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(Dix heures sept minutes)
Le Président: Mmes et MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants. Je vous remercie. Veuillez vous
asseoir.
Présence du ministre-président de
la
communauté flamande de Belgique,
M. Luc Van den Brande
J'ai le grand plaisir de souligner la présence, dans les
tribunes, du ministre-président de la communauté flamande de
Belgique, M. Luc Van den Brande.
Affaires courantes
Nous allons procéder aux affaires courantes. Alors, M. le leader
de l'Opposition.
M. Chevrette: Aux affaires courantes, je voudrais demander au
leader du gouvernement de m'expliquer comment il se fait qu'à 8 h 30 il
m'avisait de 3 absences de ministres et que, si je sais bien compter, il y en a
à peu près 7 fois ce qu'il m'a annoncé.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Il y
a des comités interministériels qui ont siégé
jusqu'à 10 heures. Les ministres transitent de l'autre côté
de la rue. Normalement, au début de la période des questions, le
ministre des Affaires municipales, responsable de l'habitation, responsable
également de la langue française, le premier ministre, le
ministre de la Santé... Le ministre de la Santé est retenu, il
donne des entrevues aux journalistes. Normalement, les trois absences que j'ai
motivées au leader de l'Opposition officielle vont être
confirmées et les autres présences également
confirmées.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, aux affaires courantes, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
Dépôt de documents.
Mme la ministre déléguée aux Finances.
Rapport annuel de l'Association des courtiers et
agents immobiliers du Québec
Mme Robic: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1992 de l'Association des courtiers et agents
immobiliers du Québec.
Le Président: Alors, ce rapport est déposé.
M. le leader du gouvernement.
Réponse à une question inscrite au
feuilleton
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je
dépose la réponse à la question 9 du feuilleton de ce jour
inscrite par Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Le Président: Alors, ce document est déposé.
Dépôt de rapports de commissions
Maintenant, dépôt de rapports de commissions. Mme la
vice-présidente de la commission de l'éducation et
députée de Matane.
Étude détaillée du projet de loi
83
Mme Hovington: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'éducation qui a
siégé les 26 et 27 mai 1993 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 83, Loi sur la
Commission d'évaluation de l'enseignement collégial et modifiant
certaines dispositions législatives.
Le projet de loi a été adopté avec amendements. (10
h 10)
Le Président: Alors, ce rapport est
déposé.
Dépôt de pétitions
Maintenant, dépôt de pétitions. Alors, M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition.
Instaurer une commission d'enquête publique
indépendante sur les causes du déficit de la CSST
M. Gendron: Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale par 4984
pétitionnaires, syndiqués affiliés à la CSN.
Les faits invoqués sont les suivants: «Considérant
que depuis quelques années, la CSST, qui administre notre régime
de santé et sécurité, accuse un sérieux
déficit dont les causes sont demeurées inconnues jusqu'à
ce jour; «Considérant que l'incertitude qui en découle
favorise la circulation de suppositions de toutes sortes et entretient les
doutes quant à la viabilité de notre régime de
santé-sécurité du travail; «Considérant que
les détracteurs de notre régime profitent de la situation pour
véhiculer les préjugés les plus grossiers à
rencontre des accidenté-es et malades du travail et demandent des
modifications importantes à la loi;
«Considérant qu'avant d'apporter des changements majeurs au
régime dans le but de remédier au déficit il faut
connaître les causes de ce déficit.»
L'intervention réclamée se résume ainsi: «En
conséquence, nous demandons à l'Assemblée nationale
d'exiger du gouvernement du Québec qu'il instaure une commission
d'enquête publique indépendante sur les causes du déficit
de la CSST.»
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Merci, M. le Président.
Le Président: Votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Je vous avise qu'après la période de questions et
réponses orales sera tenu un vote sur la motion de Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science proposant l'adoption du
principe du projet de loi 82, Loi modifiant la Loi sur les collèges
d'enseignement général et professionnel et d'autres dispositions
législatives.
Questions et réponses orales des
députés
Nous allons maintenant procéder à la période de
questions et réponses orales des députés.
Je reconnais en première question principale M. le
député de Labelle.
Inclusion de certains avantages sociaux dans le calcul
du revenu imposable
M. Léonard: M. le Président, après avoir
taxé la TPS fédérale, voilà que le gouvernement
libéral impose sa propre taxe. Ce n'est plus une taxe à
intérêt composé, c'est une taxe à impôt
composé et surtaxé. C'est ce que révèle M. Michel
Girard dans La Presse de ce matin. Ainsi, les contributions que
l'employeur verse pour un régime privé d'assurance-maladie et une
police d'assurance-vie temporaire s'ajouteront aux revenus du travailleur,
incluant la taxe que l'entreprise a déjà payée sur les
primes. Sur les 175 000 000 $ que rapportera cette mesure, 15 000 000 $ sont
imputables à l'impôt que paieront les particuliers sur la taxe
déjà payée par l'employeur.
Au ministre des Finances: Comment peut-on considérer comme un
revenu personnel une taxe déjà acquittée? Comment peut-on
inclure dans le revenu personnel du travailleur une taxe déjà
payée en entier par son employeur?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je n'ai pas eu l'occasion, M. le Président,
de lire cet article. On vient de me le remettre. J'espère avoir
l'occasion, d'ici la fin de la période de questions, de pouvoir en
prendre connaissance. Mais, à première vue, ce n'est pas la
première fois que l'on considère des dépenses comme
étant un revenu pour celui qui reçoit le bénéfice,
que ce soit, par exemple, dans le cas de l'utilisation d'une voiture.
Évidemment, aujourd'hui, notre système fiscal prévoit que
ça constitue un avantage taxable pour celui qui en est le
bénéficiaire. C'est dans cet esprit-là que cette mesure a
été apportée.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Léonard: Je comprends qu'il peut ne pas avoir lu tous
les articles. Cependant, je vais quand même poursuivre.
Est-ce que cet impôt, et surtaxé en particulier, sera
perçu à la source? Et, en particulier, est-ce qu'il sera
perçu en double du premier juillet au 31 décembre 1993? Et est-ce
que le travailleur devra acquitter sa facture d'impôt au moment où
il fera sa déclaration d'impôt l'an prochain?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: Encore là, comme c'est deux colonnes, je n'ai
pas pu terminer ma lecture, mais je peux vous assurer qu'à
première vue, encore, ça serait au moment où il ferait son
rapport d'impôt.
Une voix: À première vue!
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Léonard: Est-ce que le ministre ne reconnaît pas
qu'en agissant de la sorte le gouvernement vient d'enlever, de pénaliser
tout intérêt pour une entreprise d'offrir de pareils avantages
à ses travailleurs? Et est-ce qu'il ne convient pas que ça aura
comme effet d'abolir ces régimes collectifs en particulier et même
des régimes privés parce que, par exemple, sur une prime de 500$,
l'employeur économisera 11,34$ en procédant de façon
privée?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: Pour répondre à une question aussi
précise, j'aimerais mieux prendre avis de la question, lire l'article et
vous revenir à la prochaine séance.
Le Président: Alors, en question principale, maintenant,
M. le chef de l'Opposition.
Hausse du fardeau fiscal à la suite du discours
sur le budget
M. Parizeau: m. le président, hier, à la suite
d'une intervention en cette chambre, la semaine dernière, de la
députée de johnson, il est apparu assez clairement, à
partir du discours sur le budget, qu'en raison de la réduction dans les
remboursements d'impôt foncier et de la nouvelle taxe de 1 % sur les
pensions, un couple
de personnes âgées qui gagnent quelques miliers de dollars
de pension par année, 8000 $, 10 000 $, 12 000 $, va payer en taxes
supplémentaires, un couple, entre 250 $ et 400 $. Ça paraît
inconcevable. Ce n'est pas du tout évident que ça correspond
à la pensée du gouvernement, ça. Un gouvernement ne fait
pas exprès pour faire des choses comme ça.
On vient d'apprendre, il y a quelques instants, que le gouvernement,
probablement sans s'en rendre compte, vient de considérer dans le
discours sur le budget une taxe acquittée par l'employeur comme un
revenu du travailleur. Je suis convaincu qu'ils n'ont pas voulu ça.
Dans le même article auquel faisait allusion le
député de Labelle ce matin, mieux encore, avec l'abolition des
750 $, les 6 % sur les revenus d'emploi, la surtaxe et les impositions des
régimes d'assurance-vie et d'assurance-maladie, pour quelqu'un qui gagne
35 000 $, ça donne ceci: s'il est célibataire, taxé comme
célibataire, il va, à partir du 1er juillet, voir ses
impôts augmenter, comme retenue à la source, de 17,13 $, mais s'il
est taxé comme marié, c'est-à-dire qu'il y a un conjoint
qui ne travaille pas à l'extérieur, qui ne gagne pas de revenu,
et deux enfants, alors ses impôts vont augmenter de 21,22$. Il est plus
taxé marié avec enfants que célibataire. Vous me direz:
Les montants ne sont pas considérables. Mais, M. le Président,
c'est évident que le gouvernement n'a pas voulu ça.
Le Président: Votre question.
M. Parizeau: Alors, ma question au premier ministre est la
suivante: Est-ce que le premier ministre accepterait de demander à son
ministre des Finances de reprendre un certain nombre de dispositions
particulièrement saugrenues ou odieuses du budget et de revenir en
Chambre avec une nouvelle proposition, peut-être pas
nécessairement un autre discours sur le budget, mais au moins une
déclaration ministérielle qui corrigerait certaines des anomalies
les plus grossières qu'il y a là-dedans?
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition
pourrait, s'il voulait faire preuve d'un peu d'humilité, examiner les
différents budgets qu'il a présentés à
l'Assemblée nationale. Il y a actuellement une commission parlementaire
où le critique de l'Opposition peut poser toutes les questions qui lui
paraissent pertinentes sur l'application détaillée du budget.
Hier, le chef de l'Opposition a soulevé des questions comme cela,
très... qui vont dans le détail. J'ai vérifié pour
ce qui a trait aux riches, puis je lui avais mentionné qu'il y avait
double emploi. On sait que la Société d'habitation donne des
subventions pour certaines catégories de logements et que, dans ce
contexte-là, il y avait double emploi. C'est pourquoi il y a eu une
mesure qui a été prise par le ministère des Finances.
Alors, je dis au chef de l'Opposition et je l'ai dit à plusieurs
reprises: on sait que, par exemple, dans le cas des familles, alors qu'il y a
quelques années le plancher était de 10 000 $ pour payer de
l'impôt, c'est 27 000 $. Alors là, il joue avec certains chiffres.
Comme hier, il n'a pas mentionné qu'il y avait le double emploi et qu'il
y avait des contributions de la Société d'habitation du
Québec parce que ça aurait changé complètement le
sens de sa question. Sa question devenait désuète.
C'est facile de prendre des détails comme ça et d'en
donner une seule partie. Je lui demande d'être honnête
intellectuellement, M. le Président.
Le Président: Alors, en question complémentaire.
(10 h 20)
M. Parizeau: Est-ce que le premier ministre comprend simplement
les réponses qu'il donne? Hier, est-ce que le premier ministre se
souvient qu'effectivement j'ai mentionné que, sur 375 000 personnes
âgées visées par les mesures, les augmentations de taxes de
250 $ à 400 $, là-dessus, à peu près un quart
donnait lieu, effectivement, à des changements dans Logirente et
compensait pour l'augmentation des impôts dont j'ai parlé, mais il
reste les 300 000 additionnels. Est-ce qu'il considère ça un
détail, 300 000 personnes âgées qui vont payer, s'ils
vivent en couple, 250 $ à 400 $ de taxes de plus sur des revenus de
pension de 8000 $ ou 10000 $?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition est au courant qu'il y a des
exemptions qui existent jusqu'à 5000 $. Il est au courant qu'il y a
toute une série de mesures qui ont été prises pour
favoriser les personnes âgées, que nous n'avons pas touché
aux revenus de pension. J'ai répondu hier, au chef de l'Opposition, que
c'est évident qu'il pouvait y avoir des mesures qui n'étaient pas
faciles à expliquer. Je lui ai expliqué hier ? je
répète exactement ce que je lui ai dit ? qu'il y avait un
effondrement des revenus depuis le début de l'année, qui
s'était aggravé au cours du printemps, et que le gouvernement du
Québec était obligé, dans ce contexte-là, de
prendre des mesures qui n'étaient pas nécessairement faciles
à prendre, mais qu'il était obligé de prendre pour
respecter un minimum d'équilibre financier. Mais on a essayé de
les prendre avec le minimum d'inconvénients pour les citoyens.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, c'est bien ce qu'on pensait:
il ne l'a pas lu, le budget, le premier ministre. 11 ne sait pas ce qu'il y a
dedans.
Le Président: Alors, votre question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président...
Le Président: Oui.
Des voix: Bien, voyons!
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Je comprends que les
questions sont posées par le chef de l'Opposition, et qu'il a une
latitude plus grande que les autres parlementaires. Dans le respect du
règlement, toutefois, ça ne permet pas de commentaires au
début d'une question additionnelle, comme il le sait très bien,
M. le Président.
Le Président: S'il vous plaît!
Alors, M. le chef de l'Opposition, votre question.
M. Parizeau: M. le Président, je m'excuse, c'était
un cri du coeur.
Une voix: C'est beau. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parizeau: Est-ce que le premier ministre se rend compte
simplement de ce qu'il vient de nous dire en disant: Nous n'avons pas
touché aux revenus de pension? Est-ce qu'il se rend compte de ce qu'il
vient de dire? Est-ce qu'il sait que, dans le discours du budget, il y a une
taxe de 1 % sur les revenus autres que les revenus d'emploi pour le financement
des services de santé, applicable aux revenus locatifs, aux revenus de
placement et aux pensions? Est-ce qu'il se rend compte que c'est
particulièrement odieux, ce 1 % sur les revenus de pension? Et pourquoi
vient-il nous dire: Nous n'avons pas touché aux revenus de pension?
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Mais il a touché aux revenus de pension.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition,
quand il lance un cri du coeur, devrait se souvenir que c'est lui qui a
augmenté d'une façon historique les impôts de 1 760 000 000
$ en 1981. Alors, son cri du coeur, il pourrait quand même le placer dans
le contexte.
J'ai dit qu'il y avait des possibilités pour le gouvernement de
s'attaquer d'une façon spécifique à certaines
catégories de citoyens. Nous avons essayé de l'éviter dans
le cas des travailleurs autonomes pour compenser la question du double emploi,
nous avons établi ce 1 %, mais nous n'avons pas visé une
catégorie d'une façon particulière. Le 1 % s'appliquait
à tous les contribuables étant donné que nous ne voulions
pas affecter les travailleurs autonomes, strictement autonomes, sans compter
les revenus de placement d'un façon exagérée.
Donc, ce 1 % s'applique à tout le monde. Il n'y a pas de choix
particulier d'une clientèle.
C'est ce que j'ai voulu dire. Mais, comme d'habitude, le chef de
l'Opposition a déformé mes paroles.
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
M. Parizeau: Si je ne voulais pas ne pas être
arrêté par le leader, je dirais que le premier ministre...
Le Président: Votre question, M. le chef de
l'Opposition.
M. Parizeau: ...lui, il déforme pas mal de chiffres du
passé.
Le Président: Votre question, s'il vous plaît!
M. Parizeau: Cela étant dit, est-ce que le premier
ministre, maintenant, peut nous expliquer pourquoi, en contradiction absolue de
la politique qu'il défend depuis des années, pourquoi, à
partir du 1er juillet, dans un mois, quelqu'un qui est taxé comme
marié avec deux enfants va voir ses impôts augmenter d'un montant
supérieur à l'augmentation d'impôt sur un
célibataire pour le même salaire de 35 000 $? Peut-il nous
expliquer comment ils ont pu en arriver à ça, compte tenu de la
politique que le premier ministre dit défendre depuis si longtemps?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, il y a eu des questions qui
ont été posées, à l'occasion du discours sur le
budget, sur certains cas qui pouvaient susciter des interrogations. Le ministre
des Finances a répondu à ce moment-là ? il peut
continuer à répondre ? qu'il fallait prendre l'ensemble des
mesures, de manière à pouvoir porter un jugement global. Il peut
y avoir dans certains cas, pour une catégorie de contribuables...
On mentionnait hier ce qui arrivait dans le cas des personnes
âgées, je lui réponds la même chose. C'est
évident que dans un budget qui comprend plusieurs dizaines de mesures
financières, le chef de l'Opposition a beau jeu de trouver certains cas,
de les isoler du contexte général et d'arriver à une
conclusion partisane. Il n'y a rien de plus facile que de faire de la
partisanerie dans un discours sur le budget. Alors, je dis au chef de
l'Opposition d'être responsable, de voir l'ensemble des dispositions qui
s'appliquent à une catégorie de citoyens, d'en tirer les
conclusions et, à cet égard, de démontrer que le
gouvernement a présenté un budget qui a été
qualifié de responsable par plusieurs commentateurs.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, compte tenu de l'origine des
chiffres que je cite au premier ministre,
est-ce qu'il considère donc que M. Michel Girard, de La Presse
? et La Presse, en général, est un journal partisan,
jamais il ne pourrait supposer des choses pareilles. Est-ce que le cabinet
d'actuaires-conseils MLH, qui a préparé les tableaux et les
chiffres que nous avons cités, est une officine partisane? Est-ce que
c'est ça que le premier ministre est en train de nous dire? Quand on lui
cite des chiffres d'experts extérieurs à son gouvernement, il les
considère partisans?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je ne considère pas le journal La Presse
comme un journal partisan. D'ailleurs, l'article de M. Alain Dubuc pour
commenter le budget était, je pense, très favorable, très
constructif.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: Non, mais, M. le Président, on pourrait citer
M. Georges Angers, du journal Le Soleil. On pourrait en citer plusieurs
autres qui sont venus à la conclusion que dans le contexte actuel, M. le
Président, le gouvernement...
C'est évident que l'Opposition a beau jeu de se frotter les mains
dans une conjoncture économique et financière difficile. Et
ça prend un certain culot de leur part pour se frotter les mains, quand
leur solution, c'est l'éclatement du pays pour régler les
problèmes financiers.
Des voix: Oh!
M. Bourassa: Bien, M. le Président... Le chef de
l'Opposition...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Mmes, MM. les députés! Mmes, MM.
les députés, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! (10 h 30)
M. le premier ministre, en conclusion.
M. Bourassa: M. le Président, je pense que je peux faire
cette affirmation. Le chef de l'Opposition disait lui-même qu'avec la
souveraineté on n'aurait pas ces problèmes-là, que l'on va
baisser...
Des voix: Ha, ha, ha! Ha, ha, ha!
Le Président: S'il vous plaît! Rapidement, en
conclusion, M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition a
trouvé quelques exemples qui sont tirés à
l'extérieur du contexte global, c'est clair. J'ai du respect pour les
commentaires, mais il faut examiner le contexte global. Or, pour ce qui a trait
des familles, M. le Président, quels sont les faits,
indépendamment des exemples qu'on peut tirer çà et
là? c'est que, dans les politiques familiales du gouvernement, quand on
a pris le pouvoir, c'était 800 000 000 $, et là, c'est 2 600 000
000 $. si on veut regarder l'ensemble de la situation, pas prendre un cas
particulier et l'isoler du contexte global, l'ensemble de la situation, c'est
300 % d'augmentation pour l'aide aux familles, malgré une situation
économique particulièrement difficile. ça, c'est un
résultat concret, m. le président.
Des voix: Bravo!
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: En additionnelle, M. le Président, à
Mme la ministre responsable de la politique familiale.
J'aimerais savoir quel avis elle a donné au ministre des
Finances. Est-ce qu'elle s'est dite d'accord avec le fait qu'une famille avec
deux enfants paie plus cher d'impôts qu'un célibataire au
même salaire?
Le Président: Mme la ministre responsable de la
Famille.
Mme Trépanier: Premièrement, je pense que cette
affirmation est erronée. Ce que je dirai, c'est que j'ai eu des
discussions avec le ministre des Finances. Ce qui était important pour
moi, c'était de préserver les programmes au niveau des familles.
Et, comme M. le premier ministre l'a si bien mentionné tout à
l'heure, lorsqu'on voit la performance du gouvernement libéral depuis
1986, je pense qu'on peut marcher la tête haute. Lorsqu'on pense qu'en
1986 le support aux familles était de 800 000 000 $ et qu'il est
maintenant de 2 800 000 000 $, je pense qu'on peut être fiers de notre
performance.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, pour une question principale,
maintenant, M. le leader adjoint de l'Opposition et député
d'Abitibi-Ouest.
Correctifs envisagés pour pallier la
détérioration du climat social dans les régions
M. Gendron: Je les remercie beaucoup.
Alors, M. le Président, plusieurs régions sont en
très sérieuse difficulté avec des taux de chômage
indécents, endémiques et des décisions
ministérielles sectorielles inacceptables. Un vent de colère et
de révolte balaie les régions. Hier, c'était Rouyn-Noranda
qui fermait ses portes; un autre jour, c'est les Gaspésiens qui bloquent
la 132, c'est les «Portcôtois» qui ne se sentent pas
appuyés, c'est ceux de Matane qui sont en colère, etc. La semaine
prochaine, ce sera Saint-Honoré, au Lac-Saint-Jean. Manifestement, le
dialogue et la confiance sont rompus. Puis, pendant que des régionaux
manifestent leur profonde inquiétude et les problèmes
graves de sous-emploi chronique, le ministre responsable du
développement régional n'a rien d'autre à leur dire que:
Vous perdez votre temps à descendre dans la rue et vous ne nous
impressionnez pas avec vos manifestations.
Ma question, M. le Président, au premier ministre: Vu la
gravité de la situation et avant que le ras-le-bol des régions ne
mène à une rupture totale du dialogue, est-ce que vous ne croyez
pas, comme premier ministre, qu'il serait urgent d'intervenir directement,
à tout le moins afin de rétablir un meilleur climat entre le
gouvernement et les régions éloignées du
Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je pense qu'il y a
peut-être des dossiers qui suscitent la controverse, mais je pourrais
citer toute une série de dossiers où on a créé des
emplois. J'ai la liste devant moi, par exemple, pour l'Abitibi. Alors, je tiens
à souligner, M. le Président, que le Québec demeure un
État de droit et que, selon notre tradition démocratique, je
pense qu'il est normal que le gouvernement examine les dossiers au
mérite. J'ai répondu au député, hier. Je lui ai
répondu que, dans le cas qui l'intéressait, il y avait des
raisons très concrètes qui ont été avancées,
qui ont été démontrées, et que nous sommes
prêts toujours à dialoguer avec les responsables, mais que le
gouvernement ne peut pas se faire dicter sa conduite par la pression de la
rue.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Gendron: M. le Président, est-ce que le premier
ministre ne reconnaît pas que la colère de plusieurs
régions est le résultat de gestes posés par certains de
vos ministres sectoriels qui, d'aucune façon, ne tiennent compte des
régions lorsqu'ils prennent des décisions et qu'en ce sens, comme
premier ministre, comme chef du gouvernement, vous devez rappeler d'une
façon urgente un certain nombre de ces ministres sectoriels à
l'ordre? Entendez-vous ie faire bientôt?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Nous pouvons examiner cas par cas. J'ai
examiné hier la question de l'Abitibi. J'ai donné les raisons.
Dans le cas de Rouyn-Noranda, il y a 1500... On sait qu'il y a 1500
fonctionnaires des secteurs public et parapublic. Plus des deux tiers se
trouvent à travailler à Rouyn-Noranda. Il me semble que c'est un
argument qui devrait être examiné et qui devrait montrer que le
gouvernement décide dans l'intérêt commun. Mais, dans les
autres cas, nous sommes prêts à examiner cas par cas et à
apporter tous les arguments, mais nous décidons au mérite, en
fonction des besoins de la population, en tenant compte des
intérêts du gouvernement. C'est ce que fait le gouvernement, que
ce soit sur le plan des ministères ou en fonction de la
solidarité gouvernementale. Alors, on n'a pas de remontrances à
recevoir de nos amis d'en face.
Le Président: Alors, toujours en question
complémentaire.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Considérant la
gravité de la situation, est-ce que le premier ministre envisage de
convoquer les exécutifs des conseils régionaux de
développement, reconnus par décret par votre gouvernement,
à un sommet des régions en difficulté afin de
rétablir le climat de confiance et d'apporter les urgentes corrections
qui s'imposent?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, il reste quand même
que, dans certaines de ces manifestations, les régions elles-mêmes
ou des autorités de plusieurs régions ne sont pas d'accord avec
les moyens utilisés. Je veux dire, nous...
Une voix: ...
M. Bourassa: Oui, mais, je veux dire, le député
pose la question comme si c'était approuvé par l'ensemble de la
région. Plusieurs dirigeants de ces régions considèrent
ces gestes comme contre-productifs.
Une voix: Qui?
M. Bourassa: II y a des maires qui se sont prononcés hier,
dans la région de la Gaspésie, à cet
égard-là.
Alors, M. le Président, ce que je dis au député
d'Abitibi-Ouest, c'est que le gouvernement, dans cette question-là, est
prêt à examiner toutes les situations, à accorder toute
l'attention. Il y a eu plusieurs visites et rencontres par les ministres
responsables, et je fais totalement confiance, M. le Président, au
ministre responsable du développement régional, puisque c'est lui
qui est principalement visé par la question. Le député
responsable s'est rendu dans toutes les régions et est prêt
à y retourner et à faire valoir le point de vue du
gouvernement.
Mais je ne vois pas comment le gouvernement pourrait prendre des
décisions en tenant compte de l'ampleur ou de la teneur des
manifestations. Il va prendre des décisions au mérite des
dossiers. C'est la seule façon de gouverner d'une façon
responsable.
Le Président: En question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Contrôle de la gestion des classes d'immersion
en anglais
M. Brassard: M. le Président, hier, en ce qui a trait aux
classes d'immersion en anglais qui seront autorisées par un amendement
à la Charte de la langue française, la ministre nous a dit deux
choses. Premièrement, elle a reconnu qu'à Montréal la
réalité linguistique et multiethnique est tout à fait
particulière par rap-
port au reste du Québec et, deuxièmement, elle nous a
annoncé que ce sont les commissions scolaires qui auront la
responsabilité d'initier et de mettre en oeuvre les classes d'immersion
dans leurs écoles.
Si on comprend bien la ministre, la Commission des écoles
protestantes du Grand Montréal, par exemple, la PSBGM, dont
l'intérêt pour cette méthode est manifeste, elle est venue
nous le dire en commission parlementaire, pourrait décider de mettre en
place des classes d'immersion dans toutes ses écoles françaises,
plaçant ainsi, comme on le signalait à juste titre hier, dans une
double situation d'immersion un grand nombre d'élèves allophones
dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais, ce qui est
une absurdité pédagogique.
Ma question à la ministre de l'Éducation: Comme la
ministre transfère ses responsabilités aux commissions scolaires
en cette matière, qu'est-ce qu'elle compte faire si des commissions
scolaires décident d'aller trop loin, si des commissions scolaires
décident de généraliser les classes d'immersion d'une
façon qu'on pourrait qualifier d'imprudente, mettant ainsi en
péril, compromettant la francisation des enfants d'immigrants? Qu'est-ce
qu'elle ferait dans ce cas-là?
Le Président: Mme la ministre de l'Éducation.
Mme Robillard: M. le Président, c'est bien mal comprendre
le régime pédagogique qui s'adresse présentement aux
ordres d'enseignement primaire et secondaire du Québec pour voir dans
cet énoncé que les commissions scolaires n'ont pas
déjà des responsabilités pour l'application du
régime pédagogique.
On le sait tous et toutes, dans le régime pédagogique
présentement, les temps sont indiqués aux commissions scolaires
pour le temps d'enseignement des matières et ce n'est pas des temps
prescrits, et c'est le cas présentement, les commissions scolaires font
des choix à partir du régime pédagogique. C'est pour
ça que, présentement, sans apporter aucune modification, on voit
des différenciations dans nos différentes commissions scolaires,
si ce n'est que l'utilisation de l'enseignement intensif qui se produit dans
certaines commissions scolaires du Québec. Le régime
pédagogique le permet, la commission scolaire le décide en
étant basée sur des études qui correspondent aux besoins
de leur clientèle.
C'est dans cette même optique-là que le gouvernement va
laisser la possibilité, à l'intérieur du régime
pédagogique aussi, d'ajouter un nouveau moyen pédagogique pour
enseigner la langue seconde au Québec. C'est ce dont il s'agit, M. le
Président. (10 h 40)
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: M. le Président, alors on n'avance pas
beaucoup parce qu'elle me répète ce qu'elle m'a dit hier, et ce
n'est pas ça ma question.
Le Président: Alors, votre question, s'il vous
plaît!
Des voix: ...
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Alors, pour une question complémentaire sans
préambule, M. le député.
M. Brassard: Ma question est la suivante. Qu'est-ce que la
ministre responsable de l'éducation au Québec va faire dans le
cas ? et je lui donne un exemple ? dans le cas, par exemple,
où, à Montréal, la PSBGM déciderait de
généraliser dans ses écoles françaises les classes
d'immersion, là où il y a des milliers de jeunes allophones dont
la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais et qui se
trouveraient ainsi plongés dans une double situation d'immersion? C'est
ça, la question. Qu'est-ce qu'elle ferait à ce moment-là?
Elle laisserait faire? Elle cautionnerait? Elle s'en laverait les mains?
Qu'est-ce qu'elle ferait dans ce cas-là?
Le Président: Mme la ministre de l'Éducation.
Mme Robillard: M. le Président, c'est toujours la
même chose avec l'Opposition. Ils s'attardent à des moyens
très précis au lieu de discuter les objectifs de base.
M. le Président, est-ce que l'Opposition remet en question
l'objectif de base de donner davantage de moyens pédagogiques à
nos commissions scolaires pour mieux enseigner la langue seconde au
Québec? C'est ce dont il s'agit, M. le Président. Quant aux
modalités, nous allons les regarder de façon très
particulière et nous ne sommes pas rendus à l'étape de
déposer le projet du régime pédagogique, mais revenons
à l'objectif de base de bien enseigner les langues au Québec,
autant la langue française que la langue anglaise.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Brassard: M. le Président, compte tenu qu'elle
reconnaît qu'à Montréal la situation est
particulière, la réalité linguistique et multiethnique est
particulière, c'est ça qu'elle a reconnu hier, compte tenu de
cela, est-ce qu'elle compte justement, dans ses modalités ? parce
que c'est là que c'est important, les modalités ?
prévoir des balises pour éviter les dérapages?, parce que
le danger est là. Il pourrait y avoir dérapage dans des
écoles françaises de Montréal où on plongerait des
milliers d'élèves dans des doubles situations...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Alors,
pour un rappel au règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le
Président. Compte tenu des abus dans la formulation de la question, je
me permets de rappeler les dispositions de l'article 78 au député
de Lac-Saint-Jean: les questions
supplémentaires doivent être brèves, précises
et sans préambule.
M. le Président, je vous demande de veiller à
l'application de notre règlement.
Le Président: Effectivement, oui. Alors, vous savez fort
bien que vous ne pouvez pas indirectement faire un préambule. Donc,
votre question précise.
M. Brassard: Est-ce que la ministre pourrait être aussi
explicite sur les modalités d'application et de mise en vigueur des
classes d'immersion que son leader est explicite sur les dispositions du
règlement à tout bout de champ?
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Bravo!
Le Président: Alors, Mme la ministre de
l'Éducation.
Mme Robillard: M. le Président, ce n'est pas la
première fois que le ministère de l'Éducation
reconnaît le caractère multiethnique de Montréal. Ce n'est
pas pour rien que nous avons des programmes très spécifiques
où nous donnons des millions de dollars pour, justement, adapter cette
réalité aux écoles de Montréal, plus le fait aussi
qu'il y a des milieux très défavorisés dans
Montréal. Nous avons plein de programmes pour adapter, justement, et
correspondre aux besoins. Nous le ferons aussi au niveau du régime
pédagogique et nous ne sommes pas rendus au stade des modalités,
M. le Président.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Brassard: Est-ce que je dois comprendre que, finalement, la
ministre va cautionner tout simplement les dérapages des commissions
scolaires, admettre tout simplement que des milliers d'élèves,
dont la langue française est, au fond, la langue seconde, à
Montréal ? ce n'est pas leur langue maternelle ? se trouvent
plongés dans une autre immersion en anglais, cette fois-là, ce
qui, au dire de tout le monde, est absurde sur le plan pédagogique. Vous
allez cautionner ça!
Une voix: C'est ça!
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, l'objectif est la
maîtrise des langues, d'abord et avant tout la maîtrise de la
langue maternelle. C'est très clair, tous les efforts du gouvernement
sont concentrés sur ça, premièrement.
Le Président: Bon! Un instant, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
Mme la ministre. Mme la ministre.
Un instant, s'il vous plaît! Je demanderais aux
députés de réserver leurs commentaires, s'il vous
plaît!
La parole est à la ministre. Mme la ministre de
l'Éducation.
Mme Robillard: La priorité première du
ministère de l'Éducation est la maîtrise des langues,
d'abord la maîtrise de la langue maternelle. Il y a plusieurs mesures qui
ont été faites depuis quelques années. Il y en aura
d'autres dans les mois qui viennent pour améliorer l'enseignement de la
langue maternelle, que ce soit l'anglais ou le français.
Deuxième priorité, la maîtrise de la langue seconde.
Je pense que pour répondre aux réalités du XXIe
siècle au Québec... Écoutez un peu les parents, M. le
député de l'Opposition! M. le Président, il devrait
écouter un peu les parents, ce que les parents nous demandent dans
toutes les régions du Québec. À partir de la
Gaspésie jusqu'au Lac-Saint-Jean aussi, les parents nous demandent que
les jeunes aient une bonne maîtrise de la langue, et nous entendons y
donner suite tout en maintenant notre objectif de base.
Une voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Pour une dernière question
complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, est-ce que la responsable de
l'éducation au Québec est au courant qu'à Montréal
il y a 100 000 élèves dont la langue maternelle n'est pas le
français et qui sont dans des écoles françaises en vertu
de la Charte de la langue française, et que des commissions scolaires
? ils ont annoncé leur intention ? pourraient plonger ces 100
000 élèves dans une autre immersion, en anglais, cette fois?
Est-ce qu'elle compte cautionner ça ou est-ce qu'elle va mettre des
balises, des modalités pour empêcher cette absurdité
pédagogique?
Le Président: Bon. S'il vous plaît! MM. les
députés, s'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous
plaît, MM. les députés! S'il vous plaît! J'invite
chacun, s'il vous plaît, à respecter la personne à qui je
donne la parole et à éviter tout commentaire envers cette
personne-là ou même entre vous. C'est clair. Lisez l'article 32,
le règlement est clair d'un côté comme de l'autre. S'il
vous plaît!
Mme la ministre. Mme la ministre.
Mme Robillard: À ce que je sache, M. le Président,
le régime pédagogique du primaire et du secondaire est là
pour donner des balises, et c'est dans ce sens-là que nous continuerons
à travailler au ministère de l'Éducation.
Le Président: En question principale, M. le
député de D'Arcy-McGee.
Statistiques sur le nombre d'inscriptions dans les
écoles anglaises au Québec
M. Libman: Merci, M. le Président.
Le Commissaire aux langues officielles a dit la semaine passée,
dans son rapport annuel, que l'intensité du débat qui entoure la
question de l'affichage commercial au Québec camoufle le problème
beaucoup plus urgent pour les communautés anglophones du déclin
dramatique des inscriptions dans le réseau scolaire anglais.
Le ministre responsable de la Charte de la langue française
répond en partie que le problème est exagéré et
qu'il a l'intention de dévoiler des statistiques qui, selon lui, vont
montrer que, contrairement à toutes les statistiques antérieures,
il y aura bientôt une hausse des inscriptions dans les écoles
anglaises au Québec.
Alors, ma question au ministre responsable de la Charte de la langue
française: Pourquoi ne dépose-t-il pas aujourd'hui ces
statistiques pour permettre un débat légitime et ouvert sur la
question durant l'analyse du projet de loi 86 et avant l'adoption du principe
du projet de loi 86?
Le Président: M. le ministre responsable de l'application
de la Charte de la langue française. (10 h 50)
M. Ryan: J'ai indiqué, M. le Président, que nous
déposerons des données statistiques lors de l'étude
détaillée du projet de loi en commission. Je pense que c'est
l'endroit pour en discuter. Quand nous arriverons aux clauses qui traitent de
l'admissibilité à l'école française ou anglaise,
nous déposerons tous les renseignements nécessaires.
Hier, en commission parlementaire, le député de
D'Arcy-McGee a pu avoir un échantillon de ce que nous pourrons
déposer. Il se souvient que nous avons rencontré les
représentants de la Townshippers' Association. Ils avaient annexé
à leur mémoire des données sur les inscriptions dans les
écoles anglaises de 2 commissions scolaires de l'Estrie au cours des 10
dernières années. Et j'ai souligné à la
présidente, Mme Goodfellow, que ces statistiques confirment en tout
point les indications que j'ai déjà fournies dans les
échanges antérieurs que nous avons eus. Et, je pense que ces
statistiques dont le député a eu connaissance hier, qui indiquent
une grande stabilité des effectifs scolaires dans les écoles
anglaises en Estrie, au cours des 8 dernières années, donnent une
bonne idée de ce que nous pouvons anticiper pour l'ensemble du
Québec.
Et, comme je l'ai indiqué également, deux facteurs nous
incitent à penser qu'il y aura une amélioration. Tout d'abord, la
diminution de l'exode interprovincial, dans la mesure où il affecte les
anglophones du Québec. Le déficit est beaucoup plus faible,
depuis une couple d'années, qu'il ne l'était. Et,
deuxièmement, l'augmentation du taux de fécondité chez les
femmes anglophones qui laisse entrevoir, je pense bien que si on est logique,
une certaine augmentation des inscriptions scolaires à plus ou moins
brève échéance.
Alors, voilà le tableau que nous compléterons par des
statistiques détaillées lors de l'étude en commission
parlementaire.
Le Président: Pour une question complémentaire.
M. Libman: Does the Minister not recognize that the Chamber's
task force created by this Government, that the Commissioner of official
languages, last week, Alliance Québec and the Minister of Education,
have shown statistical projections that tell a very different story? And we
want to see his magical statistics as soon as possible, even before adoption of
the principle, to be able to have the full debate on the table.
What is he waiting for? Why can not he table it as soon as possible?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Well, they will be available soon.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Pour une autre question
complémentaire, une dernière, M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: Does the Minister not agree that even a slight
increase in overall enrollment will be insufficient to sustain a critical mass
necessary for many of the schools to remain opened and will not help some of
those areas that have already had their schools closed? Even a slight increase
will not help the serious decline. And, is he willing to examine the serious
situation that is involved?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je ne suis pas d'accord, mais je
demeure ouvert pour examiner tout argument ou toute considération
nouvelle qu'on voudra me soumettre, évidemment.
Le Président: Alors, en question principale, Mme la
députée de Matane.
Demande de réouverture de l'usine de
transformation de poisson de Les Méchins
Mme Hovington: Bon. Merci, M. le Président.
M. le Président, on sait que depuis le début de la
semaine, la route 132 à la hauteur de Les Méchins a
été bloquée d'une façon intermittante à
toute circulation routière, la population réclamant la
réouverture de leur usine de transformation de poisson.
Je demanderais au ministre responsable des Pêcheries qu'est-ce
qu'il entend faire pour venir en aide à la population.
Le Président: M. le ministre responsable des
Pêcheries.
Je vais demander l'attention des collègues, s'il vous
plaît.
Alors, M. le ministre.
M. Vallières: Oui, M. le Président. Le
ministère s'est vu soumettre, comme le sait la députée de
Matane, deux demandes de permis pour opérer une usine qui est
désaffectée à Les Méchins. J'ai déjà
eu l'occasion de signifier aux deux qu'en ce qui concerne un permis pour
l'exploitation et la transformation du poisson de fond il n'était pas
dans mon intention d'en émettre. Mais, pour ce qui est de la demande de
permis émanant de Fumoirs Transcom, déjà un permis a
été émis dans les espèces pélagiques de
même que dans le traitement des oeufs de lompe.
M. le Président, vendredi dernier, j'ai également
indiqué au préfet de la municipalité régionale du
comté de Matane que j'allais le rencontrer. C'est cet après-midi
que ça se fera, également, en compagnie de son directeur
général et du président du Conseil économique et en
présence également de la députée de Matane. Je veux
d'ores et déjà, M. le Président, indiquer que, par
ailleurs, comme je l'ai expliqué récemment, la semaine
dernière, dans la municipalité régionale de comté
de Denis-Riverin, qu'il n'était pas possible d'ajouter de nouvel
intervenant dans le secteur du poisson de fond, présentement; que notre
énergie porte actuellement à consolider les entreprises qui sont
existantes dans ce secteur d'activité, entreprises qui n'opèrent
qu'à 40 ou 45 % de leur capacité de transformation au moment
où on se parle.
Alors, un des objectifs poursuivis par celui qui vous parle, M. le
Président, en concertation avec le milieu, c'est de s'assurer qu'on
garde un bon équilibre entre la disponibilité de la ressource,
notre capacité de capture et, également, la capacité de
transformation de cette même ressource.
J'espère pouvoir convaincre, M. le Président, les
autorités, que je rencontrerai cet après-midi, du même
milieu, du milieu de la municipalité régionale de comté de
Matane, du bien-fondé de ce qui inspire mes décisions dans ce
domaine-là.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président...
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, est-ce que le ministre va
continuer à considérer contre l'intérêt public
l'octroi de permis à des gens qui ont des garanties d'approvisionnement
de poisson, qui viennent de l'extérieur, complètement en dehors
de la zone de pêche du Canada, même dans l'Ouest du Canada ou dans
l'Ouest, ou complètement en dehors de la pêche du Canada? Est-ce
qu'il va continuer à considérer que ces gens-là ne doi-
vent pas avoir de permis, que c'est contre l'intérêt public, alors
que la seule chose qu'ils demandent, c'est un permis du ministère, ils
n'ont pas besoin de poisson de notre zone? Tout ce qu'ils veulent, c'est faire
travailler du monde.
Le Président: M. le ministre responsable des
Pêcheries.
M. Vallières: M. le Président, je suis heureux de
ce réveil du député de Lévis.
M. le Président, je veux simplement indiquer au
député de Lévis ? et il le sait très bien,
pour avoir occupé les responsabilités de ministre des
Pêches dans un autre gouvernement ? que les mesures
d'approvisionnement extérieur le sont de façon fréquente
en mesures d'appoint aux installations déjà existantes. Et, M. le
Président, je veux indiquer au député de Lévis que
j'ai déjà mis à la disposition des entreprises de
transformation du Québec des garanties de prêts allant
jusqu'à 3 000 000 $ afin de leur permettre d'acquérir de la
ressource extérieure.
Je rappellerai cependant au député de Lévis que ni
la Société des pêches de Newport, ni Norpro, ni le
Gaspé Cured n'ont décidé de se prévaloir de cette
mesure, compte tenu que ça s'avérait non rentable comme mesure en
exportant des ressources qui venaient de l'Alaska ou encore de la morue du
Pacifique. Je veux rappeler également, M. le Président, au
député de Lévis que la politique qui m'inspire, qui est
celle de rentabiliser les entreprises déjà existantes dans les
différents villages gaspésiens, nord-côtois ou encore aux
îles-de-la-Madeleine, est largement inspirée de la propre
politique qui lui servait d'émission de permis à l'époque,
un peu plus en cachette, on doit dire, cependant, sauf que, nous, on fait
ça de façon transparente.
On a mis une politique d'émission de permis qui est maintenant
connue et disponible auprès de tous les intervenants. Et je veux
réitérer, comme je l'ai fait la semaine dernière dans la
MRC de Denis-Riverin, M. le Président, la volonté de mon
ministère de bâtir sur une base stable une économie forte
dans les régions maritimes, et ça ne se fera pas,
malheureusement, avec des approvisionnements en provenance de
l'extérieur du Québec ou du pays. (11 heures)
Le Président: Alors, c'est la fin de la période des
questions.
Votes reportés
Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder aux votes reportés.
J'invite les membres de l'Assemblée à ne pas quitter leur
fauteuil, les cloches sont déjà sonnées. Oui.
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 82
Le Président: Alors, nous procédons à la
mise
aux voix de la motion de Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science proposant l'adoption du principe du projet de
loi 82, Loi modifiant la Loi sur les collèges d'enseignement
général et professionnel et d'autres dispositions
législatives.
Que les députés en faveur de cette motion veuillent bien
se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Bourassa (Saint-Laurent), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Rémillard (Jean-Talon), M. Levesque
(Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), M. Côté
(Charles-bourg), M. Bourbeau (Laporte), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M. Vallières (Richmond),
M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Savoie
(Abitibi-Est), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss
(Pontiac), Mme Frul-la (Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M.
Bélisle (Mille-Îles), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Maskinongé), M. Ciaccia (Mont-Royal), Mme Robil-lard (Chambly), M.
Blackburn (Roberval), Mme Bleau (Groulx), M. Houde (Berthier), M. Maciocia
(Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Kehoe (Chapleau), Mme Trépanier
(Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M. Philibert (Trois-Rivières), M.
Beaudin (Gaspé), M. Chagnon (Saint-Louis), M. Hamel (Sherbrooke), Mme
Pelchat (Vachon), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chau-veau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimous-ki), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nelligan), M. Dauphin (Marquette), M. Farrah
(îles-de-la-Madeleine), M. Lemieux (Vanier), M. Messier
(Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Bradet (Charlevoix), M.
Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauhar-nois-Huntingdon), M. Gautrin
(Verdun), M. Forget (Prévost), M. LeSage (Hull), Mme Hovington (Matane),
M. Joly (Fabre), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme
Boucher Bacon (Bourget), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M. Després
(Limoilou), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Khelfa (Richelieu), M. La-france
(Iberville).
Le Président: Que les députés qui sont
contre cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), M. Perron (Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M.
Blais (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme Harel
(Ho-chelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M.
Godin (Mercier), Mme Juneau (Johnson), Mme Caron (Terrebonne), M. Dufour
(Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), Mme Vermette
(Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M. Boulerice
(Sainte-Marie?Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency),
M. Holden (West-mount), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda?Témiscamingue), Mme Dupuis (Ver-chères), M.
Beaulne (Bertrand), M. Bélanger (Anjou).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Atkinson (No-tre-Dame-de-Gr âce).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 66 contre: 31 abstentions: 0
Le Président: Donc, en conséquence, la motion est
adoptée.
M. le leader du gouvernement.
Une voix: M. le Président...
Le Président: Oui, juste un instant. M. le leader du
gouvernement auparavant, pour la motion de déférence.
Renvoi à la commission de
l'éducation
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Dans
les circonstances, je fais motion pour que ledit projet de loi soit
déféré à la commission de l'éducation pour
étude détaillée.
Le Président: Est-ce que cette motion est adoptée?
Adopté.
Réponses différées
Avantage fiscal pour la famille selon le discours sur
le budget
Maintenant, M. le ministre des Finances m'avise qu'il s'est fait donner
une réponse différée à la question du
député de Labelle dont il a pris avis tantôt. Il y a
consentement pour que nous procédions à la réponse
différée? Consentement.
Vous avez la parole, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, j'ai été
très surpris lorsqu'on a mentionné tout à l'heure qu'on
aurait, dans un certain tableau, trouvé un différentiel dans le
sens que la famille serait affectée négativement. Alors, je suis
allé aux renseignements. Et voici ce qui arrive. Le tableau est faux. Le
tableau est faux parce qu'on n'a pas tenu compte d'une autre disposition du
budget qui prévoit un avantage fiscal pour la famille. Ainsi, dans le
tableau, on retrouvera la somme de 21,22$ pour le couple avec 2 enfants gagnant
30 000 $, tandis que le célibataire a 17,13 $. Or, M. le
Président, on ne tient pas compte d'une somme de 14,58 $ en faveur de la
famille. Donc, des 21,22 $, il faut soustraire 14,58 $.
Des voix: Ah!
M. Levesque: Donc, il ne reste que 6,64 $. Et ça, ces 6,64
$ deviendront 3,32 $ le 1er janvier 1994. Alors, je pense qu'il est bien
important, avant simple-
ment de prendre des tableaux comme ça... Parce que quelqu'un l'a
fait, l'autre commentateur l'a utilisé et, finalement, l'Opposition
l'utilise, et on arrive à des situations comme celle-là, qui sont
réellement inacceptables.
Le Président: Pour une question complémentaire,
comme le prévoit le règlement, M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Je ne sais pas très bien, M. le
Président, j'aurais besoin de directives. La question était
posée sur un autre sujet au ministre des Finances qui dit qu'il va lui
donner une réponse et qui répond à moi. Alors, là,
je ne sais pas très bien comment...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président: Question de règlement, M. le leader
de l'Opposition.
M. Chevrette: Voici ce qui s'est passé, M. le
Président, pour la compréhension des règles du jeu. L'avis
qu'avait pris le ministre des Finances n'était pas sur la question du
chef de l'Opposition et sur les cotisations aux familles par rapport aux
célibataires, elle était en fonction de la taxe sur les
assurances, demandée par le ministre... par le député
futur ministre, le député de Labelle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Donc, M. le Président, ce qui arrive, c'est
que vous m'avisez durant le vote que le ministre des Finances a son
complément de réponse. Mais voilà que le complément
de réponse n'est pas à la question qu'il a prise en
délibéré. Donc, vous comprendrez, M. le Président,
que ce n'est plus un complément de réponse, ça devient un
argument, parce qu'il a été pris pour dire: Je ne sais plus quoi
répondre à cette question-là; il ne faudrait pas que
ça ait l'air trop fou. Ça ne marche pas de même, une
période de questions!
Le Président: Sur la question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement, M.
le Président, de façon à faciliter un sain
déroulement de nos travaux et permettre que toutes les réponses
et toutes les questions puissent être posées. Compte tenu des
dispositions de l'article 80 de notre règlement, nous consentons
à ce que la question qui est permise à l'Opposition provienne
soit du chef de l'Opposition, soit du critique en matière
financière. Ça nous est indifférent.
M. Levesque: M. le Président...
Le Président: M. le ministre des Finances, sur la question
de règlement.
M. Levesque: ...afin de faciliter les choses, je vais
répondre directement à la question du leader de l'Opposition,
à l'effet que le chef de l'Opposition...
M. Chevrette: Question de règlement.
M. Levesque: Non, non. Un instant, là!
Le Président: Sur la question de règlement.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président: C'est sur la question de
règlement.
M. Levesque: Laissez-moi terminer.
Le Président: C'est sur la question de règlement,
là.
M. Levesque: Laissez-moi terminer ma phrase. Je veux
répondre directement au chef de l'Opposition à la question qui
avait été prise en délibéré.
Le Président: Oui. M. Levesque: Correct?
Le Président: Oui. Un instant, s'il vous plaît! M.
le ministre des Finances, un instant.
Des voix: ...
Le Président: Bon. Écoutez! Un instant, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! Écoutez! Le ministre des Finances
m'avisait qu'il pouvait apporter un complément de réponse aux
questions posées ce matin, dont une question du député de
Labelle, donc il avait pris avis de la question. Moi, je croyais que la
réponse portait là-dessus. Effectivement, ça a pu
être plus étendu, ça a été soit...
Une voix: ...
Le Président: Donc, évidemment... Mais la
réponse étant donnée à ce moment-ci, je pense que
je peux permettre une question complémentaire, si on le désire,
du côté de l'Opposition.
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, nous allons revenir
à la charge demain pour permettre au ministre de relire son budget et de
bien situer tout ce qu'il dit.
Une voix: Voilà!
Le Président: Très bien. Alors, ceci clôt
cette réponse complémentaire.
Alors, nous allons maintenant procéder... (11 h 10)
M. Levesque: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: ...est-ce que je dois comprendre qu'après que
le leader de l'Opposition s'est objecté au fait que j'ai répondu
à une autre question plutôt qu'à celle ? comme
complément de réponse ? posée par le
député de Labelle, est-ce qu'il refuse maintenant que...
M. Chevrette: M. le Président...
M. Levesque: ...je puisse exercer cette faculté de
répondre directement à la question prise en...
Le Président: S'il vous plaît! Non, un instant, s'il
vous plaît! Alors, sur la question du ministre des Finances, M. le leader
de l'Opposition.
M. Chevrette: Je ne comprends même pas, M. le
Président. C'est rendu qu'au niveau de notre règlement... Le
ministre des Finances est rendu qu'il me questionne. Je m'excuse, M. le
Président, déclenchez des élections, je vais traverser de
l'autre bord et je vais vous répondre.
Le Président: Alors, une réponse
complémentaire a été donnée. Vous pouvez revenir
demain, si vous voulez, en avisant, en complément de réponse, si
vous voulez, à la question dont vous aviez pris avis ou, sinon, y
revenir, comme on l'a dit tantôt, sur une autre question, demain,
à la période de questions.
Alors, maintenant, pour les motions sans préavis, en
requérant, s'il vous plaît, la collaboration des collègues.
Alors, les motions sans préavis... Non?
M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée pour que nous procédions
immédiatement aux avis touchant les travaux des commissions et que nous
revenions ensuite sur...
Le Président: Oui. Alors, est-ce qu'il y a consentement.
..
Une voix: Oui.
Le Président: ...pour que nous procédions
immédiatement aux avis touchant les travaux des commissions? Il y a
consentement.
Donc, procédez, M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
J'avise donc cette Assemblée qu'aujourd'hui, de 11 h 30 à
13 heures, de 15 heures à 16 h 30 et de 20 heures à 23 heures,
à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission du budget et de
l'administration complétera le débat sur le discours du budget,
conformément à l'article 275 du règlement.
Après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, de 15
heures à 18 heures et de 20 heures à 24 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission de l'éducation
procédera à l'étude détaillée du projet de
loi 82, Loi modifiant la Loi sur les collèges d'enseignement
général et professionnel et d'autres dispositions
législatives.
Je tiens, par ailleurs, à informer cette Assemblée
qu'aujourd'hui, de 11 h 30 à 12 h 30 et de 15 heures à 17 heures,
à la salle du Conseil législatif, la commission de la culture
complétera ses auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi 86, Loi modifiant la Charte de la
langue française. Et je dépose les avis.
Le Président: Merci, M. le leader du gouvernement.
Motions sans préavis
Nous allons maintenant procéder aux motions sans préavis,
et je reconnais à nouveau M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
fais la motion que la...
Le Président: Oui. Effectivement, j'ai demandé
tantôt la collaboration des collègues. C'est complètement
inapproprié de partir des discussions en plein milieu de
l'Assemblée pendant que le collègue a la parole. Nous avons des
salons à votre disposition en arrière. Je vous prierais de vous
conformer au règlement et d'utiliser les facilités mises à
votre disposition. MM. les députés, Mmes les
députées! MM. les députés, s'il vous plaît!
MM. les députés, en arrière.
Alors, M. le leader du gouvernement, pour une motion sans
préavis.
Motion proposant que la commission des institutions
procède à des consultations particulières dans le cadre de
l'étude détaillée du projet de loi 84
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
fais motion pour que: la commission des institutions procède à
des consultations particulières et tienne des auditions publiques dans
le cadre de l'étude détaillée du projet de loi 84, Loi sur
la Régie des alcools, des courses et des jeux et modifiant diverses
dispositions législatives, le jeudi 3 juin 1993, à la salle du
Conseil législatif, et, à cette fin, entende: après les
affaires courantes, pour une durée maximale respective d'une heure, la
Sûreté du Québec et Loto-Québec; à compter de
15 heures, pour une durée maximale respective d'une heure, la
Corporation des loisirs automatiques
du Québec et l'Association de l'amusement du Québec; la
durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 20
minutes, l'échange avec les membres de la commission soit d'une
durée maximale de 40 minutes partagées également entre les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement et les
députés formant l'Opposition, en respectant le principe de
l'alternance, et le ministre de la Sécurité publique soit membre
de ladite commission pour la durée dudit mandat.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour la
présentation de cette motion? Consentement.
Mise aux voix
Est-ce que cette motion est adoptée? Des voix:
Adopté.
Le Président: Motion adoptée. Toujours au niveau
des motions sans préavis, M. le député de Nelligan.
Souligner l'apport des personnes
handicapées
à la société
québécoise à l'occasion de
la Semaine nationale pour l'intégration
des
personnes handicapées et favoriser leur
intégration
M. Williams: Oui, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante: «Qu'à l'occasion de la Semaine nationale pour
l'intégration des personnes handicapées, l'Assemblée
souligne la volonté et la capacité de ces personnes de participer
à tous les aspects de la vie québécoise et qu'elle
reconnaît, de plus, le rôle déterminant de l'ensemble des
composantes de la société dans l'élimination des obstacles
à cette participation.»
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on puisse débattre de cette motion?
Allez-y, M. le député de Nelligan.
M. Russell Williams
M. Williams: Merci, M. le Président.
Dans le cadre de la Semaine nationale pour l'intégration des
personnes handicapées et comme adjoint parlementaire du ministre de la
Santé et des Services sociaux, il me fait plaisir de m'associer aux
organismes de promotion pour souligner cet événement qui a comme
thème, cette année, «Améliorons l'accès pour
tous au Québec».
L'intégration sociale des personnes handicapées est un
impératif humain et social qui engage le gouvernement
québécois et ses divers organismes. Comme législateur, le
gouvernement doit assurer les droits des personnes handicapées tout en
permettant la disponibilité des mécanismes adaptés pour la
reconnaissance et la défense de ces droits. Il doit, de plus, veiller
à ce que les services généraux offerts à l'ensemble
de la population leur soient accessibles et adaptés et tout en rendant
disponible une gamme de services spécifiques à l'adaptation, de
réadaptation et de support à l'intégration sociale.
Tous les autres décideurs et acteurs de notre
société ont aussi une large part de responsabilité, mais,
ultimement, l'intégration sociale est surtout l'oeuvre de la personne
handicapée, de ses proches et de son milieu.
En parlant d'accès pour tous, le thème de cette Semaine
nous place devant une réalité des années quatre-vingt-dix,
celle du nombre croissant de personnes ayant des incapacités dans nos
sociétés occidentales.
Nous évaluons qu'il y a présentement plus de 810 000
personnes vivant avec des incapacités au Québec ? 810 000
personnes. C'est plus de 11 % de la population du Québec. C'est plus
d'une personne sur 10. Et ce nombre croît avec le vieillissement graduel
de notre population. Dans 20 ans, il y aura plus de 1 000 000 de personnes
ayant des incapacités, ce qui représente une augmentation moyenne
de 10 % par année, M. le Président.
Les incapacités de tout ordre restreindront donc près de 1
000 000 des personnes dans l'accomplissement d'activités de la vie
quotidienne et affecteront leurs relations sociales, leurs activités
professionnelles ainsi que la gestion de leur vie personnelle.
À la limite, les incapacités de ces personnes peuvent
conduire à leur exclusion sociale, ce qui représente un
coût énorme pour elles et pour notre société toute
entière.
La politique de la santé et du bien-être identifie
d'ailleurs comme un de ses objectifs la diminution, d'ici l'an 2002, des
situations qui entraînent un handicap pour les personnes ayant des
incapacités, quelles que soient l'origine et la nature de ces
incapacités.
Il y a quelques jours, le ministre de la Santé et des Services
sociaux prononçait un discours devant le Forum pour l'intégration
des personnes handicapées, événement clôturant la
décennie des personnes handicapées promulgée par
l'Organisation des Nations unies.
La présence en un même lieu d'autant de personnes
disposées à établir le bilan de l'intégration au
Québec et à se donner, de façon concertée, les
perspectives pour l'avenir constitue une démonstration éloquente
des importants progrès réalisés en quelques années.
Nous avons eu des progrès, mais il y a beaucoup de choses à faire
encore.
Le message qui a été répété encore
une fois est fort clair: elles veulent être considérées
comme des citoyens à part entière. Dans le processus personnel et
collectif qui mène à leur intégration sociale, elles ne
veulent pas être uniquement protégées. Elles veulent
plutôt qu'on leur permette l'exercice plein et entier des droits reconnus
à l'ensemble de la population.
L'intégration sociale, soit la possibilité pour une
personne vivant dans une société de jouer pleinement ses
rôles sociaux, ne peut se réaliser sans l'élimination ou la
réduction des obstacles sociaux et environnementaux de toutes
sortes.
L'amélioration de l'accès, au sens large, est une
condition essentielle à l'intégration sociale des personnes
handicapées. À chaque obstacle qui tombe, à chaque
nouvelle adaptation des attitudes, des édifices, des organisations, des
législations, correspond, chez les personnes handicapées et chez
ceux et celles qui, souvent, soutiennent leur intégration, un immense
soulagement et un regain d'énergie et d'espoir.
La Semaine nationale pour l'intégration des personnes
handicapées est une occasion privilégiée pour rappeler aux
membres de cette Assemblée, ainsi qu'à tous nos concitoyens, que
l'intégration de ces personnes est un objectif qui nous concerne tous:
chaque député de cette Assemblée dans chaque comté.
C'est un dossier important pour chacun de nous. (11 h 20)
C'est pourquoi je convie l'ensemble des intervenants dans tous les
secteurs d'activité à évaluer le niveau
d'accessibilité des services qu'ils dispensent. Je les invite aussi
à mobiliser toute l'expertise et le dynamisme de leurs organisations
pour permettre aux personnes handicapées d'avoir véritablement
accès à tous les volets de la vie québécoise.
Au cours de la semaine qui s'amorce, les citoyens du Québec
seront interpellés. On leur rappellera que, si l'accès pour tous
est un objectif d'envergure, dont la réalisation implique un effort de
la société, il leur est cependant possible d'agir à titre
personnel et professionnel.
Il y a de grands obstacles, certes, mais aussi, il y a les petites
barrières qu'un individu peut contribuer à lever, par exemple, en
partageant sa table avec une personne dont les mouvements sont mal
coordonnés, en mettant le temps qu'il faut pour permettre à une
personne plus lente au plan intellectuel de comprendre une consigne, en
conversant avec une personne qui a des problèmes de communication.
Peut-être que ça va prendre des nuances dans nos règlements
qui n'ont pas tenu compte des personnes handicapées quand ils ont
été écrits. Et on peut continuer cette longue liste de
petites choses qu'on peut faire tous ensemble pour améliorer
l'accès.
Pour les personnes ayant des incapacités, il reste encore
beaucoup d'obstacles à franchir et de route à parcourir. Je
souhaite que nous nous sentions tous et toutes concernés par
l'état de cette route empruntée par la plupart d'entre nous
à un moment ou à un autre de notre existence. Il m'apparaît
important de se rappeler que c'est la vie de personnes à part
entière dont il s'agit et que l'accès pour tous repose sur une
réelle et profonde acceptation de notre société, une
acceptation de leur intégration sociale.
M. le Président, une société va toujours juger
comment on traite les plus vulnérables. On doit être ouverts et on
doit répondre à leurs problèmes. J'ai eu la chance, la
semaine passée, de rencontrer la nouvelle présidente de l'Office
des personnes handicapées, Mme Lise Thibault. J'espère qu'avec
son excellent leadership on pourra continuer à faire avancer le dossier
d'accessibilité pour les personnes handicapées. Je suis au
courant qu'ils vont avoir une rencontre mensuelle de l'OPHQ cette semaine.
J'espère que l'attention qu'on met sur les personnes handicapées
par cette Semaine nationale peut encourager l'OPHQ à continuer son
excellent travail. Parce que l'accès pour tous, ce n'est pas juste une
semaine, ce n'est pas juste un jour à l'Assemblée nationale,
c'est jour par jour, c'est 365... Excusez-moi. C'est semaine par semaine et
mois par mois. On ne peut pas lâcher sur cette question.
But, Mr. President, I would like to also take it on a more personal
note. In my riding in Nelligan, I have a chance to work with a number of
excellent citizens and, in particular, I have had the privilege to get to know
one who lives in île Bizard and has worked very much for the community.
He is a father, he is a husband, he is an employee, he is also a person that
has a special handicap, but he has been able to work as a community activist in
his own community. He has been able to be an activist for the issues of
handicapped people in his business and throughout the community. Mr. Rick
Lemire has been a great leader, I think, in this issue and we have been lucky
enough to have him nominated as a board member to the OPHQ.
I am very much touched by those people who have worked towards on their
own goals and their own accessibility, but also for the betterment of society.
They have worked towards improving access, one of the things that has touched
me... Access, well, access for all «personnes handicapées»,
all handicapped people. One of the things that has touched me is his courage
and his leadership, and, if we could all have his wonderful positive
perspective on life, I think we would all be better off and we would, day by
day, knock down the barriers that I have been addressing today. It is that type
of person that will build a stronger society.
I would also like to mention Paulette, his wife, because the barriers to
handicapped people are not just to them, it is through the whole family and it
is a couple together that will build and support each other so that we can
begin to break down these barriers. And as I said, these barriers could be in
law, they could be in attitudes, but they could be simple measures of changing
small regulations. They could be simple measures that respond to the day-to-day
issues that face handicapped people.
Je voudrais aussi mentionner que, dans le comté de Nelligan, la
ville de Pierrefonds qui a décidé de prendre un rôle de
leadership comme une des municipalités qui vont travailler avec les
personnes handicapées. Ils ont organisé l'année
passée un colloque sur l'accessibilité pour les personnes
handicapées aux loisirs, au secteur des loisirs. Ça prend le
leadership des municipalités et de tous les intervenants, si on veut
continuer à améliorer l'accès. Mais, l'accès, ce
n'est pas juste pour la vie quotidienne, c'est l'accès à notre
système de santé et des services sociaux, c'est l'accès
aux médicaments qui sont dispendieux, qui sont utiles pour eux, c'est
l'accès aux services sociaux qui appuient les familles et les personnes
handicapées. Je ne veux pas oublier, pendant cette Semaine, de dire que
c'est notre système
de santé et de services sociaux qui donne beaucoup d'aide et qui
encourage une meilleure qualité de vie pour nos personnes
handicapées.
Our health care system is something that is crucial to handicapped
people. We have to make sure that their daily lives have better access to all
parts of Québec. But we also must not forget that they do have special
health and social services needs and we should make sure that within the
budgets of the future of governments, we make sure that those budgets are
protected, that we have the resources, that we can continue to work with
handicapped people in a way that we can be proud of. Because, M. le
Président, our society will be judged by the way it treats its most
vulnerable; it will be judged by its openness and its spirit when it deals with
special types of people having special interest.
M. le Président, je voudrais vous remercier pour la chance que
j'ai de souligner la Semaine nationale pour l'intégration des personnes
handicapées. Merci pour le temps que vous m'avez donné et
j'espère que tous les Québécois vont prendre note de cette
importante semaine pour continuer à encourager un meilleur accès
pour les personnes handicapées.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Nelligan.
Alors, sur la même motion, je cède la parole à M. le
député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président.
C'est avec beaucoup de plaisir que je viens appuyer, au nom de notre
formation, la motion du député de Nelligan et vous dire, M. le
Président, que nous sommes d'accord, dans l'Opposition, avec la
dernière phrase du discours du député de Nelligan,
à savoir qu'une société se fera juger par la
qualité des services qu'elle offre à ses personnes
handicapées.
C'est lundi dernier, il y a 2 jours, que s'ouvrait cette Semaine ?
j'ai eu le plaisir d'y participer à Montréal ? nationale
pour l'intégration des personnes handicapées. Et je pense que
c'est utile de s'arrêter quelques minutes pour faire le bilan de ce que
nous avons fait au Québec depuis quelques années et de ce qui
reste à faire.
C'est le quinzième anniversaire, en même temps, cette
année, 1993-1978, de la Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées, une loi qui a été adoptée par le
gouvernement Lévesque, avec le vote très positif du Parti
libéral à l'époque et de l'Union nationale; donc, un vote
unanime. Et, depuis 1978, avec la création, entre autres, de l'Office
des personnes handicapées du Québec, on a vu un progrès
certain, un progrès remarquable dans plusieurs secteurs, mais on voit
aussi des lenteurs dans d'autres secteurs.
Avant d'aller dans les détails, M. le Président, je veux
aussi rendre hommage, au départ, à la confédération
des groupes de personnes handicapées, la
COPHAN, et à son président, M. André Leclerc, ainsi
qu'aux regroupements régionaux, parce que ces organismes, autant la
COPHAN que les regroupements régionaux, continuent le combat. C'est un
combat quotidien que doivent mener les personnes handicapées pour
s'assurer que leurs droits vont être respectés.
Je veux aussi rendre hommage à l'Office des personnes
handicapées, à sa nouvelle présidente, Mme Thibault, et
à tout son personnel. Que ce soit à Drum-mondville, au
siège social, ou dans chacune des régions du Québec, le
personnel de l'Office des personnes handicapées se rend disponible aux
nombreuses associations de personnes handicapées que nous avons au
Québec, plus de 500 associations de personnes handicapées qui, au
plan local, régional ou national, militent sans cesse pour qu'on
améliore les services aux personnes handicapées. (11 h 30)
Je me permets de citer une phrase que prononçait M. André
Leclerc, le président de la COPHAN, lundi, à l'ouverture de cette
Semaine, au lancement de la Semaine, à Montréal, et je cite:
Comment les personnes handicapées, qu'elles aient des déficiences
ou des limitations fonctionnelles visibles ou non visibles, peuvent-elles
obtenir des emplois intéressants et bien rémunérés,
si elles n'ont pas eu accès à une formation adéquate? Moi,
M. le Président, je pense que nous devons mettre le doigt sur 2
problèmes fondamentaux, quand on parle de certains retards, de secteurs
qui n'ont pas vu les progrès qu'on a vus dans d'autres domaines
d'activité, à savoir, le numéro 1, le secteur du travail,
l'intégration au travail de la personne handicapée ? et M.
Leclerc y fait allusion ? et, en corollaire à ça, en
supplément à ça, si vous voulez, et logiquement,
l'intégration de la jeune personne handicapée dans le
réseau scolaire, ce qu'on appelle l'intégration aux classes
régulières, notamment, aux écoles
régulières.
Bien sûr, il y aura toujours un pourcentage de jeunes personnes
handicapées qui ne peuvent pas être intégrées
à des classes régulières ou même à des
écoles régulières. Mais on sait, parce que l'exemple nous
vient d'ailleurs, que certains États américains, plusieurs pays
européens, notamment les pays du Nord, les pays Scandinaves, la
Hollande, ont réussi à intégrer la très grande
majorité de leurs enfants handicapés, qu'ils soient
handicapés physiquement ou mentalement, intellectuellement, dans des
classes régulières, et les résultats sont remarquables.
Donc, M. le Président, M. Leclerc note avec beaucoup d'à-propos
que nous avons à concentrer nos efforts sur l'intégration de la
personne handicapée dans le monde du travail et il est heureux que le
président de la FTQ, M. Fernand Daoust, ait pris le temps de participer
à cette cérémonie, ainsi qu'un représentant du
Conseil du patronat du Québec.
Je pense que, si on est pour avoir des résultats, une
augmentation du nombre de personnes handicapées dans le monde du
travail, il va falloir que le monde patronal et le monde syndical collaborent
de façon très étroite, mais il va falloir aussi que le
gouvernement donne l'exemple et, malheureusement... Et là,
j'espère
qu'on ne m'accusera pas de vouloir faire de la petite politique, comme
le ministre le dit souvent dans ses répliques, mais je pense qu'il faut,
en toute honnêteté, faire état des secteurs où il y
a eu des améliorations considérables. Le transport, en
particulier, 40 000 personnes handicapées qui sont maintenant
transportées tous les jours dans la plupart des régions du
Québec. Progrès considérable! mais, dans le monde du
travail, le gouvernement ne donne pas l'exemple. le gouvernement s'était
fixé, il y a une dizaine d'années, l'objectif d'avoir dans chaque
ministère, chaque organisme d'état, au moins 2 % des postes qui
soient occupés par des personnse handicapées. ce n'est pas
beaucoup, 2 %. mais, malheureusement, après 10 ans, on n'est même
pas à 1 %, à peine 1 %. alors, il va falloir que le gouvernement
assume son rôle de leadership ? je le dis en toute
objectivité ? quel que soit le gouvernement qui est au pouvoir.
Je vous donne un autre exemple d'oublis ou d'erreurs qui sont commises
et qui donnent une mauvaise image et un mauvais exemple de la part du
gouvernement. Le Musée d'art contemporain, qui a coûté tout
près de 40 000 000 $, M. le Président, qui vient d'être
inauguré il n'y a pas longtemps, n'est pas accessible aux personnes
handicapées en fauteuil roulant. J'en ai parlé à la
ministre responsable de la Culture, elle doit vérifier. Je l'ai
vérifié moi-même et, pour un peu atténuer cette
erreur monumentale, on nous répond, au Musée d'art contemporain:
Oui, mais vous pouvez entrer par la Place des Arts. C'est très
compliqué. Il n'y a même pas, à l'entrée principale
du Musée d'art contemporain, d'affiche avec emblème pour dire aux
personnes handicapées où elles peuvent entrer.
Je voudrais aussi souligner un autre exemple où le gouvernement
doit servir de modèle et où il semble manquer l'occasion: la
modernisation du train de banlieue Montréal?Deux-Montagnes. Elle a
été annoncée la semaine dernière, par le ministre
des Transports, au coût de 103 000 000 $. Les personnes
handicapées, depuis 2 ans ? et celui qui vous parle aussi ?
réclament du ministre des Transports qu'il ajoute une somme de 2 500 000
$ pour moderniser et rendre accessibles les 13 gares qui mènent de
Rigaud à la gare centrale de Montréal, de manière à
ce que les personnes handicapées puissent être admises dans ce
train moderne de banlieue qui sera inauguré en 1995. Alors, le ministre
des Transports nous répond: On ne peut pas faire ça, on paie
déjà du transport adapté. Ou encore il dit: Oui, mais, si
on fait ça, il va falloir faire le métro et ça va
coûter 55 000 000 $.
Mais les personnes handicapées ne demandent pas au ministre, au
gouvernement de rendre accessibles toutes les stations de métro du jour
au lendemain. Ce n'est pas ça qui est la demande. La demande, c'est tout
simplement que les nouveaux wagons modernisés, ainsi que les gares en
cours de route, de Rigaud à Montréal, soient accessibles. C'est
tout ce que les personnes handicapées demandent. Et j'ose espérer
que le ministre responsable de l'Office, qui prendra peut-être la parole
tout à l'heure, pourra nous annoncer la bonne nouvelle, parce que, la
semaine dernière, le ministre des Transports nous a dit: Nous allons
quand même regarder ça encore.
Les progrès, M. le Président, ils sont notamment dans la
mentalité de notre société québécoise. Je
pense que notre société est devenue beaucoup plus accueillante
vis-à-vis la personne handicapée. Il y a eu évolution, il
y a eu progrès notable de ce côté-là, et je pense
que, si on fait exception de quelques erreurs de parcours comme le Musée
d'art contemporain, en général les nouveaux édifices sont
accessibles, les espaces réservés dans les stationnements, c'est
bien respecté, de façon générale.
Je voudrais revenir sur certaines situations, et il y en aura toujours
de ces situations-là, mais il faut les souligner pour presser le
gouvernement d'accélérer son action dans ces secteurs-là.
Donc, l'intégration au marché du travail, par le biais des plans
d'embauché, par le biais des centres de travail adapté, par le
biais des contrats d'intégration au travail; l'intégration au
monde scolaire, par une position plus claire de la part du gouvernement, de la
ministre de l'Éducation et du ministre responsable des personnes
handicapées, à l'égard des commissions scolaires qui, trop
souvent encore aujourd'hui, refusent d'admettre des enfants handicapés
dans les classes régulières, alors que ces enfants-là
pourraient très bien profiter de ces classes régulières,
et forcent ainsi les parents à aller en cour, avec tous les frais
considérables que ça comporte. Et la liste d'attente, il y a une
liste d'attente de quelques milliers; c'était 5000 il y a environ 3
semaines, 4 semaines, 5000 personnes handicapées qui attendent
différents types de services. Le ministre nous a dit, il y a quelques
semaines: Je compte obtenir 2 000 000 $, 3 000 000 $, 4 000 000 $ qui
pourraient mettre fin à cette liste d'attente. J'espère que,
là aussi, il pourra nous annoncer de bonnes nouvelles tout à
l'heure.
Finalement, M. le Président, cette loi 9, la Loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées, qui demeure une bonne
loi, il y aurait quand même lieu de la réexaminer après 15
ans. Mais il y aurait lieu aussi de mettre en vigueur un seul article qui ne
l'est toujours pas, l'article 69. C'est l'article qui concerne les
bâtiments construits avant 1976. Cet article dit ceci en
résumé: Pour les anciens bâtiments ? puisque,
après 1976, le Code du bâtiment prévoit que toutes les
nouvelles constructions doivent être accessibles ? pour les
constructions avant 1976, le gouvernement demandera aux propriétaires un
plan pouvant s'échelonner sur 5 ans, un plan par lequel le
propriétaire rendra accessibles ses immeubles qui sont anciens. Personne
ne s'attend à ce que les propriétaires fassent des
dépenses importantes du jour au lendemain. Mais nous demandons, les
personnes handicapées demandent, l'Opposition demande depuis 6, 7 ans,
depuis 1985, au gouvernement, par décret ? tout ce que ça
prend, c'est un décret ? de mettre en vigueur cet article 69, de
manière à ce que, au moins, il y ait un début vers
l'aménagement des bâtiments anciens pour que ce soit accessible
aux personnes handicapées.
Alors, M. le Président, nous concourons avec beaucoup de plaisir
à l'adoption de cette motion. Nous sommes conscients que c'est
difficile, en période de récession, de trouver les sommes
nécessaires. Mais je pense que, si une société est
sérieuse quand elle dit: Que son handicap vienne de la naissance ou d'un
accident, nous voulons que la personne handicapée ait les mêmes
droits dans notre société que les personnes qui ne sont pas
handicapées, il y a prix à payer pour ce droit et pour cette
philosophie d'ouverture vis-à-vis de la personne handicapée. M.
le Président, félicitations, surtout aux groupements de personnes
handicapées qui continuent le combat. Nous espérons que les
conditions iront en s'améliorant. Merci. (11 h 40)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de La Prairie. Sur la même motion, je cède la
parole à M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Très brièvement, pour appuyer la motion
déposée par mon adjoint parlementaire et supportée par
l'Opposition, de manière très brève, M. le
Président, on n'a pas à redire tout ce qui a été
dit. Je pense que le fait que l'Assemblée nationale prenne le temps,
dans une motion comme celle-ci, de souligner la Semaine pour
l'intégration des personnes handicapées est déjà un
fait en soi et qu'il convient de le faire de bonne manière, à
partir de grands principes. C'est ce qui a été fait par mon
collègue et par le député de La Prairie qui vient tout
juste de s'exprimer.
Loin de moi l'idée, M. le Président, de répliquer
de la manière dont l'avait envisagé le député de La
Prairie. Tout simplement dire que les débats, depuis 1 an ou 2, sont des
débats beaucoup plus constructifs, beaucoup plus sereins. Ils se font
à l'intérieur de forums et de cadres que se sont donnés
elles-mêmes les personnes handicapées. Nous venons à peine
de terminer, au début du mois de mai, un forum qui a fait largement
écho sur la place publique de certaines problématiques sur le
fond et qui interpellait l'ensemble de la communauté, pas uniquement les
gouvernements. Ce n'est pas uniquement une affaire de gouvernement ou de
décision gouvernementale. C'est une affaire qui s'adresse à la
société dans son ensemble et qui nécessite, finalement,
non pas uniquement une prise de conscience, mais une action ou des actions qui
concernent l'ensemble des intervenants, que ce soit des pouvoirs publics ou que
ce soit les individus. Dans ce sens-là, nous allons bientôt
pouvoir prendre connaissance des actes du forum qui vont guider notre action au
cours des 10 prochaines années ? c'était l'objectif ?
et qui ont eux-mêmes été précédés par
une recherche principalement menée par l'OPHQ, par la COPHAN et par
différents organismes, regroupements d'organismes qui ont pour buts de
défendre les droits des personnes handicapées et de faire la
promotion de ces réalités.
Au-delà de tout cela, M. le Président, il y a, bien
sûr, des choses qui sont en attente, parce que tout n'est pas
réglé. Si tout était réglé, on ne
s'élèverait pas comme on le fait aujourd'hui. Il y a plusieurs
problèmes de réglés auxquels le gouvernement a dit oui,
selon sa capacité. Il reste un certain nombre de choses. Il en restera
même lorsqu'on aura réglé celles-là. D'autres
apparaîtront, d'autres besoins, comme c'est normal dans une
société qui évolue à un rythme fulgurant comme la
nôtre. Dans ce sens-là, au-delà de tous les
problèmes particuliers qui ont pu être soulevés, ce qu'il
nous reste à souhaiter, c'est que cette Semaine puisse permettre de
sensibiliser encore davantage de personnes aux causes défendues par les
personnes handicapées et qui ne doivent pas être des causes
défendues par des personnes handicapées pour des personnes
handicapées, mais davantage défendues par la collectivité
québécoise qui inclut des gens dits normaux par rapport à
des personnes qui ont un handicap, qu'il soit physique ou d'un autre ordre.
Dans ce sens-là, ce que je souhaite, M. le Président,
c'est que tout le Québec s'associe, que ce soit le monde culturel, le
monde du travail, le monde des transports, que tout le monde s'associe à
cette Semaine. Et si, à la fin de la semaine, on avait réussi
à convaincre notre société qu'il faut être encore
plus ouvert quant à l'intégration des personnes
handicapées, on aura bien fait de faire cette Semaine et de faire la
motion qui est devant nous aujourd'hui. Je veux féliciter mon
collègue pour l'avoir initiée, cette motion et remercier
l'ensemble de l'Assemblée nationale qui l'adoptera à
l'unanimité. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
la Santé. Sur la même motion, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Gordon Atkinson
M. Atkinson: M. le Président, je parle avec empressement
sur la motion présentée par le député de Nelligan.
La motion dit: «...pour l'intégration des personnes
handicapées [...] et la capacité de ces personnes de participer
à tous les aspects de la vie». Quelles pensées nobles! Mais
sont-ils des mots avec très peu ou sans importance? M. le
Président, je crois que tel est le cas, car nous ne faisons pas
d'efforts tangibles afin de faciliter la vie aux handicapés.
Yes, we allocate certain places on our city streets and in our shopping
malls for the handicapped driver of an automobile, but all too often they are
inaccessible to the handicapped because all the spaces are taken up by those
agile enough to mount high snowbanks and dodge the increasing illegal traffic
on our sidewalks by cyclists. Is that what we mean by saying we wish the
handicapped to participate in the full life, and eliminate the obstacles in
order that they might more fully participate?
Dans la ville la plus cosmopolite du monde, Montréal, nous avons
un métro qui amène des centaines
de milliers de Montréalais à leur travail et à
leurs activités chaque jour, mais ce système, cette merveille de
la fin des années soixante, n'est pas accessible aux handicapés.
Il est impossible de descendre un fauteuil roulant au niveau de la plate-forme.
Est-ce la sensibilité et la compréhension envers les
handicapés que nous soulignons aujourd'hui? Si tel est le cas, nous
avons un sens de l'humour pervers.
When we speak of the handicapped, we picture in our minds a person
confined to a wheelchair. But that is only a narrow interpretation of the sense
of being handicapped. What about the senior citizens with failing eyesight or a
walking infirmity? Are they not part of a larger picture of what it means to be
handicapped? Today's seniors are the working men and women of the 1960's whose
tax dollars funded our bus and metro systems. Today, many of them cannot use
these facilities because of varying degrees of infirmity.
Si nous voulons parler de participation, ne devons-nous pas parler de
briser les barrières physiques qui empêchent la pleine
participation des handicapés à l'héritage et à la
culture de notre société? Pensez-y une minute, M. le
Président! Vous êtes confiné à un fauteuil roulant,
ou vous êtes un aîné handicapé physique, ou
même une jeune mère avec un enfant en poussette. De votre demeure,
de quelle façon vous rendez-vous à la Place des Arts, ou au Stade
olympique, ou au Forum pour voir le Canadien se battre contre les Kings de Los
Angeles pour la coupe Stanley? M. le Président, il est impossible
d'embarquer dans un autobus ou le métro si vous êtes physiquement
handicapé.
I fully support the motion, but I also see our support for the
handicapped to live a more full and rewarding life to be a myth, that is
covered up more by rhetoric than action.
Si nous croyons véritablement que tous les handicapés
devraient vivre conformément à l'esprit de cette motion, nous
devons agir, car les actes sont beaucoup plus éloquents que les paroles.
Merci, M. le Président. (11 h 50)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. M. le député
de La-violette, sur la même motion.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je veux profiter de
cette occasion qui m'est offerte pour, d'abord, appuyer la motion. Je pense que
c'est le but recherché, en cette semaine pour les personnes
handicapées, de regarder le passé, mais aussi de prévoir
un peu, si c'est possible, l'avenir.
Mais, comme je proviens d'une région où se trouve leur
siège social, à Drummondville, je veux parler de la partie plus
nord-est de mon comté, c'est-à-dire celle qui se situe de l'autre
côté du Saint-Laurent vers les Trois-Rivières, en vous
disant que, dans notre région, il y a eu des événements
qui ont fait que, pour des raisons que je ne sais pas, mais, des fois, on a des
appréhensions, des doutes qui nous importunent, d'au- tant plus que,
dans ma propre région, la liste d'attente pour les personnes
handicapées est celle qui est la plus en retard, celle qui est la plus
nombreuse...
J'espère que ce n'est pas parce que l'Office des personnes
handicapées a son siège social dans ma région que c'est
comme ça. Mais des personnes handicapées dans ma région,
M. le Président, ont de la difficulté parce qu'elles manquent,
dans certains cas, de ressources et, dans d'autres cas, d'argent pour
répondre à toutes les demandes, soit d'adaptation de domicile,
soit pour les besoins de maintien à domicile des personnes, soit pour
l'adaptation de véhicules, soit pour les appareils dont ont besoin les
personnes. Mais je vous dirai, au bout de la course ? avec la
décision maintenant de transfert vers la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, vers la Société
d'habitation du Québec de ce qui est peut-être plus le rôle
de l'Office des personnes handicapées de s'occuper de l'ensemble de tout
ça, mais en laissant aux ministères et aux organismes sectoriels
le soin de répondre aux demandes des gens ? il reste un fait, c'est
que la liste d'attente dans la région 04 est beaucoup plus grosse
qu'ailleurs et mérite que le ministre s'y attarde.
D'ailleurs, le député de Nicolet-Yamaska, qui est
présent à cette Assemblée et qui nous écoute, le
député de Trois-Rivières, aussi, qui vient nous
écouter, savent très bien qu'il y a eu, dans notre région,
de nombreuses demandes qui ont été faites parce que ça ne
touche pas simplement les personnes handicapées, ça touche aussi
les services sociaux, les services de santé. Je ne sais pas pour quelle
raison, mais notre région, qui est entre les grands centres de
Montréal, de Québec, de Sherbrooke et les centres
extérieurs qui sont la Côte-Nord, PAbitibi-Témiscamingue ou
ailleurs, on se retrouve un peu dans une forme de sandwich où notre
région se sent un peu défavorisée.
Donc, la raison pour laquelle j'interviens aujourd'hui, c'est qu'on
devrait porter une attention particulière à cette zone tampon qui
est la zone de Trois-Rivières, la zone de la région de la
Mauricie. Donc, ça couvre de La Tuque en descendant vers
Trois-Rivières, en allant vers Louiseville et en allant vers
Sainte-Anne-de-la-Pérade.
Je vous dirai en même temps, M. le Président, que d'autres
sujets ont été davantage plus précis chez nous, et
là ça touche la partie Nicolet, en particulier, dans le secteur
où il y a eu des difficultés d'intégration des enfants
à l'école. On a même vu des parents obligés, par les
difficultés que ça comportait, de prendre la voie judiciaire pour
faire valoir le point de vue de leurs enfants, faire valoir le point de vue de
l'enfant qui doit s'intégrer à l'école, de l'enfant qui
doit être dans une classe régulière. Que ce soit pour
différentes raisons ? un handicap physique, un handicap mental ou
un handicap intellectuel ? il y a chez nous, dans certaines circonstances,
de plus grandes difficultés. On a vu les gens faire valoir leur point de
vue à la radio lors des lignes ouvertes, dans les journaux.
Et je profite de cette occasion qui nous est donnée pour indiquer
que notre région a peut-être un besoin
plus urgent qu'ailleurs d'être plus attentionnée de la part
à la fois de l'Office des personnes handicapées et des
ministères ou des organismes sectoriels pour que la liste d'attente
diminue, pour que les difficultés d'intégration des enfants dans
les classes normales soient organisées de façon à
permettre cette intégration.
Je me souviendrai toujours qu'à l'époque, M. le
Président, pour des raisons autres, au niveau d'une commission scolaire
? et je la nomme parce que ça a été un peu la
risée dans le temps ? la commission scolaire de Shawinigan, il y
avait eu, pour les besoins des normes d'engagement d'enseignants, des enfants
qui avaient été mis dans un environnement où, finalement,
on avait, dans notre région, plus de gens qui étaient
handicapés au point de vue intellectuel, ce qui était anormal. On
a corrigé la situation en donnant des services plus personnalisés
aux étudiants, mais, d'un autre côté, en faisant en sorte
qu'on avait l'impression que notre région était plus
défavorisée que les autres. Mais là, c'est l'occasion,
aujourd'hui, de dire qu'elle est, au point de vue des budgets, au point de vue
des attentions, un peu défavorisée, et j'insiste auprès du
ministre parce que j'ai eu l'occasion de lui en faire mention.
Je vous donne un exemple bien typique d'un cas qui s'est produit chez
nous, où on fait une demande, une personne âgée, pour des
appareils auditifs. Puis, la personne reçoit un appareil auditif pour 1
oreille alors qu'il avait été déterminé que
c'étaient les 2 oreilles qui étaient en difficulté et
qu'elle avait besoin de 2 appareils. Qu'est-ce qu'on lui a répondu?
C'est les budgets, malheureusement, qui sont épuisés. On a
essayé de distribuer ça le mieux possible à tout le monde.
On vous le donne à vous. Mais vous ferez une demande parce qu'à
partir du 1er avril 1993 ça va passer à la Régie de F
assurance-maladie du Québec, donc 2 formulaires: 1 pour l'Office des
personnes handicapées qui lui a donné, si je me souviens bien,
l'oreille droite, et là elle devra remplir les formulaires avec l'aide
de son médecin traitant pour avoir la deuxième oreille, l'oreille
gauche. Vous voyez bien que c'est, pour des personnes handicapées, des
arias, comme on dit chez nous, de trop, des paperasses de trop.
Vous en avez un autre qui m'a fait une demande, en fin de semaine, en
fait, c'est lundi, plutôt. J'ai assisté, à l'âge d'or
de Grand-Mère, à une organisation avec les gens de
Kino-Québec. Les gens de Kino-Québec ont fait marcher les gens,
ont fait en sorte de donner de l'exercice aux personnes; malgré la
pluie, les gens, qui étaient au nombre de 600, se sont promenés
dans la ville de Grand-Mère pour dire aux gens qu'ils étaient en
forme malgré leur âge. Mais il y a quelqu'un qui m'accroche. Il
dit: Moi, je ne pourrai pas participer à la marche parce que je ne vois
plus devant moi. Mes yeux ne peuvent plus être opérés. Je
ne viendrai pas pire que je suis là, mais il est certain que je ne
deviendrai jamais mieux. Ça me prend un appareil pour lire. Moi qui aime
lire, je suis confiné à rester à ne rien faire si on ne me
donne pas cet appareil. Moi, je dis: Qui va lui donner l'appareil? Qui va lui
donner l'aide appropriée pour acheter l'appareil? Est-ce que c'est la
Régie de l'assu- rance-maladie du Québec? Est-ce que c'est les
soins du CLSC? Est-ce que c'est l'Office des personnes handicapées, dans
son budget? Qui va lui donner?
Alors, je fais juste mention de ça pour vous indiquer que, des
fois, il y a des cas plus précis, plus patents. C'est dans ce
sens-là que je veux intervenir pour faire mention de ma région
à 2 niveaux: donc, liste d'attente trop grande qui doit être
diminuée, à mon avis, avec l'aide apportée par les
organismes ou les ministères sectoriels ou l'Office des personnes
handicapées, et le fait de l'intégration à l'école
d'enfants en difficulté qui méritent qu'on leur donne un meilleur
sort. Dans ce contexte-là, je suis sûr que mes collègues du
côté ministériel sont d'accord avec moi pour dire qu'il y a
quelque chose qui fait que, notre zone étant tampon entre les zones
excentriques et les zones périphériques, on se retrouve un peu
dans le contexte où on dit: Bien, vous autres, c'est bien de valeur,
mais on ne peut pas vous en donner plus.
Alors, je me permets d'intervenir au nom de ma région pour que
davantage d'attention lui soit accordée de la part du ministre
responsable des personnes handicapées, tout en disant que des efforts
immenses ont été faits jusqu'à maintenant, qu'il faut les
continuer. Je suis assuré que l'appel que je fais au nom de la
population de ma vaste région sera entendu de la part du ministre en
cette semaine des personnes handicapées, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Laviolette. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise aux voix
Est-ce que la motion de M. le député de Nelligan qui se
lit comme suit: «Qu'à l'occasion de la Semaine nationale pour
l'intégration des personnes handicapées l'Assemblée
nationale souligne la volonté et la capacité de ces personnes
à participer à tous les aspects de la vie
québécoise et qu'elle reconnaisse, de plus, le rôle
déterminant de l'ensemble des composantes de la société
dans l'élimination des obstacles à cette participation» est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, nous continuons
les travaux de l'Assemblée.
Les avis touchant les travaux des commissions ont été
donnés.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Cette
étape-là est également faite.
Alors, nous continuons les travaux de l'Assemblée à
l'étape des affaires du jour. M. le leader du gouvernement, avec quel
article du feuilleton, s'il vous plaît?
Affaires du jour
M. Bélisle: L'article 15, M. le Président.
Projet de loi 99 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 15 de
notre feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le
20 mai dernier par M. le leader adjoint du gouvernement, M. le
député de Mille-Îles, sur l'adoption du principe du projet
de loi 99, Loi sur la Société du Centre des congrès de
Québec. Oui, M. le député de Lavio-lette.
M. Jolivet: Avant de commencer, est-ce qu'on pourrait demander si
le quorum peut venir?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, qu'on appelle les
députés. (12 heures ? 12 h 2)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place. Merci.
À l'article 15, l'Assemblée reprend le débat
ajourné le 20 mai dernier par M. le leader adjoint du gouvernement sur
l'adoption du principe du projet de loi 99, Loi sur la Société du
Centre des congrès de Québec.
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux, est-ce que
vous agissez en tant que porte-parole dans ce dossier?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, nous
avons convenu qu'il était possible que je déborde 20 minutes,
mais, avec le consentement, je pourrais, à cette occasion-là,
utiliser le temps qui est au porte-parole officiel habituellement. Mais je
n'entends pas parler une heure, M. le Président, pour vous rassurer
dès maintenant.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non, mais il y a une
entente pour que vous preniez l'heure qui est à votre formation
politique.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, consentement.
Vous pouvez débuter, M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président.
Je remercie tous mes collègues pour cet accueil extraordinaire et
très chaleureux pour un dossier qui a fait l'objet de
préoccupations depuis de nombreuses années, M. le
Président, de la grande communauté de la région de
Québec. C'est un moment que je pourrais qualifier sur le plan personnel,
pas nécessairement pour vous, et vous le comprendrez facilement, de
moment historique pour nos collègues de la région de
Québec, pour le ministre du Tourisme très certainement, y compris
même pour l'Opposition.
Je pense qu'avant même d'aborder les principes mêmes de ce
projet de loi 99 il est bon, M. le Président, de se rappeler quelques
dates qui vont très certainement enrichir la connaissance de ceux qui
les ignorent et faire en sorte qu'on puisse mieux comprendre aujourd'hui ce que
nous sommes en train de faire, étant le couronnement d'une situation
extraordinaire, exceptionnelle, de la reconnaissance du rôle de
Québec comme capitale et de Québec comme endroit de convergence
de plusieurs personnes à travers le monde sur le plan touristique, tant
pour des congrès que pour ses lieux francophones inspirés par la
vieille Europe, que je suis très heureux de représenter à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, il y a plusieurs années, sous un autre
gouvernement que le Parti québécois, sous le premier gouvernement
libéral, s'implantait à Québec le premier Centre des
congrès. Je n'irai pas jusqu'à dire, à ce moment-ci, que
l'implantation du Centre des congrès à Québec, le premier,
était le résultat des efforts du gouvernement du Québec,
même le nôtre de l'époque, parce que c'est et ce serait
faux. Ça a été le fruit d'un travail extraordinaire
mené par les gens de la ville de Québec et par tous les
intervenants du milieu qui ont cru que Québec devait se doter, il y a de
cela plusieurs années, une vingtaine d'années, d'un centre des
congrès, pour faire en sorte qu'on puisse tenir, à Québec,
des congrès de plus grande envergure et passer, à
l'époque, à l'ère moderne de la tenue des congrès.
Je pense qu'il faut rendre hommage aux décideurs municipaux de
l'époque qui ont même emprunté des sous, de l'argent pour
créer le Centre municipal des congrès et, par la suite, en
confier l'administration à l'hôtel Hilton qui le gère
depuis ce temps.
Mais il faut, dans un premier temps, rendre hommage à ces
visionnaires de l'époque de la ville de Québec qui, en plus
d'avoir la vision, ont sorti des sous de la poche des contribuables de la ville
de Québec et ont investi dans ce qu'ils croyaient à
l'époque être un moteur du développement économique
de la région de Québec, soit un centre des congrès. Et,
depuis ce temps, à travers les différents gouvernements, qu'il
soit pé-quiste ou libéral, qu'il soit libéral à
Ottawa ou conservateur, on a été dans une situation où
cette situation a perduré, M. le Président, faisant en sorte que
le ministère du Tourisme, à travers les années, supporte,
par ses programmes de promotion et de subvention, ceux qui faisaient la
promotion de la grande région de Québec.
Parallèlement à cela, sur le plan de l'histoire ? et
c'est toujours bon de se le rappeler ? au début des années
quatre-vingt, 1981, si ma mémoire est fidèle, le gouvernement qui
nous a précédés en termes de responsabilité
d'administration du Québec a pris une décision, et en a pris une
bonne, à cette époque, de doter Montréal d'un centre des
congrès, qu'on a appelé Palais des congrès, à
l'époque, et de le construire. J'imagine que ça allait avec les
grandeurs de l'époque, c'était un palais et c'était dans
un régime probablement présidentiel. On a dit: le Palais des
congrès. Ça allait parfaitement bien avec mon bon ami que j'ai
connu, le député de Saint-
Maurice, M. Duhaime, qui était aussi ministre du Tourisme et qui
a piloté le projet.
On a donc, à l'époque, comme gouvernement,
décidé de doter la grande région de Montréal d'un
centre des congrès, donc d'un palais des congrès, dont les
immobilisations ont été assumées par le gouvernement du
Québec et par le gouvernement fédéral. Il y a bien eu
quelques chicanes sur le site, sur la place où on devait le localiser,
sur la forme qu'on a voulu lui donner, mais je veux passer là-dessus
pour tout simplement dire qu'à l'époque le gouvernement qui nous
a précédés a posé le bon geste en dotant
Montréal d'un équipement au niveau d'un centre des congrès
à la mesure des aspirations de la métropole, et qui a très
bien servi les intérêts de la métropole. Beaucoup de sous
d'investis, sur le plan des immobilisations, donc partagés
fédéral et provincial, et aussi, le gouvernement du Québec
prenant la décision d'assumer les responsabilités quant au
déficit d'exploitation, ce qui était assez clair à
l'époque. (12 h 10)
Cette démarche heureuse n'a pas eu d'accompagnement, au niveau de
la grande région de Québec, de par la volonté
gouvernementale de l'époque. Il eût été facile,
à ce moment-là, compte tenu de l'expérience vécue,
d'accompagner cette démarche d'une réflexion plus poussée
pour faire en sorte qu'on puisse doter Québec, capitale, d'un centre des
congrès, à l'époque, pour faire en sorte qu'elle soit,
soit le complément de Montréal, ou qu'elle ait sa version
originale permettant d'attirer dans des créneaux différents, dans
la région de Québec, un potentiel touristique qui ne demandait
pas mieux que de venir à Québec.
Donc, pendant ce temps, M. le Président, on s'est retrouvé
avec des gens qui tenaient des congrès à Québec et qui,
devant la montée phénoménale de la tenue de congrès
de toutes sortes ? internes, canadiens, Amérique du Nord,
européens ? se sont vu exclure de la possibilité de les
tenir à Québec, compte tenu de l'exiguïté des lieux.
Et c'est dans ce sens-là que nous pouvons dire aujourd'hui, M. le
Président, que le projet de loi 99 marque une reconnaissance fantastique
de ce qui s'est passé à Québec, de ce qui se passera,
aussi, en termes de prise de conscience du potentiel touristique, et j'y
reviendrai plus tard.
Quelques petites dates pour être capable de meubler l'histoire:
1985, par la volonté populaire, a voulu qu'il y ait changement de
régime et de gouvernement. Et, à l'époque, avec mes
collègues députés candidats de la région de
Québec, que ce soit le député qui est mon voisin de
comté, de Chauveau, que ce soit le député de La Peltrie,
que ce soit les députés de Taschereau, de Jean-Talon, de
Louis-Hébert, de Limoilou ? même de Montmorency, à
l'époque ? M. le Président, nous nous étions
donnés un programme électoral à partir d'une analyse que
nous avions faite à l'époque de l'Opposition. On avait dit:
Québec, sur le plan de son développement économique, a un
certain nombre de forces et aussi des faiblesses.
Nous avions dit, à l'époque: Dans le premier mandat, ce
qu'il nous faut faire, c'est diversifier la structure industrielle de la
région de Québec, la structure économique. Puisque nous
avions à l'époque deux pôles: le premier, celui de la
fonction publique, donc de la dimension administrative qui était
présente dans notre région, et de la dimension touristique, qui
allait un peu de soi. L'attraction naturelle de Québec était
là, très présente. On a donc mis nos efforts pour faire en
sorte qu'on puisse donc diversifier cette structure économique et
travailler sur des gros dossiers qu'ont été ceux de Glaverbec, de
Daishowa et de Lauralco.
Pour les gens de la région de Québec, ça signifie
des choses. Ça signifie diversification de la structure
économique. Ça veut dire: être capable d'avoir au moins
trois secteurs en même temps qui peuvent tantôt aller bien,
tantôt aller mal, mais qui, à tout le moins, lorsque l'un va mal,
les autres sont toujours là en suppléance, et il fallait faire ce
virage, M. le Président, pour que la région de Québec
puisse absorber une décentralisation de l'appareil gouvernemental vers
des régions du Québec.
Nos prédécesseurs ont essayé, avec les
pêches, de transférer des responsabilités ? je pense
qu'il faut leur rendre hommage ? de l'administration des pêches
à Gaspé; mais il y avait réaction très violente,
à l'époque, de la part des gens de la région de
Québec qui ne voulaient pas voir disparaître des postes
rémunérés comme ceux de fonctionnaires.
Donc, M. le Président, ce travail-là a été
celui, en termes d'objectif, de notre premier mandat, et je peux dire: c'est
réalisé; l'électorat l'a bien constaté en 1989 en
nous réélisant. Il y a eu un accident de parcours l'an dernier,
dans Montmorency, M. le Président, une petite correction de l'histoire,
que les électeurs sauront bien corriger lorsque l'appel au peuple
viendra ultérieurement. D'ailleurs, M. le Président ?
taquinerie pour taquinerie ? je vois le député de
Montmorency qui accompagne le député de Lévis. Le
député de Lévis est un petit peu plus difficile, lui,
à déloger. On l'a essayé, M. le Président, on n'a
pas réussi, et je pense que ça doit être, normalement,
malgré son caractère et son bouillant tempérament,
ça doit certainement être en reconnaissance d'un certain travail
qui est fait chez lui, et je pense qu'à tout le moins il faut avoir le
minimum d'honnêteté pour le reconnaître.
M. le Président, il y a eu, donc, 1989, où nous avons dit:
La priorité de l'équipe libérale de la région de
Québec est de faire en sorte qu'on règle le dossier du Centre des
congrès à Québec, en toute équité avec ce
qui s'est passé au niveau de Montréal. Il y a donc eu beaucoup
d'échanges, un travail pas facile. D'abord, du ministère du
Tourisme, qui a fait un travail colossal, sur le plan de la recherche, pour
trouver le créneau qui ferait en sorte que Québec soit
complémentaire à Montréal, qu'on ne défasse pas
Montréal pour être capable d'habiller Québec et qu'on
puisse, en toute équité, faire un pôle extrêmement
important au plan touristique dans notre région. Je veux, dès
à présent, rendre un hommage particulier au ministre, bien
sûr, et, par l'entremise du ministre, à tous ses fontionnaires du
ministère du Tourisme, tant politiques, au niveau du cabinet, que
des fonctionnaires traditionnels, qui ont travaillé pour
l'élaboration d'un plan qui nous permettrait, M. le Président, de
défendre avec beaucoup de positivisme le dossier du Centre des
congrès.
Il y a donc eu, au cours de ces années, beaucoup
d'échanges avec la ville de Québec, tantôt tirage de
poignet, disons-le tel quel, quant au site, à partir du moment où
on échangeait sur un site. C'est que la conviction profonde de la
réalisation était là, et tantôt au G, tantôt
à Place Québec. J'ai dirigé ce trafic pendant au moins 1
an, qui nous a effectivement permis d'aboutir là où nous en
sommes aujourd'hui, soit à la réalisation d'une centre des
congrès qui ira chercher des immobilisations d'au-delà de 81 000
000 $ ? c'est considérable dans le contexte actuel, ce n'est pas
facile; si on avait à reprendre la décision aujourd'hui, elle
serait encore plus difficile à prendre, il faut bien l'admettre ?
dont les coûts d'immobilisations seront partagés entre le
gouvernement fédéral, comme ça a été le cas
à Montréal, et le gouvernement du Québec pour la
totalité, deux tiers étant la responsabilité du
Québec et un tiers étant la responsabilité du gouvernement
fédéral, engagement pris par M. Mulroney à son passage
à Québec, engagement pris par M. Blais, ministre responsable de
la région de Québec, engagement répété par
M. Loiselle, au Trésor, et supporté par tous les
députés conservateurs de la région de Québec.
Donc, aujourd'hui, M. le Président, nous en sommes à
l'élément additionnel et final de l'ensemble de l'oeuvre, qui
fait que, lorsqu'on a des immobilisations, qu'on a une boîte, très
belle de l'extérieur, très fonctionnelle de l'intérieur,
qui répond aux demandes et aux aspirations de la Chambre de commerce, de
l'industrie touristique, de la ville de Québec, de tous les
intervenants, saluée comme étant la réalisation de la
dernière décennie dans la région de Québec sur le
plan du gouvernement, M. le Président, il faut, bien sûr,
s'assurer que ça fonctionne. Pour ce faire, mon collègue du
Tourisme a saisi cette Chambre, et j'ose espérer qu'il recevra
l'approbation générale et très rapide, y compris article
par article, parce que nous avons pris l'engagement auprès de la ville
de Québec de le soumettre dès cette session et qu'à la fin
de juin 1993 le projet de loi serait adopté pour permettre de mettre en
place la Société qui assumera ces responsabilités, donc de
gérer et d'accompagner la construction de ce Centre des congrès,
pour faire en sorte que tout baigne dans l'huile au moment de l'ouverture et
qu'on ait, dès l'ouverture, M. le Président, déjà
des réservations pour les années futures qui vont nous permettre
de répandre à travers le Québec le nom de Québec,
la chaleur de Québec, et qui va stimuler cette économie.
Donc, nous sommes conviés, par l'adoption de ce projet de loi,
à créer la Société, la gérer, donc
créer une société qui va gérer, prendre cette
responsabilité. Je trouve très heureux que mon collègue,
ministre du Tourisme et député de Crémazie, ait pris la
décision de faire en sorte que le projet de loi qui nous est soumis
soit, à toutes fins pratiques, une copie conforme de ce qui s'est
passé au niveau de Montréal, faisant taire ainsi toutes, mais
toutes, M. le Président, les susceptibilités,
velléités ou interprétations absolument
épouvantables, même odieuses, à l'occasion, et même
partisanes, politiques, d'une situation de traitement inéquitable de
Québec vis-à-vis de Montréal, voulant ainsi semer le
désordre et la chicane entre les deux grandes villes du Québec.
M. le Président, oui, je le remercie. Les décisions sont claires,
elles sont là. Donc, gérée par des gens de chez nous, de
la grande région de Québec, et il n'appartiendra qu'à eux
d'en faire un succès et non plus au gouvernement. Sur le plan de cette
équité, elle est aujourd'hui démontrée, très
claire, pour peu que l'Assemblée accepte ce projet de loi. (12 h 20)
Mais, au-delà de toute cela, ce qui est important, c'est l'impact
économique, l'impact économique extraordinaire pour la
région de Québec qui va, bien sûr, dans ces temps
difficiles, permettre à un certain nombre de personnes d'y travailler et
aussi de stimuler l'économie de la région qui en a bien besoin,
comme, d'ailleurs, l'ensemble du Québec, en ces temps moroses.
Ça permet donc de consolider, M. le Président, la vocation
administrative, industrielle et touristique de la région de
Québec. Et, lorsqu'on parle de consolider ce qui est touristique au
niveau de la grande région de Québec, on a, nous, souvent
l'impression, dans la région, qu'il ne se passe pas grand-chose, mais je
pense qu'on a le chialage facile. Ce n'est pas surprenant, lorsque vous avez
des animateurs comme André Arthur qui, chaque matin, dégobille
sur à peu près n'importe qui, qui sont devenus des
spécialistes, il n'est pas surprenant que son propre poste soit en
décrépitude, M. le Président, à son image. Il faut
donc être dans une situation où on constate exactement ce qui se
passe chez nous.
Lorsqu'on aura notre centre des congrès, il s'ajoutera à
Mont-Sainte-Anne; Mont-Sainte-Anne, payé par les deniers publics. Il
s'ajoutera au massif de la Petite-Rivière-Saint-François, M. le
Président, qui est là, qui a été très
largement supporté par des sous du gouvernement fédéral,
qui est un centre de ski extraordinaire et qui peut attirer un skieur sur le
plan international.
Les Chutes, promis depuis 40 ans. Dimanche matin, j'étais dans le
comté de Montmorency et je saluais l'effort considérable du
gouvernement fédéral sur le plan de l'accompagnement financier
quant à la réalisation des Chutes, qui est un très beau
projet. Bien sûr, il peut bien y avoir quelques éléments
dans la nature qui chialent par rapport au patrimoine, c'est possible, qui
peuvent se permettre de demander la démission du président de la
SEPAQ pour, semble-t-il, quelques écarts sur le plan du langage. Mais
où étaient-ils, ces gens, quand il s'est agi de trouver les 15
000 000 $ pour être capables de les investir dans les Chutes et de faire
toutes les démarches et de se donner un échéancier?
Où étaient-ils pendant 40 ans, M. le Président? Et, au
lieu de s'attaquer à M. Vézina, président de la SEPAQ au
moment où nous parlons, on serait bien mieux de louer le travail qui a
été fait par celui-ci dans la réalisation d'un engagement
promis par toutes sortes de politiciens,
y compris des nôtres, qui ont quitté la politique
maintenant et qui ne l'ont pas réalisé, M. le Président.
C'est 15 000 000 $ qui s'investissent aux Chutes et qui vont s'ajouter à
l'offre touristique.
M. le Président, la réserve des Laurentides. Sur le plan
de la culture, les musées, les salles de spectacle, festival, carnaval,
Vieux-Québec. Et, nous, serions-nous, les gens de la région de
Québec, des ingrats en ne reconnaissant pas l'abondance dans laquelle
nous sommes sur le plan des investissements publics. Il y a des limites. Je
pense qu'il faut se rappeler nous-mêmes à l'ordre et tenter de
dire à ceux qui, demain, auraient la facilité de venir dire que
c'est trop peu trop tard, et que ça ne réglera pas tout, de leur
dire, dès à présent: Vous êtes totalement
déconnectés de la réalité, parce que la
réalité, au niveau de la région de Québec et de la
capitale, c'est qu'on est dans l'abondance par rapport à d'autres
régions du Québec. Quant à la présence du
gouvernement du Québec dans toutes les sphères d'activité,
que ce soit administratif, que ce soit culturel, que ce soit touristique, M. le
Président, on est, par rapport, je le dis bien, aux autres
régions du Québec, dans l'abondance, sans dire pour autant que
tous les problèmes sont réglés.
Mais je vous dis que, sur le plan touristique, ajouter un centre des
congrès de la capacité que nous ajoutons, à
l'intérieur du coeur même de la capitale, c'est une reconnaissance
extraordinaire de ce qu'est Québec, du potentiel de Québec, et,
finalement, une preuve de la bonne foi gouvernementale et de notre confiance en
l'avenir pour cette région-ci et pour l'ensemble du Québec.
Donc, M. le Président, ce que je dis, c'est: Engagement pris,
engagement réalisé. Engagement pris quant au Centre des
congrès, quant à l'investissement de tout près de 82 000
000 $, qui est en cours et qui se réalisera prochainement, engagement
pris, engagement réalisé. Engagement pris vis-à-vis de la
ville de Québec qu'il y aurait, avant la fin de juin 1993, un projet de
loi pour créer la Société qui aurait la
responsabilité de gérer et qui serait équitable pour
Québec, par rapport à la région de Montréal,
engagement tenu. Et qu'on ne vienne pas surtout me répéter le
discours que le député de Lévis a évoqué
à plusieurs reprises. Mais l'équité, ça va
jusqu'à il y a 20 ans, ou il y a 10 ans, quand on a créé
un centre des congrès à Montréal, en disant qu'il faut
accompagner Québec de la même manière que Montréal a
été accompagnée à l'époque. Le seul moyen
pour le député de Lévis de se lever et d'être
crédible avec ce genre d'argumentation, c'est de dire d'abord: Mea
culpa, on aurait dû le faire en 1981 en même temps qu'on l'a fait
pour Montréal. Ça, ça aurait été de
l'équité qui aurait été accompagnée, et on
n'aurait pas aujourd'hui à corriger ce qui n'a pas été
fait dans le passé. Ça, M. le Président, ce n'est pas un
argument qui est valable, et je sais qu'il se prépare déjà
à nous le servir parce que c'est carrément dans son style et il
l'a dit à plusieurs reprises.
L'équité, c'est nous qui l'assumons aujourd'hui par nos
responsabilités de gouvernement à l'égard de la
région de Québec et en rétablissant un dossier historique
qui n'a pas été réglé par son gouvernement à
l'époque. N'en avait-il pas les moyens? Peut-être que non,
peut-être que oui. À tout le moins, j'ai salué tantôt
la décision prise à l'époque, qui était une bonne
décision pour Montréal et qui continue d'en être une
bonne.
En terminant, M. le Président, je veux remercier de
manière plus particulière mon collègue, le
député de Crémazie et ministre du Tourisme, ainsi que
toute son équipe, comme je l'ai fait tantôt, pour sa
présence au niveau du dossier. J'ai tenté de lui apporter le
support constant dans toutes les démarches sur le plan gouvernemental
et, à l'occasion, à l'inverse, il m'a donné le support
qu'il fallait et la liberté qu'il fallait pour agir et faire en sorte
qu'au niveau de la grande région de Québec on conclue.
Je veux aussi dire merci, parce qu'on ne le dit pas assez souvent,
même en politique, et, de manière plus particulière,
à nos collègues, au député de Beauce-Sud, ministre
responsable de la Société immobilière, et, par le fait
même, à tous les fonctionnaires de la Société
immobilière qui ont travaillé comme si c'était leur
projet, M. le Président, dans l'élaboration de la
vérité des chiffres, à l'époque, des projections,
se mettant à l'occasion la tête sur le billot, et en particulier
le vice-président de la Société immobilière, M. Guy
Vachon, et son président, M. Miville Vachon, qui ont été
des collaborateurs francs, honnêtes et qui auront la
responsabilité de réaliser la construction du Centre des
congrès.
Je veux aussi dire à mon collègue, le député
de Maskinongé et ministre responsable du développement
régional, merci. Merci pour son implication et celle de ses
fonctionnaires.
Un merci particulier au Secrétariat à la capitale qui a
assumé la responsabilité du secrétariat pendant toute
l'opération et, en particulier, à M. Gaston Ouellet, qui a
été l'ex-secrétaire à la commission sur la capitale
de l'époque et qui avait une bonne compréhension des enjeux de ce
dossier particulier pour la région de Québec. Je veux leur dire
merci pour tout ce travail extraordinaire.
Je veux dire à mes collègues députés de la
région, ministres et députés, que ça a
été pour moi un véritable plaisir, et je m'étais
donné un certain nombre d'objectifs, en allant en politique, pour la
région de Québec, et que de réaliser celui-là avec
eux a été le summum des dossiers, celui qui, pour moi, a
été le dossier difficile, par des voies difficiles à
l'occasion, mais le dossier le plus positif quant à aujourd'hui, quant
à l'impact de demain, quant à l'impact dans 5 ans, dans 10 ans,
dans 20 ans. Ce que nous faisons aujourd'hui aura des répercussions pour
les 20 prochaines années au niveau de l'économie de la grande
région de Québec. Je veux lui dire merci. Ça a
été un véritable charme de travailler avec lui dans ce
dossier comme dans d'autres d'ailleurs, que d'avoir des coudées franches
avec ses collègues députés au niveau d'une région
qui, à l'occasion, vont ? et ce n'est pas toujours reconnu ?
donner un coup de pouce à gauche, à droite, intervenir aux bons
endroits, aux bons moments. C'est réconfortant de
pouvoir compter sur la solidarité d'une équipe aussi
extraordinaire.
Je veux dire aussi au milieu un merci très sincère, un
merci à la ville de Québec qui a investi temps, argent, efforts,
même si, à l'occasion, nous étions dans des points de vue
différents. Donc, beaucoup d'efforts ont été investis par
la ville de Québec et aujourd'hui elle sera dotée d'un centre des
congrès à la mesure de ses aspirations, pas localisé
où elle l'aurait souhaité, mais une simple rue les sépare,
et qui remplira donc les fonctions qui étaient à l'origine ce que
souhaitait la ville de Québec. (12 h 30)
Je veux dire merci à la Chambre de commerce du Québec,
régionale, qui a été de tous les instants un intervenant
critique, pas toujours sur la place publique, mais un intervenant critique qui
a suivi toutes les étapes du cheminement et qui a fait en sorte,
à l'occasion, de ramener à des dimensions plus acceptables des
dossiers qui avaient une ampleur qui aurait pu desservir à la fois
Montréal et Québec. Je veux les remercier parce que leur objectif
a toujours été de doter la région de Québec d'un
équipement moderne, répondant aux besoins des 20 prochaines
années, et ça a été le cas.
Quant à tous ceux et celles qui oeuvrent dans le monde
touristique, que ce soit de manière plus large ? restauration,
hôtellerie, promotion, Office du tourisme de la région de
Québec ? c'est un travail d'équipe et c'est un
résultat donc d'équipe.
Quant à la Chambre qui, très certainement, donnera son
approbation à ce projet de loi 99, j'espère, au moins à
100 milles à l'heure, je veux les remercier et, en conclusion, M. le
Président, dire que beaucoup de personnes parlent de Québec
capitale. Beaucoup de personnes en parlent, et c'est toujours plus facile d'en
parler dans l'Opposition; je le sais, j'ai fait les deux. J'en ai parlé
dans l'Opposition, je suis heureux d'apporter des contributions au moment
où nous sommes au pouvoir. Québec capitale, c'est vrai, et ce
dossier est un des dossiers qui reconnaissent l'importance de Québec
capitale avec tout son rayonnement, et ce n'est pas le seul dossier qui a fait
l'objet d'une reconnaissance de la part du gouvernement du Québec.
Il est nettement plus intéressant de dire oui à un dossier
comme celui-là que de s'attarder à parler d'une maison du premier
ministre dans la région de Québec, d'un «24, Sussex»
qui, à chaque année, sur le plan des réparations, aurait
besoin d'investissement d'argent et qui ferait l'objet de critiques de la part
de tout le monde.
Je veux dire au premier ministre du Québec merci, parce que,
à l'occasion, on a eu besoin de son support pour être capable de
passer à travers toutes les épreuves que sont celles des
différents comités ministériels. À chaque occasion,
il m'a toujours dit: C'est pas mal plus payant pour la région de
Québec d'avoir un dossier comme celui-là que d'avoir une
résidence à Québec qui serait occupée 3, 4, 5 jours
par semaine par le premier ministre, peu importe d'où il vienne. Dans ce
sens-là, c'est des dossiers comme ceux-là sur lesquels les gens
de la région de Québec doivent s'attarder.
Et dire aux différents intervenants de la région de
Québec qui, ces temps-ci, sont atteints par une certaine
morosité, parce qu'il y en a qui parlent de non-coordination des efforts
au niveau de la région de Québec, je vous dis, peu importe votre
couleur politique ou l'adhésion à quelque mouvement que ce soit,
qu'il soit politique ou autre, le bilan qui est aujourd'hui le nôtre au
niveau de la région de Québec est un bilan qui fait l'envie de
tout le monde, y compris de la région de Montréal, et dans ce
sens-là, ce qui a été fait pour Québec capitale,
c'est extraordinaire, et nous aurons très certainement
l'opportunité, d'ici quelques semaines, de faire cette
démonstration, M. le Président, qui laissera très
certainement bien du monde bouche bée quant au bilan lui-même de
l'action gouvernementale pour la région de Québec, pour la
reconnaissance de Québec capitale, et c'est dans cette voie-là
qu'on devra continuer. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
ministre.
Nous sommes à l'étape de l'adoption du principe du projet
de loi 99, Loi sur la Société du Centre des congrès de
Québec, et je cède la parole à M. le président de
la commission de l'aménagement et des équipements et
député de Lévis. M. le député, la parole est
à vous.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je n'avais pas l'intention d'en
parler, mais puisque le ministre de la Santé et député de
Charlesbourg a ouvert une porte, j'aurai l'occasion de dire pourquoi les gens
souhaitent que le premier ministre réside à Québec. Il
semble que le député de Charlesbourg ne l'ait pas compris, non
plus que le premier ministre. C'est que les gens de Québec se sont rendu
compte que Québec est de moins en moins une capitale, justement, et la
résidence du premier ministre à Québec, ça
concrétiserait le fait que Québec soit véritablement une
capitale.
Je vais vous dire pourquoi, M. le Président. Dans tous les pays
au monde, la capitale, c'est le chef-lieu des affaires internationales. Dans
tous les pays au monde. Les gens de Québec se rendent compte que
Québec est de moins en moins une capitale puisque maintenant, même
sur les affaires internationales, il n'y a plus rien qui concerne l'Asie. Il
n'y a même plus un fonctionnaire à Québec concernant les
relations avec l'Asie. Il y a des fonctionnaires pour les relations avec la
France, mais pas à cause de la volonté du gouvernement, à
cause du Consulat français. Les relations avec la France se font
à partir de Québec parce que le Consulat français est
à Québec, mais tout le reste des relations avec l'Europe n'est
plus à Québec. Il n'y a plus rien à Québec. Non
plus que les relations... Il y a les relations avec la France qui sont à
Québec. Les relations avec les États-
Unis sont à Québec à cause du Consulat
américain qui est là, qui est remis en question
périodiquement, parce que les Américains, souvent, peuvent se
demander: Est-ce qu'on donnerait plus de considération à la
capitale que le gouvernement de Québec lui-même en donne?
Alors, M. le Président, il arrive que des gens, sur le plan de la
réalité, se rendent compte que, dans les affaires
internationales, tout ce qui reste à Québec, actuellement, c'est
les relations avec la France, les États-Unis et l'Afrique; tout le reste
des relations internationales est rendu à Montréal, n'est plus
à Québec, alors que dans tous les pays au monde les relations
internationales se font avec la capitale.
Et c'est pourquoi les gens de Québec ont compris ce qu'il semble
qu'ils n'ont pas réussi à faire comprendre encore au
député de Charlesbourg et au premier ministre: une
résidence du premier ministre à Québec, ça ferait
en sorte que les relations internationales se fassent davantage à
Québec, puisque le chef-lieu où résiderait le premier
ministre officiellement serait dans sa capitale, comme c'est le cas pour tous
les chefs de gouvernement au monde. Le premier ministre considère un peu
son gouvernement comme un gouvernement paroissial ? bien, qu'est-ce que
vous voulez, il est chambreur à Québec. On a aussi le
député de Jean-Talon qui est un chambreur à Québec.
Mais qu'est-ce que vous voulez, c'est une conception d'un gouvernement d'avoir
des chambreurs pour représenter la région de Québec, et de
plus en plus, alors qu'essentiellement, M. le Président, les gens
considèrent à Québec que c'est mieux d'être
représenté par des résidents.
D'ailleurs, je ne blâme pas le député de
Charles-bourg. Je ne voudrais pas être méchant vis-à-vis du
député de Charlesbourg; il a été plutôt
gentil. Il a, comme il le fait parce qu'il a une longue expérience
politique, lancé des bons messages, comme je lui avais lancé des
bons messages dans le temps, et il a eu peur, dans son allocution, qu'on
indique des critiques par rapport à une comparaison avec
Montréal.
Ce que j'avais dit, dans le temps, et je l'avais dit de façon
très claire avec mes collègues aussi, le député de
Montmorency, la députée des Chutes-de-la-Chaudiè-re, nous
avions fait une conférence de presse ensemble à quelques reprises
pour dire quoi? Ce que nous demandions, c'était le même traitement
que le centre des congrès de Montréal, le Palais des
congrès de Montréal. On demandait le même traitement pour
Québec que pour Montréal, parce qu'au début les
premières annonces du député de Charlesbourg ? parce
qu'il y en a eu plusieurs, je reviendrai là-dessus ? indiquaient
qu'on voulait contribuer beaucoup moins à Québec qu'à
Montréal. Et c'est là que nous avons réagi pour dire: Non,
nous n'accepterons pas que Québec soit traitée
différemment. à montréal, le gouvernement s'est
engagé à payer les immobilisations. il a payé les
immobilisations à 100 %, il a payé le fonctionnement à 100
%, puis il paie les taxes municipales depuis 1981. je donnerai les chiffres
tout à l'heure; c'est des sommes considérables. mais
c'était un bon investissement. et contrairement à ce qu'on pense
? parce que le député de Charlesbourg a dit que ça
coûte cher, un centre de congrès ? ça ne coûte
rien! Non, parce que ça rapporte. Un instant! On perd des millions de
dollars... Les gens disent: À Québec, on perd 50 000 000 $ par
année depuis quelques années parce que le gouvernement a
retardé sa décision; 50 000 000 $ par année. et au niveau
des taxes qu'on paie au québec, vous savez, ça fait beaucoup de
taxes au gouvernement. et je vais vous dire une chose, 80 000 000 $ à 7
% ou 8 %... le gouvernement emprunte à ce moment-ci, il paie les
obligations d'épargne à 5 %, actuellement; 80 000 000 $, c'est 4
000 000 $ d'intérêts par année. 50 000 000 $ ? vous
regarderez les taxes qui sont payées sur 50 000 000 $, comment ça
fait de revenus pour québec. au contraire, un centre de congrès
bien administré, ça ne coûte rien, ça rapporte.
c'est un investissement. c'est un investissement qui rapporte des sous, qui
rapporte des taxes, qui fait aussi que les gens qui sont ici vont rester plus
longtemps parce qu'ils ont aimé leur congrès, puis, après
ça, habituellement, ils passent 2 ou 3 jours.
Puis, ça va dépendre aussi de notre initiative et de notre
jarnigoine, faire en sorte que quand ils auront passé leur
congrès de 3, 4 ou 5 jours, ils feront comme vous, M. le
Président, quand vous allez à un congrès aux
États-Unis. Vous n'y allez pas aller-retour, comprenez-vous, prendre
l'avion le matin pour arriver au congrès à 9 heures et, quand il
finit, à 16 heures, revenir le soir même. Les gens vont prolonger
à leurs frais, d'ailleurs, à leurs frais, dans une région,
et ça fait des retombées économiques importantes, mais
à condition que les gens aient l'occasion. Et là, avec le Centre
des congrès, c'est l'occasion qui est fournie aux gens de venir à
un congrès professionnel, un congrès vétérinaire,
un congrès médical, des congrès de toute nature où
les gens vont venir d'un peu partout dans le monde pour faire leur
congrès ici. (12 h 40)
Après ça, ils vont dire: On est rendus. Ça va
dépendre de nous qu'ils restent plus longtemps ici. Je sais que les
Européens vont vouloir aller voir les chutes Niagara. On peut leur
montrer que les chutes Montmorency sont pas mal; puis s'ils en veulent des plus
grosses, dans la région, il y en a à Charny: plus de volume, mais
différentes. Je dis ça sans méchanceté, au fond,
parce que, plus on va les faire rester longtemps dans notre région, plus
ils vont dépenser de l'argent dans notre région et plus ils
retourneront chez eux heureux. Et il y aura des retombées
économiques pour Montréal également puisque, normalement,
les gens qui vont venir à Québec, il y en a un certain nombre qui
voudront aller voir Montréal. La plus grande collaboration qu'il
pourrait y avoir entre les deux centres de congrès, justement, serait de
faire en sorte que, quand un congrès va à Montréal, les
gens leur disent: Vous ne devriez pas venir à un congrès à
Montréal sans aller faire un tour à Québec. Et que les
gens de Québec disent aux gens qui vont venir à Québec, au
Centre des congrès: Vous avez un congrès à Québec?
Vous manqueriez votre voyage si
vous n'alliez pas faire un tour à Montréal par la
même occasion. Vous êtes rendus. C'est cette collaboration qui
devrait être faite, à mon avis, entre les deux centres de
congrès, qui peuvent se concurrencer pour aller chercher des
congrès, mais, une fois que les gens sont ici, leur dire: Le fait
d'être chez nous, vous devez aller là aussi. Quand bien même
il y aurait quelques milliers de Français qui, ayant
séjourné plus longtemps que prévu à Québec
ou à Montréal, n'auraient pas le temps d'aller aux chutes
Niagara! On leur fournira des cartes postales. Ils pourront envoyer des cartes
chez eux et les gens penseront qu'ils y sont allés.
M. le Président, c'est important parce que, sur le plan du
développement régional, il faut des atouts, mettre en valeur nos
atouts. Le député de Charlesbourg a parlé avec raison,
tantôt, d'une chose. Il a parlé, par exemple, du centre de ski du
mont Sainte-Anne, du centre de ski de la
Petite-Rivière-Saint-François. Il y a aussi des centres de ski
sur la rive sud, qui, eux, n'ont pas eu l'avantage d'avoir des avantages
gouvernementaux et qui ont fait ça pas mal à leurs frais. Sauf
qu'avec un centre des congrès on peut avoir le congrès
d'été, les avantages d'été, mais aussi les
avantages d'hiver, puisque ça peut faire un centre des congrès
extraordinaire pour des types de congrès, mieux placés l'hiver
dans une région où il n'y a pas un plus beau centre d'hiver que
la région de Québec. Il n'y a pas d'endroit dans le monde
où on a autant de centres de ski autour d'une ville, autant
d'arénas, autant d'activités possibles l'hiver, en motoneige,
avec des grands espaces, avec le ski de fond, toutes les activités qu'on
peut trouver l'hiver.
Il faudrait apprivoiser notre hiver au lieu de considérer l'hiver
comme... Souvent, on considère l'hiver ici comme un handicap ? le
considérer, au contraire, comme un atout. Celui qui reste 365 jours par
année trouve ça long, parfois, l'hiver, mais celui qui vient 15
jours, c'est magnifique. Les Français, quand ils viennent ici, ils font
de la motoneige et ils peuvent faire de la motoneige pendant 100 milles, 200
milles. On peut leur en faire faire pendant 2000 milles, s'ils veulent. Il y a
de la place. Il y a de l'espace et il y a du tourisme pour ça. C'est
pour ça aussi.
Il va falloir aussi mettre en valeur d'autres équipements. Je
pense, par exemple, à l'aéroport de Québec. Qu'on le dise,
qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, l'aéroport de
Québec, il a deux portes: une porte pour arriver et une porte pour
partir. Il faut vous dire que ça fait aéroport de campagne un
peu. Ça n'a pas changé. Je me rappelle la première fois
que ma femme est venue à Québec. Elle voulait me dire le vol, le
numéro de l'avion, l'heure. Je lui ai dit: Je n'en ai pas besoin;
l'heure, c'est assez. Elle a dit: Comment ça? J'ai dit: Tu verras
pourquoi quand tu vas arriver. J'ai dit: Je n'ai pas besoin d'autre chose que
de l'heure. Je n'ai même pas besoin de savoir la sorte d'avion. Il n'y a
rien qu'une porte pour arriver. Si tu arrives à 5 heures, je ne peux pas
me tromper de porte. Bien, je vais vous dire que ça fait 20 ans que je
suis marié et il y a encore rien que deux portes. La salle d'attente a
grossi un peu parce que... Qu'est-ce que vous voulez, il y a deux portes. La
salle d'attente a grossi, mais on a encore un aéroport à deux
portes: une pour sortir et une pour entrer. Et là, on va dire qu'on est
une capitale? Même à «CharlotteTown», même
à Charlottetown ? ça dépend de l'accent, les deux se
disent; même les Anglais disent les deux, et ça se prononce de
deux façons ? ils ont un aéroport, comprenez-vous, qui, en
tenant compte de la population, est plus important que le nôtre. Nous, on
a un aéroport de campagne. Contons-nous pas d'histoires, on a un petit
aéroport.
Si on veut développer vraiment un centre des congrès...
Quand on parle d'un centre des congrès ?je reviendrai tantôt
sur les qualités du centre des congrès ? on parle de
structures autour. Si on parle de milliers de personnes, il faut que les avions
puissent arriver. Si on dit, par exemple: II va falloir échelonner les
avions, si vous parlez de congrès de 4000, 5000 ou 6000 personnes,
ça prend plus qu'un voyage d'avion. Alors, ça prend plus que deux
portes aussi parce qu'on va se penser dans un cinéma d'autrefois.
Aujourd'hui, on fait moins la queue dans les cinémas. Ça prend
essentiellement un aéroport à la dimension d'une véritable
capitale, la capitale de la francophonie en Amérique du Nord. Je
comprends que M. le député d'Argenteuil, ça ne
l'intéresse pas; c'est le bilinguisme qui l'intéresse. Mais nous,
notre avenir, il est bâti sur la francophonie en Amérique du Nord.
Nous sommes la capitale de la francophonie en Amérique du Nord. Je
remarque, quand les gens de Montréal disent qu'ils ont une ville
cosmopolite, ils aiment ça dire qu'ils ont une ville cosmopolite.
J'entendais tantôt le député de... Comment s'appelle-t-il?
M. Atkinson...Pardon?
Une voix: Notre-Dame-de-Grâce.
M. Garon: Le député de Notre-Dame-de-Grâce,
qui disait: La ville la plus cosmopolite au monde, la ville de Montréal.
Voyez-vous? Je vois que les gens de Montréal sont contents de dire
qu'ils ont une ville cosmopolite, mais la fierté de Québec, c'est
d'être la capitale de la francophonie en Amérique du Nord. C'est
pour ça que nous, vivre en français, ça ne nous cause pas
de problème, même si plusieurs d'entre nous sommes à
moitié Irlandais. Il y en a que ça paraît plus que
d'autres, parce que c'est le père qui était Irlandais; d'autres,
ça ne paraît pas, parce que c'était la mère, mais
ils gardent le tempérament, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Ils gardent le tempérament. Moi, je pourrais
vous dire, juste en les voyant, ceux qui sont de descendance irlandaise et ceux
qui sont de descendance normande. Les descendants d'Irlandais sont beaucoup
plus déterminés. Ceux qui sont de descendance normande:
peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Ce n'est pas la
même chose. Ce n'est pas le même tempérament.
On regarde la capitale, Québec, aujourd'hui, une capitale
francophone. Ça ne m'a pas étonné de voir le
maire de Québec dire: Nous autres, on veut vivre en
français. D'ailleurs, les vrais Irlandais qui sont venus ici parlaient
le gaélique. Au XIXe siècle, ceux qui sont venus ici parlaient le
gaélique. Alors, ça nous prend, au fond, des atouts qui sont
différents pour mettre en valeur nos atouts, et c'est ça qu'il
faut faire. Le port de Québec, également; les croisières
qui se développent de plus en plus. Mais est-ce qu'il va falloir, pour
faire le port, remplir la baie de Beauport? C'est une autre affaire. Et vous
remarquez aujourd'hui que beaucoup de gens disent: Un instant, là! Ce
n'est pas en mettant des tas de marchandises brutes devant Québec qu'on
va embellir le site. Pour la marchandise, il y a de la place, mais il faut se
poser les bonnes questions au point de vue de l'aménagement de la
région pour garder les avantages. Mais il y a un secteur qui s'est
développé considérablement au cours des dernières
années, ça a été les lieux de croisière. Il
y a de plus en plus de croisières. Mais, pour qu'il y ait des
croisières, il faut qu'il y ait une place pour que les bateaux puissent
amarrer, pour que les bateaux puissent être chez eux; et, pour ça,
il faut avoir des gens bien ajustés.
C'est un peu comme le cinéma Imax quand, à un moment
donné, j'ai participé à la bataille avec les gens, les 70
groupes qui ne voulaient pas du cinéma Imax là où on
voulait le mettre. Pourquoi? Parce que c'est un écran de 60 pieds de
haut qui bloquait la vue aux citoyens. Je disais qu'au contraire s'il y avait
un cinéma Imax collé sur le Centre des congrès, ce serait
un atout magnifique pour mettre en valeur les beautés de la
région. Pas parce que j'étais contre le cinéma Imax, mais
il devrait être collé sur le Centre des congrès et il
devrait, à mon avis, y avoir un cinéma Imax collé sur le
Centre des congrès pour montrer aux congressistes ce qu'ils peuvent
faire à Québec, quelles sont les beautés de la
région de Québec, où ils devraient aller, dans un film qui
pourrait durer une demi-heure, qui leur donnerait le goût de rester 1
journée, 2 journées, 3 journées de plus. S'il faut aller
en bas de la ville, comprenez-vous, avec des gens, des citoyens qui... Si un
cinéma Imax est à la mauvaise place et que tout le monde est
enragé, bien, je suis convaincu que c'est un mauvais projet. Le
cinéma Imax, c'est une bonne chose, à mon avis ? et je
l'avais dit dans le temps ? mais collé sur le Centre des
congrès, pour servir d'instrument de promotion de la capitale, de la
région et de la francophonie.
Donc, quand le ministre, le député de Charles-bourg... Je
pense qu'il fait son possible, mais il n'a pas tout le support qu'il devrait
avoir et, occasionnellement, il y a des problèmes. Un exemple
très simple. Si on veut faire du développement économique,
il va falloir donner des atouts. J'étais un de ceux qui ont voté
contre la loi sur Innovatech, pas parce que j'étais contre Inno-vatech,
mais parce que j'étais contre Innovatech seulement à
Montréal. Qu'on mette 300 000 000 $ de développement en recherche
et technologie à Montréal et qu'on accélère la
procédure, bravo! Bravo! Mais dans le reste du Québec, il y a
autant de monde. Est-ce qu'il n'aurait pas le droit, lui aussi, à un
fonds pour faire du développement économique
accéléré? Au lieu qu'on soit obligé de voir
actuellement, à Port-Cartier, des municipalités obligées
de s'engager pour 8 000 000 $, puis 10000 000 $, puis 14 000 000 $ pour faire
des papeteries, comme si c'était le rôle des municipalités.
pourquoi? parce que les instruments gouvernementaux ne sont pas là pour
faire du développement économique
(12 h 50)
Au fond, il faut des instruments, il faut que le gouvernement embarque
dans les instruments. Les instruments qui sont bons pour Montréal sont
souvent bons pour le reste du Québec. Il faut arrêter de penser
que Montréal et le reste du Québec sont en concurrence.
Montréal n'est pas en concurrence avec Québec. Montréal
est en concurrence avec Boston, avec New York, avec Chicago ou les principales
villes de l'Amérique. Quand je vois toujours cette problématique
de nous voir comme si on était en concurrence les uns avec les autres,
c'est faux. Et quand il n'y aura plus de régions vigoureuses au
Québec, le Québec sera aussi affaibli que Montréal. Vous
savez, à un moment donné, quand on a fermé les lignes de
trains au Québec, avec l'auguste BB ? Benoît Bouchard, BB
pour les intimes ? qui coupait les lignes de chemins de fer,
Montréal?Trois-Rivières?Québec,
Charny?Richmond, Québec?Mont-Joli,
Montréal?Sherbrooke, on les a défendues.
Il trouvait que ça coûtait trop cher; ça
coûtait 25 $ du passager, dans un cas, 40 $ dans l'autre, 50 $ dans
l'autre, 75 $ dans l'autre. Dans le même communiqué, 11 maintenait
prince rupert?jasper, qui coûtait, croyez-le ou non, m. le
président, 434 $ de subvention par passager; le «montagnard des
rocheuses», 380 $ de subvention par passager, m. le président.
dans le même communiqué du ministre des transports, qui
était benoît bouchard, bb, pour les amis... oui. pendant ce
temps-là on coupait nos lignes de chemins de fer. pas étonnant
qu'après ça à montréal qu'est-ce qu'on voit
arriver? le garage est fermé. les ateliers angus sont fermés.
qu'est-ce que vous voulez, on enlève des chemins de fer, on
enlève les équipements et, après ça, on demande que
le garage reste là. l'affaiblissement des régions amenait
l'affaiblissement de montréal. trop souvent...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Juste un instant, M. le
député, c'est juste en ce qui a trait à votre temps de
parole. Vous agissez comme porte-parole pour l'Opposition officielle; donc vous
pouvez utiliser votre heure. Merci.
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je m'excuse de vous
avoir dérangé.
M. Garon: J'aurais dû vous le dire, d'ailleurs, au
début de mon intervention. Grâce à la gentillesse du
député de Masson, qui est notre porte-parole en matière de
tourisme, et comme c'est un équipement qui concerne Québec, et
comme je suis député de la région, il m'a offert bien
généreusement de parler au nom de la
région pendant l'heure qui est allouée à
l'Opposition.
M. le Président, quand on veut faire du développement
économique, on ne fait pas ça avec de la jalousie, de la
mesquinerie. On ne fait pas ça de cette façon là. On fait
ça, au contraire... Non, parce que souvent les gens pensent qu'un
équipement qui est à Québec nuit à Montréal,
ou qu'un équipement qui est à Montréal, ça nuit
à Québec. Ce n'est pas comme ça qu'on fait du
développement économique. Au contraire. Souvent, le
développement dans les régions amène du
développement dans les centres urbains et le développement dans
les centres urbains amène du développement dans les
régions, mais à condition aussi de faire son effort.
Un centre des congrès à Québec va être bon
pour l'île d'Orléans, va être bon pour la
Côte-de-Beaupré, va être bon pour la rive sud, va être
bon pour la grande région de Québec, mais à condition
qu'ils fassent l'effort qu'il faut aussi pour offrir des services, offrir des
choses aux gens qui vont venir, pour qu'ils aient l'intérêt de
rester. Et tout ça va être bon pour l'économie
régionale parce qu'au fond ils vont rester plus longtemps dans notre
région.
Et le tourisme au fond, c'est quoi? C'est de faire en sorte que les gens
restent une journée, deux journées de plus. C'est important.
Aujourd'hui, quand vous regardez sur le plan du développement
économique combien de routes sont barrées au Québec,
actuellement. Les gens ne se sentent plus écoutés. Les gens se
sentent désespérés. Ils sont rendus à fermer leur
ville, à faire des grèves générales dans leur
municipalité, à bloquer les chemins. Pensez-vous que, sur le plan
du tourisme en Gaspésie, bloquer les routes c'est un attrait
touristique? Ceux qui pensent aller là, pensez-vous qu'ils se sentent le
goût d'y aller s'ils pensent qu'ils peuvent rester dans un barrage de
routes? Il y en a trois la même journée. Comprenez-vous?
Essentiellement, pourquoi les gens sentent qu'ils doivent le faire quand
même, souvent les commerçants en tête? Parce qu'ils sentent
que le gouvernement ne les entend pas. Pourquoi? Parce qu'il ne donne pas
à ces régions les instruments dont elles ont besoin pour leur
développement. Ces régions ont besoin d'instruments. C'est pour
ça que je dis que le fonds Innovatech, qui était
nécessaire pour Montréal, est aussi nécessaire pour le
reste du Québec. On a besoin aussi d'avoir un fonds de
développement.
Je comprends le ministre du Développement régional. On a
parlé de 3 000 000 $ par région. Mais, 3 000 000 $ par
région, qu'est-ce que vous voulez faire avec ça? Ce n'est pas
assez pour faire du développement économique. Quinze
régions, 45 000 000 $. Ce n'est pas assez pour développer
l'ensemble du Québec, ces fonds qui ne sont pas assez
considérables. Ça prend des sommes d'argent beaucoup plus
considérables. Autrement, les gens sont pris à faire comme dans
les papeteries, à dire à la municipalité: Écoutez,
au lieu de faire une grève, occupez le terrain pour que la machinerie ne
s'en aille pas. Ils ne sont plus capables d'envoyer des messages autrement. On
a fermé leur poste de radio. On a fermé leurs moyens de
communication. Aujourd'hui, même les journaux qui étaient des
correspondants n'ont plus de journalistes à plein temps. Et quand le
journaliste à temps partiel écrit un article, on va vous dire
à Québec, dans le journal Le Soleil, qu'il n'y a pas d'espace
pour les régions. Combien de fois, moi, j'ai su que tel journaliste
avait écrit un article et il n'y avait pas de place dans le journal,
comprenez-vous? Nos journaux menés à partir de Toronto. Ce n'est
pas comme ça qu'on va faire notre développement
économique, c'est avec les instruments qu'on va donner à nos
régions pour le faire. C'est pour ça que le Centre des
congrès est un bon outil.
Maintenant, le Centre des congrès... Moi, j'avais dit,
j'étais intervenu depuis un bon bout de temps. Le ministre nous a dit,
nous a fait une confidence quand il nous a dit que les libéraux avaient
mis ça dans leur programme en 1985. Je vous ferai remarquer qu'on est
quand même en 1993, 8 ans plus tard, et qu'il n'y a pas encore une
pelletée de terre de faite. Quand même on nous dirait... Si
c'était nécessaire en 1985, ça a pris beaucoup de temps.
Et les gens nous ont dit, pas méchamment, mais... Quand je disais: M. le
député de Charlesbourg l'a annoncé souvent, les
députés libéraux me disaient: II l'a annoncé moins
souvent que son départ.
Non, mais il l'a annoncé. Je vais vous dire. Février 1991,
«Dépôt de la proposition de Québec de construire le
Centre des congrès à l'édifice Marie-Guyart, au complexe
G». Mai 1991, «Marc-Y van Côté annonce une
décision d'ici la fin de l'été». Septembre 1991,
«pressions de la chambre de commerce sur le député de
charlesbourg: ii vous reste un mois pour prendre une décision, sinon le
centre des congrès ne pourra être livré tel que
prévu au printemps 1995». octobre 1991, «le
député de charlesbourg annonce qu'il prendra sa décision
sur le site du centre des congrès au plus tard en novembre 1991».
fin mars 1992, le député dit: «je peux affirmer
solennellement, sur mon honneur, que le conseil des ministres prendra une
décision dans deux semaines sur le centre des congrès»
? fin mars 1992. le 7 avril 1992, «annonce d'une participation
gouvernementale et d'un financement à 50 % du déficit
d'opération pour un centre de congrès de 81 300 000 $, la ville
devant assumer le coût supplémentaire de 36 000 000 $ si elle opte
pour le g». donc, là-dessus nous avons réagi, nous avons
dit: non, on ne veut pas ce traitement-là, on veut le même
traitement qu'à montréal.
Le ministre, le député de Charlesbourg, disait
tantôt ? je vais revenir là-dessus ? pourquoi on a
demandé le même traitement qu'à Montréal pendant le
même nombre d'années, parce qu'il y a une mise en place d'un
centre de congrès. La clientèle ne vient pas d'un coup sec, il y
a une mise en place; ça prend un certain nombre d'années pour
créer l'achalandage et qu'on dise à ce moment-là: Bien, il
y a 2 centres de congrès dans notre région, qu'ils aient le
même traitement.
Avril 1992, «Trizec présente son projet de centre des
congrès à Place Québec». Octobre 1992,
«Annonce d'une étude de faisabilité pour examiner le projet
Tri-
zee. Mandat de trois semaines confié à trois firmes
d'architectes». Le 30 octobre 1992, on dit que le ministre est en
vacances. Pas de nouvelles avant la mi-novembre. Le 24 novembre, «Le
député de Charlesbourg annonce que la ville de Québec est
en train d'examiner les résultats de l'étude sur le projet Trizec
et fera connaître sa réponse d'ici Noël».
Alors, vous voyez, il y a eu beaucoup d'annonces, sauf que le Centre des
congrès prenait du temps. Pourtant le député de
Charlesbourg nous a dit lui-même que l'analyse des députés
libéraux disait, dès 1985, que ça prendrait un centre des
congrès. Et c'est un engagement de 1985. Et je vais vous dire une chose,
si on avait commencé plus tôt...
Il y a beaucoup de pauvreté. J'ai été surpris du
député de Charlesbourg quand il a dit que notre région
était dans l'abondance. On a vu les chiffres qui viennent de sortir, qui
montrent le nombre d'assistés sociaux et de chômeurs dans la
région de Québec. Seulement sur le côté nord, 80 000
assistés sociaux ou chômeurs. Dans la basse-ville de
Québec, des statistiques récentes indiquent qu'il y a un
réseau de pauvreté incroyable dans la région, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur ce, M. le
député, je vous indique qu'il vous reste 35 minutes de votre
droit de parole, et je suspends les travaux de cette Assemblée,
conformément au règlement, jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 3)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît. Nous
continuons les travaux de l'Assemblée nationale. Je vous rappelle que
nous sommes à l'étape des affaires du jour. Et l'Assemblée
poursuit le débat sur l'adoption du principe du projet de loi 99, Loi
sur la Société du Centre des congrès de Québec. M.
le député de Lévis, vous aviez commencé votre
intervention. Vous intervenez comme critique de l'Opposition officielle. Vous
disposez donc de 60 min, et il vous reste 35 min sur votre intervention. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais
continuer l'intervention que j'ai faite ce matin sur le projet de loi 99
concernant le Centre des congrès de Québec. Vous savez, M. le
Président, au début des années soixante-dix, le Centre des
congrès était nécessaire, mais quand on regarde à
quel point il était devenu petit, si on se compare aux villes
d'ailleurs, on se rend compte à quel point on a trop tardé; on
aurait dû le faire le Centre des congrès, l'agrandissement avant.
Vous savez que le Centre des congrès de Québec avait 46 000 pieds
carrés et était rendu même plus petit que le centre
d'Halifax. En réalité, il était le onzième centre
au Canada. Il est le onzième centre au Canada, le premier étant
celui de Toronto avec 271 000 pieds carrés, le deuxième
étant celui de Montréal avec 180 000 pieds carrés, le
troisième, celui de Vancouver avec 167 000 pieds carrés, le
quatrième, celui de Winnipeg avec 125 000 pieds carrés. On sait
que, dans la région de Winnipeg, il y a 2 fois moins de population que
dans la région de Québec. Toute la province de Manitoba au
complet, au fond, n'a pas plus de population que la région de
Québec. Et le Centre des congrès de Winnipeg est le
quatrième avec 125 000 pieds carrés. Le cinquième,
Edmonton avec 119 500 pieds carrés, et deux centres, un autre à
Calgary ? lui aussi est plus gros que celui de Québec ? qui
est le huitième avec 69 000 pieds carrés; pourtant, pour une
province qui a tout simplement 2 500 000 de population, il y a le Centre
d'Edmonton avec 119 500 pieds carrés et le Centre de Calgary avec 69 000
pieds carrés. Et on voit même Saskatoon, M. le Président:
sixième centre au Canada, Saskatoon. Ce n'est pas gros, Saskatoon, vous
savez. C'est même plus petit que Regina, qui a 100 000 de population. Je
ne sais pas la population de Saskatoon, mais c'est plus petit que Regina et il
y a 100 000 de population à Regina, et la Saskatchewan n'est pas en
croissance, elle est en décroissance de population. Maintenant, il y a
autour de 900 000 de population et on prévoit que, dans une quinzaine
d'années, il y aura 650 000 de population. Même le Centre de
Saskatoon, ville que peu de gens seraient capables de localiser sur la carte,
avait presque 2 fois plus de pieds carrés que celui de Québec,
puisque Saskatoon a 80 250 pieds carrés. Ottawa, septième, avec
70 000 pieds carrés. Hamilton... Pardon, huitième, je l'ai
nommé, oui. Et neuvième, Halifax, avec 57 260 pieds
carrés, M. le Président. Halifax ? ce n'est pas gros,
Halifax ? 57 000 pieds carrés. Après ça, au
dixième rang, Hamilton, avec 52 000 pieds carrés, et
Québec arrivait au onzième rang au Canada avec 46 000 pieds
carrés.
Au fond, l'agrandissement était nécessaire depuis
longtemps. Le député de Charlesbourg nous a dit tantôt que
les députés libéraux avaient conçu, en 1985, qu'il
fallait l'agrandir. Pourtant, il n'y a pas encore de pelletée de terre
de faite et ça fait 8 ans que les libéraux sont au gouvernement,
M. le Président ? 8 ans qu'ils sont au gouvernement. Donc, on peut
dire que c'est une décision qui a beaucoup tardé et il n'y a pas
encore eu de pelletée de terre. On est à l'ère des plans,
et les plans n'ont pas encore été complètement
passés à travers le processus normal qu'on a de montrer à
la population pour voir si les gens sont d'accord avec les plans. Moi, je pense
que les gens sont d'accord avec le projet dans son ensemble, mais, maintenant,
il reste à indiquer ce qui devrait être fait.
J'avais indiqué aussi, M. le Président,
antérieurement ? j'en ai parlé ce matin ? que le
gouvernement devrait prendre une décision sans iniquité, une
décision rapide, en équité avec le centre des
congrès de Montréal, ou le Palais des congrès de
Montréal, et avoir toute liberté d'action pour le futur centre
parce qu'on avait dit, à ce moment-là... Vous vous rappelez, on
disait, il y a une couple d'années, que le centre de Québec
devrait être un peu un centre pour consomma-
tion locale ou nationale, si on veut, mais qu'il ne devrait pas
être un centre international, laissant cette vocation à
montréal. je pense que le centre de québec doit avoir une
vocation aussi importante que le centre de montréal, ne pas avoir de
limitation au point de vue des congrès qu'il pourra recruter, parce que
c'est normal, et je pense qu'au contraire, ça va être bon pour les
deux. le gouvernement du québec a absorbé 100 % du déficit
de fonctionnement depuis le début de ses opérations en 1983 et
cette subvention couvre les frais de financement de la dette à long
terme générée par la construction du palais des
congrès. c'est pourquoi j'avais demandé qu'on ait la même
chose pour la région de québec, soit que les immobilisations
soient payées par le gouvernement du québec, de même que le
déficit de fonctionnement. et on voit qu'on le paie depuis 1983 pour le
palais des congrès de montréal. j'avais demandé qu'on ait
le même traitement à ce point de vue là.
Ça représente des sommes d'argent considérables, M.
le Président, puisque, en termes de subventions annuelles versées
par le gouvernement du Québec à la Société du
Palais des congrès de Montréal, ça veut dire, au point de
vue de l'acquisition de fonctionnement et de l'acquisition d'immobilisations,
que le gouvernement du Québec a contribué, depuis 1983
jusqu'à 1991-1992, c'est-à-dire seulement sur 9 ans ? je
n'ai pas 1992-1993 parce que le rapport annuel n'est pas encore sorti ?
pour 182 620 473 $. Si on dit en dollars de 1992, si on actualise, ça
veut dire 229 164 000 $ où le gouvernement du Québec a
contribué pour le Palais des congrès de Montréal depuis
1983.
Si on calcule la subvention versée par le gouvernement du
Québec à la Société du Palais des congrès de
Montréal, en excluant l'acquisition des immobilisations et les
intérêts sur la dette à long terme, puisque l'acquisition
d'immobilisations totalisait à 15 774 352 $, on arrive à un
montant de 84 143 421 $; et en dollars de 1992, ça veut dire 104 715 000
$, M. le Président, en taxes municipales payées par la
Société du Palais des congrès de Montréal et
assumées à 100 % par le gouvernement du Québec. Et,
pendant toutes ces années-là, le gouvernement du Québec ne
payait pas pour le Centre des congrès de Québec, puisque
c'était un centre municipal; donc, il n'y avait pas de contribution du
gouvernement du Québec. (15 h 10) par ailleurs, le gouvernement du
québec a payé en taxes municipales sur le palais des
congrès de montréal 40 819 956 $, de 1983 jusqu'en 1991-1992. et
le pourcentage de la subvention gouvernementale utilisé pour payer les
taxes municipales à la ville de montréal a varié, selon
les années, entre 20,1 % du total de la subvention en 1984-1985 jusqu'au
plus haut montant qui a été, en 1983-1984, de 45,9 %.
ordinairement, ça a varié entre 20 % et 25 %, entre 20 % et 27 %,
si vous voulez, le pourcentage de la subvention gouvernementale qui a
été utilisé pour les fins de payer les taxes municipales
à la ville de montréal. c'est pourquoi il est important que le
centre des congrès de québec soit dans la même situation
d'avoir un budget d'immobilisations assumé par le gouvernement, une
subvention au fonctionnement puisque le fonctionnement d'un centre de
congrès, ce n'est pas une oeuvre, c'est un service, au fond.
Un centre de congrès, c'est un service parce que ça
amène des milliers de personnes, sur le plan touristique, dans une
région. Et ces personnes-là qui vont venir dans la région
vont dépenser des sommes d'argent considérables en tant que
touristes pendant la période où ils vont être au
congrès, mais pendant la période aussi qu'ils vont ajouter avant
ou après leur congrès pour visiter la région où se
trouve le centre des congrès. M. le Président, c'est très
important.
Maintenant, nous avons reçu une lettre récemment,
signée par Roch Simard, avocat, du bureau Boutin, Roy &
Associés, qui a été adressée au ministre du
Tourisme, M. André Vallerand, le 21 mai dernier, concernant le projet de
loi 99. Je vais vous faire lecture de la lettre, M. le Président, pour
vous indiquer qu'en commission parlementaire nous devrons poser des questions
au ministre concernant cet aspect. Peut-être que le ministre, dans son
allocution, en dira un mot ? dans sa réplique. «Le projet de
loi 99, Loi sur la Société du Centre des congrès de
Québec, a récemment été déposé
à l'Assemblée nationale ? c'est la lettre que je lis telle
quelle, M. le Président. Ce projet de loi, qui a pour but d'instituer la
Société du Centre des congrès de Québec,
prévoit, à son article 31, que la Loi concernant les droits sur
les mutations immobilières ne s'applique pas aux transactions
d'immeubles à la Société et à la
Société immobilière du Québec pour la
réalisation du Centre des congrès de Québec. «Nous
avons reçu instruction de notre cliente, la ville de Québec,
? dit l'avocat ? de vous aviser qu'elle considère l'article 31
du projet de loi tel que rédigé inacceptable puisqu'il accorde
l'exemption de droits sur les mutations et avantages à un contribuable
par rapport à un autre contribuable. Cette façon de faire privera
la ville de Québec de revenus importants. «En ces années
difficiles, nous sommes d'avis que la ville de Québec, comme toutes les
municipalités du Québec, a été sollicitée de
façon importante lors des dernières interventions du gouvernement
du Québec touchant, notamment, la fiscalité municipale.
L'exemption prévue à l'article 31 du projet de loi ne fera que
priver la ville de Québec de sommes importantes auxquelles,
conformément à la loi actuelle, elle aurait droit et ne fera
qu'augmenter le fardeau que les contribuables de la ville de Québec
auront à supporter. «Toutefois, notre cliente serait d'accord pour
que les transferts des immeubles à la Société du Centre
des congrès de Québec par la Société
immobilière du Québec, pour la réalisation du Centre des
congrès de Québec, soient exempts de l'application de la Loi
concernant les droits sur les mutations immobilières. Cette position
tient compte du fait que la Société du Centre des congrès
et la Société immobilière du Québec sont toutes
deux mandataires du gouvernement du Québec et que certaines transactions
entre filiales sont, en vertu de
ladite loi, exonérées du paiement des droits de mutation,
la ville de Québec considérant ces deux sociétés
comme étant des filiales. «Pour toutes ces raisons, notre cliente,
la ville de Québec ? dit l'avocat Simard ? propose que
l'article 31 du projet de loi soit modifié pour se lire comme suit: "31.
La Loi concernant les droits sur les mutations immobilières (L.R.Q,
chapitre D-15.1) ne s'applique pas aux transferts d'immeubles de la
Société immobilière du Québec à la
Société du Centre des congrès de Québec pour la
réalisation du Centre des congrès de Québec." «Nous
portons le tout à votre attention et nous vous prions d'accepter, M. le
ministre, l'expression de nos salutations les plus distinguées»,
dit l'avocat Simard, pour la ville de Québec.
C'est évident, M. le Président, que nous poserons des
questions concernant cette lettre de la ville de Québec par l'entremise
de son avocat, pour qu'elle soit traitée, encore là, sur un pied
d'égalité. Essentiellement, pourquoi, M. le Président?
Parce que dans le domaine de la concurrence il faut que les gens soient
traités sur un pied d'égalité. C'est évident que
les centres de congrès vont être en concurrence. Ils vont avoir un
protocole d'entente entre eux, si on veut, pour des avantages
réciproques. Mais je pense qu'ils vont surtout avoir des apports
bénéfiques plutôt que se faire de la concurrence entre eux.
Et je pense que les atouts dont disposent le Palais des congrès de
Montréal, le Centre des congrès de Québec vont être
utilisés pour le développement touristique dans nos
régions respectives.
Maintenant, quant à la collaboration, moi, je suis
persuadé que le secteur hôtelier va offrir toute sa collaboration
au projet. C'est une lacune dans la région de Québec de ne pas
avoir un centre des congrès qui soit plus grand, d'avoir un petit centre
des congrès. Quand on est rendu, M. le Président, à dire
que notre centre des congrès est plus petit que celui d'Halifax! Entre
vous et moi, M. le Président, Halifax, ce n'est pas la place à
congrès en Amérique du Nord. C'est peut-être la
métropole de la Nouvelle-Ecosse, sauf que, normalement, il n'y a pas
beaucoup de congrès importants qui vont se tenir à Halifax,
tandis qu'il y a une demande considérable dans une place comme
Québec pour des congrès importants. Et l'industrie
hôtelière québécoise est majeure; et, surtout, il y
a un grand nombre de restaurants dans la région de Québec, qui
seraient bien heureux, actuellement, d'avoir un centre des congrès s'il
était déjà agrandi, parce que dans la période
difficile que nous traversons il y a des gens qui trouvent ça difficile,
dur actuellement, surtout avec les taxes qui nous assaillent de tous
côtés. Aujourd'hui, il y a quasiment une taxe nouvelle par jour.
Il y a des taxes qui viennent de tous bords et de tous côtés. Et
d'ailleurs, il va falloir compenser par une promotion bien efficace les taxes
que nous avons, au Québec, dans le domaine hôtelier.
Vous savez que c'est le gouvernement actuel qui a mis en place la taxe
sur les chambres d'hôtel, qui avait été enlevée par
le gouvernement précédent pour aider l'industrie
hôtelière, pour aider au tourisme. Pourquoi? Parce que nous sommes
actuellement les gens qui paient le plus de taxes sur une chambre d'hôtel
en Amérique du Nord. Il n'y a pas beaucoup d'endroits... Si vous
regardez ce qui se passe ailleurs, il y a bien des endroits... Il n'y a
même pas de taxes à certains endroits. Ici, on a des taxes: on a
la TPS, la TVQ. Et la TVQ est une taxe, en plus, non seulement sur le produit,
mais sur la taxe. Le gouvernement du Québec a l'insigne honneur d'avoir
inventé ce produit nouveau: la taxe sur la taxe. Je vais vous dire qu'un
touriste qui arrive ici et qui voit la taxe sur la taxe il fait un saut. Quand
il calcule sa facture de restaurant ? parce qu'il y a des gens qui savent
encore compter ? et qu'il voit qu'on applique la taxe et, après
ça, la TVQ sur le prix du repas, plus la TPS qui s'applique aux deux, il
fait un saut. Il n'y a pas beaucoup de pays au monde qui ont inventé la
taxe sur la taxe; il n'y en a pas beaucoup. Je vais vous dire, il n'y en a pas
beaucoup. (15 h 20)
Je vois le député de Deux-Montagnes qui hausse la
tête; je le mets au défi de me nommer des pays où il y a
une taxe sur la taxe, où les gens paient une taxe sur une taxe, comme si
c'était un produit additionnel d'avoir une taxe, comme si tu
étais avantagé par les taxes. On dit: Comme vous êtes
avantagé par les taxes, on va taxer vos taxes comme si vous aviez
acheté quelque chose avec vos taxes. Alors, il n'y a pas d'endroit... Je
vais vous dire que les gens font un saut. Je ne sais pas si vous avez des gens
qui viennent ici, que vous connaissez d'assez près, qui peuvent vous le
dire, mais je vais vous dire, moi, j'ai eu l'occasion d'en rencontrer depuis
que la TVQ, nouvelle formule, a été mise en application avec la
TPS, des gens qui sont surpris de voir qu'on a une taxe sur la taxe. Et je suis
persuadé que le ministre du Tourisme ne devait pas être en faveur
de ça, lui qui est pour... À moins qu'il mette un petit
«gratteux» après la facture et que le petit
«gratteux» dise: Tu peux gagner; si tu gagnes, on t'enlève
la taxe. Là, il pourrait y avoir une certaine motivation. Je suis
persuadé que lui-même est convaincu que la TVQ qui s'applique sur
la TPS, sur les produits, pour faire 15,56 %, qu'il a beaucoup de lettres de
beaucoup de gens qui lui disent que ça n'aide pas notre industrie
touristique. les gens viennent ici en avion, en automobile, en train, de
différentes façons. celui qui arrive en automobile, je vais vous
dire une chose, m. le président, s'il remplit son réservoir
d'essence... alors qu'aux états-unis ça peut lui coûter 12
$, 13 $, parce que maintenant on peut avoir de la gazoline aux
états-unis en bas de 1,10 $ du gallon américain ? 4 litres,
4,5 litres à peu près ? ici, quand il arrive et qu'il voit
que le litre est quasiment aussi cher qu'un gallon, il fait un saut, je vais
vous dire. et quand il voit, après ça, l'état de nos
routes, il se demande si on roule sur l'or et il voit qu'on roule de nid de
poule en nid de poule, là, je vais vous dire que le touriste fait un
saut. il dit: ça coûte cher et il n'y a pas de routes au
québec. et quand il va au restaurant, il voit 15,56 %, après
ça, 8 %, plus la taxe
sur la taxe pour le repas, il fait un saut. Quand il achète des
cigarettes ? s'il fume ? il retourne de bord et il dit: Je n'ai pas
les moyens de continuer dans cet endroit-là, c'est trop cher.
Parce que... Comparons. On vit dans un monde de concurrence. Les
discours sur le libre-échange, ils nous l'ont dit, les gens ne sont pas
obligés de venir ici. Je suis persuadé que, tantôt, quand
on va parler de 2002, par exemple, pour les Jeux d'hiver, les gens vont
regarder l'Utah; il n'y a pas beaucoup de taxes en Utah. Ils n'encouragent pas
le monde à fumer là-bas, à part ça, parce qu'il y a
bien peu de place où vous pouvez fumer. Les Mormons sont en charge de
l'État, puis c'est mieux d'avoir une vie rangée, en Utah.
Excepté que, en Utah, ils n'ont pas de taxes comme ça. Quand les
gens vont dire «est-ce qu'on va à Québec ou est-ce qu'on va
en Utah?», puis qu'ils vont voir, à Salt Lake City, à quel
point il y a moins de taxes qu'ici, je suis persuadé qu'ils vont y
penser parce qu'ici on a trop de taxes. Si on veut aider notre industrie
touristique, si on veut aider notre industrie hôtelière, il
faudrait revenir au régime qu'il y avait sous le précédent
gouvernement: les chambres d'hôtel, il n'y avait pas de taxes. Il n'y
avait pas de taxes, sur les chambres d'hôtel. Il n'y avait pas de taxes,
M. le Président. On avait enlevé ça, les taxes sur les
chambres d'hôtel. Il n'y avait pas de taxes.
Pourquoi? On trouvait que c'était une façon d'être
concurrentiel, parce que, les gens, quand ils vont choisir d'aller dans un
congrès, ils ne sont pas obligés de venir ici. Souvent, ils vont
regarder différentes villes, ils vont se faire faire des
scénarios, ils vont dire: On a 5000 délégués, on a
un congrès qui va durer 4 jours, qu'est-ce que vous nous offrez? Et ils
vont demander à différentes villes. Si on leur dit: On a un
aéroport avec deux portes, une pour entrer et une pour sortir, ils vont
faire un saut. Ils vont trouver que ça n'entre pas vite avec une porte.
Les gros congrès... À date, on a un petit centre des
congrès ? 46 000 pieds carrés, plus petit qu'Halifax. Avec
un gros centre des congrès, plus gros, avec 191 500 pieds carrés,
ça va prendre plus de monde. Si, à l'aéroport, il reste
une porte pour entrer, moi je vais vous dire que ça ne pourra pas
marcher très bien. Il va falloir qu'il y ait une meilleure organisation
de l'aéroport, c'est clair.
Je pense qu'il faut aussi féliciter le maire L'Allier. Le maire
L'Allier, il est comme tous les maires, il a des qualités et des
défauts, mais il a foncé dans ce projet-là. Il a
présenté son projet. Je sais qu'il y en a plusieurs qui n'ont pas
aimé ça parce qu'il a présenté son projet, et, au
début, les gens voyaient ça un peut comme le projet L'Allier. Il
y en a que ça a dérangé, sauf que ça a eu un effet
positif. C'est qu'il a pris le taureau par les cornes et il a dit: Je
présente mon projet. Maintenant, si vous voulez le corriger, si vous
voulez le changer, ce n'est pas impossible, excepté que je fonce. Il a
dit aux toréadors: Surveillez-vous, on fonce. Alors, il a voulu
essentiellement foncer, et je pense que c'est important pour le Centre des
congrès de Québec que ça fonce. La région de
Québec, elle ne fonce pas assez. Nous autres, on a des
députés trop polis, des députés qui sont gentils
comme tout. On a besoin de fonceurs, on a besoin de gens qui foncent. On en a
un bon dans le député de Montmorency, c'en est un qui fonce. Oui,
c'est un bon.
Des voix: ...
M. Garon: Non, non, c'est un fonceur. Je vais vous dire une
chose, c'est un fonceur, et le député de Charlesbourg, je suis
certain qu'il est capable d'apprécier... D'ailleurs, j'ai
remarqué, dans son discours ce matin, qu'il avait parlé avec
beaucoup de respect du député de Montmorency parce qu'il sait que
c'est un fonceur. Dans la région de Québec, ce dont on a besoin,
c'est de fonceurs, de députés qui foncent, qui n'attendent pas
comme un moineau dans le nid, le bec ouvert, que quelqu'un mette quelque chose
dans le bec. Ça prend des gens qui foncent. Nos régions,
actuellement, leur problème, c'est qu'elles ne foncent pas assez. Ce
n'est pas en fermant une route une fois de temps en temps qu'on règle
quelque chose. Il faut également foncer, se battre sur des projets et
faire en sorte qu'ils se réalisent. Le maire de Québec, à
ce moment-là, malgré tout ce qu'on pourra dire, dans le projet de
loi du Centre des congrès, il est arrivé avec son centre des
congrès, il n'a pas accepté que la réponse soit
négative. Je pense qu'il a contribué, à ce
moment-là, à ce que ça se fasse. Le député
de Charlesbourg en a dit un mot tout à l'heure, et je pense qu'il a
aidé, parce que, quand on a des maires trop polis, trop partisans, bien,
ça n'aide pas. Quand le maire est trop libéral, on dit: Lui, il
est libéral, il n'y a pas de problème, là, il va se
contenter de ça. Tandis que quand un maire, au contraire, prend plus de
place et veut que les choses se fassent...
Une voix: Et il n'est pas partisan?
M. Garon: Non, je ne pense pas que le maire de Québec ait
un parti. Je le dis bien franchement, je ne pense pas qu'il ait de parti. C'est
un ancien ministre libéral, mais il y a des gens qui sont dans des
partis et qui ne sont pas nécessairement partisans. Il y a des gens qui
ont décidé, dans leur coin, de défendre plus leur
région ou leur.comté que leur parti, et c'est heureux, car
autrement... Dans ces régions-là, les gens n'ont pas besoin de
bloquer les routes. Les gens sont obligés de bloquer des routes dans le
comté de Bonaventu-re ? Newport, c'est dans Bonaventure maintenant
? pour être entendus, et dans le comté de Matane, parce
qu'ils calculent que les députés ne les défendent pas
assez. Alors, que voulez-vous, à ce moment-là, bien, on a
l'effet.
Excepté qu'ici, moi, je pense qu'il faut féliciter le
maire L'Allier et son équipe d'avoir foncé dans le projet du
Centre des congrès. Je pense que ça a été une bonne
initiative et il faut continuer dans la même direction. Je pense qu'il
faut continuer, dans la région de Québec, à revendiquer
pour faire en sorte qu'on ait un aéroport ? c'est le temps, on va
avoir des élections, là ? digne d'une capitale nationale,
puisque Québec est la capitale de la francophonie. Nous, ce n'est pas
une
ville cosmopolite, Québec. C'est une ville francophone, comme
Paris. Une ville culturelle, patrimoniale, la capitale du Québec, la
capitale de la francophonie en Amérique du Nord, et une ville qui est
heureuse de vivre en français. Nous autres, on ne se sent pas
malheureux, et les gens qui viennent ici, ils viennent ici parce qu'on est
Français.
Pensez-vous que les gens vont à Paris parce que les
garçons de table ? «waiters» ? parlent anglais?
Pas du tout. Ils disent: On s'organisera. Et c'est une des villes où il
y a le plus de tourisme, parce que ça parle français à
Paris, et ils aiment ça. Les gens qui vont à Madrid, c'est parce
qu'ils pensent que ça va parler espagnol. Ils sont contents. À
Québec, nous, notre avenir est bâti sur le fait français.
Et une ville existe d'abord pour elle-même, pour ses citoyens, pour les
habitants qui habitent cette ville, pour les gens de sa région. Et parce
qu'ils réussissent à faire une vie exceptionnelle, les gens
d'ailleurs veulent venir voir. Pensez-vous qu'un Américain va dire: Moi,
je vais aller à Québec parce que c'est américain? Il va
dire: Non, je n'ai qu'à rester chez nous, c'est américain. Les
gens veulent venir voir des gens qui vivent différemment.
Et, Québec, nous, qu'est-ce que vous voulez, on est un peu la
cité d'Astérix, parce que, à un moment donné, au
XIXe siècle, c'était autant anglais que français à
Québec, comme à Montréal. Nous, maintenant, c'est une
ville francophone, un peu comme le village gaulois. On ne sait pas quel genre
de térébenthine on avait dans notre potion magique,
excepté qu'on a aujourd'hui fait la capitale française de
Québec avec un bon mélange irlandais pour rendre les
Français plus dynamiques. C'est pour ça que vous avez, dans la
région de Québec... J'en vois un exemple en face de nous. On peut
avoir des divergences d'opinion, excepté que je vois des
collègues qui sont moitié francophones, moitié Irlandais,
j'ai bien dit, et qui ont... C'est comme les Bretons. Ça compense le
nombre des Normands. Je vois qu'ils sont plus hésitants. Les Normands
sont plus hésitants. (15 h 30)
Alors, dans notre région, moi, je pense qu'il ne faut pas
être gênés de défendre ce que nous avons à
défendre, d'être nous-mêmes. Pas essayer d'être
quelque chose d'autre, être nous-mêmes, essentiellement. Les
Italiens n'ont pas honte d'être Italiens. Les Anglais n'ont pas honte
d'être Anglais. Les Allemands n'ont pas honte d'être Allemands. Les
Turcs n'ont pas honte d'être Turcs. Les Québécois n'ont pas
à avoir honte d'être Québécois. Ils n'ont pas besoin
de s'excuser non plus, être eux-mêmes, essentiellement. Un
Québécois... Oui, oui, il y a un mélange. Un
Québécois, c'est mélangé. On est en train de faire
l'histoire de la Rive-Sud, et on me disait: Vous savez, les Caux de
Lotbinière, ceux qui pensent qu'ils viennent de la Normandie, les Caux,
bien, c'est des descendants d'Allemands qui s'appelaient Cox. J'ai appris que
les Daigle... On pense que les Daigle viennent de la France; non, c'est des
Allemands, c'est des Dager. Ils ont francisé leur nom. Il y a beaucoup
de noms dans notre région aujourd'hui dont les gens pensent qu'ils sont
français, qu'ils viennent de la Normandie. Ils ne sont jamais venus de
la Normandie, ils ont essentiellement des origines dont la langue commune est
le français et ont décidé de franciser leur nom dans notre
région.
Notre région de Québec, au fond, c'est la capitale de la
francophonie en Amérique du Nord. Nous autres, on ne se vante pas
d'être cosmopolite, on est différent de Montréal. On n'est
pas cosmopolite. On est une ville française, une région
francophone. Et il y a des gens qui viennent de différentes origines et
qui contribuent à améliorer le mélange. Ils contribuent
à améliorer le mélange, en fait, non pas en étant
une mosaïque, mais en étant un nouveau mélange plus
vigoureux. C'est ça, la région de Québec. Alors, vous
allez à l'île d'Orléans, vous allez sur la côte de
Beaupré, vous allez sur la rive-sud, vous allez à Lévis,
dans les Chutes-de-1 a-Chaudière, dans la Beauce, qu'est-ce que vous
voulez? Des gens qui sont francophones et qui n'ont pas honte de l'être,
qui sont contents de l'être, et notre Centre des congrès dans la
région de Québec va faire en sorte de faire la promotion de notre
région comme une région francophone où on parle
français, où on est le village gaulois si vous voulez, la
capitale gauloise, et c'est ce que nous voulons demeurer et continuer
d'être.
M. le Président, c'est pourquoi le Centre des congrès est
nécessaire et nous allons nous assurer, non seulement dans le projet de
loi parce que ce projet de loi n'a pas l'air d'être méchant...
J'ai comparé les projets de loi du Palais des congrès de
Montréal et du Centre des congrès de Québec, c'est
à peu près 2 lois identiques, à peu de chose près.
D'ailleurs, on aura l'occasion de le voir en commission parlementaire, sauf ce
qui va être important, c'est de voir dans les ententes qui sont faites,
la mise en oeuvre ? ça, ça n'apparaît pas dans le
projet de loi ? au point de vue des immobilisations, du fonctionnement,
des taxes municipales, des taxes sur la mutation immobilière, des
différentes mesures, que le traitement entre Montréal et
Québec soit similaire. Je ne dis pas qu'il soit identique. Ce n'est pas
ça. Mais qu'il soit similaire pour qu'il n'y ait pas de
désavantage de l'un par rapport à l'autre pour, après
ça, qu'on dise qu'il y a de la concurrence déloyale.
Et je souhaite, je vous le dis, M. le Président, et comme un des
représentants de la région de Québec, nous souhaitons que
nous ayons la plus grande collaboration avec Montréal pour dire aux gens
quand ils viennent à Québec: Votre voyage ne sera pas complet,
vous n'avez pas affaire à Montréal; même si ce
n'était rien que pour vous apercevoir à quel point les
Québécois sont différents. Et nous espérons que
quand ils iront à Montréal, les gens de Montréal diront:
Bien, si vous voulez voir la vraie capitale gauloise, allez à
Québec et vous allez voir comment ces gens-là vivent et sont la
capitale de la francophonie en Amérique du Nord, Montréal
étant la métropole. Puis on ne s'enlève rien
réciproquement. On peut s'aider, au fond, mutuellement, dans une
certaine concurrence, mais une complémentarité pour beaucoup
d'aspects où on peut travailler ensemble également.
J'ai souvent dit, moi, M. le Président, que quelqu'un qui veut
venir faire du ski à Québec, un jour, est mieux d'aller pratiquer
à Montréal; les côtes sont moins grosses. Et quand,
à un moment donné, il veut avoir des côtes plus à
pic, là, il peut venir au mont Sainte-Anne et, après ça,
à Petite-Rivière-Saint-François et au Massif du Sud parce
qu'on a des montagnes à pic. Le Pin rouge, ça... S'il veut avoir
chaud, il peut aller au Pin rouge. Mais c'est une autre affaire, le Pin rouge,
c'est plus compliqué.
Mais je veux dire essentiellement, M. le Président, qu'on a
beaucoup d'atouts dans notre région pour faire un Centre des
congrès qui va opérer l'été, l'hiver, avec les
couleurs de l'automne, avec la végétation qui se modifie dans
l'espace de quasiment, dans certains cas, 24 heures, au printemps, tellement la
végétation change rapidement entre des arbres squelettiques et
des arbres pleins de feuilles. Bien, je pense, M. le Président, que nous
allons pouvoir avoir davantage d'atouts avec un Centre des congrès qui
soit digne d'une véritable capitale, et nous allons contribuer à
faire en sorte que ce projet de loi soit adopté le plus rapidement
possible pour que...
Il n'y a pas de raison pour ne pas que les pelletées se fassent
rapidement, pour que les travaux se fassent rapidement, parce que des travaux
de 80 000 000 $ à une époque, à une période
où il manque de travaux, il y a une récession économique,
c'est très bon. D'autant plus que le gouvernement aura les
bénéfices au cours des années puisqu'il va se payer en
finançant les 80 000 000 $, il va se rembourser avec les taxes que va
générer le Centre des congrès au cours des années,
et très rapidement. Et en même temps, toute l'industrie
hôtelière, toute l'industrie de la restauration, toute l'industrie
touristique de la région pourront bénéficier du Centre des
congrès.
Et enfin, je termine là-dessus, le projet Imax ? je le dis
tout de suite ? le projet Imax, plutôt qu'il retourne, va avoir la
malheureuse idée de se mettre sur le bord de l'eau, cachant la vue aux
gens, je souhaite que le projet Imax soit collé sur le Centre des
congrès, en fasse même partie ou, si on veut, ait des murs
mitoyens pour que les gens du Centre des congrès puissent utiliser le
projet Imax pour les fins du congrès, mais aussi comme instrument de
promotion de notre région, et qu'on ait un projet qui, avec la
perspective cinématographique, puisse montrer davantage ce qu'on peut
voir dans la région si on prend le temps d'y rester quelques jours. je
suis persuadé que ce projet-là, à ce moment-là,
serait beaucoup mieux localisé et que, en même temps, tous ceux
qui ont protégé le patrimoine, l'écologie, la
beauté de la ville de québec, la pointe à carcy qui est
à peu près le plus beau site ? pas à peu près
? le plus beau site de notre région, où on a la plus belle
vue, à ce moment-là, les gens vont être heureux, avec des
espaces verts à la pointe à carcy, puis un port de mer qui peut
être utilisé à 100 % pour des activités portuaires
ou, encore, des activités du public qui ira dans le port. mais, en
même temps, le cinéma pourrait être bien mieux placé
et être beaucoup plus rentable, puis servir beaucoup plus les
intérêts de notre région. S'il était collé
sur le Centre des congrès, il pourrait être utilisé
à des fins promotionnelles auxquelles il serait beaucoup mieux
destiné, à côté d'un Centre des congrès,
à l'endroit où les promoteurs voulaient le bâtir depuis 2
ou 3 ans.
Je termine en félicitant les gens de la ville de Québec
pour un projet qui va être bénéfique, en promettant au
ministre que nous allons, comme toujours, le supporter. Je lui ai dit, au
ministre, la journée qu'il a été élu ? je ne
sais pas s'il s'en rappelle ? je lui avais dit que quand il y aura des
projets qui sont bons pour la région, il aura mon appui toujours le plus
total, sans aucune partisanerie et sans aucune mesquinerie. Et c'est pour
ça que, dès le début, je lui ai dit dans quelles
conditions, qu'est-ce qu'on voulait avoir pour le Centre des congrès au
point de vue de la comparaison avec Montréal, et il me semble, dans les
réponses que nous avons jusqu'à maintenant, que ça
pourrait aller dans ce sens-là parce qu'il y a eu des changements qui
ont été apportés dans les annonces qui ont
été faites récemment.
Maintenant, nous allons suivre le dossier de proche pour qu'on ait une
situation équitable pour les fins que j'ai mentionnées pendant
mon allocution.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lévis.
Je vous rappelle que nous sommes à débattre de la motion
proposant l'adoption du principe du projet de loi 99, Loi sur la
Société du Centre des congrès de Québec.
Je cède maintenant la parole à M. le député
de La Peltrie et ministre des Communications.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Merci, M. le Président.
L'actuel Centre des congrès est nettement
défavorisé par rapport à Montréal. Je crois que les
intervenants qui ont eu l'opportunité de s'exprimer sur le projet de loi
l'ont clairement démontré. Par rapport à Montréal,
le Centre des congrès actuel est situé dans un sous-sol et a
à peu près 40 000 pi2 d'espace utilisable. (15 h
40)
C'est donc au mois de novembre 1989, M. le Président, que l'OPDQ,
qui représentait le gouvernement, de même que les gens de la
région de Québec, représentés par les
autorités de la ville de Québec, ont convenu de procéder
à une étude qui portait sur la modernisation du Centre des
congrès. C'était une étude conjointe, comme je l'ai
mentionné précédemment, et, à la suite de cette
étude, on recommandait l'agrandissement et la modernisation du Centre
des congrès afin qu'il soit tout à fait concurrentiel avec les
autres centres qui existent à l'intérieur de ce marché
nord-américain qui est combien convoité par plusieurs
régions. On recommandait, effectivement, un 200 000 pieds carrés
pour accommoder les besoins de la région de Québec.
Il s'ensuit, bien sûr, que l'équipe libérale de
la
région de Québec en a fait un engagement électoral
très clair, très ferme, et c'est nul autre que le ministre
responsable de la région de Québec et député de
Charles-bourg qui a décidé d'entreprendre ce dossier pour et au
nom du caucus et le piloter à travers les instances
gouvernementales.
Par ailleurs, M. le Président, vous vous rappellerez sans doute
qu'il y a eu plusieurs études, notamment, qui déterminaient le
programme de besoins, le choix du site qui est extrêmement important, les
concepts architecturaux et pour permettre ultimement la présentation au
mois d'avril 1992. C'est à peu près à cette
période, également, que le Conseil des ministres, à la
suite de la présentation de mon collègue, le ministre du
Tourisme, a entériné le principe et le concept, bien sûr,
du nouveau Centre des congrès.
Je profite de l'occasion, M. le Président... mon collègue,
le député de Charlesbourg l'a mentionné ce matin, il a
fait le tour de l'ensemble des intervenants de la région de
Québec qui ont activement participé et qui ont collaboré
ensemble pour la réalisation de ça. Je voudrais aussi m'inscrire
dans la même lignée que mon collègue de Charlesbourg pour
féliciter et remercier le député de Crémazie et le
ministre du Tourisme qui a piloté le dossier; également, le
député de Beauce-Sud, ministre des Approvisionnements et
Services, qui a travaillé très fort avec ses collègues;
mais particulièrement les gens de la Société
immobilière du Québec, les gens, bien sûr, de la ville de
Québec, les gens du Centre des congrès actuel tout comme ceux de
l'Office du tourisme de la région de Québec, la Chambre de
commerce de la grande région de Québec, les gens de la
Communauté urbaine de Québec.
Tout le monde, bref, dans la région a réussi à se
mobiliser et tout le monde a réussi à mener à bon port, je
crois, par l'introduction, aujourd'hui, du projet de loi 99, ce projet de
créer et de bâtir, ici, dans la région de Québec, un
nouveau Centre des congrès.
Vous le savez, M. le Président, nous examinons, par l'entremise
de ce projet de loi, la Loi sur la Société du Centre des
congrès, nous sommes à étudier actuellement un nouveau
projet qui vise à structurer d'abord la gestion, mais aussi à
réaliser la construction de ce nouveau centre qui, somme toute, devrait
voir le jour peu de temps après l'adoption de ce projet de loi ici,
à l'Assemblée nationale. Donc, cet été, nous
devrions voir la réalisation de ce projet.
Je rappelle, pour ceux qui nous écoutent, puisque je sais que le
député de Lévis en a parlé et tous les autres en
ont parlé, c'est un projet de 350 000 pieds carrés. C'est un
projet qui va coûter en termes d'immobilisations 81 000 000 $ qui, bien
sûr, est en termes d'impact financier et économique dans la
région de Québec, sans contredit, l'un des projets les plus
importants depuis quelques années. Ça créera, bien
sûr, plusieurs centaines d'emplois, soit directement ou indirectement
pendant une période de 2 ans, alors que se réalisera ce
projet.
Il faut dire également que les dépenses d'opération
qui sont envisagées à l'occasion de la réalisation et de
la mise en opération de ce Centre devraient totaliser tout près
de 10 000 000 $ sur une base annuelle et, bien sûr, créer
plusieurs emplois.
Les retombées économiques, on en a parlé largement,
touchent le secteur touristique. Vous le savez que, dans la région de
Québec, actuellement, il y a tout près de 32 000 personnes qui
sont et qui tirent leurs revenus de l'industrie des services et de l'industrie
touristique, soit près de 10 % de l'emploi total. Et, dans un contexte
où nous avons et nous nous sommes engagés, dès 1985,
à moderniser, à diversifier le rôle de l'État, mais
aussi celui de l'économie de la région de Québec, c'est
tout près de 750 000 000 $ qui ont été investis.
J'entendais, tout à l'heure, les critiques de l'Opposition
à l'égard de la faiblesse d'action du gouvernement. Je
rappellerai simplement les grandes lignes et les grandes choses qui ont
été réalisées ici, dans la région de
Québec. N'eût été, bien sûr, de
l'équipe libérale qui est en place, sans doute plusieurs choses
n'auraient pas vu le jour.
De temps en temps, je pense qu'il est important que nous puissions, M.
le Président, dire tout haut et très fort les réalisations
que nous avons accomplies comme caucus, mais comme gouvernement dans la
région de Québec. Je parle du musée qui a
été complété, les investissements non seulement au
niveau du Musée de la civilisation qui ont été
complétés, qui ont été, oui, amorcés sous
l'ancien régime, mais qui ont été complétés
par nous. Je parle des investissements aussi au Musée du Québec.
Je parle du parc technologique, l'usine d'épuration, qui a
coûté au-delà de 300 000 000 $. Je parle aussi du CEFRIO,
de l'institut de magnésium. On a quoi? Je l'ai mentionné, 81 000
000 $ pour le Centre des congrès, 5 000 000 $ qui sont annuellement
consacrés à la ville de Québec pour assumer son rôle
de capitale. C'est indexé. Ça fait déjà 5 ans que
c'est en cours. On parle d'une entente MAC-ville de Québec, MAC
étant, bien sûr, le ministère des Affaires culturelles,
où, à date, cette entente de 40 000 000 $ réserve 20 000
000 $ au nom du gouvernement du Québec pour des projets
d'intérêt culturel. On parle de 7 000 000 $ à la Place
Royale. Les chutes Montmorency, le député de Montmorency doit en
connaître, évidemment, ou en connaîtra bientôt la
réalisation. Ça s'opère dans son comté. La venue de
2002, la participation du gouvernement à épauler et à
appuyer la candidature, non seulement de la ville de Québec comme
étant le choix canadien, mais aussi son engagement à aller plus
loin dans le dossier. Le réseau routier, M. le Président, il me
semble qu'il y a quelques mois, mon collègue, le ministre
délégué aux Transports annonçait dans la grande
région de Québec des investissements uniquement pour les voies
d'accès, les échangeurs autour du pont de Québec, de tout
près de 12 000 000 $, ce qui devrait intéresser, bien sûr,
les gens de la rive sud qui, quotidiennement, doivent voyager ici, vers
Québec.
Je passe sous silence, bien sûr, toutes les choses qui ont
été faites au niveau de l'organisation stratégique du
financement du Carnaval de Québec, le Festival d'été, la
Transat, les Nordiques de Québec, qui, bien
sûr, sont un atout touristique extrêmement important pour la
région. Je pense à plusieurs activités qui ont
été réalisées au niveau des loisirs d'hiver, le
championnat mondial de ski, le championnat mondial de patin artistique et de
patin de vitesse à Sainte-Foy, des investissements dans le secteur de la
haute technologie, M. le Président. Nous parlions du parc technologique,
mais il suffit de parler encore des agrandissements au CHUL de 35 000 000 $,
l'investissement de 60 000 000 $ de «sharing block> par l'entremise du
Fonds de développement technologique, la compagnie Précitech,
l'institut de biomasse, CEFRIO, le CQVB et Envirotron. C'est là, M. le
Président, de même que le rôle majeur qui est joué
par le GATIQ, des réalisations concrètes qui ont
été apportées, non seulement par le gouvernement, bien
sûr, mais par l'équipe libérale de la région de
Québec depuis les dernières années,
particulièrement depuis 1985, depuis que nous sommes là. (15 h
50)
Ceux qui diront que la région de Québec, toutes
proportions gardées, a été mal traitée par rapport
à d'autres régions, ceux qui viendront dire que la région
de Québec n'a pas eu l'équité au niveau de son dossier par
rapport au Centre des congrès, ceux qui diront: Écoutez,
antérieurement, la région de Montréal s'est vue payer et
assumer le fardeau fiscal engendré par les taxes pour l'opération
du Palais des congrès, je dirai simplement à ces gens-là,
M. le Président, alors que le Palais des congrès de
Montréal a vu le jour le 31 décembre 1981: Où
étiez-vous, M. le député de Lévis, alors que vous
étiez au pouvoir, alors que vous étiez ministre de l'Agriculture
dans l'ancien gouvernement? Vous l'avez vue, cette chose-là. Qu'est-ce
que vous avez fait comme député de la région de
Québec? Encore plus, qu'est-ce que vous avez fait comme ministre
responsable de la région de Québec à l'égard de ce
traitement que, aujourd'hui, vous qualifiez comme étant inégal?
Mais c'est quoi que vous avez fait? Rien, M. le Président. Ils n'ont
rien fait, M. le Président, de ce côté-là. Je viens
de faire la démonstration que c'est tout près de 750 000 000 $,
probablement proche de 1 000 000 000 $ qui ont été investis dans
la région de Québec, alors que le laxisme flagrant de
l'Opposition alors qu'ils étaient au pouvoir durant cette
période-là a fait en sorte qu'on était obligé de
mettre des efforts supplémentaires et additionnels.
M. le Président, ceux qui vous diront que, dans la région
de Québec ? comme j'entendais tout à l'heure le
député de Lévis ? la solution miracle à tous
nos problèmes, c'est que le premier ministre s'achète une maison
pour recevoir les chefs d'État. Imaginez donc! Imaginez donc! Le premier
ministre va se procurer une maison pour relancer l'économie de la grande
région de Québec. C'est le raisonnement que j'ai entendu venant
du député de Lévis et venant des gens de l'Opposition
depuis plusieurs mois, ici, dans la région de Québec. Il le
justifie, le député de Lévis, en disant: Bien,
écoutez, avant 1985, il y avait beaucoup de consulats qui étaient
à Québec et, là, maintenant, il faudrait s'arranger pour
que tous ces gens-là viennent dans la capitale. Mais, à ce que je
sache, le consulat américain n'est pas changé de place et, en
1980, il était là. À ce que je sache, M. le
Président, le consulat français était là aussi au
début, et ils ont également un bureau à Montréal.
Ça n'a pas changé. Depuis 1985, il n'y a pas eu d'exode de
consulats dans la région de Québec. Alors, lorsque M.
Léves-que ? et vous étiez au pouvoir à ce
moment-là ? était premier ministre du Québec,
pourquoi vous n'y avez pas pensé, à cette chose-là, M. le
Président? Pourquoi ils n'ont pas...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant!
Un instant, M. le ministre, s'il vous plaît. M. le député
de Lévis.
M. Garon: J'aimerais ça qu'il puisse y avoir quorum pour
que les députés puissent entendre le discours du
député de La Peltrie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, qu'on appelle les
députés. (15 h 52 - 15 h 55)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, Mmes et MM. les
députés, si vous voulez regagner vos banquettes, s'il vous
plaît.
Vous pouvez continuer votre intervention, M. le ministre.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous disposez de 7
minutes encore, M. le ministre.
Des voix: Bravo!
M. Cannon: Merci, M. le Président.
Avant l'interruption, M. le Président, j'étais simplement
à rappeler aux membres de cette Chambre que ceux qui proposent la
thèse de développement économique pour la région de
Québec comme étant basée sur la présence d'une
maison ou d'une résidence officielle du premier ministre dans la
région de Québec se sont trompés puisque, dans le fond,
ça s'opère par une concertation du milieu, comme nous avons
réussi la réalisation du Centre des congrès. Alors, c'est
de conter des peurs et de conter, j'appellerais, des demi-vérités
ou des choses, évidemment, qui sont impensables aux résidents de
la région de Québec en croyant que c'est par cette
entremise-là... Si ça avait été tellement une
solution miracle, c'est bien sûr que l'ex-premier ministre René
Lévesque, sans doute, plutôt que d'élire domicile sur la
rue d'Au-teuil, se serait doté d'une résidence officielle dans la
région de Québec, si ça avait été la formule
miracle du développement économique dans la région de
Québec.
Mais, pour revenir quelques instants, bien sûr, à notre
dossier du Centre des congrès, je rappellerai, par rapport à ce
dossier-là, que notre région s'est dotée d'un
équipement des plus modernes, d'un équipement qui, bien
sûr, va comporter des salles polyvalentes. Pourquoi avons-nous
opté pour cette chose-là? Nous avons opté
pour cette chose-là afin d'offrir, M. le Président,
à ces congressistes qui viendront de partout à travers le monde
la possibilité de tenir des congrès allant de 3000 à 4000
personnes, ou bien de décider d'avoir des congrès,
peut-être, de taille moyenne inférieure à ce
nombre-là.
De plus, M. le Président, pour la première fois, pour
attirer des congrès, on pourra miser ? comme le disait mon
collègue, le député de Crémazie et ministre du
Tourisme ? sur une salle d'exposition de tout près de 75 000 pieds
carrés. Et, bien sûr, M. le Président, je le rappelais il y
a quelques instants, la réalité économique fait qu'on aura
pour nos hôtels, de même que pour les employés qui y
travaillent, pour l'industrie du transport, pour les produits touristiques de
la région de Québec, nos musées, nos centres
d'interprétation, ce qui est en périphérie de la
région...
On a fait allusion ce matin au Massif, on a fait allusion au mont
Sainte-Anne, on a fait allusion à ses équipements, par exemple,
aux chutes Montmorency, on a fait allusion à ces choses qui, bien
sûr, généreront à elles seules, mais aussi avec
l'aide de ce nouveau Centre, des dizaines de millions de dollars en
retombées partout dans la région.
Alors, dans le fond, M. le Président, comme je l'expliquais et je
l'exprimais plus tôt, à chaque fois que la région de
Québec s'est mobilisée sérieusement derrière un
projet, à chaque fois qu'on a mis l'épaule à la roue,
à chaque fois qu'on a voulu réaliser quelque chose,
l'équipe ministérielle qui est en place a été
à l'écoute, a été, comme je l'ai mentionné,
depuis 8 ans, à l'écoute de ces projets-là; et nous avons
décidé, et nous avons travaillé en collaboration avec les
instances de la grande région de Québec à réaliser
ces choses-là.
En terminant, M. le Président, ceux qui pensent qu'il n'y a pas
suffisamment de choses qui ont été faites au niveau culturel,
qu'il n'y a pas suffisamment de choses qui ont été faites au
niveau patrimonial, qu'il n'y a pas suffisamment de choses qui ont
été faites au niveau touristique, que la ville de Québec
n'est pas assez capitale, que ce n'est pas suffisamment «high
tech», que c'est la faute du gouvernement si rien ne fonctionne, bien,
que ces gens-là soient confondus puisque la réalité est
une chose tout à fait différente. Nous jouissons ici, dans la
région de Québec, d'une infrastructure de transport, d'une
infrastructure touristique, d'une infrastructure dans le domaine de la haute
technologie, nous sommes dotés d'équipements au niveau de
l'université, au niveau de l'éducation et de l'enseignement. Nous
avons une qualité de vie exceptionnelle. Et je crois, M. le
Président, que l'ensemble de ces ingrédients-là, auxquels
s'ajoutera d'ici 2 ans le nouveau centre lorsqu'il sera complètement
réalisé, vont faire, bien sûr, de la région de
Québec, comme le disait le député de Lévis, la
ville francophone en Amérique du Nord par excellence, la capitale de la
francophonie en Amérique.
Merci, M. le Président. (16 heures)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
ministre.
Sur la même motion, je cède la parole à Mme la
députée de Chutes-de-la-Chaudière. Vous avez droit
à 20 minutes, Mme la députée.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Oui, je vous remercie, M. le
Président.
Avant de commencer à parler sur le projet de loi comme tel, je
viens d'entendre la longue litanie, si on veut, du ministre des Communications,
député de La Peltrie, et j'avais quand même une couple de
rectifications à faire, parce qu'il y a quand même quelques
petites nuances dans les propos que le ministre nous a tenus.
Il nous a donné une longue série de réalisations de
son gouvernement, incluant le Musée de la civilisation. Il nous a
parlé de ça tantôt. Pourtant, M. le Président, le
Musée de la civilisation, c'est grâce un peu, un peu beaucoup si
on peut dire, au gouvernement du Parti québécois de 1985 si on a
ça aujourd'hui. Parce qu'on se rappellera qu'en 1985,
déjà, les décisions concernant le Musée de la
civilisation étaient prises. Ce n'étaient pas des engagements,
c'était décidé. Les contrats étaient même
alloués, à ce moment-là, M. le Président. Et je
peux vous dire que, pire que ça, les travaux, même la
pelletée de terre et les travaux étaient même
déjà commencés avant que le gouvernement libéral ne
prenne la relève au pouvoir. Pire, M. le Président, il y a
même eu des retards occasionnés au niveau de la construction et de
la réalisation de ce projet-là, du Musée de la
civilisation, compte tenu que le gouvernement au pouvoir omettait de temps
à autre d'allouer les budgets nécessaires à la poursuite
des travaux. Alors, il y a eu des retards, même, qui ont
été occasionnés à cause du gouvernement du Parti
libéral.
Autre chose, M. le Président... Je m'excuse.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît,
s'il vous plaît! Allez-y, Mme la députée.
Mme Carrier-Perreault: Moi, je regrette, j'ai
écouté avec attention les propos du ministre des Communications,
et j'aimerais bien qu'il puisse écouter aussi ce que j'ai à lui
dire. Je vous remercie, M. le Président.
Autre chose, le ministre des Communications nous a expliqué
aussi, M. le Président, que l'idée d'avoir une résidence
pour un premier ministre à Québec était une idée
saugrenue du Parti québécois. Bien là, je vais vous dire,
c'est assez étonnant de nous arriver avec une remarque comme
celle-là. Il semble que ce n'est pas très brillant, que c'est une
idée complètement fofolle, à toutes fins pratiques. Est-ce
que le ministre des Communications se souvient qu'il y a eu des demandes
très précises à ce sujet-là, que ce
projet-là, de demander au premier ministre qu'il ait une
résidence principale dans la capitale, ça ne vient pas uniquement
du Parti québécois, ça a été demandé
par la ville de Québec, entre autres? La Chambre de commerce aussi s'est
prononcée sur ce sujet-là. C'est vrai que La Peltrie, ce n'est
pas
dans la ville de Québec même, mais quand même, c'est
aussi près de Québec que les Chutes-de-la-Chaudière, et je
suis étonnée que le ministre des Communications,
député de La Peltrie, n'ait pas l'air d'être au courant de
ces demandes-là qui ont été faites par les intervenants de
la Communauté urbaine de Québec, du milieu même où
il est député.
Pourquoi pensez-vous que les intervenants du milieu demandent que le
premier ministre ait une résidence à Québec? C'est parce
qu'ils sont inquiets, M. le Président. Ils ont inquiets, parce que,
depuis l'avènement du gouvernement libéral au pouvoir, on assiste
à un transfert assez important des ministères, des effectifs
gouvernementaux, des résidences et des ministère complets. On
parle à un certain niveau, des choses au niveau intergouvernemental, le
ministre des Affaires internationales. Écoutez, les gens ont raison
d'être inquiets, ici, du rôle que le gouvernement libéral
veut laisser à toutes fins pratiques à la capitale, parce qu'on
est la capitale. Je comprends, M. le Président, et je suis tout à
fait d'accord que Montréal est la métropole, qu'il y a un gros
bassin de population. C'est un fait, mais une capitale, il reste que ça
a un rôle à assumer, et si les gens du milieu sont inquiets, c'est
qu'ils ont des raisons de l'être.
On voyait des choses complètement terribles arriver dans le cas
de la Société québécoise de développement de
la main-d'oeuvre, M. le Président. Il a fallu qu'il y ait des
amendements, des demandes d'amendements, des demandes assez
répétées, et avec insistance, des intervenants du milieu.
La ville de Québec est même venue en commission parlementaire
faire des représentations pour dire: Écoutez, il y a des limites,
le siège social de la Société de développement de
la main-d'oeuvre, si c'est si important d'avoir une Société de
développement de la main-d'oeuvre, le siège social devrait
être situé dans la capitale, proche du ministère. On
convient qu'il y aura une société de développement de la
main-d'oeuvre dans chacune des régions, on est bien d'accord avec
ça. Qu'il y ait un bureau de la Société de
développement de la main-d'oeuvre à Montréal, on est bien
d'accord avec ça. S'ils ont besoin de beaucoup de personnel, on peut
comprendre ça, parce qu'ils ont une grosse clientèle, mais le
siège social, c'est important qu'il soit à Québec, dans la
capitale, près du ministre.
Alors, tout ça, il semble que le député de La
Peltrie n'ait pas eu connaissance des demandes des intervenants du milieu,
parce que, effectivement, ce n'est pas une idée du Parti
québécois uniquement. Je pense que les gens ici sont
intéressés à ce qu'il se passe quelque chose et que
Québec demeure réellement la capitale du Québec.
Le ministre nous a dit, tout à l'heure aussi, que,
déjà, en 1989 ? et là, je reprends ses propos ?
en novembre 1989, il y avait eu une étude sur la nécessité
d'agrandir le Centre des congrès de Québec. Alors, il nous a dit
qu'il y a eu une étude en 1989, que la recommandation, à ce
moment-là, était de 200 000 pieds carrés et tout
ça. Il nous a dit qu'il y a eu des engagements électoraux. Sauf
que, M. le Président, je sais que vous avez été
élu, vous aussi, en 1985, que vous étiez sûrement là
lorsque le Parti libéral, en campagne électorale ? et
ça, il semble que le député de La Peltrie ne s'en
rappelait pas du tout, tout à l'heure. C'est le Parti libéral, en
1985, qui avait pris l'engagement, effectivement, de doter la capitale, de
doter Québec d'un Centre des congrès normal pour la grosseur
d'une capitale. Engagement ferme en 1985, M. le Président.
Alors, ça fait 8 ans de ça, là. Quand on repart le
dossier de 1989, ça paraît bien, effectivement, pour les gens qui
n'ont pas suivi vraiment le dossier. Mais, pour les autres qui savent, pour
vous qui savez aussi, je pense qu'il faut replacer les choses de façon
chronologique. C'est en 1985 qu'il y a eu un engagement du gouvernement du
Parti libéral, pour gagner ses élections, à l'effet qu'il
fallait qu'il y ait un Centre des congrès. On est en 1993, M. le
Président, et le Centre des congrès, on ne l'a pas encore.
Aujourd'hui, on n'en est pas à l'adoption ou à une
pelletée de terre d'un Centre des congrès. Ce n'est pas ça
du tout. On est, je dirais, j'appellerais ça un pas dans la bonne
direction. C'est sûr que le projet de loi qu'on a devant nous, Loi sur la
Société du Centre des congrès de Québec, qui a
été déposé justement par le ministre du Tourisme,
ici, en cette Chambre, le 13 mai, bien, c'est nécessaire, c'est
essentiel, hein! C'est un projet de loi qui est nécessaire, puisque le
Centre des congrès relèvera du ministre du Tourisme, tout comme
celui de Montréal, le Palais des congrès. Et ce projet de loi a
donc pour objet... L'objet de ce projet de loi, c'est d'instituer la
Société du Centre des congrès de Québec.
Parce que c'est une demande aussi des gens. On dit: On veut être
traité sur le même pied, sur un pied d'égalité avec
ce qui se passe à Montréal, compte tenu que Québec, c'est
la capitale, qu'il y a beaucoup de possibilités au niveau
congrès. On considère que c'est important d'être
traité sur le même pied.
D'ailleurs, le ministre des Communications ? et ça aussi,
ça m'a étonné dans son allocution ? il a
commencé, M. le Président, son allocution en nous expliquant que
Québec était nettement défavorisé par rapport
à Montréal. C'est pour ça qu'en 1989, disait-il, ils ont
fait faire des études pour voir comment on pourrait réaliser une
certaine équité.
Par ailleurs, quand il a terminé son intervention, bien
là, je ne comprends plus trop parce que là, là, il
faudrait qu'on arrête de dire qu'on n'était pas traités sur
le même pied d'égalité et tout ça. Bon. Parfait.
Puisqu'on a maintenant un projet de loi devant nous qui vient instituer la Loi
sur la Société du Centre des congrès de Québec, on
peut dire que, oui, il y aura une certaine forme d'équité. Bien
sûr, il va nous manquer encore quelques détails. Mon
collègue de Lévis faisait mention de ces détails-là
? ils sont quand même importants, M. le Président ? qui
seront discutés, lors de l'étude article par article en
commission parlementaire. Mais, dans l'ensemble, sur le principe, l'Opposition
est tout à fait d'accord et compte appuyer le principe de ce projet de
loi.
C'est vraiment uniquement la création, la mise sur
pied de la Société du Centre des congrès de
Québec. Mais, au moment où on se parle, M. le Président,
il faut être quand même très conscients qu'il n'y a aucun
des travaux commencés, qu'il n'y a sûrement pas de contrat
d'alloué. On est juste à mettre sur pied l'institution qui pourra
gérer le Centre des congrès, le futur Centre des congrès
de Québec.
Alors, il n'y a pas eu de pelletée de terre, il va sans dire, M.
le Président. Il n'y a pas de travaux commencés. Par rapport au
budget, on ne sait pas du tout présentement, là, où sont
les budgets qui ont été alloués pour ce projet-là.
Est-ce que les travaux pourront réellement commencer? Tout ça, ce
sont des questions auxquelles on n'a pas de réponse, au moment où
on se parle. On espère. Parce que ça fait quand même
plusieurs fois que le gouvernement libéral, que le Parti libéral
s'engage. (16 h 10)
Je le disais tout à l'heure: il en parle depuis 1985. Alors, il
serait peut-être temps, effectivement, qu'il se passe quelque chose. On
espère que ça va se passer avant les prochaines élections,
par exemple, que les travaux soient vraiment commencés. Il faudrait,
à tout le moins, que ce projet-là soit rendu au moins au
même niveau que l'était celui du Musée de la civilisation,
quand les élections ont été déclenchées en
1985. Au moins, là, il se passait quelque chose. C'était clair,
ça bougeait, et le dossier était bien enclenché.
J'espère que ça ne sera pas une autre promesse pour la prochaine
élection, parce que, là, 3 fois faire les mêmes promesses
sans les réaliser, il y a un moment donné où la population
en a plus qu'assez et ne croit plus à ce genre de promesses
là.
Alors, c'est dans ce sens-là que, si on a un projet de loi qui
est intéressant en soi, qui permet de voir venir un certain nombre de
choses, d'ouvrir les portes à ce Centre de congrès dont on a
besoin, qu'on désire depuis longtemps et qui fait consensus par rapport
à l'ensemble des intervenants du milieu, si on a ce projet de loi
là, on n'a quand même pas encore le Centre des congrès. Et
probablement que l'ensemble de la population... Je dois dire que, pour ma part,
en tout cas, je serai très rassurée quand on pourra voir
concrètement comment les choses se passent, quand on aura vraiment les
données en main, qu'on saura quel est le... On a beau nous dire 81 000
000 $, etc., là, moi, je voudrais voir les contrats alloués, les
travaux commencés, et là on pourra dire: C'est bien, ça va
bien, il se passe quelque chose, on va l'avoir.
M. le Président, on parlait des retombées
économiques. C'est un fait. On sait que la ville de Québec est un
milieu très intéressant pour le tourisme en
général. Mon collègue de Masson faisait l'autre jour
l'apanage, si on veut, des qualités de la ville de Québec en
termes de ville accueillante pour le tourisme, qui présente aussi
plusieurs points intéressants pour l'ensemble des gens qui viennent
visiter la province. Alors, Québec, c'est sûr, c'est le berceau du
français en Amérique du Nord, tout le monde sait ça. On
connaît l'importance de ce dossier-là.
D'ailleurs, on l'a vu encore récemment, quand le maire L'Allier
est venu ici, à la commission de la culture, pour nous dire:
Écoutez, c'est très important que le visage de Québec
demeure un visage français. C'est ce qui fait notre différence,
c'est ce qui fait un attrait pour chez nous, c'est ce qui fait que les gens
viennent nous visiter. On est la vieille ville de l'Amérique du Nord,
qui a gardé son cachet francophone, son allure francophone. Et, si on
devient comme les autres villes du Canada, bien, disons qu'on sera une ville,
tout simplement une grosse ville comme n'importe quelle autre grosse ville. Et
c'est pour ça que le maire L'Allier était très
précis quand il est venu parler à la commission de la culture sur
le projet de loi de M. Ryan, et dire: Attention, gardez-nous notre visage
français. Nous, on y tient. C'est important, tant pour notre culture que
pour notre économie, parce que c'est ce qui fait qu'on est
différents et que les gens viennent nous visiter, viennent
dépenser leurs sous, aussi, chez nous.
Le tourisme, dans son ensemble, on sait, M. le Président, que
c'est important. Ça atteint près de 6 % du produit
intérieur brut présentement, quand on parle du tourisme des gens
qui visitent, là, le tourisme ordinaire, en général. On
dit que ce pourcentage-là, de 6 % du produit intérieur brut, va
doubler d'ici l'an 2000. Alors, ces aspects-là, c'est drôlement
important. Et on comprend pourquoi le maire L'Allier est venu faire une
représentation au ministre Ryan, lui disant: Attention avec l'affichage!
N'allez pas trop loin. On ne veut pas de ça chez nous. Il y a un aspect
économique à ça aussi, et cet aspect-là n'est pas
négligeable quand on pense à Québec.
Mais il y a aussi le tourisme d'affaires, M. le Président. Et
là c'est vraiment là-dessus qu'on doit discuter, puisqu'un centre
des congrès c'est le tourisme d'affaires, c'est les congressistes, c'est
les gens qui viennent parce qu'ils viennent pour affaires, ils viennent chez
nous en congrès. Alors, on sait que le marché du tourisme
d'affaires constitue un marché important dans le marché du
tourisme. Il est sans contredit que les congrès occupent un
créneau qui est de plus en plus important dans l'industrie touristique.
Et j'avais des chiffres ici, M. le Président, qui nous avaient
été fournis. Je pense que le ministre avait un peu les
mêmes. J'ai cru...
Mais, en tout cas, je pense que c'est bon de les répéter,
compte tenu qu'on parle à des moments différents et que les gens
qui prennent connaissance de nos propos, des fois, n'ont pas pu entendre les
propos du ministre et d'autres. on dit que 20 % des touristes à
québec, uniquement à québec, y viennent pour affaires ou
pour participer à un congrès; 30 % de la clientèle des 4
plus grands hôtels de la ville est formée de congressistes. alors,
ça vous donne une idée de l'importance, là. les
congressistes, 30 % de la clientèle. les congressistes effectuent, pour
chaque séjour, des dépenses supérieures à celles
des autres visiteurs et visiteuses. on dit aussi que 45 % des dépenses
touristiques sont imputables à des congressistes.
Alors, on sait qu'il va y avoir une progression importante à ce
niveau-là. On sait aussi qu'à Québec on a perdu au moins
45 congrès importants à cause de l'exiguïté de notre
Centre des congrès. Alors, c'est quand même important. On se rend
compte que les gens du milieu, qui sont intervenus, qui se sont battus pour que
ce dossier se réalise, avaient des raisons importantes de le faire. On
comprendra facilement l'intérêt du milieu des affaires de la
région de Québec.
Moi, M. le Président, voyez-vous, je suis comme vous, une
députée de la région Chaudière-Appalaches, mais il
reste qu'on fait aussi partie de la région métropolitaine de
Québec. D'ailleurs, le ministre des Transports a compris ça
très vite quand est venu le temps d'aller chercher des sous pour
subventionner le transport en commun, par le biais de la fameuse
immatriculation. On nous considère, à ce moment-là, comme
des gens de la région de Québec. Effectivement, à
plusieurs égards, compte tenu de la proximité, compte tenu que
notre population fait beaucoup affaire avec la région de Québec,
ça arrive assez souvent qu'on se ramasse, qu'on se considère,
à toutes fins pratiques, comme des gens de la région de
Québec. Alors, c'est pour ça que, par rapport aux interventions
des différents milieux, on est quand même à même de
bien comprendre et de bien suivre l'évolution de ce
dossier-là.
On sait aussi que ce genre de dossier va amener d'autres besoins.
À partir du moment où ce sera réalisé, ce Centre
des congrès, c'est évident qu'on aura d'autres besoins. Mon
collègue de Lévis vous parlait de l'aéroport, c'en est un
qui va devenir évident de plus en plus, et rapidement, c'est sûr.
Mais, finalement, est-ce que c'est mauvais, est-ce que c'est mal? Moi, je pense
que c'est important de donner l'ensemble des moyens à Québec,
d'avoir l'air, et de jouer pleinement son rôle de capitale. Ça, je
peux défendre ça, même si je ne suis pas, comme je vous le
disais tout à l'heure, de la région administrative de
Québec, mais j'ai les mêmes intérêts, compte tenu de
la proximité et des besoins de nos populations.
Alors, M. le Président, on se ramasse avec un projet de loi qui
fait avancer, bien sûr, le dossier, qui permet, en tout cas, une lueur
d'espoir. On dit: Oui, il se passe quelque chose. C'est un premier pas concret
en dehors des études, parce que vous savez, M. le Président, que
des études, on peut en faire beaucoup. Puis, on peut faire des
études qui ne se réalisent jamais, parce qu'on sait qu'il y a
plusieurs études qui prennent, à toutes fins pratiques, le bord
des tablettes, bien souvent. Il y en a qui sont tellement longues à se
réaliser, qu'on ne se rappellera même plus qu'il y a
déjà eu une étude dessus quand il va y avoir une
décision prise.
Le ministre des Communications nous parlait, tout à l'heure, des
ponts et tout ça, et des réaménagements qu'il y avait eu
dans la région de Québec. Je vais vous dire que ça a pris
du temps avant que ça se réalise aussi. Il y a eu plusieurs
études, il y a eu même des études qui ont
coûté 2 000 000 $, qui n'ont même pas été
respectées, M. le Président, par rapport aux ponts. Alors, je
vais vous dire que, des études, c'est bien, ça donne une petite
lueur, mais une très faible lueur d'espoir.
Un projet de loi comme celui-là est plus intéressant
qu'une étude, parce que, là, on voit qu'il se passe quelque chose
concrètement, et quand on aura reçu, évidemment, toutes
les réponses, parce que je pense qu'il y aura beaucoup de questions
concernant ce projet de loi... Même si on est d'accord sur le principe,
on est curieux, M. le Président, et on va vouloir avoir des
détails. Alors, je suis persuadée que c'est un dossier que
l'ensemble de la population de Québec va être contente de voir se
réaliser, parce qu'il est dû ? il est dû, et ça
fait déjà un bout de temps. Alors, j'espère qu'il sera
réalisé aussi avant les prochaines élections, que ce ne
sera pas encore une énième promesse électorale, M. le
Président, et c'est tout ce que je peux souhaiter.
Par ailleurs, par rapport à l'adoption du principe, le ministre a
tout à fait la bénédiction de l'Opposition. On nous dit
souvent que, nous autres, l'Opposition, on n'est jamais d'accord avec le
gouvernement. Voyez-vous, M. le Président, à quel point, des
fois, on peut être d'accord, quand le gouvernement prend de bonnes
décisions. Mais c'est parce que, quand le gouvernement s'aligne dans la
bonne voie, l'Opposition n'a pas du tout de problème, M. le
Président, à appuyer le gouvernement, à ce
moment-là, et elle va discuter tout à fait objectivement du
projet de loi pour faire avancer les choses. La seule chose qu'on souhaite, M.
le Président, c'est le début des travaux, la réalisation
concrète du Centre des congrès de Québec.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière. (16 h 20)
Sur le même sujet, je cède la parole à M. le
député de Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président.
M. la Président, évidemment, compte tenu du fait que c'est
dans le comté de Taschereau que sera érigé le nouveau
Centre des congrès de Québec, vous comprendrez que le
député de Taschereau est particulièrement fier et heureux
de prendre la parole sur ce projet de loi. M. le Président,
évidemment, je le fais avec beaucoup d'humilité, parce que je
considère que ce n'est pas là un équipement qui sera
profitable uniquement aux gens du comté, mais, évidemment, un
équipement supramunici-pal, un équipement régional, bref,
un équipement qui profitera à toute la grande région de
Québec, et même un petit peu plus loin, à tout l'est du
Québec. Donc, je suis heureux de m'associer au gouvernement dans
l'étude de ce projet de loi qui va créer la société
qui va gérer le centre municipal des congrès de
Québec.
Et c'est ce qui me faisait un petit peu rire dans les propos de la
députée qui m'a précédé et qui semble dire
qu'on est encore à l'étude d'un projet de loi pour
procéder au centre municipal des congrès, M. le Président.
Nous étudions, à ce moment-ci, le projet de loi qui
donnera le cadre juridique à la société qui va
gérer le Centre une fois construit. Mais il faut comprendre que la
société qui construit le Centre des congrès est la
Société immobilière du Québec, et cette
Société immobilière du Québec est en place au
Québec depuis bien longtemps. Elle a une structure bien organisée
et, depuis plusieurs semaines déjà, des gens s'activent à
procéder aux travaux préliminaires pour construire le Centre des
congrès. Par conséquent, M. le Président, il faut ne pas
connaître comment ça va se passer dans la construction ou
être carrément malhonnête dans son interprétation
pour relier les travaux d'avancement physique sur le terrain du Centre des
congrès au projet de loi que nous étudions. Parce que la
société que nous formons aujourd'hui, M. le Président, va
prendre possession du Centre des congrès lorsqu'il sera bâti. Et,
aujourd'hui, à l'heure où on se parle, il y a des hommes et des
femmes, à Québec et au Québec, qui font des travaux
préparatoires à la construction du Centre des congrès.
Alors, quand la députée nous dit qu'elle va le croire
quand elle va le voir, qu'on n'en est rendu qu'à l'adoption du projet de
loi, qu'on n'a rien fait de concret, M. le Président, c'est faux.
Déjà, il y a des plans et devis qui sont à se faire. Et on
ne peut pas parler d'un projet de 81 000 000 $ sans qu'il y ait des travaux
préliminaires considérables à être faits, M. le
Président. Et c'est ce qui se fait actuellement, de sorte que,
dès le mois de septembre, on s'activera sur le terrain pour que, en
septembre 1994, déjà, on puisse avoir des édifices.
M. le Président, nul n'est besoin de répéter
comment cette activité qu'est le tourisme, l'activité de
congrès, comment c'est important de nos jours au Québec et
comment ce le sera davantage dans le futur. M. le Président,
dorénavant, les activités économiques lourdes ou primaires
sont en déclin dans notre économie. Tout le monde sait que, de
moins en moins, notre économie devra dépendre des ressources
naturelles, devra dépendre du manufacturier lourd. Mais, de plus en
plus, notre économie se «tertiarise» et, de plus en plus, le
tertiaire moteur, le tourisme, sera important dans notre économie. On a
tous des parents, des amis, des concitoyens et concitoyennes qui vivent de
l'industrie du tourisme. Souvent pas directement, mais beaucoup de
Québécoises et de Québécois vivent, de près
ou de loin, à cause de l'industrie du tourisme. Et c'est notre
rôle, comme gouvernement, non seulement d'inviter ceux d'ailleurs
à venir nous rendre visite mais également de préparer les
infrastructures nécessaires, M. le Président, pour bien les
recevoir, pour être en mesure également de les recevoir en grand
nombre.
Et tout le monde sait que, en ces matières comme en bien
d'autres, nous sommes en compétition avec nos voisins. Et, dans le cas
particulier des congrès, non seulement sommes-nous en compétition
avec nos voisins immédiats que sont les autres provinces, par exemple,
ou les États-Unis, mais, puisque nous visons à recevoir ici,
à Québec, des congrès internationaux, nous sommes
également en compétition avec les plus grandes villes du monde,
avec ce qu'elles ont de mieux à offrir et avec, il faut bien se le dire,
des infrastructures pour recevoir les congrès qui, à bien des
égards, sont parfaitement complètes, parfaitement rodées,
parfaitement connues et réputées de par le monde. Par
conséquent, il nous fallait également nous doter, à
Québec, d'un Centre des congrès qui puisse rivaliser avec un
grand nombre de villes américaines, européennes et
canadiennes.
Donc, M. le Président, j'ai été témoin,
comme mes collègues de la région de Québec, du travail
colossal qu'ont abattu un certain nombre de personnes dans ce
dossier-là, et je pense qu'il faut rendre hommage au ministre
responsable de la région de Québec qui a travaillé en
catalyseur pour rassembler les individus à Québec qui
étaient intéressés à ce projet-là.
Il y en avait beaucoup, M. le Président, qui non seulement y
étaient intéressés, mais y avaient des
intérêts importants. Qu'on pense à la Chambre de commerce,
à la ville de Québec, à la Communauté urbaine, M.
le Président, à tous les intervenants touristiques de la
région de Québec qui voulaient, à bon droit, faire
connaître au gouvernement ce qu'ils pensaient de ce que devait être
le prochain Centre des congrès.
M. le Président, le ministre responsable de la région de
Québec, le député de Charlesbourg, pendant plusieurs mois,
parce que ça n'a pas été facile, M. le Président, a
fait l'impossible pour faire que ces gens-là s'entendent,
également ceux qui sont propriétaires de l'endroit où sera
érigé le Centre. Bref, M. le Président, il y avait
beaucoup d'intervenants dans le dossier. Ce n'était pas facile à
concilier, et je pense que tout le monde y a mis du sien. On a pu arriver avec
un projet réaliste, somme toute assez gros pour remplir les besoins
futurs de la région et, également, assez modeste pour faire en
sorte que le gouvernement puisse le financer.
Donc, M. le Président, je crois que nous avons, avec
au-delà de 150 000 pieds carrés nets, une surface de plancher
significative pour recevoir des congrès du monde entier.
Également, M. le Président, ce qu'il faut se rappeler, c'est que
le Centre que nous allons bâtir doit être complémentaire
à celui de Montréal. Il ne faut pas compétitionner celui
de Montréal, dont le déficit est également pris en charge
par le gouvernement du Québec, mais il faut être
complémentaire avec le Centre des congrès de Montréal. Et,
déjà, on me dit que les gens du Centre des congrès de
Québec et ceux du Centre des congrès de Montréal se
parlent, s'échangent de l'information pour faire en sorte que ces 2
équipements touristiques majeurs au Québec travaillent main dans
la main et non l'un contre l'autre, à plus forte raison sur les
marchés étrangers.
Également, M. le Président, il faudra que les 2 centres,
celui de Québec, celui de Montréal, profitent du fait que
beaucoup d'organisateurs de congrès travaillent selon un système
d'alternance et que, donc, souvent, on aura une année à
Montréal, une année à Québec ou une année
à Toronto, une année en Ontario, une année au
Québec, et je pense que la présence de Québec dans ce
marché des congrès de plus de 150 000 pieds carrés pourra
maintenant inscrire la ville de Québec dans cet
itinéraire des congrès qui se font par alternance. Or,
donc, je pense que nous serons, à ce moment-là, encore
complémentaires au Centre des congrès de Montréal.
M. le Président, le tourisme est la sixième industrie au
Québec et on a tout lieu de penser qu'au début des années
2000, ce sera la quatrième ou la troisième industrie à
Québec. On sait, tous ceux qui ont voyagé un peu, que
Québec a beaucoup plus à offrir que bien d'autres villes.
Pourquoi? À cause de sa situation géographique tout à fait
incomparable, à cause de son histoire, à cause du fait que
Québec est la première... est la ville où les francophones
se sont établis en Amérique. (16 h 30)
Québec, également, à cause de ses institutions,
à cause de ses restaurants réputés dans tout le Canada,
à cause de ses musées, à cause de ses intervenants
touristiques très innovateurs...
Et, M. le Président, j'étais à l'inauguration, la
semaine passée, d'un nouveau spectacle son et lumière à la
basilique de Québec où la Corporation du tourisme religieux de
Québec, avec, évidemment, la Fabrique de Notre-Dame de
Québec... Ces gens-là se sont mis ensemble et ont conçu un
projet touristique respectueux de la basilique de Québec, mais qui
mettra en valeur ? et c'est déjà commencé, M. le
Président ? l'histoire religieuse et l'histoire civile du
Québec. C'est tout à fait original, et j'invite toutes les
Québécoises et tous les Québécois à s'y
rendre. C'est vraiment un spectacle fort intéressant. Je disais donc que
Québec avait beaucoup à offrir, un très grand nombre de
musées, des grands musées, bien sûr, le Musée du
Québec, le Musée de la civilisation, mais aussi un grand nombre
de plus petits musées, moins connus, malheureusement, mais que beaucoup
de Québécoises et de Québécois auraient
intérêt à découvrir.
Donc, M. le Président, cette infrastructure-là que nous
avons déjà et qui fait travailler beaucoup de
Québécoises et de Québécois, dorénavant,
avec le Centre des congrès que nous allons construire à
Québec, nous allons pouvoir donner l'occasion à un plus grand
nombre de gens de venir à Québec à l'occasion d'une
activité particulière pour ensuite profiter des autres
activités touristiques et culturelles de la ville de Québec.
Donc, M. le Président, nul besoin de mentionner comment le projet
que nous avons à Québec est important, et aussi, M. le
Président, la Société que nous créons par notre
projet de loi est également importante parce qu'elle fait en sorte de
rendre Québec sur un pied d'égalité avec Montréal.
Donc, dorénavant, les efforts gouvernementaux en matière de
congrès, en matière de ventes à l'étranger de
congrès tenus au Québec seront à peu près
équivalents. Et ça, ça nous apparaissait important
à nous, les députés de la région de Québec,
pour faire en sorte que les efforts gouvernementaux importants qui
étaient faits à Montréal soient également faits
à Québec pour faire en sorte que la ville de Québec... M.
le Président, je m'excuse, est-ce que vous pourriez demander au
député de Masson de regagner son siège? J'ai beaucoup de
mal à être concentré.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): J'invite M. le
député de Masson et également tous les autres membres de
l'Assemblée à respecter l'article 32 et, entre autres choses,
à être assis à leur banquette.
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Alors, j'étais
à vous dire combien c'était important que les efforts du
gouvernement qui étaient faits en matière de congrès pour
la région de Montréal soient aussi faits pour la région de
Québec. Et moi, j'ai le sentiment, M. le Président, que, avec le
projet de loi que nous étudions actuellement, nous allons faire en sorte
de créer une Société où l'effort gouvernemental
sera là, sera senti, et permettra de bien opérer un centre des
congrès à Québec.
Un dernier mot, M. le Président, en terminant, sur ce projet. Je
sais qu'un certain nombre de mes concitoyens du comté de Taschereau,
notamment ceux qui demeurent dans la haute-ville de Québec, notamment
ceux qui demeurent dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, quartier anciennement
de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul, qu'un certain nombre de
Québécoises et de Québécois ont été
un petit peu nerveux à l'annonce de ce projet-là. Je peux les
comprendre, M. le Président, parce qu'il s'agit d'un projet d'envergure,
possiblement le plus gros projet que connaîtra la région de
Québec au cours des 10 prochaines années, et on peut
prétendre sans se tromper que ces gens-là se posent des
questions. Mais, M. le Président, ce que je peux leur dire, c'est que
tout a été mis en oeuvre, du côté gouvernemental et
également du côté de la ville de Québec, pour faire
en sorte que les effets négatifs sur l'environnement du quartier
Saint-Jean-Baptiste soient les plus faibles possible.
Par contre, évidemment, on ne peut pas bâtir un tel centre,
qui fera transiter un grand nombre de personnes, un grand nombre de
véhicules sans que ça ne dérange personne. Je pense que ce
serait malhonnête de dire aux gens de Québec qu'il n'y aura aucun
dérangement avec la construction et avec l'opération du Centre
des congrès. Mais ce qu'il est important de leur dire, c'est que leur
point de vue et leur bien-être a été pris en
considération dans l'élaboration des plans du Centre des
congrès. Je me rappelle très bien, M. le Président, pour
avoir vu, comme mes collègues députés de la région,
les cartes et les plans, qu'un effort important a été fait pour
réduire au maximum les camions, par exemple, qui auront à
transiter pour amener la marchandise pour les expositions. Il y a des efforts
sérieux qui ont été faits pour faire en sorte que ces
camions-là ne transitent pas du côté de
Saint-Jean-Baptiste, mais que ça puisse se faire de façon
souterraine, et de manière à minimiser le plus possible les
désagréments pour ceux et celles qui vivent dans le quartier
Saint-Jean-Baptiste.
Par conséquent, M. le Président, je crois que le projet
que nous étudions là, c'est une étape de plus dans le
projet plus global du Centre des congrès de Québec. Je vous avoue
que ce que j'en connais pour l'instant, ce que j'ai vu, la façon dont
les efforts ont été faits pour doter Québec du meilleur
centre des congrès possible,
soit de tenir compte des besoins futurs de la région, tenir
compte des besoins des intervenants touristiques de la région, tenir
compte des gens qui vivent tous les jours dans le quartier Saint-Jean-Baptiste,
je dois dire que je considère que ceux et celles qui ont
travaillé à ce projet-là l'ont fait de façon
très compétente et très professionnelle. Moi, j'appuie
entièrement le projet. Évidemment, j'appuie le projet de loi que
nous avons devant nous. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Taschereau. M. le député de Charlevoix,
je vous cède la parole. Vous avez droit à 20 minutes.
M. Daniel Bradet
M. Bradet: Merci, M. le Président. Tout le monde s'entend
pour affirmer que la ville de Québec, la capitale
québécoise, se devait d'avoir ? et cela, depuis longtemps
? un centre des congrès à la mesure de son potentiel. Cette
ville réputée pour son cachet exceptionnel, l'importance de son
infrastructure d'hébergement, la gentillesse et l'hospitalité de
ses gens et, bien sûr, son statut de capitale en fait une destination
très attrayante, particulièrement pour la tenue de congrès
de grande envergure.
Une ville comme Québec, fortement dépendante du secteur
tertiaire, possède donc une main-d'oeuvre qualifiée et des
activités récréotouristiques pour toutes les saisons. Le
potentiel touristique de la région de Québec n'a pas encore
atteint son apogée. Pour ce faire, la capitale a besoin
d'infrastructures pouvant permettre la venue de congrès de grande
envergure, comme la plupart des capitales du monde sont habilitées
à le faire.
Or, le gouvernement libéral a cru bon de répondre
favorablement à la demande du milieu, et ainsi, aller de l'avant avec
son projet de loi 99, instituant la Société du Centre des
congrès de Québec. Afin de mieux comprendre les implications de
la nouvelle législation qui fait l'objet de ce débat, j'aimerais
simplement vous rappeler quelques faits démontrant le déroulement
du dossier.
C'est donc le 1er avril dernier que le Conseil des ministres approuvait
le principe de la réalisation d'un nouveau centre des congrès
à Québec. Suite à la décision rendue par le Conseil
des ministres, les négociations et les analyses se sont poursuivies,
impliquant divers partenaires de ce dossier.
M. Blais: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant!
Un instant, M. le député de Charlevoix. Alors, M. le
député de Masson.
M. Blais: Constatez le quorum, M. le Président. S'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Qu'on appelle les
députés.
Alors, M. le député de Charlevoix, je vous invite à
continuer votre intervention. (16 h 40)
M. Bradet: Merci beaucoup, M. le Président. Le
député de Masson n'avait pas besoin de demander le quorum pour
aller s'allumer une cigarette. Ça n'empêchera pas la ville de
Québec d'être dotée d'un centre de congrès.
Alors, suite à la décision rendue par le Conseil des
ministres, les négociations et les analyses se sont poursuivies
impliquant divers partenaires dans ce dossier. Enfin, vous vous souviendrez, M.
le Président, que c'est le site de Place Québec qui a
été retenu pour la réalisation du futur Centre des
congrès de Québec. Ce choix rencontre inévitablement des
préoccupations qui ont été mises de l'avant lors de
l'analyse, soit, évidemment, la proximité d'hôtels majeurs,
la possibilité d'insérer l'équipement dans un complexe
multifonctionnel, sa localisation au coeur même de la colline
parlementaire qui est adjacente à la zone touristique du
Vieux-Québec.
C'est pourquoi le gouvernement libéral a décidé de
procéder au dépôt du projet de loi 99 instituant la
Société du Centre des congrès de Québec. Ce projet
de loi répond à un besoin urgent pour la ville de Québec
qui a maintes fois démontré la nécessité de doter
la capitale d'un centre de congrès à la fine pointe de la
technologie et qui soit en mesure de répondre adéquatement aux
besoins des congressistes. À cet égard, permettez-moi de vous
expliquer brièvement le contenu de ce projet de loi fort important pour
la ville de Québec et pour ses concitoyens et concitoyennes.
En plus d'instituer la Société du Centre des
congrès de Québec, ce projet de loi prévoit que la
Société sera mandataire du gouvernement et qu'elle sera
administrée par un conseil d'administration dont les membres seront
nommés par le gouvernement. Ce conseil d'administration sera
composé d'au plus neuf membres nommés, donc, par le gouvernement.
La Société aura pour objet d'administrer et d'exploiter le Centre
des congrès de Québec. En plus d'élaborer des projets de
développement du Centre des congrès, la Société
pourra exercer des commerces et autres activités de nature à
contribuer au développement du Centre des congrès. M. le
Président, le projet de loi prévoit également que la
Société pourra se substituer à la Société
immobilière du Québec pour l'aménagement et
l'amélioration du Centre des congrès.
Ce projet de loi modifie enfin la Loi modifiant la Charte de la ville de
Québec afin de permettre l'addition d'une superficie additionnelle au
complexe immobilier connu sous le nom de Place Québec, malgré la
réglementation municipale adoptée après le 12 juin 1984.
La Société aura évidemment son siège social sur le
territoire de la ville de Québec à l'endroit
déterminé par le gouvernement. D'ailleurs, un avis de tout
déplacement de la situation du siège social est publié
dans la Gazette officielle du Québec.
M. le Président, je suis donc très heureux de constater
que le gouvernement libéral continue de recon-
naître le statut de capitale à la ville de Québec et
qu'il agit en ce sens. En effet, la région occupe une place
considérable sur l'échiquier touristique québécois.
À vrai dire, c'est la deuxième en importance parmi les
régions touristiques au Québec en regard de la
fréquentation touristique. De plus, la beauté des lieux, son
cachet de ville historique, l'infrastructure d'hébergement de la
région sont toutes des données qui font de Québec une
destination dotée d'un cachet unique, fort appréciée des
congressistes et des touristes.
Par ailleurs, il est à noter que l'achalandage touristique
émanant de la clientèle hors Québec a connu une croissance
constante depuis maintenant une dizaine d'années. L'industrie
touristique joue également, vous vous en doutez, un rôle crucial
au niveau de la structure économique régionale qui repose, comme
je l'ai mentionné précédemment, sur le secteur tertiaire.
À cet égard, vous comprendrez que la venue
d'événements de type congrès et réunions
s'avère un élément très important et très
intéressant à exploiter. En effet, il s'agit, M. le
Président, d'un secteur dynamique générant des
retombées économiques substantielles. Aussi, il a
été démontré que les voyageurs pour affaires et
congrès sont une clientèle qui dépense majoritairement
plus que les autres catégories de voyageurs et qui offre, par ailleurs,
un potentiel de croissance intéressant en raison de l'attrait qu'exerce
Québec comme destination touristique.
M. le Président, les rassemblements associatifs et corporatifs,
lesquels sont concentrés sur une période d'environ 7 mois,
contribuent à l'étalement des activités touristiques et
permettent aux établissements hôteliers de maintenir leur taux
d'occupation. C'est là un aspect non négligeable lorsque vient le
moment de décider de la taille et de l'emplacement d'un centre des
congrès situé dans une ville comme Québec.
Alors, M. le Président, la création de la
Société du Centre des congrès de Québec
s'avère sans contredit le moyen idéal pour doter la ville de
Québec d'un centre des congrès qui soit adapté aux besoins
des congressistes désireux de profiter des nombreux attraits de la
capitale. L'établissement de ce futur Centre des congrès
permettra de mettre à contribution une main-d'oeuvre compétente,
et ce, pour le mieux-être de l'économie de toute la région
de Québec.
Je voterai donc, M. le Président, en faveur du projet de loi 99,
Loi sur la Société du Centre des congrès de Québec,
présenté par le ministre du Tourisme. Ce faisant, la ville de
Québec se verra dotée d'un centre des congrès bâti
à sa mesure, permettant ainsi un meilleur étalement saisonnier de
l'utilisation de l'infrastructure d'hébergement et de restauration
touristique et une stabilisation du tourisme d'affaires. En procédant
ainsi à la relance des congrès, le gouvernement libéral
contribue à nouveau à la renaissance du potentiel de la capitale
du Québec, tout en atténuant les effets de la récession
qui a sévi ces derniers mois, dans cette région tout comme
partout ailleurs.
M. le Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Charlevoix. Je vais maintenant céder la parole
au prochain intervenant, M. le député de Chauveau.
M. Rémy Poulin
M. Poulin: M. le Président, merci beaucoup. De parler sur
ce projet de loi là, ça me fait plaisir, d'autant plus que, comme
président du caucus de la grande région de Québec, nous
avons eu, dans les 8 dernières années, à rencontrer
plusieurs intervenants. Même quand on se présente à une
campagne électorale, M. le Président, on a à consulter
plusieurs intervenants. Et je me rappelle, en 1985, tous ces groupes-là,
autant la Chambre de commerce, autant l'Office du tourisme, autant la
Communauté urbaine de Québec, autant la MRC de la Jacques-Cartier
que celle de Charlevoix ou de Portneuf, on se souviendra que le Centre des
congrès était au centre des discussions à chaque fois.
Probablement pour une raison, parce que, quand on a un équipement de
cette envergure-là qui est tout près de nous, M. le
Président, nous savons tous que c'est un moteur exceptionnel pour le
tourisme. La grande ville de Montréal, la grande région de
Montréal nous en a fait la preuve avec son centre des congrès...
le Palais des congrès, oui, merci, M. le ministre des Communications.
C'est un projet d'envergure de ce temps, au coeur de la ville de Québec,
au coeur de la capitale, parce qu'on sait, M. le Président, que ce
Centre des congrès sera situé tout près du parlement, dans
le Vieux-Québec. (16 h 50)
Et, M. le Président, lors des discussions que nous avons eues
à plusieurs reprises, ce sont des chiffres impressionnants comme
achalandage pour le coeur de la ville de Québec, pour le coeur de la
capitale, mais aussi pour la grande région de Québec quand on
sait, M. le Président, qu'un congressiste qui se déplace hors
province, mais même hors pays, son intérêt, c'est de venir
vivre dans le milieu et tout le cachet touristique qu'a la ville de
Québec, mais aussi sa grande région, autant l'été
comme l'hiver, autant l'automne que le printemps. Parce qu'à chaque
saison la grande région de Québec a son cachet, ne serait-ce que
pour les régions de pêche, de chasse, de ski, de culture, de golf
aussi, oui, et de tout ce paysage culturel du Vieux-Québec.
C'est une équipe de députés qui a su
écouter, à ce moment, en 1985, les intervenants du milieu. On
sait que ce n'était pas un dossier facile, et le ministre
régional, ce matin, l'a rappelé, d'autant plus que, aujourd'hui,
avec la situation financière que nous vivons, M. le Président, ce
n'est pas une situation facile d'amener un projet de 85 000 000 $. M. le
Président, je rappellerai même, dans la dernière
année, l'apport important du ministre responsable du Tourisme, qui nous
a donné ? oui, un ministre de Montréal ? cet appui
inconditionnel pour le Centre des congrès de la grande région de
Québec. C'était un allié, parce qu'on sait, M. le
Président, dans des investissements aussi importants que celui-ci, qu'on
a eu à travailler très fort, mais c'est un projet qui s'est
réalisé avec ce ministre qui y a cru.
Je voudrais aussi, M. le Président, parler des autres
intervenants de la grande région de Québec. C'est important de
voir que ce dossier a su rallier tous les intervenants. On a eu des
débats d'endroits, où il va être situé, mais
ça, c'était une question physique pour le Centre des
congrès dans la région de Québec. M. le Président,
autant la Chambre de commerce, ce que je vous disais tout à l'heure,
autant la Communauté urbaine, autant les MRC qui y ont participé
et l'Office du tourisme avec son nouveau président, M. Pinault, nous
avons fait un chemin exceptionnel pour la grande région de
Québec, mais aussi pour la Rive-Sud comme la Rive-Nord.
M. le Président, quand on est député, peu importe
la formation, c'est là, à quelques exceptions près,
où tous les intervenants du milieu, peu importe le parti politique, ont
fait des gestes concrets pour que le Centre des congrès se
réalise. M. le Président, je pourrais vous donner tous les
chiffres pour l'importance économique de la région de
Québec, parce que vous savez, M. le Président, que le tourisme
est un élément moteur pour toutes les régions dans le
Québec. À chaque fois, M. le Président, et dans le milieu,
c'est reconnu, à chaque dollar investi dans le tourisme, il nous revient
9 fois. Et ces congrès que la région de Québec a perdus,
ne serait-ce que celui de la Fédération Desjardins, M. le
Président, qui ne va maintenant qu'à Montréal, va revenir,
quand le Centre des congrès sera construit, dans la grande région
de Québec, quand on sait que son siège social est à
Lévis. Je vois le député de Masson qui me fait signe que 3
gros congrès... Je m'excuse, quand on a une ville comme celle de
Québec, un patrimoine comme la ville de Québec et sa grande
région, il y aura plus que 3 gros congrès, parce que nous sommes
reconnus mondialement, autant par l'Unesco que par les autres organismes
francophones aussi. C'est là le moteur essentiel de la région de
Québec. On a connu des grosses entreprises, oui, industrielles, qui
s'appellent Glaverbec, Alumax, Alouette, mais, M. le Président, pour la
région de Québec, avec tout son décor, ce sera le moteur
essentiel. J'espère, oui, un moteur à l'huile, pour bien roder la
région de Québec et son tourisme.
M. le Président, pour les travailleurs de la construction qui,
oui, viennent nous voir pour des grands projets aussi, qui viennent nous voir
pour nous pousser à amener des grands projets pour que, justement, ces
gens de la construction aient un travail plus long, plus continu, c'est aussi
un projet important de 85 000 000 $. Mon collègue, le ministre des
Communications, tout à l'heure, faisait état des investissements
dans la région de Québec, autant avec Glaverbec, où le
gouvernement s'est impliqué, autant avec Alumax, autant dans d'autres
secteurs M. le Président. C'est vrai qu'on n'a pas fait d'éclats,
c'est vrai qu'on n'a pas fait d'annonces à tout rompre. Ce n'est pas
ça qui est important, c'est que la région de Québec et ses
intervenants du milieu investissent ensemble pour le bien de nos travailleurs
et travailleuses. Mais un centre des congrès de ce type-là, avec
85 000 000 $ d'investissements pour l'économie de la région de
Québec, qui, présentement, comme ailleurs, vit des moments pas
faciles, cela viendra consolider les efforts de nos travailleurs et nos
travailleuses, M. le Président.
M. le Président, je voudrais juste rappeler que ce Centre des
congrès viendra concrétiser des développements comme les
chutes Montmorency, viendra concrétiser des développements comme
les centres de ski, autant Stoneham que le Relais, autant le Manoir
Saint-Castin que Petite-Rivière-Saint-François, autant le casino
dans Charlevoix et toute cette grande région-là, M. le
Président. Ces gens, qui viennent de l'extérieur, ce sont des
consommateurs. Je voudrais vous dire simplement que ça faisait
longtemps, et le ministre régional le répétait ce matin...
Il y a plusieurs années qu'on parle du Centre des congrès dans la
région de Québec, même avant les 10 ans de pouvoir du PQ,
de l'Opposition, M. le Président, sauf que, dans ces 10 dernières
années où ils ont été là, ils ont
arrêté tout développement, autant pour la grande
région de Québec versus le Centre des congrès, M. le
Président.
Aujourd'hui, c'est une réalité, et je voudrais, M. le
Président, avant de terminer, oui, remercier les intervenants. Parce
que, pour une fois, dans une région comme la nôtre, tous les
intervenants se sont entendus sur le bien-fondé d'un centre des
congrès, et après plusieurs discussions, nous sommes sûrs,
aujourd'hui, que c'est le vrai projet. C'est le projet accepté par tous
et chacun, autant la ville de Québec, autant la Chambre de commerce de
Québec, autant la Chambre de commerce de Sainte-Foy, autant la
Communauté urbaine de Québec, mais aussi, fort important, les 3
MRC qui contournent au nord, M. le Président. C'est ça la force
de ce Centre des congrès. (17 heures)
M. le Président, je remercie le ministre du Tourisme de
présenter ce projet de loi au nom du gouvernement. Je tiens aussi
à remercier tous les intervenants, autant de l'Opposition, il faut le
dire, mais après les avoir convaincus, de notre côté, ce
dont ils avaient besoin. On a réussi à convaincre ces
gens-là, de l'autre côté, du bien-fondé pour la
grande région, autant de la Rive-Sud que de la Rive-Nord. Aujourd'hui,
j'écoutais le député de Lévis, très heureux
de voir le grand projet, et c'est ça qui est important, M. le
Président. Ce à quoi nous avons hâte maintenant, c'est de
l'inaugurer. Et j'ai confiance, mais plus que confiance que tous ces
travailleurs qui y seront pendant les 2 prochaines années en feront
aussi un de leurs chefs-d'oeuvre. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Chauveau. Est-ce qu'il y a d'autres inverven-tions?
Alors, est-ce que, M. le ministre, vous procédez à votre
réplique? Non.
Mise aux voix
Alors, est-ce que la motion proposant l'adoption du principe du projet
de loi 99, Loi sur la Société du Centre des congrès de
Québec, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Bélisle: Oui, M. le Président, je fais motion
pour que le projet de loi 99 soit déféré à la
commission de l'économie et du travail pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée? Adopté. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Quant à
l'avis touchant le projet de loi 99, M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, de 20 heures à 24 heures, à la
salle du Conseil législatif, la commission de l'économie et du
travail procédera à l'étude détaillée du
projet de loi 99, Loi sur la Société du Centre des congrès
de Québec.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader
adjoint du gouvernement. Nous continuons les travaux de l'Assemblée avec
quel article du feuilleton?
M. Bélisle: Article 25, M. le Président.
Projet de loi 77
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 25 de
notre feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la commission de l'économie et du travail sur le projet de loi 77,
Loi modifiant la Loi sur les établissements touristiques et abrogeant
certaines dispositions législatives. M. le ministre du Tourisme, pas
d'intervention? M. le député de Masson, pas d'intervention?
Mise aux voix
Est-ce que le rapport de la commission de l'économie et du
travail portant sur le projet de loi 77, Loi modifiant la Loi sur les
établissements touristiques et abrogeant certaines dispositions
législatives, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 43, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Article 43 ou article
13?
M. Bélisle: J'ai bien dit, M. le Président,
l'article 43.
Projet de loi 197 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, excusez-moi, M. le
leader adjoint du gouvernement. Vous avez bien dit 43, et j'ai 43 sous les
yeux: projet de loi 197. L'Assemblée prend en considération la
motion proposant l'adoption du projet de loi 197, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le
député de Viau, whip en chef du gouvernement.
M. William Cusano
M. Cusano: Merci, M. le Président. Nous voici, M. le
Président, à l'adoption du projet de loi 197. C'est la
troisième étape du processus législatif en ce qui concerne
les projets de loi. Ce projet de loi, M. le Président, qui a l'accord de
l'Opposition, je pense, par ailleurs, mérite qu'à ce moment-ci on
prenne un peu de temps pour bien expliquer le bien-fondé du projet de
loi, son intention et l'intention du législateur en ce qui concerne
l'application quotidienne dans nos hôpitaux pour les années
à venir.
Premièrement, M. le Président, le projet de loi a comme
principe fondamental de pouvoir faciliter tout le processus de la
transplantation d'organes. Mais encore plus important, M. le Président,
ce qui a motivé l'écriture, la présentation de ce projet
de loi, c'est aussi le fait que, je pense, le législateur a une
responsabilité envers le citoyen qui a décidé, à un
moment ou à un autre, de faire don de ses organes. En d'autres mots,
comme pour un citoyen qui fait un testament de ses biens, ses biens sont
distribués par un exécuteur testamentaire; en ce qui concerne les
dons d'organes, il y avait un vide. Un vide puisque, lorsque la personne qui
avait décidé de faire don de ses organes devenait en état
de pouvoir donner ses organes, puisqu'il n'y avait pas de mécanisme
formel de prévu, je pense qu'on manquait de respect envers la
volonté de l'individu.
Alors, c'est ça qui est fondamental dans ce projet de loi, M. le
Président. C'est justement que ce projet de loi, à part le
mécanisme qui sera instauré au niveau des hôpitaux, c'est
aussi un projet de loi qui va s'assurer que la volonté de l'individu
soit bien respectée par les personnes qui sont en état de pouvoir
exécuter et respecter les voeux de l'individu, parce qu'en fin de
compte, c'est un testament qu'on fait lorsqu'on signe une carte de don
d'organes.
Alors, ça, c'est bien important, M. le Président, de le
souligner et, en même temps, je voudrais dire que, durant le processus,
pour pouvoir compiler, en arriver à ce projet de loi, j'ai
rencontré plusieurs personnes, et j'en parlerai un peu plus tard,
à savoir les différentes discussions, les différentes
propositions qui ont été faites
par différentes personnes, différents groupes et pourquoi
cette solution a été retenue.
M. le Président, je pense que tous ceux ici qui nous
écoutent et l'ensemble de la population se rappellent du 3
décembre 1967 lorsqu'on entendait sur les ondes de la radio, ici, au
Québec, qu'un médecin, en Afrique du Sud, avait justement
réussi la première transplantation cardiaque. C'était une
première. C'était une première. Je lisais même dans
un journal médical, au moment de cette première
transplantation... Et je ne sais pas si c'est médicalement
véridique; je ne fais que citer le journaliste en question qui disait
que, pour cette première transplantation, le coeur qu'on transplantait
dans un patient n'était même pas compatible, au point où le
groupe sanguin n'était pas le même. Mais c'était la
première. C'est celle-là où la survie du patient a
été très limitée. Si on regarde aujourd'hui, M. le
Président ? je vous donnerai des chiffres un peu, tout à
l'heure ? la survie des patients transplantés, aujourd'hui, je
pense qu'elle émerveille beaucoup de gens, beaucoup de gens. Alors,
depuis cette première transplantation, c'est sûr que les corps
médicaux à travers le monde ont porté un peu plus
d'attention à cette pratique, à cette expérience
médicale, et ici, au Québec, nous n'avons pas tardé non
plus à établir des centres de transplantation.
Le Québec, comme ailleurs, a passé à travers des
périodes assez difficiles au niveau de ces transplantations, à ce
moment-là, qu'on appelait expérimentales, parce que
c'était nouveau. C'était nouveau. Du côté technique,
il me semble que ça n'a jamais été vraiment aussi
compliqué qu'on puisse le penser. Mais où les difficultés
ont été rencontrées, c'est particulièrement au
niveau des médicaments pour contrôler le rejet de l'organe
implanté, de ce qui est appelé, dans le jargon des
transplantés, le greffon. Alors, M. le Président, jusque dans les
années soixante-dix, je pense qu'on est arrivé à un moment
où les équipes de transplantation étaient presque
découragées parce que les médicaments ne semblaient pas
pouvoir contrer l'effet de rejet et, à un certain moment, on a
même abandonné cette pratique. (17 h 10)
Par après, ce qu'on peut appeler un peu le miracle de la
cyclosporine, c'est que celle-là, maintenant, qui est sur le
marché depuis quelque temps, est de plus en plus efficace et de plus en
plus facile à prendre de la part des greffés. Ce
médicament, parmi d'autres, assure que ces greffés puissent
survivre ainsi que le greffon. Alors, au Québec, la transplantation a
pris sa première allure il y a 7 ou 8 ans. On sait qu'on peut vraiment
dire que ça a passé de la phase expérimentale à une
phase très réelle, une option très réelle pour des
patients touchés par une maladie à laquelle il n'y avait pas
d'autre solution que la transplantation.
M. le Président, les greffés potentiels font face à
un choix. C'est soit la mort imminente qui s'annonce, ou bien se porter vers
une transplantation. Et, M. le Président, pour ceux qui sont très
chanceux... Parce qu'il y a toute la question de la compatibilité du
receveur et de l'organe du donneur qu'il faut prendre en considération.
Quelqu'un me soulevait que les probalités de trouver un organe au bon
moment, au moment critique, un organe qui est compatible à 100 %, M. le
Président, on m'a dit que, ces chances-là, c'est une chance sur
quelque 50 000 000. C'est même inférieur au niveau de
Loto-Québec où c'est seulement une chance sur 14 000 000 pour
gagner le gros lot. M. le Président, c'est ça qu'est la situation
en général.
Au fil des ans, il s'est bâti des équipes au Québec,
des équipes qui ont grandi d'elles-mêmes, par l'initiative de
certains médecins intéressés à cette nouvelle forme
de prescription, pour remédier à la situation du patient. Ces
équipes-là ont dû se battre en dedans même des
centres hospitaliers pour pouvoir s'implanter, pour pouvoir faire ce qu'il
était nécessaire de faire. Je vous dis en passant, M. le
Président, et j'aimerais préciser pour ceux qui ne le savent pas,
que 90 % des transplantations sont faites en plein milieu de la nuit ? en
plein milieu de la nuit. Normalement, elles commencent vers les 23 heures,
minuit, le soir, pour se terminer vers les 7 ou 8 heures, le lendemain matin.
Ce qui frappe les gens qui observent tout ça, c'est qu'il ne semble y
avoir aucun problème syndical avec des personnes qui travaillent sur ces
équipes-là, aucun problème syndical que ce soit, de
n'importe quel individu ou de n'importe quelle profession reliée
directement à la transplantation. Il ne semble pas y avoir de
problème pour des personnes qui sont diurnes versus des personnes qui
sont nocturnes, ou vice versa. On entend souvent ça, nous, les
politiciens, des représentations, à savoir comment le travail du
soir peut justement être néfaste pour certains individus, mais on
n'entend jamais parler de ça au niveau des personnes qui sont
affiliées de façon très directe avec la
transplantation.
Alors, M. le Président, je lève mon chapeau à
toutes ces personnes-là qui ont bâti, au Québec, ces
équipes, ces hôpitaux transplanteurs qui se chiffraient, au 1er
avril dernier, à 10. Il y a un onzième centre qui vient
d'être ajouté. Le ministre de la Santé et des Services
sociaux, toujours reconnaissant de ce type d'interventions, a autorisé
l'hôpital Laval à faire de la transplantation. C'est le
onzième centre au Québec qui fera de la transplantation ?
soit dit en passant, déjà, depuis le 1er avril, des
transplantations ont été effectuées ici à
Québec ? et, au moment même où on se parle, M. le
Président, je peux vous dire qu'il y a des processus d'enclenchés
pour que des transplantations puissent avoir lieu dans le prochain
immédiat. Je ne voudrais pas induire en erreur des personnes qui
seraient en attente, mais présentement on m'assure, M. le
Président, qu'il y a des processus, et on devrait voir quelques
transplantations qui devraient avoir lieu dans les prochains jours, ici, au
niveau de l'hôpital Laval.
Ces autres hôpitaux, M. le Président, et ce n'est pas
nécessairement par ordre d'importance, qui se sont
spécialisés au cours des dernières années, ces dix
centres qui se sont équipés, qui ont développé une
expertise, M. le Président, qui font de la transplantation au niveau des
reins, du coeur, des poumons, du foie et du pancréas, M. le
Président, comme je l'ai dit, il y en a
10 maintenant au Québec. Il s'agit de l'hôpital
Notre-Dame... Et je pense que c'est important de les mentionner:
l'hôpital Notre-Dame de Montréal, l'hôpital Royal Victoria,
FHôtel-Dieu de Québec au niveau des reins, l'hôpital
Maisonneuve-Rosemont, l'hôpital Sainte-Justine, l'Institut de cardiologie
de Montréal, l'Hôpital général de Montréal,
le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, l'hôpital Saint-Luc,
l'Hôpital de Montréal pour enfants ? «known as the
Montréal Children's Hospital».
Alors, M. le Président, ces hôpitaux-là, juste pour
ceux qui sont intéressés à des statistiques, entre 1988 et
1990, en deux ans, ils ont effectué 255 transplantations. On peut dire,
encore selon les statistiques, que 90 % de ces personnes-là sont
présentement en vie, sont présentement, dans la plupart des cas,
au travail, et sont en train de vivre une vie pleine et entière, M. le
Président. Alors, c'est ça qui est un peu l'aspect
général de la situation.
En deuxième lieu, M. le Président, j'aimerais bien vous
faire part des différentes propositions qui ont été
présentées par des groupes, des gens que j'ai rencontrés,
des positions qui ont été publiées au niveau des journaux,
particulièrement la préoccupation qu'on a ici, au Québec
et ailleurs, sur le fait que, depuis quelques années, le nombre de
donneurs, au lieu d'augmenter, M. le Président, a diminué, et les
différents milieux, incluant le ministère de la Santé et
des Services sociaux, se sont penchés sur la solution. il y a plusieurs
facteurs, m. le président, qui ont causé cette diminution de
donneurs. premièrement, je devrais dire que ce n'est pas le manque de
volonté de la part de la population. la population du québec,
selon des statistiques, aurait signé, dans une forme ou une autre, une
carte de don d'organe, que ce soit le permis de conduire, que ce soit la
carte-soleil, que ce soient des cartes émises par les différentes
fondations ou des cartes émises par différentes compagnies
d'assurances qui sont intéressées à cette cause. entre 40
% et 45 % de la population, m. le président, sont très sensibles
et ont indiqué cette volonté. mais, si on regarde le nombre
actuel ou réel de donneurs, les deux chiffres ne correspondent d'aucune
façon.
Alors, M. le Président, quel est exactement le problème?
Les problèmes sont multiples. Pourquoi cette baisse? Les raisons sont
multiples. Premièrement, c'est une question de sensibilisation au niveau
des milieux concernés, particulièrement au niveau des centres
hospitaliers. Certains mythes doivent être corrigés, et on ne peut
pas blâmer les centres hospitaliers d'être à date, à
l'heure précise sur les nouvelles découvertes qu'on fait dans ce
domaine. (17 h 20)
À titre d'exemple, jusqu'à il y a 3, 4 ans, M. le
Président, c'était une pensée générale qu'on
ne pouvait pas se servir de l'organe d'un donneur qui était
âgé de moins de 30 ans. À cause, justement, du fait que
nous avons eu une pénurie de dons d'organes, les hôpitaux ont
été obligés de s'avancer un peu au niveau des âges.
Ce qu'on a découvert, M. le Président, et que mainte- nant on met
en pratique, c'est qu'il n'y a plus de limite d'âge au niveau des
donneurs. C'est que chacun des organes est évalué et si l'organe
est en bonne condition, on me dit ? je ne suis pas cardiologue ?
qu'un coeur qui est en bon état, qu'il ait 20 ans ou 60 ans, c'est un
bon coeur. Alors, tous ceux qui sont plus vieux que moi ici, vous pouvez
certainement être fiers, si vous êtes dans cet
état-là. Ce n'est pas l'âge nécessairement qui donne
la force de votre coeur. Alors, ça, c'est un mythe qu'il faut corriger,
parce que, des fois, même au niveau du donneur et des parents du donneur,
ils vont omettre cette possibilité de faire don, parce qu'ils disent que
la personne est trop vieille. Ça, c'est des choses qu'il va falloir
corriger, et il va falloir qu'il y ait beaucoup plus de sensibilisation et de
publicité au niveau des milieux concernés et au niveau de la
population.
Autre problème, M. le Président, c'est qu'il y a eu toute
la question du transport des organes. Justement, vous savez, un organe, on ne
peut pas, premièrement, le commander quand on veut. Il faut le prendre
quand il est disponible. Deuxièmement, une fois qu'il est disponible, il
faut que la transplantation se fasse dans des délais très
immédiats, des délais très courts. D'un côté,
lorsqu'on dit, des fois, que quelque chose qui a un grand succès cause
d'autres problèmes... Une des raisons fondamentales aussi pour
lesquelles nous avons une pénurie, aujourd'hui, c'est à cause des
lois ? et je dois le dire ? que ce gouvernement, notre gouvernement,
a adoptées, au niveau du Code de la sécurité
routière. Nous avons, depuis les quelques dernières
années, moins d'accidents mortels sur les routes. C'est un fait, et je
m'en réjouis, M. le Président. Je m'en réjouis, que nous
ayons moins d'accidents mortels sur les routes. En même temps, ça
cause le fait qu'il y a une pénurie, mais il ne faut pas
nécessairement, il ne faut pas tomber dans le piège que, pour
augmenter le nombre de dons d'organes, il faudrait avoir plus d'accidents sur
les routes. Pas du tout! Pas du tout! C'est que, oui, on peut corriger la
situation, M. le Président, et le projet de loi va certainement le
faire. Je peux vous dire que les statistiques, déjà, pour cette
année, sont très, très encourageantes ? très
encourageantes.
M. le Président, de ce côté-là, en 1992
? je pense qu'on peut la qualifier comme la pire des années ?
on a eu un total de 66 donneurs au Québec; 66 donneurs en tout. C'est
très intéressant, mais les 66 donneurs ont donné lieu
à 214 transplantations. Faites un peu le ratio, puis vous allez voir que
la moyenne... De 66 à 214, c'est quoi? Chaque donneur a sauvé, en
moyenne, la vie de 3, 4 personnes. C'est extrêmement important de savoir
qu'un donneur multiple, aujourd'hui, va sauver la vie de 6, 7 personnes. C'est
incroyable quand on y pense. C'est incroyable! Des gens que j'ai
rencontrés ? vous avez entendu aussi des témoignages dans
cette Chambre ? des gens qui ont fait face à la mort d'un de leurs
proches, quand ils ont pu trouver dans cette mort la consolation de dire: Au
moins, la mort de mon fils, de mon frère, peut sauver la vie de 6, 7 ou
8 autres personnes, je pense que, premièrement, c'est le plus beau
cadeau au monde et, deuxiè-
mement, il y a de quoi se consoler, M. le Président.
Alors, c'étaient les statistiques de 1992: 214
transplantés. Et, ce moment-là, durant toute l'année, il y
a 517 personnes en attente; 517 personnes en attente, ça veut dire que
c'est des personnes qui n'avaient pas reçu d'organe, malheureusement,
sauf au niveau des reins, où on peut... Une personne qui est en attente
de reins, il y a possibilité de la maintenir en vie pendant des mois,
à cause de la dialyse, M. le Président. Dans d'autres cas,
particulièrement au niveau du coeur, on n'a pas, aujourd'hui, les
moyens, la méthodologie de pouvoir maintenir vivant le receveur d'un
coeur aussi longtemps qu'on peut le faire au niveau des reins. Alors, c'est
bien important de regarder ces statistiques et de bien comprendre ce qu'elles
veulent dire.
De ces 557 personnes-là, M. le Président, si on exclut
celles en attente de reins, parce que, justement, elles peuvent attendre, on me
dit qu'il y a presque 80 % des autres qui ne réussissent pas à
gagner le gros lot, comme je dis très souvent, à recevoir leur
nouvel organe à temps pour qu'elles puissent survivre. Plus
spécifiquement, M. le Président, et ça, c'est des
statistiques connues, parce que, lorsqu'on dit 80 %, dépendant de quelle
catégorie... Mais, définitivement, il y a eu une quarantaine de
personnes qui sont décédées en 1992, en attente d'un
organe.
Au niveau des donneurs, cette année, il y a eu 57 donneurs, au
moment où on se parle, au Québec ? 57 donneurs. Et,
lorsqu'on dit: En 1992, pour toute l'année 1992, il y en avait 66, on
peut certainement espérer que^ d'ici au 31 décembre 1993, nous
allons dépasser les 66, et de beaucoup. M. le Président, ces 57
donneurs, au Québec, ont donné la vie, ont maintenu la vie
à 111 patients. Il y a eu 111 transplantations. Au moment où on
se parle, ce qui semble être très constant au niveau des
statistiques, c'est le nombre de personnes qui sont en attente, et il y en
aurait 530, M. le Président. Alors, c'est ça qu'est la situation
de ce côté-là. (17 h 30)
Une chose, aussi, que j'aimerais aborder... Les journalistes m'ont
souvent posé la question: Comment peut-on se permettre de telles
opérations qui sont aussi dispendieuses qu'elles le sont et dans une
période où le gouvernement serre la ceinture un peu partout,
incluant dans la santé et les services sociaux? M. le Président,
encore là, c'est un mythe, que la transplantation d'organes est plus
dispendieuse, parce qu'on peut chiffrer tout le processus d'une transplantation
sans complications. On peut la chiffrer à environ 50 000 $. Maintenant,
on sait fort bien ? et ça, on peut certainement diverger au niveau
des statistiques, mais elles sont là ? on sait qu'un patient qui
est dans une situation où il ne peut pas être greffé et
qui, éventuellement, se ramasse aux soins intensifs d'un
hôpital... Vous savez fort bien, comme moi, M. le Président, qu'un
séjour, une journée aux soins intensifs d'un hôpital,
ça coûte environ 1000 $ par jour ? 1000 $ par jour. Et
ça, c'est une moyenne parce que c'est selon les médicaments et
ainsi de suite. Mais, une personne qui est aux soins intensifs, on peut dire
que ça coûte environ 1000 $ par jour. Et, normalement, ces
personnes qui sont en attente et qui arrivent à un état critique
ne décèdent pas immédiatement. Il y a toujours... C'est
une période assez longue qui peut durer, encore là, en moyenne,
de 2 à 3 mois. Alors, déjà, 2 à 3 mois, aux soins
intensifs, si on veut calculer ça strictement du côté
monétaire, on parlerait de dépenses de 90 000 $ versus
l'opération et tout ce qui va avec l'opération, qui est de
quelque 50 000 $. Alors, M. le Président, ça, c'est du
côté des coûts. Et on peut faire aussi la même
comparaison en ce qui concerne transplanter des reins versus la dialyse. Rendus
à cette étape-là, s'ils doivent être
transplantés, M. le Président, c'est parce qu'ils sont sur la
dialyse au moins 3 jours par semaine. Maintenant, encore là, c'est des
coûts qui sont incroyables, c'est des coûts astronomiques. Si la
solution pour ces gens-là, c'est la transplantation, M. le
Président, il faut bien la choisir.
Alors, je pense que tout le monde peut très bien faire la preuve
que la transplantation n'est pas une opération qui coûte
énormément cher. Normalement, et je pense que le critique de
l'Opposition va le constater lui-même, ce n'est pas le fait qu'on
transplante un coeur ou un poumon qui rend les coûts de la salle du bloc
opératoire plus chers. C'est le temps et l'équipement que
ça prend dans les opérations. On peut avoir d'autres
opérations aussi compliquées à d'autres niveaux qui vont
coûter aussi cher, M. le Président. Alors, je ne veux pas parler
plus sur la question des coûts parce que, en fin de compte, on sauve des
vies. Et, en ce qui me concerne, M. le Président, il n'y a pas de
coûts qu'on devrait relier de façon très directe à
cet acte de sauver la vie des individus. Alors, M. le Président, c'est
ça, en général, un peu la situation.
Je veux juste aborder la question de différentes solutions qui
ont été apportées et pourquoi celle-là a
été retenue. Plusieurs, M. le Président, ici, au
Québec, comme ailleurs, ont voulu trouver la solution à la
pénurie de dons d'organes en s'embarquant dans des programmes de
consentement présumé. Il y a plusieurs pays en Europe, justement,
où chaque citoyen est un donneur, sauf s'il indique le contraire. M. le
Président, je ne souscris pas à cette philosophie parce que je
crois que le don d'organes doit, comme il l'est au Québec, rester un
geste volontaire de la part de l'individu, un geste désigné par
intention et non par manque d'information, M. le Président. Ça,
je pense que c'est extrêmement important. Il y a d'autres gens aussi qui
ont suggéré qu'on puisse établir des banques de donneurs.
M. le Président, je pense qu'il est extrêmement dangereux de
s'embarquer dans la création de banques de donneurs. Pour que ce soit un
geste humanitaire, M. le Président, pour éviter des histoires qui
ressemblent beaucoup à de la fiction, M. le Président, en ce qui
me concerne, il faut absolument se tenir très, très, très
loin des banques de donneurs, M. le Président. Je pense que votre
imagination peut vous amener à savoir les difficultés que
ça peut apporter.
Alors, la question des banques de donneurs, en ce qui me concerne, il
n'en est pas question. La question du consentement présumé, je
pense qu'il n'est pas né-
cessaire d'en arriver là. Et si on veut respecter la
volonté de l'individu donneur, M. le Président, et tout
ça, il me semble que la seule solution qu'il y avait à apporter
pour amener une amélioration, c'était justement au niveau de la
procédure, de la structure, au niveau des hôpitaux pour
l'identification d'un donneur potentiel.
Juste un dernier mot sur la question des receveurs et des donneurs. M.
le Président, jusqu'à date, au Québec, on fonctionne de
façon très distante entre le groupe qui fait l'identification et
le groupe qui fait la distribution. Vous allez comprendre qu'à aucun
moment, à aucun moment, il ne faut qu'il y ait conflit
d'intérêts ou même apparence de conflit
d'intérêts. Alors, c'est très important de garder les 2
organismes très, très loin, c'est-à-dire que le
système doit être de cette façon, qu'il y ait plusieurs
organismes qui font la recherche, indépendants de l'organisme, qui
devrait être un seul, en ce qui me concerne, qui fait la distribution, la
coordination des dons, M. le Président. C'est comme ça que
ça devrait être et c'est comme ça qu'on va éviter
beaucoup de problèmes.
Alors, M. le Président, c'est un peu ça, le projet de loi.
Ce n'est pas un projet de loi très compliqué. C'est un projet de
loi qui amène des petites modifications, des petites corrections au
niveau du quotidien dans les hôpitaux. Ce qui m'a amené au projet
de loi, M. le Président, à part le principe fondamental que j'ai
expliqué tout à l'heure, la constatation que j'avais faite,
durant ma propre convalescence, c'est ? en tout cas, en ce qui me concerme
et en ce qui concerne beaucoup d'autres gens ? de constater que, sur les
150 hôpitaux, M. le Président, il y en a eu seulement 29, en 1991,
qui ont identifié 1 donneur ou plus ? 29.
Pour ceux qui aiment les mathématiques et les
probabilités, M. le Président, ils vont vous dire que c'est
absurde qu'au Québec, avec la population que nous avons, avec le nombre
de donneurs qu'on sait qui ont signé des cartes de don d'organes, M. le
Président, seulement 29 puissent identifier 1 donneur ou plus. Je ne
veux pas lancer de blâme à qui que ce soit. C'est un constat de
fait.
Ce que le projet de loi va faire, c'est qu'il amènera un
correctif ? j'espère qu'il va amener un correctif. Je vais aller un
peu au-delà des espérances et même penser qu'il va y avoir
des correctifs, M. le Président. C'est que le correctif est amené
au niveau de l'identification. Au moment où on se parle, dans les autres
hôpitaux où, au cours des dernières années, on n'a
jamais identifié un donneur potentiel, M. le Président, c'est
parce qu'il n'y a aucun mécanisme d'établi, à savoir qui
est un donneur potentiel.
Je suis sûr que plusieurs d'entre vous et ceux qui nous
écoutent, M. le Président, se sont rendus à
l'hôpital avec un de leurs proches. Il y en a quelques-uns qui ont eu
cette opportunité ou même ce malheur d'avoir à amener un
des proches qui était près de la mort dans un hôpital de
nos régions. Je suis sûr qu'on ne vous a jamais demandé si
la personne que vous ameniez à l'hôpital, qui était dans un
état de santé précaire, dans l'éventualité
d'une mort, s'il y avait eu consentement pour un don d'organes. Il n'y a
personne qui demande ça.
(17 h 40)
Je peux vous l'assurer moi-même, M. le Président. Au fil
des dernières années, j'ai passé beaucoup de jours dans
nos hôpitaux et, à aucun moment, on ne m'a demandé si
j'avais signé ma carte de don d'organes. On me demande le nom de fille
de ma grand-mère. Je peux comprendre que c'est très utile
à des fins administratives et à des fins d'identification, mais
à aucun moment, à l'entrée à l'hôpital, au
moment où l'inscription est faite pour entrer à l'hôpital,
jamais, jamais qui que ce soit ne m'a demandé si j'avais signé ma
carte de don d'organes. Alors, dans l'éventualité où,
pendant que vous êtes dans un hôpital, vous devenez
cadavérique, si personne ne le sait que vous avez signé pour un
don d'organes, c'est sûr que les chances que votre voeu soit
respecté sont minimes.
Alors, le projet de loi demande de mettre en place ? si on lit
entre les lignes ? un mécanisme qui ne sera pas un mécanisme
très lourd, en fin de compte, pas très lourd. Parce qu'il ne
faudrait pas s'attendre que, dans les 150 hôpitaux du Québec, nous
allons avoir 200 donneurs par hôpital. Il ne faut pas s'attendre à
ça. Si chacun des 150 hôpitaux, au fil de la prochaine
année, pouvait en identifier 2, 3, M. le Président, avec aussi la
même proportion pour les autres hôpitaux qui l'ont
déjà fait depuis de nombreuses années, on va rencontrer la
demande, M. le Président, on va la rencontrer. Alors, c'est ce
mécanisme qui manque pour pouvoir identifier le patient qui, lui, a
signifié son intention, en cas de mort, de faire don de ses organes.
Pour ça, le mécanisme n'existe pas. Alors, la loi prévoit
que c'est la responsabilité de l'hôpital d'établir un
mécanisme. Et, en plus, on donne la responsabilité au directeur
des services professionnels, on lui donne la responsabilité de
communiquer tous les renseignements nécessaires à l'organisme qui
sera chargé de faire la coordination de la distribution des organes en
cas de prélèvement fait auprès de la personne qui est
devenue cadavérique, dont la mort est imminente.
Et tout ça, M. le Président, pour encore enlever certaines
craintes au niveau de certains individus, le Code civil, vous savez, est
très précis en ce qui concerne toute la question du consentement,
en ce qui regarde le consentement de l'individu et des membres de sa famille.
Et aussi, le Code civil est très précis, à savoir que...
Je n'entrerai pas là-dedans, M. le Président, mais il y a des
procédures au niveau du Code civil pour s'assurer que les personnes qui
déclarent un individu cadavérique ou «brain dead»,
comme on dit en anglais...
Une voix: Cliniquement mort.
M. Cusano: ...cliniquement mort, que ces personnes-là
soient toujours totalement dissociées de l'équipe de
transplantation. Alors, il ne peut pas y avoir, encore là, de conflit
d'intérêts.
Alors, M. le Président, c'est ça, un survol du
projet de loi. Le projet de loi, espérons, sans présumer,
M. le Président, va être adopté dans quelques minutes, sera
sanctionné dans les jours qui suivent. Et il y aura des
règlements qui vont suivre, après, par le ministère de la
Santé et des Services sociaux. Ce que je peux dire entre-temps, c'est
que j'invite les hôpitaux, les hôpitaux qui ne l'ont pas fait, les
conseils d'administration d'hôpitaux qui ne l'ont pas fait encore,
à se pencher sur la procédure à suivre. Parce que je ne
voudrais pas que les gens commencent à penser que, dans chaque
hôpital de la province, il va falloir s'équiper avec de
l'équipement pour maintenir des patients en vie. Il s'agit d'identifier
ces personnes-là. Il s'agit d'identifier les patients donneurs, parce
qu'il faut les maintenir en vie pour une certaine période de temps. Et
ce n'est pas nécessaire, si vous avez deux hôpitaux l'un à
côté de l'autre, dans les grandes villes ? dans certains
centres, il peut y avoir deux hôpitaux l'un à côté de
l'autre ? ce n'est pas nécessaire que chacun des hôpitaux
soit équipé avec tout l'équipement nécessaire pour
maintenir un patient en vie pour qu'il puisse être donneur potentiel,
mais c'est d'établir le mécanisme, à savoir ce qui,
exactement, doit être fait au moment où nous avons un patient qui
est un donneur potentiel.
Alors, j'invite les hôpitaux à y réfléchir.
Et, comme ceux qui, dans le passé, sans la loi, ont établi des
protocoles de procédure dans les hôpitaux, j invite les autres
à faire exactement la même chose. Les directeurs d'hôpitaux,
certainement, se parlent beaucoup et ils peuvent certainement se parler et voir
comment ça fonctionne dans un hôpital ou l'autre pour que,
justement, M. le Président, on puisse s'assurer que les personnes qui
sont en attente d'un organe, que ces personnes-là puissent
espérer une vie longue et fructueuse après
l'opération.
En terminant, M. le Président, un organe n'est ni catholique, ni
protestant, ni athée. Il n'est ni noir, ni blanc, ni jaune, M. le
Président. Il n'est ni masculin, ni féminin. C'est la vie
elle-même. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Viau et whip en chef du gouvernement. Sur le même
sujet, je cède la parole à M. le député de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Il n'y a pas
grand-chose à ajouter sur le projet de loi 197 en soi, puisque ce projet
de loi ne contient qu'un seul article, et il a été suffisamment
explicité aux autres étapes de l'adoption du projet de loi. Mais
on va profiter de l'occasion, M. le Président, pour parler, oui, autour
de ce projet de loi, parce qu'il est adopté, ce projet de loi. Je le
rappelle, il est très simple, il prévoit qu'on va obliger les
DSP, les directeurs des services professionnels, dans les hôpitaux,
à prévoir des mesures pour informer les gens des
disponibilités en matière de don d'organes. Parce que souvent,
dans les hôpitaux, il se produit des situations où quelqu'un est
à la salle d'urgence ou dans le bloc opératoire, est près
du décès, et on oublie de prévenir ou on n'informe pas
que, dans le même hôpital, il y a quelqu'un qui est en attente.
M. le Président, en regardant ce projet de loi là, et je
vais vous dire bien honnêtement qu'on va voter en faveur. Et je ne veux
pas qu'il n'y ait de mauvais jeux de mots autour de ça, mais je n'avais
pas bien, bien le coeur à parler de ça aujourd'hui, M. le
Président, quand on est face à un gouvernement sans coeur, sans
dessein, innocent. Quand on sort de Rouyn-Noranda, la ville de Rouyn-Noranda,
M. le Président...
M. Cannon: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre.
M. Trudel: ...et qu'on est...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant!
M. Trudel: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant!
M. le ministre.
M. Cannon: M. le Président, vous le savez comme moi, je
rappellerais le député qui a la parole actuellement à la
pertinence des propos, et donc je l'invite à parler sur le projet de loi
qui est en cause devant nous, le projet de loi 197.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, effectivement, le
projet de loi...
M. Blais: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Masson.
M. Blais: II n'y a absolument aucune parole qui a
été dite qui n'était pas pertinente. Il faut au moins
laisser le député commencer avant de parler de la pertinence.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je rappelle et au
député de Rouyn-Noranda?Témiscamingue et à
tous les parlementaires que nous sommes à discuter de la motion
proposant l'adoption du projet de loi 197, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives. M. le député de Rouyn-Noranda,
vous connaissez les règles de la pertinence. Alors, je vous demanderais
de vous y conformer. Allez-y.
M. Trudel: Oui, M. le Président. Je vais suivre à
la lettre vos conseils et suivre la règle de la pertinence de notre
règlement pour parler de ce projet de loi, qui est dans le même
esprit que le fonctionnement de tout ce
gouvernement dans chacun de ses projets de loi. Ça peut
paraître anodin ici, là. En vue de faciliter, pour un objectif
noble, le transplant d'organes au Québec, on va confier un certain
nombre de devoirs aux hôpitaux, aux directeurs des services
professionnels, mais on oublie ? comme toujours, dans chacun des projets
de loi de ce gouvernement-là, on pellette en avant ? on oublie de
donner les moyens aux établissements hospitaliers, à ses
personnels. On constate un problème ici et on dit: Le
législateur, il va confier aux autres le soin de régler le
problème. Vous autres, vous, les directeurs des services professionnels,
assurez-vous donc... On ne vous donne pas de moyens supplémentaires, on
ne vous donne rien de plus pour régler le problème. On vous fait
l'obligation de vous tenir informés 24 heures par jour, à
n'importe quelle heure du jour, s'il y a une disponibilité de don
d'organe, mais quant aux moyens de faire ça, organisez-vous donc avec le
petit, la bassine puis l'eau. C'est ça, M. le Président. (17 h
50)
C'est pour ça que je ne peux pas m'empêcher aujourd'hui,
à l'occasion de l'adoption du rapport de la commission parlementaire,
d'avoir complètement le coeur gai là-dessus, puis de dire: Bon,
bien, ça, c'est comme d'autres situations que vous vivez dans vos
régions, quand on est face à un gouvernement ? je le
répète, sans faux jeu de mots ? sans coeur, sans dessein,
sans allure, innocent, qui traite les populations des régions, qui
traite les personnels, et qui pellette ses problèmes sur les autres, peu
importent les conséquences, peu importe ce que ça donne. C'est du
jamais vu, ça, M. le Président. Puis, ce n'est pas parce qu'on
nous présente un projet de loi comme cela, avec des objectifs qui ont
l'air nobles en soi, au niveau de la présentation, qu'on va accepter de
tout prendre les problèmes, de façon sectorisée, de les
séparer et de ne pas voir de lien avec aucune situation. Puis, quand
vous êtes le porte-parole en matière de santé et de
services sociaux, bien là, vous devez vous désincarner de votre
région, vous devez vous désincarner des activités
gouvernementales en soi, puis on va traiter ça de façon bien
particulière, et on va adopter le rapport, la discussion qu'il y a eue
sur ce projet de loi, sans tenir compte de la réalité. Non, M. le
Président, ce n'est pas comme ça, parce qu'il aurait quasiment
dû y avoir un article supplémentaire pour permettre de greffer un
coeur à ce gouvernement-là, en matière de gestion de
l'activité collective au Québec.
Quand vous avez entendu, aujourd'hui, le premier ministre lui-même
répondre à la population de Rouyn-Noranda, qui est sortie
à 8000 dans la rue, hier, pour protester contre l'espèce de
délaissement des populations régionales, contre l'abandon
littéral des régions du Québec, pour lutter contre
le...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant!
Un instant! M. le député de La Peltrie et ministre des
Communications.
M. Cannon: Oui, M. le Président. Encore, j'ap- pelle le
député à la pertinence, et je lui demande, par votre
entremise, de respecter le règlement. Il y a d'autres forums. Je
comprends que, comme député, c'est son devoir de
représenter ses électeurs et de servir sa population, mais je
crois qu'il y a d'autres occasions qui lui sont permises pour exprimer son
opinion. Or, je lui demanderais de s'en tenir à l'article qui traite du
projet de loi 197.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, l'article 211
parle spécifiquement de la pertinence, et lorsqu'on en est à la
dernière étape c'est-à-dire à l'adoption du projet
de loi comme telle, c'est à l'article 256 qu'on doit se
référer pour vérifier spécifiquement la
pertinence.
Le débat sur la motion d'adoption d'un projet de loi est
restreint à son contenu. M. le député de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue, vous pouvez établir un
parallèle entre la discussion entourant le projet de loi 197 ? et
je me répète, ça a été mentionné tout
à l'heure, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives ?
mais vous ne pouvez pas étirer le parallèle et traiter de tous
les problèmes qui peuvent confronter une région, que ce soit la
vôtre ou d'autres régions au Québec, alors que ce projet-ci
fait spécifiquement référence à un dossier qui
traite... C'est un dossier qui traite spécifiquement de la santé
au Québec. L'objectif de 197, c'est de modifier la Loi sur les services
de santé et les services sociaux.
Alors, je vous demanderais, M. le député, de respecter
cette règle, qui est relativement large, de la pertinence, mais, encore
une fois, c'est un projet de loi qui vise à modifier la Loi sur les
services de santé et les services sociaux. M. le député de
Rouyn-Noran-da?Témiscamingue, continuez votre intervention.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je vais tenter, en
autant que faire se peut, de limiter aussi largement et de façon aussi
étroite ce que Platon disait à propos de l'utilisation de
l'analogie. Elle nous sert à comprendre un certain nombre de situations,
et parfois, l'objet secondaire nous aide à comprendre l'objet principal.
Si on a à retourner à Platon pour être capable de
décrire à ce gouvernement, qui ne comprend rien, et qui veut, en
plus, nous limiter... Évidemment, M. le Président, je ne mets pas
en cause votre jugement sur les phrases que vous venez d'employer, parce que
vous me demandez de respecter non seulement la lettre du règlement, mais
l'esprit. Vous savez, comme parlementaire, que j'ai toujours respecté
cet esprit-là, mais, M. le Président, on ne peut quand même
pas, au niveau de l'expression, ici, m'empêcher d'utiliser,
jusqu'à me bâillonner sur les mots que j'utilise, pour parler du
rapport de la commission qui a étudié le projet de loi 197 sur le
don d'organes, et sur le fait de faciliter... Parce que, dans ce projet de loi,
à sa face même, ce que je veux décrire, c'est que le seul
article de ce projet de loi en matière de santé et de
services sociaux, il donne des devoirs aux autres. Il transmet la
responsabilité à d'autres, sans leur donner les moyens, sans
accorder les
moyens financiers, sans accorder le support. Mais, M. le
Président, si on veut faire comprendre ça à la population,
et faire comprendre la vraie nature de ce gouvernement-là, son absence
de leadership, son incapacité d'administrer la chose collective, il faut
bien qu'on soit capable de prendre des exemples qui les touchent dans le
quotidien.
Puis, les exemples qui touchent dans le quotidien, M. le
Président, les journaux en sont pleins ce matin; depuis 15 jours, en
plus, les journaux en sont pleins. L'irresponsabilité que nous trouvons
dans ce projet de loi là, c'est ce qui a mené dans toutes les
régions du Québec à du débrayage.
Regardez les gens de Port-Cartier, M. le Président. Je vous donne
l'exemple pour vous citer, ici, jusqu'où ça va
l'irresponsabilité d'un gouvernement en matière de santé
et de services sociaux, jusque dans un article qui modifie la loi sur la
santé et les services sociaux en matière de vouloir
théoriquement faciliter le don d'organes. Les gens de Port-Cartier,
c'est en grève, M. le Président. Ils sortent dans la rue. Ils
occupent leur usine parce qu'il y a un ministre qui dit que le maire est un
sans allure, que c'est quelqu'un qui conte des peurs à la population,
puis qu'il n'y a rien à faire avec ça; qu'eux autres, à
Port-Cartier, sur la Côte-Nord, qu'ils crèvent, comme ailleurs
dans les autres régions, que la dignité des familles, que le
travail, ce n'est pas important, ça. Et, pourtant, pourtant, il y a des
gens qui veulent se battre pour leur coin de pays, puis qui espéreraient
retrouver un peu d'appui de la part d'un ministre responsable sectoriellement,
qui n'est pas là pour arrêter les choses, mais, je
l'espère, qui est là pour aider. Mais non!
M. Cannon: M. le Président.
M. Trudel: C'est une attitude complètement
négative. On dit: Débrouillez-vous!
M. Cannon: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, un instant! Un
instant! Un instant! M. le ministre.
M. Cannon: M. le Président, encore une fois, je fais appel
à votre jugement afin de demander à mon collègue, à
notre collègue de respecter le règlement. C'est clair que, si on
veut faire des parallèles et parler des choses antérieures, je
peux dire que ce n'est pas le gouvernement libéral qui a plongé
le Québec dans des déficits et ce n'est pas le gouvernement
libéral non plus qui a créé tel problème ou tel
malaise, mais, somme toute, M. le Président, je rappelle au
député que nous discutons du projet de loi 197 qui traite de
l'arrimage entre un donneur et un récipiendaire.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. le
député de Rouyn-Noranda, vous pouvez faire un parallèle.
Ce parallèle-là, vous pouvez l'utiliser; la formule de l'analogie
ou du parallèle, vous pouvez l'utiliser pendant toute la période
de votre intervention, sauf que vous devez ? et tant et aussi longtemps
que vous le ferez, je vais vous permettre d'intervenir dans ce sens-là
? vous devez, en partant du parallèle, revenir à l'objet
principal du projet de loi 197. Et je répète encore l'essentiel,
c'est un projet de loi qui vise à modifier la Loi sur les services de
santé et les services sociaux et modifiant diverses dispositions
législatives. Allez-y, M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Trudel: M. le Président, je vous prie, si on ne veut
pas me laisser utiliser les mots que je dois utiliser ici pour exprimer ma
pensée, de vérifier à la lettre, au procès-verbal
de la présente séance, le nombre de fois que j'ai parlé de
l'article 204.1, article 1 de ce projet de loi, et le nombre de mots que j'ai
employés pour l'analogie.
La propre argumentation du leader adjoint du gouvernement vise
très exactement, rejoint très exactement... Regardez, là,
regardez, M. le Président, l'argumentation sur le point de
règlement du leader adjoint du gouvernement: ce n'est pas de notre
faute, c'est la faute des autres. C'est la faute du gouvernement, avant. C'est
vous autres qui avez plongé le Québec dans les affres des
manifestations, du chômage et de l'absence de travail pour les
populations des régions du Québec. Regardez ce que c'est, M. le
Président, que de pelleter non seulement en avant...
M. Cannon: M. le Président...
M. Trudel: ...puis de côté, mais ils pellettent en
arrière. Ils ne sont pas capables, dans la propre argumentation du
député...
M. Cannon: M. le Président, sur une question de
règlement...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre. M. le
ministre. Un instant! Un instant! Un instant! Un instant! Alors, la question de
règlement devient inutile, étant donné qu'il est 18
heures.
Je vous rappelle, M. le député de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue, que vous disposiez d'une
période de 60 minutes. Ils vous restera, à la reprise du
débat sur ce projet de loi 197, 47 minutes, étant donné
que vous avez fait 13 minutes à date.
Il est 18 heures. Je suspends donc les travaux jusqu'à 20 heures,
ce soir.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 9)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place. Merci.
Alors, l'Assemblée poursuit l'étude de l'adoption du
projet de loi 197, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives. Je cède la parole à M.
le vice-président de la commission des institutions et
député de Rouyn-Noranda?Témiscamingue, lui indiquant
qu'il a déjà 13 minutes à son temps de parole
d'utilisées et qu'il peut utiliser un maximum de 47 minutes s'il le
désire. (20 h 10)
M. Trudel: Merci, M. le Président. Oui, je tenais à
intervenir sur la prise en considération du rapport sur le projet de loi
197, parce que j'avais beaucoup de choses à dire et que j'entendais bien
les dire, M. le Président, avec le langage et les mots de la langue qui
nous sont encore permis dans cette Assemblée nationale. Et même si
le projet de loi est éminemment bref dans sa présentation, la
façon dont il nous est présenté, les questions que nous
avons posées, M. le Président, en commission parlementaire,
ça ressemble comme 2 gouttes d'eau... C'est la photocopieuse
gouvernementale libérale qui s'est mise à fonctionner, M. le
Président, dans ce projet de loi 197, comme dans les autres projets de
loi. C'est-à-dire que c'est une espèce de photocopieuse qui fait
en sorte qu'on prend des problèmes, qu'on les systématise dans un
projet de loi et qu'on les sacre dans la cour du voisin, peu importent les
conséquences sur les populations, peu importent les conséquences
sur les institutions, peu importent les conséquences sur les
établissements. Ça, M. le Président, c'est en plein, en
plein un projet de loi comme ceux qu'on connaît depuis 1985 dans cette
Assemblée nationale là.
Et, s'il y a une région, M. le Président, qui sait ce que
c'est qu'un type de projet de loi comme la loi 197, qui dit que, dans le
système hospitalier, non pas seulement en matière de don
d'organes mais en matière de s'assurer que les gens qui attendent des
organes... On va obliger des gens qui sont déjà aux prises avec
des crises dans le système hospitalier, qui sont déjà aux
prises avec des ressources restreintes, à faire encore des choses
supplémentaires, en leur disant: Vous allez vous organiser, vous autres,
pour faire en sorte qu'on ait constamment l'information pour les personnes qui
entrent ? et on sait ce que ça veut dire, dans les grands
hôpitaux ? dans les systèmes d'urgence ou qui entrent ou qui
sont dans le système hospitalier et qui sont à l'imminence de la
mort; bien, il faut s'organiser pour avoir toutes les informations pour
être capables de les transmettre à l'organisme concerné
pour favoriser le don d'organes.
C'est souhaitable, ça, des projets de loi comme ça. On en
a vu ici, à la tonne et à la tonne. Mais, quand il s'agit de le
faire, de l'exercer, de réaliser cet exercice-là, aucun moyen. On
ne sait pas comment, aucune ressource supplémentaire, on pellette dans
la cour du voisin, on pellette ça dans la cour des établissements
hospitaliers, on pellette ça dans la cour des directeurs de services
professionnels dans les hôpitaux.
Alors, M. le Président, c'est pour ça que je suis
obligé de dire que, ça, c'est passé dans la machine, la
photocopieuse de ce gouvernement. De l'autre bord de la photocopieuse, il y a
une espèce de petite pelle et ça tire ça dans la cour du
voisin. Et, quand on est dans la région de Rouyn-Noranda et qu'on sort
d'une manifestation de 8000 personnes, M. le Président, qui disent
qu'elles en ont assez de se faire vider, qu'elles en ont assez de se faire
littéralement jeter dans leur cour des responsabilités pour
lesquelles on ne leur donne pas les moyens, des populations qui sont, M. le
Président, mais littéralement assaillies par le chômage,
par l'absence de travail, par l'absence de mesures concrètes... M. le
Président, c'est ce mode de gouvernement que les gens ont rejeté,
hier, à Rouyn-Noranda. Puis, M. le Président, c'est tellement
inimaginable... C'est la même chose dans le domaine rural.
M. le Président, quand on commence l'article, dans ce projet de
loi 197, on dit: Nous, on demande que vous effectuiez du travail
supplémentaire pour rendre un plus grand service. On s'attend, en
conséquence, à ce qu'il y ait un paragraphe, à quelque
part, qui donne le moyen, qui donne les outils d'intervention pour en arriver
à répondre aux besoins, à atteindre les objectifs que l'on
recherche dans le projet de loi. Non, M. le Président, il n'y a rien de
ça. Un article quasi impératif, qui modifie la loi de la
santé et des services sociaux.
Ça, c'est exactement comme le projet de loi qui est devenu une
loi, malheureusement, et qui s'applique partout, dans le monde rural. On a dit:
On va vous domper, littéralement, 30 000 km de chemins dans vos
municipalités, puis vous allez en prendre soin. On a même dit
à la population, M. le Président, puis aux municipalités
régionales de comté, aux municipalités locales: On va vous
transférer ces 30 000 km, puis, en plus de ça, on va avoir un
programme pour vous aider. On va avoir un programme qui va faire en sorte qu'on
va... Ça, M. le Président, ça a été des
mensonges. On n'a pas été capable de dire franchement qu'on
transférait des dépenses, qu'on transférait des factures,
puis qu'on transférait ça à des gens qui sont
déjà en absence de ressources, qui sont déjà en
difficulté dans l'ensemble des régions du Québec. M. le
Président, c'est un mode de fonctionnement qui n'est plus acceptable
aujourd'hui.
Dans les régions rurales du Québec... Regardez l'exemple
très concret: dans la région de l'Abitibi-Té-miscamingue,
dans le comté de Rouyn-Noranda?Témiscamingue, on
transfère 762 km de chemins à 38 administrations municipales,
puis on leur dit: Ah! Regardez, tantôt, on va vous présenter un
programme qui va faire en sorte qu'on va vous aider à prendre soin de
ces infrastructures. On va prendre soin de vous aider pour répondre aux
objectifs de l'entretien de ces routes, pour leur reconstruction, parce que, si
le gouvernement s'en débarrasse, s'il l'envoie dans votre cour...
Exactement comme dans le projet de loi 197, M. le Président, on
transfère une responsabilité, mais on n'envoie pas les moyens
avec, puis vous allez voir, tantôt, là, ça va être
les administrations hospitalières, ça va être les
directeurs de services professionnels, ça va être les
professionnels de la santé concernés. Vous allez voir,
tantôt, là, on va se retrouver dans un établissement
hospitalier, puis on va dire: Vous, Mme l'infirmière, vous, M. le
médecin, là, vous, le directeur des services professionnels, vous
ne vous êtes pas occupé de votre
responsabilité. On vous faisait obligation de vous assurer que
les personnes qui avaient signé leur carte d'assurance-maladie ou leur
carte de permis de conduire et qui rendent leurs organes disponibles en cas de
mort imminente, subite... Eh bien, vous ne vous êtes pas occupé de
votre responsabilité. Comment ça, vous ne vous êtes pas
occupés de votre responsabilité? Est-ce que vous nous avez
donné les moyens? C'est exactement ça, M. le Président,
dans tous les secteurs, dans tous les domaines.
Je reviens, puis je continue le parallèle, parce qu'il y a plein
de monde au Québec qui vit cette situation-là. Quand on vit la
situation qui s'est vécue, hier, à Rouyn-Noranda, on ne peut
plus, là, à partir d'un petit projet de loi comme ça, se
montrer irresponsable, M. le Président, et dire: Bon, on va le mettre
dans la poêle, puis on va le laisser passer comme du beurre dans la
poêle. Non, M. le Président, le représentant de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue, il a décidé que
c'était assez, ces histoires-là, assez de se faire conter des
peurs, assez de se faire conter des mensonges, assez de gérer par les
ombres chinoises, M. le Président. Il y a des gens qui, dans le monde
municipal, dans le monde rural, dans les régions
périphériques du Québec, sont aux prises avec un
réseau à entretenir, un réseau de routes rurales qui est
éminemment détérioré. On avait la
responsabilité, au gouvernement du Québec. On a dit: On prend
tout ça, on envoie ça dans votre cour.
On aura, tantôt, un programme. On vient de recevoir, ces jours
derniers, des nouvelles, encore une fois, du ministre
délégué aux Transports, qui avait dit: Moi, je vais vous
garder un programme pour vous donner des ressources, les municipalités.
Ah bien, il a dit une chose que j'avais oublié de vous dire, c'est que
tous les engagements que, moi, j'avais pris comme ministre, c'est vous qui
allez payer pour mes responsabilités. Vous allez payer pour mes
engagements, vous allez payer pour mes engagements politiques. Avez-vous vu
ça, M. le Président?
C'est la même chose dans le projet de loi 197. On prend des
engagements vis-à-vis des communautés, on s'organise pour en
arriver à dire qu'on va faire du développement et qu'on va faire
en sorte d'avoir des infrastructures, dans les régions, qui nous
permettent d'arriver à des objectifs pour les populations qui
contribuent à l'ensemble du développement du Québec, puis,
quand arrive l'ordre des moyens... Et on leur dit, en plus, je m'excuse, M. le
Président: On va vous responsabiliser. Oui, on va vous
responsabiliser.
On sait très bien que la responsabilisation, M. le
Président, ça comporte aussi que nous contrôlions tous,
collectivement, les moyens qui sont à notre disposition pour en arriver
à répondre aux besoins ou aux objectifs de la population.
Voilà pourquoi, M. le Président, ça ne peut pas marcher
dans ce projet de loi là et pourquoi ça ne fonctionne pas non
plus, que ça ne peut pas fonctionner et que le monde ne croit plus
à cela, et qu'on est désabusé dans l'ensemble des
régions du Québec, M. le Président.
C'est la même chose qui s'est passée à Port-Car-
tier. Regardez ce qu'on leur a dit, à Port-Cartier. On leur a dit: II
n'y a rien à faire. Écrasez-vous. Restez là où vous
êtes. On a tout essayé. Nous, on gère ça par des
dessins. On gère ça par par des compas. On gère ça
par des grandes théories. Mais, sur le terrain, là,
écoutez bien, il n'y a rien à faire. Il n'y a rien à
faire. Écoutez, les responsabilités que vos familles... Que vous
soyez au chômage, que vous ayez des enfants dans les universités,
qu'on veuille chercher du travail et qu'on veuille surtout travailler, non
seulement pour contribuer au développement du Québec, mais pour
être capable de vivre dans une région ou pour qu'on soit capable
d'appliquer une disposition des lois, c'est-à-dire, par exemple, de
payer ses impôts et d'occuper ses responsabilités de bon
père de famille ou de bonne mère de famille...
Mais, M. le Président, on n'est pas capable, pourquoi? On dit aux
gens de Port-Cartier, par exemple: Vous autres, là, il n'y en a pas, de
solution. Est-ce que vous pouvez espérer avoir l'appui de votre
gouvernement? Non. Non, non. non. Ne vous mêlez pas de ça,
là. Nous, on a décidé dans un article de projet de loi, on
a décidé dans une philosophie gouvernementale que, ça,
ça ne pouvait pas exister. Et, de toute façon, vous n'êtes
pas assez brillants. Vous n'êtes pas assez créatifs. Vous
n'êtes pas assez déterminés. Vous n'avez pas suffisamment
de capacités pour prendre en main votre devenir. Mais, nous autres, on
va vous organiser ça. On va vous organiser ça. (20 h 20)
Et, pourtant, une population rendue à bout comme cela en arrive
à mettre sur la table, M. le Président, des ressources qui
existent dans la communauté et dit: Bien, nous, on pense que le
succès, c'est le fruit du dernier effort, et on va tenter jusqu'à
la limite du possible d'arriver à être capables d'ouvrir cette
usine-là et de garder les 500 emplois dans une communauté, dans
une région périphérique, dans une région
éloignée. Ces gens-là avaient espéré, M. le
Président, le moindrement de support de leur gouvernement. Non, ce n'est
pas ça qui est arrivé, M. le Président. On a tout fait
pour essayer de les décourager.
Qu'est-ce qui s'est passé, hier? Qu'est-ce qui s'est
passé, hier à Rouyn-Noranda? Est-ce que, littéralement, M.
le Président, on est capable de berner, de faire en sorte que 8000
personnes, que toute la communauté des affaires à Rouyn-Noranda,
c'est tout un paquet de monde sans jugement? À Rouyn-Noranda, 8000
personnes, tous des gens qui sont de mauvaise foi. M. le Président, il
faut le faire, là.
Même chose dans le projet de loi 197. On va demander aux
établissements hospitaliers d'assurer une responsabilité mur
à mur en matière d'information pour connaître quelles sont
les personnes qui sont au sein de cet établissement et qui sont dans des
situations physiques qui les amènent à l'imminence de la mort, et
d'avoir l'information complète pour être capable de transmettre
ça. Par quels moyens? Ne vous occupez pas de ça. Ne vous occupez
pas de ça. Tantôt, par exemple, ils vont avoir le temps de vous
taper sur la tête, puis de vous dire que vous ne vous êtes pas
occupés de vos
responsabilités, mais de vous fournir les moyens, nenni pantoute,
rien, pas de moyens.
M. le Président, c'est la même chose qui se passe. Je vous
le répète: On ne peut pas accepter un projet de loi comme
celui-là, tel que rédigé, sans aucun amendement
supplémentaire. M. le Président, on ne peut pas laisser passer un
article de loi comme celui-là, tel que nous l'avons eu
présenté en commission parlementaire et avec les questions que
nous avons posées quand on voit que tout est possible de la part de ce
gouvernement et quand... Là, on parle d'un individu, d'un groupe de
personnes dans les établissements hospitaliers, mais, en
réalité, M. le Président, à toute situation
d'organisation dans nos établissements, dans nos communautés, il
y a des responsables ministériels.
Il y a le ministre du Revenu qui disait des 8000 personnes de la
population de Rouyn-Noranda que tout ce monde-là a été
manipulé, que tout ce monde-là était de mauvaise foi, que
tout ce monde-là vit sous une psychose collective. M. le
Président, quand même, il y a toujours bien une limite à
tenter de faire croire à une population qu'on veut son bien en la
dépossédant. Il y a toujours bien une limite, M. le
Président, à tenter de faire croire à une population qu'on
va l'aider en présentant un projet de loi ou en adoptant un projet de
loi qui leur remet toujours les responsabilités sans leur fournir les
moyens. Il y a toujours bien une limite, M. le Président, à dire
à des populations, à dire à des groupes, à dire
à des régions du Québec: On va vous transférer un
très grand nombre de responsabilités. Vous allez être
vous-mêmes responsables de l'entretien de votre réseau routier,
mais sur les moyens, d'abord, vous allez payer nos engagements, vous allez
payer nos dettes. Le ministre délégué aux Transports n'a
pas été franc avec les populations du Québec, un autre
ministre, M. le Président, qui n'a pas été franc avec les
populations du Québec. C'est pourquoi je commence à douter. C'est
pourquoi il faut poser toutes les questions en rapport avec le libellé
de l'article 204.1. Le ministre délégué aux Transports n'a
pas été franc avec les populations des régions, n'a pas
été franc avec les communautés rurales.
La population de Rouyn-Noranda, M. le Président, hier, a dit que
le ministre des Forêts n'a pas été franc avec elle, qu'elle
n'a pas cru, qu'elle ne croit pas les arguments qui lui ont été
présentés. Elle ne croit pas, cette population, puis elle ne veut
pas que ça se répète. Elle ne croit pas que des
gouvernements et, en particulier, le gouvernement actuel se promènent
partout dans les régions du Québec pour dire qu'on a un beau
programme, qu'on appelle généralement le projet de
réorganisation Picotte, le projet de réforme Picotte, mais en
même temps qu'on se promène pour leur dire: Vous pourrez
participer à l'élaboration, vous allez être
consultés, vous allez être dans le coup pour les politiques en
matière de développement régional.
Quand on va toucher aux vraies affaires, par exemple, M. le
Président, ah, là, par exemple, ce n'est pas la même chose.
Ce n'est pas la même chose, là. Lorsqu'on va décider de
prendre des emplois du secteur public pour la protection de la forêt
à Rouyn-Noranda, puis qu'on va les déménager à 70
km plus loin, lorsqu'on va les prendre de Saint-Honoré et qu'on va les
envoyer à Roberval, eh bien, ça, dans ce contexte-là,
ça, vous n'êtes pas assez brillants pour ça, vous ne seriez
pas capables de comprendre les arguments que l'on invoque, l'analyse que l'on a
faite. Pour ces parties-là, quand elles concernent vos emplois, vos
familles, votre situation, la sociologie, le développement,
l'intégration de ces emplois à la communauté, la
façon d'en arriver à atteindre un objectif dans une population
donnée, en assurant la concertation, la consolidation par une
véritable consultation et une véritable implication, là,
dans ce domaine-là, vous n'êtes pas assez brillants pour
ça. Ça, on va s'occuper de ces choses-là. C'est ça
que 8000 personnes ont dit dans la rue, hier, à Rouyn-Noranda.
Vous pensez, M. le Président, que ça ne peut pas se
présenter dans le projet de loi 197 avec le libellé que nous
avons actuellement? Le directeur des services professionnels d'un
établissement qui exploite un centre hospitalier doit, lorsqu'une
personne dont la mort est imminente est un donneur potentiel et,
conformément au Code civil, transmettre avec diligence à
l'organisme ou à la personne désigné par le ministre, les
informations médicales nécessaires concernant le dossier et les
organes et tissus qui pourraient être prélevés.
M. le Président, c'est contre ça que je
m'élève, parce que j'ai trop d'exemples d'un gouvernement fourbu,
d'un gouvernement qui a conté des mensonges aux régions, d'un
gouvernement qui a fait en sorte que les populations des régions ne le
croient plus. Il n'y a plus de foi en un gouvernement qui dit une chose, qui
manifeste des intentions et qui fait exactement le contraire dans la
réalité, qui irrite continuellement les populations. Les gens ne
l'acceptent pas. Dans la région de Rouyn-Noranda, dans la région
de Port-Cartier, dans la région de la Gaspésie, dans la
région de Saint-Honoré, ils n'acceptent pas de se faire tenir un
discours et, par ailleurs, lorsqu'on arrive dans l'ordre des moyens, de dire:
C'est nous autres qui conduisons. C'est nous autres qui allons prendre les
décisions. C'est nous autres qui allons les prendre selon notre
dynamique à nous, selon notre rapport de force, selon notre rapport
politique, selon, non pas le rapport, normalement, reconnu pour le
développement dynamique d'une région ou d'un secteur
d'activité, non. Nous, là, on a décidé qu'on
l'avait, le pas. On a décidé que c'est nous qui l'avions, la
logique. C'est nous qui avons décidé que ça va aller
à telle cadence, M. le Président, que ça va aller dans
telle direction.
Non. M. le Président, là, si le message n'a pas
été reçu, il y a vraiment quelque chose qui ne marche plus
dans notre société. Et, si, M. le Président, on continue
à entendre encore des réactions comme celle du premier ministre,
précisément, et je le répète, M. le
Président, dans la direction, dans le sens de l'article 1 qui modifie
l'article 204.1 de la loi sur la santé et les services sociaux, si on
continue d'entendre le premier ministre dire: Ah, nous autres, voyez-vous, on a
décidé que ça allait, les emplois, prendre telle
direction; nous, on a
décidé que la logique à Port-Cartier, ça ne
peut pas marcher; nous, la logique, c'est qu'on a décidé qu'on va
déplacer ça 170 km plus loin, des emplois pour la protection de
la forêt, de Rouyn-Noranda vers Val-d'Or; nous, malgré les
coûts, malgré les questions que vous nous avez posées,
malgré le fait que vous descendiez dans la rue partout au Québec,
on a décidé que la logique était bonne; nous, on a
décidé, du haut de notre trône, M. le Président, que
c'était bon pour vous ça, hein, et, si on peut réussir, en
plus de ça, à vous emballer ça de façon telle que
vous ne compreniez pas l'espèce de cadeau de Grecs qu'il y a dans la
boîte, l'espèce de mauvaise nouvelle qui est dans la boîte,
ça, c'est parfait. (20 h 30)
M. le Président, les régions du Québec ? et,
quand on dit les régions du Québec, c'est aussi vrai pour la
région de Montréal que pour la région de Québec
? elles ont regardé dans la boîte et elles se sont
aperçues qu'il y avait eu de la fausse représentation, qu'il y
avait eu, M. le Président, des peurs qui avaient été
contées, qu'on avait fait des promesses, qu'on avait dit: Oui, oui, oui,
n'ayez pas peur; quand on vous transférera des responsabilités,
on va vous donner les moyens également... au moins, d'être
consultés pour en arriver à ce que ce soit logique comme
façon de faire les choses...
Non, M. le Président, à Radio-Canada hier soir, à
Radio-Canada hier soir ? et je le répète, M. le
Président ? toujours dans l'esprit du projet de loi 197, c'est la
photocopieuse du gouvernement libéral qui s'est mise à
fonctionner. Et c'est toujours le même mode de fonctionnement, et c'est
toujours le même résultat de déception, le résultat
de découragement, le résultat de la surprise, le résultat
de l'inattendu, le résultat du désengagement, le résultat
de l'incapacité que l'on a d'assumer une certaine responsabilité,
de la transférer chez le voisin en disant: Moi, je n'ai plus de
problème. Je n'ai pas de problème à la payer, la facture,
je l'ai passée au voisin. M. le Président, ça va bien,
ça, à la maison. Ça va bien. Si on disait: Je n'ai pas de
problème avec la facture, je la passe au voisin. La preuve que je n'ai
pas de problème: je ne l'ai plus, la facture. Vous pouvez payer ma
facture d'électricité; je n'en ai pas, de problème avec
ça. C'est ça, la mode.
Hier soir, à Radio-Canada, le ministre au développement
régional disait: Quant à moi, quand j'ai promis dans toutes les
régions du Québec qu'elles seraient consultées et qu'on
tiendrait compte, dans notre façon de gérer, des moyens qu'on a
à donner aux gens des régions pour assumer leurs
responsabilités, leur développement, l'occupation du territoire,
on est tout à fait justifiés, tout à fait justifiés
de prendre des ministres sectoriels et de leur reprocher de ne pas poser ce
geste-là. Le ministre délégué au
développement régional disait, après le 8 janvier 1992:
Vous savez, dans la réorganisation du ministère des Transports,
ce ne serait pas arrivé, l'imbroglio, ce ne serait pas arrivé que
toute une population, comme à Amos, se soulève si le ministre
délégué aux Transports avait le moindrement
consulté les régions.
Mais ce n'est pas fait, parce que la mode, M. le Président, c'est
de dire qu'on va les consulter, c'est de dire qu'on transfère des
responsabilités et qu'on va donner les instruments avec, mais quand
arrive le temps de le faire, on ne le fait pas. On arrive avec un projet
préfabriqué, avec des motifs qui sont plus souvent inavouables
qu'avouables, avec des motifs qui n'ont rien à voir avec la
réalité sociologique ou la réalité du contenu du
secteur concerné, et on dit: Savez-vous, ça va se promener avec
des roulettes, la réorganisation du ministère des Transports. Et
vous autres, les gens d'Amos, asseyez-vous donc, là, puis les gens qui
ont à déménager, déménagez. Puis, pour ce
qui est de l'économie locale, pour ce qui est de la répartition
de la façon dont vous voulez vivre en Abitibi-Témiscamingue, par
exemple...
Mais on aurait pu dire la même chose dans d'autres régions
du Québec. On pourrait dire la même chose... Le
député de Drummond a eu l'occasion de le souligner rien qu'en
masse, ça. Vous autres, parce que vous avez... Soit que vos
électeurs ont choisi de ne pas être du bon bord, pour l'instant,
ou qu'ils ont choisi d'être représentés par une autre
personne, vous n'avez pas le droit d'avoir les mêmes droits que les
autres Québécois.
Le ministre du développement régional disait hier soir,
à Radio-Canada: Moi, je n'irai pas reprocher à des citoyens, M.
le Président, comme dans le projet de loi 197...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Excusez. Question de
règlement, M. le député d'Iberville?
M. Lafrance: M. le Président, question de
règlement. Je pense qu'il s'agit d'un projet de loi qui est
profondément humanitaire, médicalement. Et, même si le
député de Rouyn-Noranda?Témiscamingue
réfère au numéro du projet de loi 197, je pense que ses
propos, dans l'esprit, ne rejoignent pas l'esprit du projet de loi. Je fais
appel à votre jugement pour la pertinence de ses propos.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît.
S'il vous plaît. Je rappelle qu'en vertu de l'article 256... S'il vous
plaît. M. le député, en vertu de l'article 256, en
troisième lecture, nous sommes à l'adoption, alors,
évidemment, il faut se référer au contenu.
L'interprétation de la présidence est assez large, mais je vous
rappelle, M. le député, au contenu du projet de loi.
M. Trudel: Merci, M. le Président. J'ai bien compris que
d'employer un certain nombre de mots, en termes d'analogie, pour en arriver
à toucher la réalité du projet de loi 197, ça peut
comporter un certain nombre de dangers, oui, effectivement, pour les membres du
gouvernement. C'est bien sûr, M. le Président, qu'on aimerait bien
que l'Opposition utilise des exemples venant de la planète Mars, qu'on
aille puiser nos exemples ou nos expressions analogiques pour en arriver
à toucher la réalité de ce qui peut se passer ou de ce
qui
va éventuellement se passer dans le mode de présentation
de ces projets de loi. On aimerait bien ça qu'on aille chercher dans un
autre monde plus éthéré, où, là, il n'y
aurait pas de difficultés, où les gens ne sortiraient pas dans
les rues, où les gens ne seraient pas en train de se promener partout au
Québec pour en arriver à décrire que c'est très
exactement ce qui est en train ou ce qui va se passer à une
échelle plus réduite, M. le Président.
Je peux en convenir, moi aussi, M. le Président, que c'est
à une échelle plus réduite que dans un centre hospitalier,
parce que c'est bien ça, c'est ça qui est le propos central, le
propos crucial de ma présentation dans ce projet de loi, à cette
étape-ci de la présentation du projet de loi 197, M. le
Président. Je le répète, pour bien structurer la logique,
la logique du raisonnement, on dit qu'on va modifier la loi sur l'organisation
des services de santé et des services sociaux et on va obliger des
établissements et, en particulier, M. le Président, les
directeurs des services professionnels d'un établissement qui exploitent
un centre hospitalier, dès qu'il y a une personne qui est à
l'imminence de la mort, de transmettre avec diligence à l'organisme ou
à la personne désignée par le ministre toute information
médicale nécessaire concernant le donneur et les organes ou
tissus qui pourraient être prélevés.
M. le Président, ce n'est pas une petite responsabilité,
ça là. On fait l'obligation à un professionnel de la
santé, en plus de voir à toute l'organisation professionnelle
dans un centre hospitalier, de colliger toute l'information pour toute personne
qui est dans ce centre, dans cet établissement qui exploite un
établissement de soins généraux de courte ou de longue
durée, et de faire en sorte, en plus, que cette information-là
soit rendue à l'organisme qui est chargé de transmettre à
un autre établissement que cette information pourrait permettre à
un éventuel receveur... Bien sûr, bien sûr, M. le
Président, qu'on contribue à l'objectif souhaitable,
éminemment souhaitable de sauver le maximum de vies, mais, M. le
Président, on ne peut pas contribuer, on ne peut pas donner notre aval
à de telles intentions sans accompagner ça de moyens. C'est pour
ça, M. le Président, que c'est ma responsabilité de faire
voir à la population que je vous le mentionne, parce que le
règlement, c'est qu'on s'adresse d'abord à la présidence.
Je sais que vous suivez le débat avec un intérêt
élevé, élevé, depuis le début de mon
intervention. C'est pour ça qu'il faut que nous fassions la
démonstration que la façon dont ça nous est
présenté ici, ça suit, ça épouse un mode
d'intervention de ce gouvernement. Les questions que nous avons posées
en commission parlementaire nous amenaient dans cette direction de la
responsabilité qui allait être dévolue à des
personnes ou à un établissement dans notre réseau de
santé et de services sociaux, pour ne pas que l'on transfère
gratuitement, M. le Président, une responsabilité, et ensuite,
qu'on puisse dire à ces personnes, à ces établissements:
Eh bien, vous ne vous occupez pas de la bonne façon, et de la
façon dont l'État l'a voté, vous ne vous occupez pas de
vos responsabilités. (20 h 40)
M. le Président, c'est pour ça que l'on voudrait bien que
je n'utilise qu'une ou 2 minutes, que, gentiment, nous puissions, du
côté de l'Opposition, laisser passer le train, voir que ça
ne brûle pas dans toutes les régions du Québec, que la
façon dont on veut administrer ce secteur d'activités, comme on
administre le développement régional, comme on administre dans un
certain nombre de domaines. Par exemple, les sociétés de
conservation au Québec, on voudrait laisser passer ça comme on
laisse passer une lettre à la poste. Non, non, M. le Président.
On ne peut quand même pas laisser à la fois passer de telles
rédactions de projets de loi, ici, devant l'Assemblée nationale,
quand on connaît les conséquences prévisibles, parce qu'il
y a un livre de recettes, parce qu'il y a un mode d'utilisation, M. le
Président. C'est le mode d'utilisation... La logique fondamentale,
c'est: Nous, on prend les décisions. Vous autres, vous payez; et, vous
autres, vous ne devez pas être concernés par la façon dont
vont s'exercer les responsabilités de l'État dans les
régions du Québec ou dans quelque région que ce soit.
Le mode de mélange des ingrédients, là, M. le
Président. Dans la facture du projet de loi 197, on a le mode
idéal du mélange des ingrédients du gouvernement actuel
dans tous ses projets de loi. Nous, on décide. Vous autres, vous allez
fournir les ingrédients. Puis, nous autres, on fournit la formule du
mélange. Puis, tous ces éléments, c'est vous autres qui
allez payer pour ça. Quand le ministre des Finances nous annonce, M. le
Président, qu'on va avoir pour 1 300 000 000 $ de nouveaux impôts,
de nouvelles taxes, de nouvelles contributions, de nouveaux fonds, on va avoir
ça de moins dans nos poches. Ce n'est pas bien bien sorcier, hein?
Ça, c'est pour payer la recette, pour payer les éléments
de la recette du gouvernement libéral qui a décidé de se
payer notre tête. C'est ça, M. le Président, que les gens
de Port-Cartier... Puis, c'est ça, M. le Président, que les gens
de Rouyn-Noranda, hier... Puis, c'est ça, M. le Président, que
les gens de la Gaspésie... Puis, c'est ça, M. le
Président, que les gens de Saint-Honoré veulent dénoncer,
puis n'acceptent plus, puis n'accepteront plus, dans l'avenir, comme
façon d'exercer du gouvernement.
C'est pour ça, M. le Président, qu'on a pendu haut et
court le ministre des Forêts, hier, dans la région de
Rouyn-Noranda. C'est pour ça qu'une quasi-unanimité du
côté du monde des affaires... Ce n'est pas petit, ça, M. le
Président, réagir à une façon telle de faire les
lois et d'administrer le Québec. Quand c'est rendu que, dans nos
régions, dans notre Québec, c'est les hommes d'affaires qui en
appellent à la mobilisation, à la grève, qui en appellent
à la fermeture des commerces.
Ils ont passé 3 heures, hier, M. le Président, d'une
façon extrêmement civilisée, malgré le fait qu'ils
se fassent traiter, ces gens-là, de bandes de psychoses, de gens qui
sont de mauvaise foi, de gens qui sont manipulés... De dire que le maire
de Rouyn-Noranda est un manipulateur, que le maire de McWatters ne dit pas la
vérité, que le maire de Port-Cartier conte des pipes à son
monde, qu'il est en train de leur conter des peurs.
Pensez-vous, M. le Président, qu'il peut y avoir 8000 personnes
qui sont dans la rue comme ça, puis qu'il n'y a rien qu'un garçon
dans la fanfare qui a le pas, M. le Président?
C'est ça que le monde des régions se dit. Écoutez,
on est en pleine déperdition, on nous dit qu'on nous transfère un
certain nombre de responsabilités et qu'on va nous donner les moyens
d'exercer ces responsabilités-là. Mais, lorsque vient le temps de
définir l'organisation, par exemple, bien, nous autres, c'est nos
priorités qui doivent prévaloir, les priorités politiques,
les priorités qui sont d'un autre ordre, M. le Président, qui ne
respectent pas fondamentalement ce dans quoi les gens voudraient investir en
termes d'énergie, de mobilisation et de capacité de
développement dans les régions du Québec.
Pensez-vous qu'ils vont trouver ça drôle, dans les MRC du
Québec, M. le Président, là? Ils vont savoir ça,
ces jours-ci, hein? Là, le gouvernement se surprend, M. le
Président, que, dans le projet de loi 197, on dise: Non, non. Ne vous
inquiétez pas, ne vous inquiétez pas, ne vous inquiétez
pas. Ça ne se passera pas comme ça. Vous allez voir. Vous n'avez
rien vu, M. le Président, là. Si vous pensez que les villes du
Québec qui se sont embrasées... Je vous prédis qu'il y a
des régions du Québec qui vont s'embraser d'ici quelques jours,
d'ici quelques semaines. Pourquoi? En particulier, parce qu'elles se sont fait
conter des pipes. Elles se sont fait conter des histoires, aussi, par le
ministre délégué aux Transports qui leur a dit qu'il y
aurait des fonds à leur disposition pour répondre aux besoins de
soutien du réseau rural d'entretien et de restructuration des routes en
milieu rural.
Aie, M. le Président, quand les préfets des MRC, quand les
maires du Québec vont se rendre compte que tout ça,
c'était une vaste blague et qu'on avait enrubanné ça
à la façon de l'article 1 qui modifie l'article 204.1 de la Loi
sur la santé et les services sociaux, et puis que ça,
c'étaient des mensonges, que ce n'était pas vrai, qu'on ne leur
donnera pas les ressources nécessaires pour être capables
d'affronter les responsabilités qu'on a littéralement
jetées dans leur cour, bien, M. le Président, ça ne sera
plus une histoire de ville, ça ne sera plus une histoire de ville qui
veut se battre pour ses emplois, malgré son gouvernement, ça ne
sera plus une histoire de ville qui veut se battre contre son gouvernement
parce qu'elle trouve qu'il y a des décisions irrationnelles, qu'il y a
des décisions irresponsables, qu'il y a des décisions dont la
motivation semble tellement, M. le Président, en dehors de la
réalité vécue par ces gens-là, en dehors de la
réalité qui est saisie par un certain nombre de professionnels
qui sont sur le terrain, en dehors, M. le Président, de la
réalité quotidienne de gens qui ont accepté d'aller
relever le défi du développement du Québec dans des
régions, comme d'autres le font dans les régions plus centrales.
Et ça, c'est tout à fait normal. Mais ces gens-là se
disent: Mais on est qui? Il nous prend pour qui, ce gouvernement-là?
Est-ce qu'ils vont finir, comme dans le projet de loi 197, de nous prendre pour
des exécutants, pour des pions, pour des gens qui ne sont pas capables
de réfléchir, qui ne sont pas capables de lire, des gens qui ne
sont pas capables de comprendre le bon sens? Les gens, les 8000 personnes de
Rouyn-Noranda, là, toutes des personnes qui n'ont pas été
capables de comprendre les dépenses d'immobilisation qu'on va faire pour
déplacer tout le centre de combat des incendies de forêt à
70 km plus loin, même si on est allés voir, M. le
Président, dans les registres de la Société de
conservation du Nord-Ouest pour identifier que les feux de forêt de
foudre sont bien situés plus à l'ouest plutôt qu'à
l'est. Tous ces gens-là, ils ne sont pas capables de lire la
réalité. Tout ce qui passe par le canal au-delà du parc de
La Véren-drye, là, c'est des espèces d'hurluberlus,
là. Ils sont tous descendus dans la rue, hier, et le premier en avant,
là, le maire de Rouyn-Noranda aller jusqu'au maire de McWatters, les
gens du Conseil régional de développement, M. le
Président.
M. le Président, c'est ça, l'esprit du projet de loi 197.
On est d'accord avec le fond. On est d'accord avec le principe, mais on ne sera
pas d'accord jusqu'au bout. On ne sera pas d'accord jusqu'au bout, M. le
Président, pour dire qu'on va transférer dans la cour des centres
hospitaliers, dans le secteur de responsabilité professionnelle des
directeurs des services professionnels, une immense responsabilité. Pour
ce qui est des moyens, bien, on verra plus tard, M. le Président. On
verra plus tard. On verra plus tard.
M. le Président, on ne le prend plus à Rouyn-Noranda. On
ne le prend plus à Amos. On ne le prend plus à Port-Cartier. On
ne le prend plus à Saint-Honoré. On ne le prend plus dans
l'établissement hospitalier. On ne le prend plus de se faire conter des
histoires, de se faire raconter des mensonges et de se faire dire: Ah! Vous
verrez bien. Vous verrez bien. Un peu plus tard, on vous apportera un certain
nombre de moyens qui vont être de nature à supporter les
responsabilités qu'on a allègrement envoyées dans votre
cour.
Non, non. M. le Président, ces gens-là vont se rendre
compte, dans ce secteur d'activités comme dans les autres, qu'on est en
train de pousser dans leur cour des responsabilités avec une absence de
moyens remarquable. Allez expliquer, même dans les régions les
plus centrales, allez expliquer à la région de Montréal,
avec le plus haut de chômage au Canada, allez expliquer cette grande
politique du développement économique et des activités du
grand responsable du développement économique de la grande
région de Montréal et, par ailleurs, président du Conseil
du trésor. Allez expliquer ça et mettez, à
côté, la colonne des chômeurs et des gens qui sont sans
travail. (20 h 50)
M. le Président, au Québec, comment expliquer tous ces
beaux plans-là? Comment expliquer qu'on se réveille avec 420 000
chômeurs et qu'on se réveille avec 700 000 personnes qui sont sur
les programmes de transfert, qui sont sur les programmes d'aide sociale. C'est
plus que 1 000 000 de personnes, M. le Président. Bien, il y a quelque
chose qui se passe, là, M. le Président. Il y a 1 100 000
personnes qui sont en inactivité, à
l'aide sociale ou au chômage. il y a 7 régions sur 13, au
québec, qui ont des taux de chômage d'au-delà de 16 %. il y
a plusieurs régions dont le taux d'activité ne dépasse pas
30 %. le taux d'activité, m. le président, le taux
d'activité, les gens qui retirent des salaires. c'est ça, le taux
d'activité, des gens qui retirent un salaire d'une activité
rémunératrice, 30 % dans certaines régions du
québec. il n'y a pas de problème sur la gestion. le ministre des
forêts, il va s'organiser avec ça, lui. je vais vous dire
ça, moi, dans la région de l'abiti-bi-témiscamingue. je
vais vous dire ça, dans la région du saguenay. je vais vous dire
ça pour l'ensemble du québec. je vais m'organiser avec ça.
je vais trouver les réponses. je vais faire les problèmes
après. puis, après ça, je vais aller vous porter ça
dans votre cour. puis, que vous me croyiez ou pas, ça, ça
m'importe peu. moi, les formules, je les ai trouvées. c'est ce qu'on ne
veut pas qui arrive, m. le président. on ne veut plus qu'il arrive
ça.
La même chose, dans le domaine des transferts aux
municipalités. Je pourrais parler également d'autres projets de
loi, M. le Président, qui sont sur la table actuellement, et qui vont
nous amener au même point. Ce que je dis, c'est: On ne peut plus accepter
que des projets de loi comme le projet de loi 197 soient, avec de très
bonnes intentions, rédigés de cette façon. Pourquoi? Parce
que nous sommes en face d'un gouvernement qui n'a plus de coeur, d'un
gouvernement qui n'a pas d'allure, d'un gouvernement qui n'a pas de dessein. Il
est sans dessein, M. le Président!
Puis les gens sont rendus qu'ils sont obligés de sortir dans la
rue, parce qu'ils nous font vivre des projets comme celui-là. Je le
répète, M. le Président: Que les gens nous
présentent des réactions d'analyse beaucoup plus serrée,
beaucoup plus systématique, en termes de réponse à ce que
veulent les gens des régions, à ce que veulent les gens de
Rouyn-Noranda, à ce que veulent les gens d'Amos, de Port-Cartier, de
Saint-Honoré, du Bas-Saint-Laurent?Gaspésie, des Cantons de
l'Est. Une bien meilleure analyse, une réponse plus systématique
que ce genre de réponse, M. le Président, ou le genre de
réponses, d'analyses que l'on entend depuis trois jours, parce que les
gens n'acceptent plus.
Puis, ce n'est plus une question de ville, M. le Président. C'est
des régions du Québec qui vont se lever, puis de grandes
régions qui vont se lever, parce qu'on n'accepte plus cette situation.
On n'accepte plus de se faire accuser, comme population totale, d'être
des psychoses, d'être des populations entières de mauvaise foi, de
manipulation.
M. le Président, par les temps qui courent, vous connaissez bien
l'exemple. On est en pleines séries éliminatoires de hockey.
Quand ça ne marche pas dans une équipe de hockey, on finit par
changer d'instructeur, au minimum. On finit par changer les dirigeants. On
finit par changer ceux qui ont conté des pipes, qui ont conté des
histoires à la population et qui lui ont promis qu'ils lui donneraient
des moyens pour être capable de s'en sortir, et qui n'ont pas
été capables de livrer la marchandise.
M. le Président, on va voter pour le principe, mais on va revenir
jusqu'à ce qu'il y ait des amendements au projet de loi 197, pour que
tout ça soit harmonisé avec les moyens, et qu'on ne vive pas,
dans le secteur hospitalier, ce qu'on est en train de faire vivre à des
régions entières au Québec.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui. Un instant! Alors,
je suspends les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 53)
(Reprise à 20 h 56)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci beaucoup. Alors,
nous poursuivons le débat sur l'adoption du projet de loi 197, Loi
modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux et
modifiant diverses dispositions législatives. Je suis prêt
à reconnaître le prochain intervenant, M. le leader de
l'Opposition officielle et député de Joliette, en vous indiquant
que votre temps de parole est un maximum de 10 minutes.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. le
Président, tout d'abord, vous me permettrez, d'entrée de jeu, de
dire que nous voterons, comme formation politique, effectivement, en faveur du
projet de loi. Nous voterons pour, M. le Président, même si nous
aurions aimé que l'article 204 soit modifié quelque peu et
beaucoup plus précis. Nous aurions aimé, par exemple, qu'il
spécifie les moyens.
Par exemple, on dit :«Le directeur des services professionnels
d'un établissement qui exploite un centre hospitalier de soins
généraux et spécialisés doit, lorsqu'une personne
dont la mort est imminente est un donneur potentiel et que, conformément
au Code civil, un consentement au prélèvement sur son corps
d'organes ou de tissus a été donné, transmettre avec
diligence à l'organisme ou à la personne désigné
par le ministre, toutes informations médicales nécessaires
concernant le donneur et les organes ou tissus qui pourraient être
prélevés.»
Ce n'est pas tout de donner le pouvoir de faire. Il faut avoir aussi les
moyens financiers pour l'organiser. Ça aurait pu être mieux
défini. Ça ne dit même pas que ça pourrait
l'être par règlement ou par directive. C'est dans ce
sens-là, je crois, que l'argumentation sur la non-clarté totale
de l'article... Ici, c'est au niveau d'un principe, point. En principe, c'est
créer l'obligation de faire pour celui ? si j'ai bien compris la
loi ? c'est: Tu crées l'obligation de faire à un directeur
des services professionnels, de transmettre les renseignements dès qu'on
a eu une autorisation préalable, cependant, du donneur. Donc, sur cette
partie-là, ça m'apparaît assez
précis.
Comment tout ça va se dérouler, les
responsabilités? Ça aurait été intéressant,
en tout cas, si j'avais été dûment libre ou libre au niveau
de l'étude du projet de loi, j'aurais personnellement aussi
suggéré quelques amendements, moi, pour la rendre plus claire.
Mais, sur le fond ? parce que je veux m'en tenir au fond, moi,
personnellement? j'ai bien compris que mon collègue de
Rouyn-Noranda se méfie toujours des grands principes, surtout de ce
temps-ci, des beaux principes, parce qu'il se dit: II y en a eu des beaux
principes de votés, puis regardez ma population chez nous, où ils
sont rendus.
Mais, sur ce cas précis, en tant que... Je veux parler en tant
qu'ex-ministre de la Santé et des Services sociaux. Je dois vous dire
que oui, nous avions commencé à faire des efforts. C'est
l'aboutissement, dans le fond, de 6 ou 7 ans de réflexion
là-dessus, peut-être une dizaine d'années, même,
où des gens avaient commencé à parler... (21 heures)
On parlait de licence, à l'époque. On parlait de formules.
On «pourrait-u» mettre ça sur une carte? On
«pourrait-u» mettre ça sur les licences? On
«pourrait-u» se lier par un autre moyen? Et, de plus en plus, on
sait que la science a évolué, de plus en plus, on sait qu'il y a
des gens qui demandent la transplantation d'organes. J'ai un de mes amis qui a
eu un foie, dernièrement, il y a à peine un an. Je connais des
individus en cette Chambre, dont le député parrain de la loi,
effectivement, lui aussi, est bénéficiaire. On ne peut pas, M. le
Président, devant l'évolution de la science, ne pas encourager
précisément nos concitoyens à être attentifs
à ce type de demande. Ça, c'est évident. Il nous faut
informer la population. Il nous faut sensibiliser la population. Il nous faut
faire en sorte que nos gens soient conscients qu'ils peuvent poser un geste
humanitaire extraordinaire, d'eux-mêmes, au moment de leur
décès. Mais il faut en être avisé
préalablement. Il faut être avisé des tenants et
aboutissants et de tout le dossier médical, bien sûr, se
rapportant soit aux tissus, soit à l'organe. Ça, c'est
évident.
Donc, M. le Président, je n'ai pas l'intention de prendre
même mes 10 minutes, mais je voulais joindre ma voix dans le débat
pour dire oui. Oui, on profite souvent, on le dit souvent lors de la Semaine du
don d'organes: 3 ou 4 se lèvent, font un petit 5 minutes, et on oublie
peut-être, par la suite; après avoir accompli notre petit travail
de 2, 3 minutes ici, c'est fini. Moi, je pense qu'on devrait, comme
parlementaires, profiter de toutes les occasions qu'on a, que ce soit quelqu'un
dans notre milieu qui a besoin d'un don d'organe, en parler devant nos
organismes, ne pas se gêner d'en parler dans nos réseaux, de
sensibiliser les gens, M. le Président, qui sont formés en
associations, en syndicats, que ce soit la fonction publique, par exemple, les
syndicats, le monde de l'enseignement.
Je suis convaincu qu'on pourrait très bien, par exemple, se
servir de nos écoles, parce que la sensibilisation dès le bas
âge amènerait des réflexes sans doute différents
lorsqu'on vieillit. Je prends la notion d'environnement. Je suis allé,
par exemple, à Genève, à un moment donné. À
Genève, essayez de lancer votre mégot de cigarette dans la rue.
Si quelqu'un vous voit, il va vous dire: Monsieur, on ne fait pas ça,
ramassez votre mégot de cigarette. Parce qu'ils ont eu l'habitude
à la petite école. C'est dans leur formation, ça. Et je
pense qu'on pourrait se servir précisément de certains programmes
scolaires, à l'élémentaire, commencer dès le bas
âge, à l'élémentaire, à sensibiliser les gens
au don d'organes. Et, ça, je suis convaincu qu'on est capable de faire
ça. On est capable de faire ça, même dans nos écoles
élémentaires, de commencer à former les gens à
penser à cela.
Et, à plus forte raison, on peut le faire sans doute dans nos
structures, dans nos organisations. Dans toutes les organisations de type
social qu'on a au Québec, il y a suffisamment de groupes et d'organismes
pour comprendre que c'est important d'en arriver à avoir cette
idée. Ceci n'est qu'une assise légale, bien sûr, de
procéder, mais je crois qu'on peut facilement, M. le Président,
faire un pas de plus dans cette direction-là.
Et je pense que ça couronne un peu les efforts faits depuis
plusieurs années, de toutes sortes de façons. On sait que ce
n'est pas toujours facile, parce que quand on nous fait ajouter quelque chose
sur un papier officiel, ça prend une concertation entre 2, 3
ministères. Il y a des ministères, pour des raisons qu'on ne sait
pas, qui refusent de collaborer. Pour d'autres, ah! monsieur, faites attention,
il y va de la confidentialité des documents. Mais, ici, ce qu'on veut,
à toutes fins pratiques, c'est avoir suffisamment de gens
sensibilisés pour répondre aux besoins d'une population. Et, dans
ce sens-là, notre formation politique, M. le Président, votera en
faveur du projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette, de votre intervention. Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur ce projet de loi? M. le leader adjoint du
gouvernement et député de Mille-Iles.
M. Jean-Pierre Bélisie
M. Bélisie: Merci, M. le Président. Au cours des
derniers mois, j'ai été très calme en écoutant
très attentivement les débats dans cette Assemblée, en me
concentrant sur d'autres préoccupations que j'avais, plutôt que
d'intervenir dans les débats de l'Assemblée nationale. Il y a des
occasions, cependant, qu'on ne peut laisser passer. Ce soir, je pense que
ça dépasse les bornes, malgré la procédure de
couverture que vient de faire le leader de l'Opposition du député
d'Abitibi-Témiscamin-gue qui, tantôt, a nettement et
carrément dépassé les bornes de la décence dans
cette Assemblée.
Il s'agit d'un projet de loi à caractère strictement
humanitaire, strictement humanitaire. Et je passe un message, j'espère
qu'il va être compris clairement. Faites sortir les galées et le
relevé du discours du député
d'Abitibi-Témiscamingue. Et si le leader de l'Opposition, comme il l'a
dit à la période de questions, quand il
s'est adressé au député de Labelle, en parlant des
futurs ministres par un lapsus... De grâce ne faites jamais pression pour
le nommer ministre de la Santé et des Services sociaux au Québec:
ça constituerait peut-être le pire des services que vous rendriez
à la population du Québec. Je n'ai jamais entendu, en 8 ans
à l'Assemblée nationale, un discours aussi dégueulasse que
le discours qu'il vient de faire. Incroyable, incroyable, incroyable!
Incroyable! Vous devriez avoir honte! Honte!
Il était en commission parlementaire, M. le Président, sur
le projet de loi 197, projet de loi d'un seul article pour demander au
directeur des services professionnels d'un établissement hospitalier
d'ajouter une petite procédure. Il y a des feuilles d'inscription
lorsqu'on entre à l'hôpital. Il peut y avoir une case, sur cette
feuille-là, où on peut cocher: Est-ce que vous avez
déjà fait au préalable un don d'organes en vertu des
dispositions du Code civil? C'est un coup de crayon qui prend, en fin de
compte, 5 secondes. On dit, à l'article 204.1: «Le directeur des
services professionnels est informé de ces situations suivant la
procédure établie par l'établissement.» Parce que ce
n'est pas compliqué. Comment, nom de Dieu, une personne qui a
été recteur d'université n'est-elle pas capable de
s'imaginer, un seul moment, que ça prend un coup de
téléphone à un organisme central en regardant une fiche?
Et ce n'est pas tout le monde, dans un hôpital de 250 lits, M. le
Président, qui décède la même journée. Il y a
peut-être 1 personne par jour ou 1 personne par 2 jours.
De tenir, de regarder attentivement les cas potentiels de ceux,
peut-être, qui vont décéder et de regarder avec un petit
ordinateur la coche de ceux, effectivement, qui ont déjà consenti
à donner de leurs tissus ou de leurs organes, qu'est-ce que ça
prend de plus comme ressources? Est-ce que ça prend 10
secrétaires de plus? Est-ce que ça prend 10 directeurs
généraux de plus? Pour le Parti québécois, oui,
ça prend 10 directeurs généraux de plus. Pour le
député d'Abitibi-Témiscamingue, si c'était comme
ça qu'il régissait et qu'il gérait son université,
M. le Président, ça devait prendre 10 recteurs de plus. Pas
étonnant qu'au Québec on ait le déficit qu'on a. Quand on
demande une chose aussi simple que ça et qu'on n'a même pas le
courage, en commission parlementaire, de proposer des amendements
précis, de prendre sa plume et son crayon comme député,
comme universitaire, et de les écrire, les amendements... Parce qu'il
n'en a pas proposé, d'amendements. Il a voulu faire un show ce soir,
à cause de son show d'hier avec les gens de sa région, pour se
faire du capital politique de bas étage ? de bas étage, de
bas étage. Je trouve ça incroyable, impardonnable. Impardonnable
pour un adulte qui se respecte.
Les moyens financiers? Bien, voyons donc! Combien on en vote de projets
de loi en 4 ans, à l'Assemblée nationale? 450 ou 500? Est-ce
qu'il y a une seule disposition dans les projets de loi qu'on va passer qui
détermine la mécanique précise des moyens financiers?
À moins qu'on soit un martien qui ne vive pas à
l'Assemblée nationale depuis 8 ans, depuis 4 ans ou depuis 3 ans,
ça se fait dans le cadre des budgets, du discours du budget, des
programmes ou, dans le cas de fonds spécifiques, du fonds
consolidé du revenu. Mais on parle peut-être de 2000 $ par
année par hôpital. Vou-liez-vous qu'on le mette dans le projet de
loi? Est-ce que c'est aussi ridicule que ça, la position du
député d'Abitibi-Témiscamingue?
Une voix: Rouyn-Noranda.
M. Bélisle: Rouyn-Noranda. Il nous a dit tantôt,
à la fin de son discours, comme pour se rabrier, alors qu'il avait
déchiré sa chemise et qu'il voulait se recouvrir parce qu'il
commençait à avoir froid... Parce qu'il devait se demander ce que
les autres collègues de sa formation allaient faire quand le vote va
venir demain. Parce que demain, on va voter de façon nominale sur le
projet de loi. Vous allez être obligé de vous lever debout. M. le
Président, il va être obligé de se lever debout et venir
dire devant tout le monde qu'il est d'accord avec ce qu'il a dit, ce avec quoi
il n'était pas d'accord ce soir, pendant une heure de temps. On va voir
s'il va être aussi fin que ça demain. Il se lèvera demain,
devant les caméras, à l'Assemblée nationale, et il viendra
nous dire effectivement, que c'est le contraire de ce qu'il vient de nous dire
pendant une heure de temps à l'Assemblée. Et les gens, dans sa
région, dans son beau comté, verront que le polichinelle en
politique, il n'est pas de ce côté-ci de la Chambre, il est de
l'autre bord de la Chambre. (21 h 10)
Moi, je vais voter pour le projet de loi 197 parce que je sais que c'est
utile aux Québécoises et aux Québécois, parce que
je sais que ça ne coûte rien. C'est évident, au moins dans
celui-là, que ça ne coûte rien. Dans un tas de projets de
loi qu'on dépose ici à l'Assemblée, des fois on se pose de
drôles de questions parce qu'on ne sait pas ce que ça coûte,
parce qu'on ne sait pas c'est quoi, les bénéfices, puis on ne
sait pas c'est quoi, les revenus, puis on n'a pas les calculs, puis on n'a pas
les hypothèses. Oui, c'est vrai, mais, dans ce cas-là, il faut
être quelqu'un qui, volontairement, ne voit pas et ne veut pas voir pour
sortir des arguments d'aussi piètre qualité ? d'aussi
piètre qualité.
Moi, je vais voter pour le projet de loi 197 parce que je sais que les
moyens, ce sont des moyens mineurs, des moyens techniques qui existent
déjà dans le secteur hospitalier. Il y a un besoin d'une certaine
centrale de coordination générale que le gouvernement
défraiera. Pas de problème. Ça existe déjà
dans certains organismes, mais ne venez pas tenter de dire à la
population du Québec qu'à l'hôpital Laval, à
Québec, à l'hôpital Saint-Luc, à Montréal,
à l'hôpital Notre-Dame, ils n'ont pas les moyens techniques, le
personnel pour pouvoir tout simplement, lorsqu'on fait une entrée
à l'hôpital, faire 2 vérifications dans 2 cases, puis
regarder quels sont les gens qui sont possiblement, effectivement, dans un
état où, peut-être, ils vont décéder au cours
des prochains jours.
Je pense qu'on le sait, ça, M. le Président. On le sait
facilement. Ce n'est pas compliqué, puis ce n'est
pas une obligation qu'on va pouvoir, à un certain moment
donné, dire aux directeurs des services professionnels et des
établissements hospitaliers de soins généraux et
spécialisés: Vous êtes responsables légalement parce
que ça n'a pas été fait. On ne peut pas présumer
qu'un accidenté de la route qui va rentrer là, alors qu'on ne
sait pas s'il a déjà consenti à un don d'organes, que lui,
le directeur général des services professionnels, va le savoir
automatiquement. Ce n'est pas un génie, là, le gars. Ce n'est pas
la banque de données du Québec. Ce n'est pas ça qu'on lui
met comme responsabilité sur les épaules. Ce n'est pas ça.
On lui dit: Suivant la procédure établie par l'hôpital, par
l'établissement, on lui demande de poser un acte, d'être plus
attentif, de bonne foi, de regarder ça plus attentivement et
d'établir une procédure à l'intérieur de son milieu
hospitalier pour signaler ce cas-là aux organismes qui font la
transplantation d'organes et de tissus.
C'est ce qu'on dit, et ça, ça ne coûte pas des
milliers et des milliers de dollars. Les gens sont en place. Qu'on ne vienne
pas faire du cinéma avec des choses qui sont bonnes pour la population
du Québec. Qu'on ne mêle pas des dossiers. On est assez
mêlé, là, en ce moment. Qu'on ne mêle pas des
dossiers. De grâce, qu'on soit sérieux et qu'on fasse les
débats, débat par débat, sujet par sujet, puis,
peut-être qu'on va commencer à voir la lumière au bout du
tunnel, mais pas, M. le Président, de la façon dont le
député de Rouyn-Noranda?Témiscamingue l'a fait ce
soir, absolument pas.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur le projet de loi 197?
En vertu de votre droit de réplique, M. le député
de Viau, en vous indiquant que le temps maximum de votre droit de
réplique est de 20 minutes.
M. William Cusano (réplique)
M. Cusano: Merci, M. le Président. Je n'avais aucunement
l'intention, M. le Président, d'exercer un droit de réplique sur
un tel projet de loi. Particulièrement après avoir entendu dans
cette Chambre les propos du député de Rouyn-Noranda'
premièrement, lors de la Semaine du don d'organes, qui fut le premier
à identifier et à corroborer avec le parti ministériel
qu'il y a un problème d'identification de donneurs potentiels.
Complètement d'accord, disait-il. Première étape.
On arrive au principe du projet de loi, M. le Président.
C'était la même cassette de la part du député de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue, où il disait que c'est un
projet de loi qui était absolument nécessaire, attendu, et que la
population en bénéficierait. C'était absolument
nécessaire, et c'est de valeur que personne n'y avait pensé
auparavant, M. le Président.
On arrive en commission parlementaire, étude article par article,
M. le Président. La seule préoccupation du député
de Rouyn-Noranda?Témiscamingue sur ce projet de loi, c'était
la question de la confidentialité de l'information que le directeur des
services profession- nels allait transmettre à l'organisme
désigné par le ministre. Jamais, mais jamais, et je l'affirme de
mon siège, et ça fait 12 ans que je suis ici à
l'Assemblée nationale, jamais je n'ai entendu des conneries, comme je
viens d'en entendre ce soir de la part de ce député, M. le
Président.
Je sais que, si je dis qu'il vient de mentir entre 17 h 50 et 18 heures,
vous allez me rappeler à l'ordre. J'ai beaucoup de respect pour vous, M.
le Président, et je ne voudrais pas qu'on m'enlève le droit de
parole, ce soir, parce qu'on voudrait bien que le projet de loi soit
adopté, mais, M. le Président, ce qu'il a dit ce soir
démontre, soit une paresse intellectuelle en ce qui concerne une
étude de projet de loi, soit de la désinformation qu'il fait
volontairement auprès de la population du Québec, M. le
Président.
Pourquoi? Pourquoi de la désinformation, M. le Président?
Je ne sais pas. Aucune idée, aucune idée. Est-ce que c'est une
stratégie parlementaire, parce qu'on est rendu en fin de session? M. le
Président, je ne voudrais pas lui prêter des intentions, sauf que,
lui, le député de Rouyn-Noranda, au mois de janvier,
février, il faisait la morale au député de Montmorency,
parce que le député de Montmorency faisait des reproches ?
ah! il est ici, bonsoir, M. le député ? au ministre de la
Santé et des Services sociaux parce qu'il avait été
hospitalisé. Puis, il avait manqué de faire un commentaire, lui
qui se portait comme le «gardeur» du message de cette formation
politique, M. le Président.
Ce soir, il arrive ici, en Chambre, en prétextant toutes sortes
de raisons, en parlant de tout, M. le Président, sauf du projet de loi
197. Si je ne me trompe pas, M. le Président, si ma mémoire est
bonne, il pensait qu'on était à la prise en considération
du rapport. Je pense qu'il a sauté une étape. On était,
à 17 h 50, M. le Président, à l'adoption du projet de loi
et non à la prise en considération du rapport. Il a eu toutes les
opportunités qu'il voulait, qu'il avait de présenter des
amendements. Oui, il a proposé des petites questions, en commission
parlementaire, M. le Président, mais aucun amendement précis.
M. le Président, ça m'étonne. Ça fait 12 ans
que je suis ici. J'en ai entendu des bonnes, des vertes, des pas mûres,
mais celle-là... Ce soir, M. le Président, quand il a le courage
de s'adresser aux greffés du Québec en disant que ce gouvernement
manque de coeur, M. le Président, c'est totalement inacceptable.
Oui. Je n'ai plus mon coeur, M. le Président. Je ne l'ai plus,
sauf que je suis ici, aujourd'hui, pour défendre les
intérêts du Québec, parce qu'il y a un citoyen du
Québec qui a fait le don de ses organes, M. le Président, et j'en
suis reconnaissant. Si le député de Rouyn-Noranda n'est pas
capable de reconnaître ça, si sa formation politique n'est pas
capable de le reconnaître, M. le Président, la population rendra
son jugement ? elle rendra son jugement.
Quand je parle de paresse intellectuelle de la part de ce
député... Et je pense que le leader de l'Opposition... Ça
va me prendre 8 minutes, puis mon souffle va me revenir, M. le
député... Parce qu'on est en retard de
8 minutes nous, les greffés. Le leader de l'Opposition a
essayé de couvrir un peu le député de
Rouyn-Noran-da...
Une voix: II trouvait qu'il avait été trop
loin?
M. Cusano: Oui, peut-être, parce qu'il pensait que le
député de Rouyn-Noranda avait été un peu trop loin
dans ses remarques. Y a-t-il quelqu'un qui peut nous identifier la mouche qui
vient de piquer, cet après-midi, le député de
Rouyn-Noranda? Parce qu'on était dans une entente presque parfaite.
Mais, cet après-midi, M. le Président, à 17 h 50,
lorsqu'il a pris la parole, il a incarné ceux qui pensent que le
Parlement veut dire parler et mentir, M. le Président. Mais c'est faux.
C'est faux, parce que, lorsqu'il dit: projet de loi, photocopie de la
pensée libérale, il y a des coûts reliés à
ça...
M. le Président, on en a parlé en commission
parlementaire. On en a parlé. C'est quoi, exactement, le processus? Je
suis content que le leader de l'Opposition, lui qui a été
ministre... Mais c'est vrai que c'est à ce moment-là que la
science a commencé à se développer. C'est quoi, les
informations, ce qui est requis de la part d'un hôpital qui fait
l'identification d'un donneur potentiel? Il n'y a pas grand-chose qui est
requis. Si le député de Rouyn-Noranda, l'ex-futur ministre de la
Santé et des Services sociaux, si jamais la population décidait
de mettre ces gens au pouvoir...
Une voix: Ce parti-là, moi, je vais te dire, ses chances
sont faibles.
M. Cusano: M. le Président, c'est quoi, les informations
requises et à transmettre à l'organisme en question?
Numéro 1: le type sanguin de la personne qui est en imminence de mort.
Le type sanguin: information, je pense, qui est pas mal connue quand on entre
dans un hôpital.
Une voix: Bien oui, c'est sur la fiche.
M. Cusano: La plupart d'entré nous l'avons dans notre
portefeuille. Il faut qu'il y ait, premièrement, comme disait le
député de Mille-Îles... Oui, ça prend la
considération, l'attestation, oui, effectivement, que le patient est un
donneur.
Une voix: C'est ça.
(21 h 20)
M. Cusano: Première chose. C'est la première chose,
c'est vrai. Deuxièmement, il faut communiquer le type sanguin. Le type
sanguin, c'est A, O, B; il y en a seulement 4. Pas grand-chose. C'est connu.
L'autre chose qu'il faut communiquer, c'est le poids, en livres ou en kilos.
C'est beaucoup, ça. Et la taille. Oui, sur la fiche. Sur la fiche, c'est
petite, moyenne ou grande taille. C'est beaucoup. Est-ce que vous suivez
ça, messieurs les députés, les gens de la population? Et,
quatrièmement, ça prend une prise de sang. Une prise de sang, M.
le Président. Une prise de sang qui n'est même pas analysée
par l'hôpital qui fait l'identification. Il y a seulement certains
hôpitaux qui sont autorisés et qui ont les laboratoires pour le
faire. Ça, ça veut dire que l'infirmière doit faire une
prise de sang de l'individu, l'envoyer par courrier. Par courrier,
imaginez-vous! Le directeur des services professionnels aura à
décider quel courrier prendre, M. le Président ? comme si
ça n'existait pas, présentement, dans les hôpitaux ?
et l'envoyer dans un hôpital désigné où l'analyse va
être faite. C'est ça. Il communique ces informations-là
à l'organisme qui est habilité par le ministre, et l'organisme,
comme le député de Rouyn-Noranda?Témiscamin-gue le
sait, existe déjà et fonctionne depuis longtemps:
Québec-Transplant, au cas où ne le saurait pas,
Québec-Transplant. Ça opère comme ça depuis des
années. Bon.
Le coût de tout ça, M. le Président? Je suis
d'accord qu'à n'importe quel moment, quand on fait un
téléphone, il y a un coût de relié au temps. Et il
nous accuse de pelleter tout ça aux hôpitaux. Et c'est là
que le mensonge fait mal, M. le Président. Ou, si ce n'est pas un
mensonge de la part du député de Rouyn-Noranda?
Témiscamingue, c'est sa paresse, M. le Président, pour prendre
connaissance des dossiers. Oui, j'ajoute à ça la question de
compétence. Parce que, depuis déjà quelques mois, M. le
député de Rouyn-Noranda?Témiscamingue, les
hôpitaux qui font de l'identification reçoivent, par l'entremise
de Québec-Transplant, une somme d'argent pour, justement,
défrayer ces coûts-là. Et l'hôpital qui fait le
prélèvement, M. le Président, lui aussi va en recevoir,
une somme, et il parle qu'on... Il nous a dit, tout à l'heure, vous
étiez ici, M. le Président, il a dit: Le gouvernement, on
pellette en avant. C'est tout à fait le contraire, M. le
Président. C'est que l'argent est arrivé avant même le
projet de loi, M. le député.
Où étiez-vous, M. le député? Est-ce que vous
l'avez lu? Est-ce que vous avez fait vos recherches? Est-ce que c'est vous ou
vos recherchistes qui vous ont induit en erreur? Mais vous n'avez pas le droit
d'induire les membres de cette Assemblée ou la population du
Québec en erreur lorsqu'on parle de telles choses, M. le
Président. Vous n'avez aucun droit. Vous voulez amener des amendements?
On est à l'étape de la troisième lecture. Où
étiez-vous à la prise en considération du rapport?
Où étiez-vous en commission parlementaire? Vous n'étiez
pas là? Votre corps était là, mais je ne sais pas
où était votre esprit.
M. le Président, c'est ça que je voulais dire. C'est
ça que je voulais dire, M. le Président, et je m'excuse si je me
suis laissé emporter.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement. Question de règlement, M. le député de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue. Quelle est votre question de
règlement?
M. Trudel: M. le Président, sans être capable de
citer l'article, le député disait que j'ai peut-être
employé des mots qui auraient fait allusion à sa situation
per-
sonnelle, et je tiens à les retirer, M. le Président,
si...
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président. Question de règlement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Écoutez, je vais
finir la question de règlement et je vais revenir avec vous. Quelle est
votre question? Continuez.
M. Trudel: Je pense qu'il y a un article, dans notre
règlement, qui dit que, sur un fait personnel, le député a
le droit de donner une explication très brève. Je dis: S'il y a
des mots utilisés qui sont entrés dans des zones plus
personnelles, je désire les retirer tout simplement, M. le
Président.
M. Bélisle: M. le Président, ça ne fait
référence à aucun article du règlement.
M. Chevrette: S'il vous plaît!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Un instant, un instant! S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous
plaît! M. le député de Mille-Îles, vous n'avez pas la
parole.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, si un député,
sans avoir les mots explicites, demande à celui qui était
porte-parole, qui faisait le discours antérieurement, lui dit: S'il y a
des mots qui ont dépassé mon esprit, je suis prêt à
les retirer ? s'il vous plaît ? peut-on avoir plus gentleman,
dans cette Chambre, que d'agir de la sorte? Je me demande, je me demande...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le député de Joliette, en vertu de
l'article 212, lorsque vous aurez terminé, M. le député
pourra demander à la présidence, en vertu de l'article 212, de
faire certaines explications. Mais vous n'aviez pas terminé. Je vais
attendre que vous terminiez. Si vous voulez vous lever, à ce
moment-là, vous vous lèverez à la bonne circonstance.
M. Cusano: M. le Président, pour rassurer les membres de
cette Assemblée... Vous savez, quand on est en politique depuis
longtemps, on devient la peau très dure lorsqu'on entend des critiques,
qu'elles nous viennent de l'Opposition ou d'ailleurs.
Ma référence était plutôt, M. le
Président, au milieu des greffés, au Québec, qui n'ont
pas, peut-être, la peau dure, aussi dure que celle de Bill Cusano. Ces
excuses, qui devraient s'appliquer, M. le Président, ce n'est pas envers
le député de Viau ? je suis habitué à ces
choses-là ? mais c'est envers la population du Québec, et
particulièrement envers les greffés qui existent et qui sont
vivants aujourd'hui.
M. le Président, en terminant, le projet de loi est tout simple.
C'est vrai qu'il est simple, ça n'a jamais été mon
intention de le compliquer. Ce que le projet de loi dit, c'est qu'on va
transmettre des informations selon des procédures établies par
l'hôpital. Par l'hôpital! Est-ce que le député de
Rouyn-Noranda était en train de me suggérer que, nous, il faut
dire à l'hôpital, comment et quoi, de quelle façon y aller
avec la procédure? Non. On dit: Vous allez établir une
procédure. Ce qu'on a dit ? puis, il était pleinement
d'accord, M. le Président, en commission parlementaire. En commission
parlementaire, là, ce qu'on a dit: Oui, c'est malheureux qu'on ait
à légiférer de cette façon. C'est malheureux qu'on
ait à légiférer de cette façon.
Et les hôpitaux qui le font depuis des années, M. le
Président... Il y a des hôpitaux qui ont des systèmes en
place, qui identifient les patients donneurs depuis des années, M. le
Président. On n'a aucune envie de leur dire quoi faire. Ça
fonctionne bien, M. le Président. Mais c'est les gens, les directeurs
des services professionnels qui pensent comme le député de
Rouyn-Noranda, qui ont la même mentalité que le
député de Rouyn-Noranda, M. le Président, à qui ce
projet de loi est adressé: ceux qui sont préoccupés,
justement, qui ont trop d'ouvrage pour faire un appel
téléphonique, 2 ou 3 appels téléphoniques, pour
transmettre l'information. De toute façon, vous savez fort bien que,
dans les hôpitaux, il y a des pouvoirs qui sont
délégués à d'autres personnes. Mais, comme le
disait mon collègue, le député de Mille-Îles, si on
écoutait le député de Rouyn-Noranda, il faudrait 10
directeurs des services professionnels. C'est ça! Ce projet de loi est
adressé à des gens qui pensent comme vous, M. le
Président, parce que les autres s'alignent. J'ai des lettres de nombreux
organismes, qui sont totalement en accord, M. le Président. Je termine,
je réalise ça, mais vous savez, vous allez être un peu
tolérant avec moi, M. le Président, je n'abuse jamais. Je n'abuse
jamais!
Alors, c'est ça, M. le Président. Cet après-midi,
lorsque j'ai terminé mon discours, j'ai dit, et je vais le
répéter: Un organe, M. le Président, n'a ni langue ni
religion. Il n'est ni catholique, ni protestant, ni athée. Il n'est ni
francophone ni anglophone, M. le Président. Il n'est ni noir, ni blanc,
ni jaune. Et heureusement, M. le Président ? heureusement! ?
il n'est pas libéral, il n'est pas péquiste non plus. C'est de la
vie, M. le Président. Merci.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin au
débat.
Est-ce que la motion présentée par M. le
député de Viau, proposant l'adoption du projet de loi 197, Loi
modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux et
modifiant diverses dispositions législatives est adoptée?
Vote reporté
M. Bélisle: Vote nominal, M. le Président. Je vais
demander que ce vote soit reporté en vertu de l'article. .. (21 h
30)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Le vote nominal est
demandé en vertu du règlement. À la demande du leader, le
vote sur le projet de loi 197 est reporté?à la section votes
reportés de l'Assemblée ? au jeudi 3 juin, à la
période des affaires courantes. Je vais suspendre les travaux pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 31)
(Reprise à 21 h 32) le vice-président (m.
bissonnet): si vous voulez prendre vos places. merci. si vous voulez
vous asseoir. alors, m. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Article 27, M. le Président.
Projet de loi 81
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 27,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements sur le projet de loi 81, Loi
modifiant la Loi sur les transports. Y a-t-il des interventions sur ce
rapport?
M. le ministre des Transports.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Alors, merci, M. le Président.
Il s'agit de la Loi modifiant la Loi sur les transports. M. le
Président, 2 sujets ont été touchés dans ce projet
de loi. Premièrement, il crée l'obligation pour les conducteurs
de véhicules scolaires d'obtenir un certificat de compétence.
Dans un deuxième temps, on trouve la mise en place d'un processus de
remise en vigueur pour certains permis qui n'ont pu être
renouvelés en temps utile.
Il y a eu, M. le Président, un amendement au projet de loi lors
de l'étude article par article en commission parlementaire. Cet
amendement mineur est relié à la remise en vigueur de certains
permis identifiés dans le projet de loi. Je veux souligner, M. le
Président, que cet amendement est un amendement de concordance et ne
touche nullement le fond du projet de loi.
Alors, M. le Président, je propose l'adoption du rapport de la
commission, et je vous remercie beaucoup.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
ministre des Transports.
Sur ce même sujet, je reconnais M. le président de la
commission de l'aménagement et des équipements et
député de Lévis.
M. le député, la parole est à vous.
M. Jean Garon
M. Garon: Alors, M. le Président, le projet de loi 81
touche deux aspects. Au fond, nous aurions pu demander de scinder le projet de
loi puisqu'il parle du transport par camion en vrac et du transport scolaire.
Dans le fond, dans le même projet de loi, on traite du transport des
marchandises et du transport des personnes, comme si les élèves
étaient de la marchandise. Mais, en étudiant le projet de loi, on
s'est rendu compte que ce n'était pas un projet de loi qui
méritait d'être adopté.
À tel point, concernant le transport de marchandises en vrac,
qu'on a reçu une lettre de l'avocat de l'association des transporteurs
par camion en vrac qui nous dit, M. le Président...
Et j'aimerais ça que le ministre écoute pour pouvoir faire
une réplique appropriée. Parce que, même, des fois, quand
il écoute attentivement, il passe à côté du sujet.
J'aimerais mieux qu'il écoute attentivement pour qu'il puisse
répondre à ce que je vais lui dire.
Alors, M. le Président, dans une lettre que je recevais de Me
Pierre Beaudet, que j'ai rendue publique à la commission le 12 mai 1993,
qu'il m'adresse, on dit: Je vous remercie...
Parce que, en préparant le projet de loi, vous avez
demandé aux gens qui sont concernés par le camionnage en vrac de
donner leur opinion sur le projet de loi.
Il dit, dans une lettre qu'il m'adresse: Monsieur, je vous remercie de
m'avoir fait parvenir le projet de loi 81. Je voudrais vous confirmer que notre
association est au courant du projet qui corrige une situation pour ceux qui
ont eu des problèmes, depuis le 1er juillet 1992, mais il ne corrige pas
les injustices commises depuis trois ans. En effet, dans 36 dossiers,
même si elle ne pouvait le faire, la Commission des transports du
Québec est intervenue pour permettre à des détenteurs de
permis de renouveler leur permis après le 30 juin, alors que, dans des
cas particulièrement pathétiques, elle a refusé
carrément.
Je m'explique. Un détenteur, dit-il, de permis qui oubliait de
renouveler son permis d'immatriculation au 30 juin de chaque année
perdait automatiquement son permis de transport en vrac. Cependant, dans 36
dossiers, un employé de la Commission a permis à la
Société de l'assurance automobile du Québec, malgré
la loi, d'immatriculer les véhicules et, ainsi, renouvelé le
permis.
Par contre, je voudrais vous donner l'exemple de M. Romuald Dubeau qui
se débat présentement avec le Protecteur du citoyen parce qu'il
n'a pu renouveler le permis appartenant à son fils
décédé le ou vers le 15 mai. En effet, M. Dubeau
s'était présenté à la Société de
l'assurance automobile du Québec, qui lui a fait part
de communiquer avec la Commission pour obtenir un certificat de permis
au nom de la succession, s'il voulait l'immatriculer.
Le 12 juin 1991, M. Dubeau a produit tous les documents
nécessaires à la Commission, mais cette dernière a
oublié de lui faire parvenir le certificat. Lorsqu'il s'est
présenté, le 5 juillet, pour immatriculer son véhicule, on
lui a dit que le permis n'existait plus. Vous comprenez, M. le
Président, qu'il est clair que nous sommes dans un curieux cas où
il y a des gens qui n'ont pas fait leur travail et où il y a des gens
qui sont victimes dans le public de cette omission.
Il y en a d'autres, ajoute l'avocat, de cette nature, et ce projet de
loi ne leur rend pas justice. Il est vrai qu'en refusant le renouvellement du
permis de M. Dubeau la Commission appliquait la loi d'une façon
rigoureuse. Cependant, les 36 détenteurs qui ont
bénéficié d'une aide administrative de la Commission, eux,
ont réussi à renouveler leur permis. Sans commenter le laxisme
qui pourrait s'établir dans le renouvellement des permis, il faudrait
que ce projet de loi rende justice non seulement à ceux qui ont perdu
leur permis au cours de la dernière année, mais à ceux qui
ont eu des mésaventures avec la Commission depuis l'ancienne loi, qui
avait été adoptée pour restreindre la façon de
renouveler les permis.
Alors, M. le Président, je donne un exemple du genre de
problème qu'on trouve devant la Commission des transports, qui est une
curieuse de commission. On a un exemple concret où on dit que, dans des
cas où il semble que des gens qui ont eu à subir un
décès dans leur famille ont eu des problèmes, on n'a pas
réglé le cas, et, dans des cas où des gens, par
négligence ou autrement, n'ont pas fait renouveler leur permis en temps,
bien là, dans 36 cas, on a réglé le problème, alors
qu'on n'avait pas le droit de le faire, M. le Président. Alors, nous
avons souligné au ministre, lors de l'étude du projet de loi, que
ça n'avait pas de bon sens, mais la rigueur juridique au
ministère des Transports, ce n'est pas leur qualité
dominante.
L'autre cas, M. le Président, qui est le cas du transport des
élèves, quand on a parlé avec le ministre du projet de
loi, on s'est rendu compte que toutes les dispositions concernant le transport
des élèves ont beaucoup plus l'air d'une opération de
relations publiques que d'une opération de qualification des chauffeurs
d'autobus. Même si on dit: Toute personne doit, pour conduire un autobus
ou un mini-bus affecté au transport d'écoliers au sens de la
section XI du chapitre V du titre VIII du Code de sécurité
routière, être titulaire d'un certificat de compétence
délivré conformément à un règlement du
gouvernement. (21 h 40)
On se rend compte que, quand le ministre nous parle du contenu du cours,
au fond, ça va être, à toutes fins pratiques, un contenu de
relations publiques. C'est bien gentil, mais on s'attendait à plus que
ça d'un certificat de compétence. Quand on voit, par
après, que le ministre qui, lui, paie 424 000 000 $ en transport
scolaire n'a pas plus d'exigences...
Regardez ce qu'on dit dans l'article 48.13: Pour être titulaire
d'un certificat de compétence, une personne doit avoir suivi un cours de
formation dispensé par une personne habilitée par
règlement, acquitté les frais fixés par celle-ci ?
par la personne habilitée par règlement, qui va charger le prix
qu'elle voudra pour le cours ? et respecter ses exigences. Pas les
exigences du ministère, les exigences de la personne qui va donner le
cours.
On nous dit que c'est une école, mais, au fond, celui qui paie,
c'est le ministère des Transports. C'est lui qui a la
responsabilité réelle du transport scolaire, parce que c'est lui
qui paie 424 000 000 $. On a vu, d'ailleurs, que le coroner Bouliane, dans
toutes ses interventions, a fait des demandes au ministère des
Transports. C'est un projet de loi, au fond, où il ne sera responsable
de rien. Les certificats de compétence ne voudront pas dire grand-chose.
Et ensuite, c'est la personne qui va donner le cours qui va charger les tarifs,
qui va fixer les tarifs, qui va fixer le contenu du cours et va fixer les
exigences.
Il nous semble que les exigences devraient être fixées
d'abord par le spécialiste du transport. Et le spécialiste du
transport au Québec, c'est le ministère des Transports. Je pense
que le ministère des Transports ne fait pas son travail correctement
quand il ne fixe pas les exigences qu'il devrait avoir en termes de transport
scolaire. C'est au ministère des Transports à fixer les
exigences, les compétences, les qualifications de ceux qui font du
transport scolaire, parce que, essentiellement, la plus grosse partie du
coût est assumée par le gouvernement du Québec et par les
taxes des contribuables, soit 424 000 000 $. Quand on voit le projet de loi que
nous avons devant nous, au fond, on veut donner l'impression qu'on fait quelque
chose, mais, essentiellement, on va faire donner des cours sans exiger quoi que
ce soit, sauf appliquer le diplôme qu'il y aura au bout de la course, un
certificat de compétence.
M. le Président, quand on regarde dans nos universités,
par exemple, comme cette année, les arpenteurs-géomètres
ont eu leur diplôme d'université puis, quand ils ont passé
l'examen de la corporation des arpenteurs-géomètres, 88 % ont
bloqué. S'il avait fallu que la corporation se fie aux diplômes,
alors que le contenu, est-ce qu'il était bon, je ne le sais pas, sauf
que 88 % ont bloqué... Quand on regarde dans nos diplômés
universitaires en comptabilité, les deux tiers bloquent l'examen de leur
corporation, qui doit s'assurer de la qualification de ceux qui vont pratiquer
la comptabilité. Ça veut dire que, même s'il y a un
diplôme universitaire, est-ce qu'il est bon? On peut se poser des
questions.
M. le Président, vous qui êtes avocat, vous savez que vous
avez dû passer des examens pendant 2 jours. On disait qu'à ce
moment-là les examens du Barreau, dans le temps, il fallait passer des
examens pendant 2 jours de temps, où les jeunes étaient tellement
stressés qu'il y en a qui vomissaient dans les ascenseurs tellement ils
étaient nerveux à la veille des examens. Ils avaient des examens
sérieux et des exigences à rencon-
trer, parce qu'après ça les gens qui sont supposés
être qualifiés sont supposés rencontrer les normes
nécessaires pour faire la pratique.
Dans la conduite scolaire, il nous semble que celui qui doit avoir les
exigences, ce n'est pas l'école, qui n'est pas responsable du transport
scolaire, parce que l'école qui va donner des cours, qui est
affectée par le gouvernement, accréditée par le
gouvernement, donne " des cours, mais le contenu n'est pas défini par le
gouvernement. Il nous semble que c'est le gouvernement, lui, comme responsable
du transport scolaire, parce que c'est lui qui paie la facture, qui devrait
dire quelles sont les exigences, comme c'est lui qui fixe les exigences pour
quelqu'un qui passe un examen pour obtenir son permis de conduire ou son permis
de chauffeur. Ce sont des employés du ministère des Transports
qui font passer les examens.
Et, dans le cas du certificat de compétence en transport
scolaire, là, on délègue la responsabilité à
quelqu'un d'autre, mais un peu comme la bride sur le cou. Et le
ministère, à notre avis, ne remplit pas son travail en faisant
ça, ne remplit pas sa fonction, n'assume pas ses responsabilités,
parce qu'il n'y a pas vraiment d'exigences pour suivre le cours puisque, comme
je l'ai lu, on dit: Pour être titulaire d'un certificat de
compétence, une personne doit avoir suivi un cours de formation
dispensé par une personne habilitée par règlement,
c'est-à-dire qui est nommée par règlement ? on va
dire: C'est elle qui le fait ? acquitter les frais fixés par cette
personne pour ce cours et respecter ses exigences pour la durée de ce
cours.
M. le Président, c'est pourquoi nous allons voter contre ce
projet de loi, parce que ce projet de loi, à notre avis, s'il
méritait d'être fait, il méritait d'être bien fait.
Nous considérons que, dans les circonstances, le projet de loi 81 n'est
pas un bon projet de loi. Il ne rencontrera pas, n'atteindra pas les objectifs
qui devraient être visés par un projet de loi de cette nature.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Lévis, de votre intervention. Est-ce que... Pas
de réplique?
Mise aux voix
Alors, le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements, portant sur le projet de loi 81, Loi modifiant la Loi sur
les transports, est-il adopté?
Une voix: Adopté. Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division? Adopté sur division.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Article 28, M. le Président.
Projet de loi 85
Prise en considération du rapport de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 28,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements sur le projet de loi 85, Loi
modifiant la Loi sur l'instruction publique en matière de contrats de
transport d'élèves. Y a-t-il des interventions sur ce
rapport?
M. le ministre des Transports.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Alors, M. le Président, il s'agit du projet de
loi 85, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique en matière de
contrats de transport d'élèves.
M. le Président, nous avons étudié ce projet de loi
85, article par article. Je veux vous rappeler, M. le Président, que,
bien que ce soit un projet qui est très court, il est très
important pour les propriétaires de flottes d'autobus scolaires. Avec ce
projet de loi, les commissions scolaires seront tenues, dorénavant, de
prendre le plus bas soumissionnaire conforme. Même si ce principe
était à la base des contrats, il y a eu quelques accrochages au
principe.
Dans un deuxième temps, ce projet établit la durée
des contrats de transport scolaire. De cette façon, on pourra garantir
aux propriétaires une durée maximale des contrats. Alors, chaque
entrepreneur pourra compter sur un pourcentage de contrats d'une durée
de 3 ans. On pourra ainsi planifier plus adéquatement, et au profit de
la sécurité, le renouvellement du parc d'autobus scolaires.
M. le Président, il n'y a eu aucun amendement au projet de loi
85, dans son étude article par article. Donc, je propose l'adoption du
rapport de la commission de l'aménagement et des équipements.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
ministre.
Alors, sur ce rapport, je cède la parole, maintenant, à M.
le Président de la commission de l'aménagement et des
équipements et député de Lévis.
M. le député, je vous cède la parole.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le ministre a bien eu de la
difficulté, en commission parlementaire, à nous expliquer la
nécessité de cette loi-là, parce que, essentiellement, la
loi actuelle dit tout ce qui est marqué dans le projet de loi devant
nous, puisque, quand il dit: On pourra exiger des soumissions publiques...
Je vais vous lire l'article, M. le Président: «En cas de
demande de soumissions publiques...» Écoutez bien, «en cas
de demande», mais on ne sera pas obligé
d'en demander, hein? Alors, le projet de loi, il dit: «En cas de
demande de soumissions publiques ? donc, dans le cas où il y en
aurait ? la commission scolaire doit retenir la plus basse soumission
conforme.»
Regardez bien. D'abord, elle n'est pas obligée d'en demander. Si
elle en a demandé, elle doit retenir la plus basse soumission conforme.
Mais je vais vous lire le reste de l'article: «Toutefois, le ministre des
Transports peut exceptionnellement autoriser la commission scolaire à
accorder le contrat à un autre soumissionnaire conforme et assortir
cette autorisation de conditions.» Écoutez bien, ensuite:
«La commission scolaire peut aussi rejeter toutes les soumissions et soit
en demander de nouvelles, soit conclure, dans les cas prévus par
règlement du gouvernement, un contrat après négociation de
gré à gré.» Ça fait que tout est possible, M.
le Président. Ça veut dire, donc, que la commission scolaire
n'est pas obligée de demander une soumission, première chose. Si
elle veut donner des contrats de gré à gré, sans
soumission, elle le peut. Si elle demande des soumissions, elle n'est pas
obligée de prendre... Si elle ne prend pas le plus bas soumissionnaire,
elle peut demander au ministre de l'autoriser à prendre un
soumissionnaire autre, ou encore rejeter toutes les soumissions et
négocier de gré à gré, comme s'il n'y avait pas eu
de soumission.
M. le Président, ça veut dire que... Je lis l'article,
tranquillement, M. le Président: «En cas de demande de soumissions
publiques, la commission scolaire doit retenir la plus basse soumission
conforme. Toutefois, le ministre des Transports peut exceptionnellement
autoriser la commission scolaire à accorder le contrat à un autre
soumissionnaire conforme et assortir cette autorisation de conditions. La
commission scolaire peut aussi rejeter toutes les soumissions et soit en
demander de nouvelles, soit conclure, dans les cas prévus par
règlement du gouvernement, un contrat après négociation de
gré à gré.» (21 h 50)
Ça veut dire, essentiellement, M. le Président, qu'il n'y
a aucune obligation. Si la commission scolaire ne veut pas donner le contrat
à celui qui est le plus bas soumissionnaire, il n'y a aucun
problème, elle peut faire ce qu'elle veut. Dans le projet de loi
actuel... La règle, actuellement, c'est de soumissionner de gré
à gré. Alors, on peut en arriver exactement au même
résultat avec les dispositions que nous avons devant nous.
Quand on dit, ici, ensuite: «La durée du contrat est
déterminée conformément aux normes établies par
règlement du gouvernement. La durée maximale ne peut toutefois,
en l'absence de règlement, excéder trois années
scolaires.» Alors, ce qui était demandé par les coroners,
qui avaient fait des études là-dedans... Ils ont demandé
que ça ne soit pas la durée maximale, mais que la durée
minimale soit de 3 ans, justement pour que ceux qui vont faire du transport
scolaire aient le contrat pour suffisamment d'années, pour pouvoir
s'équiper en termes de sécurité routière. Le
ministre fait exactement le contraire de ce que demandent les coroners. Au lieu
de faire une durée minimale de 3 ans, il fait une durée maximale
de 3 ans, allant à rencontre des recommandations des coroners, qui ont
étudié des cas d'accidents dans le domaine du transport
scolaire.
M. le Président, c'est pourquoi nous ne pouvons pas... Ce n'est
pas un gros projet de loi, au fond. Il y a 3 articles, incluant celui de la
mise en vigueur. Malgré ça, les dispositions que nous avons
devant nous sont absolument inutiles, et je pense qu'elles ne rencontrent pas
les objectifs, qu'elles n'atteindront pas les objectifs qui auraient
été souhaités par le milieu, puis ceux qui voulaient plus
de sécurité scolaire, plus de sécurité dans le
transport scolaire. C'est pourquoi nous ne voterons pas en faveur de ce projet
de loi non plus, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce que le
rapport de la commission... Vous parlerez en réplique?
M. le ministre des Transports, en vertu de votre droit de
réplique.
M. Sam L. Elkas (réplique)
M. Elkas: M. le Président, normalement, je n'aurais pas
fait de... il n'y aurait pas eu de réplique, mais quand le
député de Lévis doit charrier comme il vient de charrier,
il semble important de se lever pour rapporter les faits.
Le député de Lévis... puis, on lui a
expliqué pendant la commission, lorsqu'on a fait l'étude article
par article, qu'il y avait eu de l'accrochage. Il y a des commissions scolaires
qui ont pris le troisième plus bas soumissionnaire. Puis, lorsqu'on est
intervenu ? parce que c'est nous qui payons, c'est la
société qui paie les 424 000 000$... D'ailleurs, le
député de Lévis le dit souvent: On paie trop cher. Mais
pourquoi, moi, comme ministre des Transports, qui suis responsable de ce
budget... Il se retourne l'oeil, puis il dit: Je regarde, puis je ne vois pas
ce qui se passe dans la commission scolaire X ou la commission scolaire Y?
M. le Président, ce qu'il est important de savoir, c'est qu'il y
a 2 commissions scolaires qui nous ont envoyé promener. Elles ont pris
le troisième plus bas soumissionnaire, puis elles ne nous ont jamais
expliqué les raisons pour lesquelles... Pour éviter ça,
dans le futur, on a introduit une législation qui ressemble beaucoup
à celle des affaires municipales. Alors, le ministre des Affaires
municipales a le même droit, il peut accepter un deuxième ou un
troisième plus bas soumissionnaire, basé sur des
justifications.
Quant au choix de 3 ans ou 5 ans... Les recommandations qui viennent de
M. Bouliane, c'est son opinion, 5 ans. Mais vous pouvez vous imaginer qu'une
commission scolaire est barrée, est prise pendant 5 ans de temps. Puis,
justement, ses besoins peuvent changer, surtout dans les régions.
Lorsqu'on ferme une école, qu'on la vend, ou qu'on transfère les
enfants ailleurs, le contenu du contrat doit changer. Puis là, on est
pris avec pendant 5 ans de temps? Ça n'a pas de bon sens. C'est pour
ça qu'on passe des lois. Mais lorsqu'on
l'explique, en commission, le député de Lévis ne
veut pas nous écouter. Alors, j'ai voulu prendre le temps, M. le
Président, pour m'expliquer.
Encore, je propose la loi. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur ce rapport? Il n'y a pas d'autres intervenants?
Mise aux voix
Le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements, portant sur le projet de loi 85, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique en matière de contrats de transport
d'élèves, est-il adopté?
Une voix: Adopté. Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté.
Adopté sur division.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Article 31, maintenant, M. le
Président.
Projet de loi 60 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 31. M. le
ministre des Transports propose l'adoption du projet de loi 60, Loi modifiant
la Loi sur le camionnage. Est-ce qu'il y a des intervenants sur ce projet de
loi?
M. le ministre des Transports.
M. Elkas: Non, je... La loi est bien... Ça va. Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ça va? Est-ce
qu'il y a des intervenants sur ce projet de loi? M. le député de
Lévis.
M. Garon: II n'y a rien à ajouter sur le projet de loi,
parce que c'est un projet de loi désiré, qui fait
l'unanimité.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce qu'il y a
d'autres intervenants?
Une voix: Non.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Le projet de loi 60, Loi
modifiant la Loi sur le camionnage, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Article 32, si je lis bien, M. le
Président.
Projet de loi 62 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 32. M. le
ministre des Transports propose l'adoption du projet de loi 62, Loi modifiant
la Loi sur le transport par taxi. Est-ce qu'il y a des intervenants sur ce
projet de loi?
Pas d'interventions du côté ministériel?
M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Je ne voudrais pas être long, là-dessus,
M. le Président, mais je suis un peu étonné que le projet
de loi vienne seulement au mois de juin, alors qu'en plein hiver le ministre
nous disait que c'était un projet de loi urgent ? c'était le
mois de février, le mois de mars ? qu'il fallait procéder
à toute vapeur. C'était, apparemment, quelque chose
d'éminemment urgent. Sauf qu'une fois que l'étude a
été faite en commission parlementaire, que nous avons bulldoze
tous les horaires possibles pour l'adopter, pour faire l'étude en
commission parlementaire, après ça, il est resté
accroché je ne sais pas à quel endroit; c'est au bureau du leader
ou au bureau du leader adjoint, au bureau du ministre, à quel endroit?
Et pendant 2 mois, je dis 2 mois même pour ne pas dire plus. Et je suis
un peu étonné que ça ait pris autant de temps au ministre
d'apporter ce projet de loi, qu'il considérait comme une matière
urgente. Parce que si c'est ça, l'urgence, au ministère des
Transports, on comprend pourquoi les choses se font aussi lentement. Si c'est
urgent puis, après ça, on procède 2 mois plus tard, je ne
comprends pas. Parce que moi, quand on m'a convoqué en commission
parlementaire, c'est comme si on avait dû siéger la veille. Mais,
pendant 2 mois, rien, il n'arrive rien.
Également, M. le Président, dans ce projet de loi, il y a
essentiellement un point qui est très important, c'est qu'on va
maintenir, on va établir des régimes de transport
différents sur l'île de Montréal. Nous, nous aurions
pensé qu'il aurait été préférable, nous
avions pensé qu'il serait préférable qu'il y ait un seul
régime de transport sur l'île de Montréal. Il y a eu
plusieurs amendements qui ont été apportés à ce
projet de loi, mais on n'a pas pu, dans ce cas-là, réussir
à établir un seul régime de transport, même si les
gens sont venus nous rencontrer.
Vous vous rappelez qu'au point de départ, lorsque la
deuxième lecture a été faite, l'étude du principe,
le ministre nous avait présenté ça comme quelque chose
d'unanime, où il y avait eu un concile, quasiment, dans le domaine du
taxi, puis c'était l'unanimité totale. On
s'est rendu compte immédiatement, après avoir fait le
discours ici, le soir, sur l'étude du principe, en dedans de 48
heures... J'ai été submergé de télégrammes
disant: Au contraire, on n'est pas d'accord, on n'est pas unanimes, et on veut
faire des représentations. De sorte qu'on a rencontré plusieurs
groupes dans le domaine du taxi qui nous ont fait des représentations
pour corriger des choses. Le projet de loi n'a pas tout corrigé, mais il
a corrigé un certain nombre de choses, un grand nombre de choses, je
dois dire, que les gens du taxi ont été furieux de voir dans le
projet de loi. Il y a eu plusieurs amendements, et l'étude, je pense, en
commission parlementaire, a été bénéfique.
Malgré tout, je pense que le projet de loi ne règle pas tous les
problèmes qu'il aurait dû régler et crée un
système différent qui, nous le croyons, à l'usage,
connaîtra un certain nombre de difficultés.
Par ailleurs, il aura l'avantage de permettre un système de
limousine aux aéroports, à l'aéroport de Dorval.
Ça, c'était une nécessité, puis on faisait dur, tu
sais. Et là, le gouvernement ne pourra jamais dire que c'est
l'Opposition qui a nui dans ce sens-là. Le gouvernement a
créé son propre problème, a vécu avec son propre
problème, de sorte qu'on était sans doute une des seules villes,
Montréal était une des seules villes en Amérique du Nord,
de cette grosseur, de cette importance, sans avoir un système de
limousine, alors qu'on sait qu'il y a plusieurs personnes... je ne suis pas
personnellement un client de limousine, mais je sais que plusieurs dirigeants
d'entreprise veulent prendre des limousines parfois, simplement pour des
raisons de sécurité ou des raisons particulières à
leur entreprise, parce qu'ils sont dans des conditions particulières, et
ils souhaitent avoir un service de limousine. Et toutes les villes qui ont une
certaine importance ont un service de limousine. Montréal n'avait plus
de service de limousine depuis déjà au moins une couple
d'années. (22 heures)
Maintenant, ceux qui avaient opéré dans une entreprise qui
avait été en difficulté, l'ancienne entreprise Murray Hill
qui avait cessé d'opérer pour des raisons financières,
entre autres, auraient aimé former une coopérative, et les
anciens chauffeurs de Murray Hill auraient aimé former une
coopérative pour pouvoir exploiter l'entreprise comme entreprise
coopérative. Nous avons eu des représentations des syndicats, de
la CSN, par l'entremise de M. Gérald Larose qui nous a indiqué
qu'il souhaiterait qu'un permis puisse être donné ou
attribué à une coopérative regroupant les anciennes
limousines qui opéraient sous la marque de commerce qui était
tombée en difficulté financière. C'était une
entreprise qui portait la marque de commerce qui est tombée en
difficulté financière. Ça n'a pas été
possible puisque le ministre a refusé. Nous avons fait des
représentations. Nous avons fait en sorte de faire les
représentations nécessaires, mais ça n'a pas
été possible.
Alors, il y a eu beaucoup de changements, M. le Président, dans
ce projet de loi qui est assez complexe. Mais nous n'avons pas pu obtenir les
changements que nous aurions souhaités, de sorte qu'on sera, sans doute,
une des seules villes, encore, qui aura un permis à 5000 $. Il n'y a pas
beaucoup d'endroits dans le monde qui ont un permis à 5000 $, d'autant
plus que dans les autres villes, même plus grosses que Montréal,
on a des permis à 200 $ et 300 $ pour un service par véhicule. Au
Québec, pour avoir un permis de limousine, par véhicule,
ça coûtera 5000 $. J'imagine qu'il n'y a pas de limite. Il n'y a
pas de limite, dans cette période de crise économique. Mais
à 5000 $, ça fait cher pour un permis de limousine. Pour 1
véhicule! C'est 5000 $ par véhicule, et chaque année.
Alors, la première fois que j'ai vu ça, j'ai été
surpris. Je me suis demandé comment ça se faisait. On a
comparé avec les autres villes, New York, Toronto, Vancouver. Partout,
ces permis sont entre 200 $ et 300 $. Mais, au Québec, pour
opérer un permis pour chaque limousine qui fonctionnera avec un
chauffeur, le permis coûtera 5000 $, 5000 $ au gouvernement, pour gagner
sa vie.
Alors, M. le Président, on voit que le gouvernement est
cassé, terriblement cassé pour charger 5000 $ pour un permis pour
1 voiture limousine. Et on le voit quand le gouvernement dit qu'il essaie de
prendre l'argent partout où il y en a. Dans les limousines, c'est un
exemple frappant. Je pense qu'aujourd'hui on va être obligés de
s'acheter, bientôt, des pantalons et des vestons avec les poches cousues,
parce que, autrement, le gouvernement a tellement le bras long... Le seul bras
qu'il étend rapidement, ce n'est pas le bras de la justice, c'est le
bras du ministre des Finances ou du ministère du Revenu pour venir
fouiller dans nos poches. Parce que le gouvernement, actuellement, qui a
inventé la taxe sur la taxe, la taxe sur la taxe avec la TVQ pour taxer
la TPS, comme si la taxe, c'était un produit, un luxe... On a vu dans le
dernier discours du budget qu'il a fait la surtaxe ou encore, si on veut, la
taxe sur l'impôt à payer. Aujourd'hui, on paie des taxes sur les
impôts à payer qui varient selon le montant des impôts qu'on
a à payer, comme si le fait de payer un impôt, c'était un
avantage que nous consentait le gouvernement. Bien, aujourd'hui, on a les plus
gros permis de limousine en Amérique du Nord, et peut-être au
monde, je n'ose pas le dire, mais je suis à peu près convaincu
qu'il n'y a pas une ville au monde où un chauffeur de limousine, pour
opérer une limousine, doit acheter un permis de 5000 $. Dans toutes les
autres villes où j'ai vérifié, le permis coûtait 200
$ à 300 $. Mais à Montréal, ça coûtera 5000 $
par voiture pour opérer une limousine, à payer à chaque
année. Pas une fois pour toutes, à chaque année. Pas un
permis à vie, un permis pour 1 an, 1 an. Alors, celui qui chauffera la
limousine aura le permis le plus cher au monde, sans doute. Il aura la gazoline
la plus chère en Amérique du Nord. Il aura les taux
d'intérêt les plus élevés. Après ça,
bien, on dira: Soit compétitif, mon garçon!
M. le Président, le gouvernement est en train d'être un
ennemi public pour les citoyens qui essaient de gagner leur vie parce que les
taxes sont trop élevées dans tous les domaines. Et dans le
domaine qu'on voit actuellement, ce soir, dans le projet de loi sur le taxi, le
transport par taxi, on se rend compte que, dans le transport par limousine,
bien, les gens vont devoir payer la
peau puis les os. On a l'impression qu'eux aussi vont travailler pour le
gouvernement. Il ne doit pas y avoir une grosse différence entre les
chauffeurs de limousine en Russie et ceux qu'il y a à Montréal,
puisque, avec des permis à 5000 $, je peux vous dire qu'à Moscou
ça devait coûter cher aussi, avoir des permis.
Ce n'est pas ça que les gens veulent aujourd'hui. Les gens
veulent pouvoir gagner leur vie honorablement, sans que le gouvernement soit
sur eux autres, sur leur dos de façon permanente, comme une sangsue ou
un colimaçon, toujours en train de siphonner le citoyen, comme si le
fait d'avoir une automobile, c'était un crime contre l'humanité.
Aujourd'hui, les automobilistes sont taxés comme on ne peut pas
l'imaginer, au Québec. En plus de siphonner la caisse de la
Société de l'assurance automobile, en plus, bien, les
propriétaires de limousines doivent payer 5000 $ pour avoir un permis.
M. le Président, c'est exorbitant, ça n'a pas de bon sens. C'est
pourquoi, même s'il y a eu beaucoup de changements dans ce projet de loi,
nous ne pouvons pas faire en sorte, malgré les changements qui ont
été apportés, parce qu'il y a trop de choses qu'on n'a pas
réussi à faire changer, nous ne pouvons pas voter en faveur de ce
projet de loi là non plus, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lévis.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Est-ce que la motion proposant l'adoption du projet de loi 62, Loi
modifiant la Loi sur le transport par taxi, est adoptée?
M. Garon: Sur division. Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté sur
division.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, si vous me permettez,
nous attendons la présence du ministre de la Justice. Nous allons
suspendre pour quelques instants, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous me demandez
de suspendre pour quelques instants, pour quelques minutes. Alors, je suspends
les travaux de l'Assemblée pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 6)
(Reprise à 22 h 9)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): MM. les
députés, je vous invite à reprendre vos banquettes, s'il
vous plaît.
M. le ministre de la Justice, nous continuons nos travaux avec quel
article du feuilleton, s'il vous plaît? (22 h 10)
M. Rémillard: M. le Président, j'appelle le projet
de loi 93, Loi modifiant le Code de procédure civile et la Charte des
droits et libertés de la personne.
Projet de loi 93 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre, vous
faites référence, évidemment, à l'article 10 du
feuilleton et vous proposez l'adoption du principe du projet de loi 93, Loi
modifiant le Code de procédure civile et la Charte des droits et
libertés de la personne.
M. le ministre de la Justice, vous avez droit à une intervention
de 60 minutes. On vous écoute, M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Je vous remercie, M. le
Président.
M. le Président, le projet de loi 93 dont nous étudions
aujourd'hui le principe propose diverses modifications en matière de
procédure civile que l'on peut regrouper sous les trois thèmes
suivants. Le premier porte sur le huis clos en matière familiale, le
deuxième a trait aux longs délibérés en
matière civile, et le troisième concerne la juridiction et la
procédure d'appel devant la Cour d'appel.
M. le Président, vous vous souviendrez que l'Assemblée
nationale adoptait, en 1982, la loi assurant la réforme du droit de la
famille et modifiant le Code de procédure civile. Elle introduisait
alors, à l'article 13 du Code de procédure civile et à
l'article 23 de la Charte des droits et libertés de la personne, le huis
clos en matière familiale. Elle édictait également, M. le
Président, l'article 815.4 du Code de procédure civile pour
prescrire l'anonymat des parties et des enfants concernés par les
demandes en matière familiale. Ces dispositions interdisent
l'accès aux salles d'audiences tant au public en général
qu'aux journalistes. Elles ont été adoptées notamment en
vue de permettre aux personnes impliquées dans un litige familial d'en
débattre de la façon la plus sereine possible.
Or, récemment, l'application de la règle du huis clos en
matière familiale a été contestée par un
média d'information au motif qu'elle serait contraire au droit à
la liberté d'expression prévu à l'article 2b de la Charte
canadienne des droits. Il m'apparaît, M. le Président, opportun de
rappeler que l'audition publique vise principalement à s'assurer du bon
fonctionnement du système judiciaire et que non seulement justice soit
rendue, mais qu'elle paraisse être rendue. La jurisprudence
récente a reconnu que les médias sont des témoins
privilégiés qui permettent d'atteindre cet objectif en
communiquant l'information légitime au public. C'est en effet, M. le
Président, principalement par l'intermédiaire de la
presse et de ses journalistes que le public est en mesure de prendre
connaissance des débats judiciaires. Aussi, compte tenu de la
jurisprudence actuelle, il m'apparaît qu'un juste milieu doit être
recherché en matière familiale entre le huis clos actuel qui
exclut la présence du public et les audiences publiques où le
public est admis sans aucune restriction. C'est dans ce contexte, M. le
Président, que s'inscrit la proposition de modification visant à
permettre la présence des journalistes lors des audiences en
matière familiale. Elle s'inscrit dans le respect de la liberté
d'expression et la liberté de presse en permettant d'assurer la
publicité du débat judiciaire.
Par ailleurs, M. le Président, il m'apparaît essentiel
qu'une telle ouverture au principe du huis clos ne puisse se faire au
détriment du droit à la vie privée. Et, à ce sujet,
je vous rappelle qu'en plus du principe du huis clos le Code de
procédure civile prévoit des règles spécifiques
interdisant la publication et la diffusion de toute information permettant
d'identifier une partie à une instance en matière familiale,
règles qui demeureront applicables aux journalistes qui pourront
assister à de telles audiences advenant l'adoption des modifications
proposées. D'ailleurs, M. le Président, ces propositions de
modification s'inspirent d'une disposition substantiellement semblable à
celle que l'on retrouve à l'article 82 de la Loi sur la protection de la
jeunesse.
M. le Président, le projet de loi 93 propose également des
modifications au Code de procédure civile en vue d'améliorer
l'administration de la justice en ce qui a trait au délai dans lequel un
jugement doit être rendu.
L'étude de la problématique relative aux longs
délibérés en matière civile démontre que la
très grande majorité des juges de la Cour supérieure et de
la Cour du Québec s'acquittent de leurs devoirs de façon
consciencieuse et dans des délais raisonnables. Le constat du retard
dans les délibérés ne constitue donc pas un
problème généralisé puisque la majorité des
causes où les délibérés dépassent les
délais raisonnables ne sont le fait que d'une minorité des
membres de la magistrature.
Tout en constatant, M. le Président, que la situation n'est pas
catastrophique, loin de là, il appert de l'état de la situation
à la fin de l'année 1992 que les causes prises en
délibéré depuis plus de 6 mois à la Cour
supérieure et à la Cour du Québec en matière civile
se retrouvaient surtout dans les régions de Montréal, de
Québec et de la Montérégie compte tenu, notamment dans la
région de Montréal, du volume de dossiers judiciaires qui y sont
traités.
Les juges en chef de ces cours, bien conscients des conséquences
des longs délibérés pour les justiciables et les parties
en cause, ont résolu aujourd'hui en grande partie, avec la collaboration
de la magistrature, les problèmes qui étaient à la base
des longs délibérés. Depuis, le nombre de juges ayant des
affaires en délibéré depuis plus de 6 mois a grandement
diminué. Toutefois, afin d'éviter que la situation ne se
reproduise et bien que les cas de délibéré prolongé
s'avèrent aujourd'hui exceptionnels, il y a tout de même lieu
d'intervenir, M. le Président, sur le plan législatif en adoptant
des mesures préventives. Et, à cette fin, le projet de loi 93
propose, M. le Président, de consacrer le principe général
suivant lequel un délibéré ne pourrait excéder 6
mois tout en préservant au juge en chef personnellement le pouvoir de
prolonger ce délai dans des circonstances exceptionnelles.
Afin de faciliter le travail du juge en chef, M. le Président,
concernant le suivi des causes prises en délibéré, le
protonotaire ou, selon le cas, le greffier serait tenu de lui transmettre
mensuellement la liste des affaires de son district en
délibéré depuis plus de 5 mois.
Dans le cas où le juge saisi d'une affaire ferait défaut
de rendre jugement dans les délais requis, le juge en chef pourrait
dessaisir le juge en défaut et ordonner que l'affaire soit
confiée à un autre juge ou qu'elle soit remise au rôle.
À cette fin, M. le Président, le projet de loi prévoit
certaines règles relatives à la preuve applicables au juge
appelé à continuer une affaire qui lui serait confiée ou
à entendre une affaire qui serait remise au rôle.
Les modifications proposées devraient lui permettre, quant
à la preuve, et du consentement des parties, de s'en tenir à la
traduction des notes sténographiques, tout en lui accordant le pouvoir
de rappeler un témoin ou de requérir toute autre preuve dans le
cas où il jugerait les notes insuffisantes. Ces dispositions, M. le
Président, tout en consacrant sur le plan législatif le principe
qu'un délibéré ne peut excéder 6 mois, devraient
permettre au justiciable d'obtenir jugement dans un délai raisonnable
tout en préservant l'autonomie du juge saisi d'une cause
particulièrement complexe.
Les autres modifications proposées par le projet de loi 93, M. le
Président, se rapportent aux règles de procédure devant la
Cour d'appel. À ce sujet, M. le Président, permettez-moi de
souligner que le nombre d'inscriptions en appel n'a pas cessé, au cours
des ans, de croître, ce qui a entraîné des délais
d'audition appréciables malgré l'ajout, en 1989, de 4 postes de
juge additionnels à la Cour d'appel.
Lors du Sommet de la justice, cette problématique a
été examinée et diverses solutions ont été
proposées, notamment par la Cour d'appel elle-même.
Conformément au consensus dégagé, une table de
concertation tripartite portant sur l'encombrement des rôles à
cette cour a été mise sur pied, regroupant des
représentants du Barreau du Québec, de la Cour d'appel et du
ministère de la Justice. Dans le but que soient apportés des
correctifs nécessaires et d'accroître l'efficacité du
traitement des dossiers en Cour d'appel, le groupe de travail suggère de
baliser davantage l'exercice du droit d'appel afin de garantir à tous
les justiciables du Québec une justice plus accessible, plus efficace et
plus rapide devant cette instance de la Cour d'appel.
À cet égard, M. le Président, la plupart des
recommandations du groupe de travail se retrouvent dans le projet de loi 93, et
les diverses modifications qui sont proposées au Code de
procédure civile devraient avoir comme effet d'ensemble de
réduire les délais d'appel par une réduction du nombre des
appels et un contrôle plus rigoureux des délais de production des
documents.
C'est ainsi, M. le Président, que le projet de loi propose
d'abord d'indexer le seuil pécuniaire de l'appel de plein droit devant
la Cour d'appel. Vous vous souviendrez que ce seuil a été
porté successivement, entre 1965 et 1982, de 500 $ à 10 000
$.
Or, l'indice des prix à la consommation a connu, depuis 1982, une
hausse de 153 %. En conséquence, le projet de loi propose de porter le
seuil d'appel pécuniaire de 10 000 $ à 15 000 $. Cette
proposition devrait permettre d'éliminer, à titre d'appel de
plein droit, environ 5,6 % de l'ensemble des causes portées en appel,
soit l'équivalent du pourcentage annuel moyen que représente le
nombre des appels dont la valeur monétaire variait de 10 000 $ à
15 000 $, au cours des dernières années.
Le projet de loi propose, de plus, que certains appels qui sont
actuellement de plein droit deviennent des appels sur permission. C'est le cas
des jugements qui prononcent sur la requête en annulation d'une saisie
avant jugement. C'est également le cas des jugements et ordonnances
rendus dans les matières non contentieuses. Cette modification ne
toucherait pas, toutefois, les jugements ayant trait à l'état et
à la capacité des personnes.
Ainsi, M. le Président, les demandes relatives à la
modification du registre de l'état civil, à la tutelle aux
mineurs ou à l'absence et au jugement déclaratif de
décès, ainsi que celle relative au conseil de tutelle et au
régime de protection du majeur continueront de faire l'objet d'un appel
de plein droit.
Il en est de même de la demande d'homologation du mandat
donné par une personne en prévision de son inaptitude. Cette
exception demeurerait afin de tenir compte des situations d'urgence qui sont
souvent liées à ce type de recours et qui ont trait à
l'intégrité de la personne.
Le projet de loi propose, par ailleurs, d'autres modifications
importantes ayant trait à la procédure régissant le
déroulement de l'appel. La première concerne la transcription des
notes sténographiques. Actuellement, M. le Président, la mise en
état d'une cause en cour d'appel est souvent retardée par le
défaut d'obtenir une transcription des notes sténographiques en
temps utile. (22 h 20)
Le projet de loi 93 propose donc une mesure visant à
responsabiliser davantage les parties ou leur procureur et à
éviter les appels dilatoires. C'est ainsi qu'il prévoit, en outre
des exigences actuelles du code quant à l'inscription en apppel,
l'obligation pour l'appelant ou son procureur d'attester, d'avoir mandat,
donner mandat à un sténographe de traduire les notes
sténographiques. Cette attestation devrait être signifiée
à la partie adverse ou à son procureur et produite au greffe du
tribunal dans les 45 jours suivant le jugement qui fait l'objet de l'appel.
Dans le cas d'un appel sur permission, l'attestation devrait être
produite et signifiée dans les 15 jours qui suivent le jugement
autorisant l'appel. Le projet de loi 93 propose, de plus, d'augmenter les
exigences minimales applicables à l'inscription en appel. Actuellement,
le Code de procédure civile prévoit que l'inscription en appel
doit tenir la désignation des parties, l'indication du tribunal qui a
rendu le jugement, la date de celui-ci, la durée de l'enquête et
de l'audition en première instance, les conclusions recherchées
par l'appelant et un énoncé sommaire des moyens qu'il
prévoit utiliser.
Les exigences minimales du contenu de l'inscription en appel incitent
parfois une partie à loger un appel pour gagner du temps ou encore, pour
suspendre l'exécution du jugement de première instance
jusqu'à ce que l'appel soit en état d'être mis au
rôle d'audience de la Cour d'appel. En moyenne, la Cour d'appel du
Québec est saisie d'environ 3000 pourvois annuellement. Près de
la moitié de ces appels connaissent une solution judiciaire, les autres
étant abandonnés, désertés ou réglés
hors cours.
Le resserrement des exigences lors de la formation de l'appel devrait
permettre d'éliminer des appels frivoles ou dilatoires. C'est pourquoi
le projet de loi 93 propose de remplacer l'énoncé sommaire
prévu au Code par un énoncé détaillé des
moyens que l'appelant prévoit utiliser. Cet énoncé
détaillé devrait faire référence à la preuve
documentaire ou aux témoignages au sujet desquels l'appelant
prétend que le juge de première instance a manifestement
erré.
L'inscription en appel devrait énoncer également, lorsque
l'appelant invoque comme motif d'appel une erreur de droit ou de faits, en quoi
cette erreur devrait amener la Cour d'appel à renverser le jugement de
première instance. À défaut pour l'appelant de
détailler dans le délai prévu tous les moyens qu'il entend
utiliser, il pourra obtenir un délai additionnel pour remédier au
défaut sur autorisation d'un juge de la Cour d'appel si des motifs
sérieux le justifient. La même exigence s'appliquera aux appels
sur permission. En effet, la requête pour permission d'appeler devrait,
pour les mêmes motifs, contenir un énoncé
détaillé.
Le projet de loi 93 propose également, M. le Président, de
modifier les règles régissant la production du
mémoire.
Le Code de procédure civile prévoit actuellement que, dans
les 75 jours du dépôt de l'inscription ou, le cas
échéant, du jugement rendu, l'appelant doit produire au greffe
son mémoire et en signifier copie à l'intimé. Or, il
appert que ce délai est généralement insuffisant pour
élaborer le mémoire, de sorte qu'il y aurait lieu de
prévoir un délai plus réaliste pour la production du
mémoire de l'appelant. En contrepartie, il serait nécessaire de
permettre, de mettre en place, dis-je, des mécanismes de contrôle
plus rigoureux pour enrayer le dépôt tardif des documents.
À ces fins, le projet de loi 93 propose de porter le délai
de production du mémoire de l'appelant de 75 à 120 jours, ce qui
devrait procurer à l'appelant le temps suffisant pour obtenir la
transcription des notes sténographiques et pour rédiger son
mémoire. Dans l'éventualité où le mémoire
n'aurait pas été signifié et produit dans ce délai,
l'intimé pourrait alors signifier et produire au greffe du tribunal un
avis de défaut sommant l'appelant de produire son mémoire ou de
s'adresser, par requête,
dans un délai de 30 jours, à l'un des juges de la Cour
d'appel pour justifier son retard et demander une prolongation de
délai.
En cas de défaut de l'appelant à l'expiration de ce
délai, le greffier de la Cour d'appel pourrait, après avoir
constaté le défaut, délivrer un certificat attestant que
l'appel est déserté avec dépens.
De même, le projet de loi prévoit que, lorsqu'une demande
de prolongation de délai a été accordée et que
l'appelant n'a pas produit son mémoire dans le délai additionnel,
l'intimé pourrait faire constater le défaut par le greffier de la
Cour d'appel et obtenir un certificat attestant que l'appel est
déserté avec dépens. En outre, le projet de loi propose de
rendre applicable cette nouvelle procédure à l'intimé,
lorsqu'il serait lui-même en défaut de produire au greffe son
mémoire, dans les 60 jours de la production du mémoire de
l'appelant.
Actuellement, M. le Président, le Code de procédure civile
prévoit certains cas où l'exécution provisoire du jugement
de première instance peut être ordonnée malgré qu'il
y ait appel. Il en est ainsi dans les cas de pension alimentaire, de garde
d'enfants ou de réparations urgentes. Il s'agit là d'exceptions
à la règle voulant que l'appel suspend l'exécution du
jugement.
Le projet de loi 93 propose, M. le Président, de renverser cette
règle, en prévoyant dans ces cas l'exécution provisoire
automatique, malgré l'appel, sauf décision contraire du tribunal.
Il prévoit cependant maintenir la règle de l'exécution
provisoire sur ordonnance du tribunal dans les cas d'urgence exceptionnels et
l'étendre aux cas de raison spéciale, quitte à la
subordonner à la constitution d'une caution. Cette mesure devrait
permettre d'éviter les appels qui visent à retarder
indûment l'exécution de jugements, notamment lorsqu'il s'agit de
demande d'aliment ou de garde d'enfant.
Telles sont, M. le Président, les principales modifications
proposées par le projet de loi 93. Ces mesures visent à favoriser
une plus grande efficacité du système judiciaire, notamment par
une réduction des délais pour obtenir le jugement. Elles visent
également à permettre une plus grande visibilité de la
justice en matière familiale par l'ouverture de la règle du huis
clos tout en assurant le respect de la vie privée des personnes
impliquées par le maintien des règles interdisant la publication
d'informations nominatives.
Ces mesures, M. le Président, s'inscrivent dans les
démarches du gouvernement d'assurer une justice de plus grande
qualité, plus humaine et plus accessible.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
la Justice.
Sur le même sujet, je cède la parole à M. le
député d'Anjou, critique de l'Opposition officielle en cette
matière.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président.
Je pense que le projet de loi qui a été
déposé permettra des échanges très
intéressants quant à notre système de justice. Je ne
voudrais reprendre que certains points de ce projet de loi, certains points qui
ont été repris par le Protecteur du citoyen dans une lettre du 19
mai dernier qu'il adressait au Procureur général.
Le premier point que je voudrais aborder est l'accès qui va
maintenant être donné aux journalistes à des causes
familiales, lors de l'audition de causes familiales, accès qui
était auparavant interdit.
M. le Président, je ne saurais trop appuyer le fait que je suis
en faveur du huis clos pour les matières familiales, pour avoir
justement vécu la situation avant qu'il y ait le huis clos. Quand j'ai
commencé ma pratique, M. le Président, en effet, il n'y avait pas
ce huis clos, et c'était vraiment très navrant de voir que
certaines cours de justice, finalement, étaient le théâtre
de commérages. Les gens avaient presque des sièges
réservés aux premières loges pour voir le divorce de Mme
Unetelle ou de M. Untel, pour ainsi connaître la vie privée de
tous et chacun. Ça faisait en sorte que la séparation ou le
divorce pouvait être très traumatisant pour les personnes qui le
vivaient. Donc, je pense que ce huis clos, on ne saurait trop le vanter, on ne
saurait trop le protéger.
Maintenant, le Protecteur du citoyen, M. le Président, faisait
part que, bon, bien qu'il y a eu jugement qui disait que cette prohibition de
permettre aux journalistes d'assister aux auditions en matière familiale
constituait une entrave à la liberté de presse, à la
liberté des citoyens d'être informés, le Protecteur du
citoyen, tout en reconnaissant ce fait, dit qu'il s'inquiète. II
s'inquiète quant aux limites qui, d'après le Protecteur du
citoyen, devraient être imposées aux journalistes.
En effet, M. le Président, c'est bien de dire que le journaliste
doit prouver son identité de journaliste, mais je pense qu'il est bien
important de baliser d'une façon très précise, M. le
Président. Je sais qu'il existe certaines dispositions
présentement dans le Code de procédure qui disent, justement,
qu'on ne doit pas diffuser certains renseignements pour pouvoir identifier
certaines parties à un procès, mais je pense qu'il va falloir
vraiment, lors de l'étude article par article de ce projet de loi, faire
en sorte de bien vérifier qu'il y a des dispositions qui
protègent vraiment la vie privée et qu'on ne puisse d'aucune
façon identifier les parties ou le cas familial qui est en train
d'être débattu en cour. Car ce sera, à ce moment-là,
M. le Président, enlever beaucoup d'importance ou de valeur à ce
huis clos qui est donné, accordé en matière familiale.
Donc, M. le Président, je pense qu'il va falloir faire bien attention
à ce point lors de l'étude article par article du projet de loi.
(22 h 30)
Le deuxième point qui inquiète un peu le Protecteur du
citoyen est le fait que maintenant, pour les causes de 10 000 $ à 15 000
$, l'appel ne sera plus de piano, c'est-à-dire de plein droit.
Auparavant, il l'était, M. le Président. Alors, le Protecteur du
citoyen fait remarquer, à juste titre je pense, que pour un individu, un
particulier, une cause qui met en jeu un montant de
10 000 $ à 15 000 $, c'est un montant qui est fort
appréciable. On peut imaginer que les frais qui ont été
engagés lors de cette poursuite ou d'une défense d'une telle
cause sont considérables; les enjeux sont considérables pour un
individu. Donc, on peut penser, justement, qu'en faisant seulement un appel de
plein droit pour ces causes, il y a peut-être un risque accru de
déni de justice.
On peut aussi s'inquiéter, M. le Président, d'un certain
débalancement. En effet, en droit administratif, les appels de plein
droit sont presque la règle. On n'a qu'à penser en matière
de CSST, de Régie du logement, on a toujours des appels de plein droit.
Alors, maintenant, pour les causes de 10 000 $ à 15 000 $, qui sont
quand même, quant à moi, des montants très
appréciables qui sont en jeu, l'appel de plein droit ne sera plus permis
? un appel sur permission.
Et je sais, M. le Président, pour encore l'avoir
expérimenté, que ces appels, ces permissions d'appeler ne sont
pas faciles à obtenir. Ça prend des motifs très
sérieux pour obtenir une permission d'appeler de ces décisions.
Et cette restriction est d'autant plus importante qu'on sait qu'il y a
présentement une certaine congestion à ia Cour d'appel quant au
rôle des causes. Donc, il va falloir, je pense, regarder attentivement
cette nouvelle disposition et voir les conséquences qu'il va y avoir sur
la qualité de la justice et sur l'accessibilité aussi de la
justice, parce que le droit d'appel d'un jugement, M. le Président,
ça fait partie, quant à moi, de l'accessibilité de la
justice.
Autre point, je pense, qui est important dans ce projet de loi, c'est
l'imposition, maintenant, qui sera donnée à un juge de rendre
jugement dans les 6 mois de la prise en délibéré du
jugement. Je pense que c'est un but louable en soi qu'a le ministre de la
Justice de vouloir apporter une solution à cette situation. En effet, M.
le Président, j'ai eu plusieurs citoyens qui sont venus à mon
bureau pour se plaindre de cas de juges qui prenaient plusieurs années
avant de rendre jugement, et qui même rendaient souvent futile le fait
d'obtenir un jugement. En effet, M. le Président, quand vraiment on
attend le paiement d'une somme assez importante pendant 3 ou 4 ans, on a le
temps de faire faillite, on a le temps presque de mourir avant de pouvoir
toucher les fruits de notre poursuite, finalement. Donc, c'était une
plainte qui était vraiment de plus en plus courante vis-à-vis de
notre système judiciaire quant aux délais qui étaient pris
par les juges pour rendre jugement.
Je pense que c'était important que le ministre de la Justice
apporte une solution à ce problème. Malgré que, comme je
le dis, le but est louable et l'intention est louable, il faut quand même
se poser la question: Est-ce que la mesure qui a été retenue par
le ministre de la Justice est la mesure appropriée pour répondre
à cette situation? En effet, j'avais déjà fait part au
ministre, lors de l'étude des crédits du ministère de la
Justice, que quant à moi il serait peut-être
préférable de donner plus de pouvoirs au juge en chef de la Cour
supérieure et de la Cour du Québec pour vraiment décider,
dans chaque cas, s'il y a ou non exagération quant au délai pour
rendre jugement, plutôt que de donner un délai systématique
de 6 mois; parce que là, maintenant, c'est 6 mois. À partir du
moment où les 6 mois seront dépassés, il y aura action, il
pourra y avoir action du juge en chef.
Je sais qu'une des préoccupations du ministre est justement de ne
pas interférer dans le processus judiciaire, pour respecter cette
division des pouvoirs entre le pouvoir législatif et le pouvoir
judiciaire. Mais je me demande justement si ce n'est pas une plus grande
ingérence d'imposer un délai de 6 mois, comme c'est
présentement, plutôt que de donner des pouvoirs
supplémentaires au juge en chef.
En effet, M. le Président, le juge en chef, présentement,
dans l'état actuel de notre droit, n'a que des pouvoirs symboliques pour
pouvoir discipliner ses juges. Et ça a donné lieu à des
situations, je pense, tout à fait déplorables. Le juge en chef,
pour pouvoir mettre au pas certains de ses juges récalcitrants, a
été dans l'obligation de faire en sorte que des noms de juges
apparaissent dans les journaux et qu'une certaine pression populaire fasse en
sorte que ces juges se sentent pressés de rendre jugement. Je pense que
ça porte un discrédit à notre système judiciaire,
finalement, de voir le nom de juges dans les journaux et de faire en sorte de
presser les juges à rendre jugement de cette façon-là. Je
pense que c'était inacceptable et ça démontrait, d'une
certaine façon, l'impuissance du juge en chef pour régler cette
situation.
Et je me demande, justement, si on n'aurait pas dû aller dans
cette voie de donner plus de pouvoirs au juge en chef. Je pense que le juge en
chef, autant de la Cour supérieure que de la Cour du Québec, est
plus à même d'évaluer car par cas s'il y a ou non
exagération dans le délai pour rendre un jugement. Je me pose
cette question et je pense qu'on pourra avoir des échanges
intéressants en commission parlementaire là-dessus, à
savoir si la formule qui a été retenue ici est vraiment
appropriée, d'autant plus, M. le Président, qu'en mettant ainsi
un délai de six mois, je me demande si on ne portera pas une pression
indue sur tout le système, sur tout l'appareil judiciaire. Il ne faut
pas penser que c'est toujours de la paresse de la part d'un juge de ne pas
rendre jugement. Il y a des jugements qui sont fort complexes, qui ont
nécessité des auditions qui ont même dépassé
une année. Alors, on peut comprendre que, dans plusieurs de ces cas, il
est tout à fait impossible de rendre jugement dans les six mois.
Il faut aussi comprendre que les juges ont certaines périodes
pour délibérer et certaines périodes pour être en
audition. Alors, il est assez difficile de prévoir comment les juges
pourront justement accommoder leurs horaires pour maintenant se plier à
cette exigence, qui va leur être imposée, de six mois. Alors, je
pense que ce sont des questions pratiques qui pourront donner lieu à des
échanges intéressants et nous pourrons regarder
concrètement quel sera l'impact de ces dispositions.
Un autre aspect de cette réforme qui est proposée
m'inquiète aussi. C'est le fait que, à partir du moment où
le juge en chef va considérer que le juge qui a entendu la cause prend
trop de temps pour rendre son juge-
ment, il pourra retirer le dossier des mains du juge pour le donner
à un deuxième juge. Et le deuxième juge devra rendre
jugement sur la vue des notes sténographi-ques du procès. Je me
demande la question, à savoir: Est-ce que cette disposition ne mettra
pas un coût supplémentaire indu sur notre système?
Ça coûte très cher, des notes sténographiques pour
un procès de 2 jours, de 3 jours. Je me demande aussi dans quelle mesure
un juge qui n'a pas vu les témoins, qui n'a pas entendu les
témoins et qui se fie uniquement à la lecture de notes
sténographiques peut rendre un jugement de la même qualité
qu'un juge qui a vu les parties. C'est important, cet aspect humain de voir les
parties, de voir les témoins, de pouvoir apprécier leur
crédibilité, de pouvoir apprécier... M. le
Président, je sais que vous êtes vous-même avocat, vous avez
pu vivre des procès, voir à quel point la
crédibilité, l'effet qu'un témoin peut laisser sur un
juge, à quel point ça peut être important dans un jugement,
dans l'appréciation de la preuve. Et tout cet élément va
être absent pour un juge qui aura uniquement les notes
sténographiques pour évaluer le procès qui s'est
déroulé il y a quelques mois. Alors, il faut se demander,
à ce moment-là, donc: Est-ce que ça va affecter la
qualité des jugements? On peut aussi se demander: Est-ce que, pour
quelques juges qu'on pourrait peut-être dire qu'ils sont lambins ou
retardataires, il était justifié, à ce moment-là,
d'imposer à tous les juges un délai de six mois? Je pense que
ça va donner lieu, M. le Président, en commission parlementaire
à des débats très intéressants, et je peux tout de
suite dire au ministre de la Justice que l'Opposition va lui apporter toute sa
collaboration justement pour trouver des solutions concrètes, des
approches concrètes qui vont pouvoir vraiment régler cette
situation qui prévaut, de délais trop longs dans notre processus
judiciaire.
Mais, comme je l'ai toujours dit, en matière de justice, on ne
doit pas uniquement tenter de régler des problèmes
administratifs. Je pense que la première préoccupation qui doit
toujours être dans notre esprit est le fait vraiment que l'appareil
judiciaire répond aux besoins de la société en
matière de justice et que le système de justice garde,
revêt toutes les apparences de droit, toutes les qualités
auxquelles on s'attend qui soient justement attribuées à notre
système judiciaire. On doit, des fois, faire, je pense, bien attention.
Des fois, en voulant uniquement corriger un problème administratif, on
peut créer des situations qui vont entacher le système
judiciaire. (22 h 40)
Quant au dernier point que je voudrais aborder relativement à ce
projet de loi, c'est le fait que maintenant l'exécution provisoire sera
la norme dans certains jugements et sera rendue automatique, sans demande d'une
partie. Ceci en soi, je pense, M. le Président, n'est pas reprehensible
et, même, je pense, souhaitable à prime abord. On pourra le voir
lors d'échanges qui auront lieu à l'étude article par
article du projet de loi. Mais on peut se demander pourquoi, uniquement dans
certains cas, il y a possibilité d'exiger caution. En vertu du projet de
loi qui est déposé, un individu peut exiger caution ? s'il y
a exécution provisoire du jugement ? uniquement dans les cas
où il y a eu urgence exceptionnelle ou quelque autre raison
spéciale qui a nécessité l'exécution provisoire.
Alors, pourquoi avoir prévu le cas, la possibilité d'une caution
uniquement dans ce cas-là, alors que l'exécution provisoire, dans
tous les autres cas, peut causer des préjudices très
sérieux? Et, moi, je me demande, M. le Président, si, justement,
on n'aurait pas dû prévoir la possibilité d'exiger une
caution dans tous les cas où, justement, l'exécution provisoire a
lieu. Alors, ça serait peut-être, je pense, en tout cas, une
avenue à regarder, une avenue à discuter.
Mais, je le rappelle, M. le Président, je pense que ce projet de
loi sera très intéressant à débattre. Il y aura des
discussions qui seront, je pense, très productives, et on doit toujours
garder à l'esprit, je pense, le fait que notre système de justice
doit être le plus efficace possible, tout en permettant aux citoyens de
faire reconnaître leurs droits. Je vous remercie M. le
Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Anjou.
Est-ce que la motion proposant l'adoption du principe du projet de loi
93, Loi modifiant le Code de procédure civile et la Charte des droits et
libertés de la personne, est adoptée?
Une voix: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Bélisle: J'ai une motion, M. le Président, pour
que ledit projet de loi 93 soit déféré à la
commission des institutions pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Article 6, M. le Président.
Projet de loi 88 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 6 de
notre feuilleton, M. le ministre de la Justice propose l'adoption du principe
du projet de loi 88, Loi modifiant la Loi sur les substituts du procureur
général. M. le ministre de la Justice, vous avez droit à
une intervention de 60 minutes.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Je vous remercie, M. le Président. Le
projet de loi 88, Loi modifiant la Loi sur les substituts du procureur
général, dont nous étudions aujourd'hui le principe,
propose des modifications qui visent, en premier lieu, à faciliter le
mode de nomination des substituts occasionnels du procureur
général et à les assujettir à l'obligation faite,
actuellement, aux substituts permanents de s'occuper exclusivement de leur
travail et des devoirs de leur fonction. Elle vise, de plus, à changer
l'appellation des procureurs qui occupent des fonctions d'encadrement par celle
de «substitut». D'autres modifications portent sur les
activités politiques incompatibles avec la fonction de substitut du
procureur général.
Le réseau des substituts du procureur général, M.
le Président, compte 331 substituts permanents répartis dans 42
bureaux situés sur l'ensemble du territoire. Ils sont chargés,
principalement, d'assumer la poursuite des infractions au Code criminel et aux
lois statutaires pénales. Ces substituts permanents sont nommés
par le procureur général. Les réseau des substituts du
procureur général compte également des substituts
occasionnels qui sont embauchés sur une base temporaire, pour combler
une vacance en raison d'un congé sans solde, d'un congé de longue
durée de maladie ou de maternité. Ils sont nommés par
décret du gouvernement. Le projet de loi vise donc, M. le
Président, à uniformiser le mode de nomination de tous les
substituts. Il prévoit de plus que la rémunération des
substituts occasionnels ainsi que leurs avantages sociaux et autres conditions
de travail seront fixés ? comme ceux des substituts permanents
? conformément aux normes que le gouvernement détermine par
voie réglementaire. Il prévoit également, par
cohérence législative, étendre aux substituts occasionnels
l'obligation prévue dans la loi pour les substituts permanents d'exercer
leurs fonctions de façon exclusive.
Par ailleurs, l'article 6 de la Loi sur les substituts du procureur
général prévoit, M. le Président, que le procureur
général peut nommer, parmi les substituts permanents, des
procureurs chefs et des procureurs chefs adjoints. C'est la seule disposition
de cette loi qui emploie l'expression «procureur» pour
désigner un substitut. Le projet de loi propose donc de remplacer
l'appellation de «procureur chef» et «procureur chef
adjoint» par celle de «substitut en chef» et «substitut
en chef adjoint» par cohérence avec l'expression de
«substitut» utilisée ailleurs dans la loi et, plus
particulièrement, dans le titre même.
Le projet de loi 88 propose, de plus, M. le Président, des
dispositions qui sont fondamentales au maintien essentiel de la confiance du
public dans la crédibilité du système des poursuites
criminelles. Ce sont les dispositions visant à préserver la
neutralité politique réelle et apparente des substituts du
procureur général. On sait, en effet, que le procureur
général a un statut particulier au sein du pouvoir
exécutif et qu'il doit, dans l'administration de la justice criminelle
et pénale, agir en toute indépendance et de façon
apolitique. Le rôle du procureur général en matière
criminelle et pénale exige que ses décisions soient
entièrement à l'abri de toute ingérence politique et
soient perçues comme telles par les justiciables.
Or, les substituts exercent au nom du procureur général
les pouvoirs de ce dernier. Il apparaît donc essentiel non seulement
d'assurer leur autonomie décisionnelle vis-à-vis du pouvoir
politique, mais de maintenir la confiance du public dans l'institution qu'ils
représentent. Au nom du procureur général, les substituts
assument plus particulièrement la fonction de poursuivant en
matière criminelle et pénale. Il leur appartient, en regard de
l'intérêt public et compte tenu de la preuve légalement
admissible, de décider d'intenter ou non des poursuites.
Il y a quelques années d'ailleurs, la Cour suprême
reconnaissait dans l'affaire Nelles que la décision d'intenter ou non de
telles poursuites est en quelque sorte une décision de nature
judiciaire. Pareille qualification exige des substituts un degré
d'objectivité, d'indépendance et de modération qui
s'apparente à celui exigé des juges et auquel les justiciables
sont en droit de s'attendre. En vue de donner à la population la
garantie que les décisions de ces personnes ne seraient pas
influencées par des considérations politiques partisanes, le
législateur québécois a adopté, en 1969, la Loi sur
les substituts du procureur général et y a introduit le principe
de la permanence de cette fonction.
Par la même occasion, il devait, comme il l'a fait, inclure dans
cette loi l'article 8 actuel qui prévoit que les substituts permanents
ne peuvent, sous peine de destitution, se porter candidats à une
élection fédérale, provinciale, municipale ou scolaire, ni
se livrer à une activité partisane en faveur d'un candidat ou
d'un parti politique. Tout en reconnaissant, M. le Président,
l'importance de cet objectif, la Cour supérieure a cependant
jugé, en mai 1990, que cette mesure était contraire à
l'article 3 de la Charte canadienne des droits et libertés et ne pouvait
se justifier, puisqu'on ne préservait pas le lien d'emploi dans la
fonction publique au substitut exerçant son droit à
l'éligibilité électorale.
Le présent projet de loi vise donc à poursuivre l'objectif
de donner aux citoyens la garantie d'apparence de neutralité politique
essentielle au maintien de la confiance du public dans la fonction de substitut
du procureur général, tout en préservant le droit des
individus de se livrer à des activités politiques. Pour atteindre
cet objectif, le projet de loi reprend de la loi actuelle le principe de
l'incompatibilité de l'engagement politique partisan avec le statut de
substitut du procureur général. Il prévoit qu'un substitut
permanent ne peut, tant qu'il conserve ce statut, se livrer à des
activités politiques partisanes telles que se porter candidat à
une élection fédérale, provinciale, municipale ou scolaire
ainsi qu'être membre d'un parti politique ou verser une contribution
à un parti ou à un candidat à une telle élection.
Toutefois, bien que certains puissent qualifier de nature partisane l'exercice
de l'ensemble des droits politiques reconnus aux citoyens et citoyennes, il
m'apparaît op-
portun de distinguer ceux que l'on peut qualifier davantage de droits
démocratiques, tel le droit de vote, de ceux de nature essentiellement
politique.
Dans cet esprit, M. le Président, le projet de loi propose donc
d'exclure de la notion d'activité de nature partisane l'exercice du
droit de vote, du droit d'assister à une assemblée publique de
nature politique et la possibilité de se porter candidat à une
charge publique élective autre que celles expressément
interdites. Dans l'exercice de ces activités, les substituts devront
néanmoins faire montre de réserve dans la manifestation publique
de leurs opinions, comme les y contraint déjà la Loi sur la
fonction publique à laquelle ils demeurent, par ailleurs,
assujettis.
En plus d'apporter des précisions par rapport à l'article
8 actuel, le projet de loi propose, M. le Président, des dispositions
visant à suppléer au silence de la loi en matière de lien
d'emploi pour le substitut qui désirerait exercer une activité
qui lui serait interdite. Il prévoit le maintien du lien d'emploi au
sein de la fonction publique à tout substitut permanent qui
désirerait s'engager politiquement comme peuvent le faire les autres
personnes actuellement régies par la Loi sur la fonction publique.
Ce substitut devra toutefois informer sans délai le
sous-procureur général de son intention d'exercer des
activités politiques partisanes, afin que celui-ci lui attribue, en
fonction de ses aptitudes, un nouveau classement dans une classe d'emploi de la
fonction publique, dont les conditions minimales d'admission sont
équivalentes à celles à laquelle il appartient et dont le
niveau de traitement est substantiellement équivalent. En outre,
l'attribution de ce nouveau classement sera faite après consultation du
substitut concerné et dans les meilleurs délais, afin de
permettre l'exercice en temps utile de l'activité politique
désirée. L'attribution d'un nouveau classement ne pourra
entraîner une diminution du traitement régulier ni des avantages
sociaux auxquels le substitut avait jusqu'alors droit. Une fois le nouveau
classement attribué, la personne qui en fait l'objet pourra se
prévaloir des dispositions de la Loi sur la fonction publique
relativement à l'exercice des activités politiques, puisqu'elle
ne sera plus soumise à la Loi sur les substituts du procureur
général. Elle pourra alors demander un congé sans solde
auquel elle aura droit, notamment, pour présenter sa candidature
à des élections fédérales, provinciales,
municipales ou scolaires ou pour devenir l'agent officiel d'un candidat
à une telle élection. (22 h 50)
Mentionnons également, M. le Président, qu'afin de porter
le moins possible atteinte aux droits, comme l'exigent les tribunaux, le projet
de loi prévoit même l'attribution du nouveau classement au
substitut qui fait défaut d'informer le sous-procureur
général de son engagement politique partisan. Ce substitut
s'exposera toutefois à voir ce nouveau classement accompagné
d'une sanction disciplinaire pour un tel manquement, puisqu'il continuera
d'être régi par les normes d'éthique et de discipline
prévues dans la Loi sur la fonction publique.
Telles sont donc, M. le Président, les modifications
proposées par le projet de loi 88, dont la plus importante constitue le
compromis acceptable permettant à la fois de garantir la
neutralité politique réelle et apparente des personnes oeuvrant
au sein d'une institution démocratique fort importante, tout en
permettant à celles-ci d'exercer des droits par ailleurs forts
légitimes.
En terminant, permettez-moi, M. le Président, de rappeler
l'importance de la fonction de substitut du procureur général
à l'égard des citoyens, des citoyennes et de la
société en général. Les décisions qu'il
prend quotidiennement dans l'exercice de sa fonction de poursuivant public
exigent du substitut qu'il analyse avec objectivité et
impartialité les faits qui sont portés à sa connaissance
et qu'il évalue, à la manière d'un juge, la preuve dont il
dispose afin d'éviter de traduire un individu sans fondement
légal. Son rôle de représentant de la société
dans la fonction qu'il exerce au sein de l'appareil judiciaire et la nature des
gestes qu'il pose dans l'exécution de ses fonctions requièrent de
lui une grande réserve dans son comportement public. Il constitue un
intermédiaire dont la neutralité est essentielle à l'image
même de la justice, et les décisions qu'il prend doivent
être justes, équitables et non biaisées.
L'importance de cette image découle directement de la nature
même des pouvoirs que la loi lui attribue. C'est à lui qu'il
revient de suspendre des procédures ou de refuser de poursuivre sans que
le tribunal n'ait à s'enquérir des motifs. C'est sur lui
également que repose la responsabilité et la décision de
poursuivre, laquelle comporte en matière criminelle des incidences
majeures sur la personne en cause, sans oublier les stigmates sociaux ou
l'opprobe qui risquent d'en découler, dépendamment de l'issue
d'un procès. Sa neutralité, tant apparente que réelle,
s'avère alors très importante. C'est ce que je veux
protéger et ce que veut protéger ce projet de loi 88 en
préservant l'image d'impartialité de l'institution à
laquelle les substituts appartiennent. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
la Justice. Sur le même sujet, je cède la parole à M. le
député d'Anjou.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président. Suite au dépôt de ce projet de loi, j'ai eu des
échanges avec des représentants de l'Association des substituts
du procureur général. À ma grande surprise, ils m'ont fait
part qu'ils n'avaient pas été du tout consultés sur ce
projet de loi qui est présentement déposé à
l'Assemblée nationale.
Je dis bien «à ma grand surprise», M. le
Président, parce que je sais à quel point le ministre valorise,
considère ces substituts du procureur général. Quand on
dépose un projet de loi qui affecte la vie personnelle des gens qui
travaillent dans ces fonctions, je pense qu'il aurait été
important, afin qu'ils se sentent impliqués, qu'ils se sentent
consultés, qu'on les voit, qu'on les
consulte sur un tel projet de loi. Comme je vous dis, M. le
Président, je trouve ça quand même dommage qu'il n'en ait
pas été ainsi.
J'aimerais reprendre quelques aspects de ce projet de loi.
Premièrement, une surprise à la lecture de ce projet de loi,
c'est qu'on s'attendait que l'article 4 de la Loi sur les substituts du
procureur général soit modifié. En effet, dans le milieu
de la couronne, on pensait que ça serait cet article-là en
particulier qui serait modifié par ce projet de loi. Cet alinéa,
cet article limite la fonction d'autorisation des poursuites par les substituts
aux seules poursuites où l'autorisation préalable du procureur
général n'est pas requise.
M. le Président, même un sous-ministre, le sous-ministre
associé, Me Michel Bouchard, avait fait part de son souhait de voir
cette limite abolie quant aux pouvoirs des substituts du procureur
général. Il faut croire, M. le Président, que cette
recommandation du sous-ministre associé, Me Bouchard, n'a pas
été suivie. Donc, cette limite reste dans la loi. Donc, certaines
autorisations échappent toujours aux pouvoirs des substituts du
procureur général, et ce, bien qu'une certaine jurisprudence
reconnaîtrait ce droit des substituts du procureur général
d'autoriser de telles poursuites.
Le deuxième aspect de cette loi qui, d'après moi, est
très important et va avoir des conséquences quand même
particulières sur la vie des substituts du procureur
général est la modification de l'article 8 de la loi sur le
procureur général. On sait que l'article 8 actuel prohibe, sous
peine de destitution, un substitut de se porter candidat à une
élection fédérale, provinciale, municipale ou scolaire et
interdit le fait de se livrer à une attitude partisane en faveur d'un
parti politique ou d'un candidat. Donc, cet article 8 va maintenant être
abrogé et va être remplacé par un article 9.1 et 9.2.
À cet égard, le nouvel article 9.1 prohibe les comportements
suivants: le fait d'être membre d'un parti politique, le fait de verser
une contribution à un parti politique, à une instance d'un parti
politique ou à un candidat à une élection
fédérale, provinciale, municipale ou scolaire, le fait de se
livrer à une activité de nature partisane en faveur ou contre un
parti politique ou un candidat à une élection
fédérale, provinciale, municipale ou scolaire. Par contre,
l'article 9.2 du projet de loi précise que l'exercice du droit de vote,
le fait de se porter candidat à une charge publique élective
autre qu'une candidature à une élection fédérale,
provinciale, municipale ou scolaire et l'assistance à une
assemblée publique de nature politique ne constitueront pas une
activité de nature partisane.
Il faut tout de suite constater, M. le Président, quand
même, que c'est une amélioration par rapport à l'article 8.
Parce que l'article 8 prévoyait qu'à partir du moment où
un substitut du procureur général se présentait comme
candidat, c'était la destitution. Maintenant, ce nouvel article
prévoit tout simplement qu'il va y avoir un reclassement du
substitut.
On peut, cependant, se poser la question: Est-ce que le simple fait de
prendre un carte de parti ou de faire un don à un parti politique,
à ce moment-là, ce reclassement n'est pas une sanction
disproportionnée,
M. le Président? Je me pose sérieusement la question. Le
simple fait de donner 50 $ à un parti politique maintenant, avec ce
projet de loi là, il va falloir en aviser le procureur
général et, à ce moment-là, il va falloir
être reclassé dans un autre domaine de la fonction publique pour
pouvoir donner 50 $ à un parti politique.
Alors, M. le Président, premièrement, ce que je remarque,
c'est que, d'après moi, cette disposition est contraire à
l'article 2 de la Charte canadienne des droits et libertés parce qu'elle
entrave la liberté d'opinion et d'expression et la liberté de
réunion. Et, deuxièmement, l'interdiction aussi de se porter
candidat à une élection, quant à moi, ça
contreviendrait à l'article 3 de la Charte canadienne des droits qui
consacre le droit à l'éligibilité électorale.
Alors, je me demande, M. le Président, si cette disposition quant au
simple fait de devenir membre d'un parti, de donner à un parti
politique, est-ce que le fait d'être reclassé, ce n'est pas un peu
disproportionné, surtout quand ça viole ainsi la Charte
canadienne des droits de la personne?
On pourrait, remarquez, M. le Président... Maintenant, avec cette
disposition, on va assimiler les substituts du procureur général
aux mêmes conditions qui sont imposées aux magistrats. Pourtant,
on n'accorde aux substituts du procureur général aucune
compensation légale ou financière pour la perte de ce droit qui,
d'après moi, M. le Président, est fondamental. (23 heures)
Une autre question que je me pose, M. le Président, c'est:
Pourquoi imposer une telle rigueur, une telle virginité aux substituts
du procureur général, alors que le procureur en chef, le
procureur du Québec, le procureur général du Québec
est lui-même membre d'un parti politique ? il est même
député, il est même ministre? M. le Président, loin
de moi la pensée de prétendre que le fait que le procureur
général du Québec, parce qu'il est membre d'un parti
politique, parce qu'il est ministre, perd quelconque qualité
d'être procureur général du Québec. Alors, si le
procureur général, lui, peut tout faire au niveau politique,
pourquoi à ces sustituts, on leur impose une telle restriction, une
telle impossibilité de s'impliquer de quelque façon que ce soit
dans la vie politique de leur pays. Alors, je pense qu'il faut se poser des
questions; il faut regarder attentivement le bien-fondé de telles
dispositions.
De plus, dans le projet de loi, M. le Président, on ne parle
nullement de la réintégration des substituts du Procureur
général, suite à un retour à la vie publique. En
effet, M. le Président, on peut facilement penser qu'un
député qui était auparavant substitut du Procureur
général et qui décide de se retirer de la vie politique
? ou, tout simplement, qui est défait lors d'une élection
? et qui veut réintégrer le poste de Procureur
général, quel sort lui réserve-t-on? Il n'y a rien dans le
projet de loi, M. le Président, et je pense qu'on devrait prévoir
une réintégration, parce qu'il y a de nombreux juges,
présentement, à la Cour du Québec et à la Cour
supérieure, qui sont d'anciens ministres de la Justice ou d'anciens
députés à l'Assemblée nationale, et loin de moi la
pensée que, parce qu'ils ont été députés ou
mi-
nistres, ils perdent une quelconque qualité à être
juge. Alors, je pense qu'on devrait permettre, M. le Président, en tout
cas, certaines dispositions pour prévoir qu'un député qui
était procureur, assistant au Procureur général, puisse
réintégrer ses fonctions dans le cas, tout simplement, où
il abandonne la vie politique. Alors, ce sont, je pense, des dispositions qui
pourront donner lieu à des échanges intéressants lors de
l'étude article par article de ce projet de loi.
Je me permets aussi d'aborder, M. le Président, toute la question
du traitement des procureurs de la couronne. Comme je l'ai dit tout à
l'heure, le ministre a souvent vanté le travail de ses procureurs de la
couronne. Il a toujours dit qu'il appréciait leur travail. Il faut
donner au crédit, je pense, du ministère de la Justice, certains
efforts qui ont été faits récemment pour améliorer
les conditions de travail des substituts du Procureur général. En
effet, leur rémunération a été augmentée
dans les années passées. On a aussi embauché des effectifs
supplémentaires. Je pense aussi qu'on a fait certains efforts pour
revaloriser le travail des substituts du Procureur général en
composant des groupes spéciaux pour attaquer certains problèmes
de la criminalité, en particulier, à Montréal, des
problèmes de drogue, de lutte contre la drogue.
On a aussi voulu revaloriser, je pense, le travail des substituts du
Procureur général par l'instauration de systèmes de
poursuites verticales qui existent dans certains districts judiciaires. On
sait, M. le Président, que la poursuite verticale, c'est le fait, pour
un procureur de la couronne qui est saisi d'un dossier, de rester constamment
saisi de ce dossier tout au long des différentes étapes du
processus pénal. Je pense que c'est plus valorisant, M. le
Président, pour le substitut et, en même temps, c'est plus
réconfortant, aussi, pour la victime de l'acte criminel de voir qu'un
substitut en particulier est chargé de son dossier, qu'il suit le
dossier du début de ce dossier jusqu'à la fin.
Alors, M. le Président, malgré qu'on ait fait, je pense,
un travail important pour revaloriser le travail des substituts, pour
améliorer, aussi, je pense, la satisfaction des procureurs, dans un
même temps, M. le Président, on apprenait en avril dernier qu'il y
aurait des coupures de 27 postes de procureurs et de personnel de soutien
à la couronne du Québec, tout ceci, pour des fins
d'économie de 1 600 000 $. Alors, M. le Président, je me demande
jusqu'à quel point, pour faire ces quelques économies
momentanées, M. le Président, on ne mettra pas un peu en
péril tous ces gains qui avaient été faits ces
dernières années. Je pense que c'est regrettable, M. le
Président, et j'ai encore peine à comprendre, un peu, l'inaction
du ministre de la Justice dans ce dossier pour, justement, défendre ses
procureurs de la couronne que, dit-il, il apprécie tant.
Et j'aimerais aussi avoir certaines explications, M. le
Président, relativement à certaines nominations. En effet, alors
qu'on apprenait au mois d'avril, M. le Président, qu'il allait y avoir
des coupures de 27 postes, dans un même temps, au mois de mai dernier, ce
mois de mai, on apprenait qu'il y avait 4 nouveaux substituts occasionnels qui
étaient nommés comme substituts du Procureur
général. Donc, pourquoi annonce-t-on la coupure de 27 postes de
procureurs et de personnel de soutien, et que, dans un même temps, on
procède à la nomination de 4 substituts occasionnels?
En tout cas, ce sont des questions que je me pose, M. le
Président. Je pense que, encore là, il y a place à des
débats constructifs sur toute la problématique du travail des
substituts du Procureur général, qui sont, je pense, un des
apports importants de notre société relativement à la
criminalité, et à qui, je pense, il incombe un fardeau
très important relativement à la lutte contre la
criminalité.
Alors, M. le Président, encore là, le ministre de la
Justice peut compter sur la collaboration de l'Opposition quant à des
échanges constructifs. Je pense qu'encore là ce doit être
l'intérêt de la justice qui doit primer dans ce débat, et
on doit s'attendre à ce que notre système de justice
réponde de la façon la plus adéquate possible aux attentes
des citoyens, surtout dans un domaine aussi délicat que le droit
criminel et pénal.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Anjou.
Mise aux voix
Est-ce que la motion proposant l'adoption du principe du projet de loi
88, Loi modifiant la Loi sur les substituts du procureur général,
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Bélisle: Je fais motion, M. le Président, pour
que le projet de loi 88 soit déféré à la commission
des institutions pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
M. Bélisle: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Article 11, M. le Président.
Projet de loi 94 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 11 de
notre feuilleton, M. le ministre de la Justice propose l'adoption du principe
du projet de loi 94, Loi modifiant
la Loi sur les tribunaux judiciaires.
M. le ministre de la Justice, je vous cède la parole.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président, c'est
très gentil. Je vous remercie.
Le projet de loi 94, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires,
propose, M. le Président, une modification visant la tarification des
frais judiciaires et des droits de greffe des tribunaux ayant compétence
en matière civile. La tarification actuelle, adoptée en vertu de
l'article 224 de la Loi sur les tribunaux judiciaires, prévoit le
montant des frais judiciaires et des droits de greffe qui doivent être
versés pour la production des actes de procédures judiciaires aux
greffes des tribunaux civils. Ce tarif prévoit également les
droits de greffe payables pour la prestation de certains services comme, par
exemple, l'obtention de copies des archives judiciaires. Ce tarif ne fait pas
de différence entre le montant des frais et droits exigibles d'une
personne physique et ceux exigibles d'une personne morale. Or, les personnes
morales peuvent déduire de leurs revenus non seulement les frais
judiciaires, mais également l'ensemble des frais engendrés par un
recours judiciaire, tels les honoraires d'avocats, alors que les personnes
physiques ne peuvent généralement pas se prévaloir de
cette déduction fiscale. De ce fait, les personnes morales disposent de
moyens plus étendus que les personnes physiques en ce qui concerne les
recours aux tribunaux ayant compétence en matière civile.
Afin d'établir un plus grand équilibre entre ces
personnes, il m'apparaît approprié, M. le Président, que la
tarification des frais judiciaires tienne compte de cette situation. À
cette fin, le projet de loi 94 propose d'octroyer au gouvernement le pouvoir
d'établir par règlement des frais judiciaires et des droits de
greffe différents, selon qu'ils seraient exigibles d'une personne
physique ou d'une personne morale. Cette disposition, M. le Président,
reprend l'approche qui a été adoptée récemment en
matière de recouvrement des petites créances. Vous vous
souviendrez que la Loi modifiant le Code de procédure civile en
matière de recouvrement des petites créances, sanctionnée
le 22 décembre 1992, prévoit, en effet, l'établissement
par règlement d'une tarification différente pour les personnes
morales de celle applicable aux personnes physiques. Un projet de
règlement a d'ailleurs été publié à la
Gazette officielle du Québec, ce printemps, en matière de
petites créances et devrait être adopté dans les prochaines
semaines.
En terminant, M. le Président, j'aimerais rappeler qu'en
permettant l'adoption d'une tarification différente entre les personnes
physiques et les personnes morales, le projet de loi 94 devrait assurer un plus
grand équilibre dans l'exercice des recours judiciaires opposant une
personne physique à une personne morale et permettre une tarification
adaptée à cette réalité.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
la Justice.
M. le député d'Anjou, je vous cède la parole.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président.
Très brièvement... M. le Président, c'est nouveau,
dans notre droit, que maintenant il va y avoir des tarifs spéciaux, des
frais judiciaires spéciaux pour les personnes morales et les personnes
physiques. J'espère ? ça, on pourra le savoir lors de
l'étude article par article du projet de loi ? que nous aurons en
même temps un projet de règlement, au moins une grille de
tarification qui nous permettra d'apprécier comment le ministre a,
justement, évalué cette capacité de paiement des
corporations par rapport aux personnes physiques.
Un point qui m'embête toujours un petit peu avec les personnes
morales, M. le Président, c'est que, là, évidemment, on va
donner des tarifs fixes pour les personnes morales alors qu'on doit comprendre,
M. le Président, qu'il y a certaines personnes morales...
Évidemment, on prend une personne morale, une compagnie à
actionnaire unique, on peut comprendre que ses moyens financiers sont quand
même très restreints; d'un autre côté, on a des
personnes morales, genre multinationales ou divisions ou filiales de
multinationales, qui, elles, ont des ressources quasi illimitées. Donc,
il faut toujours faire attention, M. le Président, quand on parle,
évidemment, de tarifs pour des personnes morales, de voir de quelle
façon c'est proportionné et quel va être aussi l'impact
quant aux revenus à escompter d'une telle procédure. (23 h
10)
On a vu, en tout cas, la matérialisation de ce nouveau concept de
différenciation entre personne morale et personne physique dans le
règlement qui a été publié dans la Gazette
officielle du 7 avril 1993. On a vu que le ministre de la Justice a
publié le tarif qui maintenant devra être payé par les
personnes morales et les personnes physiques qui voudront avoir accès
à la Cour des petites créances.
On se souviendra, M. le Président, que, quant à moi, j'ai
toujours eu des réticences à permettre l'accès des
personnes morales à la Cour des petites créances. Pour une bonne
raison, M. le Président: je crains ? et j'espère me tromper
sincèrement ? qu'il y ait engorgement de la Cour des petites
créances, vu, maintenant, qu'on a fait passer le seuil
d'admissibilité des créances de 1000 $ à 3000 $, ce qui va
provoquer une augmentation du nombre de causes. Dans un même temps, M. le
Président, on a maintenant permis aux personnes morales d'avoir
accès à cette Cour des petites créances pour le même
montant de 1000 $ à 3000 $. Donc, M. le Président, il faut se
poser la question, à savoir: est-ce qu'on va assister à un
engorgement? Je ne pense pas que ça va être le fait de donner un
tarif différent pour une personne morale, en tout cas, dans le cas de la
Cour des petites créances, qui va avoir un effet sur le nombre de
causes. Mais, j'espère me tromper, M. le Président.
J'espère que, justement, cette ouverture faite aux personnes morales
à la Cour des petites créances n'aura pas d'impact
significatif.
Vous comprendrez, M. le Président, que, sur un projet de loi qui
ne comporte qu'un article, le débat ne sera pas long. Encore là,
le ministre de la Justice peut compter sur la collaboration de l'Opposition
pour que le débat soit constructif.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Taillon.
D'autres interventions? M. le député de Chapleau? M. le
ministre?
Mise aux voix
Est-ce que la motion proposant l'adoption du principe du projet de loi
94, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Bélisle: M. le Président, je fais motion pour
que le projet de loi 94 soit déféré à la commission
des institutions pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Enfin, M. le Président, article 5 de
notre feuilleton.
Projet de loi 87 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 5 de
notre feuilleton, M. le ministre de la Justice propose l'adoption du principe
du projet de loi 87, Loi modifiant la Loi sur l'aide juridique.
M. le ministre de la Justice, vous avez droit à une intervention
de 60 minutes.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, le projet de loi 87,
intitulé Loi modifiant la Loi sur l'aide juridique, que nous examinons
aujourd'hui est essentiellement technique et vise uniquement à
améliorer le rendement finan- cier d'une entente
fédérale-provinciale déjà conclue depuis plusieurs
années.
En effet, M. le Président, ce projet de loi doit être
considéré dans l'optique de l'entente concernant le Régime
d'assistance publique du Canada conclue entre le gouvernement du Québec
et celui du Canada en 1967. Des modifications apportées au
règlement du Régime d'assistance publique du Canada ont permis,
il y a quelques années, de faire inclure au chapitre des dépenses
partagées celles relatives à l'aide juridique en matière
civile.
Dès lors, seules les dépenses pour l'aide juridique civile
assumées par la Commission des services juridiques étaient
partagées avec Ottawa, dans la mesure où les
bénéficiaires de l'aide juridique étaient également
admissibles aux critères du Régime d'assistance publique du
Canada.
Un examen récent de l'ensemble des dépenses du
ministère de la Justice, dans le cadre de l'aide juridique, a permis de
constater que les bénéficiaires étaient exemptés du
paiement des droits de greffe, déboursés de cour et autres droits
qu'un régistrateur aurait pu percevoir. Le ministère devait
assumer seul le coût du traitement de ces dossiers par l'appareil
judiciaire. Comme ces dépenses n'apparaissaient pas au budget de la
Commission des services juridiques, M. le Président, elles ne figuraient
pas dans la proclamation formulée auprès du gouvernement du
Canada.
Des négociations entre les 2 gouvernements ont permis d'en
arriver à une entente de principe concernant le partage de ces
dépenses. Pour donner suite à cette entente, le projet de loi
vise donc à modifier la Loi sur l'aide juridique en vue de créer
l'obligation, pour la Commission des services juridiques, de rembourser
annuellement les droits de greffe et autres déboursés au
gouvernement du Québec de manière à pouvoir
réclamer le partage de ces dépenses en vertu de l'entente sur le
Régime d'assistance publique du Canada, et ce, à compter du 1er
janvier 1992.
Cette modification, M. le Président, n'affecte en rien
l'exemption du paiement de ces droits applicables aux
bénéficiaires de l'aide juridique. Cette exemption est maintenue
intégralement.
De même, M. le Président, il est important de signaler que
ce projet de loi donne suite à une démarche de rationalisation et
d'amélioration de la gestion des ententes
fédérales-provinciales en matière de partage de
coûts au ministère de la Justice. À cet égard, je
tiens à rappeler que les dépenses de la Commission des services
juridiques pour l'aide juridique en matière civile sont partagées
en vertu d'une entente entre le ministère de la Santé et du
Bien-être social du Canada et le ministère de la Santé et
des Services sociaux du Québec. Dans ce contexte, le projet de loi 87
est le résultat de négociations menées en étroite
collaboration avec mon collègue, le ministre de la Santé et des
Services sociaux, de même qu'avec son homologue, l'honorable Benoît
Bouchard, ministre responsable au niveau fédéral. M. le
Président, c'est ainsi qu'en 1991-1992 et 1992-1993, 30 993 500 $ et 29
347 000 $ seront versés par Ottawa au titre du
partage des dépenses pour l'aide juridique en matière
civile au Québec.
Comme vous le savez, M. le Président, il ne s'agit pas du seul
secteur d'activité en matière d'aide juridique où les
ententes entre les 2 gouvernements, et plus particulièrement les 2
ministères de la Justice, produisent des résultats non
négligeables pour le Québec. En effet, M. le Président,
les dépenses du gouvernement du Québec pour les adultes
admissibles à l'aide juridique qui ont des démêlés
avec le système judiciaire pénal sont également l'objet
d'ententes de partage de coûts depuis 1973 entre le gouvernement du
Canada et le gouvernement du Québec. Ces mêmes ententes
prévoient également le partage des dépenses pour les
jeunes contrevenants qui sont référés aux tribunaux. Je
viens d'ailleurs de renouveler ces ententes, en avril, au nom du gouvernement
du Québec pour prévoir le partage des dépenses pour
1992-1993 et 1993-1994. Ces ententes devraient permettre au Québec de
recevoir des sommes estimées à 16 502 528 $ pour 1992-1993 et
à 16 667 553 $ pour 1993-1994.
En matière d'immigration, une entente est intervenue entre le
ministère de la Justice du Canada et Emploi et Immigration Canada,
prévoyant jusqu'au 31 janvier 1993 le remboursement de 100 % des
coûts de la représentation des revendicateurs du statut de
réfugié en première étape et en appel en Cour
fédérale en cas d'échec, laquelle devrait permettre au
Québec de recevoir du gouvernement fédéral un montant
additionnel de 500 000 $ pour l'année 1992-1993.
En terminant, M. le Président, j'aimerais rappeler que la justice
ne peut s'administrer en vase clos ou en cercles fermés. La justice,
aussi vrai qu'elle doit être accessible, est une responsabilité
qui doit être partagée et assumée par tous les intervenants
qui y participent. Le Sommet de la justice, qui a eu lieu à
Québec du 17 au 21 février 1992, portait justement sur ce
thème.
Vous vous souviendrez, M. le Président, que, lors du Sommet de la
justice, j'ai déposé, pour discussions, une hypothèse de
travail faisant état de modifications qui pouvaient être
apportées au régime d'aide juridique. Cette hypothèse de
travail s'inspirait, d'ailleurs, du rapport du Groupe de travail sur
l'accessibilité à la justice, également connu comme
étant le rapport Macdo-nald, du nom de son président. Cette
hypothèse de travail visait à assurer l'accessibilité
à la justice aux plus démunis de notre société tout
en étant aussi équitable envers les autres citoyens et
citoyennes.
Or, suite aux commentaires formulés par les divers intervenants
à l'occasion des délibérations du Sommet de la justice, il
ne fut pas possible d'obtenir un consensus sur cette hypothèse de
travail. Dans ce contexte, j'ai convenu que je poursuivrais mes consultations.
Le souci d'assurer une saine gestion du réseau d'aide juridique ainsi
que les consultations menées auprès de certains groupes
intéressés m'ont amené à évaluer et revoir
non seulement les seuils d'admissibilité, mais aussi les
différents aspects du régime actuel d'aide juridique. C'est dans
cette optique que les fonctionnaires du ministère de la Justice, M. le
Président, ont élaboré un document de consultation sur les
différents aspects du régime. Ce document a pour objet de dresser
un état de la situation du régime actuel, d'analyser les
principaux aspects du régime d'aide juridique, d'explorer et d'exposer
les problèmes particuliers qui découlent des différents
aspects du régime et d'amener les groupes intéressés
à une réflexion sur des éléments de rechange.
Il m'apparaît important, M. le Président, de
réfléchir sur les mesures à prendre afin d'assurer
l'accès à la justice pour les plus démunis de notre
société ainsi que sur les moyens pour que le régime d'aide
juridique puisse rejoindre également les citoyens et citoyennes à
revenus plus modestes. Comme ministre de la Justice, il s'agit de situations
qui me préoccupent plus particulièrement. À cet
égard, la réflexion qui s'effectuera à partir du document
de consultation devrait nous amener à échanger sur ces questions,
tout en tenant compte de la situation des finances publiques.
Relativement au document de consultation, j'ai eu l'occasion, lors de
l'étude des crédits concernant la Commission des services
juridiques le 28 avril dernier, de préciser qu'une version m'a
été remise. Ce document est présentement sous analyse par
le Conseil du trésor et devrait être soumis au Conseil des
ministres afin d'en autoriser le dépôt devant l'Assemblée
nationale, en vue de la tenue d'une éventuelle commission parlementaire
sur le régime d'aide juridique. (23 h 20)
En terminant, M. le Président, il me fait plaisir de proposer
l'adoption du principe du projet de loi 87 qui, je le souhaite, aura
l'assentiment unanime de cette Chambre. Cet important projet de loi nous
permettra de récupérer des sommes importantes du gouvernement
fédéral et ainsi d'obtenir une participation accrue de ce dernier
vis-à-vis des dépenses que le Québec assume en
matière d'aide juridique.
Ce projet de loi démontre enfin, M. le Président, que
notre gouvernement a à coeur les intérêts des
Québécois et qu'il est sensible aux besoins des citoyens et
citoyennes qui ont recours à l'aide juridique comme instrument leur
permettant de faire valoir leurs droits.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
la Justice.
Sur le même sujet, je cède la parole à Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président.
M. le Président, le projet de loi qui a été
déposé par le ministre, le projet de loi 87, vient
évidemment modifier la Loi sur l'aide juridique. C'est une modification,
un seul article, finalement, avec consistance, qui vient donner résultat
à des négociations et donner des montants d'argent, finalement,
et rétroactivement au 1er janvier 1992, ce qui démontre
qu'effectivement le Québec était quelque peu en retard au niveau
de ces négociations au niveau de l'aide juridique.
Je rappellerai, M. le Président, que mon collègue d'Anjou,
qui avait le dossier l'an dernier, à plusieurs reprises, avait
rappelé au ministre de la Justice que nous avions certains retards au
niveau des négociations avec le gouvernement fédéral et
que le Québec ne recevait pas sa juste part d'argent pour l'aide
juridique, contrairement aux autres provinces.
M. le Président, vous comprendrez que ce n'est pas le projet de
loi que la population du Québec attendait concernant l'aide juridique.
Vous vous souviendrez ? et le ministre l'a rappelé lui-même
? qu'au moment du Sommet de la justice, l'an dernier, il avait
déposé une première hypothèse de travail pour une
véritable réforme de l'aide juridique. C'est ce que nous
attendions pour cette session-ci, M. le Président, et ce n'est pas ce
que nous avons, loin de là.
Le ministre nous a dit que l'hypothèse de travail qu'il avait
présentée au Sommet de la justice n'avait pas fait consensus.
Pour être plus juste, il faudrait plutôt dire que son
hypothèse de travail avait été rejetée,
complètement rejetée par tous les intervenants, et on avait
demandé, évidemment, au ministre de refaire son travail. Le
ministre, par la suite, a donné un contrat à une firme. Et c'est
le document que le ministre nous a déposé au moment de
l'étude des crédits, en avril dernier. C'est un document qui est
fait par la firme Raymond, Chabot, Martin, Paré, des conseillers en
administration, et qui fait une étude du réseau d'aide juridique.
Cette étude, j'en ai pris connaissance. Je l'ai longuement
regardée, étudiée, analysée. Je vous avoue que,
lorsqu'on en prend connaissance, on anticipe la réforme, parce qu'il y a
urgence à faire cette réforme de l'aide juridique, parce que,
dans ce document, dans les conclusions, on nous dit qu'effectivement la
Commission des services juridiques possède tous les pouvoirs requis, et
le ministre de la Justice aussi, mais qu'au niveau de la gestion il y a des
faiblesses, de grandes faiblesses. Un gouvernement qui se targue d'avoir une
bonne gestion des finances publiques... On découvre, dans ce document,
que, du côté des services d'aide juridique, il n'y a pas de
travail sérieux qui est fait, il n'y a pas de mode de gestion uniforme
et que ça n'a pas de bon sens. Il faut qu'il y ait un meilleur
contrôle des coûts et que le ministre de la Justice doit traiter
avec la Commission des services juridiques et améliorer tout le travail
de gestion qui se fait du côté des services juridiques.
Évidemment, la réforme de l'aide juridique touchera
à cet aspect et devra évidemment toucher à tous les autres
aspects, dont les seuils d'accessibilité. Il faut rappeler, M. le
Président, que la dernière hausse du barème des seuils
d'admissibilité à l'aide juridique pour une personne seule
remonte au 1er janvier 1981, ce qui portait le montant recevable à 170 $
brut par semaine. En 1982, le gouvernement du Québec suspend
l'indexation des barèmes d'admissibilité à l'aide
juridique et, en 1985, nous avons la dernière hausse du barème
des seuils d'admissibilité pour les familles ? le 10 juillet 1985,
M. le Président, cela fait déjà bientôt 8 ans ?
et le montant était porté à 210 $ pour un couple ou pour
une personne seule avec un enfant, à 230 $, ce qui est évidemment
extrêmement faible, vous comprendrez, M. le Président.
Le ministre a essayé à quelques reprises, il a fait
plusieurs tentatives, doit-on dire, en 1989, le 31 mars, et ses tentatives
auprès du Conseil du trésor ont été
refusées. Il s'est adressé à nouveau, en février
1990, au Conseil du trésor et il a essuyé un nouvel échec.
Le ministre nous dit que son dernier document de consultation se retrouve
maintenant pour étude. On ne sait pas s'il va subir le même
échec, mais, pour nos concitoyens, nous souhaitons que non, M. le
Président.
Donc, du côté des seuils d'admissibilité, là,
il y a un problème et un sérieux problème. Il faut dire,
aussi, que, du côté des professionnels qui ont des mandats de
l'aide juridique, les avocats, depuis 1977, ont eu 3 hausses au niveau des
tarifs et que, du côté des notaires, depuis 1977, il n'y a eu
aucune hausse des tarifs, ce qui fait qu'il y a actuellement, un peu partout au
Québec, un problème pour les citoyens qui obtiennent un mandat
d'aide juridique et qui doivent recevoir des services d'un notaire, puisque de
nombreux notaires refusent d'offrir ces services parce que, finalement,
ça ne donne même pas le coût de ce qu'ils ont à faire
comme service, M. le Président.
Le document de consultation dont le ministre a fait état devait
être déposé, et je me souviens très bien que son
adjoint parlementaire m'avait contacté en mars dernier, et ce document
devait être déposé au mois de mars. Nous devions faire une
consultation. Il devait y avoir des audiences en commission parlementaire au
cours du mois de mai, fin mai, début juin pour que le ministre puisse
enfin mettre en application une réforme de l'aide juridique.
Contrairement à cet agenda, nous nous sommes retrouvés
plutôt avec le rapport de la firme Raymond, Chabot, et le document de
consultation n'est toujours pas en possession des membres de l'Assemblée
nationale, est toujours sous étude, et le ministre ne nous en a pas
tracé, encore, évidemment, les grandes lignes.
Alors, M. le Président, je vous avoue que le projet de loi 87 est
évidemment un projet de loi qui vient répondre à une
mesure particulière, mais qui ne vient aucunement régler tous le
problème qui est vécu par les citoyens et les citoyennes au
niveau de l'aide juridique. Et c'est un projet qui ne donne vraiment pas
réponse aux attentes de tout le milieu, contrairement aux promesses qui
ont été faites par le ministre de la Justice au Sommet de la
justice, l'an dernier.
Donc, M. le Président, vous comprendrez que nous continuerons
à réclamer ? autant en commission parlementaire qu'en cette
Chambre ? régulièrement au ministre de la Justice de nous
déposer rapidement le document de consultation pour que les intervenants
puissent commencer à le consulter, qu'il puisse y avoir des audiences,
qu'on puisse avoir une commission parlementaire et qu'on puisse avoir enfin, au
Québec, une réforme sérieuse de l'aide juridique.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme
la députée de Terrebonne.
Mise aux voix
Est-ce que la motion de M. le ministre de la Justice proposant
l'adoption du principe du projet de loi 87, Loi modifiant la Loi sur l'aide
juridique, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Bélisle: Je fais motion, M. le Président, pour
que le projet de loi 87 soit déféré à la commission
des institutions pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Bélisle: À cette étape-ci de nos travaux,
M. le Président, je fais motion pour ajourner nos travaux à
jeudi, 3 juin 1993, à 10 heures.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
d'ajournement de nos travaux est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Alors, les
travaux de l'Assemblée sont ajournés à demain matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 23 h 30)