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(Quartorze heures neuf minutes)
Le Président: Mmes et MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Affaires courantes
II n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. Dépôt de documents...
J'inviterais les collègues, s'il vous plaît, à
prendre leur place. Mmes et MM. les députés!
Dépôt de documents Rapport annuel de
l'Assemblée nationale
Alors, au dépôt de documents, je dépose le Rapport
annuel de l'Assemblée nationale pour l'exercice financier 1991-1992.
Maintenant, dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions. M. le député
d'Arthabaska. (14 h 10)
Dépôt de pétitions
Empêcher la vente de Culinar inc., groupe
pâtisserie et confiserie
M. Baril: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
238 pétitionnaires, travailleurs et travailleuses de Culinar inc. et
sociétaires d'une caisse populaire et d'économie.
Les faits invoqués sont les suivants: «Attendu que Culinar
est propriété québécoise à 100 %,
contrôlée majoritairement par Desjardins et la
Société québécoise d'initiatives agro-alimentaires
du Québec; «Attendu que Culinar inc. veut vendre ses
établissements pour consolider un investissement fait aux
États-Unis, (Drake Bakeries); «Attendu que Culinar a l'intention
de vendre les établissements du groupe épicerie au Québec,
soit la confiserie Vachon de Sainte-Marie, Grissol de Sainte-Martine, Lido de
Saint-Lambert, Viau de Montréal, un centre de distribution à
Québec et un autre à Montréal; «Attendu que le
Mouvement Desjardins contredit par ce fait ses engagements à
développer l'emploi au Québec: Forum pour l'emploi, projet
Qualité-Québec, politique d'achat chez nous, et que le ministre
Yvon Picotte, responsable de la Société québécoise
d'initiati- ves agro-alimentaires, doit maintenir nos emplois et notre
industrie; «Attendu que ces établissements représentent
environ 1000 emplois directs et un nombre considérable d'emplois
indirects liés au secteur agro-alimentaire; «Attendu que la vente
de ces établissements pourrait se faire à des entreprises
concurrentes qui auraient intérêt à cesser la production
dans ces établissements et mettre en péril les
emplois;»
L'intervention réclamée se résume ainsi: «Les
personnes signataires de cette pétition travaillant chez Culinar inc.,
ou sociétaires d'une caisse populaire et d'économie, demandent
à l'Assemblée nationale d'intervenir auprès du ministre
Yvon Picotte afin d'empêcher que ces transactions aient lieu; que, si
elles devaient avoir lieu, elles ne mettent pas en péril les emplois du
secteur; de rencontrer les syndicats afin de trouver une solution permettant de
développer l'emploi plutôt que de l'exporter.»
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée.
Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège
Fabrication et diffusion par Le
Président
du Conseil du trésor d'un document
concernant
un mandat dévolu à la commission
permanente
du budget et de l'administration
Interventions portant sur une violation de droit ou de privilège
ou sur un fait personnel. J'ai reçu, dans le délai imparti par le
règlement, une lettre provenant de M. le député de Labelle
qui prétend que le président du Conseil du trésor et des
fonctionnaires impliqués au dossier auraient porté atteinte aux
droits et privilèges de l'Assemblée en rendant public un document
intitulé «Résultats de la commission parlementaire sur le
financement des services publics». Selon le député de
Labelle, le président du Conseil du trésor aurait fabriqué
et diffusé un document concernant un mandat dévolu à une
commission parlementaire, usurpant ainsi les fonctions et attributions de la
commission. Toujours selon le député de Labelle, le
président du Conseil du trésor ne peut prétendre parler
pour et au nom de l'Assemblée ou une de ses commissions, d'autant plus
que le rapport produit par la commission et le document du ministre seraient
deux documents complètement distincts.
J'ai commencé l'examen de cette question. Je vais poursuivre mes
recherches et reviendrai pour vous communiquer la teneur de ma décision
au cours d'une prochaine séance. Je prends donc l'affaire en
délibéré.
Questions et réponses orales
Alors, nous allons maintenant procéder à la période
de questions et réponses orales. Je reconnais, en première
question principale, M. le chef de l'Opposition.
Perte de 4000 emplois au Québec
M. Parizeau: M. le Président, il y a un peu plus de six
mois maintenant, le premier ministre du Québec perdait le
référendum qu'il avait fait, qu'il avait produit. Il avait dit,
au moment de son échec référendaire: Maintenant, je vais
m'occuper d'économie. Alors, ça fait six mois qu'il s'en occupe
et nous avons le résultat périodique de cette occupation.
Vendredi matin, le Bureau de la statistique du Canada a sorti les chiffres du
chômage pour le mois d'avril. Le Québec, y apprend-on, a encore
perdu 4000 emplois. Je vois tout de suite le premier ministre qui va dire: Oui,
mais en Ontario, c'est pire; ils en ont perdu 13 000. Ah! Je l'attendais.
Une voix: C'est fait. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parizeau: Ça fait maintenant des mois qu'il se console
avec des choses comme ça.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Parizeau: D'avril 1992 à avril 1993, là, un an,
en un an ? avril 1992, c'est le creux, en termes d'emplois, le creux de la
récession, au Canada ? le Québec a 22 000 emplois de plus,
en un an, l'Ontario, 100 000, puis le reste du Canada, Maritimes et Ouest
ensemble, 38 000 de plus. Le Québec, en un an, c'est-à-dire...
Non, pardon. Le Québec, pendant cette récession, a perdu un
emploi sur trois de tous les emplois qui ont été perdus au
Canada. Un sur trois. Et maintenant que l'emploi recommence à monter en
général, mais lentement, le Québec récupère
un emploi sur sept. Des sept emplois créés au Canada, le
Québec en récupère un ? un sur sept.
Qu'est-ce que le premier ministre tire comme conclusion de sa gestion
des six derniers mois? Est-ce qu'il est fier de ça? Est-ce qu'il trouve
ça remarquable que le Québec, à l'heure actuelle,
crée aussi peu d'emplois, ait un taux de récupération
aussi bas? Est-ce qu'il a, le premier ministre, quelque idée que ce soit
quant à la façon dont on pourrait accélérer les
choses? Est-ce qu'il a un message quelconque à donner aux entreprises,
aux travailleurs du Québec ou bien simplement s'il regarde passer le
train?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, j'entends certains
députés, de l'autre côté, qui disent: II faudrait
élire le Parti québécois pour que ça
s'améliore. On a vu ce que c'a donné, M. le Président, et
on sait fort bien que, dans leur programme politique, on ne trouve pas beaucoup
d'éléments pour permettre une stabilité politique et un
progrès économique. Alors, je pense que, dans ce contexte... m.
le président, je m'étonne que le chef de l'opposition... bon, il
a fait allusion aux statistiques sur les pertes d'emplois: le québec par
rapport à l'ontario. il aurait pu citer le québec par rapport au
canada: 43 000 pertes d'emplois, 4000 au québec, moins de 10 %.
ça, il n'a pas fait mention de ça! mais il n'y a rien
d'extraordinaire. c'est des chiffres officiels dont le chef de l'opposition
fait son miel à chaque mois, en recherchant les plus sombres pour
justifier la «sinistrose» dont il est affligé dans les
questions économiques. m. le président, il aurait pu mentionner
les chiffres sur les mises en chantier: une hausse de 34 % par rapport au mois
de mars, par rapport à 15 % pour la moyenne canadienne. alors, il y a
plusieurs éléments encourageants qui devraient équilibrer
les accusations du chef de l'opposition.
Le Président: En question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que le premier
ministre est conscient des commentaires de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement qui rapportait cette hausse? Est-ce qu'il
est conscient que les trois premiers mois de l'année au Québec,
on a assisté à très, très peu de construction et
c'est pour ça qu'en avril ça a augmenté, par rapport
à mars, de 34 %? Est-ce qu'il a lu ce commentaire de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement: «II
s'agit ? alors, là, je cite ? de la plus faible reprise de la
construction domiciliaire jamais enregistrée au
Québec»?
Mais qu'est-ce qu'il lui faut, au premier ministre? Il se console
d'aussi peu? Il pense vraiment qu'il suffit de faire, j'allais dire, des farces
plates comme il vient d'en faire? Est-ce que le premier ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, question
de règlement.
Des voix: Oh!
Le Président: S'il vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, à l'ordre, s'il vous
plaît! Bon, je vous demanderais votre collaboration. S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
Alors, sur un rappel au règlement, M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Dans
un premier temps, vous aurez compris qu'il s'agit d'un rappel au
règlement qui est basé sur le premier alinéa de l'article
77 qui stipule que «les ques-
tions ne peuvent comporter ni expression d'opinion, ni
argumentation». Également, le paragraphe 5° qui stipule
qu'elles «ne peuvent être formulées de manière
à susciter un débat». (14 h 20)
Et je vous rappelle, M. le Président, que le chef de l'Opposition
a pris beaucoup de temps en question principale et qu'il s'apprêtait
à faire de même en question additionnelle.
Le Président: Bon. Alors, je vous demanderais, M. le chef
de l'Opposition, de compléter votre question suivant les
formalités du règlement, s'il vous plaît.
M. Parizeau: Oui, M. le Président, est-ce que c'est parce
que, justement, le premier ministre n'a rien à proposer, n'a rien
à offrir qu'il vient d'ouvrir cette diversion en provoquant une crise
linguistique absolument inutile?
M. Bourassa: M. le Président.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Dans ma première réponse, j'ai
simplement répliqué aux chiffres du chef de l'Opposition en lui
donnant des chiffres qui paraissaient favorables pour l'avenir. Il vient de
citer la Société canadienne d'hypothèques. Et elle
écrit ? évidemment, il n'a pas mentionné cette phrase
? cette même Société: «La reprise devrait se
poursuivre et prendre de l'ampleur à partir de la seconde moitié
de l'année.»
Des voix: Oh! Des voix: Ah!
M. Bourassa: Ça, il n'en parle pas, M. le
Président. Il n'en parle pas et il décide de faire une diversion
sur un autre sujet complètement différent. Il décide de
passer à la question linguistique parce qu'il est devenu soudainement
à court d'arguments sur la question économique.
M. le Président, ce que nous défendons dans la question
linguistique, c'est le rayonnement de la culture française, sa
protection. Mais nous sommes d'accord pour éliminer cette suppression de
la liberté d'expression d'une façon encadrée,
éliminer le fait que la liberté d'expression, dans la loi 178, se
trouve à avoir été condamnée par différents
tribunaux et par le comité international des Nations unies. Est-ce que
je suis obligé de reprocher au chef de l'Opposition son attitude de
jeudi dernier, aux crédits, quand il a voulu discréditer ce
comité international des Nations unies, alors que, dans son document
«Le Québec dans un monde nouveau», il disait que la
première démarche ? je l'ai déjà dit il y a
deux semaines ? d'un gouvernement présumé-ment souverain
serait de faire une demande de faire partie des Nations unies? Et là, il
veut discréditer cette institution? Ça, c'est grave, M. le
Président.
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire. S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous
plaît! M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Réponse qui prouve la diversion. Est-ce que
le premier ministre nous en voudrait de vouloir être comme les
États-Unis, l'Angleterre, la France, l'Allemagne? Allons donc! Bon. M.
le Président, restons-en, pour un moment, sur les questions purement
économiques. Est-ce que le premier ministre est conscient que...
Déplaçons un peu la base de comparaison. Si on prend la moyenne
des quatre mois du début de 1993 et qu'on la compare aux quatre premiers
mois du début de 1992, est-ce que le premier ministre est conscient que
le Québec a alors perdu 1000 emplois, entre ces deux
périodes-là, l'Ontario en a gagné 75 000 et le reste du
Canada, 23 000? Est-ce qu'il est au courant de ces statistiques? Est-ce qu'il
se rend compte de la gravité que ça représente?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, pour arriver à ses
fins partisanes, le chef de l'Opposition torture les statistiques d'une
façon inacceptable. Tortionnaire!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: Alors, M. le Président, je dis au chef de
l'Opposition que si nous regardons... C'est évident que la
remontée, dans les provinces qui ont subi le plus durement la crise
économique, est plus importante. Lui-même vient de citer le cas de
la construction et il ne voudrait pas qu'on le cite pour la situation
d'ensemble. Mais je lui dis que, dans les mois les plus récents, on
s'aperçoit quand même qu'on est arrivé au bout du tunnel,
parce que, pour la première fois ? je comprends qu'il y en a
peut-être plus ailleurs ? il y a une création nette
d'emplois. Alors, je crois que, dans ce contexte-là et si l'on voit les
chiffres que lui-même, dans le domaine clé de la recherche et
développement, le tableau que lui-même présentait à
l'Assemblée nationale la semaine dernière, on prend la moyenne
des cinq années de gouvernement libéral par rapport à la
moyenne des cinq années de gouvernement péquiste, son propre
tableau parle par lui-même. Alors, il s'est tiré dans le pied, M.
le Président, et on est obligé de le souligner et de s'en
réjouir de notre côté.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Parizeau: Est-ce que le premier ministre est conscient que
nous avons, comme gouvernement, ramassé le Québec où il
l'avait laissé, c'est-à-dire avec
presque rien sur le plan de la recherche et du développement, que
nous l'avons monté à un certain niveau, et que tout ce qu'il fait
depuis ce temps-là, c'est de le maintenir à ce niveau-là,
contrairement à tous les objectifs qu'il avait annoncés? Est-ce
que le premier ministre se souvient de ses objectifs à l'égard de
la recherche et du développement, de son admirable cocorico de 1988, de
son plan de cinq ans, où rien de ses objectifs n'a été
réalisé? Est-ce qu'il se souvient de ça? Est-ce que le
premier ministre peut comprendre que la sanction du marché à
l'heure actuelle vient de son incurie depuis plusieurs années?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je ne peux pas, M. le Président, ne pas
souligner que, lorsque le chef de l'Opposition est devenu ministre des
Finances, la dette était de 5 000 000 000 $ et, lorsqu'il a
abandonné son poste, elle était de 25 000 000 000 $.
Des voix: Le père de l'endettement.
M. Bourassa: II n'y a rien de nouveau dans cette affirmation,
mais il vient de me faire des reproches sur la recherche et le
développement, et on doit constater que si nous examinons les sommes, en
dollars courants, c'est une augmentation spectaculaire qui a été
faite dans la recherche et le développement. Et je lui signale encore,
je l'ai fait la semaine dernière, qu'en termes de recherche et
développement, selon des études très objectives, le
Québec est considéré comme l'un des meilleurs endroits. On
n'a qu'à penser au secteur pharmaceutique où nous avons un
dynamisme exceptionnel au Québec par rapport aux autres provinces. On
déménage de l'Ontario pour venir au Québec. Où
est-elle, la sanction du marché, M. le Président?
Le Président: Alors, pour une dernière question
additionnelle.
M. Parizeau: est-ce que le premier ministre ne voit pas une
sanction du marché à l'incurie de son gouvernement par le fait
que, si l'on prend le taux de chômage à montréal et
à laval, au cours des trois derniers mois, le taux de chômage
à montréal et à laval est de presque 15 % ? le taux
officiel ? qu'en gaspésie, où les gens barrent les routes
à l'heure actuelle, le taux de chômage pendant la même
période, les trois derniers mois, est de 27 %, que dans le
bas-saint-laurent, c'est 18 %1 est-ce que le premier ministre ne croit pas que
c'est la plus terrible sanction du marché à l'égard d'un
gouvernement qui a fait du surfing sur la vague pendant un bon bout de temps et
qui, en période de récession, est complètement
démuni, sauf pour augmenter les taxes périodiquement?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, nous sommes conscients de la
gravité de la situation économique. Nous avons pris toute une
série de mesures à cet égard-là et nous allons
continuer de le faire. Mais je dis au chef de l'Opposition que ce n'est pas une
instabilité politique du type de celle qu'il propose que la situation va
s'améliorer, bien au contraire. La dernière chose dont on a
besoin, et lui-même le soulignait déjà, dans une
période comme celle que nous connaissons, c'est d'ajouter à
l'instabilité politique.
Le Président: Pour une question principale, Mme la
députée de Chicoutimi.
Affaiblissement du statut du français comme
langue officielle du Québec
Mme Blackburn: M. le Président, sous couvert de grands
principes liés à la liberté d'expression dans l'affichage
commercial, le ministre responsable de la Charte de la langue, par le projet de
loi 86, ouvre la porte à l'anglicisation pernicieuse et sournoise du
Québec. Ce projet de loi...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
S'il vous plaît! Mme la députée.
Mme Blackburn: En effet, M. le Président, ce projet de loi
excède largement la question de l'affichage commercial et porte atteinte
aux objectifs fondamentaux de la loi 101, en affaiblissant le statut du
français comme langue officielle du Québec. C'est l'anglais et le
français dans l'affichage commercial, l'anglais et le français
dans l'administration publique, l'anglais et le français dans les
écoles et l'anglais et le français pour toujours, dans certaines
municipalités. Le ministre responsable de l'application de la Charte de
la langue française peut-il nous dire ce qui a vraiment changé,
au Québec, depuis l'adoption du projet de loi 178, pour que l'on ouvre
aujourd'hui toutes grandes les vannes et qu'on choisisse d'affaiblir le
français et de remettre en question les objectifs fondamentaux de la loi
101? (14 h 30)
Le Président: M. le ministre responsable de l'application
de la Charte de la langue française.
M. Ryan: II y a une chose, M. le Président, qui n'a
sûrement pas changé au Québec, c'est le manque de respect
de l'Opposition pour la vérité dès qu'on aborde la
question de la langue. Une chose a changé également. ..
M. Gendron: Question de règlement. Des voix: Bien,
voyons donc!
Le Président: Juste une minute. À l'ordre! Alors,
sur une question de règlement, M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gendron: En vertu du règlement qui est constamment
invoqué par le leader du gouvernement, est-ce que vous ne croyez pas que
le fait de commencer une réponse comme ça n'est pas de
prêter des intentions et de porter un jugement, et que ça va
complètement à rencontre de l'esprit du règlement?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, j'invite... Évidemment, vous comprenez très bien, notre
règlement prévoit des questions et des réponses. Il faut
être très précis dans les questions pour avoir une
réponse qui est assez orientée sur le sujet même. Alors,
j'invite à poser des questions plus courtes. Il y aura évidemment
moins de réactions à des préambules. Alors, M. le
ministre, rapidement, s'il vous plaît, à la question posée
par Mme la députée de Chicoutimi.
Un instant, s'il vous plaît! Je vous demanderais de retenir vos
commentaires, M. le député.
M. Blais: Question de règlement.
Le Président: Sur une question de règlement, je
vais vous écouter. Alors, question de règlement, je vous
écoute.
M. Blais: Dans le règlement, on dit qu'aucun
député ne peut prêter des intentions à un autre
député et, dans le début de la réponse du ministre,
c'est ce qu'il a fait.
Le Président: Alors, sur la question de règlement,
M. le leader... S'il vous plaît! Alors, sur la question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Vous
avez été, dans le libellé de la question de Mme la
députée de Chicoutimi, assez large dans l'interprétation
du règlement. Je vous demande la même latitude dans la
réponse qui est donnée par le ministre responsable de
l'application de la Charte de la langue française.
Le Président: Alors, s'il vous plaît! S'il vous
plaît! Je demande simplement... Si les questions sont courtes, sont
brèves, sont directes au point concerné, que le préambule
respecte ce que le règlement demande, il est évident que les
questions seront brèves également. Alors, M. le ministre,
à la question posée, s'il vous plaît.
M. Ryan: M. le Président, il suffit de lire les journaux,
d'écouter les déclarations de nos amis d'en face au cours des
derniers jours pour se rendre compte que, dans la discussion de ce projet de
loi, il manque trop souvent d'un respect élémentaire pour la
vérité. Et je vais prendre un exemple. Seulement dans la question
qui vient de m'être adressée...
Le Président: Un instant! Un instant, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! J'ai cédé la parole au
ministre. Alors, je demande à chacun de se conformer au règlement
également et d'écouter celui qui a la parole. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, on vient d'entendre la
députée de Chicoutimi insinuer que nous voulions que
l'administration ait désormais le français et l'anglais comme
langue officielle. Ce n'est indiqué nulle part dans le projet de loi
dont nous discutons. Ce n'est indiqué nulle part.
Ce que nous disons... Je vais vous donner une explication. À un
moment donné, on dit dans le texte actuel de la loi: l'administration
n'utilise que le français dans ses communications avec les gouvernements
extérieurs ou les personnes morales implantées au Québec.
Là, nous mettons une modification: «utilise le
français». Quand j'écris moi-même à mon
collègue de l'Ontario, je lui écris en français. Mais j'ai
la courtoisie d'ajouter une version anglaise de ma lettre. On pourrait
contester... D'après le libellé actuel de la loi, on pourrait
contester la légalité de cette version anglaise que j'annexe
à ma lettre. En modifiant comme nous le faisons, nous maintenons
l'obligation d'employer le français et, en même temps, nous
légalisons une pratique qui est hautement courtoise. Qu'est-ce que vous
avez contre ça? Cessez donc de mentir.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Sur un rappel au règlement, M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gendron: M. le Président, on ne peut pas accepter la
conclusion des propos du ministre responsable de la langue française.
C'est un propos inacceptable, antiparlementaire.
Je n'ai jamais posé de question de règlement tantôt
sur la longueur de la question et de la réponse. C'est sur l'article qui
prévoit qu'on n'a pas le droit d'imputer de motif, c'est ça que
je vous ai demandé, qui était une question de règlement.
Et, dans ce sens-là, je pense qu'il s'agit d'un rappel à l'ordre
important à faire au ministre.
Le Président: Effectivement... S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Effectivement, M. le ministre, vous avez conclu votre
réponse par un propos dont je rappelais aux parlementaires, la semaine
dernière, qu'il est antiparle-mantaire, qu'on ne doit pas utiliser dans
cette Assemblée.
Donc, je vous prierais, pour permettre que le débat se
déroule dans une bonne atmosphère, de retirer les derniers propos
que vous avez mentionnés, qui,
effectivement, vous en conviendrez sûrement, sont non
parlementaires. Est-ce que vous retirez vos propos, M. le ministre?
À l'ordre, s'il vous plaît! Écoutez, le
règlement est une chose sérieuse, importante, que l'ensemble des
parlementaires ont accepté. J'ai le devoir de le faire respecter et je
n'admettrai pas des réactions comme celles que je viens d'entendre.
M. le ministre, s'il vous plaît, je vous demanderais de retirer
les derniers propos que vous avez énoncés.
M. Ryan: M. le Président, je me suis toujours
conformé à votre volonté. Je le fais de nouveau
volontiers.
Le Président: Merci, M. le ministre. M. Ryan:
Deuxième exemple...
Le Président: Alors, pour poursuivre rapidement, en
conclusion, s'il vous plaît.
M. Ryan: Deuxième exemple: la députée a
affirmé à maintes reprises ? et combien de porte-parole de
l'Opposition l'ont fait également, et de l'opposition qui est à
l'extérieur de la Chambre ? que nous entendions bilinguiser les
écoles, faire des écoles bilingues et que ce serait la
première étape vers l'anglicisation des écoles. Bien
ça, je le qualifie de mensonge, celui-là. Si on l'a dit, M. le
Président, j'ai assez de respect pour la vérité pour
trouver que c'est contraire à la vérité. Ce n'est pas
ça qui est dans le projet de loi du tout.
Je vais vous le dire ce qui est dans le projet de loi. On dit tout
simplement que le français est la langue de l'enseignement dans toutes
les écoles du Québec, sauf celles où l'on peut être
admis à l'enseignement en anglais. Ça, ça reste. On ajoute
un paragraphe: Le présent article n'empêche pas l'enseignement
dans une langue autre que le français afin d'en favoriser
l'apprentissage selon les modalités et aux conditions prescrites dans le
régime pédagogique établi par le gouvernement, en vertu de
l'article...
Des voix: Oh!
M. Ryan: Où est le problème, M. le
Président?
Le Président: S'il vous plaît!
M. Ryan: Où est le problème? C'est très
important. Il n'existe pas, le problème. Quand...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Ryan: Quand le gouvernement...
Une voix: C'est vous, le problème!
Le Président: S'il vous plaît! J'apprécierais
que les parlementaires réservent leurs commentaires, s'il vous
plaît, pour des questions. C'est inadmissible qu'on puisse continuer de
cette façon-là dans une assemblée
délibérante.
Très bien. Alors, deux secondes, M. le ministre, pour conclure,
s'il vous plaît.
M. Ryan: Oui. Inutile de préciser que cet article
s'applique non seulement à l'anglais, mais à toute autre langue
seconde dont on voudrait promouvoir l'apprentissage dans nos écoles.
Le Président: Pour une question complémentaire.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre ne
reconnaît-il pas que, dans ses réponses, il vient
précisément de confirmer les appréhensions: c'est le
bilinguisme dans les écoles et dans l'administration publique?
Des voix: Bravo!
Le Président: Je vais demander encore une fois la
collaboration des collègues, s'il vous plaît. Alors,
complétez, madame, rapidement.
Mme Blackburn: M. le Président...
Des voix: ...
Le Président: S'il vous plaît!
Mme Blackburn: ...puisque le projet de loi du ministre ne
contient aucune mesure pour soutenir et promouvoir le français, mais
tend davantage à valoriser et à assurer le développement
de la langue anglaise, doit-on conclure que le ministre et son gouvernement
abandonnent l'objectif largement partagé par les
Québécoises et les Québécois de faire du
français la seule langue de communication?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, la dernière chose dont je
rêverais, ce serait de souscrire aux frayeurs et aux appréhensions
de la députée de Chicoutimi. Qu'elle n'ait aucune
inquiétude, je ne souscris aucunement aux frayeurs qu'elle essaie de
répandre parmi la population quant à l'avenir du français
au Québec. (14 h 40)
Deuxièmement, le sujet que soulève la
députée de Chicoutimi dans sa question est un sujet pertinent,
mais ce n'est pas le lieu d'en discuter quand nous proposons des ajustements
à la Charte de la langue française pour répondre à
des problèmes particuliers. Ça, c'est toute la politique du
gouvernement qui répond à la question que
vous avez posée, c'est toute l'action du ministre responsable de
l'application de la Charte, de la ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, des autres collègues qui font partie du
gouvernement, et c'est seulement un faux-fuyant que d'invoquer cette
question-là pour laisser croire que le projet de loi serait nocif. Ce
n'est pas le cas du tout.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
Mme Blackburn: M. le Président, question
complémentaire. Le ministre a déclaré...
Une voix: Question.
Mme Blackburn: Ne croit-il pas, ne croit-il pas, M. le
Président, en déclarant que son objectif prétendu, c'est
de donner du Québec une image très proche de la
réalité, c'est-à-dire que ça se passe en anglais et
en français au Québec, que ça se retrouve sur le
même pied... Ne serait-il pas davantage tenté de céder aux
lobbyistes, aux requêtes répétées des lobbyistes
anglo-québécois qui sont nombreux au sein de son parti?
M. Ryan: Non.
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: J'ai écouté attentivement la question.
À partir du mot «c'est-à-dire»...
Une voix: ...
M. Ryan: ...à partir du mot
«c'est-à-dire», la députée de Chicoutimi
déraillait, comme ça lui arrive très souvent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Et nous n'avons jamais prétendu, M. le
Président... La députée de Chicoutimi...
Une voix: ...
M. Ryan: Ça m'étonne de vous. Vous êtes plus
civilisée que ça d'ordinaire. La députée de
Chicoutimi...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: S'il vous plait! À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Mmes et MM. les
députés! Évidemment, une remarque attire toujours d'autres
réactions des parlementaires. C'est le temps de la période des
questions qui fuit à ce moment-là. Je pense qu'on ne respecte pas
effectivement le sens du règlement et je vous demande à nouveau,
je vous rappelle à nouveau de vous y conformer. M. le ministre,
en conclusion.
M. Ryan: II faut s'entendre clairement sur l'objectif que l'on
poursuit. La question de la députée de Chicoutimi laisse entendre
que nous aurions proclamé ici que l'objectif était de faire que
toutes les communications se fassent en français au Québec. Moi,
je n'ai jamais proclamé cet objectif-là, parce que je sais qu'il
serait totalement hors d'atteinte.
À l'Université McGill, pensez-vous que toutes les
communications devraient se faire en français? C'est à ça
que conduit une affirmation absolutiste comme celle de la
députée. Nous voulons que l'usage de la langue soit conforme
à ce qu'est la réalité démographique du
Québec, c'est-à-dire que la langue de communication habituelle,
la langue commune entre les Québécois soit le français,
mais dans le respect de la liberté de chacun d'user de la langue de son
choix dans ses communications privées, dans les communications qui
traitent de tel et tel sujet.
Il faut éviter les affirmations dogmatiques. Ça conduit
dans des culs-de-sac comme ceux qu'on est obligé de réparer
maintenant.
Des voix: Bravo!
Le Président: Je reconnais Mme la députée de
Chicoutimi, cette fois-ci, en question principale.
Mme Blackburn: M. le Président, avant de passer à
la question, je demanderais au député de Saguenay de retirer ses
propos. Il m'a traitée de raciste!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mmes et MM. les députés! S'il vous plaît! S'il vous
plaît! La question de règlement soulevée par Mme la
députée de Chicoutimi... M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît! Mme la députée, je n'ai
aucunement, en aucun temps, reconnu la parole au député de
Saguenay. Je ne peux que déplorer des propos qui sont faits en Chambre
de cette façon. C'est contraire au règlement, formellement.
Alors, j'espère que chacun se conformera au règlement.
Pour une question principale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...moi, je ne peux pas laisser une
telle remarque. Je n'ai pas entendu de propos... J'en ai entendu qui venaient
de l'autre côté. Je pourrais me lever puis en identifier, M. le
Président.
Le Président: Effectivement, ce que je viens de
mentionner... S'il vous plaît! S'il vous plaît! Écoutez!
S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! De toute
fa-
çon, d'un côté comme de l'autre, comme
président, mon oreille n'est pas à 125 députés pour
entendre s'il y a des propos désobligeants, non conformes au
règlement ou complètement inadmissibles qui sont donnés.
Alors, que chacun se discipline, respecte le règlement, et je ferai mon
travail le mieux possible. Je pense que c'est que j'essaie de faire.
Maintenant, si des députés s'arrogent un droit de parole
? mon prédécesseur l'avait déjà
mentionné dans une décision ? puis rendent un propos qui est
non parlementaire, la première infraction, ce n'est pas
nécessairement que le propos n'est pas valable mais la première
infraction, c'est de s'arroger le pouvoir de parole. Alors, que chacun respecte
les autres parlementaires et le règlement.
Pour une question principale, Mme la députée.
Mme Blackburn: M. le Président, question principale. Pour
éviter de répondre aux questions, le ministre est mal pris, il
utilise l'insulte et les accusations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, question
de règlement.
Le Président: Oui. À l'ordre, s'il vous
plaît! Oui, oui, un instant! Un instant! J'ai un rappel au
règlement.
Une voix: C'est une question principale.
Le Président: C'est une question principale, mais j'ai un
rappel au règlement. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je suis
bien conscient que nous sommes en question principale et que Mme la
députée a le droit à un court préambule. Elle
débute sa question en disant: Bien consciente que le ministre tente de
ne pas répondre aux questions... C'est imputer des motifs au ministre,
c'est contraire à notre règlement.
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Alors, sur la question de règlement, M. le leader adjoint
de l'Opposition.
M. Gendron: Oui, mais très rapidement, il me semble, M. le
Président, s'il y a un moment, là, aujourd'hui, que votre
réponse...
Le Président: Oui, un instant! Je vais vous écouter
attentivement. MM. les députés, juste en avant de moi, s'il vous
plaît, je vous rappelle à l'ordre. Alors, allez-y.
M. Gendron: S'il y a un moment aujourd'hui, M. le
Président, où votre décision ne devrait pas être
longue à prendre, c'est sur la fausse question de règlement qui
vient d'être soulevée par le leader du gouvernement.
Le Président: S'il vous plaît, M. le
député, là.
L'article du règlement... On invoque le règlement.
Évidemment, toute question qui précédée d'un
préambule qui est trop long, qui n'est pas sur la question telle
quelle... Écoutez, je comprends que vous faites référence
à une question précédente, je vous prierais d'y aller avec
un court préambule pour votre question. Non. C'est ça, c'est
justement ce que je vous dis. Donc, ce qu'on soulève comme question,
c'est que, si on commence en disant qu'une réponse est non satisfaisante
à une question précédente, en introduisant une
deuxième question, il est évident que ça suscite un
débat, cette chose-là, ce que je voudrais quand même
éviter à ce moment-ci. Alors, allez-y, madame, avec votre
question.
Mme Blackburn: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président: Oui.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a le droit de commencer sa
réponse par des insultes et des accusations?
Le Président: Non. Effectivement, écoutez, Mme la
députée, ce qu'on dit dans le règlement, c'est que toute
question peut être précédée d'un préambule.
Un préambule doit être court et bref pour englober la question
purement et simplement, mais toujours sans comporter d'expression d'opinion ni
d'argumentation, sans être fondé sur des suppositions, etc., de
telle sorte que la réponse sera du même genre. Alors, si on va de
ce côté-là avec la question, la réponse suivra dans
ce sens-là. Et j'invite les parlementaires à se conformer au
règlement dans ce sens-là.
Alors, je vous écoute attentivement pour donner votre
préambule et votre question.
Exclusion du Conseil de la langue française
des
organismes invités à la commission
permanente
de la culture sur le projet de loi 86
Mme Blackburn: Jeudi dernier, le leader du gouvernement
déposait en cette Chambre la liste des organismes invités
à comparaître devant la commission parlementaire chargée
d'étudier le projet de loi 86 modifiant la loi 101. À rencontre
des pratiques habituelles, le gouvernement décidait d'imposer
unilatéralement la liste des groupes sans aucune consultation de
l'Opposition. Ce faisant, le gouvernement a laissé de côté
des organismes aussi importants que le Conseil de la langue française,
l'Association des professeurs de français, certains constitutionnalistes
ou démographes, encore.
Ma question s'adresse au ministre responsable de la Charte de la langue.
Le ministre peut-il nous dire pourquoi le Conseil de la langue française
a été écarté des organismes qui seront entendus en
commission
parlementaire? Serait-ce parce que le ministre ne veut pas entendre
l'avis de ce Conseil qui rejetait précisément l'hypothèse
avancée dans son projet de loi touchant l'affichage commercial parce que
susceptible ? et je les cite ? «d'entraîner la
propagation du bilinguisme sur l'ensemble du territoire québécois
si l'on permettait l'utilisation d'autres langues sur l'affichage
commercial»? Est-ce que c'est parce qu'il ne veut pas entendre cet
avis?
Une voix: Bravo!
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais rappeler que, si le
gouvernement avait voulu agir dans l'obscurité, il n'aurait pas
proposé, comme l'a fait le leader, vendredi dernier, que les auditions
de la commission parlementaire soient télédiffusées. Cela
va de soi.
Dans le cas du Conseil de la langue française... (14 h 50)
Le Président: Bon, j'ai un exemple, encore une fois,
très, très clair, du député de
Sainte-Marie?Saint-Jacques, du ministre du Travail et de plusieurs autres
personnes. Je vous demanderais, s'il vous plaît, de cesser ces
interpellations, d'un côté et de l'autre. J'ai reconnu une
personne, le ministre, et c'est lui que je voudrais entendre. M. le
ministre.
M. Ryan: Je ne sais pas si la députée de
Chicouti-mi était en cette Chambre à cette époque, mais
lorsque le gouvernement péquiste de l'époque avait imposé
une législation autoritaire en matière de
rémunération, en 1981 ou 1982, nous avions demandé, nous,
de l'Opposition du temps, que le Conseil supérieur de l'éducation
soit entendu. Et le président du Conseil avait répondu que ce
n'était pas son rôle d'aller témoigner devant une
commission parlementaire, et ceci avec l'assentiment du gouvernement du temps.
Nous avons pensé que ces règles valaient encore. Le Conseil a eu
l'occasion d'émettre publiquement son opinion dans l'avis qu'il m'a
remis à la fin du mois de mars; je peux difficilement envisager qu'il
change d'opinion dans l'espace d'un mois ou deux. Mais, s'il y avait seulement
ce point-là qui nous séparait, nous serions prêts à
le négocier.
Le Président: Pour une question complémentaire.
Mme Blackburn: M. le Président, si le ministre est
prêt à négocier dans un esprit d'ouverture ? qu'il ne
manifestait pas jeudi dernier ? est-ce qu'on peut ajouter à la
liste un certain nombre d'organismes qu'il serait particulièrement
important d'entendre, y compris un certain nombre d'experts
constitutionnalistes, l'Association québécoise des professeurs de
français, les professeurs de COFI? Est-ce qu'il est prêt à
ouvrir jusque là? Parce que, faut-il le rappeler, c'est un débat
télédiffusé, alors la population a droit à
l'information.
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: D'abord, je suis surpris que la députée de
Chicoutimi ne remercie pas le gouvernement d'avoir fourni une très bonne
base de travail. Nous avons fourni une liste d'une quarantaine d'organismes,
qui est largement inspirée de celle qui avait été
dressée par l'ancien ministre responsable de la Charte de la langue
française quand il avait présenté un projet de loi en
1983, à peu près. Il n'y a pas beaucoup d'organismes que vous
voudriez supprimer de cette liste-là. S'il y a d'autres organismes qu'on
veut proposer, le leader et moi-même avons demandé la semaine
dernière que, par les voies régulières, l'Opposition fasse
connaître ses suggestions; elles seront étudiées dans
l'esprit d'ouverture que nous essaierons de maintenir dans la conduite de ce
débat.
Le Président: Pour une question principale, M. le
député de Laviolette.
Droits compensatoires pour le bois d'oeuvre vendu aux
Etats-Unis
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Encore une fois, le
Québec est à la remorque d'Ottawa sur la question des droits
compensatoires pour le bois d'oeuvre vendu aux États-Unis. Contrairement
au Nouveau-Brunswick, le Québec doit payer 6,5 % de plus. Pendant ce
temps, Irving, au Nouveau-Brunswick, qui possède une usine au
Québec, qui a fait cavalier seul dans le dossier, ne paie rien,
c'est-à-dire zéro. Alors, j'aimerais savoir, de la part du
ministre des Forêts, quelles sont les raisons qui peuvent être
invoquées pour que le Québec soit traité
différemment du Nouveau-Brunswick dans ce dossier des droits
compensatoires.
Le Président: M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, évidemment, nous sommes déçus de la
récente décision. Par contre, nous continuerons à
défendre les intérêts du Québec auprès du
Département du commerce des États-Unis. Et nous demandons au
comité binational de revoir son dossier et de faire en sorte de nous
revenir possiblement avec une décision qui nous serait favorable, nous
l'espérons, vers la fin de juillet.
Le Président: Alors, en question complémentaire, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, quels sont les arguments que
le Nouveau-Brunswick, que M. Irving a pu utiliser pour convaincre les
États-Unis de ne pas charger de droits compensatoires, alors que
même le représentant du Québec, l'avocat Elliot Feldman,
avait expliqué qu'en vertu des lois commerciales américaines le
Que-
bec devait être traité comme un pays parce qu'il avait
l'entière responsabilité des forêts et des programmes
entourant la coupe de bois ? même si on crée une certaine
sensation politique lorsqu'on applique le terme «pays» au
Québec? Est-ce que l'argument de son propre avocat n'aurait pas suffi
à faire en sorte que le Québec paie zéro?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous comprendrez,
M. le Président, que je ne contrôle pas la décision du
Département du commerce des États-Unis, comme du comité
binational. Et l'avocat Feldman a fait un bon plaidoyer en faveur du
Québec pour réduire la taxe de 6,51 % au bois d'oeuvre
exporté aux États-Unis. Comme le ministre des Affaires
internationales a été mêlé à ce
dossier-là et que c'est lui qui paie l'avocat Feldman, je lui
demanderais de compléter ma réponse, s'il vous plaît.
Le Président: Alors, M. le ministre des Affaires
internationales.
M. Ciaccia: la décision que nous avons reçue des
états-unis renvoie au department of commerce l'obligation de revoir et
de refaire ses devoirs, parce que la décision du binational est à
l'effet que le department of commerce n'a pas justifié ses 6 %. alors,
je crois que c'est un peu prématuré pour le député
de laviolette de commencer à critiquer cette décision et de
savoir ce que nous faisons. nous défendons les intérêts du
québec. nous avons reçu une décision qui demande au
department of commerce de revoir ? ils ont 90 jours ? et nous allons
voir, à la fin des 90 jours, s'ils ont effectivement
réexaminé les 6 %. nous croyons que pour le québec
ça devrait être zéro.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Jolivet: ...le ministre peut-il nous dire pourquoi, pour la
deuxième fois, le Nouveau-Brunswick, c'est toujours zéro, et le
Québec continue à payer 6,5 % alors qu'il a fait la preuve que
c'était zéro qu'il devait payer? Pourquoi?
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président: M. le ministre des Affaires
internationales.
M. Ciaccia: ...nous pouvons fournir les arguments, nous pouvons
fournir les documents, mais ce n'est pas nous qui écrivons la
décision. Les Américains nous ont fait savoir qu'au
Nouveau-Brunswick ce sont plutôt des terres privées, tandis qu'au
Québec ce sont des terres publiques. Nous avons dit: Ce sont les
mêmes règles, même si ce sont des terres publiques, nous
utilisons les mêmes règles que le Nouveau-Brunswick, et pour cette
raison nous devrions être exclus. La seule chose que nous pouvons faire,
c'est de faire l'argument, mais ce n'est pas nous, ce n'est pas le gouvernement
fédéral, ce ne sont pas nos avocats ni les avocats du
gouvernement fédéral qui écrivent la décision, ce
sont les autorités du panel binational et ce sont les autorités
du Department of Commerce. Mais nous allons continuer à nous
prévaloir de la décision qui vient d'être
énoncée et demander, comme la décision le fait, au
Department of Commerce de refaire ses devoirs et d'arriver à zéro
plutôt qu'à 6 %.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président: Alors, toujours en question
complémentaire.
M. Jolivet: ...la réponse ne serait-elle pas plutôt
que le Nouveau-Brunswick a décidé de faire cavalier seul, a
défendu lui-même son dossier, alors que le Québec a
été à la remorque du fédéral, et que c'est
le fédéral qui a déposé la demande du Québec
sans la défendre convenablement?
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président: M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le Président, l'industrie au Québec,
nous l'avons consultée, et toute la stratégie de contester,
ça s'est fait avec l'industrie québécoise. Nous avons
été en consultation. Mais ce qui est faux dans votre affirmation,
c'est de dire que nous n'avons pas pris nos avocats nous-mêmes, que nous
n'avons pas fait notre plaidoirie nous-mêmes à l'intérieur
de ce front commun de l'industrie, qui avait été approuvée
par l'industrie québécoise, et que nous avons reçu une
décision qui nous dit: Oui, vous avez raison, le Department of Commerce
a mal fait ses devoirs et il doit retourner parce qu'il ne peut pas justifier
les 6 %. Au moins, réalisez ce que la décision dit et n'essayez
pas, seulement pour des fins politiques, de dire que c'est parce que le
Nouveau-Brunswick a agi comme un pays indépendant qu'il a reçu ce
traitement. C'est absolument faux.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président: C'est malheureusement la fin de la
période de questions.
Il n'y a pas de votes reportés.
Motions sans préavis
Maintenant, aux motions sans préavis, M. le whip en chef du
gouvernement, en demandant, s'il vous plaît, l'attention de tous les
collègues. M. le whip en chef du gouvernement.
Remplacer un membre de la commission permanente de la
culture
M. Cusano: Merci, M. le Président. Permettez-moi de faire
la motion suivante: «Que M. Robert LeSa-ge, député de Hull,
remplace Mme Pierrette Cardinal, députée de Châteauguay,
comme membre de la commission de la culture.»
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le whip en
chef. Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Toujours à
l'étape des motions sans préavis, M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le
ministre, un instant. M. le leader du gouvernement. (15 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En présentant mes excuses
au ministre du Tourisme, compte tenu de l'importance de sa motion et qu'au
même moment la commission de l'éducation pourrait siéger,
je solliciterais le consentement de la Chambre pour que l'on procède aux
avis touchant les travaux des commissions immédiatement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Consentement. Alors,
allez-y avec les avis, M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président,
j'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui de 15 heures à 18 heures
et de 20 heures à 22 heures, ainsi que demain...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): J'aimerais bien qu'on
puisse entendre M. le leader donner les avis relativement aux travaux des
commissions.
S'il vous plaît! Allez-y, M. le leader.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, M. le Président,
ainsi que demain, le mercredi 12 mai 1993, de 10 heures à 13 heures,
à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission de
l'éducation poursuivra ses auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières sur le projet de loi 82, Loi modifiant la
Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel et d'autres dispositions législatives.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vos avis sont
déposés.
Renseignements sur les travaux des commissions... les travaux de
l'Assemblée, c'est-à-dire. Il n'y a pas de questions.
Motions sans préavis
Nous allons enchaîner avec les motions sans préavis. Je
vous reconnais maintenant, M. le ministre du Tourisme.
Souligner la Semaine du tourisme
M. Vallerand: M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de souligner la Semaine nationale
du tourisme qui se tient cette année du 10 au 16 mai.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion? Il y a consentement.
Allez-y, M. le ministre.
M. André Vallerand
M. Vallerand: Merci, M. le Président.
Cette motion vise d'abord et avant tout à souligner, d'une part,
l'importance économique du tourisme au Québec, à
féliciter l'ensemble des principaux acteurs de l'industrie touristique
à qui on reconnaît une qualité de prestation assez
exceptionnelle et comparative sur le plan international, et également
à souligner les gestes, les politiques, les actions du gouvernement en
soutenance, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant. Un instant,
M. le ministre.
Moi, je ne vous entends pas. J'inviterais Mmes et MM. les
députés dont le travail est terminé à
l'intérieur de l'Assemblée à bien vouloir, si c'est leur
intention, quitter l'Assemblée le plus rapidement possible pour se
rendre probablement aux différentes commissions parlementaires qui
siègent.
Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, strictement une
légère modification aux avis qui viennent d'être
donnés. Les auditions publiques auront lieu à la salle du Conseil
législatif, au salon rouge.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. le
ministre.
M. Vallerand: Merci, M. le Président.
On doit, évidemment, bien reconnaître votre façon de
présider cette Assemblée, d'y ajouter le décorum qui nous
permet, justement, de mieux camper la nature et le sens des motions que nous
faisons, et je vous en remercie.
Je disais qu'il y a un troisième élément de cette
motion qui n'est pas négligeable, c'est de souligner les apports, les
actions du gouvernement en soutenance à l'ensemble de l'industrie.
Ça peut paraître un peu équivoque, M. le
Président, que de souligner, dans ses dimensions particulières,
l'importance économique du tourisme, et je m'explique pour dissiper
cette équivoque dans l'esprit de certains. L'industrie touristique est
d'abord et avant tout une industrie à caractère
économique. Ses résultats sont mal connus. Sa reconnaissance dans
l'esprit de plusieurs est, aussi, mal reconnue. C'est important. Je pense, M.
le Président, qu'il ne s'agit pas de blâmer qui que ce soit, on
est un peu tributaire d'un résultat historique où certaines de
ses activités ont été mal comprises dans ce qu'elles ont
de motrices en termes de développement économique. Qu'il suffise
de rappeler que l'industrie touristique, M. le Président, c'est plus de
4 500 000 000 $ de revenu annuel, ce qui la situe... la sixième
industrie en importance et de façon comparative avec le secteur
manufacturier, le secteur de transformation, ce qui n'est pas
négligeable comme performance sur le plan de l'apport des revenus. Qu'il
suffise de rappeler, M. le Président, pour décrire
brièvement sa personnalité économique, que c'est
près de 200 000 emplois directs et indirects, encore une fois, si on
compare ça à l'ensemble de la population active, à
l'ensemble de l'emploi au Québec. Ce n'est pas négligeable, comme
apport économique, de rappeler également que c'est fait de plus
de 20 000 petites et moyennes entreprises, qu'également l'industrie
touristique est une des industries qui créent le plus d'emplois à
l'intérieur de l'ensemble de l'industrie dite des services, que sur
l'apport des revenus extérieurs, l'industrie touristique procure au
Québec 1 000 000 000 $, soit 25 % de l'ensemble de ses revenus. Je pense
que c'est donner, sans se perdre dans le jardin de la connaissance des
chiffres... nous permettre de bien circonscrire sa personnalité
économique et, de là, de faire la démonstration de son
importance en termes d'action économique au Québec.
Également, le deuxième volet que j'aimerais aborder avec
vous, M. le Président, dans cette motion pour souligner la Semaine
nationale du tourisme, c'est la contribution de l'ensemble des principaux
acteurs de l'industrie touristique. Vous le savez, M. le Président,
l'industrie touristique est faite d'une contribution de plusieurs partenaires.
On parle de la grande chaîne de production de l'industrie touristique. On
dit que le produit touristique est un produit synthèse. Je pense que
ça qualifie très bien la façon de vouloir décrire
quelles sont les prestations qui sont sous-jacentes à l'ensemble de la
réalisation d'un produit touristique. On n'a qu'à penser à
l'hébergement dans le domaine de l'hôtellerie, le secteur des
transports, le secteur de la restauration, le secteur de
l'événement, l'ensemble des productions culturelles du
Québec, la contribution, également, des Québécois
et des Québécoises, de l'ensemble des travailleurs au sein de
l'industrie, qui sont nos ambassadeurs de première ligne, sans compter
également le rôle important, primordial, essentiel de nos
Québécois et Québécoises dans l'accueil
touristique.
Vous le savez comme moi, l'activité touristique est une
activité extrêmement concurrencée sur le plan non seulement
local, national, mais international. La différence, entre autres,
au-delà de la qualité du produit, au-delà également
des attraits touristiques, au-delà des efforts de promotion et de
marketing qu'on peut faire pour mieux se distinguer sur l'échiquier
international, une mesure extrêmement importante, c'est celle de
l'accueil, la façon dont on est reçu dans un milieu qui nous est
étranger. Les Québécois et les Québécoises,
de tradition historique, sont connus comme étant extrêmement
accueillants, extrêmement chaleureux et nous permettent de nous
démarquer au sein de la concurrence internationale de façon
nette, par cette attitude.
Je prends à témoin, M. le Président, un des
lauréats du Grand Prix du tourisme, vendredi dernier, qui nous disait,
à la suite de la réception de sa marque de reconnaissance dans
son secteur: Vous savez, moi, je fais du démarchage sur le marché
international, je fais du démarchage notamment sur le marché
européen, et ça nous est extrêmement facile d'obtenir des
résultats plus que concrets, compte tenu de la réputation de
l'accueil des Québécois et des Québécoises qui est
connue à l'échelle nationale et internationale. C'était
son témoignage pour justifier, en partie, le résultat de ses
succès sur les marchés internationaux.
Cette Semaine, M. le Président, veut souligner, entre autres,
l'importance de cet accueil, de demander à nos Québécois
et nos Québécoises non pas d'être plus accueillants, ils le
sont déjà, mais de maintenir cette attitude d'accueil,
d'hospitalité qui nous permet de mieux nous distinguer sur certains
marchés, notamment sur les marchés internationaux.
Et finalement, M. le Président, en terminant, ce n'est
peut-être pas négligeable, en cette Semaine nationale du tourisme,
quand on veut faire la part des choses à l'intérieur de cette
motion, de souligner les contributions du gouvernement du Québec, compte
tenu de ses croyances dans l'importance économique du tourisme. Pour la
première fois, il y a à peine un an, M. le Président, on
mettait de l'avant une politique en matière de tourisme avec un plan
d'action. Un an après, jour pour jour, on faisait un bilan de ce
résultat de politique parce que, souvent, des politiques
économiques de gouvernement, c'est un peu équivoque; dans
l'esprit de plusieurs, on est circonspect par rapport à ces
réalisations. (15 h 10)
Donc, un an après, on faisait le bilan de cette politique et de
son plan d'action. On recensait, M. le Président, plus ou à peu
près 500 000 000 $ d'investissements réalisés ou en voie
de réalisation depuis un an, on pouvait faire 1'enumeration d'une liste
assez substantielle de grands projets qui sont venus enrichir la qualité
de nos produits touristiques au Québec, qu'il s'agisse de mentionner
l'amélioration de la région du mont Tremblant en
développement quatre saisons, qu'il s'agisse, entre autres, de parler de
la création des casinos au Québec, qu'il s'agisse
également de mentionner la création éventuelle d'un centre
des congrès à Québec. On sait comment la région de
Québec est un des principaux pôles d'attraction touristique et
manquait d'équipement au titre de l'accueil des conventions et des
grands groupes; le gouvernement présentera prochainement un projet de
loi qui permettra la réalisation du Centre des congrès de
Québec, sans compter également l'aménagement des chutes
Montmorency dans la région de Québec. Je pense que c'est une
liste assez exhaustive de réalisations qui, de toute évidence et
dans l'esprit de tous les connaisseurs dans le secteur touristique, assure que
le gouvernement, par la justesse de ses politiques, a ajouté
considérablement, dans ses moyens, dans ses efforts et dans son
rôle, à la qualité du produit et de la prestation
touristique au Québec.
En terminant, M. le Président, le seul souhait que je veux faire,
c'est que je souhaite à tous nos principaux partenaires de
première ligne dans l'industrie touristique de connaître en 1993
une année qui va aller au-delà de leurs espérances. Et je
pense qu'on peut être relativement assurés de ce résultat
si on lit, dès ce matin, un sondage qui a été fait la
semaine dernière, avant même les actions de promotion que nous
conduisons depuis une semaine, et qui démontre que nos
Québécois et nos Québécoises ont l'intention,
à 70 % cette année, de prendre des vacances au Québec, de
prolonger leur séjour et de se servir d'un équipement
extraordinaire chez nous, qui est celui de l'hôtellerie.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre du
Tourisme.
Sur cette même motion du ministre du Tourisme, je cède la
parole à M. le député de Masson, critique de l'Opposition
officielle en cette matière.
Allez-y, M. le député.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
Normalement, M. le Président, en cette Chambre, il se
présente des motions pour des semaines, soit pour les déficients
mentaux et différentes choses. Cette semaine, c'est le tourisme.
Normalement, les députés ou les ministres qui présentent
ces motions-là le font d'un ton assez neutre, parlant
spécifiquement de la motion qui est devant nous. C'est une motion pour
dire: Cette semaine est la semaine du tourisme.
Le ministre a commencé son intervention en disant ceci: Dans
cette motion, il y a trois volets. Le premier volet, je voudrais souligner que
c'est la Semaine du tourisme. C'est à peu près tout ce qu'il en a
dit. Deuxième volet, je voudrais féliciter les gens du milieu du
domaine touristique. Il en a dit quelques mots. Et, troisième volet, je
voudrais parler des réalisations de notre gouvernement du
côté touristique.
J'ai l'impression que ce n'est pas la place, dans une motion comme
ça, pour ce faire. Cependant, on vit avec ce qu'on a, hein. Lorsqu'on a
un ministère du Tourisme qui est censé être du
côté économique dans les années qui viennent, qu'on
serait supposé avoir un succès boeuf et qu'on a une politique de
grenouille, il est porté à se faire dire que c'est la grenouille
de La-Fontaine qui se prend pour un boeuf. Et, à ce moment-là, on
est obligé d'en mettre plus sur nos réalisations plutôt que
de parler du motif qui fait qu'on a une motion devant soi.
Cette motion-là, je voudrais en parler quelques minutes. Je veux
parler de la motion. La motion: Cette semaine, c'est la Semaine du tourisme. Le
tourisme au Québec, et spécifiquement l'accueil,
l'hospitalité des Québécois, c'est de
notoriété publique; les Québécois sont très
hospitaliers. Hospitaliers, d'ailleurs, pour ceux qui vivent ici, ceux qui
arrivent au Québec, ceux qui choisissent de venir y demeurer comme ceux
qui sont là depuis peu de temps. Les Québécois ont les
bras ouverts, ils sont hospitaliers.
Hospitaliers aussi devant tous ceux qui visitent les différentes
régions du Québec. Qui n'a pas entendu dire que le Lac-Saint-Jean
est une région des plus hospitalières du Québec, et les
îles-de-la-Madeleine de la même façon? C'est une
qualité naturelle. Et, ce matin, pour souligner la Semaine du tourisme,
le bureau du ministre envoyait un fax pour la souligner. Ça s'intitule:
«Relance de la campagne de sensibilisation à l'accueil dans la
grande région de Montréal: dites bonjour à nos
visiteurs» pour la Semaine du tourisme. Relance de la Semaine du
tourisme.
J'ai passé à travers cette longue page. Il n'y a
absolument aucun plan de relance. Depuis cinq ans, c'est la cinquième
année que nous fêtons la fête du tourisme. Il n'y a jamais
eu de thème spécifique à cette Semaine du tourisme. Il
devrait y en avoir un. «Dites bonjour», qu'on dit ce matin; c'est
là depuis cinq ans. Je trouve ça bon, mais ce n'est pas ça
qui fait avancer le tourisme au Québec.
M. le Président, le tourisme au Québec... Le touriste,
quand il vient au Québec, trouve les gens hospitaliers, trouve notre
nature très belle, et beaucoup de gens viennent au Québec pour
voir notre nature et notre culture.
J'ai aussi eu le Telbec de M. Libman parlant de la langue et du
tourisme. Je ne crois pas que ça soit le temps d'en parler
immédiatement; il y aura une discussion en Chambre pour ça.
Tomber sur la Semaine du
tourisme et en faire une chose partisane, j'ai dit au tout début
qu'on ne se doit pas de le faire; je ne le ferai pas non plus et je
blâmerai le député de D'Arcy-McGee d'avoir profité
de la Semaine du tourisme pour faire de la petite politique. Ce n'est pas le
temps de faire de la petite politique quand il y a une motion sur une chose
spécifique. On ne va pas chercher des votes sur les cadavres et on ne va
pas se chercher des votes sur les baptêmes des gens. On ne le fait pas
non plus quand il y a une semaine spécifique, parler de façon
partisane en Chambre sur une motion de cette sorte.
Le Québec est une société très
hospitalière et dire ça... J'entends dire de l'autre
côté: C'est «cheap». Ce n'est pas «cheap»,
dire ça. Je ne veux pas être «cheap», je ne veux pas
faire de la politique avec la Semaine du tourisme. Je veux tout simplement
dire: Nous avons des installations extraordinaires en hôtellerie, nous
avons une table magnifique et nous avons des Québécois qui
reçoivent les touristes à bras ouverts. Il suffit tout simplement
d'avoir des politiques cohérentes pour concilier nos qualités,
notre différence et notre culture et, automatiquement, la Semaine du
tourisme sera toujours un succès au Québec.
Et sur ça, M. le Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Masson.
Sur cette même motion, M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président.
En discutant de la Semaine du tourisme, il est très important,
pour les députés élus, d'analyser l'industrie du tourisme
au Québec, d'essayer de trouver des façons que nous pouvons
améliorer le tourisme au Québec. La Semaine du tourisme, c'est un
titre, c'est un titre qui est beau, mais, en même temps, nous avons la
responsabilité d'adresser les questions d'importance qui affectent la
vie quotidienne de tous les Québécois et qui affectent
l'économie du Québec aussi.
C'est pour cette raison, M. le Président, que je veux adresser
cette question et certaines façons que nous pouvons améliorer
l'industrie du tourisme au Québec. Contrairement à ce que
prétend le député de Masson, il faut, comme
député responsable, adresser les questions importantes.
L'industrie touristique, M. le Président, sera, selon plusieurs
spécialistes et analystes économiques, l'une des premières
au monde en l'an 2000. Cette industrie qui, au Québec,
génère 56 700 emplois directs et 17 000 indirects, environ,
souffre d'un déficit de balance budgétaire d'environ 2 000 000
000 $; 2 000 000 000 $, en 1992. Cela lui octroie une importance capitale pour
la relance économique de Montréal, le maintien de celle du
Québec et le développement de certaines régions,
aussi.
En 1990, M. le Président, les recettes touristiques du
Québec s'évaluaient à 4 033 000 000 $, et le profit
réel du tourisme au Québec vient d'abord des Américains,
suivis des Canadiens des autres provinces. Alors, ces recettes touristiques,
qui rapportent environ 1 133 000 000 $ ne comptabilisent même pas tous
les achats qui se font au Québec par les touristes. Rien que ce fait et
l'économie qui en dépend devraient inciter le gouvernement du
Québec et devraient inciter l'Opposition officielle à être
plus responsables, ce qui devrait les inciter à considérer
l'affichage bilingue comme une valeur ajoutée obligatoire à la
relance économique du Québec. (15 h 20)
L'affichage unilingue français agit comme un irritant chez
certains touristes et pourrait bien priver l'industrie touristique
québécoise de revenus importants. Et, dans ce cadre
général, l'un des premiers sujets sur lequel il faut se pencher
en est un qui sème la confusion depuis des années, et qui est
dans l'intérêt de l'Opposition de semer la confusion
là-dessus, et ça, c'est la sous-proposition de la langue et de la
culture au Québec. En ce sens, si les gens qui nous visitent
apprécient la langue et la culture majoritaires du Québec et n'en
déplorent pas moins certains irritants, comme celui d'être
obligés de lire la publicité ou les directions exclusivement dans
une langue qu'ils ne comprennent pas.
Quand on se rend en Chine ou en Grèce pour quelques semaines de
vacances ou pour quelques jours en affaires, ce n'est pas pour être
soumis aux Chinois ou aux Grecs mais pour visiter des monuments, pour conclure
des contrats, regarder les gens vivre et apprécier de
l'extérieur, comme observateur, leur culture au-delà des mots, en
se référant aux gestes et à l'atmosphère des
lieux.
Dans le cadre de mondialisation des marchés, de la concurrence
internationale et de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les
États-Unis, l'affichage unilingue constitue un handicap sérieux
pour l'industrie touristique du Québec. La conjoncture économique
actuelle ajoutée aux pertes d'emplois aux États-Unis et dans le
reste du Canada, nos deux principaux clients, rend très sensibles les
destinations à la concurrence, et les nôtres en particulier. Il
s'agit d'un élément important dans la perte de clientèle
touristique. Il faut comprendre qu'il y a urgence à nous mettre vraiment
à l'heure de la concurrence et du libre-échange des biens et
services, ce qui fait dorénavant de l'affichage bilingue, voire
même trilingue comme en espagnol, une nécessité
incontournable si nous voulons rester compétitifs dans le cadre de la
mondialisation.
La possibilité, M. le Président, d'afficher dans une autre
langue en plus du français ne diminuerait pas l'attrait qu'ont les
touristes pour une autre culture francophone. On donnera à cette
industrie les moyens d'améliorer sa position sur le marché
nord-américain et
mondial en permettant une libéralisation dans le secteur de
l'affichage. Cette libéralisation concéderait un avantage certain
au Québec par rapport aux autres destinations touristiques. Et c'est
ça, la valeur ajoutée à un produit, qu'il soit touristique
ou autre: c'est rendre le produit compétitif face à une
concurrence de plus en plus féroce. La province de Québec doit
situer son avenir touristique au-delà des idéologies
restrictives. Et nous pouvons dire ça, M. le Président, pour tout
autre secteur de notre économie.
Pour terminer, M. le Président, dans la mesure où nous
souhaitons redresser et relancer le tourisme au Québec, qui,
actuellement, crée plus d'emplois à l'extérieur que chez
nous, dans la mesure aussi où nous souhaitons ajouter de la valeur
à nos sites et commerces en accueillant mieux nos clientèles
naturelles, anglo-américaines, le gouvernement du Québec doit
? comme il a déjà commencé à le faire ?
accepter la présence d'autres langues avec le français dans
l'affichage commercial partout au Québec, y compris sur les grands
panneaux publicitaires mais aussi sur les sites touristiques tels les
musées, stades, Biodôme, parcs, etc., et même sur la
signalisation routière, M. le Président, et aussi dans le
réseau de tranport, soit les gares de train, stations de métro,
gares d'autobus, etc. Il faut faire de notre mieux pour adapter notre
économie et l'attrait touristique à la compétition
croissante. Permettre l'affichage en d'autres langues rendra notre province
beaucoup plus attrayante aux étrangers, et les retombées
économiques seront substantielles.
Alors, je veux prendre cette occasion, M. le Président, pour
déposer une étude qui a été faite pour que le
ministre puisse prendre connaissance de certaines informations et statistiques
très importantes. Cette étude est intitulée
«L'impact des lois linguistiques sur l'industrie du tourisme au
Québec». Et je pense que cette ouverture du gouvernement pour
permettre d'autres langues d'affichage va nous amener une certaine
capacité de faire face au défi du prochain siècle, et pas
seulement dans le secteur du tourisme mais c'est aussi crucial dans d'autres
industries économiques. Et nous, les Québécois, allons
profiter de cette plus grande ouverture du gouvernement.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, j'ai besoin, si
vous désirez déposer un document, du consentement des
parlementaires. M. le leader du gouvernement, M. le député de
Laviolette, est-ce qu'il y a consentement au niveau des deux formations?
Alors, le document est déposé.
Document déposé
Merci, M. le député de D'Arcy-McGee.
Toujours sur la motion de M. le ministre du Tourisme, je vous
cède la parole, M. le député de Sa-guenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président.
Je voudrais profiter de l'occasion pour unir ma voix à celle du
ministre du Tourisme pour souligner la Semaine du tourisme au Québec,
qui est une des industries les plus importantes, et celle, souvent, qui apporte
une complémentarité dans chacune de nos régions, un apport
remarquable au point de vue financier.
M. le Président, la Semaine du tourisme s'est ouverte par le gala
des Grands Prix du tourisme québécois, vendredi dernier. Je
voudrais, bien sûr, profiter de l'occasion pour féliciter tous les
gagnants, tous ceux qui se sont surélevés, qui ont atteint
l'excellence au niveau de l'accueil et du service touristique.
M. le Président, ces Grands Prix, c'est une façon, pour le
gouvernement du Québec, de reconnaître l'excellence et
d'encourager, bien sûr, tous ceux et celles qui sont dans la voie d'aller
vers l'excellence en accueillant chez nous une recette importante, celle
d'amener des citoyens, des citoyennes à voyager à
l'intérieur du Québec, à mieux connaître notre
Québec et, bien sûr, à inviter des gens de
l'extérieur du continent à venir nous voir.
M. le Président, j'étais particulièrement fier
lorsque l'Hôtel Tadoussac, dans mon comté, s'est
mérité le premier prix d'accueil et de service. M. le
Président, c'est là une institution qui a 50 ans d'histoire,
qu'on a fêtée l'an passé, qui est à l'entrée
de la Côte-Nord et qui a toujours donné un accueil exceptionnel
aux Québécois, aux Québécoises et aux touristes
étrangers.
L'effort particulier de la famille Dufour, qui est propriétaire
de l'hôtel, c'est que, depuis cinq ans, au-delà de 90 % de sa
clientèle est maintenant européenne. Ils ont ouvert le
marché au niveau de l'Europe, emmené les Européens
à venir voir ce que c'est, le vrai Québec: les excursions
à la baleine, la pêche au saumon, la pêche à la
truite.
M. le Président, lorsqu'on a un paysage comme le nôtre,
lorsqu'on a des gens qui savent accueillir les touristes comme les gens de chez
nous, on ne peut que remercier le ministre d'avoir souscrit à
l'excellence des concitoyens.
Je voudrais, en particulier, en profiter pour féliciter la
famille Dufour pour son beau travail, mais aussi tous leurs employés, du
garçon de table au commis-receveur, tous ceux et celles qui ont permis
d'atteindre l'excellence de cette entreprise qui est la porte de la
Côte-Nord.
Bien sûr, avec l'arrivée du parc marin, le parc Saguenay,
le centre archéologique de Grandes-Berge-ronnes, la
société d'exploitation des mammifères marins de Tadoussac,
la baie de Sainte-Marguerite, à Sacré-Coeur, le centre
d'éveil aux produits marins, situé aux Escoumins, la
Haute-Côte-Nord est devenue une porte d'entrée extraordinaire.
Et j'en profite, M. le Président, pour inviter l'ensemble des
Québécois, des Québécoises, cette année,
à faire quelque chose de nouveau, à faire quelque chose de
bien lors de leurs vacances, à venir visiter la Côte-Nord qui, au
fait, n'a qu'une quinzaine, une vingtaine d'années d'existence au niveau
de l'accueil touristique, mais qui a su, en ce laps de temps aussi court,
atteindre l'excellence.
M. le Président, je voudrais, bien sûr, féliciter
tous ceux qui étaient finalistes, qui n'ont pas mérité ce
prix d'excellence, mais qui sont dans la bonne voie pour les années
futures.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Saguenay.
M. le député de Laviolette, je vous permets d'intervenir
sur la motion de M. le ministre du Tourisme.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président.
Dans cette Semaine, il est évident que je ne peux pas passer sous
silence qu'on a souventes fois invité le ministre au Festival western de
Saint-Tite, dans le comté de Laviolette ? Saint-Tite-des-Caps,
c'est différent ? d'autant plus que le Festival western de
Saint-Tite a obtenu un mérite très important, le premier prix, et
je voulais profiter de la circonstance pour le faire valoir, parce que
ça fait 25 ans que cette activité, qui est économique
à la fois, amène des milliers et des milliers de citoyens de
notre région et de l'ensemble du Québec, du Canada et des
États-Unis, puisqu'il y a rodéo, il y a activité, il y a
parade. C'est près de 300 000 personnes par année qui
amènent, dans notre économie, énormément d'argent.
Alors, on s'aperçoit que le tourisme peut être à ce
moment-là une activité économique. (15 h 30)
Je ne pourrais pas non plus ne pas inviter, compte tenu des
circonstances, l'ensemble de la population du Québec à venir
encore dans mon propre comté, à Grand-Mère, près de
chez moi, au village d'Emilie, au site de Shehaweh. Vous allez, probablement
l'an prochain, avoir Blanche. Alors, vous avez une autre activité qui
est très importante dans la municipalité de Grand-Mère, et
pour ne pas oublier la troisième partie de mon comté, je vous
parlerai des activités qui se situent à La Tuque, au festival de
chasse du club Optimiste qui, d'année en année, ramasse, dans une
soirée, près de 7000 personnes au colisée de la place pour
faire valoir une région qui est totalement touristique. Et pour
enclencher dans l'ensemble, M. le Président, profitons de cette semaine
pour faire valoir l'ensemble des activités de notre région, en
parlant de La Tuque jusqu'à Trois-Rivières pour la Classique
internationale de canots, qui se situe toujours du samedi jusqu'au lundi de la
fête du Travail, donc au mois de septembre, des activités
où les gens, encore une fois, venant de l'ensemble de l'Amérique
du Nord, des États-Unis, du Canada et du Québec viennent festoyer
avec notre région. Je dis aux gens du
Québec: Une semaine comme celle-là est importante,
puisqu'elle fait valoir les attraits touristiques qui, en même temps,
sont des possibilités au point de vue économique.
Alors, je m'associe à mon collègue, le
député de Masson, pour dire que oui, nous sommes bien conscients
que cette semaine est importante, mais que d'autres choses devraient être
faites par le ministre responsable pour permettre à toutes ces
activités d'être davantage reconnues au Québec. La
réunion de la fin de semaine est un exemple nous permettant de dire
combien il est important pour des organisations comme celle du Festival western
d'être honorées et de faire profiter l'ensemble de notre
région de ses retombées positives.
Alors, M. le Président, c'était les mots que j'avais
à dire à ce moment-ci, sur cette motion.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Jacques-Cartier, sur la motion de M. le ministre du
Tourisme.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président.
I am happy, of course, to speak in support of the same motion. I thought
I might comment on some of the things said by the Minister and the Member for
Masson as well.
The Minister noted that tourism is frequently underestimated or
underrated in terms of its overall importance in Québec, for that
matter, not just in Québec, but in many places, which I think is true.
It is perhaps for more reasons than one, but I think one of the reasons is that
people have forgotten that tourism was actually a dirty word only about a
hundred years ago. It was used in contrast to travel. People who went on tours
were people who could not afford to be genuine travellers and really get to
know other societies, so that they had to take quickie holidays. When people
began using the expression they did not realize that eventually we would live
in a world where virtually everyone took quickie holidays and that gradually
there would have to be an improvement in the quality of accommodation, travel
arrangements and, so forth, provided for people in a society in a hurry.
But there is another difficulty with tourism as an economic concept or
as a source of revenue and development in Québec that can be forgotten,
I think, and that is that it mixes together, of course, a number of quite
different things. We can mean tourism in rather the grand manner. That is, we
can mean visitors from the United States, whether from nearby or from quite
remote parts of the United States, or Europe or the rest of the world. We can
mean tourism from the rest of Canada. We could mean tourism from within
Québec. We can mean, in effect, not only tourism from near or from far,
but we can also mean tourism in the sense of
visitors who come to see how beautiful Québec is, which it
certainly is, or who simply come for a change of scene and are more interested
in the life of the large cities than they are in, let us say, seeing the
Saguenay, or the many other particularly lovely parts of the province.
But, in fact, it is probably rather difficult for the Minister or for
anyone else to distinguish exactly how much travelling that causes money to
flow into the Québec coffers is exactly that kind done by people who
could be classified as tourists. And that also is an important issue in terms
of understanding things like the recent easing up on the question of language
of signs. For example, the largest change of population in Canada each year, as
has recently been noted by Statistics Canada, as it always is, is not actually
caused by immigration to Canada, but by interprovincial migration. Almost a
million people in Canada changed province last year. There is constant movement
of people in and out of all the societies of North America for reasons that mix
business and pleasure. There are constant plane flights, automobile trips,
phone calls, hotel bookings, which are a kind of mélange, when you come
right down to it, of both business entreprise and a view of different places.
In the case of Québec, I think that the kind of issue that was raised by
my colleague from D'Arcy-McGee, that is the extent to which an easing up on
signs is certainly beneficial from this point of view, can hardly be
underestimated, and it can hardly be described as simply a partisan political
position. It is a mere statement of reality. I pointed out in this House once
before, several years ago, for instance that with our colleagues and friends
from the United States, that the difficulty they frequently have with
Québec is not that they are hostile to the French language, but simply
that they do not know the French language. Even if they have taken second
language instruction in school, the second language that is frequently taken by
Americans is not French but Spanish. In consequence, even that kind of
elementary and heavily accented French which you can expect from nearly all
English-speaking Canadians is quite commonly not there for people from Vermont,
or New Hampshire, or New York, or certainly from California or Texas. So their
encounter with unilingual French signs is one of genuine apprehension and
confusion.
But along with that, of course, there is the sense of bafflement as to
exactly why such a procedure, that is unilingual signs in areas where they do
not really seem to make sense, should ever have been followed in the first
place. You might say that we ran for office because we are Quebeckers who share
the bafflement of those tourists, and we will be very happy to see their
bafflement end.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier.
Alors, il n'y a pas d'autres interventions?
Mise aux voix
Est-ce que la motion de M. le ministre du Tourisme, qui se lit comme
suit: «Que l'Assemblée nationale souligne la Semaine nationale du
tourisme qui se tient, cette année, du 10 au 16 mai», est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Alors, il
n'y a pas d'autres motions sans préavis.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Nous allons maintenant procéder à l'étape des
renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Pas de renseignements,
pas de questions, M. le député de Laviolette?
Alors, j'ai moi-même l'avis suivant à vous soumettre. Je
vous avise que demain, lors des affaires inscrites par les
députés de l'Opposition, sera débattue la motion de Mme la
députée de Chicoutimi. Cette motion se lit comme suit: «Que
cette Assemblée est d'avis que sans la divulgation préalable des
projets de règlement d'application du projet de loi 86, qui seuls
indiqueront toute l'étendue de l'altération de la Charte de la
langue française, les consultations menées par la commission de
la culture seraient incomplètes et superficielles.»
Affaires du jour
Alors, nous continuons les travaux de l'Assemblée à
l'étape des affaires du jour. Aux affaires du jour, conformément
à l'article 286 du règlement, l'Assemblée doit maintenant
se constituer en commission plénière afin d'étudier les
crédits budgétaires de l'Assemblée nationale pour
l'exercice financier 1993-1994. Nous allons donc suspendre les travaux...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: ...est-ce que vous avez eu des avis pour des
débats de fin de séance?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui. Mais, comme vous le
savez, en vertu de l'article 308, deuxième paragraphe, ces avis ne
peuvent être donnés avant 17 heures, étant donné que
vous avez, l'Opposition officielle, jusqu'à 17 heures pour aviser la
présidence en conséquence. Et effectivement, j'ai reçu
à date deux avis de débat, deux demandes de débat de fin
de séance.
Alors, tel qu'indiqué, nous suspendons quelques instants pour
permettre aux personnes qui accompagnent M. le Président de prendre
place à l'intérieur de l'Assemblée.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
(Reprise à 15 h 44)
Commission plénière Étude des
crédits de l'Assemblée nationale
M. Lefebvre (président de la commission
plénière): ...de l'Assemblée nationale pour l'exercice
financier 1993-1994. Nous allons donc entreprendre nos travaux par les
remarques préliminaires de M. le président de l'Assemblée
nationale.
M. le Président.
Remarques préliminaires M. Jean-Pierre
Saintonge, président
M. Saintonge: Merci, M. le Président.
Comme vous venez de le mentionner, nous sommes réunis aujourd'hui
afin de procéder à l'étude des crédits
budgétaires de l'Assemblée nationale pour l'année
financière 1993-1994. À titre de président, c'est la
quatrième fois que je participe à cet exercice et, même si
nos prévisions budgétaires ont déjà
été approuvées par le Bureau de l'Assemblée, je
crois utile que la discussion soit élargie à l'ensemble des
députés, ce qui nous permettra d'échanger sur les
orientations et les projets à venir. Cette étude me semble donc
un moment des plus propices pour partager ensemble. Et je vous invite, au cours
des quelques heures qui sont à notre disposition, à me faire part
de vos commentaires et suggestions relativement à tout sujet
d'intérêt.
À ce moment-ci, j'aimerais souhaiter la bienvenue à tous
les députés qui se sont joints à nous. Je désire
particulièrement souligner la présence des deux
vice-présidents, M. le député de Frontenac, qui
préside actuellement nos travaux, ainsi que M. le député
de Jeanne-Mance. Leur grande disponibilité et la collaboration qu'ils
m'accordent dans la conduite des travaux de la Chambre et la
représentation de l'Assemblée me sont toujours extrêmement
précieuses, et je voudrais, encore une fois, les en remercier.
Dans l'exercice de mes fonctions, j'ai aussi besoin du support des
membres du Bureau de l'Assemblée. Comme vous le savez, la Loi sur
l'Assemblée nationale confère au Bureau un rôle important
dans l'administration de nos affaires. Il convient que je vous présente
les députés qui en font partie et qui, je peux en
témoigner, ont à coeur l'intérêt et le bon
fonctionnement de notre institution. D'abord, il y a les membres
réguliers. Du côté du parti ministériel, nous
retrouvons M. William Cusano, député de Viau et whip en chef du
gouvernement, M. Marcel Parent, député de Sauvé et
président du caucus ministériel, Mme Pierrette Cardinal,
députée de Châteauguay, M. Michel Charbonneau,
député de Saint-Jean, et M. Michel Després,
député de Limoilou. Quant à l'Opposition officielle,
celle-ci est représentée par M. Jacques Brassard,
député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de l'Opposition, M.
André Boulerice, député de
Sainte-Marie?Saint-Jacques, et Mme Carmen Juneau, députée de
Johnson. M. Robert Libman, député de D'Arcy-McGee et
représentant du Parti Égalité, vient compléter la
liste des membres réguliers.
Ensuite, il y a les membres suppléants. Pour le parti
ministériel, on retrouve Mme Madeleine Bleau, députée de
Groulx, M. Benoît Fradet, député de Vi-mont, Mme Nicole
Loiselle, députée de Saint-Henri, M. Norman MacMillan,
député de Papineau, et M. Rémy Poulin,
député de Chauveau. Du côté de l'Opposition
officielle, il y a M. Yves Biais, député de Masson, et Mme
Cécile Vermette, députée de Marie-Victorin. Pour le Parti
Égalité, le suppléant est M. Neil Cameron,
député de Jacques-Cartier.
Enfin, je voudrais compléter cette liste de collaborateurs en
soulignant le précieux concours qui m'est offert par le personnel de mon
cabinet, sous la direction de Mme France Boucher, et la contribution des
directeurs de cabinet du whip en chef du gouvernement, M. Donald Chouinard, et
du whip en chef de l'Opposition officielle, M. Raymond Brien. À
ceux-là s'ajoute le soutien constant du personnel de
l'Assemblée.
Incidemment, permettez-moi de vous présenter chacun des
gestionnaires qui, sous la direction du secrétaire
général, voient avec leurs employés au bon fonctionnement
des divers services administratifs et contribuent de façon significative
à la réalisation de la mission de l'Assemblée. Il y a
d'abord le Secrétaire général, M. Pierre Duchesne;
ensuite, M. René Chrétien, directeur général des
affaires parlementaires; Mme Cécilia Tremblay, directrice de la gestion
immobilière; M. Roger Bouchard, directeur de la sécurité;
M. Valmond Boulia-ne, directeur du Secrétariat des commissions
parlementaires; M. Jacques Pouliot, directeur général des
ressources matérielles et informatiques; M. Denis Leclerc, directeur de
la gestion des ressources humaines; Mme Maïté Le Goff, directrice
des communications et, jusqu'à tout récemment, directrice
générale du Bicentenaire; M. Gérard Laliberté,
directeur du Secrétariat de l'Assemblée; M. Marcel Rheault,
directeur de la radiotélévision des débats; M. Gilles
Cauchon, directeur de la gestion des ressources financières; M.
François Côté, secrétaire adjoint exécutif;
M. Mathieu Proulx, directeur de la recherche en procédure parlementaire;
Mme Carole Brodeur, directrice de l'informatique; M. Marcel Lacharité,
directeur des relations parlementaires et du protocole; M. André Lavoie,
directeur général de l'information; M. Jacques Prémont,
directeur général de la Bibliothèque; Mme Yvette Roberge,
directrice du Jour-
nal des débats; M. Gaston Bernier, directeur des services
techniques de la Bibliothèque; M. Conrad Harvey, directeur de
l'approvisionnement et des services auxiliaires; et M. Jacques Marcoux,
directeur des restaurants.
Ces présentations étant faites, j'aimerais aborder avec
vous l'un des faits marquants de la dernière année sur la
commémoration du Bicentenaire de nos institutions parlementaires. Je
profiterai de l'opportunité qui m'est offerte aujourd'hui pour tracer
une brève rétrospective des activités qui se sont
déroulées dans ce cadre et pour vous faire part des suites qui
pourraient être éventuellement données à cet
événement d'envergure.
Bien que quelques activités se soient déroulées
dès 1991, la majorité des éléments inscrits
à la programmation officielle ont eu lieu au cours de l'année
1992. Parmi les principales activités de la dernière
année, le tournoi Jeunes Démocrates, par lequel nous avons
cherché à sensibiliser les jeunes du Québec à
l'importance du rôle qu'ils sont appelés à jouer dans
l'évolution de nos institutions parlementaires, a été
clôturé par une grande finale télévisée, le
13 septembre dernier, sur le réseau de Radio-Canada, dans le cadre de
l'émission «Génies en herbe». (15 h 50)
Une autre activité digne de mention est sans doute le spectacle
son et laser, tenu l'été dernier, sur le thème
«À la lumière de l'histoire»; 38
représentations ont été données et plus de 300 000
personnes ont assisté à ce spectacle illustrant l'histoire du
parlementarisme québécois.
Un autre temps fort du Bicentenaire a été sans contredit
le Symposium international sur la démocratie. Cet
événement a réuni à Québec, en septembre
dernier, une tribune de personnalités internationales invitées
à s'exprimer sur le rôle, les aspirations et les contraintes de
tous les acteurs de la vie politique. Au total, 453 personnes ont
participé à ce Symposium qui s'est déroulé sous la
présidence d'honneur de l'ancien secrétaire général
des Nations unies, M. Javier Perez de Cuellar. A en juger par les commentaires
reçus, cet événement s'est révélé un
franc succès et a permis une réflexion des plus
intéressantes sur le thème de la démocratie.
Notre préoccupation de donner un contenu pédagogique
à la commémoration du Bicentenaire nous a également
amenés à tenir un Forum étudiant en janvier dernier. Ce
Forum a cherché à faire connaître davantage à 94
étudiants du niveau collégial, sélectionnés au sein
de 19 institutions différentes, les rouages et la vie parlementaire, le
rôle des parlementaires et le fonctionnement administratif du
Parlement.
D'autres événements ont aussi eu lieu. Ainsi, des
expositions portant sur les députés, la presse parlementaire, les
édifices parlementaires depuis 1792 et la vie parlementaire de 1792
à 1892 ont été organisées. À elle seule,
l'exposition sur la vie parlementaire, présentée au Musée
de la civilisation, a attiré plus de 390 000 personnes. Nous avons aussi
profité de différentes expositions régionales pour
rejoindre les gens qui n'ont pu venir à Québec.
Un certain nombre d'ouvrages de prestige et de vulgarisation ont, par
ailleurs, été publiés. Enfin, des cérémonies
ont eu lieu pour rappeler les premières élections et la
première session de 1792. Ce sont là les principales
activités qui ont été réalisées au cours de
la dernière année, et cela, est-il nécessaire de le
préciser, dans les limites du budget autorisé par le Bureau de
l'Assemblée.
Pour conclure sur la question du Bicentenaire, il serait sans doute
intéressant d'envisager réaliser à nouveau, au cours des
prochaines années, certaines activités pédagogiques pour
lesquelles nous avons reçu des demandes pressantes des ministères
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et de la Science,
de même que de la part des enseignants et des étudiants. Nous
verrons à évaluer des projets qui pourraient nous être
soumis, avec la Direction des communications, qui prend la relève dans
ce dossier, puisque le mandat de la Direction générale du
Bicentenaire a pris fin officiellement le 31 mars dernier.
L'année dernière, lors de l'étude des
crédits, je vous avais fait part de l'intervention de l'Assemblée
nationale en Cour suprême au soutien d'un appel porté par le
président de l'Assemblée législative de la
Nou-velle-Écosse relativement à la télédiffusion
des débats de cette Assemblée. Or, le 21 janvier 1993, la Cour
suprême a rendu jugement dans ce litige, dont la principale question
était de savoir si l'Assemblée législative de la
Nouvelle-Ecosse et, éventuellement, toute autre Chambre du Parlement ou
autre Assemblée législative au Canada pouvait refuser
l'accès aux caméras de la Société Radio-Canada pour
télédiffuser leurs débats, et ce malgré la
liberté d'expression et la liberté de la presse que garantit la
Charte canadienne des droits et libertés.
Étant donné l'importance de l'enjeu, les présidents
de la Chambre des communes, du Sénat et de la plupart des provinces et
des territoires sont intervenus dans ce pourvoi pour faire valoir les droits et
privilèges de leurs Chambres, de leurs Assemblées et de leurs
membres. La Cour leur a donné majoritairement raison en statuant que la
Charte canadienne des droits et libertés ne s'applique pas aux membres
de l'Assemblée législative lorsqu'ils exercent leurs
privilèges inhérents, puisque ces privilèges
bénéficient au Canada d'un statut constitutionnel.
Parmi ces privilèges spécifiques se retrouvent la
liberté de parole d'un membre d'une Chambre du Parlement ou d'une
Assemblée législative, le contrôle exclusif par la Chambre
ou l'Assemblée de ses propres débats, l'expulsion des
étrangers de la Chambre ou de l'Assemblée de ses environs sans
débat ou motif et, enfin, le contrôle des publications des
débats de la Chambre ou de l'Assemblée.
La Cour a, par le fait même, reconnu que ces privilèges,
nécessaires au fonctionnement des organismes législatifs, peuvent
être exercés sans être assujettis
aux droits garantis par la Charte, même si ces derniers font
partie de la Constitution du Canada, mais que, par l'effet contraire, la Charte
s'applique pleinement aux Chambres du Parlement du Canada et aux
Assemblées législatives des provinces et territoires dans tout
autre acte ou activité qui ne relève pas de l'exercice d'un
privilège nécessaire à leur bon fonctionnement.
À la même occasion, l'année dernière, je vous
informais de certains projets relativement à la poursuite de la
réforme parlementaire. Lors d'une séance de la commission de
l'Assemblée nationale, tenue le 27 janvier dernier, j'ai
réitéré mon intention de prendre les dispositions
nécessaires afin de convoquer la sous-commission de la réforme
parlementaire. L'objet de cette réunion de la sous-commission sera de
poursuivre son mandat, d'étudier des questions de réforme
parlementaire sur une base permanente et, plus particulièrement,
d'examiner un certain nombre de questions de procédure qui restent en
attente d'une solution.
Pour donner suite à cette intention et afin d'assurer une
meilleure préparation des travaux, j'ai réuni mes principaux
conseillers en procédure parlementaire afin d'élaborer un
ensemble de propositions de modification aux règles de
l'Assemblée. A ce jour, près de 50 projets ont déjà
été étudiés et, de ce nombre, 41 ont
été retenus.
Ces propositions de modification sont de diverses natures. Plusieurs
d'entre elles sont des modifications de forme visant notamment à
améliorer la qualité du français employé dans le
règlement et à rendre plus limpides certaines de ses
dispositions. D'autres, par contre, touchent le fond même de notre
procédure. À titre d'exemple, nous envisageons suggérer
une série de modifications visant une meilleure organisation de
l'étude des crédits budgétaires et d'autres sont
destinées à rationaliser la tenue des débats de fin de
séance.
Une des propositions à l'étude vise, par ailleurs,
à introduire un nouvel article qui, pour faire suite à un
désir que certains d'entre vous ont exprimé, permettrait à
des députés d'appuyer officiellement un projet de loi public
inscrit au nom d'un de leurs collègues. En prenant cet ensemble de
propositions comme point de départ, la sous-commission sera en mesure,
j'en suis convaincu, de faire un important pas en avant dans l'exécution
du mandat que l'Assemblée lui a confiée.
Nos réflexions ne se sont pas limitées à ces seuls
sujets. En effet, nous entendons proposer à la sous-commission la
constitution d'un comité spécial de trois députés
afin d'étudier en profondeur la procédure relative aux
interpellations. Je saisirai la sous-commission de cette proposition à
la première occasion. Nous sommes aussi à étudier deux
questions qui me préoccupent depuis fort longtemps: celle des
règles de procédure de la commission plénière et
celle concernant la protection des témoins devant les commissions de
l'Assemblée nationale. Des propositions de modification seront
arrêtées sous peu dans ces domaines particuliers et feront partie
des sujets que j'entends porter à l'ordre du jour d'une prochaine
réunion de la sous-commission.
J'aimerais maintenant vous entretenir sur les activités de
l'Assemblée dans ses rapports avec d'autres Parlements, dans le cadre
des grandes associations ou assemblées de parlementaires ou de
programmes spéciaux.
Au sein de l'Assemblée internationale des parlementaires de
langue française, les représentants de l'Assemblée ont
été très actifs dans les diverses commissions. J'ai eu
l'occasion, en ma qualité de premier vice-président de l'AIPLF,
de présider deux réunions du groupe de travail mis sur pied pour
étudier l'avenir de cette Assemblée. Le statut de celle-ci
évolue dans le sens d'une assemblée parlementaire de la
francophonie dont l'une des missions serait d'être le volet parlementaire
des sommets des chefs d'État et des gouvernements des pays ayant en
commun l'usage du français. La XIXe assemblée
générale aura d'ailleurs l'occasion, en juin prochain, de se
prononcer sur cette orientation. Les échanges sur cette question seront,
par la suite, finalisés avec les instances de la francophonie.
Nous avons aussi participé aux assemblées
générales annuelles des associations parlementaires
américaines, la National Conference of State Legislatures et PEastern
Regional Conference of Council of State Governments. Tout récemment,
l'Assemblée a été l'hôte de la première
réunion de la commission de l'énergie et de l'environnement de
l'ERC, une activité d'importance qui a permis à environ 20
parlementaires américains, provenant des 10 États du Nord-Est,
d'être sensibilisés davantage aux politiques
québécoises en matière d'énergie et
d'environnement.
Du côté de l'Association parlementaire du Commonwealth,
l'Assemblée s'est particulièrement démarquée, cette
année, en sa qualité d'hôte de la Xe Conférence des
présidents d'assemblées législatives du Canada. Quant
à nos relations avec la France, nous avons participé aux travaux
de la Vile Session de la Commission de coopération interparlementaire
franco-québécoise. Cette session a été l'occasion,
pour les parlementaires québécois et français, de discuter
des facteurs d'intégration des immigrants. Nos rapports avec la
communauté française de Belgique se sont également
poursuivis, notamment dans le cadre d'un projet commun de coopération
avec le Parlement bulgare. (16 heures)
Par ailleurs, nous avons, à l'occasion du Bicentenaire de nos
institutions parlementaires, mis l'accent sur la promotion de la
démocratie dans nos relations avec l'extérieur. Ainsi, deux
séminaires consacrés à l'étude des institutions
politiques québécoises ont été organisés
à l'intention de parlementaires de pays de l'Est et d'Afrique.
L'Assemblée nationale s'est aussi engagée, de façon
significative, dans le dossier fort important de l'observation
d'élections. Nous avons collaboré au programme d'appui à
la démocratie organisé par le gouvernement du Québec, avec
le support des instances intergouvernementales de la francophonie. La
participation
de l'Assemblée nationale à ces divers programmes de
promotion de la démocratie a constitué un élément
substantiel de nos relations parlementaires internationales, au cours de la
dernière année. Il s'agit là d'un sujet que j'ai pu
aborder avec le président du Parlement européen, M. Egon Klepsch,
lors de sa visite en mars dernier. La venue à Québec de ce
personnage parlementaire européen de toute première importance a
constitué un événement majeur. Elle aura permis de jeter
les bases de dialogue entre l'Assemblée nationale et le Parlement
européen.
Je souhaiterais maintenant vous entretenir de certaines
réalisations et projets relatifs aux ressources humaines,
matérielles et financières de l'Assemblée. D'abord, en ce
qui concerne nos ressources humaines, nous avons poursuivi nos efforts de
rationalisation entrepris depuis quelques années déjà.
Ainsi, au 1er avril 1993, notre effectif total a diminué de 31 postes
par rapport au dernier exercice, soit 4 postes réguliers et 27 postes
occasionnels. Parmi les postes réguliers abolis se retrouvent deux
postes de cadres supérieurs, ce qui en ramène le nombre à
25. Par rapport au budget de l'an dernier, il s'agit d'une réduction de
près de 5 % de l'ensemble de notre effectif et de 8 % de nos postes
d'encadrement supérieur, ce qui se compare avantageusement à
l'objectif gouvernemental en cette matière.
Par ailleurs, en vue d'aider certains de nos employés vivant des
problèmes susceptibles d'affecter la qualité de leur travail,
nous avons mis en place un programme d'aide visant à leur offrir les
services de ressources spécialisées. Nous espérons que ce
programme géré par la Direction de la gestion des ressources
humaines saura répondre aussi bien aux objectifs que nous nous sommes
fixés comme employeurs qu'aux attentes et besoins du personnel
concerné.
Au plan des ressources matérielles, plusieurs projets qui ont
été mis en marche l'an dernier verront leur aboutissement au
cours de la présente année financière seulement. Parmi
eux, le projet de remplacement et de modernisation des équipements de
production de la Direction de la radiotélévision des
débats, qui datent de près de 15 ans, s'avère une
pièce majeure. Ce projet fait suite au rapport d'une firme d'experts
concluant à l'état de désuétude de ces
équipements et à l'urgence de les remplacer, au risque, à
tout moment, de ne plus être en mesure de télédiffuser les
travaux de l'Assemblée. Le coût de remplacement est estimé
aux environs de 2 300 000 $. Il inclut notamment l'achat de nouvelles
caméras et l'implantation d'un système d'automatisation
permettant désormais de commander ces caméras directement de la
régie de production. Les travaux d'installation de ces nouveaux
équipements s'effectueront au cours de l'été qui vient, et
on m'assure que le tout sera fonctionnel pour la reprise des travaux en octobre
prochain.
Puisque nous traitons de la question de la télédiffusion
de nos travaux, j'aimerais vous faire part de deux autres projets que nous
voulons mettre de l'avant. Dans le premier cas, il s'agit d'un sondage que nous
entendons réaliser en cours d'année. Depuis près de 15
ans, les Québécois ont accès à nos débats
par l'entremise de la télévision. Or, nous n'avons eu, au cours
des 10 dernières années, aucune véritable indication
scientifique faisant état du taux de pénétration dans les
foyers québécois. Il serait donc souhaitable, après tant
d'années, de prendre à nouveau le pouls de la population,
d'évaluer la perception du public et de mesurer l'impact de la
télédiffusion des débats. Les résultats de ce
sondage devraient, à mon avis, nous éclairer sur les
décisions que nous aurons à prendre, notamment dans le dossier de
la diffusion de nos débats dans les régions du Québec qui
ne peuvent être rejointes par le biais du lien microondes.
Dans le second cas, il s'agit de réévaluer les normes
télévisuelles actuellement en usage puisque les images dites
statiques ne semblent plus rencontrer les attentes formulées par les
milieux de l'information. À cet égard, j'ai l'intention de
réunir le comité consultatif de la radiotélévision
des débats afin de décider des modalités du calendrier de
réalisation du projet expérimental que nous entendons mettre sur
pied d'ici l'ajournement, en juin, des travaux de la Chambre. En fonction des
résultats obtenus, on peut espérer que de nouvelles normes auront
cours dès l'automne prochain.
L'acquisition et la rénovation de l'édifice
André-Laurendeau est une autre pièce de résistance dont je
désire vous entretenir. Le 18 décembre 1991, le Bureau de
l'Assemblée m'autorisait à conclure une entente avec la
Société immobilière du Québec en vue
d'acquérir cet édifice. L'occupation de cet édifice, je
vous le rappelle, présente de nombreux avantages: obtenir des espaces
sécuritaires et fonctionnels, regrouper au maximum dans un même
édifice des unités administratives ayant des fonctions semblables
ou complémentaires, redonner l'Hôtel du Parlement aux
parlementaires, offrir des espaces additionnels pour réaliser des
travaux de mise aux normes des édifices Pamphile-Le May et
Honoré-Mercier prévus au plan quinquennal d'immobilisation, tel
qu'adopté par le Bureau de l'Assemblée, rapatrier les services
qui sont aménagés dans l'édifice D et pour lesquels
l'Assemblée a versé, en 1992-1993, en coûts de location,
une somme de 1 100 000 $.
Un projet de protocole d'entente conclu entre la SIQ, le ministre des
Transports et l'Assemblée est présentement à
l'étude. Nous pourrions alors, dès le début de 1995,
assumer l'entière responsabilité de la gestion immobilière
et de l'administration de l'édifice André-Laurendeau au
même titre que les édifices de l'Hôtel du Parlement,
Pamphile-Le May et Honoré-Mercier.
Dans le secteur de l'informatique, le Bureau de l'Assemblée a
donné son accord à la réalisation d'un nouveau plan
directeur informatique. Commencée au cours de l'année 1987-1988,
la mise en oeuvre du plan d'implantation informatique a été
menée à terme en 1990-1991, et les deux dernières
années ont été consacrées à la
consolidation, sans aucune évolution des
systèmes.
Depuis, cependant, de nouveaux besoins ont été
exprimés, tant par les parlementaires que par le personnel politique et
administratif. Conjuguées au vieillissement de notre parc informatique
et à l'évolution rapide de la technologie, les demandes qui nous
sont maintenant formulées exigent une prise de décision sur les
orientations à prendre.
Le nouveau plan directeur que l'on prévoit compléter pour
le début de l'année 1994 nous permettra donc de bien cibler les
besoins, d'avoir une vue d'em-semble de l'évolution de l'informatique au
sein de notre organisation, de définir des orientations technologiques
et opérationnelles cohérentes avec les investissements
passés, de se doter d'un cadre de gestion précisant les
rôles et responsabilités des intervenants dans ce dossier et,
finalement, de planifier les investissements à venir afin d'en assurer
un meilleur contrôle.
Je peux vous assurer que, tout au long de la préparation de ce
nouveau plan directeur, les besoins des parlementaires seront pris en compte et
que ces derniers seront appelés à y jouer un rôle actif.
À cet effet, je demanderai au whip et à chacun des groupes
parlementaires de me désigner un député qui fera partie du
comité directeur mis en place pour l'occasion et dont le mandat sera de
faire des recommandations aux autorités quant aux décisions
à prendre sur les orientations et les budgets. J'ajoute aussi que le
Bureau de l'Assemblée sera informé régulièrement
sur l'évolution de ce dossier.
Je voudrais maintenant vous faire part, rapidement, d'un autre dossier
sur lequel nous travaillons présentement. Il s'agit d'un projet de
protocole d'entente concernant la sécurité à
l'Assemblée. Comme vous le savez, le protocole d'entente relatif
à la sécurité et à la garde des édifices et
locaux de l'Assemblée nationale, intervenu entre le président de
l'Assemblée et le ministre de la Justice le 2 février 1984, doit
être renégocié. C'est pourquoi j'ai communiqué avec
le ministre de la Sécurité publique, en avril dernier, pour
l'informer de mes préoccupations à cet égard et l'inviter
à me désigner une personne au sein de son ministère pour
agir comme interlocuteur. Je dois dire qu'il y a eu, jusqu'à
présent, un certain nombre de rencontres entre des fonctionnaires des
deux organisations et des représentants de la Sûreté du
Québec et que celles-ci semblent avoir été fructueuses
puisqu'un projet de protocole nous a été soumis. Une fois que je
me serai assuré que l'entente à intervenir est bien fondée
en droit et, plus particulièrement, qu'elle est conforme aux
dispositions pertinentes de la Loi sur l'Assemblée nationale et aux
autres règles applicables du droit administratif, j'entends rencontrer
le ministre de la Sécurité publique et soumettre
éventuellement le tout à la considération du Bureau de
l'Assemblée nationale.
Cette année plus que jamais, les questions de rationalisation des
ressources, de compressions budgétaires et d'efficience se posent avec
acuité. C'est dans ce cadre particulièrement difficile que les
ministères et les autres organisations gouvernementales doivent
désormais évoluer, et l'Assemblée nationale n'y
échappe pas. En tant que législateurs et contrôleurs des
actes du gouvernement et de son administration, je pense que les parlementaires
ont une grande responsabilité à cet égard et qu'ils se
doivent de souscrire à l'effort demandé.
Je vous ai déjà indiqué que nous avons
diminué notre effectif, pour l'année 1993-1994, de 31 postes. Or,
cette rationalisation s'est également étendue au volet de nos
ressources financières. Ainsi, en cours d'année, nous avons, avec
la collaboration de l'ensemble des gestionnaires, apporté des
compressions budgétaires de l'ordre de 3 300 000 $ pour les programmes 1
et 2. Si on regarde l'évolution du budget de l'Assemblée
nationale depuis 1991-1992, en excluant les crédits attribués aux
commissions constitutionnelles, on observe que le pourcentage de l'augmentation
du budget a régressé considérablement au cours des trois
derniers exercices. Ce pourcentage est passé de 9,2 % en 1991-1992
à 1,3 % en 1992-1993 et à 0,08 % en 1993-1994. (16 h 10)
D'après les données dont on disposait au 30 avril dernier,
les dépenses pour l'année 1992-1993 se situaient à 71 500
000 $ sur un budget de 81 000 000 $, incluant le budget de 4 100 000 $ des
commissions parlementaires spéciales sur l'avenir constitutionnel du
Québec. Il s'agit d'un surplus budgétaire de 9 500 000 $
représentant 12 % du budget. Ces crédits périmés
sont principalement attribuables aux compressions budgétaires dans les
programmes 1 et 2, de 3 200 000 $, aux crédits laissés
disponibles au programme 3, 1 600 000 $, et aux besoins budgétaires
moindres pour l'ensemble des unités administratives et les commissions
parlementaires spéciales, 4 700 000 $.
Comme je viens de le dire à l'instant, la collaboration des
gestionnaires de l'Assemblée n'est pas étrangère à
ces résultats. Nous entendons, d'ailleurs, poursuivre dans la même
veine et explorer, en cours d'année, diverses avenues qui permettraient
de réduire encore nos dépenses. À titre d'exemple, la
Direction de l'approvisionnement et des services auxiliaires s'est vu confier
le mandat de réaliser une étude sur la reprographie, de
façon à diminuer nos coûts à ce chapitre, tout en
continuant d'offrir un service de qualité aux parlementaires et aux
membres du personnel. D'autres projets, comme celui visant à regrouper
l'envoi de certains documents parlementaires, générant ainsi des
économies substantielles en frais postaux, seront finalisés.
Les prévisions budgétaires de 1993-1994 sont de l'ordre de
77 023 700 $ comparativement à 76959 600 $ pour l'an passé. il
s'agit d'une augmentation de moins de 1 % de nos crédits, et vous me
permettrez de souligner que ces prévisions correspondent, à
quelques décimales près, à l'objectif de croissance
zéro que se fixait le conseil des ministres. de la somme de 77023 700 $,
7 968 800 $ sont destinés au programme 1, direction et gestion interne;
33 807 900 $ au programme 2, ressources parlementaires, informationnelles
et matérielles; et 35 247 000 $ au programme 3, services
statutaires de soutien aux parlementaires. l'augmentation de 0,08 % du budget
pour cette année est essentiellement due aux crédits
supplémentaires requis par le programme 3, conformément aux lois
et règlements.
Voilà, sommairement, les faits saillants des prévisions
budgétaires de 1993-1994. Les chiffres démontrent, encore une
fois, que les parlementaires sont sensibles au contexte de restrictions
budgétaires, et qu'il y a une volonté de tous les intervenants de
mieux contrôler les dépenses.
Je désire conclure ces propos en vous invitant à prendre
connaissance du rapport d'activité de l'Assemblée nationale pour
l'année 1991-1992. Depuis qu'elle existe, c'est la première fois
que l'Assemblée produit un rapport annuel. Il contient de nombreuses
informations sur sa mission, ses activités et celles des commissions
parlementaires, ainsi qu'un compte rendu des principales réalisations
des unités administratives.
Je vous remercie de l'attention que vous avez bien voulu m'accorder. Je
suis maintenant à votre disposition pour recevoir tout commentaire et
répondre à vos questions.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, merci, M. le
Président de l'Assemblée nationale.
Si vous le permettez, avant de procéder à la
période des questions, s'il y a lieu, je vais permettre à M. le
député de Laviolette de procéder, à son tour,
à ses remarques préliminaires.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président.
Mes remarques seront plus courtes que celles du Président, qui a
expliqué l'ensemble du budget, nous permettant ensuite, dans la
deuxième partie de nos discussions, de participer à une
période des questions. Mais vous allez me permettre, M. le
Président, de saluer cordialement le député de La
Pinière et président de l'Assemblée nationale, et tout le
personnel qui est ici, qui l'accompagne. Je veux aussi saluer chaleureusement
tous les membres du personnel de l'Assemblée nationale, qui permettent
aux parlementaires que nous sommes de réaliser nos mandats dans cette
maison du peuple. Tous et toutes ne peuvent pas être ici aujourd'hui,
même si je suis persuadé que, à quelques exceptions
près, quelques-unes de ces personnes doivent nous écouter
actuellement, par l'intermédiaire de la télévision, de la
télédiffusion des débats, mais je souhaite, toutefois,
que, pour ceux et celles qui ne pourront pas nous voir et nous entendre, que le
personnel cadre ici présent leur transmette nos salutations et nos
remerciements.
Chaque année, certains membres du personnel nous quittent. C'est
le cas, d'ailleurs, aujourd'hui, cette année, de M. Richard Breton et de
Mme Constance Pinault, qui le font après des dizaines d'années de
service à l'Assemblée. Cette année, d'autres aussi doivent
nous quitter. Je ne vais qu'en nommer deux, soit M. Gilles Paradis, directeur
de la législation, et M. Jacques Prémont, directeur de la
Bibliothèque. Tout cela pour indiquer à nos concitoyens et
à nos concitoyennes que ces personnes ont permis à plusieurs
générations de parlementaires d'effectuer leur travail
adéquatement pour le mieux-être de la population du
Québec.
M. le Président, mes meilleures salutations, aussi, à mes
collègues de l'Assemblée nationale, à ceux et à
celles qui nous représentent au Bureau de l'Assemblée nationale,
de quelque côté que ce soit de l'Assemblée, mais, d'une
façon plus particulière, aux collègues de ma formation
politique, en vous disant aussi que mon collègue, le
député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de l'Opposition
officielle, qui est actuellement retenu à la commission parlementaire
sur l'éducation, nous assure et vous assure, avec mes collègues,
de leur entière collaboration ? qui est habituelle, d'ailleurs
? dans l'administration des affaires de l'Assemblée nationale.
L'année 1992, qui vient de se terminer, et M. le Président
de l'Assemblée nationale l'a souligné tantôt, a
été une année très chargée. La
commémoration du Bicentenaire de nos institutions parlementaires a
permis à la population du Québec de réaliser que la
démocratie n'était pas un mot vide de sens, et je suis fier
d'être un de ces députés faisant partie d'une des plus
anciennes institutions parlementaires du monde. Dans ce régime
politique, le peuple exerce sa souveraineté lui-même et il l'a
fait, en septembre 1992, lors du dernier référendum.
Je sais que le président de l'Assemblée nationale aurait
souhaité une plus grande participation des parlementaires à
certaines activités du Bicentenaire, mais on ne peut pas le
dénier, notre travail de député nous a affectés
dans d'autres activités où s'exerçaient en pratique les
principes mêmes qu'on voulait défendre, c'est-à-dire la
démocratie.
M. le Président, le député de La Pinière et
président de l'Assemblée nationale nous a parlé de
certains dossiers: réforme parlementaire, radiotélévision
des débats, protocole d'entente concernant la sécurité
à l'Assemblée, l'informatique et j'en passe, d'autres dossiers
sur lesquels je reviendrai, lorsque la période de questions sera
ouverte.
Auparavant, M. le Président, je voudrais souligner que nous
remarquons, dans le cahier des crédits, que le Bureau de
l'Assemblée nationale ? et c'est pour en parler à ceux qui
sont membres de ce Bureau ? a adopté un budget avec une
augmentation inférieure à l'inflation. Le président
faisait mention de l'objectif zéro. Alors, je crois que le Bureau de
l'Assemblée nationale répond correctement aux attentes de la
population qui demande de mieux gérer, mais en sachant qu'on a des
moyens plus restreints.
À titre d'exemple, j'aimerais parler des investissements
d'informatique qui ont permis au personnel d'avoir accès à des
moyens modernes et efficaces. D'autre part, le président de
l'Assemblée nous a annoncé la
réalisation d'un nouveau plan directeur suivi d'une prise de
décision sur les orientations à prendre. Je souhaite grandement
que cette décision vienne le plus rapidement possible afin que nous
puissions maintenir à jour, sans avoir à injecter des
investissements majeurs et énormes dans ces dossiers, on le sait, au
niveau de l'informatique en particulier, parce que, aussi, en même temps,
tout le monde le sait, dans le secteur de l'informatique, l'évolution
est très rapide.
Je vous dirai que je reviens sans cesse à d'autres commissions
parlementaires, comme parlementaire, pour peut-être parler d'une
politique concernant l'ensemble de l'informatique dans l'ensemble des
ministères, et je ne sais pas si on pourrait inclure aussi, à ce
moment-ci, l'Assemblée nationale, mais sur une politique d'achat au
niveau de l'informatique qui pourrait être en même temps une
politique économique.
Et, à ce que je sache, dans le cas de l'informatique,
l'Assemblée n'a pas suivi le rythme des dernières années,
pour différentes raisons.
Vous me permettez, en terminant ces brèves remarques
préliminaires, de renouveler notre merci à tout le personnel qui
nous accompagne dans nos démarches. Leur travail efficace nous permet de
répondre adéquatement aux besoins et aux demandes de nos
concitoyens et de nos concitoyennes.
J'ajouterai peut-être que deux petits dossiers que j'avais,
à tous les ans, l'occasion de poser comme questions ont
été réglés, au niveau du restaurant Le
Parlementaire et au service des communications. Alors, je suis heureux de ne
pas avoir à poser de questions cette année, étant
donné la nomination des personnes à ces postes, mais, en
terminant ces remarques préliminaires, permettez-moi, M. le
Président, de donner au président de l'Assemblée, cette
fois-ci, une forme de préavis sur les questions que j'aimerais poser sur
certains sujets, pas nécessairement dans cet ordre, mais, en tout cas,
je vais vous les donner pour que vous puissiez les savoir.
D'abord, le suivi des activités du Bicentenaire, les relations
parlementaires, la radiotélévision des débats, la
réforme parlementaire elle-même, la sécurité
à l'Assemblée nationale, le plan d'organisation administrative et
l'informatique, et, naturellement, au courant de la discussion, peut-être
que d'autres sujets viendront s'y ajouter, mais c'était les remarques
préliminaires que j'avais à faire, à ce moment-ci, M. le
Président.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Laviolette.
Alors, nous allons immédiatement enchaîner avec, de
façon un peu plus formelle, la période de questions.
Allez-y, M. le député de Laviolette.
Discussion générale Suivi des
activités du Bicentenaire
M. Jolivet: À la suite de certaines représentations
qui nous ont été faites, en fait, que nous avons même
faites aussi, comme députés, le président de
l'Assemblée nationale nous a dit qu'il serait sans doute
intéressant de réaliser certaines activités
pédagogiques découlant de la commémoration du
Bicentenaire. (16 h 20)
Est-ce que, à ce moment-ci de nos discussions, le
président de l'Assemblée nationale a déjà en vue
certaines activités bien concrètes à être
réalisées, parce qu'on le sait, on n'est pas les seuls
députés à avoir eu de la difficulté, compte tenu de
ce que je disais, tout à l'heure, du débat
référendaire, à faire une certaine forme de tournée
des écoles. Moi, personnellement, comme député, je pense
que d'autres l'ont fait aussi, on avait reçu des valises nous permettant
de donner de l'information audiovisuelle, d'autres formes d'information aux
écoles. Alors, on en a profité pour les remettre à des
écoles en leur disant de l'utiliser. Peut-être qu'un jour on aura
l'occasion de les revoir avec les contenus de ces valises-là.
Le Président (M. Lefebvre): M. le Président.
M. Saintonge: Oui. Merci, M. le Président.
Effectivement, la question que vous posez au niveau du Bicentenaire...
Vous savez, d'ailleurs, que le Bicentenaire avait eu comme axe de
développement, surtout, d'insister sur le caractère
pédagogique. Alors, ce qui serait essentiel, c'est de tenter de
maintenir, si on veut, certaines activités qui ont pris naissance au
moment du Bicentenaire et qui se sont avérées, je pense, fort
heureuses.
À titre d'exemple, j'ai parlé tantôt du tournoi
Jeunes Démocrates qui s'adressait aux élèves du secondaire
et du collégial. Nous avons eu certaines lettres ? je suis heureux
de le souligner ? de ceux qui ont participé, des écoles
aussi qui ont participé, nous incitant à reprendre le tournoi
Jeunes Démocrates. Incidemment, même hier, dans une
activité sur la rive sud de Montréal, un directeur d'école
m'a mentionné justement que, l'an dernier, son école n'avait pu
participer au tournoi Jeunes Démocrates au niveau secondaire. Il
souhaitait que le tournoi soit repris cette année puisque ça
avait suscité aussi de l'intérêt au niveau des
élèves et que le suivi du déroulement du tournoi avait
suscité des intérêts des élèves de son
école. Alors, c'est un exemple concret d'éléments que nous
pourrions peut-être reproduire au courant de la prochaine année
ou, du moins en tout cas, si ce n'est pas cette année, dans les
années à venir, le tournoi Jeunes Démocrates pour les
élèves du secondaire et du collégial.
Également, l'activité Forum étudiant, qui
s'adressait aux élèves du collégial, qui a eu quand
même un succès très intéressant ici. Des
commentaires, aussi, élogieux de la part des étudiants qui y ont
participé. On sait qu'à l'Assemblée nationale se
déroulent, chaque année, quand même, le Parlement jeunesse
et le Parlement étudiant. Je dirais que le Forum étudiant,
même si
on retrouve un certain contexte semblable, fait un pas de plus, un pas
différent. Il s'adresse d'abord exclusivement aux élèves
du collégial, dans un premier temps, et le Forum étudiant, aussi,
avait pour objectif de démontrer aux participants la façon dont
nos débats se déroulent. Mais l'élément
supplémentaire qui s'ajoute par rapport au Parlement étudiant,
Parlement jeunesse, c'est l'élément formation où du
personnel de l'Assemblée nationale, des cadres et des gens du personnel
de soutien aussi, ont participé aux activités du Forum
étudiant pour faire comprendre tout le déroulement des travaux,
le fonctionnement de l'Assemblée, la législation, etc., et non
seulement l'exercice de l'activité parlementaire comme telle. Donc,
c'était dans un but beaucoup plus élargi, poursuivi par le Forum
étudiant, je pense, que celui du Parlement jeunesse, Parlement
étudiant. Donc, deux exemples d'activités pédagogiques qui
pourraient être maintenues à l'avenir.
Également, vous savez qu'au niveau des documents
pédagogiques, au niveau des écoles, tant au primaire qu'au
secondaire et même au collégial, certains documents ont
été déjà distribués dans les écoles.
Ces documents-là sont aussi valables pour les mois et les années
à venir puisque, dans certains cas, c'est même inscrit à la
programmation. Donc, c'est une continuation, si on veut, des retombées
du Bicentenaire des institutions. Il serait peut-être même possible
ou souhaitable que, pour les établissements scolaires, ces
documents-là soient réédités ou refournis pour les
nouvelles classes. Ce serait peut-être à examiner, mais la
question fondamentale demeure souvent une question budgétaire. À
ce moment-là, donc, il pourrait y avoir participation des écoles
ou des ministères de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
Au niveau des publications du Bicentenaire, nous avons
réédité certaines publications, et plusieurs sont aussi en
attente d'être complétées. Je vous citerai, à titre
d'exemples, à venir: la «Chronologie parlementaire»;
«Ce jour-là au Parlement...: chronologie des faits et gestes
depuis 1792» ? c'est un document qui sera publié incessamment
? «Le Député québécois» ? on
va rééditer la plaquette ? qu'on pouvait avoir à
notre disposition dans le début des années quatre-vingt;
maintenant, on est en train de rééditer cette brochure-là
et de la mettre à jour; «Les Grands Débats
parlementaires», également une publication préparée
dans le cadre des activités du Bicentenaire, qui sera en impression
incessamment; un autre volume, «Les Présidents» depuis 1792;
«Les Publications parlementaires d'hier et d'aujourd'hui»;
«Notre Assemblée nationale», publication qu'on met à
jour un petit peu avec des documents qui existent actuellement; et
«Cahier d'accompagnement» de «Notre Assemblée
nationale». Ce sont tous des documents qui, dans la foulée du
Bicentenaire, sont en train d'être complétés et, pour
être complétés, nous utiliserons des fonds qui
étaient dans le compte du Bicentenaire, argent qui avait
été amassé grâce à des contributions
financières de certains commanditaires. Donc, on pourra réaliser
d'autres instruments pédagogiques à l'avenir, pour faire en sorte
que ce qu'on a voulu enclencher avec le Bicentenaire puisse se maintenir au
cours des ans.
Et, au niveau des expositions également, l'exposition «Nos
Députés» continue toujours; il faudrait peut-être
trouver le moyen de la maintenir. Je pense que c'est une excellente exposition
qui fait prendre conscience à nos concitoyens qui viennent visiter
l'Assemblée du rôle des parlementaires, qui est souvent
méconnu dans certaines phases. Alors, cette exposition-là, je
pense, est extrêmement intéressante pour les jeunes. Et aussi
poursuivre, dans la même veine que nous avons tenté
d'établir dans le cadre du Bicentenaire, des expositions
régionales, être présent dans des expositions
régionales.
Donc, c'est un peu des retombées qui pourraient se maintenir dans
les années futures dans le cadre de ce qui est enclenché, en
souhaitant qu'on puisse trouver les budgets nécessaires, et
peut-être aussi des commandites?ce serait toujours merveilleux d'en
trouver ? ou des participations financières extérieures
à l'Assemblée pour réaliser ces
événements-là.
Le Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Le président a répondu à
plusieurs questions que j'avais à la suite, mais j'en viendrais à
une où... Souvent, les députés organisent dans leur milieu
«le député d'un jour». Dans certaines
municipalités, on a «le maire d'un jour», «la mairesse
d'un jour», des choses semblables. Est-ce que ce serait pensable de dire
que l'Assemblée pourrait organiser ça, et que tous les
députés qui voudraient y participer pourraient y participer, mais
avec l'aide de l'Assemblée nationale plutôt que de le prendre dans
leur budget de comté? Même, des fois, c'est dans leur propre
poche, parce que des gens l'organisent à même leur propre poche
pour inciter des jeunes, comme je le fais, ici, à l'Assemblée
nationale, à toutes les fois que j'en ai l'occasion, entre Noël et
le Jour de l'an ou après le Jour de l'an, à venir voir les deux
assemblées qui nous remplacent ici, l'une de façon partisane et
l'autre de façon moins partisane, selon des principes différents,
mais auxquels on dit toujours: Vous êtes chanceux et chanceuses de
pouvoir au moins vous préparer à nous remplacer. Parce qu'un jour
on va être remplacés, c'est officiel. Et, dans ce
contexte-là, s'il y avait de l'aide apportée, dans le contexte de
la démocratie, pour permettre à des jeunes hommes et femmes de
pouvoir participer comme «députés d'un jour»... Je
l'ai fait avec la bourse Bonen-fant, d'une certaine façon, où les
gens sont venus dans mon bureau, avec moi, ils ont suivi ma journée
entière, ils sont venus faire du bureau avec moi à La Tuque, ils
ont vu ce que les gens demandent. Ils nous font passer souvent comme
étant les confesseurs d'aujourd'hui, mais je vous dirai que ça
les a surpris de voir le travail journalier, le quotidien d'une personne
politique. Est-ce que c'est pensable, des choses semblables?
Le Président (M. Lefebvre): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Saintonge: Oui, M. le Président, ça pourrait
être pensable, je crois. D'ailleurs, à la Direction des
communications, dans la reformulation des activités, on veut rehausser
la direction d'un module strictement pédagogique. Alors, ça
témoigne donc de l'intérêt que l'on peut porter à
cet aspect-là que vous soulignez et à une certaine
continuité. Comme je vous dis, il y a toujours la question des
coûts à examiner pour faire ça. Évidemment, le
«député d'un jour», plusieurs parlementaires
participent à cette activité, des clubs Optimistes sont
impliqués. On pourrait peut-être trouver un moyen de cofinancer
cette activité-là. Ce serait vraiment intéressant puisque,
comme vous le mentionnez, on pourrait, à des élèves du
primaire ou du secondaire, amener un petit peu ce qu'on veut tenter de
réaliser avec le Forum étudiant, finalement, au niveau de chacun
des niveaux d'enseignement, primaire et secondaire.
Alors, c'est sûrement une demande que je transmettrai au module
des communications, à la Direction des communications, pour envisager,
à l'avenir, s'il y a des possibilités de ce
côté-là.
On peut parler, vous savez... Je me souviens que, l'an dernier, un
collègue avait insisté et était même
déçu, à un moment donné, de ma réponse,
cependant, mais il avait demandé à ce que le kiosque
d'information de l'Assemblée puisse aller dans son comté,
à une exposition. C'est un petit peu la même chose. C'est toujours
le même objectif. L'objectif, c'est de faire connaître
l'Assemblée. Comme on le disait au Bicentenaire, si on connaît
quelque chose, on peut l'apprécier. Donc, si on peut connaître
davantage la démocratie, qu'on prend souvent pour acquise ici, bien, on
l'appréciera davantage. Ça commence très tôt, et
ça permet aussi aux étudiants de saisir le rôle qu'ils ont
à jouer dans l'évolution de notre société
démocratique.
Alors, souhaitons qu'on puisse trouver des accommodements. Je vous dis
que nous serons très ouverts aux suggestions des députés
à ce niveau-là. Comme je vous le mentionne, la Direction des
communications aura un module pédagogique. Alors, c'est dans cette
optique-là qu'on veut progresser.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
Président.
Mme la députée de Johnson, vous avez des questions? (16 h
30)
Mme Juneau: Oui, M. le Président, je voudrais revenir un
petit peu sur le Bicentenaire. Premièrement, je dois féliciter
les gens qui ont organisé le Bicentenaire, parce que ça a
été fait de façon très professionnelle. Et je pense
que ce qu'on a produit après le Bicentenaire et ce que les
députés ont pu recevoir, et la population en
général, comme retombées, ça a été
fort apprécié.
Je dois vous dire, M. le Président, compte tenu de ce que mon
collègue a dit, que le temps nous manquait pour faire le tour des
écoles, parce qu'on a eu nos valises à la toute fin du mois de
juin. Les classes étaient terminées, donc ça a
été un peu difficile de ce côté-là. Ce que
j'ai fait, c'est que je me suis jointe à la Société
d'histoire des six cantons, qui existe dans mon coin, et puis, avec la
Société d'histoire, je leur ai remis une des valises que nous
avions reçues. Et toute l'information que je leur ai passée,
ça a porté des fruits, parce qu'elle a fait les écoles du
coin. On a eu des rencontres aussi au niveau de la MRC, où les maires
étaient tous invités à une représentation. Je
trouve que, en ce sens-là, on a pu continuer dans le public ce qu'on
avait reçu ici comme information, et comme moyen de la transmettre.
Donc, je pense que si, éventuellement, on pouvait aussi passer à
la grandeur du Québec, aux sociétés d'histoire, qui elles,
peuvent continuer de donner cette information-là, non seulement à
des jeunes mais à des plus âgés, je trouve que c'est
peut-être un bon moyen, aussi, de continuer ce qu'on souhaiterait,
c'est-à-dire du côté pédagogique, au niveau de la
population en général.
Tout à l'heure, vous avez parlé du rôle des
députés. Je pense que tout le monde le sait, on est tellement
dévalorisé dans le public en général. Il y a
toujours des gens qui ont des commentaires très peu élogieux
envers les députés, donc il semble important qu'on continue
? ils n'en ont peut-être pas juste envers les députés,
mais, en tout cas, on est une cible préférée ? dans
ce sens-là pour revaloriser le rôle du député et
informer surtout la population du travail qu'on fait ici. En tout cas, moi, je
suis très contente de m'être associée avec une
société d'histoire qui est chez nous, particulièrement,
qui fait continuer ou rouler, finalement, l'information qu'on a reçue
ici.
Et je voudrais remercier sincèrement toutes les personnes qui ont
travaillé sur l'organisation du Bicentenaire. Comme je l'ai dit tout
à l'heure, ça a été très professionnel, et
je pense qu'on n'a vraiment pas manqué le bateau, ni d'un
côté ni de l'autre. La seule chose qu'on a oubliée, M. le
Président, c'est la température, quand on a projeté sur
l'édifice du parlement le spectacle son et lumière.
C'était aussi très bien, sauf que la température ne nous a
pas aidé. Mais ça, c'était très difficile de
commander ça; on n'avait pas une ligne directe. Alors, bravo, en tout
cas, et merci à ceux et celles qui ont fait de ce Bicentenaire un
succès.
M. Jolivet: C'est parce que la météo, ce n'est pas
notre juridiction, alors... Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lefebvre): Merci.
Mme Juneau: Ça relève du fédéral,
ça a été mal. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le Président.
M. Saintonge: Si vous permettiez, M. le Président,
simplement pour remercier et féliciter la députée de
Johnson. J'espère que votre exemple pourra servir à d'autres
parlementaires. La valise, finalement, qu'on avait donnée aux
députés pour la tournée des députés et
également tous les documents que la Direction du Bicentenaire a produits
au cours de l'année, finalement, ces documents-là sont utiles
à tout moment pour le futur. Je pense que les parlementaires peuvent
continuer d'utiliser la valise parlementaire pour la tournée. On peut
l'ajuster, parce que ça contient, dans le fond, des renseignements et
ça contient 200 ans d'histoire parlementaire. Donc, ça, c'est de
l'acquis, ça ne changera pas.
Je pense que ce qui est important pour l'ensemble de la population,
c'est de montrer nos origines et le développement du parlementarisme
chez nous pendant ces 200 années-là pour en arriver à un
système parlementaire, finalement, qui, on dit souvent, fait l'envie
dans plusieurs coins du monde. Ça reste vrai, mais je pense qu'il faut
le faire saisir par la population en général. On a beaucoup de
documents pour les élèves des classes, mais ça s'applique
aussi également à l'ensemble de la population, dans les
sociétés d'histoire, dans les bibliothèques municipales,
etc. Ce sont donc des avenues que je souhaite que les parlementaires puissent
emprunter dans la prochaine année, les années futures, pour
s'assurer que le même message puisse être transmis.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
Président.
Alors, je reviens à M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, simplement dire qu'on a manqué de gilets,
par exemple, parce qu'il y a bien des jeunes qui en voulaient. Ha, ha, ha!
Diffusion des débats de l'Assemblée
nationale dans toutes les régions du Québec
J'arriverais à la deuxième question, M. le
Président, la radiotélévision des débats. Je sais,
comme le Président en a fait mention, que des travaux sont en cours pour
permettre le renouvellement de l'équipement afin de permettre une
meilleure télédiffusion des travaux de l'Assemblée. Mais
la question qui revient d'année en année, c'est beau de faire des
changements, ici, du matériel que nous possédons pour
éviter une panne, mais il y a des régions encore, à
travers le Québec, qui n'ont pas accès à la retransmission
en direct des travaux de l'Assemblée. Alors, malgré la question
que j'ai posée, l'année dernière, à ma
connaissance, ce n'est pas encore arrivé.
Alors, j'aimerais, de la part du président, qu'il m'indique s'il
y a des travaux qui ont regardé ce point précis de la
retransmission en direct des travaux de l'Assemblée. Plusieurs personnes
nous disent qu'ils l'ont, dans l'ensemble du Québec, dans l'ensemble des
régions, au niveau fédéral, mais qu'ils ne l'ont pas au
niveau du Québec. Alors, qu'est-ce qui manque pour l'avoir?
Le Président (M. Lefebvre): M. le Président.
M. Saintonge: Oui, actuellement, évidemment, la diffusion
n'est pas accessible de la même façon à tout le monde. On
sait que Radio-Québec, quand même, donne la période des
questions à deux périodes, en fin de soirée et en
après-midi, le lendemain; on reprend la période des questions. En
direct, maintenant, par les câblodistributeurs, c'est possible d'arriver
à donner les débats dans plusieurs endroits du Québec. Je
n'ai pas la couverture exacte en pourcentage, mais on couvre quand même
une grande partie.
Il faudrait rendre accessible... Si on veut rendre accessible la
télévision un peu partout, il faudrait modifier notre
façon de faire, il faudrait y aller par satellite. Vous savez que c'est
des coûts quand même relativement importants qui seraient à
la charge de l'Assemblée. On parle... Avoir accès à un
canal, durant six à sept mois par satellite, on me disait que c'est 600
000 $ à 700 000$.
Alors, dans un premier temps, pour cette année, ce que nous avons
voulu tenter de faire, qui nous apparaissait essentiel, c'était
d'assurer, au niveau de l'image, la qualité de l'image, puisque
c'était ça qui était le plus en péril. On a une
certaine diffusion qui est réalisée à travers le
Québec, actuellement, une partie du Québec.
Donc, assurons une qualité d'image, assurons la continuité
de l'image. C'est ce que nos travaux de cette année nous permettront.
Pour l'an prochain, quand ceci sera réalisé, nous pourrons nous
attarder davantage, au niveau de l'ensemble de la couverture. De là
l'importance...
Je parlais, lors de mon exposé, de prendre le pouls de la
population par un certain sondage. Ce qu'il faut tenter de voir, c'est...
Oui.
M. Jolivet: M. le Président, vous me permettez...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...de vous arrêter quelques instants pour vous
dire que moi, j'ai fait la tournée du Québec sur une question qui
est ma responsabilité comme porte-parole de l'Opposition, puis je l'ai
eue à plusieurs occasions: Quand est-ce qu'on aura la chance de vous
voir? Parce que je suis allé dans toutes les régions, dans le
Bas-Saint-Laurent, sur la Côte-Nord, dans le bout d'Amos, je suis
allé partout, partout. Puis c'est ce qu'ils me disent. Ils disent: On
aimerait l'avoir en direct. On voudrait le regarder, à l'heure qu'on
veut, au moment où ça se passe et non pas à l'heure que
Radio-Québec veut bien nous le donner qui, des fois, change en cours de
route. Alors, c'est pour ça qu'il est urgent que ce
soit rendu accessible à toute la population.
Et, d'ailleurs, vous me l'avez dit, tout à l'heure, dans votre
texte, que la Cour suprême nous indique que c'est l'Assemblée qui
a la responsabilité de ses contrats de publication. Je vous rappelerais
simplement que, l'an passé, vous me disiez la même chose, de 600
000 $ à 700 000 $. Donc, il ne semble pas y avoir une grosse inflation
dans ce dossier-là, là.
M. Saintonge: Oui. On n'a pas fait les calculs pour cette
année. Je vous dirais... Le problème qu'on a... On pourrait
aller, par exemple, par satellite, mais si on va par satellite, on disait
tantôt le montant que ça pourrait coûter pour six à
sept mois. Mais, maintenant, même si on diffuse par satellite, il faut
que, techniquement parlant, dans les régions, ça soit accessible
au câble. Parce que c'est le câble qui va le redistribuer. Donc, si
les régions ne sont pas câblées, même si on a un
satellite, elles ne pourront pas recevoir, à moins, peut-être, que
les gens aient des soucoupes qui peuvent aller capter l'image. Alors, c'est
ça qu'il faut tenter de voir. Et, d'une certaine façon, on aura,
par le sondage qu'on fera, la réaction des gens, voir
l'intérêt de la population, le taux de pénétration
de ce qu'on donne actuellement par rapport à ce qu'on a, puis
évaluer, au niveau des coûts, avec le coût
supplémentaire assez important, mais pour le nombre de personnes qu'on
pourra rejoindre, si on juge opportun d'y aller.
Évidemment, le contexte économique est plus difficile,
actuellement. Si on était dans un moment de développement
économique, l'argent moins rare, on pourrait peut-être aller de
l'avant plus facilement. Mais il faut être d'autant plus prudent,
actuellement, dans la progression de l'étendue de la
télévision des débats dans ce sens-là, s'assurer,
disons, au niveau des objectifs, qu'on atteint les objectifs. Le taux de
pénétration est bon, le taux de satisfaction est bon. On rejoint
les gens. On donne l'image qu'ils souhaitent recevoir.
Alors, c'est tout ça qu'il faut évaluer. Notre sondage va
nous donner en avance, dans le fond, pour la prochaine année, et on
pourra examiner cette question-là. Ça sera sûrement le
prochain mandat confié au service de l'information. (16 h 40)
M. Jolivet: ...parce que je ne veux pas être
méchant, mais j'ai participé à une discussion, à
Bruxelles, sur la question de la radio et de la télévision avec
TVS en Afrique. On sait bien que ce n'est pas possible la TV, donc c'est la
radio. On a décidé d'aller vers la radio, c'est plus possible.
Les postes récepteurs avec transistors, c'est possible, tandis que, dans
notre cas, nous autres, 90 % de la population est câblée. D'autant
plus que, même nous, les députés, nous avons, par
l'intermédiaire de Vidéotron, la possibilité de faire des
émissions ici, à Québec, et de les diffuser dans nos
réseaux, chez nous.
Moi, chez moi, à toutes les fois que je vais à La Tuque,
une fois par mois, pour le bureau officiel ? je ne dis pas les autres fois
que j'y vais ? je suis toujours à la télé
communautaire. J'ai une émission avec eux autres de 15, 20 minutes. Il y
a quelqu'un qui me questionne sur des sujets d'actualité, et j'y
réponds. Je pense que plusieurs députés font ça
dans leur propre milieu avec la radiotélévision ? je veux
dire la télévision, qui est le câble chez nous, la
télévision communautaire.
Est-ce qu'il ne serait pas possible de regarder déjà,
à ce moment-ci, parce que je ne voudrais pas que, l'année
prochaine, vous me répondiez: Maintenant, on a réglé les
questions d'image pour ceux qui l'ont. Je suis en train de regarder la
diffusion pour ceux qui ne l'ont pas. Alors, moi, je vous dirais
peut-être d'examiner la possibilité, avec des télés
communautaires, d'ententes avec des câblodistributeurs, dans chacune des
régions, pour pouvoir le télédiffuser.
M. Saintonge: Oui, j'en prends bonne note. Finalement, je pense
que le sondage, ça va nous permettre d'aller voir l'intérêt
des gens, je pense, au niveau des débats parlementaires. En tout cas,
ça va s'adresser à l'ensemble de la population. On va toucher des
secteurs qui ont le câble, qui n'ont pas le câble. On va
sûrement voir la manifestation du désir de tout le monde. On en
prend bonne note. Comme je vous le dis, c'est au niveau des priorités
d'intervention budgétaire.
Moi, cette année, il m'apparaissait plus important, en tout cas,
dans... Pas seulement pour cette année, disons que ça fait deux
ans. Disons que le projet de remplacement des appareils de
télévision des débats, c'est sur deux budgets. L'an
dernier, il y avait eu une étude ? ça avait
coûté une centaine de milliers de dollars ? pour
préparer les décisions pour cette année. Cette
année, on achète l'équipement, on s'installe. On aura
éventuellement, possiblement, à réaménager
l'endroit où le centre de télévision sera, dans les
édifices de l'Assemblée, mais ça, c'est la démarche
pour cette année.
Pour le futur, comme je vous le dis, le prochain sujet, qui était
quand même présent antérieurement, qui nous avait
été soulevé, à l'occasion, ici, que la Direction
des communications de l'Assemblée avait soulevé aussi ? je
pense à ma première année de présidence, en tout
cas ? on insistait sur cet élément-là important de
diffusion dans l'ensemble du territoire. On l'examine avec grand soin. Mais,
comme je vous le dis, il y a toujours des contraintes budgétaires qui
nous gouvernent. On doit faire des choix, tenter de faire les meilleurs choix
possible, mais je vous avouerai que c'est une de mes préoccupations.
D'ailleurs, cette année, en faisant le sondage, on se prépare
pour les décisions futures de la prochaine année.
M. Jolivet: Moi, je vous dirai simplement, M. le
Président, que c'est mon petit pif d'homme politique qui est
habitué de connaître ce que les gens disent. Écoutez, ils
nous disent partout: On a le fédéral, on l'a en direct. Vous
autres, on ne vous a pas, et on aimerait ça vous
avoir, parce que c'est plus proche de nous autres. D'autant plus ?
je vous donne juste un exemple ? que, quand je suis arrivé, en
1976, à Parent, ils avaient Télé 4, eux autres, mais
c'était une bobine de quatre heures qui était envoyée une
semaine après le passage à Montréal, à
Radio-Canada, et qui arrivait par train à Parent, si le train ne
déraillait pas. Rendue à Parent, on diffusait, de 18 heures
à 22 heures, les émissions de la semaine
précédente. Mais ça a bien changé depuis ce
temps-là, parce qu'on a Télésat, le
télésatellite.
Alors, je vous dis: II y a des moyens techniques qui existent
actuellement, permettant à ces gens-là d'avoir une plus grande
sensibilité à ce qui se passe ici, à l'Assemblée.
En tout cas, je vous le renouvelle, en disant que je suis bien conscient des
contraintes dans lesquelles nous sommes, mais il fallait, je pense, vous le
mentionner encore aujourd'hui.
Nouvelles nonnes au sujet des prises de vue en
Chambre
Quant aux travaux de renouvellement des équipements, lorsqu'ils
seront terminés, est-ce qu'il y aura des nouvelles modalités de
fonctionnement? Là, vous avez parlé des deux
télévisions ici, où il y a des cameramen, qui seraient
remplacées par des télévisions comme celles qu'on a de
chaque côté de la salle, donc dirigées directement du
central. Alors, qu'est-ce qui arrive avec le personnel? Qu'est-ce qui arrivera,
à la deuxième partie, quant aux prises de vues? Parce que j'ai
cru comprendre qu'il y aurait une expérience d'ici juin, qui permettrait
de faire ? je ne sais pas le mot exact au niveau télévision,
mais un survol de l'Assemblée qui permet d'avoir une vue d'ensemble
? un balayage, c'est ça. Merci, M. le Président.
M. Saintonge: Oui. Mais, effectivement, disons que le point que
vous soulevez, c'est concernant les prises de vues, finalement...
M. Jolivet: Et le personnel ensuite.
M. Saintonge: ...et le personnel ensuite. Disons que les prises
de vues, j'ai dit que... J'ai d'ailleurs souligné, au dernier bureau,
l'opportunité, la nécessité de réunir le
comité directeur de la radiotélévision des débats
? comité directeur qui est composé du président, des
deux whips, des chefs de cabinets, de ces trois personnes, ensuite de
ça, du Secrétaire général, du directeur de la
Direction générale des communications et du directeur de la
radiotélévision des débats. Alors, nous allons examiner
avec soin cette façon de faire au niveau des prises de vues à
l'Assemblée.
J'ai eu une rencontre avec les représentants de la Tribune de la
presse, récemment, où on m'a donné une bobine dans
laquelle on a pris certaines prises de vue lors du Forum étudiant et
qu'on pourra utiliser, finalement, en démonstration pour voir ce que
ça pourrait donner avec des prises de vue moins statiques, plus
ouvertes. On a des exemples du fédéral et de l'Ontario qui
peuvent également nous être utiles dans ce sens-là.
Alors, on travaille là-dessus attentivement. Je ferai en sorte
qu'au niveau du comité directeur nous examinions avec attention la
bobine que la Tribune de la presse nous a présentée, tenter de
donner une réponse en ce sens-là et de convenir d'une
façon d'opération au niveau de la prise d'images, des angles de
vue, etc., afin de faire en sorte que nous puissions améliorer nos
images, suivant la demande et les exigences, je pense, des diffuseurs
privés et peut-être également de la population.
M. Jolivet: ...une grosse discussion lorsque est arrivée
la télédiffusion des débats, en 1977-1978, à
l'époque des expériences qu'il y avait, où justement les
parlementaires eux-mêmes disaient: Dans un contexte où les gens
viennent nous voir ici, ça va, mais si la télévision
commence à vouloir balayer l'ensemble... alors que vous savez que, dans
certaines circonstances, les députés qui sont ici ont un autre
travail à faire en même temps. Alors, ça peut porter
préjudice à un député qui fait son travail
convenablement, mais qui, dans certains cas, a été pris dans une
vue différente de celle que les gens sont habitués de voir.
C'est évident que si quelqu'un vient ici, à
l'Assemblée, il nous voit. Nous devons agir en conséquence. Mais
il y a des moments donnés où j'ai des signatures de choses
à faire qui me permettent de le faire. Alors, si on prend, sans aucune
règle, un balayage, on ne me rend pas justice, à ce
moment-là.
M. Saintonge: Effectivement. Il faudra le faire dans un cadre
déterminé, aviser les parlementaires aussi, donner l'information
pertinente. Si un débat se déroule en Chambre et qu'on se rend
compte qu'il y a peut-être une vingtaine de députés,
ça peut s'expliquer par le fait qu'il peut y avoir 3 commissions qui
siègent ou même, des fois, 4 commissions avec 12 à 15
membres qui y participent, des ministres qui sont à l'extérieur,
des députés qui vaquent à d'autres fonctions, des
parlementaires qui peuvent être en accueil, aussi. On parlait
tantôt, lors de l'exposé, du fait qu'on recevait en formation
certains parlementaires africains, des parlementaires de l'Europe de l'Est, des
cadres. Mais, dans ces activités-là, il y a certains
parlementaires qui participent également. Donc, la fonction du
député n'est pas seulement d'être présent en
Chambre. Il faudra ajuster l'information de façon pertinente avec les
images que nous pourrions donner.
Impacts de la modernisation des équipements de
la radiotélévision sur le personnel
L'autre point que vous m'aviez demandé au niveau du personnel
avec les changements, évidemment que pour tous ceux qui ont une fonction
permanente
actuellement, le personnel permanent devra être
réaffecté à de nouvelles fonctions. Personne ne perdra son
emploi. On fera le nécessaire pour s'assurer du transfert du personnel,
s'il y a lieu. Maintenant, il y a du personnel occasionnel. Il y aura
effectivement certaines compressions qui devront être exercées
puisqu'on change les caméras, etc. Il n'y a pas tellement de personnes
qui sont concernées. Le nombre est assez restreint. On est en train de
travailler avec la Direction de la gestion des ressources humaines pour
s'assurer qu'on puisse examiner de la façon la plus conforme possible
avec toutes les attentions... tenant compte des facteurs humains
nécessaires pour... s'il y a possibilité de relocaliser ces
gens-là ou, à tout le moins, d'assurer une transition.
M. Jolivet: O.K.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Laviolette.
Réforme parlementaire
M. Jolivet: Réforme parlementaire.
Dans votre discours, M. le Président de l'Assemblée
nationale, vous avez donné l'intention de convoquer la sous-commission
de la réforme parlementaire afin qu'elle poursuive son mandat. Vous nous
avez dit qu'une quarantaine de projets de modifications aux règles de
l'Assemblée seraient soumis aux membres de cette commission. Mises
à part les modifications annoncées quant à l'étude
des crédits budgétaires, aux projets de loi publics inscrits au
nom des députés et la procédure relative aux
interpellations, à la commission plé-nière et à la
protection des témoins devant des commissions, y a-t-il, dans votre
quarantaine de projets, d'autres éléments majeurs de
modifications? Parce que je comprends bien que l'étude des
crédits qui est en cours actuellement, les projets publics, on sait ce
que ça donne quand c'est au nom d'un député.
Les interpellations, on pourrait parler longuement sur ce qu'est devenue
l'interpellation qui devait être, en fait, une discussion plus ouverte
que celle qui est statique, même au niveau de la discussion
elle-même, chacun faisant son discours, n'écoutant pas la
réponse de l'autre et recommençant. Il y a des choses qu'il faut
absolument corriger, à mon avis.
La question des témoins, c'est encore une chose qui demande
d'être vérifiée. Je l'ai vécue, à
l'époque où j'ai été président de la
commission sur la Baie James. Je sais de quoi on parle.
Alors, j'aimerais savoir: Est-ce que, dans votre quarantaine de projets,
à part ceux-là, il y a d'autres éléments de
changements, de modifications? (16 h 50)
M. Saintonge: Comme je disais tantôt, on a voulu tenir
compte... Ce que j'ai fait... D'abord, je vais vous dire, ce n'est pas toujours
facile de tenter de réunir la sous-commission permanente de la
réforme parlementai- re, comme ce n'est pas facile de réunir la
commission de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas une mauvaise
volonté; je ne veux pas imputer de blâme à qui que ce soit.
On a tous des occupations. Moi-même, comme président, avec les
travaux à la représentation de l'Assemblée... Quand
l'Assemblée ne siège pas, aussi, les parlementaires ont toutes
sortes d'obligations à l'extérieur; c'est plus difficile de
tenter de faire en sorte de réunir les gens.
À quelques occasions, on a manifesté le désir de
discuter de certains points qui doivent être modifiés au
règlement pour être, je dirais, plus en conformité avec la
réalité des choses.
Je vous mentionne, par exemple, les débats de fin de
séance. C'est un autre élément dans les projets qu'on veut
soumettre à la sous-commission. On avait établi des
règles, l'an dernier, si vous vous souvenez, pendant une certaine
période de temps, à l'essai. On avait modifié des
règles au niveau des débats de fin de séance pour
pratiquer une meilleure souplesse. On voudrait rétablir ça, en
tout cas, dans des propositions qu'on veut faire.
Toute la question des délais pour les avis de privilèges,
les avis de faits personnels, les débats d'urgence, l'information quand
un tel avis est transmis à la présidence, c'est des choses que
nous avons touchées avec le comité d'étude, avec mes
conseillers dans la procédure, durant l'intersession, pour faire
certaines propositions. On les retrouve à l'intérieur des 41
projets. Alors, c'est des éléments de ce genre-là, en plus
de certaines corrections, des ajustements qui sont mineurs mais qui
répondent à des besoins puis qui vont faire en sorte que, dans
certaines circonstances, des imprécisions vont être
corrigées. Ça va être plus facile à administrer pour
la présidence, mais également pour les parlementaires qui
participent aux travaux. C'est un peu dans ce sens-là qu'on veut
fonctionner.
Comme je l'ai dit tantôt, c'est de trouver le moment opportun.
Dans la sous-commission de la réforme parlementaire, le président
préside cette commission-là, mais on retrouve les deux leaders,
on retrouve les whips, on retrouve trois présidents de commission.
Alors, ça fait beaucoup de gens à réunir en même
temps. Par exemple, si j'avais voulu, j'aurais pu souhaiter que, pendant la
période des crédits, on puisse réunir la sous-commission
permanente de la réforme parlementaire. Quand on a juste à penser
que ça prend au minimum trois présidents de commission, les deux
leaders, les deux whips, c'est quasiment impensable. Chacun a des
activités à l'intérieur même du budget, participe
aux commissions qui étudient les crédits actuellement. Donc,
c'est pratiquement impossible. C'est impossible de réunir cette
sous-commission-là.
Mais, dans l'avenir, ce que je veux tenter de faire comme processus...
Moi, j'ai fait une réunion avec mes conseillers en procédure, les
gens de la table, qu'on appelle, finalement ? pour examiner avec soin. On
a relevé les diverses demandes en cours des travaux, parfois, que le
leader de l'Opposition, le leader du
gouvernement ont pu soulever à la présidence: il faudrait
peut-être modifier ça; on souhaiterait ci; on voudrait
peut-être réaligner cette chose-là; ça, c'est
imprécis; pourquoi ne précise-t-on pas davantage? Donc, on a pris
les principaux points qui ont été soulevés, on a
regardé plusieurs fiches, on est arrivé avec un certain nombre de
recommandations que je vais soumettre à la sous-commission. Ça va
peut-être faire en sorte d'enclencher un processus pour vivifier
l'intérêt des membres pour continuer ça.
M. Jolivet: Est-ce que je pourrais vous suggérer quelque
chose, parce que, là, vous dites...
M. Saintonge: Oui, avec plaisir.
M. Jolivet: Vous dites qu'on est actuellement en
difficulté parce qu'on a de la difficulté à réunir
tout ce monde-là. Vous avez des fiches de prêtes. Si j'ai bien
compris, vous avez des fiches de prêtes sur différents sujets, des
documents. Serait-il possible de les envoyer à chacun des
députés? Parce que, moi, je serais intéressé
à ce qu'on change, disons, admettons, comme député, la
question de l'interpellation. Je trouve qu'en fait l'interpellation ne veut
plus rien dire. Je pose une question à la personne en face de moi, puis
elle me répond d'avant-hier ou d'«après-hier».
Là, je recommence mon autre question, puis c'est la même chose,
parce que la tactique veut que... C'est une tactique politique. Ce n'est pas
à la présidence à régler ça, je comprends
bien ça, mais si on avait déjà vos fiches envoyées
à tous les députés, nous, on pourrait faire pression sur
nos membres de cette sous-commission pour leur dire: On aimerait ça que
ça se fasse le plus vite possible, qu'on fasse des pressions dans ce
sens-là.
Je vais vous donner juste un exemple. Moi, je suis député
de l'Opposition, puis je suis sûr qu'il y a des gens du pouvoir qui ont
été à l'Opposition, à l'époque, qui ont eu
les mêmes contraintes que moi. Quand il y a une période de
questions de 45 minutes, il y a des sujets qui sont normalement
d'intérêt national. Mais, moi, j'ai des choses
d'intérêt public, chez moi, régional, local. Je ne peux
jamais poser de question, à moins que je ne réussisse à en
poser une, puis vous savez les difficultés qu'on a. Alors, pourquoi n'y
aurait-il pas un changement quant à la période de questions? 45
minutes, O.K. sur ça, mais tout député, qu'il soit au
pouvoir ou à l'Opposition, qui aurait une question à poser,
pourrait le faire selon une formule: il a deux minutes, puis il lit sa
question, puis, point final. Puis, à un moment donné, bien, il y
a des réponses qui sont données. On vit ça, je crois, au
fédéral, cette formule-là.
Y aurait-il quelque chose à regarder dans ce sens-là
où, au moins, l'individu peut dire à sa population: J'ai
questionné le ministre; maintenant, il doit me répondre. Au lieu
d'avoir ce qu'on a dans le feuilleton, puis le feuilleton, il va nous
répondre dans trois mois ou quatre mois. Mais c'est souvent des grandes,
grandes questions, parce que c'est pour ça que le feuilleton existe,
parce que ces questions-là, ça demande des recherches. Mais,
quand c'est des questions techniques, locales qui pourraient être
répondues le lendemain ou deux jours après... Alors, une
période où là, on poserait ses questions, puis donner deux
jours au ministre pour nous répondre. Bien, là, on a au moins une
réponse qui peut être donnée à nos commettants,
à nos gens de notre région.
Alors, je ne sais pas s'il y a des choses comme celle-là qui
pourraient être faites et envoyées à tous les
députés, disant: Voilà ce vers quoi on s'est
dirigé. Je ne sais pas, moi. C'est des suggestions que je vous fais.
Le Président (M. Lefebvre): M. le Président.
M. Saintonge: Oui, d'accord. Oui, bien, je regarde ça avec
intérêt. Mais mon problème, c'est qu'il y a une structure
existante, actuellement. Il faut fonctionner avec la structure. Il faut faire
en sorte aussi de s'assurer qu'à l'intérieur de cette
structure-là ça puisse bouger. Alors, on a fait des propositions
déjà de l'implantation de sous-comités ou de
sous-sous-comités, si on veut.
À titre d'exemple, je vous donne au niveau des témoins. Au
niveau des témoins, lors d'une rencontre de la sous-commission
permanente de la réforme, on avait mentionné, bon, qu'on
établirait un comité avec telle ou telle personne qui pourait
être dessus. Mais on n'a pas pu s'asseoir, dans le fond, finalement, puis
faire en sorte de se réunir. Ce que j'ai demandé, j'ai fait, si
vous voulez, un sous-sous-comité au niveau administratif, avec quelqu'un
des commissions parlementaires ou de l'administration, où on a
établi des comparaisons avec le rapport que le juge Mayrand avait fait
sur les témoins.
On a un rapport qui date de 1984 qui a fait certaines recommandations.
On a mis ça en ligne. On a fait des commentaires là-dessus qui se
dégageaient des deux, et ce que je veux demander à la
sous-commission, c'est de faire un comité de travail où on
demandera à un député... Vous êtes un
député intéressé, par exemple, vous, M. le
député de Laviolette, ancien vice-président qui avez
présidé une commission, également. Donc, vous pourriez
être une ressource intéressante. Puis, quelqu'un qui veut amener
des suggestions, bien, au niveau de la sous-commission, on pourra nommer un
comité de travail qui comprendra un député
ministériel, un député de l'Opposition, avec un support
administratif, pour faire avancer cette question-là, pour soumettre
à une prochaine rencontre de la sous-commission.
Je pense que c'est ça qui va faire en sorte qu'on va faire
avancer le débat. Mais, comme parlementaire, en tout cas, moi, si vous
voulez me donner un appui aussi, je pense que c'est d'aviser possiblement votre
leader de votre intérêt et de manifester l'intérêt
que tout parlementaire qui a un intérêt à établir
des modifications à une façon dont un débat se
déroule.
On parlait d'interpellation. Mais qu'on l'amène au leader, par
exemple, qui devra l'amener, lui, devant la sous-commission. On pourrait
établir... On a d'ailleurs une proposition dans ce sens-là,
d'avoir un comité de travail avec deux députés,
également, pour réexaminer les rôles... pas les
rôles, mais la façon de faire dans les interpellations, pour
l'ajuster aux demandes qui sont données fréquemment par les
parlementaires.
M. Jolivet: ...je veux dire, je comprends. Moi, je suis
intéressé pour regarder, parce que je sens bien que tout le monde
pense la même chose que moi, puis ça ne marche pas, puis il
faudrait faire des changements. Là, je suis dans une étreinte
très, très forte où là, vous me dites: Moi, je ne
peux pas agir comme président autrement que par la structure qui est
visée, qui est la commission ou la sous-commission qui est
là.
Je comprends ça, mais pour aider à faire bouger cette
structure-là, est-ce que le président, qui est responsable de
ça, ne peut pas dire: J'envoie à tous les députés,
leur disant que j'ai l'intention de convoquer? Voilà les sujets sur
lesquels je veux discuter, puis voilà ce qu'un sous-comité a
commencé à travailler, de façon à ce qu'on fasse
pression, nous autres, auprès de nos responsables, pour dire: Trouvez un
temps voulu pour au moins lancer la discussion, quitte à former des
sous-commissions ou des sous-comités de travail, puis là,
à la blague, invitant peut-être en consultation
particulière tel et tel député intéressé par
tel ou tel sujet.
Je ne sais pas, mais il me semble qu'il faudrait que ça bouge.
Alors, je ne sens pas que je serai capable de le faire sans avoir, au moins,
des éléments de travail à ce niveau-là. Je vais
faire mon travail de mon bord, mais je ne haïrais pas ça avoir
déjà ce que vous avez cogité actuellement comme
proposition, comme toute autre proposition pour arriver...
M. Saintonge: En tout cas, je vais examiner attentivement...
C'est un peu embêtant, parce que je dois plus déposer les
propositions à la sous-commission, actuellement, mais j'examine quand
même la situation... peut-être d'informer les députés
des objectifs qu'on peut viser, des changements qui sont envisagés, et
puis d'inviter les députés à... justement, si on avait une
lettre en les avisant formellement de... s'ils s'intéressent à
tel ou tel sujet ou s'ils ou elles s'intéressent, les
députés pourront, à ce moment-là, avec les leaders,
là, s'inscrire, si on veut, à un comité de travail,
éventuellement, qu'on mettra sur pied. Moi, je suis convaincu que la
façon d'y arriver, il faudra, au niveau de la sous-commission, faire en
sorte que des sous-comités soient chargés de certaines choses.
(17 heures)
D'ailleurs, dans certaines Assemblées, dans certains Parlements,
c'est une commission spéciale qui est chargée de la
réforme parlementaire, qui va être constituée de
personnages qui ne sont pas nécessairement ceux qui sont membres de la
sous-commission à cause de ces contraintes-là, j'imagine. On
examine cette façon-là, en tout cas, pour trouver un moyen de
faire déboucher cet élément-là, qui, dans le fond,
va faire preuve du dyna-nisme de notre système parlementaire et de
l'avancement au niveau de nos procédures.
M. Jolivet: Vous m'embêtez pas mal, après-midi, M.
le Président. C'est que j'avais quelques questions à vous poser,
mais là, si je vous les pose, vous êtes déjà
avancé sur ce que vous avez déjà cogité.
Si je prenais l'exemple des études des crédits
budgétaires, je vous aurais demandé quels sont les
éléments qui sont envisagés pour l'amélioration de
l'étude des crédits budgétaires, le temps alloué,
l'ouverture à des organismes qui pourraient venir nous conseiller. Je
vous aurais demandé plus de précisions sur les informations
transmises. Je vous aurais posé des questions concernant la tenue des
débats de fin de séance. Est-ce que vous avez des mesures
à nous proposer? Est-ce que ce serait de réduire ou
d'améliorer les réponses des ministères? Là, je
m'oblige quasiment à ne pas vous les poser. J'en ai sur la question des
témoins. Vous m'avez dit qu'il y a eu un document qui a
été... L'enquête a été faite. Est-ce qu'il y
a eu des suites à ça? Est-ce qu'il y a des nouveautés?
Vous entendez, mais vous allez me répondre: Je veux les déposer
à cette commission.
M. Saintonge: Oui.
M. Jolivet: Je suis mal pris un peu, moi, là. Ha, ha,
ha!
M. Saintonge: Oui, M. le Président... Bien, le
problème, aussi, M. le député, c'est que, voyez-vous, j'ai
de la documentation sur laquelle on a travaillé dans un comité
où on s'est réuni pendant deux jours, mais ça faisait
suite à certaines rencontres que nous avions eu ici puis à
certains éléments qu'on avait mis de l'avant. Alors, tout
ça, évidemment, c'est quand même technique, aussi, dans
bien des cas. Si j'envoyais ça à quelqu'un qui commence à
regarder, si j'envoyais ça, on pourrait dire: Bien, c'est complexe, puis
il ne comprendra pas. Il faut pratiquement aussi faire un cheminement avec des
explications. Alors, ça devient assez volumineux puis assez difficile
à suivre, si on veut faire comprendre exactement l'objectif final qu'on
veut atteindre.
Donc, dans les discussions, c'est ça qui est, je pense, un des
points assez difficiles, en transmettant les documents d'une façon assez
sèche, d'une certaine façon.
D'autre part, dans plusieurs des points que vous avez soulevés,
je dois considérer que nous, ce qu'on a proposé dans nos
modifications, c'est surtout au point de vue technique. Il y a des questions de
fond qui pourraient être intéressantes à discuter pour
modifier la façon de faire, modifier l'opération, par exemple, de
débat de fin de séance ou d'interpellation, comme vous avez
mentionné, ou des crédits en invitant des gens de
l'extérieur, mais ça, c'est fondamental. Ça
prendrait vraiment un comité qui se pencherait là-dessus, avec le
pour et le contre qui pourraient être donnés par ceux qui ont
vécu la chose, et aussi qui aviserait, au niveau de chacune des
formations politiques, du développement de ces nouvelles
idées-là.
M. Jolivet: Autrement dit, vous êtes en train de me dire,
puis c'est ça que j'essayais de voir... Parce que j'aurais dit:
Écoutez, proposez-nous ça par thème, telle chose,
admettons le débat de fin de séance, les crédits
budgétaires, bon, telle ou telle chose, l'état de la situation
actuelle, ce qu'on entend dire, que les gens ne sont pas d'accord ou d'accord,
etc., de telle sorte qu'on pourrait faire une proposition puis commencer
à cogiter et à regarder ça, et vous pourriez vous en
parler entre vous autres. Vous me dites que, pour être capable de faire
ça, il faudrait que la sous-commission se réunisse, laquelle
pourrait vous donner ce mandat de faire ces choses. C'est ce que je
comprends.
M. Saintonge: C'est ce que j'ai l'intention de faire. L'objectif
visé, c'est qu'on a préparé, nous, avec les gens de la
table... J'ai préparé avec les gens de la table certaines
modifications qui nous apparaissaient souhaitables par des demandes qu'on avait
eues des leaders des deux côtés ou des situations qui se sont
déroulées à l'Assemblée. En préparant
ça, en l'amenant au niveau de la sous-commission de la réforme,
on veut vérifier l'intérêt et dire, maintenant, aussi,
à part de ces sujets-là, qui nous apparaissent peut-être
assez faciles à régler, qu'il y a d'autres sujets importants:
l'interpellation et surtout les témoins, dans mon cas, qui me
préoccupent beaucoup. Donc, au minimum, ces deux sujets-là et les
crédits budgétaires possibles ou d'autres choses... De mettre sur
pied des sous-comités, vous êtes d'accord, très bien, mais
mettons sur pied des sous-comités, quitte à faire en sorte
d'aviser, à ce moment-là, l'ensemble des parlementaires, qui
manifesteront leur intérêt, et faire un suivi.
Alors, moi, ce que je veux tenter d'établir également,
c'est que, au niveau de la sous-commission permanente de la réforme, il
faudrait avoir quelqu'un qui ferait un suivi régulier de cela.
Actuellement, on n'a personne qui est vraiment en charge. Alors, quand on le
fait, et ce n'est pas par mauvaise volonté, mais il y a toutes sortes
d'urgences qui nous arrivent, qui nous repoussent. Alors, finalement, quand on
reprend ça, eh bien, woup!, on y reviendra plus tard, les vacances
arrivent. On fixe une rencontre... Dans certaines circonstances, on a
fixé des rencontres de la sous-commission, et on a dû les annuler
à une semaine d'avis. Dans d'autres cas, la veille, on a dû
annuler une rencontre. C'est sûr que, avant qu'on recédule une
rencontre, on prend tout un délai, encore une fois, avec les agendas de
tous et chacun. Donc, si on y va, comme je vous dis, par sous-comités
? vous semblez être intéressé à ça
? alors, moi, je vais suggérer aussi à la sous-com- mission,
avec les réactions que vous nous donnez aujourd'hui, la
possibilité de mettre sur pied certains sous-comités
précis, qui ne seraient pas des gens nécessairement de la
sous-commission de la réforme, pour permettre un travail en dehors de
ça puis une évolution plus rapide. Et on aura un rapport à
la sous-commission, éventuellement, et à la commission de
l'Assemblée.
M. Jolivet: En tout cas, moi, ce que je ne voudrais pas,
là, c'est qu'au bout de la course on fasse ça en comité
tellement restreint qu'il y ait juste eux autres qui connaissent ce qui va se
passer. Il faudrait que ce soit diffusé au niveau des parlementaires qui
ont des décisions, ensuite, à prendre, de telle sorte que,
finalement... Moi, ce que je veux vous dire aujourd'hui, c'est que je vais
faire mon travail du côté de ma formation politique;
j'espère que tous les autres députés du côté
ministériel feront la même chose, pour qu'ils ne trouvent pas de
raison de refuser la rencontre. Je vous donne juste un exemple: peut-être
que quelqu'un, d'un côté comme de l'autre, n'a pas
intérêt à ce qu'on change l'interpellation. Moi, je suis
intéressé à ce qu'elle soit changée, mais si je
n'ai pas le moyen de vous le dire, et de le faire dire, et de le faire changer,
et que j'attends que des gens de ma formation politique, qui pourraient
être contre, décident de ne pas agir, je suis mal pris, là.
Alors, si on veut que ça ne soit pas statique et sclérosé,
que ça bouge, que ça nettoie un peu le système, il va
falloir, à ce moment-là, si on est maître de nos
décisions, que les députés disent à la
présidence: Bien, écoutez, allez-y et, si ça ne marche pas
par là, on ne voudrait pas se rebeller, mais on voudrait au moins
changer quelque chose.
M. Saintonge: Oui, on pourrait faire des propositions, en tout
cas, qu'on pourrait amener, mais la grosse difficulté, aussi,
réside dans le fait...
Ce n'était pas une assemblée parlementaire comme
l'Assemblée nationale, mais je peux donner comme exemple
l'assemblée interparlementaire de la francophonie, l'AIPLF, où on
fait une proposition de modification de règlement; on travaille en
comité, mais quand on vient pour la discuter, pour l'acceptation,
après ça, au niveau de la commission politique, après
ça, on revient en assemblée annuelle, les discussions se
reprennent à chaque fois, et c'est très long comme processus. Il
faut trouver le moyen. Ou on pourrait donner un mandat à un
comité qui aurait quand même une certaine latitude, et il pourrait
faire un rapport complet qui pourrait être discuté globalement.
Accepter ou refuser, pas commencer à rediscuter du fond de la situation,
parce qu'on va se retrouver, comme vous le mentionnez, pendant des mois ou des
années avec le même problème.
Mais disons que j'avais noté, l'an dernier, mon
intérêt à ça. Je le renouvelle cette année.
Je pense qu'on va tenter d'évoluer. Je dois dire qu'avec les leaders
parlementaires, quand même, on a eu certains progrès qui ont
été réalisés en cours d'année. On a
adopté des
règles qui étaient pour s'appliquer pendant une certaine
période de temps. On a eu le bénéfice de les vivre pendant
quelques mois. Ça nous amène à des suggestions pour des
modifications éventuelles, pour le futur, permanentes. Alors, on peut
refaire la même chose de ce côté-là, je pense, ce
qu'on a pu vivre temporairement. Si on mettait un comité sur pied, qui
ait l'expertise nécessaire des travaux de la Chambre, avec une vision
globale, pour faire une proposition qui pourrait être acceptée ou
refusée globalement au niveau de la sous-commission et de la commission
de l'Assemblée nationale, éventuellement, on pourrait, je pense,
arriver à des éléments intéressants de
reformulation de notre règlement.
Le Président (M. Bîssonnet): Juste un instant. La
présidence a reçu des demandes de débats de fin de
séance ? puisque vous en discutiez.
Avis de débats de fin de séance
II y aura débat de fin de séance à la demande de M.
le député de Laviolette, avec M. le ministre des Forêts sur
le sujet, suite à la période de questions d'aujourd'hui,
concernant les droits de compensation sur le bois d'oeuvre.
Il y aura également un débat de fin de séance,
à la demande de Mme la députée Chicoutimi, avec M. le
ministre responsable de l'application de la Charte de la langue
française, suite au débat de la période de questions,
concernant les consultations sur le projet de loi 86 et la possibilité
d'inviter le Conseil de la langue française.
Donc, ces débats de fin de séance auront lieu ce soir,
à 22 heures.
M. le député de Laviolette.
Discussion générale (suite)
M. Jolivet: Oui, en fait, en terminant sur ça, simplement,
parce que, ce que je vois venir, c'est d'être capable de vous poser,
peut-être, la question encore l'an prochain, ce que je ne voudrais pas.
Alors, je voudrais, comme on l'a fait pour Le Parlementaire ou comme les
communications qu'on a réglées cette année, qu'on ait la
chance de pouvoir avancer. Et je vous répète toujours la question
des petites questions locales, qui ne peuvent pas être posées
à la période de questions comme on le voudrait et qui
permettraient à certains députés de pouvoir avertir la
population qu'ils l'ont fait officiellement.
Souvent, on dit à des gens: Bien, écoute, je lui ai
parlé, au ministre, en arrière du trône; je lui ai
parlé dans le corridor. Mais ce n'est jamais officiel, tandis qu'une
question ici devient officielle quand elle est posée et quand on y a
répondu, avec les notes sténographiées que nous recevons.
En tout cas, je voulais juste vous faire mention de ça. Je
réitère mes suggestions. (17 h 10)
M. Saintonge: D'accord. Et j'espère que je pourrai vous
arriver avec des réponses positives l'an prochain.
Emplacement des salons des
députés
M. Jolivet: Le restaurant Le Parlementaire, vous savez que c'est
une décision qui avait été prise à l'époque,
mais il y a eu plusieurs personnes qui ont fait des représentations
quant à l'emplacement des salons des députés. On n'a pas
été capable de dire que c'est une expérience qu'on a
faite. On a décidé à un moment donné, et tout le
monde semblait être d'accord, à l'époque. Mais je dois vous
dire que j'aimerais savoir si le président a eu récemment des
représentations dans ce sens-là pour dire que la façon
dont ils sont placés, ces petits salons-là, ne donne pas
l'accessibilité qu'on avait avant. En tout cas, moi, je vous le dis
honnêtement: J'y vais, je n'ai pas de problème à y aller,
mais on se sentait peut-être plus proche du public quand on était
en haut plutôt qu'en bas. C'est drôle à dire, mais je ne
sais pas pourquoi ça donne cette impression-là, là, mais
il y a une vie qui est peut-être un peu cloîtrée qui fait
qu'il y a bien des gens qui ont commencé à discontinuer leur
visite au petit salon.
Alors, j'aimerais savoir, est-ce que vous avez des demandes dans ce
sens-là?
M. Saintonge: Oui, effectivement, évidemment, j'ai eu
certaines demandes de députés, peut-être, pour
reconsidérer l'emplacement des salons des députés.
Évidemment, on a procédé à des travaux au niveau du
Parlementaire.
D'abord, les salons étaient placés, disons, au niveau du
restaurant même Le Parlementaire. On a construit un étage
supplémentaire en dessous du restaurant, dans l'espace vide qui se
trouvait là, pour le Mini-Débat, et on a dû déplacer
les salons à l'étage du Mini-Débat, donc, non pas au
restaurant même, au Mini-Débat, et l'accès vers
l'arrière n'est pas le même, évidemment, qu'au
restaurant.
Toute la question se posait, c'est... comment on pouvait
aménager, dans la restructuration du restaurant, cette question des
salons, puis, prenant pour acquis également qu'il y avait plusieurs
demandes de députés qui nous disaient: Ce serait
intéressant d'avoir des petits salons où on puisse avoir des
dîners plus privés avec des personnes. Alors, la suggestion
avait...
M. Jolivet: Est-ce qu'ils sont bien utilisés, ces petits
salons-là, là, privés?
M. Saintonge: Je vous dirai que les petits salons sont
très, très bien utilisés. Règle
générale, c'est complet toujours. On a plus de demandes qu'on
voudrait en avoir. On ne peut pas répondre à toutes les demandes.
Alors, les salons, je pense règle générale, sont
réservés tous les jours. Alors, ces petits salons-là, le
problème
qu'on avait, au niveau des salons des députés, on ne
pouvait maintenir les salons des députés à l'étage
du restaurant Le Parlementaire, puisque le salon qui appartenait à
l'Opposition était amputé des deux tiers, sinon des trois quarts,
pour des besoins de sécurité au niveau de sorties d'urgence et
d'ascenseur, escalier de secours. Il fallait faire les modifications, puis on
n'avait pas le choix, il n'y avait pas d'autre endroit que là. Donc,
regardant cela, il y avait deux salons, on pouvait descendre au niveau
inférieur, faire deux pièces identiques et donner les mêmes
disponibilités d'espace pour les salons: le salon du premier ministre et
le salon de l'Opposition.
Alors, c'est ce qui a été fait, qui a été
proposé, au niveau du Bureau, après visite des lieux. Maintenant,
comment établir, aussi, des petits salons pour permettre au public, dans
certains cas, aux députés d'amener certaines personnes du public
en dîner plus restreint, pour échanger ou préparer des
choses, alors, des gens qui viennent, règle générale, de
l'extérieur, pas uniquement des parlementaires? Alors, au point de vue
sécurité, pour la circulation, c'était beaucoup plus
facile que ces petits salons-là soient à l'étage du
restaurant principal, où le public a accès, parce que c'est des
gens du public, en principe, qui peuvent venir dans ces salons-là. Il
fallait les garder, dans la mesure du possible, au même étage.
C'est pour ça que la proposition, au niveau du
réaménagement du Parlementaire, avait été qu'au
niveau du premier étage, si on veut, du restaurant, faisons les petits
salons à l'arrière. Prenons le grand salon, faisons trois petits
salons pour être capable de les utiliser pour des parlementaires ou
même des gens de l'extérieur que des parlementaires invitent avec
eux au dîner, et transposons, comme je l'ai dit, les salons des
députés en bas, les mettant tous les deux au même niveau.
Autrement, ma problématique, c'est, si je pouvais avoir un salon
à l'étage et l'autre salon à un autre étage.
Et je vous rappellerai aussi peut-être un des reproches qui nous
était adressé à l'époque pour les salons des
députés: on nous reprochait que, parfois, les parlementaires
avaient des objectifs en allant à leur salon, c'était de se
regrouper, d'être ensemble, d'être capable d'être
exclusivement à leur utilisation à eux, puis d'être capable
de discuter librement, alors, puis se sortir un petit peu du déplacement
du public en général. Mais, en envoyant ça en bas, on
atteignait cet objetif-là, puisque c'est simplement les
députés qui pouvaient y aller en connaissant le chemin, puis il
n'y a pas d'accès du public à cet étage-là. On
rencontrait cet objectif-là.
D'autre part, vous me dites, évidemment, que le parlementaire est
moins en contact avec le public en sortant ou quoi que ce soit. Il faudrait
qu'il monte un étage pour passer à travers un restaurant,
rencontrer des gens et revenir. Puis on voulait aussi maintenir l'espèce
d'usage exclusif des salons aux députés. C'était un point
qu'on avait soulevé à l'époque que, parfois, dans les
salons de députés, qui étaient au premier niveau, les gens
venaient, des anciens parlementaires, des gens de ministères ou des gens
qui avaient travaillé auparavant à l'Assemblée...
ça s'appliquait autant à l'Opposition qu'aux ministériels,
les gens... Oup, bonjour! venaient saluer, entraient, s'assoyaient, mangeaient.
Le parlementaire nous disait: Bien, écoutez, il y a des salons pour les
parlementaires. On ne peut pas manger. C'est d'autres gens qui sont là.
Ça devrait être confidentiel aux députés.
Alors, en faisant en sorte que les salons soient moins dans la grande
circulation, on atteignait cet objectif-là, mais, d'autre part, on a
moins la présence du public qui pourrait être souhaitée.
C'était d'essayer de concilier les deux choses et, à
l'époque, je vous dirai, en toute honnêteté, que j'ai
soumis toute la question au Bureau de l'Assemblée. On a visité
les lieux. On avait proposé le déménagement des salons des
députés en bas, avec ces motifs-là d'atteinte, au point de
vue de la sécurité... de la circulation des gens de
l'extérieur, qui n'ont pas à aller sur un étage qui est
prohibé, règle générale. Les députés
auraient plus de tranquillité. En mettant les petits salons en haut,
ça répondait aux besoins de circulation au niveau même du
premier plancher, comme tous les visiteurs. Donc, c'est un compromis qui avait
été suggéré.
Aujourd'hui, honnêtement, je regarde les suggestions qui me sont
données, je regarde les demandes. J'ai tenté de répondre,
de la même façon que je le fais ici, aujourd'hui, en vous donnant
le pourquoi on avait agi de cette façon-là. Est-ce qu'il serait
propice qu'on puisse réévaluer cette décision? Mais si
c'était le cas, comment on va réussir à répondre en
donnant satisfaction à tout le monde? Est-ce que ce serait
équitable que le salon des ministériels soit au premier plancher,
et l'Opposition, au plancher inférieur, ou le contraire? J'ai
l'impression que s'il y avait un salon à un étage
différent, on pourrait avoir certaines récriminations des
députés, d'un côté ou de l'autre, à ce
moment-là. C'est ça qu'il faut tenter de concilier. Moi, je
pourrais poursuivre la discussion avec les députés qui ont
soulevé la question. J'explique, comme je le fais, actuellement, ici,
les raisons de notre décision de gestion des locaux comme ça.
Le dernier point, quand même, c'est que, pour les salons, les
petits salons qui sont utilisés ? il y en a maintenant quatre...
Ces salons-là, comme je vous le dis, on se rend compte que la demande
était justifiée, puisque les parlementaires les utilisent
pleinement.
M. Jolivet: En tout cas, tout simplement, je soulevais ça,
parce que c'est ce que les gens disaient, comme députés. Moi,
personnellement, je vous dis que j'y vais et j'y participe. Je ne dis pas que
je suis heureux par rapport à en haut. Je suis un gars qui aime
tellement le public que, moi, je fais ma tournée. Je descends en bas, je
remonte. Je vais voir le monde parce que je veux voir le monde. Des fois, on a
des gens qui viennent... Bon pour ma ligne, me dit M. le président de la
commission! Mais je vous dirai, qu'en
même temps, M. le Président, c'est bon pour mes relations
publiques. Ha, ha, ha!
Je pense que c'est de ça que le député a besoin, un
peu de sentir le public. Des fois, quelqu'un m'accroche en passant et me dit:
Écoute, il se passe quelque chose que je n'aime pas. Ou encore: Aie,
c'est parfait! C'est quelque chose d'intéressant. Alors, il y avait ce
contact-là qu'on n'a plus.
Maintenant, je sais que la décision a été prise
avec le Bureau. Je sais que les gens ont visité les lieux. Mais, je vous
fais juste part de ce que j'ai moi-même entendu. Alors, vous me donnez
des réponses qui seront difficiles à régler, je le sais
très bien, compte tenu des décisions qui avaient
été prises de faire les réaménagements qui
s'imposent. On vivra avec ça en attendant, mais je voulais au moins vous
le faire valoir.
Budget de la Direction de la
sécurité
Budget de la sécurité. J'aimerais savoir... le budget
total de la sécurité, ici, à l'Assemblée, en
divisant les tâches, c'est de combien? Il y a des gens qui sont... Le
budget total des constables spéciaux. Il y a les gens qui sont dans la
sécurité, qu'on peut appeler, dans la semaine, «les
gris», la fin de semaine, là. Puis, il y a les caporaux. C'est
quoi, le total?
M. Saintonge: Je vais tenter de vous donner ça.
M. Jolivet: Vous savez que c'est une de mes vieilles marottes,
c'est pour ça que je reviens.
Le Président (M. Bissonnet): M. le Président.
M. Saintonge: Au niveau du budget. Traitements ?
employés permanents et employés occasionnels ? ça
monte à 1 336 700 $. Comme vous aviez mentionné, au niveau des
traitements...
M. Jolivet: Vous parlez de qui, là? 1 000 000 $...
M. Saintonge: Bon, ces traitements, 1 336 700 $, ça
comprend ce qu'on appelle les agents de sécurité, et ça
comprend le personnel affecté au périmètre
intérieur. Le personnel uniquement de l'Assemblée. Pour
l'administratif, le personnel de l'Assemblée nationale. À titre
d'exemple, nous avons, au niveau de la sécurité... Le directeur
de la sécurité est un officier de la Sûreté du
Québec. Il y a également une douzaine de membres, 14 membres au
total. Il y a 14 membres au total, de la Sûreté du Québec,
qui travaillent ici.
M. Jolivet: ...14 membres? Vous êtes rendus à 14
membres? Oh! Mye! (17 h 20)
M. Saintonge: ...14 membres. Les budgets de traitements ne sont
pas compris dans ce budget. C'est à part, ça. Dans l'entente avec
la Sûreté du Québec, ces gens-là sont payés
par la Sûreté du Québec et non pas par l'Assemblée.
Alors, les traitements qu'on retrouve ici, c'est le personnel de
l'Assemblée, le personnel affecté directement à
l'Assemblée nationale et non pas le personnel extérieur, comme
les gens de la Sécurité publique.
Au niveau des effectifs, par exemple, Sûreté du
Québec... Je peux vous donner l'exemple des effectifs.
Sûreté du Québec: 1 capitaine, 2 sergents, 5 caporaux, 6
agents, pour un total de 14 personnes.
M. Jolivet: Vous allez trop vite.
M. Saintonge: Oui, 14 personnes. D'accord? Il y a le
capitaine..
M. Jolivet: Un capitaine.
M. Saintonge: ...deux sergents...
M. Jolivet: Deux sergents.
M. Saintonge: ...cinq caporaux...
M. Jolivet: Cinq caporaux.
M. Saintonge: ...et six agents.
M. Jolivet: Six agents. Ça, là...
M. Saintonge: Donc, il y a 14 personnes de la Sûreté
du Québec qui...
M. Jolivet: Dont les salaires sont payés par la
Sûreté du Québec...
M. Saintonge: Exactement. M. Jolivet: ...au complet.
M. Saintonge: Oui, ils ne sont pas sur le budget de
l'Assemblée, exactement.
M. Jolivet: Et qui est de l'ordre de?
M. Saintonge: Je ne l'ai pas...
M. Jolivet: Vous ne le savez pas.
M. Saintonge: Ça, je ne l'ai pas en main.
M. Jolivet: Vous ne l'avez pas.
M. Saintonge: Maintenant, nous avons aussi, au niveau du
ministère de la Sécurité publique, des constables
spéciaux classe principale, des constables spéciaux et une agente
de bureau qui sont ici. Il y a 46 personnes du ministère de la
Sécurité publique qui sont affectées à
la sécurité à l'Assemblée.
M. Jolivet: Elles coûtent combien?
M. Saintonge: Le coût, c'est la même réponse
que je pourrais vous donner. Ces personnes-là sont sur le budget du
ministère de la Sécurité publique, donc non pas sur le
budget de l'Assemblée nationale. C'est le deuxième volet.
Donc, premier volet, Sûreté du Québec;
deuxième volet, ministre de la Sécurité publique, ce qu'on
appelle les constables spéciaux, à ce moment-là...
M. Jolivet: Oui. C'est ce dont je parlais tout à l'heure,
oui.
M. Saintonge: ...et, troisièmement, l'Assemblée
nationale, où, à ce moment-là, on a du personnel
administratif, on a des gardiens, on a des gardes du corps-chauffeurs, des
infirmières qui sont au niveau de la sécurité, et il y a
60 personnes au total. Et ces 60 personnes-là, c'est le montant que je
vous mentionnais tantôt au niveau des traitements...
M. Jolivet: De 1 336 000 $. M. Saintonge: ...de 1 336 700
$.
M. Jolivet: O.K. Parce que moi, ce que j'avais comme indication
dans mes recherches, c'est que les constables spéciaux seraient de
l'ordre de 4 500 000 $ et les S caporaux... Je ne veux pas que vous me donniez
des chiffres, mais d'après ce que j'ai comme renseignement, c'est entre
800 000 $ et 900 000 $ pour 5 caporaux.
M. Saintonge: Entre 800 000 $ et 900 000 $, je ne peux pas vous
dire là-dessus...
M. Jolivet: Non, je le sais. Moi, je vous donne ce que j'ai comme
information. J'essaie de savoir ceci parce que... Je suis bien conscient que,
à la suite d'un événement qu'on a tous connu ici, il y a
eu, à un moment donné, un mandat qui a été
donné à la Sûreté du Québec pour faire, avec
l'entente que vous mentionnez... Parce que c'est de l'entente dont je veux
parler, l'entente où on avait toujours pensé qu'il y aurait un ou
deux membres du personnel venant de la Sûreté du Québec,
qui avaient pour but d'en arriver à donner un encadrement à ceux
qui sont les constables spéciaux. Et les constables spéciaux
? je reviens à ma question de l'an passé ? je suis
à leur place et j'essaie de voir ce que je pourrais faire dans ma vie
autrement que d'être constable spécial, parce que, au bout de la
course, je n'ai pas d'avancement. C'est une place que je ne comprends pas. On
n'a pas d'avancement potentiel, puisque, par génération
spontanée, de 2 personnes qu'elles étaient au début, vous
me dites qu'elles sont rendues 14, au niveau de la Sûreté du
Québec. je ne voudrais pas, en aucune façon, en arriver à
dire que c'est quasiment le sénat de certains membres de la
sûreté du québec, l'assemblée nationale, mais je
voudrais simplement vous dire que je suis surpris qu'il n'y ait personne dans
les constables spéciaux qui, un jour, pourrait accéder à
cette possibilité-là. parce que j'avais compris que l'entente
? et c'est de ça dont je veux vous entendre parler ? qui va
être signée avec la sécurité publique concernant les
fameux gens qui représentent la sûreté du québec...
ça va être de combien dans le futur? est-ce que ça va
encore augmenter? parce que les rumeurs que j'ai m'indiquent qu'il y aurait des
coupures à venir, au niveau des constables spéciaux, de l'ordre
de 23 %. est-ce que c'est réel ou ce n'est pas réel? si c'est
ça, il y a quelque chose qui ne va pas certain. parce que si on les
remplace par des gens qui s'en vont dans l'autre partie de l'entente pour les
gens de la sûreté du québec, ce que je crois comprendre,
c'est que la sûreté du québec est en train de mettre les
pieds de plus en plus profondément dans l'assemblée nationale, et
je n'aime pas ça. moi, comme simple député, je n'aime pas
ça. je vous le dis carrément. s'ils étaient là pour
encadrer le monde, pour les aider et ensuite leur permettre d'avoir des
possibilités d'avancement, je comprendrais, mais là, on a
l'impression qu'ils sont en train de les remplacer. est-ce que j'ai tort?
dites-le-moi.
M. Saintonge: Effectivement. Ce qui arrive pour la
sécurité...
M. Jolivet: Non, mais quand vous dites effectivement...
M. Saintonge: Oui.
M. Jolivet: ...je n'ai pas tort ou j'ai tort?
M. Saintonge: Non, non, non. Bien, vous...
M. Jolivet: Ah! ce n'est pas de ça dont vous parlez.
O.K. Ha, ha, ha!
M. Saintonge: Je ne veux pas dire que vous avez tort ou pas tort,
je veux tenter de vous expliquer...
Disons que, au niveau de la sécurité, la personne qui est
responsable de la sécurité, vous le savez, c'est un capitaine de
la Sûreté du Québec...
M. Jolivet: C'est ça.
M. Saintonge: ...qui fait sa fonction. Il y a eu une structure
d'établie, à ce moment-là, qui a été
proposée, qui comprenait la nécessité d'avoir 14 agents de
la Sûreté du Québec pour diverses tâches qui les
concernent. Il y a toutes sortes de liens, de rapports, etc., qui doivent
s'établir, que ces gens-là font. Maintenant, outre
la Sûreté du Québec, on a deux autres volets au
niveau de la sécurité de l'Assemblée, au niveau de la
sécurité publique, les constables spéciaux. Ils ont des
possibilités de progression dans leur carrière, au niveau des
constables spéciaux, dans leurs tâches qui sont
définies.
M. Jolivet: Ailleurs qu'à l'Assemblée.
M. Saintonge: Bien, même à l'Assemblée. Ils
peuvent avoir des promotions, à l'Assemblée, dans certains
cas.
M. Jolivet: Ils ont peut-être fait une erreur. Je le dis
entre vous et moi, ils ont peut-être fait une erreur le jour où
ils ont décidé de ne pas faire les fins de semaine et qu'on a mis
des gens, qu'on appelle les gens gris, là. Mais...
M. Saintonge: Non, mais ce n'est pas... Bien, la proposition, je
vous dirais, n'est peut-être pas une erreur. La proposition...
M. Jolivet: Non?
M. Saintonge: ...c'est qu'il y avait des constables
spéciaux; si ma mémoire est fidèle, à un moment
donné, il restait qu'au niveau du nombre total de constables
spéciaux on était quand même limité. Ce
n'était pas infini, ça. Puis, au niveau de la fonction publique,
il n'y avait plus d'engagements dans ce sens-là.
M. Jolivet: O.K.
M. Saintonge: Donc, on a réaffecté... Ce que notre
proposition avait été de faire ici, par la Direction de la
sécurité: on a réaffecté des fonctions au niveau
des constables spéciaux, qui relevaient vraiment de la fonction de
constable spécial. Et on a donné, à ce moment-là,
à du personnel qui était des gardiens, des tâches de
gardiens. Je pense que la situation, à ce moment-là, rendait
compte de la compétence de chacun. Tous ceux qui rentraient à
l'Assemblée nationale comme gardiens ou préposés au
périmètre intérieur, à l'époque, qu'on
appelait, bien, ces gens-là, effectivement, faisaient le travail pour
lequel ils étaient engagés. On donnait du travail de gardiennage
à ceux qui étaient engagés comme gardiens.
Au niveau des constables spéciaux, on faisait du travail qui
relevait de leur compétence. Mais on avait un problème, c'est
que, à un moment donné, il n'y avait plus suffisamment de
constables spéciaux, il y avait des pertes, il fallait réaligner
nos cédules. Alors, on a dit: Utilisons les constables spéciaux
que nous avons vraiment pour le travail qu'ils ont à faire, avec un
meilleur réaménagement de leurs horaires. Puis, du temps
supplémentaire, les gens aiment bien ça en faire, mais, des fois,
ils aiment moins ça aussi, parce que chacun a sa vie en dehors du
travail. Alors, on a réaligné le travail de chacun. Et je me
souviens formellement qu'à l'époque, quand on regardait ça
avec M. Bouchard, directeur de la sécurité à
l'Assemblée, qui est de la Sûreté du Québec, on a
rencontré et les constables spéciaux et les gardiens, et chacun
acceptait d'emblée cette nouvelle façon-là, et ça
faisait en sorte que chacun faisait les fonctions pour lesquelles il
était engagé, à l'intérieur de chacune des
catégories.
Par exemple, au niveau des constables spéciaux, ces
gens-là peuvent obtenir... Si on en a besoin, il y a des titres de
caporal là-dedans, il y a des fonctions particulières. Ces
gens-là peuvent acquérir éventuellement des promotions
dans leur cadre d'emploi à eux, de constables spéciaux.
Mais on m'informe également ? à ma connaissance, je
n'avais pas vu ça venir, mais même le directeur me le confirme
? qu'il n'est pas question de supprimer 23 % des postes. Il n'y a pas de
postes en danger au niveau des constables spéciaux actuellement. Notre
structure est maintenue, du personnel de la Sûreté du
Québec, qui n'a pas été imposé, est venu ici ?
il y a 14 personnes, au total, qui sont ici ? pour rendre des services
dans une structure qu'on a acceptée; les constables spéciaux se
joignent au nombre de 45, là-dessus, pour les bénéfices de
la sécurité à l'Assemblée, sous la direction du
capitaine Bouchard; et, finalement, nos gardiens, une cinquantaine de gardiens
sont affectés au service également.
M. Jolivet: Et, moi, ce que je vois, là, quand je suis
arrivé ici, en 1976, par rapport à 1993, il y a une
évolution énorme qui s'est produite à un moment
donné. Ce moment donné là n'était que temporaire
à l'époque. Je m'en souviens, j'étais à la
vice-présidence. Puis c'était temporaire; c'était pour
aider à mettre tout en place, une structure. Là, on a
parlé de télévision, de caméras, de toutes sortes
de choses pour faire en sorte qu'il y ait moins de monde mais qu'il y ait une
meilleure protection. On avait, en tout cas, si vous vous en souvenez, à
l'extérieur comme à l'intérieur de la bâtisse...
Moi, je veux bien croire ça, mais il y a des gens qui sont des
constables spéciaux qui sont coincés entre les deux. La
Sûreté du Québec était venue leur donner un coup de
main, qui semble prendre leur place. Puis, entre-temps, des gens qui sont venus
pour simplement du gardiennage les fins de semaine, les soirs, les nuits, de
telle sorte que je veux... Je n'ai rien contre eux autres, au contraire. Je dis
tant mieux! Sauf que je veux juste vous dire qu'il y a quelque chose qui fait
que...
Je vous donnais tout à l'heure un chiffre ? vous pourriez
vérifier ? 4 500 000 $, le budget de la sécurité.
Vous avez à peu près, pour 5 caporaux, environ 800 000 $ à
900 000 $. Ça, ça doit certainement contenir... Là, vous
ne pouvez pas me répondre parce que vous m'avez dit que ce n'est pas
vous qui payez ça. Ça doit certainement comprendre les temps
supplémentaires, et des remplacements, et ces choses-là.
Alors, combien ça fait ? vous ne pourrez pas me
répondre, si je comprends bien ? de têtes de
remplacement? Mais je vous dirai qu'il y a des gens qui, parmi les constables
spéciaux, dans leur vie, auraient pu, si l'aide apportée par la
Sûreté du Québec avait été de les amener
à prendre la place. Mais, là, ce que je semble comprendre, c'est
que la Sûreté du Québec prend la place de. Parce que, plus
il va y avoir de gens de la Sûreté du Québec ici, moins il
va y avoir de constables spéciaux. Dans ma tête à moi,
là. Je peux me tromper, mais il semble...
M. Saintonge: Non, pas nécessairement. C'est parce que ce
n'est pas les mêmes fonctions. Écoutez...
M. Jolivet: Je le sais. (17 h 30)
M. Saintonge: ...il y a un comité consultatif qui avait
été établi, à l'époque, après les
événements que vous avez rappelés, qui a
siégé, et le comité consultatif a fait certaines
recommandations, et c'est là que la Sûreté du Québec
avait pris charge de la sécurité, en accord avec un protocole
avec la présidence...
M. Jolivet: Mais c'est ce que vous...
M. Saintonge: ...puisqu'on considérait que c'était
le meilleur corps pour prendre charge...
M. Jolivet: Mais, actuellement, vous avez un nouveau protocole.
Le nouveau protocole qui va être entendu suite aux auditions que vous
avez eues, il va être présenté au Bureau, si je comprends
bien?
M. Saintonge: Oui, oui.
M. Jolivet: C'est là qu'on fera une
représentation.
M. Saintonge: Mais je viens de recevoir... Je vais vous avouer
honnêtement, je n'ai pas lu le protocole, actuellement.
M. Jolivet: Non, non. Je sais.
M. Saintonge: J'ai reçu le protocole
récemment...
M. Jolivet: Mais, ce que je veux dire... Non. Le processus, c'est
qu'il va être présenté au Bureau, donc, moi, je parlerai
aux membres de ma formation politique et même à des
libéraux pour leur dire... Puis, d'ailleurs, je vais leur faire lire ce
qui a été dit aujourd'hui, là. Parce que, moi, j'ai des
difficultés à comprendre que ce qui devait être un support,
à l'époque, devient quasiment le fondement. C'est plus qu'un
support, là, c'est le fondement de la bâtisse. Je parle de la
bâtisse au niveau de la structure de sécurité.
M. Saintonge: Mais l'information que j'ai actuellement, puis ce
que j'ai toujours compris, de toute façon, au niveau de la
sécurité, c'est que la Sûreté du Québec, ce
n'était pas simplement un support. La Sûreté du
Québec prenait charge de la sécurité à
l'Assemblée, sous la direction du président. La loi de
l'Assemblée nationale donne au président la responsabilité
de gérer la sécurité à l'Assemblée. Comme
gérance, si on veut, de l'ensemble de la sécurité, c'est
la Sûreté du Québec, puisque c'est le corps le mieux
placé pour nous apporter tous les services essentiels dont nous avons
besoin pour assurer le fonctionnement de la sécurité, avec des
liens extérieurs, etc. À partir de là, les dirigeants,
donc une équipe... On a formé un module; la Sûreté
du Québec y compte 14 personnes aujourd'hui, mais cette
structure-là n'a pas été imposée à
l'Assemblée. C'est arrivé à l'Assemblée
après des discussions où la Sûreté du Québec
prenait vraiment charge. C'est leur compétence première. C'est le
corps le mieux constitué, comme j'ai dit, pour prendre charge. À
l'aide de ça, les constables spéciaux, qui sont sous la
dépendance de la direction de la Sécurité publique, ont
continué d'être à l'Assemblée nationale et à
avoir une fonction en relation avec le nouveau protocole qui avait
été établi, puis la nouvelle prise en charge de la
sécurité qui avait été établie à
l'époque. Et, actuellement, se rajoute aussi aux constables
spéciaux du personnel que l'Assemblée engage comme gardiens, ou
qu'on appelait des gens au périmètre intérieur, à
l'époque. Alors, ces gens-là sont intégrés à
l'équipe de sécurité, qui a quand même, disons,
trois niveaux au niveau de l'Assemblée.
Maintenant, le nouveau protocole, je ne veux pas en
«préjudicier». Je vais vous avouer honnêtement, je
l'ai reçu, peut-être, la semaine dernière, je n'ai pas eu
le temps d'en prendre connaissance. Je vais en prendre connaissance, je vais le
soumettre au Bureau de l'Assemblée qui agit, d'une certaine
façon, comme le comité consultatif, si on veut, au point de vue
sécurité, pour regarder la façon d'opérer.
M. Jolivet: Je vous dirai, M. le Président...
M. Saintonge: Maintenant, en accord avec les ententes qu'on peut
gérer...
M. Jolivet: C'est ça.
M. Saintonge: ...avec la Sûreté du
Québec.
M. Jolivet: Je vous dirai tout simplement que, moi, j'avais
toujours compris, à l'époque, à moins que je ne me sois
trompé, que c'était dans le contexte des besoins qu'on avait
à cette époque-là, pour remettre en place un
système de meilleure surveillance, de meilleure sécurité
pour les parlementaires, tout en sachant que la Sûreté du
Québec devait être en permanence là. Mais je n'ai jamais
pensé, moi, qu'ils seraient rendus à 14 à ce moment-ci,
après quasiment 10 ans. Qu'on me dise qu'ils auraient été
2, 3, j'aurais compris, d'autant plus que...
Et là c'est la dernière question que j'aurais à
vous poser: Au niveau de ce dont j'ai parlé, des caporaux, tout à
l'heure, des montants d'argent au niveau des opérations quotidiennes,
qu'on appelle, je vous parlerai de la dernière. Est-ce que c'est
réel, la rumeur dont j'ai entendu parler à l'effet qu'il y
aurait, chez les effectifs des constables spéciaux, une diminution de
près de 23 %?
M. Saintonge: Là-dessus, je vous dis la réponse: Je
n'ai jamais entendu parler de ça. On n'a jamais discuté de
ça au budget. On a budgeté dans la structure telle qu'elle existe
actuellement. Il n'y a aucune... D'aucune façon...
M. Jolivet: Ce n'est pas vous qui avez payé, là. M.
Saintonge: Je peux vous dire...
M. Jolivet: Ce n'est pas vous qui avez payé ces
gens-là.
M. Saintonge: Non, mais, quand même. Non, mais c'est
prévu dans la structure d'opération, là.
M. Jolivet: O.K.
M. Saintonge: On a besoin de ces gens-là.
M. Jolivet: O.K.
M. Saintonge: On ne peut pas, demain matin, dire qu'on abolit 23
% des postes. S'il y en a une cinquantaine, on va être mal pris,
là. Il y a quelque chose qui ne fonctionnera pas.
M. Jolivet: Autrement dit, les 60 dont vous parlez, il y a 1 336
000 $ pour les faire fonctionner. C'est de ça que vous parlez.
M. Saintonge: C'est ça. C'est les gardiens, là.
M. Jolivet: Oui.
M. Saintonge: Le chiffre que je pourrais vous donner, sous
vérification, mais ce que j'ai ici: pour la Sûreté du
Québec, le coût total, y compris le temps supplémentaire,
c'est 854 000 $ que ça coûte. Si on regarde au niveau de la
Sécurité publique, pour les constables spéciaux, c'est 2
134 000 $. Et le restant du montant que je vous donnais tantôt, donc,
c'est pour l'Assemblée, le personnel de l'Assemblée.
M. Jolivet: 1 300 000 $.
M. Saintonge: Plus le personnel administratif. Maintenant,
l'information que j'ai également, c'est qu'au niveau de la
Sûreté du Québec, dans l'implanta- tion du processus, il y
a toujours eu 12 à 15 personnes de la Sûreté du
Québec après les décisions qui ont été
prises suite à 1984. Donc, on n'a pas augmenté le nombre de
personnes de la Sûreté du Québec. Je pense que c'est
toujours à peu près le même nombre qui est là, qu'on
a connu il y a maintenant, disons, 9 ans.
M. Jolivet: On s'en parlera encore probablement l'année
prochaine.
Transformation de l'AIPLF en assemblée
parlementaire de la francophonie
Relations parlementaires. M. le Président de l'Assemblée,
vous avez tracé un bilan positif des activités de
l'Assemblée dans ses rapports avec d'autres Parlements, à titre
de premier vice-président de l'Assemblée internationale des
parlementaires de langue française. J'ai connaissance que ça
pourrait être probablement le futur président de
l'Assemblée internationale.
Vous avez présidé un groupe de travail mis sur pied pour
étudier l'avenir de cette association. Si j'ai bien compris, l'intention
de la direction de l'association est de transformer l'AIPLF, qu'on appelle
l'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française, en une assemblée parlementaire de la francophonie. La
décision sera prise en juin qui vient, lors de la XIXe
Assemblée générale.
Est-ce que vous pouvez m'indiquer les raisons profondes de cette
modification étudiée, et ce que ça donnerait comme
résultat?
M. Saintonge: Alors, disons que, tout d'abord, l'AIPLF
était auparavant l'Association internationale des parlementaires de
langue française. Depuis le Sommet de Dakar, c'est devenu, après
les décisions du sommet des chefs d'État et de gouvernement... On
a reconnu un volet parlementaire à l'association des parlementaires, et
on est devenu l'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française. L'objectif qui est visé dans toute la structuration de
la francophonie, du monde francophone... Eu égard à ce qu'on
rencontre lors des sommets des chefs d'État et de gouvernement, on a
voulu, justement, au niveau de la francophonie, faire en sorte que l'AIPLF,
l'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française, joue le rôle d'assemblée parlementaire de la
francophonie, une assemblée parlementaire consultative de la
francophonie. C'est ça qu'on veut jouer. C'est différent,
évidemment, du Conseil de l'Europe ou de quoi que ce soit, mais on est
quand même dans un cadre particulier. Puisque, au niveau des sommets des
chefs d'État et de gouvernement, ce qu'on veut...
On ne veut pas contrôler l'action des chefs d'État et de
gouvernement, on veut simplement, comme assemblée consultative, faire en
sorte qu'on puisse avoir des rapports avec les organismes gérant les
sommets des chefs d'État et de gouvernement, soit le Conseil perma-
nent de la francophonie, de même que le comité
ministériel, pour faire en sorte qu'on puisse véhiculer, d'une
certaine façon, les recommandations qu'on peut adresser aux chefs
d'État, comme parlementaires, en représentant l'ensemble des
intérêts du monde francophone et du monde associatif.
L'Assemblée des parlementaires a quand même une existence
différente de ce qu'on appelle les organisations non gouvernementales.
En tant que parlementaires, c'est ça qu'on veut rendre conforme.
Evidemment, la reconnaissance se ferait par le sommet des chefs d'État
et de gouvernement. Ce qu'on a voulu ajuster pour être en lien avec les
demandes, les exigences des sommets des chefs d'État et de gouvernement,
c'est de faire en sorte d'ajuster notre fonctionnement, et que ça
devienne plus un fonctionnement qu'on retrouve dans des assemblées de
parlementaires.
D'ailleurs, l'AIPLF, depuis quelques années, fonctionne avec des
commissions; donc, plus à l'image des assemblées parlementaires
et non pas d'une association. Dans ce sens-là, notre règlement
doit s'ajuster, à cet égard, et faire en sorte aussi que les
interventions de l'AIPLF puissent se définir davantage dans des
rôles confiés aux parlementaires.
On parlait tantôt de promotion de la démocratie, de mise en
place de structures démocratiques, d'information, de comités qui
vont accueillir, de formation pour les parlementaires étrangers ?
des parlementaires d'Afrique, des parlementaire d'Europe de l'Est, par exemple,
qui connaissent peu le roulement du système démocratique. Donc,
donner l'expertise qu'on peut posséder, mais leur donner un exemple de
fonctionnement en système démocratique. C'est vraiment des
fonctions qui appartiennent aux parlementaires. Également, la
surveillance d'élections. Les parlementaires peuvent être
impliqués, avec leur expérience propre, dans la participation
à des missions d'observation d'élections. Aussi, l'autre volet,
c'est d'être le lien entre les sommets des chefs d'État et de
gouvernement et les diverses associations interparlementaires.
C'est un peu dans ce sens-là qu'on veut orienter l'action de
l'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française. (17 h 40)
M. Jolivet: On a le même problème quand on parle...
Ma collègue, la députée de Johnson, et moi, avons
assisté à plusieurs occasions, soit à Bruxelles ou ici,
à des discussions avec les parlementaires du
Québec-Wallonie-Bruxelles. Dans un contexte où nous sommes une
association de parlementaires, on discute entre nous, on en arrive à des
conclusions, puis on essaie, chacun de notre bord, de faire valoir ça
dans nos assemblées, d'autant plus que les parlementaires bruxellois, en
fait, de la Belgique, ont des pouvoirs différents des nôtres.
Nous, on est soumis à une formule où c'est l'exécutif qui
prend la décision, ce qui fait que le rassemblement des chefs
d'État, les sommets des chefs d'État... aient vraiment des
décisions. Nous, on est là, vous le dites, à titre
consultatif, mais ça change quoi entre être une association, d'une
part, ou être une assemblée, d'autre part? Parce que
l'assemblée, dans le fond, va avoir le même rôle que
l'association. C'est pourquoi ce petit joint-là entre les mots
«association» et «assemblée»? Parce que
l'assemblée va se donner des mandats, mais l'association pouvait se les
donner aussi.
M. Saintonge: Oui, mais disons que ce qu'on veut faire
reconnaître, finalement, c'est qu'au niveau de l'AIPLF, c'est non plus
une association. On dit que c'est l'Assemblée, puisque ce sont des
Parlements qui deviendront membres, en majeure partie. Alors, on veut faire en
sorte que les membres de l'AIPLF soient des Parlements. On aura des sections
associées qui sont des parlementaires à l'intérieur de
Parlements qui pourront arriver à l'AIPLF comme section associée,
mais dans un rôle, toujours, quand on parle d'association, mais
d'associations, il y en a plusieurs sortes d'associations. Quand on parle des
organismes non gouvernementaux, les ONG, il y en a de toutes sortes de
modèles et de fonctions.
Pour nous, on dit que notre rôle, c'est non pas une association,
mais on devient une assemblée, on est des parlementaires, on est
élus pour représenter la population. On peut transmettre
facilement des avis ou des recommandations qui pourraient être
suscitées par les sommets de chefs d'Etat auprès de
l'Assemblée des parlementaires sur des actions que les sommets des chefs
d'État et que le gouvernement voudront entreprendre.
Alors, en ce sens-là, c'est de réaliser vraiment les
objectifs, à l'intérieur de l'AIPLF, de l'action de tout
parlementaire. Donc, on axe directement sur des fonctions parlementaires. Et,
dans ce sens-là, au niveau de l'AIPLF, quand on a eu le comité
pour regarder l'avenir de l'AIPLF, le comité consultatif...
c'est-à-dire pas consultatif, le groupe de travail, le comité de
travail mis sur pied, on voulait regarder, donc, aligner notre fonctionnement
sur les actions vraiment qu'une assemblée de parlementaires peut
entreprendre, des actions que des parlementaires peuvent entreprendre et non
pas dont d'autres associations pourraient avoir mandat.
Alors, dans ce sens-là, il y a peut-être certaines actions
qui avaient été entreprises auparavant par l'AIPLF qu'on
considérait, nous, peut-être pas de notre compétence.
Alors, à ce moment-là, on disait: Gardons notre compétence
de représentants de la population, représentants, au besoin, de
l'ensemble des associations.
On a fonctionné assez fortement... Je vais vous donner l'exemple
uniquement au niveau de la région Amérique de l'AIPLF. On a
tenté d'établir des liens plus étroits, plus de
collaboration avec les diverses associations francophones qui oeuvrent à
travers l'Amérique du Nord de sorte qu'on a même reçu le
monde associatif francophone ici, à Québec, à leur
assemblée annuelle, il y a environ un mois, alors, faisant preuve de
liens que, comme parlementaires, on pouvait établir pour ces
gens-là, qu'on peut être un relais, d'une cer-
taine façon, dans leurs contacts avec les dirigeants au niveau
des chefs d'État et de gouvernement.
Alors, c'est vraiment le rôle qu'on attend d'un parlementaire,
donc qu'on doit être capable de représenter certains objectifs que
des gens des associations et des organismes non gouvernementaux veulent
proposer au sommet des chefs d'État et de gouvernement et être
capable, même, d'arriver à ce cadre-là, comme
parlementaires, à donner des avis et recommandations sur les actions
à entreprendre, les actions qui sont déjà entreprises.
Donc, c'est une assemblée consultative, pas une assemblée
qui ferait en sorte d'établir un contrôle sur les sommets des
chefs d'État et de gouvernement. Je pense que ça ne serait pas
réalisable, ce serait difficilement réalisable,
considérant l'impact au niveau de l'AIPLF dans les différents
continents, avec des Parlements de type différent. Mais on peut
facilement arriver à faire jouer, disons, aux parlementaires leur
rôle véritable dans la grande institutionnalisation francophone.
C'est ça qui est l'objectif visé.
M. Joli vet: Alors, tout ce qui nous reste à vous
souhaiter, à ce moment-ci, à titre de représentant de
l'Assemblée nationale du Québec, c'est de vous appuyer... C'est
au Gabon, je pense, la prochaine rencontre...
M. Saintonge: L'assemblée annuelle de l'AIPLF? Oui.
M. Jolivet: ...pour être le prochain président de
cette assemblée future, de cette première assemblée, vu
que ça remplacerait l'association.
M. Saintonge: Bien, c'est-à-dire que c'est
déjà... M. Jolivet: Oui, O.K.
M. Saintonge: On est déjà reconnu comme
l'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française. C'est d'obtenir une certaine reconnaissance...
M. Jolivet: Reconnaissance.
M. Saintonge: ...dans le fonctionnement, dans le cheminement,
dans nos relations avec les organes direc-tifs de la francophonie qui sont les
sommets des chefs d'États et de gouvernement.
M. Jolivet: Et la dernière question: Est-ce que cette
décision-là qui est prise par des Parlements ou des
parlementaires provenant de Parlements va être entérinée
par le sommet des chefs d'État dont l'usage est le français
à l'île Maurice?
M. Saintonge: Bien, c'est-à-dire que ce qu'on veut
établir, c'est établir les liens avec le sommet des chefs
d'État et de gouvernement, établir les liens avec la
Conférence ministérielle et le Conseil permanent de la
francophonie. La reconnaissance viendra des dialogues et des ententes qui
seront négociées avec les organes directeurs du sommet des chefs
d'État et de gouvernement. On pourrait se proclamer l'assemblée
parlementaire de la francophonie, mais il faut que le Sommet reconnaisse ce
rôle-là qu'on va jouer. Et l'organisation, la structuration de la
francophonie n'existe pas comme telle. On n'a pas défini de
personnalité morale à certains organismes, sauf qu'au Sommet de
Dakar on avait quand même reconnu le rôle consultatif de l'AIPLF,
reconnu l'AIPLF comme l'assemblée parlementaire de la francophonie.
Alors, on continue à faire en sorte de faire reconnaître le
rôle de l'AIPLF, de le préciser davantage, et d'enclencher un
processus de concertation avec les sommets des chefs d'État et de
gouvernement.
Plan directeur de l'informatique
M. Jolivet: O.K. L'informatique, M. le Président. Il me
reste trois petits sujets dans les 15 minutes qui nous restent, dont
l'informatique. Je dis des petits sujets, mais je ne devrais pas dire des
petits sujets, parce que l'informatique, c'est important, et il ne me reste
plus grand temps. Je veux toucher trois sujets avant de terminer. Ne qualifions
pas les sujets.
Donc, de mettre à jour les services informatiques rendus aux
députés et à l'administration, c'est l'intention que le
président nous annonçait tout à l'heure. Alors, est-ce que
ça va être une firme ou un comité qui va être
chargé de définir ce nouveau plan directeur? Et est-ce que le
président peut, à ce moment-ci, nous dire s'il tiendra compte de
certains éléments dont, sans être exhaustif, je voudrais
vous faire mention?
D'abord, le nombre de bureaux de comté de certains
députés ? il y a des députés qui peuvent en
avoir deux ou trois; la distance entre les bureaux; l'éloi-gnement par
rapport à Québec; puis toute la question du personnel occasionnel
ou temporaire. Alors, est-ce que la firme ou le comité ? je ne sais
pas qui vous avez chargé de définir le nouveau plan directeur
? va tenir compte de ces éléments-là en
particulier?
M. Saintonge: Alors, nous sommes en train de mettre sur pied une
structure organisationnelle du projet de plan directeur de l'informatique. Le
Bureau a adopté, à sa dernière réunion, une
décision faisant en sorte qu'on allait en appel d'offres pour
réaliser un plan directeur d'informatique avec l'appui de firmes
extérieures qui viendront se greffer, si on veut, à notre
structure organisationnelle du projet du plan directeur d'informatique. Donc,
évidemment, dans la grande structure, il y a des représentants de
la clientèle, les députés, les gestionnaires. Ensuite de
ça, il y a des équipes de réalisation, des chargés
de projets externes qui seront consultés, des équipes internes
aussi, au niveau de l'informatique, chez
nous. On a un coordonnateur de projet interne qui va se greffer à
cela, un comité consultatif, un comité directeur et la haute
direction de l'Assemblée.
Alors, on veut faire en sorte de mettre sur pied cette
structure-là pour qu'on puisse arriver avec des suggestions pour la fin
de la présente année, ou le printemps prochain au plus tard, avec
le nouveau budget, pour être capable... On me dit le printemps prochain
plus qu'à la fin de l'année, à cause des délais,
puisqu'il y a beaucoup de consultations qui vont se faire, et les
députés seront impliqués là-dedans. Il est
sûr que les...
On avait un plan directeur d'informatique qui s'est
réalisé, qui a été complété il y a
deux ans. Depuis deux ans, on a surtout maintenu, si on veut, les acquis et
tenté de s'ajuster avec ça. Maintenant, on veut vraiment analyser
toutes les nouvelles demandes qui nous sont données par les
députés dans leur comté, les députés
à Québec, les besoins, aussi, que nos services administratifs
exigent et demandent pour être à la fine pointe et continuer de
progresser.
Alors, c'est ça qu'on veut tenter de faire avec la Direction de
l'informatique. Et on impliquera, évidemment, les parlementaires dans
cette structure-là. Et le Bureau aura un rôle à jouer au
niveau de la coordination et au niveau de l'acceptation, je dirais plutôt
du suivi du projet. Alors, c'est ça qui va être le rôle du
Bureau pour arriver, éventuellement, avec de nouvelles propositions pour
l'an prochain.
Alors, vous savez comme moi que ça évolue quand même
assez rapidement dans le domaine de l'informatique. On nous dit, dans certains
bureaux: On exige de plus en plus de choses; on ne peut pas y répondre
à cause que l'équipement n'est pas là; il faudrait
racheter d'autre équipement. Il faudrait aussi... Dans certains cas, on
demande un autre ordinateur dans un bureau, deux à d'autres
places...
M. Jolivet: ...demander un moratoire sur l'informatique, dans le
sens de demander, au niveau mondial, d'arrêter d'aller trop vite. Parce
que ça évolue en sapristi! D'autant plus que c'est d'autant plus
dispendieux de faire les remplacements. (17 h 50)
M. Saintonge: C'est pour ça que ce que j'avais voulu faire
depuis... L'ancien plan avait été mis sur pied. On avait dit:
Bon, bien, très bien, à ce moment-là, gardons le
fonctionnement de cela, assurons-nous de conserver nos acquis et, après,
on verra avec les gens de notre service, avec l'aide extérieure au
niveau de la confection d'un plan directeur d'informatique, ce que le Bureau
nous a autorisé à faire. Et nous allons en appel d'offres pour
recueillir les services d'une firme extérieure pour nous appuyer dans la
préparation de ce plan-là.
Plan d'organisation administrative M. Jolivet: Les enfants
diraient: «Time out!».
Plan d'organisation administrative, je vous disais, tout à
l'heure, qu'il y avait deux cadres de l'administration qui prendraient leur
départ cette année. Est-ce que vous avez l'intention de
présenter un nouveau plan d'organisation? Quelles sont vos intentions
vis-à-vis de ces remplacements-là? Y aura-t-il des appels
d'offres publics ou est-ce que ce sera à l'interne? Comment ça va
se produire?
M. Saintonge: O.K. Bien, vous avez fait allusion, il y aura deux
départs dans la présente année, là, qui vont nous
affecter, M. Paradis et M. Prémont; M. Prémont, à la
Direction générale de la Bibliothèque, M. Paradis, au
niveau de la Direction de la législation. M. Paradis se trouve à
être au niveau de la Direction de la législation, impression et
rédaction des lois.
Alors, ce qui va arriver, on n'a pas arrêté, actuellement,
là, évidemment, le mode de dotation pour remplacer M.
Prémont. On pourra y aller soit par affectation, par mutation, par
concours public, recrutement public ou par promotion, là. Ça,
ça n'est pas arrêté.
Quant à M. Paradis, M. Paradis a une proposition qui est
actuellement soumise au Bureau, qui verrait à faire en sorte qu'on irait
par promotion, puisque M. Paradis occupe un travail quand même assez
particulier.
Alors, on a soumis au Bureau un projet qui amènerait une certaine
modification aussi à l'organigramme, au niveau de la Direction des
affaires parlementaires. On pourra rééquilibrer l'organigramme en
ce sens-là avec certains ajustements, rien de majeur, mais le projet qui
a été déposé, alors, qui ferait en sorte qu'on
diminuerait, entre autres, les postes d'encadrement supérieur de 26
à 24 dans l'ajustement, puisqu'on doit modifier dans ça... Ce
n'est pas uniquement par les modifications à la législation...
une modification au niveau de la législation, section
générale des affaires parlementaires, plutôt, et aussi le
Bicentenaire, là.
La Direction générale du Bicentenaire est maintenant
périmée. Le Bicentenaire est terminé. Donc, la directrice
générale, qui était affectée au Bicentenaire, est
maintenant aux communications. Alors, cette structure-là, on
amènera une modification au plan directeur qu'on propose au Bureau, en
même temps que les réajustements au niveau de la Direction
générale des affaires parlementaires, principalement touchant la
législation. Alors, on aurait deux postes de cadres supérieurs
qui disparaîtraient.
Maintenant, au niveau de l'abolition des emplois de directeur de la
Direction de la législation et du directeur de la Direction
générale du Bicentenaire, ça, je vous l'ai
mentionné. Réévaluation au niveau de l'emploi de directeur
de la Direction de la traduction et de l'impression des lois. On
amènerait une nouvelle direction et une modification de l'appellation de
certaines unités administratives, là. La Direction
générale des affaires parlementaires deviendrait la Direction
générale des
affaires parlementaires et juridiques; le Service de la traduction et de
l'impression des lois devient la Direction de la traduction et de l'impression
des lois et, finalement, la Direction des communications et de l'accueil
deviendrait la Direction des communications uniquement.
C'est des changements qu'on propose à l'organigramme, là,
que ce n'est pas majeur. C'est dans le cadre du fonctionnement qu'on avait
établi antérieurement. Je ne sais pas si ça répond
à votre question.
Dans le cas de M. Paradis, la proposition est déjà au
Bureau. Elle est en discussion pour son remplacement et, au niveau du poste de
M. Prémont, à la Direction générale de la
Bibliothèque, on n'a pas arrêté de modalités pour
son remplacement.
M. Jolivet: Puis je ne vous poserai pas la question parce que ce
serait trop indiscret de vous demander si vous avez des
préférences quant au mode de remplacement?
M. Saintonge: Non, actuellement, honnêtement, je dois vous
aviser qu'on a été avisé par M. Prémont de son
départ, ça a été confirmé récemment.
Alors, on examine avec le Bureau. Je n'ai rien proposé. On pourrait
avoir simplement une mutation.
On a parlé un petit peu, à un moment... j'avais
parlé, il y a deux ans ou même trois ans, je pense, au...
personnel de l'Assemblée peut-être d'essayer d'obtenir une
certaine mobilité de nos cadres supérieurs dans la mesure du
possible, pour faire en sorte d'affecter les gens à de nouvelles
responsabilités, après un certain temps. C'est un nouveau
défi qui pourrait être relevé. Ça pourrait stimuler
l'intérêt chez certains, puis acquérir une souplesse de
fonctionnement à l'intérieur de l'Assemblée et nous amener
un certain gage d'une plus grande latitude d'opération.
Alors, ça peut être une possibilité, au niveau du
remplacement à la Direction générale de la
Bibliothèque, de faire en sorte de faire une espèce de mouvement
dans nos cadres supérieurs. On y verra. Actuellement, je n'ai absolument
rien d'arrêté, aucune préférence que j'ai pu
manifester aux gens du Bureau, et même, de mon côté, je vous
dis honnêtement, mais sans... J'ai absolument rien d'enclenché,
aucun processus d'enclenché.
M. Jolivet: Tout ce que je peux souhaiter, c'est que ça ne
prenne pas autant de temps que Le Parlementaire, puis les communications,
là, que ça aille plus vite que ça...
M. Saintonge: Mais les communications, ça n'a pas
été...
M. Jolivet: Bien, ça a été
demandé.
M. Saintonge: ...si long que ça, quand même. C'est
en courant d'année.
Acquisition et rénovation de l'édifice
André-Laurendeau
M. Jolivet: Ha, ha, ha!
Acquisition et rénovation de l'édifice
André-Laurendeau, dont vous m'avez parlé tout à l'heure.
J'ai une petite question bien simple: Où en est-on rendu avec la SIQ
pour cette question-là? Parce que André-Laurendeau doit faire
l'objet de relocalisation, de déménagement. Où est-ce
qu'on en est actuellement?
M. Saintonge: Actuellement...
M. Jolivet: Aussi, en même temps, la question des locaux de
la Tribune de la presse, en particulier.
M. Saintonge: Actuellement, au niveau de l'acquisition de
l'édifice André-Laurendeau, le Bureau avait autorisé le
président, en décembre 1991, à conclure une entente avec
la Société immobilière du Québec pour l'acquisition
de l'édifice André-Laurendeau. Alors, évidemment qu'il y a
eu des discussions. Vous savez que, au niveau d'André-Laurendeau, il y a
des travaux de rénovation qui vont commencer bientôt. On s'est
assuré que la rénovation et l'aménagement de cet
édifice-là se feraient suivant les exigences et les besoins de
l'Assemblée. Alors, on a accepté que, globalement, dans
l'édifice en question, le lieutenant-gouverneur demeurerait là,
la Tribune de la presse. Le restant des services de l'Assemblée qui
pourraient être déplacés...
On a adopté un plan quinquennal d'immobilisation au niveau de
l'Assemblée, ce qui ne s'était pas fait l'an dernier. On a
adopté un plan quinquennal d'immobilisation, qui est une structure
d'opération pour les cinq prochaines années, voir comment on
pourrait utiliser les différents locaux à notre disposition pour
assurer l'exercice de nos différents services administratifs.
Alors, évidemment que le transfert d'André-Lau-rendeau est
toujours dans l'air. Ça devrait se faire avec la Société
immobilière du Québec. Ça prend un protocole d'entente qui
est en train d'être examiné. Il a fallu faire des consultations.
Ce ne sont pas des choses tellement simples. Actuellement, on me dit que le
ministère des Transports est impliqué dans les transactions avec
la SIQ, le ministère de la Justice et l'Assemblée nationale.
Alors, il y a plusieurs éléments qui sont à être
finalisés, et il y a toute la question financière, aussi, qu'il
faudrait établir sur le transfert de l'immeuble.
Disons que c'est en bonne marche avec la Société
immobilière du Québec, mais, comme je vous ai dit, ce dont on
doit s'assurer d'abord et avant tout, c'est que les travaux qui seront
réalisés par la SIQ dans ce bâtiment-là seront faits
suivant les exigences et les besoins de l'Assemblée nationale. On a
à considérer la Tribune de la presse. À ce
moment-là, la Tribune de la presse, qui est dans cet
édifice-là, qui serait sous la juridiction de l'Assemblée,
deviendrait en lien avec l'Assemblée nationale comme telle et non plus
avec la SIQ. Le lieu-
tenant-gouverneur conserverait également ses bureaux dans
l'édifice André-Laurendeau.
Alors, le dossier progresse actuellement. Nous avions besoin de
plusieurs vérifications, au niveau juridique, pour s'assurer des
transactions qui pourraient être effectuées. C'est ce qui est en
train d'être finalisé. Nous pourrions arriver, j'espère,
avec une proposition au niveau du Bureau de l'Assemblée. Cette
situation-là pourrait être, en fait, pour 1995 possiblement.
M. Jolivet: Bon, eh bien, M. le Président, ça
termine les questions que j'avais à poser, le temps nous empêchant
d'en poser d'autres.
Le Président (M. Bissonnet): Avez-vous un petit mot en
guise de conclusion, M. le Président?
M. Saintonge: Oui, eh bien, M. le Président, je voudrais
simplement remercier tous les parlementaires qui ont participé à
cet exercice de l'étude des crédits de l'Assemblée. Comme
chaque année, je pense qu'on veut avoir la plus grande transparence
possible au niveau des décisions qui sont prises à
l'Assemblée dans l'exécution, également, des mandats qui
nous sont confiés.
Vous me permettrez aussi de remercier tout le personnel administratif de
l'Assemblée qui m'entoure, même si on n'a peut-être pas
entendu les gens aujourd'hui dans le cadre... C'est surtout moi qui ai pris la
parole, mais j'ai eu besoin de l'aide de toutes ces personnes-là pour
préparer les dossiers, avoir toutes les informations pertinentes. Je les
remercie de leur excellent travail, tout au courant de l'année, de leur
excellent support pour la préparation de l'édude des
crédits de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
Président.
Les crédits de l'Assemblée étant des crédits
permanents, ils n'ont pas à être adoptés par la commission
plénière. Celle-ci met fin à ses travaux.
Alors, je remercie les personnes qui y ont participé. Pour
permettre à l'Assemblée de poursuivre sa séance, je prie
ceux et celles qui doivent se retirer de le faire dans les plus brefs
délais. M. le Président, je vous ferai rapport.
Le Président: Alors, M. le président de la
commission plénière.
M. Bissonnet (président de la commission
plénière): Alors, M. le Président, j'ai l'honneur de
faire rapport que la commission plénière a étudié
les crédits budgétaires de l'Assemblée nationale pour
l'exercice financier 1993-1994.
Le Président: Alors, je vous remercie, M. le
président de la commission plénière.
Comme il est maintenant 18 heures, je dois sus- pendre les travaux de
l'Assemblée, qui reprendront ce soir, à 20 heures. Donc, la
séance est suspendue.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 5)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, Mmes et MM. les
députés, si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît. Nous
continuons les travaux de l'Assemblée nationale à l'étape
des affaires du jour.
M. le leader du gouvernement, avec quel article du feuilleton, s'il vous
plaît?
M. Bélisle: Avec l'article 8, M. le Président.
Projet de loi no 84 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 8 de
notre feuilleton, M. le ministre de la Sécurité publique propose
l'adoption du principe du projet de loi 84, Loi sur la Régie des
alcools, des courses et des jeux et modifiant diverses dispositions
législatives.
M. le ministre de la Sécurité publique, vous avez droit
à 60 minutes pour votre intervention.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, le projet de loi 84 embrasse de
nombreux secteurs d'activité qui sont source de dépenses
considérables pour la population québécoise, mais dont
l'activité se déroule souvent dans un contexte
dénué des contrôles qui s'imposent et, surtout, dans un
contexte où est trop souvent absente la coordination minimale sans
laquelle l'action de surveillance au nom de la société est
privée de ses effets normaux. Le projet de loi embrasse tout le secteur
des permis d'alcool.
Nous avons, au Québec, à l'heure actuelle, plus de 25 000
établissements différents détenteurs d'un ou de plusieurs
permis d'alcool; 25 000 établissements situés à travers
tout le territoire sont détenteurs d'un permis d'alcool
décerné par la Régie des permis d'alcool du Québec.
Nous sommes témoins d'une activité considérable dans le
domaine des loteries et des jeux de hasard, des bingos, des tirages de toutes
sortes. La mention de ces formes d'activité peut nous faire sourire,
mais ce sont des activités qui intéressent des milliers et des
milliers de nos concitoyens et au sein desquelles on observe souvent des abus
et des excès qui ne sont pas corrigés avec toute la
rapidité voulue.
Il y a le secteur des appareils d'amusement. Vous entrez dans un
dépanneur, aujourd'hui, dans un bar, dans un restaurant. Vous y trouvez
souvent diverses formes d'appareils d'amusement. Il doit y en avoir
autour de 40 000 sur le territoire du Québec. Au moins 25 000 de
ces appareils sont des loteries vidéo, des vidéopokers, comme on
les appelle, c'est-à-dire des appareils où l'on joue, où
l'on peut retirer, quand on gagne, une somme d'argent.
Il y a les courses de chevaux aussi, les courses de chevaux qui existent
dans différents endroits du Québec. Les paris sur des courses de
chevaux entraînent, de nos jours, des dépenses annuelles
d'au-delà de 300 000 000 $, 300 000 000 $.
Et là nous parlons de casinos. Le gouvernement a
décidé ? j'y reviendrai tantôt ? d'implanter des
casinos d'État au Québec. Tout ceci constitue un immense domaine
sur lequel la compétence du gouvernement s'exerce actuellement d'une
manière fort dispersée. Jusqu'à récemment, les jeux
de hasard, les tirages, les bingos, les loteries étaient sous la
compétence de la Régie des loteries du Québec, laquelle
relevait du ministre du Revenu. L'émission et la surveillance des permis
d'alcool relevaient de l'autorité de la Régie des permis d'alcool
du Québec, laquelle est sous l'autorité du ministre de la
Sécurité publique. La Commission des courses du Québec
relevait, quant à elle, du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. La société
Loto-Québec relève du ministre des Finances. Alors, autant de
statuts dispersés, épars, qui entraînaient des orientations
souvent très différentes, parfois même contradictoires,
sans qu'on puisse réussir à unifier le travail du gouvernement
dans ces secteurs. (20 h 10)
Le but du projet de loi est très simple: c'est de mettre de
l'ordre dans tout ça. C'est de mettre de l'ordre dans tout ça. Le
problème s'est posé à nous de la façon suivante:
Depuis déjà deux ou trois ans, le gouvernement examinait la
possibilité d'implanter des casinos au Québec; à la fin de
l'année dernière, le gouvernement en était rendu à
un stade où une décision devait être prise; nous avons pris
soin de consulter de nombreuses autorités avant d'agir. Le gouvernement
est allé voir à l'extérieur comment les choses se
passaient. Il a consulté abondamment les corps de police du
Québec, et nous en sommes venus à la conclusion que, dans la
mesure où nous déciderions d'implanter des casinos au
Québec, il fallait en même temps décider de resserrer les
contrôles sous l'angle de la sécurité publique et des
impacts sociaux des casinos. De là est venue l'idée
d'unification.
On se disait, par exemple: S'il y a un casino à Montréal,
il y aura des permis d'alcool à l'intérieur de ce
casino-là, il y aura également des permis de
vidéolo-terie, il y aura éventuellement des permis pour des paris
mutuels reliés à des pistes de course. Est-ce que nous allions
envoyer, pour les permis d'alcool, la Régie des permis d'alcool?
Ensuite, pour les appareils de vidéolo-terie, la Régie des
loteries du Québec? Et, enfin, pour le pari mutuel, la Commission des
courses du Québec? Nous voyons tout de suite le ridicule de la
situation, le caractère complètement irrationnel d'une telle
organisa- tion.
Alors, dès que le gouvernement a été saisi de ces
problèmes, il s'est rendu compte qu'il fallait agir et provoquer
l'unification de ces différentes instances appelées à
intervenir en son nom dans le secteur des permis d'alcool, des loteries, des
jeux de hasard, éventuellement des casinos d'État.
Le premier geste qui fut posé par le gouvernement dès le
mois de novembre, la fin de novembre ou le début de décembre
dernier, fut de transférer la Régie des loteries du Québec
du ministre du Revenu au ministre de la Sécurité publique.
Ça s'est fait d'un commun accord. Nous avions discuté de ces
choses. On parle souvent de rationalisation des structures étatiques,
mais on n'agit peut-être pas aussi souvent qu'on en parle. Alors, dans ce
cas-ci, la décision a été prise, le transfert a
été fait, et, en même temps, le gouvernement chargeait le
ministre de la Sécurité publique de regarder plus large, de voir
si on ne pourrait pas éventuellement unifier la Régie des permis
d'alcool du Québec, la Régie des loteries du Québec, la
Commission des courses dans toute la fonction régulation et
contrôle qui lui est impartie. Nous avons fait les études
nécessaires et nous en sommes venus à la conclusion que cette
opération était non seulement possible mais nécessaire. Et
le projet de loi que nous présentons aujourd'hui traduit les
résultats, les travaux d'études, de consultations que nous avons
faits à cet égard.
Essentiellement, M. le Président, le projet de loi produit les
résultats suivants. Tout d'abord, il maintient les lois qui existent
actuellement en y apportant des modifications importantes. Nous avons
présentement la Loi sur les permis d'alcool. Cette loi demeure. Elle
sera modifiée d'une manière que j'indiquerai tout de suite.
Deuxièmement, nous avons la Loi sur les loteries, les concours
publicitaires et les appareils d'amusement. Cette loi demeure, moyennant,
encore une fois, des modifications majeures. Nous avons la Loi sur la
Société des loteries du Québec, la loi de
Loto-Québec. Cette loi-là demeure également. Nous avons la
Loi sur les courses de chevaux. Cette loi demeure. Puis, encore une fois,
chacune de ces lois est profondément modifiée.
Le premier résultat que produit le projet de loi entraîne
la création d'une seule régie qui aura pouvoir de contrôle
et de réglementation sur toutes les industries que j'ai
mentionnées: les permis d'ajcool, les bingos, les courses de chevaux,
les casinos d'État, les appareils de loterie vidéo, les appareils
d'amusement, les activités de paris mutuels et autres activités
du même genre.
Alors, la Régie aura contrôle sur toutes ces
activités sous l'angle de la sécurité publique et des
impacts sociaux de ces activités. Il n'est pas question, pour la
Régie, de devenir un organisme producteur. En matière d'alcool,
comme nous le savons tous, il existe, d'un côté, la
Société des alcools du Québec, laquelle est
complétée par de nombreux détaillants qui vendent à
la pièce ou en bloc des liqueurs alcooliques, ceci demeure. Il y a, de
l'autre côté, la Régie des permis, qui exerce le
contrôle voulu. En matière de systèmes de loterie,
nous avons Loto-Québec, d'un côté, une entreprise
d'État, qui produit toutes sortes de biens, qui offre toutes sortes de
produits à la population en matière de jeux de hasard. Il y a la
Régie, de l'autre côté. C'est la même chose pour les
courses. Par conséquent, il n'est pas question que le gouvernement
essaie d'ériger une immense sphère centralisée qui serait
entièrement exploitée par l'État. Ce n'est pas de
ça qu'il s'agit.
Alors, le gouvernement crée une régie à laquelle il
attribue des pouvoirs et des attributions très importantes. Je vais vous
en donner quelques exemples, M. le Président.
En vertu du projet de loi 84, la Régie unique dont nous parlons
aura le pouvoir de délivrer, de suspendre ou de révoquer les
permis, les licences, autorisations, certificats d'immatriculation ou
d'enregistrement dans tous les domaines dont je viens de parler. Elle aura le
pouvoir d'établir les conditions rattachées à ces permis
et licences et le pouvoir de contrôler leur exploitation. Elle aura le
pouvoir de régir et de surveiller les courses de chevaux,
l'élevage et l'entraînement de chevaux de course, toujours sous
l'angle de la sécurité publique et de l'intégrité
de cette industrie, pas sous l'angle de l'activité proprement
économique, l'exploitation des salles de paris sur les courses et, si le
gouvernement l'autorise, toute autre forme de course. Elle aura le pouvoir de
régir et de surveiller les concours publicitaires, les appareils
d'amusement, les loteries vidéo, les casinos d'Etat, les systèmes
de loterie qui y seront exploités, ainsi que tout autre système
de loterie au Québec. Elle aura, enfin, le pouvoir de veiller à
la protection et à la sécurité du public lors des
activités dont j'ai parlé, et elle exercera également un
contrôle sur la publicité et les programmes éducatifs en
matière de boissons alcooliques et d'activités reliées aux
jeux de hasard.
Alors, voilà l'immense champ d'intervention qui est
attribué à la régie nouvelle que créera le projet
de loi 84. Les députés de cette Chambre et nos concitoyens et
concitoyennes seront particulièrement intéressés,
j'imagine, à obtenir des précisions sur deux sujets majeurs, qui
ont fait l'objet de beaucoup d'inquiétudes ces dernières
années, c'est-à-dire les casinos d'État et les
vidéolo-teries.
Je vais commencer par parler des vidéoloteries, si vous me
permettez, M. le Président. Les' vidéoloteries sont une industrie
dont le chiffre d'affaires est estimé, de manière prudente,
à un montant qui gravite autour de. 1 000 000 000 $ par année au
Québec. Vous avez compris? 1 000 000 000 $ environ, de chiffre
d'affaires par année. Nous comptons actuellement plus de 25 000
appareils en circulation. On calcule que, de manière nette, abstraction
faite des dépenses de fonctionnement et des ristournes qui sont
données aux joueurs, on estime que, de manière nette, chaque
appareil rapporte entre 300 $ et 500 $ par semaine. Alors, on fait les calculs.
Si c'est 400 $ par semaine, M. le Président, multiplié par 52
semaines, ça fait 20 000 $; multiplié par 25 000 appareils,
ça fait 500 000 000 $ de revenus nets. Si vous ajoutez les sommes
versées aux joueurs, les dépenses de fonctionnement et de
capitalisation, vous atteignez le milliard de dollars facilement. Mais c'est
500 000 000 $ de revenus nets, qu'on peut estimer comme étant le produit
économique de cette forme d'activité. (20 h 20)
Actuellement, ces appareils sont pratiquement exempts de tout
contrôle. Depuis des années, ils fonctionnent dans une situation
qui frôle l'illégalité. On dit: Pourquoi la police
n'intervient pas? C'est une question qu'on se pose souvent de manière
facile. Mais chaque fois qu'un appareil ? sous le système
légal actuel ? est installé dans un dépanneur,
disons, ou dans un bar, pour l'enlever de là, il faut qu'on puisse faire
la preuve qu'il est utilisé à verser illégalement des
sommes d'argent aux joueurs. Monter une preuve autour d'un appareil, ça
prend plusieurs jours. Il faut envoyer des policiers vêtus en civil, qui
vont jouer à même ces appareils-là, qui ne seront pas
reconnus par l'exploitant, qui vont revenir assez souvent pour bâtir une
preuve solide. Puis, quand ils viennent saisir les appareils pour instituer une
action devant les tribunaux, il y a un distributeur qui arrive le lendemain,
puis qui en installe un autre à la place, impunément. Il peut
continuer indéfiniment comme ça. On ne peut pas continuer avec un
système comme ça. C'est vraiment un système où l'on
rit de l'ordre organisé.
Alors, dans le projet de loi que nous présentons, nous entendons
mettre de l'ordre dans cette industrie. Tout d'abord, la Régie aura un
pouvoir de contrôle sur les appareils. Il ne sera plus possible pour
n'importe quel improvisateur ou n'importe quel exploiteur de se promener
à travers le Québec puis de vendre ou de louer à gros prix
des appareils qui vont induire les jeunes, par exemple, en situation de
tentation de dépense extravagante permanente. Il ne sera plus possible
pour lui de le faire s'il n'est pas muni d'un permis de la Régie, dont
nous avons parlé tantôt. L'appareil lui-même devra
être immatriculé, numéroté; il devra être
l'objet d'une inspection régulière, en plus.
Et, plus que ça. Les études que nous avons faites dans ce
domaine nous amènent à conclure qu'un système de loterie
vidéo doit être rattaché, pour bien fonctionner, à
un ordinateur central. Il faut qu'il y ait un élément central
pour assurer le contrôle des opérations. Si vous avez des
appareils dispersés à travers le territoire, sans lien avec une
source centrale, on peut les manipuler continuellement. Quand la police arrive,
on ajuste l'appareil; quand la police s'en va, le lendemain, on modifie le
dispositif de manière qu'il puisse servir à des activités
illégales. La seule manière de s'assurer que ces appareils
fonctionneront dans la légalité, c'est de faire en sorte qu'ils
soient rattachés à un système central.
Et je recevais récemment de l'Association d'amusement du
Québec... Ça, c'est une association qui re-
groupe un grande nombre de fabricants ou de distributeurs d'appareils de
vidéoloterie. Eux autres mêmes reconnaissent en toutes lettres,
dans la présentation qu'ils m'ont faite, qu'il est absolument important
d'en venir à établir un système central d'ordinateur pour
assurer que, chaque fois que quelque chose d'irrégulier se passe, le
bouton s'allumera et la machine sera immédiatement réduite
à l'inactivité.
Mais où installerons-nous ce dispositif central? Ça, c'est
une question à laquelle le gouvernement répondra dans un avenir
prochain. Les chances sont ? et je le dis, là, aussi simplement que
j'en suis capable, M. le Président ? que cette
responsabilité sera confiée à Loto-Québec ou
à un organisme de cette nature. Nous ne voulons pas que la direction
d'un dispositif aussi important reste dans des mains privées, ça
fait que nous envisageons une source comme Loto-Québec ou un organisme
du genre. Mais, quant à avoir Loto-Québec, je ne vois pas
pourquoi on irait créer un autre organisme à côté.
Je pense que c'est une activité qui pourrait très bien
s'intégrer dans celles de Loto-Québec. Nous garderions, à
la base, les exploitants privés que nous avons actuellement. Il faudrait
cependant prendre une décision, qui n'est pas prise
définitivement, parce que nous attendrons l'avis de la Régie
à ce sujet.
Quant à l'âge d'admission, actuellement, vous avez des
appareils de loterie vidéo dans des dépanneurs, dans des magasins
ordinaires, où ont accès des jeunes de moins de 16 ans. Est-ce
que nous devons continuer à permettre que des jeunes de moins de 16 ans
aient accès à des dispositifs aussi coûteux? Je dirais
même des jeunes de moins de 18 ans. Alors, nous nous demandons
sérieusement si l'implantation de tels appareils ne devrait pas
être restreinte aux établissements qui sont détenteurs d'un
permis de vente de boissons alcooliques. À ce moment-là, il y
aurait une synchronisation parfaite, au plan des responsabilités, au
plan du contrôle des impacts sociaux, ce que nous faisons dans le secteur
des permis d'alcool, ce que nous ferions dans le secteur des appareils de
loterie vidéo, quitte à envisager la possibilité que
certains appareils puissent être installés dans des endroits
où, au point de vue impact social, les risques seraient
extrêmement limités.
Je causais, l'autre jour, avec des personnes qui sont actives dans le
domaine. C'est évident, si vous laissez un dépanneur situé
à côté d'une école secondaire installer quatre ou
cinq appareils de ce genre-là, c'est une tentation perpétuelle
pour les élèves, le midi et à la sortie de l'école,
d'aller gaspiller tout l'argent qu'ils ont gagné par leur travail ou que
leur confient leurs parents dans ces jeux qui ne conduisent absolument à
rien, dans leur cas, sinon à des pertes. Alors, nous examinons tous ces
aspects et nous serons en mesure de prendre prochainement des décisions
à ce sujet.
Il restera ensuite à décider de ce que j'appellerais les
intervenants intermédiaires. Tu sais, il faut des appareils pour faire
fonctionner un système de loterie vidéo. Qui fabriquera ces
appareils, qui les distribuera, qui en assurera l'entretien et le remplacement?
Ce sont des questions qui se posent, actuellement, dont nous sommes à
compléter l'examen. Et je suis heureux de vous dire, M. le
Président, que l'examen est très avancé et, dans
l'état où en sont nos travaux, je crois pouvoir donner
l'assurance à cette Chambre qu'au cours des prochains mois nous aurons
résolu de manière claire, cohérente, démocratique
et efficace le fameux problème des vidéopokers, là, qui
préoccupait un grand nombre de nos collègues, dans cette Chambre,
depuis longtemps.
Et je crois pouvoir donner l'assurance, également, que la
solution que nous apporterons permettra d'orienter vers les coffres de
l'État, vers le trésor public, des sommes qui échappent
actuellement à sa prise. Je ne veux pas faire d'hypothèses quant
aux sommes qui pourront être impliquées, mais étant
donnés les montants que j'ai indiqués tantôt, un chiffre
d'affaires total de près de 1 000 000 000 $ par année et un
produit net, abstraction faite des dépenses de base, d'au moins 500 000
000 $, vous voyez qu'il y a une source très importante de revenus pour
l'État, et il est temps que ces revenus-là cessent d'aller
seulement à un nombre très limité d'exploiteurs. Alors, ce
sera le résultat, ça, de la partie du projet de loi qui traite
des vidéoloteries. Et les députés pourront constater, de
même que nos concitoyens et concitoyennes, que nous avons prévu,
dans le projet de loi, toutes les dispositions nécessaires pour assurer
un contrôle efficace de cette forme d'activité à
l'avenir.
En ce qui concerne les casinos d'État, le gouvernement a beaucoup
hésité, comme nous le savons tous, et je n'ai pas à rendre
compte de la décision qui a été prise d'implanter des
casinos d'État parce que cette décision relève d'abord et
avant tout de la compétence du ministre des Finances, de qui
relève la société Loto-Québec, et également
de la compétence de mon collègue, le ministre du Tourisme. Mais
comme je suis le premier à traiter de ce sujet et qu'il faut situer,
dans le contexte des décisions gouvernementales, les activités de
contrôle dont nous parlons aujourd'hui, je vous en dirai quelques
mots.
La décision d'implanter des casinos d'État a
été prise le 2 décembre dernier par le gouvernement,
à une réunion régulière du cabinet. Il y a
longtemps que nous en parlions. Nous avions recueilli, à ce sujet,
l'avis des corps de police. Nous avions envoyé des missions à
l'étranger de consulter des spécialistes, et la décision
fut prise après que le gouvernement se fit assurer que des casinos
pourraient être implantés au Québec dans des conditions
sérieuses au point de vue de la sécurité publique et des
impacts sociaux. On s'est demandé à plusieurs reprises, depuis
ces derniers mois, quel avait été l'avis des services de police,
et puis on m'a posé des questions en cette Chambre à quelques
reprises. Il y a certains avis qui ont été donnés au
gouvernement qui traitent des activités des milieux interlopes, par
exemple, qui traitent d'activités illégales, qui ouvrent
parfois
des fenêtres sur des activités criminelles qu'il n'est pas
bon de dévoiler en public parce que ça pourrait compromettre
certaines opérations policières. Nous devons faire montre de
prudence dans la divulgation de ces documents. C'est pourquoi j'ai
hésité avant de rendre une réponse aux demandes de
divulgation qui m'avaient été faites, et je n'ai pas encore pris
de décision ce soir quant à la divulgation complète de ces
avis qui m'avaient été donnés.
Cependant, je voudrais donner connaissance d'une lettre qui était
adressée le 26 octobre 1990 ? ce n'est pas d'aujourd'hui par
conséquent ? par le directeur général adjoint de la
Sûreté du Québec, qui était à l'époque
M. Robert Therrien. M. Robert Therrien était en charge des
enquêtes criminelles, on s'en souvient probablement. Il avait
été chargé de faire une étude pour la
Sûreté du Québec, qu'il avait faite à la demande du
ministre du Tourisme. Alors, je vous donne de larges extraits de cette lettre.
C'est très intéressant. «Nous comprenons facilement
l'intérêt que votre ministère peut porter à
l'exploitation des casinos. L'implantation de ce genre d'établissement,
tant en Europe qu'en Amérique du Nord, est motivée par la
promotion et le support de l'industrie touristique. Les revenus ainsi
générés servent généralement à
financer des projets de l'État ou d'organismes à but non lucratif
qu'il faudrait, autrement, subventionner. Nous sommes également
conscients que le gouvernement du Québec subit une forte pression
concernant l'exploitation de casinos, compte tenu des demandes accrues de la
population et de la popularité de ce type d'établissement. (20 h
30) «La législation canadienne permet à une province de
licencier ou d'opérer ces maisons de jeu, à l'exception des
appareils à sous, qui ne peuvent être que la
propriété d'une province. La Colombie-Britannique, 1'Alberta, la
Saskatchewan et le Manitoba licencient ou exploitent déjà
actuellement ce genre de commerces. «L'apport économique de la
commercialisation du jeu est difficile à évaluer, car il
dépend de plusieurs facteurs: la nature des jeux offerts, le montant des
mises, le nombre de tables et d'appareils, la situation géographique de
l'établissement, sa clientèle, les mesures de
sécurité et de contrôle à instaurer. Cependant, il
est reconnu que seule une très mauvaise administration peut rendre cette
exploitation déficitaire. Actuellement ? je vous donne des
extraits; évidemment, je ne peux pas lire toute la lettre, parce que
j'occuperais trop longtemps le temps de cette Chambre ? il y a si peu de
réglementation en matière de jeux de casino au Québec que
l'on peut dire que cette réglementation est inexistante. Trois
ministères ont un droit de regard sur ces événements
? parce qu'il s'organise, de temps à autre, des casinos
privés, comme nous le savons; il y avait à peu près
l'équivalent d'une couple de centaines de jours par année qui
étaient organisés à l'époque où la lettre
fut écrite ? mais, à cause d'un manque
d'intérêt, de connaissances ou de législation, aucune
enquête ou vérification n'est effectuée.»
Écoutez ceci, M. le Président: «La
Sûreté du Québec, à la fin des années
soixante-dix, avait une position alarmiste sur la venue des casinos au
Québec. À cette époque, on s'inquiétait pour
l'ordre public et l'impact social sur la population lors de l'implantation de
ces casinos. Le modèle envisagé était alors le casino
américain. Suite aux études entreprises et à l'expertise
recueillie à travers le monde, la position de la Sûreté du
Québec a évolué dans ce domaine. Certaines formules
permettent l'exploitation de casinos tout en maintenant l'ordre public et un
contrôle sur l'impact social du jeu sur la population. «Compte tenu
de sa mission, il existe certains prérequis sans lesquels la
Sûreté ne pourra cautionner le projet de casinos. Il s'agit, en
l'occurrence, d'abord que les casinos soient une entreprise d'État et de
type européen; deuxièmement, que la surveillance de
l'intégrité soit confiée à un organisme autre que
celui qui sera appelé à gérer les casinos;
troisièmement, qu'une liaison hiérarchique existe entre
l'organisme de surveillance et l'organisme responsable; quatrièmement,
que l'organisme de surveillance ait un droit de regard sur toutes les
opérations du casino; cinquièmement, que l'organisme de
surveillance soit consulté avant l'implantation des
établissements pour qu'il puisse donner ses besoins en matière de
sécurité et d'intégrité; sixièmement, que
l'organisme de surveillance soit un organisme provincial pouvant assurer
l'uniformité à travers la province et ainsi déceler toute
forme de réseau pouvant infiltrer les établissements et, enfin,
que l'organisme de surveillance puisse offrir les services d'un corps de police
structuré, tels les services d'enquête, de surveillance physique,
de surveillance électronique, de renseignements nécessaires
à l'accomplissement de son mandat. Il est suggéré qu'un
organisme de contrôle, sous forme de régie ou de commission, soit
mis sur pied pour réglementer et contrôler tous les aspects du jeu
légalisé à l'intérieur de la province de
Québec.»
Alors, M. le Président, quand vous aurez l'occasion de prendre
connaissance, de façon détaillée, du projet de loi 84,
vous serez à même de constater que toutes ces conditions
énumérées par la Sûreté du Québec ont
été rigoureusement respectées par le gouvernement, et je
vais en faire une démonstration sommaire.
Tout d'abord, dans sa décision du 2 décembre dernier, le
gouvernement a décidé de créer deux casinos: un à
Montréal et un autre dans la région de Charle-voix. Il a
décidé de créer deux casinos d'État. Ça,
c'est très important. On entend parler, ces temps-ci, de groupes qui
voudraient fonder des casinos. Ils n'ont pas le droit, ils n'auront pas le
droit. Avec le projet de loi que nous instituons, les casinos seront des
casinos d'État. Et tout casino que l'on voudrait créer en marge
de ces casinos d'État sera illégal au départ même.
Ça fait qu'il faut que ça soit clair. Le gouvernement a choisi le
casino d'État. Pourquoi? Parce qu'il veut que cette activité soit
organisée dans des conditions qui respectent au
maximum les exigences de la sécurité et de l'ordre
publics; et, deuxièmement, il tient à ce que les revenus qui
seront générés par cette activité viennent
alimenter les coffres de l'État, le trésor public, pour des fins
sociales et communautaires.
Actuellement, Loto-Québec verse au gouvernement, sous forme de
profits chaque année, entre 400 000 000 $ et 500 000 000 $. Nous sommes
très heureux d'avoir ces revenus. Mais, si les nouveaux projets dont
nous parlons fonctionnent bien, il viendra s'ajouter... Je ne veux pas
mentionner de chiffres parce que je ne veux pas faire d'hypothèses
gratuites, mais il viendra s'ajouter des sommes considérables dont le
gouvernement a terriblement besoin aujourd'hui. Il y a des sommes qui sont
dépensées pour le jeu actuellement et qui vont entièrement
du côté d'exploitants privés qui ne rendent même pas
compte de leurs activités.
Voilà le but de cette décision qui a été
prise par le gouvernement. Mais, en même temps que le gouvernement
donnait à Loto-Québec le mandat de créer des casinos
d'État, il a dit à Loto-Québec: Vous ne fonctionnerez pas
seuls. On va vous mettre un organisme de surveillance, également, dans
le portrait, de manière que tout ce que vous ferez dans ce domaine soit
sujet à une surveillance efficace. Les corps de police nous avaient, en
effet, informés abondamment quant aux dangers qui peuvent entourer
l'implantation de casinos sans qu'il soit tenu compte de tous les dangers que
ça comporte.
C'est évident que la venue d'un casino dans une région
peut entraîner un accroissement des activités en matière de
prostitution, en matière de blanchiment d'argent, en matière de
prêt usuraire, par exemple ? c'est facile à imaginer ?
en matière de consommation excessive d'alcool, en matière
d'activités de chantage auprès de commerces par des gangs
organisés, des gangs de bandits ou de voyous. C'est évident que
tous ces dangers sont dans le portrait.
Chaque fois qu'on envisage des développements de cette sorte, il
est possible que des phénomènes comme ceux-là
découlent des décisions prises. Mais, pour assurer que les choses
seraient faites dans les conditions optimales de sécurité, le
gouvernement a d'abord respecté l'avis que lui avait donné la
police de Montréal. Le Service de police de la CUM nous avait dit bien
clairement qu'il était très perplexe quant à l'idée
de l'implantation d'un casino dans le centre-ville de Montréal.
La première idée envisageait l'implantation d'un casino en
plein centre-ville de Montréal. Nous avons demandé l'avis du
Service de police de la CUM, lequel nous a dit qu'il avait de très
fortes réticences. Il n'est pas allé jusqu'à dire qu'il
n'en voulait pas, parce qu'il respectait la décision devant être
prise par l'autorité politique, mais il a assorti son opinion d'un grand
nombre de considérations de prudence qui ont incité le
gouvernement à regarder ailleurs, et c'est comme ça que nous
sommes allés à l'île Notre-Dame.
Nous avons trouvé un emplacement qui n'est pas très
éloigné du centre-ville, mais qui en est quand même
séparé physiquement d'une manière très nette, de
manière qu'il sera possible de contenir dans ce territoire où
sera implanté le casino l'activité qui se rattachera au casino
d'une manière directe ou indirecte.
Alors, le gouvernement, en même temps qu'il confiait ce mandat
à Loto-Québec, a prévenu Loto-Québec qu'elle
devrait se soumettre à des contrôles sérieux de la part
d'une nouvelle régie. Au départ, on ne savait pas si
l'unification que nous consacrerons par ce projet de loi allait se
réaliser. Au départ, le gouvernement avait confié ce
mandat à la Régie des loteries du Québec, mais, au cours
des derniers mois, les choses ont évolué plus vite que nous ne
l'avions entrevu. Aujourd'hui, ce sera la nouvelle régie des permis
d'alcool, des jeux de hasard, puis l'autre mot, là, je ne me souviens
pas, qui aura cette responsabilité.
Alors, qu'est-ce que va faire la Régie dans ce domaine? Deux
articles du projet de loi nous le disent abondamment. Tout d'abord, la
Régie aura le pouvoir de faire des règlements pour assurer que
l'activité des casinos se déroulera dans des conditions de
sécurité et de moralité aussi bonnes que possible. On ne
prétend pas envoyer tous les enfants au monastère d'Oka ou de
Saint-Benoît-du-Lac. Ce n'est pas la place, mais on verra à ce que
ces activités se déroulent dans un climat de
sécurité et de moralité aussi élevé que
possible. (20 h 40)
La Régie aura et exerce déjà un rôle de
surveillance sur l'embauche. C'est évident que, dans des
activités aussi exposées à l'infiltration du crime
organisé, par exemple, la pègre internationale aussi, il faut
veiller avec une attention particulière à l'embauche du
personnel. Or, je suis en mesure de vous dire que, depuis quelques mois,
l'embauche du personnel se fait en étroite collaboration avec la
Sûreté du Québec. La Sûreté procède
à des enquêtes de vérification pour s'assurer que les
personnes qui briguent des postes à la future société des
casinos soient des personnes dont l'intégrité puisse être
défendue sur la place publique, qu'ils ne viendront pas transplanter
dans cette institution des verrues dont ils pourraient être les
porteurs.
À ce point de vue là, je pense que nous avons un
système qui fonctionne très bien, actuellement. Tous ceux qui ont
fait des études sur les casinos concluent que la plus grande menace
d'infiltration du crime organisé dans les casinos peut se
réaliser par l'intermédiaire des fournisseurs: les gens qui
fournissent le pain, la viande, les produits, les meubles, ces
choses-là. C'est facile de glisser toutes sortes
d'éléments là-dedans. On se fait des amis à
l'intérieur, on pénètre en n'importe quel temps. À
un moment donné, on peut avoir une petite action sur les appareils de
vidéoloterie, qui seront très nombreux là-dedans. Toutes
sortes de collusions peuvent s'établir. C'est pourquoi il faut exercer
un contrôle, aussi, là-dessus. Mais tous ces contrôles sont,
d'ores et déjà, en place, fonctionnent très bien.
Les appareils... Il faut surveiller ces appareils-là.
Dans le casino que nous aurons à Montréal, M. le
Président, il y aura entre 1200 et 1500 appareils de
vidéolo-terie, parce que, ça, c'est un dispositif essentiel dans
un casino. Puis, les gens dépensent plus d'argent sur les appareils de
vidéoloterie, puis à jouer à la barbote ou aux autres jeux
que, moi, je ne connais pas.
Alors, de ce point de vue là, tous ces appareils devront
être inspectés avant d'être mis en service, devront
être immatriculés par la Régie, devront être
numérotés, puis devront être l'objet d'inspections
régulières à un laboratoire qui sera sous le
contrôle de la Régie ou du ministère de la
Sécurité publique. Tout ceci est en train d'être
implanté, M. le Président, et je peux vous assurer qu'avec ce
système que nous envisageons le projet de casinos d'Etat pourra se
réaliser. Viendra s'ajouter cette forme nouvelle de divertissement
à tout l'éventail des formes de divertissement disponibles dans
un grand centre métropolitain comme Montréal. Je pense que tout
ça pourra se dérouler dans la légalité et dans un
climat de dignité, dans un contexte civilisé, comme nous sommes
justifiés de le souhaiter.
La Régie, dans le cas des appareils de loteries vidéo,
aura également le pouvoir de déterminer les pourcentages de
revenus qui seront attribués à chaque palier d'intervention.
Actuellement, ceux qui exercent le contrôle sur le partage des revenus
sont les intermédiaires, ceux qu'on appelle les opérateurs ou les
distributeurs. Ils exercent un pouvoir considérable. Mais là,
avec le projet de loi que nous avons, c'est la Régie qui pourra
déterminer la part de revenus qui devra aller à chaque
intervenant, puis, au premier chef, inutile de vous le dire, au gouvernement du
Québec ? c'est lui qui en bénéficiera le premier.
Nous penserons également, avec un soin particulier, au petit exploitant
qui est en bas. Il faut que lui puisse tirer un revenu raisonnable de cette
activité, puis, encore une fois, sujette à la restriction dont
j'ai parlé tantôt quant aux mineurs. Cette chose pourra se faire.
Il n'est pas question d'étatiser ça d'un bout à l'autre,
puis de dire: II y a seulement les affaires marquées avec le drapeau
fleurdelisé qui vont être bonnes. Pas nécessairement, mais
on aura un contrôle partout, puis la direction du système sera
assurée par le gouvernement du Québec.
Voilà pour les casinos, M. le Président. Je pense vous en
avoir dit assez pour que nous soyons en mesure de voir qu'il s'agit d'un projet
très sérieux, qui assurera à la population du
Québec, dans ces deux secteurs vitaux, dans le domaine du jeu,
j'entends, que sont vidéo-loterie et casino, la présence
efficace, solide, puis rentable de l'État.
Nous vivons dans une société de plus en plus ouverte. Nous
n'y pouvons rien. Certains d'entre nous seraient très peu portés
à favoriser l'éclosion d'une industrie comme les casinos. Je suis
l'un des premiers de cette catégorie; je suis un peu conservateur dans
ces choses, M. le Président. Si ce n'avait dépendu que de moi, je
ne pense pas que j'aurais fait une croisade pour l'implantation de casinos au
Québec, mais la question a été discutée sous tous
ses aspects par un conseil des ministres où l'on trouve, fort
heureusement, des représentants de toutes les tendances d'opinion. nous
avons fait des études très sérieuses, j'ai donné
les opinions que nous avions reçues, la sûreté du
québec, en particulier. le gouvernement a pris sa décision.
certains avaient des réticences, mais, dans un gouvernement, il ne se
prend pas de vote, vous le savez. nous fonctionnons par consensus. dans ce
cas-ci, il y avait un consensus pour l'établissement de casinos d'etat.
nous l'avons fait de manière tout à fait ouverte. et je pense que
la décision, indépendamment des préjugés ou des
préférences personnelles de chacun, va dans le sens de cette
ouverture de plus en plus grande que nous voulons imprimer à notre
société, non seulement dans le domaine dont nous parlons
aujourd'hui, mais dans d'autres domaines également, comme celui dont
nous parlions cet après-midi, dans cette chambre, par exemple.
Nous ne pouvons pas faire une réserve avec le Québec. Nous
ne pouvons pas fermer le Québec sur lui-même. Si le gouvernement
n'avait pas agi, nous aurions vu surgir des casinos à la
frontière américaine, à la frontière de l'Ontario
ou à la frontière du Nouveau-Brunswick, et peut-être en
aurions-nous eu un, casino, dans un endroit où il aurait
été plus difficile à contrôler. Je n'ai pas besoin
de donner des exemples, je pense qu'on se comprend. Alors, le gouvernement a
pris ses responsabilités de ce côté. Je pense qu'il agit
dans le sens des défis auxquels nous devons être prêts
à faire face dans le monde moderne.
D'autre part, tout en acceptant ce défi, c'est la même
chose pour les vidéoloteries. On pourrait bien décider... Encore
une fois, si je suivais ma tendance personnelle ? je n'ai jamais mis un
doigt là-dessus, M. le Président ? je souhaiterais que
ça disparaisse de partout, mais je ne suis pas tout seul. Il y en a qui
aiment ça jouer avec ça, puis ce n'est pas nécessairement
un vice. C'est une activité comme d'autres. Il s'agit de la
réglementer, d'en exercer le contrôle de manière qu'elle ne
débouche pas sur des abus sociaux ou des dévoiements ruineux.
Dans ces conditions, je pense qu'il faut respecter les volontés de nos
concitoyens, qui n'ont pas tous les mêmes goûts, qui n'ont pas tous
les mêmes inclinations. Alors, le gouvernement, tout en acceptant les
défis qui résultent de ces types d'activités, assume
également la responsabilité qui lui incombe d'en assurer la
gestion d'une manière responsable et ordonnée.
On ne peut pas, dans une société démocratique,
forcer tout le monde à la vertu. On peut créer des conditions qui
favorisent la convivance harmonieuse des citoyens entre eux, dans le respect
des opinions de chacun, mais on ne peut pas aller beaucoup plus loin que
ça. Et ce n'est pas une théorie nouvelle que j'énonce
aujourd'hui, M. le Président. Saint Thomas d'Aquin, un des grands
pères de la philosophie, écrivait naguère ? il y a
déjà une dizaine de siècles, il y a déjà
sept siècles, dans l'an 1200 à peu près ? qu'il faut
faire
des lois de manière qu'elles puissent s'appliquer. Des lois trop
sévères puis trop rigides ne sont pas applicables et sont
éventuellement tournées en dérision ou en mépris,
tandis que des lois qui sont ajustées aux moeurs des citoyens, à
leurs attentes raisonnables, à leurs habitudes ont plus de chances de
produire des effets efficaces. Et c'est le sens de cette législation que
nous proposons avec le projet de loi 84.
Le commerce des alcools était naguère l'objet d'interdits
très sévères. Il n'y a pas tellement longtemps, il y a
à peu près 70 ans, le commerce des alcools, c'était une
affaire bannie, condamnée par tous les bien-pensants dans ce pays. Sur
quoi c'a débouché? C'a débouché sur le commerce
clandestin, ce qu'on appelait, dans le temps, le «bootlegging», le
commerce clandestin de l'alcool qui a fleuri pendant 20 ans. Et, à un
moment donné, les gouvernements se sont rendu compte qu'il était
impossible d'interdire le commerce de l'alcool et ont dit: On va le
réglementer. Le gouvernement, lui-même, dans un grand nombre de
sociétés, en a assumé la responsabilité.
Aujourd'hui, au Québec, je crois pouvoir affirmer que le
contrôle du commerce des alcools se fait dans des conditions convenables.
On ne peut pas contrôler le nombre de personnes qui iront dans un bar un
samedi soir ni le nombre de personnes qui achèteront tel produit
à la Société des alcools. Ce n'est pas la
responsabilité de personne dans cette Chambre de pousser ses
investigations aussi loin dans la vie privée des citoyens, mais ce que
nous savons, c'est qu'un détenteur de permis d'alcool doit respecter
certaines conditions de base pour garder son permis. Si son
établissement est tenu dans des conditions qui ne respectent pas ces
exigences de base, la Régie peut lui enlever son permis, peut le
suspendre. (20 h 50)
Nous avons introduit dans la loi, il y a à peine deux ans ?
peut-être les collègues s'en souviendront-ils ? ce qu'on
appellait les critères de la tranquillité publique, et on dit
que, quand un établissement est exploité dans des conditions qui
sont une source de trouble, de perturbation pour la tranquillité
publique, c'est peut-être une raison pour la Régie de lui enlever
son permis. À plusieurs reprises, depuis l'adoption de cette loi, la
Régie est intervenue quand il se produit trop de bruit dans un
établissement, quand il y a des batailles à coups de feu, quand
il y a la drogue qui circule dans un établissement, quand il y a du
préjugé racial qui se manifeste, autant de causes qui peuvent
être prises en compte par la Régie pour dire: Vous fermerez votre
établissement si vous n'êtes pas capable de le tenir
convenablement.
Puis, en plus, la Régie a développé des rapports de
collaboration très efficaces avec les corps de police. J'ai
consulté les grands corps de police du Québec à ce sujet
et tous m'informent qu'ils ont des rapports de collaboration très
satisfaisants avec la Régie des permis d'alcool. Ce qui veut dire que,
s'il se produit une scène de perturbation dans un bar sur la rue
Crescent à Montréal, par exemple, on a seulement... Même,
on n'est pas obligé de téléphoner, la police est tout
proche puis elle arrive deux minutes après, puis elle vient mettre de
l'ordre dans l'établissement. Des fois, ça se fait de
manière un petit peu vive, puis ça provoque les interventions des
ligues de droit. C'est leur droit. Mais le rôle de la police, c'est de
nettoyer la place quand ça ne marche pas conformément aux
exigences définies par la loi et par les règlements. Et je pense
que, de ce point de vue là, nous avons un système qui est fort
convenable. Et vous n'entendez pas parler d'activités croches,
d'activités douteuses ou ombreuses dans le secteur des permis d'alcool.
C'est parce que nous avons une régie qui se tient debout.
Et je voudrais en profiter, ce soir, pour rendre hommage à son
président, Me Ghislain K.-Laflamme, qui m'a beaucoup assisté dans
la préparation de ce projet de loi. Et l'unification des régies
se fera autour de la Régie des permis d'alcool du Québec parce
que, des régies que nous possédons, c'est, par une bonne marge,
celle qui a la meilleure organisation de base et l'approche la plus
réaliste pour s'acquitter des tâches accrues que nous entendons
lui confier.
Alors, ce que nous avons fait dans le secteur du commerce des alcools,
nous allons le faire dans le secteur des vidéoloteries. Nous le ferons
également dans le secteur des bingos. Le député de
Pointe-aux-Trembles, qui n'est pas ici ce soir, malheureusement, m'a
écrit à une couple de reprises à propos des bingos. Des
fois, j'avais l'impression qu'il cherchait du capital politique plus que la
solution du problème. Mais, quand même, il s'est
préoccupé de ce problème dans son secteur de
Montréal.
Il y a beaucoup de rackets dans le secteur du bingo. Il y des
exploitants qui ont réussi à se créer des monopoles. Moi,
j'étais complètement ignorant de ces choses; ça n'avait
pas été mon milieu de prédilection. J'ai commencé
à fréquenter les bingos quand je suis entré en politique,
puis j'ai cessé... Et on m'amenait là pour aller chercher des
votes, vous le savez. Mais j'ai constaté ? puis il n'y en a pas
beaucoup qui n'y sont pas allés, ici, une fois ou l'autre ? par les
renseignements que m'a fournis le député de Pointe-aux-Trembles
? j'en suis très reconnaissant ? qu'il y avait des monopoles
qui s'étaient créés. Il y a des gens, par exemple, qui se
créent un monopole sur la location des salles dont on peut se servir
pour des bingos, puis, après ça, ils vont voir des oeuvres de
charité puis ils disent: Je peux t'organiser un bingo. Tu vas payer tant
pour le loyer, tu vas payer tant pour les cartes, tu vas payer tant pour ceci.
Il y a des revenus de 10 000 $, puis il reste à peu près 500 $
pour l'organisation. Ça, ce n'est pas correct. Puis je vous assure
qu'avec le dispositif que nous sommes en train d'instituer nous allons pouvoir
aller à la source du mal. Puis, agir de manière efficace,
là, c'est un des buts du projet de loi. Il faut mettre de l'ordre dans
ce secteur-là comme dans les autres.
Dans les courses de chevaux, là, ça va se faire un petit
peu plus tard. L'intégration de la Commission des courses de chevaux
sous l'aspect contrôle va se faire un petit peu plus tard, parce qu'il y
a des travaux qui sont en cours actuellement, de ce côté. Mais
c'est clairement inscrit dans le projet de loi, et l'intégration se fera
à la date que prescrira le gouvernement. Dans le domaine des courses de
chevaux, là, je n'apprends rien aux députés de cette
Chambre en rappelant toutes les enquêtes que la Sûreté du
Québec a faites de ce côté-là. Il y a
peut-être une centaine de causes qui sont à l'étude devant
les tribunaux actuellement: du tripotage de courses, injection de drogue aux
chevaux, manipulation des résultats. Tout ce qu'on peut imaginer s'est
produit, à peu près, dans ce secteur-là. On se demandait
comment ça se faisait qu'il n'y avait rien qui changeait. C'est parce
qu'il n'y avait pas un véritable rapport avec les forces
policières, comme il doit y en avoir dans ces choses. La Régie
avait ses propres enquêteurs. La Régie des loteries,
c'était la même chose. Là, il n'y aura plus des
enquêteurs de ci puis de ça. On ne peut pas dire que ça va
être la même chose que dans la langue. C'est un autre domaine
complètement. Mais il n'y aura plus d'enquêteurs de ci et de
ça. Quand ça ne marchera pas, il y a les forces de police qui
seront là. La Sûreté du Québec dans 90 % des
municipalités, les corps municipaux ailleurs. On aura une chose beaucoup
mieux organisée, beaucoup plus simple.
Par conséquent, je pense qu'on peut anticiper, M. le
Président, que, si la Chambre veut bien approuver ce projet de loi, il
produira pour la société québécoise des fruits
raisonnablement satisfaisants. Il ne s'agit pas d'extirper des activités
qui ont leur contenu de légitimité, il s'agit de les situer dans
un contexte, de les faire évoluer dans des conditions où elles
répondront aux exigences minimales du bien commun.
Et je termine en rappelant les avantages du nouveau système que
nous envisageons. Tout d'abord, nous allons vers une approche unifiée en
matière de contrôle et de réglementation des secteurs dont
j'ai parlé, là, tous les secteurs dont j'ai parlé: les
permis d'alcool, les jeux de bingo, les jeux de hasard, les concours de tirage,
paris mutuels, etc. Deuxièmement, nous aurons un système qui aura
une liaison beaucoup plus efficace avec les forces policières, puis
ça, c'est essentiel, c'est essentiel. Troisièmement, nous aurons,
par cette régie unifiée, la possibilité d'acquérir
une connaissance beaucoup plus précise des industries
concernées.
Moi, j'ai constaté, au gouvernement, là, nous avons fait
l'étude du problème des vidéoloteries depuis deux ans,
mais notre information était pratiquement inexistante; nous ne savions
pas vraiment comment fonctionnait cette industrie. Mais, si vous me parlez des
permis d'alcool, j'ai seulement à frapper chez Me La-flamme, puis il va
savoir tout de suite où nous en sommes.
Alors, nous aurons la même chose, dans ce domaine-là: une
information beaucoup plus solide et beau- coup plus complète qu'avant,
de meilleures garanties de protection pour la population quant à
l'intégrité des entreprises qui exploitent les diverses formes de
jeux ou de vente d'alcool, des meilleures garanties de sécurité
physique, également ? les garanties de sécurité
physique, c'est très important ? des meilleures garanties de
surveillance des impacts sociaux de ces formes d'activité qui sont
chargées de risques plus élevés que bien d'autres formes
d'activité que nous connaissons.
Au plan de la rationalisation des activités du gouvernement,
objectif auquel notre gouvernement attache une très grande importance,
évidemment, il y aura, à court et à long terme, des
épargnes significatives. Actuellement, là, les diverses
régies que nous avons donnent un total de 21 commissaires ou
régisseurs; ce total sera réduit à 13. Mais, si vous
calculez que chaque commissaire ou régisseur coûte à peu
près 100 000 $ par année, vous avez tout de suite une
épargne très intéressante de ce
côté-là.
Deuxièmement, le personnel d'enquête dont j'ai parlé
ne sera plus nécessaire; ils iront faire leurs enquêtes ailleurs.
Le personnel de soutien pourra être moins nombreux. Tous les
systèmes d'ordinateurs et d'instrumentation, là, pour avoir le
contrôle des opérations, pourront être unifiés, et on
aura une beaucoup meilleure utilisation des dispositifs qui seront permis, puis
je pense, également, qu'on pourra envisager une politique de
tarification plus efficace et peut-être plus retributive pour
l'État. Actuellement, là, chaque organisme décide de son
affaire, va charger tant ici, tant là. Je comprends qu'il faut qu'il
rende compte au Trésor et au ministère des Finances, mais
là on pourra faire... puis on a commencé, je vous le dis, nous
avons commencé des études d'ensemble pour voir comment une
tarification plus rationnelle, plus cohérente pourrait rapporter des
revenus plus intéressants à l'État.
Alors, voilà, M. le Président, la signification de ce
projet de loi que je suis très heureux, en ma qualité de ministre
de la Sécurité publique, de proposer à la
considération de cette Chambre. Et je voudrais dire, avant de terminer,
à la suggestion des secrétaires de l'Assemblée nationale,
là, que l'honorable lieutenant-gouverneur du Québec a pris
connaissance de ce projet de loi. Je croyais lire qu'il en recommandait
l'adoption, mais je lis qu'il en recommande l'étude à
l'Assemblée. C'est suffisant parce que je suis sûr que, si
l'Assemblée fait une étude consciencieuse du projet, elle sera
fatalement conduite à l'approuver. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
la Sécurité publique.
Je vous rappelle que nous sommes à discuter de la motion
proposant l'adoption du principe du projet de loi 84, Loi sur la Régie
des alcools, des courses et des jeux et modifiant diverses dispositions
législatives.
Je vais maintenant céder la parole à M. le
député de Jonquière. Je comprends, M. le
député, que vous intervenez en votre qualité de
porte-parole. Vous avez
donc droit à une intervention de 60 minutes. M. Francis
Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président.
Je voudrais bien avoir la conviction que tous les arguments que le
ministre de la Sécurité publique a apportés ne tiennent
qu'à amener la sécurité publique à un plus haut
niveau ou la moralité et la sécurité à un niveau
plus élevé. (21 heures)
Mais, si on regarde et si on voit l'historique, un peu, de ce projet de
loi, il faut se rappeler que le gouvernement qu'on a en face de nous a
basé sa relance économique sur le vide-poches des contribuables,
ce qui a amené ce même gouvernement à mettre sur pied ou
à vouloir implanter à tout prix un casino ou des casinos au
Québec. Ce faisant, il amène de nouveaux éléments
qui permettent peut-être d'aller chercher de l'argent mais qui mettent en
danger ou en péril d'autres organismes ou d'autres groupes dans le
milieu.
Deuxième des choses, pendant de nombreuses années,
l'Opposition a déploré les vidéopokers ou les jeux
vidéo sur le territoire du Québec. On y a fait allusion tout
à l'heure. On parle de 500 000 000 $ de pertes, donc des pertes
nombreuses. On n'a pas pu contrôler exactement ces jeux-là, et on
décide de légiférer. Mais, en légiférant, on
se met aussi dans une position, encore une fois, d'aller chercher de l'argent.
On ne crée pas de nouveaux créneaux de développement. On
ne fait pas d'innovation. On ne fait que resituer ce qu'on appelle
«jeux» dans un contexte bien précis, tout en ayant comme
préoccupation première, à mon point de vue, d'aller
chercher le plus d'argent possible.
Pour celui qui vous parle, en 1988, j'avais l'occasion de soulever cette
démarche possible vis-à-vis du gouvernement à l'effet
qu'on devrait remettre sous un même chapeau ou sous un même
critère tout ce qui concernait les jeux du hasard. Mais on voit que,
cinq ans plus tard, ce n'est pas seulement ce dont on parlait dans le temps,
qui était, en fait, la Régie des courses, c'était la
Société des alcools du Québec, c'étaient les
loteries qu'on voulait mettre sous le même chapeau. Et là on vient
avec des éléments plus complets ou plus complexes, en parlant des
casinos sur lesquels on n'a pas d'expérience et, en même temps, la
mainmise sur les vidéopokers.
Je reviendrai sûrement pour parler du projet de loi plus
spécifiquement, mais pour celles et ceux qui nous écoutent, il
est peut-être important qu'on parle d'abord du projet de loi qu'on a
devant nous, qui nous a été déposé. Le projet de
loi 84 institue la Régie des alcools, des courses et des jeux en lieu et
place de la Régie des alcools du Québec, de la Régie des
loteries du Québec et de la Commission des courses du Québec. Ces
trois organismes sont donc regroupés au sein d'une nouvelle régie
qui assumera tous les pouvoirs dévolus actuellement à ces
organismes, à l'exception de la promotion et de l'aide à
l'industrie des courses de chevaux et de l'entraînement des chevaux de
course, lesquels relèveront du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Le projet de loi 84 traite également des casinos d'État et
des loteries vidéo. En effet, le gouvernement ayant décidé
de permettre l'opération de casinos par la Société des
loteries du Québec, le projet de loi 84 octroie à la Régie
des alcools, des courses et des jeux un pouvoir de surveillance de
l'application des règlements relatifs aux casinos. Il en va de
même pour les loteries vidéopoker.
De plus, la Régie des alcools, des courses et des jeux pourra
établir des normes concernant la sécurité publique et les
impacts sociaux relativement à l'opération des loteries
vidéo et au fonctionnement des casinos. Cette nouvelle régie sera
composée de 13 régisseurs, dont un président et un ou deux
vice-présidents, nommés par le gouvernement pour un mandat d'au
plus cinq ans. Le siège social de la Régie devra être
situé sur le territoire de la Communauté urbaine de
Québec. La Régie sera formée de deux bureaux, l'un
traitant des causes relevant des districts judiciaires de la Cour d'appel qui
siège à Montréal, l'autre, des causes relevant des
districts judiciaires de la Cour d'appel qui siège à
Québec.
De façon plus précise, la nouvelle Régie jouira des
pouvoirs suivants: délivrer, suspendre ou révoquer les permis,
licences, autorisations et certificats d'immatriculation ou d'enregistrement
prescrits par les lois dont l'administration lui est confiée;
établir des conditions rattachées à ces droits, permis,
licences, etc., et en contrôler l'exploitation; régir et
surveiller les courses de chevaux, l'élevage et l'entraînement des
chevaux de course, l'exploitation des salles de paris sur les courses de
chevaux et, si le gouvernement l'autorise, toute autre course, par exemple les
courses de lévriers; régir et surveiller les concours
publicitaires, les appareils d'amusement, les loteries vidéo, les
casinos d'État et tout autre système de loterie; veiller à
la protection et à la sécurité du public lors des
activités régies par la Loi sur les courses ou la Loi sur les
loteries, les concours publicitaires et les appareils d'amusement;
contrôler la publicité des programmes éducatifs en
matière de boissons alcooliques ainsi que la publicité et les
programmes éducatifs des activités découlant de la Loi sur
les loteries, les concours publicitaires et les appareils d'amusement. Bien
entendu, la régie des loteries, des courses et des jeux aura la
compétence exclusive de statuer sur tout litige relatif aux
activités sur lesquelles elle exerce une compétence, notamment
quant à la répartition des profits des bingos. Outre les mesures
déjà prévues pour les loteries, la vente d'alcool et les
courses de chevaux, la Régie des alcools, des courses et des jeux
exercera un pouvoir de contrôle sur les loteries vidéo et les
casinos d'État.
Dans le cas des loteries vidéo, la Régie pourra
déterminer les conditions d'obtention des licences; déter-
miner les conditions pour le transport des appareils; déterminer
les cas où les demandes de licence doivent faire l'objet d'un avis dans
les journaux; déterminer la nature, les composantes, les normes de
fabrication et le mode de fonctionnement des appareils; déterminer les
catégories d'établissement où peuvent être
exploités les appareils ainsi que les lieux où ces
établissements peuvent être situés et l'emplacement des
appareils à l'intérieur de ces établissements;
déterminer le nombre d'appareils que peut détenir un titulaire de
licence; déterminer la nature des jeux offerts; déterminer les
normes relatives au déroulement des jeux et au mode de paiement des
prix; déterminer les conditions relatives à la participation des
joueurs; déterminer le contenu des rapports que doivent fournir les
détenteurs de licence; déterminer le contenu des registres et des
états financiers que doivent tenir les licenciés; établir
les règles concernant la promotion et la publicité des loteries
vidéo; établir des normes relatives aux programmes
éducatifs; établir des normes relatives au maintien de l'ordre
public et à la sécurité des personnes dans les lieux
où il y a des appareils.
Plusieurs de ces normes pourront être édictées sur
la base de l'âge, de la citoyenneté, de la résidence, des
bonnes moeurs et des antécédents judiciaires d'une personne. Le
gouvernement doit approuver toutes ces règles et, dans certains cas,
elles doivent faire l'objet d'une recommandation conjointe du ministre de la
Sécurité publique et du ministre des Finances.
Enfin, les revenus provenant de l'exploitation d'un système de
loterie vidéo appartiendront à l'exploitant, sous réserve
des sommes qui seront attribuées aux personnes désignées
par règlement dans les proportions qui y sont prévues.
Pour ce qui est des casinos d'État, la Régie peut
édicter des règles pour établir les conditions auxquelles
doivent satisfaire les personnes travaillant dans un casino ou celles qui sont
chargées de leur formation ou, encore, celles qui fournissent des biens
et services aux casinos d'État; déterminer la fréquence
des vérifications des appareils de jeu et du matériel
électronique servant aux casinos; déterminer la procédure
d'identification de ces appareils; établir des normes relatives à
la promotion et à la publicité; établir des normes
relatives aux programmes éducatifs; fixer les jours et les heures
d'ouverture des casinos; déterminer les conditions d'admission et
d'expulsion d'un casino; établir des normes concernant l'ordre public et
la sécurité des personnes à l'intérieur des
casinos.
Tout comme pour la loterie vidéo, la Régie peut
établir des catégories de personnes ou d'établissements
sur la base des mêmes critères, donc, que ce soit la
citoyenneté, l'âge, etc. Le gouvernement doit approuver ces
règles. Celles ayant trait à l'ordre public et à la
sécurité des personnes feront l'objet d'une recommandation
conjointe des ministres de la Sécurité publique et des
Finances.
Pour ce qui est des règles concernant l'embauche des
employés ou la fourniture de biens ou de services liés à
l'exploitation des casinos d'État, seul un membre de la
Sûreté du Québec peut en vérifier la
conformité. De plus, ces vérifications peuvent être
effectuées en cours de contrat et, en cas de non-respect, des mesures
allant jusqu'à la résiliation du contrat peuvent être
prises. Un membre de la Sûreté du Québec est
également responsable des vérifications en cours de contrat. (21
h 10)
Quant à la garantie que seul le hasard déterminera le
fonctionnement des appareils de jeux et de loterie vidéo, un laboratoire
relevant de la compétence du ministre de la Sécurité
publique testera, avant leur acquisition et pendant leur utilisation, selon une
fréquence déterminée par la Régie, tous les
appareils. Le projet de loi 84 fixe aussi des amendes pouvant atteindre 100 000
$ pour des infractions à certains des règlements de la
Régie des alcools, des courses et des jeux.
Enfin, le projet de loi prévoit des mesures transitoires afin,
notamment, d'assurer la continuité du travail en cours actuellement au
sein des trois organismes qui seront regroupés. Les employés de
chacun des organismes amenés à disparaître seront
automatiquement intégrés à la nouvelle Régie, sauf
ceux actuellement à l'emploi de la Commission des courses de chevaux et
qui travaillent à la promotion, à l'aide, à l'industrie
des courses de chevaux et à l'entraînement des chevaux de course,
qui intégreront le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Les régisseurs actuellement en poste à la Régie des
permis d'alcool, à la Régie des loteries et les commissaires de
la Commission des courses de chevaux seront automatiquement régisseurs
à la Régie des alcools, des courses et des jeux, malgré
que la loi constituante de cette dernière ne prévoie que 13
régisseurs. Ils ne seront cependant régisseurs que pour la
durée non écoulée de leur mandat. Il serait donc possible
qu'au départ la Régie des alcools, des courses et des jeux compte
plus de 13 régisseurs.
Le projet de loi 84 porte essentiellement sur trois points: la fusion de
trois organismes en un seul; deuxièmement, le contrôle qu'entend
exercer le gouvernement par l'entremise d'un pouvoir réglementaire sur
les casinos d'État; troisièmement, le contrôle qu'entend
exercer le gouvernement par le biais d'un pouvoir réglementaire sur la
loterie vidéo, communément appelée vidéopoker.
Donc, si on reprend le regroupement de cette Régie, qui a pour
effet de regrouper les permis d'alcool, des loteries et des courses de chevaux,
ça aurait pu être appelé, peut-être en badinant, la
«régie du vice», ou encore, la «régie du
plaisir», selon le cas, mais elle s'appellera la Régie des
alcools, des courses et des jeux. Cette Régie va assumer essentiellement
les fonctions dévolues à la Régie des permis d'alcool,
à la Régie des loteries et à la Commission des courses de
chevaux, en plus d'avoir compétence sur les futurs casinos
d'État, les systèmes de loterie vidéo et les bingos.
Ainsi, un seul organisme au Québec s'occupera
des loteries, des bingos, des casinos, des loteries vidéo et des
courses. Fini, Féparpillement des centres de décisions. Un tel
organisme procurera sans doute davantage de cohérence et de rigueur
à la réglementation régissant ces activités. Mais
ça, ça répond, et c'est ce que celui qui vous parle... Je
l'ai rappelé tout à l'heure, le porte-parole en matière de
sécurité publique avait déjà suggéré
un tel regroupement lors de l'étude du projet de loi qui séparait
la Commission des courses de chevaux de la Régie des loteries. Donc, on
refait ce qu'on a défait en 1988, et il faut bien se pencher sur les
problèmes qu'on a à vivre actuellement.
Les récents déboires qu'a connus la Commission des courses
de chevaux ont enlevé toute crédibilité à cet
organisme. En effet, à la suite des révélations faites par
les médias, en septembre dernier, le gouvernement demandait au
Vérificateur général d'enquêter sur les
allégations à l'endroit de la Commission des courses de chevaux,
et son rapport d'enquête, déposé en janvier de cette
année, est une véritable histoire d'horreur. Les
irrégularités étaient nombreuses et coûteuses. Des
anomalies avaient été décelées concernant plusieurs
contrats octroyés à l'externe, lesquels totalisaient 250 000 $.
Le rapport d'enquête visait tout particulièrement le
président de la Commission des courses de chevaux, M. Yves Beaudoin,
qui, au dire du Vérificateur général, n'avait ni la
compétence ni l'expérience pour assumer cette fonction où
il avait été nommé en 1991 par l'actuel ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. En fait, pour
résumer, le président de cette régie des courses a
été congédié en novembre dernier.
Donc, lorsqu'on veut que cette régie reprenne le contrôle
des courses de chevaux ou de l'industrie des courses de chevaux, je ne suis pas
convaincu qu'on va remettre nécessairement de l'ordre dans cette
activité; une activité qui, à mes yeux, a perdu beaucoup
de son éclat. Les problèmes que cette industrie a à vivre
sont identifiables possiblement à la prolifération des organismes
de jeu qu'on a mis sur pied dans les dernières années. Il ne faut
pas oublier que l'industrie des courses de chevaux a été,
d'abord, une des premières sur lesquelles on a permis les paris mutuels
? donc, possibilité de gagner de l'argent et d'en perdre. La venue
sur le terrain des loteries a causé vraiment des handicaps difficiles
à surmonter pour cette industrie. Je ne veux que mettre en
évidence, d'abord, les plus faciles. D'ailleurs, le ministre de la
Sécurité publique y a fait allusion, tout à l'heure ?
de mettre sur pied des loteries que de mettre sur pied une industrie de courses
de chevaux et tout ce qui gravite autour. L'industrie des courses de chevaux,
ce n'est pas seulement le pari mutuel. C'est aussi l'élevage, c'est
aussi la qualité d'un spectacle, c'est la participation du public, c'est
aussi un contrôle rigoureux de tout ce qui tourne autour de cette
activité. Et Dieu sait si, actuellement, s'il y a eu un problème
dans cette industrie, peut-être, de crédibilité, parce que
les difficultés financières ont commencé, je l'ai dit et
je répète, avec la venue des loteries.
Mais, si on parle des difficultés techniques que cette
industrie-là a subies, elles sont dues aux difficultés, bien
sûr, ou à ce que la propre Régie qui régissait ces
activités n'a pas fait son travail. Il y a eu un laisser-aller, et je
pense que les derniers résultats nous ont mis devant un fait accompli.
La Régie n'a plus de crédibilité. La Régie des
courses a causé des problèmes aux producteurs. La commission des
courses a définitivement manqué le bateau. Donc, est-ce que cette
Régie était de nature à rehausser le niveau de cette
industrie-là, le niveau moral de cette industrie? Est-ce qu'elle est de
nature à établir une crédibilité par rapport
à son public? Moi, je pense qu'il y a des difficultés majeures.
Et, comme elle est en difficulté, déjà, comment on peut
amener une nouvelle clientèle? Comment on peut augmenter ces
activités-là? Comment on peut lui redonner souffle?
Il y a beaucoup de gens qui ont investi des montants importants pour
faire des courses et, actuellement, ces investissements-là sont en
danger de perdition. Je ne crois pas que la nouvelle régie qu'on met sur
pied pour la surveillance, pour établir des contrôles, va
répondre à ces critères-là. Le fait d'enlever une
bonne partie de la responsabilité au ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, est-ce qu'il pourra garder la
même volonté de développer cette industrie-là? On
doit s'interroger là-dessus parce qu'il n'y a rien comme.. Avant, il y
avait une certaine volonté de la part du ministère de
l'Agriculture de pouvoir subventionner cette industrie, parce qu'en même
temps il y avait des revenus qui étaient rapportés et il y avait
un contrôle. Le fait qu'on divise le contrôle par rapport aux
revenus qui sont perçus, est-ce que ça ne pourra pas être
un handicap sérieux, d'autant plus qu'on implante dans l'immédiat
des casinos qui, eux aussi, auront à concurrencer cette
industrie-là?
Donc, il y a des interrogations sérieuses vis-à-vis de
l'avenir des courses de chevaux au Québec. La régie ne pourra
qu'établir des règles, des normes, des règlements pour
permettre d'«opérationnaliser», d'une façon correcte,
peut-être établir une certaine crédibilité, mais
ça ne se fera pas sans les hommes à chevaux, ça ne se fera
pas sans l'industrie concernée. Et je ne crois pas non plus que la
nouvelle régie qu'on met sur pied va posséder
nécessairement l'expertise, au départ, pour pouvoir régler
ces problèmes-là. Les problèmes qu'on aura, ce sera
plutôt l'implantation et les façons de faire pour amener une
activité un peu meilleure, mais qui aura à concurrencer, et je le
dis d'une façon assez sévère et assez sérieuse,
tout ce qui existe autour. (21 h 20)
II y a même des représentations, actuellement, parce que,
dans le projet de loi, on parle non seulement de courses de chevaux, mais on
parle aussi de toute autre course. Actuellement, on est informé qu'il y
a un groupe ou des groupes qui sont intéressés à mettre
sur pied des courses de chiens. Ça existe aux États-Unis. C'est
une industrie qui semble être dynamique, qui
semble être en montée, qui ne rencontre pas les mêmes
difficultés que les courses de chevaux, qui demande possiblement moins
d'investissements, mais qui, en même temps, peut satisfaire un certain
nombre de parieurs. Cette industrie-là nous a fait des
représentations auprès du ministre de la Sécurité
publique pour demander qu'elle soit intégrée, qu'elle puisse
s'implanter. Donc, s'il y a des difficultés avec le gouvernement
fédéral, parce que le gouvernement fédéral, par ses
lois, empêche ces activités-là... Mais, avant que le
gouvernement fédéral ne se prononce, il faut que le gouvernement
du Québec donne son point de vue concernant ces courses, sa
volonté que ces courses-là soient implantées au
Québec. Donc, il y a un problème. Il y a une difficulté.
Est-ce que le gouvernement va donner suite? On verra bien, à travers
l'étude du projet de loi article par article, quelle est sa
volonté et comment il pourra répondre aux attentes de ces
individus.
Donc, il y a des problèmes ? je le disais tout à
l'heure ? extraordinaires à surmonter pour l'industrie des courses
de chevaux. Et il y a beaucoup d'argent d'impliqué puisqu'il y a
beaucoup d'emplois qui sont en balance. Si, les courses de chevaux, ça
crée des activités économiques qui sont la nourriture, qui
sont des emplois directs, des emplois indirects, il y a tout un
phénomène... On appelle ça une industrie, ce n'est pas
pour rien; c'est parce que ça crée de l'emploi. Donc, les casinos
n'ont pas tout à fait le même impact, n'ont pas
nécessairement les mêmes ambitions ni les mêmes buts. Et
nous croyons qu'il y a un danger réel actuellement. Et voilà ce
qu'on veut soulever concernant les courses de chevaux, qui, elles, sont
assimilées à une industrie. Comment on pourra surmonter ces
handicaps? Encore une fois, il faudra s'assurer que la régie qu'on met
sur pied puisse les aider d'une façon correcte. L'agriculture a subi
suffisamment de problèmes, et c'est une activité d'agriculture,
ça, les courses de chevaux. Il faudra que le gouvernement soit plus
attentif à leurs besoins et, en même temps, soit plus à
l'écoute de leurs difficultés.
Les casinos d'État. Je conviens de spécifier qu'il ne
s'agit pas ici de la création de casinos d'État. Cette
décision a déjà été prise par le
gouvernement et elle ne nécessite pas de législation. En
revanche, le contrôle nécessaire et inévitable qu'entend
exercer le gouvernement sur le fonctionnement de ces casinos doit, lui, faire
l'objet d'un encadrement, ce qui est le cas du projet de loi 84.
L'encadrement proposé semble assez strict. Toutefois, il serait
très intéressant de prendre connaissance des recommandations qui
ont été transmises au ministre de la Sécurité
publique par le service de police de la Communauté urbaine de
Montréal et la Sûreté du Québec. Cette
dernière sera d'ailleurs en charge de veiller à
l'intégrité des employés des casinos ainsi qu'à
celle des personnes avec lesquelles les casinos d'État feront affaire
pour se procurer un bien ou un service. Ces deux corps de police auront
à vivre avec les casinos, et ils avaient émis quelques
réserves quant à Fétanchéité des mesures de
contrôle, quelle que soit la nature de ces ressources.
Ce qu'il faut retenir là-dedans ? et c'est ce qui est
inquiétant ? c'est que le débat concernant l'implantation
des casinos n'a jamais eu lieu lorsque la décision a été
prise, avant de prendre la décision. Et, ça, comment on peut
interpréter ça de la part d'un gouvernement qui, en 1982 ?
qui était dans l'Opposition en 1982 ? était farouchement
contre l'implantation de casinos? Et, en même temps, le gouvernement, qui
était le gouvernement du Parti québécois, avait les
mêmes préoccupations. Donc, les deux, le gouvernement et
l'Opposition, étaient d'accord pour refuser toute implantation de
casinos au Québec. En 1992, l'Opposition de 1982, qui est devenue le
gouvernement, prend la décision d'implanter des casinos, deux casinos au
Québec, sans qu'un débat ait vraiment eu lieu. Et, ça,
c'est inquiétant. Et lorsqu'on demande sur quels critères se base
le gouvernement pour l'avoir fait cheminer ou pour l'avoir fait décider
d'implanter des casinos au Québec, le ministre de la
Sécurité publique nous dit: On n'a pas l'habitude de faire des
divulgations publiques ni de divulguer des renseignements qui sont en
possession de la police.
Et là, moi, là-dessus, par rapport à ça et
surtout tout ce qui gravite autour des casinos à cause, justement, de la
question morale, des problèmes moraux qui sont suscités par
l'implantation de casinos... On peut parler... Et je vais les nommer: le
blanchiment de l'argent, l'augmentation de la criminalité, puis ce que
ça rapporte; trois points très précis. Le ministre nous
dit: Je ne peux pas toucher à ça parce que, vous savez, quand
c'est la police, il ne peut pas parler. Mais moi, je m'excuse, là, je
suis obligé de m'inscrire en faux par rapport à l'opinion que le
ministre de la Sécurité publique porte sur les rapports qu'il
possède provenant de la sécurité ou de la police.
J'avais l'occasion, dernièrement, de rappeler qu'il y a, je
dirais, une aura de mystère qui plane autour de la police. Tout ce qui
touche la police, mystérieux: il ne faut pas toucher à ça.
Mais on est en 1993. La population a le droit de savoir. La population, qui
paie les coûts de la police, qui délègue, par le vote, des
responsables, des élus pour gérer la police, a le droit de savoir
quelle est l'opinion du corps policier concernant l'implantation de
casinos.
Ce n'est pas une décision, là... Ce n'est pas du hasard
là, pile ou face. Ce n'est pas un jeu comme ça qu'on est en train
de faire, là. Ça a des implications. Il y a des exemples assez
importants. Atlantic City en est un. Il y en a des casinos d'implantés
ailleurs. Et ça, c'est fait, en tout cas, à ce que je sache, avec
un peu plus de transparence. On ne peut obliger les gens à croire
toujours sur parole les élus. Moi, je pense que c'est faire preuve un
peu de supériorité qu'on n'a pas.
Dans le fond, les gens qui nous élisent ont le droit de savoir.
L'Opposition a le droit de savoir sur quoi on
se base pour implanter un équipement majeur qui va coûter
95 000 000 $. On avait prévu 85 000 000 $. On est obligé de
toujours prendre la position du ministre de la Sécurité publique.
Puis, il nous dit: Bien, faites-moi confiance. C'est un peu ça qu'il
nous dit, puis, moi, ça me dérange beaucoup. Puis, il ne nous dit
pas ça juste dans ce domaine-là. Il nous dit ça pour la
langue, puis il nous dit ça ailleurs: Moi, j'ai la vérité,
ça fait que croyez-moi sur parole. C'est trop demander à la
population.
Le débat, il n'a pas été fait sur les casinos, il
n'a pas eu lieu. C'est un faux débat. Il n'y en a pas eu, de
débat. Puis, là, on dit: II faut contrôler ça. On
peut, on va être pour le contrôle. Mais il demeure, sous quels
critères que l'Opposition peut se prononcer? Que le ministre ne veuille
pas divulguer à l'ensemble de la population ses secrets d'État...
Comment il peut faire pour ne pas les divulguer au moins à des gens qui
sont élus comme lui, qui représentent la population comme lui? Et
ça, ça me semble un débat de fond. Il nous cite, de temps
en temps, saint Thomas d'Aquin, puis il nous cite à peu près tout
ce qu'on peut avoir dans l'Évangile et dans la Bible. Bien, il faudrait
toujours bien qu'il nous cite, des fois, que lui a une opinion directe qui
répond à des critères du moment. Mais moi, à ce que
je sache, saint Thomas d'Aquin, il devait être de son temps, il devait
parler de problèmes qui touchaient son temps.
Donc, on devrait, en 1993, comme élus, parler des
problèmes qui touchent les gens d'aujourd'hui, pas attendre... pas
s'appuyer sur des faits passés. Mais, de temps en temps, dire: Oui, il
est normal qu'on fasse connaître c'est quoi le taux de
criminalité, de quelle façon ça va
s'opérationnaliser. C'est quoi, les coûts de la police qui sont
rattachés à la venue ou à l'implantation des casinos? Les
polices qui vont avoir à faire la surveillance, c'est quoi le
coût? (21 h 30)
Je suis bien prêt à dire qu'on doit aller prendre des gens,
puis les amener sur l'île. Puis on va les cacher, puis on va dire:
Ça, vous savez, c'est permis, mais à condition que ce soit un peu
caché. Il faut aller un peu plus loin. Il faut demander, il faut
insister auprès du ministre des Affaires municipales pour que lui nous
indique clairement c'est quoi les coûts qui sont rattachés
à ça. C'est le public qui va payer. Est-ce que la ville de
Montréal va avoir des revenus qui vont correspondre à ces
coûts supplémentaires imposés par le casino à
Montréal? Est-ce que la municipalité, ou la communauté
urbaine, aura des montants correspondant à l'augmentation des
coûts de la police? Pas sûr. Le projet de loi, là-dedans, on
ne le dit pas. On est vraiment muet. Et qu'on s'appuie sur un dossier de la
police... Je veux bien croire que la police, c'est important, et que, ce
qu'elle dit, c'est qu'il faut que ça soit confidentiel, mais pourquoi le
public ne pourrait pas être au courant de ce qui se passe? La police ne
doit pas être au-dessus de la loi, pas plus que les politiciens ne sont
au-dessus de la loi, pas plus que le public en général. Il n'y a
pas deux sortes de loi, au Québec. Donc, s'il y a des
éléments qui sont troublants ou qui sont corrects, on devrait le
dire à la population. La population, elle est capable de se faire un
jugement. Il me semble que ça, ce débat-là, qui n'a pas
été fait, il faudra essayer de le faire durant l'étude de
ce projet de loi. Il faudra bien demander au gouvernement des comptes.
Le public qui est de l'extérieur, lui, qu'est-ce qu'il sait, par
rapport aux casinos? Le ministre est comme moi. Il parle des casinos, il a
parlé des vidéopo-kers. Moi, je ne suis pas un joueur, et les
vidéopokers, je ne connais pas ça. J'en vois, mais je n'ai jamais
joué avec ça. Le ministre de la Sécurité publique
est exactement comme moi. Il fait ou il dit ce qu'il entend dire par son
expérience, par son vécu, par des rencontres. Il sait bien que ce
dont on parle, là, on ne l'a pas vécu personne. On n'en a jamais
eu, de casino, au Québec. On va en avoir un, et on va avoir fait
ça sans aucun débat et sans qu'on soit capables de s'appuyer sur
quelque étude que ce soit. En tout cas, pour nous de l'Opposition... Le
ministre peut peut-être en parler avec plus d'autorité, mais pas
plus avec des connaissances. Les connaissances, c'est les connaissances des
autres, les connaissances que les polices lui auront transmises.
Mais ce n'est pas suffisant, ce n'est pas suffisant. Il faut que
ça subisse, un peu, l'épreuve de la discussion et
l'épreuve d'échanges entre des groupes pour savoir si ça a
de l'allure ou pas. Moi, je suis prêt à faire confiance au
ministre de la Sécurité publique, mais pas trop, pas trop. Je ne
suis pas convaincu que ça doit être une confiance aveugle. Avoir
confiance à quelqu'un, ça ne veut pas dire avoir les deux yeux
bouchés, et ne rien voir, et ne rien comprendre, et ne rien entendre. Au
contraire, ça veut dire: Dites-nous sur quoi vous vous appuyez pour
implanter un casino, et dites-nous, par exemple, ce que ça va être
au point de vue des revenus.
C'est un débat sérieux. C'est un débat, aussi, qui
mérite qu'on s'arrête quelque peu. Je pense que, si le ministre de
la Sécurité publique n'a pas décidé, ou n'a pas
encore décidé qu'il devrait mettre ces études à la
disposition du public, moi, je pense que, là, on ne va pas assez loin
dans notre recherche de la participation du public. On aura beau avoir le
discours qu'on voudra, que, nous, on est démocratiques, puis que, nous
autres, on croit, là, qu'on peut faire une société
correcte et civilisée, mais il faudrait peut-être qu'on
amène les gens à s'élever, et aussi amener les gens ?
et ça, il n'y a rien de faux là-dedans, en démocratie,
là ? à pouvoir discuter des décisions qu'on prend. Il
faut qu'on soit capables, dans les décisions, de subir le coup des
discussions.
Je me rappelle, M. le Président, que, lorsqu'on a parlé de
l'incinérateur des municipalités de l'île de
Montréal, pendant quelques jours, ça a été un
débat viril en commission parlementaire. On a passé pour des
empêcheurs de tourner en rond. On a été accusés
à peu près de tous les péchés capitaux, et le
reste, et j'en
passe. Dieu sait, pourtant, si on a voulu faire notre travail
correctement. Lorsqu'on a regardé le problème qu'on avait, la
question fondamentale, c'était: Comment on peut permettre à un
gouvernement, sans qu'il ait à se rapporter au public, de
dépenser 300 000 000 $ au nom des contribuables sur un projet dont on ne
sait pas s'il est correct ou pas? C'était ça,
l'incinérateur, le problème de l'incinérateur. Et,
après tout, le projet de loi a fini par être adopté, mais,
aujourd'hui, on se rend compte que l'Opposition avait raison de demander un
débat là-dessus. Il y avait beaucoup d'ententes secrètes
à travers ça. Il y avait des contrats qui étaient
donnés sans soumission. Il y a eu pas mal de choses, il y a eu pas mal
d'échanges. On se rend compte, après un an, qu'on n'était
pas dans l'erreur.
Il faut que les décisions importantes, qui touchent l'avenir et
qui touchent aussi la vie des citoyens, ce soit discuté avec les
citoyens. Ça ne peut pas se faire en dehors d'avec eux autres. Dans la
question des casinos, on n'a jamais voulu amener le débat au niveau de
la population. Est-ce que la population en veut, des casinos? Est-ce que c'est
vraiment notre planche de salut? Est-ce que c'est pour créer de l'emploi
ou si c'est pour aller chercher des taxes? On ne l'a jamais dit. On est
convaincus que c'est pour aller chercher de l'argent. Mais, seulement, est-ce
qu'il n'y aurait pas d'autres moyens? Ça, c'est une autre histoire. Mais
il reste que, dans le projet de loi, ça nous permet de soulever cette
question, à savoir: Si on implante des casinos, est-ce que le
gouvernement aura la volonté de faire participer le public et de faire
connaître au public tous les tenants et les aboutissants sur lesquels il
s'est basé pour arriver à les implanter? La question du
contrôle, c'est une affaire, mais la question de les implanter, c'en est
une autre. Mais, là, c'est le besoin qui crée l'organe. Vous
savez, des fois, on dit: C'est l'organe qui crée le besoin, mais, dans
ce cas-ci, c'est le besoin qui crée l'organe, parce qu'un coup qu'on a
décidé de faire le casino il faut bien qu'on ait un organe pour
le contrôler. Donc, c'est de même qu'on va le faire, et on le fait
juste par l'expérience des autres. On ne sait pas comment ça se
fera. On va le faire, mais on va établir des règles, des normes,
sans que le public, encore une fois, n'ait été consulté de
quelque façon que ce soit.
Une autre partie importante du projet de loi, bien sûr, ce sont
les loteries vidéo. En octobre 1991, la Cour suprême du Canada
déclarait illégaux les permis délivrés par la
Régie des loteries pour l'opération des loteries vidéo,
les vidéopokers. Ainsi donc, du jour au lendemain, les quelque 30 000
appareils ? on parle de 25 000; on peut bien s'entendre, 25 000 ou 30 000
? de loterie vidéo implantés au Québec étaient
menacés d'être saisis à la suite du jugement de la Cour
suprême. Les revenus provenant de ces appareils sont estimés
à environ 500 000 000 $ annuellement. Donc, c'est un peu plus que
ça. Bien, les revenus, je ne sais pas si c'est le net. Ça doit
être les revenus... Si ce n'est pas net... On a parlé tout
à l'heure... Le minis- tre ? c'est ses propres chiffres ? a
parlé de 1 000 000 000 $. Donc, c'est vraiment une manne pour les
propriétaires de machines. Ça leur donne, en revenus, 500 000 000
$. Donc, face au nombre impressionnant de loteries vidéo en
opération, le gouvernement n'a pas procédé à la
saisie de ces appareils. En fait, pendant plus d'un an, il a cherché
à savoir ce qu'il ferait de ces appareils. Toutes les avenues ont,
semble-t-il, été étudiées, de la privatisation
totale à l'étatisation complète. C'est la formule
mitoyenne qui a été retenue, c'est-à-dire que ces
appareils demeureront la propriété d'exploitants privés,
mais une partie des revenus pourra se retrouver à l'endroit où le
gouvernement voudra, vraisemblablement dans les coffres de l'État.
l'idée n'est pas originale; le gouvernement du québec a
plagié le nouveau-brunswick où 30 % des revenus provenant des
loteries vidéo vont dans les coffres du gouvernement. les machines sont
branchées sur un ordinateur central contrôlé par
l'organisme responsable des loteries. c'est exactement ce qui est
proposé dans le projet de loi 84, sauf que la part des revenus qui
reviendra à l'état sera déterminée par
règlement. de plus, le gouvernement se réserve le droit, par le
biais de son pouvoir réglementaire, de décider de l'emplacement
où se retrouveront ces appareils, des personnes qui pourront s'en servir
et de la publicité et des promotions qui pourront s'y rattacher.
Les exploitants actuels des loteries vidéo, regroupés au
sein de la Corporation du loisir automatique, s'opposent aux dispositions du
projet de loi 84 qui, selon eux, risquent de rendre l'exploitation de ces
appareils moins attrayante car moins payante. Ils estiment que des emplois
seront perdus et que des petits commerces, bars, dépanneurs, restaurants
où l'on retrouve ces appareils seront acculés à la
faillite. Enfin, ils soutiennent que le monde du crime organisé est
totalement absent de ce type de commerce. Cette affirmation est cependant
contredite par les services policiers de la Communauté urbaine de
Montréal et la Sûreté du Québec. La Corporation du
loisir automatique souhaiterait être entendue en commission parlementaire
sur le projet de loi 84. Tout comme pour la question des casinos, il serait
intéressant et pertinent que nous puissions prendre connaissance des
avis qui ont été transmis au ministre de la
Sécurité publique par le service de police de la
Communauté urbaine de Montréal, la Sûreté du
Québec ou encore par le ministère du Revenu quant aux
véritables revenus provenant des loteries vidéo. Nous serions
également d'accord pour entendre la Corporation du loisir automatique
à propos des impacts du projet de loi 84 sur ce genre de commerce. (21 h
40)
Oui, il est vrai que c'est une industrie qui a des tentacules un peu
partout, qui n'a pas de contrôle, qui est un peu débridée,
qui est aussi à la portée de tout individu qui fréquente
des commerces qu'on appelle les arcades, des endroits où on a de ces
appareils-là, et les dépanneurs. C'est entré dans nos
moeurs à peu près
d une façon sans qu on s'en rende trop, trop compte, sans qu'il
n'y ait trop, trop de contrôle. La Corporation du loisir automatique dit:
Bien, nous, on a vu à ça. Il y a des coûts qu'on a
donnés. On peut parler d'un revenu de 500 000 000 $. Le ministre, tout
à l'heure, nous a rappelé... Il nous a dit: Vous savez, il n'est
pas nécessaire qu'on étatise; ce n'est pas nécessaire
qu'on ait la fleur de lys partout. Personne n'en a parlé, de ça.
Le ministre, lui, il essaie de passer son message. J'ai bien l'impression
qu'étant préoccupé par ce qui se passe au point de vue de
la langue, il devait bien penser que la fleur de lys, ça ne finit pas
là. Mais, il ne faut pas non plus la minimiser, la fleur de lys, elle a
sa place.
Si on avait décidé d'étatiser le vidéopoker,
on l'aurait fait. On va l'étatiser pareil, parce qu'on va le
contrôler tellement bien que ça va être peut-être une
bonne façon de récompenser ou de donner des permis à
quelques-uns. Je ne sais pas, moi, combien il va y avoir de permis pour le
vidéopoker. Je ne sais pas de quelle façon ça va
s'opérer. On peut bien dire que ça va être relié
à un ordinateur central, qu'on va contrôler les machines et qu'on
va donner des montants d'argent, mais, même en dehors de ça,
est-ce qu'on va les multiplier encore plus?
On dit: Les âges, ça importe, c'est important. Est-ce qu'on
va mettre ça au deuxième étage? Est-ce qu'on va mettre
ça au premier, au sous-sol? Je ne le sais pas. Je peux dire une chose:
S'il y a un contrôle qui est fait là-dessus, il va falloir qu'on
examine aussi attentivement notre position. De quelle façon que
ça va s'opérer? Il y a beaucoup d'argent là-dedans, on l'a
dit. Je ne pense pas qu'on les mette en faillite, mais qu'ils fassent un peu
moins d'argent, c'est possible. Mais, est-ce que ça va les mettre en
faillite? Moi, je n'y crois pas. Ça, je pense bien que...
Définitivement, je ne crois pas que le fait que le gouvernement embarque
là-dedans, ça les mettra en faillite, même s'ils font un
peu moins d'argent. Vous savez, c'est faire quelque chose avec rien presque, le
vidéopoker. Il n'y a pas grand-chose là-dedans. C'est une
machine. Vous mettez des sous là-dedans, des 25 C, et vous jouez avec.
C'est créer quelque chose avec rien. Ça rapporte de l'argent,
ça. C'est comme une loterie. On en donne plus qu'on en retire, les gens
le savent, et il y a des problèmes avec ça.
Quels seront les contrôles qu'on va établir? Je ne les
connais pas. Tout ce que je sais, qu'on appelle... et ça, c'est un
problème qui nous confronte de plus en plus. Je ne sais pas si, dans
votre comté, M. le Président, vous avez ces mêmes
problèmes, mais, chez nous, je sais qu'on commence à avoir ce
qu'ils appellent des joueurs compulsifs, des gens qui, vis-à-vis de
ça, succombent rapidement. Moi, je vous le dis honnêtement: Je ne
connais pas ça. Mettre de l'argent dans une machine, puis jouer avec, je
ne connais pas ça. Seulement, le ministre, le ministre de la
Sécurité publique, non plus. Ce n'est pas de nos âges
ça, probablement! Je peux dire une chose: II y a des gens qui,
vis-à-vis de ça, sur un appareil comme ça, ils ne voient
plus rien. Ils sont obligés de mettre de 1 argent. 11 y a des gens qui
réussissent à dépenser tout ce qu'ils gagnent dans
ça. Ça cause des problèmes, puisqu'il n'y a pas de revenus
qui rentrent. Même en mettant des règlements
sévères, même en surveillant, on n'enlèvera pas
ça. Ça sera une façon de régler ou de voir de
quelle façon on va pouvoir régler un problème qui touche
une partie de la population et qui, surtout, est prête, est à
l'affût d'à peu près tout ce qui passe. C'est une
invitation régulière à jouer, et c'est ça qui
pourrait causer un certain problème. Voilà, en gros, ce qui
concerne le vidéopoker.
Il y a la question des bingos, bien sûr. Mon collègue
? le ministre y a fait allusion, tout à l'heure ? le
député de Pointe-aux-Trembles, malheureusement, n'a pas
assisté au débat à partir du début, mais je sais,
par exemple, parce qu'il me l'a dit, qu'il va participer au débat. Il
est vraiment préoccupé par ce qui se passe concernant les jeux de
bingo, l'attitude ou la façon dont ça s'opère et les
problèmes que ça cause dans tous les milieux. C'est surprenant,
il y a du bingo dans les quartiers les plus défavorisés, assez
souvent. Donc, ça a pour effet d'aller chercher ou d'amener des gens,
peut-être, à leur vendre un peu de rêve, mais à les
faire dépenser d'une façon assez forte. Le problème qu'on
a, c'est que ces bingos-là, assez souvent, donnent comme résultat
tangible qu'au lieu d'avoir des profits à donner à des groupes,
à ceux qui sont non seulement responsables, mais ceux qui sont à
l'origine de ces bingos-là, d'emplir les poches de certains promoteurs.
Donc, sûrement, et je le souhaite, que le projet de loi va corriger cette
lacune-là. Donc, et je le dis d'avance, le député de
Pointe-aux-Trembles viendra sûrement parler d'un projet ou d'un sujet qui
le préoccupe vraiment.
C'est pour dire que ça évolue dans le temps. Le ministre
faisait son aveu, tout à l'heure, ou sa confession, en disant: Je
croyais ou j'étais sous l'impression que le député de
Pointe-aux-Trembles faisait de la politique avec ça. Je ne comprenais
pas; là, j'ai fini par comprendre. Dans le fond, il soulevait un
problème de fond. Si le ministre de la Sécurité publique
était toujours aussi attentif, aussi ouvert aux suggestions de
l'Opposition, peut-être que ce serait de nature à améliorer
pas mal d'affaires, parce que ce n'est pas vrai qu'ici il se fait de la
politique et de l'autre côté on pose des gestes. C'est correct. Il
faudrait que ce soit mieux partagé ou qu'il ait une écoute plus
attentive.
M. le Président, en conclusion de la première lecture de
ce projet de loi, nous souhaiterions ? ça, ça semble
découler non seulement d'une bonne volonté, mais ça
découle d'un voeu de l'Opposition; il est unanime, celui-là
? que le ministre de la Sécurité publique mette à la
disposition des membres de l'Assemblée nationale les études et
les avis qui l'ont guidé pour l'élaboration du projet de loi 84.
Il s'agit là d'une question de transparence, car les
députés doivent pouvoir faire un travail éclairé.
Ça, j'ai assez insisté dans mon petit exposé concernant
tout ce qui a été à l'origine de ça. Il n'y a pas
eu de discussions. Puis, si on veut avoir
un débat éclairé, si on veut que la population et
les députés soient bien éclairés, il faut qu'on
soit capable, au moins, de savoir... parce que ça a été
fait avec l'argent des contribuables aussi. Ça a été fait
avec l'argent des contribuables, ces études-là. Donc, elles
devraient être à la disposition des députés et de la
population en général.
De plus, et on l'a demandé déjà, on l'a
demandé lorsque le projet de loi a été
déposé... Comme dans beaucoup de projets de loi qui touchent un
ensemble de citoyens, qui touchent un ensemble de ministères, est-ce
qu'on pourrait avoir des consultations particulières où on
pourrait questionner les services de police, les propriétaires de
loterie vidéo? Ça, ça pourrait être de nature aussi
à améliorer le débat.
Moi, je suis impressionné, des fois, quand j'écoute le
ministre de la Sécurité publique qui nous parle des jeux
vidéo. Il nous a parlé tout à l'heure des problèmes
que ça suppose: les problèmes de moralité, les
problèmes de contrôle, les problèmes de surveillance. Il y
a beaucoup de choses là-dedans qu'on n'a pas dites, hein? Je suis
sûr que la réglementation concernant sa nouvelle Régie,
concernant les vidéopokers, etc., on va avoir pas mal d'épaisseur
de papier. Il va y en avoir, des règlements. Moi, je ne les ai pas vus
non plus.
Le ministre nous demande et demande au public: Faites-moi confiance, on
va faire ça après. Ils ne sont pas déposés encore.
Ils ne seront pas déposés, et je serais bien surpris...
J'espère qu'il pourra le faire. Ce serait inhabituel qu'il nous
dépose tout le paquet, comme on dit, de règlements et de quelle
façon ça va procéder. Peut-être qu'il ne les a pas
en main, mais il demande un acte de foi pas mal grand, hein? Un acte de foi
pour transporter les montagnes, presque. Il dit: Faites-moi confiance, je vais
tout vous arranger ça.
Le public, nous autres, on est correct, on est certain que ça va
améliorer la moralité, autant que possible. Il a dit
«autant que possible», une chance du bon Dieu, là! S'il
n'avait pas dit ça, moi, j'aurais été tout
mêlé, puis tout mélangé, parce que ce ne sera pas la
moralité parfaite. Mais, si on veut mettre une chose aussi importante
sur pied, il faudra bien qu'on mette d'autre monde dans le coup. Est-ce que le
ministre va accepter? Et, lorsque je lui ai demandé à
l'étude des crédits, bien, il a dit: Ça, je ne peux pas
parler au nom de mon leader. Donc, le leader, on verra bien ce qu'il en fera.
Mais le leader, à ce que je sache, il doit parler avec le ministre, et
le ministre devrait accepter, pour un minimum de transparence, qu'on ait les
études à notre disposition, puis, en même temps, qu'on
puisse consulter les personnes qui connaissent quelque chose là-dedans.
Mais, si on veut juste se parler entre élus, ils ont comme l'impression
qu'il nous manque... Il y a un vide quelque part. Puis, est-ce que
l'intérêt du gouvernement, c'est de tenir les gens dans
l'ignorance pour prendre des décisions? Moi, je crois que non. Mais il
faut qu'il nous donne des moyens. Et ça, je trouve que c'est une demande
raisonnable de la part de l'Opposition.
Je suis sûr que, si le ministre de la Sécurité
publique était de ce bord-ci ? il viendra peut-être à
y être ? mais, s'il y était, au moment où je vous
parle, il aurait les mêmes demandes. C'est le miminum de transparence,
c'est le minimum qu'on peut demander au gouvernement, d'abord de fournir des
outils pour qu'on puisse se prononcer sur des choses correctes. On se prononce
sur des principes, mais sur des principes qui sont tellement engageants pour la
société qu'il pourrait permettre à des élus, comme
lui, d'avoir à leur disposition les moyens pour porter un jugement de
valeur, puis, en même temps, pouvoir bonifier la loi. (21 h 50)
II nous a dit, tout à l'heure: J'aimerais que l'Opposition soit
avec nous autres dans le projet de loi. Bien sûr qu'il a des chances de
l'avoir avec lui, mais il serait mieux d'avoir une opposition
éclairée que d'avoir une opposition tenue à peu
près dans la demi-clarté ou dans des demi-vérités.
Nous autres, on ne prétend pas qu'on sait tout, qu'on connaît
tout, mais on prétend que, si le gouvernement nous donne des outils,
ça va nous permettre au moins d'être capables de nous
prononcer.
À venir jusqu'à maintenant, en tout cas, j'ai eu
l'occasion d'échanger beaucoup avec le ministre de la
Sécurité publique dans d'autres dossiers, et, quand on prend des
engagements, j'ai l'impression qu'on les tient. C'est important de savoir sur
quoi on s'engage et de quelle façon on s'engage. On peut faire de la
politique, mais de la politique bêtement partisane... En tout cas,
à ce que je sache, j'ai essayé de m'en tenir au sérieux
des questions qu'on touche. Peut-être qu'on était d'accord ou pas
d'accord, mais, au moins, il y avait des échanges. De ce
côté-là ou de ce côté-ci, on se dit: Si on
obtient des informations raisonnables, on est capable de porter un jugement
raisonnable, parce qu'il n'y a rien, actuellement, au moment où on se
parle, qui nous empêche de dire oui à une réglementation ou
à une régie unique, pour l'ensemble de ces questions que j'ai
discutées tout à l'heure, puisque que j'étais un de
ceux... j'ai été celui qui, pour la première fois dans
cette Assemblée, a préconisé qu'on fasse une régie
pour tout ce qui concerne les courses, les loteries. C'était ça
que je disais, voilà quelques années.
C'est clair que, si le ministre ne répond pas favorablement
à nos demandes, s'il ne donne pas les études, .s'il n'y a pas de
consultation, il va falloir qu'il réponde à nos questions. Est-ce
qu'il pourra nous répondre clairement, suffisamment pour qu'on puisse
répondre correctement? Il faudra, encore une fois, se requestionner.
Il ne faut pas oublier qu'une bonne partie du pouvoir de contrôle
que s'attribue le gouvernement avec le projet de loi 84 se retrouvera dans une
pléiade de règlements à venir, dont on ne connaît
pas la teneur. Même si les pouvoirs habilitants contenus dans le projet
de loi nous semblent assez stricts, c'est la réglementation qui sera la
pierre d'assise de l'encadrement législatif des casinos et des loteries
vidéo. Notre approbation
au projet de loi 84 ne saurait se faire sans avoir un très bon
aperçu de ce que contiendra la réglementation et sans
connaître l'opinion des personnes qui auront à appliquer cette
réglementation ou à la subir.
Quant au regroupement de la Régie des alcools, de la Régie
des loteries et de la Commission des courses de chevaux, cela va dans le sens
de ce que nous prônions depuis quelques années. Nous nous
étions d'ailleurs opposés à la création de la
Commission des courses de chevaux en 1988 et à son détachement de
la Régie des loteries. Voyez-vous comment le monde est petit ou comment
on finit par se regrouper? En 1988, on disait: Ne faites pas ça; ce
n'est pas correct. Donc, on a créé de toutes pièces une
régie ou une commission des courses qui, elle, a été
inopérante réellement. Elle n'a pas rendu les services qu'on
voulait. C'était de la pleine bonne volonté, sûrement, de
la part du ministre, au moment où cela a été fait, mais
ça n'a pas rendu ni donné les services auxquels on s'attendait.
Donc, on est obligé, trois ans plus tard, cinq ans plus tard... Il
faudrait peut-être voir de quelle façon on a investi dans cette
commission-là, pour se rendre compte que cela a été
vraiment une erreur, une erreur importante, puisqu'il y a des coûts et
qu'on a réussi à démanteler ou à discréditer
une industrie qui marchait, peut-être pas d'une façon correcte,
qui avait des difficultés, mais qui réussissait à
fonctionner tout de même.
Donc, avec pas mal d'argent plus tard, pas mal de problèmes plus
tard, on est obligé de revenir à la case départ et de
remettre sous le même chapeau ce qu'on a défait il y a
déjà cinq ans. Il faut dire que, dans la façon, pour bien
du monde, on peut penser qu'on invente des choses, mais, dans le fond, on est
juste à la suite des autres. Si on n'avait pas défait ça,
on n'aurait pas la peine de le refaire aujourd'hui. Si on avait
écouté... C'est vraiment une question d'écoute. C'est
vraiment une question de faire entrer ou de voir si les gestes qu'on pose sont
corrects ou pas.
Donc, nous aurons, bien sûr, dans les jours prochains, selon la
volonté gouvernementale, à étudier ce projet de loi,
article par article. Nous aurons aussi l'occasion de discuter avec le ministre,
d'échanger et de lui poser des questions. Moi, je souhaite que les deux
questions fondamentales qu'on a posées, à savoir le
dépôt des études sur lesquelles le gouvernement s'appuie
pour prendre ses décisions ou pour avoir pris ses décisions, soit
pour l'implantation du casino, soit pour la façon d'arriver à ce
cheminement, qu'il puisse les mettre à notre disposition,
deuxièmement, qu'on puisse aussi faire comme on fait dans plusieurs
projets de loi ? surtout les projets de loi qui touchent beaucoup de
monde, beaucoup d'intervenants ? nous permettre d'avoir une commission
parlementaire ou des consultations particulières, qui nous permettraient
d'avoir des échanges avec les gens qui sont directement
concernés... Ça, ce serait de nature à bonifier, d'abord,
le projet de loi, ce serait de nature aussi à éclairer non
seulement l'Opposition, mais le public, et ça permettrait d'avoir une
bonne loi.
Jusqu'à maintenant, j'espère, puis je souhaite, avoir
convaincu le ministre de la Sécurité publique, pour qu'il donne
réponse à nos demandes, réponse favorable, pour permettre,
en fait, un échange fructifiant, puis qu'on arrive à des
résultats concrets et acceptables pour notre communauté.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jonquière, de votre intervention sur ce projet
de loi 84.
Alors, compte tenu de l'heure, est-ce qu'il y aurait un consentement
pour entreprendre ? suite aux affaires du jour ? les deux
débats de fin de séance?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin
à la période des affaires du jour.
Débats de fin de séance Droits de
compensation sur le bois d'oeuvre
Nous passons maintenant aux débats de fin séance. Premier
débat de fin de séance. Je rappelle la règle aux membres
de cette Assemblée. Le député de Laviolette a fait une
demande à la présidence pour un débat de fin de
séance avec le ministre des Forêts, suite à la
période de questions, cet après-midi, en ce qui a trait à
une question concernant les droits de compensation sur le bois d'oeuvre.
J'indique que M. le député de Laviolette a un droit de parole
maximum de cinq minutes, M. le ministre, de cinq minutes également,
temps de parole maximum, et un droit de réplique de deux minutes au
député de Laviolette.
M. le député de Laviolette, la parole est à
vous.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président.
Cette question des droits compensatoires pour le bois d'oeuvre a
débuté à l'arrivée du gouvernement libéral
en place, M. le Président. Notre gouvernement, à l'époque
de M. Landry, qui était responsable du commerce extérieur, avait
fait des représentations avec le ministre responsable, de
l'époque, du ministère de l'Énergie et des Ressources.
Alors que j'avais été ministre délégué aux
Forêts, j'avais eu la même discussion.
Je me souviens très bien qu'à ce moment-là, M. le
Président, il y avait eu une réunion à Victoria, en
Colombie-Britannique, où le gouvernement fédéral avait
demandé au gouvernement du Québec de se rallier à
l'ensemble canadien pour défendre la position canadienne du bois
d'oeuvre. Nous nous étions objectés, et nous avions dit, à
l'époque, que le Québec ne devait pas être
considéré comme, en particulier, la Colombie-Bri-
tannique et l'Ontario. Ça n'avait pas fait l'affaire du Canada,
ça, j'en suis sûr, à l'époque, mais nous avions
raison. Nous n'avions pas à nous condamner, comme gouvernement,
d'être responsables d'une chose qui n'était pas correcte, de se
considérer, comme tels, responsables. Je n'ai jamais, en termes de
négociateur, M. le Président, accepté qu'on m'accuse de
quelque chose dont je n'étais aucunement responsable.
Malheureusement, nous avons perdu le pouvoir, et, en 1986, le
gouvernement de l'époque ? qui est le gouvernement actuel, du
premier mandat ? avait accepté de faire coalition avec le reste du
Canada. Voilà donc le début du problème qui nous confronte
aujourd'hui, et qui n'a eu de... Il n'y a eu, jusqu'à maintenant, aucune
possibilité pour le Québec de s'en sortir. Ah! le ministre nous
dira bien, voudra bien nous dire, comme le ministre des affaires
extérieures le disait tout à l'heure, à la période
des questions, que c'était à la demande des manufacturiers de
bois de sciage du Québec qu'ils avaient accepté de s'allier avec
la Colombie-Britannique, malgré le fait que, même à
l'époque, j'aie été contre ces
possibilités-là, le ministre le sait très bien, il aurait
pu, comme ministre, décider de s'exclure du groupe canadien, pour
défendre lui-même la position du Québec, comme le
gouvernement du Parti québécois l'avait fait à
l'époque, avec des résultats positifs, à deux occasions.
(22 heures)
Voilà que nous avons été obligés de payer
des droits compensatoires, parce que le Québec avait
décidé de faire alliance avec le Canada. Pendant ce temps, le
Nouveau-Brunswick, par l'intermédiaire de la compagnie Irving, qui
possède à la fois des terrains publics et des terrains
privés parce que, contrairement à ce que le ministre des Affaires
internationales a dit cet après-midi, il est faux de prétendre
que tous les terrains sont privés... Il y a des terrains privés,
il y a des terrains publics. Puis il y a des terrains qui, à ce
moment-là, se trouvent même en territoire québécois
comme industrie. L'industrie se trouve au Québec, elle est
exemptée parce que le Nouveau-Brunswick a été
exempté, parce que la compagnie Irving a été
exemptée. Pendant ce temps-là, nous, au Québec, nous
devons payer les droits compensatoires. Même si le ministre le sait
très bien, même si les responsables du Québec qui ont fait
les démarches le savent très bien, il est faux de
prétendre que le Québec subventionne, avec la décision qui
avait été prise au niveau de la nouvelle Loi sur les
forêts. Je ne fais que relire des textes du 12 février dernier,
où on disait: Le gouvernement du Québec et l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec ont profité d'une
audience organisée à Washington pour demander au groupe
spécial de suivre ce précédent et d'exempter le
Québec, en parlant toujours du Nouveau-Brunswick. L'avocat de
l'Association des manufacturiers, M. Randy Stayin, a déclaré aux
cinq experts que le Département du commerce avait fait erreur ? en
parlant du Département américain ? s'il avait
décidé d'appliquer un taux uniforme à l'ensemble du Canada
afin de ne pas s'immiscer dans le débat constitutionnel canadien. Et
là, j'allais jusqu'à ce que je disais: M. Elliot Feldman a
même expliqué qu'en vertu des lois commerciales américaines
le Québec devait être traité comme un pays parce qu'il
avait l'entière responsabilité des forêts et des programmes
entourant la coupe de bois, même si on crée une certaine sensation
politique lorsqu'on applique le terme «pays» au Québec.
Alors, M. le Président, c'est évident que, parce que le
Québec n'a pas fait, comme le Nouveau-Brunswick, cavalier seul dans le
dossier, c'est les manufacturiers de bois de sciage qui paient actuellement,
c'est les travailleurs québécois qui paient leur bois aux
États-Unis sans avoir à encourir des pertes financières
telles qu'on... Donc, c'est de l'incurie gouvernementale à laquelle nous
faisons face actuellement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Laviolette, de votre intervention sur ce débat
de fin de séance. M. le ministre des Forêts, la parole est
à vous.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
Président. Évidemment, j'ai écouté avec beaucoup
d'attention l'intervention du député de Laviolette sur les droits
compensatoires concernant le bois d'oeuvre résineux au Québec.
Comme je l'ai dit cet après-midi, nous sommes déçus de la
décision, quoiqu'il y ait des espoirs qui sont frappants et qui nous
laissent croire qu'on pourra en arriver, finalement, à un
dénouement heureux au mois de juillet. Il faudrait que je vous dise, M.
le Président, que le Québec a fait sa propre défense
? on a payé nos propres avocats ? et que l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec s'est associée avec
COFI, de la Colombie-Britannique, pour présenter sa défense comme
individu, comme particulier ou comme association particulière. Et
là, la défense de la Colombie-Britannique et notre défense
variaient tellement que nous avons fait, au ministère, la remarque
à l'Association des manufacturiers de bois de sciage, à savoir
qu'on devrait, avec nos avocats du Québec, qui ont
présenté la position du Québec dans ce dossier-là,
faire front commun pour représenter ? et c'est arrivé sur
les derniers milles ? la position du Québec, à savoir qu'on
voulait avoir une exemption territoriale, c'est-à-dire
privilégiée. Et dans la décision qui a été
rendue dernièrement par le panel, c'est-à-dire par le
comité binatio-nal, il y a des choses intéressantes, des
arguments intéressants qui ont été reconnus, et qui nous
donnent espoir, comme je vous le mentionnais au début.
Le panel, le comité binational formé en vertu du
libre-échange dit que le Québec ne subventionne pas son industrie
de bois de sciage résineux. Le même panel dit également que
les exportations du Québec font face à des droits compensatoires,
parce qu'elles sont associées
à d'autres intervenants qui sont compensables en vertu des
subventions reçues. Mais, tout ça, c'est parce qu'on est pris
dans un ensemble, M. le Président. Et le panel, c'est-à-dire le
comité binational dit clairement que le Département du commerce
est clairement capable d'in-vestiguer dans les programmes provinciaux. Il faut
dire que les ressources naturelles relèvent de la juridiction
provinciale, mais le comité binational formé de Canadiens et
d'Américains dit au Département du commerce américain:
Vous êtes parfaitement capable d'investiguer dans les programmes
provinciaux et voir si on doit appliquer un droit compensateur
spécifique à une province ou non. Et ça, c'est des
arguments de plus, comme l'a mentionné mon collègue, le ministre
des Affaires internationales, cet après-midi. Le comité
binational dit au Département du commerce: Retournez faire vos devoirs
et examinez la proposition et les arguments que le Québec, les avocats
du Québec ont développés, avec les avocats de
l'Association des manufacturiers de bois de sciage qui, M. le Président,
se sont joints à nous dans ce cas-ci.
Et je vous dirai que le Département du commerce a tout ce qu'il
faut pour honorer puis faire en sorte que le Québec reçoive un
traitement spécifique. Le panel, le comité binational
américain et canadien déclare que le Département du
commerce pourrait ou devrait appliquer ce taux. Et nous fondons beaucoup
d'espoir, d'ici 90 jours, comme le Département du commerce doit revoir
cette décision-là et également revoir la décision
concernant deux scieries en particulier, deux industries en particulier, au
Québec, Maibec et Blanchet, qui transforment du bois américain
chez nous et qui n'ont pas été exemptées avec les autres
qui font le même commerce. Tout ça, le panel, le comité
binational dit au Département du commerce: S'il vous plaît,
voulez-vous revoir votre décision d'ici la fin de juillet, d'ici 90
jours? Nous comptons, M. le Président ? oui, j'achève ?
que les recommandations du comité binational seront suivies par le
Département du commerce et que le Québec sera exempté,
comme il se doit d'être exempté, étant donné qu'on
l'a déjà reconnu, que les industries du bois d'oeuvre
résineux n'étaient pas subventionnées par le
gouvernement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Forêts. En vertu de votre droit de réplique, M. le
député de Laviolette, avec un temps maximal de deux minutes. On
vous écoute.
M. Jean-Pierre Jolivet (réplique)
M. Jolivet: M. le Président, là, ce serait ?
excusez l'expression ? «le bout de la marde» s'il fallait que
les Industries Maibec et Matériaux Blanchet ne soient pas exclus. Il y
en a 15 autres qui l'ont été, parce qu'ils vont chercher leurs
billes aux États-Unis, les transforment au Québec, puis les
retournent aux États-Unis. Ça serait bien fatigant de penser
autrement.
Le ministre dit: Ils sont déçus. Imaginez-vous! Nous,
là, comme représentants de l'Opposition, on est
déçus à la fois du ministre, puis du gouvernement. Il a
décidé lui-même d'être dans le grand sac canadien,
comme ils disent. En revanche, au Québec, on est déçu
parce qu'on voulait que le tribunal reconnaisse que la province n'a pas
à être mise dans le grand sac canadien, quand vient le temps de
calculer les subventions et les droits imposés. Puis, le
Département, il a tout ce qu'il faut. Ils savent, ils l'ont même
déterminé eux-mêmes que le bois d'oeuvre
québécois ne déterminait qu'à 0,01 %, alors qu'on
leur impose 6,5 %. D'autant plus que la décision spécifie aussi
que le Département du commerce américain n'était pas
obligé d'exclure l'industrie québécoise du processus et de
l'exempter des mesures imposées au Québec, comme l'a
plaidé le Québec, sur le principe de l'unité canadienne.
C'est parce que le Québec lui-même a décidé, M. le
Président. Puis, au lieu de demander aux industriels de former avec lui,
comme Irving l'a fait au Nouveau-Brunswick, une coalition contre le
Département américain, ils ont décidé d'entrer dans
le giron canadien, puis on paie, aujourd'hui, pour ça. C'est ce que j'ai
voulu dire, c'est ce que je vais toujours prétendre.
Nous avions décidé, à l'époque, comme
gouvernement du Québec, de présenter une défense
individuelle, et nous avions toujours gagné, M. le Président.
C'est depuis qu'ils ont insisté eux-mêmes pour entrer dans le
giron canadien que le Québec se fait avoir. Je vais le
répéter continuellement, M. le Président: Nous sommes
déçus du gouvernement, nous sommes déçus du
ministre des Forêts.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ceci met fin à ce
débat de fin de séance entre M. le député de
Laviolette et M. le ministre des Forêts.
Consultations sur le projet de loi 86 et
possibilité d'y inviter le Conseil de la langue française
Nous avons un deuxième débat de fin de séance,
à la demande de Mme la députée de Chicoutimi, avec le
ministre responsable de l'application de la Charte de la langue
française, sur le sujet suivant: Les consultations sur le projet de loi
86 et la possibilité d'inviter le Conseil de la langue française.
Alors, Mme la députée de Chicoutimi, la parole est à vous
pour un temps maximum de cinq minutes.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Aujourd'hui,
à la période des questions, à l'Assemblée
nationale, à l'occasion du débat touchant la participation ou non
du Conseil de la langue française aux consultations menées par la
commission de la culture sur le projet de loi 86, le ministre a semblé
indiquer qu'il était prêt à s'écarter de la
démarche unilatérale de son gou-
vernement pour la conduite des travaux de cette commission et qu'il
envisageait la possibilité d'inviter le Conseil de la langue
française à participer aux débats de cette commission. (22
h 10)
L'avis du Conseil de la langue française, c'est une pièce
majeure dans le débat entourant l'adoption du projet de loi 86. Il faut
d'abord rappeler que l'avis du Conseil de la langue française a
été donné à la suite d'une demande du ministre sur
cinq points: la langue d'affichage, l'affichage commercial, la langue
d'enseignement, les organismes reconnus comme bilingues, en vertu de 113 f, la
signalisation routière, et la langue de travail.
L'avis du Conseil de la langue française diverge
considérablement et, à l'occasion, de façon fort
importante, majeure, du projet de loi tel que déposé. D'abord, en
ce qui a trait à l'affichage, ce que dit, dans un premier temps, le
Conseil de la langue: Le français doit être sur toute affiche, sur
toute enseigne, et être la seule langue obligatoire, alors qu'à
l'article 17 le gouvernement annonce que ça pourrait être en
français, avec une autre langue, ou uniquement dans une autre langue
? premier écart.
Le deuxième. En ce qui a trait à la langue d'affichage
pour tous les commerces, quelle que soit leur taille, là, il y a une
différence majeure et considérable, parce que, selon l'avis du
Conseil, l'hypothèse avancée par le gouvernement comporte des
risques de bilinguisa-tion de l'affichage commercial sur tout le territoire du
Québec.
Je voudrais, M. le Président, rappeler quelques paragraphes de
cet avis, qui représente, je le dis, une pièce majeure dans la
réflexion qui devrait guider le débat entourant l'adoption du
projet de loi 86. Ce que dit le Conseil: On doit réserver des zones
à usage exclusif du français. Sinon, il y a un risque réel
que le français redevienne une langue de traduction dans l'affichage et
la publicité commerciale, alors que, depuis 15 ans, des manifestations
de créativité lexicale et sémantique du français
ont connu un essor dans ce domaine. Ce qu'ajoute le Conseil de la langue, sur
l'avis, d'ailleurs, de José Woehrling, le juriste consulté par le
Conseil de la langue, qui dit: Une exception fondée sur la distinction
entre personne physique et personne morale s'inscrirait dans le courant
jurisprudentiel et philosophique qui tend à réserver le
bénéfice des droits et libertés aux être humains et
qui considère également que, pour autant que certains droits de
nature économique bénéficient aux corporations
commerciales, ils doivent pouvoir être limités plus facilement que
les droits dont jouissent les personnes physiques. Sur la base de cet avis de
José Woehrling, le Conseil dit donc: affichage commercial bilingue, mais
pour les personnes morales et pour les petites entreprises incorporées.
Ça s'éloigne radicalement de la proposition du gouvernement.
Par ailleurs, ce que dit le Conseil en ce qui a trait à l'avis de
José Woehrling, c'est qu'on aurait pu faire passer le test des tribunaux
à la loi 178 et à la loi 101, en matière d'affichage.
Ça méritait l'exercice, sauf que ce n'est pas la voie que le
gouvernement a choisie. Je pense que, pour cette raison, M. le
Président, parce que cet avis représente un élément
majeur dans la réflexion, que la population a le droit de
connaître l'avis du Conseil de la langue française, de
connaître les arguments qui militaient en faveur d'une limitation dans
l'affichage commercial à des petites entreprises et à des
personnes morales, nous croyons important que le Conseil soit entendu, de
même que le juriste, M. José Woehrling. Pour que, et j'insiste, la
commission puisse procéder avec un maximum d'éclairage, le
Conseil de la langue devrait être le premier organisme invité
à comparaître en commission parlementaire.
À cette fin, à la suite du caucus des
députés du Parti québécois, nous présentons
officiellement une demande au ministre responsable de l'application de la
Charte de la langue française pour entendre le Conseil de la langue, Me
Woehrling et d'autres organismes.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre responsable de
l'application de la Charte de la langue française, la parole est
à vous.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, comme la question est la
même que cet après-midi, j'apporterai la même
réponse: s'il y avait seulement ce point-là qui nous
séparait, nous serions prêts à le négocier.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, en vertu de votre
droit de réplique, Mme la députée de Chicoutimi, vous avez
un temps maximal de deux minutes.
Mme Jeanne L. Blackburn (réplique)
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, je suis heureuse de savoir que, sur ce point, on va
s'entendre, et que le ministre entend également convoquer le Conseil de
la langue française comme premier organisme à se présenter
devant la commission, de manière à éclairer le
débat des autres qui viendront après. L'avis, la demande que je
viens de faire, et que le ministre a entendue, c'est celle à l'effet que
le Conseil soit entendu, avec M. Woehrling, et que ce soit le premier organisme
entendu. Alors, c'est ce que j'ai entendu de la part du ministre. Il s'est
montré ouvert, coopératif, coopérateur. On connaît
sa manière, mais, de toute façon, il a une parole, nous dit-il
? on va le savoir.
En ce qui a trait aux autres organismes, nous entendons proposer,
soumettre dans les prochaines heures, une liste d'organismes, de
spécialistes et d'experts ? soit constitutionnalistes ou
démographes ? à
être entendus devant la commission. Sur des questions aussi
capitales, qui touchent fondamentalement l'âme du peuple
québécois, on n'a pas le droit de procéder de façon
précipitée, en essayant d'escamoter le débat pour
éviter qu'il y ait une prise de conscience de ce que porte,
effectivement, le projet de loi tel que libellé, d'autant qu'on ne
connaît pas encore les règlements. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Ceci met fin à ce débat de
fin de séance. Compte tenu que c'est la fin de l'Assemblée,
j'ajourne les travaux de cette Assemblée à demain, mercredi le 12
mai, à 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 16)