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(Quatorze heures quatorze minutes)
Le Président: Alors, Mmes et MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir. Nous allons procéder aux
affaires courantes.
Affaires courantes
II n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
Présentation de projets de loi
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
vous demanderais d'appeler l'article c de notre feuilleton.
Projet de loi 134
Le Président: L'article c du feuilleton. Mme la ministre
des Finances par intérim, au nom du ministre des Finances,
présente le projet de loi 134, Loi modifiant la Loi sur l'administration
financière. Mme la ministre.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, ce projet de loi
modifie la Loi sur l'administration financière afin de donner suite au
discours sur le budget de 1992-1993. À cette fin, le projet de loi
prévoit que le ministre des Finances pourra placer à long terme,
par dépôt auprès de la Caisse de dépôt et
placement du Québec, toute partie du fonds consolidé du revenu
jusqu'à concurrence des sommes qui sont comptabilisées aux
comptes non budgétaires des régimes de retraite apparaissant aux
états financiers du gouvernement.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article d de notre feuilleton.
Projet de loi 138
Le Président: À l'article d du feuilleton, M. le
ministre de la Sécurité publique présente le projet de loi
138, Loi modifiant la Loi de.police. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Ce projet de loi modifie la Loi de police afin de
prévoir la possibilité d'établir, en matière de
retraite, une modalité d'application différente à
l'égard du critère relatif aux années de service.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article e du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 119
Le Président: À l'article e du feuilleton, M. le
ministre des Affaires municipales présente le projet de loi 119, Loi
modifiant la Loi sur la Communauté urbaine de Québec et d'autres
dispositions législatives. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Ce projet de loi modifie la Loi sur la Communauté
urbaine de Québec principalement pour modifier les structures de la
Communauté et de son organisme de transport en commun. En ce qui
concerne l'organisation de la Communauté, le projet de loi revoit la
composition, les fonctions et le mode de fonctionnement du conseil, du
comité exécutif et des commissions permanentes ainsi que la
façon de choisir les dirigeants de ces organismes. Le projet de loi
prévoit que le conseil est formé des maires des 14
municipalités du territoire de la Communauté et de son organisme
de transport en commun. Le conseil a tous les pouvoirs de la Communauté,
sous" réserve de toute délégation qu'il peut en faire. Le
conseil comporte trois postes de dirigeants: celui de président, celui
de premier vice-président, et de second vice-président, lesquels
doivent être répartis entre le maire de la ville de Québec,
l'un des maires des villes de Beauport, Charlesbourg et Sainte-Foy, et l'un des
maires des neuf autres municipalités du territoire de la
communauté.
Un ordre constant de succession sera établi par le conseil de
façon que chacun des trois postes soit occupé, deux ans sur six,
par un représentant de chacune des trois catégories de
municipalités ainsi créées.
Le projet de loi crée quatre commissions permanentes au sein de
la Communauté et redéfinit la structure de la
société de transport de la Communauté urbaine de
Québec.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, article f du feuilleton, M.
le Président.
Projet de loi 121
Le Président: À l'article f du feuilleton, M. le
ministre des Affaires municipales présente le projet de loi 121, Loi
modifiant la Loi sur la Communauté urbaine de Montréal et la Loi
sur la fiscalité municipale. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Ce projet de loi apporte des modifications à
certains domaines de compétence dans la Communauté urbaine de
Montréal et améliore plusieurs pouvoirs et règles qui
gouvernent l'administration de cet organisme supramunicipal. Il prévoit
également que le comité exécutif de la Communauté
peut déléguer tout ou partie de son pouvoir d'autoriser des
paiements faits au nom de la Communauté.
De plus, il habilite la Communauté et le comité
exécutif à déléguer aux directeurs de services plus
de pouvoirs en matière de gérance du personnel. Le projet de loi
modifie la Loi sur la fiscalité municipale afin d'apporter un ajustement
à la formule d'établissement du potentiel fiscal d'une
municipalité située sur le territoire d'une communauté
urbaine, et ceci en prolongement de la modification faite il y a quelques mois
à la Loi sur la fiscalité municipale, concernant la taxation des
installations ferroviaires.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Article g du feuilleton, M.
le Président.
Projet de loi 118
Le Président: À l'article g du feuilleton, M. le
ministre des Affaires municipales présente le projet de loi 118, Loi
modifiant la Loi sur l'organisation territoriale municipale et d'autres
dispositions législatives. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: L'Opposition aura du mal, à la sortie de la
séance, à dire qu'elle n'a rien à faire. Ha, ha, ha!
Ce projet de loi, M. le Président, prévoit certains
ajustements aux règles qui régissent le regroupement des
territoires des municipalités locales et à celles qui impliquent
d'autres modifications de territoires que prescrit la Loi sur l'organisation
territoriale municipale.
Il édicté des règles relatives aux attributs des
municipalités régionales de comté, revoit les dispositions
des lois municipales actuelles, qui traitent de la constitution des MRC, et en
précise d'autres concernant le regroupement de la division et le
rattachement de leurs territoires. (14 h 20)
Le projet de loi supprime l'obligation pour une MRC de faire
connaître son avis lors d'une demande de regroupement. Cet avis est
également supprimé en matière d'annexion, de redressement,
de validation d'actes et de réduction de limites territoriales
situées dans l'eau. En matière d'annexion, le projet de loi
prévoit maintenant que, peu importe que le conseil de la
municipalité dont le territoire est visé par l'annexion approuve
le règlement d'annexion, le désapprouve ou ne se prononce pas, le
règlement est soumis à l'approbation des personnes habiles
à voter du territoire visé par l'annexion.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article h du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 132
Le Président: À l'article h du feuilleton, M. le
ministre de la Sécurité publique présente le projet de loi
132, Loi modifiant la loi constitutive de la Régie des alcools, des
courses et des jeux ainsi que diverses lois portant sur les activités
surveillées par cette Régie. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Cette loi modifie diverses dispositions
législatives en matière de loteries, de concours publicitaires,
d'appareils d'amusement et de boissons alcooliques. Elle modifie d'abord la loi
constitutive de la Régie des alcools, des courses et des jeux afin
principalement de préciser certains de ses pouvoirs et fonctions et de
lui en faciliter l'exercice.
En matière de loteries et d'appareils d'amusement, le projet
précise les pouvoirs réglementaires de la Régie et du
gouvernement. Il étend la juridiction des
organismes locaux désignés par le gouvernement en
matière de licences de bingos afin que ceux-ci puissent également
suspendre ou révoquer les licences qu'ils délivrent et exercer
les pouvoirs nécessaires à cette fin. Il prévoit par
ailleurs la possibilité que la Régie renouvelle certaines
licences et certaines immatriculations d'appareils et précise les motifs
de refus de délivrance, de suspension ou de révocation d'une
licence ou d'une immatriculation.
En matière de boissons alcooliques, le projet de loi modifie
d'abord la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques.
Ainsi, il indique quel pourcentage minimum d'alcool doit contenir une boisson
afin d'être considérée comme une boisson alcoolique. Il
prévoit de plus que cette loi s'appliquera au gouvernement, à ses
ministères et à ses organismes. Il modifie, supprime ou ajoute
certaines infractions, notamment en ce qui a trait à la vente ou au
service de boissons alcooliques à une personne en état
d'ébriété avancée. Le projet de loi précise
également le pouvoir de la Régie de fixer le prix minimum de
vente au détail de la bière afin que ce prix n'encourage pas
à une consommation irresponsable.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. Alors, M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
vous demanderais d'appeler l'article i de notre feuilleton.
Projet de loi 123
Le Président: À l'article i du feuilleton, M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
présente le projet de loi 123, Loi modifiant la Loi sur la protection du
territoire agricole et d'autres dispositions législatives. M. le
ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Ce projet de loi
modifie la Loi sur la protection du territoire agricole afin d'introduire un
traitement différent des demandes sur deux rôles distincts, selon
les règles de fonctionnement propres à chacun de ces rôles.
Ce projet propose la reformulation de certains critères de
décision et la prise en considération des particularités
régionales. Il prévoit la reconnaissance explicite de
l'association accréditée au sens de la Loi sur les producteurs
agricoles comme partie intéressée dans la loi.
Ce projet abolit un certain nombre de mesures, notamment celles
prévoyant la constitution de secteurs exclusifs et la constitution d'un
fonds spécial ayant pour objet d'assurer la défense des
producteurs poursuivis en raison des poussières, des odeurs et des
bruits résultant de leur activité agricole. Il modifie le
rôle et l'appellation du commissaire aux plaintes qui devient un
médiateur et prévoit que celui-ci est un membre du personnel de
la Commission de protection du territoire agricole du Québec.
Par ailleurs, ce projet abolit le tribunal d'appel en matière de
protection du territoire agricole et permet à la Commission, dans
certains cas, de réviser ou de révoquer une décision ou
une ordonnance. Il propose l'introduction de nouveaux pouvoirs
réglementaires conférant davantage de souplesse dans
l'administration de la loi. De plus, le projet propose des modifications de
concordance dans la Loi sur l'acquisition de terres agricoles par des
non-résidants et modifie la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme
pour permettre la création, au sein des municipalités
régionales de comté, de comités consultatifs
agricoles.
Enfin, le projet de loi contient plusieurs dispositions transitoires
concernant, entre autres, le traitement des demandes, au moment de
l'entrée en vigueur de la loi, et l'abolition du tribunal d'appel.
Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article j du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 127
Le Président: À l'article j du feuilleton, M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
présente le projet de loi 127, Loi modifiant la Loi sur le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. M.
le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Ce projet de loi a
pour objet de modifier la Loi sur le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation afin de réviser le montant des
taxes foncières et des compensations que le ministre remboursera pour
l'exercice financier municipal 1994, pour l'exercice financier scolaire
1993-1994. Ce projet de loi permet, en outre, que les demandes de remboursement
pour l'exercice financier municipal 1992 et l'exercice financier scolaire
1991-1992 puissent être faites jusqu'au 30 juin 1994. Merci.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
vous demanderais d'appeler l'article k de notre feuilleton.
Projet de loi 125
Le Président: À l'article k du feuilleton, M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux présente le projet
de loi 125, Loi modifiant la Loi sur l'assurance-maladie et la Loi sur la
Régie de l'assurance-maladie du Québec. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Ce projet de loi modifie la Loi sur l'assurance-maladie et la
Loi sur la Régie de l'assurance-maladie du Québec afin,
notamment, de donner suite à une mesure annoncée dans le discours
sur le budget du 20 mai 1993 concernant la couverture des services
optométriques. Il introduit, par ailleurs, les dispositions permettant
à la Régie de l'assurance-maladie du Québec de
récupérer certaines aides techniques et d'exiger des frais
d'administration dans certaines circonstances déterminées par
règlement.
Il ajoute aussi des dispositions pour permettre à la Régie
d'assumer l'administration de programmes auparavant confiés à
l'Office des personnes handicapées du Québec.
Ce projet de loi modifie également certaines dispositions pour
faciliter l'administration du régime par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec concernant l'exemption de la photographie
ou de la signature du bénéficiaire sur la carte
d'assurance-maladie ou sur la carte d'admissibilité, et concernant la
transmission de renseignements au Conseil consultatif de pharmacologie et aux
régies régionales.
Il modifie en outre certaines dispositions de la Loi sur
l'assurance-maladie concernant la publication et l'entrée en vigueur des
règlements, ainsi que le délai de prescription dans le cas de
poursuite pour une infraction à la loi.
Enfin, ce projet de loi modifie la Loi sur la Régie de
l'assurance-maladie du Québec afin de permettre que les documents
fournis au moyen d'un support magnétique puissent tenir lieu de
l'original, et afin de préciser le pouvoir d'enquête de la
Régie.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article 1 du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 136
Le Président: À l'article 1 du feuilleton, M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux présente le projet
de loi 136, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Ce projet de loi vise
à assurer l'application de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux aux territoires desservis par le Conseil régional
Kativik de la santé et des services sociaux et régis actuellement
par la Loi sur les services de santé et les services sociaux pour les
autochtones cris et inuit.
Cependant, afin de tenir compte de certaines caractéristiques
culturelles et géographiques propres à ces territoires, le projet
de loi apporte certains aménagements. Ceux-ci touchent plus
particulièrement la procédure d'examen des plaintes des usagers,
la composition du conseil d'administration des établissements et de la
régie régionale, l'indemnisation de la perte de revenus
qu'entraîne la présence de membres aux séances du conseil
d'administration, et la possibilité pour ces membres de participer par
téléphone aux séances de conseils d'administration.
Le projet de loi prévoit de plus que le centre de
référence des directeurs généraux et des cadres
n'attestera pas la qualification des directeurs généraux des
établissements et de la régie régionale. Il prévoit
également que, pour ces territoires, il n'y aura pas d'assemblée
régionale ni de commission médicale régionale.
Enfin, le projet de loi contient certaines dispositions transitoires, de
façon à prévoir entre autres la mise en place des premiers
conseils d'administration des établissements et de la régie
régionale. Cette dernière, succédant à l'actuel
Conseil régional Kativik de la santé et des services sociaux.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
vous demanderais d'appeler l'article m du feuilleton.
Projet de loi 139
Le Président: À l'article m du feuilleton, M. le
ministre de l'Environnement présente le projet de loi 139, Loi modifiant
la Loi sur les pesticides. M. le ministre.
M. Pierre Paradis M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce projet de
loi, M. le Président, modifie la Loi sur les pesticides, afin d'y
prévoir certains changements relatifs à la définition de
«pesticide», aux dispositions concernant les titulaires de permis,
les certificats et les permis d'utilisation et de vente ainsi que le pouvoir
réglementaire.
Ainsi, le projet de loi modifie la définition de
«pesticide» afin d'en exclure les médicaments autres que les
médicaments topiques déterminés par règlement. Le
projet modifie la période de validité des permis et certificats
en l'étendant de deux à trois ans et de trois à cinq ans
respectivement, élimine les permis temporaires de vente, porte à
un an la période de validité des autres permis temporaires et
précise que l'exclusion relative à l'obligation de permis ne vise
pas les travaux exécutés par voie aérienne, et que celle
portant sur l'agriculture ne s'étend pas à certaines
activités agricoles. Le projet prévoit que l'édiction d'un
règlement en vertu de la Loi sur les pesticides rend inopérante
une disposition d'un règlement édicté par une
municipalité ou une communauté urbaine portant sur une même
matière, sauf si cette disposition porte sur des activités
d'entretien paysager ou d'extermination et protège davantage
l'environnement et la santé humaine ou d'autres espèces vivantes.
(14 h 30)
De plus, le projet abroge l'exigence de prendre des règlements
distincts applicables aux agriculteurs et aux aménagistes forestiers.
Enfin, le projet de loi modifie certains pouvoirs réglementaires du
gouvernement. Notamment, ce dernier pourra prescrire qu'une personne qui
entrepose des pesticides contracte une assurance de responsabilité
civile.
Mise aux voix
Le Président: Alors, merci, M. le ministre. Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article n, M. le
Président.
Projet de loi 133
Le Président: À l'article n du feuilleton, M. le
leader du gouvernement et ministre de l'Environnement, au nom de M. le ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique, président du Conseil du trésor, présente le
projet de loi 133, Loi modifiant les régimes de retraite des secteurs
public et parapublic et d'autres dispositions législatives. M. le
ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. le Président, ce
projet de loi modifie les régimes de retraite des secteurs public et
parapublic afin de préciser les règles applicables en
matière de rachat lorsqu'un rachat est contesté. Par ailleurs, en
matière de réexamen des déci- sions de la Commission
administrative des régimes de retraite et d'assurances, le projet de loi
modifie la Loi sur le régime de retraite des agents de la paix en
services correctionnels afin de permettre la nomination d'un substitut à
chacun des membres du comité de réexamen constitué en
vertu de cette loi. Il modifie également la Loi sur le régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics et, par
concordance, la Loi sur la Commission des affaires sociales afin de
prévoir les règles applicables dans le cas où les opinions
se partagent également au sein du comité de retraite.
Le projet de loi précise, en outre, l'application de la Loi sur
le régime de retraite de certains enseignants à l'égard
des personnes qui sont membres du clergé séculier. Il apporte
enfin d'autres modifications d'ordre technique ou de concordance, notamment
à la Loi de police ou à la Loi sur la fonction publique, et
contient des dispositions de nature transitoire.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article o du feuilleton.
Projet de loi 128
Le Président: À l'article o du feuilleton, M. le
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle présente le projet de loi 128, Loi modifiant
la Loi sur la sécurité du revenu. M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, ce projet de loi modifie la
Loi sur la sécurité du revenu afin de préciser certaines
modalités des programmes Soutien financier et Actions positives pour le
travail et l'emploi et du programme Aide aux parents pour leurs revenus de
travail. Il prévoit, à ce titre, certaines conditions
d'admissibilité au programme Actions positives pour le travail et
l'emploi à l'égard des barèmes de disponibilité et
de non-disponibilité et, en ce dernier cas, prévoit une
modification au mode d'audition de la demande de révision.
Ce projet prévoit, de plus, quant au programme Aide aux parents
pour leurs revenus de travail, des modifications permettant de
considérer la situation familiale réelle de façon
mensuelle lorsque survient un changement de situation familiale en cours
d'année.
Par ailleurs, ce projet étend le pouvoir discrétionnaire
octroyé par l'article 25 de la loi afin de permettre à une
personne d'être maintenue dans son milieu de vie naturel. À titre
accessoire, ce projet prévoit des dispositions relatives à
l'imposition d'une indemnité additionnelle en regard de certaines
situations ainsi que des précisions au pouvoir d'habilitation
réglementaire, et contient certaines dispositions transitoires en vue de
préserver les droits des prestataires déjà
admissibles.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article p du feuilleton.
Projet de loi 129
Le Président: À l'article p du feuilleton, M. le
ministre de la Justice présente le projet de loi 129, Loi modifiant la
Loi sur les cours municipales. M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président, ce projet de
loi qui modifie la Loi sur les cours municipales a principalement pour objet
d'assouplir la procédure d'établissement des cours municipales,
que ce soit lors de l'établissement d'une cour commune à
plusieurs municipalités ou d'une cour d'une municipalité
régionale de comté. Il introduit, de plus, dans cette loi un
mécanisme de nature à accélérer le traitement des
demandes relatives aux cours municipales à l'occasion d'un regroupement
de territoires municipaux.
Par ailleurs, M. le Président, le projet de loi supprime
l'obligation de démontrer l'absence de causes pendantes lors de
l'abolition volontaire d'une cour municipale ou du retrait du territoire d'une
municipalité de la compétence d'une cour municipale et remplace
cette obligation par des dispositions qui, d'une part, préservent les
recours intentés avant l'abolition volontaire ou forcée d'une
cour municipale et, d'autre part, assurent l'exécution des jugements
rendus avant cette abolition.
Enfin, M. le Président, ce projet de loi apporte à cette
loi diverses modifications d'ordre technique.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article q du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 131
Le Président: À l'article q du feuilleton, M. le
ministre de la Justice présente le projet de loi 131, Loi modifiant le
Code de procédure civile et diverses dispositions législatives.
M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président, ce projet de
loi propose des modifications législatives concernant le rejet des
actions et procédures frivoles ou manifestement mal fondées,
l'utilisation du télécopieur en matière de
procédure civile et les mesures complémentaires en matière
de perception de pensions alimentaires.
Plus particulièrement, M. le Président, ce projet de loi
accorde au tribunal des pouvoirs plus étendus pour condamner la partie
qui agit de manière abusive ou dilatoire lorsqu'il rejette une action ou
une procédure frivole ou manifestement mal fondée, et
prévoit un droit d'appel de ce jugement sur permission d'un juge de la
Cour d'appel.
Ce projet de loi autorise l'utilisation du télécopieur
pour la signification entre procureurs d'actes de procédure, de
pièces ou d'autres documents. Il prévoit également un
ensemble de dispositions régissant la transmission par
télécopieur de tels documents à un huissier, un avocat ou
un notaire, aux fins de signification selon les modes actuels de signification
de dépôt au greffe du tribunal.
Enfin, M. le Président, ce projet de loi modifie certaines
dispositions relatives à la perception des pensions alimentaires,
notamment en permettant le dépôt au greffe, à la suite
d'une ordonnance, des revenus d'un travailleur autonome ou d'une personne qui
travaille pour un employeur ne résidant pas au Québec, ainsi que
la saisie des prestations versées par la Régie des rentes du
Québec à titre de rentes de retraite ou d'invalidité.
Il permet également qu'un remboursement des sommes dues au
débiteur alimentaire, en vertu d'une loi fiscale, puisse être
affecté au paiement d'une dette alimentaire lorsque le percepteur des
pensions alimentaires en est chargé.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Oui.
Le Président: Adopté.
M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
vous demanderais d'appeler l'article a de notre feuilleton.
Projet de loi 130
Le Président: À l'article a du feuilleton, M. le
ministre des Transports présente le projet de loi 130, Loi modifiant la
Loi sur l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives. M.
le ministre.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: M. le Président, ce projet de loi modifie la Loi
sur l'assurance automobile afin de donner suite au discours sur le budget du
ministre des Finances du 20 mai 1993.
À cette fin, ce projet autorise le gouvernement à fournir
à la Société de l'assurance automobile du Québec
une garantie de revenu pour assurer son autonomie financière et
introduire une disposition permettant au gouvernement de revaloriser, à
compter de 1996, les contributions d'assurance ainsi que les droits
perçus par la Société pour immatriculation des
véhicules et de la délivrance des permis de conduire.
Ce projet de loi modifie, en outre, la Loi sur la Société
de l'assurance automobile du Québec afin de permettre les versements au
fonds consolidé du revenu, pour les exercices financiers de 1993-1994 et
1994-1995 du gouvernement, des sommes prévues au discours sur le
budget.
Enfin, ce projet de loi précise la disposition autorisant le
gouvernement à réévaluer le montant des coûts et des
services de santé occasionnés par les accidents d'automobile, et
comporte des modifications de nature technique et de concordance.
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président: Vote enregistré? Alors, qu'on appelle
les députés!
(14 h 39 - 14 h 41)
Mise aux voix
Le Président: Alors, Mmes et MM. les
députés, je mets donc aux voix la motion présentée
par M. le ministre des Transports à l'effet que l'Assemblée
accepte d'être saisie du projet de loi 130, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives. Que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Paradis (Brome-Missisquoi), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Rémillard (Jean-Talon), Mme
Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), M. Côté (Charlesbourg), M.
Bourbeau (Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M. Vallières (Richmond),
M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont), M. Savoie (Abitibi-Est), M.
Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla
(Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Maskinongé), M. Blackburn (Roberval), M. Kehoe (Chapleau), Mme
Trépanier (Dorion), M. Beaudin (Gaspé), M. Chagnon (Saint-Louis),
Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), Mme Bégin (Bellechasse), M. Paradis
(Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. MacMillan (Papineau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Dauphin (Marquette), M. Farrah
(îles-de-la-Madeleine), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard
(Nicolet-Yamaska), M. Bradet (Charlevoix), M. Camden (Lotbinière), M.
Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun), Mme Hovington (Matane),
M. Bordeleau (Acadie), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M.
Després (Limoilou), Mme Cardinal (Châteauguay), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. Khelfa (Richelieu), M. Lafrance (Iberville).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Président: Que les députés qui sont
contre cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), M. Garon (Lévis), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril
(Arthabaska), M. Bertrand (Portneuf), Mme Juneau (Johnson), Mme Caron
(Terre-bonne), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), Mme
Vermette (Marie-Victor in), M. Bouler ice (Sainte-Marie?Saint-Jacques), M.
Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), M. Holden (Westmount), M. Boisclair
(Gouin), M. Trudel (Rouyn-Noranda?Témiscamingue), M. Beaulne
(Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière), M.
Bélanger (Anjou).
M. St-Roch (Drummond).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 53 contre: 24 abstentions: 0
Le Président: Alors, la motion est donc adoptée. M.
le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le
Président, je vous demanderais d'appeler l'article r du
feuilleton.
Projet de loi 137
Le Président: À l'article r du feuilleton, M. le
ministre des Transports présente le projet de loi 137, Loi sur les
chemins de fer. M. le ministre.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: M. le Président, le projet de loi a pour objet
de permettre la constitution de compagnies de chemin de fer locales par
dépôt de statut corporatif. Le projet de loi permet au
gouvernement d'accorder aux compagnies de chemin de fer qu'il détermine
un pouvoir d'expropriation à des fins ferroviaires. Il prévoit
l'obligation pour tout transporteur ferroviaire d'obtenir un certificat
d'aptitude avant d'exercer toute activité ferroviaire. Ce certificat est
délivré par la Commission des transports du Québec. Le
projet de loi prévoit aussi qu'un différend portant notamment sur
l'accroissement ou le raccordement d'un chemin de fer à un autre puisse
faire l'objet d'un arbitrage. En outre des règles relatives aux
différends, il prévoit à l'égard des transporteurs
ferroviaires publics l'obligation, lorsqu'un expéditeur le requiert,
d'établir un tarif pour les services que l'expéditeur entend
offrir.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article s du feuilleton.
Projet de loi 135
Le Président: À l'article s du feuilleton, Mme la
ministre de la Culture présente le projet de loi 135, Loi sur le
Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec. Mme la
ministre.
Mme Liza Frulla
Mme Frulla: M. le Président, ce projet de loi institue un
nouveau conservatoire nommé Conservatoire de musique et d'art dramatique
du Québec. Contrairement à l'actuel conservatoire, le nouveau
conservatoire constituera une personne morale distincte du ministère de
la Culture. Le projet de loi établit d'abord les règles relatives
à la constitution et à l'organisation du nouveau conservatoire,
en décrit les objets et pouvoirs, dont, notamment celui de dispenser de
la formation professionnelle et du perfectionnement dans les domaines de la
musique et de l'art dramatique.
Il prévoit de plus la création d'organismes consultatifs
au sein du Conservatoire, édicté les dispositions
financières qui régissent celui-ci et précise les mesures
de surveillance et de contrôle que le ministre de la Culture et le
gouvernement pourront appliquer, s'il y a lieu. Il prévoit
également la création de commissions d'études et
d'orientation de façon à maximiser la qualité
pédagogique et le rôle de l'institution dans son milieu. Le projet
de loi contient enfin diverses dispositions de concordance ou de nature
transitoire.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article b du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 112
Le Président: À l'article b du feuilleton, M. le
ministre du Revenu présente le projet de loi 112, Loi modifiant de
nouveau la Loi sur les impôts et diverses dispositions
législatives. M. le ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui, M. le Président. Alors, ce projet de loi
modifie diverses lois afin de donner suite principalement au discours sur le
budget du ministre des Finances du 20 mai 1993 ainsi qu'aux bulletins
d'information 93-1, 93-2 et 93-4 émis par le ministère des
Finances, respectivement le 23 avril 1993, le 28 juin 1993 et le 8 octobre
1993.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. L'article t du feuilleton, M.
le Président.
Projet de loi 140
Le Président: À l'article t du feuilleton, M. le
ministre responsable de l'application des lois professionnelles présente
le projet de loi 140, Loi modifiant le
Code des professions et d'autres lois professionnelles. M. le
ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: M. le Président, ce projet de loi modifie le
Code des professions et l'ensemble des lois constitutives des corporations
professionnelles. D'abord, en ce qui concerne l'Office des professions du
Québec, le projet de loi maintient sa composition à cinq membres
et prévoit que l'un d'eux ne devra pas être membre d'une
corporation professionnelle. De plus, les pouvoirs de l'Office sont
précisés, notamment en ce qui a trait aux enquêtes qu'il
pourra effectuer et quant à ses pouvoirs de réglementation.
À l'égard du gouvernement, le projet de loi élargit son
pouvoir de placer une corporation sous l'administration d'une personne qu'il
désigne. Il apporte aussi des modifications à ses pouvoirs
réglementaires. Le projet de loi précise, de plus, les fonctions
et pouvoirs du Conseil interprofessionnel du Québec.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, l'article u du feuilleton, M.
le Président.
Projet de loi 142
Le Président: À l'article u du feuilleton, M. le
ministre du Travail présente le projet de loi 142, Loi modifiant la Loi
sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction et modifiant d'autres
dispositions législatives. M. le ministre du Travail.
M. Normand Cherry
M. Cherry: Alors, ce projet de loi a pour objet de mettre en
place un nouveau régime de négociations dans l'industrie de la
construction. À cette fin, il prévoit le découpage de
l'industrie en quatre secteurs, la conclusion de conventions collectives
sectorielles comportant un certain nombre de dispositions communes et
l'expiration de ces conventions à date fixe à tous les trois ans.
Le projet identifie par ailleurs les parties syndicales et patronales
habilitées à négocier ces conventions collectives, tout en
obligeant les parties patronales à se regrouper au sein de l'Association
des entrepreneurs en construction du Québec, qui se voit confier un
mandat de coordination et de support à la négociation.
Le projet de loi établit en outre un processus de ratification
des ententes et de votes de grève ou de lockout qui est basé sur
la représentativité des associations syndicales et patronales, et
il pourvoit à l'extension, pour le seul effet de la loi, de
l'application des clauses, des ententes ainsi ratifiées à tous
les salariés et employeurs d'un secteur ou de l'ensemble des secteurs,
selon les matières concernées par de telles clauses. Il prescrit
aussi le recours à la médiation avant que toute grève ou
tout lock-out puisse être déclaré dans un secteur. (14 h
50)
Le projet de loi remanie par ailleurs le champ d'application de la loi
en déréglementant partiellement le secteur résidentiel et
en y assujettissant l'installation, la réparation et l'entretien de
machinerie de production dans le secteur industriel, sauf lorsque ces travaux
sont effectués par les salariés permanents du fabricant, de son
distributeur ou de l'utilisateur. Le projet accorde en outre aux
salariés la liberté de choix de la région où ils
désirent exercer leur priorité d'embauché, et il fait
disparaître l'obligation d'avoir une place d'affaires au Québec
comme condition à l'obtention d'une licence d'entrepreneur.
Le projet de loi comporte, enfin, des dispositions de nature technique
ou de concordance ainsi que des dispositions transitoires et finales.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors, M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Je vous demanderais d'appeler l'article v du
feuilleton, M. le Président.
Projet de loi 199
Le Président: À l'article v du feuilleton, M. le
député de Jacques-Cartier présente le projet de loi 199,
Charte des langues française et anglaise. M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. The object of this
bill is to repeal the Charter of the French Language, passed in 1977, and
establish French and English as the official languages of Québec.
In chapter II, the bill recognizes certain fundamental individual
languages rights, namely: the right of every person to receive services from
the Civil Administration, parapublic organizations, employees' associations and
businesses operating in Québec in the official
language of his or her choice; the right of every person to use French
or English during deliberative assemblies; the right of every person to receive
instruction in French or English.
In chapter III, the bill establishes French and English as the languages
used in legislative texts and in the court system. Bills, statutes, regulations
and other acts of a similar nature to which section 133 of the Constitution
Act, 1867 applies are printed and published in French and in English.
In addition, debates of the National Assembly and of the committees of
the National Assembly, certain legislative documents, judgments rendered by a
judicial tribunal and decisions rendered by a body exercising quasi-judicial
functions are translated into the other official language and are printed and
published in French and in English.
In chapter IV, the bill makes French and English the languages of the
Civil Administration.
In chapter V, the bill requires public utility firms, professional
corporations and the members of these corporations to ensure that their
services are available in French and in English and that they use one of the
two official languages in their communications with the Civil Administration
and with artificial persons.
In chapter VI, the bill requires employers to draft their written
communications to their employees and their offers of employment and promotion
in French and in English.
Collective agreements, schedules to collective agreements and decisions
rendered persuant to a collective agreement or under the Labour Code must be
drafted in French and in English.
No employer may dismiss, demote or transfer a member of his staff for
the sole reason that the staff member speaks only one of the official
languages. In addition, no employer may require the knowledge of a particular
official language for the obtaining of a job or office, unless the nature of
the duties requires the knowledge of that language.
Chapter VII is concerned with the languages of commerce and business.
Inscriptions on a product made, used or consumed in Québec, on its
container or wrapping, or in or on a document or object supplied with it, must
be drafted in French and in English. Catalogues, brochures, folders, job
application forms, order forms, invoices, receipts and quittances are subject
to the same requirement.
However, firm names, public signs and posters and commercial advertising
may be in French or in English.
Chapter VIII of the bill concerns the languages of instruction
and allows children to receive their instruction in French or in English, at
the request of one of their parents.
However, a child must have sufficient knowledge of spoken and written
French and English in order to receive a secondary studies certificate.
The bill also recognizes certain particular rights to the Amerinds and
the Inuit of Québec.
Finally, the bill contains a provision requiring the various branches of
the Civil Administration which provide services to a community in which at
least 10 % of the members speak an official language other than the official
language of the majority to provide the services in the other official language
also.
Merci.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Sur division.
Le Président: Donc, adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
vous demande d'appeler l'article w du feuilleton.
Projet de loi 292
Le Président: À l'article w du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 292, Loi concernant la dissolution de la Corporation «Hôpital
Laval». Le directeur de la législation a constaté que les
avis ont été faits et publiés conformément aux
règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt
privé. Je dépose donc ce rapport, et, en conséquence, M.
le député de Viau et whip du gouvernement, au nom de M. le
député de Louis-Hébert, présente le projet de loi
d'intérêt privé 292, Loi concernant la dissolution de la
Corporation «Hôpital Laval».
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi? Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je fais donc motion, M. le
Président, pour que ce projet de loi d'intérêt privé
soit déféré à la commission du budget et de
l'administration pour étude détaillée et pour que la
ministre déléguée aux Finances en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette dernière motion est
adoptée? Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous demanderais d'appeler
l'article x du feuilleton, M. le Président.
Projet de loi 231
Le Président: À l'article x du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 231, Loi concernant la cession des biens et de l'entreprise de Trust
Général du Canada et de La Compagnie Sherbrooke Trust. Le
directeur de la législation a constaté que les avis ont
été faits et publiés conformément aux règles
de fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé. Je
dépose ce rapport, et, en conséquence, M. le député
de Saint-Louis présente le projet de loi d'intérêt
privé 231, Loi concernant la cession des biens et de l'entreprise de
Trust général du Canada et de la compagnie Sherbrooke Trust.
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi? Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je fais donc motion, M. le
Président, pour que ce projet de loi d'intérêt privé
soit déféré à la commission du budget et de
l'administration pour étude détaillée, et pour que la
ministre déléguée aux Finances en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est adoptée?
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous demanderais d'appeler
l'article y du feuilleton, M. le Président.
Projet de loi 289
Le Président: À l'article y du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 289, Loi concernant le groupe La Laurentienne et le Mouvement des caisses
Desjardins et modifiant la Loi concernant le Mouvement des caisses Desjardins.
Le directeur de la législation a constaté que les avis ont
été faits et publiés, conformément aux
règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt
privé.
Je dépose ce rapport, et, en conséquence, M. le
député de Saint-Louis présente le projet de loi
d'intérêt privé 289, Loi concernant le groupe La
Laurentienne et le Mouvement des caisses Desjardins et modifiant la Loi
concernant le Mouvement des caisses Desjardins.
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi? Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je fais motion, M. le
Président, pour que ce projet de loi d'intérêt privé
soit déféré à la commission du budget et de
l'administration pour étude détaillée, et pour que la
ministre déléguée aux Finances en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est adoptée?
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous demanderais, M. le
Président, d'appeler l'article z de notre feuilleton.
Projet de loi 228
Le Président: À l'article z du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 228, Loi modifiant la Loi sur la Corporation de l'École des hautes
études commerciales de Montréal. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés, conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé.
Je dépose ce rapport et, en conséquence, M. le whip du
gouvernement et député de Viau, au nom de M. le
député de Sherbrooke, présente le projet de loi
d'intérêt privé 228, Loi modifiant la Loi sur la
Corporation de l'École des hautes études commerciales de
Montréal.
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi? Adopté? Donc, adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de
l'éducation
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je fais donc motion, M. le
Président, pour que ce projet de loi d'intérêt privé
soit déféré à la commission de l'éducation
pour étude détaillée, et pour que la ministre de
l'Éducation en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est adoptée?
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous deman-rais d'appeler, M.
le Président, l'article aa du feuilleton.
Des voix: Ah! Ah!
Projet de loi 272
Le Président: À l'article aa du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 272, Loi concernant certains immeubles des divisions d'enregistrement
d'Arthabaska, de Bécancour et de
Nicolet. Le directeur de la législation a constaté que les
avis ont été faits et publiés conformément aux
règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt
privé.
Je dépose ce rapport et, en conséquence, M. le
député de Nicolet-Yamaska présente le projet de loi
d'intérêt privé 272, Loi concernant certains immeubles des
divisions d'enregistrement d'Arthabaska, de Bécan-cour et de
Nicolet.
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi? Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de
l'éducation
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
fais donc motion pour que ce projet de loi d'intérêt privé
soit déféré à la commission de l'éducation
pour étude détaillée, et pour que la ministre de
l'Éducation en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette dernière motion est
adoptée? Adopté.
Alors, maintenant, dépôt de documents.
Dépôt de documents
M. le ministre de l'Environnement.
Rapport annuel du Conseil de la conservation
et de l'environnement, et documents relatifs
à
des questions posées par Mme la
députée de Taillon
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
Conformément à notre règlement, je dépose le
rapport annuel 1992-1993 du Conseil de la conservation et de l'environnement.
Je dépose également, M. le Président, tel qu'entendu avec
Mme la députée de Taillon, les documents relatifs à des
questions qu'elle m'a adressées à l'occasion d'une période
de questions la semaine dernière.
Le Président: Alors, ces documents sont donc
déposés.
Maintenant, dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions. M. le député de
Bertrand.
Dépôt de pétitions
Maintenir le service de prélèvements
sanguins au CLSC des Seigneuries, à Sainte-Julie
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 1077 pétitionnaires, citoyens et citoyennes de
Sainte-Julie, du comté de Bertrand. (15 heures)
Les faits invoqués sont les suivants: «Attendu qu'à
compter du 22 novembre 1993 le service des prélèvements sanguins
offert par le point de service du CLSC des Seigneuries à Sainte-Julie
sera transféré et centralisé dans les locaux du CLSC
à Bou-cherville; «Attendu que ce transfert de service occasionnera
de nombreux inconvénients pour la population de Sainte-Julie, entre
autres des dépenses de transport importantes pour les personnes qui
n'ont pas de voiture; «Attendu qu'il n'existe pas de service de transport
public entre Sainte-Julie et Boucherville et que le coût moyen d'un
aller-retour en taxi est d'environ 25 $; «Attendu que les délais
d'attente sont déjà de neuf semaines au point de service de
Boucherville et que le transfert n'est même pas encore en
vigueur;»
L'intervention réclamée se résume ainsi:
«Nous, soussignés, prions l'Assemblée nationale
d'intervenir auprès du ministre de la Santé et des Services
sociaux pour que le service de prélèvements sanguins soit
maintenu au point de service du CLSC des Seigneuries à
Sainte-Julie.»
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'intervention portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Alors, nous allons maintenant procéder à la période
de questions et réponses orales. Je reconnais, en première
question principale, M. le député de Jonquière.
Questions et réponses orales
Commerce illégal du tabac à Oka
M. Dufour: M. le Président, il est clair aujourd'hui que
la politique du ministre de la Sécurité publique dans le dossier
de la contrebande ne fonctionne tout simplement pas. Ça fait trois ans
que cette politique ne marche pas. La contrebande de cigarettes à ciel
ouvert à Oka ne cesse de prendre de l'ampleur et, chaque jour, le
gouvernement, par son inaction, contribue à amplifier le
problème.
Non seulement le gouvernement ferme les yeux mais il est incapable de
faire respecter et appliquer la loi. Il se fait, de plus, le complice de la
concurrence déloyale et illégale dont sont victimes les
honnêtes commerçants de tout le Québec.
Comment le ministre peut-il accepter que ceux qui respectent les lois
deviennent les victimes de ceux qui nagent dans l'illégalité, et
ce, depuis trois ans?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: M. le Président, je regrette, mais la question
n'ajoute absolument rien à ce qui a été discuté
dans cette Chambre à maintes reprises depuis deux
semaines. J'ai déjà donné tous les
éléments de réponse au député au cours des
jours précédents.
Le Président: Alors, question complémentaire.
M. Dufour: Comment le ministre peut-il accepter que les droits
des honnêtes gens soient bafoués en laissant accréditer aux
yeux de tous que l'illégalité, c'est payant?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: C'est de la répétition pure et simple.
C'est de la répétition pure et simple. Je ne puis pas proclamer
que cette question-là sera résolue tant que nous n'aurons pas
résolu en même temps le problème des revendications
amérindiennes et tout ce qu'il comporte de complexité, impliquant
non seulement le gouvernement du Québec mais également le
gouvernement fédéral.
Le député sait très bien que la principale loi
visée par les actes illégaux dont il parle est la loi
fédérale sur l'accise, la loi fédérale sur les
douanes. Alors, c'est une responsabilité partagée. Ce n'est pas
aussi simple que le député le voudrait et, moi, je souhaiterais
tout autant que lui que la question soit résolue. Je pense qu'il n'y a
personne qui est indifférent ou passif, mais, étant donné
les circonstances que nous avons évoquées à d'innombrables
reprises en cette Chambre, le genre de solution magique et immédiate que
fait miroiter le député de Jonquière est tout simplement
irréalisable.
Des voix: Ah!
Le Président: Toujours en question complémentaire,
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Comment le ministre peut-il prétendre, comme il
l'a fait hier en Chambre, qu'il rencontre régulièrement les
commerçants d'Oka alors que le président de la Chambre de
commerce d'Oka soutient qu'il n'a pas vu le ministre depuis plus d'un an et
demi...
Une voix: Ah!
M. Dufour: ...et que les fameux émissaires promis par M.
Bourassa, qu'il avait désignés en décembre 1992 pour
régler ce dossier, ne se sont jamais présentés à
Oka?
Une voix: Ah! Ah!
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Pour l'information du député, je suis
allé à Oka à au moins deux reprises au cours des deux
derniers mois.
Une voix: Ah!
M. Ryan: J'ai rencontré plusieurs personnes. Je suis
même allé à l'intérieur du secteur où vit la
population amérindienne. Si le député veut le savoir, je
recevais, encore hier, dans mon courrier, une lettre d'un couple d'Oka qui a
beaucoup fait parler de lui pendant la crise parce que sa maison avait
été saccagée au complet. Ils me remerciaient de la visite
que j'étais allé faire chez eux, seul, sans publicité, il
y a à peine un mois, pour voir au problème de ce couple-là
en particulier, même si ce n'est pas dans ma circonscription.
J'ai rencontré les deux maires d'Oka, chacun dans son bureau
respectif, il y a à peine un mois. O.K.?
Le Président: Alors, toujours en question
complémentaire.
M. Dufour: Mais je reviens avec ma question. Est-ce que le
ministre a bien compris ce que je lui ai dit? Les émissaires que le
premier ministre avait promis ? concernant le dossier d'Oka ? les
gens nous informent qu'ils ne les ont pas vus. Est-ce que le ministre confirme
ou est-ce qu'il choisit ses interlocuteurs? Même le président de
la Chambre de commerce d'Oka me dit qu'à au moins trois reprises il a
essayé de vous rejoindre, puis il n'a jamais pu. Est-ce que vous
choisissez vos interlocuteurs?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: D'abord, les gens d'Oka le savent très bien. Dans
les deux secteurs qui relèvent de ma compétence, ils ont
accès aux renseignements et même au ministre chaque fois qu'ils le
jugent nécessaire, à toutes fins utiles. En matière
municipale, les deux maires savent très bien qu'ils ont accès aux
ministères des Affaires municipales et de la Sécurité
publique quand ils le jugent nécessaire, mais ce n'est pas le
gouvernement du Québec qui est engagé dans la négociation
territoriale. Il faut que vous compreniez ça. C'est un problème
qui relève du gouvernement fédéral. Le gouvernement du
Québec n'est pas immédiatement engagé dans ce
sujet-là. Même si le député voulait qu'il le soit,
il ne peut l'être qu'indirectement.
En matière de sécurité publique, nous avons
formé un comité de liaison. Il y a un agent de la
Sûreté dont la fonction principale est d'assurer la liaison avec
les autorités politiques, autant du côté mohawk que du
côté des autorités municipales des deux
municipalités concernées. Ce comité s'est réuni
encore ? la dernière fois, il y a à peu près un mois
? et dans les circonstances, avec les limites que nous connaissons, que
nous ne nions point, je pense que tout le monde fait la tâche qui est
attendue de lui actuellement.
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Merci, M. le Président. Comme alternative
à la contrebande du tabac, est-ce que le ministre de la
Sécurité publique a fait des représentations auprès
du ministre du Revenu pour que soient réduites les taxes, la surtaxation
du tabac?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Le ministre des Finances, malheureusement absent
actuellement, a déjà dit à plusieurs reprises qu'il avait
fait des représentations auprès du gouvernement
fédéral pour indiquer que le gouvernement du Québec serait
prêt à agir sur la question de la taxation si le gouvernement
fédéral voulait le faire. Il est évident que, moi, j'ai
fait des représentations au premier ministre, au ministre des Finances,
au ministre du Revenu, puis je les fais auprès de vous si vous pouvez
nous aider.
Le Président: En question principale, M. le
député d'Anjou.
Rôle de la Sûreté du Québec
dans la demande
de suspension de l'enquête du coroner
sur la mort du caporal Lemay
M. Bélanger: M. le Président, hier en Chambre, le
ministre de la Sécurité publique nous a confirmé que la
Sûreté du Québec, organisme qui relève
entièrement de son autorité, était partie prenante
à la requête en suspension des travaux de l'enquête du
coroner Gilbert, portant sur les circonstances entourant la mort du caporal
Lemay, et ce, bien que l'institution du coroner relève, elle aussi,
entièrement de l'autorité du ministère de la
Sécurité publique.
Ma question. Le ministre de la Sécurité publique peut-il
nous confirmer s'il va ordonner à la Sûreté du
Québec, comme entité constituée, de se retirer de la
requête en suspension des travaux de l'enquête du coroner?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: J'ai communiqué avec le directeur
général de la... Pardon? Ça demande réflexion.
Certainement. Certainement! Ha, ha, ha! J'ai communiqué avec le
directeur général de la Sûreté du Québec pour
savoir exactement ce qui était survenu depuis notre échange de
vues d'hier après-midi. J'ai demandé que le procureur de la
Sûreté du Québec me téléphone pour me
raconter les faits exactement, ce qu'il a fait. Ce qu'il a fait.
Tout d'abord, il faut connaître tous les faits qui se sont
produits. Je n'entrerai pas dans le récit de ces faits-là
aujourd'hui. Il faut connaître tous les faits. Maintenant, après
m'être fait raconter ces faits-là, j'ai dit au procureur que
j'aurai une rencontre plus élaborée avec la direction de la
Sûreté du Québec au cours de la fin de semaine, où
nous examinerons tout le dossier de ce qui s'est produit dans cette
enquête, du début jusqu'à la fin, du point de vue du client
de cet avocat. Puis, nous verrons ce qu'il y a lieu de faire. Mais, pour le
moment, je demanderais au député d'Anjou de s'abstenir de me
servir des injonctions. On en a déjà pas mal comme c'est
là!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question complémentaire.
M. Bélanger: M. le Président, comment le ministre
de la Sécurité publique peut-il justifier cette intervention de
la Sûreté du Québec dans l'enquête du coroner avec
l'engagement public qu'il a pris de faire toute la lumière sur les
circonstances entourant la mort du caporal Lemay?
Le Président: M. le leader du gouvernement. (15 h 10)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Tout
simplement pour rappeler à tous les membres de cette Chambre les
dispositions... La question portait dans le mille ? les dispositions de
l'article 35.3 de notre règlement, qui se lit comme suit: Le
député qui a la parole ne peut «parler d'une affaire qui
est devant les tribunaux ou un organisme quasi judiciaire, ou qui fait l'objet
d'une enquête, si les paroles prononcées peuvent porter
préjudice à qui que ce soit».
Les questions précédentes, M. le Président, je vous
le souligne, je ne me suis pas levé pour le rappeler parce que... Elles
faisaient le tour de la question et donnaient une marge de manoeuvre au
ministre. La question devient beaucoup plus précise et, s'il veut
répondre à la question, il devra transgresser les dispositions de
l'article 35.3.
Le Président: Alors, s'il vous plaît! S'il vous
plaît!
Alors, sur la question, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: L'article 35, il ne cloue pas le bec d'une
personne. On lui demande de concilier ses propos antérieurs avec le fait
qu'on veuille arrêter l'enquête pour faire la lumière. Ce
n'est pas d'entrer dans le fondement même. Le ministre a pris
l'engagement de faire toute la lumière. Comment concilie-t-il ceci avec
le fait que la Sûreté veut arrêter de faire la
lumière? C'est ça qu'il demande, comme question. Ce n'est pas
vrai.
Le Président: Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président,
à moins d'indications contraires, c'est justement ce que la Cour
supérieure aura à trancher, et les propos qui sont tenus doivent
tenir compte, suivant notre
règlement, de cette prudence. Vous avez déjà
violé l'article...
Le Président: S'il vous plaît! Non, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! Alors, M. le ministre de la
Sécurité publique.
Alors, évidemment, l'article 35.3 s'applique toujours au niveau
de notre règlement. Le ministre a à juger, évidemment, de
l'article 33 dans sa réponse; il doit tenir compte de l'article 33 et
des autres articles du règlement qui s'appliquent. M. le ministre.
M. Ryan: Compte tenu de la mise en garde tout à fait
opportune de mon collègue, évidemment, toute personne qui a suivi
le cheminement de cette enquête du coroner sait très bien que la
Sûreté du Québec a collaboré entièrement
à la réalisation des objectifs de l'enquête, et je
réitère qu'elle est disposée à le faire dans toute
la mesure où les droits élémentaires des personnes
concernées seront respectés et sauvegardés.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire, M. le député d'Anjou.
M. Bélanger: M. le Président, le ministre de la
Sécurité publique peut-il au moins nous confirmer si les avocats
des officiers supérieurs de la Sûreté du Québec sont
payés à même les fonds publics?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: C'est entendu, de même que les agents de la
Sûreté qui sont impliqués dans cette enquête ont
droit aux services d'un avocat et, en vertu des conventions collectives qui
régissent les rapports des agents avec l'autorité, ils ont le
droit d'être protégés par un avocat dont les services sont
rémunérés par le gouvernement. Il en va de même des
officiers de la Sûreté.
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
M. Bélanger: M. le Président, est-ce que le
ministre s'engage au moins à soutenir son coroner contre le recours
judiciaire qui est présentement en cours?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Oui, je dois rencontrer le coroner en chef demain pour
examiner cet aspect du problème. Je pense que le coroner en chef a des
responsabilités envers ses coroners. Il est en train d'examiner cette
question. Il a déjà eu des communications avec le coroner. Puis,
je pense que le député peut dormir en paix au cours de la fin de
semaine, il y a beaucoup de monde pour voir aux droits de tout le monde.
Le Président: Alors, en question principale maintenant, M.
le député de Labelle.
Synthèse des opérations
financières du gouvernement
M. Léonard: M. le Président, il ne fait à
peu près plus aucun doute que le déficit du gouvernement
fédéral atteindra 40 000 000 000 $, soit près de 10 000
000 000 $ de plus que prévu. En fait, les revenus entrent de plus en
plus lentement dans les coffres des gouvernements. La faiblesse de la reprise,
l'économie souterraine, les établissements clandestins, la
fraude, la contrebande, l'évasion fiscale sont pointés du doigt
pour expliquer la faiblesse des revenus. Ce sont des phénomènes
qui existent aussi au Québec.
La ministre des Finances peut-elle nous indiquer si et dans quelle
mesure les problèmes que rencontre Ottawa concernent également le
gouvernement du Québec?
Le Président: Mme la ministre des Finances par
intérim.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, on sait que le
gouvernement fédéral a des difficultés actuellement, mais
on n'en connaît pas l'ampleur exacte. Il ne s'agit encore que
d'hypothèses, de rumeurs, mais on ne connaît pas encore l'ampleur.
Je dois vous dire cependant que, quant au Québec, M. le
Président, on a prévu certaines dispositions dans le budget, par
exemple, pour ce qui pourrait éventuellement arriver, mais, dans les
prévisions qui seront déposées à la fin de
novembre, nous serons plus en mesure d'avoir un éclairage sur la
situation.
Le Président: En question complémentaire.
M. Léonard: Compte tenu que le 1er février dernier
le ministère des Finances a rendu publique la synthèse des
opérations financières, un mois, donc un mois après la fin
de la période, comment la ministre explique-t-elle qu'un mois et demi
après le 30 septembre elle n'ait pas encore rendu publique cette
synthèse des opérations financières, et qu'elle parle
maintenant de la fin de novembre seulement? Pourquoi se traîne-t-elle les
pieds?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, il faudrait
peut-être qu'on me donne une chance. Depuis 15 jours, je ne pense pas que
je me suis traînée les pieds. On me dit qu'il est normal que l'on
dépose cette synthèse généralement à la
mi-novembre. Alors, nous sommes rendus au 11 novembre, à ce que je
sache, M. le Président, et je ne pense pas que ce soit une semaine de
plus ou une semaine de moins qui puisse changer la situation.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Léonard: Est-il exact que le ministère des
Finances a révisé ou est à réviser de façon
importante, c'est-à-dire de plus de 1 000 000 000 $, ses
prévisions pour l'année en cours, et que, pour l'année
prochaine, le scénario avancé dans le dernier budget ne tient
tout simplement plus? Qu'il serait question d'un déficit de plusieurs
milliards de différence en plus?
Le Président: Alors, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je n'ai pas
d'indication à cet effet, et je pense que le député ne
s'imagine sûrement pas que je vais lui dévoiler aujourd'hui le
contenu de la synthèse des opérations qui sera
déposée d'ici quelques semaines.
Instauration d'une politique de lutte contre les
drogues
Le Président: En question principale, maintenant, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Trois ans
après la publication du rapport Bertrand, lequel devait servir à
orienter le gouvernement dans la lutte contre les drogues, le Québec n'a
toujours aucune politique concertée entre ses propres ministères
pour faire face à ce fléau dont les coûts sociaux
dépassent le milliard de dollars chaque année. Voilà le
constat désolant auquel en arrive le Comité permanent de lutte
aux drogues, qui relève du premier ministre.
Compte tenu de l'ampleur et de la gravité des problèmes
engendrés par la consommation de drogues au Québec, est-ce que la
vice-première ministre peut nous dire si son gouvernement a l'intention
de prendre au sérieux les recommandations de ce Comité, qui
réclame qu'une véritable politique de lutte aux drogues soit
instaurée au Québec, et que les ressources appropriées y
soient consacrées?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Je comprends mal que la députée, M. le
Président, se demande si on prend au sérieux un tel fléau.
Pour avoir déjà discuté avec elle en commission
parlementaire, je pense qu'on a fait comprendre le sérieux de ce
problème, et que le gouvernement voulait mettre tous les efforts pour
contrer le fléau de la drogue et de la toxicomanie. Quant au ministre de
la Santé, M. le Président, il pourrait peut-être donner la
version qu'il a comme ministre de la Santé. Mais je dois dire que, si
elle pose la question ? est-ce qu'on le prend au sérieux? ?
c'est bien évident qu'on prend au sérieux ce problème et
que tous les efforts ont été mis pour essayer de le
régler, M. le Président.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
Mme Vermette: Oui. Est-ce que je peux demander à la
ministre: Qu'est-ce que vous avez fait, puisque le président du
comité interministériel mis sur pied, lui-même, en
conférence de presse, hier, dénonçait le manque
d'incohérence...
Le Président: Un instant! Un instant, s'il vous
plaît! Ça va, Mme la députée? Oui? Alors, Mme la
vice-première ministre.
Mme Bacon: Quand on rapporte les écrits des journaux, M.
le Président, pour dire si on a manqué notre coup ou pas... C'est
une question d'opinion. Il y a des opinions qui sont émises. Il ne faut
pas se mettre à penser que c'est la vérité à chaque
fois qu'on lit des questions d'opinion, M. le Président. Je vais
demander au ministre de la Santé et des Services sociaux de
compléter la réponse.
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
uniquement pour le secteur qui me concerne, puisque c'est ma
responsabilité. Je demande où est l'incohérence d'avoir
appliqué les mesures qui étaient dans le plan, et qui, à
l'époque, ont été acceptées par le conseil. Une
chose demeure non faite encore, ce sont les normes de qualité qui
doivent encadrer la reconnaissance de ceux qui ont à dispenser des
services. C'est pour bientôt. Dès la semaine prochaine, je serai
à même de donner mon approbation finale à un texte qui sera
éventuellement publié, et ça complétera ce que nous
avions envisagé pour nous, du ministère de la Santé et des
Services sociaux, où était le budget le plus important pour le
plan triennal.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire. (15 h 20)
Mme Vermette: En additionnelle, M. le Président. Comment
le ministre de la Justice explique-t-il que son ministère, qui est
pourtant directement concerné par la lutte aux drogues, ait
retiré des rangs d'une équipe spéciale de 21 substituts du
Procureur général cinq des procureurs chargés d'assister
les policiers pour faire aboutir les dossiers d'accusation devant les
tribunaux?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le moins qu'on
puisse dire, c'est que les remarques que nous avons pu lire dans les journaux
manquent de nuances. Nous avons mis en place une politique pour que nous
puissions procéder le plus efficacement possible, avec le plus de
célérité devant les tribunaux, pour contrer, donc, ce
commerce de drogues. Et je dois dire, M. le Président, que cette
politique porte fruit, que ça va très bien, et
que je suis informé que la politique se poursuit et se poursuit
dans le cadre que nous avons déjà déterminé et
qu'on va continuer à la poursuivre dans la même dimension.
Le Président: Toujours en complémentaire.
Mme Vermette: Puisqu'il est fortement question de ressources
financières pour mener une lutte efficace aux drogues, j'aimerais
demander au ministre de la Sécurité publique à combien
s'élève la part qu'il a été en mesure de
récupérer pour le Québec sur les 33 000 000 $ qu'Ottawa a
dégagés en 1992 pour la saisie des profits de la drogue.
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Je prends note de la question, M. le
Président.
Le Président: Très bien. Une dernière...
Ça va? Alors, pour une question principale maintenant, M. le
député de Rouyn-Noranda?Témiscamingue.
Accès au programme de dépistage du
cancer du sein pour les femmes du Québec
M. Trudel: M. le Président, le ministre de la Santé
a fait connaître ce matin, enfin, un programme de dépistage pour
le cancer du sein chez les femmes du Québec. Malheureusement, compte
tenu de l'avis du Conseil d'évaluation des technologies de la
santé, et malgré le fait que 1000 cas diagnostiqués de
cancer du sein au Québec le soient chez les femmes de 40 à 49
ans, le ministre a décidé d'exclure cette catégorie de
femmes en termes d'accessibilité au nouveau programme de
dépistage du cancer du sein. Le ministre peut-il nous expliquer pourquoi
il n'a pas retenu les arguments du Conseil d'évaluation des technologies
de la santé et pourquoi il ne permettra pas aux femmes de 40 à 49
ans d'avoir accès de la même façon que les femmes de 50
à 69 ans aux centres de dépistage de cancer du sein au
Québec?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
suis très heureux que le député de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue salue le positionnement du gouvernement
du Québec dans l'ensemble de l'intervention au niveau de la
radiothérapie. C'est en effet, ce matin, M. le Président, un
vaste programme que nous avons annoncé de lutte au cancer, dont un des
éléments est définitivement le dépistage du cancer
du sein tel que le voulait la politique de santé et bien-être.
Que de résumer au groupe de 40-49 ans la question du
député de Rouyn-Noranda?Témiscamingue démontre
très bien le but poursuivi par la question même. M. le
Président, ce que nous avons présenté ce matin, c'est un
programme complet d'intervention qui tient compte des avis du CETS, du Conseil
d'évaluation des technologies de la santé et aussi des avis de la
Corporation professionnelle des médecins du Québec. Le programme
s'adresse à toutes les femmes. Ce que le CETS nous dit dans le cas des
50 ans et plus, c'est qu'il est conseillé de faire un examen de
dépistage aux 24 mois. C'est ce que nous rendons accessible et
gratuitement.
Deuxièmement, M. le Président, on nous dit: II y a
d'autres femmes qui ont des antécédents et qui, compte tenu de
ces antécédents, devraient avoir accès à ce
programme. Elles auront accès dans la mesure où un
médecin, M. le Président, dit que c'est médicalement
requis, peu importe l'âge. Et pourquoi ce serait de 40 à 49 ans?
Pourquoi pas 30, pourquoi pas 35, pourquoi pas 25 ans? Pour la simple et bonne
raison que toutes les évaluations qui ont été faites
jusqu'à maintenant démontrent que le taux d'efficacité du
dépistage par mammographie l'est de manière beaucoup plus
efficace entre 50 et 69 ans et qu'il y a aussi, dans ce dépistage, de
faux diagnostics, qui créent aussi des problèmes au niveau des
femmes qui en sont victimes.
En ce sens-là, c'est un programme global pour toutes les femmes
du Québec, M. le Président, qui fait en sorte qu'elles auront
droit... Et l'accès aux 50^59 ans dans toutes les autres
catégories d'âge. Médicalement requis, c'est accessible et
gratuit en termes de dépistage; et, s'il y a des
antécédents, M. le Président, sur le plan familial, de
cancer, c'est aussi accessible. C'est donc un programme complet et non pas
isolé, comme voudrait le faire croire le député de
Rouyn-Noranda? Témiscamingue.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Trudel: le ministre peut-il expliquer, pour les 25 % de cas
diagnostiqués de cancer du sein au québec ?
c'est-à-dire 1000 femmes ? pourquoi il ne leur donne pas autant
d'accessibilité au programme, quand le conseil d'évaluation des
technologies médicales dit qu'il y a des faux diagnostics pour 6 %,
seulement, de cette clientèle? c'est dans les propres documents du
conseil d'évaluation des technologies de la santé au
québec. pourquoi il refuse aux femmes de 40 à 49 ans
l'accessibilité à ces centres de dépistage, quand il y a
seulement 6 % de faux diagnostics qui sont portés dans ces
cas-là?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, la
recommandation du CETS est très claire, et il ne faut par
l'étriquer au passage et se servir de ce dont on souhaite pour... Non,
non, la recommandation est très claire, et elle est aussi
supportée. Ce que le CETS dit, et la Corporation professionnelle des
médecins du Québec,
que c'est un débat qui, sur le plan scientifique, n'est pas
réglé quant aux femmes de 40 à 49 ans. J'ai aussi dit ce
matin, lors du lancement, que je ne tenais d'aucune manière à ce
que cette politique soit une bible, qu'elle était évolutive, et
qu'il faudrait nous adapter aux circonstances et faire preuve d'ouverture dans
la mesure où il y a démonstration des effets
bénéfiques de telles mesures.
Et, pour ce faire, M. le Président, j'ai décidé,
avec ma collègue responsable de la Condition féminine, de faire
en sorte que, mardi prochain, nous puissions rencontrer des groupes de femmes
qui viennent s'exprimer sur le projet, et que, à ce moment, et au
lendemain de cette expérience avec le CETS, avec la Corporation
professionnelle des médecins, nous pourrions tirer un trait ? je
l'espère, définitif ? pour une certaine période, mais
qu'on demeure ouvert au dialogue et que, comme c'est évolutif, dans la
mesure ou quelqu'un nous fera cette démonstration-là, on n'est
pas fermé.
Mais, ce qu'il faut dire à toutes les femmes du Québec, M.
le Président, c'est que ce programme fera en sorte qu'il y aura à
échéance 100 000 mammographies de dépistage de plus
qu'actuellement au Québec. Si ce n'est pas une amélioration
à la situation... Et, compte tenu du relèvement, du rehaussement
et de la qualité des appareils que nous aurons, et de tout le processus,
j'ose espérer que vous n'irez pas prétendre à travers le
Québec que ce n'est pas une amélioration très sensible.
C'est d'abord à ça qu'il faut s'adresser pour faire des examens
de qualité et pour protéger les femmes et la
sécurité des femmes de tout le Québec.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Trudel: Puisque le ministre est si sensible à ces
questions, pourquoi n'a-t-il pas, au moins, retenu la suggestion du Conseil
d'évaluation des technologies de la santé, de mettre sur pied un
projet de recherche d'une valeur de 2 000 000 $ pour éprouver les
techniques de dépistage, en particulier chez les femmes entre 40 et 49
ans? Puisque, je le répète, 1000 diagnostics par année
sont chez les femmes entre 40 et 49 ans, et elles n'auront pas accès de
la même façon aux centres de dépistage que les femmes entre
50 et 69 ans?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
quelle logique! Quelle logique! Il y a à peine deux ou trois minutes, il
venait de nous dire que le CETS avait recommandé que ce soit 40-49;
là, il vient de nous dire: Pourquoi le ministre n'a-t-il pas retenu une
proposition du CETS à l'effet de faire une recherche sur les 40-49 ans,
quant aux effets? On n'a jamais dit non à ça. On n'a jamais dit
non à ça. Où est-ce que vous prenez ça? On n'a
jamais dit non à ça. On va l'examiner avec le CETS, et, dans la
mesure où cette recherche peut amener les réponses dont on a
besoin pour autoriser les 40-49 ans, c'est avec plaisir qu'on va le faire. Et,
si ça prend une étude de 500 000 $ ou de 1 000 000 $, on va la
financer parce qu'on est des gens responsables; on va continuer de
l'être.
Mais, dans la mesure où vous nous demandez une étude et le
besoin d'une recherche, est-ce qu'on fait une recherche pour rien ou est-ce que
c'est parce qu'on a besoin de faire une recherche? Et, si on a besoin de faire
une recherche pour être capable de déterminer 40-49, je pense que
vous avez votre réponse, et ça ne prend pas un recteur
d'université pour comprendre une réponse comme
celle-là.
Le Président: Alors, M. le député, en
question complémentaire.
M. Trudel: le ministre peut-il nous indiquer quels facteurs de
risque il a pris en considération, lui, pour éliminer cette
catégorie de femmes dans les centres de dépistage du cancer du
sein au québec? quels sont les facteurs qu'il a pris en
considération pour les exclure, même s'il y avait des
problèmes chez 6 % de ces femmes-là au niveau du diagnostic? 6 %
seulement.
Le Président: M. le ministre. (15 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il
n'y a pas d'exclues. Il y a un programme qui s'adresse à toutes les
femmes du Québec. C'est clair. C'est ça, le programme, y compris
sur le plan de l'information. On veut bien tenter de dévier la
conversation pour tenter de tirer, sur le plan du capital politique, un certain
nombre de choses. C'est de l'exploitation politique d'une situation dont il est
question, à ce moment-ci. Alors, M. le Président, c'est un
programme qui s'adresse à toutes les femmes du Québec, à
toutes les femmes du Québec, bien orchestré et qui est novateur
et qui répond à des exigences scientifiques. C'est ça, M.
le Président, qu'on a fait aujourd'hui, et qui va avoir comme
conséquence que nous allons faire au-delà de 100 000
mammographies de plus que nous en faisons maintenant. Est-ce que, sur le plan
de l'amélioration de la qualité des services aux femmes, ce n'est
pas respecter les femmes du Québec et ces conditions-là? Il me
semble que ça m'ap-paraît évident, d'autant plus que le
député se lève pour nous demander de financer une
étude avec le CETS pour les femmes de 40 ans à 49 ans. Si on est
logique au point de demander une recherche, M. le Président, on va au
moins attendre les résultats de la recherche pour conclure de
manière définitive. Il me semble que ça me paraît
normal.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de Laviolette.
Rénovation de la centrale La Gabelle
M. Jolivet: Merci, M. le Président. La plus grande
coalition jamais mise sur pied dans la Mauricie,
regroupant du nord au sud les Attikameks, les municipalités, les
municipalités régionales de comté et les
députés du pouvoir comme de l'Opposition, du provincial comme du
fédéral, des organismes socio-économiques et des
compagnies forestières a vu le jour à l'annonce des grands
travaux d'Hydro-Québec sur la rivière Saint-Maurice. La
Corporation de gestion du développement du bassin de la rivière a
demandé à Hydro-Québec de s'associer à elle comme
partenaire dans le développement économique de cette grande
région. En accord avec le député de Saint-Maurice et de
Trois-Rivières, la Corporation a demandé à
Hydro-Québec la construction d'une nouvelle centrale
hydroélectrique à Rapide-des-Forges. Vendredi dernier,
Hydro-Québec est venue annoncer, à la consternation de plusieurs,
la rénovation de la centrale La Gabelle. Je vais demander à Mme
la ministre de l'Énergie si elle peut nous dire: A-t-elle
été consultée sur cette décision? Si oui, a-t-elle
donné son approbation à une telle décision?
Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: Je pense que les décisions administratives sont
prises par l'administration, M. le Président, et non par le politique.
Mais je dois dire qu'Hydro-Québec a annoncé sa décision de
procéder, oui, à la rénovation majeure de la centrale
existante de La Gabelle.
Le député parle de deux députés qui ne sont
pas tout à fait d'accord. Il a oublié le ministre régional
qui a donné tout à fait son accord à cette décision
d'Hydro-Québec. Je dois dire aussi, M. le Président, que cette
réfection de la centrale va permettre le maintien de la production au
meilleur coût possible. Et je pense que le député va
être d'accord avec nous qu'il faut toujours regarder le meilleur
coût possible et avec le minimum d'impacts sur l'environnement.
Ça, ça fait partie de la décision d'Hydro-Québec.
Le coût des travaux sera de 210 000 000$. C'est quand même
important. C'est un projet qui va engendrer des retombées
économiques régionales de 40 000 000 $ et qui va créer 450
emplois. Je pense que, pour la région de la Mauricie, ce n'est quand
même pas mauvais.
Le Président: En question complémentaire.
M. Jolivet: M. le Président, est-ce que la ministre est
d'accord avec la position du député de Saint-Maurice, dans une
lettre du 2 novembre 1993, dans laquelle il donne la position, qui est la
même que celle de la Corporation, à l'effet qu'il est normal
qu'Hydro-Québec prenne le temps d'analyser le projet de construction
d'une nouvelle centrale à Rapide-des-Forges par des études
comparatives poussées et des audiences publiques pour démontrer
clairement les impacts majeurs et, ainsi, que des mesures de correction soient
apportées par Hydro-Québec au profit des aspirations du milieu de
La Mauricie?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, la décision
d'Hydro-Québec n'a pas été une décision qui a
été prise en vase clos. Elle a été prise avec
maintes et maintes consultations qui ont été faites dans le
milieu sur les différents scénarios de développement de la
Saint-Maurice. Et je dois dire, M. le Président, quand on regarde,
encore une fois, le coût des travaux, quand on regarde les
retombées économiques de 40 000 000 $ dans la région, une
création de 450 emplois maintenant ? pas dans quatre ans, pas dans
cinq ans, maintenant ? je pense qu'Hydro-Québec a jugé que
c'était la meilleure décision à prendre.
Je pense qu'il faut aussi ajouter, M. le Président,
qu'Hydro-Québec va mettre sur pied un comité pour favoriser les
retombées économiques du projet dans la région. Ce sont
des travaux qui vont débuter au printemps 1994 pour se terminer en 1998.
Donc, c'est maintenant qu'il y a des besoins dans la création d'emplois
dans cette région et c'est maintenant qu'ils les auront, M. le
Président.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Jolivet: Toujours selon cette même lettre, est-ce que la
ministre est d'accord avec la position du député de
Saint-Maurice, position qui est celle de la Corporation, à l'effet
qu'Hydro-Québec considère l'hypothèse de prolonger La
Gabelle pour une dizaine d'années afin de permettre à
Hydro-Québec de prendre le temps de considérer toutes les
facettes du problème et d'établir un consensus autour d'une
décision qui sera plus éclairée et mieux comprise par
toute la population?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, c'est un projet qui a le
minimum d'impacts, et je le redis, d'impacts négatifs sur
l'environnement. C'est un projet de réfection qui a des impacts
environnementaux qui sont plus limités que la construction d'une
nouvelle centrale, et il évite les impacts humains et aussi sociaux qui
sont reliés à la création d'un nouveau réservoir,
tout en conservant, M. le Président, les éléments
patrimoniaux de la centrale La Gabelle. C'est ça qui a été
la base même d'une décision qui a été prise par
HydroQuébec, et suite, et je le répète, à maintes
consultations en région, à maintes consultations avec l'ensemble
de la population.
Je sais qu'il y a des gens dans la population qui auraient voulu
qu'Hydro-Québec mette des millions de dollars dans un fonds pour retirer
des intérêts pour faire autre chose. Hydro-Québec n'est pas
une banque, M. le Président. Hydro-Québec, sa mission, c'est de
fournir l'électricité aux Québécois et aux
Québécoises au moindre coût. Et c'est ça, sa
mission.
Le Président: ...
M. Jolivet: M. le Président, toujours en accord avec le
député de Saint-Maurice et de Trois-Rivières, je dis
à la ministre: Comment se fait-il qu'Hydro-Québec, au moment
où une coalition représentant la corporation de tout l'ensemble
de la rivière, du nord au sud, avec les gens que j'ai nommés tout
à l'heure, qui existe déjà, pourquoi Hydro-Québec
dit, et la ministre le répète: Nous mettrons en place un
comité qui regardera les retombées, alors qu'il y a
déjà dans le milieu un consensus en ce sens, incluant les
députés du pouvoir et de l'Opposition, du fédéral
comme du provincial?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: Je pense qu'au fédéral, M. le
Président, on n'a pas un mot à dire, et ce n'est pas eux qui
paient ces coûts-là, c'est les Québécois ensemble
qui vont les payer. Ce n'est pas le gouvernement fédéral qui va
les payer.
M. le Président, Hydro-Québec a consulté, encore
une fois, la région. Hydro-Québec a consulté la
région; Hydro-Québec n'a pas travaillé en vase clos, M. le
Président. Elle a étudié les différents
scénarios qui étaient devant elle, scénarios de
développement du Bas-Saint-Maurice. C'est une réfection mineure
qu'ils ont choisi de faire. C'est un choix qui a été important,
mais c'est un choix qui a été retenu. Le coût des travaux
est de 210 000 000 $. Je pense que c'est un projet qui va engendrer des
retombées économiques importantes pour la région: 40 000
000 $, encore une fois, je le «rererépète», M. le
Président, et 450 emplois, ce qui n'est pas à négliger en
ce moment dans cette région-là.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de D'Arcy-McGee.
Place de l'anglais dans l'appareil judiciaire
M. Libman: Merci, M. le Président. À l'occasion de
la rentrée des tribunaux cet automne, le bâtonnier de
Montréal a soulevé des questions très importantes en
déplorant le peu de place de l'anglais dans l'appareil judiciaire. Il a
regretté que seulement trois ou quatre des 1000 employés du
palais de justice de Montréal soient anglophones, que le Barreau du
Québec ne compte aucun anglophone parmi sa centaine d'employés,
que plusieurs commissaires siégeant à divers tribunaux
administratifs ne maîtrisent pas assez la langue anglaise pour entendre
les causes dans cette langue et que le nouveau Code civil ait fait l'objet
d'une traduction anglaise déplorable.
Alors, ma question, M. le Président, s'adresse au ministre de la
Justice: Le ministre a-t-il pris l'initiative de vérifier si ces
inquiétudes du bâtonnier sont justifiées et, si oui,
quelles sont les mesures concrètes qu'il a prises?
Le Président: Alors, M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai
déjà eu l'occasion de discuter avec mon bon ami, le
bâtonnier de Montréal, M. Casper Bloom, qui a fait ces remarques.
Je sais la bonne intention qui l'anime, mais je crois quand même, M. le
Président, qu'à bien des égards, là aussi, il faut
penser en termes plus nuancés. Entre autres, je me permets de revenir
sur un aspect qui m'appa-raît particulièrement important, c'est le
nouveau Code civil, une des grandes réalisations de cette
Assemblée nationale, M. le Président, puisque ça a
été voté à l'unanimité par cette
Assemblée nationale. Et nous avions deux éminents juristes
anglophones sur la commission parlementaire, qui ont travaillé avec
nous, qui ont suivi nos travaux de très près, dont l'adjoint
parlementaire du ministre de la Justice et aussi un membre de l'Opposition, le
député de Westmount. (15 h 40)
D'autre part, M. le Président, des juristes anglophones
éminents ont travaillé sur la traduction du Code civil. Donc,
qu'on vienne nous dire, M. le Président, que cette traduction est
totalement faussée, je dirais qu'on exagère grandement. Ce que je
dis, M. le Président, c'est qu'il peut y avoir des révisions
à faire, nous les ferons en temps et lieu, mais les commentaires que
nous avons faits en fonction des textes anglais et français et qui ont
été déposés solennellement en cette Chambre seront
là pour démontrer, devant les tribunaux, l'intention du
législateur. Et nous procéderons, s'il y a des contresens... S'il
y a des corrections à faire en langue anglaise, je suis convaincu que
cette Chambre va accepter d'y procéder dans les plus brefs
délais, si c'est nécessaire.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Libman: Is he saying that the concerns expressed by the
«bâtonnier» are not true when the
«bâtonnier» said that there are only three or four employees
in the Montréal courthouse out of 1000 that are Anglophone, that there
are no Anglophones among the 100 employees of the Barreau du Québec,
that many members of the administrative tribunals do not speak English
properly? Is he saying that the «bâtonnier» was not telling
the truth in his speech this September?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, en ce qui regarde,
évidemment, l'administration du Barreau, je crois que le Barreau peut
s'occuper de sa propre administration. Je n'ai pas à m'immiscer dans
l'administration du Barreau.
En ce qui regarde l'administration du ministère de la Justice, M.
le Président, ça a toujours été ma
préoccupation qu'on puisse avoir des juristes et des gens de soutien qui
peuvent venir du côté anglophone. Et, aussi, je favorise beaucoup
qu'on puisse avoir une représentation susceptible de refléter la
composition de la société
québécoise. Je fais des efforts. Qu'il y ait des
améliorations à faire, j'en conviens, M. le Président,
mais, là aussi, je crois qu'il faut prendre en cause un tas de
circonstances, ce qui fait que la situation que nous vivons présentement
sur le plan de l'administration de la justice est quand même quelque
chose dont nous pouvons être très fiers.
Le Président: Alors, dernière question
additionnelle.
M. Libman: m. le président, since 25 % of law graduates in
montréal are anglophone, why isn't bar school available in english to
some of these students? there are 30 classes given per day. why can't three,
four or five of these bar school classes be available in english? is this not
something the minister should look into?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai dit et je le
répète que, quand il y a des améliorations à faire,
on peut les faire en travaillant d'une façon positive avec le Barreau,
mais regardons aussi ce qui peut se faire et ce que nous avons fait. Et, dans
ce cadre-là, M. le Président, je crois que nous avons fait
beaucoup.
Le Président: Donc, en question principale maintenant, M.
le...
M. Libman: Une toute dernière...
Le Président: Alors, question complémentaire, M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci. M. le Président, puisqu'une des plaintes
du bâtonnier est à l'effet que plusieurs brillants jugements
québécois n'ont aucun impact dans la jurisprudence à
l'extérieur du Québec parce qu'ils ne sont pas disponibles en
anglais, le ministre ne devrait-il pas considérer que tous les jugements
soient produits dans les deux langues par le service de traduction de la
cour?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je pense que
l'idéal serait que tous les jugements qui proviennent d'une cour au
Canada, dans les autres provinces comme au Québec, puissent être
traduits dans les deux langues. M. le Président, vous me permettrez de
profiter de l'occasion pour saluer une loi qui vient d'être votée
par l'Assemblée législative de l'Alberta, aux petites heures du
matin, et qui enfin, enfin, donne le droit aux francophones de pouvoir
administrer leurs écoles, 12 ans après la Charte des droits et la
clause Canada. Alors, ça, il faut s'en réjouir, M. le
Président, 12 ans après, quand même!
M. le Président, ce serait l'idéal, qu'on puisse traduire
tous nos jugements, mais on sait très bien que ce n'est pas possible.
Qu'on puisse traduire les principaux jugements ou qu'on puisse avoir des
résumés des principaux jugements, déjà, ça
se fait à plusieurs niveaux. Qu'on puisse l'encourager, M. le
Président, j'en suis, et je trouve que c'est un objectif qu'on devrait
poursuivre, mais le député comprendra comme moi qu'il y a des
limites à ce qu'on peut faire.
Le Président: Alors, une dernière question
additionnelle.
M. Libman: But again, doesn't the Minister agree that it is in
our best interest that some of the brilliant judgments rendered in
Québec should be automatically translated as an authentic version so the
rest of the country and the rest of North America can benefit in their
jurisprudence from some of the judgments that are rendered here, in
Québec, which are not used because there is no English translation
available?
M. Rémillard: M. le Président... Le
Président: M. le ministre.
M. Rémillard: ...il y a certainement plusieurs de nos
jugements, comme on vient de... Je reprends les termes du député
? «brillants» ? parce que nous avons de brillants juges,
mais je pourrais parler aussi des articles qui sont publiés dans nos
universités, qui sont aussi de brillantes analyses du droit, qui
devraient être traduites aussi. Je répète que ce serait
intéressant qu'on puisse avoir, de la part des autres provinces, la
même chose.
Alors, peut-être que je dois prendre les questions et les
remarques du député dans le sens qu'on devrait demander au
gouvernement fédéral de dégager des budgets pour nous
permettre de traduire de plus en plus de ces jugements qui sont ? je
prends le qualificatif qu'il a utilisé ? «brillants».
Si on peut avoir des moyens, M. le Président, après ça...
On peut le faire, mais il faut être conscients de nos limites.
Le Président: C'est la fin de la période de
questions. Il n'y a pas de votes reportés.
Motions sans préavis
Aux motions sans préavis, M. le député
d'Iberville.
Souligner l'anniversaire de l'Armistice
M. Lafrance: M. le Président, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante:
«Que l'Assemblée nationale, à l'occasion du 75e
anniversaire de l'Armistice, exprime sa profonde gratitude envers ceux et
celles qui ont sacrifié leur vie pour servir la cause noble entre toutes
d'une paix fondée sur le respect des droits humains et de la
dignité inviolable des individus et des peuples.»
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. M. le
député d'Iberville, c'est votre motion.
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: Je vous remercie, M. le Président.
M. le Président, il me fait plaisir de profiter de cette
occasion, alors que l'Assemblée nationale du Québec souligne le
75e anniversaire du jour du Souvenir, pour rendre hommage à tous ceux et
celles qui ont donné leur vie pour que naisse un monde de paix et de
liberté à l'issue de la Première Guerre mondiale.
Aujourd'hui, 11 novembre, des centaines de milliers de personnes ?
je dis bien des centaines de milliers de personnes, puisque ce jour du Souvenir
est célébré non seulement au Canada mais dans la
majorité des pays du monde ? se recueilleront donc afin de rendre
hommage à ceux et à celles qui ont sacrifié leur vie pour
sauvegarder nos libertés.
M. le Président, nous, les députés
ministériels, croyons de mise, à l'occasion de ce 75e
anniversaire, de perpétuer en cette Assemblée la tradition
rendant hommage à ces disparus. Aujourd'hui, donc, dans des centaines de
villes au Québec et au Canada, on se recueillera afin de respecter une
minute de silence et prier au souvenir de ceux et celles qui ont
sacrifié leur vie pour protéger les libertés que nous
connaissons aujourd'hui et assurer la continuité de nos
démocraties.
M. le Président, c'est avec émotion que j'assume cette
responsabilité aujourd'hui, au nom de tous mes collègues
ministériels. Je suis particulièrement touché car j'ai
souvent, moi-même, participé aux journées du Souvenir,
autant ici au Québec, au Canada et même à
l'étranger. Je sais que tous ceux et celles qui ont contribué aux
guerres restent à tout jamais marqués.
J'aimerais, en cette journée du Souvenir, saluer, au nom du
gouvernement libéral que j'ai l'honneur de représenter, tous les
anciens combattants de toutes les guerres et leur exprimer toute notre
reconnaissance et notre gratitude.
M. le Président, par curiosité, j'ai effectué des
recherches afin de connaître quelles étaient les
préoccupations de nos prédécesseurs en cette Chambre,
voilà 75 ans. Ainsi, j'ai pu retracer un texte des journaux de
l'Assemblée législative de la province de Québec, comme on
l'appelait à l'époque, du mardi 21 janvier 1919 ? 1919,
parce que mes recherches m'ont démontré qu'en 1918, probablement
à cause de la guerre, l'Assemblée législative n'avait pas
siégé. Et je cite un passage des débats, donc de 1919: (15
h 50) «Honorables messieurs du Conseil législatif, messieurs de
l'Assemblée législative, après quatre longues
années de combats sanglants, la guerre vient enfin de se terminer par
une victoire que les alliés n'auraient peut-être jamais
espérée aussi complète et aussi brillante. Il convient
d'en rendre grâce au ciel et d'en remercier les héroïques
soldats qui se sont sacrifiés si généreusement pour nous
protéger et pour assurer au monde un régime de liberté et
de justice.» Fin de citation.
L'orateur, à l'époque, souligne, M. le Président,
l'urgence de venir en aide aux soldats, à leur famille, et on touche
aussi les questions importantes de l'époque comme les bureaux de
placement, le combat contre une maladie qui ravageait la province de
Québec à l'époque, la tuberculose, et aussi l'aide afin de
construire des logements plus salubres. Voilà donc, M. le
Président, les préoccupations de nos prédécesseurs
voilà 75 ans.
M. le Président, aujourd'hui, en ces moments commémoratifs
de tristes pages, il faut bien le dire, de tristes pages de notre histoire de
l'humanité, nous aimerions pouvoir garantir que ces moments difficiles
de notre histoire ne se répéteront jamais. Malheureusement,
même avec un recul de 75 ans depuis la signature de l'armistice, force
est de reconnaître que partout dans le monde on est bien loin de cette
paix tant convoitée.
En cette journée, rappelons-nous ces tristes statistiques.
Première Guerre mondiale, donc 1914-1918: 562 437 Canadiens en service,
61 322 morts au combat, 138 166 blessés au combat, 175 000 marins de la
marine marchande morts au combat.
Deuxième Guerre mondiale, 1939-1945: 1 086 771 Canadiens en
service, 49 545 Canadiennes en service, 44 893 morts au combat, 54 414
blessés au combat, 1146 marins de la marine marchande canadienne morts
au combat.
La guerre de Corée: 25 583 Canadiens en service, 1557
blessés au combat, 516 morts au combat.
M. le Président, à ces tristes statistiques on pourrait
ajouter les noms de ceux et de celles, Canadiens et Canadiennes,
Québécois et Québécoises, morts au service dans le
cadre, également, de nos alliances internationales. Je pense ici
à l'Organisation des Nations unies, à l'Organisation du
traité de l'Atlantique Nord ou encore à nos soldats qui
participent, à chaque jour, à l'entente bilatérale, le
NORAD, pour défendre l'Amérique du Nord, entente
bilatérale entre le Canada et les États-Unis.
Ceux et celles, M. le Président, qui suivent la situation
mondiale conviendront que nous sommes malheureusement loin, en dépit de
nos efforts, de cette paix mondiale tant convoitée. Ceci est
particulièrement vrai en ce mois de novembre 1993 alors que, dans
certains pays, principalement des pays de l'Europe de l'Est, principalement
aussi peut-être l'ancienne Yougoslavie et également en Afrique,
pour nommer, entre autres, la
Somalie, des guerres civiles font rage et que, actuellement, à
l'instant où on se parle, des Québécois tentent d'y
maintenir la paix au risque de leur vie.
M. le Président, s'il y a une leçon à tirer de tous
les conflits depuis l'armistice de novembre 1918, c'est qu'en dépit de
la mondialisation de la cause de la paix que nous devons poursuivre
l'équilibre mondial reste très fragile. Nous devons donc
promouvoir et supporter de plus en plus les organisations internationales
vouées à une plus grande compréhension et au respect
mutuel des peuples, ce qui ne peut que favoriser la paix mondiale.
M. le Président, en cette journée du Souvenir, je
considère qu'il est aussi important de souligner l'apport que continuent
d'apporter actuellement les soldats canadiens, dont, évidemment,
plusieurs Québécoises et Québécois, à la
cause du maintien de la paix dans le monde. Je pense principalement, comme je
l'ai mentionné plus tôt, à ceux et celles qui servent
actuellement sous la bannière de l'Organisation des Nations unies
partout dans le monde. En ce jour du Souvenir, nous aimerions exprimer le voeu
d'une sincère reconnaissance, et, surtout, qu'ils nous reviennent toutes
et tous sains et saufs sur notre territoire, ayant préservé la
paix.
Aujourd'hui, au sommet de notre bâtiment parlementaire, ici,
à l'Assemblée nationale à Québec, le drapeau
fleurdelisé est en berne afin de souligner justement le sacrifice de ces
disparus, sacrifice qui fut fait afin que nous puissions continuer à
vivre comme peuple libre dans une société libre et
démocratique, respectueuse des droits humains.
M. le Président, les guerres sont toujours injustifiables et le
gouvernement exprime, en ce 75e anniversaire du jour du Souvenir, le
désir qu'encore cette année on saura honorer avec
intensité et émotion le sacrifice de ceux et celles qui ont
laissé leur vie au combat.
En terminant, M. le Président, je me permets d'emprunter la
devise du glorieux Royal 22e Régiment, régiment
canadien-français dont j'ai eu l'honneur de faire partie,
régiment qui a servi dans tous les conflits depuis 1914, cette
même devise qui est celle de notre province et qui est un hommage, je
pense, à ceux et celles qui, dans le passé, ont contribué
à façonner notre belle province et notre grand pays. Et cette
devise, comme nous le savons, c'est: «Je me souviens».
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Iberville, de votre intervention sur votre motion.
Alors, je cède maintenant la parole à M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de l'Opposition
officielle. M. le député, la parole est à vous.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, je voudrais me joindre
à mon collègue également, en ce 75e anniversaire de
l'armistice du 11 novembre 1918, pour, également, rendre hommage
à tous les Québécois qui sont disparus à l'occasion
de cette guerre, et qui sont morts au champ d'honneur, en rappelant,
évidemment, qu'ils sont morts dans des conditions
épouvantables.
La Première Guerre mondiale a déchaîné une
folie meurtrière qui a duré pendant quatre ans, et les soldats
vivaient, comme on le sait, dans des conditions terribles. Guerre de
tranchées qui a été précédée,
d'abord, d'une guerre offensive avec des milliers et des milliers de morts, et
suivie d'une guerre de tranchées où les soldats ont vécu
pendant des années dans la boue et la vermine. (16 heures)
J'ai eu l'occasion, M. le Président, en septembre, lors d'un
séjour en Europe, de visiter Verdun, le champ de bataille de Verdun.
Durant la Première Guerre mondiale, cette bataille de Verdun a
été une des grandes batailles de la guerre, et j'ai appris qu'il
est mort 500 000 soldats lors de la bataille de Verdun. Cinq cent mille soldats
ont trouvé la mort, dont 300 000 n'ont pas pu être recueillis et
obtenir une sépulture. Ils sont morts sur le champ d'honneur ?
enfin, c'est une façon de parler ? 300 000, de part et d'autre,
aussi bien Allemands que Français. Ce qui fait que la France a
érigé à Douau-mont un ossuaire, le fameux ossuaire de
Douaumont, parce qu'on a ramassé tous les ossements de ces 300 000
soldats morts sans sépulture et on les a déposés dans un
ossuaire, un monument pour, évidemment, leur rendre hommage.
C'est donc un exemple de cette folie meurtrière qui a
frappé le monde en 1914-1918. On croyait bien instaurer ? le 11
novembre 1918, quand tout le monde a appris dans la joie et l'enthousiasme que
la guerre était terminée ? pour longtemps, pour des
siècles même la paix en ce monde. Le président Wilson, par
exemple, avec sa Société des Nations, était convaincu
qu'il y avait là un moyen extraordinairement efficace pour sauvegarder
la paix pendant des décennies et des décennies. On s'est rendu
compte très vite qu'il n'y a rien de plus fragile que la paix.
Le XXe siècle, comme vous le savez, M. le Président, et
ça a suivi la Première Guerre mondiale, est rempli de massacres,
de génocides, de répressions sanglantes, d'entreprises
exterminatrices de peuples et de classes sociales au grand complet. On n'a
qu'à penser à la paysannerie russe dans les années trente,
qui a subi les foudres de Staline. Une autre guerre mondiale a suivi pas
très longtemps après, en 1939-1945, tout aussi meurtrière,
et de multiples guerres localisées ont surgi un peu partout à
travers le globe et continuent de surgir à travers le globe. Je n'ai pas
besoin de vous en faire la liste, M. le Président, ce qui fait que je
pense que, oui, il convient de rendre hommage à ceux qui se sont
sacrifiés en 1914-1918 aussi bien qu'en 1939-1945.
Mais, en ce jour de l'anniversaire du 11 novembre, de l'armistice, en
quelque sorte, je pense qu'il convient aussi de prendre conscience, et je
termine là-dessus, M. le Président, que la paix est quelque chose
de fragile et qu'il faut être conscient qu'il est très difficile
de la préserver et de la sauvegarder. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean, de votre intervention. Sur cette
même motion, je cède la parole à M. le député
de Jacques-Cartier. M. le député, la parole est à
vous.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. J'aime croire que le
jour du Souvenir est une occasion importante pour tous les Canadiens, mais il
est naturellement vrai que celui-ci a une signification particulière
pour les vétérans des deux grandes guerres de ce siècle et
pour leurs descendants. Je fais partie de la deuxième catégorie.
Mon père était à la bataille de Vimy, tout comme ses
frères. Ma tante, sa soeur jumelle, était infirmière et
décédait des suites de la grande épidémie de grippe
à la fin de la Première Guerre mondiale. mes oncles ont servi
dans la marine et dans l'aviation canadienne au cours de la deuxième
guerre mondiale, et j'ai un cousin qui a été descendu au-dessus
de l'allemagne. l'historien hongrois-américain distingué jean
lukacs commentait récemment qu'alors que des choses remarquablement
bonnes et mauvaises se sont produites au cours du xxe siècle on se
souviendra probablement plus de ce siècle à cause des deux
grandes guerres européennes qui ont eu lieu. elles ont
façonné la politique et l'économie du siècle
entier. elles ont établi la prédominance des états-unis
et, à un moindre degré, de la russie. elles ont apporté la
fin des empires européens coloniaux et la montée de nouveaux
pays-états. elles ont naturellement eu leur plus grand impact sur les
puissances européennes directement impliquées, mais elles ont
marqué presque tous les pays et peuples, le canada étant un des
exemples outre-mer les plus remarquables. 4
In the case of Canada in particular, there are three special aspects, I
think, of the impact of the First World War and the Second World War that are
worth recalling along with the sacrifice of so many of the soldiers of
Canada.
The first, of course, also noted by my colleague of Iberville, was the
sheer scale of that sacrifice, quite astonishing for the size of the country.
If you consider, after all, the immense agony that the Americans went through
over Vietnam, admittedly in a different era and with television, but where
nonetheless the total American dead in the war in Vietman came to somewhat
under 60 000 in 10 years. With the United States at 250 000 000 people, that is
the same as the number of Canadians who died in four years in World War One,
when Canada had about one forthieth that number of people. In other words, in
relative terms, you could say what Canada took in casualties in 1914-1918 was
100 times the blow the Americans took from Vietnam. I think it is something
that should be understood by our young people today.
Similarly, while in the Second World War the casualties were not quite
as heavy, partly because the British and the Canadians were determined by
whatever means they could to try to avoid something like those terrible
offensives of the second battle of the Somme and Passendale, still 40 000
Canadians died in that war as well, again with a country of remarkably small
population. In the First World War, Canada put 500 000 men under arms, in the
Second World War it put 1 000 000 men under arms. In both world wars, a society
in which both French and English-speaking had been essentially an agricultural,
fishing, mining, somewhat rural-based society turned into an industrial
powerhouse, one of the most important ones in terms of determining the outcome
of the war.
In the case of the actual size of the armed forces, for example, for
Canada at the end of the Second World War, the Canadian Navy, an escort navy
granted for the North Atlantic, in actual size was the third largest navy in
the world. The RCAF was one of the world's largest air forces. The Canadian
Army counted hundred of thousands of troops. In a way, the shaping of Canadian
society ever since owes something to those facts that I think are too often
forgotten except on Remembrance Day, because we are talking obviously here not
only about a human sacrifice on a great scale, but one where we can at least
say that in many respects it was not a futile or empty sacrifice. It was one
that after all contributed to the saving of policital freedom and civilized and
decent political institutions.
In the First World War, there were at least a couple of occasions at
Vimy Ridge and at Ypres where the strength and courage of the Canadians
virtually could change the outcome of the war. If they had folded at that
moment, the German Empire would have conquered Europe. In the Second World War,
had they not shown the same kind of strength and determination on the Atlantic
protecting ships and overseas, the contribution was vital, including on the
Normandy beaches and including in the final conclusion of the war.
Therefore, we remember the occasion with sadness, but also with pride. I
hope we always do.
Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Alors, est-ce que la motion
présentée par M. le député d'Iberville, qui se lit
comme suit: «Que l'Assemblée nationale, à l'occasion du 75e
anniversaire de l'Armistice, exprime sa profonde gratitude envers ceux et
celles qui ont sacrifié leur vie pour servir la cause noble entre toutes
d'une paix fondée sur le respect des droits humains et de la
dignité inviolable des individus et des peuples», est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté à
l'unanimité. Nous sommes toujours aux motions sans préavis, et je
cède la parole à M. le député d'Abitibi-Ouest
et
leader adjoint de l'Opposition officielle. M. le leader adjoint.
(16 h 10)
Féliciter M. Jean-Pierre Saintonge,
nouveau président de l'Association
internationale des parlementaires
de langue française
M. Gendron: Oui, M. le Président, je voudrais que cette
Assemblée félicite chaleureusement son président, le
député de La Pinière, M. Jean-Pierre Saintonge, suite
à sa récente élection à titre de président
de l'Association internationale des parlementaires de langue
française.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion?
Une voix: Non.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je m'imaginais qu'il
était pour y avoir un consentement. Ha, ha, ha! Avec plaisir, M. le
député d'Abitibi-Ouest, je vous cède la parole.
M. François Gendron
M. Gendron: Alors, M. le Vice-Président, c'est avec
beaucoup de plaisir et avec un peu d'émotion que je voudrais, à
titre de vice-président de la section Québec de l'Association des
parlementaires de langue française, au nom de ma formation politique
ainsi qu'en mon nom personnel, féliciter chaleureusement le
président de l'Assemblée nationale du Québec, M.
Jean-Pierre Saintonge, pour sa récente élection comme
président de cette Association des parlementaires de langue
française, internationale, le 2 juillet dernier, à Libreville.
C'est pour le Québec un grand honneur; c'est également un grand
honneur pour la francophonie qu'un des nôtres occupe, pour la
première fois de sa courte histoire, le poste de président
international d'une association de parlementaires.
L'implication, M. le Président, de notre président au sein
de cette association et de la francophonie internationale s'est
accentuée au fil des ans, ce qui a amené un plus grand dynamisme
à la section Québec. M. Saintonge, avant d'être
président de l'Association internationale, a été
vice-président de cette même association, lors de la XVIIIe
Assemblée générale, et il fut un des membres les plus
actifs de la section Québec.
À ce titre, d'ailleurs, il a eu à parrainer et à
présider une série d'activités importantes, et je voudrais
juste en rappeler quelques-unes. Il faut savoir qu'ici, au Québec, le
président a été l'hôte de la XVe Assemblée
générale de l'Association des parlementaires de langue
française qui s'était tenue en septembre 1986; il a
parrainé la XVIIe Assemblée générale, les
admissions du Manitoba et de la Nouvelle-Ecosse lors de cette assemblée
générale au Manitoba; il a été très actif au
niveau de la région Amérique; il a accueilli deux bureaux, le
bureau étant une structure administrative de cette association
internationale, en mai 1978 et en août, de même qu'en septembre
1991; il a participé à de nombreuses réunions et à
plusieurs groupes de travail. Donc, je pense qu'il est important que cette
Assemblée nationale souligne l'honneur qui rejaillit sur chacun de ses
membres de compter, comme à la présidence de l'Assemblée
nationale, notre président à l'Association internationale des
parlementaires de langue française.
Donc, c'est avec beaucoup de fierté que nous devions, je pense,
souligner ce précédent historique, et je pense qu'il s'agit
là d'un honneur important pour l'ensemble des parlementaires du
Québec de savoir que leur président de l'Assemblée
nationale du Québec, et c'est un honneur pour tous les
Québécois, de savoir ? et Québécoises ?
de savoir que le président de l'Assemblée nationale du
Québec est aussi un président d'une grande association de
parlementaires de langue française, internationale, qui regroupe des
gens de l'Amérique, bien sûr, de l'Europe et de l'Afrique, sachant
que c'est de plus en plus nécessaire, au sein de la francophonie, de
promouvoir, je pense, cet intérêt international qui nous relie,
parce que l'objectif, pour ceux qui sont moins familiers avec l'Association des
parlementaires de langue française, c'est justement de faire la
promotion et la défense... de même que de créer des liens
démocratiques entre les diverses institutions et les peuples de la
francophonie.
Dans ce sens-là, je pense que, que notre président soit
président de l'Association internationale, c'est un honneur pour lequel
nous sommes tous fiers, et nous voulons féliciter notre
président, d'autant plus qu'il est présent cet après-midi
à cette séance.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest, de votre motion et de votre intervention
également.
Mme la députée de Saint-Henri.
Mme Nicole Loiselle
Mme Loiselle: Merci, M. le Président. Il me fait
extrêmement plaisir d'intervenir dans le cadre de cette motion visant
à féliciter notre président de l'Assemblée
nationale du Québec récemment élu à la
présidence de l'Assemblée internationale des parlementaires de
langue française.
C'est à l'occasion de la XIXe Assemblée
générale, qui s'est tenue à Libreville au Gabon, que notre
président fut élu à ce poste prestigieux. La tâche
qui revient à notre ami, M. Jean-Pierre Saintonge, est à la fois
lourde et valorisante; lourde, parce qu'il lui appartiendra de mener à
bien les initiatives prises depuis le Sommet des chefs d'État, qui avait
reconnu la vocation parlementaire de l'Assemblée internationale des
parlementaires de langue française; valorisante, parce que cette
association est étroitement liée aux grands débats
qui animent les continents, tout en s'inscrivant dans la foulée
de cette mondialisation, et qui se répercutent aussi bien dans nos vies
individuelles que dans nos vies collectives.
L'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française aborde de front divers problèmes comme le
développement, la poursuite de la coopération interparlementaire,
les politiques énergétiques, environnementales et autochtones et
tout autre sujet d'intérêt public qui caractérise nos
sociétés modernes. Il ne faut pas oublier non plus, M. le
Président, que les parlementaires participant à ce type de
travaux représentent, à eux seuls, plus de 130 000 000 de
personnes parlant français dans le monde.
Par cette élection à la présidence de
l'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française, notre président de l'Assemblée nationale du
Québec porte une importante responsabilité en ce qu'il devra
représenter les Québécoises et les Québécois
au sein de cette institution dont l'ampleur des problèmes
discutés et du suivi des dossiers consolideront la position du
Québec sur la scène internationale et, plus
précisément, au sein de la francophonie. Nos connaissances, nos
talents, nos richesses, nous les devons d'abord à ceux et celles qui ont
façonné le Québec tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Sans nul doute, M. le Président, que votre élection prolongera
cette détermination du Québec à mieux faire
connaître ses besoins et ses aspirations sur la scène
internationale, tout en consolidant notre position comme constituante
majoritairement francophone au sein de l'Amérique du Nord.
À titre de vice-présidente de l'AIPLF, section
Québec, et au nom de tous mes collègues de l'équipe
ministérielle, je vous dis, à vous, Jean-Pierre Saintonge:
Sincères félicitations et mille fois bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Saint-Henri. Sur cette même motion de M. le
député d'Abitibi-Ouest, je cède la parole à M. le
député de D'Arcy-McGee. M. le député, la parole est
à vous.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président. M. le Président,
c'est avec enthousiasme et également avec fierté que je joins ma
voix à celles des deux autres partis politiques
représentés ici, à l'Assemblée nationale, pour
féliciter notre propre président pour sa récente
nomination comme président de l'Association des parlementaires de langue
française, suite à la XIXe Assemblée
générale qui s'est tenue au Gabon, l'été
dernier.
L'AIPLF regroupe, comme ça a été mentionné,
45 Législatures sur 5 continents, représentant au moins 130 000
000 de personnes de langue française. Par conséquent, cette
nomination représente un pas important en avant pour notre province, qui
joue un rôle de premier plan dans la francophonie.
And I think we have to say with all honesty and with all pride that they
have made a good choice. Many speakers are sometimes caught up in controversy,
but we are very fortunate, in this Legislature, to have a speaker who goes
about his business quietly, who comports himself with dignity and honour. He
handles the job very pragmatically, he rarely loses his cool, and he exercises
his role with the utmost of fairness. And as a small caucus in the National
Assembly, we have nothing but praise for the speaker for the way he has always
helped our parliamentary grouping, has always been fair and given us the utmost
of respect whenever we have requested it.
So, I therefore congratulate you, Mr. Jean-Pierre Saintonge, on behalf
of our caucus. Best of luck, congratulations, and all of Québec should
be very proud of this nomination.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
Président de l'Assemblée nationale, mon collègue le
député de Frontenac se joint à moi pour souligner
l'excellence du travail que vous accomplissez au sein de cette association, et
il me fait plaisir de vous appuyer dans vos démarches pour l'association
des promoteurs de langue française.
Mise aux voix
Est-ce que la motion présentée par M. le
député d'Abitibi-Ouest, qui se lit comme suit: «Que cette
Assemblée félicite chaleureusement son président, le
député de La Pinière, M. Jean-Pierre Saintonge, suite
à sa récente élection à titre de président
de l'Association des parlementaires de langue française», est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté à
l'unanimité. Nous sommes toujours aux motions sans préavis. Je
cède la parole à M. le ministre des Transports.
(16 h 20)
Souligner le lancement de l'Opération Nez
rouge
M. Elkas: Merci, M. le Président. M. le Président,
je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de souligner le
lancement de la 10e édition de l'Opération Nez rouge, qui a
débuté hier, soit le 10 novembre 1993.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion? Consentement.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: M. le Président, à titre de ministre des
Transports et responsable de la Société de l'assurance
automobile du Québec, je désire présenter une
motion sans préavis pour souligner le lancement de la 10e édition
de l'Opération Nez rouge.
Comme vous le savez, M. le Président, l'Opération Nez
rouge est d'abord et avant tout une campagne de sensibilisation contre l'alcool
au volant pendant la période des fêtes; de façon plus
précise, du 10 décembre au 31 décembre, cette
année. Créée à Québec en 1984 par M.
Jean-Marie De Koninck, professeur de mathématiques à
l'Université Laval, l'Opération Nez rouge adopte une philosophie
fort simple: une certaine neutralité vis-à-vis de la consommation
d'alcool, mais la fermeté à l'égard de l'alcool au volant.
Ne conduisez pas si vous avez bu! Voilà le message qui est
véhiculé.
L'existence d'Opération Nez rouge est maintenant connue partout
au Canada et à travers le monde. Les résultats obtenus sont
impressionnants. À ce jour, 170 231 automobilistes ont fait appel aux
services de Nez rouge, qui seront offerts, cette année, dans 565
municipalités du Québec. Seulement en 1992, plus de 33 000
bénévoles ont raccompagné chez eux, en toute
sécurité, au-delà de 45 000 personnes. M. le
Président, grâce au support du gouvernement, la campagne Nez rouge
a pu s'étendre dans l'ensemble des régions du Québec.
Comme nous pouvons le constater, voilà un investissement qui
s'avère très rentable. Les retombées positives de cette
campagne sont nombreuses, et j'attire votre attention sur le
phénomène tout à fait exclusif à la campagne Nez
rouge. En effet, deux caractéristiques la distinguent de tout ce qui est
fait jusqu'à maintenant. D'une part, on retrouve à la source de
la popularité et de l'efficacité de Nez rouge son étonnant
pouvoir de mobilisation. Pensons seulement aux 33 000 personnes qui ont
accepté, en pleine période de festivités, d'utiliser leur
propre voiture pour accompagner chez eux, à toute heure du jour et de la
nuit, de purs inconnus.
D'autre part, nous devons retenir surtout que ces 33 000
bénévoles deviennent, par la force des choses, des conducteurs
encore plus convaincus et convaincants en ce qui concerne les dangers
reliés à la conduite avec les facultés affaiblies. La
campagne ne dure que trois semaines, et ses accompagnateurs
bénévoles sont conscients de l'importance d'adopter un
comportement responsable à l'alcool au volant, et ils contribuent ainsi
à promouvoir ce message de sécurité routière tout
le long de l'année.
Ceci, M. le Président, est une initiative que le gouvernement se
doit de continuer d'encourager. C'est pourquoi je profite de l'occasion qui
m'est offerte pour féliciter et remercier sincèrement les
organisateurs de 57 opérations Nez rouge. Je me dois aussi de souligner
l'apport inestimable des nombreux partenaires de l'Opération Nez rouge,
c'est-à-dire les services policiers de toutes les régions du
Québec ainsi que les représentants des différents
médias.
M. le Président, permettez-moi aussi de rendre hommage au
partenaire provincial de l'Opération Nez rouge, en l'occurrence, la
Société de l'assurance automobile du Québec, pour son
esprit de leadership en matière de lutte contre l'alcool au volant. Je
veux également souligner la contribution de nombreux commanditaires sans
qui l'Opération Nez rouge ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui.
Ceux-ci financent l'imposante structure logistique nécessaire pour
accueillir les bénévoles, pour leur offrir le gîte et le
couvert afin d'assurer un bon fonctionnement des communications.
I would like to inform this Assembly that our sister provinces, New
Brunswick, Alberta and British Columbia, have also joined in this important
campaign, and I salute them.
Je déclare donc ouverte la campagne Nez rouge 1993 et me fais le
porte-parole des membres de l'Assemblée nationale pour souhaiter un
franc succès de cette 10e édition. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Transports, de votre intervention et de votre motion. Je cède la
parole à M. le député de Jacques-Cartier sur cette
motion.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. I will not take much
time on this motion, but I did want to say something about it briefly. I am, of
course, happy, on behalf of my group, to strongly support the Minister of
Transport and his advocacy of the Nez rouge program. I would also like to add
that I think the effect on public attitudes of voluntary action and
organizations of this kind not only has the greatest promise for restricting
tragedy on the roads, but is a better alternative, in many cases, than blanket
legislation of a kind that could produce injustices of its own. We all know
there are extreme cases of the most appalling kind of drunken drivers where
they cause fatalities and produce not only anger, but a feeling, certainly
among the relatives of victims but to some extent in the society at large, that
harsher legislation across the board is somehow the means to deal with
this.
But it is not at all clear that that is the best means of going about
it. We know that, for example, although we have very large statistics for
death, mutilation, just general kinds of accidents on the roads where alcohol
is a factor, that a huge amount of that, of course, happens to the people
themselves who have chosen to drink to excess. A great amount more happens to
the people who are unwise enough to travel with them. We also know that it
would be virtually impossible, simply in statistical and practical terms, for
either the provincial police or the municipal police to consistantly, logically
and fairly apply some sort of ferocious ordinance that was entirely aimed at
keeping people entirely away from alcohol on the roads. It would have an ironic
consequence anyway, because the most destructive and dangerous drivers ignore
frequently license suspensions and even imprisonments while, of course, the
most law-abiding citizens
feel themselves constrained in ways that can produce problems of a
different kind.
It therefore is an excellent idea for everything possible to be done to
convince people, especially young people, that the question of their own
attitude and their own sense of moral responsibility is central in determining
whether or not we will have a reduction or an increase in the number of people
who die tragically on the roads as a result of alcohol. The program that the
Minister has put forward is certainly one of the best steps that has been made
in the right direction. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Nous sommes toujours sur le titre de
la motion présentée par M. le ministre des Transports, qui se lit
comme suit, «de souligner le lancement de la dixième
édition de l'Opération Nez rouge, qui débutait
officiellement hier, soit le 10 novembre 1993». Et je cède la
parole au porte-parole de l'Opposition officielle en cette matière, M.
le député de Lévis. La parole est à vous, M. le
député.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, ça me fait plaisir de
concourir à la motion du ministre des Transports pour souligner le
lancement de la 10e édition de l'Opération Nez rouge, qui
débutait officiellement hier, soit le 10 novembre 1993. Je
préfère beaucoup mieux, M. le Président, qu'on fasse une
inauguration en cette Chambre que d'être pris dans l'opération
«Surprise sur prise» après qu'on m'a fait croire que le
ministre était malade, que le ministre régional était
absent et qu'il n'y aurait personne de disponible. Je me pensais un peu mal
pris, parce que j'ai toujours pensé que c'était un ministre qui
ouvrait les Opérations Nez rouge chaque année. Alors, connaissant
le sérieux des gens qui dirigent l'Opération Nez rouge, jamais je
n'ai pensé un seul instant que je pouvais faire l'objet d'un montage.
(16 h 30)
Par ailleurs, ça m'avait fait plaisir de collaborer pour la
raison suivante: parce que je pensais que c'était une bonne affaire. Je
pense toujours que c'est une bonne affaire, et à chaque fois que je vois
une nouvelle dans le journal, voyant qu'une personne a été prise
en état d'ivresse, a blessé quelqu'un en état d'ivresse ou
a tué quelqu'un en état d'ivresse, il y a toujours au moins deux
familles qui sont dans la misère et qui ont des problèmes. La
sympathie va naturellement pour ceux qui sont victimes de l'accident: la
personne qui est morte, sa famille; souvent, le soutien de famille, ou un
enfant que les parents ont élevé avec beaucoup de coeur, et qui
voient partir ? comme j'ai vu des amis ? des enfants de 18, 19 ou 20
ans, victimes de quelqu'un qui avait trop fêté.
Souvent, on a beaucoup moins de sympathie pour la famille de celui qui
est la cause de l'accident, mais qui est pris dans le même
problème au fond. Il n'a pas choisi d'avoir... Souvent, un père
de famille qui a fêté plus que nécessaire, puis qui a
causé l'accident. Souvent, un moment ? je dis un moment ?
quelques heures de party...
Puis, qui n'a pas été dans ces circonstances-là?
Qui n'a pas été, M. le Président, dans ces
circonstances-là, un soir? Avoir fêté, et se dire que
ça aurait pu arriver à lui? Il y a peu de gens, dans le fond,
qui, à un moment ou l'autre de leur vie, n'ont pas conduit leur
automobile, dépassant ,08. Je n'en connais pas beaucoup. Quand on y
pense, on se dit que ça aurait pu arriver à chacun d'entre nous,
puis avoir une vie ou une carrière brisée, parce qu'une
imprudence a été commise.
C'est pourquoi l'Opération Nez rouge, à un moment
particulier, le temps des fêtes... Comme les traditions font qu'on
fête souvent en prenant un verre, qu'on appelle «une
santé», après trop de «santés», souvent,
on se retrouve dans des conditions qui font qu'on est moins en santé
pour conduire son automobile. Eh bien, il peut arriver des accidents.
L'Opération Nez rouge, au fond, vient combler...
On se demande comment ça se fait que les gens n'y ont pas
pensé avant, parce que, dans le fond, c'est très simple. Des gens
qui font du bénévolat, qui veulent rendre service, rendre un
grand service au fond à des gens qui, si l'Opération Nez rouge
n'existait pas, dans bien des cas, prendraient eux-mêmes leur automobile,
puis pourraient causer un accident, ou même s'ils ne causent pas
d'accident, être arrêtés par la police, perdre leur licence
et souvent perdre un gagne-pain.
C'est pourquoi je pense qu'il faut souligner avec raison le 10e
anniversaire, féliciter ceux qui ont été à
l'origine de l'idée, M. De Koninck. Je me rappellerai toujours, quand
j'allais vers ma... pas ma victime, c'est moi qui étais la victime. En
allant chercher Michèle Richard, ne sachant pas qui m'attendait comme
personne qui était supposée avoir pris un coup, j'expliquais
à M. De Koninck que, quand on est avec des gens qui ont pris un verre,
il faut être prudent. Ayant travaillé moi-même comme
étudiant dans un hôtel, je lui expliquais qu'il y a des gens qui,
quand ils ont pris un verre, deviennent très joyeux. Il y en a qui
s'endorment et il y en a qui ne sont pas drôles.
Je pense à tous ceux qui donnent du temps pour Nez rouge. Moi,
quand j'ai vu Michèle Richard, je me suis dit: C'est une vedette. Pour
moi, elle va avoir un caractère difficile! Tous ceux qui donnent du
temps, je pense qu'ils sont très généreux de leur temps,
mais aussi, parce que, quand ils acceptent de faire ce travail-là, ils
acceptent aussi de rencontrer des gens qui peuvent être joyeux, mais des
gens qui n'ont pas le vin joyeux non plus. Et ce n'est pas toujours
drôle, même pour des bénévoles, dans des
circonstances qui ne sont pas faciles, mais ils contribuent beaucoup dans leur
communauté à faire en sorte que la vie soit meilleure. Surtout,
ce qu'ils ne savent pas, parce que la prévention n'est jamais mesurable
vraiment, ils ne peuvent pas savoir combien de vies ils ont sauvées. Ils
ne peuvent pas savoir combien de familles ils ont sauvées. Combien de
familles ne
perdront pas un père, une mère ou un enfant, parce qu'ils
ont fait ce travail-là?
Moi, je souhaite que, cette année, on ait un record, qu'il n'y
ait aucun cas d'accident, puisque tout le monde qui a pris un verre de trop
utilise l'Opération Nez rouge, pour qu'on puisse dire, à la fin
des trois semaines: Opération parfaite, 100 sur 100!
Je vous remercie, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Est-ce que cette motion de M. le ministre des Transports
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Est-ce
qu'il y a d'autres motions sans préavis?
Avis touchant les travaux des commissions
Nous allons poursuivre les affaires courantes. Nous en sommes aux avis
touchant les travaux des commissions, et je reconnais M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, j'avise
donc cette Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 17 h 30, à la salle du Conseil législatif, la
commission des institutions poursuivra l'étude détaillée
du projet de loi 106, Loi sur l'aide et l'indemnisation des victimes d'actes
criminels.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, votre avis est
déposé.
Je vous avise qu'aujourd'hui, le jeudi 11 novembre 1993, la commission
de l'aménagement et des équipements se réunira,
après les affaires courantes jusqu'à 18 heures à la salle
Louis-Joseph-Papineau. L'objet de cette séance est d'entendre les
dirigeants de la Société de l'assurance automobile du
Québec, du ministère de la Santé et des Services sociaux
et de la Régie de l'assurance-maladie du Québec sur le projet de
décret prévu à l'article 155.3 de la Loi sur l'assurance
automobile.
Je vous avise également qu'aujourd'hui, le 11 novembre, la
commission de l'économie et du travail se réunira, après
les affaires courantes jusqu'à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine. L'objet de cette séance est de
procéder à la vérification des engagements financiers du
ministère des Forêts contenus dans les listes des mois
d'août 1992 à septembre 1993.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Alors, je vous rappelle que l'interpellation de demain, le vendredi 12
novembre 1993, portera sur le sujet suivant: La réforme de
l'enseignement primaire et secondaire. M. le député de
Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition officielle s'adressera alors à
Mme la ministre de l'Éducation.
Je vous avise que l'interpellation de la semaine prochaine, qui se
tiendra le vendredi 19 novembre 1993, portera sur le sujet suivant: l'avenir de
la région de Montréal. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve s'adressera alors au président du Conseil du
trésor et ministre responsable de la région de
Montréal.
Alors, ceci termine les affaires courantes.
Affaires du jour
Nous allons passer maintenant aux affaires du jour. M. le leader du
gouvernement, s'il vous plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
vous demande d'appeler l'article 8 du feuilleton.
Projet de loi 120 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 8, M.
le ministre délégué à l'Agriculture, aux
Pêcheries et à l'Alimentation propose l'adoption du principe du
projet 120, Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits
marins et les aliments. M. le ministre délégué aux
pêcheries.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Alors, M. le Président, c'est avec
beaucoup d'intérêt que je vous propose aujourd'hui le projet de
loi 120 qui vient modifier la Loi sur les produits agricoles, les produits
marins et les aliments. Cette loi, qui date de 1974, encadre de façon
réglementaire toutes les activités de préparation et de
manutention des produits agricoles et des aliments et, depuis 1981, des
produits marins. Elle fixe, d'autre part, les pouvoirs du ministre en
matière de délivrance des permis et stipule les amendes
imposées aux contrevenants.
Différentes raisons, notamment le contexte actuel de l'industrie
des pêches et la démarche entreprise particulièrement
depuis deux ans pour trouver des solutions au problème
d'approvisionnement des usines nous amènent à modifier la loi
pour, d'une part, clarifier la notion d'intérêt public en vertu de
laquelle le ministre exerce son pouvoir discrétionnaire et, d'autre
part, ajuster le régime des amendes pour le rendre plus juste et
équitable, en tenant compte de la gravité des contraventions et
du caractère plus exemplaire requis lors des récidives.
La modification importante touche naturellement la précision de
la notion d'intérêt public qui a un impact direct sur la
capacité qu'a l'État de contribuer à la stabilisation de
l'industrie des pêches ainsi que d'assurer la prospérité et
l'équilibre économique des régions maritimes du
Québec. Dans un contexte où l'industrie est directement
tributaire des ressources disponibles et du
plan de pêche annuel du fédéral qui en
découle, il devient impératif d'actualiser la loi pour permettre
une gestion efficace des permis, adaptée en fonction des plans de
pêche annuels.
J'aimerais donc vous entretenir, dans un premier temps, du contexte
légal pertinent à ce projet de loi, ensuite des actions
entreprises par l'État au cours de la dernière décennie
et, finalement, de l'importance de clarifier la notion de
l'intérêt public. À la fin de mon exposé, je
toucherai les modifications au régime des amendes. (16 h 40)
C'est dans le cadre de la Loi sur les produits agricoles, les produits
marins et les aliments, sauf pour les produits laitiers et leurs
succédanés, que le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation surveille le secteur alimentaire au
Québec. Il exerce notamment ses contrôles sur les
établissements qui détiennent, préparent, vendent ou
servent des aliments par un régime de permis. En vertu de l'article 10
de la loi, le ministre peut exercer une discrétion
d'intérêt public pour refuser la délivrance d'un permis ou
assujettir la délivrance à toute condition ou restriction qu'il
détermine. Cette disposition impliquant un volet réglementaire et
un volet discrétionnaire s'applique à tous les permis prescrits
par l'article 9. Sa portée vise donc le secteur des produits marins et
d'eau douce et s'applique également aux autres secteurs industriels et
commerciaux régis par la Loi sur les produits agricoles, les produits
marins et les aliments.
Depuis 1982, notamment, la délivrance des permis d'usines de
transformation ou de préparation de produits marins par le Québec
s'est faite en vertu de la loi P-29, et la notion d'intérêt public
s'est toujours appuyée sur des critères socio-économiques.
Les quatre ministres qui m'ont précédé depuis 1982 ont
exercé le pouvoir discrétionnaire inscrit à l'article 10
en tenant compte des aspects socio-économiques.
M. le Président, la notion d'intérêt public a
évolué, au cours de la dernière décennie, en
fonction du contexte global auquel faisait face le secteur des pêches. La
situation qui prévalait de 1982 à 1985 était bien
différente de celle de 1985 à 1988 et, naturellement, de celle
que nous vivons depuis 1989. Mes prédécesseurs ont, de leur
côté, encadré leur discrétion par des directives
administratives publicisées ou non. Pour ma part, devant la
détérioration continue des approvisionnements et la multitude de
demandes de permis d'usines, il m'est apparu nécessaire de rendre public
et transparent notre cheminement en ce qui concerne la délivrance des
permis de transformation de produits marins, ce qui fut fait le 1er septembre
1992.
Par la suite, une consultation générale sur
l'amélioration de l'approvisionnement des usines de transformation des
produits marins a été menée auprès de la
clientèle. Un rapport final m'a été remis en janvier 1993,
et, parmi les neuf recommandations du comité Bourque, la première
consistait en une rationalisation des usines afin de distribuer
l'approvisionnement à un nombre plus restreint d'entreprises
performantes et ainsi d'assurer à ces dernières une certaine
rentabilité. Il est donc clair que les intervenants sont favorables
à un contrôle plus efficace de l'émission des permis.
Par ailleurs, depuis 1982, les séries ininterrompues de reculs
économiques déclenchées dans le secteur soit par des
baisses de prix sur les marchés, soit par la diminution dans les
débarquements ou soit par une combinaison de ces deux
éléments ont considérablement affaibli la capacité
financière du secteur tout entier. En effet, l'érosion continue
des débarquements québécois de poisson de fond et plus
particulièrement de morue a profondément
déstabilisé ce secteur. S'ajoutent à cela la chute des
débarquements de crabe semi-hauturier en Gaspésie et aux
îles et celle du crabe côtier sur la Basse-Côte-Nord. De
plus, il est important de souligner le réajustement à la baisse
des prix du poisson de fond en 1988, celui de la crevette nordique qui dure
depuis 1987, celui du crabe en 1989 et, naturellement, celui du homard en
1990.
Les impacts sont majeurs sur l'emploi en usine en régions
maritimes. Dans le cas de la morue seulement, les débarquements
québécois passent de 41 000 tonnes en 1985 à un maximum de
3500 tonnes en 1993, soit la présente saison. Les prévisions pour
les prochaines années sont encore réduites, et la fermeture de la
pêche à la morue dans le golfe pour plusieurs années est
fortement envisagée. Pour cette seule espèce, le nombre d'emplois
en usine exprimé en emplois saisonniers de 10 semaines est ainsi
passé de 3485 en 1985 à 291 en 1993, soit une chute de 91 %.
Donc, nous sommes à 9 % de l'emploi de 1985, dans la morue plus
particulièrement.
Globalement, pour l'emploi total des activités de transformation
de nos débarquements, le résultat est tel qu'en fin de saison
1993 le niveau de l'emploi total en usine sera exactement la moitié de
ce qu'il était en 1985. Exprimé en emplois saisonniers de 10
semaines, le nombre passe de 9002 qu'il était en 1985 à 4573 en
1993.
A la suite de l'effondrement des prix pour le poisson de fond en 1988,
l'industrie de la transformation montre sa vulnérabilité,
caractérisée notamment par un fractionnement de l'offre, la
diminution constante des approvisionnements et la surcapacité massive de
transformation. Dans ce contexte, le MAPAQ a mis en place, entre autres,
différentes mesures visant le regroupement de l'offre dans le secteur de
la transformation, un resserrement des critères d'application de la
règle de l'intérêt public, en avril 1989, et diverses
initiatives de rationalisation du secteur industriel, qu'il s'agisse du
salé-séché en 1990, ou du frais-congelé en
1991.
Chez nos voisins de l'Atlantique, les gouvernements provinciaux font le
même constat de surcapacité. Ils ont pris diverses mesures
centrées sur le contrôle de la délivrance des permis
d'usines. Certaines ont soit annoncé un moratoire, comme la
Nouvelle-Ecosse et Terre-Neuve, soit refusé systématiquement tout
nouvel intervenant, comme le Nouveau-Brunswick.
Le gouvernement fédéral a fait largement écho
à
cette situation de surcapacité généralisée
dans lEst canadien, et a demandé aux gouvernements provinciaux d'exercer
les pouvoirs qu'ils détiennent pour rétablir l'équilibre
qui s'impose. Ce geste s'inscrit dans les mesures nécessaires
d'adaptation des pêches de l'Atlantique, suite aux différentes
réductions ou moratoires. au québec, entre 1988 et 1992, le
nombre d'usines en région maritime est passé de 70 à 52,
soit une diminution nette de 18 usines, ou 26 %. il importe de souligner que,
malgré cet effort de restructuration, l'équilibre entre la
disponibilité de la ressource, la capacité de capture et de
transformation n'est toujours pas atteint. en 1992, les usines ont
traité 62 742 tonnes de poisson, soit environ 40 % de leur
capacité théorique de transformation, alors qu'elles
étaient autorisées à en traiter plus de 93 154 tonnes. ce
tonnage autorisé est d'ailleurs encore très inférieur
à la capacité théorique des 52 usines en opération
au cours de 1992, qui est supérieure à 155 000 tonnes.
D'autre part, tant les capacités théoriques que les
volumes autorisés ou permis dépassent largement les niveaux de
débarquement actuels et ceux prévus par les avis scientifiques
pour les prochaines années. La situation globale nécessite donc
une gestion serrée de la délivrance des permis. Plusieurs de nos
52 usines en région maritime connaissent ainsi des difficultés
financières majeures, et l'État a dû intervenir constamment
au cours des dernières années. Leur capacité d'emprunt
pour des projets de diversification est presque inexistante et les risques de
faillite sont élevés. Toute nouvelle demande de permis va donc
être considérée en tenant compte de ce contexte. Il est
aussi primordial d'éviter les déplacements d'emplois par de
nouveaux projets qui se réaliseraient au détriment des
activités des usines déjà existantes.
Par ailleurs, le recours constant aux diverses formes d'aide
financière du gouvernement montre à quel point le secteur
industriel maritime est dépendant du support de l'État. Rares
sont les entreprises qui génèrent un rendement sur investissement
satisfaisant, et encore plus rares sont celles qui ont réussi à
conserver une marge de manoeuvre suffisante pour s'attaquer seules, ou en
association avec d'autres, pour poursuivre des initiatives de
diversification.
Depuis 1982, l'État a investi près d'une centaine de
millions de dollars sous forme de subventions, de capital-actions et de
garanties de prêts pour aider les entreprises de transformation à
se moderniser, à se normaliser et à se maintenir en
opération. Le privé a aussi beaucoup investi. (16 h 50)
Ce chiffre ne tient pas compte du support financier apporté aux
flottes de pêches québécoises. Il est donc important de
placer le niveau de ces investissements en parallèle à celui de
la valeur des expéditions qui se situent, en moyenne, à 175 000
000 $ par an au cours des dernières années.
Des efforts concrets et majeurs ont ainsi été consentis,
tant par l'industrie que par l'État pour ratio- naliser le secteur des
pèches depuis 1989. Le présent projet de loi permet donc de
consolider ces efforts. Dans un contexte de rareté de la ressource, et
encore plus depuis la fermeture de la pêche à la morue dans le sud
du golfe à la fin du mois d'août et des annonces de forte
diminution de contingent de poisson de fond, il est de plus en plus
approprié d'exercer un contrôle serré des capacités
de transformation, principalement par le biais des permis, tant lors de leur
délivrance que lors de leur renouvellement.
Il ne faudrait pas, M. le Président, que les industriels du
poisson de fond se rabattent et envahissent les autres secteurs industriels de
la crevette, du crabe ou du homard et ainsi les déstabilisent compte
tenu de la limitation des débarquements dans ces espèces. La
délivrance des permis en région maritime s'avère donc une
question critique, d'autant plus que l'approvisionnement provient d'une
ressource en déclin et que c'est l'une des rares activités
économiques des régions concernées.
Il m'apparaît donc impératif de continuer à encadrer
l'implantation d'entreprises de transformation par la délivrance des
permis. Cette délivrance doit nécessairement tenir compte des
aspects socio-économiques pour assurer le secteur industriel d'un
équilibre minimal entre les ressources disponibles, la capacité
de capture et la capacité de transformation.
M. le Président, permettez-moi de souligner que, par souci de
transparence et de vulgarisation et pour préciser davantage les
règles du jeu relatives à la délivrance des permis dans le
contexte difficile actuel, je rendais publique il y a plus d'un an la politique
de délivrance des permis de transformation des produits marins. Celle-ci
comporte trois volets: Premièrement, les critères qui sont
retenus lors de l'analyse; deuxièmement, les orientations
ministérielles qui guident l'interprétation des critères;
et, troisièmement, le processus administratif créant un
comité d'analyse et précisant le cheminement d'une demande.
Les critères opérationnels de la règle de
l'intérêt public, M. le Président, sont les suivants; on
les retrouve au nombre de 11, soit: les sources d'approvisionnement; la nature
des opérations; la capacité de traitement; les
débouchés disponibles sur le marché
québécois ou extérieur; la prévention des dangers
d'insalubrité; l'équilibre technico-économique à
maintenir; la rentabilité; l'innovation technologique; la protection de
l'environnement; les infrastructures publiques; la capacité
opérationnelle de l'exploitante ou de l'exploitant. Les critères
d'application de la règle de l'intérêt public constituent
des guides, des paramètres ou des repères indicatifs servant de
base ou de référence dans l'analyse des demandes et la prise de
décision finale.
Quant à la considération des orientations
ministérielles, deux régions ont été
identifiées pour les fins de l'intérêt public des produits
marins, soit la région maritime et la région intérieure.
Le secteur de la transformation des produits marins en région maritime
est caractérisé par une surcapacité, un manque de
diversification et un éparpillement tout le long du littoral. Le secteur
et
les régions maritimes doivent pouvoir compter sur une structure
industrielle rentable, capable de rivaliser avec la concurrence internationale,
mais aussi de desservir adéquatement les pêcheurs du
Québec. La politique de délivrance des permis doit donc supporter
les actions de restructuration et de consolidation de l'industrie, mais aussi
en permettre le développement et le progrès.
Pour atteindre ces objectifs, certaines orientations doivent sous-tendre
nos interventions et sont retenues pour l'application de la règle de
l'intérêt public. Ainsi, la transformation doit se faire autant
que possible dans la région immédiate des sources
d'approvisionnement. Nous favorisons également le regroupement
d'opérations existantes pour consolider un secteur ou pour diversifier
les activités des entreprises qui sont touchées. Par ailleurs,
tout en s'assurant de la rentabilité intrinsèque de nouveaux
projets ainsi que de la capacité opérationnelle d'un nouvel
intervenant, il est essentiel d'attribuer en priorité les nouvelles
activités à des entreprises existantes afin de consolider les
emplois et d'assurer la rentabilité des projets.
Pour ce qui est de l'exercice, par le ministre, de la compétence
décisionnelle en regard de la règle de l'intérêt
public, elle exige, au préalable, l'exécution d'attributions
matérielles consistant dans la recherche, l'étude, l'analyse et
l'évaluation d'éléments factuels, économiques,
techniques et scientifiques et dans l'examen ou l'audition des
représentations de l'entreprise, permettant de déterminer
l'application de cette règle lors d'une demande de délivrance
d'un permis.
Il y a donc lieu, à cet effet, de constituer le Comité de
l'intérêt public des produits marins. Ce comité analyse,
informe la clientèle et fait rapport de son avis au ministre sur les
éléments lui permettant d'appliquer la règle
d'intérêt public à la demande de délivrance d'un
permis. Le comité est constitué pour une période de trois
ans. Il est composé d'une présidente ou d'un président et
de six membres, dont quatre proviennent ou ont une vaste connaissance des
régions maritimes québécoises, soit: M. Jean Carbonneau,
de Gaspé, qui est le directeur de la Direction de la recherche et des
services techniques du MAPAQ; M. Lucien Poirier, de Gaspé
également, directeur de la Direction du développement et des
activités régionales; M. Claude Rioux, de Chandler, adjoint
à la déléguée régionale du
Secrétariat aux affaires régionales; et M. Bernard Biais, de
Québec, expropriétaire de l'entreprise Primonor,
ex-président de la société des pêches Nova-Nord,
ex-président du Conseil canadien des pêches et président
fondateur de l'Association québécoise de l'industrie de la
pêche. Autant de gens, M. le Président, qui ont une excellente
connaissance du secteur des pêches et des régions maritimes en
particulier.
Les demandes référées au secrétariat du
Comité de l'intérêt public pour analyse sont
évaluées par le comité. Ce dernier peut décider de
transmettre un avis positif au ministre afin que celui-ci puisse émettre
un permis selon la loi. Il peut également décider de ne pas
recommander une demande. Il en avise alors officielle- ment le demandeur ou la
demanderesse.
En cas de recommandation négative du comité, la
demanderesse ou le demandeur est avisé par écrit et est
invité à se présenter au comité s'il le
désire. Il ou elle dispose d'un délai de 21 jours ouvrables,
à compter de l'envoi de cet avis, pour confirmer son
intérêt à une entrevue au cours de laquelle il ou elle peut
être accompagné de conseillers. Au terme de cette entrevue, le
comité prépare son avis final.
Si le demandeur ou la demanderesse ne s'est pas prévalu de la
possibilité d'une entrevue dans le délai prescrit de 21 jours
ouvrables, l'avis est transmis au ministre qui rend sa décision.
En conclusion, cette politique répond à deux objectifs
principaux, soit le principe de l'encadrement rigoureux d'une discrétion
ministérielle pour empêcher l'arbitraire et respecter le principe
de l'équité procédurale.
Je me permets, M. le Président, de préciser que la
discrétion ministérielle d'intérêt public se fonde
sur des facteurs d'ordre socio-économique depuis maintenant 10 ans, sans
toutefois y être conférée dans la loi. Cette situation,
d'ailleurs, a amené un requérant pour un permis à recourir
au tribunal à la suite d'une décision défavorable. Cette
cause est encore pendante, mais n'est pas visée par l'actuel projet de
loi.
D'autre part, la loi ne prévoit pas, lors du renouvellement de
permis, l'ajustement ou l'adaptation des conditions ou restrictions
fixées lors de la délivrance, pour tenir compte des changements
apportés aux opérations par l'entreprise et de ceux relatifs
également au contexte évolutif et changeant du secteur des
pêches. Le ministre ne peut donc pas, par exemple, ajuster les volumes
attribués en fonction de la ressource disponible. D'ailleurs, je
rappelle que, dès le début de l'application de la
discrétion d'intérêt public, le MAPAQ et le ministre
responsable ont tenu compte principalement, voire même exclusivement, des
critères socio-économiques. La politique de délivrance des
permis du 1er septembre 1992 réitérait et précisait
clairement cette réalité.
La consultation générale du secteur au cours des six
derniers mois de 1992, sous la problématique de l'approvisionnement des
usines, a aussi confirmé la nécessité d'une telle loi. Le
fait de rejeter les facteurs d'ordre socio-économique dans l'application
de la règle de l'intérêt public aurait un impact
négatif majeur, tant sur l'industrie que sur l'ensemble de
l'économie des régions maritimes québécoises. (17
heures)
En fait, toutes les usines pourraient ignorer immédiatement les
conditions ou restrictions inscrites à leur permis, qui sont presque
toutes à caractère socio-économique. À court terme,
tout promoteur disposant d'installations conformes aux normes
réglementaires pourrait prétendre obtenir un permis, et cela
à la grandeur du territoire québécois, sans tenir compte
de la surcapacité existante et sans donner nécessairement
préséance aux régions maritimes. Rien n'empêcherait
ainsi le transfert vers Montréal ou d'autres régions ou d'autres
centres urbains
de produits marins non transformés, privant alors les
régions maritimes d'emplois précieux. Les conséquences
seraient dévastatrices pour un secteur à la recherche de son
équilibre et pour des régions cherchant à consolider leur
base socio-économique. En effet, on modifierait de façon majeure
les règles du jeu acceptées par l'industrie. Il est donc
préférable, dans le contexte actuel, face à une situation
de diminution dramatique de la ressource, de préciser hors de tout doute
la portée socio-économique de la notion de l'intérêt
public. Il est aussi approprié de faire porter le pouvoir
discrétionnaire du ministre non seulement au moment de la
délivrance, mais aussi au moment du renouvellement de permis.
La solution consiste donc à modifier la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments dans le but de préciser
et d'encadrer davantage le pouvoir discrétionnaire du ministre en
inscrivant explicitement la dimension socio-économique dans la
portée de l'intérêt public, non seulement lors de la
délivrance des permis, mais aussi pour être conséquent lors
du renouvellement annuel.
En ce qui concerne la mise en oeuvre de cette discrétion, la
politique de délivrance des permis d'usine précise
déjà de façon très claire cette dimension, et il
n'y aura pas de changements à y apporter. Il s'agirait alors seulement
d'ajouter à la politique de délivrance des permis d'usine de
transformation actuellement en vigueur une section relative à la gestion
des conditions et des restrictions inscrites aux permis existants lors du
renouvellement. De plus, sauf pour la cause pendante devant les tribunaux, la
modification confirmerait tous les permis en vigueur avec leurs conditions ou
restrictions et les refus résultant de l'appréciation par le
ministre ou le ministre délégué de l'intérêt
public en fonction des facteurs socio-économiques.
Diverses consultations ont eu lieu avec l'Association
québécoise de l'industrie de la pêche. Cette
dernière demande le maintien et un contrôle plus rigoureux de la
délivrance et de la gestion des permis. C'est d'ailleurs une des
recommandations contenues dans le rapport du comité Bourque qui m'a
été remis en janvier dernier. La plupart des industriels ont fait
des investissements, certains récents, dans le contexte où les
règles du jeu actuelles étaient maintenues, et, naturellement,
demandent la poursuite de la politique actuelle, voire même qu'elle soit
resserrée.
En regard de la discrétion ministérielle
d'intérêt public, le projet de loi 120 permet donc au MAPAQ de
poursuivre ses interventions jugées essentielles dans l'actuelle phase
de restructuration de l'industrie des pêches. Ce projet de loi, M. le
Président, découle donc de la responsabilité du
gouvernement du Québec d'intervenir au niveau du contrôle de la
transformation des produits de la pêche en s'assurant que l'ajout de
nouveaux intervenants se fasse dans une perspective de rentabilité, en
tenant compte de critères socio-économiques précis et
conformes à la réalité des régions et du
secteur.
En ce qui concerne le régime des amendes, il faut souligner que
les ajustements proposés dans le projet de loi, des montants d'amendes
n'ont pas été actualisés depuis 1990 en fonction de la
gravité des infractions, des risques pour la santé des
consommateurs et du caractère opérationnel des sanctions. Plus
spécifiquement, les amendes pour les personnes morales sont beaucoup
plus sévères que pour les individus, et les amendes relatives aux
permis sont uniformes et ne tiennent pas compte de la nature des permis. Il est
important de noter que jusqu'à maintenant les détaillants et les
restaurateurs étaient traités pour la même offense de la
même façon qu'un industriel. Le projet de loi corrige ce
déséquilibre et tient compte du contexte différent sans
pour autant amenuiser le caractère punitif des amendes. Il s'agissait en
quelque sorte de le doser.
Les modifications des amendes incluses dans ce projet de loi permettent
d'apporter une équité selon la gravité de l'offense et,
naturellement, de traiter la récidive avec exemplarité. Ainsi,
dans le cas des dispositions pénales, il y a lieu d'appliquer les
mêmes amendes aux personnes morales et aux individus, de les diminuer
pour certains permis, entre autres pour les permis de restauration et de vente
au détail, et de les actualiser globalement en fonction de la
gravité des infractions. Il est estimé qu'une intervention
pénale énergique et adaptée auprès des
restaurateurs et détaillants en alimentation qui ne respectent pas le
régime de permis est nécessaire pour les inciter à obtenir
le permis requis.
En conclusion, M. le Président, et pour les raisons
invoquées précédemment, je demanderais à cette
Chambre de recevoir ce projet de loi et d'y apporter toute la diligence pour
son adoption. Et je m'en voudrais, M. le Président, de ne pas terminer
en vous indiquant jusqu'à quel point, à mon humble avis, ce
projet de loi représente une pièce maîtresse pour le
développement du secteur des pêches au Québec, et plus
particulièrement pour le besoin exprimé, pour la sauvegarde et le
maintien, et voire la croissance de nombreux emplois dans les
différentes régions maritimes du Québec. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
délégué à l'Agriculture, aux Pêcheries et
à l'Alimentation. Je rappelle aux membres de cette Assemblée que
nous en sommes à l'adoption du principe du projet de loi 120, Loi
modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments. Et je cède la parole à M. le député de
Duplessis. M. le député, la parole est à vous.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Dans le cadre de ce
projet de loi que nous discutons aujourd'hui au salon bleu de
l'Assemblée nationale, je voudrais mentionner une chose qui est tout de
même assez cocasse. Nous avons un projet de loi 120 concernant la loi qui
modifie la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments,
et en particulier dans le domaine des pêcheries, en ce qui concerne ce
projet de loi, et on
réalise que, sur neuf articles, il y en a quatre qui concernent
directement le ministre délégué aux Pêcheries et il
y a cinq articles qui concernent le ministre de l'Agriculture. Et,
là-dessus, on peut se demander lequel des ministres est vraiment
responsable du domaine des pêcheries. Est-ce que c'est le ministre
délégué aux pêches ou est-ce que c'est le ministre
de l'Agriculture? M. le Président, à cause de la façon
pernicieuse dont est introduite dans ce projet de loi une version
élargie du critère de l'intérêt public, basée
notamment sur les facteurs socio-économiques, nous ne pouvons en appuyer
le principe. Les motifs de l'Opposition sont les suivants.
Premièrement, de toute évidence, ce projet de loi vise en
grande partie à réparer la gaffe commise par le ministre au mois
de décembre 1992 lorsque, pour toutes sortes de raisons, politiques ou
autres, il avait refusé d'émettre un permis aux Courtier J.D.
& associés pour l'opération d'une usine à
Saint-Joachim-de-Tourelle. Ces derniers ayant poursuivi le ministère, le
tribunal a conclu, lors d'un jugement rendu en mai dernier, que le ministre
avait outrepassé de façon arbitraire l'objectif de la loi
elle-même en basant sa décision sur des critères autres que
ceux de la qualité et de la salubrité des éléments
transformés, tel que le prescrit le projet de loi actuel, non pas le
projet de loi amendé, mais le projet de loi actuel.
Deuxièmement, les deux premiers alinéas de l'article 7 et
l'article 8 du projet de loi contiennent des dispositions rétroactives
qui sont tout à fait inacceptables dans une société
démocratique et qui confirment l'incompétence de ce gouvernement
en tant que gestionnaire responsable du domaine des pêcheries.
Rappelez-vous le tollé qu'avait provoqué la disposition du budget
du ministre des Finances, annoncée en mai dernier, mettant en place deux
nouvelles taxes rétroactives au mois de janvier 1993, même si
elles n'entraient en vigueur qu'au mois de juillet de la même
année.
Troisièmement, le projet de loi ne vient que confirmer
l'élargissement du pouvoir discrétionnaire du ministre,
déjà considérable, dont il jouissait en vertu de la loi
actuelle, élargissement qu'il tenait d'ailleurs comme acquis par la
parution de sa politique de délivrance des permis en septembre 1992,
c'est-à-dire le 1er septembre. Il faut souligner que l'introduction,
pour la première fois, des critères socio-économiques
soulevait déjà des craintes à l'époque, même
au sein de l'AQIP, quant aux pouvoirs nettement accrus que s'arrogeait
officiellement le ministre dans sa politique de délivrance.
Quatrièmement, l'introduction des facteurs
socio-économiques par le biais de l'article 1 du projet de loi, visant,
en principe, à encadrer les pouvoirs du ministre, n'empêchera
aucunement celui-ci d'agir de façon arbitraire s'il le désire
bien. L'insertion du mot «notamment» avant
l'énumération des 10 facteurs indique qu'il ne s'agit pas
d'éléments exclusifs d'appréciation, ce qui confirme que
le ministre pourra aussi baser sa décision d'émettre ou de
refuser un permis en considération de facteurs additionnels dont il
pourra juger de l'opportunité en toute liberté. (17 h 10)
Et, M. le Président, je voudrais vous souligner ici que, dans la
politique de délivrance des permis, je me reporte à la Politique
ministérielle de délivrance des permis d'exploitation
d'établissement de préparation de produits marins ?
c'est-à-dire à la page 6 de son document de septembre dernier, et
je cite: «6.3 Motifs opérationnels énoncés. Ces
critères doivent être appliqués à chaque demande de
permis prise dans son individualité en tenant compte, dans son
étude et son évaluation, de tous les éléments
factuels, économiques, techniques et scientifiques pertinents et
appropriés de sorte que chaque demande soit examinée à son
mérite et fasse l'objet d'une décision particulière prise
en fonction notamment de l'application de l'ensemble ou d'une partie de ces
critères à chaque cas d'espèce.»
Alors, M. le Président, tout ça pour vous dire que la
politique de délivrance des permis qui était établie le
1er septembre 1992 a fait en sorte qu'il s'est créé un imbroglio
au cours d'une année. Et le projet de loi que nous avons devant nous
actuellement, c'est pour, justement, corriger l'incurie du gouvernement,
puisqu'il y a des permis qui ont été émis, il y a des
permis qui n'ont pas été émis. Ce n'était pas
conforme à la loi actuelle, et c'est la raison fondamentale pourquoi on
a un projet de loi devant nous, ici même, à cette Assemblée
nationale.
Et, M. le Président, lorsqu'on mentionne dans la loi le mot
«notamment», dans l'article que j'ai mentionné tout à
l'heure, je voudrais rappeler aux gens d'en face ce qui est arrivé au
fameux mot «notamment», lorsqu'il y a eu la fameuse question de
l'accord du lac Meech. Puis, là, on se ramasse encore une fois, à
l'intérieur d'un de nos projets de loi, avec un mot qui va porter
à confusion, parce que le ministre va pouvoir ajouter comme il le veut
bien, son gouvernement va pouvoir ajouter comme il le veut bien, à peu
près n'importe quoi quant au caractère socio-économique
qu'il voudra imposer à l'ensemble des personnes et des entreprises qui
voudront obtenir des permis dans le cadre de la transformation des produits de
la mer.
M. le Président, je continue: «5° De même il
appert que l'interprétation qu'on peut donner à certains des
facteurs socio-économiques est très aléatoire. Quelle est
la signification profonde des facteurs comme l'innovation technologique, le
développement régional, etc.? Dans la même veine, ont-ils
tous le même degré d'importance dans l'évaluation du
critère de l'intérêt public? «6° Rien dans ce
projet de loi n'accorde l'existence légale, ni ne reconnaît la
nécessité d'avoir un comité d'intérêt public
impartial, qui ne serait pas bondé de fonctionnaires à la solde
du ministre ou du gouvernement, et dont le mandat consisterait à faire
autre chose qu'à lui donner des avis strictement
consultatifs.»
Et, selon ce que je vois actuellement dans le processus
d'émission des permis, c'est toujours le ministre qui a le dernier mot,
malgré les décisions qui sont prises par le comité en
question, c'est-à-dire le comité d'intérêt
public.
Et, M. le Président, là-dessus, je voudrais revenir
sur la politique du ministre, en date du 1er septembre dernier, et je
cite: «Constitution du comité. Le ministre
délégué à l'Agriculture, aux Pêcheries et
à l'Alimentation, responsable des pêcheries au Québec,
constitue en vertu de l'article 2 de la loi du ministère le
Comité d'intérêt public des produits marins pour effectuer,
selon la règle de l'intérêt public, l'analyse des demandes
de délivrance de permis d'exploitation d'établissements de
préparation de produits marins.
Je continue; je cite: «Ce comité est constitué pour
une période de trois ans.» Et, à l'article 4 de la page 3
de sa politique: «Composition du comité. Le comité est
composé d'une présidente ou d'un président et de quatre
membres.» Et, plus loin, on y rencontre: «La présidente ou
le président et les quatre membres ont droit de vote. Le quorum est
fixé à trois membres, incluant la personne qui agit comme
président.»
Alors, M. le Président, je viens d'écouter le ministre,
c'est-à-dire l'intervention du ministre, qui nous parlait, justement,
des personnes qui faisaient partie de ce comité. Ici, j'ai une lettre
qui remonte au 14 octobre 1992, qui mentionne cinq noms qui font partie du
comité. Et je lis une partie de cette lettre-là: «Voici,
tel que demandé, la liste des membres du comité
d'intérêt public des produits marins.» C'était
adressé à un membre de mon personnel politique. Laval Poulin,
président, fonctionnaire; Lucien Poirier, Jean Carbonneau,
fonctionnaires; Michel Lemay, aucune idée, Jean-Yves Joannette, aucune
idée. Et, ça, c'était en date du 14 octobre 1992.
Et, en date d'hier, chose quand même cocasse, c'est que la
politique du ministre souligne cinq membres: un président ou une
présidente et quatre membres. Et, en date d'hier, je reçois une
information de la part de la délégation ministérielle des
pêcheries qui me confirme que le comité est formé de Laval
Poulin, président, fonctionnaire, Lucien Poirier, fonctionnaire,
Jean-Yves Joannette, fonctionnaire, Jean Carbonneau, fonctionnaire,
Gaétan Busqué, fonctionnaire. Et, là, on rencontre, en
sixième et septième places, Bernard Biais, milieu des
pêches, Claude Rioux, milieu des pêches.
Alors, M. le Président, tout ça pour vous dire que, si on
s'en tient à cette liste qui est très récente, et
nonobstant ce qu'a dit le ministre tout à l'heure, si on s'en tient
à cette liste-là, compte tenu que sa politique parle de cinq
membres, il y a cinq fonctionnaires qui peuvent décider, sans la
présence... Je ne dis pas que les fonctionnaires concernés n'ont
pas de compétences dans le domaine des pêcheries, mais, par
contre, on pourrait exclure des personnes du milieu des pêches. Dans les
décisions de l'émission des permis pour recommander au ministre,
on pourrait exclure les deux personnes que je viens de mentionner,
c'est-à-dire M. Bernard Biais et M. Claude Rioux qui viennent du milieu
des pêches, et la décision serait prise par des fonctionnaires,
peu importe ce que pensent les deux autres.
Alors, M. le Président, une des raisons fondamentales pourquoi je
viens de citer ces noms-là et pourquoi je viens de parler du fameux
comité de l'intérêt public, c'est justement que, dans le
projet de loi, encore une fois, le ministre se réserve le droit de
nommer qui il veut pour faire des recommandations, à lui ou à son
gouvernement, concernant la nomination des membres de son comité. On ne
sait pas non plus si ces personnes-là sont nommées par
décret ou si elles sont nommées strictement par le ministre,
selon son bon vouloir. Ce n'est pas écrit dans la loi, ce n'est pas
écrit dans sa politique plus qu'il ne le faut; d'ailleurs, ça
porte à interprétation, la politique qu'il a
déposée en date du 1er septembre 1992.
M. le Président, je ne peux, encore une fois... D'ailleurs, on
l'a fait dans la dernière loi, dans la loi qui a amendé la loi de
SOQUIA. On a demandé des amendements pour être assuré que
l'inclusion de la Société québécoise des
pêches serait conforme à la volonté des pêcheurs,
à la volonté des industriels et à la volonté des
travailleurs et travailleuses d'usines. À ce moment-là, on avait
demandé un amendement pour que, sur les neuf membres de SOQUIA pour la
protection des pêches ? puisque la Société
québécoise des pêches est incluse maintenant à
l'intérieur de SOQUIA ? on avait demandé un amendement
à l'effet qu'il y ait trois membres qui proviennent du milieu des
pêches et qui soient recommandés par les milieux de pêche.
Je ne comprends pas, encore une fois, l'attitude du ministre qui vient avec un
projet de loi où sa politique générale parle du
comité de l'intérêt public; on n'a aucune confirmation,
aucune certitude que dans ce projet de loi on va être conforme et que les
cinq personnes qui feront partie du comité en question seront des gens
qui proviennent du milieu des pêches.
En ce qui me concerne, ce n'est pas nécessairement des personnes
qui pourraient provenir des milieux maritimes, c'est-à-dire de la
Côte-Nord ou encore du Bas-Saint-Laurent ou de la Gaspésie ou des
îles-de-la-Madeleine. Mais, par contre, ça pourrait être des
personnes qui ont déjà des compétences, qui ne sont pas
des fonctionnaires mais qui sont recommandées par le milieu des
pêches. Et, encore une fois, on se ramasse avec des nominations qui vont
être faites par de la petite politique et des choses qui ne seront
vraiment pas concrètes et où les personnes vont pouvoir faire
à peu près ce qu'elles veulent.
M. le Président, j'ai mentionné septièmement,
c'est-à-dire le comité d'intérêt public. Et,
à huitièmement, il y a aussi un élément qui manque
à ce projet de loi. En effet, nous avons eu vent que l'AQIP aurait voulu
voir introduire une disposition qui aurait permis au détenteur d'un
permis traditionnel d'obtenir beaucoup plus rapidement que dans la
présente situation un permis additionnel visant des espèces
sous-exploitées. Je pense que le député de Gaspé
ainsi que le ministre lui-même savent très bien de quoi je parle
puisqu'il y a eu au cours des dernières années une chute, je
pourrais dire démentielle, des approvisionnements dans le domaine du
poisson de fond, et en particulier de la morue. C'est qu'il y a des
espèces qui pourraient être exploitées, il y a des
marchés qui pourraient être exploités. Et, dans ce
sens-là, encore une fois, les transformateurs vont être
laissés les pattes en l'air dans le biais d'un projet de loi où
ils ne sauront pas plus qu'avant où ils s'en vont. M. le
Président, l'AQIP se plaignait des lenteurs du processus administratif
actuel. Nous aimerions savoir du ministre les raisons pour lesquelles il n'a
pas accédé à cette demande. contrairement à ce que
pourrait être tenté d'insinuer le ministre, nous ne sommes pas en
faveur d'une libéralisation totale du marché qui, de toute
évidence, risquerait de mettre en danger l'équilibre et la survie
d'une industrie dont les principales composantes, en général, ne
fonctionnent souvent que entre 30 % et 40 % de leur capacité. (17 h
20)
Nous comprenons que s'impose une nécessaire rationalisation des
activités de ce secteur afin que les défis posés à
la fois par la diminution des approvisionnements et par la concurrence
étrangère soient relevés. Ce à quoi nous nous
opposons catégoriquement ? et je répète ? ce
à quoi nous nous opposons catégoriquement, par ailleurs, c'est
aux moyens arbitraires auxquels le ministre a recours pour arriver à ses
propres fins.
Le ministre a déclaré à maintes reprises que c'est
suite à la mise en oeuvre de la loi actuelle par mon collègue de
Lévis, en 1983, où pour la première fois on avait
introduit la notion d'intérêt public, qu'on vit l'apparition de
critères d'évaluation techno-économiques. Pourtant, M. le
Président, depuis 1985, le ministre et son gouvernement ont eu amplement
le temps de voir venir les coups et auraient dû réagir afin
d'inscrire formellement dans la loi lesdits critères
socio-économiques qu'il a mentionnés, puisque ces derniers leur
semblaient si critiques au processus décisionnel, en particulier
à partir de sa politique du 1er septembre 1992.
Ils ont plutôt choisi, c'est-à-dire les membres du
gouvernement, de ne rien faire d'autre que de dévoiler publiquement, en
lieu et place de cela, une politique d'émission des permis sept ans
après leur arrivée au pouvoir et, pour le moins, sujette à
interprétation. Ils n'ont donc qu'eux-mêmes à blâmer
pour leur propre incurie.
Sur une autre note, un jugement déjà rendu indique
clairement, à la page 21, et je cite: L'intérêt public dont
il est question à l'article 10 ne peut être que celui relié
et restreint à la qualité des produits. Lorsque le
législateur veut autoriser le ministre à prendre en compte un
facteur étranger à la salubrité des aliments et,
notamment, à des facteurs commerciaux, il s'en exprime explicitement,
c'est-à-dire qu'il aurait dû l'exprimer dans la loi. À la
page 23 du même jugement, il est aussi mentionné, et je cite: Si
le législateur a voulu que l'objectif soit la qualité et la
salubrité des aliments transformés par une usine,
l'intérêt public qu'il a visé ne peut être qu'une
notion correspondante, restreinte et reliée à cet objectif
même. Le ministre ne peut, arbitrairement et suivant son bon désir
? ce qui est arrivé dans la majorité des cas ? le
ministre ne peut, arbitrairement et suivant son bon désir, poursuivre
par règlement ou autrement d'autres objectifs que ceux prévus par
cette loi.
Ce qui est carrément aberrant dans ce projet de loi, c'est que le
ministre, en tentant de prévoir tous les scénarios imaginables de
contestation et en prétendant vouloir sauver l'industrie des turpitudes
de la libre concurrence, s'arroge, en fait, malgré ses
dénégations, des pouvoirs énormes qui viendront plus que
jamais consolider son pouvoir discrétionnaire et raffermir sa
possibilité d'agir de façon arbitraire, peu importent les cas qui
se présenteront devant lui.
Par ailleurs, nous n'avons aucun doute, M. le Président, que les
inquiétudes qu'avaient exprimées l'AQIP et d'autres industriels
lors de la divulgation de la politique de délivrance des permis se
doivent d'être entendues plus que jamais.
Laissez-moi vous lire un extrait du journal Le Soleil du 3 septembre
1992, et je cite: L'AQIP craint que les pressions politiques qui pourraient
éventuellement être exercées sur le ministre lors de la
prise d'une décision importante faussent les règles du jeu. M.
Picard, très bien connu du gouvernement libéral, précise
qu'il ne voit rien dans le document gouvernemental qui puisse mettre le
ministre à l'abri de ces pressions politiques.
À cette époque, le ministre rétorquait qu'on
n'avait rien à craindre de cette politique et qu'il résisterait
à ce type de pressions. Quelques mois plus tard, il se retrouvait en
cour. À ce sujet, il est difficile de s'expliquer les gestes qu'il a
posés dans le dossier des Courtiers J.D. & associés à
Tourelle, où en aucun temps il n'a hésité à
utiliser les aspects plus politiques de son pouvoir discrétionnaire pour
refuser l'émission d'un permis.
Dans la même veine, rappelons que le ministre a permis la vente de
l'usine en question à des promoteurs locaux pour la transformation de
pélagiques et d'espèces sous-exploitées alors qu'il avait
déjà refusé l'octroi dudit permis à M. Dubreuil
à cet endroit précis. Rappelons qu'au moment de la vente aux
promoteurs locaux la cause de M. Dubreuil était, à ce moment,
pendante devant les tribunaux.
M. le Président, je ne peux m'empêcher de relever les
tractations douteuses ayant eu lieu en 1990 pour évincer de façon
indirecte Jacques Dubreuil du territoire gaspésien, en contrepartie
desquelles le consortium Gaspé Cured se voyait confirmer l'obtention
d'un prêt de 2 500 000 $ par le ministre lui-même.
Mais revenons au projet de loi en tant que tel. Le troisième
aliéna de l'article 7 découle évidemment directement des
conséquences de la cause Dubreuil. Si, en faisant pour le moment un cas
d'espèce, le ministre, jusqu'à la dernière heure, semble
prêt à faire contre mauvaise fortune bon coeur... car il ne
pourrait surtout pas se permettre de passer pour un législateur
revanchard, qui s'immisce impunément au mépris du principe de la
séparation des pouvoirs dans le processus judiciaire.
N'oublions pas qu'un appel victorieux, si obsolète soit-il, vu
les présentes circonstances, pourrait chambarder toutes les
données. Là où le bât blesse, c'est
lorsqu'on examine les premier et deuxième alinéas de
l'article 7 et l'article 8. Si le but du premier alinéa de l'article 7
semble en soi assez anodin, puisqu'il ne fait que valider l'octroi
antérieur de permis par le ministre, il introduit néanmoins la
notion inacceptable de rétroactivité dans le deuxième
alinéa. L'Opposition officielle ne souscrira jamais à ce principe
qu'elle considère des plus antidémocratiques.
Le deuxième alinéa de l'article 7 est encore pire. Il
vient valider rétroactivement le refus d'octroyer des permis en fonction
de critères d'évaluation qui, à l'époque,
n'étaient pas inscrits dans la loi, éliminant du même coup
toute forme de recours possible à ceux et celles qui pourraient estimer
avoir été lésés et qui pourraient maintenant
chercher à obtenir réparation.
En fait, combien de personnes de plus risqueraient de se retrouver avec
un permis d'exploitation si on n'appliquait pas cette disposition de
façon rétroactive?
L'article 8, quant à lui, poursuit le même but douteux que
le précédent. Mais pour tout ce qui concerne les permis n'ayant
pas encore fait l'objet d'une décision ministérielle, M. le
Président, permettez-moi de mentionner à nouveau que nous nous
opposerons à ce projet de loi aussi longtemps que nous n'obtiendrons pas
de réponse satisfaisante aux points que nous venons de soulever, et tant
que le ministre s'entêtera à maintenir des dispositions
rétroactives qui sont inacceptables et injustifiables.
En effet, pourquoi ne pas simplement stipuler que ces nouveaux facteurs
socio-économiques ne seront applicables qu'au moment de l'entrée
en vigueur du projet de loi? Qu'est-ce qui empêche le ministre de
procéder de cette façon? C'est sûrement l'incurie de son
gouvernement au cours des dernières années en plus de son
laisser-aller dans la domaine des pêches, tout en l'administrant à
la petite semaine, sans aucune vision de l'avenir.
Aujourd'hui, on comprend pourquoi la moitié des usines de
transformation sont fermées. On comprend pourquoi près de la
moitié des pêcheurs et aides-pêcheurs sont sans travail, et
pourquoi plus ou moins 3000 travailleurs et travailleuses d'usine sont sans
travail, et très souvent sur l'assurance-chômage ou encore sur
l'aide sociale.
M. le Président, un gouvernement libéral
fédéraliste qui ne fait que des «crisettes» à
ce gouvernement fédéral et qui, face aux décisions du
gouvernement central ne peut que se blâmer pour avoir permis la
surpêche dans le golfe par les Provinces maritimes et par certains
pêcheurs du Québec. Il ne peut que se blâmer pour ne pas
être intervenu au moment propice face à la surpêche de la
CEE, c'est-à-dire la Communauté économique
européenne, dans la zone internationale. Et il ne peut que se
blâmer pour avoir laissé de côté la question de la
surpopulation des phoques dans le Grand-Nord.
M. le Président, en conclusion. Pour nous, il n'est pas question
d'adopter ce projet de loi à la vapeur. Il s'en rendra compte en
commission parlementaire.
J'avise le ministre délégué aux Pêcheries
que, dans notre cas, il n'est pas question non plus d'accepter des dispositions
rétroactives, ce que nous considérons comme des agissements
dictatoriaux de la part du gouvernement libéral qui se dit
démocrate et même transparent.
Alors, M. le Président, en ce qui me concerne et en ce qui
concerne les membres de l'Opposition, nous ferons notre devoir comme
députés à l'Assemblée nationale. Ce qu'il nous
faut, c'est la garantie du gouvernement, à savoir ce qu'il nous reste
actuellement dans les pêcheries, c'est-à-dire dans le domaine
industriel, dans le domaine des travailleurs et des travailleuses, dans le
domaine des pêcheurs et des aides-pêcheurs... Au moins, ce que nous
avons actuellement, que ce soit protégé et que ce soit
protégé de façon concrète.
Moi, en ce qui me concerne, j'en ai soupe de voir que ce gouvernement,
à toutes les fois qu'il y a une décision prise par le
gouvernement fédéral, parce qu'il est fédéraliste,
ne fait à peu près rien pour empêcher que ça se
fasse. (17 h 30)
Je me rappelle très bien que, dans l'ensemble des secteurs...
Pourquoi nous avons le problème que nous avons aujourd'hui dans le
domaine de l'approvisionnement de la morue? Il y a trois facteurs principaux,
qui n'ont jamais été étudiés par le gouvernement
mais qui ont été laissés dans les mains du gouvernement
fédéral. Et le gouvernement fédéral, à un
certain moment donné, il a pris des décisions, par exemple dans
le cas des contingentements, dans le cas des quotas, de faire en sorte que les
quotas montent en flèche, parce qu'on n'avait même pas fait
d'étude à savoir si c'était correct de monter les quotas
en flèche pendant que les approvisionnements étaient
peut-être en chute libre. Et c'est ce qui est arrivé, on en a la
preuve aujourd'hui. Ça, c'est dans le domaine de la morue.
Dans l'autre domaine, en 1992, la Communauté économique
européenne, certains pays comme le Portugal, comme l'Espagne, comme,
même, la France, comme l'Italie sont allés pêcher dans la
zone internationale, prendre des quotas en surplus qui dépassent de 45
000 tonnes métriques par rapport aux quotas internationaux de ces
pays-là. On fait une surpêche de 45 000 tonnes métriques
dans une année et on ne dit rien. On ne dit rien. Et, là, on dit
que les pêcheurs ont trop péché. Ce n'est pas de la faute
des pêcheurs, ce n'est pas de la faute des propriétaires d'usines,
M. le Président, si les quotas ont été donnés par
le fédéral et que tout le monde s'en est servi à la
va-comme-je-te-pousse. S'il y avait eu des études concrètes
à ce moment-là, ça aurait été
réglé et on n'aurait pas les problèmes que nous vivons
actuellement.
Et, quant aux phoques, M. le Président, je ne pense pas que des
gens en Chambre, ici, savent combien un phoque dans le Grand-Nord peut ramasser
de morues par année: une tonne métrique par année, un
phoque adulte. Lorsque le gouvernement fédéral ? et encore
là, il n'y a eu aucune pression de la part du gouvernement du
Québec sur cette question précise ? lorsque le
gouvernement fédéral décide de ne pas faire
d'étude sur les populations de phoques, décide de ne pas prendre
de décision quant à la surpopulation et ne décide pas...
À un moment donné, il va falloir qu'il décide de ne pas
écouter Brigitte. Il va falloir que le gouvernement pense; celui du
Québec et celui du fédéral, il va falloir que ces
gouvernements-là pensent vraiment qu'une des plus grandes nuisances dans
le cas de la morue, c'est la surpopulation des phoques dans le Grand-Nord. Et
lorsqu'on en a des millions et des millions qui mangent une tonne
métrique par année, on peut se poser la question: Qu'est-ce qui
rentre dans le golfe? On peut se poser la question, à savoir ce qui
passe dans le détroit de Belle-Isle. On peut se poser la question sur ce
qui passe à l'est de Terre-Neuve. On peut se poser aussi la question,
à savoir combien de morues s'en vont dans la zone internationale.
Et, M. le Président, j'en aurais long à dire sur ce qui
s'est passé depuis 1987 dans le domaine des pêcheries. Je vais
m'en tenir là et je vais revenir en commission parlementaire, lorsque
ça sera le temps, pour discuter de ce projet de loi article par
article.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Duplessis, de votre intervention. Je rappelle aux
membres de cette Assemblée que nous en sommes à l'adoption du
principe du projet de loi 120, Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles,
les produits marins et les aliments. Et je cède la parole à M. le
président de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation et député de Nicolet-Yamaska. M. le
député, la parole est à vous.
M. Maurice Richard
M. Richard: M. le Président, au coeur de nos discussions
aujourd'hui se trouve un débat important entourant la délivrance
des permis d'usines de transformation des produits marins. De façon plus
précise, on peut dire qu'il s'agit d'adapter la démarche
gouvernementale à la réalité telle que vécue
aujourd'hui dans les régions maritimes québécoises. C'est
cette adaptation qui est au coeur du projet de loi 120, la Loi modifiant la Loi
sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments, que nous
sommes conviés à débattre présentement, sachant que
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
est celui qui surveille l'ensemble du secteur alimentaire
québécois.
Vous savez également, M. le Président, qu'il opère
cette surveillance en exerçant notamment des contrôles sur les
établissements qui détiennent, préparent, vendent ou
servent des aliments par le biais d'une régie qui s'appelle la
régie des permis. Cette régie des permis a son autorité
sur le secteur des viandes ainsi que sur les produits non comestibles, et ce,
depuis 1974. Depuis 1982, le secteur des produits marins relève
également de son entière autorité. Signalons que depuis
1992, la restructuration et la vente au détail ainsi que la restauration
ont également été placés sous l'autorité,
toujours, de cette même régie. Le système de permis, pour
qu'il soit efficace, la loi prévoit des sanctions pénales pour
les diverses infractions comme celles relatives au régime de permis.
Pour bien saisir la nature du problème que nous venons corriger
avec le projet de loi 120, il faut accorder une attention particulière
à l'article 10 de la loi actuelle. En vertu de l'article 10 de cette
loi, le ministre peut exercer une discrétion d'intérêt
public pour refuser la délivrance d'un permis ou assujettir la
délivrance d'un permis à toute condition ou restriction qu'il
détermine lui-même.
Je vous précise également la portée de cet article
10 attribuant au ministre une discrétion qui s'applique à tous
les permis prescrits dans l'article précédent,
c'est-à-dire à tous les permis qui concernent les produits
agricoles et les produits marins. Sa portée est donc ce qu'on appelle
une portée universelle. Elle inclut dans son horizon le secteur des
produits marins et d'eau douce et s'applique, cela va de soi, à d'autres
secteurs industriels et commerciaux régis par la loi sur les produits
agricoles, les produits marins et l'ensemble des aliments.
L'article 10 implique un volet réglementaire ainsi qu'un volet
discriminatoire qui s'applique à tous les permis. C'est cette
discrétion qu'attribue la loi au ministre qui est au centre de nos
délibérations aujourd'hui. Celle-ci pose problème dans la
mesure où il appert que les considérations
socio-économiques ne peuvent être considérées dans
l'exercice de l'émission du renouvellement d'un permis demandé.
Autrement dit, M. le Président, la finalité de la loi serait
orientée de façon prépondérante uniquement envers
la salubrité et l'hygiène, en fait, vers la qualité des
aliments.
Ainsi, la notion d'intérêt public que l'on retrouve dans la
loi 120 et qui permet l'exercice de cette discrétion serait un peu trop
étroite pour inclure des critères de nature
socio-économique, et donc s'appliquerait surtout à ceux qui
relèvent de la qualité et de l'hygiène. Vous avez donc
compris que le gouvernement, et en particulier le ministre et le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
sa régie pour l'ensemble des permis, est donc dans
l'impossibilité d'évoquer des critères de nature
socio-économique pour restreindre l'émission d'un permis ou pour
renouveler celui-ci.
L'industrie est confrontée à des problèmes de
rupture de stocks. Les débarquements de poisson prévus seront
insuffisants pour assurer le maintien de l'ensemble des usines qui sont
actuellement en opération à travers le Québec. La
situation est donc critique, dans le poisson de fond, entre autres, et en
particulier au niveau de la morue. Dans le secteur de la crevette et du homard,
la situation est presque en équilibre à ce moment-ci, avec des
tonnages autorisés qui correspondent à peu près à
l'ensemble des débarquements actuellement.
Sur les 52 usines de transformation que nous avons, réparties
dans l'ensemble de ce que nous appelons le Québec maritime, plusieurs
connaissent des
difficultés financières qui affectent tant leur
capacité d'emprunt que leur prise de moyens pour réaliser des
projets et éventuellement s'orienter vers de la diversification. La
situation économique extrêmement exigeante pour les régions
maritimes du Québec contribue à multiplier les projets de
création d'emplois qui n'offrent qu'une perspective de
développement à très court terme et une perspective
éphémère si elles n'obtenaient pas le permis requis, ce
qui, de surcroît, mettrait en péril l'ensemble des usines ou la
majorité des usines existantes.
Rares sont les entreprises qui génèrent un rendement sur
investissement suffisant, et encore plus rares sont celles qui ont
réussi à conserver une marge de manoeuvre suffisante, M. le
Président, pour s'attaquer, seules ou en association avec d'autres, pour
poursuivre des initiatives de diversification. La plupart du temps, on a
recours à des garanties de prêts et à diverses formes
d'aide financière, vous le devinerez, gouvernementale.
L'État a investi dans le secteur près d'une centaine de
millions depuis les dernières années sous forme de subventions,
de capital-actions et de garanties de prêts pour aider les entreprises de
transformation à se moderniser et à maintenir l'ensemble de leurs
opérations. Nous avons resserré, évidemment, les
critères de délivrance des permis. Le niveau d'activité
économique découlant de la transformation des
débarquements a diminué de moitié depuis 1985 et, si le
nombre de permis devait augmenter, cela aurait pour effet de compromettre
grandement la politique de consolidation que nous mettons en place dans ce
secteur. Il serait donc contraire à l'intérêt public
d'augmenter et d'ajouter de nouvelles capacités de transformation dans
un secteur où la consolidation apparaît la voie la plus judicieuse
pour assurer un avenir aux intervenants qui en vivent.
Il est donc impératif de tenir compte des aspects
socio-économiques pour assurer le secteur industriel d'un
équilibre minimal avec les ressources que nous avons en
disponibilité. Ce que nous faisons avec ce projet de loi, M. le
Président, c'est préserver une politique de consolidation des
activités dans ce secteur, particulièrement dans le secteur des
pêches, et que nous croyons pleinement fondée. (17 h 40)
Si l'on peut comprendre aisément que des gens dans les
régions maritimes aux prises avec des problèmes de chômage
soient désireux de se lancer en entreprise dans le domaine des
pêches alors que 18 des 70 usines oeuvrant dans l'ensemble du secteur ont
dû fermer leurs portes depuis 1988, cela laisse peu d'espoir de
réussite, et il y a lieu, comme nous le faisons aujourd'hui, de fournir
des moyens au ministre d'agir de façon responsable et d'éviter
les situations d'espoirs irréalistes.
Dans le secteur des pêches, nous avons là un exemple
illustrant que les ressources naturelles ne pourront plus, dans l'avenir, jouer
un rôle aussi important que celui déjà joué dans le
passé. Les hommes, les femmes qui ont passé une partie importante
de leur vie active dans le domaine des pêches doivent envisager des
réorientations majeures de profession, ce qui est extrêmement,
vous comprendrez, M. le Président, exigeant mais ouvre la porte à
des défis nouveaux en matière de diversification de
l'économie régionale axée sur une ressource en
particulier.
Pour relever ce défi, notre gouvernement déploie un
ensemble d'efforts et de moyens à la mesure des ressources disponibles,
évidemment, des ressources financières dans les coffres de
l'État québécois. Les résultats de ces efforts
commencent à poindre dans divers secteurs d'activité,
heureusement, et permettent d'espérer. Nous devons donc, M. le
Président, relever ce défi et surtout le relever avec
succès. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député de Nicolet. Alors, je rappelle que nous en sommes à
l'adoption du principe du projet de loi 120, Loi modifiant la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments, et je cède la
parole à M. l'adjoint parlementaire du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et député de Gaspé.
M. le député, la parole est à vous.
M. André Beaudin
M. Beaudin: Merci, M. le Président. M. le
Président, avant de parler proprement du projet de loi 120, il me
paraît important de replacer le secteur bioalimentaire, puisque c'est de
ça qu'on parle dans le projet de loi 120, dans une perspective
d'ensemble par rapport à l'économie québécoise,
mais par rapport aussi à la réalité quotidienne.
On se souviendra que, en 1992, dans le cadre du Sommet de l'agriculture
tenu à Trois-Rivières, les intervenants reliés de
près ou de loin au secteur agroalimentaire ont abordé plusieurs
problèmes reliés à leur domaine d'activité pour
proposer des moyens de remédier aux problèmes, aussi bien
conjoncturels que structurels, face aux défis que nous attendent
à l'aube des années 2000. Ce Sommet constitue un exemple parfait
de concertation où chacun des intervenants s'est présenté
avec une description précise de leur problématique et des moyens
pour assurer une relance durable dans le secteur agro-alimentaire.
D'abord, il faut savoir que la grappe des produits agro-alimentaires,
bioalimentaires, comprend différentes activités de transformation
ou de conditionnement de denrées qui sont d'origine naturelle en vue de
fabriquer un produit qui est comestible. On parle ici, M. le Président,
de 1500 entreprises qui emploient environ 49 000 personnes. Et l'ensemble de
l'industrie bioalimentaire au Québec fournit de l'emploi à
quelque 360 000 personnes, soit près de 12 % de l'emploi total au
Québec.
Le rôle du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation consiste d'abord à favoriser l'accès
à l'information à tous les intervenants reliés de
près ou de loin à l'activité bioalimentaire,
améliorer la gestion des entreprises, miser sur l'innovation, et tout
cela, M. le Président, en harmonie avec l'environnement et, encore une
fois, avec la réalité.
Parallèlement, le MAPAQ s'occupe de développer des
marchés d'exportation et appuie le dynamisme régional. Et parlant
de régions, il n'y a pas de doute que le secteur bioalimentaire est
présent dans toutes les régions du Québec, y est fortement
intégré au milieu rural et évidemment, en matière
de pêche, au milieu maritime. Le milieu de la transformation alimentaire
semble avoir mieux traversé la récession que d'autres secteurs.
Cependant, et malheureusement, le domaine des pêches en particulier,
puisque l'on assiste à une diminution constante des ressources, a
été un peu différent. Les différentes paliers de
gouvernement ont cependant et d'ailleurs été mis à
contribution pour tenter de relancer cette activité de façon
durable et permanente.
Quoi qu'il en soit, la transformation alimentaire, si on compare sa
performance à celle de l'ensemble du secteur manufacturier
québécois, s'est apparemment mieux tiré d'affaire. Le
secteur bioalimentaire a un effet stabilisateur sur l'économie globale
du Québec et sur la plupart des régions du Québec.
Les normes et critères de la qualité de ses produits sont
très élevés et doivent subir l'inspection de deux niveaux
de gouvernement, soit canadien et québécois. Dans le secteur de
la pêche, les critères sont tout aussi élevés, mais
le phénomène de la rareté de la ressource est venu
compliquer les choses à un point tel que le projet de loi 120 que nous
avons devant nous est rendu nécessaire et essentiel pour assurer un
équilibre dans les efforts de restructuration mis de l'avant par le
gouvernement du Québec.
En ce qui a trait à l'émission des permis de
transformation de produits marins, le projet de loi 120 pourra tenir compte,
outre les facteurs de salubrité et d'hygiène, des facteurs
socio-économiques qui sont très importants et qui correspondent
à la réalité avec laquelle on doit composer dans le
secteur des pêches depuis quelques années.
M. le Président, le projet de loi prévoit également
l'exercice d'une discrétion pour les conditions ou restrictions
d'exploitation à modifier ou à imposer lors du renouvellement des
permis et pour en restreindre la période de validité. Encore
là, en conformité et en concordance avec la réalité
qu'on vit encore une fois depuis quelques années dans ce
secteur-là.
Il est donc essentiel de s'ajuster aux réalités
économiques vécues tant par le secteur que par les
régions. Parce que, évidemment, la situation
socio-économique d'une région est très importante lorsque
le ministre a à accorder ou à refuser un permis de transformation
de produits marins.
M. le Président, aller à rencontre du projet de loi 120
aurait des conséquences désastreuses sur l'équilibre du
secteur de la pêche, parce qu'il empêcherait le ministre d'agir en
fonction de l'intérêt public et ? même si on
prétend le contraire du côté de l'Opposition ?
viendrait en conflit avec des recommandations de l'Association
québécoise de l'industrie de la pêche et également
du comité qui s'est regroupé autour de M. Jules Bourque pour
faire des recommandations dans ce secteur-là au cours du printemps
dernier.
Nous devons veiller, M. le Président, à ce que le secteur
des pêches se développe en tenant compte d'un nécessaire
équilibre entre la disponibilité de la ressource, la
capacité de capture et de transformation. Bien que des études
soient menées actuellement par Pêches et Océans Canada pour
élaborer des scénarios d'ensemble par rapport au secteur des
pêches, il reste que la ressource est très difficile à
évaluer, et nous devons constamment nous ajuster au plan de pêche
du gouvernement fédéral. Il faut donc nous donner des moyens
souples, et correspondant encore une fois à la réalité,
pour agir en fonction des comportements de la ressource et de
l'évolution des situations.
En introduisant, M. le Président, cette modification à la
règle d'intérêt public, nous serons à même de
consolider nos actions et celles de l'industrie pour assurer la
restructuration, surtout dans un contexte de diminution de la ressource et de
mondialisation des marchés.
En élaborant un projet de loi de cette nature, il faut tenir
compte de la conjoncture humaine aussi, c'est-à-dire les employés
qui travaillent dans les usines de pêche. Il est important de consolider
et de créer des emplois stables et de qualité plutôt que
d'assister à un déplacement de la main-d'oeuvre vers de nouveaux
projets qui pourraient bien être éphémères ou qui
n'existent absolument pas.
Le projet de loi 120 se veut donc structurant pour le
développement à long terme dans l'industrie des pêches au
Québec. Il faut prendre pour acquis que ce secteur s'inscrit dans un
ensemble beaucoup plus grand que le strict marché
québécois, pour rejoindre les préoccupations tant
canadiennes qu'internationales. Le projet de loi 120 tient donc compte de
critères extrêmement pointus, nous l'admettons. Mais pour tenter
de gérer cette ressource le mieux possible, ça devient
essentiel.
M. le Président, dans toute élaboration d'une
législation ou d'une réglementation, le gouvernement doit tenir
compte de l'évolution d'une structure économique et des habitudes
de consommation en matière d'aliments, ce qui crée un
marché en pleine évolution. De plus, le problème de la
pêche confronte non seulement le Québec et le Canada maintenant,
mais de nombreux pays qui ont fondé une partie de leur économie
sur cette activité économique. La libéralisation de nos
échanges commerciaux ? par exemple, avec les États-Unis
? engendrera concurremment des débouchés nouveaux sur le
marché à fort potentiel qui se trouve à proximité
de nos frontières. Un tel contexte devrait inciter les entreprises
québécoises à exploiter les avantages comparatifs pour
saisir de nouvelles occasions d'affaires. En matière de pêche, il
faut tenir compte de cette réalité, en plus de celles
évoquées comme la rareté de la ressource et les politiques
prises concurremment par d'autres pays qui sont intéressés
à ce secteur d'activité.
L'internationalisation des marchés aura également un
impact direct sur la taille des entreprises et nécessite que celles-ci
se dotent d'outils adéquats. On parle ici de meilleure gestion, de
traitement de l'information et d'introduction de nouvelles technologies. (17 h
50)
Le secteur de la pêche doit, comme les autres secteurs de
l'économie québécoise, s'adapter à ces
réalités. De façon structurelle, le marché de la
pêche se compare à celui de l'ensemble du marché agricole,
et c'est pourquoi nous devons maintenant considérer cette
activité comme une véritable industrie agro-alimentaire, avec
tout ce que ce secteur comprend comme avantages, faiblesses, avec ses limites
et également ses possibilités.
Le projet de loi 120 répond à des besoins précis,
soit de normes de qualité de produits et de délivrance de
produits, en fonction de la conjoncture du secteur des pêches et en
fonction du contexte en perpétuel changement. La nouvelle politique fera
appel à la capacité d'innovation de tous les intervenants. Elle
conduira également notre industrie à cibler de nouveaux
créneaux, à rechercher la qualité et la valeur
ajoutée de nos produits.
M. le Président, je termine là mes remarques sur le projet
de loi 120, et comme député d'un comté qui vit en forte
proportion de cette industrie de la pêche, qui est devenue tellement
fragile dans la conjoncture actuelle, je répète, M. le
Président, à l'intention de mes collègues de
l'Assemblée nationale et de tous ceux qui peuvent nous écouter
à cette heure-ci, que la loi 120 est rendue essentielle.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Alors, nous poursuivons sur l'adoption du principe du
projet de loi 120, Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les
produits marins et les aliments...
Une voix: Un instant, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui? Alors, sur
l'adoption du principe du projet de loi 120, Loi modifiant la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments, je cède la
parole à Mme la députée de Matane.
Mme Claire-Hélène Hovington
Mme Hovington: merci beaucoup, m. le président. m. le
président, l'industrie bioalimentaire, on le sait, joue un rôle de
premier plan dans l'économie du québec, et dans certaines
régions, dont la mienne, la gaspésie, il représente
jusqu'à 17 % de l'emploi total, ce qui n'inclut pas les emplois
indirects. et dans la seule région des îles-de-la-madeleine et la
gaspésie, ce secteur occupe une place importante avec environ 60 % de
tous les emplois du secteur manufacturier.
M. le Président, si l'on compare sa performance à celle de
l'ensemble du secteur manufacturier, on peut dire que la transformation
alimentaire a mieux traversé la récession que d'autres secteurs
industriels. Et l'une de ses principales forces réside dans le fait que
le secteur bioalimentaire a un effet stabilisateur sur l'économie du
Québec et de la plupart de ses régions. Le secteur bioalimentaire
comprend des activités de l'agriculture, des pêches, de
conditionnement, de la transformation des produits agricoles, de la
distribution, du commerce de détail et de la restauration.
Ce secteur a un chiffre d'affaires de plus de 17 000 000 000 $ en 1991,
procure de l'emploi à plus de 360 000 personnes, soit environ 12 % de la
main-d'oeuvre du Québec. Le bioalimentaire se caractérise par une
forte intégration de ses activités à celle du secteur
agricole et à celle des produits d'emballage. C'est aussi, la
commercialisation de ses produits, un élément important dans le
développement de l'industrie bioalimentaire. Et la vente sur les
marchés étrangers, la présence de cette industrie dans les
grandes chaînes de distribution alimentaire constituent des défis
importants pour tous les intervenants. La valeur des exportations des produits
alimentaires québécois représente, au cours des cinq
dernières années, 1 200 000 000 $, soit 5 % de la valeur de
l'ensemble des exportations québécoises. On peut dire que le
secteur bioalimentaire québécois a une place enviable sur la
scène mondiale et canadienne, avec un taux d'exportation qui
représente 10 % de la valeur de ses livraisons. M. le Président,
le Québec se situe parmi les plus grands exportateurs.
Il est du ressort de l'État de faire en sorte que l'industrie
bioalimentaire soit davantage compétitive. Nous devons mettre en place
des moyens structurants qui conduisent à un meilleur équilibre
entre la ressource disponible et la capacité de transformation. C'est
d'ailleurs un des objectifs du projet de loi 120, M. le Président. Dans
le cadre de la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments, sauf pour les produits laitiers et leurs succédanés, le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
surveille le secteur alimentaire au Québec. Il exerce notamment des
contrôles sur les établissements qui détiennent,
préparent, vendent ou servent des aliments, par un régime de
permis. Ce régime de permis est appliqué au secteur de l'abattage
et de la transformation des viandes ainsi que des sous-produits non comestibles
depuis 1974, aux produits marins depuis 1982 et au secteur de la restauration
et de la vente au détail depuis 1992.
Cette loi prévoit aussi des sanctions pénales pour les
diverses infractions, notamment au régime de permis. Des ajustements ont
été apportés à ces sanctions à quelques
reprises depuis 1975. M. le Président, nous sommes conscients que le
secteur des pêches dépend d'une ressource de plus en plus
limitée, et nous devons surveiller qu'il se développe un
équilibre entre la ressource débarquée et la ressource
transformée. Mais la ressource est difficile à évaluer, et
nous devons nous ajuster au plan de pêche du gouvernement
fédéral. Il est donc impératif de se donner des moyens
souples pour agir en fonction des comportements de la ressource et de
l'évolution des situations. En d'autres termes, nous devons consolider
nos actions et celles de l'industrie afin
d'assurer la restructuration, surtout dans un contexte de diminution
drastique de la ressource.
Mais j'aimerais souligner que la prise de conscience de notre
gouvernement à cet égard n'est pas récente. En effet,
depuis quelques années, l'État a investi près d'une
centaine de millions de dollars sous forme de subventions, de capital-actions,
de garanties de prêts pour aider les entreprises de transformation
à se moderniser, à se normaliser et à se maintenir en
opération, et j'en ai dans mon comté, M. le Président. Des
efforts concrets et majeurs ont été consentis pour rationaliser
le secteur des pêches, particulièrement depuis 1989, par un
resserrement des critères de délivrance des permis d'usine. Dans
ce contexte, il est essentiel de continuer à consolider ce secteur. Un
contrôle serré doit être fait, mais il ne peut s'exercer que
par le biais des permis, tant lors de leur délivrance que lors de leur
renouvellement.
La délivrance des permis en région maritime, vous l'aurez
compris, M. le Président, s'avère une question critique, d'autant
plus que l'approvisionnement provient d'une ressource en déclin, il faut
bien le dire, et c'est une des rares activités économiques des
régions maritimes québécoises. Il nous est donc apparu
impératif de continuer à encadrer l'implantation d'entreprises de
transformation par la délivrance des permis. Cette délivrance des
permis doit tenir compte des aspects socio-économiques afin d'assurer le
secteur industriel d'un équilibre minimal avec les ressources
disponibles.
De plus, les ajustements des montants des amendes n'ont pas
été actualisés qu'en fonction de la gravité des
infractions et des risques pour la santé des consommateurs mais aussi en
fonction du caractère opérationnel des sanctions. En effet, les
amendes pour les personnes morales sont beaucoup plus sévères que
pour les individus, actuellement, et les amendes relatives aux permis sont
uniformes et ne tiennent pas compte de la nature des permis. Voilà, M.
le Président, ce qui a incité notre gouvernement à
élaborer le projet de loi 120. Dorénavant, il sera
spécifié dans la loi que la discrétion du ministre peut
s'exercer en considérant également les facteurs
socio-économiques et qu'elle peut aussi s'exercer lors du renouvellement
des permis. Dans le cas des dispositions pénales, désormais, les
mêmes amendes seront appliquées aux personnes morales et aux
individus. Elles seront toutefois diminuées pour les permis
légers, lesquels concernent la restauration et la vente au
détail, mais elles seront actualisées en fonction de la
gravité.
M. le Président, c'est tout le système des amendes qui a
donc été revu. Nous avons décidé de procéder
ainsi afin de tenir compte des objectifs suivants: d'abord l'élimination
de la distinction entre une personne physique et une personne morale, compte
tenu que la loi s'adresse à des exploitants industriels et commerciaux;
ensuite, la gravité des infractions, puis les risques pour la
santé des consommateurs. Et, relativement aux infractions
légères, les contrevenants pourront dorénavant plaider
coupable et payer l'amende dans les 30 jours, sans intervention des
tribunaux.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée, je m'excuse de vous interrompre. Il est 18 heures et,
conformément au règlement, je vais suspendre les travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 6)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, si vous voulez
prendre place. Merci de votre collaboration.
Alors, nous poursuivons l'adoption du principe du projet de loi 120, Loi
modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments. Je cède la parole à Mme la vice-présidente de la
commission de l'éducation et députée de Matane, en vous
indiquant, madame, qu'il vous reste 12 minutes à votre temps de
parole.
Mme Hovington: Merci, M. le Président. Alors, M. le
Président, j'en étais rendue à expliquer aux gens qui nous
regardent maintenant, ce soir, et à mes collègues de
l'Assemblée nationale que le projet de loi 120 a des dispositions
pénales, et c'est tout le système des amendes qui a
été revu dans le projet de loi 120, Loi modifiant la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments.
M. le Président, le gouvernement a décidé de
procéder ainsi afin de tenir compte des objectifs suivants: d'abord,
l'élimination de la distinction entre une personne physique et une
personne morale, compte tenu que la loi s'adresse à des exploitants
industriels et commerciaux; aussi, la gravité des infractions; les
risques pour la santé des consommateurs; et, quatrièmement,
relativement aux infractions légères, les contrevenants pourront
dorénavant plaider coupable et payer l'amende dans les 30 jours sans
intervention des tribunaux. Ceci accélérera le processus, tout en
allégeant la procédure.
Dans l'ensemble, M. le Président, les modifications comportant
surtout des réductions, mais aussi certaines augmentations auront un
résultat financier positif pour l'administration. En effet, ces
modifications faciliteront le processus pénal tant au niveau des
constats d'infraction signifiés par les inspecteurs que de ceux
signifiés par la Direction des affaires pénales de la
Justice.
Par ailleurs, M. le Président, ce projet de loi modifiant la Loi
sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments permettra en
quelque sorte de poursuivre les interventions jugées essentielles dans
l'actuelle phase de restructuration de l'industrie de la pêche.
Actuellement, 52 établissements de transformation de produits marins
sont localisés en régions dites intérieures. Et la seule
condition inscrite au permis de ces entreprises est de s'approvisionner
auprès d'entreprises sous permis en région maritime ou de
l'extérieur du Québec. Sans cette condition, M. le
Président, ces entreprises pourraient venir s'approvisionner directement
en
région maritime et créer ainsi une surenchère sur
la ressource, ainsi que diminuer le nombre d'emplois en région, par
conséquent.
Les sanctions actuelles pour les permis légers sont d'une telle
sévérité qu'elles mettraient la survie des entreprises en
jeu si rien n'était fait pour améliorer la situation. Ces
sanctions pourraient même susciter des contestations
systématiques. Un nouveau barème, comme celui qui est
proposé dans le projet de loi 120, facilitera ainsi l'intervention
pénale du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec pour accélérer l'implantation du
régime de permis dans ces secteurs.
M. le Président, c'est pour toutes ces raisons que nous avons
procédé à l'élaboration du projet de loi 120, Loi
modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments. Et, par le biais de ce projet de loi, notre gouvernement propose de
préciser que la discrétion ministérielle
d'intérêt public puisse s'exercer en fonction des facteurs
socio-économiques pour la délivrance des permis de
transformation. Et nous proposons de prévoir que la discrétion
ministérielle d'intérêt public puisse s'exercer lors du
renouvellement des permis pour modifier les conditions ou restrictions
imposées lors de la délivrance. (20 h 10)
Et le projet de loi 120 vient préciser aussi que la
discrétion ministérielle de réduire à moins de 12
mois la période de validité des permis puisse tenir compte des
facteurs socio-économiques. Il vient valider les permis
délivrés et recommandés, de même que les
décisions de refus de délivrance lorsque cela a impliqué
la discrétion sur des facteurs socio-économiques. Le projet de
loi 120, M. le Président, vient stipuler que la loi s'applique à
tout dossier de délivrance ou de renouvellement de permis soumis
à la date d'adoption.
Le projet de loi vient modifier aussi le régime des sanctions
pénales en ajustant le montant des amendes en fonction de la
gravité des infractions, des risques pour la santé et du
caractère opérationnel des sanctions.
M. le Président, il est clair que ce projet de loi favorise une
réorganisation qui s'avère nécessaire dans le secteur des
pêches. D'ailleurs, le gouvernement libéral du Québec
véhicule ce message depuis quelques années déjà et,
à notre avis, cet effort de réorganisation du secteur des
pêches se veut une réponse appropriée et structurante aux
difficultés que connaît actuellement cette industrie. Car, il ne
faut pas se le cacher, M. le Président, l'industrie
québécoise des pêches traverse une phase de transition, que
ce soit au niveau de la capture, de la production ou de la transformation des
produits marins. Et, à cet égard, je suis très heureuse de
constater que notre gouvernement est conscient des enjeux, à tel point
que nous avons mis en place des politiques et des programmes de
développement visant un accroissement de la rentabilité de cette
industrie. Et nous recherchons aussi un meilleur équilibre entre les
moyens utilisés et les ressources disponibles en vue toujours d'assurer
le développement durable des régions maritimes.
Et, parallèlement à tous les gestes que nous avons
posés, le projet de loi 120 modifiant la Loi sur les produits agricoles,
les produits marins et les aliments constitue une mesure importante visant
à contribuer à la stabilisation de l'industrie des pêches.
Et cette législation viendra, j'en suis sûre, assurer la
prospérité de cette industrie et l'équilibre
économique que recherchent constamment les régions maritimes.
M. le Président, le projet de loi 120 découle directement
de la responsabilité du gouvernement libéral du Québec
à l'égard du contrôle de la transformation des produits de
la pêche et de leur qualité sanitaire pour le marché
domestique. Et, dans ce contexte, M. le Président, je fais le choix que
tous les membres de cette Chambre voteront en faveur de l'application de ce
projet de loi, car il est de notre devoir, à tous et chacun, de soutenir
le secteur bioalimentaire par le biais de lois et de règlements qui
tiennent compte des exigences des années quatre-vingt-dix. Et il ne faut
pas oublier, M. le Président, que le secteur bioalimentaire est en
quelque sorte le pivot du développement régional et a un effet
stabilisateur sur l'économie globale du Québec, mais aussi de
toutes les régions du Québec. Alors, c'est pourquoi je voterai
pour le projet de loi 120. M. le Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Matane. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur ce
projet de loi? Alors, M. le ministre délégué aux
Pêcheries, pour votre droit de réplique.
M. Yvon Vallières (réplique)
M. Vallières: M. le Président, vous me permettrez
rapidement, puisque nous aurons l'occasion de continuer à
débattre de ce projet de loi en commission article par article,
d'apporter quelques précisions, plus particulièrement au
député de Duplessis, sur certaines interrogations qu'il a
soulevées dans son allocution, interrogations qui se sont soldées
par un refus d'appuyer le projet de loi que nous avons devant nous. Et, sauf
tout le respect que j'ai pour le député de Duplessis, je dois en
conclure que de deux choses l'une: ou bien il n'a pas compris le principe qui
sous-tend ce projet de loi ou bien, purement et simplement, il refuse de le
comprendre.
Pour un, j'ai déjà occupé les sièges de
l'autre côté de cette Chambre, et il arrive qu'à l'occasion
on décide, comme ça, de ne pas appuyer un projet de loi parce
qu'on est purement et simplement partie de l'Opposition. Honnêtement, je
pense que même l'Opposition devrait être derrière ce projet
de loi, compte tenu des avantages qu'il procure de façon globale au
secteur des pêches.
Vous me permettrez de reprendre un point qui me paraît
intéressant dans ce qu'a soulevé le député de
Duplessis, parce que ça me permet de le préciser, quand il
parlait de la discrétion et de l'arbitraire. Je veux simplement indiquer
au député de Duplessis qu'il existe une
grande différence entre un pouvoir discrétionnaire et un
pouvoir dit arbitraire. Un pouvoir que l'on vient baliser avec des
critères préalablement établis, c'est de cette
façon-là qu'on décrit ce qu'est un pouvoir
discrétionnaire, donc, un pouvoir qui est balisé par des
critères préétablis, qui sont publics, tandis qu'au niveau
de l'arbitraire c'est l'absence de critères, quand les décisions
se prennent au bon plaisir de celui qui a la décision finale. Alors, je
pense, M. le Président, que c'est important d'indiquer que ce que nous
avons ici, c'est exactement le contraire de ce que prétend le
député de Duplessis, c'est-à-dire qu'avec l'article 1,
où l'on vient définir les critères comme tels de
l'intérêt public et dans lequel on insiste sur les critères
qui sont non seulement d'ordre d'hygiène ou de salubrité, mais
également d'ordre socio-économique, bien, on vient de
façon officielle, dans une loi, indiquer qu'il n'y a plus place à
l'arbitraire.
Je dois vous indiquer que cette politique que nous voulons voir
introduire à l'intérieur d'un projet de loi balisé se
retrouve déjà dans un document que j'ai publié au cours de
1992, en fait, en septembre 1992, et qui s'intitule «Politique
ministérielle de délivrance des permis d'exploitation
d'établissement de préparation de produits marins». Et
j'invite le député de Duplessis à faire un exercice
objectif de réflexion puisque je pense bien qu'à l'époque
de son gouvernement il n'y a jamais eu de politique préalablement
établie qu'on pouvait, comme ça, montrer au grand jour, de
politique publique mise à la disposition des intervenants, des
élus; toute personne qui veut se prévaloir de l'émission
d'un permis a accès à une politique qui est très
transparente, qui est écrite.
Et, évidemment, ça comporte des exigences pour le ministre
parce qu'il est bien clair qu'à partir du moment où, de
façon écrite, on se donne des critères et qu'on les rend
publics par surcroît, toute décision que nous rendons à
partir de ce moment-là doit être basée sur ces
critères et doit en tenir compte. Alors, par voie de conséquence,
je pense que c'est un geste de transparence qui a été fait. C'est
un geste très positif pour le secteur et qui a été, de
façon générale, très bien accueilli par les gens du
secteur quand je l'ai annoncé. Et, j'en suis persuadé, ils vont
aujourd'hui se réjouir de voir qu'on puisse introduire dans un projet de
loi des balises, mais, je dirais plus, des précisions qui font en sorte
que l'interprétation de la règle de l'intérêt public
pourra être dorénavant beaucoup plus précise, compte tenu
des différents facteurs qu'on introduit à l'intérieur
même de ce projet de loi.
Vous me permettrez également, M. le Président, d'indiquer
au député de Duplessis, qui faisait allusion aux changements qui
ont été apportés au comité de
l'intérêt public, que, hé oui, c'est vrai, il y a eu
changement au comité de l'intérêt public depuis sa
nomination. Mais pourquoi? C'est normal que, quand certains fonctionnaires, par
exemple, quittent leur emploi pour en exercer un autre, on doive remplacer ces
gens-là par une autre personne qui occupe des responsabilités
semblables au sein du ministère. Alors, c'est ce qui est arrivé
dans le cas de M. Michel Lemay, qui était sur le comité
d'intérêt public, qui a quitté, qui a été
remplacé par M. Gaétan Busqué. Alors, je pense qu'il n'y a
pas de cachette là-dedans. C'est normal. Ce comité-là se
réunit avec un quorum de trois personnes.
Et j'invite le député de Duplessis à faire la
réflexion: comment ça se passait auparavant? Comment ça se
passait à l'époque de son gouvernement? Comment celui qui occupe
le siège du comté de Lévis, actuellement, prenait ses
décisions à ce moment-là? C'était sur la base de
recommandations qui étaient faites par un comité,
également. Et c'était une décision qui était de la
discrétion du ministre.
Alors, ce pouvoir décisionnel qui existe, il existe depuis 1982
qu'il est donné au ministre. Sauf que, M. le Président, à
partir de maintenant, nous avons une politique qui est publique, qui est
à la disposition des gens, afin qu'on voie de quelle façon le
ministre et ses gens, qui ont à faire l'analyse des dossiers, se
comportent et sur quelle base ils rendent leurs décisions. (20 h 20)
Alors, le projet de loi que nous avons devant nous vient
préciser, encadrer ce pouvoir discrétionnaire qui est
accordé au ministre. C'est, comme je vous disais tantôt, plus
exigeant pour le ministre, mais ces critères-là ? et il ne
faut pas s'en surprendre ? peuvent évoluer. Le député
de Duplessis disait tantôt: Les critères peuvent changer. Oui, les
critères peuvent changer. La preuve, c'est qu'on est dans un secteur, le
secteur des pêches, qui évolue, qui évolue très
rapidement. Alors, c'est évident que, quand on vient pour émettre
des permis, il faut tenir compte d'un certain nombre de facteurs. Et c'est
évident, et c'est même probable qu'à un moment
donné, quand celui qui vous parle sera remplacé, il se peut
très bien qu'un autre ministre du présent gouvernement ou d'un
autre gouvernement décide de modifier ces critères, soit de les
bonifier, d'en ajouter ou d'en enlever.
Alors, c'est une politique qui fait preuve de souplesse et qui
correspond au monde des pêches dans lequel on est. Mais, chose certaine,
les critères qui sont retenus et qui sont précisés, dans
certains cas, dans le projet de loi actuel, sont des critères de nature
socio-économique. Et je veux le rappeler au député de
Lévis, parce que son intervention nous porte à croire que,
peut-être, il voudrait se limiter, lui et sa formation politique,
à des critères se limitant à des facteurs d'ordre
d'hygiène ou de salubrité. Je l'invite à faire un exercice
important de réflexion face aux conséquences d'un pareil geste ou
d'un pareil appui qu'il pourrait donner et lui indiquer que ce serait à
contre-courant des décisions que son propre gouvernement a prises dans
le passé, puisque pour à peu près toutes les
décisions qui ont été prises, qu'il s'agisse d'acceptation
ou de refus par le gouvernement du Parti québécois, à
partir de 1983, ce sont des facteurs d'ordre socio-économique qui ont
été utilisés. Et je pourrai, dans l'étude article
par article, déposer au député de Duplessis, s'il le veut,
s'il le désire, des lettres écrites par son collègue de
Lévis qui, noir sur blanc, indiquait que les critères qu'il
utilisait étaient des
critères de nature socio-économique.
Alors, loin de moi l'intention de vouloir reprocher ça au
gouvernement précédent, au contraire. Ce que nous faisons
s'inscrit très bien dans la continuité de ce qui s'est
déjà fait, sauf que nous le faisons avec beaucoup plus de
transparence, beaucoup plus d'ouverture, et je pense que, ça aussi,
ça correspond à l'évolution du secteur dans lequel nous
sommes, le secteur des pêches.
Le député de Duplessis a fait allusion également
à certaines revendications de l'AQIP, qui disait, par exemple, que, au
niveau des espèces sous-exploitées, sous-utilisées, il
fallait faire preuve d'ouverture dans l'avenir afin qu'on puisse émettre
davantage de permis. M. le Président, j'attire l'attention du
député de Duplessis sur la politique ministérielle
à laquelle je référais tantôt, où en page 5,
à l'article 3.4, explicitement, il est indiqué notre intention de
tenir compte de cette représentation et d'aller vers ce secteur.
Et je veux, pour en témoigner, vous citer quelques
décisions que nous avons prises et qui, je pense, sans l'ombre d'un
doute, nous indiquent que le ministère de l'Agriculture et des
Pêcheries veut vraiment tenir compte de cette non-disponibilité de
la ressource au niveau du poisson de fond plus particulièrement. Et nous
avons émis toute une série de permis. J'en cite quelques-uns,
comme, par exemple, à Poisson salé gaspésien, situé
à Grande-Rivière, pour le maquereau et le hareng, qui sont des
espèces sous exploitées; à Norpro, aux
îles-de-la-Madeleine, pour le sébaste et le hareng; à
Produits marins St-Godefroi, de Carleton, pour le sébaste et
l'éperlan; à Gagnon, de Gascons, pour le hareng; à
Transcom, à Les Méchins, pour les oeufs de lump; à
Poissonnerie Bouchard, à Sheldrake, pour le buccin; à Fruits de
mer du Nord du golfe, pour le caplan; à Gagnon, Turbide, aux îles,
pour l'aiguillât commun; à Madelimer, aux îles, à
Grande-Entrée pour l'aiguillât commun également.
Alors, on l'applique, M. le Président. Je ne vois pas pourquoi
faire le député de Duplessis revendique là-dessus, c'est
déjà chose faite. Et on répond, en cela, aux demandes qui
nous ont été faites, et j'espère que, lors de
l'étude article par article, on aura l'occasion d'enlever au
député de Duplessis ses interrogations et que ça lui
permettra peut-être de revenir en troisième lecture et de revoir
sa position sur le projet de loi.
Il nous a parlé, également, des réactions de l'AQIP
quand j'ai annoncé la politique ministérielle d'émission
de permis. Vous me permettrez, M. le Président, de mentionner au
député de Duplessis et même de lui faire lecture d'une
partie d'un communiqué de presse qui a été émis par
l'AQIP en juin 1993 et qui témoigne, je pense, du sentiment de
l'ensemble des industriels du secteur pêches à l'endroit de
l'inquiétude qui a été créée dans le milieu
face, par exemple, à ce à quoi le député de
Duplessis faisait allusion: un jugement qui était intervenu et dont
l'interprétation nous indiquait qu'on devait se limiter aux
critères de la salubrité et de l'hygiène.
Alors, je veux le lire, M. le Président, ce communiqué qui
est signé par l'AQIP. On nous dit: II y a deux ans, devant la diminution
des ressources et l'augmentation de la surcapacité de transformation,
les membres de l'AQIP avaient exercé des pressions auprès du
gouvernement afin que celui-ci adopte des normes claires, nettes et
précises quant à l'émission des permis d'usine. Dans ce
contexte de crise de l'industrie des pêches, il devenait
impératif, alors, que le ministre Vallières puisse fixer les
règles du jeu afin de préserver d'une anarchie une industrie
extrêmement fragile. Les industriels québécois avaient
appris à fonctionner à travers cette politique
ministérielle qui venait en quelque sorte régir et
sécuriser les industriels déjà en place, tout en
favorisant une plus grande stabilité et rentabilité des
établissements.
Or, devant ce jugement, l'AQIP demeure perplexe quant à l'avenir
de l'industrie qui, depuis ces dernières années, a fait des
efforts de rationalisation afin d'éviter, justement, de mettre en
péril l'industrie de la transformation des produits marins en laissant
quiconque intervenir dans l'industrie. L'Association met donc en garde les
intervenants du secteur de la pêche et les acteurs économiques du
territoire maritime québécois qui seraient tentés, par ce
jugement, d'oublier les intérêts collectifs et économiques
des régions au profit d'intérêts individuels.
M. le Président, c'est presque la question que j'ai envie de
poser au député de Duplessis. Est-ce qu'il va prendre position
pour des intérêts individuels, des intérêts
particuliers, ou est-ce qu'il va penser plutôt au développement
global du secteur des pêches, penser à l'intérêt
global de ce secteur d'activité? Je le sais très connaissant du
contexte, M. le Président. Quelques-uns de mes collègues sont
intervenus avant moi, de ce côté-ci de la Chambre, et je suis
heureux de la compréhension qu'ils ont du principe contenu dans ce
projet de loi. Je veux inviter le député de Duplessis à ne
pas trop se peinturer dans un coin et à penser également à
ce que nos collègues, à ce que nos partenaires d'autres provinces
ont fait, comme Terre-Neuve, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Ecosse qui ont
pris des mesures qui sont très sévères à l'endroit
de l'émission des permis. Dans certains cas, ce sont des moratoires
complets qui existent vis-à-vis l'émission de tout nouveau
permis.
Alors, M. le Président, je suis persuadé qu'on
réussira, lors de l'étude article par article, à
convaincre l'Opposition du bien-fondé de ce projet de loi. Je demeure
convaincu également que c'est un projet de loi qui est bon pour
l'ensemble des régions maritimes que l'on retrouve au Québec.
C'est un projet de loi qui vient discipliner davantage le secteur, qui vient
tenir compte également des acquis des gens qui sont situés dans
le milieu et qui, ma foi, constitue un geste d'ouverture, un geste bien
planifié pour préparer l'avenir de ce secteur qui en a grand
besoin au Québec. Merci.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
délégué à l'Agriculture, aux Pêcheries et
à
l'Alimentation. Alors, est-ce que le principe du projet de loi 120, Loi
modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté.
Des voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le ministre délégué aux Transports.
Renvoi à la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation
M. Middlemiss: M. le Président, je fais motion pour que
ledit projet de loi soit déféré à la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
ministre délégué aux Transports.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Middlemiss: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'à compter de maintenant jusqu'à 22 heures,
à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation procédera à l'étude
détaillée du projet de loi 120, Loi modifiant la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, votre avis est
déposé. M. le ministre délégué aux
Transports. (20 h 30)
M. Middlemiss: L'article 4, M. le Président.
Projet de loi 113
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 4. M. le
ministre des Transports propose l'adoption du principe du projet de loi 113,
Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile. M. le ministre des
Transports.
Adoption du principe
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Merci, M. le Président. Le projet de loi
modifiant la Loi sur l'assurance automobile, dont nous amorçons
l'étude, propose des changements qui visent à la fois à
corriger des problèmes d'application et à éliminer
certaines difficultés d'interprétation. Des ajustements de nature
technique et de concordance viennent également se greffer à ce
projet de loi.
Avant de pousser plus à fond l'étude du présent
projet de loi, permettez-moi, M. le Président, de faire un bref rappel
historique. Le régime d'indemnisation édicté par la Loi
sur l'assurance automobile qui vise à indemniser les victimes d'un
accident d'automobile, et ce, sans égard à la faute, a fait
l'objet d'une réforme majeure introduite en 1989, dont l'entrée
en vigueur remonte au 1er janvier 1990. Les principaux objectifs alors
poursuivis par le législateur étaient les suivants: accorder une
meilleure indemnisation aux victimes de la route, principalement aux grands
blessés; rééquilibrer les indemnités en fonction
des besoins véritables des victimes et de leurs pertes
économiques réelles et faciliter l'administration du
régime.
Depuis cette réforme, des changements mineurs ont
été apportés à la loi en 1992 afin de corriger
certaines lacunes identifiées au cours de la première
année d'application du régime. Actuellement, de nouveaux
amendements sont requis afin de résoudre des problèmes
d'application pour lesquels des correctifs s'imposent à court terme. Les
mesures que nous proposons, M. le Président, visent une fois de plus
à bonifier la couverture du régime d'indemnisation dont
l'objectif, je crois devoir le rappeler, est d'indemniser le plus
adéquatement possible la perte résultant d'un accident
d'automobile. C'est dans cette perspective que s'inscrivent donc les
différentes mesures proposées par le projet de loi soumis
à votre attention. Je tiens, finalement, à souligner que
plusieurs des changements commandés par ce projet de loi font
également suite à des engagements pris auprès du
Protecteur du citoyen. Il s'agit plus précisément des mesures
concernant les personnes à charge, la prolongation du droit à
l'indemnité de remplacement du revenu et l'indemnité forfaitaire
pour dommages non pécuniaires.
Au titre de l'admissibilité au régime, nous avons dû
revoir la définition de la personne à charge. Cette
définition s'applique à l'ensemble de la loi, tant aux fins de
calcul de l'indemnité de remplacement du revenu qu'en ce qui a trait
à la détermination du droit à une indemnité de
décès. La problématique que soulève cette
disposition découle surtout de son application en matière
d'indemnité de décès, plus particulièrement
à l'égard des enfants mineurs de la victime. Selon le
libellé actuel, l'enfant mineur de la victime est
considéré comme une personne à charge dans la mesure
seulement où la victime subvient à plus de 50 % de ses besoins
vitaux et de ses frais d'entretien. Sa reconnaissance dépend donc du
niveau de contribution de la victime à ses besoins. Or,
l'expérience démontre que l'application de cette exigence aux
enfants mineurs de la victime est peu adaptée à la
réalité socio-économique actuelle et va même
au-delà de ce que prescrit le droit civil en matière d'obligation
alimentaire.
En effet, le Code civil exige non seulement de tenir compte des besoins,
mais également des ressources des parties et des circonstances dans
lesquelles elles se
trouvent. Cette disposition a d'ailleurs soulevé de
l'insatisfaction et fait l'objet de plusieurs critiques. C'est dans ce contexte
que nous avons décidé de conférer d'emblée le
statut de personne à charge aux enfants mineurs de la victime. Il s'agit
là d'une position qui s'harmonise avec celle adoptée par les
organismes gouvernementaux qui administrent des législations connexes,
à savoir la CSST et la Régie des rentes du Québec,
lesquels reconnaissent à l'enfant mineur d'une victime
décédée le droit de recevoir une compensation
monétaire. Ce faisant, la Société tient également
compte des obligations alimentaires, morales et affectives des parents à
l'égard de leurs enfants, et compense la perte en résultant.
Nous proposons, de la même façon, de conférer ce
statut à l'enfant mineur à l'égard duquel la victime tient
lieu de père ou de mère. Enfin, en ce qui concerne les enfants
majeurs de la victime et les personnes majeures à qui elle tient lieu de
père ou de mère, nous avons cru bon de maintenir l'exigence d'une
contribution aux besoins de plus de 50 %, étant donné qu'elle ne
pose pour eux aucune difficulté.
Par ailleurs, la loi prévoit le paiement d'une indemnité
de remplacement du revenu tant qu'une victime est incapable de travailler
à la suite d'un accident d'automobile. Toutefois, cette indemnité
cesse lorsqu'un examen médical détermine que la victime est
redevenue capable de travailler, même si la décision n'est rendue
qu'ultérieurement. Par conséquent, entre la date de l'examen et
celle de la décision, la victime n'a droit à aucune compensation
monétaire, et ce, bien qu'elle puisse subir des pertes de revenu ou que
cela retarde son admissibilité à un régime de
sécurité du revenu. La mesure proposée vise donc à
prolonger l'indemnité de remplacement du revenu jusqu'à ce qu'une
décision de la fin de paiement soit rendue. Ce faisant, nous donnons
également suite à une requête formulée par le
Protecteur du citoyen.
Toujours dans le but de mieux satisfaire l'ensemble de notre
clientèle et de respecter, encore une fois, un engagement
contracté auprès du Protecteur du citoyen, nous proposons
d'apporter une bonification aux chartes de l'indemnité forfaitaire pour
dommage non pécuniaire. Cette indemnité, rappelons-le, permet de
compenser l'atteinte permanente à l'intégrité physique ou
psychique subie par une victime à la suite d'un accident d'automobile.
La nature même de cette indemnité fait en sorte qu'il faut
attendre la conciliation de la blessure pour statuer sur l'existence d'une
atteinte permanente. Actuellement, le montant versé correspond à
celui applicable au moment de l'accident et fait abstraction des délais
d'attente inhérents au paiement de ce type d'indemnité. Pour
éviter tout préjudice consécutif à ce délai,
nous proposons que le montant qui sert de base au calcul de cette
indemnité soit revalorisé à la date où la
Société rend une décision à cet égard.
Enfin, nous avons également apporté des ajustements
techniques et de concordance à certaines dispositions
législatives. Toutefois, je ne m'attarderai pas davantage sur celles-ci
puisque j'aurai l'occasion, M. le Président, de les aborder de
façon plus détaillée lors de la séance de la
commission parlementaire. Là-dessus, j'invite sans plus tarder mes
collègues de l'Assemblée nationale à procéder
à l'adoption du principe du projet de loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile, lequel nous apparaît ne soulever aucun
problème particulier. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Transports. Alors, nous en sommes à l'adoption du principe du projet
de loi 113, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile. Je suis prêt
à reconnaître un prochain intervenant, et je cède la parole
à M. le président de la commission de l'aménagement et des
équipements et député de Lévis. M. le
député de Lévis, la parole est à vous.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le projet de loi que nous avons
devant nous est un projet de loi trompeur. Le projet de loi 113, au premier
coup d'oeil, peut paraître favorable aux victimes. C'est ce que le
discours du ministre tend à faire. Le projet de loi semble
améliorer le régime en élargissant la définition
des personnes à charge de la victime et en prévoyant le maintien
du versement de l'indemnité de remplacement du revenu accordée
à une victime jusqu'à la date de la décision de la
Société qui met fin à cette indemnité lorsqu'un
examen médical a été requis par la Société.
(20 h 40)
Ces dispositions coûteront quelques sous à la
Société de l'assurance automobile, mais seront beaucoup plus que
compensées et récupérées par d'autres dispositions
du projet de loi. Je les mentionne, M. le Président. D'abord,
premièrement, la capitalisation des frais de garde, des frais
engagés en raison d'un accident et des frais de réadaptation
permettra à la Société de l'assurance automobile du
Québec d'économiser des sommes d'argent importantes auxquelles
les victimes ont droit.
La durée de la réadaptation d'une victime est difficile
à mesurer. Il s'agit d'avoir été député de
comté pour savoir, dans certains cas, les séquelles d'un
accident, qui n'avait pas été prévues, qui surviennent, et
tout le débat qui s'engage. Il faut vous dire que, depuis que la
Société de l'assurance automobile a eu le mandat
d'économiser sur le dos des victimes par le ministre des Finances,
depuis qu'on siphonne par milliards l'argent dans la caisse de l'assurance
automobile du Québec, on voit de plus en plus dans nos bureaux de
comté des victimes d'accidents qui viennent se plaindre des
méthodes utilisées par la Société de l'assurance
automobile du Québec, M. le Président. La durée de la
réadaptation d'une victime est difficile à mesurer.
En outre, les séquelles qui résultent d'un accident
peuvent se manifester de façon intermittente. On peut ne pas être
guéri complètement et subir les conséquences d'un accident
pendant tout le reste de sa vie, et de façon intermittente, pas
nécessairement tout le temps. Ces
éléments rendent difficile l'évaluation des frais
engagés à la suite d'un accident, et la victime sera dans une
situation d'infériorité par rapport à la
Société de l'assurance automobile du Québec pour
évaluer ces montants. En outre, lorsqu'une victime aura accepté
la capitalisation de ses frais de réadaptation, il lui sera plus
difficile de se faire rembourser les frais reliés à des
problèmes qui pourraient survenir après l'accident et
après qu'elle aura touché sa rente capitalisée.
M. le Président, cette mesure ne va pas dans le sens des
intérêts des victimes, mais va dans le sens des
intérêts de l'administration, de la bureaucratie dont le ministre
se fait le principal défenseur. Donc, le ministre devrait être
davantage préoccupé des victimes d'accidents. La seule chose qui
l'intéresse, c'est de défendre le ministre des Finances, de
défendre le fonds consolidé et de faire en sorte qu'on siphonne
la Société de l'assurance automobile au détriment des
victimes, M. le Président.
Deuxièmement... Est-ce qu'on peut avoir le silence, M. le
Président?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous avez raison, M. le
député. À ma droite, M. le député d'Orford,
vous avez une voix, votre voix est forte, je l'entends facilement. Je vous
prierais d'accorder votre collaboration à la présidence et, en
particulier, au député de Lévis, et je lui demande de
poursuivre son intervention. M. le député.
M. Garon: je vous remercie, m. le président.
deuxièmement, actuellement, la société de l'assurance
automobile du québec a le pouvoir de capitaliser les indemnités
de remplacement du revenu et elle retient jusqu'à 25 % du montant
capitalisé pour tenir compte des aléas de la vie, m. le
président. les aléas de la vie jouent en faveur de la
société de l'assurance automobile, comme s'ils ne devraient pas
jouer en faveur de la victime. voici ce qu'affirme le protecteur du citoyen
dans son rapport de 1991-1992, sur le versement de cette rente par la
société de l'assurance automobile du québec, quand il
parle, entre guillemets, de «l'illégalité de certaines
décisions en vertu desquelles la société a retenu sur le
capital représentatif d'une rente versée à une victime un
pourcentage de 25 % pour tenir compte des aléas de la vie». on
ferme les guillemets. le protecteur du citoyen, 22e rapport annuel, 1991-1992,
page 154, m. le président.
Bref, la Société coupe actuellement les montants
capitalisés dans le cas des indemnités de remplacement du revenu.
Pourquoi ne le ferait-elle pas de la même façon avec la rente
capitalisée des frais de garde, des frais engagés en raison d'un
accident et des frais de réadaptation qu'elle veut assujettir à
la capitalisation avec le projet de loi 113? M. le Président, comment
peut-on capitaliser des frais de réadaptation alors que c'est bien
prétentieux de penser qu'on peut savoir de façon certaine quels
seront ces frais-là à l'avance et les capitaliser dans un montant
forfaitaire où la victime aura à payer si, à un moment
donné, la capitalisation n'est pas exacte?
Troisièmement, la Société de l'assurance automobile
du Québec se donne des pouvoirs considérables pour enquêter
chez les fournisseurs de services aux victimes d'accidents. La
Société de l'assurance automobile du Québec n'introduit
pas cette disposition par hasard ou pour payer davantage les victimes. Au
contraire, elle disposera de renseignements qui lui permettront de harceler les
victimes en vue de contester certains remboursements faits aux
accidentés. J'ai des cas présents à l'esprit, M. le
Président, où les victimes doivent constamment revenir à
la charge parce qu'on ne veut pas payer alors que les dommages sont là,
sont évidents, mais on s'arrange pour tellement écoeurer la
victime qu'on dit: Elle va peut-être lâcher.
M. le Président, selon des déclarations d'avocats de
victimes d'accidents, la Société de l'assurance automobile du
Québec utilise un système sophistiqué pour ne pas
indemniser les victimes. Ce n'est pas moi qui le dis, M. le Président;
ça a été rapporté dans les journaux. Des avocats,
qui sont procureurs des victimes, voient le harcèlement de la
Société de l'assurance automobile du Québec devant des
personnes malades, insécures, qui sont inquiètes. On fait en
sorte de ne pas les payer, alors que le régime d'assurance automobile
avait justement pour but que ça ne se produise pas de cette
façon-là. C'est ça qu'on avait contré par le
régime de la Société de l'assurance automobile du
Québec: arrêter que les gens se retrouvent devant les tribunaux
pendant des années sans savoir ce qui va leur arriver. Bien,
aujourd'hui, la Société de l'assurance automobile du
Québec fait de plus en plus siennes ces pratiques d'autrefois, avant la
Société de l'assurance automobile du Québec, M. le
Président.
Selon Me Marc Bellemare, qui est quand même un avocat membre du
Barreau ? je n'ai pas entendu parler que le ministre avait porté
plainte contre Marc Bellemare aux syndics du Barreau qui font enquête sur
les avocats quand on n'est pas satisfaits ? un avocat
spécialisé dans les causes de la CSST et de la
Société de l'assurance automobile du Québec, cette
dernière a mis en place un système sophistiqué pour
décourager les réclamants de la Société de
l'assurance automobile du Québec. Qu'est-ce qu'il dit, Me Bellemare? Il
dit: Première étape, l'agent spécialiste de
révision. La Société de l'assurance automobile a introduit
un agent spécialiste de la révision entre l'agent d'indemnisation
et le bureau de révision, dont le mandat, à toutes fins
pratiques, est de décourager les victimes de contester la
décision de l'agent d'indemnisation. Rappelons que la loi prescrit un
délai de 60 jours pour contester par écrit une décision
d'indemnisation. Il semble que la machine de la Société de
l'assurance automobile du Québec se met en branle pour neutraliser ce
droit qui appartient aux victimes d'accidents de la route dès qu'une
décision d'indemnisation est rendue.
Deuxième étape: demande de révision
déposée en retard. Selon Me Bellemare, lorsque la victime a
décidé
de contester quand même la décision d'indemnisation, elle
constate souvent que le délai de 60 jours est écoulé.
Pourquoi? Parce que la machine de la Société de l'assurance
automobile du Québec s'organise pour brûler du temps et n'explique
pas aux victimes toujours quels sont leurs droits et les délais à
l'intérieur desquels elles peuvent les exercer.
Troisième étape: un bureau de révision inefficace.
Selon Me Bellemare, le bureau de révision de la Société de
l'assurance automobile du Québec ne vaut rien parce que presque tous les
cas se retrouvent devant la commission d'appel des affaires sociales. La
commission de révision est une étape additionnelle avant l'appel
devant la Commission des affaires sociales. Bref, si la victime se rend
à l'étape du bureau de révision, elle a peu de chances
d'être écoutée et elle n'a jamais le bénéfice
du doute, ce qu'elle aurait devant un tribunal, M. le Président. La
Société de l'assurance automobile du Québec a toujours
raison. Me Bellemare affirme que, même si six médecins
différents disent que l'accidenté victime d'un accident
d'automobile ne peut plus faire le même travail, si le médecin de
la Société de l'assurance automobile du Québec dit le
contraire, et c'est toujours ce qui se produit, l'accidenté a tort et
doit automatiquement faire appel à la Commission des affaires
sociales.
En plus, la Société de l'assurance automobile n'accorde
pas d'intérêts sur les indemnités finalement
accordées par la Commission des affaires sociales pour les accidents
survenus avant 1990, mais elle collecte les intérêts des
placements provenant des primes payées par les assurés, dont les
victimes d'accidents, alors qu'elles attendent d'être indemnisées.
(20 h 50)
Troisièmement, le Protecteur du citoyen s'est senti obligé
de déposer un rapport spécial sur les pratiques de la
Société de l'assurance automobile du Québec. Le Protecteur
du citoyen est neutre, il est nommé par l'Assemblée nationale.
Évidemment, ça dérange le gouvernement, puisqu'on ne
renouvelle pas son mandat pour créer un climat
d'insécurité. Imaginez-vous, si on faisait ça dans le cas
d'un juge, M. le Président. On a justement arrêté ça
dans le cas des juges pour que les gens aient toute la latitude voulue de
rendre jugement sans sentir la menace du gouvernement. Dans le cas du
Protecteur du citoyen, on laisse son mandat expirer, puis on ne le renomme pas.
On ne lui dit pas ce qui va arriver.
Malgré ça, le Protecteur du citoyen, dans son rapport
annuel 1991-1992, mentionne qu'il a remis à la Société de
l'assurance automobile du Québec un rapport spécial sur les
problèmes majeurs concernant l'indemnisation des victimes d'accidents de
la route. Le Protecteur du citoyen affirme: «Nous avons
présenté un rapport spécial au nouveau président de
l'organisme afin d'expliquer les manquements de la Société
à sa mission première de service public préoccupé
des intérêts de sa clientèle, et chargé
d'administrer des programmes de portée sociale étendue. Ceci, par
opposition à une entreprise privée dont la conception des
services d'assurance demeure d'abord lucrative.» On trouve ces
paroles,
M. le Président, dans le rapport 1991-1992, le 22e rapport annuel
du Protecteur du citoyen, à la page 154. le protecteur du citoyen fait
état de plusieurs pratiques inacceptables de la société de
l'assurance automobile, m. le président, notamment, de la double
imposition des rentes d'invalidité de la société de
l'assurance automobile du québec et de la régie des rentes du
québec; de «l'illégalité de certaines
décisions en vertu desquelles la société a retenu sur le
capital représentatif d'une rente versée à une victime un
pourcentage de 25 % pour tenir compte des aléas de la vie»; des
«conséquences du délai de la société à
aviser une victime du résultat de l'évaluation médicale de
sa capacité de travail»; et de «l'absence
d'intérêts versés à une victime sur
l'indemnité forfaitaire qui lui est accordée plusieurs mois
après son accident pour sa perte d'intégrité physique ou
psychique». on trouve ces propos du protecteur du citoyen, m. le
président, que je viens de citer, dans le 22e rapport annuel, 1991-1992,
aux pages 154 et 155.
La Société de l'assurance automobile du Québec se
comporte de façon dure, odieuse et, dans certains cas, répugnante
envers certaines victimes d'accidents de la route. Elle s'organise pour payer
le moins possible, alors que les victimes d'accidents de la route ont
payé leur prime à la Société et que la caisse des
assurés était bien garnie. Aujourd'hui, on ne veut pas payer. Le
seul qu'on paie, c'est le ministre des Finances. C'est le ministre des Finances
qui retire de plus en plus d'argent, et les assurés, les victimes
d'accidents, de moins en moins d'argent!
On a vu un projet de loi déposé aujourd'hui, le projet de
loi 130, où on dit que le ministre des Finances va chercher 1 000 000
000 $ en plus de ce qu'il a pris antérieurement et en plus des autres
lois qui ont été votées depuis 1986; 1 000 000 000 $
seulement en 1993 et en 1994, à même la caisse de la
Société de l'assurance automobile du Québec. Aujourd'hui,
on cherche tous les moyens possibles pour payer le moins possible les victimes
d'accidents. M. le Président, je ne souhaite pas aux
députés libéraux qui vont voter en faveur de cette loi que
leur père ou leur mère soit traité de la façon dont
ils traitent les victimes d'accidents d'automobile. Je me rappelle toujours une
parole de l'Évangile qui dit que, souvent, on est traité de la
même façon qu'on traite les autres.
Quatrièmement, le ministre des Transports ne veut rien entendre
et reste impassible face au rapport spécial du Protecteur du citoyen.
Lors de l'examen du rapport annuel 1991-1992 du Protecteur du citoyen par la
commission permanente des institutions, le 18 juin 1993, le Protecteur du
citoyen a affirmé que le ministre des Transports se rangeait
derrière les positions de la Société de l'assurance
automobile du Québec sur trois des cinq points du rapport
spécial. Le Protecteur du citoyen a ajouté ?je cite les
débats de l'Assemblée nationale, commission permanente des
institutions, 18 juin 1993, à la page 2184: «J'ai reçu
aujourd'hui une lettre du ministre responsable pour me dire qu'il appuyait la
position de la
Société sur» trois points du rapport spécial,
«ce qui fait que je dois nécessairement, au nom des citoyens qui
ont déposé des plaintes dans ces dossiers-là, faire un
rapport spécial à l'Assemblée nationale dès son
ouverture, dès sa reprise.
Le ministre, M. le Président, reste donc impassible devant le
comportement inacceptable de la Société de l'assurance automobile
du Québec envers les victimes d'accidents, notamment dans le cas de la
coupure de 25 % des rentes capitalisées de remplacement du revenu, qui a
été jugée illégale par la Commission des affaires
sociales, et dans le cas des décisions prises et annoncées en
catimini par la Société de l'assurance automobile du
Québec de modifier la couverture d'assurance des propriétaires de
trimotos.
Autre point, M. le Président: la Société de
l'assurance automobile du Québec verse plus d'argent au gouvernement
qu'aux victimes d'accidents. Évidemment, il faut économiser sur
le dos des victimes parce qu'on verse l'argent au gouvernement à la
place. Entre 1986 et 1993, la Société de l'assurance automobile
du Québec aura remis 2 400 000 000 $ au ministre des Finances, alors
qu'elle aura versé, durant la même période, 2 280 000 000 $
aux victimes d'accidents de la route du Québec, c'est-à-dire
qu'elle a payé plus d'argent, la Société de l'assurance
automobile du Québec, en étant une société
d'assurances, M. le Président, au ministre des Finances qu'aux victimes
d'accidents: 2 400 000 000 $ au ministre des Finances, 2 280 000 000 $ aux
victimes d'accidents.
Aujourd'hui, on a l'impression d'être en face de l'ordre des
Templiers, au Moyen Âge, M. le Président: égorger les
victimes; des collecteurs assoiffés et des gens qui, face aux victimes
d'accidents, les traitent durement. Alors qu'ils ont payé leurs primes,
que la caisse est pleine d'argent et qu'on «charge» trop de primes,
on paie le moins possible aux victimes d'accidents parce que le ministre des
Finances a un siphon directement dans la caisse de la Société de
l'assurance automobile du Québec qui devrait avoir pour seul motif de
payer et d'indemniser les victimes d'accidents d'automobile.
En 1993, M. le Président, la Société de l'assurance
automobile du Québec versera 1 200 000 000 $ au gouvernement du
Québec comparativement à 370 000 000 $ aux victimes d'accidents
de la route, soit plus de trois fois plus, M. le Président, que les
sommes qu'elle paiera aux victimes. L'appétit, je suppose, vient en
mangeant. Le ministre des Finances, de 1986 à 1993, en a pris un peu
plus, mais, seulement en 1993, il en prendra plus de trois fois plus dans la
caisse de la Société de l'assurance automobile du Québec
que les victimes d'accidents. La caisse de la Société de
l'assurance automobile du Québec versera 370 000 000 $ en 1993 aux
victimes d'accidents et elle versera 1 200 000 000 $ au ministre des Finances,
M. le Président.
C'est épouvantable! C'est scandaleux! C'est répugnant! Il
n'y a pas de nom, il n'y a pas de nom, M. le Président, pour qualifier
une telle pratique. La Société de l'assurance automobile du
Québec, le nouvel ordre des Templiers au Québec, n'a aucune
pitié envers les victimes d'accidents de la route et elle les
dépouille pour remplir les poches du ministre des Finances. Le
gouvernement libéral et les dirigeants de la Société de
l'assurance automobile du Québec ont détourné la mission
du régime public d'assurance automobile du Québec, et les
victimes d'accidents de la route sont les plus affectées par ce
détournement.
La Société de l'assurance automobile du Québec est
devenue un État dans l'État. Son audace est sans limite, M. le
Président. On l'a vu lors des propositions de projets de loi, où
on était rendu à vouloir signifier aux gens des décisions
et présumer qu'ils avaient reçu des documents et fonctionner sur
des présomptions, sans avoir besoin de prouver quoi que ce soit. M. le
Président, en retournant le fardeau de la preuve contre les citoyens, la
Société de l'assurance automobile du Québec est
véritablement devenue un État dans l'État. Au cours des
dernières années, nous avons constaté, par les lois
déposées par le ministre des Transports, que la
Société de l'assurance automobile du Québec est devenue un
État dans l'État et qu'elle détient le monopole de la
vérité.
On se rend compte aussi que les projets de loi touchant la
Société de l'assurance automobile du Québec proviennent de
la machine de la Société de l'assurance automobile du
Québec et que le ministre des Transports est un facteur, un figurant ou
une marionnette de la Société de l'assurance automobile du
Québec, pas le ventriloque, mais la petite catin que fait parler le
ventriloque. On le fait bouger, on lui fait faire des belles, on lui fait faire
n'importe quoi. Lui, il suit, comprenez-vous, et la Société de
l'assurance automobile du Québec fait bouger le ministre au
détriment des victimes. (21 heures)
Un mot que j'aimerais dire, M. le Président, maintenant,
concernant les fichiers informatiques de la Société de
l'assurance automobile du Québec, qui sont incompatibles avec la loi.
Ainsi, lors de l'étude du projet de loi 91, en juin dernier, nous avons
découvert que les fichiers informatiques de la Société de
l'assurance automobile du Québec n'étaient pas conçus en
fonction des dispositions du Code de la sécurité routière.
La machine de la Société de l'assurance automobile du
Québec, plutôt que de changer ses programmes informatiques, a fait
modifier le Code. Il n'y a pas de limites! On ne modifie pas la
Société; ce n'est pas la Société qui s'ajuste
à la loi, c'est la Société qui fait modifier la loi. Elle
a fait modifier le Code. Le ministre est l'exécuteur.
Les fichiers informatiques de la Société de l'assurance
automobile du Québec indiquaient le mot «sanction» lorsque
le permis d'une personne était suspendu ou révoqué. Au
lieu de modifier leur système pour inscrire «suspendu» et
«révoqué», pour inscrire les mots
«suspendu» et «révoqué» dans le fichier
d'un conducteur, ce qui aurait permis, par ailleurs, de donner une meilleure
information aux policiers qui accèdent au système de la
Société de l'assurance automobile du Québec pour
vérifier le dossier d'un conducteur, la Société de
l'assurance
automobile du Québec, M. le Président, a convaincu le
ministre des Transports de changer la loi. Le Code de la sécurité
routière a été modifié pour plaire aux
fonctionnaires de la Société de l'assurance automobile du
Québec. C'est cela, le pouvoir bureaucratique, quand le ministre est
trop mou, quand le ministre ne se sent pas investi du devoir de protéger
les citoyens, quand il est, exactement, l'exécuteur de la bureaucratie.
Moi, j'ai envie de dire: De la bureaucratie et de la crasse, aussi!
Et ce sont les gens qui sont victimes de ces manoeuvres. Le ministre
devrait avoir comme fonction de protéger les citoyens. Il devrait
concevoir son rôle comme un rôle de protecteur des citoyens, et non
pas comme un rôle de dire: Tiens, toi! on va t'y faire goûter,
hein! La Société de l'assurance automobile, on a pris comme
motto, comme slogan, le slogan du Moyen Âge: La torture interroge et la
douleur répond.
Et vous savez ? vous avez été député,
M. le Président, je vous connais, vous avez été
député et vous êtes encore député. Et vous
savez que, quand on voit des gens démunis qui arrivent dans nos bureaux,
qui sont mal pris face à une machine qui est une véritable
pieuvre, dans laquelle ils se sentent totalement démunis, puis ils ne
savent pas quoi faire, ils ont deux institutions qui peuvent les
protéger: le député, quand il est un peu au courant de
comment ça marche, quand il s'est donné la peine ? ce n'est
pas toujours le cas ? et le Protecteur du citoyen.
Et, aujourd'hui, le Protecteur du citoyen fait des recommandations parce
qu'il trouve que, dans trop de cas, le citoyen se fait organiser par la
Société de l'assurance automobile du Québec. Remarquons,
M. le Président, aussi, qu'au printemps, au mois de juin, on en est
arrivé à proposer le renversement du fardeau de la preuve. Le
ministre voulait aussi, par ce même projet de loi, renverser le fardeau
de la preuve en matière de poursuite pour conduite, malgré la
suspension, la révocation du permis de conduire ou du droit d'en obtenir
un. Dès le départ, l'Opposition a combattu cette mesure et a
demandé l'avis du Protecteur du citoyen, du Barreau du Québec et
de la Commission des droits de la personne. Le Protecteur du citoyen, le
Barreau du Québec et le Club automobile du Québec se sont
opposés à cette mesure. Le ministre a finalement
cédé, après une lutte acharnée de l'Opposition.
Parce que son projet était en danger. Il a compris qu'il devait
céder parce qu'il n'y avait pas de bâillon. Nous avons vu, quand
quelqu'un est arrivé du bureau ? je ne sais pas si c'est du premier
ministre ou du leader ? qu'il n'y aurait pas de bâillon
là-dessus, il a été obligé de comprendre qu'il
n'aurait pas son projet de loi, aucunement, parce que l'Opposition avait
décidé que, jamais, elle ne flancherait sur des droits des
citoyens, et qu'on ne renverse pas le fardeau de la preuve.
Il n'y a pas eu de bâillon, de sorte qu'on a pu faire des
corrections. Rappelez-vous quand le ministre des Affaires municipales, qui a
plus d'autorité dans le parti que le ministre des Transports, a obtenu
le bâillon. On voit ce que ça donne dans les Affaires municipales;
aujourd'hui, les lois pètent! Les lois pètent! On voit les
municipalités; elles sont bien chanceuses, maintenant. Elles ne savent
plus comment taxer leurs citoyens. Les lois pètent devant les tribunaux.
Pourquoi? Parce qu'elles n'ont pas été étudiées. Et
j'avais dit, en cette Chambre, au ministre des Affaires municipales: Votre loi
va péter devant les tribunaux. Bien, elle a pété!
Pourquoi? Parce que le ministre des Affaires municipales n'a pas voulu se
soumettre à l'étude du projet de loi. Il est au-dessus de
ça, un genre de Moïse descendu de la montagne avec les Tables de la
Loi qui disait: Voici comment ça va fonctionner. Je n'ai besoin de
conseils de personne, je sais tout. On a vu, les tribunaux ont dit: Vous ne
savez pas grand-chose, et les lois ont pété. Puis, aujourd'hui,
les villes du Québec, qui ont des surtaxes sur les valeurs non
résidentielles, ne savent plus quoi faire, ne savent plus à quel
saint se vouer. Elles sont en train de faire des budgets, et elles ne savent
même plus si elles ont le droit de taxer, M. le Président.
Au cours du débat que nous avons eu en commission parlementaire
au mois de juin concernant le renversement du fardeau de la preuve, on a pu
constater que les fonctionnaires de la Société de l'assurance
automobile du Québec tenaient mordicus au renversement du fardeau de la
preuve. Pourquoi? Parce qu'une telle disposition leur enlevait de l'ouvrage et
qu'ils n'avaient plus à faire la preuve qu'une personne avait
reçu l'avis de suspension ou de révocation de son permis. Les
fonctionnaires voulaient transférer sur le citoyen le fardeau de la
preuve et il n'avait pas reçu l'avis de la Société de
l'assurance automobile du Québec, ce qui représente une
tâche difficile, très difficile. Il faut arrêter de penser,
comprenez-vous, que les gens sont tous chez eux à ne rien faire, en
attendant les avis de la Société de l'assurance automobile du
Québec. Ils ont d'autres choses à faire. Des lettres, des fois,
on ne les reçoit pas parce que, qu'est-ce que vous voulez, on les met
dans les boîtes à malle, il y a une tempête de neige, la
lettre part au vent, puis on ne l'a jamais reçue, M. le
Président. On va présumer qu'on l'a reçue.
Les fonctionnaires de la Société de l'assurance automobile
du Québec ne respectent pas les ordres de se présenter en cour,
M. le Président. Le 23 octobre 1993, le juge Gilles Charest, de la cour
municipale de Lévis, a menacé d'émettre des mandats
d'arrestation contre les fonctionnaires de la Société de
l'assurance automobile du Québec afin de les forcer à venir
témoigner en cour s'il arrivait encore un cas où un ordre de la
cour à cet effet n'était pas respecté. C'est quelque
chose, M. le Président, c'est quelque chose! Us sont payés, puis
ils ne veulent pas faire l'ouvrage. Le juge a aussi dénoncé le
laxisme des fonctionnaires de la Société de l'assurance
automobile du Québec. Je vois le leader du gouvernement qui vient
d'entrer en Chambre, M. le Président. Comment je l'ai entendu, alors
qu'il n'était pas député et qu'il était avocat,
dénoncer la bureaucratie! Puis, aujourd'hui, il en est devenu l'ultime
défenseur, M. le Président, et il encourage son ministre des
Transports à devenir le principal agent de bureaucratisation, de
centralisation des pratiques administratives de la Société
de l'assurance automobile du Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Question de règlement, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le député de
Lévis est en cette Chambre depuis suffisamment longtemps pour
connaître les dispositions de l'article 35 de notre règlement et
plus particulièrement le sixième alinéa de l'article 35.
Et, dans les circonstances, je vous demanderais, M. le Président, de
demander au député de Lévis de s'y conformer.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Lévis, si vous voulez vous adresser à la
présidence, la présidence vous écoute attentivement.
M. Garon: M. le Président, je me suis toujours
adressé à la présidence. En aucun moment... J'ai
parlé du leader du gouvernement, mais je ne m'adressais pas à
lui. C'est par votre entremise que j'en parlais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement, question de règlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le député de
Lévis a complètement raison. Le sixième alinéa de
l'article 35 ne réfère pas au fait de s'adresser directement
à un député. L'article 35, sixième alinéa,
stipule qu'il est interdit d'imputer des motifs indignes à un
député ou de refuser d'accepter sa parole.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, vous vous
adressez à la présidence. Si vous voulez continuer votre
intervention, M. le député.
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président. Je suis en
train de me demander si le député n'est pas en train d'avoir la
même pratique qu'un certain député, vous vous rappelez, qui
se levait une fois, le jeudi soir, pour invoquer le règlement pour que
sa femme puisse savoir qu'il était vraiment en Chambre et qu'il
n'était pas ailleurs. M. le Président, je ne nommerai personne,
mais les plus vieux s'en rappellent. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Alors, M. le Président, le juge a aussi
dénoncé le laxisme des fonctionnaires de la Société
de l'assurance automobile du Québec vis-à-vis les ordres de se
présenter en cour. Il a affirmé que tous les citoyens sont
égaux devant la loi, y compris les fonctionnaires de la
Société de l'assurance automobile du Québec, qui doivent,
comme les autres, se conformer aux ordres des tribunaux.
M. le Président, moi, je vais vous dire que plus je suis
député, plus les années passent ? pas plus que je
suis député, je ne le suis pas plus qu'avant ? plus je sens
que le devoir et le rôle principal d'un député, quand il
fait des projets de loi, c'est de protéger le citoyen, pas les
institutions! Les institutions, actuellement, son considérées
comme des menaces. Les citoyens ont de plus en plus peur de nos institutions
parce que nos institutions sont envahissantes, prennent de la place, tassent le
monde, «bulldozent». Les citoyens veulent se sentir
respectés et ils se sentent démunis devant des institutions trop
puissantes. (21 h 10)
Le ministre, actuellement, par le projet de loi, ne rend pas la
tâche facile aux victimes. Il rend, au contraire, la
Société de l'assurance automobile plus puissante, plus capable de
leur faire du mal, plus capable de ne pas payer, plus capable de faire du
trouble ou encore plus capable de couper des sommes d'argent auxquelles les
citoyens auraient le droit par la capitalisation. Et on sait à quel
point ça peut paraître alléchant, M. le Président,
une capitalisation d'un montant, alors qu'on donne moins que le montant que la
personne aurait reçu si elle l'avait reçu de façon
régulière, mais elle va se retrouver avec un motton réduit
parce que capitalisé et réduit davantage parce que payé
sous forme de capitalisation, mais, en réalité, la victime n'aura
plus la sécurité qu'elle aurait eue si elle avait eu sa rente
comme elle devrait être en droit de l'avoir.
Je pense qu'on rend la tâche facile à l'administration par
le projet de loi, mais je ne pense pas qu'on rende justice aux victimes
d'accidents et à leurs familles, M. le Président. Il y a quelque
temps, j'avais parlé au ministre d'un certain cas, d'une personne qui
trouvait ça difficile. Finalement, il n'a pas eu son montant. Il s'est
découragé puis, aujourd'hui, il est mort. Voyez-vous? Parce qu'on
ne sait pas dans quelles dispositions puis dans quel état d'esprit les
gens peuvent être quand ils sont découragés. Aujourd'hui,
quand les gens se sentent devant la machine de l'État, devant la
bureaucratie, ils se sentent démunis. Ils se sentent d'autant plus
démunis qu'ils ont moins d'instruction, qu'ils sont moins
fortunés puis qu'ils connaissent moins les rouages.
M. le Président, ce qu'on devrait faire, au contraire, dans nos
projets de loi actuellement, c'est de faire en sorte que la machine
administrative traite les citoyens avec respect. Il y en a qui abusent? Je suis
le premier à l'admettre, qu'il y en a qui abusent. Mais on ne base pas
un système sur les quelques citoyens qui en abusent. On base un
système sur l'ensemble des citoyens, les droits de l'ensemble des
citoyens, les besoins de l'ensemble des citoyens. Il est mieux d'avoir une
personne qui passe à travers le filet de sécurité de
l'administration que d'en traiter injustement, des citoyens. Il est mieux de
traiter les gens correctement.
Aujourd'hui, les gens se sentent mal pris, se
sentent mal pris devant la Société de l'assurance
automobile du Québec. Nous avons, puis les députés peuvent
en témoigner, de plus en plus de cas de comté, de gens qui
viennent nous voir parce qu'ils ne savent pas comment faire. Ils ont des
rapports médicaux que... J'ai été à l'école,
moi, quasiment pendant, M. le Président, 25 ans, puis on a de la
misère à les lire, nous autres mêmes. On a de la
difficulté à les lire, les rapports médicaux. Pourquoi?
Parce que c'est un langage assez spécial. Je ne blâme pas les
médecins, mais c'est un langage assez spécial. Puis on voit nos
citoyens qui ont leur rapport difficile à comprendre, avec des
obstinations entre médecins. Et puis, au contraire d'avantager
l'assuré, ce que ferait un tribunal normal dans le cas de doute, dans le
cas de...
D'ailleurs, les nouvelles dispositions du Code civil, M. le
Président, vous savez que les nouvelles dispositions du Code civil,
malgré que j'étais exempté comme député, je
n'ai pas voulu me prévaloir... Oui, je me suis prévalu de
l'exemption au cas, mais je peux vous dire que j'ai suivi tous les cours du
Barreau, 100 %, les 20 cours, 60 heures, alors que j'étais obligé
seulement à 60 % si je n'étais pas exempté. Malgré
les exemptions, je les ai tous suivis, ce qui me permet de vous dire
aujourd'hui qu'on dit, dans le nouveau Code civil, pour l'ensemble des
citoyens, que, quand c'est un contrat d'adhésion, quand les normes ont
été fixées par celui qui a rédigé le
contrat, celui qui est obligé d'y adhérer tel quel, on doit
l'interpréter, le contrat, en sa faveur parce que, lui, il n'a pas pu
négocier les clauses. On doit l'interpréter en sa faveur. Et
j'aimerais que la Société de l'assurance automobile
conçoive que les règles du Code civil doivent lui être
applicables également et que le ministre ne doit pas s'acharner à
trouver des dispositions pour faire en sorte que ce qui va être du droit
normal dans notre société, que dans des contrats
d'adhésion, c'est celui qui signe sans pouvoir changer un mot qui est
protégé.
Dans le contrat de l'assurance automobile ou dans l'assurance
automobile, ce n'est pas le citoyen qui a fixé les règles. Il
n'en a fixé aucune, c'est l'Assemblée nationale. C'est un contrat
d'adhésion, à toutes fins pratiques, et j'aimerais que les
mêmes règles jouent dans l'assurance automobile pour les victimes
d'accidents que celles qui jouent dans le domaine des relations privées
entre citoyens quand il s'agit de contrats d'adhésion où les
contrats d'adhésion doivent être interprétés en
faveur de ceux qui n'ont pas rédigé le contrat contre ceux qui
l'ont rédigé quand il y a des doutes, M. le Président.
C'est la règle qu'on a mise dans notre Code civil, à bon escient,
à bon escient, mais j'aimerais que le gouvernement s'applique à
lui les mêmes règles. N'oublions jamais, M. le Président,
que c'est ce gouvernement qui a fait en sorte, quand il y aura des trous dans
les routes... Quand il y aura des trous dans les routes qui seront des causes
d'accidents, le fardeau de la preuve reviendra au citoyen, de plus en plus
lourd, de plus en plus lourd, alors que, dans les relations privées
entre citoyens, on met des règles différentes. J'aimerais que les
dispositions du Code civil et leur esprit s'appliquent au gouvernement de la
même façon qu'on a mis des dispositions au Code civil qui
s'appliquent aux citoyens dans leurs relations entre eux, et ça serait
déjà, M. le Président, une amélioration
considérable.
Le gouvernement n'est pas au-dessus de la loi. Le gouvernement doit
donner l'exemple. Pourquoi aujourd'hui il y a tant de gens qui travaillent au
noir, il y a tant de gens qui se foutent des lois, il y a tant de gens qui ne
veulent plus payer leurs taxes? Pourquoi, M. le Président? Parce qu'ils
ne respectent plus les institutions qui ne les respectent pas. Vous savez, le
plus grand travailleur au noir actuellement, au Québec, c'est la
Société de l'assurance automobile et le ministre des Finances,
qui collectent de l'argent des assurés pour le donner à celui qui
n'est pas une victime, le ministre des Finances. Et aujourd'hui on dit, alors
qu'on siphonne les gens dans leurs primes d'assurance et on essaie de les payer
le moins possible lorsqu'ils sont victimes d'accidents, qu'on voudrait que les
citoyens sentent que les lois sont respectables, que les institutions sont
respectables quand, M. le Président, on les traite de cette
façon-là.
La meilleure façon pour un gouvernement d'être
respecté, c'est d'être respectable et de respecter les citoyens
pour lesquels il fait des lois, respecter les citoyens pour lesquels il fait
des lois. Comme députés en cette Chambre, nous ne sommes pas
là d'abord pour défendre un parti. On se présente pour un
parti au moment des élections, mais, une fois élus, nous sommes
les représentants des électeurs qui nous ont élus et des
citoyens qui nous ont élus. Et les lois qu'on doit faire, M. le
Président, en cette Chambre, on doit prendre le temps qu'il faut pour
les faire, non pas se sentir toujours pressé en commission
parlementaire, pour bien faire des lois qui protègent les citoyens, non
pas des lois qui sont faites à la vapeur, qui sont faites trop
rapidement, avec des députés ministériels pressés,
comme s'ils n'étaient pas là pour prendre tout le temps qu'il
faut pour adopter des lois. Je ne me rappelle pas quel ministre disait
ça, mais, lorsqu'il est arrivé au gouvernement en 1985, 1986, il
disait: On veut légiférer moins, mais mieux. Et, là, on
légifère moins, mais plus mal, M. le Président. Il faut
prendre le temps. Il faut se demander pourquoi telle disposition est là,
prendre le temps de faire en sorte qu'on n'adopte pas des dispositions de
projets de loi qui vont être néfastes pour la population,
néfastes pour le citoyen.
La règle que nous devons nous donner... On se demande ce qui va
mal dans notre société. Je vais vous le dire avec ma petite
expérience, actuellement, de député qui écoute les
citoyens. Les citoyens n'ont plus confiance, n'ont plus confiance dans les
institutions, n'ont plus confiance dans le Parlement, n'ont plus confiance dans
les députés, n'ont plus confiance dans les institutions
politiques. Pourquoi? Parce qu'ils ont l'impression qu'on parle toujours des
deux côtés de la bouche. Ils ont toujours l'exemple qu'on parle
des deux côtés de la bouche, alors que, M. le Président,
les lois
qu'on fait devraient servir d'abord à protéger les
citoyens. La loi dont on parle, c'est la Loi sur l'assurance automobile, qui
est là pour assurer les automobilistes, pas le ministre des Finances,
les automobilistes. Pourtant, de 1986 à 1993, le ministre des Finances a
collecté 2 400 000 000 $ et les victimes d'accidents, 2 280 000 000 $.
Et, en 1993, le ministre des Finances va collecter 1 200 000 000 $ et les
victimes d'accidents, 370 000 000 $, plus de trois fois plus pour le ministre
des Finances.. (21 h 20)
J'essaie de me faire entendre, M. le Président. Il y a un
député qui dit: crier. J'essaie de me faire entendre, M. le
Président. J'essaie d'exprimer la voix désespérée
des citoyens, la voix désespérée des citoyens qui veulent
justement que les députés crient en cette Chambre qu'ils en ont
assez! Ils en ont assez d'être taxés! Ils en ont assez
d'être égorgés! Us en ont assez d'avoir l'administration
sur le dos pour leur faire faire des papiers inutiles. Ils en ont assez
d'être traités comme s'ils n'étaient pas des citoyens, M.
le Président.
C'est ça que les citoyens veulent qu'on fasse, M. le
Président. C'est ça qu'on doit faire, parce que le rôle
d'un député, c'est d'être quoi? Essentiellement un
représentant du peuple, un représentant des électeurs.
Et, actuellement, dans ce projet de loi, je sens que le ministre n'a pas
fait son travail. Il n'a pas fait son travail, parce qu'un ministre doit jouer
un rôle un peu de gardien de but. Pas se faire passer des rondelles par
des bureaucrates. Lui, il doit garder les buts pour les citoyens. Et le
ministre ne garde pas les buts pour les citoyens, il considère que les
citoyens sont dangereux.
La Société de l'assurance automobile considère que
les citoyens sont des gens dangereux alors que tout ce qu'ils font, M. le
Président, c'est de payer des primes d'assurance pour être
assurés. Quand on paie une prime d'assurance pour être
assuré, si on a le malheur d'avoir un accident d'automobile, bien, on
veut être payé. Vous savez que les seuls qui paient en double les
frais d'assurance-maladie, ce sont les propriétaires d'automobile...
Non, la CSST également.
Si vous avez un accident de ski-doo, vous ne payez pas de prime
d'assurance; l'assurance-maladie va payer. Si vous avez un accident de bicycle,
l'assurance automobile va payer. Si vous êtes dans n'importe quel
véhicule qui n'est pas une automobile, hein, qui est un ski-doo, un
canot, n'importe quoi, on paie avec l'assurance-maladie. Les automobilistes,
eux autres, on leur demande quoi? De payer leurs taxes pour
l'assurance-maladie, puis de payer aussi des primes, puis de payer des frais
d'assurance-santé en double pour, comme...
Une voix: ...
M. Garon: Non, non! On étudie justement la question en
commission parlementaire. Ce sont des questions qu'on a posées
aujourd'hui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le ministre, vous avez un droit de réplique. Vous connaissez le
règlement. Alors, si vous avez des choses à dire, vous les direz
dans votre droit de réplique.
M. le député, si vous voulez poursuivre votre
intervention.
M. Garon: Vous savez, le ministre devrait écouter plus le
député de Lévis, parce que vous vous rappelez que son
député associé ou adjoint, délégué
à la voirie, nous a fait des lois sur l'affichage le long des routes. Je
lui avais dit que ses lois étaient mauvaises. Ça a pris...
ça fait cinq lois qu'il fait pour essayer de régler l'affichage
le long des routes. Cinq lois! S'il avait écouté la
première fois, il n'aurait pas eu besoin de quatre autres lois. Il
aurait sauvé de l'argent à tout le monde.
C'est mieux d'écouter l'Opposition, parce que l'Opposition est
là pour dire ce qui ne va pas dans les projets de loi. C'est le
rôle de l'Opposition. L'Opposition n'est pas là pour dire ce qui
va dans le projet de loi, elle est là pour dire ce qui ne va pas. Ce qui
nous semble aller, on n'en parle pas, hein? Mais ce qui ne va pas, notre
rôle, c'est d'en parler, de dire ce qui ne va pas, et c'est comme
ça que fonctionne notre système démocratique.
Le système démocratique fonctionne parce que l'Opposition
est là pour surveiller le gouvernement et dire au nom des citoyens ce
qui ne va pas dans une législation ou dans des mesures qu'adopte le
gouvernement. C'est ça, notre tâche. Et, si on ne le fait pas, M.
le Président, on ne fait pas notre travail. C'est ça, notre
travail, essentiellement. Puis, si on ne le fait pas comme il faut, les gens
nous jugent. Les gens nous jugent.
Moi, les gens dans mon comté me disent: Garon, vas-y. Hein? J'ai
dis: Certainement. Vous me donnez un mandat, puis, plus vous me donnez de
majorité, plus je vais y aller. Hein? Si ma majorité n'est pas
forte, je vais dire: C'est plus serré. Avec le dernier vote que j'ai eu
aux dernières élections, j'ai senti qu'ils disaient: Vas-y encore
plus! J'y vais encore plus. Hein?
Pourquoi? Parce que je pense que les citoyens ont besoin de gens qui les
défendent. De plus en plus, je vais vous dire une chose, le rôle
d'un député... Les gens, assez souvent, quand ils parlent de la
politique, ils veulent être ministres. Je vais vous dire une chose: Je ne
suis même pas certain qu'aujourd'hui le rôle le plus important, ce
soit le rôle d'un ministre. Je pense qu'un député qui fait
son travail, qui défend les citoyens, qui se donne la peine de faire le
travail, c'est un rôle extraordinaire, mais à condition de penser
qu'un député, ça a une fonction: défendre les
citoyens, et non pas prendre tous les moyens possibles pour devenir
ministre.
C'est une grosse affaire, vous savez. On va avoir des élections
qui s'en viennent, là.
Une voix: ...
M. Garon: Hein? Oui. Ceux qui vont se présenter, moi, je
souhaite qu'ils vont avoir d'abord comme
objectif de devenir de bons députés; pas devenir de bons
ministres, mais devenir de bons députés.
Oui, je me rappelle que M. Lévesque, en 1976, lors de la
première rencontre qu'il avait faite avec nous, avait dit: N'oubliez
jamais que vous êtes d'abord et avant tout des députés, et
c'est pour ça que vous avez été élus, pour
être de bons députés. Et je pense encore ça: Le
rôle d'un député, c'est de travailler pour le monde qui a
voté, pas seulement ceux qui ont voté pour lui, mais ceux qui ont
voté dans son comté, tous ceux qui sont électeurs dans son
comté.
Actuellement, les gens sont inquiets; vous le savez, que les gens sont
inquiets. Les gens n'ont plus confiance; et vous le savez, que les gens n'ont
pas confiance. Vous savez qu'actuellement ? je vais vous dire une chose
? il n'y a pas beaucoup de métiers qui soient moins
respectés que le métier d'homme politique. Et pourtant, beaucoup
de gens ont le sentiment d'avoir fait leur possible, mais je ne suis pas
certain. Si les gens ont autant de méfiance face aux institutions, c'est
parce qu'il y a un problème. Et je pense que, trop souvent, on a
tendance à recevoir des institutions, des gens qui représentent
des organismes, mais on oublie souvent que la tâche de l'organisme c'est
de défendre les citoyens, et que, souvent, les organismes en viennent
à exister plus en fonction d'eux-mêmes. Leur principale
tâche, c'est de protéger l'organisme, alors que l'organisme,
souvent, vient nous parler. Et, quand on gratte un peu, on se rend compte que
trop d'institutions sont beaucoup plus préoccupées de leur
confort que du confort des citoyens qu'elles devraient avoir pour tâche
d'améliorer.
C'est notre rôle de député en cette Chambre de faire
en sorte que les projets de loi soient mieux faits, mieux faits, de travailler
plus fort et plus longtemps dans les commissions parlementaires pour que les
projets de loi rencontrent les objectifs visés en s'assurant que les
objectifs visés sont bons. Nous allons voter contre ce projet de loi en
deuxième lecture. Nous allons voter...
Non, on ne parle pas des deux côtés de la bouche. J'ai
tellement entendu parler, dans le temps, des libéraux qui étaient
dans l'Opposition parler contre le projet de loi, et voter pour. Comment j'ai
entendu ça! Le député qui est à côté
de moi, ici, le député de Lac-Saint-Jean, a tellement vu
ça. On disait: Vous parlez contre, mais vous allez voter pour. J'ai
tellement vu ça souvent. Ce soir, vous m'avez entendu montrer les
lacunes du projet de loi, et nous allons voter contre le projet de loi parce
qu'il y a des grosses lacunes à ce projet de loi là. Il y a des
points qui sont bons ? pas beaucoup ? mais il y a des points qui sont
mauvais. Les points qui sont mauvais sont dangereux pour les citoyens, et c'est
pourquoi nous allons voter contre ce projet de loi.
M. le Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député de Lévis. Alors, je rappelle aux membres de cette
Assemblée que nous en sommes à l'adoption du principe du projet
de loi 113, Loi modifiant la
Loi sur l'assurance automobile. Et je cède la parole à Mme
la députée de Bellechasse.
Mme Louise Bégin
Mme Bégin: Merci, M. le Président. M. le
Président, se trouve aujourd'hui au coeur de nos discussions un projet
de loi, le projet de loi 113, modifiant la Loi sur l'assurance automobile, qui
vient corriger des lacunes identifiées à la suite de
l'application de la réforme du régime d'assurance automobile, que
notre gouvernement a mis en place en 1989, et qui est entré en vigueur
? faut-il vous le rappeler? ? aux alentours du 1er janvier 1990.
Dans le cadre des minutes qui me sont imparties, j'ai l'intention de
mettre en relief la nature des lacunes constatées à l'usage de
notre régime d'indemnisation des victimes de la route, que vient
corriger le projet de loi 113.
Mais, avant, vous me permettrez, afin de saisir pleinement la nature de
ces correctifs, de rappeler à cette Chambre les objectifs poursuivis
avec la réforme de 1989. Vous savez sans doute, comme plusieurs de mes
collègues, que le régime d'indemnisation des victimes de la route
est dicté par la Loi sur l'assurance automobile et que cette loi repose
sur un certain nombre de principes fondamentaux. Ces principes sont:
premièrement, l'indemnisation sans égard à la faute;
deuxièmement, la compensation de la perte économique au moment
où elle se produit; troisièmement, l'indemnisation de la perte
potentielle du revenu; et, finalement, la pleine indexation des
indemnités. (21 h 30)
La valeur de ces principes est établie. Ils ont contribué
au bon fonctionnement du régime d'indemnisation de 1978, date de son
entrée en vigueur, jusqu'au milieu des années quatre-vingt
où il est apparu judicieux, à la lumière de
l'expérience, de procéder à une réforme du
régime d'assurance automobile. En effet, le bilan effectué
après une décennie d'application du régime d'indemnisation
des victimes de la route a révélé qu'il y avait lieu
d'accorder une meilleure indemnisation aux victimes, et particulièrement
aux grands blessés. De même, il a démontré aussi
qu'il y avait lieu de rééquilibrer les indemnités en
fonction des besoins véritables des victimes et de leurs pertes
économiques réelles.
Finalement, le bilan a démontré qu'on devait faciliter
l'administration du régime. Ces constats sont devenus les objectifs
majeurs poursuivis par la réforme que notre gouvernement a
réalisée en 1989. De 1989 à 1992, la régie s'est
consacrée à la mise en application de cette réforme. Or,
M. le Président, avec l'application, la Régie a constaté
qu'il y avait lieu d'apporter des correctifs mineurs afin que les objectifs
fixés par cette réforme soient pleinement rencontrés. Le
projet de loi 113, projet de loi que nous étudions ce soir, vise
effectivement à apporter ces correctifs mineurs qui sont
nécessaires pour nous permettre de continuer d'atteindre pleinement nos
objectifs face à l'accidenté et à ses ayants cause. Aussi,
les dispositions que contient le projet de
loi 113 ont pour objectif de compenser la victime le plus
adéquatement possible pour la perte résultant d'un accident
d'automobile et de lui assurer une meilleure indemnisation. si vous me
permettez, je vais vous donner quelques exemples. mon premier sera relatif
à la notion de personne à charge, telle que la définit la
loi actuellement. à l'usage, il est apparu que la définition de
personne à charge n'est pas sans poser quelques difficultés en
matière de décès. selon la définition actuelle
contenue dans la loi, le conjoint et fex-conjoint sont considérés
à certaines conditions comme étant des personnes à charge.
en plus de ceux-ci, est considérée par la loi comme personne
à charge toute personne liée à la victime par le sang ou
l'adoption ainsi que toute personne étrangère qui tient lieu de
père ou de mère à la victime ou à qui la victime
tient lieu de père ou de mère. je vous rappelle, m. le
président, que, dans le cas des enfants mineurs ou à charge, la
loi requiert que la victime subventionne à plus de 50 % les besoins
vitaux des frais d'entretien de ces personnes mineures ou à charge. ce
qui veut dire, en bref, que l'enfant mineur ou à charge de la victime,
ou la personne qui a un lien de parenté avec elle a droit au
bénéfice de l'indemnité de décès seulement
si la victime contribue à plus de 50 % des besoins de l'enfant mineur ou
à charge. dans ce contexte, l'exigence d'une contribution aux besoins de
plus de 50 % dans le cas des enfants mineurs de la victime est difficilement
conciliable avec le droit civil et, surtout, fait abstraction, dans bien des
cas, des obligations alimentaires, morales et affectives inhérentes
à l'exercice de l'autorité parentale.
Le projet de loi 113 vient donc corriger cette situation. Il revoit la
définition de personne à charge pour conférer le statut
à l'enfant mineur biologique ou adoptif de la victime
décédée. Ainsi, avec cette disposition qui modifie la
définition de personne à charge, ce projet de loi fait en sorte
que l'enfant d'âge mineur d'une victime soit dans tous les cas
considéré à charge de celle-ci.
C'est là, M. le Président, un premier exemple de la
bonification du régime d'indemnisation qu'opère le projet de loi
113. D'une façon plus concrète, on peut dire que cette
disposition a pour avantage de rendre notre régime d'indemnisation
davantage conforme aux règles édictées de droit civil
ainsi qu'aux lois sociales qui lui sont connexes. Je pense, entre autres
choses, à la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, ainsi qu'à celle sur le Régime de rentes du
Québec. Comme vous le savez, M. le Président, ces lois
reconnaissent le statut de personne à charge à l'enfant
mineur.
Le projet de loi 113 que nous étudions présentement
apporte également d'autres bonifications. Comme vous le savez sans
doute, la loi actuelle prévoit le paiement d'une indemnité de
remplacement de revenu, aussi longtemps qu'une victime est incapable de
travailler à la suite d'un accident d'automobile. De plus, cette
indemnité de remplacement du revenu cesse à la date de
l'évaluation médicale qui conclut à la capacité de
la victime de reprendre ses activités. Cette situation s'applique
même si la décision à cet effet lui est signifiée
ultérieurement. On est donc en présence d'une situation à
la faveur de laquelle la victime ne reçoit pas de compensation pendant
la période comprise entre la date de l'évaluation médicale
et celle de la décision statuant sur la fin de son incapacité.
Évidemment, cela se traduit, pour un bon nombre de victimes, par des
pertes pécuniaires réelles, puisqu'en principe le retour au
travail s'effectue seulement après que la Société a rendu
sa décision à cet égard. Il s'agit donc d'une
décision rétroactive qui peut avoir des conséquences
néfastes pour les victimes. En effet, elle peut soit priver ou retarder
son admissibilité au régime de sécurité du
revenu.
Le projet de loi 113 que nous débattons ce soir vient corriger
cette situation. En ce sens, il prévoit le maintien ? je pense que
c'est important ? des versements de l'indemnité de remplacement du
revenu accordée à une victime, et cela, jusqu'à la date de
la décision de la Société de l'assurance automobile
mettant fin à cette indemnité, et ceci, évidemment,
lorsqu'un examen médical est requis par la Société. Nous
avons donc là un second exemple illustrant pleinement la traduction
concrète des objectifs poursuivis dans la réforme. Il s'agit
d'une amélioration réelle de la situation que peuvent vivre les
victimes d'accidents d'automobile.
Je crois, M. le Président, qu'il est pertinent de poursuivre dans
cette voie, et de vous donner d'autres illustrations et d'autres exemples
montrant qu'avec le projet de loi nous bonifions le régime
d'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile. Restons dans le domaine
des indemnités et prenons l'exemple des dommages non pécuniaires.
Vous savez sans doute que, suivant la loi actuelle, le paiement d'une
indemnité forfaitaire pour dommage non pécuniaire est
accordée lorsque la victime subit une atteinte permanente à son
intégrité physique ou psychique. Vous n'êtes pas sans
ignorer qu'actuellement le montant de l'indemnité pour dommage non
pécuniaire est calculé à partir du pourcentage
attribué à l'atteinte, jusqu'à concurrence d'un montant
maximum applicable au moment de l'accident.
De plus, je vous signale que la loi actuelle assujettit le droit
à cette indemnité à l'existence d'une atteinte permanente.
Or, M. le Président, à l'application, la Société a
constaté que, pour établir le caractère permanent de
l'atteinte, il était nécessaire d'attendre la consolidation de la
blessure. Dès lors, un certain délai peut s'écouler entre
la date de l'accident et le paiement de l'indemnité. Dans ce contexte,
la victime est privée, pendant une certaine période de temps, de
l'indemnité forfaitaire pour dommage non pécuniaire ou corporel,
et ce, évidemment, sans jamais recevoir de compensation pour le laps de
temps pendant lequel elle ne peut bénéficier de cette
indemnité. Le projet de loi 113 vient corriger cette situation. Il
modifie les dispositions relatives au paiement de l'indemnité pour
dommage non pécuniaire ou corporel, et ceci, en ce qui a trait à
la revalorisation de cette indemnité. (21 h 40)
C'est là, M. le Président, un autre exemple
témoignant du sérieux de notre gouvernement dans la poursuite des
objectifs qu'il s'est fixés en matière d'indemnisation des
victimes d'accidents automobiles.
Je voudrais, M. le Président, vous illustrer un autre exemple de
bonification contenu dans ce projet de loi. Je veux vous parler de la
capitalisation de l'indemnité de remplacement du revenu. En effet, dans
la loi actuelle, on prévoit la possibilité de remplacer
l'indemnité de remplacement du revenu payable sous forme de rente par un
paiement représentatif de la valeur de cette indemnité. De plus,
selon la loi actuelle, la capitalisation peut avoir lieu lorsque
l'indemnité de remplacement de revenu est minime ou lorsque le
bénéficiaire de la rente ne réside pas au Québec
depuis au moins un an.
Le projet de loi 113 vient corriger cette situation. Il prévoit,
entre autres, pour la personne qui réside au Québec au moment de
l'accident, que celle-ci devrait bénéficier du droit à la
capitalisation et faire la preuve qu'elle ne réside plus au
Québec depuis au moins trois ans.
Comme vous voyez, M. le Président, ces trois exemples sont
éloquents. Ils démontrent la détermination de notre
gouvernement à faire en sorte que notre régime d'indemnisation
des accidents de la route réponde aux situations particulières
qui peuvent survenir. Je suis confiante qu'avec ces corrections on va mettre de
côté les lacunes qu'on a constatées à l'usage depuis
la mise en application de la réforme de 1989, et j'invite cette Chambre,
M. le Président, à voter en faveur de ce projet de loi qui vise
avant tout à assurer une meilleure indemnisation aux victimes des
accidents de la route.
Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Bellechasse.
Je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous en sommes
à l'adoption du principe du projet de loi 113, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile, et je cède la parole au député de
Saint-Jean.
M. le député, la parole est à vous.
M. Michel Charbonneau
M. Charbonneau: Alors, merci, M. le Président. Alors, avec
le projet de loi 113, nous modifions, aujourd'hui, la Loi sur l'assurance
automobile. Vous n'êtes pas sans savoir que la Loi sur l'assurance
automobile régit les principes d'indemnisation applicables aux victimes
des accidents de la route. Vous savez sans doute aussi que, le 1er janvier
1990, entrait en vigueur la Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile.
Cette nouvelle loi, tout en préservant les fondements du régime,
constituait rien de moins qu'une véritable réforme du
régime d'assurance automobile en vigueur depuis 1978. On se rappellera
qu'elle avait comme principal objectif d'établir un meilleur
équilibre entre les catégories d'indemnités et de mieux
indemniser des personnes gravement blessées.
M. le Président, avec le projet de loi 113, ce que nous faisons
aujourd'hui, c'est un pas de plus vers la correction des lacunes
identifiées à la suite de la mise en application du nouveau
régime mis en place en 1990. En effet, actuellement, d'autres
changements s'imposent pour résoudre des problèmes d'application
pour lesquels il est souhaitable, à court terme, d'apporter des
solutions.
Les mesures que contient le projet de loi ont, comme en 1992, pour
objectif de compenser le plus adéquatement possible les pertes
résultant d'un accident d'automobile et d'assurer une meilleure
indemnisation à l'ensemble des victimes de la route. Il s'agit là
pour nous d'un objectif dont le bien-fondé n'est plus à prouver.
Nous devons avoir un meilleur régime d'indemnisation pour l'ensemble des
victimes de la route.
Voyons, M. le Président, maintenant, les problèmes
d'application que nous venons résoudre avec ce projet de loi. Le premier
a trait aux dispositions générales de la loi et, de façon
plus spécifique, aux définitions et interprétations
relativement à la notion de personne à charge lorsqu'il y a
décès. En effet, l'application du régime mis en place en
1990 a rencontré des difficultés relativement à la notion
de personne à charge dans les cas de décès. Suivant la
définition de cette notion, le conjoint, l'ex-conjoint, à
certaines conditions, sont considérés comme les personnes
à charge. À l'exclusion de ceux-ci, le statut de personne
à charge est accordé par la loi à toute personne qui est
liée à la victime par le sang ou l'adoption ainsi que toute
personne étrangère qui tient lieu de père ou de
mère à la victime ou à qui la victime tient lieu de
père ou de mère. Dans certains cas, la loi exige que la victime
subvienne à plus de 50 % des besoins vitaux et des frais d'entretien de
cette personne, ce qui signifie que l'enfant mineur de la victime ou de la
personne qui a un lien de parenté avec elle a droit au
bénéfice de l'indemnité de décès seulement
lorsque...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: Oui, M. le Président, j'aimerais faire
remarquer aux collègues qu'il manque le quorum, et je pense qu'il est
important qu'on puisse écouter ce que dit notre collègue de
Saint-Jean.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À votre demande,
je vais vérifier s'il y a quorum. M. le député de
Louis-Hébert, s'il vous plaît, vous n'avez pas la parole. Qu'on
appelle les députés.
S'il vous plaît, à l'ordre! Je rappelle aux membres de
cette Assemblée que nous sommes à l'étude du principe du
projet de loi 113, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile, et je
cède la parole à M. le député de Saint-Jean. M. le
député.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Alors, je disais
donc que l'enfant mineur de la victime ou de la personne qui a un lien de
parenté avec elle a
droit aux bénéfices de l'indemnité de
décès seulement lorsque la victime contribue à plus de 50
% de ses besoins. alors, comme on s'en rend compte, l'enfant mineur de la
victime n'est donc pas reconnu d'emblée comme personne à charge
de la victime décédée. l'exigence actuelle d'une
contribution aux besoins de plus de 50 %, dans le cas des enfants mineurs de la
victime, est difficilement conciliable avec le droit civil et fait abstraction
dans bien des cas des obligations alimentaires, morales, affectives,
inhérentes à l'exercice de l'autorité parentale. le projet
de loi a pour but de corriger notamment cette situation. ce qu'on y constate,
c'est une révision de la définition de personne à charge
afin que celle-ci attribue d'emblée ce statut à l'enfant mineur
biologique ou adoptif de la victime décédée. (21 h 50)
Dans le même sens, M. le Président, le projet de loi
propose que l'enfant mineur à qui la victime tient lieu de père
ou de mère soit également considéré comme une
personne à charge. Dans ce cas précis, la Régie convient
de s'en remettre aux critères élaborés par la
jurisprudence pour déterminer si la victime tenait lieu de père
ou de mère de l'enfant. Cette façon de faire est davantage
conforme aux règles énoncées par le droit civil et aux
lois sociales qui lui sont connexes, à savoir la Loi sur les accidents
du travail et les maladies professionnelles et la Loi sur le régime de
rentes du Québec. Tous deux reconnaissent le statut de personne à
charge à l'enfant mineur. On a déjà là une
illustration type de correctif qu'apporte le projet de loi à notre
régime d'indemnisation applicable aux victimes d'accidents de la
route.
Également, M. le Président, la Société doit
être mise en cause dans toute action où le fait que des dommages
sont causés par une automobile est en litige. Or, actuellement, la Loi
sur l'assurance automobile est muette à cet égard, et seule la
Loi sur la Société de l'assurance automobile du Québec
endosse cette exigence. Actuellement, cette disposition de la loi pratiquement
méconnue s'explique, suivant les dires de la Régie, par le fait
que cette disposition devrait plutôt être placée dans la Loi
sur l'assurance automobile, ce qui ne serait pas sans avantage. En effet, cela
permettrait d'éviter que les tribunaux ne se prononcent sur
l'application de la Loi sur l'assurance automobile sans que la
Société ait eu l'opportunité de se faire entendre.
Ceci paraît aller de soi dans la mesure où la
Société de l'assurance automobile du Québec doit
être mise en cause chaque fois qu'il y a litige à la suite de
dommages causés par une automobile. C'est pourquoi, pour corriger cette
situation, le projet de loi intègre cette disposition dans la Loi sur
l'assurance automobile. Alors, nous avons là un autre exemple du type de
lacunes que vient corriger ce projet de loi.
Mon troisième exemple est relatif à l'indemnité de
remplacement de revenu. La loi prévoit le paiement d'une
indemnité de remplacement de revenu tant qu'une victime est incapable de
travailler à la suite d'un accident d'automobile. Présentement,
une indemnité de remplacement de revenu cesse à la date de
l'évaluation médicale qui conclut à la capacité de
la victime de reprendre ses activités, et ce, même si la
décision à cet effet lui est signifiée
ultérieurement. Vous constaterez donc que la victime ne reçoit
pas de compensation pendant la période comprise entre la date
d'évaluation médicale et celle de la décision qui statue
sur la fin de son incapacité.
Pour bon nombre de victimes, cette situation se traduit par une perte
pécuniaire réelle, puisque en principe le retour au travail
s'effectue seulement après que la Société a rendu une
décision formelle à cet égard. Cette décision de
portée rétroactive peut également priver ou retarder
l'admissibilité de la victime à un régime de
sécurité du revenu. Le projet de loi vient corriger cette
situation. Il fait en sorte que l'indemnité de remplacement du revenu
soit versée jusqu'à la date de modification de la décision
dans tous les cas où la Société requiert une
évaluation médicale pour s'assurer que la victime est redevenue
capable de travailler. Cette solution a évidemment l'avantage de
permettre une couverture des pertes pécuniaires réellement subies
par la victime et, ainsi, d'améliorer la couverture d'assurance
prévue par la loi.
Ce troisième exemple illustre de façon non
équivoque que ce projet de loi est pleinement conforme aux objectifs
poursuivis par la réforme de 1989. Ces objectifs étaient
d'ailleurs d'accorder une meilleure indemnisation aux victimes de la route,
principalement aux grands blessés, de rééquilibrer les
indemnités en fonction des besoins véritables des victimes et de
leur perte économique réelle, et faciliter l'administration du
régime.
Mon quatrième exemple est également relatif à
l'indemnité de remplacement du revenu qui prend la forme bien connue de
la rente résiduelle. Actuellement, la loi prévoit le versement
d'une indemnité de remplacement de revenu réduite après
que la victime est devenue capable d'exercer un emploi en fonction de sa
capacité résiduelle de travail. Cette indemnité correspond
à la différence entre l'indemnité qu'elle recevait avant
la détermination de l'emploi et le revenu net qu'elle pourrait tirer de
l'emploi déterminé.
Or, avec l'usage, on s'est rendu compte que cette disposition, telle que
formulée dans la loi, ne permettait pas de suivre l'évolution du
revenu brut réel gagné par la victime lors du retour à
l'emploi. Effectivement, le texte actuel de la loi ne prévoit pas la
possibilité d'ajuster l'indemnité de remplacement du revenu
même si, dans les faits, la victime tire de son emploi un revenu qui
diffère de celui qui correspond à l'emploi que la
Société lui a déterminé. Le projet de loi que nous
avons devant nous vient corriger encore une fois cette situation. Il
précise que le calcul de l'indemnité réduite de
remplacement du revenu peut s'effectuer à partir du revenu effectivement
gagné par la victime lors de son retour à l'emploi.
Nous avons là une fois de plus un exemple qui montre la
détermination de notre gouvernement à faire
en sorte que les régimes d'indemnisation répondent le
mieux possible aux victimes et, dans ce cas-ci, aux victimes qui sont
redevenues capables d'exercer un emploi en fonction des capacités
résiduelles de travail.
Le projet de loi que nous avons devant nous corrige également des
lacunes identifiées à l'usage en matière
d'indemnité pour dommages non pécuniaires. Présentement,
le paiement d'une indemnité forfaitaire pour dommages non
pécuniaires est accordé lorsque la victime subit une atteinte
permanente à son intégrité physique ou psychique. De plus,
le montant de l'indemnité pour ce type de dommages est calculé
à partir du pourcentage attribué à l'atteinte
jusqu'à concurrence du montant maximal applicable au moment de
l'accident.
Ainsi, la loi assujettit le droit à cette indemnité
à l'existence d'une atteinte permanente. Or, pour établir le
caractère permanent de l'atteinte, il faut attendre la consolidation de
la blessure. Un certain délai peut donc s'écouler entre la date
de l'accident et le paiement de l'indemnité. La victime est
privée pendant cette période d'une indemnité forfaitaire
pour dommages non pécuniaires sans jamais recevoir de compensation pour
le laps de temps pendant lequel elle n'a pas pu bénéficier de
celle-ci.
Or, le projet de loi vient corriger cette situation. En effet, on y
constate les dispositions visant à faire en sorte que l'indemnité
forfaitaire pour dommages non pécuniaires soit versée selon le
montant en vigueur au moment de l'accident et réexaminée à
la date de la décision. Une fois de plus, nous avons une illustration du
type de lacune que vient corriger ce projet de loi, et je me permets de vous
signaler le fait que les correctifs vont toujours dans le sens des victimes et
dans le sens du mandat qu'a confié la loi à la Régie.
En terminant, j'estime que ces exemples parlent d'eux-mêmes. Ils
montrent, chacun à leur manière, que ce projet de loi vise
à faire un pas de plus dans l'atteinte des grands objectifs que nous
nous sommes fixés en 1989 au moment où nous avons
opéré une réforme substantielle du régime de
l'assurance automobile. En conséquence, M. le Président, et pour
toutes ces raisons, c'est avec plaisir que je vais voter en faveur de ce projet
de loi. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Saint-Jean. Alors, compte tenu de l'heure et en
conformité du règlement, j'ajourne les travaux de cette
Assemblée au mardi 16 novembre à 14 heures.
(Fin de la séance à 22 heures)