Journal des débats de l'Assemblée nationale
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Le
mardi 1 octobre 2024
-
Vol. 47 N° 148
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
Lévesque, Sylvain
-
Lévesque, Mathieu
-
Morin, André Albert
-
-
Morin, André Albert
-
Lévesque, Sylvain
-
Lévesque, Mathieu
-
-
Lévesque, Sylvain
-
McGraw, Désirée
-
Lévesque, Mathieu
-
Allaire, Simon
-
Maccarone, Jennifer
-
-
Maccarone, Jennifer
-
Lévesque, Sylvain
-
Prass, Elisabeth
-
-
Lévesque, Mathieu
-
Lévesque, Sylvain
-
Fréchette, Christine
-
Rizqy, Marwah
-
-
Benjamin, Frantz
-
St-Louis, François
-
Fortin, André
-
Bélanger, Sonia
-
Bouazzi, Haroun
-
Tardif, Marie-Louise
-
Nadeau-Dubois, Gabriel
-
Soucy, Chantal
-
Chassin, Youri
-
Hébert, Geneviève
-
Poulet, Isabelle
-
Rivest, Mathieu
-
-
Roy, Nathalie
-
Fréchette, Christine
-
Roberge, Jean-François
-
Lamontagne, André
-
Blanchette Vézina, Maïté
-
Jolin-Barrette, Simon
-
Charest, Isabelle
-
Ciccone, Enrico
-
Schneeberger, Sébastien
-
D'Amours, Sylvie
-
Simard, Jean-François
-
Labrie, Christine
-
Dufour, Virginie
-
Cadet, Madwa-Nika
-
Déry, Pascale
-
Drainville, Bernard
-
Morin, André Albert
-
Derraji, Monsef
-
Guilbault, Geneviève
-
-
Roy, Nathalie
-
Guilbault, Geneviève
-
Derraji, Monsef
-
Zaga Mendez, Alejandra
-
Fréchette, Christine
-
Lamontagne, André
-
Cliche-Rivard, Guillaume
-
Roberge, Jean-François
-
Labrie, Christine
-
Paradis, Pascal
-
Massé, Manon
-
Lafrenière, Ian
-
Garceau, Brigitte B.
-
Lacombe, Mathieu
-
Benjamin, Frantz
-
Caron, Linda
-
Lévesque, Mathieu
-
-
Benjamin, Frantz
-
Caron, Linda
-
Bélanger, Sonia
-
Labrie, Christine
-
Arseneau, Joël
-
Setlakwe, Michelle
-
Fontecilla, Andrés
-
Lévesque, Mathieu
-
Skeete, Christopher
-
Morin, André Albert
-
Paradis, Pascal
-
Leduc, Alexandre
-
Bérubé, Pascal
-
Drainville, Bernard
-
Rizqy, Marwah
-
-
-
Benjamin, Frantz
-
Bouazzi, Haroun
-
-
Bouazzi, Haroun
-
Benjamin, Frantz
-
Paradis, Pascal
-
-
Paradis, Pascal
-
Soucy, Chantal
-
Dufour, Virginie
-
-
Dufour, Virginie
-
Soucy, Chantal
-
Tanguay, Marc
-
Lévesque, Mathieu
-
Setlakwe, Michelle
-
-
Setlakwe, Michelle
-
Lévesque, Mathieu
-
Soucy, Chantal
-
Ciccone, Enrico
-
Cadet, Madwa-Nika
-
-
Cadet, Madwa-Nika
-
Soucy, Chantal
-
Déry, Pascale
9 h 30 (version révisée)
Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte.
(Dix heures)
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Bon mardi matin, chers collègues. J'espère que vous avez passé une très
belle fin de semaine.
Alors, je vous demande, s'il vous plaît,
de bien vouloir vous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. On peut s'asseoir.
Affaires du jour
Alors, pour la suite de nos travaux, M. le
leader adjoint du gouvernement, comment commençons-nous cette semaine?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
bonjour, M. le Président, d'abord, en vous saluant. Nous commençons en vous
saluant puis en vous disant que nous sommes très heureux d'être ici ce matin
pour reprendre nos travaux, belle journée à Québec, beau soleil. Donc, je salue
également les collègues.
Et je vous demanderais de bien vouloir
appeler l'article 2 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 64
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, nous débutons avec l'article 2 du feuilleton. L'Assemblée reprend
le débat ajourné le 25 septembre 2024 sur l'adoption du principe du projet
de loi n° 64, Loi instituant le Musée national de
l'histoire du Québec.
Au moment de l'ajournement, Mme la députée
de Robert-Baldwin avait terminé son intervention. Alors, je suis maintenant
prêt à reconnaître la prochaine ou le prochain intervenant, et ce sera M. le
député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M.
Morin :Alors, bonjour, M. le Président. Heureux de prendre la
parole à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi n° 64,
Loi instituant le Musée national de l'histoire du Québec.
Alors, c'est un projet de loi important. C'est
un sujet qui est aussi excessivement important pour toute personne, l'histoire
de l'endroit où elle vit, l'histoire de sa province, l'histoire de sa nation, l'histoire
de son pays, l'histoire en général. C'est une science qui est excessivement, je
vous dirais, importante parce qu'elle permet de saisir ce qui s'est fait dans
le passé, de bonnes et de mauvaises choses, et, quand on identifie et qu'on
étudie les mauvaises choses, on essaie évidemment de ne pas les répéter, mais,
pour ça, bien sûr, il faut... il faut connaître son histoire puis il faut être
capable d'en parler, pour les bons coups puis les mauvais coups, de ce qu'un
peuple, une nation peut vivre au fur et à mesure où les années passent.
Moi, je vous dirais, M. le Président,
quand j'ai entendu cette idée-là d'histoire du Québec et de musée, ma première
réaction, c'était une réaction de joie parce que je suis un fan d'histoire. J'ai
eu le plaisir de rédiger une thèse de doctorat en histoire du droit et en droit
pénal comparé. Je ne sais pas si ça fait de moi un historien, parce que je n'ai
pas eu le privilège d'enseigner longtemps l'histoire, mais j'ai enseigné l'histoire
des institutions et du droit à l'Université d'Ottawa. Donc, c'est pour vous
dire, c'est pour vous dire comment l'histoire, pour moi, c'est hyperimportant,
puis être capable, évidemment, de l'analyser avec un esprit critique, c'est
aussi fondamental. C'est ce que j'essayais de faire avec mes étudiants.
D'ailleurs, je vous fais une petite
anecdote personnelle. Plus jeune, avec mes parents, mes parents me disaient
toujours : Bon, bien, avant d'aller voyager à l'extérieur, on va
connaître... on va connaître le Québec. Et moi, ma... Finalement, ce que j'aimais
bien, quand on se promenait sur les chemins, dont le chemin du Roy, c'était d'identifier
les plaques historiques puis de leur dire : Bien là, il faudrait arrêter
là, il faudrait aller lire la plaque. Tu sais, après quelques heures de lire la
plaque, ils commençaient à être un peu tannés, ils avaient hâte qu'on arrive à
quelque part, mais c'est pour vous dire comment l'histoire, pour moi, a
toujours été hyper, hyperimportante. Puis, pour moi, un musée national de l'histoire
du Québec, c'est un <ouvrage, c'est une...
>
10 h (version révisée)
<
M.
Morin :
...c'est un >ouvrage,
c'est une décision, c'est une institution qui devrait rassembler et non pas
diviser.
Et je vous dirai que, quand j'ai suivi
tous les cours d'histoire que j'ai été capable de suivre, que ce soit au
primaire, au secondaire, au cégep ou à l'université, en tout cas, les
enseignants que j'avais ont toujours commencé les cours d'histoire, d'histoire
du Québec ou d'histoire du Canada, en parlant des Premières Nations, des
premiers peuples. Et je dois vous dire que j'ai été un petit peu surpris, hein,
je vous partage ça ce matin, d'entendre, puis j'espère que je reprends bien les
mots du premier ministre, mais, à un moment donné, je pense que notre premier
ministre disait : L'histoire ou le Musée national de l'histoire du Québec
va commencer avec Champlain. Oh! ça m'a étonné, je dois vous dire, parce que,
dans le cursus d'histoire que j'ai suivi, l'histoire du Québec ne commençait
pas avec Champlain, ne serait-ce que si on veut parler... si on veut parler de
la Nouvelle-France, peut-être qu'on pourrait parler de Jacques Cartier qui est
venu un petit peu avant Champlain. Donc, j'ai été un petit peu étonné.
Et puis, après ça, il y a eu comme un
débat, à savoir est-ce qu'on allait inclure les Premières Nations ou pas. Je trouvais
ça aussi un petit peu étonnant. Et, ici, pour l'opposition officielle, j'ai le
privilège d'être le porte-parole pour les relations avec les Premières Nations
et les Inuits. Donc, vous comprendrez, M. le Président, que, quand j'ai entendu
tout ça, bien, je me suis senti un petit peu interpelé, puis c'est pour ça,
entre autres, que je voulais parler en cette Assemblée ce matin peut-être pour
mettre des choses en perspective puis peut-être, bien, évidemment,
éventuellement inspirer le gouvernement.
Et pour cette raison, pour cette raison,
je me suis particulièrement attardé au mémoire qui a été présenté par
différents groupes ou institutions des Premières Nations, et je nomme le
Conseil en éducation des Premières Nations, l'APNQL, l'Assemblée des premières
nations Québec-Labrador et l'Institut Tshakapesh. Et je vais prendre quelques
instants pour rappeler certains passages de leur mémoire qui, je pense,
méritent d'être retenus, méritent à tout le moins d'être discutés, méritent d'en...
qu'il faut s'en rappeler.
Et je cite la page 11, où on indique :
«La création d'un musée sur l'histoire du Québec offre une occasion unique de
rendre hommage au riche panorama historique et culturel de la province.
Toutefois, cette initiative ne sera réussie que si elle intègre pleinement et
respectueusement les perspectives et les contributions des Premières Nations.
L'APNQL, le CEPN et l'Institut Tshakapesh souhaitent que le projet de loi n° 64 soit amendé pour refléter une vision inclusive, juste
et équitable de l'histoire du Québec, comme le recommande ce mémoire.»
Et, quand vous regardez les différentes
recommandations, puis je vais en citer quelques-unes pour attirer évidemment l'attention
du gouvernement sur cette réalité, parmi les recommandations du mémoire et les
différents chapitres, on souligne... on demande d'«intégrer les récits,
contributions et perspectives autochtones à toutes les expositions, avec des
sections gérées directement par les Premières Nations». Et, ça, je pense que c'est
important, parce que, quand on regarde, évidemment, l'apport des Premières
Nations à l'histoire du Québec, quand on regarde et qu'on relit la déclaration
des Nations unies sur les peuples autochtones, et d'ailleurs, il y a au moins
une motion de l'Assemblée nationale qui souligne évidemment qu'on doit en tenir
compte, ça n'a pas encore été adopté par le gouvernement, mais c'est quand même
un document des Nations unies qui est hyperimportant, on voit comment il est
important de travailler, finalement, en codirection, en partenariat avec les
Premières Nations pour qu'ils puissent avoir véritablement leur place au sein, évidemment,
des différentes initiatives du gouvernement. Et c'est ce que... c'est ce que le
mémoire rappelle dans... en ce qui a trait à la création d'un musée national de
l'histoire du Québec.
On nous dit également : «Respecter
les protocoles culturels des Premières Nations pour la <conservation et
la présentation d'artéfacts autochtones...
M.
Morin :
...pour la >conservation
et la présentation d'artefacts autochtones, ce qui est aussi, effectivement,
très important.
«Reconnaître les approches éducatives et
pédagogiques des Premières Nations concernant l'histoire en valorisant les
savoir-faire des Premières Nations.» Ça, je pense que c'est important d'être
capable de travailler en partenariat avec les Premières Nations pour faire en
sorte que non seulement on reconnaisse leurs approches éducatives et
pédagogiques, qui sont très souvent différentes des nôtres, mais également de
mettre en valeur les savoir-faire des Premières Nations et organiser des
consultations régulières avec des membres et des experts des Premières Nations
pour garantir des représentations justes et respectueuses, y compris la
révision de la politique culturelle et de la politique muséale du ministère de
la Culture et des Communications. Donc, on parle ici, évidemment, de partenariat,
et c'est ce à quoi je faisais référence au début de mon allocution.
«Élaborer des programmes éducatifs en
collaboration avec les Premières Nations pour sensibiliser le public à leur
histoire et à leurs enjeux contemporains.» Et, quand je vous disais que, dans
l'histoire, bien oui, il faut raconter, il y a plein de gens, nos ancêtres ont
fait plein de trucs hyperimportants, hyperpositifs, mais il y a aussi des
moments de notre histoire qui... en fait, des moments qui sont beaucoup plus
sombres. Puis ça, bien, je pense qu'il faut avoir l'honnêteté, et puis c'est
question de justice, d'être capable d'en parler.
• (10 h 10) •
Puis, parmi les moments plus sombres de
notre histoire, il y en a, malheureusement, qui touchent les Premières Nations
et les autochtones. On a vécu, hier, la journée de la vérité et de la
réconciliation. Samedi, il y avait une vigile, une cérémonie commémorative à la
mémoire de Joyce Echaquan. Ça fait aussi partie de notre histoire. Puis la
vérité et la réconciliation pour les peuples autochtones, c'est évidemment d'en
parler, de le reconnaître, mais d'être capable aussi de le montrer. Ça fait
partie de notre histoire.
Et ça a eu un impact terrible chez les
Premières Nations. Je ne sais pas si vous avez eu la chance d'écouter, hier, le
témoignage du Dr Stanley Vollant à la radio. Il a fait une grande marche, il
est arrivé dans la région de Pikogan et il disait que, pour la première fois,
il avait réussi à parler à sa fille de ce qu'il avait vécu, de ce que sa mère
avait vécu dans les écoles résidentielles où étaient littéralement enlevés et
confinés des membres des Premières Nations. Ce n'est pas un moment glorieux de
notre histoire, M. le Président, mais, ça aussi, il faut avoir le courage d'en
parler. Il faut avoir le courage de faire connaître ce qui s'est passé, parce
qu'évidemment on ne voudrait plus jamais, jamais que ce genre de situation là
arrive. Ça, ça m'apparaît important.
Donc, quand on parle ici, dans leur
mémoire, d'élaborer des programmes éducatifs en collaboration avec les
Premières Nations pour sensibiliser le public, bien, je pense que c'est tout
ça, et parler, évidemment, de leur histoire et de leurs enjeux contemporains
qui sont intimement liés aux nôtres, évidemment.
«Former le personnel, les membres du
conseil d'administration et les membres du comité d'experts du musée à propos
des cultures autochtones afin d'éviter des stéréotypes et des erreurs
historiques.» Parce qu'il y en a. Puis, quand je vous disais d'emblée que je
pense qu'un musée, ça sert aussi à montrer, à faire réfléchir les gens, à leur
permettre de développer un esprit critique, bien, je pense que c'est aussi la
mission d'un musée, et puis que, quand on sort d'une exposition, bien, on se
dit : Oui, O.K., mais j'ai appris quelque chose et maintenant je vais
peut-être faire des choses différemment parce que, grâce à ce que j'ai appris,
grâce à ce que je sais de notre histoire, bien, évidemment, on va être capable
de ne pas répéter des erreurs du passé.
«Inclure des expositions mettant en valeur
les contributions contemporaines des Premières Nations et offrant également une
plateforme aux artistes et aux leaders autochtones.» Donc, finalement, c'est
très, très important, et je pense qu'il faut le souligner puis il faut être
capable de reconnaître l'apport constitutif et cardinal des Premières Nations
et des Inuits par leurs savoirs, leurs langues, leurs cultures ainsi que leurs
systèmes de gouvernance distincts dans l'histoire, le territoire et la société
contemporaine du Québec. Ça, je pense que c'est tout à fait essentiel.
Et je pense que c'est la raison aussi pour
laquelle, avec ce musée, il faudra être inclusif et il faudra que le comité
scientifique ait un apport essentiel, parce que je pense que la pire des choses
qu'on puisse faire avec un musée national d'histoire, c'est d'en faire un... de
politiser un musée pour en faire une espèce <d'histoire qui ne
correspondrait pas...
M.
Morin :
...de
politiser un musée pour en faire une espèce >d'histoire qui ne
correspondrait pas, comme je vous le disais tout à l'heure, à certains bons
coups et moins bons coups de ce qu'on a vécu ici, au Québec et au Canada. Il
faut être capable, il faut avoir le courage d'aborder des perspectives
différentes, des points de vue différents et de le montrer, surtout, surtout,
ne pas utiliser un musée à des fins partisanes.
Je vais revenir avec la déclaration du
premier ministre et puis au moins d'un historien, où on voulait faire débuter
l'histoire, finalement, avec Champlain. Champlain a contribué d'une façon tout
à fait significative à l'histoire du Québec et du Canada. Il a fondé la ville
dans laquelle on se trouve présentement, il a exploré des contrées, en fait, il
en a fait, du kilomètre en canot, c'est clair, d'ailleurs, d'ailleurs, en canot
avec des membres des Premières Nations. Donc, en tout cas, je ne sais pas
comment est-ce que... Si on se fie à la position de certains, je ne sais pas
comment ils vont décrire les gens qui étaient avec Champlain, là, mais, en tout
cas, quand on regarde des estampes, quand on regarde des récits de ses voyages,
on voit qu'il était accompagné des membres des Premières Nations. Les premiers
peuples, les Premières Nations, sont arrivés ici il y a des milliers d'années
et ils étaient, d'ailleurs, bien présents.
Et c'est vrai que Champlain a fondé le
Québec, l'habitation de Québec. C'était une résidence qui... où les gens,
évidemment, ont vécu d'une façon plus permanente, d'une façon continue depuis
1608, sauf pour l'épisode des frères Kirke, vous vous en rappellerez. Les Anglais
ont pris possession de l'habitation assez rapidement, puis après ça, avec des
traités internationaux, ça a été redonné aux Français, mais, quand même, des
gens ont vécu ici.
Mais ils n'ont pas été... Champlain n'a
pas été le premier à vouloir avoir un projet de peuplement pour le territoire
du Québec. Rappelez-vous des initiatives de Cartier et de Roberval, qui, à
Cap-Rouge, ont fondé un établissement et où des colons français y ont quand
même vécu un premier hiver très difficile, très difficile. Puis, sans l'aide
des Premières Nations, pas sûr qu'ils auraient tous survécu. Tellement
difficile, ça a entraîné, éventuellement, des conflits. Il y a eu aussi un
conflit entre Roberval et Cartier, donc, évidemment, ils sont repartis, mais on
ne peut pas passer sous silence les voyages de Cartier. Et Cartier, quand il a
remonté le fleuve jusqu'à Montréal, quand on lit ses récits de voyage, on voit
qu'il a été accueilli dans une... je ne sais pas si on peut appeler ça une
municipalité, ou une ville, ou un village, mais dans un peuplement des Premières
Nations qui était excessivement grand. Alors, il l'a décrit.
Donc, est-ce que ça voudrait dire que,
dans le Musée national de l'histoire du Québec... qu'est-ce qu'on va faire? On
ne parlera pas des voyages de Jacques Cartier? On ne parlera pas de sa visite à
Hochelaga? On ne parlera pas qu'il a rencontré des...
D'ailleurs, Cartier a ramené en France des
membres des Premières Nations. Pas sûr qu'il leur a demandé leur consentement
pour les ramener. Et, ça aussi, c'est des moments moins glorieux, puis je pense
qu'il faut avoir l'honnêteté d'en parler et de le reconnaître. Peut-être que
Cartier, hein, qui était censé découvrir plein de diamants puis de richesses en
Nouvelle-France, s'est dit que peut-être qu'il serait mieux de ramener
quelqu'un juste pour prouver au roi de France qu'il avait... il était allé dans
une contrée où il y avait du monde. Mais, justement, il y avait du monde qui y
vivait. Il vivait dans une société organisée, dans des villages. Il y avait des
moyens de locomotion. Ce n'était pas n'importe quoi, là.
Alors, tout ça réitère mon point de vue de
l'importance, de l'importance, évidemment, de parler... de parler des Premières
Nations dans ce qui sera un jour le Musée national de l'histoire du Québec. Je
vois mal, sincèrement, comment on peut en parler sans eux. D'autant plus
qu'entre les Français, et les différentes nations autochtones, et les Anglais,
bien, évidemment, ça a généré beaucoup de conflits, ce qui a quand même permis,
éventuellement, la Grande Paix de Montréal, qui est un événement, évidemment,
important dans l'histoire de la Nouvelle-France, où le gouverneur a réussi à
signer avec les différentes nations autochtones un traité pour amener la paix
et la prospérité.
Donc, tout ça pour vous dire que notre
histoire, elle est intrinsèquement liée à celle des <Premières
NationsT...
M. Morin :
...donc,
tout ça pour vous dire que notre histoire, elle est intrinsèquement liée à
celle des >Premières Nations. Ils étaient là bien avant nous. Si Jacques
Cartier, quand il a hiverné avec ses bateaux, n'avait pas eu l'apport de la
pharmacopée des Premières Nations, ils seraient probablement tous morts du
scorbut. Personne n'aurait pu raconter leur voyage, donc, d'où l'importance,
évidemment, évidemment, d'en parler.
Je vous ai parlé évidemment des écoles
résidentielles. Il ne faut pas l'oublier. Il faut être capable d'avoir le
courage de dire ce qui s'est passé, mais évidemment connaître son histoire,
c'est fondamental, ça évite de répéter des erreurs du passé. Puis je vous
dirais que c'est aussi un message pour nous qui siégeons en ce parlement, mais
pour toutes les personnes aussi qui viennent le visiter, parce que, quand vous
regardez l'oeuvre de Taché et que vous regardez la façade du parlement, c'est
clairement une ode à l'histoire du Québec, et puis les Premières Nations y
occupent une place significative. Donc, il ne faut pas l'oublier, absolument.
On est privilégiés. On débat dans ce salon
rouge, mais, en haut de vous, on a évidemment une magnifique toile d'une des
réunions du Conseil souverain de la Nouvelle-France. Donc, partout au
parlement, l'histoire est présente. Et je pense que, si je souhaite quelque
chose, c'est que ce musée national de l'histoire reflète cette réalité de tous
les peuples, à commencer par les Premières Nations, qui ont fait du Québec, du
Canada, finalement, une nation qui est fière, qui a une belle histoire, avec
des moins bons côtés, mais dont il faut se parler. Je pense que c'est
excessivement important.
C'est la raison pour laquelle je ne peux
pas être contre le principe. Je vais appuyer le principe du projet de loi
n° 64. Et je termine en rappelant la devise du Québec, qui est tout à fait
pertinente, M. le Président, Je me souviens.
• (10 h 20) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il n'y en a pas.
Adoption du principe
Mise aux voix
Alors, le principe du projet de loi n° 64,
Loi instituant le Musée national de l'histoire du Québec, est-il adopté?
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la culture et de
l'éducation
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Donc, conformément à l'article 243 de
notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 64, la Loi
instituant le Musée national de l'histoire du Québec, soit déféré à la
Commission de la culture et de l'éducation pour son étude détaillée et que le
ministre de la Culture et des Communications soit membre de ladite commission
pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Est-ce que cette motion est adoptée? Adopté. Pour la suite de nos travaux,
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 59 du feuilleton, s'il vous plaît.
Motions du gouvernement
Motion proposant d'approuver l'Entente entre le Québec
et le Royaume de Belgique modifiant l'Entente en matière de sécurité sociale
entre le Québec et le Royaume de Belgique, et note explicative
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, à l'article 59 du feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant
au débat sur la motion inscrite à l'article 59 du feuilleton faisant suite
au dépôt par Mme la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie, le 11 septembre 2024, d'un engagement international. Cette
motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale approuve l'Entente
entre le Québec et le Royaume de Belgique modifiant l'Entente en matière de
sécurité sociale entre le Québec et le Royaume de Belgique signée le
28 mars 2006, signée le 19 avril 2023.»
Je vous rappelle qu'en vertu de l'article 22.3
de la Loi sur le ministère des Relations internationales cette motion donne
lieu à un débat restreint de deux heures. La répartition des temps de
parole dans le cadre de ce débat s'effectuera comme suit : 57 minutes
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
31 min 4 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 20 min 34 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, 6 min 51 s sont allouées au troisième
groupe d'opposition, 1 min 30 s sont allouées à chacun des
députés indépendants.
Dans le cadre de ce débat, le temps qui
est non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les
proportions établies précédemment. Mises à part ces consignes, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle
aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours de ce débat,
ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède donc maintenant la parole au
premier intervenant, et ce sera M. le député de Chapleau.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. C'est vraiment avec plaisir que je propose
aujourd'hui à cette Assemblée, au nom de la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, l'approbation de l'Entente entre le
Québec et le Royaume de Belgique modifiant l'Entente en matière de sécurité
sociale entre le Québec et le Royaume de Belgique que la ministre a signée le
19 avril 2023 à Québec en compagnie du Consul général de Belgique, M. Geert
Vansintjan.
La conclusion d'une <entente…
M. Lévesque (Chapleau) :
...la
conclusion d'une >entente internationale telle que celle qui fait l'objet
du débat actuel est la forme la plus achevée des relations diplomatiques entre
les États parce que l'entente est créatrice d'obligations juridiques, sur le
plan international, avec le partenaire étranger. Ces engagements doivent ainsi
être honorés par les parties contractantes. Chacune de ces ententes conclues
renforce la reconnaissance du Québec comme partenaire à part entière sur la
scène internationale. L'action internationale des États et des gouvernements
s'avère, dans l'actuel contexte de la mondialisation, de plus en plus
incontournable. Les gouvernements travaillent fort afin de promouvoir les
échanges économiques, la mobilité des personnes, la coopération en matière
d'éducation, de science ou d'autres domaines.
Le Québec a la chance de compter sur un
riche réseau de délégations, de bureaux et d'antennes à l'étranger. Ceux-ci, au
nombre de 34 dans 19 pays, nous permettent d'être en contact avec des
gouvernements et des sociétés avec lesquels nous avons établi, au fil des
décennies, des relations d'échange et de respect. Ce réseau diplomatique est
devenu l'un des plus importants bâtis par un État fédéré sur la planète. C'est
quand même quelque chose, ça, M. le Président. La conclusion d'ententes
internationales par le gouvernement du Québec, comme celle soumise aujourd'hui
pour approbation, c'est vraiment un bel exemple de cette coopération.
Sur la base de la réciprocité, les
ententes de sécurité sociale favorisent la mobilité des personnes, des
travailleurs et des étudiants. Ceci est accompli par la coordination des
régimes de sécurité sociale qui sont visés à ces ententes. Près du tiers de ces
ententes conclues incluent, en plus des dispositions sur les rentes de
retraite, d'invalidité et de survivant, des dispositions sur la santé, les
accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est, d'ailleurs, le
cas de l'entente qui fait l'objet du présent débat. Ces ententes garantissent
aux personnes visées le maintien de leur acquis... de leurs acquis, pardon, et
de leurs droits en voie d'acquisition dans les régimes qu'ils quittent et une
intégration plus rapide dans les régimes de sécurité sociale du territoire
d'accueil. Elles favorisent, donc, la mobilité des personnes.
Les dispositions sur l'assujettissement
déterminent la législation à laquelle l'employé demeure soumis durant son
assignation temporaire sur l'autre territoire et celle à laquelle l'employeur
doit effectuer les cotisations afférentes, évitant ainsi une cotisation
supplémentaire au régime applicable sur le territoire d'envoi. Des dispositions
analogues s'appliquent aux travailleurs autonomes. Ces ententes favorisent donc
aussi la mobilité des travailleurs. Les ententes qui, comme celle-ci, incluent
aussi le volet santé, permettent aux personnes visées, dont les étudiants, de
s'inscrire dès leur arrivée au régime d'assurance maladie du Québec et au
régime d'assurance hospitalisation, sans qu'il leur soit nécessaire de
souscrire à une assurance privée. Elles favorisent donc aussi la mobilité
étudiante.
Le Québec bénéficie largement des ententes
de sécurité sociale. Au cours des années 80 et 90, la priorité dans la
négociation de ces ententes a été accordée aux pays d'où provenait alors
l'immigration et desquels des résidents du Québec pouvaient espérer obtenir
l'exportation de leurs pensions par la conclusion d'ententes. Les premières
ententes ont donc été conclues avec les États-Unis, la France, l'Italie,
l'Allemagne, la Grèce et le Portugal. Ce faisant, des milliers de personnes ont
ainsi amélioré leur qualité de vie et particulièrement leurs conditions
économiques. Par la suite, les efforts du Québec ont porté plutôt vers des pays
où des entreprises québécoises étaient susceptibles d'envoyer des travailleurs
détachés dans le cadre de contrats à l'étranger, et ce, afin de leur épargner
une double cotisation aux régimes de sécurité sociale applicables. On pense ici
aux ententes conclues avec le Brésil, l'Inde et la Corée du Sud. Plusieurs
entreprises québécoises y bénéficient ainsi d'un avantage comparatif.
La pertinence de conclure de telles
ententes demeure évidente pour tous, sans oublier le rayonnement international
qu'elles apportent au Québec en tant que seule entité fédérée à négocier de
telles ententes avec des pays souverains. Il s'agit là d'une démonstration
concrète de l'action internationale du Québec en négociant et en mettant en
œuvre ces ententes. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Chapleau. Je suis maintenant prêt à
entendre la prochaine intervention. M. le député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M.
Morin :Merci, M. le Président. Alors, très heureux, ce matin,
de prendre la parole lors de cette... de l'étude de cette motion, finalement,
qui a été présentée et signée par la ministre des Relations internationales et
de la Francophonie.
Il s'agit d'une entente, comme le collègue
de la banquette gouvernementale le soulignait, entre le Québec et le Royaume de
Belgique, modifiant l'entente en matière de sécurité sociale qui existait
auparavant. Donc, évidemment, c'est une mise à niveau, mise à jour très
importante, très importante. Parce que je regardais rapidement des
statistiques, et les derniers chiffres que j'ai trouvés, c'est qu'il y aurait
51 340 Belges qui vivent au Québec, donc c'est pour vous dire comment
cette entente-là, effectivement, est utile, dont 32 000 qui vivent dans la
grande région de Montréal. Et, comme le soulignait le collègue de la banquette gouvernementale,
ces ententes que le <Québec peut conclure avec d'autres États...
M.
Morin :
...gouvernementale,
ces ententes que le >Québec peut conclure avec d'autres États est pour
moi, évidemment, une manifestation de l'importance pour le Québec, basée
notamment sur la doctrine Gérin-Lajoie, d'avoir une présence dans le monde, à
l'international, au sein de ses compétences législatives.
Donc, c'est une entente qui est importante
parce que ça va permettre la mobilité entre la Belgique et le Québec. Et le
Québec et la Belgique ont évidemment plusieurs choses en commun. Bien sûr, il y
a la langue. Plusieurs Belges parlent le français tout comme nous, d'ailleurs.
La Belgique est aussi riche de sa culture, et que dire de sa gastronomie, un
volet qu'il ne faut pas négliger. Évidemment, qui n'a pas déjà savouré des
frites belges et, évidemment, dégusté quelques bières? Il y en a plusieurs en Belgique,
d'où l'importance, évidemment, bien sûr, d'avoir ces échanges entre la Belgique
et le Québec. La science de l'art et la musique, évidemment, la culture, l'art,
en Belgique tout comme au Québec, ce sont deux éléments hyperimportants.
L'éducation. L'éducation. En Belgique, ils
ont d'excellentes universités, où, d'ailleurs, plusieurs Québécois vont
étudier. Et nous avons d'excellentes universités au Québec qui permettent à des
Belges de venir, évidemment, étudier chez nous. Pour ne nommer que celle-ci, je
réfère à l'Université Libre de Bruxelles, où ils ont des programmes,
évidemment, d'études supérieures qui sont très, très reconnus à travers le
monde. Donc, l'éducation est un élément particulièrement important que nous
valorisons, autant du côté de la Belgique que du côté du Québec.
• (10 h 30) •
Et, bien sûr, notre engagement social.
C'est un élément qui est très important. Et l'entente de ce matin, qui est
jointe à la motion du gouvernement, en est une manifestation concrète. Il est
important d'avoir accès à un filet social juste et équitable, et il est aussi
important que ce filet en matière de sécurité sociale soit accessible pour les
Belges qui viennent ici tout comme pour les Québécois qui sont en Belgique.
Nous avons ces valeurs-là en commun, un filet social important, et il faut le
mentionner.
On a beaucoup d'échanges internationaux
avec la Belgique. Le collègue de la banquette gouvernementale y faisait
référence, beaucoup de mobilité de travailleurs, d'étudiants, donc il est
important, quand les gens se... voyagent entre la Belgique et le Québec, qu'ils
puissent avoir... recourir ou avoir recours à une couverture qui va, évidemment,
les protéger.
Le ministère de la Santé et le ministère
du Travail sont deux ministères responsables visés par l'entente, et,
évidemment, c'est là aussi la manifestation du travail important que font les
fonctionnaires de ces deux ministères pour en arriver, évidemment, à la
réalisation et à la signature de telles ententes.
Et, pour les gens qui nous écoutent, pour
essayer de rendre ça un peu plus concret, je vous dirais que, pour les
organismes publics québécois qui sont visés par l'entente, il y a, bien sûr, Retraite
Québec, la Régie de l'assurance maladie, la CNESST et Revenu Québec. Et
permettez-moi de rappeler certains principes, finalement, certains aspects-phares
de cette entente entre le Québec et le Royaume de Belgique : égalité de traitements,
l'entente informe et souligne pour le migrant qu'il aura les mêmes droits et
obligations que les nationaux eu égard à la sécurité sociale; la détermination
de la législation applicable; le maintien des droits en cour; le maintien des
droits acquis et le service des prestations à l'étranger, autant d'éléments qui
sont importants dans le cadre de cette <entente. Et, d'ailleurs...
>
10 h 30 (version révisée)
<19253
M.
Morin :
...autant...
autant d'éléments qui sont importants dans le cadre de cette >entente.
Et d'ailleurs, si on regarde d'une façon
plus spécifique le texte de l'entente, on dit, par exemple, que, dans le
domaine du maintien des droits acquis, «les droits aux prestations acquis par
un migrant dans un État partie à l'entente — donc, Québec-Belgique — sont
conservés dans l'autre État partie de cette même entente». Et le service des
prestations à l'étranger, donc «le service des prestations auxquelles a droit
un migrant, par exemple en matière de santé ou advenant une lésion
professionnelle, lui est assuré par l'autre État partie à l'entente».
Donc, c'est vous dire comment, finalement,
cette entente-là crée un filet social qui est important et qui fait en sorte
que, si un Belge vient au Québec, bien, il aura une protection. Et c'est la
même chose si un Québécois va, évidemment, résider ou étudier en Belgique.
Donc, volet, évidemment, très, très important.
Négociation, évidemment, qui a pris, comme
je le mentionnais, beaucoup de travail. Je reconnais à nouveau l'apport et le
travail des fonctionnaires. Et cette entente-là, finalement, va reconduire une
entente qui prévoyait déjà un filet social pour les échanges entre les Belges
et les gens du Québec. Donc, très, très important.
Je vous souligne également que cette
entente-là va aussi assurer, comme je le soulignais, finalement, le filet
social, les différentes assurances qui pourront être données si jamais... si
jamais quelqu'un devait, évidemment, y avoir recours, que ce soit en matière de
santé ou de sécurité au travail, normalement. Donc, ça, c'est un volet
important. Cette entente-là a été signée, mais on doit, évidemment, en débattre
pour qu'elle, éventuellement, prenne pleinement toute sa force.
Ce n'est pas la première entente de la
sorte qui est signée. Le Québec en a signé avec d'autres États à l'international.
Cependant, cette entente particulière, évidemment, vise notamment la coordination
des régimes de sécurité sociale, l'égalité de traitement dans l'application des
législations, l'exportation des prestations, la totalisation des périodes
d'assurance pour l'ouverture du droit à certaines prestations, le service des
prestations en nature ou en cas de maladie, d'accident de travail ou de maladie
professionnelle et l'évitement d'une double cotisation aux régimes visés pour
les travailleurs non salariés et les employeurs détachant temporairement des
employés sur l'autre territoire. Donc, les instruments modificateurs vont
élargir le champ d'application de l'entente à de nouveaux bénéficiaires, tout
en effectuant la mise à jour qui s'impose en fonction des modifications, bien
sûr, législatives récentes dans le corpus législatif québécois.
Alors, pour toutes ces raisons, entente
importante. J'ai été très heureux de prendre la parole pour souligner l'apport
positif de ce que cette entente-là va procurer aux Québécois qui vont aller en
Belgique et aux Belges qui vont venir, qui vont venir au Québec. Et évidemment
nous allons voter en faveur de la motion du gouvernement. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il n'y en a pas.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Oui, je m'excuse. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Oui, M. le
Président. Je vais juste peut-être prendre le... pour m'installer. Merci
beaucoup, M. le Président. C'est vraiment un privilège pour moi. Merci, mon
collègue de l'Acadie. D'ailleurs, je salue non seulement la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie, mais aussi mon collègue le
député de l'Acadie et porte-parole de l'opposition officielle de notre
formation en matière, bien, de plusieurs dossiers et... mais, aujourd'hui, relations
internationales et de la francophonie.
C'est vraiment un privilège pour moi d'être
ici parmi vous aujourd'hui dans le contexte... dans le cadre de cette motion
concernant l'entente entre le Québec et le Royaume de Belgique qui cherche à
modifier l'Entente en matière de sécurité sociale entre le Québec et le Royaume
de Belgique, qui a été signée en... le 28 mars 2006 et ensuite en avril
2023.
Alors, moi, en tant que porte-parole de ma
formation en matière de <solidarité sociale...
Mme McGraw :
...et
ensuite en avril 2023.
Alors, moi, en tant que porte-parole de
ma formation en matière de >solidarité sociale… Mais aussi, M. le
Président, je me permets de le souligner, la plupart de ma carrière a été à
l'international. J'ai pu, en tant qu'anglophone qui a choisi de faire ses
études — primaire, secondaire et cégep — entièrement en
français… Ça a été un atout pour moi parce que ça m'a permis de poursuivre ma
carrière à l'étranger, mais j'ai toujours choisi de revenir au Québec. J'ai
fait mes études en relations internationales au London School of Economics.
J'ai étudié à McGill pendant 10 ans... pardon, j'ai enseigné à McGill
pendant 10 ans en développement international. J'ai travaillé comme
reporter à l'ONU. D'ailleurs, j'ai suivi toutes les négociations sur les
changements climatiques, la biodiversité et beaucoup de COP. Mais aussi j'ai
été la présidente et directrice générale de la Fondation Jeanne-Sauvé, où on a
reçu...
• (10 h 40) •
Donc, quand je suis revenue à Montréal,
j'ai pu continuer ma carrière en relations internationales. On avait des jeunes
de partout dans le monde, de 50 pays, des jeunes leaders, des jeunes
professionnels, qui parvenaient de tous les pays du monde.
Et, par la suite, j'ai été rectrice et
présidente du collège Pearson, en... voyons, en Colombie-Britannique, qui fait
partie de 12 collèges du monde... à travers le monde… et les étudiants
provenaient ou proviennent encore de 100 pays et plus, dont les Belges et
les Québécois. Évidemment, un quart des étudiants provenaient des
10 provinces canadiennes et territoires, mais 100 autres pays aussi.
Donc, pour moi, de parler de cette entente
en tant que quelqu'un qui a vraiment bâti une carrière… Et je devrais ajouter
aussi conseillère principale auprès de l'ancien premier ministre Paul Martin en
matière de coopération internationale.
Alors, je trouve que l'entente, ça
démontre... ça témoigne, effectivement, du Québec à son meilleur, lorsqu'on est
confiants et ouverts sur le monde, inclusifs et diversifiés. Alors, je le
souligne.
Comme vous le savez sûrement, M. le
Président, la population du Québec et celle de la Belgique francophone,
notamment, ont des caractères culturels très proches. Mon collègue a parlé de
la gastronomie, entre autres, mais aussi, évidemment, géographiquement,
politiquement, commercialement et linguistiquement, évidemment. Le Québec et la
Belgique ont de multiples points communs, et ces points renforcent la relation
entre... les relations entre nos deux nations.
Ainsi, il est logique que l'on entérine la
continuation de cette entente. Les échanges internationaux de travailleurs
entre les deux nations sont importants et essentiels. Ainsi, la protection et
le maintien de leur filet de sécurité est essentiel, et, pour cette raison,
nous sommes... C'est pour cette raison que nous sommes ici aujourd'hui.
Aussi, en pleine pénurie de main-d'œuvre,
M. le Président, c'est important d'avoir des travailleurs qui proviennent de
l'étranger, qui sont bien formés, qui sont bien éduqués, il y a une vraie
valeur ajoutée à notre société, et aussi, je n'en doute pas, les Québécois qui
se rendent en Belgique même pour travailler.
On sait que les sujets de l'entente sont
les suivants : l'égalité de traitement, la détermination de la législation
applicable, dans ce cas, celle-ci, de l'accès à une seule loi de sécurité
sociale, le maintien des droits en cours, le maintien des droits acquis et le
service des prestations à l'étranger.
Comme vous le savez, vous l'avez constaté,
M. le Président, ce sont des points essentiels à attacher et à entériner. On ne
lésine donc pas sur ces enjeux. La protection de nos travailleurs québécois en
Belgique ainsi que la protection des travailleurs belges ici, au Québec, et… en
dépendent grandement.
Alors, c'est pour ça que… Avant de
conclure, juste pour souligner, encore une fois, à quel point cette entente ne
reflète et ne témoigne pas seulement de notre présence dans le monde, mais
d'une grande ouverture vers le monde. Et, comme je le souligne, le Québec est
vraiment à son meilleur lorsqu'on est ouverts, inclusifs et confiants, et ça,
cette entente-là reflète très bien cette confiance et cette ouverture vers le
monde, et c'est un vrai atout pour le Québec et pour la Belgique.
Alors, en conclusion, en conclusion, avec
toutes les raisons que j'ai énumérées, nous sommes en faveur de la motion, bien
sûr, concernant l'Entente entre le Québec et le Royaume de Belgique modifiant
l'Entente en matière de sécurité sociale entre le Québec et le Royaume de Belgique,
qui a été signée le 28 mars 2006 et, par la <suite, en avril 2023...
Mme McGraw :
...le
28 mars 2006 et, par la >suite, en avril 2023. Merci beaucoup, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Mise aux voix
Alors, nous allons maintenant procéder à
la mise aux voix de la motion de Mme la ministre des Relations internationales
et de la Francophonie proposant :
«Que l'Assemblée nationale approuve l'Entente
entre le Québec et le Royaume de Belgique modifiant l'Entente en matière de
sécurité sociale entre le Québec et le Royaume de Belgique signée le
28 mars 2006, signée le 19 avril 2023.»
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté. En conséquence, cet engagement international est approuvé par
l'Assemblée nationale.
Pour la suite de nos travaux, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 12 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 66
Prise en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
À l'article 12 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le
rapport de la Commission de la santé et des services sociaux sur le projet de
loi n° 66, Loi visant à renforcer le suivi des
personnes faisant l'objet d'un verdict de non-responsabilité criminelle pour
cause de troubles mentaux ou d'inaptitude à subir leur procès.
Alors, je reconnais maintenant une
première personne, et ce sera M. le député de Maskinongé.
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci. Merci, M.
le Président. Je considère que c'est un privilège, chers collègues, de prendre
la parole au nom du ministre de la Sécurité publique pour la prise en
considération du projet de loi n° 66, Loi visant à
renforcer le suivi des personnes faisant l'objet d'un verdict de
non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux ou d'inaptitude à
subir leur procès.
Je pense que c'est l'ensemble du Québec
qui a été touché suite aux événements, aux tragiques événements qui ont eu lieu
à Louiseville. Et, tu sais, au-delà de l'ensemble du Québec qui a été touché,
naturellement, le rôle d'un élu, c'est de représenter sa communauté, ça fait
que vous pouvez comprendre, je pense, M. le Président, que c'est l'ensemble de
la communauté de Louiseville qui a été fortement touchée par tout ce qui est arrivé.
Si on revient un peu en arrière, j'ai
accepté de déposer une pétition au nom de l'association des policiers et
policières du Québec dans ce dossier, et c'est quand même
24 000 personnes qui ont signé cette pétition. Je pense que c'est une
des pétitions, là, qui ont récolté le plus de signatures, là, à travers... au
fil du temps, là, dans l'ensemble de l'histoire du Québec. Donc, c'est
significatif, quand même, c'est parlant.
Et, tu sais, l'objectif, là, puis je le
résume dans mes mots, là, c'était vraiment d'améliorer tout le système ou
l'écosystème communicationnel, là, lorsque les policiers font une intervention.
Je pense que tout le monde s'entendait là-dessus.
Puis cette situation-là, elle a été
rapidement prise au sérieux par l'ensemble des intervenants, dont le ministre,
que je salue, d'ailleurs, pour sa proactivité, là, dans ce dossier. Mais ce
n'est pas le seul. Il faut voir, là, à partir du moment où un enjeu comme ça a
été adressé à notre gouvernement, quand on comprend l'ensemble de ce dossier
assez complexe, parce que ça regroupait trois ministères, le ministère de la
Justice, le ministère de la Sécurité publique et le ministère de la Santé… Quand
je remercie le ministre de sa proactivité, c'est que, rapidement, chacun des
ministres a mandaté, là, à la demande du ministre Bonnardel, leurs
sous-ministres...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
...
M. Allaire : Pardon, oui, le
ministre de la Sécurité publique. Merci, M. le Président, de me rappeler à
l'ordre et... Mais ils ont mandaté chacun des sous-ministres, là, pour
travailler sur ce dossier-là. Parce qu'assurément, si tout le monde aurait
travaillé en silo, on ne serait pas arrivés avec une solution qui a autant fait
l'unanimité puis qui a répondu clairement à ce qui était évoqué dans la
pétition.
Je reviens aussi sur la proactivité du
ministre. Tu sais, dans un dossier comme ça, les gens veulent être rassurés. Et
on s'est déplacés à Louiseville, avec le ministre, pour rencontrer le maire de
la municipalité de Louiseville. On s'est déplacés pour rencontrer les
policiers, policières qui travaillent au poste, la sécurité... de la Sûreté du
Québec, pardon, au poste à Louiseville, également. Je sais que le ministre a
rencontré à plusieurs reprises, ou son cabinet, les membres de l'association
des policiers et policières du Québec aussi pour les rassurer. Puis
j'entendais, d'ailleurs, une entrevue de M. Painchaud, à un moment donné,
sur les ondes d'un poste de radio de la région de la Mauricie, et qui disait,
là : J'ai confiance en M. Bonnardel, j'ai confiance, il m'a regardé droit
dans les yeux... j'ai confiance au ministre, M. le Président. Oui, c'est
correct, vous pouvez me rappeler à l'ordre.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
... je fais le rappel, s'il vous plaît, d'utiliser toujours le titre du
collègue ici, à l'Assemblée nationale. Donc, je sais que vous le savez, vous
êtes un parlementaire chevronné. Alors, je vous invite à la prudence.
M. Allaire : Merci, M. le
Président. Je pense que ça démontre bien cette proximité-là, justement,
lorsqu'on appelle un collègue par son nom. Je m'en excuse, je vais essayer de
ne plus répéter cet impair. Pardonnez-moi.
On se <souvient...
M. Allaire :
...je
m'en excuse, je vais essayer de ne plus répéter cet impair. Pardonnez-moi.
On se >souvient aussi, dans tout
ce processus, qu'il y a une enquête, une enquête publique qui a été... qui a
été commandée par la coroner Kamel. C'est des dossiers publics, des... c'est
des discussions, pardon, publiques et apolitiques qui ont lieu sur un événement
qui s'est déroulé, et qui est primordial pour s'assurer que ce genre de
situation là, là, arrive le moins souvent possible.
Si je reviens, justement, aux
consultations qu'il y a eu, c'est quand même 12 groupes qui ont défilé
devant nous, qui sont venus présenter leurs mémoires, M. le Président, le 10 et
11 septembre dernier, et je pense que ça a été quand même unanime, de
toute évidence, là, les gens ont reçu favorablement le dépôt du projet de loi n° 66, et du fait qu'il répondait directement à un enjeu.
• (10 h 50) •
On a reçu des policiers, des
criminologues, des groupes de la défense des victimes, des groupes de défense
des droits, des représentants des équipes traitantes et plusieurs autres
intervenants qui nous ont permis de bonifier notre réflexion mais aussi
bonifier le projet de loi.
Si j'isole un peu certaines interventions,
là, les gens de la Sûreté du Québec nous ont dit qu'ils voyaient vraiment ce
projet de loi comme un changement significatif sur le terrain. Ils ont même
utilisé le terme «coup de circuit». Ça fait que je pense que c'est important de
le redire.
Je pense que l'association des policiers
et policières du Québec également se sont montrés très favorables au projet de
loi, qui répond vraiment aux besoins qui étaient mentionnés notamment dans la
pétition. Ça fait que je pense que, de toute évidence, on est sur la bonne
voie, là, pour que ce genre de situation arrive le moins souvent possible.
On a également entendu, M. le Président,
des représentants de la Commission d'examen des troubles mentaux et
l'Association des médecins psychiatres du Québec qui ont formulé des
recommandations, puis je vais y revenir un peu plus tard.
Je tiens à souligner aussi que le coroner
en chef, M. Bernier, et la coroner Kamel, qui sont venus aussi témoigner
en commission à peine 24 heures après le dépôt, justement, là, de
l'enquête publique qui a été menée de main de maître par la coroner Kamel...
Et, de toute évidence, la coroner Kamel, là, s'il y a un élément qui ressort du
rapport, c'était, justement, tout l'élément... communicationnel, pardon, des
nombreux intervenants qui travaillent, là, auprès des personnes non
criminellement responsables, qui, de toute évidence, là, ne se parlaient pas
suffisamment ou adéquatement ou ils n'avaient pas les bons outils pour le
faire.
Puis un des éléments qui, je pense… qu'on
doit retenir de la commission, c'est qu'elle a salué publiquement la
proactivité du ministre Bonnardel... de M. le ministre, pardon. On va finir par
l'avoir, M. le Président, ne soyez pas inquiet. Donc, je pense que c'est à
souligner, parce que c'est la première fois, et elle l'a dit, depuis qu'elle
exerce ce métier, qu'elle voyait un ministre déposer un projet de loi, une
pièce législative importante avant même qu'elle dépose son rapport. Donc, c'est
important de le dire.
Il faut remercier l'ensemble des groupes
qui sont venus témoigner en commission. Ils ont vraiment permis, je pense, à
nous, du côté du gouvernement mais aussi à l'ensemble des partis de
l'opposition, à regarder comment qu'on pouvait améliorer ce fameux projet de loi.
Et je parle de deux amendements en particulier qui sont venus le bonifier, entre
autres, on est venus un peu préciser certains rôles, on est venus nommer plus
précisément ce qu'est le poste d'agent de liaison et le rôle qu'ils auront à
jouer, là, concrètement, sur le terrain, un amendement aussi qui est venu,
d'une certaine façon, là, clarifier le rôle du CETM et rendre plus... plus
anonymes, en fait, certaines dispositions.
Je l'ai dit un peu tantôt, là, mais je
remercie les collègues de l'opposition, je pense, qui ont fait en sorte que ce
projet de loi a très bien cheminé. Je pense que c'est un projet de loi qui se
devait être un projet de loi où on s'élevait au-dessus de la politique. Je
pense qu'on le fait tous pour les bonnes raisons. Ce qu'on voulait, c'est
vraiment changer les choses, puis on l'a démontré rapidement, parce que… Ce
qu'on souhaitait, en fait, c'est que le plus rapidement que ce projet de loi
serait adopté, bien, plus rapidement qu'on arriverait, là, à donner davantage
d'outils aux policiers qui font des interventions pour que ça arrive,
naturellement, le moins souvent possible.
Alors, M. le Président, je souhaite que
l'ensemble des parlementaires votent en faveur de la prise en considération du
rapport à cette étape-ci. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Maskinongé. Alors, nous poursuivons maintenant
avec l'intervention de Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Un plaisir de vous avoir avec nous ce matin. Évidemment, nous sommes
ici aujourd'hui pour débuter les échanges en ce qui concerne la prise en
considération de la loi n° 66, qui a quand même un
long titre, mais qu'on appelle vraiment la <loi de Maureen...
Mme Maccarone :
...qui
a quand même un long titre, mais qu'on appelle vraiment la >loi de
Maureen. Puis on est ici parce qu'il y a un an et six mois à peu près, M. le
Président, qu'une policière, une amie, une mère de famille, une conjointe, une
collègue a malheureusement perdu sa vie lors d'une intervention policière, puis
c'est malheureux. Je pense que tout le Québec a vécu cet homicide.
Alors, nous sommes rendus ici, au salon
rouge de l'Assemblée nationale, pour parler, encore une fois, de Maureen Breau.
Encore une fois, je souhaite partager mes sincères condoléances avec sa famille
puis tous ses proches. Je pense à elle régulièrement, non seulement quand on
fait un débat sur un projet de loi comme celui-ci, qui est sensible, qui est
important, qui est petit, qui ne réglera pas tout, mais parce que la cause de
sécurité publique de nos policiers, nos policières, de nos constables, ça me
préoccupe énormément. Ça me préoccupe énormément, parce qu'on n'en parle pas
assez, de l'importance de leur rôle puis l'humanité derrière ce qu'ils font.
C'est des êtres humains qui mettent souvent leur vie à risque pour notre
bien-être, pour notre sécurité, et je pense que nous devons avoir un énorme
respect pour ce qu'ils ont fait puis ce qu'ils font au quotidien pour nous,
surtout qu'on voit la dangerosité de qu'est-ce qu'ils font.
Maureen Breau n'est pas la seule ou la
première policière qui a perdu sa vie. On en a eu, d'autres cas, précédemment,
autant tristes. Mais celui-ci nous a frappés vraiment de front à cause du geste
violent. Puis évidemment les choses que nous n'avons pas faites auparavant,
qu'on aurait dû faire puis que nous sommes en train de faire un peu aujourd'hui
avec le projet de loi n° 66… Puis ça, c'est de préparer nos policiers,
policières avant qu'ils interviennent, de leur donner les informations qui sont,
évidemment, urgentes, importantes, nécessaires, de savoir c'est qui qui est
derrière la porte, pour qu'eux, ils puissent se préparer, puissent se préparer
pour tout événement.
Puis on sait que, si on avait agi
différemment dans le cas de Maureen Breau, avec Isaac Brouillard Lessard,
peut-être, elle serait ici avec nous aujourd'hui, puis, peut-être, on n'aurait
même pas un projet de loi à en débattre… qui est triste, parce que, dans le
fond, on sait que c'est nécessaire. Puis c'est dommage, parce que c'est
vraiment un incident majeur qui nous a poussés à avoir cette réflexion, puis
j'espère que ce ne serait pas toujours la manière dont laquelle que nous allons
travailler.
En tout cas, c'est... Évidemment, je suis
fière de porter la voix du Parti libéral du Québec et de moi-même en ce qui
concerne cet enjeu puis la sécurité publique. Puis, oui, c'est important de
légiférer puis, oui, c'est important de faire un petit pas. C'est trop tard
pour Maureen. C'est trop tard pour les trois autres personnes qui ont perdu
leur vie en 2021 aussi à cause d'un autre état mental perturbé, Mohamed Belhaj,
André Lemieux, Alexis Lévis-Crevier... en août 2022, excusez-moi, qui ont été
tués par un homme qui était lui aussi assujetti à des problèmes de santé
mentale. Puis, à quelque part, c'est trop tard pour ces personnes, mais c'est
aussi un peu trop tôt.
Et je dis ça avec beaucoup d'humilité, M.
le Président, parce que moi, j'ai poussé beaucoup pour que le gouvernement
agisse puis avance dans ce dossier, parce que j'étais tellement interpelée.
Puis on a des bonnes relations avec nos partenaires, que ce soit l'association
des policiers, policières du Québec, que ce soit la fédération des policiers,
policières de la ville de Québec, le FPPM, le SPVM. C'est des gens avec qui on
travaille étroitement, puis on savait comment qu'eux, ils ont été shakés par
rapport à ceci.
Mais c'est un peu trop tôt, parce qu'il
reste quand même des éléments qu'on n'a pas pris en considération lors du débat
de ce projet de loi. C'est un projet de loi qui est très petit. C'est un projet
de loi de 12 articles, un projet de loi de 12 articles, avec cinq articles qui
représentent quand même de la concordance en anglais, ça fait que, dans le
fond, il y avait juste deux articles à en débattre. Ça nous a pris très peu de
temps de faire l'étude détaillée à cause de ceci, mais je trouve qu'il y avait
des éléments qu'on aurait pu mettre puis des éléments qu'on n'a pas pu faire. Puis
on n'a pas pu amender puis ajouter parce qu'ils sont manquants, parce qu'on
attend toujours des études. Puis je vais revenir un peu à ça.
Mais, en contrepartie, je suis contente,
parce que c'est le fruit, quand même… une longue haleine de travail qui nous a
pris un an suite au décès de Maureen. Ça a été le dépôt de la pétition de
l'association des policiers, policières du Québec puis le travail de Jacques
Painchaud, un cas similaire... leur président, une pétition qui a <quand
même eu…
Mme Maccarone :
...leur
président, une pétition qui a >quand même eu 24 000 signataires.
Je pense qu'à date c'est toujours le plus gros de cette législature. Ça fait
qu'on voit l'importance de l'impact sur le terrain. Malheureusement, le
gouvernement a voté contre. Le collègue de Maskinongé, lui aussi, il a voté
contre, malgré que c'était lui, le parrain de cette pétition, parce que c'était
arrivé dans sa région.
• (11 heures) •
On a fait... J'ai déposé un mandat
d'initiative, encore une fois, pour pousser le gouvernement d'au moins avoir
une réflexion, mais ensemble, d'une façon transpartisane, pour jaser de
qu'est-ce que nous pouvons faire, qu'est-ce qu'on attend, est-ce qu'il y a des
éléments dont nous devons prendre en considération, peut-être, avant le dépôt
d'un projet de loi, est-ce qu'il y a des choses que nous pouvons faire avant le
dépôt d'un projet de loi, comment qu'on peut contribuer à avoir un projet de
loi étoffé qui va répondre aux besoins sur le terrain, puis qu'est-ce qu'on
peut faire pour entendre des groupes principaux, quelque chose vraiment rapide
puis succinct pour nous aider à entendre les groupes, pour avoir quelque chose,
à la réflexion de leurs besoins puis leurs demandes.
Malheureusement, le gouvernement a voté
contre. Puis j'étais étonnée de ça, parce qu'on a quand même fait les études
puis le travail, puis on voit que l'augmentation d'interventions policières
pour état mental perturbé est le syndrome de porte tournante qui est en explosion,
une croissance de… minimum, de 38 %. Puis, dans la région de... comme
Granby, la région du ministre de la Sécurité publique, on voit une croissance
de 130 %. Ce n'est pas rien. Puis ce n'est pas ce projet de loi qui va
tout régler ceci.
Puis, à la suite de ce refus puis que le
gouvernement avait voté contre, malheureusement, on a fait aussi une motion de
mercredi, encore une fois, pour amener de la visibilité, pour essayer de
pousser la réflexion du gouvernement, encore une fois, pour travailler
ensemble. Puis on avait l'APPQ qui était avec nous, le FPPVM qui était avec
nous, le FPPVQ qui ont aussi été avec nous pour entendre les débats, puis pour
nous épauler, puis nous supporter dans cette démarche. Puis, vous savez, M. le
Président, je prends les choses personnelles peut-être un peu, parce que ça me
tient vraiment à cœur. Ça fait que j'ai trouvé ça vraiment difficile de
recevoir ce «non» puis le vote contre cette motion de mercredi.
On est ici aussi puis on a fait l'étude
détaillée suite à... oui, les incidents que nous avons vécus dans le passé,
mais il y avait aussi le rapport de la coroner Géhane Kamel, qu'on n'a pas reçu
le rapport avant le dépôt du projet de loi. Puis je comprends qu'elle est... Elle
est contente parce que c'était quand même un pas vers l'avant, puis ça a
adressé quand même quelques éléments qui étaient soulevés dans son rapport, qui
est très étoffé, mais pas tous les éléments, pas tous les éléments. Ça fait que
c'était un peu, peut-être, précoce.
Il y a aussi... Le 17 mai 2023, dans le
fond, quelques semaines après les événements tragiques, le gouvernement avait
confié à l'Institut québécois de réforme du droit et de la justice le mandat de
réaliser les travaux sur l'application de la Loi sur la protection des
personnes dont l'état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour
autrui. C'est un long titre pour ce qu'on appelle le P-38. C'est le nom plus
commun que les gens connaissent puis qui est connu sur le terrain. C'est une
loi qui existe depuis un quart de siècle, quand même, 25 ans, alors ça fait
très longtemps. Puis malheureusement ce projet de loi arrive alors que leurs
travaux ne sont toujours pas encore entamés puis terminés.
Alors, est-ce que c'est trop tôt? Est-ce
qu'il y a des éléments qui sont manquants dans ce projet de loi suite à la
réflexion puis le dépôt, peut-être, de leur rapport? Parce que, moi, ce que je
souhaite, en tout cas, c'est que leur constat...
On va profiter de l'occasion pour
peut-être corriger le projet de loi, de faire des amendements. Par la suite,
est-ce que ça va nécessiter un autre dépôt d'un autre projet de loi pour
modifier le projet de loi n° 66, qui modifiait, quand
même, la Loi sur les services correctionnels? En tout cas, c'est... J'ai
l'impression qu'on a commencé peut-être quelque chose qu'on... Il va falloir
qu'on continue la réflexion. Puis j'espère que nous allons compléter la
réflexion parce que c'est un travail qui est très important.
Puis, à avoir entendu tous les groupes… Puis
ce n'est pas beaucoup de groupes qui sont venus présenter en commission
parlementaire, c'était juste une journée, mais, à entendre les groupes,
plusieurs, entre autres, évidemment, les policiers, les groupes qui
représentent des policiers et aussi les groupes qui ont témoigné, qui étaient
là pour la défense des droits des personnes qui souffrent de troubles mentaux,
eux, ils ont dit : On devrait s'inspirer de qu'est-ce qu'ils font en
Ontario. En Ontario, leur P-38, on appelle ça la loi de Brian, pour un cas
similaire. Puis un des problèmes qu'on fait face avec le P-38, pour la <gouverne
de tout le monde...
>
11 h (version révisée)
<17911
Mme Maccarone :
...un cas similaire. Puis un des problèmes qu'on fait face, avec le
P-38, pour la >gouverne de tout le monde puis votre écoute attentive, c'est
qu'avant... c'est compliqué pour les policiers d'agir. Même s'il dit :
O.K., ça, c'est un cas de, peut-être, quelqu'un qui souffre d'un état mental
perturbé, est-ce que je devrais amener cette personne à l'hôpital contre son
gré?, c'est ça, la loi, j'ai le droit de le faire, mais il faut vraiment
étudier la question : Est-ce que je vois... Il faut évaluer la dangerosité
de la situation. Puis ça, c'était soulevé dans le rapport de la coroner
Kamel, c'était soulevé par plusieurs policiers aussi, si on avait jugé, dans
les trois autres interventions qu'ils ont eues avec Isaac Brouillard Lessard,
peut-être on ne serait pas ici, encore une fois, aujourd'hui, parce que les
policiers auront jugé : Ça, là, ça, il faut amener cette personne à l'hôpital,
parce que je vois que c'est un danger pour lui-même puis c'est un danger aussi
pour la population autour, mais ce n'était pas le cas.
Mais, en Ontario, on n'a pas besoin de
faire cette évaluation, on n'a pas besoin d'évaluer la dangerosité de la
personne. Puis j'ai trouvé très intéressant d'entendre les groupes de défense
des droits des personnes qui souffrent de troubles mentaux, parce qu'eux, ils
ont dit : C'est ma vie qui est à risque, puis, si je suis rendu à ce point
où je suis tellement désorganisé puis hors de moi puis je ne suis pas capable
de me contrôler, bien, je veux que les policiers interviennent pour m'aider,
pour me sauver, hein, puis je souhaite être en bonnes mains, dans la main des
soins de santé, services sociaux... que je trouvais intéressant.
Puis ça se peut que c'est ça qui va sortir
de l'évaluation de l'institut québécois. Je ne sais pas, ça se peut. Ça se peut
que c'est ça qui va sortir lors de l'évaluation qui sera terminée pour le P-38.
On a... ma collègue de D'Arcy-McGee et moi-même, on a assisté, quand même, à
une présentation d'où nous sommes rendus en ce qui concerne cette réflexion,
mais on a un an, un an et demi, peut-être, peut-être même deux ans, un rapport
qui va être prêt puis complet, qui va être déposé d'ici peut-être un autre 12 mois,
mais après ça combien de temps est-ce que ça va nous prendre pour déposer une
loi qui va régler ceci, un règlement, une directive? Je ne sais pas. Parce qu'il
y a quand même une réflexion qui est en lien avec ceci, mais j'espère qu'ils
vont s'inspirer un peu de ça.
Puis aussi j'espère qu'ils vont aller
revoir et revisionner les vidéos que nous avons... où nous avons entendu les
groupes. Parce que, quand j'ai partagé, dans le briefing technique, que ces
groupes ont quand même témoigné leur désir d'avoir un changement aussi, ainsi
qu'évidemment les policiers, ils étaient surpris. Ça fait que vous voyez
comment nous ne sommes pas peut-être tous dans la même place, puis ce n'est pas
seulement les policiers qui souhaitent avoir cette protection.
Et ça me fait réfléchir aussi, on n'a
jamais autant parlé de la Commission d'examen des troubles mentaux, jamais. Je
vous mets au défi, M. le Président, je pense qu'il y en a plusieurs, Québécois,
Québécoises qui ne savaient même pas que ça existait, avant un an et demi, avec
le décès de Maureen Breau. Parce qu'on se questionne : Qu'est-ce qu'ils
font? Comment ça fonctionne? Comment ça se fait que M. Brouillard Lessard,
il était libre? Comment ça se fait qu'il n'y avait pas un suivi? Comment ça se
fait que nous sommes rendus ici à en débattre, au salon rouge, du projet loi n° 66?
Puis je mentionne tout ça parce que c'est
un petit projet de loi qui va... qui ne va pas régler un gros problème. C'est
un pas dans la bonne direction, certes, mais ça ne règle pas tout. Ça ne va pas
régler le syndrome des portes tournantes, les portes tournantes où les policiers
font des interventions, ils vont à la porte, c'est une personne... ou ils
disent : O.K., cette personne, c'est clair, c'est un P-38, je vais amener
cette personne, pour sa sécurité, à l'hôpital, ils sont là pendant peut-être une heure,
il n'y a personne qui prend en charge la personne, il n'y a pas un agent de
sécurité ou ils oublient la personne, puis la personne soit qu'il fugue ou il
quitte. Ça fait que, dans une heure, deux heures, trois heures, ils
sont de retour chez eux, un autre appel aux policiers : Bien là, la
personne est toujours là, la personne est toujours en crise, on fait quoi?
Bien, ça, c'est une porte tournante, puis
ça, ça continue. Puis ça, il y a une fréquence tellement importante de ça qu'on
mérite d'en discuter puis on devrait prendre en considération qu'est-ce que
nous pouvons faire pour aider non seulement les personnes concernées, mais
aussi toutes les personnes qui doivent intervenir, que ce soient les policiers,
que ce soient les services sociaux, peu importe la personne sur le terrain, les
agents de la communauté qui sont là aussi, des fois, pour épauler les
policiers. Il faut prendre ça en considération parce que c'est en explosion
puis c'est un fait que les policiers soulèvent depuis des années et des années.
Même pendant que Mme McCann était la ministre responsable de Santé, c'était
dénoncé, puis elle, elle avait dit : Je vais régler ça, je vais régler ça,
mais il n'y a rien qui est arrivé depuis, puis regarde qu'est-ce qui est arrivé
à Maskinongé, à Louiseville, malheureusement, le décès de Maureen Breau.
J'ai mentionné que <le nombre
d'interventions...
Mme Maccarone :
...à
Maskinongé, à Louiseville, malheureusement, le décès de Maureen Breau.
J'ai mentionné que >le nombre
d'interventions pour les policiers, policières en ce qui concerne l'état mental
perturbé ait explosé. Ce projet de loi ne va aucunement régler ça. Ça ne va pas
régler la complexité, la lourdeur de leur travail… avec les années
d'expérience, mais surtout en lien avec santé mentale… puis que plusieurs
policiers nous disent que je suis rendu quand même un travailleur social puis
je ne suis pas formé pour faire ça, ça ne fait pas partie de mon désir de
vouloir prêter main-forte puis faire partie de forces de l'ordre puis la
sécurité publique, je n'ai jamais pensé que je dois travailler de cette
manière. Alors, qu'est-ce qu'on peut faire pour aider les policiers qui
dénoncent ceci?
Puis aussi ça ne va pas régler aucunement
la formation, que ce soit la formation des nouveaux agents d'intervention, que…
puis… ainsi que la formation des policiers, qu'on sait c'est le nerf de la
guerre. C'est quelque chose qu'on avait soulevé. Je ne sais pas si c'était
vous, M. le Président, qui était ici quand on a fait les interventions sur le
projet de loi n° 14, qui est la réforme sur la Loi de la police, mais on
l'avait soulevé, la formation, c'est tellement essentiel. Puis, encore une
fois, je reviens au rapport de Géhane Kamel, elle, elle l'avait soulevé dans ce
rapport et dans le rapport précédent avec les… ce qui est arrivé en août 2022,
le triple homicide, elle avait soulevé, encore une fois, la formation de nos
policiers. C'est tellement important, mais on n'en parle pas du tout, les
policiers doivent être plus formés.
• (11 h 10) •
Puis je salue le travail de la Sûreté du
Québec, qui… quand ils sont venus témoigner en commission parlementaire, ils
ont parlé de ce qu'ils sont en train de mettre sur pied, ce qu'ils sont en
train de travailler, mais… puis ça, c'est la SQ, ce n'est pas les
municipalités. Puis je questionne comment qu'ils vont le faire, puis il n'y a
aucune obligation. Toutes les autres professions qui ont un ordre professionnel
ont quand même 45 heures sur trois ans, mais pas les policiers, policières, il
n'y a aucune obligation. On souhaite une requalification. Mettons, tu veux
avoir un Taser, tu veux avoir… tu veux être armé, ça prend quand même une
qualification, une requalification, il faut être formé, mais on a un manque
d'effectifs, on a des «ranges» de tir qui sont fermés. Ça fait que comment ils
doivent le faire pour être formés? Ça fait que, en tout cas, c'est un autre
casse-tête.
On a entendu les sept groupes, quand même,
lors des consultations, puis les sept groupes… puis je vais les nommer, parce
que, sept groupes, je pense qu'on peut nommer c'est qui. J'ai mentionné la
Sûreté du Québec, la Commission d'examen des troubles mentaux, Mme Anne
Crocker, qui est professeure titulaire du Département de psychiatrie et
d'addictologie, École de criminologie, Université de Montréal, et directrice de
recherche et enseignement universitaire à institut national de psychiatrie
légale de Philippe-Pinel — très intéressante, son intervention. On a
aussi entendu l'Association des groupes d'intervention en défense de droits en
santé mentale du Québec, l'association québécoise de Plaidoyer-Victimes, le
Bureau du coroner, Me Kamel, qui était parmi nous, et aussi le Service de
police de l'agglomération de Longueuil.
Et je les mentionne parce que leur
intervention était tellement utile, importante, instructive… qui nous a aidés à
développer des amendements pour bonifier le projet de loi. Encore une fois, un
projet de loi qui est vraiment, vraiment petit, vraiment... seulement deux
articles, parce que… ceux qui étaient de la concordance, mais je vais adresser
aussi la concordance. Ça fait que nous, on avait quand même déposé, lors de
l'étude détaillée, trois amendements, pas beaucoup. Comme je dis, on a quand
même terminé le projet de loi dans moins de quatre heures, environ quatre
heures. Je n'ai jamais fait ça. Puis, oui, c'est vrai, on avait quand même un
bon rythme, puis je pense que le travail que nous avons entamé ensemble, tous
les parlementaires, on comprenait comment c'était important. Mais, comme j'ai
dit, ça reste que c'est un projet de loi hyper, hyper léger.
Ça fait que le premier amendement que nous
avons déposé, c'était en réponse des demandes des groupes, des policiers, qui
nous ont demandé d'avoir une réciprocité, parce que, dans le fond, ce que ce
projet de loi va faire, c'est deux éléments : un, on va créer une autre
catégorie d'agents dans le système correctionnel, et l'autre chose, c'est que
ça va permettre le réseau de santé et services sociaux de partager les
informations qu'eux, ils disent importantes aux policiers, policières lors des
interventions, seulement pour les personnes jugées non criminellement
responsables, seulement pour eux, parce qu'on comprend que la protection de ces
personnes vulnérables est aussi un enjeu très important. Mais les policiers
souhaitaient aussi avoir <de la réciprocité...
Mme Maccarone :
...avoir
>de la réciprocité, puis que l'information soit — leur mot — bidirectionnelle.
Ça fait qu'on a travaillé avec eux pour développer un amendement qui leur donne
la possibilité de partager les informations. Parce qu'eux, ce qu'ils ont dit,
c'est : Il y a des moments où nous aussi, on veut prêter main-forte puis
aider ces personnes. Puis, il faut le dire, puis j'ose croire que ma collègue,
elle va sûrement en mentionner, la majorité des personnes qui souffrent d'un problème
de santé mentale ne sont pas violentes, ils ne sont pas violents. Ça fait qu'on
parle quand même des cas extrêmes, des cas à part, c'est... Ça fait que comment
que nous allons traiter ça? Puis les policiers disent : Mais des fois on a
des interventions, puis on ne veut pas que ça soit judiciarisé, on ne veut pas
que l'information qu'on partage va amener la personne devant le tribunal parce
que ça ne va pas aider la personne concernée, alors nous aussi, on souhaite
être en mesure de partager de l'information. Puis, pour eux, ce n'est pas clair
que c'est écrit sur la loi de protection des renseignements, qu'on peut le
faire, ce n'est vraiment pas clair.
Ça fait qu'ils nous ont demandé de faire
ces correctifs. On avait déposé un amendement, on a dit... puis on voulait
donner toute la liberté au gouvernement et surtout le ministre et son équipe de
travailler là-dessus et d'avoir une bonne réflexion et aussi une consultation.
Ça fait qu'on a dit qu'il peut faire par le biais d'un règlement, qui est rare
pour moi, M. le Président, parce que c'est sûr, quand on est membre de
l'opposition, on n'aime pas bien, bien ça, les règlements puis les directives.
Pourquoi? Parce que c'est flou, on n'a pas de l'information, ce n'est pas du
concret pour nous puis c'est... on a l'impression qu'on signe un chèque en
blanc. Mais, cette fois-ci, on a jugé que... parce que c'est tellement sensible
puis qu'on souhaite... ça va bien, on a proposé ceci, le «peut». Alors, on
comprend que ça... ce n'est pas un «doit», qu'il doit, mais malheureusement il
n'y avait pas d'ouverture de la part du ministre, malgré qu'il avait débuté
dans ses remarques d'ouverture, lors de l'étude... l'étude détaillée, qu'il va
être très ouvert. Il a dit non à tous nos amendements. Mais, voilà, je... c'est
comme ça que ça fonctionne, je comprends puis, à quelque part, je ne comprends
pas.
Ça fait que j'étais surprise que le
gouvernement ait voté contre cet amendement. Ça fait qu'on aurait réessayé,
parce que ce qu'on avait entendu du ministre, c'est que, bien, on n'a pas
besoin de ça parce que c'est déjà écrit, c'est déjà compris, mais chose que...
tout le contraire des gens qui sont venus témoigner puis... mais un règlement,
bien, c'est long puis c'est compliqué. Bon, on aurait déposé un amendement,
puis là on a dit la même chose, qu'«il peut», mais maintenant avec une
directive, une directive qui ne prend pas une consultation de 45 jours de
tous les groupes concernés, qui peut faire... qui peut être le sujet, ou est le
résultat, le produit d'une consultation avec toutes les parties prenantes, mais
qui est beaucoup moins lourde comme processus parlementaire qu'on peut utiliser
pour répondre à une question des groupes sur le terrain. Encore une fois, le
gouvernement et le ministre avaient voté contre. Ça fait que c'est clair, c'est
un peu comme les babines qui ne suivent pas les bottines quand on dit qu'on va
avoir une ouverture, mais, voilà, on était rendus face à ça.
Je vous ai parlé de formation, formation,
encore une fois, qui est le nerf de la guerre, qui a été soulevée par le
coroner, qui est soulevée par les policiers, et même l'APPQ ont dit : On
est confortables que vous mettez en noir et blanc dans la loi qu'on doit suivre
45 heures de formation ou de requalification sur trois ans tellement
qu'on sait que c'est important pour notre protection, pour la protection de
notre... de la société qu'on protège. C'est vraiment le nerf de la guerre. Eux,
c'est les policiers, eux-mêmes sont confortables à le faire, mais le
gouvernement avait... eux, ils ont dit : Non, la formation, dans le fond,
ce n'est pas si important que ça. Nous, on va gérer ça autrement, puis il y a
quelque chose qui s'en vient, mais pas assez important pour mettre dans la loi.
Ça fait que, encore une fois, c'est une
grande surprise. Il y avait quand même un élément qui était soulevé par mon
collègue de... le deuxième groupe d'opposition, un amendement qui était abordé
suite à une lettre que nous avons reçue de la Commission de la santé et des
services sociaux des premières nations du Québec et du Labrador, puis eux nous
avaient demandé d'avoir quand même des spécificités qui étaient notées dans la
loi de leurs centres de services sociaux. Pourquoi? Parce qu'ils disent qu'ils
sont comme à part. Ça fait qu'eux, ils avaient aussi écrit un amendement que
j'avais trouvé intéressant, mais malheureusement, encore une fois, le
gouvernement a voté contre.
Là, on va parler un peu de l'autre élément
que j'avais dit, là, on va adresser quand même le fait que Santé et Services
sociaux peut partager des informations en lien avec des personnes qui sont
considérées non criminellement responsables. Mais l'autre chose qui est dans la
loi, c'est les agents de liaison, puis ça, c'est un amendement qui est abordé
par le gouvernement, que je salue. Pourquoi? Parce que tous <les
groupes...
Mme Maccarone :
...pourquoi?
Parce que tous >les groupes qui sont venus témoigner, ce n'était pas
nommé dans la loi, ont parlé de la création de nouveaux postes, une nouvelle
catégorie d'emploi qui n'était pas nommée. Ça fait que, là, encore une fois, on
fait face... C'est flou. Comment qu'on va travailler? Services sociaux, si
c'est interprété que, ah! bien, agent de liaison, ce n'est pas dans la loi, ça
fait que, non, c'est clair, je ne peux pas donner de l'information à cette
personne. Puis c'est un rôle clé qui était aussi une recommandation de Géhane
Kamel. Ça fait que c'est une bonne affaire, que nous allons poursuivre avec ce
rôle. C'est des personnes, oui, sous la responsabilité de services
correctionnels, mais qui ne vont jamais, apparemment, aller dans tout ce qui
est milieu carcéral. Eux, ils vont travailler à l'extérieur. Il faut qu'ils
font partie d'un ordre professionnel. Ça fait que ça, c'est une bonne chose.
Mais il y avait quand même des
préoccupations qui ont été soulevées, entre autres par la
Pre Crocker : Pourquoi que ce rôle ne réside pas sous la
responsabilité de Santé et Services sociaux, qui est logique et une bonne
question à poser, parce qu'on parle de cette personne qui va avoir la
responsabilité d'évaluer la personne concernée, la personne non criminellement
responsable qui va... la responsabilité de cette personne va être déterminée
par le CETM, par la Commission d'examen des troubles mentaux. Encore une fois,
une grande responsabilité qui amène aussi la question : Si on a seulement
18 agents de liaison puis deux coordonnateurs, combien de dossiers est-ce
que ces personnes vont être responsables? Parce qu'on sait qu'il y a
2 150 dossiers, 1 900 dossiers qui sont actifs. Ça, ça
amène énormément de dossiers par personne. Puis les familles souhaitent être
consultées par les agents de liaison, puis un agent de liaison qui est supposé
d'être là pour donner de l'information aux policiers, de donner de
l'information aux Santé et Services sociaux, de prendre soin de la famille, de
prendre soin de la personne concernée. Ça fait qu'on a compris qu'on a
peut-être 400 à 500 dossiers actifs qui doivent être suivis par ces
personnes, mais on n'a pas parlé de la formation. Ça va être quoi, la
formation? Comment ça va fonctionner? C'est qui qui va donner la formation?
• (11 h 20) •
Alors, c'est sûr, ça nous amène à avoir
quand même des préoccupations. Pourquoi? Parce que, encore une fois, c'est un
nouveau rôle. C'est un rôle que je pense qui va amener du bien puis qui va
aider les personnes concernées, mais ça ne va pas tout régler. Ça ne va pas
régler les portes tournantes. Ça ne va pas régler la hausse exponentielle des
interventions en lien avec l'état mental perturbé, parce qu'on parle uniquement
des personnes qui sont jugées non responsables à cause de leur santé mentale.
Alors, toutes les autres personnes qui ne sont pas prises en charge, on ne
parle pas d'eux, puis on ne parle pas, aussi, de l'importance cruciale d'aussi
protéger les personnes concernées qui sont vulnérables, il faut le dire.
Il faut s'assurer de ne jamais perdre la
vue de notre but quand il y a une personne qui est jugée non criminellement
responsable ou n'importe qui qui fait partie de notre système carcéral. Ce
qu'on souhaite, évidemment, c'est un rétablissement, une réinsertion sociale.
C'est ça, le but. Oui, c'est punitif parce qu'ils sont jugés, peu importe s'il
y a quelque chose de grave qui est arrivé, mais le but, c'est toujours quelque
chose de bien pour notre société. C'est ça qu'on souhaite. Alors, j'ai quand
même des préoccupations de ceci. Puis je veux m'assurer aussi que les droits
des personnes concernées ne sont pas brimés. C'est sensible. Il ne faut jamais
perdre la vue que ces personnes sont des êtres humains puis ils ont des droits,
et il ne faut jamais prendre ça léger.
Alors, évidemment, mention pour les
policiers, policières, mais aussi pour le réseau de santé et services sociaux,
pour le nouveau rôle d'agent de liaison puis peut-être aussi les agents de
probation, parce qu'il y a quand même les deux, puis c'est pourquoi que les...
ces personnes concernées, ils ont quand même une inquiétude, il y a une peur
qui est là parce qu'un agent de probation puis un agent de liaison, on veut
s'assurer qu'on a une ligne qui divise les deux.
Ça fait que le temps file, M. le
Président, il me reste littéralement 20 secondes. Ça fait que je vais vous
remercier pour votre attention. Puis j'ai hâte pour la suite, parce que c'est
clair, l'adoption... la prise en considération, c'est une étape importante,
mais, lors de l'adoption, on souhaite poursuivre pour aider le gouvernement
dans la démarche d'aider les personnes vulnérables ainsi que notre sécurité
publique. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Et maintenant je reconnais Mme la députée
de D'Arcy-McGee.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Donc, je prends la parole, aujourd'hui, avec ma collègue députée de Westmount—Saint-Louis,
qui, vraiment, a pris ce dossier à coeur depuis le malheureux décès <de
la sergente Maureen Breau...
Mme Prass :
...Saint-Louis,
qui, vraiment, a pris ce dossier à coeur depuis le malheureux décès >de
la sergente Maureen Breau, qui a mené une bataille avec une pétition, qui a été
auprès de la communauté et, vraiment, s'est impliquée depuis le début. Donc, de
voir le projet de loi qui a été déposé par le gouvernement, comme elle a dit, c'est
un début. On n'est pas encore rendus là, mais c'est un début.
Ce qu'on se pose comme question, c'est la
raison pour laquelle le gouvernement a déposé leur projet de loi avant que le
rapport de la coroner ne soit déposé. On retrouve 13 articles dans ce projet de
loi et 38 recommandations que la coroner a faites. Donc, comme on le dit, un
début, mais beaucoup de travail qu'il reste à faire, puis on espère que ce
n'est qu'un début.
Donc, un projet de loi important, comme
j'ai mentionné, autrement connu comme la loi Maureen Breau, qui vise à renforcer
le suivi des personnes faisant l'objet d'un verdict de non-responsabilité
criminelle en raison de troubles mentaux. Donc, je voudrais prendre quelques
minutes, pour ceux qui nous écoutent, pour mieux comprendre qu'est-ce
qu'implique un verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles
mentaux. Donc, lorsqu'une personne est déclarée non responsable criminellement,
cela signifie qu'elle n'était pas en mesure de comprendre la nature de ses
actes au moment de l'infraction en raison de troubles mentaux avérés. Cette
décision est souvent prise par les tribunaux dans un souci de justice, et les
verdicts de non-responsabilité ne doivent pas être perçus comme une impunité,
mais plutôt comme une reconnaissance de la nécessité d'un traitement adapté. En
renforçant le suivi, nous pouvons mieux prévenir les récidives et assurer un
environnement plus sûr pour tous et pour toutes. Trop souvent, le système
judiciaire et le système de santé mentale fonctionnent en silo, ce qui peut
entraîner des lacunes dans le suivi et le traitement.
Le projet de loi n° 66
propose une approche intégrée qui faciliterait la collaboration entre les
professionnels de la santé, les travailleurs sociaux et les autorités
judiciaires, mais il y a des lacunes dans ce qui est proposé, et je voudrais
les amener à lumière... en lumière.
Donc, le projet de loi, entre autres,
crée, comme ma collègue l'a mentionné, un poste d'agent de liaison, ce qui
encouragerait la collaboration entre divers professionnels. Par contre, cette
approche interdisciplinaire permettrait de s'assurer que chaque individu
bénéficierait d'un suivi complet et cohérent. Mais certains experts et certains
groupes ont toutefois critiqué l'affiliation de ces agents de liaison aux
services correctionnels et non au réseau de la santé. Cela pourrait risquer de
susciter la méfiance, est venue expliquer, lors des consultations, la
directrice de la recherche et de l'enseignement de l'Institut national de
psychiatrie légale Philippe-Pinel. Selon elle, cela vient perpétuer que le
rétablissement est à l'opposé de la sécurité publique. Si l'on souhaite
mandater quelqu'un pour coordonner le suivi des personnes reconnues non
criminellement responsables, il faudrait que l'intervenant relève du milieu de
la santé et des services sociaux.
L'Association des groupes d'intervention
en défense des droits en santé mentale du Québec ont aussi critiqué cette
mesure, car le problème, c'est que cet agent sera lié aux forces de l'ordre, ce
qui ne fonctionnerait pas. Il faudrait plutôt que ce soit au nom de la santé.
Puisqu'on parle ici de personnes malades, dont l'approche est un art complexe,
si l'agent est tagué «sécurité publique», il va... les personnes pourraient
avoir peur. Et, encore une fois, on parle de personnes avec de graves troubles
mentaux. Nos personnes dans le réseau de la santé sont les mieux placées pour
comprendre leur réalité, pour comprendre comment les approcher, pour comprendre
comment pouvoir les amener à recevoir les soins dont ils ont besoin. Mettre un
agent qui représente les forces de l'ordre, comme j'ai mentionné, ça donne
plutôt l'impression que la personne a fait quelque chose de mal. Plutôt
qu'essayer de les comprendre et de vouloir rétablir la situation, bien là, on
vient les punir un petit peu, les condamner. Et, même pour les proches de ces
personnes, ça pourrait faire une énorme différence, car, en mettant ça à la Sécurité
publique, les proches et la famille peuvent devenir... peuvent se sentir des
délateurs. Ils pourraient être portés à ne pas tout dire, car ils ont peur que,
leur proche, s'ils parlent à un agent de la paix, bien, il peut y avoir des
répercussions à propos des agissements de cette personne-là. Donc, il faut une
sensibilité que les gens qui travaillent dans le réseau de la santé et des
services sociaux ont, car c'est des situations et des populations avec
lesquelles ils agissent régulièrement. Donc, il faut les aider à aller mieux,
et, pour ça, il faut qu'elles développent une relation de confiance avec la
personne qui veut les aider. Encore une fois, c'est plus facile d'avoir ce lien
de confiance avec quelqu'un du réseau de la santé que du réseau de la sécurité
publique, pour les personnes avec des troubles mentaux graves.
Également, ces personnes qui commettent
des infractions ne doivent pas être stigmatisées. Au contraire, elles méritent <une
seconde chance...
Mme Prass :
...commettent
des infractions ne doivent pas être stigmatisées. Au contraire, elles méritent >une
seconde chance. En leur offrant des programmes de traitement adaptés, nous
pouvons les aider à intégrer la société de manière constructive, et il y a des
éléments dans le projet de loi n° 66 qui mènent à des dispositions pour la
réhabilitation.
Par contre, deux choses. Premièrement,
dans le système de la santé et services sociaux que nous avons présentement...
est débordé. Nous avons une liste en santé mentale qui est presque de
20 000 personnes. C'est bien de dire : On va leur donner les
services, on va les encadrer, mais il faudrait que les ressources soient là, et
présentement les ressources ne sont pas là. Également, il ne faut pas que ce
soient des traitements où on prescrit un médicament à une personne et que le
traitement s'arrête là. Il y a trop de surmédication qui se fait au Québec, et
il ne faudrait pas qu'on s'attende à... une personne avec des troubles mentaux
graves prenne une pilule puis, de façon magique, tout va se rétablir, et ils
vont voir clair. Ils ont besoin d'un suivi d'un psychologue, d'un psychiatre,
selon le spécialiste dont ils ont besoin, mais présentement on n'a pas les
ressources. Et ce qui fait en sorte que, justement, on a... le Québec s'est
retrouvé avec plusieurs situations, dans les dernières années, où des personnes
qui avaient des troubles mentaux graves ont commis des crimes parce que
peut-être qu'ils se sont tournés envers le système, mais le système n'avait pas
les ressources pour eux. Donc, il ne faut pas que ces personnes-là, quand on
les identifie, qu'on... qu'ils n'aient pas accès aux ressources, aux
traitements dont ils ont besoin pour vraiment pouvoir combattre leurs troubles
mentaux graves et devenir des citoyens qui peuvent contribuer à la société.
• (11 h 30) •
Donc, renforcer le suivi des personnes
souffrant de troubles mentaux graves nécessite des investissements substantiels
dans des programmes de traitement, des services de santé mentale et des
formations pour les professionnels. Sans un budget adéquat, il serait difficile
de garantir que les mesures prévues dans le projet de loi soient effectivement
appliquées, ce qui pourrait compromettre l'objectif de la réhabilitation et, en
parlant de la réhabilitation, qui ne consiste pas seulement à réduire les
risques, mais aussi à permettre aux individus de vivre de manière autonome et
significative.
Donc, une autre lacune du projet de loi
est l'absence de mesures claires pour évaluer l'efficacité des programmes de
suivi de traitement. Sans indicateur de succès défini et sans mécanisme
d'évaluation en place, il serait difficile de déterminer si des objectifs de
réhabilitation et de sécurité sont réellement atteints. Une évaluation
régulière et rigoureuse est essentielle pour ajuster les stratégies et garantir
que les ressources sont utilisées de manière optimale.
Et, lors des consultations publiques,
plusieurs groupes ont demandé qu'un vrai traitement d'un suivi thérapeutique, encore
une fois, pas juste des pilules, un engagement sincère envers la réhabilitation
des personnes souffrant de troubles mentaux graves doit se traduire par des
ressources adéquates. Et justement, quand on pense aux recommandations que la
coroner a faites lors du dépôt de son rapport, un élément important qui a été
proposé auparavant était la mise en place d'un tribunal exclusif au traitement
des cas de santé mentale, qui aiderait grandement les psychiatres dans leur travail,
tout en évitant aux familles de devoir frapper à plusieurs portes du système de
justice. On comprend mal pourquoi le ministre n'a pas été ouvert à cette
suggestion-là, puisqu'elle a été faite en 2022, également suite aux morts
tragiques de trois personnes à Laval. Et justement ce travail est remis à la
coroner parce que c'est la mieux placée pour vraiment examiner l'enjeu,
examiner le portrait présent et voir ce qui pourrait être mis en place. Ça
existe en Ontario, et, comme le premier ministre nous rappelle souvent, on veut
toujours être comme... bien, la CAQ veut toujours qu'on ressemble plus à
l'Ontario. Donc, ce tribunal administratif spécialisé en santé ferait en sorte,
encore une fois, qu'on taperait juste à une porte, ce qui n'est pas présentement
le cas.
Donc, je voudrais terminer en demandant
pourquoi le ministre n'a pas été plus ouvert aux amendements que ma collègue de
Westmount—Saint-Louis a proposés, tous dans l'esprit de bonifier ce projet de
loi, que ce soit pour une formation de 35 heures pour les policiers pour
s'assurer... et c'est pour leur protection et la protection de la population,
pour ceux avec qui ils vont avoir affaire.
Donc, un bon début, mais beaucoup de
travail qui reste à faire. On espère qu'il y aura d'autres projets de loi à
venir par la suite pour combler les lacunes. Mais, pour ce qui est de la prise
en considération, ma formation est en faveur. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de D'Arcy-McGee. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il n'y en a pas.
Mise aux voix du rapport
Alors, le rapport de la Commission de la
santé et des services sociaux portant sur le projet de loi n° 66, Loi
visant à renforcer le suivi des personnes faisant l'objet d'un verdict de
non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux ou d'inaptitude <à
subir leur procès...
>
11 h 30 (version révisée)
<12213
Le
Vice-Président (M. Lévesque) :
...des services sociaux portant
sur le projet de loi
n° 66,
Loi visant
à renforcer le suivi des personnes faisant l'objet d'un verdict de
non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux ou d'inaptitude >à
subir leur procès, est-il adopté? Adopté. Pour la suite de nos travaux, M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 3
du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 69
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
À l'article 3 du feuilleton, Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie propose l'adoption du principe du projet de loi n° 69,
Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et
modifiant diverses dispositions législatives. Alors, pour la première
intervention, je reconnais Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. le Président. Donc, je suis très heureuse d'être
avec vous aujourd'hui, de même avec les collègues. C'est un honneur, en fait,
de pouvoir m'adresser à mes collègues pour discuter en détail du projet de loi n° 69 qui vise à assurer la gouvernance responsable des
ressources énergétiques.
Alors, je tiens d'abord à saluer mes
collègues parlementaires qui ont participé aux consultations particulières qui
se sont tenues il y a quelques jours. Donc, je fais référence plus
particulièrement au député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, le député de
Gatineau, le député de Gaspé, le député de Côte-du-Sud, celui de Dubuc, la
députée de Saint-Laurent, la députée de Mille-Îles, le député de
Maurice-Richard, le député de Jean-Talon et le député de René-Lévesque. Donc,
merci à vous tous d'avoir pris part à ces échanges. J'aimerais également
souligner le travail de mon prédécesseur, M. Pierre Fitzgibbon, qui,
depuis le début du présent mandat, a supervisé les différentes équipes du
gouvernement pour la rédaction de cet important projet de loi.
Alors, comme vous le savez, notre
gouvernement s'est engagé dans un grand mouvement collectif, un véritable
projet de société, en fait, pour décarboner notre économie d'ici 2050. Pour ce
faire, on doit faire preuve d'audace, on doit faire preuve d'ingéniosité, et c'est
ce dont on a amplement... dont on dispose amplement, je dirais. Québec est bien
positionné pour y arriver et pour se démarquer. On a tout ce qu'il faut, en
fait, pour être des leaders de la transition énergétique et de l'économie
verte. On a l'expertise. On a la capacité d'innover. On a les ressources
naturelles. On a les réseaux électriques les plus verts au monde.
Pour atteindre nos objectifs de
décarbonation, on doit, entre autres, prioriser l'efficacité énergétique et l'électrification
des transports, des bâtiments et de certaines activités industrielles. On doit
agir dès maintenant pour que l'ensemble de la société québécoise puisse
contribuer pleinement à la transition énergétique, qui est un défi à l'échelle
internationale, et, pour ça, on doit se doter d'une vision claire pour bâtir un
Québec encore plus vert et prospère pour nos générations futures. Et c'est
exactement ce qu'on va faire, M. le Président, avec le projet de loi n° 69. Avec ce projet de loi, on veut revoir et moderniser
l'encadrement du secteur énergétique.
Donc, principalement, on a trois objectifs :
renforcer la gouvernance du secteur énergétique, améliorer la gestion de l'offre
et la gestion de la demande en énergie et optimiser le processus de fixation
des tarifs d'électricité et de gaz naturel.
Ces deux dernières années, il y a des
consultations préalables qui nous ont permis d'identifier les freins à l'accélération
de la transition énergétique dans le cadre légal et réglementaire actuel. Le
projet de loi n° 69 reflète les principaux consensus
parmi toutes les avenues mises sur la table, et c'est ce avec quoi on propose d'aller
de l'avant. Il va nous permettre d'agir à la hauteur des ambitions des
Québécoises et des Québécois. Le cadre législatif actuel date d'il y a plus de
25 ans et ne répond plus au contexte énergétique en grand changement. Donc, il
faut se tourner vers le futur pour maintenir notre avantage concurrentiel en
énergie verte, un avantage qui est à risque si on ne se dote pas des bons
outils dès maintenant, parce que le Québec n'est pas le seul dans la course à
la transition énergétique.
L'élément central de notre projet de loi,
c'est donc le Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, communément
appelé le PGIRE. Il s'agit d'un processus structuré, participatif et transparent
qui va nous doter d'une vision d'ensemble de l'avenir énergétique. Le projet de
loi n° 69 permet d'encadrer et de pérenniser la mise
en place du PGIRE. Cet encadrement législatif va permettre de bien définir les
rôles et les obligations de l'ensemble des parties purement liées au
développement énergétique du Québec. On a, bien sûr, l'intention d'élaborer ce
plan avec la participation du plus grand nombre. Plusieurs intervenants ont d'ailleurs
déjà levé la main. Le message est entendu.
Le PGIRE va porter sur toutes les sources
d'énergie. Il va fournir également un état des lieux sur la consommation
énergétique et va nous permettre d'avoir une réflexion éclairée sur l'énergie,
notamment en discutant des trajectoires possibles quant à l'évolution du contexte
énergétique. Il évaluera les différentes options d'approvisionnement
énergétique pour répondre aux besoins variés et à nos objectifs de <décarbonation...
Mme Fréchette :
...les
objectifs de >décarbonation, tout en considérant les implications
économiques et sociales. Bref, c'est un outil stratégique important pour
informer, pour sensibiliser et pour mobiliser les citoyens afin de prendre des
décisions éclairées et pour guider les différents acteurs comme Hydro-Québec et
les distributeurs gaziers, tout comme la Régie de l'énergie. D'ailleurs, avec
le projet de loi n° 69, la Régie de l'énergie
conserve toute son indépendance. Sa mission va être élargie pour qu'elle prenne
en compte la transition énergétique dans ses décisions.
• (11 h 40) •
Dans un contexte d'évolution rapide du
portrait énergétique, le projet de loi n° 69 propose
également de modifier le processus de fixation des tarifs pour obtenir plus de
visibilité et de stabilité aux consommateurs, tout en évitant des hausses importantes
lors des révisions tarifaires, sans oublier les entreprises, ici et ailleurs,
qui sont aussi à la recherche d'une énergie propre.
Alors, comment répondre à cette demande
qui croît plus rapidement que l'offre? Eh bien, plusieurs intervenants ont insisté,
avec raison, sur l'importance de miser d'abord sur l'efficacité énergétique, un
principe auquel nous adhérons. Il faut aussi accélérer le développement de
nouveaux projets énergétiques en électricité et dans les autres filières
d'énergie verte et complémentaire.
L'octroi des blocs d'électricité est un
sujet qui a fait beaucoup couler d'encre ces derniers... ces dernières
semaines, parce que les besoins en énergie propre et en puissance sont
immenses, et la capacité de répondre, elle, est limitée. Donc, on doit faire
des choix, des choix stratégiques, et continuer de sélectionner les projets les
plus porteurs pour le Québec. C'est essentiel si on veut enrichir les Québécois
et profiter de notre avantage comparatif avec les autres États dans le monde.
Avec le projet de loi, on veut également
donner plus de flexibilité à Hydro-Québec pour qu'elle puisse répondre à la
demande. La mission principale d'Hydro-Québec est bien sûr de satisfaire les
besoins en électricité des marchés du Québec de manière sécuritaire, fiable et
à un coût avantageux. On veut donc lui donner les moyens d'accélérer ses
projets dans le but d'assurer notre résilience et notre sécurité énergétique,
et ce, dans toutes les régions du Québec.
Il ne s'agit pas... Il ne s'agit là que de
quelques exemples de ce que propose le projet de loi n° 69.
Il présente des avancées significatives, avec des outils qui vont permettre à
tout le monde d'embarquer dans ce grand projet de société qu'est la transition
énergétique.
Au total, 38 groupes et intervenants
ont été entendus lors des consultations particulières. On a reçu, en fait,
jusqu'à présent, même plus de 70 mémoires. Et tout le monde s'entend sur
le fait qu'un changement législatif est nécessaire si on veut atteindre nos
objectifs. La majorité des intervenants ayant déposé des mémoires sont en
faveur des grands objectifs du projet de loi n° 69.
Ils nous ont transmis des propositions et des mémoires qui nous aideront à
revoir l'encadrement du secteur de l'énergie de manière encore plus efficace.
Parmi les recommandations reçues, je
pense, entre autres, au PGIRE qui doit porter sur toutes les sources
d'énergie, incluant les mesures d'efficacité énergétique, et qui, de toute
évidence, est attendu par l'ensemble des parties prenantes. Tout le monde
souhaite y contribuer.
On nous a aussi relevé l'importance de
tenir compte du portrait régional du Québec dans l'élaboration de ce PGIRE.
Pour plusieurs, la sobriété et l'efficacité énergétique devraient être
priorisées comme sources d'approvisionnement.
On nous a aussi souligné l'importance de
trouver un équilibre, un équilibre entre le maintien de la compétitivité de nos
entreprises, la protection de la clientèle domestique et la juste part des
coûts que chaque type de consommateur doit assumer.
On nous a proposé de permettre des modèles
innovants de production et de vente d'électricité et des partenariats, tout en
protégeant le caractère public d'Hydro-Québec, et ça, c'est important. Il
s'agit là d'un aspect crucial pour encourager le développement économique de
nos régions.
Et, enfin, il est souhaité de tenir compte
du potentiel des autres filières énergétiques pour assurer, entre autres, notre
sécurité énergétique.
Ces recommandations, M. le Président,
reflètent bien l'engagement collectif qu'on ressent, partout au Québec, en
faveur de la transition énergétique. À l'heure actuelle, c'est assurément notre
plus grand défi, mais c'est aussi très encourageant de voir tous les acteurs se
mobiliser et être prêts à travailler ensemble.
Avec le projet de loi n° 69, on se
donne les outils nécessaires pour faciliter cette transition au meilleur coût
pour la société québécoise, tout en favorisant l'acceptabilité sociale et un
développement économique durable. Un projet de loi-phare et audacieux qui fera
rayonner davantage le génie et l'audace des Québécois et Québécoises en matière
d'énergie verte.
Sur ce, merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la ministre. Maintenant, je reconnais Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Bonjour, M. le
Président. Je vois l'heure qui file. Donc, je vous dis d'avance que je vais
réserver mon temps pour la reprise des travaux, parce que je ne pense pas avoir
terminé dans le délai imparti.
Alors, le projet de loi n° 69, je
remercie d'abord ma collègue la <députée de...
Mme Rizqy :
...alors,
le projet de loi n° 69, je remercie d'abord ma collègue la >députée
de Mille-Îles, qui m'a accompagnée tout au long des travaux. Merci aussi à tous
ceux qui ont participé, les nombreux mémoires que nous avons reçus. On a eu
beaucoup de demandes de participation. Malheureusement, vous le savez, on n'a
que des plages horaires limitées. Notre souhait, ça aurait été d'entendre tout
le monde, mais on a dû se plier.
Bien évidemment, nous, au Parti libéral du
Québec, on avait demandé, avant de déposer un tel projet de loi
n° 69 : N'est-il pas temps, au Québec, d'avoir une jasette nationale
sur la situation énergétique du Québec pour la suite des choses? Et à l'époque
c'était le député de Jacques-Cartier qui était le porte-parole, à ce moment-là,
et moi, je suis la remplaçante, M. le Président... avait dit : Bien, c'est
important, il n'y a plus de vrai débat public sur ce dossier, sur cet enjeu-là
qu'est Hydro-Québec, l'énergie, nos précieux blocs d'énergie. Et on a eu un
sentiment d'avoir été bousculé et pas trop savoir pourquoi, mais surtout pour
qui on fait le p.l. n° 69. Alors, tout au long de mon
intervention, ces deux questions-là, je vais essayer de répondre le pourquoi et
le pour qui.
J'ai entendu la ministre nous parler de
gouvernance. Elle nous a aussi dit que le projet de loi répondait «à améliorer — et
je cite — la gestion de l'offre d'électricité» et, troisième chose
qu'elle nous a dite, «optimiser l'électricité». Le tarif d'électricité, elle
veut l'optimiser. Optimiser, généralement, c'est que c'est plus efficace. Je ne
comprends pas vraiment le terme qui a été employé aujourd'hui. Est-ce que c'est
parce qu'on nous annonce une hausse de tarif mais que le nouveau mot choisi,
c'est «optimiser»? C'est quand même audacieux, ça, je l'accorde, qu'au lieu de
parler de hausse on parle d'optimisation de tarif.
Alors, aujourd'hui, moi, je vais faire le
point sur cela, sur les trois termes employés par la ministre de l'Énergie,
mais je vais aussi vous parler de l'article 38. Je vous parlerai du rôle
du ministère de l'Éducation... — mon petit lapsus, vous comprendrez,
le ministère de l'Éducation n'est jamais trop loin pour moi — le
ministère de l'Énergie, la création d'un programme d'aide financière pour
limiter l'impact des hausses de tarifs de distribution de l'électricité pour
les consommateurs. Je vais vous parler également du retrait de l'obligation
pour Hydro-Québec de procéder à des appels d'offres. Et aussi, une question que
plusieurs personnes se posent : Est-ce que ce projet de loi n° 69
n'est pas un cheval de Troie pour privatiser une partie d'Hydro-Québec?
Or, jamais que cette question-là n'a été débattue par la population. J'ai beau
regarder les programmes électoraux de la CAQ, en aucun temps cette notion n'a
été abordée dans aucun des programmes électoraux de la CAQ.
Alors, je trouve ça un petit peu, comment
dire, risqué de s'aventurer à dénationaliser Hydro-Québec, qui a été bâtie par
la génération des grands-parents de plusieurs Québécois, je ne peux pas dire la
mienne parce que, moi, vous comprendrez, mes grands-parents sont nés au Maroc,
ma mère est arrivée ici. Donc, tu sais, je ne referai pas l'histoire... mais,
pour être très consciente que, nous, comme élus, on est les gardiens d'un des
plus beaux legs du Québec, qui est la nationalisation d'Hydro-Québec, qui a été
faite sous un gouvernement libéral. On peut penser à Jean Lesage, à René
Lévesque, à Robert Bourassa. Mais tous ces hommes qui ont bâti le Québec,
aujourd'hui ils en pensent quoi du p.l. n° 69?
Alors, pourquoi qu'aujourd'hui on se
retrouve ici? On parle de gouvernance. Qu'est-ce qu'on tente d'améliorer?
Pendant des semaines et des semaines, je me suis levée et j'ai posé la question
suivante, qu'on a même mise en jeu avec une motion très simple... Vous savez,
il y a des entreprises, au Québec, déjà établies, qui ont des emplois, qui,
elles, veulent se décarboner. Ces entreprises ont soumissionné pour avoir ces
fameux blocs d'énergie. Ces entreprises ont reçu, pour la majorité d'entre
elles, un refus. Un non, c'est une chose, M. le Président. Première question,
quand on refuse quelque chose — comme les enfants : Pourquoi?
Puis, tant et aussi longtemps que vous n'avez pas la réponse, on va vous poser
encore la question : Mais pourquoi? Pourquoi vous me dites non?
J'ai en tête le président des Forges de
Sorel qui est sorti publiquement, il a dit : Moi, on m'a dit non, mais je
n'ai pas eu accès à la grille d'analyse. On ne m'a pas posé aucune question sur
l'impact environnemental, l'impact économique et l'impact social.
Les Forges de Sorel, ça fait 85 ans qu'elle existe, cette entreprise,
à Sorel-Tracy. Plus de 300 emplois, très payants, M. le Président, entre
80 000 $ et 120 000 $.
Mais cette question de gouvernance
n'est-elle pas un peu fondamentale dans une <société...
Mme Rizqy :
...mais
cette question de gouvernance n'est-elle pas un peu fondamentale dans une >société
où... je me rappelle d'un autre chef de parti et premier ministre qui
disait : «Audi alteram partem»? Mais que veut dire «audi alteram partem»?
C'est le droit d'être entendu, M. le Président. Alors, l'entreprise qui se fait
dire non, qui n'a pas accès à sa grille d'analyse et qui n'a pas un processus
d'appel, est-ce qu'on respecte les règles naturelles de justice naturelle,
c'est-à-dire le droit de procédure, le droit d'être entendu, le droit de porter
appel d'une décision? Il me semble qu'on a ici enfreint une règle de justice
naturelle.
• (11 h 50) •
On demande à ces mêmes entreprises de
soumissionner à nouveau parce qu'il y aura, dès 2027, 1 500 nouveaux
blocs d'énergie de disponibles. Mais, M. le Président, moi, j'ai été prof dans
une autre vie, imaginez que je dise à mon étudiant : Tu as coulé. Mon
étudiant va me dire : O.K. Il risque d'être triste, on s'entend. C'est un
gros choc de savoir qu'il y a un échec, une fin de non-recevoir. La deuxième
des questions. La deuxième question que mon étudiant risque de me poser :
Mais est-ce que je peux voir ma copie d'examen? Est-ce que je peux voir le
corrigé? Mais je lui dis : Non, non, crois-moi sur parole, j'ai la grille
d'analyse, je ne te la montre pas, mais tu as coulé. Mais je t'invite à te
présenter à l'examen de rattrapage. Il y aura une reprise dans les prochaines
semaines, dans les prochains mois. Prépare-toi à l'examen de reprise.
L'étudiant risque de dire : Bien, Mme la députée... ou plutôt Mme la
professeure, respectueusement, ce n'est pas un exercice futile pour moi de
refaire un examen dont je ne sais pas pourquoi j'ai coulé, dont je ne sais pas
où je dois m'améliorer lorsque je vais soumissionner à nouveau? Et moi de lui
dire : Mais, écoute, tu as peut-être raison, mais tu ne pourras jamais
porter en appel ma décision. Quand même! Donc, non seulement je juge, c'est moi
qui a un mot à dire sur cette décision, mais mon étudiant n'a même pas un droit
d'appel. Il ne peut même pas aller en révision. Rien. Terminé.
Ça me rappelle une drôle d'époque. Cette
époque-là, pourtant, n'était pas très lumineuse. Il me semble que, si la
ministre parle en disant qu'il y a trois choses importantes dans ce projet de
loi... et le premier élément qu'elle a cité, c'est la règle de gouvernance. Or,
elle et son parti ont voté contre une motion que nous avons présentée, au Parti
libéral, un mercredi, demandant une chose tellement simple : Remettez aux
entreprises leurs grilles d'analyse. Un, c'est transparent. Deux, si ces
entreprises désirent soumissionner à nouveau, elles savent qu'est-ce qu'elles
doivent améliorer, le cas échéant. Mais peut-être aussi elles vont se rendre
compte, ces entreprises, qu'elles n'ont rien à améliorer. Peut-être qu'au fond
c'était une décision arbitraire de l'ancien ministre Pierre Fitzgibbon qui,
lui, a décidé qui seront les gagnants et qui seront les perdants. Mais, en
ayant une mainmise sur ces blocs d'énergie, en s'étant octroyé, le
gouvernement, ce pouvoir ultime...
Ce superpouvoir a des conséquences qui
sont néfastes. Permettez-moi de les exprimer. Dans une démocratie, une des
pierres angulaires, ce sont les bases de justice naturelle. Et ici je pense
sincèrement qu'on ne l'a pas respectée, que le gouvernement, en refusant de
transmettre la grille d'analyse avec un non, une fin de non-recevoir et qu'il
n'y a pas de processus d'appel, immanquablement on tombe dans l'arbitraire.
Permettez-moi de faire un parallèle. En
2023, la Vérificatrice générale du Québec a publié un rapport sur les fonds
pour aider les entreprises à traverser la pandémie. Cette idée, au départ...
évidemment, la bonne foi se présume. Les gens ont dit : Ah, bonne idée! Le
gouvernement veut aider les entreprises à pouvoir survive la pandémie. Or,
qu'est ce qu'on a appris? L'argent était distribué sans critère, sans grille
d'analyse, et même, des fois, des projets n'auraient pas dû se qualifier. Bref,
on tombait dans le discrétionnaire, mais avec de l'argent public. L'argent,
c'est une chose. C'est très précieux. Les blocs d'énergie, j'ai le goût de vous
dire, M. le Président : C'est encore plus précieux. Pourquoi? Je vais vous
expliquer.
Prenons toujours le cas des Forges de
Sorel. Cette entreprise qui est établie ici est assujettie au marché de la
carbone, donc à la Bourse. Si elle ne se décarbone pas, non seulement ça lui
coûte plus cher, mais elle est pénalisée face au marché de la carbone, rapport
qu'elle paie plus. Si elle paie plus, est-elle <compétitive...
Mme Rizqy :
...il va
falloir qu'elle paie plus. Si elle paie plus, est-elle >compétitive par
rapport à tous les autres compétiteurs qui sont à l'extérieur du pays, qui sont
à l'extérieur du Québec? Non. Leurs compétiteurs sont en Chine. Soyons
honnêtes. Au niveau de l'environnement, je n'ai même pas besoin de commenter. Je
pense qu'on se comprend tous ici. Mais, vous savez, le gouvernement chinois ne
s'est jamais gêné pour subventionner leurs entreprises. D'ailleurs, dans un
rapport de l'OCDE, savez-vous à quelle hauteur les entreprises chinoises,
notamment dans le secteur d'aluminium, sont subventionnées? Huit fois plus
qu'ici. Donc, je pense qu'on peut qualifier cela de concurrence déloyale en
partant.
Mais, nous, cette entreprise d'ici qui
compte dans ses rangs des Lapierre, des Tremblay, des Bouchard, eux, là, ils
ont des familles. J'ai même rencontré, là, une personne que c'est la troisième
génération qui travaille dans cette entreprise. Eux, leur souhait, c'est se
décarboner, avec des employés qui sont déjà d'ici et établis au Québec depuis
des générations. Maintenant, ça met en péril des investissements, parce qu'ils
doivent réfléchir : Est-ce que j'achète une nouvelle cuve à l'électrique
ou est-ce que j'achète une nouvelle cuve qui, elle, si je n'ai pas les blocs
d'énergie pour le faire, bien, elle va devoir être au gaz? Quand même
particulier. On pense à aider la planète entière, parce que le premier ministre
est même allé à l'extérieur du pays pour dire : Venez-vous-en, on a
l'électricité pas chère puis on a de la main-d'œuvre pas chère, mais, avant de
vendre ça aux étrangers, il me semble que, comme bon père de famille, tu
t'occupes d'abord de ton monde, tu dis : Nous, c'est le Québec d'abord. Je
vais aider mon monde à se décarboner. Je vais aider mon monde à faire des
investissements au Québec. Je vais aider mon monde à m'assurer que les emplois
du Québec restent encore au Québec.
Et ça, M. le Président, c'est pour ça que
j'ai de la misère aujourd'hui lorsqu'on me dit que l'objectif du projet de loi
n° 69, c'est : améliorer la gouvernance. J'ai de la misère à y croire.
Pourquoi ont-ils voté contre la motion? Est-ce qu'on a vraiment besoin d'un
projet de loi pour faire preuve de transparence? Il me semble que ça va de soi.
Et j'ajouterais la chose suivante :
En matière de gouvernance, je n'ai pas entendu des gens en commission nous...
venir louanger la transparence de ce projet de loi. Plusieurs ont même
dit : Écoutez, le PGIRE, le fameux plan de gestion des ressources, bien,
il va venir plus tard. On ne sait pas quand, mais il va venir plus tard. Donc,
on met la charrue devant les bœufs. On va légiférer avec un plan de gestion.
Puis la question demeure encore : Pour quoi, mais pour qui? Et le pour qui,
ici, est vraiment intéressant. Avons-nous vendu aux étrangers ce que nous
n'avons pas, au détriment des Québécois puis des entreprises d'ici?
Et, quand j'entends la ministre dire
qu'elle va optimiser les tarifs d'électricité, elle devrait faire preuve de
franchise là-dessus et dire clairement, comme son projet de loi l'écrit, qu'il
y aura une hausse de tarifs résidentiels et qu'elle sera compensée par, et je
cite, «un programme d'aide financière pour limiter l'impact à la hausse des
tarifs de distribution d'électricité pour les consommateurs». Ça, M. le
Président, c'est l'article 75. Donc, très franchement, je pense qu'on peut
réviser le vocabulaire et que le gouvernement assume son choix en matière des
hausses, mais, quand on parle et qu'on dit que la gouvernance, c'est important,
au-delà des mots, les actions comptent. Et, en ce moment, il y a plein
d'entreprises, au Québec, qui ne demandent qu'une seule chose au gouvernement,
elles sont prêtes à soumissionner, elles veulent soumissionner à nouveau, mais
elles veulent savoir où est-ce qu'elles ont perdu des points, qu'est-ce
qu'elles doivent améliorer dans leurs projets.
Et là je ne vous parle pas des entreprises
qu'il y a un enjeu de raccordement, je vous parle des entreprises qui peuvent
être raccordées mais qu'elles ne comprennent pas pourquoi qu'elles ont été
refusées. Et, si la réponse, en définitive, est la suivante : C'est qu'on
manque d'énergie, il va falloir que le gouvernement réponde à cette
question-là : Pourquoi avez-vous privilégié... Pourquoi ont-ils privilégié
des entreprises étrangères, des jeunes pousses, notamment une jeune pousse, au
détriment d'entreprises déjà établies depuis très longtemps? Pourquoi
qu'aujourd'hui on passe de surplus énergétique à déficit énergétique historique
au Québec? Jamais je n'aurais cru un jour entendre Hydro-Québec nous dire
qu'ils ne peuvent pas brancher des foyers d'habitation. Jamais je n'aurais cru
un jour qu'une ville qui a un projet d'écoquartier responsable se ferait
dire : Non, on ne peut pas vous brancher. Qui l'aurait cru? On nous a
parlé de la spirale de la mort, on nous a dit qu'on devait jeter nos surplus,
mais finalement, à force d'aller trop <vite...
Mme Rizqy :
...à
force d'aller trop >vite, est-ce que ce n'est pas tout notre bas de
laine, présentement, qui est à risque parce que des décisions ont peut-être été
précipitées sans une analyse complète? Peut-être qu'on a navigué à vue?
Toutes ces questions, M. le Président,
devront être répondues. Alors, vous comprendrez que je vais garder mon temps
pour la suite, après nos travaux, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Je comprends donc, Mme la députée de Saint-Laurent, que vous n'avez pas terminé
votre intervention et que vous allez reprendre votre intervention à la reprise
du débat sur le projet de loi n° 69. Ce sera le cas.
Alors, compte tenu de l'heure et afin de
permettre la tenue des affaires courantes cet après-midi, le présent débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 69 est ajourné.
Et les travaux sont suspendus jusqu'à
13 h 40, cet après-midi. Bon midi. Bon appétit à tous.
(Suspension de la séance à 12 heures)
13 h 30 (version révisée)
(Reprise à 13 h 41)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Bonjour à toutes. Bonjour à tous. Je vous invite à prendre place,
collègues, nous allons débuter nos travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes à la rubrique Déclarations des
députés. Et, sans plus tarder, je reconnais M. le député de Joliette.
Souligner le 95e anniversaire de la Société
d'histoire de Joliette de Lanaudière
M. François St-Louis
M. St-Louis : Merci, M.
le Président. Permettez-moi, d'abord, de souligner la présence, dans nos
tribunes, des membres de la Société d'histoire de Joliette de Lanaudière, qui
célèbre, cette année, son 95e anniversaire.
En effet, c'est en 1929 que l'abbé Eugène
Martin fondait ce qui s'appelait alors la Société historique de Joliette. À
cette époque, la présidence du conseil d'administration était assurée par un
acteur marquant de notre histoire, et j'ai nommé Sir Joseph-Mathias Tellier.
Durant son illustre carrière, Sir Tellier aura été maire de la ville, député de
la circonscription de Joliette et deviendra même chef de l'opposition
officielle, sous l'égide des conservateurs ici même, à l'Assemblée nationale du
Québec. Il deviendra même, plus tard, juge et juge en chef de la province de
Québec.
La mission de notre société d'histoire, M.
le Président, est fort simple, mais combien importante, soit de recueillir et
conserver des documents textuels, iconographiques ou encore des objets
témoignant de l'histoire de la ville, de la MRC de Joliette, ainsi que des MRC
de D'Autray et de Matawinie. Grâce à la Société d'histoire de Joliette de
Lanaudière, M. le Président, notre histoire est bien vivante et le restera.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Joliette. J'en profite pour rappeler aux collègues
que les déclarations sont d'un maximum d'une minute, merci de respecter le
délai imparti pour cette déclaration.
Je reconnais, sans plus tarder, M. le
député de Pontiac.
Souligner le Mois de la sensibilisation au cancer
du sein
M. André Fortin
M. Fortin :Merci, M. le Président. Québec, le mois d'octobre, c'est le
Mois de la sensibilisation au cancer du sein. Et il y a une seule vraie bonne
raison pour cette campagne, c'est d'encourager des femmes entre 50 et 74 ans
à passer une mammographie bilatérale et de le faire à chaque deux ans.
M. le Président, toutes les années, c'est
7 600 Québécoises qui reçoivent la terrible nouvelle qu'elles sont
atteintes d'un cancer du sein. Mais, en diagnostiquant tôt le cancer, puis en
amorçant rapidement les traitements, on arrive à un taux de survie aujourd'hui
de 89 %.
Alors, encourageons les Québécoises à y
aller, à mettre les chances de leur côté et à se prévaloir d'une mammographie
et d'un dépistage rapide. Mais, en même temps, M. le Président, rappelons-nous,
rappelons au gouvernement qu'il faut mettre les chances du côté des femmes en
améliorant les délais, présentement inacceptables dans certaines régions, pour
l'accès à la mammographie, en améliorant l'accès aux spécialistes et en
améliorant l'accès à la chirurgie. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, merci, M. le député de Pontiac. La parole revient maintenant à Mme
la députée de Prévost.
Souligner la Journée internationale des personnes
âgées
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : En cette
Journée internationale des personnes âgées, je souhaite saluer tous les
Québécois et les Québécoises qui ont 65 ans et plus et qui représentent
une force vive pour notre société.
En effet, d'ici les cinq prochaines
années, nous serons plus de 2,3 millions d'aînés au Québec et nous avons
le devoir de tout faire en notre pouvoir pour changer la perception du
vieillissement, la rendre positive, puisque vieillir est un privilège, et nous
devons en être fiers.
J'ai présenté, au printemps dernier, ma
stratégie gouvernementale 2024-2029, la fierté de vieillir. Et j'en
profite pour remercier tous mes collègues ministres, les différents organismes,
les tables de concertation des aînés qui sont présentes partout au Québec pour
nous aider à réaliser ce défi.
En terminant, je tiens à saluer la
présence d'invités de marque au salon rouge : Mme Nicole Bolduc et M. Bertrand
Gignac, respectivement présidente et directeur général des conférences
régionales concertation aînés du Québec.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Prévost. Au tour maintenant du député de
Maurice-Richard.
Souligner le 25e anniversaire de Solidarité
Ahuntsic
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Aujourd'hui,
j'ai l'honneur de souligner le 25e anniversaire de Solidarité Ahuntsic.
Cette table de quartier, située dans ma
circonscription, est un espace précieux où l'entraide, la lutte et l'engagement
social prennent racine et s'épanouissent. Leur équipe est à l'origine de
nombreuses initiatives de lutte à la pauvreté, d'éducation populaire et de
défense de droits dans Ahuntsic, pour n'en nommer que quelques-unes. Leur
contribution au tissu communautaire d'Ahuntsic est inestimable, et c'est
pourquoi ils et elles pourront toujours compter sur mon soutien indéfectible.
Cela prend encore plus de sens dans un
contexte où 13 autres organismes, dont Solidarité Ahuntsic, font face à
une menace d'éviction par le centre de services scolaire de Montréal.
Pour le bien-être de notre communauté, je
serai à vos côtés jusqu'au bout pour préserver cet important pilier du milieu communautaire
d'Ahuntsic. Bon 25e anniversaire et longue vie à Solidarité Ahuntsic!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Maurice Richard. Et je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre hommage à M. Larry Bernier
Mme Marie-Louise Tardif
Mme Tardif : La
municipalité de Lac-Édouard est assurément une des seules municipalités du
Québec qui n'a aucune dette et qui génère de vrais revenus, de vrais surplus
financiers, et ceci est, en grande partie, dû à M. Larry Bernier, maire
bénévole depuis 2006.
M. Bernier est déterminé, mais
patient, volubile mais à l'écoute et très impliqué au niveau du développement
socioéconomique. Depuis qu'il a pris sa retraite comme enseignant il y a
17 ans, depuis, il est membre d'une douzaine de comités en même temps, par
exemple, la Table des élus de la Mauricie, le conseil d'administration de la
FQM, le Comité de sécurité publique de l'agglomération de La Tuque, le
conseil d'administration de la SAMBBA, président du plan de développement de
l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Mauricie.
Je veux aujourd'hui le reconnaître pour
son engagement social en mentionnant aussi celui de Mme Rollande Lecours,
dont il est l'époux, enseignante bénévole et qui permet de garder La P'tite
École de Lac-Édouard Ouverte. Merci de faire une différence.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci. Merci, Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Gouin.
Remercier l'équipe de La Maison Marguerite de
Montréal
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci,
M. le Président. Je veux prendre un moment aujourd'hui pour souligner le
travail exceptionnel de La Maison Marguerite, un organisme de ma circonscription
qui héberge des femmes en difficulté.
Le 29 avril dernier, leur hébergement
a été complètement ravagé par un incendie. La directrice générale, Mireille, et
toute son équipe ont donc travaillé d'arrache-pied très rapidement pour que
toutes les femmes soient relocalisées, et ça s'est fait dans un contexte, bien
sûr, où, on le sait, les places en hébergement pour les femmes en difficulté
sont extrêmement rares. Et, tout en réalisant cet exploit-là, bien, ils ont...
ils se sont également mis à la recherche de nouveaux locaux, des locaux à moyen
terme, et ils ont réussi à en trouver. Ça a été fait en juillet dernier.
Je veux, donc, aujourd'hui, saluer leur
résilience, la résilience des travailleuses de La Maison Marguerite. Grâce à
vous, grâce à votre dévouement, les femmes ont à nouveau un espace sécuritaire
pour se reconstruire. Bravo! Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Gouin. Et la parole revient maintenant à Mme la
députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner le travail de l'Association québécoise de
défense des droits des personnes retraitées et préretraitées, section
Richelieu-Yamaska
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Merci, M. le
Président. En cette Journée internationale des personnes âgées, je souhaite
rappeler la contribution inestimable de nos aînés à la société québécoise.
Non seulement ils ont contribué à bâtir le
Québec d'aujourd'hui, mais leur implication bénévole qu'ils font régulièrement
au sein d'organismes communautaires ou de services de loisirs permet de maintenir
en place différents services et contribuent au bien-être de nos communautés.
Je tiens à souligner la présence dans nos
tribunes, de trois membres de l'Association québécoise de défense des droits
des personnes retraitées et préretraitées de la section Richelieu-Yamaska, Mmes Rosetta
Bruneau, Lucie Gravel et Martha Ramirez. Merci, mesdames, pour votre
implication. Nous avons beaucoup à apprendre de nos aînés, M. le Président, et
leurs voix méritent d'être entendues. Merci.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. La parole revient maintenant à M.
le député de Saint-Jérôme.
Remercier les citoyens et citoyennes de la
circonscription de Saint-Jérôme pour leur soutien
M. Youri Chassin
M. Chassin :Merci, M. le Président. Alors, une fois n'est pas coutume,
permettez-moi de remercier les nombreux Jérômiens qui m'ont témoigné leur
soutien dans les dernières semaines.
La décision difficile de devenir
indépendant, je l'ai prise d'abord en pensant à mes électeurs, mais on ne sait
jamais vraiment comment ceux-ci vont recevoir la nouvelle. Mais, depuis ma
conférence de presse, je dois dire que je suis renversé et bouleversé par les
réactions positives.
Mon équipe et moi avons été à la rencontre
de nos concitoyens en divers événements. Nous avons échangé sur tous les
sujets. Et, comme je m'y étais engagé, nous avons aussi tenu une journée portes
ouvertes, jeudi dernier, le 26 septembre, et on remercie les gens d'avoir
répondu présent, de Laurent qui m'a envoyé une lettre dactylographiée à Diane
du milieu communautaire, Jade, Yvon, Louis et vous toutes et tous, mon équipe
et moi vous remercions du fond du cœur pour la vague de soutien reçue. Merci
beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Et je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Saint-François.
Rendre hommage à Mme Sandra Côté
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le
Président, je tiens à saluer Mme Sandra Côté, ici présente dans les
tribunes. Mme Sandra Côté a publié, en 2014, Le bonheur à tue-tête :
histoires d'espoir qui met du bonheur au cœur...
Native de Stoke et arrivée à Brompton en
1991, elle a fondé, en 2016, le Journal communautaire Ici Brompton, dont
elle a été la rédactrice en chef jusqu'à récemment. Depuis 2016 également, elle
est membre du comité de gestion du projet Cœur de Brompton qui dynamise la
communauté d'affaires. En 2022, Mme Côté a contribué à la constitution
d'un groupe de citoyens en OBNL en vue de faire de l'église Sainte-Praxède un
espace collectif multifonctionnel. Accentuant ses efforts pour faire rayonner
le commerce local, elle a acquis, en 2024, le Bottin de Brompton, qui
met en valeur les entreprises du district. Créative et pleine d'empathie, elle
fait jaillir des étincelles partout où elle s'investit.
M. le Président, j'ai eu l'honneur de lui
remettre la médaille de député de Saint-François le 13 septembre dernier.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Saint-François. Et notre prochaine déclaration,
elle revient à Mme la députée de Laporte.
Souligner la persévérance scolaire d'élèves de la
circonscription de Laporte
Mme Isabelle Poulet
Mme Poulet : Merci, M.
le Président. Aujourd'hui en est un tout particulier, c'est avec grande fierté
que je vous présente des élèves de ma circonscription. Par leur persévérance et
leur résilience, je me devais de souligner leur cheminement dans leurs études
en les invitant à l'Assemblée nationale.
Durant un parcours scolaire, des
situations peuvent parfois mener au découragement, à la perte de motivation,
voire à l'abandon. Heureusement, il y a cette petite voix intérieure, cette
force de caractère qui nous distingue et nous incite à poursuivre afin
d'atteindre notre objectif. Et, peu importe notre objectif, c'est le fait d'en
avoir un qui nous permet de toujours garder notre motivation et de regarder
droit devant. C'est pour cette raison que je devais souligner cette
persévérance et cette résilience. C'est le parcours qui forge l'expérience et
la confiance en soi.
Aussi, je tiens à féliciter des gens qui
les entourent, parents, professeurs et toutes les personnes-ressources qui les
soutiennent. Sachez que vous êtes un apport primordial dans leur réussite en
les épaulant de diverses manières.
Félicitations! Et je vous souhaite à tous
un bon succès pour la suite.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Laporte. La parole revient maintenant à M. le
député de Côte-du-Sud.
Rendre hommage aux membres de l'Unité 53 de la
Garde côtière auxiliaire canadienne
M. Mathieu Rivest
M. Rivest : Merci, M. le
Président. Le jeudi 22 août dernier, date marquante pour Mira,
Patrick, leur fille Lilia, de passage sur le fleuve en Côte-du-Sud.
En revenant de la Gaspésie, leur voilier, Or
Azure le safran a été abîmé devant Saint-Jean-Port-Joli. Des courants
forts, des vagues de trois mètres, des vents de 28 nœuds ont mené à une
perte contrôle de leur voilier.
Heureusement, l'expérience et la fiabilité
de l'Unité 53, Garde côtière auxiliaire canadienne de
Saint-Jean-Port-Joli, était au rendez-vous, avec son commandant Jean-Pierre
Leclerc. D'un calme exemplaire, les auxiliaires de la garde côtière ont pu,
après plusieurs heures, rapatrier le voilier et prendre soin de la famille avec
bienveillance et réconfort. Quelle bravoure!
Je tiens à vous remercier au nom de Mira De
Montigny, Patrick Nisot, Lilia et leur chien Plume pour cette intervention
digne de mention. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Côte-du-Sud. Alors, voilà qui met fin à la rubrique
Déclaration des députés. Je remercie chacun de vous, collègues, pour votre
déclaration.
Et nous allons suspendre les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 13 h 55)
14 h (version révisée)
(
Reprise à 14 h 05)
La Présidente : Bonjour, tout
le monde. Vous êtes nombreux aujourd'hui. Bienvenue. Bienvenue. Le parlement du
Québec, c'est chez vous.
Messieurs dames les députés, nous allons
nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Présence de M. Scott
McKay et de Mme Jeannine Richard, ex-parlementaires de l'Assemblée
nationale
J'ai le plaisir de souligner aujourd'hui
la présence, dans les tribunes, de M. Scott McKay, ancien député de L'Assomption
et de Repentigny, ainsi que Mme Jeannine Richard, ancienne députée des Îles-de-la-Madeleine.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, Mme la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer le plan stratégique 2024-2027 de la Société
du parc industriel et portuaire de Bécancour. Merci.
La Présidente : Ce document
est déposé. M. le ministre de l'Immigration, de la Francisation et de
l'Intégration.
M. Roberge : Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel d'activité et de gestion
2023-2024 de la Commission d'accès à l'information.
La Présidente : Ce document
est déposé. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Lamontagne : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Permettez-moi de déposer l'Entente pour l'octroi de sommes
affectées aux activités du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation entre la Société du Plan Nord et le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, ainsi que le rapport annuel de gestion
2023-2024 de la Commission de protection du territoire agricole du Québec.
La Présidente : Ces documents
sont déposés. Mme la ministre des Ressources naturelles et des Forêts.
Mme Blanchette Vézina : Mme
la Présidente, permettez-moi de déposer l'Entente pour l'octroi de sommes
affectées aux activités du ministère des Ressources naturelles et des Forêts
entre la Société du Plan Nord et la ministre des Ressources naturelles et des
Forêts. Merci.
La Présidente : Ce document
est déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : ...de ma
collègue la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, le
rapport annuel de gestion 2023-2024 pour Les Offices jeunesse internationaux du
Québec.
La Présidente : Ce document
est déposé. Mme la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air.
Mme Charest : Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel 2023-2024 de la Société
des établissements de plein air du Québec. Merci.
La Présidente : Ce rapport
est déposé. M. le leader du gouvernement, vous en avez plusieurs.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme
la Présidente. Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions déposées en
Chambre le 31 mai 2024 par la députée de D'Arcy-McGee, le 4 juin 2024 par les
députés des Îles-de-la-Madeleine et de Taschereau, le 6 juin 2024 par le député
de Taschereau, le 7 juin 2024 par les députés de Rivière-du-Loup—Témiscouata
et de Jacques-Cartier, ainsi que le 11 septembre 2024 par le député de
Nicolet-Bécancour. Merci.
La Présidente : Ces documents
sont déposés.
Pour ma part, je dépose le rapport annuel
de gestion 2023-2024 d'Élections Québec et de la Commission de la
représentation électorale.
J'ai reçu préavis d'une motion qui sera
inscrite dans le feuilleton de demain aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition. Conformément à l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du
texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles et député de Marquette.
Consultations particulières sur le projet de loi
n° 63
M. Ciccone :Merci, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles qui,
les 24, 25 et 26 septembre et le 1er octobre 2024, a tenu des
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet
de loi n° 63, Loi modifiant la Loi sur les mines et
d'autres dispositions. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Ce rapport
est déposé. M. le Président de la Commission de l'aménagement du territoire et
député de Drummond—Bois-Francs.
Étude détaillée du projet de loi n° 70
M. Schneeberger : Merci, Mme
la Présidente. Alors, je dépose le rapport de l'aménagement du territoire qui,
les 25 et 26 septembre 2024, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 70, Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire des
animaux.
La Présidente
: Ce
rapport est déposé. Mme la présidente de la Commission de l'économie et du <travail...
La Présidente :
...ce
rapport est déposé. Mme la présidente de la Commission de l'économie et du >travail
et députée de Mirabel.
Étude détaillée du projet de loi n° 68
Mme D'Amours : Mme la
Présidente, je dépose le rapport de la Commission de l'économie et du travail
qui, les 26 septembre et 1er octobre 2024, a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi n° 68, Loi visant principalement à réduire la charge
administrative des médecins. La commission a adopté le texte du projet de loi
avec des amendements. Merci.
• (14 h 10) •
La Présidente : Ce rapport
est déposé. M. le Président de la Commission des finances publiques et député
de Montmorency.
Étude détaillée du projet de loi n° 62 — Loi
visant principalement à diversifier les stratégies d'acquisition des organismes
publics et à leur offrir davantage d'agilité dans la réalisation de leurs
projets d'infrastructure
M. Simard : Oui, Mme la
Présidente. C'est avec plaisir que je dépose le rapport de la très studieuse et
vaillante Commission des finances publiques qui, les 5 et 6 juin et les
18, 24, 25 et 26 septembre 2024, a procédé à l'étude détaillée du projet
de loi n° 62, Loi visant principalement à diversifier les stratégies
d'acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans
la réalisation de leurs projets d'infrastructure. La commission a adopté le
texte du projet de loi avec des amendements.
La Présidente : Ce rapport
est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la
députée de Sherbrooke.
Créer un ministère des
Aînés avant les prochaines élections provinciales
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 6 942 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant que les personnes de
65 ans et plus constitueront 25 % de la population québécoise d'ici
2030;
«Considérant la diminution de la qualité
de vie d'une part importante des personnes aînées du Québec due : à des revenus
insuffisants, particulièrement chez les femmes; au manque criant et à la perte
de logements abordables et sécuritaires; aux difficultés croissantes d'accès à
des services de santé universels et gratuits; à l'offre anémique de services de
soutien à domicile; à la fracture numérique imposée aux personnes vulnérables;
«Considérant l'âgisme systémique et ses
effets délétères sur le bien-être des personnes aînées;
«Considérant l'hétérogénéité et la
complexité des besoins et des parcours de vie des personnes aînées;
«Considérant que le plan d'action
gouvernemental 2024-2029 La fierté de vieillir prévoit faire appel à
34 ministères et organismes gouvernementaux partenaires;
«Considérant l'importance du respect des
droits démocratiques des personnes aînées à une représentation adéquate au sein
même du gouvernement grâce à un ou une ministre qui saura porter, haut et fort,
cette cause et qui saura orchestrer le plan d'action ambitieux du gouvernement
afin d'assurer aux personnes aînées québécoises une retraite et un
vieillissement dans la dignité;
«L'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec de créer un ministère des Aînés, avant les prochaines
élections provinciales, et de nommer un ou une ministre qui disposera de tous
les pouvoirs et leviers nécessaires, dont un portefeuille, afin d'exercer un leadership
fort et imputable.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait
de pétition est déposé. À nouveau, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Il y en aura
trois. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 24 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant que les personnes de
65 ans et plus constitueront 25 % de la population québécoise d'ici
2030;
«Considérant la diminution de la qualité
de vie d'une part importante des personnes aînées du Québec due : à des revenus
insuffisants, particulièrement chez les femmes; au manque criant et à la perte
de logements abordables et sécuritaires; aux difficultés croissantes d'accès à
des services de santé universels et gratuits; à l'offre anémique [des] services
de soutien à domicile; à la fracture numérique imposée aux personnes
vulnérables;
«Considérant l'âgisme systémique et ses
effets délétères sur le bien-être des personnes aînées;
«Considérant l'hétérogénéité et la
complexité des besoins et des parcours de vie des personnes aînées;
«Considérant que le plan d'action
gouvernemental 2024-2029 La fierté de vieillir prévoit faire appel à
34 ministères et organismes gouvernementaux partenaires;
«Considérant l'importance du respect des
droits démocratiques des personnes aînées à une représentation adéquate au sein
même du gouvernement grâce à un ou une ministre qui saura porter, haut et fort,
cette cause et qui saura orchestrer le plan d'action ambitieux du gouvernement
afin d'assurer aux personnes aînées québécoises une retraite et un
vieillissement dans la dignité;
«L'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec de créer un ministère des Aînés, avant les prochaines
élections provinciales, et de nommer un ou une ministre qui disposera de tous
les pouvoirs et leviers nécessaires, dont un portefeuille, afin d'exercer un
leadership fort et imputable.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait
de pétition est déposé. Et j'ai reçu une demande de Mme la députée de
Sherbrooke pour la présentation d'une pétition non conforme. Y a-t-il
consentement pour présentation de cette pétition?
Des voix : Consentement.
La Présidente
:
Consentement. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je vous
remercie. Donc, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 1 290 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant que les personnes de
65 ans et plus constitueront 25 % de la population québécoise d'ici
2030;
«Considérant la diminution de la qualité
de vie d'une part importante des personnes aînées du Québec due : à des revenus
insuffisants, particulièrement chez les femmes; au manque criant et à la perte
de logements abordables et sécuritaires; aux difficultés croissantes d'accès à
des services de santé universels et gratuits; à l'offre anémique de services de
soutien à domicile; à la fracture numérique imposée aux personnes <vulnérables...
Mme Labrie :
...croissantes
d'accès à des services de santé universels et gratuits, à l'offre anémique de
services de soutien à domicile, à la fracture numérique imposée aux personnes >vulnérables;
«Considérant l'âgisme systémique et ses
effets délétères sur le bien-être des personnes aînées;
«Considérant l'hétérogénéité et la
complexité des besoins et des parcours de vie des personnes aînées;
«Considérant que le plan d'action
gouvernemental 2024‑2029 La fierté de vieillir prévoit faire appel à 34
ministères et organismes gouvernementaux partenaires;
«L'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec de créer un ministère des Aînés, avant les prochaines
élections provinciales, et de nommer un ou une ministre qui disposera de tous
les pouvoirs et leviers nécessaires, dont un portefeuille, afin d'exercer un
leadership fort et imputable. Il en va des droits démocratiques des personnes
aînées à une représentation adéquate au sein même du gouvernement grâce à un ou
une ministre qui saura porter, haut et fort, cette cause et qui saura
orchestrer le plan […] ambitieux du gouvernement afin d'assurer aux personnes
aînées québécoises une retraite et un vieillissement dans la dignité.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait
de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège.
Questions et réponses
orales
Nous en sommes maintenant rendus à la
période de questions et de réponses orales, et, pour ce faire, je cède la
parole, en question principale, à la députée de Mille-Îles.
Réglementation
environnementale concernant le projet Northvolt
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Alors, plus une semaine ne se passe sans qu'on ait des révélations-chocs
dans le dossier Northvolt. Cette fois, Mme la Présidente, bien, on constate à
quel point le ministre de l'Environnement était prêt à tout pour faire passer
le projet. Je vous lis quelques extraits relatés par un article de Thomas
Gerbet ce matin, tous des commentaires qui viennent d'employés du ministère de
l'Environnement eux-mêmes. Je les cite : «On essaie à tout prix de rendre
le projet acceptable alors qu'il ne l'est pas.» Un autre a dit : «Ce n'est
pas transparent et c'est un peu croche, puis il faut tout faire pour que le
ministère ne paraisse pas mal.» Fin de la citation. Clairement, il m'apparaît
aujourd'hui que le ministre a tourné les coins ronds et il a failli à sa
fonction, dont la principale mission est supposée être la protection de
l'environnement.
Alors, ma question est toute simple, Mme
la Présidente : Est-ce que le ministre de l'Environnement se cherchait un
emploi comme ministre de l'Économie?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Bien, comme on le sait tous, le processus est en cour, est devant
les tribunaux actuellement, il est judiciarisé. Alors, je vais être très
prudente dans mes commentaires et dans ma réponse. Mais je veux néanmoins
souligner le fait que le Québec a agi de manière responsable pour attirer
Northvolt dans le cadre de la filière batterie, un projet de grand impact pour
le Québec, et qu'on doit… On a les lois environnementales parmi les plus
rigoureuses sur la planète, et ces lois-là s'appliquent à Northvolt, tout comme
à l'ensemble des acteurs de la filière batterie.
Il faut voir qu'il n'y a pas si longtemps,
il y a quelques mois à peine, on n'avait pas de cadre réglementaire pour les
entreprises oeuvrant en matière de batteries vertes. Alors, ce cadre-là, on l'a
élaboré au cours des derniers mois, et il s'applique à l'ensemble des acteurs
de la filière batterie, bien sûr, incluant Northvolt. Alors, c'est un projet
qui va respecter les lois et pour lequel on s'est dotés, maintenant, d'un
nouveau cadre réglementaire.
Et il faut voir que Northvolt a, de son
côté aussi, mis de l'avant plusieurs engagements en matière environnementale. Notamment,
elle s'est engagée à protéger l'habitat du petit blongios, qui est une espèce à
risque. Donc, c'est une des actions qu'elle va poser. Je pourrai y revenir.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Virginie
Dufour
Mme Dufour : Mme la
Présidente, les nouvelles preuves démontrent que ce n'est pas une ni deux mais
bien trois règles qui ont été modifiées pour accommoder Northvolt et lui éviter
un BAPE. Comme l'a dit un fonctionnaire, il fallait détourner la tête.
Mme la Présidente, le ministre...
peut-être, la ministre de l'Économie, mais le ministre de l'Environnement
peut-il enfin avouer ce que tout le monde maintenant sait, là, c'est que les
nouvelles règles, elles étaient purement une commande politique?
La Présidente : La réponse du
ministre des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : ...bien,
écoutez, en rappel de ce que ma collègue vient de mentionner, le Québec dispose
des réglementations parmi les plus sévères en Amérique du Nord en matière
d'environnement. Puis ce qui est important, c'est que le projet de Northvolt,
Mme la Présidente, va se décliner en plusieurs volets, en plusieurs étapes, et,
pour chacune des étapes, l'entreprise devra fournir documents, analyses,
données, et, sur la base de ces analyses-là, de ces données-là, le ministère de
l'Environnement, à travers la loupe des mesures les plus strictes en Amérique
du Nord, va faire l'analyse de chacune des étapes. Et, pour qu'une étape puisse
aller à la suite d'une autre étape, Mme la Présidente, ils vont devoir se
conformer à ces normes qui sont les plus strictes en Amérique du Nord. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Virginie
Dufour
Mme
Dufour : Mme la Présidente, la première <étape…
Mme Dufour :
...la
première >étape, c'est de respecter les règles. La deuxième, ça aurait
été un BAPE. Et d'ailleurs on apprend ce matin que le ministère a lui-même
envisagé un BAPE accéléré de 11 mois, comme nous, on le demandait. Et on
peut même constater qu'il aurait été terminé au moment où on se parle.
Alors, pourquoi le ministre a décidé de se
tirer dans le pied quand on sait que l'acceptabilité sociale aurait été
vraiment améliorée avec un BAPE? Pourquoi on s'est tiré dans le pied, Mme la
Présidente?
• (14 h 20) •
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Bon, Mme
la Présidente, on a un projet. On a des règles en vertu duquel on va analyser
ce projet-là. Ces règles-là sont parmi les plus sévères en Amérique du Nord. On
prend ce projet-là, on le décline en plusieurs étapes. Pour chacune des étapes,
l'entreprise devra fournir données, analyses, documentations qui vont être
analysées en vertu de ces critères qui sont les plus... parmi les plus sévères
en Amérique du Nord. Et, pour qu'une étape puisse suivre une première étape,
elle devra rencontrer toutes ces règles-là qui sont parmi les plus sévères en
Amérique du Nord, comme les autres entreprises au Québec sont assujetties aux
règles environnementales du Québec, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Bourassa-Sauvé.
Rémunération des stages
étudiants
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la
Présidente, avril 2023, la ministre de l'Enseignement supérieur, elle disait
ceci, mot pour mot : «Quand les jeunes arrivent en fin de parcours à des
stages IV, qu'on appelle, ils travaillent dans le réseau 30 à
40 heures-semaine. Ils méritent d'avoir une rémunération.» Les étudiants,
ils étaient enthousiastes. Ils se sont dit : On a enfin de l'écoute. La
CAQ a même appuyé plusieurs motions en faveur de la rémunération des stages
dans le secteur public depuis. Ça s'en venait.
Puis, au budget, j'ai questionné la
ministre, elle est revenue sur sa parole. Les jeunes viennent de vivre une
autre rentrée collégiale et universitaire sans rémunération des stages dans le
secteur public. Surprise : la semaine dernière, le ministre de
l'Éducation, il a rouvert la porte un an et demi après sa collègue. Il nous a
appris que lui aussi, il trouve que les stagiaires en enseignement, bien, ils
méritent d'être payés. Mme la Présidente, les étudiants, ils ne veulent pas
rejouer dans le même film.
La rémunération des stages, c'est pour
quand?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci pour cette question. Alors, effectivement, on avait
l'intention de rémunérer les stages. Et moi-même, personnellement, je m'étais
assise avec les étudiants, les assos étudiantes pour faire cette démarche-là.
On avait travaillé, au ministère de l'Enseignement supérieur, sur cette
démarche de rémunération des stages. Et j'avais dit, à l'époque, qu'il y avait
des choix à faire, des choix difficiles mais nécessaires. Il y avait la
rémunération des stages et il y avait également le logement étudiant.
On est en crise du logement. Le logement
étudiant était une revendication primordiale de la part des étudiants, et on
avait fait ces choix-là. On a investi, justement, dans le logement étudiant au
cours de la dernière année, 200 millions au PQI pour être capables de
faire accélérer les projets de logement, de logement étudiant. Alors, c'est ce
que j'avais dit l'année dernière.
Encore une fois, on n'exclut rien. On
regarde toutes les possibilités, mon collègue l'a dit la semaine dernière, pour
renverser ces tendances-là, surtout dans le stage IV chez les profs. On
doit renverser une tendance. On est en train de regarder, on explore certaines
avenues. Mais, ceci dit, il y a plusieurs mesures qui ont été mises de l'avant
au cours des dernières années, non seulement pour soutenir les étudiants
partout, dans plusieurs programmes prioritaires, mais aussi on regarde les
solutions qu'on peut faire sur... que ce soit en santé, que ce soit en
éducation, pour...
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la
Présidente, ça fait un an et demi que je mène ce dossier. Ça fait un an et demi
que la CAQ promet la rémunération des stages. Chose promise, chose due. Ce
matin, à Lagacé, le ministre de l'Éducation, il a répété
1 000 fois : On y travaille. Il vient de découvrir que ça
permettrait d'attirer des candidatures au bac en enseignement. Les jeunes, ils
sont tannés de se faire dire que ça pourrait être une bonne idée, ils le
savent.
Quand est-ce que la CAQ va les payer pour
leur travail?
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader,
je vous entends un petit peu trop. La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Mme la
Présidente, ce que j'ai dit, ce matin, à l'émission de Patrick Lagacé, c'est
qu'il y a différentes formules qu'on regarde. Il y en a une, de ces formules,
qui est déjà en train de se mettre en place, c'est le trois plus un.
L'Université de Sherbrooke le fait, l'Université Laval le fait, l'UQTR le fait.
Alors, ça consiste à quoi? Bien, ça consiste à concentrer l'enseignement
théorique en enseignement, donc, pour devenir prof sur les trois premières
années, et la quatrième année devient un stage en emploi. Donc, l'étudiante qui
étudie pour devenir enseignante se retrouve dans une classe avec sa classe, ça
devient son stage de quatrième année, et elle reçoit, pour ce faire, un plein
salaire. C'est une très bonne formule. J'invite les autres facultés d'éducation
à l'adopter.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la
Présidente, pendant que la CAQ tourne en rond puis se dit : Ah! bien, ce
serait une bonne formule, ce serait une bonne <formule...
Mme Cadet :
...puis
ils se disent : Ah! bien, ce serait une bonne formule, ce serait une bonne
>formule, il y a des jeunes, particulièrement des jeunes femmes, qui… en
ce moment, elles travaillent dans le secteur public puis elles ne sont pas
payées. Elles seront des futures enseignantes, oui, mais des futures
infirmières, des futures infirmières praticiennes spécialisées, des futures
travailleuses sociales. Elles offrent des services publics tout en vivant dans
la précarité. En pleine pénurie de personnel, c'est un non-sens.
Quand est-ce qu'elles vont être payées
pour leur travail?
La Présidente
: La
réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, je pense que c'est important de rappeler à tout le
monde les mesures qui ont été mises de l'avant non seulement… D'abord, il y a
un programme de bourses Perspective Québec qui viennent... qui vient soutenir
nos étudiants, que ce soit dans tous les domaines prioritaires, santé, éducation,
jusqu'à 20 000 $ de soutien financier.
Et, comme je l'ai dit, on a fait des
choix. Non seulement on a investi dans le logement, mais on a investi aussi
dans le soutien aux étudiants mais aussi dans les conventions collectives,
meilleures conditions de travail, meilleurs salaires. Les jeunes qui vont
sortir vont être capables d'avoir de meilleurs salaires que ce qu'il y avait
avant.
En 2018, juste pour vous donner un exemple
qui est important, une étudiante en enseignement terminait son bac avec
3 900 $ en bourses. Là, elle termine avec 20 000 $ dans ses
poches grâce à la bourse Perspective Québec. Et on continue. Il y a plusieurs
mesures qui donnent des résultats sur le terrain, Mme la Présidente.
La Présidente : Et, oui, je
vous rappelle que vous vous adressez à la présidente quand vous parlez.
Question principale, je reconnais le
député de l'Acadie.
Stratégie du
gouvernement en matière de francisation
M. André Albert
Morin
M.
Morin : Mme la
Présidente, on s'entend tous pour dire que la CAQ a perdu le contrôle en
immigration. On constate maintenant qu'elle est en train d'échapper le ballon
en francisation. Après les coupures de services dans les Laurentides, Le Devoir
nous apprenait hier que c'est au tour de l'Estrie d'écoper pour la mauvaise
gestion caquiste. Sans revirement de situation, le programme de francisation à
la commission scolaire Eastern Townships fermera ses portes le
25 novembre. Résultat : 500 étudiants de plus qui n'auront pas
accès à la francisation, 500 personnes dont l'intégration est essentielle
pour notre société, ils doivent apprendre le français, 500 personnes que
le gouvernement laisse tomber, car ils vont tous retourner sur la liste
d'attente. La stratégie de la CAQ en immigration et francisation est
simple : Arrangez-vous.
Mme la Présidente, est-ce que le ministre
de l'Immigration peut revenir sur sa décision et offrir le financement adéquat
pour la francisation?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. D'abord, on va rappeler un peu les faits entre l'ère du
gouvernement du Parti libéral et ce qui se passe avec la Coalition avenir Québec.
Au moment où c'était l'opposition officielle qui était aux affaires, on
francisait environ 20 000 personnes par année. Depuis que... Le
leader dit : Nous n'avons jamais coupé. Il n'y avait pas grand-chose à
couper, Mme la Présidente, ils francisaient environ 20 000 personnes
par année. Dans la dernière année avec Francisation Québec, nous en avons
francisé 76 000. Alors, on n'en fait pas assez, bien qu'on en fasse
beaucoup plus qu'eux. Ça doit être un peu gênant pour mon collègue de se lever,
d'autant plus qu'à la dernière année du gouvernement libéral, en 2017, la
Vérificatrice générale a sorti un rapport accablant qui parlait du chaos en
francisation sous le gouvernement libéral.
Donc, Mme la Présidente, jamais, jamais le
Québec n'a autant investi en francisation, jamais le Québec n'a francisé autant
de Québécois à chaque année. Le budget de l'an dernier pour les centres de
services scolaires était de 104 millions de dollars. C'est immense,
bien plus que sous l'ère libérale. Et, cette année, il n'y a pas de coupure
dans les centres de services scolaires.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André Albert
Morin
M.
Morin : Rappelons
les faits : liste d'attente interminable, réduction des services, coupures
dans les prestations pour les personnes à temps partiel. Le gouvernement de la
CAQ a sorti la tronçonneuse en francisation, alors que les personnes
immigrantes doivent maîtriser le français en six mois. Le ministre de
l'Éducation déclarait : Je ne suis pas patient. Je pense qu'en matière
d'apprentissage du français on ne peut pas être patient.
Peut-il jouer pleinement son rôle du roi
de la montagne et remettre la francisation sur les rails?
Des voix : ...
La Présidente : Je vous
entends, hein, je vous entends. Je ne veux pas vous nommer les uns après les
autres. J'aimerais maintenant entendre le ministre.
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! C'est trop bruyant de tout partout. La...
Des voix : …
La Présidente
: S'il
vous plaît! La réponse du ministre de l'Immigration, de la Francisation et de
l'Intégration.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Bien, écoutez,
Mme la Présidente, on va y aller avec des faits. Mon collègue a parlé de
l'aménagement qu'on a fait pour la francisation à temps partiel. Ça va nous
permettre de franciser 15 000 personnes de plus cette année. Le fait
qu'on réalloue des sommes avec les mêmes montants... Il n'y a pas de coupure
ici, n'en déplaise à mon collègue, on réalloue des sommes pour former 15 000 personnes
de plus cette <année...
M. Roberge :
...à
mon collègue, on réalloue des sommes pour former 15 000 personnes de
plus cette >année grâce à la bonne administration. Donc, on en fait plus
qu'ils en faisaient. On fait mieux que ce qu'ils faisaient. Puis, en plus, on
s'améliore, en cours de route, pour réallouer les sommes et être plus efficaces
avec chaque dollar. Je pense que les Québécois sont bien servis.
• (14 h 30) •
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Albert
Morin
M. Morin : Alors, ils en
laissent tomber des milliers. Comment peut-il, d'un côté, avancer que le
français, au Québec, est d'une première importance et, d'autres, littéralement
couper dans l'apprentissage de notre langue officielle? Cet automne, ce sont
des milliers de personnes qui n'auront plus accès à la francisation. Tous sont
désemparés.
Devant cette incohérence, est-ce que le
ministre de la Langue française peut convaincre celui de l'Immigration de
financer adéquatement la francisation?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Oui, Mme la
Présidente. Ce serait bien que mon collègue se décolle de sa feuille pour qu'on
puisse dialoguer vraiment. Je répondais à ses deux questions précédentes.
On lui a expliqué que ce qu'il disait était totalement inexact. On francise
plus qu'on le faisait.
Cependant, ne lui en déplaise, la liste
d'attente est très longue. Pourquoi? Parce que la demande est
extraordinairement élevée, à cause du très, très, très grand nombre que son
parti frère nous amène ici, sur le territoire québécois, le Parti libéral du
Canada. Le collègue, là, du Parti libéral du Québec nous envoie beaucoup trop,
notamment, de demandeurs d'asile et de gens sous le programme… du Programme de
mobilité internationale.
Donc, à l'impossible nul n'est tenu, mais
on va franciser plus cette année que l'an passé.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Nelligan.
Modification du taux
d'alcool dans le sang toléré pour la conduite d'un véhicule
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la
Présidente, ce n'est pas la première fois que je me lève dans cette Chambre
pour parler de l'alcool au volant, mais, cette fois-ci, c'est le coroner qui me
pousse à me lever dans cette Chambre. Le coroner a demandé clairement à la SAAQ
de formuler un avis, et je vais le nommer, c'est : «Réaliser, dans les
plus brefs délais, une analyse respective de la faisabilité d'abaisser le seuil
limite d'alcool dans le sang de 80 milligrammes par 100 millilitres à
50 milligrammes par 100 millilitres, qui consiste à amender le Code
de la sécurité routière en conséquence.»
J'ai, devant moi, la réponse que nous
avons reçue de la demande d'accès à l'information. Cette demande d'accès, elle
est dans le bureau de Mme la ministre pour décision.
Ma question, elle est très simple :
Est-ce que c'est Mme la ministre qui a demandé cet avis à la SAAQ suite à la
réception du coroner, qu'elle connaît très bien parce qu'elle a travaillé
dedans, oui ou non?
La Présidente
: La
réponse de la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :Oui. Bien, Mme la Présidente, je connais très bien le
coroner parce que j'ai travaillé dedans. Peut-être que je reformulerais en
disant : J'ai travaillé au Bureau du coroner. Mais les coroners sont tous
indépendants dans leurs fonctions, formulent leurs propres recommandations. Je
ne sais pas à quel coroner il fait référence.
Mais, Mme la Présidente, effectivement,
j'ai travaillé longtemps au Bureau du coroner et j'ai travaillé avec plusieurs
personnes pour faire avancer... pour travailler, contribuer à plusieurs
avancées pour protéger la vie humaine, et j'en suis très fière.
Et plusieurs choses ont été faites en
matière de conduite avec les facultés affaiblies. Je suis heureuse que le
collègue ramène ce sujet-là parce qu'il est très important. On a eu l'occasion
d'en parler pendant des heures, dans la foulée du dépôt de mon précédent projet
de loi n° 48 qui vient modifier le Code de la sécurité routière, qui vient
ajouter et renforcer encore davantage plusieurs mesures en matière de sécurité
routière au Québec. Je suis certaine que le député Nelligan est aussi fier que
moi de l'adoption de ce projet de loi là en décembre dernier. Et on en mesure
déjà les retombées sur l'ensemble de notre réseau routier supérieur et
municipal.
Pour ce qui est de la conduite avec les
facultés affaiblies, comme je lui ai expliqué à plusieurs reprises dans le
passé, et je le maintiens aujourd'hui, on a, au Québec, un des systèmes les
plus costauds en matière de sévérité envers les conduites avec les facultés
affaiblies, que ce soit l'alcool ou les drogues... j'aurai... des drogues.
J'aurai l'occasion de compléter dans mes prochaines réponses.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Je vais répéter
ma question : Est-ce que c'est la ministre qui a demandé cet avis à la
SAAQ? C'est très clair, et, je tiens à rappeler aux collègues, voilà la réponse
que nous avons reçue. Le coroner qui demande... le coroner qui demande un
avis...
Une voix : ...
La Présidente : Je vais reconnaître
le leader du gouvernement. Question de règlement, laquelle?
M. Jolin-Barrette : Il me
semble, Mme la Présidente, qu'on doit exhiber un tableau didactique. Or, je ne
constate pas de tableau, je constate un carré noir. Alors...
La Présidente : Bien, M. le
leader. Seuls les tableaux sont permis, comme vous...
Une voix : ...
La Présidente : Je suis
debout. Vous ne me répondez pas. Je vous dis que seuls les tableaux didactiques
sont permis. Poursuivez. Il vous reste 14 secondes.
M. Derraji : C'est de la
noirceur, ce n'est pas un tableau, Mme la Présidente, et c'est un sujet qui est
très sérieux. C'est… Le leader du gouvernement se lève pour me demander :
C'est un <tableau didactique...
>
14 h 30 (version révisée)
<17923
M. Derraji :
...c'est... Le leader du gouvernement se lève pour me
demander : C'est un >tableau didactique? Qu'il regarde les gens, en
haut, les familles endeuillées veulent savoir qu'est-ce qu'il y a dedans.
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! La réponse de la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :Oui, merci, Mme la Présidente.
Évidemment, salutations et respect aux
gens qui sont possiblement présents ici. Je ne les vois pas parce qu'ils sont
derrière moi, mais leurs... nos salutations chaleureuses leur sont transmises
de la part de toute la partie gouvernementale.
Mme la Présidente, je l'ai dit tout à l'heure
et je vais extrapoler, on a au Québec une nation qui est extrêmement sévère en
matière de conduite avec les facultés affaiblies, que ce soit la drogue ou l'alcool.
Je vais lui donner des exemples qu'il connaît déjà : on a le programme de
réhabilitation, d'encadrement le plus... justement, le plus encadrant et le
plus long pour des gens qui se font attraper avec une conduite sous influence d'alcool
ou de drogue, on a aussi des modalités de saisie de véhicules très sévères, l'interdiction...
tolérance zéro pour les jeunes conducteurs. Et je vais...
La Présidente : En question
principale. En principale?
Une voix : ...
La Présidente : Oui, vous
avez raison, deuxième complémentaire. On vous écoute.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Ce n'est
pas grave. Ce n'est pas la première fois qu'ils viennent au parlement, c'est la
troisième fois qu'ils viennent. C'est anormal que j'aie une demande sur votre
bureau suite à une décision. Cette décision doit être rendue publique, ça
concerne les familles endeuillées. On vous a demandé clairement de faire une
étude sur le 0,05...
La Présidente : Là, je
dois... je dois vous rappeler que vous vous adressez à moi, M. le leader. Vous
êtes le leader, vous donnez l'exemple.
M. Derraji : Le coroner
a demandé une étude. L'étude, elle est caviardée.
Les familles endeuillées veulent savoir la
vérité, toute la vérité. Qu'est-ce qu'il y a dedans, dans cette étude?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :Oui. Alors donc, j'y reviens, Mme la Présidente, ce sera ma
dernière réponse, à moins qu'il me pose une autre question. Donc, je le disais :
le programme de réhabilitation le plus long, le plus encadrant; des modalités
de saisie du véhicule, en cas de conduite avec les facultés affaiblies, qui
sont parmi les plus sévères; l'interdiction d'alcool, tolérance zéro pour les
jeunes conducteurs; des modalités plus sévères aussi pour ceux qui font du
transport de personnes, conducteurs d'autobus, conducteurs de taxi; des
modalités spécifiques pour les conducteurs de véhicules lourds. Et, dans le
projet de loi n° 48, on a ajouté, en plus, des
modalités plus sévères pour les nouveaux conducteurs de permis de motocyclette,
comme il le sait très bien.
Alors, globalement, Mme la Présidente, on
est extrêmement sévères en matière de conduite avec les facultés affaiblies
parce qu'on est un gouvernement responsable qui aura été très actif en sécurité
routière en général.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant Mme la députée de Verdun.
Évaluation de l'impact environnemental du projet
Northvolt
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci,
Mme la Présidente. On apprend ce matin que les fonctionnaires du ministère de l'Environnement
ont subi une pression politique énorme pour éviter un BAPE à Northvolt. L'an
passé, le gouvernement arrangeait nos règles environnementales sur mesure pour
Northvolt, et, à l'époque, le ministre de l'Environnement et de l'Économie nous
disait qu'on n'avait pas le temps pour faire un BAPE. Il nous promettait même
des retombées économiques rapides, des retombées pratiquement garanties.
Aujourd'hui, le projet est remis aux
calendes grecques. La seule garantie qu'on a, là, c'est que ça va très mal chez
Northvolt. En fait, Mme la Présidente, là, si Northvolt fait ses valises demain
matin, vous savez ça va être quoi, les retombées pour le Québec? Un terrain
vague puis des dettes.
Aujourd'hui, ma question, c'est pour la
nouvelle ministre de l'Économie : Est-ce qu'elle regrette, aujourd'hui, la
pression politique que son gouvernement a exercée pour éviter un BAPE à
Northvolt?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Économie, de l'Innovation, de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme
la Présidente. Bien, je réitère ce que j'ai avancé tout à l'heure, à savoir que
le processus est actuellement judiciarisé, donc je vais être prudente dans ma
réponse, mais tout de même réitérer que le Québec a agi de manière responsable
lorsqu'il a attiré et discuté avec Northvolt pour venir s'insérer... s'intégrer
dans la filière batterie, un projet qui va générer des retombées de 16 milliards de
dollars pour le Québec, dont 11 milliards issus du secteur privé, donc un
projet, vraiment, aux retombées considérables en matière de création d'emplois,
en plus de décarboner l'économie et les partenaires économiques également.
Donc, du côté environnemental, bien, on a
les lois parmi les plus rigoureuses en matière environnementale, et Northvolt,
tout comme l'ensemble de la filière batterie, sont soumises à ces lois. Mais il
faut voir qu'il n'y a pas si longtemps encore on n'avait pas de cadre
réglementaire qui entourait la filière batterie. Il a donc fallu bâtir ce cadre,
et c'est ce qu'on a fait, et maintenant ce cadre-là s'applique non seulement à
Northvolt, mais à l'ensemble des entreprises qui constituent la filière
batterie.
Et, pour ce qui est de Northvolt, bien,
ils ont des engagements en matière de protection de l'environnement, notamment
de protection du petit blongios et également de création d'un terrain, en fait,
qui sera...
La Présidente
:
Première complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Ce
qu'on a appris, ce matin, c'est que l'État <a déroulé...
Mme Fréchette :
...et
également de création d'un terrain, en fait, qui sera...
La Présidente :
Première
complémentaire.
Mme Zaga Mendez :
Ce
qu'on a appris ce matin, c'est que l'État >a déroulé un tapis rouge pour
une multinationale qui est sur le bord de la faillite. C'est grave, Mme la
Présidente. On a sauté des étapes importantes pour assurer la transparence pour
un projet, un projet qui n'a aucune garantie.
Donc, ma question aujourd'hui :
Est-ce que la ministre peut au moins admettre qu'on aurait dû faire un BAPE sur
la totalité du projet Northvolt?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme
la Présidente. Je sursaute quand j'entends qu'il n'y a absolument aucune
garantie parce qu'on a passé les dernières semaines à dire et à répéter qu'on
avait des garanties, notamment le 240 millions de dollars pour financer
l'achat du terrain, le terrain étant garanti, un terrain d'un gabarit
considérable, qui est très recherché. Ensuite, il y a le bon zonage industriel,
qui est à proximité d'un poste d'Hydro-Québec, qui est à proximité de la
métropole, bref, un terrain grandement recherché par différents types
d'entreprises, et c'est ça, notre garantie. Et on a également injecté de
l'argent dans la maison mère, et cet investissement-là, il est convertible en
actions.
Donc, Mme la Présidente, on a agi de
manière très prudente, comme on l'a répété régulièrement.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Mme la
Présidente, là, le manque de transparence de la part de la CAQ sur le dossier
Northvolt continue. Là, la CAQ a créé un précédent qui est très grave, là. On a
modifié des règles sur mesure pour une multinationale pour accélérer un projet
qui ne fait que prendre des retards, là. C'est ça, l'enjeu, là, c'est une
grosse, grosse erreur de gouvernance.
Est-ce que la ministre peut reconnaître…
peut au moins reconnaître cette erreur?
• (14 h 40) •
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Oui, Mme
la Présidente. Suite au commentaire de ma collègue, tout le dossier Northvolt
s'inscrit dans un contexte, Mme la Présidente, où le Québec, on l'a répété, on
le répète encore, dispose… présente les règles à peu près les plus sévères en
Amérique du Nord en matière environnementale. Puis un projet comme Northvolt va
se déployer en différentes étapes, et, pour chacune des étapes, Mme la
Présidente, l'entreprise va soumettre des données, l'entreprise va soumettre
des analyses, faire des requêtes qui vont être analysées par le ministère de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques selon ses règles,
qui sont les plus sévères en Amérique du Nord, et puis il va donner les
autorisations sur les mêmes règles auxquelles toutes les entreprises du Québec
sont soumises. Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Francisation des immigrants
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente.
Voilà une autre journée sous le signe de
l'austérité caquiste, et, encore une fois, c'est la langue française qui écope.
Quelle surprise! Après nous avoir dit ici même, dans cette Chambre, il y a une
dizaine de jours, qu'il ne couperait pas dans la francisation, eh bien, quelle
surprise, que fait le nouveau ministre de l'Immigration? Il coupe dans la
francisation. Le constat est, encore une fois, sans appel, les unes après les
autres, les décisions du nouveau ministre vont toutes dans le même sens :
coupures, coupures, coupures. Il coupe l'incitatif de 28 $ par jour pour
l'apprentissage du français, il coupe des centaines de places en francisation à
Laval et maintenant, en Estrie, il coupe 500 places.
Mme la Présidente, si le ministre
maintient que la protection de la langue française est encore sa priorité,
qu'il le prouve et qu'il réouvre les classes. Aura-t-il le courage de ses
convictions ou faudra-t-il s'habituer à être déçu?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme
la Présidente.
Je remercie la collègue du Parti libéral
d'avoir prêté ses feuilles à son voisin pour poser une question à peu près
semblable, c'est-à-dire alléguer des compressions qui sont des vues de l'esprit.
Alors, écoutez, il y a
40 millions de dollars de plus cette année que l'an passé à
Francisation Québec. C'est une annonce qui a été faite dans le budget. C'est
une annonce, aussi, qui découle des travaux du Groupe d'action pour l'avenir de
la langue française, un groupe d'action à six ministres, six ministères, qui a
résulté par plusieurs mesures, 21 mesures, dont une mesure qui était
l'ajout de ressources à Francisation Québec. Donc, cette année, on va franciser
encore plus qu'on l'a fait l'an passé.
Sous le dernier... À la dernière année du
gouvernement libéral, on francisait environ 20 000 personnes par
année. Au cours de la dernière année, on a francisé 76 000 personnes.
C'est du jamais-vu. Ce n'est même pas proche de ce qu'aucun autre parti a déjà
fait, ici. On en est extrêmement fiers. Et, pour le reste, écoutez, je vais
laisser mon collègue lire la suite de sa question.
La Présidente : Première
complémentaire. Pour ce faire, la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Le ministre
peut continuer à parler de vues de l'esprit s'il le souhaite, mais les faits
parlent d'eux-mêmes : chez nous, le centre de services de Sherbrooke va
avoir 700 000 $ de moins pour offrir <des cours...
Mme Labrie :
...de
moins pour offrir >des cours de francisation, c'est une coupure. À la
commission scolaire Eastern Townships, ils sont maintenant financés pour
25 élèves, sauf qu'ils en ont 400, c'est une coupure. Ils vont devoir
fermer le programme.
À cause des coupures de la CAQ, il y a des
centaines de personnes chez nous qui veulent apprendre le français, qui étaient
motivées, qui étaient inscrites et qui ne pourront pas. C'est comme ça qu'on
protège la langue, avec la CAQ?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Mme la
Présidente, il y a des différences entre la répartition des sommes d'une année
à l'autre. Francisation Québec est une organisation qui est en plein
déploiement. Il y a davantage de professeurs qui sont embauchés à Francisation
Québec.
Pour ce qui est du financement dans le
réseau scolaire, dans les centres de services scolaires, je répète, le budget
2023, c'était 104 millions, le budget 2024, c'est 104 millions. Il
peut y avoir une répartition qui est différente. Il peut y avoir aussi des
centres des services scolaires qui ont dépensé une très forte partie de leurs
crédits dans les premiers mois de l'année. Plutôt que de dépenser 1/12 à chaque
mois, ils ont peut-être dépensé davantage au début...
La Présidente : En terminant.
M. Roberge : ...puis, à
la fin de l'année, ils n'ont pas le même nombre de cours qu'au début. Tout ça
peut arriver. Des répartitions d'un réseau à l'autre...
La Présidente : ...
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci,
Mme la Présidente.
Écoutez, j'aime mieux regarder mes
feuilles que d'avouer que j'ai la tête dans le sable, comme le fait le
ministre.
Le ministre ne veut pas entendre raison.
Eh bien, moi, j'interpelle la ministre de l'Économie et de l'Énergie, qui,
elle, n'aurait jamais avalisé de telles mesures puis de telles coupes en
francisation.
Va-t-elle intervenir auprès de son
collègue? Va-t-elle se lever, elle, pour corriger le tir et protéger la langue
française?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de la Francisation.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme
la Présidente.
Il y a beaucoup de ministres qui
disent : Moi aussi, je voudrais répondre, moi aussi, je voudrais répondre.
Écoutez, on est très fiers de ce qu'on a fait en créant le guichet unique. On
est très fiers d'avoir une échelle de compétence, maintenant, qui est
comparable. Peu importe le réseau, c'est le même niveau de qualité, peu importe
les cours qui sont offerts par Francisation Québec. On est très fiers d'avoir
multiplié l'offre, d'avoir réparti l'offre, de le faire en entreprise, à temps
plein, à temps partiel.
Maintenant, n'en déplaise à mon collègue,
la demande est immense. On ne peut pas répondre à toutes les demandes tout de
suite. La capacité de payer des Québécois n'est pas infinie. Le nombre
d'immigrants temporaires à franciser sur le territoire québécois est trop
grand. Je lui tends la main pour nous aider à faire entendre raison...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Talon.
Évaluation de l'impact environnemental du projet
Northvolt
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Continuons
à creuser, Mme la Présidente, la gestion gouvernementale du dossier de
Northvolt. Comment les professionnels de la fonction publique qualifient la
gestion par le gouvernement du dossier Northvolt? Ça vaut la peine de le
répéter : «Je n'aime tellement pas le gros aspect politique. J'ai
l'impression de marcher sur des oeufs. On essaie à tout prix de rendre le
projet acceptable, alors qu'il ne l'est pas. Ce n'est pas transparent et c'est
un peu croche. Il faut tout faire pour que le ministère ne paraisse pas mal.»
C'est ce qu'a révélé, ce matin, Radio-Canada, confirmant un peu ce que tout le
monde savait déjà.
Je ne fais nullement référence à la cause
devant les tribunaux. Je demande à la ministre de nous parler de gestion et de
planification, parce que c'est elle qui en a la responsabilité ministérielle
maintenant.
Comment se fait-il qu'on écarte de cette
manière le BAPE et les processus normaux? Est-ce que la ministre peut nous dire,
aujourd'hui, en Chambre, qu'elle cautionne cette façon de faire ou elle va nous
dire qu'elle aurait fait les choses différemment?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme
la Présidente. Bien, le gouvernement a agi de manière responsable dans le cadre
de ses discussions pour entourer, là, la mise en place, l'attraction de ce
projet de la filière batterie, je le rappelle, un projet qui va créer des
impacts de 16 milliards de dollars. Mais, comme il a été mentionné déjà
tout à l'heure, il n'y avait pas de cadre réglementaire qui existait pour
entourer le secteur de la filière batterie au moment où se tenaient ces
discussions pour attirer Northvolt.
D'ailleurs, j'en profite pour mentionner
qu'il y a déjà 20 entreprises qui sont actives dans la filière batterie, des
entreprises qui sont réparties dans la moitié des régions du Québec. On en est
bien fiers.
Et par ailleurs, bien, Northvolt s'est
engagée, donc, à protéger l'environnement de différentes manières, je
mentionnais, tout à l'heure, en protégeant, là, l'habitat du petit blongios.
Et, de manière à instaurer également une mesure de compensation et de
protection pour les milieux humides, Northvolt s'est également engagé à
acquérir un terrain qui soit... qui sera voisin ou encore à moindre proximité
de lieu... du lieu de l'entreprise pour restaurer, conserver ou créer un milieu
naturel. Et également il y a une compensation de 4,7 millions de dollars
qui a été versée par Northvolt pour l'atteinte aux milieux humides.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Bon, on est
rendus très loin, là, mais la question, c'est celle de la responsabilité
ministérielle, comment sont gérés les dossiers que la ministre pilote. Elle a
été ambiguë à Tout le monde en parle dimanche, là, elle a dit : Je
prends fait et cause pour Northvolt, mais je pourrais avoir la filière batterie
<sans Northvolt...
M. Paradis :
...pour
Northvolt, mais je pourrais avoir la filière batterie >sans Northvolt.
Alors, je demande la même chose, sur le
respect des compétences du BAPE et des processus normaux. Le prédécesseur de la
ministre, lui, il était clair, il a dit : «Je n'en veux pas, de BAPE.» Est-ce
que la ministre... ou est-ce qu'elle est prête à tenir un BAPE?
La Présidente : La réponse de
Mme la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme
la Présidente.
Bon, c'est la première fois que j'entends,
là, que je n'ai pas été claire à l'émission du dimanche en entrevue, parce que
j'ai entendu plutôt le contraire.
Mais, en ce qui a trait au BAPE, il faut
mentionner que Northvolt sera soumis à un BAPE pour ce qui est de la portion de
l'usine de recyclage. Ça, ça a été convenu depuis le début, et donc c'est un...
comment dire, une strate de plus, une couche de plus que l'on ajoute à
l'application des règles qu'on a élaborées pour la filière batterie, de même
que les règles environnementales qui existent déjà et qui sont parmi les plus
rigoureuses à l'échelle internationale. Alors, voilà. Pour ce qui est du BAPE,
c'est la portion usine de recyclage qui y sera soumise.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : On parle
d'un BAPE pour l'ensemble du projet, pas pour une partie seulement. Puis là ce
que Radio-Canada nous a révélé, c'est un gâchis de planification et de gestion.
Le gouvernement a imposé au Québec un projet qu'il a lui-même mal ficelé. Puis
là ce que je comprends des réponses, c'est que la ministre caquiste, elle a
l'air de cautionner ça, elle a l'air de nous dire que ça a été bien fait,
qu'elle est d'accord puis qu'elle va continuer à faire pareil.
Alors, je lui offre une nouvelle chance de
nous le dire si c'est le cas. Est-ce qu'elle va gérer de manière différente le
dossier Northvolt et demander un BAPE?
La Présidente : Réponse de la
ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui.
Alors, je réitère qu'on a adopté une approche très prudente. On sait que c'est
un secteur qui est en émergence. Tout secteur en émergence est appelé à
connaître des soubresauts. Et puis il y a eu un ralentissement à l'échelle
internationale, on en est conscients, on l'avait d'ailleurs prévu, qu'il
pouvait y avoir ce genre de situation-là, et c'est pour ça que la mécanique de
financement fait en sorte que l'on va décaisser le financement au fur et à
mesure de l'application et de l'état d'avancement du projet. Donc là, on a
passé seulement la première étape, et les étapes subséquentes vont survenir
seulement si les conditions... l'ensemble des conditions sont remplies. Alors,
c'est une approche très structurée, organisée, et c'est ce qui est mis en
place. Merci.
La Présidente : En question
principale. Je reconnais maintenant la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Bilan du gouvernement en matière de relations avec
les Premières Nations
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, Mme
la Présidente.
Au lendemain de la Journée nationale
vérité et réconciliation, je me souviens, je me souviens de l'horreur des
pensionnats autochtones, je me souviens des enfants disparus dans notre système
de santé, je me souviens de Val-d'Or, je me souviens de Joyce Echaquan.
J'aimerais ça me lever, ce matin, puis de vous dire que la discrimination
envers les Premiers Peuples, c'est une histoire du passé.
Mais, en fin de semaine, j'étais assise
avec des gens de différentes communautés, différentes nations, différents âges,
ils ne m'ont pas juste parlé de la discrimination du passé, mais de celle
qu'ils vivent maintenant au quotidien. Mme la Présidente, il n'y aura pas de
réconciliation sans vérité, et il n'y aura pas de vérité sans reconnaissance de
la discrimination spécifique vécue par les Premiers Peuples.
Mme la Présidente, est-ce que le ministre
va prendre le leadership nécessaire pour faire en sorte que la situation se
règle?
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente, et merci à ma collègue pour sa question au
lendemain de cette journée fort importante.
Il n'y a pas de surprise, ici, Mme la
Présidente, puis on a toujours la même vision, c'est-à-dire qu'il y a du
racisme, il y a du profilage, il y a de l'intolérance, et on va tout faire pour
lutter, parce que ma collègue a raison. Puis je vais rajouter un terme qui
manquait, c'est le terme «action». Il faut agir, Mme la Présidente.
Quand on parle de racisme systémique, il y
a deux enjeux. Un, pour certains, ça polarise et, deuxièmement, on ne
s'entend pas tous sur la définition, et la preuve, on a eu une commission
fédérale qui est allée dire récemment que de célébrer Noël, c'était du racisme
systémique.
Alors, au lieu d'embarquer dans le débat
de sémantique, ce qu'on a décidé de faire, Mme la Présidente, c'est
d'agir : Groupe d'action contre le racisme, d'avoir un ministre qui a été
nommé, qui fait la lutte au racisme. D'ailleurs, il est à côté de moi, on était
ensemble, hier, à Mistissini, avec plusieurs membres du gouvernement, plusieurs
élus, et on était avec les membres de la communauté pour la Journée vérité et
réconciliation.
Et de plus, Mme la Présidente, elle
faisait allusion aux pensionnats autochtones, suite à une invitation de la
famille, on était avec eux pour l'inhumation d'une jeune fille de neuf ans
qui est décédée dans les années 60, lors de son passage dans un pensionnat
autochtone, qui avait été enterrée à La Tuque, loin des siens, après
cinq minutes de funérailles. Mais, grâce à la loi n° 79,
qu'on a faite ensemble ici, je parle d'action, on a pu la ramener dans sa
communauté, puis c'est ça qui parle, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Mme la
Présidente, ce n'est pas une question de débat sémantique, c'est une expérience
de vie. Les gens qui sont issus des Premiers Peuples, Premières Nations vous <le
disent...
Mme Massé :
...qui
sont issus des Premiers Peuples, des
Premières Nations vous >le
disent : Nous, ce qu'on vit au quotidien, c'est de la discrimination juste
parce qu'on est autochtones.
Moi, je ne comprends pas ce
gouvernement-là qui en fait un débat de sémantique alors que c'est une réalité.
La commission Viens en a parlé, le Protecteur du citoyen en a parlé, le
Principe de Joyce. Qu'est-ce que vous attendez?
La Présidente : Et je vous
rappelle que vous vous adressez à la présidence, Mme la députée. La réponse du
ministre.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci,
Mme la Présidente.
Et c'est justement ce que je disais :
On n'en veut pas, de débat sémantique, Mme la Présidente, on veut agir. Puis
Yvon Deschamps le disait : On ne veut pas le savoir, on veut le voir.
Alors, les gens peuvent aller sur notre site Web, peuvent aller voir ce qu'on a
fait. Ils peuvent aller à Trois-Rivières, ils peuvent aller à Sherbrooke...
pardon, à Trois-Rivières, à Sept-Îles, à Québec pour voir les résidences
étudiantes qu'on est en train de faire ou qu'on a faites. Ça, c'est des gestes
concrets, Mme la Présidente.
Alors, je comprends ce que ma collègue
dit, puis elle a raison qu'il faut faire de la lutte au racisme une priorité.
On est d'accord, de ce côté-ci de la Chambre. Nous, on a décidé d'agir, des
actions concrètes, les gens peuvent le voir. D'ailleurs, présentement,
ensemble, on travaille à la sécurisation culturelle dans le monde de la santé.
Ça aussi, c'était attendu. On le fait, Mme la Présidente, puis on est en
action.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Agir, là, on peut
agir, là, encore une fois, de façon très coloniale : Moi, je sais ce qui
est bon pour le peuple autochtone, je vais faire ce qui est nécessaire. Ce
n'est pas ça, l'affaire. L'affaire, c'est qu'ils nous disent qu'eux, au
quotidien, ce qu'ils vivent, c'est du racisme et de la discrimination
systémiques. Je ne comprends pas pourquoi vous remettez ça en cause, c'est eux
qui le vivent, pas nous.
Alors, qu'est-ce que vous attendez? Les
commissions sont...
• (14 h 50) •
La Présidente
: Mme la
députée, vous vous adressez à la présidence, je vous en prie. La réponse du
ministre.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Mme la
Présidente, on parle de près de 600 appels à l'action. On ne les a pas
inventés, Mme la Présidente. Le comité... La Commission vérité et
réconciliation, la commission Viens, le Groupe d'action contre le racisme, et
j'en passe, c'est ce qu'on tente à mettre en application. On prend nos
responsabilités, comme gouvernement, Mme la Présidente, c'est vrai. Il y a une
partie qui va aussi à nos prédécesseurs, Mme la Présidente, et ma collègue le
sait très bien. Imaginez-vous un instant, vous héritez d'une maison dans un piteux
état. Vous commencez à faire le ménage, à repeinturer, puis là l'ancien
propriétaire vient vous voir puis il dit... il titille un peu sur la couleur de
la peinture.
Mme la Présidente, on agit. Moi, de
recevoir les commentaires des gens des libéraux qui étaient là à l'époque,
parce que, de 2001 à 2016, la commission Viens a étudié les rapports, c'étaient
les libéraux qui étaient là, Mme la Présidente. Nous, on agit au lieu s'ostiner
sur des termes, on agit, puis c'est ce qu'on fait à tous les jours.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant Mme la députée de Robert-Baldwin.
Création du Musée national de l'histoire du Québec
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Mme la
Présidente, en 2021, quand le premier ministre annonce le réseau des Espaces
bleus, il nous fait rêver : 17 musées, un par région,
260 millions de dollars dès juin 2023. Mais le projet est tellement mal
ficelé qu'en mars dernier le ministre doit y mettre fin quand il se rend compte
que ça coûterait finalement plus de 1 milliard de dollars.
Six semaines après l'enterrement des
Espaces bleus, le gouvernement annonce un nouveau musée pour ne pas perdre la
face et d'argent, évidemment, déboursé, le Musée national de l'histoire du
Québec, une annonce précipitée, faite sans consultation des experts et qui fait
l'objet de nombreuses critiques. Le ministre semble oublier qu'il a déjà... il
est déjà responsable d'un musée national ayant pour mission de faire connaître
l'histoire et les diverses composantes de notre civilisation.
Comment le ministre peut-il nous assurer
qu'il ne réservera pas à ce nouveau musée le même sort que les Espaces bleus?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Culture et des Communications.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, Mme
la Présidente.
Bien, d'abord, c'est intéressant de noter
que, lorsqu'on s'occupe de musées, on les fait grandir. Sous l'époque libérale,
il y a eu beaucoup de compressions dans les musées, ça s'est d'ailleurs soldé
par des fermetures de musées au Québec. Donc, si j'étais au Parti libéral, je
me garderais une gêne.
Maintenant, Mme la Présidente, ma collègue
le sait très bien, on sort de l'étude des consultations particulières au sujet
du projet de loi. Il y a énormément de gens qui sont venus nous dire ce qu'ils
en pensaient, et il y a un consensus : on a besoin de ce Musée national
d'histoire du Québec pour parler de la nation québécoise. C'est faux de dire
qu'actuellement il y en a déjà un, musée qui parle de la nation québécoise, de son
histoire. Ça n'existe pas, actuellement.
Donc, Mme la Présidente, on va continuer,
on va garder le cap, et on va le faire de façon inclusive aussi, en soulignant
bien sûr le grand apport des Premières Nations et des Inuits au développement,
au parcours de la nation québécoise. D'ailleurs, l'étude détaillée commence
tantôt, ça me fera plaisir de continuer à en discuter avec ma collègue.
La Présidente : Attention aux
propos. Première complémentaire...
Une voix : ...
La Présidente : Pardon?
Une voix : ...
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Nelligan.
Modification du taux d'alcoolémie toléré pour un
conducteur de véhicule
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la
Présidente, l'enjeu, il est très sérieux. Je suis dans l'obligation de me lever
une quatrième fois. Le coroner Me Garneau a demandé formellement à la Société
de l'assurance automobile du Québec de réaliser, dans les plus <brefs
délais...
M. Derraji :
...Société
de l'assurance automobile du Québec de réaliser, dans les plus >brefs
délais, leurs analyses respectives de la faisabilité d'abaisser le seuil limite
d'alcool dans le sang de 80 milligrammes à 50 milligrammes par
100 ml, qui consiste à amender le Code de la sécurité routière en
conséquence.
Aujourd'hui, suite à notre demande d'accès
à l'information, je n'ai pas de tableau didactique, j'ai des feuilles noires.
Mme la Présidente, ce sont des feuilles noires. Ce sont des feuilles noires que
je ne vais pas utiliser, mais je vais le mentionner, je n'ai pas eu de réponse.
Et les gens qui sont en haut, qui
viennent, veulent savoir toute la vérité et rien que la vérité sur les
conclusions de cette étude. Vous savez pourquoi? C'est leur combat, et ils
s'adressent maintenant à Mme la ministre. Est-ce qu'elle va dévoiler l'étude?
La Présidente : La réponse de
la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente.
Merci au collègue de revenir sur la
question, parce que c'est vrai qu'elle est importante. Et je dirais, plus
largement, que toute la question de la sécurité routière est importante. C'est
la raison pour laquelle j'ai déposé et fait adopter le projet de loi n° 48,
où on a fait énormément de choses pour que la sécurité routière progresse sur
tout notre vaste territoire de la nation du Québec, Mme la Présidente. Comme je
le disais en début de travaux dans le projet de loi que je suis en train de faire
actuellement, c'est toujours plus facile de ne rien faire que de faire quelque
chose. Ça prend du temps puis de l'énergie pour changer les choses au Québec,
et on a eu ce temps, cette énergie, ce courage et cette volonté de faire
avancer la sécurité routière avec le projet de loi n° 48, dont je suis
très fière.
Pour ce qui est de la conduite avec les
facultés affaiblies, je l'ai dit tout à l'heure, on est déjà une nation qui est
extrêmement sévère en matière de modalités quand quelqu'un se fait prendre avec
la conduite sous influence, de sévérité et des conséquences auxquelles cette
personne-là s'expose. Mais, Mme la Présidente, je suis obligée, pour le
bénéfice de tout le monde, de rappeler que, quand les libéraux étaient au
gouvernement, en 2018, on a un article ici : Alcool au volant : le
0,05 suggéré à la Justice, mais rejeté aux Transports. Qui était ministre
des Transports? Le député de Pontiac, qui est en face de moi, Mme la
Présidente.
• (15 heures) •
La Présidente : Alors, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour ce faire, je cède la
place au troisième vice-président. Merci. Bonne fin de journée.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, bonjour, collègues. Nous sommes à la
rubrique des motions sans préavis.
En fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions, je reconnais un membre du groupe formant l'opposition
officielle, et je cède la parole à Mme la députée de La Pinière.
Souligner la Journée internationale des aînés
Mme Caron : Merci, M. le
Président.
Alors, je salue les personnes aînées qui
sont présentes avec nous aujourd'hui dans les tribunes, notamment les membres,
les représentants de l'AQDR.
Je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la ministre
responsable des Aînés, la députée de Sherbrooke, le député des
Îles-de-la-Madeleine, la députée de Vaudreuil, le député d'Arthabaska et le
député de Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
Journée internationale des aînés;
«Qu'elle prenne acte que les aînés de plus
de 65 ans [composent] plus du quart de la population du Québec en 2030;
«Qu'elle reconnaisse que la contribution
active des aînés à la société sur les plans économique, politique; social et
culturel mérite d'être mise en valeur;
«Qu'elle rappelle l'importance de
conserver et de valoriser le patrimoine légué par les aînés sur tous les plans
afin de poser des jalons pour les autres générations;
«Qu'elle prenne acte que l'Organisation
mondiale de la santé a établi que l'âgisme a un impact négatif important sur la
santé et sur le bien-être des personnes aînées et qu'elle déclare que ce
phénomène mérite d'être combattu;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale demande
au gouvernement de reconnaître l'apport exceptionnel des aînés à la société
québécoise, à la construction du Québec d'aujourd'hui, de même que leur droit à
vivre dans la dignité.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président, il y a consentement pour un débat de deux minutes de rigueur
par intervenant, dans l'ordre <suivant...
>
15 h (version révisée)
<17851
M.
Lévesque (Chapleau) :
...deux minutes de rigueur par
intervenant dans l'ordre >suivant : la députée de La Pinière,
la ministre responsable des Aînés, la députée de Sherbrooke et le député des Îles-de-la-Madeleine.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, je comprends qu'il y a consentement pour qu'il y ait un débat de
rigueur impliquant quatre intervenants et que, pour la durée... et que la durée
de ces interventions soit limitée à un maximum de deux minutes chacune. Alors,
je cède la parole à Mme la députée de La Pinière.
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Le 14 décembre 1990, l'Assemblée générale des Nations unies
proclamait le 1er octobre Journée internationale des personnes âgées pour
sensibiliser le public aux questions touchant les aînés et pour apprécier leur
contribution à la société.
34 ans plus tard, il faut encore
sensibiliser à tout ce qui joue contre les aînés dans notre société. Bon nombre
d'obstacles relèvent de l'âgisme, un biais dont on est souvent inconscient mais
que les personnes aînées prennent, à raison, comme des frustrations, des
microagressions et qui finissent parfois par se solder par de la maltraitance :
un préposé, dans un commerce, qui ne voit pas la personne aînée qui attend et
sert des personnes plus jeunes avant, un piéton qui s'impatiente devant une
personne aînée qui marche plus lentement, qui s'empresse de la dépasser en
risquant de la faire tomber, un malfaiteur qui cible des personnes aînées avec
un stratagème de fraude financière, et, malheureusement, un système qui
déshumanise les personnes aînées, qui les laisse tomber dans la fracture
numérique, qui n'agit pas pour sauver les ressources intermédiaires et les RPA,
qui ne répond qu'à une fraction des personnes qui ont besoin d'une place en
hébergement ou de soins à domicile, qui laisse des personnes devenir
itinérantes pour la première fois de leur vie ou qui les laisse pâtir à l'urgence
sans leur donner l'attention supplémentaire qu'il faut pour les empêcher de
dépérir durant la trop longue attente pour des soins.
Ce qu'on aurait cru inconcevable de voir
au Québec se déroule sous nos yeux, et c'est inacceptable. Je nous invite donc
à garder en tête la dette de gratitude que nous avons envers les aînés lorsque
nous prenons des décisions comme législateurs, mais aussi lorsque vient le jour
où chacun, chacune de nous devra accompagner, prendre soin des aînés de notre
entourage.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Je reconnais maintenant Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : M. le
Président, je profite de ce moment pour souligner la Journée internationale des
aînés. Je souhaite saluer toutes les Québécoises et les Québécois qui ont 65 ans
et plus et qui représentent une force vive pour notre société. Je viens tout
juste de participer à la grande marche ici même, à Québec, cet avant-midi, et je
peux vous dire que les aînés au Québec sont une force vive, et ils vont prendre
leur place. Je vois d'ailleurs plusieurs personnes dans les tribunes et je
tiens à les saluer.
Le vieillissement de la population est
bien réel. C'est plus de 2,3 millions de Québécois, Québécoises qui auront
65 ans et plus en 2031. C'est certain que le vieillissement au Québec, ça
représente un défi, un grand défi, mais aussi de grandes opportunités. On
aspire tous à vieillir en santé, et c'est pour ça qu'on doit accueillir et
accepter ce changement, autant pour la personne aînée que pour sa famille et
son entourage. C'est une étape de vie extrêmement importante. Vieillir, c'est
incarner le changement. Il faut l'accepter et être l'acteur de son changement
et non pas la victime. Notre gouvernement s'est doté d'un plan gouvernemental,
Fierté de vieillir, et nous allons le porter.
Je terminerais, M. le Président, sur les
paroles réconfortantes de Félix Leclerc, tirées de son magnifique texte Vieillir
en beauté... et en sagesse : «Vieillir en beauté, c'est vieillir
avec son cœur.
«Vieillir en beauté, c'est vieillir avec
son corps.
«Vieillir en beauté, c'est vieillir
positivement.
«Vieillir en beauté, c'est vieillir avec
espoir.
«Vieillir en beauté, c'est vieillir avec
amour.
«Ne regrette pas de vieillir,
«C'est un privilège refusé à beaucoup.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
La parole revient maintenant à <Mme la députée de Sherbrooke...
Le Vice-Président (M.
Benjamin) :
...la parole revient maintenant à >Mme la députée
de Sherbrooke.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui au nom de ma
formation politique pour souligner la Journée internationale des aînés. On
parle souvent des aînés comme les bâtisseurs du Québec, et c'est vrai, ce sont
eux et elles qui ont placé plus haut les attentes envers l'État. C'est une
génération qui s'est battue pour que l'État joue un rôle pour assurer l'égalité
des chances en éducation, l'accès aux soins, l'accès à l'enseignement
supérieur, l'indépendance énergétique, la protection de la langue, l'égalité
entre les hommes et les femmes. Ils ont contribué toute leur vie à ce que
l'État améliore les services et le filet social.
• (15 h 10) •
Oui, ce sont des bâtisseurs, mais ce qu'on
oublie souvent, c'est que les aînés n'ont pas fini d'être des bâtisseurs. Ils
sont encore là, bien vivants, très actifs, à avoir encore des attentes élevées
envers l'État québécois. Les aînés sont tannés qu'on parle d'eux comme des
personnes malades. La vaste majorité d'entre eux sont en santé et vivent encore
chez eux, veulent y rester longtemps. Ils sont engagés dans leur milieu. Ils
font une différence tous les jours dans nos communautés.
Maintenant qu'ils sont plus âgés, ils veulent
contribuer à ce que l'État prenne bien soin des aînés, comme ils ont contribué,
dans le passé, à ce que l'État prenne mieux soin des enfants et des femmes, par
exemple. On a devant nous une génération qui sonne l'alarme parce qu'ils et
elles sont en train de vieillir dans une société qui n'est pas prête à faire
face au vieillissement de la population. Pour vieillir dans la dignité, ça
prend bien plus que des soins, il faut pouvoir participer activement aux
décisions qui nous concernent. Il faut avoir une autonomie financière, pouvoir
se déplacer, avoir un foyer adapté à ses besoins.
Cette génération-là a eu la pertinence, il
y a quelques décennies, de mettre sur pied un ministère de l'Éducation et
revendique aujourd'hui un ministère des Aînés à part entière parce que les
enjeux des aînés dépassent de loin ce qui relève du ministère de la Santé. Et
je pense qu'on devrait les écouter. Il y a encore beaucoup à faire pour bâtir
un Québec où tout le monde trouve sa place. Et ça tombe bien parce qu'on a des
bâtisseurs d'expérience qui nous montrent la voie pour répondre aux besoins de
leur génération. Écoutons-les. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Et je reconnais maintenant M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Je tiens d'abord à souligner les représentants de l'AQDR et de la
Coalition pour la dignité des aînés qui sont présents aujourd'hui dans nos
tribunes.
La Journée internationale des aînés est un
excellent moment pour souligner l'importance de l'apport des aînés dans la
société. Au Parti québécois, nous voulons faire des aînés une véritable
priorité en travaillant pour contrer l'isolement et la solitude, en favorisant
la participation citoyenne des aînés, en améliorant leurs conditions de
travail, leur mobilité, en protégeant leurs droits, dont celui au logement,
notamment, et en freinant leur appauvrissement.
Pour tout cela et plus encore, un
véritable ministère des Aînés avec de vrais pouvoirs et ses propres budgets
nous apparaît un geste fort qu'il faut poser.
M. le Président, les aînés veulent pouvoir
vivre et vieillir dans la dignité, avec autonomie, dans leurs chez-soi. Nous
devons, au Québec, améliorer l'accès aux soins et aux services de maintien à
domicile, faire un grand virage. Vivre et vieillir chez soi avec ses proches,
dans les meilleures conditions possibles et le plus longtemps possible, voilà
ce que veut la grande majorité des aînés. Nous devons éliminer les obstacles de
la vie quotidienne qui font en sorte que vivre ou se déplacer de manière
autonome deviennent des enjeux. L'accès aux soins de santé doit également être
amélioré partout dans le réseau et partout au Québec, alors que les aînés
représentent la majeure partie des usagers.
Cela dit, les aînés ne sont pas que des
usagers du système de santé. Ce sont des citoyens à part entière, des citoyens
dont les conditions de vie dépendent de leur condition financière, alors qu'ils
sont nombreux à avoir connu un appauvrissement au cours des dernières années,
un appauvrissement qui mène bien souvent à une diminution de leur participation
sociale et à plus d'isolement.
Nous devons travailler à briser cet
isolement et à réduire la solitude des aînés. Le Québec ne peut se passer du
riche apport de l'expérience, de l'expertise, du savoir-faire des aînés. Cette
contribution active doit être valorisée sur les plans culturel, social et
économique, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Un vote électronique a été demandé. La période de vote est ouverte.
La période de vote est <terminée. M.
le secrétaire général...
Le Vice-Président (M.
Benjamin) :
...La période de vote est >terminée. M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour :97
Contre :0
Abstentions :0
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est donc adoptée. La prochaine motion revient au... Oui.
Mme Setlakwe : ...et des
autres services publics du Québec, AREQ (CSQ), la Fédération de l'âge d'or du
Québec et l'Association québécoise de défense des droits des personnes
retraitées et préretraitées.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ce sera fait, Mme la leader adjointe de l'opposition officielle. Et, pour
la prochaine motion, qui revient au deuxième groupe d'opposition, je reconnais
M. le député de Laurier-Dorion.
Souligner le Mois du
patrimoine hispanique
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Tout d'abord, je voudrais souligner la présence des représentantes
et représentants des organismes l'héritage hispanique du Québec, la Fondation
Salvador Allende et la Confédération des associations latino-américaines de
Québec. Merci beaucoup d'être ici avec nous.
M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement
avec le ministre de la Lutte contre le racisme, le député de l'Acadie, le
député de Jean-Talon, la députée de Vaudreuil et le député de Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale souligne
l'édition 2024 du Mois du patrimoine hispanique qui se déroule du 1er au
31 octobre;
«Qu'elle reconnaisse l'importance des
communautés latino-américaines au sein de la société québécoise et salue leur
contribution dans les domaines social, politique et culturel, tout comme celui
de l'économie, particulièrement dans le monde agricole;
«Qu'elle souligne avec fierté la présence
du plus grand nombre à ce jour d'élu.es québécois d'origine latino-américaine, tous
paliers confondus, ainsi que l'élection de la première femme provenant de cette
communauté à titre de députée de l'Assemblée nationale en 2022;
«Qu'elle appelle au resserrement des liens
entre le Québec et l'Amérique latine, et ce, dans tous les champs d'activité;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale
reconnaisse que l'apport des cultures latino-américaines au Québec bénéficie à
l'ensemble de la société québécoise et favorise le vivre-ensemble.» Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président. Il y a consentement pour un débat de deux minutes de
rigueur par intervenant dans l'ordre suivant : le député de
Laurier-Dorion, le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, le
député d'Acadie et le député de Jean-Talon.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, je comprends qu'il y a consentement pour qu'il y ait
quatre intervenants, pour que la durée des interventions soit limitée à un
maximum de deux minutes et pour que la présidence applique strictement le
temps de parole. Alors, je cède tout de suite la parole à M. le député de
Laurier-Dorion.
M.
Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : «Muchas
gracias, Señor Presidente.» Nous célébrons au mois d'octobre le Mois du
patrimoine hispanique. Nous célébrons la présence et la contribution des
membres des communautés latino-américaines à la vie et à la destinée du Québec.
Les liens unissant nos nations sont
nombreux et diversifiés. Déjà dans les années 70, le Québec a accueilli
des Chiliens et Chiliennes fuyant la persécution. Et, quelques années plus
tard, nous avons accueilli des Salvadoriens et Salvadoriennes fuyant la guerre
civile qui sévissait là-bas. Entre-temps, des ressortissants de tous les pays
de l'Amérique latine ont choisi le Québec pour faire leur vie, contribuant
ainsi avec leur joie de vivre, leur force de travail et leur créativité à la
nation québécoise.
Pendant le mois d'octobre, nous
soulignons, entre autres, l'apport essentiel des travailleurs et travailleuses
agricoles à notre agriculture. Plus de 20 000 de ces personnes originaires
de l'Amérique centrale font en sorte que les champs sont semés, sarclés puis
récoltés, assurant ainsi la vitalité du secteur agricole dans la société
québécoise.
Le Québec développe aussi des forts liens
économiques avec les pays situés au sud du Rio Grande. Le Mexique est membre du
traité de libre-échange. Pour sa part, le Québec a implanté des délégations
générales à Mexico City, à São Paulo, au Brésil, et à Bogotá, en Colombie, ce
qui témoigne de l'intérêt économique du Québec pour ces nations.
À chaque année, le Québec envoie des
milliers de ses jeunes en Amérique latine, que ce soit pour étudier, apprendre
l'espagnol, travailler ou contribuer à l'aide internationale, ou tout
simplement pour voyager et découvrir les cultures latino-américaines. Nous
pouvons être fiers de ce lien.
Célébrons donc la présence des communautés
latino-américaines au Québec. Célébrons l'amitié, l'«amistad», entre nos
peuples. «Viva América latina! Viva Québec!»
• (15 h 20) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de <Laurier-Dorion ...
Le Vice-Président (M.
Benjamin) :
...merci, M. le député de >Laurier-Dorion.
Je reconnais maintenant M. le ministre de la Lutte contre le racisme.
M. Christopher
Skeete
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Je tiens d'abord à remercier les collègues de nous permettre
de souligner le Mois du patrimoine hispanique, qui débute aujourd'hui au
Québec. C'est une période importante pour rendre hommage aux communautés
hispaniques, qui contribuent activement à notre richesse collective dans de
nombreux secteurs.
Nous avons la chance de côtoyer ces
Québécois à part entière à tous les jours, que ce soit en tant que travailleurs
dans nos hôpitaux, dans nos écoles, que ce soit en tant que personnes qui
contribuent dans nos classes et dans nos universités.
M. le Président, la communauté hispanique
enrichit le Québec non seulement par sa belle culture, mais aussi par son amour
pour le français. Je pense, entre autres, au professeur de HEC Luis Cisneros,
qui enseigne l'entrepreneuriat et l'innovation, et tout ça, M. le Président, en
français, qui a été nommé un des 10 hispaniques les plus influents au Canada.
Ce n'est pas rien.
J'ai le devoir de rappeler qu'en célébrant
ce mois nous célébrons, bien sûr, les nombreuses contributions des
hispanophones et des hispaniques, mais nous avons aussi le devoir de
reconnaître les défis auxquels ces communautés font face. Trop souvent, des
préjugés, des stéréotypes assombrissent la beauté de notre diversité et de nos
différences. En tant que Québécois, nous avons tous la responsabilité de
combattre ces injustices. Nous devons veiller à ce que chacun, peu importe son
origine, soit respecté, valorisé et qu'il puisse faire... bien vivre au Québec.
Je souhaite à tous et à toutes un bon Mois
du patrimoine hispanique, en particulier mes collègues de l'Assemblée
nationale, et nous avons tous un moment pour réfléchir à comment on peut faire
davantage pour rendre ce Québec à notre image, de tout le monde. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre de la Lutte contre le racisme. Et je reconnais
maintenant M. le député de l'Acadie.
M. André
Albert Morin
M.
Morin :Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que je
souligne avec mes collègues le Mois du patrimoine hispanique, mois d'octobre,
d'ailleurs, qui a été proclamé, lors d'une motion à l'Assemblée nationale en
2018, Mois du patrimoine hispanique et qui a été reconnu par notre Assemblée.
Évidemment, les liens avec la communauté
remontent à beaucoup plus longtemps, beaucoup plus loin que 2018, mais je dois
souligner que, dans les années 70, évidemment, la communauté a beaucoup
augmenté à cause des tristes événements politiques au Chili. Effectivement,
plusieurs Chiliens ont fui le coup d'État militaire de Pinochet pour venir
trouver refuge chez nous. Il en a été de même par la suite de la communauté
salvadorienne. Et ça démontre, évidemment, les liens tissés serré entre nos
communautés.
On doit reconnaître aujourd'hui la
contribution de milliers d'hommes et de femmes qui sont arrivés ici, qui ont
travaillé très fort et qui contribuent à tous les jours à bâtir la société
québécoise. La communauté contribue à notre essor, que ce soit dans nos
universités, dans nos centres de recherche, dans nos écoles, dans nos
garderies, dans notre système de santé, dans notre Parlement et évidemment dans
le domaine de l'agriculture. Ils font partie de ce que nous sommes.
La communauté est une véritable richesse
pour le Québec, et c'est la raison pour laquelle nous devons souligner avec
fierté, M. le Président, le Mois du patrimoine hispanique. «Felicidades!»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de l'Acadie. Et je reconnais maintenant M. le député de
Jean-Talon.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : (S'exprime dans
une langue étrangère). Célébrer le Mois du patrimoine hispanique, c'est
célébrer des décennies d'échange, de coopération et d'apports au Québec.
Depuis les années 60, les
Latino-Américains jouent un rôle majeur dans la construction de notre pays.
Leurs contributions à notre culture, à notre économie et à notre vie politique
sont incontournables. À Québec, dans les rues de Sainte-Foy—Sillery, il ne se
passe pas une semaine sans que je parle espagnol. À Montréal, notamment au coin
de Jean-Talon et de Saint-Hubert, on vibre au son de l'Amérique latine, la
popularité de la salsa et du tango ne pouvant être démentie.
Dans toutes nos régions, les
Latino-Américains rendent de grands services à nos entreprises ou sont
eux-mêmes entrepreneurs. On n'entend plus seulement les accents de la Beauce,
de la Gaspésie ou du Saguenay, mais aussi ceux du Guatemala, du Mexique et de
la Colombie, sans oublier, évidemment, la cuisine, avec les ceviches,
empanadas, enchiladas qui ont gagné la plupart des cuisines du Québec. <(S'exprime
dans une langue étrangère)...
M. Paradis :
...enchiladas
qui ont gagné la plupart des cuisines du Québec. >(S'exprime dans une
langue étrangère).
J'aimerais terminer en lisant un poème de
Gérald Godin, ministre au sein des gouvernements Lévesque, intitulé à juste
titre Tango de Montréal, en hommage aux Latino-Américains, à leur
vaillance et à leur contribution à la culture québécoise :
«Sept heures du matin métro de Montréal
c'est plein d'immigrants
ça se lève de bonne heure
ce monde-là;
«Le vieux cœur de la ville
battrait-il donc encore
grâce à eux
«Ce vieux cœur usé de la ville
avec ses spasmes
ses embolies
ses souffles au cœur
et tous ses défauts
«Et toutes les raisons du monde qu'il
aurait
de s'arrêter
de renoncer.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Jean-Talon.
Mise
aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. Alors, bon Mois de l'héritage hispanique à tous et à toutes. La
prochaine motion revient... Ah! allez-y, M. le leader.
M. Leduc : ...peut envoyer
copie de cette motion, M. le Président, aux groupes présents, à savoir : Héritagehispanique,
la Fondation Salvador Allende et la Confédération des associations
latino-américaines de Québec. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ce sera fait, M. le leader. M. le député de Matane-Matapédia, pour la
prochaine motion.
Reconnaître la nécessité de se préoccuper de
l'attractivité et de la rétention du personnel qualifié au sein du réseau
public de l'éducation
M. Bérubé : Merci. Je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Saint-Laurent, la députée de Mercier, le
député de Saint-Jérôme et la députée de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse qu'il
est nécessaire de se préoccuper de l'attractivité et de la rétention du
personnel qualifié au sein du réseau public de l'éducation [au] Québec;
«Qu'elle propose au ministère de
l'Éducation de s'enquérir des motifs évoqués par les enseignantes, enseignants
et autres professionnels de l'éducation pour expliquer leur départ du réseau
public de l'éducation québécois, de les compiler et de les publier.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Consentement,
sans débat, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il y a consentement, sans débat.
Mise
aux voix
Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. M. le député, allez-y.
M. Bérubé : M. le Président,
si une formation y consent, on aimerait pouvoir voter sur cette motion.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Est-ce que j'ai l'appui de... parfait. Alors, un vote a été demandé. La
période de vote est ouverte.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour :97
Contre :0
Abstentions :0
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est donc adoptée.
Alors, pour la suite de nos travaux, je
vais inviter les collègues qui doivent quitter de le faire de manière...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Allez-y.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ah! bien oui, c'est vrai, la motion du gouvernement. Alors, je cède la
parole au ministre de l'Éducation.
M. Drainville : Il ne faut
pas oublier le gouvernement, M. le Président. Je sollicite...
Une voix : ...
Souligner la Semaine
pour l'école publique
M. Drainville : Un sujet
sérieux. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec la députée de Saint-Laurent, la députée de
Mercier, le député de Matane-Matapédia, la députée de Vaudreuil et le député d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
15e [édition de la] Semaine pour l'école publique qui se tient du
30 septembre au 6 octobre sous le thème de la parentalité;
«Qu'elle reconnaisse les avancées
importantes des dernières années pour l'amélioration du réseau public et l'augmentation
importante des budgets en éducation depuis les 6 dernières années;
«Qu'elle réitère l'importance du rôle des
parents et de leur collaboration avec les équipes-écoles;
«Qu'enfin, elle remercie — elle
remercie, dis-je bien — les milliers de personnes qui
travaillent jour après jour pour former les citoyens de demain et qui font en
sorte que nos jeunes aillent au bout de leur <potentiel...
M. Drainville :
...que
nos jeunes aillent au bout de leur >potentiel.»
• (15 h 30) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
M. le Président. Il y a consentement, sans débat.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il y a consentement, sans débat.
Mise
aux voix
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Avis
touchant les travaux des commissions
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. Alors, pour celles et ceux qui doivent quitter, donc, je vous
invite à le faire discrètement, s'il vous plaît, puisque les travaux se
poursuivent. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission
des transports et de l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet
de loi n° 61, la Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et
modifiant certaines dispositions relatives au transport collectif, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de la culture et de
l'éducation entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 64, la Loi
instituant le Musée national de l'histoire du Québec, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission
spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le
développement des jeunes se réunira en séance de travail le
mercredi 2 octobre 2024, de 7 h 15 à 8 h 45, à la
salle Pauline-Marois, afin de procéder à l'organisation des travaux de la
commission.
De plus, je vous avise que la Commission
de la santé et des services sociaux se réunira en séance de travail le
mercredi 2 octobre 2024, de 7 h 30 à 9 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de poursuivre l'étude des observations,
conclusions ou recommandations de la commission à la suite des consultations
particulières et auditions publiques ainsi que des rencontres tenues dans le
cadre du mandat d'initiative visant à étudier les moyens facilitant le don
d'organes ou de tissus, notamment l'instauration de la présomption du
consentement.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Je vous informe que demain, lors des
affaires inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion
inscrite par M. le député de Jean-Lesage. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale souligne que la rémunération des stages en enseignement
est une solution à la pénurie d'enseignantes et d'enseignants dans notre
système d'éducation public;
«Qu'elle
salue l'ouverture du ministre de l'Éducation à rémunérer les étudiantes et les
étudiants lors de leur dernier stage au baccalauréat en enseignement;
«Qu'elle
salue également la mobilisation des étudiantes et étudiants en enseignement sur
cet enjeu;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale demande
au gouvernement de prévoir la rémunération des derniers stages du baccalauréat
en enseignement dès le prochain budget.»
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 3
du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 69 — Loi assurant la gouvernance responsable des
ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives
Poursuite
du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article 3 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus
tôt aujourd'hui sur l'adoption du principe du projet de loi n° 69,
Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et
modifiant diverses dispositions législatives. Alors, Mme la députée de
Saint-Laurent poursuivra son intervention.
Mme
Marwah Rizqy (suite)
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Permettez-moi juste de faire peut-être un bref résumé de ma première
partie. Je disais, avant que notre séance soit suspendue, que la ministre
faisait allusion, pour son projet de loi, à trois éléments. Elle parlait de,
un, gouvernance, deux, améliorer la gestion d'offre d'électricité et, trois,
optimiser les tarifs d'électricité.
Bon. Alors, je suis encore à mon point un,
gouvernance, que j'ai vraiment fait dans ma première partie. De notre côté,
pour le Parti libéral du Québec, on est très troublés parce que, jusqu'à
présent, en matière de gouvernance, le gouvernement de la CAQ, très
franchement, n'a pas été un très grand, comment dire... je vais dire champion,
sincèrement, parce que nous, on a demandé... et on avait fait une motion du
mercredi où est-ce qu'on voulait tout simplement que les entreprises, notamment,
qui ont eu un refus pour les blocs d'énergie, bien, puissent recevoir au moins
leurs grilles d'analyse. Et j'avais fait l'analogie suivante : imaginez,
moi, je suis professeure à l'université, je dis à un de mes étudiants :
Vous avez coulé. Bon, premièrement, il y a le choc d'avoir coulé. Deuxièmement,
je lui dis : Bon, mais ne vous inquiétez pas, vous allez avoir votre
examen de reprise dans quelques <semaines...
>
15 h 30 (version révisée)
<17883
Mme Rizqy :
...mais ne vous inquiétez pas, vous allez avoir votre examen de
reprise dans quelques >semaines, dans quelques mois. Ah oui? Bien oui,
parce que, dans quelques mois, il y aura 1 500 nouveaux mégawatts de
disponibles. Puis là l'étudiant se dit : O.K., parfait, est-ce que je peux
voir mon examen, est-ce que je peux comprendre où j'ai coulé? Et là moi de
répondre : Non. Ah! Et là l'étudiant : Bien, parfait, je vais aller
me plaindre à la direction, je vais aller voir le doyen. Et moi de lui répondre :
Il n'y a pas de doyen. Ah! Bien, je vais aller voir le recteur. Il n'y a pas de
recteur. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas de processus d'appel.
En matière de justice naturelle, l'important,
dans une procédure comme la nôtre au Québec, bien, dans notre démocratie, on
veut ce droit d'appel, on veut cette transparence. Et je disais qu'il y avait
un premier ministre qui disait toujours : Audi alteram partem. Bien, je l'entends
en ce moment, ça résonne, audi alteram partem. On en a fait quoi, à toutes ces
entreprises qui, aujourd'hui, non seulement ne connaissent pas leurs résultats,
mais n'ont jamais obtenu leur grille d'analyse de la part ni d'Hydro-Québec ni
du gouvernement? Et, ici, on ne peut pas blâmer Hydro-Québec. Rappelons-nous,
Pierre Fitzgibbon a dit : Je prends le contrôle. Le deuxième projet de loi
du gouvernement, c'était précisément ça, prendre le contrôle, la mainmise sur
les blocs d'énergie, décider, selon eux, selon le gouvernement, mieux qu'Hydro-Québec,
où devront aller les blocs d'énergie.
(Interruption)
Mme Rizqy : Il faut
croire que Siri veut même s'en mêler. Ça aurait été drôle, hein, de savoir ce
que Siri en pense, maintenant que j'y pense.
Mais c'est quand même quelque chose de
particulier, non, d'être tenu à l'écart et que le gouvernement nous dise :
Faites-nous confiance? Or, si le passé est garant de l'avenir, bien, moi, je
trouve que c'est un mauvais présage.
Rappelons-nous qu'il n'y a pas si
longtemps, 2023, le rapport de la Vérificatrice générale du Québec. Elle avait
décidé de regarder ce qu'il se passait au sein du ministère de l'Économie de
Pierre Fitzgibbon. À l'époque, vous vous rappelez, il y avait eu la pandémie,
et, dans un geste, assez important, de vouloir aider les entreprises à passer à
travers la pandémie, le gouvernement a décidé d'octroyer des fonds d'aide. Et
évidemment la bonne foi se présume, mais, lorsque la Vérificatrice générale a
décidé d'éplucher tout ça, elle s'est rendu compte que ces fonds ont été
distribués... absence de critères, de façon arbitraire, et qu'au fond ça
devenait un fonds très discrétionnaire, et que même des entreprises qui n'auraient
pas dû se qualifier avaient obtenu cette aide.
J'ai l'impression de rejouer exactement
dans le même film, mais changez le mot «argent» par «bloc d'électricité». On
distribue les blocs d'énergie en absence de critères qui sont clairement, pour
l'instant, encore non divulgués auprès des entreprises qui ont été refusées
dans un geste sans précédent, arbitraire et discrétionnaire, et, à la surprise
générale, le superministre démissionne à quelques heures d'un début d'un projet
de loi aussi important. Alors, vous comprendrez qu'en matière de gouvernance on
peut clairement faire mieux, mais aussi on a une obligation de faire mieux
parce que le gouvernement du Québec n'est jamais au-dessus des lois. Et je lui
rappelle très humblement que les règles de justice naturelles, vous pouvez
peut-être les retarder, mais elles finissent toujours par vous rattraper.
Maintenant, améliorer la gestion de l'offre
d'électricité. Alors, j'ai commencé mon propos en demandant deux choses : Pourquoi
et pour qui? Pourquoi on doit améliorer notre gestion de l'offre d'électricité?
Rappelons-nous, en 2016, Hydro-Québec nous parlait de la spirale de la mort, qu'il
ne fallait pas trop développer, là, on a trop d'énergie. Bien, à l'époque, le
gouvernement libéral allait de l'avant, notamment, avec les éoliennes. Je me
rappelle très, très bien le député de l'Assomption, qui aujourd'hui est premier
ministre, là, à l'époque, dans l'opposition, ouf! c'était un des pires projets,
avoir des éoliennes. Une fois rendu au pouvoir, qu'est-ce qu'il a fait? Ah! on
met ça sur pause pour, par la suite, se rendre compte que, finalement, c'est
une bonne idée, les éoliennes.
Je me rappelle aussi du gouvernement
actuel qui, en janvier 2020, grands sourires, va à New York signer un important
contrat. Ils disent : On va vendre nos surplus. Et ça, c'est tellement
particulier, ce que je vais vous dire, M. le Président. Regardez la séquence,
le temps, le gouvernement, tout feu tout flamme, annonce avoir signé un <contrat
de 25 ans...
Mme Rizqy :
...signé
un >contrat de 25 ans où est-ce qu'on va vendre notre électricité
pas trop cher aux Américains et, trois semaines plus tard, on apprend qu'on n'a
plus d'électricité, que les surplus, c'était fini. Ou, pour reprendre
l'expression de la ministre actuelle de l'Énergie, «basta!», il n'y en a plus.
Alors, quand on me dit : On va
améliorer la gestion de l'offre d'électricité, pourquoi? Parce que vous avez
vendu ce que vous n'aviez pas? Parce que vous avez mis la charrue devant les
boeufs, vous n'avez pas fait une planification des blocs d'énergie en amont en
disant : Est-ce qu'avant de vendre aux Américains, en avons-nous assez
pour la demande actuelle au Québec avec nos entreprises? Parce qu'on est tous
pour la vertu. Qui ici est contre la tarte aux pommes? Personne. Tout le monde
est d'accord. On est tous conscients qu'il y a des changements climatiques.
Mais donc, si on résume la marche à suivre du gouvernement actuel, on va aider
des entreprises... pardon, on va aider l'État de New York en vendant notre
électricité pas trop cher, qui, lui, va la revendre aux Américains. Eux vont se
décarboner. Mais, pendant ce temps-là, nos propres entreprises québécoises et
celles qui sont établies déjà au Québec, eux, on va leur vendre plus cher
l'électricité, et on va même... pire, parce que c'est une chose, l'argent, là,
pire, c'est de ne pas avoir d'énergie. Et eux, on va leur dire : Non
seulement voici la facture, mais, en plus de ça, ne nous demandez pas des blocs
d'énergie, on n'en a pas pour vous.
• (15 h 40) •
Et quelle est la conséquence pour ces
entreprises d'ici? La conséquence, elle est simple, M. le Président. Ça veut
dire que leurs coûts de production augmentent. Le prix du marché de la...
carbone augmente pour elles. Donc, la conséquence, elle est mathématique. Très
simple. Et savez-vous quoi? La ministre de l'Énergie, elle est ministre de
l'Économie, elle va comprendre le langage que je vais dire. Nos entreprises
québécoises vont perdre de leur compétitivité sur le marché international. Au
profit de qui? Des Américains? Les mêmes Américains qui nous ont taxés et
surtaxés en tarifs? Prenez un pas de recul. N'importe qui de censé va se
dire : Voyons donc, on ne peut pas faire ça.
Bien, ça tombe bien. Savez-vous qui
d'autre de censé qui est venu nous voir, M. le Président, en commission
parlementaire? Le P.D.G. d'Hydro-Québec, M. Michael Sabia, un homme
respecté de tous, un homme très accompli. Vous comprendrez, bon, sans faire de
révélation sur son âge, il a quand même une très, très, très grande carrière,
mais on se rappelle aussi de son passage à la Caisse de dépôt et placement du
Québec.
Et je me permets une petite parenthèse
importante pour ceux qui parlent du français. M. Sabia fait partie des
rares personnes qui, lorsque promettent d'apprendre le français, l'ont fait.
Alors, c'est tout à son honneur, et merci. Je referme la parenthèse, mais je
pense que c'était important de le souligner.
Alors, M. Sabia a dit la chose
suivante en consultations. Je l'interrogeais par rapport aux blocs d'énergie,
et là il me dit la chose suivante : Cartes sur table? Et moi, je
réponds : Oui, cartes sur table, bien sûr. Et il dit que ça prend un
rééquilibrage dans nos blocs d'énergie pour s'assurer d'abord que nos
entreprises d'ici en ont. Évidemment, on priorise celles qui doivent se
décarboner et qui désirent se décarboner. Il parlait d'un ratio, 75-25. Oui, il
faut faire de l'économie, oui, il faut essayer d'attirer d'autres capitaux
étrangers, mais il me semble que, généralement, un bon gouvernement commence
toujours par son monde et non pas pour les intérêts étrangers en premier.
Alors, c'est pour ça qu'on dit que Le Québec d'abord, c'est plus qu'un
slogan, c'est ce qui doit animer tout élu de l'Assemblée nationale du Québec.
Mais ici, manifestement, ça n'a pas été le cas. Alors, quand que je dis :
Pourquoi qu'on en est rendus là, mais surtout pour qui? Clairement, ça n'a pas
été pour les Québécois d'abord.
Et permettez-moi de parler de la chose
suivante. On nous dit, dans le troisième élément de réponse de la ministre,
qu'elle veut optimiser, et je cite : «optimiser les tarifs d'électricité».
En langage clair, «optimiser», ça veut dire quoi? Moi, je ne l'ai pas compris.
Est-ce qu'elle veut parler de hausses de tarifs? Parce que c'est ça aussi qu'il
est marqué dans le projet de loi. Article 75 : Création d'un
programme d'aide financière pour limiter l'impact à la hausse des tarifs de
distribution d'électricité pour les consommateurs. Or, c'est assez particulier,
parce que, tout le long, la <ministre nous a dit...
Mme Rizqy :
...c'est
assez particulier parce que, tout le long, la >ministre nous a
dit : Non, non, il n'y en aura pas, de hausse de tarif pour les
résidentiels. Mais rappelons-nous Pierre Fitzgibbon. Je pense, c'est important
ici de faire un petit peu la genèse de, peut-être, ce qui pourrait expliquer
son départ.
M. Fitzgibbon, on ne pourra jamais
lui reprocher de ne pas avoir du franc-parler. Il dit vraiment ce qu'il pense.
Mais c'est sûr que, quand on a une équipe de communication, dans un
gouvernement, un électron un peu trop libre, bien, c'est difficile à gérer. Et tout
le monde comprendra que M. Pierre Fitzgibbon n'est pas une personne qu'on
gère. Il aime gérer, mais peut-être moins se faire gérer. Maintenant, il a dit
tout haut ce que tout le monde pensait, il a dit : Non, les hausses de
tarifs sont évidentes, il va y en avoir. Il a même avancé le chiffre de
5 %, 6 %, 7 %. Et là le premier ministre, il n'a pas aimé ça, il
a dit : Non, ça va être 3 %. Alors, quelques minutes après que le
premier ministre a dit que ça sera maximum 3 %, Pierre Fitzgibbon a
récidivé, il a dit : Non, je maintiens, 5 % à 7 %, puis
peut-être même 10 %.
• (15 h 50) •
Or, on a su que, le samedi, il y a eu une
rencontre au sommet entre les deux hommes, même les trois hommes, parce que le
chef de cabinet était présent. Et clairement M. Fitzgibbon n'était pas
capable de chanter la même chanson ou peut-être qu'il savait que ça allait
sonner... un mot que je ne peux pas dire, mais vous connaissez l'expression,
quand on chante, hein, puis qu'on n'est pas une... on n'est pas une Céline Dion.
Je vais le dire ainsi. Et puis, coup de théâtre, la démission et tournée
médiatique.
Et j'ai écouté attentivement cette tournée
médiatique. À Paul Larocque, à l'émission Le bilan, il dit la chose
suivante : Bien oui, c'est sûr qu'il va y avoir une hausse, mais, vous
savez, ce ne sera pas là, puis je comprends le gouvernement qui ne veut pas
faire peur au monde, il y a des discussions à avoir, mais ce n'est pas tant le
projet de loi qui est problématique, c'est tout ce qu'il y a à l'extérieur du
projet de loi qui s'en vient et qu'on n'a pas encore discuté. Bien moi, je veux
savoir, M. Fitzgibbon, qu'est-ce qu'il y a dans le projet de loi qui n'a
pas encore été écrit mais qui s'en vient puis qu'on n'a pas encore discuté.
S'il vous plaît, éclairez-moi. Il dit aussi la chose suivante : C'est sûr
qu'on va payer. Même si le gouvernement met ça à 3 %, la vérité : il
va y avoir un manque à gagner qui devra être compensé. Il a dit la chose
suivante : C'est soit le ministre des Finances qui va avoir moins de
redevances de la part d'Hydro-Québec ou qu'on refile la hausse à quelqu'un
d'autre.
Alors, durant les consultations, la
ministre a décidé, elle, d'ouvrir son jeu un peu. Alors, elle a demandé,
notamment, au secteur de l'aluminium : Êtes-vous prêts à payer une prime
verte pour votre électricité? Là, M. le Président, vous connaissez la
fiscaliste en moi, prime veut dire augmentation de tarif, prime veut dire taxe.
Donc, la fameuse prime verte de la ministre est une taxe verte. On connaissait
déjà la taxe orange, bien, maintenant tout le monde va apprendre qu'il y a une
taxe verte, avec le gouvernement de la CAQ. Et là tous les industriels ont dit
la chose suivante : Mais, Mme la ministre, réalisez-vous que nous, on a
des employés partout en région et que nos tarifs bas d'électricité qui viennent
du bloc patrimonial, si vous nous les augmentez, non seulement on perd des
investissements projetés qu'on devait faire au Québec, mais, pire, ça peut
mettre à mal notre industrie et, pire, générer des pertes d'emplois? Ça, M. le
Président, ce ne sont pas des épouvantails, c'est réel.
Bon, dans une autre vie, je travaillais
pour Rio Tinto Alcan. Moi, j'étais à l'usine de La Baie, très belle usine,
d'ailleurs. Savez-vous, M. le Président, c'est quoi, de la bauxite? Pas grand
monde. Mais c'est vraiment beau de voir ça, que nous, chez nous, au Québec, on
est capable de faire l'aluminium le plus vert au monde. Est-ce que quelqu'un
pense qu'ici, au Québec, on a un fonds souverain qui aide nos entreprises puis
qu'on est capable, là, d'imprimer de l'argent pour eux? Ça n'existe pas au
Québec. Par contre, dans d'autres pays, ils utilisent des fonds souverains pour
subventionner au coton l'industrie de l'aluminium.
Alors, dans l'OCDE, ils ont regardé dans
différents pays c'est quoi, le montant de subvention qui leur est alloué. Bien,
dans le secteur de l'aluminium, en Chine, M. le Président, savez-vous que c'est
huit fois plus subventionné que n'importe où au monde? Alors, comment
voulez-vous que nous, qu'Alouette, Alcoa, Rio Tinto puissent continuer à faire
compétition à des géants <chinois qui, eux, côté environnemental, on
repassera...
Mme Rizqy :
...continuer
à faire compétition à des géants >chinois, qui, eux, côté
environnemental, on repassera, mais, pire, subventionnés au coton. On a un
avantage concurrentiel, de par notre électricité, avec le bloc patrimonial,
mais, si on leur enlève, ils ont été très clairs, les emplois, que ce soit au
Saguenay, que ce soit à Shawinigan, que ce soit à Sept-Îles, tous ces emplois
sont, en ce moment, en péril. Un représentant est allé jusqu'à dire : Vous
savez, juste l'incertitude qu'on vit présentement amène, au niveau du conseil
d'administration de nos entreprises d'aluminium, des discussions très
importantes. Ça ne prend pas grand-chose, pour un conseil d'administration,
pour décider d'aller voir ailleurs si le ciel est plus beau.
Nous, on est chanceux, là, au niveau des
emplois payants. Moi, je connais quand même les salaires de Rio Tinto, mais je
vais quand même me garder une gêne. Bien, je peux vous dire, ils sont vraiment
bien payés, on est bien en haut du 56 000 $. Mais savez-vous quoi?
Tout mon respect, parce que, pour être à côté d'une cuve puis avoir...
connaître la chaleur existante réelle sur le terrain de l'usine, je vous lève mon
chapeau. N'en demeure pas moins qu'on est vraiment en haut de la barre fixée
par le premier ministre, quand il disait : 56 000 $, là, pour
moi, ça, c'est un bon salaire. Là, on parle d'emplois vraiment bien payés.
Alors là, on va mettre en péril tout un
secteur d'activité pour, et je cite, «un pari risqué». Donc, le premier
ministre a pris notre argent, a pris nos blocs d'énergie et est allé mettre ça
directement sur le 13 noir, en se disant : Savez-vous quoi? Je me
fais confiance, moi, ça va être le 13 noir. Puis là tout le monde attend. Mais
il me semble que c'est toujours plus facile, hein, parier avec l'argent des
autres. C'est toujours plus facile d'inviter quelqu'un d'autre avec... Tiens,
viens-t'en au resto, je t'invite, mais c'est sur la carte des autres. Là, c'est
toute la carte de crédit collective, là, qui est vraiment, vraiment pleine.
Tout ça pour quoi, pour qui?
Il y a un an, vous étiez tous dans la
belle photo. On va faire le plus gros projet manufacturier dans l'histoire du
Québec. Ils ont dit : On a une analyse financière. Donc, on va mettre
7 milliards de dollars d'argent public avec une analyse financière,
on gèle 354 mégawatts pour une jeune pousse ad vitam aeternam, parce qu'il
n'y a personne qui ait cru bon d'écrire une clause de sortie dans le contrat.
Habituellement, c'est de base dans la négociation d'un contrat : on met
les conditions sine qua non pour réaliser, on met un terme, un échéancier, et
on ajoute même des pénalités en cas de non-respect de certaines conditions, et
on se prévoit une clause de sortie. Bien non, notre gouvernement : Ah!
non, non, non, inquiétez-vous pas, tout va bien aller. Or, non seulement la
jeune pousse est dans l'eau trouble, très eau trouble — ça, c'est un
euphémisme — ça ne va pas bien, le gouvernement ne veut pas réallouer
les blocs d'énergie de Northvolt. Je ne comprends pas. L'entreprise elle-même a
offert de réattribuer ces blocs, dans la mesure qu'en 2027 ou 2028, lorsqu'on
en aura besoin, si jamais l'usine voit le jour, ils sont garantis. Puis on a
1 500 mégawatts de disponibles à partir de 2027. Or, il est où,
l'enjeu?
Le seul enjeu que je vois est le
suivant : Est-ce que le gouvernement sait quelque chose que nous ne savons
pas? Permettez-moi de reformuler : Est-ce que le gouvernement doute de sa
propre parole? Parce que, si c'est le cas, il y a des centaines d'entreprises
qui ont soumissionné pour des blocs d'énergie, il faudrait peut-être les
informer que, finalement, quand vous prenez votre crayon pour remplir votre
soumission pour avoir des blocs d'énergie, mais ça se peut que ce soit un
travail futile, parce que les mégawatts promis ne seront pas au rendez-vous dès
2027.
Alors, j'appelle le gouvernement à une
plus grande transparence, parce que Northvolt, dès la semaine passée, dans un
geste de bonne foi et d'ouverture, a dit : Effectivement, puisque notre
entreprise, notre usine, ne sera pas prête en 2026... ils sont capables de
libérer des blocs d'énergie dès maintenant pour ceux qui en ont besoin
aujourd'hui. Pensez aux Forges de Sorel, eux, ils en ont... ils n'en ont pas
besoin de 354, ils en ont besoin de 16, mégawatts. Il y a aussi First
Phosphate, qui, elle... 10 mégawatts pour 100 emplois payants... pardon,
j'ai fait une mauvaise liaison en français, j'entends déjà le mononcle 101
me dire que j'ai mis un s, <100 emplois...
Mme Rizqy :
...pour
100 emplois payants... pardon, j'ai fait une mauvaise liaison en français,
j'entends déjà le mononcle 101 me dire que j'ai mis un s, >100 emplois — merci,
je me corrige — 100 emplois payants au Saguenay, à La Baie,
plus précisément, et là on parle d'emplois, là, bien rémunérés, là, on est dans
le 80 000 $, là, des très, très bons emplois. Eux, ils en ont besoin
de 10. Ils espèrent les avoir d'ici décembre pour lancer leur projet, puis on leur
souhaite. Alors, moi, là, je ne doute pas de la ministre responsable du
Saguenay, de sa bonne foi, mais là j'ai besoin qu'elle parle à sa collègue pour
dire : Écoute, libère les 10 mégawatts pour l'entreprise du Saguenay,
Northvolt n'en a pas besoin maintenant.
Et, nous, vous savez, au Parti libéral du
Québec, on est très conciliant. Si le gouvernement nous dit : Écoutez, on
ne libérera pas 354, mais on va en libérer 100, mégawatts, parce qu'on en
a seulement besoin en 2030, on va dire : Bravo, transparence, la lumière
fut. Ça, ça s'appelle de la bonne gestion non seulement des deniers publics,
mais aussi des ressources naturelles publiques. Parce que, je le dis au
passage, Hydro-Québec n'appartient pas au premier ministre, ni à moi ni à
personne ici. Hydro-Québec appartient à l'ensemble des Québécois. Et les
354 mégawatts réservés qui vont être gelés ad vitam aeternam, ça, ce n'est
pas de la bonne gestion des deniers publics. Et pourquoi je dis maintenant
deniers et non pas des ressources naturelles? Parce que, vous savez, c'est
comme de l'argent à la banque. Les gens intelligents ne mettront pas
354 millions de dollars dans leur compte courant. Généralement, ils
vont essayer de l'investir avec du rendement. Là, nous, non seulement les 354 mégawatts
ne sont pas dans un compte courant, M. le Président, ils sont sous le matelas.
Personne ne l'utilise, ça prend la poussière. Donc, pendant ce temps-là, il n'y
a pas de redevance payée à Hydro-Québec... pardon, il n'y a pas... il n'y a pas
de facture payée à Hydro-Québec et, par conséquent, il n'y a pas de redevance
payée à l'État. Donc, les deniers publics, ça ne rentre pas, là, en ce moment,
l'argent.
Puis le gouvernement, il me semble qu'il
devrait être pressé à vouloir que l'argent rentre, ils ont un déficit
historique de 11 milliards. Il me semble, comme gestionnaire aguerri,
d'autant plus que le ministre des Finances, un homme des HEC, devrait le
savoir, dire : Effectivement, je ne peux pas laisser l'argent dormir.
C'est un ancien banquier. Tous les banquiers savent une chose : l'argent
ne dort jamais. La meilleure façon de faire de l'argent, c'est quand,
justement... quand nous, on dort, l'argent travaille pour vous. Mais nous, en
ce moment, les mégawatts sont carrément, là, ouf, gelés. Alors, moi, honnêtement,
je n'arrive pas, celle-là, à la comprendre.
Maintenant, je ne peux passer sous silence
les choses suivantes. Dans le projet de loi, l'article 38 nous cause
problème. Les entreprises privées vont pouvoir vendre de l'énergie produite aux
occupants d'un terrain adjacent... produite, pas de l'autoproduction.
L'autoproduction, au Parti libéral du Québec, on est d'accord. D'ailleurs, le
député de Jacques-Cartier avait fait cette grande proposition qu'on puisse
permettre à tous les Québécois d'avoir des panneaux solaires sur le toit de
leur maison, de faire de l'autoproduction et de remettre l'excédent à
Hydro-Québec; gagnant-gagnant-gagnant. Et en plus, M. le Président, les
nouvelles batteries permettent d'entreposer l'électricité de sept à 10 jours.
Or, dans les autres États américains, en
Colombie-Britannique, il y a eu des immenses subventions. Aux États-Unis, ils
paient jusqu'à 50 % de la facture, notamment pour le secteur agricole.
S'ils mettent, là, des panneaux solaires sur les établissements et non pas sur
les terres, là, on va faire attention, nous, à nos terres agricoles, M. le
Président, ça, ça permet à la ferme de s'alimenter, en région rurale, à moindre
coût. Et le gouvernement, là-dedans, dans leur programme à eux, 50 %, ils
prennent la facture. Nous, le gouvernement, non, il laisse Hydro se gérer, des
petites subventions. Mais ce n'est pas assez, ça coûte quand même encore assez
cher, les panneaux solaires, même si le prix a beaucoup diminué. Les batteries,
il n'en demeure pas moins, sont quand même assez chères jusqu'à présent.
Mais là, ici, on ne parle pas
d'autoproduction, on parle de produire de l'électricité dans le but de vendre.
N'est-ce pas exactement ça, la mission d'Hydro-Québec, produire de
l'électricité et de la vendre, un monopole que nous avons depuis des années? Et
pourquoi on a créé ce monopole? Surtout, pour qui avons-nous créé, à l'époque,
ce monopole? Adélard Godbout avait compris une chose. Il a été le premier à
vouloir s'assurer qu'on contrôle notre énergie et le coût de l'énergie. Ça, <c'était
le pourquoi. Mais le pour qui, c'est que ce n'était pas...
Mme Rizqy :
...énergie
et le coût de l'énergie. Ça, >c'était le pourquoi. Mais le pour qui,
c'est que ce n'était pas normal que les gens de Rivière-du-Loup, à l'époque,
payaient trois fois plus cher leur électricité que les gens de Montréal. Par la
suite, l'équipe de Jean Lesage, l'équipe du tonnerre qui comptait dans ses
rangs René Lévesque, ont dit : Parfait, on va aller de l'avant, on
nationalise. Ça, c'est courageux.
Alors, pourquoi on retourne en arrière? On
connaît le passé. On sait qu'est-ce que ça donne, d'avoir du privé dans
l'électricité. Il n'y a aucune entreprise privée qui fait dans la charité, là.
La première mission d'une entreprise privée, c'est de faire des profits pour
répondre aux demandes de leurs actionnaires, qui, à chaque année, vont vouloir
plus de profits pour avoir plus de redevances. Alors, les actionnaires, eux,
qu'est-ce qu'ils veulent, en définitive, c'est des dividendes. Et plus leur
chèque de dividendes est important, plus ils aiment ça. Alors, je ne vois pas
pourquoi qu'on a besoin d'aller là. Qui a demandé l'article 38?
• (16 heures) •
Écoutez, en commission parlementaire, il y
a même des gens qui sont venus nous demander de changer le terme «adjacent»
pour «proximité». Donc, on irait encore plus loin, là. Ce n'est pas juste de
produire, mais ce serait pour, par exemple, un pôle. Alors, pourquoi qu'on
entrerait le loup dans la bergerie? Moi, je comprends tous les employés d'Hydro-Québec
qui sont venus. D'ailleurs, je veux dire merci. On a eu une délégation
d'employés d'Hydro-Québec tout le long des consultations ainsi que les
différents groupes syndicaux qui ont été présents sans arrêt pour écouter.
C'est la première fois en six ans, M. le Président, qu'il y a des groupes et
des agents de la société civile, que... depuis le jour un jusqu'à la fin des
consultations, étaient avec nous dans la salle. Ça vous montre la préoccupation
des gens.
En outre, l'article 38, M. le Président,
vous comprendrez qu'on va faire un amendement. Par la suite, je ne peux pas
croire que, jusqu'en 2022, Hydro-Québec, dans ses appels d'offres, demandait
50 % de contenu québécois et 35 % de contenu régional. Et puis, en
2022, on n'a jamais su pourquoi, à la demande de qui, les deux critères ont été
retirés. Il n'y a plus de spécificité régionale, mais il n'y a plus non plus la
notion fait au Québec. Alors, maintenant, le gouvernement a décidé de régler
l'enjeu, il n'y aura tout simplement plus d'appel d'offre. Mais comment
voulez-vous qu'on puisse s'assurer que, dans les appels d'offres
d'Hydro-Québec, il y a du contenu québécois puis du contenu régional, si, dans
les mêmes appels d'offres, ils n'existent plus? Et depuis quand que les appels
d'offres sont synonymes de quelque chose de négatif? Il me semble que les
appels d'offres, c'est bon pour la concurrence, c'est bon pour la transparence,
généralement. Donc, vous voyez, M. le Président, il y a un fil conducteur. Ce
n'est pas vers l'arrière que la CAQ tente de nous faire faire.
Et, aujourd'hui, on a un exemple concret
avec l'article de Thomas Gerbert. Je vais vous dire ma stupéfaction quand je
l'ai lu. Nous, on s'en doutait, mais qu'au tribunal ils lisent les échanges sur
la plateforme Teams des employés du ministère de l'Environnement qui disent que
c'est fait tout croche, qu'ils ont eu de la pression politique, qu'ils se sont
sentis inconfortables et qui ont manifesté leur désaccord à l'interne, qui ont
vulgarisé leur inconfort, qu'ils ont dit : Ça ne passe pas le BAPE... Face
à la pression, ils ont même essayé de trouver une voie de passage :
Faisons un BAPE accéléré de 11 mois. Une fin de non-recevoir. La commande
a été passée, le projet doit passer, tel un rouleau compresseur. Pourquoi? Puis,
encore une fois, pour qui? Qui tenait le fameux crayon pour écrire ce nouveau
cadre? Quand j'entends la ministre se lever en Chambre, aux questions de ma
collègue la députée de Mille-Îles, et de dire, avec le plus sérieux du
monde : Bien, le cadre légal a été respecté... Bien, Mme la ministre,
respectueusement, ce n'est pas ça, la question. Ce n'est pas de savoir si,
aujourd'hui, Northvolt respecte le cadre légal. Qui a tenu le crayon pour
écrire ce nouveau cadre légal? Cette question-là, elle demeure pleine et
entière. Manifestement, on <n'aura pas...
>
16 h (version révisée)
<17883
Mme Rizqy :
...pleine et entière. Manifestement, on >n'aura pas cette
réponse à la période de questions parce qu'il manque… période de questions et
réponses, mais il restera toujours un contre-pouvoir, la Cour supérieure. J'ai
toujours dit : La vérité, vous pouvez peut-être essayer de la ralentir,
mais elle finit toujours par jaillir, M. le Président, et plus on avance dans
ce dossier-là, plus on creuse, plus on se rend compte que le pour quoi n'en
valait peut-être pas la peine, mais le pour qui n'a jamais été dans les
intérêts des Québécois. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Saint-Laurent.
Et, comme prochain intervenant, je
reconnais M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M.
le Président.
On est, aujourd'hui, ici pour commenter un
projet de loi sur son principe. Nous avons déjà appelé à ce que ce projet de
loi soit retiré, le temps d'avoir un vrai plan. Donc, vous ne serez pas étonné,
M. le Président, de voir que nous allons voter contre ce principe. Ceci étant
dit, on pense que c'est important de le commenter aujourd'hui, le commenter sur
ses dérives démocratiques, sur ses dérives écologiques et sur ses dérives
économiques.
Laissez-moi commencer par la question du
coût de l'électricité, car ce projet de loi ouvre grand la possibilité du privé
de prendre de l'espace, de la place, à la place d'Hydro-Québec, dans la
production principalement, mais pas seulement, et j'ai préparé, M. le Président,
quelques graphiques qui, je pense, vous intéresseront pour bien comprendre la
situation.
Voici à quoi ressemble le coût, tout
simplement, de production. Donc, une fois qu'on a payé les fournisseurs, les
salaires, les créanciers... Ah! voilà. Donc, une fois qu'on a payé les
fournisseurs, les salaires, les créanciers, bien, il y a… bien sûr, quand c'est
le privé, il faut payer les dividendes, et juste la partie dividendes... je
vais y arriver, et juste la partie dividendes, d'après une recherche de l'IREQ,
nous a coûté jusqu'à maintenant, de 2006 à 2023, entre 900 millions et 1,6 milliard de
dollars, et, jusqu'à 2035, on s'attend à ce que ça atteigne possiblement les
3,3 milliards de dollars. Sauf qu'il ne faut pas s'arrêter aux
dividendes, M. le Président, et je vais vous montrer les dérives qui ont été
faites dans la production… de la production depuis le début.
D'abord, qu'est-ce que ça coûte au privé?
Prenons une éolienne, disons que pour chaque mégawatt, ça coûte 1 million,
donc, 3 millions, le coût de construction, et ensuite la maintenance sur
20 ans, si on compte 20 000 $ par an, sur 20 ans ça fait un
peu plus de 1 million, donc on est rendus à un peu plus de 4 millions.
Mais, pour la construction, il faut la financer, M. le Président. On la finance
avec des dettes, donc, qu'on prend chez les banques et avec l'argent que les
actionnaires mettent de leurs poches. Les actionnaires, c'est normal, prennent
plus de risques, ils reçoivent, disons, un 12 % de rendement, alors que
les banques en prennent un 8 %. Là, il faut calculer qu'est-ce que ça nous
coûte sur 20 ans, de payer des dividendes, dont on a parlé, aux
actionnaires, mais aussi de payer les banques année après année, évidemment,
pour la partie intérêts. Donc, j'ai rajouté ici la partie intérêts, comme vous
pouvez voir, sur 20 ans encore une fois, on se retrouve avec un coût de
financement où plus de 50 %, 54 % du coût de financement, c'est les
intérêts et les dividendes qu'on paie sur 20 ans, pour une somme de 6,6 millions de
dollars.
Pour le public, M. le Président,
évidemment, il n'y a pas de dividendes, ça fait que tout le financement se fait
avec la dette. Et Hydro-Québec, contrairement au privé, ne se finance pas à 8 %,
mais se finance à même les aides de l'État, a accès <aux dettes de l'État...
M. Bouazzi :
...dettes
de l'État, a accès >aux dettes de l'État, et donc, pour un endettement
sur 20 ans, on est autour... entre 3 % et 4 %, ce qui fait qu'on est
rendus à 4,1 millions de coûts de financement. Ça, c'est 37 % moins
cher, 37 % moins cher que le privé. Donc, pour chaque éolienne, quand on
la construit et qu'on la maintient par le privé, les coûts de maintenance sont
le même coût, mais le coût de financement... parce que non seulement on va
verser des dividendes à chaque année aux actionnaires, ce qui nous coûte,
évidemment, de l'argent, mais aussi on va payer plus d'intérêts aux banques
parce qu'Hydro-Québec paie moins d'intérêts aux banques que le privé. Et d'après
les différentes études qu'on a vues en commission parlementaire — vous
avez ici l'évolution de la place du privé dans la production totale
d'électricité — donc, en 2010, c'était 4,9 %, en 2020, c'est
10,2 %, et, si rien ne change, en 2030, juste basé sur les contrats qui
ont été passés et les projections d'Hydro-Québec, si seulement la moitié part
au privé, on parle de 19 % au privé. Chaque augmentation de production
privée va nous coûter plus cher à nous toutes et tous. Nous allons la payer de
nos poches, à travers nos factures, ou le gouvernement va la payer en recevant
moins de dividendes.
• (16 h 10) •
Alors, il y a quelque chose d'autre,
normalement, qui pourrait nous rapporter d'aller au privé, c'est la question de
la gestion de risques, hein? Le privé prend des risques et il est payé en
fonction du risque qu'il prend, mais pas dans le cas dont on parle, M. le
Président, pas dans le cas dont on parle, et ici je vais vous montrer
l'absurdité que c'est. Aujourd'hui, il y a le marché de l'électricité, où
s'échange le kilowattheure à travers l'Amérique du Nord. J'ai pris, ici,
l'évolution du prix du baril de pétrole sur les trois derniers mois : on a
un max à 78 $ US, un min à 68 $ et une moyenne à 71 $. Ça,
c'est les trois derniers mois, une oscillation autour de 10 %, plus ou
moins. J'ai pris, ici, le bitcoin. On s'entend-tu, M. le Président, que le
bitcoin, c'est donc bien risqué? Eh bien, ça oscille beaucoup plus,
effectivement, de manière journalière que le pétrole, mais on a quand même un
max à 65 000 $, une moyenne à 62 000 $ et un minimum à 55 000 $,
donc une oscillation qui oscille, elle aussi, plus souvent, mais autour de
10 % sur les trois derniers mois.
Voici à quoi ressemble l'échange
d'électricité en Amérique du Nord : un max à 250 $ le mégawattheure,
un min à moins 3 $ le mégawattheure, pour une moyenne à 94 $ le
mégawattheure, une oscillation de plusieurs centaines de pourcentages. Quand on
parle de bitcoin, là, et qu'on pense que c'est risqué à 10 %
d'oscillation, le marché de l'électricité oscille à plus de 100 %, plus de
150 % dans une variation juste de trois mois. Est-ce que vous pensez
sérieusement qu'il y a n'importe quelle institution privée qui va oser investir
dans ce marché-là? Eh bien, il n'y en a pas. C'est aussi simple que ça. Il n'y
en a pas, car ce n'est pas le privé qui prend le risque associé à ces
investissements-là, M. le Président, c'est le public, c'est Hydro-Québec, en
garantissant un prix fixe sur 20 ans, sur 20 ans.
Donc, on se retrouve avec des compagnies
privées qui ne... qui nous coûtent plus cher et qui ne prennent aucun risque.
Et ce risque-là, il a un coût, et c'est Hydro-Québec qui le paie, parce que
quel que soit... à quel coût s'échange le mégawatt ou le kilowattheure sur le
marché instantané, le spot, eh bien, nous allons acheter 0,09$... bon an, mal
an, 0,09$ le kilowattheure, voire même 0,10$ des nouvelles installations
d'éoliennes.
Il n'y a pas que ça qui va nous coûter
cher, M. le Président, il y a aussi le fait que l'ancien ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, M. Fitzgibbon, a distribué
les mégawatts que nous n'avions pas. Il a distribué 2 500 mégawatts pour
des développements économiques. Dans le plan d'Hydro-Québec, ils nous
disent : La partie pour la carboneutralité, c'est 75 %, et la partie
pour le développement économique, c'était 25 %. Bien, figurez-vous <qu'en
18 mois...
M. Bouazzi :
...c'est
75 %, et la partie pour le développement économique, c'est 25 %.
Bien, figurez-vous >qu'en 18 mois M. Fitzgibbon a dilapidé non
pas 25 % du développement économique, mais 30 %. Il a déjà dilapidé
plus que ce que tout ce qu'Hydro-Québec est capable de produire pour le
développement économique. Parce que, faut-il le savoir, M. le Président,
faut-il le savoir, tout ce qui a été distribué n'est pas pour la
carboneutralité, mais juste pour du développement économique. Si c'était juste
ça, mais ils ont tous eu accès à un tarif L autour de 0,05 $, 0,053 $
le kilowattheure, alors que toute la nouvelle électricité, justement celle
qu'on n'a pas, celle qu'il leur a vendue, elle coûte 0,11 $ le
kilowattheure.
Nous avons reçu un mémoire de M. Jean-François
Blain, qui a fait les calculs de qu'est-ce que ça nous coûte, juste le
2 500 watts... mégawatts que M. Fitzgibbon a distribué en
18 mois. Eh bien, la première année, c'est 190 millions, la deuxième,
387, en 2026, on est rendus à 600 millions, etc. On dépasse le milliard
déjà en 2028. Sur 20 ans, d'ici 2043, nous aurons... ça nous aura coûté,
cette décision de 18 mois, 22 milliards de dollars, coûté
22 milliards de dollars, c'est-à-dire que cette électricité-là nous aura
coûté à produire 43 milliards de dollars, et nous allons assumer
collectivement une perte de 22 milliards de dollars.
Il y a d'autres manières avec lesquelles
notre facture d'électricité va augmenter avec ce projet de loi, M. le Président,
c'est que ce projet de loi ouvre plus grand, grand la possibilité du privé de
vendre au privé, la possibilité du privé à vendre au privé. Donc, avant ça, on
avait le droit à de l'autoproduction. Il y avait aussi la possibilité, donc,
d'autoproduire non pas juste sur son terrain, mais sur un terrain adjacent.
Nous allons... Nous avons vu, d'ailleurs, avec l'ancien ministre, M. Fitzgibbon,
à quel point le mot «adjacent» est élastique. Il est élastique de
200 kilomètres carrés, M. le Président, dans Shawinigan, là où TES Canada
s'est installée. Mais là, en plus de ça, nous allons nous retrouver avec des
ventes du privé au privé.
J'ai posé la question à M. Sabia :
Est-ce que ces ventes-là font partie de l'énorme projet que nous a proposé Hydro-Québec
d'ici 2050? Et la réponse, c'était non. Les 180 térawattheures que nous
devons produire d'ici... annuellement de plus d'ici 2050 ne contiennent pas les
ventes du privé au privé. Et vous me direz : Mais pourquoi ça va nous
coûter cher? Bien, ça va nous coûter cher de deux manières différentes, M. le
Président. D'abord, évidemment, c'est des revenus qu'Hydro-Québec n'aura pas
parce que c'est des revenus qui s'échangent du privé au privé, mais pas
seulement, il y a aussi le fait que nous allons engager des dépenses
pharaoniques pour le projet d'Hydro-Québec et que les revenus dépendent,
c'est-à-dire que nous pouvons engager tous ces... toutes ces dépenses-là et se
retrouver à ne pas vendre toute l'électricité que nous avions prévue.
Il y a quelques mois, Hydro-Québec a
annoncé des investissements pour ajouter des gros câbles,
5 000 kilomètres de câbles de très haute tension — 5 000 kilomètres,
là, c'est pratiquement entre ici et Paris — pour un coût qui
oscillerait entre... de 45 à 50 milliards de dollars. Imaginez, là, que, tout
d'un coup, on se retrouve avec des productions du privé au privé et avec des
câbles qui sont sous-utilisés, imaginez tous les milliards qu'on aura mis. Le
projet d'Hydro-Québec, là, il va accaparer 20 % de la main-d'oeuvre qui
travaille dans la construction de tout le Québec. Si on se trompe dans les
calculs, ça va nous coûter une fortune, et malheureusement l'histoire nous a
montré qu'Hydro-Québec pouvait se tromper dans ses calculs.
Comme si ça ne suffisait pas, M. le
Président, ce projet de loi ouvre la porte à ce qu'Hydro-Québec puisse même se
départir de ses barrages, parce qu'il y a une limite, aujourd'hui, à
50 mégawatts pour pouvoir avoir un barrage qui appartient au privé, cette
limite-là va monter à 100 mégawatts, M. le Président. Il y a une liste
ici, devant moi, qui nous a été aussi fournie pendant les consultations, où il
y a toutes sortes de barrages qui sont... dont la puissance est inférieure <à
cinq mégawatts...
M. Bouazzi :
...où
il y a toutes sortes de barrages qui sont... dont la puissance est inférieure >à
cinq mégawatts... à 100 mégawatts, il y en a 13, exactement, et rien ne va
empêcher Hydro-Québec de se départir de ces barrages une fois que le projet de
loi va passer.
Il faut comprendre, M. le Président, que
j'ai posé la question à M. Sabia : Est-ce que vous comptez vous
départir de ces barrages? Et la réponse a été : Bien non, ce n'est pas
dans nos plans, pas tout de suite. Bah! Ça, ça veut dire, évidemment, que ça
peut très bien devenir dans les plans à un moment, mais ça veut aussi dire que
le prochain P.D.G. pourra très, très bien faire ça. Et, comme nous l'avons
démontré tout à fait au début, bien, à chaque fois qu'une installation, une
infrastructure de production électrique sera au privé, bien, ça va nous coûter
plus cher. Et je vous avouerai que cet entêtement idéologique, idéologique, de
garder, de développer la production d'électricité privée dans un espace où il y
a un monopole naturel de l'État, où ça nous coûte une fortune de faire du privé
au privé... et cet entêtement idéologique m'impressionne. Et il est ancré,
hein? Il a commencé avec le Parti québécois du temps de M. Landry et
M. Bouchard. Il a été développé encore plus du temps du Parti libéral. Le Parti
québécois, ensuite, avec Marois, etc. Et maintenant, avec la CAQ, nous
assistons carrément à une déréglementation du secteur pour aller encore plus
loin. Chacune de ces étapes-là nous a coûté cher, et en contradiction avec
l'histoire profonde qui est la nôtre, cette magnifique histoire qu'est la
création d'Hydro-Québec comme un joyau, comme une richesse commune qui nous
assure d'avoir l'électricité moins chère et non pas qui nous assure de financer
le privé.
• (16 h 20) •
Alors, en plus de tout ça, nous avons reçu
toutes sortes de groupes de pression, de grands industriels, de chambres de
commerce, de représentants du patronat qui nous ont dit :
L'interfinancement, il va falloir l'enlever graduellement. Et d'ailleurs le
projet de loi ouvre la porte... la possibilité de changer les règles du jeu
face à l'interfinancement. Ça, ça veut dire que ces industriels nous ont
proposé que la facture des Québécoises et Québécois augmente plus vite que
celle des industriels ou que celle des PME. C'est ça qui nous a été proposé.
Avouez, M. le Président, qu'ils ont du front, ils ont du front.
L'autre chose, aussi, qui va faire que nos
factures vont augmenter — vous comprenez qu'il y en a vraiment
beaucoup, des raisons pourquoi nos factures vont augmenter — c'est
que la grande majorité de la nouvelle électricité qui va être construite, donc
les fameux 180 térawattheures annuels qu'Hydro-Québec voudrait construire
dans les 26 prochaines années, vont aller à l'industrie. Or, si
l'électricité patrimoniale est partagée de manière proportionnelle sur la
totalité de la production d'Hydro-Québec, bien, plus ça va, moins les
consommateurs d'électricité particuliers, les citoyennes et citoyens québécois,
vont avoir accès à l'électricité patrimoniale en proportion de leur consommation.
Ça fait que ça, c'est pour le coût.
Si je résume, ça coûte cher parce qu'on
verse des dividendes au privé, parce que, quand le privé se finance, bien, ça
lui coûte vraiment plus cher que le public, parce que, tout simplement, leur
taux d'intérêt au privé est supérieur à celui d'Hydro-Québec. Ça va nous coûter
cher parce que, quand on vend du privé au privé — c'est ce que permet
ce projet de loi là — bien, Hydro-Québec se prive de revenus et peut
aussi avoir créé des infrastructures qui sont trop grosses par rapport aux
besoins finaux qu'on va avoir pour décarboner et dont le coût va être partagé
sur les factures des Québécoises et Québécois, donc ça n'aura pas le choix
d'augmenter. Ça va coûter plus cher aux Québécoises et aux Québécois parce que
la proportion d'électricité nouvelle qui va être utilisée pour les industries
et les PME est supérieure à celle qui va être utilisée pour les citoyens, et
donc on va diluer l'électricité patrimoniale, qui est celle qui coûte le moins
cher dans la facture des Québécoises, des Québécois, et évidemment <on se
retrouve...
M. Bouazzi :
...l'électricité
patrimoniale, qui est celle qui coûte le moins cher dans la facture des
Québécoises et Québécois, et évidemment >on se retrouve dans cette
situation qui est vraiment malheureuse.
Maintenant, j'ai parlé des questions des
factures des Québécoises et Québécois, il y a deux autres sujets qui sont
importants à aborder : il y a la question climatique, écologique et la
question démocratique. Commençons par la question écologique.
Tous les gens qui sont venus nous voir, M.
le Président, nous ont dit à peu près la même chose, c'est que la transition
énergétique se bâtit sur trois piliers essentiels : l'efficacité, la
sobriété et la production d'énergie propre. Ces trois piliers-là sont
essentiels à la réussite. On en enlève un et on ne réussira pas. Ce projet de
loi au complet est basé sur plus de production d'énergie, rien sur la sobriété,
rien sur l'efficacité, rien. Ce projet de loi ne contient même pas une ligne
pour dire que la carboneutralité en 2050 est un objectif. Ça fait qu'on
pourrait très, très bien faire tout ce qu'il y a dans ce projet de loi et se
retrouver non pas à diminuer, mais à augmenter nos gaz à effet de serre, car ce
projet de loi ne diminue pas un litre d'essence sur nos routes. Il ne fait rien
de ça. C'est une ancienne manière de voir les choses qui date des
années 70, 80, 90, qui est «drill, baby, drill», mais version électrique.
Pourtant, l'efficacité, c'est important, et sans l'efficacité, il n'y aura
pas... Quels sont les objectifs d'efficacité? Il n'y en a pas. La sobriété non
plus.
Je rappelle ce que c'est, hein, parce que
les gens confondent souvent les deux. L'efficacité, c'est tout simplement
passer d'une... je ne sais pas, moi, d'une Honda Civic à essence à une Honda
Civic électrique, parce que les voitures électriques sont à peu près 40 %
plus efficaces, évidemment, en plus du fait qu'elles produisent moins de gaz à
effet de serre. La sobriété, c'est de passer d'un Hummer à un vélo électrique,
par exemple. Ça, c'est faire preuve de sobriété, c'est-à-dire non pas juste
faire la même chose de manière efficace, mais, évidemment, en faire aussi moins,
parce que notre planète ne peut pas continuer à soutenir le rythme de nos
développements tels qu'ils ont été conçus depuis, disons, les 50 dernières
années surtout.
Et c'est d'autant plus important, M. le
Président, c'est que, dans le projet d'Hydro-Québec, qui est à peu près le seul
plan qu'on a, hein, qui n'est pas le plan du gouvernement, dans le projet
d'Hydro-Québec, on nous dit : Hydro-Québec, en 26 ans, va produire
180 térawattheures, 180 térawattheures en 26 ans. Pour vous
donner une idée, pour vous donner une idée, le complexe de La Romaine, qui
est, donc, composé de quatre barrages, produit 8,5 térawattheures,
8,5 térawattheures. Ça nous a pris 11 ans, de produit ça. Ce qu'on
nous dit, là : En équivalent complexe de La Romaine, nous allons produire,
tenez-vous bien, plus de 20 fois le complexe de La Romaine, plus de 80
équivalents au barrage du complexe de La Romaine en 26 ans. On va faire ça
en 26 ans, alors que le complexe nous a pris 11 ans à produire, à
construire, M. le Président. Moi, j'ai posé la question à des spécialistes,
dont M. Mousseau, par exemple, pour lui dire : Mais les chances d'y
arriver sont de combien, là? Elles sont nulles. Il n'y a pas un ingénieur qui
pense sérieusement qu'on a la moindre chance de réussir un projet aussi
ambitieux. Donc, dans les faits, nous savons que nous n'allons pas réussir à
produire autant d'électricité, autant commencer là où on sait qu'on a... que
chaque dollar investi est un gain, qui est les dollars de l'efficacité et,
évidemment, les changements de comportement qui entourent la sobriété
énergétique. Or, dans ce projet de loi, il n'y a rien.
• (16 h 30) •
Ce projet de loi, donc, ouvre la porte à
la privatisation, ne parle pas de sobriété, ne parle <pas d'efficacité...
>
16 h 30 (version révisée)
<19305
M.
Bouazzi :
...ouvre la porte à la privatisation, ne parle pas de
sobriété, ne parle >pas d'efficacité, mais il ne nous dit pas pourquoi, car
ce projet de loi arrive avant le plan. Ce projet de loi nous dit :
Attention, j'ai mis dans le projet de loi que je dois planifier. Aïe! Depuis
quand on a besoin d'un projet pour planifier, M. le Président? C'est quand même
incroyable. C'est quand même incroyable. C'est incroyable. Je vous dis,
vraiment, moi, ça fait juste deux ans que je suis élu, là, c'est comme... c'est
surprise après surprise, mais celle-là, elle est grosse, quand même. On ouvre
la porte à la privatisation. On est sûrs d'une chose, c'est que les factures
des Québécoises et Québécois vont augmenter. On est sûrs d'une chose, c'est que
les piliers les plus importants de la transition, qui sont l'efficacité et la
sobriété, ne sont pas présents, mais on n'a pas de plan. On ne vous dit pas
pourquoi. On vous le dira plus tard, dans un an, dans deux ans, faites-nous
confiance. Vraiment, vraiment, on va faire confiance?
Moi, le premier projet de loi sur lequel j'étais,
c'était le projet de loi n° 2. Le projet de loi n° 2, M. le Président,
visait à bloquer les augmentations de tarifs d'Hydro-Québec de 3 %. O.K.,
dans le projet, le ministre Fitzgibbon, à l'époque, là, il rajoute une section
pour dire : À partir de maintenant, tous les projets de 100 mégawatts
et plus, ils vont passer sur mon bureau pour être autorisés, sur mon bureau
pour être autorisés. À l'époque, je me souviens, moi, je venais d'une
institution financière publique. Les questions de gouvernance, pour moi,
étaient juste évidentes. Et puis évidemment les questions de gouvernance à l'Assemblée
nationale, dans nos projets de loi, dans nos ministères, pour moi, étaient
juste évidentes, qu'il fallait les respecter.
Imaginez, M. le Président, ne pas avoir
accès à l'électricité en 2024, là, c'est avoir le pouvoir de vie ou de mort sur
les industries. Cinq mégawatts, là, c'est n'importe quel projet d'extension, d'agrandissement,
d'amélioration d'efficacité, d'ouverture d'une nouvelle compagnie. Tout ça, ça
déploie cinq mégawatts. Bien, il y a quelqu'un, un homme, là, pas une
administration, un homme, là, qui s'est donné le droit lui-même de dire :
Toi, oui, toi, non, toi, je te le donne, toi, je ne te le donne pas. Il se
gargarisait, hein : Ah! j'ai reçu 10, 20, 30, 40, 50 projets, c'est
moi qui décide.
Les critères, vous ne les avez pas vus, M.
le Président. Vous ne les avez pas vus parce qu'ils ne sont pas publics. On se
demande s'ils sont écrits quelque part. Ils sont peut-être là, dans la tête du
ministre. Le processus, dans une gouvernance normale, c'est qu'il y a quelqu'un
qui définit les critères et une autre personne qui regarde si les critères sont
rencontrés ou pas. Ça, c'est un processus normal, sans compter, évidemment, que
et les critères sont publics et les résultats de l'analyse sont publics.
Donc, une compagnie qui arrive, fait une
demande, quelqu'un d'autre avait fait les critères, on les regarde, on dit :
Oui, O.K., oui, non, est-ce que ça participe à la diminution de gaz à effet de
serre, est-ce que ça participe à créer de la richesse, à créer de l'emploi,
etc. On a un certain nombre de critères, voici pourquoi, évoluer… Et puis, à la
fin, on dit : Bien là, on ne vous donne pas l'électricité ou on vous donne
l'électricité pour telle ou telle raison. Rien de tout ça! Pas même une
procédure d'appel, vous êtes refusé, votre compagnie va mourir, votre industrie
ne survivra pas, vous n'avez pas de procédure d'appel. Wow! Wow! Et là on nous
dit : Faites-nous confiance. Il n'y a pas de plan. Il n'y a pas de plan,
mais faites-nous confiance, ouvrons la place à la privatisation. Vraiment? Vraiment.
Il faut avoir du front. Il faut avoir du front, M. le Président.
Ça fait que, d'un point de vue
démocratique, on repassera, deux semaines, deux semaines, six jours pour
écouter des groupes, avec un exercice auquel on commence à s'habituer, mais, je
dois avouer, sur un projet aussi important, c'est quand même quelque chose, une
sous-sous-sous-représentation des groupes écologiques, des syndicats. Vous vous
imaginez, Greenpeace n'était pas là. On a dû se battre même pour avoir le front
commun où tout le monde est. L'IRIS n'était pas là. Le syndicat d'Hydro-Québec <n'était
pas là…
M. Bouazzi :
...le
syndicat d'Hydro-Québec >n'était pas là, imaginez, imaginez. C'est ça,
le grand débat sur la suite de l'énergie au Québec? Imaginez.
Et là on nous dit : Faites-nous
confiance, mais oui, on aime la démocratie, etc., faites-nous confiance,
ouvrons la place au privé, ouvrons la place à avoir plus... plus de frais, des
factures plus élevées, ouvrons la place à moins de prévisibilité pour les
industries. Parce que la ministre, elle pourrait, là, corriger la situation du
manque de gouvernance totale sur qui reçoit de l'électricité ou qui ne la
reçoit pas. Il n'y a aucune, aucune volonté de faire ça. Aïe, aïe, aïe! C'est
quelque chose pareil. C'est quelque chose pareil. On a l'impression que les
rapports du GIEC n'existent pas. On a l'impression d'être encore bloqués dans
des raisonnements des années 80, M. le Président.
Le dernier...lLa dernière chose que je
voudrais aborder, c'est un conseil, en fait, à la ministre. Je sais que c'est
quelqu'un qui travaille très fort. Je sais que c'est quelqu'un qui sait bien
s'entourer. Je l'implore vraiment de commencer à travailler tout de suite avec
des partenaires pour avoir un véritable plan, avec des échéanciers, où il y a
un moment où on a consommé tant de pourcentage de moins d'essence ou un moment
où on a déplogué tel pourcentage de moins de gaz fossile, où il n'y aura plus
de mazout. Et, comme ça, les courbes, d'un côté, descendent et, de l'autre,
augmentent. Parce qu'à date, là, c'est d'une opacité incroyable.
Je vous ai dit, M. le Président, tout à
l'heure, que le 180 térawattheures représentait plus de 20 fois
La Romaine, le 180 térawattheures qu'on doit produire en 26 ans.
Mais pourquoi, en fait, on a besoin des 180 térawattheures? Est-ce que
vous avez vu l'analyse qui nous explique à quel point c'est important de
doubler la taille d'Hydro-Québec? Mais moi, je ne pense pas que vous l'avez
vue, M. le Président, parce que personne ne l'a vue. On a eu un premier
ministre qui est sorti à un moment, il a dit : J'ai besoin de 50 % de
plus d'Hydro-Québec. Puis ensuite il y a eu une étude de Dunsky qui a
dit : Bien, 66 % de plus. Puis ensuite il y a Hydro qui est sortie,
qui a dit... On a l'impression que c'est... c'est la bourse, là, c'est :
un jour, ça monte, un jour, ça descend. En fait, ça ne fait que monter. C'est
juste que c'est des coûts, tout ça, là, c'est 180 milliards de
dollars. Si on capote, là, parce qu'il y a un 4 milliards de déficit
structurel dans nos... dans nos budgets, là on s'apprête à dépenser
180 milliards en 26 ans.
Eh bien, moi, je vous dis, honnêtement, je
ne le comprends pas, le 180 térawattheures. Je ne l'ai pas vue, la...
l'équation, et je ne la comprends pas. Je ne la comprends pas et puis je vais
me permettre, j'ai un peu de temps, de développer un peu pourquoi.
Aujourd'hui, là, il y a 50 % de
l'énergie qu'on consomme qui est électrique, donc, dans l'extrême majorité,
électrique verte, qui ne produit pas de CO2,
et l'autre 50 %, c'est du fossile. C'est beaucoup le transport,
évidemment, avec l'essence, mais pas seulement, le gaz fossile, etc. Si on
prend le 50 % qu'on consomme qui est du fossile et qu'on le transforme au
complet en électrique, bien, l'électrique est plus efficace que l'essence,
c'est-à-dire qu'il consomme moins de joules. Une voiture électrique est
beaucoup plus efficace qu'une voiture thermique, d'ailleurs, qu'on appelle, pas
par hasard, c'est parce qu'il y a beaucoup de perte d'énergie. Une voiture, ça
chauffe. Cette chaleur-là, on la perd, n'a aucun intérêt. Il y a toutes sortes
de choses comme ça qui font que, quand on passe à l'électrique, bien, on
consomme moins de joules, moins d'énergie. Ça fait que, bon an, mal an, là, on
est 50 % plus efficaces sans faire d'effort.
• (16 h 40) •
Ça fait que, là, ça, vous me direz :
Bien, ça, c'est un demi-Hydro-Québec. Mais on est quand même capables d'être
plus efficaces. On est capables d'isoler des murs pour consommer moins
d'électricité. On est capables de changer ce que le ministre de l'Économie de
l'époque appelait des grille-pains, là, les fameuses plinthes pour mettre des
thermopompes. On est capables de mettre des meilleurs <procédés...
M. Bouazzi :
...les
fameuses plinthes pour mettre des thermopompes. On est capables de mettre des
meilleurs >procédés qui nous permettent de consommer moins
d'électricité. On est capables aussi de construire du transport en commun pour
ne pas remplacer chaque voiture à essence par une voiture électrique. On est
capables d'avoir une deuxième... à la place d'avoir une deuxième voiture, avoir
une voiture électrique et un vélo électrique. On est capables de faire bien des
choses qui font qu'on est capables de consommer moins. Donc, si on oublie les
nouvelles choses, si, juste, on carboneutralise tout ce qu'on a chez nous et
qu'on s'applique, par exemple, les objectifs d'efficacité que l'Allemagne s'est
donnés, bien là, tout d'un coup, on est à 8 %, 10 % de plus de
consommation... 10 % de plus.
Là, ce qu'il nous propose, c'est une
augmentation de 100 %. Il nous propose un projet de loi qui est basé sur
cette augmentation-là. On ne l'a pas vue, l'analyse, on ne sait pas pourquoi on
a besoin d'autant d'électricité. On ne sait même pas si ça diminue nos
consommations d'énergies fossiles, on ne sait même pas si ça diminue nos gaz à
effet de serre. En fait, on est sûrs qu'on serait même capables d'augmenter les
gaz à effet de serre avec un tel projet de loi parce qu'il ne règle pas les
problèmes frontalement. Il ne se donne pas des règles du jeu qui permettent de
s'assurer de baisser les gaz à effet de serre.
Ça fait que j'espère de tout mon cœur que
la ministre va entendre raison et écouter tous les groupes qui sont passés pour
leur dire : S'il vous plaît, là, présentez-nous un plan, on veut rentrer
en dialogue avec ce plan-là. Les industriels, les PME, les groupes écologiques,
les groupes citoyens, les groupes de défense des consommateurs, les maires et
mairesses, nous devons penser cette transition ensemble, car elle n'est... ne
peut pas être simplement une augmentation de production, là. C'est un
changement de notre société, cette transition énergétique. C'est un changement
de paradigme. Et c'est la seule condition qui pourra faire, un, que ce soit une
réussite, mais que ce soit une réussite aussi parce qu'il y aura de
l'acceptabilité sociale. Car, sans démocratie, il n'y aura pas d'acceptabilité
sociale. Sans justice, il n'y aura pas d'acceptabilité sociale, parce qu'il va
falloir de la justice climatique.
Aujourd'hui, là, le 50 % le moins
nanti au Québec, là — il n'est pas pauvre, là, 50 %, là — 4 millions
et demi de personnes produisent en moyenne cinq tonnes de CO2 par
personne. Le 1 % le mieux nanti en produit 97. On parle beaucoup de la
moyenne qui est à neuf, là. Si le 50 % le mieux nanti produisait autant de
CO2 que le 50 % le moins nanti, on aurait déjà atteint nos
objectifs de 2035.
À qui allons-nous demander des efforts? Ce
projet de loi n'y répond pas. Il n'y répond pas. Or, sans justice climatique,
il n'y aura pas de transition climatique, car il y aura résistance, et
résistance à juste titre, et résistance à juste titre.
Aïe, aïe, aïe! C'est... C'est triste. Nous
avons attendu ce projet de loi vraiment longtemps, vraiment longtemps, et nous
nous retrouvons devant ce projet de privatisation qui n'est pas un projet de
transition énergétique. Et donc, pour toutes ces raisons, M. le Président, nous
allons, avec beaucoup de tristesse, voter contre ce principe, car le principe
n'est pas le bon. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Maurice-Richard.
Je vous informe qu'un débat de fin de
séance se tiendra aujourd'hui, à 18 h 30. Ce débat portera sur une
question adressée par Mme la députée de Bourassa-Sauvé à Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur concernant le laxisme du gouvernement caquiste en
matière de rémunération des stages.
Nous poursuivons toujours sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 69, et je reconnais maintenant M. le
député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Merci, M. le
Président. J'aimerais commencer par remercier toutes les Québécoises, tous les
Québécois, tous les organismes qui ont participé à ce qui a tenu lieu de débat
public jusqu'à maintenant sur le projet de loi n° 69. Je vais y revenir.
Ce n'est pas le débat public que nous <espérions...
M. Paradis :
...organismes
qui ont participé à ce qui a tenu lieu de débat public jusqu'à maintenant sur
le projet de loi
n° 69. Je vais y revenir. Ce
n'est pas le débat public que nous >espérions, ce n'est pas le débat
public dont nous avions besoin avant d'aborder le projet de loi n° 69,
mais beaucoup de personnes sont venues notamment en consultations
particulières. Il y a 75... 74 mémoires déposés aujourd'hui, donc, de gens qui
ont pris la peine de nous écrire. Que ces personnes sachent qu'elles ont été
lues. Nous avons eu près d'une quarantaine d'organismes et de personnes qui
sont venus témoigner en consultations particulières, et je voudrais les
remercier.
Je déplore déjà que ces consultations avaient
un objectif très limité. Chaque personne, chaque organisation arrive, a
10 minutes pour présenter son point de vue et ensuite pour répondre aux
remarques des députés. Ce n'est pas la nature, donc, de la consultation qu'on
attendait parce que ça ne permet pas à ces intervenants d'eux-mêmes poser des
questions, de proposer, de dialoguer. Alors, je vais y revenir. Mais, quand on
dit que ce n'était pas la consultation attendue, c'est ça.
Néanmoins... Et, en plus, les personnes
qui sont venues sont venues par choix du gouvernement. C'est le gouvernement
qui a décidé qui allait venir et qui n'allait pas venir. Et il y a beaucoup de
gens qui ont demandé à être entendus et dont la demande n'a pas été acceptée.
Mon collègue de Maurice-Richard l'a mentionné, mais on a été stupéfaits
d'entendre que les travailleurs d'Hydro-Québec, les artisans du secteur de
l'énergie, ceux qui sont au cœur de tous les sujets dont on parle n'ont même
pas été convoqués. Ce n'est qu'une illustration, mais il y a plusieurs
organisations qui ont une grande expertise, qui ont des points de vue qu'on
devait entendre et qui n'ont pas été invitées. Mais néanmoins je remercie tous
celles et ceux qui ont pris la peine de dialoguer avec nous.
J'aimerais remercier la ministre. Elle a
commencé sur les chapeaux de roues son nouveau mandat. Elle venait d'être
nommée. Je sais que ça n'a pas été facile pour elle d'arriver dans un train en
marche, je la remercie, de même que toute l'équipe du ministère qui a participé
à la présentation... à la préparation du projet de loi. Et je remercie aussi
mes collègues, bien, en fait, les collègues députés des banquettes
gouvernementales et tous mes collègues des groupes d'opposition. Je pense qu'on
a travaillé avec sérieux, malgré nos grandes réserves sur ce projet de loi n° 69.
Projet de loi, en effet, annoncé en grande
pompe par le gouvernement depuis longtemps, qui devait donner beaucoup de
réponses aux nombreuses questions qu'on pose depuis des semaines, des mois, des
années à ce gouvernement, à savoir : Mais où va-t-on avec l'avenir
énergétique, économique et même social du Québec? Et on nous a présenté, donc,
le projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance
responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions
législatives. M. le Président, le ver est déjà dans la pomme du titre parce
qu'on nous parle de gouvernance responsable, et il y a plusieurs problèmes,
dans ce projet de loi là, qui sont justement des problèmes de gouvernance. Le
processus qui a mené à la présentation du projet de loi est un problème de
gouvernance. Et ce qu'on retrouve dans ce projet de loi, c'est un problème de
gouvernance. Alors, c'est un petit peu ironique qu'on nous dise que c'est une
loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques du Québec.
Mon intervention va se concentrer sur
trois points principaux, M. le Président : la question de la facture
d'électricité pour les Québécoises et les Québécois, la question de la
privatisation et la question de la planification, donc de la gestion, de la
façon dont le gouvernement a présenté ce projet de loi.
D'abord, sur la question de la facture
d'électricité — parce que c'est celle qui concerne 9 millions de
Québécoises et des Québécois, qui veulent savoir qu'est-ce qui va se passer
avec leur facture d'électricité — qu'est-ce qui va se passer avec
cette facture, dans le contexte où, à partir de la création d'Hydro-Québec, en
1944, mais surtout à partir de la nationalisation de l'électricité, en 1962, on
a fait d'Hydro-Québec, on a fait du secteur de l'énergie, la colonne vertébrale
de l'économie du Québec? On a fait d'Hydro-Québec, du secteur de l'énergie, un
instrument d'émancipation, de libération du peuple québécois à travers cet
outil fort qui a démontré notre< génie, parce que, M. le
Président, il faut se souvenir...
M. Paradis :
...cet
outil fort, qui a démontré notre >génie. Parce que, M. le Président, il
faut se souvenir qu'au début les gens ne croyaient pas aux Québécois. Quand
Jacques Parizeau et d'autres ont dit : Nous allons construire les plus
grands barrages de la planète et nous allons devenir des géants de la
production d'électricité, ils ont fait rire d'eux à Toronto. Les gens ne
voulaient pas leur prêter de l'argent. On leur disait : Bien non, vous
êtes trop petits, vous êtes habitués à un petit pain, vous ne pourrez pas faire
ça. Jacques Parizeau et tout ce groupe-là, ils sont allés à New York pour
emprunter de l'argent, ce qu'on a eu. Et on a réussi, à travers ces actions
fortes, courageuses, à construire notre bien collectif, notre richesse
collective. C'est un symbole par excellence de ce qu'on sait faire de mieux au
Québec, du génie québécois, de la force des bras des Québécoises et des
Québécois. C'est nous, Hydro-Québec, c'est à nous.
• (16 h 50) •
Et, quand on parle des profits que génère
Hydro-Québec, on parle de l'argent qui sert notamment à payer les services
publics, à faire en sorte qu'on a des services publics en éducation, en santé,
pour toutes les Québécoises et les Québécois, et j'en passe, les routes, etc. C'est
de ça dont on parle. Donc, c'est un bien commun, et il y a un pacte qui vient
avec ça. Ce pacte, c'est qu'on a dit que les Québécoises et les Québécois vont
payer des tarifs abordables pour l'électricité parce que ça fait partie, donc,
du socle sur lequel on a bâti le Québec moderne.
Donc, qu'est-ce qui se passe avec les
tarifs d'électricité? On a un gouvernement qui fait des communications,
beaucoup de communications, en nous disant : Nous vous garantissons que
vos tarifs d'électricité n'augmenteront pas de plus de 3 % par année, le
taux d'inflation, jusqu'à un maximum de 3 % par année. Puis là on nous
dit : Tant qu'on va être là, c'est ça, la règle, 3 %. Beaucoup de
communications, mais, sur cette question-là, le gouvernement ne joue pas
franc-jeu. Le projet de loi n° 69, ce n'est pas ce qu'il dit, ce n'est pas
ce qu'il prévoit, et c'est ça, le problème, sur la question du coût de
l'électricité, dire une chose, faire son contraire.
Qu'est-ce que le projet de loi, il
prévoit? Bien, il prévoit, d'abord, qu'on retourne à la Régie de l'énergie une
série de pouvoirs et de fonctions qu'on lui avait retirés, par décision de ce
même gouvernement, d'ailleurs. On avait édenté la Régie de l'énergie, on s'est
rendu compte que c'était une mauvaise idée, on retourne un certain nombre de
pouvoirs à la Régie de l'énergie. Fort bien. Et donc le premier principe, c'est
qu'on dit : Sur la fixation des tarifs, c'est la Régie de l'énergie qui va
avoir ce pouvoir-là à partir de maintenant.
Mais là il y a d'autres articles qui
disent d'autres choses. Il y a l'article 130, d'abord, qui ouvre la porte
à une forme de tarification dynamique. Bon, fort bien, on peut avoir un débat
sur cette question-là, qui est liée à celui de la sobriété, de la transition
énergétique, mais on ne l'a pas eu encore, ce débat-là, et je vais y revenir.
Mais est-ce que cette ouverture à la tarification dynamique signifie une
augmentation des coûts d'électricité notamment pour certains ménages qui
vivent, par exemple, dans des immeubles ou dans des logements qui sont moins
bien isolés et que, pour eux, ça va être plus difficile de faire appel à ces
nouveaux mécanismes là, qui, eux, vont continuer à payer plus cher? C'est
probable, c'est possible que ce soit le cas.
Il y a aussi et surtout l'article 75
du projet de loi. Puis c'est important de le lire parce que, là, ce n'est pas
le député de Jean-Talon qui parle, c'est le projet de loi qui parle.
L'article 75, il édicte une nouvelle loi, puis c'est la Loi concernant un
programme d'aide financière visant à limiter l'impact de la hausse des tarifs
de distribution d'électricité d'Hydro-Québec pour la clientèle domestique.
Alors, si on a un article du projet de loi, qui en contient, là, plusieurs
autres, là, qui édicte cette nouvelle loi là qui prévoit tout un mécanisme et
un programme pour gérer les impacts de la hausse des tarifs d'électricité pour
les tarifs domestiques, comment peut-on prétendre qu'il n'y en aura pas, de
telles hausses? C'est ce que dit le projet de loi.
Le projet de loi prévoit, pour gérer ce
programme-là, la création d'un fonds, dont on peut présumer qu'il va
fonctionner comme suit, M. le Président. Le projet de loi semble nous
dire : Il va y avoir une augmentation du coût de production de
l'électricité jusqu'à x, y, mais peut-être qu'on va vouloir le <limiter...
M. Paradis :
...xy,
mais peut-être qu'on va vouloir le >limiter, dans la facture des clients
d'Hydro-Québec, à un pourcentage x. Néanmoins, il va y avoir une hausse plus
importante et là il va falloir compenser cette hausse-là. Et, pour compenser
cette hausse-là, c'est là que vient, qu'arrive ce fonds dont on parle, le Fonds
d'aide à la clientèle domestique d'Hydro-Québec, affecté au versement des
sommes nécessaires à Hydro-Québec pour l'administration du programme dont on
vient de parler.
Et là, plus loin, dans le projet de loi,
on le dit, qui va payer pour ce fonds-là. Qui va payer, M. le Président? Les
contribuables, M. et Mme Tout-le-monde. Donc, M. et Mme Tout-le-monde vont
payer plus cher pour un fonds qui va servir à compenser la différence entre le
réel coût de production de l'électricité et celui auquel on voudrait le
maintenir éventuellement. C'est donc dire que, le projet de loi, ce qu'il dit
clairement par ce fonds-là, c'est que les contribuables vont finir par payer
plus cher.
Nous, on a vu ça dans le projet de loi,
donc j'ai demandé à plusieurs organisations ce qu'ils en pensaient. Est-ce que
ça veut dire... Je leur posais toutes la... à tous et toutes la question :
Est-ce que ça veut dire qu'à la fin du compte, en fin de compte, les gens vont
payer plus cher? La Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal a
dit oui, l'Institut de l'énergie Trottier, Polytechnique Montréal, même chose,
Option Consommateurs, l'Union des consommateurs, l'Association québécoise des
consommateurs industriels, les regroupements nationaux des conseils régionaux
de l'environnement, l'Association des professionnels de la construction et de
l'habitation du Québec, la Centrale des syndicats du Québec, le Regroupement
des organismes environnementaux en énergie, Jean-François Blain, analyste du
secteur de l'énergie m'ont tous dit la même chose. Il y a même un expert qui a
dit, je le cite, que «c'était un stratagème comptable et financier qui nous
était proposé par le projet de loi». Pour ne pas dire que, oui, la facture
d'électricité va grimper. Mais c'est le cas, ça va arriver.
Il y a d'autres, aussi, qui l'ont dit,
mais d'une autre façon, en parlant de l'interfinancement. La fédération de
l'entreprise indépendante, le conseil... le Conseil patronal de
l'environnement, le Conseil du patronat du Québec aussi l'ont dit, ils
disent : On salue le fait que le projet de loi prévoit la fin de
l'interfinancement. Puis là ils demandent qu'il y ait moins d'interfinancement.
De quoi s'agit-il, M. le Président, qu'est-ce que ça veut dire, «l'interfinancement»?
Ça, c'est un bon... c'est un beau mot pour parler de ce pacte que j'évoquais
tout à l'heure, M. le Président, c'est-à-dire qu'on a décidé que les tarifs
d'électricité allaient rester abordables pour les foyers. Et ça veut dire que
l'industrie et les entreprises paient une part différenciée aussi des coûts
globaux de production d'électricité au Québec. C'est ça, l'interfinancement.
Alors, quand on a des entreprises puis quand on a une industrie qui saluent la
fin de l'interfinancement et qui mentionnent la création du programme pour
compenser les effets de la fin de l'interfinancement pour les foyers, c'est ça
que ça veut dire. Ça veut dire que M. et Mme Tout-le-monde, que les clients
résidentiels vont payer plus cher. Alors donc, ça, c'est le premier problème
principal, pour nous, de ce projet de loi là, sur la question, donc, du coût de
la facture d'électricité.
Et tout ça, c'est lié à l'ensemble des
choix du gouvernement, dont on sait peu de choses. Je vais y revenir à la fin
sur cette question-là, sur la planification et le plan du gouvernement. Mais
qu'est-ce que le gouvernement nous a dit, avant de présenter le projet de loi n° 69,
sur ses intentions quant à l'interfinancement, sur ce pacte fondateur de la
nationalisation de l'électricité, qu'est ce qu'il nous a dit sur la part, donc,
des foyers résidentiels par rapport à ceux des entreprises... à celle... à la
part des entreprises, des PME, par rapport à celle de l'industrie? Ça a été au
cœur des consultations particulières, mais on n'a pas eu la vision du
gouvernement.
• (17 heures) •
Ici, on l'a entendu en Chambre : Oui,
bon, les passe-droits, les tarifs préférentiels pour l'industrie, «basta!», a
dit la ministre. Mais c'est beau comme slogan ici, à l'Assemblée nationale,
mais ça vient avec tout un plan global sur la gestion des tarifs pour
l'ensemble des Québécoises et des Québécois, notamment les foyers, mais aussi
les entreprises, les PME et les industries. Ça a des impacts, les choix du
gouvernement qui sont différenciés. Il y a beaucoup des gens des PME qui sont
venus nous dire : Oui, mais là, pendant qu'on a protégé les <tarifs
ici et là...
>
17 h (version révisée)
<19999
M. Paradis :
...qui sont différenciés. Il y a beaucoup des gens des PME qui sont
venus nous dire : Oui, mais là, pendant qu'on a protégé les >tarifs
ici et là, bien, nous, les PME, nos tarifs ont monté, puis pourquoi cette
préférence-là, notamment pour des entreprises étrangères par rapport à des
entreprises québécoises? Bonne question.
Ensuite, il y a beaucoup d'organisations...
certaines organisations, on aimerait... on aurait aimé qu'il y en ait beaucoup
plus, mais certaines organisations sont venues nous parler au nom des foyers,
au nom des personnes qui sont en situation de vulnérabilité, au nom des
personnes qui ont de la difficulté à trouver leur voix dans un débat comme
celui-là, nous rappelant qu'on était loin de nos objectifs sur l'efficacité
énergétique, sur l'isolation des maisons québécoises, sur des programmes d'efficacité
d'énergie. Mais ils nous ont dit : Attention, parce que ce qu'on voit dans
ce projet de loi là pourrait faire encore plus mal aux personnes les plus
vulnérables au Québec, et ça, c'est un pensez-y-bien pour le gouvernement et
pour nous toutes et tous, comme députés.
Toute la question de la sobriété et de la
décarbonation, là non plus, on ne sait pas exactement... bien, je dis
«exactement», on ne sait pas quel est le plan du gouvernement, quelles sont nos
cibles, qu'est-ce qu'on a retenu des études, des analyses les plus récentes qui
ont été déposées sur ces questions-là. Est-ce que, vraiment, on a besoin d'une
telle augmentation de la capacité de production ou est-ce qu'on ne voudrait pas
plutôt travailler sur notre efficacité énergétique, y compris du côté
industriel? Est-ce qu'on n'a pas procédé à l'envers en allant vendre notre
électricité pas chère à l'étranger, et en récoltant tout un paquet de projets,
puis en disant : Ah! bien là, maintenant, il faut répondre à cette
demande-là puis donc il faut produire plus? Ça, M. le Président, on ne le sait
pas... ou Mme la Présidente — bonjour, Mme la Présidente — donc,
ça, on ne le sait pas.
Quelle est la part que le gouvernement
veut faire jouer sur la question de l'efficacité par rapport à la sobriété, par
rapport à l'augmentation de la production? On ne le sait pas. Quelles sont ses
cibles? Comment voit-il... compte tenu des dernières données disponibles et des
derniers développements dans... notamment dans la filière batterie, que
pense-t-il des cibles qu'on s'est fixées sur le nombre de voitures électriques
qu'on veut sur les rues... dans les rues du Québec? On ne le sait pas.
Alors, ça, c'est sur la question, donc, et
tous ces choix-là ont un impact sur la question des tarifs pour les Québécoises
et les Québécois, et on a beaucoup plus de questions que de réponses dans le
projet de loi n° 69. Quoiqu'on a une certitude :
le projet de loi n° 69, ce qu'il prévoit, c'est une
augmentation des tarifs. C'est ce que les experts nous ont mentionné dans leurs
mémoires et dans leurs réponses.
Bon, deuxièmement, la privatisation du
secteur de l'énergie, parce que, oui, le projet de loi n° 69
prévoit une privatisation du secteur de l'énergie, comment arrive-t-elle?
Différents moyens.
Il y a d'abord l'article 38, Mme la
Présidente, qui autorise les entreprises privées à produire et à vendre de l'énergie
à d'autres entreprises privées. Bon, là, on nous dit : Bien, il va y avoir
de l'autoproduction, là-dedans, puis là tu vas pouvoir peut-être prendre une
partie de ta production, la vendre à une entreprise qui est adjacente. Très
bien. C'est quoi, une entreprise adjacente? Est-ce que le projet qu'on nous a
présenté comme le projet modèle, celui de TES Canada, est un exemple de ce qu'on
veut faire? Parce que, si c'est ça qu'on veut faire, alors là on ouvre la porte
toute grande à la privatisation. Parce que, là, ici, on parle d'un parc d'éolien
qui est situé pas mal loin de l'usine de production d'hydrogène, puis là à qui
on voudrait vendre cette production-là? Est-ce qu'ils sont vraiment adjacents?
Est-ce que c'est le terrain d'à côté? On ne le sait pas.
Donc, ici, il y a une porte ouverte à la
privatisation et plus de privé. Pourquoi se priverait-on de la possibilité que
ce soit le Québec, à travers Hydro-Québec, qui vende cette énergie-là dont d'autres
entreprises ont besoin? Pourquoi on laisserait des entreprises privées la
vendre à d'autres entreprises privées? C'est une grande question philosophique
qui vient contrecarrer le principe de la nationalisation de l'électricité en
1962.
L'article 83, par exemple, élargit
les cas où l'État peut permettre l'utilisation des cours d'eau par des
entreprises privées. Donc, on donne plus de possibilités au privé d'utiliser la
force hydraulique, hein, c'est ça, l'expression, donc les cours d'eau québécois
pour produire de l'électricité, plus de privé.
Les articles 115, 116, ça élargit les
possibilités pour Hydro-Québec de vendre des actifs de production d'énergie à
des intérêts privés. O.K., pourquoi on élargit ça? Quel est le plan d'Hydro-Québec
avec ces actifs-là? Est-ce qu'on veut plus de place pour des projets dits
petits? Puis des projets petits, ici, c'est moins de 100 mégawatts, c'est
assez relatif <comme notion de petit...
M. Paradis :
...c'est
moins de 100 mégawatts, c'est assez relatif >comme notion de petit. Il y
a beaucoup d'autres mécanismes qui peuvent remettre en question, aussi, le
principe, donc, de la propriété publique du secteur de l'énergie, de la
production, de la transmission et de la distribution. Certains témoignages et
certains mémoires nous parlent de toute la question de la segmentation
d'Hydro-Québec, de la segmentation par projets de la production, de la
transmission et de la distribution, où là, il y aurait des risques qu'on les
analyse de telle sorte que ça fasse plus de place pour le privé à chaque fois.
Une analyse sérieuse qui nous a été
présentée en consultations particulières indique que la production privée
pourrait passer de 4,9 % actuellement à 19 % en 2030 si on adopte le
projet de loi n° 69 tel quel. Et ça, ce qui est
intéressant, c'est que, quand on se place dans cet horizon-là et qu'on regarde
ce que génère comme profits Hydro-Québec à chaque année, selon les chiffres
d'Hydro-Québec et qu'on dit qu'on veut doubler la taille d'Hydro-Québec, ça
veut dire que, dans ces années-là, on va arriver à 12 milliards par année,
environ, de production par Hydro-Québec, mais là on céderait une plus grande
part au privé, et ça, selon les calculs des mêmes experts, des mêmes
intervenants, ça veut dire qu'on se priverait de 3 milliards de
dollars à chaque année que le Québec pourrait produire lui-même, mais qu'on
dirait : On va laisser ça au privé. Donc, cet argent-là, on ne l'aura pas
pour nos hôpitaux, pour nos routes, pour nos écoles, on va laisser ça au
secteur privé. Et ce qui est intéressant, c'est que ceux qui nous... qui sont
venus nous dire : Bien, ça, c'est bien, ça, plus de place pour le privé,
on leur a posé la question : Avez-vous des études qui démontrent l'impact
de la présence du privé dans le secteur de l'énergie ici ou ailleurs dans le
monde, en avez-vous, des exemples où on voit que ça diminue les tarifs pour les
clients, les clientes, que tout est plus efficace, que tout est tout le temps
moins cher?, bien, on n'en a pas trouvé, d'exemple. À l'inverse, des études
démontrent que la privatisation, ça a un impact à la hausse pour les tarifs
d'électricité, et ça, il y en a plusieurs.
Alors, ce que les gens doivent comprendre,
c'est ce qu'on prévoit dans le projet de loi. Donc, plus de place pour le
privé, ça ne veut pas dire nécessairement des tarifs moins chers, ça veut dire,
probablement, des tarifs plus chers. Ça entretient aussi une vision qui, pour
moi, est complètement antinomique avec cette construction du secteur de
l'énergie puis d'Hydro-Québec dont je parlais tout à l'heure et dont on peut
tellement être fiers, comme Québécoises et Québécois, c'est de dire... puis ça,
on l'a entendu souvent ici de la part du gouvernement, c'est : Oui, mais,
si on ne change pas ça, si on ne fait pas plus de place au privé, on ne sera
pas capables. Ah oui? Nous, les Québécois, avec Hydro-Québec, on ne sera pas
capables? Nous sommes parmi les géants sur la planète en matière de production
d'électricité et d'électricité verte. C'est ça, la réalité qu'il ne faut jamais
oublier.
Alors, moi, je voudrais bien savoir, en
2024, ce que les entreprises privées peuvent faire et que le gouvernement du
Québec ne peut pas faire. Lever des fonds? Hydro-Québec, dans les trois, quatre
dernières années, sur le marché des obligations, a levé
12 milliards de dollars. Trouvez-moi des entreprises qui sont
capables de faire ça en claquant des doigts. Nous avons une capacité
extraordinaire à construire, à faire des projets. Fort bien, Hydro-Québec, dans
son plan à elle, notamment sur les énergies... sur l'énergie éolienne, indique
qu'elle entend reprendre la maîtrise d'oeuvre de tous les projets à l'avenir,
fort bien, et qu'il va y avoir des partenariats avec les municipalités, avec
les Premières Nations, très bien, et avec le secteur privé, pourquoi pas, c'est
déjà le cas, ça marche déjà, mais donc avec une maîtrise d'oeuvre du Québec. Et
ça, c'est extrêmement important pour nous, et ce n'est pas ce qui est prévu
dans le projet de loi. Alors, ça, c'est sur la question de la privatisation. On
a des inquiétudes parce que le projet de loi met la table pour une
privatisation du secteur de l'énergie.
• (17 h 10) •
Troisième grande préoccupation pour nous,
c'est que le gouvernement n'a pas fait ses devoirs et n'a pas planifié avant de
présenter le projet de loi n° 69. Un très grand nombre d'intervenants sont
venus nous le dire, d'ailleurs : On ne devrait pas être ici, on ne devrait
pas être en train d'analyser ce projet de loi là parce qu'il manque plein
d'étapes préalables. On a mis la charrue avant les boeufs, c'est ça qui s'est
passé. On nous présente un cadre législatif qui est très technique, qui est
très complexe, d'ailleurs, sans la vision qui devrait précéder <ce
cadre...
M. Paradis :
...qui
devrait précéder >ce cadre législatif. On trace une route législative
sans savoir où on veut aller avec cette route-là. Le gouvernement, il ne l'a
jamais présentée, sa vision de l'avenir énergétique, économique et social du
Québec. Il n'a pas consulté les Québécois. Il n'a pas présenté sa vision, donc
c'est évident... c'est évident qu'il n'a pas consulté les Québécois.
On a entendu le gouvernement parler à de
très nombreuses reprises de la grande consultation de l'été dernier,
consultation limitée à trois axes qui a donné lieu, Mme la Présidente,
tenez-vous bien, à ce document synthèse : Rapport synthèse des
consultations sur l'encadrement et le développement des énergies propres au
Québec, un document de 10 pages environ. Ce n'est pas ça, une
véritable consultation, et ce n'est pas ça, un véritable plan gouvernemental.
Je le réitère, je viens de le mentionner, Hydro-Québec
nous a présenté sa vision. Hydro-Québec nous a dit : Voici où je nous vois
à l'horizon 2035. Mais Hydro-Québec, c'est une partie de l'équation.
L'autre partie de l'équation, c'est le gouvernement, c'est de savoir où le
gouvernement, lui, veut s'en aller, où il veut amener les Québécois en matière
d'énergie. Et ce qui est très intéressant, c'est que le projet de loi insiste
fortement sur l'importance capitale pour le Québec d'avoir un plan de gestion
intégrée des ressources énergétiques. Les Québécois doivent s'habituer, là,
c'est le PGIRE, un nouvel acronyme dans le portrait québécois. Et c'est bien, on
dit : Il faut voir c'est quoi, nos cibles, où est-ce qu'on veut aller. Il
faut le réviser périodiquement. Mais le projet de loi dit : C'est ça, le coeur
de la question, il faut qu'on ait un plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques. Puis là on a un projet de loi qui dit : Bien, on va vous
présenter ça dans quelques années, on va y travailler, alors que nombreux sont
les intervenants qui sont venus nous dire : Mais non, il faut présenter
d'abord la vision pour savoir qu'est-ce qu'on veut faire avec le projet de loi.
Et on ne le sait pas.
Où est-ce que le gouvernement veut s'en
aller avec l'énergie? On ne le sait pas. Qui est le pilote dans l'avion? On ne
le sait pas. Ça, c'est une question qu'on a posée à l'étude des crédits, en
commission parlementaire, quand le P.D.G. d'Hydro-Québec, Michael Sabia, est
venu, quand le ministre était là. On disait : Oui, mais là qui décide,
actuellement, là? C'est la régie? C'est le ministre? Puis là c'est le ministre
avec qui, ou c'est le P.D.G.?
Et ce qu'on a vu aussi, c'est que,
lorsqu'il y a eu un changement, lorsque le ministre, le prédécesseur de la
ministre actuelle a démissionné, Pierre Fitzgibbon, on a vu apparaître le fait
qu'il y avait des mésententes, qu'il y avait des désaccords. On a vu les
paroles se délier. Et c'est normal parce qu'on n'a pas eu beaucoup de
transparence dans les dernières années. En fait, on n'en a pas eu, de
transparence. On a posé beaucoup de questions, on n'a pas eu beaucoup de
réponses. On a eu une gestion très personnalisée de l'avenir énergétique du
Québec. On a eu un ministre qui nous l'a dit souvent — il parlait au
«je» : J'ai beaucoup de projets, j'en ai choisi, je les ai personnellement
sélectionnés, j'en suis fier. Je rejoins mon collègue de Maurice-Richard, qui
le mentionnait, tout à l'heure, aussi, là, c'est une... c'était une gestion
très personnelle, et c'est ça qu'on devait tenter de décoder pour comprendre où
le gouvernement s'en va en énergie. Mais ce n'est pas ça que ça prenait, ça
prenait un plan, et on ne l'a pas eu.
Quel est le modèle, la modélisation d'Hydro-Québec,
actuellement? Le fameux document mystérieux, là, qui est celui qui fait les
prédictions de demandes d'énergie par secteur, de capacité de production avec
la pluviométrie, intéressant. On n'a pas entendu beaucoup parler de ça, mais
c'est peut-être un peu au coeur de l'affaire. Qu'est-ce qui fait qu'on est
passés de prédictions de grand surplus, et donc d'une capacité à exporter notre
énergie immense, à, soudainement, une pénurie, puis là que tout le monde
cherche les blocs d'énergie et tout le monde cherche l'énergie au Québec?
Qu'est-ce qui s'est passé en dedans de quelques années? Bien, ces questions-là,
on n'a toujours pas les réponses, puis c'est au gouvernement de nous les donner...
à Hydro-Québec, mais surtout au gouvernement de nous les donner.
Alors donc, résumons-nous. Le projet de
loi que nous avons, actuellement, n'est pas le projet de loi de la ministre
actuelle. Je l'ai mentionné au tout début, elle est arrivée en catastrophe,
juste à temps pour les consultations particulières. C'est le projet de loi qui
a été écrit par son prédécesseur, avec les idées de son prédécesseur, qui a dit
très clairement, notamment sur la question des tarifs : C'est inévitable,
l'augmentation des tarifs pour les particuliers... pas sûr que c'est ça que le projet
de loi dit, malgré ce que prétend le gouvernement <dans ses
communications...
M. Paradis :
...que
c'est ça que le projet de loi dit, malgré ce que prétend le gouvernement >dans
ses communications publiques. Il n'y en a pas, de garantie du plafonnement à
3 % par année de la hausse des tarifs pour les particuliers, il n'y en a pas.
Et ceux qui se sont prononcés, 13 mémoires, au moins, d'experts,
disent : Le projet de loi prévoit que ça va coûter plus cher pour les
Québécoises et les Québécois.
Deuxièmement, le projet de loi, il prévoit
une privatisation du secteur de l'énergie. Ça aussi, l'ancien ministre nous
l'avait annoncé. Il nous l'a dit plusieurs fois : On ne sera pas capables
sans ça, c'est vers là qu'on va. Des fois, il y en avait peut-être d'autres
dans son gouvernement qui répondaient ou qui parlaient autrement, mais c'est ça
qu'ils nous ont annoncé, alors c'est ça que le projet de loi n° 69
prévoit.
Et le projet de loi n° 69 ne nous est
pas présenté au bon moment, charrue avant les boeufs. Ce n'est pas un projet de
loi qu'on est supposés d'être en train d'étudier, c'est le plan de gestion
intégrée des ressources énergétiques du gouvernement, qu'on n'a jamais vu et
sur lequel on n'a pas été consultés, avec toutes les questions fondamentales
que ça comprend, notamment pour les tarifs, notamment pour la privatisation,
mais il y a plusieurs autres questions sur lesquelles je ne m'étendrai pas
aujourd'hui, là, mais la Régie de l'énergie, ses pouvoirs, ses fonctions, son
autonomie, la gouvernance d'Hydro-Québec, qui est changée par ce projet de loi.
Il y a plein d'autres questions qu'on a à peine eu le temps d'effleurer en
consultations particulières.
Donc, c'est un projet de loi, là... Et les
Québécois doivent... J'invite les Québécois à se rendre compte de l'importance
capitale de ce projet de loi pour notre avenir, parce que l'avenir énergétique,
il est intimement lié à notre avenir économique, qui est intimement lié à notre
avenir social. On parle du joyau des entreprises d'État québécoises, Hydro-Québec,
c'est de ça dont on parle. Et on nous a présenté un projet de loi qui ne repose
sur aucune vision, sur aucun plan sur lequel les Québécois auraient pu se
prononcer. On demande donc de nouveau à la ministre de retirer ce projet de loi
et de retourner faire ses devoirs. Vous allez donc comprendre que nous allons
voter contre le principe du projet de loi n° 69. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député.
Maintenant, nous allons poursuivre sur le
projet de loi n° 69. Alors, je suis prête à céder la parole au prochain
intervenant. Mme la députée des Mille-Îles, à vous la parole.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Alors, je vais commencer au même point que
le collègue le député de Jean-Talon a terminé, en disant que nous aussi, nous
demandons de retourner à la table de dessin, de recommencer le travail, de
mettre une pause et aussi que nous voterons contre le projet de loi. Donc, je
commence ainsi.
Maintenant, je vais peut-être au moins
saluer les collègues qui ont participé aux consultations particulières,
notamment le député de Jean-Talon, mais la ministre aussi. Et je veux saluer
les groupes qu'on a entendus. Ce n'est pas rien, Mme la Présidente, on a
entendu 37 groupes en consultations particulières, et ça, c'est sans
compter qu'il y a de nombreux groupes qui auraient souhaité être entendus, mais,
malheureusement, qui n'ont pu l'être parce que le gouvernement a souhaité
limiter le nombre de groupes qui étaient entendus. Et je vais souligner, par
exemple, Greenpeace, qui a fait plusieurs démarches pour tenter d'être entendu,
qui considérait que c'était l'avenir du Québec qui était en jeu avec ce projet
de loi là. Ils auraient aimé pouvoir s'exprimer, malheureusement ça n'a pas été
possible pour eux. Et on a aussi reçu 74 mémoires. Ce n'est pas rien, ça.
Ça démontre à quel point ça touche tout le monde, toute la société. Ce projet
de loi là est gigantesque pour notre avenir et vraiment... en fait, gigantesque...
il est gigantesque en termes de nombre d'articles, mais il est surtout
extrêmement important pour notre avenir.
• (17 h 20) •
Alors, je vais peut-être revenir sur la
base, hein, le titre du projet de loi. Ce que ça dit, bien, c'est la Loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives. Bon, ce que ça dit, en gros, c'est qu'on
souhaite revoir la façon qu'on gouverne nos ressources énergétiques, mais, dans
les faits, on veut surtout pouvoir augmenter la capacité de production
énergétique du Québec. Et là je dois dire qu'il y a vraiment plusieurs enjeux,
plusieurs brèches qui ont été constatés par les groupes qui sont venus nous
parler. Évidemment, nous aussi, à la lecture du projet de loi, on a constaté <des
écueils importants...
Mme Dufour :
...constatés
par les groupes qui sont venus nous parler. Évidemment, nous aussi, à la
lecture du projet de loi, on a constaté >des écueils importants.
Mais d'abord je voudrais rappeler que la
Coalition avenir Québec n'a pas été élue avec le mandat de revoir la façon
qu'on produit notre énergie, de revoir la gouvernance, de revoir les tarifs. Ça
ne faisait pas du tout partie des enjeux électoraux. Et ce que tout le monde ou
presque tous ont dit, c'est qu'une telle réforme aurait dû être précédée par
une conversation nationale. Nous, on avait proposé une commission itinérante,
le Parti libéral du Québec avait proposé ça, une commission itinérante pour aller
à la rencontre de l'ensemble des Québécois et l'ensemble des groupes, des
entreprises impactées, parce qu'il y a énormément de gens qui auraient aimé
pouvoir s'exprimer, et des gens ne... venir à une commission parlementaire, ce
n'est pas disponible à tous, d'abord.
Et je vais mentionner ce sujet... je vais
vous lire un extrait du mémoire de l'Union des consommateurs, mais ça reflète
ce que beaucoup de groupes nous ont dit. Alors, ils ont écrit : «Ainsi, la
plupart des changements proposés sont avancés sans débat public, sans débat
public adéquat ni données claires sur leur impact, tant en termes de
décarbonation du Québec que sur les finances personnelles des ménages.»
Évidemment, pour l'Union des consommateurs, c'est ce qui inquiète le plus, les
finances personnelles des ménages, mais ça, ça vaut pour toutes les entreprises
aussi qui s'inquiètent de voir des modifications à la façon que les tarifs sont
établis, que les investissements qui vont être requis pour atteindre, dans le
fond, le niveau d'énergie qu'on voudrait produire dans le futur va
nécessairement amener une pression à la hausse aussi sur les tarifs. Mais cette
conversation-là, à savoir est-ce qu'on veut vraiment atteindre ces niveaux-là,
est-ce qu'on veut faire de la production privée, etc., on ne l'a pas eue, et
c'est ce que plusieurs ont dénoncé.
Je vais rappeler aussi la situation
actuelle. Donc, je vais retourner un peu en arrière. Le 15 février 2023,
il y a eu une loi, la loi n° 2, qui, elle donnait
dorénavant le... en fait, dictait que tous les blocs d'énergie de cinq
mégawatts et plus devaient dorénavant être autorisés par le ministre de
l'Économie et de l'Énergie. Auparavant, c'était 50 mégawatts. Ce que ça
fait, en fait, c'est qu'aujourd'hui presque tous les projets, peu importe — à
cinq mégawatts, ça englobe énormément de projets — bien, doivent être
autorisés par le ministre. Ça crée beaucoup d'incertitude.
Et je vais vous donner un exemple, je suis
allée visiter, en 2023, la Société de transport de Laval, la STL — je
suis députée à Laval — et elle nous disait : Bien, on ne sait
pas, on ne sait pas si on va avoir notre bloc d'énergie pour électrifier nos
autobus. Pourtant, le gouvernement va cesser de subventionner des véhicules
hybrides. La seule chose qu'on peut dorénavant acheter, c'est des véhicules
électriques, mais on n'a toujours pas l'autorisation du ministre pour notre
projet. Depuis, ça a été octroyé, mais ça a été très long et ça a amené
énormément d'incertitude. Et les délais aussi, bien, qu'est-ce que ça a fait?
Ça a fait augmenter les coûts de construction du garage qui avait besoin de
cette énergie-là. Donc, ça, c'est un impact, c'est un exemple, mais il y en a
une multitude.
Et on a constaté aussi qu'il y a des
groupes, particulièrement des entreprises étrangères, qui ont obtenu des blocs
d'énergie vraiment importants. Et évidemment, vous allez comprendre, je vais
vous parler de Northvolt, hein, il est sur les toutes les lèvres, ces jours-ci,
Northvolt. Bien, quand on octroie 354 mégawatts à une entreprise, ça prive
énormément d'entreprises, de plus petits projets, évidemment, d'autant plus
qu'à Northvolt on n'a demandé aucun objectif d'autoproduction, alors qu'il y a
un potentiel immense pour le... sur les toits, par exemple, de faire de
l'électricité solaire. Donc, aucun objectif, alors que d'autres entreprises,
elles, sont prises à regarder vers de l'autoproduction, parce qu'elles n'ont eu
aucune énergie allouée.
Ensuite, quand on constate qu'il y aura
des délais dans le projet, et ça, même la ministre l'a admis, et l'entreprise
doit nous revenir d'ici peut-être une semaine sur les délais, combien de temps
qu'on parle, bien, ce sont des blocs qui sont réservés, mais qui pourraient
servir à d'autres entreprises. D'ailleurs, la FQM nous a dit : On ne
compte plus le nombre de projets qui n'ont pu être réalisés en région étant donné
les problèmes d'approvisionnement <en énergie...
Mme Dufour :
...en
région étant donné les problèmes d'approvisionnement >en énergie. Et
donc ces problèmes-là affectent non seulement les entreprises, mais aussi
l'économie complète de régions, et ça, c'est très dommageable. Il y a des
entreprises québécoises qui ont été freinées dans leurs projets d'expansion, de
décarbonation. Et on a abondamment parlé du cas des Forges de Sorel, qui
avaient besoin, Mme la Présidente... juste en comparaison, là, on parle de
Northvolt, 354 mégawatts, là, on parle des Forges de Sorel,
16 mégawatts. Ils avaient besoin de 16 mégawatts pour remplacer
80 % du gaz naturel qu'ils utilisent, et ça, ça aurait permis de retirer
30 000 tonnes, c'est énorme, 30 000 tonnes de CO2,
c'est l'équivalent de 6 500 voitures, c'est énorme,
320 travailleurs qui dépendent de ça.
Et malheureusement ce projet-là a été
refusé. Sur quels critères? On ne le sait pas. L'entreprise n'a eu aucune
communication à ce sujet-là, la grille d'évaluation n'a pas été transmise. Mais
ce qu'on sait, c'est que ce projet-là, il est pourtant essentiel à la survie de
cette entreprise, 320 travailleurs qui... actuellement, l'entreprise est
sur la bourse du carbone à un taux... Actuellement, la tonne du carbone est à
environ 40 $ la tonne, mais, en 2030, elle sera rendue à 100 $ la
tonne. Alors, l'entreprise voit ça et elle dit : Mes coûts vont augmenter
de façon si importante, les coûts liés aux crédits carbone que je n'ai pas le
choix, il faut que j'investisse pour me décarboner. Alors, ça devient un projet
de survie, ce projet-là, et on l'a refusé.
Et le plus étonnant là-dedans, c'est
qu'une obscure entreprise étrangère qui fait dans le géotextile, elle, a reçu
des mégawatts à Sorel. On ne sait pas combien de mégawatts, mais elle a reçu
des mégawatts à Sorel. Alors, c'est sûr que ça laisse pantois sur la gestion
des mégawatts jusqu'à maintenant, et le projet de loi... on craint, évidemment,
que la situation, ça s'empire.
D'ailleurs, le projet de loi, d'emblée, on
dit que c'est pour décarboner l'économie qu'on a besoin de ce projet de loi là,
mais le... et là ça a été la première présentation qu'on a eue, la première
consultation a été avec Hydro-Québec, et le P.D.G. d'Hydro-Québec, Michael
Sabia, est venu lui-même nous dire qu'on n'avait pas d'équilibre dans le
dossier, que, dans les faits, on octroyait beaucoup plus de mégawatts à la
croissance plutôt qu'à la décarbonation, alors qu'Hydro-Québec elle-même
s'était donné l'objectif... et le gouvernement, de dire : Bien, on va
allouer 75 % des mégawatts à la décarbonation. Ce n'est pas du tout ça qui
s'est passé.
Et, à ce titre, je vais lire un extrait du
mémoire de la fédération des travailleurs du Québec, la FTQ, qui dit : «La
décarbonation de l'économie est essentielle pour atteindre nos objectifs
climatiques. Cependant, le projet de loi n° 69
prétend favoriser la décarbonation, mais en réalité il camoufle une course au
développement industriel tous azimuts qui risque de freiner nos progrès vers un
avenir climatique viable.» Ce que la fédération des travailleurs du Québec, la
FTQ, nous a dit. Bien d'autres groupes l'ont mentionné, l'ont soulevé.
Évidemment, les propos de Michael Sabia ont semblé confirmer cette prétention.
Ensuite, on dit que le but avoué, c'est de
mieux encadrer la production, l'utilisation des ressources énergétiques du
Québec. Et là on parle du plan... on... dans le projet de loi, là, on arrive
tout de suite avec la création d'un plan intégré des ressources. Ça, c'est le
PGIRE. Et là je vais essayer de le nommer comme ça, parce que sinon ça va être
un peu long, mais on dit que ça, ça va avoir... ça va permettre de planifier la
production et l'octroi des ressources dans le temps, O.K.? Par contre, le
problème, c'est que le PGIRE va relever du ministre. Alors là, on tombe dans le
discrétionnaire, on ne sait pas exactement comment ça va s'enligner.
Des groupes nous ont mentionné aussi qu'on
a ignoré complètement, dans le projet de loi, la notion d'efficacité
énergétique, pourtant, qui devrait être essentielle, parce que créer, créer,
créer de l'énergie, alors que la création de la future énergie va nous coûter
beaucoup, beaucoup plus cher que celle qu'on avait dans le passé, ça, ça va
vouloir dire, éventuellement, que nos tarifs vont monter, si on n'est pas... on
n'optimise pas notre consommation.
• (17 h 30) •
Et, à ce sujet, le conseil... attendez,
c'est le conseil du patronat... je veux juste être... dire
bien leur nom, conseil du patronat de l'environnement du Québec, CPEQ, nous a
mentionné... il s'étonne que le projet de loi ne mette pas de l'avant-plan
l'efficacité énergétique alors qu'elle doit être au coeur même de la transition
énergétique. Et c'est ça <qu'on semble...
>
17 h 30 (version révisée)
<19287
Mme
Dufour :
...doit être au cœur même de la transition énergétique,
et c'est ça >qu'on… On semble jouer avec les mots ici. On parle de
transition énergétique, mais, quand on ne parle pas d'efficacité énergétique,
sommes-nous vraiment dans la transition énergétique? On peut se poser la
question. On semble être plutôt dans : On vend notre électricité pour pas
trop cher pour attirer des entreprises. Mais, malheureusement, quelqu'un devra
payer la note, puisque la nouvelle énergie qu'on va créer va nous coûter
beaucoup, beaucoup plus cher que ce qu'on la vend présentement, d'ailleurs.
Et, encore pour le PGIRE, là, le Plan de
gestion intégrée des ressources énergétiques que je mentionnais, il y a de
nombreux groupes qui nous ont souligné qu'on semble faire les choses à l'envers,
parce que, là, on dit : Le PGIRE devrait être aligné sur le Plan pour une
économie verte et les objectifs climatiques. Ça, tous les groupes nous le disent,
ça devrait être dans cet ordre-là. Mais, dans le projet de loi, ça semble être
tout à fait le contraire. On dit, ni plus ni moins, que le Plan pour une
économie verte, les objectifs climatiques, eux, s'adapteront, ce que le PGIRE
mettra dedans. Ça, c'est un non-sens, Mme la Présidente.
Et, à ce sujet, d'ailleurs, la Fédération
québécoise des municipalités nous en a fait un rappel, ils nous ont dit qu'il
doit... Le Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques et les mises à
jour subséquentes, bien, elles doivent prendre en compte les orientations gouvernementales
en aménagement du territoire tout comme les schémas d'aménagement des MRC. Et
je rappellerai que ces orientations gouvernementales là, elles doivent
respecter les objectifs climatiques. Et ça, l'Union des municipalités du Québec
a fait le même constat. Il faut que le PGIRE vienne en dessous et non pas
au-dessus de tout le monde pour qu'on soit cohérents, pour que l'action
gouvernementale soit cohérente.
Je vais mentionner aussi que le projet de
loi… On en profite pour corriger des erreurs du passé, les erreurs de la CAQ,
je dois le dire, parce qu'en fait ils ont commis une erreur historique lorsqu'ils
ont lié les tarifs d'électricité à l'inflation. Et là, à ce moment-là, j'ai le
souvenir d'avoir entendu un ministre dire que, bien non, l'inflation, ça n'atteindra
jamais 5 %, ça ne dépassera pas, même, les 3 %. Bien, en se... en
retirant la Régie de l'énergie du dossier puis, dans le fond, en alignant ça à
l'inflation, bien, eh oui, on l'a vu, l'inflation a dépassé bien au-delà les
3 % par la suite de la pandémie.
Alors là, on est revenus, on a fait un
projet de loi, il y a quelques mois, pour dire : Ah! on va limiter à
3 %. Puis là, maintenant, on revient avec le projet de loi n° 69, où,
là, on dit : Bien, finalement, ça va être la Régie de l'énergie. Donc, ce
qu'il y avait au départ, qu'on a tenté de modifier deux fois, bien là, on
revient à cet état de fait là que c'était la meilleure... la meilleure pratique,
de suivre la Régie de l'énergie.
Le projet de loi vient aussi modifier la
manière dont les tarifs pour l'électricité patrimoniale sont établis. Et là je
mentionne qu'il y a une... Il y a eu... Puis plusieurs groupes sont venus nous
parler d'une préoccupation concernant des emplois en région qui sont liés à des
tarifs… des tarifs, quand même, industriels qui sont plus bas mais qui
correspondent aux coûts qu'ils avaient à ce moment-là. Et c'est sûr que, si on
crée de la nouvelle énergie, bien, les coûts vont monter, et ça, il y a une
grande inquiétude concernant les emplois.
Et je vais vous lire, à cet effet, le
mémoire du Conseil du patronat, qui nous a dit : «Le CPQ s'inquiète
toutefois du fait que plusieurs dispositions du projet de loi n° 69
conduiront à des hausses importantes de tarifs pour les entreprises, petites et
grandes, et que les tarifs peuvent, ultimement, ne pas refléter le coût de
service.»
Et là plusieurs nous ont fait état des
risques de perte d'emploi dans les régions. Et c'était essentiellement en
région qu'on parlait de ces pertes d'emploi, parce que les grandes entreprises
de ce type-là sont situées en région.
Ensuite, il y a un... Le projet de loi
prévoit une plus grande ouverture à la revente d'électricité, notamment d'une
entreprise privée vers une autre entreprise privée. Ça, plusieurs sont venus
nous dire que ça amenait une brèche dans le monopole de distribution d'Hydro-Québec.
Et, bien que, là, ça semble être circonscrit, bien, en fait, on peut se poser
la question si ce ne sera pas un cheval de Troie qui va rentrer, et pour briser
pour de bon, là, le monopole de transport et de distribution d'Hydro-Québec.
Et, à ce titre, je vous lirais un extrait
du mémoire de l'Union des producteurs agricoles, qui connaissent bien nos
régions, qui connaissent bien la réalité. Et ils disent... Ils nous disent
clairement que l'article 38, celui qui ouvre une brèche… «L'UPA s'oppose
totalement à cette disposition car celle-ci marque notamment une première étape
vers l'institutionnalisation de la vente privée d'électricité au <Québec...
Mme Dufour :
...privés
d'électricité au >Québec», que ça pourrait créer deux classes de
consommateurs d'électricité. Et ils rajoutent et disent : «Ça ferait en
sorte de multiplier les projets privés en zone verte.» Ils rappellent :
«La zone agricole est une ressource limitée, non renouvelable et essentielle à
l'autonomie et la sécurité alimentaire des Québécois.» Tout à fait d'accord
avec eux. Donc, on doit préserver nos terres agricoles. Et je comprends leurs
inquiétudes.
Je pourrais aussi dire qu'il y a une
inquiétude face à une possible ingérence politique dans les décisions de la
régie, parce que le projet de loi prévoit que le gouvernement pourra émettre
ses propres préoccupations, tant sociales qu'économiques ou environnementales,
à la Régie de l'énergie afin de les orienter sur leurs décisions. La Régie de
l'énergie devrait être indépendante, Mme la Présidente, et, ici, il semble
aussi y avoir une brèche. Et, avec les articles qu'on a vus ce matin concernant
Northvolt, je ne suis pas rassurée, Mme la Présidente. Je crains qu'on fasse...
qu'on ait aussi de l'ingérence politique dans les tarifs d'électricité.
Et finalement, bien, je voudrais rappeler — donc,
je vais conclure là-dessus, Mme la Présidente, il me reste à peine une minute — que...
Je rappelle que le gouvernement de la CAQ n'a jamais obtenu de mandat de la
population pour effectuer une réforme aussi importante. Il est essentiel
d'aller consulter la population. Et j'aimerais aussi que la CAQ en profite, on
a eu un changement de ministre, ce serait le bon moment, là, de prendre une
pause, de retirer le... de reporter l'étude du projet de loi puis, encore une
fois, de tenir une réelle consultation.
Et donc, comme je l'ai dit au début, hein,
il est clair que nous voterons contre ce projet de loi. Mais, bien entendu, si
le projet de loi avance et que l'étude détaillée commence, bien, vous pouvez
compter sur moi, Mme la Présidente, et sur ma collègue qui est porte-parole du
dossier de l'énergie pour travailler et questionner tous les éléments, tous les
articles de ce projet de loi là, pour s'assurer que les impacts soient le plus
minime possible pour les Québécois et nos entreprises en région. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons
les débats avec M. le chef de l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de prendre la parole dans le
contexte de l'adoption de principe du projet de loi n° 69,
Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et
modifiant diverses dispositions législatives. Déjà, dans le titre, Mme la
Présidente… On voit une différence entre le souhait exprimé dans le titre et la
réalité. Le titre est «gouvernance responsable des ressources énergétiques».
Allons-y, voir la gouvernance responsable.
Ma collègue des Mille-Îles disait, un peu
plus tôt, et faisait référence que le premier ministre du Québec, en décembre
2019, disait à l'opposition officielle libérale de l'époque : Voyons donc!
Une inflation de 5 % à 6 %, voyons donc! Sur quelle planète vivent
les libéraux? Et il pointait, à ce moment-là, Carlos Leitão.
On a vu, Mme la Présidente, que, pour ce
gouvernement-là, dans un projet de loi sur la fixation des tarifs
d'hydroélectricité, ils avaient décidé, ils avaient décrété que l'inflation, ce
n'était jamais au-dessus de 2 % puis, potentiellement, 3 %, les
années où ça allait bien mal. Et de traiter les libéraux, de leur demander,
nous, Mme la Présidente, combien... sur quelle planète on vivait... Bien, on
vivait sur la planète Terre.
C'est pour ça qu'on était contre ce
mauvais projet de loi là qui allait retirer à la Régie de l'énergie sa capacité
de fixer, selon différents barèmes, notamment le premier, les investissements
nécessaires par Hydro-Québec pour améliorer et maintenir les infrastructures,
et également aussi le facteur de l'inflation.
• (17 h 40) •
Alors, le gouvernement, quand on parle,
dans le titre du projet de loi, de gouvernance responsable des ressources
énergétiques, au niveau des tarifs, il avait déjà tout faux en décembre 2019.
On leur a dit. À ce moment-là, ils ont quand même été de l'avant.
Et aujourd'hui, avec le projet de loi n° 69, ils veulent nous ramener dans un débat des tarifs,
où, là, ils poursuivent sur leur lancée complètement déconnectée, Mme la
Présidente, quand, d'une part, le premier ministre, qui continue... Il revient,
il récidive là-dessus : Moi, ad vitam aeternam, tant que je serai premier
ministre, ce ne sera jamais plus que 3 %, la hausse des tarifs
d'hydroélectricité pour les particuliers. Ce faisant, il refile la facture à
nos PME, qui, elles, ont dû, dans les deux dernières années, faire face à des
hausses de plus de 12 %, quand on compose les deux hausses qui ont été
mises de l'avant, Mme la <Présidente...
M. Tanguay :
...deux
hausses qui ont été mises de l'avant, Mme la >Présidente, plus de
12 % dans les deux dernières années pour nos entreprises, nos PME du
Québec. Elles, elles ramassent la facture. Puis que le premier ministre
dit : De toute façon, le coût de l'électricité ne sera jamais, pour les
particuliers, plus de 3 %… Il revient dans une logique complètement
déconnectée qui fait en sorte que ça ne tient pas la route.
Un qui avait compris ça réellement,
c'était Pierre Fitzgibbon, qui était, il n'y a pas... il n'y a pas un mois, qui
était encore le ministre de l'Énergie et de l'Économie. Pierre Fitzgibbon, lui,
disait : Dans mon projet de loi n° 69, qui est devant nous
aujourd'hui, Mme la Présidente... Il avait instauré un mécanisme pour faire en
sorte que, si je le résume bien comme il faut, il y avait un fonds à même les
taxes et impôts des Québécoises et Québécois pour compenser Hydro-Québec si
d'aventure la hausse, dans les faits, était plus de 3 %. Autrement dit, la
Régie de l'énergie fixe avec Hydro-Québec ce dont ils ont besoin en matière de
revenus, et, si ça représentait plus de 3 %...
Et, à l'époque, Pierre Fitzgibbon, à
l'époque pas si lointaine, il y a trois semaines, un mois, Pierre Fitzgibbon
prenait l'exemple de dire : Bien, si c'est 4 %, on va rester plafonné
à 3 % pour les particuliers, mais, pour ce qui est du 1 %, le
gouvernement du Québec, à même les taxes et impôts, va faire un chèque pour le
1 % puis il va l'envoyer à Hydro-Québec pour le compenser.
À la fin de la journée, c'est la même
poche, Mme la Présidente, qui paie, c'est le payeur de taxes qui paie son... sa
facture d'électricité, qui paie sa taxe de vente du Québec puis qui paie ses
impôts. C'est la même poche qui va payer. Mais, quand on dit, de façon très
artificielle : Ils n'en feront pas les frais, les Québécoises, les Québécois,
les particuliers, c'est faire fi de la réalité, où, de toute façon, ils vont
payer.
Là, on a devant nous, Mme la Présidente,
un gouvernement qui veut parler de gouvernance responsable des ressources
énergétiques. Sur le premier volet, les tarifs, la preuve en est faite, ce
n'est pas une gouvernance responsable.
Et c'est d'ailleurs la pomme de discorde
qui a fait en sorte que le premier ministre, quand Pierre Fitzgibbon parlait de
ça... Je me rappelle d'avoir écouté des entrevues, pas plus tard qu'il y a
quatre semaines, où Pierre Fitzgibbon disait : Non, il n'y a pas de
contradiction, dans le fond, entre moi puis le premier ministre, dans le fond,
on dit la même chose. Puis là il essayait de rentrer le carré dans le cercle,
là. Ça ne marchait pas, là.
Alors, Pierre Fitzgibbon avait dit au
premier ministre : Moi, je vais déposer le projet de loi n° 69 puis
je vais quitter après, je vais quitter en décembre. Le premier ministre lui a
dit : Bien, écoute, ça ne changerait pas grand-chose au prix des tomates,
pourquoi tu ne démissionnerais pas tout de suite? Pierre Fitzgibbon, le premier
surpris, il l'a dit en entrevue : Je ne m'attendais pas à ça. Comme si,
excusez du peu, la réforme qui avait été promise, le projet de loi n° 69,
depuis avril 2023… Donc, la réforme qui avait été promise, il travaillait
là-dessus depuis avril 2023. On est un an et demi après. Aujourd'hui, à minuit
moins cinq… Il l'aura déposée au... à l'été dernier. Il allait entrer en
commission parlementaire puis il se fait dire, par le premier ministre :
Bien, pars donc tout de suite, ça ne changera rien. La pomme de discorde,
c'était prioritairement ciblé, entre autres, là-dessus, sur les tarifs.
Pierre Fitzgibbon voulait le dire, lui, à
la population, toute la vérité. Lui, il voulait dire toute la vérité à la
population en disant : Bien, ça va être plus. Et, Pierre Fitzgibbon, je le
cite, le 6 juin 2024 : «C'est clair, quand on se projette dans 10,
15 ans, l'addition de production va faire que les coûts vont augmenter, ça
fait que les tarifs vont augmenter.» Et là il y allait de son exemple, il
disait : Si c'est une hausse de 3 % pour le résidentiel, il y a un
programme, il y a un budget qui va être établi par le gouvernement pour
compenser cette hausse-là pour Hydro-Québec. Ça, c'est dans le projet de loi
n° 69.
On a questionné — les
journalistes — il y a trois semaines, le premier ministre là-dessus,
il n'était pas au courant. Il n'était pas au courant de ce fonds-là. Deux
choses l'une : il ne lit pas son projet de loi, il n'est pas au courant de
la réforme qu'il est en train de travailler... sur laquelle son ministre, son
superministre est en train de travailler depuis un an et demi… il ne le lit pas
ou il est au courant, dans le fond, puis il veut passer par la porte d'en
arrière, Mme la Présidente. Ce sont les deux choix.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader du gouvernement, vous avez un appel au règlement à faire?
M. Lévesque (Chapleau) : Bien
oui. Bien, on prête des intentions ici, en cette Chambre, puis ce n'est pas
permis de faire ça pour des collègues.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. M. le chef de l'opposition officielle, soyez prudent dans vos
propos.
M. Tanguay : Alors, Mme la
Présidente, je continue, sur un rappel au règlement que vous n'avez pas
sanctionné. Je continue.
N'importe où entre 100 millions, 200,
300 millions par année, n'importe quoi entre 100, 200, 300 millions
par année, ça, c'est Pierre Fitzgibbon qui disait le coût de la hausse
supérieure à 3 %. Les Québécoises et Québécois, là, ils ne paieront pas
par la porte d'en avant, ils vont payer par la porte d'en arrière avec le fonds
consolidé, qui est abreuvé à même les taxes et impôts, les tarifs, notamment,
Mme la <Présidente...
M. Tanguay :
...paieront
pas par la porte d'en avant, ils vont payer par la porte d'en arrière avec le
fonds consolidé qui est abreuvé à même les taxes et impôts, les tarifs
notamment, Mme la >Présidente.
Pomme de discorde. Pierre Fitzgibbon le
dit haut et fort, il est en contradiction avec le premier ministre. Le premier
ministre dit : Écoute, tu me parlais de partir en décembre, pourquoi tu ne
pars pas tout de suite? Ça ne ferait pas grand-chose, finalement. Bien, on l'a
bien vu, que celui qui était entre autres le maître à penser en matière
énergétique, son bébé, son projet de loi, il n'est pas là aujourd'hui pour le
défendre.
Malheureusement, pour l'actuelle ministre
de l'Énergie et de l'Économie, qui a été déléguée là à minuit moins cinq, elle
est prise avec la patate chaude. Elle est prise avec la patate chaude, parce
que, quand on parle de saine gestion, dans le titre même, loi assurant une
gouvernance responsable des ressources énergétiques… bien, elle est prise face
à un gouvernement qui a été irresponsable dans sa gestion des ressources
énergétiques.
Et j'en veux pour preuve, Mme la
Présidente, que Michael Sabia, lors des auditions, lors des auditions sur le
projet de loi n° 69, est venu le dire clairement. Michael Sabia est venu
dire qu'il faut rééquilibrer l'énergie qu'on donne aux entreprises étrangères.
Il faut les rééquilibrer pour nos entreprises du Québec. Rapidement, tout le
monde s'est tourné vers le premier ministre : Êtes-vous d'accord avec ça?
À l'évidence, la réponse est oui, mais lui, il a dit : Non, on n'a pas
besoin de rééquilibrer, on continue, on continue de même, ça va bien.
Alors, il est en contradiction, le premier
ministre, après l'avoir été avec son superministre. Puis on a vu comment peu de
poids pesait-il dans la balance quand vous contredisez le premier
ministre : Dehors! C'est ce qui est arrivé. Michael Sabia dit : Il
faut rééquilibrer. Le premier ministre s'entête : On n'a pas à
rééquilibrer. En ce sens-là, le premier ministre a dit non à Pierre Fitzgibbon
puis là il a dit non à Michael Sabia, au même titre qu'on avait dit non à
Sophie Brochu quand elle avait dit, à l'époque : Moi, ce n'est pas vrai
que je vais être la présidente-directrice générale d'Hydro-Québec et que je
vais présider au Dollarama de l'énergie. Ça veut dire quoi, ça? Ça veut dire
donner à rabais notre électricité aux entreprises étrangères ou, entre autres,
avec une entente avec New York, Mme la Présidente.
L'entente avec New York, deux ans après,
ils sont venus dire : On s'est trompés, on a mal calculé, on est en manque
énergétique au Québec. Mais ils ont signé un contrat qui va durer pour 20,
25 ans. Le contrat de New York, je pense, c'était un 20 ans. Et ils
l'ont signé pareil, alors qu'ils le savaient, Mme la Présidente. Vous ne pouvez
pas, après un mandat complet, ne pas connaître ce qui se passe chez
Hydro-Québec. Et Sophie Brochu avait signé la sonnette d'alarme à ce moment-là.
Le Dollarama de l'énergie, à quoi elle faisait référence? Qu'on donne notre
électricité à rabais aux entreprises étrangères et, entre autres, dans le
contrat de New York qu'on va payer.
Je vous le dis, là, notez l'heure, là,
notez le jour et l'heure, le contrat de New York, là, on va payer cher et puis
longtemps, parce que, là, il va falloir la fournir, cette électricité-là, on a
vendu ce qu'on n'avait pas. Celles et ceux qui nous écoutent à la maison, on a
vendu ce qu'on n'avait pas. Aïe! Mais, en date d'aujourd'hui, 2022, on avait eu
un bon prix. Mais là il va falloir créer ce qu'on n'a pas, qui va nous coûter
plus cher, Mme la Présidente.
Alors, c'est bien beau d'avoir une belle
annonce, de dire : Aïe! contrat de 20, 25 ans avec New York, c'est
super, voici, aujourd'hui, on fait du profit, qu'en sera-t-il dans cinq ans,
10 ans, 15 ans, 20 ans? Clairement, Sophie Brochu l'avait
annoncé. Qu'à cela ne tienne, Sophie Brochu est partie. Elle a quitté et,
aujourd'hui, elle n'est plus là pour donner son opinion.
Aussi, Mme la Présidente, quand on regarde
Northvolt, quand on regarde ce qui a été octroyé à Northvolt, Northvolt, il
fallait... Puis ma collègue députée des Mille-Îles, qui fait un excellent
travail comme porte-parole de l'opposition officielle, entre autres en matière
d'environnement, a dénoncé le court-circuitage qui a eu lieu au sein du
ministère de l'Environnement, où, ce matin, on lit des témoignages, on lit des
témoignages d'employés du ministère de l'Environnement qui étaient sous le
choc, qui étaient désemparés, qui voyaient bien qu'on était en train de
contourner la loi et qui... Ils parlaient, à ce moment-là, Mme la Présidente,
de mettre de côté...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : C'est
bon, M. le leader du gouvernement. M. le chef de l'opposition officielle, vous
connaissez très, très bien, j'en suis certaine, les mots qu'il ne faut pas
utiliser ici, en cette Chambre, juste le fait de contourner la loi. Soyez
prudent dans les mots que vous utilisez.
• (17 h 50) •
M. Tanguay : Alors, Mme la
Présidente, vous me demandez à la précision, je vais vous donner la précision.
Ce qu'ils ont dit, les employés, dans la preuve, c'est ce qui suit, c'est
qu'ils n'ont pas été écoutés et qu'ils ont été écartés. Ça, moi, je le dis de
mon siège, c'est <contourné...
M. Tanguay :
...ça,
moi, je le dis de mon siège, c'est >contourné. Ils n'ont pas été écoutés,
ils ont été écartés. Ils en témoignent. Bien, ils ont été contournés. Par qui?
Par le gouvernement caquiste. Ça, ça se dit. La vérité, Mme la Présidente, elle
n'est pas belle. La vérité, elle est triste. Quand on nous répond des réponses
cyniques ce matin, Mme la Présidente : On a les lois les plus robustes, on
a les lois les plus sévères… Bien, si vous ne les appliquez pas, faites-les
encadrer, mettez-les sur le mur, c'est à peu près la seule valeur qu'elles ont.
Si votre premier réflexe, c'est de
dire : On va changer pour faire passer Northvolt en dessous du radar… La
norme en ce qui a trait au nombre de tonnes pour les cathodes… faire en sorte
que Northvolt… La norme était 50 millions... 50 000 tonnes,
pardon, 50 000 tonnes par année. Northvolt avait un projet de
56 000 tonnes par année, et on dit : On va changer la norme, ce
ne sera plus 50 000, ça va être… woups! ça va être
60 000 tonnes. Ah! bien, regarde donc, Northvolt vient de passer en
dessous du radar. Quand on fait ça, qu'on ne vienne pas nous présenter un
projet de loi n° 69 qui a pour titre Loi assurant la gouvernance
responsable des ressources énergétiques. Ça ne passera pas au Parti libéral du
Québec, de l'opposition officielle, et ça, on va le dénoncer, Mme la
Présidente.
Alors, les lois ont été écartées, dixit
les employés de l'Environnement, ont été contournées, dixit les employés de
l'Environnement, Mme la Présidente, si bien qu'aujourd'hui il y a un procès. Le
gouvernement se fait faire un procès par rapport à ça. On verra la suite des
choses, la procédure judiciaire.
Alors, face à ça, Mme la Présidente, Northvolt,
il n'y en aura pas eu, de BAPE. On plaidait, à ce moment-là, parce qu'on était
dans le noir comme tout le monde… on plaidait : Pourquoi pas un BAPE
rapide, 11 mois? Il serait déjà terminé. Non, le gouvernement a dit :
Non, non, non. Et là ça pressait tellement qu'on voit que Northvolt…
Le ministre Pierre Fitzgibbon, avant de
quitter, sa dernière entrevue ou l'avant-dernière entrevue qu'il a donnée à la
radio, je l'écoutais, c'était le 3 septembre dernier, disait : Bien,
le retard, pour Northvolt, ça va être, probablement... On parle de, quoi, 12 mois,
18 mois, 24 mois? Alors, le 2026, ça s'enligne pour être 2028. On a
posé, autant comme autant, toutes les questions à ce gouvernement-là, pas
capable de nous confirmer si c'est 12 mois, 18 mois ou 24 mois.
Et là on nous plaide que, bien, c'était
normal dans cette industrie-là. L'actuel ministre de l'Environnement puis de
l'Énergie nous plaide que c'était normal, des délais. C'est normal dans cette
industrie-là. Bien, si c'est normal, des délais, pourquoi avoir fait ça à
vitesse grand V? C'est quoi, cette histoire-là?
Northvolt, là, 350 mégawatts, ça ne
dit rien à personne. 354 mégawatts, c'est toute l'alimentation de la ville
de Longueuil. 354 mégawatts, il est là, il existe, on n'y touche pas. Il
est gelé en attendant Godot, en attendant Northvolt. Oui, mais là il était gelé
pour deux ans. Là, il va être gelé pour trois ans, il va être gelé pour quatre
ans.
On a dit au gouvernement
responsable : Gouvernance responsable, dégelez-le. On a posé des questions :
C'est quoi, votre plan de match? Allez-vous en créer d'autres? Parce que, là,
vous avez New York à fournir, juste en passant, puis vous avez d'autres
entreprises à fournir. Allez-vous en créer, finalement, de l'énergie? Parce
qu'Hydro-Québec a dit : D'ici 2035, ce n'est pas 354 mégawatts, on
est dans le trou, ça nous en prend 8 000, 9 000, mégawatts. Imaginez
combien ça fait de villes de Longueuil, ça. Des dizaines et des dizaines.
Alors, on a... au gouvernement :
C'est quoi, votre échéance? Pierre Fitzgibbon, dans son franc-parler, avait
dit, il y a quelques mois : Bien, on va être capables... Il avait dit, en
2023 : On va être capables de développer 1 500 mégawatts
nouveaux à partir de 2027. Bien, on a dit : Parfait, excellent, on va vous
aider. 2027, 1 500 nouveaux vont arriver. Northvolt, c'est 354, pas
avant quatre ans, pas 2027, probablement 2028‑2029. Arrêtez de dire non aux
entreprises québécoises. Dégelez ce bloc-là. Vous allez développer, vous, cette
énergie-là puis vous fournirez Northvolt quand ce sera le temps, en temps et
lieu. En entreprise privée, tout le monde a compris, à la maison, c'est comme
ça qu'on gère. En temps réel, lorsque c'est dû, on est là puis on est présent.
Hydro-Québec engage sa responsabilité. Hydro-Québec engage sa responsabilité,
offre les garanties, et ça, Northvolt est capable de vivre avec ça dans un
contrat commercial. C'est comme ça que ça marche, un contrat commercial, tu le
négocies : Je vais être présent, tu as besoin de 354 mégawatts en
2026, ah! là, ce n'est plus ça, 2027‑2028.
On a proposé ça pendant deux semaines au
premier ministre, puis il disait : Non, non, non. À la dernière période de
questions, Mme la Présidente, ce que le premier ministre est venu nous dire,
c'est que probablement que Northvolt n'en aura pas de besoin avant une autre
année supplémentaire.
Alors, ils commencent à apprendre sur le
tas, mais, quand c'est un gouvernement qui apprend sur le tas après six ans,
qu'on a un déficit record de 11 milliards de dollars, nous, on le <dénonce...
M. Tanguay :
...nous,
on le >dénonce, au Parti libéral du Québec. Ils sont arrivés au pouvoir,
les services, tous les services étaient donnés de meilleure qualité et en temps
opportun. Il y avait un surplus budgétaire de 7 milliards de dollars.
Là, ils nous ont creusé un trou de 11 milliards et ils ont engagé
10 000 fonctionnaires de plus à Québec, pas première ligne,
éducation, santé, à Québec.
Alors, monsieur madame, à la maison, là,
l'avez-vous senti passer, le 18 milliards de dollars additionnel dans les
services publics? Non. Les 10 000 fonctionnaires, les avez-vous senti
vous aider au jour le jour dans le dossier de santé, éducation, services de
garde, justice, nommez-les tous?
Les Québécoises et Québécois, avec ce
mauvais gouvernement caquiste là, sont doublement perdants. On a un déficit
record de 11 milliards de dollars qu'on ne voit pas le bout, avec ce
gouvernement-là, quand est-ce qu'on va être capables de l'équilibrer, parce
qu'il n'a pas déposé de plan. C'est bien trop compliqué. On ne voit pas le bout
de l'équilibre budgétaire. Puis l'équilibre budgétaire, c'est nécessaire, parce
que tout devient possible. On peut, à ce moment-là, avoir des services de
qualité et en temps opportun. Alors, Québécoises, Québécois doublement
perdants, déficit record de 11 milliards de dollars et des services à
la population qui se sont dégradés sur un mauvais gouvernement caquiste qu'on
va continuer à dénoncer matin, midi, soir.
Et, des solutions, s'ils sont en panne de
solutions, bien, Mme la Présidente, on va continuer à leur en soumettre. Qu'on
ne vienne pas nous présenter un projet de loi n° 69. Ça leur a pris un an
et demi, Mme la Présidente, pour qu'on ait le débat de principe, alors qu'il
était promis.
Ils en sont dans leurs deux dernières
années. Il leur reste deux derniers budgets de dégâts à faire à la province de
Québec, au Québec. Sous la CAQ, le Québec s'est affaibli. Sous la CAQ, on a une
perte de contrôle de l'immigration. Le premier ministre veut parler de l'immigration,
bien, on va en parler. On lui a demandé de reprendre le contrôle.
Le titre du projet de loi, «gouvernance
responsable», on ne le voit à nulle part. C'est garroche de l'argent, garroche
de l'argent. Puis, quand on leur dit : Aïe! l'énergie, c'est à nous
autres, Hydro-Québec, c'est nous autres, Québec d'abord… Il a oublié ses belles
promesses électorales. Campagne, promesses 2022, quand il parlait de
nationalisme économique...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Juste
faire attention. Vous savez, on n'a pas le droit de... J'ai vu le chef... J'ai
vu le leader du gouvernement se lever... très bien qu'il allait faire un appel
au règlement, bien, parce que vous avez soulevé une feuille. Allez-y.
M. Tanguay : ...j'ai le droit
d'exhiber, Mme la Présidente… De tout temps, ça fait 12 ans que je suis
député, j'ai le droit d'exhiber un texte, hein, j'ai le droit d'exhiber un
texte.
Alors, Mme la Présidente, dehors, la CAQ,
on va se débarrasser de ce mauvais gouvernement là. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
suis prête à reconnaître un autre ou une autre intervenante sur le... Mme la
députée de Mont-Royal—Outremont, la parole est à vous.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Bien, écoutez, sur ces paroles passionnées du chef de l'opposition
officielle, permettez-moi de renchérir sur la question de l'énergie. J'espère
qu'avec les minutes qui vont se succéder je vais avoir la même fougue et la
même passion que mon estimé collègue.
Certainement, Mme la Présidente, que le
sujet est d'une extrême importance. L'énergie, c'est un sujet qui anime tous
les Québécois, toutes les Québécoises. Donc, il me fait vraiment plaisir de
prendre la parole à mon tour aujourd'hui, à l'étape de l'adoption du principe
du projet de loi n° 69.
On va le rappeler, le dire, on ne peut pas
le dire assez souvent, le gouvernement de la CAQ n'a pas... n'aura pas le
dernier mot. Il n'a pas... n'a pas les pleins pouvoirs, les coudées franches
pour décider, au nom de tous les Québécois et Québécoises, de notre avenir
énergétique. C'est un débat de société qui doit être mené. C'est une... S'il y
a une question fondamentale aujourd'hui… On est comme à la croisée des chemins
au niveau... au niveau de la transition énergétique, de la question d'assurer
qu'on va être capables de décarboner notre économie, d'assurer qu'on va être
capables de fournir des blocs d'énergie à nos entreprises et, oui, avoir un
regard aussi sur des investissements étrangers.
• (18 heures) •
Mais moi, je peux vous dire, Mme la
Présidente, que je ne suis pas ici pour parler du fin détail du libellé du
projet de loi n° 69, c'est ma collègue de Saint-Laurent, qui fait un
travail remarquable dans ce dossier-là. Moi, je suis ici pour ajouter ma voix à
celle de mes collègues sur des questions générales au niveau de l'énergie et de
ce que je peux constater comme comportement, au niveau du gouvernement caquiste,
et qui m'inquiète beaucoup, beaucoup pour l'avenir de... l'avenir de notre
économie, l'avenir de notre entreprise qu'on appelle Hydro-Québec, qui fait
notre fierté et qui appartient, on le <rappelle...
>
18 h (version révisée)
<
Mme Setlakwe :
...de
notre entreprise, qu'on appelle
Hydro-QuébecT, qui fait notre fierté et
qui appartient, on le >rappelle, à tous les Québécois et Québécoises.
J'écoutais ma collègue de Saint-Laurent un
petit peu plus tôt, quand elle faisait son intervention puis qu'elle parlait du
fait qu'il y a des blocs d'énergie qui sont refusés, Mme la Présidente, à des
entreprises d'ici, des entreprises qui ont besoin de blocs d'énergie pour leur
croissance économique, pour pouvoir... pouvoir se... transitionner vers une
énergie plus verte et qui se voient refuser ces blocs d'énergie. Ma collègue,
qui est avocate — moi aussi, je suis avocate — disait que c'est
frustrant d'entendre ces entreprises dire, dans un premier temps : Bien,
on... c'est assez aberrant qu'au Québec on se voie refuser des blocs d'énergie
quand, il y a quelques années, on était en situation de surplus. Mais ce qui
est d'autant plus frustrant, c'est quand on se voit refuser l'accès à des blocs
d'énergie sans savoir précisément sur la base de quels critères. Et là, ici, on
touche à la question de l'arbitraire, on touche à la question fondamentale du
droit d'être entendu, du droit de... C'est un droit fondamental de comprendre
ce sur quoi une décision de notre gouvernement a été prise.
Est-ce que les grilles d'analyse... Est-ce
que les critères sont remis aux entreprises quand ils se font refuser des blocs
d'énergie? La réponse, c'est non, Mme la Présidente. On a des entreprises qui,
au fil des dernières semaines, et il y en aura d'autres qui vont sortir,
viennent dire publiquement qu'ils se sont vu refuser des blocs d'énergie et ils
ne savent pas sur quels critères la décision a été prise.
Alors, je trouve ça extrêmement inquiétant
qu'on soit rendus dans cette situation-là au Québec. Rappelons que le
superministre, qui a récemment... qui s'est récemment retiré, là, le député de
Terrebonne, s'était vu attribuer des superpouvoirs. On se rappelle qu'il
avait... C'est lui qui avait le dernier mot. C'est lui qui avait le pouvoir de
décider, moi, j'appelle ça un droit de vie ou de mort, là, sur les blocs d'énergie
qui allaient être octroyés à des entreprises. Et le seuil qui était, donc...
qui était visé, là, pour que ce soit le ministre qui vienne prendre la décision,
avait été abaissé.
Et donc combien d'entreprises devaient
maintenant soumettre leurs demandes? Imaginez, Mme la Présidente, la demande se
retrouvait sur le bureau du ministre, et c'est lui qui avait le pouvoir de
décider si telle compagnie, la compagnie ABC, allait avoir ses blocs d'énergie
et si, oui ou non, la compagnie XYZ allait avoir ses blocs d'énergie. C'est là
où on est rendu au Québec, Mme la Présidente, à ce qu'il y ait un
superministre.
Et maintenant c'est la superministre...
M. Lévesque (Chapleau) : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Oui, M. le leader de... du gouvernement. Vous avez une question de règlement?
C'est ça? Quelle est-elle?
M. Lévesque (Chapleau) : On
a déjà eu cette discussion-là, vous et moi, et même la collègue, nous avons eu
ça, on doit se nommer par notre titre en cette Chambre. Et tout superlatif n'est
pas permis en cette Chambre, ce qu'elle vient de faire avec le superlatif
actuel.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
...M. le leader. Soyez prudents. Et, oui, on interpelle les collègues par
leur titre officiel. C'est bon.
M. Ciccone :...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
C'était pour la question de règlement? Je viens de la... Je viens tout
juste de passer le message.
M. Ciccone :...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Vous avez une autre question de règlement, M. le député de Marquette? Allez-y,
si vous avez une autre question.
M. Ciccone :...juste mentionner au leader adjoint que la personne dont
ma collègue parle, il n'est plus en Chambre ici. Il n'est plus un député. Il n'est
plus un élu, il a quitté. Alors, elle peut l'appeler superministre si elle
veut. Merci, Mme la Présidente.
M. Lévesque (Chapleau) : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...l'ancien
ministre et l'actuel ministre, les deux fois, et vous l'avez entendu très bien
comme moi.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon, on perd du temps, par exemple, là, ici. Soyez prudente. Oui, on
interpelle les gens par leur titre officiel, je le répète. Et elle s'adressait
à la ministre actuelle dans son deuxième propos. Continuez.
Mme Setlakwe : Bon,
juste pour clarifier, je n'ai pas nommé ni un ministre ni l'autre par son nom.
Je pense que ce qu'on me reproche, c'est d'avoir référé à ces personnes comme
étant superministres, ce que je ne ferai plus. Ce sont des ministres qui ont
des pouvoirs extraordinaires. On va tourner la page, et je vais poursuivre mon
intervention, Mme la Présidente.
Et donc ce que je disais, c'est qu'il y a
des... c'est que nous sommes dans une situation où on manque d'énergie, alors
que, rappelons-le, quand le gouvernement de la CAQ est entré au pouvoir, il y
avait des surplus d'énergie et, il faut le dire aussi, il y avait des surplus budgétaires.
Comment se fait-il que, six ans plus tard, sept ans.... six ans plus tard, on
soit <dans une situation...
Mme Setlakwe :
...surplus
budgétaire. Comment se fait-il que, six ans plus tard, sept ans plus... six ans
plus tard, on soit >dans une situation où on est... on doive se demander
comment allons-nous permettre à notre économie d'effectuer rapidement ce virage
vert, permettre à notre économie d'être décarbonée, permettre à nos entreprises
d'avoir accès à l'énergie qui est nécessaire pour déployer leurs plans
d'affaires?
Comment se fait-il aussi, Mme la
Présidente, et ça, c'est un sujet sur lequel il faut revenir, comment se
fait-il qu'on ait négocié une transaction avec une entreprise étrangère, je
pense que je peux la nommer, on parle de Northvolt, si on a affaire à un
gouvernement qui, on l'espère, gère les fonds publics et gère notre énergie
avec prudence et rigueur... Comment se fait-il qu'on soit incapable de nous
dire aujourd'hui, étant donné, donc, le ralentissement qu'on connaît, là, que
connaît le projet de déploiement de l'usine de Northvolt, comment se fait-il
que le gouvernement n'est pas capable de nous... de rassurer les Québécois et
de dire que, dans les modalités qui ont été négociées, il n'y a pas une clause
de sortie, il n'y a pas une clause qui lui permette, au gouvernement, de dire à
l'entreprise : Bien, écoutez, vous avez, donc, un ralentissement au niveau
du déploiement de votre... de la construction de votre usine, au Québec, étant
donné qu'il y a un ralentissement, on va pouvoir invoquer une clause dans le
contrat? Il me semble que ça aurait été de prudence élémentaire de dire :
Bien, les blocs d'énergie qui vous sont réservés, étant donné qu'ils ne seront
pas utilisés avant, soyons conservateurs, là, pendant, disons, 18 mois,
deux ans, deux ans et demi, peut-être même plus, bien, ces blocs-là, on va les
attribuer à des compagnies d'ici qui en ont besoin.
Je pense que la liste est longue, là, de
compagnies qui ont des demandes en cours pour des blocs d'énergie. Alors, pour
un gouvernement qui se dit nationaliste, bien, le nationalisme, ce n'est pas
juste une question identitaire, c'est aussi le nationalisme économique.
J'implore le gouvernement de pouvoir dire aux entreprises d'ici : Oui,
nous aurons des blocs d'énergie pour vous à court, moyen et long terme. C'est
le rôle du gouvernement de prévoir, c'est le rôle du gouvernement d'offrir une
prévisibilité, c'est le rôle du gouvernement d'agir en gestionnaire responsable
des deniers publics et aussi de cette richesse collective qui est notre énergie
propre.
Alors on se trouve malheureusement, Mme la
Présidente, face à une situation dans laquelle non seulement le gouvernement a
placé, permettez-moi de le dire, tous ses oeufs dans le même panier... Je ne
dis pas qu'on est contre la filière batterie, mais ici, avec Northvolt, on a
investi non seulement beaucoup d'argent, il y a déjà beaucoup d'argent qui est investi
sur le terrain et il y a de l'argent qui été investi sous forme de dette au
niveau de la société mère, il y a la Caisse de dépôt qui a investi de l'argent,
aussi, on est rendus à 700 millions. Pour le reste, on nous rassure,
l'argent sera versé uniquement lorsque l'entreprise rencontrera certaines
conditions, lorsque le financement sera ficelé, lorsque la... lorsque que
l'usine sera en construction.
Le premier ministre a beau nous dire que
c'est un risque calculé, moi, je pense qu'on a déjà non seulement mis tous nos
oeufs dans le même panier, mais qu'on a donc mis aussi... on a bloqué une
quantité énorme d'énergie. Et là on semble ne pas pouvoir avoir cette
flexibilité qui nous permettrait, étant donné les délais, étant donné le fait
que le projet est retardé... on ne puisse pas offrir ces blocs d'énergie à nos
entreprises d'ici. Alors, ça a toujours été ça, là, la politique qui a toujours
animé, qui devrait animer tous les députés de l'Assemblée nationale, la
politique du Québec d'abord, nos entreprises d'abord. Alors, c'est très
surprenant, aujourd'hui, d'être face à un gouvernement qui se dit nationaliste,
mais qui... et qui même de le... et qui n'est pas capable de mettre en œuvre,
ce nationalisme économique dont nous avons tant besoin de nos jours.
Et, d'ailleurs, j'ai entendu aussi les
extraits de la commission parlementaire sur le projet de loi n° 69.
On a entendu le président d'Hydro-Québec affirmer que, oui, puis il était très
prudent dans ses propos... que, oui, il y avait peut-être eu, bon, des
décisions qui avaient été prises où on n'a peut-être pas priorisé des
entreprises d'ici. Je voyais le malaise dans ses propos. Et c'est quand même,
encore une fois, extrêmement décevant qu'on se retrouve dans cette situation
difficile, aujourd'hui, avec notre énergie, alors que, si on recule <seulement
quelques années...
Mme Setlakwe :
...difficile
aujourd'hui, avec notre énergie, alors que si on recule >seulement
quelques années, on était dans une situation de surplus.
• (18 h 10) •
Et le premier ministre, combien de fois on
l'a entendu dire que, quand il a pris le pouvoir, il s'est assis avec le P.D.G.
d'Hydro-Québec et il se faisait dire : De l'énergie, on en a, on a des
surplus, on peut en vendre à l'extérieur? Je n'ai rien contre le fait qu'on
puisse utiliser notre énergie, nos surplus d'énergie pour aider d'autres
juridictions à se décarboner puis à mener à bien le virage vert, mais je ne
m'explique pas comment se fait-il que, là, le premier ministre se retrouve,
donc, en situation de déficit. Là, on parle de milliards d'investissements qui
sont nécessaires, on doit se poser en toute urgence. On est complètement
bousculé, on se demande... là, il faut absolument augmenter la capacité de
notre société d'État, qui fait notre grande fierté, on parle de barrages, on
parle d'éolien. Ce sont toutes des questions extrêmement importantes, mais,
encore une fois, je suis vraiment déçue de voir à quel point il y a eu un
manque de planification, un manque de prévisibilité. Et qui paie, qui fait les
frais de ce manque de planification, Mme la Présidente? Bien, ce sont les
entreprises, nos entreprises avant tout. Le projet de loi, évidemment, donc,
parle d'un plan intégré des ressources, mais c'est bien évident qu'on est rendu
là, à avoir cette discussion-là.
Je ne peux pas passer sous silence
l'ouverture, donc, le projet de loi qui prévoit une grande ouverture à la
revente d'électricité d'une entreprise privée vers une autre entreprise privée.
Ma collègue de Saint-Laurent, plus tôt dans son intervention, l'a dit, c'est un
article sur lequel nous, on va demander qu'il y ait des discussions
approfondies. Beaucoup dénoncent actuellement cette situation comme une brèche
dans le monopole de distribution d'Hydro-Québec : «Bien qu'en effet une
plus grande ouverture soit faite, la loi encadre toutefois assez strictement
cette possibilité. En effet, l'article — puis là on parle des
articles 38 et 39 — proposé prévoit que l'entreprise qui produit
et distribue l'électricité doit le faire pour un seul consommateur et à partir
d'un emplacement adjacent au site de production. Cette ouverture semble vouloir
répondre à une volonté grandissante du milieu des affaires à faire de
l'autoproduction pour leurs installations. Toutefois, cette disposition, qui,
pour l'instant, est circonscrite, pourrait servir de cheval de Troie et briser
pour de bon le monopole de transport et de distribution d'Hydro-Québec.»
Donc, je joins ma voix à celle de mes
collègues, où je nous implore d'être extrêmement prudents avant d'ouvrir la porte
à cela. Le gouvernement n'a pas le mandat, donc, de faire ce genre de
privatisation. Est-ce qu'on parle juste d'autoproduction ou est-ce qu'on parle
de... Il va falloir étudier le libellé très en détail, Mme la Présidente, pour
s'assurer qu'on n'ouvre pas la porte à une situation qui va donc causer une
rupture, une cassure par rapport à ce qu'on a toujours connu au niveau de notre
société d'État.
Le projet de loi prévoit aussi que le
gouvernement pourrait émettre ses préoccupations, tant sociales qu'économiques
ou environnementales, à la Régie de l'énergie afin de les orienter dans leurs
décisions. Une disposition similaire existait déjà, là, dans la loi actuelle.
Par exemple, l'ancien ministre de l'Énergie, là, mon prédécesseur,
M. Pierre Arcand, s'en était prévalu pour assurer que les Québécois ne
vivraient pas un choc tarifaire pour financer le complexe de la Romaine et
avait demandé à la régie de répartir la hausse des tarifs requise sur plusieurs
années. Les modifications qui sont proposées, donc, à la loi, là, par le projet
de loi n° 69, semblent permettre une utilisation plus
importante de ces décrets de préoccupation. Il faudra donc, Mme la Présidente,
s'assurer que le gouvernement ne pourra pas s'en servir pour orienter les
décisions de la régie de manière excessive. Ça, c'est à l'article 67.
Je reviendrais... Donc, j'avais ces
quelques articles que je voulais mentionner de façon plus particulière.
Évidemment, comment ne pas parler aujourd'hui de la question des tarifs
d'électricité? On a entendu le premier ministre, donc, s'engager à limiter la
hausse des tarifs résidentiels à 3 %, et, pour pouvoir tenir sa <promesse
et ne pas augmenter...
Mme Setlakwe :
...et,
pour pouvoir tenir sa >promesse et ne pas augmenter les tarifs d'électricité
plus que l'inflation, le gouvernement prévoit, donc, dans le projet de loi
actuel, de mettre en place un fonds afin de compenser Hydro-Québec pour la
perte de revenus qui est liée à cette promesse.
Dans la conférence de presse sur ces
demandes à la Régie de l'énergie, Hydro-Québec a précisé que les besoins quant
au tarif domestique étaient d'une hausse de 3,9 %, mais ils sont limités à
3 %. Pour que la société ne perde pas en rentabilité, le gouvernement va
compenser le manque à gagner. Écoutez, on se le demande tous, là, comment on va
pouvoir compenser. Évidemment, tout ça va coûter énormément à l'État, toutes
ces infrastructures qui sont prévues. Et, si on veut respecter la promesse,
donc, de ne pas hausser la question... le tarif résidentiel, la question
demeure toute entière : Qui va devoir payer, donc, pour ces
investissements colossaux en infrastructures? Est-ce que ce sont nos PME?
Est-ce que ce sont des sociétés étrangères? Est-ce que ce sont donc... par le
biais des redevances? Mais, ultimement, la question va devoir se poser :
Qui va payer pour ces investissements substantiels qui sont requis?
Encore une fois, Mme la Présidente, la
question qu'il faut se poser, c'est : Comment se fait-il qu'on en soit
rendus là aujourd'hui, en quelques années, à voir, donc, des surplus qui ont
été dilapidés autant au niveau de l'énergie qu'au niveau du déficit de record?
Et puis là je m'inspire, en terminant, là, des propos de notre chef, qui a
rappelé, à juste titre, que le gouvernement, quand il est entré au pouvoir,
avait donc... pouvait bénéficier de surplus de 7 milliards qui avaient été
laissés par le gouvernement libéral précédent. Et, sept ans plus tard... six
ans plus tard, pardon, on nous laisse avec un déficit record de
11 milliards. C'est un différentiel, Mme la Présidente, de
18 milliards. C'est énorme. C'est par le biais de toutes sortes de
décisions improvisées, irréfléchies, à courte vue, que, malheureusement, les
Québécois se retrouvent dans cette situation extrêmement malheureuse, où on doive...
Et là on le voit dans des décisions qui
ont été prises récemment. Moi, je peux parler de mon dossier de porte-parole en
enseignement supérieur, on a dû imposer des plafonds dans les dépenses
d'investissement de nos... de nos institutions d'enseignement supérieur. Les
cégeps et les universités ont reçu, donc, cette annonce, cette nouvelle tout à
fait inattendue durant les vacances, cet été, comme quoi ils devaient, donc,
couper drastiquement dans leur budget d'investissement, encore une fois, étant
donné qu'on est dans cette situation financière difficile. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme
la Présidente. Donc, nous en sommes à l'adoption du principe du projet de loi
n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques
et modifiant diverses dispositions législatives.
Mme la Présidente, vous avez entendu mes
collègues l'un après l'autre au cours, donc, de cet après-midi, vous parler des
écueils du projet de loi n° 69, qui est défendu avec brio par notre
collègue de Saint-Laurent, que je salue. Vous ne serez, donc, pas surprise,
donc, d'apprendre que nous sommes contre le principe de l'adoption de... contre
le principe du projet loi n° 69.
C'est rare, Mme la Présidente, là. Parce
que, vous le savez, évidemment, donc, l'objectif, c'est toujours, donc,
d'étudier ces projets de loi. Donc, habituellement, donc, à l'étape de
l'adoption du principe, on veut... on va s'assurer, donc, de le poursuivre, on
va nommer, donc, les écueils, ce qui manque dans le projet de loi, là où il
fait fausse route, mais, bien souvent, on est en accord avec celui-ci. Cette
fois-ci, bien, ce n'est absolument pas le cas.
D'abord, Mme la Présidente, on ne devrait
même être en train d'étudier ce projet de loi là en ce moment. On se rappellera
que le gouvernement de la CAQ n'a jamais obtenu le mandat de la population pour
effectuer une réforme aussi importante, là. On parle quand même de notre joyau,
d'Hydro-Québec. On sait que la ministre, la nouvelle ministre de l'Économie
nous a dit... et de l'Énergie nous a dit qu'elle était hydro-Québécoise, mais,
dans ce cadre-là, je pense que, comme hydro-Québécoise, bien, on aurait pu...
le gouvernement, donc, aurait pu, donc, se garder une petite gêne, parce qu'un
projet comme celui-ci, quand on demande une... quand on met en branle, donc,
une réforme aussi substantielle, bien, habituellement, on va chercher un mandat
de la population pour être capable de le faire.
C'est sûr que je vous ramène à plusieurs
élections précédentes. Dans les années 60 et 70, chaque fois qu'on a eu...
chaque fois qu'il y a des gouvernements qui se sont succédé, ont décidé de
toucher à l'énergie, de réformer tout ce qui concernait le contexte
énergétique, bon, ils en ont fait, donc, des engagements électoraux, ce sont
assurés d'aller chercher un mandat de la <population pour pouvoir le
faire...
Mme Cadet :
...bon,
ils en ont fait, donc, des engagements électoraux, se sont assurés d'aller
chercher un mandat de la >population pour pouvoir le faire. Donc, déjà,
ça nous positionne de ce côté-ci. Mais, en plus, vous vous rappellerez, Mme la
Présidente, que, pour... Bien, en fait, donc, dans les jours précédant le début
des consultations particulières liées au projet de loi n° 69,
bien, on a eu un changement de ministre. Donc, on ne parle pas d'un changement
mineur. On parle du ministre qui a piloté ce projet, qui a travaillé avec les
acteurs, puis, au moment, donc, de commencer à l'étudier, bien, on sait ce qu'il
s'est passé, il a dû quitter, quitter précipitamment, à la demande du premier
ministre.
• (18 h 20) •
Donc, ma collègue de Saint-Laurent, à ce
moment-là, avait demandé judicieusement de reporter… de profiter du changement
de ministre pour reporter l'étude du projet de loi. Puis ça, ça n'enlève rien,
Mme la Présidente, aux qualités intrinsèques de la ministre. On la connaît,
elle est studieuse. Ce n'est pas ça, l'enjeu, mais elle est tout de même
arrivée en poste en catastrophe, sur les chapeaux de roues, et, considérant,
donc, les éléments contextuels que je viens de vous énoncer, bien, on aurait pu
profiter de cette occasion-là pour reporter l'étude de ce projet de loi ci.
Enfin, de façon plus fondamentale, Mme la
Présidente, c'est quoi, l'enjeu ici, hein, parce que, là, je vous ai parlé,
donc, de modifications importantes, de contexte énergétique assez important,
puis, ici, on fait face à une situation où, comme dans bien d'autres domaines,
on est passés d'un surplus à un déficit. On le sait, on est passés d'un surplus
de main-d'oeuvre à une pénurie de main-d'œuvre. On est passés, donc, de surplus
budgétaires... Ma collègue de Mont-Royal—Outremont vient
de parler, donc, des surplus budgétaires, donc, de 7 milliards de
dollars à un déficit de 11 milliards de dollars. On est passé de
surplus énergétiques… qui sont disparus et qui font en sorte qu'aujourd'hui,
bien, le Québec, il manque d'électricité pour effectuer sa transition
énergétique.
Donc, Hydro-Québec, il prévoit dépenser
plus de 150 milliards de dollars dans les prochaines années pour
doubler sa capacité de production dans le but d'atteindre la carboneutralité
d'ici 2050. C'est assez majeur, Mme la Présidente. Puis, dans ce cadre-là,
nous, quand on... Nous, au Parti libéral du Québec, quand on a vu qu'on faisait
face à cette situation, qu'on regardait qu'est-ce qui nous guettait... qu'on
s'est dit : O.K., bien, il y a une transition énergétique à faire ici au
Québec, puis il faut qu'on soit capable de se parler entre Québécois pour voir
qu'est-ce qu'on veut faire avec ça. Bien, on avait recommandé de tenir une
réelle consultation nationale itinérante à travers le Québec. On a commencé à
demander ça depuis le 16 janvier 2023. Ça fait plus d'un an et demi que
cette demande, elle est demeurée lettre morte de la part du gouvernement.
Donc, dans l'intervalle… Puis, je le
disais, Hydro-Québec… Le gouvernement du Québec considère que ce sont environ
100 000... 100, plutôt, térawattheures qui devront être ajoutés aux
quelques 210 térawattheures qui sont déjà produits annuellement pour
répondre aux besoins énergétiques du Québec. Bien, ça, je pense que ça aurait
demandé... Bien, enfin, on pense, nous, au Parti libéral du Québec, que ça
aurait demandé une consultation nationale, mais, bon, on arrive avec le
processus législatif qui nous est présenté.
Donc, je vous ai déjà, donc, expliqué
pourquoi, bien, on ne devrait même pas être en train de l'étudier, mais là il
est devant nous. Donc, au-delà du fait que le contexte économique et
énergétique qui prévaut aujourd'hui au Québec fait en sorte qu'on... le
produit législatif qui nous a été déposé, qui nous a été présenté, ne nous
semble pas adéquat en soi, bien, il y a les éléments qui se trouvent au projet
de loi qui nous semblent être assez... quelques-uns d'entre eux sont assez
difficiles à avaler. Vous avez entendu mes collègues vous les nommer.
Donc, par exemple, je commence avec
l'objectif même, donc, du projet de loi, donc, on dit… Le but avoué du projet
de loi, c'est de mieux encadrer la production et l'utilisation des ressources
énergétiques du Québec. Et l'un des premiers éléments qui sont mis en avant
dans le projet de loi, bien, c'est la création d'un plan intégré des ressources
qui aurait pour but de mieux planifier la production et l'octroi des ressources
dans le temps. Jusque-là, je pense qu'on est d'accord. On n'arrête pas de
demander au gouvernement de mieux planifier. Donc, on comprend, donc, ce principe.
Ceci dit, cette planification ici, donc,
elle relèverait, donc, des pouvoirs du ministre, donc, dans le texte qui nous
est présenté. Donc, bien qu'on dit : O.K., c'est bien beau, donc, de
planifier, bien, il y a plusieurs groupes qui sont venus en consultations
particulières puis qui nous ont dit : Bien, pourquoi cette
responsabilité-là, elle ne relève pas d'Hydro-Québec, qui détient beaucoup plus
d'informations quant à la production et l'utilisation de l'électricité au
Québec? Pourquoi est-ce que, dans le projet de loi, on nous dit : Bien, la
planification doit relever des pouvoirs du ministre?
On l'a vu, puis je reviendrai là-dessus un
peu plus tard, Mme la Présidente, il y a eu certaines tendances que l'on voit
au gouvernement, notamment dans le dossier énergétique, de ramener... d'enlever
à Hydro-Québec certains pouvoirs, de lui enlever, donc, une certaine capacité
décisionnelle et de ramener ça vers le politique. Ça ne nous semble pas être
une gouvernance responsable, <parce qu'on le dit...
Mme Cadet :
...responsable,
>parce qu'on le dit bien, là, la Loi assurant la gouvernance responsable
des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives...
Pour gouvernance responsable, on comprend que le premier élément qui outille,
qui sous-tend le projet de loi nous apparaît... nous apparaît problématique à
différents égards, Mme la Présidente.
Donc, et, de plus, je vous disais, donc,
que l'élément... l'élément, donc, de gouvernance, donc, de mettre ça dans les
mains, donc, de mettre ces pouvoirs-là dans les mains du ministre, mais aussi,
même si, donc, le p.l., il prévoit une planification à long terme, bien, le
gouvernement caquiste, il n'a toujours pas déposé de telle planification, alors
que le gouvernement est à la deuxième moitié de leur second mandat. Donc, à un
moment donné, ça devient, donc, difficile, donc, de trouver ce processus
légitime, considérant l'historique du gouvernement en la matière.
Ensuite, Mme la Présidente, pour... Bon,
on le sait, pour assurer la pérennité de notre société d'État puis assurer une
juste répartition des coûts pour ses clients, bien... bon, le gouvernement,
donc, il doit mettre de l'avant des modifications législatives quant à la
manière dont la tarification de l'électricité doit se faire. On se rappellera,
Mme la Présidente, qu'en 2019, je pense que c'était 2019, Mme la Présidente, le
gouvernement, il a commis une erreur historique, c'était certainement dans le
dernier mandat, il a décidé de lier les tarifs d'électricité à l'inflation
plutôt que de conserver, donc, la détermination, donc, de ces tarifs, donc, par
la Régie de l'énergie.
À l'époque, on l'avait dit, donc, le Parti
libéral du Québec, donc, s'était levé en cette Chambre, plutôt au salon bleu,
pour dire : Pas certain que ce soit une bonne idée. De mémoire, donc,
c'était notre collègue, Carlos Leitão, qui disait : Oui, mais si
l'inflation, elle augmente substantiellement, si elle grimpe à 5 %,
6 %... Puis le premier ministre, donc, lui avait répondu en d'autres
termes, ici, je résume ses propos, mais qu'essentiellement il fabulait, que
c'était un scénario qui était irréaliste. On a vu ce qu'il s'est passé dans les
dernières années, donc, l'augmentation, donc, de l'inflation galopante, donc,
qui s'est produite au cours des derniers mois, qui a affecté, donc, le coût de
la vie des Québécois, donc, à plusieurs égards, mais également, donc, de nos
différentes entreprises. Bien, le gouvernement, donc, dans le projet de loi, il
dit : Ah! Oups! On est obligé, un petit peu, de reculer, on est obligé
d'un peu rétropédaler ici.
Donc, il a commis cette erreur historique
là, Mme la Présidente, puis là, donc, on nous propose de revenir à des tarifs
qui sont établis par la Régie de l'énergie. Bon, c'est une bonne nouvelle, pour
nous, on le sait, on le dit, je viens de le dire, on s'est toujours battu pour
que ce soit la régie qui établisse les tarifs à la suite d'une analyse
publique. Ceci dit, le projet de loi, en ce moment, bien, il propose que cette
analyse-là se fasse une fois tous les trois ans plutôt que sur une base
annuelle. Avant ça, on avait une base annuelle, Mme la Présidente. Donc, on ne
revient pas tout à fait au statu quo, on dit juste : O.K., puis on va...
c'est bon, on a compris, peut-être que ce n'était pas l'idée du siècle, on va
ramener ça à la Régie de l'énergie, mais on n'est plus sur une base annuelle
comme on l'a déjà été, on arrive avec une analyse triennale ici.
Ça nous apparaît un peu surprenant. Ça
nous apparaît un peu surprenant, Mme la Présidente. Surtout... donc, ça vient
du fait qu'à... Hydro-Québec, donc, afin de demander une révision tarifaire
durant la période de trois ans, va maintenant devoir demander l'autorisation au
gouvernement, ce qui peut soulever des questionnements, comme Hydro-Québec est
une société d'État puis que la régie est un organisme indépendant. Donc, on a
des questionnements là-dessus, Mme la Présidente.
Ensuite, le projet de loi vient aussi
modifier la manière dont les tarifs, donc, pour l'électricité patrimoniale sont
établis. Ça, on le sait, ça fait partie de notre contrat social avec
Hydro-Québec, donc, les blocs d'électricité patrimoniale, Mme la Présidente.
Ici, les changements qui sont prévus semblent donner plus de latitude au
gouvernement pour modifier cette tarification historique.
On l'a dit plus tôt, je l'ai mentionné,
mes collègues l'ont mentionné, on est en faveur que l'ensemble des tarifs
soient établis par la régie, on comprend, donc, il y a des... je veux dire, O.K.,
on est ouverts, on l'a même dit plus tôt, je veux dire, s'il fallait avoir,
donc, une consultation nationale sur l'énergie, bien, ça pourrait faire partie,
donc, des éléments, donc, à discuter lors d'une éventuelle consultation
nationale. Il y a un débat à faire, on le comprend, mais ici, le gouvernement,
il semble se donner le droit de choisir qui aura accès au bloc patrimonial et à
quelles conditions l'électricité peut être accordée.
Quand je vous parlais d'enjeu de
gouvernance, Mme la Présidente, quand je vous disais que le titre du projet de
loi dit Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques,
vous comprendrez qu'ici, donc, il y a un... une certaine suite logique, il y a
certains éléments qu'on y retrouve au niveau, donc, d'une certaine captation
des pouvoirs, d'une certaine attribution, donc, des pouvoirs sur le plan
politique, dans la manière, donc, de pouvoir développer les...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Désolée, Mme la députée, mais on doit mettre fin au
débat. Mais, comme vous n'avez pas <terminé...
>
18 h 30 (version révisée)
<15417
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
...désolée, Mme la députée, mais
on doit mettre fin au débat. Mais, comme vous n'avez pas >terminé votre
intervention, est-ce que vous souhaitez la poursuivre lors de la reprise de ce
débat?
Mme Cadet : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Parfait.
Donc, nous allons l'inscrire. Vous serez la prochaine lors de la reprise du
débat du projet de loi n° 69.
Débats de fin de séance
Rémunération des stages étudiants
Maintenant, tel qu'annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder au débat de fin de séance qui portera sur une
question adressée par Mme la députée de Bourassa-Sauvé à Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur concernant le laxisme du gouvernement caquiste en matière de
rémunération des stages.
Je vous rappelle que, conformément à l'article 310,
le député qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un
temps de parole de cinq minutes, et, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, vous
avez ensuite un droit de réplique de deux minutes.
Donc, je vais juste valider... Parfait.
Donc, tout le monde est en place. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, je vous
cède la parole.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Rebonsoir, Mme la
Présidente. Donc, j'apprécie échanger avec vous ce soir, manifestement. Donc,
cette fois-ci, donc, on va... donc, je vais poursuivre la conversation, puis on
va échanger sur le débat sur la rémunération des stages dans le secteur public.
Vous m'avez entendue un peu plus tôt
aujourd'hui, en période de questions, Mme la Présidente, donc, vous rapporter
les propos de la ministre il y a un an et demi. Je vous les recite ici. Donc,
en avril 2023, donc, c'est connu, c'est public, donc les extraits ont été
largement et abondamment diffusés, elle nous disait : «Quand les jeunes
arrivent en fin de parcours, à des stages IV, qu'on appelle, ils
travaillent dans le réseau 30 à 40 heures-semaine, ils méritent d'avoir
une rémunération.»
Donc, Mme la Présidente, donc, Mme la
ministre nous a expliqué... même aujourd'hui, en période de questions, elle
nous a dit... elle a rencontré les jeunes, elle a rencontré les associations
étudiantes. C'est un dossier qui lui tient à cœur. Soit. Mon enjeu aujourd'hui
puis la raison pour laquelle j'ai demandé qu'on puisse effectuer un débat de
fin de séance sur le dossier de la rémunération des stages dans le secteur
public... C'est qu'on ne doute pas de l'intention du gouvernement dans ce
dossier. On ne doute pas que le gouvernement, il a cheminé puis qu'il est en accord
avec le principe. Mme la Présidente, j'ai déposé des motions sur le sujet ici,
à l'Assemblée nationale, justement sur le principe de la rémunération des
stages dans le secteur public. Ces motions ont été acceptées à l'unanimité des
parlementaires. Donc, on comprend, le gouvernement caquiste a voté en faveur de
ces motions. Il y en a eu une, de mémoire, donc, à l'automne, donc, l'année
dernière, un peu plus tard au printemps cette année, donc on comprend... puis
on a eu des sorties avec les associations étudiantes, on a eu une motion du
mercredi sur la rémunération des stages. Ça fait longtemps que je talonne le
gouvernement sur ce dossier. Chaque fois, bien, on nous répond : D'accord,
d'accord. O.K., on travaille là-dessus, on travaille là-dessus, on travaille
là-dessus.
Mais aujourd'hui on a des étudiants, on a
des jeunes, et je l'ai dit un peu plus tôt et je le répète parce que je l'ai
mentionné souvent, notamment des jeunes femmes, Mme la Présidente, parce que
les stages qui... aujourd'hui, les... bien, en fait, les professions pour
lesquelles les stages ne sont toujours pas rémunérés aujourd'hui sont, et c'est
largement documenté, des professions à prédominance féminine, Mme la
Présidente. On parle ici de stagiaires, donc, qui sont des futures infirmières,
qui sont des futures enseignantes, qui sont des futures travailleuses sociales,
qui sont des futures infirmières praticiennes spécialisées. D'ailleurs, j'en
profite — j'ai un peu plus de temps — donc, pour rappeler
que je marraine une pétition, d'ailleurs, sur la rémunération des stages qu'effectuent
les futures infirmières praticiennes spécialisées alors que ce sont des
professionnels, dans leur cas, qui sont déjà à l'emploi, qui oeuvrent dans le
secteur public, qui ont des responsabilités, bien, habituellement, parce que c'est
un programme relativement récent, donc souvent elles n'arrivent pas directement
après leur formation, elles ont travaillé, donc, elles ont parfois des enfants,
elles ont parfois une hypothèque, donc elles ont la vraie vie du quotidien dont
elles doivent s'occuper, puis qui décident, donc, de faire ce saut-là et qui se
retrouvent, donc, en fin de parcours avec un stage qui est non rémunéré.
Donc, je vous donne ces exemples-là parce
que les témoignages qu'on a entendus, Mme la Présidente, sont des témoignages,
donc, de jeunes, de jeunes femmes en majorité, qui nous disent : Bien,
pendant cette période de stage là, on est en situation de précarité. Nous, on
aide l'État à remplir ses missions essentielles. Nous, quand on est rendus,
donc, à ce stade-là de notre formation, là... Ce n'est pas un stage d'observation,
Mme la Présidente, là, ce n'est pas des jeunes qui arrivent avec leurs calepins,
là, dans un milieu de travail, qui prennent des notes puis qui repartent chez
eux à la fin pour faire un examen, on parle de personnes qui effectuent une
prestation de travail. On parle de personnes, donc, qui, encore une fois, donc,
aident l'État à remplir ses missions <essentielles...
Mme Cadet :
...encore
une fois, donc, aide l'État à remplir ses missions >essentielles, donc,
qui s'assure d'offrir des services publics à l'ensemble des Québécois.
Dans un contexte où on le sait, que, dans
le secteur public, donc, on a encore une pénurie de main-d'oeuvre, on sait que,
malgré, donc, la croissance de certains... donc, de recrutements, donc, dans
certains de ces métiers, donc, on n'arrive pas à répondre, donc, à la demande,
qui est encore plus croissante, donc, pour ces services publics, bien, il faut
qu'on soit capables de les attirer puis de les maintenir, ces travailleuses-là.
Donc, nous, ce qu'on dit, c'est : D'accord, O.K., le gouvernement...
Là, je vous dis tout ça, le gouvernement,
il est en accord avec moi. Je le sais, là, Mme la ministre, elle va me
dire : Tout à fait, on est sur la même longueur d'onde sur le principe. Maintenant,
ce que je demande, la question que je pose à la ministre de l'Enseignement
supérieur, c'est : Quand est-ce qu'elle va payer ces jeunes femmes là pour
le travail qu'elles font? Quand est-ce qu'elle va payer ces jeunes femmes là
pour la prestation de travail qu'elles effectuent dans notre secteur public?
Parce que non seulement elles le méritent, comme elle-même, elle a dit, mais
chose promise, chose due.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la ministre. Je vous
rappelle que vous avez un temps de parole maximum de cinq minutes.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci beaucoup à ma collègue de l'autre côté de la Chambre.
Évidemment, on est tous sur la même page quand on parle de rémunération de
stages, plus spécifiquement le stage 4, dont mon collègue à l'Éducation
parlait il y a quelques jours.
Je veux revenir sur la chronologie, un petit
peu, des événements. Donc, oui, il y a eu des motions qui ont été votées. Oui,
ils ont eu des motions qui ont été votées à l'unanimité. Tout le monde s'entend
pour dire que la rémunération des stages, c'est un enjeu important, c'est un
enjeu aussi préoccupant.
Maintenant, le gouvernement a fait des
choix. Je l'ai dit et je l'ai répété, Mme la Présidente, à plusieurs reprises,
on a fait des choix qui sont exigeants mais nécessaires. On a décidé, au cours
des derniers mois, d'investir massivement dans nos services publics, que ce
soit en santé, que ce soit en éducation, là où il y a vraiment des besoins
criants. On vient améliorer, avec ce qu'on a fait comme investissement dans les
services publics, on vient améliorer de manière substantielle les salaires et
les conditions de travail. Ce sont 450 000 salariés du secteur de
l'éducation, de la santé et des services sociaux et de l'enseignement
supérieur. Ce qui veut dire que les étudiants en fin de parcours auront des
emplois beaucoup plus payants lorsqu'ils vont accéder au marché du travail dans
le secteur public, avec, Mme la Présidente, de meilleures conditions sur le
marché du travail. On vient leur garantir, si vous voulez, un meilleur avenir.
Donc, c'est les choix que nous avons faits.
Il y avait deux grosses préoccupations à
l'époque. Il y a peut-être un an de ça, avec les associations étudiantes, on a
travaillé en étroite collaboration avec les assos là-dessus. On avait deux gros
enjeux, le logement étudiant, qui est un enjeu extrêmement important, qui est
un frein à l'accessibilité à l'enseignement supérieur, parce que les régions
connaissent un besoin criant, et il y avait l'enjeu de la rémunération des
stages. Et on a fait ces choix-là. On s'est dit : On va bonifier les
conventions collectives, on va bonifier les salaires et les conditions de
travail, et on va aussi s'attaquer au logement étudiant. C'est la raison pour
laquelle on a eu... on a eu un 200 millions au PQI pour être capable de
faire pousser des logements étudiants un petit peu partout à travers le Québec.
Donc, on a fait ces choix-là, ce qui ne
veut pas dire qu'on ne regarde pas les options en ce moment, qu'on n'explore
pas d'autres avenues. Plus spécifiquement, comme le mentionnait mon collègue,
dans le stage 4 en enseignement, ce sont des étudiants qui sont en fin de
parcours, qui ont une classe, c'est-à-dire qu'ils ont la charge d'une classe et
qui travaillent 40 heures-semaine. C'est la raison pour laquelle on essaie
de mettre de l'avant le fameux programme de trois ans... de trois plus un,
trois ans plus un an de stage en classe. On sait que l'Université de Sherbrooke,
Mme la Présidente, a levé la main et déploie ce type de programme là et de
formation.
Et j'invite... depuis plusieurs mois déjà,
mon collègue et moi travaillons très fort pour que d'autres universités
emboîtent le pas, pour que, justement, Mme la Présidente, on puisse avoir des
ententes avec les centres de services scolaires, où ces jeunes-là sont
embauchés pour le dernier... le dernier bout de leur parcours, donc la
quatrième année, qui se fait justement dans les stages. Donc, on explore cette
possibilité-là. Il y a plusieurs solutions, justement, pour combler à la
pénurie de professeurs dont on parlait la semaine dernière.
• (18 h 40) •
Mais j'insiste beaucoup sur le fait que
c'est une tendance qu'il faut renverser. Quand on parle de pénurie
d'enseignants, c'est une tendance lourde qu'il faut renverser. Il y a plusieurs
autres mesures qu'on a mises de l'avant, mon collègue et moi, pour, justement,
soutenir les étudiants et étudiantes qui sont en éducation. Le portrait n'est
pas tout sombre non plus. On a eu des statistiques dans certaines facultés où
il y a effectivement des enjeux. Il y a d'autres facultés où il y a eu une
croissance. Je parlais avec le recteur de l'Université du Québec à
Trois-Rivières au cours de la fin de semaine, qui me disait qu'au cours des
cinq dernières années, dans le programme en éducation préscolaire...
préscolaire, primaire, je pense, il y avait eu... il y a eu une augmentation de
22 %. Donc, il y a quand même des facultés... Il y a eu aussi, du côté de
Concordia, du côté de d'autres <facultés...
Mme Déry :
...il y a
quand même des facultés... Il y a eu aussi, du côté de Concordia, du côté de
d'autres >facultés, une certaine croissance, en termes d'étudiants qu'on
a dans ces programmes en éducation et en enseignement.
Donc, je pense qu'il ne faut pas voir...
le portrait n'est pas tout noir, n'est pas tout sombre. On a mis des mesures de
l'avant pour soutenir les étudiants, non seulement à travers les bourses
Perspectives, aussi, on peut avoir jusqu'à 20 000 $ pour avoir...
pour passer à travers son baccalauréat en éducation. On a un soutien financier
important qui accompagne nos étudiants. Alors, je pense qu'il y a plusieurs
mesures qui sont actuellement... qui sont actuellement sur la table et qui,
depuis, ont été déployées, qui viennent aider les étudiants : bonification
de l'AFE, les programmes de persévérance, les programmes de PASME, mais il y a
eu une série de mesures qui ont donné des résultats et qui donnent des
résultats.
Maintenant, ce que je souhaite, c'est que
ce fameux programme de trois ans plus un soit vraiment déployé à la grandeur de
nos universités. Puis on travaille très fort avec les universités, que ce soit
l'Université Laval, l'UQAM, l'Université de Montréal, qui ont de grosses
facultés en éducation, de justement emboîter le pas, nous donner cette
possibilité-là pour que soit rémunéré... c'est-à-dire pour que soit... qu'il y
ait des ententes et des partenariats avec les centres de services scolaires et
les étudiantes en question pour le dernier bout du parcours. Alors, voilà.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
Bourassa-Sauvé pour son droit de réplique.
Mme Madwa-Nika Cadet (réplique)
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Ce que j'aimerais dire à la ministre, c'est que, l'an dernier, en
avril 2023, lorsqu'elle a dit que les stagiaires méritaient d'avoir une
rémunération, ce qu'elle a créé, chez les jeunes, c'est de l'espoir. La semaine
dernière, donc un an et demi plus tard, après sa déclaration, quand son
collègue, donc, à l'Éducation, donc, a lui aussi, donc, soulevé le fait qu'il
étudiait la possibilité de rémunérer les stages, donc, dans le milieu de
l'éducation, ce qu'il a aussi créé, c'est de l'espoir.
Jeudi soir, j'avais le privilège d'être
invitée d'honneur à l'événement, donc, de Force jeunesse, donc, qui lançait la programmation
des Rencontres Maîtres chez vous, ça fait que j'avais l'occasion d'être avec
beaucoup de jeunes, des jeunes de... oui, donc, qui militent au sein de
différentes formations politiques, mais surtout des jeunes qui sont très, très,
très actifs au sein d'associations étudiantes, l'UEQ, la FECQ, la CADEUL, donc
toutes ces associations-là qui sont très présentes et qui suivent le dossier de
la rémunération des stages dans le secteur public depuis de nombreuses années.
Ce que j'ai vu jeudi soir, là, c'est le même jour, le même après-midi où le
ministre a fait sa déclaration... ce que j'ai vu jeudi soir, c'est aussi de
l'espoir dans les yeux de ces jeunes-là qui sont venus me voir, qui se sont
dit : O.K. Mon Dieu! Ça s'en vient, ça s'en vient, ça s'en vient.
Donc, moi, ce que je n'ai pas envie, là,
moi, ce que je ne veux pas voir, c'est de voir ce gouvernement-là, le
gouvernement caquiste, créer des faux espoirs pour les jeunes. Un an et demi
plus tard, quand on nous dit : O.K., on étudie la question, les jeunes se
disent : Nous, on le sait, qu'on mérite d'être payés. La ministre, elle
l'a déjà dit l'année passée. Le ministre de l'Éducation, tout ce qu'il a fait,
c'est répéter exactement les mêmes propos que l'année dernière. Donc, ça va
être très important de passer à l'action, Mme la Présidente, parce que, quand
le gouvernement nous dit : On a fait des choix, bien, moi, ce que
j'entends, c'est qu'ils ont fait le choix de ne pas payer ces jeunes-là.
Puis, pour finir, je veux juste mettre le
gouvernement en garde : la rémunération des stages à la pièce, ça ne
passera pas, je vous le dis, ça ne passera pas. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Cela met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 2 octobre 2024, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 44)