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Version finale

36e législature, 1re session
(2 mars 1999 au 9 mars 2001)

Le mercredi 10 mars 1999 - Vol. 36 N° 5

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Table des matières

Affaires du jour

Présence du président du Conseil pontifical de la culture, Son Éminence le cardinal Paul Poupard

Affaires courantes

Affaires du jour


Journal des débats


(Dix heures cinq minutes)

Le Vice-Président (M. Pinard): Mmes, MM. les députés, veuillez vous asseoir.


Affaires du jour


Affaires prioritaires


Reprise du débat sur le discours d'ouverture et sur les motions de censure

Alors, nous débutons les affaires du jour. Aux affaires du jour, à l'article 1 du feuilleton, nous procédons aux affaires prioritaires, soit la reprise du débat, ajourné le 9 mars dernier par M. le leader du gouvernement, sur le discours d'ouverture de la session prononcé par M. le premier ministre le 3 mars 1999 et sur les motions de censure de M. le chef de l'opposition officielle et de Mme la députée de La Pinière.

Je vous informe que 7 h 9 min ont été utilisées dans le cadre de ce débat. Il reste donc un total de 17 h 51 min réparties comme suit: 8 h 20 min au groupe parlementaire formant le gouvernement et 8 h 31 min au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 60 minutes au représentant du gouvernement pour sa réplique.

Je suis maintenant prêt à céder la parole à un autre intervenant. On se rappelle que le dernier intervenant était le député de Laurier-Dorion. Alors, M. le député de Frontenac. M. le député.


M. Marc Boulianne

M. Boulianne: Merci, M. le Président. C'est avec fierté que je m'adresse à cette Assemblée pour la première fois. En me choisissant comme député le 30 novembre dernier, la population du comté de Frontenac se donnait un nouveau député, un député du Parti québécois, un député souverainiste.

Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui, d'abord, pour remercier les électeurs de m'avoir fait l'honneur de les représenter pour vous parler du comté de Frontenac et, enfin, M. le Président, pour souligner d'une façon toute particulière le 50e anniversaire de la grève de l'amiante. Ainsi, par mon élection, la population de mon comté a exprimé une volonté ferme de changement alors que Frontenac était représenté depuis 1985 par un député libéral. C'est fort de cette volonté de changement que je m'efforcerai de défendre dignement les intérêts de mes électeurs. Il va sans dire que je ferai tout en mon pouvoir pour mériter la confiance que les gens de Frontenac m'ont démontrée. Et je les remercie encore une fois de tout coeur. De plus, je remercie les militants de Frontenac qui se sont battus à mes côtés durant toute la campagne électorale. Ma victoire, c'est leur victoire.

Permettez-moi maintenant, M. le Président, de dresser rapidement l'état de situation du comté que je représente. Lorsque j'ai réalisé, au lendemain de mon élection, l'ampleur des problèmes, j'ai tout de suite compris le sens de ma victoire. En effet, c'est un cri d'alarme que les électeurs de Frontenac m'ont lancé et vous ont lancé. Vous n'êtes pas sans savoir que l'économie de la région a subi de durs coups, notamment au niveau de l'industrie de l'amiante.

Ce minerai, dont est fortement tributaire notre région, a été banni, spécialement en Europe, ces dernières années, sans aucun fondement scientifique. Cet état de fait, associé à une conjoncture économique défavorable, a provoqué des aléas désastreux dans la situation de l'emploi. Le principal employeur de la région, Lab Chrysotile, comptait plus de 3 000 travailleurs, il n'y a pas si longtemps. La baisse de production dans les mines d'amiante a fait en sorte que les mineurs ont été mis à pied par centaines, dû à des fermetures de mines, dont la toute dernière, la BC de Black Lake, avec toutes les conséquences économiques et sociales que cela peut entraîner.

Ces travailleurs se retrouvent aujourd'hui sans emploi et sont confrontés à un problème de taille. Ils sont trop jeunes pour prendre leur retraite, mais trop vieux pour se trouver un nouvel emploi. La situation que ces travailleurs et leurs familles vivent est inhumaine. Je me suis engagé avec le gouvernement à aider ces travailleurs, et il nous faut trouver une solidarité le plus rapidement possible. J'en profite pour remercier la ministre du Travail et de l'Emploi pour une rencontre qui aura lieu éventuellement le 16 mars avec ces travailleurs.

Cette fermeture fut précédée d'un autre coup dur, celui de la perte du projet Magnola. La population était confiante alors que les promoteurs étaient intéressés à s'établir dans la région. Tous étaient enthousiastes à l'idée qu'une usine de production de magnésium pouvait s'implanter dans la région. Cela aurait été bénéfique pour l'économie de tout le comté. Cet échec, M. le Président, a bouleversé les esprits les plus optimistes, d'autant plus que les intervenants de la région avaient travaillé pendant 10 ans à la réalisation de ce projet.

Mais heureusement, depuis mon élection, face à ces problèmes, la région a décidé de réagir et de se battre pour conserver ses acquis. En effet, la population de Frontenac est désormais aux aguets afin de contrer toute menace faite aux emplois de la région. Il est maintenant impressionnant de remarquer la nouvelle concertation des gens de Frontenac, M. le Président.

(10 h 10)

C'est dans un dossier en cours présentement dans notre comté que la concertation populaire se manifeste avec une solidarité sans précédent. Il s'agit du transfert de 400 élèves de la commission scolaire de l'Amiante résidant dans le secteur de Bernierville, Saint-Ferdinand et Vianney vers la commission scolaire des Bois-Francs. Le décret oblige ces 400 élèves résidant dans le comté de Frontenac, mon comté, à être scolarisés dans la MRC de L'Érable, dans un comté voisin, alors qu'ils ont toujours été scolarisés dans l'Amiante, dans leur lieu d'appartenance. Ça fait 30 ans, M. le Président, que ces élèves appartiennent à la commission scolaire de l'Amiante et que 200 d'entre eux fréquentent la polyvalente de Black Lake. Leurs parents et eux-mêmes ont bâti le réseau dans l'Amiante, ont aidé à construire et à développer la polyvalente de Black Lake, et un déracinement sera dramatique pour eux et pour toute la population de l'Amiante.

À titre de député, j'appuie d'une façon inconditionnelle mes électrices et mes électeurs et leur demande de continuer à se battre farouchement dans le respect de la démocratie, des institutions et des personnes, en ayant à l'esprit l'engagement du ministre de l'Éducation de recommander au gouvernement une modification au décret si la volonté de la population est évidente et majoritaire.

De plus, M. le Président, en tant que nouveau député de Frontenac, je mettrai surtout l'accent sur le redressement de la situation économique de mon comté avec des nouveaux projets. Les mises à pied qu'on a vécues et qui freinent le dynamisme de notre région ne doivent plus avoir lieu. Le chômage ne doit plus faire ses ravages ni au niveau social ni au niveau économique. Et les jeunes doivent reprendre confiance dans le potentiel de la région.

À ce chapitre, M. le Président, le discours inaugural du premier ministre nous donne de l'espoir pour le développement des régions, la création d'emplois et surtout pour les jeunes. L'exode des jeunes est un réel problème dans Frontenac, comme dans bien des comtés ruraux. J'ai bien l'intention, M. le Président, de faire tout en mon possible pour rehausser le potentiel de la région et contribuer à relancer l'économie. Avec les jeunes, nous devons faire de Frontenac un comté dynamique et prospère.

Si vous me le permettez, M. le Président, j'aimerais profiter de l'occasion pour souligner d'une façon toute spéciale un événement qui a retenu l'attention de toute la nation. En effet, il y a 50 ans, jour pour jour, se déroulait la grève de l'amiante. Alors, cet événement prend toute son importance du fait que cette grève a largement contribué à améliorer les conditions de travail des ouvriers à l'échelle du Québec. Nous devons être reconnaissants à l'égard des mineurs d'amiante de 1949, qui, grâce à leur courage et à leur ténacité, ont permis au mouvement ouvrier du Québec de se développer. Leurs gestes ont également contribué à donner un souffle nouveau et de meilleures conditions de travail aux générations d'après 1949 travaillant dans le domaine minier. Trois mille mineurs de Thetford Mines, de Black Lake, de Coleraine ajoutés aux 2 000 mineurs d'Asbestos ont débrayé pour dénoncer des conditions de travail qui mettaient en péril leur santé et leur vie.

Cette grève, M. le Président, a marqué à tout jamais la société québécoise par ses enjeux: le droit de propriété, respect de la vie humaine, maladies industrielles mortelles, confessionnalité des syndicats, position de l'Église catholique face aux ouvriers, relations entre l'Église et l'État. Certains diront que cette grève a été, M. le Président, un précurseur de notre révolution industrielle et sociale au Québec. Aujourd'hui, nous pouvons être fiers de la démarche entreprise par ces mineurs qui a largement contribué à ce qu'on pourrait appeler l'institutionnalisation d'un modèle québécois de relations de travail.

En terminant, je vous invite donc, M. le Président et toute cette Assemblée, à avoir une pensée toute spéciale pour ces mineurs qui, il y a 50 ans, ont forcé le jeu pour libérer leurs collègues de la soumission. Ils doivent devenir un modèle d'inspiration pour le comté de Frontenac, puisqu'ils nous ont offert la dignité et nous ont fourni le plus bel exemple de solidarité qui soit. Ce qui prouve, M. le Président, sans l'ombre d'un doute, que, lorsque nous joignons nos forces pour nous battre pour ce que nous croyons juste, tout est possible. Merci beaucoup.

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, M. le député de Frontenac. Nous allons maintenant céder la parole au député de Chapleau et critique officiel de l'opposition en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes. M. le député.


M. Benoît Pelletier

M. Pelletier (Chapleau): Merci, M. le Président. Je voudrais, dans un premier temps, remercier chaleureusement les électeurs et les électrices de la circonscription de Chapleau de m'avoir très nettement exprimé leur confiance à l'occasion de la dernière élection québécoise et de m'avoir fait l'insigne honneur de les représenter dans cette enceinte historique et prestigieuse.

Je tiens aussi à remercier le chef de l'opposition officielle et chef du Parti libéral du Québec, M. Jean Charest, de m'avoir accepté dans son équipe et de m'appuyer dans cette expérience politique et parlementaire qui débute à peine pour moi.

Ces nouvelles fonctions qui sont les miennes ici, à l'Assemblée nationale, je les aborde avec d'autant plus d'humilité que je suis conscient du poids des sacrifices, des exigences et des responsabilités qui y sont rattachés. Ces contraintes, que je devrai assumer avec dignité, s'imposeront aussi à ma famille et plus particulièrement à mon épouse, Danièle Goulet, que je remercie d'ailleurs pour son appui indéfectible et sa compréhension.

Je suis aussi pleinement conscient du fait que ma récente élection à titre de député est en bonne partie due au travail remarquable qui a été accompli par mon organisateur en chef, M. Jean-Charles Charron, par l'ensemble des membres de l'exécutif de l'Association libérale de Chapleau et par des centaines de bénévoles et de travailleurs sans lesquels ma victoire électorale aurait eu sans doute moins d'ampleur, sans lesquels la campagne électorale elle-même aurait été moins stimulante et moins humaine.

Je ne peux d'ailleurs m'empêcher de penser que c'est grâce à des victoires aussi éclatantes que celle que j'ai remportée dans Chapleau, que celles que mes collègues ont remportées dans les quatre autres circonscriptions de l'Outaouais et que celles que de nombreux autres députés de l'opposition officielle ont remportées dans leurs circonscriptions respectives, c'est grâce à ces victoires éclatantes, dis-je, que le Parti libéral du Québec a obtenu la pluralité des voix exprimées lors de l'élection de novembre dernier, ce qui confère d'ailleurs à la présente opposition officielle une autorité et une légitimité indiscutables. Dans ce sens, je me plais à rappeler que le premier ministre lui-même devait affirmer la semaine dernière que ce n'était que sans excès que le parti ministériel avait été reporté au pouvoir.

La circonscription de Chapleau, qui compte plus de 58 000 votants, est l'une des plus populeuses du Québec. Elle se compose essentiellement d'à peu près 85 % de la ville de Gatineau. La ville de Gatineau elle-même, avec ses 110 000 habitants, est la cinquième ville la plus importante du Québec et elle compte la moitié de la population de l'Outaouais.

La ville de Gatineau, à l'instar de nombreuses autres villes du Québec, connaît toutefois des problèmes particuliers: la pauvreté côtoie la richesse, le décrochage scolaire est anormalement élevé et les soins de santé ont été affectés par le fait que la fusion des hôpitaux de Hull et de Gatineau a été accomplie, au départ, d'une façon beaucoup trop bureaucratique, sans vraiment tenir compte des besoins des malades ni du point de vue des intervenants en milieu hospitalier.

Mais ce ne sont pas sur les problèmes de Gatineau que je veux mettre l'emphase aujourd'hui, M. le Président, puisque j'aurai l'occasion d'y revenir régulièrement en cette Assemblée, mais plutôt sur l'énorme potentiel de cette ville qui connaît un taux de croissance démographique exceptionnel, qui couvre un vaste territoire dont bien des parties ne sont pas encore développées et qui sera sans doute l'un des principaux piliers économiques du Québec de demain.

Je sais pertinemment que la circonscription de Chapleau et, plus particulièrement, la ville de Gatineau auront des défis de taille à relever au cours des prochaines années. Ainsi, il faudra développer l'industrie touristique et les parcs industriels, procéder à l'embellissement du centre-ville, améliorer le transport, attirer des organismes, compagnies et industries, mettre sur pied des centres et instituts de haut calibre et profiter, nous aussi, de la décentralisation administrative depuis longtemps promise aux régions par le gouvernement du Québec.

(10 h 20)

Il faudra aussi doter Gatineau des infrastructures récréatives, communautaires, sportives et culturelles qui seront enfin à la mesure et à la hauteur de l'importance réelle de Gatineau dans l'Outaouais québécois et dans l'ensemble du Québec. De même, des défis devront être relevés en termes de création d'emplois, de formation professionnelle, d'aide aux jeunes, aux personnes âgées, aux familles dans le besoin et aux démunis.

Afin de relever tous ces défis dont je viens de parler, j'offre ma collaboration entière aux élus municipaux, aux intervenants locaux et régionaux, au présent gouvernement du Québec et au gouvernement du Canada afin que, tous ensemble, nous puissions travailler en collaboration étroite au mieux-être de la population de la circonscription de Chapleau et à la croissance économique de la ville de Gatineau. D'ailleurs, M. le Président, je suis persuadé que cette croissance économique est essentielle non seulement à la ville de Gatineau, mais aussi à tout le Québec.

Affirmer que la croissance économique est essentielle à tout le Québec pourrait sembler être une évidence, un truisme, diront certains. Mais, si j'insiste tant sur l'importance de notre croissance économique en tant que société, c'est parce que j'ai l'intime conviction que l'affirmation de la spécificité québécoise dépend en bonne partie de l'essor et de la prospérité économique du Québec. En d'autres termes, sans la croissance économique, le caractère distinctif du Québec ne perdrait peut-être pas son intégrité, mais manquerait cependant de relief et d'envergure, et ne serait pas en mesure de s'exprimer avec toute son efficacité et sa profondeur.

Dans la même veine, il me semble clair que tout projet collectif québécois, quel qu'il soit, ne pourra atteindre sa plénitude que s'il s'inscrit dans une double perspective fondée à la fois sur l'universel et sur l'individu. Engager le projet collectif québécois dans une perspective universelle, cela signifie notamment qu'il faut redorer l'image du Québec sur la scène internationale en tant que société démocratique, pluraliste, ouverte et tolérante. Cela signifie également qu'il faut faire en sorte que le Québec participe pleinement au mouvement de mondialisation et de libéralisation des marchés, tout en s'assurant que ce mouvement soit un tremplin et non pas un frein pour l'affirmation de l'identité québécoise.

Mais il faut que le projet collectif s'inscrive dans une démarche fondée non seulement sur l'universel, ai-je dit un peu plus tôt, mais aussi sur l'individu. Or, pour donner à notre projet collectif une perspective ou un sens individuel, il faut que ce projet respecte scrupuleusement les droits et libertés de la personne, il faut qu'il respecte aussi les droits de la minorité anglophone, des autochtones et des autres groupes minoritaires vivant au sein de notre société. Car, M. le Président, il n'est de bon gouvernement que celui qui se met au service de l'intérêt commun, il n'est de bon gouvernement que celui qui cherche à développer le plus grand dénominateur commun entre les citoyens, il n'est de bon gouvernement que celui qui cherche à rassembler les individus plutôt qu'à les diviser entre eux.

En effet, j'estime que tout l'art de la gouverne tient à la capacité des autorités en place de nourrir, d'alimenter jour après jour le vouloir vivre collectif qui est le ciment de notre vie en société et la source de toute légitimité démocratique et gouvernementale.

D'ailleurs, s'il est un système politique et juridique qui dépend fondamentalement de la volonté de vivre ensemble, qui dépend fondamentalement du vouloir vivre collectif, c'est bien le fédéralisme. En effet, il est primordial de maintenir dans l'ensemble d'un État fédéral comme le Canada le ferme consensus qui est nécessaire à sa survie. À cette fin, j'estime qu'il est important de travailler à l'émergence d'un véritable fédéralisme de collaboration entre tous les partenaires de la fédération canadienne. Plus particulièrement, je souhaite que le Québec réponde positivement au défi de l'interdépendance qui nous attend tous au tournant de ce siècle. Bref, j'estime que le Québec doit à nouveau chercher à tisser des alliances avec les autres provinces. Le Québec doit aussi, de façon vigilante, déterminée et habile, s'engager avec ses partenaires fédéraux et provinciaux dans une dynamique de coopération fédérale-provinciale et de codécision interprovinciale.

Il faudra aussi, M. le Président, mettre toute notre énergie au profit de l'affirmation saine et efficace du Québec dans l'ensemble canadien. Cela implique notamment que le Québec cherche à prendre toute la place qui lui revient au Canada, qu'il y affirme fortement son identité particulière et son originalité et qu'il y assume un leadership positif et déterminant.

Comme vous pouvez le constater, j'en suis venu à la conclusion personnelle que les intérêts de l'ensemble de la collectivité québécoise seraient mieux servis dans le cadre du fédéralisme canadien qu'à l'extérieur de celui-ci. Je respecte néanmoins l'opinion des autres membres de cette Assemblée qui, eux, croient que le Québec se porterait mieux si, suite à une sécession, il devait quitter le Canada. Je respecte l'opinion des autres membres de cette Assemblée, car je suis persuadé qu'au fond, peu importe nos allégeances politiques et notre façon d'envisager l'avenir du Québec, nous tous ici, membres de cette Assemblée, éprouvons la même fierté d'être Québécois et le même désir de servir du mieux que nous le pouvons nos concitoyens et nos concitoyennes.

Bref, comme tous les membres de cette Assemblée, j'éprouve une grande fierté en pensant à ce que nous avons bâti en tant que société au cours des siècles. Je vous dirais même, M. le Président, au risque de vous étonner, que je suis d'accord avec certains des propos tenus par le premier ministre dans son discours inaugural alors qu'il nous vantait les talents des Québécois et Québécoises et baptisait du nom d'«avantage québécois» les nombreux atouts que possède le Québec dans le monde d'aujourd'hui et les nombreuses réussites que le Québec compte déjà à son actif.

À partir de ces prémisses fondées sur l'avantage québécois, je tire cependant une conclusion différente de celle du premier ministre. En effet, je suis obligé de constater que cet avantage québécois s'est développé au cours des dernières années à l'intérieur même du Canada. C'est dire qu'il est possible pour le Québec de s'affirmer dans l'ensemble canadien tout en conservant son identité particulière.

Certes, comme le premier ministre, je me réjouis des atouts et des réussites du Québec, mais j'en viens, pour ma part, à la conclusion, contrairement cette fois au premier ministre, que ces atouts et réussites sont de nature à nous donner une telle confiance en nous-mêmes que nous ne devrions pas craindre, en tant que Québécois, de perdre notre spécificité en participant au grand projet fédératif canadien. Merci, M. le Président.

Des voix: Bravo!

Le Vice-Président (M. Pinard): Alors, merci, M. le député de Chapleau et critique officiel de l'opposition en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes. Nous allons maintenant céder la parole au député de Dubuc. M. le député.


M. Jacques Côté

M. Côté (Dubuc): M. le Président, c'est avec émotion et surtout une grande fierté que je présente aujourd'hui ma première intervention devant l'Assemblée nationale du Québec. Je voudrais féliciter M. le président pour son élection, ainsi que les vice-présidents, et leur offrir toute ma collaboration.

Permettez-moi également de saluer et surtout de remercier les citoyennes et citoyens du comté de Dubuc qui m'ont manifesté clairement et sans équivoque leur confiance lors du scrutin du 30 novembre dernier. Je voudrais leur dire combien j'ai été profondément touché par ce geste et leur assurer dans l'avenir, à toutes et à tous sans exception, ma plus entière et sincère collaboration. Je voudrais également saluer ici l'exécutif du Parti québécois ainsi que tous mes collaborateurs, organisateurs et bénévoles qui ont travaillé sans relâche à cette belle victoire.

(10 h 30)

Dans Dubuc, M. le Président, nous sommes en avance sur notre temps, puisque c'est à ville de La Baie qu'est présentée La fabuleuse histoire d'un royaume . Et un royaume, M. le Président, c'est lié à la souveraineté. Ainsi, dans toute décision que le Québec prendra quant à son avenir, vous pourrez toujours compter sur le comté de Dubuc.

Notre premier ministre affirmait dans son discours inaugural qu'avec l'atteinte du déficit zéro nous avons donné au peuple québécois les moyens de ses ambitions. Ses ambitions, M. le Président, elles sont centrées sur la jeunesse. Voilà un programme plein d'espoir, un chantier sur lequel toutes les Québécoises et tous les Québécois sont invités à contribuer avec les outils qui leur sont propres. Ce chantier, M. le Président, lorsqu'il sera terminé, nous aura donné la plus belle demeure qui soit: un Québec souverain.

Nous aurons besoin d'outils et de matériaux pour construire cette maison. Quels sont-ils? Je me permettrai de n'en souligner que trois, dont le premier ministre a fait mention dans son discours inaugural. En premier lieu, il y a les fondations. Les fondations, c'est la famille, M. le Président. Une politique familiale que notre gouvernement a choisi de revoir en profondeur pour en arriver à une nouvelle politique qui répond avant tout aux besoins des enfants en leur assurant un plein développement et en leur donnant toutes les chances de réussite. Un régime québécois de congés parentaux, notre propre régime, qui permettra d'associer les bases solides de cette maison. Ce régime, arrimé à la politique de la petite enfance, permettra aux couples de concilier travail et famille.

Toutes ces mesures, M. le Président, vont répondre aux besoins des familles d'aujourd'hui. En effet, près des deux tiers des mères dont le plus jeune enfant est âgé de trois ans et moins occupent un emploi. Dans la majorité des familles biparentales, les deux conjoints travaillent, et il y a de plus en plus de familles monoparentales ayant une femme à leur tête. Le marché du travail a, lui aussi, évolué. Dans un tel contexte, concilier les responsabilités familiales et professionnelles devient un enjeu majeur, et notre gouvernement en a fait une de ses priorités.

Le deuxième outil qui sera nécessaire, c'est l'éducation. Toujours en regard avec la jeunesse mais spécifiquement en matière d'éducation primaire et secondaire, le premier ministre s'est engagé à faire en sorte qu'il y ait une meilleure responsabilisation des familles et qu'un meilleur partenariat s'installe entre les parents et l'éducation. Voilà, M. le Président, un outil qui permettra aux parents de participer à la construction de la demeure dans laquelle, un jour, ils habiteront: un Québec souverain.

L'éducation à tous les niveaux, M. le Président, elle est et elle demeurera une constituante des plus importantes de notre projet de société. Selon les données de l'OCDE, le Québec consacre plus d'argent à l'éducation que l'ensemble des pays industrialisés. Comme le disait si bien notre premier ministre, et je cite: «Nous faisons souvent bien; nous voulons faire mieux.» C'est pourquoi, M. le Président, il faut axer davantage nos efforts sur la formation et l'acquisition de connaissances. Il faut que nos jeunes continuent d'étudier. La réussite scolaire doit être prioritaire pour que chaque étudiant puisse lui-même poser sa pierre dans la construction de notre édifice national. Je suis fier que notre premier ministre ait affirmé sans aucune hésitation que nous allions défendre les choix sociaux du Québec et surtout que nous allions défendre notre droit d'être différents.

Il faudra donc aussi se préparer pour la nouvelle économie. C'est un matériau supérieur mais qui donnera à notre maison une solidité à toute épreuve. Notre gouvernement a revu de fond en comble notre système d'éducation afin de le moderniser et de le rendre davantage compatible avec les nouveaux besoins de notre société moderne. Qu'il suffise de mentionner que le fait d'avoir changé le statut confessionnel des commissions scolaires et d'avoir réduit leur nombre constitue une réalisation majeure.

Il faudra continuer à se battre contre vents et marées contre ces intrusions fédérales dans le domaine de l'éducation où on dédouble les services au détriment du Québec. Pourtant, l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique est clair et dit que, «dans chaque province et pour chaque province, la Législature pourra exclusivement légiférer sur l'éducation». Voilà, M. le Président, l'exemple du non-respect de la Constitution.

Le troisième point dont j'aimerais vous entretenir concerne le développement régional. Étant moi-même d'une région extérieure aux grands centres, mes préoccupations ne datent pas d'hier. Il faut que notre gouvernement continue à intervenir par des politiques et des programmes qui tiennent compte des régions. C'est la clé du succès.

Lors des audiences de la commission Bélanger-Campeau, les gens des régions ont exprimé leur avis favorable pour la décentralisation et la régionalisation des pouvoirs advenant la souveraineté du Québec. La régionalisation actuelle est excellente, mais j'ose croire qu'elle n'est qu'une étape, puisque, une fois notre maison à nous, nous pourrons aménager notre terrain comme bon nous semble et donner ainsi davantage de pouvoirs aux régions.

Avec l'adoption, en 1997, de sa politique de soutien au développement local et régional, notre gouvernement avait comme objectif central d'offrir aux citoyens et citoyennes des services simples et efficaces en refondant au sein des CLD les structures et programmes gouvernementaux destinés à l'entrepreneuriat et d'associer les intervenants locaux et régionaux au développement de leur milieu. Cette approche, M. le Président, est très novatrice. Elle permet d'éviter le gaspillage des fonds publics et permet également l'arrimage des projets entre eux dans la perspective d'un plan concerté de développement.

Fini le temps où le Québec imposait unilatéralement ses vues, ses programmes et ses objectifs sans égard aux besoins spécifiques réels des régions. Cette réalisation des CLD est un outil important pour le Québec d'aujourd'hui et de demain. Et la loi créant le ministère des Régions, adoptée le 19 décembre 1997, est un matériau essentiel qui donnera toute la solidité nécessaire à notre édifice. Il s'agit d'une première dans l'histoire du Québec moderne. Soyons-en fiers, mais continuons à bonifier cette loi en écoutant davantage nos régions. Ce sont les pièces de notre maison. Elles ont toutes un rôle à jouer et elles le joueront davantage dans un Québec souverain.

Depuis 1994, l'action du gouvernement en matière de soutien au développement local et régional a été constante, cohérente et empreinte d'une volonté de remettre entre les mains des acteurs régionaux eux-mêmes les différents outils, tant décisionnels que financiers, qui leur permettent d'agir sur le développement de l'économie et de l'emploi de leur propre région. Cette politique a permis aux régions du Québec d'adapter leur politique de développement en fonction de leurs besoins. Voilà un gouvernement qui a écouté ses commettants. Voilà un gouvernement qui a assumé ses responsabilités.

Les CLD, les CLE, les CRD, les CJE sont devenus des instruments privilégiés où la concertation entre les différents intervenants assure un arrimage entre les politiques de développement et de l'emploi et l'aide aux entreprises. Tout a été conçu de façon à ce que les interventions des différents ministères, plus présents et plus impliqués en région, soient effectuées en tenant compte des particularités et des besoins, qui diffèrent d'une région à l'autre.

M. le Président, le gouvernement doit continuer en ce sens, et je suis convaincu qu'il le fera parce qu'il est le meilleur, qu'il a à coeur le Québec et que les propos de notre premier ministre portent les fruits d'un nouveau dynamisme économique, social et culturel qui permettra dans un avenir rapproché, j'en suis convaincu, à toutes les Québécoises et à tous les Québécois de fêter l'inauguration de cette nouvelle maison qu'ils auront construite à leur image. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, M. le député de Dubuc. Nous allons poursuivre en cédant la parole au député d'Orford et critique officiel de l'opposition en matière d'environnement. M. le député.


M. Robert Benoit

M. Benoit: M. le Président, merci infiniment. D'abord, moi aussi, j'aimerais remercier les électeurs du comté d'Orford. Vous savez, le comté d'Orford, au moment où on se parle, c'est une des plus grandes circonscriptions électorales du Québec, avec 52 000 électeurs et tout près de 70 000 résidents. Alors, ça fait beaucoup de monde. On sait qu'il y a une réforme de la carte électorale qui s'en vient. Probablement qu'une partie du comté devra quitter le comté d'Orford, malheureusement.

Ceci dit, cette campagne, elle a été, dans le comté d'Orford, tout à fait dynamique. Et je tiens à dire aux 52 000 électeurs qui avaient le droit de vote – il y en a un très grand nombre qui se sont présentés, plus élevé que la moyenne au Québec – que ces gens ont posé un geste important, un geste démocratique. Une majorité, bien sûr, ont voté pour le Parti libéral, que je représente, et une minorité ont voté pour le parti péquiste.

Ce qui m'a impressionné le plus cette fois-ci, c'est en faisant le tour des polls, M. le Président, la journée du vote. Il ne faisait pas excessivement beau dans le comté d'Orford. Et j'ai vu ces gens âgés qui... Pour eux, on se disait: Mon Dieu! dans un comté comme le mien, ils avaient toutes les excuses pour ne pas venir voter. Ils étaient malades, ils étaient handicapés. J'ai vu une scène, à North Hatley, où on a déménagé, systématiquement, le poll vers la voiture parce que cette bonne dame n'était pas capable de descendre les trois marches. Alors, moi, je veux souligner d'une façon particulière ces gens âgés qui ont fait un effort tout à fait, comme on dit en anglais, «over and above the call of duty» pour faire leur devoir de citoyen.

J'ai aussi vu, dans le comté d'Orford, une multitude de jeunes. Et on avait une équipe, sur le comité organisateur, d'un bon groupe de jeunes. Et on a vu, toute la journée, défiler dans les polls du comté d'Orford des jeunes qui ont aussi compris l'importance de ce devoir démocratique.

(10 h 40)

Mais ce qui m'a impressionné le plus dans cette élection, ça a été la qualité des bénévoles qui se sont impliqués. Dieu sait que, dans ce parti – j'y milite depuis 1978 – j'en ai vu, du monde entrer, j'en ai vu, du monde sortir, mais jamais j'ai vu, dans une circonscription, et je le dis franchement, une équipe de bénévoles aussi impliqués, aussi bénévoles, aussi convaincus qu'il fallait changer les choses au Québec et que ça passait par le Parti libéral du Québec.

Quand je me suis mis à signer des lettres pour remercier ces bénévoles-là, je me suis aperçu que, dans le comté d'Orford, il y en avait plus de 700 qui étaient venus, à un moment donné ou à un autre, poser une pancarte, faire des sandwiches, servir du Coke, conduire des gens âgés, aider le député à écrire un discours, etc. Sept cents personnes dans une circonscription qui croient franchement qu'en s'impliquant on peut changer des choses. Et je dis à ces gens à la grandeur du Québec et dans notre formation politique: Continuez à croire qu'avec le Parti libéral du Québec on va pouvoir changer des choses et on va pouvoir influencer le gouvernement et les aider à améliorer les choses au Québec.

M. le Président, j'ai dit, le soir de l'élection, comme probablement un bon nombre de mes confrères et consoeurs qui siègent ici aujourd'hui, que j'étais le député de l'ensemble des députés du comté d'Orford. Oui, certain nombre de gens n'ont pas voté pour Robert Benoit, n'ont pas voté pour notre programme, n'ont pas voté pour notre chef, n'ont pas voté pour le Parti libéral, et ainsi va la démocratie. Mais ces gens-là ont le droit, à partir du moment où ils feront affaire dans le bureau du député d'Orford, d'avoir la même qualité de service que s'ils avaient voté. Qu'il soit connu qu'ils n'ont pas voté pour nous, qu'il soit connu qu'ils ont voté pour nous, tous doivent avoir une chance égale. Et je dis à tous mes confrères députés: Servons les électeurs du Québec au-delà de nos lignes de parti, quand ils viennent nous voir avec leurs problèmes comme individus, M. le Président.

Dans le comté d'Orford comme ailleurs au Québec, on a d'abord parlé des enjeux de la région et des enjeux locaux. Le premier enjeu, M. le Président, qui était fondamental chez nous comme ailleurs au Québec, c'était la santé. On veut nous fermer, à peu près, notre hôpital. On veut en faire un grand CLSC. Il y a à peu près un an, les citoyens du comté d'Orford, avec à la tête le député et le maire, on s'est acheté des gants de boxe et on a décidé qu'on était pour boxer avec la Régie régionale, M. le Président, oui.

On a, le 23 juin, descendu à la Régie régionale en autobus, et on a indiqué à ces gens-là que nous n'accepterions pas, à aucune condition, que le comté d'Orford, que la ville de Magog perde son bloc opératoire. Pour aucune considération, M. le Président. Nous sommes allés gagner que ce qu'ils avaient proposé soit renversé, à la Régie régionale. La première fois dans l'histoire de la Régie régionale de l'Estrie. Le comté d'Orford a tenu tête à la Régie régionale, l'hôpital a tenu tête à la Régie régionale, les citoyens ont tenu tête à la Régie régionale, et nous avons gagné cette bataille, M. le Président. Soyez assuré que ça a été le grand enjeu de cette campagne électorale là, parce qu'ils ont un an pour nous revenir avec une proposition.

Ce que j'ai dit pendant toute la campagne électorale, c'est que Robert Benoit maintenant avait un mandat très clair dans la ville de Magog – très clair – pour continuer à exiger que le bloc opératoire soit maintenu ouvert, et je le ferai. Je le ferai avec les préfets, je le ferai avec les maires, je le ferai avec les syndiqués, je le ferai avec le monde économique. Nous nous assurerons que le bloc opératoire de l'hôpital de Magog, et ce que ça représente, reste ouvert.

L'autre grand enjeu chez nous, ça a été la réorganisation de la carte scolaire. Oui, on a obligé 300 familles d'une partie du comté à aller avec une commission scolaire plutôt qu'une autre, alors que ces 300 familles veulent continuer cette tradition vieille de 40 ans d'aller à Coaticook plutôt qu'à Magog, surtout qu'à Coaticook nous enseignons là les options propices aux enfants et à l'industrie de la région de Stanstead.

Pour toutes sortes de raisons, la ministre de l'Éducation n'a pas voulu nous écouter. Nous sommes venus ici en délégation. Nous sommes venus avec les parents. Nous sommes allés dans les journaux. Même le député de Johnson – même le député de Johnson – s'est joint au député d'Orford pour essayer de convaincre ce gouvernement, M. le Président. Je tiens à souligner son effort. Bien, pas plus le député de Johnson que le député d'Orford n'ont été entendus par ce gouvernement, M. le Président. Ça a été un des grands enjeux.

La majorité la plus forte que je suis allé chercher a été effectivement dans la région de Stanstead. Peut-être que je dois en remercier le député de Johnson. Ceci dit, nous allons continuer à nous battre, dans la région de Stanstead, M. le Président, pour que ces 300 familles soient entendues par le nouveau ministre de l'Éducation, auquel nous avons déjà fait des représentations.

Le développement économique, M. le Président. Si vous pensez que ça va mal à la grandeur du Québec, ce n'est pas après avoir écouté ce malheureux discours d'hier que je crois que ça va très bien au Québec. J'arrive de l'Ouest canadien. Il y a quelques semaines, j'étais dans l'Ouest canadien, M. le Président. Il faut voir le dynamisme économique de la ville de Calgary. J'étais dans un autobus avec des gens, nous nous en allions sur l'autoroute. C'était un développement qui se construisait, c'étaient des tours qui étaient après se monter, c'était un terrain de golf qui était après s'ouvrir, c'étaient les restaurants qui étaient pleins, c'étaient les centres de ski qui étaient pleins aux chaises, M. le Président. Vous me voyez venir, M. le Président, l'économie, à Calgary, l'économie, dans l'Ouest canadien, va très bien. Malheureusement, quand on prend une marche sur la rue Sainte-Catherine à Montréal en revenant, quand on arrive à Dorval, ce n'est pas exactement le même portrait qu'on a.

Alors, chez nous aussi, dans le comté d'Orford, il y a des problèmes économiques. Je vous donne une seule statistique. Les citoyens de l'Estrie gagnent, par individu, à peu près 14 700 $; au Québec, environ 16 000 $. Il y a, déjà là, un écart de tout près de 2 000 $. Si on se compare aux gens qui demeurent à cinq milles de chez nous, Nouvelle-Angleterre, en dollars canadiens, on arrive à 38 000 $. Si on se compare à l'Ontario, etc., M. le Président... sans vous parler des taux de chômage chez les jeunes, chez nous comme ailleurs.

Alors, le développement économique, chez nous, a été un des grands enjeux. Et Dieu sait qu'on n'a pas eu grand ministres qui sont venus nous faire des suggestions. On devait avoir le député de Joliette, le très distingué député de Joliette, qui devait venir parler chez nous, et il s'est désisté à la dernière minute. Peut-être qu'il aurait pu...

Une voix: ...

M. Benoit: ... – oui, il est chanceux – nous annoncer des bonnes nouvelles pour le comté d'Orford.

Ceci dit, M. le Président, il me reste moins de temps. Je veux rappeler à ce premier ministre et à son équipe que le parti qui a gagné cette élection, par une bonne majorité, c'est le Parti libéral du Québec. Et ça, nous devrons vous le dire, vous le redire et vous le redire à chaque fois que vous penserez que vous avez la vérité incarnée, messieurs dames, parce que vous ne l'avez pas. Les citoyens, en majorité, au Québec... Quand vous disiez: Un référendum, on peut le gagner avec une seule voix, et nous pourrons faire ce que nous voulons, au référendum, par la suite, je vous rappelle que, là, on ne parle pas d'une seule voix, on parle de centaines, de dizaines de voix de gens qui majoritairement ont voté pour le Parti libéral du Québec. Et, à chaque fois que vous voudrez faire une shire référendaire, à chaque fois que vous ne voudrez pas écouter les gens de la 735kV, à chaque fois que vous ne voudrez pas parler d'environnement, nous devrons vous rappeler, M. le Président, que la majorité dans cette Chambre, que vous aimiez ça ou pas, c'est le Parti libéral qui, moralement, l'a. Oui, M. le Président.

Des voix: Bravo!

M. Benoit: Mais, au-delà de ces grands enjeux locaux, chez nous, il y a eu les grands enjeux nationaux. Bien sûr, vous avez suivi la campagne comme moi. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui a entendu parler d'environnement? Je suis porte-parole de l'environnement. Est-ce qu'on a vu le ministre de l'Environnement à quelque part pendant la campagne électorale? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui a parlé d'environnement, de ce gouvernement? À part de dire à la gang du 735kV qu'ils étaient des poils de grenouille, M. le Président, on n'a pas entendu parler d'environnement. On a fait des décrets, on leur a passé sur le corps, on a coupé les arbres, on a mis des calvettes, on a passé les lignes électriques, mais on n'a pas écouté les gens et on n'a pas parlé d'environnement. Et ça, M. le Président, dans une société qui se veut dynamique, qui se veut démocratique, c'est un drame qu'en pleine campagne électorale nous n'ayons pas pris le temps d'écouter les gens qui avaient des choses à dire en environnement.

Mon temps est terminé. Je remercie les gens d'Orford, je remercie la majorité des Québécois d'avoir voté pour le Parti libéral du Québec. Merci.

(10 h 50)

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, M. le député d'Orford et critique officiel de l'opposition en matière d'environnement. Nous allons maintenant céder la parole au député de Sainte-Marie–Saint-Jacques et leader adjoint du gouvernement. M. le leader adjoint.


M. André Boulerice

M. Boulerice: M. le Président, l'occasion est fort belle, et je serais malheureux de m'en priver. Vous comprendrez que mes premières paroles iront vers les hommes et les femmes de cette magnifique circonscription de Sainte-Marie–Saint-Jacques. Le député d'Orford tantôt disait qu'il avait la plus grande circonscription. Je l'en félicite. J'ai évidemment la plus belle, et je m'en réjouis. Député du centre-sud, député du Vieux-Montréal et du Plateau Mont-Royal, M. le Président, mes compatriotes m'ont fait le grand honneur de me réélire pour une quatrième fois dans l'enthousiasme, M. le Président, et gratuitement. Gratuitement!

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Boulerice: Là aussi, des centaines, si ce n'est des milliers, de bénévoles ont participé durant cette belle campagne électorale. Belle campagne électorale, M. le Président, où la vérité a quand même ses droits. Je m'en voudrais de ne pas féliciter le candidat du Parti libéral, lors de la dernière élection, M. Longpré, qui s'est comporté – vous me permettez l'expression – en gentleman, qui s'est comporté en adversaire loyal et respectueux, ce qui, forcément, était une différence, si je regarde celui qui avait été candidat à l'élection précédente, dont l'attitude n'était que mesquinerie et petitesse. Je salue M. Longpré et le félicite pour la belle campagne électorale qu'il a faite, de même que le candidat de l'Action démocratique également, qui ont su jouer le jeu de la démocratie, mais avec élégance, M. le Président.

Ces quatre dernières années dans Sainte-Marie– Saint-Jacques, qu'ont-elles été? Eh bien, ça a été le plus grand nombre d'emplois créés, à l'intérieur du fameux programme qu'on a appelé le plan Paillé. Ça a été le plus grand nombre d'emplois créés au Québec, à l'intérieur du Fonds de lutte à la pauvreté. Ça a été de nos concitoyens et concitoyennes qui ont repris le chemin de la dignité, c'est-à-dire celui du travail et de la valorisation de soi.

Sainte-Marie–Saint-Jacques, ça a été la circonscription, M. le Président, où a été construit le plus grand nombre de logements sociaux au Québec au cours des quatre dernières années. Ça a été la circonscription où le financement des organismes communautaires s'est fait de façon généreuse et sans précédent dans l'histoire du Québec. C'est la construction d'un nouveau centre pour l'Association sportive et communautaire du centre-sud, où le député, à lui-même, est allé chercher au-delà de 1 500 000 $. Les gens de Sainte-Marie–Saint-Jacques ont compris qu'avec un député libéral ils se seraient servis, mais qu'avec un député du Parti québécois ils sont bien servis.

C'est l'établissement, M. le Président, des Archives nationales du Québec dans la circonscription de Sainte-Marie–Saint-Jacques, Viger–Saint-Hubert. C'est l'établissement de la Grande Bibliothèque nationale du Québec, un investissement de 80 000 000 $, M. le Président. C'est la création de l'Institut national de l'image et du son. C'est l'agrandissement de la Cinémathèque. C'est, M. le Président, l'agrandissement... Comment dirais-je donc? Nous avons complété le campus de l'Université du Québec à Montréal, faisant de cette université d'État la plus grande université au pays.

C'est, M. le Président, d'immenses travaux dans le Vieux-Montréal parce que nous avons voulu donner un avenir à notre passé, et, connaissant la valeur patrimoniale et touristique du Vieux-Montréal, nous n'avons pas hésité à investir. C'est, M. le Président, l'établissement de la Cité du multimédia, dont une grande partie se retrouve dans la belle circonscription de Sainte-Marie–Saint-Jacques, dans sa partie Vieux-Montréal, avec ces milliers d'emplois déjà qui sont créés.

M. le Président, Sainte-Marie–Saint-Jacques devient la cité du savoir, la cité du savoir-faire et la cité du savoir-être. Et vous comprendrez ma fierté d'être le représentant de cette circonscription, puisque à tout cela s'est ajouté aussi un immense développement culturel: l'établissement de Carbone 14 dans l'ancienne usine Raymond, l'agrandissement du Théâtre de Quat'sous, de l'Espace libre, de la Maison de la danse, qui sera donnée à la troupe de Jean-Pierre Perreault, qui est sans contredit un des plus grands chorégraphes québécois et qui nous fait tellement honneur à Montréal. Montréal, d'ailleurs, a la réputation d'être une des grandes métropoles au niveau de la danse contemporaine.

Et c'est le cégep du Vieux-Montréal, qui reconnaît bien en son député un ancien élève de ce cégep et qui a à coeur le développement de son alma mater, c'est le cloisonnement des aires ouvertes, c'est l'établissement de leur propre bibliothèque de façon à ce que les étudiants puissent y travailler et c'est, tout récemment, en collaboration avec mon collègue et ami le ministre de l'Éducation nationale, l'établissement d'un merveilleux cours qui est cours de dessins animés assistés par ordinateur où, M. le Président, les inscriptions se sont terminé il y a quelques jours. Les cours n'ont pas encore débuté et, déjà, on fait de la prospection auprès des étudiants, en disant: Mais, quand vous aurez terminé, ça ne vous intéresserait pas de venir travailler pour nous? Le savoir, le savoir-faire et le savoir-être, M. le Président.

Et qu'est-ce qui nous attend pour les prochaines années? La même chose, un développement social qui va s'intensifier. On a déjà annoncé cette merveilleuse réalité qui a permis à combien de jeunes familles de ma circonscription de pouvoir concilier travail et famille, avec ces garderies universelles qu'on a instaurées. Eh bien, vous la connaissez, la nouvelle, M. le Président, vous vous en êtes vous-même réjoui. Eh bien, cela sera extensionné.

Et c'est une foule d'autres programmes qui font en sorte que cette circonscription qui a été négligée durant des années, à l'époque d'un autre gouvernement que je n'ai pas à identifier, vous l'avez tous reconnu, se refait. Et elle se refait bien, M. le Président. C'est une circonscription où il fait bon vivre, où chacun, d'ailleurs, dans cette circonscription vit ensemble tout en partageant sa différence, puisque vous savez tous, vous connaissez tous, M. le Président, qu'il existe dans ma circonscription une importante communauté qui est la communauté gaie et lesbienne, envers qui le gouvernement du Québec a pris des responsabilités, alors que, l'autre côté, durant des années, on ne s'est même pas soucié à la fois de leur parler et de les écouter. Le premier ministre l'a annoncé dans son discours électoral, il est dans l'intention du gouvernement de légiférer sur les conjoints de fait et les conjoints de fait de même sexe. Je me réjouis que le Québec se retrouve en tête de file des pays progressistes à ce niveau-là.

M. le Président, quand on entend ce qu'on entend et quand on voit ce qu'on voit et qu'on sait ce qu'on sait, eh bien, on a bien raison de penser ce qu'on pense de l'opposition. On a bien raison de penser ce qu'on pense de l'opposition. L'opposition a les yeux tournés vers Kamloops, Moose Jaw ou Redhat, M. le Président. Et ils ont les yeux tournés vers le Canada – c'est bien leur choix. Ils regardent ça un peu comme certains s'ébahissent devant la splendeur de la marine à voile ou ont la nostalgie de la lampe à l'huile.

Mais, pour nous, M. le Président, le Canada, c'est trop étroit. C'est trop étroit, le Canada. C'est trop étroit. À l'exemple de la jeune génération québécoise, nous avons les yeux tournés vers New York, Dallas, San Francisco, Mexico, Santiago du Chili, Buenos Aires, São Paulo du Brésil parce que nous savons que notre destin est continental et qu'il est américain. Les États-Unis sont de loin, et de très loin, notre premier partenaire économique. Nos échanges vont dans une ligne, une trajectoire nord-sud. Et puis, culturellement, nous nous retournons vers l'Europe, une Europe unie, à l'intérieur des souverainetés respectives des États européens, et nous nous apercevons que le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie sont nos principaux partenaires économiques.

Le Canada est trop étroit pour nous, M. le Président. Nous avons choisi, nous, le monde. Nous avons choisi le monde. Et, choisissant le monde, nous ne pouvons plus accepter que la gracieuse Sheila Copps parle en notre nom. Nous voulons parler de nous-mêmes, par nous-mêmes et pour nous-mêmes.

(11 heures)

Le Canada est trop étroit, M. le Président. Un Canada où un ministre des Finances, entre parenthèses, est plus préoccupé par ses bateaux qui battent pavillon panaméen et qui paient les impôts aux Bermudes, alors que ce ministre des Finances n'hésite pas à piger dans la caisse de l'assurance-emploi, donc, par conséquent, vole littéralement les Québécois et les Québécoises qui ont souscrit à cette assurance-emploi.

Le Canada est étroit en géographie. Il est même étroit d'esprit quant à son attitude envers le Québec. Laissons à nos amis d'en face la nostalgie de la lampe à l'huile, s'éblouir encore sur la splendeur de la marine à voile ou rêver du petit train transcontinental qu'ils n'ont pas eu dans leur enfance, mais qui, paraît-il, aurait construit le Canada. Nous, ce qui nous intéresse, c'est de communiquer le plus rapidement, par Internet, avec les nouvelles technologies, avec le monde entier et nous établir comme un partenaire normal, d'égal à égal avec les autres nations de la terre.

M. le Président, en 1995, comme en 1992 au référendum de Charlottetown, comme en 1980 lors du premier référendum sur la souveraineté du Québec, la circonscription de Sainte-Marie–Saint-Jacques a voté dans l'enthousiasme, et gratuitement – dans l'enthousiasme, M. le Président. Eh bien, je peux vous assurer que, lorsque ce nouveau rendez-vous viendra, les hommes et les femmes de Sainte-Marie–Saint-Jacques, profondément enracinés dans leur terre natale mais ouverts sur le monde, choisiront la voie qui leur permet de prendre leur place, c'est-à-dire la situation normale d'une collectivité, celle d'être soi-même, par elle-même et pour elle-même, et non pas dépendre toujours de ce que j'ai toujours appelé avec affection «le mononque» d'Ottawa. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, M. le député de Sainte-Marie–Saint-Jacques et leader adjoint du gouvernement. Nous allons maintenant céder la parole à M. le député de LaFontaine et critique officiel de l'opposition en matière de travail. M. le député.


M. Jean-Claude Gobé

M. Gobé: Merci, M. le Président. Mes premiers mots, bien sûr, seront pour remercier encore une fois, après quatre élections, les électeurs de la circonscription électorale de LaFontaine qui m'ont reconduit, en effet, pour cette quatrième fois, comme député à cette Assemblée nationale. Et, pour moi, c'est quelque chose qui est, même après quatre élections, peu banal. Car, comme vous le savez, faisant partie de ces néo-Québécois, de ces néo-Canadiens qui sont arrivés ici pour participer au développement économique, culturel, social de ce pays et en même temps y trouver une évolution personnelle, économique, financière et aussi sociale, eh bien, c'est certainement un grand honneur et un plaisir sans cesse renouvelés à chaque élection que cet événement.

Alors, M. le Président, dans notre région, dans la circonscription électorale de LaFontaine, un certain nombre de problèmes ou de situations perdurent depuis de nombreuses années. On sait en particulier que la ville de Montréal est aux prises avec des problèmes de fiscalité importants. Malheureusement, depuis quatre ans que le gouvernement avait promis pacte fiscal sur pacte fiscal, superstructure sur superstructure, il semble que rien n'a été fait, et nous sommes encore dans une situation où les contribuables montréalais se retrouvent écrasés par le fardeau de la fiscalité municipale, devant supporter un certain nombre d'activités et de services qui sont à vocation supramunicipale. En d'autres termes, Montréal-Centre est obligé de développer des services pour des citoyens qui résident à l'extérieur et en supporte le coût.

Le gouvernement du Québec avait dit qu'il avait conscience de cette situation et qu'il verrait à agir et verrait à trouver des solutions. Malheureusement, dans le discours inaugural, nulle part il n'y a piste ou même ouverture, trace de solution. Alors, je crois comprendre que nous allons devoir, nous, comme députés de l'opposition, dans les quatre prochaines années, eh bien, à moins qu'il y ait un nouveau discours à un moment donné, quelque part, du trône, qu'on abroge la session et qu'on en fasse une autre, mais sans cela on va devoir, donc, suivre ce gouvernement et le pousser pour qu'il comprenne enfin la vraie réalité financière et fiscale des Montréalais.

Et là je ne parle pas de la ville; je parle des citoyens de Montréal, qui reçoivent leur compte de taxes bientôt, là, et qui vont se retrouver avec des taxes plus élevées que l'ensemble des autres citoyens qui habitent dans la même région, de 10 %, 15 % et, des fois, 20 %.

Alors, M. le Président, c'est un des enjeux principaux pour les députés de la région de Montréal, et de la ville de Montréal en particulier, que cette redéfinition de la ville de Montréal. Il y en a qui disent «une ville, une île», d'autres qui disent «une région». Il va falloir, M. le Président, que, dans cette session-ci, nous trouvions des solutions. Montréal doit relever le défi de l'an 2000. Nous arrivons à l'an 2000. Ce n'est pas d'une statue que nous avons besoin, c'est d'un statut. Toronto l'a fait, Paris l'a fait, Barcelone l'a fait, tous les grands centres internationaux l'ont fait, Philadelphie l'a fait, ils ont tous relevé ce défi de la non-morcellisation de leur territoire et de la non-multiplication des structures administratives.

Je vais vous donner un exemple, M. le Président. Un citoyen de Rivière-des-Prairies ou de Montréal-Nord pourrait, s'il le désire, en cinq à 10 minutes d'automobile, aller se faire soigner, lorsque son fils, sa fille, ou lui-même, ou un membre de sa famille est malade, à un hôpital qui est situé à 10 minutes de là, qui s'appelle Cité de la santé, à Laval. Malheureusement, il est situé dans une régie régionale différente de celle de l'île de Montréal. Et là il faut qu'il aille, à ce moment-là, à Santa Cabrini ou à l'hôpital Rosemont qui est situé à peu près à 35, 40 minutes de là, très difficile d'accès, les services en commun peu faciles d'accès aussi, et où il y a des attentes innombrables bien souvent. C'est un exemple que je donne, M. le Président. Il est un peu anormal, à notre époque, qu'un citoyen de Pointe-aux-Trembles doive aller se faire soigner au centre-ville de Montréal, alors que, à Le Gardeur, il y a un hôpital qui est à cinq minutes de là.

Je donne ces exemples non pas pour les changer aujourd'hui, mais pour donner des pistes de réflexion, M. le Président, à l'ensemble des parlementaires. Je crois qu'il est temps que nous revoyions les structures administratives de cette grande région de Montréal en ce qui concerne, en particulier, les services généraux: santé, éducation en particulier, transports en commun – ça a déjà été commencé, mais ce n'est pas la panacée, d'après ce qu'on peut voir – fiscalité aussi avec cela.

Si on veut une région montréalaise dynamique qui relève le défi de l'an 2000, qui compétitionne à travers le monde avec les autres grands centres, bien il va falloir lui donner les moyens. Lui donner les moyens, ce n'est pas faire des interventions de l'État, avec des CLE, avec des carrefours de technologie, c'est faire en sorte que la ville ait les outils et les structures nécessaires pour pouvoir prendre ses décisions, en compétition avec les autres. Et, si on ne le fait pas, M. le Président, nous porterons le fardeau, nous porterons la responsabilité d'avoir laissé la région de Montréal se dépérir ou se développer en centres un peu satellites un peu tout autour, alors qu'ailleurs les gens, eux, auront pris encore de l'avance, comme ils sont en train de la prendre actuellement.

Ça, M. le Président, c'est un des dossiers importants que j'entends suivre, et faire valoir, et pousser dans cette session, avec mes collègues bien sûr députés libéraux de l'île de Montréal, qui sont certainement aussi, comme moi, interpellés, avec les députés libéraux de l'ensemble, même, de la grande région de Montréal. Et il est souhaitable que les députés du parti qui forme le gouvernement – même s'ils n'ont pas la pluralité des voix, ils ont la pluralité des députés – se joignent à nous, qui sommes d'ailleurs, dans cette grande région de Montréal, majoritairement élus, du côté du Parti libéral... Et nous leur souhaitons bien sûr de venir avec nous pour relever ce défi, car ça concerne l'ensemble des électeurs de la région de Montréal et pas seulement les gens qui ont voté libéral dans une circonscription ou dans une autre.

M. le Président, le chef de l'opposition m'a fait l'immense plaisir et l'immense honneur de me confier des responsabilités parlementaires en plus bien sûr des responsabilités que les citoyens de mon comté m'ont confiées en ce qui a trait à leur représentation et à celle régionale, de la région de Montréal aussi, comme tous mes autres collègues.

Alors, le chef de l'opposition, disais-je, m'a demandé d'accepter d'être le responsable pour l'opposition officielle des dossiers concernant la législation du travail, dossiers extrêmement importants, M. le Président, lorsqu'on sait que la législation du travail est à la base de toute l'activité économique. C'est ça qui régit les rapports entre les travailleurs et les entreprises, entre les entreprises et leurs employés. C'est ça qui donne ensemble les conditions qui peuvent être harmonieuses ou moins harmonieuses dans les entreprises et qui font qu'une entreprise peut être compétitive ou ne pas être compétitive, qui font que des employés peuvent avoir le goût de travailler, être heureux sur leur travail et être productifs ou l'être un peu moins. C'est ça, un peu, le rôle de la ministre du Travail et du porte-parole du ministère du Travail pour l'opposition et bien sûr d'agir dans cette optique-là et dans cette direction-là.

(11 h 10)

Alors, M. le Président, un certain nombre de dossiers qui avaient été mis en chantier ou demandés par l'opposition lors de la dernière session n'ont toujours pas été réalisés. Alors, c'est sûr que, M. le Président, je pourrais les nommer rapidement.

On parle de l'article 45 du Code du travail. Je me souviens, en 1996, au congrès de l'Union des municipalités du Québec, le premier ministre actuel avait dit, lors du discours d'ouverture: Je vous ai compris, et soyez assurés que le gouvernement légiférera pour vous donner les moyens d'assumer vos nouvelles responsabilités, vos nouvelles tâches. Il faisait là, bien sûr, référence à l'article 45 du Code du travail en ce qui allait, entre autres choses, sur les possibilités de sous-traitance des services municipaux avec les municipalités. Force est de constater que ça n'a toujours pas été fait et qu'il n'y a toujours pas eu de discussion là. Les municipalités sont toujours en attente et le dossier est au point mort. Alors, M. le Président, il est important pour nos municipalités, au Québec, de pouvoir savoir quelles vont être les règles du jeu pour les quatre, cinq prochaines années, parce que, elles aussi, elles ont des décisions à prendre, au niveau fiscal, au niveau budgétaire, au niveau organisationnel, qui sont très importantes.

M. le Président, il y a un autre dossier aussi qui est resté en panne un peu, c'est les décrets de convention collective. On sait que le gouvernement s'est engagé à abolir un certain nombre de décrets. Quelques-uns sont tombés d'eux-mêmes, mais certains autres sont encore en vigueur. Est-ce que le gouvernement va les abolir? Est-ce qu'il va les conserver? Il y a un peu d'insécurité qui plane sur ces travailleurs et ces travailleuses qui sont assujettis à ces décrets. Je pense que le gouvernement ne remplit pas son rôle d'agent social lorsqu'il laisse des dossiers comme ceux-là traîner.

M. le Président, bien sûr, il y a tout le dossier des travailleurs et travailleuses autonomes, la nouvelle organisation du travail. J'avais l'occasion d'en parler avec l'ex-ministre du travail à plusieurs reprises, lorsque nous étions en commission parlementaire ou même à d'autres forums. Qu'allons-nous faire? De quelle façon allons-nous organiser cette nouvelle activité, cette nouvelle façon de travailler qui est actuellement le fait des travailleurs et travailleuses autonomes? Est-ce qu'on va leur donner de la sécurité? Est-ce qu'on va leur donner un filet social? Est-ce qu'on va les assujettir au Code du travail? Cette réflexion n'a pas été faite et va devoir être faite rapidement, et on va devoir rapidement légiférer. Alors, il est souhaitable, bien sûr, que la nouvelle ministre se mette au travail là-dessus très rapidement, car les citoyens et les gens, bien sûr, se questionnent et attendent que nous agissions.

Et je rappellerai, pour mémoire, que, nous, du Parti libéral, dans cette campagne électorale, nous avions proposé, nous avions mis dans notre programme notre intention, si nous devions former le gouvernement, de déposer, à l'ouverture de la rentrée parlementaire, un projet de loi sur les travailleurs autonomes qui leur aurait donné un statut, aurait fait en sorte de leur faciliter l'exercice de leur travail et de leur profession.

Un autre dossier très important, M. le Président, qui est dans l'actualité et où le gouvernement tarde aussi à faire son lit, c'est le dossier des clauses orphelin. Certainement, un certain nombre de jeunes et moins jeunes Québécois et Québécoises se retrouvent dans des conditions de travail différentes de celles des employés qui occupent actuellement le même emploi dans la même entreprise. Il y a là, M. le Président, certainement une iniquité, si ce n'est une injustice – je dirais une iniquité – que les raisons que nous connaissons, les raisons de négociation, les raisons de coupure d'emplois ou de restructuration d'entreprise, peuvent expliquer d'un point de vue technique, mais, d'un point de vue moral, ne peuvent justifier, d'un point de vue de l'équité.

Alors, M. le Président, c'est un dossier important, un dossier qui fait l'objet de l'attention de l'opposition au complet, et pas seulement du porte-parole du travail, et sur lequel nous entendons, bien sûr, demander au gouvernement d'agir très rapidement et avec lequel nous serons vigilants, car il ne s'agit pas là non plus de légiférer de l'autre côté du spectre et faire en sorte de créer d'autres genres de problèmes à d'autres genres de citoyens, ou d'organisations, ou de commerces, ou d'entreprises. M. le Président, lorsqu'on légifère, il faut faire en sorte qu'on ne légifère pas pour plaire à un en créant des dégâts ou des situations difficiles dans d'autres secteurs.

Alors, M. le Président, il ne reste pas beaucoup de temps. J'aurais eu beaucoup de choses à dire sur ce discours et sur le travail. Je rappellerai aussi les travailleurs de la CSST, les indemnisations. On avait passé la loi n° 79. Nous y étions opposés. J'y étais opposé, à cette époque-là. Je demandais des correctifs. Je demandais des améliorations, des amendements. Tous n'ont pas été amenés. La loi a été adoptée pareil. Aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a un certain nombre de travailleurs et de travailleuses qui sont encore sur le carreau, qui ont de la difficulté. Les listes d'attente n'ont pas baissé. Il reste beaucoup de monde qui a des difficultés. Et on se rend compte que le Bureau d'évaluation médicale ne fait pas encore complètement le mandat qu'il devait remplir, même si l'opposition, à l'époque, se questionnait sérieusement.

Alors, M. le Président, c'est plein de dossiers qui concernent les Québécois et les Québécoises. On peut parler des grands dossiers ou des grandes idées, de la lampe à l'huile, comme le député de Sainte-Marie–Saint-Jacques. Nous, nous avons à parler des Québécois, des Québécoises, des gens qui vivent, qui travaillent, qui ont de la misère puis qui demandent au gouvernement de faire en sorte qu'ils puissent ne plus avoir de misère, qu'ils puissent avoir des emplois, avoir une législation qui ne les écrase pas, qui ne les encarcane pas dans un système trop rigide. En d'autres termes, ce que les gens nous demandent, c'est d'être vigilants et de leur ouvrir le Québec sur l'an 2000, de le leur ouvrir sur la liberté de travailler, de le leur ouvrir sur la liberté fiscale en payant moins d'impôts. C'est ça qu'ils veulent, les Québécois, M. le Président, et c'est à ça que nous allons travailler. Merci.

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, M. le député de LaFontaine et critique officiel de l'opposition en matière de travail. Nous cédons maintenant la parole à Mme la députée de Marie-Victorin et vice-présidente de la commission de l'administration publique. Mme la députée.


Mme Cécile Vermette

Mme Vermette: Merci, M. le Président. Alors, à mon tour de vouloir remercier les électeurs du comté de Marie-Victorin. Pour une quatrième fois consécutive, ils m'honorent de leur confiance et font en sorte que je puisse les représenter à l'Assemblée nationale. Bien sûr, au cours de ces années, il s'est établi des liens privilégiés, des liens d'amitié, et surtout nous avons concrétisé ensemble des réalisations qui favorisent l'ensemble des concitoyens et des concitoyennes du comté de Marie-Victorin, plus particulièrement de la ville de Longueuil, M. le Président.

Je me réjouis du discours inaugural du premier ministre, dont le titre était de Réinventer le Québec pour un siècle nouveau . En effet, le premier ministre du Québec et président du Parti québécois a indiqué clairement, lors de son discours inaugural à l'Assemblée nationale, mercredi le 3 mars, quelles seront les priorités du gouvernement du Québec au cours des prochaines années, au commencement d'un siècle nouveau. Et je fais miennes aussi ces priorités, M. le Président, car, dans ma circonscription, ces priorités prendront toute une signification particulière.

En effet, M. le Président, le thème retenu par notre premier ministre, Réinventer le Québec pour un siècle nouveau , avec une priorité particulière pour la jeunesse du Québec, résume tout à fait les priorités d'action de notre gouvernement, tant à l'échelle nationale qu'à l'application de ces mesures au niveau de la circonscription de Marie-Victorin. C'est donc avec détermination et avec des projets concrets que nous aborderons le mandat qui s'ouvre.

J'aimerais relever ici, parmi ces priorités, cinq thèmes qui particulièrement seront des priorités qui touchent les jeunes et qui touchent aussi les jeunes de ma circonscription, soit: le soutien à l'emploi, à l'entrepreneurship; le maintien de la spécificité du système d'éducation du Québec; un support à l'action communautaire et aux problèmes reliés à la pauvreté; le support aux jeunes familles; et le cinquième thème, les problèmes reliés à la monoparentalité.

Notre premier ministre nous interpelle, nous, les élus, les députés du peuple québécois, à la responsabilité d'être présents au rendez-vous auquel le millénaire nous convoque. Nous avons, nous, les membres de cette Assemblée nationale, la responsabilité de permettre aux Québécois et aux Québécoises de saisir cette occasion de nous réinventer pour un siècle nouveau. Nous n'avons pas le droit de rater cet instant, car, comme nous le disaient notre premier ministre ainsi qu'un grand philosophe, «le commencement est la moitié de l'action». Et, en ce sens, nous avons, lors de notre dernier mandat, commencé déjà à préparer ce moment.

Lorsque nous avons invité tout le Québec à oser, il y a trois ans, lorsque nous avons tiré l'alarme sur la situation désastreuse de nos finances collectives, notre objectif était d'extraire le Québec du carcan des déficits et de l'endettement que nous avait laissés les gouvernements antérieurs, notamment le gouvernement libéral, et de lui redonner, en fait, ce goût, cette liberté d'action.

Nous sommes au fil d'arrivée de ce grand effort collectif. Et, hier soir, nous avons pu constater, lors de la lecture du budget du ministre des Finances, que nous avons atteint notre objectif du déficit zéro un an avant la date prévue. Donc, nous pouvons compter sur l'effort des Québécois et des Québécoises. Et c'est grâce à eux que nous avons pu atteindre rapidement cet objectif du déficit zéro, M. le Président, alors qu'avec cette atteinte du déficit zéro nous nous sommes donné collectivement les moyens de nos ambitions pour la décennie qui s'ouvre à nous.

(11 h 20)

Oui, nous pouvons compter sur les solidarités des Québécois et Québécoises, nous pouvons compter sur ces défis que nous avons à relever. Car, il faut se le rappeler, il y a déjà deux ans et demi, nous nous sommes collectivement donné un autre défi: lors du Sommet sur l'économie et l'emploi à Montréal, nous avons voulu commencer le prochain millénaire en affichant un taux de création d'emplois comparable sinon supérieur à celui du Canada.

Et nous sommes en voie de l'atteindre, cet objectif, alors même que le gouvernement canadien ne nous favorise pas tellement, M. le Président. Au contraire, je pense que le gouvernement central, le gouvernement du Canada a ses préférences, et nous ne faisons pas partie des préférés. Nous ne sommes pas les chouchoux du gouvernement fédéral, loin de là. Il n'en demeure pas moins que nous avons été capables, malgré cet effet, ce constat, de diminuer notre taux de chômage et de faire en sorte que nous sommes rendus maintenant en deçà des 10 % et plus près maintenant du 9 %. C'est réellement une très belle réalisation.

J'en profite aussi pour ouvrir une parenthèse, M. le Président, pour vous dire que M. Charest, qui est le nouveau chef de l'opposition – je vais m'y habituer, en fait, parce qu'il est nouveau puis il a changé un peu son style, mais enfin, on finit par s'y habituer – je pense qu'il a une certaine difficulté à comprendre les réalités du Québec ou accepter, en fait, les réalités que nous avons, nous, été capables d'atteindre en ce qui concerne le taux de chômage.

Et, quand il affirme ici, en Chambre, d'une façon très solennelle et très péremptoire, en fait, que nous avons de la difficulté, que jamais il n'y a eu autant de gens assistés sociaux à l'heure actuelle, d'abord, un, je lui dirais que, s'il y a plus de gens sur l'aide sociale qu'il y en avait antérieurement, c'est à cause des politiques du fédéral par rapport à l'assurance-emploi, effectivement, donc, d'une part, parce qu'on a réduit les temps de l'assurance-emploi. Ce qui fait que beaucoup de gens maintenant, malheureusement, se retrouvent sur l'aide sociale à cause de cet état de fait. Donc, c'est la première chose, et, n'en déplaise au chef de l'opposition – voilà, j'y suis arrivée, j'ai retenu son titre maintenant – c'est à cause du fédéral, jusqu'à un certain point, qu'il y a eu une augmentation.

Mais, indépendamment de cette situation, M. le Président, nous avons aussi obtenu des résultats très intéressants ici, au Québec, en ce qui concerne les gens qui sont sur la sécurité du revenu, puisqu'il y a eu une baisse substantielle. Et j'aimerais rappeler ici que le nombre de prestataires du revenu a diminué de 118 000 personnes. Donc, il faudrait peut-être qu'il corrige son tir ou, en fait, qu'il revoie les statistiques et se mette à jour, M. le Président.

En ce qui concerne notre climat au niveau des finances, nous avons fait en sorte que nous pouvons maintenant mettre des conditions qui font que nous pouvons croire que des jours meilleurs sont à notre portée. Voilà ce que nous avons voulu créer: un climat propice pour favoriser ce siècle nouveau et favoriser particulièrement nos jeunes. Le thème, justement, qui va dominer notre action cette année, l'an prochain et pour tout notre mandat... Ça ne sera pas juste un langage de langue de bois, mais, au contraire, M. le Président, nous allons faire et mettre en oeuvre tout ce qu'il faut pour que la jeunesse au sens strict... Nous voulons que les jeunes du Québec, les jeunes Québécois et Québécoises, soient mieux équipés pour la vie et davantage engagés dans la construction de leur société; la jeunesse au sens large, car c'est le Québec tout entier qui doit s'imprégner du dynamisme, de l'élan et de l'énergie de ces commencements.

La priorité de notre gouvernement, M. le Président, touche aussi la famille. Et une des priorités de notre gouvernement pour la jeunesse du Québec commence avec l'enfance et avec la famille. De toutes sortes de façons, nous voulons mettre la famille québécoise au centre de notre action. D'abord, en aidant les parents à avoir les enfants qu'ils désirent. Nous voulons établir ici un régime québécois de congés parentaux équitable, accessible à tous les travailleurs et les travailleuses, y compris ceux qui ont un emploi autonome.

J'écoutais tantôt le député de LaFontaine. Je suis convaincue que, lorsqu'il sera en commission parlementaire, il sera très heureux, il sera très collaborateur, il va vouloir collaborer, puisque, en fait, une bonne partie de ses demandes fait partie des priorités de notre gouvernement. Et c'est là-dessus que nous avons déjà dit très fort et très haut que nous allions orienter nos premières actions, notamment en ce qui concerne les clauses orphelin et la reconnaissance des travailleurs autonomes, et tout mettre en oeuvre pour que ces travailleurs autonomes puissent avoir accès aux mêmes avantages que tous les autres travailleurs.

Donc, je considère, M. le Président, que nous avons compris, au cours de la dernière campagne électorale, les messages de la population et nous avons fait en sorte que notre action et nos priorités répondront à ces demandes constantes que nous a formulées la population en ce qui concerne les problèmes de nos jeunes, de leur donner leur chance et de leur permettre le dépassement pour prendre ce millénaire et pouvoir aussi occuper une place dans le monde des nations.

Alors, M. le Président, je pense que nous avons fait en sorte que, par nos priorités, le discours du premier ministre, le discours inaugural, Réinventer le Québec pour un siècle nouveau , favorisera un grand nombre de nos concitoyens et de nos concitoyennes et que ces nouvelles ressources qui seront mises à la disposition de ces derniers nous permettront d'atteindre des objectifs qui nous permettront de réinventer ce Québec, ce Québec nouveau, ce Québec qui nous permettra aussi de pouvoir jouer un rôle non pas seulement ici, au Québec, dans notre monde nord-américain, mais aussi à toutes les différentes dimensions de tous les niveaux. Que ce soit sur les plans national et international, je pense que nous aurons une place prédominante, nous saurons relever les nouveaux défis, nous saurons aussi être capables de suivre ce virage au niveau de la technologie et permettre à nos jeunes aussi de se sentir impliqués dans ces nouveaux changements. Alors, je vous remercie, M. le Président.

Une voix: Bravo!

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, Mme la députée de Marie-Victorin et vice-présidente de la commission de l'administration publique. Nous allons maintenant céder la parole au député de Robert-Baldwin et critique officiel de l'opposition en matière d'emploi. M. le député.


M. Pierre Marsan

M. Marsan: Merci, M. le Président. Je suis heureux d'intervenir dans le cadre du débat sur le discours inaugural. C'est un moment privilégié dans notre vie de parlementaire que de représenter nos électeurs ici même, à l'Assemblée nationale.

(11 h 30)

Je voudrais d'abord et d'emblée remercier les électeurs du comté de Robert-Baldwin qui m'ont accordé une majorité accrue lors de la dernière campagne électorale. Vous me permettrez de rappeler où est situé le beau comté de Robert-Baldwin. Il est situé dans la partie ouest de l'île de Montréal, souvent appelée le West Island, et il comprend trois villes très importantes: la ville de Dollard-des-Ormeaux, la ville de Roxboro et la partie est de la ville de Pierrefonds. J'en profite, M. le Président, pour saluer les maires de ces villes: M. Ed Janiszewski, maire de Dollard; M. Ovide Baciu, maire de Roxboro; et M. Marcel Morin, maire de Pierrefonds. Tous les trois évidemment travaillent de très près pour aider leurs concitoyens.

J'en profite aussi – et on profite toujours de ce discours inaugural – pour souligner le travail inlassable qui est fait par plusieurs organisations communautaires dans l'Ouest-de-l'Île, et particulièrement dans le comté de Robert-Baldwin. Et je pense à l'organisation de Resto vie, une organisation qui donne des repas à des prix minimes pour nos concitoyens et qui est dirigée par une femme admirable, Mme Nerina Lafrance. Nous, on se plaît à l'appeler «Mère Teresa de l'Ouest-de-l'Île». C'est une femme qui est très, très dévouée. Je pense également au Fonds de dépannage de l'Ouest-de-l'Île, qui est dirigé par Mme Yvette Teofilovic et qui permet d'habiller les gens à des prix modestes, qui permet aussi de s'alimenter à des prix moindres et d'acheter des meubles également à des prix modiques. D'autres organisations, celle du Centre d'intégration multiculturel de l'Ouest-de-l'Île, dirigé par Mustapha Kachani, qui vise à intégrer les représentants des groupes multiethniques à la société québécoise et canadienne.

Évidemment, il y a d'autres organisations qui oeuvrent dans mon comté. Je pense au Refuge pour les femmes de l'Ouest-de-l'Île. D'autres organisations dédiées à la création d'emplois, le Trait d'union, le Carrefour jeunesse-emploi et l'Association des cadres disponibles. Je rappelle que le Carrefour jeunesse-emploi dessert les trois comtés de l'Ouest-de-l'Île: les comtés de Nelligan, de Jacques-Cartier et de Robert-Baldwin. Nous avons travaillé ensemble, les trois députés, pour créer ce Carrefour. D'autres organisations encore oeuvrent dans mon comté: le Carrefour des 6-12 ans de Pierrefonds; les Multi-ressources de Cloverdale, qui s'attaquent particulièrement aux logements à prix modiques pour les déshérités; et enfin, une fondation qui chapeaute un peu toutes ces organisations-là, la fondation Partage Action, qui est présidée par une femme extraordinaire et admirable, Mme Lucie Fournier. J'en profite, M. le Président, pour remercier tous les bénévoles qui sont toujours prêts à aider la communauté de l'Ouest-de-l'Île.

Mr. Speaker, first and foremost, I am proud to represent the population of the Robert-Baldwin Riding. During the electoral campaign, a clear message was sent by the population of Robert-Baldwin to the PQ Government with a majority of 32 000 votes. People from my riding are proud to be Canadian and to remain Canadian. They are proud of the results of the last election because our party had a majority of votes in Québec, which means that more and more Quebeckers chose the federal forces. After two referendums passed by the PQ Government, after the last election which gives more votes for the federal forces, we are afraid that the PQ still wants to achieve another referendum. And with another referendum, Mr. Speaker, there is an economic uncertainty. And even the Premier recognized that uncertainty in the Throne Speech a few days ago.

There is also this lack of tolerance, the division in families, division of Quebeckers, while the priorities should be job creation, better health system, a better education system and a better fiscal arrangement for municipalities. The PQ still wants to have another referendum. While many Canadians want to build bridges among each other, others want to put up wall frontiers. At a time when it is important to work closely with the rest of the world, it is our duty to be also a dynamic partner with other provinces within Canada.

M. le Président, je voudrais dans un deuxième temps remercier mon chef et le féliciter, d'abord pour être devenu le nouveau député de Sherbrooke, mais également chef de l'opposition, et pour l'excellente campagne qu'il a présidée. Le remercier également pour la confiance qu'il a eue à mon égard en me nommant critique de l'opposition officielle en matière d'emploi. Vous savez, le dossier de l'emploi, c'est un dossier extrêmement important pour le Parti libéral du Québec, et nous allons suivre et nous allons étudier de très près l'évolution du transfert du gouvernement fédéral au gouvernement du Québec du dossier de la main-d'oeuvre. Nous allons suivre de près également la création d'emplois. Comment se fait-il que, nous, au Québec, on traîne toujours à la queue des autres provinces, lorsqu'on parle de création d'emplois, au moment où il y a un boom économique extrêmement important?

Nous allons suivre également le statut des travailleurs autonomes. On nous a promis une révision du Code du travail. Alors, ça sera sûrement la table où on pourra intervenir, M. le Président, en faveur des travailleurs autonomes et de l'ensemble des dossiers, dont cette évaluation de l'entente Québec-Ottawa.

Je voudrais juste rappeler une autre des promesses dans le discours du trône de 1996, promesse du premier ministre actuel: On va simplifier radicalement les services d'emploi. Résultat net, M. le Président: confusion. Suite à la disparition de la Société québécoise de main-d'oeuvre, la SQDM, déficit de 60 000 000 $ annoncé, dans les centres locaux d'emploi, pagaille et aussi difficulté à intégrer deux vocations qui sont quand même différentes, celle de la sécurité du revenu et celle de trouver un emploi. On nous avait promis des kiosques d'emploi qui sont encore inexistants pour le Québec, et ce n'est pas seulement l'opposition du Parti libéral qui l'a dit.

Je faisais rapidement une revue de presse, et on voit: «La confusion règne à Emploi-Québec». «Rien ne va plus, les assistés sociaux, les grands perdants de la réforme». «Deux classements, deux échelles salariales pour le même boulot». Alors, c'est l'intégration des employés du gouvernement fédéral au gouvernement du Québec. «Les assistés sociaux, les grands perdants». Et enfin, je cite M. Jacques Samson, qui disait, en parlant des CLE, centres locaux d'emploi: «Sans doute pourtant le pire fouillis administratif développé depuis une décennie, un symbole d'inefficacité.»

M. le Président, il faut se rappeler qu'on vient de terminer une campagne électorale, et on va se rappeler les promesses du Parti québécois. Il y en «avait-u», de l'argent pendant la dernière campagne électorale! On aurait souhaité entendre le ministre des Finances nous parler davantage des dossiers comme l'assurance-médicaments, où les plus démunis, les aînés sont les plus touchés. On a complètement escamoté ou oublié d'en parler. On sait que, lorsque les démunis ou les personnes aînées ne prennent pas leurs médicaments, eh bien, la conséquence, c'est qu'ils reviennent à l'urgence. Encore après 100 jours et maintenant après le dépôt du budget, rien n'a encore été fait. On nous a parlé aussi de créer une nouvelle structure d'emploi, mais c'est encore ça, c'est: on crée des structures. On n'est pas capable de créer d'emplois, on crée des structures.

On nous a parlé, dans le dernier discours du trône, d'avoir la priorité aux jeunes, comme si la priorité aux jeunes ne devait pas être une priorité de tous les instants. Ça fait quatre ans que le Parti québécois est au pouvoir, puis là il vient de découvrir qu'il va donner une priorité aux jeunes. Mais il ne faut pas s'attendre non plus, M. le Président, à ce que les clauses orphelin puissent être réglées. Ils ont eu quatre ans pour le faire, alors je pense que ça va être très, très difficile pour ce gouvernement d'agir pour les jeunes, malgré le discours.

M. le Président, reportons-nous en mars 1996, toujours dans ce discours du trône, premier discours du trône – nous venons d'assister au deuxième du même premier ministre. On nous avait promis une politique de partage du travail qui n'a jamais vu le jour, des stages en entreprise qui n'ont jamais décollé, une vaste relance de Montréal qui n'a jamais vu le jour, une réforme de l'éducation qui est maintenant reportée, un déficit zéro en quatre ans. Ah, on l'a atteint, mais grâce au paiement de péréquation du gouvernement fédéral. On a vu la publicité trompeuse dans les journaux où, d'un côté, on identifiait des comparaisons entre l'Ontario et le Québec, mais on omettait toujours de présenter le transfert de péréquation, le 1 400 000 000 $. Je sais que, du côté du gouvernement, il y a des députés qui sont habitués à une rigueur accrue, et ils ne devaient sûrement pas être contents de ce genre de publicité. Comme le disait notre chef, le chef de l'opposition, ça a pris 15 jours pour trouver 15 000 000 $ pour les urgences et quelques heures pour trouver l'argent pour faire de la publicité. Je vous le rappelle, il n'y a pas tellement longtemps, une semaine ou deux, on disait qu'on n'avait pas d'argent pour diminuer les compressions dans le domaine de la santé, alors que le ministre vient de nous présenter des surplus qui dépassent les 2 000 000 000 $.

M. le Président, en conclusion, nous souhaitons que le gouvernement et l'opposition travaillent ensemble pour bâtir le Québec de l'an 2000, pas un Québec de chicane mais un Québec qui vit en harmonie avec ses partenaires, et particulièrement les provinces canadiennes. Ensemble, travaillons à améliorer l'emploi, notre système d'éducation et notre système de santé. Que la priorité soit vraiment les services à la population et non les structures. Continuons à promouvoir les intérêts du Québec pour que le Québec assure un leadership incontestable dans la fédération canadienne.

Et vous allez me permettre, en terminant, de remercier ceux qui ont travaillé dans mon Association, l'Association libérale du comté Robert-Baldwin, ceux qui travaillent dans le bureau de comté. Je voudrais remercier aussi les membres de ma famille, qui font beaucoup de sacrifices pour nous permettre d'être présent ici, à l'Assemblée nationale. Je pense à mon épouse, Colleen, à mes enfants, Patrick et David. Et, encore une fois, un gros merci à tous les électeurs de Robert-Baldwin. Merci, M. le Président.

(11 h 40)

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, M. le député de Robert-Baldwin et critique officiel de l'opposition en matière d'emploi. Nous cédons maintenant la parole au député de Gaspé et adjoint parlementaire au ministre des Ressources naturelles. M. le député.


M. Guy Lelièvre

M. Lelièvre: Merci, M. le Président. Je veux profiter de cette première occasion qui m'est offerte pour m'adresser aux concitoyens et concitoyennes du comté de Gaspé et les remercier de m'avoir fait confiance encore une fois en m'élisant pour un second mandat.

Il est important de rappeler que le Parti québécois, dans le comté de Gaspé, c'est la première fois qu'un député est réélu pour vraiment deux mandats consécutifs, et c'est un signe que le travail qui a été fait a été un travail apprécié par la population. Nul n'ignore que la région de la Gaspésie vit une situation difficile. Il en est de même pour les Îles-de-la-Madeleine. L'économie régionale a dû absorber des coups très durs, des coups qui ne relèvent pas de la responsabilité unique des travailleurs, des industriels, mais, lorsqu'une mine est épuisée, M. le Président, il faut rechercher ailleurs des sources d'approvisionnement, et malheureusement ça se concrétise par des pertes d'emplois.

Murdochville est une ville minière, une ville, aussi, qui a des particularités très particulières. Elle est située au centre de la Gaspésie, c'est une... mine de cuivre. Et, aujourd'hui, les travailleurs savent qu'à compter du mois de septembre prochain c'est plus de 250 d'entre eux qui vont quitter le marché du travail. Mais les gens de Murdochville se sont retroussé les manches et ils ont commencé à travailler sur une diversification économique.

Une autre partie du territoire, M. le Président, est affectée par la menace de fermeture d'une machine à papier à la compagnie Gaspésia de Chandler. Et je voudrais profiter des quelques instants qui me sont offerts pour éclairer un peu les députés sur la situation réelle. L'entreprise qui opère cette usine est une entreprise privée, c'est l'Abitibi-Consolidated. Elle a manifesté son intention de fermer une machine à papier. Concrètement, ça veut dire que 300 personnes perdront leur emploi. Ce n'est ni un problème de ressources ni un problème financier. La situation à laquelle nous sommes tous confrontés, c'est une décision corporative, un plan d'organisation d'une entreprise qui prévoit orienter sa production dans d'autres domaines et même pouvoir réduire sa production en se servant de l'usine de Chandler.

Alors, que cette Assemblée, ici, sache, si d'autres personnes, d'autres députés tentent de donner des demi-vérités, que le gouvernement fait tout pour convaincre cette entreprise de demeurer en opération à Chandler, en Gaspésie, avec ses deux machines à papier. On est prêt à proposer des modalités, avec l'approvisionnement suffisant pour cette papetière. Alors, ce n'est pas un problème qui relève uniquement du gouvernement. La décision revient à l'entreprise, et nous devons tous la convaincre que c'est important qu'elle demeure en opération en Gaspésie.

M. le Président, il y a un autre dossier dont je voudrais parler et qui a fait les manchettes l'été dernier, et c'est important que cette Assemblée en soit également informée, c'est l'histoire des pêches en Gaspésie. Vous savez, depuis de nombreuses années, depuis même 1982, le gouvernement fédéral a repris la gestion des pêches au Québec et, depuis cette période, on a assisté à une décroissance des stocks de poisson dans le golfe Saint-Laurent. Résultat concret: les entreprises de la région de Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine ont dû subir un effondrement des stocks et, d'autre part, lorsque le poisson revient, on assiste à un départ des quotas vers les Provinces maritimes, le tout sous l'égide du gouvernement fédéral qui favorise les provinces de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick.

Comment se fait-il, M. le Président, que des pêcheurs québécois puissent se retrouver dans les eaux canadiennes, dans le golfe Saint-Laurent entre le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, et se faire dire de rentrer à la maison, en Gaspésie, et que la pêche est fermée pour eux et, par ailleurs, qu'on permette aux pêcheurs des Maritimes de continuer à pêcher sur les mêmes lieux de pêcherie? Je pose la question et je trouve que c'est inadmissible.

D'autre part, l'été dernier, vous avez entendu et vous avez vu aux nouvelles qu'il y avait des pêcheurs qui revendiquaient leur droit à la pêche. Ils revendiquaient l'application d'une justice, la justice de la répartition de la ressource. Et on sait que les volumes de pêche, les volumes de poisson ne sont pas à leur niveau le plus élevé, mais il y a de la pêche qui se fait. Ce qu'on demande, c'est le respect des parts historiques du Québec, et nous allons l'obtenir. Et on demande au gouvernement fédéral d'analyser sérieusement la situation en ce qui a trait aux poursuites qui ont été intentées contre les pêcheurs de la Gaspésie, qui ne faisaient que manifester leur désaccord avec une injustice. Il y a des quotas qui sont partis de la Gaspésie pour aller à Terre-Neuve, et des pêcheurs du Québec qui ont eu 48 heures pour aller les pêcher, alors que ça prend déjà 24 heures de route pour y aller, avec des quotas minimes, M. le Président. Alors, cette année, nous espérons que nos amis, nos adversaires d'en face, nos opposants du Parti libéral qui nous disent qu'au Québec on ne s'occupe pas des secteurs, des pêches, des ci, des ça... j'ai hâte de voir quelles seront les interventions qu'ils pourront faire pour amener le fédéral à ramener les quotas de pêche au Québec.

La Gaspésie a subi un autre coup dur, puis c'est le gouvernement fédéral qui le lui a donné. Avec la réorganisation du régime d'assurance-emploi, 43 % des prestataires en Gaspésie ne sont plus admissibles à l'assurance-emploi. Et on est une région-ressource, une région-ressource au niveau de la forêt, au niveau des pêches. On ne peut pas pêcher en hiver, on ne peut pas couper du bois à l'année, on ne peut pas travailler l'agriculture à l'année; le domaine touristique, c'est la même chose. On ne peut avoir une saison qui génère des emplois en aussi grand nombre l'hiver que l'été. Alors, résultat net, c'est 74 000 000 $ qui ont sorti de la région, M. le Président.

Et là j'entendais dernièrement la députée de Bonaventure qui refusait d'adhérer à la coalition emploi qui dénonçait ce vol, le siphonage dans les poches des travailleurs et des travailleuses, des sommes importantes qui s'en vont en dehors de la région, en plus de tous ceux et celles qui ne sont pas admissibles aux prestations. Et elle disait qu'elle devait faire une intervention auprès du ministre fédéral, M. Pettigrew. Nous l'invitons, M. Pettigrew, à venir en Gaspésie, mais il semble ne pas connaître le chemin, parce qu'il n'a pas daigné répondre encore favorablement à la demande, à ce que je sache.

Par ailleurs, M. le Président, il y a de l'espoir. Il y a de l'espoir. Il y a des entreprises qui sont en train de se diversifier. On est dans la haute technologie. On est en train, dans le secteur des pêches, dans les biotechnologies, d'avancer. Le gouvernement du Québec a mis sur pied la Société de développement de l'industrie de la mariculture, qui va créer de nombreux emplois au cours des prochaines années. Dans le discours du budget, hier, vous avez été à même de constater – et dans les documents explicatifs – qu'il y a des sommes importantes qui seront consacrées au cours des quatre prochaines années pour mettre en valeur le développement de l'industrie du loup-marin. En passant, en Gaspésie, c'est la première tannerie qui a été mise sur pied, et nous allons récupérer l'ensemble des composantes, les graisses, les peaux, etc.

D'autre part, la nouvelle économie, c'est bon pour les régions, et le gouvernement du Québec a décidé d'aller de l'avant en créant 12 organismes, dans les régions du Québec, qui vont venir s'ajouter à ceux existant déjà. Au niveau du tourisme, le développement de la Route verte, M. le Président, on en avait parlé dans notre dernier mandat, on a commencé à travailler là-dessus et, déjà, ce sont des signes très importants que le gouvernement tient compte de ce qui se passe dans les régions et des particularités régionales. Nous devons créer des emplois, c'est notre objectif principal en ce qui a trait à ce mandat, relancer l'économie. Nous avons réussi à éliminer un déficit qui était rendu à 7 000 000 000 $, que les libéraux nous avaient légué généreusement en dépensant, et, chez nous, nous avons fait des sommets, mais rien n'a été fait. On avait donné des plans d'action, on n'avait mis aucuns sous pour les réaliser. Nous, ce que nous avons fait, c'est qu'on a mis des structures en place, un peu de budget, et nous allons améliorer la situation de ces organismes qui, eux, ont déjà commencé à travailler et qui portent fruit, M. le Président.

(11 h 50)

Alors, M. le Président, je voudrais dire aux gens du comté de Gaspé et de la région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine que tous les efforts seront faits, que tous ceux et celles qui ont des projets de développement, des projets industriels pour mettre en valeur le secteur touristique, le secteur maritime, les ports de mer, dans le domaine de la recherche et du développement, le gouvernement du Québec va les accompagner, et ils vont trouver une oreille attentive au bureau du député du comté de Gaspé.

Alors, M. le Président, je vais terminer là-dessus en vous disant que le hasard a fait que, aujourd'hui, je prenais la parole à la suite du dépôt du budget, et j'aurai l'occasion de revenir sur des modalités particulières qui ont été présentées au cours du dernier budget. Alors, merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, M. le député de Gaspé et adjoint parlementaire du ministre des Ressources naturelles. Nous cédons maintenant la parole au député de Notre-Dame-de-Grâce et critique de l'opposition officielle en matière de famille et d'enfance. M. le député.


M. Russell Copeman

M. Copeman: Merci, M. le Président. M. le Président, il y a près de 60 ans que le premier candidat libéral dans le nouveau comté de Montréal–Notre-Dame-de-Grâce, M. James Arthur Mathewson, débutait une tendance électorale lourde chez nous. En fait, le comté de Notre-Dame-de-Grâce a élu un député libéral à toutes les élections provinciales depuis 1939, à l'exception de M. Gordon Atkinson, dans l'élection de 1989, qui a remporté la victoire pour le Parti Égalité.

I am very proud, Mr. Speaker, that the electors of NDG maintained this tendency, this trend, by conferring upon me the honor of representing them for a second mandate in the National Assembly of Québec, with an increased majority. I want to thank, Mr. Speaker, the 22 627 electors, liberal voters, for their support in the general election of November 30th 1998. I want to also thank very warmly the campaign organization and the hundreds of volunteers in the Riding of Notre-Dame-de-Grâce.

Mr. Speaker, I'm sure you will agree with me that it is a very humbling experience to have literally hundreds of people, in many cases perfect strangers, who work for a particular candidate to assure his or her victory in an election, all the more humbling, of course, when it happens to us, Mr. Speaker.

Le comté de Notre-Dame-de-Grâce a beaucoup changé depuis sa création, en 1939. Il était, dans le temps, un comté presque semi-rural, avec toujours des fermes en exploitation. Le coeur du comté était la paroisse de Notre-Dame-de-Grâce, formée depuis longtemps par des familles fondatrices de la paroisse et du quartier. Le comté a connu une expansion importante après la Deuxième Guerre mondiale. Des milliers d'anciens combattants s'y sont installés. Le comté a pris un caractère plus anglophone dans les années après la guerre.

Mais, aujourd'hui, il y a des changements. Sur le plan linguistique, le comté est composé de 61 % de personnes qui utilisent la langue anglaise à la maison, de 22 % qui utilisent le français et de 17 % qui utilisent une langue autre que l'anglais et le français, M. le Président. Ce 17 % démontre l'importance des nouveaux arrivants dans le comté de Notre-Dame-de-Grâce depuis une vingtaine d'années.

On pense souvent, M. le Président, que le comté de Notre-Dame-de-Grâce est un comté riche, mais je dois vous informer, et c'est avec tristesse que je le fais, que 7 000 à 8 000 personnes vivent de l'aide sociale, dans le comté de Notre-Dame-de-Grâce, sur une population de près de 60 000. Nous avons une banque alimentaire, dans Notre-Dame-de-Grâce, qui reçoit près de 4 000 visites par année; 16 % de la population est âgée de plus de 65 ans, comparé à la moyenne québécoise de 13 %.

Et le comté subit un déclin économique accentué depuis la fin des années soixante-dix et le début des années quatre-vingt, un déclin économique dû en partie, M. le Président, à la menace de séparation qui plane sur nous, Québécois, depuis des années. Ça ne plaît pas aux députés ministériels, mais c'est quand même la vérité. Ce déclin économique a été exacerbé par l'exode de 400 000 Québécois anglophones depuis 1976. Ça, c'est une perte pour tout le Québec, 400 000 citoyens qui ont voté avec leurs pieds, qui ont quitté le Québec. C'est une perte de savoir, c'est une perte de revenus pour le gouvernement du Québec et c'est une perte de potentiel pour tous les Québécois.

La question, c'est une question d'incertitude politique qui est omniprésente dans le comté, et, franchement, M. le Président, ça m'a étonné quand le premier ministre a affirmé dans son discours inaugural, et une affirmation reprise par beaucoup de députés ministériels comme des perroquets, qu'il y a un prix politique à payer pour rester longtemps dans l'incertitude. C'est ça que le premier ministre a dit. Cette affirmation du premier ministre n'est pas moins que risible, risible non pas parce que ce n'est pas vrai, mais risible parce que ça sort de la bouche de ceux qui ont sciemment entretenu et nourri cette incertitude politique eux-mêmes. C'est le Parti québécois qui refuse d'accepter le verdict de la population sur l'avenir politique du Québec.

Ce verdict a été exprimé à trois reprises, M. le Président: au référendum de 1980, au référendum de 1995 et lors de l'élection générale du 30 novembre. À l'élection générale du 30 novembre, le Parti libéral du Québec a obtenu plus de votes que le Parti québécois. Et, si on ajoute les votes du tiers parti, qui, à l'élection de 1998, a favorisé une trêve sur les référendums, on arrive à une majorité de 54 % des Québécois qui rejettent la séparation, M. le Président. Ça, c'est la troisième fois que les Québécois rejettent l'option du Parti québécois. Combien de fois est-ce qu'il faut dire non aux péquistes avant qu'ils comprennent qu'une majorité de Québécois veulent demeurer Canadiens? Combien de fois, M. le Président, il faut dire non?

What part of no does this party, the Parti québécois, not understand? It's not a complicated word, Mr. Speaker, it's a very short word: No. It's not a complicated concept, Mr. Speaker: No means no. And that no was expressed no less than three times since 1980 to the Parti québécois.

Another reference in the Throne Speech that I take exception to, Mr. Speaker, is the notion that the rest of Canada has once again rejected and humiliated Québec with the Social Union Agreement. The argument advanced by the Premier that English Canada, a term which is in and of itself misleading, has decided that it wants to live in a highly-centralized, almost unitary state is a fallacious distortion of reality.

(12 heures)

Je vous réfère, M. le Président, simplement à un article par Chantal Hébert qui a paru dans Le Devoir mardi le 9 mars. Mme Hébert écrit ceci: «Aujourd'hui, le premier ministre affirme avec autorité que les autres Canadiens veulent tasser leurs gouvernements provinciaux au profit d'Ottawa.» Elle continue: «Ce n'est pas ça que montrent les sondages», M. le Président. Elle conclut en disant: «À bien des égards – ça, c'est Mme Chantal Hébert, M. le Président – le Canada que dessine périodiquement le gouvernement du Québec tient davantage du mouton du Petit Prince que de la réalité.»

M. le Président, vous allez me permettre de demeurer sceptique face aux interprétations d'un premier ministre souverainiste de ce qui se passe dans le reste du Canada. C'est comme si on avait demandé à Jefferson Davis, le président des États confédérés d'Amérique, qu'est-ce qu'il pensait des politiques d'Abraham Lincoln. Ce n'est pas très crédible, loin de l'être. En parlant de crédibilité, la crédibilité du discours d'ouverture repose également sur la volonté du gouvernement de respecter ses engagements. Comme porte-parole de l'opposition officielle pour la famille et l'enfance, je compte faire quatre choses: exhorter le gouvernement du Parti québécois à respecter ses promesses; informer la population quand il ne le fait pas; continuer de critiquer les lacunes de la politique familiale péquiste; et proposer des alternatives. Comptez sur moi pour le faire avec vigueur.

Finally, Mr. Speaker, I would like to speak about the family, my family. I think that we can all recognize what a sacrifice our families has to make to allow us to participate in the public life of this province. It is a sacrifice that is made for husbands and fathers and for mothers and wives. It is a sacrifice that is made unfailingly and unflinchingly by many families. I am particularly grateful for the support and understanding of my wife Bev, of my sons Alex and Romney, and of my daughter Emma who, as you know, was born during the course of the last Legislature.

Nous essayons chez nous, moi et mon épouse, de concilier carrière et famille. Et peut-être qu'il est approprié que le chef de l'opposition m'ait nommé responsable du dossier de famille et enfance à l'intérieur du Parti libéral du Québec, du caucus. C'est une dure tâche de concilier ces deux choses et, par souci pour mes enfants et pour mon épouse, j'espère, comme des millions de nos concitoyens, que je le fais adéquatement. Je vous remercie, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci beaucoup, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce. Ceci met fin à nos travaux ce matin. Nous suspendons à cet après-midi, 14 heures.

(Suspension de la séance à 12 h 3)

(Reprise à 14 h 2)

Le Président: Alors, Mmes et MM. les députés, nous allons d'abord nous recueillir quelques instants.

Bien. Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.


Présence du président du Conseil pontifical de la culture, Son Éminence le cardinal Paul Poupard

Avant de débuter la séance, j'ai le plaisir de souligner la présence dans nos tribunes du président du Conseil pontifical de la culture, Son Éminence le cardinal Paul Poupard.


Affaires courantes

Alors, on débute avec les affaires courantes. Il n'y a pas de déclarations ministérielles ni de présentation de projets de loi aujourd'hui.


Dépôt de documents

Au dépôt de documents, M. le vice-premier ministre et ministre d'État à l'Économie et aux Finances.


Rapport annuel de l'Inspecteur général des institutions financières

M. Landry: M. le Président, je dépose le rapport annuel 1997-1998 de l'Inspecteur général des institutions financières.

Le Président: Alors, ce document est déposé, M. le ministre. M. le ministre délégué aux Transports.


Rapports annuels du ministère des Transports et de la Société des traversiers du Québec

M. Baril (Arthabaska): M. le Président, je suis certain que mon collègue ne m'en voudra pas. Je vais déposer le rapport annuel 1997-1998 du ministère des Transports ainsi que celui de la Société des traversiers du Québec.

Le Président: Alors, merci, M. le ministre délégué aux Transports. Alors, Mme la ministre des Relations internationales et ministre responsable de la Charte de la langue française.


Rapport annuel du Conseil de la langue française

Mme Beaudoin: M. le Président, je dépose le rapport annuel 1997-1998 du Conseil de la langue française.

Le Président: Très bien, le document est déposé. M. le ministre responsable de la Recherche, de la Science et de la Technologie.


Rapport annuel du Conseil de la science et de la technologie

M. Rochon: M. le Président, je dépose le rapport annuel 1997-1998 du Conseil de la science et de la technologie.

Le Président: Ce document est également déposé. Mme la ministre de la Justice et responsable de la Condition féminine.


Rapports annuels de certains ordres professionnels

Mme Goupil: M. le Président, je dépose les rapports annuels 1997-1998 des ordres professionnels suivants: les agronomes, les architectes, les arpenteurs-géomètres, le Barreau, les chimistes, les comptables agréés, les comptables généraux licenciés, les denturologistes, les diététistes, les ergothérapeutes, les huissiers de justice, ainsi que le rapport annuel 1996-1997 de l'Ordre des denturologistes et le rapport annuel 1995-1996 de l'Ordre des chiropraticiens.

Le Président: Alors, tous ces documents sont déposés. M. le ministre de l'Environnement et responsable de la région de Québec.


Rapports annuels de la Commission de la capitale nationale du Québec et de la Société québécoise de récupération et de recyclage

M. Bégin: M. le Président, je dépose les rapports annuels 1997-1998 suivants: la Commission de la capitale nationale du Québec, la Société québécoise de récupération et de recyclage.

Le Président: Très bien, ces documents sont déposés. M. le ministre des Relations avec les citoyens et de l'Immigration.


Rapport annuel de l'Office de la protection du consommateur

M. Perreault: M. le Président, je dépose le rapport annuel 1997-1998 de l'Office de la protection du consommateur.

Le Président: Alors, ce document est déposé. M. le ministre de la Solidarité sociale.


Rapport annuel du Secrétariat à l'action communautaire autonome et analyse actuarielle du Régime de rentes du Québec

M. Boisclair: M. le Président, je dépose le rapport annuel 1997-1998 du Secrétariat à l'action communautaire autonome, ainsi que l'analyse actuarielle 1997 du Régime de rentes du Québec. Et je suis heureux de confirmer que, dès l'an 2000, nous ne puiserons plus dans les réserves de la Régie pour payer les prestations.

Des voix: Bravo!

Le Président: Mme la ministre déléguée à la Famille et à l'Enfance.


Rapport annuel du ministère de la Famille et de l'Enfance

Mme Léger: M. le Président, je dépose le rapport annuel 1997-1998 du ministère de la Famille et de l'Enfance.

Le Président: M. le ministre délégué à l'Industrie et au Commerce.


Rapport annuel de la Société du parc industriel et portuaire Québec-Sud

M. Julien: M. le Président, je dépose le rapport annuel 1997-1998 de la Société du parc industriel et portuaire Québec-Sud.


Tome II du rapport annuel du Vérificateur général accompagné d'un résumé

Le Président: En ce qui me concerne, je dépose, conformément à l'article 44 de la Loi sur le Vérificateur général, le rapport du Vérificateur général à l'Assemblée nationale pour l'année 1997-1998 – il s'agit du tome II – accompagné d'une brochure sur les faits saillants dudit rapport.

Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions.


Dépôt de pétitions

Au niveau des pétitions, Mme la députée de Saint-Henri–Sainte-Anne.

Mme Loiselle: M. le Président, je demande le consentement pour le dépôt d'une pétition non conforme, s'il vous plaît.

Le Président: Ça va? Il y a consentement, Mme la députée.


Obliger la ville de Montréal à exproprier les résidents du Praimont Cabot avec indemnisation

Mme Loiselle: Merci. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par 11 pétitionnaires résidents du Praimont Cabot, dans le comté de Saint-Henri–Sainte-Anne.

«Les faits invoqués sont les suivants:

«Obtenir la cessation immédiate de l'atteinte à nos droits fondamentaux en matière de santé, sécurité et de qualité de vie;

«En recommandant nos expropriations pour cause d'utilité publique, moyennant juste et équitable indemnité;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi:

«D'obliger la ville de Montréal à exproprier les résidents du Praimont Cabot, moyennant juste et équitable indemnité, afin de continuer le Praimont et de faciliter l'expansion industrielle de même que pour favoriser la relance économique du sud-ouest de Montréal;

«D'une compensation juste et équitable à être versée à l'ensemble des résidents déracinés et bafoués dans leurs droits fondamentaux;

«Du respect de l'entente protocolaire signée en 1985, démontrant que la ville a failli à son obligation de nous protéger de l'invasion industrielle, de même qu'à celle de réduire le zonage pour protéger notre qualité de vie;

«Et finalement du respect de l'entente protocolaire signée en 1985, démontrant que le gouvernement a failli à son obligation de faire le suivi adéquat du dossier ainsi que de l'exécution des travaux. Il en a résulté la situation actuelle qui nous est préjudiciable.»

Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à l'original de la pétition.

(14 h 10)

Le Président: Alors, cette pétition est déposée, Mme la députée.

Il n'y a pas d'interventions aujourd'hui portant sur une violation de droit ou de privilège.


Questions et réponses orales

Ça nous amène alors directement à la période des questions et des réponses orales. M. le chef de l'opposition officielle.


Développement de l'économie du savoir

M. Charest: Merci, M. le Président. Ma question est au premier ministre. Depuis une semaine maintenant, le gouvernement nous parle, à la fois dans le discours inaugural, maintenant dans le budget, de l'objectif que nous voulons au Québec de développer l'économie du savoir.

J'aimerais savoir du premier ministre: Comment peut-il concilier cet objectif avec le fait que son gouvernement a maintenu les taxes et les impôts les plus élevés en Amérique du Nord alors qu'il est évident, M. le Président, que cela représente un obstacle majeur au développement de l'économie du savoir? Comment peut-on espérer à la fois développer chez nous, former, retenir, attirer les talents nécessaires pour développer cette économie alors que le gouvernement du Québec maintient les taxes et les impôts les plus élevés en Amérique du Nord?

Le Président: M. le vice-premier ministre et ministre d'État à l'Économie et aux Finances.

M. Landry: M. le Président, l'économie du savoir n'est pas qu'un projet du gouvernement, c'est une réalité. La Cité du multimédia, dont l'annonce a été faite il y a six mois avec objectif de 10 000 emplois en 10 ans, en a 4 000, au moment où je vous parle. La ville de Montréal a le plus haut rapport d'emplois en haute technologie par rapport à l'emploi total de tout le continent nord-américain, pour reprendre les paroles du chef de l'opposition, sauf que, dans votre temps, on était aussi les plus taxés du continent nord-américain, mais en plus on n'avait pas les hautes technologies. Là, on les a.

Des voix: Bravo!

Le Président: M. le chef de l'opposition.

M. Charest: Alors, M. le Président, je souhaite au gouvernement, le premier ministre en tête, qu'il ait l'occasion de parler aux recteurs d'université, à ceux qui sont dans le domaine de l'enseignement, ils pourront les renseigner sur la réalité, comparé à des hallucinations que nous donne aujourd'hui le ministre des Finances.

M. le Président, en principale. J'aimerais demander au premier ministre ceci...

Le Président: En principale, M. le chef de l'opposition officielle.


Fardeau fiscal des contribuables

M. Charest: M. le Président, d'après la firme de comptables Ernst & Young, un célibataire qui travaille au Québec, qui gagne 25 000 $ par année, paie plus de 1 500 $ de plus en impôts ici qu'il paierait en Ontario, presque 1 000 $ de plus en impôts qu'il paierait au Nouveau-Brunswick, plus de 1 300 $ de plus en impôts qu'il paierait en Alberta, et plus de 1 300 $ en impôts qu'il paierait en Colombie-Britannique. Pour le même jeune qui ferait 35 000 $ par année, M. le Président, l'écart s'accroît et passe du double, puisqu'un jeune Ontarien paierait 2 798 $ de moins en impôts, M. le Président.

J'aimerais savoir de la part du premier ministre: Pourquoi insiste-t-il pour mettre en place un programme d'incitatifs pour que les jeunes quittent le Québec? Pourquoi en veut-il aux jeunes Québécoises et Québécois? Pourquoi, par ses programmes, ses décisions, met-il tout en oeuvre pour que les jeunes quittent le Québec et aillent vivre ailleurs?

Le Président: M. le premier ministre.

M. Bouchard: M. le Président, nous nageons en plein surréalisme, parce que nous entendons du chef de l'opposition, donc du chef du Parti libéral, une attaque contre le niveau trop élevé des taxes au Québec. Nous sommes tout à fait d'accord, il est beaucoup trop élevé. C'est un engagement que nous avons contracté et que nous tiendrons, de réduire le niveau des taxes et des impôts. M. le Président, nous sommes en train de réparer trois immenses erreurs qui ont été laissées par le régime libéral avant nous: l'emploi, zéro emploi pendant cinq ans pendant que le Canada en avait 200 000, nous avons fait passer le taux de chômage de 12,2 % à 9,8 %; le déficit, qui était à 6 000 000 000 $, que nous avons réussi à supprimer un an avant le temps. Il faut le dire, puis il faut citer le passage d'un éditorial de M. Dubuc – qui n'est pas un ami du gouvernement, que je sache, tout spécialement – qui, parlant de la lutte contre le déficit, dit ceci: «Bernard Landry a très clairement tenu ses promesses et livré la marchandise. Année après année...»

Des voix: Bravo!

M. Bouchard: S'il vous plaît, M. le Président. «Année après année, il a scrupuleusement respecté ses prévisions, réussi un combat difficile en limitant la crise sociale, pour maintenant arriver au but un an plus tôt que prévu. Pour ce succès auquel il était si difficile de croire il y a quelques années, le ministre des Finances mérite toute notre admiration et toute notre reconnaissance.»

Des voix: Bravo!

Le Président: Question complémentaire.

M. Paradis: M. le Président, à ce moment-ci il y aurait consentement pour que le premier ministre lise tout l'éditorial.

Des voix: Ha, ha, ha!

Le Président: M. le chef de l'opposition officielle.

M. Charest: En additionnelle, M. le Président.

Une voix: ...

M. Charest: Non. On le sait bien, le premier ministre a la mémoire sélective puis il choisit bien les passages qu'il veut lire, mais on consentirait à ce qu'il dépose l'éditorial légalement pour que ça fasse partie des documents.

Des voix: Bravo!

M. Charest: En additionnelle. Est-ce que le premier ministre va enfin reconnaître que la situation qu'il impose aux jeunes du Québec a pour effet d'inciter les jeunes à quitter le Québec, à aller faire leur vie ailleurs, à bâtir leur vie ailleurs où il y a des opportunités? Veut-il au moins reconnaître le fait qu'il y a là un programme d'incitatifs à l'exode pour les jeunes Québécoises et Québécois?

Le Président: M. le premier ministre.

M. Bouchard: Il y a au Québec un fardeau fiscal beaucoup trop élevé dont nous avons hérité des libéraux qui ont imposé 10 000 000 000 $ de nouvelles taxes entre 1989 et 1994, M. le Président. Nous avons hérité de ce niveau élevé, nous ne l'avons pas augmenté, nous avons tout fait pour réduire autant que possible le niveau fiscal. Nous savons que beaucoup reste à faire, mais il fallait d'abord aller au plus pressé, aller au désastre, le précipice, l'abysse qui était de 6 000 000 000 $ de déficit...

Des voix: Oh!

M. Bouchard: ...6 000 000 000 $ de déficit que nous avons comblé, M. le Président. Alors...

Le Président: M. le député de Papineau, vous savez que vous êtes whip adjoint...

M. MacMillan: ...

Le Président: Non, je le sais, mais...

Des voix: Ha, ha, ha!

Le Président: ...ça me met d'autant plus à l'aise, et notamment pour vous rappeler que vous êtes whip adjoint. M. le premier ministre.

M. Bouchard: M. le Président, oui, des gens qui ont imposé 10 000 000 000 $ d'impôts de plus pendant quatre ou cinq ans et qui ont trouvé moyen d'établir un record historique, un précédent qui pourrait apparaître dans Le Livre Guinness . Ils ont même imposé des hausses de revenus sur les particuliers rétroactives, M. le Président, rétroactives.

Alors, nous savons très bien qu'après avoir entamé la lutte pour remettre le Québec à l'emploi, pour redresser le déficit et les finances publiques, maintenant, l'autre erreur libérale qu'il faut réparer, c'est le niveau de taxation. Et nous travaillons très fort là-dessus, M. le Président.

Des voix: Bravo!

Le Président: En principale, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.


Absence de réduction d'impôts et de taxes dans le dernier Discours sur le budget

Mme Jérôme-Forget: Ma question s'adresse au ministre des Finances. Depuis l'arrivée au pouvoir du Parti québécois, les revenus autonomes du gouvernement ont augmenté deux fois plus rapidement que la croissance de l'économie. De plus, M. le Président, les revenus disponibles des Canadiens ont augmenté de 3 %, alors que celui des Québécois a diminué de moins 1 %. Cet écart, c'est l'équivalent de deux semaines de salaire.

Comment se fait-il que, malgré ce rythme d'accroissement de revenus, le ministre des Finances n'a pas cru bon d'annoncer un plan, une baisse des impôts immédiatement ou du moins de nous donner une feuille de route pour savoir où on s'en va dans les prochaines années?

Le Président: M. le vice-premier ministre et ministre des Finances.

M. Landry: Il est évident que le rêve de tout ministre des Finances, c'est de baisser les impôts et les taxes, mais, quand il y a eu des prédécesseurs comme les miens, ça prend plus que quatre ans pour réparer le gâchis.

Des voix: ...

M. Landry: Quant aux...

(14 h 20)

Le Président: Je m'excuse. Je voudrais vous rappeler que nous sommes seulement à la troisième période de questions de la Législature. Ça va être long si on est pour s'interrompre mutuellement pendant toutes ces années à chaque jour. Alors, j'espère que je vais avoir la collaboration de tout le monde, et vous rappeler qu'il y a des règles de décorum qui s'imposent. Mais le président ne peut pas aller plus loin que l'invocation. M. le ministre.

M. Landry: La députée n'était pas en cette Chambre, mais vous vous rappelez, M. le Président, j'avais une litanie pour parler des hausses de taxes des libéraux. Vous-même m'empêchiez de m'en servir, elle était trop longue; il y en avait pour 10 000 000 000 $.

Alors, nous avons une feuille de route, contrairement à ce que vous avez dit. Et, contrairement à ce que vous avez dit, vous sous-estimez – c'est un défaut qui se retrouve souvent dans les banquettes de l'opposition – le fabuleux potentiel et les résultats de l'économie du Québec. Depuis que nous sommes au pouvoir – c'était le début de votre question – le revenu per capita au Québec a augmenté plus vite que dans le Canada.

Le Président: En principale, M. le député de Rivière-du-Loup.


Remboursement de la dette accumulée

M. Dumont: Merci, M. le Président. Alors, qu'on arrête cette année – on en est tous heureux – d'empiler sur notre dette, il n'en demeure pas moins qu'il y en a une d'accumulée de 100 000 000 000 $. Cette année seulement, c'est 7 300 000 000 $ qu'on va verser, comme contribuables, simplement en paiement des intérêts sur la dette. C'est des montants qui vont augmenter, à moins que les taux d'intérêt ne baissent, mais à 7,5, 7,6 dans les prochaines années, c'est la moitié de ce qu'on paie en impôt sur le revenu qui s'en va simplement en intérêt sur la dette. Il y a deux façons, comme ministre des Finances, d'aborder la question de la dette. Une des façons, c'est le laisser-aller, c'est de dire: Bon, avec une certaine croissance économique à 1 %, 2 %, 3 % par année, au fil des années, le ratio de la dette sur le PIB va finir par en diminuer un peu l'importance et les générations futures s'occuperont du reste. L'autre façon de s'en occuper, c'est de voir dans le contexte nouveau un plan de remboursement de la dette.

Alors, ma question au ministre de l'Économie et des Finances: Compte tenu de la pyramide des âges au Québec et du vieillissement de la population, est-ce qu'il ne pense pas que dans le mandat de la jeunesse on devrait penser à payer la dette?

Le Président: M. le ministre des Finances.

M. Landry: Je pense que sur le fond des choses, M. le Président, le député de Rivière-du-Loup a parfaitement raison. Et tout ce travail, ce labeur des quatre dernières années, il a été fait en pensant à la jeunesse québécoise sur laquelle nous repoussions dans l'avenir le fruit de nos surconsommations d'aujourd'hui. C'est fini, le Québec n'emprunte plus. Nous pouvons dire à la jeunesse québécoise avec beaucoup de fierté aujourd'hui: Nous avons cessé de vous endetter. Le déficit est à zéro. Voilà une chose extrêmement importante.

Mais le député de Rivière-du-Loup a raison d'insister lourdement sur le fait que, malgré nos efforts, il y a 100 000 000 000 $ de dette accumulée, que ce 100 000 000 000 $, comme il l'a très bien expliqué, se relativisera par l'inflation et par rapport au produit intérieur brut. Cependant, je ne crois pas que la population serait heureuse, elle qui nous a dicté ses priorités, qu'on aille autrement que d'abord dans la santé, ce que nous avons fait, éducation, ce que nous avons fait, création d'emplois, baisse d'impôts de 400 000 000 $ l'an prochain, 1 000 000 000 $ en cours de mandat. Et, si, l'économie continue sa marche rapide et forcée, peut-être qu'on pourra entrevoir des choses comme celle que suggère le député de Rivière-du-Loup.

Une voix: Bravo!

Le Président: M. le député.

M. Dumont: Est-ce qu'on doit comprendre du ministre des Finances que, si, dans l'année en cours, il se retrouvait avec des surplus supplémentaires, compte tenu de l'état de l'économie, il les affecterait à la diminution de la dette plutôt que de se lancer dans des nouveaux programmes de dépenses?

Le Président: M. le ministre.

M. Landry: Il y a du vrai dans l'interprétation de ma réponse de la part du député, mais je ne partagerais pas sa chronologie. Je crois honnêtement que ce que les Québécois et les Québécoises veulent, après ce premier effort santé, éducation, création d'emplois, c'est des baisses d'impôts. Et nous allons donner la priorité absolue, comme l'a dit le premier ministre... Parce que maintenant on a la possibilité de se débarrasser du triste record qui nous afflige, alors que, du temps de nos prédécesseurs, même la pensée virtuelle de cette chose n'était pas concevable. Alors, maintenant on peut attaquer les vrais problèmes, et le problème de la fiscalité me semble plus important aujourd'hui que le problème de la dette. Mais les deux sont importants.

Des voix: Bravo!

Le Président: Mme la députée de Bourassa, en principale.


Investissements dans le réseau de la santé et des services sociaux

Mme Lamquin-Éthier: M. le Président, avec les augmentations de salaire annoncées par le président du Conseil du trésor, ajoutées aux coûts de système, il ne reste plus rien pour améliorer les soins directs donnés aux personnes malades. D'ailleurs, la présidente de la Fédération des infirmiers et des infirmières du Québec le confirmait, et je la cite: «On ne pourra rien améliorer dans le réseau de la santé, malgré les orientations présentées vendredi par la ministre Marois.»

M. le Président, est-ce que la ministre de la Santé et des Services sociaux peut nous indiquer où elle va prendre l'argent pour respecter ses engagements et ses priorités d'action dans le réseau de la santé? Mme la ministre, est-ce qu'elle va demander un budget supplémentaire au ministre des Finances?

Le Président: Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.

Mme Marois: Alors, merci, M. le Président. Je croyais que la députée de Bourassa aurait compris que j'avais déjà obtenu 1 700 000 000 $ pour l'ensemble du réseau de la santé et des services sociaux et qu'il y aura effectivement de l'argent pour couvrir, par exemple, la question des déficits non seulement, soit dit en passant, dans les centres hospitaliers, dans les hôpitaux, mais aussi dans les centres jeunesse et dans d'autres organismes du réseau qui ont à rendre des services à la population.

Et cela comprend aussi de l'argent pour du développement, pas seulement pour couvrir les progressions normales de coûts dans un réseau, ce qui sera de toute façon nouveau pour l'ensemble du réseau de la santé et des services sociaux, et c'est vrai aussi pour l'éducation, puisque, depuis quatre ans, non seulement, par le gel budgétaire, on leur a demandé de faire des efforts pour couvrir ces coûts normaux de progression, mais en plus on leur a demandé des efforts pour réduire le budget, compte tenu de ce que nous avions à résoudre comme problèmes au plan du déficit budgétaire. Il y a donc des sommes qui sont prévues pour les fins du développement et des services aux malades et aux gens en difficulté.

Une voix: Bravo!

Le Président: M. le député de Kamouraska-Témiscouata, en principale.


Investissements dans le réseau de l'éducation

M. Béchard: Principale. Oui, M. le Président. Hier, en Chambre, le ministre de l'Éducation et vice-président du Conseil du trésor indiquait que le budget qui serait déposé dans l'après-midi allait absorber l'évolution naturelle des coûts de système qu'il évaluait lui-même à 280 000 000 $. Aujourd'hui, son collègue et patron, le président du Conseil du trésor, a annoncé des hausses salariales d'environ 100 000 000 $ pour le réseau de l'éducation, ce qui constitue une évolution des coûts de système à 380 000 000 $ – donc il faut 380 000 000 $ pour éviter les nouvelles compressions. Dans le budget d'hier, il y en avait 342 000 000 d'annoncés, donc il en manque 38 000 000.

M. le Président, est-ce que le ministre de l'Éducation et vice-président du Conseil du trésor pourrait nous avouer qu'il doit aujourd'hui renier ses promesses et demander au réseau de l'éducation de poursuivre ses efforts de compressions?

Le Président: M. le ministre de l'Éducation.

M. Legault: M. le Président, hier, comme on l'a annoncé, on a annoncé de nouveaux investissements de 600 000 000 $ dans notre système d'éducation, donc c'est un investissement significatif, c'est un bon signal. Effectivement, si on calcule les coûts de système et les augmentations de salaire qui ont été annoncées tantôt, on arrive à un total de 342 000 000 $. Si le député de Kamouraska-Témiscouata le veut bien, je m'assoirai avec lui pour expliquer comment réconcilier les chiffres, mais il y a un total de 342 000 000 $ qui couvre et les coûts de système et les augmentations de salaire annoncées par mon collègue du Conseil du trésor.

Le Président: M. le député.

M. Béchard: Il serait intéressant que l'ensemble de l'Assemblée profite de la science...

Le Président: Je voudrais simplement vous rappeler... Je sais que dans la Législature précédente on trouvait que le président, parfois, mangeait du temps de la période de questions, mais je serai debout à chaque fois que, finalement, vous-mêmes, par l'attitude, vous m'obligerez à le faire. Alors, M. le député de Kamouraska-Témiscouata.

(14 h 30)

M. Béchard: Merci, M. le Président. Est-ce que le ministre de l'Éducation et vice-président du Conseil du trésor est en train de nous dire, là, qu'un investissement de 170 000 000 $ sur 340 000 000 $ dans le déficit des universités, ça couvre les coûts de système du réseau universitaire, que 342 000 000 $ sur les 380 000 000 $ nécessaires couvrent aussi les coûts de système? Et est-ce qu'il ne se rend pas compte que les coupures se poursuivront et qu'avec sa façon de calculer on vient de comprendre pourquoi le ministre des Finances l'a tassé des dossiers économiques? Et c'est très inquiétant pour le monde de l'éducation.

Le Président: M. le ministre.

M. Legault: M. le Président, comme je l'ai dit tantôt, si le député de Kamouraska-Témiscouata veut bien venir s'asseoir, on regardera la réconciliation des chiffres. On a pour 280 000 000 $, comme je l'ai mentionné hier, de financement de coûts de système. On a aussi une part des coûts de système autofinancée par la récurrence des mesures de l'année dernière, qui présente une réduction de 52 000 000 $ à laquelle s'ajoutent quelques mesures, incluant le 90 000 000 $ de provision pour l'indexation et l'augmentation des salaires, ce qui nous amène au chiffre qui a été mentionné clairement dans le discours du budget hier, c'est-à-dire un total de 342 000 000 $. Merci, M. le Président.

Le Président: En principale, Mme la députée de Saint-Henri–Sainte-Anne.


Appel d'une décision du Bureau du Commissaire du travail par le Carrefour jeunesse-emploi Vaudreuil

Mme Loiselle: Merci, M. le Président. M. le Président, hier, je demandais l'intervention immédiate de la ministre de l'Emploi et du Travail afin de faire respecter un jugement qui déclarait illégal un congédiement d'une jeune maman suite à sa grossesse.

Choisissant la voie de la facilité, la ministre affirmait qu'elle n'avait pas l'intention d'intervenir dans cette situation et déclarait, et je cite: «Je pense que les choses qui devaient avoir été faites ont été faites.» M. le Président, c'est toujours surprenant de constater avec quelle rapidité on peut perdre ses convictions, on peut perdre ses principes, quand on devient membre du Parti québécois et du gouvernement du Parti québécois.

Des voix: ...

Mme Loiselle: M. le Président, ma question à la ministre de l'Emploi et du Travail: La ministre est-elle consciente que le message qu'elle a envoyé hier aux jeunes mères du Québec est le suivant: Vous pouvez avoir des enfants, mais ne comptez pas sur notre gouvernement pour vous défendre et faire respecter les jugements rendus en votre faveur, conformément à la Loi sur les normes du travail?

Des voix: Bravo!

Le Président: Mme la ministre d'État au Travail et à l'Emploi.

Mme Lemieux: Alors, M. le Président, la première chose, c'est que je pense que je n'ai pas de leçons à recevoir sur mes convictions.

La deuxième chose, c'est qu'il est bien évident, justement parce que j'ai des convictions, qu'un organisme, quel qu'il soit – et c'est ce que j'ai répondu à la députée de Saint-Henri–Sainte-Anne hier – qui congédie une femme pour le simple fait qu'elle est enceinte, ce n'est pas un geste acceptable. Non seulement j'ai dit ça, j'ai dit aussi que je crois que les femmes, dans toutes sortes de conditions, devraient pouvoir travailler, avec des enfants ou avec le projet d'en avoir. Dans ce cas-ci, il y a eu une plainte. Et heureusement que socialement nous nous sommes donné des moyens pour prévoir ce genre de situations là qui malheureusement se produisent encore. Il y a eu une plainte. Il y a un processus judiciaire qui est en cours, et je n'interviendrai pas dans un processus judiciaire qui est en cours, et cela n'a rien à voir avec mes convictions mais avec le rôle que j'occupe maintenant.

Des voix: Bravo!

Le Président: Mme la députée de Saint-Henri–

Sainte-Anne.

Mme Loiselle: M. le Président, est-ce que la ministre de l'Emploi et du Travail est consciente qu'hier soir, lors du débat de fin de séance, ses convictions, elle les a laissées dans l'antichambre, parce que hier soir elle a défendu les carrefours jeunesse-emploi, financés à 100 % par le gouvernement et les contribuables du Québec, elle a défendu les procureurs du carrefour jeunesse-emploi, payés et mandatés par son ministère, puis elle a complètement laissé tomber la jeune maman qui, elle, est brimée dans ses droits et qui devrait être protégée par l'article 122 de la Loi sur les normes et qui a gagné la cause?

Le Président: Mme la ministre.

Mme Lemieux: Alors, M. le Président, je vois bien qu'il y a un procès d'intention auquel je ne contribuerai pas. Je réitère simplement que le carrefour jeunesse-emploi dont il est question est un organisme dûment incorporé qui a son propre conseil d'administration, comme tous les organismes qui relèvent de l'État, que ce soit les écoles, les hôpitaux. Peu importent les organismes, lorsqu'il y a des problèmes qui se posent comme celui qui est posé dans ce cas-ci, il y a des recours, et ce serait tout à fait déplacé d'avoir des interventions alors qu'il y a un processus judiciaire qui est en cours.

Le Président: Mme la députée.

Mme Loiselle: M. le Président, est-ce que la ministre de la Condition féminine et également ministre de la Justice, à qui j'ai dû, hier, fournir le jugement, est maintenant convaincue qu'il faut retirer l'appel déposé par le Carrefour jeunesse-emploi Vaudreuil et remettre à cette jeune maman la justice qui lui revient, le droit de réintégrer son travail, comme l'ordonne le jugement, avec pleine compensation, droits et privilèges, M. le Président?

Des voix: Bravo!

Le Président: Mme la ministre de la Justice et responsable de la Condition féminine.

Mme Goupil: M. le Président, ce dossier étant devant le tribunal, je ne peux d'aucune façon intervenir, et ma collègue le sait très bien.

Le Président: M. le député de Westmount–Saint-Louis.


Négociations concernant l'équité salariale chez les enseignants

M. Chagnon: Merci, M. le Président. Est-ce que c'est possible, aujourd'hui, de savoir comment la négociation sur l'équité salariale chez les enseignants a évolué depuis le dépôt de l'offre patronale au mois de janvier, c'est-à-dire il y a un peu plus de deux mois maintenant?

Le Président: M. le président du Conseil du trésor.

M. Léonard: M. le Président, nous avons déposé une offre à la table de la CEQ, notamment à la fin janvier, et les discussions évoluent, continuent, évoluent.

Le Président: M. le député de Westmount–Saint-Louis.

M. Chagnon: Si l'évolution semble satisfaire le ministre, M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire à quel endroit, dans le budget déposé hier, on retrouvera les montants pour financer l'équité salariale sur laquelle il a lui-même fait un dépôt il y a un mois et demi, deux mois, puisque le ministre de l'Éducation vient de faire la démonstration que ce n'est pas inclus dans le montant que vous avez déjà mis sur la table?

Le Président: M. le ministre.

M. Léonard: M. le Président, l'offre que nous avons faite à la table au mois de janvier est provisionnée au budget, puisque cette offre commençait à porter ses fruits à compter de l'an 2000 seulement, en juillet 2000, et donc ne fait même pas partie du budget de cette année.

Le Président: M. le député de Nelligan, en principale.


Commentaires du Vérificateur général sur les services préhospitaliers d'urgence

M. Williams: Merci, M. le Président. Aujourd'hui, le Vérificateur général a critiqué sévèrement le gouvernement péquiste, et je cite: «Le ministère n'est absolument pas en mesure de savoir si le service qu'il offre aux Québécois en matière de services préhospitaliers d'urgence est celui qu'il souhaite. En effet, il ne détient pas l'information qui lui permettrait d'évaluer la performance globale du système et les améliorations à y apporter.» Les dernières données qui esquissaient un portrait des services – volume d'activité, temps-réponse, etc. – datent de 1994-1995. Depuis, le ministère n'a pas cherché à connaître l'état de la situation.

Ma question est fort simple: Est-ce que la ministre va prendre les mesures nécessaires aujourd'hui pour corriger cette situation grave qui existe depuis l'élection de votre gouvernement?

Le Président: Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.

Mme Marois: Alors, merci, M. le Président. On sait que le rapport du Vérificateur général du Québec vient d'être déposé. Je sais qu'il y a eu des échanges entre des représentants du Vérificateur général et des gens de mon ministère, et je dois prendre connaissance des recommandations que mon ministère me fera sur ces questions. Mais vous savez que nous avons l'habitude, lorsque le Vérificateur général nous fait des recommandations, d'intervenir pour corriger les situations qui méritent de l'être, M. le Président.

Le Président: M. le député.

(14 h 40)

M. Williams: Est-ce que la ministre pourrait au moins admettre qu'elle n'a rien fait dans le dossier? C'est écrit noir sur blanc ici, elle a eu le rapport depuis le 15 novembre. Est-ce qu'elle peut au moins admettre que le gouvernement n'a rien fait dans la question des services ambulanciers?

Le Président: Mme la ministre.

Mme Marois: Merci, M. le Président. On n'admettra pas et je n'admettrai pas que nous n'ayons rien fait; au contraire, tous les jours nous essayons de corriger des situations problématiques qui nous sont soulevées, des difficultés qui nous sont présentées. Et d'ailleurs, dans les orientations que j'ai annoncées la semaine dernière, référant au fait que nous n'ayons pas de système de cueillette de données en temps réel, c'est l'une de mes priorités comme ministre responsable de ce ministère, de telle sorte que, avec de bons outils, nous pourrons intervenir encore plus adéquatement, plus efficacement et plus rapidement.

Le Président: En principale, M. le député de Laurier-Dorion.


Entente avec l'UMQ concernant la contribution municipale à l'assainissement des finances publiques

M. Sirros: Merci beaucoup, M. le Président. Le 22 octobre 1997, il y a maintenant à peu près 16 mois, le gouvernement signait une soi-disant entente avec les municipalités pour exiger d'elles 375 000 000 $ à titre de contribution à l'atteinte du déficit zéro, et ce, de façon répétitive jusqu'à l'an 2000. Or, le déficit a été atteint un an plus tôt que prévu.

Ma question à la ministre des Affaires municipales: Est-ce que la ministre des Affaires municipales peut nous expliquer pourquoi le gouvernement ne respecte pas sa signature et refuse de permettre aux municipalités de soulager les contribuables de 375 000 000 $ de taxes qu'ils auront à subir dans l'année qui vient?

Le Président: Mme la ministre d'État aux Affaires municipales et à la Métropole.


Document déposé

Mme Harel: Alors, M. le Président, je remercie le député de Laurier-Dorion pour sa question, étant donné qu'il est nouvellement, comme moi, arrivé dans ce dossier. Je lui rappelle qu'il ne s'agit pas d'une soi-disant entente mais d'une entente en bonne et due forme, signée par le gouvernement du Québec et l'Union des municipalités du Québec, entente concernant la contribution municipale à l'assainissement des finances publiques. Et je voudrais pouvoir la déposer.

Le Président: Alors, il y a consentement pour le dépôt.

Mme Harel: Ceci étant dit, puisque le temps imparti est maintenant compté, l'entente se veut une mesure transitoire pour les années 1998 et 1999, avec une possibilité de prolongation pour une seule autre année, et cette entente doit être remplacée par un nouveau pacte fiscal à convenir pour l'exercice financier 2000. Je rappelle donc la ferme intention du gouvernement du Québec, comme d'ailleurs l'a souligné, l'a rappelé le premier ministre dans le discours inaugural, de conclure avec le monde municipal un nouveau pacte fiscal qui viendra favoriser la situation financière des municipalités, mais aussi introduire de l'efficacité et de l'équité dans la fiscalité municipale.

Des voix: Bravo!

Le Président: M. le député.

M. Sirros: M. le Président, est-ce que la ministre peut aussi déposer le couteau qui a accompagné l'entente?

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Sirros: Et est-ce que, M. le Président, la ministre peut nous expliquer, justement par rapport à ce qu'elle dit, pourquoi le gouvernement fait encore pire et prévoit déjà, avant même la négociation sur le pacte fiscal, des rentrées, à partir des municipalités, pour l'année qui s'en vient, qui étaient conditionnelles à la signature? Pourquoi le gouvernement va taxer pour au-delà de 700 000 000 $ des Québécois, par le biais des municipalités, après que le déficit zéro a été atteint, ce qui était le but de l'entente? Où est le respect de la parole?

Le Président: Mme la ministre.

Mme Harel: Alors, M. le Président, on ne m'a pas parlé, moi, d'un couteau mais de crayons qui avaient été échangés entre les signataires. Je voudrais souligner cependant que, contrairement à la ponction exercée en 1992 par le gouvernement libéral précédent, dont les municipalités se rappellent, de 281 000 000 $ et qui n'avait été suivie par aucune autre proposition, nous aurons dans quelques semaines le rapport de la commission Bédard, commission convenue d'ailleurs avec le monde municipal, et nous aurons donc le rapport de cette Commission nationale sur les finances et la fiscalité locale...

Le Président: ...temps, Mme la ministre.

Mme Harel: ...et le gouvernement entend fermement s'engager dans un processus qui va mener à la signature d'un nouveau pacte fiscal que nous appliquer dès l'an 2000.

Le Président: Mme la députée de Sauvé, en principale.


Moratoire sur la construction d'équipements culturels

Mme Beauchamp: Merci, M. le Président. Lors de la dernière campagne électorale, plus précisément le 1er novembre 1998, à Sainte-Agathe-des-Monts, le premier ministre s'est engagé à lever le moratoire sur la construction d'équipements culturels. Cet engagement du premier ministre a suscité beaucoup d'espoir dans plusieurs régions du Québec en attente soit d'une bibliothèque publique soit d'une nouvelle salle de spectacle. Hier, lors du budget du ministre des Finances, aucune mention n'a été faite de la levée du moratoire sur la construction d'équipements culturels. Le premier ministre peut-il reconnaître qu'il ne respecte pas ses propres engagements et que le moratoire sur la construction d'équipements culturels n'est pas levé?

Le Président: M. le président du Conseil du trésor.

M. Léonard: M. le Président, nous en sommes à adopter – même pas encore aujourd'hui, mais pour l'année 1999-2000 – les programmes d'immobilisation pour chacun des ministères, celui de la Santé et de l'Éducation, qui vont venir au Conseil du trésor en temps et lieu. Et, dans ce cadre-là, nous traiterons cette question du moratoire au ministère de la Culture et des Communications.

Le Président: M. le député de Verdun, en principale.


Création du fonds Innovation Québec

M. Gautrin: Merci, M. le Président. Alors, M. le Président, vous le savez certainement, le Québec a à sa disposition, déjà, deux organismes pour soutenir la recherche et la formation de la main-d'oeuvre disponibles pour les activités de haut savoir, à savoir le Fonds FCAR et le FRSQ. Vous savez comme moi que ces fonds, M. le Président, ont atteint, en ce qui touche l'attribution des subventions, les mécanismes d'évaluation par les pairs, une réputation indubitable. Alors, le nouveau budget, par contre, crée un troisième organisme – puis ça va s'appeler Innovation Québec – qui est doté d'une enveloppe budgétaire de 32 000 000 $ pour soutenir lui aussi la recherche et la formation des diplômés dans les secteurs de haut savoir; mais, par contre, lui va distribuer ses subventions uniquement au bon vouloir du ministre.

Alors, ma question est la suivante, au ministre: Pourquoi, au lieu d'augmenter les crédits des fonds qui existent déjà, à savoir les Fonds FCAR et FRSQ qui ont un mécanisme très clair d'attribution des fonds, a-t-il voulu avoir une enveloppe pour lui seul, distribuée à son bon vouloir – je n'utiliserai pas le terme de «patronage», mais ça peut sembler un peu...

Le Président: Je pense qu'on s'entend sur la façon de dire les choses et, parfois, en disant de ne pas les dire, on les dit clairement. Alors, je vous rappelle les dispositions de l'article 35 et, à ce moment-ci, je pense que votre temps de parole était terminé. M. le ministre responsable de la Recherche, de la Science et de la Technologie.

M. Rochon: Alors, M. le Président, ce n'est pas surprenant, on parle de ce qu'on connaît.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Rochon: D'abord, je me permettrais, M. le Président, de compléter la question qui nous a été posée, parce qu'il n'y a pas deux fonds, il y a trois fonds importants de financement de la recherche. Il y a le Fonds de la recherche en santé, comme on l'a nommé, le FCAR, et il y a quand même le Conseil québécois de la recherche sociale, que le député connaît très bien par ailleurs. C'est sûrement un oubli qu'il a fait.

Une autre précision ou correction de la question, si je peux me permettre: il y a eu deux annonces de faites hier, sur lesquelles les détails seront donnés lundi prochain, mais deux annonces que mon collègue, le ministre de l'Économie et des Finances, a révélées hier. Il y a Innovation Québec, qui est un fonds, qui n'est pas un nouvel organisme, et qui est vraiment un fonds à la disposition du nouveau ministère pour la mise en oeuvre de la politique qui va être élaborée au cours de l'année, et il y a une partie des allocations de ce fonds qui ira pour améliorer la situation des organismes subventionnaires. Le nouvel organisme dont il est question, lui, c'est celui qui s'appelle «Valorisation-Recherche Québec», et on reparlera de ça aussi lundi pour donner plus de détails.

Le Président: M. le député de Verdun.

(14 h 50)

M. Gautrin: Brièvement, M. le Président, sans faire de débat sur le Centre de recherche sur les politiques sociales, parce que je ne voudrais pas rentrer sur ce débat-là, est-ce que vous allez accepter l'évaluation par les pairs dans l'attribution des subventions?

Le Président: M. le ministre.

M. Rochon: Je peux rassurer, et ce sera très clair dans ce qu'on donnera comme information lundi, que toute allocation, subvention de recherche va continuer à se faire avec une évaluation rigoureuse qui est par le meilleur système qu'on connaît jusqu'à maintenant, celui des pairs.

Le Président: M. le député de Saint-Laurent.


Utilisation du quartier de détention du palais de justice de Laval

M. Dupuis: M. le Président, le ministre de la Sécurité publique peut-il confirmer que, le jour où le président du Conseil du trésor dépose ses offres aux employés de la fonction publique, lui-même s'apprête à signer une entente en vertu de laquelle il va sortir les agents des services correctionnels du palais de justice de Laval pour y installer les policiers de la ville de Laval?

Le Président: M. le ministre de la Sécurité publique.

M. Ménard: Non. C'est sûr que je cherche actuellement à utiliser au maximum des locaux qui nous ont coûté une petite fortune parce que c'était une gratification qu'un des ministres libéraux voulait laisser à son comté et qu'il y a actuellement, à Laval, des cellules qui sont, je dirais même, presque luxueuses pour des cellules et qui ne servent que de jour, alors que, d'un autre côté, la municipalité de Laval a des cellules qui sont désuètes et qui ont fait l'objet de rapports très critiques par des gens qui les ont visitées non seulement comme prisonniers, mais aussi par ceux qui... enfin par quelques officiers publics. Je pense qu'il serait à l'avantage des contribuables en général que ces cellules soient utilisées continuellement, que Laval les utilise le soir et les fins de semaine plutôt que les siennes et que le gouvernement les utilise de jour.

Quant à qui les gérerait, ça peut faire partie des négociations, à ce moment-là, mais notre objectif là-dedans, c'est d'utiliser au maximum un équipement payé à même les fonds publics pour que le contribuable y fasse des économies.

Des voix: Bravo!

Le Président: M. le député.

M. Dupuis: Est-ce que le ministre, au-delà du patinage de fantaisie pour lequel je lui reconnais une compétence certaine, pourrait répondre à la question? Est-ce qu'il s'apprête à signer une entente en vertu de laquelle il va sortir les agents des services correctionnels du quartier de détention au palais de justice de Laval pour y installer les policiers de Laval?

Le Président: M. le ministre.

M. Ménard: Bon, je vous signalerais que mon sport préféré, c'est le ski; ce n'est pas le patin, pour lequel je n'ai aucun talent. Il me semble que...

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Ménard: Ni au figuré, d'ailleurs, ni... D'ailleurs, je suis assez direct dans mes interventions. Mais je ne peux pas m'apprêter parce que, actuellement, les discussions n'avancent pas beaucoup justement parce que la panique a été créée chez les agents correctionnels. Mais c'est certain que je voudrais, et je trouve que c'est à l'avantage des contribuables, je trouve qu'il serait plus intelligent d'utiliser des locaux qui ne sont pas utilisés la nuit et les fins de semaine plutôt que d'en construire d'autres et de desservir ainsi une population plus large. Qui gérerait, qui surveillerait les prisonniers? Je ne le sais pas encore. C'est le genre...

Des voix: ...

Le Président: Alors, nous allons terminer aujourd'hui ici la période de questions et de réponses orales.

Des voix: ...

Le Président: M. le leader de l'opposition.

M. Paradis: Oui, simplement pour vous souligner, M. le Président, qu'il restait suffisamment de temps pour permettre une autre question à la période de questions.

Le Président: Je sais très bien.

M. le leader du gouvernement.

M. Brassard: C'est vrai. Peut-être pour poser la question, mais pas pour y répondre.

Le Président: Mais je vous réfère surtout aux dispositions du règlement qui indiquent que la période des questions et des réponses orales quotidienne est d'au plus 45 minutes et que...

Une voix: ...

Le Président: Un instant! Dans ce contexte, aujourd'hui, j'ai apprécié – et c'est ma seule responsabilité – que le climat et le tintamarre qu'il y avait dans la salle de délibérations faisaient en sorte qu'on n'aurait pas pu poser une autre question calmement.

Alors, il n'y a pas de réponses différées ni de votes reportés.


Motions sans préavis

Aux motions sans préavis, M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.

M. Trudel: M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante à l'occasion non seulement de la Journée internationale des femmes, mais aussi de la Semaine internationale des femmes, puisque, dans le domaine agricole, chacun le sait, l'agriculture québécoise s'est développée avec l'apport exceptionnel de femmes agricultrices qui habitent le territoire national. Le 10 mars 1999, nous leur disons merci par la motion non annoncée suivante:

«Que l'Assemblée nationale du Québec reconnaisse l'apport inestimable des femmes dans l'évolution et l'essor de l'agriculture québécoise et, par la même occasion, rende hommage aux trois lauréates des grands prix remis annuellement par la Fédération des agricultrices du Québec, soit Mme Monique Lecours, agricultrice de l'année, Mme Nathalie Malo, jeune agricultrice de l'année, et Mme Carole Huppé, agricultrice et entrepreneure de l'année», qui sont avec nous aujourd'hui, M. le Président.

Cette motion vise aussi à saluer la présidente de la Fédération, Mme Carmen Ducharme, M. le Président.

Le Président: Alors, MM. les leaders, je comprends que vous avez une entente pour une intervention de chaque côté, c'est ça? M. le leader de l'opposition.

M. Paradis: Oui, M. le Président. Ma compréhension, c'est qu'il y aurait entente de façon à donner le temps nécessaire aux porte-parole de chaque côté de pouvoir s'exprimer sur cette motion, de vous indiquer immédiatement qu'il y aura adoption de cette motion dès qu'elle aura été débattue, et, pour donner la possibilité aux porte-parole de la débattre, qu'elle sera remise à demain et qu'elle sera votée demain par l'Assemblée nationale du Québec.

Le Président: M. le leader du gouvernement.

M. Brassard: Je confirme l'entente, M. le Président, tout en félicitant cependant aujourd'hui même les lauréates.

Le Président: Alors, j'accepte l'entente et je signale que l'agricultrice de l'année est représentée par son député, le président de l'Assemblée nationale, puisqu'elle n'est pas ici, dans les tribunes.

Alors, aux motions sans préavis maintenant, il y avait une motion du député de Maskinongé. M. le député.


Féliciter l'équipe féminine de curling junior du Québec pour sa victoire au championnat canadien

M. Désilets: M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante:

«Que l'Assemblée nationale du Québec félicite l'équipe féminine de curling junior du Québec, composée de Marie-France Larouche, Nancy Bélanger, Marie-Ève Létourneau et Valérie Grenier, qui a remporté le championnat canadien féminin de curling junior en février dernier à Kelowna, en Colombie-Britannique, et leur souhaite bonne chance pour le championnat mondial de curling féminin junior qui se déroulera du 20 au 28 mars prochains à Östersund en Suède.»

Des voix: Bravo!

Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? Alors, il y a consentement? M. le leader du gouvernement.

M. Brassard: Entente aussi pour un intervenant de chaque côté.

(15 heures)

Le Président: Très bien. Alors, M. le député de Maskinongé.


M. Rémy Désilets

M. Désilets: Merci beaucoup. Tout d'abord, je veux souligner la présence ici, dans nos tribunes, de la deuxième de l'équipe de curling, Mme Marie-Ève Létourneau, qui est accompagnée du président du Club de curling Victoria de Sainte-Foy, M. Martin Boivin.

Mes collègues, Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière, Mme la députée de Lévis et ministre, M. le député et ministre de Louis-Hébert m'ont demandé de présenter cette motion de félicitations. Même si cette démarche leur revenait, j'ai accepté avec plaisir parce que je connais bien cette équipe. Je pratique le même sport qu'elles au même Club de curling Victoria et j'ai joué et perdu contre elles dans un tournoi. Je remercie donc mes collègues de me permettre de leur rendre hommage.

En premier lieu, ces femmes ont entre 18 et 20 ans. Elles demeurent dans la région de Québec, Sainte-Foy, Saint-Jean-Chrysostome et Lévis. Leur carrière: en 1993, elles obtiennent une médaille d'or aux Jeux du Québec, une médaille de bronze aux Jeux du Québec; en 1995, une médaille d'or aux Jeux du Canada; en 1995, une médaille de bronze au championnat junior canadien féminin – les filles avaient alors entre 14 et 17 ans; en 1996, une quatrième place au championnat canadien junior; en 1997, une médaille d'argent au championnat canadien junior féminin; en 1998, elles subissent la défaite pour mieux nous revenir en 1999; en 1999 – c'est cette année – c'est avec toute leur sagesse et expérience qu'elles ont rebondi pour aller chercher une médaille d'or au championnat canadien junior de curling féminin. En fait, c'est leur laissez-passer pour le championnat du monde à la fin du mois de mars prochain, en Suède. C'est la première fois qu'une équipe junior féminine atteint de tels honneurs pour le Québec, et pour cause. L'équipe a atteint un record en ce qui a trait au nombre de victoires, soit 46 au cours des cinq championnats. De plus, deux joueuses, Valérie Grenier et Marie-France Larouche, font partie de l'équipe tout étoiles au niveau canadien.

Comme vous le savez tous, de la région du Lac-Saint-Jean émergent de grandes personnalités. L'entraîneur Camille Larouche, natif de Dolbeau, a été nommé par ses pairs entraîneur par excellence au niveau junior canadien. À vous tous, mesdames et M. Larouche, félicitations et la meilleure des chances. Tout le Québec est avec vous. Merci.

Le Président: M. le député d'Anjou.


M. Jean-Sébastien Lamoureux

M. Lamoureux: Tout simplement, je veux prendre l'opportunité qui nous est offerte pour féliciter évidemment les quatre jeunes filles pour leur belle victoire, victoire qui leur permet non seulement d'être sacrées championnes canadiennes mais de représenter le Canada au prochain championnat du monde.

Vous savez, M. le Président, je pense que c'est excessivement important qu'on puisse encourager nos jeunes à se développer, que ce soit dans le sport ou dans d'autres sphères d'activité. Et l'expérience qu'elles vont vivre de représenter notre pays à l'extérieur sera certainement une expérience dont elles vont se souvenir toute leur vie et qui va leur permettre de vivre des moments inoubliables.

J'aimerais également profiter de l'occasion pour peut-être féliciter au passage tous les jeunes Québécois et les jeunes Québécoises qui ont eu l'occasion de participer aux Jeux du Canada. Je pense qu'ils ont offert une très belle performance. Il faut les en féliciter. Puis il ne faudrait pas non plus passer sous silence M. Claude Hardy qui a, au cours des dernières années, donné beaucoup d'efforts pour les jeunes Québécois et Québécoises et qui tire sa révérence. Je pense qu'on peut le féliciter ici, en cette Chambre.

Il y a également les Jeux du Québec qui sont en train de se dérouler en ce moment. Bonne chance à tous les participants et participantes. C'est une expérience à laquelle j'ai eu l'occasion moi-même de participer lorsque j'étais plus jeune. Alors, je leur souhaite...

Une voix: ...

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Lamoureux: C'est peut-être une expression que je vais devoir retirer de mon vocabulaire. Donc, félicitations à nouveau à nos jeunes championnes et bonne chance.

Des voix: Bravo!


Mise aux voix

Le Président: Alors, nous devons comprendre que la motion est adoptée. S'il n'y a pas d'autres motions sans préavis, nous allons immédiatement aller aux affaires du jour, puisqu'il n'y a pas d'avis sur les travaux des commissions, à moins qu'il y ait des renseignements sur les travaux de l'Assemblée qui soient demandés à ce moment-ci.


Affaires du jour


Affaires prioritaires

Alors, nous allons aller aux affaires du jour et nous engagerons des discussions aux affaires prioritaires.


Reprise du débat sur le discours d'ouverture et sur les motions de censure

Alors, nous allons poursuivre le débat sur le discours d'ouverture de la session prononcé par M. le premier ministre le 3 mars dernier et sur les motions de censure présentées par M. le chef de l'opposition officielle et Mme la députée de La Pinière.

Je vous informe à ce moment-ci que 9 h 3 min ont été utilisées dans le cadre de ce débat. Il reste donc un total de 15 h 57 min réparties comme suit: 7 h 25 min au groupe parlementaire formant la majorité ministérielle, 7 h 32 min au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 60 minutes au représentant du gouvernement pour sa réplique.

Alors, à ce moment-ci, je suis prêt à céder la parole à M. le ministre des Transports.


M. Guy Chevrette

M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je suis très heureux, pour la 22e ou 23e fois – ha, ha, ha! – de répondre bien sûr à des discours d'ouverture de session, mais d'autant plus heureux, cette fois-ci, que ça s'inscrit carrément dans le respect des engagements électoraux qu'on a toujours pris.

Une de mes grandes fiertés à cette Assemblée nationale au cours des années, puisque je suis devenu, avec mon collègue d'Abitibi-Ouest, avec mon collège du Lac-Saint-Jean et celui de Laviolette, nous sommes devenus les quatre vétérans non pas en âge chronologique mais en ancienneté dans ce Parlement, nous sommes devenus les parlementaires qui ont le plus d'expérience. Et c'est toujours intéressant de se lever puis de dire à chaque fois: Nous avions promis telle chose et nous l'avons respectée. Je suis d'autant plus heureux aujourd'hui que je suis persuadé que le discours inaugural du premier ministre, qui a été axé de façon très prioritaire sur la jeunesse, eh bien, ça s'inscrit... et que je puisse parler le lendemain d'un discours du budget qui réalise un des grands engagements électoraux, à savoir l'atteinte du déficit zéro, et ce, plus rapidement que prévu et pour qui? Précisément pour cette jeunesse, M. le Président.

Étant père de famille, ayant deux enfants, qu'est-ce qu'il y a de plus intéressant? Même grand-père depuis six mois – pour faire plaisir à la députée de Jean-Talon – quel plus beau cadeau que de laisser à nos enfants un avenir où ils pourront, eux aussi, avoir une place au soleil!

Sur le temps qu'on était parti, moi, je me souviens, M. le Président, au moment où j'ai occupé les banquettes qu'occupe le Parti libéral actuel, c'était épouvantable. D'année en année, c'était devenu une risée. On avait le député ministre des Finances de l'époque qui se levait puis qui disait: J'anticipe seulement 1 000 000 000 $ de déficit. Puis là tu voyais tous les libéraux debout qui applaudissaient, ils avaient du plaisir. À la fin de l'année, 2 000 000 000 $, 2 500 000 000 $ de déficit. L'année suivante, il se relevait puis il disait: 3 000 000 000 $ de déficit seulement. Tous les libéraux se levaient, ils applaudissaient. C'était devenu tellement ridicule que même un éditorialiste qu'on citait aujourd'hui, Dubuc, avait écrit que le ministre des Finances du temps était devenu le plus brouillon des ministres des Finances qu'on n'avait pas connus.

Et là surprise, surprise! Quatre ans, cinq ans consécutifs, on annonce un déficit de 2 000 000 000 $; on est en deçà. On annonce un déficit de 1 200 000 000 $; on est en deçà. Et on arrive, M. le Président, à une échéance d'un an d'avance au déficit zéro, ce qui veut dire quoi? Ce qui veut dire concrètement qu'à chaque année maintenant il va se dégager une marge de manoeuvre. À chaque année, la dette va se marginaliser parce qu'on ne gonfle plus l'endettement. La dette va se marginaliser par rapport au budget, aux revenus, aux entrées, ce qu'on n'avait pas connu dans ce Parlement pendant neuf ans.

Donc, je comprends aujourd'hui les réactions des gens d'en face quand ils ont entendu le discours inaugural. Ils ont dit: Ouais, le premier ministre, il frappe dans le mille, hein, comme on dit, il frappe dans le mille! C'est ça. Faut s'occuper de nos jeunes, faut s'occuper de l'emploi. C'est ça qui est le discours inaugural, puis le budget qui a été présenté hier, bien, c'est un budget non déficitaire, puis on met de l'argent.

On met de l'argent, par exemple, dans le transport. Je suis ministre des Transports, mon collègue le ministre délégué aux Transports, c'est au moins, au moins 70 000 000 $ qu'on a de plus par rapport à l'an passé: la Route verte, l'organisation des voies ferrées au Québec qu'on est en train de reconstituer après un abandon total du gouvernement central. Également, M. le Président, la Route verte, on aura 18 000 000 $ sur cinq ans pour finaliser la Route verte québécoise, des défis intéressants qu'on va devoir et pouvoir réaliser.

(15 h 10)

Ma fierté, donc, est grande. Mais je comprends la déception de nos amis d'en face. Voir un gouvernement qui dit: C'était terrible puis on va faire mieux, et on fait mieux, ils n'étaient pas habitués à ça. Et c'est pour ça qu'au cours des ans la crédibilité des hommes et des femmes politiques avait diminué au Québec. On promettait n'importe quoi puis on faisait n'importe quoi, mais on ne réalisait rien puis on ne respectait rien.

Aujourd'hui, et ça depuis quatre ans, on est en train de dire aux Québécois: On vous avait dit cela, voici ce qu'on a réalisé. On vous avait dit qu'on assainirait les finances publiques, c'est chose faite. On vous avait dit qu'on mettrait de l'argent dans la santé dès qu'il y aurait une marge de manoeuvre, on vous a dit ça pendant quatre ans: On fait la réforme, mais dès qu'on va arriver au déficit zéro et qu'il se dégagera une marge de manoeuvre, soyez assurés qu'on va mettre de l'argent, 1 000 000 000 $ et plus. Ça, c'est respecter ses engagements.

On avait dit également: On en mettra dans l'éducation. Et je me souviens encore, les dépliants électoraux où on indiquait aux gens où est-ce qu'on placerait l'argent lorsque les marges de manoeuvre se dessineraient clairement. Dès l'annonce du déficit zéro, on est en train de respecter nos engagements, deux engagements majeurs, deux engagements très majeurs, en santé, en éducation. Je peux vous dire une chose, pour des régions où il y a une explosion démographique comme la nôtre, quand on parle de Lanaudière, par exemple, où certaines communautés ont eu 500 % d'augmentation, que je pense à la région de Le Gardeur, Repentigny, Mascouche, La Plaine, Terrebonne et Lachenaie, c'est évident, on a un manque à gagner extraordinaire, de façon extraordinaire au niveau de la santé. On a une population qui est vieillissante du côté est de la région. Il y a des manques à gagner, effectivement, pour donner des services de qualité à nos concitoyens. Nous allons nous battre, nous allons le réaliser, nous allons faire en sorte qu'il y ait du rattrapage de fait.

Donc, M. le Président, c'est avec beaucoup de fierté que j'endosse personnellement les orientations du discours inaugural. C'est avec beaucoup de fierté que je regarde et j'observe la concordance qu'il y a entre le discours inaugural et le discours du budget. Je sais bien que pour un adversaire politique... j'en regarde un qui sourit, il va dire: Ah! le budget n'est pas bon. Il a assez hâte de me rencontrer, je suis bien sûr, pour me dire: Aïe! M. le ministre des Transports, vous avez eu un peu plus d'argent, ma région est dans le besoin, vous allez m'aider, bien sûr. Je vais lui demander d'atténuer ses propos pour le moment, bien sûr.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Chevrette: Mais il ne sera pas le seul à faire ça. Je suis persuadé qu'il y a un bon nombre de députés de l'autre côté, là, je ne parle pas de ceux des milieux urbains, ils vont me demander d'autres choses, mais ceux de la voirie, par exemple, qui s'occupent de la voirie tertiaire, ils vont être heureux d'entendre des bonnes nouvelles. Je suis persuadé, même ceux dans le transport en commun vont me demander: Qu'est-ce que tu vas mettre sur le Métropolitain? On va vous le dire en temps et lieu, ça s'en vient. Par exemple, un gars de Laval va peut-être être porté à me parler sans doute du métro, c'est bien évident. Ce sont tous des engagements électoraux que nous allons réaliser, et à leur grande surprise à part ça. Donc, M. le Président, vous voyez, ils ont déjà retrouvé le sourire juste à la pensée qu'ils pourront en bénéficier eux aussi.

Je voulais tout simplement, M. le Président, me joindre à mes collègues, parce que j'ai la conviction profonde qu'on a pris un virage au Québec, au cours des dernières années, un virage qui s'imposait, un virage très courageux, un virage de responsabilité. On ne pouvait plus, qui que nous soyons, continuer à gérer les deniers publics de la façon dont nos amis d'en face de l'époque les avaient gérés. Moi, je me souviens, la dernière année, le député de Laporte, qui était ministre des Finances, à qui le titre de brouillon a été décerné par un de ses admirateurs de l'époque, éditorialiste... Mais je peux vous dire une chose, on se promenait au Québec et ça n'avait plus de bon sens. Ça n'avait plus de bon sens, il n'y avait plus de marge de manoeuvre. Il fallait comprendre ça. Je vais essayer de l'expliquer pour ceux qui seraient un peu en retard et qui n'ont pas encore compris dans quel genre de situation on était. Non seulement on payait 6 000 000 000 $ d'intérêts sur une dette qui ne cessait de grossir, 70 000 000 000 $, 75 000 000 000 $, la dernière année 6 000 000 000 $ d'un coup sec... C'était du jamais vu, un record. Savez-vous que 6 000 000 000 $, qui est ajouté à une dette, à 7 % ou à 8 % d'intérêt, ce sont des centaines de millions de dollars qu'on n'avait pas. On n'avait pas de marge de manoeuvre.

L'an prochain, là, n'ayant pas de 6 000 000 $, la dette, elle ne s'accroît plus. Donc, automatiquement, par rapport au budget qui grossit, elle se marginalise. Elle se marginalise, cette dette. Ils n'ont pas compris ça encore. Ils n'avaient pas compris ça. Ce n'est pas pour rien qu'ils sont de l'autre bord de la Chambre. Et on n'a seulement qu'à continuer à observer, à respecter nos engagements, à démontrer qu'on peut, en politique, et non seulement pour un an, deux ans ou trois ans, regagner la confiance du public et démontrer que des hommes et des femmes politiques qui ont à coeur le respect de leurs engagements peuvent reconquérir la confiance de leurs concitoyens. Et c'est ça qui est important.

M. le Président, je vais me permettre un petit conseil à nos amis d'en face, rien qu'un petit en passant. Vous savez que ça sonne faux, quand on a été aussi désinvolte vis-à-vis de la gestion, qu'on a affiché autant de laxisme dans la gestion, quand on les voit se lever aujourd'hui comme des personnes offensées, je ne voudrais pas être sexiste mais des personnes très offusquées... Je regardais la députée, cet après-midi, une députée qui soulignait un cas particulier, dans cette Chambre, qui est devant les tribunaux. Elle s'attendrissait. La situation était trois fois pire que ça, dans leur temps, sept fois pire que ça, dans leur temps. Et là tu les vois, quasiment des trémolos dans la voix, appelant la sympathie. Ça sonne faux. Ça ne passe pas l'écran de la télévision quand quelqu'un, pendant neuf ans, a affiché autant, autant, autant d'arrogance vis-à-vis de la pauvreté, par exemple, vis-à-vis de la détresse des gens dû au fait qu'on n'avait aucune marge de manoeuvre pour régler des problèmes concrets.

M. le Président, on va traverser carrément dans une ère nouvelle. On va atteindre le troisième millénaire avec des finances publiques saines. À chaque année, on pourra se dégager des marges de manoeuvre et investir selon les besoins de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Vous me permettrez donc de souhaiter que l'opposition ait un petit peu d'humilité et qu'ils pensent à leurs vieux péchés plutôt que d'essayer de donner des leçons de morale. On n'a pas fini de corriger l'ensemble de leurs bourdes. On n'a pas fini encore de corriger tout ce qu'ils ont pu faire au niveau de la gestion des finances publiques. C'est inconcevable! C'est inconcevable! J'aurais honte, moi, si j'avais fait, de ce côté-ci de la Chambre, ce qu'ils ont fait. Donc, je leur demande un petit peu de modestie. Et puis on ne leur demande pas de nous féliciter, mais on leur demande au moins de penser avant de critiquer. Merci.

Le Vice-Président (M. Brouillet): Alors, je vous remercie, M. le ministre des Transports. Je vais maintenant céder la parole à M. le député d'Argenteuil.

Une voix: ...

Le Vice-Président (M. Brouillet): De Prévost. Non? Hull? Ah, excusez. Ça va venir. Alors, M. le député de Hull.


M. Roch Cholette

M. Cholette: Merci, M. le Président. Vous ne connaissez peut-être pas mon comté maintenant, mais après quatre ans, je vous jure que vous allez le connaître.

Je tiens aussi à saluer la présidence et à lui dire que j'aurai besoin de ses conseils éclairés. Je lui offre toute ma collaboration pour faire de ce mandat un mandat paisible et où on fera avancer les dossiers du Québec. Je voudrais surtout saluer mes collègues libéraux, et plus particulièrement mon chef, le député de Sherbrooke, qui a mené notre formation à obtenir une majorité des votes au Québec. Il faut le rappeler, il y a un plus grand nombre de Québécois qui ont voté pour nous, ce qui a sûrement contribué à ce que j'obtienne une majorité de 8 682 voix devant le candidat péquiste, ce qui constitue la plus importante majorité électorale de l'histoire récente du comté de Hull.

Je voudrais saluer, à ce moment-ci, mes enfants, Nicolas et Vincent, mon épouse, Nathalie, en les remerciant de leur confiance, patience et constant support. Je voudrais aussi remercier très sincèrement mes électrices et électeurs de Hull de leur confiance et leur dire qu'en entrant ici, au début du mois de mars, je me suis rappelé de leur avoir promis de les servir avec énergie, fougue et intégrité.

(15 h 20)

Parlant des électrices et électeurs de Hull, j'aimerais vous raconter la petite histoire de leur quotidien, marquée au coin et même au fer de l'oubli. Je vais vous parler d'oubli parce que, pour les gens d'en face, parler d'une région frontalière, c'est aussi bizarre que de vouloir parler d'un Canada uni. Hull, c'est le coeur, le centre nerveux de cette grande et belle région de l'Outaouais oubliée par les gens d'en face qui ont décidé de la punir pour sa proximité avec Ottawa. Hull, c'est une ville et une région où les citoyens ont trop longtemps traversé en Ontario pour obtenir des services de santé de qualité, jusqu'à ce que le gouvernement Bourassa enclenche une démarche audacieuse de rapatriement des clientèles. Hull, c'est aussi la plaque tournante de cette région laissée-pour-compte parce que trop fédéraliste, là où le gouvernement du Parti québécois trouve normal que nos infirmières et nos médecins soient pénalisés parce qu'ils choisissent de travailler en Outaouais plutôt qu'en Ontario.

Quand les Hulloises et les Hullois regardent ce qui se passe à Chicoutimi et à Jonquière et qu'ils entendent le premier ministre dire que ceux qui ont bulldozé la réforme de la santé vont réinvestir dans les soins et les services aux malades, vous conviendrez avec moi qu'ils ont raison d'être inquiets.

Hull, c'est la capitale régionale, la ville-centre d'un Outaouais qui se réjouit d'entendre la lieutenant-gouverneur rappeler comment le Québec est ouvert sur le monde, combien il veut l'être encore plus sur l'Amérique du Nord, mais qui, au quotidien, se désole, se désole de constater que ce gouvernement, et surtout sa nouvelle ministre du Travail, pose des obstacles à la mobilité de la main-d'oeuvre entre deux provinces et même deux régions. Hull, c'est aussi une population travailleuse écrasée par le fardeau économique et fiscal que lui impose l'idéologie destructrice et surtout malsaine de l'hypothèque référendaire du régime péquiste.

Empêcher l'exode de nos travailleurs les plus compétents relève de la magie lorsqu'une région comme la nôtre doit se battre avec les deux mains attachées et en suppliant l'adversaire – les autres provinces – d'être indulgent et même, selon le ministre Landry, patient. Eh bien, pour une famille hulloise, la patience a des limites. Est-ce que je dois rappeler aux gens d'en face – parce qu'ils semblent l'ignorer – ...

M. Trudel: M. le Président.

M. Cholette: ...qu'une famille hulloise de quatre personnes dont deux adultes travaillent paie annuellement...

Le Vice-Président (M. Brouillet): Je m'excuse, M. le député de Hull. M. le ministre de l'Agriculture...

M. Trudel: Question de règlement. Une petite question de règlement. Ça fait plusieurs fois, depuis le début de la nouvelle session, que des parlementaires sont identifiés par leur nom quand le règlement indique que nous devons les identifier par leur circonscription électorale.

Le Vice-Président (M. Brouillet): Alors, les amis...

Des voix: ...

Le Vice-Président (M. Brouillet): Alors, je vous rappelle simplement, pour tous ceux qui l'oublieraient ou ne le sauraient pas, mais enfin l'oublieraient, qu'effectivement on appelle les membres de cette Assemblée par leur titre. C'est normal qu'on ne puisse pas réagir spontanément selon le règlement quand on commence. Alors, je vous cède la parole, M. le député de Hull.

M. Cholette: Merci, M. le Président. J'aurais apprécié la rigueur du ministre au moment où il était ministre des Affaires municipales et qu'il nous a mis le couteau sur la gorge pour faire une entente...

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Cholette: C'est à ce moment-là qu'il aurait dû invoquer les règlements, et le fair play, et l'équité. Mais on va passer. Pire encore, pire encore, 7 % moins de jeunes qui ont entre 15 et 24 ans ont une chance de se trouver un emploi que leurs vis-à-vis d'Ottawa.

Hull est la dynamo de la Communauté urbaine de l'Outaouais – n'en déplaise aux gens d'en face – qui a enregistré une croissance démographique de 50 %, entre 1971 et 1996, comparativement à 18 % pour l'ensemble du Québec. À cause du refus systématique de ce gouvernement de reconnaître la spécificité des besoins frontaliers de cette ville et de cette région qu'il préfère rayer de sa carte des priorités, plus de 50 000 résidents de Hull et de l'Outaouais qui travaillent en Ontario sont pris en otages par l'absence de liens routiers dignes de ce nom.

Afin de sortir Hull de l'oubli dans lequel le PQ voudrait le noyer parce que son idéologie séparatiste l'empêche de profiter des millions de dollars que le gouvernement fédéral veut y investir et met sur la table, je continuerai d'exiger la continuerai d'exiger la construction à Hull de l'axe Laramée qui améliorera enfin la mobilité interne à la CUO, de Buckingham à Aylmer, et surtout qui permettra aux gens de Hull de traverser leur ville d'est en ouest, où plus de 10 000 nouveaux citoyens viendront s'établir d'ici 2010.

Hull, c'est aussi la capitale administrative d'une région où le rouleau compresseur péquiste a été particulièrement habile à loger sa structure de centre local d'emploi, contre tous les avis du milieu, dans des espaces presque totalement inaccessibles au public qu'il devait servir.

En terminant, les citoyens de Hull méritent toute notre admiration, M. le Président, pour continuellement tolérer l'attitude d'oubli de ce gouvernement. Et c'est justement le défi qui m'attend et le rôle que j'entends jouer, un rôle de catalyseur, de déclencheur et de défenseur, un rôle qui me permettra de réclamer énergiquement qu'on améliore l'accès des services gouvernementaux pour les aînés, que l'on implante rapidement un campus de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec à Hull et que l'on offre aux jeunes de Hull, et ce, dans les meilleurs délais, les services d'un carrefour jeunesse-emploi.

En conclusion, M. le Président, j'aimerais terminer sur une note agréable et dire que je suis d'accord avec les gens du PQ. En effet, je tiens à souscrire aux propos de mon adversaire péquiste, du 30 novembre dernier, qui écrivait cette semaine dans un quotidien local: «Le PQ ne fait pas ses devoirs dans la région.» M. le Président, je compte bien amener le Parti québécois à aller faire ses devoirs. Merci.

Des voix: Bravo!

Le Vice-Président (M. Brouillet): Je vous remercie, M. le député de Hull. Je vais maintenant céder la parole à Mme la députée de Crémazie. Mme la députée.


Mme Manon Blanchet

Mme Blanchet: Merci, M. le Président. C'est avec une certaine fébrilité que je prends la parole ici aujourd'hui. Ayant été élue députée pour la première fois le 30 novembre dernier, je suis très heureuse de m'adresser aux électeurs et aux électrices de ma circonscription, soit celle de Crémazie. Je voudrais les saluer et les remercier par ces quelques mots.

Chers commettants et chères commettantes, je suis très honorée que vous ayez accordé votre confiance à une jeune femme déterminée à bien vous représenter à l'Assemblée nationale. Soyez assurés de ma disponibilité et de ma participation aux différents débats qui se tiendront ici dans cette enceinte, et ce, dans le but de constamment améliorer vos conditions de vie, de travail et de loisirs. À vous tous et à vous toutes, encore une fois merci de votre confiance.

Permettez-moi également, M. le Président, d'adresser de sincères remerciements à mon ancien patron et député sortant de Crémazie, M. Jean Campeau. M. Campeau, merci pour votre précieux appui, et je veux vous dire que je ne prétends pas vouloir prendre votre place mais bien poursuivre le travail accompli ensemble au cours des quatre dernières années.

M. le Président, la population de la circonscription de Crémazie est très diversifiée. On y retrouve des aînés, de jeunes retraités, des professionnels, de jeunes familles, des gens aussi à la recherche d'un emploi, des gens issus des différentes communautés ethnoculturelles et des familles à faibles revenus, des familles monoparentales. Bien que située dans le quartier montréalais d'Ahuntsic, un quartier que l'on dit aisé, la circonscription de Crémazie compte des gens qui ont de la difficulté à se trouver un emploi, à réintégrer le marché du travail ou à rejoindre les deux bouts, comme on dit.

Je suis heureuse d'apprendre que, dès juillet prochain, Emploi-Québec offrira à tous les chercheurs d'emploi des allocations leur permettant de se consacrer pleinement à un parcours de formation, d'insertion ou de réinsertion sur le marché du travail. Ces nouvelles allocations uniformes, peu importe le statut du prestataire, viennent donc remplacer celles beaucoup plus inférieures que recevaient les prestataires de la sécurité du revenu par rapport à celles reçues par les prestataires de l'assurance-emploi. En fait, cette mesure annoncée par le premier ministre dans son discours inaugural la semaine dernière représente un nouvel investissement de 100 000 000 $ de notre gouvernement. Les gens de Crémazie peuvent se réjouir de cet investissement.

(15 h 30)

Pour préparer l'avenir maintenant, il nous fallait également mettre en place une politique familiale qui tiendrait compte des besoins changeants et diversifiés des familles et qui viendrait surtout corriger le revenu de celles moins bien nanties par un support financier additionnel provenant de divers programmes. C'est ce que nous avons fait. On se souviendra qu'avant 1994 les places en garderie n'avaient pas connu de développement adéquat et suffisant. La présence accrue des femmes sur le marché du travail nécessitait que l'on ajuste l'offre de services de manière à répondre aux nouveaux besoins non seulement des femmes, mais aussi des familles. Le même constat s'appliquait aux services éducatifs et de garde en milieu scolaire.

Notre gouvernement a donc choisi de revoir en profondeur l'ensemble des mesures et des programmes, de les refondre et de les redéfinir pour en arriver à une nouvelle politique familiale répondant avant tout aux besoins des enfants, leur assurant un plein développement et optimisant leurs chances de réussite. Ces changements ont eu et auront des effets positifs et déterminants pour le bien-être des familles. Il faut rappeler que ces changements majeurs répondaient également aux souhaits et aux demandes exprimés à maintes reprises dans le passé par de nombreux groupes familiaux, des groupes de femmes et des associations de citoyennes et de citoyens. Notre gouvernement a alors procédé à une réingénierie des anciennes mesures et anciens programmes qui tenaient lieu de politique familiale sous les libéraux en instaurant deux principales mesures, c'est-à-dire une allocation unifiée pour enfants et des services éducatifs et des services de garde à la petite enfance.

Notre politique familiale actuelle permet donc d'assurer l'équité pour un soutien universel aux familles et une aide accrue aux familles à faibles revenus. Elle permet aussi de faciliter la conciliation des responsabilités parentales et professionnelles et de favoriser le développement des enfants et l'égalité des chances. Pour tout dire, c'est la première véritable politique familiale au Québec, et j'en suis très fière. Mais, pour préparer l'avenir maintenant et parce qu'investir dans la jeunesse du Québec commence avec la famille et la petite enfance, le gouvernement du Parti québécois va de l'avant avec le volet 3 de sa politique familiale, en établissant entre autres un régime québécois de congés parentaux équitable, que l'on veut accessible à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs, dont les travailleurs autonomes de plus en plus nombreux chez les jeunes, en accélérant le calendrier d'implantation des garderies à 5 $, ce qui permettra aux enfants de tous âges d'être admissibles au programme dès septembre de l'an 2000, en augmentant le nombre de places en garderie, en permettant aux jeunes couples de mieux concilier travail et famille, en ramenant à 30 jours le délai moyen pour la perception automatique des nouvelles pensions alimentaires.

Par la mise en oeuvre de ces mesures, nous voulons appuyer les familles au moment où les besoins sont les plus criants, c'est-à-dire lorsque les enfants sont jeunes, lorsque les revenus familiaux sont plus faibles et lorsque les besoins financiers sont plus importants. Je suis convaincue que la nouvelle politique familiale répondra aux besoins des familles, surtout celles de la circonscription de Crémazie, mais aussi et avant tout aux besoins des enfants. Notre politique familiale est donc un ensemble de mesures financières et de mise en place de services dont les premiers bénéficiaires sont les enfants des familles les plus démunies de notre société.

M. le Président, 1999 est l'Année internationale des aînés. Il me semble que nous ne pouvons concevoir le Québec, le Québec de l'an 2000, sans la participation et l'action des retraités et des aînés dans ce que nous voulons offrir aux jeunes Québécoises et Québécois. D'ailleurs, le premier ministre nous invitait, dans son discours inaugural, à travailler dès maintenant à un formidable passage du flambeau du Québec d'hier au Québec de demain. C'est dans cette optique qu'à son arrivée au pouvoir, en 1994, le gouvernement du Parti québécois a tout mis en oeuvre pour redonner l'espoir aux jeunes et surtout trouver des solutions concrètes aux nombreux problèmes auxquels ils faisaient face. On peut penser à l'abandon de la formation professionnelle par les libéraux, au taux de décrochage scolaire inquiétant, au taux de suicide alarmant, et j'en passe. Il nous fallait les supporter et les appuyer en créant des outils et des instruments adaptés à leurs besoins multiples et diversifiés, leur donner les moyens de se prendre en main et de réussir. C'est ce que nous avons fait, c'est ce que nous faisons, et soyez assuré, M. le Président, que j'entends travailler à ce que cette action se poursuive.

Pour préparer l'avenir maintenant, et parce que nous avons le devoir et la responsabilité d'être présents au rendez-vous auquel nous convoque le début de ce troisième millénaire, la politique jeunesse de notre gouvernement est tout indiquée pour réunir les conditions qui vont permettre à la jeunesse québécoise de répondre «présent». Parce que notre gouvernement a su être et s'est voulu proactif dans le cadre de ses politiques qui touchent plus particulièrement les jeunes Québécoises et Québécois, et pour que cette jeunesse soit solidement équipée et plus impliquée dans le devenir collectif du Québec, nous avons rendu public, le 18 juin 1998, notre Plan d'action jeunesse 1998-2001, qui permet aux jeunes de prendre part aux décisions qui les concernent. Ce plan d'action, une première dans l'histoire du Québec, représente un investissement de plus de 430 000 000 $ et contient 70 actions différentes qui touchent l'emploi, l'éducation et le mieux-être des jeunes âgés de 15 à 29 ans. Ces actions ont pour but de favoriser une insertion sociale et professionnelle plus harmonieuse des jeunes. J'invite d'ailleurs tous les jeunes de Crémazie à participer à ces échanges sur le plan d'action. Ce plan d'action traduit donc la volonté du gouvernement du Parti québécois d'intensifier son aide par le biais de mesures concrètes ciblant les besoins les plus pressants de la jeunesse. Ce plan veut ainsi, grâce à l'effort concerté de plusieurs ministères, donner un coup de pouce additionnel aux jeunes qui sont déjà bien en selle, tout en offrant aux autres les outils nécessaires pour lutter contre l'exclusion et réussir leur démarche d'insertion professionnelle et sociale.

À l'époque sous la responsabilité du Secrétariat à la jeunesse, du ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration, notre plan d'action est le fruit d'une étroite collaboration entre plusieurs ministères et organismes du gouvernement qui se sont mobilisés dans ce formidable projet dont nous pouvons être fiers. Les mesures de notre plan d'action s'inscriront donc dans trois chantiers: l'emploi, l'éducation et le mieux-être des jeunes.

Parce que la jeunesse du Québec constitue notre avenir et parce que nous avons le devoir et la responsabilité d'agir maintenant, parce que nous devons et voulons réfléchir, bien sûr, au Québec de l'an 2000 mais aussi au Québec de l'an 2020 et de l'an 2050, parce qu'il nous faut éviter les difficultés que peuvent rencontrer les jeunes Québécoises et Québécois d'aujourd'hui et de demain, nous devons être et nous sommes proactifs. J'en ai pour preuve la tenue, dès le début de l'an 2000, du Sommet du Québec et de la jeunesse. À l'occasion de ce Sommet, des acteurs provenant de tous les milieux seront consultés et écoutés, des thèmes aussi importants que ceux de l'éducation et de la formation, de l'emploi et de la réussite, de l'équité entre les générations et de la place du Québec dans le monde et de la place des jeunes du Québec dans un contexte de mondialisation y seront abordés.

En terminant, je suis persuadée que, grâce à l'élaboration et à la mise en oeuvre d'une politique familiale globale où notre gouvernement intervient dès la petite enfance, grâce à notre formidable politique jeunesse qui interpelle l'ensemble de nos ministères et à la tenue prochaine du Sommet du Québec et de la jeunesse où des citoyennes et des citoyens de tous les milieux se mobiliseront pour préparer l'avenir, il est permis de croire que les conditions puissent être réunies pour que les jeunes Québécoises et Québécois répondent «présent» à l'aube du prochain millénaire et dans les années futures. J'invite donc tous les citoyens et toutes les citoyennes de la circonscription de Crémazie à faire connaître leurs préoccupations ou leurs attentes lors des différents forums qui se tiendront au cours des prochains mois, afin que toutes ces politiques soient vraiment près d'eux. Merci, M. le Président.

Une voix: Bravo!

Le Vice-Président (M. Brouillet): Je vous remercie, Mme la députée de Crémazie. Avant de céder la parole au prochain intervenant, je vous fais part qu'il y aura demain un débat de fin de séance, demain, jeudi. M. le député de Laurier-Dorion interrogera la ministre d'État aux Affaires municipales et à la Métropole concernant le pacte fiscal municipal. Alors, maintenant, je suis prêt à céder la parole au prochain intervenant. M. le député de Nelligan.


M. Russell Williams

M. Williams: Merci beaucoup, M. le Président. Je me lève aujourd'hui dans cette Chambre avec fierté, avec conviction et avec honneur pour commencer mon troisième mandat ici, à l'Assemblée nationale, et représenter le comté de Nelligan. Je voudrais dire un grand merci à tous les électeurs et électrices du comté de Nelligan qui m'ont donné l'opportunité de représenter le comté une autre fois. Juste pour vous dire, il y a 59 400 électeurs et électrices dans Nelligan; 35 698 ont voté pour le Parti libéral. Ce support incontestable était vraiment touchant.

I'd like to also remind, Mr. Speaker, that the Liberal Party won the popular vote, for more people voted for the Liberal Party and our option than the Parti québécois. It gives us a moral authority in this House.

(15 h 40)

M. le Président, un grand merci à tous les bénévoles et aux personnes qui ont aidé ma campagne électorale. Je voudrais nommer Carole Doyon, ma coordonnatrice électorale, Berthe Bellefeuille, Suzanne Leduc et Johanne Aubin, pour n'en nommer que quelques-unes. Je voudrais aussi féliciter mon chef, M. Charest, député de Sherbrooke, qui est un leader extraordinaire et qui mène une opposition, je pense, qui va essayer de s'assurer que ce gouvernement respecte ses engagements électoraux.

I'd also like, as we all live in a large family, to thank and sincerely show my gratitude to my wife and children for their support – Gail, Christopher and Michael – because, as you all know, you cannot represent your riding in an effective way if you don't have the support of your family.

Moi aussi, je suis tellement privilégié. Je voudrais juste mentionner ici que dans l'Ouest-de-l'Île de Montréal il y a trois comtés. Il y a aussi les comtés du voisinage. J'ai travaillé étroitement avec les députés de Robert-Baldwin et Jacques-Cartier. Je pense que nous avons formé une équipe et que nous avons offert à la population presque une situation idéale: Almost three for the price of one. So we are forming a very strong and powerful team. And during the election we talked about issues of family, talked about issues of poverty, health and education.

M. le Président, une des choses tellement valorisantes dans le fait d'être un député, c'est qu'on peut faire un débat sur les questions nationales, provinciales et locales. Malheureusement, le premier mandat en opposition, le premier geste de ce gouvernement, c'était d'empêcher les francophones de l'Ouest-de-l'Île de Montréal d'avoir leur cégep. Finalement, j'espère que nous allons avoir ça bientôt. Ça va être vrai, j'espère, mais quatre ans en retard.

Deuxième chose, ils ont empêché l'agrandissement de notre hôpital local. Je m'engage encore à pousser, à m'assurer que la population de l'Ouest-de-l'Île de Montréal, qui mérite un agrandissement de cet hôpital, puisse avoir ça. Il y a deux choses tellement négatives causées par ce gouvernement, mais un député peut aussi agir dans les autres dossiers. Je voudrais juste en nommer quelques-uns qui sont importants pour le comté de Nelligan. Un, nous sommes en train de travailler sur un projet de centre de soins palliatifs. Nous sommes en train aussi de créer un nouveau fonds communautaire qui aide les groupes communautaires à remplir leurs tâches pour les femmes battues, les jeunes délinquants, etc., parce que, à cause de toutes les coupures de ce gouvernement, c'est de plus en plus difficile pour les groupes communautaires d'agir. Je travaille aussi avec un groupe d'hébergement pour les personnes âgées, en privé, qui essaie d'assurer qu'il y a les services d'hébergement pour nos aînés. Aussi, il y a toute la question de nos services d'éducation dans notre comté, qu'on milite, à cause de l'accroissement de la population, une augmentation de nos écoles.

Mais, M. le Président, en réplique au discours du trône, le discours inaugural, ma grande déception, mon grand étonnement, c'est que le premier ministre n'a pas écouté la population; il n'a pas respecté la population. Le Parti québécois n'a pas compris les messages que la population a livrés pendant la campagne électorale. Il n'a pas écouté, il n'a pas compris, puis je pense, je présume qu'il ne veut pas comprendre. Il ne veut pas écouter, parce que le comportement de ce gouvernement... Il dit à la population qu'il sait toutes les choses qui sont bonnes pour la population. This Government says that they know better what's good for you than you do yourself. C'est une des marques de commerce de ce gouvernement.

Avec ça, j'ai écouté le discours inaugural, et la population a dit clairement au PQ qu'elle ne veut pas avoir le gouvernement dans la face – government in their face. Maintenant, le gouvernement va décider tout pour vous. La population dit: Nous sommes tannés d'être la population la plus taxée au Canada. Qu'est-ce que nous avons vu encore? On continue à être la plus taxée. Quel leadership! La population a dit qu'elle est embarrassée d'être la province qui dépense le moins per capita dans l'éducation. C'est tout un embarras. Je suis embarrassé de savoir ça. Mais ils n'ont pas corrigé ça.

La population a dit qu'elle veut avoir un système de santé qui répond à ses besoins. J'ai visité une salle d'urgence dans mon hôpital. Ils ont eu 68 patients pour une salle d'urgence de 28. Ce n'est pas leur faute. C'est à cause de ce gouvernement: il ne donne pas assez d'argent à nos CLSC. C'est incroyable qu'est-ce que le gouvernement est en train de faire. Mais l'autre chose qui est arrivée pendant le budget et pendant le discours: maintenant, ils vont être supposés de nettoyer tous les déficits. Chez nous, nous avons respecté les règles. Notre hôpital n'a pas fait un déficit. Maintenant, le gouvernement passe tout un autre message et dit: Nos règles, ça ne fait rien, nous allons nous ajuster de la façon qu'on juge politiquement opportune.

Les compagnies québécoises, les sociétés québécoises ont toutes dit: Nous n'avons pas besoin d'être les plus taxées au Canada. What did the Government do? Keep our corporations the highest taxed.

Les municipalités ont dit: On veut avoir une certaine marge de manoeuvre – nous sommes de cet avis aussi – on veut contrôler notre destin. Qu'est-ce que le gouvernement, dans le discours, dit? Oui, ils vont choisir toutes les choses importantes pour eux. La population québécoise aussi dit qu'elle veut avoir plus d'argent dans ses poches. Est-ce que nous aurons ça après le discours inaugural? Non. Nous allons avoir moins d'argent dans nos poches, comme d'habitude, parce que la seule et unique réaction de toutes les choses de ce gouvernement: créer une autre structure, augmenter les taxes et jaser ensemble. Ils ne sont pas capables d'agir dans les choses comme ça.

Dernière chose – il y en a plusieurs autres, mais je voudrais juste en nommer quelques-unes – la population a clairement dit à ce gouvernement qu'elle ne veut pas avoir une chicane éternelle sur le débat de l'unité nationale. Deux fois dans l'histoire du Québec, ils ont voté avec fierté de rester au Canada. Avec l'élection que nous venons juste de terminer, ils ont aussi dit qu'ils n'appuieraient pas le gouvernement qui veut continuer de pousser son option sur la séparation, son obsession sur la séparation. M. le Président, le premier ministre a parlé d'un prix à payer pour cette question. Oui, il y a un prix à payer: l'exode de nos jeunes, trop de taxes, une augmentation de chômage, perte de jobs, effectivement. Mais cette incertitude est causée par lui-même et ce gouvernement. C'est inacceptable que ce gouvernement continue de mettre en doute l'avenir. La population a déjà décidé. La population a dit qu'effectivement... Elle s'est prononcée sur qu'est-ce qu'elle veut. Mais, comme d'habitude, ce gouvernement, sa marque de commerce, c'est aussi les politiques de confrontation.

What he said in English in this House – and this is not a Premier that speaks very much English in this House – was a deliberate and confrontational message to the rest of Canada. The rest of the country doesn't buy it. The rest of the country is very interested in developing a very progressive new approach. So what we should do is approach the next mandate «malgré ce gouvernement» with passion and with energy, with commitment, with a notion to build partnerships and build things together. What this Government clearly does is just separate, isolate and doesn't respond to the real and legitimate concerns.

Deux choses, M. le Président, qui m'ont choqué qui n'étaient pas vraiment dans le discours inaugural. J'ai trouvé deux lignes pour les aînés, deux lignes et aucun plan d'action de qu'est-ce qu'ils vont faire. Ils ont oublié de dire qu'effectivement c'est ce gouvernement qui a brisé le pacte fiscal avec toute l'augmentation de taxes, taxes de médicaments, tous les changements sur le niveau de taxation. Ils ont parlé de ça. Les personnes d'âge d'or ont besoin d'un peu d'aide, mais ils n'ont pas parlé de ça.

L'autre chose, ce sont nos jeunes. Bien facile pour le premier ministre de parler des jeunes. Il y a huit lignes dans son discours pour les jeunes en difficulté, les familles en difficulté, les jeunes en difficulté. Les actions parlent beaucoup plus fort que les mots. Actions speak louder, much louder than words. Et ce gouvernement n'a rien fait. Le Vérificateur général, lui-même, aujourd'hui a montré la jeunesse en difficulté, que ça va très mal. Ils ont eu un manque de leadership embarrassant. Ils ont eu un vide de leadership complètement inacceptable. Le premier ministre se lève et dit: oh, il comprend les problèmes des jeunes. Huit lignes dans le discours inaugural pour les jeunes. Où est le plan d'action? Où est l'argent pour faire ce travail absolument nécessaire? Parce que, de plus en plus, nos familles sont stressées, de plus en plus, quand nos jeunes sont en difficulté, ils ont besoin des interventions spécifiques.

(15 h 50)

M. le Président, j'ai dressé une liste vite sur toutes les questions sur le discours inaugural. Je trouve ça absolument clair et je présume que la population va comprendre ça que ce gouvernement ne respecte pas les personnes âgées de la population québécoise. Il va continuer juste de pousser dans sa direction son obsession sur la séparation. Ses fameuses conditions gagnantes vont être les conditions perdantes pour la population québécoise. Je demande, avec toute sincérité, et j'espère que le gouvernement va répondre positivement à moi... J'espère qu'il va dire oui à nos jeunes et la famille. J'espère qu'il va mettre de côté ses obsessions, j'espère qu'il va mettre l'énergie et la créativité pour répondre à ces besoins. Mais, malheureusement, je pense que c'est assez clair, parce que le premier ministre a eu trois mois pour écrire son discours inaugural, les jeunes ne sont pas vraiment importants pour lui, les aînés ne sont pas vraiment importants pour lui, les jeunes en difficulté ne sont pas importants pour lui.


Motion de censure

C'est pourquoi, M. le Président, en terminant, je voudrais déposer une motion de censure:

«Que l'Assemblée nationale blâme le gouvernement pour son manque de leadership dans le secteur des jeunes en difficulté.»

Le Vice-Président (M. Brouillet): Alors, la motion est déposée. Je vous remercie, M. le député de Nelligan. Je vais maintenant céder la parole à M. le député de Maskinongé. M. le député.


M. Rémy Désilets

M. Désilets: Merci, M. le Président. Dans un premier temps, permettez-moi de profiter de l'occasion pour remercier la population du comté de Maskinongé pour la confiance qu'elle nous a accordée le 30 novembre dernier en appuyant d'une façon aussi marquée M. Lucien Bouchard, notre gouvernement et le travail que mon équipe et moi avons effectué depuis septembre 1994 afin de redonner espoir et confiance en nos possibilités. Le travail est loin d'être terminé, mais je tiens à vous remercier pour votre marque d'appréciation en renouvelant mon mandat. Soyez assurés que j'y mettrai la même ardeur et les mêmes énergies afin de défendre et de faire valoir vos besoins et intérêts, chers citoyens et citoyennes du comté de Maskinongé.

L'ouverture de la première session de la Trente-sixième Législature démontre bien l'intérêt du gouvernement du Québec pour l'avenir de son peuple et les intérêts supérieurs qui s'y rattachent. À l'aube du prochain millénaire et des bouleversements socioéconomiques qui se produisent à une vitesse jusque-là inégalée dans l'histoire de l'humanité, nous devons, en tant que peuple et société développée, nous imposer une réflexion d'envergure afin de nous adapter à ces changements pour assurer le bien-être de notre collectivité et également pour en favoriser l'essor, et ce, dans toutes ses sphères d'activité.

Au cours de l'histoire, l'approche d'un nouveau millénaire a toujours suscité l'espoir d'une vie meilleure, l'avènement de changements progressistes et positifs. Ces périodes charnières ont donc toujours favorisé le questionnement et les nouvelles approches. La dynamique du changement des sociétés s'inscrit inévitablement dans ce processus complexe et variable d'une civilisation à l'autre. Nous sommes donc interpellés, en tant que citoyens du Québec, afin qu'ensemble nous jetions les bases d'une renaissance, d'un nouveau départ vers lequel nous allons converger.

En tant que député et aussi à titre de citoyen du Québec, je tiens à vous dire, M. le Président, combien je suis fier de ce que notre gouvernement propose. En fait, il désire insuffler un vent de changement, une nouvelle confiance en nous-mêmes parce que, à la croisée des chemins, nous devons emprunter une route qui nous est propre, celle que nous croyons la plus fidèle à nos valeurs, à nos idées et à nos objectifs. Pendant trop longtemps, les philosophies d'intervention et les capacités d'adaptation n'étaient que du court terme. Depuis quatre ans déjà, notre gouvernement prépare l'avenir pour faire en sorte que nous soyons mieux outillés.

Pour conjuguer notre développement social et économique avec les impératifs et les mutations de l'avenir, il va de soi qu'une solidarité puisse s'instaurer entre les générations. Je suis donc très heureux que le gouvernement tienne un Sommet du Québec et de la jeunesse, un événement qui fera sans doute émerger une synergie nouvelle pour qu'enfin notre jeunesse occupe une place de plus en plus prépondérante dans la destinée du Québec. Ce que nous voulons faire, c'est redonner espoir aux jeunes et à tous les Québécoises et Québécois.

Dans le comté de Maskinongé, M. le Président, chez nous comme ailleurs en région au Québec, le taux d'exode des jeunes vers les grands centres est beaucoup trop élevé, et je pense que nous pourrons désormais revaloriser nos régions et en faciliter le pouvoir de rétention.

À la traversée du prochain millénaire, de la globalisation des marchés et des nouveaux défis, nous aurons des finances publiques saines, un réseau de santé et une fonction publique modernisés, un système d'éducation résolument tourné vers l'avenir et ses nouvelles exigences, une politique familiale adaptée, de nombreux services de prévention et de soutien pour les problématiques auxquelles sont confrontés les jeunes, des mesures pour la recherche et l'innovation, un fonds de diversification de l'économie régionale, de nouveaux soutiens financiers en tourisme et en agroalimentaire, un Code du travail révisé, un plus grand appui envers les travailleurs autonomes, une vigie pour prévenir les fermetures d'usines et, finalement, un allégement du fardeau fiscal. Voilà autant de mesures qui nous harmoniseront avec le nouveau millénaire, où chaque région du Québec, où jeunes et moins jeunes poursuivront plus efficacement leurs rêves, amélioreront leur qualité de vie et contribueront au développement du Québec moderne et présent sur la scène internationale, autant culturellement qu'économiquement.

Le nouveau millénaire nous convie également à une réflexion sur notre identité en tant que peuple, de même qu'à une réflexion sur la façon dont nous désirons participer et nous intégrer à l'évolution de l'humanité. Deux choix s'offrent à nous: nous pouvons ensemble et grâce à la souveraineté décider de nous faire confiance en effectuant nos propres choix qui, véritablement, illustreront nos valeurs, nos rêves et nos objectifs collectifs, ou confier les rênes de notre destinée à un gouvernement central qui témoignera davantage des intérêts de nos voisins canadiens, comme il a l'habitude de le faire.

Nous sommes différents et distincts. On ne nous reconnaît pas dans les faits. Nos valeurs et nos choix de société se trouvent constamment ignorés. Nous nous devons donc d'y réfléchir avant de faire notre choix afin qu'il soit le plus éclairé possible, car, pour qu'un peuple puisse s'épanouir, il doit être fier de lui-même, de ses réalisations, de ses origines et fier de parler d'égal à égal avec ses voisins et les autres nations.

Certes, la mondialisation de l'économie nous ouvrira de nouveaux marchés et de nouvelles perspectives. Cependant, les peuples qui n'auront pas la pleine gestion de leurs pouvoirs et de leurs leviers de développement risqueront de voir leur véritable intérêt relégué au second plan au profit de valeurs et d'objectifs qu'ils considèrent de moindre importance. Justement, à cet égard, M. le Président, je vous invite, vous et la population du Québec, à demeurer attentifs et vigilants aux intérêts qui animent l'opposition officielle. Depuis l'ouverture des travaux de la Chambre la semaine dernière, on discute avec certains confrères de travail libéraux, une constante anime leurs propos: pour eux, la priorité et l'avenir résident dans un Canada fort et uni, peu importe la situation et les conditions.

M. le Président, comment rester insensible à de tels propos quand on connaît, même juste un tout petit peu, l'histoire du Québec et ses nombreuses batailles pour être reconnu comme peuple? Vous le savez, l'histoire se répète, et ce sont ces chicanes stériles qui enveniment constamment le climat et qui retardent notre développement. Dans le système fédéral actuel, nous sommes considérés une province parmi 10. Honnêtement, M. le Président, comment croire qu'un Québec minoritaire et francophone pourra parler d'égal à égal dans un tel système?

(16 heures)

M. le Président, j'invite donc le peuple du Québec à réfléchir à son avenir, car en démocratie c'est à lui de le déterminer. Nous avons ensemble, en tant que peuple, fait de nombreux sacrifices. Nous avons aussi relevé de grands défis. Nous avons indubitablement démontré que nous sommes capables de prendre notre place dans le concert des nations et parler d'égal à égal avec les autres peuples de la terre. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Brouillet): Je vous remercie, M. le député de Maskinongé. Je vais maintenant céder la parole à Mme la députée de Sauvé. Madame la députée.


Mme Line Beauchamp

Mme Beauchamp: Merci, M. le Président. C'est avec une grande fierté que je représenterai au cours des prochaines années à l'Assemblée nationale du Québec les citoyens et citoyennes de la circonscription de Sauvé. Je suis d'autant plus fière que la circonscription de Sauvé, située dans la partie est de la municipalité de Montréal-Nord, est un exact reflet du Québec d'aujourd'hui. Les défis pour améliorer la qualité de vie de nos citoyens de Sauvé sont nombreux, importants, et il est plus que jamais nécessaire de les relever pour s'assurer un Québec meilleur.

Le premier ministre du Québec nous a abondamment parlé dans son discours d'ouverture de la jeunesse du Québec. J'aimerais lui parler bien concrètement des 3 400 adolescents du comté de Sauvé. Près de quatre jeunes sur 10 ne fréquentent plus l'école; dans Sauvé, le quart des personnes qui ont 15 ans et plus n'ont pas réussi leur neuvième année. À peine une personne sur 10 a atteint l'université. À qui la faute?

À l'école Adélard-Desrosiers, on tolère depuis plus de 20 ans une situation qui devait, bien sûr, être temporaire. Depuis plus de 20 ans, en plein coeur de l'île de Montréal, des jeunes vont à l'école dans des maisons préfabriquées installées dans la cour d'école. Plus de 150 jeunes provenant surtout de la communauté haïtienne devront être déplacés en septembre prochain si on ne procède pas immédiatement à l'agrandissement tant attendu de l'école. Dans la plus vieille école de Montréal-Nord, Sainte-Gertrude, qui a une vocation particulière en arts, il y a des classes dans les sous-sols parcourues de tuyaux crevés, les tuiles du plancher sont maintenues par du ruban adhésif et il n'y a pas de lavabo dans les salles de toilette. Je l'ai vu de mes propres yeux.

Est-ce comme cela, M. le Président, que l'on donne le goût à nos jeunes de rester à l'école? Est-ce en offrant un tel environnement qu'on lutte contre l'abandon scolaire? La réussite scolaire et l'obtention d'un diplôme, le véritable passeport pour l'emploi, devront être une obsession du présent gouvernement. La réussite scolaire commence par le respect de nos enfants. Il faut leur offrir un environnement qui permettra leur plein épanouissement. Il faut qu'ils aient du plaisir à se retrouver à l'école. Mais je ne crois pas que les jeunes de l'école Adélard-Desrosiers, ce matin même, débordaient d'enthousiasme à aller suivre leurs cours dans leur petite maison préfabriquée. Il faudra que ce gouvernement donne les moyens à la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île pour remédier à cette situation franchement intolérable.

Une autre caractéristique pour plusieurs des jeunes de la jeunesse de Sauvé est de vivre au sein d'une famille monoparentale. Il y a 3 640 familles monoparentales dans le comté que je représente, plus que n'importe où ailleurs au Québec. Malheureusement, trop souvent, famille monoparentale rime avec femme et enfants vivant dans une grande pauvreté. Vous ne serez pas étonné d'apprendre qu'une famille sur trois dans Sauvé vit avec un faible revenu et que le taux de chômage est supérieur à la moyenne sur l'île de Montréal.

Le centre local d'emploi de Montréal-Nord est le deuxième plus gros au Québec. Mois après mois, plus de 8 000 personnes dépendent d'un chèque de la sécurité du revenu. Sept fois sur 10, elles sont sur l'aide sociale depuis plus de 4 ans et, huit fois sur 10, elles n'ont aucun diplôme. Dans les méandres des discours sur la nouvelle économie et l'industrie du savoir, quel espoir réel le gouvernement donne-t-il à ces citoyens et citoyennes de Sauvé? M. le Président, ces citoyens et citoyennes de Sauvé souhaitent des conditions gagnantes, mais pas pour un éventuel référendum, mais bien tout simplement pour gagner leur vie. La lutte à la pauvreté devra être au coeur des préoccupations de ce gouvernement. Chose certaine, ce sera au coeur de mes préoccupations.

La circonscription de Sauvé, c'est aussi plus de 7 000 personnes âgées de 65 ans et plus. Ces aînés sont réunis au sein de plusieurs organismes dynamiques dont l'Association québécoise de défense des retraités de Montréal-Nord qui compte plus de 1 000 membres, la plus grosse au Québec. En cette Année internationale des aînés, ils m'ont fait part de leurs préoccupations qui sont autant de défis à relever pour le Québec de l'an 2000. Vous ne serez pas étonné d'apprendre qu'ils sont inquiets de la qualité de notre système de santé, et leurs inquiétudes se justifient. Le 30 novembre dernier, le jour même de l'élection qui a constitué cette Assemblée, les citoyens de Sauvé n'avaient accès à aucun médecin en clinique privée, toutes les cliniques privées de Montréal-Nord ayant fermé leurs portes, en cette dernière journée du mois, puisque les médecins avaient atteint les fameux quotas qui leur sont imposés. Pas très rassurant quand on est une personne âgée aux prises avec des problèmes de santé. Et on se demande, après, pourquoi les urgences sont débordées.

Nos aînés sont aussi inquiets des conséquences vicieuses du régime d'assurance-médicaments sur leur santé et sur leur qualité de vie. Ils souhaitent qu'on intervienne aussi sur la question du logement à Montréal-Nord qui compte une des plus longues listes d'attente au Québec pour l'accès à un logement à prix modique.

Comme vous pouvez le constater, M. le Président, la circonscription de Sauvé a de nombreux défis à relever; mais, à l'image du Québec, nous comptons sur des forces extraordinaires qui assurent une grande cohésion sociale et qui font de Sauvé un endroit où il fait bon vivre. Je pense à la force immense du bénévolat, à ces centaines et centaines d'hommes et de femmes qui, sans aucune rémunération, consacrent des pans entiers de leur vie à offrir des services à nos jeunes, à nos aînés, aux personnes vivant dans la pauvreté. Le bénévolat est une des grandes richesses de Montréal-Nord, et vous me permettrez ici de saluer et de remercier sincèrement les nombreux bénévoles qui m'ont soutenue lors de la dernière campagne. Je leur dois beaucoup.

Une autre force de la circonscription de Sauvé est la municipalité de Montréal-Nord, une municipalité très bien gérée, qui a réussi le tour de force, pas facile, de ne pas faire supporter à ses citoyens le dernier pelletage du dernier gouvernement péquiste dans la cour des municipalités. Montréal-Nord, c'est un maire bien connu, célèbre pour sa longévité, et des conseillers municipaux dédiés, très présents dans leur communauté. Ils sont pour moi des modèles, et je veux les saluer.

Enfin, la circonscription de Sauvé, c'est aussi des communautés culturelles vivantes, tolérantes, à l'image du Québec d'aujourd'hui. Je tiens à souligner la contribution exceptionnelle des entrepreneurs de la communauté italienne dans la création d'emplois dans l'est de l'île de Montréal. Je salue également les membres de la communauté haïtienne qui nous donne à chaque jour des leçons de solidarité et de courage.

Un grand événement réunit à chaque été toute la communauté de Montréal-Nord: il s'agit de Montréal-Nord en fête . Calqué sur les fêtes des villages italiens, cet événement attire des gens de toutes les communautés. Je vous y convie la première fin de semaine d'août, car il est la démonstration sans équivoque de ce qui fait la force du Québec d'aujourd'hui: l'ouverture et la tolérance.

Enfin, vous me permettrez de saluer mon prédécesseur qui a consacré 15 années de sa vie aux citoyens et citoyennes de Sauvé. En leur nom et aussi, j'en suis certaine, au nom de ses anciens collègues, Marcel Parent, un grand merci. Merci.

Des voix: Bravo!

Le Vice-Président (M. Brouillet): Je vous remercie, Mme la députée de Sauvé. Je vais maintenant céder la parole à M. le député de Drummond. M. le député.


M. Normand Jutras

M. Jutras: Alors, merci, M. le Président. J'interviens aujourd'hui relativement au discours inaugural qui a été prononcé par le premier ministre en cette Chambre lors de l'ouverture de la Trente-sixième Législature. Étant donné que c'est la première fois que je prends la parole en cette Chambre à l'occasion de l'ouverture de cette nouvelle Législature, à l'instar de mes autres collègues, vous me permettrez de remercier les gens de Drummond, les gens de ma circonscription, pour la confiance qu'ils m'ont témoignée, le 30 novembre dernier, pour une deuxième fois, en me confiant le mandat de les représenter pour les prochaines années. Ce mandat-là, je le reçois avec d'autant plus de fierté qu'il m'est confié avec une très forte majorité – plus de 7 000 voix – avec une majorité convaincante, comme a titré un journal de chez nous.

Du discours inaugural, M. le Président, je traiterai de deux aspects seulement, étant donné la limite de temps qui m'est impartie. Ce que je retiens principalement du discours inaugural, c'est l'optimisme qui s'en dégage, c'est l'espoir, c'est l'arrivée de jours meilleurs, et cela, pour plusieurs raisons. D'abord, les finances du Québec sont maintenant en ordre et elles le resteront. Deuxièmement, les compressions sont maintenant choses du passé. Cette période a certainement été très difficile, nous en avons toujours convenu, nous en convenons encore, et il y a lieu, à ce stade-ci, de remercier les Québécois et les Québécoises pour avoir accepté dans la solidarité de se serrer la ceinture.

(16 h 10)

L'année dernière, nous disions que l'on voyait la lumière au bout du tunnel, mais, cette année, nous sommes sortis du tunnel dans lequel les libéraux nous avaient engouffrés.

Troisièmement, nous pouvons maintenant réinvestir dans la santé et dans l'éducation.

Quatrièmement, nous avons relancé l'emploi, et cette relance se continuera. Depuis le sommet de l'automne 1996, il s'est créé au Québec plus de 200 000 emplois. Le chômage, depuis quelques mois, se maintient sous la barre des 10 %, alors que, au cours du dernier mandat libéral, il s'est toujours maintenu au-dessus de 12 %.

Cinquièmement, nous pouvons maintenant réduire le fardeau fiscal des entreprises et des particuliers. Et ce qu'il faut remarquer, M. le Président, c'est que cela est déjà commencé. Cette année, la taxe sur la masse salariale pour les entreprises est en baisse, une diminution de 37 % qui est prévue sur deux ans: une première tranche cette année, l'autre tranche l'an prochain. Quant aux particuliers, les ménages gagnant moins de 50 000 $ connaissent cette année une réduction d'impôt de l'ordre de 15 %, et les ménages qui gagnent, eux, plus de 50 000 $, une baisse d'impôt de 3 %, et d'autres mesures en ce sens ont été annoncées hier par le ministre des Finances dans son budget.

C'est vraiment, donc, M. le Président, une ère nouvelle, au tournant du millénaire, qui vient de commencer. Et cette ère est d'autant plus nouvelle, et ce, de façon marquante, surtout quand nous nous rappelons d'où nous sommes partis en 1994. Il faut rappeler le triste héritage des libéraux après la décennie libérale de 1985 à 1994. Je rappelle quelques faits, M. le Président.

Le déficit record de l'histoire du Québec, c'est le Parti libéral, 1994-1995, 6 000 000 000 $ – le déficit record de l'histoire du Québec. De 1990 à 1994, M. le Président, les libéraux, le gouvernement libéral a, à chaque année, défoncé la cible budgétaire qu'il s'était fixée, la dépassant en moyenne de 28 %. En 1990-1991, c'était le record de son défoncement: par rapport au déficit prévu, il le défonçait de 62 %. Le Québec, heureusement, n'est plus administré d'une telle façon.

Le chômage, je l'ai dit tantôt, se tenait toujours au-dessus de 12 %. Le Québec était déjà la province la plus endettée et la plus taxée. Et, alors que les autres provinces avaient commencé le ménage de leurs finances publiques, les libéraux continuaient leur valse de dépenses hors contrôle. Heureusement, cette époque est révolue. C'est le début d'une ère nouvelle, je le répète, et il y a lieu de s'en réjouir. Et ce redressement des finances publiques, M. le Président, permet donc au Québec d'entendre les bonnes nouvelles contenues dans le discours inaugural la semaine dernière: le devancement de la mise en application de la politique familiale, de nouveaux investissements d'importance dans la santé et dans l'éducation, l'accentuation de la nouvelle économie, l'économie du savoir, une relance encore plus marquée de l'emploi et un sommet de la jeunesse et plusieurs autres mesures qui ont été annoncées. Somme toute, un État moderne qui est prêt à faire face au nouveau millénaire. C'est de l'air frais, M. le Président, c'est de l'oxygène, mais cela est rendu possible, je le répète, en raison de la gestion serrée du gouvernement du Parti québécois et aussi en raison du fait que les Québécois et les Québécoises ont accepté de se serrer la ceinture.

Le deuxième aspect du discours inaugural dont je veux vous entretenir, M. le Président, c'est le rappel qu'a fait le premier ministre, et je le cite au texte: «Il est indubitable que la réunion des conditions d'un référendum gagnant sur la souveraineté fait partie du mandat que nous avons sollicité et obtenu.» L'enjeu politique de l'élection, il était clair pour tout le monde. Mais la façon avec laquelle le premier ministre a traité de l'avenir politique du Québec est fort pertinente et aussi très intéressante. Au Canada anglais, on le constate, on est maintenant d'accord, selon l'entente de l'union sociale qui est intervenue le 4 février dernier, pour que le gouvernement fédéral puisse de plus en plus intervenir dans les champs qui sont de la juridiction des provinces, tels la santé et l'éducation. Que les provinces anglaises se rangent à cette idée, je peux le comprendre, sauf que, ce faisant, on change la Constitution canadienne, et ce, sans consulter le peuple. Et les Québécois, eux, la question qu'il faut se poser: Sont-ils d'accord avec cela?

Je pense, M. le Président, qu'effectivement nous pouvons dire que non, les Québécois ne sont pas d'accord, puisque le gouvernement du Parti québécois n'a pas signé cette entente et l'a fait savoir. L'opposition libérale aussi a fait savoir qu'elle n'était pas d'accord avec cette entente, de même que le chef de l'ADQ. Et, malgré cette unanimité au Québec contre cette entente, le gouvernement central d'Ottawa et les premiers ministres des provinces anglaises ont signé.

Il faut donc, à bon droit, se poser les questions suivantes, parce que voici comment est rendue la réalité canadienne. Les Québécois, somme toute, sont-ils d'accord pour que le fédéral intervienne dans les champs de juridiction provinciale telles la santé et l'éducation? Est-ce qu'il sont d'accord pour que les programmes de santé et d'éducation soient de plus en plus gérés et décidés par Ottawa? Est-ce qu'il sont d'accord pour que de telles ententes ayant trait à l'empiétement du fédéral dans les champs de juridiction provinciale se fassent sans l'accord du Québec? Est-ce qu'il sont d'accord aussi, M. le Président, pour que le Québec, au sein de la fédération canadienne, soit de plus en plus minorisé – c'est la situation – et devienne une voix sur 10 ou 12, alors que nous sommes partis avec deux peuples fondateurs? Est-ce qu'il sont d'accord pour qu'au sein de la fédération canadienne le Québec ait la même voix, ni plus, ni moins, que Terre-Neuve ou l'Île-du-Prince-Édouard? Est-ce que, finalement, M. le Président, les Québécois sont d'accord avec le fait qu'Ottawa modifie la Constitution canadienne sans consulter le peuple?

La réponse, M. le Président, est venue spontanément de cette Chambre, mais je pense que c'est autant de questions pertinentes qui traduisent bien la réalité actuelle. Ce sont là des questions claires, mais qu'Ottawa n'ose pas poser directement aux Québécois. Et pourquoi il ne le fait pas, M. le Président? C'est parce qu'il sait que les Québécois ne sont pas d'accord avec ce nouveau Canada, «le plus meilleur pays du monde», comme dit le premier ministre de ce pays. Et les Québécois disent non à ce nouveau Canada, à cette nouvelle confédération. Et, s'ils disent non, tel que c'est le cas, c'est quoi, la solution, à ce moment-là? C'est, M. le Président, la souveraineté.

Comme le disait hier le vice-premier ministre, quand nous regardons ce que nous avons réussi depuis quatre ans avec un statut de province – et cela, c'est déjà remarquable, ce que nous avons fait – imaginez quand nous aurons un pays, quand nous serons un pays, ce sera doublement remarquable, puisque nous aurons en main tous les moyens, et non pas des demi-moyens.

Maintenant, M. le Président, en terminant, je veux faire suite aux déclarations qu'a faites la députée de Sauvé, dénonçant certaines choses qui sont dans son comté. Ce que je veux porter à son attention, M. le Président, c'est deux choses. C'est que, au moins au cours des 15 dernières années, elle l'a mentionné, la circonscription de Sauvé était représentée par un député libéral, M. le Président. Il faut être conscient de cela. Et, durant plusieurs de ces années-là, c'était le gouvernement libéral qui était au pouvoir. Alors, je ne vois pas en quoi, M. le Président, elle peut nous reprocher de telles choses. Non seulement je mentionne que c'était un député libéral qui était là, mais ce que je veux mentionner aussi – et on a eu l'occasion de le dire à plusieurs occasions – c'est que les difficultés que nous avons eues au Québec au cours des dernières années, c'était, entre autres, dû à la mauvaise administration des libéraux de 1985 à 1994.

J'ai rappelé des faits, M. le Président, de 1985 à 1994, de la mauvaise administration des libéraux, je l'ai dit tantôt, le record des records au niveau du déficit, les cibles budgétaires qu'on défonçait, le chômage qui était élevé. Alors, M. le Président, quand on est arrivé en 1994, c'est l'héritage qu'on a eu, nous, le gouvernement du Parti québécois. Et en quatre ans on a réussi à redresser les finances publiques du Québec de sorte que, dans le budget, hier, bien, on annonçait de nouveaux investissements en éducation, on annonçait aussi de nouveaux investissements dans la santé, de sorte que, à ce moment-là, si la députée de Sauvé prend bien connaissance du budget et voit ce qui y est contenu, elle va pouvoir constater... tout en s'occupant bien de son comté, elle va pouvoir apporter de l'amélioration avec ce nouveau budget qu'on est en voie d'adopter, M. le Président. Merci.

Le Vice-Président (M. Brouillet): Je vous remercie, M. le député de Drummond. Alors, je vais céder la parole maintenant à M. le député de Vaudreuil. M. le député.


M. Yvon Marcoux

M. Marcoux: Alors, M. le Président, c'est certainement avec émotion que je prononce ma première allocution à l'Assemblée nationale. Vous me permettrez, au point de départ, de remercier tous les électeurs du comté de Vaudreuil de la confiance qu'ils m'ont accordée le 30 novembre dernier. C'est pour moi un honneur et un privilège de les représenter à l'Assemblée nationale. Le comté de Vaudreuil, rappelons-le, est mi-rural, mi-urbain. Il compte 54 400 électeurs, 14 municipalités et représente un vaste territoire.

(16 h 20)

Je veux d'abord remercier mon chef, Jean Charest, de la confiance qu'il m'a témoignée en m'invitant à faire partie de l'équipe libérale. Je veux également exprimer ma reconnaissance aux très nombreux bénévoles, jeunes, femmes, hommes, qui se sont dévoués sans compter durant des semaines et qui ont donné leur temps par conviction pour les principes et les valeurs du Parti libéral et par désir de participer activement à notre processus démocratique. Je veux aussi dire toute ma gratitude à ceux et celles qui m'entourent de près, aux membres de ma famille qui m'ont appuyé dans mon nouvel engagement, et de façon particulière à mon épouse, Odette, qui a participé activement à la campagne. Aujourd'hui, elle mène pour la deuxième fois un combat pour la vie, ce qui l'empêche d'être ici présente comme elle l'aurait tant souhaité. Je suis assuré qu'elle remportera sa victoire et aura l'occasion de venir suivre plus tard les débats de l'Assemblée nationale.

Je désire également rendre hommage à mon prédécesseur, Daniel Johnson, qui a représenté le comté de Vaudreuil durant 17 ans sans interruption. Il a apporté, vous le savez, une contribution marquante à la société québécoise comme ministre, premier ministre et chef de l'opposition officielle.

M. le Président, mon premier devoir de député est de bien servir sans distinction l'ensemble des citoyens du comté de Vaudreuil et de faire valoir leur point de vue et leurs préoccupations. Au plan de la santé et des services sociaux, par exemple, la Montérégie est sous-financée et le comté de Vaudreuil reçoit encore moins que sa part. Ce dernier affiche le plus bas taux en effectifs médicaux, et le recrutement de nouveaux médecins aux CLSC et dans les cliniques médicales est presque impossible. La situation est particulièrement pénible en santé mentale, où le taux per capita est le plus bas à peu près au Québec dans le comté de Vaudreuil, et c'est certainement une situation qu'il faut redresser.

L'éducation représente un autre secteur où les coupures dramatiques des dernières années ont entraîné des effets extrêmement négatifs. La réduction des professionnels impose un lourd fardeau sur les épaules des parents, notamment ceux qui ont des enfants handicapés ou en difficulté d'apprentissage.

Sur le plan des infrastructures, outre les investissements nécessaires dans le réseau routier, deux projets de développement sont importants pour la région: dans le domaine récréotouristique, l'ouverture du canal de Soulanges qui relie les lacs Saint-François et Saint-Louis; dans le secteur du transport, la continuation de l'autoroute 30, qui non seulement apporterait des retombées pour la région, mais permettrait aussi d'éliminer une partie du transport lourd des artères de l'île de Montréal.

M. le Président, je reconnais également le rôle actif que doit jouer un député à l'Assemblée nationale pour l'ensemble des citoyens. Mon implication active dans différents groupes socioéconomiques et l'expérience que j'ai acquise dans les secteurs privé et public m'ont permis de comprendre l'importance des décisions politiques dans notre vie quotidienne en tant que chef d'entreprise, employé de l'État et citoyen. Les décisions qui se prennent au sein de cette Assemblée ont un impact important sur l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Elles affectent directement une multitude de facettes de notre vie et façonnent l'avenir que nous préparons pour nos jeunes. En tant que députés, nous pouvons contribuer à réunir des conditions favorables pour que cet avenir soit ouvert et offre une multitude de possibilités, surtout devant les défis de la mondialisation.

Dans les sociétés industrialisées les plus performantes, on a compris que la richesse ne se crée pas par le gouvernement, les emplois non plus. Cependant, le gouvernement peut contribuer de façon importante à notre prospérité collective en créant des conditions favorables à la croissance. Quand je parle de conditions favorables, je parle, entre autres, de gestion efficace, intelligente et humaine du gouvernement et d'orientations économiques adaptées aux réalités d'aujourd'hui.

Les Québécoises et les Québécois ont réalisé d'énormes progrès depuis 30 ans. Ils n'ont pas besoin d'élus qui leur disent quoi faire et comment le faire ni d'un gouvernement qui décide pour eux ce dont ils ont besoin, ils ont besoin qu'on leur fasse confiance, ils ont besoin d'un gouvernement qui recentre son rôle sur ses missions de base en matière de services publics et qui cesse de promouvoir l'interventionnisme de l'État et la multiplication des structures comme la solution pour activer la croissance économique.

Lors du Sommet sur l'économie et l'emploi à l'automne 1996, le gouvernement s'était fixé comme objectif que le Québec rattrape le rythme de croissance du Canada. Le gouvernement, constatons-le, a échoué. Les indicateurs économiques montrent clairement que le Québec continue de traîner de la patte, que ce soit pour la croissance du PIB, la croissance de l'emploi ou le taux de chômage qui est toujours de 2 % supérieur à la moyenne canadienne. De plus, le revenu personnel disponible des Québécois a baissé, en 1998, alors qu'il augmentait de 1 % dans le reste du Canada et de 4,5 % en Ontario. Les Québécoises et les Québécois ont de moins en moins d'argent disponible dans leurs poches et ils continuent d'être les plus taxés en Amérique du Nord. Leur fardeau fiscal par rapport aux contribuables de l'Ontario s'alourdit dangereusement.

M. le Président, serait-il possible de dire aux Québécois: Nous vous laisserons le fruit de votre labeur et nous sommes certains que, mieux que n'importe quelle bureaucratie, vous saurez en faire profiter vos proches et la collectivité?

À l'instar d'un nombre croissant de mes concitoyens, j'ai compris que les meilleurs investisseurs, les meilleurs employeurs, les meilleurs entrepreneurs, ce sont les Québécois eux-mêmes. Nous avons vu, au cours des dernières décennies, une multitude de Québécois et de Québécoises exceller dans différents domaines de pointe, de la biotechnologie au divertissement en passant par l'ingénierie. Nous devons les appuyer avec une fiscalité compétitive et une réglementation allégée et flexible. Qui crée les emplois? Qui fait l'exportation? Qui invente, développe et commercialise les nouvelles technologies? Ce sont nos entrepreneurs. Ce sont eux qui génèrent la croissance et le dynamisme économiques. On en retrouve d'ailleurs un vibrant exemple dans mon pays natal de la Beauce.

Aujourd'hui, les Québécoises et les Québécois n'ont plus besoin d'un gouvernement envahissant qui s'immisce dans toutes les sphères d'activité. À l'instar de ce qui se passe à travers le monde, le gouvernement n'a plus à se substituer aux entrepreneurs. M. le Président, est-ce que ce gouvernement, qui prétend vouloir libérer l'État du Québec de ce qu'il appelle le «fardeau fédéral», pourrait commencer par libérer les Québécois du fardeau qu'il leur impose lui-même? Est-ce que le gouvernement écoute réellement les Québécois? Ce que la population lui avait demandé, c'était de revoir et de réévaluer évidemment notre administration et nos services publics. Elle ne lui a pas demandé de les charcuter.

Au cours des cinq dernières années, le gouvernement péquiste a soumis l'État à un régime de compressions draconiennes. Sans planification, les départs massifs dans le secteur public, surtout dans le domaine de la santé que je connais, ont désorganisé de nombreux milieux de travail non seulement en raison de la disparition de postes, mais aussi par la perte d'expertise et d'expérience. Ces départs ont aussi eu un effet dévastateur sur ceux qui sont restés et sur les services à offrir aux citoyens. Nous sommes tous inquiets des conséquences parfois graves causées par ce grand chambardement. L'impact est tel que, tous les jours ou presque, entre les cotes de la bourse et les résultats du hockey, les journaux nous font des tableaux synthèses de la situation dans les urgences des hôpitaux.

Est-ce que le gouvernement prend ses décisions en fonction des priorités des Québécois et Québécoises ou en fonction de ses propres priorités? La question s'impose d'autant plus que l'obsession souverainiste coûte cher et représente un frein à notre croissance économique. Le premier ministre l'a d'ailleurs reconnu publiquement dans son discours inaugural, et je cite: Il y a un prix pour rester trop longtemps dans l'incertitude. Fin de la citation. Est-il conscient que, cette incertitude, c'est le gouvernement lui-même qui l'entretient? Alors que le gouvernement devrait mobiliser ses forces à redéfinir l'État et à remettre le Québec sur les rails de la croissance, surtout pour l'avenir de nos jeunes, je trouve malheureux qu'il décide plutôt de consacrer ses énergies à vouloir rafraîchir une option que les Québécois ont rejetée deux fois.

(16 h 30)

M. le Président, dans les prochaines semaines, nous allons examiner le budget et les crédits et je continuerai de soulever des interrogations sur les choix du gouvernement. Le monde qui nous entoure a changé depuis un quart de siècle. Nous devons aussi faire les changements nécessaires pour nous adapter aux nouvelles réalités, pour générer une croissance économique plus forte, une création d'emplois qui soit au moins à la moyenne canadienne afin de redonner à nos familles le revenu disponible qu'elles ont perdu. C'est en créant la richesse et non la pauvreté que l'État pourra continuer de financer les services publics dont la population a besoin. En somme, nous devons traverser les frontières du XXIe siècle non avec un modèle économique et social des années soixante, mais avec un modèle économique et social des années 2000. Je vous remercie.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le député de Vaudreuil, pour votre première intervention. Je vais céder maintenant la parole à Mme la vice-présidente de la commission de l'aménagement du territoire et députée de Deux-Montagnes. Mme la députée, la parole est à vous.


Mme Hélène Robert

Mme Robert: Merci, M. le Président. Je salue avec enthousiasme le vaste programme collectif identifié au discours inaugural et auquel sont conviés, aux côtés des citoyennes et citoyens du Québec, ceux et celles du comté de Deux-Montagnes. Je situerai mon intervention à la hauteur de la contribution et des attentes de la population de la belle circonscription que j'ai le privilège de représenter pour un deuxième mandat. Je la remercie de sa confiance à mon endroit et je la salue.

Permettez-moi, d'entrée de jeu, de vous présenter en quelques mots le comté de Deux-Montagnes. Faut-il rappeler que son passé historique compte parmi les plus riches du Québec? Il fut notamment le théâtre de la célèbre bataille des patriotes, en décembre 1837, à Saint-Eustache. Deux-Montagnes a aussi fourni plusieurs politiciens émérites, tels les Louis-Joseph Papineau et Jean-Paul Sauvé, par exemple. Il fut encore le comté, à une époque, servi par Jean-Paul L'Allier, actuel maire de Québec, que je veux saluer en cette occasion.

Géographiquement, le comté de Deux-Montagnes fait partie de ce qu'il est convenu d'appeler la «couronne d'or de Montréal». Il est démarqué, à l'est et au nord, par l'autoroute 13 et la région de Mirabel et de Saint-André-d'Argenteuil. Au sud, il donne sur la rivière des Mille Îles. Sur son flanc ouest, il s'enorgueillit de courir le long du magnifique lac des Deux Montagnes. Ce ne sont pas moins de 80 000 personnes qui habitent le comté dans les villes et villages suivants: Saint-Eustache, Deux-Montagnes, Sainte-Marthe-sur-le-Lac, Pointe-Calumet, Saint-Joseph-du-Lac, Oka paroisse, Oka village, Kanesatake et Saint-Placide. Il offre les caractéristiques de la ville dans un harmonieux mélange avec une importante partie agricole hautement diversifiée: horticulture, industrie laitière, érablières, et quoi encore. L'activité récréotouristique y est bien vivante: camping, sports nautiques, pistes cyclables, cabanes à sucre, autocueillette des fruits saisonniers, etc. De très nombreuses industries s'y sont implantées, dont plusieurs oeuvrent dans les secteurs de pointe.

Je voudrais brièvement commenter le discours inaugural dans les grands axes qui m'apparaissent particulièrement significatifs et stratégiques pour nous, gens du comté de Deux-Montagnes: je pense aux jeunes, à l'emploi, à l'agroalimentaire et à l'agrotourisme, aux membres de notre communauté autochtone, aux citoyennes et citoyens de nos municipalités, à la solidarité communautaire et, bien sûr, à la souveraineté. Résolument optimiste, ce discours traduit la confiance que les Québécoises et Québécois mettent en eux et dans leurs outils socioéconomiques. Il fait la belle part à la nécessaire ouverture sur le monde et sur l'avenir, lequel, affirme-t-il avec raison, se prépare aujourd'hui à la fois dans une continuité éclairée et dans la mobilisation autour des nouvelles tâches stimulantes qui nous attendent.

Le discours a relevé avec à-propos l'effort collectif consenti ces dernières années par l'ensemble de la population afin de nettoyer les finances publiques. Je salue la participation des gens du comté de Deux-Montagnes à cet exercice, dur peut-être, mais qui rapporte aujourd'hui les dividendes attendus. Ils ont été nombreux, nos concitoyennes et concitoyens et instances diverses dans le comté, à mettre l'épaule à la roue et à travailler avec détermination à la mise en place des nombreuses réformes majeures que notre gouvernement a osé appliquer.

J'aime assez l'image de jeunesse projetée à l'avant-scène, celle de nos jeunes aussi bien que celle du Québec tout entier qui se bâtit dans le souci d'une société toujours plus juste et plus dynamique. Son énergie et son potentiel font qu'elle est prête plus que jamais, à l'aube des années 2000, à relever les nouveaux défis qui ne manqueront pas de se présenter.

Nous répondrons, dans Deux-Montagnes, au beau défi identifié au discours de stimuler l'emploi pour nos jeunes et le goût de la réalisation personnelle chez eux. Ils sont un atout majeur pour le Québec de demain, et leur voie est celle de l'action, de la confiance et de leur affirmation dans notre société. Moi, j'ai confiance en eux et je vais voir avec attention à la pleine atteinte, dans le comté, des objectifs qui les touchent au premier chef.

Je ne peux que saluer la contribution récente et celle à venir du gouvernement en matière de petite enfance. Notre comté de Deux-Montagnes est en pleine croissance démographique. Les besoins liés à la petite enfance y sont pointus, et l'effort gouvernemental trouve là pleine application.

Nous recevons avec intérêt ce signal de la priorité gouvernementale face aux jeunes, portant sur l'éducation, la formation et l'acquisition de connaissances. Je souscris entièrement aux mesures annoncées face au parcours individualisé vers l'insertion, la formation et l'emploi. Nous allons maximiser les outils de concertation dont nous disposons dans nos milieux.

Éducation et santé rejoignent facilement l'ensemble de la population. Ce sont ces milieux que le gouvernement a choisi de stimuler et d'appuyer avec force. En matière d'éducation, nombreux sommes-nous dans Deux-Montagnes à avoir travaillé d'arrache-pied à la mise en place de sa grande réforme. Celle-ci nous aura donné notamment la mise en place des maternelles, la fusion des commissions scolaires et la formation des conseils d'établissement. Le grand mérite de cette action est celui d'une responsabilisation accrue des parents en milieu école.

Chez nous, nous allons aussi mettre l'accent sur la formation professionnelle. Tous ces efforts, que l'on retrouve bien sûr aussi en santé, ont requis chez nos gens un engagement dont je leur suis reconnaissante. Partout, les CLSC, CHSLD et hôpitaux ont bénéficié des coups de barre nécessaires donnés par le gouvernement et la population. Nous allons continuer dans la voie de la meilleure réponse aux besoins de nos gens en ce domaine.

Une région comme la nôtre ne peut que se réjouir de l'intention arrêtée du gouvernement de provoquer la création de nombreux emplois dans les secteurs agroalimentaire et agrotouristique. Dynamiques, tournés vers l'expansion et ayant ainsi à leur crédit de nombreuses réalisations originales, ils constituent de véritables fleurons pour Deux-Montagnes. Ils sauront certes tirer tout le parti de ce souffle nouveau dans l'industrie.

J'y reviendrai plus tard, mais déjà, ici, au nom de toutes les forces économiques de la région, je salue avec chaleur la récente annonce que Québec retient les conclusions de la commission Tardif sur l'avenir de Mirabel en créant la Zone de commerce international de Montréal à Mirabel.

Nos municipalités attendent avec impatience de convenir d'un nouveau pacte fiscal avec le gouvernement. On le sait, elles ont, elles aussi, pleinement contribué à l'effort collectif d'assainissement des finances publiques. Dans mes rencontres avec leurs dirigeants, j'ai toujours tenu le même langage, à savoir qu'il n'était nullement question d'un réinvestissement. Les véritables transformations, ai-je rappelé, ne viendront qu'avec le nouveau pacte fiscal, mais je vois se dessiner un nouveau climat fait d'une volonté commune de dialogue, de collaboration et de partenariat. Je suis sûre que ce nouveau pacte fiscal sera l'occasion pour nous de travailler ensemble et d'aller encore plus loin dans notre service à la population de Deux-Montagnes. Ce qui a été fait et accompli à ce chapitre est gage de succès pour l'étape que nous entreprenons. Fini la morosité, nous travaillerons à construire.

(16 h 40)

Les nations autochtones, quant à elles – dont on sait du reste que l'une d'elles est installée dans notre comté – sauront bénéficier, pour le bien de toute leur collectivité, de l'ouverture du gouvernement au partenariat avec elles, au développement de leur autonomie et à la mise en place d'ententes visant à l'amélioration de leurs conditions sociales et économiques, le tout se déroulant dans le climat de confiance et de respect mutuel des intérêts et des différences, respect qui fut toujours nôtre en cette matière. Pour ma part, je m'engage à développer de manière significative l'écoute et le dialogue avec notre communauté autochtone locale, richesse humaine et culturelle majeure.

Je veux saluer ici avec force toute la pertinence de l'action concrète que notre gouvernement va porter sur la solidarité dans nos communautés. Nous sommes un peuple généreux pour qui entraide, bénévolat et action communautaire sont des réalités bien présentes dans notre comté. Nos organisations travaillent depuis longtemps sans relâche, avec une imagination débordante, une générosité exemplaire et une efficacité redoutable à fournir à nos plus démunis support, aide et réconfort, et ce, en toute dignité. Tout ce secteur ne pourra que se féliciter des nouvelles mesures que le gouvernement mettra de l'avant pour les aider à mieux accomplir encore leur tâche, leur mission.

Je terminerai ici en lançant un vibrant appel à la population du comté et du Québec, un appel à la solidarité, à la prise en charge par nous de notre destin collectif. Nous avons besoin du travail généreux de tous nos partenaires dans nos milieux, car nous avons de belles choses à réaliser, et c'est ensemble qu'il faut le faire. J'y travaillerai avec énergie dans le comté. Je m'attends à des embûches, à des obstacles majeurs, à des freins. Toutefois, je composerai avec cette réalité, confiante mais surtout convaincue du bien-fondé de notre affirmation politique dont la nécessité apparaît toujours plus à la lumière de chaque nouveau geste réducteur du fédéral, et ils sont légion. Déjà au service de nos concitoyennes et concitoyens dans les conditions actuelles, nous ne le serons pas moins souverains.

D'ici l'atteinte prochaine de notre objectif grâce à un référendum gagnant, je continuerai à promouvoir la souveraineté du Québec dans le comté de Deux-Montagnes. Le plan de match est simple: achever de convaincre les plus tièdes, ébranler la conviction des opposants et motiver nos sympathisants. Je participerai activement au grand brassage d'idées, à cette importante période de réflexion qui se prépare afin que, toutes et tous, nous préparions mieux le Québec de demain. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la députée de Deux-Montagnes. Alors, nous poursuivons le débat sur le discours d'ouverture de la session, et je cède la parole à M. le député de Saint-Laurent et porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique. M. le député, la parole est à vous.

Des voix: Bravo!


M. Jacques Dupuis

M. Dupuis: Merci, M. le Président. Je me permets de vous féliciter pour votre élection. Et je suis absolument heureux de savoir que c'est vous qui allez écouter cet humble discours.

M. le Président, bien sûr, c'est avec une émotion certaine que je prends la parole aujourd'hui dans cette Assemblée dont j'ai tant suivi les travaux du haut de la galerie alors que j'occupais un poste de conseiller avec les libéraux, alors qu'ils étaient au pouvoir et depuis qu'ils sont dans l'opposition officielle. Je réalise aujourd'hui combien il était plus facile de porter un jugement lapidaire du haut des galeries qu'une fois qu'on est sur le plancher de la Chambre. Je vous dirai que je n'ai pas l'intention de remonter aux galeries mais qu'il fait pas mal plus chaud sur le plancher que dans la galerie.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Dupuis: L'émotion que je ressens le plus aujourd'hui, bien sûr, c'est la reconnaissance, reconnaissance à l'endroit des gens de Saint-Laurent qui ont reporté un député du parti de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale avec 78 % des suffrages exprimés. Et je me suis engagé, en campagne électorale, à les représenter dignement et à être présent et disponible dans le comté de Saint-Laurent. Ça sera ma façon à moi, M. le Président, de leur remettre l'honneur qu'ils m'ont fait en m'élisant à l'Assemblée nationale.

J'ai également une reconnaissance, bien sûr, à l'endroit de notre chef, le député de Sherbrooke, qui m'a témoigné de sa confiance en me permettant de présenter ma candidature dans le comté de Saint-Laurent. Je l'assure aujourd'hui encore, mais publiquement, de ma loyauté.

J'ai une reconnaissance aussi à l'endroit de tous les élus qui, au cours des années passées, ont été autant de patrons alors que j'occupais toujours ce poste de conseiller. La politique est un métier, et je suis heureux de dire aujourd'hui que tous ces élus me l'ont appris de temps en temps et au fil des années depuis que j'ai occupé ces postes à Québec.

Plus particulièrement, je veux mentionner, bien sûr, l'ex-chef de l'opposition officielle, M. Daniel Johnson – vous me permettrez de prononcer son nom – de qui j'ai retenu les qualités d'intégrité, de persévérance et, bien sûr, le fait qu'il nous ait montré combien son intérêt personnel passait après le bien commun.

Je veux également exprimer ma reconnaissance à l'endroit de mon prédécesseur dans le comté de Saint-Laurent, M. Norm Cherry – vous me permettrez également de prononcer son nom, M. le Président – qui était assis, effectivement, à la gauche de l'endroit où je me tiens actuellement et qui m'a tant fait rire, aux larmes, même, certaines nuits, en même temps qu'il m'a appris au fil des années la simplicité avec laquelle il avait des contacts avec ses électeurs, et, bien sûr, je retiens cette leçon-là.

Je veux également, M. le Président, témoigner de ma reconnaissance à l'endroit du leader de l'opposition officielle, le député de Brome-Missisquoi, à qui je dois – l'histoire est bien connue – d'avoir vu en 1985, alors que je faisais du porte-à-porte dans le comté de Brome-Missisquoi comme bénévole, le feu dans mes yeux, la passion qui naissait pour la politique et à qui je dois de m'avoir amené avec lui à Québec à ce moment-là. Et, bien sûr, l'histoire veut que nous ayons collaboré ensemble au fil des années, lui et moi, alors qu'il était mon patron. Et je ne raconterai pas ici les péripéties ou la plupart des péripéties que nous avons vécues ensemble, bien que nous jouissions maintenant tous les deux de l'immunité parlementaire.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Dupuis: De lui, M. le Président, j'ai retenu son sens inné de l'analyse politique, le respect dû aux électeurs, et j'ajoute qu'il m'a souvent contraint à l'humilité et que, malgré les apparences, j'ai retenu la leçon.

Finalement, sur le sujet de la reconnaissance à l'endroit de certains élus plus particulièrement, je veux mentionner également la reconnaissance que j'entretiens à l'endroit du député de Laporte, pour qui également j'ai travaillé pendant un certain nombre d'années, ce travailleur acharné qui m'a appris la rigueur, la discipline et le souci du détail. Je ne lui ferais pas justice, M. le Président, si je ne mentionnais pas également ses qualités personnelles de discrétion et de compassion, compassion dont il a fait amplement preuve à mon égard alors que je vivais un drame personnel. Encore une fois, je lui en suis reconnaissant et je lui réitère mon amitié.

(16 h 50)

M. le Président, j'ai écouté avec attention et avec intérêt le discours inaugural qu'a prononcé le premier ministre et le discours sur le budget qu'a prononcé hier le ministre des Finances. Outre la déception que j'ai ressentie en constatant, pour ce qui concerne les responsabilités que le chef de l'opposition officielle m'a confiées au cours de ce mandat, c'est-à-dire la sécurité publique, outre, donc, la déception qui m'a animé lorsque j'ai constaté que le premier ministre avait consacré, sur un discours de 23 pages, 11 lignes aux matières qui relèvent de la sécurité publique... Onze lignes sur 23 pages, en matière de sécurité publique, alors que deux commissions d'importance ont siégé au cours des dernières années: la commission Nicolet, bien sûr, sur le suivi qu'il faut donner aux événements qui ont été causés par le verglas, d'une part, et la commission Poitras, qui a siégé pendant deux ans, qui a coûté 20 000 000 $ – j'ai déjà eu l'occasion de le souligner dans cette Chambre – et qui a produit un volumineux rapport dont le diagnostic n'a été contesté par personne. Onze lignes sur 23 pages, M. le Président. Début janvier, le Protecteur du citoyen, d'autre part, rend public un rapport sur la gestion des services correctionnels de ce gouvernement-là pendant le mandat qui a précédé celui pour lequel nous siégeons actuellement. Onze lignes sur 23 pages. Déception.

Mais, outre cette déception plus égoïste, si vous me permettez l'expression, j'en ai ressenti également une autre quand j'ai constaté que, comme c'est son habitude, le premier ministre a déformé la réalité et le premier ministre a commis des inexactitudes coupables. C'est la meilleure expression que j'ai trouvée, M. le Président, pour ne pas prononcer de termes antiparlementaires.

First of all, the Premier of Québec told the Quebeckers that there was a price to pay to stay undecided on the constitutional front. What «undecision» is he talking about? The people of Québec decided, in 1990, that they were not interested in the separation of Québec – 1980. They decided again the same in 1995, decided that they were against the separation of Québec. And they decided again, in 1998, that they were against the possible separation of Québec. What indecision is he talking about? Especially in 1998, when he introduced the concept of the so-called «winning conditions», the people of Québec decided at 50 %, with 56 % of the vote, that they were not interested in the separation of Québec. Mr. Speaker...

Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! S'il vous plaît! Veuillez prendre votre place. Merci. M. le député de Saint-Laurent, si vous voulez poursuivre.

M. Dupuis: Mr. Speaker, contrary to what this Government is trying to make believe, the people of Québec are decided. They want their Government to stop beating about the bush, and stop playing tricks with them, and get to the business of taking care of their everyday needs.

De même, M. le Président, lorsque le premier ministre affirme dans son discours: «Il est indubitable que la réunion des conditions d'un référendum gagnant sur la souveraineté fait partie du mandat que nous avons sollicité et obtenu. L'enjeu politique de l'élection était clair pour tout le monde», ça prend un front de boeuf pour affirmer que l'enjeu de l'élection était clair pour tout le monde. La seule chose qui était claire...

Des voix: ...

M. Dupuis: La seule chose qui était claire, M. le Président...

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Calmons-nous! Si vous voulez poursuivre, M. le député.

M. Dupuis: La seule chose qui était claire, M. le Président, pour tout le monde, c'est que le premier ministre tentait de semer la confusion, de telle sorte qu'il pouvait se réclamer de toutes les tendances après l'élection, quand ça faisait son affaire, au moment où ça faisait son affaire. M. le Président, on appelle ça de l'opportunisme. Souvenons-nous, M. le Président, qu'après avoir moussé l'idée des conditions gagnantes pendant une partie de la campagne électorale il a décidé soudainement de promouvoir, vers la fin de la campagne électorale, la conclusion d'une entente sur l'union sociale pour tenter, évidemment, d'attirer le vote des fédéralistes. Et tout cela, M. le Président, à travers les éclats de rire de son conseiller, Jean-Roch Boivin. M. le Président, la vérité, c'est que chaque éclat de rire de Jean-Roch Boivin, à ce moment-là, était autant de marques de non-respect à l'endroit des Québécois.

M. le Président, chez les libéraux du Québec, pas d'astuces, pas de trucs, pas d'entourloupettes, pas de pièges. Nous pouvons affirmer, nous pouvons affirmer, M. le Président, que nous avons la passion du Québec, le respect des Québécois et la fierté du Canada.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le député. Nous poursuivons le débat, et je reconnais le prochain intervenant, M. le député de L'Assomption. M. le député, la parole est à vous.


M. Jean-Claude St-André

M. St-André: Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à l'instar de tous mes collègues, je veux d'abord aussi remercier mes concitoyens du comté de L'Assomption pour la confiance qu'ils m'ont accordée le 30 novembre dernier. Les électeurs et les électrices m'ont ainsi confié un premier mandat complet, puisque j'ai été élu pour une première fois dans une élection partielle en juin 1996. Lors du scrutin du 30 novembre dernier, presque 21 000 électeurs et électrices du comté de L'Assomption ont voté pour moi et pour le Parti québécois. Et, grâce au soutien d'une équipe extraordinaire de militants et de militantes souverainistes, nous avons obtenu une majorité de plus de 10 700 voix.

J'oeuvre dans le comté de L'Assomption depuis maintenant presque six ans, d'abord à la demande du député de l'époque, Jacques Parizeau, que je remercie encore une fois pour la confiance qu'il m'a accordée en me confiant la responsabilité de son bureau de comté. Après mon élection en 1996, ma famille et moi, nous nous sommes établis dans le comté, à Repentigny, une ville où il fait bon vivre, un milieu idéal pour élever de jeunes enfants. Tout de suite, nous nous sommes sentis chez nous.

C'est donc avec beaucoup de fierté et d'honneur que je représente aujourd'hui le comté de L'Assomption à l'Assemblée nationale du Québec, un comté souverainiste, un comté qui, déjà, au référendum de 1980, avait accordé une majorité à la souveraineté, un comté qui a voté oui dans une proportion de 64 % au référendum de 1995. Et, M. le Président, j'ai l'intention de travailler fort pour que nous fassions encore mieux la prochaine fois.

M. le Président, je suis un souverainiste et je considère que seule l'indépendance nous donnera tous les pouvoirs, tous les moyens nécessaires pour améliorer la qualité de vie des Québécois et des Québécoises et pour développer pleinement le Québec. Il est vrai, M. le Président, reconnaissons que nous avons au Québec un des niveaux de vie parmi les plus élevés du monde, qui fait même l'envie du monde entier. C'est vrai, un Québec souverain aura les moyens de faire plus et de faire mieux encore.

Le Québec a beaucoup progressé et s'est beaucoup développé dans tous les domaines de l'activité humaine, que ce soit l'économique, le social ou le culturel, et particulièrement depuis la Révolution tranquille. Mais, M. le Président, je suis convaincu qu'un Québec souverain aurait encore fait beaucoup mieux. C'est pourquoi, avec le premier ministre, mes collègues de l'Assemblée nationale, les militants et les militantes de la souveraineté, nos partenaires, le Bloc québécois, les syndicats, les mouvements sociaux, nous allons nous en remettre au peuple. Nous allons expliquer et nous allons écouter ce que le peuple a à dire.

(17 heures)

M. le Président, nous avons gagné un mandat pour tenir un référendum gagnant. N'en déplaise aux libéraux, qui se gargarisent avec la pluralité des voix, la dernière élection, c'est nous, le Parti québécois, qui l'avons gagnée.

Des voix: Bravo!

M. St-André: Nous l'avons gagnée en faisant élire légitimement 76 députés et surtout nous avons gagné l'élection en respectant les règles de la démocratie.

Vous savez, M. le Président, il y a beaucoup de raisons de vouloir la souveraineté, probablement autant qu'il y a de souverainistes au Québec. Je vais en évoquer quelques-unes, trois qui me paraissent importantes. La première: les Québécois et les Québécoises forment un peuple. Tout le monde en cette Chambre, j'en suis convaincu, est d'accord avec ça. Mais, pour nos amis d'en face, ce n'est probablement pas une raison de faire la souveraineté. Pour moi, pour nous, les souverainistes, le simple fait que nous soyons un peuple est une raison suffisante pour accéder au statut d'État souverain.

Le peuple québécois est le seul peuple d'expression française en Amérique qui a sa propre culture, son histoire, son patrimoine, son territoire. Nous avons aussi des institutions démocratiques qui font l'envie du monde entier. Nous sommes un peuple solidaire, généreux, ouvert sur le monde et tolérant. Nous sommes capables, nous sommes compétents et nous sommes entreprenants. Il est normal qu'un peuple doté d'autant d'avantages aspire à la liberté. Tous les peuples de la terre aspirent à la liberté, et beaucoup de peuples sont parvenus à leur indépendance avec beaucoup moins d'avantages et d'atouts que le nôtre.

La deuxième raison a trait à la nature même du régime fédéral. D'abord, disons-le tout de suite, le gouvernement fédéral nie l'existence même du peuple québécois. Doit-on rappeler toutes les contorsions, toutes les tentatives pour nommer l'innommable? On ne sait pas encore comment appeler le Québec, de l'autre côté de la rivière Outaouais, on cherche. Société distincte, foyer culturel, caractère unique. C'est quand même incroyable, hein? Dans les années soixante, on parlait de deux peuples fondateurs.

Mais le gouvernement fédéral va plus loin. Il ne se contente pas de nier l'existence du peuple québécois, il empiète continuellement dans les juridictions des provinces, et particulièrement du Québec, et il le fait de façon arrogante. Et, depuis qu'il a des surplus, c'est encore pire. Les bourses du millénaire en sont un exemple, l'entente sur l'union sociale qui vient d'être signée récemment par les autres provinces, les transferts en santé, des gestes unilatéraux, sans consulter le Québec, sans tenir compte des priorités décidées par le gouvernement du Québec et décidées par l'Assemblée nationale du Québec.

M. le Président, je suis prêt à reconnaître que parfois le gouvernement fédéral prend de bonnes décisions; je reconnais même que, dans l'entente sur l'union sociale, il y a des principes auxquels je souscris pleinement. Je vous en donne un exemple: l'accessibilité à des soins de santé de qualité pour tous les citoyens. Ce que je dis, cependant, c'est que les Québécois et les Québécoises sont un peuple responsable, compétent et capable et qu'en conséquence il est normal de décider de nous-mêmes ce qui est nos propres priorités. Dans un Québec souverain, c'est nous qui déciderons combien nous voulons consacrer per capita à la santé, à l'éducation ou dans tout secteur que nous jugerons prioritaire.

J'écoutais ce matin le député de Chapleau parler de fédéralisme coopératif, de fédéralisme de codécision. Je reconnais d'ailleurs que plusieurs de nos amis libéraux souhaitent un renouvellement en profondeur du fédéralisme. Je reconnais aussi que c'est une option privilégiée par beaucoup de Québécois et de Québécoises. Il nous faudra cependant bien réaliser un jour que le renouvellement du fédéralisme est impossible. Rappelons-nous le rapatriement de la Constitution, en 1982, où le Québec a été floué par le gouvernement fédéral, trahi par Jean Chrétien. Le gouvernement de Robert Bourassa lui-même a bien tenté de changer les choses. Ç'aurait dû pourtant fonctionner: Robert Bourassa était clairement un fédéraliste, Brian Mulroney était beaucoup plus conciliant envers le Québec que ne l'est Jean Chrétien. Ça a abouti à Meech.

Souvenons-nous des paroles de Robert Bourassa lors de l'échec des accords du lac Meech, en juin 1990: «Le Québec est et sera une société libre, capable d'assumer son destin.»

Rappelons-nous que le programme du Parti libéral de l'époque, le rapport Allaire, prévoyait la tenue d'un référendum sur la souveraineté au cas où une refonte du fédéralisme échouerait. La refonte du fédéralisme a échoué, les libéraux ont refusé d'assumer leurs responsabilités et Mario Dumont et Jean Allaire ont quitté le Parti libéral. Les libéraux ont eux-mêmes fait la démonstration de l'impossibilité de renouveler le fédéralisme.

M. le Président, parmi l'éventail des raisons pour faire du Québec un État souverain, il y en a une qui nous pousse plus que d'autres à faire la souveraineté aujourd'hui. Il y en a une qu'évoquait René Lévesque lors de la fondation du Mouvement souveraineté-association et sur laquelle le vice-premier ministre et ministre des Finances insiste beaucoup, à raison, et c'est la participation du Québec aux institutions internationales.

Il va de soi que, si nous voulons participer à la construction du monde de demain, il faut être un pays. Je ne veux pas d'une mondialisation qui permet aux marchés et aux multinationales d'écraser et d'appauvrir les nations, les peuples et les cultures. Je veux une mondialisation qui permet aux peuples, entre les peuples et les citoyens du monde, un échange des connaissances et des technologies, un partage équitable de la richesse, des règles édictées par des institutions supranationales, qui permettront de mettre l'économie au service des citoyens et des peuples. Je veux une mondialisation de la solidarité humaine et sociale. Voilà le monde et le pays que je veux laisser en héritage à mes enfants. Et pour ça, M. le Président, si on veut y participer, il faut être un État souverain.

Le programme présenté par le premier ministre est ambitieux, généreux, réaliste et responsable. J'y souscris avec enthousiasme. Le discours inaugural est placé sous le signe de la famille, de la jeunesse et de l'enfance. C'est un excellent choix. Il n'y a pas d'avenir possible pour un pays sans enfants et sans familles. C'est pourquoi j'ai l'intention de travailler très fort à l'implantation de la politique familiale, notamment le développement des centres à la petite enfance et des places à 5 $ en garderie dans mon comté. La politique familiale est certainement un des plus beaux succès de notre gouvernement, et c'est en pensant justement à mes enfants et à tous nos enfants au Québec que je vais travailler à l'accession du Québec au statut de pays. Merci beaucoup, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le député de L'Assomption. Nous poursuivons le débat sur le discours d'ouverture de la session, et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Jean-Talon. Mme la députée, la parole est à vous.


Mme Margaret F. Delisle

Mme Delisle: Merci, M. le Président. Alors, M. le Président, mes plus sincères félicitations pour votre élection à titre de vice-président.

C'est avec beaucoup d'humilité et beaucoup de fierté que je me lève aujourd'hui en cette Assemblée nationale du Québec à titre de députée du comté de Jean-Talon, députée qui représente évidemment le Parti libéral du Québec, le parti qui a obtenu, je vous le rappelle, la pluralité des voix lors de l'élection du 30 novembre dernier.

Le premier geste que pose un nouvel élu ou un membre de cette Assemblée qui a été réélu est celui de s'adresser à ses concitoyens et ses concitoyennes. Je veux donc profiter de cette occasion qui m'est offerte pour remercier du fond du coeur les électrices et les électeurs de mon comté, le beau comté de Jean-Talon, pour le privilège qu'ils m'ont fait de me confier ce deuxième mandat le 30 novembre 1998. Ces gens connaissent mon engagement et mes convictions et savent depuis longtemps qu'ils peuvent compter sur ma disponibilité pour travailler avec et pour eux dans la défense de leurs intérêts.

Également, M. le Président, vous me permettrez de remercier de façon toute particulière celles et ceux qui, au cours de cette dernière campagne électorale, ont consacré tout leur temps libre, et même plus, à organiser cette campagne dans mon comté. Ma plus vive gratitude et reconnaissance à ces hommes, à ces femmes, à ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui depuis plusieurs années me soutiennent, m'encouragent par leurs conseils, leur patience et leur bénévolat et qui ont fait un travail exceptionnel nous permettant de remporter encore une fois cette victoire dans Jean-Talon.

(17 h 10)

M. le Président, je vous ferai savoir que, lors de notre soirée reconnaissance, c'est plus de 650 bénévoles qui ont été invités à célébrer cette victoire dans mon comté.

Vous savez, lorsqu'on se présente en politique active, on ne peut le faire sans l'appui et la complicité de sa famille. J'ai la très grande chance d'avoir un conjoint, quatre enfants qui ont, eux aussi, des conjoints, des frères, des soeurs, de nombreux amis qui se sont dévoués corps et âme à cette campagne dans Jean-Talon parce qu'ils et elles croient profondément aux valeurs que défend le Parti libéral du Québec. Je veux également saluer de façon toute particulière les candidates et les candidats qui représentaient le Parti libéral du Québec dans la région de la capitale qui n'ont pas eu la même chance que moi. Quelle merveilleuse et extraordinaire équipe d'hommes et de femmes de toutes provenances professionnelles: santé, éducation, monde municipal, monde des affaires! Je vous dis aujourd'hui: Ce n'est que partie remise.

Pour ceux et celles qui nous écoutent, j'aimerais vous situer géographiquement le comté de Jean-Talon. C'est un comté qui est situé au coeur de la région de la capitale, dont les limites territoriales sont, d'est en ouest, une grande partie de la haute-ville de Québec, la ville de Sillery et une partie de la ville de Sainte-Foy, et il est borné, je vous dirais, là, par le boulevard Laurier, et tout le sud, vers le fleuve, fait partie du comté de Jean-Talon. Je représente un comté aussi qui est au coeur d'une région dont la richesse patrimoniale et historique n'a de pareille ailleurs au Québec.

Mes salutations amicales et respectueuses aux élus municipaux des trois municipalités que je représente. Je pense ici au maire de Québec, M. Jean-Paul L'Allier, à la mairesse de Sainte-Foy, Mme Andrée Boucher, ainsi qu'au maire de Sillery, M. Paul Shoiry. J'envisage encore de travailler avec eux en collaboration très étroite. Mes remerciements également à tous ceux et celles qui, lors de notre porte-à-porte, m'ont toujours très bien accueillie, qu'ils aient été d'accord ou pas avec le programme que défend le Parti libéral du Québec.

Cette Trente-sixième Législature compte parmi ses membres parlementaires 29 députés femmes représentant 23 % des élus de l'Assemblée nationale. C'est un groupe record, et j'invite et encourage toutes celles qui ont le goût de contribuer à l'essor social et économique du Québec à s'impliquer dans leurs milieux respectifs et à joindre nos rangs. Je peux sincèrement aujourd'hui vous affirmer sans partisanerie aucune: Oui, nous pouvons et nous faisons la différence.

M. le Président, j'aborde avec beaucoup d'espoir et d'enthousiasme ce deuxième mandat à l'Assemblée nationale. Après avoir été pendant quatre ans porte-parole de l'opposition en matière d'affaires municipales et de dossiers de la capitale, mon chef, M. Charest, m'a fait le très grand plaisir de me confier le dossier du tourisme et, pour la région de la capitale, ceux qui touchent directement le développement touristique. Cette région de la capitale, vous le savez, je l'ai dans le coeur et dans les tripes, cette région de la capitale qui s'étend de Portneuf à Charlevoix. Et je veux dire aujourd'hui à tous ses intervenants touristiques, qu'ils soient hôteliers, aubergistes, restaurateurs, serveurs, croupiers, guides touristiques, guides dans un musée, organisateurs de festival, de congrès ou de colloque – et je sais que j'en oublie: Vous pouvez compter sur moi et sur ma plus étroite collaboration.

Tout le monde sait que le tourisme est un puissant facteur de création d'emplois. Il engendre rapidement de l'emploi, et particulièrement pour les jeunes. Les statistiques actuelles démontrent que 28 % de la main-d'oeuvre touristique québécoise, qui se chiffre à plus de 100 000 au Québec, a moins de 25 ans. Pour l'ensemble du Québec et pour la région de Québec, cette perspective est extrêmement réjouissante, puisqu'elle permettra la création de milliers de nouveaux emplois qui seront principalement occupés par des jeunes, pour peu qu'on y mette les efforts requis.

Avec une croissance de 50 % de ses recettes touristiques internationales depuis 1993, le tourisme est le sixième produit d'exportation québécois. De son côté, l'Organisation mondiale du tourisme estime que le volume des touristes internationaux dépassera le 1 000 000 000 – oui, vous avez bien compris, le 1 000 000 000 – en 2010, ce qui placera l'industrie touristique au premier rang des industries mondiales.

Actuellement, au Québec, on voit naître une multitude de petites entreprises dans le domaine touristique, et ces nouvelles PME permettent de donner un second souffle à une région dont l'économie est fragile ou carrément en déclin. Elles deviennent aussi une alternative d'emploi pour une région la plupart du temps dépendante d'une seule industrie.

Oui, le tourisme est un excellent outil de diversification et de développement économique. Mais, au-delà de ce formidable potentiel économique, il faut réaliser que le tourisme est aussi une vitrine sur le Québec, un portrait de notre savoir-faire et de notre culture. Il faut donc être extrêmement vigilant sur la qualité de nos produits, la compétence de notre main-d'oeuvre, l'amélioration de l'offre touristique québécoise. Il nous faut raffermir notre capacité de nous attaquer aux marchés internationaux, car la véritable croissance de notre industrie est essentiellement tributaire de ces marchés.

L'État a donc un rôle de premier plan à jouer pour favoriser le rayonnement du Québec. Il doit agir en leader pour développer et coordonner l'offre touristique, pour mettre de l'avant des solutions d'accès au capital de risque comme il le fait pour d'autres secteurs économiques, pour consolider et améliorer nos entreprises touristiques, pour encourager la concertation interrégionale, intergouvernementale et intragouvernementale – je pense ici à l'harmonisation de certains programmes.

Vous comprendrez donc, M. le Président, ma très grande déception de constater que le premier ministre, dans son discours inaugural, n'avait accordé que deux phrases au tourisme. Dès maintenant, des mesures concrètes et immédiates doivent être prévues pour favoriser un développement intégré de l'industrie touristique, la formation de la main-d'oeuvre, le financement des entreprises touristiques, en passant par la consolidation de celles qui offrent un produit de première qualité et par l'accès aux marchés internationaux. Les crédits qui sont accordés au tourisme sont minimes par rapport à ce qu'on devrait accorder à Tourisme Québec pour aider le développement de ces produits touristiques là.

Dans son discours inaugural, je constate aussi, M. le Président, que le gouvernement n'a rien prévu non plus au niveau de ses intentions concernant son plan d'action envers Québec-Capitale, tel que promis dans sa politique sur la capitale. On se rappellera que le ministre responsable de la Capitale avait annoncé en très grande pompe, en juin dernier, sa politique sur la capitale, dans laquelle il y avait évidemment beaucoup de voeux pieux, et avait créé un comité interministériel qui devait se pencher sur différents volets dont celui du tourisme. Ce comité ne s'est réuni qu'une seule fois, le 27 février dernier. Le ministre du Tourisme y siège, et, à ce jour, aucun plan d'action, aucune directive concernant le développement du tourisme dans la région de Québec n'a été déposé, et ce, neuf mois après le dépôt de la politique sur la capitale nationale.

Le nouveau ministre responsable de la région de Québec nous a appris tout récemment que ça irait à plus tard, qu'il y avait eu des élections, que c'était compliqué, qu'il y avait des budgets mais qu'on attendrait. Ça fait quatre ans qu'on attend, M. le Président. On est passé de comité en comité en comité. On se rappellera, pendant quatre ans, que le ministre responsable de la région avait mis sur pied un comité. Il y avait eu le rapport Bertrand qui, lui, a été remis à un autre comité qui a cogité, qui a réfléchi, qui a fait toutes sortes de choses sauf déposer une politique. Alors, la région de la capitale attend toujours sa politique sur le développement touristique.

Entre-temps, au-delà des grandes politiques et des grands projets, des petits gestes peuvent être posés pour favoriser les travailleurs et les travailleuses du secteur touristique, qui de plus en plus réclament de maximiser les retombées économiques sans qu'il en coûte une fortune. Je veux pour exemple – ça a été demandé par les intervenants touristiques de la région de Québec tout récemment, lors d'un forum économique – un simple ajustement du calendrier des milieux scolaires – qu'on pense aux primaire, secondaire, cégeps et universités – qui pourrait être apporté en vue d'étaler la période annuelle de la relâche. Ça permettrait aux hôteliers, aux restaurateurs, aux stations de ski, aux clubs de motoneigistes, aux centres de plein air, aux villages-vacances, bref, à tous ceux qui oeuvrent dans le domaine du tourisme et des loisirs de répondre à l'ensemble des besoins, de rentabiliser leurs investissements dans les diverses structures et de diminuer les risques liés aux aléas de la température. De plus, en réduisant la congestion des lieux on offrirait à la clientèle, aux familles, un environnement plus agréable durant cette période de congé.

Il en va de même pour la période de la rentrée scolaire à l'automne. Pourquoi celle-ci ne se ferait-elle pas pour tous les niveaux scolaires après la fête du Travail au lieu de la mi-août? On allongerait d'autant la période de vacances estivales. On permettrait aux étudiants au travail de prolonger leur période d'emploi et d'améliorer leurs revenus. On contribuerait également, et c'est très important, à rentabiliser les entreprises touristiques pour qui la saison estivale est très courte. Bref, tout le monde en parle, tout le monde serait gagnant, mais personne ne bouge. Quand je dis «tout le monde», je parle de l'industrie touristique de la région de Québec, considérée comme l'un des premiers axes de développement. Je parle également de développement économique lorsque je parle de développement touristique.

(17 h 20)

Depuis des années, notre région de la capitale travaille à restaurer, à mettre en évidence et à protéger ce qu'elle a de plus beau, de plus intéressant pour attirer les gens et leur faire découvrir son histoire, son patrimoine, son architecture, sa culture, sa gastronomie, son hébergement. Au fil des ans, la région de la capitale s'est dotée d'équipements extraordinaires qui en font une destination de prédilection pour les touristes du monde entier, qu'ils soient des amateurs, M. le Président, de sports d'hiver, de sports d'été, d'activités culturelles, de lieux historiques, de domaines patrimoniaux, de grands événements – on parle du Festival d'été, du Carnaval d'hiver de Québec – de plein air, de loisirs, etc. Québec et sa région ont investi des millions de dollars et continuent de le faire dans la promotion de ces atouts aux États-Unis, en Asie, en Europe ou ailleurs dans le monde.

Par ailleurs, ici comme au reste du Québec, le gouvernement doit demeurer attentif aux particularités des régions et proposer des politiques qui soient applicables aux diverses réalités et une équité financière dans ses programmes. Les milieux ont certes un rôle de premier plan à jouer pour attirer le touriste d'affaires, scientifique, d'agrément ou autres; ils doivent cependant pouvoir compter sur un gouvernement dont les politiques d'appui financier sont comparables à celles offertes dans d'autres secteurs d'activité économique au Québec.

M. le Président, l'industrie a besoin d'un petit coup de pouce, et j'entends être présente sur le terrain pour comprendre et répondre à ces attentes. Il est temps qu'on prenne au sérieux les 29 000 entreprises qui oeuvrent dans ce secteur d'activité, et on pourrait commencer par cesser de demander à tout le monde d'aller jouer dehors en même temps.

En terminant, M. le Président, je voudrais réitérer aux gens de mon comté et de la région de Québec les engagements que j'ai pris pendant la campagne électorale. En cette Année internationale des aînés, on devrait tous leur exprimer notre plus grande reconnaissance à l'égard de leur énorme contribution au développement du Québec actuel. Je veux leur affirmer que l'amélioration de leur qualité de vie sera une préoccupation constante chez moi. Ils ont le droit de recevoir des soins de santé de qualité, ils ont le droit de recevoir des soins à domicile de qualité, et mon chef et mon parti se sont engagés à s'assurer que les crédits accordés par ce gouvernement le soient pour des services aux patients et non pas pour des nouvelles structures.

Je travaillerai pour que nos jeunes profitent d'une qualité d'éducation qu'ils méritent. Nos jeunes souhaitent un accès aux études supérieures avec un diplôme de qualité et les conditions de remboursement de leurs études en fonction de leurs revenus. Leur formation doit leur permettre de se mesurer à ce qu'il y a de mieux au monde. Je travaillerai à m'assurer que nos jeunes puissent trouver chez nous, au Québec et à Québec, des emplois à la mesure de leurs ambitions. Nos jeunes ont soif d'autonomie et d'indépendance. Ils veulent décider de leur avenir et, pour ce faire, souhaitent décrocher un emploi stable. Et, vous le savez, M. le Président, c'est par la croissance économique que passera la création d'emplois. Nos jeunes ont beaucoup d'idées novatrices et créatrices; il s'agit seulement de les écouter et de leur donner le petit coup de pouce dont ils ont besoin. Je vous remercie.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la députée de Jean-Talon. Nous poursuivons le débat, et je reconnais M. le ministre délégué à l'Autoroute de l'information et aux Services gouvernementaux et député de Vimont. M. le ministre, la parole est à vous.


M. David Cliche

M. Cliche: M. le Président, merci. Merci beaucoup, chers collègues. Alors, à votre instar, à l'instar de tout le monde, les premiers mots vont aux gens de Vimont. J'entendais des collègues qui précédemment parlaient de majorité de 10 500, un autre de 6 000. Je salue votre victoire, je vous félicite, mais je vais vous dire que la victoire dans Vimont a été un peu plus difficile. Donc, c'est un remerciement spécial aux gens de Vimont, à mon équipe, que je dois faire.

Souvenez-vous du contexte. En 1994, j'avais été élu par 128 voix de majorité après avoir été malheureusement battu en 1989 par quelque 500 voix. Et je garderai toujours en souvenir ce premier soir de l'élection officielle. Je revenais d'une journée dans le comté, j'écoutais mes nouvelles, et les nouvelles ont débuté en disant: Il y a un comté au Québec sur lequel nous devrons avoir un oeil, car ce sera un peu l'indicateur et le baromètre du Québec. Alors, ça m'intéressait. Et là je vois le comté de Vimont qui surgit à l'écran. C'est là que j'ai réalisé que le parti d'en face avait délégué un candidat connu, un de ses candidats vedettes, disait-on. On avait ciblé le comté de Vimont comme un comté prenable par nos amis d'en face. Alors, vous me permettrez de vous dire que j'ai particulièrement savouré la confiance que m'ont témoignée les gens de Vimont où j'ai monté la majorité à près de 2 000. Deux mille de majorité, ce qui est...

Des voix: Bravo!

M. Cliche: ...en termes de multiplication de la majorité, c'est plus de 10 fois la majorité qui a été augmentée ainsi. Et je le dois essentiellement à deux choses, je pense. On est tous des gens attachés à nos comtés, mais il y a certains jours où le doute nous occupe, nous habite. Je me souviens d'un soir où il faisait tempête, il ne faisait pas beau, j'étais allé dans le comté inaugurer un local scout. J'étais fatigué, il neigeait. Je revenais chez nous le soir et je me disais: Est-ce que tout ça finalement est reconnu par nos électeurs? Est-ce que ces gens-là reconnaissent le travail qu'on fait pour eux? J'avais contribué au local financièrement, amené la fabrique à faire en sorte que le sous-sol de l'église soit disponible, etc. Et en campagne électorale, dans le porte-à-porte, j'arrive chez un électeur qui me dit: M. Cliche, cette année je vais voter pour vous. Je dis: Bien, pour quelle raison? Il me dit: Je me souviens de ce soir, il ne faisait pas beau, vous étiez venu au local des scouts de Sainte-Rose, vous aviez passé deux heures avec nous, et c'est pour cette raison cette année que je vais voter pour vous.

Donc, la leçon là-dedans, c'est qu'il faut être présent dans le comté. Lorsqu'on est présent et qu'on s'occupe de nos électeurs, M. le Président, les gens le reconnaissent. Mon grand-père disait une expression latine: Vox populi, vox Dei. Et c'est lors de ces scrutins qu'on reconnaît finalement la sagesse de la population, qui sait reconnaître ceux et celles qui se dévouent.

La deuxième raison, c'est l'équipe. Le jour J, le jour de ce vote, il y avait bien sûr les personnes dans les scrutins – 225 bureaux de scrutin, multiplié par deux – mais il y avait, au-delà de ça, 350 bénévoles, les gens qui faisaient la course, les gens qui faisaient sortir le vote, et c'est grâce à ces gens-là que j'ai gagné mon élection. Un travail soutenu de ma part, porte-à-porte... Et je souligne dans les estrades quelqu'un qui m'a accompagné pratiquement 30 jours sur 42 ou 43 jours de campagne, ma femme Johanne, qui a fait le porte-à-porte avec moi. Et ce premier soir où Vimont avait été ciblé par la télévision nationale comme étant un comté à suivre, elle s'est fait pratiquement dévorée par un chien. Heureusement, le chien était à ce point pressé de la mordre au jarret qu'il en a oublié l'escalier et finalement s'est pratiquement assommé dans l'escalier dans lequel il a trébuché. C'est ce qui a sauvé les jarrets de mon épouse.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Cliche: Ceci étant dit, un merci tout spécial à mes électeurs du fond du coeur, à mon équipe, à mes bénévoles – on a tous vécu la même expérience – et à tous ces gens-là qui m'ont redonné confiance.

Et, lorsque je souhaite la nouveau aux bienvenus... Mais on doit dire qu'une deuxième élection, ce n'est pas comme une première, je reconnais les nouveaux députés ici. Une première élection, on se dit: Si je ne suis pas élu, ils n'auront pas eu le plaisir de m'essayer. C'est un peu l'expression que j'avais à ce moment-là. On se dira: Bien, écoutez, ils n'auront pas eu la chance de travailler avec moi. Mais, lorsqu'on retourne en élection pour un deuxième mandat, nous sommes devant le jugement de la population. Et se faire réélire pour un deuxième mandat, c'est une satisfaction peut-être, je pense, plus grande que lors de la première élection. Je regarde ceux qui ont été réélus pour un deuxième mandat, parce qu'on sait que nous avons été jugés sur nos actes et sur notre bilan. Donc, merci aux gens de Vimont et à l'équipe qui m'a appuyé.

Quelques mots sur l'autoroute de l'information. Lorsque M. Bouchard m'a demandé d'assumer ces fonctions, il m'a dit à ce moment-là: C'est un domaine névralgique pour la nouvelle économie; c'est un domaine névralgique pour le développement de l'économie du Québec. Il m'avait parlé à ce moment-là de l'économie du savoir et du déploiement de cette économie du savoir à la grandeur du Québec. Je dois dire que ce que j'ai réalisé dans les premiers briefings que j'ai eus de mes fonctionnaires, c'est que j'ai immédiatement basculé dans l'an 2000 et dans l'économie de l'an 2000. Je vais m'exprimer quelques minutes sur les défis auxquels je fais face et sur les grands enjeux du déploiement de l'autoroute de l'information.

(17 h 30)

D'abord, la décision qui avait été prise de réunir sous le même chapeau ministériel l'ensemble des aspects qui étaient subséquemment séparés mais qui étaient tous reliés à l'autoroute de l'information, je pense, a été une sage décision. Les services gouvernementaux, dont j'ai la responsabilité, sont ces services – la Direction générale des achats notamment – qui achètent l'ensemble des matériels informatiques, l'ensemble des logiciels. Ces Services gouvernementaux, dis-je, achètent, bon an mal an, pour des montants de l'ordre de 200 000 000 $ en équipements, principalement en équipements informatiques. On est en train d'évaluer qu'au bas mot il se dépense au gouvernement du Québec, à la fois en achats, en entretien et en suivi, en hommes-années et en femmes-années de travail... c'est de l'ordre de trois quarts de milliard de dollars que le gouvernement investit chaque année dans la gestion de son information, en support informatique.

Donc, réunir les Services gouvernementaux avec les deux aspects de l'inforoute, l'inforoute gouvernementale, qui était au Trésor et qui y demeure, l'inforoute, ce que j'appelle l'inforoute sociétale – et je vais revenir – qui était à la Culture et aux Communications, réunir ça sous le même chapeau ministériel, et également réunir les morceaux du Fonds de l'autoroute de l'information, qui est de l'ordre de 13 000 000 $ par année, sous la même responsabilité ministérielle, sous la responsabilité d'un ministre qui siège au Conseil du trésor... Comme vous savez, M. le Président, tout passe au Trésor. Toutes les dépenses ministérielles, les dépenses des ministères qui excèdent 10 000 $ sont présentées au Conseil du trésor, de sorte que le fait que j'occupe un siège au Conseil du trésor me permet d'assumer mes responsabilités de coordination et de mise en oeuvre de l'autoroute de l'information.

Quels sont les grands enjeux auxquels on fait face? D'abord, la première chose que j'ai réalisée, c'est que la plupart des États modernes s'étaient dotés d'une responsabilité ministérielle que, dans les provinces canadiennes et dans les États américains, on désigne sous le nom de «Chief Information Officer», c'est-à-dire quelqu'un qui est responsable de la gestion de l'information. Je suis allé naviguer, naturellement, sur les sites américains notamment, et c'est là qu'on réalise l'importance d'un sujet qui a été un peu occulté chez nous et qu'on n'a pas vraiment approfondi, dans lequel je suis plongé maintenant, c'est la gestion de l'information. C'est-à-dire, la masse de données, d'informations qui sont colligées par l'État, qui sont traitées par l'État, quelle gestion en faisons-nous? Je vais donner des exemples.

Nous avons excellé, au Québec, dans la gestion de l'information eu égard à la protection des renseignements privés. Nous sommes un des États les plus avancés, en termes législatifs, dans la gestion des renseignements privés et dans la protection des renseignements privés. Mais, une fois qu'on a dit ça, avec le déploiement des ressources informatiques et des moyens de communication, soit les Intranet, les outils de communication à l'interne du gouvernement, entre ministères, à l'intérieur des ministères, entre ministères et entre les ministères et le public, l'autre question qui se pose, c'est: Comment gérons-nous cette information? C'est-à-dire quel est le niveau de sécurité pour sécuriser à la fois l'information, pour en contrôler l'accès, à cette information? Il faut avoir une réflexion sur les classes d'informations, les niveaux d'information et la gestion de l'information.

Par exemple, les préparations de documents aux cabinets, qui de plus en plus transitent par ou sont sur le point de transiter par l'Internet, par les Intranet, par les moyens électroniques, il va de soi que ce genre de document là doit faire l'objet d'une sécurité absolue, de sorte que l'accès à ces fichiers, à ces données doit être restreint. De même, les données nominales qu'on retrouve dans les ordinateurs de l'État ne doivent pas être accessibles à tous, ne doivent pas être accessibles à tous les fonctionnaires. Il doit y avoir des codes d'entrée, il doit y avoir des clés d'accès.

Un autre exemple de gestion de l'information: il y a de plus en plus d'information qui est nécessaire aux experts-conseils et aux professionnels du Québec, notamment les médecins, les avocats, les arpenteurs-géomètres, les ingénieurs, les architectes, qui est beaucoup, dans ces derniers cas, de l'ordre de la géomatique, qui est de plus en plus accessible. On peut penser que cette classe d'informations pourrait être accessible contre rémunération. Beaucoup d'États ont développé une politique de tarification pour certaines de ces informations, qu'on doit développer ici.

Donc, avoir une vue globale sur l'ensemble des informations que gère l'État et s'entendre sur la façon dont nous encadrons cette gestion. Entendre: qui y a accès, dans quel domaine, en quelle provenance? Et, une fois qu'on a pris ces grandes décisions, comment s'assurer que le système soit étanche et que le système soit sécuritaire? Donc, une réflexion globale sur la gestion de l'information, M. le Président.

Deuxième constatation, assez impressionnante, c'est que la mise en place de l'inforoute gouvernementale à l'intérieur du gouvernement et la possibilité pour les citoyens et les corporations, de plus en plus, de transiger sur une base électronique avec l'État amènent une modification fondamentale des relations des fonctionnaires entre eux, à l'intérieur de l'État, mais également des citoyens et des entreprises avec l'État, de sorte qu'on est aux balbutiements, on est à l'aube d'une véritable révolution des relations entre les entreprises, les citoyens et l'État.

Quelques exemples pour illustrer le propos, pour que ce soit concret pour les gens de cette Assemblée et également les gens qui nous écoutent. Un exemple: cette année, comme vous le savez, comme l'an dernier, les comptables, nos comptables qui, en ce moment, péniblement, oeuvrent à la préparation de nos rapports d'impôts, les grands bureaux, les bureaux de comptables maintenant peuvent échanger électroniquement nos données comptables, les rapports d'impôts par électronique avec le ministère du Revenu. C'est un exemple, et il sera bientôt possible d'étendre cette mesure à l'ensemble des citoyens. Par exemple, nous sommes en train d'élaborer une façon de faire qui ferait en sorte que, lorsque nous déménageons, lorsque nous changeons d'adresse pour quelque raison que ce soit, il serait possible de faire une modification d'adresse qui serait automatiquement répercutée dans l'ensemble des fichiers gouvernementaux, dans l'ensemble des lieux où notre adresse est inscrite. Ça fait longtemps que je n'ai pas déménagé, mais les derniers souvenirs que j'en garde, c'est que c'est de la paperasserie, puis on pense avoir rempli toutes les cartes, on pense avoir rempli tous les formulaires, il y en a toujours un ou deux qu'on a oubliés. Alors, c'est un autre exemple de cette modification des relations avec l'État.

En fait, les deux exemples que j'ai donnés nous démontrent la chose suivante: nous sommes en train de passer de l'État papier à l'État électronique et nous sommes en train de passer de ce que nous appelions l'État couloirs à l'État réseau. Les deux exemples que j'ai illustrés sont des exemples précis de ce phénomène.

Autre chose qui m'a frappé et pour laquelle j'ai une des plus grandes priorités, c'est le développement du commerce électronique chez nous. Et, à cet égard, mon ministère et le Secrétariat travaillent avec les gens d'Industrie et Commerce. On prévoit le développement et le déploiement du commerce électronique d'une façon assez phénoménale. Et, si on regarde l'évolution du commerce électronique à travers le monde, notamment les pays de l'OCDE, on remarque que les Québécois sont frileux encore, que les Québécois sont frileux au développement du commerce électronique. Alors, là, encore une fois, il faut s'assurer d'encadrer le commerce électronique, M. le Président, pour s'assurer que le commerce électronique ait le même encadrement légal que le commerce papier, c'est-à-dire que le Code civil qui s'applique à notre commerce papier soit le même Code civil qui s'applique à notre commerce électronique, par exemple au niveau des signatures, au niveau des contrats, au niveau de la confidentialité, etc. Donc, il y a tout un encadrement.

Je termine, M. le Président, là-dessus. On m'avait dit que je pouvais parler 15 minutes, il me reste donc 27 secondes, grâce aux nouveaux équipements électroniques dont on nous a équipés. Je vais terminer sur le positionnement international du Québec et de la francophonie via l'inforoute. J'aurais beaucoup d'autres choses à vous dire sur l'importance de l'autoroute de l'information, mais je vais terminer là-dessus.

Les Québécois excellent dans l'occupation du segment francophone de l'autoroute de l'information. Vous avez tous lu dans les journaux récemment, ce qui nous a tous un peu surpris, que l'anglais, en proportion, est en régression sur les autoroutes de l'information à l'échelle mondiale. Pourquoi? C'est parce que tous les peuples, toutes les langues parlées prennent leur place sur l'Internet, prennent leur place sur les autoroutes de l'information. Or, notre grand défi, au Québec, il est double. D'abord, c'est de s'associer avec les pays de la francophonie pour vraiment faire en sorte que le français ait sa place et toute sa place dans l'Internet international, parce que le français est une grande langue internationale. Et l'autre défi qui se pose à notre société, c'est de faire en sorte que la société québécoise et le contenu québécois à l'intérieur de ce segment francophone aient toute leur place.

(17 h 40)

Bien que nous soyons moins que 5 % de la population francophone du monde, les derniers chiffres qu'on a, c'est que nous avions produit, nous produisons plus de 30 % du contenu francophone sur l'inforoute francophone internationale. On sait que les Français prennent des bouchées doubles. Bien, parce que ceci va amplifier, va augmenter la place du français sur l'inforoute internationale. Mais il faut s'assurer que le Québec prenne toute sa place dans ce domaine et il faut s'assurer que notre présence sur l'autoroute de l'information au niveau international reflète notre culture, reflète notre identité, reflète notre patrimoine et, finalement, reflète ce que nous sommes.

Je termine là-dessus, M. le Président. Prendre notre place à l'échelle internationale à titre de peuple, à titre bientôt de pays souverain, c'est également... ça veut dire qu'il faut le plus rapidement possible assumer notre présence, notre fierté sur l'inforoute internationale, parce que c'est là aussi une fenêtre du Québec ouverte sur le monde. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre. Alors, nous poursuivons le débat sur le discours d'ouverture de la session, le discours inaugural du premier ministre, et je cède la parole maintenant à Mme la députée de Saint-François et présidente de la commission des affaires sociales. Mme la députée, la parole est à vous.


Mme Monique Gagnon-Tremblay

Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président. Il est d'usage que, après chaque élection, M. le Président, lorsqu'on prononce son premier discours, on ait une pensée toute particulière pour les gens de son comté. Alors, pour moi, la population du comté de Saint-François m'a renouvelé sa confiance pour un quatrième mandat. J'ai en effet été élue pour la première fois en 1985, et c'est avec beaucoup de fierté que je représente cette circonscription depuis. Et, curieusement, M. le Président – parce qu'à chaque élection les gens qui sont de l'extérieur du comté croient toujours que ce comté est en danger... Alors, je dois vous dire que c'est avec beaucoup de fierté que, encore une fois, j'ai été réélue, avec une majorité de 3 700, qui est même plus considérable que la majorité que j'avais eue en 1985. Alors, je me considère comme une privilégiée, et c'est aussi un honneur pour moi de représenter les citoyens et les citoyennes du comté de Saint-François. Vous me permettrez de remercier sincèrement tous les électeurs et électrices du comté de Saint-François qui ont accepté de me faire confiance à nouveau pour un quatrième mandat.

M. le Président, on ne peut gagner une élection sans une équipe derrière soi, et j'étais fière de pouvoir m'appuyer sur une équipe dynamique et compétente qui n'a ménagé aucun effort pour me faire réélire. Je voudrais donc remercier mes organisatrices et mes organisateurs – je parle d'organisatrices parce que la plupart étaient des femmes – et les nombreux bénévoles qui n'ont pas hésité à investir des heures et des heures de travail.

M. le Président, maintenant que je suis élue, bien sûr, toute la population du comté de Saint-François est représentée maintenant par une députée, et je veux les assurer de mon entière collaboration, quelle que soit leur allégeance.

Le comté de Saint-François est un comté, il faut le rappeler, qui est relativement nouveau, qui est relativement jeune, puisqu'il a été créé en 1973 suite à une révision de la carte électorale. Ce comté a été représenté seulement par trois députés depuis, c'est-à-dire par feu le libéral Gérard Déziel, qui a siégé entre 1973 et 1976, et par le député péquiste Réal Rancourt, qui était comme vous, M. le Président, vice-président de l'Assemblée nationale, et aussi qui a siégé de 1976 à 1985, jusqu'à mon élection. Et je dois vous dire aussi que la moitié de mes électeurs proviennent de la partie est de la ville de Sherbrooke. Bien sûr qu'on retrouve les villes, les municipalités de Fleurimont, Lennoxville, Ascot, Waterville et Compton. Mais, finalement, du fait que j'ai la partie est de la ville de Sherbrooke, on se retrouve avec deux députés dans la ville de Sherbrooke, soit le député de Sherbrooke, qui est notre chef actuel, et moi-même.

M. le Président, le 30 novembre dernier, la population du Québec a rendu son verdict et a décidé de reporter au pouvoir le gouvernement actuel. J'accepte ce verdict. Mais je veux assurer mes commettants et commettantes que mon rôle de députée de l'opposition sera non moins passionnant et me permettra, avec toute la vigilance qu'on me connaît, de suivre à la trace les faits et gestes du gouvernement réélu et de ses membres et surtout de m'assurer du respect de leurs engagements.

Le Parti libéral du Québec compte dans ses rangs de nouvelles recrues, des jeunes, des hommes, des femmes dynamiques et qui ont le goût du Québec. Je veux les féliciter et profiter de cette occasion pour féliciter également les nouveaux députés du gouvernement. Lorsqu'on décide de se lancer en politique, c'est par conviction et, quel que soit le parti politique qu'on représente, ça exige toujours une certaine dose de courage. Alors, ça mérite des félicitations, M. le Président.

D'élection en élection, on retrouve à l'Assemblée nationale aussi plus de femmes, et je me réjouis qu'on ait accordé des postes clés à certaines d'entre elles au cabinet. Les mentalités ont changé, peut-être pas au rythme qu'on l'aurait souhaité, parce qu'il y a encore du travail à accomplir, mais les femmes ont de plus en plus leur place en politique. On voit, entre autres, des femmes qui se présentent de plus en plus au niveau de la politique municipale, surtout celles qui ont charge d'enfants; c'est une politique qui est beaucoup plus près de la population. Je trouve que c'est un bon tremplin, justement, pour, par la suite, soit faire le saut en politique provinciale ou encore en politique fédérale, et je les encourage à venir joindre nos rangs.

Au cours de la dernière campagne électorale, j'ai rencontré des électeurs et des électrices inquiets, parfois désabusés. Ils en avaient long à dire, entre autres sur notre réforme de la santé, sur l'assurance-médicaments imposée par le gouvernement, sur la perception obligatoire, entre autres, des pensions alimentaires, sur les coupures de l'aide sociale, la formation de la main-d'oeuvre, et j'en passe.

M. le Président, au niveau de la santé, entre autres, j'ai constaté au cours de la dernière campagne électorale, pour la première fois, que des médecins de Sherbrooke sont sortis dans la rue pour faire pression sur la régie régionale et lui dire: Les coupures, c'est terminé, et on veut respirer, on veut de l'oxygène et on ne veut plus de coupures de lits. C'était la première fois, M. le Président, que les médecins sortaient dans la rue pour faire part de leurs revendications.

Vous savez, à tous les matins, jour après jour, les bulletins de nouvelles nous racontaient, et nous racontent encore, l'anxiété, le stress et la souffrance des personnes malades, qui sont les plus vulnérables. Les malades vivent de plus en plus les effets dévastateurs d'une réforme qui a été improvisée, de structures piratées par des coupures, avec un manque total de compassion, où la technocratie l'a emporté sur le patient. À Sherbrooke comme ailleurs, aux attentes dans les salles d'urgence s'ajoutent les listes d'attente de plus en plus longues pour des chirurgies, des services spécialisés, notamment pour des cas de cancer.

Mais je pense, M. le Président, qu'il y a une décision qu'il faut vraiment dénoncer et qui aura des effets dévastateurs non seulement à court, à moyen mais aussi à long terme: c'est la décision du gouvernement d'accorder des départs assistés soit aux infirmières et aux médecins, mais sans aucune, mais sans aucune planification. Qu'est-ce qui arrive aujourd'hui, M. le Président? On se retrouve avec une pénurie d'infirmières. Qu'est-ce que ça aurait été de permettre aux directeurs des hôpitaux de gérer les départs, de décider quand chaque personne pourrait partir et aussi d'être capable de transférer le savoir au niveau des nouvelles recrues? Or, M. le Président, aujourd'hui, on se retrouve avec une pénurie d'infirmières. On est rendu qu'on s'arrache les infirmières. On est rendu qu'on négocie les contrats de travail. On est rendu que... Certains directeurs sont obligés de payer le déménagement des infirmières pour pouvoir en avoir. Alors donc, on s'arrache les infirmières, et celles qui sont là actuellement, elles sont à bout de souffle, elles sont fatiguées et elles n'en peuvent plus.

M. le Président, seulement au Centre universitaire de santé de l'Estrie – je pense que c'est important – le déficit accumulé est d'environ 35 000 000 $. J'ose espérer que le gouvernement, étant donné que c'est un centre universitaire qui a été très performant, va pouvoir combler ce déficit au complet. Mais la récurrence, elle, le déficit récurrent, lui, est d'environ 12 000 000 $, de 8 000 000 $ à 12 000 000 $. Or, c'est très important. Et j'ai hâte de voir qu'est-ce que la ministre va nous annoncer quant à la récurrence de ces déficits, parce que c'est très important aussi pour le futur de ce centre hospitalier.

C'est la même chose au niveau, par exemple, des équipements. On a un problème énorme au niveau des équipements. On est rendu, M. le Président, qu'on n'a même pas les équipements nécessaires pour soigner les malades; entre autres, que ce soit au niveau de la résonance magnétique, les équipements ne sont même pas suffisamment à point pour être capable d'avoir une analyse très claire d'un problème. Alors, ça peut manquer d'une journée à l'autre. On a besoin de tout près de 10 000 000 $ d'investissements, rapidement, d'équipements, parce qu'on ne sait pas si à un moment donné ça va sauter. Et bien sûr que je n'ai pas entendu... Dans le dernier budget, hier, on a parlé des équipements. Je suis très inquiète, parce qu'on a dit que... J'ai cru comprendre, du fait qu'on assumait les déficits, que les intérêts que normalement les hôpitaux auraient dû payer vont servir à acheter peut-être des équipements ou à servir à d'autre chose. Mais j'espère que la ministre va pouvoir nous annoncer des investissements dans les équipements, ce qui est très important.

(17 h 50)

C'est un centre hospitalier universitaire, et on craint toujours pour le statut du Centre universitaire lorsque, par exemple, on fait des coupures, des coupures comme on l'a fait au cours des dernières années. M. le Président, la ministre aura à faire la répartition des sommes de son budget prochainement. J'ose espérer qu'elle ne pensera pas uniquement à Québec et à Montréal mais qu'elle va penser aux régions, et qu'elle va penser surtout aux régions où il y a des centres universitaires, et que le Centre universitaire de l'Estrie ne sera pas laissé en compte. Alors, je serai très vigilante à ce niveau et j'ose espérer qu'on aura les sommes auxquelles on s'attend.

M. le Président, il y a aussi un autre dossier dont on a beaucoup parlé en campagne électorale, et c'est la ligne Hertel-des Cantons. On se souviendra que ces gens ont demandé à plusieurs reprises au gouvernement d'être entendus. Malgré tout, le gouvernement a décidé de passer trois décrets. Il n'a pas entendu ces gens. Cependant, c'est que le premier ministre, lors de la dernière campagne électorale, avait rencontré les gens de la ligne Hertel-des Cantons et il les avait assurés qu'il respecterait le jugement, parce que ces personnes avaient décidé de se faire justice devant les tribunaux. Alors donc, le jugement a été rendu, on ose espérer que le premier ministre va respecter son engagement.

M. le Président, j'ai été très déçue aussi, dans le discours inaugural, parce qu'on n'a pas fait mention que le gouvernement avait l'intention d'ajuster les primes de l'assurance-médicaments pour les plus démunis. On se souviendra qu'il y a un rapport qui avait été connu, dévoilé, je devrais dire plutôt, en pleine campagne électorale, où on se rendait compte qu'il y avait eu des effets vraiment néfastes pour les plus démunis de la société, au niveau de l'assurance-médicaments. Le premier ministre s'était engagé à diminuer les primes pour ces plus démunis. Absolument rien n'apparaît dans le discours inaugural. Alors, je m'attendais, M. le Président, qu'on pourrait au moins nous en faire part dans le discours du budget d'hier, mais, encore là, absolument aucune mention. Alors, j'espère que le gouvernement va respecter sa parole à ce niveau-là.

Quant à la parole, M. le Président, c'est important. On se souviendra aussi que le premier ministre, lorsqu'il a été assermenté et par la suite, avait dit que les citoyens étaient trop taxés ou imposés et qu'il n'avait pas l'intention de les taxer à nouveau. On se souviendra cependant que, seulement au niveau de la taxe de vente, on a augmenté de 1 % la taxe de vente du Québec, ce qui est dommage et ce qui est dommageable pour l'économie du Québec. Vous savez, c'est important de tenir sa parole. La vraie fierté des Québécois, c'est d'éviter de trahir leurs promesses et d'avoir un seul discours et d'avoir un seul langage. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la députée de Saint-François. Compte tenu de l'heure... M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Boulerice: C'est justement, M. le Président, compte tenu de l'heure – vos propos sont très indicatifs – nous allons suspendre et reprendre demain, jeudi le 11.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Il est proposé par M. le leader adjoint du gouvernement d'ajourner les travaux de cette Assemblée à demain, jeudi le 11 mars, à 10 heures. Est-ce que cette motion est adoptée?

Des voix: Adopté.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Alors, les travaux de cette Assemblée sont ajournés à demain, à 10 heures. Et bonne soirée à tous.

(Fin de la séance à 17 h 54)


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