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(Dix heures dix minutes)
Le Président: Alors, Mmes et MM. les
députés. Mmes et MM. les députés, s'il vous
plaît! Nous allons nous recueillir quelques instants. Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Alors, nous allons procéder aux affaires courantes.
Affaires courantes
II n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. Dépôt de documents. Mme la
vice-première ministre et ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Dépôt de documents
Documents concernant le contrat accordé
à
National-Cogesult par le ministère de
l'Énergie et des Ressources
Mme Bacon: M. le Président, je voudrais, ce matin,
déposer un document qui indique le montant versé à
National-Cogesult, en date du 2 avril; le rapport du comité de
sélection, M. le Président; la demande même du leader de
l'Opposition qu'il faut un plan d'action; l'organigramme de la Direction des
communications au ministère, le bordereau de mon cabinet, daté du
23 mars, demandant la préparation de l'allocution et la pertinence de
cette sortie du ministre; et le bordereau du ministère, daté du 2
avril, nous fournissant l'allocution à prononcer de même que le
communiqué de presse, et en même temps, l'allocution
prononcée à Sherbrooke. Je vous remets aussi l'allocution
préparée par National, datée du 14 août ? donc,
plusieurs jours après l'allocution remise par le ministère ?
qui n'a pas servi à Sherbrooke, et l'allocution qui a servi à
Sherbrooke en 2 copies, M. le Président. Voilà!
Le Président: Alors, ces documents sont
déposés. Maintenant, Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
Rapport annuel du Conseil de la science et de la
technologie
Mme Robillard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1992-1993 du Conseil de la science et de la
technologie.
Le Président: Alors, ce rapport est déposé.
Maintenant, dépôt de pétitions. M. le député
de Lévis.
Dépôt de pétitions
Instaurer une commission d'enquête publique et
indépendante sur les causes du déficit de la CSST
M. Garon: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
5009 pétitionnaires, syndiqués affiliés à la
CSN.
Les faits invoqués sont les suivants: «Considérant
que, depuis quelques années, la CSST, qui administre notre régime
de santé et sécurité, accuse un sérieux
déficit dont les causes sont demeurées inconnues jusqu'à
ce jour; «Considérant que l'incertitude qui en découle
favorise la circulation de suppositions de toutes sortes et entretient les
doutes quant à la viabilité de notre régime de
santé et sécurité du travail; «Considérant
que les détracteurs de notre régime profitent de la situation
pour véhiculer les préjugés les plus grossiers à
rencontre des accidenté-es et malades du travail, et demandent des
modifications importantes à la loi; «Considérant qu'avant
d'apporter des changements majeurs au régime dans le but de
remédier au déficit, il faut connaître les causes de ce
déficit.»
Et l'intervention réclamée se résume ainsi:
«En conséquence, nous demandons à l'Assemblée
nationale d'exiger du gouvernement du Québec qu'il instaure une
commission d'enquête publique et indépendante sur les causes du
déficit de la CSST.»
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée, M. le député de Lévis.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Alors, en demandant ce matin la collaboration... Oui, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président, avec votre permission,
j'aimerais déposer un rapport, le rapport de la commission de la
culture.
Le Président: Oui. Est-ce qu'il y a consentement pour que
nous puissions permettre au député de Louis-Hébert,
président de la commission de la culture, de déposer un rapport
de la commission?
M. Doyon: Merci.
M. Chevrette: Un instant! Un instant! Le rapport de quoi?
Le Président: Un rapport de la commission... J'ai
passé l'étape des rapports de commissions. Oui, je
m'excuse infiniment. Je constate que j'avais un avis là-dessus sur le
feuilleton ici pour un dépôt de rapport de commission et j'ai
passé outre. D'accord?
Alors, nous revenons donc au dépôt de rapports de
commissions. C'est mon erreur. M. le député de
Louis-Hébert et président de la commission de la culture.
Dépôt de rapports de commissions
Étude détaillée du projet de loi 68
M. Doyon: Merci, M. le Président. Donc, je dépose
le rapport de la commission de la culture qui a siégé le 13 mai
1993 de même que le 8 juin 1993 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 68, Loi sur la
protection des renseignements personnels dans le secteur privé. Je vous
signale que le projet de loi a été adopté avec des
amendements.
Le Président: Merci, M. le député de
Louis-Hébert. Ce rapport est déposé.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Nous allons donc procéder à ce moment-ci à la
période de questions et réponses orales des
députés, et je reconnais en première question principale,
M. le chef de l'Opposition.
Questions et réponses orales
Surseoir aux mesures fiscales
décrétées dans le discours sur le budget
M. Parizeau: M. le Président, ce matin, nous sommes tous
encore sous l'agréable choc de la victoire des Canadiens hier soir qui
ont remporté cette coupe Stanley.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Parizeau: II faut bien profiter, M. le Président, de
cette joie avant que de mauvaises nouvelles nous tombent à nouveau sur
la tête.
Le 1er juillet, dans quelques jours, les retenues à la source de
tous les employés au Québec vont être augmentées
pour satisfaire non pas seulement les augmentations d'impôt
annoncées par le ministre des Finances, mais la
rétroactivité jusqu'au 1er janvier dernier, de ces mêmes
augmentations d'impôt. Le guide de l'employeur vient d'être
livré un peu partout au Québec ? tous les employeurs l'ont
reçu ? pour la retenue à la source. Enfin, on est capable de
savoir comment ça va marcher et on peut donc établir un certain
nombre de tables pour voir comment se traduit, en particulier, la
préoccupation familiale qu'a le gouvernement, nous dit-il.
Regardons, par exemple, un revenu de 30 000 $, ce qui ne fait pas encore
partie des riches, comme dit le ministre des Finances ? il est juste en
dessous. C'est un revenu correct pour bien des gens. On va enlever, en plus de
ce qu'on enlève déjà, à la source, à partir
du 1er juillet, 13,25 $ par paie, au célibataire ou à la personne
en couple, mais qui est taxée comme personne seule ? 13,25 $. Au
même revenu, une monoparentale, avec 1 enfant, savez-vous, M. le
Président, combien on va lui enlever de moins pour tenir compte de sa
situation? 0,02 $ par paie, M. le Président ? 0,02 $ par paie. Et,
quant à un couple où il n'y a qu'un seul revenu et 2 enfants,
savez-vous ce que ça va valoir, ça, M. le Président? 0,02
$ par paie de moins que le célibataire.
Voilà! Voilà la préoccupation familiale du
gouvernement. On me dira: En avril prochain, on pourra peut-être demander
un remboursement pour certaines choses. Oui, mais quand il s'agit de collecter
la rétroactivité, c'est tout de suite.
Le Président: Je vous invite à votre question.
M. Parizeau: Puis-je demander au premier ministre s'il
accepterait de demander à son ministre des Finances, la semaine
prochaine, de suspendre tout ça pour une couple de mois, jusqu'à
ce que l'exercice puisse être refait et jusqu'à ce qu'on puisse
refaire les augmentations d'impôt de façon à dégager
un certain nombre de gens qui ne devraient pas subir ces hausses de taxes, dans
la situation actuelle?
Le Président: Alors, M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je suis heureux de
m'associer au chef de l'Opposition pour féliciter très
chaleureusement l'équipe du Canadien: son capitaine, M. Carbonneau, son
entraîneur, M. Demers, pour la grande victoire de la coupe Stanley. Je
déplore, évidemment, le vandalisme qui a suivi cette victoire, et
je veux quand même souligner le travail d'équipe extraordinaire du
club Canadien.
Je m'efforcerai d'imiter... C'est un peu la responsabilité du
premier ministre de garder les filets contre les tirs au but du chef de
l'Opposition...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: ...alors, je m'efforcerai d'imiter bien humblement
M. Patrick Roy. (10 h 20)
Une voix: Un gars de Québec.
M. Bourassa: Oui, justement. Et je crois qu'en certaines
circonstances, c'est plus facile quand le chef de l'Opposition déforme
les faits ou se trompe sur les chiffres. Je dis au chef de l'Opposition que le
ministre des Finances, il y a quelques jours, a répondu aux questions
qu'a posées le chef de l'Opposition.
J'ai devant moi le tableau qu'il vient de me pas-
ser, de me donner. Dans certains cas, il y a à peu près
équivalence, par exemple, pour un homme marié avec deux enfants
? une personne mariée avec deux enfants ? qui gagne 35 000 $.
On voit que les chiffres ne correspondent pas du tout à ce qu'a dit le
chef de l'Opposition. C'est facile pour lui, chaque matin, de fouiller dans les
annexes du discours du budget pour essayer de trouver ça et là
des aspects qui sont négatifs, mais on peut facilement lui
répondre par des exemples qui contredisent d'une façon
très nette l'utilisation des chiffres qu'il a faite ce matin.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: M. le Président, les chiffres sont
tirés des tables du ministère du Revenu. Non, non, mais
écoutez, c'est les tables des employeurs. Bien voyons! Écoutez,
déformer les chiffres... À cet égard-là, le premier
ministre n'a pas grand chance de gagner le trophée Conn-Smythe! toujours
tiré des tables du guide de l'employeur, est-ce qu'on pourrait nous
expliquer, est-ce que le premier ministre pourrait nous expliquer les
cocoricos, ou le sens des cocoricos de son ministre des finances, qui s'imagine
que la taxation rétroactive qu'il impose aux québécois est
progressive? est-ce qu'il pourrait nous indiquer, par exemple, pourquoi un
célibataire qui gagne 9000 $ par année va voir sa retenue
à la source doubler? 91 % d'augmentation! pourquoi quelqu'un qui gagne
12 000 $ va voir sa retenue à la source passer d'à peu
près 30 $ à 40 $, alors que rendu à 30 000 $ ou 40 000 $
l'augmentation est très faible, de l'ordre de 7 % en fait, beaucoup plus
faible que ce que je viens d'indiquer? est-ce que le premier ministre ne se
rend pas compte que c'est exactement l'inverse, que la taxation est
régresssive et qu'il aurait intérêt à demander
à son ministre des finances, la semaine prochaine, de tout suspendre
pour 2 ou 3 mois, de façon à reprendre l'exercice?
Le Président: Alors, M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, d'abord je dis simplement au
chef de l'Opposition que ce n'est pas lui qui décerne les
trophées, c'est la population. Et disons que je suis prêt à
comparer mes trophées avec les siens. Alors, ce que je veux lui dire,
c'est qu'il est facile de tirer certains chiffres. J'ai d'autres chiffres qu'on
me communique à l'instant sur les familles monoparentales avec 1 enfant,
les couples avec 2 enfants, et qui contredisent carrément et clairement.
C'est tellement facile de choisir un exemple. Il peut y avoir, peut-être,
des cas frontières, sortis de leur contexte, sans tenir compte des
autres avantages fiscaux. Il faut regarder l'ensemble, on le sait fort bien. Le
chef de l'Opposition...
Si on regarde, par exemple, dans le cas de la famille, il le sait fort
bien que les sommes qui sont accordées à la famille ont
triplé depuis 7 ans: de 800 000 000 $ à 2 500 000 000 $. J'ai eu
l'occasion de lui souligner à plusieurs reprises. Si on regarde
l'ensemble des avantages et des impôts, c'est là qu'on peut tirer
des conclusions, et je pense... Je comprends le chef de l'Opposition, je lui
dis très souvent, c'est sa fonction d'essayer de trouver les points
noirs, ou les aspects les plus pessimistes, mais qu'il pose les questions selon
ses convictions, et non pas toujours selon sa fonction. Et là il pourra
féliciter le gouvernement.
Le Président: Alors, en question complémentaire
toujours, M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Est-ce que le premier ministre est en train de nous
dire que, à l'égard de ce budget essentiellement antisocial qu'on
nous a présenté, j'abuse de mon poste de chef de l'Opposition en
citant les tables envoyées par le ministère du Revenu aux
employeurs? Est-ce qu'il y a un abus quelconque? M. le Président, est-ce
que le premier ministre en est rendu à nous demander, pour
établir des preuves, de déposer les documents du ministère
du Revenu en cette Chambre? Est-ce qu'on en est rendu à ce degré
de ridicule, que le premier ministre ne croit même plus les tables
d'impôt de son propre ministre du Revenu?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition
n'écoute pas mes réponses. Je lui dis qu'il est capable, en
fouillant dans les annexes, en prenant des cas limites ou des cas
frontières, sans tenir compte du contexte... Il peut toujours trouver un
cas particulier, mais je lui donne... Ce que je lui dis... D'abord, je
réponds par d'autres cas qui se trouvent à contredire
carrément sa conclusion philosophique sur le budget. Alors, j'ai
donné des cas très clairs. Le ministre des Finances en a
donné aussi. Alors, on peut toujours trouver des cas. Mais je lui dis
qu'il faut voir l'ensemble. On n'a jamais prétendu que le budget
était facile. On n'a jamais prétendu que le budget était
populaire. On a constaté la situation, l'effondrement des revenus qui
est général, partout. On voit ce qui survient dans notre
province, la province soeur, l'Ontario, qui n'a pourtant pas le niveau de dette
du Québec. Le poids de la dette en Ontario est nettement
inférieur au poids de la dette au Québec ? on ne donnera pas
les raisons de cette situation-là ? et dans ce contexte-là,
M. le Président, même si le poids de la dette est
inférieur, nous avons quand même réussi à avoir des
taux compétitifs avec nos principaux concurrents. Alors, je dis, M. le
Président, que, dans l'ensemble, si on regarde les conclusions, si on
regarde le contexte, si on regarde les alternatives que nous avions, 7 000 000
000 $ de déficit... Je sais que ça ne vous fait pas peur, vous, 7
000 000 000$ de déficit...
Le Président: M. le premier ministre...
M. Bourassa: Vous êtes prêts, avec la
souveraineté, à récupérer 125 000 000 000 $ de
dette du fédéral. C'est ça, oui.
Le Président: S'il vous plaît! Une brève
conclusion, M. le premier ministre, quelques secondes.
M. Bourassa: M. le Président, je pense qu'on peut
souligner, parce que, de l'autre côté, on dit qu'avec la
souveraineté il n'y aura plus de pauvreté, il n'y aura plus de
travail au noir, il n'y aura plus de chômage, il n'y aura plus de
contrebande...
Le Président: M. le premier ministre, s'il vous
plaît!
M. Bourassa: ...on peut les ramener sur terre, un peu!
Une voix: Bravo!
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire, M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Le premier ministre est en train de nous dire que
notre part des intérêts sur la dette fédérale, on ne
paie pas ça? C'est...
Une voix: C'est un comptable...
M. Parizeau: ...la Nouvelle-Guinée qui paie ça pour
nous, peut-être? Non, on ne paie pas ça, on ne paie pas ça!
Puisque le premier ministre veut s'engager dans cette voie, est-ce qu'il
souscrit, à cet égard, à ce que son
ex-député...
Une voix: De Portneuf.
M. Parizeau: ...de Portneuf, leader en Chambre, après
être sorti des rangs de son gouvernement, a dit, au sujet de la
souveraineté que c'était probablement la seule voie qui est
possible qu'il restait?
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors... S'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! Alors, M. le premier
ministre. (10 h 30)
M. Bourassa: M. le Président, le chef de
l'Opposition...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition
vient de se surpasser pour ce qui a trait à déformer des propos
qui ont pu être tenus par quelqu'un qui n'est pas là pour les
rétablir en Chambre. Je dis, M. le Président, que le chef de
l'Opposition, lui qui a éliminé le trait d'union avec
l'association économique, ne devrait pas citer quelqu'un qui insistait
sur cet aspect-là. je voudrais simplement dire au chef de l'opposition,
pour répondre à la première partie de sa question, que,
quand il dit que nous assumons une partie des intérêts, il devrait
savoir que, au sein de la fédération canadienne, la
capacité fiscale du québec équivaut à 86 % de la
moyenne de la capacité fiscale. et, lui qui aime bien analyser les
chiffres devrait en conclure logiquement que, si nous avons 86 % ?
c'était 78 % quand vous étiez au pouvoir et que vous vouliez
démanteler la fédération, là, ça a
monté à 86 % depuis que nous sommes au pouvoir ? si nous
n'avons que 86 % de la capacité fiscale de la moyenne canadienne, il
faut en tirer des conclusions réalistes, ce que ne fait jamais
l'opposition, m. le président.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de Lévis.
Avis du ministre de la Justice
en matière de poursuites en vertu
du Code de la sécurité
routière
M. Garon: M. le Président, hier, le ministre de la Justice
a indiqué qu'il avait transmis au ministre des Transports un avis
juridique à propos du renversement du fardeau de la preuve en
matière de poursuites pour conduite malgré la suspension ou la
révocation du permis de conduire ou du droit d'en obtenir un.
Entre-temps, nous avons reçu l'avis que nous avons sollicité du
Barreau du Québec, et ce dernier demande tout simplement de retrancher
le deuxième alinéa de l'article 28 du projet de loi 91. Le
Barreau dit, M. le Président: «En pratique, nous craignons que
cette nouvelle disposition ait pour effet de faire perdre des moyens de
défense aux justiciables de bonne foi qui n'ont pas reçu la
décision de la Société. On impose aux citoyens un fardeau
de preuve qui, dans les faits, pourra être difficile à
surmonter.»
Ma question au ministre des Transports, M. le Président. Le
ministre des Transports a-t-il reçu l'avis du ministre de la Justice
relativement au renversement du fardeau de la preuve en matière de
poursuites en vertu du Code de la sécurité routière, et
a-t-il pris connaissance de cet avis? Et cet avis est-il favorable ou
défavorable au renversement du fardeau de la preuve qu'il propose pour
faire en sorte qu'un citoyen soit présumé coupable?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: Si on me demande, M. le Président, si j'ai
reçu la lettre du Barreau... du bâtonnier, je m'excuse...
Des voix: Du ministre.
M. Elkas: Ah! je m'excuse, le ministre... On est
du même avis, je fais référence, M. le
Président... On n'a pas inventé la roue ici, au Québec.
Cet article existe en Ontario. Le bâtonnier du Québec nous
recommande de s'enligner sur la loi...
Des voix: ...
Le Président: Un instant, M. le ministre. Afin de bien
suivre le débat, d'un côté comme de l'autre, s'il vous
plaît, MM. les députés! Alors, M. le ministre.
M. Elkas: Le bâtonnier nous a recommandé qu'on
s'enligne sur l'article qui existe en Ontario, puis qu'on regarde la loi de
l'Ontario, qui limite encore plus le juge dans ses décisions, ce qui
veut dire, M. le Président, qu'on laisse la porte très ouverte
pour quelqu'un qui peut faire la preuve qu'il était à
l'extérieur du pays, une personne qui était malade dans un
hôpital ? il va y avoir 3, 4, 5 ou 6 raisons, M. le Président
? qui peut démontrer clairement qu'elle n'était pas
là. Le juge va l'acquitter. C'est tout.
Le Président: Pour une question complémentaire...
S'il vous plaît!
M. Garon: M. le Président...
Le Président: Je cède la parole au
député de Lévis, s'il vous plaît, pour une question
complémentaire.
Document déposé
M. Garon: ...pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté,
est-ce que je peux déposer la copie de la lettre du bâtonnier, M.
Paul Carrière?
Le Président: Alors, vous avez une question aussi, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président: Oui. Alors, il y a consentement au
dépôt du document?
Une voix: Oui.
Le Président: Document déposé. Votre
question.
M. Garon: Ma question est très simple. Elle ne porte pas
du tout sur ce que vient de dire le député. D'ailleurs, la lettre
ne parle pas de ça, non plus. La question: Est-ce que l'avis transmis au
ministre des Transports par le ministre de la Justice est favorable ou non au
renversement du fardeau de la preuve en matière de poursuites pour
conduite malgré la suspension ou la révocation du permis de
conduire ou du droit d'en obtenir un, pour présumer la personne
coupable? Au point de départ, c'est elle qui devra prouver qu'elle est
de bonne foi et qu'elle a pris les mesures nécessaires. Est-ce que
l'avis du ministre de la Justice est favorable à ce que vous faites ou
est défavorable et que vous procédez pareil?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: Le ministre de la Justice siège comme
président du Comité de législation, et cet article a
passé au Comité de législation après
discussion.
Le Président: Alors, M. le député de
Lévis, en question complémentaire.
M. Garon: Ma question est simple, M. le Président. Est-ce
que le ministre a pris connaissance de l'avis qui lui a été
envoyé par lettre du ministre de la Justice ? c'est ça qu'il
a dit hier ? et est-ce que cet avis est favorable? L'avis du ministre de
la Justice est-il favorable ou non à ce que vous faites? En renversant
le fardeau de la preuve, vous déclarez la personne coupable au point de
départ. Elle devra prouver qu'elle est innocente par après.
Le Président: Alors, M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, si ce n'était pas
favorable, je ne pense pas que je serais en commission pour justement faire
l'étude article par article. C'est tout.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que le ministre des Transports peut
déposer copie de l'avis du ministre de la Justice?
Le Président: M. le ministre des Transports. Oui, pour une
question complémentaire, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Question additionnelle. Est-ce que le ministre de
la Justice et président du Comité de législation a
recommandé la clause créant la présomption de
culpabilité? Oui ou non?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai eu à
répondre à des questions hier. Je vais simplement
répéter ce que j'ai dit hier. Au niveau du Comité de
législation, comme à d'autres niveaux où je donne des avis
aux différents ministères et ministres qui me demandent des avis
comme ministre de la Justice et jurisconsulte, on donne des avis. Je n'ai pas
à discuter de ces avis, ici.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce à dire que le
ministre de la Justice, qui donne des avis, d'une part, comme jurisconsulte,
peut voter, d'autre part, contre ses propres avis comme président du
Comité de législation?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, avec
l'expérience parlementaire du leader de l'Opposition, il sait
très bien que je ne peux pas faire d'autres réponses que celle
que je fais présentement et il devrait avoir plus de respect pour
l'institution que je représente.
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre de
la Justice reconnaît que le plus grand respect que l'on peut avoir pour
lui, c'est qu'il ait de la cohérence et de la transparence dans le
rôle qu'il a à jouer auprès de cette Assemblée
nationale du Québec?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, c'est exactement ce
que je fais.
Le Président: Alors, en question principale, maintenant,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mesures pour financer le démarrage de nouvelles
entreprises
Mme Harel: alors, m. le président, dans le discours du
budget, le ministre des finances soulignait qu'il existe des entreprises qui
éprouvent de la difficulté à s'approvisionner en capital
de risque et, en même temps, plafonnait le fonds de solidarité qui
marchait bien et qui s'apprêtait, avec l'umrcq, à financer le
démarrage des petites entreprises. au même moment, les
crédits de la sdi, la société de développement
industriel, révélaient, pour l'année 1992-1993, une
diminution sans précédent ? 60 % en 1 an ? de l'aide
financière pour les entreprises, dont 44 % de l'aide en moins pour les
pme, c'est-à-dire 44 000 000 $. est-ce que le ministre de l'industrie,
du commerce et de la technologie peut nous expliquer comment il entend s'y
prendre pour corriger de si piètres résultats et pour s'assurer
que la situation ne se reproduira pas cette année?
Le Président: Alors, M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve a oublié de lire les
pages 25, 26 et 27 du budget. Alors, si la députée veut en
prendre connaissance, elle va voir que le gouverne- ment va annoncer, dans un
avenir rapproché, des mesures particulières pour favoriser le
développement économique, entre autres, une stratégie PME.
En ce qui concerne...
Le Président: Un instant. Je vais demander, s'il vous
plaît, la collaboration. S'il vous plaît! Alors, je reconnais le
ministre. Allez-y, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): En ce qui concerne la
Société de développement industriel du Québec, je
pense que les prêts sont sensiblement les mêmes qu'ils l'ont
été au cours des dernières années ? en nombre
? mais, en volume, ils ont baissé un peu, c'est vrai.
Le Président: Alors, en question complémentaire,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, est-ce que le ministre
reconnaît que l'argent reste sur papier parce que les critères
sont trop sévères, qu'il y a trop de formalités, qu'il n'y
a pas le coup de pouce nécessaire pour le démarrage des
entreprises et qu'il doit vigoureusement donner le coup de barre
nécessaire pour que l'argent arrive quand les entreprises
débutent, M. le Président? (10 h 40)
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve n'a pas écouté ma
réponse. J'ai clairement dit... Prenez connaissance des pages 25, 26 et
27 du budget et vous allez voir que, dans un avenir rapproché, nous
avons l'intention de mettre en place une stratégie PME et de repenser
les orientations gouvernementales au niveau de 1
'«entrepreneurship».
Le Président: Une autre question
complémentaire.
Mme Harel: est-ce que, en attendant, la stratégie pme
consiste à plafonner le fonds de solidarité de la ftq, qui avait
justement le projet de faire démarrer des petites entreprises dans les
mrc? est-ce que la stratégie, m. le président, ça consiste
à dépenser seulement 12 % des 60 000 000 $ annoncés pour
cette année au programme innovatech, 3 % pour le programme
recherche-développement pme? est-ce que c'est ça, la
stratégie, en attendant, m. le président?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): La stratégie gouvernementale
consiste à aider toutes les entreprises qui présentent des
projets qui ont des perspectives de rentabilité. Les fonds sont
disponibles pour les petites et moyennes entreprises dans toutes les
régions du Québec. En ce qui concerne le Fonds de
solidarité des travail-
leurs du Québec, l'intention de ce Fonds était de
maintenir et de créer des emplois au niveau des petites et moyennes
entreprises et non pas de s'impliquer dans des projets d'envergure tels que le
Fonds pourrait susciter des investissements significatifs, non pas de
s'impliquer également dans des projets immobiliers, avec la
conséquence maintenant que les sociétés de fiducie, les
sociétés d'assurances considèrent que la concurrence n'est
pas saine. Ce que le ministre des Finances a dit de façon très
claire, c'est que les 75 000 000 $ sont suffisants, avec les 800 000 000 $ qui
ont été accumulés, et que si jamais il s'avérait
que ces 75 000 000 $ n'étaient pas suffisant, à l'avenir, pour
favoriser la croissance et, plus particulièrement, le maintien et la
création d'emplois pour les petites et moyennes entreprises, il
était prêt à écouter les représentations du
Fonds de solidarité des travailleurs du Québec.
Le Président: Pour une dernière question
additionnelle.
Mme Harel: M. le Président, est-ce qu'il n'aurait pas pu
écouter avant de décider de sévir? Et, M. le
Président, est-ce que le ministre reconnaît que la grande
majorité des programmes n'accorde de l'aide que lorsqu'il y a un niveau
de placement d'au moins 500 000 $, et que, pour les entreprises qui cherchent,
M. le Président, un coup de pouce pour du démarrage, il n'y a
rien présentement qui leur est offert par le gouvernement?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je suggérerais fortement à
la députée de Hochelaga-Maisonneuve de faire une tournée
régionale. Si la députée faisait une tournée
régionale, elle verrait que, au cours des dernières
années, le gouvernement du Québec a mis sur pied une dizaine de
sociétés régionales d'investissement avec un capital
disponible de plus de 100 000 000 $. L'argument de l'Opposition semble dire que
peut-être c'est uniquement pour des gros projets. Alors, vous
m'expliquerez ce que... Et la première, c'est dans
l'Abitibi-Témisca-mingue, et d'autres seront mises en place par le Fonds
de solidarité des travailleurs du Québec et l'Union des
municipalités régionales de comté justement pour favoriser
le développement des petites entreprises. En plus, M. le
Président, il ne faut pas oublier qu'au niveau du développement
économique régional la politique mise de l'avant par notre
collègue, M. Picotte, met en place le Fonds d'aide aux entreprises
où les petites entreprises peuvent avoir accès à du
financement. Donc, on m'a dit, à la suite de rencontres
régionales où j'ai eu l'occasion d'écouter, M. le
Président...
Le Président: En conclusion.
M. Tremblay (Outremont): ...non pas comme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, tous les intervenants
régionaux... Et le problème n'est plus une ques- tion de fonds
disponibles, mais plus une question de projets réalistes et qui
présentent de bonnes perspectives de rentabilité dans toutes les
régions du Québec.
Le Président: En question principale, maintenant, M. le
député de Sainte-Marie?Saint-Jacques.
Services télévisuels francophones
offerts par câble aux contribuables québécois
M. Boulerice: M. le Président, le CRTC, qui est un
organisme fédéral, a rendu publique sa décision quant aux
nouveaux services télévisuels offerts par câble. Pour le
marché québécois, les enjeux, vous en conviendrez, sont
considérables, mais l'avenir, par contre, est fort
inquiétant.
Le ministre des Communications ? durant qu'il est ici, d'ailleurs,
j'en profite ? recommandait à cet effet d'attendre 1996 avant
d'octroyer de nouveaux permis; il demandait de faire des études d'impact
et qu'il y ait une offre majoritairement francophone sur le service de base;
et, finalement, d'offrir le service de câble à 40 % des
Québécois qui, actuellement, ne sont pas desservis par le
câble.
Le ministre, M. le Président, va-t-il reconnaître que la
décision du Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes ne tient aucunement compte des
recommandations de son ministère?
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. Cannon: Merci, M. le Président. La décision
rendue à Hull, le jeudi 3 juin dernier, comme l'a mentionné mon
critique, est une décision considérable et une décision
également très complexe. Il ne faut pas oublier qu'au
début de ces audiences portant sur la structure et l'avenir des services
télévisés, le président du CRTC, M. Spicer, avait
indiqué qu'il s'agissait de la mère de toutes les audiences.
Les experts du ministère sont actuellement à analyser les
impacts de la décision. Notamment, nous pourrons dans quelques jours, je
présume, avoir une idée très claire. Mais, à
première vue, je pense que ce qui est important, c'est que les
câblodistributeurs québécois, qui étaient
très inquiets au sujet de la menace de ce qu'il est convenu d'appeler
maintenant «l'étoile noire» ? ou le
«destar» en anglais ? et qui semble s'estomper puisque, dans
le fond, on permet aux câblodistributeurs québécois et
canadiens de pouvoir continuer et de com-pétitionner dans ce
secteur-là.
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire, maintenant, M. le député de
Sainte-Marie?Saint-Jacques .
M. Boulerice: M. le Président, pourquoi, dans ce cas, le
ministre a-t-il abandonné sa politique de rapatriement des pouvoirs en
matière de communication? Pour-
quoi a-t-il laissé tomber l'idée que la Régie des
télécommunications du Québec exerce les pouvoirs du CRTC
pour le territoire québécois? Ne va-t-il pas convenir que
ça nous aurait évité les problèmes qu'on rencontre
actuellement?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Cannon: Je ne me rappelle pas à quelle
déclaration se réfère le député, M. le
Président, quant à la renonciation des obligations historiques
que le Québec a toujours voulu exercer dans ce secteur.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Boulerice: M. le Président, à part le Mur des
lamentations, je ne sais pas ce que son gouvernement sait faire!
Le Président: Votre question, M. le
député.
M. Boulerice: Est-ce que le ministre va convenir, M. le
Président, qu'il avait déposé un livre blanc et qu'il n'a
pas été accepté par son gouvernement, et qu'en plus on a
muté son sous-ministre ailleurs parce que, lui, il y croyait? Pourquoi
le ministre n'a-t-il pas fait adopter sa politique de façon à ce
que le CRTC cesse de jouer dans nos plates-bandes?
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. Cannon: M. le Président, je vois le leader de
l'Opposition dire: C'est terminé. Je le souhaite, avec une question
semblable. Quand le député dit que... Quand le
député dit que le premier ministre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cannon: Ah! Eh bien, là, il lui demande de continuer,
c'est bien. Quand le député dit que le sous-ministre, l'ancien
sous-ministre qui était au ministère des Communications n'y est
plus et qu'il a été affecté ailleurs, c'est une
décision de l'Exécutif; ça n'a strictement rien à
voir avec, semble-t-il, une politique que j'aurais déposée. Je ne
me rappelle pas avoir déposé une politique des communications, M.
le Président.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Boulerice: M. le Président, est-ce que le ministre a
bien saisi que l'intervention du leader de l'Opposition était un signe
au premier ministre pour qu'il abolisse le ministre et le ministère le
plus rapidement possible?
Le Président: En question principale, maintenant,
M. le député de Matapédia.
Attribution des contrats d'approvisionnement de
Donohue Matane à des scieries indépendantes
M. Paradis (Matapédia): Merci, M. le Président. En
début de semaine, le ministre des Forêts nous faisait part qu'il
envisageait très sérieusement la possibilité de redonner
les contrats d'approvisionnement de Donohue Matane aux scieries
indépendantes. Cependant, des informations nous disent que Donohue
s'objecterait. J'aimerais savoir du ministre des Forêts quelles sont
d'abord ses intentions réelles, et, deuxièmement, si c'est bien
fondé, les informations que nous avons disant que Donohue s'objecte
à redistribuer les CAAF aux scieries indépendantes? (10 h 50)
Le Président: Alors, évidemment, vous avez compris
que c'était une question principale. Je reconnais M. le ministre des
Forêts pour la réponse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, merci. C'est une bonne question.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je comprends la
préoccupation du député de Matapédia, parce que
ça représente, dans son comté, plusieurs centaines
d'emplois, M. le Président, et ces personnes-là attendent depuis
longtemps une réponse pour retourner au travail. J'ose croire que les
rumeurs d'objection de la part de Donohue ne sont pas fondées. C'est
peut-être de l'interprétation gratuite, parce que je ne comprends
pas pourquoi Donohue s'objecterait à tout ça, étant
donné son intention de vendre aux gens du milieu, via le CAMO, les
scieries et le centre de préparation de Matane, et non plus, suite
à la lettre de REXFOR que j'ai déposée en cette Chambre et
à la décision du conseil d'administration de Donohue, de ne pas
opérer cette année ces usines-là.
Tout de même, M. le Président, je dois signaler que Donohue
Matane nous a fait une demande au ministère pour un permis
d'intervention pour la scierie de Marsoui, ce qui m'obligerait, en vertu de
l'article 42, à lui émettre un permis de coupe.
Le Président: Question complémentaire, Mme la
députée de Matane.
Mme Hovington: Oui, M. le Président. J'insiste
auprès du ministre des Forêts pour savoir ce qu'il entend faire
pour aller de l'avant dans son programme de réallocation des volumes de
bois aux scieries existantes et permettre aux travailleurs de travailler enfin.
Vous savez, nous sommes le 10 juin, et l'hiver est vite arrivé en
Gaspésie.
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, un autre député qui se préoccupe de ses
commettants qui veulent travailler. Cette semaine, j'avais dit que
j'espérais solutionner ça dans le courant de la semaine. Hier,
j'ai écrit à M. Pagé, le président de Donohue
Matane, pour lui dire ceci: «REXFOR, votre partenaire dans Donohue Matane
inc., m'a informé de sa position à l'effet que les scieries
appartenant à cette compagnie ne devraient pas opérer en
1993-1994. Devant ce fait, je me propose de répéter la même
mesure que celle de l'an dernier, c'est-à-dire la redistribution pour
cette année des bois faisant partie de votre CAAF et ce, en vertu de la
disposition de l'article 92. «Vous comprendrez que cela a pour but de
maintenir un niveau d'emploi acceptable dans la région du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, et aussi, à moins d'avis
contraire de votre part, dans les sept jours suivant l'envoi de cette lettre,
je considérerai que votre entreprise ne demandera pas, pour
l'année 1993-1994, le permis d'intervention.» Mais, M. le
Président...
Le Président: Un instant, M. le ministre. Alors, pour un
rappel au règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, en vertu de 79. Vous
savez que la période de questions, ce n'est pas une séance de
lecture de correspondance. Et, en vertu du règlement,
précisément, je voudrais qu'on dépose la lettre, s'il vous
plaît.
Le Président: Très bien. Un instant, s'il vous
plaît! Un instant. Un instant. Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Simplement pour rappeler que,
après 79 il y a 81, qui stipule qu'aucun rappel au règlement ne
peut être fondé sur l'opinion que la réponse à une
question posée à un ministre est insatisfaisante. Et il y a
consentement pour dépôt, M. le Président.
Le Président: Très bien. Alors, j'ai une demande,
M. le ministre, pour le dépôt de la lettre que vous venez de lire.
Est-ce que vous consentez à déposer le document, M. le
ministre?
Document déposé
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça me fait
plaisir, M. le Président, de déposer cette lettre-là, et
j'ajouterais que notre intervention peut représenter 160 000
mètres cubes de bois à couper dans la vallée de la
Matapédia, et si on accepte en Gaspésie, au-delà de 250
000 mètres cubes, ce qui représente 698 emplois, M. le
Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, la lettre est déposée.
S'il vous plaît! Je vais maintenant reconnaître en question
principale M. le député de Laviolette.
Intervention du ministre des Forêts
dans le transfert de la société de
conservation de Saint-Honoré
M. Jolivet: M. le Président, après Amos,
Port-Cartier, Les Méchins, Rouyn-Noranda, voilà maintenant que
c'est au tour de la population de Saint-Honoré, qui n'est pas dans un
comté libéral, de se sentir obligée de prendre la rue pour
faire valoir son opposition au transfert injustifié de la
société de conservation vers Rober-val, comté
libéral. Alors que la population de Saint-Honoré s'était
montrée jusqu'à maintenant très réservée
dans ses moyens de contestation, il faut donc compendre qu'elle n'avait plus le
choix d'agir de cette façon, car elle est poussée par un
gouvernement qui refuse de la rencontrer, un ministre qui refuse de la
rencontrer, le premier ministre lui-même s'étant dit insensible
aux pressions de la rue. J'aimerais savoir de la part...
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Votre question, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: J'aimerais savoir de la part du ministre des
Forêts si son gouvernement est vraiment conséquent avec
lui-même. Puisqu'il n'aime pas ce genre de manifestation, le ministre
a-t-il l'intention de se rendre aux demandes des principaux intervenants dans
le dossier et de les rencontrer pour éviter que la situation continue
à s'enliser irrémédiablement?
Le Président: M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai de la misère à saisir la question du
député de Laviolette, parce que les rencontres ont eu lieu. Il
est en retard de quelques semaines. Le sous-ministre Bernard Harvey, avec le
président de la Fédération des sociétés de
conservation, est allé rencontrer les gens à Saint-Honoré,
et moi, j'ai rencontré le maire de Saint-Honoré avec le
préfet et les représentants de la région. Nous avons
donné tout l'aspect technique du dossier. Et même, M. le
Président, le comité de Saint-Honoré a engagé Ralph
Pitre, qui est un ingénieur forestier qui a travaillé longtemps
comme moi dans ce secteur-là, dans cette activité-là, et
Ralph Pitre a dit que le choix de Roberval, c'est un bon choix, étant
donné qu'il y a une présence dans l'Est, soit à
Baie-Comeau.
Le Président: Alors, une question complémentaire,
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, le ministre a-t-il
l'intention de rencontrer les gens de Saint-Honoré, parce
qu'ils ont l'intention... Ils ont prouvé jusqu'à
maintenant que, dans les documents présentés par la
société de conservation et par le ministre, il y avait des
faussetés à l'intérieur, et ils veulent en faire la preuve
au ministre.
Le Président: M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je les ai rencontrés et, si c'est nécessaire,
je les rencontrerai de nouveau, mais pas sous la menace, c'est certain. Et
toutes les affirmations dont fait mention le député de
La-violette ont été répondues adéquatement, M. le
Président.
Le Président: Alors, en question principale maintenant, M.
le député de Gouin.
Nomination des membres du Conseil des arts et des lettres du
Québec
M. Boisclair: M. le Président, on me permettra d'abord, et
je pense que les membres de cette Assemblée seront unanimes à
vouloir rendre hommage à Mme Alyne LeBel, décédée
récemment. Autant à titre de présidente du Conseil
régional de la culture de Québec qu'à titre de fondatrice
de la revue Cap-Aux-Diamants, Mme LeBel s'est certainement
illustrée comme une partenaire active du milieu culturel. Nos sympathies
aux membres de sa famille ainsi qu'à ses amis.
M. le Président, en décembre dernier, la ministre de la
Culture indiquait que le nouveau Conseil des arts et des lettres du
Québec serait opérationnel le 1er avril: il y a de ça 2
mois. À l'occasion de l'étude des crédits, la ministre
reportait au 1er septembre le début des activités du Conseil, en
s'engageant à nommer les membres du Conseil, dont son président,
au plus tard le 15 mai: il y a de ça, M. le Président,
près d'un mois. Alors, plus d'un mois plus tard et, après que la
ministre ait été forcée d'annuler, à la toute
dernière minute, une conférence de presse, les milieux culturels
attendent toujours. Est-ce que la ministre peut nous dire si, oui ou non, elle
maintient l'échéance du 1er septembre? Et, si c'est le cas,
est-ce qu'elle ne trouve pas qu'il commence à être urgent qu'elle
procède à la nomination des membres du Conseil, ou plutôt
est-ce que c'est le dernier budget qui est venu jeter une douche d'eau froide
et qui fait que la ministre est incapable de trouver des membres, dont un
président, pour l'éventuel Conseil, M. le Président?
Le Président: Mme la ministre de la Culture.
Mme Frulla: M. le Président, nous avons aussi
envoyé nos plus vives sympathies à la famille de Mme Alyne LeBel,
d'une part.
Deuxièmement, je réitère aussi que le Conseil des
arts, comme discuté aux crédits, le Conseil des arts disposera
d'une somme de 42 000 000 $. Par contre, vous avez tous été au
courant aussi que M. Corbo a été pressenti pour être le
président-directeur général du Conseil des arts et que,
pour des raisons tout à fait personnelles, il nous a avisé, 72
heures avant l'annonce du conseil d'administration, qu'il déclinait
l'offre. Alors, c'est sûr qu'il a fallu recommencer un peu la
procédure pour trouver un président-directeur
général, ce que nous faisons activement présentement.
Quand nous serons en mesure de l'annoncer, M. le Président, ce que nous
espérons faire d'ici à peu près 3 semaines, maximum, M. le
Président, le Conseil des arts, évidemment, sera en place. Nous
espérons qu'il sera en place et aussi opérationnel pour
peut-être fin septembre, début octobre. Mais il faut comprendre
que l'échéancier a été effectivement
chambardé. (11 heures)
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, est-ce que la ministre, qui, une
fois de plus, reporte l'échéance, peut nous dire... Est-ce qu'il
faut comprendre que la difficulté de la ministre à
dénicher un président réside dans la question
délicate du degré d'autonomie du président par rapport
à la ministre qui peut fixer des priorités au Conseil et qui doit
approuver le plan d'activité du Conseil? Et est-ce que c'est pour cette
raison que M. Corbo s'est désisté à la dernière
minute, selon les informations qui émanent du quotidien Le Devoir, M.
le Président?
Mme Frulla: Pas du tout, M. le Président. Pas du tout. Au
contraire, c'est pour des raisons personnelles que M. Corbo a dû
décliner l'offre, d'une part. Deuxièmement, nous sommes
actuellement à l'étape finale du choix du P.-D.G. qui va
présider le conseil d'administration, et le Conseil des arts, tel que
nous l'avons annoncé lors du dépôt de la politique
culturelle, a toute l'autonomie nécessaire pour bien remplir sa fonction
première du développement culturel du Québec. Mais il faut
aussi comprendre qu'il faut se donner du temps pour trouver la personne
nécessaire, la personne qui englobe toutes les qualités
nécessaires pour, justement, bien mener cette opération à
terme. Et on se donne le temps, M. le Président, de trouver la perle
rare.
Le Président: C'est la fin de la période des
questions.
Il n'y a pas de votes reportés.
Motions sans préavis.
Motion sans préavis, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voudrais présenter une motion sans
préavis, qui se lit de la façon suivante: «Que cette
Assemblée offre ses meilleurs voeux aux Québécois
d'origine portugaise et au peuple portugais dont c'est aujourd'hui la
fête nationale.»
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à ce
que nous débattions de cette motion? Alors, demandant la collaboration,
s'il vous plaît, de tous les collègues. Mmes et MM. les
députés.
M. le leader du gouvernement, sur la motion présentée par
le député de Lévis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Suite
à une discussion avec le leader de l'Opposition officielle, il y aurait
consentement à ce que la motion puisse être
présentée demain, suivie ou accompagnée d'un ordre de la
Chambre, limitant les interventions à une personne de chaque
côté pour 5 minutes, et une possibilité, également,
dans le même cadre, pour les autres députés
indépendants.
M. Chevrette: Oui, faisons un ordre de la Chambre.
Le Président: Très bien. Donc, nous reviendrons. M.
le député de Lévis, vous pourrez revenir demain avec cette
motion.
M. Chevrette: M. le Président... Le Président:
Oui, monsieur...
M. Chevrette: ...au niveau des motions sans préavis.
Le Président: Juste une petite seconde. Mmes et MM. les
députés!
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je n'ai malheureusement pas
eu le temps, celle-ci, d'en parler au leader du gouvernement, mais je voudrais
faire une motion sans préavis, quitte à ce qu'il la prenne en
délibéré. C'est qu'on s'attendrait, avec les
événements d'hier soir, qu'il y ait un bilan de fait par le
ministre responsable de la Sécurité publique, à
l'Assemblée nationale. Est-ce que j'en fais une motion ou si on
s'entend, les 2 leaders, M. le Président, pour qu'on puisse demander
tout simplement au ministre de le faire de bonne foi, sans que ce soit
aujourd'hui?
Je le comprends, parce qu'il n'y a pas de bilan à la page,
à ce stade-ci. Mais je crois que ça serait peut-être
important, à la fois pour les parlementaires et pour la population en
général, qu'on connaisse un peu ce qui s'est passé et un
peu un regard, aussi, des victimes de cette violence inattendue.
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: Si l'on avait soulevé une question pendant la
période des questions, j'aurais été disposé
à fournir les renseignements dont je dispose déjà, mais il
me fera plaisir, je dirais plus probablement à la période des
questions de demain, de fournir un bilan complet de ce qui s'est produit. Et en
même temps, je serai plus en mesure demain d'indiquer s'il y a des choses
que je dois envisager à titre de ministre de la Sécurité
publique.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...vraiment par... Parce que, compte tenu que nos
périodes des questions sont du matin, on a cru bon y aller de cette
façon-là pour permettre de colliger l'ensemble des données
et que ce soit plus complet. Je retire, à ce moment-là, la motion
sans préavis, pour ne pas faire un débat inutile, et, demain, le
ministre s'étant engagé, on procédera de part et d'autre.
Merci.
Le Président: Très bien.
Avis touchant les travaux des commissions
Maintenant, aux avis touchant les travaux des commissions, M. le leader
du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, j'avise
cette Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à 24 heures, à la Salle Louis-Joseph-Papineau, la commission de
l'aménagement et des équipements poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 91, Loi modifiant le Code de la
sécurité routière.
À la salle du Conseil législatif, la commission de la
culture poursuivra l'étude détaillée du projet de loi 86,
Loi modifiant la Charte de la langue française.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vos avis sont
déposés.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Alors, ceci met fin à la période des affaires
courantes.
Affaires du jour
Nous allons passer, maintenant, aux affaires du jour.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je fais motion,
maintenant, pour que l'Assemblée se transforme et se constitue en
commission plénière pour l'étude détaillée
du projet de loi 102.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Cette motion est-elle
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. En
conséquence, l'Assemblée se constitue en commission
plénière pour l'étude détaillée du projet de
loi 102. Alors, l'Assemblée est suspendue pour que la commission
plénière entreprenne ses travaux.
(Suspension de la séance à 11 h 6)
(Reprise à 11 h 18)
Commission plénière Projet de loi
102
M. Bissonnet (président de la commission
plénière): Alors, conformément à la motion
déposée à l'Assemblée, la commission
plénière reprend ses travaux sur l'étude
détaillée du projet de loi 102, Loi concernant les conditions de
travail dans le secteur public et le secteur municipal.
Étude détaillée
Je vous rappelle que, lors de l'ajournement des travaux, hier, la
commission plénière avait adopté les articles 1, 2 et 3 du
projet de loi 102, Loi concernant les conditions de travail dans le secteur
public et le secteur municipal.
Champ d'application (suite)
Nous étions rendus à l'article 4 et M. le ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique et président du Conseil du trésor avait proposé
l'amendement qui suit, dont je vais lire le texte: Article 4. Remplacer, dans
les deuxième et troisième lignes du premier alinéa, les
mots «en vertu de l'article 19 ou de l'article 19.1 de la Loi sur
l'assurance-maladie (L.R.Q., chapitre A-29)» par les mots
«visée par la sous-section 3 de la section m du chapitre
II».
L'article 3, hier, avait été adopté sur division,
mais il y avait des discussions qui se sont poursuivies suite à
l'adoption de l'article 3 sur division. Je ne sais pas si M. le
député de Labelle veut faire d'autres interventions sur la fin de
la discussion qui avait lieu, mais l'article 3 avait été
adopté sur division au préalable. Alors...
M. Léonard: Oui. Juste avant qu'on se mette à
parler un peu de...
Le Président (M. Bissonnet): ...si vous voulez apporter
quelques interventions, moi, je vais vous les permettre.
M. Léonard: Oui. C'est parce qu'après on
était revenu, M. le Président, si vous permettez, sur l'ampleur
de...
Le Président (M. Bissonnet): Vous étiez revenus,
mais il y avait...
M. Léonard: ...sur les organismes mandataires et les
organismes qui relevaient des municipalités. En particulier, II y avait
eu une discussion entre le député d'Abitibi-Ouest et un cas qui
avait été soulevé sur la ville de La Sarre. Finalement, je
ne me rappelle pas, à ce stade-ci, si l'organisme en question
était touché. J'ai l'impression que c'était resté
confus. Je ne sais pas si ce matin on a une réponse là-dessus
ou... Parce qu'il y a beaucoup d'organismes sans but lucratif, comités
de loisirs, qui sont parfois incorporés selon la partie III de la Loi
sur les compagnies ou quelque autre organisme de cette nature. (11 h 20)
M. Johnson: Ah oui! M. le...
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor, je vous écoute.
M. Johnson: Oui. Je réitère qu'essentiellement il
s'agit de voir dans la charte de la ville ou la loi qui s'y applique si les
organismes en question, d'une façon ou d'une autre, sont des mandataires
de la corporation municipale. C'est à partir de ce moment-là
qu'ils sont, évidemment, touchés par le projet de loi 102. Alors,
c'est une question de fait et de droit, je dirais. De fait, quant à la
constitution, par exemple, du conseil d'administration. Quand on se rapporte
à l'article 18 de la Loi sur le régime de retraite des
élus municipaux, on définit l'organisme mandataire de la
municipalité comme étant celui que la loi déclare
mandataire ou agent de la municipalité, de même que ceux dont le
conseil d'administration est composé majoritairement de conseillers
municipaux et dont le budget est adopté par la municipalité.
Alors, est-ce que ça répond ou ça ne répond
pas à cette définition-là, un comité de loisirs
incorporé en vertu de la partie III dont presque tout le budget vient de
source municipale, dont le budget est adopté par la municipalité,
dont le directeur général de la municipalité assume la
direction? Ça devient une question de droit après ça,
évidemment. Alors, il n'y a pas de règle générale.
La règle générale est celle prévue,
évidemment, à l'article 18 de la loi que je mentionnais et, on
reviendra plus tard, il y a une situation semblable à l'article 19 sur
les organismes supramunicipaux, mais... Je parle toujours des 18 et 19 de la
Loi sur le régime de retraite des élus municipaux. Il faut s'en
référer là et au même titre que de savoir si la
personne qui y oeuvre est couverte par cette Loi sur le régime de
retraite des élus municipaux, appartient à un organisme qui
répond à ces définitions-là. On n'a pas
étendu davantage la notion.
M. Léonard: Par ailleurs, M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...à un autre plan, il existe sur le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal ? je ne me
rappelle pas exactement le nom ? une régie intermunicipale de
disposition des déchets et de récupération. Je sais que
ça porte un nom très précis, ils avaient
présenté un projet de loi l'an dernier et j'avais
participé à son étude. Est-ce que cet organisme, par
exemple, est touché par la loi actuellement ou serait
touché par la loi si elle est adoptée?
M. Johnson: La réponse, c'est oui, à titre
d'organisme supramunicipal.
M. Léonard: Ah! c'est supramunicipal. «Inter»
inclut «supra»? C'est-à-dire «supra» inclut
«inter»?
M. Johnson: Encore une fois, nous revenons à la
définition. Je l'anticipais tout à l'heure et on y est rendu.
L'article 19 de la Loi sur le régime de retraite des élus
municipaux prévoit qu'à l'égard d'un organisme municipal
le gouvernement peut, par décret, désigner comme organisme
supramunicipal ? on va voir de quoi il s'agit ? une commission ou un
conseil créé par la loi et dont la majorité des membres en
font partie à titre de chef du conseil ou de conseiller d'une
municipalité ou d'une municipalité régionale de
comté.
On me signale que la régie en question répond à
cette définition; donc, c'est couvert par le projet de loi 102.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il a d'autres
questions, M. le député? Nous passons à l'article 4.
M. Johnson: Avec votre permission, avant que nous y passions, M.
le Président, pour terminer les préalables dont nous discutions
hier, on m'a demandé quelle était la liste... quels
étaient les organismes du gouvernement dont le personnel est
nommé ou rémunéré selon la Loi sur la fonction
publique. Il me fait plaisir de transmettre à l'Opposition ce que nos
gens ont colligé depuis hier soir.
J'énonce un conseil de prudence. On retrouvera là certains
organismes qu'on retrouve dans d'autres listes, soit par l'effet de la Loi sur
la fonction publique ou les lois constitutives. Il y a des chevauchements dans
les listes, certains organismes ? on me signale, par exemple, la
Sûreté du Québec ? pouvant se retrouver dans 2 des
listes.
C'est ce que le greffe, c'est ce que nos conseillers juridiques m'ont
signalé, qu'il y a des gens de ces organismes qui sont nommés ou
rémunérés selon la Loi sur la fonction publique, dans la
liste que je viens de passer, mais on retrouve également l'organisme
dans les autres listes, dans l'annexe 1, donc visé par l'article 1,
paragraphe 2°, dont nous discutions hier à l'égard,
notamment, de la Sûreté du Québec. On trouve la
Sûreté dans les 2 listes. Alors, il faut faire attention de ne pas
tout additionner les nombres.
Le Président (M. Bissonnet): Avez-vous l'autre
document?
M. Johnson: Non, M. le Président. L'annexe 1 est
déjà disponible dans le cahier que j'ai transmis à
l'Opposition.
M. Léonard: Oui.
Document déposé
Le Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour que le document soit déposé?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): Consentement. Alors, on s'en
occupe.
Sur l'article 4 et l'amendement à l'article 4, je suis prêt
à entendre un intervenant.
M. Léonard: Oui. J'aimerais avoir l'amendement d'abord. Je
suppose qu'on va disposer... On l'a ici.
Le Président (M. Bissonnet): Vous l'avez? Oui, ça
va. On va faire des copies et en remettre à tous les membres. On en a
ici, ça va.
M. Léonard: M. le Président, par les mots
«visée par la sous-section 3 de la section III du chapitre
II»... Je suppose de la loi L.R.Q., chapitre A-29. C'est ça?
Le Président (M. Bissonnet): L.R.Q, chapitre A-29.
M. Léonard: Oui. O.K.
Le Président (M. Bissonnet): Vous voulez avoir cette
copie-là?
M. Léonard: Bien, on voudrait avoir la sous-section 3 de
la section III du chapitre II pour avoir un peu...
Le Président (M. Bissonnet): Alors, on va s'occuper de
faire sortir ça.
M. Léonard: Oui, parce que, autrement...
M. Chevrette: Autrement, ils vont être 2 à se
comprendre.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous voulez
suspendre l'article 4 en attendant que j'aie ces documents-là?
Une voix: Non, non, non, non.
Le Président (M. Bissonnet): Non? Ça va.
M. Johnson: Le député a ça en main sous
l'étiquette annexe 7, tout de suite après la première page
du cahier où on discute de l'article 4.
Le Président (M. Bissonnet): Ça va, l'annexe 7.
M. Léonard: C'est la section III du chapitre II. O.K.
Le Président (M. Bissonnet): Ça va, M. le
député?
M. Léonard: Alors, c'est quoi, l'objet de
l'amendement?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, sur
l'amendement.
(Consultation)
Le Président (M. Bissonnet): Sur l'amendement, monsieur...
Expliquez l'amendement à M, le député de Labelle, à
l'article 4.
M. Johnson: L'amendement vise, M. le Président, à
tenir compte d'une entente en vertu de l'article 432 de la Loi sur les services
de santé et les services sociaux et d'une entente en vertu de l'article
3 de la Loi sur l'assurance-hospitalisation, dont il est question à
l'article 32 du projet de loi qui est devant nous.
Deuxièmement, pour qu'on se comprenne bien, ce qu'il y a en
annexe 7, c'est, évidemment, l'article 19.1 de la Loi sur F
assurance-maladie, mais la sous-section 3 de la section III du chapitre II,
dont on parle dans l'amendement, c'est, évidemment, la sous-section 3 du
projet de loi 102, de l'article 28 à l'article 32 inclusivement.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, je suis prêt
à entendre un intervenant sur l'article 4 et l'amendement.
M. Léonard: La section III de la loi 102?
M. Johnson: Oui, c'est ça, du projet de loi qui est devant
nous.
M. Léonard: Ah! les professionnels de la santé.
(Consultation)
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Pour plus de compréhension, on me signale que
c'est un correctif qui est apporté pour que le renvoi à l'article
32 du projet de loi qui est devant nous soit fait de façon plus
correcte, parce que le renvoi qu'on faisait, aux articles 19 et 19.1 de la Loi
sur F assurance-maladie, n'était pas suffisant pour couvrir tous les cas
auxquels nous songions, dans la mesure où on parle des ententes avec les
professionnels de la santé.
(Consultation)
Le Président (M. Bissonnet): Alors, je vais suspendre
quelques instants pour qu'on puisse regarder les documents et être
prêts. Je suspends les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 30)
(Reprise à 11 h 41)
Le Président (M. Bissonnet): La commission
plénière reprend ses travaux. Un simple rappel, il s'agit de
l'étude détaillée du projet de loi 102, Loi concernant les
conditions de travail dans le secteur public et le secteur municipal, et nous
en sommes à l'article 4. J'informe les membres de cette Assemblée
qu'il y a eu un amendement qui a été déposé par M.
le président du Conseil du trésor et dont les copies ont
été remises aux membres.
Je suis prêt à entendre un intervenant sur l'article 4 et
sur l'amendement.
M. Léonard: Bien...
Le Président (M. Bissonnet): M. le
député...
M. Chevrette: Avant d'intervenir...
Le Président (M. Bissonnet): Oui, M. le...
M. Chevrette: ...si c'est ça que vous voulez absolument,
moi, j'ai des questions d'information.
M. Léonard: Oui, c'est ça, moi aussi. On a des
questions d'information, parce que, quand on lit l'article 4, on
s'aperçoit que ça en couvre très large. Par exemple:
«Pour l'application de la présente section, la date d'expiration
d'une convention collective ? je suppose qu'on arrête là
? ou d'une entente en vertu de l'article 19 ou de l'article 19.1 de la Loi
sur l'assurance-mala-die», puis là on vient de dire que c'est la
sous-section 3 de la section III du chapitre II. Mais
commençons par le premier bout, la date d'expiration d'une convention
collective. Ça touche toute convention collective qui est signée
entre les organismes dont on a discuté dans les articles 1, 2 et 3, et
pas juste des ententes selon la Loi sur l'assurance-maladie. C'est toute
convention collective de tout organisme public visé par les articles 1,
2, 3.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, l'article 4 dit: «Pour
l'application de la présente loi». Donc, à chaque fois que,
dans la loi, on va parler de la date d'expiration d'une convention collective
ou d'une entente en vertu de, etc., ça va référer à
quelque chose de précis, et ce quelque chose de précis là,
ça va être la date à laquelle
celle-ci, l'entente, prend fin indépendamment de la
présente loi, donc indépendamment du report de 2 ans, de la
prolongation de 2 ans. Il faut qu'on se comprenne. C'est simplement que, dans
le temps, on doit arrêter les différentes dates, savoir de quoi on
parle lorsqu'on utilise ces mots-là un peu partout. Évidemment,
la loi vise à reporter de 2 ans la date de fin, d'échéance
d'une convention collective.
M. Léonard: Alors, il y en a combien?
M. Johnson: Mais, quand on va parler de la date d'expiration
d'une convention collective, on va parler de la date d'expiration avant que le
projet de loi soit adopté, et en vigueur, et applicable, donc, à
ces conventions-là.
M. Léonard: Vous en avez combien, des conventions
collectives comme ça?
M. Johnson: II y en a combien?
M. Léonard: Oui.
M. Johnson: La réponse générale, c'est:
Toutes.
M. Léonard: Oui. Ça fait combien?
M. Johnson: Voulez-vous une liste?
M. Léonard: Oui. Avec la date.
M. Johnson: Ce n'est pas pensable. On parle de milliers,
là.
M. Chevrette: Non, mais vous savez... Je «peux-tu»
continuer?
M. Léonard: Oui.
M. Johnson: On parle de milliers, là. Écoutez, ce
n'est pas la première fois...
M. Chevrette: Je comprends, mais la CEQ peut avoir, je ne sais
pas, moi, autant de conventions collectives qu'il y a de commissions scolaires.
Je comprends ça, en vertu du Code du travail, je le sais, ça.
M. Johnson: C'est ça. Bien oui, mais ne le demandez pas,
là.
M. Chevrette: Mais la question qui est posée est bien plus
spécifique que ça. On peut avoir 200 conventions collectives qui
finissent le 30 juin, le secteur de l'éducation, mettons. On peut en
avoir 300 autres qui finissent au mois de septembre, je ne sais pas, le
ministère de la Santé. Ça n'arrive pas toutes aux
mêmes échéances. Si vous sentez le besoin de dire dans
votre article que c'est à l'échéance de la convention
collective que les 2 ans commencent à courir, parce que c'est un peu
ça qu'il faut lire dans l'article 4, d'après ce que je
comprends... Donc, est-ce qu'on peut avoir le portrait de la fin des
échéances pour savoir jusqu'à quelle date ça
mène, ça, pour certains groupes, et combien ça touche
à peu près de personnes? Je ne sais pas si c'est plus clair.
M. Johnson: Le nombre, d'abord.
M. Chevrette: Oui, c'est ça, mais pas aux mêmes
dates.
M. Johnson: Mais ça dépend des conventions
collectives en vigueur. Il y a des décalages. Dans les
universités, ce n'est pas le 30 juin qui vient. À la SAQ, il y a
3, 4 contrats avec des dates différentes. À la SQ, c'était
le 31 décembre dernier. Enfin, on peut faire le tour. On a un portrait,
si c'est ça que vous voulez voir...
M. Léonard: Oui.
M. Johnson: ...des différents groupes, ou
catégories, je dirais, ou classifications, par date d'expiration. On
peut peut-être essayer de sortir ça en gros, mais pas dans le
détail.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Par exemple, les universités ont des
dates de convention collective ou de fin d'année civile... fiscale pour
elles, ou financière, le 31 mai. Alors, elles viennent de signer
possiblement et, possiblement, elles pourraient avoir signé
théoriquement une convention collective pour 3 ans. Donc, ça,
c'est les conditions salariales arrêtées. Votre projet de loi doit
s'appliquer, finalement, au bout de 3 ans moins 1 mois, en l'occurrence,
à supposé que votre projet soit adopté le 1er juillet ou
sanctionné le 1er juillet, par exemple. Donc, on est reporté
à ? 1993 plus 3 ? 1996, donc, c'est de 1996 à 1998.
C'est ça que ça veut dire?
M. Johnson: oui, c'est ça, sauf, pour être complet,
on va voir, à l'étude article par article, que, si la convention
dont vous parlez, qui a commencé le 1er juin dernier, comporte une
période de gel, ou de récupération, ou d'économie
de 1 %, ça, c'est pris en compte, également. et on doit
soupçonner que, dans les universités, il y a tellement de clauses
remorques à l'endroit des paramètres du secteur public que, en
réalité, ce n'est pas susceptible d'arriver beaucoup, qu'une
convention collective vienne tout juste d'être signée, avant que
la loi soit adoptée, et que les gens, donc, auraient accepté
implicitement d'être gelés dans 2 ans et se démarquent
complètement, dans le secteur public subventionné, des
paramètres du secteur public.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut avoir du Conseil du trésor
? c'est quand même sérieux, ça, une législation
du genre ? le portrait exact, les groupes touchés, les montants des
individus, le nombre d'individus touchés et les échéances?
Il me semble que le portrait précis... On ne doit pas bâtir une
loi sur de l'à-peu-près. Tel que je connais votre conseiller de
gauche, là, il vous a sûrement demandé ça avant de
rédiger des textes légaux. Vous devez l'avoir, le portrait
réel de la fonction publique quant à la situation de fait. Les
conventions, il y en a qui viennent d'être signées. Il y en a
d'autres qui viennent à échéance. Il y en a d'autres qui
sont venues à échéance et qui ne sont pas signées.
On veut savoir ça avant de discuter. Ça devrait être
important que vous nous donniez ça.
M. Johnson: Je ne nie pas ça, M. le Président, mais
je veux juste voir l'importance qu'il y a de savoir que, si c'est le Syndicat
des professionnels du gouvernement du Québec qui est touché,
ça touche 12 243 personnes ou 12 226 ou 12 188. C'est la question
précise. On nous demande de répondre ici à des questions
qu'on fait inscrire au feuilleton, d'habitude. Il ne faut pas charrier. On a
identifié tous les groupes du secteur public qui sont visés, qui
sont tous les syndiqués du secteur public et tous les non
syndiqués du secteur public. C'est assez global, là.
Je cherche vraiment quel genre de travaux de fouilles précis
auxquels on veut qu'on procède. On pourra... Là, je croyais que
c'était les dates qui étaient importantes. Là, ce n'est
plus les dates, c'est le nombre de gens visés. Bien, je vous affirme que
ce sont tous les fonctionnaires des organismes et ministères. Ce sont
tous les gens visés dans l'article 1, l'article 2, l'article 3 et
l'article 4.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: S'il veut avoir une réponse, le
président du Conseil du trésor, moi, je vais lui en donner une.
On a eu le courage, nous, dans une certaine période difficile ? on
sait qu'est-ce que ça a coûté politiquement ? de poser
des gestes, bien sûr, mais on a eu également des suggestions. Les
bas salariés, par exemple, en bas de tant, ne se voyaient pas
pénalisés par... Vous dites que c'est tout le monde. C'est tout
le monde, mais regardez un problème très théorique, M. le
Président. On pourrait venir de signer un contrat de 2 ans à un
gel. Il vient de nous répondre que c'est pris en compte, c'est pris en
compte dans le projet de loi.
Mais, globalement, est-ce que le ministre propose aucune augmentation de
quelque nature que ce soit? Il va dire non, parce que les barreaux
d'expérience ne sont pas coupés, à ce que j'ai compris,
dans le projet de loi. Ce sont des sommes d'argent, ça. Est-ce qu'il ne
peut pas avoir des réaffections d'argent, à un moment
donné, dans l'étude du projet de loi, en fonction des plus
démunis de notre société ou des plus démunis des
travailleurs de la fonction publique? Il n'y a rien qui nous empêche de
faire ça dans un travail législatif, de suggérer à
l'État ou de faire des suggestions.
Ça nous prend un portrait, donc, des échéances des
conventions collectives pour savoir exactement... d'abord, pour connaître
le portrait exact de savoir qui a signé des contrats collectifs. Parce
que, quand c'est rendu que tu gèles, possiblement, pour jusqu'en 1998,
ça veut dire, dans le temps, des législations qui vont pourrir
pendant 4, 5 ans, M. le Président; c'est drôle, un petit peu. Je
veux savoir le portrait. On veut l'avoir, le portrait.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Marie-Victorin sur la question.
Mme Marois: Non, Taillon, excusez.
Le Président (M. Bissonnet): Taillon, je m'excuse. (11 h
50)
Mme Marois: Ça va. Je veux renchérir un peu sur ce
que vient de dire mon collègue. Bon, je sais que le président du
Conseil du trésor peut nous objecter: Bien, écoutez, il y a des
milliers de conventions collectives qui sont concernées, puis on ne va
pas les sortir une à une. Ça, je pense qu'on peut très
bien comprendre ça, ici. Cependant, il y a des blocs de conventions
collectives dans le secteur de la santé, ou dans le secteur de
l'éducation, ou dans le secteur paragouvernemental. Alors par blocs, on
peut savoir à peu près, pas nécessairement à peu
près, mais de façon assez précise, quelles sont les
conventions qui sont concernées, combien de personnes ça couvre
et quelles sont les échéances qui s'appliquent dans ces
cas-là ou auxquelles on est confronté dans ces cas-là. Et,
moi, j'irais plus loin parce que l'article 4, avec l'amendement qui est
proposé, si je comprends bien ? on nous réfère,
évidemment, aux professionnels de la santé ? fait
référence à différents univers. Dans le cas des
professionnels de la santé, évidemment, c'est le gel des tarifs,
si j'ai bien compris.
Moi, ce que je voudrais avoir comme information... On a appliqué
des lois. On y fait référence ici à la loi de 1991, la loi
1992. Est-ce qu'on ne peut pas avoir des cas types nous permettant de voir la
situation, par exemple, d'un professionnel ou d'une professionnelle dans la
fonction publique avec les différentes lois qu'on a adoptées et
qu'on a appliquées ou les ententes auxquelles on est intervenu, parce
que, dans certains cas, ce sont des ententes, et ce que ça donnera pour
la suite des choses avec la loi qu'on s'apprête à adopter ici, de
telle sorte qu'on voie c'est quoi, là, concrètement, que
ça aura comme impact sur les personnes concernées par la loi
actuelle? On peut prendre, comme je le dis, des cas types dans cette
situation-là. Je ne sais pas si ma question est suffisamment claire,
là.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui. La réponse va l'être
également. La loi prévoit que les taux et échelles de
rémunération sont maintenus pour 2 ans.
Mme Marois: Mais la réponse n'est pas si claire que
ça, M. le Président.
M. Johnson: Pardon?
Mme Marois: D'abord, il y a le premier bloc de questions,
là.
M. Johnson: Oui.
Mme Marois: Ça, on y reviendra, mais il y a eu des lois
adoptées. On y fait référence à l'article 4 qu'on
s'apprête à étudier; 1991, Loi sur le plafonnement
provisoire, 1992, Loi concernant la prolongation des conventions collectives et
la rémunération. Toutes ces lois ou ces ententes qui sont
intervenues ont eu un impact sur la rémunération. Qu'est-ce que
ça signifie, sur une période qui va de 1991 à la
période que l'on veut couvrir par la loi qui est devant nous, pour un
professionnel, pour un travailleur ou une travailleuse des services de soutien,
pour quelqu'un dans un centre hospitalier, pour quelqu'un dans un centre
d'accueil? Qu'on ait un certain nombre de cas types pour qu'on voie l'impact
réel de la loi en termes de ce qui restera comme
rémunération ou de ce qu'on aura comme rémunération
quand on est concerné par cette loi-là.
Et ce qu'on dit, et préalablement à cette
question-là, ce que mes collègues de Joliette et de Labelle ont
demandé, c'est qu'on sache qui cette loi-là va concerner,
à quel moment ça va les concerner et qu'est-ce que ça aura
comme impact selon les groupes concernés, selon qu'on est dans le
réseau des affaires sociales, qu'on est dans le réseau de
l'éducation, ou qu'on est dans la fonction publique, ou qu'on est dans
le parapu-blic.
On ne demande pas au ministre de nous détailler d'une
façon fine les 1000 conventions et plus que cela concerne, mais le
ministre sait très bien que, que ce soient les conventions des
universités, que ce soient les conventions dans les centres de services
sociaux ou dans les services sociaux en général, elles se
terminent à peu près toutes au même moment. Il peut donc
procéder par regroupements. C'est ça qu'on lui demande comme
information.
M. Johnson: La question est beaucoup plus large que la
réponse ne pourrait jamais l'être pour la bonne et simple raison
qu'il y a un ensemble, un jeu de paramètres de la
rémunération dans le secteur public. Et quelqu'un qui
était à notre emploi, ou les classes d'emploi, ou quelque titre
d'emploi que ce soit dans l'ensemble du secteur public visé par cette
législation, a reçu, au 1er janvier 1991, 5 %; à partir du
1er juillet 1991, un forfait de 1 % pendant 12 mois; a reçu 3 % le 1er
juillet 1992 et 1 % le 1er avril dernier. ça fait 9 % de plus. j'ajoute
l'équité salariale ou le solde de l'équité
salariale versé en 1991 pour les classes d'emploi, notamment chez les
femmes qui bénéficiaient des redressements salariaux au titre de
l'équité salariale, des relativités salariales, et c'est
le portrait pour tout le monde. les paramètres du secteur public ont
été de 5 %, plus un forfait, plus 3 %, plus 1 %, plus
l'équité. si on veut reculer davantage, c'était 4 % avant
ça en 1990 et 4 % en 1989 avec 1 % d'ajustement, de mémoire, en
1989. c'est ça? en 1990, c'était 4 % plus 1 %. alors, c'est vrai
pour tout le monde.
Maintenant, la date; on insiste beaucoup sur la date. C'est massivement
le 30 juin que prennent fin nos conventions collectives. Il y a une exception
dans le giron du gouvernement du Québec, ce sont nos agents de la paix
au ministère de la Sécurité publique, pour certains
d'entre eux. Ah non! C'est les constables... Les contrôles routiers,
c'est le 22 juin. Bon. Eux, leur date d'échéance, c'est le 22
juin, et ils viennent de régler, de toute façon, avec nous.
L'Hydro, c'est le 13 décembre.
Bon. Il y a toutes sortes de raisons historiques pour lesquelles il y a
des dates différentes, mais l'effet est identique chez chacun. C'est
simplement que les périodes... Les périodes de temps sont les
mêmes, mais les dates d'échéance de ces périodes ne
sont pas les mêmes, pour la bonne et simple raison que les dates de
début de ces périodes n'étaient pas les mêmes.
M. Léonard: Je vois que le président du Conseil du
trésor a le document en main et ce n'est pas un document si épais
que ça. Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
M. Johnson: Oui, cet après-midi, si vous voulez.
M. Léonard: Bien, on discute actuellement du projet de
loi.
M. Johnson: Bien, il est plein de notes personnelles. Non, je
regrette, c'est mon document à moi. C'est un document interne avec des
notes que je me suis fait faire ou que j'ai ajoutées. Alors, je n'ai pas
l'intention de donner cette copie-là, mais, pour une copie avec
réponse aux questions, cet après-midi, il n'y a pas de
problème.
M. Léonard: Oui, on va continuer, mais on n'adoptera pas
l'article tant qu'on n'aura pas ça.
Mme Marois: J'imagine que le président du Conseil du
trésor... Je comprends qu'il puisse vouloir conserver ses notes
personnelles, ça va de soi, mais j'imagine qu'il doit avoir un document
quelque part qu'il peut facilement nous rendre disponible maintenant. Parce que
ça concerne essentiellement l'article qui est devant nous, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Avec cette liste de dates d'expiration ou
d'échéance de conventions collectives, est-ce qu'il y a aussi le
nombre d'employés touchés, au moins approximativement?
M. Johnson: II faudrait regarder la liste. C'est pour ça
que je dis que c'est un peu de la spéléologie qu'on nous demande
de faire, de reconstituer la liste. Combien est-ce qu'il y a de gens à
l'Hydro aujourd'hui, c'est ça que vous voulez savoir?
M. Léonard: Eh bien, écoutez, on touche 500 000
personnes, à peu près, par cette loi-là.
M. Johnson: Oui, oui. Mais ça, on l'a dit depuis le
début.
M. Léonard: Oui, vous l'avez dit, mais, après
l'avoir dit, je pense qu'à un moment donné on va aller au texte,
un peu, sur des textes.
M. Johnson: Oui, oui, à moins que vous vouliez prendre
beaucoup de temps de la commission plénière. Vous pourriez me
demander les numéros d'assurance sociale aussi; je ne suis pas sûr
que la loi sur l'accès me...
M. Léonard: C'est vous qui avez convoqué la
commission plénière. C'est vous qui avez convoqué la
commission plénière et mobilisé l'Assemblée
nationale parce que vous n'aviez pas d'autres projets de loi...
M. Johnson: Une commission plénière, ou une
commission ailleurs, ou l'Assemblée, ou les élus...
M. Léonard: Vous n'avez pas assez de projets de loi pour
finir la session!
Mme Marois: C'est ça.
M. Johnson: ...appelez ça comme vous voulez, là. On
n'est pas dupe, évidemment, du stratagème.
M. Léonard: Non. Et nous non plus. Vous êtes en
course à la chefferie, et là vous passez à la
télévision. Ça va bien. C'est parfait.
Des voix: Oh! Oh!
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. Johnson: À chaque fois qu'il dit ça il passe
pour un imbécile.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
Mme Juneau: Ah, ah! Le chat sort du sac!
M. Léonard: La «poulaille» s'agite, M. le
Président. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle, article 4. S'il vous plaît! Si vous voulez poursuivre, M. le
député.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: ...on nous a souvent demandé pourquoi on
était en commission plénière. Une des raisons,
évidemment, c'est qu'on peut déborder minuit, le cas
échéant. Si l'Opposition veut travailler pour vrai, pour adopter
le projet de loi, on peut déborder minuit, à ce moment-là,
comme les parlementaires le savent. La deuxième chose, ça permet
aux gens ? parce que c'est important ? de voir comment on
débat de ces enjeux-là. Et là on en est rendu, du
côté de l'Opposition, à nous demander, je dirais, un
décompte précis; mais là, je ne suis pas sûr si
c'est par convention collective ou par secteur ou par organisme. Ce n'est
même pas clair. Mais on voit bien qu'on prend un temps énorme pour
avoir l'identité personnelle des gens qui sont touchés. (12
heures)
Quand on dit que les gens employés dans le secteur public sont
touchés, tous les personnels des organismes, les ministères, les
réseaux de la santé et de l'éducation, de l'enseignement
privé, de l'enseignement supérieur et du niveau universitaire, de
même que les sociétés d'État tels
Hydro-Québec, la SAQ, Loto-Québec, il me semble que tout le monde
a compris qui est visé, sauf le député de Labelle et la
députée de Taillon. Alors, il faut leur donner la liste de tout
ça. On leur a transmis toutes les listes: l'annexe 1, l'annexe 2,
l'annexe 3 et l'annexe 4, la référence à
différentes lois qui décrivent les groupes visés. On a
même reconstitué une liste de 76 organismes dont le personnel est
nommé et rémunéré en vertu de la fonction publique.
Ce n'est pas assez pour eux? Ils veulent qu'à côté de
chaque nom on marque combien d'employés, cadres, non-cadres, et, par la
question du député de Joliette, ils veulent également
savoir quels sont les taux et échelles de salaires de tous ces
gens-là, par classe d'emploi.
On a 1000 titres et classes d'emploi. Ce qu'on veut faire ici,
là, c'est recommencer l'expérience de 1982, avec des piles de
documents, tout simplement pour illustrer le nombre de gens qui sont
touchés. Ce n'est pas ça qui est en cause.
M. Léonard: M. le Président...
M. Johnson: On est en train de négocier une convention
collective avec des centaines de milliers de
personnes. Le gouvernement, en raison des objectifs financiers qu'il
doit respecter, veut avoir l'assurance que ces objectifs-là seront
atteints et présente donc le projet de loi 102, qui, contrairement
à l'Ontario ? qui imposera une récupération de 2 000
000 000 $ le 1er août ? permet une négociation jusqu'au 1er
octobre. C'est là qu'on en est.
L'Opposition veut savoir le nom, l'adresse civique, le numéro
d'assurance-sociale, l'âge, la couleur des yeux et des cheveux des gens
qui sont touchés.
M. Léonard: M. le Président...
M. Johnson: Non, mais c'est intéressant que ce soit
à la télévision; les gens vont pouvoir juger le
député de Labelle pour ce qu'il est.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Merci, M. le Président.
Le président du Conseil du trésor n'a pas fait son travail
de négociateur. Il ne l'a pas terminé, à tout le moins. Il
ne l'a pas terminé. Là, maintenant, pour se donner un peu de
pouvoir de négociation, il s'amène à l'Assemblée
nationale, puis il veut qu'on fasse son travail à sa place. Je regrette,
il va donner les renseignements dont il dispose, lui, s'il veut que nous
fassions le travail à sa place. C'est ça qu'on est en train de
faire. Alors, fournissez les renseignements. Fournissez-les, on fait votre
travail. Vous ne négociez pas. Vous êtes assis ici pour vous
donner un pouvoir de négociation. Alors, donnez-nous les instruments,
puisque vous demandez à l'Assemblée nationale de faire la job
à votre place.
M. Johnson: Une fois qu'on saura qu'il y a 19 000 personnes
à l'Hydro, au lieu de 18 720, on va apprendre quoi, là?
M. Léonard: Et vous, vous le savez? Faites-le, votre
travail.
M. Johnson: Ce n'est pas ça que je demande.
M. Léonard: Ah! bien, vous demandez à
l'Assemblée nationale de faire votre travail à votre place...
M. Johnson: Pas du tout.
M. Léonard: ...alors, fournissez les instruments à
l'Assemblée nationale.
M. Johnson: Alors, je veux juste savoir. Un instrument, pas de
problème, si on doit mobiliser un tas de gens...
M. Léonard: Vous l'avez dit vous-même, tout à
l'heure...
M. Johnson: ... du secteur public pour répondre au
député de Labelle, je n'ai aucune objection. On permettra aux
parlementaires de demander au député de Labelle: Qu'est-ce que
ça donne de savoir, à l'individu près, combien de gens
sont touchés? On parle toujours de 350 000 équivalents temps
complet...
M. Léonard: Oui. Tout à l'heure, vous avez dit
qu'en 1982 on s'était amenés avec une pile de documents, ici,
à l'Assemblée nationale. Au moins, nous, on les avait fournis. On
les avait mis sur la place publique. Vous, vous ne faites pas ça.
Là, vous touchez 500 000 personnes, les municipalités comprises,
et là vous voulez qu'on dise oui à un petit article de 8 lignes,
qu'on vote tout ça les yeux fermés. Bien, merci!
Le Président (Bissonnet): Mme la députée
de...
Mme Dupuis: M. le Président, le but n'est pas, comme dit
le ministre, de connaître la couleur des yeux de chacun des individus qui
est coupé. C'est d'avoir le portrait global pour voir les impacts sur la
paie de ces gens-là. Je vous donne un exemple. Supposons qu'un groupe
aurait déjà négocié un gel de salaires pour 2 ans,
qu'il aurait accepté ça. Ça veut dire que ce
gel-là, ici, de 2 ans vient s'ajouter aux autres 2 ans, donc ils ont 4
ans. Bon. C'est un exemple que je donne. Peut-être qu'il n'y en a pas de
cas comme ça.
Mais, afin de connaître l'impact de ces coupures sur l'ensemble,
mais par gros groupes, pas en détail, c'est ça qu'on demande au
ministre. C'est impossible de connaître les impacts de ce que va
donner... Si on regarde l'article 4, tel que formulé, c'est impossible.
Il n'y a que le ministre qui se comprend là-dedans.
M. Johnson: II faudrait, M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Je dirais d'abord que la députée de
Verchères a énoncé l'antithèse, le contraire
parfait de ce que j'ai expliqué tout à l'heure. Elle était
ici, pourtant. Justement, si une convention collective vient d'être
négociée et conclue, qu'elle prévoit un gel de 2 ans et
une économie de 1 %, ça ne vient pas, cette loi, s'ajouter
à ce gel. Donc, ce n'est pas pour 4 ans que les gens vont être
gelés, si les 2 ans sont déjà conclus. Ça, j'ai dit
ça en toutes lettres. On n'est pas pour suspendre les travaux et lire
les galées, les envoyer à la députée. Elle vient de
demander si ça s'ajoute. J'ai dit non, c'est un crédit, c'est
crédité en partant.
Deuxièmement, c'aurait été beaucoup plus
constructif de constater que l'Opposition avait lu le projet de loi. Ils sont
tellement contre qu'ils ne veulent même pas le lire. La réponse
à toutes les questions qui viennent d'être soulevées,
notamment par la députée de Verchères, apparaît aux
articles suivants. Maintenant, on ne veut pas parler des articles, on
n'abordera jamais les
réponses. Je suis condamné...
De toute évidence, ils n'ont pas lu le projet de loi; ça,
c'est le premier problème. Alors, on veut que je donne les outils
à l'Opposition qui prétend qu'elle fait notre travail; elle n'a
même pas fait le sien. Alors, faites votre travail, lisez le projet de
loi une fois et vous allez voir que des questions comme celles que vous posez
sont totalement sans objet, ou alors on trouve réponse complète
et entière dans le libellé du projet de loi. Moi, je veux bien
qu'on passe encore jusqu'à minuit aujourd'hui, puis minuit demain,
minuit lundi et minuit mardi ici, à l'Assemblée nationale. Ce
n'est probablement pas ça qui va arriver, incidemment, là, parce
qu'il faut au moins permettre à l'Assemblée d'adopter l'ensemble
du programme législatif, de le considérer. On n'est pas pour
monopoliser ça jusqu'à la fin, jusqu'au 23. C'est peut-être
ça, l'objectif de l'Opposition, parce que, avec des questions comme
celles qu'on vient d'entendre, il est manifeste que l'Opposition n'a pas fait
du tout, du tout, même le début du commencement de son travail qui
est, minimalement, comme député, de lire le projet de loi une
fois. Ce n'est même pas fait. Alors, moi, je veux bien...
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...avant de laisser ma collègue de
Verchères, si elle veut intervenir, répliquer, je voudrais
simplement souligner qu'hier soir nous avions très bien
vérifié que le président du Conseil du trésor
n'avait pas lu son projet de loi ou, s'il l'avait lu, qu'il ne l'avait pas
compris, parce que, quand on est passé sur la ligne de la Caisse de
dépôt et placement affectée par le projet de loi, il a fait
des ballounes pas mal. C'était vague, assez vague, merci, comme
réponse. Puis, après ça, quand on a touché aux
établissements privés, dans le monde de l'enseignement,
là, tout à coup, il s'est aperçu de toutes sortes de
choses auxquelles il n'avait pas pensé, et on a vu très bien ses
hésitations.
Alors, avant de dire à des collègues qu'ils n'ont pas lu
tout le projet de loi, qu'il range son arrogance au placard, parce que,
vraiment, lui-même, je te dis qu'il a un bout de chemin à faire,
et il devrait au moins comprendre son projet de loi avant de s'amener ici,
à l'Assemblée nationale.
M. Johnson: On ne peut pas, évidemment, M. le
Président, on ne peut pas tous être parfaits, là, et je
m'en excuse...
M. Léonard: Oui, alors, très bien...
M. Johnson: Je m'en excuse. Nous sommes tous parfaitement
imparfaits.
M. Léonard: Avant de dire aux autres qu'ils ne le sont
pas, soyez-le.
M. Johnson: Nous sommes tous parfaitement imparfaits. Mais la
question de la députée de Verchères était d'une
précision remarquable et énonçait le contraire de ce qu'on
peut lire ici. Alors, écoutez, j'en tire mes conclusions, là. On
n'était pas dans les complications, puis dans du byzantinisme, puis dans
les profondeurs des complexités juridiques. On était juste dans
lire la langue française comme elle se comprend au premier abord. Alors,
vous me permettrez de conclure que des collègues ici, qui
prétendent qu'on les prive de moyens, n'exercent pas les leurs.
Le Président (M. Lefebvre): Ça va?
Mme Dupuis: Je voudrais simplement répliquer...
Le Président (M. Lefebvre): Mme la députée
de Verchères.
Mme Dupuis: Oui, répliquer aux attaques du ministre qui
nous dit qu'on n'a même pas lu le projet de loi. J'ai lu le projet de
loi, M. le ministre, et je peux vous dire que ce n'est pas en lisant un projet
de loi qu'on est capable d'évaluer, sans avoir les chiffres, tous les
impacts, ou les effets secondaires, ou les effets qu'aura ce projet de loi sur
la paie des travailleurs. Impossible...
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): Un instant.
Mme Dupuis: ...même si on le lit.
M. Johnson: M. le Président, je
réitère...
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: ...que le projet de loi, à sa lecture
même, prévoit que les taux et échelles des salaires des
gens du secteur public sont maintenus, donc gelés, donc n'augmentent
pas. c'est ça, l'impact. on pourra inventer n'importe quelle situation
particulière, on pourra penser à quelqu'un qui occupe tel emploi
dans tel établissement ou à quelqu'un qui est un cadre dans tel
ministère, le fait est que les taux et échelles de salaires de
ces gens-là, quels qu'ils soient, dans l'ensemble du secteur public, ne
bougeront pas pendant 24 mois, et qui plus est, à défaut de
pouvoir identifier et réaliser des économies de 1 % de la
rémunération globale avec nos employés, à tous les
niveaux, y compris les membres de l'assemblée nationale qui sont
couverts par la loi, il y aura l'équivalent de 3 jours de congé,
non payés, d'octroyés à nos employés à
partir du 1er octobre afin de réaliser 1 % d'économie sur la
rémunération globale.
C'est ça, l'effet. (12 h 10)
Alors, je persiste à essayer de comprendre de bonne foi comment
je prive la députée des renseignements dont elle a besoin pour
répondre à la question qu'elle m'a posée. Maintenant, si
elle veut me poser une question et si elle demande d'autres renseignements, je
vais les donner. Mais elle dit: Qu'est-ce que ça va être l'impact
sur le monde qui travaille dans le public? Bien, je dis: Leurs salaires
n'augmenteront pas pendant 2 ans. C'est ça, l'impact. Alors, quelqu'un
qui est à 26 800 $, il va rester à 26 800 $; quelqu'un qui est
à 60 400 $, il va rester à 60 400 $; quelqu'un qui est à
11,46 $ de l'heure va rester à 11,46$ de l'heure. Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise? Sauf pour ceux qui progressent dans leur
échelle, sauf pour les progressions d'échelons qui ne sont pas
modifiées, pas touchées de quelque façon que ce soit.
C'est ça qui est en cause. C'est ça l'impact. je ne peux pas
croire que la députée ne sait pas ça depuis le temps qu'on
en parle. mais je cherche à voir, de bonne foi, qu'est-ce qu'elle veut
dire au-delà de ces mots-là: quel est l'impact pour un
travailleur de la loi 102? à part du fait que son salaire va être
gelé pour 2 ans et qu'il est possible que cette personne-là voie
que 3 de ses congés qui, aujourd'hui, sont payés ne le soient
plus à compter du 1er octobre, jusqu'au 31 mars, afin qu'on
récupère l'économie de 1 %... parce que, avec son syndicat
ou avec son association d'employés, ou quoi que ce soit, on n'est pas
parvenu à identifier les modifications aux conditions de travail, les
modifications aux avantages sociaux, les modifications aux règles
d'organisation du travail qui permettent de réaliser une économie
de 1 %. c'est ça qui est en cause depuis le début.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le président
du Conseil du trésor.
Je vais permettre à Mme la députée de Taillon
d'intervenir.
Mme Marois: Très brièvement, M. le
Président. Je réitère le fait qu'on parle de conditions
salariales qui touchent près de 500 000 personnes au Québec, donc
ce n'est pas rien. Mais, cela étant dit, le président du Conseil
du trésor a eu besoin ? et il a fait référence
à ce document, devant nous ? d'outils et d'instruments pour prendre
la décision de déposer le projet de loi que nous étudions
ce matin. N'est-ce pas? Il a fait référence à un tableau
concernant l'expiration des conventions collectives et les personnes
touchées par ces mêmes conventions collectives. Il nous a
même dit qu'il nous livrerait ce tableau, lorsqu'il serait
épuré de ses notes personnelles, ce que je comprends, M. le
Président.
Donc, il ne peut pas nous blâmer, nous qui sommes à
l'Opposition, qui n'avons pas 150 fonctionnaires pour travailler avec nous sur
ces questions-là, de demander un certain nombre d'informations. Et il ne
peut pas nous blâmer, non plus, d'insister à cet
égard-là, s'il veut obtenir de nous que nous puissions travailler
d'une façon intelligente, sur le projet de loi qui est devant nous, M.
le Président. Et ne pas le faire, serait agir de façon
irresponsable. Et le président du Conseil du trésor le sait
très bien, que le type de questions que l'on soulève n'est pas
inutile. Et qu'il ait lui-même les réponses et que ce soit
difficile de recueillir toute l'information pour nous la donner, je peux le
comprendre, mais il doit pouvoir le faire, M. le Président, et je ne
l'excuserai d'aucune espèce de façon de ne pas le faire, si vous
le permettez.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député,
de... M. Johnson: Je cherche...
Le Président (M. Lefebvre): Oui, M. le président,
si vous voulez réagir.
M. Johnson: Bien, réagir. Une fois que...
Le Président (M. Lefebvre): Je ne vous oblige pas. Vous
avez le droit.
M. Johnson: ...j'aurais distribué tous ces
documents-là... Je vais donner lecture d'une ligne au hasard, la
première. Nom de l'organisme: Commission de la construction du
Québec. On va retrouver ça dans les documents que j'ai
passés déjà et qui sont dans les mains de l'Opposition. La
Commission de la construction du Québec est visée. Nom du
syndicat. On veut savoir le nom du syndicat, je présume. Local 57, FTQ,
Syndicat des employées et employés professionnels-les et de
bureau. Catégorie d'emploi: employés de soutien, techniciens,
professionnels. Date de la convention collective et prolongation, avec les
dates d'expiration.
Mme Marois: ...
M. Léonard: Vous l'avez, l'information.
Mme Marois: Vous l'avez, on veut l'avoir.
M. Johnson: Oui, oui. Non, mais je vous dis que c'est le
document...
Mme Marois: C'est ça qu'on vous demande.
M. Johnson: ...et que je vais épurer avant de vous
l'envoyer. J'ai dit oui, que je vous l'enverrais. Ce que je cherche à
savoir... Si c'est tout ce que vous voulez, c'est correct, on va arrêter
d'en parler. Mais là, ce n'était plus ça. Ça vous
prend ça pour... Je persiste quand même à essayer de voir
comment on peut évaluer l'impact de la loi 102 en sachant que c'est le
local 57, FTQ, qui représente les employés de bureau à la
Commission de la construction du Québec. Là, vraiment, je
cherche. Je veux savoir le fond de l'affaire, autrement dit. On va vous le
donner. Faites-moi plaisir et dites-
moi pourquoi ça vous intéresse. C'est fait. L'engagement
est pris publiquement de le transmettre. Une fois qu'on sait ça, que
c'est le local 57, FTQ qui est couvert, on a appris quoi?
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Le président du Conseil du
trésor demande à l'Assemblée nationale de se substituer
à lui dans ses négociations. Alors je lui repose la question:
Pourquoi vous en avez besoin, vous? Qu'est-ce que vous faites avec ce
document-là?
Mme Marois: Vous n'en aviez pas besoin?
M. Léonard: Vous voulez qu'on fasse votre travail, on en a
besoin.
M. Johnson: C'est pour répondre à vos questions.
Mme Marois: Bien, donnez-nous le document. M. Léonard:
Donnez-nous le document. M. Johnson: C'est ça qu'on va faire.
M. Léonard: Amenez-le. Apportez-le.
M. Johnson: Quelle est l'utilité? C'est un inventaire.
M. Léonard: Ne nous demandez pas l'utilité.
M. Johnson: Ça, c'est un portrait, ce n'est pas un
document décisionnel. Le document décisionnel, je le rappelle au
député de Labelle, c'est le discours sur le budget, ce sont les
équilibres financiers. Pourquoi est-ce qu'on amène le projet de
loi 102? C'est en raison des perspectives de finances publiques que
l'économie du Québec nous réserve si on ne fait rien. Ce
qu'on fait, on gèle les taux et salaires des employés du secteur
public et on cherche une économie de 1 % avant le 31 mars. C'est
ça qu'on fait.
Maintenant, vous nous avez demandé: Qui est touché? Je
vous dis: Tout le monde. Vous dites: Non, non, je veux savoir si c'est le local
57 ou 58 de la FTQ. On va vous le dire. Mais on sait quoi, une fois qu'on sait
ça? C'est tout ce que je dis, là. On perd notre temps, en
fait.
M. Léonard: Moi, la simple question que je pose au
président du Conseil du trésor: Si, lui, il trouve utile de
l'avoir, en quoi cela lui est-il utile d'avoir le nom du syndicat, par exemple?
Parce que vous nous demandez de nous substituer à vous. Alors, en quoi
ça vous est utile? Au moins, on peut savoir ça.
M. Johnson: Pour, d'abord...
M. Léonard: Alors, puisque c'est nous qui allons faire le
travail...
M. Johnson: ...quand on signe...
M. Léonard: ...à votre place...
M. Johnson: ...disons que j'écris à...
M. Léonard: ...on va savoir où vous êtes
rendu et, après, nous, on va...
M. Johnson: Non, non, mais... M. Léonard: ...aller
plus loin.
M. Johnson: C'est le nom qui apparaît sur la convention
collective qui est en vigueur et qui sera prolongée.
M. Léonard: Bon! Alors, au fond, vous dites, vous
déclarez forfait, vous ne pouvez plus avancer dans vos
négociations, alors vous dites à l'Assemblée nationale:
S'il vous plaît, aidez-moi, je ne peux pas faire la job. Au fond,
l'Assemblée nationale, c'est votre patron, ici, à
l'Exécutif. Très bien! Alors, donnez-nous les renseignements. On
va le continuer, le travail, à votre place. Alors, en quoi ça
vous est utile? Nous, on pourra décider si c'est utile ou pas, quant
à nous.
Une voix: De l'arrogance.
M. Johnson: Là, on est aux limites de la
compréhension qu'un être humain peut avoir des questions...
M. Léonard: Oui.
M. Johnson: ...qu'un autre peut poser, M. le
Président.
M. Léonard: C'est parce que c'est la logique même de
votre action en venant ici, à l'Assemblée nationale, alors que
votre travail...
M. Johnson: Un logique interne... M. Léonard:
...déléguer...
M. Johnson: II y a une logique interne dans les questions du
député de Labelle qui nous échappe, évidemment. Par
définition, la logique interne échappe à ceux qui la
regardent de l'extérieur. J'ai bien dit...
M. Léonard: Ils en jugeront.
M. Johnson: ...qu'on rendrait ça disponible. La moindre
des choses qu'il m'apparaît, c'est qu'on tra-
vaille honnêtement pour voir si le projet de loi, compte tenu de
ses objectifs, est rédigé afin de les atteindre et comporte des
dispositions qui sont compréhensibles pour les parlementaires qui ont
à se prononcer dessus. Bon!
Alors, moi, je regarde l'article 4 et ça parle de la date
d'expiration, comment on interprète les mots «date d'expiration de
la convention collective» dans le projet de loi. Là, on est en
train de me demander de fournir la liste des numéros de local de la FTQ
qui sont couverts. C'est ça qu'on me demande, là. J'ai dit que je
la donnerais. Tout ce que j'ai dit, c'est que je cherchais pourquoi il veut
savoir ça, c'est tout. C'est tout. Sinon pour prendre du temps, pour
prendre du temps.
Le Présidait (M. Lefebvre): M. le député de
La Prairie m'a demandé d'intervenir. Allez-y, M. le député
de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président.
Le président du Conseil du trésor dit qu'il a pris
l'engagement de fournir la liste par blocs d'affiliation syndicale et j'ai
compris que c'était surtout... Est-ce que c'était exclusivement
pour le secteur public, parapublic ou si ça va inclure les
municipalités aussi? Les municipalités sont touchées
directement par ce projet de loi là. On a beau dire, comme le
président du Conseil du trésor l'a dit à plusieurs
reprises: Oui, mais on répond au voeu des municipalités et celles
qui ne veulent pas s'en servir pourront se retirer, mais, au départ,
c'est une loi qui s'applique à toutes les municipalités. Toutes
les municipalités. Et il y a une clause qui dit qu'on peut s'en retirer.
Moi, je pense qu'étant donné la lourdeur de ce
précédent-là, la gravité de ce
précédent-là... C'est du jamais vu, ça, dans notre
législation et je pense que même le conseiller qui est à la
gauche du président du Conseil du trésor va convenir que jamais
un tel geste n'a été fait par la Législature du
Québec, de par une loi, de toucher tous les employés municipaux,
qu'ils soient des cadres, qu'ils soient des syndiqués, quelle que soit
leur occupation. (12 h 20)
Alors, je pense que ça intéresse non seulement les
députés qui discutent de ce projet de loi et, comme mon
collègue de Labelle le dit si bien, l'Assemblée nationale qui est
appelée à faire le travail que le président du Conseil du
trésor ne veut pas faire, c'est-à-dire la négociation avec
les gens concernés... Puisqu'il nous demande de le faire, nous devons
avoir en main autant d'instruments que lui en a eu ou en a actuellement pour
prendre une décision éclairée. Je pense que tout le monde
municipal a intérêt, que ce soient les maires, les conseillers,
les élus municipaux, aussi bien que les employés, à avoir
les détails, l'ensemble de cette législation-là. Un
chiffre, 550 000, c'est abstrait, ça. Mais, si le député
peut nous fournir, peut rendre publique la liste des municipalités par
blocs d'employés syndiqués, non syndiqués, par blocs...
Vous l'avez ou vous ne l'avez pas? Je vous pose la question. Vous l'avez ou
vous ne l'avez pas? Vous savez à qui va s'appliquer votre loi ou vous ne
le savez pas? La question est posée.
Le Président (M. Lefebvre): M. le ministre.
M. Johnson: La réponse, c'est que la réponse est
dans la loi. On vise...
M. Lazure: Dans la loi, on ne retrouve pas... M. Johnson:
Vous n'avez rien compris...
M. Lazure: À quel article retrouve-t-on, dans la
loi...
M. Johnson: L'article 2 ou 3...
M. Lazure: ...le pourcentage de syndiqués et le
pourcentage de non syndiqués dans le monde municipal?
M. Johnson: L'article 3.
M. Lazure: Le pourcentage de syndiqués et
non-syndiqués?
M. Johnson: Bien non!
M. Lazure: Bien, c'est ce que je vous demande.
M. Johnson: Bien oui, mais...
M. Lazure: Mais, vous, vous le savez ou vous ne le savez pas?
M. Johnson: C'est de la même farine que les questions
auxquelles j'ai eu droit tout à l'heure?
M. Lazure: Ah oui! Mais...
Le Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Un instant! Il ne peut pas y avoir 2 interventions ou 3
interventions en même temps.
M. Lazure: Vous pilotez un projet de loi... Le
Président (M. Lefebvre): Une question.
M. Lazure: ...qui va toucher des gens dans le monde
municipal.
M. Johnson: M. le Président, M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant!
M. Johnson: Je sais que je pilote un projet de loi. Ce n'est pas
le député de La Prairie qui va nous annoncer ça.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, question de
M. le député de La Prairie. Allez-y, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Ma question est la suivante: Est-ce que, quand on
pilote un projet de loi de cette importance-là, il n'est pas normal que
nous ayons en main toutes les données statistiques quant aux personnes
qui vont être touchées par ce projet de loi? Or, les personnes du
monde municipal ? élus et personnel, employés ? sont
touchées par ce projet de loi là. Et la question que je pose au
ministre responsable du Trésor: Est-ce qu'il peut nous dire, en
pourcentage ? je ne veux pas des noms, je ne veux pas des numéros
d'assurance sociale. Il essaie de ridiculiser les demandes raisonnables de
l'Opposition en faisant du charriage. On ne demande pas les numéros
d'assurance sociale. On demande ? moi, je demande, en tout cas ? le
pourcentage des employés dans le monde municipal qui sont
syndiqués qui vont être touchés; le pourcentage de ceux et
celles qui ne sont pas syndiqués qui vont être touchés; le
pourcentage de ceux et celles qui sont des cadres et qui vont être
touchés. C'est tout. Et ça, ce n'est pas dans le projet.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Je retourne le député à une
lecture, même superficielle, de la loi, pour découvrir que ce sont
toutes les municipalités du Québec qui sont couvertes comme
organismes à l'endroit... Bien non, mais... C'est un peu comme si, dans
une loi sur la protection de l'environnement, le député insistait
pour savoir quel est le nom, la capitalisation, le nombre d'employés, le
volume de ventes, la nature des produits, le nombre de camions et le nombre
d'employés par catégorie d'employés des entreprises qui
risquent d'être visées par la loi sur la protection de
l'environnement.
M. Lazure: Bien oui!
M. Johnson: Ah! puis il dit: Bien oui! Voyons! Tu sais... M. le
Président, vous me permettrez de prendre acte de la réaction du
député à ce que je viens d'exprimer comme étant une
exagération qui n'a même pas sa place dans l'univers qu'on
fréquente, et, lui, il trouve ça normal.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, vous me permettrez de
souligner l'arrogance du ministre, encore une fois. Oui, c'est ça. Mais,
encore une fois, il s'agit d'un précédent. Les
législations de l'environnement qui touchent les entreprises, il y en a
à l'année longue. Mais des législations qui vont venir
s'appliquer à tous les employés municipaux, pour la
première fois dans notre histoire, c'est différent. Et c'a un
impact, et le public ? non seulement municipal, mais le public, en
général ? a le droit de savoir. Et ce que nous
représentons, nous, ici, c'est le public.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de La Prairie.
Mme la députée de Verchères.
Je vous rappelle que nous sommes toujours à discuter de
l'amendement proposé à l'article 4.
Mme Dupuis: M. le Président, je vais donner au ministre un
exemple concret et j'aimerais avoir une réponse, s'il peut me
répondre.
Un exemple: une municipalité vient de signer avec ses
employés un contrat de 2 ans avec une augmentation, par exemple, ou un
gel, ou une augmentation de 1 %.
M. Johnson: Un gel ou une augmentation?
Mme Dupuis: Prenons une augmentation de 1 %. La
municipalité décide, après, de se prévaloir de la
loi 102. Est-ce que ça veut dire ? une question concrète
? que les employés de cette municipalité auront, pendant 2
ans, une augmentation de 1 % et, après ça, seront gelés
pour 2 autres années? Question concrète.
Le Président: La réponse, c'est oui. Mme Dupuis:
Bon. C'est ça, là...
M. Johnson: Sauf si, en vertu d'autres dispositions de la loi,
ils conviennent d'autre chose.
Mme Dupuis: Bon. C'est pour ça. Quand je vous parle qu'on
veut connaître un petit peu les impacts, c'est parce qu'on peut avoir des
cas comme ça. Imaginez un groupe, une municipalité qui, de bonne
foi, a signé une augmentation, qui a demandé un sacrifice
à ses employés et qu'eux, de bonne foi, ont signé à
1 %. Après ça, on se retourne de bord. Puis, on les gèle
encore pour 2 ans. Ce n'était pas ça, l'entente du départ.
Mais la possibilité reste là. Quand on parle d'effet ou d'impact
que ça peut avoir, ça, c'en est un.
M. Johnson: Écoutez, là, la municipalité,
elle décide que la loi s'applique ou elle ne s'applique pas. Alors, si
elle décide qu'elle applique la loi et qu'elle donne 1 % tout de suite,
puis 0 % la troisième, puis la quatrième année, elle a
décidé de faire ça. Vous hurlez à l'injustice. Que
la municipalité, dans ce cas-là, si c'est injuste, se soustraie
à l'application de la loi, puis elle fera ce qu'elle voudra. Coudon, il
faut être logique dans les questions au moins.
Mme Dupuis: M. le Président...
M. Johnson: Moi, je vais essayer d'être logique dans mes
réponses. Mais là, on se promène partout dans le
paysage.
Mme Dupuis: Non, non.
M. Johnson: est-ce que c'est un sacrifice, par les temps qui
courent, d'avoir une augmentation de salaire comme employé municipal?
moi, c'est ça, la question de fond. et les municipalités ont
plutôt tendance à trouver que ce n'est pas un sacrifice, d'obtenir
1 % d'augmentation. elles veulent s'assurer législativement qu'elles
peuvent régler à 0 % ou à moins 1 %, dans la plupart des
cas. elles peuvent décider de négocier, comme on a l'intention de
le faire, avec leurs employés pour conclure, selon les mêmes
contraintes financières, les ententes avec les employés.
Alors, elles ont le choix. Si la loi s'applique, elle s'applique
à partir de l'expiration des conventions collectives qui sont en vigueur
actuellement ou qui ont pris fin récemment. On peut reculer assez loin
pour le «récemment» parce qu'il y a un tas d'endroits
où les conventions collectives ont pris fin en 1989-1990, et là
c'est en négociations depuis tout ce temps-là, une couple
d'années, 2 ans et demi, 3 ans. Et là on arrive avec la loi, puis
ça va s'appliquer à partir de la date d'expiration pour la
période qui est visée. Alors, la municipalité
décidera si elle veut se prévaloir de la loi ou pas. Elle
décidera. Elle décidera.
Mme Dupuis: M. le Président, je...
M. Johnson: Alors, je ne peux pas le faire à sa place.
Justement, c'est ça, l'idée. On ne décidera pas à
la place des municipalités si elles veulent l'utiliser ou pas. Le
pouvoir est là. Elles peuvent se soustraire à l'application de la
loi.
Le Président (M. Lefebvre): Mme la
députée.
Mme Dupuis: Ce que je voulais soumettre à l'attention du
ministre, c'est qu'on peut avoir des situations où ça peut
devenir complètement aberrant et où il y a eu des ententes de
signées avant le projet de loi, de bonne foi, et qu'après
ça ça peut venir changer toutes les règles du jeu parce
qu'en plus de cette entente où les employés avaient signé
de bonne foi ils peuvent se faire ajouter un gel de 2 ans. C'est ça que
je veux signaler au ministre, tout simplement.
M. Johnson: Bien oui, mais...
Mme Dupuis: Alors, je ne dis pas, je ne prends pas position
à savoir si les employés municipaux doivent être
baissés ou augmentés. Je lui parle simplement d'un exemple
concret où l'impact de sa loi peut devenir très important. Je
pourrais vous donner d'autres exemples où parfois on ne voit pas les
conséquences...
M. Johnson: Oui, mais ça, on est au courant.
Mme Dupuis: ...et, tout à coup, on se retrouve devant une
aberration totale. Alors, c'est pourquoi on demande d'avoir tous les
renseignements afin que le projet de loi, on ne se retrouve pas ou le moins
possible avec des situations qui n'étaient pas prévues.
Le Président (M. Lefebvre): M. le ministre.
M. Johnson: J'essaie de voir où est l'aberration totale de
permettre à une municipalité de négocier les conditions de
travail qu'elle souhaite négocier avec ses employés. Je ne vois
pas l'aberration totale dans ce que la députée a
énoncé, là. Si je vois une aberration totale, on va
essayer d'endiguer ça. Je pense que c'est notre responsabilité
d'empêcher les aberrations totales, mais je la cherche, là. Je la
cherche, l'aberration totale. J'ai cru comprendre que la députée
voulait dire que, même si on a signé une convention collective
dans la ville de Québec qui prévoit 1 %, on arrive avec la loi,
puis on va tout annuler ça. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas ça.
Si elle a compris ça, je la détrompe.
Mme Dupuis: Ce n'est pas ça que j'ai dit.
M. Johnson: Ce que ça prévoit, c'est qu'à
partir du moment où il y a une convention collective qui est en vigueur
aujourd'hui, à partir de la date d'expiration, pour 2 ans, les taux et
échelles sont maintenus. Si la convention collective a
déjà pris fin, c'est à partir de la date d'expiration qui
est déjà passée que le 2 ans s'applique pour le maintien
des taux et échelles de salaires de la dernière journée de
la convention collective qui est déjà expirée. C'est
ça qui est en cause. C'est tout. C'est tout. Et la municipalité a
le choix, évidemment, d'appliquer la loi ou de ne pas le faire. Elle
peut décider de s'en soustraire, incidemment, de s'y soustraire pour
faire mieux que 0, mieux; mieux au point de vue financier pour ses
contribuables, c'est-à-dire moins 2, moins 4, moins 8, comme dans le
secteur privé. Il y a des moins 5 et des moins 10 qui sont
négociés dans le secteur privé. Alors...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Joliette et leader de l'Opposition officielle. (12 h 30)
M. Chevrette: m. le président, je voudrais m'ex-primer sur
ce point-là, moi aussi, précis, en posant une question au
ministre. il y a des édiles municipaux qui ont effectivement fait appel
à la compréhension de leur personnel, il y a un an, par exemple,
et qui ont signé pour des sommes dérisoires, 1 %. ce qu'on leur
dit, c'est qu'à l'échéance du 1 %, avec toute la
compréhension que j'ai demandée à mes employés,
j'aurai une loi qui me permettra de les geler pour 2 ans en plus. c'est
ça qui est... c'est ça, le résultat. est-ce qu'on
interprète
bien, M. le Président, les textes de loi, que ça veut dire
ça en bout de course, que ça peut vouloir dire ça
également? Et qu'on vient de donner au monde municipal une arme
additionnelle à celle qu'il avait au moment où ils ont la
responsabilité... Et j'aurais une deuxième question sur le Code
du travail lui-même avant d'accepter ça.
Le Président (M. Lefebvre): M. le ministre.
M. Johnson: je prends acte que 1 %, c'est dérisoire. ce
n'est pas dérisoire, par les temps qui courent, 1 %. si c'était
dérisoire...
M. Chevrette: à l'accessoire, là. ils ont
demandé un effort, alors qu'ils demandaient 8 % ou 10 %, m. le ministre,
là. ne jouons pas sur les mots, là. on discute de quelque chose
de sérieux. c'est une législation qui donne des armes, qui brise
des rapports de force, contrairement au code du travail, parce que les
municipalités du québec, à ce que je sache ? et le
ministre et président du conseil du trésor doit le savoir ?
c'est du monde accrédité en fonction du code du travail. ce que
j'ai dit, c'est ceci: est-il exact que, par exemple, des municipalités
peuvent avoir demandé des efforts assez phénoménaux
à leurs employés? qu'ils ont accepté, il y a un an, par
exemple, d'avoir une convention collective à 1 %-l %, et pas parce
qu'ils sont en avant des autres, pas parce qu'ils sont mieux payés
qu'ailleurs. ce sont des groupes d'employés qui ont dit: o.k., on va
faire un effort dans la conjoncture actuelle, on va accepter 1 %-l %. c'est
signé pour deux ans. ce que vous leur donnez comme arme, maintenant,
après qu'ils auront fait cet effort pendant un an ou deux, qu'ils auront
fait des efforts sérieux pendant un an ou deux, vous leur donnez une
arme d'un gel de deux ans. m. le président, est-ce que ce n'est pas
ça d'aller briser, d'abord, le rapport de force du code du travail,
alors que l'état est là pour intervenir, dans le monde municipal,
par exemple, en cas de situations anormales? mais, on vient de modifier le code
du travail. est-ce qu'il accepte, comme ministre, de reconnaître qu'il
modifie le code du travail dans les circonstances?
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: la législation et le signal que ça
envoie, c'est que, par les temps qui courent, un effort à consentir,
c'est un maintien pour deux ans des taux et échelles et une
économie de 1 %; ce n'est pas plus 1 %, l'effort à consentir. et
le champ qui est visé dans le secteur municipal, par exemple, si on
compare le secteur public au secteur municipal, il y a un retard du secteur
public sur le secteur municipal de 13 % à l'égard de 97 % des
effectifs. les emplois qui ont été repérés,
là, les 65 des 69 emplois repères ont un statut de retard par
rapport au secteur municipal. donc, le secteur municipal est en avance sur tout
le monde, clairement, là. alors, je cherche là aussi ce que le
dé- puté appelait une aberration totale, que de permettre
à une municipalité de recourir à un gel de deux ans
lorsque les conventions collectives sont terminées. Je ne mets pas en
doute que, si on prend ça municipalité par municipalité,
ce n'est pas vrai. Évidemment, là, c'est pour l'ensemble des
municipalités que les chiffres existent et on peut concevoir que, dans
telle petite municipalité, qui n'est pas tellement riche, etc., les
gens, dans leur univers, n'essaient pas d'avoir les mêmes salaires
qu'à Québec. C'est parfaitement compréhensible, et le
député de Joliette prétend qu'on vient briser le rapport
de force simplement par la présentation du projet de loi ou son
adoption. Mais, la vraie façon de briser le rapport de force, c'est par
son application par la municipalité. Et tant et aussi longtemps que, si
on peut constater... On n'inventera pas des situations parce qu'on n'en sortira
jamais, là. On peut même inventer des choses qu'on ne trouvera
jamais, de la fiction pure et simple. Une qualité de rapports entre une
municipalité et ses employés, qui a amené tout ce
monde-là, peut-être, alors que les échelles à droite
et à gauche augmentaient de 3 %, 4 %, 5 %, de dire: Bien, nous autres,
c'est 1 %. On va peut-être faire l'effort. On va peut-être faire
l'effort. Et d'avoir une qualité de relations de travail dans ce
milieu-là qui nous permet de croire qu'ils n'utiliseront pas la loi. Us
ne l'utiliseront pas. Alors il ne faut pas inventer des situations. Ce que
présume le député de Joliette, c'est que les
municipalités n'attendent que ça, malgré la bonne
volonté, la bonne foi, les négociations, l'histoire
récente et même ancienne de négociation avec ces
employés, qu'enfin ils vont pouvoir leur assener un grand coup sur la
tête alors que ça fait 15 ans qu'ils s'entendent. Eh bien, la loi
prévoit qu'ils peuvent se soustraire à l'application de la loi et
continuer leurs relations comme autrefois.
Alors, je ne parviens pas à voir, en pratique, ce que ça
vient déterminer. Je prétends que c'est un signal que nous avions
à donner, c'est notre responsabilité. Des municipalités
membres de l'UMQ nous ont demandé, pas à l'unanimité, on
le sait, une pluralité considérable, et comme union municipale,
c'a été demandé de prévoir que les
municipalités soient couvertes par la loi si elles le décidaient
ainsi, dans le fond. Alors, c'est ce qu'on a fait; c'est ce qu'on a fait. On
peut discuter longtemps sur l'à-propos dans des situations
particulières, mais il faut reporter sur les municipalités,
à mon sens, la responsabilité de l'exercice du rapport de force
avec leurs employés; et elles le feront, elles ont le choix de le
faire.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Dans le monde municipal, ce ne sont pas...
Voulez-vous demander, s'il vous plaît, à...
Le Président (M. Lefebvre): Alors, j'invite les
députés qui sont à l'intérieur de
l'Assemblée ? on est en commission plénière ? de
bien vouloir permettre aux
intervenants de le faire dans le respect de l'article 32, parce que
l'article 32 du règlement est toujours en vigueur. M. le
député de Joliette.
M. Johnson: Je signalerais qu'on est en train de discuter du
chapitre III et non pas de l'article 4. C'est ça qu'on est en train de
faire.
M. Chevrette: Non, mais ça a de l'incidence sur l'article
4. Oui, et je vais expliquer pourquoi, M. le Président. D'ailleurs, de
toute façon, le ministre n'est pas là pour diriger le trafic, il
est là pour répondre aux questions, j'espère, M. le
Président, et il n'a pas à juger de la pertinence de nos
questions. Il y a un lien et je vais vous expliquer pourquoi. Une convention
collective dans le secteur du monde municipal, le ministre sait très
bien, M. le Président, que ce n'est pas une convention collective
négociée à l'échelon national. Ce que je veux faire
ressortir par un tel article, c'est l'iniquité que ça peut
créer sur 2 plans.
D'abord, l'iniquité, M. le Président, pour une
municipalité. Il affirme de son siège que tout le monde est
au-dessus de tout le monde. Est-ce que je peux lui dire que je pourrais lui
déposer ici des conventions collectives qui sont de loin
inférieures même à la moyenne, et de beaucoup
inférieures à la moyenne nationale pour bien des corps d'emploi
dans le monde municipal? Inférieures aux travaux de voirie, par exemple,
du ministère et du gouvernement dans plusieurs municipalités du
Québec. Les hommes d'entretien des réseaux routiers, dans le
monde municipal, ils n'ont pas tous la convention de l'État. Donc, quand
il s'en vient affirmer de son siège que tout le monde est au-dessus dans
le monde municipal, je pense qu'il erre, M. le Président, pour ne pas
dire plus. Ça, de un.
Et ce n'est pas une convention collective nationale, en plus; donc, il
peut y avoir des salariés, de très bas salariés qui,
malgré qu'ils étaient très bas, ont consenti des efforts
à leurs conseillers, dans leur municipalité. En vertu de la
présente loi, on vient de donner, en plus, une arme à leur
employeur pour les geler 2 ans d'affilée.
Il m'apparaît que, si vous trouvez qu'on monte en épingle
un détail... Pour moi, c'est un principe, là, ce n'est même
pas un détail; c'est un principe, là-dessus, M. le
Président. Ce ne sont pas des conventions nationales. Est-ce que le
ministre reconnaît ça? Et est-ce qu'il reconnaît qu'on peut
pénaliser fortement des salariés dans plusieurs
municipalités du Québec, en particulier dans celles qui auront
des élections en novembre prochain?
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor. (12 h 40)
M. Johnson: Je ne mets pas en doute le raisonnement du
député de Joliette, mais il me semblait que j'y avais
répondu. Je le répète. Si des employés d'une
municipalité sont plus bas, ont des salaires, vraiment de façon
aberrante ? pour reprendre les mots de la députée de
verchères ? plus bas que la moyenne dans leur secteur et qu'ils
consentent en plus des sacrifices, eh bien, j'aimerais qu'on me la nomme.
j'essaie juste de voir pendant combien de temps les employés, avec une
municipalité, vont consentir librement non seulement d'être en
retard, mais d'accumuler et de creuser un écart avec le reste du secteur
municipal. ça pourrait être intéressant si l'institut de
recherche et d'information sur la rémunération prenait en compte
ces cas-là. il semble y en avoir beaucoup, d'après ce que le
député de joliette dit. mais ça ne ressort pas du tout
dans les statistiques, à ce moment-là. tous les emplois
repères qui scientifiquement ont été recensés, et
à l'égard de 97 % des effectifs, démontrent une avance du
secteur municipal. je ne dis pas que tout le monde est à la même
place; c'est une moyenne, ça. mais ils sont allés voir à
bien des endroits pour voir comment ça se comportait.
Ceci étant dit, on n'a pas prétendu ici que ça ne
modifiait en rien les rapports entre les municipalités et leurs
employés. Ce qu'on dit, c'est qu'on a décidé, comme
gouvernement, de donner ce signal-là, tout en permettant aux
municipalités, dans le cadre des relations de travail avec leurs
employés, de décider que la loi ne s'appliquait pas à
elles. Alors, c'est ça qui est en cause ici. Je ne sais toujours pas
comment cette discussion-là est reliée à l'amendement que
nous avons apporté à l'article 4, qui vise les professionnels de
la santé.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je pensais, moi, que le ministre avait fait cette
étude sérieuse avant de rédiger un projet de loi. Je suis
surpris qu'il découvre que ça peut arriver aujourd'hui, parce
qu'à ce moment-là, en tout souci de justice et
d'équité, il aurait bien pu y avoir une clause dans son projet de
loi qui dise que tous ceux qui sont en bas de la moyenne nationale, ou les
catégories d'employés qui sont en bas de la moyenne nationale ne
sont pas touchés par la présente loi. Ça aurait pu
être une clause pour quelqu'un qui a le souci d'équité et
qui ne veut pas les pénaliser en plus.
Le tableau qu'on vous demande, ou que le député de La
Prairie a demandé, ça a de l'importance, d'autant plus que, dans
le monde municipal, à cause de ce que je vous disais tantôt,
déjà, il y a des conventions qui ont été
signées, il y a 6 mois ou il y a 1 an, à coups d'efforts
demandés aux salariés et qui ont été consentis.
Vous allez les retrouver à la fin de leur convention de 2 ans ou de deux
ans et demi, dans certains cas. Ils auront consenti des efforts pendant 2 ans,
deux ans et demi, et leurs employeurs, qui sont à la toute veille d'une
élection, vont venir se péter les bretelles comme quoi d'ici 5
ans, il n'y aura pas de problème. Il n'y aura même pas de
réouverture de convention parce qu'on se prévaut de la loi
actuellement déposée et, pendant quatre ans et demi, on aura des
salariés qui ont agi de bonne foi au moment où ils ont
signé leur entente locale et qui vont
se faire avoir correctement et littéralement pendant 2 autres
années.
Ça, là-dessus, c'est une question d'équité.
Il y en a, là, je le répète... Il me semble que le
ministre aurait dû vérifier le contenu des conventions collectives
avant et les échelles de salaires du monde municipal, parce qu'il y en a
qui sont véritablement en situation d'infériorité par
rapport au ministère des Transports, en particulier, qui sont en
état d'infériorité par rapport à la moyenne
nationale que vous avez décrétée au niveau du monde
municipal. Je pense que ce sont des petits salariés qui écopent
encore plus de cette facture, et c'est beaucoup plus, à mon point de vue
? et là, j'affirme, M. le Président ? une façon
de donner un coup de langue aux élus municipaux après leur avoir
pelleté dans leur cour des taxes à la voirie tertiaire et des
taxes à la police provinciale.
C'est un petit coup de langue pour essayer de faire oublier ce que vous
avez fait avant. C'est ça, fondamentalement, ce projet de loi là
qui n'aurait pas dû apparaître du tout, d'ailleurs, en passant,
dans le projet de loi actuel qui était un effort demandé à
la fonction publique.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Vous voulez réagir, M. le ministre.
M. Johnson: Simplement demander: Est-ce qu'on peut avoir un
exemple d'un endroit où, dans une municipalité, les gens, depuis
des années, font des efforts considérables? Deuxièmement,
expliquer comment on va établir ce nouveau concept de la moyenne
nationale des salaires municipaux dans une loi? Je suis juste curieux de
savoir.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: ...si, en 1982, un gouvernement, malgré
qu'on ait pu faire des erreurs de parcours, je l'admets, moi... en 1982, si on
a été capable de dire, en pleine récession nous autres
aussi, que les salariés, ça n'avait pas de bon sens qu'eux soient
gelés pour une durée, ou qu'ils soient coupés, et qui ont
été chercher jusqu'à 12 % précisément
d'augmentation de salaires, dans les bas salariés... si ça s'est
fait en 1982, j'espère que vous avez assez d'imagination et que vous
pouvez le faire en 1993. c'est seulement 11 ans après. j'espère
que 11 ans d'évolution de la pensée, ça ne pouvait pas
vous empêcher au moins de réfléchir un tant soit peu
à des façons de faire, à des modalités qui ne
briment pas fondamentalement les plus démunis de notre
société, d'autant plus que, si j'ai bien compris, dans votre
propre budget dernièrement, ça veut dire que, même à
9000 $, tu viens d'avoir une augmentation de tes impôts, comme on l'a vu
ce matin au niveau du question- nement.
Franchement, vous ne pourriez pas lâcher le petit monde un peu,
ceux qui ne gagnent à peu près rien? Vous ne pouvez pas avoir une
petite pensée ou un petit amendement dans vos textes qui permettrait
à du monde qui gagne pas trop cher de ne pas être
pénalisé trop longtemps? Puis, niez donc ? si vous avez fait
une étude sérieuse avant de rédiger votre projet de loi
? niez le fait que, depuis 1 an ou 2, il se signe des conventions
collectives dans le monde municipal à 0 %, ou à 1 %, ou à
0,5 % d'augmentation, et on va leur demander...
Une voix: ...
M. Chevrette: M. le Président, il demandera la parole s'il
veut parler, lui.
Le Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
Une voix: ...
Le Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît!
M. Chevrette: L'ex-président du Parti libéral du
Québec pourra demander la parole s'il veut parler.
Le Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît! Une
voix: ...à Sherbrooke.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député
d'Or-ford, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Je «peux-tu» continuer, M. le
Président?
Le Président (M. Lefebvre): Allez-y.
M. Chevrette: Merci. M. le Président, il y a du monde qui
a fait des efforts de même. S'il y a des élus municipaux qui n'ont
pas pris leurs responsabilités, M. le Président, ça, c'est
une autre affaire, et on pourra s'en parler. S'ils n'ont pas pris leurs
responsabilités et ils veulent se faire abrier par le gouvernement, je
m'excuse, mais on fait là encore une erreur double. On fait une erreur
double à ce moment-là, parce qu'on est en train de justifier
certains élus municipaux qui n'ont pas pris leurs responsabilités
dans la conjoncture actuelle. On veut se substituer? Bien, étatisez les
municipalités, d'abord, si vous voulez gérer à leur place,
si vous voulez... C'est une des fonctions premières. J'espère
qu'un conseil municipal est capable de diriger quelques employés et de
négocier une convention collective avec quelques employés.
Voyons! Vous êtes en train de vous substituer même à
l'autorité que vous vouliez responsabiliser, et ça ne fait pas
trop longtemps, là. Quel était le discours libéral, en
particulier celui du ministre des
Affaires municipales et du président du Conseil du trésor,
il y a à peine quelques mois? Ils faisaient des gorges chaudes sur la
responsabilisation du monde municipal. On vous envoie des taxes dans votre
cour, c'est pour vous responsabiliser. On vous pellette la taxe de la police,
de la Sûreté du Québec, c'est pour vous responsabiliser. On
vous remet les chemins, c'est pour apprendre à vous responsabiliser. Et,
sur un rôle aussi important que celui de négocier avec ses
employés, là on ne les responsabilise plus, on prend leur place.
Franchement, là, je ne sais pas où vous allez. À part
d'expliquer ça par le coup de langue pour essayer d'oublier ce que vous
avez fait, je ne vois pas la justification sur le plan de la
responsabilisation, au contraire. Au contraire, vous voulez ou bien aussi
cautionner la faiblesse de certains des vôtres qui sont maires et qui ont
fait des erreurs, justement, en signant des conventions
disproportionnées vis-à-vis leurs employés et les
contribuables de leur milieu, et vous voulez venir à leur secours? Je
m'excuse, ce n'est pas de même que ça marche. j'écoutais le
député d'orford dire: sherbrooke, 8 %. bien oui, sherbrooke, 8 %,
mais vous pourriez demander à un de vos propres militants de s'ajuster
et de prendre ses responsabilités, sans compter sur l'assemblée
nationale pour les prendre. ça m'apparaîtrait plus correct que de
venir essayer de nous faire la morale ici avec les 8 % de sherbrooke.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Les habitués de
nos débats constateront que nous sommes à l'heure du repas,
où les gens arrivent à la maison, entre midi et 13 heures, et que
c'est un moment privilégié pour le député de
Joliette de venir hurler ici, alors qu'on a devant nous un amendement qui
vise...
M. Chevrette: ...
M. Johnson: ...les professionnels de la santé.
M. Chevrette: ...
Le Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant! M. le
député de Joliette, un instant!
M. Chevrette: ...
Le Président (M. Lefebvre): Non. Un instant!
M. Johnson: ...
M. Chevrette: Ce n'est pas poli. À la chefferie,
là, vous ne pourrez pas insulter de même le monde.
Des voix: Wo! Wo! Wo!
Le Président (M. Lefebvre): M. le député
de
Joliette, je vous rappelle que j'ai donné la parole à M.
le président du Conseil du trésor. Allez-y, M. le
président du Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, ce n'est pas à la
lecture des galées qu'on voit si quelqu'un hurle, c'est en l'entendant.
Et on pourra donc regarder la cassette vidéo et audio, écouter
ça et on va voir. Ce qui m'amène à redire que nous
étions à l'étude d'un amendement qui vise les
professionnels de la santé et que, depuis quelques minutes, le
député de Joliette, à haute voix, nous parle des
municipalités, nous parle de mes collègues, nous parle du
gouvernement, parle de toutes sortes de choses. Mais il faut savoir qu'il est
presque 13 heures et que les gens à la maison, ils pitonnent et ils vont
peut-être voir les débats de l'Assemblée nationale, et il
en profite toujours. Il n'est pas ici le reste du temps, il ne vient pas ici...
Non, mais il ne vient pas ici.
M. Chevrette: ...au lieu d'aller en commission parlementaire.
M. Johnson: II vient aux heures où il y a peut-être
une cote d'écoute, pas pour travailler, mais pour venir hurler à
la télévision. C'est juste ça.
Des voix: C'est ça.
Le Président (M. Lefebvre): Un instant! M. le
député de Joliette. (12 h 50)
M. Chevrette: Comme le ministre et président du Conseil du
trésor est homme très humble, non arrogant, il a convoqué
une plénière, M. le Président, au lieu d'une commission
parlementaire pour mousser sa candidature. Il nous permettra...
Des voix: Oh! Oh!
M. Chevrette: Oui, oui. Et on sait ce que ça coûte
par rapport à une commission parlementaire, M. le Président,
d'abord.
Le Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Chevrette: II nous permettra de lui poser toutes les questions
qu'on jugera pertinentes, M. le Président. Ce n'est pas le
président du Conseil du trésor qui va dicter nos questions et le
temps de les poser. Et ce n'est pas le président du Conseil du
trésor qui va nous dicter le ton ? le sien on le connaît, il
est arrogant 24 heures par jour ? M. le Président. Nous allons
continuer à poser toutes les questions qu'on voudra et de souligner les
aberrations du projet de loi, qui semble avoir été
improvisé, comme beaucoup de choses sont improvisées par ce
gouvernement, en plus de ça. C'est improvisé, parce que, si on
avait voulu éviter de créer de graves situations
préjudiciables vis-à-vis de plusieurs
employés du monde municipal, on n'aurait pas
procédé de la façon dont on procède
présentement, M. le Président. Jamais!
Qu'on vienne nous dire que c'est normal... Est-ce qu'on a
déjà vu... On a déjà vu le gouvernement intervenir
dans le monde municipal, par exemple, au niveau des pompiers de
Montréal: le fameux «week-end rouge», comme on l'a
appelé, dans les années 1974-1975. Ça, je me souviens de
cela. On est intervenu au niveau d'une grève du transport en commun
quand on a pensé qu'il y allait de la santé et de la
sécurité des gens.
M. le Président, j'espère que vous comprenez que, si je
m'arrête, c'est parce que je voudrais que vous en arrêtiez...
Le Président (M. Lefebvre): II y a des
députés, à ma droite, en arrière, qui depuis une
dizaine de minutes parlent constamment, et j'ai de la difficulté,
moi-même, à entendre les intervenants, qu'ils soient à ma
gauche ou à ma droite. Nous avons encore 8 minutes.
M. le député d'Orford, s'il vous plaît! Il nous
reste 8 minutes sur la séance de ce matin. Vous écoutez ou vous
sortez de la commission plénière, s'il vous plaît! M. le
député de Joliette, continuez.
M. Chevrette: M. le Président, je disais qu'on risque
d'avoir des préjudices très sérieux envers plusieurs
catégories d'employés. On n'a pas pris la peine, au
départ, il semble bien, de regarder ces situations-là avant de
proposer clairement des solutions plus adaptées. Qu'on fasse appel au
monde municipal... Et je disais que, oui, on s'est substitué, on s'est
substitué au monde municipal en tant que Parlement, mais dans des
situations où le contrôle était complètement
inexistant au niveau du monde municipal.
Je me souviens que j'étais même à l'enquête
Cliche, à l'époque du «week-end rouge». Au moment
où les 3 commissaires rencontraient le premier ministre, il était
évident, à l'époque, que le contrôle
échappait aux autorités montréalaises, et le Parlement a
dû se pencher pour adopter des législations. C'est vrai,
ça. Comme dans le transport en commun, on a adopté des
législations, mais on ne s'est pas substitué aux efforts minimaux
que doit faire une municipalité qui a la responsabilité
directe.
Ce qu'on fait par ce projet de loi présentement, M. le
Président, avant même que ne démarrent les discussions
entre l'employeur et ses employés, on donne une arme à un pour
dire: Écoute, si tu n'es pas content de ce qu'ils te demandent ou ce que
tu offres, tu utiliseras ma loi, et gèle-les pour 2 ans. C'est ça
fondamentalement que vous dites dans votre projet de loi.
Et j'insiste pour avoir le portrait exact, M. le Président, je
veux avoir le portrait le plus précis des conventions collectives, des
échéances de conventions collectives et, si possible, les
tableaux comparatifs pour voir combien d'employés, justement,
après avoir fait un effort extraordinaire et avoir eu une augmentation
très minime, précisément parce qu'ils étaient
conscients de la situation, et qu'on viendra geler pour 2 ans, après cet
effort de 2 ans qu'ils viennent de consentir. Moi, je trouve ça une
aberration. Et c'est au niveau même des principes fondamentaux des
rapports de force en relations de travail que je soumets cette argumentation.
J'espère qu'on y a pensé.
Et, de toute façon, il y a du monde qui vous conseille, des gens
qui viennent du monde syndical; ils ne doivent pas avoir oublié tous
leurs principes. Ils doivent avoir regardé ça un peu avant de
vous suggérer ou de vous conseiller d'en arriver avec une
législation qui risque d'être préjudiciable au bout.
J'espère qu'on l'a fait. Sinon, je m'inquiète sur la
qualité des conseils que vous recevez. Parce que ces
situations-là, elles ne sont pas théoriques, elles sont pratiques
auprès de plusieurs dizaines et centaines de travailleurs. Ce sont des
situations pratiques, ça, parce que les municipalités
négocient depuis belle lurette avec leurs employés. Ce n'est pas
tout le monde qui veut voir la situation changer et s'immiscer... Non! Il y en
a, j'en connais; il y en a qui m'ont appelé, j'en connais, mais, pour
moi, c'est en fait une question de principe; une question de principe.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, sur notre présence ici, je l'ai
expliquée tout à l'heure, avant que le député de
Joliette arrive en trombe. Et, pour ce qui est des coûts, ça
coûte moins cher que pendant que l'Assemblée siège ici. Il
dit que ça coûte plus cher qu'une commission, mais, si on
était en commission, il y aurait trois commissions qui
siégeraient et l'Assemblée siégerait également. On
voit qu'il y aurait plus de monde autour...
Le Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît!
M. Johnson: II y aurait, M. le Président, essentiellement
les mêmes coûts, alors ça ne change rien.
Ce que j'ai expliqué plus tôt, c'est que le
député de Joliette venait ici à ce qu'il croit être
les heures de grande écoute, pour lancer des épithètes.
C'est un homme dont on a déjà souligné qu'il n'a aucune
hésitation à se moquer des convictions personnelles des gens,
leurs convictions religieuses ? on l'a déjà vu faire ici
? leurs convictions familiales. Il a recours à toute la panoplie de
ce qui est profondément indigne, évidemment, des parlementaires
ici. Mais ça n'empêche pas que, pour le fond, pour ce qui est du
fond... On est ici pour parler du fond et de la forme.
Nous avons devant nous un article 4 qui est amendé... Enfin, on
propose un amendement à l'article 4 pour viser le personnel
professionnel de la santé. C'est ça qui nous amène
à discuter. Et, malgré tout, on est en train de parler des
municipalités, à écouter le député de
Joliette. Je cherche encore. Il nous a promis qu'il ferait le lien entre
l'amendement que nous avons apporté à l'article 4 et la situation
de la rémunération dans le
secteur municipal. Il l'a dit en toutes lettres. On pourrait bien
continuer à écouter le député de Joliette, on va
probablement être condamné à le faire dans les minutes, ou
les heures ou les journées qui suivent, mais, ce qui est en cause ici,
M. le Président, c'est un projet de loi qui vise à permettre au
gouvernement de donner un signal à l'ensemble de nos employés et,
à la demande des unions municipales, à l'ensemble des
employés municipaux, et que la situation économique demande et
exige des contributions raisonnables de l'ensemble des salariés du
secteur public. Nous tentons et continuons, et encore cet après-midi,
j'entends... Je rencontrerai, à 18 heures, les représentants de
nos employés. Nous échangerons encore autour des
paramètres extrêmement contraignants que la situation
économique dicte, sur ce que ça peut représenter pour les
conventions collectives dans le secteur public.
Ça m'apparaît important que les gens sachent que nous ne
sommes pas insensibles à l'ensemble des arguments qui, quelquefois,
peuvent porter ce qu'on entend de l'autre côté. Un de ces
arguments vise à moduler, par exemple, l'application de telle loi selon
les niveaux de revenus des gens qui sont visés. M. le Président,
je persiste à croire qu'il y a là une immense confusion qu'on ne
peut pas dissiper, du côté de l'Opposition, entre le rôle de
l'État comme employeur et son rôle comme, je dirais,
redistributeur de la richesse, qui n'est pas très grande. Nous avons
choisi, si on veut soutenir les gens à bas revenus ou les jeunes
familles, d'utiliser la fiscalité pour tripler le soutien que nous
accordons aux Québécois qui ont des enfants. Le
député de Joliette voudrait qu'on modifie la grille des emplois
et les taux et échelles de rémunération du secteur public
pour assurer du soutien aux familles.
Le Président (M. Lefebvre): ...M. le ministre.
M. Johnson: Ce n'est pas comme ça que ça marche, M.
le Président, c'est aussi simple que ça. C'est malheureux pour
ceux qui croient le contraire, mais ça ne peut pas marcher comme
ça. On ne peut pas faire les deux, faire de la redistribution de revenus
par les taux et échelles de salaires et de la redistribution de revenus
par la fiscalité. On ne peut pas faire les deux.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, il est 13 heures, je
suspends donc les travaux de la commission plénière
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 14)
Le Président (M. Lefebvre): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mmes et MM. les députés, je vous rappelle que nous sommes
toujours en commission plénière. Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi 102, Loi concernant les conditions de
travail dans le secteur public et le secteur municipal.
Lors de la suspension de la séance à 13 heures, notre
commission plénière procédait alors à
l'étude de l'article 4 et de l'amendement proposé par M. le
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique et président du Conseil du trésor.
Je suis prêt à reconnaître le prochain intervenant.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Juste une minute, s'il vous plaît.
M. le Président, je sais que le président du Conseil du
trésor avait soulevé la question de savoir si on discutait de
l'amendement ou de l'article lui-même, mais je me rappelle très
bien que lorsque le Président avait ouvert le débat il avait dit:
Est-ce que nous pouvons discuter de l'article 4 et de son amendement
globalement en termes d'informations, de questions, de renseignements, tout ce
qu'on veut? Et c'est comme ça que, finalement, on a posé les
questions, puis je pense que les questions qui ont été
posées étaient pertinentes parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de
choses dans cet article.
Et je vais simplement le résumer en disant qu'il touche 500 000
travailleurs au Québec; 500 000 travailleurs, la plupart
syndiqués, mais un certain nombre non syndiqués aussi. Et qu'on
sache aussi, qu'on se rappelle que cela vise les travailleurs, les enseignants,
par exemple, dans toute institution privée d'enseignement, dont
seulement 38 % sont syndiqués.
C'est pour vous dire que les autres 62 % sont touchés
personnellement. On a soulevé d'ailleurs le point hier de savoir si cela
affectait la Charte des droits et libertés, que, finalement, on vienne
jouer dans les relations, même s'il s'agit de relations de travail,
contrats individuels de travail, entre l'employeur et l'employé. Nous
n'avons toujours pas de réponse à cette question.
Mais à la fin, lorsque nous avons suspendu à midi, on
parlait des municipalités et je pense que... Bien sûr, on a
évoqué tout l'aspect relations de travail à
l'intérieur des municipalités, mais je voudrais revenir sur le
point fondamental du régime municipal qui nous gouverne. Et, pour un, je
voudrais vous en parler un peu, M. le Président, parce que j'ai
été titulaire du ministère des Affaires municipales, j'ai
été ministre des Affaires municipales durant 4 ans et ministre
d'État à l'Aménagement un autre 3 ans auparavant, trois
ans et demi, et j'ai eu à fréquenter ce monde. Je pense,
j'espère l'avoir compris quelque peu. Puis, j'ai eu aussi à le
comparer, à comparer notre système à celui d'autres
pays.
Je connais aussi celui de la France pour y avoir étudié
durant 2 ans et spécifiquement 1 an sur les questions d'administration
municipale. Je considère que le système que nous avons est un
excellent système d'institution locale. Il a des défauts, mais il
a des avantages. Et le principal avantage, pour moi, réside dans cette
notion d'autonomie municipale qui comporte des élé-
ments négatifs, mais qui comporte aussi éminemment
d'éléments positifs. Cela repose sur le principe que les
élus municipaux prennent leurs décisions parce qu'ils ont un
champ de revenus, un champ de taxation qui est l'impôt foncier qui leur
est pratiquement exclusif et donc, que les revenus qu'ils en tirent servent
à rémunérer et à faire face aux dépenses
auxquelles ils doivent faire face.
Alors, lorsqu'on transpose ce principe général dans le
domaine des relations de travail, il y a quelques conséquences parce
que, si on prend d'autres pays, .même les salaires des employés
municipaux sont dictés par l'État central. En France,
l'État central dicte tout, y compris au plan municipal, et l'État
central, même, va plus loin que ça. L'État central encaisse
les recettes de l'impôt foncier, encaisse toute espèce de recettes
des municipalités, les renvoie aux centrales, puis, ensuite, les
redistribue aux municipalités. Là, vous avez un État
centralisé. C'est ça. C'est à ça que ça
mène quand on se met le bras dans le tordeur.
Et là-dessus, je maintiens que le système que nous avons,
même s'il a des défauts, même s'il y a des problèmes
est encore plus intéressant en termes de responsabilisation, en termes
de qualité de vie locale qu'une centralisation excessive. (15 h 20)
Or, qu'est-ce qu'on fait par le projet de loi actuel? Le gouvernement
met de côté, en ce qui concerne les municipalités, le Code
du travail. Il le met de côté et il dit: je passe une loi qui fait
qu'elle s'applique aux municipalités, au régime des
négociations municipales et qui donne le bâton aux patrons, au
conseil municipal. Je n'ai rien contre les conseils municipaux, mais, dans une
négociation, on déséquilibre le rapport de force en faveur
des dirigeants municipaux, et je pense qu'on vient finalement de mettre de
côté le Code du travail. Donc, on n'a plus qu'un régime,
finalement; c'est celui de la négociation du secteur public et
parapublic, lequel va s'appliquer pratiquement aux municipalités. Et les
négociations...
Supposons qu'aujourd'hui on adopte cela pour régler un
problème. Mettons-nous dans 5 ans. Où serons-nous rendus? Dans 5
ans, il y aura encore des problèmes, des problèmes de
négociation, et on pourra dire que la loi 102, on l'aura oubliée,
mais pour certaines municipalités qui seront dans des problèmes
de négociation avec leurs travailleurs, elles vont rêver de
nouveau à la loi 102. Elles vont revenir voir le gouvernement pour se
faire appuyer d'une loi 102 bis. C'est ça qui va se passer. Donc, on est
en train de tout démolir le régime des négociations de
travail.
Je vois, en face de moi, le député de Verdun qui a
déjà pataugé dans les relations de travail à
d'autres niveaux où, par ailleurs, les mêmes raisonnements vont
s'appliquer. Je suis sûr qu'à l'époque il aurait
crié au meurtre si le gouvernement... À l'époque où
il faisait du syndicalisme dans les universités, à
l'Université de Montréal, il aurait crié au meurtre si le
gouvernement avait donné le bâton au complet du côté
de la direction des universités, toute gentille soit-elle. Il aurait
trouvé que les dés auraient été pipés en
faveur d'une des parties lors de la négociation. Et c'est ça, en
termes de principes, M. le Président, qu'il faut soulever.
J'écoutais, avant 13 heures, les discussions entre le
président du Conseil du trésor et mes collègues. Je trouve
qu'il faut... Il fallait rappeler ces principes de base de notre administration
municipale. Je ne veux pas dire que nous avons le meilleur système
d'administration municipale au monde ? je pense qu'on s'est
gargarisé trop souvent de ces mots ? mais nous avons un bon
système d'institutions locales et municipales et, avant d'aller toucher
à ce système de la façon dont on le fait, avant d'affecter
de façon fondamentale l'équilibre des rapports de force du Code
du travail et de piper les dés en faveur d'une partie, ce qui risque
dans l'avenir de piéger toute espèce de négociation, il me
semble que le jeu n'en vaut pas la chandelle. On règle une
négociation comme cela, mais on affecte et on mine la qualité et
la force de nos institutions locales.
Je trouve que toute cette partie du projet de loi devrait, à tout
le moins cette partie, disparaître du projet de loi, parce que le
gouvernement s'insère dans un secteur dans lequel il n'a pas affaire. Il
n'y a pas d'urgence. La sécurité publique n'est pas
menacée. Ce n'est pas une loi au terme de laquelle on lève les
règles de l'Assemblée pour ces questions de
sécurité publique et d'urgence. Non. Les négociations ne
sont même pas terminées et, dans certains cas, les
négociations ne sont pas commencées dans les
municipalités; il n'y en a pas, de négociations. Et, tout
à coup, on décide: 2 ans en faveur de la partie patronale, au
plan municipal. Je pense que c'est faire fi de toute l'économie des lois
qui touchent les institutions municipales.
M. le Président, sur ce plan-là, en ce qui concerne
l'application de cette loi, de la présente loi qui toucherait les
conventions collectives dans les municipalités, c'est impensable. On a
vu hier, par l'article 3, que cela touchait toutes les municipalités,
toutes les institutions intermunicipales, supramunicipales, mandataires des
municipalités, etc. Tout ce qui bouge dans les municipalités, on
l'a affecté. C'est incroyable comme extension, comme ampleur
législative. D'un coup sec, on vient toucher à des dizaines et
même des centaines de milliers de travailleurs.
C'est des remarques que je voulais faire, M. le Président, en ce
qui concerne l'article 4 et la portée que l'on donne à la date
d'expiration d'une convention collective de tous les organismes listés
aux articles 1, 2, 3.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, je veux rappeler la
disposition de l'article 246 qui prévoit que le ministre responsable du
projet de loi peut intervenir pour une période de 5 minutes après
chaque intervention d'un collègue.
Alors, M. le ministre, est-ce que vous voulez vous prévaloir de
cette disposition 246? Pardon?
M. Chevrette: Ce n'est pas au niveau de l'étude des
rapports?
Le Président (M. Lefebvre): Non. L'article 246, c'est
étude détaillée en commission; règles qui valent
également pour les commissions plénières.
M. le député de Joliette, allez-y.
M. Chevrette: Oui, merci. Est-ce que le ministre me permettrait
de poser une question avant de faire mes remarques?
Le Président (M. Lefebvre): Oui, allez-y.
M. Johnson: Oui, avec plaisir. Si on pouvait par ailleurs noter
que, suite à l'engagement que j'ai formulé ce matin, nous avons
ici la liste des organismes dont on a donné l'énumération
ce matin, avec le nom du syndicat qui représente ces employés,
les catégories d'emplois couvertes, les dates de conventions collectives
et les prolongations qui sont en vigueur compte tenu des législations de
l'an dernier et d'il y a 2 ans en ces matières, de même que les
informations sur les unités accréditées ou non
accréditées des universités du Québec qui,
également, sont couvertes, encore une fois en précisant pour
chacune le nom de l'unité avec le personnel qui est visé et la
date d'échéance des conventions qui sont en vigueur ou qui sont
peut-être terminées dans certains cas, mais, en
général, elles sont en retard sur les dates du secteur public.
Donc, la plupart, sauf à Bishop, sont toujours en vigueur.
Le Président (M. Lefebvre): ...documents requis par
l'Opposition.
M. Johnson: Oui, pour les transmettre à nos
collègues de l'Opposition.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, vous les transmettez
à M. le député de Labelle, M. le député de
Westmount, M. le député de Joliette et M. le député
de...
M. Chevrette: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Joliette, allez-y.
M. Chevrette: ...ma question, c'est sur la compréhension
de l'article 4, avant de parler de l'amendement.
À l'article 4, deuxième paragraphe, il est dit: «En
outre, on entend par "convention collective", une convention collective ou ce
qui en tient lieu au sens du Code du travail ou un contrat de travail au sens
de la Loi sur le régime syndical applicable à la
Sûreté du Québec.» Est-ce que la Sûreté
du Québec a été rencontrée au même titre que
les groupes syndicaux avant l'élaboration de la loi, avant de la rendre
publique?
M. Johnson: Au même titre, non, parce que, comme
président du Conseil du trésor, je n'ai jamais été
en direct avec la Sûreté du Québec comme avec les
présidents de centrales syndicales, etc. Les contacts sont pris
davantage au niveau de la Sûreté ou du ministre de la
Sécurité publique, mais, exceptionnellement cette fois-ci, j'ai
rencontré les représentants d'associations afin de leur expliquer
très précisément, après le dépôt du 23
mars, les raisons qui nous avaient amenés, comme gouvernement, à
envisager ces paramètres-là, donc le projet de loi 102 qui
s'applique, évidemment, à la Sûreté.
M. Chevrette: Compte tenu qu'ils n'ont pas été
rencontrés avant la loi, est-il exact que la convention collective est
expirée depuis le 30 décembre, ou dans ce coin-là?
M. Johnson: Le 31.
M. Chevrette: Le 31 décembre? Est-ce qu'il y a eu des
négociations d'entamées de janvier à ce jour du
dépôt de la loi?
M. Johnson: Je ne saurais dire. Il faudrait demander à la
Sûreté ou au ministère de la Sécurité
publique, précisément, quel est l'état de la situation.
Mais, comme tel, c'est une question de fait. On pourra vous transmettre la
réponse.
M. Chevrette: Si je pose la question, c'est parce que le
ministre, au niveau de son discours officiel, a tenu à dire qu'il
voulait à tout prix en arriver d'abord par les voies de la
négociation. Donc, ma question, c'est de savoir: Est-ce qu'il y a eu une
volonté de négocier avec la Sûreté, eux qui avaient
quitté, par exemple, ils avaient terminé au mois de
décembre? Est-ce qu'on n'a pas pu mettre en pratique votre discours,
là? C'est ça que je veux savoir, ou si c'est simplement du
trompe-l'oeil, ça, la volonté de négocier?
M. Johnson: Non, mais je ne sais pas pourquoi on parle de
trompe-l'oeil, là, précisément, M. le Président.
(15 h 30)
M. Chevrette: Non, mais c'est parce qu'on peut dire... Je veux
m'expliquer, là.
On peut bien dire, au niveau des discours ronflants: je veux
négocier, je veux négocier, je veux négocier. On a un bel
exemple d'un groupe dont la convention est expirée en décembre.
Moi, je veux savoir: est-ce qu'on a tout fait? Par exemple, ça aurait
été intéressant pour le ministre d'arriver au mois de
juin, en pleine législation, pour dire: Écoutez, j'ai eu la
chance de négocier, là, vous voyez, j'en suis arrivé
à une convention négociée. Je veux savoir si ça a
négocié depuis décembre.
M. Johnson: Chose certaine, moi, je réitère que
moi, j'ai rencontré les gens de l'association. On m'avise que les
autorités de la Sûreté en matière de relations de
travail sont également en rencontre ? je ne sais pas si c'est
permanent ou fréquent ? avec M. Turcotte et ses collaborateurs,
que, préalablement, il y avait eu des rencontres, mais je n'ai pas ici
à faire état du contenu de chacune, du progrès ou du
manque de progrès que ça pouvait constituer. Mais on doit
constater, là, que, de fait, il y avait eu des rencontres.
M. Chevrette: Sur ce paragraphe-là, puisque c'est la
première fois que je vois le groupe des salariés de la
Sûreté du Québec dans une même loi que tous les
autres travailleurs de la fonction publique, est-ce qu'il y a eu des
pourparlers pour... Parce que ça a toujours été un statut
très particuler à cause du fait qu'ils étaient
déjà non assujettis au Code du travail en fonction du droit de
grève, que c'était l'arbitrage obligatoire, et un autre processus
pour en arriver à l'élaboration d'une convention collective ou
encore d'un décret tenant lieu de convention collective, ou d'un
arbitrage tenant lieu de convention collective.
Est-ce qu'il y a eu des discussions par le Trésor et avec la
Sécurité publique pour faire en sorte qu'on puisse analyser ce
cas de façon bien particulière puisqu'on ne les a jamais
incorporés au groupe de la fonction publique, para et
péripublique?
M. Johnson: M. le Président, les circonstances qui nous
ont amenés, je les réitère, là. Ce qu'on cherche,
c'est une contribution raisonnable de tous ceux qui sont payés par les
fonds publics. Et ça n'exclut pas les membres de la Sûreté
du Québec. Il m'apparaissait, comme je leur ai dit, qu'ils doivent
justifier... C'est entendu qu'on doit tous justifier nos actions. En vertu de
quoi, par les temps qui courent, les policiers devraient-ils être exclus
d'une contribution raisonnable qu'on demande à tous les travailleurs,
quelle que soit leur classe de revenu.
M. Chevrette: Vous me répondez sous forme de question.
C'est moi qui vous posais une question. Si j'étais ministre, je vous
répondrais, moi, mais je ne le suis pas, c'est vous. Donc, je vous pose
la question. Mme la pédagogue, je voudrais finir ma question...
Le Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. le
député de Joliette. Allez-y.
M. Chevrette: On n'est pas sous une curatelle, on peut parler
ici. M. le Président, ma question au ministre est la suivante: Est-ce
que le ministre peut me dire pourquoi on n'a pas réglé de
façon particulière... Je ne dis pas qu'il n'y aurait pas un
effort à demander. Ce n'est pas ça que je dis. N'essayez pas de
déformer les mots et mes questions. Tout en s'inspirant de la même
volonté de demander un effort, est-ce qu'il y a eu, avec les
autorités du syndicat des policiers, par exemple, et la
Sûreté du Québec, la recherche d'un moyen pour ne pas les
placer dans la même situation? Parce que ce n'est pas le même
processus. C'est ça qu'est ma question.
M. Johnson: La réponse, c'est oui, M. le
Président.
M. Chevrette: II y a eu une recherche? M. Johnson: Oui, M.
le Président.
M. Chevrette: Et vous n'êtes arrivé à aucune
conclusion? Est-ce que la recherche a eu lieu avec les salariés?
M. Johnson: la recherche continue avec tout le monde. je veux
juste qu'on se rende compte que la recherche a eu lieu avec tout le monde, y
compris avec les juges. les juges, eux, ont convenu, ont accepté que le
1 %, par exemple, qui devait être versé à tout le monde le
1er avril ne leur soit pas versé. on voit donc que les juges ne sont pas
compris dans la loi. on a eu, dans ce sens-là, en explorant ce qu'on
pouvait faire, l'occasion de faire en sorte que les juges ont passé leur
tour sur le 1 %.
M. Chevrette: Mes informations...
M. Johnson: donc, il y a une diminution de 1 %, mais,
évidemment, les juges, on sait que, en vertu de la loi sur les tribunaux
judiciaires, ils voient leurs conditions de travail réexaminées
par un comité à tous les 3 ans. ce comité doit
siéger dans les mois qui viennent, et on verra à ce
moment-là.
M. Chevrette: Mais mes informations, M. le Président, sont
à l'effet qu'il n'y a même pas eu de tentatives de rechercher une
solution avec ce groupe-là. Qu'est-ce que vous répondez à
ça?
M. Johnson: Je ne réponds pas, je demande qui a dit
ça, parce que c'est faux.
M. Chevrette: Ils vous le diront eux-mêmes. M. le
Président, j'ai donc des remarques maintenant sur l'article
lui-même, comme mon collègue.
Le Président (M. Lefebvre): Sur l'amendement comme
tel?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, moi, je serai contre tout
amendement et même contre le fond de l'article, puis je reviendrai sur le
fond, parce que j'aurai l'occasion, à 2 reprises, de donner mon
désaccord. C'est d'abord sur l'amendement. Je suis contre, M. le
Président, parce que ça contredit carrément toute
la volonté du ministre, ça contredit son discours officiel. Son
discours officiel, M. le Président, c'est: Je veux négocier et je
veux négocier. Je l'ai réussi avec les juges et je veux
négocier, alors que je sais que, au moment où on se parle, il n'y
a même pas eu d'effort de négociation avec bien des groupes,
d'abord. Donc, M. le Président, c'est totalement faux, son désir,
c'est de la bouillie pour les chats.
Je suis persuadé, d'ailleurs, que ce projet de loi là,
c'est purement et simplement pour en arriver à enlever toute
possibilité de négociation. Ça devient une arme de
chantage. Je vote une loi et, après ça, je dis: Écoute,
prends-tu ce que je t'offre ou si tu ne le prends pas? Si tu ne le prends pas,
la loi s'applique. C'est ça, fondamentalement, qui se passe
présentement. Alors que, dans la fonction publique, même dans la
fonction publique...
Je sais que mes consoeurs vont venir vous en parler, tantôt. Elles
vont venir vous dire, par exemple, que vous avez prêché
l'équité salariale. Qu'est-ce que vous faites, là? Vous en
arrivez comment à l'équité salariale avec un projet de loi
qui gèle tout? Vous allez en arriver comment à corriger, par
exemple, les inégalités à partir de certaines fonctions?
Vous allez en arriver comment, si vous ne créez pas des
préjudices? Vous allez m'expliquer comment vous allez faire pour ne pas
créer de préjudice à ceux du monde municipal, par exemple,
qui ont signé un contrat collectif de 2 ans à 0,5 %,
précisément dans le sens de faire un effort qui tenait compte de
la réalité budgétaire des municipalités, et que
vous allez geler pour 2 ans additionnels.
Là, il va me répondre tout de suite, et je vous vois
venir: Oui, mais les municipalités ne sont pas obligées.
J'écoutais le député d'Orford, avant-midi, dire: Oui, mais
Sherbrooke a signé à haut taux. Il n'y a personne qui a mis un
fusil dans le dos des élus municipaux de l'Estrie. «C'est-u»
une tutelle qu'on veut faire avec les municipalités? Parce qu'un gars
n'a pas eu la colonne vertébrale ou son conseil n'a pas eu la colonne
vertébrale pour se tenir debout il a demandé à
l'Assemblée nationale d'aller corriger les bévues du monde
élu par une population, qui sont jugés aux 4 ans comme nous
autres? On n'est pas là pour se substituer à l'autorité
d'une municipalité ou d'un conseil, ce sont des élus, la
même chose que nous autres.
On fait le discours de la responsabilisation, après, des
élus municipaux. On taille carrément le Code du travail comme
tel. Ça, je trouve ça, personnellement, tout à fait
répugnant. On a voté des lois du travail et on a dit:
Écoutez, syndiquez-vous, et, vous autres, les patrons, vous avez droit
au lock-out, et les employés ont le droit à la grève. Tant
et aussi longtemps que ces groupes-là ne mettent pas en péril la
sécurité et la santé des gens, ils ont le droit de se voir
appliquer le Code du travail, c'est un principe, ça, c'est une
législation que l'on a adoptée ici, à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, je voudrais rappeler à part ça au
président du Conseil du trésor que c'est son frère, qui
était à l'époque ministre du Travail, qui a
procédé à l'adoption de la loi 45. Je ne sais pas s'il l'a
appliquée intégralement par la suite, comme ministre du Travail,
mais c'est lui qui l'a fait voter en tout cas, en cette Chambre. Je me souviens
parce que j'étais membre de la commission parlementaire sur le Code du
travail, quand on a adopté le Code du travail
québécois.
Donc, on leur a dit: II faut que le rapport de force s'exerce et ce
n'est que là ou au moment où la sécurité du public
sera en cause qu'on pourra intervenir. Je l'ai rappelé, cet avant-midi.
On est intervenu aussi dans les faits au niveau de certaines grèves qui
mettaient en péril la sécurité des gens, par exemple dans
la question du transport de Montréal. Ça, je me souviens de
ça. On est aussi intervenu, M. le Président, quand on a
parlé du fameux week-end rouge de Montréal. Ça, c'est
vrai. Mais là, est-ce qu'on appréhende quelque chose
d'extraordinaire? Ce n'est même pas une appréhension. C'est une
arme. On dit: Dorénavant, même ceux qui sont syndiqués en
fonction du Code du travail, on vous dit tout de suite que votre employeur
n'est pas obligé de négocier. Votre employeur n'est pas
obligé de négocier. Il a seulement à dire: Je dois me
prévaloir de la loi 102 et puis je n'ai pas besoin de négocier,
je gèle pour 2 ans. (15 h 40)
Et, dans plusieurs secteurs, je pense qu'on va créer des
iniquités, on va créer du mécontentement, on va perturber
les relations de travail, le climat dans les relations de travail, autant dans
tous les secteurs d'activité publique et parapublique, j'en suis
convaincu, parce que le discours sonne faux. On commence par dire qu'on va
négocier. Dans certains cas, on n'a pas négocié du tout.
Dans d'autres cas, on a commencé à négocier. Puis, dans
certains cas, ils n'ont même pas commencé à vouloir
négocier qu'ils ont l'arme pour dire: Je ne suis pas obligé de
négocier. C'est ça, la situation de la loi 102, là.
Ça fait pitié, ça là. Ce n'est pas une loi qui...
Le syndicalisme d'aujourd'hui, je l'ai répété à
l'ouverture sur le principe, est complètement différent de ce
qu'il a été. Jamais un gouvernement n'a eu en face de lui,
à ce que je sache, moi, en tout cas, dans 17 ans dans le parlement,
jamais on n'a eu en face de nous un monde syndical prêt à
négocier comme c'est le cas présentement.
Il y a même des groupes de la fonction publique et parapublique
qui ont annoncé qu'ils étaient prêts à
négocier le gel de 1 an puis de 2 ans dans certains cas. Ça a
été le cas des fonctionnaires provinciaux, pour 1 an; ça a
été le cas des infirmières qui cherchent des amendements.
Jamais on n'aura senti que les travailleurs de la fonction publique
étaient aussi prêts à signer des conventions collectives de
travail. Parce qu'il y a des aberrations dans la convention, il y a des choses
qu'il faut changer. Mais, depuis 1983-1984 en particulier, après la
coupure de 1982 dans certains cas pour les hauts salariés qui n'en
était pas une pour les petits parce qu'il y a même des petits
salariés, en 1982, avec la loi qu'il y a eu à cette
Assemblée nationale, mais pour la
fonction publique comme telle, il y a déjà eu des
augmentations pour les bas salariés jusqu'à 12,9 %. et
l'augmentation globale en pleine récession en 1982 était de 5,6 %
ou 5,7 %. donc, ce n'était pas du tout le même portrait.
Là, vous ne tenez pas compte d'aucune catégorie de
salariés qui pourraient être en situation de rattrapage. Vous ne
tenez pas compte des efforts qui peuvent avoir été consentis par
des groupes de salariés avant même le dépôt de cette
loi et vous venez ajouter 2 ans additionnels, alors que leur effort a
été consenti à leurs élus municipaux, entre autres.
Vous n'avez pas négocié avec certains groupes, mais pas du tout,
me dit-on, alors qu'avec d'autres groupes vous avez amorcé des
discussions, mais cette loi-là, à toutes fins pratiques, est une
loi qui constitue un moyen de pression.
Moi, je pense que l'Ontario est après nous donner une petite
leçon de savoir-faire là-dessus. L'Ontario dit: Moi, je donne un
délai de négociation. Moi, je le donne. Avant de passer une loi
spéciale, je me donne au moins jusqu'au 1er août en
négociations. C'est ça qu'on a tenté de faire avec le
ministre des affaires sociales quand on a proposé le report de 3 mois au
niveau de la deuxième lecture. On a voulu proposer le report de 3 mois
pour lui donner la chance d'assumer la cohérence entre ses propos ou sa
volonté de vouloir en arriver à un règlement
négocié par rapport à l'imposition d'une loi. Et,
aujourd'hui, on le voit bien, ce qui compte pour lui, c'est de faire son show
à la télé en plénière, M. le
Président, sur la loi, au lieu de négocier avec les groupes, puis
peut-être en arriver à la conclusion d'ententes et de conventions
collectives.
Si l'Opposition pouvait jouer un rôle utile, ce serait
précisément de l'inviter à aller négocier avec les
groupes, M. le Président, qui veulent le faire, qui veulent en
arriver... Il verra si l'effort qu'il réussit à aller chercher
est valable, mais négocier, M. le Président, ça veut dire
qu'au moins on s'entend sur des accommodements, on s'entend sur des
accommodements.
Mais il y a un jeu de négociation qui commence à
m'inquiéter, et je vais le dire aussi. Quand le Trésor demande
aux médecins, par exemple, de trouver 30 000 000 $ de coupures dans les
soins de santé, puis qu'il dit: Si vous me trouvez des coupures, je vais
vous donner des augmentations, ça veut dire qu'il laisse à un
groupe le soin de déterminer quels seront les services de santé
de demain pour régler...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Joliette, je vous demanderais de conclure comme vous l'avez
indiqué...
M. Chevrette: Je n'ai pas le droit à 20 minutes?
Le Président (M. Lefebvre): Oui, vous interveniez,
effectivement, sur l'amendement et, depuis la reprise, vous êtes
intervenu pour une période de 14 minutes qui s'ajoutent à votre
intervention commencée avant la suspension de 13 heures. Alors, vous
avez atteint, au moment où on se parle, et je vous demanderais de
conclure, les 20 minutes prévues pour votre intervention
spécifiquement sur l'amendement.
M. Chevrette: Qui a dit ça? Je reviendrai sur la
proposition principale, M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): C'est ça.
M. Chevrette: ...et, au besoin je ferai un amendement ou un
sous-amendement pour m'exprimer complètement.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Joliette.
M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, M. le Président, pour répondre
à quelques-unes des questions que le député a
soulevées sur l'équité salariale, sur
l'équité salariale, j'ai dit, depuis maintenant le 23 mars,
ça va faire 3 mois que j'ai dit et répété que ce
n'était pas touché du tout par notre projet de loi. Si les
travaux et les redressements salariaux sur les relativités salariales,
l'équité salariale sont préoccupants, ils le sont d'une
façon telle que la loi ne s'y applique pas.
Alors, le député a fait une autre démonstration du
fait qu'il n'a pas écouté, lorsque j'ai expliqué ce qu'il
en était. Ce n'est pas couvert, donc ce n'est pas un problème,
là. Ensuite, ah! bien oui, évidemment, là, on parle... on
a un sous-amendement qui vise les professionnels de la santé. Mais je
cherche encore le lien qui a permis au député de Joliette
d'insulter tous les élus municipaux du Québec en les traitant
essentiellement de mollusques et de sans colonne vertébrale, parce que
c'est ça qu'il a dit, dans le fond, et je ne saisis pas vraiment
pourquoi, d'abord, c'est pertinent, puis, deuxièmement, pourquoi c'est
vrai. Enfin, il vivra avec ses énoncés. troisièmement, sur
l'ontario, il est en train de nous dire que l'ontario devrait être un
modèle. si l'ontario est un modèle, là, depuis hier, le
modèle vise à couper de 5 % la rémunération dans le
secteur public, notamment. je lis la déclaration de m. rae: notamment au
moyen d'un système de congés non payés, et ce, avant le
1er août. nous, on parle de 1 % avant le 1er octobre. on parle de 1 %
avant le 1er octobre, alors que... là, je cherche à voir qui
s'inspire de qui? chose certaine, l'ontario a des problèmes réels
comme tout le monde et veut couper, d'ici 6 semaines, 5 %; et, nous, on dit:
d'ici 3 mois, 1 %.
Il faut juste qu'on se rende compte, là, de l'incohérence
de l'autre côté. Vous voulez qu'on s'inspire de l'Ontario?
Ça va être plus sévère. Ça va être 5 %.
Mais la méthode, la méthode est la même. Le premier
ministre Rae a dit hier qu'il déposerait lundi un projet de loi faisant
en sorte que le gouvernement sera assuré ? «assured»,
en anglais, pour le député de West-mount; assuré, pour le
député de Westmount qui parle
aussi français, et tous les autres ? de la
réalisation des économies de 2 000 000 000 $, notamment, je le
cite au texte, «par des octrois de congés non payés».
C'est la même chose. Ils nous copient carrément, et ils vont
beaucoup plus profondément dans la réduction des salaires, et ils
le font beaucoup plus rapidement. Ils parlent du 1er août. Nous, on parle
du 1er octobre, de négociations d'ici ce temps-là ? on a 3
mois et non pas 6 semaines ? et d'un montant de 1 %,
évidemment.
Alors, je réitère, en terminant ? parce que le
député est revenu souvent là-dessus ? que j'ai
rencontré encore plus de groupes que d'habitude, et dire qu'il n'y a pas
eu de prise de contact avec, par exemple, implicitement, l'Association des
policiers, la Sûreté du Québec, c'est inexact. Je les ai
vus en personne. Je les ai vus en personne fort longuement pour discuter de ces
choses-là, ce que je fais exceptionnellement, là. Maintenant, au
niveau carrément de la Sûreté, on m'indique que les
consultations sont en cours, qu'il y avait des réunions avant ça,
depuis janvier ou février. On pourra vérifier les dates;
ça ne me dérange pas, ce n'est pas un problème. On pourra
préciser si ça intéresse les collègues. Mais il y a
eu des négociations exploratoires et, ensuite, depuis la rencontre que
j'ai eue avec les représentants de l'Association, on élabore des
scénarios de consultation, etc., qui permettent d'identifier et de
réaliser des gains, évidemment, au titre de la
rémunération globale.
La question demeure. Dans le fond, on est obligé de se demander,
comme société, pourquoi un groupe serait exclu. Et, si oui,
lequel, et de combien. Alors, ça, c'est la question que pose le
député. S'il dit que ce n'est pas comme ça que se formule
sa question mais que ça vise simplement à reconnaître la
situation particulière de l'Association depuis 1967-1968, je suis
d'accord avec lui. Je le suis depuis le début. Alors, on cherche,
évidemment, à l'égard de tous les groupes, à
trouver une formule qui fait en sorte qu'on ne sera pas obligé
d'invoquer la loi le 1er octobre prochain pour...
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor, je vous demande de conclure. Vous êtes à
faire 5 minutes, en vertu de l'article 246. Alors, je vous demanderais de
conclure, s'il vous plaît.
M. Johnson: M. le Président, je pourrais vous demander de
me signaler 30 secondes avant la fin.
Le Président (M. Lefebvre): C'est ce que je viens de
faire.
M. Johnson: Ah! il reste 30 secondes? Le Président (M.
Lefebvre): Oui. M. Johnson: Ah! je croyais que... Bon!
Le Président (M. Lefebvre): Je vous demande de conclure.
Vous avez 30 secondes pour conclure. Allez-
y-
M. Johnson: Je n'ai pas entendu que vous m'aviez dit ça,
M. le Président. Je m'excuse.
Le Président (M. Lefebvre): C'était sous-entendu.
Allez-y, M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Sous-entendu. Alors, on vient de passer 30 secondes
à se demander ce que vous vouliez dire et ce que j'avais compris, M. le
Président. Et j'aurai l'occasion de revenir. (15 h 50)
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le président
du Conseil du trésor.
Je suis prêt à entendre le prochain intervenant.
M. le député de Westmount.
M. Holden: Thank you, Mr. Chairman. Last night, I got a call from
a cousin of mine. He is a very, very strange individual.
Une voix: C'est de famille.
M. Holden: We will not talk about your family. He actually
preferred watching the debate between us over watching the hockey game last
night. I found that a most extraordinary reaction, but since the Minister has
chosen to hold this debate in front of the cameras and to hold the debate in a
committee of the Whole House, then I guess he should not be surprised if a
number of members take the opportunity to talk about various problems that are
raised by the legislation. I particularly wanted to talk a little bit about the
whole aspect of the law relating to municipalities.
I believe I am right in saying that this is the first time, in
legislation of this kind, that the power to freeze salaries has been extended
to the municipalities. The Member for Labelle said, in his most recent
intervention, that all of the articles in this law relating to municipalities
should be struck from the law. And I think, in effect, that is a very, very
wise suggestion, Mr. Chairman. Under our system of government, we do not have
centralized control over the municipalities. It is not like the governments in
the U.K. or in France or in a unitary State where the central government
controls every aspect of the municipal government. Here, we have a clear
division. The senior government, which is the provincial government, authorizes
the creation of the junior governments, which are the municipal 4
governments, and they, in turn, have their own responsibilities.
What the Government is trying to do in this legislation is to control
municipal government and to impose their view on them. It is all very well to
say that there is an opting out opportunity given to the municipalities, but
what the Government is doing here, it is handing a weapon over to the municipal
bodies, particularly to the executive side of the municipal body, and it is
giving them a chance to impose a freeze and then giving them a wonderful
opportunity to get out of
whatever criticism by saying: Oh, well, it has been imposed on you by a
higher level of government.
I know that The Globe and Mail is much more interesting than what
I may have to say, Mr. Speaker, bu we are in the committee studying the bill,
and I was hoping that the Minister might have a chance to listen to some of
what I might have to say in relation to some of the articles of the present
legislation.
The Minister mentioned that some of the groups have already accepted
some of the provisions of this law and he mentioned judges, who have accepted a
1 % decrease. If I understand the Minister correctly, the judges have accepted
a 1 % cut in their income or a... They have accepted a freeze, in other
words.
M. Johnson: Do you want me to answer that now?
M. Holden: If you could, because I may have misunderstood what
you said about the judges.
M. Johnson: the judges, like everybody else, had a 1 % increase
coming to them last april 1st. upon discussing with them their remuneration and
the setting up of the committee which every three years convenes to study the
judges' remuneration gave rise, let us say, to an opportunity to mention that
the 1 %, of then, next april 1, was coming and that it might be advisable to
pass over that... the date, without collecting, if i can use the expression,
the 1 % increase. so, in effect, the judges had 1 % coming to them, and chose
not to see their salaries increased by 1 %, as it should have, which is not
unlike what will happen to us october 1st. we will pass over that 1 %, which is
not unlike what the people in our riding offices have seen happened to them,
with respect to the total amount payable to mna office staff. so again, the 1 %
has been set aside. it has not been paid out.
M. Holden: Mr. Chairman, it is all very well to think that the
judges are being highly responsible in this attitude, but I think it is only
fair to point out that, whether it was a year ago, or a year and a half ago,
indirectly, the judges all received a substantial increase in their incomes
when the Government took over the payment of the amount that was normally
contributed to their pension plan. Judges no longer have to contribute to their
pension plan, so indirectly they were given a rather substantial increase, only
about a year and a half ago.
M. Johnson: That was in lieu of the full indexation, to the same
extent, of their pay scale. So, really, we have to look at it in terms of a
total remuneration package. And, they agreed that their salaries would not go
up but that their benefits would. It could have gone the other way, but
overall, totally in compliance with the six month freeze and the one year
extension, and so on.
M. Holden: A fairly substantial addition to their incomes. I am
not saying that the judges are not being responsible, but I think of all the
groups that we have in all of the... that are covered by the present Bill, the
judges are probably one of the best treated under the system of government that
we have. So, I think it is very pleasant that they did accommodate their views.
I think that I have not heard a lot of complaining by Members of the National
Assembly in respect to the freeze that has been asked of them either.
And, I do not know... The President of the Treasury Board continues to
say that negotiations are continuing and will continue, and even by the terms
of the legislation, I gather that, should an agreement be reached by the
Treasury Board after the legislation is adopted, the legislation will not
apply. Is that a correct reading of the legislation that we are studying
today?
M. Johnson: That is correct. The correct reading of the
legislation is that only if we fail to identify and find ways to effect 1 %
reductions in total of remuneration will, on October 1st, the provisions with
respect to unpaid holidays be brought into play. That was a long answer. Mais
c'est vrai que ce n'est qu'à compter du 1er octobre que les dispositions
qui permettent au gouvernement d'octroyer des jours de congé sans solde
entreront en vigueur, et ce ne sera qu'à défaut, d'ici cette
date, de trouver des façons, non seulement d'identifier, mais de
réaliser des économies de 1 % de la rémunération
globale avec nos employés. (16 heures)
M. Holden: Maintenant, si vous permettez, M. le Président,
toutes les organisations dont les noms paraissent sur les listes que vous avez
produites cet après-midi, tous ces groupes.... Est-ce que chaque item
constitue une convention collective séparée? Chaque item? Alors,
il y a des centaines et des centaines... Est-ce que chaque convention
collective est rédigée dans des termes exactement pareils?
M. Johnson: Alors, ce qu'on appelle, je dirais, le normatif
lourd, les grandes dispositions négociées cen-tralement, de
même que ce qui se rapporte à la rémunération, y
compris ce qui se rapporte surtout, évidemment, à la
rémunération et aux grands avantages qui ont été
consentis, les avantages sociaux, c'est essentiellement le même
libellé d'une convention collective à l'autre.
M. Holden: Mais il peut y avoir des petites différences
à l'intérieur d'une convention individuelle?
M. Johnson: II y a des matières... Ce à quoi on ne
touche pas, ni par la loi, ni de façon centrale, c'est ce qui, en vertu
notamment de la loi 37, peut être négocié localement, soit
des aménagements, soit des dispositions qui touchent, bon, dans certains
cas, les uniformes que les gens peuvent porter, etc., et, je présume,
d'autres aménagements, des règles de travail qui correspon-
dent aux besoins de l'établissement ou du service qui est rendu
et qu'on ne peut pas, centralement, prévoir dans les moindres
détails qui sont laissés littéralement à la
négociation au niveau d'un établissement ou d'une commission
scolaire.
M. Holden: Et, parmi tous ces groupes, quand vous parlez de
négociation, les négociations se font... Quand on parle de front
commun, tous ces groupes-là, sauf peut-être la
Sûreté, tombent dans le groupe de négociation du front
commun. C'est-à-dire que, si vous tombez d'accord avec le front commun,
ceux qui forment le front commun, vous avez couvert tous ceux et celles qui
sont dans les listes que vous avez produites.
M. Johnson: C'est ça, exactement, oui.
M. Holden: Et puis, sur les gens avec qui vous négociez,
il y en a combien qui sont prêts à accepter et combien qui sont
loin d'une acceptation?
M. Johnson: ah! là, c'est une question de degré et
non pas de nature. je disais qu'aujourd'hui personne comme tel n'a signé
de convention collective avec nous. la plupart des grandes centrales et, dans
le cas de la csn, la plupart des syndicats qui y sont affiliés, sauf
ceux qui appartiennent à la fédération des affaires
sociales, nous ont amené une proposition récemment, dont on a
fait état, quant à un gel salarial de 1 an et, je dirais, la
reconnaissance qu'il faut trouver des économies de 1 % qui
accroîtraient au gouvernement, donc qui pourraient être
créditées. le premier 1 % d'économies qu'on trouverait
éventuellement serait crédité au gouvernement ou remis au
gouvernement, quitte à ce qu'on dispose, évidemment, des
excédents d'économies par la voie de la négociation.
alors, ça, c'est une proposition qui est venue du syndicat des
fonctionnaires, du syndicat des professionnels, de la ftq et de certains
syndicats de la csn et de la ceq. par ailleurs, les infirmières ont pris
l'initiative de suggérer qu'un gel de 2 ans pouvait être
envisagé, 2 ans. on n'a pas évoqué, dans leur cas,
l'économie possible de 1 % qu'on recherche. alors, comme on voit, il y a
comme 2 blocs: l'un qui parle d'un gel de 2 ans mais ne parle pas du 1 %, et un
autre bloc, plus considérable, qui reconnaît un gel de 1 an et
reconnaît également la nécessité d'atteindre une
économie de 1 %; et, finalement, la fédération des
affaires sociales qui ne reconnaît absolument rien de tout ça et
qui est en train de préparer des demandes d'indexation,
d'enrichissement. l'enrichissement, par les temps qui courent, ça
m'apparaît un petit peu difficile à concevoir, mais enfin, on
verra un jour si elles ont la chance, ces instances, de nous présenter
des demandes, ce dont ça aura l'air. mais ça ne change en rien la
position gouvernementale. nous maintenons le cap sur la réalisation
d'objectifs financiers qui sont très réels et qui peuvent
être chiffrés, et qui ont un échéancier. alors, on
va discuter de toutes ces choses-là à 18 heures ce soir avec tous
les groupes sauf la fas et les infirmières.
M. Holden: Pendant qu'on se parle, est-ce que... On attend une
réunion ce soir, à 18 heures, mais, jusque-là, on n'a pas
de décision, en définitive. Il n'y en a aucune qui s'est
arrêtée à une décision définitive.
M. Johnson: Non, mais il y a du potentiel avec quelques syndicats
plus petits, autres que les grandes centrales et certains des locaux qui sont
affiliés aux centrales, aux fédérations. Il y a des
groupes d'employés qui nous ont fait des suggestions pour
réaliser...
M. Holden: Comme quoi?
M. Johnson: Ah! j'ose... Étant donné que ce n'est
pas vraiment attaché, il reste encore un petit peu de chemin à
faire, de part et d'autre, sans doute, on est en négociations, là
aussi, j'aimerais mieux, à ce moment-ci, ne pas les identifier. Mais je
dirais qu'il y a quelques groupes d'employés...
Il y en a au moins 1, que j'ai à l'esprit, qui m'a fait une
proposition, à mes collaborateurs, une proposition extrêmement
intéressante qui permet justement d'atteindre 1 %, d'en dégager
davantage, de redistribuer l'excédent de l'économie et de
rencontrer, donc, certaines des préoccupations que ce groupe
d'employés a depuis longtemps. Ils sont finalement convaincus qu'il faut
recycler des économies pour rencontrer certaines de leurs
priorités. On ne peut pas en ajouter par-dessus les salaires ou les
avantages actuels. Il faut donc voir comment on réaménage
l'ensemble des conditions de travail pour rencontrer certains nouveaux besoins
qui n'existaient pas, il y a S ans, ou qui n'étaient pas du domaine de
la préoccupation des membres.
Je donne un exemple, là. À mesure qu'un corps d'emploi
vieillit, c'est inévitable que les individus qui le composent pensent de
plus en plus à leur retraite et aux options qui leur sont ouvertes,
à l'occasion de la retraite ou de la préretraite. Des choses qui
ne préoccupent pas des gens de 40 ans préoccupent des gens de 52
ans. Ça, c'est évident. Alors, moi, ce que je dis, à ce
moment-là, c'est qu'il faut abandonner certains des avantages qui
étaient intéressants, il y a 10 ans, si on veut maintenant des
avantages plus intéressants, 10 ans plus tard.
M. Holden: Mais, M. le Président, on a parlé un peu
de la situation en Ontario. Vous l'avez mentionné vous-même, M. le
ministre. À part la différence de montant, de pourcentage, est-ce
qu'on peut dire que le gouvernement de l'Ontario a fait beaucoup plus d'efforts
et passé beaucoup plus de temps à négocier son contrat
social avec ses syndicats que vous autres, vous l'avez fait avec la fonction
publique?
M. Johnson: Oui. Je vérifiais avec mon collaborateur, si
ma perception correspondait à sa connaissance. En Ontario, c'est
beaucoup plus décentralisé, et ça donne l'impression qu'il
y a une immense manoeuvre qui implique tout le monde, avec raison. Alors que,
nous, on a un modèle plus centralisé et qu'on doit
réper-
cuter, là, dans toutes sortes de tables, lorsque la
négociation commence véritablement, et qu'il y a une entente sur
le processus, et qu'on doit avancer dans une situation dite normale de vraie
négociation, comme l'appellent, entre guillemets, nos partenaires
syndicaux, par les temps qui courent. Là, ça implique beaucoup de
monde.
Mais, en Ontario, c'est déjà passablement
éclaté comme structure syndicale, donc patronale. On a vu les
tables sectorielles; Decter, évidemment qu'il est coor-donnateur de tout
ça, mais il y a des gens qui s'activent à tous les niveaux,
partout sur le territoire, je dirais, ce qu'on n'a pas comme modèle.
Nous, on a plutôt, depuis le 23 mars, communiqué à de
nombreuses reprises; c'a été 10 ou 11 fois à mon niveau,
dans mon cas, avec mes vis-à-vis syndicaux, et mes gens, au moins 2 fois
plus que ça, soit sectoriellement, soit avec les collaborateurs ou les
permanents syndicaux et mes fonctionnaires. Alors, il y a eu passablement
d'échanges.
Mais, autour des grands paramètres, on est allé tout aussi
loin, à mon sens, que l'Ontario. Je suis sûr que c'est le
même exercice auquel, eux, dans leur cadre, s'adonnent. Mais, les
résultats semblent être, pour l'instant, les mêmes. Pour
l'instant. (16 h 10)
M. Holden: Et, finalement, M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait admettre que le fait qu'on soit ici, au salon bleu, et qu'on
soit devant les caméras, c'est plutôt un autre aspect de vos
négociations avec les syndicats. Est-ce que le ministre croit que
ça aurait eu le même effet sur les négociations que d'avoir
notre commission, normalement, dans une salle de commission normale, au lieu de
le faire en plénière? Est-ce qu'il y a une raison
spéciale?
M. Johnson: Oui. Oui.
M. Holden: C'est quoi la raison de passer, là...
M. Johnson: La raison...
M. Holden: ...de nous réunir ici en
plénière?
M. Johnson: ...je l'ai... Non, mais le député
n'était pas ici, ce matin. Il vaquait à d'autres travaux. La
raison, je l'ai énoncée, c'est surtout que, si on
s'aperçoit qu'il y a une volonté de tout le monde de regarder le
projet de loi article par article et de tenter d'avancer, quitte à voter
contre, là, je comprends ça, on peut le faire après
minuit, ici, en commission plénière, alors qu'on doit cesser nos
travaux à minuit, dans les commissions permanentes. Ça, c'est la
première raison technique, pour avoir beaucoup de temps, d'ici la fin de
la session, si c'est requis et si on voit qu'il y a de la bonne volonté,
mais que ça peut être ardu.
M. Holden: C'est une forme de...
M. Johnson: Ça, c'est le genre d'option que le leader du
gouvernement... C'est une décision du leader, là. Ce n'est pas la
mienne, mais j'y souscris. J'y souscris.
La deuxième me permet de dire... c'est que ça permet aux
téléspectateurs, comme le cousin du député...
M. Holden: Comme mon cousin... Ha, ha, ha!
M. Johnson: ...votre cousin, de voir à la
télévision ce que c'est un «filibuster». C'est rare
qu'on voit ça.
M. Holden: Oh! bien là, là, là, je n'accepte
pas qu'une...
M. Johnson: D'accord. Alors, je... I rephrase my comment.
Ça permet de...
M. Holden: ...discussion...
M. Johnson: Ça permet de constater... Ça permet aux
téléspectateurs de constater les façons différentes
que les députés peuvent emprunter pour parler 20 minutes sur un
sous-amendement qui touche les professionnels de la santé, parce que
c'est une concordance de nature technique qu'on veut apporter. Alors, on voit
qu'il y a la méthode du député de Westmount qui est d'une
élégance et d'une gentilhommerie absolument exemplaire, et il y
a, évidemment, les autres. Il y a les autres.
M. Holden: Oh! Oh! Oh!
Une voix: Oh non, non!
M. Holden: Alors, j'arrête de parler et je laisse une de
mes collègues...
Des voix: ...
M. Holden: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Westmount.
M. Holden: Je ne veux pas risquer de perdre mon statut de
gentilhomme.
Le Président (M. Lefebvre): Nous sommes toujours à
discuter de l'amendement suggéré à l'article 4 du projet
de loi, et je vais céder la parole à Mme la députée
de Verchères.
Mme Dupuis: Merci, M. le Président.
En regardant les documents que nous avions réclamés et qui
nous ont été fournis par le ministre, je me rends compte qu'au
niveau des médecins je ne vois pas de... Je ne les ai pas
retrouvés dans les documents. Alors, j'aimerais savoir... Il y a eu une
entente de si-
gnée avec les médecins, et j'aimerais savoir quand. Il y a
eu une entente de signée avec eux, dernièrement, je pense, et
j'aimerais savoir quand et à quel pourcentage.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Il y a eu
récemment une entente avec les médecins spécialistes,
effectivement, qui ont trouvé, à l'intérieur de l'objectif
tarifaire, une façon d'économiser 12 000 000 $,
c'est-à-dire 1 % de la rémunération. Quant aux
détails précis, je suis accompagné ou je l'étais,
il y a quelques instants, d'un représentant du ministère de la
Santé et des Services sociaux qui pourrait donner les détails
techniques. Je pense qu'on ne me tiendra pas rigueur de ne pas posséder
le fin détail des centaines de conventions collectives dont le
député nous a entretenus, tout à l'heure, et dont il a
constaté l'existence et, si, d'ici quelques instants, cette personne
pouvait prendre place, nous nous permettrions de lui demander de nous donner
ces détails, et si la caméra retourne sur vous, M. le
Président. C'est ça. En attendant.
(Consultation)
Le Président (M. Lefebvre): Je peux... M. le
président, je vous offre de suspendre les travaux pour quelques
minutes.
M. Johnson: Ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Lefebvre): Si vous jugez que c'est
nécessaire, je vais suspendre les travaux pour quelques minutes.
(Consultation)
Le Président (M. Lefebvre): Alors, j'ai le... Oui, vous
êtes prêt, M. le...
M. Johnson: Oui. M. le Président, un conseil de...
Le Président (M. Lefebvre): Oui, M. le président du
Conseil du trésor, allez-y.
M. Johnson: C'est un plan pour l'organisation de nos travaux.
À partir de l'article 28, on serait, évidemment, dans le champ
qui s'appelle, dans cette sous-section, Professionnels de la santé.
Alors, je m'engage, lorsqu'on y sera rendus, à répondre dans les
plus fins détails, avec mes collaborateurs, qui, à ce
moment-là, seront là. On n'avait pas prévu, à la
vitesse où ça allait, que l'Opposition serait rendue à
l'article 28 à cette heure-ci, là. Alors, on n'a...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: ...pas tout le monde qui pourrait y répondre
aujourd'hui.
M. Léonard: Vous êtes pris au dépourvu,
là. Il faut l'admettre, quand même.
M. Johnson: Bien non, je ne suis pas pris au dépourvu.
M. Léonard: Ne mettez pas ça sur le dos de
l'Opposition.
M. Johnson: Je ne devrais pas être surpris, autrement dit,
si j'écoute le député de Labelle, qu'à l'occasion
de l'article 4 on me pose des questions sur l'article 28...
M. Léonard: Bien, vous y faites référence
vous-même.
M. Johnson: ...ou que le député de Joliette parle
des municipalités quand on parle de la santé.
M. Léonard: C'est ça, votre amendement. Mme
Dupuis: C'est à cause de l'amendement...
Le Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Léonard: Tout à l'heure, vous...
Le Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Johnson: C'est une correction technique.
M. Léonard: ...nous accusiez de ne pas parler de
l'amendement. On en parle et vous dites qu'on devance le projet de loi.
M. Johnson: Ils sont maintenant 2 à... M.
Léonard: Choisissez, là.
M. Johnson: ...hurler, de l'autre côté, M. le
Président.
Le Président (M. Lefebvre): Un instant, là.
J'aimerais...
M. Johnson: II y avait le député de Joliette et,
maintenant, il y a le député de Labelle qui hausse le ton.
M. Léonard: Non, non. C'est ma collègue qui a la
parole, là.
M. Johnson: C'est une correction de nature technique que j'ai
indiquée tout à l'heure, qui a été introdui-
te, là, pour couvrir un champ bien spécifique de
façon plus claire que la référence qu'il y avait dans
l'article 4 original. C'est pour ça qu'il y a un sous-amendement. On est
en train de nous demander le détail d'une convention collective avec un
des groupes... À l'article 28, je vous promets qu'on va avoir toutes les
réponses.
Le Président (M. Lefebvre): Mme la députée
de Verchères...
Mme Dupuis: M. le président, il y a...
Le Président (M. Lefebvre): ...vous pouvez continuer votre
intervention.
Mme Dupuis: L'idée n'était pas d'aller sauter
à l'article 28. Mais l'amendement nous réfère à
l'article 28, et c'est pourquoi je pose une question sur les médecins,
tout en étant cohérente avec les questions que j'ai posées
cet avant-midi, pour essayer de cerner les implications et les impacts qu'aura
cette loi dans les différents secteurs. Alors, j'ai demandé quand
pour les médecins. À la lumière de ça,
peut-être que, là, on peut essayer de cerner, sur le cas des
médecins, quel impact qu'il pourrait y avoir. Je pourrais prendre un
autre cas. Je pourrais prendre les professeurs de l'Université Laval,
aussi, tu sais. C'est d'essayer de comprendre, par des exemples concrets, les
impacts que peut avoir, dans certains cas, ce projet de loi.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, M. le président
du Conseil du trésor, vous pouvez réagir.
M. Johnson: L'article 4 n'a aucune espèce de rapport,
d'impact ou de lien avec les professeurs d'université, M. le
Président.
Mme Dupuis: J'ai dit... M. Johnson: Peut-être
à l'article 5... Mme Dupuis: ...que ça aurait... M.
Johnson: ...ou à l'article 10.
Mme Dupuis: J'aurais pu prendre un autre cas, M. le
Président. Je dis... Bon. Je prends le cas des médecins et
j'aimerais, par une question... Est-ce qu'il y a eu une entente de
signée dernièrement, à quel taux et puis pour combien de
temps? Bon. Prenons le cas des médecins, parce qu'il y en a eu une de
signée dernièrement. Est-ce qu'on pourrait d'abord, dans un
premier temps, répondre à cette question-là?
M. Johnson: J'ai déjà indiqué, M. le
Président, qu'on pourra donner les détails lorsqu'on abordera
l'article 28. Mais vraiment, là, je le dis, on ne s'attendait pas
à ce qu'on soit déjà rendus aux professionnels de la
santé. Je réitère qu'on peut expliquer la raison de
l'amendement technique, mais, pour le fond, on aura les gens qui pourront
répondre aux questions de la députée lorsqu'on abordera
les articles qui en traitent.
Mme Dupuis: Donc, si je comprends bien, M. le Président,
le ministre s'engage à y répondre à ce moment-là,
quand on sera rendus à l'article 28.
M. Johnson: Bien oui!
Mme Dupuis: Oui, mais l'article, là, l'amendement,
là, ça touche ce secteur-là.
M. Johnson: Non.
Mme Dupuis: Ça n'a aucune... L'amendement de l'article 4
qui est présenté ne réfère pas à l'article
28? (16 h 20)
M. Johnson: L'amendement touche une référence
à un article, et cette référence n'était pas
exacte. Alors, le fond, la raison pour laquelle il y a un amendement, c'est
pour corriger la façon de faire référence à des
articles, mais, si on veut parler... Ça, on pourra demander au
technicien d'expliquer pourquoi la correction est nécessaire, mais
là, la députée veut nous entraîner sur un terrain
qui est déjà, qui sera couvert dans la sous-section 3, la section
III plutôt. Alors, on pourra en parler à ce moment-là, avec
plaisir, et on aura les gens qui, aujourd'hui, font autre chose. Ils
travaillent là, eux, plutôt que de s'asseoir ici et nous
écouter, quoiqu'il y en a pour qui c'est peut-être du travail.
Mme Dupuis: Ça veut dire que, pour le moment, le ministre
n'est pas prêt à répondre, parce que les techniciens ou les
personnes qui seraient susceptibles de répondre à cette
question-là ne sont pas disponibles pour le moment, parce que ce n'est
pas la question qu'on soit rendus à l'article 28 ou pas. Ça
réfère à l'article 28, l'amendement est directement
relié à l'article 28, et on ne veut pas répondre, parce
que... Est-ce qu'il y a lieu de les faire venir ou quoi? C'est parce que le
ministre n'est pas capable de répondre lui-même ou quoi?
M. Johnson: Bien, écoutez, je vois que la...
Mme Dupuis: II me semble que ce n'est pas une question si...
M. Johnson: ...députée ne commence même pas
à soupçonner le début du commencement de la
complexité de centaines de conventions collectives. C'est pour ça
qu'il y a des dizaines de gens, qui sont des spécialistes au
gouvernement du Québec, pour s'occuper de ces choses-là, et dont
les députés peuvent requérir la présence ?
c'est ce qu'on fait ? et auxquels ils peuvent adresser des questions, par
mon intermédiaire. Ces gens-là pourront répondre, mais
encore faut-il qu'on soupçonne que des questions mur à mur vont
être soulevées, et là on amènera, je ne sais pas,
moi, 100 person-
nés avec nous, mais, en attendant, on en a amené S pour
traiter des choses qu'on croyait que l'Opposition voulait traiter,
c'est-à-dire du début du projet de loi, pas de la fin. On est au
début, là.
M. Chevrette: Sur les dates, techniquement, M. le
Président, là, une question au ministre. Sur les dates, les
professionnels de la santé viennent de signer une convention collective,
il y a quelques semaines. Correct? Vous dites que c'est à compter du 1er
décembre 1993.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Joliette, quant à moi, je n'ai aucune objection, mais j'ai besoin d'un
consentement pour que... On est toujours, on est toujours sur l'amendement
à l'article 4, et je vous ai rappelé tout à l'heure que
votre temps était épuisé. Alors, s'il y a consentement,
évidemment, vous pouvez intervenir à nouveau. Alors, M. le
président du Conseil du trésor, est-ce que vous consentez
à ce que M. le député de Joliette intervienne à
nouveau sur l'amendement à l'article 4? J'ai besoin d'un
consentement.
M. Johnson: Oui, oui, je comprends. Le député ne
voulait pas intervenir tout à l'heure, il voulait un sous-amendement
ou...
M. Chevrette: Non, non, mais, si vous répondez, il n'y
aura pas besoin de sous-amender.
M. Johnson: Pardon?
M. Chevrette: C'est parce que, si vous répondez à
ma question d'ordre technique, je n'aurai peut-être pas besoin de le
sous-amender. Je vous donne un exemple.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, je comprends qu'il y a
un consentement.
Allez-y, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: C'est parce que vous dites que c'est... Le Conseil
du trésor, de par le projet de loi, vous dites partout que c'est
à la fin de l'échéance de la convention, à la fin
de la convention, en vertu de l'article 4. D'accord? Dans le cas des
professionnels de la santé, si vous regardez à l'article 28
? c'est pour ça que je vous pose la question et que ma
collègue est allée dans ce sens-là ? dans le cas des
médecins, vous dites que c'est le 1er décembre 1993. Est-ce que
c'est la fin, l'échéance de l'entente qu'ils ont signée
dernièrement, dans leur cas, ou si ce n'est pas une date
différente de l'échéance?
Je pense que... Je ne sais pas si je me fais saisir, mais, par rapport
au 4, il y a une corcondance, il doit y avoir une concordance. Vous m'avez
répondu ce matin que c'est à la fin de toutes les conventions
collectives. Dans le cas des professionnels de la santé, ils viennent de
signer, et vous dites à l'article 28, parce qu'il y a un lien entre les
articles, que c'est le 1er décembre 1993. Je voudrais savoir comment il
se fait que, pour eux, ça ne semble pas être
l'échéance. Je ne sais pas si c'est plus clair?
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, bon, évidemment, on anticipe encore. On
se retrouve encore dans la section des articles 28 à 32. Encore une
fois, et de façon précise là, dans le cas qui nous
préoccupe, les médecins spécialistes, c'est l'article 30,
ces dispositions qui vont trouver leur effet, je dirais, trouver un effet entre
les articles 28 à 32. C'est l'article 30, sans le savoir, dans le fond,
dont on est en train de parler. Mais je persiste à dire que, si on
pouvait régler le problème de la raison pour laquelle
l'amendement a été apporté, c'est-à-dire pour
définir le champ d'une façon plus correcte que la
référence, qui avait été utilisée autrefois,
ne le faisait, ça, c'est une chose, et on pourrait avancer. Après
ça, un peu plus tard, on pourra parler quand on aura les gens qui
peuvent nous donner un coup de main sur les détails, voir quels sont les
paramètres, justement, du règlement avec les spécialistes,
etc., qui tenaient compte du portrait général des finances
publiques qu'on a amené. C'est le même pattern, en fin de compte.
Alors, on n'a pas réglé, il y a quelques semaines, à
rencontre de ces paramètres-là, vous le soupçonnez
bien.
M. Chevrette: Mais le pattern de 4, c'est de fixer à
l'échéance des conventions.
M. Johnson: Oui. Ah oui! Pour l'ensemble, oui, absolument; 4 vise
à définir ce que c'est, la date d'expiration d'une convention
collective. À un moment donné, dans 4, il y a une
référence à certains articles, mais...
M. Chevrette: Oui, mais...
M. Johnson: ...ce n'était pas correct dans les
deuxième et troisième lignes. Alors, on amène un
amendement pour dire: Bien, voici plutôt comment la
référence devrait se lire.
Mme Dupuis: Pour le ministre, c'est peut-être très
clair...
Le Président (M. Lefebvre): Mme la députée
de Verchères.
Mme Dupuis: ...mais, là, on change des mots. On change les
mots, par exemple, «en vertu de l'article 19 ou de l'article 19.1 de la
Loi sur l'assurance» par les mots: «visée par la
sous-section 3 de la section III et du chapitre II». C'est là que
ça ne devient pas évident, et là il faut aller
référer à ces articles-là. Et ça nous
amène directement à l'article 28. C'est ça qui n'est pas
clair, là.
M. Johnson: Non, mais ce qui est clair, c'est que
la députée essaie de justifier sa question. Moi, ce que je
suis en train de dire, c'est: Essayons de disposer de la raison pour laquelle
on a un amendement. Si vous voulez, je peux demander à Me Brière
de le dire dans ses propres mots. Il y avait une référence, pour
couvrir le champ, à 19 et 19.1 de la loi sur la RAMQ; là, on
réfère plutôt au contenu d'une section du projet de loi 102
qui, lui-même, comporte un ensemble de définitions et de
règles, etc., et de situations qui permettent de comprendre de quoi on
parle. Alors, c'est une meilleure rédaction pour viser le champ des
professionnels de la santé. Maintenant, on peut échanger
là-dessus pour voir comment on l'a fait comme ça, mais,
là, vous êtes en train de me demander: Incidemment, à
propos des professionnels de la santé, n'avez-vous pas conclu? Je dis
oui, mais, là, justement, le dispositif de ces conventions-là,
sur lesquelles on s'est entendus récemment, est touché par les
articles 28 à 32, pas par l'article 4 comme tel, alors certainement pas
par l'amendement à l'article 4.
Alors, si vous voulez qu'on engage la discussion sur le contenu de la
convention collective, ou enfin, de l'entente avec les spécialistes,
ça, c'est une chose. Là, on va s'équiper en
conséquence, on va faire venir un tas de documents, les gens qui l'ont
négociée, le sous-ministre adjoint à la Santé pour
parler de ça. Mais, là, vous n'aviez pas annoncé que vous
vouliez parler de ça. Je dirais que le projet de loi ne me permettait
pas de présumer qu'on en serait déjà rendu à
l'article 28 à cette heure-ci, cet après-midi, et à son
contenu. On dit: 28, 29, 30, 31, 32. Mais, si vous voulez qu'on appelle les
gens pour qu'ils viennent nous rejoindre avant le souper...
M. Chevrette: Si ça peut diminuer le temps de
compréhension, je vais expliquer, techniquement, pourquoi je pose la
question, en tout cas, et vous comprendrez peut-être où on veut en
arriver.
Vous avez affirmé ce matin, M. le président du Conseil du
trésor, que...
M. Johnson: II y a un petit peu de bruit en arrière.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, s'il vous plaît,
à ma droite! MM. les députés à ma droite, s'il vous
plaît! MM. les députés, s'il vous plaît, à ma
droite!
Allez-y, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Vous avez affirmé ce matin que
c'était à l'échéance des contrats. Bon. Ici, moi,
je croyais que l'article 4, c'était à l'échéance
des contrats. J'arrive et, si.je regarde l'échéance du contrat en
santé, ça doit être une entente de 2 ans qu'ils ont
signée, je suppose. C'est de quelle date à quelle date? Et je
vous dis pourquoi ça a de l'importance. Parce que, selon moi, il
pourrait y avoir 2 traitements différents, en ce sens que vous
laisseriez... Je prends l'exemple où vous avez donné 3 % ou 4 %
d'augmentation à une classe de professionnels, par exemple. Vous lui
laissez pendant 1 an l'augmentation, en lui coupant, avant
l'échéance, le 1 %, alors qu'il y a des individus dont la
convention collective est passée due il y a un bon bout de temps,
décembre 1993, et, eux, c'est rétroactif à 1993. Pourquoi,
dans un cas, c'est rétroactif au moment de la fin de la convention? (16
h 30)
Donc, respectant le principe que vous affirmiez ce matin, que
c'était toujours à l'échéance de la convention
collective ou de l'entente y tenant lieu... C'est ça que je ne saisis
pas et que je voudrais comprendre sur le plan technique avant d'argumenter.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor, la parole est à vous.
M. Johnson: On est encore au fond, je trouve, là, mais,
moi, ce que j'essaie d'expliquer, c'est que la référence, dans
l'article 4, aux articles 19 et 19.1 de la RAMQ n'est pas suffisante pour
couvrir tous les cas d'ententes qui sont déjà intervenues ou
pourraient intervenir avant l'adoption de la loi. Alors, l'effet de 4,
l'amendement que j'ai apporté, c'est de référer non pas
à 19 et 19.1 de la Loi sur Fassurance-maladie mais essentiellement
à tout ce qu'on retrouve comme dispositions à l'article 32.
Alors, au lieu de répéter dans l'article 4 tout le dispositif,
toutes les dispositions, les mots qu'on retrouve à l'article 32, on
réfère à la section dans laquelle l'article 32 se trouve.
Alors, c'est tout ce qui est en cause ici. Si on peut adopter ça, on va
avoir couvert le champ utile et là on va pouvoir continuer à
progresser pour discuter du fond en question.
(Consultation)
Le Président (M. Bissonnet): Nous allons suspendre les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 32)
(Reprise à 16 h 45)
Le Président (M. Bissonnet): Si voulez prendre place.
Merci de votre collaboration. Alors, la commission plénière
poursuit l'étude détaillée du projet de loi 102, Loi
concernant les conditions de travail dans le secteur public et le secteur
municipal. Nous en sommes à l'étude de l'article 4 et sur
l'amendement à l'article 4 déposé par M. le
président du Conseil du trésor et ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Vous me donnez la parole?
Le Président (M. Bissonnet): Ah! Je m'excuse,
Mme la députée de Verchères.
M. Chevrette: Je suis prêt à la prendre, moi, il n'y
a aucun problème.
Le Président (M. Bissonnet): Non, ça va. Mme la
députée de Verchères, vous avez la parole.
M. Chevrette: Les questions...
Mme Dupuis: Merci, M. le Président.
Bon. Si j'ai pris l'exemple des médecins, c'était
simplement, moi, pour connaître les impacts, et je reviens. Depuis le
début de la commission, face aux dates d'expiration d'une convention
collective, et tout ça, mes craintes, c'est que ce projet de loi ne
crée des injustices criantes. bon, par exemple, si on retarde la date
d'échéance et qu'on ? je vous donne ça comme exemple
? négocie à la hausse, on donne 4 % ou 5 %, par exemple, aux
médecins ? je donne ça comme exemple; je ne vous dis pas que
c'est ça qui s'est produit, là, comprenons-nous bien ? mais
qu'après ça on enlève 1 %, donc la pénalité
est beaucoup moins dommageable et elle est beaucoup moins grande que pour un
simple travailleur qui n'a pas eu l'opportunité d'aller négocier
une hausse avant parce que la date d'expiration tombait à telle date,
puis qu'il n'y a pas eu de négocations avant, puis qu'il n'y a pas eu
d'extension. c'est sur cette base-là que je voulais savoir, ou j'ai
demandé au ministre: est-ce qu'on peut savoir quand ça a
été signé et à quel taux?
Que tout le monde soit coupé avec justice, c'est
compréhensible et ce n'est pas là-dessus qu'on en a. Mais les
craintes, c'est que ce projet de loi là, d'après moi, est, de
toute évidence, mal préparé, mal ficelé,
crée des injustices au niveau social, qu'un médecin, par exemple,
soit moins coupé qu'un simple travailleur ou qu'une infirmière ou
qu'un petit syndiqué qui, lui, n'a pas eu cette
opportunité-là. C'est ça, l'idée, M. le
Président. Et, si le ministre est capable de donner... C'est pour
ça que, moi, j'aimerais avoir des cas précis.
Quand j'ai fait alllusion tantôt aux professeurs de
l'Université Laval... Je sais très bien que, là, on ne
parle pas des professeurs d'université, mais, comme cas, un exemple,
lorsqu'on parle d'un exemple pour arriver à comprendre le
phénomène et ce qui peut arriver avec une date
d'échéance, par exemple, une date d'expiration d'une convention
collective, s'il y en a qui sont reportées, ou tout ça. Si on
avait le portrait global, si le ministre, M. le Président, nous donnait
le portrait global, disant: Dans l'ensemble, il y a peut-être tant de
travailleurs, ou: Tel secteur, ça arrive à telle date, il peut y
avoir tel impact... Mais, là, mes craintes, moi, c'est que, finalement,
ce soit les plus petits qui aient à avaler la médecine ou ?
oui, on est sur le thème des médecins ? que ce soit eux qui
aient à avaler la partie la plus douloureuse, que ce soit encore les
petits qui encaissent. Alors, c'est pour ça que j'aimerais avoir
quelques cas types.
Bon, si je prends, par exemple, qu'est-ce qui arrive avec les
professeurs de l'Université Laval. Si on prenait ce cas-là, parce
qu'on l'a dans les mains, le ministre nous l'a fourni, le document, on pourrait
prendre ce cas-là type et dire: Bon, bien, dans une situation comme
celle-là, c'est ce qui se produirait ou c'est ce qui va se produire.
Donc, tous les autres cas similaires, on va dire: Bon, bien, ça va se
produire de la même façon. On pourrait prendre quelques cas types
comme ça afin qu'on comprenne bien et qu'on soit en mesure de
l'expliquer à nos commettants dans les comtés, quand ils vont
venir nous voir sur l'impact.
Parce qu'on ne peut pas dire qu'il n'y a pas d'impact et que les
syndiqués sont contents de ça. Quand il y en a 75 000 qui
descendent dans la rue pour une manifestation, une journée qu'on gelait
? c'était quasiment comme en hiver ? bien, c'est parce qu'il y
a des mécontents quelque part. Quand bien même on voudrait essayer
de faire accroire que tout est bien beau, tout le monde est content, tout le
monde est heureux, ce n'est pas vrai. (16 h 50)
Souvent, on les voit les conséquences après que c'est
appliqué. Combien de fois on a vu, M. le Président, faire des
batailles ici, puis ça ne réagissait pas, puis c'est quand le
compte arrivait, quand le compte de taxes arrivait, là, qu'on
était envahi par les téléphones.
Moi, je pense que faire un projet de loi, c'est justement prévoir
des choses, là, qu'on n'avait peut-être pas très bien
prévues, puis dire: Oui, mais on aurait dû le corriger, à
ce moment-là. Et c'est le rôle de l'Opposition de faire ça,
d'essayer de prévoir des impacts qui... Dans le fond, le ministre, il
n'aurait pas voulu ça. Il ne l'a pas vu, puis, après ça,
bien, c'est gelé dans le ciment, et on est obligé de vivre avec.
Et ça, je pourrais vous citer des exemples qui ont amené à
des aberrations totales.
Je donnais l'exemple, ce matin, du 1 %, par exemple, la
municipalité, où il n'y a pas de mauvaises intentions, puis que
ça amène, finalement, à révolter les gens. Tu sais,
quand quelqu'un fait quelque chose de bonne foi, puis il voulait passer son
bout, puis il est très conscient... On est très conscient de la
récession. On est très conscient que c'est difficile, puis il y
en a plusieurs qui n'ont pas d'emploi.
Je l'ai même dit, moi, à mes syndiqués qui sont
venus me voir. J'ai dit: Écoutez, là, il y a des pères de
famille qui n'ont pas de travail, et tout. Mais ce n'est pas là le
problème. C'est qu'il ne faut pas, par ce projet de loi là,
créer des injustices notoires qui vont amener les gens à vivre un
sentiment de rancune, de révolte, en disant: Oui, mais c'est encore moi
qui assume tout, un petit peu comme la classe moyenne, là, tu sais, qui
en a ras-le-bol de payer, parce que c'est toujours eux autres qui
reçoivent la facture. C'est ça, le but.
Le but, ce n'est pas de faire du temps pour faire du temps, mais c'est
d'arriver à comprendre et à savoir ce qu'on endosse et sur quoi
on vote. Puis ce n'est pas évident que la population le sait. Puis,
quand on va
avoir des questions à se faire poser, je n'ai pas envie de me
faire dire, moi, M. le Président: Madame, vous étiez à la
commission. Vous avez endossé ça. C'est quoi cette
affaire-là? Regardez l'impact, puis vous l'avez laissé passer. Je
n'ai pas envie de me faire dire ça. Au moins, ce que je laisserai passer
et ce sur quoi je voterai oui, je saurai au moins sur quoi, ce que j'endosse ou
ce que je n'endosse pas. Mais on ne peut pas signer ça n'importe
comment, puis accepter n'importe quoi.
C'était le but de mon intervention, M. le Président, et
j'espère que le ministre va accepter de prendre un cas type. Il n'a pas
le salaire des médecins. Les techniciens ne sont pas là ou, bon,
les personnes qualifiées pour répondre ne sont pas là,
présentement. Donc, quand on arrivera à cet article-là, on
le fera. prenons le cas des professeurs de l'université laval. c'est un
cas qu'on prend, c'est une mise en situation. il l'a, le document, dans les
mains, et j'aimerais qu'on le regarde ensemble, qu'on dise: dans ce
cas-là, précis, il arrive telle chose. je demande au ministre
d'accepter ma proposition, qu'on prenne ce cas-là précis et qu'on
puisse l'étudier, comme exemple, non pas comme... lorsqu'il y a une
convention collective, par exemple, qui sera en vigueur à partir du 31
décembre 1993 jusqu'au 30 novembre 1996, qu'est-ce qui arrive? si les
professeurs de l'université laval négocient avant 1993...
supposons qu'ils arrivent à négocier quelque chose et qu'ils vont
se chercher un 3 %, supposons, dans l'hypothèse que... donc, lorsqu'ils
arriveront au mois de décembre, à la fin de
l'échéance ou en 1996, c'est là qu'ils vont subir les
coupures. un cas type comme ça, ce n'est pas clair. je demande au
ministre d'essayer de nous clarifier ça.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): Oui, M. le président
du Conseil du trésor.
M. Johnson: ...je réitère que, à
l'expiration de la convention collective, si la date est déjà
passée, les taux et échelles en vigueur le dernier jour sont
maintenus pour 2 ans. Si la convention est signée avant l'adoption et
l'application de la loi, c'est à compter de la convention collective qui
est alors en vigueur que le gel prend son effet pour 2 ans. C'est ça,
l'impact. Ça fait 17 fois que la députée le demande.
Ça fait 17 fois que je réponds. Si elle veut le demander une
dix-huitième fois, je vais lui répondre une dix-huitième
fois, mais j'aimerais mieux qu'elle donne l'exemple de l'aberration totale et
des injustices criantes qu'elle anticipe.
Ce que je lui dis, c'est que, ce qu'on signe, ce qu'on négocie,
ce sur quoi on s'entend et ce qu'on appliquera éventuellement, si la loi
est adoptée et appliquée, c'est le maintien des taux et
échelles pour 2 ans et une économie de 1 % de la
rémunération globale. Alors, je ne sais pas pourquoi elle dit que
ça n'arrivera pas, quand je lui dis que c'est ça qu'on fait. Il
m'appa- raît que le fardeau de la preuve, c'est que la
députée doit nous dire: voici, dans tel cas, ce dont j'ai eu
connaissance, et expliquez-moi, à moi, comme députée, ce
que ça signifie. comment ça se fait que ces gens-là ne
sont pas gelés? je vais dire: ils ne sont pas gelés parce qu'ils
ont convenu avec leur organisme, avec l'employeur de ne pas l'être.
l'organisme public a décidé qu'il consacrait plus d'argent
à la rémunération qu'à autre chose, mais, quand la
convention collective va prendre fin, ils vont être touchés pour 2
ans et on va diminuer de 1 %. alors, c'est ça, l'impact.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Verchères.
Mme Dupuis: Est-ce que ça veut dire, si je comprends bien
le ministre, que, par exemple, une profession qui aurait un fort lobbying, des
bons négociateurs, peut aller chercher un 4 % et, après
ça, ils vont être gelés là, après, si la
convention collective, selon les dates, permet de négocier entre les
deux? Ça, c'est une question claire. Je n'ai pas nommé de
profession ni rien, là.
M. Johnson: Non, mais j'aimerais qu'on le fasse. J'aimerais qu'on
nous indique quel groupe d'employés de l'État est ainsi
équipé aujourd'hui qu'il a fait cédé
récemment le gouvernement ou va le faire céder bientôt.
C'est ça que je voudrais qu'on me dise, là. On affirme que
l'État va décider qui va être gelé, qui ne le sera
pas, qui va avoir moins 1, qui va avoir plus 4. C'est ça que la
députée est en train de dire. Je veux qu'elle me précise,
là, quelle est sa crainte exactement. Qui, croit-elle, risque
d'être avantagé et qui, croit-elle, sera, comme elle le dit,
victime d'une injustice aberrante ou d'une iniquité criante?
Ce n'est même pas avéré. On n'en parle pas. On n'en
entend parler nulle part. Il y a seulement la députée qui nous
parle de ça. Elle dit: La loi va créer des iniquités
aberrantes. Je veux qu'elle m'en décrive une, seulement une,
spécifique. Elle veut des cas d'espèce, qu'elle m'en donne un,
cas d'espèce, et là on va en parler. Je vais lui donner raison,
ou alors je vais lui expliquer qu'elle a tort, ou un des deux. Il n'y a pas 3
choix, là. Ce n'est pas un choix de 3 alternatives. Ou bien elle a
raison, ou bien elle a tort. Mais j'aimerais... À qui songe-t-elle?
À qui ou à quoi songe-t-elle, pour qu'on puisse en parler de
façon concrète? Elle veut des cas concrets, je lui en demande un.
Je lui demande un cas concret d'iniquité aberrante. C'est ça. Je
ne saisis pas vraiment la question...
Mme Dupuis: Je me reprends, puisqu'il a mal compris.
M. Johnson: ...je m'excuse.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Verchères, je vous cède la parole.
Mme Dupuis: Quand j'ai parlé d'un cas concret, j'ai dit:
Nous avons ici le cas des professeurs de l'Université Laval. Prenons-le
comme cas type, par exemple, pour qu'on comprenne dans ce cas-là.
Là, il me demande: Oui, mais avez-vous quelqu'un en tête, un
organisme en tête avec qui... Non, ça, c'est comme me demander
? je vais lui relancer ce qu'il nous a lancé cet avant-midi ?
le nom de tous les syndiqués et la couleur de leurs yeux, tu sais. Ce
n'est pas ça, l'idée. C'est sur le principe, en disant: Ça
peut créer des iniquités et amener à faire vivre des
sentiments d'injustice dans la population de la part de certains groupes.
C'était au niveau du principe. Je n'ai pas en tête une profession
plus que d'autres. Ce que je veux éviter, c'est que ça ne
crée des injustices remarquables, ce que j'appelle, moi... Ça
pourrait créer une situation, même, que le ministre n'aurait
peut-être pas voulu que je qualifie d'aberration totale.
Je n'ai pas en tête une profession en particulier ou un secteur en
particulier, M. le Président. C'est sur le principe. Et, pour en
connaître un peu plus, je disais: Prenons un cas type. Et là le
ministre mélange tout, et il dit: Le cas type, qu'elle le nomme. C'est
qui? Ce n'est pas ça, l'idée, et il le sait très bien,
à part ça.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, je regarde les conventions et
les prolongations, ici. Il y en a, c'est terminé depuis 1992. Il y en a
d'autres, il y a des prolongations jusqu'en 1993. Et le ministre
lui-même, ça fait 3 ans qu'il revient avec des décrets,
avec des projets de loi; 3 ans qu'il revient. En 1991, le 15 mai 1991, il a
déposé le projet de loi 149 sur la plafonnement provisoire de la
rémunération du secteur public; le 14 mai 1992, la loi 37
concernant la prolongation des conventions collectives et la
rémunération du secteur public; le 13 mai 1993,
dépôt du projet de loi 102 concernant les conditions de travail
dans le secteur public et le secteur municipal. (17 heures)
La question que je me pose, M. le Président: Est-ce qu'il avoue
aujourd'hui qu'il n'a jamais été capable de négocier avec
lès employés des secteurs public et parapublic? Il est
obligé, à chaque année, depuis 3 ans, de démontrer
qu'il est incapable de trouver un modus vivendi avec les employés de
l'État? C'est ça qu'il est en train de nous dire? Comment est-ce
qu'il va faire pour donner l'équité? Tout à l'heure, je
l'ai écouté dans sa réponse. Il disait: Les
infirmières acceptent un gel de 2 ans, mais je ne retrouve pas dans
leurs propositions l'économie de 1 %. Alors, la question que je me pose:
S'il accepte la proposition des infirmières, parce que ça semble
indiquer que les infirmières, en tout cas, sont d'accord, pour le
moment, quant à la présentation du gel de 2 ans, est-ce que, pour
l'économie de 1 %, il va aller chercher ça au niveau des services
qui sont offerts aux gens qui nécessitent des services dans les
hôpitaux ou les centre d'accueil ou ailleurs? est-ce que c'est là
que les infirmières vont être obligées d'aller chercher le
1 % d'économies qu'il veut avoir, parce que, pour le moment, ça
n'y est pas dans l'offre des infirmières?
L'offre des infirmières dit: un gel de 2 ans, point. Alors,
est-ce que, pour en arriver avec son économie de 1 %, il va exiger des
infirmières... dire: Bon, regardez dans le travail que vous avez
à faire et dites-moi où on pourrait couper pour être
capable... Est-ce que c'est dans les services directs ou dans les besoins des
gens qui sont dans les hôpitaux, dans les centres d'accueil, dans les
résidences? Où va-t-il leur demander de faire cette
coupure-là auprès de la clientèle pour aller chercher le 1
% dont il faisait mention tout à l'heure? Ça, c'est une
première question que je me pose. Va-t-il les obliger à regarder
à l'intérieur des services rendus à la population, les
services de première ligne, M. le Président? Est-ce que c'est
là, est-ce que c'est la population qui va souffrir, finalement, du point
qui manque, du point manquant à leur offre qu'ils ont faite au
président du Conseil du trésor? Est-ce qu'il va exiger qu'il y
ait une coupure de 1 % des services à la population qui nécessite
des services de santé dans les hôpitaux? C'est une question
à laquelle j'aimerais bien qu'il me réponde. deuxièmement.
il a dit tout à l'heure que la majeure partie des syndiqués
acceptent un gel de 1 an et l'économie de 1 %. alors, ça ne fait
pas le compte encore. lui, il veut avoir un gel de 2 ans et une économie
de 1 %. alors, qu'est-ce qu'il va exiger de la majeure partie des syndicats
pour en arriver à un gel de 2 ans et à une économie de 1
%? quelle sera l'exigence? est-ce qu'il va demander aux syndiqués de la
fonction publique de se faire hara-kiri sur un volet de leur convention qui a
déjà été négocié et pour lequel ils
avaient eu gain de cause? qu'est-ce qu'il va me dire là-dessus?
Pour les affaires sociales, il n'y a rien, mais absolument rien. Ce
qu'ils demandent, c'est un enrichissement. C'est bien sûr que, compte
tenu de la situation pénible du gouvernement, et on en a eu une belle
démonstration lors du budget... Depuis bientôt 8 ans que ce
gouvernement est là, il n'a pas été capable, même en
pleine année de vaches grasses, de faire les économies
nécessaires pour en arriver, lorsqu'il y aurait des coups durs, que ce
ne soit pas la population qui soit prise en otage, parce que, pour le moment,
M. le Président, c'est la population qui est prise en otage. Moi, je vis
dans un comté où ce n'est pas facile. Ce n'est pas des gens
riches qu'il y a dans mon comté, et...
Le Président (M. Bissonnet): Un peu d'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Juneau: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée,
je vous écoute attentivement.
Mme Juneau: J'étais en train de dire que le
gouvernement ne nous a pas démontré qu'il avait
été un bon gestionnaire. Parce que, s'ils avaient
été des bons gestionnaires et des bons négociateurs, ils
n'auraient pas été obligés de revenir à chaque
année avec une loi sur la fonction publique. Ils n'auraient pas
été obligés non plus, lors du dernier budget, de revenir
en fouillant dans les poches du plus petit au plus riche, du plus jeune au plus
âgé. Parce qu'on a touché aux jeunes à
l'école, on a touché aux personnes âgées, on a
touché à tout, M. le Président. Alors, il a beau jeu de
dire à la fonction publique: Vous voyez, on n'est pas capable de vous
accorder ce que vous demandez.
Mais comment se fait-il, M. le Président, qu'un homme comme le
président du Conseil du trésor ne soit pas parvenu à
s'asseoir et à trouver, comme je l'ai dit tout à l'heure, un
modus vivendi entre tout ce monde-là pour être capable de
négocier des choses qui seraient acceptées et acceptables? On
s'est toujours cru, de l'autre côté, des champions de
l'économie, des champions de la haute finance. Mais on se rend compte,
M. le Président, que ce n'est pas ça du tout, parce que tout le
monde a payé depuis un certain temps. Tout le monde. Et on n'a pas
été capable de pouvoir s'entendre avec ses propres
employés.
Alors, je voudrais bien que le ministre me dise, compte tenu de ce qu'il
a affirmé, tout à l'heure: Comment va-t-il faire accepter...
Où les infirmières vont-elles prendre le 1 % d'économies
qu'il exige? Est-ce que c'est dans les services de première ligne, aux
patients, aux gens qui nécessitent des soins de santé? Est-ce que
c'est là qu'ils vont aller chercher ce qui manque à leur offre
qu'ils font au gouvernement? je voudrais qu'il me réponde aussi sur la
majorité des syndiqués qui offrent 1 % d'économies et 1 %
de gel de salaires. qui va-t-il préférer sur les 3 positions
qu'il nous a dites tout à l'heure? est-ce qu'il va attendre d'avoir une
mesure commune qui va plaire à tout le monde ou bien non s'il va imposer
la loi qu'il est en train de nous faire passer, aujourd'hui?
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor et ministre délégué à
l'Administration et à la Fonction publique.
M. Johnson: Oui, je vais relever quelques-uns des points que la
députée a mentionnés. En 1991 et en 1992, on a conclu des
ententes. On a signé des conventions collectives. On n'a pas
imposé de loi du tout. Je regrette, ça n'a pas été
imposé de quelque façon que ce soit. Ça a
été signé. Il y a seulement les ingénieurs du
gouvernement qui se sont vu décréter leurs conditions de travail.
Personne d'autre. Il y a le cas spécifique de l'Hydro, il y a 1 an et
demi, là. Mais ça, c'est autre chose. Quant au reste, là,
il y a eu des conventions collectives de signées.
Ensuite de ça, le 1 %, où allons-nous le trouver? Je vais
donner des exemples à la députée. Elle dit: Est-ce qu'on
va demander, par exemple, aux infirmières de couper des services aux
bénéficiaires? Je vais donner un exemple. Les infirmières,
comme groupe d'employées, perçoivent 33 000 000 $ en temps
supplémentaire. Alors, il y a des heures, en temps
supplémentaire, qui coûtent 33 000 000 $. Le temps
supplémentaire est à temps et demi, payé à temps et
demi. Donc, on peut dire qu'à temps régulier ça
coûterait 22 000 000 $.
Si, au lieu de faire appel à du personnel qui a
déjà rempli son quota d'heures dites régulières...
ou, alors, si on changeait les conventions collectives pour respecter quand
même les normes de travail, pour prévoir que, jusqu'à tant
d'heures, 44 heures par semaine, c'est du temps régulier, tout de suite,
on viendrait de sauver 11 000 000 $. On n'a rien changé. Les
présences dans les hôpitaux ont été les mêmes.
Ça coûte 11 000 000 $ de moins, ça. Cette petite
modification à la convention collective coûte 11 000 000 $ de
moins. (17 h 10)
Ou bien les infirmières décident qu'elles ne feront pas ce
temps-là et, bon, on fait appel à d'autre personnel infirmier,
d'autres infirmières qui vont aller chercher ces 22 000 000 $ là.
Donc, les gens sont payés, mais, au global, on a économisé
11000 000$. Les services aux bénéficiaires ne sont pas du tout
affectés, et on n'est pas loin, seulement avec ça, du 1 % qu'on
va chercher dans les soins infirmiers. Juste les 11 000 000 $. On est presque
rendus là. Et là aucune espèce de service n'est
affectée. Il n'y a pas une heure de présence de moins
d'infirmières auprès du chevet des malades dans les
hôpitaux, centres d'accueil où que ce soit, rien, rien, rien. On a
juste réorganisé le nombre d'heures régulières et
le nombre d'heures supplémentaires, de telle sorte qu'on
économise 11 000 000 $. C'est entendu qu'il y a des gens qui, quelque
part... Ces 11 000 000 $ seront distribués et il y a des T-4, au global,
évidemment, qui vont être plus bas, au global de 11 000 000 $.
C'est sûr que ça va coûter moins cher.
La question est de savoir la façon que c'est réparti.
C'est réparti sur la tête de gens qui, aujourd'hui, font du temps
supplémentaire. C'est des gens qui non seulement ont du temps
régulier et toutes leurs heures, mais, en plus, ils travaillent plus que
le temps régulier pour aller faire du temps et demi. Alors, ce qu'on
dit: On peut organiser ça, il me semble, pour qu'il y ait moins de temps
et demi dans les hôpitaux au titre des soins infirmiers. On vient de
trouver 1 %, ce n'est pas compliqué, ça, mais il faut toucher aux
petits livres, il faut toucher aux conventions collectives. On n'est même
pas obligé de toucher aux services, là, de toute
évidence.
Je donne un autre exemple. Les libérations syndicales dans le
monde la santé, 22 600 000 $. Il y a des centrales syndicales, des
syndicats qui perçoivent 70 000 000 $ à 80 000 000 $ de
cotisations syndicales. Ils conservent ça pour leurs fins, et, en plus,
nous autres, on fait un chèque de 22 000 000 $ pour payer des
travailleurs qui ne travaillent pas, qui font du syndicalisme à plein
temps pour gérer les griefs, etc., donc pour représenter leurs
membres. Alors, le contribuable paie un syndicat qui collecte 80 000 000 $ par
année, 22 000 000 $ par-dessus ça pour que, à plein temps,
des
travailleurs représentent leurs collègues de travail. Il
me semble qu'il faut regarder ça de proche aussi. On n'en est plus
à l'époque où, dans le domaine de la santé...
Jusqu'au milieu des années soixante, dans le fond, les conditions de
travail étaient telles, le degré de syndical i-sation et de force
organisée des travailleurs était tel que c'est
littéralement lors de l'imposition, lors de la tutelle des
établissements hospitaliers ? c'était en 1964 ou 1967,
quelque chose comme ça, au milieu des années soixante... Je suis
entouré de gens trop jeunes pour se souvenir de ça.
Une voix: 1967.
M. Johnson: C'était en 1967, de mémoire. Je crois
que c'était Yves Pratte qui était le tuteur des
établissements hospitaliers. Il avait, dans le dernier droit, consenti
ces montants de libération syndicale à des syndicats très
pauvres. On le reconnaît, à l'époque, ils étaient
très pauvres, mais, aujourd'hui, ils ramassent des cotisations sur une
masse salariale qui est dans les milliards. Alors, il faut juste mettre les
choses en perspective. Ce qui était vrai en 1967 ne peut pas être
vrai 25 ans plus tard. Alors, il y a des économies à aller
réaliser et ça ne touche même pas aux services, ça.
Même, on peut prendre ces économies-là et donner de
meilleurs services. C'est ça qu'on veut faire.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Ça va? Mme la députée.
Mme Juneau: M. le Président, est-ce que les 22 600 000 $
dont il vient de nous faire part, en termes de représentation syndicale,
que les gens ne sont pas à leur travail mais sont en train de
représenter leurs collègues de travail dans des assemblées
syndicales, est-ce que ce point-là a été discuté
avec les syndicats? Est-ce que vous en êtes arrivé à
certaines discussions, au moins vous asseoir avec eux autres et proposer des
choses?
M. Johnson: Moi, je donne ça à titre
d'illustration. Chaque fois qu'on a eu des rencontres, et on en a eu pas mal
? pour des gens qui ne sont pas supposés négocier, je trouve
qu'on se rencontre à plein temps, et on va se revoir dans 45 minutes
? j'ai donné une série d'exemples. Mais ce qu'il faut
recueillir d'abord, c'est l'adhésion de nos partenaires syndicaux qu'on
doive identifier et réaliser des économies de 1 %, s'asseoir pour
les identifier ensemble. Peut-être qu'ils ne voudront pas retenir
celle-là. Moi, je prétends que c'en est une bonne, ça.
Ça ne touche pas les services. Ça prive de revenus des syndicats
qui ramassent des dizaines de millions en cotisations syndicales.
Ils parleront d'autre chose s'ils veulent, mais, moi, je n'admettrai pas
qu'on nous dise: L'économie? Bien, fermez donc tel hôpital, fermez
donc tels lits, faites ci, faites ça, privez les
bénéficiaires de soins, puis là vous allez réaliser
votre économie, messieurs du gouvernement, messieurs, mesdames.
là, le 1 %, vous l'avez trouvé, vous avez réduit les
soins. là, donnez-nous des augmentations de salaires. je ne
prétends pas qu'ils ont dit ça, mais il ne faut pas que les
économies dans la rémunération globale affectent les
soins. ça ne peut pas être des fermetures de lits et des choses
comme ça, ça n'a pas de bon sens. il faut qu'on touche à
la rémunération globale des travailleurs du secteur public pour
aller chercher une contribution raisonnable de 1 %. c'est ça qu'on
demande par les temps qui courent.
Mme Juneau: Par contre, M. le Président, l'exemple que le
ministre vient de donner, le ministre du Conseil du trésor, ça se
fait dans le secteur de la santé. Vous savez très bien que,
à chaque été, il y a des départements complets qui
sont fermés justement pour faire en sorte que le centre hospitalier ne
soit pas trop déficitaire et pour qu'il se reprenne dans son budget.
C'est que le ministre des affaires sociales, justement, fait fermer des volets
complets de l'hôpital, des chambres, jusqu'à un certain temps, je
ne sais pas, un mois, tout l'été, puis ils font fermer ça.
Ça fait que l'exemple que le ministre donne, son collègue ne s'en
fait pas beaucoup avec ça. Son collègue, lui, il les ferme, ces
lits d'hôpitaux là. Donc, son exemple, je veux dire, eux autres
ils font ça pour se ramasser du budget.
M. Johnson: Ça ne touche pas la
rémunération. Vous êtes en train de parler des frais de
fonctionnement, de façon générale. On ne parle pas de
congés sans solde habituels. On doit comparer d'une année
à l'autre aussi. Ça ne peut pas devenir une habitude de dire: On
va réaliser 1 % d'économies. Est-ce que ça touche aux
services? C'est ça, la question de la députée, dans le
fond. Est-ce que les fermetures de lits touchent aux services?
Je ne veux pas que ce soit généralisé, mais il
m'apparaît, enfin, empiriquement, là, que le plus grand nombre de
lits sont fermés pendant les vacances de Noël, les vacances
d'été et la semaine de relâche des enfants. Pourtant, c'est
à ce moment-là que le débit dans les salles d'urgence est
le plus faible. Les conventions collectives sont ainsi faites que beaucoup de
monde peut prendre ses vacances relativement en même temps. Et les
fermetures de lits, à ces fermetures correspondent étrangement
l'été, un moins grand débit, une moins grande demande au
niveau des salles d'urgence. Elles ne sont pas engorgées. Les gens ne
sont pas malades. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
Une voix: La maladie est en vacances. Mme Juneau: ...en
vacances. Tu sais...
M. Johnson: Ah! les gens sont en vacances. Donc, ils ne sont pas
malades.
Mme Juneau: ...les gens ont quitté...
M. Johnson: Ils doivent être malades ailleurs. Mme
Juneau: Bien non!
M. Johnson: Ils sont peut-être malades ailleurs,
là.
Mme Juneau: Les gens ont quitté pour quelques jours de
vacances bien méritées, je pense.
M. Johnson: C'est ça. Donc... Mme Juneau:
Mais...
M. Johnson: C'est ça. Donc, ils ne sont pas malades,
à ce moment-là.
Mme Juneau: Non. Je pense que ça arrive que tu peux
être malade. Je pense qu'il n' y a personne, en tout cas, à mon
point de vue... il ne doit pas y avoir grand monde qui souhaite se ramasser
dans un lit d'hôpital, que ça soit n'importe quand. En tout cas,
moi, ce n'est pas mon «bag». Je m'excuse, là, mais je veux
dire, quelqu'un... Je ne pense pas qu'il y ait personne qui souhaite être
malade, puis ça arrive, ça te tombe sur la tête comme
ça, sans que tu puisses prévoir ça.
J'ai entendu ce que le ministre disait, tout à l'heure. Il a dit:
Je veux bien m'asseoir avec eux autres ? c'est un exemple que je vous
donne ? je veux bien m'asseoir avec vous autres, mais vous voulez, avant
de vous asseoir avec eux autres, qu'ils aient accepté le principe de ce
que vous voulez réussir à obtenir d'eux.
Mais qui pensez-vous, M. le Président, un syndicat quelconque,
qui va dire oui? Puis, après ça, il dit: On va s'asseoir pour
négocier. Il n'y a pas un syndicat qui va dire ça. Il va dire: On
négocie avant, puis, après ça, on dira si, oui ou non, on
est d'accord avec vous. Mais ce n'est pas ça que vous dites. Vous dites:
Je veux qu'ils acceptent le principe de ce que je veux obtenir,
c'est-à-dire un gel de 2 ans, selon la fin des conventions collectives,
plus 1 % d'économies sur la masse salariale. Donc, vous voulez qu'avant
qu'ils s'asseoient à la table de négociation pour regarder des
choses comme vous venez de me dire...
Je ne dis pas que c'est fou. Je dis que c'est regar-dable, puis je dis
que c'est envisageable d'étudier toutes les avenues possibles. Bien, je
pense que tout le monde, là, il souhaiterait qu'il y ait de la justice
et de l'équité. Je pense qu'il n'y a personne au monde qui ne
souhaiterait pas être traité sur le même pied. Les gens qui
ont une protection d'emploi sont peut-être encore mieux que ceux qui n'en
ont pas, bien sûr, parce qu'une petite entreprise qui ferme, tu perds ton
emploi, puis tu n'as plus rien pour le gagne-pain de la famille. Alors, tout le
monde souhaite qu'il y ait une équité.
Mais je ne pense pas connaître un syndicat qui va dire oui
à son patron avant d'avoir pu s'asseoir et voir qu'est-ce qu'il va
gagner en retour. Parce qu'une négociation c'est ça: Tu me donnes
quelque chose et, moi, je t'offre autre chose. Mais jamais, jamais un syndicat
ne va aller de l'avant en disant: J'accepte d'avance ce que vous voulez obtenir
de moi, puis, après ça, je vais essayer de retirer, moi, des
avantages par rapport à autre chose.
Moi, je pense que c'est... Us ne pourront pas rencontrer jamais... il
n'y aura jamais aucune rencontre qui pourra s'établir, aucune rencontre,
aucune discussion qui va être valable tant et aussi longtemps que le
ministre ne fera pas son bout de chemin à lui. Il va dire: Oui, j'ai
besoin d'avoir 2 ans de gel de salaires sur les conventions collectives, oui,
j'ai besoin d'un an d'économies, mais je vais m'asseoir avec vous, puis
on va essayer de regarder où on pourrait la faire, ces
économies-là. (17 h 20) si c'est sur les représentations
syndicales, et puis que les syndicats acceptent cette condition-là du
gel de 2 ans et de l'économie de 1 %, bien, bravo! mais, à ce
moment-là, je ne vois pas, m. le président, qu'un syndicat dise
oui avant d'en connaître les tenants et les aboutissants.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée.
M. le député de Montmorency. Il m'avait fait signe avant
vous.
M. Filion: Merci, M. le... Ça va? Le Président
(M. Bissonnet): Après.
M. Filion: Merci, M. le Président.
Alors, toujours à l'article 4 et la motion d'amendement.
L'article 4 est un peu le moment où le projet de loi va s'appliquer, et
c'est quand même un article très important. On parle de coupures,
on parle de gel et on parle de la date d'application du projet de loi.
M. le Président, vu que l'intention du gouvernement
libéral, c'est de faire le débat d'un projet aussi technique
devant la population, alors on va essayer de vulgariser, de faire comprendre
à la population, un peu, ce genre d'article très difficile
à digérer.
Je ne sais pas c'est quoi l'intention du président du Conseil du
trésor. Je ne sais si c'est la chefferie qui lui demande beaucoup de
visibilité et s'il veut vraiment montrer à la population comment
on peut débattre un projet technique, M. le Président.
Une voix: Un instant.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bissonnet): Question de
règlement.
M. Bélisle: Je vais lui envoyer Trudel, moi,
là.
M. Chevrette: En vertu de l'article 32, je voudrais que vous
rappeliez au leader adjoint du gouvernement qu'on n'a pas coupé le
ministre du tout, dans ses énoncés, depuis tantôt.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, je demanderais au
député de poursuivre, et ceux qui veulent adresser la parole,
vous la demanderez. La présidence va se faire un plaisir de l'accorder,
au temps où vous me ferez signe.
M. Fïlion: Alors...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Chicoutimi, si vous voulez...
M. Filion: Montmorency.
Le Président (M. Bissonnet): ...de Montmorency, si vous
voulez poursuivre. Je vous demanderais votre collaboration, à tous les
gens dans cette salle. Merci!
M. le député.
M. Filion: Alors, M. le Président, les gens, c'est pour
une question de principe qu'ils veulent entendre parler d'équité.
Et là on est rendu que, devant une population, on débat un projet
de loi aussi technique. M. le Président, écoutez,
l'intérêt de la population, c'est de comprendre ce que veut faire
le gouvernement dans son ensemble, mais on nous force à débattre
devant les caméras un projet de loi technique. Ça me fait penser
à la loi de l'impôt sur le revenu, M. le Président.
Là, on est rendu à l'article 4, et l'article 4, M. le
Président... Écoutez, je vais le lire. Les gens vont comprendre
qu'on est en train, ici, de faire une espèce de débat où,
au fond, ce n'est pas ça l'important, pour la population, de comprendre.
Écoutez, M. le Président: «Pour l'application de la
présente loi, la date d'expiration d'une convention collective ou d'une
entente en vertu de l'article 19 ou de l'article 19.1 de la Loi sur F
assurance-maladie [...] est la date à laquelle celle-ci prend fin
indépendamment de la présente loi et compte tenu, le cas
échéant, de l'application de la Loi sur le plafonnement
provisoire de la rémunération dans le secteur public (1991,
chapitre 41) et de la Loi concernant la prolongation des conventions
collectives et la rémunération dans le secteur public».
M. le Président, la population qui nous écoute, qu'est-ce
qu'ils ont compris de ça? Rien, M. le Président. On nous force,
nous ici, les parlementaires, à discuter d'aspects aussi techniques que
ceux-là. Je trouve ça dommage, parce que ça aurait pu se
faire vraiment autrement que devant une caméra, M. le Président,
comme on le fait habituellement en commission parlementaire, sans
nécessairement faire le débat devant la population. Je ne sais
pas si c'est un manque de visibilité ou une visibilité
additionnelle que le président du Conseil du trésor recherche,
mais je trouve que c'est un mauvais moyen.
M. le Président, l'article 4, à toutes fins pratiques, de
ce qu'on comprend, c'est très simple. C'est la date d'application du
projet de loi qu'on cherche à comprendre. Alors, j'aimerais savoir,
à l'article 4... Combien de conventions collectives sont visées
par l'article 4? Combien de conventions collectives vont être sujettes
à l'article 4 pour la date d'application, et dans quel secteur? Le
secteur de la santé? Le secteur municipal? C'est ce qu'on cherche
à comprendre, M. le Président, à quel moment ça va
tomber, l'application du projet de loi. J'aimerais entendre le président
du Conseil du trésor nous expliquer à combien de conventions
collectives va s'appliquer cet article-là et dans quel secteur
d'activité, précisément? Est-ce que ça va
être une application rétroactive des ententes déjà
signées? Est-ce que ça va s'appliquer à des ententes
futures?
C'est ça qu'on cherche à comprendre, M. le
Président, parce que l'article de loi comme tel, pour la population,
ça ne dit strictement rien. Je pense qu'on est là, comme
parlementaires, pour essayer de vulgariser un peu et rendre comestible ce genre
d'article là. J'aimerais savoir, du président du Conseil du
trésor, à combien de conventions collectives ça va
s'appliquer?
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor, en vertu de l'article 246.
M. Johnson: M. le Président, j'ai distribué aux
membres de l'Opposition la liste des organismes et des conventions collectives,
à tel point que le député de Westmount, lui, a dit: Si je
comprends bien, ce sont des centaines de conventions collectives qui sont
touchées, comme je le vois là? J'ai dit: Oui. Je le
répète. Alors, la réponse, c'est le député
de Westmount qui l'avait.
M. Filion: M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: ...on me dit que c'est une liste incomplète. On
m'informe ici, du côté de la Chambre, que c'est une liste
incomplète et qu'on essaie justement de démêler tout
ça, et que ce qu'on a devant nous, c'est partiel. C'est comme si on
avait manqué de papier, là, pour les besoins de la cause. On
recherche vraiment à étudier... Vu qu'on nous demande ici, en
commission parlementaire, M. le Président, d'étudier le projet de
loi, on veut comprendre véritablement combien il y a de conventions
visées, quelles sont les conventions qui, à toutes fins
pratiques, ont été signées qui vont être remises en
question, et c'est qui que ça touche précisément. C'est
ça qu'on n'a pas comme information, et on nous dit que c'est très
partiel. Est-ce que le président peut ajouter là-dessus?
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui. Je veux juste savoir qui a dit ça, M. le
Président, juste pour qu'on sache avec qui on discute. Qui a dit que la
liste est partielle?
Une voix: C'est vous autres.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Montmorency, vous pouvez poursuivre votre intervention.
M. Filion: Histoire de faire un petit contrôle
mathématique, combien de conventions sont visées, M. le
Président? Est-ce que le président du Conseil du trésor
peut dire combien de conventions sont visées? Vite, vite, là.
C'est un calcul mathématique. Combien?
M. Johnson: Oui, je vais vous le dire tout de suite. Toutes,
toutes. Elles sont toutes, toutes visées.
M. Filion: Combien? Combien, M. le Président?
M. Johnson: En nombre suffisant pour couvrir tout le monde.
M. Filion: M. le Président, la question est très
claire. Combien?
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le député de Montmorency, vous pouvez
poursuivre.
M. Filion: Vous le savez. M. le Président, écoutez,
là, ma question est claire: Est-ce que le président du Conseil du
trésor le sait ou ne le sait pas, combien de conventions collectives
sont visées par ce projet de loi là?
M. Johnson: Toutes les conventions collectives sont
visées, M. le Président.
M. Filion: M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Montmorency, je vous donne la parole.
M. Filion: ...je comprends qu'il peut me répéter
ça jusqu'à minuit, là, mais, pour les besoins
d'étudier l'article, on veut être pragmatique. On veut voir
où s'applique véritablement ce projet de loi. Est-ce qu'on peut
savoir combien de conventions collectives sont visées? Nous, on croit
que, effectivement, la liste qu'on nous a fournie, elle est incomplète,
M. le Président. Alors, si le président du Conseil du
trésor veut nous indiquer combien, on pourrait véritablement voir
si, effectivement, la liste fournie est exacte et en discuter avec lui.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor, suite à l'intervention du député
de Montmorency.
M. Johnson: Je croyais qu'on avait disposé de la question
de fond, là. On veut faire un inventaire exhaustif du nombre de
conventions collectives dans le secteur public, y compris les dispositions
locales. C'est ça qui vous pose problème. On discute, nous, avec
6 ou 7 centrales, pour les grands paramètres, et ensuite... Et je l'ai
dit, ça, au député de Westmount tout à l'heure. Si
le député de Montmorency avait été là, il ne
serait pas en train de nous poser la question. C'est exactement la même
question que le député de Westmount, sauf que ce n'est pas dans
la même langue, essentiellement. Alors, ça couvre tous les
travailleurs du secteur public. Est-ce qu'on en apprend beaucoup, à
savoir combien il y a de commissions scolaires au Québec? Ce sont toutes
les commissions scolaires. On veut savoir combien il y en a? Bien, ça,
on va le recenser. Est-ce que vous voulez la liste des commissions
scolaires?
M. Filion: Oui.
M. Johnson: Et est-ce que vous voulez pour chaque commission
scolaire..
M. Filion: Oui, oui.
M. Johnson: Bien, c'est absolument incroyable. Ce que je trouve
intéressant, c'est que nos vis-à-vis syndicaux ne nous demandent
pas ces questions-là. Ils ne les demandent pas. On discute des
paramètres: Est-ce que oui ou non on devrait maintenir les taux et
échelles de salaires à compter de la date d'expiration des
conventions collectives en vigueur lorsque la loi sera adoptée, ou qui
ont pris fin avant que la loi ne soit adoptée et appliquée?
Alors, là, on peut, jusqu'à minuit, demander la liste, et
seulement pour lire le nom des parties dans chacune des conventions
collectives, on va en avoir jusqu'à minuit. Alors, j'aimerais qu'on
m'explique en quoi la question du député de Montmorency fait
avancer les débats.
M. Filion: Oui, oui, je vais lui expliquer, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: C'est très simple, au fond. On cherche à
comprendre, à travers toutes les conventions qui sont visées,
combien de conventions sont déjà signées et pour
la période de temps que ça a été
signé. On cherche à comprendre le projet de loi, à quel
moment il va venir toucher un secteur donné de la population, M. le
Président. Est-ce que ça va toucher tout le monde?
M. Johnson: La réponse, c'est la date d'expiration de la
convention collective.
M. Filion: Bien oui, mais, M. le Président, c'est
ça qu'on cherche. (17 h 30)
M. Johnson: Et on a distribué ce qui touche les
organismes, les sociétés d'État, les commissions, les
régies. Enfin, on a distribué toute la liste avec toutes les
dates.
M. Filion: Oui, c'est important, M. le Président.
M. Johnson: Bon. Ensuite de ça, pour l'ensemble des
universités, on l'a produit aussi. On l'a produit pour les
universités. Alors là, il faudrait, pour chacune des commissions
scolaires, le produire? C'est le 30 juin. Pour chacun des établissements
du réseau de la santé? C'est le 30 juin. Qu'est-ce qui manque,
là? Pour les ministères et organismes avec la SPGQ et la SFPQ?
C'est le 30 juin. Il ne manque pas grand monde, là.
M. Filion: M. le Président... Une voix: Question de
règlement.
Le Président (M. Bissonnet): Question de
règlement.
M. Chevrette: Le ministre se retranche derrière des
documents déposés. L'essentiel des questions, depuis une
demi-heure, trois quarts d'heure, c'est d'établir si les conventions
collectives...
Le Président (M. Bissonnet): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député.
M. Johnson: Qu'il explique ce qu'il cherche à savoir.
Le Président (M. Bissonnet): II a la parole. Il
répond, là, M. le député pose la question.
M. Chevrette: Bien, je demande la parole.
M. Johnson: II ne peut pas. Ses 20 minutes sont faites, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. Chevrette: Aïe! On vient de vous laisser parler 10
minutes, là, vous.
M. Johnson: Les 20 minutes sont faites.
Une voix: Lui, ses 10 minutes ne sont pas faites.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le député de Montmorency.
M. Filion: On voit, M. le Président, que le
président du Conseil du trésor est chatouilleux sur nos
questions. Pourtant, on est ici justement pour débattre et trouver... M.
le Président, c'est très simple. C'est qu'on cherche à
comprendre, au Québec, ce genre de projet de loi là. On ne sait
même pas à quel moment il va s'appliquer pour certaines
conventions collectives, celles qui sont déjà signées,
celles qui vont être signées, celles sur lesquelles il va y avoir
des ententes, M. le Président. C'est quoi qui va se passer
véritablement, dans le temps? Combien de conventions collectives
où le projet de loi va s'appliquer, peut-être dans 1 an ou
peut-être dans 2 ans? Les gens s'imaginent qu'ils sont à l'abri,
qu'ils sont à l'abri de gels, M. le Président, parce qu'elles
sont déjà signées. Combien de conventions ont
déjà été signées? Dans les
municipalités, M. le Président, celles qui vont être
signées, celles qui sont en négociations, celles...
M. le Président, c'est une question de savoir le momentum, la
durée des conventions. Chaque convention est un cas d'espèce. Et
là on essaie de comprendre, au niveau de la population en
général, à quel moment ils vont être touchés.
Le président du Conseil du trésor nous dit: Ce n'est pas
important. M. le Président, c'est très important de savoir, avec
le projet de loi, c'est qui on va toucher véritablement et à quel
moment ils vont être touchés.
On nous donne un article de loi qui dit la date d'expiration. Je vous
l'ai lu, tout à l'heure, et je suis sûr que la population n'a rien
compris du libellé de l'article. Et là on pose une question
pratique: Combien? Le président du Conseil du trésor ne
répond même pas. On veut savoir à quel moment sont les
échéances de chacune des conventions visées. On nous dit:
Ce n'est pas important. C'est important, M. le Président. Voyons donc!
Dans un projet de loi, c'est de savoir qui est touché, quand il va
être touché et de combien il va être touché. C'est
des questions fondamentales d'un projet de loi, M. le Président.
Et là on est en train de toucher le momentum, la date où
la personne va être touchée, puis on nous dit, on nous
répond vaguement, on ne nous donne pas vraiment l'information. M. le
Président, c'est qui qui va être touché ? on veut le
savoir ? puis quand ils vont être touchés? C'est ce qu'on
discute, ici, à l'article 4, et on veut savoir véritablement qui
vont être les personnes qui vont être touchées.
Quand on légifère en matière fiscale, M. le
Président, on veut savoir c'est qui qui est assujetti. On ne veut pas
savoir juste la moitié. On veut savoir tout le monde, et il faut savoir
comment ça va s'appliquer. Et là, le problème qu'on a,
c'est la date d'application, parce que c'est un monde très complexe, le
monde des conventions collectives, et il y en a une multitude de
conventions collectives. Comme la loi est très large
d'application, M. le Président, il faut que, nous, comme
parlementaires... On nous demande, effectivement, de faire le travail à
sa place. Bien, on veut des explications, pas se faire répondre: Ce
n'est pas important, et passons donc à autre chose.
M. le Président, c'est sérieux. On nous a demandé
de faire le débat devant la population. On va le faire, le débat,
devant la population. Mais là, il y a de la technical ité
où on pose des questions simples, puis on n'a pas de réponses, M.
le Président. Je pense que ça nous en prend des réponses.
C'est combien, et dans quel secteur, et quelles sont les dates d'application,
les dates d'échéance des conventions collectives? Si on veut
faire un bon travail de parlementaire, il faut qu'on nous fournisse un tableau
exhaustif détaillé pour qu'on puisse effectivement travailler
convenablement, M. le Président. C'est ça, les questions simples
et de base que l'on pose.
Alors, le président du Conseil du trésor, M. le
Président, s'il veut qu'on étudie de façon sérieuse
son projet de loi, il doit lui-même avoir des réponses
sérieuses, détaillées, exhaustives, pour qu'on puisse,
tout le monde, se suivre pour savoir où on s'en va, M. le
Président. Et ma question était simple, mais je n'ai pas eu de
réponse encore.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, il n'y a personne de plus
sourd que celui qui ne veut pas entendre ou celui qui ne veut pas lire. Le
député a entre les mains ? sinon lui, un de ses
collègues ou, alors, je vais lui envoyer une copie pour son usage ?
la liste de tous les organismes avec les noms des syndicats, la
catégorie d'emploi, la date de la convention collective et les
prolongations qui peuvent s'être appliquées à cause de 149
et 37. Et, je lui dis que, quant au reste... Et, ensuite, il a les
universités. Il a toutes les dates, là, pour les
universités.
Ce qui manque, c'est les commissions scolaires, c'est le 30 juin. Ce qui
manque, c'est tout le reste, puis c'est le 30 juin.
M. Filion: M. le Président...
M. Johnson: Alors, j'essaie de voir comment je ne réponds
pas. Je lui dis, là.
M. Filion: M. le Président... M. le Président, s'il
vous plaît.
Le Président (M. Bissonnet): Un instant! M. le
président va terminer.
M. Filion: J'ai les documents devant moi.
Le Président (M. Bissonnet): Juste un instant.
Avez-vous terminé votre intervention?
M. Johnson: À moins que je sois obligé de
répéter tout de suite plutôt que tout à l'heure,
mais...
Le Président (M. Bissonnet): Écoutez, est-ce que
vous avez terminé?
M. Johnson: J'ai terminé pour le moment. J'ai donné
tous les renseignements, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Ça va.
M. le député de Montmorency, la parole est à
vous.
M. Filion: M. le Président, si on pose des questions aussi
simples de combien, c'est qu'on a une liste de documents devant nous qui est
incomplète. Et on sait pertinemment que les médecins, on n'a
aucune information à ce niveau-là. On regarde les dates
d'échéance, M. le Président. Je regarde, ici,
l'Université...
Une voix: Ils n'ont pas de convention collective.
M. Filion: M. le Président, il y a des ententes. Ça
vise des ententes également. Le projet de loi est très large, M.
le Président. Ici, j'ai Bishop. Je n'ai pas de date
d'échéance, M. le Président. À quel moment ces
gens-là vont être visés par le projet de loi? C'est
ça qu'on cherche à comprendre. Est-ce qu'il y en a qui vont
être visés dans 5 ans, dans 2 ans, dans 1 an et demi. Les gens
doivent savoir comment ça va les toucher. On leur demande,
effectivement, de faire l'étude devant cette Assemblée.
Alors, on pose des questions très pertinentes, M. le
Président. Et, comme les documents sont incomplets, ma question
était simple. Je l'ai posée au président du Conseil du
trésor: Combien? Il n'a pas répondu. On cherche justement
à poser des questions très simples pour que la population
comprenne, M. le Président. C'est la population qui, actuellement,
regarde et qui cherche, elle aussi, à travers tout ce
débat-là, à comprendre où on s'en va. Comme le
gouvernement nous a demandé de l'étudier en commission
parlementaire, devant les caméras, on va le faire. On va essayer de
limiter nos questions de façon simple, mais que le président du
Conseil du trésor ne dise pas, devant la population, qu'il nous a fourni
une information détaillée. Elle est incomplète et il le
sait.
On cherche, justement, à aller chercher toute cette
information-là pour que, nous, du côté de la Chambre, on
puisse faire l'étude du moment d'application de ce projet de loi pour
toutes les conventions, en général, que ça touche, M. le
Président. Et, comme on n'a pas l'information, on aimerait l'obtenir,
mais complète, pas qu'il me réponde qu'il n'a pas lu le document.
Je l'ai devant moi, M. le Président. Quand je regarde
l'Université Bishop, je ne l'ai pas la date d'échéance, et
j'aimerais ça la savoir, la date d'échéance, parce que la
date
d'échéance devient le moment, selon l'article 4, qu'on
doit considérer pour savoir quand va s'appliquer le projet de loi et les
mesures de gel, M. le Président. Et c'est très important qu'on
puisse savoir ça, pour les médecins, pour les cégeps, pour
les commissions scolaires, tout le monde.
On est ici pour représenter la population en
général, pas uniquement une partie, M. le Président.
Alors, c'est dans ce sens-là qu'était ma question, très
simplement. Le président du Conseil du trésor, quant à
moi, n'a pas encore vraiment répondu à ma question du combien et
des dates d'échéance pour qu'on puisse établir un tableau
sérieux des dates réelles où vont s'appliquer les mesures
de ce projet de loi, M. le Président. C'est très important.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Montmorency.
M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: La question était de savoir quand la loi
s'applique-t-elle aux gens, quand les gens sont-ils touchés. La
réponse, c'est dès l'entrée en vigueur de la loi. On va
voir, au fur et à mesure qu'on avance, à quelle date on va
l'adopter. Elle va être sanctionnée, et ça va
prévoir quelle date c'est en vigueur, y compris certains articles. Par
exemple, certains articles vont être en vigueur le 1er octobre. C'est
tout dans la loi ça, alors je ne comprends pas la question.
M. Filion: Non, M. le Président, ce n'est pas ce que dit
l'article 4.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Montmorency.
M. Filion: Je peux le relire. Ce n'est pas ce que dit l'article
4, M. le Président. On dit: «Pour l'application de la
présente loi». Ce n'est pas une question qu'elle soit en vigueur
ou pas. On dit: «Pour l'application de la présente loi, la date
d'expiration d'une convention collective ou d'une entente». Alors, M. le
Président, c'est les dates pour savoir à quel moment la loi qui
sera en vigueur, le jour où elle sera en vigueur, va venir s'appliquer
au niveau de la mesure. C'est la date de la convention où elle va
expirer.
Alors, M. le Président, nous, on veut comprendre, par rapport aux
conventions visées, c'est quand. Alors, on va avoir combien de dates
différentes? À qui elles vont s'appliquer, et à quel
moment elles vont s'appliquer? Il faut que les gens sachent à quel
moment ils vont être gelés, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Avez-vous terminé?
M. Filion: On sait, M. le Président, un gel, là,
ça se détermine dans le temps. Et là, ce gel-là,
pour différents groupes, on ne le sait pas. Il y a des groupes pour
lesquels on n'a pas l'information.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Si le député peut nous dire, par
exemple, quels groupes le préoccupent, on pourrait lui répondre.
Je lui ai dit ce qu'il a devant lui, essentiellement où sont les manques
et... Quelles sont les questions précises? Une à la fois,
disons.
M. Filion: M. le Président, tous les groupes... On n'a pas
toute l'information. Ici, j'ai l'Université Bishop, par exemple. On n'a
pas de date d'échéance. On a Concordia...
M. Johnson: Quel groupe de l'Université Bishop?
M. Filion: Là, ici, on a BUSA. Je ne sais pas si ça
peut vous éclairer davantage. C'est sur votre liste, d'ailleurs, que
vous nous avez fournie. Le no 3, ça va être plus simple pour vous,
le no 3.
M. Johnson: D'accord.
M. Filion: Alors, le no 3, il n'y a pas de date
d'échéance.
M. Johnson: Après ça?
M. Filion: Vous n'avez pas de date d'échéance sur
Concordia non plus.
M. Johnson: Mais quel groupe?
M. Filion: Le no 6 n'a pas de date d'échéance.
M. Johnson: Non, ils sont en négociations. Il n'y a pas de
date d'échéance.
M. Filion: Mais la question que je pose est très simple.
C'est que, nous, on veut savoir la date où ça expirait. S'ils
sont en négociations, il y a eu une date où ça a
expiré. C'est quoi là date où ça a expiré,
s'ils sont en négociations? Parce que cette date-là devient la
date, vraiment, où le projet de loi va venir s'appliquer à ce
groupe-là, M. le Président. Il faut le savoir, parce que, nous,
on cherche à comprendre, dans le temps, qui est touché et
à quel moment. Il va y avoir des mesures qui vont être
rétroactives. Il faudrait peut-être qu'ils arrêtent de
discuter et de négocier, s'ils sont en discussion, parce qu'ils vont
être gelés, M. le Président. Alors, imaginez-vous, il
faudrait véritablement qu'on comprenne, tout le monde.
M. Johnson: J'ai 2 demandes. Est-ce qu'il y en a d'autres? On va
le fournir.
M. Filion: II y a toutes les commissions scolaires, tous les
cégeps, tous les médecins. (17 h 40)
M. Johnson: Pardon? Le 30 juin. Les commissions scolaires, je
vous le dis tout de suite, c'est le 30 juin.
M. Filîon: Les ententes médicales? M. Johnson:
Pardon?
M. Filion: Les ententes médicales. Il y en a dans le monde
de la santé?
M. Johnson: D'accord.
M. Filion: Bon. Alors, nous, ce qu'on veut...
M. Johnson: Non, on va vous les donner. On va prendre en note ce
que vous voulez et on va vous répondre après, là.
M. Filion: Bon. Alors, vous admettez au moins que c'était
incomplet et qu'on avait raison de poser des questions, parce que, tout
à l'heure, M. le Président, là...
M. Johnson: Je vous dis...
M. Filion: Tout à l'heure, on nous disait tout simplement
qu'on sortait des questions qui n'avaient aucune pertinence. Alors,
j'espère que le président du Conseil du trésor admet
maintenant qu'il y a beaucoup d'informations qu'on n'a pas...
M. Johnson: Oui, mais là, il y a 4 demandes. M. Filion:
...pour déterminer...
M. Johnson: Oui. Là, il y a eu 4 questions. Est-ce qu'il y
en a d'autres qui...
M. Filion: Bien, M. le Président...
M. Johnson: Je veux toutes les donner, là.
M. Filion: M. le Président, écoutez, s'il y a une
personne, ici, en cette Assemblée, qui a toute l'information, c'est bien
le président du Conseil du trésor. Là, moi, je suis en
train de lui expliquer... Tout à l'heure, j'ai posé une question
très simple: Combien est-ce qu'il y avait de conventions qui
étaient visées? Il m'a répondu: Toutes. Alors, là,
M. le Président, la seule question que je lui ai posée ? je
ne veux pas faire son travail, là ? c'est que je veux simplement
savoir combien il y a de conventions. Le chiffre est important, M. le
Président, très important. Combien est-ce qu'il y a de
conventions qui sont visées, premièrement?
Les secteurs, au niveau... Moi, je pense, entre autres, aux
différentes municipalités. Elles n'ont pas toutes les mêmes
conventions collectives, M. le Président. Il y a des
municipalités, à travers le Québec, qui négocient
à différents moments. Les municipalités, M. le
Président, qui va être touché? Il faut que les gens le
comprennent, le projet de loi, aussi. Il faut qu'ils comprennent à quel
moment ils vont être touchés.
Nous, ici, ce qu'on cherche, effectivement, c'est de faire l'analyse. On
nous l'a demandé, de la faire ici, à l'Assemblée
nationale. On va faire notre travail, M. le Président. Si on ne nous
l'avait pas demandé, on ne le ferait pas, mais on nous l'a
demandé. Alors, on se substitue à une négociation. On veut
bien se substituer, mais on va, en même temps, aller au fond des choses
et poser des questions pour qu'on puisse représenter l'ensemble de la
population. Alors, c'est toutes ces questions-là, M. le
Président. Aussi simple que ça, mais simple et clair.
Alors, si le président du Conseil du trésor était
d'accord pour nous fournir une liste complète, une liste, en même
temps, qui va nous donner l'information sur le nombre de conventions qui vont
être touchées dans tous les secteurs, et qu'on puisse en
même temps voir à quel moment ces gens-là vont être
touchés, bien nous, c'est dans ce sens-là qu'on veut faire
l'étude, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. le Président
du Conseil du trésor.
M. Johnson: Non, j'ai pris avis de la question, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
d'Un-gava, oui.
M. Johnson: Ah! Mon Dieu!
M. Claveau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Vous avez la parole.
M. Claveau: M. le Président, j'écoute en cette
Chambre et par le truchement de la télévision ? parce que
les débats sont télévisés ? dans mon bureau,
depuis déjà plusieurs heures, le déroulement de cette
séance plénière. Puis, je vous assure, M. le
Président, qu'à l'analyse... Si le président du Conseil du
trésor agit de la même façon devant les tables de
négociation, de la même façon qu'il traite les
parlementaires en cette Chambre, je comprends pourquoi il est obligé de
légiférer à chaque fois qu'il y a une convention qui
arrive à sa fin, M. le Président. Ça n'a pas de bon sens
de traiter d'une façon aussi cavalière les parlementaires qui
sont là pour s'informer, pour prendre toute l'information et discuter
à fond d'un projet de loi sur lequel ils vont avoir à voter.
Le président du Conseil du trésor n'a pas à juger,
M. le Président, de nos questions. Il n'a pas à porter de
jugement, quel qu'il soit, sur nos questions. Tout ce qu'il a à faire,
c'est de donner des réponses, et des réponses qui soient les plus
précises, les plus concises et
les plus complètes possible, pour nous permettre d'avoir un
éclairage qui nous permette d'aller de l'avant et de fonctionner dans
l'étude article par article du projet de loi, et, éventuellement,
pour en arriver à le voter.
On n'est pas là pour jouer aux pantins, M. le Président,
et pour perdre du temps, parce que le président du Conseil du
trésor n'est pas capable de négocier et qu'à chaque fois
qu'il a des problèmes il faut qu'il revienne devant l'Assemblée
nationale avec une loi ou un décret, pour remplacer son
incapacité d'aller de l'avant à une table de négociation.
C'est malheureusement ce que l'on vit depuis 1985, à peu près
à tous les niveaux: des décrets dans la construction, des
coupures, des manques de respect dans les conventions de travail, des
décrets dans la fonction publique, à tous les niveaux. On n'est
pas capable de négocier nulle part avec ce gouvernement-là, qui,
pourtant, en 1985, se disait, au moment des élections, un fin
négociateur qui, lui, était capable de régler tous les
problèmes que, nous, nous n'avions pas pu régler comme parti
politique au pouvoir à ce moment-là. C'était des fins
négociateurs. Regardez où on en est aujourd'hui. On a
décrété, on a passé des lois spéciales, on a
imposé, on a bâillonné, il y a juste la torture qu'on n'a
pas faite, M. le Président, et ça s'en vient si ça
continue comme ça.
Et là on est encore en train d'étudier, en commission
parlementaire, un projet de loi. En commission parlementaire, enfin, devant
cette Chambre, devant les caméras, à des coûts exorbitants,
faut-il le dire, M. le Président? On parle d'économie. On parle
de sauver de l'argent. On presse le citron. On tord les fonctionnaires pour
sauver de l'argent. Et, durant ce temps-là, le président du
Conseil du trésor se paie une séance, une étude article
par article d'un projet de loi devant les caméras à
l'Assemblée nationale, de façon coûteuse
éhontée, alors qu'on aurait très bien pu faire le travail
en commission parlementaire, comme on le fait d'habitude, à un prix
beaucoup moindre. Probablement qu'il avait besoin de visibilité, le
président du Conseil du trésor. Mais c'est une visibilité
coûteuse pour l'ensemble des contribuables, M. le Président.
J'aimerais bien, moi, qu'il nous remette la note du coût du travail
devant l'Assemblée nationale, devant les caméras, de
l'étude article par article de ce projet de loi là. C'est
énorme à comparer à ce que ça aurait
coûté si on l'avait fait de la même façon qu'on fait
les autres commissions parlementaires, M. le Président.
Et puis, en plus, il rit de nous autres. Le député de
Montmorency lui pose une question correcte, précise, honnête, dont
un président du Conseil du trésor compétent devrait
connaître la réponse sans aucune hésitation: Combien y
a-t-il de conventions collectives qui sont touchées par l'article 4 de
cette loi? Il ne le sait pas. Il cache son ignorance derrière des
fanfaronnades: Toutes, elles sont toutes là. Voyons, on le sait qu'elles
sont toutes là. Ça veut dire combien, ça,
«toutes»? Après ça, il dit: Si vous n'êtes pas
content, nommez-les une par une, celles que vous ne connaissez pas. C'est lui
qui l'a, l'information, M. le Président.
Plus tôt, cet après-midi, il s'est encore moqué de
notre collègue de Verchères lorsqu'elle lui parlait des
conventions de travail ou de l'entente ? parce que ce n'est pas une
convention de travail, c'est une entente ? mais l'article 4 couvre les
ententes aussi, d'après ce que je comprends ? avec les
médecins spécialistes. Elle lui demandait: Combien ça va
coûter? Elle lui expliquait qu'il y avait des gens qui pouvaient
être graissés plus que d'autres ? si vous me passez
l'expression, M. le Président ? par ce projet de loi là,
qu'il y a du monde qui a eu l'opportunité de se négocier des
ententes avant que le projet de loi ne soit mis sur la table et que, ces
ententes-là, on n'en connaît rien. On ne connaît pas la date
d'entrée en vigueur, on ne connaît pas la date d'expiration et,
surtout, on ne connaît pas les pourcentages d'augmentation qui ont
été donnés dans ces ententes-là. Il sait qu'elles
existent, entre autres dans le cas des médecins spécialistes.
Donc, il y a des gens qui ont l'opportunité de se négocier
des ententes, éventuellement de bien se graisser avant que les coupures
ne tombent, M. le Président. C'est ça qui est le problème.
Et, lorsque la députée de Verchères disait: On aimerait
être certain que tout le monde va payer la note, au moins à peu
près d'une façon équivalente, bien, c'est à
ça qu'elle voulait se référer. Elle voulait être
certaine, par exemple, que le Conseil du trésor n'avait pas donné
un beau 5 % par entente aux médecins spécialistes et
qu'après il irait les couper de 1 % dans la loi. Oui, mais il reste
encore 4 %. Et on ne sait pas quand ça va tomber. Dans le cas des
médecins spécialistes, «c'est-y» pour 1 an, 2 ans, 3
ans, 5 ans, l'entente? Il n'y a personne qui le sait. Et le président du
Conseil du trésor ne veut pas le dire. C'est ça qu'on appelle la
transparence? Voyons-donc! Il faut toujours bien arrêter de rire de
nous-autres!
C'est quoi l'entente? Quand elle commence? Combien elle donne en
pourcentage à ces gens-là ? qui ne sont pas parmi les plus
démunis de la société, soit dit en passant? Quand est-ce
qu'elle finit? On ne l'a pas, dans aucun des documents qui ont
été déposés par le Conseil du trésor. Et,
lorsqu'on en a parlé cet après-midi ? le
député de Joliette, la députée de Verchères
? le président du Conseil du trésor s'est contenté de
se moquer, de rire, de dire: Ça fait 17 fois qu'on me pose la question.
Si elle me la pose une dix-huitième fois, je m'en vais répondre
une dix-huitième fois. Mais il n'avait jamais répondu, à
aucune des fois. (17 h 50)
M. le Président, dans le fond, tout ce qu'il y a derrière
ce projet de loi là, c'est l'incompétence du gouvernement
à contrôler ses dépenses. Et, durant ce temps-là,
les fonctionnaires augmentent à un rythme effréné dans la
fonction publique: 8 % de plus que ce qu'il y avait en 1985. Qu'est-ce que
ça fait, tout ce beau monde là, ça, là? Il faut
couper dans les services, il faut couper dans les salaires, il faut couper dans
les dépenses, puis on engage du monde: 8 % de fonctionnaires de plus que
ce qu'il y avait lorsqu'ils ont pris le pouvoir, en 1985...
Une voix: 1989.
M. Claveau: ...en 1989, pardon, depuis 1989. Bien, là,
ça inclut 1985, évidemment, par déduction, mais c'est
encore plus vite. Dans 3 ans, on a augmenté de 8 % le nombre de
fonctionnaires, puis, après ça, on coupe tout le monde.
C'est quoi cette histoire-là? L'incompétence du
gouvernement à contrôler ses dépenses, c'est ça
qu'on juge actuellement par le biais de ce projet de loi là. On veut
faire payer la note à qui? À la fonction publique, à tout
le monde. Oui, dit le président du Conseil du trésor, à
tout le monde, sauf qu'on ne connaît pas les conditions qui sont
données aux médecins, puis il y a probablement d'autres groupes
non plus qu'on ne connaît pas. C'est ça qu'on voudrait savoir.
Durant ce temps-là, M. le Président, le président
du Conseil du trésor, au lieu de s'asseoir avec les centrales syndicales
et de négocier ouvertement, sainement un nouveau contrat social, une
nouvelle approche de la gestion des fonds publics, il dit: Non, moi, je ne veux
rien savoir de ça. Tout ce qui m'intéresse, c'est de vous passer
le couteau, c'est de vous couper, parce que c'est rien ce que vous
méritez. Bien non, M. le Président.
Je vais donner 2 ou 3 petits exemples au président du Conseil du
trésor sur des gaspillages de fonds publics qui pourraient
peut-être l'intéresser si jamais il n'en a pas été
mis au courant, puis des pratiques gouvernementales qui font en sorte qu'il y a
de l'argent qui se gaspille pour rien et qui pourrait peut-être compenser
pour des coupures de salaires dans la fonction publique, si, jamais, le
président du Conseil du trésor s'arrêtait à ce qu'il
va peut-être appeler des détails, mais des détails qui,
multipliés à l'infini, finissent par faire de grosses sommes.
Je regarde juste comment ça marche au niveau du ministère
des Transports, dans mon petit coin chez nous. Ce n'est pas bien gros. J'ai un
petit district administratif. Je regarde un peu comment ça se passe avec
les gens qui travaillent là-bas. Des nouvelles directives. J'imagine
que, si ça se passe chez nous, ça doit se passer ailleurs.
Comment ça se fait, par exemple, qu'on a enlevé tous les pneus de
rechange et toutes les clés de roue dans tous les pick-up, dans tous les
véhicules du ministère des Transports?
Puis, là, quand il y a quelqu'un qui fait un «flat»,
comme on dit par chez nous, une crevaison, à 150 km du poste de base, il
a bien beau y avoir 4 gars dans le véhicule, ils appellent par radio au
centre, ils font descendre un deuxième véhicule avec un
mécanicien et un «helper», probablement, pour aider à
changer la crevaison. Durant ce temps-là, les 4 gars attendent sur le
bord du chemin. Puis ils arrivent le soir, il n'y a personne qui a
travaillé parce qu'ils ont tous perdu leur journée, soit à
aller changer une crevaison le long du chemin, soit à attendre que le
mécanicien vienne avec un deuxième véhicule pour changer
la crevaison. Ah, il n'y a rien là! Vous dites: Ça ne coûte
pas cher? Multipliez ça à l'infini. Vous allez voir où
elles vont, les dépenses.
Comment il se fait, M. le Président, que, juste pour le petit
district 99, chez nous, il y a un budget de 50 000 $ par année pour
empêcher les tas de sable de geler l'hiver?
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Parce qu'on sait qu'un tas de sable ça
gèle. Les municipalités autour, savez-vous comment elles
règlent ça, le problème des tas de sable qui
gèlent? Ce n'est pas compliqué. Une fois que ton tas de sable est
fait, tu prends une couple de gars avec 2 ou 3 poches de calcium et une pelle
ronde, puis tu leur donnes 2 heures de temps pour aller asperger le tas de
sable avec du calcium. puis, là, le calcium ramasse l'eau qu'il y a dans
le sable, ça fait une belle croûte de 1 pouce, 1 pouce et demi
d'épais. après ça, tu as beau le laisser au grand vent
tout le restant de l'hiver, il n'y a plus rien qui gèle. si toutes les
municipalités avaient les mêmes budgets que le ministère
des transports pour empêcher leurs tas de sable de geler, m. le
président, les taux de taxes seraient probablement pas mal plus
élevés qu'ils ne le sont actuellement.
Bien non! Au ministère des Transports, eux autres, ce n'est pas
bon, ce que les municipalités font. Ce n'est pas bon. Soit qu'ils se
bâtissent des gros igloos qui, la plupart du temps, ne servent à
rien ou bien, non, ils mettent des toiles. Ils achètent des toiles avec
des piquets et toutes sortes de choses pour mettre par-dessus les tas de sable,
pour empêcher qu'ils soient mouillés. Sauf qu'à la
première tempête toutes les toiles sont parties au vent, elles
sont toutes déchirées. Il n'y en a plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Puis, après ça, on s'en va voir des
contracteurs locaux, on va louer des «loaders» à 50 $, 60 $
et 80 $ l'heure pour le restant de l'hiver, pour casser du sable gelé,
puis on a payé pour mettre des toiles dessus. Ça sert à
quoi? Au lieu de donner des budgets de 50 000 $ pour mettre des toiles sur les
tas de sable ? probablement qu'il y a des vendeurs de toiles que ça
fait leur affaire ? on aurait rien qu'à mettre 2 ou 3 poches de
calcium de plus sur le tas, puis on vient de régler le problème
pour l'hiver, comme ils le font dans toutes les municipalités du
québec ou à peu près. bien, le ministère des
transports, lui, il ne comprend pas ça.
Des exemples comme ça, je pourrais vous en amener à
l'infini, tous des détails qui font que, dans l'administration publique,
un peu partout, ça se gaspille, de l'argent, ça coule, et tout le
monde se graisse, puis, finalement, en bout de piste, il n'y a plus d'argent,
et on est en déficit. Puis là, qui est-ce qui paie? Les
fonctionnaires. Eux autres, ils coûtent cher. Coupons!
Des voix: Moins 1 %.
M. Claveau: On n'est même pas capable de
négocier avec eux autres. On coupe. Une voix: Moins
20.
M. Claveau: Bien, qu'on commence à s'attarder, au Conseil
du trésor, à tous ces petits éléments là.
Ça coûterait probablement moins cher de mettre des roues de
secours dans les camions du ministère des Transports, quitte à
s'en faire voler une de temps en temps, plutôt que de payer des
mécaniciens à temps et demi puis à temps double pour aller
changer des crevaisons sur la route, des fois à 100 km du poste de
départ. Ça, ça coûte cher, puis c'est ça sur
toute la ligne.
M. le Président, si ça ne gèle pas à
Montréal...
Une voix: ...
M. Claveau: ...ça ne me surprend pas. Ce n'est pas le
ministère des Transports qui s'en occupe, c'est la ville de
Montréal. C'est pour ça que ça ne gèle pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est pour ça que ça ne gèle
pas. Si c'était le ministère des Transports, ils
gèleraient, ne craignez pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: M. le Président, c'est à ça
qu'on fait face, à l'incapacité du gouvernement de bien
gérer ses fonds, au coulage qui existe partout dans la machine, puis on
essaie, par le biais de la loi 102, de prouver à la population du
Québec, caméras aidant, que c'est les fonctionnaires qui sont les
seuls et uniques responsables de ça. C'est à cause de ça
qu'on est là aujourd'hui. Et le président du Conseil du
trésor, au lieu de s'asseoir avec ses syndicats, comme ils lui ont
offert, puis de dire: Écoutez, devant tout ça,
redéfinissons un nouveau contrat social, regardons une nouvelle
façon de gérer globalement l'ensemble des fonds publics du
Québec, lui, il dit: Non, vous ne connaissez rien là-dedans.
C'est moi qui gère. Moi, je connais ça. Tout ce que vous avez
à faire, vous autres, c'est de faire votre job puis d'encaisser votre
salaire, puis, comme vous êtes trop payés pour ce que vous faites,
je vous coupe. Si vous ne voulez pas le comprendre puis le négocier
à une table, ce n'est pas grave, il y a l'Assemblée nationale en
arrière de moi, puis on va aller se voter une loi qui va me permettre de
vous couper quand je vais vouloir, puis de geler vos salaires aussi longtemps
que je vais vouloir.
Ça, c'est ce qu'on appelle une approche active dans la
société, M. le Président. Du moins, c'est ce qu'il pense,
lui. Pensez-vous que c'est comme ça qu'on va régler les
problèmes? Voyons donc! Quand on écrase les gens qui travaillent
pour nous, M. le Président, tout ce qu'ils risquent de faire, c'est de
se revirer contre nous un jour ou l'autre. C'est comme ça que ça
se passe.
Une voix: ...qui est arrivé.
M. Claveau: Oui. Il y a des choses qui sont
arrivées...
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, si
vous voulez vous adresser à la présidence.
M. Claveau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez parler plus
tard, M. le député, je vais vous reconnaître.
M. Claveau: II y a des gens qui devraient demander la parole
s'ils ont quelque chose à dire.
Le Président (M. Bissonnet): Je vous rappelle que vous
êtes sur l'article 4.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Oui. Je suis toujours sur l'article 4, M. le
Président, parce qu'on veut savoir jusqu'où ça s'applique,
ces conventions-là. On veut savoir dans quel cadre ça
s'applique.
M. le Président, je voudrais juste faire une petite
parenthèse sur ce qu'on vient de dire tout à l'heure. Vous savez,
quand les coupures ont commencé dans la fonction publique, dans un
contexte qui était très différent de celui qu'on vit
aujourd'hui, il y a eu beaucoup de brasse-camarade, c'est vrai. Mais, à
mesure et avec le temps... Ces gens-là, ils ne devaient pas couper. Us
ont promis, en 1985, qu'eux autres ne couperaient pas et qu'ils respecteraient
leur parole et leur signature. Ça, je m'en rappelle, ils nous l'ont
assez dit. Ils devaient tout respecter, eux autres. Ils devaient
négocier, puis ils ne devaient jamais passer de décret puis de
loi spéciale. Ils l'ont promis en face du monde qu'ils ne le feraient
pas. Une signature puis une promesse, pour eux autres, ça ne vaut pas
cher, M. le Président.
Mais, à force de se faire écraser, bien, la fonction
publique finit par être de plus en plus désemparée. C'est
malheureux, parce que ce n'est pas avec des gens désemparés qu'on
va monter une véritable administration publique qui se tient debout et
qui va être capable de faire face aux années futures. Ça,
ça me fait penser, M. le Président, un peu aux mouches le
printemps. Vous savez, quand on est dans le bois, les petites mouches noires,
quand arrive le printemps, elles sont achalantes. Les premières fois
qu'elles sortent, on en a partout, puis, finalement, tranquillement, au cours
de l'été, bien, on finit qu'on ne les sent plus, puis on trouve
qu'il n'y a plus de mouches. Mais il y a autant de mouches qu'il y en avait
avant, sauf qu'on s'est habitués.
Le malheur veut qu'avec les années, bien, de coupure en coupure,
puis de décret en décret, puis d'assommage en assommage, puis de
coup de couteau en coup de couteau, puis de renonciation de signature en
renonciation de signature, eh bien, on en est rendus,
aujourd'hui, dans une situation où ça semble normal
à tout le monde que le gouvernement ne respecte pas sa parole et ses
engagements.
Le Président (M. Bissonnet): Sur ce, je vous interromps.
Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de cette commission
plénière à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Bissonnet): Alors, si vous voulez prendre
place. Merci. Je vous rappelle que nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi 102, Loi concernant les conditions de
travail dans le secteur public et le secteur municipal.
Lors de la suspension de la séance, à 18 heures, la
commission plénière procédait à l'étude de
l'article 4 et de l'amendement proposé par M. le ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique et président du Conseil du trésor.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): Un instant! Oui, M. le
député.
M. Léonard: Oui. Étant donné que nous savons
que le ministre rencontrait les négociateurs du front commun, ou, en
tout cas, des syndicats, des représentants syndicaux, entre 18 heures et
20 heures ? il est arrivé, d'ailleurs, à 20 h 15, et nous
comprenons qu'il a été retenu, que les négociations ont
été sérieuses ? est-ce que nous pourrions avoir un
état de la situation? Étant donné que c'est pratiquement
l'objet du projet de loi que nous avons sur la table, M. le Président,
je pense que vous allez permettre et nous allons consentir à donner au
ministre l'occasion de s'exprimer et de faire le point de la situation.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, s'il y a
consentement...
Des voix: Oui. M. Léonard: Oui.
M. Chevrette: De notre part, nous sommes tout ouïe, tout
oreilles.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, sur la
question, si vous autorisez...
M. Johnson: Oui, M. le Président. J'ai rencontré
les représentants des syndicats affiliés à la CSN qui ne
sont pas membres de la Fédération des affaires sociales, de
même qu'un représentant de la CEQ, de la FTQ, du Syndicat des
professionnels du gouvernement et du Syndicat des fonctionnaires, et j'ai
réitéré les objectifs gouvernementaux, les objectifs
financiers du gouvernement.
J'ai, par ailleurs, indiqué que, sur les modalités
d'atteinte de ces objectifs financiers que j'ai déjà
mentionnés, soit l'économie de 1 % qui pourrait être
réalisée sur la rémunération globale et le maintien
des conditions salariales sur 2 ans, il y avait moyen, je dirais, de convenir
d'un contrat de travail d'une façon un peu plus souple que ce qui est
prévu dans la loi 102.
À titre d'exemple, ce ne serait pas le 1er octobre que, de
façon automatique, il y aurait imposition de journées de
congé sans solde pour assurer le 1 % d'économie, mais nous
pourrions engager très rapidement une étude conjointe pour
identifier et voir comment réaliser une telle économie avant le
31 mars prochain, à charge, pour les parties, de constater en novembre
et janvier prochains quel sera le degré d'atteinte de ces objectifs, en
suggérant, de notre côté, que les journées de
congé, banques de maladie, journées de maladie monnayables, etc.,
pourraient être constituées en réserves et deviendraient
liquidées au profit, soit du gouvernement, soit des employés,
suite au constat qu'on ferait, en novembre et janvier respectivement, du
degré d'atteinte des objectifs. C'étaient donc les mesures que je
viens de décrire, qui sont plus souples que ce qu'il y a dans la loi
102.
Deuxièmement, j'ai précisé que, pour la
deuxième année de la convention collective ? ce qu'on ne
retrouve pas non plus dans la loi 102 ? les conditions de travail sur taux
et échelles de salaires, implicitement, là, pourraient être
revues à condition que des économies supérieures à
1 % aient été atteintes, et que, évidemment, il y aurait
un champ de négociation très réel sur les conditions de
travail ? monétaires ? pour la deuxième année si
on dégageait plus que 1 %, de façon récurrente, dans la
rémunération globale.
Alors, ça m'apparaît, M. le Président, respecter...
Je réaffirme que ça respecte les objectifs financiers. Ça,
c'est très clair, très ferme depuis le début. C'est
obligatoire, compte tenu de l'état des finances publiques et de
l'économie. Ça réitère qu'il y a donc une
contribution raisonnable qui peut être requise ou que nous demandons
à nos employés, mais, troisièmement, il y a des moyens qui
ne sont pas aussi, je dirais, directs ou radicaux que ceux de la loi 102, qui
sont disponibles pour qui veut s'en servir. Et j'ai finalement
réitéré que la loi 102 serait adoptée; le
gouvernement compte l'adopter afin qu'elle s'applique aux groupes qui ne
pourraient pas convenir avec nous de conditions de travail qui respectent ce
cadre général.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
président.
M. Léonard: M. le Président, peut-être qu'on
me permettrait une couple de questions? Parce que...
Le Président (M. Bissonnet): S'il y a consentement,
ça va.
M. Léonard: Oui.
(20 h 20)
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a consentement
M... Consentement. M. le député de Labelle.
M. Léonard: Dois-je comprendre que le président du
Conseil du trésor serait prêt à laisser du lest sur ses 2
ans, de sorte qu'il se contenterait de 1 année de gel et que, par
ailleurs, en ce qui concerne l'économie de 1 %, sa date limite a
été reportée, si je comprends bien, au mois de janvier,
avant de faire des vérifications?
Et, donc, l'autre, la troisième question qui va suivre, c'est:
Quelle est l'urgence d'adopter la loi 102 si, finalement, les
échéances peuvent être reportées, en quelque sorte
ou, en tout cas, distancées dans le temps et pourraient être
vraiment applicables plutôt au mois de janvier en ce qui concerne
l'économie? Parce que, pour le reste, j'ai l'impression qu'il y a des
gains qui ont été faits autour de la table, si je comprends le
rapport qui nous est fait maintenant.
M. Johnson: je corrige le député sur son
interprétation quant à la deuxième année. si on
réalisait, par exemple, des gains de 3 % cette année, de
façon récurrente, il est évident qu'il y a 2 % de plus que
l'objectif gouvernemental qui vient d'être réalisé, ce qui
dégage une marge de manoeuvre évidente, là, à
distribuer au déficit, à des programmes en région,
à des services de santé, à des conditions de travail.
comment disposerons-nous des 2 % au-delà du 1 % d'économie
réalisée? c'est ça qui est en jeu, là, et c'est
ça qui n'est pas du tout mentionné, évidemment, dans la
loi 102. alors, dans ce sens-là, je dirais: les taux et échelles
pour la deuxième année sont également maintenus, sauf si
les économies sont telles, lorsqu'on les a identifiées et
réalisées, qu'on peut en recycler une partie. c'est donc conforme
à ce que nous avons indiqué depuis le mois de janvier dernier,
c'est qu'à l'égard de la rémunération globale de
nos employés on peut difficilement concevoir des ajouts par-dessus les
bases existantes, sauf si on trouvait des économies assez rapidement
dans les différents éléments de la
rémunération globale.
Et, quant à l'urgence, quant à l'urgence, je signale qu'il
manquait encore passablement de monde autour de la table. La FAS, la
Fédération des affaires sociales compte plus de 80 000 membres.
Alors, c'est beaucoup de monde, ça, évidemment. Les secteurs
municipaux sont toujours couverts. Les sociétés d'État
n'étaient pas présentes, mais c'est le gouvernement du
Québec qui donne les mandats à l'endroit des
sociétés d'État et de certains organismes. Alors,
là aussi, il manquait beaucoup de monde autour de la table.
Alors, dans ce sens-là, si les gens sont prêts à
convenir avec nous de ces conditions-là, il n'y a pas de
problème. Évidemment, l'article 10 et l'article 20 de la loi
précisent que la loi ne s'applique pas à ces gens-là si
une entente équivalente aux paramètres que j'ai décrits
est atteinte. Ce qu'il y a de nouveau, c'est que j'ai proposé qu'aux
fins de l'application de la loi et de sa non-application à certains
groupes la proposition que j'ai faite tout à l'heure ait la même
valeur que ce que la loi appelle une entente équivalente aux articles 10
et 20, soit pour le gel de 2 ans et le 1 % de gain.
Alors, c'est un peu de... Il y a certains éléments
juridiques, là. Je ne veux pas assommer qui que ce soit, sauf si on
insiste avec ça, mais il y a un jeu de reconnaissance qui assimile,
autrement dit, la proposition que j'ai faite tout à l'heure à ce
qui est envisagé dans les articles 10 et 20 de la loi, parce que,
essentiellement, ça respecte les objectifs financiers du gouvernement,
de toute façon.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière, toujours avec le même
consentement.
Mme Carrier-Perreault: Oui, bien moi, je voulais revenir à
l'article 4 et au débat d'avant l'ajournement.
Le Président (M. Bissonnet): O.K. Ça va. M.
Johnson: C'est une bonne idée, ça.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, on revient à
l'article 4, à l'amendement. Mme la députée des...
Oui?
M. Johnson: M. le député d'Ungava avait pris la
parole jusqu'à 18 heures et ça donnait ouverture à une
réplique de quelques minutes de ma part.
Le Président (M. Bissonnet): Oui. Alors, vous vouliez
apporter une réponse?
M. le président du Conseil du trésor, en vertu de
l'article 246, vous avez 5 minutes.
M. Johnson: Ce qui m'a frappé dans l'intervention du
député d'Ungava, d'abord, c'était, je dirais, son ampleur
tous azimuts. Il y en avait pour tout le monde, de toutes les façons.
Mais ce qui m'a frappé, l'élément le plus important,
à mon sens, c'est lorsqu'on parle de dépenses publiques,
d'efficacité. Il a donné des exemples concrets, à
vérifier, là, mais son expérience de député
dans son coin l'a amené à souligner 2 ou 3 aspects de la gestion
ou de certaines dépenses publiques, qu'il s'agisse des pneus de rechange
des camions du ministère des Transports ou des tas de sable qui
s'empilent dans les igloos ou alors sur les grandes routes, et la comparaison
de la gestion municipale et de celle du ministère des Transports.
Ça, c'est un cas précis qu'il donnait. Moi, j'aurais eu une
question pour lui s'il avait été ici, mais il va revenir. On nous
a menacés de son retour. Pardon?
Une voix: II va revenir.
M. Johnson: On nous a menacés qu'il reviendrait, oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: Alors, on va l'attendre avec intérêt.
J'allais demander au député: Quand en a-t-il parlé, comme
député, là? Quand en a-t-il parlé, soit à
son divisionnaire, avec qui il doit avoir des... La plupart des
députés que je connais connaissent très bien le directeur
régional du ministère des Transports.
Mme Juneau: Excusez-moi, là. Est-ce que le ministre du
Conseil du trésor, compte tenu qu'on l'a averti que notre
collègue doit revenir... Il avait une autre réunion.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, mais il a le droit de
répondre...
Mme Juneau: Mais ce que je pensais, moi... Pour le
bénéfice de mon collègue qui a fait l'intervention, ce ne
serait pas important qu'il attende qu'il soit là pour le dire?
Le Président (M. Bissonnet): Écoutez, selon le
règlement, le ministre a 5 minutes pour répondre...
Mme Juneau: Bien non! Je ne veux pas vous empêcher de
parler.
Le Président (M. Bissonnet): Vous allez revenir... En tout
cas, vous avez le droit de répondre à ce moment-ci.
M. Johnson: Non, non, mais... C'est dans l'intérêt
de tout le monde, là. Comme député, quand a-t-il
parlé de ces problèmes précis là à son
directeur régional du ministère des Transports? Quand a-t-il
saisi le ministre ou le ministère? Qu'est-il arrivé? À
quelle date? De quelle façon a-t-il saisi les autorités
gouvernementales du ministère des Transports de ces faits qu'il nous a
exposés? J'aurais aimé ça apprendre ça. Dans le
fond, c'est ça, notre rôle. On doit voir, comme
député, chacun chez nous, que l'argent des contribuables est bien
dépensé.
Parce qu'il nous en parle. Je ne peux pas croire qu'il se promène
dans les pick-up du ministère des Transports, notre collègue
d'Ungava. Quelqu'un lui en a parlé, comme député, et
peut-être s'en est-il ouvert au ministère ou au ministre
lui-même, aux engagements financiers, ou aux crédits, ou ailleurs,
mais, s'il ne l'a pas fait, ce serait déplorable qu'il ait attendu de
venir ici aujourd'hui et de tonitruer ça. Ça ne donne rien.
Ça ne donne rien. Ça ne donne rien qu'il nous dise: Ça
fait 5 ans que je sais ça, et il ne se passe rien. Bien, à qui
l'a-t-il dit? À qui l'a-t-il dit?
M. Léonard: ...un peu parce que j'ai entraperçu
tout à l'heure...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député,
vous n'avez pas la parole, vous le savez. Vos 20 minutes sont utilisées,
et je cède la parole à... Oui, elles sont utilisées.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière, sur
l'amendement et l'article 4.
Mme Canïer-Perreault: Oui. Alors, M. le Président,
avant l'ajournement, à 18 heures, on en était à l'article
4 par rapport aux dates d'expiration des conventions collectives. C'est
à ce moment-là que la loi dont on est en train de faire
l'étude prend action. On se rendait compte...
Le Président (M. Bissonnet): Allez-y!
Mme Carrier-Perreault: On se rendait compte, M. le
Président, qu'il y avait certains écarts au niveau des dates
d'expiration des conventions collectives, que même par rapport à
des ententes... Il y a des ententes, entre autres avec les médecins
spécialistes, qui ont été signées quand même
tout récemment. On se rend compte, finalement, que ces
écarts-là créent une certaine iniquité, peuvent
créer, en tout cas, une certaine iniquité.
Par ailleurs, on se rendait compte aussi qu'il nous manquait des
éléments, et j'avais cru comprendre que le ministre devait nous
apporter certains renseignements complémentaires. Je ne sais pas si je
fais erreur, mais j'ai cru comprendre qu'il y aurait peut-être des
possibilités de réponse par rapport à des demandes
concernant le nombre de conventions, les dates d'expiration des ententes et les
dates manquantes. Est-ce que c'est possible de savoir si on aura ça, si
le ministre a ça en sa possession présentement?
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, j'ai indiqué que je
n'ai pas ça en ma possession présentement. Si on pense, par
exemple, au secteur municipal, ce que ça va demander pour renseigner les
collègues, c'est de voir au greffe du commissaire général
du travail, qui est le dépositaire de toutes les conventions
collectives, si ça a été colligé, si ça a
été organisé, toutes ces conventions-là, selon, par
exemple, les municipalités, par MRC, par syndicat
représenté dans une municipalité. J'espère que le
travail a déjà été fait et que c'est juste une
question de le trouver. Je trouverais ça extrêmement malheureux
qu'on mette un paquet de monde à passer à travers des centaines,
pour ne pas dire des milliers de conventions collectives pour les classer dans
l'ordre que souhaite l'un ou l'autre des collègues, ou qui que ce soit.
On va faire confiance qu'au ministère du Travail il y a une division de
la recherche, et chez le commissaire général du
travail, qui a organisé son inventaire, je dirais, des
conventions collectives dans le sens souhaité par les collègues.
(20 h 30)
Mais, je dirais à ce sujet-là que, dans le fond, les gens
les plus intéressés aux dates d'expiration des conventions
collectives sont les syndiqués eux-mêmes. Et je suis prêt
à parier qu'ils savent à quelle date leur convention collective
se termine, ou que leur représentants syndicaux le savent, que le
président du syndicat local le sait. Et j'étais tenté de
donner le numéro de téléphone du député de
Montmorency à la télévision pour que les syndiqués
du secteur public, municipal du Québec lui donnent un coup de fil et lui
donnent la date d'expiration de leur convention collective. Mais, étant
donné qu'on a autre chose à faire que ça, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Je pense qu'il y a un problème,
là, M. le Président. Le président du Conseil du
trésor...
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, un peu
d'ordre! J'ai de la difficulté à entendre Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: ...ou il fait exprès, ou vraiment
il ne comprend pas. Je ne le sais pas. Mais c'a quand même un impact, ce
genre de chose là, et je suis convaincue, moi aussi, que les
syndiqués savent eux à quelle date finit leur propre convention
collective. La date d'expiration de leur propre convention collective,
ça, c'est très clair. Je pense que tout le monde a compris
ça.
Mais, par ailleurs, on se rend compte que ça peut créer
une forme d'iniquité. Quelqu'un qui a réglé, il y a 3
semaines, par exemple, par rapport à quelqu'un dont sa convention a
été prolongée en 1991, ça crée quand
même une différence par rapport aux salaires, par rapport aux
augmentations, par rapport au pourcentage d'augmentation. C'est pour ça
aussi qu'on veut savoir comment...
M. Johnson: ...M. le Président, pourquoi c'est une
iniquité...
Mme Carrier-Perreault: Je m'excuse.
M. Johnson: C'est ça que je n'ai pas saisi encore.
Le Président (M. Bissonnet): Un instant. Madame, vous avez
terminé? Je reviendrai à M. le ministre.
M. Johnson: Non, c'est juste... Oui. La députée
m'indique qu'il est opportun de savoir à quelle date finit telle
convention collective. Je cherche comment une iniquité ou des injustices
aberrantes, disait la députée de Verchères, peuvent se
glisser entre les différents employés municipaux en raison des
dates de terminaison, d'expiration, dis-je, de leur convention collective. Et,
par référence à quoi, évidemment, est-ce qu'on juge
que c'est injuste ou pas? Est-ce que c'est par rapport aux voisins, par rapport
à la ville de Montréal, par rapport au secteur public au
fédéral, par rapport à l'employé municipal qui est
assis à côté de soi à l'hôtel de ville?
Qu'est-ce qui est injuste et de façon aberrante?
Le Président (M. Bissonnet): Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: L'important, c'est de savoir la date
d'expiration parce que c'est là que la loi va entrer, là...
L'application se fait à partir de la date d'expiration, si je comprends
bien le sens de l'article dont on discute. Alors, ça fait une
différence, effectivement. Parce qu'il y a des gens, on le sait, qui ont
des conditions de salaire et qui sont gelés, à toutes fins
pratiques, depuis un certain temps. Dans la fonction publique, le ministre a
fait des gels, il a fait une augmentation de 1 %, à un certain moment
donné, mais il y a d'autres conditions qui se sont
négociées à côté de ça. les
municipalités, par exemple, il y en a plusieurs qui ont des
négociations de faites. ma collègue de l'es-trie me mentionne que
sherbrooke vient de négocier une convention dans sa propre
municipalité de 8 %, et c'est récent. alors, ça veut dire
qu'eux autres ils gèlent là pour 2 ans, je ne sais pas,
là. c'est dans ce sens-là que je me dis que ça peut
créer une différence.
M. Johnson: je suis d'accord que ça crée une
différence, mais c'est une différence qui est
négociée, d'abord, là. ça, je veux qu'on se
comprenne. et, deuxièmement, qui va juger de l'iniquité? moi, je
veux savoir comment. pourquoi est-ce que c'est reprehensible et aberrant, comme
le dit la députée de verchères, qu'à sherbrooke les
employés aient eu une augmentation de 8 %, qui sera suivie, à la
date d'expiration de la convention collective qu'ils viennent de signer, d'un
gel de 2 ans et d'une diminution de 1 %, si la ville de sherbrooke
décide de se prévaloir de la loi, évidemment? alors,
pourquoi est-ce que c'est injuste qu'il y ait eu une convention collective
librement consentie entre les employés de la ville de sherbrooke et la
ville ,de sherbooke, au nom de contribuables? c'est ça que... je cherche
pourquoi c'est injuste que ces gens-là aient 8 %. ils vont avoir 0 %
pendant 2 ans, plus tard...
Mme Carrier-Perreault: C'est des gens qui ont eu la
possibilité...
M. Johnson: ...là, on ne se trompe pas.
Mme Carrier-Perreault: C'est parce qu'il y a des gens, M. le
Président...
M. Johnson: Ça s'applique à eux aussi, si Sher-
brooke le désire, évidemment.
Le Président (M. Bissonnet): Un à la fois. Mme la
députée, vous avez la parole.
Mme Carrier-Perreault: La différence, c'est qu'il y a des
gens qui ont eu la possibilité de négocier, et il y en a d'autres
qui ne l'ont pas eue. Alors, pour moi, ça fait toute une
différence. D'abord, le ministre ne semble pas comprendre. Je laisse
ça à mes collègues, peut-être qu'ils vont s'exprimer
différemment et qu'à un moment donné le ministre va finir
par comprendre le sens du problème qu'on peut avoir avec cette
clause-là.
Moi, j'entendais le ministre, tout à l'heure, nous parler du
dossier de l'équité salariale. Le ministre nous a dit ?
c'était un peu aussi avant le souper ? il nous a dit qu'il n'y
avait aucun impact sur le dossier de l'équité par rapport
à la relativité salariale, les dossiers qui ont été
négociés. Si je comprends bien, c'est toujours un peu le
même modèle qui s'applique. Quand il y a entente par rapport
à une classe d'emploi, par rapport à un groupe en particulier,
c'est qu'on applique la mesure selon les échelles de salaires. Alors,
c'est dans ce sens-là que le ministre me dit qu'il n'y a pas d'impact
là-dessus. Pour ceux qui sont rendus au maximum de leur salaire, je
présume qu'on procède par forfaitaire, à ce
moment-là, un montant additionnel?
M. Johnson: Je vais corriger tout de suite. Les
relativités salariales prévoient des redressements des taux et
échelles de salaires pour les classes d'emploi qui, après
étude, s'avèrent sous-payées. Il s'est avéré
que c'était évidemment dans les emplois féminins, à
prédominance féminine, qu'on a retrouvé ça, sans
grande surprise pour personne, et avec raison. Donc, on a mis 330 000 000 $,
à ce jour, dans les taux et échelles. Ce n'est pas par forfait,
là, on a augmenté les plafonds. Tous les taux et échelles
ont été augmentés, des résultats des études
de relativité salariale. alors, s'il y a des soldes encore à
pourvoir, s'il y a encore des études et des fins d'études qui
nous font découvrir qu'il manque 1 %, 2 %, 3 % ou 4 % sur
échelle, ici et là, ce n'est pas parce que les taux et
échelles sont gelés, je dirais, qu'on ne fera pas le redressement
qui s'impose, compte tenu de nos études. autrement dit, on ne
gèle pas les études de relativité salariale. elles se
déroulent et, si on découvre que, pour telle classe d'emploi,
dans quelques mois, il y a un redressement de 2 % qui est nécessaire, on
va le verser, et rétroactif à... 1991? 1989? la fin de la
convention. alors, ça, je ne veux pas qu'on s'inquiète du
côté des relativités salariales, m. le président. ce
n'est pas du tout, du tout touché par la loi 102, pas du tout.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière et M. le ministre...
Mme Carrier-Perreault: Oui, là, je voudrais quand
même... C'est bien beau...
Le Président (M. Bissonnet): ...je voudrais intervenir,
parce que Mme la députée va faire son intervention, et je vous
reconnaîtrai pour la réponse, en vertu de l'article 246.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière, la
parole est à vous.
Mme Carrier-Perreault: Je comprends que le ministre nous dit: II
ne faut pas s'inquiéter, bon, les dossiers suivent leur cours, et tout
ça. Les redressements s'effectuent. Bon. C'est selon les échelons
aussi, et ça se fait tout naturellement. Les 3 derniers dossiers qui ont
été complétés... Parce que, vous comprenez, M. le
Président, que ces dossiers-là sont comme négociés
morceau par morceau. Il y en a 2, 3. On s'entend avec un syndicat sur 3 classes
d'emploi, 2 classes d'emploi, de temps à autre, et on redresse. Mais,
moi, là où je m'inquiète, par exemple... O.K., pour ceux
qui sont déjà négociés, je peux essayer de
comprendre si ça va selon les échelons, et tout ça. Mais
il en reste plusieurs, quand même, à négocier. Et là
on nous dit: On gèle pour 2 ans, et tout ça. Ça veut dire
quoi, ça? Est-ce que ça veut dire qu'il n'y en aura plus qui vont
être négociés pendant ces 2 ans là? Parce qu'il y en
a quand même plusieurs qui sont en suspens.
Je pense, entre autres, au cas... Il y a le fameux cas de la Commission
des droits de la personne. Il y en a plusieurs qui ont porté plainte,
qui sont là depuis 1987. On sait que le président du Conseil du
trésor a mis beaucoup de bois dans les roues, n'est-ce pas, de la
Commission, tant au point de vue financier qu'au point de vue technique, les
obligeant à procéder par ses propres critères à
lui, entre autres. Mais, si jamais il advenait que la Commission des droits de
la personne réussisse, envers et contre le président du Conseil
du trésor, à finir son enquête, qu'est-ce qui arriverait,
à ce moment-là, de ces cas-là, pendant les 2 ans qui s'en
viennent, là, compte tenu qu'on dit qu'on gèle pour 2 ans?
Quand vous gelez pour 2 ans, vous gelez les échelles au point
où elles sont, les salaires sur leur échelle, vous les gelez
là. Je comprends que les gens vont pouvoir continuer de changer
d'échelle, mais il reste que le montant, à chaque échelon,
demeure le même pendant 2 ans. Alors, qu'est-ce qui arrive pour les cas,
d'une part, qui ne seront pas négociés? Ça veut dire qu'on
gèle les négociations possibles pour les autres classes d'emploi
qui sont en suspens. Puis, d'autre part, qu'est-ce qui arrive pour les gens, si
jamais la Commission réussit à passer à travers son
enquête et recommande qu'on réévalue et qu'on reclasse les
emplois qui sont là?
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui. Je veux juste rappeler que, par exemple, dans le
cas de la CSN, la CSN est devant la Commission avec des cas types pour des
emplois qui ont connu des redressements salariaux. C'est parce que la
CSN n'a pas voulu faire les études de relativité salariale
de façon conjointe et paritaire avec l'employeur que nous sommes. On l'a
fait avec presque tous les autres. On a découvert que certaines classes
d'emploi étaient sous-payées et, depuis la convention de 1989
jusqu'au 31 décembre 1991, on a pourvu pour tout le monde, 1989, 1990,
1991, à raison de 2,5 % par année. On en a ajouté jusqu'au
maximum, enfin, jusqu'au solde, jusqu'à ce que tout le redressement
salarial soit versé sur échelle.
La CSN, dont les membres ont été redressés, est
néanmoins devant la Commission des droits et tente de faire
accréditer sa façon d'évaluer les emplois. C'est ça
qui est en cause tout ce temps-là, ce n'est pas autre chose. Et la
Commission des droits de la personne a dit: Les enquêteurs sont libres
d'utiliser les méthodes qu'ils veulent, que ce soit celles du
Trésor ou celles des autres, ou celles de je ne sais pas qui. Alors, ces
enquêtri-ces, en l'occurrence, sont maîtres, selon la Commission,
selon la Cour supérieure, d'utiliser la méthode qu'elles veulent
bien. Je ne veux pas revenir sur les raisons, en grande partie
idéologiques, qui ont amené la CSN devant la Commission des
droits de la personne, mais ce que je dis, c'est que, quant à nous, on a
épousé une méthode, elle a donné des
résultats et on a payé. (20 h 40) on continue, pour certains
groupes, à terminer nos études paritaires, et je pense, bon, aux
agents de la paix, aux contrôleurs routiers, avec lesquels nous venons de
régler, notamment en vertu d'un engagement, de part et d'autre, qu'on
s'assoirait et qu'on regarderait le rangement relatif des emplois d'agent de la
paix, même pendant que le gel est en cours, là, et, si, dans 8
mois, on découvre que les agents de la paix et les contrôleurs
routiers devraient avoir 1 % sur échelle de plus, on le versera.
La même chose est vraie, là, pour les autres corps d'emploi
à prédominance masculine ou féminine. Ce n'est pas
pertinent de savoir de quoi il s'agit. On va agir. Si on découvre qu'ils
sont sous-payés, on va les payer, même s'il y a un gel sur des
taux et échelles de base, ça veut dire que leur nouvelle
échelle est plus élevée qu'ils ne croyaient, ça, on
va le redresser, mais, après le redressement, ça va être
gelé. Ça va être gelé après le redressement,
pas avant.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'amendement?
Mme Carrier-Perreault: Bien, c'est parce que, moi, je regardais,
dans la loi...
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: ...on dit que, bon, les échelons
continuent de progresser selon les tarifs, et tout ça. D'après ce
que j'ai vu dans la loi, où est-ce que c'est qu'on peut voir que c'est
possible, ce genre de redressement là, qu'il y aura des redressements au
niveau de chacun des échelons? J'aimerais ça que le ministre me
donne à quel article qu'on voit ça, là.
M. Johnson: On voit ça dans les conventions collectives
qui sont prolongées. L'engagement de redressements salariaux est dans
les conventions collectives pour 1989, pour les années 1989, 1990, 1991,
prolongé, etc., là. C'est toujours la convention collective
depuis le 1er janvier 1989 qui est en vigueur, là, avec le gel de 6 mois
et la prolongation de 1 an, et la loi 102. C'est toujours la même
convention et, dans cette convention-là, on disait: II y aura des
études de relativité salariale. Quand on constatera qu'il y a un
redressement qui doit être payé, il va l'être. Boum! Alors,
c'est dans la convention, ce n'est pas dans la loi.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a...
Mme Carrier-Perreault: Oui, je comprends, mais à
partir...
Le Président (M. Bissonnet): Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: ...du moment où on adopte cette
loi-là, M. le Président, là, c'est là que je ne
comprends plus. C'est que la convention, finalement, quand on parle de la loi
qu'on a devant nous, on se trouve à geler...
M. Johnson: Non, à prolonger la convention, y compris les
dispositions qui formulent l'engagement gouvernemental de redresser les
échelles salariales au titre des relativités salariales. Alors,
donc, c'est toujours en vigueur, et ça va l'être jusqu'au 30 juin
1995.
Une voix: Ça dépend...
M. Johnson: Bien, en vertu de la loi. Madame évoquait la
loi comme allant à rencontre, comme empêchant les échelles,
comme gelant les échelles à tous les titres. Je lui dis que, dans
la convention collective, il est prévu que les échelles peuvent
être ajustées et le seront, à la hausse, suite à des
études de relativité salariale, malgré le gel.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'amendement à l'article 4? Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, merci, M. le Président.
Alors, M. le Président, j'étais convaincue que, si on
faisait le débat en plénière, c'était pour plus de
transparence, pour démontrer au public, au grand public, en fait, vers
quoi le gouvernement voulait atteindre au niveau de ses négociations
dans le domaine du secteur public et parapublic.
Mais, malheureusement, j'écoutais, depuis une
partie de la journée, les débats à la
télévision, et une bonne partie de mes collègues ont
essayé d'obtenir de la part du ministre, en fait, la date d'expiration
des conventions collectives, et il me semble que c'est peine perdue, puisque le
ministre s'entête à dire que, bon, en fait, ils ont tous leur date
d'expiration et que les syndiqués connaissent très bien leur date
d'expiration.
Mais là n'est pas le but de poser ces questions, parce qu'il y a
des incidences, en fait, selon la date d'expiration des différentes
conventions collectives. Notamment, une convention qui a été
négociée, il y a 3 semaines, et une convention qui sera
négociée ou qu'on aura à négocier d'ici la fin du
mois, c'est complètement différent parce que, il y a 3 semaines,
certaines conventions ont pu être négociées avec certains
avantages qui favorisent les conditions salariales, les clauses salariales, et,
mon doux, les nouveaux qui auront à négocier, eux, n'auront pas,
en fait, cet avantage.
Finalement, certains groupes seront gelés au plus haut, en fait,
des conventions collectives, tout à leur avantage, et j'ai en
tête, à ce moment-là, un groupe de professionnels de la
santé qui fait en sorte que ces gens-là sont... Et j'aimerais
bien savoir pourquoi le ministre a réagi de la sorte, pourquoi il a
favorisé, dans le fond, un groupe au détriment d'un autre
groupe.
M. Chevrette: M. le Président, on veut une
réponse.
Le Président (M. Bissonnet): Avez-vous compris la
question... Mme la députée, pourriez-vous reposer votre
question?
Mme Vermette: Oui. Je demandais au ministre: Pourquoi
favorise-t-il certains groupes au détriment d'autres groupes?
C'est-à-dire qu'il y a des groupes qui ont eu la chance de pouvoir
négocier il y a 3 semaines, en fait, certains avantages, des clauses
salariales qui leur étaient favorables, alors que les autres n'auront
pas cette chance et qu'ils seront gelés, en fin de compte, après
plusieurs années, en fait, de gel de salaires, où ils ont
reporté leur convention, alors qu'il y en a d'autres qui viennent juste
de négocier, il y a 3 semaines, et qui sont à la hausse. Ils sont
tous morts de rire, en fait, avec un gel.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, monsieur...
Mme Vermette: Alors, je demandais au ministre pourquoi. Pourquoi
il y a un groupe avantagé au détriment d'un autre groupe? Et
pourquoi refuse-t-il constamment de donner la date de l'expiration des
conventions?
M. Johnson: Je n'avais pas entendu la question, M. le
Président, mais je constate...
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor, vous avez la parole.
M. Johnson: Oui, merci, M. le Président.
Je n'avais pas entendu la question, mais je m'aperçois que
c'était la même que toutes les autres. Et ce que dis, c'est que la
loi prévoit que... Et ça, c'est vrai. C'était vrai pour la
prolongation, c'est vrai pour toutes les lois de cette nature-là, c'est
à compter de la date d'expiration d'une convention collective que les
dispositions s'appliquent. Or, si la convention collective était en
vigueur au moment de l'adoption de la loi, c'est à compter de
l'expiration de la convention que le gel va s'appliquer. Si la convention a
déjà pris fin, c'est à compter de cette date-là
? donc récente mais antérieure à la date
d'aujourd'hui ou de l'adoption de la loi ? que ça s'applique.
Alors, c'est comme ça. C'est la vie. C'est la loi.
Mme Vermette: Sauf que, M...
M. Johnson: Alors, j'essaie vraiment de voir comment je pourrais
répondre autrement. J'ai eu droit à la question de 8
députés différents; c'est toujours la même question,
sous différentes formes. Ça présume qu'il y a des
injustices aberrantes, mais j'aimerais qu'on me donne des exemples. On m'a dit:
À Sherbrooke, les gens ont eu 8 %, les autres vont être
gelés. Pourquoi est-ce que c'est aberrant que la ville de Sherbrooke,
librement, négocie avec ses employés et règle pour 8 %?
J'aimerais qu'on me dise pourquoi c'est aberrant? Que les contribuables de
Sherbrooke trouvent que c'est aberrant, ça, c'est une chose, mais ils
vont se reprendre, parce que, quand la convention va prendre fin, les
employés de Sherbrooke, si la ville de Sherbrooke veut se soumettre
à la loi, si elle désire le faire, elle va geler ses
employés pour 2 ans.
Mais disons, si je comprends bien, que, si elle est prête à
donner 8 % pendant que l'économie est dans l'état où elle
est, ce n'est pas évident que c'est une ville... Enfin, je ne veux pas
présumer. Il y a peut-être du rattrapage là-dedans, je n'en
sais rien. Il y a peut-être du rattrapage. Il y a peut-être du
rattrapage. S'il n'y a pas de rattrapage... Écoutez, les élus
municipaux de Sherbrooke prendront leurs responsabilités. S'ils veulent
se servir de la loi, ils s'en serviront; s'ils ne veulent pas s'en servir, ils
ne s'en serviront pas. Alors, que la députée vienne nous
expliquer pourquoi c'est aberrant, tout ça.
Mme Vermette: M. le Président, ce que je trouve
aberrant...
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Marie-Victorin. Un instant, je vais vous donner la parole.
Mme Vermette: Oui. Ce que je trouve aberrant, M. le
Président, c'est que, dans certains cas, notamment en ce qui concerne
les professionnels de la santé, en fait, ils ont eu la chance de pouvoir
négocier. Il faut croire que certaines personnes ont la vie plus rose
que
d'autres ou plus facile que d'autres. Et, dans une période de
récession, vous savez, c'est malheureux de favoriser ceux qui ont
déjà des avantages salariaux assez élevés au
détriment d'autres catégories aussi de salariés. Et c'est
ce que je dis au ministre actuellement: Pourquoi, alors, aller dans ce
sens-là? Pourquoi, en fait, certains seront pénalisés
pendant que d'autres ont eu la chance? Et, notamment, si on fait
référence aux professionnels de la santé, ceux-ci ont eu
la chance de pouvoir augmenter leurs conditions salariales. Parce qu'il y a eu
des coupures dans le système de santé: on a voulu couper les
mammographies aux femmes, on a voulu couper les soins dentaires chez les jeunes
et les soins pour les yeux, les examens de la vue. Et tout ça, ça
a favorisé, dans le fond, une meilleure négociation pour les
médecins, les professionnels de la santé. (20 h 50)
Et puis, là, ce qui nous fait peur un peu, c'est: Est-ce qu'on va
faire le même scénario avec d'autres groupes, en fait, à
l'intérieur de la fonction publique? Ça aussi, ça nous
inquiète grandement, parce que, ce qu'on est en train de troquer, dans
le fond, c'est la qualité des services de santé pour des
conditions salariales, et au détriment d'un groupe plutôt qu'un
autre groupe. Et ça, c'est des questions qui demandent tout de
même des réponses, M. le Président, parce que c'est
l'ensemble de la population qui va en faire les frais, dans le fond, de ces
réponses que le ministre tarde à nous donner. Et il n'a pas, en
fait, de réponses à nous donner pour le moment, puisqu'il nous
dit qu'il négocie. Et on ne sait pas vers quoi il négocie, mais
il veut nous faire entériner un projet de loi dont on ne connaît
pas les aboutissements. Ça, on trouve ça tout à fait
regrettable et inacceptable, et ce n'est pas possible, quant à nous, de
souscrire à des conditions dont on ne connaît pas les issues.
Alors, on demande au ministre s'il est capable, en fait, par respect
pour l'ensemble de la population et par respect pour l'ensemble des gens qui
auront à subir ces conventions, de nous dire quelles sont les dates
d'expiration de l'ensemble des conventions collectives. C'est que les
instruments importants, dans ces négociations, qu'on essaie d'atteindre,
M. le Président... Il semblerait, en tout cas, que les
négociations, même si elles sont en cours, sont très
lentes, et les résultats se font attendre énormément
aussi. On aimerait bien savoir, de la part du ministre, pourquoi, pourquoi il
résiste à ce point, en fait, lui qui dépense autant
d'argent pour que tous ces débats soient faits en
plénière. C'est des sommes d'argent considérables, M. le
Président. Alors, pourquoi n'y va-t-il pas plus rapidement, et pourquoi
ne répond-il pas aux questions de l'Opposition? C'est beaucoup d'argent
qu'il gaspille, à l'heure actuelle. On aurait pu aller en commission
parlementaire, ça aurait été beaucoup moins coûteux,
en fait, pour la population.
Le ministre nous disait: Bon, bien, écoutez, c'est la vie, puis
il y en a qui doivent faire les frais pour d'autres, puis il y en a qui sont
plus privilégiés que d'autres. Mais je comprends que le ministre
peut parler de la sorte quand, lui, en fait... Aujourd'hui, au bulletin de
nouvelles, on nous disait que ses frais de déménagement ont
coûté 3 000 000 $, M. le Président. N'y a-t-il pas lieu de
regarder là et de faire des économies à ce
niveau-là, M. le Président? Il me semble qu'il y aurait une
possibilité là. Quand on parle aussi de la ministre de
l'Énergie et des Ressources, qui paie 180 000 $ pour faire des discours,
M. le Président, à un moment donné, je pense qu'on
pourrait aussi s'interroger sur... N'y aurait-il pas lieu, là aussi, de
faire des coupures, M. le Président?
Je pense qu'en quelque part, quand le ministre nous dit qu'il y en a qui
ont la vie plus facile que d'autres, effectivement, on s'en rend compte de ce
côté-ci de la Chambre, et la population aussi commence à
s'en rendre compte, M. le Président. Mais on aimerait bien que le
ministre, vu qu'il veut profiter, dans le fond, du temps d'antenne avec cette
plénière, au moins, il essaie d'économiser du temps, de
l'argent et de l'énergie en répondant à nos questions.
Une des principales questions, quant à nous, est de savoir quelle
est la date d'expiration des conventions collectives, parce que c'est
très, très important. Écoutez, là, l'ensemble des
Québécois viennent de s'en faire passer une vite avec une loi
rétroactive sur les impôts, parce que là, à partir
de juin... Ils n'avaient pas planifié ça, déjà.
Là, on arrive avec d'autres dates au niveau de leur convention
collective, au niveau des dates d'expiration. Parce qu'il faut qu'ils
prévoient en quelque part. Us sont tellement coupés par les
budgets, maintenant, qu'il faudrait bien qu'ils commencent à faire de la
planification budgétaire, familiale pour arriver.
Je pense que, là, on sait que le gouvernement, des fois, manque
de planification au niveau de la planification d'un budget, mais ce n'est pas
l'ensemble des familles québécoises qui n'ont pas cette notion de
planification. Donc, on demanderait de la collaboration de la part du ministre,
si c'était possible, en fait, M. le Président. On espère
que le ministre va obtempérer, et qu'il va répondre à nos
questions.
Alors, je ne sais pas si le ministre aurait des réponses à
nous donner. Est-ce qu'il est prêt à regarder ou, en tout cas,
à favoriser, dans le fond, que des gens qui sont vraiment des plus
petits salariés que d'autres puissent bénéficier des
mêmes avantages et qu'on ne les gèle pas à un degré
tel que, finalement, ils ne pourront plus bouger, ils ne pourront plus rien
faire, M. le Président?
Le Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée.
M. le président du Conseil du trésor, la parole est
à vous.
M. Johnson: M. le Président, oui, il y a une confusion qui
persiste là. L'État, comme employeur, n'a pas à faire de
la redistribution de revenus. Pourquoi est-ce que l'État
québécois, comme employeur, plutôt
qu'une PME, plutôt qu'une grosse, une petite ou une moyenne
entreprise, syndiquée ou pas, devrait, dans sa politique salariale, se
demander comment redistribuer la richesse? C'est le gouvernement qui fait
ça par ses programmes sociaux et sa fiscalité.
Ça, c'est le b.a.-ba, là, à mon sens, qu'on doit
maîtriser quand on veut faire des interventions qui prétendent que
le gouvernement est un redistributeur de richesse. La question et la
réponse, c'est: Oui, là, mais comment le fait-on? On a choisi de
le faire par la fiscalité, les allocations familiales et les seuils
d'imposition nulle. Enfin, il y a un tas de choses qu'on peut faire et qu'on a
fait, qui assurent justement que les préoccupations que la
députée a énoncées, que je partage, puissent
être réglées, qu'on puisse s'y adresser.
Donc, comme employeur, par ailleurs, on doit tenir compte de la
réalité du marché. La réalité du
marché, c'est que nos revenus ne sont plus là, parce qu'il y a du
chômage et des gens sur l'aide sociale. En conséquence, il n'y a
pas de revenus pour des augmentations de salaires. Il n'y en a pour personne,
et, dans la structure de nos emplois, on croit que les emplois sont bien
logés les uns par rapport aux autres. On croit que les écarts
entre les différentes classes d'emploi ont, au fil des ans,
été bien logés ou rangés les uns par rapport aux
autres. Alors, de dire, parce qu'il y a une crise économique, qu'on doit
rétrécir l'écart entre les hauts et les bas
salariés d'un employeur, qui est le gouvernement, là, moi, je
n'en suis plus.
De dire qu'on doive assurer le soutien à la famille par la
fiscalité et les allocations, ça, j'en suis, et qu'on doive taxer
et surtaxer à 5 % ou 10 % de l'impôt payable les gens à
hauts revenus, ça, j'en suis aussi. C'est ça qu'on fait. Alors,
les gens à 60 000 $, globalement, peu importe où ils travaillent,
paient des impôts x ou y, selon leur niveau de revenus. Les gens à
24 500 $, les couples avec enfants, n'en paient pas, d'impôt sur le
revenu des particuliers au Québec. Alors, dans ce sens-là, on
n'affecte pas du tout, comme employeur, les mécanismes de redistribution
de richesse, pas du tout, là. Ça, c'est la première chose,
là.
La deuxième, moi, j'ai entendu que la députée a
parlé du déménagement du Conseil du trésor. Je
pensais que c'était un mythe, ça, qui était mort, celui du
déménagement et de son gaspillage éhonté de fonds
publics ou je ne sais trop quelle expression la députée a
employée. Ça devait coûter 3 200 000 $, ça a
coûté 2 700 000 $. J'ai entendu à Radio-Canada cette
semaine que, supposément, ça va coûter 10 000 000 $. Je ne
sais pas où ils ont pris ça, là. Ils sont incapables de
nous le dire. Alors, ça a coûté à peu près 15
% à 20 % de moins que le budget qui était prévu.
Deuxièmement, j'ai soumis ici, en Chambre, le 24 mars, en
conférence de presse, tous les documents qui démontrent que, au
point de vue des économies que nous réalisons, c'est une
opération extrêmement rentable pour le gouvernement. Et je
souhaite simplement, moi, que l'ensemble des ministères et organismes
déménagent dans les locaux, qu'ils consacrent le même
nombre de pieds carrés par employé et par fonction que ce qu'on a
fait. Il va y avoir des économies qui vont se chiffrer par dizaines de
millions de dollars si, au fur et à mesure que les baux prennent fin et
que les réorganisations administratives se font, les gens
emménagent ou se réaménagent dans des espaces plus petits
comme ceux que j'occupe maintenant avec mes collaborateurs du Conseil du
trésor.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le président
du Conseil du trésor.
M. le député de
Rouyn-Noranda?Témiscamin-gue...
M. Johnson: Montmorency. Ah! excusez.
Le Président (M. Bissonnet): ...et vice-président
de la commission des institutions. M. le député, la parole est
à vous.
M. Trudel: Merci, M. le Président, de bien désigner
le comté et la population que je représente à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, oui, il faut absolument poser quelques questions
autour de l'amendement à l'article 4 qui est proposé, parce que
ça représente, M. le Président, en fait, toutes les
ententes se sont passées dernièrement avec la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec et la Fédération des médecins omnipraticiens
et que, à cet égard, les mots d'équité que l'on
retrouve souvent dans la bouche du président du Conseil du trésor
nous semblent ici, à moins d'éclaircissements à cet
égard, très, très, très clairs, justement. Ce n'est
pas évident, au premier abord, que tout le monde est traité sur
le même pied chez les professionnels ou chez les différents corps
de métiers qui sont liés par convention ou par entente avec le
gouvernement et ses organismes ou encore les municipalités. (21
heures)
Mais, enfin, prenons le cas de l'État, du secteur public et du
secteur parapublic et des organismes qui sont rattachés au gouvernement.
L'article, l'amendement, donc, vise à remplacer les mots «en vertu
de l'article 19 et de l'article 19.1 de la Loi sur l'assurance maladie»
par tous ceux qui sont concernés par cet article décrit à
la sous-section 3 que sont les professionnels de la santé. Quand on
retourne, donc, au texte de l'article 28, qui est le premier article de cette
sous-section, on voit que ça s'adresse à ces
fédérations de médecins spécialistes.
En fait, le gel va concerner, «est relatif à toute entente
qui renouvelle ou remplace une telle entente. Les montants et objectifs
tarifaires généraux applicables aux médecins
spécialistes, aux médecins omnipraticiens, aux
optométristes, aux tarifs applicables pour la fourniture de services
suivant cette loi ? les différents services que fournissent les
professionnels ? sont donc réduits de 1 %, à compter du 1er
décembre 1993, et ils ne peuvent ensuite être majorés avant
le 1er décembre
1995». Le président du Conseil du trésor va devoir
nous expliquer où il retrouve l'équité par rapport
à l'ensemble des salariés du secteur public et parapublic quand,
par ailleurs, on se rapporte à l'entente, à l'accord-cadre. Parce
qu'il ne s'agit pas des textes de l'entente, à l'ac-cord-cadre, avec, en
particulier, les médecins spécialistes du Québec.
La question qu'on se pose immédiatement, lorsqu'on regarde les
termes de l'entente des médecins spécialistes avec l'État,
eu égard aux dispositions de l'article 28 qui vise à être
couvert par cet article 4 dans le projet de loi, on s'aperçoit qu'on
s'est peut-être ? et il faudrait que le président du Conseil
du trésor nous le dise ? on s'est peut-être
négocié des conditions particulières. Par exemple,
regardons ça de façon très précise, pour illustrer
ce que cela peut vouloir dire. D'abord, on s'est entendu, à la mi-avril,
avec les médecins spécialistes, pour rédiger un accord,
rédiger des textes qui vont prolonger l'accord-cadre du 22
décembre 1986. Et là, on voit bien les précautions qui ont
été prises pour, éventuellement, ne pas se faire prendre
dans une espèce de guet-apens en termes de contradiction dans les
ententes qui ont été passées.
Voyez, la première disposition de type salarial sur la
rémunération, sur laquelle on s'était entendu avec la
Fédération des médecins spécialistes, c'est de dire
qu'il y a de nouveaux objectifs tarifaires qui vont entrer dans le
système, portant sur les périodes suivantes: du 1er
décembre 1992 au 30 novembre 1993. Recul à l'arrière dans
les ententes qui existaient et qui étaient échues. Alors,
là, on s'entend pour dire: On va aller faire de la
récupération sur cette période débutant le 1er
décembre 1992. alors, regardez, du 1er décembre 1992 au 30
novembre 1993, l'objectif tarifaire est porté à 186 969 $. on
ouvre la parenthèse, et ça, c'est la résultante d'une
hausse de 7,3 %, comprenant 3 % qui était prévu
déjà au 1er décembre 1992: 1 %, le 1er septembre 1993, 1
%, le 1er septembre 1993 ? les gens que vous avez rencontrés ce
soir, je ne sais pas s'ils ont pu négocier 1 %, eux autres ? et,
3,2 % à titre de productivité réelle. bon. ça,
c'est l'objectif.
La disposition suivante ? et c'est ça que doit nous
expliquer le président du Conseil du trésor ? la disposition
suivante, ça dit tout simplement: Cependant, du 1er décembre 1993
au 30 novembre 1995, là, il n'y aura aucune hausse de l'objectif
tarifaire conformément à la politique de
rémunération du gouvernement. Bien, je comprends, on s'est
payé avant.
Une voix: Bien non!
M. Trudel: Bien, je comprends, on s'est payé avant.
Une voix: Bien non!
M. Trudel: Alors, est-ce qu'il y a, en termes
d'équité...
M. Johnson: Bien non. Il fait exprès pour ne pas
comprendre.
Le Président (M. Bissonnet): Un instant! S'il vous
plaît! M. le ministre, vous allez avoir la parole tantôt pour
répondre. M. le député, si vous voulez poursuivre.
Ça s'applique sur les 2 côtés, M. le député.
M. le député, si vous voulez poursuivre.
Des voix: ...
Le Président (M. Bissonnet): Alors, si vous voulez vous
parler, je vais suspendre. Vous allez vous parler tous les 2 parce que moi, je
ne peux pas...
M. Chevrette: Non, non, non. Faites pas ça. Faites-vous
respecter.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez poursuivre,
s'il vous plaît, M. le député.
M. Trudel: Je vous ferai remarquer, M. le Président, que
je n'étais pas dans les 2 qui parlaient en même temps, hein!
Le Président (M. Bissonnet): Ne soyez pas inquiet.
M. Chevrette: Non, non. C'était moi, puis je vais
continuer s'il continue.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! M. le
député.
M. Trudel: alors, m. le président, le ministre va avoir
à expliquer les dispositions des 2 premiers paragraphes.
c'est-à-dire que ces gens-là, en toute bonne foi, puisque
d'autres dispositions des articles 360 à 366 de la loi sur la
santé et les services sociaux faisaient obligation de négocier de
nouvelles conditions de travail, en quelque sorte, et qui devaient concerner en
particulier la répartition des effectifs médicaux à
travers le québec... tout cela s'est transformé en des
négociations de type salarial. bien, enfin, il y a des dispositions qui
apparaissent ici très clairement et qui font partie du texte de
l'accord-cadre, où on dit: du 1er décembre 1992 au 30 novembre
1993, l'objectif tarifaire est porté à 186 000 $ pour les
spécialistes, et ça, c'est une hausse de 7,3 %, qui inclut
l'augmentation qui avait été prévue à fex-entente
pour le 1er décembre 1992, mais c'est 1 % le 1er septembre 1993 et 3,2 %
à titre de productivité réelle qui auraient
été obtenus.
Alors, la question qui se pose en relation avec l'amendement à
l'article 4 pour cette catégorie de professionnels de la santé,
c'est: Pourquoi y a-t-il deux poids, deux mesures, dans le traitement d'un
certain nombre de professionnels de la santé? Et là, il faut
être capable d'expliquer ça aux infirmières auxiliaires. Il
faut être capable d'expliquer ça aux infirmières. Il faut
être
capable d'expliquer ça aux préposés dans les
hôpitaux au Québec, qui, eux, c'est très clair, c'est la
pratique du rouleau compresseur. Tout le monde se fait appliquer la même
mesure, la même médecine, c'est le cas de le dire. On ne peut pas
blâmer, par ailleurs, le président et la Fédération
des médecins spécialistes du Québec d'avoir
négocié une bonne entente. C'est l'habileté du
négociateur et la capacité de négociation des
représentants qui ont amené ce résultat. Et, aujourd'hui,
on va tenter de faire accroire que c'est l'équité en mesure
d'application d'une certaine compression. alors, que le président du
conseil du trésor essaie de nous mettre un peu de logique
là-dedans, si tant est qu'il y en ait, et, deuxièmement, qu'il
explique pourquoi on a permis, il y a à peine plus de 30 jours, à
des professionnels de renégocier, en quelque sorte, leurs conditions
salariales, leurs conditions de rémunération, et que ça
n'a pas été la même chose pour tout le monde. si on en
croit les dernières indications, ce n'est pas ce que peuvent faire
actuellement les représentants des différents syndicats avec le
président du conseil du trésor. et ça, on ne peut pas
accepter que, dans une loi, on vienne confirmer une façon d'être
autrement avec certains groupes de professionnels parce qu'il y aurait d'autres
intérêts, dont j'ignore la nature, qui seraient en cause. alors,
à cet égard-là, que le ministre nous explique les 7,3 %,
par rapport aux autres catégories de syndiqués.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. le président
du Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Ça vaut la peine
d'être réécouté et réentendu, ce que l'ancien
recteur de l'Université du Québec à Rouyn-Noranda vient de
dire pour qu'on comprenne le désespoir dans lequel les doyens devaient
être à l'époque. C'est absolument extraordinaire. Il refuse
d'accepter ou de comprendre ? je ne sais pas ce qui est le plus charitable
des deux ? que les spécialistes sont décalés de S
mois par rapport aux conventions collectives du secteur public depuis des
années, et que, deuxièmement, les chiffres dont il fait
état sont composés de différents éléments
qui lui ont été expliqués nombre de fois par mon
collègue de la Santé, qui lui a transmis des copies, qui lui a
transmis des résumés, qui lui a dit en Chambre, et il l'a
probablement dit en commission à un moment donné, et ça
porte tout le temps sur la même chose... Je le réexplique, je vais
le dire une dernière fois. Peut-être pas une dernière fois.
Je veux dire une dernière fois ce soir, j'espère, mais pas une
dernière fois au député. Il va le demander à
quelqu'un d'autre, parce que, moi, je ne lui répondrai pas 50 fois sur
la même chose. Ça n'a plus de bon sens, rire du monde comme
ça, là...
M. Trudel: Un fois, ça va être clair.
M. Johnson: Rire du monde comme ça, là... (21 h
10)
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, M. le
député, vous pourrez revenir après.
M. Johnson: les 3 %, savez-vous de quoi c'est composé,
là, la rémunération qui est versée depuis le 1er
juin aux spécialistes, qui, au net, est de 3,3 % ? 3 %? c'est les 3
% que les gens ont eus en juillet l'an dernier. c'est 5 mois plus tard; ils
auraient dû les avoir et ils ne les ont pas eus. le 1er avril, le 1 % qui
était versé à tout le monde, ils ne l'ont pas eu; ils
devaient l'avoir le 1er septembre prochain, 5 mois plus tard ? 3 % plus 1
%, ça fait 4 %. ensuite, la formule de gains de productivité
négociée il y a belle lurette, au moins 7 ou 8 ans, facilement,
avec les spécialistes, pourvoit, compte tenu de leur profil de pratique,
à des gains identifiés de 3,3 %. là, 3 % plus 1 % plus 3,3
%, ça fait 7,3 %. il y a eu un dépassement tarifaire de 4,3 %
chez les spécialistes; on a soustrait ça des 7,3 %; donc c'est 3
% au 1er juin. c'est simple comme ça. ce sont les paramètres du
secteur public: les 3 % que tout le monde a eus, le 1 % que tout le monde a eu,
et la formule qui a été négociée avec eux il y a
très longtemps, sur les gains de productivité, à cause du
profil de pratique, de la nature des actes, etc., qui a dégagé
une masse de 3,3 %. on additionne tout ça, on soustrait le
dépassement tarifaire, ça donne 3 %. plus que ça, on s'est
gardé 1,5%. dans le fond, on les a payés 6 mois plus tard qu'on
aurait dû, ces 3 % là. donc, ils nous coûtent, en
déboursés, 1,5 %, et ça nous permet, d'ici quelques mois,
de voir comment, effectivement, le comportement au point de vue de l'objectif
tarifaire va créer un dépassement ou pas. et on aura donc une
réserve, là, pour venir compenser s'il y avait un
dépassement additionnel.
Alors, c'est parfaitement, logiquement et intrinsèquement les
paramètres du secteur public. Ça a été
expliqué je ne sais pas combien de fois au recteur, qui refuse de
comprendre. Moi, je pense qu'il refuse de comprendre, cet homme-là,
parce que je pense qu'il est intelligent, parce que je me souviens...
M. Léonard: ...
M. Johnson: Non, non, mais je me souviens... Non, c'est vrai. Je
dis qu'il est intelligent. Bon. Le député de Labelle n'est pas
d'accord; je prends acte.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: On se souvient de la façon dont le
député de Rouyn-Noranda a vilipendé son collègue de
Montmorency. Il avait raison. Il avait raison, je pense, de rappeler à
l'ordre son collègue de Montmorency, et je l'en ai
félicité, d'ailleurs. J'ai eu l'occasion de le faire, et je le
lui ai signalé, et je réitère, je dirais, ma
reconnaissance de ce trait de caractère chez lui, qui est à son
avantage. Mais, pour le reste, venir demander une huitième fois,
à 4 reprises, en 11 minutes, d'expliquer ce qui se passe avec les
spécialistes, il faut le faire!
j'ajoute que le moins 1 % aussi est dans le portrait, les 12 000 000 $;
une tentative d'identifier des gains, encore une fois, par profil de pratique,
de 12 000 000 $, qui représentent 1 % des 1 200 000 000 $ de la facture
des spécialistes est en marche, en bonne marche, avec ces
médecins. alors, je veux bien qu'on hurle... enfin, on prétend
qu'il y a de l'injustice, de l'iniquité, etc. c'est carrément
faux, m. le président. je pensais que le ministre de la santé et
des services sociaux l'avait démontré. moi, en tout cas, je
trouve qu'il l'avait démontré. le député de
rouyn-noranda ne trouvait pas ça. alors, j'espère que mon
explication a été aussi claire que celle de mon
collègue.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez poursuivre.
Avez-vous d'autres questions?
M. Trudel: Bien certainement qu'il faut avoir d'autres questions
parce que, avec des comportements aussi arrogants et des remarques tout aussi
déplacées, on peut comprendre pourquoi Power Corporation s'en est
débarrassé, d'ailleurs. Et on comprend facilement pourquoi Power
Corporation n'en voulait plus là. Là, on surveille les courbes de
croissance, et depuis qu'il est parti de Power Corporation, c'est inversement
proportionnel au gouvernement du Québec. Au gouvernement du
Québec, les déficits se sont mis à augmenter depuis qu'il
est en responsabilité au Conseil du trésor et, si on les
additionne, là, on va en ramasser un bon paquet. Et ne vous
inquiétez pas, pour les gens qui auront à faire leur x quelque
part, il vont additionner eux autres aussi le nombre de déficits et ils
vont voir d'où vous venez aussi, et ils vont regarder, et ils vont
trouver que Power Corporation a fait un très bon geste. Il a
augmenté ses facteurs de productivité et son facteur de
compétitivité en nous débarassant un peu de ça.
Une voix: Quand on crache en l'air, ça retombe.
M. Trudel: Alors, au-delà de ces remarques qui ont
été provoquées par le président du Conseil du
trésor, il va falloir qu'il nous explique, si ça ne change rien
et si ça suit les paramètres qui avaient été
donnés pour tout le secteur public, pourquoi cette entente-là va
coûter 35 000 000 $ de plus. Puisque tout ça était dans les
paramètres de la politique, dit-il, gouvernementale, pourquoi les
différentes dispositions de l'entente à ce chapitre,
évidemment, de la rémunération et des
éléments connexes, pourquoi on conclut d'abord que ça va
coûter 35 000 000 $ de plus? Ça n'avait pas été
escompté. Ça n'avait pas été prévu. On
n'avait pas indiqué, dans les prévisions budgétaires, que
ça coûterait 35 000 000 $ de plus. C'est curieux qu'on dise qu'on
va tout simplement porter à l'écrit les conditions qui
prévalent et qui étaient 5 mois en retard sur le renouvellement
et le cycle général des autres conventions, et que, juste de
répéter le cycle et de l'ajuster aux 5 mois, ça
coûte 35 000 000 $. Eh bien, dites donc! De réécrire et de
réajuster le cycle ça coûte 35 000 000 $. Bien, là,
on comprend pourquoi on se ramasse à 5 000 000 000 $ de déficit
près et qu'on se trompe dans les déficits à chaque
année, puisque c'est la façon dont on arrive à
établir les calculs. Il n'y a rien de changé, mais la
différence, c'est 35 000 000 $ de plus!
Encore une fois, je ne blâme pas les professionnels de la
santé, qui ont négocié bien adroitement. Les journalistes
de l'actualité médicale ont fait de longs commentaires
là-dessus en disant: Ah, cette catégorie de professionnels de la
santé a très bien négocié. Ils ont réussi
à passer par-dessus, et surtout, ils ont réussi à
accomplir un certain geste de complicité avec le gouvernement. Par
ailleurs, tout ça, sur les dépassements... Et c'est dans ce
sens-là que le président du Conseil du trésor doit nous
justifier pourquoi, à cet égard-là, il les inclut,
à l'article 28, dans l'économie générale du projet
de loi, puisque, de toute façon, ces gens-là se conformeraient
à la politique du gouvernement eu égard à ses... Mais
pourquoi ça coûte 35 000 000 $ de plus? Pourquoi ça
coûte 35 000 000 $ de plus, cette entente? Et c'est bien les textes qui
nous ont été remis. On peut le lire intégralement dans le
texte qui nous a été remis, des différentes dispositions:
«L'accord de principe ? parce que ça reste à
être signé ? intervenu entre les parties négociantes
représente un coût récurrent de 35 000 000 $ par
année.» Comment ça se fait qu'on arrive à ce
résultat là?
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: je viens de comprendre que le député
veut qu'on lui explique un document qu'il a entre les mains. il feignait tout
ce temps-là de ne pas avoir ça entre les mains, de ne pas
comprendre les tenants et aboutissants, et, dans le fond, il est en train de le
feuilleter. il sait ça, qu'ils sont en retard de 5 mois, depuis
toujours, et il sait exactement d'où viennent les chiffres qu'il nous a
décrits, que c'est les 3 % du secteur public, que c'est le 1 %. et
là, il vient d'avouer, sans faire exprès, que les
spécialistes sont touchés par la loi 102 et doivent donc trouver
une économie de 1 % à la baisse. alors, je cherche vraiment
l'objet de son inquiétude.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue.
M. Trudel: Alors, M. le Président, qu'il ne s'occupe pas
de mes inquiétudes et qu'il s'occupe des questions qu'on lui pose.
Comment se fait-il, M. le Président, qu'il ait affirmé, dans la
première partie de sa réponse, qu'il n'y avait rien de
changé par rapport aux paramètres de rémunération
prévus par le gouvernement dans la politique salariale des
différents corps de professionnels et de métiers au gouvernement,
et que, par ailleurs, le propre texte de la négociation avec les
médecins spécialistes en arrive à dire que cet accord de
principe coûte 35 000 000 $ de plus? Bon. De plus que quoi? De plus que
ce qui avait été établi...
M. Johnson: Par qui? Quelle date?
M. Trudel: ...et de ce qui existait dans les ententes... (21 h
20)
M. Johnson: Bien oui, mais, évidemment...
M. Trudel: ...et qui prévoyait les différentes
dispositions, dit-il lui-même, de la politique salariale du gouvernement
du Québec. Si ça coûte 35 000 000 $ de plus, qu'est-ce
qu'il y a de changé? Y a-t-il quelque chose qui dépasse la
politique salariale, quelque part, puisqu'on en conclut que l'accord de
principe intervenu entre les parties négociantes représente un
coût récurrent supplémentaire de 35 000 000 $ par
année? Alors, on n'avait pas escompté ces... Dans les
prévisions budgétaires, dans les crédits? On n'avait pas
escompté les conditions réelles? On les avait cachées? On
les avait sous-estimées ou bien donc... C'est assez clair, M. le
Président, c'est pour ça qu'il faut avoir l'explication: Pourquoi
ça coûte 35 000 000 $ de plus et si c'est à
l'intérieur de la politique salariale du gouvernement du
Québec?
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. le président
du Conseil du trésor.
M. Johnson: oui. m. le président, quand on dit que quelque
chose coûte 35 000 000 $ de plus, c'est un énoncé
comparatif. j'ai demandé: de plus que quoi? 35 000 000 $, pendant quelle
période? de plus que quel montant? pendant quelle période? est-ce
qu'on pourrait me dire de quoi il s'agit «de plus»?. j'ai dit: de
plus que quoi? bien, il dit: de plus, de plus. j'aimerais savoir. qu'est-ce que
c'est le chiffre, comparé avec quel chiffre? comme ça, on va
savoir de quoi on parle, parce que là, vraiment, je suis incapable de le
savoir. ou bien c'est l'évolution de la masse salariale, sur une base
annuelle, de ce que les spécialistes reçoivent, auquel cas... il
n'y a pas de miracle là-dedans. la masse salariale est de 1 200 000 000
$, et l'augmentation sur échelle est de 3 %. alors, ça fait 36
000 000 $ de plus; il n'y a aucun doute dans mon esprit. on ne devrait pas
s'étonner de ça. c'est suivi, à partir du 1er
décembre, d'un gel de 2 ans et d'une récupération de 1 % -
12 000 000 $. ou alors, c'est 37 000 000 $ de plus que les prévisions,
auquel cas c'est un dépassement de l'objectif tarifaire. il est
automatiquement récupéré à la fin de la
période. alors, j'aimerais qu'on me dise de quoi il s'agit, parce que,
vraiment, je suis incapable de me scandaliser... pour le moment, en tout cas.
quand on m'expliquera, peut-être... mais là, je ne saisis pas
très bien de quels 37 000 000 $ il est question dans la question du
député.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue, il vous reste encore du temps.
M. Trudel: 35 000 000 $ supplémentaires entre le 1er
décembre 1992 et le 30 novembre 1993.
M. Johnson: Par rapport à...
M. Trudel: Par rapport... Cette entente-là, par rapport
à ce qui était... L'entente du 22 décembre 1986, qui
n'avait jamais été modifiée, qui se poursuivait...
M. Johnson: C'est 3 % de plus.
M. Trudel ...qui se poursuivait. là, on dit: mais qui se
poursuivait dans les paramètres. il y a eu des changements dans les
ententes depuis le 22 décembre 1986. voyons donc! on suivait la
politique émise par le gouvernement. il y avait les composantes qui
suivaient les différentes indications, les différentes positions
du gouvernement en matière de rémunération et en
matière de rémunération des actes réalisés
par ces individus. dans ce sens-là, on renégocie pour une
période spécifique, de décembre 1992 à novembre
1993. là, on dit: tout ça va coûter 35 000 000 $ de plus.
pourtant, on est toujours à l'intérieur de la politique salariale
du gouvernement. alors, est-ce que c'est une augmentation du nombre d'actes,
est-ce que c'est une augmentation... on a vu la composante de l'augmentation de
7,3 %, et ce qu'on se dit, c'est... comme à la fin, le deuxième
dispositif de l'article a) de cette entente-là dit que, quand tout cela
sera fait, le 1er décembre 1993, on va entrer, tel que le dit le projet
de loi ici, dans la nouvelle politique de rémunération du
gouvernement, au sens restrictif. on dit: bon, bien, ça, il faut que ce
soit inclus. il y a 7,3 % de plus qui auraient dû être, nous
dit-on, à l'intérieur des paramètres
généralement observés pour tous les autres employés
des autres catégories de professionnels. alors, c'est 35 000 000 $ par
rapport à cette période-là.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Bien, de toute évidence, si les
réponses que j'ai apportées ne satisfont pas le
député, je devrai prendre avis, pour voir si je ne peux pas le
formuler différemment, parce que j'ai épuisé ?
à la lumière de ce qu'il nous décrit ? les
réponses que je peux donner. Soit qu'il est en train de confondre
l'évolution de la masse salariale d'une année à l'autre,
avec un dépassement tarifaire, ou alors, qu'il oublie que le
dépassement tarifaire en cause est nécessairement pris en compte
et compensé lorsqu'on détermine les augmentations à
l'acte, de l'objectif tarifaire nouveau. Je n'en sais rien, là. Moi, je
trouve que ça a manqué de précision. Alors, ça ne
me permet pas, au-delà de ce que je dis, d'apporter une réponse
qui semble satisfaire. Alors, je vais prendre avis, et, à la prochaine
séance, quand on reviendra, je donnerai réponse.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
président.
M. Johnson: Je vérifierai également si mon
collègue ne lui a pas déjà donné la réponse.
Ça, ça serait intéressant.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Duplessis, la parole est à vous.
M. Perron: Alors, merci, M. le Président. De ce
côté-ci de la Chambre, je crois que nous sommes très
conscients, comme d'ailleurs l'ensemble de nos concitoyens et concitoyennes du
Québec, que le gouvernement a des problèmes financiers.
D'ailleurs, on a remarqué que, lors du dernier budget du ministre des
Finances, le gouvernement s'est chargé, encore une fois, d'aller
récupérer de l'argent auprès de nos concitoyens,
concitoyennes, par le biais de taxes ou de tout autre prélèvement
qui aurait pu être fait dans l'ensemble des opérations même
des sociétés d'État.
M. le Président, les problèmes financiers du gouvernement
ne sont pas dus seulement à la récession économique.
Lorsqu'on regarde la façon dont les programmes du gouvernement sont
préparés et sont mis en place dans chacune des régions du
Québec, on se rend compte que, oui, effectivement, il y a des grappes
qui sont annoncées, mais le problème, c'est que les grappes n'ont
pas de raisins et qu'on ne peut pas faire grand-chose avec des grappes qui
n'ont pas de raisins dedans, parce que, là, la semence n'est pas
forte.
C'est ce qui nous arrive dans l'ensemble des régions du
Québec, en particulier, sur la Côte-Nord, dans l'est ou dans
l'ouest. Qu'on regarde n'importe quelle région, il n'y a personne qui
est satisfait des activités gouvernementales pour aider au
développement régional. Le fait que le gouvernement n'ait pas de
politique de création d'emplois, on se ramasse avec des situations comme
celles que nous avons actuellement. Puis le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie, il peut en rire tant qu'il voudra. Ça,
ça ne me dérange pas. Puis, s'il n'est pas content d'être
ici, il s'en ira aux caisses d'entraide économique. Vous savez ce que
c'est?
Alors, M. le Président, M. le Président...
Une voix: ...
M. Perron: Non, non, on ne parle pas de la même chose.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Perron: Et, si vous voulez parler, M. le député
de Papineau...
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Perron: ...allez vous asseoir à votre place, parlez,
puis ouvrez-vous la trappe. Ne faites pas comme vous faites là,
actuellement.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! M. le
député. Si vous voulez vous adresser à la
présidence, je vous écoute avec...
M. Perron: J'ai écouté tout le monde...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député.
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Perron: M. le Président, j'ai écouté tout
le monde. Qu'il aille s'asseoir et qu'il nous sacre la paix.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! M. le
député de Papineau, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le député, si vous voulez vous adresser
à la présidence. Je demanderais de l'ordre à tous les
députés, ici, dans cette salle. M. le député, si
vous voulez poursuivre votre intervention.
M. Perron: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Papineau, s'il vous plaît!
M. Perron: Lorsque que je me suis adressé... Lorsque les
autres députés, incluant le président du Conseil du
trésor, se sont adressés à cette Chambre, lors de cette
commission plénière, je n'ai pas dit un mot. La même chose
pour mes autres collègues qui se sont adressés devant vous, dans
cette Chambre. Alors, qu'on me foute la paix, et, en particulier, le
député de Papineau.
Une voix: As-tu mangé de l'ours, ce soir?
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! Si
vous voulez poursuivre votre intervention.
M. Perron: Alors, M. le Président, de ce
côté-ci de la Chambre, nous sommes contre la politique
gouvernementale pour 2 raisons fondamentales. La première, c'est que, si
le gouvernement veut geler les salaires des fonctionnaires du public et du
parapublic, si le gouvernement veut faire des récupérations, peu
importent les domaines où il veut les faire, qu'il le fasse par
négociation avec les syndicats concernés. Et, M. le
Président, le deuxième point fondamental pourquoi nous sommes
contre le projet de loi, c'est que le gouvernement, actuellement, fait de
l'ingérence crapule, je pourrais bien dire, face au domaine municipal.
Quant à nous, il n'est pas question que nous acceptions que le
gouvernement, par le biais de sa loi 102, puisse aller jouer dans les
plates-bandes des conseils municipaux ou des administrations municipales. (21 h
30)
M. le Président, lorsqu'on regarde l'ensemble des
opérations qui ont été faites par ce gouvernement, au
cours des dernières années, on peut remarquer qu'aujourd'hui
c'est la troisième fois que nous avons un projet de loi en 3 ans, un
projet de loi concernant les salaires de la fonction publique et parapublique
? 3 fois en 3 ans. Il y a eu, le 15 mai 1991, le projet de loi 149; le 14
mai 1992, le projet de loi 37; et, dernièrement, le 13 mai 1993, on se
ramasse avec le projet de loi 102. L'an prochain, ce sera probablement le 12
mai, avec un autre projet de loi, de la manière que c'est parti
là. Alors, nous pensons, nous, de notre côté... Et c'est
vrai que le président du Conseil du trésor est la personne
responsable au niveau de la rémunération des employés de
l'État, de même que de l'établissement des conditions de
travail de tous les employés de l'État, qui sont normalement
négociées entre le gouvernement et les représentants et
les représentantes des employés, ça veut dire les
syndicats. C'est aussi la responsabilité du président du Conseil
du trésor de négocier tous ces éléments. Et ce
n'est pas le travail de l'Assemblée nationale, de façon normale,
année après année, de nous arriver avec des projets de loi
qui concernent la question salariale et la récupération salariale
dans les secteurs public et parapu-blic.
C'est la responsabilité du gouvernement et non pas la
responsabilité de l'Assemblée nationale. Et on ne devrait pas,
d'aucune espèce de façon, dans des temps normaux, être
partie aux négociations comme ça se fait actuellement à
cause de l'incurie gouvernementale. Mais, malheureusement, le gouvernement a
choisi, au cours des 3 dernières années, d'agir de façon
exceptionnelle. Et, quant à nous, il est clair que le président
du Conseil du trésor veut et est même en train d'établir
une nouvelle tradition dans cette Assemblée nationale face aux
négociations dans les secteurs public et parapublic, la tradition de
législation. Puis ce n'est pas notre domaine. Ce n'est pas la
façon dont on doit réagir face à l'ensemble des syndicats
des secteurs public et parapublic.
M. le Président, les objets de la loi 102, les objectifs
fondamentaux, il y en a 3. Vous avez le gel de la rémunération
des travailleurs et des travailleuses des secteurs public et parapublic; vous
avez la réalisation d'une économie de 1 % au chapitre de la
rémunération, une économie récurrente qui est
d'ailleurs faussement appelée «gain de productivité»;
et, en troisième lieu, vous avez le prolongement, la prolongation des
conventions collectives pour une période de 2 ans.
Le gouvernement qui, actuellement, veut faire des économies de
quelque 515 000 000 $ au cours de la prochaine année, je pense qu'il est
en train de le faire de façon inadéquate. Il est en train de le
faire par le biais d'une législation pendant que tous les syndicats, mis
à part, peut-être, 1 ou 2 syndicats de la fonction publique et
parapublique, sont actuellement prêts à négocier,
même sur certaines bases établies par le président du
Conseil du trésor. Est-ce que le président du Conseil du
trésor pourrait nous dire pourquoi, lorsqu'on est prêt à
négocier, lorsqu'on est prêt à s'asseoir, très
souvent, dans la même direction qui a été entreprise par le
Conseil du trésor, on est devant l'Assemblée nationale avec une
loi spéciale qui s'appelle la loi 102? Pour quelle raison?
Et, M. le Président, je voudrais vous rappeler que, pas plus tard
que le 6 juin dernier, les syndicats de la fonction publique et parapublique
ont exprimé un voeu ? même pas seulement un voeu, mais
plusieurs voeux ? dans leur communiqué de presse qu'ils ont rendu
public; il s'agissait, à ce moment-là, de présenter une
contre-proposition au gouvernement comprenant le maintien des échelles
salariales actuelles jusqu'au 30 juin 1994 et une révision en profondeur
de l'organisation du travail dans les secteurs public et parapublic. Et je
crois que, ça, c'est vraiment une bonne position de la part des
syndicats, de la part du front commun. Et ça doit s'inscrire dans la
négociation d'une politique salariale, à l'intérieur d'une
convention collective dont la durée minimale serait de l'ordre
d'à peu près 3 ans.
Et, parmi les éléments qui sont suggérés
pour la réorganisation du travail dans la fonction publique et
parapublique, je voudrais vous souligner, M. le Président, que ça
concerne la structure hiérarchique; ça concerne les modes de
gestion et de dotation, la description des tâches, la santé et la
sécurité du travail, et les accidents du travail; ça
concerne l'absentéisme, la précarité; ça concerne
la retraite, la motivation du personnel, les changements technologiques,
l'aménagement du temps de travail, la sous-traitance et l'utilisation
optimale des ressources.
Mais, si le président du Conseil du trésor essaie de nous
dire, par cette loi, qu'il n'y a pas de négociation ou encore qu'il n'y
a pas de voeu de négociation de la part des syndicats de la fonction
publique et parapublique, il se trompe, et il se trompe royalement, parce que
je pense qu'il y a nettement une grande ouverture de la part de l'ensemble des
syndicats de la fonction publique et parapublique. Et le gouvernement, avec, en
tête, le président du Conseil du trésor, devrait sauter sur
l'occasion et retirer ce projet de loi 102, comme le veulent les syndicats, et
négocier de bonne foi avec le front commun. Et, pour nous, ça
serait essentiel que ça se fasse dans l'ordre. Je pense que,
là-dessus, les syndicats sont assez grands, sont assez matures, tout en
considérant la situation économique que nous avons actuellement,
pour négocier de leur côté de bonne foi.
Mais vous savez que, lorsqu'on arrive à une table de
négociation et que la bonne foi est seulement du côté
syndical, comme ça se fait actuellement, et qu'il n'y a pas de bonne foi
de la part du gouvernement, c'est extrêmement difficile de
négocier. C'est extrêmement difficile d'avancer dans les
négociations. C'est extrêmement difficile de faire comprendre
à la population, aussi, pourquoi les négociations n'avancent pas.
Et, si nous sommes devant un dilemme à cause de cette
législation, nous nous devons, bien sûr, d'agir comme des gens
responsables. Et je pense que la responsabilité fondamentale que nous
devrions avoir en cette Chambre,
ce n'est pas de passer des lois comme celle que nous avons devant nous,
mais de pousser ce gouvernement à négocier, et à
négocier de bonne foi. Mais je doute de la volonté politique du
gouvernement de négocier et aussi de négocier de bonne foi.
M. le Président, on sait très bien que, lundi dernier, il
y a eu une rencontre ? c'est-à-dire le 7 juin dernier; ça ne
fait pas longtemps, on est le 10, aujourd'hui, il y a 4 jours ? avec le
président du Conseil du trésor et le front commun. Lors de cette
rencontre-là, il était spécifié que le ministre
responsable du Conseil du trésor, le président du Conseil du
trésor, devait donner une réponse au front commun au cours des
prochains jours. Et, à ce que nous savons actuellement, c'est qu'il y a
eu une rencontre, entre 18 heures et 20 heures ce soir, entre le front commun
et le président du Conseil du trésor. Mais, lors des questions
qui ont été posées par mon collègue responsable du
dossier, c'est-à-dire le député de Labelle, aucune
réponse n'est vraiment venue de la part du Conseil du trésor face
à ce qui s'était passé au cours des 2 heures de rencontre
entre le front commun et le président du Conseil du trésor.
Aucune réponse n'a été donnée, sinon que le
président du Conseil du trésor, avec sa façon habituelle,
nous est arrivé ici en Chambre et a dit carrément à tout
le monde: J'ai établi les paramètres, je leur ai dit ce que je
voulais, point, à la ligne.
Mais ce que je veux savoir, ce que nous voulons savoir, de ce
côté-ci, et probablement ce que la population veut savoir, c'est:
Est-ce que le président du Conseil du trésor ? et ça,
c'est une question ? a vraiment l'intention et a répondu aux
syndicats dans le sens de leur demande qui a été faite et de la
contre-proposition qui a été déposée lors de la
rencontre qui a eu lieu lundi dernier? Est-ce que le président du
Conseil du trésor a répondu à chacun des points se
rapportant à ce que j'ai souligné dans le cadre de la
restructuration gouvernementale? Est-ce que le président du Conseil du
trésor a accepté le gel qui était proposé par les
syndicats du front commun, pour 1 an? Est-ce que le président du Conseil
du trésor a accepté de regarder avec les syndicats de la fonction
publique et parapublique la réorganisation du travail de tous les
fonctionnaires, hommes et femmes, de la fonction publique et parapublique? On
n'a pas eu de réponse là-dessus. Non, non, on n'a pas eu de
réponse. Que le président du Conseil du trésor... Non. On
n'a pas eu de réponse. On n'a pas eu de réponse sur le fond.
Est-ce qu'il est prêt à signer ce qu'il demande actuellement?
Est-ce que le président du Conseil du trésor pourrait nous dire
s'il y a des ajouts aux demandes qui ont été faites lundi
dernier?
Moi, ce que j'ai compris dans tout ça et ce que mes
collègues de ce côté-ci ont compris aussi, c'est que la
demande syndicale était que le surplus qui pourrait être
dégagé dans la réorganisation après le gel, le
surplus, devait être réorganisé entre le gouvernement et
les syndicats de la fonction publique et parapublique, et non pas que le
gouvernement, après avoir récupéré tous les fonds
qu'il voulait récupérer pour sauver la face, à cause de
son incurie au niveau des finances publiques, prenne ça sous sa
responsabilité et qu'il n'en redonne pas au moins une bonne partie dans
les secteurs public et parapublic au niveau, par exemple, de la masse
salariale. (21 h 40)
Et, en passant, M. le Président, j'ai eu l'occasion, lorsque
j'étais dans le syndicat d'Hydro-Québec, le Syndicat canadien de
la fonction publique, de me battre même avec les structures
d'Hydro-Québec et même de négocier pour faire en sorte que
les augmentations salariales ne se fassent plus selon ce qu'on appelle la
façon du pourcentage. Parce qu'à ce moment-là, quand on
parle de pourcentage, si on parle de 1 % de 100 000 $, vous savez ce que
ça donne. Ce sont les hauts salariés qui ont toujours, qui
subissent toujours la grosse augmentation et le bas salarié ne subit
qu'une petite augmentation. On avait obtenu ? et ça s'est fait
? que, pour les classes entre la classe 1 et la classe 22 des
employés d'Hydro-Québec, au niveau des métiers, il y ait
un décalage d'un certain nombre de sous entre chacune des classes, mais
que toutes les augmentations salariales, dans le temps, soient données
à l'heure, à la semaine ou encore au mois, et c'est tout le monde
qui avait la même augmentation.
Je sais qu'au cours des dernières années c'est reparti
encore de plus belle avec des pourcentages. Lorsqu'on est consommateur et qu'on
travaille, peu importe que ce soit dans l'entreprise privée ou que l'on
travaille aussi dans les secteurs public ou parapublic, je crois qu'il est
extrêmement important de reconnaître que, lorsqu'on va, comme
consommateur ou consommatrice, dans les magasins faire des achats, ça
coûte le même prix aux hauts salariés qu'aux bas
salariés. C'est la raison fondamentale pourquoi il faudrait
réorganiser cette question-là de pourcentage, et je crois que les
syndicats pourraient embarquer là-dedans. À ce moment-là,
ça pourrait permettre de diminuer le décalage qu'il y a entre le
bas salarié et le haut salarié, que ce soit un homme ou encore
une femme.
M. le Président, j'aimerais ici vous souligner que, dans certains
dossiers comme... Par exemple, dans le Grand-Nord, il y a actuellement 1250
employés de l'État, au nord du 50e parallèle, qui sont en
train de subir un préjudice causé par le gouvernement actuel,
à cause d'une décision qui a été prise par le
ministère du Revenu. Ce sont des personnes qui sont
conventionnées, donc qui ont des conventions collectives qui ont
été signées de bonne foi ? ça a
été fait, il y a une dizaine d'années ? et, dans
leurs conventions collectives, le transport gratuit par avion cargo
était subventionné. C'était inclus dans leurs conventions
collectives. Lorsqu'on sait, par exemple, que tout entre par le service
aérien, que ce soit à Povungnituk, que ce soit à Koartac,
que ce soit à Ivujivik, que ce soit à Kuujjuaq; on sait
très bien que les coûts du transport aérien sont
énormes. Je vais vous en donner ici quelques exemples. Chaque kilo de
nourriture coûte, en transport, 1,41 $ du kilo pour entrer à
Kuujjuaq, communément appelé Fort-
Chimo. Il en coûte 8,67 $ pour Povungnituk, et il en coûte
11,24 $ pour Salluit.
Alors, lorsqu'on arrive, comme gouvernement, et qu'on décide
d'aller étouffer des fonctionnaires en faisant une
récupération par le biais de l'impôt, même si c'est
dans une convention collective, et que ça se fait pour les 3 ou 4
dernières années, je pense que le gouvernement va faire en sorte
que les services gouvernementaux soient réduits dans le Grand-Nord.
Ça sera les populations, qu'elles soient inuit ou blanche, qui devront
en subir les conséquences, puis, toujours là, à cause de
l'incurie gouvernementale.
Alors, M. le Président, je voudrais savoir si, dans le cadre de
ces supposées négociations, le président du Conseil du
trésor a regardé cet aspect qui touche les services publics dans
le Grand-Nord, en haut du 50° parallèle. Est-ce qu'il est prêt
à ouvrir sur cette question-là? Est-ce qu'il est prêt, au
moins, à protéger les acquis de l'ensemble des fonctionnaires qui
travaillent en haut du 50e parallèle, dans le nord, dans les
villages inuit que j'ai mentionnés?
M. le Président, je voudrais conclure en disant qu'en ce qui nous
concerne ? et je maintiens ce que j'ai dit au début, puis je pense
que mes collègues, de ce côté-ci, dans l'Opposition, sont
prêts aussi à le maintenir, à m'appuyer là-dessus,
comme on a appuyé, depuis le début, notre collègue de
Labelle ? le gouvernement devrait retirer ce projet de loi 102 et devrait
faire en sorte de négocier de bonne foi avec les syndicats du front
commun, pour les secteurs public et parapublic, et qu'on en finisse une fois
pour toutes avec l'ingérence du gouvernement dans le domaine des
affaires municipales. Parce qu'il n'est pas du ressort du gouvernement de
régler les problèmes des municipalités. Il n'est pas du
ressort du gouvernement de prendre la place des conseils municipaux, des
administrations municipales pour négocier avec les employés
municipaux. Ça leur appartient. Ce n'est pas des affaires du
gouvernement. Et, si le ministre des Affaires municipales veut acheter la paix
avec les municipalités, il devra le faire d'une autre façon
après avoir, justement, coupé, transmis des
responsabilités de quelque 750 000 000 $ à 800 000 000 $ aux
municipalités du Québec et aux commissions scolaires au cours des
2 dernières années.
Alors, M. le Président, je voudrais bien que, sur cette
question-là, on soit très clair. Et, je le répète,
ça ne concerne pas le gouvernement de faire en sorte qu'une loi comme la
loi 102 vienne imposer des conventions collectives ou les positions
gouvernementales chez des travailleurs et des travailleuses qui travaillent
pour les municipalités. Ce sont des affaires locales où le
gouvernement ne doit pas s'ingérer. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Duplessis.
Une voix: Moins 20 %.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît, M. le député. S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Ça allait bien ici, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Qu'est-ce que ça veut dire, ça?
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: oui, m. le président. je décode de
l'intervention du député de duplessis qu'il risque de voter
contre le projet de loi lorsqu'on fera l'appel nominal. je ne cesse de
m'émerveiller qu'on puisse voter pour une diminution de salaire de 20 %
et contre un gel salarial. on m'expliquera un jour la logique qu'il y a
derrière ces propos-là, mais, enfin, c'est comme ça.
Le député a essentiellement 2 questions dans son
intervention, d'abord, sur l'opportunité pour le gouvernement de signer
la demande syndicale. Il faudrait savoir de quoi on parle à ce
moment-ci. En raison de l'état des finances publiques, j'ai plutôt
choisi, en mars, de présenter une demande gouvernementale ?
ça m'apparaissait important ? qui vise à assurer une
contribution raisonnable de la part des travailleurs du secteur public,
à réaliser, à atteindre les objectifs financiers qui
feront que, malgré toutes les compressions budgétaires,
malgré toutes les hausses de revenus que le livre des crédits ou
le discours sur le budget ont prévues, tout le monde soit touché
d'une façon équitable.
Donc, nous n'en sommes pas, aujourd'hui, en général, en
tout cas, avec nos employés, à être en train de traiter
leurs demandes salariales. Je dois reconnaître qu'ils n'ont pas eu le
temps d'en loger pour la bonne et simple raison que ça aurait
été, à mon sens, parfaitement inutile de laisser croire
à nos employés qu'ils pouvaient présenter une demande
salariale avec une chance quelconque qu'elle soit agréée,
même en partie. C'est pour ça, évidemment, qu'on en est
arrivés rapidement à convenir, parce qu'on en a convenu, en un
sens, qu'il y aurait un gel salarial cette année. Alors, la demande
syndicale, si on veut, c'est 0, cette année. La demande des
infirmières, c'est 0, cette année et l'an prochain. C'est
l'initiative des infirmières, 0 pour 2 ans, littéralement, compte
tenu des réunions qu'on a eues, des discours que j'ai tenus. Alors, moi,
je veux bien que le député dise: Allez-vous signer les demandes
syndicales? Il n'y en a pas, de demandes syndicales. Les discussions sont
engagées autour des demandes du gouvernement à ses
employés. par ailleurs, depuis le début, depuis le 23 mars, j'ai
indiqué que, si on dégageait des économies
supérieures à 1 %, il y aurait un partage de ces
économies, d'une façon ou d'une autre. le député
m'a demandé, à haute et intelligible voix, si j'avais
accepté la demande syndicale de partager l'excédent de 1 %. la
réponse, c'est que nos employés, peu importe qui a
suggéré quoi, sont d'accord avec nous, en gros ? parce que
c'est dans
les détails, évidemment, que ça se règle,
une convention, les détails, qui ne sont pas sans importance ?
qu'on devrait réaliser une économie de 1 %, que c'est opportun de
le faire et que, si on fait mieux que ça, là, il y aura un
partage de ce bénéfice-là, une fois que le gouvernement
aura gardé le premier 1 %. Mais, le 7 juin dernier, c'est de ça
qu'il était question. (21 h 50) alors, c'est sur la bonne voie. et ce
que j'ai indiqué tout à l'heure, c'est que ça continue sur
cette voie-là, les échanges se font. j'ai
réitéré les objectifs gouvernementaux ? ça a
duré 2 heures ? et personne ne s'est levé en disant: ii n'y
a rien à faire. donc, il y a encore possibilité d'entente autour
de l'atteinte des objectifs gouvernementaux, dans le respect des
préoccupations syndicales. c'est une institution importante que les
syndicats dans notre société. si on veut, en partenariat, trouver
des solutions au problème des finances publiques, on ne peut pas le
faire individuellement, comme employeur, avec 350 000 personnes. on le fait
avec des structures représentatives. alors, c'est pour ça que je
n'ai jamais eu aucune espèce de difficulté à discuter avec
nos partenaires syndicaux des enjeux dont le député de duplessis
nous a entretenus. au-delà du 1 %, au-delà des économies
sur les conditions de travail qu'on pourrait réaliser, il y a
également toutes les règles d'organisation du travail. ça,
on en a parlé, il n'y a pas de doute.
Il y avait 2 autres questions. Enfin, j'en ajoute une. Lorsque j'ai dit
qu'il y en avait 2, il y avait le 1 % et il y avait la fiscalité en
milieu nordique. On a un comité de travail avec les ministères du
Revenu et des Finances, les représentants des employés et
nous-mêmes, du Conseil du trésor, pour voir comment on peut
aménager l'ensemble des dispositions et de la fiscalité des
allocations qu'on verse au nord du 50e. Mais, ça, c'est en marche et
ça ne fait pas partie des discussions qu'on a actuellement, comme
telles, dans les négociations qu'on s'échange depuis le 23 mars.
Il me semblait qu'il y avait une dernière chose. Ah oui, il y avait une
question, de la part du député, sur la façon dont on
envisage les augmentations de salaires.
Le Président (M. Bissonnet): De consentement, vous pouvez
poursuivre.
M. Johnson: O.K. La façon dont on envisage les
augmentations de salaires. Il émet un reproche sévère
à l'endroit de toute approche où les augmentations sont
consenties en pourcentage de la masse salariale et en pourcentage uniforme pour
toutes les classes d'emploi et tous les niveaux de salaires. Il dénonce
vertement, c'est le moins qu'on puisse dire, un tel comportement. Je ne suis
pas d'accord avec lui, vraiment, parce que ce que ça signifie, à
la longue, ça, c'est un écrasement de la pyramide des emplois.
Dans les cas limites ? et on le vit constamment au gouvernement ?
c'est difficile de gérer ça, parce que ça crée des
iniquités, la vraie iniquité qui est une inversion salariale,
à la longue, où littéralement un supérieur gagne
moins que son subalterne. Avec des modulations, au fil des ans, c'est ça
qui arrive. Alors, on est pris comme ça, notamment, dans l'exercice du
droit. Dans les professions juridiques, au gouvernement, on a des inversions
salariales. C'est assez étrange, mais c'est comme ça, et
ça risque de créer des conditions comme celle-là. C'est
une approche égalitaire. Je ne reproche pas son idéologie au
député, mais je reviens à dire que la redistribution du
revenu et de la richesse collective se fait et doit se faire par la
fiscalité, par les allocations, par le soutien aux familles, par le
soutien aux individus, et non pas par les employeurs qui décident qu'ils
écrasent la stucture des emplois et qu'à la limite ils vont
rémunérer tout le monde au même taux, peu importe ce qu'il
fait. Ça a pris 70 ans, mais ça a, finalement,
éclaté en Union soviétique, cette approche. Ça ne
marche pas. Ça ne peut pas marcher.
Le Président (M. Bissonnet): On vous remercie. Alors, M.
le député de Masson, la parole est à vous. M. le
député de Masson.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Nous sommes en
période de récession, l'argent est très rare. Nous savons
que le président du Conseil du trésor a des problèmes
monétaires, des problèmes budgétaires, des
problèmes de crédit. Nous en savons quelque chose, parce que, en
1981-1982, nous sommes tombés dans une récession, non
prévue, celle-là, tandis que celle dans laquelle nous vivons,
elle était prévue.
Les budgets du Québec, au début des années
quatre-vingt ? 1980, 1981, 1982 ? se situaient autour de 20 000 000
000 $, 21 000 000 000 $. La masse salariale, à l'époque,
était de 11000 000 000$. Elle représentait 52 % des
dépenses gouvernementales, au début. Aujourd'hui, le budget est
à peu près le double, autour de 40 000 000 000 $, 41 000 000 000
$. Nous aussi, nous avons présenté dans cette Chambre, et je l'ai
entendu répéter à quelques reprises depuis mon
arrivée: Le 20 % ! Le 20 % ! Mais ce n'est pas en vain que je l'ai
entendu, je vais vous en parler un peu.
Nous étions dans une récession, en 1981-1982,
récession qu'aucun économiste n'avait prévue, de un. Celle
dans laquelle nous vivons actuellement avait été prévue et
elle est encore prévue pour un petit bout de temps par les
économistes. Et la récession de 1981, 1982, 1983, elle
était le double du côté effectif; c'était moins 5,4
%, tandis qu'aujourd'hui c'est moins 2,5 %, la récession, à peu
près. Si je me trompe de 0,1 %, vous ne m'en voudrez pas. C'est à
peu près. Les budgets, qui étaient à 20 000 000 000 $, 21
000 000 000 $ en 1980-1981, sont rendus à 40 000 000 000$, 41 000 000
000 $ aujourd'hui. D'accord sur tout ça.
Le président du Conseil du trésor, qui est le
négociateur en chef du gouvernement ? à l'époque,
c'était M. Bérubé qui était le négociateur
en chef du gouvernement ? a trouvé, avec un groupe de
députés et un groupe de ministres, comme le Conseil du
trésor l'a fait
probablement cette année, une façon d'agir. Nous avons
décidé, M. le président du Conseil du trésor,
à l'époque... quand vous me parlez de votre 20 %, du moins 20 %,
là, je pense qu'il y a certains députés de l'autre
côté qui y croient, qu'il y a eu une coupure de moins 20 %. je
pense qu'il y a des gens qui y croient, qu'il y a eu une coupure de moins 20 %.
parce qu'on le répète tellement souvent que je suis
persuadé qu'ils y croient. à force de mentir... mentez, mentez,
il en restera toujours quelque chose. c'est faux. il y en a eu, des coupures.
il y en a eu sur une période de 3 mois. les coupures et les
augmentations ensemble donnaient une augmentation de notre masse salariale
autour de 600 000 000 $, de 600 000 000 $, à peu près 5,8 %. je
suis persuadé qu'il y en a qui s'en rappellent. si je me trompe de 0,1
%, ça ne dérange pas. c'est dans l'ordre des choses. de quelle
façon a-t-on fait ça? depuis le tout début du syndicalisme
au gouvernement, ça avait toujours marché. on donne une
augmentation, supposons, de 10 % parce que ça se calcule très
bien. il y avait des gens qui gagnaient 10 000 $. on donnait une augmentation
de 10 %; ces personnes-là avaient 11 000$. une personne avait 40 000 $,
à la même époque. on donnait une augmentation de 10 %;
ça faisait donc une augmentation de 4000 $. donc, il y avait toujours
dans une marge de distance énorme entre le bas salarié et le plus
haut salarié parce que le syndicat ? c'est un défaut du
syndicat de l'époque ? demandait toujours une augmentation
égalitaire entre tous les postes, quel que soit le salaire des gens qui
occupent un poste. quand est arrivée cette crise inattendue de
1981-1982, le gouvernement du québec a dit ceci: normalement, j'aurais
dû donner à peu près 1 200 000 000 $ d'augmentation parce
que, dans le temps, l'inflation était grosse. c'était autour de
12 %, 13 %. c'était énorme, l'inflation. les taux
d'intérêt étaient à 20 %, 22 %, le taux d'inflation
à 12 %, 14 %. donc, les conventions collectives, avec l'inflation
ajoutée, ça donnait des sommes astronomiques pour un gouvernement
responsable en place. aujourd'hui, c'est ce qu'on n'a pas. l'inflation est 2,6
%, 2,8 %. ce n'est pas énorme comparativement à
l'époque.
Cependant, M. le président du Conseil du trésor, on a
regardé ça et on a dit: II y a des gens qui gagnent à peu
près 20 000 $ et des gens qui gagnent à peu près 60 000 $.
C'est impensable, humainement parlant, de traiter tout le monde sur le
même pied. Alors, le gouvernement du Québec a dit à ses
syndicats: Mesdames et messieurs du syndicat, nous avons 480 000 000 $ à
vous donner. Nous avons monté jusqu'à 600 000 000 $, dans la
discussion. Ils ont refusé, au bout. Nous n'avons que ça. Nous
n'avons pas 1 200 000 000 $; nous avons 600 000 000 $ d'augmentation à
vous donner. On a discuté longtemps, sérieusement. Ils ont
refusé. Nous avons imposé l'augmentation de 5,8 % de notre masse
salariale. (22 heures) pour ce faire, les gens qui gagnaient 20 000 $, à
peu près 18 000 $, il y en avait de 15 000 $, ont eu une augmentation de
12,9 %, une augmentation, pas une coupure, là. que les gens de l'autre
côté, qui n'ont même pas lu ce qui s'est passé
à l'époque, écoutent au moins ceci: les bas
salariés du gouvernement ont eu une augmentation de 12,9 %, et
l'augmentation descendait à 12 %, à 11,8 %, 11,7 % jusqu'à
23 000$. ceux qui gagnaient 23 000 $ ? ça, il faut se reporter
à l'époque, en 1981-1982 ? c'était 0, ni
augmentation, ni coupure. ceux qui étaient en haut de 23 000 $ avaient
une coupure qui partait de 0,1 % jusqu'à 19,9 %, disons 20 %. les plus
hauts salariés ont eu une coupure de 3 mois de temps, de 20 %, ce qui
fait une coupure nette de 5 %. il faut arrêter de dire 20 %. pourquoi les
syndicats ont un peu de problèmes, actuellement, à vendre leur
salade? c'est qu'ils ont tellement fait croire à la population... le
parti libéral de l'époque a tellement fait croire que
c'était une coupure de 20 %, et ils n'ont pas dit que c'était une
coupure de 5 % pour certains salariés, et une augmentation de la masse
salariale de 5,8 %, parce que nous étions des gens qui... nous
étions responsables. ceux qui gagnaient moins subissaient plus
difficilement la crise, et ceux qui gagnaient plus pouvaient plus facilement
passer à travers. nous nous sommes comportés, comme gouvernement,
comme si on était un syndicat qui protège ses membres, et les
syndicats, à l'époque, se sont comportés comme s'ils
étaient un gouvernement. les syndicats se sont trompés, à
l'époque, et nous aussi. on en a subi, des deux côtés, les
conséquences négatives que l'on voit aujourd'hui. ce que je
reproche au président du conseil du trésor, m. le
président... aujourd'hui, ce que je lui reproche, c'est de traiter tout
le monde sur le même pied. on coupe tout le monde de 1 %; on gèle
tout le monde; on les augmente tous de 2 %. ce n'est pas ainsi qu'on devrait
procéder. il y a justement des rattrapages de postes à faire. il
y a justement des gens, entre autres, les femmes, où il y a eu un peu,
un peu de choses de faites depuis quelques années. entre autres, les
femmes, à poste égal, n'ont pas le même salaire. on aurait
dû regarder pour ne pas pénaliser ceux qui ont des petits
salaires, comme nous avions fait à l'époque.
On a perdu l'élection, les gens ne l'ont pas pris, mais qu'on
arrête de parler d'une coupure de 20 %. Nous avons augmenté notre
masse salariale totale de 5,8 %, malgré la crise, malgré une
inflation de 12 %, 13 %, malgré des taux d'intérêt entre 18
% et 22 %, selon 1981, ou 1982, ou 1983. m. le président, nous
reprochons au président du conseil du trésor de traiter le bas
salarié comme il traite le haut salarié. même, il semble
privilégier certains hauts salariés, chez les spécialistes
en médecine. je n'ai pas vérifié, mais on m'a dit qu'ils
avaient 5 % moins 1 %, ce qui fait 4 %, et qu'après que ça va
être fini ils seront gelés au bout de la convention. alors, si eux
ont 4 %, avec les salaires qu'ils ont, je trouve ça presque honteux.
j'essaie d'être très poli et d'être très correct. il
y a peut-être quelques chiffres que j'ai cités qui ont une
petite différence, ne m'en tenez pas rigueur, je n'ai aucune
note. c'est par souvenance que je vous parle, parce que j'ai entendu dire
certaines personnes et le président du conseil du trésor, il y a
quelques minutes: c'est mieux de geler et couper de 1 % que de couper de 20 %.
c'est faux, et intellectuellement, le président du conseil du
trésor sait qu'il n'y a pas eu une coupure de 20 % dans la masse
salariale des employés de l'état.
M. Johnson: Je n'ai pas dit ça.
M. Blais: vous l'avez dit juste avant que je ne parle, juste
avant que je ne parle. moins 20 %, ça a été dit...
Une voix: Faux.
M. Blais: ...pour la personne qui était à moins 5
et à moins 10. Vous l'avez dit, vous aussi. Vous l'avez dit.
Une autre chose que j'aimerais dire. Vous nous dites depuis le... J'ai
écouté à peu près tout ce qui s'est dit à
cette commission. M. le président du Conseil du trésor, vous
dites toujours que, de ce côté-ci, on parle pour rien. Vous dites
qu'on parle pour rien, qu'on pose toujours les mêmes questions. Bien, je
vais vous dire une chose. C'est votre voeu, qu'on parle pour rien, parce que
vous aimeriez... Vous aussi, vous espérez que vous parlez pour rien,
parce que votre but, c'est qu'elle ne passe pas, la loi. Vous donnez jusqu'au
1er octobre, pour ne pas qu'elle passe, pour vous entendre avec vos syndicats.
Alors, c'est votre voeu de parler pour rien, de votre côté. Nous
essayons de parler pour quelque chose, de notre côté. Vous ne
voulez pas que cette loi-là soit appliquée. C'est votre plus
grand voeu, votre plus grand voeu.
Il y a une chose, par exemple, dans cette loi-là, M. le
Président, et j'aimerais bien demander une question directe, comme
pause-café, là, je veux dire. J'aimerais demander la question
suivante. Le président du Conseil du trésor voudrait à
tout prix qu'avant le 1er octobre il s'entende avec tous ses syndicats. C'est
son voeu, et je le comprends, c'est normal que ça soit ainsi. Je dirais
quasiment que je le lui souhaite. C'est tout de même gentil, là,
je vous le souhaite. Bon. Si ce voeu se réalise, si ce voeu se
réalise, qu'est-ce qu'il va rester dans cette loi-là, sinon la
porte ouverte aux municipalités pour matraquer leurs employés?
C'est tout ce qui va rester, à peu près, et la Caisse de
dépôt. Il ne va rester que ça, à peu près,
dans cette loi-là. Toutes les conventions collectives, si vous vous
entendez, il va rester celles qui sont à côté de notre
juridiction directe. Alors, il va vous rester les employés municipaux,
dans cette loi-là. À peu près ça, en gros. Vous,
vous allez vous être entendus, par la négociation, avec vos
syndicats, et vous allez quand même laisser l'épée de
Damoclès sur les employés municipaux. Les villes pourront se
servir de cette loi-là, qui ne servira plus, à peu près,
qu'à elles, les villes.
Alors, est-ce que, si vous vous entendez, vous, personnellement, comme
négociateur en chef du gouvernement, avec tous vos syndicats, vous allez
reconsidérer cette épée de Damoclès qui est sur la
tête des employés municipaux? Première question,
ça.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, M. le président
du Conseil du trésor.
M. Johnson: Pour répondre à la question, ce qui
resterait, évidemment, si on s'entend avec ceux avec lesquels on peut
s'entendre ? c'est presque une tautologie ? si tous ceux avec
lesquels on semble incapable de s'entendre... Comme la Fédération
des affaires sociales, c'est beaucoup de monde, c'est plus de 80 000 personnes,
qui nous signalent encore ces jours-ci qu'ils vont déposer l'ensemble de
leurs demandes salariales, d'enrichissement, d'indexation. Ça fait
beaucoup de sous. Ils ont encore l'impression... M. Robinson, Sylvio Robin-son,
qui représente la Fédération des affaires sociales, qui la
dirige, me semble encore sous le coup, je ne sais pas, moi, de...
Une voix: Le syndrome des années soixante-dix.
M. Johnson: Non. Le syndrome des années soixante-dix, ce
n'est pas vraiment ça. Il semble que, compte tenu de son
«membership», il y aurait néanmoins, malgré tout ce
qu'on dit, de l'argent quelque part pour donner des augmentations de salaires
à 80 000 personnes. Je voudrais juste dire qu'il perd son temps à
demander ça. Je le lui ai déjà signalé, je trouve
que ça fait très cher tout ça. Lorsqu'on déplie...
si on répercutait plutôt les demandes de M. Robinson sur
l'ensemble du secteur public, on pourrait aller chercher encore beaucoup,
beaucoup de centaines de millions d'augmentations de salaires. Ça risque
d'être assez substantiel.
J'ai vu des rapports de presse, je ne prétends pas avoir vu les
demandes, on verra. Mais, quand même qu'il y en ait pour quelques
centaines de millions ? on nous dit y en avoir pour 1 000 000 000 $ ou 2
000 000 000 $ ? c'est beaucoup de sous, et ça m'a fait dire,
à l'occasion d'une rencontre que j'avais avec mes vis-à-vis
syndicaux, qu'il faudrait augmenter les impôts ou en créer des
nouveaux et qu'après avoir eu la TPS et la TVQ il faudrait penser
à la TAS, la taxe à Sylvio, pour financer les augmentations dans
le secteur public. Robinson, oui...
Alors, je dis ça en blaguant, mais à peine. C'est
ça que ça prendrait vraiment, des sources de revenus
additionnelles pour rencontrer ces exigences-là. Alors, il n'y a pas
vraiment de place. C'est sûr que j'aimerais régler avec tout le
monde et signer une convention collective, mais il y en a quelques dizaines de
milliers qui, bruyamment, ont indiqué qu'ils ne voulaient rien savoir de
ça. Alors, évidemment, il faut assurer la sécurité
financière, et c'est pour ça que le projet de loi 102 devient
nécessaire. Si on règle avec beaucoup de monde, il en reste
encore beaucoup avec lesquels on
risque de ne pas s'entendre. sur les 20 %, m. le président, je
confirme que c'était modulé, que le gel de 1982-1983, ça
allait jusqu'à un maximum de 19,45 % pour les plus hauts
salariés. ça a été en vigueur pour 3 mois. sur une
base annuelle, évidemment, c'est l'équivalent de moins 5 % ou
à peu près. ensuite, il y a eu des redressements, c'est entendu.
alors, je ne prétends pas que les gens, tout d'un coup, se sont
ramassés avec 20 % de moins de leur salaire pour
l'éternité, mais ça a été vrai pendant 3
mois, tout de suite après les fêtes, en 1983. je pense qu'on ne se
cachera pas de ça.
Le dernier aspect que le député mentionnait était
celui, de mémoire, de la modulation, encore une fois, et je pense qu'il
revient avec ça, qu'il est nécessaire... Donc, il rejoignait le
député de Duplessis sur le fait qu'on doive tenir compte du
niveau salarial lorsqu'on fixe les augmentations de salaires. Ça fait
longtemps que ce n'est plus comme ça dans le secteur public. On n'a pas
inventé ça. C'est en 1983 que Yves Bérubé a
commencé à instaurer un système d'augmentation de
salaires, qui faisait référence à l'équité
externe, c'est-à-dire combien ça coûte, le secteur public,
comparativement au secteur privé; l'équité interne, le
rangement des emplois les uns par rapport aux autres. (22 h 10)
Alors, évidemment, si on se décolle d'un système
où c'est par pourcentage qu'on redresse les échelles, on va se
décoller également, en matière d'équité
interne, du modèle qu'on recherche. Il faut que les gens soient
rangés les uns par rapport aux autres d'une façon, je dirais,
déterminée et logique. Mais suivre la voie que suggèrent
le député de Masson ou celui de Duplessis nous détache de
cet objectif extrêmement important qu'on poursuit.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le président
du Conseil du trésor.
M. le député de Masson, je vous rappelle que vous disposez
encore d'une période de 8 minutes...
M. Blais: Oui, mais je veux poser une autre question. Merci. m.
le président du conseil du trésor, la question était la
suivante. si vous avez pris quelques minutes, c'était très
intéressant ce que vous avez dit, je vous remercie d'avoir dit... c'est
la première fois que j'entends un ministre libéral dire que
c'était les plus hauts salariés qui avaient eu une coupure de
19,45 %, c'était la plus grosse du groupe, pendant 3 mois, ce qui
faisait un peu moins de 5 %. donc, je suis fier que vous disiez ce que j'ai
essayé de prouver pendant quelques minutes, qu'il n'y a jamais eu de
coupure de 20 % à nos employés de l'état. voilà.
ça, je suis content que vous le disiez, c'est la première fois
que quelqu'un le dit de l'autre côté et, cela, je vous sais
gré, je vous félicite.
Ma question originaire était la suivante. Voici, la
première, la première question que j'ai posée, j'ai dit:
Si votre voeu, c'est de régler avec tous vos syndicats...
Je sais qu'il y a des problèmes avec la FAS. Vous dites qu'ils
sont 80 000; je pensais qu'ils étaient 100 000, mais disons qu'ils
soient 80 000 ou 100 000, ce n'est pas important; ce n'est pas important. Je
vous ai demandé: Si vous réglez avec tous vos syndicats, dont
vous avez en main la responsabilité en tant que négociateur du
gouvernement, si vous réglez avec tous ? je ne vous demande pas de
dire que vous avez de la misère avec quelques-uns, vous avez jusqu'au
1er octobre pour essayer de régler ? si vous réglez, est-ce
que vous allez quand même laisser cette loi-là en vigueur? Elle ne
s'appliquera plus à l'ensemble de nos employés d'État, il
ne restera à peu près que les employés municipaux, et
cette loi-là ne servirait qu'aux employés municipaux, et je
trouverais ça un petit peu horrible, puisque vous avez, commde
État, le privilège d'être patron et négociateur en
même temps, tandis que les...
C'est un amendement grave au Code du travail que cette loi-là
apporte. Et là il resterait juste les municipalités qui
jouiraient du privilège de geler si on ne négocie pas de
façon qui convient aux deux parties dans leur municipalité. C'est
ça ma question, et je la répète, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, le député de
Masson décrit une situation éminemment souhaitable: celle de
régler avec tout le monde dans notre giron, dirions-nous. On peut
souhaiter y arriver; on verra, à ce moment-là, ce que ça
détermine comme contexte, mais, d'ici ce temps-là, je veux bien
le dire, il faut se rendre compte que la session doit finir le 23 juin; on a
l'intention de l'adopter avant la fin... une intention gouvernementale. La loi
prévoit, aux articles 10 et 20, que, s'il y a des ententes, la loi ne
s'applique pas aux gens avec lesquels on a des ententes. Est-ce que, d'ici ce
temps-là, on a le temps de régler avec tout le monde, y compris
la Fédération des affaires sociales? Bien, on verra. On verra
à ce moment-là. Mais, d'ici ce temps-là, M. le
Président, je maintiens que nous devons poursuivre, comme gouvernement,
une tentative et de régler, mais également d'adopter la loi en
parallèle.
M. Blais: M. le Président, je ne blâme pas le
président du Conseil du trésor, parce qu'il a une philosophie
qu'il a exprimée dans cette loi-là, c'est sa politique à
lui. Il tient à ce que cette loi-là soit passée avant la
fin de la présente session. Je suis complètement d'accord qu'il
veuille que cette... Mais, si, après qu'elle est passée, il
dit... Si au 1er octobre, vous vous entendez avec tous vos syndicats et pour
tous les syndicats qui sont sous votre égide, elle deviendrait caduque.
Est-ce que vous la «caduqueriez» pour les municipalités, oui
ou non? C'est ça ma question. Ce n'est pas un verbe, la
«caduquer», mais, vu que je lui ai demandé «Est-ce
qu'il l'annulerait pour les municipalités?» deux fois et que je
n'ai pas eu de réponse... Est-ce qu'il la «caduquerait»?
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, le moins qu'on puisse dire,
c'est qu'il est prématuré de répondre à cette
question-là. Déjà il y a des intentions annoncées
à l'effet contraire de 90 000 membres de la FAS; on va régler, on
va négocier ? ce n'est pas 80 000, ce n'est pas 100 000, c'est 90
000. Quant au reste, on verra, si jamais on en arrive là, ce que
ça signifie en termes pratiques, la décision que le gouvernement
aurait à prendre.
Le député décrit une situation qui est souhaitable,
je le dis bien, avec les effets qu'il recherche, qui sont de mettre fin
à la loi, d'annuler, donc d'abroger la loi 102, le cas
échéant. Si on s'entendait avec tout le monde ? sauf les
municipalités, parce qu'on n'a pas à s'entendre avec elles, et
leurs employés, je devrais dire ? on verra à ce
moment-là.
C'est tout ce que je peux dire, en toute logique, en gros bon sens,
là. Mais je ne peux pas, aujourd'hui, dire: On va faire telle, telle,
telle chose dans cette éventualité-là. Ça
m'apparaît un peu beaucoup prématuré.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Masson.
M. Blais: M. le Président, vu que la loi elle-même,
et son principe, est hypothétique et que le ministre souhaite qu'elle ne
soit qu'hypothétique et qu'il ne la mette jamais en application,
pourquoi ne me répond-il pas à la base même de sa loi dans
ma question hypothétique qui lui dit: Si son hypothèse triomphe,
qu'il négociera et qu'il signera des conventions avec tous ceux qui sont
sous son égide comme négociateur en chef du gouvernement,
à ce moment-là est-ce qu'il annulerait complètement la loi
ou s'il ne laisserait cette loi-là en force que pour les
municipalités?
Je crois que c'est une excellente question. Elle est
hypothétique, mais, vu que l'ensemble de la loi est
hypothétique... L'ensemble de la loi l'est, et le ministre souhaite
qu'elle ne soit qu'hypothétique, cette loi. Et, moi aussi, je lui
souhaite. Mais, à ce moment-là, s'il signe avec tout le monde, et
c'est pour ça que je lui pose la question, c'est son rêve le plus
cher, si son rêve se réalise, est-ce qu'il sera le seul à
sourire et qu'il laissera tous les employés municipaux grimacer?
M. Johnson: M. le Président... M. Blais: C'est ma
question.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, on est habitué
à la dialectique du député de Masson et aux sophismes qui,
à l'occasion, viennent entailler son propos. La loi n'est pas
hypothétique, là. On peut poser comme hypothèse
idéale que nous n'en aurions pas besoin pour régler avec nos
employés. Je souhaite ne pas avoir à la mettre en application. Je
préfère donc convenir avec nos employés de leurs
conditions de travail pour l'avenir.
Je reviens à la question, est-ce que ça veut dire
qu'aujourd'hui on doit prévoir quelles seront les décisions que
nous devrions prendre si on réglait avec tout le secteur public tel
qu'on se le définit pour nous et qu'il ne subsisterait dans la loi que
des effets à l'endroit des municipalités? Est-ce qu'on doit
aujourd'hui commencer à donner des réponses, des
éléments de réponse? Ça m'apparaît
prématuré. C'est ce que je dis. Je ne mets pas en doute qu'on ne
peut pas envisager, avec notre esprit, ces perspectives-là. Je ne dis
pas qu'on doit s'y fermer. On doit même y réfléchir. Mais
je ne donnerai pas de réponse aujourd'hui.
M. Blais: J'aurais une petite question à vous poser.
Le Président (M. Lefebvre): Vous avez droit encore
à 4 minutes, M. le député de Masson.
M. Blais: Merci. Est-ce qu'une municipalité où la
convention collective devrait se négocier, supposons, vers le 10, 12, 15
juillet, là, et que, forte de cette loi hypothétique que nous
avons devant nous comme principe, la ville dit ? on va prendre une de mes
villes, mettons la ville de Mascouche ? à ses employés: II y
a une loi 102 que M. le président du Conseil du trésor a
amenée à l'Assemblée nationale; nous faisons une
résolution, nous voulons absolument geler vos salaires; alors, nous
signons 2 ans, point à la ligne, point à la ligne... À ce
moment-là, avec les gens avec qui vous négociez, vous avez
jusqu'au 1er octobre. Alors, vous vous engagez en ne disant pas aujourd'hui,
immédiatement, aux municipalités: Ne signez rien et ne vous
prévalez pas de ça avant le 1er octobre parce que
l'hypothèse peut dire que, si, moi, je signe avec tout mon monde, il y a
une grosse possibilité que cette loi soit caduque et, si vous prenez des
dispositions, vous allez être obligés de recommencer. Il me semble
au moins que vous devriez avertir les édiles municipaux de ne rien
signer avant le 1er octobre.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Non. Pas nécessairement, parce qu'une
municipalité peut toujours, même si elle ne sort pas de
l'application de la loi, négocier ce qu'elle veut avec ses
employés. Littéralement. Mais elle peut décider de ne rien
faire, de ne pas négocier avec ses employés et, donc, de laisser
la loi s'appliquer automatiquement. Ça, c'est évident, là.
Mais il y a une distinction qui n'est pas oiseuse, qui s'applique dans le cas
des municipalités, c'est qu'une municipalité peut, si la loi est
en vigueur... (22 h 20)
M. Blais: Avant le mois d'octobre, M. le ministre?
M. Johnson: ...je dirais conclure avec ses employés une
convention collective librement, je veux dire, être définie,
là, ou déterminée de part et d'autre, de part et d'autre.
Oui, oui, c'est compliqué. On ne se cache pas de ça, mais... Et
le gouvernement ne peut pas intervenir, de toute façon.
M. Blais: Vous dites qu'elle est caduque après.
M. Johnson: C'est un outil qu'on donne à une
municipalité si elle veut s'en servir. Si elle veut s'en servir.
M. Blais: Et, si vous dites qu'elle est caduque, après,
qu'est-ce qu'ils vont faire? Si elles signent avant le 1er octobre, fortes que
cette loi-là leur permette, aux municipalités, de geler les
salaires, et qu'elles ne négocient pas, et que, le 1er octobre, vous
avez signé avec tous vos syndicats, vous, et que la loi deviendrait
caduque et que vous décidez que cette loi-là, on la rend caduque,
qu'est-ce que les conventions que les municipalités ont signées
avant le 1er octobre vont devenir?
(Consultation)
M. Johnson: Si, M. le Président, on avançait
davantage dans le projet de loi plutôt que d'être en train de
parler des...
M. Blais: Écoutez, là, quand même!
M. Johnson: ...municipalités alors que c'est l'amendement
à l'article 4 qui nous préoccupe, on verrait que les
municipalités, au même titre que l'article 10 et l'article 20,
prévoient qu'une entente peut équivaloir aux paramètres
qui sont déterminés dans la loi. Une municipalité, donc,
peut déterminer que l'entente qu'elle conclut avec ses employés
est l'équivalent du projet de loi.
M. Blais: M. le Président, juste en conclusion.
M. Johnson: Alors, c'est ça qui n'était pas oiseux,
que je disais, qu'une situation où on n'intervient pas, où je ne
vois pas vraiment... Peut-être que des contribuables pourraient se sentir
lésés, avoir un recours, là, mais, enfin, je lance
ça comme ça, mais...
M. Blais: Oui, mais juste en conclusion, M. le Président,
je pense que c'est une situation très loufoque. S'ils pouvaient, avant
le 1er octobre, signer des conventions et dire qu'ils ont le droit de geler
à cause du pouvoir qu'on leur donne avec cette loi-là et que, le
1er octobre, vous ayez tous signés et que vous diriez que cette
loi-là est caduque, à ce moment-là il y aurait un
problème.
Mais ce n'est pas ça que je veux dire. J'aimerais bien vous dire,
M. le Président, ceci. C'est que vous dites: Si on avançait. Je
tiens à vous dire une chose, et je pense que vous allez l'accepter. J'ai
été d'une pertinence à peu près absolue, je n'ai
parlé que de budget, de la loi, des difficultés de la
récession, etc. J'ai essayé de m'en tenir de façon directe
à cette loi-là, à son esprit. J'aurais pu errer dans
beaucoup de choses, mais je m'en suis tenu directement à la loi, aux
coupures qu'on a faites comparées aux coupures que vous faites. J'ai
été d'une pertinence presque «ennoblissante» pour
cette Assemblée, M. le Président.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Masson.
M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Non, ce que j'en disais, je n'ai pas... En
deuxième lecture, en adoption de principe, je ne nie pas que les propos
du député n'ont pas été pertinents, mais nous
sommes ici à l'étude détaillée et on est en train,
croyez-le ou non, M. le député de Masson, d'examiner
l'à-propos d'adopter ou pas un amendement à l'article 4 qui
réfère à la troisième section du chapitre II de la
loi.
M. Blais: J'avais oublié de vous dire qu'on était
contre.
M. Johnson: Alors, vous me permettrez de croire que l'effet de la
loi en octobre sur les employés municipaux est assez loin de notre
propos. Mais je vais reconnaître, quant au reste, que c'était dans
l'esprit général des discussions qui nous ont amenés
ici.
M. Blais: Merci.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions quant à l'amendement proposé à l'article 4?
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Alors, je vais mettre aux voix l'amendement en question qui se lit comme
suit: Remplacer, dans les deuxième et troisième lignes du premier
alinéa, les mots «en vertu de l'article 19 ou de l'article 19.1 de
la Loi sur l'assurance-maladie» par les mots «visée par la
sous-section 3 de la section III du chapitre II».
Alors, je vous annonce que je vais mettre aux voix cet amendement et,
à partir de maintenant, je demanderais aux pages de fermer
l'accès à l'Assemblée.
Et je demande immédiatement à tous les
députés qui sont en faveur de l'adoption de cet amendement de se
lever, tous en bloc, s'il vous plaît, et on va procéder à
l'identification des députés qui sont en faveur.
Le Secrétaire adjoint: M. Cusano (Viau), M. MacMillan
(Papineau), M. Maciocia (Viger), Mme Hovington (Matane), M. Johnson
(Vaudreuil), M. Phili-
bert (Trois-Rivières), Mme Robillard (Chambly), M. Tremblay
(Outremont), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Chagnon
(Saint-Louis), M. Gautrin (Verdun), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Rivard (Rose-mont), M.
Hamel (Sherbrooke), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), Mme Pelchat
(Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Poulin (Chauveau), M. Cam-den
(Lotbinière), M. Parent (Sauvé), M. Benoit (Or-ford), M. Dauphin
(Marquette), M. Farrah (îles-de-la-Madeleine), M. Lafrenière
(Gatineau), M. Richard (Ni-colet-Yamaska), M. Williams (Nelligan), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), M. La-firance (Iberville).
Le Président (M. Lefebvre): Je demande maintenant aux
députés qui sont contre l'adoption de l'amendement de se lever en
bloc, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Perron (Duplessis), M. Chevrette
(Joliette), M. Léonard (Labelle), Mme Marois (Taillon), M. Biais
(Masson), M. Paré (Shefford), Mme Dupuis (Verchères), Mme
Carrier-Perreault (Les Chu-tes-de-la-Chaudière).
Le Président (M. Lefebvre): L'amendement est
adopté.
Nous reprenons le débat sur l'article 4.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 4 du projet de loi
102?
M. le député de Labelle.
M. Léonard: On va étudier l'article 4, paragraphe
par paragraphe, M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Oui. Le premier paragraphe de
l'article 4.
M. le député de Labelle, vous voulez intervenir?
M. Chevrette: Est-ce qu'il ne s'est pas trouvé
scindé par le fait même avec l'amendement? Comment vous le
considérez maintenant?
Le Président (M. Lefebvre): C'est-à-dire qu'il
s'agit évidemment d'intégrer l'amendement à
l'intérieur de l'article 4 avec la conséquence que ça
comporte. C'est un article qui comportait 2 paragraphes. On se retrouve
toujours avec un article 4 comportant...
M. Chevrette: Ah! Deux paragraphes.
Le Président (M. Lefebvre): ...toujours, effectivement, 2
paragraphes.
M. Chevrette: Vas-y, Jacques.
M. Léonard: Oui, je vais y aller.
Le Président (M. Lefebvre): Vous pouvez, M. le
député de Labelle, intervenir de façon globale sur
l'article comme tel, comme vous pouvez le faire sur un paragraphe.
M. Léonard: Vous voulez sauver du temps? O.K.
Le Président (M. Lefebvre): Allez-y. Je vous
écoute, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, M. le Président.
M. Chevrette: Oui, mais lequel on prend? Ça a de
l'importance, M. le Président, parce que, si j'interviens sur le premier
paragraphe...
Le Président (M. Lefebvre): Évidemment, ça a
une importance pour les temps de parole.
M. Chevrette: Pour les temps de parole. Donc, moi, si vous me
dites que vous procédez paragraphe par paragraphe, c'est ce que je
souhaite...
Le Président (M. Lefebvre): Oui, oui, c'est ça.
M. Chevrette: ...on va prendre le paragraphe 1 et on va le
régler.
Le Président (M. Lefebvre): C'est le cas. C'est le
cas.
M. Chevrette: Très bien.
Le Président (M. Lefebvre): On procède au
débat sur le paragraphe 1 de l'article 4.
M. Chevrette: Parfait!
M. Léonard: Ils viennent de comprendre.
Le Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, d'abord...
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, on me fait remarquer qu'il
n'y a pas de paragraphes dans le...
Des voix: Oui, il y en a 2.
M. Johnson: Non. Il y a 2 alinéas, M. le Président,
pas 2 paragraphes.
M. Chevrette: Oh! Mon Dou!
Le Président (M. Lefebvre): Un paragraphe ou un
alinéa, dans mon esprit, c'est pas mal semblable.
M. Johnson: C'est la même chose? Ah! D'accord. Très
bien.
Le Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. le
député de Labelle. (22 h 30)
M. Léonard: bon! m. le président, je voudrais
d'abord faire une considération sur l'article 4. en quelque sorte, il
fonde l'économie de la loi, de toute la loi, et j'aurai des questions
à poser au président du conseil du trésor sur le choix
qu'il a fait par rapport à l'économie de son projet de loi. la
question que je me pose et que je lui pose, c'est: est-ce qu'il y a beaucoup de
projets de loi dont les dispositions ne s'appliquent pas en même temps
à tout le monde? je m'explique. dans ce projet de loi, au fond, les
dispositions s'appliquent lors de la date d'expiration d'une convention
collective; et c'est ça qui est l'économie de l'article 4.
l'effet de cela, c'est que le gel qui est proposé dans le projet de loi
s'applique à des dates différentes pour des groupes
différents. l'effet aussi qu'il faut bien comprendre, c'est que
ça peut coûter plus cher à un groupe plutôt
qu'à l'autre, dépendant du moment où la loi s'applique
à ce groupe. cela arrive par le fait que le taux d'inflation varie sur
une période de 2 ans; même à l'intérieur d'une
période de 3 mois, de 6 mois, on voit très bien qu'il y a des
taux d'évolution de l'inflation et qu'ils sont significatifs.
l'évolution est significative et les modifications, les changements, les
différences sont significatifs; et il est très différent,
si vous êtes atteint par l'effet de la loi dans la période 0
à 2, ou à 3 ans, même ? par hypothèse,
ça pourrait aller jusque-là pour une convention collective de 3
ans qui viendrait d'être signée ? ou bien si elle s'applique,
si le gel s'applique, par exemple, seulement au bout de 3 ans. en d'autres
termes, si le taux d'inflation, à l'heure actuelle, est
considéré comme bas au canada et au québec ? de
l'ordre de 1,5 %; entre 1 % et 2 % ? c'est la réalité
d'aujourd'hui, tout le monde la prend pour acquise, mais, dans 3 ans ou dans
deux ans et demi, qu'est-ce qui nous dit que le taux d'inflation ne sera pas
remonté à 6 %? et c'est ça, c'est ça, la
considération d'équité entre les groupes qu'il faut bien
comprendre. alors qu'on a abondamment évoqué le cas de
sherbrooke... sherbrooke vient de signer une convention collective avec 8 %
d'augmentation et son gel va se produire à un moment où
l'inflation sera plus forte ou plus basse, mais, quelle qu'elle soit, il y aura
des différences, et l'effet va être différent selon les
groupes et selon la période d'application de la loi. cela vient du
principe même de la loi. cela vient du principe même de la loi qui
fait que le gel s'applique au bout de la convention collective, au lieu de
décider, comme le gouvernement aurait pu le faire, qu'à partir du
moment de la sanction de la date de la sanction du projet de loi, on aurait pu
opérer un gel et allonger la convention collective par la suite. c'est
très différent. c'est très différent. il y a des
différences qui peuvent être significatives selon les groupes et
selon, d'ailleurs, les ré- gions. On sait que les taux d'inflation sont
différents d'une ville à l'autre, sont différents d'une
ville à l'autre. Ce n'est pas indifférent.
Moi, je pense que... J'ai une question, donc, à poser au
président du Conseil du trésor, là-dessus: Pourquoi a-t-on
choisi d'appliquer le gel au bout de la convention collective plutôt
qu'à partir de la date de la sanction du projet de loi? L'effet,
c'est,que, dans un cas, l'application se fait à des moments
différents, ce qui a été choisi par le président du
Conseil du trésor, alors que si le gel s'applique à partir de la
sanction de la loi, l'application se fait dans le même temps pour tout le
monde. Pourquoi avoir choisi l'autre méthode?
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: La question initiale du député, enfin,
la question... Il a posé une question en commençant, longuement
développée avec force exemples. La réponse est oui. Par
exemple, la loi qui vise le louage de choses...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Y a-t-il d'autres lois? On me dit qu'il y en a
une, là. Bon. Maintenant, pourquoi avez-vous choisi d'appliquer le gel
au bout de la convention collective plutôt que de l'appliquer à la
date de la sanction de la loi et d'allonger la convention collective par la
suite?
M. Johnson: Oui, mais écoutez, l'exemple que je viens de
donner, M. le Président, illustre parfaitement pourquoi. C'est parce
que, si on changeait le Code civil sur le louage de choses, on respecterait les
baux qui sont en cours, de la même façon on respecte les
conventions collectives qui sont en cours. Et la loi s'applique à tout
le monde en même temps, mais prend son effet à l'arrivée
d'un événement, qui correspond pour chaque situation...
M. Léonard: Non, non.
M. Johnson: ...juridique dans laquelle les gens sont, et
pour...
M. Léonard: Je regrette.
M. Johnson: ...chaque période qui touche ces gens,
ça touche à leur situation particulière.
M. Léonard: Non, non.
M. Johnson: Enfin, c'est un grand, grand principe de droit. On ne
peut pas décider...
M. Léonard: Non, non.
M. Johnson: ...qu'on va annuler toutes les conventions
collectives en cours et décider qu'à partir de la semaine
prochaine c'est zéro pour tout le monde et, donc, qu'ils ont trop
signé la semaine dernière, qu'on va leur enlever. Si ça
fait deux ans qu'ils ont signé, on va leur enlever ça. Ça
n'a aucun sens ce que le député suggère, à moins
que je n'aie pas compris la question.
M. Léonard: Non, ce n'est pas...
M. Johnson: Parce que, ce qu'il demande... Et, à ma
réponse, il démontre de l'étonnement, ça me laisse
soupçonner qu'il croit vraiment qu'on devrait annuler les conventions
collectives en cours.
M. Léonard: Non.
M. Johnson: II s'étonne qu'on ne le fasse pas, je devrais
dire. Il s'étonne qu'on n'annule pas. Je lui dis que ça n'a pas
de bon sens si on faisait ça.
M. Léonard: Non. Monsieur...
M. Johnson: C'est évident, là. Tous les contrats en
cours, de quelque nature qu'ils soient, et qui portent une date de prise
d'effet ou d'expiration ou ? je dirais ? d'avènement d'un
droit, subsistent jusqu'à ce que la loi puisse trouver son application,
compte tenu de la situation juridique qui, à un moment donné, se
retrouve. Mais je ne vois pas qu'on doive, ici, annuler toutes les relations de
droit que les gens ont consenties les uns envers les autres, en matière
de relations de travail.
M. Léonard: M. le Président, quel président
du Conseil du trésor... Je lui pose une question, qui est
sérieuse, je pense. Ce n'est pas n'importe comment. De toute
façon, il intervient... De toute façon, il intervient dans les
contrats de travail, dans les conventions collectives, soit parce que, à
la fin, à la date de l'expiration, il va reporter le renouvellement de
deux ans; parce que là, c'est une intervention dans les relations entre
deux groupes ou une personne et un groupe. Il intervient, de toute
façon.
Et la question que je lui pose: Pourquoi n'intervient-il pas à la
même date pour tout le monde? Parce qu'en ne le faisant pas il
crée des inégalités entre les groupes, entre les
territoires, entre les lieux, et c'est ça la question; ça fonde
toute l'économie du projet de loi. Et ma question n'est pas une question
juste théorique. Je pense qu'il y a des cas où des pays ont
décidé de geler... Et la question que j'aurais aimé poser
aussi: Qu'est-ce que l'Ontario a fait et qu'est-ce que le fédéral
a fait, par exemple, en 1982? J'aimerais savoir si ceux qui vous entourent
savent ce qui a été fait. Parce que l'Ontario a fait un gel... a
gelé. Il y avait une augmentation de 6 % vers 1982 ou 1983, au moment
où nous-mêmes, nous avons opéré des gels et des
coupures salariales. L'Ontario a opéré un gel. Et je me demande
si c'est de votre façon ou de celle que je propose. Quoi qu'il en soit,
il est évident que, si la loi ne s'applique pas en même temps pour
tout le monde, les effets seront différents.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Nous n'intervenons pas dans des contrats existants.
Nous ajoutons, à titre illustratif, une période à la fin
des contrats existants. Nous ne modifions en rien les contrats de travail
existants.
La seule façon, si on devait donner raison à ce qu'on
retrouve dans la question du député ? comment je dirais
ça...
M. Léonard: Je pourrais illustrer, si on veut.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Labelle. (22 h 40)
M. Léonard: je sais que c'est peut-être un peu
compliqué de faire des hypothèses simplement oralement. je ne
sais pas, si on pouvait faire une photocopie de ça pour illustrer ce que
je veux dire. l'hypothèse que je voudrais faire, c'est la suivante: sur
4 ans, inflation 1 %-l %, 5 %-5 %, par exemple ? c'est une
hypothèse. alors, si le salarié est gelé ou voit son
salaire gelé les 2 premières années, il a son salaire,
point, donc sans indexation. gelé: il a son salaire, mais, les 2
dernières années, il aura son salaire plus s %. donc, il se
ramasse au bout de 4 ans avec son salaire plus 10 %. on me suit?
M. Johnson: La convention est en vigueur, là, ou...
M. Léonard: Oui, 2 conventions semblables, pour les fins
de la démonstration, mais dont la date d'échéance est
à 2 ans de distance. O.K.? Alors, le premier...
M. Johnson: Mais la date de départ est la même?
M. Léonard: Oui, 1993...
M. Chevrette: Les docteurs qui viennent de signer,
là...
M. Léonard: Non, non, mais disons...
M. Johnson: Non, non. Il va mêler tout ça,
là.
M. Léonard: ...1993 ? prenez-vous une feuille,
peut-être que ce serait plus simple ? en 1993, inflation 1 %; 1994,
inflation 1 %, ensuite 5 %-5 %. o.k.? le salaire gelé les 2
premières années donne que le salaire ne varie pas en 1993-1994,
mais qu'en 1995-1996 il augmente à ce moment-là de 5 %, si l'on
prend pour acquis que l'on donne l'inflation comme augmentation
au bout, ou durant toute l'hypothèse, donc à conditions
égales. Si le salaire est gelé les 2 dernières
années, en d'autres termes, le gel ne s'applique pas tout de suite, mais
seulement au bout de la convention. Alors, le salarié aura son salaire
plus 1 % en 1993, plus un autre 1 % en 1994, mais, en 1995, il n'aura que son
salaire plus 3 % et 3 %. Donc, il est décalé par rapport à
l'autre qui a obtenu 10 %. C'est ça, le point que j'ai. C'est
très différent.
M. Johnson: Oui, mais alors, est-ce qu'on pourrait avoir un
exemple pratique dans le secteur public où la situation risque de se
produire?
M. Léonard: Toutes les conventions collectives et, en
particulier, dans le monde municipal, dont aucune n'arrive en même temps,
j'en suis convaincu. Mais mon point, effectivement, vous pouvez avoir des
conventions collectives qui, globalement, pour le secteur parapublic tombent
à peu près en même temps: les négociations, c'est le
1er juillet. Pour tous les autres, vous ne connaissez pas la date de fin de
convention. C'était une des raisons pour lesquelles on s'interrogeait
sur les fins de la convention, quel serait l'effet dans le temps. Il n'y a
rien... Non, non. Mon exemple a l'air théorique, il est
hypothétique, mais, dans les faits, ça peut très bien se
passer comme ça, ça peut très, très bien se passer
comme ça. Il n'y a rien qui nous dit que le taux d'inflation ne sera pas
de 5 % dans 3 ans, absolument rien. Et je pourrais penser que, oui, ça
pourrait se produire.
M. Johnson: Oui. Alors, ce que vous dites, c'est qu'il peut y
avoir une situation où les gens viennent de signer une convention
collective de 2 ans...
M. Léonard: Oui.
M. Johnson: ...à 1 %-l %; donc, le gel prendra effet dans
2 ans, alors que l'inflation...
M. Léonard: Au bout de la deuxième année,
donc aux années 3 et 4.
M. Johnson: Oui, d'accord, et comparativement à une
situation où des gens qui n'ont pas encore conclu une entente se
verraient geler cette année et l'an prochain et, en 1995-1996,
pourraient négocier, cette fois-là librement, des
augmentations...
M. Léonard: Une augmentation, une indexation.
M. Johnson: ...possiblement à l'inflation de 5 % et 5
%.
M. Léonard: Pour les fins de la démonstration, je
prends l'hypothèse qu'ils auraient l'inflation comme augmentation,
point, un cas et l'autre, pour bien situer les considérations
également.
M. Johnson: Oui, d'accord.
M. Léonard: Mais vous admettez que les conséquences
sont que l'effet de la loi est très différent, parce que vous
avez choisi d'appliquer le gel au bout de la convention collective plutôt
que de l'appliquer au moment de la sanction.
M. Johnson: ça apparaît parfaitement assimilable
à la situation où des baux sont en vigueur, ou viennent à
peine de prendre fin, et qu'on introduirait une loi qui vise à limiter
les augmentations de loyer à un pourcentage qui est une proportion, par
exemple, du taux d'inflation, et quelqu'un viendrait signer un bail qui
prévoit des augmentations de 10 % par année, alors que
l'inflation, dans les prochaines années, ne serait pas de 10 %. alors,
il va prendre une avance considérable, dirions-nous, par rapport
à la personne qui, tout de suite, devient sujette, dans la
négociation de son bail, à la nouvelle loi qu'on pourrait
introduire. bon.
La question est de savoir comment, dans le secteur public, pouvons-nous
retrouver de telles situations. Dans notre secteur à nous, on dirait
qu'il n'y en a pas. Il n'y aurait pas des cas aussi extrêmes que ceux
qu'on dénote. Et votre question porte sur l'équité
relative, la façon dont ça peut affecter l'équité
entre les différentes munipalités, disons, ou entre
différents travailleurs des municipalités qui n'auraient pas,
même à l'intérieur d'une même municipalité,
des dates de fin de convention collective qui seraient identiques. C'est
ça?
Il faudrait comparer la situation au statu quo ante, d'abord. Il
faudrait voir où en sont les gens les uns par rapport aux autres,
aujourd'hui, et ce que les conventions collectives amènent comme
divergences possibles. Il faudrait également tenir compte du fait qu'il
peut ou ne peut pas y avoir de rattrapage lorsque la période de
prolongation du gel, donc, sera terminée. Il faudrait également
tenir compte du fait que, dans ces circonstances-là, les
municipalités peuvent choisir de se soustraire à l'application de
la loi. On oublie toujours ça dans le discours. Je veux juste qu'on
sache que ce n'est pas obligatoire. Ça s'applique, sauf si la
municipalité, évidemment, décide de se soustraire à
l'application de la loi.
S'il y a des cas aussi extrêmes que ceux qui sont... D'abord, je
ne crois pas que des cas extrêmes soient réalistes comme tels,
mais, pour fins d'illustration, on peut voir se glisser des divergences, c'est
évident. Mais je ne vois pas qu'il y ait là matière
à modifier, à amender la loi à un point tel qu'elle
s'appliquerait pour tenir compte des divergences que la vie de tous les jours
introduit nécessairement dans les relations de droit, les relations de
travail.
M. Léonard: m. le président, il reste que,
même si le président du conseil du trésor dit que ce sont
des cas théoriques, ils ne sont pas si théoriques que cela. il y
a 2 ans, le taux d'inflation était encore de 6 %- 6,9 %. il a
été très élevé en 1991. très
élevé. et
donc, dans l'avenir, on peut très bien frapper des variations du
taux d'inflation de cet ordre de grandeur. Je n'ai pas besoin de vous dire
qu'on peut s'attendre à ce qu'il y ait des rajustements
considérables dans les politiques budgétaires
fédérales après la prochaine élection
fédérale. Et donc, le taux d'inflation va être grandement
influencé par ces politiques. Ça, c'est une chose.
Deuxièmement, je vais introduire un autre élément
dans mon raisonnement. Vous avez un travailleur qui est gelé parce qu'il
travaille selon une certaine convention collective et qui change d'emploi. Il
s'en va dans un autre lieu de travail où le gel s'applique au bout de 2
ans. Et là, lui, il va être gelé 4 ans. Je ne sais pas si
le président du Conseil du trésor m'écoute, mais,
ça, là, c'est toute la question de la mobilité des
travailleurs qui est en cause là-dedans. Je ne sais pas si le
président du Conseil du trésor m'a écouté,
là.
Écoutez, je vous ai dit que les variations du taux d'inflation
peuvent être considérables, même dans un avenir assez
rapproché. Par exemple, les rajustements ou les révisions peuvent
être dramatiques dans les politiques budgétaires
fédérales, après la prochaine élection
fédérale. On s'attend à ça. Tout le monde s'attend
à ça. Mais j'ajoute un autre élément, M. le
président du Conseil du trésor. C'est une personne qui est
assujettie à une convention collective qui connaît le gel
maintenant. Elle change d'emploi dans 2 ans et s'en irait, par
hypothèse, travailler dans un autre endroit où le gel
commencerait. Cette personne serait gelée durant 4 ans. Est-ce que vous
avez prévu des cas semblables? Est-ce que vous ne considérez pas
mon objection à l'effet que, si le gel s'applique au bout de la
convention collective, ça va créer des situations
d'iniquité beaucoup plus considérables qu'on ne le pense, alors
que si le gel s'appliquait à partir de la date de la sanction du projet
de loi, ça serait très différent. Ça serait
égal pour tout le monde. La loi s'appliquerait en même temps pour
tout le monde, et ce serait le même taux d'inflation
nécessairement. (22 h 50)
M. Johnson: Oui, mais on peut multiplier les exemples...
M. Léonard: Non.
M. Johnson: Oui, on peut les multiplier. Le fait est qu'on peut
les multiplier. On peut avoir quelqu'un qui décide qu'il va travailler
à Sherbrooke, où les gens viennent d'avoir 8 %, et qui, lorsque
le gel va prendre effet à Sherbrooke, va revenir à Drummondville
parce que, là, le gel est fini et tout le monde va avoir 5 %.
M. Léonard: Mais effectivement...
M. Johnson: Ça veut dire quoi? Ça rime à
quoi, de...
M. Léonard: ...ça peut arriver.
M. Johnson: ...prendre quelqu'un, un Québécois, et
de le suivre dans sa carrière à travers le Québec?
M. Léonard: Si quelqu'un est pénalisé,
effectivement, vous pouvez avoir quelqu'un qui est avantagé, mais ce qui
est inacceptable, à mon sens, et pas correct, c'est que c'est une loi
qui ne s'applique pas en même temps pour tout le monde. Et c'est
ça, la conséquence, c'est que, effectivement, il va y avoir des
gens avantagés et d'autres désavantagés; parce que si l'on
dit qu'il y en a qui seront avantagés, d'autres seront
désavantagés, juste par la décision qui est
impliquée. Je pense que c'est une objection très sérieuse.
Le ministre devrait la reconnaître.
M. Johnson: Le propos est sérieux, s'il y avait un '
fondement dans les faits... Ce que je dis, c'est que, sur une longue
période, si tout le monde est touché à un moment
donné ou à un autre, dans l'ordre normal des choses, tout le
monde va avoir été traité de la même façon.
Ce pourquoi plaide le député, c'est qu'on intervienne dans les
contrats déjà signés; il n'y a pas d'autre conclusion que
celle-là.
M. Léonard: Vous allez intervenir de toute façon.
M. Johnson: Pas du tout.
M. Léonard: Parce qu'au bout de la convention vous
intervenez.
M. Johnson: Mais non, pas du tout, on ajoute une période
à l'expiration des contrats qui sont, soit déjà
échus, soit à échoir. Dans ce sens-là, on touche
tout le monde en même temps, mais avec des dates, je dirais
d'entrée en vigueur ou de prise d'effet qui ne sont qu'une
conséquence des conventions collectives en cours ou déjà
échues.
Alors, à partir de ce moment-là, on doit constater, si on
veut éviter ce que le député dénonce, qu'il y a une
seule solution, c'est celle d'intervenir dans des conventions dûment
signées et en vigueur au moment où on se parle, qui, dans un cas,
pourraient prévoir une augmentation de 1 % le 1er juillet prochain et,
dans un autre cas, ne pas prévoir une augmentation de 1 % le 1er juillet
prochain. Je donne un exemple, comme le député le fait. Dans un
cas, on va dire: Ah, non, la convention qui prévoit qu'il y a une
augmentation de salaire en juillet prochain, ça, on va intervenir et on
va l'annuler parce qu'il faut que la personne soit gelée. Donc, on
intervient, on modifie les termes d'un contrat existant. Et on regarde l'autre
convention, et on dit: Ah, bien non, là, c'est correct, il n'y a pas
d'augmentation le 1er juillet prochain; ça, ça marche, on n'y
touche pas.
On se rend compte de ce que le député nous demande de
faire, et c'est exactement la même chose que d'intervenir dans les
clauses d'«escalation» des baux si, d'aventure, on avait une loi
qui limitait les augmentations de loyer d'une année à l'autre
pour les baux résidentiels, commerciaux ou quoi que ce soit. Le
député
nous invite à nous ingérer littéralement dans les
relations de droit que les gens ont établies entre eux librement.
Il n'y a pas d'autre issue à la question. Il y a deux termes
possibles: ou bien on intervient dans quelque chose qui est déjà
signé et en vigueur, ou on n'intervient pas. Moi, je prétends
qu'on n'intervient pas, c'est trop vrai, bon, et ça donne certains
effets. Lorsqu'on veut multiplier les exemples et qu'on dresse un
scénario comme celui du député, moi, je veux bien
l'accepter prima facie, mais la question se pose à savoir si c'est
réaliste. L'alternative, c'est d'intervenir dans les contrats
déjà signés et de regarder l'ensemble tout l'univers
visé et d'intervenir cas par cas, convention collective par convention
collective, pour y apporter des correctifs sans se demander si les gens sont en
rattrapage, sans se demander si les gens sont indexés à
l'inflation, qui peut être élevée ou pas, qui peut
être négative, qui l'a été pendant un temps, l'an
dernier ? une inflation négative. On va faire quoi, là?
Alors, je pense qu'il faut se rendre compte que ce n'est pas des
contrats pour 40 ans que les gens ont signés, c'est des
échéances de 12, 24, peut-être 36 mois. En vertu, je pense
bien, de la statistique, on pourrait penser que, à un moment
donné, on est, en moyenne, à moitié chemin des
échéances, des durées de toutes les conventions
collectives. Alors, au pire, on parle d'une période de 18 mois, en
moyenne, qui est en cours au moment où la loi prend effet. Alors, c'est
sur cette période-là qu'il faut regarder ça, pas sur 4 ou
5 ans, il me semble.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: je regrette, je regrette, mais, le
président du conseil du trésor, son projet de loi, il faut le
regarder sur 5 ans, parce que des conventions collectives se signent pour 3
ans, de façon assez courante, et, si on ajoute un gel de 2 ans, nous
parlons de 5 ans. or, je veux juste lui rappeler une chose: les taux
d'inflation depuis 1989-1990. je vous les donne, juste pour voir les effets que
cela pourrait avoir: 4,8 %, en 1989-1990; 3,2 %, en 1990-1991; 1,3 %, en
1991-1992; 1,8 %, en 1992-1993; 3,7 %, en 1993-1994; 5 % prévus en
1994-1995; 5,4 % l'année suivante, 5,3 %, 5,8 %, et là, je peux
penser que les taux, ce n'est pas nécessairement très juste, dans
5 ans, mais, la réalité du passé, en 1989-1990, on est
passé de 4,8 % à 1,3 %; 2 ans plus tard, à 1,8 %, en
1992-1993, et on est remonté à 3,7 %. voyez-vous qu'il y a des
variations significatives d'une année sur l'autre? ça, c'est,
première considération.
Il y a, de plus, une variation significative entre, même, les
différentes villes du Québec, dans les taux d'inflation. Oui? Et
puis, j'ajoute encore la considération que j'ai apportée,
à savoir quelqu'un qui change d'emploi ou qui change de convention
collective, pour une raison ou pour une autre: certains peuvent se trouver
avantagés, d'autres, ne pas l'être du tout, ils peuvent être
désavantagés, au contraire. Le petit exemple que je vous donnais
tout à l'heure donne pour résultat, que quelqu'un qui gagne 100 $
en 1992, avec les taux d'inflation que je donnais, s'il est gelé en
1993-1994, il va avoir, en 1996, 110 $. Mais, s'il est gelé dans les 2
dernières années, il va avoir 102 $. C'est ça, l'effet.
C'est des distorsions qui ne sont pas extrêmes, ça correspond aux
variations du taux d'inflation qu'on a connues dans les 5 dernières
années; il faut voir ça. C'est l'effet de la décision que
vous prenez d'additionner le gel à la convention collective plutôt
que de geler à partir de la sanction de la loi.
Et, quant à moi, on intervient de toute façon dans les
relations de travail ? on intervient de toute façon. Quand la
convention collective sera terminée, on va dire: Durant 2 ans, vous ne
pouvez rien faire. Tandis que, gelé à partir de la date de la
sanction de la loi implique qu'on prolonge la convention collective qui est
déjà signée, donc, les conditions actuelles s'appliquent
plus longtemps, comprenant un gel.
Mais, je voudrais que le président du Conseil du trésor
prenne la remarque que je fais en bonne part, parce que, du point de vue de
l'équité, elle est sérieuse. Je regrette, je ne suis pas
sûr qu'on y ait pensé, là, mais les effets sont ceux que je
viens de décrire.
Le Président (M. Lefebve): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, bien, je prends ça en bonne part, et
c'est une illustration de ce qui peut arriver. Mais ça ignore une autre
facette de la réalité, c'est que, dans le cas des personnes qui,
peut-être, seraient à 102 $ en 1996 ? avec l'exemple qu'on
nous a donné ? plutôt qu'à 110 $, moi, je vous
prédis qu'il va y avoir un rattrapage de 8 $ qui va être en cours
chez ces gens-là. et il faut regarder l'univers qu'on est en train
d'examiner, là. il s'agit de l'univers municipal, où les gens, on
est en train de se demander s'ils vont avoir 2 % ou 8 % ou 4 % sur 5 ans,
là. ils sont 25 % en avance sur le marché, là. toutes les
mesures qu'on a de toutes sources démontrent que c'est un marché
du travail qui est 25 % en avance, en rémunération, sur le reste
du monde entier ou de notre univers. alors, moi, je veux bien qu'on s'apitoie
sur le sort de quelqu'un qui va seulement être de 27 % au lieu de 34 % en
avance, mais c'est ça, la réalité, là; c'est
ça qui a amené les municipalités, évidemment,
à demander l'exercice de ce pouvoir-là.
M. Léonard: Je voudrais juste rectifier une chose dans les
chiffres d'inflation que j'ai donnés tout à l'heure, mais
ça n'infirme absolument pas mon exemple, parce que je me suis
trompé de ligne...
M. Johnson: Non, non, je n'ai pas dit ça.
M. Léonard: le taux d'inflation au canada, en pourcentage,
1989-1990, 5 %; les années suivantes, 4,8 %, 4,2 %, 1,5 %, 2,6 %, 2,1 %.
mais, juste pour vous dire, quand même, qu'il y a des variations
significatives dans les taux d'inflation, et puis, quels que soient les
exemples, si on se place sur le plan théorique, mais qui va quand
même se retrouver dans la pratique, on va retrouver des iniquités
comme celles-là. (23 heures)
M. Johnson: D'accord.
M. Léonard: C'est sûr.
M. Johnson: Je suis d'accord, mais je prétends qu'à
terme il y a des correctifs. Évidemment, il y a des correctifs
automatiques dans le marché. Il y a la situation de rattrapage, qu'on
doit examiner. Il y a la compa-rabilité que les gens, dans des
situations semblables, établissent les uns par rapport aux autres et
qui, à terme, vient égaliser les chances, évidemment,
à travers tout ça. Je veux juste faire remarquer qu'il n'y a rien
d'obligatoire dans la loi 102, dans la mesure où elle s'applique aux
municipalités, et que ce qu'on peut souhaiter, ce sont des relations de
travail qui tiennent compte du travail qui est fait et de l'expérience
qui est requise, donc du niveau de salaire qui y correspond, le tout compte
tenu de la capacité de payer des contribuables de cette
municipalité-là. Ça m'apparaît, ça, des
données pas mal plus fondamentales que de dire: Oh! tout d'un coup, il
peut y avoir des écarts à cause des périodes de gel. Je
répète, là, que le phénomène de rattrapage,
ça existe, ça aussi, et le phénomène
d'équité qu'une municipalité avec ses employés peut
décider d'opérer, ça existe, ça aussi. Ça
existe.
M. Léonard: Là, il me semble que vous
répondez à côté de la question, parce que, au fond,
vous portez un jugement à l'effet que, dans une municipalité en
particulier, les taux de salaires seraient trop hauts. Peut-être
avez-vous raison, mais peut-être n'avez-vous pas raison. Je crois que
ceux qui peuvent en disposer, ce sont, justement, les élus municipaux,
qui sont élus pour ça. Quand le président du Conseil du
trésor me répond comme cela, il est en train de démontrer
qu'il s'insère dans les processus de négociation de chacune des
municipalités du Québec et qu'il porte lui-même un jugement
de valeur sur le niveau des salaires. On peut dire que, globalement,
possiblement, les salaires payés par la municipalité sont trop
élevés. Mais je dirai que ce n'est pas à nous à en
juger. Ce sont, d'abord, les élus municipaux eux-mêmes et, en
dernier ressort, ceux qui les élisent, ceux qui les élisent.
C'est ça, la logique de notre système.
Je pense que le président du Conseil du trésor devrait
améliorer son projet de loi. Je vois que son collègue de
l'Industrie et du Commerce, l'apôtre de la qualité totale, est
avec nous. Il devrait, au lieu de faire des déclarations sur le nouveau
contrat social, parler à son collègue du Conseil du trésor
pour lui expliquer ce qu'il faudrait faire, là, puis, au lieu d'avoir
une politique à courte vue, d'avoir ce contrat social. Je trouve que
vous y auriez avantage, là, puis, au fond, vous lui rendez des services.
Vous pourriez, vous aussi, dialoguer avec lui, parce que vous êtes un
expert en crédits périmés; donc, finalement, vous lui
rendez beaucoup de services, vous lui amenez de l'eau au moulin pour
équilibrer ses crédits, ses prévisions.
Alors, M. le Président, je voulais apporter ce point. Je trouve
qu'il est majeur en termes d'économie de la loi et, à mon sens,
cette loi-là, telle qu'elle est rédigée, est très
mauvaise et va être source d'iniquités pour des situations
semblables. Il faut que le président du Conseil du trésor admette
cela; sinon, ce qu'il est en train de faire va perdurer.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Labelle, je vous rappelle que votre période de 20 minutes est
épuisée quant à la discussion sur l'alinéa 1 de
l'article 4. Je vais maintenant céder la parole à M. le
député de Joliette, leader de l'Opposition officielle.
M. Léonard: J'ai fait travailler le président du
Conseil du trésor.
Le Président (M. Lefebvre): Vous commencez votre
intervention, M. le député.
M. Léonard: II était essoufflé, il avait
hâte que ça finisse.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. J'aurais une question
très courte à poser, au départ. Le ministre accepte comme
principe, dans son projet de loi, que 2 individus qui ont le même
salaire, mais qui ne sont pas en même situation de début ou de fin
de convention aboutissent, à la fin, avec 2 salaires différents.
Est-ce que vous acceptez ça, comme principe?
M. Johnson: Oui, bien, évidemment, M. le Président,
ils ne sont pas... Par définition, ils ne travaillent même pas
dans la même municipalité. Par définition, on ignore les
conditions de travail qui leur avaient été faites dans le
passé. Par définition, on ignore s'il y aurait rattrapage,
à terme, en moyenne, au bout de 18 mois, là, pour corriger la
situation. Alors, s'il y avait une divergence, à un moment donné,
dans les conditions de travail, en moyenne, ce serait probablement pour une
période d'à peu près 18 mois. Alors, je cherche vainement,
là, à faire un plat, moi, avec ça. Mais je reconnais que
la situation théorique peut se produire en pratique.
M. Chevrette: Deuxième question, M. le
Président.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre a avisé ses
négociateurs qui étaient à négocier des ententes,
tout dernièrement, qui ne sont même pas encore paraphées
ou, en tout cas, pas signées officiellement, et qui ont signé
jusqu'à 7,3 %...
M. Johnson: II n'y en a pas. Il n'y en a pas.
M. Chevrette: M. le Président, je «peux-tu»
déposer le document de l'entente avec les médecins?
M. Johnson: Bien oui. Bien oui. Il n'y en a pas.
M. Chevrette: Voyons! Ce n'est pas nous qui les avons
écrits. C'est vous autres.
M. Johnson: II n'y en a pas.
M. Chevrette: Donc, à partir de là, est-ce que ces
ententes-là ne créent pas véritablement, si vous le saviez
depuis le mois de janvier, un préjudice très grave
vis-à-vis de ceux qui, par exemple, sont de très bas
salariés et qui seront gelés?
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: m. le président, j'ai expliqué tout
à l'heure d'où vient ce chiffre. c'est un chiffre qui est brut,
qui correspond à la somme d'un 3 % que les gens n'avaient pas eu, que
tout le monde a eu. alors, les gens étaient 3 % en arrière et ils
ont repris ce 3 %. deuxièmement, c'était 1 % qui a
été acquis en avril par l'ensemble du secteur public, sauf par
les gens qui sont visés. donc, c'était à leur tour. donc,
le 1 %, ils l'ont. et, troisièmement, en vertu des ententes sur les
gains de productivité sur les profils de pratique, etc., il y a un 3,3 %
qui est exactement prévu, qui est le 35 000 000 $ dont on parle, qui est
parfaitement conforme à des ententes qui existent depuis 1985 ou 1986.
la question serait de savoir si le député de joliette
était ministre de la santé, à l'époque, ou si c'est
son successeur, la députée de l'acadie, mme lavoie-roux, qui
était ministre titulaire de la santé, lorsque ces
éléments ont été acquis par les médecins.
peu importe. de toute façon, ça fait 7 ou 8 ans que ça
fonctionne comme ça, d'année en année. alors, si on parle
de 3 %, plus 1 %, plus le gain de productivité, qui est les 35 000 000 $
dont on nous entretenait tout à l'heure ? et c'est exactement pour
ça que j'ai répondu ça ? moins 4,3 % de
dépassement tarifaire, c'est comme ça que ça fonctionne,
ça fait 3 %. alors, il n'y a rien là. c'est exactement les
paramètres du secteur public et l'opération des formules qui
existent depuis 7 ans pour cette classe de salariés, professionnels de
la santé; pas des salariés, là, mais évidemment les
médecins spécialistes.
Je ne vois pas l'iniquité. Je cherche encore. L'iniquité,
évidemment, ça aurait été de ne rien donner et de
faire en sorte qu'ils soient 7 % en retard. mais, si c'est ça qu'on
veut, qu'on le dise. qu'on se lève, qu'on dise: les médecins
spécialistes devraient être 7 % en retard sur tout le monde. ce
qu'on a fait, c'est actualiser les objectifs tarifaires avec les
paramètres du secteur public, qui ont été
négociés en 1989 et prolongés en 1991,
déterminés en 1991: le 3 % et le 1 %, plus le 3,3 %, moins le
dépassement tarifaire. alors, c'est ça, là.
Je ne comprends pas pourquoi on revient là-dessus tout le temps,
sauf que c'est très facile de faire des scénarios avec des
chiffres, mais il faut savoir d'où viennent les chiffres, là. Ce
sont les paramètres du secteur public qui ont été
appliqués aux médecins, point, à la ligne. C'est ça
qu'on a autorisé au Trésor, d'ailleurs.
M. Chevrette: II y a des groupes, dans la fonction publique,
à qui on avait demandé des efforts allant jusqu'à 3 %. Je
prends, par exemple, la dernière convention collective des policiers
provinciaux. Je ne cherche pas à cibler un groupe pour le
défendre. N'est-il pas exact, par exemple, qu'à la
dernière convention collective vous avez demandé 19 700 000 $,
juste pour l'année en cours, sur le fonds de retraite? Vous coupiez un
avantage qui totalisera 200 000 000 $ en l'an 2000? C'était l'effort
minimal de l'époque. Ça s'ajoutera à l'effort additionnel
que vous demandez aujourd'hui?
M. Johnson: Bien non. Je ne comprends pas la question.
M. Chevrette: Parce qu'il y a des groupes... Moi, ce que je
considère dans toute cette situation, c'est que }es traitements sont
inéquitables en soi. Il y en a des groupes à qui vous avez
demandé des compressions dans le passé: certains sur le salaire,
d'autres sur les bénéfices marginaux, d'autres sur le fonds de
pension, d'autres sur une série de choses. C'est parce que vous ne tenez
pas compte, au niveau de la législation actuelle, dépendant des
groupes, des efforts consentis qui sont différents des efforts
antérieurs. Ils ne sont pas sur les mêmes objets, à part de
ça.
M. Johnson: Non, M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): M. le président, allez.
(23 h 10)
M. Johnson: ...les éléments de
rémunération du secteur public sont les mêmes pour tout le
monde. l'exemple que le député a donné pour les policiers
de la sûreté, par exemple, ignore le fait que, alors que tout le
monde avait 0, donc qu'il y avait un gel, les policiers avaient plus 4 %, mais
qu'en compensation de cette augmentation salariale qui était
déjà prévue, par ailleurs, pour eux, ils ont consenti, je
dirais, à une diminution de la valeur des avantages sociaux au titre des
régimes de retraite. ça équivalait, ça se
démontre, au gel salarial de 6 mois. alors, tout le monde est
traité de la même
façon. je ne sais pas pourquoi le député continue
à revenir là-dessus. tout le monde revient sur ces
paramètres-là comme s'ils variaient d'une personne à
l'autre; ce n'est pas le cas, ce sont les mêmes pour tout le monde. mais,
dans leur application, lorsqu'on a affaire à des professionnels de la
santé, ils ne sont pas à l'heure ? madame, vous faites
ça, oui, oui ? ces gens-là. alors, il y a un objectif
tarifaire. on dit: les spécialistes devraient nous coûter 1 200
000 000 $. s'ils nous coûtent 1 241 000 000 $, eh bien, l'année
suivante, si les paramètres du secteur public sont de 3 %, ils vont
avoir 3 % moins le dépassement de 41 000 000 $. c'est comme ça
que ça marche depuis fort longtemps. alors, il n'y a rien
d'extraordinaire là-dedans. ce sont les mêmes paramètres
pour tout le monde, mais l'application doit tenir compte de la situation
particulière. c'est tout.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais une autre
question. Le ministre, lorsqu'il a rédigé le projet de loi, cet
après-midi il m'a répondu, si ma mémoire est
fidèle, qu'il avait consulté tous les groupes avant la
rédaction de la législation. Est-ce que vous maintenez cela?
M. Johnson: Je n'ai pas dit ça. Je ne maintiens pas ce que
je n'ai pas dit.
M. Chevrette: Mais c'est ce que j'ai compris, en tout cas.
M. Johnson: Mais ce n'est pas ça que j'ai dit.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous avez répondu,
d'abord?
M. Johnson: Qu'est-ce que c'était, la question? Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: Quelle était la question, cet
après-midi?
M. Chevrette: C'était la même. M. Johnson:
Bien, rappelez-la-moi. Une voix: Rélisons les
galées.
M. Chevrette: Comment voulez-vous savoir si vous n'avez pas
répondu si vous n'avez même pas compris la question?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Vous êtes comique. Ha, ha, ha!
M. Johnson: Le député de Joliette fait dans la
fiction, là. Le député de Joliette fait dans la fiction.
Il me demande de répéter si, oui ou non, j'aurais consulté
tout le monde avant la rédaction de la loi. J'ai dit que je n'ai jamais
dit ça. Je ne le répéterai pas. Alors, à quelle
question...
M. Chevrette: Je vous la repose...
M. Johnson: ...aurais-je répondu quelque chose que je n'ai
pas dit? Voyons donc!
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous avez répondu, cet
après-midi, à la question qui était la même que
celle que je vous pose ce soir?
M. Johnson: C'est-à-dire?
M. Chevrette: Avez-vous consulté tout le monde avant de
régiger votre loi?
M. Johnson: Bien, tout le monde... Je n'ai pas rencontré
Mme Francine Genest, je ne me souviens pas, pour les thérapeutes. Mais
des gens l'ont vue. Si le député de Joliette nous indiquait
où il veut en venir, là, parce qu'il y a des centaines
d'unités. Je n'ai pas rencontré des centaines d'unités,
ça on se comprend. J'ai rencontré, comme d'habitude, les chefs
syndicaux de ce qu'on appelle communément le front commun. J'ai
rencontré les associations de policiers, la Sûreté du
Québec...
M. Chevrette: Pourriez-vous parler plus fort?
M. Johnson: Je veux juste savoir où le
député veut en venir. On va pouvoir répondre. Je ne suis
pas pour faire...
M. Chevrette: Non, mais vous avez commencé à
parler. La Sûreté, l'avez-vous rencontrée, oui ou non, par
exemple?
M. Johnson: Bien oui, bien oui.
M. Chevrette: Vous l'avez rencontrée avant la
rédaction de la loi?
M. Johnson: Ah, bien oui. Avant de la déposer. Avant de la
déposer ou avant de la rédiger? À quelle date?
M. Chevrette: Tu verras.
Le Président (M. Lefebvre): Vos 20 minutes sont
épuisées.
M. Johnson: Mes 20 minutes? Quelles 20 minutes?
Le Président (M. Lefebvre): Vous avez droit, en vertu des
articles 245 et 246, comme n'importe quel autre député, à
une intervention de 20 minutes et, parce que vous êtes le parrain du
projet de loi, parce que vous êtes le ministre, en vertu de l'article
246, et c'est ce qui s'applique à partir de maintenant, vous pouvez
intervenir pour une période de 5 minutes après chaque
intervention. Alors, à partir de maintenant, c'est cette prescription
qui s'applique. M. le député de Joliette.
M. Johnson: La question est de savoir si j'ai rencontré M.
Turcotte le ou avant le 14 mai. C'est ça?
M. Chevrette: J'ai demandé, la première question...
Là, c'est vous qui vous posez des questions et vous essayez de vous
répondre.
M. Johnson: Non, non, mais...
M. Chevrette: La question que je vous ai posée, qui
était globale au début, c'est: Avez-vous rencontré tous
les groupes impliqués dans la négociation d'une convention
collective avant de déposer ce projet de loi là? Est-ce que vous
les avez tous rencontrés au même titre?
M. Johnson: Ah oui, j'ai rencontré tous les groupes avec
lesquels j'ai toujours, depuis 5 ans, traité de ces choses-là.
Ça, il n'y a aucun doute dans mon esprit. Mais, cette fois-ci, j'ai
procédé également à des rencontres avec des groupes
que je n'avais jamais rencontrés avant cette année.
Traditionnellement, le président du Conseil du trésor, par
exemple, ne rencontre, à toutes fins, jamais, jamais les gens de
l'association des policiers, donc la Sûreté du Québec.
Jamais! Mais, cette année, on a décidé de le faire pour
expliquer en face à face ce qui se passait de notre
côté.
(Consultation)
M. Johnson: C'est ça. C'était ça, dans le
fond, tout ce temps-là, que le député de Joliette voulait
savoir. Alors, je lui confirme que j'ai rencontré tout le monde. J'ai
rencontré plus de monde que d'habitude, en réalité.
M. Chevrette: Est-ce que vous aviez donné des mandats de
négociation aux groupes dont les conventions étaient
échues depuis quelques mois?
M. Johnson: Mais oui.
M. Chevrette: Ça ne compte pas dans mon temps, ça,
là.
M. Johnson: Avec la Sûreté du Québec, les
demandes syndicales...
M. Chevrette: Non, non. Je ne vous ai pas demandé la
Sûreté du Québec.
M. Johnson: Avec qui?
M. Chevrette: Pourriez-vous répondre aux questions que je
vous pose? Avez-vous donné des mandats de négociation à
vos négociateurs face aux groupes dont les conventions collectives sont
échues depuis 2, 3, 5, 6 mois?
M. Johnson: J'aimerais qu'on me dise de quels groupes il s'agit,
M. le Président.
M. Chevrette: Bien, vous devez connaître vos groupes dont
les conventions sont échues depuis plusieurs mois. Aviez-vous
donné des mandats, comme Conseil du trésor, à vos
négociateurs face à ces groupes-là? Oui ou non?
M. Johnson: Est-ce qu'on pourrait savoir de quels groupes il
s'agit, M. le Président? Autrement, on va tourner en rond.
M. Chevrette: Tous les groupes dont les conventions
étaient terminées, comme vous me répondez, vous. Tous,
tous les groupes dont les conventions étaient terminées. Alors,
répondez.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président...
M. Chevrette: Quand vous dites que la loi s'applique à
tout, tout le monde, moi, je vous dis: À toutes, toutes celles qui
étaient finies depuis quelques mois, pourriez-vous me dire si vous avez
donné des mandats de négocier?
M. Johnson: Mais, là, il faudrait faire un relevé
de toutes les conventions collectives qui sont à l'esprit ou qui
devraient être à l'esprit du député et à mon
esprit également.
M. Chevrette: Non, c'est plutôt à la connaissance du
ministre...
M. Johnson: On va faire ça, oui.
M. Chevrette: ...qui est supposé connaître son
dossier. Est-ce que le ministre...
M. Johnson: C'est un peu imbécile, je m'excuse, mais il y
a des centaines de conventions collectives. Vous me permettrez, quand
même...
M. Chevrette: À l'échéance d'une
convention...
M. Johnson: Quel est le budget de tous les établissements
de santé quand vous étiez ministre? Vous ne le savez pas.
M. Chevrette: Non. Est-ce que le ministre et président du
Conseil du trésor...
M. Johnson: Quand même!
M. Chevrette: Non, je ne vous demande pas de...
M. Johnson: Reviens-en!
M. Chevrette: ...tout saVoir, ni d'être suffisant.
M. Johnson: Bon!
M. Chevrette: Je vous demande: Quand une convention est
échue...
M. Johnson: II n'est pas suffisant de tout savoir avec vous.
M. Chevrette: Vous donnez un mandat de négocier à
vos négociateurs, ordinairement, à l'échéance d'un
contrat.
M. Johnson: Lorsque l'employeur le requiert. M. Chevrette:
Lorsque l'employeur le requiert.
M. Johnson: Oui. Moi, je ne suis l'employeur de personne,
là. Les gens savent ça. Nous donnons, au Conseil du
trésor, des mandats à la partie patronale, l'employeur.
M. Chevrette: En quoi un employeur peut-il aller de son propre
chef négocier quand tout le parapublic et le public sont
contrôlés par le Conseil du trésor par mandat?
M. Johnson: Ils viennent demander un mandat.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez reçu des mandats depuis
janvier dernier pour des tables sectorielles?
M. Johnson: Au sens où on l'entend?
M. Chevrette: Avez-vous eu des demandes et en avez-vous
donné, des mandats?
M. Johnson: II faudrait faire un relevé des séances
du Conseil du trésor depuis janvier parce qu'il y a... Non, mais,
littéralement, il y a des commissions, il y a des régies, enfin,
il y a des centaines d'employeurs dans le secteur public. Il y a des centaines
de conventions collectives. Alors, il faudrait savoir sur quelle piste on s'en
va, et on va faire le relevé, je n'ai pas de problème avec
ça. Mais, si on veut savoir si tous les employeurs, à l'endroit
de leurs employés, ont jugé bon, à quelque date que ce
soit depuis l'échéance, de venir chercher un mandat au Conseil du
trésor, bien, ça, il faut regarder lesquels parce que ce n'est
pas automatique que, si une convention collective prend fin le 31
décembre, le 1er janvier l'employeur est à la porte du Conseil et
il de- mande un mandat.
M. Chevrette: Je ne vous dis pas le 1er janvier, j'ai dit depuis
janvier.
M. Johnson: Mais il va falloir faire le relevé.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez donné des mandats?
C'est très important et je dirai pourquoi en temps et lieu.
M. Johnson: II y a eu au moins 20 séances du Conseil du
trésor depuis janvier. Alors, je ne peux pas, avec une centaine de
cas...
M. Chevrette: Non, mais...
M. Johnson: On parle de 2000 cas différents,
là.
M. Chevrette: ...vous devez avoir eu connaissance si vous en avez
donné.
M. Johnson: Écoutez!
M. Chevrette: Mais, quand même, M. le Président,
est-ce que le président du Conseil du trésor ne se rappelle pas
avoir donné certains mandats de négociation? Oui ou non? Voyons!
Il se plaît à nous rappeler tous les détails. Est-ce qu'il
y a eu des mandats de donnés, oui ou non?
M. Johnson: II y en a eu. Mais j'aimerais ça savoir sur
quelle piste le député s'en va.
M. Chevrette: Vous le verrez en temps et lieu.
M. Johnson: La réponse va demander des recherches. Ce
n'est pas compliqué, il y a des centaines de cas par année au
Conseil du trésor, des douzaines à tout le moins, qui regardent
les relations de travail et les politiques de personnel. Ça, je veux
dire, tous les mardis matin, il y en a, à l'année longue. Il y en
a des centaines dans l'année. On me demande si, récemment, j'ai
souvenance que des mandats spécifiques ont été
donnés à certains employeurs du secteur public. Je suis pas mal
sûr qu'il y en a qui sont venus demander des conseils, des mandats, des
morceaux de mandats, c'est fort possible.
Disons que je dis oui, là, ou non ou peut-être, ça
change quoi, là? Moi, je suis prêt à donner une
réponse complète, mais qu'est-ce qu'on cherche? On va le trouver
ensemble. Si je savais ce qu'on... Si on savait ensemble ce qu'on cherche...
C'est très possible, c'est très possible. Mais, si on veut la
liste précise, on va prendre avis.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez prendre... (23 h 20)
M. Johnson: Non, je vais prendre avis de la question, puis on le
saura la prochaine fois.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait l'avoir assez rapidement?
M. Johnson: Bien, à la prochaine séance. Ça
ne devrait pas...
M. Chevrette: Parce que c'est important de voir s'il y a eu des
mandats; ces mandats-là se sont reflétés aux tables,
ordinairement. Puis je veux savoir exactement s'il y a eu des mandats et
à quels groupes c'a été donné, ces
mandats-là.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Le député veut la liste des mandats qui
ont été demandés par la partie patronale depuis janvier.
Non, mais on va chercher, là, puis on va les trouver, puis on va les
présenter.
M. Chevrette: M. le Président, la question peut-elle
être claire, là? Il y a du monde qui était en négos.
Il y en a qui dernièrement en ont conclu, d'autres qui n'ont pas conclu
d'entente, mais dont les échéances sont dues depuis 6, 7 mois.
Est-ce qu'il y a eu pour ces tables-là des mandats de
négociation, oui ou non, pour ceux qui en ont conclu très
récemment, puis ceux qui n'en ont pas conclu, mais qui auraient pu en
conclure très récemment parce que c'est échu au moins
depuis décembre, janvier, je ne sais pas?
(Consultation)
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: J'ai souvenance des contrôleurs routiers, par
exemple. Ça a même été de notoriété
publique qu'on a réglé avec les contrôleurs routiers
récemment. Alors, il y a eu des demandes de mandats ou des confirmations
de certains éléments de mandat depuis quelques semaines, enfin
dans les semaines qui ont précédé le règlement.
Ça dépend jusqu'où on veut retourner. Est-ce qu'on doit
retourner, par exemple, à des demandes syndicales qui avaient
été déposées le ou vers le 19 août 1992?
M. Chevrette: Vous parlez de cette année, là?
M. Johnson: 19 août 1992. Est-ce qu'on parle de cas
où...
M. Chevrette: II y a eu une prolongation. Vous faites allusion
à la CEQ?
M. Johnson: Non.
M. Chevrette: À quelle vous faites allusion, vous?
M. Johnson: La même que vous.
M. Chevrette: Non, sûrement pas. Moi, je fais allusion
à ceux dont les échéances sont ouvertes depuis...
M. Johnson: Disons le 31 décembre.
M. Chevrette: ...au moins 6 à 8 mois, quelque chose du
genre.
M. Johnson: Disons le 31 décembre.
M. Chevrette: Pardon?
M. Johnson: Disons le 31 décembre.
M. Chevrette: Disons même un peu avant parce qu'on me dit
qu'il pourrait y en avoir en octobre. Donc, j'aimerais savoir si ces
tables-là ont eu des mandats de négocier et quels sont ceux
qui... Il y en a sûrement eu. Ils passent par le Trésor pour
conclure des ententes avec les médecins; il y a donc eu des mandats de
négociation. C'est clair. Donc, ça fait partie de la liste que
vous devrez me fournir.
M. Johnson: Mais oui, c'est ce qu'on va faire. M. Chevrette:
C'est bien. M. Johnson: O.K.
Le Président (M. Lefebvre): M. le député
d'Un-gava, la parole est à vous. On vous écoute.
M. Claveau: M. le Président, je n'en reviens tout
simplement pas. Est-ce que j'ai la parole? Oui?
Le Président (M. Lefebvre): On vous écoute, M. le
député d'Ungava; on vous écoute.
M. Claveau: Bon. Bien, ça me fait plaisir de le savoir, M.
le Président. Bien, moi, je n'en reviens pas, M. le Président. Le
président du Conseil du trésor a sûrement un
problème de mémoire et souffre d'amnésie partielle ou de
mémoire sélective. En tout cas, il a un problème. Il est
capable de nous donner dans le détail tout ce qui s'est passé en
1982, puis il ne se rappelle pas ce qu'il a fait il y a 6 mois. Ou bien il est
drôlement mal informé, il est isolé, il est
complètement isolé dans son ministère, puis il n'a plus
aucun contrôle là-dessus, puis toutes les décisions qui se
prennent dans son ministère, c'est des décisions que lui
n'amène même pas au Conseil des ministres.
Surtout quand il est question de conventions collectives et de
négociations, il me semble que ça doit se
parler à l'occasion aussi au Conseil des ministres. J'imagine que
c'est lui qui doit être le porte-parole. Il n'envoie toujours bien pas
son sous-ministre négocier à sa place des mandats au Conseil des
ministres. Alors, il veut gagner du temps, c'est tout, et il fait voir qu'il ne
le sait pas, parce que, dans le fond, il cherche à sélectionner
ce qu'il doit dire ou ne pas dire pour ne pas se mettre les pieds dans les
plats. C'est exactement ça et rien d'autre, puis il ne leurrera personne
au Québec avec ça, là, l'attitude qu'il vient d'avoir,
là. C'est incroyable!
Le président du Conseil du trésor nous dit: Tout le monde
est traité de la même façon; c'est tous les mêmes
paramètres qui s'appliquent à tout le monde à la grandeur
du Québec. Ah oui? Parlons des occasionnels au ministère des
Transports. C'est rendu qu'il faut qu'ils se battent pour avoir au moins leurs
10 semaines pour leur chômage, puis, encore là, les budgets sont
coupés, puis on les transfère, puis on leur donne toutes sortes
de prétextes pour ne pas les engager.
Parlons des occasionnels à l'assurance-stabilisa-tion. On les a
déclassés, on leur a fait perdre 30 % de leur salaire en moyenne,
souvent. On les a coupés dans le temps. Ces gens-là, il y a S, 6
ans, travaillaient à peu près 10 mois par année et,
aujourd'hui, ils travaillent 4, S mois, quand ils sont chanceux de le faire.
Puis, en plus, on a coupé de 30 % leur salaire. On les a changés
de grade, parce que, supposément, je ne sais pas, ils étaient...
Le président du Conseil du trésor ne me fera pas accroire qu'il
ne le sait pas; il y a des tables qui ont siégé pendant presque 1
an au Conseil du trésor pour discuter de la question de
l'assurance-stabilisation, de la Régie des marchés agricoles,
puis de tout ce milieu-là. Puis il vient nous dire que tout le monde est
traité pareil! Voyons donc! C'est rien que les petits qui sont
maltraités. C'est ça qui est le pire. Tous ceux-là qui ont
des salaires ou qui travaillent comme occasionnels à 20 000$, 22 000$,
23 000$ par année, à 25 000 $ dans certains cas quand ils sont
chanceux, eux autres, ils mangent la claque, puis ils se retrouvent avec 18 000
$, 19 000 $, 20 000 $ de revenus, puis encore, des fois, moins. Mais, quand
vient le temps des médecins, par exemple, puis des spécialistes,
ah bien, là, c'est important, les 7 %. Il ne faudrait surtout pas
être discriminatoires, nous dit-il; il faudrait bien s'assurer que tout
le monde a le même montant. Voyons donc! C'est rire du monde.
Moi, en tout cas, je pense que le président du Conseil du
trésor est, encore une fois, en train de nous prouver devant les
caméras... Puis je suis content, finalement, qu'il ait
décidé de siéger devant les caméras à cette
commission parlementaire. J'en suis heureux, parce qu'il est en train de faire
la démonstration, à la face du Québec, que c'est un bien
piètre administrateur, qu'il est incapable d'utiliser les fonds publics
à des fins justes et raisonnables, qu'il est incapable de faire face
à des négociations. C'est un faible, le président du
Conseil du trésor, puis il va l'être jusqu'au bout.
Une voix: ... M. Claveau: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Non, mais c'est ça qu'il est en train de
démontrer à la face du Québec, malgré cette
commission parlementaire coûteuse parce qu'il a tenu à le faire
devant les caméras, en dépensant les fonds publics.
Je prends un exemple, M. le Président, puis, c'est ce que je
disais cet après-midi, ça me semble important. Le problème
dont on discute actuellement, c'est un problème d'affectation de fonds.
Le président du Conseil du trésor, qui est incapable de modifier
les politiques d'achat, puis les politiques administratives de son
gouvernement, puis qui est obligé de couper, s'en prend aux
employés de l'État en disant: C'est vous autres qui allez payer
la note. Mais, à travers ça, par exemple, ça
dépense partout. J'ai un bel exemple ici, un exemple extraordinaire de
quelque chose qui a dû coûter une fortune, puis qui ne sert
à peu près à personne: «L'Atlas des
tourbières du Québec méridional», 1989. Ça,
c'est un beau document. Extraordinaire! En couleurs, 3 ou 4 couleurs, dans
toutes les pages, un petit point de couleur de temps en temps, parce que, les
tourbières, il n'y a pas juste ça au Québec. Magnifique!
Un atlas pour les tourbières du Québec qui est aussi gros que
l'atlas mondial du Reader's Digest, pour savoir où il y a des
tourbières au Québec. Vous ne me ferez toujours bien pas
accroire, puis le ministre de l'Industrie et du Commerce est là pour en
témoigner, que c'est l'industrie de la tourbe au Québec qui a
besoin de ça pour se localiser. Je ne peux pas le croire.
Des voix: Ha, ha, ha!
(23 h 30)
M. Claveau: Remarquez que je trouve le document
intéressant. À mon sens, c'est un beau document et, en tant que
géographe moi-même, j'aime beaucoup ça, j'aime bien
regarder des cartes géographiques. Mais avons-nous le moyen de nous
payer des outils comme ça, qui sont utilisés par à peu
près personne, qui sont à peu près inaccessibles? Puis
supposément qu'ils sont là pour aider l'industrie de la tourbe.
Est-ce que l'industrie de la tourbe a besoin de savoir où se trouvent
les tourbières qu'elle n'exploitera jamais au nord du 50°
parallèle? Je ne suis pas certain, moi.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est vrai. C'est un beau document de
référence, c'est magnifique, c'est extraordinaire, mais
avons-nous les moyens, comme société, quand on n'est pas capable
de respecter nos conventions collectives et la parole qu'on a donnée
à nos employés, de nous payer des outils comme ça? Moi, il
y en a bien des choses que j'aimerais me payer, dans la vie, si j'étais
capable de me les payer, puis, même, je trouverais le
moyen de justifier qu'elles sont essentielles, mais je n'ai pas les
moyens, ça fait que je ne les paie pas. Je les laisse aux autres qui ont
les moyens, peut-être, mais moi, je n'ai pas les moyens de le faire.
bien, c'est comme ça qu'il faut être capable d'agir comme
gouvernement. puis là, quand on est en train de discuter de ça,
à savoir qui va être coupé puis comment, puis qu'en plus
c'est fait de façon unilatérale, c'est fait de façon
égale pour tout le monde, sans considération du niveau de
revenus, sans considération de l'âge, sans considération
des qualifications, sans considération du coût de la vie, des taux
d'inflation, on dit: on coupe tout le monde égal. quand on gagne 300 000
$ par année, c'est facile de perdre 1 %, probablement que ça ne
coupera pas le voyage en floride, mais quand on en gagne 15 000 $, le 1 %, il
est important, surtout si on a sur le dos une augmentation de taxes sur
l'impôt de 20 % qui sera appliquée. bon. mettons-les à 25
000 $, si vous voulez. entre 25 000 $ puis 300 000 $, 1 %, ça fait une
différence dans la capacité de continuer à vivre comme il
faut.
Parallèlement à ça, le président du Conseil
du trésor, qui dit que tout le monde est traité
équitable-ment, que tout le monde jouit des mêmes
paramètres à la grandeur du Québec, est d'accord, je
suppose ? et je lui pose la question: Est-ce que le président du
Conseil du trésor est d'accord sur l'imposition des primes au transport
d'alimentation que le gouvernement du Québec est en train d'imposer aux
travailleurs nordiques en région éloignée, là
où il n'y a pas de routes? Ecoutez, moi, je veux bien que...
Il y a des problèmes au niveau du transport d'alimentation dans
le Nord. Qu'est-ce que vous voulez? Les gens du Saguenay?Lac-Saint-Jean,
les gens de l'Abitibi, les gens de l'Outaouais ont des routes qui sont
payées par l'État pour transporter leurs biens et leurs services.
C'est l'Etat qui paie pour ces routes-là. Dans le Nord, il n'y en a pas,
de routes, pour transporter les biens et services, et l'État ne
subventionne personne. Ah, l'État subventionne les bateaux qui s'en vont
sur la Basse-Côte-Nord, par exemple, pour transporter les biens, 2 000
000 $ ou 3 000 000 $ par année qu'on leur donne, mais dans le
Grand-Nord, chez les Inuit, en haut, dans les réserves cries de la Baie
James, il n'y a personne qui subventionne rien. Et les travailleurs de
l'État qui sont là ainsi que les travailleurs du privé
bénéficient depuis des années d'une dérogation
à l'intérieur des conventions collectives qui permet de pouvoir
avoir au moins une prime pour transporter leur alimentation, leur beurre, leur
lait, leur sucre, enfin, tout ce qu'ils mangent, en avion, parce que le
gouvernement ne leur a pas fait de routes comme il en a fait partout ailleurs
au Québec, puis les gens ne paient pas autrement que par leurs
impôts pour le transport d'alimentation par la route. Mais comme il n'y a
pas de routes dans le Nord, on subventionne le transport aérien de la
nourriture.
Puis là, on a décidé que c'était un revenu
imposable, un revenu imposable, M. le Président, de payer du beurre 3,50
$ la livre, comme c'est le cas sur le détroit d'Hudson, un revenu
imposable de payer les fruits à des prix exorbitants, de payer des
couches de bébé 4 à 5 fois le prix qu'on les paie à
Montréal. Et parce que ces travailleurs-là
bénéficient d'une aide pour le transport aérien, le
gouvernement, dans sa grande sagesse, n'a rien trouvé de mieux que
d'imposer cette aide-là.
C'est une politique antisociale, antidéveloppement
régional, antifamiliale. Parce que plus tu as d'enfants, plus tu as le
droit de transport aérien, plus tu es pénalisé, plus tu
vas payer d'impôt. C'est clair. Si on a le droit, par exemple, au
transport de 350 kg ou de 400 kg par enfant puis qu'on a 2 enfants, on va payer
plus cher. On a besoin de plus d'alimentation que si on est un
célibataire et, pourtant, on a le même salaire au départ.
Puis le ministre dit: Tout le monde est traité pareil, il n'y a pas de
problème. Ces travailleurs nordiques là, en plus de voir geler
leur salaire, d'avoir à faire face à un taux d'inflation qui est
supérieur au Sud du Québec, de payer des taxes
supérieures...
Pourquoi des taxes supérieures? Parce que le prix de base du
produit, de n'importe quel produit qu'ils ont dans le Nord est plus
élevé qu'à Montréal. Donc, comme les taxes, la TPS,
la TVQ sont applicables sur le prix de vente du produit, et peut-être
plus de taxes que les autres ailleurs, ils sont gelés dans leurs
salaires, puis, en plus, on va leur imposer maintenant des revenus, comme
étant un revenu l'aide qu'ils ont pour le transport d'alimentation. Un
impôt sur la bouffe! Un impôt sur le lunch! C'est absurde. puis le
gouvernement dit: non, tout le monde est traité équitablement. il
n'y a pas de problème. nous, les médecins, on va leur donner,
leur 7 %. voyons donc! c'était prévu. les infirmières, les
enseignants et les travailleurs de tous les ministères,
d'hydro-québec, les gens de la sûreté du québec,
tous ces gens-là qui travaillent en région isolée, en
milieu nordique, eux autres aussi, c'était prévu depuis des
années qu'ils avaient dans leur convention collective des primes
d'éloignement, des primes de transport d'alimentation qui
n'étaient pas imposables.
Mais, cette année, le président du... le ministre du
Revenu, de connivence avec le ministre des Finances et le Conseil du
trésor aussi, qui veut ramasser de l'argent partout où il peut,
ils ont décidé qu'ils allaient les imposer. Il y a des gens qui
ont des factures qui vont jusqu'à 18 000 $ ou 19 000 $ de
rétroactif à 1990 sur du transport d'aliments. Je ne parle pas de
transport de produits de luxe, du transport d'aliments, M. le
Président.
Puis on trouve ça normal, puis, durant ce temps-là, on se
paie des atlas que personne ne va jamais consulter. Puis le ministre nous dit:
C'est produit par le ministère de l'Énergie et des Ressources,
Direction générale de l'exploitation géologique et
minérale, gouvernement du Québec.
Où est-ce que j'ai pris ça? C'est ça, 1989.
Une voix: Ça coûte combien, ça? Ça
coûte combien, ça?
M. Claveau: Je ne le sais pas, combien ça coûte.
J'aimerais bien le savoir. J'aurais bien aimé le savoir, combien
ça coûte, combien ça a coûté.
Une voix: Tu as payé combien? Une voix: Tu n'as pas
écouté, toi.
M. Claveau: Puis c'est ça. On est dans ce
contexte-là où de l'argent se dépense partout, où
ça sort par les oreilles, finalement, parce que c'est mal
administré. Et il faut qu'on discute d'une loi pour couper les salaires,
au lieu de faire ce que le ministre aurait pu faire; il avait
l'opportunité de le faire. Les centrales syndicales, le front commun lui
ont proposé de s'asseoir et de regarder ensemble la reconstitution d'un
nouveau contrat social, d'une nouvelle façon d'administrer les fonds
publics, de travailler ensemble pour essayer, justement, de couper là
où il était possible de couper.
Le ministre, il a viré ça du revers de la main. Il a dit:
Ça, ce n'est pas votre problème. Vous autres, les centrales
syndicales, occupez-vous de vos membres; nous autres, on va administrer. Il les
a revirés du revers de la main en disant: Ce n'est pas ça. Je
vais vous faire une loi spéciale si vous ne voulez pas comprendre, puis
vous allez passer dans le «crusher». Puis c'est ça...
Hein? Ah, il a beau rire, il a beau rire, sauf que ce que je dis,
là, le peuple le comprend, lui, tandis que, quand le ministre essaie de
zigonner pour nous faire comprendre qu'il ne sait pas s'il a donné un
mandat, il y a un mois ou deux, à qui? Voyons donc! Ça se
«peut-u»? Bien, est-ce que le député pourrait
être plus précis?
Ça, le peuple le comprend aussi, qu'il est en train de zigonner
pour cacher la vérité. C'est clair. Et, s'il ne sait pas ce que
ça veut dire, le mot «zigonner», il se promènera sur
les rues; les gens vont lui dire ce que ça veut dire, au lieu de rester
dans sa tour d'ivoire et de se faire bâtir un ascenseur pour être
sûr qu'il n'y ait personne qui arrête à son bureau.
Une voix: Ce n'est pas vrai.
M. Claveau: Encore là, un bel exemple. Là, il dit
que ce n'est pas vrai. Je suppose que c'est moi qui l'ai mis à la radio?
On l'entend depuis 2, 3 jours. Un bel exemple de ce qui se passe au Conseil du
trésor!
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: II n'a pas d'argent. Il ne peut pas payer son monde.
Il va déménager pour faire sauver de l'argent. Au rythme que
ça va là, ça va prendre 25 ans avant qu'il ne rentre dans
son argent, puis, entre-temps, il va avoir l'occasion, encore, de
déménager au moins une couple de fois. Il n'est même pas
capable de respecter son propre budget pour l'aménagement de ses bureaux
au Conseil du trésor, puis il voudrait que tous les ministères et
tous les employés de l'État respectent leur budget? Voyons donc!
Quel genre de président du
Conseil du trésor on a là? Un administrateur de
boîtes de Cracker Jack?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Bien non! Et là...
Une voix: 25 ans au pouvoir...
M. Claveau: ...on lui pose des questions correctes,
précises pour avoir des données dont on a besoin pour se faire la
véritable idée sur la portée de cette loi-là, entre
autres, en ce qui concerne l'article 4, puis tout ce qu'il trouve à
dire: Voyons donc, je me «souviens-tu»? Ça se
«peut-u» qu'on ait passé un mandat, hein? Voyons donc! on
n'a toujours pas eu de mandat. De quel groupe voulez-vous parler, M. le
député? Comme s'il ne le savait pas. (23 h 40)
Voyons donc! Qu'il arrête donc de rire du monde et qu'il
réponde aux questions, qu'il nous dise combien il y a de conventions
collectives qui sont échues, qui sont concernées, qu'il nous dise
ce que ça veut dire, qu'il nous donne des chiffres, des nombres,
l'implication que ça va avoir, toute cette affaire-là, et qu'il
nous explique s'il y a eu des mandats de négociation qui ont
été donnés dans le cas de toutes les conventions qui sont
échues dernièrement et qui vont être affectées par
cette loi-là.
Est-ce qu'il y a eu un mandat du Conseil des ministres où est-ce
que le Conseil du trésor a donné un mandat à tous les
ministères et à son personnel et à tout le monde pour
qu'il n'y en ait pas, de négociations, qui soient entreprises,
excepté, peut-être, avec les spécialistes? Eux autres,
c'est important, il y avait un 7 %, et il ne faut surtout pas être
discriminatoire à leur égard. Mais les autres, ce n'est pas
important, ce n'est pas grave. On coupe dans les employés, dans tous les
ministères. Allez-y! On y va gaiement! Et il va nous faire croire qu'il
ne s'en rappelle pas, s'il a donné des mandats ou non. Voyons donc! M.
le Président, il faut quand même arrêter!
Moi, M. le Président, je vais vous compter une petite anecdote.
Je vais vous dire comment ça marche, la gestion des fonds publics.
Ça marchait comme ça il y a une dizaine d'années, quand
j'étais maire, et j'imagine que ça doit marcher encore comme
ça, aujourd'hui. Le monde ne s'est pas beaucoup amélioré,
depuis 10 ans, en ce qui me concerne. Quand je suis entré maire dans ma
municipalité, on prenait de 12 à 15 bornes-fontaines par
année. Une petite municipalité de 3000 habitants, 12 à 15
bornes-fontaines par année: les budgets de bornes-fontaines
étaient assez élevés.
Là, j'ai commencé à essayer de comprendre comment
ça marchait; pourquoi qu'on avait besoin d'autant de bornes-fontaines.
Alors, je me suis renseigné comment est-ce qu'il fallait faire pour
empêcher qu'une borne-fontaine gèle l'hiver, puis qu'elle ne casse
pas dans le pied. Alors, on m'a dit: C'est bien simple, on a
juste à la drainer. Si on la draine, elle ne casse pas. Bon.
Donc, si elle casse, c'est parce qu'elle n'était pas drainée,
effectivement, ou mal drainée, l'eau remontait dedans; il y avait
toujours une bonne raison. Ça fait que là, je suis allé un
peu plus loin dans mon investigation. Et là, j'ai compris que le vendeur
de bornes-fontaines, lui, qui n'était pas fou dans son affaire ?
qui les vendait assez cher, d'ailleurs ? il remettait, à toutes les
fois que la ville achetait une borne-fontaine, il remettait 30 % du coût
d'achat en argent liquide à l'acheteur ? pas à la
municipalité ? à l'acheteur. J'imagine que ça ne se
passait pas comme ça juste à Chapais. là, on a dit: wo!
attends un peu! c'est fini, cette affaire-là! savez-vous ce que c'a
été, le résultat, le lendemain matin ou l'année
suivante, quand on a appliqué et quand on a émis une directive en
disant que tout le monde qui avait affaire avec des fournisseurs et qui prenait
quelque pot-de-vin que ce soit, était claire immédiatement?
savez-vous ce qui est arrivé? c'est que, l'année d'ensuite, on a
cassé 2 bornes-fontaines, et on les payait 40 % moins cher que ce qu'on
les payait avant. on a gagné à peu près 20 000 $ sur le
budget, «dret» là.
Le même problème au niveau des lumières
d'aré-na. On avait des comptes de lumières d'arena, M. le
Président, ça n'avait pas d'allure. J'imagine que, dans tous les
arenas du Québec, le même phénomène se passe. Si
ça se passe chez nous, dans le Nord, j'imagine que les vendeurs de
globes de plafond d'aréna doivent être les mêmes à la
grandeur du Québec, c'est les mêmes fournisseurs. Il n'y en a pas
bien, bien, des vendeurs de globes d'aréna. Il y a les mêmes
tactiques partout. Ce qu'ils faisaient, les vendeurs de globes d'aréna,
M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député
d'Un-gava, je m'excuse. Votre 20 minutes est écoulé. J'ai besoin
d'un consentement pour que vous puissiez continuer votre histoire.
Est-ce qu'il y a un consentement? Il y a un consentement.
Une voix: Au nom des gérants d'aréna, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Lefebvre): II y a consentement, 2
minutes.
M. Claveau: Deux minutes?
Le Président (M. Lefebvre): Deux minutes, allez-y.
M. Claveau: Je vais vous l'expliquer, ce qui se passait, c'est
qu'à toutes les fois que le...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député
d'Un-gava, 2 minutes, et vous vous adressez à la présidence.
M. Claveau: Les lampions, ça, je ne suis pas au courant.
Ça relevait de la paroisse.
Le Président (M. Lefebvre): Deux minutes, 2 minutes.
M. Claveau: Mais je sais que, dans l'aréna, ce qui se
passait, c'est qu'à toutes les fois que l'acheteur passait une commande
pour acheter des globes, là, on lui envoyait une petite
télévision, on lui envoyait un «charcoal», qu'il
recevait comme ça, qui arrivait chez eux. J'imagine que ça se
passe partout comme ça, au Québec, ça se passait chez
nous. Informez-vous. Ça doit se passer comme ça au gouvernement
aussi, j'imagine. Ce qui fait que là, des globes, on en avait, puis
quand on en avait de trop, bien, on en brûlait, puis on en rachetait
d'autres. On a coupé quasiment par 10 la consommation des globes
d'aréna quand j'ai été mis au courant de ce qui se passait
et qu'on a dit: C'est fini, il n'y en aura plus de «charcoal»! Les
globes qu'on a besoin, et pas plus que le nombre de globes qu'il faut. On a
coupé au moins par 10 le nombre de globes qu'on prenait dans
l'univers... dans un hiver, pardon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Si ça se passait chez nous, j'imagine que
ça se passe aussi à Montréal, ça se passe à
Québec, ça se passe à Sherbrooke et que ça se passe
au gouvernement du Québec. J'aimerais que le président du Conseil
du trésor me dise ce qui est arrivé avec... Juste une petite
seconde.
J'aimerais que le président du Conseil du trésor me dise
ce qui est arrivé avec les quelques millions qu'on a investis en radars
ultramodernes, achetés par la Sûreté du Québec, et
qui sont encore dans les entrepôts parce qu'on n'a jamais payé le
personnel qu'il fallait pour aller apprendre à travailler avec. Est-ce
qu'ils sont toujours en entrepôt, ces millions de dollars en radars
ultraperfectionnés américains?
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Ungava. Vous avez épuisé, et un peu plus,
les 20 minutes qui vous étaient allouées.
Je vais donc maintenant permettre à M. le président du
Conseil du trésor d'intervenir pour 5 minutes, maximum.
M. Johnson: M. le Président, le député
d'Ungava nous a épuisés en plus d'épuiser son temps. Dans
l'ordre où il a présenté, ou dans le désordre dans
lequel il a présenté ses différents
éléments, je relève qu'il a accusé essentiellement
un nombre considérable de fonctionnaires du gouvernement du
Québec d'être des voleurs. Ça, c'est clair, net,
précis. Ça fait partie de son discours. Lui qui était
obligé, quand il était maire, d'émettre des directives
pour que les gens ne commettent pas des actes criminels, si je comprends bien,
il en a conclu que, probablement, nos fonctionnaires sont des criminels.
Moi, je regrette, mais je n'accepterai pas que des allégations de
cette nature-là voguent et viennent tapisser le paysage d'une
façon aussi irresponsable que ça. Ça confirme ce qu'un
électeur me disait ? parce que j'ai pris mes messages, j'ai
retourné des appels à l'heure du souper, entre la séance
ici et la rencontre avec les syndiqués du secteur public. Quelqu'un m'a
demandé quel était cet hurluberlu qui venait de terminer son
intervention. Je ne le nommerai pas, mais on vient de le revoir. Et je trouve
ça éminemment regrettable. Éminemment regrettable...
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor...
M. Johnson: ...qu'on accuse... Non, mais c'est...
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Les gens jugeront, M. le Président. Les gens
jugeront du caractère...
Le Président (M. Lefebvre): Non, non, je m'excuse. Je
m'excuse. «Hurluberlu», M. le président du Conseil du
trésor, vous savez très bien que c'est une expression que vous ne
pouvez pas utiliser, même si vous tentez de le faire d'une façon
indirecte en passant par un tiers. Alors, je vous demanderais de retirer ce
dernier propos.
M. Johnson: Oui, absolument, M. le Président. Et je vais
demander à l'électeur de le retirer également. Donc, un
électeur m'a demandé quelle était cette personne
antiparlementaire...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: ...qui faisait de tels commentaires alors que les
gens se demandent ce qui arrive dans le secteur public à l'égard
des négociations sur la rémunération. Alors, ça, je
pense qu'on a disposé de ça assez rapidement. Je pense que c'est
inadmissible de voir nos fonctionnaires accusés d'être des
criminels par un député, ici, d'une façon aussi
péremptoire et tonitruante que celle du député
d'Ungava.
Quant au reste, il y avait un peu de tout. Je peux reconnaître que
ça peut être scandaleux, je vais le dire franchement, là,
qu'on dépense des sommes qu'on n'a pas pour des catalogues dont on n'a
peut-être pas besoin. La question est de savoir... On demandera au
ministre de ? je ne sais pas quel ministère ? l'Agriculture,
ou de l'Énergie et des Ressources, ou des Forêts ? je n'en
sais rien, là ? le ministre responsable des tourbes ou
tourbières, qu'est-ce qui peut avoir amené les services à
publier cet atlas? On verra, mais la question se pose à cette
personne-là. Ce qui arrive avec les radars de la Sûreté, on
demandera au ministre de la Sécurité publique.
Ce qui arrive avec les mandats de négociation, ça,
ça me fait plaisir d'y répondre et j'en prends avis. Mais je
réitère qu'il y en a des centaines, de demandes, dans une
année, et qu'à partir de ce moment-là on doit me permettre
de prendre avis, de demander des précisions sur ce qui est couvert ou ce
que les députés ont à l'esprit. Il me fera plaisir d'y
répondre. Je n'ai jamais hésité, mais j'aimerais que les
questions soient précises.
On est même allé jusqu'à dire que j'avais fait
construire un ascenseur pour ne pas que les gens viennent à mon bureau.
C'est absolument extraordinaire, là, de dire des choses pareilles! Je
pense que je sais d'où ça sort, mais enfin, on vérifiera.
On vérifiera, mais... Ça sort d'un ascenseur, oui, sans doute,
mais j'essaie de voir, là, si on n'est pas en train de mêler les
choux et les raves. Le fait est qu'il y a des endroits dans des édifices
gouvernementaux où, pour des raisons de sécurité, on a le
choix d'installer des portes, ou des gardiens, ou des ascenseurs. On prend ce
qu'il y a de moins cher. L'alternative, c'est qu'il n'y ait pas de
sécurité, c'est qu'il n'y ait pas de mesure de
sécurité.
Alors, j'aimerais que le député nous indique à
quels endroits on devrait enlever les mesures de sécurité afin
d'économiser de l'argent. C'est ça qui est en cause. C'est tout.
Et je pense bien que les gens ne pensent pas qu'on tire l'argent par les
fenêtres pour des mesures de sécurité. Qu'il y ait des
choses un peu exagérées qui se font, qui sont mal
contrôlées, j'invite encore le député... Je l'ai
fait en son absence, j'ai dit que je lui répéterais: quand j'ai
appris l'heureuse nouvelle qu'il reviendrait avec nous avant la fin de la
soirée, j'aimerais... Ce serait intéressant qu'il dénonce
ça auprès du ministère responsable. Depuis quand sait-il
ces choses? Depuis quand a-t-il appris qu'il y a certains gaspillages dans son
comté ou ailleurs? (23 h 50)
Le Président (M. Lefebvre): Vous avez 30 secondes.
M. Johnson: Qu'est-ce qu'il a fait? Qu'a-t-il fait pour
dénoncer la situation à part que des discours comme
celui-là ici à l'Assemblée nationale, je ne sais trop
combien de mois ou d'années après le fait? C'est sa
responsabilité comme député, comme c'est la nôtre de
voir à ce que les fonds publics soient bien dépensés.
Motion proposant de faire rapport à
l'Assemblée
M. le Président, en terminant, dans les circonstances, je propose
de faire rapport à l'Assemblée que la commission
plénière n'a pas fini de délibérer et qu'elle
demande la permission de siéger de nouveau, le tout en vertu de
l'article 113.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette... Oui, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président on m'a traité
d'hurluberlu...
Le Président (M. Lefebvre): Non, non...
M. Claveau: ...et on m'a dit que j'accusais la fonction
publique...
Le Président (M. Lefebvre): ...non, non, non.
M. Claveau: M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): Non, je m'excuse...
M. Claveau: On m'a dit...
Le Président (M. Lefebvre): Non, non...
M. Claveau: ...que j'accusais les employés de
l'État de voleurs, ce qui est faux.
Le Président (M. Lefebvre): Je m'excuse, M. le
député.
Alors, M. le président du Conseil du trésor, j'ai rendu
une décision, demandant au président du Conseil du trésor
de retirer le propos qui vous était adressé, de sorte que c'est
réglé, M. le député d'Ungava.
Alors, est-ce que la motion prévue à l'article 113 est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Adopté. Alors, les
travaux de la commission...
Des voix: Non, non.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, vous voulez la
débattre?
Mme Marois: Qu'est-ce que c'est, la motion?
M. Léonard: Qu'est-ce que c'est que vous dites,
là?
Le Président (M. Lefebvre): Alors, le président du
Conseil du trésor propose... L'article 113 se Ht comme suit: «Tout
député peut, sans préavis, proposer de faire rapport
à l'Assemblée que la commission plé-nière n'a pas
fini de délibérer et qu'elle demande la permission de
siéger à nouveau.» C'est de cet article que s'est
inspiré le président du Conseil du trésor pour soumettre
la motion qui est débattable, à moins que vous décidiez de
l'adopter. Alors, la motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, les travaux de la
commission sont terminés.
(Suspension de la séance à 23 h 52)
(Reprise à 23 h 53)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place.
M. le président de la commission plénière.
M. Marcil (président de la commission plénière):
Oui, M. le Président, je fais rapport que la commission
plénière n'a pas fini de délibérer sur le projet de
loi 102, Loi concernant les conditions de travail dans le secteur public et le
secteur municipal et qu'elle demande la permission de siéger à
nouveau.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous remercie, M. le
Président de la commission plénière.
M. le leader adjoint du gouvernement. Je vous ai reconnu, M. leader
adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Je vous remercie, M. le Président.
Article 19, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 19,
l'Assemblée...
Veuillez prendre place, messieurs. L'Assemblée poursuit ses
travaux.
Projet de loi 80
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
L'Assemblée prend en considération le rapport de la
commission du budget et de l'administration sur le projet de loi 80, Loi
modifiant la Loi sur l'administration financière, la Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services et d'autres dispositions
législatives.
Y a-t-il des interventions sur ce rapport? M. le ministre...
M. Dutil: M. le Président, je vais réserver mes
commentaires pour l'adoption.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Très bien. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Alors, le rapport de la commission du budget et de l'administration
portant sur le projet de loi 80, Loi modifiant la Loi sur l'administration
financière, la Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services et d'autres dispositions législatives, est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Une voix: Le rapport?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Le rapport,
oui, oui. S'il vous plaît! Est-ce que c'est adopté?
Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Article 21, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 21,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la
commission...
S'il vous plaît, à l'ordre, messieurs!
L'Assemblée prend en considération le rapport de la
commission de l'éducation sur le projet de loi 82, Loi modifiant la Loi
sur les collèges d'enseignement général et professionnel
et d'autres dispositions législatives. Y a-t-il des interventions sur ce
rapport?
M. Bélisle: M. le Président, si vous permettez,
légère correction. L'article 21, d'après mes informations,
c'est le projet de loi 83.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ah! Excusez-moi.
M. Bélisle: Est-ce que c'est moi qui étais...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): J'avais compris article
«20», M. le député.
M. Bélisle: Non, j'ai dit 21, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais lire l'article
21.
M. Bélisle: Je vous remercie, M. le Président.
Projet de loi 83
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'Assemblée prend
en considération le rapport de la commission de l'éducation sur
le projet de loi 83, Loi sur la Commission d'évaluation de
l'enseignement collégial et modifiant certaines dispositions
législatives.
Y a-t-il des interventions sur ce rapport?
Mme la ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur.
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: M. le Président, au moment de la prise en
considération du rapport de la commission de l'éducation, qui a
procédé à l'étude article par article du projet de
loi 83, je souhaite faire ressortir les modifications les plus significatives
apportées lors de nos travaux parlementaires.
On se rappelera, M. le Président, que ce projet de loi est une
des pièces législatives majeures sur laquelle s'appuiera le
projet gouvernemental de renouveau de l'enseignement collégial, et qu'il
traite essentiellement de la composition et du mandat des membres de la
Commission, de la mission et des pouvoirs de la Commission, des modifications
apportées à certaines lois et de l'abrogation du Conseil des
collèges et du Conseil des universités et, donc, de la Loi sur le
Conseil des collèges et de la Loi sur le Conseil des
universités.
La création de cette Commission d'évaluation a
été réclamée par l'ensemble des intervenants qui se
sont présentés aux 2 commissions parlementaires tenues sur
l'avenir de l'enseignement collégial et sur le projet de renouveau de
l'enseignement collégial. Ce fut même la demande quantitativement
la plus marquée lors des audiences publiques de l'automne dernier...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Je peux avoir de la collaboration pour votre collègue, s'il vous
plaît! Merci.
Mme la ministre, (minuit)
Mme Robillard: En effet, pour éliminer tout doute dans
l'opinion publique sur la qualité de la formation dispensée dans
les collèges, on a proposé massivement l'instauration d'un
mécanisme rigoureux d'évaluation. On a voulu assurer à nos
jeunes du Québec qui poursuivent des études collégiales,
des études supérieures, un enseignement et un diplône
pleinement crédibles. On a aussi, et c'est là une dynamique
cruciale pour la mise en oeuvre du renouveau, voulu que les collèges
assument des responsabilités académiques accrues, leur assurant
ainsi plus d'autonomie. Dès lors, des mécanismes plus
serrés d'évaluation se sont imposés à tous.
Le projet de loi déposé le 6 avril répondait
à ces attentes largement exprimées. Lors de l'étude
détaillée du projet de loi en commission, nous avons jugé
bon de répondre positivement à des recommandations que certains
groupes ou organismes nous avaient formulées lors des consultations
particulières qui ont suivi le dépôt du projet de loi.
Conformément aux déclarations du 11 mai, que j'ai faites, soit
à l'ouverture des travaux de la commission parlementaire, la tenue de la
commission n'aura pas été une formalité mais un exercice
démocratique valable et fructueux. Nous avons accueilli les remarques et
les propositions soumises en tenant compte de l'ensemble du projet de renouveau
et de la vision qui le sous-tendait.
Il a été suggéré, entre autres par la
Fédération des cégeps, la Fédération
autonome du collégial, la Confédération des syndicats
nationaux et la Centrale de l'enseignement du Québec, d'élargir
le champ d'action de la Commission d'évaluation pour qu'elle puisse,
d'une part, faire des recommandations aux collèges concernant
l'organisation, le fonctionnement et la gestion académique de
l'établissement, et, d'autre part, faire des recommandations au ministre
sur toute politique gouvernementale ou ministérielle ayant un impact sur
la gestion institutionnelle des programmes d'étude et
l'évaluation. Par un amendement à l'article 17 du projet de loi,
nous
avons introduit ces possibilités. Nous avons donc retenu ces 2
suggestions d'élargissement du pouvoir de recommandation de la
Commission, sans toutefois dévier de son mandat central qui est
d'évaluer la qualité des programmes d'étude. Donc, par
l'article 13, ce mandat principal est précisé, mais par l'article
17, tel qu'amendé, on élargit le pouvoir de recommandation, on
permet à la commission de faire des recommandations sur d'autres
éléments qui peuvent influer sur les programmes
d'étude.
Il a aussi été suggéré par la
Conférence des recteurs et des principaux des universités du
Québec, lors des consultations particulières, de
transférer au Conseil supérieur de l'éducation la
responsabilité de donner son avis à la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science sur la création de tout nouvel
établissement d'enseignement de niveau universitaire. Cette
recommandation a été retenue et se retrouve formulée
à l'article 32 amendé. Nous avons inclus également les
projets de création de nouveaux collèges d'enseignement
général et professionnel.
Les universités nous ont également demandé de
s'assurer que la Commission de l'enseignement universitaire prévue dans
la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation ait aussi le
mandat de se préoccuper de la recherche universitaire. Nous avons donc
convenu de la nommer «Commission de l'enseignement et de la recherche
universitaire», par un amendement à l'article 34 du projet de loi
83.
Voilà, M. le Président, l'essentiel du projet de loi 83,
tel qu'amendé, donc, par les modifications qui ont été
aussi apportées à l'étude article par article en
commission parlementaire. Le projet de loi 83, maintenant, correspond
très largement aux besoins exprimés et aux attentes de la
population étudiante ainsi que de la population en général
qui tient à refaire le choix du collège québécois,
mais qui tient aussi à être rassurée sur la qualité
de la formation qui est dispensée et sur la crédibilité
des diplômes décernés à cet ordre d'enseignement. Et
cette nouvelle Commission d'évaluation de l'enseignement
collégial, M. le Président, nous permettra d'atteindre cet
objectif. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre.
Nous en sommes à l'étape de la prise en considération du
rapport de la commission de l'éducation sur le projet de loi 83, et je
cède la parole à M. le whip en chef de l'Opposition officielle et
député de Lac-Saint-Jean. M. le député, la parole
est à vous.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. Je serai bref, pour
ce soir, à l'étape de la prise en considération. Un peu
à l'instar du ministre des Approvisionnements et Services, je
réserve des commentaires plus élaborés au stade de
l'adoption, d'autant plus qu'il se fait tard et que j'ai de la misère,
à ce stade-ci, à comprendre la stratégie du leader du
gouvernement. L'Assemblée vient de pas- ser 2 journées
entières en comité plénier sur un projet de loi qui aurait
fort bien pu être étudié en commission parlementaire, de
telle sorte que ces projets de loi importants pour l'ordre d'enseignement
collégial auraient pu être examinés, étudiés
à des heures plus régulières et plus normales, et nous
auraient donc permis de faire des interventions plus
étoffées.
Toutefois, je me permets quelques remarques en disant que,
malheureusement, même si, en principe, vous le savez, nous sommes
d'accord pour la mise en place d'un tel organisme d'évaluation, nous
regrettons cependant que plusieurs suggestions, recommandations en provenance
des intervenants du milieu collégial n'aient pas été
prises en compte par la ministre. Par exemple, elle a refusé de modifier
la composition de la Commission d'évaluation de même que le mode
de nomination des commissaires. Nous sommes toujours convaincus que 3
commissaires, ce n'est pas suffisant, qu'on aurait dû en prévoir
davantage. Ça n'a pas trouvé preneur du côté
gouvernemental. La ministre a également refusé de retirer
à la Commission le pouvoir de recommander au ministre d'habiliter un
établissement d'enseignement à décerner le diplôme
d'études collégiales et, donc, de donner suite à cette
recommandation, que le gouvernement puisse donner suite à cette
recommandation. Comme beaucoup d'intervenants dans le milieu collégial,
nous pensons que ça risque de créer deux catégories, deux
classes de cégep et, donc, d'introduire une compétition, à
notre avis, malsaine dans le réseau collégial.
Elle a refusé également d'allonger la liste des avis
devant être sollicités par la ministre auprès du Conseil
supérieur de l'éducation, qui se voit transférer un
certain nombre de fonctions des 2 conseils qui disparaissent: le Conseil des
collèges et le Conseil des universités. Elle a refusé
également de donner des garanties quant aux ressources qui seront
allouées à l'aide et au support à apporter aux
collèges au niveau de l'évaluation de leurs programmes
d'enseignement ou d'un aspect quelconque de leur pratique institutionnelle.
Selon la ministre, cette fonction devra dorénavant être
assumée par la Fédération des cégeps.
Nous aurions donc préféré, nous aurions donc
aimé, M. le Président, que ces demandes légitimes et,
à notre avis, justifiées, provenant de plusieurs intervenants, de
plusieurs acteurs du milieu collégial, nous aurions
préféré, dis-je, que ces demandes aient été
prises en compte sous forme d'amendements par la ministre. Malheureusement, ce
ne fut pas le cas.
Nous ne nous opposons pas, cependant, à l'adoption du projet de
loi, puisque la nécessité d'instituer un organisme externe
d'évaluation des cégeps fait largement consensus, et ce consensus
inclut l'Opposition officielle, puisque l'on sait que l'insuffisance des
mécanismes d'évaluation pouvant attester la qualité de la
formation collégiale et de ses institutions a suffisamment
été démontrée pour que nous ne nous opposions pas
à la création d'un tel organisme. Cette nécessité
est d'autant plus présente que la réforme de l'enseignement
collégial
confie davantage de responsabilités aux collèges,
notamment en matière de gestion des programmes d'études.
Nous estimons toutefois que ce projet de loi aurait eu avantage à
être amélioré, bonifié davantage, et nous sommes
convaincus que l'avenir ou la pratique nous donnera raison, M. le
Président. Merci.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Le rapport de la commission de
l'éducation portant sur le projet de loi 83, Loi sur la Commission
d'évaluation de l'enseignement collégial et modifiant certaines
dispositions législatives, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 20, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous avez bien dit
l'article 20?
M. Bélisle: Oui, M. le Président.
Projet de loi 82
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Là, je vous ai
bien entendu. L'Assemblée prend en considération le rapport de la
commission de l'éducation sur le projet de loi 82, Loi modifiant la Loi
sur les collèges d'enseignement général et professionnel
et d'autres dispositions législatives. Il s'agit d'une prise en
considération. Y a-t-il des interventions sur ce rapport? Mme la
ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, je vous
cède la parole.
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: Merci, M. le Président. À cette
étape de la prise en considération, j'aimerais peut-être
souligner, M. le Président, l'importance de ce projet de loi et
préciser les changements qui ont été apportés lors
de nos travaux parlementaires des 2 et 3 juin derniers. Vous me permettrez de
rappeler que le projet de loi 82 modifie, sous plusieurs aspects, la Loi sur
les collèges d'enseignement général et professionnel,
qu'il élargit de façon explicite les champs d'activité des
collèges, qu'il modifie, au plan de l'organisation interne, la
composition des conseils d'administration et qu'il remplace la commission
pédagogique par une commission des études. (00 h 10)
De plus, le projet de loi 82 prévoit aussi qu'un collège
ne pourra exiger de droits de scolarité pour l'enseignement qu'il
dispense dans le cadre d'un programme d'études collégiales
à l'étudiante ou à l'étudiant inscrit à
temps plein dans un tel programme. Cet étudiant à temps plein est
défini comme un étudiant qui suit au moins 4 cours par session.
Notre gouvernement a donc refait le choix de maintenir la gratuité
scolaire au collégial.
On se rappellera, M. le Président, que l'accès gratuit aux
études collégiales était une mesure centrale de la loi de
1967. Nous maintenons cette mesure que nous jugeons essentielle afin de
permettre aux jeunes du Québec d'accéder à des
études supérieures et de les poursuivre. Il faut aussi noter, par
ailleurs, qu'une mesure de responsabilisation et d'incitation à la
réussite est introduite par ce projet de loi en complément
à diverses mesures de soutien à la réussite comme une
session d'accueil et d'intégration, les centres d'aide à
l'apprentissage, des seuils qui sont précisés pour
l'admissibilité aux programmes conduisant au diplôme
d'études collégiales, et j'en passe, de ces mesures, M. le
Président.
Nous avons donc ajouté à ces mesures d'incitation à
la réussite une autre mesure, à portée financière,
celle-là, visant la responsabilisation du jeune face à son projet
d'études et visant l'incitation à la réussite. Il s'agit
de l'instauration de droits de 50 $ pour chacun des cours auxquels s'inscrit
une étudiante ou un étudiant lorsqu'il a accumulé un
certain nombre d'échecs: 5 dans les programmes d'études
préuniversitaires et 7 dans les programmes d'études techniques.
Il faut noter que ces droits cesseront d'être exigibles après la
réussite de 4 cours ou après l'obtention du diplôme, selon
des modalités précisées par règlements du
gouvernement. Il est évidemment entendu que, conformément aux
pratiques actuelles de gestion académique, certains cas particuliers de
force majeure ? accident, maladie prolongée, assistance à
des proches ? ne sauraient être mécaniquement
assimilés à des échecs, mais plutôt à des
dossiers dits «incomplets».
M. le Président, lors de l'étude détaillée
de ce projet de loi, la semaine dernière, nous avons
procédé à des bonifications importantes par rapport au
projet de loi initial déposé le 6 avril à
l'Assemblée nationale. En effet, suite aux recommandations qui m'ont
été apportées lors des consultations particulières,
nous avons procédé à certaines modifications. Les
représentants syndicaux, entre autres, nous ont fait des suggestions au
regard de la présentation des divers personnels des collèges au
sein des conseils d'administration des collèges et à la
Commission des études. Nous avons donc augmenté le nombre des
membres du personnel de 3 à 4 sur le conseil d'administration. Nous
avons aussi spécifié la composition du groupe des personnels: 2
enseignants, 1 professionnel non-enseignant et 1 membre du personnel de
soutien.
De plus, à la demande, notamment, de la Fédération
autonome du collégial, nous avons aussi modifié le
mode de désignation de ses membres. Ils seront respectivement
élus par leurs pairs. Un important amendement en ce sens à
l'article 4 du projet de loi 82 a été adopté unanimement.
À la Commission des études également, nous avons
précisé que des professionnels non-enseignants devaient
obligatoirement en faire partie. Cet ajout répondait, entre autres
à la demande de la Centrale de l'enseignement du Québec. De plus,
autant les enseignants que les professionnels non-enseignants seront
respectivement élus par leurs pairs, encore là, suite à
des recommandations des représentants de ces personnels.
Ces modifications importantes constituent une réponse à
celles et ceux qui oeuvrent dans les collèges et qui constituent les
intervenants de première ligne auprès de la population
étudiante. Nous réaffirmons ainsi la position gouvernementale
à l'effet que c'est avec eux et grâce à eux que se
réalisera le renouveau de l'enseignement collégial.
Les étudiantes et les étudiants, d'autre part, ont fait
aussi connaître leurs inquiétudes concernant l'utilisation des
services et des installations et équipements à des fins
culturelles, sociales, sportives ou scientifiques dans les collèges.
Après des discussions avec l'Opposition et sur recommandation de
celle-ci en commission parlementaire, nous avons convenu d'amender l'article 2
du projet de loi afin de nous assurer que les demandes des populations
étudiantes aient priorité pendant les heures normales de cours du
collège.
Une autre recommandation, provenant de la Centrale de l'enseignement du
Québec ainsi que des représentants des étudiants, visait
à obtenir des mécanismes plus rigoureux pour éviter une
augmentation indue du taux d'encadrement dans les collèges. Nous avons
donc amendé l'article 10 pour que le nombre maximum de postes, pour
chaque classe d'emploi, soit déterminé par règlement du
ministre.
À la demande de la Fédération des cégeps,
nous avons amendé l'article 6 du projet de loi 82, afin de permettre
à un membre du personnel siégeant au conseil d'administration
d'un collège de présenter ses observations avant de se retirer
d'une séance pour les délibérations et le vote relatif aux
questions mentionnées audit article.
Un autre amendement, M. le Président, a été
apporté à l'article 4, à la suggestion de la
Fédération des cégeps, afin que les deux titulaires du
diplôme d'études collégiales qui siégeront au
conseil d'administration soient nommés par les membres du conseil en
fonction.
À l'article 17 du projet de loi 82, nous avons ajouté
aussi l'obligation pour le ministre de consulter les collèges publics
avant d'établir annuellement les règles budgétaires, et de
les soumettre à l'approbation du Conseil du trésor.
Enfin, M. le Président, ma collègue députée
de Bourget, qui a suivi avec beaucoup d'assiduité les séances de
la commission de l'éducation sur l'avenir de l'enseignement
collégial a suggéré que nous insérions un article
similaire, visant à imposer l'obligation au minis- tre de consulter les
établissements privés agréés avant d'établir
les règles budgétaires et de les soumettre à l'approbation
du Conseil du trésor. Nous avons introduit cette obligation par
l'adoption de l'article 30.1 du projet de loi 82.
Les membres de la commission ont décidé, d'un commun
accord, d'approuver aussi un autre amendement que j'ai déposé, et
qui éliminait le deuxième paragraphe de l'article 13; ce
paragraphe visait à limiter à 10 ans la durée totale des
mandats successifs du directeur général d'un collège ou du
directeur des études.
Vous pouvez constater, M. le Président, que la deuxième
commission parlementaire sur le renouveau collégial n'a pas
été une simple formalité. Le gouvernement, qui avait voulu
entendre les principaux groupes sur le projet de renouveau de l'enseignement
collégial s'est montré ouvert et constructif. Nous avons fait la
preuve, tel que je le déclarais le 11 mai, que tout n'était pas
coulé dans le ciment, mais que le projet gouvernemental n'était
pas un château de cartes ni un château d'Espagne, comme le disait
le critique de l'Opposition officielle. C'est donc avec grand plaisir, M. le
Président, que nous avons convenu de ces bonifications apportées
au projet de loi 82, en réponse aux demandes des divers milieux
concernés.
Nous considérons que le projet de loi 82, tel que
présenté et amendé, constitue une pièce
maîtresse du renouveau de l'enseignement collégial et qu'il
permettra la mise en oeuvre d'un projet éducatif qui vise
essentiellement à assurer aux jeunes du Québec une formation
collégiale, dont le calibre et la qualité les placent en bonne
position face aux défis de demain, face aux défis du XXIe
siècle. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre
de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur. Je rappelle aux
membres de cette Assemblée que nous en sommes à la prise en
considération du rapport de la commission de l'éducation sur le
projet de loi 82. Je cède la parole à M. le whip en chef de
l'Opposition officielle et député de Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard M. Brassard: Merci, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, la parole est à vous.
M. Brassard: Vous le savez, nous nous sommes opposés
à l'adoption du principe de ce projet de loi. Nous avons longuement
exposé, moi-même et mes collègues qui sont intervenus sur
ce projet de loi, les motifs et les raisons qui nous incitaient et qui
justifiaient notre opposition. Plusieurs irritants, plusieurs dispositions de
ce projet de loi nous apparaissaient inacceptables, et, en ce sens-là,
nous avions l'appui de plusieurs intervenants de l'enseignement
collégial. (00 h 20)
Au cours de la commission parlementaire, il est vrai que plusieurs
amendements ont été apportés par la ministre, et, je le
reconnais, ils constituent des ajustements qui ont amélioré et
bonifié certains articles et certaines dispositions du projet de loi.
Cependant, nous sommes obligés de constater que les modifications
majeures, substantielles que nous avons réclamées et que
plusieurs acteurs du milieu collégial ont réclamées n'ont
pas été prises en compte par la ministre. Et, pour ces raisons,
évidemment, nous maintenons notre position.
Je donne quelques exemples. Nous avions demandé le retrait de la
taxe à l'échec puisque, comme plusieurs, nous estimions qu'il
s'agissait là d'un châtiment financier inapproprié et
inopportun sur le dos des étudiants et étudiantes, une mesure
jugée injuste et discriminatoire par le Conseil permanent de la
jeunesse, dans une lettre qu'il faisait parvenir au premier ministre. Nous
sommes tout à fait d'accord avec sa vision des choses et nous aurions,
évidemment, préféré que cette disposition soit
retirée. Malheureusement, ce ne fut pas le cas, le gouvernement l'ayant
maintenue.
Nous avons demandé aussi, à l'instar de la CEQ, un
moratoire sur la formation générale commune et les seuils
d'admission au cégep, de façon à pouvoir en réviser
les contenus en lien avec les autres ordres d'enseignement, en aval comme en
amont, dans le cadre d'un débat plus large, d'un débat plus
global. La ministre n'a évidemment pas acquiescé non plus
à cette demande.
Nous avons souhaité également, en commission
parlementaire, que l'on modifie la composition du conseil d'administration afin
de rééquilibrer la représentativité des
intervenants de l'interne et de l'externe, en assurant plus
particulièrement une place adéquate aux divers personnels des
cégeps et, aussi, aux parents. Il y a eu un pas qui a été
fait, nous le reconnaissons, en particulier en ce qui concerne les personnels,
mais, pour ce qui est des parents, la ministre est demeurée
intransigeante et a maintenu sa décision, sa volonté de
réduire de moitié la présence des parents sur le conseil
d'administration.
Nous aurions souhaité également modifier la composition de
la Commission des études en assurant une représentativité
plus adéquate des divers personnels des cégeps. C'est ainsi que
nous avons proposé un amendement qui aurait assuré une
représentation majoritaire des enseignants sur la Commission des
études, comme c'est le cas présentement au sein des commissions
pédagogiques. Ça aussi, c'est une revendication, une
requête qui n'a pas trouvé preneur du côté
gouvernemental.
Ce qui fait que, M. le Président, pour toutes ces raisons, tout
en reconnaissant que certains ajustements ont été apportés
et ont des effets positifs, il faut, quant à nous, reconnaître
que, sur l'essentiel, pour ce qui est de l'essentiel de nos oppositions, nous
n'avons pas, quant à nous, de notre point de vue, progressé, le
gouvernement maintenant fermement ses positions, ce qui fait que notre
position, à nous, ne change pas à l'égard du projet de loi
82. Nous maintenons toujours notre opposition. Nous considérons qu'il
s'agit là d'une réforme improvisée, mal amorcée et
dont les ratés apparaîtront avec davantage d'acuité au fil
des mois et des années à venir. Et nous ne sommes pas certains,
pas du tout, que l'une des conditions essentielles de réussite soit au
rendez-vous, c'est-à-dire une implication, une participation pleine et
entière des acteurs, des intervenants du milieu collégial
à la mise en oeuvre de cette réforme, ce qui est pourtant
fondamental. Nous ne sommes pas certains que cette condition se trouvera au
rendez-vous. Pour toutes ces raisons, M. le Président, nous maintenons
notre opposition et nous continuons de voter contre le projet de loi 82.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Le rapport de la
commission de l'éducation portant sur le projet de loi 82, Loi modifiant
la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel et d'autres dispositions législatives, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Article 25, M. le Président.
Projet de loi 69 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 25,
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
propose l'adoption du projet de loi 69, Loi modifiant la Loi sur la protection
sanitaire des animaux. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le
député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril: Je veux juste intervenir brièvement, M. le
Président. Je vais changer de loi, ça va aller mieux. Nous allons
voter contre ce projet de loi. Je l'ai expliqué en deuxième
lecture, mais je pense qu'il est important de l'expliquer encore une fois. Ce
n'est pas parce que nous sommes contre l'inspection des produits alimentaires,
mais c'est parce que cette loi va davantage entériner une loi que nous
avons passée l'an passé, qui a été adoptée,
c'est-à-dire, l'an passé, et qui permet au ministère de
l'Agriculture de charger 175 $ par établissement pour un permis. Que ce
soit des dépanneurs, des cafétérias, des commissions
scolaires, entre autres, tous ceux qui manipulent des aliments se doivent
d'acquérir un permis pour opérer cet établissement. Et c'a
été dénoncé par tout le monde. C'est pour cette
raison,
entre autres, si nous voulons être conséquents avec
l'opposition que nous avons menée l'an passé sur le projet de loi
instaurant ce nouveau permis, que, cette fois-ci, nous allons encore voter
contre la loi, puisque ça ne fait uniquement qu'entériner ce qui
a été voté l'an passé et qu'en plus le
ministère du Tourisme transfère au ministère de
l'Agriculture l'inspection également des aliments dans la restauration
et dans l'hôtellerie.
Je comprends qu'au lieu d'avoir 2 inspecteurs qui passeront, maintenant,
il y en aura seulement 1, qui relèvera du ministère de
l'Agriculture. Mais, de toute façon c'est, encore une fois, une taxe
déguisée. Et il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'opposition
au niveau des commissions scolaires. Et je me demande, encore une fois, comment
il se fait qu'une commission scolaire qui opère une
cafétéria, souvent au profit des étudiants et des
étudiantes, on considère ça comme un commerce, on lui
impose un permis qui lui coûte 175 $ et on ne veut pas la
reconnaître comme une corporation à but non lucratif? Et le permis
devrait coûter seulement 20$.
Donc, pour ces raisons, M. le Président, nous allons voter contre
le projet de loi 69. Non, 76...
Le Président (M. Bissonnet): Le projet de loi 69. M.
Baril: Le projet de loi 69? Bien non!
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
M. Baril: Je m'excuse. Est-ce le projet 69 ou 76 qu'on
discute?
Le Président (M. Bissonnet): Le projet 69.
M. Baril: Est-ce la Loi modifiant la Loi sur la protection
sanitaire des animaux?
Une voix: Oui.
M. Baril: Ah bon. O.K. 69. C'est moi qui me trompais de
numéro. Mais ça ne fait rien, j'ai parlé quand même
sur la bonne loi.
Une voix: Iln'y a pas de problème.
Mise aux voix
Le Président (M. Bissonnet): Alors, le projet de loi 69,
Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire des animaux, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: L'article 28, M. le Président.
Projet de loi 76 Adoption
Le Président (M. Bissonnet): À l'article 28, M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation propose
l'adoption du projet de loi 76, Loi modifiant la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments et abrogeant la Loi sur le
commerce du pain. Est-ce qu'il y a des intervenants? M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Oui, M. le Président, rapidement. Je pense que
le projet de loi permet la réduction de procédures
bureaucratiques en passant par un seul guichet. On sait qu'il s'agit du permis
entre le Tourisme... Et l'entente qui a été faite, c'est assez
historique, M. le Président, cette entente-là. Un guichet unique:
au lieu que les gens aient affaire avec deux ministères, qu'ils aient
affaire avec un seul ministère, c'est-à-dire le ministère
de l'Agriculture, ce qui a fait passer, et c'est assez surprenant, le permis de
350 $ à 300 $. Parce que, ce que nous épargnons en
administration, nous faisons en sorte, M. le Président, d'en faire
bénéficier ceux et celles qui ont besoin de ce permis-là.
Ça permet donc au gouvernement de faire des économies aussi en
même temps. (0 h 30)
Et, dans un deuxième temps, vous l'avez si bien mentionné,
il s'agit du projet qui abroge le commerce du pain. Ça permet
d'assujettir le pain aux mêmes dispositions que les autres aliments en ce
qui concerne la qualité et l'innocuité. Le projet de loi modifie
la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments pour y
intégrer l'interdiction de faire de la publicité. Et ça,
c'est demandé, évidemment, par le Conseil de la boulangerie, et
nous y avons acquiescé avec beaucoup de plaisir, M. le Président.
C'a permis aussi de dépoussiérer une loi qui était
vieille. Depuis pas mal d'années on obligeait des gens en quantifiant le
nombre de pains qu'ils devaient avoir...
Je vous donne un exemple. On disait que, dans une douzaine de pains
hot-dog, il devait y avoir 12 pains hot-dog; dans une demi-douzaine, il devait
y en avoir 6; donc, impossible d'agir en dehors de la demi-douzaine puis de la
douzaine. Là, on dit: Maintenant, il faut dépoussiérer
ça. Il faut permettre, peut-être, d'en vendre seulement 4, un
empaquetage de 4 pour les plus petites familles, puis peut-être en
empaqueter pour les plus grosses familles, des formats de, je ne sais pas, moi,
une douzaine et demie ou deux douzaines. Alors, on laisse le soin aux gens de
se discipliner là-dessus. On élimine cette
barrière-là, on élimine tout ce qui était
poussiéreux, et ça viendra permettre aux gens d'avoir de
l'initiative et d'être en mesure d'offrir aux consomma-
teurs ce qu'ils désirent avoir et non pas être
obligés d'agir toujours de la même façon.
M. le Président, c'est bénéfique, d'un
côté, pour les gens du tourisme, avec un guichet unique, pour le
permis, une réduction de permis, puis c'est bénéfique pour
dépoussiérer de la vieille législation. C'est le
début de ce qu'on va faire, chez nous, éliminer de la
législation, éliminer surtout des règlements. Dans le
phénomène de déréglementation, ce n'est qu'un
début. Il y en aura beaucoup d'autres. Il y aura un vaste projet de loi
qui sera présenté cet automne, dans le but d'éliminer
encore d'autres règlements. Et bien sûr, M. le Président,
on va tout faire ça. Il y a une condition sine qua non essentielle,
condition qui a été acceptée par tous les intervenants,
lors du Sommet de l'agriculture. Oui, pour la déréglementation,
mais jamais de déréglementation en ce qui concerne
l'innocuité de nos aliments, la qualité de nos aliments, pour
continuer d'être de plus en plus excellent dans le domaine de
l'alimentation.
Et je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Je rappelle que nous en sommes à l'adoption du projet de loi 76,
Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments et abrogeant la Loi sur le commerce du pain.
M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, je m'aperçois que je me
suis trompé de loi, tout à l'heure. Je m'étais
préparé pour discuter des 2 lois, la loi 69 et la loi 76, et j'ai
inversé mes projets de loi. Ceux qui pourront en prendre connaissance,
ils vont bien se demander de quoi je parlais sur l'autre loi. Ha, ha, ha!
Et...
M. Picotte: Moi, je le savais.
M. Baril: Comment?
M. Picotte: Moi, je le savais.
M. Baril: Oui, vous le saviez, mais c'est parce que j'avais quand
même des choses importantes à dire sur le projet de loi 69, et
là, je m'aperçois qu'il est trop tard pour en parler.
Je ne sais pas si vous n'auriez pas une formule à me
suggérer pour que, au moins, je dise 5 minutes sur l'avertissement que
je pouvais donner au ministre sur le projet de loi 69.
Motion proposant de revenir à l'étape de
l'adoption du projet de loi 69 et d'en révoquer la mise aux voix
M. Picotte: M. le Président, moi, je pense qu'on pourrait
permettre au député d'Arthabaska de dire ce qu'il a à dire
sur le projet de loi en question. Effectivement, je pense qu'il y a eu
mésentente. Ça va permettre, d'ailleurs, à l'Opposition de
changer sa façon de voter, puisque je suis pas mal persuadé que,
sur celui-là, ils étaient prêts à l'accepter, non
pas sur division. C'est celui dont je viens de faire mention qu'ils acceptaient
sur division, du moins, c'est ce qui s'est passé en commission
parlementaire.
Donc, on pourrait revenir même sur le premier vote, après
qu'il aurait eu parlé, et ça permettrait d'adopter
celui-là sur division, selon ma connaissance.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, c'est pour vous
faciliter la chose. Vous faites motion pour qu'on reprenne l'étude de
l'article 19, soit le projet de loi... Non. Ce n'est pas la bonne feuille,
ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: M. le Président, question de règlement.
Pour vous faciliter la tâche, étant donné que je viens
de...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ça va. Oui, oui.
Non, mais ce que je veux vous dire, M. le ministre, c'est que le projet de loi
69 n'a pas été adopté sur division. Il a été
adopté, parce que lorsqu'on a demandé l'adoption, on n'a pas
inscrit sur division; donc, il est adopté actuellement.
Mais moi, pour vous faciliter l'affaire, on peut reprendre
l'étude de l'article 25 et revenir à l'adoption du projet de loi
69 pour permettre au député d'intervenir sur le projet de loi 69,
s'il y a consentement.
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II y a consentement?
Projet de loi 69 Reprise du débat sur
l'adoption
Donc, nous revenons à l'étude de l'article 25, soit le
projet de loi 69, et la parole est au député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril: Bon. Là, on va essayer d'être plus clair,
et, bien entendu, je ne prendrai pas 25 minutes pour juste le prévenir.
Parce que lorsqu'on a discuté du projet de loi 69, la Loi modifiant la
Loi sur la protection sanitaire des animaux, dans les discussions, le ministre
avait mentionné qu'il était possible qu'il accorderait ou
s'entendrait avec la société canadienne de protection des animaux
pour l'application ou l'administration de cette loi-là, puisque, suite
à des questions que je
lui posais, ce n'était pas nécessairement des
fonctionnaires de son ministère qui verraient à l'application de
cette loi-là. Et c'est là qu'il avait été question,
possiblement, qu'il pourrait s'entendre avec la SPCA pour qu'elle applique
cette loi-là, et, entre-temps, après la commission parlementaire,
j'ai rencontré des gens, des ex-administrateurs de la SPCA, qui en ont
long ou qui en avaient long à dire sur le fonctionnement de la SPCA, et
c'est inquiétant.
D'ailleurs, ces personnes-là avaient écrit au ministre de
la Justice pour demander une enquête sur le fonctionnement de la SPCA, au
point de vue administratif, et, aussi, au point de vue de la protection comme
telle des animaux qu'on amène dans les refuges. Et la réponse que
le ministre de la Justice a faite, il leur a dit qu'il regardait ça,
bien entendu, attentivement, et il a transféré la demande au
ministre de l'Agriculture, à son collègue. Et son
collègue, son sous-ministre a répondu une longue lettre au
dirigeant, un M. Wolfe, il lui a répondu une longue lettre disant qu'il
ne pouvait faire une enquête sur la Société protectrice des
animaux, puisque c'est une loi privée qui date de 1869 et que ce n'est
même pas considéré comme une compagnie, c'est une loi
spécifique à elle, et qu'il ne peut tenir une enquête, et
que les seuls moyens que les membres peuvent avoir, c'est d'aller aux
assemblées publiques ? aux assemblées
générales, c'est-à-dire ? et questionner la direction
et les membres.
Mais quand on a effectué la rencontre avec les gens
concernés, on nous a fait part de choses, on nous a amené
différentes questions qui portent, en tout cas, moi, qui m'ont
laissé très songeur, très sceptique sur l'administration
comme telle de la société canadienne des animaux. Et les
personnes ont donné une conférence de presse, aussi, le 28 mai
dernier, et dans le communiqué de presse qu'ils ont rendu public, il y a
des choses très surprenantes qui arrivent, et, comme on sait, la
Société protectrice des animaux est là pour
protéger les animaux, et on allègue, dans le communiqué de
presse, différentes façons d'opérer de la commission qui
met en doute, justement, la protection des animaux elle-même.
Donc, je ne veux pas abuser du temps, puisque le ministre m'a
donné la chance de revenir sur ce projet de loi là, mais j'invite
sérieusement le ministre, avant d'accorder cette... S'il a l'intention
d'accorder l'application de cette loi-là à la
Société protectrice des animaux, je l'invite, d'une façon
tout à fait spéciale, à prendre connaissance de tout un
document qui nous a été transmis, qui a été
transmis aussi au ministre de l'Agriculture, au ministre de la Justice, sur le
fonctionnement ? et c'est récent, c'est février 1993 ?
qui a été remis au gouvernement pour enquête sur la
façon de fonctionner de la SPCA.
Donc, si je dis ça, c'est pour que, dans la loi... Oui, je suis,
nous sommes, l'Opposition, nous sommes en faveur de cette loi, mais il serait
dommage que le ministre ait amené une loi ici, avec un objectif tout
à fait louable, et dans l'application... s'il transfère
l'application à un autre, que la loi soit mal appliquée ou,
même, pas appliquée du tout, et que l'objectif visé par la
loi soit contredit ou inversé par cette Société, si,
toutefois, c'est elle qui avait la charge, la responsabilité de cette
loi.
Donc, sur ça, je vous remercie, M. le Président, de
m'avoir permis de revenir sur le projet de loi 69, et, comme je le disais tout
à l'heure, ceux et celles qui auraient pris connaissance de la loi 69 se
seraient bien demandés de quoi je parlais quand j'ai parlé de
cette loi-là.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, le projet de loi
69, Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire des animaux, est-il
adopté?
Des voix: Adopté. (Oh 40)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté.
Projet de loi 76 Reprise du débat sur
l'adoption
Nous revenons à l'article 28 du feuilleton sur la motion du
ministre de l'Agriculture proposant l'adoption du projet de loi 76, Loi
modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments et abrogeant la Loi sur le commerce du pain.
Je vous cède la parole, M. le député
d'Arthabas-ka.
M. Jacques Baril
M. Baril: Très brièvement, M. le Président,
je vais reprendre ce que j'ai dit tout à l'heure.
Nous allons voter contre ce projet de loi, puisque le projet de loi
ajoute des établissements qui seront sous la surveillance du
ministère de l'Agriculture, et cette surveillance-là, on se
souvient que, l'an passé, le gouvernement avait établi un nouveau
permis qui devait coûter, à l'époque, 215 $, qui a
été réduit à 175 $ aujourd'hui. Donc, nous autres,
on considère que c'est une taxe déguisée, et c'est un
permis qui est mal appliqué, puisqu'il y avait eu un comité qui
avait été formé, suite au mécontentement
créé sur le coût du permis à 215 $, il y a un
comité qui a été créé pour voir à
appliquer mieux ce permis selon les superficies de plancher, les surfaces de
plancher, mais on a fait un compromis, on a tranché la poire en 2, et on
l'a fixé à 175 $.
Et que tu aies un dépanneur... tous ceux qui manipulent des
aliments sont obligés d'avoir ce permis. Le mécontentement est
encore d'autant plus grand au niveau des commissions scolaires, qui ont des
cafétérias qui sont administrées... à but non
lucratif, qui sont administrées au profit de l'association
étudiante à 90 %, qui sont obligées de payer ce permis 175
$, et le ministère ne veut pas reconnaître les
cafétérias des commis-
sions scolaires comme des corporations ou des organismes à but
non lucratif. Nous ne sommes pas contre l'inspection, bien entendu; comme le
ministre l'a dit, ça va simplifier les choses, oui. Mais, si on veut
être conséquent avec les gestes qu'on a posés l'an
passé, puisqu'on était contre le coût du permis, on se dit:
Pourquoi il faut avoir un coût qui soit rattaché à un
permis puisque l'inspection, elle a toujours eu lieu, l'inspection dans les
restaurants, dans les hôtels?
Donc, c'est pour ces raisons, M. le Président, que nous allons
voter contre ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député.
En vertu de votre droit de réplique, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Yvon Picotte (réplique)
M. Picotte: Deux mots, M. le Président. Merci.
Deux mots, M. le Président, pour clarifier 2 points qui me
semblent importants. D'abord, c'est de souligner que les modifications qui ont
été apportées en ce qui concerne le prix des permis et la
catégorisation des permis ont été faites à une
table de concertation où tous les intervenants étaient assis
à la table, sans exception, où ils ont eu l'occasion de se
prononcer, et ce sont eux, d'ailleurs, ces intervenants-là, qui m'ont
suggéré de faire les modifications que nous avons
apportées. Alors, il n'y a pas de surprise, je pense, là-dedans.
Je comprends, évidemment, la conséquence de l'Opposition:
étant donné qu'ils étaient contre l'imposition d'un
permis, qu'ils soient aujourd'hui contre, même si on le baissait, si on
le diminuait de moitié ou des trois quarts, ça, je pense que
ça va de soi. Je respecte ça. Mais c'est pour dire que tous les
changements qui ont été apportés ont été
effectués avec les gens concernés, assis alentour d'une
table.
Le deuxième point que je voudrais souligner, et ça, je
pense que c'est encore plus important. C'est vrai qu'au niveau des commissions
scolaires et au niveau des établissements de santé on a
exigé un permis, parce que vous savez très bien, M. le
Président... S'il y a des endroits où c'est aussi
vulnérable que n'importe où ailleurs, parce que c'est en fonction
d'un service d'inspection qu'on donne, s'il y a des endroits qui sont aussi
vulnérables que n'importe où, c'est quand on décide de
faire manger dans une cafétéria d'école une couple de 100
étudiants ou, encore, dans une cafétéria d'hôpital,
ça va de soi, de faire manger non seulement les gens qui sont à
l'hôpital comme tel, en leur préparant des repas, mais de faire
manger aussi tous ceux qui vont voir les patients, etc., et qui
bénéficient, en achetant un repas... Alors, on voulait que ces
gens-là se comportent aussi comme d'autres, avec la distinction
suivante, cependant, c'est que toutes les commissions scolaires, entre autres,
qui peuvent nous démontrer, qui nous démontrent, effectivement,
que ça se fait à but non lucratif dans certains cas ? parce
qu'il y a bien des commissions scolaires où c'est donné à
des entreprises privées qui assurent la concession ? quand il
s'agit, évidemment, d'une exploitation, soit par des étudiants,
soit par un comité de parents pour les en faire
bénéficier, où les profits sont réinvestis à
l'intérieur du processus de l'école comme tel, bien, il y a une
catégorie spéciale qui fait en sorte que le permis est beaucoup
moindre, M. le Président, et on donne un permis à but non
lucratif.
Quand on regarde ça, finalement, si ma mémoire est
fidèle, c'est une vingtaine de dollars que les gens ont à payer,
donc on paie 20 $ pour tâcher d'assurer une inspection dans ces
cas-là. Je pense que ce n'est pas exagéré, mais ça
permet encore, et je le dis, ça permet aux commissions scolaires de s'en
dissocier si, vraiment, elles le font à but non lucratif et, si ce n'est
pas le cas, bien, évidemment, on les traite sur le même pied
d'égalité que tout le monde. Alors, je voulais apporter ces 2
correctifs-là, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, le projet de loi
76, Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments et abrogeant la Loi sur le commerce du pain, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Baril: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté.
M. Baril: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Je fais motion, M. le Président, pour
ajourner nos travaux à ce matin, vendredi, 11 juin 1993, à 10
heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
d'ajournement est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Donc, les
travaux de cette assemblée sont ajournés à aujourd'hui,
vendredi, le 11 juin, à 10 heures.
(Fin de la séance à 0 h 45)