, sérieusement à
un programme de relance lorsqu'on exige, le même jour, la liste des
projets d'immobilisation? Est-ce qu'il ne s'agit pas plutôt d'un
programme panique?
Le Président: Mme la ministre de l'Éducation.
Mme Robillard: M. le Président, non seulement on s'occupe
d'économie dans ce gouvernement, mais on s'occupe aussi
d'éducation, et ce, à tous les ordres d'enseignement. Nous sommes
en train, présentement, de faire une réflexion en profondeur sur
l'ordre d'enseignement collégial, pour les jeunes qui fréquentent
ces ordres-là. Il y a toutes sortes de mesures présentement pour
améliorer la formation chez nos jeunes. Ça aussi, ça fait
partie du plan de développement économique du gouvernement.
Quant à ce que le député d'Abitibi-Ouest avance ce
matin, c'est dans l'ordre régulier des choses qu'à ce stade-ci de
l'année nous regardions les plans d'immobilisation dans tous les
réseaux scolaires et qu'il y ait une mise à jour de faite des
demandes antérieures qui sont entrées au ministère de
l'Éducation. C'est tout à
fait normal. Je ne sais pas pourquoi le député
s'inquiète.
Le Président: En question complémentaire.
M. Gendron: Oui. Qu'il y ait une commission parlementaire sur
l'avenir des cégeps, je le sais, ça fait cinq semaines que j'y
participe activement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: La question très simple, pas
compliquée, parce qu'il ne faut pas que ce soit trop compliqué,
c'était: Est-ce que vous avez autorisé, Mme la ministre, mardi de
cette semaine, que le même jour - que le même jour -les commissions
scolaires fournissent aux directions régionales un plan de relance dans
les projets d'immobilisation en éducation? C'est ça, la question.
Est-ce que vous avez autorisé ça? Est-ce que vous avez
exigé ça? Et est-ce que vous trouvez que ça fait
sérieux comme plan de relance?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robillard: Oui, M. le Président, j'autorise toujours
qu'il y ait des mises à jour de faites de façon
régulière sur tous les besoins des ordres d'enseignement au
niveau du Québec, et c'est ça, la responsabilité d'une
ministre, M. le Président.
Le Président: Autre question complémentaire?
M. Gendron: Oui. Non, mais...
Une voix: Posez donc votre question.
Des voix: Ils n'ont plus de questions. Ha, ha, ha!
Une voix: Principale.
Le Président: Alors, question...
Des voix: Ils n'ont plus de questions.
Le Président: S'il vous plaît! Alors, je reconnais,
en question principale, M. le député de Masson.
Établissement de deux casinos au Québec
en 1993
M. Blais: Merci, M. le Président. Est-ce que le ministre
du Tourisme peut nous dire si son gouvernement a toujours l'intention ferme
d'établir deux casinos au Québec en 1993, un dans Charlevoix, au
Manoir Richelieu, et un à
Montréal, dans l'année qui vient?
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: M. le Président, je ne sais pas si la
question du député de Masson traduit maintenant l'intention de
l'Opposition eu égard à rétablissement de ces
équipements au Québec, mais je lui répondrai que je
l'aviserai quand le gouvernement aura pris cette décision.
Le Président: En question complémentaire.
M. Blais: est-ce que le ministre a un programme pour
étudier la qualité et l'absence de soupçon de tout le
personnel qui serait dans ces casinos éventuels?
Le Président: M. le ministre. M. Vallerand: M. le
Président... Des voix:...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre.
M. Vallerand: M. le Président, je juge la question
hypothétique puisque j'ai dit au député tout à
l'heure qu'on aviserait au moment où le gouvernement aurait pris sa
décision, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
Des voix:...
Le Président: En question complémentaire.
M. Blais: Vu que Loto-Québec exige du simple
dépanneur de n'avoir aucun soupçon dans sa vie personnelle pour
lui accorder une simple valideuse, est-ce que le ministre va toujours avoir son
intention d'accorder à M. Malenfant un permis de casino - ce n'est pas
comparable à une valideuse - même si le ministre du Revenu
poursuit M. Malenfant en justice?
Le Président: M. le ministre. (11 h 10)
M. Vallerand: Je pense que la question du député de
l'Opposition, M. le Président, devient plus évidente. Finalement,
c'était ça, le sens de sa question. Je pense que ce n'est pas le
temps de faire des personnalités dans la situation actuelle que
connaît la personne qui a été mentionnée. De toute
façon, M. le Président, je peux rassurer l'Opposition que, si le
gouvernement décidait d'aller de l'avant avec l'équipement qui
s'appelle les casinos, nous prendrons toutes les dispositions pour nous assurer
que la sécurité soit démontrée de toute
évidence.
Le Président: Alors, toujours en complémentaire, M.
le député de Masson.
M. Blais: Est-ce que le gouvernement actuel s'est engagé
devant M. Malenfant à lui octroyer un casino, si jamais,
éventuellement, le gouvernement vient à décider quelque
chose dans ce dossier?
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président: M. le ministre.
M. Vallerand: ii faut parfois répéter certaines
réponses, m. le président. j'ai dit tout à l'heure que,
lorsque le gouvernement déciderait d'aller de l'avant avec la question
des casinos au québec, il déciderait à la même
occasion de convenir des endroits où il voudrait voir ces
équipements-là opérer.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député d'Ungava.
Activités des services de renseignements de la
Sûreté du Québec
M. Claveau: Oui, M. le Président. On assiste ces temps-ci
à un phénomène inquiétant de la part des forces
policières au Québec, M. le Président. Comme ce fut le cas
à une autre époque, et le gouvernement s'en rappellera, des
activités de renseignements de la Sûreté du Québec
semblent avoir repris de plus belle. On apprenait en effet, ces derniers jours,
que la direction des renseignements de la Sûreté du Québec
a entrepris des opérations de renseignements auprès de certains
groupes environnementaux et de citoyens en particulier. Cette nouvelle a de
quoi nous inquiéter et elle soulève un certain nombre de
questions sur les agissements de cette direction dans le cadre du respect de
nos droits démocratiques, M. le Président.
Le ministre de la Sécurité publique peut-il nous confirmer
l'ampleur de cette opération policière? Peut-il nous dire s'il
l'a autorisée et quels sont les budgets qu'il a autorisés pour ce
genre d'opération?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: Toud d'abord, je ne suis pas au courant qu'une telle
opération existe. Par conséquent, j'ai des raisons de penser
qu'elle n'existe peut-être pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Non, parce que, d'ordinaire... Je dis ceci...
Le Président: Un instant, M. le ministre. M. le ministre!
Un instant! Un instant! Vous avez la parole, M. le ministre.
M. Ryan: Je dis ceci... Si on m'avait laissé
compléter, au lieu d'interpréter comme d'habitude, on serait
mieux renseigné. Je dis ceci pour rendre hommage à la direction
de la Sûreté du Québec qui m'informe fidèlement,
régulièrement, de l'activité qu'elle poursuit dans
différents domaines et qui répond toujours à mes demandes
d'information avec beaucoup d'empressement.
Dans ce cas-ci, il y a eu un article dans les journaux hier ou
avant-hier. Je n'ai pas eu le temps d'en prendre connaissance. Nous
procéderons aux vérifications nécessaires. Je crois
pouvoir affirmer jusqu'à preuve du contraire qu'il n'y a pas de telles
activités, parce que j'en ai reçu l'assurance à plusieurs
reprises de la part de la direction de la Sûreté du Québec.
Il peut arriver cependant que des personnes associées à tel ou
tel groupement soient l'objet d'enquêtes policières pour des
raisons valables et qu'elles aient intérêt à se cacher
derrière l'organisme pour faire croire qu'on poursuit l'organisme, alors
qu'on fait peut-être des enquêtes fondées sur des actions
individuelles. De toute manière, je vérifierai ces choses. Je
serai très heureux de fournir à la Chambre les renseignements que
j'aurai colligés.
Le Président: Pour une question complémentaire.
M. Claveau: Le ministre de la Sécurité publique
convient-il qu'il est excessivement dangereux et inquiétant d'assimiler
des actes de gens ou des actes individuels à des groupes
écologiques et que, dans ce sens, il devrait être très
attentif, afin de faire en sorte que l'on n'identifie pas les groupes
écologiques comme étant des groupes présumément
dangereux dans la population du Québec? C'est ça, je pense, le
fond du problème. Le ministre...
Le Président: M. le député...
M. Claveau: ...est-il prêt à s'assurer que la
Sûreté du Québec ou que les services de renseignements de
la Sûreté du Québec ne fassent pas en sorte
d'accréditer dans la population que les groupes écologiques sont
des groupes présumément dangereux pour la paix et la
sécurité publique?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: J'étais enclin à ne pas répondre
à cette question parce qu'elle reprend passablement les questions
précédentes, mais je voudrais profiter de la nouvelle question
pour ajouter une précision qui s'impose.
On a parlé l'autre jour, dans cette Chambre, d'une police
politique. Or, je nie formelle-
ment cette insinuation qui a été formulée par le
leader de l'Opposition l'autre jour. La Sûreté du Québec
n'est pas une police politique, mais elle enquête, au besoin, même
sur des personnalités politiques...
Une voix: Bravo!
M. Ryan: ...si celles-ci ont été
mêlées à des actions qui justifient des enquêtes. Je
pense que, du côté du gouvernement, il y a eu des
allégations qu'on a entendues, des enquêtes ont été
faites. Je dois rendre hommage à mes collègues qui étaient
visés, qui n'ont jamais laissé entendre que c'était une
police politique parce qu'elle s'enquérait de certaines
activités. D'ailleurs, on a vu... Les résultats de ces
enquêtes ont été rendus publics, c'a été fait
clairement et, dans ce cas-ci, vous aurez le même genre d'information.
Mais je ne peux pas admettre qu'on laisse croire qu'il y aurait des
inspirations de nature politique derrière les actions que fait la
Sûreté du Québec, c'est faux!
Une voix: Des excuses!
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire, M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Oui, M. le Président. Ma question additionnelle
s'adresse au ministre de l'Environnement. J'allais lui demander s'il avait
été mis au courant par son collègue de la
Sécurité publique; alors, évidemment, la question ne
s'applique pas.
Le ministre de l'Environnement a-t-il parlé lui-même, ou
son cabinet ou ses fonctionnaires à la Sûreté du
Québec? A-t-il, deuxièmement, donné accès à
la Sûreté du Québec aux listes de membres que lui, le
ministre de l'Environnement, a exigé que les groupes environnementaux
lui soumettent, rendent accessibles lorsqu'ils font une demande de subvention?
Est-ce que le ministre de l'Environnement peut tirer au clair, mettre au clair
sa position, nous dire comment il défend ses alliés, les groupes
environnementaux, et nous assurer qu'il n'a pas donné accès
à la Sûreté du Québec à ces listes de membres
des groupes environnementaux?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (brome-missisquoi): m. le président, le
critique de l'opposition en matière d'environnement peut avoir
l'assurance du ministre de l'environnement qu'il n'a pas communiqué les
listes auxquelles il a fait référence.
M. Lazure: M. le Président...
Le Président: Une question additionnelle.
M. Lazure: ...de façon plus précise, pourquoi
exige-t-il les listes de membres des groupes environnementaux? Pourquoi?
Deuxièmement...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Lazure: ...selon la Sûreté du Québec, qui
dit aller parler aux groupes environnementaux et aux propriétaires de
sites d'enfouissement...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Alors, je
demande la collaboration de tous les collègues; évidemment, j'ai
entendu des murmures du côté droit et du côté gauche,
mais principalement du côté droit, et je demande la collaboration.
Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
rappellerai au député de La Prairie que ses questions doivent
être brèves, précises et sans préambule.
Le Président: Alors, M. le député de La
Prairie, pour votre question, s'il vous plaît.
M. Lazure: Deux volets. Pourquoi exige-t-il la liste des membres
des groupes environnementaux? Deuxièmement, pourquoi ne répond-il
pas aux demandes du monde municipal et des groupes environnementaux et ne
procède-t-il pas à une enquête ou audience publique sur les
déchets domestiques...
Le Président: Bon! Écoutez... M. Lazure:
...comme il a fait...
Le Président: Un instant! Alors, à ce moment-ci, M.
le député de La Prairie, je peux vous reconnaître en
question principale. Écoutez... Oui. Je comprends, mais on ne peut pas
étendre la question principale, qui était sur un domaine
donné à la Sécurité publique, au niveau d'une
enquête en environnement. Si vous voulez, vous pouvez poser votre
question en question principale. Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, c'est l'enquête fort
précisément de l'attribution pour les déchets domestiques.
La question est très précise et elle est dans l'ordre, à
mon point de vue. Il demande: Quels sont les motifs qui poussent le ministre de
l'Environnement, actuel leader, qui se fait juge et partie dans
l'évaluation de la question... Il lui demande pourquoi il exige des noms
d'une association. Ordinairement, dans toutes les subventions, on demande
purement le nombre de membres; on ne demande pas la liste. Qu'est-ce qui
justifie la demande des noms précis des membres, M. le Président?
C'est ça, la question fondamentale.
Le Président: J'ai simplement... D'accord, la question...
Je n'ai pas posé d'objection à cette question, je posais une
interrogation au député de La Prairie concernant le
deuxième volet de sa question additionnelle relativement à un
dossier concernant l'environnement et non pas, à mon sens... Je
demandais de quelle façon il pouvait la relier à la question
principale. Alors, allez-y.
Une voix: L'enquête...
Le Président: Oui. Bien, reposez votre question, s'il vous
plaît.
M. Lazure: La Sûreté du Québec dit faire une
enquête sur les familles dans l'industrie des déchets domestiques.
Bon! Alors, je répète la question à deux volets: Pourquoi
exiger la liste des membres des groupes environnementaux qui sont censés
être vos alliés? Deuxièmement, pourquoi ne pas mettre sur
pied une commission d'enquête, genre commission Charbonneau, sur
l'industrie des déchets domestiques et répondre ainsi à la
demande du monde municipal et des groupes environnementaux?
Le Président: Alors, M. le ministre de l'Environnement.
(11 h 20)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je soumets
que le ministre de la Sécurité publique a répondu de
façon satisfaisante aux questions du député d'Ungava, que
le député de La Prairie m'a demandé si, comme ministre de
l'Environnement, j'avais fourni des listes à un corps policier. J'ai
répondu par la négative, et il continue de tenter, de
façon insidieuse, de relier ces deux événements ou ces
deux réponses. J'insiste, M. le Président, pour que le
règlement soit appliqué.
Le Président: S'il vous plaît! Alors, sur une
question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, le leader n'a certainement
pas lu cet article-là, qui l'empêche de prêter des
intentions à qui que ce soit en cette Chambre. Premièrement. Et
vous allez lui demander de retirer les propos qu'il a tenus à
l'égard de mon collègue.
Le Président: Écoutez, il y a un rappel au
règlement relativement à la réponse du ministre. Je pense
que le ministre est maître de ses propos, ici, à ce moment-ci; je
lui rappelle tout simplement de suivre le règlement. À ce
moment-ci, il peut compléter sa réponse, mais je ne vois pas en
quoi je pourrais lui demander de retirer les propos prononcés. Alors, M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président. Aucun
député ne peut prêter d'intentions à quelque
député que ce soit en cette Chambre. «C'est-u» notre
règlement, ça, oui ou non, à moins qu'il ait
changé? Dès qu'un député, à ce
moment-là, le fait, M. le Président... En vertu du
règlement, dès qu'un député le fait, quel est votre
rôle?
Le Président: Effectivement, je rappelle le
règlement qu'on ne peut prêter des propos à un
député. Effectivement, c'est vrai. Je connais cette
façon-là de faire. Tout simplement, je donne la parole au
ministre en lui disant, en lui rappelant que le règlement existe et
qu'il s'y conforme, purement et simplement. Alors, votre réponse, M. le
ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, comme
leader, sur la question de règlement, j'indiquerais au leader de
l'Opposition que s'il y a quelqu'un qui a prêté ou tenté de
prêter des intentions à quelqu'un, c'est le député
de La Prairie à l'occasion de ses questions.
Le Président: Non, écoutez! Écoutez, non,
non, non! C'est la fin de la période de questions. S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Alors, question de règlement.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Vous avez fait un
rappel au règlement, il y a récidive à part ça. M.
le Président, oui, oui, il y a récidive, effectivement, sur le
même sujet. Et je suppose que, dans les circonstances, il n'y a rien
à faire?
Le Président: Effectivement, le règlement est
clair, le règlement est très clair qu'un député ne
peut imputer des motifs à un autre député. Alors, purement
et simplement, c'est clair. C'est ce que le règlement mentionne, et je
demande à tous les députés de se conformer au
règlement sans cela...
Alors, il n'y a pas de vote reporté.
Motions sans préavis
Motions sans préavis. M. le leader du gouvernement.
Motion proposant que Mme Lucienne Robillard remplace
M. Michel Pagé comme parrain du projet de loi 141
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
sollicite le consentement de l'aimable leader de l'Opposition pour faire la
motion suivante: Je fais la motion pour que le nom de Mme Lucienne Robillard
remplace le nom de M. Michel Pagé comme parrain du projet de loi 141,
Loi sur l'enseignement privé.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
l'adoption de cette motion? Il y a consen-
tement. Cette motion... Une voix:...
Le Président: Bien, c'est une motion sans préavis,
alors, à ce moment-ci, est-ce qu'il y a consentement pour la
présentation de cette motion? Est-ce qu'il y a consentement? S'il vous
plaît! S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, est-ce que cette motion est adoptée? Adopté.
Maintenant, toujours aux motions sans préavis, est-ce qu'il y a
d'autres motions sans préavis? En demandant la collaboration des
collègues, s'il vous plaît! Alors, je reconnais maintenant Mme la
députée de Verchères pour une motion sans
préavis.
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Qu'en ce 10°
anniversaire de la proclamation par le gouvernement du Québec du
dimanche le plus près du 23 novembre comme étant la
Journée des Patriotes, cette Assemblée rende hommage à la
mémoire de ces hommes et femmes qui ont lutté en 1837-1838 pour
faire progresser la démocratie et le parlementarisme au
Québec.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à ce
que nous débattions cette motion? M y a consentement. Alors, je
reconnais donc, pour une première intervention, Mme... Est-ce qu'il y a
consentement? Bon, je constate qu'il n'y a pas de consentement. M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président. Le Président:
Oui.
M. Chevrette: M. le Président, j'attire l'attention du
leader du gouvernement sur le fait suivant: les leaders, durant la
période intensive de la Chambre, on fait des ententes à l'effet
qu'on puisse limiter à un de chaque côté. Ça avait
fait l'objet d'une entente entre leaders préalablement. Je vous fais
juste remarquer cela pour le bon fonctionnement de la Chambre.
Le Président: Écoutez, là-dessus, moi,
simplement comme président, mon rôle est de demander, comme toute
motion sans préavis, s'il y a consentement. Alors, M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, j'endosse
les propos du leader de l'Opposition officielle. Il y avait effectivement eu
des pourparlers dans le sens qu'il vient d'indiquer. Dans les circonstances, je
ne peux faire autre chose que de vous demander de revérifier le
consentement.
Le Président: Très bien. Alors... S'il vous
plaît! Alors, à la demande de... Sur la motion
présentée par Mme la députée de Verchères,
est-ce qu'il y a consentement à ce que nous débattions de cette
motion?
Une voix: Non.
Le Président: II n'y a pas consentement. Je constate qu'il
n'y a pas consentement. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. M. le Président,
je sollicite le...
Le Président: Un instant, M. le député.
À l'ordre, s'il vous plaît! J'ai senti tantôt que plusieurs
personnes, lors de la présentation d'une pétition, ont applaudi
chaleureusement la pétition. J'espère qu'on joigne maintenant le
geste aux applaudissements et qu'on écoute quand je donne la parole
à une personne. M. le député de D'Arcy-McGee, vous avez la
parole.
M. Libman: Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée pour présenter la motion suivante: Que
l'Assemblée nationale appuie l'initiative du gouvernement du
Nouveau-Brunswick d'enchâsser le principe de la loi 88 qui garantit
l'égalité des deux communautés linguistiques de la
province et qui donnera le droit inaliénable à la
communauté francophone du Nouveau-Brunswick de gérer ses
institutions scolaires et culturelles.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à ce
que nous débattions de cette motion.
Une voix: Non.
Le Président: II n'y a pas consentement. Il n'y a pas de
consentement. Je constate. Ici, je n'ai identifié personne. J'ai un
défaut de consentement.
Il n'y a pas d'autre motion sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions
Avis touchant les travaux des commissions, M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, j'avise
cette Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à 24 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission des
institutions poursuivra l'étude détaillée des projets de
loi suivants, et ce, dans l'ordre ci-après indiqué: projet de loi
38, Loi sur l'application de la réforme du Code civil; projet de loi 50,
Loi modifiant le Code de procédure civile concernant le recouvrement des
petites créances.
Après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 16
heures à 18 heures, à la salle du
Conseil législatif, la commission de l'éducation
poursuivra ses auditions publiques dans le cadre de la consultation
générale sur l'enseignement collégial
québécois.
Après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à
la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission de l'aménagement et
des équipements poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi 46, Loi modifiant la Loi sur la Société de
l'assurance automobile du Québec. De 15 heures à 18 heures et de
20 heures à 24 heures, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, la
commission des affaires sociales procédera à l'étude
détaillée du projet de loi 51, Loi sur le Conseil des
aînés.
De 20 heures à 24 heures, à la salle du Conseil
législatif, la commission de la culture procédera à
l'étude détaillée des projets de loi suivants, et ce, dans
l'ordre ci-après indiqué: projet de loi 52, Loi sur le
ministère de la Culture; projet de loi 53, Loi sur le Conseil des arts
et des lettres du Québec.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader du
gouvernement.
Renseignements sur les travaux. M. le leader de l'Opposition
officielle.
Affaires du jour
Alors, nous en arrivons à l'étape des affaires du jour. M.
le leader du gouvernement, avec quel article du feuilleton, s'il vous
plaît?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article 4 du feuilleton.
Projet de loi 47 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 4 de
notre feuilleton, M. le ministre délégué à
l'Administration et à la Fonction publique et président du
Conseil du trésor propose l'adoption du principe du projet de loi 47,
Loi concernant le versement d'une allocation de retraite et d'autres
prestations et modifant la Loi sur le régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics.
M. le ministre délégué à l'Administration et
à la Fonction publique et président du Conseil du trésor,
vous avez droit à une intervention maximale de 60 minutes. Allez-y.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. L'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de projet de loi et il en recommande
l'étude à l'Assemblée. (11 h 30)
M. le Président, le projet de loi dont je propose aujourd'hui
l'adoption du principe vise à donner suite à une entente
intervenue le 3 juillet dernier avec nos partenaires syndicaux, en permettant
le versement d'une allocation de retraite aux participants du régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, le
RREGOP, qui sont admissibles à une retraite anticipée. Cette
mesure a été introduite en lieu et place des prestations
prévues antérieurement qui ne rencontrent pas les nouvelles
exigences fiscales fédérales.
On se rappellera, en effet, M. le Président, que, jusqu'au 1er
septembre dernier, le 1er septembre 1992, un participant au RREGOP pouvait,
sous certaines conditions, prendre sa retraite s'il était
âgé de 62 ans ou plus, mais de moins de 65 ans, et s'il avait au
moins deux années de service aux fins d'admissibilité à la
retraite. Cette personne voyait alors sa rente augmentée, d'une part,
d'un montant égal à la reconnaissance d'un maximum additionnel de
trois années de service, d'autre part, d'un montant égal à
la réduction actuarielle applicable à sa rente de retraite du
Régime de rentes du Québec et, finalement, de certaines autres
prestations qui, quant à elles, ne requièrent aucune modification
puisqu'elles respectent les règles fiscales fédérales.
La mesure que je viens de décrire, M. le Président, existe
depuis 1987 et, n'eût été la période de transition
qui nous a permis de la prolonger jusqu'au 1er septembre dernier, elle aurait
pris fin le 31 décembre 1991, dès l'entrée en vigueur des
nouvelles dispositions découlant de la réforme fiscale
fédérale.
Par ailleurs, comme ces mesures de retraite anticipée sont
financées à partir des surplus actuariels identifiés au
Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics et que les récentes évaluations démontrent que des
sommes sont encore disponibles, les parties se sont entendues, en juillet
dernier, sur une série d'adaptations qui permettent de continuer
d'offrir ces bénéfices aux participants du RREGOP au-delà
du 1er septembre 1992 tout en respectant les nouvelles règles
fiscales.
C'est dans ce but que le présent projet de loi, s'il est
adopté, permettra au gouvernement de prévoir le versement d'une
allocation de retraite égal à la somme des montants suivants.
D'abord, 1,3 % du traitement admissible moyen de l'employé qui y a
droit, qui cesse de participer au RREGOP et qui prend sa retraite avant la date
de terminaison de cette mesure, multiplié par le nombre de mois complets
compris entre la date de sa retraite et la date à laquelle cet
employé aurait atteint l'âge de 65 ans, ou, si elle est plus
hâtive, la date à laquelle il aurait atteint 35 années de
service créditées aux fins de ce calcul s'il avait
continué de travailler. Ce pourcentage est applicable sur un traitement
admissible moyen d'au plus 29 160 $. Si ce traitement excède ce montant,
le pourcentage
nécessaire au calcul est alors augmenté, en regard de
cette portion de traitement excédentaire, à 1,85 %. Et,
deuxièmement, à titre de compensation pour la réduction du
Régime de rentes du Québec appliquée à la rente de
retraite de l'employé, une allocation de 1,85 % du traitement admissible
moyen jusqu'à concurrence de 575 $ sera versée pour chaque mois
complet compris entre la date du début du versement à
l'employé de la rente du Régime de rentes du Québec,
c'est-à-dire la date de la retraite ou la date postérieure
à celle-ci, et la date de son 65e anniversaire de naissance.
Il est à noter, M. le Président, que les traitements
admissibles nécessaires au calcul de cette allocation de retraite sont
ceux actuellement déterminés en vertu de la Loi sur le RREGOP. Le
montant total de l'allocation est payable à la date à laquelle la
rente de retraite devient payable à l'employé en vertu du RREGOP.
L'entente conclue le 3 juillet dernier prévoit que ce montant ne peut
excéder celui obtenu en multipliant 2000 $ par le nombre d'années
ou partie d'années de service reconnues aux fins d'admissibilité
à la retraite en vertu du RREGOP. De plus, ce montant doit être
transféré au Régime enregistré
d'épargne-retraite de l'employé, sauf s'il est versé
à sa succession.
Je n'ai pas l'intention, à ce moment-ci, M. le Président,
de m'attarder aux modifications toujours très techniques en
matière de régime de retraite qui sont contenues dans le projet
de loi puisque nous aurons l'occasion de le faire lors de l'étude
article par article en commission parlementaire. Je souhaite seulement
rappeler, en terminant, que, même si la traduction légale est
toujours complexe, la volonté des parties négociantes est
très simple. Il s'agit de permettre aux participants du RREGOP de
continuer à se prévaloir d'une série de mesures qui
favorisaient la prise de retraite en harmonie avec la nouvelle
législation fiscale fédérale.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
président du Conseil du trésor. Je vais maintenant céder
la parole à Mme la députée de Taillon. Vous intervenez en
votre qualité de critique officielle en cette matière. Alors,
vous avez également droit à une période de 60 minutes.
Allez-y, Mme la députée.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Je suis
persuadée que l'écoute attentive du président du Conseil
du trésor de votre part vous a permis de constater qu'il s'agit encore
une fois, comme c'est souvent le cas, évidemment, de ce type de loi,
d'une loi très technique pour l'ensemble de ses articles, puisque c'est
essentiellement de voir comment, d'une part, corriger le régime pour
tenir compte d'obligations nouvelles que créent les change- ments
fiscaux apportés par le fédéral et, d'autre part,
d'essayer de voir comment, à l'intérieur du régime que
nous avons, on peut tenir compte d'un certain nombre de besoins que vivent les
participants au régime.
En fait, je ne pouvais pas non plus m'attarder du tout aux questions
techniques puisque nous aurons l'occasion de le faire lors de la commission
parlementaire qui nous permettra d'étudier le projet de loi article par
article. Je vais simplement soulever une question à ce moment-ci, M. le
Président, et à laquelle le ministre responsable du dossier
pourra sans doute me répondre dans sa réplique. On sait
très bien que le principe des régimes privés... Le RREGOP,
même s'il s'adresse aux personnels des institutions publiques, est un
régime privé, un régime complémentaire de rentes,
selon la Loi sur les régimes complémentaires. Bon. C'est un
régime privé dans lequel on fait un certain nombre de calculs
actuariels relativement aux bénéfices que l'on tire du
régime, reliés aux coûts, évidemment, que l'on
assume pour retirer ces bénéfices-là du régime.
Normalement, lorsque l'on accumule des surplus au régime, c'est
essentiellement le taux de cotisation qui se voit rabaisser pour faire en sorte
que les calculs que l'on avait faits, et qui s'étaient
avérés non justes, si on veut, ce qui est tout à fait
normal parce qu'on joue sur de très longues périodes...
Évidemment, ça va de soi qu'il peut y avoir des erreurs qui, dans
ce cas-la, génèrent des sommes astronomiques, évidemment,
puisqu'on parie de quoi, de près de 400 000 personnes qui participent au
régime. Donc, une erreur de 0,5 % peut générer des
dizaines de millions de dollars en surplus accumulés.
Alors, ces surplus-là, normalement, doivent servir à
rabaisser la cotisation; sinon, évidemment, si on vient bonifier le
régime pour certaines des parties à l'entente, il y a un certain
transfert de richesses entre les participants qui viennent
bénéficier, je dirais, de gains plus significatifs que d'autres
compte tenu qu'on applique ces surplus à ces gains-là.
La question que je soulève c'est, dans le cas où les
parties, évidemment, ont été consultées... Le
ministre nous l'a dit dans son intervention, il a dit: II y a eu une entente
entre le représentant du gouvernement et les représentants des
travailleurs concernés par le RREGOP, il y a eu une entente à
l'effet que le surplus accumulé servirait, d'une part, si je comprends
bien, à compenser pour les nouvelles règles
fédérales et servirait à bonifier - et, là, je ne
veux pas errer - des rentes de retraite pour certaines personnes qui avaient
participé depuis peu de temps au régime et qui se voyaient avec
un montant de retraite très bas si elles la prenaient selon les
règles ou les conditions du régime.
Ce que je voudrais savoir, dans ce cas-là comme dans des cas
semblables: Est-ce qu'on
consulte vraiment l'ensemble des gens qui participent au régime?
Vous allez me dire que c'est un peu compliqué, mais, comme on fait des
prélèvements par l'intermédiaire des chèques de
paie, c'est possible de verser un papillon à l'enveloppe de paie,
même s'il y a le dépôt direct, parce qu'on reçoit
quand même le révélé de nos paiements, pour dire:
Bien, voilà, nous nous apprêtons à utiliser ce surplus
à telle et telle fin. Il y a une entente avec vos représentants
au régime. On prend pour acquis que les membres sont d'accord. Enfin,
ça peut être un type de consultation ou, s'il y a un
désaccord, on nous signifie une façon de le manifester. Sans
ça, quand il s'agit de petites sommes ou de petits groupes, c'est une
chose... Parce que 50 000 000 $ dans un régime comme celui-là,
c'est probablement une petite somme, mais, quand il s'agit de sommes beaucoup
plus importantes, ça peut avoir un impact réel sur les taux de
cotisation de chacun des participants et, si on ne va pas questionner les
participants dans ce sens-là, bien, on leur demande, dans le fond, de
participer à la bonification d'une partie du régime pour certains
travailleurs et travailleuses, ce à quoi je n'ai pas d'objection, mais
en autant que les cotisants au régime aient été
consultés à cette fin, surtout quand il s'agit de sommes qui
pourraient substantiellement rabaisser le taux de cotisation.
C'est, à ce moment-ci, l'essentiel de mes remarques, M. le
Président, sur le projet de loi 47. Pour le reste, évidemment, il
va de soi que c'est au moment de l'étude article par article qu'on
pourra entrer dans des détails beaucoup plus techniques, et je peux vous
dire qu'il y en a pas mal. Je vous remercie, M. le Président. (11 h
40)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Taillon. Réplique, M. le président du
Conseil du trésor? Allez-y!
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson: Oui, M. le Président, sous
bénéfice de me permettre de compléter davantage avec les
techniciens et collaborateurs qui nous accompagneront en commission
parlementaire, réponse à la question... Il y a deux questions de
la part de la députée. La première c'est: En
général, quand il y a des surplus, comment se fait-il qu'on
n'envisage pas de diminuer quelquefois le niveau des cotisations? Je
présume que c'est envisagé à l'occasion des
négociations, mais, à ma connaissance, et c'est là la
correction éventuelle possible, ça a toujours été
recyclé en bénéfices additionnels. S'il y avait un petit
surplus qui se dégageait, d'une part, on n'augmentait pas
évidemment le taux de cotisation et, deuxièmement, c'était
recyclé dans des bénéfices additionnels temporaires. Le
surplus, par sa nature, est évidemment temporaire. On tente de s'en
dégager, de le recycler d'une façon ou d'une autre. Et c'est ce
qui arrive. Et c'est les politiques de placement dans le fond de la Caisse de
dépôt qui permettent, éventuellement, de dégager un
plus ou moins gros surplus, ou alors d'équilibrer les comptes
parfaitement. C'est essentiellement, à ma connaissance personnelle, ce
qui se passe depuis quelques années.
Deuxièmement, sur la consultation - la députée l'a
souligné elle-même - on a affaire ici à des instances
syndicales, ou à des représentants dûment mandatés
à l'occasion des discussions sur la rémunération globale.
Évidemment, ça traite particulièrement du régime de
retraite.
Je reçois, comme président du Conseil du trésor,
comme député, je dirais, d'électeurs, membres du secteur
public, des lettres - vous aussi probablement M. le Président, et
quelques autres collègues - de fonctionnaires ou d'employés
d'hôpitaux, d'écoles, etc., qui sont insatisfaits du traitement
que, dans leur situation à eux, l'entente peut signifier. J'oserais
dire: C'est la vie. Lorsqu'on a, par le biais des instances qui
représentent 400 000 personnes, tenté de régler, de
façon équitable, les problèmes les plus criants, ou ceux
qui nous sont soulevés, les problèmes de préretraite, les
problèmes - je m'en souviens, on en a réglé au titre des
congés de maternité - dont certaines femmes, dans certains
emplois, notamment dans le monde scolaire autrefois, se voyaient
privées... C'était l'époque. Il y a plus de 25 ans, il y a
plus de 20 ans. On a restauré beaucoup de ces choses-là lorsque,
le nombre aidant, et la plaidoirie étant à l'appui, on a
découvert qu'il y avait des choses inéquitables. Il fallait les
régler et on l'a fait.
On ne peut pas tous les régler. On ne peut notamment pas
régler, par les temps qui courent, et je le dis parce que tous les
députés en sont saisis, j'en suis convaincu, le problème
de gens qui, dans la situation économique actuelle, aimeraient aller
piger dans leur fonds de retraite, soit pour se partir un petit commerce, soit
pour payer des études supérieures, additionnelles ou
spécialisées à leurs enfants ou leur entourage. Je dis
toujours à ces gens-là que les régimes de retraite ne
prévoient pas qu'ils peuvent sortir notre contribution, la leur, plus
l'intérêt évidemment accumulé, ni le revenu
accumulé pour faire ce qu'ils veulent avec ça. Toute
l'idée du régime de retraite - et c'est très solennel le
nôtre, là, il est public, c'est une loi de l'Assemblée
nationale - vise à faire en sorte qu'il y ait une protection de revenu,
à l'âge de la retraite, pour nos employés. Ça, c'est
un choix d'employeur et d'employés qu'on a fait.
Sur les 400 000, il y en a peut-être qui aimeraient ça
aller chercher leur argent et puis se partir un dépanneur, parce qu'ils
trouvent que c'est ça, la solution à leur
prospérité à eux, mais c'est regrettable, ce n'est pas
permis. C'est regrettable, ce n'est pas permis, mais c'est pour un plus grand
bien. Comme je l'indique toujours, c'est d'assurer qu'à l'âge de
65 ans, ou avant, ça
dépend des dispositions, ces gens-là auront un revenu. Ils
auront un revenu qui représentera une mise de côté
d'épargne, que nous avons jumelée, que la Caisse de
dépôt a administrée pour faire fructifier afin de leur
assurer un niveau de revenu qui a du bon sens à leur retraite. C'est
ça qui est en cause ici, et ça se règle, ça, au
niveau des instances qui essaient de voir le bien général de
l'ensemble de leurs membres. Le comité de retraite de la CARRA nous
souligne à nous, le gouvernement, les difficultés d'application,
les cas spécifiques qui peuvent se soulever, et il y en a qui se
règlent. Il y en a qui se règlent de façon administrative,
il y en a qui se règlent de façon législative. De temps en
temps, on arrive avec des dispositions extrêmement pointues qui visent
quelques dizaines de cas souvent sur 400 000. Alors, dans ce sens-là, on
fait attention aussi aux cas particuliers. Mais, dans le cas qui nous occupe,
sur la disposition des surplus, la consultation s'est faite par le biais
habituel, évidemment, des instances représentatives. Ça
répond donc, à mon sens, aux deux questions que la
députée a posées.
Elle a également eu un commentaire, en passant, que le projet de
loi, au-delà, je dirais, de la reconduction de ces mesures de
préretraite pour tenir compte des nouvelles règles fiscales
fédérales, prévoyait également d'ajuster le niveau
de retraite de gens qui n'ont pas travaillé assez longtemps ou à
bas salaire, afin de leur assurer un revenu décent. J'avoue ne pas
saisir comment on peut interpréter certaines dispositions qui s'y
retrouvent dans ce sens-là. On pourra en discuter en commission
parlementaire. Ça m'a peut-être échappé, là,
mais ce n'était pas ça, l'objectif principal du projet de loi,
évidemment. Si c'est un des effets secondaires ou un des points qui ont
déjà été soulevés, je n'en ai pas le
souvenir à ce moment-ci, ma lecture ne me rafraîchit pas encore la
mémoire suffisamment, M. le Président. Alors, on pourra retraiter
de cette question-là en commission parlementaire.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
président du Conseil du trésor. Est-ce que la motion proposant
l'adoption du principe du projet de loi 47, Loi concernant le versement d'une
allocation de retraite et d'autres prestations et modifiant la Loi sur le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics, est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Johnson: M. le Président, je fais motion pour que ce
projet de loi soit déféré à la commission du budget
et de l'administration pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 5 de notre feuilleton.
Projet de loi 54 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 5 de
notre feuilleton, Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources propose
l'adoption du principe du projet de loi 54, Loi concernant le
barrage-réservoir des Rapides des Cèdres. Mme la ministre, vous
disposez d'une période de 60 minutes pour procéder à votre
intervention principale.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Le projet de loi que
nous présentons aujourd'hui vise à apporter une solution globale
aux problèmes fonciers qui affectent près de 2000 citoyens, plus
particulièrement lorsqu'ils doivent délimiter leur
propriété avec celle de l'État. Les immeubles dont il est
question sont situés en bordure du réservoir appelé Rapide
des Cèdres, lequel a pris forme en 1930, lors de la construction d'un
barrage sur la rivière du Lièvre. Ces problèmes
résultent principalement de plans parcellaires préparés en
1929 pour les fins d'acquisition des droits de propriété
nécessaires à la construction et à l'exploitation du
barrage-réservoir.
En effet, M. le Président, ces plans ont établi une limite
qui ne correspond nullement à l'élévation maximum possible
du niveau des eaux du réservoir, c'est-à-dire à la cote de
138 pieds, mais plutôt à une limite calculée à
partir de la ligne des hautes eaux naturelles ou des lignes de rangs.
Cependant, depuis la construction du barrage et sa mise en exploitation en
1930, le niveau d'élévation moyen des eaux n'a guère
dépassé, jusque vers les années soixante-dix, la cote de
135 pieds.
Cette différence de 3 pieds d'élévation sur une
telle période a entraîné une certaine confusion entre
l'image cadastrale du territoire et les titres de propriété et
l'occupation réelle du terrain. L'image cadastrale représente un
découpage du territoire correspondant au plan parcellaire
préparé par la compagnie pour les fins d'acquisition des terres
privées, des terrains
privés, ou bien à la limite établie à partir
d'un plan fait avant le barrage par un ingénieur de la compagnie, lequel
fixait cette limite à la cote de 138 pieds. Cette situation
prévaut pour tous les lots situés dans 6 des cantons
touchés, lesquels étaient non couverts par le cadastre au moment
de la construction du barrage. Pour les 3 autres cantons touchés,
l'image cadastrale présente un découpage du territoire sans
indiquer de limite au niveau des eaux du barrage, et il faut alors s'en tenir
aux descriptions apparaissant aux titres de propriété selon les
tenants et aboutissants. Au fil des transactions foncières
réalisées par les citoyens depuis 1930, les descriptions des
terrains vendus réfèrent régulièrement aux eaux du
réservoir comme limite du droit de propriété. On
enregistre donc aujourd'hui, en bordure du réservoir, une occupation
réelle du territoire qui ne correspond pas aux droits de
propriété ni à l'image cadastrale de ce territoire. (11 h
50)
En 1988, des citoyens confrontés à cette situation ont
voulu faire établir par bornage la limite de leur
propriété avec celle de l'État. Le rapport en expertise
bornage a alors conclu au peu de force probante des plans parcellaires
préparés en 1929, ne leur accordant aucune fiabilité. Il
était pratiquement impossible de positionner de façon
précise et certaine cette limite sur le terrain. Cette incertitude et
cette imprécision entraînent donc aujourd'hui une
insécurité juridique pour le citoyen et pour l'État quant
à l'exercice de leurs droits de propriété respectifs. En
effet, les citoyens qui désirent fournir des titres clairs et exacts
dans leurs transactions foncières doivent absolument négocier
avec l'État une entente permettant de borner leur
propriété de façon fiable et certaine, car l'occupation du
terrain correspond souvent à la limite des hautes eaux modifiée
et l'État détient le droit de propriété sur toute
bande de terre qui existe entre cette limite et la cote de 138 pieds; ou
même, si elle est imprécise, entre cette limite et celle
établie à partir des plans parcellaires de 1929. Les
négociations pour les parties deviennent donc difficiles, longues et
aussi coûteuses, se traduisant, entre autres, par plusieurs milliers de
dollars en frais d'arpentage.
Pour l'État également, cette situation représente
des contraintes dans l'exercice de son droit de propriété. Le
ministère de l'Environnement du Québec, responsable de
l'exploitation et du contrôle du barrage-réservoir, a des
engagements vis-à-vis des bénéficiaires de cet ouvrage. Il
doit garantir et fournir à la James MacLaren un débit annuel
maximum de façon à satisfaire à une demande
énergétique accrue, ce qui est d'autant plus important compte
tenu de la valeur économique plus grande de cette énergie depuis
quelques années. Pour ce faire, le ministère de l'Environnement
du Québec vise davantage, depuis les années soixante-dix,
à maintenir l'eau du réservoir à la cote de 138 pieds.
Cette façon de gérer le barrage entraîne par
conséquent une limite des hautes eaux modifiée qui est
différente; quant à la cote de 138 pieds, elle aurait
été atteinte à 6 reprises au cours des 22 dernières
années. Ainsi, les citoyens et l'État ont un intérêt
commun à clarifier la question de leurs lignes, de leurs limites de
propriété.
C'est donc suite à une demande de la MRC Antoine-Labelle, en
1988, que le ministère de l'Énergie et des Ressources a entrepris
une analyse foncière de tout le territoire affecté, a
envisagé aussi la possibilité d'une solution globale par voie
législative. Cette solution permettrait aux citoyens concernés de
connaître les limites exactes de leur propriété en tenant
compte de l'occupation réelle de chacun. Elle permettrait
également à l'État de poursuivre sans risque et selon ses
engagements l'exploitation du barrage-réservoir.
La première disposition que nous proposons concerne la limite du
droit de propriété de l'État, telle qu'acquise en 1942 de
James MacLaren, selon les plans parcellaires préparés en 1929
avant la construction du barrage. Nous proposons que cette limite corresponde
à la limite des hautes eaux telle que modifiée par l'exhaussement
des eaux résultant de l'exploitation du barrage. Et cette disposition a
pour but de limiter le droit de propriété riverain de
l'État afin de le faire correspondre davantage à la situation
réelle vécue sur le terrain.
La seconde disposition que nous proposons est relative aux droits de
propriété que l'État peut détenir au-dessus de la
limite établie par la dernière disposition. Nous proposons que ce
droit soit transféré par le seul effet de la loi au
propriétaire du terrain contigu en front de cette lisière de
terre ferme. Cette disposition permettra aux citoyens concernés
d'obtenir un titre de propriété sur la partie de terre ferme
qu'ils occupent ou peuvent occuper, laquelle sera limitée par la loi
à la ligne des hautes eaux modifiée.
La troisième disposition prévoit que le transfert de
propriété se fera plutôt en faveur de l'occupant lorsque
différent du propriétaire contigu. Cette disposition vise donc
à protéger les droits des personnes qui occupent cette
lisière depuis un certain nombre d'années. Les occupations d'une
durée d'au moins 10 ans et respectant les normes habituelles en
matière de prescription de droits immobiliers seront donc
protégées. Il en est de même des occupations
répondant aux modalités prévues dans la
réglementation du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation ou dans la réglementation du ministère de
l'Énergie et des Ressources concernant la réglementation des
occupants, des occupations précaires sur le territoire public. Ces deux
derniers règlements permettent actuellement la régularisation sur
les terres du domaine public de certaines occupations antérieures au 1er
juillet 1984 pour les terres
sous l'autorité du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et au 24 juillet 1985 pour celles sous
l'autorité du ministère de l'Énergie et des Ressources.
Les personnes qui peuvent actuellement obtenir un titre en vertu de ces
décrets deviendront propriétaires par le seul effet de cette
disposition. Les autres occupants répondant aux critères de
prescription du droit de propriété établi par le Code
civil depuis au moins 10 ans bénéficieront également de
cette disposition.
La quatrième disposition prévoit que le transfert ne
s'applique pas lorsque le propriétaire du terrain contigu est
l'État. Dans ces situations, il n'y a pas d'incertitude quant à
la limite du droit de propriété avec les propriétaires
privés. Cette disposition exclut donc le transfert de
propriété au domaine privé dans ces cas.
La cinquième disposition prévoit que la lisière du
terrain faisant l'objet d'un transfert de propriété au domaine
privé est assujettie à une servitude réelle et
perpétuelle d'inondation jusqu'à la cote de 201,9 mètres
correspondant à la cote de 138 pieds. Cette disposition est
nécessaire pour permettre à l'État de continuer à
exploiter le barrage-réservoir sans risque de poursuite en dommages
pouvant affecter la lisière du terrain située au-dessus de la
limite de propriété de l'État.
Comme l'État accepte de transférer la lisière de
terrain au-dessus de la ligne des hautes eaux modifiée, il faut donc
qu'il se protège contre tous les risques de poursuite. Ainsi,
l'État doit se protéger d'une inondation résultant d'un
dépassement de la cote de 138 pieds et causée par de fortes
pluies subites et prolongées excédant une crue normale des eaux,
ou par quelqu'autre événement ayant le même effet, mais en
autant toutefois que ce débordement ne résulte pas d'une faute ou
d'un manquement de l'État dans la gestion du
barrage-réservoir.
La sixième disposition règle la question de
propriété des Des situées dans les lacs, les cours d'eau
affectés par le barrage et cette disposition se justifie par le fait que
l'article 425 du Code civil du Bas-Canada attribue la propriété
des Iles situées dans les zones non navigables aux propriétaires
riverains. Il était donc nécessaire de préciser que le
transfert de propriété prévu aux dispositions
antérieures ne s'appliquait pas à ces îles.
La septième disposition prévoit les modalités de
publicité foncière, de façon à s'assurer que chacun
des lots touchés fasse l'objet d'une inscription à l'index, aux
immeubles du bureau d'enregistrement concerné. La mention du transfert
de propriété et de la servitude, ainsi que la
référence à la loi apparaîtront donc dans ce
registre.
Enfin, la huitième disposition prévoit que, lorsque le
terrain contigu est une terre sous concession assujettie aux dispositions de la
Loi sur les terres agricoles du domaine public, la lisière de terrain
est réputée faire partie de cette concession et être
assujettie à la servitude. Cette disposition vise surtout à
permettre au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, lors de la délivrance du titre définitif par
lettres patentes, d'appliquer à cette lisière de terrain la
même législation que celle qui s'applique aux terres sous
concession.
Voilà donc, M. le Président, les principales dispositions
contenues dans ce projet de loi, tel que déposé à
l'Assemblée nationale en début de session. Nous croyons que ces
dispositions permettront de corriger une problématique foncière
qui est complexe, mais sauront aussi répondre aux préoccupations
des citoyens concernés et de l'État quant à l'exercice de
leur droit de propriété respectif dans le futur. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la ministre.
Je vous rappelle que nous sommes à discuter de la motion proposant
l'adoption du principe du projet de loi 54, Loi concernant le
barrage-réservoir des Rapides des Cèdres. Je suis prêt
à reconnaître le prochain intervenant, à savoir M. le
député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. M. le
Président, il me fait plaisir d'intervenir sur ce projet de loi 54 qui
concerne le barrage-réservoir des Rapides des Cèdres. C'est un
dossier qui est à l'étude depuis longtemps et je suis heureux de
dire que npùs allons voter pour le principe de ce projet de loi,
puisqu'il règle ce problème qui traînait dans le
décor depuis des années - on parle de 1942 - et qu'il va
permettre de régulariser des situations personnelles souvent
pénibles. (12 heures)
Ce qu'on peut regretter, c'est que ça ait pris tant de temps,
finalement, à aboutir à cette solution, mais puisqu'elle est
là maintenant, autant en profiter. Je pense que tout cela, toute cette
situation nous amène à souligner que, lorsqu'il y a des barrages
comme ceux-là, qu'il y a des variations importantes du niveau des eaux,
cela cause beaucoup d'embêtements aux citoyens et qu'il faudrait,
dorénavant, les régler avant de procéder, il existe
environ 9000 barrages de toutes sortes au Québec et, de ce nombre, il y
en a 224 qui appartiennent à l'État et 20 d'entre eux qui sont
des barrages-réservoirs qui servent à l'emmagasinage des eaux
pour assurer la régularité des forces hydrauliques qui sont
destinées à certaines usines privées et municipales.
La majorité de ces barrages-réservoirs ont
été contruits par la Commission des eaux courantes de
Québec entre 1912 et 1952. Certains de ces barrages ont cependant
été construits par des entreprises privées sous la
supervision de la
Commission des eaux courantes et, bien entendu, ces
barrages-réservoirs engendrent des risques permanents d'inondation,
à des degrés variables, des terres riveraines.
Le barrage-réservoir des Rapides des Cèdres, situé
dans la MRC d'Antoine-Labelle, a été construit en 1929 par la
compagnie James MacLa-ren, et, en 1942, cette compagnie a cédé au
ministère des Terres et Forêts d'alors tous les droits, titres et
prétentions qu'elle avait elle-même acquis des
propriétaires de lots privés, des détenteurs de lots sous
billet de location et des squatters demeurant sur des terres publiques non
concédées.
Au moment où la James MacLaren céda le
barrage-réservoir des Rapides des Cèdres au ministère des
Terres et Forêts, une description technique et des plans parcellaires
furent établis par un arpenteur-géomètre du nom de S.E.
Farley. Cette description technique du terrain fait partie des titres de la
MacLaren et du contrat de 1942.
Quel est le problème? C'est qu'à l'instar d'autres
barrages-réservoirs du Québec, la situation du
barrage-réservoir des Rapides des Cèdres n'est pas unique, et la
plupart des barrages-réservoirs comprennent une bande de terre riveraine
faisant partie du domaine public et sujette à inondation permanente et
occasionnelle. Ces bandes de terre riveraines font fréquemment l'objet
d'une occupation par des propriétaires, des détenteurs de lots
sous billet de location ou de squatters. Ces propriétaires comptent
souvent, d'ailleurs, sur des actes notariés et sur des parties de lots
ayant fait l'objet de subdivisions au cadastre qui attestent de leurs droits,
et le ministère de l'Énergie et des Ressources a autorité
sur les terres non concédées, sauf celles qui ont pu être
transférées à d'autres ministères. Le
ministère de l'Environnement a autorité sur l'exploitation du
barrage, mais pas sur le réservoir qui constitue le lit
inondé.
La délimitation de la lisière de terre ferme sous
l'autorité du ministère de l'Énergie et des Ressources
établie par l'arpenteur-géomètre Farley représente,
dans le cas qui nous occupe, le coeur du problème et, dans le jargon des
arpenteurs-géomètres, les barrages-réservoirs ont
habituellement une lisière de terrain se situant entre une cote de
retenue et une cote de protection, afin de se prémunir contre les
risques de poursuite à la suite d'une inondation. Dans le cas du
barrage-réservoir des Rapides des Cèdres, la ligne Farley tient
lieu de cote de retenue et de cote de protection, et, pour des raisons
techniques, la ligne tracée par cet arpenteur Farley est
imprécise et difficile à délimiter sur le terrain.
Or, les droits des citoyens riverains et ceux du ministère de
l'Énergie et des Ressources sur la lisière de terrain
dépendent de la valeur de la description technique de M. Farley,
puisqu'elle apparaît au contrat de 1942. Cela fait en sorte qu'il serait
impérieux de déterminer aujourd'hui la limite entre la
propriété privée et la propriété publique
uniquement en fonction de la ligne Farley. Cette délimitation serait
sans doute facilement contestable devant les tribunaux.
Le projet de loi 54 délimite le droit de propriété
du ministère de l'Énergie et des Ressources en bordure du
barrage-réservoir des Rapides des Cèdres. Ce faisant, les droits
de propriété de la lisière de terrain située
au-dessus des hautes eaux sont transférés aux
propriétaires des terrains attenants ou aux personnes qui occupent ces
terrains. Évidemment, cette lisière sera assujettie à une
servitude réelle et perpétuelle d'inondation et, en
conséquence, aucun recours juridique ne peut et ne pourra être
exercé pour des dommages causés par l'exploitation du barrage. De
plus, cette régularisation des titres de propriété sera
inscrite aux bureaux des divisions d'enregistrement. Et enfin, les terrains
contigus qui sont sous concession seront soumis à la Loi sur les terres
agricoles du domaine public, comme c'est le cas normalement.
Il y a plus de 1500 propriétaires riverains de la rivière
du Lièvre et de ses tributaires qui sont affectés depuis plus de
60 ans par le barrage-réservoir des Rapides des Cèdres. Cela fait
déjà plusieurs années que l'on tente de régler ce
problème. Après consultation, je peux dire, affirmer que toutes
les municipalités de la MRC d'Antoine-Labelle, ainsi que la MRC
elle-même, appuient le projet de loi 54 et, quant à moi, je suis
en accord avec cette solution, au moins dans son principe.
Je crois donc que nous devrions concourir à l'adoption de ce
projet de loi tout en veillant cependant, lors de l'étude
détaillée en commission parlementaire, à nous assurer
qu'il s'agit bien de la bonne solution, que tout le monde y trouve son compte
et que cela ne créera pas d'autres problèmes.
En d'autres termes, j'invite les participants, ceux qui sont
affectés par ce projet de loi, à bien l'examiner pour être
sûrs qu'il convient à la situation actuelle. Dans le principe,
encore une fois, M. le Président, nous sommes d'accord avec ce projet de
loi, et nous allons donc voter pour.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Labelle.
Sur ce même sujet, je reconnais le leader de l'Opposition
officielle et député de Joliette, porte-parole de l'Opposition
officielle dans ce dossier.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je n'ai pas
l'intention de reprendre les explications de Mme la ministre et de mon
collègue. Je pense que vous aurez remarqué que c'est
convergent.
Le seul souci que j'aurai comme porte-
parole au cours de la commission parlementaire, ce sera, bien sûr,
de m'enquérir de points précis, et je lance d'avance les
questions pour qu'on puisse avoir les réponses les meilleures
possible.
Est-ce qu'il y a des causes pendantes devant les tribunaux
présentement? Voilà une question à laquelle les
fonctionnaires pourront nous répondre, parce que je reconnais qu'avec
1500 propriétaires il peut y en avoir un, je ne sais pas. Et de quelle
nature? Parce qu'il s'agit de droit quand même individuel par la suite.
Sans doute aussi, je me préoccuperai du fait que ces gens-là ont
été avisés parce que, dans ce genre de législation,
ordinairement, on s'assure préalablement que les gens ont eu la chance
de s'exprimer et qu'ils ont été avisés. Voilà des
questions qui témoignent plutôt du souci de traiter chaque
propriétaire avec équité et qu'au moins ils auront eu la
chance de s'exprimer.
Mais c'est évident, M. le Président, que nous allons
concourir à ce projet de loi qui est désiré par l'ensemble
du monde municipal, parce qu'il vise une chose, c'est régulariser les
situations et ne pas créer, d'autre part, d'autres situations
conflictuelles qui amènent des poursuites en dommages et
intérêts qui n'en finissent plus devant les tribunaux, qui
coûtent de gros sous à la fois au monde municipal, à
l'État et même à des individus. Donc, M. le
Président, je m'arrête là-dessus et j'offre ma
collaboration pour la commission parlementaire.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette.
En vertu de votre droit de réplique, Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Mme Lise Bacon (réplique)
Mme Bacon: Oh! seulement quelques mots, M. le Président.
Évidemment, je constate avec satisfaction que l'Opposition est
consciente de la pertinence de ce projet de loi, et nous nous entendons
aujourd'hui pour admettre que ce projet de loi est la solution la plus efficace
pour assurer des titres clairs aux citoyens concernés et,
évidemment, à moindre coût. Alors, nous répondons
ainsi, comme l'a souligné le député de Labelle, aux
demandes et aux attentes de la MRC et des citoyens. Quant au questionnement du
leader de l'Opposition, je pense que nous pourrons, avec les fonctionnaires,
lui donner des réponses valables.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre,
de votre intervention. Est-ce que la motion de Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources proposant l'adoption du principe du projet
de loi 54, Loi concernant le barrage-réservoir des Rapides des
Cèdres, est adoptée? Est-ce que c'est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Johnson: m. le président, je fais motion pour que le
projet de loi soit déféré à la commission de
l'économie et du travail pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
du leader adjoint du gouvernement est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 47 du feuilleton.
Projet de loi 235 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 47,
M. le député de Saint-Maurice propose l'adoption du principe du
projet de loi 235, Loi concernant Pipeline Interprovincial (Québec) inc.
Je rappelle aux membres de cette Assemblée que c'est un projet de loi
privé. Est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
député de Saint-Maurice propose l'adoption du projet de loi 235,
Loi concernant Pipeline Interprovincial (Québec) inc. Le projet de loi
235, Loi concernant Pipeline Interprovincial (Québec) inc., est-il
adopté?
Mme Bacon: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée...
Mme Bacon: ...si vous me permettez...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la ministre, je
m'excuse.
Mme Bacon: Nous sommes rendus à prendre en
considération le projet de loi d'intérêt privé 235,
évidemment...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'adoption. (12 h
10)
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: L'adoption, pardon. J'ai le plaisir de proposer
à cette Chambre que nous puissions l'adopter le plus rapidement
possible.
Ce projet de loi propose d'accorder à Pipeline Interprovincial
(Québec) inc. un pouvoir d'expropriation, lequel est essentiel à
la réalisation du projet de pipeline Saint-Laurent. C'est un projet de
loi d'intérêt privé, mais qui a été
étudié en commission parlementaire. Des amendements y ont alors
été soumis et adoptés à l'unanimité.
J'aimerais peut-être profiter de l'occasion pour souligner la
bonne collaboration de l'Opposition. Je pense que tous et chacun ont reconnu le
bien-fondé du projet en raison des retombées économiques
de plus de 110 000 000 $ et de l'amélioration qu'il apporte à la
sécurité de nos approvisionnements en produits
pétroliers.
Je pourrais peut-être, M. le Président, vous rappeler les
amendements qui ont été apportés au projet de loi en
commission parlementaire. Nous avons remplacé le premier alinéa
qui se lirait maintenant comme suit: «Attendu que Pipeline
Interprovincial (Québec) inc. est une corporation dûment
constituée le 27 août 1990 en vertu de la Loi sur les
sociétés par actions (L.R.C., 1985, chapitre C-44) et ayant un
établissement à Montréal;».
Deuxièmement, nous avons remplacé le troisième
alinéa par ces mots: «Que ce projet est dans
l'intérêt public et qu'il est nécessaire, pour en permettre
la réalisation, que soient accordés à Pipeline
Interprovincial (Québec) inc. le pouvoir d'expropriation et le droit
d'accès à certains immeubles.»
C'est un amendement qui mentionne de façon plus précise la
date d'incorporation de la compagnie, qui apporte une correction mineure au
titre de la Loi fédérale sur les sociétés par
actions. Il précise que les pouvoirs requis par la compagnie portent sur
l'expropriation et le droit d'accès à certains immeubles.
L'article 1 avait été remplacé par celui-ci:
«1. Pipeline Interprovincial (Québec) inc. peut, à
défaut d'entente, acquérir par expropriation tout immeuble ou
tout droit réel en vue de la construction, de l'exploitation et de
l'entretien d'un pipeline destiné au transport du pétrole ou de
ses dérivés de la région de la ville de Québec
à celle de Montréal inclusivement. «Une telle expropriation
est régie par la Loi sur l'expropriation (L.R.Q., c. E-24).»
La justification aussi de cet amendement est la suivante. D'une part, le
droit d'exproprier ne peut être généralement
contesté que si l'expropriation est faite pour des fins autres que
celles prévues dans la loi, et l'utilisation des mots
«relié à», dans le projet de loi, paraît
élargir le pouvoir d'exproprier et restreindre, par le fait même,
les possibilités de contestation. C'est un amendement proposé qui
consiste à utiliser un terme moins large qui vise à corriger
aussi cette situation. Je pense qu'il est superflu d'employer le terme
«de gré a gré», car la compagnie dispose
déjà de ce pouvoir en vertu de la loi fédérale sur
les compagnies. D'autre part, il est opportun d'indiquer expressément
que l'expropriation doit être nécessaire, qu'elle sera
régie par la Loi sur l'expropriation, même si cela était
implicite dans le projet de loi.
À l'article 2, nous avons aussi apporté des modifications:
par l'insertion, à la première ligne, après le mot
«représentant», des mots suivants: «dûment
autorisé»; par l'addition, à la fin, de l'alinéa
suivant: «Ce représentant doit, sur demande, décliner son
identité et exhiber un document attestant sa qualité.»
C'est un amendement qui a pour objectif d'assurer que le
représentant sera dûment autorisé par la compagnie, dans le
souci que la Charte des droits et libertés de la personne soit
respectée.
Ce projet de loi a également été modifié par
l'insertion, après l'article 2, de l'article 2.1 qui se lirait comme
suit: «2.1 Si la construction du pipeline n'a pas débuté
dans les dix (10) ans qui suivent la date d'entrée en vigueur de la
présente loi, celle-ci cesse d'avoir effet.»
Alors, cet amendement vise à assurer que, si la construction du
pipeline n'a pas débuté dans les 10 ans de la date
d'entrée en vigueur de la loi - ce que je ne souhaite pas, M. le
Président - celle-ci cesserait d'avoir effet, de sorte que ça ne
serait plus alors possible d'entamer des procédures d'expropriation
après ce délai. Dans un tel cas, les droits des
propriétaires fonciers ne seraient pas affectés sans qu'il soit
nécessaire, pour l'Assemblée nationale, d'abroger la loi. Si,
toutefois, la construction du pipeline a débuté dans les
délais de 10 ans, la compagnie pourra cependant avoir recours à
l'expropriation après ce délai si elle estime nécessaire
de procéder à des travaux d'entretien.
Voilà donc, M. le Président, le projet de loi
amendé d'intérêt privé 235 que je propose à
cette Chambre pour adoption.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Joliette, leader de l'Opposition officielle, sur ce
sujet.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je remercie Mme la ministre
d'avoir souligné la collaboration de l'Opposition, effectivement, dans
ce projet de loi qui est d'intérêt privé, mais au profit de
la collectivité québécoise. Je pense que les
parlementaires se sont placés au-dessus des partisaneries
réciproques qu'on peut avoir pour travailler main dans la main avec les
représen-
tants de la compagnie.
Je dois les féliciter, soit dit en passant, d'avoir
renseigné les parlementaires. Ils ont vu tous les groupes
impliqués. Ils ont expliqué leur objectif, leurs vues, leur
projet en détail. Nous avons eu droit même aux modifications
qu'ils ont eues en cours de route. En fait, on a été tenus au
fait de tout ce qui s'est déroulé dans ce dossier-là
depuis plus d'un an avant d'en arriver à déposer ce projet de loi
qui donnait un pouvoir d'expropriation, qui est, à toutes fins
pratiques, la clé pour démarrer le projet. Je dirai qu'ils ont
même préparé eux-mêmes les amendements où on
leur avait souligné que nous avions quelques réticences, ou bien
clarifié certaines choses comme l'identification, par exemple, des
représentants des compagnies, comme, par exemple, la question de se
soumettre en tout point aux lois de la qualité de l'environnement, aux
lois de l'expropriation. Parce qu'il y a des gens qui seraient portés
à croire que parce que, économiquement, ça va mal, on a
donné des pouvoirs qui leur permettaient d'outrepasser, par exemple, les
lois de l'expropriation, d'outrepasser les lois de la qualité de
l'environnement, de faire des accrocs aux droits fonciers. Ce n'est pas
vrai.
Je pense qu'il faut bien dire que tout est subordonné aux
décisions des lois existantes, mais il faut bien leur donner la
possibilité, au moins, de dire ultimement, s'il y avait un
propriétaire qui ne voulait pas que ça passe sur 10 % à la
limite de son terrain, qu'il y ait un pouvoir d'expropriation,
conformément à la loi de l'expropriation du Québec. Quand
on l'a expliqué à ceux qui avaient certaines réticences,
tout le monde est tombé d'accord, M. le Président.
Et il faut souhaiter que cet investissement privé de 110 000 000
$ - peut-être 120 000 000 $, à la rigueur; on ne le sait pas, il y
a une fourchette - se réalisera parce qu'il y a une clause, dans le
projet de loi, qui, nous l'espérons tous, ne s'appliquera pas, c'est
celle de la caducité de ce projet de loi si, dans 10 ans, il n'y a rien
de fait. On espère que, au contraire, dans les prochains mois, on pourra
mettre en chantier quelque chose qui, sur la qualité de l'environnement,
améliore, en tout cas, la sécurité, quelque chose qui nous
permette d'espérer qu'une raffinerie aura un pied à terre pour
longtemps dans le Québec. Ça, on oublie peut-être de le
dire à ceux qui nous interrogent, mais le fait qu'il y ait de
l'expansion, ça nous assure qu'ils ne remettront pas en cause leur
existence même en sol québécois. Ça la prolonge,
tout au moins, de façon très importante et majeure. Je pense
qu'on vient de contribuer à créer de l'emploi dans le domaine de
la construction. Ce n'est pas à dédaigner, ça, un pipeline
qui va de Montréal à Saint-Romuald. C'est quelque chose
d'envergure sur le plan du travail dans le domaine de la construction.
Donc, nous nous réjouissons, M. le Président, du projet de
loi et nous concourons à son adoption immédiatement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, le projet de loi
235, Loi concernant Pipeline Interprovincial (Québec) inc., est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, à ce moment-ci, il
vous est loisible de suggérer la suspension de nos travaux
jusqu'à 15 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, à votre
demande, je suspends les travaux de cette Assemblée jusqu'à 15
heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 18)
(Reprisée 15 h 11)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le ministre des Approvisionnements et Services.
M. Dutil: M. le Président, si vous voulez bien appeler
l'article 7, s'il vous plaît.
Projet de loi 56 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 7, M.
le ministre des Affaires municipales propose l'adoption du principe du projet
de loi 56, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et
d'autres dispositions législatives. M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, c'est un honneur pour moi de
présenter aujourd'hui le projet de loi 56, qui propose des modifications
à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
L'aménagement du territoire, suivant des normes rationnelles,
civilisées, capables de permettre la poursuite des activités
humaines les plus élevées en même temps que celles qui sont
du caractère le plus immédiatement utile, est devenu une
préoccupation fondamentale et prioritaire des sociétés
industrielles. Pendant longtemps, nous avons utilisé le territoire comme
nous utilisions les ressources naturelles fondamentales, par exemple, l'eau,
l'air, sans nous en apercevoir, sans nous rendre compte de leur valeur, en
pensant qu'elles étaient inépuisables et qu'on pouvait en user
suivant sa seule volonté individuelle ou collective. Malheureusement,
nous
sommes entrés dans une époque de raréfaction des
ressources à tout point de vue. Nous le sentons au plan
économique, les gouvernements s'en ressentent dans leurs
problèmes budgétaires et, fondamentalement, l'humanité
s'est multipliée à un rythme extraordinaire ces dernières
années. Au cours des 50 dernières années,
l'humanité a augmenté d'une façon plus considérable
que pendant des siècles antérieurs, et tout ceci, avec les
mêmes ressources que nous avions auparavant. La planète n'a pas
changé; les ressources dont elle dispose, loin de se multiplier, tendent
à s'épuiser. Il faut que l'on voit à aménager la
vie humaine dans un cadre spatial qui produise les meilleurs résultats
au plan humain, au plan physique, à tous les points de vue.
C'est pour ça qu'une des spécialités les plus en
vogue aujourd'hui, c'est la spécialité qui veille à
l'aménagement du territoire suivant des normes rationnelles. Les plus
anciens dans cette Chambre, et je pense que vous en êtes peut-être,
M. le Président, étaient ici en 1979 quand nous avons
adopté, sous le gouvernement précédent, la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. C'était une loi ambitieuse à
l'époque que nous, qui étions alors dans l'Opposition, avions
combattue à certains égards parce que nous trouvions qu'elle
allait trop loin dans certains de ses chapitres, mais le principe de cette loi
nous agréait, et on introduisait dans notre législation
québécoise l'obligation d'obéir à des normes
sérieuses en matière d'aménagement du territoire.
Par la même loi, on créait aussi les municipalités
régionales de comté. On avait eu des conseils de comté
pendant longtemps, dont l'activité, sans être négligeable,
était quand même assez limitée. À la suite de la
création des MRC, ces organismes qui sont des sortes de
fédérations régionales de municipalités, se sont vu
confier comme première fonction la confection d'un schéma
d'aménagement régional, c'est-à-dire un schéma
d'aménagement tenant compte de l'ensemble de la région
embrassé par le mandat de chaque MRC. On a constitué 95
municipalités régionales de comté à travers le
Québec. En plus de la responsabilité du schéma
d'aménagement, les MRC se sont vu confier, en milieu rural, la
responsabilité de l'évaluation foncière. Un bon nombre de
villes ont également consenti à ce que cette
responsabilité qui leur appartient soit exercée en leur nom par
des MRC.
Les MRC, avec le temps, ont connu d'autres développements
également. Il y en a plusieurs qui agissent comme mandataires, par
exemple, de la Société d'habitation du Québec qui tombe,
comme vous le savez, sous l'autorité du ministre des Affaires
municipales. Elles accomplissent un rôle très utile à cet
égard. Il y en a qui se sont vu confier un mandat d'inspection par les
municipalités, qui préféraient déléguer
cette responsabilité à leur MRC; d'autres exercent des
responsabilités en matière d'enfouissement sanitaire. Ce n'est
pas encore très développé, mais la structure de la MRC
peut se prêter à l'exercice de fonctions encore plus amples que
celles qu'elle assume présentement.
Notre loi veut qu'une MRC ne puisse se donner de responsabilités
nouvelles, à moins que les deux tiers des municipalités qui la
constituent n'y consentent et à moins que ne soit laissé à
une municipalité dissidente le soin de se retirer, d'exercer une sorte
de droit de retrait. C'est évident que quand vous avez la ville
principale, dans une MRC, qui ne veut pas participer à une certaine
opération, il y a des grosses chances que les plus petites
municipalités n'emboîtent pas le pas non plus. Et c'est pour
ça que c'est très délicat. Il faut que ça se
développe avec le temps. Le législateur a sagement prévu,
je pense, une certaine loi de consentement dans tout exercice visant à
élargir le champ d'intervention des MRC et, à moins que le
législateur ne change d'avis à ce sujet, les choses resteront
comme elles sont actuellement pendant une certaine période.
Au cours des 10 dernières années, les MRC ont
commencé à fonctionner... La première a été
constituée, si mes souvenirs sont bons, vers 1980. Ça fait, par
conséquent, plus de 10 ans que nous avons des MRC. On avait prévu
que chaque MRC se donnerait un schéma d'aménagement au cours de
ses cinq premières années d'existence. En fait, les choses sont
allées plus lentement et, aujourd'hui, nous en sommes à un point
où toutes les MRC, sauf deux, se sont donné un schéma
d'aménagement. Les deux qui n'en ont point, actuellement, sont la MRC de
La Côte-de-Beaupré et la MRC de Témiscamingue. Il y a des
obstacles, que j'appellerais secondaires par rapport à l'ensemble du
schéma, qui ont empêché, jusqu'à ce jour, l'adoption
du schéma dans ces deux cas-là. J'espère que ces deux cas
se régleront prochainement. Et, dans le cas de la MRC de La
Côte-de-Beaupré, si le préfet et ses collègues
m'écoutent - ils en seront contents -je serai heureux de les recevoir
ces jours prochains en compagnie du ministre de l'Environnement, parce que le
problème qui achoppe actuellement intéresse la compétence
des deux ministres: celui de l'Environnement et celui des affaires
sociales.
Nous entrons, par conséquent, à compter de maintenant,
dans une deuxième phase. Toutes les MRC s'étant donné un
schéma d'aménagement, le schéma est supposé durer
cinq ans. Dans certains cas, on a un schéma depuis cinq ans. Par
conséquent, à compter de cette année, au moins entre 15 et
20 MRC doivent se donner un nouveau schéma d'aménagement, puis il
en ira ainsi pendant les deux ou trois prochaines années.
À ce stade très important de l'évolution de toute
la philosophie de l'aménagement du territoire, nous avons pensé,
au ministère des Affaires municipales, qu'il serait utile de faire un
exercice de bilan, de faire le point sur les réalisations accomplies
depuis 10 ans, et de voir
si certaines améliorations pourraient être
envisagées. Nous avons constaté, en faisant le tour... Nos
services ont fait une étude approfondie d'une vingtaine de
schémas d'aménagement pour voir ce qu'il y avait de bon,
discerner certaines carences, au besoin, et voir surtout si des
améliorations pourraient être envisagées. (15 h 20)
Alors, le bilan, dans l'ensemble, est nettement positif. Nettement
positif. On constate que les schémas d'aménagement ont permis aux
élus municipaux d'acquérir une meilleure connaissance de leurs
territoires municipal et régional. Moi, je vois le schéma
d'aménagement dans la MRC d'Argenteuil, par exemple, dans la MRC de
Mirabel, qui sont deux MRC qui sont dans le territoire de la circonscription
d'Argenteuil. La manière dont on a préparé le
schéma d'aménagement, c'est une véritable leçon de
choses pour les élus. Il y a une foule de réalités de leur
territoire avec lesquelles ils n'étaient pas familiers. Ils ont
été amenés à étudier ces
réalités en compagnie d'experts, à mettre au point un
schéma d'aménagement. Vous parlez avec ces élus
aujourd'hui, vous parlez d'un développement qui pourrait avoir lieu dans
tel secteur ou tel secteur de la MRC, ils vous diront: On ne peut pas envisager
un développement dans tel secteur parce qu'il y a telle contrainte qui a
été inscrite ici, il y a telle difficulté. On est
arrivé à une rationalité dans la connaissance beaucoup
plus approfondie que ce qu'on avait connu jusque-là.
La confection des schémas a donné lieu, dans plusieurs
cas, à des affrontements difficiles. Ce n'était pas facile
d'arriver à une conception commune de ce que pourrait être
l'aménagement d'un territoire. Dans bien des cas, des affrontements ont
eu lieu. Mais, de manière générale, l'exercice a
facilité le développement d'une collaboration intermunicipale.
Les élus ont été amenés à dépasser
leurs horizons locaux et paroissiaux pour s'élever à une
perception plus large. Ce n'est que le début.
Je pense que vous êtes familier, M. le Président, avec
l'importance que j'attache au regroupement des services et même des
entités municipales. Nous avons au Québec, là, 1492
municipalités, alors qu'en Ontario, avec 3 000 000 de plus de
population, ils en ont seulement 800. En Ontario, on trouve qu'on en a deux
fois trop actuellement. Ça, c'est un problème. Et je pense que
l'exercice des schémas aide à discerner cette dimension plus
large qui amènera, j'en suis convaincu, les municipalités de plus
en plus nombreuses à réaliser les avantages mis en commun de
certaines responsabilités et de certains services.
La préparation des schémas a également permis une
plus grande concertation entre les divers ordres de gouvernement,
particulièrement entre les municipalités régionales de
comté et les municipalités, d'un côté, et le
gouvernement du
Québec, de l'autre. Déjà, nous avons eu plusieurs
exemples de collaboration très efficace. Il y a d'autres cas où
ça a marché moins bien. Et avec les améliorations que nous
proposons dans le projet de loi, nous allons essayer de promouvoir une
concertation plus étroite entre le gouvernement, les MRC et les
municipalités, et ça, dans les deux sens: à la fois quand
le gouvernement a un projet dans une région, bien, qu'il fasse une
véritable consultation avec les MRC, et vice versa; quand les MRC
envisagent un développement important, de même que les
municipalités, qu'elles sachent que le gouvernement du Québec est
intéressé de mille et une manières, et qu'à s'en
parler quand c'est le temps on peut s'en-traider et prévenir des
multiplications inutiles de coûts.
Je causais avec un maire, l'autre jour, d'une municipalité bien
connue. Il me faisait part d'un problème qu'il avait, où la
décision devait être prise le soir même. Je lui ai dit:
Encore une fois, M. le maire, vous avez agi unilatéralement. Si vous
nous en aviez parlé deux ou trois semaines plus tôt, nous aurions
pu mettre au point avec vous un mécanisme qui nous aurait permis de
régler ce problème-là dans l'harmonie. Mais là, on
disposait seulement de quelques heures. On était à la toute
dernière minute. Or, tout cet exercice d'aménagement, de
planification du territoire doit permettre une plus grande rationalité
dans l'action, une meilleure concertation entre les différents ordres de
gouvernement.
En plus, l'exercice permet une meilleure participation des citoyens aux
grandes décisions en matière d'orientation. Déjà,
la loi actuelle prévoit l'obligation de consultation pour la mise au
point du schéma d'aménagement avant son adoption
définitive et à diverses étapes de l'élaboration du
schéma. Ça, c'est bon. Les citoyens n'avaient pas
été intéressés à participer à ces
choses. Aujourd'hui, ça devient une réalité beaucoup plus
familière, et je pense que nous devons la développer encore
davantage.
Dans l'étude que nos services ont faite, ils ont également
constaté certaines carences dans l'expérience des schémas
d'aménagement. J'en mentionne quelques-unes à titre d'exemple.
Dans bien des cas... Je vais donner un bel exemple qui est frappant. Dans la
région de Montréal, on s'est donné un schéma
d'aménagement; dans des régions où il y a une
communauté urbaine, c'est la communauté urbaine qui a cette
responsabilité. On a fait un beau schéma d'aménagement
pour la région de l'île de Montréal, puis on a fait
d'autres schémas pour les MRC qui entourent IHe de Montréal.
Alors, dans le schéma, il y avait des projections
démographiques... Quel allait être le développement de la
population au cours des cinq prochaines années? Puis, quand on fait
l'addition de ces projections, on arrive à deux fois plus de monde qu'il
n'y en avait en réalité, parce que chacun a envisagé
l'avenir de son affaire à lui,
de sa municipalité, dans une perspective de développement.
Puis, on se disait... On avait connu des bonnes années
antérieurement, mais on se disait: On va aller vers tel pourcentage
d'augmentation chaque année, ce qui veut dire qu'on avait
commencé à planifier des services deux fois plus abondants que
ceux dont on allait avoir effectivement besoin.
Alors, on a planifié d'une manière peut-être un
petit peu béatifiante, que je dirais, en voyant surtout le
côté rose des choses, le bon côté des choses. C'est
toujours intéressant pour des administrateurs municipaux de se
présenter devant leur population avec un beau plan de
développement qui dit: Inquiétez-vous pas, l'avenir est rose. On
s'en occupe, faites-nous confiance.
La planification, c'est plus que ça. Ce n'est pas seulement
indiquer, sur un tableau qui va être rédigé par un
architecte ou un ingénieur, des choses intéressantes pour la
population. Il faut qu'on parle des choses qui sont plus difficiles
également, des choses arides. Il faut prévoir également...
De ce côté-là, peut-être un petit côté
optimisant qui avait tendance à voiler certains aspects non moins
importants de la réalité. Autre chose également. On
mettait beaucoup l'accent sur des orientations générales.
Ça demeurait un peu vague. Récemment, il m'est arrivé,
à propos d'un problème très controversé, d'examiner
de près le plan d'urbanisme qu'une ville a mis au point après que
le schéma d'aménagement eut été adopté par
la communauté urbaine. Je me suis aperçu que l'endroit à
propos duquel s'était élevée une très vive
controverse n'était l'objet d'aucune indication vraiment claire quant
aux intentions de la ville. Les intentions sont venues après coup. Si on
avait fait l'exercice de manière plus approfondie, en temps utile, on
aurait pu invoquer ce plan-là pour justifier certains arguments, alors
qu'actuellement on ne peut pas le faire parce que l'exercice, dans cette
partie-là du territoire, a été fait de manière
superficielle. Alors, ce sont toutes des choses dont nous devons nous rendre
compte en vue de tenter de les corriger pour l'avenir.
Souvent, aussi, on constate que le contenu du schéma n'est pas
à la hauteur de la documentation préparatoire. On procède
à un exercice considérable de consultation. On fait venir une
foule de gens, on mobilise des spécialistes et des experts et, des fois,
on se réveille avec un schéma qui n'est pas vraiment le reflet de
toute la profondeur de l'exercice. Alors, il faut viser à ce que le
schéma rende compte de ce qu'il y a eu de meilleur dans l'exercice et
pas seulement de conclusions de caractère trop
général.
On remarque que, de façon fréquente, les orientations
restent peut-être trop vagues, pas assez engageantes. Nos services - je
les laisse parler parce qu'ils ont fait une bonne étude - ont
constaté que le gouvernement n'a pas toujours pris l'exercice au
sérieux comme il aurait dû le faire; ils nous le disent. On doit
en prendre acte et essayer de corriger des choses pour l'avenir.
On constate une chose. La loi traite d'aménagement et
d'urbanisme, mais, entre les deux, il y a un terme auquel vous pensez
spontanément, M. le Président, avec l'intelligence qui vous
caractérise, il y a le mot «développement». On peut
avoir un beau schéma d'aménagement passif, faire des belles
lignes d'architecte, un beau plan qui va séduire le visiteur de passage,
mais qu'est-ce que ça va donner pour le développement? Et, au
bout de la ligne, les citoyens habitent une région pour qu'elle se
développe, pas simplement pour admirer des beaux dessins d'architecte.
Alors, peut-être on n'a pas assez mis l'accent sur la dimension
développement dans ces choses-là. C'est une constatation qu'on
doit enregistrer en vue d'un exercice d'amélioration que nous
entreprendrons autour du projet de loi qui est à l'étude dans
cette Chambre.
On a constaté, dans l'ensemble, que seulement un schéma
sur cinq - on en a étudié une vingtaine - seulement quatre ou
cinq traduisaient un effort visant à intégrer aménagement
et développement dans les orientations; seulement un sur cinq. Alors, il
y a beaucoup de travail à faire, par conséquent, pour que le
schéma d'aménagement devienne un véritable instrument de
développement, de progression économique, sociale et culturelle
dans une région.
Dans des cas précis de faiblesse auxquels il faut essayer de
remédier, et à la lumière de cet examen, nous comprendrons
mieux tantôt le bien-fondé des améliorations que le
gouvernement propose d'apporter à la législation actuelle. Les
périmètres d'urbanisation, il en est question dans... C'est
très important, des périmètres d'urbanisation, mais
souvent ils sont définis d'une manière qui ne veut pas dire
grand-chose. Quand on ne veut pas se compromettre trop, on en met un peu
partout. Puis, ça laisse toute latitude aux développeurs,
ça laisse toute latitude aux élus municipaux de plaire à
leurs amis et puis tout, mais ça ne constitue aucune contrainte
rationnelle capable de guider véritablement le développement.
Alors, il y a du travail à faire de ce côté-là, et
je pense que nous pourrons l'examiner en commission parlementaire.
On traite des équipements et des infrastructures. C'est
fondamental dans une région, ça. D'une manière
plutôt sommaire, on dresse des listes de choses, mais on ne va pas dans
l'examen du comment: Qu'est-ce qui devrait se faire? Comment on devrait
prioriser ces choses-là? Qu'est-ce qu'on devrait mettre d'abord, et tout
ça? On n'est pas allé jusque-là. Je le comprends parce
que, faire travailler 20, 25 municipalités ensemble dans une MRC, c'est
déjà un défi en soi. Puis obliger ces élus, qui
représentent leur municipalité respective, à faire des
choix durs, ça demande du temps. Ça ne se fait pas du jour au
lendemain. On constate ces carences, sans
nécessairement adresser de critiques négatives ou
destructives aux élus municipaux qui font partie des MRC. (15 h 30)
Les zones de contraintes, les zones où existent des contraintes
découlant d'activités humaines, de facteurs naturels ou d'autres
causes n'ont pas été traitées avec toute la
précision, toute la rigueur qu'il eût fallu également. Les
réseaux majeurs de transport n'ont pas été approfondis
beaucoup dans la première génération des schémas
d'aménagement.
Alors, autant de dimensions sur lesquelles il y a lieu de
s'arrêter maintenant. On constate également qu'il y a tout le
processus qui a dû être suivi. Je me rappelle quand on a fait la
loi 125, moi, je trouvais qu'on allait beaucoup trop dans les détails.
Tu sais, on dit: Vous faites ceci puis, 24 heures après, vous faites ci,
puis, là, vous écrivez à untel, vous signez de tel
côté de la page. Un paquet de contraintes, comme il y en a
tellement dans nos lois municipales, comme si les gens n'étaient pas
capables de décider eux-mêmes comment ils vont utiliser leur
crayon.
Ça, on a énormément de travail de nettoyage
à faire au cours des prochaines années. C'est commencé.
Malheureusement, les besoins immédiats nous empêchent d'aller
aussi vite que nous le voudrions là-dedans. Mais le député
de Jonquière sait que nous avons des projets très
intéressants sur le métier en vue de la simplification de nos
lois municipales.
Alors, dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, il y avait
une procédure très, très complexe qui ne pouvait avoir
été inventée que par un gouvernement où il y avait
peut-être trop de professeurs. Je ne dis pas ça de manière
négative pour les professeurs, mais ils ont tendance à faire la
classe, c'est leur métier. Mais, quand on gouverne, c'est autre chose;
il faut gouverner en parlant avec les gens et en les écoutant. Alors,
ici, nous essayons de simplifier les procédures, de les
améliorer, et j'aurai l'occasion d'en parler de façon plus
élaborée tantôt, mais c'est un des objets du projet de loi
que de simplifier le processus qui doit conduire à l'adoption d'un
schéma d'aménagement.
Et je vous donne juste un exemple très simple: au début,
là, il fallait faire des opérations formelles: Bon, nous
décidons que nous entreprenons ceci et cela. Là, on va dire:
Pendant 6 mois, vous allez décider que vous entreprenez
l'opération de révision de votre schéma; vous allez vous
mettre à l'étude et vous n'aurez pas 56 procédures
à faire. Au bout de 6 mois, vous vous retrouverez, vous aurez vos
documents devant vous, et là vous serez en mesure d'adopter un document
préliminaire, une première version de votre schéma. Mais,
là, pendant 6 mois, la discussion va s'élever dans tous les coins
de la MRC, une municipalité va se mettre au travail, l'autre
également, les entreprises pourront examiner l'affaire, les groupes de
citoyens, et ensemble on pourra concevoir un premier projet qui, ensuite, sera
mis en discussion suivant des procédures plus rigoureuses. Ensuite, il y
aura une deuxième version qui sera élaborée, et celle-ci,
après qu'elle aura été approuvée par le
gouvernement, pourra devenir la version officielle du nouveau schéma
d'aménagement. Mais nous aurons l'occasion d'en reparler à des
stades ultérieurs de notre discussion. Maintenant, voilà pour le
passé; c'est un passé qui est intéressant.
L'autre jour, j'étais à une réunion où l'une
de mes collègues du cabinet formulait une information qui m'a beaucoup
plu, parce qu'elle disait: Je vise à agir en étant
orientée vers le progrès, mais dans la continuité. C'est
qu'on ne veut pas recommencer en neuf parce qu'on arrive dans une fonction.
Alors, il y a du bon travail qui s'est fait dans le passé. Moi, je rends
hommage au gouvernement précédent qui a été
à l'origine de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. C'est un
instrument qui est très bon pour le développement du
Québec. C'est un instrument qui se prête à des
améliorations. Il n'y a pas lieu de le chambarder de fond en comble.
Nous allons essayer de l'améliorer honnêtement. Et parmi les
améliorations que nous envisageons, je voudrais signaler les
principales.
Tout d'abord, un des articles majeurs de la loi actuelle, c'est
l'article 5 où l'on définit ce qu'on appelle le contenu
obligatoire du schéma d'aménagement. On n'invite pas les MRC
à se doter d'un instrument comme celui-là sans leur dire, par
voie législative, les principaux éléments qu'il devra
contenir. Alors, il y a 2 articles très importants: l'un définit
le contenu obligatoire et l'autre définit le contenu facultatif. Nous
ajoutons dans le contenu obligatoire du schéma d'aménagement des
choses très importantes. Je vais vous donner juste un petit exemple, M.
le Président, qui va parler plus que tout le reste et qui va vous faire
saisir également la préoccupation du gouvernement.
Actuellement, on dit: Un schéma d'aménagement doit
comprendre, entre autres choses, l'identification de zones où
l'occupation du sol est soumise à des contraintes particulières
pour des raisons de sécurité publique, telles que les zones
d'inondation, d'érosion, de glissement de terrain et autres cataclysmes.
Vous voyez que tout ceci est limité par le concept de
sécurité publique, qui m'intéresse évidemment au
plus haut point à titre de ministre de la Sécurité
publique aussi. Mais, dans l'amendement que nous proposons, l'article se lirait
désormais comme suit: «Déterminer toute zone où
l'occupation du sol est soumise à des contraintes particulières
pour des raisons de sécurité publique, telle une zone
d'inondation, d'érosion, de glissement de terrain ou d'autres
cataclysmes, ou pour des raisons de protection de l'environnement des rives, du
littoral et des plaines inondables».
Comme vous le voyez, M. le Président, nous
introduisons dans le contenu obligatoire du schéma des exigences
plus poussées en matière d'environnement. Ceci rejoint mes
remarques initiales cet après-midi, étant donné cette
rareté des ressources fondamentales sur lesquelles repose toute
existence humaine. Il faut user de ces ressources avec infiniment de prudence
et de respect et nous aurons maintenant, dans le contenu obligatoire du
schéma, cette exigence de respect des règles d'environnement qui
n'étaient pas présentes, assez curieusement, dans la loi que nous
avons adoptée il y a déjà 13 ans. Ça, c'est un
exemple. Je vais vous donner un autre exemple.
Dans la loi actuelle, on ne parle pas du tout de contenu obligatoire
dans tout ce qui touche le transport terrestre. Le transport terrestre est
fondamental dans l'aménagement du territoire d'une région. Ce
sont vos routes, vos autoroutes, les rues, les chemins de campagne, les chemins
de forêt, les chemins de carrière, de sablière, etc.
Dorénavant, si le projet de loi est adopté... Je n'ose
présumer, parce que l'Opposition s'accroche toujours à des
virgules, ces temps-ci, et pourrait invalider même la
légitimité de mon propos si j'allais penser ou laisser croire
qu'il a des chances d'être adopté. Je n'ose rien anticiper. M. le
député de Jonquière, soyez bien calme.
Alors, là, nous introduirons l'obligation de préciser
l'organisation du transport terrestre sur le territoire. Il y aura
également obligation d'identifier les carrières et les
sablières. C'est important, ça aussi, Ça cause des
problèmes considérables dans les régions rurales et
même dans certaines régions urbaines. Ça, ce sont des
exemples d'améliorations que nous apportons au schéma
d'aménagement - au contenu obligatoire - qui vont permettre d'avoir des
schémas qui patient plus, qui sont plus concrets, plus
précis.
Chaque schéma devra être accompagné également
d'un plan d'action - c'est obligatoire, ça - lequel devra mentionner
notamment les étapes de mise en oeuvre des développements qui
seront projetés, des études de coûts, l'identification des
organismes publics ou autres qui devront être associés à la
réalisation, les moyens prévus pour favoriser la coordination et
les actions des participants et puis, dans le cas de projets de
réaménagement considérés comme prioritaires,
préciser les échéances de réalisation en ce qui
touche la mise en place des infrastructures des équipements
projetés.
Ça devient très intéressant, l'aménagement
du territoire; ça devient vraiment une fonction de base dans une
société. Alors, ici, non seulement on définira des
orientations dans le schéma d'aménagement, mais on devra
également accompagner le schéma d'un plan d'action. Ce sont des
points qui améliorent sensiblement la loi actuelle. Et dans le contenu
facultatif, une municipalité régionale de comté pourra
identifier des zones prioritaires de développement. On aurait voulu le
mettre dans le contenu obligatoire. Si ce n'avait été que de
l'inspiration première que nous avons eue, ce concept de zones
prioritaires de développement eût été introduit dans
le contenu obligatoire. Mais de nombreuses municipalités ainsi que
l'Union des municipalités du Québec nous ont fait valoir des
difficultés réelles que présenterait à l'heure
actuelle l'insertion de pareille contrainte dans le contenu obligatoire du
schéma. Nous le mettrons plutôt dans le contenu facultatif de
manière que certaines MRC qui le veulent - et il y en a beaucoup qui
voudraient avoir ça dans leur schéma d'aménagement -
puissent le faire librement. Si l'expérience est bonne, dans une
modification ultérieure de la loi on pourra envisager des changements,
s'il y a lieu. (15 h 40)
En ce qui touche le processus d'adoption du schéma, des
changements importants, mais fort raisonnables sont proposés dans le
projet de loi, Ainsi que je l'ai dit tantôt, il y aurait d'abord une
sorte de période de réflexion de six mois pendant laquelle on
réunit tous les matériaux nécessaires à la mise au
point du schéma, on recueille des suggestions, des opinions, on consulte
des experts. Au bout de six mois, on met sur pied un document où sont
consignés les objectifs et les orientations d'un futur schéma
d'aménagement. Là, on l'envoie aux municipalités
concernées, de même qu'aux ministres, qui ont une période
de 120 jours pour faire parvenir leurs réactions.
Ensuite, une période de deux ans est donnée, suivant le
dépôt du document pour l'adoption d'un premier projet de
schéma. Une période de deux ans. Ça ne sert à rien
de faire les choses trop vite. Quand on veut les faire trop vite, on confie
ça à un bureau d'ingénieurs; ils vous arrivent avec une
brique ça d'épais, et vous ne comprenez pas la moitié de
ce qu'il y a là-dedans, mais vous payez la facture. Tandis que,
là, on aura le temps de le préparer comme il faut. On pourra
recourir à des consultants professionnels, il n'est pas question de les
exclure du tout. Il ne faut pas que ce soit une affaire réservée
à des seuls initiés.
Il y aura une période de deux ans qui sera donnée pour la
mise au point d'un premier projet de schéma. Là, on s'en va en
consultation dans le milieu. On s'en va en consultation pendant une
période de quelques mois. À la suite de cette période de
consultation pendant laquelle les assemblées devront avoir lieu dans
différentes parties du territoire, suivant des normes que nous pourrons
examiner en commission parlementaire - je ne veux pas entrer dans ces
détails ici - là, on pourra sonder l'opinion des citoyens,
recueillir l'avis des groupes intéressés, les élus
municipaux pourront consulter leur population respective. Ensuite, on reviendra
au niveau régional. On mettra au point un document qui sera le projet
d'aménagement, le schéma d'aménagement lui-même.
À ce moment, on l'envoie au gouvernement par
l'intermédiaire du ministre des Affaires municipales, lequel aura 120
jours pour faire connaître son opinion. Le ministre, lui, devra consulter
ses collègues concernés. Même, avant de préparer ce
projet de loi, M. le Président, j'ai dû consulter tous les
ministères du gouvernement. C'est un exercice qui a duré
près d'un an parce que beaucoup de ministères avaient des
observations à formuler. Le ministère des Forêts, le
ministère de l'Énergie et des Ressources, le ministère de
l'Environnement, pour n'en mentionner que quelques-uns, avaient
énormément de remarques à faire sur un projet comme
celui-là.
Tout ça a été fait dans un esprit de collaboration.
Alors, quand, moi, je recevrai le schéma d'aménagement
présenté par une MRC, à titre de ministre des Affaires
municipales, je devrai en faire part à mes collègues du
gouvernement, de manière que chacun me transmette ses observations et
que je puisse ensuite les communiquer à la MRC. Là, qu'est-ce qui
arrive? À supposer que le gouvernement ne soit pas d'accord avec tel ou
tel élément du schéma d'aménagement, la MRC aura
une certaine période, encore 120 jours, pour émettre son opinion,
pour réagir à la position gouvernementale. Si elle acquiesce aux
observations faites par le ministre au nom du gouvernement, là, elle
soumettra son schéma et il sera adopté sans
difficulté.
Si elle n'acquiesce pas, là il y aura du «bargaining»
à faire, il y aura des négociations à faire et, au bout de
la ligne - ça, ça doit être clair, et vous savez que, dans
mon cas, il faut que ce soit clair - le gouvernement décidera. Sur
recommandation du ministre, le gouvernement prendra une décision et on
passera à autre chose. Mais je pense que tout le monde aura eu le temps
d'être consulté. Il ne faut pas qu'il y ait 100 petits empereurs
à travers le Québec, qui pensent qu'ils ont autorité
souveraine sur l'avenir du territoire du Québec. Cette autorité
ne peut appartenir, en dernière analyse, qu'à l'Assemblée
nationale du Québec et au gouvernement qui en est issu, mais elle ne
doit être exercée, par ailleurs, qu'après qu'ont
été dûment exercées toutes les prérogatives.
Elles doivent revenir à chaque niveau de responsabilité, en
particulier, de manière prioritaire aux élus municipaux et aux
organismes régionaux de concertation qu'ils forment ensemble sous le
chapeau des MRC.
Une fois que le schéma aura été adopté, il
en découle, évidemment, des obligations pour les
municipalités. Une fois que le schéma a été
adopté, la municipalité doit examiner ses règlements de
zonage, son plan d'urbanisme, ses règlements de lotissement, etc., pour
voir si tout ça est conforme au schéma d'aménagement. S'il
y a des choses qui ne sont pas conformes, il faudra que la municipalité
ajuste sa réglementation aux orientations du schéma.
Ensuite, au bout de la ligne, encore une fois, il faudra que ces
choses-là soient tranchées parce que la municipalité doit
soumettre un plan d'urbanisme à la MRC. Si la MRC n'approuve pas son
plan d'urbanisme, la municipalité, après un certain délai,
est en défaut. Elle peut encourir des sanctions sérieuses.
Jusqu'à maintenant, il n'a pas été nécessaire
d'invoquer aucune espèce de sanction à rencontre des
municipalités. Puis je le souligne avec satisfaction que plus de 1000
municipalités étaient dotées, au début de la
présente année, d'un plan d'urbanisme. C'est fantastique. Quand
on pense qu'il y a 20 ans il y avait peut-être une quinzaine de
municipalités à travers le Québec qui avaient un plan
d'urbanisme. Aujourd'hui, plus de 1000 ont un plan d'urbanisme. Je pense que
les choses sont très bien engagées. Il s'agit de voir à ce
que les choses se précisent encore davantage.
Un autre point très important touche les interventions du
gouvernement en matière d'aménagement du territoire. Quand le
gouvernement décide de bâtir une autoroute, de prolonger une
route, de construire un hôpital, de déménager un
hôpital ou une institution, c'est évident que ces projets ont des
implications importantes pour l'aménagement du territoire. Dans la loi
que nous avons actuellement, bon nombre de choses ne sont pas satisfaisantes.
Les obligations créées pour le gouvernement - c'est le fameux
article 149, M. le Président, que je ne devrais pas citer maintenant,
mais dont je vais vous parler quand même - ont fait au gouvernement une
obligation générale de voir à adresser un avis de ses
intentions quand il veut intervenir au conseil de la MRC. On ne précise
pas les domaines à propos desquels il doit signifier des avis et,
franchement, ça ne s'est pas avéré particulièrement
contraignant pour le gouvernement jusqu'à maintenant.
Dans le projet de loi que nous vous présentons, là, les
obligations du gouvernement seront définies d'une manière
beaucoup plus exigeante. On énumère toute une série de
situations où le gouvernement ou ses mandataires devront respecter la
procédure définie dans la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. J'en mentionne quelques-unes: lorsque le gouvernement commence
à utiliser un terrain ou veut changer l'usage qu'il en fait; lorsqu'il
effectue des travaux sur le sol; lorsqu'il construit, installe, démolit,
retire, agrandit ou déplace un bâtiment, un équipement ou
une infrastructure, ou change l'usage qu'il en fait; lorsqu'il crée ou
abolit une réserve fauni-que, un refuge faunique, une zone
d'exploitation contrôlée, un parc ou une réserve
écologique ou en modifie les limites; lorsqu'il désigne et
délimite une partie des terres du domaine public aux fins de
développer l'utilisation des ressources fauniques; lorsqu'il autorise la
construction d'un chemin autre qu'un chemin forestier ou minier; lorsqu'il met
en disponibilité à des fins de villégiature sur des terres
du domaine public un
site qui est constitué d'au moins cinq emplacements et où
la concentration atteint au moins un emplacement par 0,8 d'hectare.
On prévoit aussi certaines exceptions. Par exemple, lorsqu'il
s'agit de travaux de réfection ou d'entretien, on n'est pas pour passer
son temps à s'écrire de gouvernement à
municipalité. Des fois, le maire d'une municipalité va dire: Tel
bout de la route 148, dans le comté d'Argenteuil, il y a un trou
là-dedans, c'est très dangereux, il faudrait que ce soit
réparé immédiatement. Bien, le directeur de district du
ministère des Transports n'est pas pour commencer à écrire
à la MRC pour voir si ça va être conforme au schéma
d'aménagement. Qu'il prenne sa voiture, puis qu'il l'envoie
réparer tout de suite. C'est ça qu'on attend de lui. Puis il ne
faut pas se mettre dans des situations qui vont tourner toute la gestion des
affaires publiques en ridicule.
C'est la même chose. Il y a certaines interventions
d'Hydro-Québec qui doivent être autorisées directement par
le cabinet. Une fois qu'elles ont été autorisées par le
cabinet, il s'agit que le gouvernement vérifie si toutes les
études, toutes les analyses ont été faites, mais on ne
demande pas de revérifier une fois que le gouvernement a
décidé. Quand le gouvernement a décidé, c'est pour
que ça s'applique. il y a des exceptions qui sont prévues, ici,
que nous pourrons examiner en commission parlementaire, je pense, de
manière détaillée, mais voici un ensemble de
précisions qui constituent peut-être l'un des aspects les plus
importants de cet exercice d'amélioration de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme que propose le gouvernement avec le projet
de loi 55. (15 h 50)
Enfin, le gouvernement entend conférer aux MRC et aux
communautés urbaines le pouvoir de s'approprier des parties de
territoire pour des fins de parcs régionaux, de terrains de jeu ou de
zones de verdure. Les pouvoirs des MRC et des communautés urbaines ne
sont pas particulièrement bien définis en ces matières.
À l'aide du projet de loi, leur pouvoir d'intervention en ces choses
serait considérablement étendu. Par exemple, le règlement
de zonage pourrait permettre le maintien et l'amélioration de parcs et
de terrains de jeu, la préservation d'espaces naturels, prévoir
toute condition préalable à la délivrance d'un permis de
construction à l'égard d'un immeuble faisant l'objet d'un projet
de redéveloppement. On pourrait exiger soit que le propriétaire
s'engage à céder gratuitement un terrain convenant à
l'établissement ou à l'agrandissement d'un parc ou d'un terrain
de jeu, etc., ceci, évidemment, jusqu'à concurrence d'exigences
qui ne doivent pas excéder 10 % de la superficie et de la valeur du
site. Les MRC auront des attributions beaucoup plus grandes. Il en ira de
même des communautés urbaines. Je peux vous assurer, M. le
Président, que les organismes représentatifs des
municipalités, que nous avons consultés à ce sujet, sont
très heureux de ces dispositions que nous avons insérées
dans le projet de loi.
Alors, voilà, en gros, les orientations que le gouvernement
propose dans ce projet de loi, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme et d'autres dispositions législatives. En particulier en ce
qui touche le contenu des schémas d'aménagement, le processus qui
doit entraîner leur préparation et leur adoption et les pouvoirs
et les responsabilités du gouvernement en matière d'exercices
gravitant autour des schémas d'aménagement, en ce qui touche
également les pouvoirs et les modes d'intervention sur le territoire des
MRC et des communautés urbaines, le projet de loi 56 propose des
améliorations significatives qui devraient contribuer à une
meilleure gestion, une gestion plus rationnelle, plus humaine, plus
orientée vers l'avenir de la ressource la plus importante de toutes
celles que nous possédons, c'est-à-dire notre sol, notre
territoire. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
ministre des Affaires municipales. Nous en sommes à l'étape de
l'adoption du principe du projet de loi 56, Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions
législatives. Je cède la parole au porte-parole officiel de
l'Opposition officielle en cette matière, M. le député de
Jonquière. M. le député, la parole est à vous.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci beaucoup, M. le Président.
D'entrée de jeu, puisque le ministre s'est interrogé sur
l'intention de l'Opposition officielle, puisqu'il semble qu'on peut s'accrocher
sur certaines virgules au point de vue des projets de loi, c'est beaucoup moins
fondamental que l'attitude du gouvernement actuel lorsqu'il était dans
l'Opposition parce que, carrément, eux autres, ils affrontaient à
peu près tous les projets de loi qui étaient pour faire avancer
quelque chose. On étudie actuellement la Société de
l'assurance automobile; le Parti libéral, du temps qu'il était
l'Opposition, était contre. La loi de l'aménagement et de
l'urbanisme, le ministre des Affaires municipales nous dit: On l'a
combattue.
Pourtant, lorsqu'il fait l'historique du cheminement de l'urbanisation
au Québec, des bienfaits comme des perspectives que ça peut
ouvrir au point de vue développement, il me semble qu'on était un
peu en retard sur le lanceur. Je pense que, là, c'était vrai que
la balle était passée quand on a voulu se raccrocher et dire:
Bien, oui, c'est une bonne loi, et on devra s'y attaquer ou l'accepter. Je
pense bien qu'on peut atténuer ça en disant: C'est une erreur de
jeunesse; il faut oublier ça, parce qu'il faut vivre avec son temps. La
loi de l'aménagement et de
l'urbanisme a été acceptée et amplement
acceptée par l'ensemble des municipalités au Québec; les
exemples foisonnent. Dans toute l'histoire du Québec, je pense que, s'il
y a une loi qui a apporté des effets bénéfiques comme des
effets de prise en charge de son développement, même si elle est
imparfaite, c'est évident, à mon esprit, que cette loi a
été remarquable non seulement dans son contenu, mais surtout par
la façon dont elle a été gérée.
Il faut se féliciter de ce cheminement des élus municipaux
qui, pour une fois, ont été à même de prendre leur
destin, comme leur présent, en main. Je vous prends à
témoin, M. le Président, puisque vous avez eu l'occasion
sûrement de travailler avec cette loi. Pour celui qui vous parle, j'ai
été un des défenseurs ou le porte-parole de l'Union des
municipalités du Québec pour la faire accepter, parce qu'elle
n'était pas acceptée d'emblée par les élus
municipaux. Je ne parle pas des élus des grandes municipalités.
Ça pouvait causer problème, mais ce n'était pas là
qu'était vraiment la nature des discussions. C'est plutôt l'Union
des municipalités régionales de comté, qui, dans ce
temps-là, s'appelait l'Union des conseils de comté, qui, elle,
s'interrogeait vraiment, de peur de perdre le peu de pouvoirs qu'elle avait
dans le temps.
Rappelons-nous que les conseils de comté, ça pouvait
gérer ou ça pouvait se rencontrer régulièrement,
mais ça ne parlait pas longtemps de trop, trop de problèmes. Et
ce temps-là est révolu. On a modernisé l'appareil, les
moyens de gestion des municipalités, et bravo! Je pense qu'il faut
rendre à César ce qui est à César et qu'il faut
reconnaître que le député de Labelle, qui était,
dans le temps, ministre de l'aménagement du territoire, a fait son
travail. Il faut le reconnaître correctement. Et, pour moi, il a
été un instigateur ou un acteur important de l'avancement de
cette loi au Québec.
Ceci étant dit, je veux poser comme préalable,
peut-être, avant mon propos, avant d'attaquer le corps du sujet, que
l'Opposition n'a pas l'intention de se barrer les pieds dans les fleurs du
tapis, comme disait si bien le ministre des Affaires municipales. Ce n'est pas
dans notre intention. Seulement, il faut reconnaître tout de même
que le projet de loi a 140 articles, qu'il y a 82 pages de texte et qu'il nous
a été soumis depuis environ une dizaine de jours. Ce n'est pas
beaucoup de temps pour pouvoir faire une étude très forte,
surtout lorsqu'on écoute... et qu'on rapproche ma réflexion par
rapport aux propos du ministre, qui a dit: C'est un instrument important qu'on
veut perfectionner, qu'on veut moderniser, remettre dans les mains des
municipalités, et, pour ce faire, il faut leur donner du temps pour
réfléchir, pour s'assurer que tout est correct, pour s'assurer
que les élus municipaux sont vraiment au coeur de ce
dossier-là.
On ne demande pas à des professionnels de produire la brique, on
demande aux élus munici- paux de s'engager avec des partenaires, comme
avec les gens du milieu, pour étudier, pour que ce soit vraiment
représentatif des besoins puis des désirs du milieu. C'est
quelque chose d'important quand on dit ça. Mais le projet de loi, c'est
l'instrument premier, c'est l'instrument de mesure comme l'instrument qui va
aller sonder les reins et les coeurs pour faire avancer ce dossier-là.
Et ça, c'est un projet de loi.
Si on avait seulement ça, M. le Président, puisqu'il faut
comprendre que la session parlementaire est très écourtée,
si on avait juste ce projet de loi, je dirais au ministre des Affaires
municipales: Allons-y, on va passer au travers. Mais il y a d'autres projets
qui sont contentieux, qui ne sont pas réglés, pas des
problèmes faciles. Le projet de la fiscalité qu'on veut faire
adopter aujourd'hui, en première lecture, est aussi un projet important
qui a beaucoup d'articles. On a des bills privés en plus.
Donc, il faudra bien que le ministre des Affaires municipales nous
indique quelque part c'est quoi les priorités du ministère, parce
que, pour nous autres, actuellement... Moi, je voudrais arriver à
Noël en même temps que tout le monde, mais, si on prend tous les
projets de loi qui nous sont proposés par le ministère des
Affaires municipales ou par le ministre des Affaires municipales, moi, j'ai
l'impression qu'on va manquer de temps, et on pourra nous accuser de mauvaise
volonté. Va pour ça, on est capable d'en porter quand on est dans
l'Opposition. Je sais que le gouvernement en porte déjà
suffisamment, et on ne peut plus lui en remettre. Mais, pour nous, dans
l'Opposition, moi, je suis prêt à porter ma part de
responsabilité, mais je ne suis pas prêt à accepter des
projets de loi à la vapeur, des projets de loi qui vont être mal
foutus, mal ficelés puis, surtout, pas faits avec une conscience
suffisamment correcte ou assez large, parce que, pour moi, un projet de loi,
c'est important. Il y a des coûts qui se rattachent à ça,
et c'est important que le législateur ne parle pas pour ne rien dire. Il
faut que le projet de loi soit vraiment la volonté politique de
l'Assemblée nationale pour permettre aux élus de travailler.
Ça, ça me semble quelque chose d'important sur quoi on
doit réfléchir, et j'invite aussi le ministre des Affaires
municipales à nous indiquer quelque part dans le temps c'est quoi les
priorités du ministère. Pour nous, c'est tout prioritaire au
même titre, je vous le dis d'avance, même avec la meilleure
volonté du monde. À moins de décider qu'on est sourds,
aveugles et muets, il est impensable d'accepter ces projets de loi d'ici
à la fin de la session, cette année, ou avant le 25
décembre. Sur ce côté-là, je veux être
suffisamment clair pour que le message soit compris et que le ministre des
Affaires municipales puisse nous donner l'heure juste. Et voilà. (16
heures)
Je voudrais aussi, en deuxième lieu, puisque
c'était le préalable ou le début de mon petit
historique, de mon propos sur la loi 56, Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions
législatives... Rappelons-nous, et c'est heureux que, des fois, la
mémoire nous rappelle certains événements concernant
l'urbanisme. Il est vrai que, dans les années soixante, il n'y avait
possiblement pas, au Québec, plus de 50 municipalités qui avaient
leur plan d'urbanisme ou qui avaient leur schéma d'aménagement
local. Celles qui avaient ces plans-là ont certainement sauvé
beaucoup d'argent à leurs contribuables, beaucoup de sommes d'argent
à leurs contribuables, puisque le plan d'urbanisme d'une
municipalité, ça permet de déterminer à l'avance
quelles sont les priorités de la municipalité, de quelle
façon on va construire. Ça donne les orientations du
développement et des investissements et ça permet à un
administrateur municipal, même s'il est non chevronné, de bien
s'assurer que les sommes d'argent sont bien dépensées pour les
investissements comme pour le développement.
Ce cheminement-là s'est fait très lentement. On est
conscient que, dans les provinces, même dans les vieux pays, si on parle
des continents européens, ces développements régionaux,
ces plans de développement régionaux existent depuis de
nombreuses années. Dans les provinces canadiennes, on n'a pas fait
époque, on n'était pas les premiers. On peut peut-être dire
qu'on est aussi avancé, mais on n'était pas les premiers dans ce
domaine-là, parce que, eux, ils ont constaté bien avant nous que
le développement régional, ça reposait sur des plans. Vous
savez, s'il y avait un questionnement, à savoir quel est
l'élément le plus important avant de créer une ville, bien
sûr, ça prend des citoyens, ça prend un territoire, mais la
première chose à faire, c'est comme partout ailleurs, c'est comme
quelqu'un qui veut se construire une maison, c'est d'avoir un plan. Et le plan
d'urbanisme ou les schémas d'aménagement sont vraiment dans cette
lignée-là.
Il y a eu, en 1960, des expériences en aménagement de
territoire et d'urbanisme. En 1968, le rapport La Haye, qui a fait couler
beaucoup d'encre - je ne dirai pas beaucoup d'eau, mais beaucoup d'encre - et
qui a été rendu public en 1972 présentait un avant-projet
de loi. Ça a été mis en large consultation et,
incidemment, c'est en 1967 que j'ai été élu pour la
première fois comme maire de ma municipalité, la
municipalité de la ville d'Arvida, dans le temps, et je me rappelle
très bien de toute l'effervescence qui avait entouré le
dépôt du rapport La Haye, beaucoup de discussions. Et, comme dans
tout rapport qui fait époque, on pense que les choses en demeurent
là. Mais, au contraire, quand quelque chose est bien fait, quand un
rapport occupe une place importante dans un débat de
société, ça finit toujours par cheminer. C'est pour
ça que, pour moi, qui vois, oui, qui vis, qui suis un acteur dans
l'histoire depuis quelques années, je me rends bien compte que
l'histoire finit par faire son chemin. On ne perd pas confiance en ce que,
nous, on croit. Peut-être que... Sûrement qu'un jour on pourra
aller un peu plus loin et on arrivera au but qu'on s'est donné.
Mais, en 1972, le rapport La Haye, probablement parce que les esprits
n'étaient pas suffisamment prêts à accepter ce
rapport-là, il n'a pas eu de suite dans l'immédiat. Mais
ça a permis, en 1976 aussi... Il y a eu une suite, c'était le
rapport Castonguay, avec le projet de loi 12, qui a pris la relève. Mais
il y avait certaines expériences qui étaient suivies un peu
partout sur le territoire. Je veux juste faire allusion à la
région de Mirabel. Le Conseil métropolitain du Haut-Saguenay a
été aussi sur les premières scènes, sur la sellette
par rapport à un plan d'aménagement. Rappelons-nous la loi 98, le
Conseil métropolitain du Haut-Saguenay, lors de la mise en place de la
fusion de Jon-quière et d'un certain nombre de fusions de la
région de Gatineau, de la région de Québec, Beauport,
Charlesbourg, toutes les municipalités du Saguenay qui se sont
fusionnées, où le Conseil métropolitain a vécu
l'expérience après la région de Gatineau, parce que la
région de Gatineau s'était donné, elle aussi, un plan
d'aménagement et d'urbanisme. C'était justement M. Séguin
- pas la chèvre de M. Séguin, mais M. Séguin - qui, dans
le temps, a été un des grands instigateurs de cette
réforme ou de cette mise en place de schémas
d'aménagement. Il y a eu aussi, bien sûr, dans la
Matapédia, les îles-de-la-Madeleine, un peu tout ça
là, avec l'Office de planification et de développement du
Québec, l'OPDQ, qui ont élaboré certains schémas
régionaux.
En fait, c'est un peu dans ce sens-là que le Parti
québécois, en 1976, prend le pouvoir et, en 1977, commence
à regarder un petit peu plus loin ce qu'on pourrait faire dans une
perspective de décentralisation. Donc, il ne faut pas se surprendre
aujourd'hui que la loi qu'on a devant nous mérite d'être
touchée quelque part. C'est parce qu'on a voulu la mettre en place
graduellement. On a voulu, comme dans toute naissance, lui faire faire des pas.
Écoutez un peu, il y a tout un cheminement là, et puis
écoutons ce que le ministre disait tout à l'heure, puis je vais
dire, je vais compléter ce qu'il a dit à certains moments. Il a
dit que le gouvernement ne s'était pas engagé tellement
vis-à-vis des schémas d'aménagement. Mais rappelons-nous
qu'en 1976 le gouvernement était beaucoup plus centralisateur.
En 1980, le gouvernement était beaucoup plus centralisateur et
les ministères étaient beaucoup plus jaloux de leur juridiction,
ce qui fait que ça a été un tour de force extraordinaire
que d'avoir réussi à intégrer dans le schéma
d'aménagement des obligations envers les ministères de
donner leurs grandes orientations. Ça a été tout un
tour de force, et je pense que, pour le faire, il a fallu presque que les
ministères ne soient pas trop, trop au courant. J'ai comme l'impression
que le ministre de l'aménagement du temps n'en a pas trop parlé
avec ses collègues. Il l'a passé en douce! Et tant mieux, tant
mieux, parce que ça n'a pas perturbé ni dérangé
tellement les ministères, mais ça les a obligés à
faire un effort de réflexion pour donner leurs orientations.
Cela permet aujourd'hui au ministre des Affaires municipales de dire: On
peut faire un pas en avant. On peut y aller. Mais, là, je comprends, il
y a eu un cheminement. Ça fait 13 ans que la loi est en fonction, est en
place, et, là, à ce moment-là, les ministères
peuvent aller un petit peu plus loin et pourront donner beaucoup plus
l'orientation. Parce que, la cachette, c'est fini là! Il faut que les
gens commencent à savoir ce qui se passe sur leur territoire. On s'est
rendu compte que, quand les gens ne le savent pas, ils sont bien plus inquiets
et, en même temps, ils sont plus réactifs ou réactionnaires
par rapport à ce qui se passe sur le territoire. Voilà une bonne
raison pour les ministères d'être le plus transparents
possible.
Je veux juste vous donner comme exemple le cas d'Hydro-Québec.
Vous savez, il y a des choses qu'ils ont voulu ne pas dire à la
population, qu'ils ont voulu cacher à la population. Et Dieu sait si les
gens le leur ont bien rendu. Toutes ces cachotteries, ça a tourné
contre l'Hydro. Ça, ça a été malheureux. C'est une
époque qui n'est pas intéressante, les derniers
événements qui se sont passés sur le territoire. Je pense
que tout le monde était fier d'Hydro-Québec. Quand ils se sont
aperçus qu'Hydro-Québec jouait au fin finaud, bien, les gens se
sont révoltés quelque peu, et avec raison.
Donc, les ministères le savent bien, que ce soit le
ministère de l'Environnement ou un autre, s'ils ne donnent pas les
grandes orientations, vous savez bien qu'aujourd'hui, avec les moyens de
communication qu'on a, les gens vont être beaucoup plus
réactionnaires sur le terrain. Et ça, ça retourne contre
le ministère et contre le gouvernement. Donc, les ministères ont
compris, ils comprennent actuellement qu'il est important de dire ce qui se
passe sur le territoire. Ce n'est pas un cadeau qu'on fait aux citoyens, c'est
une marque de respect qu'on a envers les citoyens, qui ne mettra pas en
opposition ou qui ne dérangera pas tous les principes de
développement. Vous savez bien que, quand l'État ou un organisme
supramunicipal arrive avec un projet majeur, un projet structurant et
décide qu'il va s'installer à tel endroit dans une
municipalité, il y a des coûts qui se rattachent à
ça. Et ça, ça dérange tout le monde. Donc, à
l'avenir, c'est non. Les ministères auront cette obligation de dire
d'avance ce qui va se passer. Et ça, c'est heureux. On va sauver des
coûts non seulement au gouvernement, mais aux citoyens, et ça aura
des effets bénéfiques. Donc, on va se réjouir de cette
attitude ou de ces articles qui sont intégrés dans le projet de
loi, qui vont permettre ou qui vont forcer... Qui vont forcer, purement? Je ne
sais pas. Il n'y a pas de pénalité attachée à
ça. (16 h 10)
Même si on dit: On fait un pas en avant, c'est encore un petit
pas. Les ministères ne sont pas encore forcés. Ils pourraient
encore jouer au plus fin, mais, dans la loi, on dit: Ils voudraient le faire,
et j'espère que les ministères n'auront pas à être
rappelés à l'ordre, que les différents ministres seront
assez ouverts pour donner leur projet à la population. À moins
que ce soit comme dans ce temps-ci, qu'on n'en ait pas de projet. S'il n'y en a
pas, bien, ils diront: On n'en a pas. Ça sera encore une façon de
dire la vérité au monde, puis les gens comprendront. Ils n'en ont
pas de projet. Au moins, on aura une bonne partie de la vérité,
et c'est comme ça que, moi, je vois l'engagement gouvernemental par
rapport à ce projet de loi.
Dans beaucoup de domaines, dans beaucoup d'aspects du projet qu'on a
devant nous, c'est très technique. Lorsqu'on ajoute des jours, des mois,
dépôt, les assemblées, détermination des heures des
assemblées, qui va faire le travail, le nombre de personnes qui
devraient faire partie des comités, tout ça, on appelle
ça, dans notre langage... c'est un peu de la plomberie. C'est important
que ce soit marqué dans la loi, mais je ne pense pas qu'on puisse faire
monter le monde dans les barricades pour dire: C'est un projet de loi fort,
fort, fort. Là, il y a des changements majeurs. Non. Il y a des
ajustements. On appelle ça de la haute couture un peu. On ajuste les
points. On fait de la broderie un peu, puis c'est important que ça se
fasse. C'est indiqué de cette façon-là. Et on doit dire
que ce projet de loi a eu une consultation. Le ministre a été
assez muet concernant la consultation. Je sais, d'une part, qu'il a eu une
large consultation avec les unions municipales, possiblement avec quelques
municipalités ou quelques MRC, puis on semble dire: Bien, là,
tout est correct, on sait à peu près tout ce qu'ils veulent, puis
le projet de loi, ça rend bien ce que, nous, on a fait comme demande de
renseignements.
Remarquez que, comme Opposition ou comme porte-parole de ma formation,
je ne suis pas sûr que ça rend vraiment l'état de toute la
consultation qui a eu lieu. Est-ce que toutes les municipalités ont
été consultées? Est-ce que c'est une partie des
municipalités, une partie des MRC? Je veux bien, moi, accepter la parole
du ministre qui me dit: On a consulté largement, mais, règle
générale, quand on a des projets de loi aussi volumineux, on
consulte ou on fait des petites consultations publiques. Je me demande si, au
début de la commission parlementaire, il n'y aura pas lieu d'inviter
certaines personnes à nous
donner leur point de vue.
Il ne faut pas se surprendre qu'on soit un petit peu réticent par
rapport à ce projet de loi. Je l'ai dit tout à l'heure, au
début, on n'a pas beaucoup de temps devant nous. On n'a pas beaucoup de
temps en arrière de nous parce que ça ne fait pas longtemps qu'on
l'a en main. Est-ce que les citoyens, comme les municipalités, ils ont
eu le temps d'en prendre connaissance? Moi, je prétends que non. C'est
un projet de loi qui nous arrive comme ça, là. Je peux bien dire:
Oui, on va corriger les problèmes. Est-ce qu'on corrige tous les
problèmes, puis est-ce qu'on est sûrs qu'en corrigeant ces
problèmes on n'en créera pas d'autres? Ça aussi, il faut
le mettre en application et il faut se questionner par rapport à
ça. Je n'ai aucune mesure de contrôle, actuellement, pour affirmer
quoi que ce soit à ce sujet, au sujet du projet de loi. La seule chose,
seuls les initiés savent de quoi on parle.
D'abord, premièrement, les deux unions municipales. Ça, je
suis convaincu qu'elles savent de quoi on parle. Il y a l'Union des producteurs
agricoles qui, dernièrement, a pris connaissance du projet de loi et qui
a un certain nombre de questionnements à se faire. Moi, je les
comprends. Les producteurs agricoles ou les agriculteurs et agricultrices ont
certains droits sur le territoire. Ils ont des lois qui les régissent.
Depuis de nombreuses années, les municipalités ont
demandé, jusqu'à un certain point, d'harmoniser la loi 90 et la
loi 125, la loi de protection du territoire agricole et la loi de l'urbanisme
et de l'aménagement. Donc, on ne l'a pas fait.
Est-ce que, dans ce projet de loi, on arrive à un point de
rencontre? On peut prétendre jusqu'à un certain point que, oui,
si j'en prends certaines représentations qui nous ont été
soumises par l'Union des producteurs agricoles qui, elle, ne se montre pas...
J'ai vécu des expériences aussi; le ministre nous en a
conté quelques-unes tout à l'heure, mais on en a vécu
quelques-unes avec l'UPA à certaines époques où ça
a été difficile. Le zonage agricole, c'était ça
à ma gauche et, à ma droite, c'étaient les
municipalités. Il n'y avait pas moyen d'avoir... En tout cas, il n'y
avait pas d'arbitre entre les deux pour essayer de faire le rapprochement, il
n'y en avait pas, de rapprochement. C'était chacun pour soi, au plus
fort la poche, et ça a été comme ça. Et, en
même temps, les municipalités criaient très fort pour dire:
II faut que la loi 90 soit soumise à la loi 125. Boni
II y a eu depuis ce temps-là 13 ans qui se sont
écoulés; il y a beaucoup d'eau qui est passée sous les
ponts. À première vue, et si je parle des expériences
qu'on a vécues, par exemple, avec la ville de Saint-Hubert, c'est une
ville, à mon point de vue, très urbanisée, où le
maire est venu nous demander le remembrement des terres agricoles pour les
remettre à l'agriculture. Ça veut dire que non seulement les
producteurs ou les agriculteurs ont cheminé, mais les maires de
municipalités urbaines ont aussi cheminé. Il faut le faire, hein!
Moi, je pense que c'était quelque chose d'assez extraordinaire qu'un
maire de ville - d'une grosse ville; Saint-Hubert, c'est à peu
près 70 000 habitants - décide de faire du remembrement pour
remettre à l'agriculture dans sa propre municipalité, donc des
coûts pour les contribuables au bienfait de la classe agricole. Je
trouvais ça correct. Il a obtenu le droit de le faire par
l'Assemblée nationale. C'est un cheminement très fort, ça.
Il ne faut pas se surprendre, si les maires ont cheminé, qu'il soit
possible que les agriculteurs fassent le même cheminement.
Ça veut dire que, si on persiste et si on croit a ce qu'on fait,
et si on a vraiment des principes de base qui nous guident, on finit toujours
par renverser les montagnes, on finit par les faire se rencontrer. Dans le
projet de loi, même si, à première vue, les producteurs
agricoles ou l'UPA, l'Union des producteurs agricoles, se questionnent
très fortement, ils ne se montrent pas, à première vue,
opposés à ce projet de loi. Mais ça va nous obliger, nous,
à nous questionner à savoir si on doit avoir des consultations
particulières avant l'étude du projet de loi. Est-ce que
ça va nous obliger à avoir, durant tout le cheminement du
dossier, des gens qui pourront venir répondre aux questions? Parce que,
nous aussi, on n'a pas tous les instruments de mesure que le ministère
des Affaires municipales a à sa disposition. Nous autres, on est encore
presque à la mitaine; il y a des gens qui sont à l'heure avec le
laser, mais, nous autres, on est encore à la mitaine, dans l'Opposition.
Il faudra bien qu'un jour on trouve une réponse à ça, mais
on n'a pas beaucoup de moyens pour faire avancer nos idées, si ce n'est
la parole. C'est pour ça que, des fois, on peut sembler abuser de la
parole. C'est le seul moyen qu'il nous reste pour faire valoir nos idées
vis-à-vis d'une machine gouvernementale qui est très puissante.
Même si on est au gouvernement, nous ne sommes pas le gouvernement. Donc,
pour faire avancer des choses, il faut qu'on fasse beaucoup plus preuve
d'imagination et de recherche avec le peu de moyens qu'on a, avec les
ressources humaines qui sont excessivement comptétentes mais qui sont
difficilement... On ne peut pas en demander plus que ça parce que ces
personnes-là n'ont pas plus que 24 heures dans une journée, comme
vous et nous. Donc, c'est un problème auquel on a à faire face
et, moi, c'est un questionnement qui m'intrigue jusqu'à maintenant.
De voir que les producteurs agricoles, et les productrices
évidemment, sont prêts à travailler avec cette
loi-là, moi, je pense que c'est heureux. C'est quelque chose de
très fort. Des gens, dans 20 ans ou dans 30 ans, pourront dire:
Anciennement, les gens de l'ancien temps, s'ils pensaient qu'ils avaient
été bien loin, vous allez
voir que, nous autres, on va en faire, des lois plus
intéressantes que ça. Mais, vous savez, l'histoire, c'est des
petits pas qui se rajoutent, qui finissent par faire des grands pas. Et ce
cheminement-là est drôlement intéressant. J'ai
été témoin, depuis le début de cette loi-là,
et même à partir du rapport La Haye, donc, des premiers
vagissements concernant cette mise en place, cet éveil de la population
vis-à-vis des schémas d'aménagement. Aujourd'hui, je vois
tout ce cheminement-là. C'est heureux, il faut s'en réjouir. (16
h 20)
Je veux me rappeler un autre sujet, parce que le ministre, tout à
l'heure, a dit: II y a plus que 1000 municipalités qui ont leur plan
d'urbanisme. Moi, je veux juste vous dire que, lorsqu'on a adopté la
loi... Et je m'en souviens comme si c'était hier parce que, là,
c'était vraiment le porte-parole de l'Union des municipalités du
Québec qui, d'une part, était favorable à ce que les
municipalités se dotent de plans d'urbanisme et de lotissement...
À ce moment-là, M. Moreau, de regrettée mémoire,
qui était président de l'Union des municipalités, disait
au ministre du temps: Laissez-nous faire. Au lieu de nous poser une loi,
laissez-nous aller. Dans deux ans, vous allez voir comment on va être
avancés dans le projet de mettre en place des schémas
d'aménagement et des plans d'urbanisme pour nos municipalités. Le
ministre s'était laissé convaincre. Deux ans plus tard, il n'y
avait pas grand-chose de fait. Parce que, s'il n'y a pas une contrainte quelque
part, c'est difficile. Les règlements, c'est pour les autres, ce n'est
jamais pour nous autres. Les grands changements, c'est pour les autres, jamais
pour nous autres. C'est vrai là-dedans. Parce que, dans le fond, la
discipline, ce n'est pas ce qu'on exige des gens, c'est de l'accepter. Un coup
que vous l'avez acceptée, il n'y a plus de problème. Si vous
décidez que le matin c'est à 8 heures que vous vous levez et non
pas à 8 h 30, il s'agit que vous en preniez la décision et c'est
réglé. Ça, c'est d'accepter la contrainte. Un coup que
vous êtes dans la contrainte, il n'y a plus de problème. Donc, par
rapport à ça, ça a été des contraintes qu'on
a été obligé de faire quelque peu, et il y a eu de la
réticence, mais on peut dire actuellement: Bravo! On est rendu
là.
Juste soulever quelques points, juste des points mineurs, à mon
point de vue, mais qui sont importants. On va exiger - on l'exigeait dans
l'ancienne loi et on le répète dans ce projet de loi qu'on a
devant nous - que les municipalités se dotent de plans qui vont
prévoir certains aménagements et certains plans de
développement. Et ça, je me demande si c'est réaliste que
les municipalités... si ce n'est pas des coûts inutiles qu'on
impose aux municipalités. On va leur demander, aux municipalités,
de nous donner une approximation des coûts des investissements futurs.
Est-ce que les municipalités vont aller dans le détail et dire,
par exemple, que, si elles prévoient un de ces jours, quelque part dans
le temps, de bâtir des immeubles, de faire des terrains, de faire un
développement, toute l'analyse de ces coûts-là va se faire,
traçage des rues, l'aqueduc, l'égoût, l'éclairage,
la lumière, et là on va additionner les coûts et faire
faire cette étude-là? Est-ce que c'est nécessaire,
d'abord? Moi, je ne suis pas convaincu que ce soit nécessaire. Si on le
fait, je me demande si ce n'est pas une perte d'énergie et une perte
d'argent. Ça, il faudra s'interroger. C'est à l'intérieur
du projet de loi. Ça l'était anciennement, sous l'autre loi. On
fait juste un peu d'aménagement par rapport à ça. Et je
m'interroge encore, à savoir: Est-ce que c'est nécessaire que,
dans le plan, le schéma d'aménagement, on aille aussi loin et
aussi précisément que mettre des signes de piastre autour?
Vous savez, acceptons donc que les gens rêvent un peu, en autant
que ça ne coûte pas cher. Ça ne coûte pas cher que
les gens rêvent. Vous savez, l'expérience que je vais vous donner
concernant les plans triennaux d'investissements... Toutes les
municipalités sont contraintes d'avoir des plans triennaux
d'investissements, à l'exception de la première année.
Tout le reste, il y a beaucoup de rêve à travers ça. Il y a
beaucoup de millions qui ne se réalisent pas dans les trois prochaines
années, mais on a forcé, par la Loi sur la fiscalité
municipale, on a forcé les maires, les conseils municipaux à
réfléchir un peu vers leur avenir et à voir ce qu'on veut.
Et on le présente à la population. Je vous mets au défi et
je vous invite... Et j'aimerais avoir le temps de faire l'exercice avec les
municipalités pour savoir aujourd'hui, en 1992, le plan triennal, de
quelle façon, pour 1992... Et je suis pas mal certain que les
municipalités ont accepté ça. Mais, s'il avait fallu que
le plan 1992, 1993, 1994 soit aussi précis que la première
année, là, je suis convaincu qu'elles seraient encore en train de
discuter de leur plan triennal. C'est le seul rêve que les
municipalités peuvent se donner ou peuvent faire au moment de l'adoption
du budget. Donc, elles peuvent rêver. Elles peuvent traîner leurs
projets. Ils peuvent mettre des coûts, ça ne coûte rien. Si
ce n'est que la première année, là, il y a des coûts
réels précis. La deuxième année, des fois, il y a
des priorités qui changent quelque part. Il y a des évaluations.
Qu'est-ce que ça pourrait coûter? Quels seraient les besoins? Et,
après ça, il y a la réalité. La
réalité, pour moi, c'est l'année où ça se
passe. La deuxième année, c'est déjà un peu plus
éloigné.
Et je vous invite, M. le Président, puisque vous avez une grande
expérience dans ce domaine-là, à examiner, même dans
votre propre municipalité ou dans vos municipalités, de quelle
façon le plan triennal se comporte. Et je serais surpris que ce ne soit
pas l'attitude de toutes les municipalités au Québec. Sans
ça, on parlerait
beaucoup de rêve, on parlerait beaucoup d'espoir. Et je pense que
les gens qui sont en politique ont une responsabilité, c'est un peu de
vendre un peu de rêve, parce que c'est la seule façon qu'on a de
se projeter un peu plus loin, d'avoir une vision un peu plus grande. Les gens
qui ne rêvent pas, ce ne sont pas de grands visionnaires. Les gens qui ne
voient pas un peu plus grand... On le dit, des fois: Si on veut être
grand des fois, il faut penser grand et, quand on pense petit, on reste petit.
Alors, les municipalités, jusqu'à un certain point, dans le plan
triennal c'est un peu ça, elles voient un peu plus grand. Elles pensent
grand, ça les fait probablement grandir un peu. S'il n'y avait pas une
part de rêve dans leurs désirs, possiblement qu'elles
deviendraient encore plus petites. Donc, ça, je pense qu'on va engager
certainement de bonnes discussions avec le ministre des Affaires municipales
concernant ces actions qu'on veut bien faire, qu'on veut regarder, et on veut
aussi empêcher des coûts inutiles.
Je pense que les plans d'urbanisme, les schémas
d'aménagement, c'est un instrument. Ce n'est pas une fin, c'est un
moyen. C'est un moyen aussi qui pourrait permettre le développement. Je
ne suis aucunement surpris, moi, actuellement, de l'attitude des
municipalités dans l'ensemble du territoire du Québec qui disent:
On veut faire quelque chose. On se rend compte que les gouvernements qu'on a en
haut de nous, là, eux autres, ils n'ont pas beaucoup de rêve, ils
n'ont pas beaucoup d'espoir à nous donner. Les régions se disent:
Nous, on veut se prendre en main. On veut se donner des outils pour aller un
peu plus loin. Les schémas d'aménagement sont justement des
outils pour être capable de prendre sa destinée en main. Pourquoi?
Parce que ça leur permet de voir, sur leur territoire, quelles sont
leurs richesses. Ils font une évaluation de tout ça, les
élus municipaux et la population. Ils voient ce qu'ils ont sur leur
territoire, leurs richesses naturelles. Ça leur permet aussi
d'être en contact avec des gens qui ont du dynamisme, qui ont des
idées. Alors, ça nous amène forcément sur le
développement. Donc, le schéma d'aménagement n'est pas une
fin en soi, c'est un moyen pour aller plus loin. Et ça, ça me
semble heureux.
De ce côté-là, celui qui vous parle, je peux vous
donner ma parole que je le voyais quand on a fait ça. Les gens qui ont
fait ces lois-là - moi, j'ai collaboré à la mise en place
de la loi, je ne l'ai pas écrite - je vous dis que, moi, je voyais
ça comme un outil de promotion, un outil d'avancement des
municipalités, et ça a atteint son but. On doit s'en
réjouir parce que c'est ça qu'on veut. Si les gouvernements
supérieurs n'ont pas d'espoir ou ne peuvent pas en donner, il nous reste
une chose. Quand on ne peut pas se fier aux autres, il faut se fier à
soi. Ça, c'est un sentiment de confiance et les municipalités,
à mon point de vue, sont rendues là. Il faut leur donner cette
chance-là d'aller plus loin et de se projeter. Il va falloir aussi qu'on
pense que ces plans-là... Et là le ministre n'en a pas
parlé du tout, on est rendu à la révision, le
deuxième schéma d'aménagement. Il y a des coûts.
Est-ce qu'on va demander encore une fois aux municipalités d'être
seules celles qui vont payer pour le schéma? Rappelons-nous que le
premier a été payé en grande partie par le gouvernement du
Québec qui, lui, a cru que la mise en place des schémas
d'aménagement était non seulement utile pour les
municipalités, mais que c'était aussi très utile pour le
gouvernement. Si les gouvernements font de bons coups, tout le monde en
profite, les citoyens, et ça fait l'affaire du gouvernement aussi. Si
les routes sont bien tracées, qu'on n'a pas besoin d'exproprier et qu'on
a besoin de faire moins d'études pour l'analyse des sols et des
terrains, si on permet aux gens, par des contraintes correctes, de ne pas aller
s'établir n'importe comment sur des territoires, faire n'importe quoi,
c'est aussi à l'avantage non seulement de la municipalité et des
citoyens, mais du gouvernement. Donc, on peut s'interroger par ce projet de
loi, à savoir: Est-ce que le gouvernement est prêt à
réexaminer la possibilité d'être un partenaire avec les
municipalités?
Aujourd'hui, on a fait la preuve, et depuis toujours... Quand je parle
d'aujourd'hui, ce n'est pas aujourd'hui comme le mois de décembre, le 12
décembre. Quand je parle d'aujourd'hui, c'est dans notre temps, dans le
temps dans lequel on vit. On a fait la preuve que, si on veut faire avancer les
grands projets, c'est toujours le résultat de la cogitation ou de la
concertation de beaucoup de partenaires, comme de beaucoup d'individus. Pour ce
faire, cette concertation-là, il faut qu'on puisse les réunir
ensemble. Il faut aussi qu'on leur fasse confiance et il faut aussi qu'on
veuille s'associer. Est-ce que le gouvernement du Québec va juste leur
donner des lois pour leur permettre des choses ou s'il va être un
véritable partenaire? Dans le projet de loi qu'on a devant nous, on n'en
parle pas. Ça reste toujours un questionnement qu'on peut faire mais
auquel on n'a pas de réponse. On aura sûrement, au cours de
l'étude du projet de loi, le temps de le voir un peu. (16 h 30)
II y a beaucoup d'éléments, bien sûr, que je passe
sous silence et c'est surtout que nous, on... Moi, je pense toujours, au moment
où on critique un projet de loi, à savoir si les gens pour
lesquels on le fait peuvent nous suivre suffisamment. Il faut mettre assez
d'intérêt. On ne peut pas parler, sur tel projet de loi, dire:
Vous avez une journée, et trois jours après, vous faites telle
chose et telle autre. Ce n'est pas tout à fait ça. C'est: Est-ce
que ce projet de loi... Et c'est ça, si on est capable de
répondre. C'est ça, je veux essayer de répondre avec les
gens. Est-ce que ce projet de loi ouvre suffisamment de perspectives pour les
municipalités? Est-ce que
ça favorise vraiment le citoyen? Parce que l'action d'une
municipalité, l'action première, c'est le citoyen au coeur de la
municipalité. Est-ce qu'on lui donne suffisamment cette
perspective-là avec ce projet de loi? Est-ce qu'on va l'aider à
atteindre les buts pour lesquels on le fait? Si c'est juste pour se faire
plaisir et dire: On a des beaux documents à vous présenter, voyez
comment nous, on est capables de rêver et de penser, ce n'est pas
suffisant. Est-ce que ça, c'est vraiment l'instrument qu'on peut mesurer
et qui peut permettre aux gens de mieux s'administrer? Est-ce que le
ministère de l'Environnement va être un partenaire aussi avec les
municipalités? Vous savez, il y a beaucoup de problèmes. On peut
réglementer les municipalités, mais c'est notre
responsabilité aussi de les aider pour qu'elles s'administrent
mieux.
Prenons tous les sites d'enfouissement sanitaire qui font
problème à peu près partout, les incinérateurs. Il
y a un paquet de choses où on peut bien dire: Ça dépend
des municipalités, mais il y a un paquet de choses aussi qui
dépendent de la volonté gouvernementale. C'est nous autres qui
avons le pouvoir de donner des lois, puis il y a moyen d'aider les
municipalités. Il faudra bien qu'à travers ces cheminements et
à travers ces schémas le gouvernement occupe la place qu'il doit
occuper. Il n'est pas un spectateur dans le schéma d'aménagement,
le gouvernement est un acteur, un acteur drôlement important. Les
ministères, on les oblige, les ministres, par ce projet de loi, à
se commettre un peu plus vis-à-vis du projet de loi. Il faudra bien
qu'un jour les ministères acceptent de faire partie de la
communauté. Ce ne sont pas des organismes désincarnés. Il
faudra qu'ils fassent partie du territoire. Il faudra bien qu'ils vivent avec
les problèmes que les gens ont. Il faudra aussi qu'ils fassent partie de
la solution et non pas du problème.
Ça aussi, c'est important de le faire, et c'est dans ce
sens-là que, pour moi, les schémas d'aménagement prennent
toute leur place. C'est vraiment l'instrument qui amène les gens
à réfléchir et à voir des choses ensemble et
à voir comment on pourrait solutionner les problèmes et qui est
aussi l'instrument d'équité et de justice à travers les
citoyens. Parce que les coûts qui sont engendrés, c'est tout le
monde qui a à les payer. Si c'est bien fait, justice sera rendue. Si
c'est mal fait, c'est qu'il y aura des gens qui en profiteront au
détriment d'autres gens. Ça, à mon point de vue, ça
ne peut pas être accepté et c'est dans ce sens-là que les
schémas d'aménagement sont excessivement importants.
M. le Président, c'est les quelques remarques que je voulais
faire avec ce dépôt du projet de loi. Je vous dis d'avance que,
même avec la meilleure volonté du monde, l'Opposition officielle a
ce problème, à savoir si le ministre des Affaires municipales va
nous donner quelque orientation. Parce que sur toutes les lois qu'on a devant
nous, il y en a quelques-unes qui sont contentieuses et la prochaine en sera
une définitivement. Si on veut tous avoir des lois, même avec la
meilleure volonté du monde, j'ai l'impression que, pour ce faire, on
n'arrivera pas à Noël en même temps. Et moi, je voudrais bien
que cette période soit une période de réflexion, mais une
période sérieuse aussi, une période où le travail
se fera d'une façon correcte et au profit des citoyens et des citoyennes
du Québec.
Donc, c'étaient les quelques remarques que j'avais à
faire. Et là-dessus, je vous assure d'avance qu'on va collaborer dans la
mesure du possible à l'approbation de la loi, mais toujours dans les
règles très strictes, qu'on ne fera pas de... On veut faire un
travail sérieux, à la mesure de nos capacités et de nos
compétences avec tous nos collègues comme avec ceux du
gouvernement. Ce projet de loi qui est devant nous, c'est un projet de loi qui
intéresse les municipalités, donc l'ensemble des citoyens du
Québec. On se doit d'être sérieux, conséquents et
cohérents. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jonquière. Je rappelle aux membres de cette
Assemblée que nous en sommes à l'adoption du principe du projet
de loi 56, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et
d'autres dispositions législatives. Je reconnais l'adjoint parlementaire
du ministre des Affaires municipales et député de Rimouski. M. le
député, la parole est à vous.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): Alors, M. le Président, je vous
remercie de me donner la parole pour pouvoir m'exprimer sur la Loi modifiant la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions
législatives, le projet de loi 56. J'écoutais le critique de
l'Opposition officielle, le député de Jonquière, et au
début de son propos, il m'a vraiment inquiété. Je pensais
qu'il avait l'intention cachée, je ne sais pas, de vouloir faire un
«filibuster» sur ce projet de loi, mais il s'est rapplombé
à la fin de son discours. Il m'a laissé entendre qu'il allait
collaborer à l'adoption de ce projet de loi fort important pour nos
communautés, nos MRC et, en même temps, nos communautés
urbaines. Alors, je fais amende honorable, et je lui fais confiance au niveau
de son intention bien arrêtée de vouloir nous donner ce projet de
loi et de nous apporter sa collaboration pour que le projet de loi 56 soit
approuvé avant les fêtes. C'est un projet très important
pour l'aménagement des territoires.
Vous le savez tous, nous avons, depuis 1980, des municipalités
régionales de comté, et les communautés urbaines ont
dû nous soumettre, pour la plupart, des plans d'aménagement. Ces
plans d'aménagement avaient une durée de cinq ans. Maintenant,
nous sommes dans la deuxième
phase des plans d'aménagement. Nous avons l'obligation,
nécessairement, de repenser la loi et, en même temps, de nous
soumettre un peu à des aménagements nouveaux, compte tenu de
l'évolution de ces plans d'aménagement qui ont répondu,
dans un premier temps, à une philosophie d'aménagement d'un
territoire. Mais, comme nous sommes dans une société
évolutive, il nous faut absolument, maintenant, donner un essor nouveau
à ces plans d'aménagement. Je pense qu'avec le projet de loi 56
nous avons toutes les données nécessaires pour pouvoir donner un
souffle nouveau à ces plans d'aménagement.
Présentement, il y a 15 MRC du Québec qui sont en attente
d'un réaménagement de leurs plans d'aménagement.
J'écoutais, tout à l'heure, le critique de l'Opposition nous dire
que nous n'avions pas de consultations. Puis-je lui rappeler que nous avons les
tables Québec-municipalités où, depuis au moins deux ans,
et même plus, nous avons des rencontres, je dirais six ou sept par
année, à tous les deux mois, et nous avons, à ce
moment-là, toute une série d'études que nous faisons au
sujet de l'aménagement du territoire?
Entre autres, j'ai une disposition, ou encore un tableau, ici, me
signifiant quelles étaient les préoccupations de deux MRC.
Concernant la révision des schémas d'aménagement, nous
nous étions mis d'accord sur les demandes des MRC, entre autres, ce
qu'on voulait avoir dans le projet de loi qui est présentement devant
nous aujourd'hui. D'une part, la planification des infrastructures et
équipements de transport terrestre, on voulait que ce soit
repensé à l'intérieur du projet de loi. Nous le retrouvons
présentement dans le projet de loi.
Deuxième des choses, on voulait ajouter l'identification de toute
contrainte majeure générée par une voie de circulation.
Très important. Vous savez que l'aménagement d'un territoire, ce
n'est pas fait seulement pour un temps donné, mais que c'est fait pour
une projection dans le futur. Il y a des circulations terrestres qui font en
sorte que le territoire est perturbé par une voie de circulation qu'on
veut y implanter. Alors, les deux unions nous ont demandé que, dans le
prochain projet de loi, on ajoute une disposition qui va nous permettre de
tenir compte des voies de circulation terrestres. (16 h 40)
Troisième item que les MRC voulaient inclure ou voir inclure dans
le projet de loi: l'identification des zones de contrainte pour des raisons de
protection de l'environnement des rives, du littoral et des plaines inondables.
Ce n'est pas nous autres qui l'avons demandée, ce sont les
municipalités qui, par l'expérience des premiers schémas
d'aménagement, nous ont dit: Dans la refonte du projet de loi, nous
voulons que cet item-là soit bien encadré, c'est-à-dire
que l'identification des zones de contrainte pour le littoral et les plaines
inondables, ça soit dans le projet de loi. Alors, nous avons tenu compte
de la consultation auprès des deux unions et, aujourd'hui, nous
retrouvons dans le projet de loi lesdites dispositions, de façon
à tenir compte d'une consultation auprès des principales
intéressées que sont les MRC. Dieu sait si nous en avons tenu
compte. C'est dans le projet de loi.
Une autre demande à laquelle nous avons souscrit: un plan
d'action en vue de la mise en oeuvre du schéma. Alors, quelles sont les
dispositions de mise en oeuvre de ces schémas? Déjà, nous
avons dans le projet de loi toutes les dispositions nécessaires pour la
mise en oeuvre. Quels sont les temps requis? Par exemple, nous avons deux ans
pour préparer les schémas d'aménagement, nous avons 120
jours pour que les MRC puissent disposer, c'est-à-dire regarder ces
plans d'aménagement et les approuver, et, après ça, c'est
l'application du plan d'aménagement. Donc, nous avons une chronologie
d'événements et de dispositions dans la loi qui nous permettent
de mettre en application lesdits plans d'aménagement.
D'autre part, nous avons également, dans les ajouts
facultatifs... Alors, les deux unions, l'UMQ et l'UMRCQ nous ont dit: Dans les
schémas d'aménagement, nous voulons avoir une partie facultative.
Alors, nous avons nécessairement des dispositions dans la loi qui nous
permettent d'ajouter une partie facultative dans les schémas
d'aménagement. Entre autres, qu'est-ce qu'on voulait mettre dans la
partie facultative? L'identification des zones prioritaires
d'aménagement ou de réaménagement. Une
municipalité, c'est en évolution. Il y en a qui
réaménagent des secteurs, il y en a qui font du nouveau
développement. Alors, il nous faut absolument avoir un plan facultatif
d'aménagement dans les territoires. D'autre part, au niveau de la partie
facultative qui serait dans les schémas d'aménagement, on parle
d'identification des contraintes majeures générées par
certaines activités humaines: il peut y avoir toutes sortes de
développements d'activités humaines qui nous permettent de tenir
compte des schémas d'aménagement. Et, enfin, l'organisation du
transport maritime et aérien. Vous savez, quand on a des
aéroports ou des ports de mer, le long... Les municipalités sont
une conception de différents services qu'on donne à une
communauté. Il faut en tenir compte dans des plans d'aménagement.
Je pense que nous avons dans le projet de loi toutes les dispositions requises
pour pouvoir donner à l'aménagement du territoire, dans une zone
donnée, toutes les facilités de pouvoir faire un
aménagement qui est dans le futur.
J'écoutais, tout à l'heure, le critique de l'Opposition
nous dire que c'était bon de rêver, que les municipalités,
c'était peut-être le seul espoir qu'elles avaient de rêver
à un aménagement peut-être vers le futur. Mais encore
faut-il avoir les pieds sur terre. Je pense que ce qui est important, c'est
d'avoir un aménagement de
territoire le plus réaliste possible, en fonction, d'une part, de
la situation démographique d'une population, en fonction
également du développement d'une communauté et, en
même temps, d'une espèce d'harmonisation pour l'ensemble d'une
MRC.
Au Québec, je pense que nous avons maintenant le privilège
d'avoir ces plans d'aménagement. Nous avons le privilège
d'avoir... Nous sommes dans la deuxième génération et, de
ce fait, nous sommes capables d'extrapoler, pour les cinq prochaines
années, avec un plan d'aménagement qui va tenir compte des
premiers plans d'aménagement, mais, en même temps, de voir s'il
n'y aurait pas moyen d'apporter des correctifs.
Voilà, M. le Président, des considérations qu'il
nous faut faire, à mon sens, au niveau de ce projet de loi, et je pense
que le projet de loi nous donne toutes les dispositions nécessaires pour
pouvoir apporter les correctifs nécessaires à cette nouvelle
orientation.
Il y a une disposition, dans les notes explicatives du projet de loi,
que je trouve fort intéressante, entre autres, au sujet de la Loi sur
les mines. La Loi sur les mines n'est pas touchée, sauf que maintenant,
il est dit ceci: «Dorénavant, sous réserve des droits
acquis, cette disposition ne couvrira plus l'extraction de sable, de gravier ou
de pierre à construire sur les terres privées, lorsque le droit
à ces substances minérales est abandonné au
propriétaire du sol.» En d'autres termes, la Loi sur les mines
s'applique, c'est sûr et certain, mais le schéma
d'aménagement doit se soumettre à la disposition de la loi des
mines. Cependant, beaucoup de municipalités rurales ont des bancs de
gravier, des bancs de sable, des bancs de pierre d'exploitation. Alors, il sera
prévu maintenant... Elles seront obligées, dans le schéma
d'aménagement, de tenir compte de ces lieux d'exploitation de gravier,
de sable ou de pierre. Je pense que c'est très important. Plusieurs
municipalités sont dans des zones périphériques. Elles ont
des obligations vis-à-vis de ces exploitations, mais il nous faut, dans
les schémas d'aménagement, prévoir les dispositions pour
pouvoir encadrer l'exploitation de ces lieux parce que, trop souvent, des fois
à tort et à travers, il y a eu des exploitations qui ont
été outrancières à cet égard et qui ont eu
des effets négatifs sur les gens qui habitent autour de ces
endroits-là.
M. le Président, je pense que la loi 56 donne aux schémas
d'aménagement et d'urbanisme... Ils devront déterminer les zones
d'occupation du sol et qui sont soumises à des contraintes, non
seulement pour des raisons de sécurité publique mais, comme c'est
le cas actuellement, également pour des raisons de protection de
l'environnement des rives, du littoral et des plaines inondables.
Alors, ce que fait aussi le projet de loi 56, M. le Président,
c'est rien de moins qu'introduire la dimension environnementale dans le contenu
des schémas d'aménagement. Je pense qu'en 1992 ou 1993, dans la
prochaine année que nous allons entreprendre, c'est important
d'introduire dans les schémas d'aménagement toute la question
environnementale. Nous ne pouvons plus penser maintenant développer une
société ou développer un territoire sans avoir cette
préoccupation environnementale et, déjà, nous l'avons dans
le projet de loi 56. Ça nous donne toutes les dispositions
nécessaires pour pouvoir tenir compte de cette dimension
environnementale.
M. le Président, en terminant, vous me permettrez d'ajouter que
ce projet de loi, il serait tout à fait souhaitable que nous puissions
procéder à son adoption avant la fin de la présente
session, pour pouvoir donner aux municipalités qui sont en attente... Il
y a 15 MRC présentement qui sont en attente d'un nouveau plan
d'aménagement. Je pense que l'Opposition officielle devrait nous donner
cette collaboration pour pouvoir nous doter, le Québec, d'une loi qui va
nous donner toutes les dispositions nécessaires pour pouvoir
espérer un aménagement des territoires du Québec, avec des
dispositions tout à fait adéquates et qui répondent aux
besoins des années quatre-vingt-dix et plus, c'est-à-dire 1992,
et de l'an 2000. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Rimouski. Sur le même sujet, je cède la
parole à M. le député d'Arthabaska. Vous avez droit
à une période de 20 minutes, M. le député.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président, je voudrais profiter de
l'occasion qui m'est accordée pour un peu transmettre au gouvernement
les craintes -je n'appellerai pas ça des objections parce qu'il est
prêt à collaborer aussi - et les préoccupations du milieu
agricole face à ce projet de loi. Tout dernièrement, l'Union des
producteurs agricoles a fait part de ces mêmes craintes-là au
ministre des Affaires municipales, en date d'aujourd'hui; nous avons deux
autres lettres aussi, en date du 12 novembre et aussi du 7 mai où
l'Union des producteurs agricoles démontrait, je pense, au ministre, ses
préoccupations. Ça fait plusieurs, les députés du
gouvernement... Le ministre l'a dit tout à l'heure, qu'il y avait eu
plein de consultations qui avaient été faites un peu partout pour
arriver avec un projet de loi qui réponde réellement aux besoins
des municipalités.
Je ne veux pas douter - absolument pas - des consultations qui ont
été faites à cet effet-là, mais s'il y a eu tant de
consultations que ça, comment se fait-il que l'UPA ne soit pas... Je ne
dis pas qu'elle est en désaccord avec le projet de loi, mais il y a
plusieurs éclaircissements sur certains articles qui la
préoccupent,
qu'elle voudrait avoir, qu'elle n'a pas obtenus. Le ministre disait
aussi qu'il y a eu tous les ministères, ou à peu près tous
les ministères qui ont été consultés. J'aimerais
ça connaître les avis que le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation a faits ou a déposés, ou
a fait connaître au ministre sur ce projet de loi. Je ne sais pas si
c'est confidentiel. Je ne veux pas aller dans le secret des dieux. Je ne suis
pas le gars, il me semble, qui essaie de chercher quoi que ce soit, mais si le
ministre pouvait - je ne sais pas s'il a le droit - déposer ces
avis-là...
Une voix:...
(16 h 50)
M. Baril: Comment dites-vous ça? Vous dites que c'est un
de nos collègues qui a ça. Si on les a déjà, on va
en prendre connaissance, remarquez, mais, moi, je ne les ai pas. En tout cas,
j'aimerais ça connaître les avis du ministère de
l'Agriculture sur ce projet de loi, mais c'est évident que, depuis 1978,
l'adoption de la loi 125 sur l'aménagement du territoire, et aussi la
loi 90 sur le zonage agricole, l'harmonisation de ces deux lois n'a pas
été faite.
Et c'est vrai, c'est vrai en toute honnêteté que ça
crée certains problèmes. Ça, je suis bien conscient de
ça. Mais, est-ce que, par le biais de cette loi, on essaie,
tranquillement pas vite, d'harmoniser les deux lois? C'est une chose qui est
possible, mais il ne faudrait pas oublier, il ne faudrait pas oublier les
activités agricoles qui se pratiquent sur... j'allais dire l'ensemble ou
sur la majorité du territoire québécois, parce que le
schéma d'aménagement d'une municipalité, c'est parfait,
c'est excellent. On voit, d'ailleurs, depuis 10 ans, comment les
municipalités se sont développées d'une façon plus
harmonieuse. Avant ça, ça se faisait un peu tout croche, comme on
dit, à l'aveuglette: un bout de rue ici, deux maisons là.
Quelqu'un qui voulait rêver d'entendre les petits oiseaux puis siffler le
vent dans les branches, il allait se construire au bord de la forêt, puis
après ça, c'était le reste de la communauté qui
était obligé de payer pour ouvrir le chemin, puis rendre
l'électricité. Il y a eu de l'ordre de mis là-dedans. Il y
a eu de l'ordre de mis là-dedans. Mais ça n'empêche que,
depuis ce temps-là, les agriculteurs, les producteurs et les
productrices agricoles ont amélioré beaucoup leurs pratiques
d'élevage, ont amélioré beaucoup aussi leurs pratiques
culturales pour mieux respecter l'environnement, pour beaucoup mieux respecter
l'environnement.
Souvent, je dis que, si le reste du secteur économique avait fait
autant d'efforts que les milieux agricoles pour respecter l'environnement, la
situation environnementale serait beaucoup mieux aujourd'hui. Et quand je
pense, M. le Président, quand je pense que les papetières, qui
sont de grandes polluantes, supplient le gouvernement, pratiquement à
tous les jours, à toutes les semaines, de reporter le plan
d'assainissement de leur production, et que le gouvernement a une certaine
inertie là-dessus... Quand il y a un producteur agricole qui ne change
pas, il ne modifie pas l'élevage... il ne fait rien, il ne change rien,
lui, hein, là, puis il ne pollue pas pour autant. Mais il a une pratique
qui est acceptée, puis qui est conforme aux normes. Mais, aussitôt
qu'il y a un transfert... Puis ce n'est pas une vente, il va juste en vendre
une partie à son garçon ou une partie à son conjoint,
à sa conjointe, oh! là, il faut qu'il se conforme. Il faut qu'il
se conforme encore aux normes d'aujourd'hui, puis celles d'il y a 10 ans
n'étaient même pas pareilles comme celles d'aujourd'hui. Et
là, tu investis... ils t'obligent à investir des fortunes, des
fortunes qui, souvent, mettent en cause la rentabilité de la ferme, il y
a des transactions agricoles qui ne se font pas à cause de ça. Et
c'est ça que je déplore beaucoup.
Quand les usines de pâtes et papiers, entre autres, qui ont des
tuyaux qui ne sont même pas assez hauts pour sortir toutes sortes de
déchets dans le fleuve, ça, ce n'est pas grave... On attend, on
taponne, comme on dit. On retarde parce que, là, on invoque le fait
qu'il y a peut-être 300, 400, 500 emplois, je ne le sais pas, mais
multipliez le nombre d'emplois qu'il y a dans les rangs par ferme et les gens
seraient surpris.
Pour parler des préoccupations des agriculteurs et des
agricultrices... Depuis deux, trois ans, il me semble qu'ils en ont assez
à digérer avec toute la mondialisation des marchés, avec
l'ouverture des marchés, avec les négociations qui se passent ou
qui s'éternisent au GATT, avec les négociations du
libre-échange. Nous devrons être plus compétitifs, mais
tout en respectant les normes de l'environnement qui sont plus
sévères chez nous qu'ailleurs - et c'est bien. Ce n'est pas parce
que je voudrais que les agriculteurs ne les respectent pas. C'est bien qu'on
les respecte.
On vient de vivre, tout dernièrement, la fin de la
révision de la zone agricole. Et il faut penser que, dans le cadre de la
révision de la zone agricole, la Commission de protection du territoire
agricole, qui est là pour protéger le sol agricole, pour
protéger le sol agricole, elle a accepté, elle a accordé,
elle a approuvé pour 200 000 hectares de terre au Québec, qu'elle
a pris de l'agriculture, puis qu'elle a retournés au niveau urbain: 200
000 hectares de terre! Des fois, les gens... Quand tu es habitué d'avoir
juste ton petit jardin, à peu près 20 par 30 ou 10 par 30, 200
000 hectares, comment c'est grand, ça? Des fois, c'est des chiffres...
C'est trop gros, on ne sait pas comment c'est grand. Si on prend la moyenne,
juste la moyenne des agriculteurs au Québec - puis j'arrondis les
chiffres - qui ont 200 acres par ferme, 200 000 hectares, ça veut dire
1000 fermes au Québec. On vient d'abolir, M. le Président, avec
la révision de la zone agricole, un espace où il y a 1000 fermes
qui auraient pu pratiquer l'agriculture au Québec. Et
ça, c'est fini à jamais.
Et ce qui est encore pire, c'est que les demandes... C'était dans
une zone permanente. Puis là, on avait dit: Là, ça va
être fini. Après ça, il va y avoir moins de demandes parce
qu'il va y avoir plein de place pour les municipalités, pour prendre de
l'expansion et permettre de faire des développements industriels,
résidentiels ou commerciaux. Mais les demandes à la Commission de
protection du territoire agricole ne diminuent pas, elles augmentent. Elles
augmentent encore davantage, et on autorise. Il y a 60 % des demandes qui sont
faites à la CPTAQ qui sont acceptées. Il y en a 40 % qui sont
refusées. Les gens s'en vont au tribunal d'appel et il y en a encore 70
% que, eux autres, ils acceptent. Ça fait qu'il ne reste plus
grand-chose pour protéger le territoire agricole.
Le ministre Pagé, l'ex-ministre de l'Agriculture, avait promis
aux agriculteurs, dans le cadre de la loi 100, de leur amener, de
déposer sous peu - ça, c'est en 1988 - une loi qui
protégerait le droit de produire des agriculteurs, des agricultrices.
Ça fait quatre ans de ça, on s'en va sur cinq ans, et on attend
encore après cette loi. Le ministre de l'Agriculture de l'époque,
toujours M. Pagé, avait dit aussi aux producteurs agricoles que, dans le
cadre de la loi 100, ce serait bénéfique pour eux parce qu'il
créait une espèce de tribunal pour défendre les
agriculteurs qui s'appelait le commissaire aux plaintes. Donc, si les
municipalités, certaines municipalités - il ne faut pas
généraliser - réglementaient plus sévèrement
que les normes ou les directives du ministère de l'Environnement, ou
s'il y avait des citoyens qui se plaignaient des activités agricoles, on
établissait une sorte de tribunal, le commissaire aux plaintes, qui,
lui, devait défendre les agriculteurs. Imaginez-vous, ça fait
trois ans, quatre ans que ce tribunal existe et il n'y a pas de plaintes de
traitées.
Dernièrement, on s'est aperçu que, là, maintenant,
le commissaire, il serait à temps partiel parce qu'il n'y a pas
d'ouvrage. Il n'y a pas d'ouvrage. Il le dit lui-même qu'il n'y a pas
d'ouvrage parce qu'on ne lui donne pas les pouvoirs. Il doit remplir sa mission
uniquement au niveau des activités actuelles, pas des activités
futures. Et le problème, c'est sur les activités futures, sur les
projets d'agrandissement que les agriculteurs veulent faire. On avait aussi dit
qu'on créerait un fonds spécial de défense pour les
activités agricoles; ce n'est pas encore fait, on attend encore
après.
Donc, les agriculteurs sont en voie de se demander, par le biais de ce
projet de loi, ce qui arrivera avec leur activité. Parce qu'il faut
savoir, on a des cas bien précis de municipalités qui ont
réglementé plus sévèrement. Actuellement, il y a un
jugement qui a été rendu, entre autres, au niveau de la
municipalité de Sabrevois. La municipalité a gagné et le
producteur a perdu, parce qu'on établit les distances au niveau des
élevages, des pratiques d'élevage. Et quand on pense qu'il y a
des municipalités qui défendent l'épandage des fumiers
à moins de 600 mètres d'une résidence... 600
mètres, c'est pratiquement un demi-mille. Imaginez-vous, un demi-mille:
le producteur ne pourra pas engraisser son sol, il ne pourra pas, avec le
fumier, avec l'engrais, l'engrais vert que son élevage lui fournit. On
l'en empêche, sur une distance d'un demi-mille de sa terre. Et si,
à l'autre bout du rang il y a une autre résidence, il va
être encore à un demi-mille. Donc, qu'est-ce qu'il va faire avec
son fumier?
Ce que je trouve énormément regrettable, c'est qu'il y a
des municipalités qui vivent d'agriculture et qui empêchent des
exploitations agricoles de cette façon-là. Ça n'a aucune
logique, M. le Président. Je donne souvent en exemple ma propre MRC,
chez nous, ma propre MRC, la MRC de L'Érable, à Plessisville. Il
y a 2 ans, il y avait 17 maires autour d'une table: 2 qui proviennent des
villes, 15 de paroisses qui vivent de l'agriculture. Ils ont passé une
résolution. Ils ont voté une résolution a la MRC demandant
au ministère de l'Environnement de renforcer ses normes pour
empêcher les épanda-ges durant la saison estivale. C'est brillant!
C'est brillant: 15 municipalités qui vivent d'agriculture demandent au
ministère de l'Environnement d'être plus sévère pour
empêcher l'épandage des fumiers durant la saison estivale.
Là, le printemps, ils ne peuvent pas aller trop de bonne heure sur le
terrain parce que le terrain est dégelé et est tout en eau.
Là, on dit: L'été, vous n'avez pas le droit de l'arroser.
Et là, on arrive à l'automne, on dit: II faut que vous fassiez
ça avant les sols gelés. C'est correct, ça, c'est
parfait.
Là, tu as les agronomes, tu as les professionnels de
l'agriculture qui disent aux agriculteurs: Pour avoir un meilleur rendement de
vos engrais, il ne faut pas que vous épandiez ça pendant que la
plante est morte ou est au repos, l'automne. Il faut que vous fassiez ça
après la première coupe de foin, parce que, là, la plante
a besoin d'énergie, elle a besoin de toutes ces choses-là. Donc,
vous étendez ça l'été. Les professionnels disent
ça, et ils ont raison. Mais là, les maires, 15 maires sur 17 qui
viennent d'un milieu rural, ils disent: Non! l'été, parce qu'il y
a des petits chalets quelque part et que ça ne sent pas bon, vous allez
faire ça. C'est ça, M. le Président. (17 heures)
Et c'est l'inquiétude de l'Union des producteurs agricoles face
à ce projet de loi là. C'est pour ça qu'ils ont des
questions à poser au ministre et qu'ils voudraient avoir des
réponses. Je sais qu'il y a eu des négociations de faites,
probablement entre les fonctionnaires et l'Union des producteurs agricoles dans
les jours qui suivent... dans les heures qui ont précédé;
peut-être que ça continue encore. Mais je vais juste
vous lire, M. le Président, un paragraphe, entre autres, qui
inquiète les producteurs agricoles.
À l'article 5, on dit: «Le schéma
d'aménagement peut, à l'égard du territoire de la
municipalité régionale de comté - là je passe
à 4°, entre autres: 4° déterminer [...] les
activités dont la présence ou l'exercice, actuel ou
projeté, dans un lieu fait en sorte que l'occupation du sol à
proximité de ce lieu est soumise à des contraintes majeures pour
des raisons de sécurité publique, de santé publique ou de
bien-être général». De bien-être
général, M. le Président. C'est quoi, ça, le
bien-être général?
La senteur, ça «nuit-u» au bien-être
général, ça? Où est-ce qu'on détermine
ça? Les bruits, ça «nuit-u» au bien-être
général? Comment est-ce qu'on détermine ça? Qui va
déterminer ça? C'est des choses comme ça qui
inquiètent le milieu agricole.
Et, comme je le disais tout à l'heure, on a des exemples, on a
plein d'exemples, je pourrais passer 20 minutes à donner des exemples
juste au niveau des producteurs qui ont dû se battre, même aller
devant les tribunaux pour faire respecter leurs pratiques et leurs usages
agricoles. Et, je le répète, pourtant, l'agriculture, ce n'est
pas un secteur économique qui est en voie de disparition. Le monde, il
faut qu'il mange! L'agriculture au Québec, c'est le troisième
secteur d'activité en importance. Ce n'est pas le quinzième,
là, c'est le troisième secteur d'activité
économique en importance au Québec.
Il faut, je pense, tous ensemble, protéger ce secteur-là.
Et, ce qu'ils veulent, ce que l'Union des producteurs demande également,
c'est qu'il y ait une norme uniforme au Québec. Ils sont prêts
à en respecter, ils sont d'accord pour travailler avec ça. Ils
travaillent avec les municipalités. Mais ils ne veulent pas que dans une
MRC il y ait une sorte de norme ou une sorte de pratique acceptée et
puis que dans la MRC d'à côté il y ait une autre sorte de
norme ou de pratique d'appliquée. Parce que les agriculteurs et les
agricultrices, entre eux, se doivent d'être compétitifs. Et si,
dans une MRC, c'est plus sévère que dans l'autre, comment
voulez-vous que les deux personnes ou les deux groupes puissent arriver
à produire le même produit, avec la même valeur, la
même qualité et avec le même rendement, le même
profit?
Je vais en lire un autre article, M. le Président, qui laisse
l'Union des producteurs agricoles... En tout cas, qui pose de sérieuses
questions, c'est l'article 47, 2°. Le paragraphe est long un peu, mais je
pense qu'il vaut la peine d'être lu: «Pour l'application du
paragraphe 16° ou 16.1° du deuxième alinéa, le
règlement de zonage peut, de façon particulière, diviser
le territoire de la municipalité, établir des catégories
d'usages, de constructions ou d'ouvrages à prohiber ou à
régir et établir des catégories d'immeubles,
d'activités ou d'autres facteurs justifiant, selon le paragraphe
visé, une telle prohibition ou réglementation. Il peut alors
décréter des prohibitions ou des règles qui varient selon
les parties de territoire...»
Voyez-vous, là, ça dit, selon ma compréhension, en
tout cas, ça explique ce que je disais tout à l'heure: sur un
même territoire, à un endroit il va y avoir des pratiques d'usages
et puis à un autre endroit il va y avoir d'autres pratiques d'usages.
Comment les producteurs vont-ils être capables de vivre dans ça et
de maintenir une compétition? Donc, on dit: «II peut alors
décréter des prohibitions ou des règles qui varient selon
les parties de territoire, selon les premières catégories, selon
les secondes catégories ou selon toute combinaison de plusieurs de ces
critères de distinction. Le règlement peut, aux fins de permettre
la détermination du territoire où s'applique une prohibition ou
une règle à proximité d'une source de contraintes, faire
appel à la mesure du degré des effets nocifs ou
indésirables produits par la source.»
Bon. Ça, là, si on regarde les mesures du degré
d'effets nocifs ou indésirables produits par la source... Si
l'agriculture... Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Une vache,
ça sent la vache, puis un cochon, ça sent le cochon, puis une
poule, ça sent la poule! Comme une auto, ça sent le
pétrole, puis comme une usine de métal, ça va sentir le
métal, ou je ne sais pas quoi. Ça, c'est normal, c'est comme
ça. Que voulez-vous, on n'a pas encore découvert des techniques
ou des pratiques pour enlever toutes les odeurs. Bon. Donc, quand on parle ici
de mesure de degré des effets nocifs de la source, bien l'élevage
de porcs, ou un élevage laitier, ou toutes sortes d'élevages,
bien, ça fait une source qui produit, qui a, à un degré,
des effects nocifs, en tout cas. C'est ça, moi, dans ma
compréhension, c'est comme ça que je comprends ça.
Probablement que l'Union des producteurs agricoles doit comprendre ça
aussi de cette façon-là, et c'est ce qui les inquiète.
Dans cet article-là, je le répète, on dit bien que,
dans le schéma, on pourra déterminer, probablement,
dépendamment des constructions, des résidences ou des commerces,
je ne sais quoi, dépendamment comment le schéma est
aménagé, bien là, il faudra que ça soit... il n'y
aura pas le droit d'avoir de construction ou d'amélioration
d'élevage à moins de tant de mètres d'une résidence
où de la zone qui sera déterminée, là. Dans une
autre municipalité, ce sera un peu plus loin. On le déterminera,
parce que la zone à côté ne sera pas la même, ce
n'est pas pareil partout. Donc, c'est pour ça que je vous dis qu'il va y
avoir des critères qui vont, même dans la même MRC,
s'appliquer différemment.
Donc, c'est pour ça que je ne veux pas, moi non plus, m'opposer
au projet de loi. Je voudrais... j'essaye d'avoir les deux pieds sur terre et
de regarder dans la pratique comment est-ce que ça va s'appliquer. Pour
avoir été moi-même,
M. le Président, maire de ma municipalité, je ne veux pas
empêcher les municipalités de se développer, hein, mais les
municipalités doivent se développer aussi en harmonie avec ce
qu'il y a sur leur territoire. La plupart, je dirais, des municipalités
rurales, la majorité des municipalités rurales vivent de
l'agriculture. Donc, il faut qu'elles vivent en fonction de maintenir ces
activités agricoles et de les favoriser, ces activités agricoles
là.
Je le disais, tout à l'heure, les agriculteurs, actuellement,
vivent toutes sortes de problèmes avec le libre-échange, etc. Je
prenais connaissance, la semaine dernière, toutes les provinces au
Canada sont en train de se réunir, là, pour essayer de... C'est
bien beau de dire: On fait un libre-échange avec les États-Unis,
mais, là, il faut aussi favoriser le libre-échange à
travers le Canada. Elles s'assoient ensemble, elles sont en train de discuter,
de négocier pour avoir des normes de qualité, des normes de
salubrité, des normes environnementales, j'allais dire pareilles, mais
au moins semblables dans l'ensemble du Canada.
Et là, nous, on passe un loi, si ma compréhension est
bonne, où, dans la même MRC, on va avoir des normes d'application
sur les élevages, sur la construction de bâtisses ou sur des
pratiques d'élevage qui ne seront pas les mêmes dans une
même MRC, M. le Président. Donc, moi, je reste beaucoup perplexe,
je me pose beaucoup de questions et je souhaite beaucoup, en tout cas, que le
ministre puisse répondre à ces questions-là. Comme l'Union
des producteurs agricoles lui demandait, aujourd'hui, dans une lettre, elle
espère, l'Union des producteurs agricoles, beaucoup prendre un petit peu
de temps avant d'aller étudier ça article par article et les
entendre.
Je ne veux pas faire un drame avec ça, mais je suis certain que
si... C'est facile de s'entendre avec l'Opposition et le gouvernement quand on
veut, quand les deux côtés veulent. Si on convient de dire avec le
ministre: Bien, on en choisit trois, les trois plus intéressées:
l'Union des producteurs agricoles, l'Union des municipalités
régionales de comté et l'Union des municipalités du
Québec, on leur donne chacune une heure pour qu'elles s'en viennent en
commission - ça fait trois heures - puis on va les entendre, elles vont
nous dire ce qu'elles pensent, puis, après ça, on verra ce qu'on
fait, il me semble que ça, c'est tout à fait logique, et les
organismes nous diront: Je suis content, tout est parfait. Tout ça,
c'est beau. Merci, c'est de ça qu'on voulait se faire assurer. Puis ceux
qui nous diront: Bien là, on veut avoir des éclaircissements, le
ministre, avec les fonctionnaires qui l'ont aidé à monter la loi,
tout ça, sera en mesure de clarifier davantage les points. Je pense que,
comme mon collègue le disait, tout à l'heure, peut-être
qu'on pourra ensemble arriver à Noël en même temps que les
autres. On pourra collaborer, participer à l'adoption d'un projet de loi
qui reflétera exactement les besoins de l'ensemble des milieux ruraux,
des erreurs que nous voulons corriger, ou améliorer le fonctionnement
des municipalités régionales de comté.
Sur ça, M. le Président, je sais que le ministre a
été à l'écoute. Maintenant est-ce qu'il pourra
répondre positivement à nos demandes? Je le souhaite beaucoup,
puis je vous remercie de m'avoir écouté d'une façon aussi
précieuse. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Sur le même sujet, à savoir la
motion proposant l'adoption du principe du projet de loi 56, Loi modifiant la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions
législatives, je cède la parole à M. le
député de Nicolet-Yamaska. Vous avez droit, M. le
député, à 20 minutes. (17 h 10)
M. Maurice Richard
M. Richard: M. le Président, le projet de loi dont il est
question revêt un caractère particulier, car il s'agit d'un projet
de loi majeur pour le monde municipal, autant pour ce qui est des pouvoirs
dévolus en matière d'aménagement que des pouvoirs qui
concernent les changements apportés au contenu du schéma
d'aménagement d'une municipalité régionale de
comté, ce qu'on appelle communément une MRC, ou d'une
communauté urbaine.
Mais avant d'aborder plus en détail le contenu du projet de loi,
je crois qu'il importe de rappeler que la Loi sur l'aménagement exige
que les schémas soient révisés à tous les cinq ans.
Il va sans dire que cette mesure a pour effet d'engager, à ce
moment-là, un processus qui guide l'action des municipalités
régionales de comté pour plusieurs années à venir.
Cette année, soit en 1992, 16 municipalités, 16 MRC, de
même que la Communauté urbaine de Montréal doivent
effectuer cette éventuelle révision. Plusieurs d'entre elles ont
même demandé que soit accordé un certain délai.
Toutefois, certaines municipalités régionales de comté ont
déjà amorcé l'ensemble des travaux de révision.
L'an prochain, cette même révision devra être
effectuée pour 63 autres municipalités régionales de
comté, ainsi que la Communauté urbaine de Québec et la
Communauté urbaine de l'Outaouais. En 1994, ce sera au tour de 11 autres
municipalités, et ainsi de suite jusqu'à ce que l'ensemble des
MRC aient passé leur révision.
Un bilan réalisé par notre ministère, le
ministère des Affaires municipales, a démontré le
succès de la première génération des
schémas, mais des correctifs s'imposent afin de répondre aux
demandes des intervenants du milieu municipal ainsi qu'à celles des
ministères et de certains organismes gouvernementaux. Vous
comprendrez
lorsque notre gouvernement se devait d'apporter certains ajustements au
contenu du schéma d'aménagement et au processus de
révision de ce même schéma afin de clarifier, entre autres,
la question des intervenants gouvernementaux.
Le contenu est le suivant. Tout d'abord, je tiens à souligner que
les modifications apportées par ce projet de loi visent à faire
des schémas des instruments plus efficaces de gestion de l'ensemble de
notre territoire québécois. Les schémas
révisés devront également identifier plusieurs
composantes, à savoir l'organisation du transport terrestre, les
contraintes générées par certaines activités
humaines et les actions de mise en oeuvre du schéma. Aussi, les
municipalités régionales de comté, les MRC, les
communautés urbaines et les municipalités pourront identifier des
zones fragiles au point de vue environnemental et appliquer certaines normes de
protection, ce qui n'existe pas actuellement dans les actuels
schémas.
Concernant les carrières et les sablières, elles seront
dorénavant assujetties aux dispositions du schéma
d'aménagement se rapportant aux terres privées. Dans le contenu
facultatif, donc au choix, le projet de loi propose que ces schémas
comprennent une identification des zones prioritaires de développement
et une évaluation des coûts publics associés à la
mise en valeur de certaines de ces zones. Cette mesure permettra d'assurer un
développement plus rationnel du territoire et, éventuellement, de
contrer, dans certains cas, ce qu'on appelle l'étalement urbain.
Au point de vue des processus prévus par la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, le projet de loi apporte également
de nombreux changements. En effet, le projet de loi 56 édicté un
nouveau processus de révision du schéma d'aménagement et
apporte des modifications dans les délais, entre autres. Autrement dit,
le projet de loi vient changer la façon de modifier le schéma
pour qu'il soit conforme au nouveau processus de révision. Nous
clarifions les actions, entre autres, à entreprendre pour
l'entrée en vigueur d'un schéma révisé, d'un
règlement modifiant le schéma ou encore d'une modification au
plan d'urbanisme. Le projet de loi remanie les dispositions relatives à
l'élaboration, à l'adoption, à l'examen de la
conformité et à l'entrée en vigueur des différents
règlements d'urbanisme. Ces modifications concernant les processus de
révision ont donc pour objet de favoriser une réduction du nombre
d'étapes et d'accroître les échanges avec les
municipalités adjacentes. Puis, ces mesures visent également une
plus grande concertation et conciliation des ministères et des
organismes gouvernementaux, de même qu'un rôle accru du
ministère des Affaires municipales dans la coordination de l'ensemble de
ses actions.
Un autre aspect du projet, M. le Président, concerne
spécifiquement les interventions gouvernementales. On introduit des
précisions ma- jeures concernant les règles selon lesquelles le
gouvernement doit s'assurer de ses interventions sur un territoire assujetti
à un schéma d'aménagement ou à un règlement
de contrôle intérimaire pour que les projets soient conformes aux
objectifs de ce schéma. Le projet de loi clarifie aussi la liste des
interventions gouvernementales par ces règles, en catégorisant,
ce qui n'est pas le cas actuellement, les interventions et en
établissant certaines exceptions.
Le projet de loi précise aussi, dans le processus d'examen de la
conformité de l'intervention gouvernementale, que la MRC ou la
communauté urbaine devra se prononcer sur la conformité de
l'intervention dans les six mois qui suivront, soit dans les 120 jours qui
suivent la signification de l'avis qui lui a été fait. De plus,
on prévoit qu'une fois la conformité établie,
l'intervention peut être réalisée malgré toute
modification ultérieure du schéma ou du règlement de
contrôle intérimaire, et ce, sans qu'il soit nécessaire de
donner un nouvel avis, pourvu que l'intervention soit commencée dans les
trois ans.
Ces modifications visent à clarifier les types d'intervention
assujettis, les délais de réponse des municipalités ainsi
que la période de validité des avis. Finalement, le projet de loi
56 apporte des modifications à certaines dispositions de la loi, suite
à l'évaluation de problèmes vécus par les
municipalités des agglomérations urbaines. Mais d'autres
modifications émergent aussi de demandes qui originent directement du
milieu municipal.
Parmi ces modifications, on retrouve celles relatives à la
clarification des pouvoirs en matière de cession pour fins de parcs et
d'espaces naturels, ainsi que la possibilité d'exiger la contribution
dans le cas de projets de redéveloppement. Le projet de loi
prévoit également l'addition de pouvoirs relatifs à
l'acquisition, l'aménagement et l'administration des parcs et d'espaces
naturels, et la possibilité de conclure des ententes intermunicipales en
matière de parcs, ce qui n'existe pas actuellement dans la loi.
Par ailleurs, d'autres modifications visent les problèmes
d'interprétation et de mise en oeuvre de pouvoirs existants, qui ont
été soulevés par des ministères ou soulevés
aussi par des municipalités et certains organismes publics. Certaines
d'entre elles concernent, au niveau des recommandations, la clarification des
sanctions et recours pouvant s'appliquer dans le cas de plans d'implantation et
d'intégration structurale, et aussi la clarification de diverses
dispositions habilitantes relatives aux sociétés d'initiatives et
de développement des artères commerciales.
Le schéma, dans le futur, devra déterminer les zones
où l'occupation du sol est soumise à des contraintes, non
seulement pour des raisons de sécurité publique, comme c'est le
cas actuel-
lement, mais aussi pour des raisons de protection de l'environnement,
des rives, du littoral et de certaines plaines inondables. Le schéma
devra, de façon particulière, décrire et planifier
l'organisation du transport terrestre et, de façon facultative, les MRC
et les communautés urbaines pourront déterminer les immeubles et
les activités dont la présence ou l'exercice dans un lieu fait en
sorte que l'occupation du sol dans le voisinage soit soumis à des
contraintes majeures, et cela, pour des raisons de sécurité, de
santé ou de bien-être du citoyen.
Alors, nous pouvons affirmer que le projet de loi 56 rend beaucoup plus
complets les pouvoirs des municipalités locales de régir ou de
prohiber les usages du sol, les constructions, les ouvrages et les
opérations cadastrales dans le voisinage de ces sources de
contrainte.
Puisque les municipalités régionales de comté et
les municipalités locales se verront octroyer plus de pouvoirs en
matière d'environnement, M. le Président, vous comprendrez que je
suis tout à fait favorable à ce projet de loi qui avantage, entre
autres, deux MRC dynamiques de mon comté, qui sont les MRC de Nicolet et
de Bécancour, et c'est pourquoi j'appuierai ce projet de loi, M. le
Président, et je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Sur le même sujet, je
cède la parole à M. le député de Montmorency. Vous
avez droit à 20 minutes, M. le député.
M. Jean Filion
M. Filion: Merci, M. le Président. J'aurai quand
même, M. le Président, une intervention brève, mais je
trouve important, pour la population, les citoyens et les citoyennes du
comté de Montmorency, que je prenne la parole en cette Chambre pour
discuter du projet qui est présentement soumis à l'étude,
M. le Président.
On parle d'un projet de loi modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme et d'autres dispositions législatives, M. le
Président. Quand je regarde l'historique des schémas
d'aménagement, bien sûr, M. le Président, on doit favoriser
l'implantation de règles pour qu'on puisse vivre de façon plus
harmonieuse dans les divers coins du Québec, M. le Président,
avec des règles claires, nettes et précises. (17 h 20)
On sait qu'au Québec, actuellement, les schémas
d'aménagement... deux MRC n'ont pas encore de schéma
d'aménagement, dont une MRC qui, à toutes fins pratiques, est
dans mon comté, M. le Président, en bonne partie, c'est la MRC de
la Côte-de-Beaupré. Cette MRC-là, M. le Président,
n'a pas encore de schéma d'aménagement, pour toutes sortes de
raisons: mauvaise communication entre l'Environnement et le ministère
des Affaires municipales, difficulté d'établir ce qu'on appelle
la limite des hautes eaux. Bref, M. le Président, sans entrer dans le
détail du dossier... Parce que j'écoutais tout à l'heure
le ministre des Affaires municipales nous dire: J'espère que
l'Opposition ne s'arrêtera pas aux points et aux virgules de ce projet de
loi là pour empêcher son adoption. M. le Président, je veux
le rassurer. Je ne suis pas du type de député qui veut s'attarder
aux points et aux virgules. Mais, au contraire, je suis de ces
députés qui veulent s'attarder aux problèmes concrets,
pratiques, que l'on vit chez nous, et des problèmes qui perdurent depuis
maintenant sept ans. Pas un problème qui date depuis un an ou deux ans;
depuis sept ans qu'on cherche à adopter un schéma
d'aménagement chez nous, dans le comté et, à toutes fins
pratiques, il n'y a encore aucun résultat concret.
Et là on nous présente un projet de loi avec des voeux
pieux, des beaux principes d'application. Mais à quoi sert une loi si,
à toutes fins pratiques, on ne l'applique pas? C'est un cas que je vis
actuellement dans mon comté. J'ai une MRC qui veut avoir un
schéma d'aménagement mais, par des contraintes d'application
internes, on n'en a pas encore.
Alors, M. le Président, moi, je me disais... J'écoutais
tout à l'heure un autre député en cette Chambre dire:
Vite, vite, vite, ça nous prend la loi. M. le Président, j'essaie
de comprendre l'urgence de l'application de la loi. Écoutez, ça
fait sept ans, chez nous, qu'on n'a pas de schéma d'aménagement
et il y avait une loi qui permettait l'adoption d'un schéma
d'aménagement dans le comté de Montmorency.
M. le Président, je ne sais pas si c'est le départ de
l'ex-ministre du Revenu, Yves Séguin, qui enclenche un mauvais
fonctionnement d'application au gouvernement actuellement, mais je pense que
l'état de l'adoption d'un schéma d'aménagement est un
état urgent chez nous, dans le comté, et le gouvernement en place
actuellement doit prendre au sérieux l'importance de cette
adoption-là parce que, tout récemment, dans le comté de
Montmorency, on vivait un problème d'application qui est celui du
campement de Wolfe. Ça a même fait la manchette dans les journaux
parce que, dans le comté de Montmorency, si, effectivement, j'avais eu
un schéma d'aménagement, toute la problématique qui a
été soulevée par le campement de Wolfe qui, encore une
fois, a soulevé des tollés où les gens se sont mis
à dire que ça n'avait pas de bon sens... Parce qu'il y a eu un
changement au zonage dans la municipalité de Boischatel, qui
était correctement légal, sauf que, si effectivement on avait eu
des grandes lignes directrices pour le développement urbain de cette
MRC-là, on aurait pu éviter, peut-être, justement ce genre
de problématique, on aurait avisé les investisseurs en temps
opportun pour leur expliquer qu'effectivement le schéma
d'aménagement pouvait compromettre un tel développement
et on aurait pu donner toute l'information à la population dans
ce sens-là.
Bien non, M. le Président, le problème est toujours tout
entier et on se retrouve à l'Assemblée nationale pour modifier
une loi qui vient changer les règles d'application des schémas
d'aménagement. Et, moi, je dois vous dire, comme député de
Montmorency: J'espère que la première génération
des schémas d'aménagement sera d'abord, à mon point de
vue, appliquée sur tout le territoire du Québec et qu'on aura le
courage quelque part de prendre des décisions et de faire en sorte que
les schémas d'aménagement au Québec puissent, d'abord et
avant tout, s'appliquer sur tout le territoire. Je pense que ça devient
une condition normale avant de penser à changer les règles
d'application des schémas d'aménagement.
M. le Président, pour ma part, l'urgence de l'adoption de ce
projet de loi là, je vous avoue que je n'y vois pas d'urgence,
même si, à travers tout le document et toute la loi, il y a des
principes, effectivement, avec lesquels on ne peut pas être contre. Je
dois vous dire, M. le Président, que je voudrais bien être pour,
mais il faudrait qu'on me permette, d'abord et avant tout, d'en avoir un,
schéma d'aménagement, et effectivement, une fois qu'on aura un
schéma d'aménagement sur mon territoire, la MRC de la
Côte-de-Beaupré, bien, effectivement, je pourrai être en
mesure d'évaluer la possibilité de l'urgence de l'adoption de ce
projet de loi là.
Et, comme vous pouvez voir, M. le Président, ce n'est pas du tout
des points et des virgules. C'est simplement un dossier concret, un dossier qui
demande un règlement dans les plus brefs délais, un dossier qui
demande une discussion et une concertation entre les ministères pour
qu'on puisse, dans le comté de Montmorency comme dans tous les
comtés du Québec, avoir la possibilité d'avoir un
schéma d'aménagement chez nous. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Montmorency. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Alors, M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je fais motion pour...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant!
Je m'excuse, M. le ministre. M. le ministre est leader du gouvernement par
accident. Est-ce que la motion proposant l'adoption du principe du projet de
loi 56, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et
d'autres dispositions législatives, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Alors,
vous pouvez y aller, M. le ministre.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Dutil: M. le Président, je fais motion pour que ledit
projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Avec quel
article du feuilleton?
M. Dutil: L'article 6, M. le Président.
Projet de loi 55 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 6 de
notre feuilleton, M. le ministre des Affaires municipales propose l'adoption du
principe du projet de loi 55, Loi modifiant la Loi sur la fiscalité
municipale et d'autres dispositions législatives. M. le ministre des
Affaires municipales, vous avez droit à une intervention de 60
minutes.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
un ajournement de deux minutes, juste pour changer de documentation?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, on m'a
demandé de suspendre les travaux quelques minutes. Alors, je suspends
les travaux de l'Assemblée quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 27)
(Reprise à 17 h 30)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous reprenons nos
travaux. Allez-y, M. le ministre des Affaires municipales, pour votre
intervention principale.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, il m'est agréable de
soumettre à l'attention de cette Chambre le projet de loi 55, qui a pour
objet de modifier la Loi sur la fiscalité municipale ainsi que certaines
autres dispositions législatives.
Le projet de loi 55 s'inscrit dans le sillage de la loi 145 que nous
avons adoptée en juin 1991. La loi 145, qui a suscité beaucoup de
controverses à l'époque, avait pour objet principal de
transférer des responsabilités plus complètes aux
municipalités en matière de voirie locale, de
transport en commun et d'organisation policière.
Depuis longtemps au Québec, les services de transport
régionaux ou métropolitains encouraient à chaque
année des déficits plus ou moins considérables, en ayant
l'assurance tranquille qu'au bout de la ligne ces déficits seraient
assumés par le gouvernement sous forme de subventions d'appoint. Inutile
de vous dire que lorsque arrivait le moment de négocier une convention
collective, c'était moins tentant de résister, de tenir une ligne
conforme à ce que pouvait donner le trésor public que de
chercher, parfois à des prix trop élevés, des
accommodements avec le négociateur syndical. Les frais de fonctionnement
de nos organismes de transport en commun avaient considérablement
augmenté au cours des années, et on ne voyait pas la fin de cette
expérience. Lorsque arrivait une impasse, on allait vers la grève
et, à ce moment-là, tout le monde se retrouvait à
Québec. Et le législateur québécois était
obligé d'intervenir sous la force de l'opinion publique. Il n'y avait
pas de négociation véritable.
Alors, le gouvernement a fait un geste très sage en invitant
l'Assemblée nationale à demander aux municipalités de
chaque région où l'on a un service de transport en commun de
prendre davantage la responsabilité du financement de ce service. Le
gouvernement continue d'aider financièrement les municipalités
qui ont un service de transport en commun, en particulier en fournissant des
subventions considérables pour les immobilisations, les achats
d'équipement, de véhicules, etc., pour le transport
adapté. Mais les déficits de fonctionnement régulier
doivent être pris en charge par les organismes de transport
métropolitains ou régionaux eux-mêmes, et nous savons tous
que, comme ces organismes regroupent des municipalités d'une certaine
région, le déficit, s'il y a lieu, doit être refilé
aux municipalités membres, sous forme de quotes-parts augmentées.
Ça invite tout le monde à faire preuve de retenue, de prudence et
de discipline. J'admets que le coup était difficile, mais je pense qu'on
est passé à travers la première étape et que nous
irons rapidement vers un équilibre plus grand, en matière de
coûts des services de transport en commun dans les régions.
En matière de police, nous avions une loi de police qui existait
depuis longtemps, en vertu de laquelle toute municipalité comptant une
population de plus de 5000 habitants devait posséder son propre corps de
police. Or, après des années, il y en avait encore 35 ou 36 qui
n'avaient pas de corps de police, qui bénéficiaient gratuitement
des services de la Sûreté du Québec. Les maires se
promenaient, puis ils se présentaient devant leur conseil municipal avec
des budgets équilibrés. Parfois, ils faisaient même la
leçon à Québec, en disant: Nous autres, nous savons
administrer nos affaires. Ça allait bien. Mais on a dit: Vous allez
prendre vos responsabilités comme beaucoup d'autres municipalités
l'ont fait et vous assumerez la responsabilité du coût de votre
organisation policière. Et la nouvelle loi prévoit, de
manière encore plus explicite, que toute municipalité comptant
une population de plus de 5000 doit posséder son corps de police.
Il me fait plaisir de vous dire, M. le Président, qu'au cours de
la dernière année, au cours de l'année 1992 qui
s'achève, près d'une vingtaine de municipalités ont mis en
route des projets qui vont les acheminer vers un règlement complet du
problème et, dans plusieurs cas, c'est déjà
réglé. J'ai été saisi de projets très
intéressants. Je donne un exemple récent. Dans la région
de Saint-Jérôme, la ville de Saint-Jérôme a un
très bon corps de police. Alors, la ville de Bellefeuille, qui est
voisine, la ville de Lafontaine, puis la ville de Saint-Antoine n'avaient pas
de corps de police. Alors, là, elles étaient placées
devant trois choix: payer la cotisation pour la Sûreté du
Québec; se doter d'un corps de police; ou conclure une entente avec la
ville de Saint-Jérôme. Nous leur laissions le choix. Ces villes
ont décidé ensemble de se doter d'une police régionale.
C'est formidable pour la ville de Saint-Jérôme qui encourait des
coûts très élevés. Il y avait un service de police
peut-être un peu trop lourd pour ses moyens. Mais, avec l'arrangement qui
a été proposé à mon approbation, que j'ai
approuvé volontiers, à titre de ministre de la
Sécurité publique et de ministre des Affaires municipales, ces
quatre municipalités seront dotées d'un service
intéressant.
Dans la région du sud de Québec, ici, il y a quatre
municipalités qui sont venues nous voir. Saint-Nicolas, Bernières
et deux autres sont venues nous voir et nous ont dit: Nous n'avons pas de corps
de police, mais nous aimerions...
Une voix: Saint-Étienne. M. Ryan:
Saint-Étienne. Une voix: Saint-Rédempteur.
M. Ryan: Saint-Rédempteur. Parfait, M. le
député de Lévis. Quand vous m'écoutez, on se
comprend facilement!
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Ryan: Vous me complétez, même, heureusement! Je
vous en remercie. Je souhaiterais qu'il en fut toujours ainsi! Ha, ha, ha!
Alors, ces quatre municipalités sont venues nous voir, nous ont
soumis un projet de police régionale pour les quatre
municipalités. Vous pouvez parler aux maires de ces quatre
municipalités - le député de Lévis les
connaît peut-être - et ils vous diront qu'ils ont été
très bien reçus, très bien traités.
Une voix: ...ça prend du temps.
M. Ryan: C'est tout réglé depuis longtemps. Si vous
n'êtes pas au courant, ce n'est pas ma faute. Le service de police a
été créé. Ils parlaient beaucoup, mais ils
n'avaient pas soumis de projet précis. Dès que nous avons
reçu un projet précis - on ne peut pas approuver un service de
police par la lecture d'un article de journal; il faut un document
précis - dès qu'ils ont soumis le document, nous l'avons
étudié avec diligence. Nous nous sommes très bien entendus
et le service de police est maintenant en marche. J'en suis très
heureux.
La ville de Saint-Jean, au sud de Montréal, avait un très
bon service de police, un peu trop fort pour ses moyens, mais qui a
été alourdi par des exigences de convention collective, au cours
des années. Les municipalités environnantes se sont dit: Ce
serait une bonne chose de transiger avec Saint-Jean. Elles nous ont
proposé des ententes que nous avons acceptées. Alors,
voilà une police régionale qui est en train de prendre naissance
autour d'une police urbaine solidement organisée. C'est formidable.
D'autres services. Dans la région de Québec, ici, il y
avait la municipalité de Saint-Augustin qui était parmi les
municipalités délinquantes. Les autorités de la ville sont
venues nous voir et nous ont dit: Nous voudrions faire une entente avec la
ville de Québec. Alors, une entente a été conclue avec la
ville de Québec, que nous avons approuvée volontiers.
Aujourd'hui, je devais voir ici le maire de Beauport, qui est en train de
négocier une entente de mise en commun de services de police et de
protection contre l'incendie avec la ville de Québec. J'en causais avec
le maire de Québec avant-hier soir.
Des développements de tous ordres sont en marche, actuellement,
à travers le Québec. Je souhaiterais vivement que le
député de Jonquière en soit mieux informé.
Alors, voilà des résultats déjà palpables de
cette loi 145 que nous avons adoptée, il y a maintenant un an et demi.
En matière de voirie locale, il y a longtemps que tout le monde disait:
Ça n'a pas de bon sens que les chemins de paroisse et les chemins de
village soient entretenus par le gouvernement du Québec. Ça n'a
pas de bon sens, c'est contraire à tous les principes
élémentaires de responsabilité locale. Les deux unions de
municipalités l'avaient reconnu dans des résolutions.
Le rapport rédigé par le chef actuel de l'Opposition, sous
les auspices de l'Union des municipalités, au temps où le
député de Jonquière en était le président,
juste après, en tout cas, juste après... Ça a
commencé à décliner après que vous avez
été président. Ils choisissaient des comités moins
bons qu'auparavant. Alors, il y a eu un très bon comité, sous la
présidence de M. Jacques Parizeau, qui a recommandé que les
chemins locaux soient pris en charge par les municipalités. Nous l'avons
fait. Nous avons dit: C'est ça que le bon sens et la logique indiquent.
Nous allons le faire. Ça a été un tollé
général, dans certains milieux. Nous avons enduré des
critiques, nous les avons reçues, nous avons assoupli et
amélioré le projet et, maintenant, nous en venons à la
réalisation de cette troisième phase, la prise en charge de la
voirie locale par les municipalités. J'ai communiqué ce matin les
dernières modifications que nous avons apportées au programme de
prise en charge et je suis convaincu que, les députés, quand vous
retournerez dans vos circonscriptions, en fin de semaine, vous entendrez, de la
part de vos maires, des commentaires très favorables au sujet des
assouplissements additionnels que nous venons d'apporter à ce volet de
la réforme. (17 h 40)
La loi 145 a introduit des réformes profondes dans le domaine de
la fiscalité municipale proprement dite. On fonctionnait depuis
longtemps avec une taxe sur la valeur locative, qui était une source
d'embarras à bien des points de vue, qui ne pouvait être
appliquée que dans un nombre restreint de municipalités. Nous
avons décidé, encore là, en suivant une recommandation
formulée depuis au moins 10 ans par toutes les personnes qui
s'étaient penchées sur ce problème, d'introduire une taxe
foncière sur les immeubles non résidentiels, une surtaxe sur la
valeur des immeubles non résidentiels. Nous avons expliqué
longuement le pourquoi de cette mesure fiscale. Les modalités ont
été inscrites dans la loi 145.
J'ai été content de constater que, dès cette
année, un grand nombre de municipalités l'ont acceptée
dans leur budget. Il y en aura un nombre encore plus grand en 1992. Ces
jours-ci, on aura lu dans les journaux que la ville de Montréal est
très heureuse de passer du régime de la taxe sur la valeur
locative à la surtaxe sur les immeubles non résidentiels. Nous
prendrons connaissance, ces jours-ci, d'une correspondance du maire de
Montréal qui nous demande de modifier la loi de manière à
lui permettre de faire ce changement, sans qu'il en coûte des
difficultés onéreuses à la ville de Montréal.
Nous avons introduit également une nouvelle disposition
concernant les droits sur les mutations immobilières pour procurer une
nouvelle source de revenus aux municipalités. C'était facultatif
jusqu'à maintenant, les droits sur les mutations immobilières, et
ils étaient utilisés jusqu'à une mesure qui ne pouvait pas
aller au-delà de 0,5 % de la valeur de la transaction. Nous avons
ajusté le montant de manière qu'il corresponde à la valeur
de la transaction. Pour toute transaction d'une valeur de moins de 50 000 $, on
ne peut pas charger des droits de mutation de plus de 0,5 %; entre 50 000 $ et
250 000 $, 1 %; au-delà de 250 000 $, 1,5 %. On taxe les plus riches.
Les plus grosses transactions, en général, c'est fait par des
gens plus riches. Alors, on taxe davantage ceux-là. C'est
en train de s'appliquer partout à travers le Québec.
On avait dit: Ça va être une catastrophe. Ce n'est pas le
cas du tout. Ce n'est pas une catastrophe du tout, c'est une charge. Puis quand
vous prenez pied et feu dans une municipalité en achetant une
propriété, on vous dit: Signalez votre arrivée par la
reconnaissance des responsabilités qui doivent accompagner le droit de
résidence dans un endroit, le droit de propriété. Vous
payez une taxe, puis, après ça, c'est fini. Alors, ça,
c'est très bon. Ça a amélioré la situation
financière d'un grand nombre de municipalités. J'admets... le
député de Jonquière me dira: Cette année, le
marché de l'immeuble est moins actif qu'il ne l'était. Le
marché de la maison neuve est moins actif, mais le marché de la
maison déjà construite, la maison usagée qu'on appelle,
est très actif, et les droits s'appliquent sur ces
transactions-là également. Par conséquent, on regardera
dans les états financiers des municipalités, à la fin de
l'année, on va voir que ce n'est pas si mal.
Ensuite, nous avons aboli les droits sur les divertissements. Ça,
ça s'est fait dans une première partie avec la loi 145, puis nous
avons complété l'opération par la suite, en versant en
retour aux municipalités affectées une compensation
financière qui sera échelonnée sur une période de
quatre ans. Encore là, je pense que nous avons apporté un
règlement très satisfaisant.
Aux municipalités qui n'ont pas leur propre service de police,
nous demandons de verser une contribution au gouvernement pour les services de
protection qu'elles reçoivent de la Sûreté du
Québec. Il y a une chose que je suis heureux de signaler aujourd'hui. Je
l'avais dit dans le temps, mais quand ça se vérifie par la suite
on est toujours doublement convaincu, évidemment. On avait dit: On va
voir une prolifération de petits corps de police, à gauche et
à droite. Moi, j'avais indiqué clairement qu'à mon humble
jugement il n'y avait pas beaucoup de place pour des petits corps de police
dans des municipalités de moins de 3000 habitants. Il me fait plaisir de
vous dire aujourd'hui, M. le Président, qu'au cours de la
première année de mise en oeuvre de la loi il y a seulement une
municipalité de moins de 5000 habitants qui a demandé un
régime de police qui lui appartienne. Elle n'a pas demandé de
former son corps de police, elle a demandé l'autorisation d'engager des
constables spéciaux pour des fonctions particulières pendant la
saison estivale. Je suis heureux de lui écrire ces jours-ci que
ça va marcher. Et je n'ai pas reçu de demandes - aucune demande -
de municipalités de moins de 5000 demandant de constituer leur propre
corps de police, et un certain nombre m'ont écrit pour demander
d'être libérées du corps de police qu'elles ont
actuellement afin de pouvoir plutôt recourir à la
Sûreté du Québec. Je donne, à titre d'exemple, la
municipalité de
Thurso, dans le comté de Papineau, et la municipalité de
Maniwaki, dans le comté de Gatineau. Je pourrais en nommer d'autres
également. Les choses sont en train de se placer normalement, suivant le
bon sens et l'esprit de réalisme caractéristiques de nos
populations et de nos administrateurs municipaux.
Une autre chose que nous avons introduite, nous avons demandé aux
municipalités d'accepter une réduction des subventions qui leur
sont versées en guise d'«en lieu» de taxes sur les immeubles
publics et parapublics situés sur leur territoire. C'était dur
pour le gouvernement. Ce n'était pas une mesure populaire. J'aurais bien
préféré ne pas le faire, mais nous avions examiné
ce qui se fait dans les autres provinces canadiennes. Nous avions
constaté que partout ailleurs au Canada les immeubles scolaires, les
immeubles hospitaliers sont exempts de ces taxes foncières, ou s'ils y
sont astreints, elles sont acquittées entièrement par le
gouvernement dans un cas ou deux. Alors, nous avons
préféré suivre le modèle qui existe à peu
près partout au Canada et demander aux municipalités de
considérer en retour les très grands avantages que leur procure
la présence sur leur territoire d'immeubles scolaires, universitaires ou
hospitaliers. Je pense qu'on se comprend là-dessus.
Moi, je me souviens, j'ai été ministre de
l'Éducation, M. le Président, et quand une
délégation venait me voir pour demander une école dans un
endroit, il y avait le président de la chambre de commerce, il y avait
Mme la présidente des fermières, il y avait M. le maire ou Mme la
mairesse, des conseillers municipaux, M. le curé. Ils soulignaient tous
les grands avantages que leur procurerait l'implantation d'une école. Je
vois le député de LaFontaine qui est là. Il se souvient
des nombreuses démarches, réussies d'ailleurs, qu'il a faites
auprès de moi pour obtenir des écoles dans le secteur de
Rivière-des-Prairies, qui avait été beaucoup
négligé par le gouvernement précédent, qui a connu
un développement démographique considérable. Il pourrait
parler des résultats qu'il a obtenus. Je pense que nous n'avons pas
d'inquiétude quant aux déclarations qu'il serait susceptible de
faire. J'examine la Chambre, ici, et je vois... La plupart des
députés présents ont soumis des problèmes de cette
nature et reçu des solutions satisfaisantes, y compris mon bon ami, le
ministre des Approvisionnements et Services, et la députée de
Groulx. Même dans le comté de Lévis, nous avons fait
d'excellentes mesures, dans le comté qui est représenté
par.... Chaudière sud, là, la rivière Chaudière, le
comté de Mme... Deux écoles secondaires, seulement dans ce
comté-là, avant une élection.
M. Garon: Non, mais il en manque.
M. Ryan: Je le sais bien, mais nous, en avons donné
beaucoup. Nous ne pouvons pas faire
tout en même temps, mais nous sommes allés pas seulement
chez vous. La région du Québec qui est la plus prolifique au
point de vue enfants, ce n'est pas la vôtre, c'est le nord de
Montréal, les Laurentides. Vous êtes en deuxième,
d'après les statistiques gouvernementales. Alors, nous sommes, encore
là, sur la même longueur d'onde, M. le député de
Lévis, réjouissons-nous en.
M. Garon:...
M. Ryan: Très bien. Mais j'admets que nous étions
un petit peu éloignés du sujet, M. le Président.
Je reviens à la loi 145. Voilà, par conséquent, les
grands traits qui étaient contenus dans cette loi. Je pense que
c'était une mesure extrêmement importante, et je me réjouis
ces temps-ci, en consultant les journaux, en lisant les exposés
financiers présentés par les maires de municipalités, par
douzaines, chaque jour, de constater que les désastres entrevus par
l'Opposition ne se sont point produits, grâce à la sagesse de nos
administrateurs municipaux. Et quand on examine les perspectives
budgétaires pour l'année 1993, on constate fort heureusement que
de manière très générale il n'y aura pas de grosses
augmentations de taxes en 1993. Et après les nouvelles que j'ai
annoncées ce matin en ce qui touche la voirie, je pense que les
administrations municipales vont pouvoir disposer d'une marge qui va leur
permettre d'offrir à leur population un régime encore plus
souple, moins onéreux. Voilà!
Avec le projet de loi que nous présentons aujourd'hui, nous
continuons d'agir dans la même direction, c'est-à-dire
responsabilisation des municipalités, mais en même temps soutien
gouvernemental pour qu'elles puissent accomplir leur travail dans les
meilleures conditions possible. Avec le projet de loi 55, voici quelques
améliorations que nous apportons, parce que jamais un gouvernement
n'agit si ce n'est pour apporter des choses qu'il considère comme des
améliorations. D'abord, il y a bien des choses particulières
qu'il importe de clarifier concernant la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels, en particulier l'annexe au rôle d'évaluation
qui doit définir les unités faisant partie d'une unité
d'évaluation des unités de résidences pour fins
d'imposition de la surtaxe sur les immeubles non résidentiels. Il y a
des choses à clarifier. Par exemple, on donne aux municipalités
le pouvoir d'accorder un dégrèvement en cas de vacance. On nous
avait fait valoir - il s'agit d'immeubles commerciaux, en l'occurrence, ou
industriels - si l'immeuble est vacant, est-ce que la municipalité va
l'imposer? Alors, la loi 145 donne à la municipalité la
faculté de dégrever une propriété de taxes pendant
une période où la propriété n'est pas
occupée. On ne définissait pas clairement le concept de
non-occupation. On ne disait pas avec toute la précision voulue quand
ça doit commencer, quand ça doit finir. Est-ce que c'est une
demi-occupation, occupation au quart, etc.? On n'est pas pour s'engager dans
tous ces détails, mais il n'était pas clair que les
municipalités avaient le pouvoir de régler ces
problèmes-là. (17 h 50)
Avec le projet de loi 55, les municipalités auront beaucoup plus
d'initiative en matière de dégrèvement des
propriétés qui peuvent être affectées d'un
coefficient plus ou moins élevé de vacance. La confection des
annexes au rôle d'évaluation a aussi donné lieu à un
certain nombre de difficultés dont nous sommes conscients, qui ne sont
pas majeures mais qui doivent être résolues. Alors, le projet
contient plusieurs dispositions qui permettront de mettre à la
portée des municipalités les instruments dont elles ont besoin
pour s'acquitter de leurs responsabilités de manière
satisfaisante à cet égard.
Un problème a surgi récemment. Un jugement de la Cour
d'appel a invalidé certaines dispositions de la Loi sur la
fiscalité municipale qui définissent la manière dont on
doit établir la valeur d'une propriété pour fins de
taxation. On s'est fondé, en général, sur le concept de
valeur marchande, mais on tenait compte également du fait que certaines
propriétés peuvent être affectées de plusieurs
propriétaires différents. Il peut y avoir des
propriétés qui sont détenues sous forme de
capital-actions, et plusieurs actionnaires là-dedans, et souvent la
nature du régime de propriété va entraîner un impact
sérieux sur la valeur de la propriété, parce que, s'il y
en a quatre qui sont propriétaires, ils vont dire: Moi, j'ai une part de
tant qui vaut tant et je ne permettrai pas qu'elle se vende à moins
que... etc.
Alors, les tribunaux ont invalidé le recours que nous faisons
à ce facteur d'interprétation, et la ville de Montréal et
les municipalités situées sur le territoire de la CUM sont
menacées de perdre des millions et des millions de dollars en taxes si
ce jugement doit suivre son cours normalement. Elles ont inscrit le jugement en
Cour suprême du Canada, et nous ne savons pas quand la Cour suprême
rendra sa décision. En outre, pendant tout ce temps-là, les
choses courent, et si on attend trop longtemps, c'est un fardeau financier
très lourd qui va s'accumuler pour les municipalités.
Comme nous sommes convaincus que le législateur a bien voulu
dire, dans sa loi, que cette théorie des faisceaux était
acceptée au Québec, là nous l'écrivons clairement
dans la loi, de manière qu'il n'y ait aucune ambiguïté
possible, tout en préservant, évidemment,
l'in-touchabilité des causes qui sont déjà en marche
devant les tribunaux. Ça, ça va de ce
côté-là. C'est un autre point très important
à propos duquel je pense que les municipalités seront très
heureuses de prendre connaissance de la position du gouvernement.
Le projet de loi contient une disposition qui permettra d'augmenter la
quote-part que le gouvernement retient sur le produit de la taxe sur le gaz,
l'électricité et les télécommunications.
Actuellement, nous retenons une quote-part de 0,5 % pour frais de gestion de
cette taxe-là et de répartition. Franchement, la part que le
gouvernement retient est très faible. Là nous voulons la porter
à 1,5 %, ce qui représente un montant de 4 000 000 $ à 5
000 000 $. Nous donnerons des précisions plus complètes au stade
de l'étude en commission parlementaire.
Le gouvernement envisage également, quoique aucune
décision n'ait encore été prise à ce sujet, de
demander le pouvoir de charger des frais d'inscription et de traitement pour
les dossiers d'emprunts municipaux dont est saisi le ministère des
Affaires municipales. Ça seraient des frais très minimes, encore
une fois, ça peut être de l'ordre de 0,3 % ou 0,5 % sur la valeur
totale du prêt. Il est normal, vu que c'est un service professionnel qui
est fourni par le gouvernement aux municipalités, qu'une certaine
participation puisse être envisagée.
Mais le projet de loi n'institue pas une telle redevance. Il donne au
gouvernement le pouvoir d'en décider par règlement, s'il le juge
nécessaire, à condition, évidemment, que le projet de loi
soit approuvé par tous les députés. C'est une disposition
qui est dans le projet de loi, et je n'entends point chercher à la
cacher.
Un dernier point vaut d'être souligné, M. le
Président. Le projet de loi 145 introduisait la contribution obligatoire
de 30 $ pour le financement du transport en commun à l'intention de tous
les propriétaires de véhicule de promenade résidant dans
une municipalité située sur le territoire d'une région
métropolitaine de recensement, au sens fédéral du terme.
Il existe six régions métropolitaines de recensement au
Québec: celle de Québec, celle de Chicoutimi, celle de
Trois-Rivières, celle de Sherbrooke, celle de Montréal, celle de
Hull. Un périmètre est défini, de par les autorités
du recensement fédéral, et dans lequel on inclut un certain
nombre de municipalités.
Ces municipalités sont incluses parce que, selon les
données du recensement fédéral, il avait été
établi qu'il y avait une très forte navette de passagers
résidant dans un endroit et trouvant leur gagne-pain dans la
région centre, dans le quartier centre de la région
métropolitaine. Puis on se disait: S'ils vont chercher leur gagne-pain
tous les jours dans la partie centrale de la région
métropolitaine, c'est normal qu'ils versent une certaine contribution
pour le transport en commun, même s'ils ne l'utilisent point directement,
parce que, quand il y a du transport en commun, ça permet aux personnes
qui préfèrent se servir de l'automobile de circuler beaucoup plus
librement, et c'est normal qu'elles paient une légère redevance
pour une chose comme celle-là. Cependant, des municipalités nous
ont fait valoir que, même si elles avaient été incluses
dans la région métropolitaine de recensement, elles ne
répondent pas aux critères qui ont été
empruntés à cette fin. La ville de Bécancour, par exemple,
nous a fait valoir qu'il n'y a pas du tout de trafic dans une proportion de 50
% ou s'en rapprochant, qui irait de Bécancour vers
Trois-Rivières. La ville de Mirabel a fait valoir le même
argument.
Je suis sûr que le député de Deux-Montagnes, qui est
ici, connaît très bien cette région. Il sait très
bien que les cultivateurs de Saint-Hermas ne sont pas rendus à
Montréal à tous les jours. Ils étaient blessés
d'avoir été inscrits dans ce régime. Les cultivateurs de
Saint-Placide paroisse, Saint-Placide village, c'est la même chose. Huit
municipalités avaient un coefficient de navette inférieur
à 25 %, selon une étude qui a été faite par les
services du ministère, qui ne relèvent de ma
responsabilité immédiate à moi, sauf que ces services
m'ont fait rapport. Ils m'ont remis une documentation très
impressionnante là-dessus, et nous avons jugé que, par souci
d'équité, vu que ces municipalités sont en
deçà de 25 %, alors que le critère, c'est 50 %, nous
allions les soustraire à la règle des 30 $, et c'est l'objet de
l'une des dispositions du projet de loi.
Voilà, M. le Président, l'essentiel du projet de loi 55.
Je pense qu'il apporte des améliorations intéressantes. Il
n'apporte d'injustice envers personne. Plusieurs députés
m'avaient saisi de dossiers à propos de la contribution de 30 $, y
compris le député de Montmorency. Tous les cas qui avaient
été soumis à mon attention ont été
étudiés par les services du ministère, et les autres cas,
malheureusement, ne répondaient pas à la norme de 25 %. Si on
avait pris en bas de 50 %, là, on en aurait retenu peut-être 35.
Mais, je me disais, 35, ça commence à être beaucoup de
monde sur un total de 150 à peu près. Je ne voulais pas
défaire l'objectif de cette disposition législative en la rendant
trop libérale.
Alors, nous avons préféré, cette fois-ci,
fonctionner en prenant des municipalités de moins de 25 %, ce qui
n'interdit pas, au cours de l'année, de continuer l'examen de ce
problème, afin, peut-être, d'envisager éventuellement
d'autres assouplissements, parce qu'en ces choses nous ne fonctionnons pas dans
un domaine doctrinal. C'est un domaine éminemment pragmatique où
il s'agit d'être équitable, de tenir compte des
réalités et de prendre des décisions - pour emprunter une
expression chère au député de Jonquière, qui ne
m'écoute pas - qui s'inspirent du bon sens. C'est une taquinerie que je
vous fais, soyez sans inquiétude, il n'y a aucune malice
là-dedans.
Alors, M. le Président, à l'enseigne de ce bon sens que
nous révérons tous dans cette Chambre, je termine mes remarques,
en étant assuré qu'au stade de l'étude en comité
les députés feront montre de cette vertu et consen-
tiront rapidement à l'adoption de ce projet de loi qui
améliore encore notre fiscalité municipale.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, il est 18 heures.
Les travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 4)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Si vous voulez vous
asseoir, s'il vous plaît, Mmes et MM. les députés. Nous
continuons les travaux de l'Assemblée, et je vous rappelle que nous
sommes toujours à l'étape des affaires du jour.
M. le leader du gouvernement, j'imagine que nous continuons avec
l'article 6 du feuilleton. M. le ministre des Affaires municipales propose
l'adoption du principe du projet de loi 55, Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale et d'autres dispositions législatives. Je
vais céder la parole à M. le député de
Jonquière. Vous êtes critique de l'Opposition officielle. Vous
avez donc droit à une intervention de 60 minutes.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci beaucoup, M. le Président. Bien sûr
qu'en entreprenant le projet de loi 55, qui modifie la loi de la
fiscalité municipale et d'autres dispositions législatives, il me
semble qu'on est en face d'un bill omnibus, puisqu'on attaque plusieurs projets
de loi dans le même, dans la même. Et ça, c'a pour effet de
changer un peu le positionnement, en tout cas au moins l'attitude que le
gouvernement actuel a eu de nous dire, antérieurement, qu'il n'y aurait
plus jamais de bill omnibus ou de bills qui traitent de plusieurs sujets
différents.
On a la preuve que ce gouvernement a effectivement des problèmes
de fonctionnement, puis il a des problèmes causés par sa propre
turpitude, parce que ce qu'on a devant nous, effectivement, le projet de loi
55, c'est un peu le bébé de la loi 145. Et le ministre est bien
conscient de ça, puisqu'il nous a fait, en plusieurs phrases, dans son
exposé, l'apologie de sa loi, en disant que ce qu'il y avait dedans,
ça avait bien du bon sens, ça avait bien de l'allure, puis
c'était le temps que ça se fasse et que, lui, il l'avait
fait.
Donc, il peut se féliciter, mais je ne pense pas qu'il puisse
voir ou qu'il ait vu, lors de l'adoption de son projet de loi 145, tous les
impacts que ça va causer sur le territoire du Québec. Non
seulement on a réussi à transférer aux
municipalités ou à pelleter sur les municipalités 345 000
000 $, c'est qu'on va réussir, avec tout ça, à diviser
beaucoup de régions au Québec puis à créer pas mal
de chômage. Ça, c'est le bon record qu'on peut donner à ce
gouverne- ment-là, en pleine période de relance. On vient de
décider qu'il y aura 2500 emplois qui vont disparaître assez
rapidement dans les prochaines années. Et comment on l'a fait? C'est
puisque ce projet de loi, le projet de loi 145, touche la voirie. Je viens de
sortir d'une réunion où on nous apprend à peu près
toutes sortes de choses. Pas de problème, Jonquière, c'est un
bureau de 45 employés, on peut enlever ça et envoyer ça
ailleurs. Et, après qu'on l'aura envoyé, on va le diminuer,
probablement de 50 % à 75 % des employés. C'est comme ça
qu'on administre, et c'est comme ça qu'on fait les bonnes choses.
Il peut bien y avoir des députés libéraux qui
peuvent trouver ça bien fin parce que tout ce qui est rouge, c'est
parfait. On a assisté à toutes sortes de folies dans les derniers
mois, et on a applaudi. On a applaudi même à notre défaite.
Et ça: Bravo pour votre beau programme! Ça va s'en venir, votre
défaite. Vous êtes en train de la creuser pas mal plus vite que
vous ne le pensez. Les gens commencent à comprendre qu'on ne peut pas
administrer une province comme on administre un gros magasin, et c'est le temps
que les gens s'en rendent compte. Ils s'en sont rendu compte, mais la
réponse, ils attendent de vous la donner au plus vite.
Cette question de la voirie, c'est un des premiers dommages que la loi a
causé sur le territoire. On a beau dire qu'on a transféré
aux municipalités et qu'on va les responsabiliser, il y a 90 % des
municipalités sur le territoire qui n'ont pas les ressources pour
accomplir ce travail-là. Elles vont le faire comment? Peut-être en
donnant des sous-contrats. Mais il y a une chose certaine, c'est que les gens
vont payer la note. Ça, c'est clair comme de l'eau de roche, on ne peut
pas enlever ça.
Quant au transport en commun, il s'agit de regarder sur le territoire ce
qui s'est passé. Le transport en commun, vous pouvez peut-être
penser que c'est un succès, mais, à mes yeux, il y a beaucoup de
problèmes qui ont été causés concernant ce
transport en commun. Et le transfert de la facture n'a pas
amélioré les choses, autant pour les usagers que pour les
administrateurs.
Quant aux services policiers, dans les municipalités, comme
porte-parole de ma formation, on s'est toujours opposé, puisqu'on
demande aux municipalités de payer. Elles n'ont aucun contrôle et
aucun pouvoir sur la direction de la police, et ça me semble important
parce qu'il y a un principe de base qui dit: «No taxation without
representation». Il n'y a pas de taxe sans qu'il n'y ait de
représentation. Dans le cas de la police, c'est encore
contrôlé par Québec. Les municipalités n'ont
qu'à payer la note, et ça ne donne rien de plus. On aura beau
essayer de nous faire accroire qu'il pourrait y avoir des échanges, les
uns par rapport aux autres, les uns avec les autres, mais ce n'est pas
ça. Le vrai boss, on sait où il est: il est à
Québec et non
pas dans les régions. Donc, le contrôle policier: les
municipalités paient la note, mais n'ont aucun pouvoir sur la direction
de la police, et c'est ça qu'on a dénoncé. (20 h 10)
On a parlé que le gouvernement a donné-Moi,
j'écoutais le ministre attentivement, cet après-midi, et j'avais
l'impression qu'il s'adressait à d'autres personnes qu'à
l'Opposition officielle, parce qu'il nous a dit qu'on avait parlé de
catastrophe concernant les droits de mutation immobilière. Et pourtant,
s'il y a une chose dont on n'a pas parlé, c'est bien celle-là. On
n'en a pas dit un mot. Ça fait que je ne vois pas pourquoi on peut se
sentir culpabilisés. Je veux bien que le ministre se grossisse et puis
se félicite concernant son projet de loi, mais pas en abaissant
l'Opposition, parce qu'on n'en a pas parlé. Ça fait que je ne
vois pas pourquoi ça, c'est venu dans son discours. Mais j'imagine qu'il
devait s'adresser à d'autre monde qui n'était pas ici, à
l'Assemblée nationale, puis j'espère qu'on va rétablir les
éléments de son discours concernant notre attitude.
Les droits sur les spectacles, ou la taxe d'amusement, il y a des
municipalités, déjà, qui ont commencé à se
retirer tranquillement du domaine de la culture. Mais, ça, ça n'a
pas d'impact, et puis tout le monde, bravo! Mission accomplie. On lit les
journaux. C'est drôle, hein, dans le temps qu'on appliquait la loi 145
puis qu'on a voulu l'imposer, tous les journaux, presque à 100 %,
dénonçaient carrément cette réforme qui, en fait,
était seulement un pelletage de taxes sur les municipalités. Tout
le monde le dénonçait, et le ministre, à ce
moment-là, ne parlait jamais des journaux. Ça ne le
préoccupait pas. Il a deux sortes de mémoire, il a une
mémoire très sélective. C'est que tantôt il nous dit
que ça ne le dérange pas, quand c'est contre lui, et puis, quand
c'est pour, là, il les sort; là, c'est la bonne nouvelle. On
vient de la prêcher. Les journaux, pas si pire!
Mais les maires n'ont pas grand choix. Ils se sont fait casser les reins
l'an passé. On a eu beau faire des démarches, puis des marches
sur le Parlement, le ministre est resté très insensible à
toutes leurs demandes. C'est clair qu'il a peut-être fait des petits
aménagements, des petits réaménagements dans sa
réforme, mais fondamentalement elle est restée la même. Ce
qui fait qu'on annonce les mauvaises nouvelles puis, par après, on
annonce certains adoucissements. Et tout le monde dit: Voyez comme il est beau
et comme il est fin, comme il est gentil, parce qu'il corrige ce qui a
été fait pas correctement.
C'est 350 000 000 $ de taxes, je veux le rappeler. C'est le même
ministre aussi qui a permis aux commissions scolaires d'aller faire une autre
ponction chez les contribuables municipaux, de 150 000 000 $. Alors, 500 000
000 $ dans deux ans, c'est assez beau, merci! C'est une belle taxe. C'est des
gens qui, pas nécessairement dans le contexte actuel, n'ont qu'à
payer. Et puis, en fait, si le ministre considère que c'est juste les
maires qui sont en cause, puis juste les conseils municipaux, je m'excuse, mais
les vrais payeurs de taxes, c'est l'ensemble de la population locale et
l'ensemble des populations locales sur le territoire qui font les frais de
cette réforme. Donc, ce n'est pas juste les maires. Et, même s'il
y avait des maires suffisamment partisans pour applaudir ou pour accepter la
réforme sans coup férir, moi, je dis, par rapport à
ça, les maires, à ce moment-là, ne représentent pas
vraiment la population qui, elle, sait bien que ce n'est pas correct, et c'est
elle qui paie les pots cassés.
D'ailleurs, j'ai un petit exemple dans le comté de Roberval. Vous
savez, moi, j'ai bien confiance aux maires, je trouve que c'est correct, et je
l'ai été assez lontemps pour ne pas être contre cette
classe de gens là. Au contraire, j'ai beaucoup d'estime et d'admiration
pour eux. Mais, par contre, ils n'ont pas toujours raison, et les gens ne les
suivent pas tout le temps. Je veux juste rappeler que, dans le comté de
Roberval, 23 maires sur 25 étaient pour le Oui, et 2 ministres dans le
même comté, et, malgré tout, ça a été
Non à 68 %. Donc, des fois, il ne faut pas se prendre pour d'autres. Les
maires se représentent, représentent une partie de la population,
mais pas dans tous les domaines, et, quand ça touche la poche des gens,
ce n'est pas les maires qui décident pour eux autres. Les gens savent
à quoi s'en tenir, c'est leur argent. Et ça, c'est important et
on doit en tenir compte.
Donc, ce projet de loi qu'on a devant nous, c'est vraiment
occasionné par la loi 145. S'il n'y avait pas eu de loi 145, on n'en
parlerait pas ce soir. Donc, on a voulu, et on a «bulldoze», en fin
de session l'an passé, et on a imposé la loi 145 qui traitait des
cas que je viens de citer tout à l'heure. Et on l'a fait tellement avec
vapeur, rapidement, que ça cause les problèmes qu'on
connaît. Donc, on est obligé de faire une loi pour réparer
ce qui a été mal fait, ou ce qui n'a pas été fait
avec assez d'approfondissement. Quand on fait une loi aussi fondamentale, qui
touche à la fiscalité municipale, il faut le faire avec mesure,
parce que, quand on ne le fait pas correctement, ça fait quoi? Ça
fait ce qu'on a dit, ça se ramasse en cour, et ça se ramasse avec
des poursuites, et on fait le jeu des avocats. Et on les nourrit bien, parce
qu'à chaque fois qu'on change les lois municipales ou les lois fiscales
municipales, comme les autres lois fiscales, il y a des grandes chances que
ça fasse l'affaire de certaines personnes, qui, elles, vivent des
mésententes ou des problèmes des uns par rapport aux autres. Et
je ne veux pas les nommer plus que ça, je ne les chargerai pas. Les
avocats font leur travail, mais, nous, on leur donne justement cet aliment qui
fait que c'est comme ça qu'on est obligé d'arriver à des
correctifs dans des lois, puisque ça ne rend pas justice.
On a, bien sûr... Une des questions problèmes qui ont
été soulevées par la loi 145, c'était la surtaxe
sur les immeubles commerciaux, on dit sur les immeubles non
résidentiels. Je voudrais bien que le ministre dise ce qu'il disait
aussi cet après-midi: Voyez-vous, quand le temps nous donne raison... Il
peut être bien fier de ça. Moi, je peux dire que, si on veut
relever les discussions qu'on a eues lorsqu'on a parlé de la surtaxe...
J'avais dit, à ce moment-là, que c'était invivable et
impensable qu'on garde deux sortes de taxation avec le choix de garder les deux
sur les immeubles commerciaux ou les immeubles non résidentiels.
Autrement dit, les municipalités avaient le choix. Elles pouvaient
garder la taxe d'affaires qu'on connaît bien, basée sur le
coût des loyers, ou avoir une surtaxe pour remplacer, et on pouvait faire
une combinaison des deux, ce qui fait que ça devient difficile à
administrer. Ce que j'avais prédit dans ce temps-là, puisque la
surtaxe est beaucoup plus facile à administrer, c'est que les
municipalités iraient vers cette tangente-là. J'avais dit aussi,
je pense - si ma mémoire est exacte - que le ministre aurait dû
avoir le courage d'imposer sa vision, mais il n'a pas écouté ce
qu'on lui a dit. Il a dit: On va laisser les événements. Quand
ça sera rendu suffisamment où tout le monde aura compris tout
ça, et qu'ils seront tous rendus dans la même chose, bien
là, il n'y aura plus rien qu'à accepter que ça se fasse de
cette façon-là.
Moi, je déplore un peu cette façon d'administrer parce que
ce n'est pas une façon, non plus, d'éclaircir et de donner plus
de vision ou de clarté aux administrés. Les gens qui sont dans
les municipalités aiment savoir c'est quoi leurs sources de taxation,
comment ils la paient et sur quoi on peut se baser, parce qu'il n'y a pas
juste... Il y a des gens qui ont des propriétés dans plusieurs
municipalités. Si on joue avec un barème ou avec un autre, ou
avec les deux en même temps, ça complique l'existence de tout le
monde et ce n'est pas une façon d'avoir de la cohérence et de la
clarté dans le système administratif.
Donc, le ministre, par ce projet de loi, veut corriger justement ce qui
fait problème. C'est le problème, en effet, qui est
créé sur IHe de Montréal où la Communauté
urbaine de Montréal a vécu une contestation qui représente
plusieurs millions de dollars et qui, en apparence... La cour a donné
raison aux contestataires, donc contre la Communauté urbaine. Le
ministre, par le projet de loi, dit: Je vous corrige cette question-là
et, à partir de maintenant, ça sera différent. On va
essayer de rendre la loi ou ce qui a été appliqué, pour le
futur, correct, tout en laissant les causes en suspens.
Il y a déjà un groupe, qui s'appelle l'Association
canadienne de taxe foncière, qui a pris connaissance - parce que c'est
un projet de loi important... Mais, là comme ailleurs, les projets de
loi les plus importants, ce sont ceux qu'on présente à la
dernière minute. On dirait que... Ce n'est peut-être pas la faute
du ministre actuel, ce n'est peut-être pas la faute du gouvernement, mais
il y a une chose certaine, c'est qu'on a décrété que
l'Assemblée nationale se réunirait à partir du 24
novembre, et, à partir du 24 novembre, on n'a plus le droit de
déposer des projets de loi. Donc, le projet de loi qu'on a devant nous a
été déposé le 24 novembre, à la
dernière minute. C'est un projet de loi qui a de l'impact parce qu'on
parle de plusieurs choses en même temps dans ce projet de loi, et les
gens n'ont pas vraiment le temps d'en prendre connaissance. Donc, il n'y a pas
eu de consultation. Le projet de loi est déposé; après
huit jours, ça suit son cours, puis on est mûrs, nous autres, pour
adopter les projets de loi. Les citoyens, il y en a quelques-uns qui ont eu
vent un peu de ce qui se passait dans ce projet de loi, et l'Association
canadienne de taxe foncière est en désaccord avec deux articles
du projet de loi, qui font justement problème et qui parlent de surtaxe
sur les immeubles commerciaux. Le ministre a parlé de faisceau de droit.
Un faisceau de droit, ça veut dire que ça englobe beaucoup plus
large. Il semblerait - ça, je le donne juste comme représentation
de ces gens-là - que ce n'est pas de commune mesure, que ce n'est pas la
«common law» dans laquelle on vit normalement au Québec. (20
h 20)
La taxation municipale est basée sur des questions de droit, sur
des définitions très claires, et aussi sur la notion de la valeur
du marché. C'est un peu ça... c'est non seulement un peu, c'est
ça, la fiscalité municipale. Ça fait l'envie de plusieurs
gouvernements, à plusieurs endroits. On ne dit pas que le système
est parfait. On ne dit pas qu'on ne peut pas l'améliorer, mais ce qu'on
peut dire, par rapport au système de taxation qu'on a: si on commence
à entrer d'autres notions par rapport à ce qu'on connaît,
ça va amener une autre sorte de législation ou d'autres formes de
contestation, et je me demande jusqu'à quel point on pourra continuer
à vivre avec ça correctement.
Est-ce qu'on va avoir des consultations particulières concernant
ce système-là? Parce que, encore là, c'est un projet de
loi qui a été déposé à la dernière
minute. C'est un projet de loi qui est important. Est-ce qu'on aura l'occasion
d'avoir des consultations particulières pour ce qui concerne la
fiscalité municipale directement, l'évaluation? Je comprends, il
y a un problème majeur. C'est passé en cour. Il y a des jugements
là-dessus. On veut peut-être corriger la situation pour le futur,
mais, avant de ce faire, il faut s'assurer que certains intervenants, qui sont
partie prenante dans ce dossier-là, puissent donner, sinon leur
évaluation, au moins leur point de vue. Et ça, encore là,
il faudra bien qu'on le regarde comme il faut parce que ça, ça me
semble être un projet ou une question
excessivement importante.
Vous savez, l'évaluation municipale a causé des
problèmes depuis toujours. Les tribunaux s'abreuvent des questions
d'évaluation. Il y a des bureaux qui siègent à
l'année longue sur ces questions-là. Au Québec, il y a
à peu près 60 000 contestations d'évaluation par
année. Juste la région de Montréal, c'est plus de 30 000.
L'an passé, on avait réussi à descendre ça à
15 000. Cette année, on est rendu à plus de 30 000. Donc, c'est
pour ça que je prétends qu'on doit examiner cette
question-là avec beaucoup d'attention. Il va falloir
réfléchir là-dessus, mais je ne pense pas qu'on puisse
étudier ce projet de loi à la vapeur. Il va falloir qu'on
l'examine avec beaucoup de sérieux, puisque je considère
qu'à travers cette démarche-là il y a beaucoup d'argent en
cause.
La taxation ou l'évaluation, c'est la source principale de
revenus des municipalités. Donc, il faudra qu'on examine
carrément avec ces gens-là et peut-être écouter le
point de vue d'autres. L'Association canadienne de taxe foncière, c'est
un organisme, mais on peut regarder aussi le point de vue de la
Communauté urbaine de Montréal et de la ville de Montréal.
Moi, je suis bien prêt à les entendre s'ils ont des points de vue
différents, et ce sera notre rôle de déterminer le vrai du
faux ou, sinon le vrai du faux, ils peuvent avoir tous les deux raison, mais on
aura une décision à prendre à la fin des audiences. Moi,
je pense que c'est une bonne façon de le faire. J'ai confiance que le
ministre va écouter cette demande sur laquelle j'insiste beaucoup pour
qu'on puisse écouter ces gens-là, pour savoir qu'est-ce qu'on
fait avec ces décisions-là.
Il y a un deuxième point qui... et ça, c'est dans la
question de la fiscalité. Il y a d'autres points, mais il y a des points
qui sont moins litigieux. J'ai remarqué qu'on fait des changements, mais
qu'au lieu de mettre ça dans un article on le fait dans deux. Ça
ne dérange pas grand-chose. C'est pour plus de clarté, et on aura
à en discuter au fur et à mesure. On verra bien qu'est-ce que
ça va donner, puis le mérite de cette question.
Concernant, par exemple, la question des frais d'immatriculation, le
ministre nous a annoncé - je ne dirais pas avec grande pompe, parce que
je pense qu'il doit avoir compris qu'il faut être prudent lorsqu'on porte
des changements dans les lois... Et les changements qu'on apporte, c'est sur
huit municipalités. Le ministre nous dit que sa proposition ou ses
changements qu'il apporte sont basés sur la navette, la
fréquentation ou la... Comment je dirais ça? C'est la
fréquence que les gens vont d'une place à l'autre. C'est un peu
ça en mots bien ordinaires. Donc, ces huit municipalités qui sont
en cause ne rencontrent pas les critères premiers sur lesquels on s'est
basé pour fixer l'obligation des propriétaires d'automobiles de
ces endroits de payer cette taxe de 30 $ sur le droit d'imma- triculation. Et
aussi, il nous a dit, je pense, honnêtement, qu'il y a plusieurs
municipalités qui ont fait des représentations, que c'est suite
à des études internes, des études du ministère
qu'il concède que ces municipalités-là ont raison.
Donc, quelles sont ces municipalités? Ce sont la ville de
Beauharnois, village de Meloche-ville, la ville de Mirabel, paroisse de
Saint-Placide, village de Saint-Placide, municipalité
Saint-Gabriel-de-Valcartier, municipalité de Shannon et ville de
Bécancour. Est-ce qu'effectivement... Et ça c'était une
question. J'avais le goût, au départ, de faire - il y en a
d'autres qui le feront à ma place - d'aller un peu plus loin dans cette
question et de dénoncer très fortement ce que le ministre
s'apprête à faire, parce qu'il nous avait donné, au
départ, un principe assez vaste qui englobait aussi beaucoup de
territoires. C'était basé sur les circonscriptions
électorales fédérales.
Non? En tout cas, vous pourrez peut-être me remettre en place
à quelque part, mais chez nous, en tout cas, ça ressemble
à ça. Ce sont les circonscriptions fédérales. Bon,
peut-être aussi, pour la statistique... Pourriez-vous me recorriger tout
de suite? Moi, je permettrais, oui, si vous voulez...
M. Ryan: M. le Président, avec la permission du
député de Jonquière...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Ryan: ...pourrais-je apporter une précision? Avec la
permission du député de Jonquière, pourrais-je apporter
une précision?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. le
député de Jonquière, vous permettez que M. le ministre
vous interrompe?
M. Dufour: Oui, oui, oui, je permets.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. le ministre.
Allez-y.
M. Ryan: Oui. Le critère qui fut retenu, mais qui n'a pas
été inscrit dans la loi 145, était le suivant:
c'était la région métropolitaine de recensement au sens du
recensement fédéral, non pas la circonscription
fédérale.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
ministre.
M. Dufour: Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. le
député.
M. Dufour: Oui, je vous remercie. C'est une précision
importante, et je l'apprécie parce que,
effectivement, on ne lit pas toujours toutes les lois, puis, de temps en
temps, on va oublier des petits morceaux. J'étais sur la piste, mais je
n'avais pas la bonne piste. Ce n'était pas complet. Donc, la
région de recensement, elle est fédérale, et ça,
ça englobait des morceaux assez grands de territoire. Toutes les
municipalités étaient prises ou les citoyens de ces territoires
étaient obligés de contribuer à un fonds, 30 $ pour leur
immatriculation, au fonds du transport en commun. Voilà en gros le
principe qui était établi par cette loi.
Avec ce nouveau projet de loi, on décide, sur des études
que, moi, je n'ai pas vues, là, jusqu'à maintenant, que certaines
municipalités vont se désengager, ou certains territoires - je
parlerais plutôt de certains territoires plutôt que de certaines
municipalités - vont être dégagés de cette
obligation. À première vue, on peut se questionner assez
longuement, à savoir pourquoi telle municipalité, elle, paie, ou
que tel territoire paie puis l'autre ne paie pas. Quand on regarde à
partir du centre, des fois, les distances sont exactement les mêmes puis
des fois plus.
J'ai un cas qui m'a été soulevé à quelque
part dans le temps. C'est Saint-Étienne-de-Beaumont. Elle a
été obligée de payer - c'est ici dans la Beauce - pour les
immatriculations. Et c'est beaucoup plus loin de Québec que Valcar-tier,
qui n'est pas très loin. Et ça, on a de la difficulté
à s'expliquer. Est-ce que les gens de Saint-Étienne-de-Beaumont
viennent moins souvent à Québec que les gens de Valcartier? Je
n'ai pas la réponse, mais, au moins, j'ai la question. Est-ce que ces
gens-là viennent plus souvent ou pas? Je ne sais pas. Mais il y a une
chose certaine, c'est qu'ils vont continuer à payer. (20 h 30)
Chez nous, on vit les mêmes phénomènes. J'ai deux
municipalités à égale distance du centre de ma
municipalité ou de mon comté. Une paie puis l'autre ne paie pas.
Ça fait que... Mais, quand on prend, par exemple, la région de
recensement du fédéral, là, on est capables de trouver une
réponse. Mais, si je regarde par la question des échanges qui se
font entre les territoires d'un a l'autre, là, j'ai moins de
réponse. Là, ça devient un peu plus compliqué.
Donc, on décide par ça d'accorder à huit
municipalités le droit de se désengager, ou à huit
territoires de ne plus être affectés par cette taxe, parce que -
appelons-la par son nom -c'est une taxe, et cette taxe, on ne la paiera plus,
puis il y a d'autres municipalités qui pourraient être dans le
même cas qui, elles, vont continuer à payer.
Donc, est-ce que le ministre, par ce projet de loi, soulève le
couvercle de la canne de vers? C'est-à-dire, est-ce que le ministre ne
s'attaque pas ou ne permet pas qu'à l'avenir il y aura beaucoup de gens
qui vont faire des représentations? Je comprends que le ministre, il
aime ça, lui, rencontrer du monde, puis même il va les provoquer
pour les rencontrer, si j'ai bien compris. C'est l'heure de la confession.
Ça fait qu'on va les rencontrer. D'ailleurs, dans la voirie, on voit
bien qu'en voirie locale, le transfert, les ministres vont avoir beaucoup
à rencontrer les gens. Le ministre des Affaires municipales, il veut
s'assurer que les municipalités pensent à lui souvent, et surtout
les contribuables. Donc, il y aura probablement des représentations de
la part de beaucoup de gens qui viendront dire ou demander au ministre
pourquoi, eux, paient des frais sur les immatriculations quand les autres n'en
paient pas.
Ça, ça me semble important, et c'aurait pu être
différent dans le projet de loi. On aurait pu en parier d'une
façon différente, parce que ça fait partie du bill
omnibus, et ça, ça peut causer et ça cause
déjà... Les échos que j'ai entendus, au moins à
travers ma formation, c'est que, vraiment, c'est dérangeant et,
vraiment, il y a des députés qui ne pourront pas expliquer
à leur population pourquoi, eux, continuent à payer des frais
d'immatriculation quand d'autres n'en paieront pas. Il faut se mettre à
la place de ces gens-là qui auront à dire... puis qui se feront
reprocher probablement d'avoir fait des mauvaises représentations, parce
que, eux, ils vont continuer à payer, les contribuables vont continuer
à payer. Donc, c'est un point majeur dans ce projet et, à mon
point de vue, ça va causer et ça crée beaucoup de
problèmes.
Il y a un autre point qui mérite d'être souligné, et
je pense que, lui, c'est une question de principe. Depuis toujours, les
municipalités, la loi les obligeait à soumettre leurs
règlements d'emprunts au ministère des Affaires municipales, qui
en faisait l'analyse et qui leur permettait d'aller sur le marché des
obligations.
Là, je ne sais pas quelle mouche a piqué le ministre des
Affaires municipales. Je ne sais pas si c'est le président du Conseil du
trésor...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: ...qui dit au ministre, qui donne des commandes:
Fouillez partout et allez chercher des fonds! Grattez les fonds de tiroirs,
partout! Je vais être très poli, je n'irai pas jusqu'au bout de ce
que je pense. Mais, là, il dit: II faut aller chercher de l'argent,
allez-y! Il faut aller en chercher. Le ministre des Affaires municipales, dans
sa grande sagesse, il dit: Un instant, là! Oh, oh, oh! il se passe des
choses. Vous savez bien, quand Hydro-Québec emprunte, on se permet,
parce qu'on donne la garantie, d'aller chercher un pourcentage. Ce n'est pas
grand-chose mais ça représente 100 000 000 $ à 150 000 000
$ par année, à peu près, quand le marché est actif
un peu. Pour Hydro-Québec, ça entre dans les coffres
gouvernementaux. Payable sur 20 ans, pas de problème! Quand on dit: On
emprunte pour payer l'épicerie, c'en est un cas,
ça. On prend cet argent-là, on met ça dans
l'administration annuelle, et Hydro-Québec, qui va sur le marché
des obligations, emprunte ça sur 20 ans. Voilà un bel exemple, de
ce que c'est d'acheter et de payer l'épicerie à crédit, ce
qu'on nous a reproché beaucoup de faire. Eux autres, ils ont
trouvé le moyen de le faire.
Et, à partir de maintenant, les municipalités vont avoir
à soumettre leurs règlements d'emprunt, comme depuis toujours. Et
là je me demande même si c'est légal. Le ministère
des Finances, par règlement, va prélever des frais aux
municipalités pour l'étude de leur cas. Je me demande si c'est
légal parce que, prélever des taxes par règlement, en
principe, ça ne se fait pas. Moi, je dis que, si ce
règlement-là ou cette loi passe, ça voudrait dire que,
dans deux ans, trois ans, il y aura un autre ministre qui aura autant
d'imagination que celui qu'on a en face de nous, qui pourra dire: Un instant!
Nous autres, on va administrer notre ministère comme si on était
un gros magasin, un gros 5-10-15. Et là, quand les gens vont
téléphoner au ministère des Affaires municipales ou a
n'importe quel ministère... Ce que je dis là, ce n'est pas d'un
futurologue, ça, c'est que ça va arriver. Parce que c'est comme
ça que ça commence. L'abus, ça commence toujours comme
ça. Parce que, quand quelqu'un commence à apprendre des choses,
on peut continuer. Imaginez-vous que, dans deux ans, trois ans, un maire ou un
contribuable va téléphoner au ministère des Affaires
municipales: Ici le ministère des Affaires municipales. Est-ce que vous
avez des choses à demander? J'imagine le contribuable, il va dire: Oui,
je veux parler des questions financières. Un instant, on va vous passer
à la direction. Et à la direction: Oui, bonjour monsieur. Quel
est votre cas? Vos deux premières minutes, on va vous les donner
gratuitement parce qu'on ne sait pas si c'est un renseignement ou autre.
Après deux minutes, on va vous charger tant la minute parce que,
là, c'est une consultation qu'on vous donne. C'est de même qu'on
va faire.
Tous les ministères pourraient faire la même chose.
À quoi ça sert, un gouvernement? Est-ce que c'est un gros magasin
ou bien si c'est un service qu'on rend à la population? Moi, je ne
comprends rien. Je vous le dis, je suis démonté de ça.
C'est un principe. J'ai des choses là-dedans que je vais critiquer, puis
je ne suis pas d'accord. Mais, là, non seulement je ne suis pas d'accord
mais je suis hors de moi. Ça ne se peut pas qu'on ait pensé aussi
loin que ça. Je dirais comme certains de mes collègues: Est-ce
qu'il y a quelqu'un qui a l'âme assez basse dans ce Parlement pour poser
un geste comme ça? Je suis sûr que le ministre des Affaires
municipales va se ressaisir et qu'il va dire: Ça a dépassé
ma pensée, je n'ai jamais eu cette idée-là. Ou il montre
un mépris certain envers les administrateurs municipaux. D'une part, on
dit aux municipalités: Aie! on va vous délivrer de tous les
problèmes, des tracasseries administratives. Bien, là, savez-vous
que je me demande si le gouvernement n'a pas intérêt à en
créer, des tracasseries. Payant! Payant! Payant! Plus ils vont en avoir,
plus le gouvernement va avoir de la place pour pouvoir charger des taxes.
Savez-vous, ça peut nous amener assez loin là-dedans. Si
vraiment le gouvernement a l'intention de charger tous les services qu'il rend
à une municipalité, je me demande si on a besoin de
municipalités. Pourquoi le Québec ne serait pas une grosse
municipalité, avec un gros maire qui déciderait tout? Savez-vous
qu'à partir de ça on sauverait du monde? Tant qu'à y
être là, allons-y! Sabrons, coupons, frappons. Il n'y a rien
là. Il n'y a rien de trop beau pour la classe ouvrière. Pourquoi
on ne ferait pas ça, là, parce qu'on n'en a plus besoin? Si les
maires, à chaque fois qu'ils lèvent le petit doigt, ça
coûte tant, aïe, moi, en tout cas, je vous dis que j'ai
été surpris et estomaqué. Je trouve que ce n'est pas
correct. Je trouve que ce n'est pas correct.
Je suis sûr que le ministre des Affaires municipales va nous dire
qu'il va retirer ce bout-là, là, dans le projet de loi. C'est
inacceptable. Il ne faut pas commencer ça. Ça veut dire que les
commissions scolaires vont faire la même chose. Puis, il va dire
ça à tout le monde. Puis, il dit: Ne faites pas ce que je vous
dis de faire, comme ils ont fait dans d'autres domaines. Il y a des gens qui
disent: Ne faites pas ce qu'on fait, faites ce qu'on vous dit.
Puis, encore là, on va passer des lois, on va exiger quelque
chose, puis, après ça, on va dire: Tu paies. Moi, j'avais
toujours pensé que, quand j'allais dans un magasin, la personne qui
achetait avait le droit de choisir son commis ou avait le droit de choisir son
magasin. Là, on n'a même pas le droit de choisir. Il y en a un, le
magasin général, le ministère des Affaires municipales,
puis les succursales, ça va être le Conseil du trésor,
ça peut être le ministère des Finances. Je suis
pratiquement convaincu que prélever des frais comme ça,
d'après moi, ce n'est pas tout à fait, au point de vue
légal... Je ne pense pas qu'on puisse le faire par règlement. (20
h 40)
L'autre point qui a été apporté, c'est le ministre
des Affaires municipales qui l'a soulevé. Vous savez, quand on a fait la
réforme de la fiscalité, le Parti québécois a
probablement fait bien des choses. Il peut s'être fait reprocher beaucoup
de choses, mais vis-à-vis des municipalités, je pense qu'il a
été très, très ouvert. Moi, je pense qu'il y a les
municipalités... Puis le ministre l'a confirmé dans son
discours... C'a été l'âge d'or des municipalités, de
1980 à aller à 1987, 1988, parce que les municipalités
avaient une marge de manoeuvre. Les municipalités s'étaient
engagées dans beaucoup de domaines. C'a peut-être permis de
pouvoir poser des gestes contraires, mais parce qu'il y avait eu de
l'ouverture. Les municipalités avaient embarqué dans
beaucoup de domaines qu'on connaît, que ce soit l'environnement,
que ce soit dans des projets conjoints. Il y a beaucoup de choses que les
municipalités se sentaient capables de faire, et elles l'ont fait
correctement. Mais on a amené des changements.
Ces changements-là qu'on apporte, bien, ce n'est pas toujours
pour le bien. Mais le parti, en tout cas, ou le gouvernement du Parti
québécois, vis-à-vis des municipalités, a
été, moi, je pense, sinon généreux, au moins
très juste. Généreux, on pourrait l'appeler comme
ça, quand on considère ce qui se passe actuellement, mais dans le
temps, c'a été fait correctement, c'a été fait avec
beaucoup d'ouverture, puis avec beaucoup de sens des responsabilités, en
disant: Le gouvernement va se comporter comme un contribuable à part
entière, puis les municipalités vont s'administrer à
partir de leurs besoins ou à partir des besoins de leurs concitoyens.
Donc, on l'a fait pendant un certain nombre d'années. C'a
été bénéfique.
Mais là, on a décidé qu'à partir de
maintenant c'est fini. On vient de couper. On a décidé d'aller en
sens contraire et, avec tous les dommages que ça va faire. Moi,
personnellement, je trouve que ce n'est pas correct. Je trouve qu'aller, par
exemple, dans les... Et ça, quand on regarde les moyens de
communication... Et c'est ça, dans le projet de loi sur la
fiscalité municipale, le gouvernement prélève des montants
d'argent des compagnies de communication, des compagnies d'énergie qui
s'appellent HydroQuébec, Bell téléphone, ou Bell
Québec à partir de maintenant, et ces montants d'argent là
sont redistribués aux municipalités. Donc, le gouvernement fait
la collecte de ces fonds-là et les remet aux municipalités.
actuellement, pour faire ce travail-là, le gouvernement du québec
décide qu'il y a un montant, je pense que c'est 0,7 % - je ne sais pas
si j'ai bien entendu - 0,5 % qui est gardé par le gouvernement pour
faire le prélèvement de cet argent-là et pour le
distribuer. je ne l'ai pas vu dans le projet de loi, je ne sais pas si c'est
une intention mais, en tout cas, ça peut se faire peut-être par
règlement aussi, cette affaire-là. en tout cas, d'une
façon ou de l'autre, je suis pressenti par d'autres, j'en ai entendu
parler. on est rendu que le gouvernement dit: au lieu de prélever 0,5 %
pour faire la distribution, on pourrait peut-être prendre 1,5 %.
ça n'a l'air de rien, il y a quelque 100 000 000 $ là-dedans; 1,5
% ici et 0,5 % là, c'est bien beau, on a des taux usuraires, et le
gouvernement va encore se payer à même les municipalités.
il va en collecter et il va en donner moins. c'est ça qu'on est en frais
de faire, là. ça, ça se passe tranquillement pas vite dans
le temps des fêtes, et vite, vite, vite, on n'en parle pas trop fort.
Mais quand est-ce qu'on va arrêter de pressurer le citron, qu'on
va arrêter de considérer les municipalités comme des
cochons de payants? Mais ça n'a pas de bon sens! Vous savez, je vais
vous conter un petit fait, et c'est dans l'histoire. Il a été un
temps où les municipalités au Québec avaient un
pourcentage de taxe de vente. C'était environ 2 % sur les 4 % de taxe de
vente. Le gouvernement du Québec ramassait l'argent et redistribuait
ça aux municipalités. Et les municipalités, c'était
moins visible, elles prenaient cet argent-là, le mettaient dans leurs
poches. S'il y avait un vendeur d'automobiles dans leur coin, c'était
plus payant, et les municipalités, il y en a dont ça faisait
l'affaire. Mais on a changé la loi, et là ça a
été pour élargir un peu plus et pour que ça soit
traité d'une façon plus efficace. Il y avait une ville chez nous,
qui s'appelle Chicoutimi - et je peux la nommer parce que ça fait partie
de l'histoire - elle, elle recevait tout l'argent de la taxe de vente
localement. Elle recevait tout ça. Son rôle, après
ça, parce qu'elle était considérée comme la ville
régionale, c'était de redistribuer aux autres
municipalités. Donc, la municipalité, la ville de Chicoutimi
recevait l'argent, elle le gardait un ou deux mois, donc elle n'avait pas
besoin de payer d'intérêts, jamais d'emprunts temporaires, et pour
ce faire elle prélevait 1 % de ce qu'elle remettait aux
municipalités. Bien, les timbres, dans ce temps-là, je pense
qu'ils étaient 0,01 $ ou 0,02 $. Ce qui fait que ça faisait des
timbres bien payés et ça faisait du papier bien payé parce
que c'était beaucoup moins dispendieux. À ce moment-là,
c'était comme ça que ça se passait. Il y a des
municipalités qui ont protesté et qui ont dit: Bien, pourquoi, le
gouvernement, vous ne nous donneriez pas directement? Parce qu'elles trouvaient
que donner 1 %, c'était payer trop cher. Elles ne voulaient pas non plus
que les autres se financent à même elles, à même leur
argent.
Là, le gouvernement est en frais de faire à peu
près la même chose. Il est en frais de ramasser l'argent.
Ça ne doit pas être si compliqué que ça, parce que
ce n'est pas le seul moyen de prélever de l'argent sur
Hydro-Québec ou Bell Québec. Je pense que le gouvernement a
déjà des mécanismes qui s'appliquent très,
très bien et ça ne doit pas demander un travail fou d'aller
prélever le pourcentage de la municipalité; 4 % de 1 000 000 $,
on s'entend bien, là, ça pourrait être 40 000 $ assez vite,
là, et ça ne prend pas un grand, grand cours classique pour faire
ça. Un petit comptable, un petit C.A. est capable de faire ça.
Pas un C.A., un comptable agréable, pas un comptable
agrégé, là. Il peut faire ça facilement. Il n'y a
pas de cours fort, fort... À 0,5 %, je pense que les
municipalités vont trouver ça raisonnable et je ne vois pas
pourquoi, à partir de maintenant, on paierait 1,5 %. Est-ce que le
ministre des Affaires municipales va laisser tomber ses velléités
contre les municipalités? On ne peut pas, d'une main, prêcher,
puis dire: Mes municipalités sont bien fines, elles sont bonnes, et
elles ne crient pas trop fort et, de l'autre
côté, c'est la carotte et le bâton. Il faut que
ça arrête quelque part. En tout cas... Je pense que le ministre
devrait se ressaisir par rapport à cette volonté d'aller chercher
des fonds à tous crins, à tous égards, n'importe
où, ou à peu près n'importe où.
Je pensais que le gouvernement avait plus d'imagination. Il n'a
peut-être pas d'imagination pour qu'il y ait de la relance. Il n'a
possiblement pas d'imagination pour créer de l'emploi, mais il a de
l'imagination pour taxer. Ça, par exemple, ce
côté-là, champion! C'est les meilleurs que, moi, je n'ai
jamais vus. Moi, je n'ai pas d'imagination - je vous le dis d'avance, M. le
Président - je n'ai vraiment... Je n'ai pas cette imagination-là,
puis je n'ai pas, non plus, cette volonté d'aller fouiller partout pour
aller essayer de ramasser les fonds de tiroirs. La poussière, on
enlève ça, mais quand c'est le temps d'aller fouiller dans les
poches, faut toujours bien regarder si on en laisse un peu de temps en temps.
Je veux bien qu'on dévalise les gens, mais pas aussi allègrement
et aussi fortement.
Dans ce projet de loi, c'est quelque chose qui fait problème,
c'est quelque chose qu'on n'acceptera jamais - je vous le dis d'avance - c'est
une autre chose qui est inacceptable. Ce sont des choses, c'est des points sur
lesquels les municipalités s'opposent, puis elles ne s'opposent pas...
Je pense que, par principe, si les municipalités n'avaient pas cette
idée-là ou ce goût-là, bien, nous autres, on va la
faire, la job. On va faire le travail. Parce que ce n'est pas... C'est
inacceptable, et je ne crois pas que le gouvernement va pouvoir poser des
gestes pour, après, se repayer. C'est beau d'avoir des pouvoirs, mais il
ne faut pas en abuser, et ça, c'est un abus de pouvoir, à mon
point de vue. C'est un abus de pouvoir qui est trop, trop, qui va trop
loin.
Un des autres points... Je pense qu'il y avait trois points à
soulever dans ce projet de loi. C'est un projet de loi qui touche plusieurs
aspects de la vie municipale... Il y a des problèmes qui méritent
d'être réglés, peut-être ceux-là. Est-ce que
c'est le projet, sur lequel le ministre insiste beaucoup, qui devrait
être passé en premier lieu? Moi, je n'ai pas d'idée. Je lui
ai demandé cet après-midi. J'ai trouvé ça curieux
que le ministre ne nous ait pas répondu, puisque mon collègue, le
député d'Arthabaska, a insisté aussi, à savoir:
Est-ce qu'il y aura des audiences particulières concernant le bill qu'on
a adopté avant l'ajournement de 18 heures, la loi 56? Est-ce qu'il y
aura des audiences particulières, parce que, moi, je comprends qu'il y a
des questionnements qui se sont faits, mais on n'a pas la version... La loi
n'était pas connue au moment où on a colligé certaines
informations. Quant à la loi qu'on a devant nous, encore là, il y
a des gens qui se manifestent et ils semblent en désaccord avec des
points très précis de la loi. Est-ce qu'on leur donnera la chance
de venir s'exprimer? Ça ne demande pas beaucoup, beaucoup d'heures.
L'autre point, aussi, qui fait problème, c'est qu'il y a deux
lois assez importantes, dont l'une qui est contentieuse, donc, qui a des
problèmes dedans; c'est celle qu'on étudie à ce moment-ci.
Et il y aussi une loi privée qui est volumineuse, si on peut dire, qui
va demander beaucoup d'heures, beaucoup d'heures de travail. Si on met tout
ça ensemble, est-ce qu'on peut allègrement se dégager en
disant: Ça fait partie des choses où les lois ne s'adoptent pas
comme elles devraient? C'est parce qu'il y a de la mauvaise volonté.
Moi, je ne pense pas qu'on pourra dire ça de toutes les lois. Celle
qu'on étudie actuellement, elle, elle fait problème. Je vous le
dis carrément. Il va y avoir des réactions assez fortes. La 56,
je l'ai dit, on peut concourir, à condition, par exemple, qu'on ait un
certain nombre d'éléments qui nous permettent de porter un
jugement de valeur sur ce qui se passe. Et je pense qu'il y a ce
côté-là... Celle-là est correcte.
Il y a les points d'autres lois, des lois privées, qui... Surtout
celle de Montréal, où il y a beaucoup de points qui sont
soulevés. C'est encore une loi assez volumineuse. Si le ministre tient
à avoir toutes ces lois, je ne vois pas de quelle façon
l'Opposition va pouvoir y concourir, parce que je l'ai dit cet
après-midi, on voudrait bien arriver à Noël en même
temps que les autres. Mais je pense que, même en travaillant 24 heures
par jour, les journées étant de 24 heures, on ne pourra pas le
faire, même avec la meilleure volonté du monde. On est aussi bien
de dire les choses très claires. J'ai demandé, après-midi,
dans mon petit discours au ministre des Affaires municipales quelles sont les
lois auxquelles il tient beaucoup? Comment il envisage les travaux de
l'Assemblée nationale? Pour nous, c'est important. À partir de
ça, on va se donner des balises, on va savoir où on va. En gros,
c'est un peu ça qu'on a à soulever. (20 h 50)
Quant à ce qui concerne les SIDAC, il y a des
éléments qui touchent les SIDAC. Donc, les Société
d'initiative et de développement d'artères commerciales,
actuellement, je sais qu'elles sont en difficulté. Elles sont en
difficulté, les SIDAC. Les sociétés d'initiative et de
développement d'artères commerciales ont un certain nombre de
problèmes sur le territoire. Il y a beaucoup d'endroits où
ça s'en va. Elles ont été créées au moment
où on faisait beaucoup de revitalisation de centres-villes. La
revitalisation des centres-villes étant faite, c'est plus difficile pour
les sociétés de continuer à vivre, parce que, si on
regarde le nombre de commerçants, ou les grandeurs de ces
territoires-là qui font partie de ces sociétés, quand on
vient pour collecter l'argent, les fonds de ces gens-là, il y a trop
d'argent qui va à l'administration. Donc, il y a un problème
majeur. Comment ils vont s'en sortir, je ne le sais pas. Est-ce qu'on peut
décemment croire qu'elles vont continuer à vivre? Ce n'est
pas parce qu'elles n'ont pas de bonnes idées. Moi, je pense qu'elles
nous présentent des idées intéressantes, et aider les
commerçants, ça peut aider à d'autres. Est-ce qu'elles
peuvent continuer à vivre sous cette forme-là? Ça, je
m'interroge sérieusement, parce qu'il y a des coûts
énormes. On avait deux SIDAC à Jonquière. Il y en a une
qui s'est fait hara-kiri l'an dernier et l'autre, elle va le faire aussi.
Il y a deux centres d'achats qui, eux, ne font pas partie de la SIDAC,
donc, au lieu d'amasser ou de ramasser tous les gens autour d'un groupement, on
est en frais de les tuer. Et c'est malheureux jusqu'à un certain point
parce que ça répond à un besoin des commerçants.
Mais est-ce que c'est le rôle public de tous les soutenir à bout
de bras? Ça, c'est une autre question aussi. Je pense que la
démarche est enclenchée. Je sais qu'il y a des demandes par
rapport au ministère pour les aider. Je ne me suis pas prononcé,
si je suis pour ou pas. Je suis encore en réflexion par rapport à
ça. J'ai toujours eu cette interrogation, à savoir si ces
sociétés-là peuvent vivre en dehors des grands
centres.
Dans les grands centres, il y a suffisamment d'entreprises qui paient
pour ça, mais ça, ils peuvent avoir une espèce d'erre
d'aller, mais dans une petite municipalité où on peut morceler,
où il y a deux ou trois SIDAC, ça me semble une mission
impossible, parce que les coûts d'administration sont trop
élevés, et quand ils ont payé leur administration il ne
leur reste plus rien pour la promotion. Et la raison de vivre d'un commerce,
c'est de pouvoir vendre. Ce n'est pas comme un gouvernement. Le gouvernement
peut passer des lois et se payer à même ces lois-là, mais
ce n'est pas le cas quand on regarde les sociétés d'initiatives
commerciales. On aura à les regarder bien sûr dans le
détail lorsque le moment sera venu. Pas pour répondre au
questionnement que j'ai fait, mais pour examiner surtout ce qu'on peut faire
pour améliorer leur sort et pour leur permettre de se trouver des
sources différentes, des sources plus sûres de financement. C'est
un peu là que le bât blesse et c'est là aussi qu'elles ont
des difficultés à aller chercher l'argent.
En fait, M. le Président, ça complète pratiquement
mon intervention. L'intervention que je voulais la plus sérieuse
possible concernant ce projet de loi qui est un projet sérieux. Projet
qui touche les finances municipales. Projet qui a pris naissance parce qu'il y
a eu la loi 145, et, contrairement à ce que le ministre nous a dit cet
après-midi, que tout allait bien dans le meilleur des mondes, je dis, je
persiste à dire que le dommage qui a été fait concernant
la voirie locale, même si on a voulu responsabiliser les
municipalités, c'est 1300 employés permanents qui vont perdre
leur travail. C'est 1280 employés temporaires qui vont perdre leur
travail. Donc, c'est 2700 personnes qui n'auront plus d'espoir
tantôt.
Donc, c'est ça, les effets de la réforme. C'est ça
aussi qui fait que cette réforme-là coûte aux
municipalités, au moment où on se parle, 350 000 000 $,
même si on bonifie. Les 350 000 000 $ sont sur la table. Et ces
mêmes effets, ces mêmes changements font que le même
ministre, dans deux ministères différents, a été
chercher, chez les municipalités, au moment où les lois ont
été passées, 500 000 000 $, qui au fur et à mesure
vont continuer à progresser, parce qu'il y a une indexation, qu'on le
veuille ou qu'on ne le veuille pas. Il y a des augmentations de valeur des
propriétés, qui, elles aussi, sont considérées
comme des parties prenantes. C'est elles qui vont payer, et pour moi,
évidemment, la loi 145 à laquelle on s'est opposés, pas
dans toutes ses parties... Donc, il faut le rappeler, on s'est opposés
parce que c'était à la dernière minute, on s'est
opposés parce que ça faisait un changement fondamental où
on n'avait pas étudié tous les impacts et, encore ce soir, par le
projet de loi 55 qu'on serait prêts à étudier, on va
corriger ces effets-là et on va continuer. Je fais une
prédiction: il y aura d'autres moments où on continuera, on
refera d'autres lois pour recorriger encore la loi 145 parce qu'on ne
connaît pas encore tous les impacts de cette loi, on ne connaît pas
tous les effets dévastateurs que ça aura.
Même si les maires semblent contents, moi, je dois vous dire que
les maires sont comme d'autres personnes. Quant à la politique du moins
pire, on dit: Si vous avez à avoir le cataclysme, au bout d'un an, ce
n'est peut-être pas le cataclysme si c'est passé à deux
pieds de chez nous. On est corrects, on est contents mais, tôt ou tard,
il faut faire face à la réalité. Regardez les surplus
budgétaires des municipalités qui fondent comme peau de chagrin,
regardez ça. Les maires n'en demandent pas trop, mais les surplus, ils
commencent à fondre, eux autres, et les maires commencent à se
battre pas mal fort parce qu'eux autres ils savent que tôt ou tard ils
vont avoir à payer la note.
Voilà, M. le Président. J'espère que le ministre va
écouter une partie de ce que j'ai dit concernant d'abord que c'est un
bill omnibus, concernant que ce projet de loi englobe trois projets de loi qui
auraient pu être présentés différemment et que,
malgré tout, même s'il y a des parties de cette loi-là
qu'on pourrait accepter, même là il y a certainement des
bonifications et il y a certainement des retraits qui devraient se faire.
Donc, voilà, M. le Président, mes premiers propos
concernant ce projet de loi. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. Merci, M. le
député de Jonquière. Je vous rappelle que nous sommes
à discuter de la motion
proposant l'adoption du principe du projet de loi 55, Loi modifiant la
Loi sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives. Je vais maintenant céder la parole à M. le
député de Deux-Montagnes. Vous avez droit à 20 minutes, M.
le député.
M. Jean-Guy Bergeron
M. Bergeron: Merci beaucoup, M. le Président. M. le
Président, c'est avec un vif intérêt personnel que je
m'adresse à cette Assemblée sur le projet de loi 55, Loi
modifiant la Loi sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives.
En effet, M. le Président, on ne passe pas 14 ans impliqué
fortement au niveau municipal sans ressentir une certaine satisfaction lorsque
l'on peut apporter des améliorations, suite à l'adoption du
projet de loi 145, en juin 1991. On se souviendra, M. le Président, des
hauts cris de l'Opposition lors de la présentation de cette loi. Avec
son calme habituel, le ministre des Affaires municipales leur avait dit de ne
pas partir en peur et que des améliorations pourraient être
apportées suite à l'expérience vécue. Et c'est
exactement ce que la loi 55 que nous présentons aujourd'hui vient
confirmer. Ce projet de loi 55 modifie la Loi sur la fiscalité
municipale et d'autres dispositions législatives. Ce projet de loi a
pour effet principal de résoudre des irritants rencontrés dans
l'application de la réforme de la fiscalité municipale que notre
gouvernement a mise en place en 1991.
On se souviendra, M. le Président, que la loi 145,
sanctionnée le 20 juin 1991, avait introduit plusieurs mesures fiscales
dans le domaine municipal et dans d'autres secteurs connexes. On me permettra
d'en citer quelques-unes, celles qui sont principalement concernées par
le projet de loi 55 que nous présentons ce soir. On y retrouvait un
nouveau pouvoir pour les municipalités d'imposer une surtaxe sur les
immeubles non résidentiels. On y trouvait également
l'instauration d'une contribution au transport en commun de 30 $ des
automobilistes résidant dans des municipalités qui profitent
directement ou indirectement du service de transport en commun. On y trouvait
l'abolition du caractère obligatoire des droits sur les divertissements
qui devaient être supprimés au printemps de 1992. On y trouvait
également des modifications à la loi concernant les droits sur
les mutations immobilières pour rendre obligatoire la perception de ces
droits dans tout le Québec. (21 heures)
Dans cette loi 145, on y trouvait aussi l'obligation à toutes les
municipalités locales du Québec d'assurer la protection
policière de leur territoire. Dans la loi 145, on trouvait aussi l'ajout
de précisions des règles spécifiques relatives à
l'inscription au rôle d'évaluation des immeubles des raffineries
de pétrole.
La simple enumeration qui précède nous montre qu'il
s'agissait d'une réforme complexe. Au plan technique, comme y a fait
allusion le ministre des Affaires municipales, l'application de ces
dispositions fiscales a fait ressortir certains irritants que les principaux
intervenants du monde municipal lui ont communiqués, et le gouvernement
se devait d'y remédier. C'est ce que nous faisons avec cette loi 55.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, d'aborder chacun de ces
points dans le détail. Je voudrais seulement en aborder quelques-uns
pour vous permettre d'apprécier justement la portée des
correctifs que le projet de loi apporte, afin de faciliter l'application de la
loi.
D'abord, le projet de loi modifie la liste des municipalités sur
le territoire desquelles est établie une contribution des automobilistes
au transport en commun, un fonds qui devrait servir au financement des services
de transport. Il y avait aussi l'établissement de règles
permettant d'identifier les automobilistes assujettis au paiement de la
contribution de ce fonds. Vous n'êtes pas sans savoir, M. le
Président, que cette contribution doit être payée par tout
automobiliste qui réside dans une municipalité faisant partie
d'une des six régions métropolitaines de recensement du
Québec établies par Statistique Canada.
Cette formule a des mérites incontestables. Elle permet de faire
participer, comme partenaire additionnel au transport en commun,
l'automobiliste qui demeure dans une région urbanisée et qui
bénéficie indirectement du transport en commun. Or, après
une analyse minutieuse du concept de région métropolitaine de
recensement, il a été constaté que les paramètres
utilisés pour définir cette région laissent cependant
échapper quelques cas ne répondant pas aux objectifs que
s'était fixé le gouvernement en imposant les droits additionnels
payables lors de l'immatriculation du véhicule de promenade.
Le projet de loi que nous avons devant nous, M. le Président,
vient corriger cette situation. On a donc là un exemple des
améliorations qu'apporte le projet de loi 55 à la Loi sur la
fiscalité municipale. On pourrait ajouter d'autres exemples analogues
à celui-ci, mais je me limiterai à vous en donner seulement un
autre dans la mesure où le temps avance.
Le projet de loi 55 corrige également certains problèmes
rencontrés dans l'application, relatifs aux techniques
d'évaluation foncière des immeubles commerciaux à revenus.
Je prends cet exemple plutôt qu'un autre en raison des
conséquences anticipées par la situation actuelle qui peuvent
porter préjudice à plusieurs municipalités, à la
suite d'une décision de la Cour d'appel du Québec.
En septembre 1992, une décision du Bureau de révision de
l'évaluation foncière du Québec sur l'évaluation
d'un immeuble commercial à
revenus, situé sur le territoire de la municipalité de
ville d'Anjou, a été infirmée par la Cour d'appel du
Québec. Ce renversement d'une décision du BREF peut avoir des
conséquences significatives sur les finances publiques de plusieurs
municipalités et, en particulier, des plus importantes, soit
Montréal et Québec. Soulignons que, pour Montréal, on a
déjà évoqué le chiffre de 100 000 000 $, en termes
de manque à gagner.
Le problème à l'origine de la décision de la Cour
d'appel est relatif, M. le Président, à la notion de droit de
propriété et à son démembrement. Selon ce jugement,
le droit applicable au Québec ne permettrait pas de prendre en
considération, pour l'évaluation de ces immeubles, les autres
droits réels relatifs au droit de propriété, tel que le
permet la «common law». De plus, la Cour d'appel a conclu, dans son
jugement, que la Loi sur la fiscalité municipale ne permettait pas la
recherche de la valeur réelle de l'immeuble par le démembrement
des droits de propriété.
Ainsi, M. le Président, ce jugement de la Cour d'appel aurait eu
pour effet de modifier radicalement la méthode jusqu'à
présent suivie par les évaluateurs pour établir la valeur
des unités d'évaluation ou des immeubles. En fait, il rendait
impossible l'utilisation de la technique du revenu pour établir cette
valeur, alors que celle-ci est une technique dont le bien-fondé n'est
plus à prouver.
Le projet de loi 55 vient, M. le Président, corriger cette
situation, notamment par l'introduction de l'article 45.1. Je me permettrai, M.
le Président, de vous en faire la lecture, vu son importance. L'article
dit ceci: «Pour l'application des articles 43 à 45, il peut
être tenu compte de tout ou partie des droits détenus à
l'égard de l'unité d'évaluation par une autre personne que
son propriétaire.» On voit donc, M. le Président, dans ce
second exemple, le type d'amélioration qu'apporte le projet de loi 55
à la Loi sur la fiscalité municipale.
En terminant, je tiens à dire que, si au plan technique la mise
en force des dispositions fiscales de la réforme de la fiscalité
municipale a rencontré seulement les difficultés que nous
réglons aujourd'hui avec le projet de loi 55, on peut dire qu'elle
constitue un succès au chapitre de sa mise en application. Il ne fait
pas de doute dans mon esprit, M. le Président, que les pouvoirs locaux,
par leur proximité avec les citoyens, sont les plus aptes à
assumer les responsabilités que leur a confiées le gouvernement
dans sa réforme de la fiscalité municipale.
Je suis aussi assuré, M. le Président, que les
municipalités seront très heureuses des nouvelles modifications
apportées suite à leurs revendications. Encore une fois, M. le
Président, le ministre des Affaires municipales a écouté
les municipalités et a tenu parole. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. Je suis prêt à
reconnaître le prochain intervenant. M. le député de
Montmagny-L'lslet, vous avez droit également à une intervention
de 20 minutes.
M. Real Gauvin
M. Gauvin: Merci, M. le Président. Ce projet de loi,
à portée technique, modifie la Loi sur la fiscalité
municipale et d'autres dispositions législatives qui concernent les
finances des municipalités. Il améliore certaines dispositions de
la loi 145, sanctionnée en juin 1991, et il édicté de
nouvelles mesures administratives. (21 h 10)
Entre autres modifications, ce projet de loi revoit certaines
règles relatives à la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels. Il oblige ainsi les municipalités qui imposent
cette surtaxe à déposer une annexe partielle où doivent
être inscrites les personnes ayant droit à une subvention
égale au montant de la surtaxe, en vertu de l'article 244.20. D'autre
part, ce projet de loi supprime le délai de 60 jours que la loi impose
pour que le propriétaire d'un local vacant puisse
bénéficier du dégrèvement de cette surtaxe. Il
habilite les municipalités à déterminer le cadre
d'application du droit au dégrèvement.
D'autres détails techniques sont contenus dans le projet de loi
55, mais on doit retenir qu'il s'inscrit dans le cadre de la réforme de
la fiscalité municipale. À cet égard, je vous rappelle que
la commission de l'aménagement et des équipements a
déposé un rapport, le 15 avril dernier, qui contenait des
recommandations en vue de modifier la Loi sur la fiscalité
municipale.
M. le Président, il n'est pas inutile de rappeler la perspective
globale de cette réforme de la fiscalité municipale
proposée par le présent gouvernement. Cette réforme va de
pair, comme l'a déjà rappelé le ministre responsable de ce
dossier, avec les principes contenus dans un document soumis aux
municipalités le 14 décembre 1990 dans lequel on exprimait
l'intention de transférer certaines responsabilités de
l'État assumées jusqu'à maintenant dans des domaines
relevant, de par leur nature même, de la responsabilité
première des municipalités.
On rappelait, dans l'étude du projet de loi 145, que le
changement majeur concernant la taxe d'affaires est en vertu du projet de loi
145 aussi. À l'époque, toute municipalité, en plus
d'exiger la taxe foncière générale de tous les
propriétaires d'immeubles, aurait le pouvoir d'instituer une surtaxe sur
les immeubles non résidentiels. D'après ce projet de loi 145,
cette surtaxe a été laissée à la discrétion
des municipalités. Ces dernières ont pu, depuis ce temps,
à leur gré, conserver la taxe actuelle sur la valeur locative des
lieux d'affaires, la remplacer par une surtaxe sur les immeubles non
résidentiels dont le montant est établi en fonction de la valeur
de
ces immeubles, ou, encore, combiner les deux.
Comme on le voit, toute cette réforme de la fiscalité
municipale n'est pas simple. Elle assure, par contre, un meilleur
équilibre sur le plan fiscal, tout en élargissant les sources de
revenu pour les municipalités du Québec, leur permettant ainsi de
jouir d'une plus grande autonomie, tout en assumant les responsabilités
qui leur reviennent. En bout de piste, les véritables
intérêts qui doivent être desservis dans toute cette
réforme, ce sont ceux de la population elle-même. La
réforme de la fiscalité municipale fut sans aucun doute un pivot
majeur pour reconstruire l'équilibre, sur le plan fiscal, entre les
juridictions du gouvernement provincial et celles des gouvernements
municipaux.
À n'en pas douter, les municipalités ont acquis une plus
grande marge de manoeuvre, une plus grande liberté d'agir en fonction de
leurs priorités. La réforme a augmenté leurs sources de
revenu afin de leur permettre de faire face à leurs
responsabilités, tout en préservant la qualité des
services qu'elles doivent offrir à leur population, tout en respectant
aussi la capacité de payer des contribuables. C'est un peu de cela qu'on
traite lorsqu'on parle de décentralisation administrative
accompagnée de décentralisation du pouvoir
décisionnel.
Il apparaît essentiel pour le gouvernement du Québec que
les municipalités puissent acquérir de plus en plus d'autonomie.
Pour y arriver, il faut non seulement établir une ligne d'action des
ordres de priorité et des mesures précises d'application pour
garantir des services de qualité à la population, mais
également posséder l'assiette fiscale adéquate pour
parvenir à ces fins.
Pour revenir plus spécifiquement au projet de loi 55, je
soulignerai qu'il clarifrfe la notion de vacance de l'unité
d'évaluation et de locaux vacants. De plus, il étend la
portée aux unités et aux locaux inoccupés mais non
disponibles sur le marché pour cause d'un bail dont l'exécution
n'est pas encore commencée. Le projet de loi 55 supprime les
difficultés relatives aux inscriptions à l'annexe du rôle
et à la tenue à jour de cette annexe.
Comme on le voit, M. le Président, ces mesures ont pour but de
faciliter l'administration de la fiscalité municipale. Il est normal
qu'après l'entrée en vigueur de nouvelles dispositions
législatives édictant de nouveaux régimes fiscaux le
gouvernement revienne à l'Assemblée nationale pour proposer des
ajustements qui ont pour but de faciliter l'application de cette loi. Pour en
arriver là, il fallait, évidemment, qu'un certain temps
s'écoule avant de pouvoir évaluer les irritants et les
difficultés d'application d'une loi aussi vaste et complexe à la
fois.
D'autre part, ce projet de loi apporte des précisions à
l'égard des divers droits dont il peut être tenu compte dans le
processus d'établissement de la valeur qui doit être portée
au rôle d'évaluation. Il permet également à une
municipalité de confectionner un rôle de la valeur locative qui
pourrait ne servir qu'aux fins de l'établissement des cotisations des
membres d'une société d'initiative et de développement
d'artères commerciales. Un autre point technique d'importance dans le
projet de loi 55 repose sur le fait qu'il retranche certaines
municipalités dans la liste de celles dont les citoyens qui
possèdent une automobile doivent verser une contribution annuelle pour
le financement du transport en commun. Le projet de loi 55 prévoit
également l'implantation de mesures qui visent à permettre
à l'administration gouvernementale d'amortir les coûts de certains
services qu'elle rend aux municipalités et aux organismes municipaux en
imposant une tarification aux bénéficiaires.
Comme vous le voyez, M. le Président, le projet de loi 55
répond aux attentes des municipalités en ce sens qu'il s'inscrit
dans la perspective globale de la réforme enclenchée par le
gouvernement libéral. Cette réforme reposait, entre autres, sur
la volonté politique d'appliquer une forme nouvelle de partenariat entre
l'Etat québécois, d'une part, et les municipalités,
d'autre part.
Pourquoi avons-nous apporté de tels changements? Parce que les
finances publiques au Québec, aussi bien au niveau provincial que
municipal, ont évolué dans un sens qui commandait une
réallocation des ressources mises à la disposition des
municipalités. D'un autre côté, les municipalités
ont depuis plusieurs années demandé que soient accrus leurs
pouvoirs afin de leur permettre d'acquérir cette marge de manoeuvre
essentielle à l'accomplissement de leur mandat et de leur mission.
Ce qui importe, M. le Président, c'est que les contribuables
puissent profiter de services de qualité et ce, en respectant leur
capacité de payer. Car c'est là le noeud de l'équation
à résoudre en matière de finances municipales, à
savoir que la population a droit d'avoir accès à des services de
qualité à des coûts qu'elle est capable d'absorber. Et, de
son côté, l'État québécois doit poursuivre sa
mission qui est de servir de catalyseur et non d'initiateur de projets locaux.
Il n'est pas question, M. le Président, pour l'État
québécois, de se désengager de ses responsabilités
mais bien de les orienter de façon différente.
M. le Président, nous vivons à une époque où
la conjoncture économique demande des solutions très simples,
urgentes et efficaces. Le gouvernement libéral s'est mis à la
tâche dès 1985 pour d'abord assainir les finances publiques au
Québec. Pour notre part, nous sommes assurés d'un contexte de
dialogue constant et efficace avec nos partenaires municipaux. Ces derniers ont
vite compris qu'il fallait appliquer des solutions rationnelles en vue de venir
à bout des problèmes auxquels nous étions
confrontés. Il est clair que nous pouvons poursuivre dans la
même
direction, et c'est pourquoi la population du Québec nous a
renouvelé sa confiance en 1989. (21 h 20)
On me dira, M. le Président, que le projet de loi 55 ne
répond pas à toutes ces attentes que je viens d'exprimer.
Néanmoins, il s'inscrit bel et bien dans une perspective d'ensemble
cohérente qu'est la réforme de la fiscalité municipale
dont les phases de réalisation ont été respectées
scrupuleusement par le gouvernement libéral. Par exemple, il ne
s'agissait pas uniquement de bonifier les ressources fiscales des
municipalités, mais également de partager différemment
certains champs de compétence qui relèvent en tout premier lieu
des municipalités. Vous comprendrez que je fais allusion à des
secteurs aussi névralgiques que les services policiers, la voirie,
l'environnement et d'autres secteurs qui ont une implication majeure et
quotidienne dans la vie des citoyens.
Le gouvernement libéral est fier de ses réalisations parce
qu'elles répondent aux besoins et aux attentes de la population. Il faut
se rappeler que nous travaillons toujours dans un contexte économique
difficile et que, bien que la reprise soit stable, elle est lente. Donc, ses
impacts se feront sentir à moyen et à long terme. Pour l'heure,
le gouvernement annonce des mesures encourageantes pour stimuler cette reprise
économique tant attendue au Québec aussi bien que dans le reste
du Canada. La concertation entre l'État québécois et les
municipalités est fort importante pour l'intégralité et
l'efficacité de l'application de la réforme de la
fiscalité municipale portant sur le partage des
responsabilités.
Il faut enfin se souvenir que nous travaillons tous dans la même
direction, soit au nom des intérêts supérieurs de la
population québécoise, afin qu'elle ait un accès
égal à tous les services offerts par les municipalités.
Ces dernières doivent par ailleurs être assurées d'obtenir
la marge de manoeuvre nécessaire à la réalisation de leurs
projets. Il n'est pas question pour l'État québécois de
déterminer, au nom des municipalités, les priorités
à retenir. Il est tout au plus question de les aider, de les soutenir,
de leur donner les grandes lignes d'une politique d'ensemble, dans l'un ou
l'autre des secteurs d'activité, pour leur permettre d'agir en toute
conformité avec les ressources financières disponibles.
Le gouvernement libéral maintient cette confiance à
l'égard des administrateurs municipaux parce qu'ils sont les mieux
placés pour nous aider à définir ces priorités
respectives. De leur côté, les administrateurs municipaux doivent
continuer à travailler dans cet esprit de collaboration qui les a
toujours caractérisés, pour soutenir l'État
québécois dans la définition des politiques d'ensemble
auxquelles je faisais allusion, tout à l'heure, afin qu'elles
répondent aux préoccupations de leur population.
Nous pouvons être fiers du bilan accompli jusqu'à
maintenant, et je puis vous assurer que nous continuerons à travailler
dans le même sens parce que nous croyons en cette idée
d'améliorer la qualité de vie des Québécoises et
des Québécois dans chacune de leur région. Je vous en
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Montmagny-L'lslet. Sur le même sujet, à
savoir la motion proposant l'adoption du projet de loi 55, Loi modifiant la Loi
sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives, je cède la parole à M. le
député de Joliette, leader de l'Opposition officielle. Vous
disposez d'une période de 20 minutes, M. le député.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci. M. le Président. M. le
Président, quand on lit attentivement ce projet de loi, au premier coup
d'oeil, on peut être porté à croire qu'il n'y a rien de
malin là-dedans. On veut corriger des aberrations du projet de loi 145.
Et le ministre s'est exprimé ainsi, d'ailleurs. Il faut corriger
après usage, disait-il, parce qu'il a un vocabulaire beaucoup plus
recherché que le mien, à l'usage, il faut rechercher les
correctifs aux aberrations que peut créer une loi.
M. le Président, je l'ai lu attentivement, et je vous avoue
d'abord que, de prime abord, ce n'est pas un projet de loi traditionnel...
contraire à l'esprit de la façon de légiférer du
gouvernement, annoncée le 8 décembre 1985, dans laquelle
déclaration la vice-première ministre, à l'époque -
parce que le premier ministre n'était pas encore en cette Chambre, il
avait été obligé de faire un détour pour y arriver
- la vice-première ministre disait, à ce moment-là: Nous
allons légiférer peu et mieux. Fini, fini, M. le
Président, les bills omnibus, disait-elle, les lois fourre-tout,
où on met tout dans un projet de loi, et ça, ça avait
l'air clair, ça avait l'air d'une façon très, très
officielle que dans un projet de loi il y aurait un sujet et on en traiterait
de façon claire, précise, sans équivoque.
M. le Président, j'ai lu ce projet de loi là et c'est vrai
qu'on veut corriger des problèmes tout d'abord causés par la loi
145, à savoir ce qu'on fait pour taxer un immeuble locatif qui n'est pas
occupé, qui n'est pas loué, en bon français, qui est vide.
Qu'est-ce qu'il faut faire? On lui charge quel type de taxe? Les gens disent:
Je suis bien prêt à payer des taxes, mais, si mon local n'est pas
occupé, quelle taxe voulez-vous que je vous paie? Il ne rapporte pas.
C'est un peu ça à quoi veut répondre le projet de loi,
dans un premier temps. Tout le monde dit: Bravo, c'est beau.
Mais, à un moment donné, en plein milieu du projet de loi,
il y a des articles, comme par hasard, avec un titre qui dit: Oui mais,
aussi,
nous allons corriger les 30 $. Les villes qui payaient les 30 $ par
contribuable, ça, ça sort de je ne sais où. On ne sait pas
pourquoi. Basé sur quoi? On ne le sait pas. Par exemple, il y a des
exemples qui m'ont été donnés, moi, et ils ont dit: Vous
allez demander au ministre sur quoi c'est basé, sérieusement,
ça, parce que Saint-Étienne de Blandford, par exemple, c'est plus
proche que Shannon, c'est plus proche... c'est plus loin, excusez, que
Saint-Gabriel-de-Valcar-tier et Saint-Étienne va continuer à
payer puis c'est plus loin. Puis des villes plus proches ne sont pas
obligées de payer. C'est quoi, ça? Parce que l'objectif,
c'était de mettre les 30 $ pour ce qui était le plus proche, qui
se servait du transport en commun. Ils ont dit également:
Fossambault-sur-le-Lac, c'est passablement plus loin que Shannon et
Saint-Gabriel-de-Valcartier. Comment se fait-il qu'eux autres vont continuer
à payer les 30 $? Ça doit être très songé de
la part du ministre.
Mais, comme par hasard, quand on regarde le projet de loi, qu'on regarde
la carte et qu'on regarde le découpage électoral, comme par
hasard, c'est huit villes appartenant à des comtés
libéraux. Et c'est quoi? Pourquoi? Il n'y a sûrement rien de
malveillant, mais ça serait très intéressant de
connaître les critères. Pourquoi on en arrive à ces
conclusions-là? Parce que les 30 $ étaient pour permettre aux
villes avoisinan-tes et les plus près de partager. Oui, oui! Ce
n'était pas de prendre des régions éloignées pour
partager le transport en commun, c'était de prendre ceux qui sont les
plus susceptibles de s'en servir. C'était ça, l'esprit. C'est du
moins les discours, et on va relever les discours du ministre à
l'époque de la loi 145. C'était sans équivoque.
C'étaient les parties ou les villes, les villages les plus près
devant pouvoir se servir du transport en commun. Et la on retrouve des choses
qui ne sont pas conformes à ces assertions, M. le Président,
à ces allégations, à ces déclarations à
l'époque. Donc, pour nous, c'est une chose nettement différente.
D'ailleurs, qu'est-ce que ça vient faire dans le projet de loi,
présentement?
L'autre point, M. le Président, quand on lit le projet de loi, on
se rend compte que, comme par hasard - et, ça, c'est de vouloir en
passer une petite vite au contribuable québécois - vous vous
rappellerez, comme critique de l'énergie pour notre formation politique,
M. le Président, j'ai dû mener une lutte assez vigoureuse l'an
dernier sur ce qu'on a appelé les frais de garantie ou ce qu'on appelle
l'impôt pour garantir les emprunts. Hydro-Québec, le fameux 0,5 %
d'Hydro-Québec l'an passé. On est allé chercher des
millions à Hydro-Québec pour garantir les emprunts
d'Hydro-Québec, chose qu'on faisait depuis dix, quinze ans. J'ai
posé des questions au ministre des Finances. J'en ai posé
à la ministre de l'Énergie. Je vous avoue franchement, je ne sais
pas qui a pensé à ça, mais ce n'est pas les deux ministres
en question qui m'ont éclairé beaucoup et qui ont
éclairé la population là-dessus. (21 h 30) mais ce n'est
pas vrai, m. le président, que le ministre des affaires municipales, qui
comprend ces choses, va nous passer une petite vite de même. il va
l'expliquer. il va l'expliquer drôlement, parce que, lui, il sait ce que
c'est, des frais de garantie. puis, extensionner à l'intérieur
d'une réforme supposément corrective de la loi 145, introduire
cette dimension de frais garantis à l'ensemble du monde municipal? il va
s'expliquer. c'est plus vicieux que la loi d'hydro. ah oui! plus vicieux que la
loi d'hydro. m. le ministre des affaires municipales, lui, il n'indique
même pas le pourcentage. ça va être fixé comment,
ça? «c'est-u» 1 %? «c'est-u» 1,5 % des emprunts?
je ne le sais pas. au moins, la loi de l'hydro, on le savait par la lecture du
budget du ministre des finances, que c'était 0,5 % de frais de garantie
sur les emprunts de l'hydro, m. le président. c'est allé chercher
beaucoup d'argent, si vous vous rappelez. mais là, le ministre des
affaires municipales, il ne le dit pas. il ne le dit pas. il dit qu'il va
pouvoir taxer les municipalités, par exemple, pour garantir ses
emprunts.
Ah, il va faire voir que tout est clair, tout est transparent, que la
virginité même est là, l'immaculée dans sa
conception, dans ce projet de loi-là. Mais c'est faux. Ce n'est pas
ça. On ne sait même pas, dans ce projet de loi là, M. le
Président, combien ça sera et pourquoi ça sera. On me dit
que c'est pour l'étude des dossiers d'emprunts des municipalités.
Il faut les faire payer. Il dit: Écoutez, nous autres, aux Affaires
municipales, là, on doit étudier les règlements d'emprunts
et on doit leur dire si on est d'accord ou pas. Il faut bien qu'ils paient pour
ça. C'est un peu ça, le raisonnement du ministre.
Il ne le dit pas de même. Mais le problème, c'est qu'il ne
nous dit même pas, ce même ministre, à qui je reconnais
ordinairement une rigueur intellectuelle, cette fois-ci, le pourcentage
contrairement à Hydro-Québec. Il va falloir qu'il le dise. Je le
vois sourire parce qu'il sait très bien le bien-fondé de mes
propos là-dessus. Il n'y a pas de pourcentage d'annoncé. On ne
sait pas à quelle taxe ça peut correspondre. À une
municipalité qui fait des règlements d'emprunts d'envergure, par
exemple... Des travaux de 5 000 000 $, ou de 10 000 000 $, ça arrive
dans les municipalités. Des réseaux d'égout, d'aqueduc,
d'envergure, quel sera le pourcentage? Si c'est 1 % sur 10 000 000 $, c'est de
l'argent. C'est des frais de garantie, ça, M. le Président,
exactement de la même nature que ceux qu'on a imposés à la
société d'État, HydroQuébec, qui ont
rapporté des millions au fonds consolidé du Québec au
dernier budget. Et, là, on ne sait même pas le pourcentage. C'est
beaucoup plus pernicieux que ça l'était dans le cas d'Hydro,
parce que dans le cas d'Hydro, dans le
discours du budget, on pouvait y lire: C'est 0,5 %. Là, je ne
sais pas comment. À moins qu'on puisse m'indiquer quel est le
pourcentage, on ne le sait pas. Ça, c'est grave. Combien de
municipalités empruntent chaque année? Combien de
municipalités font étudier leurs règlements d'emprunts?
Pour quelle somme annuellement? M. le Président, moi, ça
m'inquiète drôlement.
Comment ça va rapporter au trésor public, ça? Je ne
le sais pas. Mais ordinairement, quand on administre, on le sait. On
prévoit, on anticipe. Il me semble que c'est ça qu'on fait. Quand
on administre, on planifie, on escompte des bénéfices de tel
endroit ou de tel autre endroit. Vous ne me ferez pas accroire, à moi,
que vous n'avez pas calculé, M. le Président, que le gouvernement
n'a pas calculé que ça rapporterait ou bien 50 000 000 $, ou bien
75 000 000 $, ou bien 100 000 000 $. Puis ils vont nous faire connaître
du jour au lendemain, après avoir imposé, dans un projet de loi
antérieur, une taxe de 0,14 $ par exemple pour la voirie municipale, le
1er avril, que celle-là va s'ajouter à eux autres. Ils vont
être chargés à quelqu'un, ces frais-là, à ce
que je sache. Quand on va passer un règlement d'emprunt
dorénavant, je suppose que le député de Jonquière
ne m'a sûrement pas mal renseigné en me disant que ça fera
partie du règlement d'emprunt global, la partie que le gouvernement
chargera. Donc, ça va coûter des sous additionnels. Je suis
sûr que c'est ça, moi. Ça va nous coûter combien? Ils
ne le disent pas.
M. le Président, moi, je pense que nous avons affaire à
trois lois distinctes. Trois lois distinctes, M. le Président. Les 30 $
pour le transport en commun, c'est une chose. Les frais de garantie d'emprunt,
c'est une autre chose. Et les correctifs aux aberrations de l'acte 145, c'est
une autre chose.
Motion de scission
Donc, M. le Président, vous m'avez vu venir, sans doute, vous qui
êtes sage et qui savez un peu comment le Parlement se comporte. Je
voudrais vous présenter la motion de scission suivante: «Qu'en
vertu de l'article 241 du règlement de l'Assemblée nationale le
projet de loi 55 soit scindé en trois projets de loi bien distincts: un
premier intitulé Loi modifiant la Loi sur la fiscalité municipale
et d'autres dispositions législatives concernant les finances
municipales, comprenant les articles 1 à 15, 18 à 37, et
l'article 39; un second, intitulé Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Affaires municipales en matière d'emprunt
municipal, comprenant l'article 16 - comme par hasard, un seul article; et, un
troisième, intitulé Loi modifiant la Loi sur les transports
concernant le financement du transport en commun, comprenant deux articles, les
articles 17 et 38.»
Et vous verrez, M. le Président, qu'à l'intérieur
de cette division, il y a une clarté. On a essayé de nous en
passer deux petites vite, à l'intérieur d'un projet de loi.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Votre motion de scission
est déposée, M. le leader de l'Opposition officielle. Je vais
permettre à M. le leader du gouvernement de plaider quelques minutes sur
la recevabilité de cette motion.
Débat sur la recevabilité M. Daniel
Johnson
M. Johnson: M. le Président, il n'apparaît pas,
à une lecture attentive du projet de loi, que celui-ci est
constitué de plus d'un principe. Qu'on regarde les articles de
façon individuelle ou qu'on divise en sections ce projet de loi 55,
comme vient de le faire le leader de l'Opposition, ne change rien au fait que
si on brassait ce jeu de cartes d'articles de quelque façon que ce soit,
et qu'on cherchait à le reclasser d'une façon logique, comme on
classe des objets, on ne trouverait qu'un seul vocable qui réunit
l'ensemble de ces articles, c'est-à-dire celui de la fiscalité et
des finances municipales.
On évoque, de la part du leader de l'Opposition,
différents éléments qui, selon lui, ne portent pas sur des
problèmes de financement municipal ou de fiscalité municipale. Je
prends deux exemples au passage: celui des 30 $ qui sont perçus sur les
immatriculations des véhicules dont l'adresse est située dans
l'une ou l'autre des municipalités des régions
métropolitaines desservies par du transport en commun. Le principe
général qui a été accepté, c'était
qu'à titre d'une compensation financière dans le
réaménagement de la fiscalité municipale, au titre du
transport en commun, les gens qui habitent et ont un véhicule
immatriculé dans les zones desservies par les commissions de transport
public, dans les régions métropolitaines de recensement, au sens
de Statistique Canada, de ces différentes régions, donc, les gens
qui y ont des véhicules devraient contribuer, à raison de 30 $
pour chacun de ces véhicules, en vertu du principe qu'ils utilisent, par
la navette qu'ils font, le transport en commun de cette région,
comprenons de la ville-centre.
Il s'est avéré, M. le Président, qu'au-delà
de cette définition du territoire où la navette peut se produire,
donnant ouverture à ces 30 $ versés à la
Société de l'assurance automobile du Québec, qui les
reverse immédiatement à l'organisme de transport en commun de la
région en cause, que l'analyse fine fait ressortir que ce ne sont pas
les résidents, à même niveau, de toutes les
municipalités de ces régions de recensement, qui
«navettent», si je peux me permettre le néologisme, vers la
ville-centre. Une analyse fine a permis de voir que c'est moins de 25 % de ces
résidents, dans le cas des municipalités qui sont
ici maintenant exclues, qui gravitent vers la ville-centre et donc,
présumément, bénéficient, directement ou
indirectement, de l'organisme de transport en commun.
Il s'agit là d'un aménagement dans le niveau et la source
de la compensation qui est versée au titre du transport en commun. Donc,
il s'agit, de toute évidence, d'une matière de finances
municipales.
Deuxième exemple que le député de Joliette et
leader de l'Opposition a utilisé, soit celui de l'article 16 qui vise
à prévoir que des sommes sont exigibles en matière
d'emprunt. Encore là, et très clairement, il s'agit de sommes au
titre du financement municipal qui, par règlement
prépublié - donc public - et publié éventuellement
- donc connu - par règlement connu, donc, nous permettrait, permettrait
au gouvernement de prévoir des frais de traitement de ces dossiers
reliés très directement à la fiscalité et au
financement municipal. (21 h 40)
Les autres articles sont de la même farine, M. le
Président. Qu'il s'agisse de discuter du rôle d'évaluation,
de sa constitution, de l'assiette fiscale qui est en cause, de l'utilisation de
différentes formules ou modalités de calcul de cette assiette
fiscale et de l'utilisation qu'on peut en faire, ligne par ligne, le projet de
loi 55 est un projet de loi qui se rapporte directement à la
fiscalité municipale, aux finances municipales. C'est l'essence
même de ce projet de loi. Il ne s'agit pas ici de vouloir en
décortiquer les différents volets, vouloir en décortiquer
les différentes modalités d'application; il s'agit, dans son
essence même, d'un projet de loi sur les finances des
municipalités.
Il m'apparaït ici que toutes les modifications qui sont
apportées sont des modifications qui touchent toutes le même
principe dans toute sa composition et tous ses éléments,
c'est-à-dire celui des finances municipales. Je vous fais grâce,
M. le Président, des distinctions, des définitions que vos
prédécesseurs ou vous-même sans doute, dans certains cas,
avez pu mettre de l'avant en matière de ce qui constitue un principe par
rapport à une modalité ou ce que constitue l'essence par rapport
à ces manifestations d'un projet de loi, pour réitérer
bien simplement, à la lumière des exemples que j'ai
donnés, qu'il s'agit là d'un projet de loi sur un principe, celui
des finances municipales.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): alors, merci. nous sommes
toujours à débattre de la recevabilité. je vais vous
permettre, m. le leader d'intervenir également quelques minutes.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, dans ce projet de loi, il y
a vraiment trois dimensions, dont deux dimensions pourraient ne pas relever du
ministère des Affaires municipales. Je prends d'abord pour acquis que la
loi sur le transport en commun aurait très bien pu être
présentée par le ministre des Transports, qui aurait pu dire:
Dorénavant, pour financer mon transport en commun, je ne chargerai plus
les 30 $ dans les municipalités avoisinantes par contribuable, et c'est
la façon dont je dois financer le transport en commun.
Donc, qu'on ne vienne pas me dire, M. le Président, que ça
relève du ministère des Affaires municipales. Et ceci, je le
répète, contrairement à l'esprit que ce gouvernement a
voulu lui-même inculquer à cette Chambre en disant qu'il
légiférerait de façon différente. Je pourrais vous
nommer une série de cas de jurisprudence dans cette Chambre, non pas
à partir de la loi 145, ça, je le reconnais. Mais, vous vous
rappellerez que la loi 145, ça a été un bâillon,
ça a été la suspension des règles. Ça a
été une motion de clôture. On a «bulldoze» le
Parlement. Ne venez pas nous dire pourquoi vous ne l'avez pas fait sur la 145.
C'est parce qu'on n'a pas été capables. C'est aussi simple que
ça! On n'a pas été capables sur la 145, M. le
Président, rappelez-vous ce qui s'est passé. On a dit aux
parlementaires: Vos boîtes, c'est ça et pas d'autres choses! Donc,
sur le transport en commun, ça aurait pu être une loi du
ministère des Transports et du ministre des Transports, première
législation, transport en commun. La deuxième, la
fiscalité municipale. Pour la fiscalité municipale, corriger les
aberrations de la loi 145, dire que les immeubles locatifs peuvent être
taxés de telle façon plutôt que de telle autre, très
bien. Je ne disconviens pas que ça relève du ministre des
Affaires municipales qui, à l'usage, s'est rendu compte qu'il y avait
des trous dans la loi, comme tout ministre peut se rendre compte, à
l'usage, qu'une loi a des trous. Pour une étude, c'est une nouvelle
façon de légiférer maintenant. Chaque fois qu'un
ministère va étudier quelque chose d'un organisme, il pourra
charger des frais. Moi, j'ai comparé ça aux frais de garantie
d'Hydro-Québec tantôt. Vous allez me répondre: Toute
comparaison cloche. Soit. Mais c'est une nouvelle façon de
légiférer, M. le Président. Le ministre des Finances du
gouvernement, pour avoir plus de fonds au fonds consolidé du
Québec, décide que, dorénavant, tout ministère qui
fait des études, soit par des municipalités, soit par des
sociétés d'État, soit par n'importe quelle structure,
pourra charger des frais. C'est ça, la nouvelle dimension. Ça, ce
n'est pas le propre du ministre des Affaires municipales. Je m'excuse.
Ça aurait pu très bien être une loi fiscale
présentée par le ministre des Finances ou par le ministère
du Revenu. Mais ne venez pas me dire que c'est inhérent à la
fiscalité municipale. Ça, c'est faux. C'est un principe d'aller
chercher de l'argent dans les poches des contribuables qui n'est pas propre au
ministre des Affaires municipales, qui est beaucoup plus
propre au ministre des Finances, qui l'a annoncé dans un budget
et concrétisé dans une législation par le ministre du
Revenu.
Donc, M. le Président, la scission se veut véritablement
à partir des compétences ministérielles qui sont
accordées ordinairement dans ce Parlement et en vertu des lois
constitutives de chacun des ministères. Et je vous invite, M. le
Président, à rendre votre décision à l'effet que
cette motion est recevable, qu'elle est débattable, et, M. le
Président, c'est à l'Assemblée à en disposer. Je
vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle. Je vais délibérer quelques minutes pour
revenir, le plus tôt possible, avec ma décision.
(Suspension de la séance à 21 h 47)
(Reprise à 22 h 14)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M mes et MM. les députés, si vous voulez vous asseoir,
s'il vous plaît.
Décision du président sur la
recevabilité
Je vais rendre ma décision sur la motion de scission
présentée par M. le leader de l'Opposition officielle. Alors, en
effet, j'ai lu attentivement la motion de scission présentée par
M. le député de Joliette et leader de l'Opposition officielle et
j'ai aussi évidemment écouté les arguments des deux
parties.
J'en arrive à la conclusion que la motion de scission est
recevable pour les raisons suivantes: Le projet de loi 55 contient plusieurs
principes. Chacun de ces principes énumérés dans la motion
de scission elle-même pourrait constituer la base d'un projet de loi
complet en soi et cohérent.
De plus, il convient de noter que chaque partie du projet de loi dont on
propose la scission constitue plus qu'une simple modalité du projet de
loi 55 lui-même. En effet, ce n'est pas parce que les principes propres
à chacun des projets de loi qui résulteraient d'une
éventuelle scission pourraient être regroupés sous un
même thème, en l'occurrence, celui du financement municipal, que,
pour autant, on peut les ramener au niveau de simples modalités.
En conséquence, la motion de scission du leader de l'Opposition
est recevable et, tel qu'il apparaît aux articles 205 et suivants, donne
ouverture à un débat restreint.
Débat sur la motion de scission
Je vais immédiatement céder la parole au premier
intervenant et je vous reviendrai un petit peu plus tard quant à la
répartition du temps. M. le député de Joliette et leader
de l'Opposition officielle, vous intervenez évidemment à
l'intérieur de ce que je viens d'indiquer, le débat restreint.
Allez-y.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci. M. le Président, je vais essayer de
démontrer l'importance de scinder en trois ce projet de loi.
M. Johnson: M. le Président, question de règlement,
s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: Oui, à ce moment-ci, M. le Président,
je soulèverais le fait que si la jurisprudence à l'article 240
indique que l'auteur d'une motion de report n'a pas droit de parole sur ladite
motion, je vous demanderais de considérer qu'à l'égard
d'une motion de scission il en serait de même et qu'à cet
égard, évidemment, le proposeur de la motion de scission ne peut
pas prendre la parole dans le débat restreint qui suit.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur la question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je suis très heureux
de l'argumentaire du leader adjoint du gouvernement. Il a bien pris la peine de
se lever pour dire «sur la motion de report». Vous aurez
remarqué que je n'ai pas fait une motion de report parce que,
précisément, avant le souper, j'ai étudié la
jurisprudence et j'ai pris la peine de bien m'informer si j'avais le droit de
parler sur une motion de scission, sinon je l'aurais fait faire par un autre,
imaginez-vous.
Donc, M. le Président, je vous ferai remarquer que la
jurisprudence est d'une clarté, d'une limpidité à toute
épreuve, que celui qui propose une motion de scission a le droit,
à l'intérieur du débat de deux heures qui est un
débat restreint, alors que la motion de report, elle, est une motion qui
parle de 10 minutes, 10 minutes, 10 minutes et 5 minutes, et vous vous
rappellerez de ça dans toutes les fins de session. M. le
Président, je vous prie de ne même pas délibérer sur
le fait et de me donner mon droit de parole dans l'immédiat.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je viens
d'arriver. J'arrive avec ce beau petit débat
là. Je vais suspendre les travaux pour quelques instants pour
regarder ça très rapidement.
(Suspension de la séance à 22 h 18)
(Reprise à 22 h 44)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Veuillez prendre
place.
Décision du président sur une question
de règlement du leader adjoint du gouvernement
Après avoir pris en délibération la question du
leader adjoint du gouvernement, je vais rendre ma décision. Dans le
présent cas, il s'agit d'une motion de scission.
Lorsque l'auteur l'a proposée, il y a eu un débat sur la
recevabilité de ladite motion. Le débat sur la motion
elle-même commence maintenant, après qu'elle ait été
déclarée recevable par la présidence. Donc, tout
parlementaire peut intervenir dans le cadre du débat, y compris l'auteur
de ladite motion.
Je voudrais faire part du partage du temps pour le débat de la
motion en discussion: 10 minutes seront accordées au groupe des
députés indépendants, le reste du temps sera
partagé également entre le parti ministériel et celui de
l'Opposition officielle. La durée de l'intervention d'un ministre, d'un
député ministériel ou d'un député de
l'Opposition officielle ne pourra dépasser 30 minutes. Il s'agit d'un
débat de deux heures. M. le leader de l'Opposition officielle.
Reprise du débat sur la motion de scission M.
Guy Chevrette (suite)
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Donc, M. le
Président, je voudrais, dans un premier temps, démontrer la
justesse de notre motion que vous avez reçue, d'ailleurs, que vous aviez
reçue, en décembre 1990, et qui était d'une clarté
sans équivoque de votre part.
Prenons tout d'abord le projet de loi sur le transport en commun qui
aurait dû traiter... non pas un projet de loi émanant du ministre
des Affaires municipales, mais du ministre des Transports qui dit:
Dorénavant, pour le transport en commun, certaines villes -
d'obédience libérale, s'il vous plaît! - n'auront pas
à payer les 30 $, indépendamment du fait qu'elles sont plus
près de celles qui desservent le transport en commun que d'autres
villes.
J'en ai donné des exemples tantôt. Je pourrai les
reprendre, M. le Président, mais il m'apparaît important de dire,
par exemple, qu'il nous apparaît inconcevable, nous de l'Opposition, que
Saint-Étienne-de-Beaumont, que Fossambault-sur-le-Lac aient à
payer les 30 $ alors que
Shannon et Saint-Gabriel-de-Valcartier, qui sont plus près de
Québec, n'ont pas à payer. Qu'est-ce qu'elles ont comme
problème? Des villes qui appartiennent à une circonscription
électorale dirigée par un député du Parti
québécois?
M. le Président, je trouve, personnellement, que ça n'a
pas d'allure. C'est inacceptable. Je trouve ça inacceptable. Il devrait
y avoir des critères précis, qui disent, par exemple, que pour le
transport en commun, ce n'est pas à la fiscalité municipale
à s'occuper de ça, M. le Président. Le ministre des
Transports aurait pu présenter un projet de loi et dire:
Dorénavant, pour être plus juste, pour ne pas qu'il y ait de
discrimination dans tout cela, pour financer le transport en commun, au
Québec, parce qu'on y croit, parce qu'on considère que ça
a une dimension écologique, parce qu'on considère qu'on doit
inciter nos concitoyens à prendre le transport en commun plutôt
que de prendre des automobiles, etc., ça pourrait, par exemple,
être 0,005 $ le litre comme taxe, et ça servirait dans un pool
commun pour payer le transport en commun, au Québec. Ça aurait pu
être ça. Ça aurait pu être le ministre des Transports
qui présente ça. Ça aurait pu être le ministre des
Transports qui dise, par exemple: Pour le transport en commun, écoutez,
on va charger ça sur le permis de conduire. Il y aura 1 $ sur chaque
permis de conduire, au Québec, ou 2 $, ou 3 $, je ne le sais pas, et
ça servira à payer une partie, à défrayer, à
créer une banque de péréquation pour le transport en
commun. Il n'y a rien qui empêchait ça. Ça aurait pu
être les immatriculations.
Une voix: Ça aurait été moins odieux.
M. Chevrette: On ne le sait pas. Il faut faire attention. Je
comprends que le gouvernement actuel en met trop dans les banques de
péréquation, parce que, quand il y en a pas mal, il va faire des
ponctions. On a eu à voter aujourd'hui sur une ponction de 285 000 000 $
à la Société de l'assurance automobile du Québec.
Ça, je n'en disconviens pas, qu'avec le gouvernement actuel il faut
être prudent sur les banques que l'on crée en commun pour se
sauver de surtaxes éventuelles. Normalement, quand on a des surplus dans
une banque, on voit les coûts baisser ou encore les
bénéfices s'accroître. Quand tu fais de l'argent par une
mise en commum, ordinairement, on dit: On est deux, trois ans sans payer de
primes, ou: Les primes sont réduites de tant. Mais ici, à
Québec, ce n'est pas ça qui se passe. Chaque fois qu'il y a
quelque chose qui a de l'allure, on va chercher une ponction
épouvantable. On augmente les permis de conduire, on augmente les
plaques d'immatriculation.
Pourquoi est-ce par le biais de la fiscalité municipale qu'on
vient réglementer le transport en commun? Pourquoi?
Une voix: Ça ne paraît pas dans les taxes.
M. Chevrette: Ça, M. le Président, c'est une
façon très habile, très déguisée de dire:
Écoutez, on va aller chercher de l'argent. On va aller chercher de
l'argent chez les gens, normalement, qui étaient près, à
part ça, pas des gens qui sont plus loin, c'étaient ceux qui
étaient près et qui devaient se servir... Parce que ce sont les
gens les plus près qui, normalement, ont accès le plus aux
centres urbains, donc c'est les gens qui sont les plus susceptibles de se
servir du transport en commun. Mais non! On se rend compte qu'il y a des gens
plus loin que d'autres qui devront, dans les circonstances, continuer à
payer les 30 $, alors que ceux qui sont près, plus près en tout
cas, ne les paieront pas. (22 h 50)
Je considère personnellement que cette portion, cette dimension
du projet de loi ne relève carrément pas de la fiscalité
municipale, mais relève d'une vision et d'une perception que peut avoir
un gouvernement par rapport à un service collectif, avec une vision
sociale face à l'environnement, face, par exemple, à
l'économie d'énergie. Ça, ça fait partie du
transport en commun. Le transport en commun, il est mis sur pied pour quoi? Il
y a des gouvernements qui ont des visées d'économie
d'énergie, par exemple. C'est très important, ça. On dit,
par exemple: Plutôt que de voir arriver à Montréal des
dizaines, des vingtaines de milliers d'automobilistes le matin, on va
aménager des stationnements à l'entrée des villes et on va
faire en sorte que vous utilisiez, rendre plus incitative l'utilisation du
transport en commun. Donc, on vient d'éliminer à
l'intérieur la circulation, on vient d'éviter une pollution et on
vient d'économiser sur le plan de l'énergie. Ça, c'est des
politiques gouvernementales en matière de transport en commun.
Mais qu'est-ce que ça vient faire avec la fiscalité
municipale? C'est une vision globale et ça relève de la mission
du ministère des Transports, M. le Président. Ça, c'est
clair. Donc, ça m'apparaît clair, si on veut être
cohérent, être logique, que sortir de ce projet de loi qui,
d'ailleurs - et le ministre, j'en suis sûr, le sait... C'est un petit
article dans le projet de loi. Ça, ça a été assez
clair. Le ministre le sait très, très bien. On va regarder les
articles qui touchent ça. Si ma mémoire est fidèle, c'est
l'article 17. À l'article 17, c'est bien marqué: «Loi sur
les transports». Le titre de l'article, c'est: «Loi sur les
transports». Quand vous allez à l'article 38: «L'article 17
a effet à compter du 1er janvier.» Donc, il réfère
directement a l'article de la Loi sur les transports, donc qui n'a rien
à faire avec la fiscalité municipale en soi. C'est pour ça
que la motion de scission a toujours été admise, M. le
Président, par la présidence de l'Assemblée nationale
lorsqu'elle comportait un principe en soi. Et votre prédécesseur,
qui a eu à trancher si la motion de scission était recevable,
s'est bien appuyé sur le fait que ça constituait en soi un
principe et que ça pouvait faire l'objet, personnellement, d'une loi
spécifique.
Le ministre des Transports aurait pu décider que Mirabel, du
comté d'Argenteuil, ne faisait pas partie dorénavant de la loi
les assujettissant aux 30 $, puis ça aurait paru moins évident
qu'il y avait une incompatibilité, à ce moment-là.
Ça aurait paru moins évident, le conflit d'intérêts.
Ça aurait paru moins évident qu'un ministre se constitue en juge
et partie, M. le Président.
L'autre dimension de la loi 55, M. le Président, c'est les frais
pour étude de dossier. Il m'apparaît que le gouvernement - qui est
en panique présentement, il faut le dire; je pense qu'il est en panique
- est en train de taxer à peu près tout: des tickets
modérateurs sur tout, des frais de garantie sur les emprunts d'Hydro.
Là, on introduit une nouvelle dimension, une nouvelle dimension qui est
assez lourde de conséquences, M. le Président, parce qu'il y a
1500 municipalités au Québec, 1500 municipalités qui,
chaque année, ont des multiples règlements d'emprunt. Il faut
bien le dire. Il y en a beaucoup, de municipalités qui font
étudier régulièrement, périodiquement des
règlements d'emprunt. Et là, il y aura une tarification.
Ça veut dire que le fonction publique du Québec,
dorénavant, aura à se pencher sur les règlements d'emprunt
municipaux; bien, là, ils seront tarifés à quel titre? On
ne le sait pas.
Nous, comme parlementaires, le premier souci que l'on doit avoir comme
Opposition, puis c'est notre devoir, à part ça, c'est de dire:
Combien ça va coûter à nos municipalités? Parce que
les maires vont nous appeler, là. Ils vont dire: C'est quoi, cette
loi-là? Tu as voté pour quoi, toi, là, mon
député? Pour quel type de facture as-tu accepté de voter?
Je ne sais pas. Je ne sais pas, moi. Je ne sais pas le tarif. Ça
«va-tu» être basé sur la grosseur de l'emprunt? Je ne
sais pas. Ça «va-tu» être par règlement? Sans
doute. Mais c'est basé sur quoi? C'est pour aller chercher combien?
L'objectif est de combien? Si le ministre l'a dit, je n'étais pas en
Chambre. C'est possible que le ministre l'ait dit, quel était
l'objectif, pour aller chercher combien, mais je ne le sais pas. Mais, peu
importe, il faut être mal pris pour être rendu à taxer
tout.
M. le Président, ça, ça m'apparaît être
une philosophie administrative. J'appelle ça une philosophie
administrative. Je pourrais parler d'un mode de gestion ou d'une vision de la
gestion. Mais, là, c'est rendu, si j'ai bien compris, que tout service
de l'État va devenir dorénavant taxable. C'est ça que
ça veut dire. On a commencé par Hydro-Québec. Là,
on s'en vient avec les municipalités. Est-ce que des organismes qui vont
demander conseil vont être taxés tantôt? Par
règlement? Est-ce qu'on va aller chercher partout, parce qu'on va
appeler un service gouvernemental? De par essence, quand tu
appelais un gouvernement, M. le Président, c'était
l'esprit. Tu appelais même 1-800 pour que ça ne coûte rien
aux organismes. Là, ce n'est plus ça. Ce n'est plus 1-800.
«Appelle-moi, puis je te charge». M. le Président, je vous
avoue, on est rendus assez graves, là! Pour étudier une demande
de subvention tantôt va-t-il falloir payer? Un organisme fait appel au
gouvernement pour dire: Voici mon projet. J'espère être eligible
au secrétariat, de ce qu'on appelle le socle des organismes
communautaires. Pour étudier mon dossier, ça va me coûter
un 500 $, un 400 $, un 300 $, un 200 $? Je ne le sais pas. Où est-ce
qu'on s'en va? Ça n'a plus de fin, ce genre de précédent
là. Et je vous avoue que, moi, personnellement, ça
m'inquiète.
M. le Président, on ne pourra pas continuer à faire
ça. Si c'est la philosophie de gestion, si c'est la pensée
gouvernementale, qu'on le dise carrément, M. le Président, qu'on
le dise carrément, parce que, moi, je ne vois pas où on s'en va
dans ce système-là. Il y a des organismes à but non
lucratif qui doivent commencer à être inquiets. N'oubliez pas que
nos municipalités...
Je vais vous donner un exemple comment c'est fou, cette
histoire-là, et je pense que ceux qui ont travaillé avec le monde
municipal vont me comprendre. Les municipalités n'ont pas le droit de
faire des déficits, vous le savez. Elles n'ont pas le droit. En cours
d'année, elles font trois, quatre règlements d'emprunt, puis
elles sont obligées de payer sur réception de factures. S'il y a
des dépenses qu'elles n'ont pas prévues, qu'est-ce qui arrive?
Vous allez me dire: Elles vont le rentrer dans le règlement d'emprunt.
J'espère! Ça va être la seule façon de s'en sortir,
parce que s'il faut qu'elles paient des frais d'études, elles ont l'air
de quoi? Elles sont illégales par rapport à la loi. Elles n'ont
pas le droit de faire de déficits. Si vous leur chargez 2000 $ pour
étudier un règlement d'emprunt de 100 000 $, il va falloir
qu'elles le rentrent dans le règlement d'emprunt avant de le faire, il
faut qu'elles prévoient combien ça va leur coûter. C'est
fou comme le balai, ça! Ça n'a plus de fin, cette
histoire-là!
C'est quelle philosophie de gestion qu'ils ont? La panique les
mène partout. La panique a mené la ministre de
l'Éducation, cette semaine, à appeler à 15 heures et
à dire: Donnez-moi votre plan d'immobilisation pour 16 heures, parce que
le premier ministre m'a dit de faire une conférence de presse la semaine
prochaine, et ça me prend ça tout de suite. Puis les heures de
commerce pour l'autre, puis c'est la panique. Ce n'est pas de même qu'on
gère un État. Ce n'est pas de même qu'on gère un
État, M. le Président. On est supposés prendre ça,
regarder ça globalement, prendre le temps d'évaluer, d'analyser.
Je pense qu'il y a des fonctionnaires là-dessus qui peuvent se mettre au
travail puis étudier correctement. (23 heures)
Moi, je vous avoue que, quand j'ai regardé cela, je me suis dit:
Ce n'est pas le propre du ministère des Affaires municipales, ça,
parce que le ministre des Finances qui a commencé à imposer des
frais a fait préparer des projets de loi par le ministère du
Revenu. Les suites d'un budget ou de l'annonce d'un budget sont données
par des projets de loi de type budgétaire, qu'on dit. Et ça, des
frais de cette nature-là, M. le Président, ce n'est pas le propre
d'un financement du monde municipal. C'est le propre d'une philosophie de
gestion du ministre des Finances et récupérée par le
ministère du Revenu. C'est de même qu'on aurait dû agir, si
c'est ça qu'on voulait. On escomptait 30 000 000 $. On aurait dû
avoir une annonce dans le budget de M. Levesque, ministre des Finances, et
dire: J'escompte 30 000 000 $ dorénavant pour étudier les
dossiers d'emprunt des municipalités. Et il annonce qu'à compter
de minuit ce soir tout projet d'emprunt des municipalités qui sera
étudié par le ministère des Affaires municipales fera
l'objet d'une tarification. Et là, vous auriez eu le ministre du Revenu
présenter un projet de loi, en fin de session, ce qu'on appelle un
projet de loi de type budgétaire, et il nous aurait dit:
Dorénavant, ce sera 500 $ pour étudier un projet de loi entre 25
000 $ et 50 000 $, ce sera 1000 $ de 50 000 $ à 100 000 $, puis ce sera
2000 $ de 100 000 $ et plus, ou 3000 $, je ne sais pas. On essaie de passer
cette mesure-là, comme on nous a passé très facilement les
frais de garantie à Hydro-Québec, M. le Président, dans
une fin de session. C'est ça, fondamentalement.
Moi, personnellement, là, cette fois-ci, on les voit venir, on
les a vus, et c'est pour ça qu'on a proposé des scissions du
projet de loi pour bien permettre à la population de savoir ce à
quoi on les invite, on les convie, on les oblige dans ce projet de loi.
M. le Président, moi, je pense qu'en toute transparence un
gouvernement se doit, quand il légifère, de dire carrément
où il s'en va. Il veut aller où, maintenant, avec les services
qu'il rend aux municipalités? Ça, c'est une chose. Il veut aller
où dans les correctifs à apporter à sa fiscalité
municipale? C'est une autre chose. Il veut aller où dans le domaine du
transport en commun? C'est une autre chose. Ce sont trois principes distincts.
Je suis content que la présidence l'ait reconnu. La présidence
l'a reconnu, parce que ça allait de soi. C'est bebête, en Chambre.
Ça va tellement de soi que le président a dit: Je suis bien
obligé de reconnaître ça. Vous l'avez bien dit, M. le
Président-pas vous, votre prédécesseur, mais vous auriez
dit la même chose. Vous êtes le prolongement et vous ne faites
qu'un.
Donc, M. le Président, vous avez reconnu le bien-fondé de
notre motion. Vous l'avez reconnue, et le poids du nombre dira le contraire
tantôt. C'est ça que je trouve stupide dans le droit
parlementaire, si vous me permettez
l'expression. Moi, je trouve ça stupide. Ça va tellement
de soi que, de prime abord, prima fade, comme on dit en latin, à sa vue
même, à sa face même, ça va de soi, c'est reconnu.
Puis, le poids du nombre va dire: Ah, ce n'est pas ça. On va tout
mêler ça. On va vous passer ça. On va vous en passer une
petite vite.
Moi, je vous avoue que ça fait 16 ans que je suis en Chambre, je
ne me suis pas habitué à ça. Quand le gros bon sens ne
prime pas sur le poids du nombre, moi, ça m'a toujours renversé.
Je comprends que les citoyens, à la longue, vont venir qu'à se
ranger derrière le gros bon sens, mais c'est incroyable qu'on puisse
faire gober dans un même projet de loi deux, trois projets de loi
distincts, qu'il n'y a pas de connotation entre eux autres du tout. C'est le
citoyen, en bout de course, M. le Président, le dindon de la farce. Il
doit savoir sur chaque item ce qu'on lui propose. Ce n'est pas par le biais
d'un projet omnibus.
C'était supposé être fini, ça, vous
rappelez-vous? Vous étiez partie de cette équipe-là. Je
comprends que, comme président, vous êtes devenu neutre. Vous
faisiez partie de cette équipe qui devait légiférer
beaucoup mieux, qui ne devait plus présenter à l'Assemblée
nationale de lois, ce qu'on appellait les bills omnibus, les lois fourre-tout.
Mais c'est ça qu'on appelait. On a dit: C'est fini les lois où on
va essayer de passer le vin dans les épiceries, rappelez-vous, puis un
amendement en justice, puis un amendement au transport en commun, puis un
amendement aux tarifications, puis une fiscalité municipale. C'est fini,
ça. On a dit: Dorénavant, en Chambre, il va y avoir des projets
de loi sur un principe, sur une chose, puis on le réglera.
Ce soir, c'est trois principes reconnus par la présidence de
l'Assemblée nationale, pas par quelqu'un de notre formation politique,
par quelqu'un au-dessus des formations politiques, mais qui appartient à
une formation politique, mais qui, objectivement, doit appliquer cependant le
gros bon sens. C'est trois principes. Ce n'est pas pour rien que j'ai
plaidé, M. le Président, pour qu'il y ait trois projets de loi,
puis qu'on puisse dire aux citoyens: En matière de transport en commun,
voici ce qui arrive. Je peux vous dire qu'on aurait peut-être des
amendements, des suggestions constructives pour faire en sorte qu'on n'embarque
pas dans la fiscalité municipale des dimensions du transport en
commun.
Si le gouvernement a une volonté d'imposer des tarifications pour
tout service qu'il rend à la collectivité ou aux associations,
bien, que ce soit une loi spéciale, puis il dit: Dorénavant, pour
les services rendus par l'État à des organismes, à des
communautés urbaines, à des municipalités, à des
OSBL, à des associations sportives, à des
fédérations, la tarification sera de tant. On comprendra que le
service d'État dorénavant n'est pas gratuit, il est
tarifé. C'est ça, fondamentalement, qu'on essaie de passer ici et
qu'on ne dit pas. Et nous, nous allons être contre ce projet de loi. Nous
allons être contre. Contre ici, contre en commission parlementaire et
contre jusqu'à ce qu'on puisse, M. le Président, obtenir justice
pour et au nom de nos contribuables. C'est ça, fondamentalement, le
rôle de l'Opposition et nous entendons le jouer le mieux possible. Je
vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette. Alors, sur cette motion de scission, je suis
prêt à reconnaître un prochain intervenant. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. À l'occasion de
ces débats de motions de scission ou motions de report de la part du
leader de l'Opposition, c'est toujours un plaisir dont on se passerait,
évidemment, que de l'entendre à cette heure tardive nous faire
partager sa vision moderne du sophisme juridique et législatif.
Évidemment, les exercices comme celui du leader de l'Opposition sont
possibles dans son esprit, parce qu'on ne peut pas quand même dire le
contraire de ce qu'on pense. On ne peut pas être complètement
schizophrène...
Une voix:...
M. Johnson: Non. Bien, je le dis comme ça se prononce et
comme ça se vérifie. Le député a l'air convaincant
parce qu'il est convaincu de ce qu'il dit. Il est d'autant plus convaincu de ce
qu'il dit qu'il n'était pas là lorsqu'on a répondu,
à l'avance, aux questions qu'il se pose. Alors, dans la mesure où
il ne veut pas comprendre... Par exemple, parce qu'il a parlé de trois
principes différents, selon lui, dans le projet de loi et, fidèle
à son habitude, non seulement il n'a pas écouté avant pour
voir ce qu'était le projet de loi, il vient faire son intervention et,
quand on lui explique encore, il repart. Alors, il ne sera même pas
là, évidemment, pour nous écouter.
M. Dufour: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Sur une question de règlement, M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: je voudrais rappeler à cette chambre qu'on n'a
pas le droit de prêter des motifs à des députés et
de spéculer sur leur absence.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous avez raison, M. le
député, on ne peut pas souligner l'absence d'un
député en cette Chambre et vous le savez très bien, M. le
leader adjoint du
gouvernement. Si vous voulez poursuivre.
M. Johnson: M. le Président, je me prends à
souhaiter que le leader de l'Opposition manifeste dans ses interventions la
preuve qu'il a entendu les discours qui l'on précédé et
qu'il manifeste également le souci, qu'il soit ici ou non,
d'écouter les discours qui suivent le sien pour l'éclairer
davantage. Sur les 30 $, le député persiste à dire qu'on
se demande en quel honneur des gens paient 30 $ et qu'il y en a d'autres qui ne
les paient pas. Littéralement, c'est ce qu'il a dit là, qu'il y a
des gens qui habitent plus proche de centres urbains desservis par du transport
en commun qui vont être exemptés de payer les 30 $, alors que
d'autres qui, d'après la carte géographique, apparaissent habiter
plus loin, eux, vont les payer. C'est malheureux parce qu'on lui a
déjà dit, on l'a répété, on l'a
expliqué. Moi, ça fait au moins un an que j'en parle dans mon
comté, tout le monde a compris. Je dois dire que le député
de Joliette n'est pas dans mon comté. Je ne suis pas sûr, s'il
était dans mon comté, qu'il aurait compris. Je l'écoute se
comporter ici.
Ce qui est en cause ici, c'est de savoir, à partir du noyau
urbain... Quand on confectionne la carte de la région
métropolitaine de recensement, on regarde quels sont les taux de navette
ou les habitudes de navette, donc de transport d'une municipalité
à l'autre des gens qui y habitent, et le principe veut qu'on retienne,
comme faisant partie de la zone de recensement, les gens qui se
déplacent avec une fréquence et une régularité et
en nombre tel qu'ils répondent à certains tests objectifs. La
zone de recensement est constituée, de façon
générale, pour les fins du recensement fédéral, par
exemple, de ce territoire, à partir du noyau urbain qui est bâti
en continu et, lorsqu'on dépasse ce périmètre de
bâti en continu, on se demande pour chaque secteur de recensement si 40 %
des gens qui y habitent et qui sont en âge et en capacité de
travailler travaillent quelque part vers le centre urbain ou alors,
inversement, deuxième question: Est-ce que 25 % des travailleurs qu'on
retrouve dans le secteur périphérique originent du secteur urbain
central? C'est ça, les deux questions que les statisticiens se posent.
Et, si on répond oui à une des deux questions, on inclut le
secteur dans la zone de recensement métropolitain qui,
évidemment, s'agrandit au fur et à mesure qu'on répond oui
à une de ces deux questions-là. (23 h 10)
Dans le cas qui nous a occupé, on s'est demandé, de
plus... A partir de ce test-là, que je viens de décrire, on s'est
demandé, pour être très équitable, quel était
le taux de navette des gens qui habitent dans les secteurs de recensement. Et
on a découvert que, dans les cas qui nous occupent et qui sont
visés par l'exemption de l'article 17, il y a moins de 25 % des gens qui
voyagent, à partir de ces endroits-là, vers le centre urbain de
la zone desservie par du transport en commun. C'est tout, c'est simple, c'est
objectif, et il s'avère qu'à l'étude il y a des gens qui
habitent dans des municipalités plus proches de noyaux urbains qui n'y
voyagent pas. ils n'y vont pas! Moins de 25 % des gens s'y déplacent. Et
des gens qui habitent un peu plus loin, si on regarde la carte
géographique, effectivement, études et renseignements pris, eux,
ils se déplacent à plus de 25 % vers le noyau urbain, donc
bénéficient de l'infrastructure de transport qu'on y retrouve,
donc sont appelés à contribuer financièrement à
celle-ci.
C'est objectif, c'est un fait, c'est, je dirais, presque une
vérité historique, là, sur laquelle on est en train
d'argumenter. Il y a seulement les deux de l'Opposition qui ne veulent pas
accepter ce que j'appellerais une donnée, un fait avéré.
Évidemment, si on veut faire des discours à l'encontre d'un fait
avéré, c'est presque aussi sérieux que d'essayer de nous
démontrer, avec force décibels, que le soleil se lève
à l'ouest et se couche à l'est. C'est comme s'ils
n'étaient pas au courant comment ça fonctionne dans le vrai
monde. C'est absolument extraordinaire!
Évidemment, ça passe le temps, il est 23 h 10 et, pendant
ce temps-là, la législation ne peut pas être adoptée
parce qu'on est obligés de prendre deux heures, en vertu de notre
règlement, pour permettre à l'Opposition de retarder le projet de
deux heures, soi-disant pour avoir des explications, soi-disant parce qu'on
peut scinder le projet de loi, le tout reposant, de l'avis de l'Opposition - je
ne parle pas de la décision de la présidence, M. le
Président - de l'avis de l'Opposition, sur le fait qu'il y a une
injustice flagrante, que ça n'a pas de bon sens, que c'est de la
fiscalité, que c'est de l'injustice, que, dans le fond, c'est une loi
sur l'immatriculation des véhicules moteurs. Ce n'est pas ça;
ça s'inscrit, on le sait depuis le début, dans le cadre de la
réforme de la fiscalité municipale et du financement du transport
en commun. Les gens qui sont visés sont ceux qui sont touchés par
cette réforme-là, et qui peuvent bénéficier ou ne
pas bénéficier, selon le cas, du transport en commun, et qui, en
conséquence, paient 30 $ ou ne le paient pas.
Ce qu'on vient faire ici, les études étant intervenues
davantage depuis l'adoption de la loi 145, c'est d'actualiser, à
l'égard des résidents de huit municipalités, la situation
afin de refléter le fait qu'il y a moins de 25 % des gens de
Saint-Placide - qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, là? - il y a
moins de 25 % des gens de Saint-Placide qui voyagent vers le centre-ville de
Montréal. Il y a moins de 25 % des gens à Mirabel qui font
ça. C'est vrai pour les gens de Melocheville; c'est vrai pour les gens
de Beau-harnois. Alors, ça c'est la réalité. On n'est pas
pour laisser les gens continuer à payer 30 $ lorsqu'ils immatriculent
leur voiture à Saint-Placide, parce qu'on a découvert qu'ils ne
viennent pas à Montréal en nombre suffisant
pour bénéficier de l'infrastructure de transport. C'est
aussi simple que ça. Ne vous cassez pas la tête, arrêtez de
vous demander en quel honneur, c'est aussi simple que ça.
Le deuxième principe, le deuxième volet de l'intervention
a trait, si je comprends bien le leader de l'Opposition, à son
opposition à une philosophie de gestion des fonds publics qu'il ne
partage pas. Il appelle ça de la philosophie de gestion, le fait que le
gouvernement du Québec, lorsqu'il traite un dossier, d'où qu'il
vienne, pourrait se réserver un pouvoir de réglementation pour
lever des frais et tarifs pour l'activité professionnelle que les gens
de la fonction publique exerceraient lorsque, en l'occurrence, un dossier
d'emprunt municipal est soumis au ministère des Affaires municipales. Ce
n'est pas de la philosophie de gestion qui est en cause ici; là, je
dirais, moi, que c'est de la responsabilité en matière de
finances publiques et de contrôle des dépenses, qui est une autre
notion que ne partage pas le leader de l'Opposition, qui a été
membre d'un gouvernement qui nous a mis dans la dèche à coups
d'emprunts pour payer l'épicerie à des niveaux tels
qu'aujourd'hui - vous me permettez mon discours - nous payons un service de
dette qui vient grever notre capacité de donner des programmes, qui fait
en sorte qu'on est obligé d'emprunter davantage, qui fait en sorte qu'on
demande aux citoyens de payer des impôts, sous toutes sortes de formes,
supérieurs au coût des programmes directs qu'on leur rend comme
gouvernement parce que le service de la dette est énorme, compliment du
député de Joliette et de ses collègues, évidemment,
de 1976 à 1985.
Ça, c'est le genre de choses qu'il faut avoir à l'esprit.
À partir du moment où on prend conscience de ce que ça
signifie, les équilibres budgétaires, à partir du moment
où on prend conscience de ce que ça signifie pour notre
prospérité, que le contrôle des dépenses, on doit se
permettre comme gouvernement de lever des tarifs, des frais, des honoraires, si
on le juge à propos - parce qu'on le fait dans d'autres choses - afin de
responsabiliser, d'une part, les gens qui utilisent les services publics ou,
alors, afin de partager les coûts d'une façon équitable
entre tous les contribuables, y compris les contribuables municipaux qui sont
les bénéficiaires, évidemment, de certaines
activités que les municipalités peuvent accomplir, il n'y a rien
d'extraordinaire là-dedans. Ça fait longtemps que les
gouvernements lèvent des tarifs et des frais si vous voulez un permis de
pêche. Ça fait très longtemps, ça. Ça fait
très longtemps et personne ne trouverait non plus à dire que
ça n'a aucun sens que l'émission d'un permis se fasse
gratuitement. Personne ne pense ça.
Là, on est en train de prévoir un pouvoir
réglementaire soumis à toute la publicité gouvernementale
habituelle pour voir s'il ne serait pas opportun, éventuellement, de
lever des frais, de lever certaines sommes d'argent qui seraient versées
au ministre des Finances à l'occasion de l'étude d'un dossier en
matière d'emprunt municipal. Ça fait partie des finances
municipales. Ça fait partie de la fiscalité. Ça fait
partie de la division qui existe dans les responsabilités entre les
municipalités et le gouvernement du Québec à
l'égard du financement de certaines activités.
Il m'apparaît, M. le Président, que ce n'est pas une
question de philosophie de gestion. Je ne sais pas trop où le
député de Joliette est allé piger cette étiquette
pour l'accoler à ce qui est l'article 16 du projet de loi qui est devant
nous. Ce n'est pas une question de philosophie de gestion, c'est une question
de responsabilité à l'endroit des deniers publics. C'est
ça que c'est, d'abord et avant tout, et ça s'inscrit dans le
cadre des finances municipales, comme je le disais tout à l'heure.
Le troisième aspect qui est à soulever - et on voit que le
député suivait en ça le modèle de sa motion de
scission d'un peu plus tôt en soirée - est qu'il dit que tout le
reste, dans le fond, c'est un ensemble de dispositions, de modalités qui
touchent de façon tellement distincte les deux autres volets de la
fiscalité municipale qu'on doit en faire un troisième
principe.
Encore une fois, il a repris dans son discours certains des arguments
qu'il avait à l'occasion de la présentation de la motion de
scission. Là, on se rejoint. On va reconnaître, à la
lecture des articles, que ce sont effectivement des amendements à la
fiscalité municipale sous toutes sortes de formes. Ça s'inscrit
dans le grand chapitre, à mon sens, des finances au niveau municipal. Il
n'y a rien de bien extraordinaire là-dedans et je ne vois pas pourquoi,
à cette heure-ci, on est en train d'ergoter sur le contenu des trois
parties qu'on veut distinctes de ce projet de loi, alors que le principe, c'est
de voir comment on doit aménager, compte tenu de l'expérience qui
a été vécue depuis de nombreux mois, notamment depuis la
loi 145, voir comment on peut aménager les relations entre le
gouvernement du Québec et les municipalités pour répondre
à des vrais besoins, soit des citoyens, soit des municipalités,
au titre du financement des services publics. On le fait à
l'égard des 30 $. On le fait à l'égard d'un pouvoir
réglementaire qu'on veut se donner a l'occasion du traitement des
dossiers qui viennent des municipalités, et on le fait à
l'égard de certaines dispositions sur l'évaluation municipale,
sur des définitions, sur ce que c'est, un local vacant ou un local
inoccupé, des choses comme ça que l'usage nous amène
à préciser. Mais ce n'est pas en soi, comme tel, un principe.
Selon nous, c'est un des aspects de la fiscalité municipale qui requiert
un ajustement, à ce moment-ci, compte tenu de l'expérience, et
qui nous amène donc à présenter le projet de loi 55. (23 h
20)
Donc, M. le Président, en terminant, je continue à
déplorer, je dirais, l'ignorance qu'entretient le leader de l'Opposition
à l'endroit de cette matière, notamment celle des 30 $. Le leader
a dit des choses proprement extraordinaires. Quand on connaît la
réalité, quand on regarde une carte géographique, qu'on
regarde Statistique Canada, qu'on regarde des tests objectifs et qu'on
répond à ces questions-là, ça dicte une situation.
Ça dicte la situation qui apparaît maintenant dans le projet de
loi 55.
Le leader de l'Opposition fait comme si Statistique Canada n'existait
pas, comme si les questions ne se posaient pas, comme si les gens
n'étaient pas dénombrés, comme si les gens ne se
promenaient pas entre deux municipalités, comme s'il n'y avait pas de
transport en commun à Montréal, à Québec, à
Trois-Rivières, à ces endroits-là. Il parle
évidemment en s'appuyant sur de l'air, et ça donne les discours
qu'on a entendus. La même chose est vraie à l'endroit de ce qu'il
appelle la philosophie de gestion du gouvernement. Je répète que
c'est une question de responsabilisation à l'égard des deniers
publics. Et, évidemment, les commentaires sont plutôt brefs en ce
qui regarde les modalités d'application de certaines dispositions de la
fiscalité municipale.
M. le Président, c'est un débat restreint. On va continuer
à en parler pendant un peu plus d'une heure. Ce n'est pas évident
que la nation va s'en mieux porter. Ce n'est pas évident que les
membres, ici, de l'Assemblée nationale vont s'en mieux porter. Ce n'est
pas évident, non plus, que les jeunes filles de l'Est de
Montréal, qui ont envoyé une pétition à
l'Assemblée nationale, qui a été déposée cet
après-midi, vont être plus fières du leader de l'Opposition
qu'elles ne l'étaient ce matin. Mais c'est comme ça, si je
comprends bien, de la part de l'Opposition. Lorsqu'on n'est pas satisfait d'un
projet de loi, on convie les parlementaires à s'entretenir de
détails techniques pendant une couple d'heures. Je veux bien participer.
Ça fait partie du règlement. Mais j'aurais pensé que le
règlement doit être utilisé, je dirais, à des fins,
d'une façon et dans un contexte qui permettent d'accomplir quelque
chose, d'atteindre un objectif. Je cherche en vain l'objectif que cherche
à atteindre le leader de l'Opposition au titre du fond du projet de loi,
d'améliorer la fiscalité municipale, d'améliorer les
rapports entre le gouvernement et les municipalités, d'alléger le
fardeau fiscal de certains citoyens dans certaines villes, de clarifier la Loi
sur la fiscalité municipale. Ce n'est pas ça qui
l'intéresse, c'était, il m'apparaît, simplement de retarder
nos travaux.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le leader
adjoint du gouvernement. Je vous rappelle que nous sommes sur cette motion de
scission. Et je reconnais M. le vice-président de la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation et député
de Jonquière. M. le député, la parole est à
vous.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, je vous remercie, surtout de
souligner la vice-présidence que j'occupe avec beaucoup de plaisir. Mais
je veux vous assurer que, ce soir, j'agis surtout comme porte-parole de ma
formation en affaires municipales, et ça aussi, c'est un domaine
important qui me tient à coeur. Lorsque j'ai écouté
attentivement le président du Conseil du trésor essayer de nous
expliquer le projet de loi, je pense qu'en partie il touche le projet de loi.
Il l'a sûrement lu. Mais, seulement, ce n'est pas la question qu'on se
pose ce soir, c'est: Est-ce que ce projet de loi doit être
étudié dans son entier, de la façon dont il nous est
présenté, ou est-ce que c'est trois projets de loi
différents?
La présidence a décidé, sur une motion du leader de
l'Opposition officielle, a décidé, dis-je, que c'étaient
trois projets. Donc, trois lois auraient pu être passées
plutôt qu'une. Et, en ce faisant, on essaie de convaincre le gouvernement
de revenir à ces principes qu'il a établis au mois de
décembre 1985, à l'effet qu'il légiférerait mieux
et moins et, en même temps, qu'il n'y aurait plus de bill omnibus.
C'étaient vraiment les lignes directrices de ce gouvernement qui prenait
le pouvoir dans l'euphorie où, il faut bien le dire, il n'y avait pas de
chef, il était à la recherche d'un siège. Mais il y avait
une vice-première ministre qui parlait au nom du gouvernement, et
c'étaient ses engagements. Je vous invite - et vous y étiez -
à relire le discours inaugural du mois de décembre 1985,
où on pouvait se bidonner, puisqu'on venait de prendre le pouvoir et
qu'on avait toutes sortes de choses à avancer, choses qui, au fur et
à mesure, comme l'âge, ont fini par s'effriter ou on a fini par
voir la vérité en face et on s'est aperçu que tout ce
qu'on avait décrié, ce qu'on avait honni, on a été
obligé de le ravaler à petites gouttes. C'est un peu ça
qui est arrivé.
Ce projet de loi est justement dans ce sens-là. Et pourquoi on
dit que c'est trois projets de loi? Je vais m'en tenir, moi, au principe des
projets de loi. Pourquoi on dit trois projets de loi? Il faut l'examiner
clairement. Un, d'une partie très claire, on parle de la
fiscalité municipale, de l'évaluation municipale, on parle de la
surtaxe sur les immeubles et on dit aussi pourquoi on a été
obligé de poser ce geste. On est conscient que la ville de
Montréal a eu des poursuites et que les gens qui ont poursuivi ont
gagné. Et pourquoi ils ont gagné? Quelle était la raison
de la contestation? C'était qu'on a appliqué des principes qui ne
semblent pas permis par la loi actuelle. Ces principes-là sont quoi?
C'est qu'on permet de taxer avec un faisceau de principes autour de la
municipalité. Et quels sont les principes fondamentaux sur quoi on base
notre
loi de la fiscalité municipale? C'est sur la valeur marchande.
Quand on veut évaluer un immeuble, l'évaluateur a pour premier
mandat d'examiner autour, en divisant la municipalité par quartiers,
à quel prix se vendent les immeubles qu'il y a dans ce milieu-là.
Les ventes qui sont trop basses sont éliminées. Celles qui sont
trop élevées, on les élimine et on arrive à un taux
moyen.
Pour corriger cette lacune, le ministère des Affaires municipales
trace une ligne médiane - quand je dis «trace», il calcule
une ligne médiane - qui, à ce moment-là... Et tous les
gens qui ont des comptes de taxes, ils ont juste à l'examiner. De temps
en temps, c'est 1,2 %, 1,02 %, 1,11 %, 1,12 %. Ça veut dire que si c'est
un 1,11 %, c'est que l'évaluation est trop élevée. Donc,
il faut qu'ils divisent 100 sur 111 pour avoir leur taux de vente. Quand tout
le monde est traité de cette façon, pas de problème,
personne ne parle.
Mais vous savez que, quand les taxes augmentent beaucoup, comme on l'a
vu dernièrement, quand on a vu que dans la loi 145 le ministre,
malgré nos prétentions... On lui avait dit, à ce
moment-là: Si vous permettez, on a des taxes qui sont sur les immeubles
non résidentiels, des taxes d'affaires, voulez-vous, s'il vous
plaît... Est-ce que vous pourriez établir un principe? Le ministre
ne s'est pas rendu nécessairement à nos argumentations, d'autant
plus que cette loi-là il nous l'a rentrée de force dans la gorge.
Il a passé le rouleau compresseur, sur une fin de session, et on l'a
adoptée comme ça. Donc, le ministre des Affaires municipales,
malgré nos prétentions et nos arguments à l'effet qu'on
devait accepter un principe... J'avais prédit ce qui allait arriver.
J'avais dit, d'une part: Vous devriez soit accepter qu'on ait une surtaxe sur
les immeubles, qu'on puisse imposer la surtaxe ou, d'autre part, qu'on ait une
taxe d'affaires. Et, en imposant la surtaxe, c'est évident que ce qui se
produit, le phénomène est là, c'est plus facile à
appliquer. Les municipalités, à la longue, vont prendre
ça.
Mais le système qui a été adopté avec la loi
145, c'est, d'une part: À partir de maintenant, les municipalités
vont pouvoir avoir l'ancienne taxe comme avant. Donc, la taxe d'affaires.
Deuxièmement, elles peuvent choisir la surtaxe. Troisièmement,
elles peuvent prendre les deux. Voyez-vous. Ce n'est pas de même que
ça marche. Un des principes fondamentaux de la loi de la
fiscalité municipale... Et, si je ne me trompe pas, vous étiez
là lorsque cette loi a été passée, la loi de la
fiscalité municipale, en 1979. Non, vous n'étiez pas là.
Vous avez manqué quelque chose, parce que vous auriez vu les bienfaits
de cette loi pour les municipalités, M. le Président. Mais vous
en avez probablement profité par votre compte de taxes que vous payez
chaque année, qui était moins élevé.
Donc, ce principe-là, pourquoi était-il faux au
départ ou que, moi, je trouvais que c'était difficile? C'est que
les gens qui ont des immeubles dans plusieurs municipalités, voyez-vous
la complication? Tantôt, dans une municipalité, c'est la taxe
d'affaires, tantôt, dans une autre, c'est la surtaxe, et ça
pourrait être les deux. Donc, complication. Et le principe fondamental
d'une fiscalité, c'est qu'elle soit claire, qu'elle soit facile à
comprendre pour qu'on puisse l'appliquer. Ça, c'est de la transparence
qu'on appelle ça, dans mes mots. Et on est passé à
côté. (23 h 30)
Et, de cette façon-là, la ville de Montréal
était sur la surtaxe, mais elle a voulu appliquer des principes qui
n'existaient pas actuellement dans notre législation. Ça existe
aux États-Unis, probablement. Ça existe dans d'autres provinces,
mais pas au Québec. Et, dans le sens de la loi que, nous, on a,
ça représente justement cette difficulté, c'est que c'est
basé sur la valeur de vente d'une propriété, ce qu'on ne
voit pas comme cas, et le ministre veut, par ce projet de loi, justement
appliquer un nouveau principe. Et, à chaque fois qu'on change quelque
chose dans la fiscalité municipale, comme dans la fiscalité tout
court, même dans la fiscalité individuelle des citoyens, c'est que
ça amène les avocats à faire vivre les avocats puisqu'on
ouvre la porte à des contestations, et on l'a vécu, la cour s'est
prononcée et il y a quelques millions en jeu pour la ville de
Montréal. C'est ça, le drame.
Donc, cette partie de la loi qu'on a devant nous, l'Opposition pourrait
être pour, mais en s'assurant que des gens puissent venir nous dire ce
qu'ils en pensent. À partir de la scission de la loi qu'on demande, on
pourrait, comme Opposition, être favorable à cette partie de loi
là et demander qu'on ait des audiences particulières. Parce que
ce n'est pas vrai qu'on peut changer des choses fondamentales, dans lesquelles
on vit depuis un certain nombre d'années, juste d'un coup de baguette
magique. Je comprends que la fée de Noël s'en vient, la fée
des neiges, mais elle n'est pas encore arrivée cette année.
Ça fait qu'on ne peut pas changer des choses de même, du jour au
lendemain, juste d'un coup de baguette, et dire: C'est fini, on va arranger
notre problème. Il faut que le ministre accepte qu'on ait des audiences,
qu'on reçoive des gens qui, déjà, nous ont fait des
représentations, que ce soit la ville de Montréal ou la
Communauté urbaine de Montréal, que ce soit l'association
canadienne des payeurs de taxes. Ça pourrait être les deux unions.
Je ne demande pas qu'on ait une parade. Je ne prétends pas et je ne veux
pas surtout m'inscrire dans la démarche que nous propose le
président du Conseil du trésor à l'effet qu'on veut
retarder les projets de loi.
Si c'est vrai ce qu'il dit, pourquoi n'a-t-on pas convoqué
l'Assemblée avant le 24 novembre? On aurait pu. Je comprends que la
période référendaire a été fatigante, a
été difficile. On l'a fait aussi, la même chose qu'eux
autres, mais avec moins de coups probablement - on s'est fait
porter moins de coups. Donc, on est probablement sortis plus en forme.
On aurait pu faire ça 15 jours plus de bonne heure. On aurait pu
présenter ce projet de loi dans un temps normal, de la même
façon, à des dates acceptables, où on n'a pas besoin de
l'approbation de l'Opposition. On les connaît, les règlements de
l'Assemblée nationale. J'espère que les gens du gouvernement les
connaissent aussi. Si on avait suivi l'ordre des choses, l'ordre normal des
choses, au lieu de «se prendre le moine» pendant un mois, on serait
venus travailler. Ça, ça aurait été correct. Si on
continue comme ça là, on n'arrivera pas à Noël en
même temps que les autres.
Un deuxième élément, M. le Président, que je
veux soulever, et c'est sur ça que je dis que la loi aurait pu
être scindée... Vous savez, le ministre des Affaires municipales a
décidé que le transport en commun, on remettait tout ça en
cause. Il a décidé que les municipalités en paieraient
plus, donc qu'on leur donnerait moins de pouvoirs, on leur donnerait moins
d'argent. Parce qu'une des façons, il semblerait, dans la position de ce
gouvernement, c'est d'affamer les gens pour leur permettre de mieux produire.
C'est ce qu'on fait d'ailleurs avec tous les pauvres qu'il y a sur le terrain,
on les laisse crever. Ça ne leur donne pas plus d'imagination et
ça ne les fait pas plus travailler. Pour le transport en commun, on a
voulu faire ça, mais, là, on s'est aperçu que ça
criait pas mal fort sur le terrain. Et pourquoi a-t-on un problème?
C'est que, pour payer, parce que le gouvernement a dit: On ne peut pas laisser
les municipalités comme ça, il faut faire payer par l'ensemble
des citoyens, ou une partie des citoyens, il faut venir à la rescousse
des municipalités. Qu'est-ce qu'on a dit? On a dit: Les gens qui restent
dans la zone de recensement fédéral, eux, ils vont être
astreints à payer 30 $ lorsqu'ils vont renouveler leurs droits
d'immatriculation sur leur automobile... s'ils en ont une, M. le
Président!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): MM. les
députés, à droite, je vous demanderais... Le
député de Jonquière fait son discours, et ce n'est pas
très intéressant de faire un discours lorsqu'on est
dérangé. Alors, je vous demanderais votre collaboration. M. le
député de Jonquière, si vous voulez poursuivre.
M. Dufour: les députés qui veulent se dissiper, il
est un peu tard, mais, assis, c'est moins fatigant que de parler puis de
penser. ça fait qu'on pourrait... j'apprécie votre...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, si vous voulez poursuivre votre intervention.
M. Dufour: ...mise au point. Donc, M. le Président, je
disais que, par rapport aux droits d'immatriculation, on avait tracé une
certaine limite, et on l'a appliquée pendant une année, ce qui a
amené des gens à s'opposer ou à faire des
représentations. Le ministre - je ne sais pas si c'est par manque
d'expérience, j'espère que non; ça ne doit pas être
non plus un point de vue politique, j'espère que non - nous a dit:
Ça a été basé sur des études
sérieuses. Mais là où je trouve, où j'ai un doute
qui s'installe dans mon esprit, c'est qu'il y a seulement huit
municipalités dans tout le Québec qui trouvent grâce
à ses yeux, ou qui trouvent grâce devant son comité de
sélection. Ça, pour moi, ça me semble surprenant. Et de
ces huit comtés, comme par hasard, il n'y en a pas un qui touche un
député du Parti québécois. Donc, est-ce que les
gens... Et pourtant, on a des gens... Vous savez, notre clientèle, elle
est supposée être dans un comté moins fortuné que
bien de ces gens-là, parce que quand on parle avec eux, avec les gens
d'en face, eux autres, ils ont des comtés qui sont riches. Quand on fait
des collectes au point de vue parti, l'argent rentre à pleines poches.
Il faut presque barrer les poches à force que ça rentre! Nous
autres, on travaille avec les gens les plus démunis, les pauvres, donc,
des gens qui, par nature, ont besoin de transport en commun, et des gens aussi
qui, en étant démunis, ne jouissent pas de tous les avantages de
notre société. Donc, on se dit, à partir de là,
comment on a pu arriver à cette conclusion qu'il y a juste huit
municipalités au Québec qui trouvent grâce aux yeux du
ministre?
On a beau regarder d'un bord et de l'autre, on voit bien qu'il y a une
question de distance. Le président du Conseil du trésor nous a
fait une démonstration que, oui, ça pourrait être vrai.
Mais ceux qui n'ont pas fait de pression, parce qu'ils ont dit «on est
faits à l'os», ces gens-là n'ont pas protesté, bien,
ils vont en payer, eux autres. C'est quoi, la justice dans tout ça? Le
ministre, en faisant ça, est-ce qu'il se rend compte, effectivement,
qu'il vient d'ouvrir une canne, puis que ça va lui sauter dans la face
à quelque part? Il y a juste une raison, pour moi, pourquoi il fait
ça: il aime ça rencontrer du monde. Puis quand les gens ne
viennent pas par amour, il faut qu'ils viennent pour la génuflexion. Ils
viennent quémander, dire: Vous ne pourriez pas, M. le ministre... Vous
savez bien, ça serait une bonne chose d'obtenir notre petit guidi, nous
autres aussi. Lui, il ne paie pas de frais d'immatriculation; pourquoi, nous,
on en paierait? Bien là, il va dire: Oui, tu vas avoir la paix, tu vas
avoir l'absolution. Il va y avoir toutes sortes de choses qui vont se produire
dans tout ça. Vous savez bien que c'a n'a pas de bon sens.
Peut-être que le ministre actuel, lui, il a du temps à
donner à ça, des confessions, mais tous les ministres des
Affaires municipales, ils ne pourront pas faire ça à l'avenir.
Ça fait qu'ils vont dire: Qu'est-ce qu'on fait? On va tout remettre en
cause ce qui a été mis sur place? Ça
n'a pas de bon sens, ce qui a été fait là.
L'expérience nous dit, hors de tout doute... Vous pouvez me croire, vous
pouvez prendre ma parole que, quand on commence à faire un pas sur une
pente, on finit par prendre la roue de bicycle. Ça commence à
descendre assez vite. C'est ça qui va arriver. Donc, c'est le
deuxième point pourquoi je dis et j'affirme qu'on devait scinder la loi
en deux.
Le troisième point. Et ça, c'est le bouquet, je l'avais
gardé pour la fin parce que je trouve ça tellement, tellement
spécial. Et là je trouve que le président du Conseil du
trésor s'est surpassé à défendre cette position.
Est-ce que ça se peut qu'un homme de sa compétence, qui est
président du Conseil du trésor, qui travaille et que j'ai
écouté religieusement à plusieurs endroits, parce que
ça fait longtemps qu'il a une carrière politique, peut-être
plus en arrière qu'en avant, mais ça fait longtemps qu'il est
là... Je l'ai écouté. Je l'ai écouté
lorsqu'il était critique, à ce moment-là, du
ministère des Finances. Il fallait l'entendre. Il avait la critique
facile. Il avait la langue pointue, pour ne pas dire fourchue, mais il avait la
langue bien pendue! Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Juneau: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée de Johnson. S'il vous plaît! Je m'excuse.
Mme Juneau: Le député de Jonquière est en
train de faire son intervention, est-ce qu'on pourrait avoir un peu de silence,
s'il vous plaît?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée de johnson, je vais permettre à m. le
député de jonquière, qui est le porte-parole de
l'opposition officielle en matière municipale et vice-président
de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation, de
poursuivre son intervention.
M. Dufour: M. le Président, je disais que le
président du Conseil du trésor essaie de défendre une
position intenable et qui ne pourrait trouver grâce aux yeux d'aucun
administrateur municipal, et je suis d'autant plus convaincu de ce que je dis,
que même ses propres collègues ne seront jamais capables de vendre
ça à aucune municipalité. Il peut avoir eu un moment
d'égarement; c'est encore le temps de reprendre ses esprits et de
revenir à la réalité des choses.
Je vais répéter ce que j'ai fait ce soir, parce que je
comprends qu'il y a des gens... On n'a pas toujours les mêmes auditeurs,
puis ce ne sont pas toujours les mêmes qui vont être là, on
peut se répéter un peu, surtout quand c'est important. Parce que,
des fois, c'est en ridiculisant des choses qu'on les fait mieux comprendre. (23
h 40)
Vous savez, si on accepte aujourd'hui... Et ça ne s'est jamais
fait à venir jusqu'à maintenant... Le gouvernement exige que les
municipalités présentent leurs projets d'emprunts avant de
pouvoir aller sur le marché des obligations et avant de pouvoir
contracter leurs emprunts. Donc, lorsque c'est fait, c'est analysé par
le ministère des Affaires municipales, il donne le O.K. aux
municipalités qui, elles, peuvent aller sur le marché des
obligations et emprunter jusqu'à concurrence de 90 % à la banque.
Et puis ça, c'est la façon normale de faire les choses et
ça n'a jamais rien coûté. C'est obligatoire dans la loi. Le
ministre l'a dit: On veut simplifier les choses. Je vais lui en donner une
façon de simplifier. Il y a beaucoup de municipalités qui disent:
On ne devrait même plus avoir besoin de l'approbation du gouvernement, on
est capables de faire ça nous autres mêmes. Nos services
financiers sont suffisamment équipés. Ils sont suffisamment
connaissants pour pouvoir faire leurs emprunts et aller sur le marche sans
passer par les Affaires municipales. Et je vous dis, je suis de cet
avis-là. Je suis de cet avis-là et ça peut se faire.
Vous savez, il y a même des provinces où les
municipalités s'organisent ensemble, décident de leurs propres
emprunts. Ils peuvent les cautionner, et ils vont aller deux fois sur le
marché. C'est des économies très importantes pour les
municipalités. Nous autres, au lieu de simplifier, on rempire les
choses. Ça, c'est absurde, c'est le comble de l'absurde. Et vous savez,
si on accepte ça, ce qui va arriver? C'est que, aujourd'hui, les
municipalités vont être obligées de payer des coûts,
parce que le gouvernement est à la recherche de fonds, de ressources
financières.
Moi, je pensais qu'on avait atteint le fond du baril. On fouille dans
toutes les sociétés d'État. On fouille dans les poches des
citoyens. On est rendu partout. Je suis sûr qu'on est dans les chambres
à coucher. Il faut aller chercher de l'argent partout. Il y en a des
places qu'on a oubliées; on n'est pas allé dans les
vidéopokers. On oublie d'aller collecter nos taxes un peu partout, mais
quand ça vient au citoyen, lui, il est au bout de la ligne, lui, on ne
le manque pas, parce qu'on sait où il reste et on sait comment faire.
Les municipalités, comme c'est nos créatures, selon la loi, on
peut en faire ce qu'on veut, donc on peut s'en servir comme des tapis. C'est un
peu ça qu'on est en frais de faire. On dit: On va aller chercher de
l'argent. Vous savez, si on accepte ça, ce qui va arriver? C'est que,
d'ici à deux ou trois ans, il y aura un ministre qui aura
peut-être autant d'imagination que le ministre actuel. Il pourra
décider qu'à l'avenir, quand les gens vont
téléphoner... On m'indique que mon temps est... Il reste 19
minutes? Bon!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous pouvez comptez que
je vais vous indiquer ça, moi.
M. Dufour: Oui, oui. J'aimerais que vous m'indiquiez le
temps.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ça fait 19
minutes que vous avez commencé votre discours.
M. Dufour: Bon! Eh bien! Je vais peut-être prendre une
minute ou deux pour compléter.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous avez droit
jusqu'à 30 minutes.
M. Dufour: Ce que je voulais dire, c'est que quand on pousse
l'absurde, on le pousse jusqu'au bout. Ce qui va arriver dans deux, trois ans,
c'est qu'il y aura quelqu'un qui répondra, lorsqu'on appellera au
ministère des Affaires municipales, pour dire aux citoyens: À
quel service vous voulez parler? Probablement, on dira: Au service
d'évaluation des Affaires municipales. Un instant! On va vous
transférer. Et là, la personne qui va répondre va dire:
Quelle est votre question? Vous avez deux minutes mises à votre
disposition gratuitement. Et, à partir de la troisième minute,
nous considérons que c'est une consultation, donc vous devrez payer.
Mais peut-être qu'on aura des spéciaux de fin de semaine, comme
Bell Canada, on aura des coupures de prix un peu partout.
Ce qui fait que c'est ça qu'on est en frais d'imposer à
l'ensemble de nos citoyens. C'est ça, le ridicule de la question qu'on
est en frais de se poser. Est-ce qu'on va accepter ça? Moi, je vous dis
«non», carrément. C'est pour ça qu'en scindant le
projet de loi... Il y a deux projets de loi sur lesquels on est
complètement en désaccord. Il y a le premier projet de loi que
j'ai expliqué, et les seules modalités sur lesquelles on pourrait
s'entendre pour l'accepter, c'est de cette façon. Je pense que c'est non
pas pour faire perdre le temps de l'Assemblée nationale, mais, au
contraire, c'est pour mieux éclairer les citoyens. C'est pour que les
gens, ici, qui sont en face, comme l'ensemble de l'Assemblée nationale,
puissent prendre une décision éclairée. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jonquière.
Alors, sur cette même motion de scission, je reconnais M. le
Président de la commission de l'agriculture et député de
Nicolet. M. le député, la parole est à vous.
M. Maurice Richard M. Richard: Merci, M. le Président.
Dans la motion de scission, j'aimerais intervenir pour clarifier un des
éléments auxquels on fait allusion depuis quelques instants, les
fameux 30 $ d'immatriculation. Et on spécifie qu'il y a 8 exemptions
à l'article 17, dont une des municipalités qui est de mon
comté, la ville de Bécan-cour.
J'aimerais faire le portrait exact de ce qui se passe. C'est qu'on a
dit: Nous allons amasser des sommes d'argent qui seront
transférées à la commission de transport de ce qu'on
appelle le Trois-Rivières métropolitain, dans ma région.
En chargeant 30 $ par immatriculation dans la région, dans la zone
métropolitaine, on y a inclus, à ce moment-là,
Bécancour. Pour vous situer géographiquement, Bécancour
est sur la rive sud du fleuve. Le Trois-Rivières métropolitain
touche, entre autres, trois villes: Trois-Rivières-Ouest,
Trois-Rivières et Cap-de-la-Ma-deleine, une grosse agglomération
de population. La logique aurait voulu que la masse de la population de la rive
sud aille travailler sur la rive nord. Dans les faits, c'est tout à fait
le contraire. Ce sont les gens de la rive nord, à cause de l'apport du
parc industriel provincial de Bécancour, et on n'a qu'à
être tout près du pont Laviolette, qui est le lien entre la rive
nord et la rive sud, au centre du Québec, pour se rendre compte que
c'est les gens de la rive nord qui viennent travailler sur la rive sud
massivement le matin, qui s'en retournent chez eux en fin de journée.
Donc, dans les faits, la volonté de la charge des 30 $ était de
dire au citoyen: Parce que tu vas travailler dans le grand centre, dans la
métropole de la région, parce que tu vas travailler là,
ça te donne l'opportunité, toi, d'avoir plus de stationnement,
plus d'espace, donc tu paies 30 $ pour participer au transport en commun dans
cette région-là. Je pense qu'à sa base c'est louable.
Mais, dans des faits précis, dont celui de Bécancour que je
connais très bien, ça ne pouvait pas s'appliquer parce que c'est
tout à fait le contraire: c'est des gens de la zone
métropolitaine du grand centre qui viennent travailler sur la rive sud,
dans la petite municipalité, et non pas l'inverse. Lorsqu'on fait la
vérification physique sur le terrain... La ville de Bécancour a
même fait un recensement très précis pour vérifier
où sa clientèle, où ses citoyens travaillaient. Il a
été clairement démontré qu'il y a beaucoup moins
que le quart de sa population qui travaille dans le Trois-Rivières
métropolitain; par contre, c'est tout à fait l'inverse. Alors, il
n'était pas normal que la ville de Bécancour soit
identifiée comme faisant partie de la zone métropolitaine du
grand Trois-Rivières métropolitain, malgré le fait que la
statistique du recensement fédéral le démontrait
clairement.
Alors, devant ces faits, on avait demandé à M. le ministre
des Affaires municipales qu'il y ait exemption pour la ville de
Bécancour de payer ces 30 $ à la corporation de transport en
commun du Trois-Rivières métropolitain. Main-
tenant, le lien qu'il y a avec le monde municipal, parce que c'est une
des raisons de la motion de scission, c'est évident que la corporation
de transport relève du monde municipal, relève de l'ensemble de
ces municipalités et, s'il y a déficit, ce sont ces
municipalités qui paient le déficit en question, et ce sont les
municipalités qui contrôlent le transport en commun très
directement. Dans le cas de notre région, c'est d'ailleurs le maire de
Cap-de-la-Madeleine qui a la charge de la corporation de transport pour
l'ensemble de la grande région, et je pense en toute bonne foi, à
la lumière de ces faits-là, je pense qu'en toute
équité Bécancour ne pouvait pas faire partie des gens
à qui on devait imposer les 30 $. C'est pourquoi elle est dans les 8
municipalités exemptées, et non pas du fait que je suis membre du
Parti libéral.
C'est l'intervention que je faisais comme député de
Nicolet-Yamaska. Je pense que les 7 autres municipalités, que je ne
connais pas en profondeur, ont sûrement des arguments du même type
que ceux que nous utilisons pour Bécancour pour des fins d'exemption.
Alors, M. le Président, je pense que l'article 17 du projet de loi 55 a
sûrement un intérêt particulier pour ces gens-là. Ce
ne serait pas équitable que ces gens-là, dans l'avenir, aient
à continuer de payer ces fameux 30 $, parce que ce n'est pas du tout
dans la base et dans la vision du gouvernement de charger ces 30 $, du moins en
ce qui concerne la ville que je connais, dans mon comté à moi.
Les 7 autres, c'est sûrement des cas individuels du même type,
mais, en ce qui concerne 1 des 8 cas, je peux dire, connaissant les faits, que
c'est tout à fait à l'encontre de la philosophie de base de
charger ces 30 $ pour des fins d'aide au transport en commun. C'était
l'intervention que je voulais faire, M. le Président. Je vous remercie
de votre attention.
Une voix: Très bien.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député de Nicolet-Yamaska, de votre intervention. Nous sommes
toujours sur cette motion de scission, et je cède la parole à M.
le député de Masson. M. le député, la parole est
à vous.
M. Yves Biais
M. Biais: Merci beaucoup. M. le Président, il est des fois
où des députés prennent la parole dans cette Chambre par
devoir. C'est ce qui arrive, ce soir, à l'Opposition. C'est un devoir,
pour nous, de parler sur cette loi. Si nous voulions, nous aurions simplement
à arrêter parce que, pour la passer, cette loi, vous avez besoin
de notre consentement. Donc, ce n'est pas pour faire perdre le temps de la
Chambre qu'on parle, parce que, cette loi, si on ne veut pas qu'elle passe,
elle ne passera pas. Mais il y a ceci, M. le Président. Il est des
gouvernements, je crois, qui sont devenus des législateurs masochistes.
Ils viennent tout juste de sortir de l'entente de Charlottetown, ils viennent
tout juste de sortir d'un texte incompréhensible, ombrageux, difficile
à comprendre. Ils viennent tout juste d'en sortir, et les gens ont dit
non à ce texte marécageux et ombrageux. Ils nous arrivent
aujourd'hui avec une loi aussi ombrageuse et aussi difficile à
comprendre. C'est pour ça que nous demandons la scission. (23 h 50)
II y a une analogie très forte, M. le Président, entre
Charlottetown et cette loi. Dans Charlottetown, on disait: Les provinces ont un
pouvoir exclusif dans différents domaines - la culture, les affaires
municipales, etc. Mais on disait tout de suite après: Le gouvernement
fédéral, cependant, s'il n'y a pas d'entente, pourra continuer
à intervenir dans le domaine des affaires provinciales. Et là, M.
le ministre des Affaires municipales fait exactement la même chose. Les
municipalités sont souveraines dans leur domaine de taxation et elles
sont censées avoir le pouvoir de taxer elles-mêmes sur leur
territoire. Le ministre arrive et leur impose. Il dit: Les municipalités
sont souveraines. Cependant, si elles ne taxent pas de la façon dont je
désire, je fais une législation pour les faire taxer de la
façon que je veux.
Ce n'est pas ainsi que les choses doivent se passer. C'est la
répétition de Charlottetown, M. le ministre des Affaires
municipales. Et c'est la même chose pour les Indiens. C'est la même
chose pour les Indiens. Sont-ils ou ne sont-ils pas autonomes? Est-ce que la
police provinciale a le droit d'aller sur le territoire des Mohawks ou n'a pas
le droit d'aller sur le territoire des Mohawks? S'ils sont autonomes, ça
ne se discute pas. S'ils ne sont pas autonomes, ça se discute. Eh bien,
qu'est-ce qu'on voit, ici, M. le Président? Eh, que notre leader a eu
une idée mirobolante de demander la scission de cette loi en trois!
J'étais, ce soir... Il y a des soirs où nous sommes de
garde. Ce soir, je n'étais pas de garde. J'étais à mon
bureau, en train de travailler sur des dossiers, et le leader m'appelle. Il
dit: M. le député de Masson, votre présence en Chambre est
requise. Je lui demande pourquoi. Il dit: Nous avons une législation
marécageuse. Et, de ce pas, je suis descendu. Et là, je demande
la scission. Pourquoi? Par devoir. Pas par goût, par devoir. Eh bien,
notre devoir, nous l'accomplissons. Il y a trois... Et ce qui est très
drôle, c'est que c'est le ministre des Affaires municipales qui se fait
dire par l'unicité présidentielle trinitaire que cette
loi-là doit être scindée. C'est tout de même
extraordinaire! C'est tout de même extraordinaire! Et scindée en
trois, en plus, en trois. Il y a trois lois là-dedans, M. le
Président.
Comme je vous dis, si on voulait, on ne parlerait pas du tout de cette
loi. On a juste à
ne pas donner notre consentement, et elle ne passe pas. Mais il faut
qu'on l'explique aux gens. Comment se fait-il que la ville de Le Gardeur, chez
nous, qui n'a même pas de moyen de locomotion direct, paie une surtaxe
sur l'immatriculation? Pourquoi? C'est une imposition directe du ministre.
C'est une taxe déguisée. Et ça devrait faire, juste cette
partie-là... La partie qui regarde le transport, d'abord, devait
être présentée par le ministre des Transports, ou un des
deux ministres des Transports, ou un troisième. Ils ont besoin d'un
troisième ministre des Transports. Ils en ont déjà deux.
Et là, le ministre des Affaires municipales, il a déjà
trois, quatre... Il est surchargé, cet homme.
Je dis souvent, et ce, sans parti pris, je ne partage pas les
mêmes idées que lui du côté politique, mais c'est un
homme a qui on donne tous les dossiers difficiles, et il s'en sort le mieux
possible. Il s'en sort bien la plupart du temps. Mais là, remplacer en
plus le ministre des Transports par-dessus les charges qu'il a, je trouve qu'on
abuse de lui. Et il ne refuse pas. Il dit toujours: Fais ce que dois.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Biais: Toujours. Toujours. Il ne refuse pas. C'est un homme
qui ne refuse pas. Il a le goût du travail. Il a le goût de la
maîtrise. Il a le goût, aussi, du grand directorat. Il veut
conserver le plus possible les gens autour de lui à venir lui demander
des petits privilèges et des petites exceptions. Mais il a le sens du
devoir. Il la toujours eu, d'ailleurs. Il y a même travaillé.
Mais je trouve que le premier ministre surcharge cet homme. Il le
surcharge. Là, il lui fait remplacer le ministre des Transports dans une
voie et, dans l'autre voie, il lui fait remplacer le ministre
délégué aux Finances; deux charges par-dessus toutes
celles qu'il a. Eh bien, c'est pour vous, M. le ministre des Affaires
municipales, que nous plaidons ce soir, parce que votre premier ministre vous
en donne trop. Vous êtes capable d'en faire beaucoup, mais là, je
crois qu'il vous en donne trop. Il vous surcharge. L'Opposition, parfois, a le
droit de défendre les gens du pouvoir. C'est ce que nous faisons ce soir
par souci de conscience et pour éclairer la population.
Bien, M. le Président, de la même façon que le texte
de Charlottetown, à cause de son imbroglio, de son exclusivité de
pouvoirs, tout en restant la main à l'intérieur, on a dit non
à cette loi que vous nous présentez ce soir. Si elle n'est pas
scindée, je m'excuse, M. le Président, nous allons encore dire
non. Et je vous remercie bien.
I
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Masson. Sur cette même motion de 1 scission, je
reconnais M. l'adjoint parlementaire au ministre des Affaires municipales et
député de
Rimouski. M. le député, la parole est à vous. M.
Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, vous me
permettrez d'ajouter ma voix à la formation parlementaire et à la
formation ministérielle au sujet de la motion de scission. Cette motion
de scission, à mon sens, est une motion de diversion. On veut faire
perdre du temps à l'Assemblée nationale. C'est vraiment
drôle de le constater aujourd'hui même où une
pétition a été présentée par l'Opposition,
par un groupe de jeunes de Montréal qui sont venus ici à
l'Assemblée nationale, des gens de 6e année, des jeunes
étudiants de 6e année qui reprochaient aux parlementaires de
perdre leur temps. Ils disaient: On s'amuse là-dedans, on perd son
temps. Et aujourd'hui, le meilleur exemple que nous pouvons avoir, c'est la
motion de scission présentée par l'Opposition pour scinder en
trois le projet de loi que nous avons devant nous présentement. C'est
d'un ridicule consommé.
M. le Président, j'écoutais tout à l'heure le
critique officiel de l'Opposition, le député de Jonquière,
qui nous a parlé de moine, je ne sais pas trop. Il n'a même pas
mentionné de quelle abbaye il était, ce moine. Je pense qu'il est
complètement dans la brume. Et, bien plus que ça, le
député de Jonquière nous disait que nous aurions pu en
faire trois projets de loi au lieu d'en faire un. C'est comme si, moi, pour
aller à Montréal, je devais passer par Gaspé. À mon
sens, ça ne peut pas se tenir debout, cette proposition de faire trois
projets de loi avec un seul et unique projet de loi dans lequel nous incluons
des dispositions pour corriger la loi 125 dans son application, parce que nous
avons constaté qu'il y avait des améliorations à faire
à ce projet de loi. Je pense que le présent projet de loi ne
mérite pas d'être scindé en trois comme le réclame
l'Opposition. Bien au contraire, il mérite d'être adopté
dans sa forme actuelle, puisqu'il met de l'ordre dans les inconvénients
que nous avons trouvés, suite à l'application de la loi 125.
Bien plus, je pense que le projet de loi vient rendre justice à
une série de municipalités qui étaient mentionnées
dans la loi 125 et qui, pour toutes sortes de raisons, nous ont fait des
représentations nous disant qu'elles n'avaient pas à payer les 30
$, compte tenu que le transport en commun, pour elles, véritablement, ce
n'était pas applicable. Donc, à mon sens, le projet de loi tel
qu'il est présenté a sa raison d'être. Il est une suite
logique du projet de loi 125. Il vient préciser certaines lacunes que
nous y trouvons. Et, à mon sens, prétendre ce soir que nous
devons scinder en trois ce projet de loi, c'est un manque de
responsabilité de la part de l'Opposition. Et, M. le Président,
soyez assuré que je vais voter contre la motion de scission. Je vous
remercie.
Des voix: Ah!
Des voix: Pour! Pour! Pour! (minuit)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous remercie de
votre intervention, M. le député de Rimouski, et je suis
prêt à reconnaître le prochain intervenant, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui, merci, M. le Président. J'ai
écouté avec intérêt le dernier intervenant du
côté ministériel. En fait, ce qu'il disait, c'est que
c'était inconcevable de pouvoir scinder un projet de loi, puisque les
trois sujets du projet de loi dont il est question dans la loi 55,
étaient reliés au domaine municipal et que ça allait de
soi qu'on retrouve tout ça dans ce même projet de loi 55. Mais, M.
le Président, ce qu'il est important de faire ressortir c'est qu'on
parle de taxation, de différentes formes de taxation et c'est plus
particulièrement sur les transports. Et, à l'intérieur
même du projet de loi, à cette section, on parle de la Loi sur les
transports. Alors, si on inscrit une loi qui est la Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale et d'autres dispositions législatives,
pourquoi, alors, mettre: Loi sur les transports à l'intérieur
même du projet de loi 55? C'est pourquoi on dit: Écoutez, soyons
clairs et précis. D'ailleurs, c'était une des
préoccupations de ce gouvernement en 1985 - mais il y a
déjà de ça sept ans - et je pense que, depuis sept ans,
ils se sont égarés des promesses électorales de cette
époque. Ils ont oublié constamment. Probablement qu'ils sont
imbus du pouvoir et qu'à un moment donné le pouvoir nous fait
perdre certaines réalités et, après sept ans, on commence
à, effectivement, croire que, bon, effectivement, il n'y a plus de
problème, nous sommes au gouvernement pour longtemps et on est
indélogeables, on peut se permettre n'importe quoi et aller dans tous
les sens, dans toutes les directions.
Nous, de ce côté-ci de la Chambre, nous savons très
bien que nous avons un rôle à jouer pour faire en sorte que les
jeunes, les contribuables et tous les gens... Parce qu'on dit que tout le monde
doit bien connaître la loi et doit être capable
d'interpréter convenablement une loi. Alors, si on veut donner la chance
au coureur, bien sûr, il est important de faire des lois qui sont
très claires, dans lesquelles on se retrouve facilement et, en fait, on
ne fait pas un melting-pot, comme on le dit, avec un certain jargon.
Mais, M. le Président, alors, c'est pourquoi nous disons qu'il
est important de scinder cette loi en trois volets, d'autant plus qu'on essaie
de faire passer certaines choses qui ne sont pas aussi faciles à passer,
notamment cette taxe de 30 $ qu'on impose à des villes et, finalement,
on veut exclure certaines autres villes, soi-disant qu'elles n'utilisent pas
suffisamment le transport en commun. Ce sont des villes qui sont en
périphérie du centre-ville de Québec.
Bien sûr que je suis favorable au transport en commun, qu'il faut
favoriser le transport en commun et qu'il faut avoir des incitatifs pour
permettre aux citoyens, de plus en plus, d'utiliser les transports en commun.
Parce que ça a une incidence aussi sur l'assiette fiscale de nos
municipalités, au niveau du transport, puisque plus le monde en prend,
utilise le transport en commun, bien sûr, les taux risquent de diminuer
au niveau du prix unitaire, M. le Président. Alors, c'est bien sûr
qu'il faut avoir des incitatifs, mais, en fait, pourquoi alors choisir
certaines villes plutôt que d'autres et que celles-ci doivent être
dispensées plutôt que d'autres? C'est assez aléatoire, en
fait, et c'est pourquoi nous avons demandé que ce soit scindé
pour qu'on puisse regarder ça vraiment dans son contexte, dans le
contexte du domaine des transports en commun, et qu'on lui apporte tout
l'intérêt qui est relié au transport. Parce que,
évidemment, nous, de ce côté-ci, nous sommes
habitués de regarder, en fait, les projets de loi dans une vision
globale, avec leur impact dans chaque secteur d'activité de notre
société, en analysant vraiment les conséquences et aussi
en regardant vraiment les économies que ça peut vraiment apporter
pour le fonds consolidé au niveau de la province. Et est-ce qu'il y a
vraiment motif et intérêt à aller fonctionner dans ce sens,
M. le Président?
Alors, nous disons qu'à l'heure actuelle, effectivement, c'est
important, en fait, que nous ayons ici proposé de scinder ce projet de
loi pour favoriser une meilleure compréhension, en fait, de
l'orientation du gouvernement à ce stade-ci, au niveau de la
fiscalité municipale. Et aussi, il y a un nouvel irritant dans ce projet
de loi, et je pense qu'il faut qu'il ressorte, cet irritant, et, en fait, c'est
la nouvelle conception qu'on se fait de la fiscalité, en fin de compte.
Et, ma foi, j'aurais préféré que ce soit analysé
par l'adjoint au ministre des Finances, le ministre
délégué aux Finances ou par le ministre du Revenu, que
ça fasse vraiment partie du domaine de la fiscalité, puisque
c'est une forme de taxe indirecte qu'on veut maintenant prélever au
niveau des municipalités au moment des règlements d'emprunt. Et,
comme vous le savez, les municipalités, à chaque fois qu'elles
ont un règlement d'emprunt, doivent justement consulter le
ministère des Affaires municipales; et à chaque fois qu'elles
auront à consulter le ministère, elles devront maintenant
défrayer les coûts de la consultation. Encore là, on ne
sait même pas de quelle façon tout ça sera
administré. On nous dit: Écoutez, on verra. On ne sait même
pas la portée de cette nouvelle loi. On ne sait même pas, en fin
de compte, combien d'argent. On n'a même pas fait de planification,
à savoir combien ça va rapporter au fonds consolidé de la
provin-
ce.
Alors, ça va comme je te pousse! Puis, finalement, on n'a pas
plus de précision. On ne sait même plus, en fait, si
c'était vraiment utile de s'en aller dans ce sens-là. Est-ce que
le gouvernement est dépourvu à ce point? Est-ce que les caisses
sont dépourvues à ce point qu'il faut maintenant trouver toutes
les facettes possibles, dans tous les domaines possibles d'activité,
à l'heure actuelle, pour qu'on puisse trouver des moyens d'aller taxer
les contribuables?
Je pense qu'effectivement il est souhaitable, à ce moment-ci,
qu'on regarde, point par point, ce projet de loi en trois lois très
différentes parce qu'il y a trois aspects très différents.
Il y a un aspect qui touche le transport, il y a un aspect qui touche,
évidemment, la fiscalité, et il y a aussi l'aspect qui concerne
maintenant la perception des immeubles non locatifs. Encore là, à
ce niveau-là, on va faire trois classes, trois villes, trois
systèmes, dans le fond. Il y aura des villes qui pourront revenir, en
fait, à la taxe qu'elles percevaient antérieurement ou elles
pourront, maintenant, sur les immeubles qui ne sont pas loués, taxer
finalement le propriétaire, même si les immeubles ne sont pas
loués, ou bien trouver un nouveau système, ou appliquer les deux
systèmes, selon le cas, selon ce que la ville en aura
décidé.
Mais, à ce moment-ci, on se dit: Bien, ce serait
intéressant aussi d'en avoir, de vraiment en dégager et dire:
Bon, bien, consultons les municipalités là-dessus et ayons leur
point de vue en ce qui concerne... Réellement, ne serait-il pas
souhaitable d'avoir une règle vraiment uniforme, qui permette
d'appliquer, en fait, le même système à toutes les
municipalités ou à tous les propriétaires d'immeubles
parce que, justement, ça va de soi qu'une règle s'applique, et
que les gens ne soient pas pénalisés parce qu'ils demeurent dans
une ville ou dans une autre.
Quand on connaît, actuellement, le climat économique, je
pense que ce qu'il est important de faire, c'est de soulager et non pas, de
plus en plus, étrangler les contribuables. Nous sommes très
favorables à toute mesure qui permet, justement, de relancer
l'économie, mais non pas par le biais de la taxe indirecte. Relancer
l'économie par la taxe indirecte, je ne crois pas que ce soit un moyen,
en tout cas, qui est des plus significatifs au niveau du contribuable. Il est
déjà épuisé, ce pauvre contribuable, et le peu de
commerces... Quand on regarde le taux d'occupation au niveau de certains locaux
publics dans différentes villes ou municipalités, c'est
incroyable de voir le taux d'inoccupation élevé, au moment
où on se parle. Donc, évidemment...
Et si on veut trouver des moyens de relancer l'économie, à
mon avis, c'est d'alléger cette façon de procéder, cette
façon de faire. Il faut vraiment favoriser l'activité
économique en adoucissant, en fin de compte, toutes ces taxations
indirectes que nous connaissons beaucoup. Alors, en fait, ce dont on
s'aperçoit, c'est que le gouvernement essaie de dire aux contribuables:
Ecoutez, on n'augmentera pas vos impôts, mais, par contre, on va prendre
tous les moyens qui sont mis à notre disposition pour aller vous taxer
d'une façon indirecte. Ça, je pense que c'est inacceptable
à l'heure actuelle. Je pense qu'on aurait d'autres priorités
à mettre, si on veut vraiment favoriser... que notre économie
soit un peu plus intéressante qu'elle ne l'est à l'heure
actuelle, et aussi, qu'il soit encourageant pour les contribuables, pour leur
permettre, justement, de créer une activité économique
intéressante au niveau de nos villes.
Alors, je considère, effectivement, que le choix qu'on a fait, de
demander de scinder ce projet-là en trois parties, est tout à
fait souhaitable. J'ose espérer que, de l'autre côté, les
gens s'en rendront bien compte, que ceci se fait non pas pour, mon doux, dans
un esprit tatillonneux, mais bien plus pour éclairer, favoriser une
meilleure compréhension des différentes sections de ce projet de
loi là pour que ce soit très clair. Comme ils l'avaient
prôné durant les premières périodes de leur mandat,
il fallait qu'ils légifèrent moins mais mieux et que, pour eux,
c'était inacceptable, des bills omnibus. Donc, je pense qu'il faut qu'on
mette un terme à cette façon d'agir. Merci. (Oh 10)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. Je vous rappelle qu'il reste à
la formation de l'Opposition officielle sept minutes sur l'enveloppe de deux
heures prévue pour le débat restreint et trente minutes au groupe
parlementaire des ministériels. M. le député de
Deux-Montagnes, je vous cède la parole.
M. Jean-Guy Bergeron
M. Bergeron: Merci, M. le Président. J'ai adressé
la parole il y a quelques heures ici, dans cette Chambre, et je faisais
l'énumération de ce que la loi 125 comprenait, que nous avons
passée au mois de juin 1991. Je pense que l'Opposition s'amollit parce
que, si elle veut être logique, je pense qu'elle n'aurait pas dû
passer une motion de scission pour trois lois, parce que la loi 125 contient
beaucoup plus que trois lois...
Une voix:...
M. Bergeron: Hein? 145. Je m'excuse. Merci beaucoup, M. le
député-
Une voix: 55.
M. Bergeron: Non, non, non. Excusez, c'est moi qui parle. C'est
de 145 que je parle dans le moment. Hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bergeron: Alors, voici. La loi que l'on a passée
l'année dernière, je pense que ce n'est pas la loi 55. 125.
Une voix: 45.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bergeron: Je dois dire, M. le Président, il y en a qui
font tout pour me mélanger dans le moment et qui ont du plaisir avec
ça. En fait, ce que je veux dire, c'est que la loi que nous avons
passée l'année dernière comprenait plusieurs items, et je
les énumérais ce soir. On a parlé, par exemple, d'imposer
une surtaxe sur les immeubles non résidentiels. Pourquoi l'Opposition,
ce soir, n'a-t-elle pas demandé qu'on fasse une scission avec ce
point-là? On a parlé tout à l'heure du transport en
commun. Pourquoi ne pas avoir demandé une scission là-dessus? On
a parlé aussi des droits sur les mutations immobilières. Pourquoi
ne pas avoir demandé une scission là-dessus? Un coup partis, on
est aussi bien d'en demander sur chacun des items qui ont été
passés dans la loi que nous avons adoptée l'année
dernière.
Une voix: On n'y a pas pensé.
M. Bergeron: Vous n'y avez pas pensé, ce qui est assez
rare.
On a passé aussi le fait d'assurer la protection policière
du territoire. Pourquoi ne pas avoir encore demandé une scission
là-dessus? Pourquoi ne l'avez-vous pas divisée, le nombre de fois
que vous auriez pu le faire? En fait, M. le Président, je pense que le
rôle de l'Opposition, c'est de retarder l'adoption de cette
loi-là. Et on l'a vu, on l'a vécu hier alors qu'on a voulu passer
le projet de loi sur la SAAQ, pour 275 000 000 $. Il y a un article, il y a 21
mots dans le projet de loi, et ça fait neuf heures qu'on en discute.
Alors, si c'est ça que vous appelez légiférer, bien, moi,
je n'ai pas la même opinion que vous pouvez avoir.
On a parlé tout à l'heure des 30 $ d'immatriculation. Il
me semble que c'est bien clair, et on l'a bien expliqué, c'est que, s'il
y a des déplacements de moins de 25 % dans une municipalité,
suite à des demandes et à des représentations qui ont
été faites auprès du ministre responsable, elles ont
été retranchées... Et je vois mon bon ami de Masson, que
j'écoutais tout à l'heure dans mon bureau, qui disait, avec la
verve qu'on lui connaît, qu'il ne comprenait pas pourquoi Le Gardeur
n'avait pas été retirée. C'est que, s'il y a moins de 25
déplacements... s'il y a plus de 25 % de déplacements qui se
font, des citoyens de Le Gardeur qui s'en vont travailler à
Montréal, c'est la raison pour laquelle vous n'en êtes pas
exemptés. Je pense que c'est assez simple et que ce n'est pas
compliqué de comprendre ça. Chez moi, deux municipalités,
le village de Saint-Placide et la paroisse de Saint-Placide, ce sont des
cultivateurs qui ne voyagent pas vers Montréal. Il y a moins de 25 % de
la population qui se dirige vers Montréal ou vers Laval, etc. C'est la
raison pour laquelle ils ont été exemptés.
M. le Président, vous pouvez être assuré que je
n'approuve pas la motion de scission qui a été proposée,
et je voterai contre. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. Alors, je vais maintenant
reconnaître Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière. Il reste à votre formation, Mme la
députée, non pas sept, mais cinq minutes. Allez-y.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Alors, je vous remercie, M. le
Président. Avant de signifier mon appui, si on veut, à la motion
de scission présentée par mon collègue de Joliette, je
voudrais juste rappeler au député de Deux-Montagnes que la loi
145, on a fait tout ce qu'on pouvait faire, tout ce qui était en notre
possibilité, comme Opposition officielle, pour la faire amender, pour la
faire corriger, mais j'aimerais juste lui rappeler qu'on a eu une motion de
clôture, qu'on s'est fait passer un bâillon sur cette loi-là
et que, justement, certains amendements qui nous sont apportés ici par
le projet de loi 55 avaient déjà été
soulignés lors de la commission parlementaire à laquelle j'ai
moi-même assisté. Certaines choses concernant l'évaluation,
la partie qui touche la loi fiscale sur l'évaluation foncière et
sur la signification, si on veut, des édifices vacants. Il y a des
éléments qui avaient été apportés, à
ce moment-là, par mon collègue de Jonquière qui disait que
c'était inadministrable, qu'il y aurait vraiment des problèmes
d'administration, et c'est, à toutes fins pratiques, la première
partie du projet de loi qu'on a devant nous qui vient corriger certains
éléments qui avaient été soulevés à
l'attention du ministre, à ce moment-là.
Alors, moi, je voudrais simplement mentionner que oui, j'appuie la
motion de scission parce que, effectivement, ce projet de loi là qu'on a
devant nous fait référence à trois lois
différentes. C'est un projet de loi, à toutes fins pratiques,
fourre-tout encore une fois, qui vient justement corriger trois lois et qui
nous a été présenté, on s'en rappellera, en dehors
des délais normaux, parce que, normalement, ici, les règles
prévoient que les projets de loi doivent être
déposés avant le 15 novembre, pour ce qui est de la session
d'hiver, et avant le 15 mai, pour ce qui est de la session de printemps. Or, ce
projet
de loi là a été déposé en cette
Chambre le 24 novembre dernier.
Comme je vous le disais, M. le Président, la première
partie du projet de loi ne fait pas vraiment problème pour l'Opposition,
puisque des suggestions en ce sens-là avaient déjà
été apportées en commission parlementaire par mon
collègue de Jonquière. Il avait prévu un peu qu'il
faudrait réamender et recorriger cette loi-là. Là
où on a un petit peu plus de probèmes, c'est quand le ministre
nous apporte des corrections à la Loi sur le ministère des
Affaires municipales, quand il nous dit, à l'article 16 du projet de
loi, que le gouvernement pourra... en fait, peut, par règlement, rendre
obligatoire le versement d'une somme d'argent au ministre des Finances à
titre de frais d'examen et traitement, par le ministre des Affaires
municipales, pour tout emprunt autre que temporaire qu'effectue une
municipalité locale, etc., etc. Ce règlement qu'on n'a pas,
effectivement, devant nous, là, fixe les modalités permettant
d'établir le montant des frais, le délai au cours duquel doit
être fait le versement de la somme et les taux d'intérêt
payables sur le versement exigible.
Pour nous, de l'Opposition officielle, c'est une façon
détournée d'aller chercher de l'argent supplémentaire.
C'est une façon... C'est très clair. On va chercher de l'argent
dans les municipalités et, par conséquent, vous savez tous aussi
bien que moi que les budgets municipaux, ce sont les contribuables qui
fournissent. Encore une fois, on va chercher de l'argent chez les contribuables
dans une période de récession où les gens, au
Québec, ont vraiment beaucoup de problèmes à boucler leur
fin de mois. Cette partie-là du projet de loi, pour nous, est
complètement inacceptable.
Pour ce qui est... Vous me signalez qu'il me reste une minute, M. le
Président. Pour ce qui est du fameux fonds de contribution des
automobilistes au transport en commun, c'est un aspect qui faisait vraiment
problème lors de la loi 145. Moi, j'ai des gens chez nous qui n'ont
jamais accepté cette mesure inéquitable parce qu'ils ne profitent
pas du tout du transport en commun. Je sais que M. le ministre aussi,
d'ailleurs, il a fait la correction pour Mirabel, et nous avons remarqué
qu'il y avait huit municipalités qui seraient exemptées. Il
vient, à toutes fins pratiques, corriger cet aspect-là.
Là où il y a problème, c'est qu'on vient encore une
fois changer des critères. À l'époque, on nous expliquait
que c'était basé exactement sur les régions
métropolitaines de recensement. On nous avait tout expliqué
ça, que c'est ces gens-là, toutes ces
municipalités-là qui étaient concernées, qui
devaient fournir une contribution de 30 $ pour le transport en commun. Eh bien,
là, disons qu'on a changé les critères. On dit: II y a des
municipalités qu'il va falloir revérifier parce qu'on va se baser
sur la fréquence de déplacement des populations.
Et là, M. le Président, on n'a rien en main. On n'a aucune
vérification. On n'a pas d'étude. Le leader adjoint du
gouvernement a beau nous expliquer ça en long, en large et sur le
travers. J'aimerais connaître les chiffres pour mes populations qui sont
touchées, et on ne les connaît pas.
Alors, dans ce sens-là, je pense...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demande de
conclure, madame.
Mme Carrier-Perreault: ...que ça serait une fameuse de
bonne idée de scinder le projet de loi pour qu'on en arrive à
s'entendre sur les parties essentielles et qu'on discute des parties qu'on ne
comprend pas. Je vous remercie, M. le Président. (0 h 20)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée. Alors, je vais maintenant reconnaître M. le
ministre des Affaires municipales. Il reste à votre formation, M. le
ministre, une période de 25 minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: C'est trop. Je pense que c'est trop, M. le
Président, pour la clarté de la cause que nous avons à
défendre. D'abord, je vais rappeler un principe
élémentaire de fonctionnement dans cette Chambre: nous sommes
liés par un règlement que la présidence a mandat
d'interpréter, qu'elle a interprété de manière
responsable et probablement juste. Mais par-delà l'interprétation
qui est donnée par la présidence dans ce cas-ci, il reste la
volonté souveraine de l'Assemblée nationale et, dans les cas
où une motion de scission est présentée, le
règlement a sagement prévu que la présidence se prononce
sur la recevabilité et que l'Assemblée nationale se prononce sur
le fond. Je pense que c'est très juste.
Le privilège qui est donné à la présidence
lui permet d'assister l'Opposition lorsque celle-ci a exprimé une
inquiétude quant à la possibilité qu'on ait
mêlé plusieurs principes dans un projet de loi de manière
dangereuse, mais le règlement ne dit nulle part qu'il ne doit y avoir
qu'un principe dans un projet de loi, ça serait extrêmement
dangereux. Et s'il disait explicitement qu'il ne doit y avoir qu'un principe,
j'exprimerais ma dissidence profonde parce que je trouve que ce serait ligoter
l'Assemblée nationale d'une manière absolument
antidémocratique. Mais il peut arriver qu'on veuille confondre des
principes, et c'est pour ça que le principe de la motion de scission est
inscrit dans notre règlement.
Une fois que la présidence s'est prononcée sur la
recevabilité, il nous appartient à nous, les parlementaires, de
nous prononcer sur le fond. Et dans le cas qui nous occupe ce soir, nous
rééditons exactement le scénario qui s'est produit
il y a un an et demi quand nous avons adopté la loi 145. L'Opposition a
pris tous les moyens qui lui étaient ouverts par le règlement
pour empêcher la discussion raisonnable et ordonnée du projet de
loi. Elle a déposé une motion de scission, laquelle fut
jugée recevable, mais, ensuite, la motion de scission revint devant
l'Assemblée nationale et fut défaite par la majorité.
Alors, l'Opposition voudrait ce soir, dans un projet de même
nature mais beaucoup moins complexe dans ses implications que la loi 145, que
la majorité gouvernementale en cette Chambre se dédise, aille
dire que ce qu'elle a fait il y a un an et demi, en toute lucidité, en
tout réalisme, n'avait pas de bons sens, qu'il faudrait revenir à
la position qui fut défaite en cette Chambre. Attendez d'être au
pouvoir, puis vous exercerez vos prérogatives et vous verrez que
certains principes que vous affirmez à la légère ne
s'appliquent pas de cette manière dans une Assemblée
démocratique et dans un gouvernement qui veut fonctionner
efficacement.
Alors, là-dessus, je pense avoir résumé les
principes de fond qui doivent guider notre conduite. Nous respectons le
règlement, nous respectons l'usage qu'en fait l'Opposition, nous
respectons l'interprétation qu'en donne la présidence mais nous
respectons, d'abord et avant tout, le pouvoir souverain dont est investie
l'Assemblée nationale de prendre ses décisions de la
manière qui lui apparaît la plus conforme à la
réalité et aux objectifs que nous devons poursuivre quand nous
sommes saisis de projets de loi.
Je voudrais maintenant aborder la question relative au principe du
projet de loi. L'on tourne de toutes sortes de manières pour essayer de
faire croire qu'il y aurait plusieurs principes qui seraient, sinon
carrément opposés les uns aux autres, au moins absolument
inconciliables dans un même projet de loi. Vous savez qu'il y a bien des
projets de loi où c'est très difficile d'identifier clairement le
principe qui les sous-tend. Il y a beaucoup de projets de loi qui sont des
projets de loi à caractère hautement pratique. Si on voulait
identifier un seul principe, ça prend un exercice de gymnastique
intellectuelle qui ne serait reconnu nulle part ailleurs que dans cette
enceinte. C'est impossible dans bien des cas, et je vous défie de
prouver le contraire.
Dans ce cas-ci, je vais vous en proposer, un principe de fond. Vous en
voulez à tout prix, on peut en bâtir un. On en a bâti, quand
on a abordé - je vois le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui est là - la réforme de la
santé et des services sociaux. Il sait très bien qu'il y avait au
moins 20, 25 principes dans ce projet de loi, il n'y en avait pas seulement un.
On aurait pu le scinder à bien des égards. Il fallait voir
l'unité de l'action que l'Assemblée veut confier au gouvernement.
Ça, c'est très important.
Alors, le principe de fond, selon moi, se situe dans le prolongement de
la loi 145, adoptée l'an dernier par l'Assemblée nationale, et
cette loi visait à établir un partage plus équitable, plus
judicieux des responsabilités entre le monde municipal et le
gouvernement. C'était ça, le principe de fond qui était
poursuivi par la loi 145. Comment appliquer un tel principe si on applique le
principe de scission que propose l'Opposition? C'est évident que, par sa
nature même, la recherche d'un meilleur partage des
responsabilités doit porter sur plusieurs aspects de la gestion des
affaires municipales. Si on embrassait seulement un aspect, on n'est plus du
tout dans le domaine de la recherche d'un nouveau partage des
responsabilités. C'est ça qui est le fond. C'est ça que
nous poursuivons ici.
Maintenant, je voudrais établir bien simplement comment chacun
des trois points qu'a soulevés l'Opposition vient en contradiction avec
l'objectif véritable du projet de loi. L'Opposition s'est opposée
au nouveau partage envisagé par le gouvernement; c'était son
droit le plus strict, nous le respectons. Elle peut user de tous les moyens
à sa disposition, et jamais nous ne ferons montre d'acrimonie à
cet égard parce que nous respectons le droit de l'Opposition à ne
pas partager l'opinion du gouvernement et à combattre certains de ses
projets. C'est normal. Mais, au bout de la ligne, il faut en venir à des
choses claires, cependant.
Je pense qu'on va comprendre plus facilement, en examinant chacun des
trois points qui ont été soulevés, qu'il se rattache
directement à l'objectif véritable du projet de loi qui est de
parfaire, de compléter, pas de manière définitive - il en
viendra d'autres plus tard - l'exercice commencé avec le projet de loi
145 adopté l'an dernier. Je vais prendre le plus litigieux des trois
sujets pour commencer, la disposition selon laquelle huit municipalités
seraient soustraites à la liste des municipalités
mentionnées dans la loi 145, municipalités dont les contribuables
propriétaires d'un véhicule automobile résidant sur le
territoire de la municipalité sont tenus, depuis la loi 145, de verser
une contribution de 30 $ au fonds de financement du transport en commun dans
les régions desservies par le transport en commun. Je veux rendre
hommage à mon collègue, le député de Nicolet, qui a
prouvé très clairement ce soir le lien évident et
incontestable entre cette mesure et la recherche d'un meilleur équilibre
dans les responsabilités fiscales et financières entre le
gouvernement et les municipalités. La preuve réside dans
l'histoire même de cette disposition.
Pourquoi avons-nous introduit la contribution de l'automobiliste au
montant de 30 $? Pourquoi? C'est parce que le monde municipal, le monde
municipal et pas le monde de la lune, le monde municipal nous avait fait valoir
qu'en
enlevant les subventions de fonctionnement versées
jusque-là par le gouvernement, nous leur imposions une charge trop
lourde. C'est eux-même, les gens de l'Union des municipalités du
Québec, qui ont les premiers soulevé cette idée d'une
contribution de l'automobiliste au financement du transport en commun. Alors,
l'origine est claire. C'est une origine municipale. (0 h 30)
Deuxièmement, le but de cette mesure est directement relié
au financement des municipalités. Le député de Nicolet en
a fait la démonstration irréfutable. Les sociétés
de transport en commun reçoivent le produit de cette contribution de 30
$. La contribution, là - je voudrais le signaler pour des fins
d'intelligence mutuelle - ne fait que transiter par la Société de
l'assurance automobile du Québec. Elle ne fait que transiter là.
Dès que la Société l'aperçoit, elle a l'obligation
de la remettre intégralement aux sociétés de transport en
commun qui existent. Or, ces sociétés de transport en commun sont
des sociétés municipales ou intermunicipales. Ce ne sont pas des
sociétés provinciales ou nationales. Ce sont des
sociétés qui émanent directement des municipalités
concernées. Et c'est tellement vrai, c'est tellement vrai que,
lorsqu'elles encourent un déficit, ce déficit doit être
comblé selon les lois qui les régissent à même des
contributions spéciales qui doivent être versées
obligatoirement par les municipalités. Comment ne pas comprendre que la
contribution de 30 $ a pour but, justement, de favoriser un meilleur
équilibre des finances municipales en soustrayant de la quote-part que
devraient verser les municipalités pour les déficits des
sociétés de transport en commun des sommes très
appréciables? On n'a pas entendu de députés de
l'Opposition du côté de la Mauricie. Je pense que le
député de Laviolette est demeuré silencieux sur le projet.
C'est peut-être parce qu'il partage nos opinions. Nous le verrons plus
tard.
Mais je pariais avec le maire de Cap-de-la-Madeleine, hier, qui est
président de la Société de transport de la Mauricie - je
pense que vous le savez comme moi. Je lui ai dit: M. le maire, entre amis,
est-ce que vous pouvez vous plaindre des résultats qui arrivent pour
vous, de cette contribution de 30 $? Il a été obligé de
reconnaître que la Société de transport de la Mauricie s'en
tire très bien avec la mesure de 30 $. Là, ils craignent un petit
peu les effets de l'exception qui serait faite pour Nicolet. C'est une
exception qui est amplement compensée par les revenus que la
Société de transport de la Mauricie tire de la contribution de 30
$ des automobilistes. Qui s'intéresse à ça? Qui est
président de la Société de transport de la Mauricie? Ce
n'est pas le député de Laviolette, ce n'est pas le
député de Trois-Rivières, ce n'est pas le président
de la Shawinigan ou d'une autre société, de la compagnie Kruger.
C'est le maire de Cap-de-la-Madeleine, choisi par ses collègues, qui
représente les autres municipalités membres au sein du conseil
d'administration de la Société.
À Montréal, c'est la même chose. La
Société de transport de la CUM, c'est une création qui
émane de la CUM et qui, en dernière analyse, doit relever de la
CUM. Je suis saisi d'un projet de loi, ces temps-ci, par l'exécutif de
la CUM. Ils veulent qu'on modifie une disposition relative à la loi qui
régit la Société de transport de la CUM. Alors, pour
modifier cette loi, il faut passer par la CUM, laquelle regroupe les
municipalités de la région de Montréal. Je pense que, dans
ce cas-ci, la démonstration saute aux yeux.
Il faudrait dire un mot des exemptions qui sont instituées. Si le
ministre des Affaires municipales avait voulu favoriser seulement des
municipalités libérales, situées dans des comtés
libéraux, ou des municipalités situées, disons, dans le
comté d'Argenteuil, il aurait été assez intelligent - je
pense qu'on lui reconnaît au moins ça - pour le faire quand on a
adopté la loi 145. C'était bien facile de le faire à ce
moment-là. On a constitué une liste, il y a à peu
près 150 municipalités là-dedans. En enlever
quelques-unes, je pense qu'il n'y a personne qui s'en serait aperçu
tellement, à ce moment-là, parce que l'Opposition était
tellement enfoncée dans le négativisme qu'on n'a pas pu se rendre
jusque-là. Ce n'est pas parce qu'on l'a imposé, c'est parce
qu'elle était décidée à nous empêcher de
l'adopter à tout prix. De toute manière, si j'avais voulu faire
ça, je l'aurais fait bien plus tôt. Et je veux vous assurer d'une
chose, que les huit municipalités qui ont été choisies, le
président du Conseil du trésor et le député de
Nicolet ont très bien expliqué la manière dont ce choix a
été fait, je n'ai pas à y revenir.
Mais je veux dire une chose dans cette Chambre. Je pense qu'on me
connaît assez pour me croire. Je n'ai jamais, moi, mis le nom, disons, de
la municipalité de Mirabel de l'avant. J'ai reçu des
représentations de cultivateurs de Saint-Hermas, de cultivateurs de
Saint-Benoît, de cultivateurs de Saint-Placide qui m'ont dit: M. le
ministre, vous savez très bien que nous passons notre journée
à cultiver la terre. Nous allons à Montréal une fois
toutes les deux ou trois semaines. Et quand c'est une paroisse qui comprend
surtout des cultivateurs, bien là, vous vous dites: II y a
peut-être un problème.
On a regardé. J'ai demandé à nos services
d'examiner ça. Nous avons de très bons experts en matière
de «economics of municipal finance», tous les aspects
économiques de la fiscalité municipale, de très bons
experts avec qui je m'entends très bien. Je leur ai dit: Vous allez
examiner ça consciencieusement, vous nous ferez part de vos
études. Ils m'ont remis - nous sommes en novembre - l'été
dernier ou l'automne, au tout début de l'automne, avant le
référendum, de toute manière, dans les jours heureux
qui précédèrent la campagne
référendaire, un rapport d'une quarantaine de pages très
bien fait dans lequel on concluait exactement dans le sens qu'a dit le
député de Nicolet tantôt, c'est-à-dire qu'il y avait
huit municipalités où le taux de navette de la
municipalité vers la partie centrale de la région
métropolitaine de recensement était inférieure à 25
%.
Or, le critère que l'on retient d'ordinaire pour insérer
une municipalité dans une région métropolitaine de
recensement, c'est un taux de navette de 50 %. Entre 50 % et 25 %, il y en
avait, des municipalités. Mais on s'est dit: Ça peut changer, il
y a beaucoup de développement dans les municipalités de banlieue,
aujourd'hui, on va agir avec prudence. On a retenu seulement celles qui sont en
bas de 25 %. Il y en avait huit. Et je vous assure - nous pourrons
l'établir en commission parlementaire - que ce choix était
inscrit en conclusion de l'étude qui a été soumise
à mon attention. Et, en commission parlementaire, si les
députés voulaient rencontrer les auteurs de l'étude, je
les ferai venir volontiers pour qu'ils livrent eux-mêmes les conclusions
de leur travail de manière que les députés ou le ministre
ne soient pas soupçonnés d'avoir agi de manière trouble
là-dedans.
Alors, voilà pour le premier point, M. le Président. Je
pense qu'autant sous l'angle du lien avec la fiscalité municipale que
sous l'angle du caractère objectif de cette proposition, il faut se
rendre à l'évidence. Mettez-vous à la place du ministre.
Il vous donne une liste de huit municipalités. Si je comprends bien
l'Opposition, pour être objectif, il aurait fallu que je dise: Ajoutez
donc Joliette, c'est un député péquiste. Ajoutez donc tel
endroit, c'est un député péquiste. Enlevez-en une couple,
c'est un député libéral, ça va paraître mal.
«Not me», je n'agirai jamais comme ça.
Il y en avait huit qui étaient mentionnées. Je ne me suis
même pas interrogé pour savoir d'où ça venait.
Une voix:...
M. Ryan: Pardon?
Une voix:...
M. Ryan: Bien oui, en détail, madame. En détail, et
ce n'est pas moi qui ai fait l'analyse. Je l'ai faite en vérification
après. Mais il aurait fallu que j'en enlève, mais là,
à ce moment-là, j'aurais été un ministre faiblard,
un ministre condescendant, et plus à la recherche d'applaudissements et
de consensus mous là, que de politiques véritablement
rationnelles, et ce n'est pas mon genre. Je pense que l'Opposition m'a
critiqué pour ça. Je suis prêt à prendre ces
critiques-là, mais je ne voudrais pas passer pour un faiblard ou une
espèce de personne qui cherche des compromis à tout prix. Ce
n'est pas mon genre. Je n'aurais jamais piloté...
Une voix: Vous n'êtes pas une «plorine». M.
Ryan: Pardon?
Une voix: «Plorine». Vous n'êtes pas une
«plorine».
M. Ryan: Je pense bien qu'il n'y a personne qui m'accuse
d'être un mou. Et j'en suis fier. Premier point.
Une voix:...
M. Ryan: Mais demandez à M. Norton ce qu'il pense, et il
va vous contredire pas mal, parce que je ne suis pas celui qu'il aime à
rencontrer le plus souvent, et ni M. Gerry Peltier à Kanesatake.
Une voix:...
M. Ryan: Vous vivez dans le passé. Deuxième point
qu'on a critiqué, la taxe sur le gaz et l'électricité. On
a dit: Ça, ça n'a pas d'affaire là-dedans. Voyons donc!
Voyons donc! La taxe sur le gaz et l'électricité, c'est en toutes
lettres dans la Loi sur la fiscalité municipale. Le député
de Jonquière le sait très bien. Il le sait très bien,
c'est l'article 230. Lorsque nous parlons de fiscalité municipale,
j'espère que nous avons droit d'apporter des modifications à la
Loi sur la fiscalité municipale, à moins que nous n'en soyons
rendus à avoir perdu toute logique, tout souci de consistance ou de
cohérence.
Alors, c'est l'article 230 de la Loi sur la fiscalité municipale.
Là, on dit: Vous pouvez nous contester là-dessus, vous pouvez
nous combattre, et je vous comprendrai et, si vous gagnez, je n'en mourrai pas,
mais je vous promets une bataille difficile. Vous pouvez contester ce droit que
nous voulons. Actuellement, il est prévu que, pour les frais de
perception de la taxe, le gouvernement peut retenir 1,5 % du produit de la taxe
et là, nous disons que le gouvernement pourra retenir également
1,5 % pour les frais de redistribution de cette taxe entre les
municipalités. Ça entraîne toutes sortes de calculs,
ça entraîne toutes sortes de frais administratifs. Nous calculons
que c'est une position raisonnable. On en discutera en commission
parlementaire, mais je pense bien - là, nous en sommes à
l'étude de la motion de scission, un vote qui viendra bientôt -
que ce n'est pas possible, rationnellement, de contester l'existence d'un lien
direct et essentiel entre cette mesure-ci et le but du projet de loi, qui est
de favoriser un meilleur partage des responsabilités financières
et fiscales entre les municipalités et le gouvernement.
Un meilleur partage va comporter du «give and take». Il faut
que nous donnions certaines
choses. Ce matin, nous en avons donné 15 fois plus que ce qui est
impliqué dans ce projet-ci, avec les mesures d'assouplissement qui ont
été annoncées à propos de la voirie locale. C'est
évident que, quand vous faites ça, il peut arriver que vous
disiez: En retour, on va faire ceci, on va faire ça. C'est ça qui
est le but même de l'exercice. On peut contester chacun des
éléments du partage, c'est une autre chose, mais le but, le vrai
principe, c'est ça.
J'en arrive à la troisième mesure, les frais de traitement
de dossiers pour les emprunts municipaux. Ça, vous savez que c'est une
chose courante à travers le gouvernement, et le député de
Jonquière, qui est quand même familier avec la fiscalité,
ne viendra pas contester devant cette Chambre l'essor de plus en plus grand que
prend le principe de tarification dans la fourniture de services publics. (0 h
40)
Moi-même, je me souviens, il y a une dizaine d'années...
J'étais d'esprit entièrement libéral, à
l'époque, au sens américain du terme, c'est-à-dire
davantage porté vers les solutions de gauche, et quand j'ai entendu
parler de tarification pour la première fois, de manière
sérieuse, par mon bon ami le directeur général de la ville
de Mirabel, un homme remarquable, M. Yves Lacroix, je lui ai envoyé une
note pour lui dire, parce que lui préconisait beaucoup d'initiatives
municipales en cette matière. Il m'avait envoyé son texte - il
avait écrit un texte dans une revue - puis je lui avais dit:
J'apprécie votre contribution, mais je ne partage pas votre avis. Mais,
depuis ce temps-là, je me suis instruit, puis il faut s'instruire tous
les jours dans la vie. Autrement, on pourrit vite.
Alors, j'ai appris que les contraintes qui pèsent sur les
pouvoirs publics, à tous les niveaux, sont infiniment plus lourdes que
nous pouvions tous le soupçonner, il y a une dizaine d'années.
Nous vivions tous dans l'illusion de l'âge d'or, il y a une dizaine
d'années, qui était déjà terminé, à
ce moment-là. Mais avant que les politiciens se soient
réveillés, ça a pris un autre 10 ans, ce n'est pas
compliqué. Aujourd'hui, partout... Regardez aux États-Unis.
Regardez aux États-Unis, regardez dans les autres provinces, regardez ce
qui s'est passé à Ottawa, l'autre jour. Partout, on cherche
à rentabiliser davantage les services publics, on cherche à faire
participer les usagers aux coûts de certains services. Pourquoi? D'abord,
pour les amener à réaliser que ça coûte cher, ces
services-là. Quand on ne paie rien pour un service, on pense que
ça vient tout seul, que ça vient du ciel, que ça vient
d'on ne sait pas où. On est porté à en abuser. On est
porté souvent à critiquer sans savoir ce qu'on critique.
On introduit ce principe-là dans un nombre de plus en plus grand.
Ça va très bien, on se comprend parfaitement, M. le
Président. On l'introduit partout, puis, là, on dit aux municipa-
lités, toujours dans cette perspective d'un juste partage des
responsabilités: Venez donc prendre une petite part dans ceci, pas une
grosse part. Et je dis au député de Jonquière, pour son
information, que je suis d'accord avec lui quant à l'opportunité
de soulager les municipalités de l'obligation de soumettre tous leurs
projets d'emprunt au gouvernement de Québec. Il y a des
allégements que nous examinons de ce côté. Il en viendra
peut-être au cours des prochains mois. Nous examinons très
attentivement cette perspective. Il y a quelque chose là-dedans. Je sais
que je l'ai dit souvent au député de Jonquière, quand il
veut être construct, il est très proche du ministre, et puis il
exerce une influence salutaire sur les orientations du gouvernement quand il
présente des opinions constructives. Mais quand il se complaît
dans le négativisme, comme l'y force parfois sa formation politique, je
ne le reconnais pas.
Alors, ici, nous sommes prêts, et nous n'instituerons pas ce
règlement demain matin. Regardez, le député de Joliette
n'avait visiblement pas eu le temps de lire le projet de loi. Tout ce qui est
dit dans le projet de loi, c'est que le pouvoir sera donné au
gouvernement d'instituer un règlement prévoyant les
modalités suivant lesquelles se ferait... Mais nous savons tous qu'un
règlement, en vertu de la Loi sur les règlements, doit être
soumis à la critique de l'opinion publique pendant une période de
45 jours. Il faut qu'il soit discuté pendant 45 jours et publié
obligatoirement dans la Gazette officielle. Puis, il n'est adopté
qu'au terme de cette période-là. Puis, des fois, ça prend
encore plusieurs semaines après.
Alors, c'est relié directement, directement au principe que nous
poursuivons, à l'objectif d'un meilleur partage de
responsabilités entre le gouvernement et les municipalités. Et,
je suis convaincu, M. le Président, que le groupe ministériel, et
je le souhaite aussi, que le groupe de l'Opposition, après avoir
réfléchi, voudra renouveler ce soir la décision qui avait
déjà été prise en ces choses, dans cette
Assemblée, en juin 1991. Et c'est en suivant l'Opposition que
l'Assemblée nationale s'écarterait du principe de logique et de
cohérence qui devrait, selon moi, caractériser ses orientations
et ses décisions. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, merci, M. le
ministre. Votre intervention a épuisé l'enveloppe mise à
la disposition de votre groupe. Il reste à la formation de l'Opposition
officielle exactement 60 secondes. Aliez-y, M. le député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, juste avant de prendre mes 60
secondes, est-ce que je peux vous poser une question? Est-ce que ça
tient
compte du fait qu'il n'y a personne du côté...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, oui, oui.
M. Jolivet: Parfait. O.K. Simplement, je voulais prendre juste
une minute d'ailleurs, c'était pour répondre au ministre. Je ne
suis pas intervenu, M. le ministre, puis vous savez pourquoi. Parce que vous
avez parlé de quelque chose, puis vous allez comprendre.
Vous avez parlé de la CITF Trois-Rivières, Corporation
intermunicipale de transport des Forges. Ça, c'est
Trois-Rivières, c'est Cap-de-la-Madeleine avec le député
Brouillette et c'est Trois-Rivières ouest avec le ministre Picotte. Moi,
chez moi, il n'y en a pas, de ça. Il n'y en a pas à La Tuque, il
n'y en a pas à Grand-Mère et il n'y en a pas dans le comté
voisin, à Shawinigan. Ça s'appelle une régie
intermunicipale de transport, et elle n'est pas soumise à votre loi. Je
n'avais donc, d'aucune façon, besoin de vous répliquer à
vous, mais j'appuie mon collègue et tous mes collègues qui ont
parlé jusqu'à maintenant.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, le débat
sur la motion de scission étant terminé, je vais mettre cette
motion aux voix.
La motion de M. le leader de l'Opposition officielle se lit comme suit:
«Qu'en vertu de l'article 241 du règlement de l'Assemblée
nationale le projet de loi 55 soit scindé en trois projets de loi, un
premier intitulé Loi modifiant la Loi sur la fiscalité municipale
et d'autres dispositions législatives concernant les finances
municipales, comprenant les articles 1 à 15, 18 à 37 et 39, un
second intitulé Loi modifiant la Loi sur le ministère des
Affaires municipales en matière d'emprunt municipal, comprenant
l'article 16, et un troisième intitulé Loi modifiant la Loi sur
les transports concernant le financement du transport en commun, comprenant les
articles 17 et 38.» Est-ce que cette motion de scission est
adoptée?
M. Chevrette: Vote nominal.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Qu'on appelle les
députés. (0 h 47 - 0 h 54)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, si vous voulez regagner vos banquettes, s'il vous
plaît!
Mise aux voix
Je mets maintenant aux voix la motion de scission de M. le leader de
l'Opposition officielle qui se lit comme suit: «Qu'en vertu de l'article
241 du règlement de l'Assemblée nationale le projet de loi 55
soit scindé en trois projets de loi, un premier intitulé Loi
modifiant la Loi sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives concernant les finances municipales, comprenant les
articles 1 à 15, 18 à 37 et 39, un second intitulé Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Affaires municipales en
matière d'emprunt municipal, comprenant l'article 16, et un
troisième intitulé Loi modifiant la Loi sur les transports
concernant le financement du transport en commun, comprenant les articles 17 et
38.»
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Biais
(Masson), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson),
Mme Caron (Terrebonne), M. Dufour (Jonquière), Mme Vermette
(Marie-Victorin), M. Paré (Shef-ford), M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Holden (Westmount), M. Trudel
(Rouyn-Noran-da-Témiscamingue), M. Beaulne (Bertrand), Mme
Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière), M. Bélanger
(Anjou).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Ryan (Argenteuil), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Val-lières (Richmond), M. Savoie
(Abitibi-Est), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla-Hébert
(Mar-guerite-Bourgeoys), M. Houde (Berthier), M. Maltais (Saguenay), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), M. Chagnon
(Saint-Louis), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel
(Sherbrooke), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc
(Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford),
M. Farrah (îles-de-la-Made-leine), M. Fradet (Vimont), M. Messier
(Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Bradet (Charlevoix), M.
Gautrin (Verdun), M. Forget (Prévost), M. LeSage (Hull), M. Gobé
(La-Fontaine), M. Lafrenière (Gatineau), M. Bergeron (Deux-Montagnes),
M. Bordeleau (Acadie), M. Parent (Sauvé), M. Camden (Lotbinière),
M. Brouillette (Champlain), M. Audet (Beauce-Nord), M. Després
(Limoilou), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Khelfa (Richelieu), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
abstentions? Aucune abstention.
La Secrétaire Adjointe: pour: 15 contre: 42
Abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, la motion de
scission de M. leader de l'Opposition officielle est rejetée.
Nous allons revenir maintenant au débat sur la motion proposant
l'adoption du principe du projet de loi 55, Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale et d'autres dispositions législatives.
Je suis prêt à reconnaître le premier intervenant.
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut se faire entendre? Alors, je suspends les
travaux de l'Assemblée pour quelques minutes?
(Suspension de la séance à 0 h 59)
(Reprise à 1 h 4)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, si vous voulez
prendre place, s'il vous plaît.
Je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous en sommes
à l'étape de la motion du ministre des Affaires municipales
proposant l'adoption du principe du projet de loi 55, Loi modifiant la Loi sur
la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives.
Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui veulent intervenir sur ce projet
de loi? Alors, est-ce que cette motion proposée par M. le ministre des
Affaires municipales, proposant l'adoption du principe du projet de loi 55, est
adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Chevrette: M. le Président, je demanderais au leader du
gouvernement s'il veut se prévaloir de son droit, puisque je ne l'ai
pas, de reporter le vote après la période des affaires courantes,
demain.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Conformément aux
dispositions de l'article 223 de notre règlement, M. le
Président, je demande à ce que le vote soit reporté
immédiatement après les affaires courantes, demain matin.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, tel que
demandé et en vertu de notre règlement, le vote sur cette motion
du projet de loi 55 est reporté aux affaires courantes, aux votes
reportés, demain, après la période de questions.
M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): dans les circonstances, m. le
président, je demande à ce que nos travaux soient ajournés
à demain matin, 10 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, suite à
votre proposition, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Les travaux de cette
Assemblée sont ajournés à ce matin, 10 heures, le 4
décembre.
(Fin de la séance à 1 h 6)