(Neuf
heures quarante minutes)
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Bonjour, chers collègues. Veuillez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous
en sommes maintenant à la rubrique Déclarations de députés, et je cède la
parole à M. le député de Saint-Jean.
Souligner la création d'un
nouveau service d'entraide pour
les hommes à Saint-Jean-sur-Richelieu
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Mme la Présidente, vous vous souviendrez que, dans
la foulée d'une augmentation de féminicides, la ministre de la Sécurité
publique du temps avait commandé à notre collègue de Chauveau
un portrait des services d'aide aux hommes potentiellement violents au Québec.
Et c'est comme ça que mon comté de Saint-Jean est apparu sur le radar
avec deux problèmes : un taux élevé de cas problématiques ou à risque et
ce qu'on appelle un trou de services. Les services étaient en équilibre en
Montérégie, mais le centre d'aide le plus près de chez nous était trop loin.
Grâce à l'écoute et
l'aide du ministre des Services sociaux, la communauté s'est mobilisée, et
notre maison des familles, Famille à Coeur, a accepté de créer, l'an dernier,
Le Saule, notre service d'entraide pour hommes. Et j'aurai le plaisir de le faire visiter à la ministre de la Condition
féminine vendredi, parce que je suis de ceux qui pensent que, pour aider les femmes victimes de violence, il
faut aussi aider les hommes, parce que l'inclusion de l'un est indissociable
de l'avancement de l'autre. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner le 100e anniversaire
de l'Hôpital Shriners pour enfants
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci,
Mme la Présidente. Cette année marque le 100e anniversaire de l'Hôpital
Shriners pour enfants, une institution
spécialisée dans les soins pédiatriques, la recherche révolutionnaire et l'innovation
globale. Il fait partie du Site Glen du Centre universitaire de McGill, une
fierté de ma circonscription, à Notre-Dame-de-Grâce.
Created
in 1925, Montréal Shriners Hospital is a bilingual, short-term acute care
hospital providing specialized care to children. For 100 years, they have
remained committed to reaching as many children as possible and offering them
unique patient-centered care.
Rien
de tout cela ne serait possible sans les infirmières, les médecins, les
administrateurs et le personnel, qui font preuve d'attention et d'empathie
incroyable, et dont beaucoup sont des résidents de Notre-Dame-de-Grâce.
Bien
que le Shriners soit une institution de renommée internationale, les résidents
de NDG peuvent en être fiers.
Bon anniversaire, et
pour les prochaines 100 années! Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à
la députée de Marie-Victorin.
Féliciter l'équipe de
volleyball des Carabins, gagnante d'une
médaille d'argent au championnat canadien, ainsi que
son entraîneur, M. Olivier Trudel
Mme Shirley Dorismond
Mme
Dorismond : Merci, Mme la Présidente. Je félicite l'équipe féminine de
volleyball des Carabins de l'Université de Montréal, dirigée par Olivier Trudel, présent dans les
tribunes, pour leur médaille d'argent au championnat canadien, la
deuxième meilleure équipe du pays. Les Carabins ont fait trembler le Québec en
renversant les favorites, les Pandas de l'Université de l'Alberta, pour atteindre
la finale.
M. Trudel est
devenu le premier entraîneur de volleyball de l'histoire de l'UdeM à recevoir
le titre du meilleur entraîneur du Canada. En 12 ans, vous avez réussi à
récolter deux médailles de bronze et deux médailles d'argent. Élu entraîneur de
l'année du Québec pour la 12e fois, l'équipe est 13 fois championne
du RSEQ. Et, en 2025, il marque sa 300e victoire.
Je
vous remets un certificat honorifique pour votre dévouement et votre impact
positif sur nos athlètes. Vous laissez une empreinte indéniable sur la scène
sportive. Serge, Marie-Line, vous pouvez être fiers de votre fils.
Bravo à toute
l'équipe!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Laurier-Dorion.
Appuyer les demandes des
élèves de l'Académie de Roberval
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente.
Aujourd'hui, je tiens à souligner le combat des élèves de l'école secondaire
Académie de Roberval, qui se mobilisent pour la réintégration dans leur école
d'origine.
Délocalisés
depuis 2017, les élèves ne ménagent pas leurs efforts pour protéger cette école
de ma circonscription, qui nécessite des travaux majeurs.
Aujourd'hui,
les élèves demandent au ministre de l'Éducation de les entendre et d'autoriser
enfin le financement nécessaire pour la reconstruction de leur école.
Cette semaine, les
élèves m'ont remis une pétition qui a recueilli plus de 1 000 noms,
de 1 000 signatures, et je me suis engagé à porter leur voix auprès
du ministre de l'Éducation.
Cet
exemple de mobilisation des jeunes mérite tout notre respect, parce qu'une
école, ce n'est pas juste un bâtiment, c'est un lieu d'attachement, de
socialisation et de participation où nos jeunes se forment à être les adultes
de demain.
Les
élèves de l'Académie de Roberval nous montrent le chemin en se mobilisant pour
leur école, et je les en félicite. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Bonaventure.
Rendre hommage à Mme Nancie
Smith
Mme Catherine Blouin
Mme Blouin : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors,
aujourd'hui, je souhaite souligner la vivacité d'esprit de
Mme Nancie Smith.
Cet hiver, à la
patinoire de Pabos, il y a un petit garçon qui s'est retrouvé en détresse
respiratoire. Il était étouffé. Il ne pouvait plus respirer. Il ne pouvait plus
parler. Mais heureusement Nancie était là. Pendant ces quelques secondes
d'angoisse, elle est intervenue avec calme, rapidité et instinct. Elle a changé
le cours des choses, et c'est en très grande
partie grâce à elle que ce garçon a pu retrouver son souffle et éviter le pire.
Elle lui a sauvé la vie. Ce jour-là, elle
a fait preuve de courage et a rempli de reconnaissance le garçon et tous ses
proches. C'est rare qu'on sauve la vie de quelqu'un, mais Nancie, elle,
elle l'a fait plusieurs fois.
Alors, Nancie, du
fond du coeur, je te dis merci. Ta bienveillance, ton altruisme méritent d'être
soulignés. Et c'est toute la communauté qui est remplie de gratitude envers
toi. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à
la députée de Bourassa-Sauvé.
Souligner le 35e anniversaire
de Microcrédit Montréal
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente, je prends la parole aujourd'hui
pour souligner le 35e anniversaire de Microcrédit Montréal, une
organisation qui oeuvre sans relâche pour l'épanouissement économique des
entrepreneurs et des professionnels formés à l'étranger.
Depuis sa création en
1990, Microcrédit Montréal se distingue par son engagement à lutter contre la
pauvreté et l'exclusion sociale par la mise en place d'un modèle de financement
socialement responsable, innovant et accessible à tous, soit le microcrédit,
ces petits prêts qui changent des vies et rapportent gros à la société.
Je tiens à saluer l'approche
humaine de l'organisation, qui permet aux entrepreneurs d'avoir accès aux
outils nécessaires pour entreprendre en sol québécois avec confiance et qui
épaule aussi les professionnels dans l'accélération de la reconnaissance de
leurs compétences afin qu'ils puissent travailler dans leur domaine au Québec.
Notons que
Microcrédit Montréal offre aussi de l'accompagnement personnalisé aux femmes,
contribue à la création d'emplois et contribue au maintien de ces derniers.
À
l'occasion de ce 35e anniversaire, merci de permettre à de nombreux
Québécois de réaliser leurs rêves. Longue vie à Microcrédit Montréal!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner
le 60e anniversaire de l'entreprise Transport Gérald Pelletier
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne :
Merci, Mme la Présidente. Je prends la parole en cette Chambre aujourd'hui pour
souligner les 60 ans d'existence de l'entreprise familiale Transport
Gérald Pelletier.
Bien enracinée dans
sa communauté à L'Isle-Verte, Transport Gérald Pelletier transporte
annuellement plus de 100 millions de litres de lait, de Saint-Simon à Rivière-du-Loup,
en passant par le Nouveau-Brunswick, contribuant activement à notre économie
locale.
L'entreprise
familiale a été fondée en 1964 par M. Gérald Pelletier, alors qu'il était
âgé de seulement 22 ans. Après avoir
été dirigée par ses enfants Linda, Sylvie et Daniel, Transport Gérald Pelletier
est aujourd'hui sous la direction de
Chloé et de Shana D'Amours, les petites-filles de M. Pelletier. C'est en
leur présence ce matin dans les tribunes que je souhaite rendre hommage
à vous, M. Pelletier, pour votre apport inestimable à la vitalité de notre
communauté.
Alors,
au nom de tous les citoyens de la circonscription de Rivière-du-Loup—Témiscouata, incluant Les Basques, merci, et bon succès pour votre
60e anniversaire.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à
M. le député de Portneuf.
Souligner l'engagement des
bénévoles du Relais
de la Pointe-Aux-Écureuils
M. Vincent Caron
M. Caron : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner
l'implication extraordinaire des bénévoles du Relais de la Pointe-Aux-Écureuils,
à Donnacona.
Cet
organisme a vu le jour il y a plus de 10 ans, lorsque des femmes et des
hommes se sont mobilisés pour sauvegarder l'église de
Saint-Jean-Baptiste et lui redonner un second souffle.
Après un travail
considérable, l'église abrite aujourd'hui un club de gymnastique, un
dépôt-vente de meubles, une salle de
spectacle, un musée, le cercle des fermières, et bien plus encore. L'année y
est rythmée par des activités qui sont
devenues, au fil du temps, de véritables traditions, comme le fameux
vide-grenier ou les rendez-vous estivaux sur le parvis, qui sont
l'occasion de belles discussions dans une ambiance chaleureuse.
Le Relais de la
Pointe-Aux-Écureuils, c'est un exemple de requalification réussie d'un élément
important de notre patrimoine bâti.
Bravo à Marc Duval,
aussi connu sous le nom de Général Patente, pour son inventivité remarquable,
ainsi qu'à toute la formidable équipe de bénévoles qui rendent ce lieu vivant.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Saint-Hyacinthe.
Souligner le travail de
l'organisation Saint-Hyacinthe Technopole
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy :
Merci, Mme la Présidente. Dans un contexte où nos entreprises doivent jongler
avec une incertitude économique liée aux tarifs imposés par nos voisins du Sud,
je souligne l'initiative de Saint-Hyacinthe Technopole.
Cet organisme accompagne nos entreprises dans ces moments de turbulence
économique par des ressources stratégiques et des conseils
personnalisés.
Saint-Hyacinthe Technopole a mis en place une section, sur son site Web, dédiée aux
entrepreneurs pour les informer des mesures de soutien disponibles, un guide
essentiel pour nos entreprises locales. Je salue cette initiative qui contribue
activement à soutenir notre économie locale. J'encourage nos entrepreneurs à
profiter de ces ressources et à faire appel aux services d'accompagnement qui
leur sont offerts. Alors, vous pouvez aller sur le site st-hyacinthetechnopole.com, guide impact tarifs
américains. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Saint-François.
Rendre hommage à Mme Madeleine
Tremblay
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Mme la Présidente, bachelière en pédagogie et en
musique, Mme Madeleine Tremblay est P.D.G. du Festival-concours de
musique de Sherbrooke depuis 2003.
Elle a été professeure de
piano, juge et administratrice à l'Académie de musique du Québec, chargée de
cours à l'Université de Sherbrooke et directrice générale de l'Académie
musicale des Cantons.
Mme Trembay
a été présidente de l'Orchestre symphonique des jeunes de Sherbrooke et
secrétaire de l'Orchestre symphonique de Sherbrooke.
Au Concours de musique du Canada, elle a présidé
la section sherbrookoise et les comités organisateurs des finales provinciales
et de la finale nationale.
Mme la Présidente, elle a aussi obtenu plusieurs
reconnaissances, dont le Mérite estrien en arts et culture, l'Ordre de la Croix
des Fusiliers de Sherbrooke, la Médaille de l'Assemblée nationale, le prix
Henri-Crochetière du Club Optimiste et le prix Fondation Desjardins — Engagement
bénévole.
Mme Tremblay,
votre implication et celle de votre formidable équipe permet à nos jeunes
musiciens de s'exprimer et d'être tellement fiers de leur travail.
Merci.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Duplessis.
Souligner le début de la saison de la pêche au crabe
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne Jourdain : «Kuei», Mme
la Présidente. Signe que le printemps est bel et bien arrivé sur la Côte-Nord
et dans l'Est du Québec, c'est cette semaine que la saison de la pêche au crabe
est lancée. Aujourd'hui, je souhaite
reconnaître le rôle vital que l'industrie de la pêche commerciale joue pour
l'économie de la Côte-Nord et du Québec.
Malgré les défis qu'impose le contexte
géopolitique actuel, les premiers casiers ont été lancés, et très bientôt le
crustacé tant attendu sera disponible dans les poissonneries. J'en salive déjà.
Je veux donc saluer ces hommes et ces femmes qui
se retroussent les manches pour aller en mer. Je lève aussi mon chapeau aux travailleurs et travailleuses des
usines de transformation qui nous permettront de nous délecter de ce délicat
fruit de mer.
Cette
semaine, on aura vu les bateaux de pêche partir en mer, déterminés à surmonter
tous les obstacles. Merci pour votre travail.
Sur ce, soyons fiers. Allons dans nos
poissonneries et encourageons nos pêcheurs en achetant local. Merci. Et bon
appétit!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Taillon.
Souligner la Semaine québécoise de la déficience
intellectuelle
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. La Semaine québécoise de la déficience intellectuelle se déroulait du 16 au 22 mars 2025. Pour
l'occasion, plusieurs activités se sont déroulées un peu partout au Québec.
J'en ai d'ailleurs profité pour participer au Grand Rendez-vous unifié,
qui regroupait des centaines de cliniciens et d'athlètes olympiques spéciaux du
Québec au Centre sportif McGill, samedi.
Célébrée chaque année, cette semaine vise à
sensibiliser la population aux réalités des personnes ayant une déficience
intellectuelle de même qu'à promouvoir une société plus inclusive et équitable.
L'édition 2025 de la campagne de sensibilisation avait pour thème J'avance!.
Plusieurs efforts en activités de jour, en
soutien à la famille, en hébergement ont été déployés ces dernières années par
notre gouvernement pour favoriser une pleine participation sociale et
l'autonomie des personnes vivant en situation de handicap. J'en profite pour remercier l'ensemble des partenaires, des
intervenantes et des intervenants. Continuons d'avancer tous ensemble.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Cela met fin
à la rubrique Déclarations de députés.
Je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 54)
(Reprise à 10 h 07)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. 26 mars. Mesdames
messieurs, bienvenue. Le parlement du Québec, c'est chez vous.
Messieurs dames les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Présence
de l'ambassadeur de la République italienne,
M. Alessandro Cattaneo, et du consul général
à Montréal, M. Enrico Pavone
Aujourd'hui,
j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, de l'ambassadeur
de la République italienne, Son Excellence M. Alessandro Cattaneo,
à l'occasion de sa visite officielle. Et il est accompagné du consul général à
Montréal, M. Enrico Pavone.
Alors, chacun reprend
sa place. Merci, messieurs dames.
Accueil
de la nouvelle députée de Terrebonne, Mme Catherine Gentilcore
J'invite maintenant
M. le chef du troisième groupe d'opposition à accueillir la nouvelle députée de
Terrebonne, Mme Catherine Gentilcore.
(Applaudissements)
La
Présidente : Et nous
procéderons maintenant aux allocutions pour l'accueil de la nouvelle députée de
Terrebonne. Je cède la parole à M. le chef du troisième groupe
d'opposition.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Donc, c'est évidemment avec
beaucoup de fierté que nous accueillons parmi nous aujourd'hui la nouvelle
députée de Terrebonne, au terme d'une élection forte en émotions, avec une
haute signification.
Et, avant tout, je
veux féliciter toutes les candidates, tous les candidats qui, pour chaque
parti, se sont donné la peine d'aller à la rencontre des citoyens. Je veux les
remercier parce que c'est un don de soi, on ne le dit jamais assez, un don de
soi pour la démocratie. Et on sait tous à quel point ça peut être exigeant de
faire une campagne électorale, particulièrement dans ce cas-ci, ça a duré six
mois. On met sa vie quotidienne sur pause pour s'intéresser à ce qui se passe
dans la vie des citoyens.
• (10 h 10) •
Je connaissais bien
la députée de Terrebonne avant son arrivée ici, à l'Assemblée nationale, et je
peux vous dire que c'est une femme
d'exception. Je crois qu'elle est appelée à devenir une députée incontournable
ici, à l'Assemblée nationale, durant les années à venir. En fait, j'en ai la
profonde conviction. C'est surtout à l'ensemble des électeurs de Terrebonne qu'elle a su révéler son talent, son
désir de changer les choses, également, son désir d'améliorer les conditions
de vie de ses concitoyens. Et c'est dans sa démarche qu'on a vu qu'elle aspirait,
qu'elle voulait donner, essentiellement, comme
cadeau à ses citoyens celui de la liberté, sa liberté de s'exprimer, la liberté
qu'elle veut donner à son peuple de décider par lui-même.
La députée de
Terrebonne est talentueuse, studieuse, rigoureuse. Elle est surtout extrêmement
travaillante, et ça, c'est une valeur que, personnellement, j'apprécie et que
je valorise beaucoup. Donc, je veux remercier les citoyens de Terrebonne de lui
avoir fait confiance, de nous avoir fait confiance, un choix qui a un impact
positif sur notre formation politique. Et, à ce titre, je les rassure, leur
nouvelle députée de Terrebonne aura des responsabilités à la hauteur de leurs
attentes et à la hauteur des nombreux défis devant nous. Donc, au total, ce
sont neuf dossiers qui lui sont confiés,
notamment celui de l'économie, où elle pourra mettre à profit son expertise à
titre de gestionnaire. Elle a été notamment P.D.G. d'importantes
organisations, donc elle connaît plusieurs réalités, et c'est un mandat
important qui lui est confié.
La députée de
Terrebonne aura également le mandat exigeant, difficile, même, qu'est celui de
l'itinérance. On sait que c'est un phénomène qui est en croissance au cours des
dernières années, et nous croyons, au Parti québécois, qu'on est une société
riche et qu'à titre de société riche on ne devrait pas accepter ce phénomène.
Donc, je lui confie ce mandat-là.
Également celui de la
culture. La députée de Terrebonne a oeuvré pour une grande partie de sa
carrière dans le milieu culturel. Et elle a
été chanteuse d'opéra, d'ailleurs, faut-il le mentionner. Son nom, également,
c'est Gentilcore, donc la présence de l'ambassadeur d'Italie ne peut pas
être un... ne peut pas être un hasard. Bref, c'est un autre mandat important, celui de la culture. Il faut avoir la
lucidité, en 2025, de réaliser que nous ne vivons pas dans une époque qui est favorable pour les petites nations, pour leur
épanouissement culturel. Donc, je lui confie cette réflexion qui est essentielle
pour la suite des choses.
En terminant, je veux
dire que son arrivée s'inscrit également dans une perspective d'ajouter une
voix audible à l'Assemblée nationale pour l'indépendantisme et le féminisme.
Elle a mené campagne à titre de fière indépendantiste et de fière féministe, et
cette démarche-là va se poursuivre ici, à l'Assemblée nationale.
Donc,
il y a beaucoup de travail qui attend la députée de Terrebonne, mais je n'ai
aucun doute qu'elle sera à la hauteur. Je lui souhaite la très bienvenue
dans la maison de notre peuple. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Merci, M. le chef du troisième groupe d'opposition. Et je
cède maintenant la parole à M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Bonjour, Mme la Présidente. Je voudrais, à mon tour, souhaiter la
bienvenue, féliciter la nouvelle députée de Terrebonne. Je me rappelle un peu,
la première fois qu'on rentre ici, on est impressionnés, quand on se rappelle
de l'histoire des personnages marquants qui sont passés ici. Il faut rester un
peu impressionné, mais on s'habitue un petit peu avec le temps.
Je suis convaincu que
la nouvelle députée de Terrebonne va apporter un regard neuf à nos débats ici,
au Québec. Et, bien, je regardais un peu son C.V., effectivement, baccalauréat
en chant classique, donc le chef de l'opposition officielle va avoir de la
compétition. Et s'est ajouté ensuite un D.E.S.S. à HEC Montréal. Ça part
bien quelqu'un dans la vie, d'avoir un diplôme des HEC. Elle a beaucoup
travaillé en marketing, au Devoir, à L'Opéra de Montréal, à
C2 Montréal, qui est un excellent organisme qui fait la promotion de
Montréal. Donc, elle a une belle expérience. Donc, je veux lui souhaiter la
bienvenue.
Je veux aussi saluer
tous les candidats, en particulier le candidat de la CAQ, Alex Gagné. Je
pense qu'il y en a plusieurs parmi notre famille de la CAQ qui ont eu
l'occasion de le côtoyer. C'est un jeune de 27 ans qui a lancé une
fondation pour l'éducation. C'est vraiment sa passion, comme la mienne un peu,
pour l'éducation. Donc, il aide... Puis il
va retourner à la fondation, donc, suite à cette campagne. Il aide les jeunes
qui ont des problèmes financiers à s'acheter le nécessaire pour l'école, mais
il aide aussi les jeunes qui ont des difficultés d'apprentissage, il a réussi à
faire un jumelage avec des étudiants du cégep. C'est quelqu'un qui est
agréable. Je pense, c'est quelqu'un qu'on va revoir en politique, là,
franchement, c'est quelqu'un qui a beaucoup de talent. Donc, merci, Alex.
Donc, je termine,
encore une fois, en souhaitant la bienvenue à la nouvelle députée de
Terrebonne. On a hâte de débattre avec vous. Merci.
La
Présidente : Merci, M. le premier ministre. Je cède maintenant la
parole au chef de l'opposition officielle.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de souhaiter la bienvenue, la très bienvenue à notre
nouvelle collègue de Terrebonne. Ne vous surprenez pas, ce n'est pas à tous les
jours que les collègues se lèvent
spontanément pour vous applaudir quand on rentre au salon rouge. Je pense que
c'est important de le mentionner. Ça
se peut que ça change dès demain. Mais ce n'est pas grave, ce n'est pas grave,
aujourd'hui c'est important de souligner votre entrée.
Vous
avez été présidente du Parti
québécois, donc, depuis octobre 2023.
Effectivement, vous avez un baccalauréat en chant classique, alors le
défi est déjà lancé au karaoké, soyez-en assurée. Et je pense que c'est
toujours rassurant pour un chef de parti de savoir qu'on a un député ou une
députée qui est capable de tenir le la, et d'avoir une harmonie au sein du
caucus, je pense que c'est toujours très, très bienvenu.
En
ce sens-là, vous avez aussi des études supérieures en journalisme de l'Université de Montréal, communications, marketing aux HEC. Et j'ai vu que vous avez travaillé pour une
entreprise dans le domaine des technologies numériques. Alors, j'ai comme l'impression que ça risque
d'être un sujet qui revienne à l'Assemblée nationale. Je ne sais pas pourquoi, mais
je pense que ça risque d'être d'actualité certains jours.
Une fois qu'on a dit
ça, Mme la Présidente, aussi, votre feuille de route professionnelle vous a
amenée à être directrice marketing du quotidien Le Devoir, L'Opéra
de Montréal, C2 Montréal. Je suis heureux d'entendre le chef du Parti
québécois dire qu'une valeur qui lui
tient à coeur, c'est le travail, parce que je pense que vous n'en manquerez
pas. Avec vos neuf dossiers, ce n'est pas les sujets qui vont manquer et
la nécessité, donc, de travailler en ce sens-là.
Je vais, sur une note
un peu plus sérieuse également, prendre le temps de vous citer. Ce que vous
avez dit le 28 novembre dernier m'a particulièrement touché, vous avez dit
vouloir faire entendre une voix féministe, pragmatique à l'Assemblée nationale et à poursuivre la lutte pour l'égalité entre
les femmes et les hommes. Je salue cet engagement-là, et vous pouvez
nous considérer comme des alliés dans cette poursuite-là.
Félicitations,
évidemment, vous me permettrez, à notre candidate, Virginie Bouchard, qui a été
sur le terrain avec les nombreux bénévoles, elle a fait une belle campagne. Et
également féliciter et remercier tous les bénévoles de tous les partis, toutes les candidates et candidats. C'est la démocratie
qui a parlé, et, la démocratie, on ne se trompe pas, en démocratie. Et,
en ce sens-là, nous sommes très heureux de vous accueillir aujourd'hui.
Bienvenue. Bon mandat.
La
Présidente : Merci, M. le chef de l'opposition officielle. Et je cède
maintenant la parole à la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. À mon tour, donc, au nom de mes collègues de Québec
solidaire, de souhaiter la très bienvenue à la nouvelle députée de Terrebonne,
qui a eu une belle victoire le 17 mars dernier.
C'est
toujours une bonne nouvelle quand une femme fait son entrée à l'Assemblée
nationale, et, dans ce sens-là, je me
réjouis beaucoup d'avoir une nouvelle députée parmi nous, ici, parce qu'il ne
faut pas oublier qu'il a fallu attendre une autre élection partielle,
celle-là en 1961, pour voir une première femme élue à l'Assemblée nationale. Je
parle, bien sûr, de Marie-Claire
Kirkland-Casgrain. Il ne faut pas oublier qu'il a fallu attendre jusqu'en 1940
pour que les femmes aient le droit de vote au Québec.
• (10 h 20) •
Encore aujourd'hui, face
au vent de la droite dure qui souffle partout, il faut se rappeler nos
avancées. C'est important de s'en rappeler. Mais ce qu'on a encore plus besoin,
aujourd'hui, c'est de nous engager fermement à avoir de nouvelles assemblées
jusqu'à ce que l'égalité entre les femmes et les hommes soit parfaitement
atteinte. Il nous faudra donc toujours, et je suis certaine que la députée de
Terrebonne est d'accord avec ça, rester vigilants et vigilantes. Je dirais même qu'on devrait se serrer les coudes,
tout le monde ensemble, peu importe nos allégeances politiques, pour que
le Québec demeure ce fer de lance de l'égalité entre les femmes et les hommes
ici, au Parlement.
Je veux d'ailleurs suggérer à la nouvelle députée
de Terrebonne une lecture, le livre de Jocelyne Richer, Le sexe du
pouvoir. D'ailleurs, je l'ai distribué à tous les chefs du Parlement, donc
peut-être que le chef du Parti québécois pourrait lui passer sa copie. Il me
dit que oui. Donc, ça, ce serait une belle lecture.
Mme la
Présidente, la députée de Terrebonne amène avec elle beaucoup de bagage. Elle
est passée par C2 Montréal, Le Devoir, L'Opéra de Montréal,
HEC Montréal tout comme moi. La députée est une indépendantiste convaincue,
assumée, une féministe, aussi, assumée, et ça augure bien pour élever le débat
ici, à l'Assemblée nationale. Elle est... Elle
a aussi un baccalauréat en chant classique, et peut-être, ça aussi, ça va
élever le débat et les gens qui ont des qualités de chant à l'Assemblée
nationale, et je ne vise personne.
Sans blague, j'espère qu'elle va garder un
souvenir mémorable de sa première journée dans cette Chambre. C'est vrai que ce
n'est pas tous les jours qu'on reçoit des éloges des collègues de tous les
partis. C'est important qu'elle mette cette
journée-là dans sa poche, parce qu'en politique il y a des bons moments, mais
des fois il y a aussi des défaites, et
c'est important de se rappeler de ces moments-là. Je veux citer un grand membre
du camp indépendantiste qui a dit que c'est toujours important de rester
fidèle à ses rêves du début, et c'est ce que je lui souhaite.
En terminant, je tiens à féliciter toutes les
candidates et tous les candidats qui ont participé à cet exercice démocratique important dans Terrebonne, et plus
particulièrement la candidate Nadia Poirier, et aussi de saluer le travail de
tous les militants et toutes les militantes de Québec solidaire qui ont
travaillé à cette campagne. Merci aussi aux électeurs et aux électrices
qui ont voté pour Québec solidaire. Et, encore une fois, bravo et félicitations
à la nouvelle députée de Terrebonne!
La Présidente : Merci, Mme la cheffe
du deuxième groupe d'opposition.
Maintenant,
comme le veut la tradition, Mme la députée de Terrebonne s'adressera à
l'Assemblée. Alors, je vous cède la parole sans plus tarder.
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : Merci, Mme la
Présidente. Merci également au premier ministre, au chef de l'opposition
officielle et à la cheffe du deuxième groupe d'opposition pour vos bons mots.
Merci, chers collègues. Un merci tout particulier à mon chef, Paul, pour son
implication soutenue à mes côtés pendant toute cette campagne électorale dans Terrebonne. Merci. Merci à mes valeureux collègues
pour leur soutien indéfectible mais aussi pour leur accueil chaleureux.
Merci d'être là.
C'est un honneur et un privilège pour moi de
m'adresser à vous en cette Chambre. Ma présence ici est un signe de la vigueur
et de l'intégrité de la démocratie québécoise. On est choyés de faire partie
d'une démocratie aussi vibrante et dynamique, servie par des citoyens engagés
tout au long du processus électoral. J'ai une pensée toute particulière pour
les jeunes de secondaire V — ils étaient nombreux, d'ailleurs — qui
ont participé au projet pilote du DGE comme employés dans les bureaux de vote
le jour de l'élection. C'était vraiment beau de les voir contribuer activement
à notre démocratie.
Par le passé, on l'a dit, j'ai occupé des postes
de direction dans des institutions culturelles et médiatiques québécoises,
notamment L'Opéra de Montréal, Le Devoir. J'ai toujours choisi mes
défis professionnels avec une seule aspiration profonde : mettre mes
efforts au service du Québec, du rayonnement et du développement de ses
talents, de ses idées et de sa prospérité.
La culture et la langue sont les fondements de notre nation. Il me tarde
d'échanger avec vous, mes collègues de l'opposition, et avec M. le
ministre de la Culture et des Communications à ce sujet.
J'ai
également mené une organisation dans le domaine de l'innovation et des
nouvelles technologies, deux secteurs qui sont d'une importance cruciale
pour notre économie, tout particulièrement, là, pour les mois et les années à
venir, et mes collègues peuvent compter sur
mon entière collaboration pour donner des impulsions nouvelles aux innovateurs
et aux PME québécoises.
Mais aujourd'hui, évidemment, je pense avant
tout aux citoyennes et aux citoyens de Terrebonne qui m'ont fait confiance afin de porter leur voix à
l'Assemblée nationale. Ces derniers mois, ils m'ont confié leurs espoirs, mais
leurs frustrations aussi. Ils m'ont parlé de leurs attentes à l'égard des
services publics, de leurs besoins d'équité et de justice à l'heure où
les besoins en matière de logement, de transport et de soins de santé sont de
plus en plus criants. Ils m'ont beaucoup touchée par leur sensibilité envers
les difficultés que vivent leurs concitoyens. Ils m'ont parlé d'itinérance, de l'avenir de nos enfants, de notre incapacité à
bien accueillir les nouveaux arrivants, leurs voisins, qui sont de plus en plus nombreux. Ces questions-là ont été au coeur
de la campagne puis elles vont être au coeur de mon mandat auprès d'eux
et auprès de vous.
Enfin, j'aimerais réitérer les valeurs qui
m'animent, celles de la solidarité, de prospérité, d'identité et surtout
d'intégrité. Un des principaux adversaires que j'ai eu à combattre les
dernières semaines, c'était le cynisme des citoyens envers la classe politique.
Je me donne donc comme mission toute personnelle de tout faire pour contrer ce cynisme par mes interventions en Chambre, en
commission parlementaire et dans toutes les activités politiques auxquelles
j'aurai l'honneur de participer. Nous avons tous ici, en cette Chambre, un
devoir d'exemplarité, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour être à la hauteur des
responsabilités qui m'incombent à titre de membre de l'Assemblée nationale
du Québec. Je vous remercie toutes et tous pour votre accueil. Merci.
La Présidente
La Présidente : Merci
beaucoup, Mme la députée de Terrebonne. Et j'aimerais également souhaiter la
plus cordiale bienvenue à notre nouvelle collègue et l'assurer de l'entière collaboration
de tous les membres de l'équipe de la présidence, que vous ne voyez peut-être
pas actuellement.
Maintenant, nous allons poursuivre les affaires
courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Il n'y a pas de dépôt de documents ni de dépôt
de rapports de commissions.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Et je vous dirais qu'il n'y a pas de bravo.
Questions et réponses orales
Alors, nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales,
et, pour ce faire, je cède la parole, en question principale, au chef de
l'opposition officielle.
Gestion des finances publiques
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Alors, Mme la Présidente, il y a des questions, et
on espère qu'il y aura des réponses. Et, inquiétez-vous pas, il n'y aura
pas, de notre côté, de bravo suite à la lecture du budget.
Une fois qu'on a dit ça, Mme la Présidente,
puis au-delà... au-delà de l'étiquette politique, force est de constater, à
tout seigneur tout honneur, que le premier ministre est le roi incontesté ou le
«king» incontesté des déficits et du
gaspillage. À la vue, à la lecture même du budget, on peut voir que, et ça
participe de la critique, le premier ministre est un comptable qui a de
la difficulté à compter, Mme la Présidente.
En 2025‑2026,
ce sera un nouveau record, déficit de 13,6 milliards de dollars. Imaginez
ça, 13,6 milliards de dollars. Et ce n'est pas le seul record,
évidemment, qui revient au premier ministre, il a d'autres records à son actif.
Vous savez qu'en deux mandats, en huit ans, il aura ajouté 96 milliards de
dollars à la dette nette du Québec. Ça, en huit ans, c'est 55 % de plus, additionné. Également, il aura
ajouté 12 000 fonctionnaires de plus à Québec. On ne parle pas de celles
et ceux qui, en éducation et en santé, donnent les services de première
ligne. 12 000 fonctionnaires de plus à Québec, déficit record de
13,6 milliards, et les Québécoises et Québécois n'ont pas les services
auxquels ils ont droit. Tout ça, Mme la Présidente, c'est sous le signe d'une
fin de régime.
Le premier ministre réalise-t-il qu'il entraîne
le Québec dans...
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, je suis content d'avoir
la question, parce qu'on va pouvoir corriger des faits. D'abord, parlons
des records de déficit, O.K.? Le record... D'abord, c'est important de dire,
pour 2025‑2026, on prévoit un déficit de
1,8 % du PIB. Or, le record, au Québec, pour le déficit, c'est en 1994‑1995,
un gouvernement libéral. Premier ministre, Daniel Johnson fils. Quel
était le déficit? 3,3 % du PIB, presque le double du déficit qui est
annoncé pour l'année qui vient. Mme la Présidente, deuxième déficit record, 1995‑1996,
c'était Jacques Parizeau qui était le premier ministre,
donc un budget du Parti québécois. Déficit : 2,2 % du PIB. Donc, je
rappelle, Mme la Présidente, que le déficit qui est annoncé, c'est un déficit de 1,8 % du PIB. Donc, je ne
voudrais pas dire à Daniel Johnson que c'est le «king» des déficits, on
n'ira pas aussi bas que le Parti libéral dans ses façons d'appeler les premiers
ministres du Québec.
Maintenant,
pour ce qui est de la dette, Mme la Présidente, en 2018, la dette nette du
Québec était à 46 % du PIB. Aujourd'hui, la dette du Québec...
• (10 h 30) •
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...est à 38 %
du PIB.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, le premier ministre ne peut pas se féliciter de son déficit record
en dollars constants. Il ne peut pas s'en
féliciter. Il ne peut pas dire aux Québécoises et Québécoises : Aïe! ce
n'est rien, 13,6 milliards de dollars, qui s'ajoutent aux 11 milliards
de l'an passé. Il ne peut pas dire que ce n'est rien puis que ça ne changera
pas rien dans leur vie. Les Québécoises et Québécois ont l'impact de ces
déficits-là à tous les jours.
J'ai cité, hier, le
cas de M. St-Georges, 75 ans, qui attend son opération, puis qui va
aller au privé, puis qui va payer 23 000 $ parce que l'État l'a
abandonné.
C'est ça, son bilan.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, vous avez remarqué que je n'ai pas dit que ce n'était rien, le
déficit. Tout ce que je dis, c'est que, si je reprends l'expression du chef de
l'opposition officielle, le «king» des déficits, au Québec, il s'appelle Daniel
Johnson fils, qui a fait un déficit de 3,3 % du PIB.
Maintenant,
Mme la Présidente, pourquoi on se retrouve avec un déficit de 1,8 % du
PIB, pour l'année 2025-2026? Essentiellement
trois raisons : un, on avait un rattrapage à faire dans les services;
deux, on a baissé les impôts de la classe moyenne; et, trois, il faut
aider les entreprises à faire face...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...aux tarifs de M. Trump.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, le premier ministre est incapable d'offrir les services auxquels
la population, les Québécoises et Québécois
ont droit, incapable. Et c'est déficit sur déficit, en dollars réels, c'est
très clair. Rappelez-vous la mise à jour économique de
novembre 2023. Par la suite, c'était une erreur de 8 milliards. La
dernière mise à jour économique, du 21 novembre 2024, c'était prévu à
9,2, il a fini à 13,6, erreur de 4,4.
C'est lui, le «king»
des déficits, c'est un comptable qui ne sait pas compter, et les Québécois n'en
ont pas pour leur argent.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Je vais répéter, parce que, je pense, c'est
important de répéter. Le déficit pour l'année 2025-2026, le déficit
d'un gouvernement de la CAQ, c'est 1,8 %. Le «king» des déficits, c'est
Daniel Johnson, un gouvernement libéral, 3,3 %. Puis le deuxième «king»,
c'est Jacques Parizeau, un gouvernement du Parti québécois, 2,2 % de
déficit, en pourcentage du PIB.
Mme la Présidente,
tous les économistes comprennent qu'il faut tenir compte de l'inflation. Un
dollar de 1990, ce n'est pas la même chose qu'un dollar de 2025. Tout le monde
comprend ça, je pense, même le chef de l'opposition officielle.
La
Présidente : Troisième... Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Alors,
Mme la Présidente, la mauvaise gestion, le gaspillage et les exemples, à tous
les jours, de gaspillage, des programmes qui ne fonctionnent pas, dont on n'a
pas la reddition de comptes, ce qui se passe avec Northvolt, ce qui se passe avec SAAQclic, des gaspillages, Mme la
Présidente, 12 000 fonctionnaires, à Québec, de plus, puis les
Québécoises et Québécois sont passés d'un surplus de 7 milliards à un trou
de 13 milliards, à un différentiel de 20 milliards, puis ils n'ont
pas les services. C'est ça, Mme la Présidente, le triste bilan du premier
ministre.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui.
La réalité, Mme la Présidente, c'est que, depuis que la CAQ est au pouvoir, on
a augmenté la productivité plus que dans le reste du Canada, on a augmenté le
revenu disponible plus que dans le reste du Canada, parce qu'on a fait des baisses d'impôt, on a augmenté plus le salaire
moyen, au Québec, que dans le reste du Canada, puis on a augmenté plus
la richesse par habitant que dans le reste du Canada. Jamais les libéraux ou
les péquistes n'ont réussi à faire ça.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Marguerite-Bourgeoys.
Gestion des finances publiques
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Mme la Présidente, si la population se demande à quoi
ressemble un gouvernement de Québec solidaire, on en a un direct devant nous. Il
a même déposé un... il a même déposé un budget, hier...
Des voix : ...
La
Présidente : Je vous rappelle l'article 32 de notre règlement. Appel
au décorum. Gardez le silence. Vous l'avez assimilé?
Des voix :
...
La
Présidente : M. le
leader de l'opposition officielle, on perd du temps, là, hein, sur une de vos
questions. Alors, poursuivons. M. le député, nous vous écoutons.
M.
Beauchemin : C'est comme si c'était Québec solidaire qui avait déposé
le budget hier, le gouvernement de Québec
solidaire déguisé en caquiste. Déficits année après année, et le retour à
l'équilibre budgétaire, c'est un mythe, Mme la Présidente.
Vous voulez un
exemple? La CAQ utilise Trump pour justifier la mauvaise gestion des finances
publiques. Pourtant, entre la mise à jour de novembre et le budget d'hier, le
déficit a augmenté de 4,4 milliards, Mme la Présidente.
Comment ce
gouvernement de Québec solidaire déguisé en caquiste peut-il expliquer aux
Québécois qu'ils ont perdu le contrôle des finances publiques, avec un déficit
record de 13,6 milliards de dollars, Mme la Présidente?
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M.
Girard (Groulx) :
Oui. Bien, Mme la Présidente, j'aimerais clarifier quelque
chose tout de suite avec l'opposition
officielle, parce qu'au mois... à la fin novembre dernier j'ai déposé, pour 2024‑2025,
une prévision de déficit de 11 milliards, et qu'est-ce que l'opposition
a fait, Mme la Présidente? Ils ont dénigré le ministère des Finances. Ils ont
dénigré le Québec. Ils ont dit que le déficit était de 15 milliards, sur
toutes les tribunes. Or, hier, nous avons révisé le déficit à
10,4 milliards.
Alors, le ministère
des Finances fait un travail sérieux avec des prévisions économiques centrées,
c'est un travail qui est rigoureux, puis on va continuer à le faire. On est
engagés dans la saine gestion des finances publiques. Et ça me fera plaisir de
parler de 2025‑2026, mais je voulais rappeler à cette Assemblée que le Parti
libéral a dit sur toutes les tribunes que le déficit de 2024‑2025 était de
15 milliards, et il est de 10,4.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Mme la Présidente, la CAQ n'a jamais équilibré un seul
budget. Ça, c'est le legs du ministre des Finances et de son patron, le premier
ministre. Des surplus budgétaires, en 2018, on est passés de ça à des déficits
records à répétition. Les caquistes sont des multirécidivistes en mauvaise
gestion des finances publiques.
Mme la Présidente,
comment ont-ils pu arriver aussi bas?
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, bien, Mme la Présidente, je ne sais pas où était le
critique de l'opposition, mais dois-je rappeler qu'il y a eu une pandémie?
Des voix :
...
M. Girard
(Groulx) : Ah! Vous n'étiez pas là? O.K.
Alors,
en 2018‑2019, on nous a laissé un surplus de 5 milliards
de dollars, je l'ai reconnu. Et, par contre, il y avait une note aux
états financiers, de la Vérificatrice générale, qui disait que le Parti libéral
sous-estimait la dette de 2,4 % du PIB, et nous avons dû prendre un
ajustement de 10 milliards sur la dette...
La Présidente :
En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...parce que le Parti libéral n'avait pas des états
financiers qui représentaient justement les...
La Présidente : Deuxième...
Des voix : ...
La Présidente :
Article 32. Vous gardez le silence. Deuxième...
Des voix : ...
La Présidente : MM. les ministres,
je vous entends. Deuxième complémentaire. On vous écoute.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : La CAQ me fait
penser à un ado qui reçoit sa première carte de crédit, dépense sans compter, trouve des excuses pour le découvert, promet de se
reprendre l'année prochaine, puis il récidive à nouveau. Avec la CAQ, le
retour à l'équilibre budgétaire, c'est un mythe qui s'éloigne à chaque année.
Mme la Présidente, comment voulez-vous que les
Québécois croient en la CAQ alors qu'ils nous ont promis une saine gestion des
finances publiques, mais ils nous livrent des déficits records annuellement?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, bien, Mme
la Présidente, je vais être obligé de continuer. Dans la dernière campagne
électorale, le Parti libéral faisait des déficits à chaque année puis il
oubliait de les sommer parce que la dette n'augmentait
pas, alors on est obligés de demander aux journalistes d'additionner les
déficits puis de dire que le Parti libéral ne savait pas compter, bon,
je suis désolé de vous dire ça.
Pourquoi les dépenses ont augmenté? Parce qu'il
y avait un retard d'investissement dans les services publics. Alors, on a dû bonifier le programme
d'infrastructures. Le chef de l'opposition parlait de la dette. La majorité de
ça, c'est l'augmentation des infrastructures. Il a dû... Il a fallu
investir dans nos ressources humaines. Il a fallu investir dans la gouvernance,
dans les données...
• (10 h 40) •
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...dans la
qualité des services, et puis on va continuer, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
Compressions budgétaires
dans le réseau de la santé
M.
André Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, en avril dernier, le premier ministre
nous promettait qu'il n'y aurait aucune coupure en santé. Alors là, je pense
que le ministre de la Santé nous doit des explications, parce que, dans les
dernières semaines, il nous a dit, et je
cite : «3 % d'augmentation du budget en santé, ça veut dire quoi?
C'est en dessous des coûts de système. Ça, ça veut dire des vraies
coupures.» Et qu'est-ce que son ministre des Finances lui a présenté hier?
3 %, Mme la Présidente, exactement ce que lui-même considère des coupures.
Et, pour l'année d'après, ça va être 2 %, Mme la Présidente. Mais le
ministre des Finances, il nous a quand même dit, hier, que ce ne seraient pas
des coupures, parce que, et encore là je
cite, «il y aura des gains d'efficacité de Santé Québec». Mme la Présidente,
Santé Québec, là, c'est une machine
bureaucratique gonflée à l'hélium qui est rendue à 2 000, avec le
ministère de la Santé, 2 000 fonctionnaires juste à la maison
mère, pas dans les établissements.
Comment il peut nous dire, aujourd'hui, qu'on
s'en va vers autre chose que des coupures additionnelles en santé?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la
Présidente. Alors, je veux rappeler que, durant la pandémie, nous avons donné
des ressources illimitées, en santé, pour combattre une pandémie, un virus
qu'on ne connaissait pas. Suite à la pandémie,
il y a des dépenses qui étaient... qu'on croyait temporaires qui se sont
avérées permanentes, en santé. Ensuite, il y a eu l'invasion de
l'Ukraine par la Russie qui a poussé l'inflation. Alors, il y a eu des dépenses
d'inflation. Il y a eu
une forte croissance de population en 2023, en 2024, 2,5 %, 3 %.
Donc, derrière nous, une hausse de croissance moyenne, en santé, de
7 %, même chose en éducation.
Et maintenant,
puisqu'on doit revenir à l'équilibre budgétaire, il y aura une croissance des
dépenses qui va être arrimée avec les
revenus. C'est nécessaire. C'est la loi. Puisqu'on anticipe une faible
croissance des revenus, il va falloir que les dépenses s'arriment avec
les revenus.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André Fortin
M.
Fortin : Mme la Présidente, les Québécois,
ils ne sont pas inquiets des services qu'ils ont reçus pendant la pandémie, ils
sont inquiets des services qu'ils reçoivent aujourd'hui puis de ceux qu'ils
vont recevoir dans le futur. Puis là vous
leur dites que, l'année prochaine, il va y avoir une augmentation de 3 %
du budget puis que, l'année d'après, ça va être 2 %. Puis, dans le
2 %, bien, il y a l'augmentation des salaires que vous avez consentie, il
y a le 2,2 % d'inflation, il y a les
nouvelles mesures du budget. Il n'en reste plus pour couvrir les services,
actuellement, présentement offerts dans le réseau.
Le premier ministre,
là, il disait n'importe quoi, quand il disait qu'il n'y aurait pas de coupures
en santé.
La Présidente :
Et je vous rappelle que vous vous
adressez à la présidente. J'aimerais entendre la réponse du ministre des
Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Alors, on voit qu'en 2024‑2025 les
dépenses en santé globales, totales, de
portefeuille, ont augmenté de 4,3 %, et il y a eu des dépassements en
cours d'année, et on a donné des ressources supplémentaires,
1,2 milliard. En fait, dans le budget d'hier, on a annoncé qu'on a
rehaussé les dépenses en santé de 1,2 milliard. Donc, on a répondu présent
pour assister Santé Québec.
Et il y a des
réformes importantes qui sont faites, en santé. On investit dans les ressources
humaines, on investit dans les infrastructures, dans la gouvernance, dans les
données. On a augmenté les admissions en médecine...
La
Présidente : En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...on a amené des projets de loi pour les infirmières
praticiennes spécialisées...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M.
Fortin : Le ministre des Finances a raison
quand il dit que c'est 4,3 % d'augmentation cette année, puis c'est les pires services que les Québécois ont
jamais eus. Là, vous nous dites : Ça va être 3 % l'an prochain,
2 % l'année d'après. Il y a le salaire puis l'inflation là-dedans.
Mais en plus il faut payer pour les 2 000 fonctionnaires qui sont à Santé Québec. Moi, j'ai un organigramme, ici, Mme
la Présidente, j'en ai 10 pages, d'organigramme, là, de vice-présidents,
de vice-présidents adjoints puis de directeurs.
Alors
là, si on est pour payer pour ça, il faut qu'il nous dise quels services il va
couper, quelle urgence va fermer en région, quel CLSC, elles sont où,
les coupures.
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bon,
on va mettre les choses au clair, là. Le processus budgétaire que l'on fait
avec le processus des crédits est un exercice assez complexe, puis j'aimerais
ça qu'au cours des prochaines semaines, incluant les crédits provisoires... qu'on
fasse le lien entre le document de finances que mon collègue a déposé hier et
le document qui se fait au niveau des
crédits de ma collègue présidente du Conseil du trésor. On a eu des croissances
importantes, au niveau de la santé, de 8 %, 2022‑2023, 6 %,
maintenant de l'ordre de 3 % pour l'ensemble, l'ensemble des dépenses en
santé. Ce qui va être intéressant, Mme la
Présidente, puis j'inviterais mes collègues à l'opposition à bien prendre
connaissance des deux documents...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...on
va voir que les services à la population ne sont pas à 3 %, mais beaucoup
plus élevé...
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la cheffe
du deuxième groupe d'opposition.
Construction de nouvelles unités de logement
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. On est au milieu de la pire crise du logement des
40 dernières années, mais ça ne paraît pas quand on regarde le budget de
la CAQ. Aucun nouvel argent pour construire de nouveaux logements, rien, un
gros zéro. Encore cette année, le message du gouvernement aux locataires du
Québec, c'est : Meilleure chance la prochaine fois, puis, en attendant,
investissez donc dans l'immobilier, soyez donc plus riches. Je m'ennuie presque
du temps où le premier ministre hallucinait des logements à 500 $ puis que
tout le monde, à la CAQ, nous disait qu'il n'y avait pas de crise du logement.
Au moins, à l'époque, ça avait le mérite d'être clair.
Mme la Présidente, en
ce moment même, les gens reçoivent leurs augmentations et ils méritent beaucoup
plus qu'un budget qui les traite comme une note en bas de page. Un Québec fort,
c'est un Québec qui construit des logements à la hauteur de la crise sans
précédent qu'on vit aujourd'hui. Encore une fois, le budget du premier
ministre, il n'est pas à la hauteur.
Est-ce qu'il faut
comprendre que la CAQ a jeté la serviette face à la crise du logement?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, Mme la Présidente, depuis 2018, c'est plus de 6,5 milliards, 6,5 milliards,
qu'on a investis dans le logement, donc pour
construire des logements abordables, pour aider des locataires à faibles
revenus, pour rénover des logements qui sont vétustes.
Mme
la Présidente, on a posé des gestes. On a posé des gestes, entre autres, dans
le programme Allocation-logement, on
est passé de 62 000 personnes qui reçoivent de l'aide à
150 000 personnes qui reçoivent de l'aide. On a travaillé aussi sur
la clause F du bail pour protéger certaines personnes des évictions. On a mis
un moratoire de trois ans sur les évictions. On a ajouté les personnes
de 65 ans et plus.
Donc, Mme la
Présidente, je comprends que Québec solidaire ne trouvera jamais que c'est
assez, mais est-ce qu'ils pourraient nous expliquer comment ils financeraient des
milliards additionnels? Est-ce qu'ils augmenteraient les impôts de la classe
moyenne? Comment ils financeraient ça?
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Je le répète, j'invite le premier ministre à relire son propre budget, il y a
zéro dollar pour construire de nouveaux
logements. Un comptable comme le premier ministre, il sait que, quand on
investit zéro dollar, les logements ne vont pas sortir de terre comme
ça, comme par magie. Le fardeau de l'austérité caquiste, c'est les locataires
qui vont la porter.
Pourquoi est-ce que
le premier ministre continue à abandonner les locataires du Québec?
La Présidente :
La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Merci, Mme la
Présidente. Bien, il faut regarder... Le budget, c'est une photo, il faut
regarder l'ensemble de tout ce qu'on fait. On a mis plus de 6,5 milliards
pour le logement, dont plus de 4 milliards pour la construction, puis
c'est pour ça qu'il y en a 23 000 qui sont en réalisation et en
planification. Et donc il y en a, des logements.
Maintenant, il avait
une priorité au budget, ici, puis il y avait des sommes disponibles au fédéral,
alors on fait un appariement, c'est la rénovation de HLM. Puis je vous ai même
déjà entendu poser des questions : Quand est-ce que vous allez rénover les
HLM? Dans ce budget, en collaboration avec le fédéral, ce qui double l'impact,
on utilise les sommes. Et puis, pour ce qui est des Programmes de supplément au
loyer puis programme d'Allocation-logement, ça a doublé, Mme la Présidente.
La Présidente :
Et, oui, vous vous adressez à la présidente. Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Bien, Mme la Présidente, avec le ministre des Finances, ça a le mérite d'être
clair : zéro dollar pour construire de nouveaux logements. Les logements,
là, ils ne vont pas sortir de terre par la volonté du Saint-Esprit. Au rythme
de construction actuel, ça va prendre au moins 25 ans pour arriver à un
équilibre dans le marché locatif.
Pourquoi le premier
ministre continue à abandonner les locataires du Québec? Qu'il ne me parle pas,
qu'il leur réponde. En ce moment, ils reçoivent des augmentations de loyer
historiques. Pourquoi il ne construit pas plus?
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse de
la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau : Mme la Présidente, je pense que là, là, il faut
arrêter d'exagérer. Il y a plus de 24 000 logements qui sont en
construction actuellement. On en a livré 3 000 l'année dernière. On va en
livrer 6 000 cette année. On va en livrer plus de 9 000 l'année prochaine.
À un moment donné, il faut informer la population correctement. Les projets
sortent de terre. Et la vraie solution à la crise du logement, c'est
d'augmenter l'offre, Mme la Présidente, et c'est ce sur quoi on travaille.
L'argent
pour la construction, là, on l'a eu à la mise à jour économique. On l'a eu
avant tout le monde, on l'a eu au mois de novembre. Ça a été la même chose
l'année dernière, en 2024. 1,8 milliard en 2024, 184 millions à la mise
à jour économique de novembre dernier. Alors...
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant la députée de Verdun.
Compressions
budgétaires dans les services publics
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Ce matin, La Presse
titre La hausse du budget ne couvrira même pas les augmentations salariales
des enseignants prévues cette année. Les médecins nous disent que la hausse
du budget en santé, et je cite, «ne permet pas de couvrir l'évolution des coûts
du système de santé. Les coupes devront inévitablement se poursuivre.» Fin de
la citation. Et, lorsqu'on regarde les chiffres en détail, Mme la Présidente,
là, la différence entre les augmentations requises pour permettre la survie de
nos services publics et les augmentions dans le budget du ministre des Finances, ce qu'on a devant nous, c'est
l'austérité, c'est les coupures, l'austérité digne des pires heures
libérales et péquistes, et tout ça parce que nos gouvernements de droite sont
obsédés par la colonne des dépenses mais refusent de regarder l'autre colonne,
celle des revenus.
Il y a pourtant des
moyens d'aller chercher des nouveaux revenus en s'attaquant à ceux et celles
qui accumulent des millions, et voire des milliards de dollars, plutôt que
couper...
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, bien, Mme la Présidente, je suis déboussolé, parce que
les libéraux m'accusent d'être Québec Solidaire, puis Québec solidaire m'accuse
d'être les libéraux. Alors...
Des voix : ...
La Présidente :
Article 32, rappel au décorum.
Nous perdons du temps. Gardez le silence. Une seule personne a le droit
de parole ici, ce sera M. le ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Bien, je suis sincère,
Mme la Présidente, là, je vous dis ce que j'entends. Mais je veux répondre
à la question. Les dépenses, en 2025-2026, vont augmenter de 3 %. C'est un
choix. Il est nécessaire de revenir à l'équilibre
budgétaire. D'ailleurs, c'est la loi, et c'est ce qu'on veut. D'un côté, on dit
que le déficit est trop élevé. De l'autre côté, on dit qu'il n'y a pas
suffisamment de dépenses. On a la responsabilité de faire les bons choix.
Alors, c'est certain que, face à
l'incertitude économique, on n'a pas une croissance des dépenses... des revenus
qui excède 3 %, on est raisonnables. Donc, on permet de financer les services publics adéquatement en
2025-2026. Et, s'il faut mettre des sommes supplémentaires en 2026-2027,
on le fera.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Maintenant, c'est clair, Mme la Présidente, la CAQ vient de
le dire, ils ont fait le choix, le choix de
l'austérité. C'est ça, le choix qui vient d'être fait. Parce que, là, là, on va
se rappeler, là, le gouvernement nous a présenté un plan de retour à
l'équilibre budgétaire qui n'est plus bon la semaine prochaine, ils n'ont même
pas pris en compte les tarifs de Trump. Ce qu'ils vont faire, c'est mettre à
mal nos services publics. Ils viennent de le dire, Mme la Présidente, ils viennent de l'admettre. Au lieu de chercher de
nouveaux revenus, c'est les gens ordinaires qui vont payer le prix des
décisions caquistes.
Êtes-vous fier de ça,
M. le ministre?
La
Présidente : Et vous vous adressez à la présidente, vous le savez, Mme
la députée. La réponse du ministre.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Alors, nous, on doit
gouverner, on doit faire des choix difficiles. Quelle est la priorité,
face à la menace existentielle qui est devant nous? C'est l'économie. On a
décidé de se concentrer sur l'économie. Dans ce budget, il
y a 2,6 milliards d'aide fiscale pour favoriser l'investissement et
l'innovation des entreprises, c'est salué par toutes les associations
d'entreprises, les gens qui connaissent la fiscalité savent qu'on a fait les
bons choix, avec un nouveau crédit d'impôt à l'innovation. En plus, on donne
des ressources, plus de 900 millions, à Investissement Québec...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...pour venir
intervenir et soutenir les projets des entreprises.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Ce que les
Québécois et Québécoises veulent, c'est que, oui, on va faire face aux tarifs,
mais aussi, là, il faut faire face au démantèlement de nos services publics.
Regardez la colonne, ici, de l'éducation, là, ce qui manque, c'est énorme. Puis
ça, c'est les gens ordinaires qui vont payer trois fois, ils vont payer les
prix des tarifs, ils vont payer les coupures d'emplois, mais aussi ils vont
payer l'austérité, là.
C'est le temps de chercher des nouveaux revenus.
Pourquoi la CAQ n'agit pas de ce côté-là? Allez chercher les revenus chez les
1 % les plus riches. Mais eux, ils sont intouchables. Les...
La Présidente : La...
Des voix : ...
La Présidente : Dois-je vous
rappeler à chaque question l'article 32? Gardez le silence, je vous prie,
je fais appliquer votre règle.
La réponse du ministre.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, bien là je
suis étourdi, tantôt j'étais déboussolé, parce que, là, il y a eu un examen des
dépenses fiscales qui a duré pendant un an, on a étudié plus de
120 mesures avec CIRANO, la chaire en fiscalité et finances publiques, et
puis on arrive au bon endroit, Mme la Présidente, on a fait des choix
judicieux, avec des critères d'intégrité, de pertinence, d'équité, et puis là
on m'accuse de ne pas en avoir fait assez. On est à la bonne place, Mme la
Présidente. On fait un... on a fait un examen des dépenses fiscales, il y a un
examen des dépenses budgétaires.
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : On est
conscients de la saine gestion des finances publiques, on prend ça au sérieux,
on s'en occupe.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Rosemont.
Compressions budgétaires dans les services de santé
M.
Vincent Marissal
M.
Marissal : Merci, Mme la Présidente. Il y a quelques
semaines, le ministre de la Santé a dit : «À 3 % ou moins
d'augmentation de budget, nous sommes dans les vraies coupures.» Il l'a dit ici
même. Je ne sais pas s'il essayait de lancer un message à son collègue
des Finances ou un SOS, mais il a eu sa réponse hier : 3 % cette
année, 2 % l'an prochain.
Un peu de
mathématiques. 1 % pour la santé, ça représente 650 millions, donc
2 %, ça représente 1,3. Faites le calcul, il va falloir trouver
2 milliards au cours des 24 prochains mois. Ça fait peur, considérant
ce qui a déjà commencé avec Santé Québec.
Alors, le gouvernement, il va couper où? Est-ce
que le ministre de la Santé va redonner une commande de 2 milliards, cette fois-ci avec plus de temps, à Santé Québec? Puis
comment est-ce qu'il peut continuer d'essayer de faire croire au monde que les services ne sont pas
touchés? Comment il peut nous prendre pour des... je ne le dirai pas, puis nous
faire croire qu'il n'y aura pas de compressions dans les services?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la Présidente.
Alors, tout au cours du processus budgétaire, j'ai été en discussion
avec la présidente du Conseil du trésor, le ministre de la Santé, la ministre
des Aînés, le ministre des Services sociaux. Et puis on
ne peut pas faire une gestion uniquement par taux de croissance de dépenses, là.
Si le taux de croissance des dépenses en 2026‑2027 vous empêche de dormir, je
vous demande d'attendre le budget 2026‑2027 pour établir le taux de croissance des dépenses, O.K.? Pour cette
année, c'est 3 %. L'an dernier, c'était 4,6 %. L'an dernier,
lorsqu'on a eu besoin d'efforts supplémentaires, on a répondu présent.
On a aidé le ministère de la Santé, Santé Québec. On a à coeur l'amélioration des services. C'est pour ça qu'on
investit dans les ressources humaines, dans les infrastructures, qu'il y a des
réformes de gouvernance, qu'il y a des
réformes au niveau des données, qu'on se sèvre de la main-d'oeuvre
indépendante, qu'on a fait des projets de loi pour élargir, les infirmières
praticiennes spécialisées, les pouvoirs des pharmaciens, qu'on a augmenté les admissions en médecine. On va
continuer, Mme la Présidente, avec Santé Québec, qui vient d'arriver, en
décembre...
La
Présidente : En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...puis on va améliorer la qualité des services.
La Présidente :
Première complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Bien là, c'est moi qui est
déboussolé, là, d'entendre le ministre des Finances, qui est assez professoral
dans ses exposés, là, nous dire qu'il ne faut pas tenir compte du taux de
croissance de dépenses dans les budgets. C'est hallucinant, là. J'ai dû faire 60 budgets, là, dans mes deux
carrières, là, c'est l'étalon de mesure ultime, parce que, sinon, il n'y
a plus rien qui tient.
Alors, comment est-ce
qu'ils peuvent continuer de nous faire croire qu'à 3 % cette année, à
2 % l'an prochain il n'y aura pas de compressions? C'est une chimère, Mme
la Présidente.
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors,
je vais continuer, tout à l'heure, parce que je n'ai pas eu le temps de
terminer. J'ai bien expliqué, Mme la Présidente, que, le processus des crédits,
que ce soient les crédits provisoires, qu'on discutera dans quelques minutes,
ou les crédits détaillés, il y a deux documents qu'il faut mettre ensemble, le
document du ministre des Finances, qu'il a déposé, et j'apprécie tout le
travail qui a été fait par son équipe au cours des derniers mois, mais la même
chose du côté du Trésor. Et, lorsqu'on regarde le chiffre de bas de page, qui
montre une croissance de 3 %, il faut
prendre le temps de regarder les différentes composantes de ça. Et je pense que
c'est ça qu'on va faire au cours des prochains jours, avec toute la
collaboration de l'opposition...
La
Présidente : En terminant.
• (11 heures) •
M. Dubé : ...et des gens qui nous suivent, de voir qu'il y a
des dépenses de services à la population qui sont beaucoup plus
élevées...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
La comptabilité du gouvernement, ce n'est pas ésotérique, là, on ne parle
pas du sexe des anges, ici, là. Le ministre se lève. Je suis content qu'il se
lève. Il peut continuer, là. C'est lui-même qui nous a dit ici : À
3 % et moins, nous sommes dans des vraies coupures. Puis là il nous
dit : Ah non, faites-vous-en pas, il y a une annexe que vous n'avez pas
bien lue, là, moi, je vais être capable de faire ça sans coupure. C'est de la
magie. Je suis intéressé de connaître la
magie du ministre, parce qu'à 3 % puis à 2 % l'an prochain nous
sommes en zone de coupures. Il n'y a pas de magie, c'est de
l'arithmétique.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : ...dans le même sens. Mme la Présidente, tout à
l'heure, on aura la chance de regarder les documents, et, quand vous allez voir la section des services
à la population, qui est le plus important, qui est la base, là, c'est le
budget de Santé Québec, le programme n° 2 des crédits, vous allez voir qu'on n'est pas à 3 %. J'aurai la
chance de discuter avec vous. C'est à ça que sert, un processus des
crédits. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du troisième groupe d'opposition.
Gestion
des finances publiques
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, il y a de la confusion en Chambre ce
matin, j'entends les libéraux dire que c'est
un budget de Québec solidaire et j'entends Québec solidaire dire que c'est un
budget des libéraux. Mais cette confusion s'explique, elle s'explique
par le fait que ce gouvernement de la CAQ a trouvé le moyen de faire le pire
déficit de notre histoire et d'orchestrer des coupures et des compressions dans
les services, notamment en santé, les deux
en même temps. Et ce déficit, il n'est aucunement lié à la situation aux
États-Unis, il est l'oeuvre de la mauvaise gestion de la CAQ, sa
tendance à gaspiller. La preuve, c'est que, même dans le scénario fourni par le
gouvernement, où il n'y a pas de tarifs puis la situation est complètement
stable avec les États-Unis, le gouvernement dépose un déficit de 12,7 milliards, un record absolu dans
notre histoire. En rappel, on a gaspillé 710 millions dans Northvolt,
55 millions dans Flying Whales, 365 millions dans Recyclage
Varennes, 1,2 milliard dans SAAQclic. La liste est trop longue, mais c'est
vraiment l'oeuvre d'une gestion de gaspillage.
Est-ce que le premier
ministre peut prendre la responsabilité et reconnaître que ce déficit record
est entièrement le résultat de sa mauvaise gestion des finances publiques?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui,
bien, Mme la Présidente, d'abord, je vais répéter ce que j'ai dit tantôt, mais
on est habitués, avec le chef du PQ. Ce
qu'il vient de dire, c'est inexact. Le déficit record, c'est Daniel Johnson. Le
deuxième déficit record, c'est Jacques Parizeau. Donc, ce n'est pas le
budget qui a été déposé.
Maintenant, Mme la
Présidente, j'ai bien entendu l'intervention du chef du PQ, hier, il nous a
dit : Nous, on va mettre fin aux
subventions aux entreprises. Il a dit ça noir sur blanc. Moi, je me rappelle
très bien, en 1998, j'étais ministre d'Industrie et Commerce, au Parti
québécois, Bernard Landry était ministre des Finances, on a annoncé la création
d'Investissement Québec, qui peut donner... qui peut investir dans des actions,
dans de la dette ou dans des subventions. Moi, je pense que, dans les dernières
années, on n'a pas assez utilisé Investissement Québec. C'est pour ça que,
depuis six ans, on a fait exploser, on a doublé
les interventions d'Investissement Québec. Et c'est la raison pour laquelle,
pour la première fois dans l'histoire du Québec, pendant six ans, on a
battu la croissance économique par habitant du reste du Québec.
Donc,
je suis surpris de voir le chef du PQ dire : Moi, je ne suis pas d'accord
avec l'approche de Bernard Landry, et le chef du PQ dire : Je
ne reconnais pas que Jacques Parizeau a fait un plus gros déficit que le
gouvernement de la CAQ.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Ce que j'ai dit, hier, Mme la Présidente, c'est que le
Parti québécois va mettre fin au bar ouvert
pour les subventions, mettre fin à l'abus, sous la CAQ, qui se compte en
milliards de dollars. Écoutez, là, il y avait un surplus de
4,5 milliards, au terme du mandat des libéraux, puis on est rendus dans un
déficit de 13 milliards. Donc, ce sont 18 milliards de dollars que la
CAQ a dilapidés.
Creuser un déficit de
18 milliards, pour le parti qui voulait faire le ménage, est-ce que le
premier ministre prend la responsabilité de ce fiasco?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien,
Mme la Présidente, je le répète, c'est un choix qu'on a fait, chez
Investissement Québec. Il y a des centaines
d'entreprises qu'on a aidées, puis on a réussi, grâce à ça, à battre le reste
du Canada. Évidemment, le chef du PQ
s'amuse à sortir quelques exemples où les résultats ont été moins bons, il
oublie les centaines qui sont bien allés.
Maintenant, il nous
parle du déficit. Pourtant, c'est lui qui dit : Moi, là, j'aurais un
réseau de garderies, juste des CPE. Fini, les garderies privées. Je vais
construire 5 000 logements de plus, je vais mettre 3 milliards
de plus dans les soins à domicile.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : Je
vais créer un service alimentaire pour tous les étudiants. Il y a des dépenses,
j'en ai...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, je suis vraiment content que le premier
ministre me parle du retour à l'équilibre budgétaire, parce que, là non plus,
la CAQ n'est aucunement crédible. On prévoit, par magie, des augmentations de
2,5 milliards des transferts fédéraux, bonne chance, une augmentation de
6 %, magie, magie, des revenus, des revenus divers et des revenus des entreprises
du gouvernement, on ne sait pas pourquoi. Et le pire, dans tout ça,
c'est qu'il y a encore, dans ce qu'il présente, un 2,5 milliards à trouver
quelque part.
Est-ce que le premier
ministre peut reconnaître que son plan n'est pas crédible?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui,
Mme la Présidente, d'abord, les chiffres des transferts fédéraux pour les
prochaines années viennent du gouvernement fédéral, donc sont confirmés par le
gouvernement fédéral. Si j'étais le chef du PQ, je me garderais une petite gêne, quand je parle du fédéral, parce que je
l'invite à aller revoir son budget de l'an 1 sur la défense. Aujourd'hui,
plus que jamais, avec ce qui se passe aux États-Unis, il va falloir mettre des
dizaines de milliards en défense. C'est où dans son budget de
l'an 1?
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Terrebonne.
Orientations
du ministère de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie
Mme Catherine Gentilcore
Mme
Gentilcore : Mme la Présidente, il allait de soi que ma première
question reflète les préoccupations sincères
des gens qui m'ont élue en ce qui concerne l'état des finances publiques. Hier,
c'est bel et bien un déficit record que
ce gouvernement a dévoilé. Pourquoi? Parce que ce gouvernement, Mme la
Présidente, a dépensé sans compter dans des projets bâclés, à forts coûts, dont le risque a été mal calculé, on
l'a dit, 710 millions dans Northvolt, 365 millions dans Recyclage
Carbone Varennes, 227 millions dans Lion, et la liste s'allonge.
Mais la ministre de
l'Économie et moi, on a un point en commun, Mme la Présidente, on a obtenu nos
rôles ici à cause du départ de la même personne. Mais les Québécois savent très
bien ce que je pense, ce que le PQ pense du gaspillage
de leur argent durement gagné, mais ce qu'ils veulent vraiment savoir, Mme la
Présidente, c'est : Est-ce que la ministre approuve le choix de son
prédécesseur? Est-ce qu'elle va prendre la même direction que Pierre Fitzgibbon, qui va nous mener à d'autres faillites, à
d'autres échecs caquistes, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Bien, c'est un plaisir de répondre
à cette question. Et il y a une menace existentielle, et donc on a choisi, dans
ce budget, de se concentrer sur l'économie. Et on le fait de plusieurs façons,
avec le climat d'affaires, les conditions, on veut inspirer la confiance, alors
la déréglementation, la libéralisation des échanges, le travail qui est fait
dans l'espace économique canadien, mais on le fait aussi avec le fiscal,
2,6 milliards d'aide fiscale, avec l'amortissement accéléré, pour
favoriser l'investissement, avec l'innovation, le nouveau crédit d'impôt pour
favoriser l'innovation, parce que la réforme de 2014 n'avait pas fonctionné. Et
puis il y a de l'aide directe. L'aide
directe, qui est le sujet de la question, bien, ça vient avec l'expertise d'Investissement Québec. Il y a des prises de participation, il y
a des subventions, il y a des actions privilégiées. Et puis on va continuer. Il
y a plus de 900 millions. Et puis il faut supporter nos entreprises face à
cette importante menace.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore :
La ministre ne s'est pas levée, mais c'est elle que j'aimerais entendre,
que les Québécois aimeraient entendre. Ça ne
s'invente pas, là, les chiffres parlent d'eux-mêmes : 26 grandes
entreprises ont reçu plus de 100 millions du gouvernement de la
CAQ, le tiers de toute l'aide versée aux entreprises depuis 2018. La ministre
doit dire clairement aux Québécois si elle poursuit dans la même direction que M. Fitzgibbon.
Est-ce qu'elle peut
garantir qu'elle ne donnera pas la grosse part du gâteau aux grandes
entreprises comme son prédécesseur? Si c'est le cas, qu'elle nous le dise, il
n'y a pas de honte à ça.
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. 90 % des interventions
d'Investissement Québec sont faites avec des
entreprises de moins de 200 employés, mais toutes les études le montrent,
que la productivité, le niveau d'investissement,
le niveau d'innovation est plus important dans les grandes entreprises. Alors,
c'est pour ça qu'on doit aussi soutenir les grandes entreprises, avec
des interventions qui sont plus importantes.
Puis on a des
programmes qui sont adaptés. Regardez nos programmes pour soutenir
l'exportation. On en a pour les grandes
entreprises, on en a en région, on en a pour la petite entreprise. Au niveau du programme FRONTIERE, il y a des sommes d'urgence pour les grandes entreprises...
La
Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...il y en a aussi pour
les petites entreprises. On travaille avec l'ensemble du tissu économique.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Catherine Gentilcore
Mme
Gentilcore : Je n'ai pas obtenu réponse à ma question. Mme la ministre
de l'Économie, ce qu'on veut savoir, c'est si elle va continuer dans la même
veine que M. Fitzgibbon, son prédécesseur. Est-ce qu'on va continuer à investir massivement dans ces grandes
entreprises là? Est-ce qu'il y aura la part de gâteau pour les PME? C'est ce que
les Québécois veulent savoir. Est-ce qu'on peut avoir une réponse claire?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Merci, Mme la Présidente.
Permettez-moi, à mon tour, de féliciter et de souhaiter la bienvenue à la
nouvelle députée, qui sera porte-parole, également, en matière d'économie.
Donc, c'est avec grand plaisir que l'on entame ces échanges ce matin.
Bienvenue des nôtres.
Alors, bien sûr,
notre gouvernement va continuer à aller de l'avant pour l'investissement et
pour le soutien aux entreprises qui
permettent de positionner le Québec dans des créneaux stratégiques. La filière
batterie est un des exemples de ces créneaux stratégiques fort
importants. Également, l'aérospatiale est un autre de ces créneaux très
importants. La foresterie, les sciences de la vie, technologies de la santé, ce
sont tous des exemples...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Fréchette : ...de secteurs qui permettent de créer des bons emplois
pour les Québécois...
• (11 h 10) •
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Pontiac.
Compressions
budgétaires dans les services de santé
M. André Fortin
M.
Fortin : Mme la Présidente, en termes de
période de questions, on en a eu une bonne, quand même, parce qu'on en a eu des
vertes puis des pas mûres de la part du gouvernement, là. Je cite : «On a
décidé de se concentrer sur l'économie.» Le gouvernement qui est à productivité
zéro en ce moment.
«On a beaucoup
dépensé durant la pandémie. Il y a eu la guerre en Ukraine.»
«On ne fera pas de la
gestion par le taux de croissance», alors que ça fait des années qu'ils font
exactement ça.
Et,
Mme la Présidente, quand même, la meilleure, c'est le ministre de la Santé qui
nous dit qu'avec 3 % il n'y aura pas de coupures dans les services,
Mme la Présidente. C'est exactement le contraire de ce qu'il disait ici, en
Chambre, il y a un mois. E c'est exactement
la même chose qu'ils nous ont dit lorsqu'ils ont demandé à Santé Québec de
faire des coupures de 1,5 milliard : Ah! il n'y aura pas de
coupures dans les services.
Je vous rappelle, Mme
la Présidente, qu'il y a des patients de cancer qui n'ont pas les services,
qu'on a fermé des salles d'opération, des services de santé mentale en région.
C'est n'importe quoi, dire qu'il n'y aura pas de coupures dans les services,
c'est de la malhonnêteté directe et sans gêne avec la population.
Des voix :
...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, je vais vous reconnaître pour le rappel au règlement,
que j'allais faire.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, vous le savez, c'est au lexique. En plus, ce sont des propos
blessants. Le député de Pontiac est un parlementaire d'expérience, Mme la
Présidente. Vous devriez le rappeler à l'ordre.
La
Présidente : Et c'est ce que je m'apprêtais à faire juste avant que
vous vous leviez. M. le député de Pontiac, vous savez très bien que ce mot est
à notre lexique. Je vous demande de le retirer, purement et simplement, et de
poursuivre. Il vous reste quatre secondes. Vous retirez?Vous retirez.
La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : J'apprécie
mon leader de me protéger si bien, je l'apprécie beaucoup.
Mme la Présidente, je
pense que la question du député de Pontiac va mal vieillir, mais très
rapidement, très rapidement, dans les crédits provisoires qu'on aura la chance
de discuter dans quelques minutes, il se souviendra très bien qu'il a dit que
les services à la population ne peuvent pas suffire avec 3 % et il verra
très bien, Mme la Présidente, que les services à la population augmentent de
plus que 3 %. Il rit, en ce moment; il rira jaune tout à l'heure. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, le député de Pontiac.
Compressions
budgétaires dans les services de santé
M. André Fortin
M. Fortin : Aïe!
Mme la Présidente, s'il y en a un qui doit rire jaune. en ce moment, c'est le
ministre de la Santé. C'est lui qui était ici, en cette Chambre, puis qui a dit
à tout le monde : À 3 % d'augmentation, c'est des coupures,
des vraies coupures dans des services. C'est
ça qu'il a dit à tout le monde ici. Et là ce que le gouvernement nous annonce,
ce n'est pas 3 %, c'est 2 %, Mme la Présidente, 2 %
d'augmentation l'année prochaine.
Alors, déjà, là,
déjà, il y a des patients de cancer qui ne reçoivent pas les soins dont ils ont
besoin. Déjà, il y a des services en santé
mentale qui sont fermés partout au Québec, dont en Abitibi. Déjà, Mme la
Présidente, déjà, il y a des salles
d'opération qui ne fonctionnent pas en région, avec le 4,3 % dont se
vantait le ministre des Finances il y a quelques instants.
Comment
il peut sérieusement nous dire ici, là, qu'il ne touchera pas les services à la
population avec des chiffres comme ceux-là?
Des voix :
...
La
Présidente : Un instant. Pas de bravo. M. le ministre, votre réponse.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme
la Présidente, j'ai donné au député de Pontiac une troisième chance, je lui ai
dit : Attendez la discussion qu'on aura sur les crédits provisoires dans
quelques minutes. Il a voulu continuer à dire ce qu'il a dit, c'est son choix. Les gens qui nous suivent aujourd'hui
pourront le voir tout à l'heure, c'est beaucoup plus que 3 %. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La
Présidente : Alors, voilà, cela met fin à la période de questions et
de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de
votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour
ce faire, je cède la place à la deuxième
vice-présidente de l'Assemblée nationale. Merci, tout le monde. Bonne fin de
journée, tout le monde.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Comme dit précédemment, nous sommes à la rubrique
Motions sans préavis. En fonction de nos...
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Je répète. Nous en sommes maintenant à la rubrique
Motions sans préavis. En fonction de nos règles et de l'ordre de présentation
des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du troisième groupe
d'opposition. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Demander
au gouvernement de s'engager à
construire un pont sur le Saguenay
M. Arseneau :
Merci, Mme la Présidente. Je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le leader de l'opposition officielle et la
députée de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que la Côte-Nord est géographiquement
enclavée et que la construction d'un pont est nécessaire pour son
désenclavement;
«Qu'elle prenne acte du
large consensus et de la mobilisation citoyenne autour de ce projet;
«Qu'elle demande au gouvernement de dévoiler
l'étude d'opportunité qu'il a en sa possession;
«Que l'Assemblée nationale demande par
conséquent au gouvernement de s'engager à construire un pont sur le Saguenay.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la
Présidente, il y a consentement, sans débat.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Consentement, sans débat. Oui, M.
le député de Matane.M. le député de Matane.
Une voix : ...
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Le
vote est demandé. Donc, le vote est ouvert.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général, pour le résultat, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 105
Contre :
0
Abstentions :
1
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Donc, cette motion est adoptée. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci,
Mme la Présidente. On aimerait envoyer le résultat de la motion à la Coalition
Union 138.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Ce sera fait, M. le député.
Je reconnais maintenant un membre du groupe
formant le gouvernement. Mme la députée de Châteauguay.
Souligner l'importance de la
lutte contre la violence et l'intimidation
Mme Gendron : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Marquette, le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
le député des Îles-de-la-Madeleine, la députée de Vaudreuil et le député de
Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse la nécessité
des mesures visant à lutter contre l'intimidation, notamment le Plan
d'action concerté pour prévenir et contrer l'intimidation et la
cyberintimidation de près de 30 millions de dollars du gouvernement du
Québec;
«Qu'elle réitère que la violence et
l'intimidation, sous toutes leurs formes, sont inacceptables dans la société
québécoise;
«Qu'elle reconnaisse que tous les citoyens, groupes
ou associations de la société québécoise ont le devoir de montrer
l'exemple et d'agir afin de lutter contre l'intimidation.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme
la Présidente, il y a consentement,
sans débat. Et je vous demanderais un vote électronique, s'il vous
plaît.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote électronique est appelé. Le vote est ouvert.
La période du vote étant terminée, M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 107
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
La motion est adoptée.
Je reconnais maintenant un membre du groupe
formant l'opposition officielle. M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
pour votre motion.
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le chef du troisième groupe d'opposition,
la députée de Vaudreuil et le député de Saint-Jérôme :
«Que
l'Assemblée nationale constate que, selon ses propres prévisions, à la fin de
son mandat en 2026, la Coalition Avenir Québec aura ajouté 96 milliards de dollars à la
dette nette du Québec depuis son arrivée au pouvoir en 2018, ce qui
représentera une augmentation de 55 % de la dette nette du Québec.» Merci.
• (11 h 20) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pas de consentement.
Je reconnais
maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Verdun,
pour votre motion.
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter
la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse qu'une croissance des budgets en-deçà des coûts de
maintien des services constitue de l'austérité.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous serions
maintenant rendus à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. Je
demanderais aux collègues de quitter en silence, s'il vous plaît. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Et
donc j'avise cette Assemblée que la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, la Loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 17 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des
transports et de l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet de
loi n° 81, la Loi modifiant diverses dispositions en matière
d'environnement, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La
Commission des institutions va poursuivre les consultations particulières et
les auditions publiques sur le projet de loi n° 91, la Loi instaurant le Tribunal unifié de la famille au
sein de la Cour du Québec,
aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à
12 h 50 et de 15 heures à 18 h 15, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de
l'économie et du travail va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 85, la Loi modifiant diverses
dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et
administratif, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous
avise que la Commission de l'économie et du travail se réunira en séance de
travail le jeudi 27 mars 2025, de 8 heures à 8 h 30, à
la salle RC.189, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse de la pétition portant sur les versements et les ajustements salariaux
découlant du règlement de maintien de l'équité salariale pour le personnel du
réseau de la santé et des services sociaux.
Je vous avise
également que la Commission de la santé et des services sociaux se réunira en
séance de travail le jeudi 27 mars 2025, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, de 8 heures à 8 h 30, afin de
statuer sur la possibilité que la commission se saisisse des pétitions portant
sur l'accessibilité des milieux de vie substituts pour les personnes autistes ou ayant une déficience intellectuelle,
et de 8 h 30 à 9 heures, afin de statuer sur la possibilité que
la commission se saisisse de la pétition portant sur la construction de
l'urgence et des soins intensifs à l'Hôpital de Maria.
Nous serions
maintenant rendus à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, Mme la Présidente. J'aimerais que nous nous constituions en commission
plénière pour que nous puissions commencer les crédits provisoires.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Je suspends les travaux quelque temps afin que la
commission puisse s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 25)
(Reprise à 11 h 31)
Commission plénière
Étude des crédits provisoires 2025-2026
M. Benjamin (président de la commission
plénière) : Alors, bonjour, tout le monde. Conformément à l'ordre adopté le 25 mars 2025, la commission plénière
se réunit afin d'étudier les crédits provisoires pour l'année financière 2025‑2026.
Santé
Au cours de la prochaine heure, nous allons
procéder à un échange entre M. le ministre de la Santé et les députés de
l'opposition. Nous commencerons par les remarques préliminaires. Je vous
rappelle qu'un maximum de six minutes est alloué au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 2 min 59 s au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 1 min 58 s au deuxième groupe
d'opposition, 40 secondes au troisième groupe d'opposition et 24 secondes pour l'ensemble des députés
indépendants. Débuteront ensuite les échanges entre le ministre et les députés
de l'opposition. Dans ce cadre, les députés indépendants auront chacun droit à
45 secondes par heure d'échange. Le temps non utilisé par les députés indépendants sera redistribué
proportionnellement entre le groupe parlementaire formant l'opposition officielle, le deuxième groupe d'opposition et le
troisième groupe d'opposition. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours de la...
de l'ensemble, pardon, de l'étude des crédits provisoires, ils ont
10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Remarques préliminaires
J'accorde immédiatement la parole à M. le
ministre pour ses remarques préliminaires.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Parfait. Alors, merci
beaucoup, M. le Président. Et je salue non seulement mes collègues du
gouvernement, mais les gens de l'opposition. Merci. C'est toujours un exercice
très intéressant, les crédits provisoires. Ce n'est pas beaucoup, une heure,
mais on va essayer d'en profiter au maximum, puis je comprends l'intérêt des
gens ce matin.
D'ailleurs, je voudrais aussi remercier mon
collègue aux Finances et ma collègue présidente du Conseil du trésor, parce que, dans les circonstances que l'on
connaît, M. le Président, aujourd'hui, d'avoir pu nous donner des budgets
si importants en santé... Je tiens à remercier le travail non seulement de mes
collègues, mais aussi la confiance du premier ministre dans les derniers mois.
Maintenant, je veux me concentrer sur les
chiffres rapidement, mais j'aimerais dire que ce qui est important de ce qu'on fait en santé, M. le Président, c'est
de s'occuper de nos patients, de s'occuper de nos Québécois. On va parler
beaucoup de chiffres, quand on parle, ce matin, des crédits provisoires, mais
il faut toujours se rappeler pour qui on le fait, et on le fait pour les
Québécois. Et, lorsque je vais vous donner quelques éléments, je pense, c'est
important pour les Québécois de réaliser
que, depuis 2019, depuis l'arrivée de notre gouvernement, on a augmenté les
budgets, en santé, de 20 milliards. Il y a eu, effectivement, la pandémie,
on y réfère souvent, mais ça veut dire que c'est des budgets qui ont
augmenté de l'ordre de 50 %, M. le Président. Puis je vous donne quelques
exemples. En santé publique, on a augmenté les budgets de 567 millions. Le
soutien à domicile a été augmenté de 1,1 milliard. L'hébergement pour les
personnes âgées, là, je pense aux RPA, je
pense aux CHSLD, plus de 3 milliards. Les jeunes en difficulté,
1 milliard. La santé mentale, une
augmentation de 732 millions. Les organismes communautaires, il ne faut
pas l'oublier, 536 millions d'augmentation. La santé physique,
5,5 milliards. Ça, ça inclut les chirurgies, ça inclut tout ce qui se fait
dans nos hôpitaux. L'assurance médicaments, à la RAMQ, plus 336 millions.
Et j'en passe. Donc, en fait, ce sont plus de 13 milliards que je viens de
vous énumérer, qui sont récurrents dans des catégories de dépenses.
Maintenant, madame... M. le Président, je donne
des exemples concrets. J'ai parlé de dollars, mais je pense qu'il faut dire à
quoi ont servi ces dollars-là. Je parle, entre autres, de, en santé publique,
on a ouvert des points de service pour être capables de pérenniser ce qui avait
été fait durant la pandémie. Dans les soins à domicile, moi, il y a un chiffre qui me frappe, avec ma collègue, Mme la
Présidente, la ministre aux Aînés, plus de 20 millions d'heures en soins
à domicile, on est passés d'environ
15 millions d'heures à 35 millions d'heures, c'est majeur, en soins à
domicile. Et je pourrais vous donner des exemples en hébergement, on a
ouvert 45 maisons des aînés. Alors, je le sais, qu'aujourd'hui on va
parler du budget 2025‑2026, mais il faut se rappeler que le budget 2025‑2026
qu'on va discuter suit six années où on a investi massivement en santé, et ça,
je pense que c'est important de le faire.
Maintenant,
qui sont nos employés? Nos employés, ce sont, entre autres, les infirmières, ce
sont des préposés aux bénéficiaires, ce sont
les gens qui travaillent dans nos cuisines. Je veux juste donner un exemple en
termes d'heures, on est passés, en 2019‑2020, madame... M. le
Président, de 340 millions d'heures, à ces gens-là, à plus de
400 millions d'heures. Et, comme on le
sait bien, il y a eu, depuis ce temps-là, deux augmentations, deux
modifications de conventions collectives qui ont donné des augmentations
de 18 % et 20 % au cours des deux dernières années. Alors, non
seulement on a augmenté le nombre d'heures d'infirmières, etc., mais on a
augmenté aussi leurs salaires de façon drastique. Alors, je pense qu'il faut
revenir...
Maintenant, j'avais
la chance, tout à l'heure, dans la période des questions... Puis je le sais,
que ce n'est pas facile de lire tous ces beaux documents là, puis je le sais
parce que j'ai déjà été dans l'opposition. C'est un petit peu frustrant parce
qu'on reçoit ces documents-là dans une période de quelques heures. On regarde
les documents qui nous viennent des crédits, puis on regarde le document qui
nous vient du ministre des Finances, puis là on essaie de mettre ça ensemble puis de comprendre exactement...
Alors, moi, ce que j'aimerais dire, M.
le Président, puis ça pourra
peut-être lancer la discussion,
j'aimerais que les gens prennent la note, à la page 19-16 du document
n° 3... il y en a cinq, documents comme ça, des crédits, mais je
demanderais aux Québécois qui nous suivent, là, de prendre la page 19-16
et de regarder comment se détaille le 56 milliards qui nous est alloué, ce
qu'on appelle les dépenses de programmes. On n'est pas dans le consolidé, là,
on est dans les dépenses de programmes. Et, lorsqu'on parle des services à la
population, je me concentre sur ce qu'on appelle le programme 2, qui est
essentiellement le budget de Santé Québec.
Dans l'analyse qui
est là, on a une croissance de 4,2 % pour les services à la population,
donc c'est beaucoup plus que 3 %. On
pourra y revenir tout à l'heure, mais, malheureusement, quand les crédits sont
préparés, Mme la Présidente... M. le
Président — je
m'excuse encore une fois — quand
les crédits sont préparés, ils n'ont pas encore tous les secrets du
ministre des Finances, et le ministre des Finances a rajouté à peu près
800 millions à ces montants-là, ici, alors, quand on les ajuste, puis je
pourrai l'expliquer comment ça se fait, ce n'est plus 4,2 % de croissance
qu'on a dans les services à population, mais c'est 5 %. Alors, moi, quand
je dis, aujourd'hui, que j'ai eu un ministre des Finances qui nous a appuyés
dans ce qu'on fait en santé, bien, moi, je me dis que les services à la
population augmentent de 5 %, et je tiens à les remercier. Merci beaucoup,
M. le Président.
Le Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le ministre de la Santé.
Discussion générale
La parole revient
maintenant à M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci. Merci, M. le Président. Je savais qu'on avait un gouvernement de
comptables, je ne savais pas qu'on avait un gouvernement de comptabilité
créative. Enfin, j'ai des questions, des questions précises sur certaines
parties des documents qui nous ont été présentés hier, et j'apprécierais, comme
toujours, M. le Président, des réponses franches,
directes, courtes, rapides pour qu'on puisse procéder avec le peu de temps
qu'il y a, comme le disait le ministre
de la Santé.
Le ministre de la
Santé, là, ne sera pas surpris d'apprendre que les gens à Drummondville, ils
sont déçus. Puis, «déçus», c'est un mot faible. Je cite simplement, là,
l'article de Radio-Canada : «La déception est vive dans la région. Même la
P.D.G. du CIUSSS est déçue de l'absence de l'inscription d'un nouvel hôpital à
Drummondville dans le Plan québécois des
infrastructures.» Est-ce que
le ministre peut nous dire pourquoi il n'est pas inscrit et qu'est-ce qui s'est
passé?
Le Président
(M. Benjamin) : M. le ministre.
M. Dubé :
Bien, je suis content de savoir qu'on ne parlera pas de l'augmentation de
5 % aux services à la population, peut-être plus tard. Maintenant qu'ils
ont eu la réponse, M. le Président, que ce n'était pas 3 %, mais 5 %,
peut-être qu'ils vont passer à une autre question, parce que ça a été
essentiellement le sujet de la discussion depuis hier, mais je vais
répondre quand même à sa question sur l'hôpital de Drummondville.
Il y a une procédure
qui est très, très claire pour faire les travaux correctement puis ne pas faire
des annonces, M. le Président, comme le
Parti libéral a fait souvent, annoncer des hôpitaux trois, quatre fois. Dans le
cas de Drummondville, on a pris l'engagement que ce projet-là serait au
PQI durant notre mandat. C'est l'engagement qu'on a pris. Alors, après avoir
fait des analyses, on a fait des plans cliniques, on a fait ce qu'il fallait
faire, on s'est engagés — et
je pense que c'est un engagement majeur — de présenter ce projet-là au
PQI cette année, c'est-à-dire dans l'année qui est en cours. Qu'est-ce qui est marqué dans le PQI? C'est que ce projet-là doit
passer au Conseil des ministres après avoir fait les analyses
nécessaires pour qu'il soit enclenché, effectivement, dans le projet... dans le
PQI.
Alors, M. le
Président, je comprends que les gens trouvent que ça ne va pas assez vite, mais
les procédures pour s'assurer que... lorsqu'on mettra un prix, lorsqu'on mettra
un échéancier dans le PQI, je pense que les gens de Drummondville vont être
contents, puis on va réaliser notre engagement, c'est de faire un hôpital à
Drummondville.
• (11 h 40) •
Le Président
(M. Benjamin) : Merci. M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
M. le Président, il n'y a pas personne qui demande un prix ou un échéancier, on
demande, les gens de Drummondville demandent à ce qu'il soit inscrit à l'étude
dans le Plan québécois des infrastructures. Ça, habituellement,
là, c'est l'étape 1. Alors, le ministre nous dit, aujourd'hui, que
l'analyse pour se rendre à l'inscription à l'étude, elle n'est pas complétée?
M. Dubé :
Ce que je dis, là, ce qui est écrit, M. le Président, dans les documents du
PQI, c'est qu'il faut qu'il y ait une autorisation du Conseil des ministres
pour continuer à faire le travail qui est en cours en ce moment pour être
capable de l'inscrire au PQI dans les étapes normales d'un PQI, c'est-à-dire le
dossier d'opportunité, le dossier d'affaires. Je m'excuse, mais le député de
Pontiac connaît très bien, M. le Président, comment on fonctionne quand on veut avoir des projets qui sont bien évalués, avec
les bons dollars, avec les bons échéanciers. C'est ce qu'on va faire dans
l'hôpital de Drummondville, c'est ce qu'on va faire pour Saint-Jérôme et tous
les autres projets. Voilà.
M. Fortin : ...des questions qui viennent directement des gens de Drummondville,
là : À quel moment le ministère va être prêt à présenter le dossier
au Conseil des ministres?
M. Dubé :
On s'est engagés à le faire
durant l'année, M. le Président. C'est exactement ce qui est dit ici. Je
connais... J'ai suffisamment de
pression de mes collègues du Centre-du-Québec, entre autres le ministre
M. Lamontagne, j'ai mes collègues,
monsieur... les députés de la région. Écoutez, on va faire les travaux
correctement, il va être présenté au Conseil
des ministres, puis il pourra commencer le processus.
M. Fortin : Est-ce que ça... Est-ce que le ministre peut s'engager à ce
que ce soit fait cet été, avant l'été?
M. Dubé :
Moi, je pense, M. le Président,
qu'à faire des questions comme le député de Pontiac fait en ce moment...
M. Fortin : Ce sont des questions qui viennent des gens de
Drummondville.
M. Dubé : Oui, mais... c'est d'accord, mais j'ai... on a un
ministre qui est responsable de la région, on a des députés qui sont là,
qui nous mettent de la bonne pression, on n'a pas peur d'en parler. On va faire
les analyses correctement, M. le Président.
M. Fortin : Oui. M. le Président, je comprends que le ministre n'est pas prêt à
prendre aucun engagement envers l'hôpital de Drummondville en ce moment,
mais est-ce qu'il peut nous dire comment ils sont arrivés à la nouvelle formule
créative dans le PQI, c'est-à-dire on n'inscrit rien, on ne les met pas
officiellement à l'étude dans le PQI, mais on
met une note, là, qu'on pense, qu'on espère qui va peut-être satisfaire les
gens de la place, en disant, pour la première fois... Moi, je n'ai
jamais vu ça. Ça fait longtemps que je regarde les documents du PQI, c'est la
première fois qu'on vient inscrire : Le
ministère, cette année, va soumettre un dossier sur cet hôpital-là. On le fait
dans le cas de Drummondville, on le fait dans le cas de Maria. C'est
comme si on disait aux gens, là : Bien, on ne l'inscrit pas, là, on n'est
même pas dans le début du processus officiel
du PQI, mais on va regarder à faire de quoi cette année. C'est... Le député de
Rosemont l'a déjà faite, la démonstration. Le PQI, là, c'est déjà un
gros bassin, ça n'avance déjà pas vite là-dedans. Là, on vient leur dire avant ça : Aïe! On va vous préinscrire
au PQI. C'est-tu ça, la stratégie? C'est-tu une stratégie de communication, ça?
M. Dubé :
Bien, en tout cas, notre stratégie, elle est sûrement différente de celle
des libéraux, M. le Président.
M. Fortin : Elle est différente de celles que vous avez utilisées les
six dernières années, aussi.
M. Dubé :
Alors, M. le Président, je
voudrais terminer ma réponse. Je pense qu'il faut être certains que, lorsqu'on
met des projets dans le PQI, on est capables de les réaliser. Regardez ce que
mon collègue le ministre responsable des Infrastructures a fait cette année, il
a augmenté, encore une fois, le PQI de l'ordre de 11 milliards, on est passés
de 153 milliards sur 10 ans à
164 milliards, et cette augmentation-là vient principalement dans les
trois premières années. Et pourquoi
il a fait ça? C'est pour être capable de réaliser rapidement des projets et non
faire des promesses qui vont arriver dans huit, 10 ans. C'est
exactement ce qu'on a fait cette année, M. le Président.
Alors, moi, je pense
qu'on fait la bonne approche. On est réalistes, on protège l'argent des
Québécois et on va faire les projets à la mesure de nos moyens, mais le plus rapidement
possible.
M.
Fortin : O.K. Là, il y a trois grands
projets, là, qui s'attendaient à être inscrits au PQI cette année, là, et le
ministre les connaît très bien, hein : l'hôpital de Drummondville et
l'hôpital de Maria, et, les deux, vous les avez préinscrits, c'est-à-dire vous
avez trouvé une nouvelle formule pour dire : Cette année, au cours de
l'année, le ministère soumettra le dossier pour approbation au Conseil des
ministres, pour inscription au PQI. D'accord, mais il y en a un que vous avez
laissé de côté, hein, l'Hôpital d'Amos. Vous ne l'avez même pas préinscrit,
celui-là. Il n'est même pas... Il n'y a même pas la certitude qu'il va y avoir
cette année une inscription au PQI. Pourquoi?
M. Dubé :
Bien, écoutez, M. le Président, là, sur l'Hôpital d'Amos, je sais qu'on en
a discuté assez souvent, je pense que c'est un projet... Puis moi, j'en entends
parler, entre autres, de la députée du coin. La phase II du projet qui
n'avait pas été inscrit au... de façon générale, on a décidé de le regarder
globalement, parce qu'il était beaucoup plus logique de regarder et la phase I
et la phase II en même temps.
Alors, je pense qu'il est
important de dire qu'on va le faire, ce projet-là. Dans les détails, au niveau
des dates, je n'embarquerai pas là-dedans, encore une fois, ce matin, mais
c'est certain que, pour nous, puis on en a pris l'engagement, il est déjà ce
qu'on appelle en planification, donc il est déjà en train d'être considéré,
puis on va faire les annonces quand ce sera le temps de le faire puis qu'on
aura les bons montants pour les projets en question, dont j'ai expliqué... et
les bonnes dates de réalisation.
M. Fortin : Alors, vous ne passerez pas par le PQI pour la phase II.
Vous l'inscrivez dans le projet qui est déjà inscrit, là.
M. Dubé : Bien, écoutez, là,
vous me demandez de vous donner des détails, je pense que, lorsqu'on
discutera... Là, on est dans les crédits provisoires, ici, M. le Président.
J'aime ça le rappeler au député de Pontiac, là, on est dans les crédits provisoires pour les budgets. Là, on
me demande des détails pour un hôpital à Amos. Moi, je dis : Ce projet-là,
il est déjà en planification, on va
faire les étapes nécessaires, c'est notre objectif, d'être consistants et
réalistes dans nos projets.
M. Fortin : Non, mais je pense que les gens d'Amos méritent une réponse
claire, quand même, là. Est-ce que, la phase II, vous la considérez
inscrite en planification?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Dubé : En ce moment, là, la
phase II n'est pas en planification, la phase II. Ce que j'ai dit, ce
qui nous est demandé par les médecins... Je suis allé à l'Hôpital d'Amos, j'ai
rencontré les médecins. Ce qu'ils nous demandent, c'est de combiner les deux,
c'est ça qui est demandé par les gens du coin.
Alors, avant de répondre au député de Pontiac,
moi, je vais m'asseoir avec le député... avec le ministre responsable des Infrastructures puis de dire,
parce que le dossier est en planification : Est-ce que ce serait la bonne
chose de combiner la phase I et la phase II? C'est ce que j'ai
dit tout à l'heure. Quand j'aurai une réponse là-dessus... puis, probablement,
je serai capable de répondre lorsqu'on sera en analyse des crédits à la fin du
mois d'avril, on fera ces réponses-là.
M. Fortin : O.K. Donc, le ministre est clair, la phase II, elle
n'est pas inscrite en planification.
M. Dubé : En ce moment, en ce
moment, en ce moment.
M. Fortin : Bon, O.K. Là, le ministre, d'entrée de jeu, là, il nous a
dit qu'il... il nous a fait... il a fait référence aux gens qui travaillent
dans le réseau, et c'est très bien, il faut en parler, des gens qui travaillent
dans le réseau. Moi, j'aimerais parler des 911 personnes qui travaillent à
la maison mère de Santé Québec. Le ministre nous a dit que ce n'est pas... ou ce n'est pas normal, pour utiliser
ses mots, ce n'est pas normal qu'il y ait plus de fonctionnaires aujourd'hui,
hein, si on combine le chiffre du ministère
de la Santé et de Santé Québec, qu'il y en avait avant la création de Santé
Québec.
Alors, j'ai
une question toute simple pour le ministre : Est-ce que 911 personnes
à Santé Québec, c'est une petite équipe agile comme il le souhaitait?
M. Dubé : Bien,
je suis tellement content d'avoir cette question-là, M. le Président, je vais
essayer d'y répondre rapidement, puis j'apprécie que le député me la
pose parce qu'il y a eu beaucoup d'information qui est inexacte. Il y a deux choses à Santé Québec : il y a une
équipe de direction et il y a des gens qui ont été transférés du ministère pour
faire des fonctions très spécifiques. On a des... on a transféré près de
900 personnes qui étaient au ministère de la Santé, qui sont maintenant à Santé Québec, qui ne sont pas
dans la direction de Santé Québec, O.K., on se comprend, là? C'est des gens, par exemple, en TI, en technologies de
l'information, c'est près de 500 personnes, des gens qui sont responsables
des infrastructures. Alors, il y a plusieurs groupes de personnes comme
ça que l'on considérait des gens d'opération qui étaient au ministère, qui ont
été transférés. Jusqu'à maintenant, là, depuis la mise en place de Santé
Québec, c'est environ 900 personnes. Maintenant, ce n'est pas 900 personnes
qui font la direction de Santé Québec.
Alors, moi, quand j'avais demandé... et j'avais
demandé, très clair, d'avoir une petite équipe agile, agile et efficace, à la
direction de Santé Québec. Quand je me suis rendu compte qu'il y avait des gens
qui étaient allés un peu loin dans l'organisation de leurs services, j'ai été
très clair, j'ai été très clair avec les gens qui me posaient des questions,
j'ai dit : Ce n'est pas à ça que je m'attendais.
Maintenant,
ce n'est pas à moi à faire les corrections. Moi, je suis là pour faire des
orientations avec mon sous-ministre, et on a dit à la direction de Santé
Québec, au conseil d'administration : Écoutez, en ce moment, là, il y a
trop de monde au niveau de certains postes. Il y a eu des décisions qui ont été
prises, puis on a corrigé.
Alors, moi, ce que je dis et je redis au député,
puis je suis content qu'il m'ait posé la question aujourd'hui, quand on va avoir fini l'exercice au complet, là,
les gens du ministère, il va y en avoir moins, il y en a déjà moins. Il y a beaucoup...
de sous-ministres adjoints qu'il n'y en avait avant. Dans Santé Québec, il y a
des transferts qui ont eu lieu. Quand on va combiner tout ça, quand on va avoir
fini l'exercice, il va y avoir moins de personnes qu'il n'y en avait avant, ça,
c'est garanti.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Pontiac.
M. Fortin : O.K. Lui,
si j'ai bien compris, là, le ministre de la Santé a compris qu'il y avait
911 personnes qui travaillaient à Santé
Québec et il a dit : Attends un petit peu, là, il y a des postes, là,
qu'on n'a peut-être pas besoin, là, hein? C'est ce qu'il vient de dire,
là, essentiellement.
• (11 h 50) •
M. Dubé :
Bien, ce que je dis... Oui, excusez-moi, allez-y.
M. Fortin : Alors, j'aimerais qu'il nous dise combien de gens devraient
être à Santé Québec.
M. Dubé :
Bon, ce que j'aimerais lui dire,
c'est que... puis je veux faire la différence, encore une fois, Mme Biron,
lorsqu'elle a eu les transferts, elle n'a pas posé de question, on a dit :
Voici, on vous transfère des infrastructures, on vous transfère les gens de TI.
Ça fait trois mois, là, qu'ils sont là, qu'ils sont en place, là, depuis le
mois de décembre. Elle est en train de
regarder ça puis de dire : Est-ce que j'ai besoin de tout ce monde-là?
Est-ce que je peux travailler avec... parce que non seulement on lui a
transféré 900 personnes, mais elle a 350 000 employés dans
36 établissements, alors il faut qu'elle regarde l'ensemble de ça puis de
dire : Est-ce qu'il y a des réaménagements que je peux faire? La réponse, c'est oui. Mais prenons... Là où on prend
une photo en date d'un transfert, après quelques mois, donnons-lui le temps
de revoir toute sa structure, incluant les 350 000 employés. C'est
une... j'ai toujours dit ça, c'est une organisation monstre, donnons-lui le
temps de faire les analyses qu'elle est en train de faire.
M. Fortin : Oui, mais là on ne parle pas
des 350 000 employés, là, on ne parle pas des travailleurs sociaux,
des infirmières, on ne parle pas de...
M. Dubé :
Non, non, pas du tout.
M. Fortin : Là, on parle des 2 000 personnes, là, entre la
direction de Santé Québec et la direction du ministre...
M. Dubé :
Mais je vous donne un exemple, je veux juste être très précis...
M. Fortin : Non, non, mais je vous ai laissé terminer...
M. Dubé :
Excusez-moi.
M. Fortin : ...j'ai été très respectueux, M. le ministre, je vous ai
laissé terminer.
M. Dubé :
Non, allez-y, allez-y. Excusez-moi.
M. Fortin : Alors, le ministre nous dit : Il va y avoir moins de
monde, à la fin, hein? Il y en avait... avant la fusion, là, il y en avait 1 700... ou avant la création de Santé Québec, il y en avait 1 700, des employés à la direction du ministère. Alors là, il y en a 2 000. Le
ministre nous dit : Ce n'est pas normal qu'il y en ait plus qu'avant.
Alors, combien doit-il y en avoir,
entre le ministère et Santé Québec,
là, entre... dans la direction du
ministère et à Santé Québec? C'est quoi, son objectif? Il aime ça travailler
par objectif, j'ose espérer.
M. Dubé :
O.K. Bien, je pense qu'il y a une confusion de genre, là, puis peut-être qu'on
pourra en reparler, mais je veux juste qu'on se comprenne. Moi, quand je parle
de la direction de Santé Québec, c'est Mme Miron... Mme Biron,
pardon, puis avec sa première ligne, ses vice-présidents. Ça, c'est l'équipe de
Santé Québec, l'équipe de direction. Les
gens qu'on a transférés, le 900 personnes qu'on a transférées, là, c'est
des gens qui travaillent dans les opérations, exemple, je l'ai dit,
infrastructures, TI.
Bon, maintenant,
est-ce que l'organigramme final de Mme Biron, de son équipe de direction,
il est final? La réponse, c'est non. Pas plus tard que la semaine dernière,
elle a baissé l'organigramme qui était anciennement celui de M. Abergel, elle l'a baissé de 20 %.
Alors, laissons-lui le temps de travailler pour dire, l'équipe de direction,
après quelques mois d'avoir travaillé avec les 36 P.D.G., qui fait
quoi dans les 36 P.D.G., avec leurs propres équipes. Moi, je dis que
Mme Biron fait un excellent travail. Elle n'a pas eu peur de poser des
gestes difficiles, elle va continuer de le faire.
M. Fortin : Parfait, M. le Président, il veut laisser Mme Biron
faire le travail à Santé Québec, là, mais il y a encore... le ministre, malgré la création de Santé Québec, malgré qu'il
se décharge, d'une certaine façon, là, des opérations du réseau, là, il
a encore le ministère sous sa responsabilité directe, hein? Et, au ministère,
si je me fie aux données dans Le Journal de Montréal, il y a
1 084 personnes qui travaillent au ministère de la Santé, pas du
monde dans nos hôpitaux, pas du monde dans nos établissements, pas du monde à Santé
Québec, là, au ministère.
Et le ministre a
dit : Ce n'est pas normal qu'il y ait plus de monde qu'il y en avait
avant. Alors, est-ce qu'il s'est donné un objectif? Quand il nous dit qu'il va
procéder par attrition, est-ce qu'il a un objectif de temps? Alors, combien de
gens devraient être dans l'appareil du ministère? Et dans combien de temps il
va arriver à cet objectif-là? Parce que, je le dis pour cette raison-là, M. le
Président, là, chaque piastre qu'on met dans le ministère, c'est une piastre
qu'on ne met pas dans les établissements.
M. Dubé : Alors, ça, c'est une
autre très bonne question, puis je veux être clair, là, on est partis... puis
je vais garder des chiffres approximatifs, parce que je veux qu'on s'entende.
Quand on a fait la coupure des opérations et des orientations,
il y avait à peu près 2 000 personnes au ministère. Ça fait que, si
on en a transféré à peu près 900, il en reste
donc 1 100, qui est à peu près le chiffre que le député de Pontiac vient
de citer. Depuis ce temps-là, qu'est-ce que le sous-ministre responsable a fait? Il a fait passer de 15 SMA,
16 SMA, à neuf. C'est déjà... Mais il faut que ces gens-là se
réorganisent. Mais il ne restera pas 900 personnes au ministère à la fin
de l'exercice, je veux qu'on soit clairs. Moi, j'ai demandé au ministre
de la... au sous-ministre de la Santé de dire, maintenant qu'on connaît les
opérations, on sait ce qui est fait par Santé Québec, de combien de personnes
on peut, au cours des prochains mois, se faire une idée de... Est-ce que c'est
10 %, 20 %, 30 % qu'on peut faire? Aujourd'hui, je ne le sais
pas, le chiffre, M. le député.
M. Fortin : Mais le problème avec ça, M. le ministre, là, c'est que
vous avez demandé à tous les établissements de
santé, dans les derniers mois, là, de faire ça rapidement, de vous arriver avec
un plan de match, puis ils vous ont dit : Moi, je peux couper tel
poste d'infirmière auxiliaire, moi, je peux couper tel poste d'adjoint
administratif, moi, je peux couper tel préposé. Tous les établissements de
santé ont fait ça. Puis vous, vous nous dites aujourd'hui : Moi, je viens de demander, je ne le sais pas encore, si je peux
éliminer 10 %, 20 %, 30 % du ministère. Pourquoi les
établissements qui donnent des services directs à la population ont été
obligés de faire ça avant vous-même au ministère?
M. Dubé : M. le Président, ce
que je répondrais au député de Pontiac, puis il connaît la réponse : Quand
on peut faire des ajustements ou des réorganisations, on le fait. Au ministère
de la Santé, ce sont tous des gens qui sont protégés par la sécurité d'emploi.
Si je décidais de les congédier, je les paierais pareil. Alors, je veux juste
qu'on soit conscients que ce qu'on demande au ministère, c'est de faire la même
chose qu'à Santé Québec, mais il faut le faire avec les moyens qu'on a, avec
les conventions collectives qu'on a. C'est ma réponse, M. le Président.
M. Fortin : M. le Président, moi, dans les secondes qui me restent, là,
je dois dire que, tu sais, l'exercice qu'on a demandé, là, aux différents
établissements, là, il a mené à des coupures de services directs. Alors, de
savoir qu'on n'a pas pu faire le même
exercice dans les mêmes délais au ministère, je pense qu'il y a beaucoup de
gens dans le réseau, là, qui vont s'arracher les cheveux de savoir ça.
Puis de savoir aujourd'hui que le ministre n'a pas un objectif clair en date d'aujourd'hui, le 26 mars, à savoir
combien de gens vont rester au ministère, quand est-ce que ces changements-là
vont être faits, et c'est quoi, son objectif final, je vous le dis, M. le
Président, c'est à s'arracher les cheveux que le ministre n'ait pas fait
ce travail-là.
M. Dubé : Monsieur, est-ce
qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
malheureusement, c'est tout le temps qu'il nous restait pour ce bloc.
M. Dubé : O.K., parfait, je
reviendrai tout à l'heure. C'est beau, c'est beau.
Le
Président (M. Benjamin) : Nous allons passer au prochain bloc. Je rappelle
au deuxième groupe d'opposition qu'il dispose de 17 min 45 s
pour le prochain bloc. J'apprécie les questions claires, les réponses courtes,
concises, question de maximiser les échanges. Je cède la parole à M. le
député de Rosemont.
M. Marissal : Merci. Merci, M.
le Président. Bonjour au ministre et à son équipe. On va couper court dans les
présentations. De toute façon, on se connaît, on s'est beaucoup fréquentés
depuis quatre ans. Sachez que j'apprécie votre travail. M. le ministre,
êtes-vous satisfait des débuts de Santé Québec?
M. Dubé : Si quoi? Pardon, je
n'ai pas compris.
M. Marissal : Êtes-vous
satisfait des débuts de Santé Québec?
M. Dubé : Bien, ça a été des
débuts très difficiles, très difficiles, je ne vous le cacherai pas, parce que
la hauteur de la montagne, elle est grande, mais je pense que je suis tellement
content d'avoir cette équipe-là, là. Cette équipe-là, on vient de passer à
travers la préparation d'un budget très difficile. On parle beaucoup de Mme
Biron, là, mais il y a deux personnes que vous connaissez moins, que j'ai très
hâte que vous puissiez rencontrer, là, je pense, entre autres, à la cheffe des finances, Mme Dugas, qui fait
un travail extraordinaire, une compétence que j'ai rarement vue, je pense
à...
M. Marissal : Je n'en doute
pas, M. le ministre.
M. Dubé : Alors donc, ma
réponse, c'est que je suis très satisfait du travail qui est fait dans un
contexte très difficile, et les ajustements qui devaient être faits, ils ont
été faits.
M. Marissal : Oui, mais il y a
des ajustements parce que c'est parti un peu carré, mettons. Ma question,
c'est : Êtes-vous satisfait des débuts de Santé Québec? C'est votre
créature.
M. Dubé : Oui,
oui, avec... dans la limitation de la hauteur de la commande qu'on leur a
donnée, je suis très satisfait des débuts de Santé Québec.
M. Marissal : Vous
êtes satisfait de ce que vous lisez dans les journaux, d'être obligé
d'intervenir parce qu'il y a trop de monde, de M. Abergel qui n'a
même pas fait trois mois, qui a été éjecté. Vous êtes satisfait de ça pour
vrai, là?
M. Dubé :
M. le député de Rosemont, je vous répondrais rapidement. J'en ai fait, des
réorganisations, là, puis nommez-moi combien il y en a, des réorganisations de
350 000 employés qui gèrent un budget de plus que 1 milliard par
semaine. Je suis très satisfait du travail qui est fait en ce moment.
• (12 heures) •
M. Marissal :
Même si vous êtes constamment obligé de passer en arrière, de refaire le
travail?
M. Dubé :
Ce qui est tout à fait normal.
Le Président
(M. Benjamin) : ...au député de Rosemont de poser sa question.
M. Dubé :
Bien, j'essaie de répondre rapidement.
M. Marissal :
Non, c'est bon, c'est un échange vif, j'apprécie, M. le Président. Allez-y,
M. le ministre.
M. Dubé :
Non, mais moi, je vous dis, M. le
député... Vous l'avez dit, ça fait longtemps qu'on se connaît. Moi, ce
que je vous dis, là... Vous m'avez demandé, dans p.l. n° 15,
si c'était une bonne chose qu'on se garde des droits de gestion de la part du
ministre, hein? On a un article qui disait justement ça. Alors, aujourd'hui,
moi, ce que vous dis, surtout dans la première année... Puis, je me souviens,
parce que j'ai ma cheffe de cabinet à côté de moi, puis, à tous les lundis, on
parle à Mme Biron puis à son équipe puis on dit : Voilà, il y a
des... il y a des journées, il y a des lundis que
c'est un meeting qui va très vite puis il y a d'autres journées que c'est un
peu plus long. Mais, je veux juste dire, c'est notre rôle d'intervenir
quand on n'est pas satisfaits.
M. Marissal :
Oui, mais avant vous interveniez directement auprès des P.D.G. des CIUSSS
et des CISSS, ce qui était normal, il y avait comme une réaction
bidirectionnelle. Là, on a mis quelque chose entre les deux qui s'appelle Santé Québec. Ça fait que, là, vous intervenez
auprès de Santé Québec, Santé Québec va intervenir auprès des mêmes D.G. des CIUSSS et des CISSS, et ils vont revenir à
Santé Québec. Vous avez mis non pas de la fluidité, mais un intermédiaire
de plus, puis en plus, quand il y a
des coches mal taillées, vous êtes obligé d'aller faire le ménage.
Expliquez-moi où est le gain d'efficacité dans cette structure
biscornue.
M. Dubé :
Biscornue, je ne suis pas sûr. J'ai toujours été impressionné par votre
vocabulaire, M. le député de Rosemont. Je ne suis pas certain que je peux
répondre exactement qu'est-ce qui est biscornu, mais ça ne me semble pas un
très beau mot. Mais en tout cas.
Ce
que je vous dirais, c'est que je pense qu'on a simplifié la coordination, puis
j'aimerais ça prendre 30 secondes pour
vous l'expliquer. Vous, vous voyez que c'est une étape supplémentaire, mais
moi, je m'assure que, quand on donne une
directive, une orientation puis qu'elle n'est pas suivie, là, je n'aie pas à me
dire : Est-ce qu'on l'avait bien dit? Est-ce que ça avait été bien
compris? Si vous ne faites pas ce qu'on vous dit, c'est : Merci beaucoup,
on va passer à un autre appel. Et, ça, on n'avait pas ça dans l'ancien temps.
On n'avait pas ça.
Alors, moi, ce que je
vous dis aujourd'hui, on parle à Mme Biron, on lui dit : Voici les
directives sur tel, tel point, puis, quand ça n'arrive pas, c'est elle qui a la
responsabilité de le faire arriver. On n'a pas besoin de parler à
35 P.D.G. Et ça, c'est un très, très gros changement dans les... la façon
de travailler avec Santé Québec et c'est ça qui, au début de ce processus-là
qu'on vient de commencer il y a quelques mois, à mon sens, va faire une grande
différence. Juste dans le budget, vous n'avez aucune idée, M. le député,
comment c'était compliqué d'avoir des états financiers où on pouvait discuter
de dire : Est-ce qu'on s'en va à la bonne place?
M. Marissal :
Depuis près de cinq ans que vous êtes ministre de la Santé, là, combien de
fois vous avez eu à parler à 35 P.D.G. dans une journée, là? Combien de
fois c'est arrivé, ça?
M. Dubé :
Ah! une fois par semaine.
M. Marissal :
Oui, mais vous parlez aux 35 en même temps. Vous ne faites pas
35 appels, là.
M. Dubé :
Oui. Oui, mais pensez-vous qu'ils étaient tous en train d'écouter au
téléphone, qu'ils étaient tous en train de faire d'autre chose? Moi, ce que je
vous dis, M. le député, là...
M. Marissal :
Bien là, vous êtes en train de dire qu'on est gérés par une gang
d'incompétents dans les CIUSSS et les CISSS.
M. Dubé :
Ce n'est pas... Si...
M. Marissal :
Parce que, s'ils n'écoutent pas le ministre au téléphone, on a un maudit
problème, là.
M. Dubé : Si vous voulez dire
ça, M. le député, c'est vous qui le dites. Moi, ce que...
M. Marissal :
Bien non, c'est vous qui venez de dire qu'ils n'écoutaient pas au
téléphone. Ils faisaient quoi? Ils jouaient aux cartes? Ils...
M. Dubé :
Non, mais ce que je dis, ce que je dis : Il y a quelqu'un qui a la
responsabilité de coordonner le travail.
Moi, là, dans les occupations qu'on avait du côté du ministère, je l'ai dit et
je le répète, juste faire les orientations, travailler sur ce qui est important en santé publique, puis tout ça,
c'était la bonne chose à faire de se concentrer là-dessus.
M. Marissal :
Très bien.
M. Dubé :
C'est ce qu'on a demandé. Maintenant, il y a des gens qui se concentrent sur
les opérations.
M. Marissal :
Merci. Merci. M. Abergel, est-ce qu'il a été congédié avec cause ou
dans un commun d'accord?
M. Dubé :
Moi, je ne rentrerai pas
là-dedans, M. le... C'est une décision qui a été prise par Santé Québec, par son conseil d'administration. Je n'irai pas...
M. Marissal :
Et à quelles conditions est-il parti?
M. Dubé :
Je vais laisser ça à Santé Québec, si vous avez des questions là-dessus.
Moi, je n'irai pas dans la... dans cette procédure-là, pas de façon publique
ici.
M. Marissal :
O.K. On aura Santé Québec, de toute façon, aux crédits.
M. Dubé :
Bien, écoutez, dans les
congédiements de cette nature-là, il y a des modalités qui sont
confidentielles, vous le savez.
M. Marissal : C'est ce qui m'intéresse,
précisément. Est-ce que nous aurons Santé
Québec pendant les crédits, non
pas provisoires...
M. Dubé :
Vous pourrez le demander. Ils vont... Ils vous... pardon, répondront ce
qu'ils ont à répondre. Mais il y a toujours des mesures qui sont de nature
confidentielle, là. Ça relève...
M. Marissal : Non, non. Ce n'est pas
ça, ma question. C'est : Est-ce que nous aurons l'occasion de
questionner...
M. Dubé :
Ah! bien oui. Bien oui.
M. Marissal :
...les gens de Santé Québec tout du long pendant les crédits?
M. Dubé :
Bien oui, tout à fait. C'est ce qui a été... On a convenu ça quand on a
fait p.l. n° 15 ensemble.
M. Marissal :
O.K. Tout du long?
M. Dubé :
Pardon?
M. Marissal :
Tout du long? Ils seront là de but en blanc?
M. Dubé :
Oui, oui. Oui, oui. C'est notre objectif, d'être capables de donner aux
Québécois, à l'opposition la chance de questionner nos gestionnaires, comme ils
le font pour la SAQ, comme ils le font pour Hydro-Québec. Ça va être la même
chose. C'est une société d'État qui doit répondre devant la commission des
crédits.
M. Marissal :
Oui. Bien, parfois... J'ai été critique aux Finances puis en Économie.
Parfois, il y a des blocs de temps, par exemple, d'une heure, prévus. C'était
le cas notamment avec la Caisse de dépôt, que vous connaissez bien. Moi, je voudrais juste m'assurer qu'étant donné
l'importance de Santé Québec ils soient disponibles pendant toute l'étude
des crédits. Pas aujourd'hui, évidemment.
M. Dubé :
Bien, je ne veux pas prendre un
engagement en termes de la façon dont ça va se faire, parce qu'on pourra en
parler ensemble, on pourra parler à nos leaders, là. Moi, je voudrais juste
vous dire que les gens de Santé
Québec vont être présents. Bon, dans
quelle formule? Combien de temps? J'aimerais mieux vous revenir là-dessus.
Mais, à savoir si vous serez capable
de poser directement des questions à Mme Biron puis aux membres clés de
son équipe, la réponse est oui.
M. Marissal :
Bien, sachez que c'est une demande formelle de ma part.
M. Dubé :
Tout à fait.
M. Marissal :
Et je crois que mes collègues de l'opposition auront aussi des questions
pour Santé Québec.
Je vais passer à mon
sujet préféré, là, mon marronnier, qui revient depuis plus de six ans que je
suis député, l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Je ne m'attendais pas à de miracle
hier dans le budget, parce que je suis bien branché sur ce qui se passe, mais l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont est toujours en planification. Il ne se passe toujours
rien, si ce n'est que des ingénieurs sont en train de vérifier la solidité du
grillage d'urgence, qu'on a installé il y a plus de six ans, pour savoir s'il
faut remplacer le grillage d'urgence. On n'est pas exactement dans le grand
projet inspirant pour l'est de Montréal, et les employés, et les patients de
Maisonneuve-Rosemont si on est pour changer le grillage qui ne fait plus la
job. Moi, je désespère un peu, je vais vous le dire franchement, là. Puis ce
n'est pas un cas de comté, Maisonneuve-Rosemont, c'est un peu plus gros que ça,
là.
Alors, qu'est-ce qui
se passe? Vous avez dit, tout à l'heure, à mon collègue de Pontiac : Nous
autres, on n'est plus comme les libéraux, on
ne veut pas annoncer trois, quatre fois un hôpital. Je vous rappelle que vous
l'avez déjà annoncé deux fois, vous êtes là depuis seulement cinq ans,
pas tout à fait, même, vous allez devoir l'annoncer au moins une troisième
fois, quand, finalement, vous aurez un budget puis une échéance. On va vous
accueillir avec plaisir dans Rosemont quand ce sera fait, mais c'est quand?
Quand est-ce qu'on va passer le cap de planification à pépine?
M. Dubé :
Moi, je vais être très transparent avec vous, M. le député de Rosemont, je
pensais sérieusement que la pépine pouvait être dans le champ, sur le terrain
de l'hôpital cette année. C'est ce que je croyais qu'il était possible de
faire. Je ne croyais que ça... En ce moment, quand vous dites qu'il n'y a pas une
cent qui est dépensée, là, il y a un bureau de projets qui analyse, puis pas
juste la grille, là, parce que je ne pense pas que la grille est utilisée pour
savoir comment on va... Elle va rester, mais elle peut-tu toffer pendant qu'on
fait les travaux? C'est pour ça que la grille est testée, là, on s'entend, là.
M. Marissal :
Clairement. Oui.
M. Dubé :
O.K. Bon. Soyons...
M. Marissal :
Oui, c'est clair.
M. Dubé :
Soyons transparents dans... Alors, en ce moment, il y a un bureau de
projet, qui est important, là, 40 millions qui est dépensé. Moi, ce que je
veux, je voulais être certain... Puis j'en ai parlé beaucoup avec
M. Julien, le ministre qui est
responsable des infrastructures, il faut que ce projet-là commence. Je suis
tout à fait d'accord avec vous, je
suis le premier à dire que ça ne va pas assez vite. Je suis d'accord avec vous,
O.K., donc... Par contre, il y a eu tellement d'annonces qui ont été précipitées, incluant la mienne, je le dis, là,
précipitées parce qu'on n'avait pas les bons chiffres, on n'avait pas la
bonne analyse.
Est-ce que c'est
mieux, dans un hôpital qui va coûter plusieurs milliards... là, je ne mettrai
pas le chiffre sur la table, vous le
connaissez, là, mais on a une bonne idée maintenant, est-ce
que c'est mieux de prendre quelques mois de plus pour s'assurer qu'on va
faire le bon projet, un peu ce que je disais au député de Pontiac tantôt, là,
qui va être fait correctement? Alors, je
suis le premier... Puis j'ai eu des rencontres, comme vous savez, avec
plusieurs médecins sur place, je me suis engagé qu'on le ferait le plus
rapidement possible. Il reste du travail à faire avant la pépine, mais j'espère
que ça va être le plus rapidement possible. C'est l'engagement que j'ai pris.
M. Marissal :
C'est combien de temps, ça?
M. Dubé :
M. le député, en ce moment...
M. Marissal :
Je pense qu'on est rendus là, je pense qu'on doit ça aux gens de l'est de
Montréal et du Québec. Ça va être le plus
gros projet d'infrastructure hospitalière de l'histoire du Québec, si on fait
vraiment ce qu'on doit faire, là. Je ne suis pas dans l'enflure, là, je
ne souhaite pas des pyramides d'Égypte, là. Mais, cela dit, ça va être un
immense chantier. C'est quand on commence?
• (12 h 10) •
M. Dubé :
Bien, écoutez, ce serait très facile pour moi de vous dire : On va
faire telle date, parce que c'est le stationnement qu'on va faire, puis etc.,
là. Moi, je ne suis pas là-dedans, là. Moi, ce que j'ai demandé, c'est d'avoir une image complète du déploiement qui va être
fait, là, comme on le fait pour les différents hôpitaux, pour ne pas qu'on
se retrouve à faire des annonces, là, qui...
où il faut revenir. Alors, laissez-moi le temps, dans les prochains mois, de
revenir.
Moi,
ce que je vous dis, c'est que j'espère qu'on va être capables cette année de
tout faire ça, c'est-à-dire d'arriver avec des dates précises de quand est-ce
qu'on va commencer. Mais ce qu'on demande, par exemple... Alors, quand vous
dites qu'il n'y a pas d'argent, là, il y en
a, de l'argent. C'est 40 millions qui est dépensé par le bureau de projet
pour nous permettre...
M. Marissal :
Oui.
M. Dubé :
...non, mais, M. le député, c'est important, ce que je vous dis là, là,
pour nous permettre...
M. Marissal : Bien sûr, mais
les premiers plans, M. le ministre, moi, je les ai vus il y a trois ans, là,
les premiers plans, là, ça ne changera pas tant que ça, là. La terre n'a pas
bougé à ce point-là qu'on va mettre l'hôpital ailleurs, là. C'est
un hôpital, ça va avoir tant d'étages, on a besoin de tant de stationnements.
Après ça, c'est la décoration puis la marge, j'en conviens. Mais le projet, il
est assez bien ficelé, là, assez bien pour avoir un échéancier. Là, on n'a pas
de budget, on n'a pas d'échéancier.
M. Dubé :
M. le député, il y a des montants, il y a des...
M. Marissal :
Si vous faites vos rénovations comme ça chez vous ou à votre cabane à
sucre, M. le ministre, ça ne marchera pas, là.
M. Dubé :
Je suis content quand vous revenez avec ma cabane à sucre, mais il n'y a
aucun lien, là.
M. Marissal : Il n'y a personne qui va vous financer, là. Vous
n'avez pas d'échéancier, vous n'avez pas de budget.
M. Dubé :
J'aimerais ça avoir le même budget pour HMR que j'aurais pour ma cabane à
sucre, là. Mais ce que je vous dis, M. le député, là : C'est un projet
majeur, puis on ne veut pas se tromper dans ce projet-là, puis on va faire les
choses correctement. On a un engagement envers la population de l'est de
Montréal que ça va être le plus rapidement possible. On est là-dedans. Mon
collègue à l'Infrastructure, je lui ai mis beaucoup de pression, lors du
dernier PQI...
M. Marissal :
Est-ce qu'on commence avant les prochaines élections...
M. Dubé :
Je ne vous répondrai pas là-dessus.
M. Marissal :
...ou avant la fin du mandat? Mettons-le autrement, avant la fin du...
M. Dubé :
Quand on va avoir une date claire avec des montants clairs, on va vous
revenir, M. le député.
M. Marissal :
O.K. Vous l'avez dit tantôt, puis c'est vrai, on se connaît bien, là. Ça
fait des années, là, qu'on se fréquente
professionnellement. Moi, je vais vous dire ce que j'entends, là, c'est que ce
n'est pas vous qui bloquez, puis je le crois.
M. Dubé :
Là, vous parlez toujours de HMR?
M. Marissal :
Oui, pour lancer le... j'allais dire donner le go, là, mais pour lancer le
projet. Ce n'est pas vous qui bloquez. Ça bloque au Conseil des ministres. Vous
n'êtes pas obligé de me donner les secrets du Conseil de ministres, là, mais,
de toute façon, le résultat est là. On avait encore les décrets qui sont sortis
ce matin. Je suis allé les voir avant de vous parler, là, pour ne pas que vous
me répondiez triomphalement, puis que j'ai de l'air nono, que vous avez enfin
eu le décret, mais il n'est pas là, le décret. Qu'est-ce qui bloque? Comment ça
se fait qu'on n'est pas capable de lancer ce projet sur lequel tout le monde
s'entend? Ce n'est pas une coquetterie, un hôpital de 6 milliards de
dollars dans l'est de Montréal, ce n'est pas un caprice du député.
M. Dubé :
C'est bon, vous êtes rendu à 6. Moi, je ne savais pas que c'était rendu à
6.
M. Marissal :
Ouf! bien, plus on attend, plus ça monte, hein? Plus on attend...
M. Dubé :
C'est pour vous dire comment il y a des chiffres...
M. Marissal :
Vous êtes rendu à combien, vous?
M. Dubé :
Bien là, vous m'avez dit 6. Moi, je n'ai jamais entendu 6, là.
M. Marissal :
Bien, c'est parce qu'on attend, puis je fais des extrapolations avec ce
qu'on fait ailleurs. Prenez l'hôpital de Vaudreuil, qui est plus petit, combien
qu'il a coûté, prenez l'Hôpital de Maisonneuve-Rosemont, ça risque d'être...
M. Dubé :
Tantôt, j'expliquais... Non, mais, écoutez, là, je n'irai pas...
M. Marissal :
On règle pour 5,5, ça ne me dérange pas, là. Je veux savoir pourquoi ça
bloque au Conseil des ministres. Pourquoi vous n'êtes pas capable de faire
passer ça?
M. Dubé :
Bien, 5,5, 6, il y a quand même 500 millions de différence, là, ce
n'est pas des pinottes, ça, là.
M. Marissal :
Oui, c'est à peine SAAQclic, là, de différence.
M. Dubé : Mais,
M. le député, on vient d'augmenter le PQI en santé. Ça fait qu'il est passé de
18 milliards à 24 milliards. Je pense que, s'il y a de l'argent qui
est disponible pour HMR, il y en a déjà qui est provisionné. C'est un projet
qui va arriver.
M. Marissal : Bien, raison de
plus, raison de plus...
M. Dubé : Oui, il va arriver.
Il va arriver, mais il va arriver quand on va savoir qu'on est capables de
réaliser ce projet-là dans des coûts qui sont raisonnables, avec la capacité
des Québécois de payer. Alors, il n'y a pas personne, en ce moment, là, qui bloque le projet ou quoi que ce soit. J'ai
expliqué ce matin... puis, je le dis, le PQI, là, ce qui est important, c'est
les trois premières années. On vient d'augmenter de 11 milliards l'argent
disponible pour les trois premières années
du PQI, c'est majeur, ça, là, pour être capables de faire... de répondre aux
promesses et engagements qui ont été faits.
Alors, nous, on dit : Cette année... cette
année, on demande de finir la planification. On a mis de l'argent dans le
projet du bureau de projet, laissons le travail se faire, puis, quand je vais
être capable de vous revenir, je vais être le plus généreux du monde.
M. Marissal : Combien de temps
il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Benjamin) : ...
M. Marissal : Bien, vous savez,
moi, le PQI, ce n'est pas un argument qui m'impressionne beaucoup, là, hein? Le
PQI, là, c'est le catalogue Sears de mon enfance, là. On recevait ça en
novembre et on cochait toutes les pages pour avoir tous les cadeaux, là. À
Noël, on avait un ou deux cadeaux, là, puis ce n'était pas toujours ceux qu'on
avait cochés. Vous pouvez tout mettre dans le PQI. La preuve, c'est que vous
avez tout mis dans le PQI, puis vous en rajoutez, puis même pré-PQI maintenant.
Dans vos propres exemples, là, dans les documents du ministre des Finances,
hier, là, vos exemples d'investissement en
santé, ils ne sont pas au PQI, c'est des projets. C'est des projets. Ça, c'est
comme si je vous disais que vous allez aller au ciel après la mort,
c'est des projets.
M. Dubé : Vous ne pensez pas
que je vais aller au ciel?
M. Marissal : Je pense que vous
allez y aller. Pour moi, j'ai des doutes, mais je suis sûr que vous, vous y
allez directement.
M. Dubé : Ah! O.K. Ouf! Vous
m'avez fait peur, là, que vous m'annonciez quelque chose...
M. Marissal : Alors, le PQI,
là, honnêtement, là, ce n'est pas un argument très convaincant, M. le ministre,
là. HMR est au PQI depuis combien de temps?
M. Dubé : Je
vous souhaite, M. le député, je vais le dire avec beaucoup de gentillesse, là,
un jour, si vous êtes au gouvernement, là, que vous regarderez le travail qui
est fait dans le PQI par les équipes. Vous regarderez ça puis vous
reviendrez me refaire le même commentaire.
M. Marissal : C'est plus le
travail du gouvernement qui m'intéresse ici. Je n'ai aucun doute sur la
qualité.
M. Dubé : Je vous ai donné la
chance de vous reprendre.
M. Marissal : Je n'ai aucun
doute, mais c'est vous qui utilisez...
M. Dubé : Je vous ai donné la
chance... de dire que ce n'est pas un document sérieux, là...
M. Marissal : C'est
vous qui utilisez l'argument du PQI, alors que vous mettez des trucs là-dedans
qui n'existent même pas encore.
M. Dubé : Le
PQI, mon cher collègue, M. le député de Rosemont, le PQI, c'est mettre ensemble
toutes les décisions qui ont été prises. C'est ça, le PQI.
Le
Président (M. Benjamin) : C'est le temps qui était réservé au deuxième
groupe d'opposition. Nous allons tout de suite vers le troisième groupe
d'opposition. M. le député des Îles-de-la-Madeleine, vous disposez de
7 min 24 s.
M. Arseneau : Merci
beaucoup... Oui, Un, deux, micro!
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le ministre, de vous
prêter à cet exercice toujours fort agréable à chaque année.
Avec mes sept petites minutes, j'aimerais
d'abord aborder la question du budget dans son ensemble. Ce que j'ai compris
des échanges précédents, là, c'est que vous dites qu'à l'heure actuelle, avec
les budgets qui vous sont donnés, on est
capables de compenser les coûts de système et ne pas faire de compression dans
les services à la population au cours de la prochaine année. Est-ce que
c'est bien ça que... ce à quoi vous vous engagez?
M. Dubé :
Bon. Alors, ce que j'ai voulu expliquer sur le fameux débat du 3 %
versus les coûts de système, on sait que les coûts de système varient toujours
environ de 2 % à 3 %, puis ça, ça dépend beaucoup des augmentations qui sont faites au niveau des salaires, quel est
le niveau d'indexation. C'est vraiment... Le total des coûts de système, là, c'est
ce qu'on fait en termes d'augmentation de salaire. Puis Dieu sait qu'on en a eu
plusieurs, là, avec les nouvelles conventions et l'inflation qui a été assez
importante dans les dernières années. Bon. Ça, c'est les coûts de système.
Moi, ce que je veux
vous faire prendre connaissance... Puis je sais que j'ai devant moi des députés
qui sont avec... dans la même commission sur
la santé, donc vous connaissez. Puis je l'ai fait parce que... Je voudrais
juste prendre le document, là. Il y a un document qui est très clair,
que je veux... que j'ai...
M. Arseneau :
...beaucoup de temps, là. J'ai moins de temps que mes collègues.
M. Dubé :
Non, mais je vais y aller rapidement. Non, mais c'est parce que c'est
important, il y a beaucoup de gens qui nous écoutent ce matin, là. Moi, je vous
demande de prendre la page 19-16 dans les crédits, dans les crédits. Puis il y a une... On peut regarder, moi, ce que
j'appelle qui est important, là, c'est le programme 2. Le
programme 2, là, c'est 44 milliards du 57 milliards. Et
44 milliards, ça, c'est le budget de Santé Québec. En gros, là, plus ou
moins, là, c'est le budget de Santé Québec. Et cette croissance-là, une fois qu'on
tient compte des ajustements que le ministre des
Finances nous a annoncés hier, à peu près pour 800 millions, la croissance
des dépenses pour Santé Québec, elle est de l'ordre de 5 %.
5 %. Pas 3 %. Il y a des endroits où c'est 1 % pour le reste du
budget de la santé puis il y a d'endroits, que
je viens de vous dire, que c'est 5 %. Peut-être que la moyenne, c'est
3 %, mais, où il y à des salaires, où il y a de l'inflation puis où
on sert la population, puis je le résume, c'est 5 %.
M. Arseneau :
Bon. On sait qu'au cours de la dernière année, là, des derniers mois, en
fait, la commande à Santé Québec, c'était d'aller chercher 1,5 milliard de
dollars dans... autant que possible sans toucher trop les services. Ce qu'on a appris hier, puis est-ce que vous pouvez
nous confirmer, c'est qu'on a atteint l'objectif à hauteur de
300 millions de dollars.
M. Dubé :
...important de corriger ça. Puis je suis content d'avoir la question,
parce que beaucoup... Quand les gens ont commencé à arriver à Santé Québec,
puis, entre autres, je parlais tantôt à notre cheffe des finances, là, Mme Dugas, je résume ça pour donner une
réponse courte, l'estimé, ce n'était pas la coupure qu'on demandait, là,
l'estimé du budget, à ce moment-là, avec le peu de connaissances qu'il y
avait, c'était qu'on s'en allait vers un déficit de 1,5. C'était ça. Puis on avait dit : Faites un
programme d'optimisation pour vous rapprocher le plus possible de zéro tout en protégeant
les services, j'avais dit, dans la mesure du possible, O.K.? C'est ça que
j'avais dit. À la lumière de ce qu'ils ont
réussi à faire... puis moi, je les remercie parce qu'ils ont fait un très bon
travail, difficile, mais ils ont fait un bon travail, aujourd'hui, là, avec les chiffres qu'on connaît
maintenant, il y aurait eu un déficit d'à peu près 2,2 milliards. Parce
que, vous savez, en santé, là, on...
• (12 h 20) •
Le Président (M. Benjamin) :
...M. le ministre.
M. Dubé :
Je finis. 2,2. Ils ont sauvé
800 millions dans la dernière partie de l'année. C'est ce qui fait qu'ils
ont fini avec un déficit de 1,2. Mais la vraie économie, le vrai plan
d'optimisation qu'ils ont réussi à faire, c'est 800 millions.
M. Arseneau :
Parfait. Alors, ça fait au moins trois mois qu'on vous demande où est-on
allés chercher ces 800 millions de dollars de coupures dans les services
de santé, dans le système de santé. Est-ce que vous vous engagez à présenter un
tableau de ce qu'on a fait comme gestes pour y arriver?
M. Dubé : Oui. Alors, quand l'analyse sera terminée, parce
qu'il reste... on a encore une période, là, la période 12, qu'on
appelle, qui est le mois de mars, là, sera terminée, on pourra faire cette
analyse-là.
Mais moi, je vous
donnerais deux exemples. Le premier exemple, là, c'est la réorganisation des
services. Plus on enlève du personnel de
jour, qui était moins occupé, puis qu'on le met les fins de semaine, avec du
nouveau personnel, avec des heures défavorables, il y a moins de temps
supplémentaire. Il y a eu énormément d'économies qui sont venues de la
réorganisation des postes.
Le deuxième, c'est
tout ce qu'on appelle l'optimisation. Est-ce qu'on a besoin de tant de
personnes en communication, etc.? Donc, ce que je vous dis : En ce moment,
il y a eu des réductions d'heures dans certains services. L'ensemble de tout ça
a fait que, si on n'avait pas fait ces mesures-là, c'est un déficit de
2,2 milliards qu'on aurait eu, et on a
fini à 1,2. Moi, je me dis, on a les bonnes personnes, ils sont en train de
faire un excellent travail, qui est difficile, de trouver l'équilibre à
conserver les services pour la population. Moi, je leur demande de continuer.
M. Arseneau :
Je vais aborder à mon tour le PQI. Écoutez, il y avait des attentes
extrêmement importantes du côté de Drummondville, du côté d'Amos, du côté de
Maria. Entre hier... ou avant-hier et hier, qu'y a-t-il de changé, quand on ne
voit pas l'inscription de l'Hôpital Sainte-Croix de Drummondville dans le PQI,
quand on ne voit pas de l'inscription de l'urgence de Maria dans le PQI,
concrètement?
M. Dubé :
Courte et simple : ça prend une décision du Conseil des ministres.
M. Arseneau :
Cette décision du Conseil des ministres là, semble-t-il, elle est aussi
attendue pour Amos. Pourquoi attendre aussi longtemps une décision du Conseil
des ministres?
M. Dubé : Bien, j'ai... Moi,
j'ai... je vous l'ai dit, là, je pense, je l'ai répété tantôt au député de
Rosemont, puis je m'excuse si j'ai à me
répéter, là, je pense qu'il n'y a rien de pire que d'annoncer des projets quand
on n'a pas les bons montants, quand on n'a pas les bons échéanciers.
Dans ces projets-là, qui sont importants, l'Hôpital de Maria, l'hôpital de Saint-Jérôme, on peut tous les nommer,
Drummondville, je pense qu'il faut avoir des projets qui sont... qui se tiennent,
puis je pense que c'est ça qu'on doit
présenter au Conseil des ministres. On a la chance, maintenant, d'avoir un
ministre des Infrastructures, ce qu'on n'avait pas avant. Il se
concentre là-dessus. On a eu une augmentation du PQI à 163 milliards. Moi,
je pense qu'on a un engagement de faire les bons projets.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : ...évidemment,
mais est-ce qu'il est normal, dans votre vision des choses, qu'on ait davantage
de gens, de fonctionnaires qui travaillent, au ministère, sur les orientations
d'un paquebot comme celui de la Santé que de nombre de personnes qui s'occupent
de gérer les opérations? Est-ce qu'un jour on va avoir davantage d'énergie, d'argent et de gens qui s'occupent des opérations
plutôt que des orientations, comme c'est le cas actuellement, même après le
transfert d'un certain nombre d'employés à Santé Québec?
M. Dubé : Écoutez, je pensais
avoir été clair tout à l'heure, mais, le même régime minceur qu'on demande à
Santé Québec, on le demande au ministère, la même chose.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre, malheureusement...
M. Dubé : On demande la même
chose.
Le Président (M. Benjamin) : ...malheureusement,
c'est tout le temps qui nous était imparti pour ce bloc. Nous allons maintenant vers un autre bloc, qui
revient à M. le député de Saint-Jérôme. Vous disposez de 45 secondes pour
vous adresser au ministre. Allez-y.
M. Chassin : Merci. Alors, c'est très court, je vais essayer de poser une question
courte. On a appris, fin février, que les projets de minihôpitaux seraient sur
la glace, puis, en fait, en tant qu'ancien adjoint parlementaire, ça m'inquiète,
vous pouvez comprendre. Je me demandais où c'en était et quand on allait
procéder avec la suite des appels d'offres qui sont en cours.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Dubé : Pour le moment, je ne
peux pas répondre à ça. Je ne peux pas répondre à ça.
M. Chassin : Est-ce que ce n'est pas, dans le fond, à l'agenda parce
qu'il y a un manque de disponibilité budgétaire?
M. Dubé : Bien,
écoutez, ce que je vous dis... Je viens d'expliquer, là, qu'on est passés de
153 à 164 milliards sur 10 ans.
M. Chassin : Donc, ce n'est pas ça.
M. Dubé : C'est énorme. C'est
énorme. Le projet, il est toujours en cours d'analyse.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement...
M. Dubé : C'est un engagement
qu'on avait pris dans le mandat. Le mandat n'est pas terminé.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
c'est tout le temps dont nous disposions pour ce bloc. Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Et nous revenons au dernier
bloc, qui revient à l'opposition officielle. M. le député de Pontiac, vous
disposez de 8 min 6 s pour ce bloc.
M. Fortin : 8 min 6 s?
Le Président (M. Benjamin) : Voilà.
M. Fortin : Très bien. O.K. Ça fait un certain temps qu'on a adopté le projet de loi
n° 15, hein, qui menait à la création de Santé Québec, là. Et, dans le
projet de loi n° 15, même si on était en défaveur de la création de Santé
Québec, il y a quand même des trucs sur lesquels on a tous collaboré,
travaillé et pour lesquels on a tous voté en faveur et qu'on a
même proposés. Dans ce projet de loi là, le ministre a pris l'engagement que,
lorsqu'un patient faisait face à des délais déraisonnables pour obtenir un
service dans sa région, il y aurait une obligation, de la part du gouvernement,
d'offrir à ce patient-là la possibilité d'aller dans une autre région et
d'avoir rapidement ce service-là, ou de se tourner vers le privé, ou, dans le cas de ma région, d'aller vers l'Ontario.
Mais, peu importe, là, l'engagement qui était pris de la part du
gouvernement, c'était : c'est trop long, on trouve une autre alternative
pour le patient, et c'est la responsabilité du gouvernement de le faire.
Pourquoi ce n'est toujours pas en place?
M. Dubé : Je
suis très content que vous me posiez la question, M. le député, parce que...
excusez-moi, M. le Président, là, je suis très content d'avoir cette
question-là parce que, moi, pour moi, c'était un des éléments clés de notre
projet de loi, il y en avait plusieurs, mais ça, la qualité du service ou
l'accès, là... Puis j'étais très déçu quand j'ai reçu la première version de
ça, au mois de janvier. J'avais demandé aux gens du ministère de travailler
avec les gens de Santé Québec parce que c'est eux qui... c'était le ministère
qui fait le règlement, la partie légale. Mais qui va l'opérer, c'est Santé
Québec. J'ai reçu un premier projet de règlement qui était totalement
insatisfaisant, ça ne faisait pas la job, alors j'ai redemandé de refaire ce règlement-là. Il est en cours en ce moment,
puis je veux être... je veux que... dans les délais que j'avais promis, là,
être capable d'avoir ce règlement-là, là, soit au début ou à la fin de l'été,
dépendamment comment les éditions de règlement vont se faire. Mais je ne
suis pas satisfait des versions que j'ai reçues jusqu'à maintenant, pour être très clair, là. J'aimerais ça être
capable de le mettre en application, je suis celui qui veut que ça marche. Mais
ce que j'ai reçu des gens qui étaient en place, à ce moment-là, c'était
loin d'être satisfaisant.
M. Fortin : Alors là, ce que vous nous dites aujourd'hui, là, c'est que
soit au début ou à la fin de l'été, là, ce règlement-là va être en vigueur?
M. Dubé : Moi, je voudrais...
ce que je voudrais, puis je vais être très clair, là...
M. Fortin : Non, mais ce qu'on veut
savoir, c'est quand est-ce qu'il va être en vigueur, quand est-ce que les
patients vont avoir cette option-là.
M. Dubé : Bien, c'est ça, c'est
parce que, comme vous savez, comme vous savez, de publier le règlement, c'est une chose, mais, dépendamment du temps
d'édition... Moi, je voudrais qu'il soit capable d'être au moins publié, puis
je vous regarde en même temps, là, c'est... au moins avant l'été, pour qu'on
ait un règlement qui soit clair, qui dise... C'est ça, mon objectif.
Bon, maintenant, quand vous dites «en vigueur»,
bien, est-ce qu'il sera contesté, est-ce qu'il y aura... Vous savez comment ça
fonctionne. Alors donc, moi, ce que je veux... Je voulais faire ça en
mars-avril. Est-ce que je vais faire ça en mai? La réponse, c'est ça :
Moi, je veux être capable de déposer le règlement pour que les Québécois
comprennent que, prenons un exemple, en chirurgie x, s'ils n'ont pas été servis
dans un délai x, ils peuvent aller au privé
puis se faire rembourser. Mais j'aurais voulu l'avoir avant. Je n'étais pas
satisfait. J'ai demandé une autre version, qui est en cours en ce
moment.
M. Fortin : Mais la raison pour laquelle je vous pose la question, M.
le ministre, là, entre autres, là, au niveau des...
Juste au niveau des consultations, il y a 63 % des Québécois qui sont hors
délai dans leurs consultations. Ça, c'est hors délai, là, médicalement acceptable,
là. C'est le délai dans lequel ils devraient être capables de voir un... Ils
sont 63 %. Votre objectif, c'est 35 %.
M. Dubé : Oui,
oui. M. le député, je veux faire attention à une chose, là, puis vous savez
qu'il y a des négociations avec les médecins qui sont en cours, je ne veux pas
mêler les deux, O.K.? La consultation dont vous parlez, là, où on a les catégories, les A et les B... Les A et les B vont
très bien, les priorités, les spécialistes, sont vues dans des temps
raisonnables. Ça, c'est correct. Les C, D, E dont vous parlez, là, qui
constituent 85 %, presque 90 % du CRDS, il y a un enjeu, entre les spécialistes et les omnis, de reconnaître
est-ce qu'ils devraient vraiment être faits. Ça, c'est le gros enjeu. Pour moi,
ça n'a rien à voir avec le règlement dont on parle.
Moi, ce que j'ai dit : Le règlement dont on
parle, je veux focusser sur les chirurgies, pour commencer. S'il y a quelque
chose qui est urgent, quelqu'un qui a une chirurgie qu'il juge urgente puis qui
n'a pas été faite dans des délais raisonnables,
ça, c'est le premier objectif du règlement dont on parle. La question
des consultations, vous avez une bonne question, pour moi, ça, ça va
dans les négos avec nos médecins.
• (12 h 30) •
M. Fortin : O.K. Mais je veux juste vous dire, M. le ministre, là, parce que vous
avez dit... Pour les catégories A et B, là, 1 et 2, là, c'est-à-dire les gens qui ont besoin d'une consultation,
là, tout de suite, là, hein, catégorie A, c'est en dedans de
trois jours, B, c'est en dedans 10 jours, là, je m'excuse de vous
informer, mais ça ne va pas bien pantoute. Vous êtes à 83 % hors délai
pour les catégories A et 71 %, 72 % hors délai pour les catégories B.
Alors, vous ne pouvez pas me dire que ça va bien.
Ceci étant... Puis je vous entends, là, je vous
entends depuis quelques semaines même dire : Aïe! ça va donc bien dans les
chirurgies. Je vous entends dire ça. J'ai entendu le ministre des Finances,
hier, dire : Ça va donc bien dans les chirurgies. Votre objectif, là, en
termes de chirurgies qui dépassent un an, c'est-à-dire le nombre de patients
qui attendent depuis plus d'un an pour une chirurgie, l'objectif, c'est qu'il
n'y en ait pas, hein? De façon générale, personne ne devrait attendre plus d'un
an pour sa chirurgie. Mais votre objectif à vous, la cible que vous vous étiez donnée, c'est qu'il y en ait 2 300 au 31 mars. Là,
vous le savez, que vous êtes encore à 7 000,
puis le 31 mars... 7 121,
pour être précis. Puis c'est des chiffres que vous avez mis à jour aujourd'hui,
alors vous ne pouvez pas me dire le contraire. C'est à peu près trois... c'est
plus que trois fois votre cible.
Donc, au moment où le
règlement va être en vigueur, là, il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup, du
monde qui va se tourner vers les autres options. Est-ce que le réseau va être
prêt à avoir tous ces gens-là? Est-ce que vous allez avoir les sous nécessaires
pour que tous ces gens-là se tournent vers le privé?
M. Dubé :
Bon, je ne sais pas combien j'ai de temps pour répondre, mais je vais
essayer de répondre. Je ne suis pas d'accord avec les chiffres que le député de
Pontiac a cités pour...
M. Fortin : Bien, c'est vos chiffres, c'est vos chiffres...
M. Dubé :
Non, non, attendez, attendez, attendez...
Le Président (M. Benjamin) :
Allez-y, M. le ministre, allez-y.
M. Dubé :
Pour le CRDS, on n'est pas d'accord. Les A et les B vont très bien. Je veux
juste être clair. Mais on pourra en rediscuter. Puis je ne veux pas perdre de
temps sur celui-là parce qu'on ne s'entend pas sur les chiffres. Il me semble
qu'ils sont plus clairs que ça.
Sur les chirurgies,
les chirurgies depuis plus qu'un an, je ne voudrais pas prendre à la légère ce
que le député vient de faire, mais on est passés, depuis deux ans, de
23 000 en attente de plus qu'un an à 7 000. Ce n'est pas négligeable, là. Oui, on a un objectif de
2 300, mais on se rapproche dangereusement à tous les mois. Alors, M. le
Président, je vous dirais, ce n'est
pas le triple de notre cible, ce qui est important, c'est de... tous les mois,
on baisse, tous les mois.
Le Président (M. Benjamin) :
M. le député de Pontiac.
M. Fortin : Oui, M. le Président, je veux juste dire une chose au
ministre sur les chirurgies, là. À chaque fois que son gouvernement parle des
chirurgies, il nous parle de ce chiffre-là, mais le nombre total de patients
qui attendent pour une chirurgie, là, il est
encore à 150 000. Puis, les chirurgies oncologiques, là, il y en a plus
aujourd'hui qui attendent hors délai qu'exactement au même moment
l'année dernière. Et ça, M. le Président, je ne laisserai jamais passer ça. Ça a été, je pense, ma première question, quand
j'ai été porte-parole en matière de santé, puis on va le tenir jusqu'à la fin.
Les patients qui attendent pour les chirurgies oncologiques ne devraient pas
être hors délai, jamais.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Merci. Merci beaucoup. Ce bloc, malheureusement, est terminé.
Malheureusement, ce bloc est terminé. C'est tout le temps qu'il nous restait.
Donc, la commission
plénière ayant terminé cet échange, je remercie les personnes qui y ont
participé. Et, pour permettre à la commission de poursuivre sa séance, je prie
toutes les personnes qui doivent se retirer de le faire immédiatement.
Nous allons suspendre
les travaux pour quelques instants. Merci à vous.
(Suspension de la séance à
12 h 33)
(Reprise à 12 h 37)
La Présidente (Mme Soucy) : Donc, la commission plénière poursuit ses travaux
de l'étude des crédits provisoires de l'année 2025‑2026.
Services sociaux
Au cours de la
prochaine heure, nous allons procéder aux échanges entre M. le ministre
responsable des Services sociaux et les députés de l'opposition.
Remarques préliminaires
Donc, j'ai été
informée que seulement M. le ministre prendrait ses remarques préliminaires. Donc,
je vais immédiatement céder la parole à M. le ministre, en vous rappelant que
vous avez six minutes maximum pour faire vos remarques préliminaires. À vous la
parole, M. le ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Chers collègues membres de la commission,
pour me livrer à cet exercice aujourd'hui,
je suis accompagné des équipes du ministère, de mon cabinet, et je tiens à les
remercier d'entrée de jeu pour leur excellent
travail, également accompagné par mes collègues députés qui, tous les jours,
m'inspirent dans mon travail. Je vous remercie d'être là aujourd'hui.
J'aurai l'occasion
d'aborder plusieurs dossiers avec vous, sur lesquels mes équipes et moi avons
travaillé très fort au cours des dernières années. Certains, j'aimerais en
discuter tout de suite. Le thème de ma présentation sera, comme dit la phrase latine, Esse quam videri,
être plutôt que paraître. Au cours des dernières années, nous avons fait des
changements dans la culture de la façon dont sont déployés les services sociaux
au Québec, ça, c'est important de le
réaliser, plus de prévention, plus d'intervention précoce et le retour de nos
services sociaux dans la communauté.
Tout d'abord, la
protection de la jeunesse, un dossier qui m'interpelle au plus haut point et
qui est au centre de mes priorités comme ministre. Un travail important a été
réalisé dans les dernières années notamment suite à la foulée du rapport de la
commission Laurent. Il faut changer les façons de faire, et ce, de façon
durable. Depuis le mois d'octobre dernier, la nomination de Mme Lesley
Hill à titre de nouvelle directrice nationale de la protection de la jeunesse a
été annoncée, et son travail est déjà bien entamé. Elle est très présente sur
le terrain, et je l'en remercie.
Ses priorités
actuelles sont le chantier majeur sur la révision des services en réadaptation
pour les jeunes hébergés en centre jeunesse. La consultation des jeunes et des
parents pour améliorer la protection de la jeunesse est en cours, et la
transformation des pratiques pour améliorer la prévention et pour réduire le
recours au placement est également en cours. Elle travaille en étroite
collaboration avec l'ensemble des directions de la protection de la jeunesse et
avec Santé Québec, notamment en soutenant le partage de bonnes pratiques afin
de s'assurer que les enfants et les jeunes les plus vulnérables de notre
société soient en sécurité et pour restaurer la confiance de la population dans
la protection de la jeunesse.
Chaque enfant, chaque
jeune mérite d'évoluer dans un environnement sécuritaire, bienveillant et
stable pour son développement. Aucun effort ne sera ménagé pour y parvenir. On
déploie aussi beaucoup d'efforts pour mieux accompagner les jeunes qui sortent
des centres jeunesse. Par exemple, Agir en amont, de l'organisme Le Tournant,
dont on a souligné l'inauguration il y a quelques semaines, fait exactement ce
travail. Comme l'évoque le nom de ce programme, c'est en amont qu'on doit
intervenir pour préparer ces jeunes hommes et femmes à cette étape cruciale de
leur vie. En leur permettant d'avoir un lieu de vie stable, on réduit de
beaucoup les risques qu'ils vivent un épisode d'itinérance au cours des
prochaines années.
Et aussi on commence
à récolter les fruits du rehaussement des services jeunesse que l'on fait
depuis six ans en amont de la protection de la jeunesse. On offre plus de
services aux jeunes, et ça a un impact direct sur l'amélioration des services
en protection de la jeunesse avec une réduction de la demande et une diminution
de nos listes d'attente. Et, ça aussi, il faut continuer notre travail.
• (12 h 40) •
Le deuxième dossier
que je suis sûr dont on va aborder aujourd'hui, c'est celui de l'itinérance,
une grande préoccupation pour nous tous. La demande de services est en forte
hausse, et ce, partout au Québec. Plusieurs efforts ont été déployés par notre
gouvernement dans les dernières années pour lutter contre l'itinérance et
offrir un soutien concret aux personnes vulnérables.
Je le répète, en
2021, le gouvernement a lancé le Plan d'action interministériel en
itinérance 2021‑2026, S'allier devant l'itinérance, qui est un
document complet qui s'accompagnait alors d'investissements de
280 millions de dollars sur cinq ans. Depuis sa publication, de nombreux
investissements complémentaires ont été ajoutés pour faire face à cette crise.
Maintenant, on parle de plus de 420 millions. Et, si on regarde ce qu'en 2029‑2030...
avec les budgets actuels, c'est 726 millions de dollars qu'on aura
investis pour l'itinérance.
Par
ailleurs, j'ai aussi annoncé, il y a quelques jours, conjointement avec le
gouvernement fédéral, un financement de
50 millions, dont 24 sont allés à la région de Montréal, afin de soutenir
des initiatives concernant l'itinérance pour sortir les gens des
campements et des refuges. 205 projets ont été sélectionnés à travers
11 régions sociosanitaires du Québec. On est très encouragés par la liste
des projets qui ont été retenus. Nous allons continuer à en faire plus pour
l'itinérance, mais la clé, je le répète, c'est plus de logements avec
accompagnement si on veut s'en sortir. Et ma collègue ministre de l'Habitation
et moi, nous travaillons dans ce sens.
La situation de
l'itinérance est complexe et appelle à des actions concrètes à tous les
niveaux, et j'espère que j'aurai l'occasion
de vous parler du programme PRISM, auquel je tiens beaucoup et qui sort les
gens avec des problèmes de santé mentale de l'itinérance. Nous allons
aussi parler du rehaussement des programmes de soutien aux organismes
communautaires, que l'on continue depuis les dernières années, depuis qu'on est
là, de façon constante, et qui arrive à un point quand même... un sommet
historique dans le financement de nos organismes communautaires.
En terminant, l'accès
aux services en santé mentale est évidemment une priorité qui a beaucoup occupé
nos équipes au cours des dernières années.
On agit pour le mieux-être collectif, et les résultats sont au rendez-vous.
J'aurai la chance de vous le
démontrer aujourd'hui. Le nombre de personnes en attente d'un service de
première ligne a diminué de façon
importante tant chez les enfants que chez les jeunes. C'est en raison de ces
efforts qu'on fait au niveau des services de proximité et en intervenant
plus précocement dans le parcours de ces individus, avec des programmes comme
Aire ouverte ou d'autres programmes que l'on a déployés à travers le réseau.
C'est donc un aperçu
rapide des différentes priorités qui témoignent des efforts qui ont été
réalisés au cours des dernières années pour
le mieux-être des Québécoises et des Québécois. Il me fera maintenant plaisir
d'en approfondir avec vous sur ces enjeux et sur d'autres au besoin.
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Merci,
M. le ministre.
Discussion
générale
Donc, nous allons
poursuivre avec les échanges de Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass :
Merci, Mme la Présidente. Le ministre nous parle de changement de culture
dans l'octroi des services sociaux, mais, sur le terrain, ce qu'on entend,
c'est le visage de l'itinérance qui a tellement changé depuis la pandémie, depuis la crise du logement, et que,
justement, les mesures mises en place par le ministre des Services sociaux
n'ont pas évolué dans ce même sens.
Alors, le ministre
nous dit que ce 50 millions du fédéral, ça va pouvoir financer
250 projets à travers le Québec, mais je vous rappelle que, l'année
passée, 126 projets, pour 92 millions de dollars, ont été déposés juste
à Montréal, donc on a encore un énorme écart pour répondre à la réalité sur le
terrain, et également que la STM a dû investir 33 millions de dollars de
son budget, l'année passée, pour atténuer, justement, la présence des personnes
itinérantes dans le métro. Et on sait que la
STM a annoncé dernièrement qu'ils allaient mettre fin au flânage, dans le métro,
des personnes itinérantes.
Je suis curieuse si
le ministre a mis des mesures en place, justement, pour faire face à ces
personnes qui vont se retrouver par la suite dans l'espace public. Et, comme on
le sait... Avec l'arrivée du 1er avril et les haltes-chaleur qui vont fermer, qu'est-ce que le ministre a mis
en place ou qu'est-ce qu'il va mettre en place, justement, pour atténuer cette
réalité-là, surtout dans le contexte de la
cohabitation, qui devient de plus en plus un enjeu, surtout dans les grands
centres?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. Carmant : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Puis je suis tout à fait d'accord avec la députée de D'Arcy-McGee que, suite à la pandémie, on a
vu une augmentation fulgurante, là, du nombre de personnes en situation
d'itinérance. Maintenant, on a agi, d'abord,
en augmentant le nombre de refuges. Je pense que ça, c'était la première phase
de notre réponse.
Maintenant, il faut
aller plus loin dans notre réponse, et nous, on insiste sur le fait que ce
qu'il faut améliorer, c'est l'hébergement de ces gens-là. Il y a des gens qui
sont dans les refuges depuis la pandémie. Moi, quand je visite des refuges, je
vois des gens qui vont travailler puis qui reviennent le soir... au refuge le
soir, là. C'est une situation aberrante. Et ces gens-là, ils sont prêts à
retourner en logement. C'est pour ça que je m'obstine un peu, là. Mais
j'insiste beaucoup sur l'hébergement pour ces gens-là.
Puis je suis heureux
de voir que, dans les projets qui ont été sélectionnés dans l'appel campements,
on a des projets de modulaires. Il était temps qu'on arrive à ça. La région de
Gatineau a été précurseure, avec leur projet, initié par le privé, de 100 modulaires. Malheureusement, avec l'hiver, ils
n'ont eu le temps d'en déployer que 40 sur 100, mais, déjà, ça a eu un impact
significatif dans la région. Mais là, à Montréal, déjà, on parle de
90 projets de modulaires qui vont...
qui se déploient rapidement. Je veux dire, le réseau scolaire le fait, année
après année, déployer des classes en modulaire. On peut déposer des projets d'hébergement en modulaire qui s'installent
rapidement. Et nous, comme on le dit depuis le début, on va être
présents pour accompagner ces gens-là.
Donc, moi, j'ai
rencontré le maire de Mercier cette semaine et je lui ai dit que moi, je pense
que la solution, par exemple, pour l'avenue
Notre-Dame, c'est d'amener ces gens-là dans un des sites modulaires de la ville de Montréal et s'assurer qu'on libère
cet endroit, où la cohabitation est très difficile. Puis ça, on peut le faire à
plusieurs endroits.
Donc, moi, on
commence avec trois projets, mais je suis sûr qu'il va y en avoir plus.
Longueuil a déposé un projet de minimaisons.
On va faire la même chose. Québec, je parle avec le maire de Québec pour des
minimaisons dans la région de Beauport. Et je pense que l'idée doit faire
son chemin. Et c'est comme ça qu'on va sortir les gens de l'itinérance de façon rapide, en libérant des
places en refuge, pour ceux qui sortent des refuges, puis en amenant ceux qui peuvent
directement du campement vers les modulaires ou les minimaisons.
Mme Prass :
...et les 205 projets qui ont été acceptés, dont vous avez mentionné?
M. Carmant :
Déposés en Chambre?
Mme Prass :
Oui.
M. Carmant :
Bien, je pense que c'est public, là, mais oui. On vérifie. On vérifie.
Mme Prass :
Merci.
M. Carmant :
Ça fait plaisir.
Mme Prass :
Justement, dans le... Justement, dans le cadre des demandes d'accès à
l'information, nous avons fait une demande à connaître le nombre de logements
transitoires créés au Québec dans les cinq dernières années, et la réponse qu'on nous a fournie, c'est que «nous
n'avons aucun document répondant au libellé de votre demande». Donc, vous nous
parlez... Vous le répétez souvent, les logements de... transitoires, mais,
quand on fait des demandes d'accès à l'information, les informations ne
sont même pas là. Donc, on a besoin de voir les preuves, disons.
M. Carmant : Je ne veux pas
m'autoscooper, là, de donner des informations d'avance, mais on travaille sur la fin de l'exercice de l'énumération. Tu sais,
l'exercice a été beaucoup critiqué, là, la valeur de l'énumération, mais ce qu'elle nous permet de voir, c'est le nombre de personnes
hébergées en situation d'itinérance. Et là vous allez voir l'augmentation des
refuges et des hébergements de transition dans toutes les régions qui ont
été... qui ont fait partie de l'exercice.
Mme Prass : Et on peut
s'attendre à voir l'énumération quand?
M. Carmant : Sous peu.
Mme Prass : O.K. Vous avez
mentionné...
M. Carmant : Mais, oui, avant
la fin de la session. Ça, c'est sûr.
Mme Prass : Donc, d'ici le mois
de juin.
M. Carmant : Oui, absolument.
Mme Prass : On a parlé,
évidemment, de la question de la cohabitation, comme on a dit, qui devient un
enjeu de plus en plus présent. Est-ce que vous avez des programmes? Est-ce
qu'il y a des projets qui ont été développés avec votre ministère, justement,
pour faire face à cet enjeu-là, que ce soient des campagnes de sensibilisation,
que ce soient des fonds pour les organismes communautaires pour qu'ils
puissent, justement, faire des activités, d'aller dans les quartiers, faire de
la sensibilisation auprès des gens? Parce que, moi, dans mon comté, il y a un
projet de... pour la cohabitation qui est arrivé à votre ministère, puis ils se
sont fait dire : Bien, on n'a pas de projet, on n'a pas d'argent pour la cohabitation. Donc, est-ce que... Qu'est-ce que vous avez mis de l'avant ou qu'est-ce
que... Est-ce que vous avez mis
quelque chose de l'avant? Et, si oui, quoi?
La Présidente
(Mme Soucy) : ...M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, Mme la Présidente. Bien, le projet
qui vient en tête, évidemment, c'est celui de... avec la SDS pour
l'enjeu autour de Benoît-Labre, là, où on a mis en place une équipe qui vient
gérer l'environnement autour du centre de consommation supervisée, et du
refuge, et du logement supervisé. Ça, je pense que c'est la base.
Mais je pense que le message qu'il est important
de dire aussi, là, puis je pense que les organismes me disent de le partager, c'est que la plupart des projets,
là, ça fonctionne, ça se passe bien. En fait, les gens ont été surpris quand on
a annoncé qu'il y avait des hébergements de transition sur la rue Avenue
du Parc, là, à 10 minutes de chez moi. Les gens sont surpris du nombre de
logements de transition qui sont installés partout, parce que la plupart des
organismes prennent le temps de bien faire les choses en amont.
Moi, j'ai encore peut-être un enjeu avec le site
de consommation supervisée puis la cohabitation, qui n'est pas parfaite, là, mais, ça, on va en reparler bientôt.
On travaille là-dessus pour améliorer les choses. Et, oui, on a des budgets
pour les organismes qui nous aident dans ce sens-là.
• (12 h 50) •
Mme Prass : ...dans le
centre-ville de Montréal, est-ce qu'il y a des projets, des organismes avec qui
vous avez travaillé? Je répète, quand la STM
a mis fin au flânage dans... des personnes itinérantes dans le métro, est-ce
que vous avez mis des mesures en
place, justement, pour que ces gens-là, qui allaient se retrouver dans l'espace
public, puissent avoir accès à d'autres ressources, justement, pour
faciliter la cohabitation?
M. Carmant : Oui, oui. On
travaille avec plusieurs unités, là, de la ville de Montréal, soit EMMIS, les
services de police, certains organismes, comme MultiCaf, que vous connaissez
également, justement, pour améliorer le... cette cohabitation-là. Puis
moi-même, je participe à des réunions pour que les gens se parlent, parce qu'il
y a souvent un problème de communication.
Puis
l'autre... l'autre programme qu'il est important aussi de parler ici, c'est,
justement, le programme PRISM, pour programme de
réinsertion, itinérance, santé mentale, parce que ceux qui causent souvent des
problèmes, c'est... C'est ceux qui ont des enjeux avec la santé mentale qui
inquiètent les voisins. Donc, nous, on... dans la deuxième phase de notre prise en charge de l'itinérance, on a ajouté
ce programme-là pour qu'ils puissent aller dans des... qu'ils aient des places
réservées dans des refuges, jour et nuit. Donc, ils n'ont pas besoin de se
présenter à 4 heures pour aller chercher leur place. On leur donne un traitement avec des équipes de santé mentale
pour régler leur condition, et ensuite on les accompagne en logement par
la suite. Déjà, le programme a commencé en novembre, et on a près de
70 personnes qui ont été mises en logement par les organismes Mission Bon
Accueil et Diogène. Et on veut en sortir 200 par année, de la rue, à Montréal. On veut en sortir une centaine par
année, à Québec, avec Lauberivière. Et on a des projets qui sont sur la glace
pour l'est de Montréal, pour le nord de Montréal.
Et on travaille également pour développer un
genre de PRISM toxicomanie, parce que l'autre... l'autre catégorie de citoyens
qui génèrent de l'anxiété ou des problèmes de cohabitation, je vous dirais,
sont ceux qui ont des problèmes de toxicomanie, sans nécessairement avoir de
comorbidité au niveau de la santé mentale. Donc, c'est sûr qu'on va travailler
là-dessus également.
La Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée.
Mme Prass : Merci,
Mme la Présidente. Justement, plus tôt cette année ou peut-être à la fin de
l'année dernière, vous avez fait une
annonce que... le gouvernement affirmait avoir sorti 1 000 personnes
de l'itinérance. Donc, nous avons également fait une demande d'accès à
l'information à cet égard, et la réponse que nous avons donnée, c'est que cette
déclaration... question au feuilleton, désolée, que cette déclaration repose
sur la compilation des données partagées par plusieurs
organismes communautaires. Par contre, les organismes communautaires nous
disent qu'ils étaient très, très, très étonnés d'entendre ce chiffre et
que c'était la première fois qu'un tel chiffre était avancé.
Nous, selon les
informations qu'on a pu recueillir avec nos différents partenaires sur le
terrain, il n'y a personne qui arrive proche du chiffre de 1 000. Donc, si
c'est une compilation que vous avez faite à partir des données qui vous ont été remises par les organismes communautaires,
seriez-vous prêt, justement, à déposer cette compilation-là pour qu'on
puisse arriver aux 1 000 personnes?
M. Carmant : Oui, on va vous... on va vous
envoyer la donnée. Mais je suis encore plus heureux, Mme la Présidente. Finalement, les organismes communautaires nous ont
dit que, dans leurs redditions de comptes, et je remercie le RSIQ, là,
pour cette information, dans leurs redditions de comptes, avec les programmes
VCS, ils doivent donner le nombre de personnes qui sont mises en logement.
Donc, pour l'année 2023‑2024, c'est 3 144 personnes qui ont été
accompagnées en logement par les organismes communautaires, un travail
phénoménal.
Puis, oui, on va vous
donner la... on va déposer l'information qui nous a été transmise. Puis on va
s'assurer qu'il y a un suivi plus serré de cette information, parce que je
l'avais clairement sous-estimée en posant des questions aux organismes de Montréal
et de la Rive-Sud. Donc, le travail de nos organismes communautaires qui... en
itinérance en région, également, est à souligner, parce qu'eux aussi sortent
beaucoup de monde de l'itinérance dans chacune des régions du Québec.
Mme Prass :
Donc, vous vous...
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Mme Prass :
Désolée.
La Présidente (Mme Soucy) : Juste un instant. Vous avez parlé d'un dépôt de
document. Est-ce que vous allez le déposer maintenant?
M. Carmant :
Par voie électronique, là, comme d'habitude. On s'engage.
La
Présidente (Mme Soucy) : Alors,
est-ce qu'il y a consentement pour déposer le document?
Document déposé
La Présidente (Mme Soucy) : Parfait. Donc, il y a consentement pour déposer le document. Vous pouvez
poursuivre.
Mme Prass :
Merci. Si vous pouvez vous engager d'avoir la ventilation régionale des
1 000 personnes...
M. Carmant :
C'est ce que j'ai demandé.
Mme Prass : Oui, oui. Non, c'est ça.
Et également... Je comprends également que vous vous êtes engagé pour nous
remettre les 205 projets qui ont été acceptés dans le cadre de l'argent du
fédéral...
M. Carmant :
Dès qu'on va pouvoir.
Mme Prass : ...et également... puis également que vous vous
engagez que le dénombrement va être publié d'ici la fin de la session
parlementaire.
M. Carmant :
Énumération.
Mme Prass :
Énumération, plutôt. Désolée.
L'année dernière,
quand on s'est assis ensemble pour les crédits, je vous avais dit, justement,
qu'on avait fait un exercice de demande d'accès à l'information pour que chaque
CIUSSS nous donne le nombre de personnes qu'ils identifiaient en situation d'itinérance sur leur territoire, et vous
aviez été étonné de savoir que la grande majorité n'avait pas ces
chiffres-là.
Bien, je reviens à la
charge, parce qu'on a refait la demande cette année, et, à part un CIUSSS, ils
nous ont tous dit la même chose, ils nous ont dirigés vers le dénombrement de
2022. On comprend qu'on est en 2025 et que la situation a évolué depuis. Donc,
encore une fois, pour toute la question de la planification, si les CIUSSS
eux-mêmes ne savent pas combien de personnes itinérantes sont sur leur
territoire, ils ne sont pas bien placés pour savoir où investir et quel est
le... quels sont les montants et les besoins, justement, dont ils doivent
desservir.
Donc, hier, je vous ai
posé une question, en période de questions, pour la Capitale-Nationale, qui,
dans le dernier dénombrement, comptait 927 personnes en situation
d'itinérance visible, et, suite à nos demandes d'accès à l'information, on a pu
voir qu'il y avait 90 places en hébergement d'urgence. Pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
231 personnes, 89 places en
hébergement et transitoires. En Mauricie, 454 personnes en itinérance
visible, 145 places en refuge temporaire et hébergement d'urgence. Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine
n'ont pas fait partie du dénombrement de 2018... non, de 2022. Je comprends
qu'ils vont faire partie de la prochaine, mais, quand même, c'est des... c'est
des données qui sont importantes. Pour Chaudière-Appalaches, 293 personnes, 39 lits d'hébergement d'urgence. Lanaudière,
314 personnes en situation d'itinérance visible, 70 hébergements
d'urgence. Laurentides, 464 personnes, 19 places d'hébergement
d'urgence. Bas-Saint...
Bien, je ne veux pas continuer, mais tout ça
pour dire... Vous comprendrez qu'il y a une grande disparité entre le nombre de
personnes. Et, je comprends, il y a des logements transitoires, il y a des
hébergements d'urgence. On a toutes ces données-là, et ça n'arrive pas proche
de représenter le nombre de personnes qui ont été identifiées lors du dernier dénombrement.
Et, on se comprend, ce dénombrement, encore une fois, date de 2022. Donc, non
seulement les chiffres ont augmenté, mais vous avez... Vous avez eu trois ans
pour agir en conséquence de ces chiffres-là, et ce qu'on voit, ce n'est pas...
ça ne reflète pas cette réalité-là.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Écoutez, on va suspendre bientôt, donc, dans 30 secondes. Alors, M. le ministre, si vous voulez commencer
votre réponse. Mais je vais devoir vous arrêter, parce qu'à 13 heures on
doit absolument faire une pause.
M. Carmant : Juste reprendre
l'exemple de Québec hier, là, Capitale-Nationale, 900 personnes en
situation d'itinérance, mais 98 qui dorment
dans des lieux extérieurs le soir du dernier dénombrement. Quelle a été notre
réponse? Ajouter 117 places
d'hébergement, soit refuge, soit transition, dans la Capitale-Nationale. Tous
les autres, là, c'étaient soit des gens en hébergement d'urgence, en
ressource de transition, en centre de thérapie CRD.
Tu sais, dans
le 10 000, là, je le répète, là, il faut bien le comprendre, ça, il y en a
1 300 qui sont... qui dorment dans la rue, et c'est pour ça qu'on a
ajouté des places, pour que ces gens-là aient un toit sur la tête en premier.
Maintenant,
effectivement, il faut avoir des nouvelles données, puis ça, on s'engage à le
faire en avril de cette année.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Donc, conformément
à l'ordre qui a été adopté le 25 mars 2025, les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 02)
La
Présidente (Mme Soucy) : Alors, rebonjour. La
commission plénière reprend ses travaux à l'étude de crédits provisoires pour l'année financière 2025‑2026.
Et nous allons poursuivre avec, je crois, Mme la députée de D'Arcy-McGee. C'était rendu... c'était rendu à votre tour à poser la question. Alors,
je vous cède immédiatement la parole. Je vous informe qu'il vous reste
3 min 39 s à votre bloc.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Plusieurs dans le... qui oeuvrent dans le milieu communautaire pour
l'itinérance trouvent qu'il y a un manque de vision de la part du gouvernement.
Et votre... et le plan qui... la stratégie qui a été mise de l'avant par le
gouvernement du Québec n'a pas de cible en tant que telle. Par contre, celui...
le plan canadien a des cibles. Et, encore une fois, on avait fait une demande
d'accès à l'information pour demander quelles étaient
les cibles du ministère des Services sociaux pour le plan d'action, et la
réponse que nous avons eue, c'est que le plan d'action vise à la réduction de
l'itinérance, mais il n'y a pas de chiffre qui accompagne cette réduction, donc
difficile de mesurer les résultats.
J'espère que
les consultations, les travaux, pour la prochaine mouture du plan vont
commencer plus tôt que tard. Avez-vous l'intention, dans la prochaine
version, justement, d'avoir des cibles qui pourront être mesurées?
M. Carmant : O.K...
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Carmant : Oui, excusez-moi,
là, j'ai tendance à intervenir trop rapidement. Mais, tu sais, l'enjeu, avec
les cibles, c'est que les cibles ne sont pas seulement dépendantes de notre
ministère, il y a beaucoup de ces cibles-là qui sont en lien avec la disponibilité des logements, évidemment, qui est
une problématique. Je pense que la première cible, aussi, j'ai beaucoup insisté
là-dessus au début, là, alors que tout le monde disait : Bien, il faut
viser l'itinérance zéro, là, moi, je pense que la première chose qu'il
fallait viser, c'était vraiment de renverser la croissance de l'itinérance. On
était vraiment dans une courbe qui était exponentielle. Là, on va voir, cette
année, si on arrive à aplatir un peu la courbe, mais éventuellement il va falloir
la renverser.
Puis c'est
pour ça, justement, que l'an dernier, pour la première fois, là, je mentionnais
qu'on avait sorti... En fait, j'avais même sous-estimé le nombre, là.
J'avais dit qu'on avait trouvé du logement pour 1 000 personnes,
parce que c'est les chiffres que j'avais pu évaluer. Puis
là ça nous permet vraiment d'avoir des meilleures cibles. Maintenant, on sait
année après année combien de PSL on va sortir. Dans la dernière année, on les a
tous attribués, là, les 500. On sait également combien de logements pour les
vulnérables vont se... vont se développer via le PHAQ, avec le PRISM. Avec les
projets PRISM, on va savoir combien de personnes on s'attend également à sortir
de l'itinérance. Donc, on va pouvoir mieux
prédire. Puis, oui, je pense que, dans le prochain plan d'action, ce serait
intéressant d'avoir des cibles.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Il vous reste 1 min 6 s, si vous
voulez poser une question puis laisser le temps au ministre d'y répondre.
Allez-y.
Mme Prass : Justement, avec vos
collègues, il y a un comité interministériel en itinérance. Quand est-ce que...
c'est quand la dernière fois que vous vous êtes rencontrés? Vous vous
rencontrez à quelle fréquence?
M. Carmant : On se rencontre
aux quatre à huit semaines, donc c'était le... au début de... il y a quelques
semaines, là, on s'est rencontrés. Et nous, on travaille ensemble surtout sur
les mesures de prévention. Puis je pense que c'est deux belles mesures qu'on a
mises de l'avant, celle pour la sortie carcérale et celle pour la sortie des
centres jeunesse. Celle de la sortie carcérale est en application depuis à peu
près six à 12 mois, et celle sur la protection de la jeunesse commence
cette année, sur la sortie des centres jeunesse.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Il vous reste 23 secondes.
Mme Prass : 23 secondes.
Je vais continuer par la suite, mais plusieurs sur le terrain demandent qu'il y
ait la création d'une équipe centralisée pour connaître les différentes
ressources qui sont disponibles. Alors, ce qu'on entend, c'est que, par
exemple, à Montréal, le SPVM, ils vont appeler les différents refuges le
matin...
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Mme Prass : Merci.
La Présidente (Mme Soucy) : Votre temps est terminé. Nous allons maintenant poursuivre
avec... l'échange avec M. le député de Saint-Henri-Saint-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le ministre, merci à vos équipes d'être présentes. Écoutez, je
vous entendais d'entrée de jeu, je suis d'accord avec vous, on n'est pas
toujours d'accord, mais vous citiez itinérance et jeunesse dans votre exposé,
d'entrée de jeu, puis je pense que c'est les deux dossiers qui nous... parmi
les priorités des priorités, là. On va
s'entendre que l'ensemble du dossier des services sociaux en est une, mais
c'est là où on s'entend pour aligner nos priorités là-dessus. Je vais vous
poser, donc, des questions en ce sens, là, aujourd'hui, sur ces deux principaux
thèmes là.
Premier thème, notamment, sur C.14, sur la
question de l'hébergement, hébergement communautaire, là, que vous indiquez
dans votre budget, 35 millions par année en soutien à l'hébergement. Dans
le budget 2025‑2026, vous dites :
«Une somme de 175 millions — c'est
ce qui est écrit dans le budget — est
donc prévue sur cinq ans.» On divise, bon, 35 millions. Et vous citez différents secteurs, là, vous citez
l'hébergement des personnes en DI-TSA, vous citez notamment troubles du
spectre de l'autisme, vous dites santé mentale, jeunes quittant les centres
jeunesse, et vous dites itinérance. Est-ce qu'on peut avoir la ventilation du
35 millions, à ce stade-ci, par les postes?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : Non,
à ce stade-ci, ce n'est pas... les sommes ne sont pas encore ventilées par les
problématiques. Nous, ce qu'on
veut... ce que je peux vous assurer, par exemple, puis ça, c'est comme ça
depuis le début, tout ce qui est hébergement pour l'itinérance, on va
être au rendez-vous. Évidemment, on voulait avoir les résultats de deux
concours, là, de VCS, un, le campement, puis, deux, le VCS3. Et, maintenant
qu'on les a, on va attendre l'approbation du fédéral et ensuite on aura une meilleure idée, là, des ventilations qui vont
être... qui vont être nécessaires. Mais, encore une fois, je pense que,
depuis le début sur l'itinérance, là, on a toujours, toujours, toujours été au
rendez-vous pour tout ce qui est hébergement puis on va continuer à l'être.
M. Cliche-Rivard : Donc, dans
le 35 millions, ce qu'il faudra pour l'itinérance sera au rendez-vous.
M. Carmant : Absolument.
M. Cliche-Rivard : Donc, c'est-tu la même chose pour les centres
jeunesse, pour la sortie de centres jeunesse, pour éviter l'itinérance
jeunesse?
M. Carmant : Alors, la sortie
des centres jeunesse, il faut aller dans le... dans la section PSL. Puis on
sait que, chaque année, il y a à peu près 2 000 jeunes qui sortent
des centres jeunesse, et les chiffres, les études montrent que le quart de ces
jeunes-là sont à risque de faire des épisodes d'itinérance. Donc, c'est pour ça
qu'on a... on nous a alloué, au... À la mise à jour
économique, le ministre des Finances nous avait alloué 500 PSL jeunesse
puis, cette année, au budget de cette année,
il nous accorde l'accompagnement pour ces 500 PSL jeunesse, incluant pour
le fameux projet Zénith, que votre collègue nous parle souvent, là, à
Québec. Donc...
M. Cliche-Rivard : O.K.Donc,
on a un volet... Excusez, là, on un volet accompagnement et on a le volet PSL
pour les centres jeunesse. Il y a les deux volets.
M. Carmant : Exact. On a les
deux volets.
M. Cliche-Rivard : La ventilation, on va l'apprendre au compte-gouttes,
au cours de l'année, avec les annonces?
M. Carmant : Bien, pour les
centres... Ah! pour les PSL, ça, vous allez le savoir parce que...
M. Cliche-Rivard : Pas pour les
PSL, mais pour l'hébergement communautaire, le soutien communautaire à l'hébergement, qu'est-ce qui va en jeunesse,
qu'est-ce qui va en itinérance, qu'est-ce qui va en DI-TSA-DP, pour le soutien
communautaire.
M. Carmant : Oui, ça... Disons
qu'on a décidé de centraliser la gestion, parce qu'on l'avait décentralisée auparavant, et ce qui arrivait, c'est que
certaines régions, puis ça, c'est quelque chose d'important, à cause d'un
meilleur travail entre les établissements puis les offices d'habitation,
certaines régions étaient capables de sortir très rapidement les PSL et puis
les hébergements supervisés tandis que d'autres régions avaient plus
difficultés. Puis là il fallait qu'ils fassent des échanges entre eux de PSL,
etc. Donc, on a décidé de centraliser un peu cette gestion-là. Ça va se faire
de façon transparente, là. Quand les projets vont sortir, on va être au
rendez-vous. Puis, pour ceux qui s'inquiètent, parce qu'il y a beaucoup
d'organismes qui s'inquiètent, nous, ce qu'on dit, c'est que les sommes sont
disponibles trois mois avant l'ouverture du site.
• (15 h 10) •
M. Cliche-Rivard : Parce
que Mme Duranceau a fait l'annonce, là, de 500 unités à la fin de
l'année 2024. On a eu des discussions, notamment en Chambre, sur l'accompagnement,
un soutien communautaire. Vous avez vu dans les journaux les mêmes articles que moi du Tournant, on en parlait tantôt,
vous avez lu les mêmes articles que moi aussi de La Maison Benoît‑Labre,
qui est sortie dans les médias, vous avez eu Les Auberges du coeur. Donc, il y
a quand même une inquiétude notable, là, de la part du communautaire, de savoir
que l'accompagnement communautaire est déjà difficile pour les ressources qui
existent, encore davantage pour celles qui viendront ouvrir. Mais là vous
garantissez que les sommes seront au rendez-vous pour les nouvelles unités que
Mme Duranceau a annoncées.
M. Carmant : Puis, dans...
La Présidente (Mme Soucy) :
Juste un instant. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
je vous rappelle qu'on doit s'adresser à la présidence, et également le titre,
surtout le titre des ministres.
M. Cliche-Rivard : Oui. La
ministre de l'Habitation.
La Présidente (Mme Soucy) :
Donc, merci. Allez-y, M. le ministre.
M. Carmant : Oui,
puis, dans tous les exemples qui... mentionnés, les sommes étaient disponibles.
Donc, nous, on garantit que l'accompagnement, on va le fournir pour tous
ces projets-là.
M. Cliche-Rivard : Je vous
amène sur le terrain des PSL, vous en avez parlé il y a quelques minutes. Une
somme de 42,6 millions de dollars est donc prévue sur cinq ans pour
assurer des services à 900 personnes vulnérables qui bénéficient du PSL, c'est ce qu'on lit à C.14. Par contre, aux états
généraux, il y a eu ces discussions-là sur la difficulté d'accessibilité
au PSL. C'est la ministre — je
ne la renommerai pas — qui
s'est notamment attiré les critiques d'une partie
de la foule présente au centre des foires après avoir affirmé que le PSL
pouvait contribuer à apaiser la crise du logement, mais qu'elle a
indiqué qu'une partie importante des sommes prévues n'était pas utilisée.
Alors là, je voudrais vous entendre. Vous venez
bonifier le montant, vous confirmez que le montant a été, donc, utilisé à
100 % pour l'année 2024, malgré les prétentions relatées par la
presse puis dans le discours de la ministre de l'Habitation, puis vous vous
êtes convaincu que les nouvelles sommes vont être utilisées aussi. Parce que Mme
la ministre de l'Habitation disait que non, disait que l'ensemble des sommes
n'ont pas été allouées et utilisées.
M. Carmant : Là, on parle de
nos PSL pour nos plus vulnérables?
M. Cliche-Rivard : PSL,
volet 2.
M. Carmant : C'est ça. Donc,
nous, c'est... nous, nos 500 ont été utilisés. Donc, ça, il n'y a pas de doute,
et... mais on a dû travailler fort, par exemple, comme je vous expliquais
tantôt, à cause de certaines régions où c'était plus difficile à cause des
interactions entre les établissements puis les offices d'habitation. Donc,
certains, on a dû faire des échanges d'un établissement à
l'autre, d'où notre approche un peu plus centralisée, et on va travailler
également... Je pense que le modèle de la Capitale-Nationale est probablement
le meilleur modèle puis je me suis engagé également, avec les établissements de l'île de Montréal, d'aller... de transporter
cette meilleure pratique sur... dans toutes les régions du Québec, parce que Montréal, c'est une des
régions, d'ailleurs, où c'est difficile, d'où le modèle où on fait beaucoup
affaire avec le privé à Montréal.
M. Cliche-Rivard : Oui, c'est
un bon élément, vous l'avez parlé, il y a le volet 2 pour
l'assouplissement pour les personnes plus vulnérables, disons-le comme ça. Le
volet 1, par contre, qui se destine notamment aux offices d'habitation, les OMH, lui, par contre, a gardé
ses mêmes rigidités. Est-ce que vous êtes ouvert à assouplir les critères de
rigidité qu'on a dans le volet 2 au volet 1?
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Carmant : Oui, mais ça,
c'est pour les logements abordables, donc ce n'est pas nécessairement sous ma
gouvernance.
M. Cliche-Rivard : Parfait. On
y reviendra. Je partage votre positionnement sur le logement et l'accentuation
du logement sur la question de l'itinérance. Ceci dit, il n'empêche qu'on vit
les crises qu'ont vit puis les problèmes de cohabitation qu'on vit, le métro de
Montréal, notamment, et nos quartiers. Vous avez visité mon quartier à
plusieurs reprises. On a même fait une petite marche, là, aux abords d'un
campement l'été dernier, si je ne m'abuse. Donc, vous connaissez les réalités
de cohabilitation qui sont difficiles.
Je ne remets pas en question du tout la question
qu'on doit focusser sur le logement, mais là on a des enjeux de
surreprésentation dans les refuges et un petit peu partout dans nos villes.
Est-ce qu'il y a des sommes qui sont disposées et prêtes en refuges? Là, je
comprends que vous avez 205 projets, vous en avez parlé avec la collègue.
Mais, spécifiquement en refuges, on vise combien de places davantage à Montréal
l'année prochaine?
M. Carmant : Bien, il y a
certains projets qui visent des refuges, là, je n'ai pas tous les chiffres en
tête, mais certains visent des refuges, effectivement. Celui qui me vient en
tête c'est celui de l'organisme L'Itinéraire, là.
M. Cliche-Rivard : L'Itinéraire?
M. Carmant : Oui, qui est un
refuge.
M. Cliche-Rivard : Qui va
pouvoir, donc, ouvrir l'année prochaine. Cette année, on a eu un enjeu de locaux.
M. Carmant : Si tout se passe...
Si tout se passe normalement.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et on
va avoir un 50, 100 places, quelque chose du genre.
M. Carmant : Ah! ça, je ne sais pas
comment...
M. Cliche-Rivard : O.K.
M. Carmant : Je ne peux pas
tout dévoiler.
M. Cliche-Rivard : Vous vous
êtes évidemment engagé envers la collègue, si j'ai bien compris, de déposer la liste des 205 projets retenus. C'est ce que
j'ai compris tout à l'heure. On va l'avoir aussi par ventilation de ce qui est
offert, là. Si c'est du centre de
jour, si c'est de l'hébergement transitoire, si ça, c'est de... du refuge, on
va avoir ça dans la ventilation.
M. Carmant : Oui, le même
document que j'ai vu, dès que j'ai l'approbation du gouvernement fédéral.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
on va être capable de savoir à peu près, parce qu'on a eu ces discussions-là,
vous et moi, notamment à l'automne, sur la planification à la dernière minute.
Malheureusement, on a eu des enjeux. Vous avez aussi parlé des CIUSSS. Bon,
moi, j'ai quand même... Moi, ce que j'ai devant moi ou la personne que j'ai devant moi, c'est le ministre des Services
sociaux, c'est... On a eu ces problèmes-là, d'argent qui... et d'appels
d'offres qui sortent à la dernière
minute. Dans les 205 projets, il va y avoir une idée de pérennisation
aussi, là. Si vous allez l'annoncer, puis
on va avoir la liste, Mme la Présidente, de manière assez rapide, on va être
capable d'avoir une idée en amont de ce qui s'en vient pour novembre
prochain.
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Carmant : Bien, on s'attend
que, dès que les organismes ont l'information, ils vont aller de l'avant.
M. Cliche-Rivard : Donc, on ne
devrait pas avoir une situation comme l'année dernière.
M. Carmant : Non.
Puis, en plus, j'ai mis une directive que, maintenant, il n'y aurait plus
d'appel d'offres. D'ailleurs, pour le supplément VCS, ils ont pris la liste des
projets qui n'avaient pas été approuvés au dernier appel d'offres plutôt que de
refaire un autre appel d'offres. Ça fait que ça, j'ai envoyé un message clair
au réseau, là.
M. Cliche-Rivard : Donc, il y
aura une pérennisation de ce qui a été offert.
M. Carmant : Exactement, là,
puis tout le monde est... en tout cas, de notre côté, là, on est tous tannés de
ce... de ces... de ces re-rebrassages de cartes année après année, là.
M. Cliche-Rivard : Donc, en
septembre, octobre, novembre, moi, je n'ai pas 18 appels d'organismes qui
ne sont pas au courant de si leurs budgets sont confirmés, là.
M. Carmant : Le message a été
clairement envoyé.
M. Cliche-Rivard : Je souhaite
ardemment que vous ayez été entendu, M. le ministre, évidemment.
DPJ,
jeunesse, vous en faites une priorité également. Les informations puis les
sources... en fait, votre budget dit 145 millions de dollars par
année sur 725 millions de dollars sur cinq ans. Vous avez parlé de
quelques éléments, notamment les services de réadaptation, là. Vous avez
énuméré une série d'articles. On voudrait justement savoir exactement un petit
peu plus clairement, là, vos 145 millions, ils s'en vont où en jeunesse.
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Carmant : Oui. C'est
vraiment principalement pour la réadaptation. Puis l'enjeu qu'on voit beaucoup
actuellement, ce sont les débordements, les unités de débordement. Il y a
également un enjeu avec les familles d'accueil également. Mais, encore une fois, ce qu'on va demander, là, dans le
grand chantier de la réadaptation, là, c'est... ce sont d'améliorer les
pratiques en réadaptation puis aussi de réfléchir à comment s'attarder à faire
plus d'efforts à maintenir les familles... les enfants dans les familles qui
sont capables de prendre soin de leurs jeunes et de... plutôt que d'aller
directement ou trop rapidement en réadaptation, et aussi de venir aider les
familles qui ont des enfants DI-DP-TSA, que...
je répète, là, ne sont pas nécessairement au bon endroit dans des centres de
réadaptation avec des enfants qui ont des troubles d'attachement. Donc,
ce sont grosso modo les priorités.
M. Cliche-Rivard : Donc,
ça, ça va nécessiter, évidemment, de la main-d'oeuvre, ça va nécessiter de la main-d'oeuvre qualifiée. On a parlé de ça dans les
dernières années, là, la reconnaissance des travailleurs, des travailleuses,
des travailleuses sociales notamment. Vous avez parlé de centres de réadapt,
vous avez parlé aussi d'accompagnement à la
maison, là. Donc, des sommes vont être disponibles pour l'embauche puis la
reconnaissance de la qualité de leur travail?
M. Carmant : Bien, je ne suis
pas sûr qu'on ait besoin nécessairement de plus de travailleuses sociales et
de... pour la population, qui est en débordement, de centres jeunesse. Mais, si
vous vous souvenez, le... au budget de l'an dernier, on avait ajouté
108 millions de dollars et on a eu un recrutement assez important, là.
C'est 500... 500 éducateurs en centres
jeunesse qui ont été ajoutés dans la dernière année à travers le Québec, et
plusieurs des... une bonne partie des sommes du 108 millions ont
été utilisées pour rehausser les équipes.
Il y a encore un manque de main-d'oeuvre, là, à
la DPJ, on ne s'en cachera pas, mais, nous, notre effort des dernières années a
été aussi de faire beaucoup plus en amont pour commencer à diminuer... où, là
aussi, on tente de renverser cette tendance, là, du nombre de signalements et
des délais de prise en charge de nos jeunes.
M. Cliche-Rivard : Donc, à
l'intérieur du réseau puis dans les réadapts, vous ne voyez pas de
modification, c'est ce que j'ai cru comprendre, là, aux sommes qui étaient déjà
là, vous jugez que le réseau est fonctionnel.
M. Carmant : Bien, je pense
qu'il faut rajouter de l'espace et de la... évidemment, de la supervision dans
ces espaces, puis il faut développer des
espaces spécialisés. Et ça, il va y avoir un transfert de personnel qui va...
qui vont être disponibles pour faire
ça. J'en ai visité plusieurs. Et le... les... souvent, les unités DI-TSA qui
sont dans les centres jeunesse sont
maintenues par du personnel DI-TSA. Donc, eux, ils vont les suivre dans des
endroits beaucoup plus appropriés, et ça, c'est ça qui est important.
• (15 h 20) •
M. Cliche-Rivard : On y
reviendra quand on aura plus de temps sur les crédits, évidemment, sur ce
point-là.
Vous avez
parlé des familles d'accueil. Il y a des bonnes nouvelles? Il y a des sommes
pour les familles d'accueil? C'est des revendications importantes, ça.
M. Carmant : Absolument.
M. Cliche-Rivard : On parle de
quoi exactement?
M. Carmant : On n'a pas encore
la ventilation des sommes, mais une partie des sommes va servir à payer les
familles d'accueil, les familles d'accueil de proximité.
M. Cliche-Rivard : Là
où est-ce qu'on en est, là, c'est quelque chose avec lequel je suis bien d'accord
avec vous, si on pouvait avoir davantage de gens dans des familles de
proximité notamment, on aurait beaucoup moins de gens, justement, dans nos
unités.
M. Carmant : Exact.
M. Cliche-Rivard : Et je pense
qu'on aurait quelque chose de peut-être plus pérein.
Je vois le temps qui file. PSOC, j'aurais voulu
vous entendre. Il me reste juste...
M. Carmant : ...faire un petit
commentaire sur les familles d'accueil?
M. Cliche-Rivard : Allez-y,
allez-y, allez-y.
M. Carmant : Une des choses
importantes que l'on fait avec la nouvelle directrice nationale également et
avec les gens du ministère, c'est également travailler sur les critères du
ministre, parce qu'il y a beaucoup de frustration, comme vous le savez, là, sur
les tailles des fenêtres, la hauteur des plafonds, le type de peinture, puis ça
aussi, on travaille là-dessus.
M. Cliche-Rivard : Tout à fait.
Tout à fait. Puis je vais me permettre, moi aussi, un commentaire. Quand on
voit l'état de vétusté de certains centres jeunesse, il y a des questions à se
poser sur si ces critères-là sont véritablement adaptés avec ce qu'on leur
fournit ailleurs dans le réseau. Je m'arrête là-dessus.
PSOC, sur
cinq ans, vous dites : Rehausser le financement des organismes. Est-ce que
c'est de l'argent, les 10 millions, là, annuels, qui vont aller directement à la mission, au PSOC, de ces
organismes-là ou si ce sera des appels à projets ou du discrétionnaire
de votre part, là, qu'on annoncera par-ci, par-là?
M. Carmant : Bien, il n'y aura
pas d'appel à projets, Mme la Présidente. La vaste majorité va aller à la
mission globale.
M. Cliche-Rivard : À la mission
globale.
M. Carmant : Oui, un peu comme
l'an dernier, où on avait... un peu...
M. Cliche-Rivard : Ce qui fait
à peu près 3 000 $... 3 000 $ par organisme, à peu près.
M. Carmant : ...un peu comme
l'an dernier, mais 10 millions de dollars au total.
M. Cliche-Rivard : 10 millions
divisés par les organismes, ça fait 3 000 $ par année, M. le
ministre.
M. Carmant : Un peu comme l'an
dernier, où on voulait s'assurer que les organismes restent ouverts, mais, évidemment, dans le... dans le 10 millions
qu'on ajoute, on n'inclut pas le 2,2 % d'indexation aussi, là, qui va
également aux organismes communautaires.
M. Cliche-Rivard : Surdoses,
dépendances. En terminant, M. le ministre, beaucoup d'organismes en lien avec
la surdose et les dépendances nous ont contactés publiquement dans les
dernières semaines, dans les derniers mois. On sait qu'il y a deux surdoses par
jour au Québec. On sait que l'AIDQ, notamment, sonne l'alarme. Il y a la
coroner qui nous a dit justement qu'il fallait plutôt qu'on vise une sensibilisation
globale et partout sur la prévention des surdoses. Est-ce qu'on n'est pas un
petit peu en contradiction entre le message puis les annonces des dernières
semaines, là? On voit notamment qu'il y a un colloque qui a été annulé puis on
voit que les services en formation puis directement auprès des populations, ils sont de plus en plus difficiles. Donc,
qu'est-ce que vous répondez au milieu, qui est très inquiet
actuellement?
La Présidente (Mme Soucy) : ...M. le ministre, alors...
M. Carmant : Oui. Bien,
premièrement, je répondrais qu'ils vont recevoir les sommes promises, là. On s'excuse du délai. Je pense que c'est dans la
mécanique des choses que ça a tardé, là, plus que dans... beaucoup plus que
dans l'intention. Je pense que la sensibilisation,
on a fait des campagnes assez exceptionnelles cette année, là, tant télévisuelles
que médias sociaux, pour les jeunes, qui ont
vraiment touché la cible. Puis il ne faut pas oublier que, malgré que les parents
n'en parlent pas assez avec leurs jeunes, on est dans toutes les écoles.
Le programme avec l'AQCID, là, c'est quelque
chose de fantastique au Québec, là. Dans toutes... dans presque toutes les
écoles du Québec, les jeunes se font parler de consommation, des méfaits de la
consommation, de comment prévenir les complications. Donc, c'est... c'est
quelque chose... un travail constant. Et nous, on va continuer à appuyer les
centres de consommation supervisée. Et aussi on veut aussi travailler sur le
lien entre ces centres de consommation supervisée
et l'accès aux traitements. Ça, je pense, c'est quelque chose qu'on va parler
beaucoup dans la prochaine année, améliorer l'accès aux traitements.
M. Cliche-Rivard :
Un projet de loi à venir, je pense, c'est ça?
M. Carmant : Exact.
La
Présidente (Mme Soucy) : Bon, bien, je vous
remercie de votre... de votre échange, M. le ministre et M. le député.
Votre temps est terminé.
Donc, nous
allons maintenant poursuivre avec un membre du troisième groupe d'opposition.
Mme la députée de Terrebonne. Alors,
bonjour. Je n'ai pas eu la chance de vous voir et de vous féliciter. Alors, mes
félicitations, et je vous cède immédiatement la parole.
Mme Gentilcore : Merci,
Mme la Présidente. Merci, M. le ministre. Merci à vos équipes aussi. Enchantée.
C'est un plaisir de venir vous parler d'un sujet qui me tient très à
coeur aujourd'hui. Je vais vous parler d'itinérance avant de passer la parole à
mon collègue, M. Arseneau, ici.
Donc, on le
sait, bon, augmentation de 44 %, dans les cinq dernières années,
d'itinérance, environ 10 000 personnes en situation
d'itinérance actuellement sur le territoire du Québec. Il y aura prochainement
un nouveau dénombrement, là, le
15 avril qui vient. Je veux juste être bien certaine de vous avoir
compris, là, faire du pouce un peu sur ce que ma collègue des libéraux... ont dit. Donc, vous n'avez pas
d'objectif quantifiable en ce moment par rapport à la réduction de
l'itinérance?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Carmant : Bien,
merci, Mme la Présidente. Moi aussi, je vous souhaite la bienvenue au salon
rouge. Félicitations pour votre élection.
Bien, je pense qu'on ne peut pas parler de
réduction maintenant. Tu sais, je veux dire, on voit tous ce qui se passe dans la rue, là. On n'est pas... On n'est
pas... On ne se ferme pas les yeux. Ce qu'on veut, c'est vraiment une espèce d'aplatissement
de la courbe. Tu sais, on travaille fort pour renverser la tendance.
Puis, quand j'étais allé au congrès de l'UMQ,
une des choses superintéressantes que, j'avoue, j'avais apprise, c'est qu'ils
nous disaient qu'on pouvait mettre un paquet de mesures en place, si on ne
travaillait pas plus sur la prévention, on ne serait jamais capables de
renverser cette courbe-là. C'est pour ça qu'on a commencé, avec le comité
interministériel, à travailler sur la prévention de sorties carcérales,
prévention des centres de jeunesse. On veut travailler également sur la
prévention de la perte de logement pour les aînés qui perdent leur conjoint.
Donc, il y a toutes sortes de situations de
prévention qu'avec... que je travaille avec le comité interministériel pour
vraiment renverser cette tendance-là. Puis ça, je pense que ça va venir
s'ajouter à tous les efforts qu'on fait au niveau des refuges puis de
l'hébergement pour les personnes en situation d'itinérance.
Mme Gentilcore : Donc, pour le
15 avril, vous vous attendez à une hausse?
M. Carmant : Oui. Je pense
qu'il faut être réaliste, là.
Mme Gentilcore : O.K. Vous avez
parlé de 500 PSL et de l'accompagnement qui vient avec aussi tout à
l'heure, mais vous le dites sans relâche, puis je suis d'accord avec vous
là-dessus, ce dont on a besoin, c'est de plus de logements. Sur le terrain, ce
qu'on nous dit, c'est qu'il manque de logements. Puis, pourtant, on ne voit
aucun montant supplémentaire, là, au niveau de ces logements-là dans le budget.
Donc, qu'est-ce que vous avez l'intention de faire par rapport à ça?
M. Carmant : Oui. Bien,
exactement, le volet PHAQ vulnérable, on a... on a annoncé 500 portes, là,
il y a quelques... il y a quelques mois.
Donc, on pense en livrer au moins 200 cette... au cours de la prochaine année.
On travaille aussi dans d'autres volets, là, comme le projet PRISM, qui
est itinérance, santé mentale, où déjà on a garanti 300 mises en logement pour des itinérants avec problèmes de
santé mentale. Et on travaille avec le CIUSS du Centre-Sud, mais, pour
le nord de l'île, le CIUSSS de l'Est de l'île pour ajouter des lits PRISM. On
va ajouter huit lits pour femmes également à Mission Bon Accueil. Il y a
d'autres régions au Québec qui vont lever la main, comme Sherbrooke également.
Donc, dans ce programme PRISM, il y a non
seulement accès aux refuges puis aux soins en santé mentale, mais il y en a un
accompagnement en logement qui est garanti également dans l'argent qui est
réservé pour chaque individu qui rentre dans
ce programme-là. Et on pense que ça va faire une vraie différence pour la
cohabitation, pour la mise en logement et le maintien en logement. Puis
les résultats sont assez... très probants pour ce programme-là.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre.
Donc, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, à vous la parole.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Merci à ma collègue de Terrebonne. Je voudrais juste faire un peu
de pouce sur une de ses questions. On s'attend à une hausse de l'itinérance.
Qu'est-ce qui serait raisonnable, compte tenu
des mesures que vous avez mises en place au cours des deux ou trois dernières
années, comme pourcentage attendu de hausse? La dernière fois, c'était
44 %. Est-ce qu'on vise la moitié de ça ou 10 %?
M. Carmant : Bien, tu sais, en
politique, il ne faut pas faire de présomptions, là, mais, tu sais, on veut
moins. C'est sûr qu'on veut commencer à aplatir et même... tu sais, aplatir la
courbe. Ce que je peux vous dire...
M. Arseneau :
Mais, pour suivre la logique, si on déploie tous les efforts possibles
comme État du Québec et en collaboration avec les villes, mais que, malgré
tout, ça continue d'augmenter, l'objectif d'aplatir la courbe, c'est sur une
période de combien d'années selon les mesures que vous mettez en place? Pour
vous, là, l'objectif d'arriver à zéro puis commencer à reculer, c'est dans la
prochaine année? C'est dans les trois prochaines années?
M. Carmant :
Moi, je pense qu'il faut se donner un objectif de deux ans, qui serait
raisonnable.
M. Arseneau :
Pour arriver à stabiliser pour ensuite réduire?
M. Carmant :
Exact. Aplatir puis commencer à diminuer.
M. Arseneau :
Merci beaucoup. Je ne voudrais pas qu'on passe cette occasion-là sans
parler de santé mentale, évidemment. Et je vais aborder la question des délais
ou des personnes en attente hors délai. On a, selon le tableau de bord,
6 647 personnes, au 8 février, là, 2025, qui étaient en attente
hors délai. Sauf que, lorsqu'on regarde l'indicateur du plan stratégique
gouvernemental, ce n'est pas en nombre de personnes qu'on le calcule, mais
plutôt en proportion des usagers qui ont obtenu des soins. Et l'objectif, la cible
pour 2024‑2025, c'est 65 %. Pourriez-vous nous aider à réconcilier les
deux indicateurs qui ne disent pas la même chose, mais pour les mêmes personnes
qui sont en attente? Est-ce qu'on a atteint cet objectif-là de 65 %?
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le
ministre.
M. Carmant :
Oui, merci. Pour répondre directement à la question, là, on est sur le
bord, si on ne l'a pas atteint. Mais la raison pourquoi on a cet indicateur-là
également, c'est parce qu'après la pandémie, tu sais, il y a eu une explosion
de la demande en santé mentale, tant chez les jeunes que chez les adultes, qui
est restée très élevée, encore maintenant, surtout chez les adultes. Et nous,
on a déployé beaucoup de services de proximité, beaucoup de services
multidisciplinaires. Puis mon équipe a eu peur qu'il ne soit pas visible, là,
ça fait qu'ils m'ont fait une courbe qui montre l'impact de nos mesures sur les
délais en santé mentale, là — ça, c'est historique, là, ce qu'on voit — où,
dans la dernière année, on est passé de 16 500 personnes en attente à
12 000 personnes en attentes, à peu près, dont 6 000 que
vous dites hors délai, avec un délai médian d'autour d'une trentaine de jours.
• (15 h 30) •
Et je pense que le
plus bel exemple de ce qu'on parle avant, c'était... on disait que ça prenait
deux ans, là, quand je suis arrivé, en 2018‑2019, pour voir un psychologue,
puis là on parle de délai de six mois, là. C'est encore très long, mais on a
une autre stratégie aussi, que je pourrais vous expliquer, pour diminuer ces
délais pour l'accès à la psychologue et la psychothérapeute.
M. Arseneau :
Oui, mais, respectueusement, j'aimerais quand même qu'on puisse avoir une
traduction, dans le tableau de bord, des objectifs et des indicateurs qui sont
fixés dans le plan stratégique pour qu'on puisse justement vérifier à savoir si
ces objectifs sont atteints. Je vous crois sur parole sur l'atteinte du
65 %, mais on aura l'occasion d'y revenir à l'étude des crédits.
Mais, dans le même
sens, mais là on manque vraiment de temps, j'aurais aimé savoir si on
atteignait les objectifs concernant les services à la DPJ de la même façon, là.
Il y a un 53 % qui devait être atteint cette année, le tableau de bord
parle de 50 %...
La
Présidente (Mme Soucy) : Votre temps
est terminé. Désolée. Alors, ça ira...
Donc, le prochain
bloc, M. le député de Saint-Jérôme, je vous rappelle que vous avez un temps de
45 secondes, donc je vous invite à faire ça vite pour que M. le ministre
ait le temps de vous répondre, évidemment. À vous la parole.
M. Chassin : Bien oui, je ne pourrai pas prêter le temps à mon collègue
des Îles-de-la-Madeleine, malheureusement. Aire ouverte, on l'a institué il y a
maintenant cinq ans, 2019‑2020, je pense. Est-ce qu'on a une évaluation des
résultats que ça donne? Je pense qu'il y a des milieux où ça marche
relativement bien. Puis on a vu que ça peut être un programme que certains
peuvent remettre en question parfois. Mais est-ce qu'on a une évaluation? Et
est-ce que, cette évaluation-là, on compte la rendre publique?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
ministre.
M. Carmant :
Bien, la plus belle évaluation, c'est la diminution de la liste d'attente santé
mentale jeunesse, là, qui est autour de 2 000, là, qui elle aussi a
diminué de plus de 50...
M. Chassin : Dû à Aire ouverte spécifiquement ou...
M. Carmant :
Grâce aux services Aire ouverte.
M. Chassin : Puis donc cette évaluation-là, c'est juste le chiffre
global?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci
beaucoup. Le temps est terminé. Je dois maintenant procéder au deuxième bloc
avec l'opposition officielle, et je vous rappelle que vous détenez
8 min 6 s. Ça inclut évidemment les réponses de M. le ministre.
Alors, à vous la parole, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci,
Mme la Présidente. En premier lieu, est-ce que je pourrais demander au ministre
de déposer ce qu'il vient de nous afficher? Voilà.
M. Carmant : Je pense que je
vais même déposer celui-là.
Mme Prass : Oui. On va le
mettre sur le mur. Là, je vais changer de sujet un petit peu. On va aller...
bien, pour les personnes vivant avec un handicap ou sur le spectre de
l'autisme. Mon collègue vous a déjà posé une question à propos du
35 millions dans le budget pour rehausser le soutien à l'hébergement. Et
on voudrait savoir si cet argent-là va aussi
être disponible pour des projets qui émanent d'organismes communautaires et de
groupes familiaux, par exemple. Donc, vous le confirmez?
M. Carmant : Oui.
Oui, oui, d'abord et avant tout, même, la majorité des projets, là, pour les
personnes DI-DP-TSA vont être ceux qui sont du logement supervisé, là.
Mme Prass : Et est-ce que,
justement, cet argent-là va venir avec un assouplissement des critères? Parce
que, nous, ce qu'on comprend, c'est que, quand les groupes se rendent à la SHQ,
c'est très difficile pour eux de faire avancer leurs projets, parce qu'il y a
des critères rigides. Et souvent, justement, les projets d'organismes
communautaires ou de... ou familiaux ne rentrent pas dans ces cadres plus
traditionnels là. Donc, c'est beau que l'argent soit là, mais il faudrait aussi
que la volonté des programmes soit... reflète la réalité, justement, de ces
projets-là. Parce que, plus tôt ce mois, justement, j'ai déposé une pétition de
la Société québécoise de la déficience intellectuelle pour demander plus de logements alternatifs, parce que, bien, comme
vous le savez, comme chaque individu, vous et moi, quand on va chercher
un logement, que ce soit un appartement, une maison, on a un certain choix. On
va voir différents logements. On... Celui qui répond le plus à notre réalité
est celui qu'on va choisir. Souvent, les personnes avec une DI ou un TSA, ils
vont être sur une liste d'attente pendant plusieurs années, et là, après trois
ans, on va leur... on ne leur offrira pas, on va
dire : Voici le logement que nous avons pour vous, même si ça ne reflète
pas la réalité de leurs besoins et de leur condition. Alors, justement,
le but de ce projet, le but de cette pétition-là, c'était pour avoir différents
types d'hébergement qui répondent aux réalités de chacun. Ça peut être mixte,
ça peut être supervisé ou non, ou quoi que ce soit.
Et, justement, excusez-moi, je vais vous donner
une statistique. Une personne avec une déficience intellectuelle doit attendre
en moyenne 1 211 jours, donc plus de trois ans, avant d'obtenir une
place. En comparaison, entre 2013 et 2014, l'attente était de 767 jours,
donc une augmentation de 58 %, qui est énorme.
Et, comme vous le savez, il y a plus en plus de
personnes qui reçoivent un diagnostic, et l'inquiétude des parents aussi, qui
voient leur enfant devenir adulte, qui ont une certaine autonomie, mais qui se
disent : À un moment donné, moi, je ne serai plus là et je veux m'assurer
que mon enfant, justement, ait un lieu de logement et d'hébergement qui est
sécuritaire pour eux, qui pourrait l'être à long terme.
Les OSBL qui ont des projets d'habitation ont
fait des recherches pour démontrer que leur coût par porte était moins élevé
que ceux des RI, des RTF et des RAC. Donc, évidemment, ça... Était moins élevé
par porte les projets des groupes
communautaires que les RI, les RTF ou les RAC. Et, si le gouvernement a des
données sur les coûts des ressources, il devrait les rendre publiques,
justement, pour pouvoir faire ce travail en amont.
Donc, moi, ce que je vous demande, c'est...
Donc, je comprends, de ce que vous avez dit, pour le 35 millions, vous
êtes ouvert à ce qu'il y ait des projets, disons, alternatifs qui émanent des
organismes communautaires, etc., mais, comme j'ai dit, je pense qu'il serait
important que vous ayez une conversation avec votre collègue au Logement, parce
que les moyens financiers peuvent être là, mais la volonté de comprendre que
certains projets, même s'ils ne rentrent pas dans un cadre spécifique, ça ne
veut pas dire qu'on les jette à la porte, justement, donc, je pense qu'il y a
un travail qu'il faudrait qui se fasse. Je ne sais pas si c'est demandé au
ministère du Logement ou à la SHQ de s'asseoir avec les groupes communautaires
pour comprendre leur réalité, les projets qu'ils vont amener de l'avant pour
que, justement, ils soient prêts avec les critères des programmes pour que ce
soit un parcours plus facile, parce qu'attendre des années, de travailler... Des fois, on entend : Oui,
la SHQ va travailler avec nous, mais ça prend des années pour que ça aboutisse.
Donc, je pense que, pour que l'argent soit vraiment bien dépensé, il
faut que les critères également suivent les réalités des différents projets qui
vont aller de l'avant.
Donc, est-ce que vous vous engagez à parler à
votre collègue et qu'on ait... et qu'elle... lui demander justement qu'elle ou
la SHQ aie ces conversations-là avec les organismes qui vont être parmi ceux
qui vont amener des projets?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Avant de céder la parole à M. le ministre, est-ce que j'ai bien compris
que vous aviez demandé le dépôt du tableau?
Mme Prass : Exact.
La Présidente (Mme Soucy) : Alors, est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Je vous cède la parole, M. le ministre.
M. Carmant : Non seulement je
m'engage, là, mais je m'engage à l'amener à la table du comité interministériel.
C'est bon?
Mme Prass :
O.K.
M. Carmant :
Je ne peux rien dire de mieux que ça.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Il
vous reste 2 min 27 s, Mme la députée.
Mme Prass :
O.K. Là, je vais aborder quelque chose de façon vite. On va parler du
répit, pendant quelques minutes, et le programme que vous avez mis de l'avant
il y a quelques années.
Alors, on est dans la
troisième année, si je ne me trompe pas, sur cinq ans. Mais on a été informés
par plusieurs groupes sur le terrain, dépendamment de la région, que, dans la
première année du programme, il y a des régions qui n'ont reçu aucun argent. Il
y a des CIUSSS, des CISSS qui n'ont fait aucun appel d'offres. Et l'argent qui
n'a pas été dépensé, vous avez dit, en
période de questions, qu'il allait être remis dans les années antérieures. Et,
ensuite, vous avez dit que ça allait retourner dans le fonds consolidé.
Donc,
je vous donne l'exemple dans l'Estrie, qui devait recevoir un montant de
392 000 dollars par année, y compris la première année, qui n'a reçu
aucun argent pour cette région-là, qui n'a reçu aucun appel de projets de la
part du CISSS...
M. Carmant :
La première année.
Mme Prass :
...la première année. Qu'est-ce que vous répondez à ces régions-là, quand même,
qui avaient 10 millions de dollars sur la table la première année et qui
ont reçu zéro? Comment est-ce qu'ils vont se faire compenser pour cet argent, justement, qui n'a pas... qui
leur a même... Ils n'ont même pas eu la chance de proposer des projets pour
avoir accès à ces fonds-là.
• (15 h 40) •
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
ministre.
M. Carmant : Bien, écoutez, je suis...
Ça, c'est les règles du Trésor, là, tu sais. Je suis... Ce qu'il faut
comprendre, c'est que nous, on pensait qu'il y avait déjà des voies de passage
ou des voies comptables pour ce programme-là. Mais, en fait, ce que les établissements faisaient, c'est
qu'ils prenaient les sommes résiduelles de leur programme des DI-DP-TSA pour aider le répit dans leur région. Puis
malheureusement, certaines régions ont vraiment pris trop de temps, là. Donc,
en «retrospect», c'est difficile de faire quoi que ce soit pour... à ce
niveau-là. Je dois l'avouer.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Allez-y.
Mme Prass : Merci. Est-ce qu'il n'y
aurait pas... Est-ce que vous n'auriez pas pu faire, votre ministère...
s'assurer, par exemple, que tous les CIUSSS et les CIUSSS, à tout le moins, faisaient
un appel de projets? Parce qu'il y avait des projets qui étaient prêts.
Il y avait des organismes qui attendaient ces appels de projets justement pour
financer des programmes. Et je comprends que, ça, c'est un enjeu qu'on va
aborder lors...
La
Présidente (Mme Soucy) : Votre temps
est terminé, Mme la députée.
Mme Prass :
Merci.
La
Présidente (Mme Soucy) : Donc, la
commission ayant terminé cet échange, donc je remercie les personnes qui y ont
participé.
Et,
pour... pour permettre à la commission suivante de poursuivre, je vais... je
vous demande de quitter immédiatement la salle.
Et puis je vais
suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 42)
(Reprise à
15 h 46)
Le Président (M. Benjamin) :
Alors, bon après-midi à toutes, bon après-midi, et à tous. Nous sommes
réunis pour la commission plénière, qui
poursuit ses travaux sur l'étude des crédits provisoires pour l'année
financière 2025‑2026.
Finances
Au cours de la prochaine heure, nous allons
procéder à un échange entre M. le ministre des Finances et les députés de
l'opposition. Nous commencerons par les remarques préliminaires. Je vous
rappelle qu'un maximum de six minutes est alloué au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 2 min 59 s au
groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 1 min 58 s
au deuxième groupe d'opposition, 40 secondes au troisième groupe
d'opposition et 24 secondes pour l'ensemble des députés indépendants.
Remarques préliminaires
J'accorde immédiatement
la parole à M. le ministre pour ses remarques préliminaires. M. le ministre.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui. Est-ce qu'on reste assis, M. le Président?
Le Président (M. Benjamin) :
Bien sûr.
M. Girard
(Groulx) : Ah oui? O.K. Non, mais je manque d'expérience, là, aux
crédits provisoires c'est la première fois. On reste assis, bien assis. Et
puis, en tout, cet agréable exercice, combien de temps?
Le Président (M. Benjamin) :
Il dure une heure en tout.
M. Girard
(Groulx) : Merci. O.K. Alors, j'ai six minutes.
Le Président (M. Benjamin) :
...bien dit que ça va être très agréable.
M. Girard
(Groulx) : Pardon?
Le Président (M. Benjamin) :
Ça va être agréable.
M. Girard
(Groulx) : Très agréable. Bien, on va le vivre d'abord, puis je vous
en reparle. O.K. O.K. Puis là j'ai déjà gaspillé 30 secondes. C'est ça?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : D'accord. Alors, j'y
vais. Alors, pour ceux qui ont manqué le discours au huis clos, hier, je
vais m'en inspirer.
Alors, face à la
grande incertitude, le gouvernement se concentre sur la création de richesse
tout en protégeant les soins de santé et l'éducation. Il réitère aussi son
engagement à la saine gestion des finances publiques en présentant un plan de
retour à l'équilibre budgétaire.
Le conflit commercial
déclenché par la nouvelle administration américaine assombrit déjà les
perspectives économiques : pour 2025,
1,1 %; 2026, 1.4 %. À 1,1 %, on est directement sur la médiane
des économistes du secteur privé. Dans
notre scénario de référence, nous avons retranché 0,7 % de croissance sur
les deux années pour refléter l'hypothèse, l'incertitude qui est
ambiante, et, comme vous le savez, il y a déjà des tarifs sur l'aluminium et
sur les biens qu'on dit non conformes à l'accord de libre-échange, ce qui
correspond à peu près à 40 % des biens, incluant l'aluminium. Alors, on fait l'hypothèse — parce que, les économistes, on a besoin de faire
des hypothèses — on
fait une hypothèse qu'il y a des tarifs de 10 % qui sont en vigueur
pendant deux ans. Bien sûr, la situation va changer, mais on ne sait pas
l'ampleur des tarifs, l'étendue des biens,
la durée. Alors, c'est une hypothèse de travail, et il y a un scénario
alternatif où on a des tarifs de 25 % pendant deux ans.
C'est notre
responsabilité, comme gouvernement, d'aider à la transformation de l'économie
québécoise. Peu importe les décisions de la nouvelle administration la semaine
prochaine, la relation de confiance avec notre principal partenaire commercial
est affectée, et donc on doit aider l'économie québécoise à se transformer.
Alors, dans l'urgence, on a présenté le programme FRONTIERE, doté de
1,6 milliard de liquidités, pour appuyer la transition, 11 milliards de PQI, une augmentation de 7 %, et aussi on
est engagés, toutes les provinces, le gouvernement fédéral, le Québec, nous
sommes engagés dans un exercice de libéralisation de l'espace économique
canadien. Mais dois-je rappeler que c'est 40 millions de personnes, tandis
que l'espace nord-américain, c'est 500 millions de personnes? La
destination ultime est le rehaussement du potentiel économique du Québec en
stimulant l'investissement et l'innovation des entreprises afin de solidifier
leur position concurrentielle sur l'échiquier mondial.
• (15 h 50) •
Au total, dans le
budget 2025‑2026, c'est 5,4 milliards pour stimuler la création de
richesse, 2,6 milliards pour une fiscalité
propice à l'investissement et l'innovation, notamment avec les mesures
d'amortissement accéléré, puis on pourra
en reparler, parce que le gouvernement fédéral n'a pas déposé sa législation,
c'est problématique, mais on s'engage à mettre en place l'amortissement
accéléré dès que le gouvernement fédéral aura précisé ses intentions.
Également,
le nouveau crédit d'impôt pour la recherche, l'innovation, la
commercialisation, pilier de l'aide fiscale à l'Innovation, page 21 du
fascicule, un diagramme qui explique tous les changements qu'on fait, et ces
mesures-là ont été extrêmement bien reçues hier par la communauté des
affaires.
Il y a aussi 900 millions pour la
réalisation de projets d'entreprise, 759 millions pour favoriser l'apport
des régions, et j'annonce aussi 6,8 milliards pour soutenir les Québécois
à améliorer les services à la population.
Alors,
il me reste deux minutes, et je pourrais vous dire donc qu'au total il y a
12,3 milliards de mesures concentrées sur la création de richesse et la
protection des services publics, parce qu'il y a aussi 5 milliards pour la
santé et la réussite scolaire, qu'on a fait un examen fiscal où on a analysé
170 mesures depuis un an, et 170 mesures fiscales, M. le Président, c'est du travail, en un an, et, avec le ministère
des Finances puis plusieurs experts universitaires, avec les principes
d'équité, intégrité, simplicité, pertinence, bien, on recentre les activités du
crédit d'impôt Affaires électroniques, du crédit d'impôt relatif aux
ressources, on uniformise la taxe sur les primes d'assurance, on instaure une
contribution additionnelle sur les véhicules hybrides et électriques
rechargeables et on met fin à l'indexation du seuil d'admissibilité au FSS.
Il me reste une
minute, M. le Président, pour vous dire quoi?, que la saine gestion des
finances publiques... Je vais ralentir un peu, tiens. On dirait que le podcast
est à une fois et demie. Je vais... La saine gestion des finances publiques est
un élément essentiel d'un bon gouvernement. Nous déposons donc un plan de
retour à l'équilibre budgétaire, et les
gestes identifiés, il y en a. 2,6 milliards, incluant le gain de capital,
alors 2 milliards, si pas le gain de capital, en 2019‑2020. Il y a 3 milliards d'effort aux dépenses,
plus un 400 millions aux sociétés d'État. En tout, 6 milliards de gestes identifiés. Ça permet, assurément, de
revenir à l'équilibre comptable, et il faudra faire quelques efforts
supplémentaires pour avoir
l'équilibre budgétaire, après Fonds des générations, c'est extrêmement
important. Oui, le déficit est trop élevé, on s'en occupe, M. le
Président. Merci beaucoup.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre des Finances.
Discussion générale
Et,
sans plus tarder, je reconnais le député de Marguerite-Bourgeoys. Peut-être vous
rappeler que votre premier bloc est un bloc de 20 minutes.
M. Beauchemin : Merci beaucoup, M. le
Président. Merci, premièrement, là, à tous ceux qui sont ici aujourd'hui,
là, pour participer, là, à cet exercice.
Je
vais plonger directement dans le vif du sujet. Donc, de la façon que ça
fonctionne, M. le Président, c'est que je peux poser des questions, le
ministre répond à mes questions, mais j'ai un bloc de 20 minutes, c'est
ça?
Le Président (M. Benjamin) :
Exactement.
M. Beauchemin :
O.K. À l'intérieur de mon 20 minutes, il y a le temps de réponse du
ministre.
Le Président (M. Benjamin) :
Tout à fait.
M. Beauchemin :
D'accord.
M. Girard
(Groulx) : ...remarques préliminaires...
M. Beauchemin :
Non, moi, j'ai...
Le Président (M. Benjamin) :
Non, ils ont sauté leurs remarques préliminaires. C'est les questions, directe,
et échanges.
M. Beauchemin :
Je vais aller directement dans le vif du sujet.
Donc, les impacts de
l'administration Trump, comment est-ce que vous êtes arrivés spécifiquement,
là, à un tarif de 10 %? Je comprends,
j'imagine que c'est des conversations, là, mais j'aimerais... avec des
économistes, et tout, là, mais on voudrait comprendre le rationnel du
pourquoi qu'on en arrive à 10 %, vraiment clarifier ce chiffre-là pour les
gens qui nous écoutent.
M. Girard (Groulx) : D'accord. Bien, d'abord,
on a eu des tarifs annoncés le 4 mars, qui ont été suspendus le
6 mars. Ensuite, il y a eu les tarifs sur l'aluminium, puis l'acier, puis
il y a la menace du 2 avril. Alors, il y a un climat ambiant de menace,
d'incertitude, qui, essentiellement, gèle les décisions d'investissement des
entreprises, parce que tout le monde attend de savoir s'ils vont avoir accès au
gouvernement américain. Alors, bien que la menace n'est pas mise à exécution
pleinement, on a déjà des effets qui ralentissent l'économie québécoise, et ces
effets-là nous ont amenés à retrancher la croissance de 0,7 % sur deux
ans, pour arriver à 1,1 %, directement à la médiane de prévision des
économistes. Et donc on dit : En moyenne, cette incertitude-là, c'est
comme s'il y avait déjà des tarifs de 10 % sur l'ensemble des biens pour
une période de deux ans.
Maintenant, c'est une
hypothèse. La semaine prochaine, il va y avoir des faits. Le... Supposons qu'il
y a des annonces, un certain nombre de biens ou tous les biens, puis des
tarifs, mais, après ça, il va y avoir des négociations. Alors, par exemple,
pour finir, là, 10 % sur deux ans, c'est un peu comme 20 % sur un an,
ou 25 % pendant neuf mois, ou, si 25 % dure un an, c'est comme
12,5 % pendant deux ans. C'est une hypothèse de travail qui reflète
l'incertitude actuelle. Et on a un scénario alternatif, qui est un scénario où
il y a des tarifs de 25 % sur l'ensemble des biens pour deux ans, ça
provoque une récession. Mais ce n'est pas à nous d'annoncer des tarifs, pour la
semaine prochaine, de la nouvelle administration américaine.
M. Beauchemin :
Mais, si je comprends bien... Oui, M. le Président, est-ce que je dois
attendre...
Le Président (M. Benjamin) : Oui,
allez-y, allez-y, M. le député.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, si je comprends bien, M. le ministre, alors, le scénario initial, c'était
1,7 % de croissance. C'est ça?
M. Girard (Groulx) : C'est...
Bien, on est à 1,1 % puis 1,4 %. Vous pouvez rajouter...
M. Beauchemin : Avant le
10 %, là.
M. Girard (Groulx) : La
prévision actuelle, 1,1 % en 2025, 1,4 % en 2026. S'il n'y avait pas
cette incertitude ambiante, vous pouvez relever ça de 0,3 % chaque année.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, le 0,3 % sur le produit intérieur brut québécois, ça représente
combien en dollars?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est plus que la règle du pouce de dire : 1 %, c'est
1 milliard, parce que, présentement, il faut comprendre qu'il n'y a aucun
investissement qui se fait tant qu'on n'aura pas de certitude sur la demande
finale, c'est-à-dire l'accès au marché américain.
M. Beauchemin : Je comprends.
Donc, étant donné cette réalisation-là... étant donné cette réalité-là, de dire
que l'effet de 10 % sur l'ensemble des biens pour une période de deux ans,
ça, vous l'aviez donc quantifié comme étant l'équivalent de 0,3 % sur le
produit intérieur...
M. Girard (Groulx) : Oui,
0,3 % chaque année ou 0,4 % la première année et 0,3 % la
deuxième.
M. Beauchemin : O.K. Ça fait
que... Et, 0,3 %, grosso modo, là, si je vous entends, M. le ministre, on
parle approximativement de 300 millions de dollars?
M. Girard (Groulx) : Non. Ce
que je vous dis, c'est que, dans un autre monde, si on avait une baisse de
0,3 % du PIB, on dirait que... 1 %
c'est à peu près 1 milliard, grosso modo. Mais, ça, c'est une situation
particulière, là. On parle d'une
menace existentielle qui pourrait nous faire perdre accès au plus grand
consommateur au monde, alors l'effet est multiplié.
M. Beauchemin : O.K. C'est
parce que j'essaie juste... pour que les gens qui nous écoutent comprennent la justification de dire que ce qui se passe
actuellement, c'est comme si on avait des tarifs, là, de 10 %. Les tarifs
de 10 %, quel serait l'impact sur notre économie aujourd'hui? Si on
avait, là, deux ans de tarifs, 10 %, est-ce qu'on a eu une étude, est-ce
qu'on a quantifié?
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est que la question... pour répondre à
cette question, vous devez me dire : Est-ce que les tarifs sont
permanents? Parce que, si les tarifs de 25 % sont permanents, l'effet est
permanent. Alors, le pire des scénarios, c'est 25 % pour toujours,
ça, ce serait la fin de l'accord de libre-échange nord-américain, et puis, à ce
moment-là, la Banque du Canada a dit que les pertes de PIB potentielles
seraient de l'ordre de 4 % pour l'ensemble du pays, puis, au Québec, c'est
quelque part entre 2,5 % puis 4 %. Mais vous devez comprendre que,
contrairement à la COVID, où on a eu une
chute et un rebond, dans le cas où il y a des tarifs permanents, il y a une
chute, on repart sur un sentier de
croissance, mais on ne recroise jamais. C'est un effet permanent. Le PIB
potentiel du Canada est 4 % plus bas en permanence.
M. Beauchemin : Je comprends.
Ce que j'essaie... Où est-ce que j'essaie d'arriver, là, c'est que, pour en
arriver à 13,3 milliards de déficits,
on a pris... vous avez pris la supposition de base que c'est comme l'équivalent
des tarifs, 10 % sur notre
économie pour une période de deux ans. Là, est-ce que c'est parfaitement
linéaire durant la période de deux ans? Est-ce qu'il y a une certaine
élasticité qui se fait à l'intérieur de la période de deux ans? Je vous
entends, je ne vais pas m'inventer l'expert en «spreadsheet» pour vous
donner le chiffre exact, là, O.K., mais ce que vous dites, c'est qu'en bout de piste, ça, ça se traduit comme un recul de
0,3 %, 0,4 % du produit intérieur brut cette année, 0,3 %
l'année prochaine, grosso modo.
• (16 heures) •
M. Girard (Groulx) : Oui, mais
l'effet sur les revenus est plus élevé.
M. Beauchemin : L'effet sur le
revenu est effectivement beaucoup plus élevé, j'en suis certain.
M. Girard (Groulx) : Multiplié.
M. Beauchemin : Et
la raison pour laquelle l'analyste ou les analyses en sont arrivés à ça pour M.
et Mme tout le monde qui nous écoutent, c'est juste parce qu'ils se
disent : Bon, O.K., il n'y en a pas, c'est le meilleur scénario. 25 % à l'éternité, c'est le désastre total. Quelque
part entre les deux, on va sûrement trouver un terrain d'entente. Qu'est-ce qui
a laissé croire aux analystes qu'un certain terrain d'entente allait être
probable, d'où en arriver à dire : Deux
ans, 10 %? Quels sont les réflexes, hein, qui sont rentrés dans le «black box»
pour que ça donne le résultat deux ans, 10 %?
M. Girard (Groulx) : Très simple. Nous sommes
des économistes, on travaille avec des modèles économiques, l'ensemble de la
science économique dit que l'imposition de tarifs réduit la production et augmente
les prix. C'est universel. Oui, il y
a quelques personnes autour de Donald Trump qui disent que ce n'est pas le cas
mais, en général, neuf économistes sur 10 vont vous dire : Si vous
mettez des tarifs, la production baisse, les prix montent. D'ailleurs, les gens
sur qui je n'ai aucune influence, la Réserve fédérale américaine, les meilleurs
économistes aux États-Unis, la semaine dernière, ils disent : Étant donné toutes ces menaces de tarifs, ce climat
ambiant, ce yo-yo, on baisse la production en 2025 de 0,4 % puis on
augmente les prix de 0,2 %. Premier signal. Eux autres non plus ils ne le
savent pas ce qui va arriver le 2 avril, mais ils constatent qu'il y a une
menace, que c'est possible et que ça affecte la croissance.
Alors, réserve...
Alors, ce qu'il va se passer s'il y a des tarifs sur l'ensemble des biens et
services qui circulent en Amérique du Nord, mettons que c'est ça, là, tous les
biens, O.K, prenons Alcoa, là, elle produit de l'aluminium au Québec, vendu aux États-Unis, transformé aux
États-Unis, revendu en Europe, au Canada, partout dans le monde, Alcoa. Qu'est-ce que dit le président d'Alcoa au
président américain? Très mauvaise idée, les tarifs. On l'aime, nous,
l'aluminium cheap du Canada, O.K.? Ce n'est pas pour rien qu'on est installés
au Canada pour faire de l'aluminium, O.K.? Alcoa.
Alors,
s'il y a des tarifs de 25 % sur l'ensemble des biens qui circulent en
Amérique du Nord, voici ma prédiction de ce qui va arriver : une
récession en Amérique du Nord.
M. Beauchemin : D'accord. Et donc, basé
là-dessus, c'est ça qui a justifié que les tarifs vont donc être négociés.
Donc, ça se quantifie en 10 %, deux ans. Tout ça, là, c'est...
M. Girard
(Groulx) : C'est que la menace de tarifs vise à exercer une pression
sur le Canada pour obtenir des concessions géopolitiques, commerciales,
politiques. Et c'est certain que les États-Unis, c'est 10 fois plus gros
que le Canada, économiquement, alors l'accès
au marché américain vaut beaucoup plus au Canada que l'accès au marché canadien
pour les États-Unis, alors il y a une
pression qui s'exerce. La menace de tarifs, pour le Canada, elle est
existentielle. Alors, nous, ce qu'on
dit, c'est que, oui, la menace est présente, oui, elle a des effets, mais, à la
fin, puisque c'est mauvais pour les États-Unis, bien, le... j'hésite à
utiliser l'expression «le gros bon sens»...
M. Beauchemin :
Le gros bon sens.
M. Girard
(Groulx) : ...mais je présume qu'ultimement la raison va prévaloir.
Voilà.
M. Beauchemin :
Oui, d'accord. Mais donc, dans le contexte où est-ce que... bon, j'imagine
que les fondations sur lesquelles ce raisonnement-là a été conçu, c'est la
première expérience du premier mandat de Donald Trump, où est-ce qu'il a essayé
de faire quelque chose de similaire. On a vu, là, que, bon, il a dansé
rapidement, etc. On s'attend donc, grosso
modo, au même genre de réflexe. Il n'y a rien dans le comportement actuel de la
nouvelle administration Trump qui
laisse croire qu'on ne peut pas vraiment se baser... Est-ce que, vraiment, pour
lui, c'est important, là, qu'il y ait une récession mondiale,
nord-américaine?
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est-à-dire qu'on n'en a aucune idée, là, ce qui va
se passer la semaine prochaine.
M. Beauchemin :
Exact.
M. Girard
(Groulx) : On a parlé à l'ambassadrice du Canada à Washington, qui est
extrêmement compétente puis qui a rencontré ses équipes, puis on entend que,
mardi, les pays seraient peut-être en trois catégories, puis le Canada, on souhaite être dans la première
catégorie, celle que les tarifs seront moins élevés. Mais tout ça, là, c'est de
la spéculation, on va le savoir mardi. Alors, nous, il y a un scénario
alternatif qui suppose des tarifs de 25 %, pas permanents, pour
deux ans. On l'a, ce scénario-là, c'est une récession au Québec.
M. Beauchemin :
Oui. Puis pourquoi deux ans?
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est un choix, là, parce qu'à un moment donné il y
aura peut-être des élections de mi-mandat dans deux ans. Alors, on s'est arrêté
là.
M. Beauchemin :
O.K. Donc, ça, c'est la fondation.
L'autre aspect de
tout le calcul pour en arriver où est-ce qu'on en est, finalement, là, c'est
que ce ne soit pas supérieur à 25 %,
n'est-ce pas? Donc, ma question, c'est : Advenant des cas où est-ce que...
par exemple, on l'a entendu déjà, là, sur les produits agricoles, les
menaces de l'administration Trump, là, d'aller jusqu'à 250 %, voire
400 %, O.K.? Est-ce que ça, ça a été quantifié dans vos calculs?
M. Girard
(Groulx) : Bien, encore une fois, 25 % sur l'ensemble
des biens, c'est une moyenne. Alors, peut-être qu'il peut y avoir un
scénario où certains biens sont à 50 % puis d'autres biens ne le sont pas,
puis en moyenne, ça donne 25 %. On travaille avec
des hypothèses. Là, l'hypothèse, c'est 25 % sur l'ensemble des biens, dans
le scénario alternatif, avec des représailles sur des montants équivalents par
le Canada et pour deux ans. Puis, encore une fois, si c'est 50 % pendant
un an, bien, ça va être catastrophique, mais ça ressemble à 25 % pendant
deux ans.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, il vous reste moins de six minutes.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
qu'il aura un autre tour de parole après?
M. Beauchemin : Par la suite.
Le Président (M. Benjamin) : Éventuellement,
oui.
M. Girard (Groulx) : Éventuellement.
Parfait. Vous gérez ça d'une main de maître.
M. Beauchemin : Donc, juste
pour qu'on soit clairs, donc, l'industrie agricole, au Québec, ça représente
combien, approximativement, du produit intérieur brut en pourcentage?
M. Girard (Groulx) : C'est
petit. Je pense que c'est de l'ordre de 4 %. On va vous le trouver, vous
pouvez continuer avec vos questions.
M. Beauchemin : Donc, juste...
M. Girard (Groulx) : Je dirais
4 % du PIB.
M. Beauchemin : On reviendra
là-dessus.
Hier, vous avez dit que, bon, vous aviez mis en
place, là, des mesures spécifiques pour répondre aux menaces tarifaires pour
nos entreprises québécoises. J'ai, évidemment, vu la liste dans le livre du
budget, exactement, la page... je pense qu'on commence à la B.59, pour être
plus précis. J'aimerais ça, si c'était possible, que vous m'expliquiez...
Premièrement, bon, vous, vous dites que c'est 1 million...
1 milliard, quasiment 1,1 milliard de dollars. On parlait aussi, là,
de prévisions, là, pour incertitudes, mauvaises éventualités, vous avez
additionné, là, un 500 millions par rapport à ça. Donc, quand vous parlez,
là, spécifiquement, des mesures, à la page B.59, est-ce que ce serait
possible de nous expliquer, là, exactement, premièrement, la première, là,
«aide transitoire aux entreprises», 200 millions?
• (16 h 10) •
M. Girard
(Groulx) : Oui. Alors, ça, c'est ce qu'on appelle le programme
FRONTIERE, O.K.? Le programme FRONTIERE, c'est 1,6 milliard de
liquidités pour les entreprises. Alors, ça, c'est le montant notionnel de prêts disponibles, par exemple, au coût des fonds
du gouvernement, 3,50 %, qui est rendu disponible pour les entreprises
exportatrices qui auraient des difficultés, qui étaient profitables avant
l'imposition de tarifs et qui étaient en difficulté, un peu comme on a
fait durant la pandémie, adapté aux tarifs. Alors, lorsqu'on a 1,6 milliard
de notionnel, on a un impact financier de 400 millions en provisions de
crédit de 25 %.
M. Beauchemin : Oui, ça, je
comprends. Donc, ça, c'est relativement clair, là, que ça, c'est effectivement
une mesure spécifique pour aider, là, à la transition. Là, prolonger
l'amortissement accéléré, je veux dire, si Donald Trump n'avait pas été là, ça,
ça n'aurait jamais eu lieu.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, pour vous ramener en 2018, l'administration Trump a baissé
l'impôt des corporations, là, le TCGA, là, le Tax... en tout cas, peu
importe...
M. Beauchemin : Oui,
l'amortissement accéléré.
M. Girard
(Groulx) : ...et il a baissé
l'impôt des corporations aux États-Unis. Et là a commencé... On s'est demandé,
au Canada : On fait quoi? Est-ce qu'on
baisse l'impôt des corporations? Et on a décidé... puis j'ai eu plusieurs
discussions avec le ministre Morneau, à cette époque-là, on a mis
beaucoup de pression, le Québec, pour mettre l'amortissement accéléré. L'amortissement accéléré, c'est lorsque
vous faites des dépenses en capital, vous passez 100 % de la dépense la
première année, ça diminue votre coût après impôt de vos investissements et
donc ça multiplie le rendement net, O.K.? Et en 2018, avec M. Morneau, on
s'est entendu que, plutôt que baisser l'impôt des corporations, on allait
baisser le taux effectif uniquement sur les
nouveaux investissements, parce que l'amortissement accéléré, ça s'applique sur
les dépenses en capital. Donc, ça a été mis en 2018, ça expire en
décembre 2024.
Le fédéral, à la mise à jour, après nous avoir
dit qu'il n'allait pas le renouveler... alors, nous, on était harmonisé, ils
disent qu'ils ne le renouvellent pas, donc nous, on ne le renouvelle pas. Et
là, surprise, à la mise à jour, le gouvernement fédéral renouvelle
l'amortissement accéléré. Alors, on était vraiment surpris de ça. C'est
parfait. Il y a juste un problème, ils n'ont
pas déposé la législation cohérente avec leur volonté politique ou leur
affirmation. Ils ont ajourné la Chambre des communes, ils n'ont pas
déposé de projet de loi, alors ils créent de l'incertitude fiscale. Mais, nous,
ce qu'on dit, c'est que c'est une excellente mesure, et
on a provisionné les sommes pour harmoniser l'amortissement accéléré avec le gouvernement
fédéral lorsqu'il déposera sa législation.
M. Beauchemin :
D'accord. Donc, si ça n'avait pas eu lieu, on aurait été, donc, moins
compétitifs pour nos entreprises. Est-ce que
l'administration Trump, le deuxième mandat Trump, est... A-t-il une raison
d'être par rapport à ça? Je veux dire, ça, c'est quelque chose qu'on
aurait fait peu importe.
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est-à-dire que,
dans le TCJA, là, le... j'aimerais bien avoir l'expression du TCJA, là,
mais c'est Job Act, là, Tax... Tax Cut Job Act, quelque chose comme ça, tiens,
je vais me risquer, c'est... les... la diminution de l'impôt corporatif est
permanente. Et ce qu'on parle présentement, lorsqu'on dit : Monsieur... la
nouvelle administration veut financer ses baisses d'impôt, c'est les baisses
d'impôt pour les particuliers qu'ils veulent renouveler, extensionner et
peut-être même en faire d'autres, mais les baisses d'impôt corporatives sont
permanentes.
Le Président
(M. Benjamin) : Malheureusement, c'est tout le temps qu'il nous
restait pour ce premier bloc.
Nous
allons maintenant passer au deuxième bloc, qui revient au deuxième groupe
d'opposition. Donc, avant de céder la parole à Mme la députée de Verdun,
je vous rappelle que vous disposez de 17 min 45 s pour ce bloc.
Mme Zaga
Mendez : Merci, M. le Président. À mon tour de saluer M. le ministre.
Très contente d'être avec vous pour échanger sur le budget pour... et la
présentation qu'il a faite tout à l'heure.
J'aimerais ça
reprendre là où est-ce qu'on s'est laissés à la période des questions. Je pense
que vous avez bien entendu ma question ce matin. Ce qui m'inquiète énormément
dans ce budget-là, c'est lorsqu'on regarde les dépenses des... dans nos
services publics, quand on regarde l'évolution des augmentations prévues
dans... en santé, en éducation et qu'on le
compare avec qu'est-ce qu'on appelle les augmentations requises qui couvrent
les coûts de système qui sont capables de maintenir nos services publics. M. le
ministre, tout à l'heure, le disait, là, puis il a été très, très, très franc,
là, si on annonce, dans une semaine,
des tarifs comme tels qu'ils sont... tels qu'on entend dans les menaces de
M. Trump, là, on s'en va en récession partout, et je suis d'accord
avec lui, je pense que tout le monde a fait le même constat.
Mais, pour faire face
à cette récession-là, nos services publics et notre filet social doit être plus
fort que jamais. Et là je vais citer un
chiffre, puis je pense que M. le ministre va être capable de nous expliquer le
pourquoi. Dans le budget du Québec 2025‑2026, on prévoit une très
maigre augmentation de 2,2 % des dépenses pour le milieu scolaire, ce qui
ne serait même pas suffisant pour couvrir la hausse des salaires des
enseignants, là où ce qu'on a besoin plutôt d'une hausse de 4,7 %. Je vous
parle de cette année, l'année 2025‑2026. Pourquoi avoir seulement mis
2,2 % de hausse en éducation plutôt que le montant nécessaire pour offrir
des bons services à nos élèves?
M. Girard (Groulx) : O.K. Alors... Puis je
vais utiliser cinq secondes pour clarifier que l'agriculture, c'est 3 % de
l'économie du Québec, là, le secteur
bioalimentaire. Je m'excuse, mais c'est une question, je pense, qui est
pertinente pour tout le monde.
Alors, si vous prenez
la page F.41, dépenses de portefeuilles, Éducation, 2025‑2026, 2,2 %,
bien, ça frappe, mais regardez le chiffre à côté, là, lui, ça frappe
aussi : 14,7 % de croissance en 2025, 2024‑2025. Alors, il y a eu des
éléments non récurrents en 2024‑2025,
le plan de rattrapage suite aux grèves, l'offensive construction. Alors, ça,
ces éléments non récurrents là augmentent le dénominateur, et, lorsque
vous comparez le chiffre 2025‑2026 au chiffre 2024‑2025 et que le
dénominateur augmente, bien, le taux de croissance baisse, mais ce n'est pas
vraiment une baisse de taux de croissance,
c'est qu'il y a des éléments non récurrents. Alors, vous devez aller à la note 3
de la... 3, devrais-je dire, pas 3, note 3
de la page F.42, et là on explique que le 14,7 %, qui... en passant,
là, c'est fantasmagorique, là, 14,7 % de croissance en éducation en 2024‑2025, mais que, si on
l'avait ajusté, bien, ce serait 11,1 % pour enlever les éléments non
récurrents. Et donc, lorsqu'on... on peut rétablir les dépenses, et, dans
les faits, le 2,2 % serait, sans effet exceptionnel, 5 %.
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci pour la réponse, M.
le ministre. Je vais le ramener dans d'autres mots. Est-ce que...
L'augmentation de 2,2 % est-elle suffisante ou pas pour couvrir la hausse
de salaire des enseignants?
M. Girard
(Groulx) : Oui, suffisante pour couvrir les coûts de système.
Mme Zaga Mendez : Donc, pour vous... Puis
là je vais prendre votre parole, aujourd'hui. Donc, avec le 2,2 %...
M. Girard
(Groulx) : Vous pouvez prendre ma parole.
Mme Zaga
Mendez : ...je ne vais pas voir des chaînes autour des écoles dans les
prochains jours.
M. Girard
(Groulx) : Non.
Mme Zaga
Mendez : On n'aura pas des coupures dans les aides alimentaires, les
activités parascolaires.
M. Girard (Groulx) : Non, on
vient de bonifier l'aide alimentaire dans le budget, là. Les banques
alimentaires, je les ai vues hier, là, ils m'ont félicité pour le budget
Mme Zaga
Mendez : Je parle du secteur scolaire, M. le ministre. Dans le
dernier...
M. Girard (Groulx) : Bien, on
vient de signer une entente avec le fédéral pour bonifier l'aide alimentaire
dans les écoles.
Mme Zaga Mendez : Je veux juste
prendre... Je pose les questions, parce que, déjà, les acteurs en éducation nous le disent, ils sont sortis dans les médias
pour nous dire que le 2,2 % d'augmentation n'est pas suffisant, parce que...
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais ils ne sont pas sortis dans les médias
pour vous dire que 14,7 % c'était exceptionnel puis nous remercier,
là.
Mme Zaga Mendez : Non, parce
qu'on regarde le budget...
M. Girard (Groulx) : ...
Le Président (M. Benjamin) : On
va laisser à la députée de Verdun l'opportunité de poser sa question.
M. Girard (Groulx) : Vous avez
raison, M. le Président. Je m'excuse.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
Mme Zaga Mendez : Merci. On
regarde le budget, en ce moment, puis, nous, ce qu'on voit, c'est plutôt que
les augmentations en santé, c'est la même chose, en éducation, c'est celle qui
est plus préoccupante, parce que les acteurs
s'entendent pour nous dire que le besoin en éducation, c'est plutôt une hausse
de 4,7 %, on est 2 % en bas de ce qui est nécessaire, encore
une fois, par les acteurs de l'éducation pour être capable de couvrir les coûts
de système. Mais, le ministre, je vais juste prendre votre parole aujourd'hui,
vous nous assurez, là, que les coûts de système, pour l'année 2025‑2026,
vont être couverts avec ce 2 %.
M. Girard (Groulx) : Oui, bien,
je vous suggérerais de ne pas prendre ma parole juste aujourd'hui, là, en
général j'essaie toujours de répondre au meilleur de mes connaissances. Alors,
ce que je vous dis, c'est que, sans effet exceptionnel de base, en 2024‑2025,
la croissance en éducation rétablie ou ajustée est de 4,8 %, et ça couvre
les coûts de système, incluant les hausses de salaire.
Mme Zaga Mendez : On va parler
un peu de transport en commun, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mme Zaga Mendez : Là,
j'entendais, ce matin, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, nous dire qu'on
voit un recul en termes de financement dans
le transport collectif. «Dans le budget 2025‑2026, le ministre des
Finances — je la
cite, ici — accorde plus de 550 millions de dollars
sur 10 ans, mais ça, c'est une somme qui n'est pas seulement insuffisante,
mais c'est une réduction de 258 millions de dollars.» Est-ce vrai?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Je pense que c'est une question pour mon collègue
des Infrastructures, parce qu'elle parle de maintenance du métro de
Montréal, on est vraiment dans le domaine des infrastructures. Je ne sais pas
si le ministre responsable des Infrastuctures a été convoqué à ces crédits
provisoires. Je n'ai pas de raison de ne pas prendre la parole de la mairesse
de Montréal, qui dit qu'elle n'est pas satisfaite des sommes en maintenance
d'actifs du transport en commun dans le cadre du PQI, mais je n'ai pas les
chiffres avec précision, en toute honnêteté.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Verdun.
• (16 h 20) •
Mme Zaga Mendez : Je vais aller
de façon plus globale, là. On va reposer cette question-là au PQI, on va poser aussi au ministre... pardon, à la ministre
des Transports. C'est que j'ai montré ce tableau-là, tout à l'heure, ce matin, pour montrer... en fait, comment on va aller vers
des compressions et des coupures, étant donné que les budgets qui sont alloués
dans nos services de santé et sociaux, en éducation puis dans d'autres dépenses
ne suivent pas les augmentations nécessaires.
Moi, ce que je veux comprendre dans ce
budget-là, c'est qu'on a essayé d'appliquer la même recette, tout en étant devant une crise qui nous pend au-dessus de
la tête. Est-ce que le ministre est capable de nous promettre, aujourd'hui,
qu'il n'y aura pas des coupures puis d'austérité?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Mais
pouvez-vous préciser votre question?
Mme Zaga
Mendez : Bon, je vais la poser autrement. Est-ce que... Les coupures
de la CAQ qui vont s'en venir, parce que c'est ça qu'on voit avec les chiffres,
vont-elles être plus ou moins élevées que les coupures en 2015 par les
libéraux?
M. Girard
(Groulx) : O.K. Alors, je vais vous amener à la page F.43. F.43
explique que le taux de prévision des dépenses de portefeuille en 2025‑2026,
qui est identifié à 1,8 %, est influencé à la baisse par le dénominateur,
c'est-à-dire les éléments extraordinaires de dépenses en 2024‑2025. Une fois
ajusté pour ces éléments extraordinaires, c'est expliqué à la page F.43,
le taux de croissance des dépenses est de 3 %. Lorsqu'il y a eu de
l'austérité au Québec au début des années 2015‑2016, en moyenne, il y a eu
1 % de croissance de dépenses. Là, je vous dis qu'en 2025‑2026 il y aura 3 % de croissance des dépenses. Il
y a donc un ralentissement dans la croissance des dépenses, mais il n'y a pas d'austérité
au sens où vous l'entendez.
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga
Mendez : Je vais avancer parce que je pense qu'il me reste de moins en
moins de temps.
Une autre colonne qui
nous intéresse, bien sûr, c'est la colonne des revenus. Et j'aimerais ça vous
entendre sur la réforme qui entoure le gain en capital, et je vais être très
précise, parce que, on est au courant, il y a eu beaucoup de changements
entourant le rehaussement des taux d'inclusion du gain en capital. Cependant,
il y a un élément dans cette réforme qui prévoyait également l'augmentation de
ce qu'on appelle le plafond d'exonération, c'est-à-dire est cumulatif, donc des gains en capital et SGCC.
Donc, on parlait d'un plafond de 1,25 million à compter du 25 juin
2024. Ainsi, il avait aussi
l'introduction d'un nouvel incitatif aux entrepreneurs canadiens. Autrement
dit, c'est qu'on n'a pas appliqué l'exception du gain en capital, les
changements, mais ils semblent avoir... on semble avoir gardé les exclusions concernant certains types de gains en capital pour
permettre de ne pas payer aucun impôt sur ces gains qui ont continué d'être
rehaussés. Est-ce que c'est exact? Est-ce
qu'on a gardé des exceptions tout en ne pas appliquant la mesure du... par le
fédéral?
M. Girard
(Groulx) : Bien, en fait, vous savez, en matière de fiscalité, c'est
important d'être très précis, là, c'est pour ça qu'il y a des bulletins
fiscaux, il y a les lois, il a la loi de l'impôt. Alors, si vous allez à la
page D.38 du budget, vous voyez que la
hausse du taux d'inclusion de gains de capital... Et par ailleurs je n'ai
aucune félicitation à faire au gouvernement fédéral, qui a encouragé les
gens à transiger avant juin 2025 pour ne pas subir la hausse de taux d'inclusion. Il y a eu des vraies transactions, là,
des ventes de compagnie, etc., et soudainement on change d'avis, puis, bon, voilà.
Alors, si vous regardez la ligne «hausse du taux d'inclusion», bien, ça vaut
2,2 milliards, mais, vous avez raison, il y avait aussi des
assouplissements qui, eux, valent 350 millions. Et vous avez raison de
poser la question : Est-ce que vous
renversez seulement la hausse du taux d'inclusion ou si vous renversez aussi
les assouplissements? Mais la réponse, c'est qu'on ne le sait pas, parce
que c'est une promesse électorale floue qui dit : On va renverser le gain
de capital. Mais ça prend une législation, ça prend des faits, ça prend le
dépôt d'un bulletin fiscal à une loi qui est adoptée, et on saura qu'est-ce qui
se passe. Pour l'instant, on a des promesses électorales. Les deux partis en
tête dans les sondages ont dit qu'ils
avaient l'intention de renverser la hausse du taux d'inclusion de capital, mais
on ne sait pas si ça inclut de renverser les mesures d'atténuation. En
fait, on ne sait rien.
Mme Zaga
Mendez : Alors, de ce que je
comprends, on va suivre le fédéral, peu importe ce que le fédéral fait.
M. Girard
(Groulx) : On va être
harmonisé, comme on l'a toujours été, au niveau du gain de capital au Québec.
Comme toutes les provinces, on s'harmonise avec
le gain de capital du fédéral. Le traitement... il y a eu cinq à six
changements depuis la création du taux de gain de capital. Ça remonte à
Robert Bourassa, Brian Mulroney, le Québec a toujours été harmonisé.
Mme Zaga
Mendez : Merci. Donc, pour juste finir cet aspect-là, ce que me dit le
ministre, c'est qu'il serait peut-être à
l'aise qu'une mesure qui visait, à l'origine, de demander une contribution
supplémentaire à certains contribuables qui sont plus nantis puis aisés dans la société, va aussi... pourrait se
transformer, en même temps, en une forme de cadeau à ce dernier si on laisse de côté l'état
d'inclusion, mais on continue avec les allègements? Est-ce qu'il est à l'aise
avec ça?
Le Président
(M. Benjamin) : M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Bien, puis pour ajouter à votre description de la scène,
vous pourriez même avoir les mêmes ministres qui défendaient la hausse
d'inclusion qui hochent de la tête lorsqu'on propose de la renverser, là, ça fait que ce n'est pas particulièrement élégant.
Alors, ce que je vous dis, c'est qu'en matière de fiscalité ça prend de la clarté,
des lois, de la législation, puis que le gouvernement fédéral, dans ce
dossier-là, ne nous l'a pas fournie, mais j'imagine qu'après l'élection il y aura
un budget puis il y aura de la clarté.
Mme Zaga
Mendez : Combien de temps qu'il me reste?
Le Président
(M. Benjamin) : Il vous reste moins de cinq minutes, Mme la
députée de Verdun.
Mme Zaga
Mendez : Moins de cinq minutes, O.K. J'allais... J'ai trois questions.
En moins de cinq minutes, je pense qu'on est capables.
La première, c'est l'abolition du
bouclier fiscal. Ça touche des personnes à revenus modestes. On parle d'environ
140 000 personnes qui... en moyenne, bon, ils vont perdre 244 $
par contribuable. Est-ce que vous avez fait une autre mesure semblable, de la
même ampleur ou similaire, qui vient toucher ou qui est équivalente pour les
personnes à revenus, là, plus élevés? Parce que, nous, ce qu'on voit avec
l'abolition du bouclier fiscal, c'est que ça vient de toucher vraiment les
personnes à revenus modestes.
M. Girard
(Groulx) : En fait, pour le bouclier fiscal, ça a été créé à la
suggestion de la commission sur la fiscalité de M. Godbout, en 2015, du
gouvernement précédent. Et cette année, dans le cadre des consultations pour l'examen des dépenses fiscales, la chaire en
fiscalité a admis que c'était une mesure complexe que personne ne comprenait,
et elle-même a suggéré que, plus qu'une mesure fiscale n'est pas comprise, on
devait l'abolir.
Mme Zaga
Mendez : Je vais poser une autre question, je n'ai pas beaucoup de
temps. Le ministre m'explique c'est quoi, la mesure, mais il ne me répond pas à
la question de base, je... avec le temps qu'il nous reste, là... On parlait,
tout à l'heure, des tarifs. Il va y avoir, peut-être des, contre-tarifs de la
part du gouvernement canadien, j'aimerais ça entendre le ministre, parce que,
là, il faut aller chercher de nouveaux revenus, on n'a pas le choix. Bien sûr,
moi, j'ai plusieurs propositions comment... Puis il aurait pu, le ministre,
aller chercher, dans des impôts de la fortune en touchant des personnes qui sont beaucoup plus riches. Il ne
va pas là, la CAQ ne souhaite pas aller là parce que ça va contre leur vision
économique, là. Nous, on pense qu'on est dans le moment d'aller chercher des
nouveaux revenus, plus que jamais, chez les personnes les plus
fortunées.
Mais je vais finir
avec la question des tarifs. Est-ce que le Québec a officiellement formulé une
demande au gouvernement du Canada d'obtenir une part des recettes des douanes
qui vont découler des contre-tarifs canadiens? Est-ce que cette discussion-là a
eu lieu?
M. Girard
(Groulx) : Oui, l'ensemble des provinces canadiennes ont demandé au
gouvernement canadien, lorsqu'il aura des revenus associés à des contre-tarifs,
de redonner l'argent collecté aux industries qui sont affectées par les tarifs à l'exportation des États-Unis.
Alors, l'argent n'irait pas au gouvernement du Québec comme aux industries
qui sont affectées par des tarifs du gouvernement américain.
Mme Zaga
Mendez : Et comment vous allez le redistribuer, directement dans
l'industrie?
M. Girard (Groulx) : Bien, par exemple, là,
supposons qu'il y a des tarifs qui impactent grandement l'industrie
forestière, alors il y aura de l'argent pour les entreprises de l'industrie
forestière.
Mme Zaga
Mendez : Pardon?
M. Girard
(Groulx) : Les revenus des contre-tarifs canadiens seront distribués
aux compagnies qui sont affectées par les tarifs dans l'industrie du secteur
forestier.
Le Président
(M. Benjamin) : Il vous reste 1 min 30 s, à peu
près.
Mme Zaga
Mendez : En 30 secondes, je peux poser une dernière question.
Le Président
(M. Benjamin) : 1 min 30 s.
Mme Zaga
Mendez : Oui. Il y a une mesure concernant les biens possédés à
l'étranger. Le projet... le budget prévoit l'introduction d'une nouvelle
obligation de déclaration des biens étrangers. Quel est, actuellement, le
traitement fiscal de ces biens à l'étranger qui sont détenus à l'extérieur du
Canada? Donc, comment on va traiter fiscalement suite à la déclaration? Est-ce qu'on envisage également des pénalités dans le
cas de non-respect, parce que... on va se le dire, pour être assez
dissuasif envers les contribuables qui possèdent des biens à la hauteur de
millions de dollars, je ne sais pas, une villa aux Bahamas... Comment est-ce
que le ministre compte traiter, fiscalement, ces biens-là?
• (16 h 30) •
M. Girard (Groulx) : O.K. Alors là, il faut
consulter les renseignements supplémentaires, section B, page B.4, 1.1,
«assurer la déclaration des biens détenus à l'étranger». Alors, il y a déjà
cette obligation au gouvernement fédéral, et on vient l'imposer au niveau du
gouvernement du Québec, alors ça permet à Revenu Québec d'avoir une meilleure
transparence sur les biens à l'étranger qui, évidemment, doivent être déclarés
par les contribuables canadiens.
Mme Zaga
Mendez : Et, une fois qu'on le sait, qu'est-ce qui arrive?
M. Girard
(Groulx) : Bien, il y a... ça dépend de c'est quoi, la nature des
biens, puis etc., mais en général vous payez d'abord un impôt à l'étranger et
puis il peut y avoir un impôt additionnel au Canada. Chaque bien est différent,
puis ça dépend où il est détenu, quel est le taux de taxation.
Mme Zaga
Mendez : Et qu'est-ce que c'est, la part qui reviendrait au Québec?
Le Président
(M. Benjamin) : Malheureusement, c'est tout le temps qui était
imparti pour ce bloc. Merci, Mme la députée de Verdun.
M. Girard (Groulx) : Est-ce que
je peux apporter une clarification?
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
pas dans ce bloc, malheureusement, non.
Alors, nous allons passer au prochain bloc, qui
revient au troisième groupe d'opposition, et je vais céder la parole au chef du
troisième groupe de position, en vous indiquant que vous avez
7 min 24 s.
M. St-Pierre
Plamondon : Donc, 7 min 24 s. Merci, M. le
Président. Vous comprendrez que, dans les circonstances, je vais me
limiter à deux questions et demie. Je demande une collaboration, là, pour qu'on
aille à l'essentiel de ces questions-là.
Je commence d'abord par dire que j'ai beaucoup
de respect pour le ministre des Finances. Je pense que, globalement, c'est un
bon ministre et qu'il doit, par contre, composer avec des mauvais choix de son
premier ministre ou de certains ministres qui ne sont plus là, comme Pierre
Fitzgibbon, ce qui n'est pas toujours une tâche facile et une tâche que je dois
lui demander de faire aujourd'hui, à commencer par l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont. On sait que c'est un hôpital qui tient avec de la broche,
mais pas l'expression, littéralement, avec de la broche. L'est de Montréal a
toujours été laissé pour compte en termes de proportion de soins, d'ambulances,
les locaux, je les ai visités, ça n'a aucun sens. Et là on apprend,
aujourd'hui, hier, en fait, que le projet demeure au stade de planification. Et
on regarde le PQI, et il y a plein d'autres projets à travers le Québec qui,
eux, avancent en phase de réalisation.
Ça ressemble drôlement à une décision politique.
Ça ressemble à un abandon, un nouvel abandon des gens de l'est de Montréal, et ça se fait dans un contexte
où le gouvernement de la CAQ a dit très clairement, en septembre 2023,
qu'on procédait, qu'on allait faire cette rénovation-là. En juin 2024, je
rappelle également que le CIUSSS de l'Est-de-l'île-de-Montréal a confirmé que
les plans, les devis, tout est terminé, tout est prêt.
Donc ma question, là, ma première, elle est
simple : Parce que les citoyens de l'est ne sont pas des citoyens de seconde zone, parce que les citoyens ne peuvent
pas attendre davantage, c'est évident pour quiconque visite cet hôpital-là,
est-ce que le ministre peut s'engager à
démarrer le chantier à l'été 2025, tel que promis à l'origine par son
gouvernement?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors, je prends une seconde pour la précision. C'est évidemment les revenus
qui sont taxés, et non les biens. Je reviens à votre question. Le fait que le
projet est en planification, ça ne veut pas dire qu'il ne sera pas en
réalisation. Ça veut simplement dire qu'il n'est pas prêt à passer en
réalisation. C'est un projet qui est extrêmement important, je suis d'accord
avec vous. Le ministre dirait la même chose, et c'est notre intention de
s'occuper de cet hôpital, c'est indéniable.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
il est prêt, donc c'est quand? Parce que tout est prêt, là. En juin 2024, le
CIUSSS a confirmé que tout était fini, tout est prêt, on est prêt à aller en
réalisation, mais le PQI ne dit pas ça. Vous allez en réalisation à quel
moment, donc?
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est
une question, définitivement, pour le ministre de la Santé ou le ministre des
Infrastructures. Je n'ai pas la capacité de vous donner la date précise, mais
les travaux sont en cours de planification.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
dernière question là-dessus : Vous, vous me dites que vous ne le savez
pas.
M. Girard (Groulx) : Je n'ai
pas la date. Vous, vous cherchez une date précise, à quel moment il va passer
de planification à réalisation. Je n'ai pas cette réponse.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le chef du troisième groupe d'opposition.
M. St-Pierre Plamondon : Sur le
déficit de 13,6 milliards, je me suis... j'ai consacré du temps, je suis
retourné à votre lancement en politique, en 2018, et j'ai trouvé la citation
suivante, qui vous ressemble, et c'est à votre honneur : «Je fais partie
des économistes qui croient que l'équilibre des finances publiques est
essentiel pour faire face au vieillissement de la population et investir
davantage en éducation et en innovation, qui sont les facteurs clés de création
de richesse.» Donc, ma question au ministre, M. le Président, elle est
simple : Est-ce qu'il trouve que son gouvernement est en phase avec sa
propre philosophie qui l'a incité à aller en politique, c'est-à-dire la saine
gestion des finances publiques?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui, M. le
Président. Puis c'est certain qu'il y a une différence entre théoriser sur la
politique et être dans l'action, je pense qu'on le sait tous. Il y a eu une
pandémie qui a amené des dépenses qu'on avait crues temporaires. On a vraiment
relevé le niveau de dépenses en santé. Et ce qu'on a appelé des... Il n'y a
rien de plus permanent que des dépenses temporaires. Ça, c'est une des choses
que j'ai apprises en politique.
Ensuite,
il y a eu une période d'inflation de 7 % à 8 %. Ce n'était pas prévu.
Ensuite, je savais, mais je n'en connaissais
pas l'implication... Je savais que le gouvernement du Québec payait moins ses
employés que le gouvernement fédéral puis les municipalités. Ce que je
ne savais pas, c'est que ça allait nous rattraper au plein emploi. C'est que, lorsque le taux de chômage était à 9 %,
c'était possible, pour le gouvernement, de moins payer, mais là, en plein
emploi, le... Il a dû y avoir un rattrapage dans le niveau des salaires
des employés des services publics.
Puis, après ça, il y
a eu la forte croissance de population, en 2023-2024, mais c'est certain que,
quand vous avez 3 % de croissance de
population, bien, ça a un effet sur la demande dans les secteurs de la santé
puis de l'éducation.
Bref, de mon bureau
de trésorier d'une grande banque, j'avais des opinions qui manquaient
d'expérience sur le terrain. Et là, bien, il y a eu une pandémie, puis il y a
eu une période d'inflation, puis là il y a une menace existentielle. Mais ce
n'est pas particulièrement... ce n'est pas facile, le service public.
Le Président
(M. Benjamin) : Deux minutes, M. le chef du troisième groupe
d'opposition.
M. St-Pierre
Plamondon : Sur la pandémie, je ferai simplement la remarque, M. le
Président, qu'en 2022 on est retourné en
situation budgétaire très confortable, un surplus. Donc, tu sais, le lien de
causalité... Il y a des facteurs sur lesquels
je suis entièrement d'accord, par exemple, l'accroissement de la population,
qui est, d'ailleurs, une politique largement attribuable au fédéral.
C'est un sujet sur lequel on ne s'accorde pas, moi, je pense qu'on devrait être
indépendant. Mais je reviens sur la philosophie politique. Vous avez également
dit la chose suivante à l'époque : «Mes rencontres avec François Legault
et son équipe m'ont convaincu qu'à la CAQ il y a une réelle volonté de
changement, notamment dans la gestion de nos finances publiques. L'équilibre
des finances publiques est essentiel pour faire face au vieillissement de la
population, etc.»
Donc, c'est le
premier ministre, j'imagine, qui vous a convaincu de cette réelle volonté de
bien gérer les finances publiques. Est-ce qu'un déficit historique, avec les
aléas et les risques devant nous, là, un déficit historique à 13,6 milliards, est-ce que vous trouvez que
c'est cohérent avec une volonté de... à l'origine de faire le ménage et d'avoir
une gestion prudente?
Le Président
(M. Benjamin) : M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Bien, d'abord, le déficit historique, là, que vous dites
historique, là, O.K., en proportion du PIB,
ce n'est pas un déficit historique. Mais allons à l'essence des choses. Il y a
une menace existentielle présentement. Alors, on rehausse les
provisions, on a 2 milliards de provisions. Je n'ai jamais eu autant de
provisions dans un budget, même durant la
pandémie. Ensuite, on est obligé de faire l'amortissement accéléré,
l'innovation, de mettre le Programme FRONTIERE, de donner de l'argent à Investissement
Québec. Ça, c'est un autre milliard. Alors...
Et tantôt vous avez
dit : 2022, on est revenu au bon endroit. Vous avez raison, mais c'est à
partir de 2000. Les négociations avec le secteur public ont eu un impact
important sur le niveau de dépenses, là, il ne faut pas s'en cacher. Il y a eu
un rehaussement permanent...
Le Président
(M. Benjamin) : Malheureusement, malheureusement...
M. Girard
(Groulx) : ...de la dépense en ressources humaines au gouvernement du Québec.
Le Président
(M. Benjamin) : Malheureusement, c'est tout le temps imparti pour
ce bloc. Merci au chef du troisième groupe
d'opposition. Le prochain bloc revient au député de Saint-Jérôme, à qui je cède
la parole, et lui rappelle qu'il dispose de 45 secondes.
M. Chassin : Secondes.Et j'ai vu qu'il y avait, et dans le
budget et dans le discours, une section sur le bilan de l'examen pour améliorer
la fiscalité, l'examen des dépenses fiscales. Où est l'examen des dépenses
budgétaires? Est-ce que je l'ai manqué?
M. Girard
(Groulx) : Il est dans la stratégie de gestion de dépenses,
livre 1.
M. Chassin : Volume 1. Puis est-ce que, quand vous avez cité, à la
Chaire de fiscalité et finances publiques... en disant : Peut-être deux
tiers, un tiers, est-ce que le ratio est respecté entre les réductions de
dépenses?
M. Girard (Groulx) : On est plus... bien,
présentement, ce qu'on a montré, puis je ne vous donnerai pas la page, là,
parce que vous n'avez pas beaucoup de temps...
Le Président
(M. Benjamin) : Malheureusement...
M. Girard
(Groulx) : Non, mais je dois finir ma réponse.
Le
Président (M. Benjamin) : Non, malheureusement, M. le ministre, c'est le
temps imparti au bloc. Malheureusement,
je dois me cantonner au temps qui nous est imparti. Donc, je vais... le
prochain bloc revient à l'opposition officielle,
et je vais céder la parole au député de Marguerite-Bourgeoys, en lui rappelant
qu'il dispose de 8 min 6 s pour ce bloc.
• (16 h 40) •
M. Beauchemin : Je donne
25 secondes au ministre pour répondre.
Le Président (M. Benjamin) : Allez-y.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Page F... Moi, je voulais lui en donner sept, ça fait que vous êtes
généreux. Page F.65. Alors, il y a 2,6 milliards dans les dépenses
fiscales, mais, là-dessus, je pense qu'il faut dire qu'il y a 600 millions
de gain de capital, donc ex-gain de capital, 2 milliards... ça, c'est en
dollars 2029‑2030, 400 millions aux sociétés d'État, 3 milliards
aux dépenses. Donc, on serait à deux cinquièmes, 40-60.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : F.62 à
F.65. Merci beaucoup, M. le député, c'est très fair-play.
M. Beauchemin : Donc, je
retourne à ce qu'on... Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Allez-y, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Je retourne à l'exercice que je voulais faire, donc, de passer à
travers la page, là, B.59, et je ne suis pas certain qu'on va être capable de
passer à travers les six pages de votre 1,1 milliard, mais allons-y avec quelques exemples. En quoi
est-ce que poursuivre la transformation numérique, 6 millions de dollars,
aide, là, à faire face, là, aux menaces tarifaires?
M. Girard (Groulx) : Bien, on
va aller lire... B.11, alors, B.11, Poursuivre la transformation numérique. «Le
gouvernement du Québec a démarré l'offensive de transformation numérique en
2020 afin d'encourager les entreprises à hausser leur productivité grâce à des
investissements visant l'automatisation, l'intégration de l'intelligence
artificielle dans leurs activités et le passage au numérique. Dans le cadre du
budget 2025‑2026, le gouvernement annonce 14 millions de dollars sur trois ans afin de poursuivre l'offensive
de transformation numérique et soutenir les entreprises dans leurs
efforts visant à accroître leur productivité.»
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, on n'aurait pas fait ça, poursuivre ce programme-là, si Donald Trump
n'avait pas fait ses menaces tarifaires?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, si on avait été obsédé, par exemple, si la priorité, ça avait
été le déficit, là, si on avait dit qu'est-ce qu'on peut couper, peut-être
qu'on aurait mis moins que 14 millions, peut-être qu'on aurait...
peut-être qu'on ne l'aurait pas fait, tout simplement.
M. Beauchemin : Faciliter le
repérage des produits québécois, ça ne fait pas partie du rôle permanent du
gouvernement, de faire la promotion du terroir québécois?
M. Girard (Groulx) : Non, non,
non. Ce n'est pas le terroir, là, c'est, par exemple, l'aluminium, là, de dire
sa provenance, ou etc.
M. Beauchemin : O.K. Donc, ça,
ici, c'est quelque chose que...
M. Girard
(Groulx) : Vous savez, aux États-Unis, de ces temps-ci, il y
a des choses... il y a une certaine animosité envers le Canada dans
l'administration américaine, mais encore plus envers la Chine. Alors, dans
certains produits, c'est important de démarquer que le produit est de...
qu'il n'y a pas de composante chinoise, etc.
M. Beauchemin : Renouveler la
stratégie québécoise des sciences de la vie, 15 millions de dollars. En
quoi est-ce que ça, ça aide face aux tarifs de Donald Trump?
M. Girard (Groulx) : Bien, les
sciences de la vie, c'est un des cinq secteurs stratégiques du Québec. On a une
expertise là-dedans et on sait qu'un... C'est un des secteurs qui a été
identifié par l'administration américaine comme voulant rapatrier la production
pharmaceutique aux États-Unis. Donc, c'est une industrie stratégique québécoise
qui a besoin d'aide.
M. Beauchemin : Ça fait que,
sans Donald Trump, on n'aurait pas aidé notre fleuron?
M. Girard
(Groulx) : Bien, certainement, avec Donald Trump, on a jugé
nécessaire de renouveler cette stratégie.
M. Beauchemin : Renouveler le
soutien à Finance Montréal...
M. Girard
(Groulx) : Ça, il n'y a pas de lien.
M. Beauchemin :
O.K. Mais c'est quand même dans la liste de votre tableau de la page...
M. Girard (Groulx) : Oui, mais c'est parce
qu'à un moment donné il faut placer les choses dans le budget, là, puis
c'est 2 millions en tout par année.
M. Beauchemin :
Automatiser les processus de l'État, 10 millions.
M. Girard
(Groulx) : Attendez, là, vous êtes à... toujours à B.59?
M. Beauchemin : Bien là j'ai... moi, j'ai
une feuille indépendante, là, mais, effectivement, là, à partir de la
page B.59, et ça descend, là.
M. Girard (Groulx) : O.K., bon, Finance
Montréal, là, c'est 2,3 millions sur cinq ans, alors non, ça n'a pas
de lien, c'est dans la section Accroître notre capacité à innover, qui
totalise 600 millions, 604 millions.
M. Beauchemin :
Automatiser les processus de l'État...
M. Girard
(Groulx) : Oui, bien ça, il faut innover, pas seulement dans les
entreprises, mais il faut innover aussi au gouvernement.
M. Beauchemin :
Encore la question : Si Donald Trump n'avait pas été là, on n'aurait
pas...
M. Girard
(Groulx) : Non, bien, la section... la section Accroître notre
capacité à innover n'est pas particulièrement reliée à Donald Trump, mais la
réforme du crédit d'impôt à l'innovation, oui, là, quand on va à la
page 21 du fascicule, où on abolit huit crédits d'impôt. Donc, ça,
définitivement, là, le premier 272 millions du 600... 604 millions,
lui, est directement relié à des menaces de l'administration américaine.
M. Beauchemin :
Mais — pardon — l'objectif,
ici, c'est de vraiment aider nos entreprises à faire face à la menace
tarifaire, n'est-ce pas?
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Beauchemin :
O.K. Donc, c'est vraiment processus de l'État.
M. Girard
(Groulx) : Mais c'est ça que je vous dis, ça ne fait pas partie de ça.
M. Beauchemin :
O.K. Réformer la gouvernance des infrastructures technologiques,
2 millions.
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est le MCN, même
chose, pas particulièrement pertinent à la menace, mais définitivement
des choses qu'on doit faire, avoir un état plus productif.
M. Beauchemin :
Là, je ne veux pas que le chef du
troisième groupe d'opposition... ah! il n'est plus là, je ne veux pas que le
troisième chef de... troisième groupe d'opposition réagisse trop, là, mais
favoriser la souveraineté numérique.
Le Président
(M. Benjamin) : M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Ça
fait tout partie de moderniser l'État, d'améliorer la prestation de services,
de transformer l'État. Et, non, ce
n'est pas directement relié à la menace tarifaire, mais c'est définitivement
des choses qu'on doit faire. Donc, ça aurait été dans le budget de toute
façon.
M. Beauchemin :
Là-dessus, je vous entends, c'est sûr qu'on a besoin de le faire, donc
juste parce que je veux clarifier, parce que ça fait partie du total, qui
est...
M. Girard (Groulx) : Oui, bien... mais le
total de 5,4 milliards n'est pas 100 % relié aux menaces de tarifs.
Je vous confirme que, pour Finance Montréal, ça n'a aucun lien.
M. Beauchemin :
Renouveler le plan économique social...
M. Girard
(Groulx) : Ça, c'est quelque
chose qu'il fallait faire aussi, de renouveler le plan d'économie sociale...
M. Beauchemin :
...l'initiative pour une meilleure connectivité.
M. Girard
(Groulx) : Ça, c'est le cellulaire sur le territoire québécois, c'est
important, c'est quelque chose qu'il faut faire aussi indépendamment des
menaces américaines.
M. Beauchemin : Bien là, il me
reste une minute, M. le ministre. Donc, c'est un petit peu l'exercice que je
voulais faire pour que les gens puissent nous entendre, là, à la maison, de
passer à travers l'ensemble des items qui ont été décrits comme impacts
financiers, là, à la page B.59, 60, 61, 62, 63 et 64, pour la mesure
totale de 1,67 milliard, parce que moi, j'en arrivais à une conclusion...
Grosso modo, on parlait directement, là, pour aider, là, les entreprises québécoises à faire face à la menace tarifaire...
j'arrivais à un chiffre de 460 millions de dollars. Je n'incluais pas,
moi, le prolongement des mesures d'amortissement accélérées, et
j'imagine que vous... tantôt, par votre réponse, j'ai compris que vous les
inclusiez.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. C'est tout le temps, malheureusement, imparti pour ce bloc d'échange, et
qui met fin, d'ailleurs, à ce bloc d'échange, crédits sur les finances.
La commission plénière ayant terminé cet
échange, je remercie les personnes qui y ont participé. Et, pour permettre à la commission de poursuivre sa séance,
je prie toutes les personnes qui doivent se retirer de le faire immédiatement.
Je suspends donc les travaux pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 16 h 48)
(Reprise à 16 h 54)
La
Présidente (Mme Soucy) :
Donc, la commission plénière poursuit ses travaux sur l'étude des crédits
provisoires pour l'année financière 2025-2026.
Sécurité publique
Au cours de la prochaine heure, nous allons
procéder à des échanges entre M. le ministre de la Sécurité publique et les
députés de l'opposition.
Remarques préliminaires
Donc, nous
allons débuter par les remarques préliminaires. On m'a déjà avisée que les
oppositions ne prendraient pas leur temps pour les remarques
préliminaires. Donc, M. le ministre, je vous cède la parole pour un six minutes
qui vous est alloué.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : Merci, Mme la Présidente. Alors, salutations aux
collègues ministériels qui sont là aujourd'hui. Je suis accompagné de mon
sous-ministre, que vous connaissez, Mme la députée, ma cheffe de cabinet,
Émilie Toussaint, qui est avec moi aujourd'hui.
Je vais prendre le six minutes juste pour vous
énumérer... c'est rare qu'on a le temps d'énumérer les bons coups de la dernière année, les mesures budgétaires qui
nous ont été octroyées hier par le ministre des Finances. Puis je commence
par le premier aspect, qui en est un non négligeable, parce qu'on a fait une
belle annonce, la semaine passée, sur la sécurité
civile, sécurité incendie. Mme la
députée de Westmount était
avec moi, là, quand on a adopté, quand on a travaillé tout le projet de
loi n° 50 sur la sécurité civile, dans la dernière
année. Elle le sait aussi, ça faisait partie du post-mortem qu'ont a fait suite à l'année extrêmement
difficile qu'on a eue en 2023, suite aux inondations, suite aux feux de forêt,
les inondations de 2017‑2019 aussi.
Puis on s'est mis au travail, puis ça a donné
une petite révolution, dans une certaine mesure, en termes de sécurité civile, à savoir que, depuis le
1er janvier dernier, bien, la SOPFEU, la SOPFEU, que tout le monde connaît
maintenant, qui est un acteur non négligeable pour combattre les feux de
forêt au Québec, bien, est devenue sous l'égide de la Sécurité publique depuis
le début de l'année. Puis ça a amené quoi aussi? Quand on a adopté le projet de
loi n° 50, j'avais parlé d'une petite révolution, à
savoir qu'on allait mettre en place une réserve d'intervention d'urgence pour
la sécurité civile, le RIUS. Ça veut dire quoi concrètement? Bien, vendredi
dernier, on a fait une belle annonce, à savoir qu'il y aura 200 membres, 200 membres de la réserve qui seront
disponibles, prêts à agir, prêts à être déployés sur le terrain pour
supporter les différentes municipalités du Québec qui vivront des catastrophes,
on ne le souhaite pas, mais qui pourraient vivre des catastrophes, exemple,
verglas — c'est
un peu tard, mais on ne sait jamais — inondations, feux de forêt futurs. Donc, en situation
exceptionnelle, en situation de dernier recours, bien, il y aura
200 membres, donc, de cette réserve qui pourraient être déployés
partout sur le territoire québécois dans un horizon de 24 à 48 heures.
Il faut comprendre,
la dynamique, la coordination, tout ça se fait, grosso modo, comme avant, du
côté de la sécurité civile, mais, par la suite, les opérations terrain seront
dédiées sous le chapeau, là, l'égide de la SOPFEU, avec, et je veux les saluer... avec l'Association
québécoise des bénévoles en recherche et sauvetage, l'AQBRS, qui seront nos
partenaires avec la SOPFEU, avec la Croix-Rouge, aussi,
qui aura tout l'aspect communautaire, nécessairement, tout l'aspect plus
humain, si je peux le dire ainsi, à savoir d'accompagner les sinistrés dans le
cas de sinistre. Puis tout cela a été mis de
l'avant grâce au financement que le ministre finance, que le premier ministre
nous a donné aussi lors du dernier budget, une somme de
30,5 millions de dollars sur cinq ans. Donc, je veux remercier... un gros
sincère merci à notre maître d'oeuvre, à
celui qui a travaillé énormément fort, notre sous-ministre, Marc aussi, mais
Jean Savard aussi, qui a été responsable de mettre en place, avec Steve,
son... le nouveau directeur de la réserve d'intervention d'urgence. Donc, un gros bravo à vous tous! Gros bravo à SOPFEU!
Gros bravo à l'Association québécoise des bénévoles en recherche et
sauvetage et à la Croix-Rouge!
Un autre point non
négligeable qui a été bon dans la dernière année, c'est les projets
d'atténuation de risques, le fameux cadre pour la prévention de sinistres, où
on a octroyé 69 millions de dollars pour des projets d'atténuation, donc l'adaptation aux changements climatiques, des
projets d'atténuation qui ont été... des sommes qui ont été données, donc,
en lien aux feux de forêt qu'on avait subis en 2023 à La Tuque, à
Ferland-Boilleau, à Senneterre, Normétal, on se souvient de Normétal, à Saint-Lambert en Abitibi, à Val-d'Or, Sept-Îles,
Port-Cartier, Baie-Trinité, Godbout, Albertville, Chapais, Chibougamau, Lebel-sur-Quévillon,
Matagami. Des projets d'atténuation de risques aussi en matière d'érosion des
berges qui ont été faits, glissements de terrain à Alma, Saint-Ulric,
Métis-sur-Mer, Baie-des-Sables, Sainte-Félicité et Rimouski. Donc, des sommes
qui ont très bien été reçues et versées, donc, à ces municipalités.
Je veux aussi
rapidement parler, là, des nouvelles orientations en termes de sécurité
incendie. C'est un sujet qu'on a peut-être
un peu moins parlé, je pense que ça a été des questions, quand même, que ma
collègue avait posées l'année passée sur la suite des schémas de
couverture de risques, l'évolution, les changements qu'on va y apporter. Je
l'ai déjà dit publiquement que je considérais qu'il y avait trop de services de
sécurité incendie au Québec. On en a près de 600 maintenant. C'est indéniable
que, présentement, il y a des discussions à gauche et à droite avec les
différentes municipalités du Québec qui souhaitent, pour certains, se
fusionner. Puis je pense que c'est une très, très bonne idée de mettre en place, donc, les forces de tout le
monde pour être capable d'offrir un service. Puis, à la fin, le service est à
qui? C'est à la population, c'est aux citoyens qui, malheureusement,
pourraient avoir un sinistre, un temps de réponse rapide entre le nombre de
pompiers et le nombre des minutes sur lesquelles on doit répondre. Donc, c'est
l'association des gestionnaires en sécurité
incendie aussi qui nous ont appuyés là-dessus pour aller de l'avant, pour être
capable de mettre en place des travaux qui ont débuté pour moderniser,
donc, la Loi sur la sécurité incendie.
• (17 heures) •
Il reste peu de... Il
me reste à peine une minute pour vous parler du projet de loi n° 66 aussi,
le projet de loi Maureen Breau, qui a été très bien reçu, je pense, encore
aujourd'hui, autant par les collègues de l'opposition que tous ceux qui étaient
parties prenantes de tout ça, donc un accompagnement avec nos nouveaux agents
de liaison qui vont être en mesure d'être la courroie de transmission pour être
capable de relier l'information entre le réseau de la santé et, nécessairement, les corps de police, les
services de police qui auront à participer et à travailler sur le terrain,
donc, pour assurer un suivi des gens
qui ont... qui sont des personnes suivies par la commission d'examen des
troubles mentaux. Voilà.
La
Présidente (Mme Soucy) : Je vous
remercie, M. le ministre.
Discussion
générale
Donc,
nous allons poursuivre avec un bloc de 20 minutes qui est attribué à
l'opposition officielle. Donc, je cède immédiatement la parole à Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bonjour, collègues. Bonjour, M. le ministre, M. Croteau. Suite
à vos remarques préliminaires, M. le ministre, je veux juste souligner que
j'attends toujours mon invitation pour visiter le centre des opérations
gouvernementales. Ça fait peut-être deux fois que j'ai fait la demande puis
j'ai eu, je ne sais pas, une réponse pas claire, mais je lance l'appel
encore, parce que je souhaite faire cette visite.
Vous avez aussi fait
la mention du SOPFEU. Où est-ce qu'on peut retrouver SOPFEU dans le budget
actuel?
La
Présidente (Mme Soucy) : ...
M. Bonnardel :
La SOPFEU, dans les crédits, si
je ne me trompe, c'était... pour 2024, était sous... bien, pas sous... était
sous l'égide du ministère des Ressources naturelles. Donc, pour 2025, ils vont
être sous notre chapeau à nous pour les prochains crédits.
Mme Maccarone :
O.K. C'est juste parce qu'on n'a pas fait le transfert encore...
M. Bonnardel :
Exactement.
Mme Maccarone :
...ce qu'on voit dans nos cahiers actuels.
M. Bonnardel :
Bien, c'est un transfert qui... comme je l'ai mentionné, qui a été fait en
ce début d'année, donc pour l'année... C'est
vrai que l'année fiscale au gouvernement se fait du 31... du 1er avril au
31 mars, là. Mais, à moins que le sous-ministre ait une réponse...
Voulez-vous, permettez-vous...
Mme Maccarone : Non.
M. Bonnardel :
Non. Ça va. On a peu de temps, ça fait que...
La
Présidente (Mme Soucy) : Oui, je dois
demander le consentement. Est-ce que vous voulez...
M. Bonnardel :
Non, non.
La
Présidente (Mme Soucy) : Non? O.K.
M. Bonnardel :
Mais je donnerai l'information plus précise, là...
La
Présidente (Mme Soucy) : Parfait.
Mme Maccarone :
Par la suite.
M. Bonnardel :
...après, là, s'il le faut.
Mme Maccarone :
O.K. Oui, s'il vous plaît. Puis, en restant sur le budget, je souhaite
savoir si vous êtes heureux du budget pour la sécurité publique.
M. Bonnardel :
Excusez...
Mme Maccarone :
Je souhaite savoir si vous êtes heureux avec le budget pour la sécurité
publique.
M. Bonnardel : Oui, oui, tout à fait,
tout à fait. Bien, la question, je l'attendais, je l'attendais à savoir qu'il y
a une explication pour la baisse de 12,7 %. Le premier point, c'est
des pistes d'optimisation, nécessairement, mais les deux points majeurs, c'est
une somme qui a été versée pour la convention collective de la Sûreté du
Québec, pour la portion de l'année... la
portion d'année 2020‑2024 et la portion sécurité civile. Si vous allez voir
dans le document budgétaire, vous avez une somme de plus ou moins...
près de 155 millions, là, qui est reliée aux sinistres, à débit, et tout
le programme général d'aide financière, le fameux PGAF. Donc,
majoritairement... Puis vous comprenez, je pense que je vous l'avais déjà expliqué, là, c'est... quand il arrive des
catastrophes naturelles, les sommes ne viennent pas du fonds consolidé,
mais du Fonds de suppléance. Donc, ces sommes, à la fin de l'année, si on a
subi des catastrophes à la hauteur de 400, 500 millions, bien, on vient
supporter le ministère.
Mme Maccarone :
Mais ce n'est pas la seule place où on a vu une baisse d'investissement. On
a vu une diminution du budget, oui, pour la SQ, mais pour le BEI, pour le
coroner, pour l'UPAC, pour la RACJ. C'est pour ça que je me demande, est-ce que
vous êtes toujours content.
M. Bonnardel : Ce sont des petites
sommes, des pistes d'optimisation importantes pour les différents partenaires.
Donc, il n'y a pas de somme majeure qui pourrait mettre en péril le travail de
ces partenaires.
Mme Maccarone :
C'est une baisse de 13,5 % au total, et les coûts augmentent
régulièrement. Alors, je ne pense pas qu'on peut constater que c'est des
petites coupures. C'est quand même une diminution de 17 % pour la SQ, pour la surveillance du territoire, 19 % du
budget pour lutter contre la criminalité, 60 % du budget pour la sécurité
civile et sécurité incendie. Je veux dire, au total, le budget de la
sécurité publique a diminué de 13,5 %. Ça fait que je souhaite essayer de
comprendre pourquoi vous êtes content de ce budget.
M. Bonnardel :
Bien, c'est ce que je vous ai mentionné, la baisse énorme vient surtout de
la sécurité civile, et la sécurité civile, à la base, il y a près de 155 millions
de dollars qui sont reliés aux sinistres. Les sinistres, je n'en souhaite pas,
mais, s'il y en a, ça varie d'année en année. Donc, vous avez à peu près 150 millions
de dollars qui sont spécifiquement pour les sinistres. Et vous avez la portion,
comme je vous l'ai mentionné, de la Sûreté du Québec qui vient... C'est une rétro de la convention
collective, donc, une somme de 87,8... 88 millions de dollars. Donc, les
grosses sommes qui amènent cette baisse que vous avez lue viennent surtout des
sinistres, sécurité civile et de la portion de la Sûreté du Québec.
Mme Maccarone :
Je vois le 60 % pour cette portion, mais ça ne répond pas pour le 19 %
de baisse pour lutter contre la criminalité. Ça ne répond pas à le 17 %
pour la SQ. On a vu aussi la baisse dans le budget de l'UPAC. Puis j'ai plein
de questions par rapport à ça, parce que vous, vous avez retiré le commissaire
à l'UPAC de ses fonctions, deux ans avant la fin de son mandat, pour le nommer
sous-ministre associé dans votre ministère. Pouvez-vous expliquer pourquoi?
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le
ministre.
M. Bonnardel :
Bien, c'est une décision personnelle de la part de l'ancien chef de l'UPAC.
Mme Maccarone : Oui,
mais c'est un choix gouvernemental de faire cette recommandation. Ça reste
qu'il y a eu 125 députés qui ont voté en faveur de la nomination de
M. Gaudreau. Et là, vous, vous avez pris une décision de faire la recommandation de le prendre pour votre ministère.
Ça soulève pas mal de questions. On vient de déshabiller l'UPAC pour habiller votre ministère, puis on a
laissé un poste, dont nous avons constaté, collectivement... pour sept ans,
nous aurons la bonne personne en place.
M. Bonnardel : Pourquoi
d'autre... répondre, outre vous dire que c'est une décision personnelle. M. Gaudreau
a décidé de se joindre au ministère de la Sécurité publique. Alors, si vous
avez des questions, il faudrait lui poser, mais c'est une décision personnelle.
Mme Maccarone : Ma
question, ce n'est vraiment pas pour M. Gaudreau. Oui, c'est vrai, c'est
entre ses mains, s'il souhaite appliquer, mais c'est vous le responsable
de faire la nomination. S'il était le candidat extraordinaire pour ce moment,
pour occuper le poste de sous-ministre associé, il me semble, d'ici deux ans,
il aura été toujours la même personne qui
pourra occuper ce poste, au lieu de l'enlever d'un contrat de sept ans, un
engagement que lui avait pris, et que,
nous, nous avons aussi constaté. Comme j'ai dit, les 125 députés ici, à
l'Assemblée, on a pris cet engagement avec lui. Ça fait que c'était
quand même votre choix.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M.
le ministre.
M. Bonnardel : Bien, Mme la
Présidente, je répète, c'est une décision personnelle de M. Gaudreau.
Alors, moi, je suis bien fier de l'avoir
dans mon équipe, extrêmement fier. Me René fait un très bon travail à l'intérim
présentement à l'UPAC. Pas d'autre chose à dire que c'est une
décision personnelle de M. Gaudreau de se joindre à nous.
Mme Maccarone : C'était une
décision ministérielle de faire la nomination, puis ça reste qu'on a des postes
qui sont vacants à l'UPAC, qui amènent plein de questions, pour SAAQclic, entre
autres. L'ex-ministre de la Sécurité publique, qui est maintenant la ministre
des Transports, a écrit une lettre à UPAC pour lui suggérer d'enquêter sur SAAQclic.
C'est un fiasco qui est déroulé sous votre responsabilité lorsque vous étiez le
ministre des Transports. Le commissaire par intérim, ça se peut que lui ait
déposé sa candidature pour devenir le prochain commissaire et ça se peut qu'il
est dans le processus de sélection, je ne sais pas, mais, si l'actuel
commissaire par intérim décide de suivre la suggestion de la ministre des
Transports et déclencher une enquête sur votre gestion, est-ce qu'il est
disqualifié?
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, s'il y a des questions spécifiques sur SAAQclic, il y a une
commission d'enquête qui va se faire.
Mme Maccarone : C'est une
question sur UPAC.
M. Bonnardel : Mais à la fin,
je le répète, là, moi, je n'ai pas à intervenir sur les décisions que l'UPAC
pourrait prendre dans leur processus d'enquête, là. Il y a un mur de Chine qui
se fait entre le ministre et l'UPAC, là, je veux qu'on soit très, très, très
clair là-dessus, très clair. Donc, ce qui appartient à l'UPAC reste à l'UPAC,
puis il y a une commission d'enquête qui va se mettre en place pour la suite.
C'est tout.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Ça reste que
c'est quand même quelqu'un qui sera sous votre gestion, parce qu'on n'a pas un
commissaire nommé, on a un commissaire par intérim, nommé par votre... puis la
demande, c'est de votre collègue, d'enquêter sur des événements qui sont
arrivés sous votre responsabilité, quand vous avez été le ministre des Transports. Ça fait que ça soulève plein de
questions, surtout qu'on n'a plus le commissaire qui était là, à l'UPAC, à
l'époque, qui est maintenant sous-ministre associé.
Alors, je pense que la question se pose.
Qu'est-ce que vous allez mettre en place pour protéger le processus de
sélection, pour ce que votre collègue a qualifié d'un fouillis, de SAAQclic?
La
Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la
députée. Maintenant, je vais céder la parole à M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, en tout respect pour ma collègue, là, est-ce qu'elle me dit qu'elle
n'a pas confiance en Me René pour faire le travail à l'UPAC, présentement, même
s'il a un poste à l'intérim? Je pose la...
Mme Maccarone : Si j'avais des
questions pour lui, j'aurais communiqué avec lui. Moi, ma question c'est pour
vous.
M. Bonnardel : Bien, j'essaie
de comprendre l'angle, là, à quelque part. J'ai entièrement confiance en Me René
pour mener à bien l'enquête qu'il pourrait faire, qu'il peut commencer à faire
comme il le veut, comme il le souhaite. Moi, je n'ai pas à intervenir dans les
décisions de l'UPAC, là. Il y a, comme je l'ai répété, il y a un mur de Chine
entre...
• (17 h 10) •
Mme Maccarone :
La différence, c'est que le commissaire à l'UPAC est nommé par deux tiers
de cette Chambre ici. Ce n'est pas la même chose. Ça fait que ce n'est pas une
question de confiance en autre personne. C'est un commissaire qui est nommé aux deux tiers par les élus ici à,
l'Assemblée nationale. Puis là on n'est pas dans le même processus, même
qu'on a dit que c'était la priorité pour la CAQ de faire ceci, et là on est
rendu où... on est en plein processus
d'enquête. Puis il y a des questions qui vont être soulevées en ce qui concerne
cette enquête, parce que la personne qui a été nommée, ça se peut qu'il
y ait un conflit, puis on n'a aucune idée.
M. Bonnardel :
Attendez, là. Vous doutez de la probité de Me René?
Mme Maccarone :
Je n'ai pas mentionné son nom. C'est vous qui mentionnez son nom, pas moi.
M. Bonnardel :
Vous parlez de conflit, vous venez de dire un mot, là, «conflit».
Mme Maccarone :
Moi, je souhaite savoir quand...
M. Bonnardel :
Vous doutez de la probité du directeur par intérim de l'UPAC?
Mme Maccarone :
Ça, c'est votre parole, pas la mienne.
M. Bonnardel :
Non, mais, je veux dire, il faut juste être clair, là.
La Présidente (Mme Soucy) : Juste une personne à la fois. Je veux juste être... je veux juste qu'on
comprenne bien. En fait, M. le ministre, si vous voulez la parole, je
vous la donne. Ensuite, je vais vous la donner, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
M. le ministre.
M. Bonnardel :
Bien, je répète, là, si vous doutez de la probité du directeur général par
intérim de l'UPAC, Me René, c'est
extrêmement grave, ce que vous dites, là. C'est extrêmement grave. Vous parlez
de conflit. De quel conflit... quelles preuves que vous avez? C'est
extrêmement grave, ce que vous dites, Mme la députée, là.
Mme Maccarone :
...d'un processus de nomination.
M. Bonnardel :
Bien, le processus suit son cours. Le processus suit son cours.
La Présidente (Mme Soucy) : Une personne à la fois. M. le ministre, une personne à la fois. Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis,
vous pouvez poser votre question.
Mme Maccarone :
Il y a un processus de nomination ici, dans cette Assemblée, puis ça reste
que la position n'est plus affichée. On a attendu des candidatures. En
septembre, on a mis fin à ça. On n'a toujours pas de commissaire nommé, et là
on est en train de demander de faire des enquêtes, puis ça se peut que la
personne qui est présentement en ce poste-là, comme intérim, a appliqué pour être
commissaire puis doit prendre des décisions.
Ça fait que je pense
que la question se pose. Quelles mesures allez-vous mettre en place pour
assurer qu'on va avoir un processus qui est clair, qui est net et qui va
protéger le processus de sélection? Puis je pourrais continuer. Moi, je souhaite savoir quand est-ce que le prochain
commissaire va être nommé, quand la nomination va être amenée ici aux
élus pour faire un vote.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Le processus de sélection est bien établi dans la
loi. Donc, je vous invite à le suivre. Le processus de sélection suit
son cours.
Mme Maccarone :
Bien, oui, je l'ai suivi. C'est depuis le 25 mars que les nominations sont
closes, et nous sommes rendus... On est quoi, aujourd'hui? On est le
26 mars. Alors, qu'est-ce qui tarde? Est-ce que nous allons avoir une
nomination bientôt?
M. Bonnardel :
Bien, le processus de sélection suit son cours. Vous le connaissez, vous l'avez
lu.
Mme Maccarone : Ça fait cinq mois. Ça fait cinq mois, puis on n'a
toujours pas eu aucun signal en ce qui concerne une candidature qui
serait proposée par le gouvernement. Puis on sait qu'on a un gouvernement qui
ne respecte pas nécessairement les termes en place, parce que même un
engagement de sept ans peut être un engagement de cinq ans. Puis c'est un rôle,
il me semble, que le gouvernement dit être essentiel, parce qu'on est en train
de dire : On devrait poursuivre avec des enquêtes.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la Présidente, là, vous... Je ne comprends
pas l'attaque qui se fait, là, sur M. Gaudreau, là.
Mme Maccarone :
Ce n'est pas une attaque.
M. Bonnardel :
C'est une décision personnelle de sa part de se joindre au ministère. En quoi
cela pourrait être un problème aujourd'hui, là? Sincèrement, là, sérieusement,
en quoi cela pourrait être un problème? Le processus de sélection est bien établi dans la loi pour l'UPAC. Le prochain directeur
ou la directrice de l'UPAC, il y a un processus qui est sur 18 mois. Donc, il n'y a pas rien de
spécial que vous ne connaissez pas. Le processus est bien établi, puis on va le
suivre.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la ministre... Mme la
députée. Excusez-moi.
Mme Maccarone :
M. le ministre est en train de me prêter des intentions. Il n'y a aucune
attaque. C'est des questions, mais c'est des
questions par rapport aux gestions du ministère. C'est une question par rapport
à des décisions qui sont prises, comme j'ai une autre question :
Est-ce que l'UPAC est toujours pertinente, selon le ministre?
M. Bonnardel :
Bien, absolument. Absolument.
Mme Maccarone :
O.K. Mais, si c'est vrai... on n'a pas de commissaire depuis sept mois. On a
aussi le projet Serment où on a une enquête du BEI sur l'UPAC. Puis, si on
regarde le rapport annuel des travaux qui ont été effectués, on peut constater que c'était beaucoup de travail
sur des condamnations des passeports vaccinaux. Alors, est-ce qu'on aura
autre enjeu pour l'UPAC à occuper dans le futur?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : ...en tout respect, là, vous me demandez si, moi,
j'interviens du côté de l'UPAC pour leur donner des missions spécifiques
ou des enquêtes spécifiques?
Mme Maccarone :
Moi, ma question, c'est sur la pertinence.
M. Bonnardel :
Il y a un mur de Chine, là, entre l'UPAC et moi. Ce n'est pas moi qui vais
décider...
Mme Maccarone :
Ma question, c'est sur la pertinence.
La Présidente (Mme Soucy) : Juste une personne à la fois. Vous avez posé...
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, vous avez posé une question, on va
laisser le ministre répondre.
M. Bonnardel :
J'ai entièrement confiance au travail de l'UPAC. C'est l'UPAC qui dicte ses
différentes volontés d'enquête sur des sujets x, y, qui peuvent être importants
ou qui peuvent être soulevés dans l'actualité.
La
Présidente (Mme Soucy) : Mme la
députée.
Mme Maccarone :
Sauf que c'est sous votre responsabilité, puis nous n'avons plus de
commissaire, puis ça, c'est grâce à une décision ministérielle. Alors, moi, je
souhaite savoir qu'est-ce qui se passe, puis ce n'est pas la seule place où
j'ai des questions.
On peut passer tout
de suite à la RACJ. Vous avez aussi... On a des places, des postes qui sont
toujours vacants parce que vous avez
suspendu le patron de la RACJ pour une durée indéterminée. Ça fait que je souhaite savoir pourquoi et si, lui, il est payé
actuellement.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Ça appartient aux Emplois supérieurs... Il est suspendu. Donc, vous comprendrez
que je ne peux pas commenter là-dessus.
Mme Maccarone :
Mais ça, vous n'avez pas la réponse à cette question.
M. Bonnardel :
Ça, c'est les Emplois supérieurs qui l'ont suspendu, avec les raisons qui
incombent aux Emplois supérieurs.
Mme Maccarone :
Et savez-vous s'il est toujours rémunéré?
Une voix :
...
M. Bonnardel :
La réponse est oui.
Mme Maccarone :
O.K., parce qu'il gagne 215 000 $ par année, puis ça, ça veut dire
que, depuis sa suspension, il récolte un 54 000 $. Ça, c'est des
fonds publics. Puis on n'a pas de réponse de le pourquoi, puis on ne sait pas
pour combien de temps que lui va rester à la maison sans travailler. Ça fait qu'on
n'a toujours pas de président.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M.
le ministre.
M. Bonnardel :
C'est malheureusement la procédure lors d'une suspension.
Mme Maccarone :
Mais on a... Je pense qu'on a des enjeux dans la RACJ, puis on a besoin d'avoir
une capitaine de ce bateau, parce que, si on
se base sur tout ce qui est arrivé avec la situation vraiment grave de
Mme Zapata... on l'a vu, il y a
une enquête. L'émission Enquête qui a été diffusée juste dernièrement,
ils ont fait des travaux exceptionnels puis, dans ce rapport, on peut
voir le scandale des morts qu'ils ont dit prévisibles. On utilise des mots
comme «criminel». C'est tellement troublant
que le coroner Ramsay a amendé son rapport le 20 mars, et le rapport
initial, publié le 28 février 2023, qui comptait trois recommandations à
la RACJ, maintenant amendé, compte 12 recommandations. Le coroner demande notamment de modifier la
réglementation pour le sport de combat pour intégrer les 11 recommandations.
Ça fait trois ans depuis que Mme Zapata est décédée. Moi, je souhaite
savoir qu'est-ce que vous attendez pour agir.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
ministre.
M. Bonnardel :
J'ai pris... Si vous permettez, j'ai pris connaissance de l'émission Enquête,
du rapport... du rapport, oui, du coroner, mais de l'enquête que Radio-Canada a
faite, qui est particulièrement troublante, troublant de voir que la RACJ a pu
être trompée, flouée par des examens neurologiques qui ont été faits du côté du
Mexique avant le combat malheureux qui est arrivé.
Dans ce contexte,
aujourd'hui, bien, il y a une dizaine de recommandations qui ont été émises par
le coroner qui amènent des décisions futures qui seront immensément importantes
pour le futur de l'industrie. Mais je reste troublé par ce que j'ai lu, par ce
que je l'ai vu, puis, dans ces conditions, vous comprendrez que ce n'est pas un
rapport qu'on va tabletter. J'ai déjà des discussions à gauche puis à droite avec
différents partenaires. On va aller au bout des choses pour être capables de
s'assurer de mieux sécuriser, donc, l'industrie, surtout de la boxe, à la base,
pour cette malheureuse tragédie qui a eu lieu, là, voilà quelques mois déjà.
La
Présidente (Mme Soucy) : Oui. Merci.
Mme Maccarone :
Mme la Présidente, dans les crédits de l'année passée, j'ai posé la
question à M. Dolbec en ce qui concerne l'application des recommandations
du coroner, et lui, il m'a dit : Oui, Mme la députée, on s'en vient, ça,
ça va être terminé d'ici le mois d'août. Le mois d'août 2024, pas 2025. Ça fait
que je me demande : On est rendus où avec cet engagement?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme
la députée. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Bien, comme je le mentionne, là, il y a le dernier rapport qui a été
amendé, modifié, si je peux le dire ainsi, là... Donc, il faut nous donner le
temps de mettre en place un plan d'action, si je peux dire ainsi, avec les
recommandations qui ont été déposées par le coroner Ramsay, qui sont bonnes,
pour être capables de s'assurer de mieux encadrer, donc, cette industrie.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci.
• (17 h 20) •
Mme Maccarone :
Sauf qu'on avait un premier rapport qui était déposé, avec des recommandations
préliminaires, puis moi, j'ai eu un engagement de M. Dolbec que vous allez
procéder à mettre ça à l'oeuvre. Alors, si je comprends bien, ce n'est pas le
cas. On n'a pas mis aucune des recommandations du coroner en place à date,
malgré qu'on a eu un premier rapport en novembre 2023.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme
la députée. M. le ministre, il vous reste 24...
M. Bonnardel :
Donc, c'est ça, la réponse est fort simple, on va prendre acte du dernier
rapport du coroner qui a été déposé, qui amène certaines modifications au
premier rapport qui a été fait, voilà... oui, vous avez raison, voilà un an
déjà, puis c'est avec les conclusions de ce dernier rapport qu'on va prendre
des décisions futures pour la suite de l'industrie.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci
beaucoup, M. le ministre.
Mme Maccarone : Est-ce que le ministre
peut au moins s'engager à appliquer la recommandation 7 immédiatement...
La
Présidente (Mme Soucy) : C'est
terminé.
Mme Maccarone :
...c'est-à-dire que l'examen radiologique précombat soit fait au Québec?
La
Présidente (Mme Soucy) : Votre temps
est terminé. Mme la députée, le temps est terminé. Je suis désolée. Il faut que
nous enchaînions avec un bloc de 17 min 45 s pour le deuxième groupe
d'opposition. Donc, M. le député de Laurier-Dorion, à vous la parole.
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Je salue également vos
collègues.
Donc, on vient de voir que c'est un budget du
gouvernement du Québec qui, en matière de sécurité publique, alloue des petits
montants un peu partout, qui n'offre aucune nouvelle mesure, par exemple, pour
cibler la lutte et la prévention de la délinquance juvénile, alors que le
Québec, oui, fait face à une flambée de la violence et des recrutements de
jeunes par les gangs criminels. Pour cause, on observe une baisse, vous l'avez
dit, approximativement à 16 %, là, du
budget du ministère de la Sécurité publique. C'est ce qui se reflète dans
plusieurs dépenses et des mesures qui ne seront pas indexées. Par
exemple, le budget pour les incendies de forêt est prévu à la baisse, alors que
l'an passé, il en a coûté 318 millions.
La question qui s'impose tout de suite, M. le
ministre, là, c'est... Vous avez budgété seulement 123 millions.
Expliquez-nous, au bénéfice des députés et du public qui nous regarde, pourquoi
avez-vous budgété moins que la moitié? Est-ce que vous avez prévu un fonds
d'urgence, si jamais il y a des feux de forêt intenses?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Bonnardel : C'est une bonne
question. Ça vient un peu en lien avec la députée de... la question de la
députée de Westmount—Saint-Louis
tantôt. Il est normal que la majorité de cette baisse que vous avez vue dans
les crédits budgétaires du ministère soit basée, premièrement, sur les
sinistres que nous avons eus en 2024, donc, l'ouragan tropical Debby, tout le
programme général d'aide financière sur lequel on a supporté, donc, les
municipalités et les sinistrés. On parle de plus ou moins 155,
156 millions de dollars pour cette portion.
Puis il faut comprendre que, lorsqu'il y a un
sinistre qui nous frappe, on ne peut pas prédire... On pourrait mettre
500 millions, si on voulait, dans ce programme de sécurité civile, mais on
pourrait ne pas le dépenser. Tout dépend des catastrophes naturelles, feux de
forêt ou autres. Donc, c'est le fonds de suppléance qui vient nous supporter,
donc, à la fin de l'année financière pour compenser, donc, ces différentes
catastrophes.
Je le disais tantôt, l'autre point majeur aussi,
c'est la rétro, c'est une somme rétro non récurrente pour la convention collective de la Sûreté du Québec. Donc, on parle de 88 millions de dollars ou à peu près. Donc,
grosso modo, il y a des pistes d'optimisation, nécessairement, qui
viennent avec le ministère. Donc, les baisses les plus importantes viennent
surtout du fait qu'il y a eu des sinistres en 2024, une portion rétro qui vient
du côté de la convention collective de la Sûreté du Québec.
Puis je fais un petit bémol de 30 secondes,
parce qu'il m'a posé un peu la question tantôt dans son préambule, c'est
important de mentionner que la nouvelle stratégie qu'on a annoncée hier dans le
budget, c'est une stratégie québécoise de lutte contre la criminalité. Il y a
une somme de 120 millions de dollars qui va être disponible pour les différents
corps de police, services de police, partout sur le territoire québécois, une
convergence aussi vers l'action communautaire qui va est importante, les
municipalités, l'intervention policière, et je sais que c'est un sujet que vous
m'aviez soulevé, si je ne me trompe pas, les gangs de rue aussi, dans ce 120
millions de dollars sur cinq ans.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre, M. le député.
M. Fontecilla : On va y
arriver, mais avant, j'aimerais savoir, là, pourquoi vous avez fait des
coupures des budgets dans des enveloppes qui nous paraissent comme très
importantes, là. Par exemple, il y a moins d'argent pour le Bureau des enquêtes
indépendantes, moins d'argent pour le Commissaire à la déontologie policière,
moins d'argent pour le Tribunal administratif de déontologie policière. Donc,
toutes les entités qui exercent un rôle de contrôle et de surveillance des
corps de police ont connu des baisses. Tout d'abord, pourquoi? Et ensuite
êtes-vous conscient que vous êtes en train d'envoyer un message, à travers ces
diminutions, ces coupures-là?
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci.
M. Bonnardel : Je pense qu'il
faut voir ça pas mal plus comme des pistes d'optimisation. On peut faire
toujours plus, toujours plus au gouvernement, puis, dans ces conditions, on a
des pourcentages très minimes, minimes, du côté du ministère, pour... qui ont
amené une légère, légère baisse du côté de ces partenaires dans le budget de
cette année. Donc, je suis entièrement confiant qu'on va être capables, encore
une fois, de bien supporter ces différents partenaires, mais de livrer la
marchandise.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Fontecilla : Vous parlez de
baisses minimes, il faut voir par rapport à l'ensemble du budget de ces
organismes-là. Par exemple, pour le Bureau des enquêtes indépendantes, c'est
autour de 10 %, ce qui signifie quand même une coupe draconienne pour un
organisme de cette taille-là. Qu'est-ce que vous avez coupé exactement dans ces
trois organismes-là?
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien,
précisément, là, on parle de 3 millions à peine, là, pour ce qui est des
crédits, des crédits comme tels, pour le
Commissaire à la déontologie policière, le tribunal administratif, la Régie des
alcools, le Commissaire à la
lutte contre la corruption puis le BEI. On parle de crédits qui étaient de
70,8 millions de dollars, à 67,8. Donc, on parle de
3 millions de moins sur l'ensemble de ces différents partenaires. Donc, je
reste convaincu, comme on l'a fait quand je parlais de pistes d'optimisation du
côté du ministère, que ces différents partenaires vont continuer de livrer la
marchandise comme ils le font très bien depuis les dernières années.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Fontecilla : Je l'espère
bien, M. le ministre, là, mais c'est des baisses substantielles pour les...
considérant les budgets de ces organismes-là. Je viens de vous le dire, le
Bureau des enquêtes indépendantes, il va compter sur un budget amputé de
10 %, et le budget... à vue d'oeil comme ça, le budget du Commissaire à la
déontologie policière, c'est autour de 5 %, et le Tribunal administratif
du logement, c'est autour d'un peu plus de 5 %, mais c'est...
M. Bonnardel : ...du logement,
ce n'est pas chez nous, là. Vous avez dit le logement, là.
M. Fontecilla : ...pardon,
Tribunal administratif de déontologie policière, là. Donc... par rapport au
budget de ces organismes-là, vous avez effectué des coupures importantes, là.
Ce n'est pas des gros montants dans l'absolu, par rapport au budget du Québec,
là, mais il y a... chaque dollar est important pour chaque organisme. Ne
craignez-vous pas que ces organismes-là sont en train de voir leur mission
compromise?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député.
M. Bonnardel : Bien, je peux
être plus précis pour le collègue, là. Le Commissaire à la déontologie, on
parle de 300 000 $.
À la page 20-9, le programme 6, Encadrement et surveillance... Le tribunal
administratif, on parle de 60 000 $, du côté de la Régie des alcools, c'est
1 million. Et, du côté du commissaire à la lutte contre la corruption,
c'est moins de 1 million, c'est
800 000 $. Il y a 600 000 $ du côté du BEI puis il peut y avoir,
comme mon... le ministre le mentionne, là,
de la rétro de conventions collectives aussi là-dedans, donc 3 millions
sur un budget de 70, pour cinq... pas sociétés, là, mais
partenaires comme tels, là, je ne vois pas un problème majeur là-dessus, là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. Fontecilla : Est-ce que ça
signifie concrètement, M. le ministre, moins de personnel ou est-ce que
c'est... vous coupez dans la chair ou vous coupez dans le gras? Comment ça se
traduit concrètement, là, ces diminutions de budget pour ces organismes-là?
Est-ce que ces organismes vont avoir à diminuer leur personnel ?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, le même
gel de recrutement que vous connaissez déjà, mais, au-delà de tout ça, je vous
l'ai démontré, le budget de 3 millions de dollars de moins sur 70 au total
est très viable pour être capable de livrer la marchandise et de faire encore
mieux avec ce qu'ils ont cette année, là. Moi, je ne suis pas du tout inquiet,
là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. Fontecilla : Donc, toujours
un peu la même réponse, faire plus avec moins, ce qui est... c'est une logique qui a une... qui a des limites, vous en
conviendrez. Mais vous n'êtes pas en mesure de nous dire aujourd'hui s'il y a
des coupures de personnel dans ces organismes-là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, comme je
l'ai mentionné, là, c'est de la rétro, de la rétro salariale aussi dans une
certaine mesure, et, de l'autre côté, c'est des pistes d'optimisation. Donc,
oui, il y a un gel que vous connaissez déjà dans les différents ministères du
gouvernement, mais, comme j'ai mentionné, là, il n'y a pas de coupe majeure,
là, dans nos partenaires comme tels, qui pourraient nous amener à être inquiets,
là. Je ne suis aucunement, aucunement, aucunement inquiet pour ces partenaires
qui vont livrer la marchandise comme ils le font dans les dernières années, là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
• (17 h 30) •
M. Fontecilla : Merci, M. le ministre.
Je vais passer à un autre volet. Il y a dans votre... le budget de votre ministère, il y a un budget de 119,6 millions
pour mettre en place la stratégie québécoise de lutte contre la criminalité
qui... je cite, qui «permettra entre autres de financer plus
efficacement les organismes communautaires, de travailler en prévention et de
soutenir le travail des policiers des services correctionnels».
Tout d'abord, est-ce que, dans cette
stratégie-là, le 119 dollars... je crois savoir qu'on y retrouve la
stratégie CENTAURE, qui regroupe, oui, certaines mesures de financement pour la
prévention, dont certaines adressées aux groupes communautaires, mais c'est
une... CENTAURE, c'est principalement de l'activité policière pour lutter
contre les trafics d'armes à feu. Quel est le pourcentage, dans les 119
attribués aux activités policières, versus les activités adressées aux
organismes communautaires ?
M. Bonnardel :
C'est une question qui est bonne. Premièrement, ça n'a rien à voir avec
CENTAURE, ça.
M. Fontecilla :
O.K. Parfait.
M. Bonnardel :
Ça n'a rien à voir avec CENTAURE comme tel. La somme que vous avez est
bonne, 119,6 millions qui sont répartis
sur une période de cinq ans. Puis, comme je l'ai dit tantôt, d'entrée de jeu,
il y a trois aspects qui sont importants avec des partenaires :
l'action communautaire, je vous l'ai mentionné tantôt, les municipalités et
nécessairement les policiers, l'intervention policière. Puis il y a un aspect
non négligeable qui est important, je le sais, pour vous, dans la dernière année, vous m'avez posé une question, ce
sont aussi la situation des gangs de rue sur le territoire québécois.
Par coeur, la
question m'avait déjà été posée par un journaliste, puis je ne veux pas me
tromper, mais on parle à peu près de 40 % à 60 %, 40 % côté
prévention, 60 % du côté répression, pour le partage des sommes qui sont
dédiées dans les différents programmes que
nous avons. Donc, vous allez sûrement me dire : Est-ce que c'est
équitable? Moi, je crois que oui. Il y a un travail important qui doit
être fait en prévention pour mieux prévenir, mais il y a un travail de terrain,
de présence aussi des policiers en termes de répression qui est immensément
important. Puis je pense qu'on a réussi à trouver un équilibre qui est
intéressant dans le cadre du partage que nous avons à faire avec nos différents
partenaires pour les soutenir.
Je le disais puis je
termine avec ça rapidement, en 2018, on soutenait les différents corps de
police avec ces programmes à la hauteur de
16 millions de dollars. On est rendu à 112 millions. Donc, on est pas
mal fier de voir, avec cette stratégie, qu'on soit capable de supporter
l'ensemble des partenaires que je vous ai mentionnés tantôt.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. M. le député.
M. Fontecilla :
Toujours sur le même sujet, M. le ministre, vous financez... Quelle est la
pratique de votre ministère concernant le financement pour la prévention portée
par les groupes communautaires? Est-ce que c'est le financement à la mission ou
le financement par projet?
Une voix :
...
M. Bonnardel :
C'est ça, c'est qu'on va avoir une flexibilité, dans cette stratégie, comme
telle pour soutenir la mission, soutenir les projets puis de s'assurer de bien
répondre aux différents enjeux que je vous ai soulevés tantôt, qui sont
importants. Donc, ça, c'est une portion, 120 millions, qui est un de nos
plus gros.
On a aussi, bon, un
point non négligeable aussi, là, les... toutes les équipes mixtes ou... je
pense, je vous en avais déjà parlé, les équipes mixtes sont sur le terrain
aussi. On a des sommes pour ça qui sont à la hauteur de 14,5 millions de dollars. Les EMIPIC du côté Sûreté du Québec, du
côté des communautés autochtones aussi, qui en font la demande, donc, pour
être capable de supporter... Puis on voit des beaux succès à gauche puis à
droite, autant du côté de la Sûreté du Québec avec ses équipes mixes,
travailleurs sociaux et policiers, policières, versus aussi la même chose qu'on
voit du côté du financement qu'on donne aux corps de police municipaux pour
avoir des équipes mixtes qui accompagnent...
qui accompagnent, malheureusement, certaines situations de cas de santé mentale
ou d'itinérance sur le terrain.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Très bien. Mais les travailleurs sociaux dans les équipes mixtes dont vous
parlez, là, c'est du personnel embauché par les différents corps policiers?
M. Bonnardel :
Oui, qu'on finance, qu'on supporte. O.K. Il y a une portion de financement
qui est supportée par le ministère, il y a
une portion de financement, aussi, qui avait été octroyée voilà deux ans, si je
ne me trompe, à la hauteur de 60 millions sur cinq ans, du côté des
services sociaux.
M. Fontecilla :
Très bien. J'aimerais vous amener, M. le ministre, sur la question de la
Loi sur les jeunes contrevenants, là, qui prévoit des mesures de garde
discontinue. Donc, au lieu de, pour un jeune sous... condamné sous la Loi des
jeunes contrevenants, là, au lieu de faire une garde continue dans un centre
jeunesse toute la... qu'il soit en dedans, entre guillemets, toute la semaine,
là, on prévoit... la loi permet aussi qu'il passe la fin de semaine, etc., là, ce
qui est une peine mitoyenne, là, souvent un message qui est envoyé à des jeunes
à des risques de délinquance, là, ou, par
exemple, pour purger une partie de leur peine dans la communauté... Et ce qu'on
nous dit, c'est que ce programme, la garde
discontinue, ne reçoit plus de financement depuis quelques années ou que très
peu de policiers s'y réfèrent. Est-ce que vous avez des données
concernant ce programme-là, de la garde discontinue?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Monsieur...
M. Bonnardel : Je ne veux pas vous
corriger, monsieur... Mme la Présidente, M. le député, là, mais c'est une
question qui serait plus reliée aux Services sociaux puis à la DPJ.
C'est une question de garde discontinue, ou autres.
M. Fontecilla :
Mais c'est des jeunes contrevenants, là, c'est des jeunes qui ont commis
des actes criminels, là. Est-ce que c'est sous votre responsabilité?
M. Bonnardel :
Ce n'est pas notre... sous notre responsabilité, là.
M. Fontecilla :
Donc, c'est Santé et Services sociaux.
M. Bonnardel :
Oui.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. Fontecilla :
Très bien. Quand vous dites... Là, je reviens au budget de
119 millions, là. Quand vous dites : C'est financé plus efficacement,
qu'est-ce que vous voulez dire? C'est un peu une phrase très convenue, là, mais
ça veut dire quoi, concrètement, sur le terrain, M. le ministre?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
ministre.
M. Bonnardel :
Bien, c'est des programmes qui vont nous permettre d'avoir plus de
souplesse, de s'adapter aussi à certaines
situations, je le disais tantôt, gang de rue, l'action communautaire, les
municipalités qui sont des partenaires, nécessairement, les différents
services de police municipaux sur le territoire québécois. Donc, on va être
capable d'avoir, comme le sous-ministre l'a
mentionné, plus de souplesse à mettre en place, donc, dans les prochaines
années, différents programmes qui vont être... qui vont être supportés
et... être supportés par nous, mais aidés par l'entremise de nos différents partenaires, qui ont toujours été des
partenariats importants sur le terrain, l'action communautaire, les services
de police et nécessairement les municipalités.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M.
le...
M. Fontecilla :
Concernant ce sujet, vous recevez du financement du gouvernement fédéral.
M. Bonnardel :
Pour cette portion?
M. Fontecilla :
Oui.
M. Bonnardel :
Non.
M. Fontecilla :
Pour d'autres activités de prévention de la criminalité?
M. Bonnardel :
Bien, gang de rue, gang de rue... Bien, pas gang de rue, mais crime
organisé, crime organisé, CENTAURE, oui, il y a eu des sommes, des sommes qui
viennent du fédéral comme tel, là.
Une voix : ...
M. Bonnardel :
Drogue, oui, c'est ça, là.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
député de Laurier-Dorion, il vous reste deux minutes. C'est à titre informatif.
M. Fontecilla :
Très bien, j'aimerais avoir plus de précisions sur le budget de
4,4 millions pour... sur trois ans, pour
ce qui est... pour reconduire le financement de l'équipe dédiée à la lutte
contre la violence entre partenaires intimes à la Sûreté du Québec.
Qu'est-ce qu'il fait exactement, ce programme-là, M. le ministre?
M. Bonnardel :
Bien, ça, c'est une équipe... c'est une bonne question, c'est une équipe
spécialisée de la Sûreté du Québec. Je n'ai pas la nomenclature, mais je
parle... on a à peu près huit partenaires de la Sûreté du Québec sur cette équipe spécialisée, qu'on appelle la VPI,
là, la violence entre partenaires intimes. Donc, c'est complexe, les risques,
importants pour les victimes qui sont impliquées et qui nécessitent que la
Sûreté du Québec soit, pour nous, là, munie d'une
équipe spécialisée pour la sécurité des victimes, les enfants dans les
situations de violence, de VPI, de violence avec les personnes intimes.
Je veux que ce soit une priorité pour nous autres, puis c'était important, pour
moi, d'assurer la continuité de cette
équipe spécialisée du côté de la Sûreté du Québec, pour s'assurer que cette
petite équipe, quand même, mais immensément
importante pour le travail qu'ils font, assure une continuité, donc, pour
accompagner, donc, ces partenaires intimes, cette situation de violence
que certains partenaires pourraient avoir dans le quotidien.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Est-ce
que c'est des salariés à temps plein, sur ces projets-là, ou ils font ça
entre... parmi d'autres tâches?
M. Bonnardel : Non, non, non, c'est une équipe dédiée, c'est une
équipe spécialisée, là. Je n'ai pas la nomenclature des personnes
spécifiques qui sont sur l'équipe, là, mais je pourrais vous la donner, là,
dans le futur, là, pour vous dire exactement qui en fait partie et qui fait
quoi.
M. Fontecilla : Est-ce qu'ils travaillent de façon... ils sont
dans une unité ensemble, ils travaillent dans... ou ils sont éparpillés
à travers le territoire?
M. Bonnardel : Je ne peux pas vous dire
s'ils sont éparpillés ou non, là, mais c'est une équipe qui est
coordonnée, là, spécialisée, comme telle, pour s'assurer, là, de concentrer
leur travail. Puis il y a un financement qui est dédié spécifiquement à cette
lutte contre la violence entre personnes intimes.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Votre
temps est terminé, je suis désolée...
M. Bonnardel :
Je vais vous donner...
La
Présidente (Mme Soucy) : Alors, nous devons poursuivre.
Alors, maintenant, nous allons poursuivre avec un bloc de 7 min 24 s pour le troisième groupe
d'opposition. Donc, M. le député de
Jean-Talon, je vous cède immédiatement
la parole.
M. Paradis :
Bonjour, M. le ministre. L'an passé, à l'étude des crédits, pas les provisoires
mais à l'étude des crédits, je vous ai posé
des questions qui ont semblé vous surprendre sur un sujet extrêmement important
pour le Québec, celui de l'ingérence
étrangère. J'aimerais savoir quelles réponses vous avez pour nous cette année
sur l'état de préparation du Québec et des budgets qui sont consacrés
par le ministère de la Sécurité publique à la question de l'ingérence
étrangère, notamment compte tenu des conclusions du rapport Hogue, qui indique
que les acteurs étrangers... je cite : «Les
acteurs étrangers ciblent les institutions à tous les niveaux au Canada. Les
gouvernements provinciaux, territoriaux, autochtones et municipaux sont
visés. Les réponses à l'ingérence étrangère, quel que soit l'ordre du
gouvernement visé, peuvent aussi nécessiter des outils d'intervention dans des
champs de compétence qui ne relèvent pas du gouvernement fédéral, aux termes de
la Constitution.»
L'année passée, votre
réponse avait été : C'est le gouvernement fédéral qui s'en occupe. Quand
je vous ai demandé si vous estimiez qu'il y avait des risques d'ingérence
étrangère, vous m'avez répondu : «Rien ne laisse croire qu'il y ait
ingérence au Québec, rien, rien, rien.» C'était aussi la même journée, en
Chambre, où la mairesse de Brossard nous
avait transmis une lettre indiquant qu'elle avait des problèmes d'ingérence
étrangère dans ses élections municipales. Quelles sont vos réponses
aujourd'hui à ces questions?
• (17 h 40) •
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. C'est une réponse qui va être plus ou moins
similaire, là. Tout le travail qui est fait entre le bureau de la Sécurité de
l'État et le SCRS canadien, ce sont eux qui s'assurent des processus de
renseignement, d'enquête, s'il y a lieu, pour la suite des choses.
Je peux rassurer le
député, il n'y a pas d'ingérence étrangère vis-à-vis nos institutions
démocratiques au Québec. L'ingérence
étrangère, vous l'avez vu et lu, j'imagine, comme moi, dans les dernières
années, sur certaines situations d'un employé chez Hydro-Québec, qui a
été suspendu voilà peut-être 24 mois ou peut-être un peu plus; sinon,
situation d'enquête que la GRC a mentionnée, déjà, à Brossard, sur une
communauté que vous avez nommée tantôt. Donc, ce sont les seuls cas, présentement,
que le bureau de la Sécurité de l'État... pas a soulevés mais qu'on a pu lire,
qu'on a pu lire, là, par les médias dans les derniers mois, là-dessus.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. M. le
député.
M. Paradis :
Je ne parle pas uniquement de cas avérés ou non, je parle de prévention et de
préparation, compte tenu du fait que la
commission Hogue nous informe aussi que des États étrangers se livrent à des
activités non seulement contre les infrastructures du gouvernement
fédéral, mais aussi contre les infrastructures provinciales, territoriales et
municipales. Combien le gouvernement investit-il dans la prévention et dans la
préparation pour contrer de telles ingérences
étrangères, notamment en vue des élections qui s'en viennent tant au niveau
municipal qu'au niveau québécois?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, les membres de la direction du bureau de sécurité de l'État
ont la plus haute cote de sécurité, la plus haute cote de sécurité, ils sont en
lien avec les services canadiens de renseignement, ils sont en lien avec les
services canadiens de renseignement. Je l'ai dit tantôt, il n'y a pas
d'ingérence étrangère pour nos institutions démocratiques. C'est important, là,
je le répète, il n'a pas d'ingérence pour les institutions démocratiques,
d'ingérence étrangère. Il y a eu des cas que vous avez vus, lus comme moi dans
les dernières années. Et j'ai entièrement confiance au bureau de la Sécurité de
l'État pour faire le travail, aller chercher le renseignement, et c'est ce
qu'ils font avec la plus haute cote de sécurité, comme tel, avec le Service
canadien de renseignement.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.M. le député.
M. Paradis :
Je réitère que ma question n'est pas de savoir si le ministre est d'avis
qu'il y a des cas avérés ou pas, je demande l'état de la préparation du Québec
pour prévenir l'ingérence étrangère, notamment en vue d'exercices démocratiques
extrêmement importants au niveau municipal et au niveau québécois dans les
prochains mois, dans les prochaines années. Quel est l'état de la préparation
du Québec? Y a-t-il des budgets qui sont consacrés? Est-ce qu'y a des efforts
particuliers, au ministère de la Sécurité publique, pour la prévention et la
préparation?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, je répète, les membres du bureau de la Sécurité de
l'État ont la plus haute cote de sécurité. Vous comprendrez, je ne commencerai
pas à partager des informations du bureau la sécurité de l'État avec vous aujourd'hui, là. Ses membres sont en
contact quotidien avec les services canadiens de renseignement, quotidien. Ce
sont eux qui font le travail et qui auront ou auraient à partager de
l'information stratégique avec soit la GRC, ou la Sûreté du Québec, ou
différents autres partenaires de renseignement dans le monde.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
député.
M. Paradis :
Est-ce que je comprends de la réponse ou des réponses du ministre que le
gouvernement du Québec, le gouvernement de la CAQ, confie entièrement au gouvernement
fédéral la question de la prévention des risques
d'ingérence étrangère ou le Québec s'y prépare lui-même? C'est bien de
collaborer avec le gouvernement fédéral, mais est-ce que le Québec
considère qu'il a sa propre responsabilité et qu'il va s'occuper de protéger
les intérêts du Québec contre les risques d'ingérence étrangère? Est-ce qu'il y
a des budgets qui sont prévus? Est-ce qu'il y a des documents? Est-ce qu'il y a
une équipe de travail, pas seulement pour collaborer avec le fédéral, mais pour
s'occuper de nos intérêts au Québec? Est-ce que, oui ou non, le ministère de la
Sécurité publique s'occupe de ça actuellement?
M. Bonnardel :
Tout à fait. On s'occupe de ça. Le bureau de la Sécurité de l'État fait le
travail.
M. Paradis :
Est-ce que le ministre peut nous indiquer... parce que j'ai fait la recherche,
moi, j'ai cherché les mots «ingérence
étrangère» dans l'ensemble des documents budgétaires du Québec, je n'ai rien
trouvé. Est-ce qu'il y a quelque chose de prévu, est-ce qu'il y a des sommes
qui sont investies? Si oui, combien, quelle équipe travaille là-dessus?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Mais je répète que le bureau de la Sécurité de l'État, les employés qui
sont sous ce chapeau d'une division qui est extrêmement importante pour la
sécurité de l'État, avec la plus haute cote de sécurité, ces membres
travaillent nécessairement avec des partenaires, et nos partenaires sont les
partenaires canadiens que vous connaissez, que ce soit le SCRS ou les
différents partenaires internationaux, pour s'assurer de répondre à de
possibles attaques, ou autres, comme telles.
Mais, je le répète, il n'y a pas d'ingérence étrangère dans nos institutions
démocratiques au Québec, et j'ai entièrement confiance aux membres du
bureau de la Sécurité de l'État pour bien répondre et défendre nos intérêts et
de s'assurer qu'on a des partenaires bien au fait de la situation, que ce soit
la GRC, que ce soit la Sûreté du Québec ou autres partenaires.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. M. le député, je vous cède la parole.
M. Paradis :
Est-ce que le ministre considère que c'est une question suffisamment
importante, notamment qu'il y a un impact sur les élections? Ici, on est bien
placés pour parler d'élection. Est-ce qu'il considère que c'est une question suffisamment
importante pour la travailler de façon transpartisane, avec notamment les
partis d'opposition, en vue de l'élection... des élections municipales qui s'en
viennent et en vue des élections au Québec, qui s'en viennent aussi, prévues au mois d'octobre 2026, par
exemple, au sein d'un groupe de travail spécial ou d'une commission parlementaire
spéciale?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le
ministre.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, je répète, là, j'ai entièrement confiance aux membres du
bureau de la Sécurité de l'État, qui ont la plus haute cote de sécurité, la
plus haute cote de sécurité pour s'assurer d'avoir tous les renseignements, de
partager ces renseignements avec les partenaires...
La
Présidente (Mme Soucy) : Votre temps de parole est...
M. Bonnardel :
...et de répondre aux inquiétudes... Merci.
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le
ministre,votre temps de parole est terminé. Je dois être juste avec
tout le monde. Votre temps de parole et
terminé, je dois passer maintenant à l'opposition officielle. Mme la
ministre... Mme la députée, excusez-moi...
Une voix :
...
La Présidente (Mme Soucy) : ...oui, je
vous donne, oui, 8 min 6 s, exactement. Allez-y.
Mme Maccarone :
Merci. Je veux revenir sur le rapport de la RACJ, parce que je n'ai pas une
réponse à ma question que j'ai posée lors de notre dernier échange. La
recommandation 7, moi, je souhaite entendre le ministre, moi, je souhaite
avoir un engagement de sa part qu'immédiatement... c'est-à-dire qu'on va exiger
l'examen radiologique précombat soit fait au Québec pour tous... pour tous les
boxeurs qui vont venir ici.
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le
ministre.
M. Bonnardel :
Mais la question est importante, Mme la Présidente, là. Je l'ai répété
tantôt, il y a eu un premier rapport où il y avait une recommandation. Il y a
un deuxième rapport qui a été fait, où il y en a, si je ne me trompe, là, 11 ou
12, 11. On peut... Moi, j'ai mon opinion. J'ai bien lu et vu le rapport et
surtout vu tout le processus d'enquête incroyable
que Radio-Canada a fait sur cette situation. On va laisser la RACJ mettre son
plan d'action... dévoiler son plan d'action. On va répondre. Je peux
assurer la députée ici, là, qu'on ne va pas tabletter ça. Pour moi, c'est
immensément important. Ça a été une tragédie de...
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Soucy) : Alors,
juste...
M. Bonnardel :
Oui, je sais qu'il n'y a pas beaucoup de temps, mais j'arrête ça là.
La Présidente (Mme Soucy) : Vu qu'on n'a pas beaucoup de temps de parole, je
vais... il faudrait faire des réponses qui sont plus courtes.
Mme Maccarone :
Merci. Alors, la réponse est non. Ça fait qu'on ne prend pas cet engagement
aujourd'hui, malgré que ça fait trois ans depuis
son malheureux décès, malgré que le premier rapport a été déposé en
novembre 2023. C'est ça que j'entends.
Ça m'amène à un autre
sujet...
M. Bonnardel :
Non, non, je veux juste corriger, je veux juste corriger ça, là.
Mme Maccarone :
...on peut parler des agents de services correctionnels.
La
Présidente (Mme Soucy) : Juste un instant. Après.
Mme Maccarone :
C'est à mon tour de parler, merci. Là, on est avec les services correctionnels.
Parce que vous avez également voté contre la
motion de mercredi où j'ai demandé un plan d'action pour protéger ces gens qui
sont en train de nous protéger. J'ai
déposé une pétition dernièrement. Je souhaite savoir si le ministre a
l'intention de l'étudier, parce que c'est pour les vestes anti-pic. Et,
quand on regarde le budget, on voit qu'il y a une augmentation de 2 % pour
les services correctionnels. Alors, est-ce qu'il va y avoir un montant qui va
être utilisé pour la protection de nos agents correctionnels?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre, à vous la
parole, maintenant.
M. Bonnardel :
Oui, je vais prendre 20 secondes pour corriger ce que la députée a
dit, là. Premièrement, je vais prendre acte, et je ne suis pas le genre de gars
qui tablette ou qui dit une chose et qui ne le fait pas. Donc, si je vous dis qu'on va prendre acte du rapport,
laissez-moi le temps. Ce rapport Ramsay vient d'être dévoilé. On va prendre le
temps qu'il faut. Maintenant, on va aller le plus rapidement possible, le plus
rapidement possible pour bien encadrer cette industrie, pour répondre de cette
malheureuse tragédie, tragédie qui a eu lieu au Québec dans les derniers mois.
Maintenant, je suis
content de la question, je vais prendre un autre 30 secondes pour répondre
vite, vite à sa question. Elle le sait très bien, on a eu les... J'ai annoncé
les plus gros investissements de l'histoire carcérale, voilà à peine un an
déjà, pour supporter les différents agents sur le... les agents de services
correctionnels dans nos centres de détention pour s'assurer d'augmenter leur
sécurité. Je l'ai dit, on va avoir... On a une chronologie, là, d'installation,
que ce soit pour détecteurs rayons X,
les détecteurs corporels, que ce soient les drones, pour être capables
d'attraper ces fameux drones, là, qui entrent dans nos différentes
prisons, d'empêcher les cellulaires de fonctionner.
Vite, vite, vite, je
termine avec ça, il y a eu un projet pilote, suite à ma demande avec le fédéral
l'année passée, pour qu'on soit capables de tester nos premiers brouilleurs
d'ondes dans les établissements de détention.
• (17 h 50) •
La
Présidente (Mme Soucy) : ...M. le ministre.
Mme Maccarone : Sauf que, juste en fin de
semaine à l'établissement de Québec, O.K., il y a eu une prise d'otage. À l'établissement de Sorel, juste hier, on a une
agente qui s'est fait attaquer par une détenue femme. Alors, je pense qu'on ne peut pas attendre. Je ne sais pas si vous êtes allé pour
prendre un café avec un des agents qui travaillent dans nos... dans le milieu carcéral, parce que leurs
conditions de travail sont déplorables. Ils ont des répercussions s'ils disent
qu'ils ne peuvent pas faire du temps supplémentaire obligatoire, mais
ils sont monoparentaux puis ils doivent aller à la maison pour s'occuper de leurs enfants. Il y a une
pénalité, ils sont sanctionnés. Si jamais ils disent que, ah, j'ai liké quelque
chose sur Facebook, ils sont sanctionnés. Ils n'ont pas le droit de
parler à ce sujet non plus parce qu'ils vont être sanctionnés.
Alors, moi, je souhaite
savoir qu'est-ce que le ministre va faire pour assurer qu'on aura plus de
transparence et aussi pour contrer cette augmentation de violence, mais
aujourd'hui. Là, j'entends les investissements que le ministre a faits dans le passé, mais ça reste qu'aujourd'hui
la preuve n'est pas là, parce qu'on a toujours une pénurie de main-d'oeuvre, du
temps supplémentaire obligatoire, ils sont fatigués, ils ne peuvent plus... ils
ne peuvent plus. On ne peut plus, tu sais, creuser ce citron, je ne sais pas l'expression...
Une voix :
...
Mme Maccarone :
...presser le citron, on ne peut plus presser le citron. Il dit : Au
secours! Puis ils ont des petites demandes d'avoir juste des vestes anti-pic,
ils ont des demandes d'avoir la reconnaissance de leur travail puis la
valorisation, mais ça reste qu'ils font face à énormément d'enjeux, puis ils ne
vous demandent pas pour l'argent, ils vous demandent d'avoir une
reconnaissance, de faire... d'engager du monde pour prêter main-forte, pour
aider. Mais à date ce qu'on voit, c'est des représailles, une omerta. Ils n'ont
pas le droit de dénoncer. Puis ils sont toujours seuls. On a toujours des
agents qui agissent seuls dans leur milieu carcéral.
Ça fait que qu'est-ce
que vous allez faire, mettons, dès demain, pour venir régler ces problèmes.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le
ministre.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, c'est tellement inexact et... je ne veux pas dire faux
parce que vous allez me dire de l'enlever,
là, mais c'est totalement inexact de dire que les agents ne peuvent s'exprimer.
J'étais au centre de détention de Québec mardi, là, j'étais au centre de
détention de Québec mardi matin pour aller voir les nouvelles installations, je
pourrai l'expliquer plus longuement dans les prochaines semaines, pour aller
voir les installations technologiques, les appareils qu'on a installés pour,
justement, accompagner, mieux accompagner le travail des agents correctionnels.
Je pourrais prendre les
deux minutes qu'il reste, je ne le ferai pas, je vais lui laisser une autre
question, mais je veux lui dire une chose : Elle le sait, que, pour moi,
pourvoir les postes d'agent de services correctionnels, c'était immensément
important. On est parti de la COVID, où ça a été extrêmement difficile depuis
la COVID... on avait 12 %, 13 % de
postes à pourvoir. Aujourd'hui, par coeur, ce matin, on était à 7,3 % ou
7,6 % de postes à pourvoir. C'est une théorie du petit pas, mais on
s'améliore. Nos cohortes sont presque pleines pour former ces agents de service
correctionnels. On comprend la situation qu'ils vivent. On leur a donné... On
va leur donner encore, dans les prochains mois, plusieurs outils. On est en
discussion pour cette fameuse veste anti-pic. On va leur donner tous les outils
pour m'assurer une chose, qu'ils retrouvent,
dans une certaine mesure, une fierté, une fierté de travailler dans nos centres
de détention au Québec.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Maccarone :
Oui. Moi, je peux vous donner une copie des documents que j'ai reçus en ce
qui concerne l'omerta puis les représailles parce qu'ils dénoncent des choses
sur Facebook ou qu'ils likent un post. Ça fait que c'est sûr que je vais
partager ça avec le ministre.
Puis je m'en
souviens, du moment où nous sommes allés visiter un centre de répartition
ensemble, puis je crois qu'on a eu une
entente, puis vous avez bien compris avec moi les difficultés qu'ils font face,
nos répartiteurs, entre autres, ce n'est toujours pas réglé, cette
affaire-là. Mais je vous tends la main encore une fois, si vous accepterez à
aller prendre un café avec deux agents pour
parler de leur réalité, pas avec le sous-ministre, beaucoup de respect pour
vous, M. Croteau, mais pas avec un sous-ministe, pas avec votre staff avec
vous, parce que, quand le ministre arrive, là, on, presque, liche les
planchers pour que ce soit propre puis que tout va bien. Est-ce que vous
accepterez de faire ça pour avoir un vrai portrait de qu'est-ce qui se passe
dans le milieu carcéral?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme
la députée. M. le ministre, 16 secondes.
M. Bonnardel :
Bien, vous savez, Mme la Présidente, je suis un partenaire de cette famille
des agents de services correctionnels. Je
vais leur donner tous les outils possibles pour m'assurer de leur sécurité.
Comme je l'ai mentionné mardi matin, j'étais au centre de détention de
Québec pour aller parler à certains, puis on va les accompagner.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
ministre. Votre temps est terminé.
Donc, la commission
plénière ayant terminé cet échange, je remercie les personnes qui ont participé.
Et j'ajourne les
travaux... je suspends les travaux jusqu'à...
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Soucy) : Quelques instants? Bon, bien,
alors, on poursuit. Alors... Habituellement, on les suspend, à cette heure-là.
Mais là je suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise à 17 h 59)
La Présidente
(Mme D'Amours) : La commission plénière poursuit ses travaux sur
l'étude des crédits provisoires pour l'année financière 2025-2026.
Économie, Innovation et Énergie
Au cours de la prochaine heure, nous allons
procéder à un échange entre Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de l'Énergie et les députés de l'opposition.
Remarques préliminaires
Nous commencerons par les remarques
préliminaires. Je vous rappelle qu'un maximum de six minutes est alloué au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 2 min 59 s au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 1 min 58 s
pour le second et... deuxième groupe d'opposition, 40 secondes, troisième
groupe d'opposition, 24 secondes pour
l'ensemble des députés indépendants. J'accorde maintenant la parole à Mme la
ministre pour ses remarques préliminaires.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Merci.
Merci, Mme la Présidente. Donc, bonjour, bonjour à tous, très contente d'être
avec vous pour parler d'énergie. Alors, je tiens d'abord à saluer mes nombreux
collègues ici présents, donc : les députés de Roberval, de Beauharnois,
députés de Portneuf, Rivière-du-Loup—Témiscouata—Les Basques, de Marie-Victorin, de Châteauguay, de Labelle, de Bellechasse,
Lotbinière-Frontenac, Les Plaines, Beauce-Sud, Rousseau, Chapleau, le député
de Jacques-Cartier, le député de
Maurice-Richard, le député de Jean-Talon et, bien sûr, Mme la présidente, de
même que les équipes du ministère qui
m'accompagnent. Merci de votre présence et merci au sous-ministre d'être des
nôtres, mes équipes du cabinet, également. Donc, merci de nous
accompagner.
Alors, on va pouvoir entamer la discussion. Vous
le savez, il y a eu beaucoup de développement en lien avec le dossier de
l'énergie au cours des derniers mois. Alors, j'aimerais vous énoncer
quelques-uns de ces développements importants qui ont pris place.
• (18 heures)
•
Donc, il y a
notamment eu le lancement d'une importante stratégie de développement éolienne
par Hydro-Québec, qui a déjà mené à la signature de trois ententes de
partenariat pour la construction de parc d'éoliennes, d'un total de plus de
10 000 mégawatts d'électricité. On a eu également le dépôt et l'étude
du projet de loi n° 69, la Loi assurant la gouvernance responsable des ressources
énergétiques, de même que le
lancement à venir de deux premiers appels d'offres pour doter le Québec de 300 mégawatts
d'énergie solaire. Il y a eu également la signature d'une entente
gagnante-gagnante entre le Québec et Terre-Neuve, une entente qui va
pouvoir pérenniser des ressources énergétiques importantes pour l'avenir. Il y
a eu également l'arrivée, bien sûr, du nouveau président des États-Unis, qui
vient chambouler bien des dimensions de l'économie québécoise, de l'économie
internationale. Et on en a encore un exemple qui nous a été... qui est apparu
il y a quelques minutes à peine. On a eu également le lancement de la tournée,
la tournée qui s'inscrit dans le cadre du PGIRE, la tournée Vision énergie,
tournée des régions à laquelle on invite les Québécois, les groupes qui sont
investis dans le domaine de l'énergie et dans tous les secteurs connexes, à
réfléchir et à discuter avec nous sur l'avenir énergétique du Québec, et plus
encore. Bref, les collègues des oppositions ont amplement de sujets, de
matière, sur lesquels on pourra échanger entre nous aujourd'hui.
Alors, on le sait, dans un contexte de
transition énergétique, il faut que ça avance en matière d'énergie au Québec et il faut également que le Québec se
positionne dans ce contexte international de transition énergétique, et on a
tout pour le faire, on a tous les atouts.
Alors, avant de commencer les échanges, justement,
je souhaite revenir sur quelques-uns des points importants. Les chercheurs des
HEC l'expliquent très bien dans leur publication annuelle, l'État de
l'énergie au Québec, qui est parue récemment. J'étais d'ailleurs au
lancement. Les défis énergétiques du XXIe siècle, on le sait, requièrent
une approche systémique. Alors que le monde entier est entré dans la transition
énergétique, alors, on doit plus que jamais tenir
compte des liens entre les différentes sources d'énergie, de leur transport, de
leur transformation en multiples produits, de leur consommation par
divers secteurs d'activité, etc. Ça doit se faire en ayant en tête les impacts
économiques de même qu'environnementaux de cette transition. Et, pour gérer les
enjeux énergétiques, on doit comprendre comment nos modèles d'affaires et nos
habitudes de consommation peuvent contribuer à privilégier la production d'une
source d'énergie plutôt qu'une autre.
Comme vous le savez, on s'est engagés dans un
véritable projet de société, comme gouvernement, projet qui vise à décarboner notre économie. On souhaite
transformer les défis de la transition énergétique en occasion de développement économique parce qu'on a tous
les atouts pour ce faire. Bien que le Québec soit depuis longtemps à
l'avant-garde en matière
d'énergie verte, il faut oeuvrer pour faire en sorte de garder ce
positionnement. On doit conserver cette force-là et poursuivre le développement des différentes
filières énergétiques, et ça passe notamment, donc, par une diversification de nos
sources d'énergie.
On a bâti
notre mode de vie en nous appuyant sur nos ressources énergétiques, sur notre
talent, et la combinaison de ces deux éléments a permis un
enrichissement collectif des Québécois considérable. Et aujourd'hui on est
conviés à regarder comment bâtir l'avenir énergétique du Québec.
Le constat
qu'on fait est clair. On doit continuer de faire preuve d'audace, d'ingéniosité
pour soutenir nos besoins actuels et futurs en agissant tant sur la
demande que sur l'offre en énergie et, pour ça, on doit se doter d'une vision
claire et intégrée en matière d'énergie propre et en matière d'efficacité énergétique
et de sobriété énergétique.
Avec le
projet de loi n° 69, c'est ce qu'on fait. La pièce maîtresse de ce projet
de loi est le plan de gestion intégré des ressources énergétiques, le
PGIRE. Il va changer la façon qu'on a de penser l'énergie. Je le disais, la
situation a changé. On doit mieux évaluer la consommation future d'énergie, les
ressources disponibles et explorer différentes options énergétiques et
technologiques pour assurer une offre stable, une offre durable.
Et, avant d'élaborer le PGIRE, notre
gouvernement souhaite rencontrer les intervenants des différents milieux,
qu'ils soient municipal, énergétique, économique, environnemental, politique,
les groupes de citoyens, ceux liés à la main-d'oeuvre,
de même que les communautés autochtones. On a besoin d'entendre le plus grand
nombre pour connaître leur vision sur
la planification énergétique. On a lancé la tournée Vision énergie récemment à
Montréal. Je salue d'ailleurs le
député de Maurice-Richard, qui était des nôtres pour l'occasion. Et on
maintient ce dialogue avec une visite d'un ensemble de régions du
Québec.
Je m'arrête là-dessus pour que l'on puisse
échanger avec les différents collègues. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Je cède maintenant la parole, pour vos remarques
préliminaires, pour une durée de 2 min 59 s, au député de
Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je suis très content d'être ici avec tous mes collègues, quand
même, du côté des banquettes gouvernementale que des oppositions. C'est sûr
qu'on est toujours dans la discussion sur l'énergie. Ça a fait presque toute la
journée que nous sommes avec la ministre dans l'étude du projet de loi n° 69. Et maintenant on va avoir une discussion plus sur
l'étude des crédits et des éléments qui sont dans le budget.
Puis, une chose que j'ai remarquée, c'est vrai
qu'il y a beaucoup de choses qui se passent au Québec en termes d'énergie, mais
je ne peux pas... de remarquer le fait que le dossier de l'énergie n'est
presque nulle part dans le budget. Si on regarde un petit peu, quand même, la
question de la transition énergétique et d'être plus efficace, peut-être plus
autonome en termes de consommation de l'énergie, quand même, peut-être, la
production, il n'y a pas grand-chose dans ce
budget pour ça. Vous savez, Mme la Présidente, je suis un fan des panneaux
solaires. Je sais qu'il y a quelque chose dans les cartes avec
Hydro-Québec, mais j'ai toujours pensé quand même que le gouvernement peut
faire leur part aussi. Hydro-Québec a été très, très claire avec leur plan,
puis, quand ils étaient ici en commission, ça ne peut pas être juste eux autres qui sont responsables pour mettre
en mise leur plan d'action, ça va prendre l'assistance du gouvernement.
Alors, dans ce sens-là, j'ai toujours pensé que
le Fonds vert, c'était peut-être un élément ou une place on peut trouver des
financements pour aider des gens de faire des rénovations de leur maison, pour
ajouter des panneaux solaires sur leur toit ou quand même d'acheter une
batterie, parce que les panneaux solaires sont bien intéressants, mais il faut ajouter un mix des batteries. C'est
qu'est-ce que plusieurs experts le disent, c'est une façon d'être plus efficace.
Alors, c'est sûr que...
Ça, c'est une chose que j'ai dite : Bien,
peut-être, ça va finalement être l'année où le budget du Québec parle d'un programme pour les panneaux solaires, de
faire des rénovations à la maison pour se rendre ça plus efficace, lancer un
programme, etc. Mais je n'ai pas... je n'ai
pas trouvé ça dans le budget. Mais, bref, c'est correct, on va... je vais
garder l'espoir pour l'année prochaine.
Mais encore, juste en général, on sait que, sur
la question de la formation de la main-d'oeuvre, c'est un élément qui est hyperclé pour Hydro-Québec pour s'assurer
qu'il peut aller de l'avant avec leur plan. On ne trouve pas grand-chose
dans le budget sur cette question spécifiquement, comment on peut assister
Hydro-Québec à trouver la main-d'oeuvre nécessaire.
Alors, on va
avoir une discussion sur plusieurs éléments, Mme la Présidente. Ça va être une
bonne discussion. Puis je vais
arrêter là parce que je comprends que je n'ai plus de temps pour mes remarques
préliminaires. Mais merci beaucoup pour l'écoute, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. M. le député de Maurice-Richard, est-ce que vous souhaitez faire
des remarques préliminaires? Non? Vous allez garder votre temps pour la période
d'échange.
Discussion générale
Donc, nous serions maintenant à la période
d'échange, et je vais céder la parole au député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Parfait. Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup. Je vais commencer avec quelque chose qui est
dans l'actualité. On a vu que le gouvernement du Québec a confirmé un décret
pour garder la hausse de 3 % pour les tarifs
résidentiels d'Hydro-Québec, mais je veux aller plus sur la question que... qui
va payer pour le fait que le gouvernement a décidé de garder ça à 3 %,
parce qu'il y a un lapsus, un manque de 0,6 % dans qu'est-ce que la hausse
était demandée de la régie. Et j'ai lu l'article rapidement. C'est correct, le
gouvernement respecte ses engagements, c'est
qu'est-ce que la ministre a dit dans une mêlée de presse. Mais après ça elle a
dit : Peut-être ça va être des industriels et le commercial qui devront absorber une hausse, mais après ça
c'était : Non, non, non, c'est correct. Hydro-Québec a déjà...
avait déjà décidé d'assumer la différence de 0,6 % à même le dividende de
la société de l'État au gouvernement. C'est
une baisse d'un dividende provisionné, on avait écrit par message texte, donc
ça n'apporte pas nécessairement une augmentation pour les clients
commerciaux et industriels.
Mme la ministre,
est-ce que vous êtes en mesure de dire ce 0,6 %, c'est quoi le montant
exact dans les chiffres? De combien de millions est-ce qu'on parle dans les
dividendes d'Hydro-Québec qu'on a maintenant moins de?
• (18 h 10) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci, Mme la Présidente.
Bien, tout d'abord, je voudrais commenter sur certains... certaines des remarques préliminaires du député de
Jacques-Cartier quant à l'argent, par exemple, qu'il n'y a... qu'il y a ou il
n'y a pas dans le budget.
Alors,
effectivement, l'essentiel des investissements est fait par Hydro-Québec en ce
qui a trait au développement énergétique. Il y a toutefois le PGIRE, la
tournée du PGIRE qui est portée par le gouvernement, et, dans le budget d'hier, on retrouve une somme de 1,8 million
sur deux ans qui est dédiée à l'organisation de cette tournée sur le plan de
gestion intégré des ressources énergétiques.
Et je sais que le
député entretient une attention particulière sur l'énergie solaire, on a
d'ailleurs discuté, il y a quelques jours, de ça, et je partage l'ambition du
député de Jacques-Cartier pour rehausser la présence de l'énergie solaire dans le bouquet énergétique du Québec.
C'est important que l'on s'engage dans cette forme d'approvisionnement énergétique.
Et je sens que, chez Hydro-Québec, il y a cette volonté également de rehausser
la part du solaire dans le bouquet énergétique. Il y a d'ailleurs des appels
d'offres, là, qui ont été évoqués. Donc, voilà, on va aller de l'avant avec
cette formule-là d'une manière plus marquée.
Alors, effectivement,
on a fait... on a fait une annonce, une annonce suite à l'adoption d'un décret
par le Conseil des ministres pour faire en sorte de plafonner à 3 % le
tarif pour la clientèle résidentielle d'Hydro-Québec. C'était l'engagement que
l'on avait fait aux Québécois, et donc on respecte notre engagement. Alors, il
y aura cette hausse qui sera plafonnée à
3 %. Et le différentiel entre ce qu'avait établi, là, la Régie de
l'énergie, à savoir une hausse de 3,6 % pour le tarif domestique, et celle qui est adoptée via le décret du
jour, limitée à 3 %, il va être absorbé par Hydro-Québec. Donc, on
m'a confirmé effectivement qu'Hydro-Québec avait déjà provisionné des sommes
importantes, au-delà du 3 %, et, par conséquent, ça lui permet d'absorber
le delta, donc le 0,6 % de différence entre 3,6 % et 3 % comme
tarif résidentiel. Donc, voilà, c'est capté, c'était déjà provisionné par
Hydro-Québec. Et tout ça va être mis en oeuvre dès le 1er avril prochain, donc 1er avril 2025, et ça va permettre
de bénéficier à 4 millions de ménages québécois, donc l'ensemble
des... de la clientèle résidentielle. Et la différence entre le 3,6 % et
le 3 % représente une somme de 50 millions.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Et est-ce que, Mme la ministre, ça, c'est déjà pris en considération,
le dividende qu'Hydro-Québec a mis au gouvernement, ou ça, ça va être ajouté à
l'année prochaine?
Mme Fréchette :
C'est l'année en cours?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Alors, Mme la Présidente, c'était provisionné déjà pour l'année en cours
dans les sommes d'Hydro-Québec.
M. Kelley :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et, regarde, je comprends que le
gouvernement a pris une décision.
50 millions de dollars, on peut regarder le budget total puis les
dividendes d'Hydro-Québec, on dit : Ah! bien, ce n'est pas
énormément, mais, quand on a cette attitude, Mme la Présidente, c'est comment
on se rend dans une situation avec un déficit énorme. Parce que, chaque fois,
on dit : Bien, c'est juste 50 millions de dollars, bien, c'est juste 100 millions de dollars. Si on regarde
le total des dépenses, ce n'est pas énorme, mais je trouve encore... Je comprends,
le gouvernement a pris une décision, mais, à répétition, ce type de décisions a
des conséquences lourdes pour nous.
Puis je veux juste
ajouter encore, pour les gens comprennent bien la situation, oui, tous les
gouvernements, souvent, ont des déficits, ils empruntent de l'argent, mais le
fait est qu'avec le gouvernement présentement le service à la dette va augmenter d'une façon
impressionnante dans les prochaines deux années. Et ça, c'est l'argent qu'on va
payer essentiellement à des gens qu'on a prêté l'argent d'eux, et c'est
des centaines de millions de dollars qu'on va ajouter à ça qu'on ne peut pas
dépenser dans notre économie, dans notre système de santé, dans notre système
d'éducation. Alors, c'est où il faut avoir,
à un certain moment, quand on parle de plus de rigueur, c'est dans certains
exemples comme ça. C'est juste on ne
peut pas regarder que c'est un ajout, on a moins d'argent, parce que, déjà, les
dividendes d'Hydro-Québec continuent de baisser, et c'est problématique.
Des fois, c'est lié au fait qu'on a moins de l'eau dans les réservoirs de nos
barrages, les autres, c'est dû à des autres éléments qu'on va discuter tantôt
dans le budget, qui a été indiqué, mais c'est juste, encore, Mme la Présidente,
je pense que, déjà, on peut faire des exemples un petit peu partout.
Le gouvernement prend des
choix, ça, c'est leur droit, mais il y a des conséquences. Et, si on calcule
toutes ces décisions, ça explique pourquoi
nous avons... rendus dans une situation comme ça. Puis encore il y a un coût
qui va être ajouté de chaque fois
qu'on prête l'argent ou on a moins d'argent dans... moins de revenus. C'est des
vraies conséquences pour l'État.
Mme la ministre, je veux... reviens sur cet
aspect-là, parce que, dans le budget, on parle de Churchill Falls. Et il y a
cet élément, sur la page F.12, où on dit : Bien, le budget prévoit
une baisse importante des revenus de la province pour les trois prochaines années. Cette raison est mentionnée : «La
diminution des revenus des entreprises du gouvernement est principalement
expliquée par les ajustements apportés aux résultats d'Hydro-Québec découlant
de l'inclusion de l'impact de renouvellement de l'entente
d'approvisionnement d'électricité provenant de Churchill Falls ainsi que la
baisse des exportations liées à la faible hydraulicité.»
Je veux juste mettre le focus, pour l'instant,
sur Churchill Falls. Si on est déjà en train de perdre des revenus, est-ce que
le gouvernement a vraiment négocié la meilleure entente que possible pour le
Québec, Mme la Présidente, et... Question pour la ministre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre, votre réponse.
Mme Fréchette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Bien, j'aimerais revenir, dans un premier temps, sur les
premiers points d'intervention du député de Jacques-Cartier. Pour nous, vous
savez, c'était crucial de protéger le pouvoir d'achat des Québécois et c'est ce
qu'on s'était engagé à faire en mettant de l'avant l'idée d'un plafond à 3 %
pour la hausse du tarif résidentiel. Et donc on remplit notre promesse avec le
décret qui est adopté aujourd'hui pour plafonner, justement, à 3 % la
hausse du tarif résidentiel.
Je sais que les libéraux avaient pris une
approche différente au cours de la dernière décennie, ils ont préféré épargner
les industrielles, puisqu'ils ont fait en sorte de ne pas indexer les tarifs
industriels depuis plus de... les 10 dernières années.
Alors, de notre côté, il y a une question
d'équité qui était en jeu. Les Québécois, ils l'ont eu difficile ces dernières
années. Leur pouvoir d'achat a été affecté par une inflation qui a été parfois
galopante. Alors, il fallait absolument aider les Québécois à protéger leur
portefeuille, et c'est ce qu'on fait avec le décret d'aujourd'hui en limitant
la hausse tarifaire des clients d'Hydro-Québec à 3 %. Alors, cette somme
de 50 millions, pour nous, c'est un investissement dans le portefeuille
des Québécois et dans le maintien d'une accessibilité des Québécois à une
énergie propre, mais également accessible sur le plan financier. Alors, c'était
un élément déterminant.
Par la suite, la question portait sur... pardon,
j'ai...
Une voix : ...
Mme Fréchette : Churchill
Falls, oui. L'entente Québec—Terre-Neuve,
une entente déterminante, vraiment, qui est d'une grande importance parce
qu'elle vient sécuriser des milliers de mégawatts à un prix plus que compétitif
pour les Québécois. Donc, on assure, dans le fond, une accessibilité,
justement, à une énergie propre et abordable pour des décennies à venir.
Alors, c'est une entente historique, en fait,
qui a été signée entre le premier ministre François Legault et le premier
ministre de Terre-Neuve en décembre dernier. C'était un partenariat
gagnant-gagnant qui va nous permettre de remplir... de contribuer à atteindre
nos objectifs en matière de rehaussement de la production énergétique, parce que, oui, dans une période de transition
énergétique, il nous faut rehausser de manière importante l'offre énergique du
fait de l'électrification, par
exemple, du secteur des transports. Donc, avec la signature de cette
entente-là, on vient sécuriser un rehaussement de la production de même
qu'un accès pérenne à une électricité renouvelable et abordable.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je reviens sur ce principe-là, que le parti libéral a toujours
appuyé les grosses industrielles. Et c'est vrai, le raisonnement qu'on a fait
ça souvent. Bien, la dernière fois que nous... quand on... la dernière... quand
nous étions au pouvoir, entre 2014 et 2018, M. le Président, c'était le premier
tour du président Donald Trump, qui a créé
beaucoup d'incertitude aussi dans notre économie, qui aussi jouait avec des
tarifs. Puis, quand même, dans le passé, on a eu des autres crises
économiques. Alors, pour nous, c'est sûr, les grosses industrielles, on sait
que des régions sont les plus... l'air pour les poumons de l'économie du
Québec. Sans eux autres, il n'y a pas d'économie, on n'a pas de job payante en
région.
• (18 h 20) •
Alors, c'est sûr qu'on a pris des décisions
d'appuyer eux autres dans les périodes où c'était difficile. Et ça, c'est
pourquoi ils ont dit : On a toujours préféré le système qui était en place
parce que ça a aidé, nous, à traverser les périodes difficiles. Puis,
maintenant, on arrive avec une situation où ça semble qu'il va y avoir une
autre période difficile avec beaucoup
d'incertitude avec l'arrivée de Donald Trump une deuxième fois comme président
des États-Unis.
Et c'est une discussion qu'il faut avoir. Parce
que, sinon, on a vu, Mme la Présidente, dans l'étude de Desjardins cette semaine, les risques posés par les tarifs
touchent en particulier des régions comme la Côte-Nord, comme le Saguenay. C'est
vraiment eux autres qui étaient plus à risque à cause d'une guerre commerciale
avec les Américains. Et ça, c'est où on
trouve nos... certaines de nos grosses industrielles qui offrent des jobs
payantes en région. Et on ne peut pas perdre ces industries-là. On veut
s'assurer qu'eux autres gardent le plus grand nombre en emploi que possible,
parce que ça n'aide aucune personne si les gens se
trouvent sur le chômage. Il faut avoir des gens qui paient des impôts pour nos services. C'est partie de cette recette, agrandir
notre économie pour s'assurer qu'il y a des jobs payantes et des jobs... Puis
on peut payer les impôts pour s'assurer que nous avons des bons services de
qualité au Québec.
Alors, je pense qu'encore les grands industriels
répètent à plusieurs reprises que le gouvernement regarde cette situation-là
parce qu'ils sont dans une situation... il y a beaucoup d'incertitude. Et
peut-être, maintenant, ce n'est pas le
meilleur moment de hausser leurs tarifs d'une façon importante. Et je crois
toujours que c'est un argument qui... il faut l'écouter, mais, bref, on
n'a pas la même opinion là-dessus.
Mais on va passer à la deuxième question, qui
est liée avec Churchill Falls, mais encore, Mme la ministre, c'est ce fait
qu'on a perdu des revenus et le fait que c'est déjà prévu qu'on va perdre des
revenus de notre dividende d'Hydro-Québec avec la négociation, les ententes de
Churchill Falls. Et, si ça arrive dans les prochains deux ans puis un autre
gouvernement conservateur, à Terre-Neuve, arrive puis dit : On ne veut
rien savoir de cette entente-là, je suis moins convaincu que c'était peut-être
le meilleur deal qu'on a fait dans l'histoire du Québec. Moi, je me rappelle
toujours le fait... Je rappelle l'image, ça
reste dans ma tête, quand j'ai vu le premier ministre Terre-Neuve-et-Labrador
qui a déchiré l'entente que nous avons négociée avec eux autres dans le passé,
qui était un contrat qui était hyperimportant pour le Québec. C'était le meilleur contrat que nous avons
négocié, et c'est le Québec qui a pris tous les risques à l'époque aussi.
Alors, je
suis moins sûr. Il y a beaucoup de questions qui se posent. Est-ce que les
retombées vont vraiment être à 200 milliards de dollars? Quand j'ai
entendu qu'Hydro-Québec dit dans les médias québécois : Ah, c'est la même entente, rien ne se change, puis, l'autre jour, on
voit dans les débats à Terre-Neuve, à Labrador, à Saint-Jean, que des gens
parlent du fait que ce n'est pas une bonne entente pour nous... Alors, on
questionne tout ça, mais, sur notre côté ici, au Québec on prend un hypergrand
risque avec cette entente, et, déjà, on a une liste des revenus... se pose la
question si c'est vraiment la meilleure entente, dans l'histoire du Québec,
négociée par notre premier ministre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Alors, je
vais revenir sur certains des commentaires du député. Donc, il faut voir que,
du côté de Terre-Neuve, l'entente a été vraiment immensément bien accueillie.
En fait, ça a été une délivrance, je vous dirais.
Le sentiment qu'on avait, parce que j'étais présente lors de l'annonce, et le
sentiment qui régnait dans la salle, c'en était vraiment un à la fois
d'euphorie et de délivrance. C'était très, très singulier, et je serais donc
très étonnée que cette entente-là ne recueille pas le soutien de ceux qui
succéderont au premier ministre qui va, bon, laisser sa place prochainement.
Donc, pour
moi, en fait, c'est sûr qu'il reste des éléments à négocier. Il y a des
éléments de l'entente globale, là, qui a été convenue, qui sont à
préciser, mais les grands principes fondamentaux sont là. Et l'entente garantit
au Québec l'accès à un minimum de 7 200 mégawatts, pour les
50 prochaines années, à 0,06 $ du kilowattheure. Ça, c'est le fruit
de quatre années de travail, je vous dirais, quatre années de développement de
relations avec le premier ministre Furey, également avec les dirigeants
gouvernementaux. Et c'est un prix, il faut voir que c'est un prix, 0,06 $
du kilowattheure, qui est plus bas que toutes les options renouvelables qui
existent en Amérique du Nord, les options renouvelables, là, accessibles,
fermes.
Alors, quand on parle du 200 milliards...
200 millions... 200 milliards de dollars, c'est ce qu'on a réussi,
grâce à cette entente-là, à épargner sur la durée du contrat. Parce que, si on
avait utilisé des formes d'énergie alternatives, il nous en aurait coûté plus cher que ce 0,06 $ du kilowattheure.
Donc, c'est de ce point de vue là qu'il faut voir ce montant. C'est en
épargnes qui va être obtenu sur la durée de l'ensemble du contrat. On parle
donc d'un contrat de 50 ans. Et on a bâti, en fait, avec le projet hydro
le plus abordable en Amérique du Nord, donc, ce qui repose sur Gull Island. Ça,
c'est une des parties particulièrement intéressantes
de cette entente, c'est qu'on va pouvoir aller harnacher le potentiel de
Gull Island. Et l'expertise d'Hydro-Québec sera mise à contribution pour ce
développement énergétique fort important.
Donc, sachant qu'on vit dans un monde vraiment
incertain, particulièrement ces derniers temps, je vous dirais que l'incertitude s'est accrue, il est vraiment
rassurant de voir qu'on a cette entente-là qui a été convenue avec Terre-Neuve,
parce qu'elle nous permet une stabilité dans le temps et à un prix vraiment
très intéressant, hors compétition, je vous dirais. Alors, pour un bien
essentiel, en plus, comme l'énergie, l'incertitude va être dissipée, va être
mise de côté du fait de cette entente-là pour une bonne part de notre
consommation. On parle de 15 % de l'énergie qui est consommée au Québec.
Donc, c'est considérable comme retombées pour le Québec.
Investir dans des barrages, là, ça a été
structurant pour la société québécoise puis ça va pouvoir l'être encore grâce à cette entente. On va s'assurer, bien sûr,
de la sécurité énergétique des prochaines générations, de décarboner notre
environnement et de créer de la richesse collective. Alors, ça, ça va être au
bénéfice des générations à venir. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Kelley : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : 2 min 20 s.
M. Kelley : Je vais juste
terminer sur un point, Mme la ministre. Pas tout le monde est d'accord à
Labrador, on voit... à Terre-Neuve-Labrador,
parce qu'on voit l'ancien PDG de Newfoundland Hydro qui a dit que «Newfoundland
Hydro was taken to the cleaners on Churchill
Falls deal». Alors, on ne sait pas si on va avoir plus d'opposition dans les années
qui s'en viennent, mais on verra la suite des choses.
Aussi, on a eu beaucoup de
temps qui est resté sur l'ancien contrat, qui était très favorable au Québec.
Puis Terre-Neuve-et-Labrador étaient un peu coincés aussi avec le fait qu'ils
doivent passer sur notre territoire avec leur projet.
C'est comme... nous sommes leur seul partenaire dans leur situation pour le
développement si c'est de Gull Island ou
de maximiser Churchill Falls, mais... Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de temps
qui reste dans mon bloc ici, Mme la Présidente,
mais on verra la suite des choses. C'est juste inquiétant qu'on voie déjà que
l'entente va coûter, Hydro-Québec, l'argent, puis on voit que le
dividende d'Hydro-Québec est en diminution à cause de plusieurs facteurs. Et
ça, ce n'est pas bon pour l'État ni pour un
gouvernement qui a pris l'engagement de sortir de la situation déficitaire puis
d'aller vers une situation où il y a un budget à équilibrer d'ici 2030,
si je ne me trompe pas, Mme la Présidente.
Mais aussi il y a toutes les questions aussi
qu'Hydro-Québec va prendre beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de dettes dans les
années qui s'en viennent. Et ça doit être un peu... Ça doit être une
préoccupation de tout le monde, comment Hydro Québec va être capable de gérer
cette augmentation de dette et de payer pour tout ça. Ce n'est pas gratuit. L'argent ne tombe pas du ciel, Mme la
Présidente. Puis c'est sûr que c'est un gros chantier. D'une certaine part, c'est
nécessaire, mais on va revenir dans le prochain bloc pour discuter si c'est
nécessaire peut-être de regarder les ententes avec New York puis Massachusetts,
qui est mentionné dans le budget. Est-ce que c'est mieux d'annuler ces deux
contrats? C'est quoi, le coût? Est-ce que c'est moins coûteux de faire ça que
d'investir dans plusieurs différents projets
de barrages? Encore, ça, c'est pourquoi c'est nécessaire d'avoir une vraie
discussion avec la population, une vraie consultation. Alors, j'arrête
là, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Nous serions maintenant rendus au groupe... au deuxième groupe d'opposition pour un temps de
17 min 45 s avec l'échange... avec Mme la ministre. Donc, M. le
député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Très heureux d'être aux crédits... les précrédits, aujourd'hui.
Peut-être commencer par une question simple et
facile. Pendant le projet de loi n° 69, la position de l'extrême majorité de la société civile, c'était qu'il
fallait faire un grand débat autour du PGIRE avant de proposer des modifications
législatives aussi importantes que le projet de loi n° 69. Votre argument,
Mme la ministre, c'était que le projet de loi permettait justement de faire un
PGIRE, ce à quoi on s'accordait que n'importe quel gouvernement pourrait
planifier son projet de loi. Or, l'exercice du PGIRE a commencé il y a deux
semaines. Est-ce qu'il est vrai que vous aviez besoin de ce projet de loi pour
commencer l'exercice de consultation?
• (18 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Alors, comme je l'expliquais, le projet de loi n° 69 nous
permet de poser un cadre qui sera en quelque sorte le réceptacle du PGIRE. Le
PGIRE, pour qu'il puisse prendre forme, prendre vie, il faut que le
gouvernement, qu'Hydro-Québec, que la Régie de l'énergie soient liés à ce qu'il
contiendra. Alors, c'est ce que permet le projet de loi n° 69,
entre autres. Il y a beaucoup d'autres objectifs qui sont visés, là. On veut
moderniser, bien sûr, l'encadrement réglementaire du secteur énergétique. Mais,
à la base, il faut qu'il y ait un lien entre
ce qui sera contenu dans le PGIRE et les institutions qui devront s'en remettre
au PGIRE. Alors, c'est ce que permet le projet de loi n° 69. Et, le
PGIRE, on a commencé les tournées, on a commencé les discussions...
M. Bouazzi : Mme la Présidente.
Mme Fréchette : ...mais il faut
voir que ça va se poursuivre pour encore la prochaine année. Donc, au terme de
cette prochaine année-là, les discussions entourant le PGIRE auront été
conclues.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le député.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Je vous inviterai à me regarder plus souvent, parce que Mme la
ministre a tendance à donner des très, très longues réponses, et, par respect
pour le débat démocratique que nous avons, je pense qu'il est important...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
avez pris une minute, je lui ai donné une minute.
M. Bouazzi : Je veux bien, mais
je vous invite...
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suis équitable avec le temps, je vous rassure, mais je vais vous regarder. Je vous avais entendu et j'attendais que le temps
de la ministre soit passé. Je suis équitable avec le temps pour tout le monde,
M. le député.
M. Bouazzi : C'est très bien. Et
j'espère que vous le serez dans le reste de cet échange.
Donc, parlons... parlons de la privatisation de
l'électricité. Le projet de loi, justement, ouvre la porte à un peu plus de place dans le privé : le privé qui
peut vendre au privé, la limite du 100 mégawatts, des barrages qui
peuvent, du coup, passer au privé à
partir d'Hydro-Québec. Ça fait maintenant 25 ans que nous avons commencé à
construire des éoliennes, donc depuis le gouvernement péquiste de la fin
des années 90, début des années 2000. S'en est suivi un gouvernement libéral de
M. Charest, puis un gouvernement péquiste, puis un autre libéral, et puis
maintenant la CAQ. Et puis on est 25 ans plus tard et 100 %
des éoliennes sont opérées et produites par le privé au jour où on se parle
aujourd'hui.
Est-ce que vous avez
une étude, Mme la ministre, qui explique que c'était une bonne idée de ne pas
faire faire toutes ces éoliennes-là par Hydro-Québec et ne pas les opérer par
Hydro-Québec?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Merci, Mme la Présidente. Alors, j'aimerais rappeler au député de Maurice-Richard que je souhaite
simplement prendre le même temps qu'il prend pour poser ses questions. J'ai vu
qu'il avait tenté de m'interrompre avant la fin du temps en question, mais je tiens
à occuper l'ensemble du temps qui m'est disponible pour répondre à ses
questions de manière la plus détaillée possible. Alors, c'est pour ça que j'ai
souvent des longues réponses.
Alors,
pour ce qui est d'Hydro-Québec, j'aimerais rappeler qu'il n'est aucune question
de privatiser Hydro-Québec, bien au contraire. En fait, on vient
renforcer Hydro-Québec avec le projet de loi n° 69, également avec le
projet de rehaussement considérable de la production d'énergie de la part
d'Hydro-Québec. Et, en ce qui a trait à l'énergie éolienne, d'ailleurs, le
projet loi n° 69 permettra à Hydro-Québec d'occuper
une part beaucoup plus importante dans le secteur de l'énergie éolienne. Il va
pouvoir occuper une part de marché importante. Donc, il y a un changement
important qui va s'opérer à Hydro-Québec par rapport à son lien en matière
d'énergie éolienne. Puis j'entends aussi qu'Hydro-Québec veut s'investir
davantage dans le solaire, donc c'est un accroissement de sa présence.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député.
M. Bouazzi :
Ça fait 25 ans que les éoliennes sont faites par le privé. Est-ce que
vous avez une étude, Mme la ministre, qui dit que c'était une bonne idée de ne
pas les faire faire par Hydro-Québec?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Alors, l'expertise en matière d'éoliennes était présente dans le secteur
privé au moment où le développement de l'énergie éolienne s'est opéré au
Québec. Donc, il y a eu des appels d'offres, ces dernières années, de la part
d'Hydro-Québec en lien avec l'énergie éolienne et le privé a été mis à
contribution. C'est là que se trouvait l'expertise. Maintenant, il y a une
volonté chez Hydro-Québec d'accroître son expertise dans le secteur de
l'éolienne et c'est ce qui est en train d'être fait.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député.
M. Bouazzi :
Est-ce que vous avez une étude, Mme la ministre, qui dit que faire faire
ces éoliennes par le privé depuis 25 ans a rapporté quelque chose à
l'État?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, les partenariats entre le secteur privé et
Hydro-Québec, et d'ailleurs avec les communautés également, et je sais que c'est une dimension qui est chère au député de
Maurice-Richard, que d'avoir des ententes, notamment, avec
les Premières Nations, elles ont permis de rapporter aux Québécois des
retombées importantes.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député.
M. Bouazzi :
Merci, Mme la Présidente. Je note que la réponse était très longue. C'est
oui ou non. Vous avez des recherches qui prouvent que oui, ça rapporte de
l'argent à l'État ou pas.
Mme la ministre, un
projet qui se fait dans le privé se fait évidemment parce que ça rapporte de
l'argent au privé. Et les dividendes, d'après une étude de l'IREQ, ont rapporté
à peu près entre 1 milliard et 1 milliard et demi, dans des chiffres plutôt conservateurs, en
dividendes au privé. Est-ce que vous pensez que c'est une bonne idée de ne pas avoir accès à cet argent-là, tout simplement, et
le passer au privé plutôt que le garder au niveau des factures des Québécoises
et Québécois ou pour payer nos services publics à travers les dividendes payés
à l'État par Hydro-Québec?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui. Alors, une des choses qui m'interpellent particulièrement dans les
retombées de ces projets d'éoliennes, c'est
notamment les retombées pour les communautés, les communautés locales,
particulièrement les Premières Nations. C'est une occasion pour eux de
rehausser leurs revenus, de diversifier leurs revenus, de développer une
expertise, de se bâtir un capital financier pour investir dans des projets
futurs. Donc, il y a là un véritable levier de développement pour des Premières
Nations, pour des communautés qui, pour elles, va être transformationnel.
Alors, je m'étonne
toujours d'entendre le député de Maurice-Richard voir
d'une manière très négative ces ententes
partenariales, parce que, s'il y en a un qui intervient de manière régulière au
bénéfice des intérêts des Premières Nations, c'est bien lui, mais
pourtant, quand il s'agit de ce genre de projet, il est à l'opposé de leur
intérêt.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député.
M. Bouazzi :
Mme la ministre, vous avez dit qu'il va y avoir des nouveaux projets
d'éoliennes qui vont être sous la gouverne d'Hydro-Québec, c'est bien ça?
Mme Fréchette :
Bien, il y aura des projets, des projets futurs qui seront mis de l'avant.
M. Bouazzi :
Est-ce que vous voulez dire que, dans les projets qui sont gérés par
Hydro-Québec, que les Premières Nations, les droits des Premières Nations, les
revenus qui leur sont dus seront bafoués? Vous avez l'air de dire... votre
argument de dire : Ça se fait dans le privé, c'est vraiment important pour
les Premières Nations... mais, si ça se faisait par Hydro-Québec, vous pensez
qu'Hydro-Québec n'aurait pas la capacité d'être correcte avec les Premières
Nations?
Mme Fréchette :
Non, pas du tout. Il y a une volonté très claire et ferme d'Hydro-Québec de
resserrer ses partenariats avec les Premières Nations. Mais je dis que, dans
plusieurs de ces projets-là, il y a des redevances qui viennent aux communautés
locales, qui viennent aux Premières Nations, lorsqu'il y a une entente qui les
lie pour un projet d'énergie éolienne, et ça, ça vient s'ajouter aux retombées
dont bénéficient les populations autochtones, à travers Hydro-Québec, donc
c'est une plus-value additionnelle. Donc, c'est en ce sens-là que ça représente
un intérêt...
M. Bouazzi :
Mais on est d'accord, quand même, que ceux qui vont être faits par
Hydro-Québec, dans l'avenir, vont respecter au moins aussi bien ces contrats-là
qu'aujourd'hui les Premières Nations ont avec le privé. J'espère, en tout cas,
que c'est le cas, évidemment. Et, en imaginant que c'est le cas, parce qu'on ne
peut pas imaginer que le gouvernement... enfin, Hydro-Québec va faire moins
bien que le privé dans les accords avec les Premières Nations, à ce moment-là,
on peut s'entendre que l'argument de dire : Il faut faire plaisir aux
Premières Nations en allant dans le privé ne fonctionne pas vraiment, Mme la
ministre.
J'ai ici des...
l'oscillation du marché du pétrole sur trois mois. On sait que ça a quand même
bougé un peu. Alors, c'est... date de septembre 2024, je m'en excuse, je n'ai
pas mis à jour, mais les oscillations sont toujours à peu près identiques. On
est dans des marges de 10 % à 15 %. Ici, j'ai, à la même date, le
marché du bitcoin, que vous pouvez voir, qui
oscille déjà beaucoup plus, beaucoup plus que le marché du pétrole. Et ici,
j'ai le marché de l'électricité. Ici, le marché de l'électricité, il oscille à
hauteur de 250 %, c'est-à-dire qu'il peut passer de 0,25 $ du kilowattheure
à moins de 0,03 $ du kilowattheure, quand personne ne chauffe ou ne
climatise et qu'on produit quand même de l'électricité. Nous, on garantit sur
20 ans un prix fixe de l'électricité au privé, et ce coût de raccordement,
par rapport au marché, d'après une étude de l'IREC, toujours, nous a coûté
jusqu'à maintenant autour de 1 milliard de dollars.
Est-ce que vous
pensez que c'est correct de transférer les gains au privé et garder des risques
du côté du public, ce qui nous fait perdre un milliard de dollars, Mme la
ministre?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Juste un moment.
Une voix :
...
Mme Fréchette :
Oui,Mme la Présidente, je demanderais au député de Maurice-Richard
si c'était possible de nous permettre de valider ces chiffres, parce que, là,
il nous montre des graphiques, mais on n'a pas ces données-là entre les mains.
Donc, c'est difficile de répondre, là.
M. Bouazzi : Avec grand plaisir, je vais transmettre des
courbes qui sont, d'ailleurs, toutes publiques. Mon point, c'est que le
marché de l'électricité, le marché spot, est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus
risqué que le marché du pétrole ou même celui du bitcoin. Est-ce qu'on est
d'accord au moins sur ça Mme la ministre?
• (18 h 40) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Ah! bien, effectivement, le marché spot est plus volatil.
M. Bouazzi :
Donc, on est d'accord que, quand on offre une stabilité sur 20 ans à
un coût d'achat d'électricité, par rapport à
un marché qui est très volatil... c'est-à-dire que, si le privé avait à dealer
avec le marché du privé, il n'investirait jamais, parce que c'est beaucoup trop
risqué. Et c'était bien parce que nous, en tant que société, Hydro-Québec y
compris, absorbant tout le risque de marché... que le privé veut bien
investir dans ce genre d'expérience, sinon le marché est beaucoup trop risqué.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui. Je mentionnais qu'effectivement c'est un marché qui est plus volatil, le
marché spot, mais c'est aussi un marché que
l'on connaît, dont on connaît les variations, et plusieurs... en fait, la
plupart de ces variations-là sont prévues, sont connues d'avance. Et,
quand on regarde la somme, au global, de ces variations-là, bien, on peut
estimer à l'avance ce qu'il en sera. Donc, même si les courbes sont à l'image
de montagnes russes, bien, dans les faits, on peut savoir assez précisément à
l'avance le type de volatilité qu'il y aura.
Donc, le niveau de risque n'est pas
représentatif... en fait, la volatilité n'est pas représentative du niveau de
risques qui y est associé. Ce n'est pas nécessairement corrélé.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député.
M. Bouazzi :
Je n'ai pas assez de temps pour rentrer avec vous dans un débat technique. Ceci
étant dit, ça dépend quand même du coût marginal, Mme la ministre, et, si on se
retrouve trop souvent dans le coût marginal, ça peut être sacrément cher tout
le temps, là.
Mais, pour
conclure... Ah! peut-être un dernier argument, Mme la ministre. Quand
Hydro-Québec s'endette sur 20 ans, parce que l'espérance de vie d'une
éolienne, c'est 20 ans, elle s'endette à hauteur de 4 % à peu près.
Quand le privé s'endette pour la même éolienne, disons une éolienne de
4 millions, les banques prêtent à hauteur de 8 % à peu près. Il y a une différence de 100 %.
Juste, oublions l'efficacité du privé, si vous y croyez, par rapport à Hydro,
mais cette différence-là, là, de 100 % dans le coût des créanciers,
qui est transféré aux banques, pas aux actionnaires, pourquoi est-ce qu'on ne
le garderait pas pour nous plutôt que de l'envoyer aux banques, Mme la
ministre?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Donc, j'aimerais mentionner en fait qu'il y a
plusieurs années c'est sûr qu'Hydro était moins présente dans le secteur, par
exemple, de l'énergie éolienne, mais aujourd'hui, Hydro-Québec s'implique
d'elle-même et elle a la capacité d'aller chercher du financement à très bon
taux. Donc, voilà, c'est un développement important.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député.
M. Bouazzi :
Effectivement, Hydro-Québec a toujours eu la capacité à s'endetter à un
très bon taux étant donné que les actifs
d'Hydro sont pris en sécurité par l'État du Québec et que l'État du Québec
sécurise les prêts d'Hydro. Donc, effectivement, vous avez raison, ce
n'est pas nouveau, par exemple.
Ça fait que, si je
résume, on transfère plein d'argent... quand c'est fait dans le privé, on
transfère plein d'argent aux banques, parce que le coût de l'endettement est
plus coûteux pour le privé que pour Hydro, on transfère de l'argent aux
actionnaires, parce qu'évidemment les actionnaires, quand ils mettent de
l'argent dans une éolienne, c'est pour recevoir de l'argent qui ne va pas à
Hydro. On prend tout le risque du marché pour nous-mêmes, et, évidemment, il
n'y a aujourd'hui aucune étude qui prouve que c'était une bonne idée de le
faire ou aucune étude, évidemment, encore moins qui dit que c'était une bonne
idée de nationaliser tout ça.
Est-ce que, Mme la
ministre, vous pourriez vous engager à faire une étude pour savoir est-ce
que c'était une bonne idée de privatiser toutes ces éoliennes et puis les
futures éoliennes? Parce qu'il y a des projets, évidemment, qui vont se faire
dans le privé.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. Merci. Donc, bien, je pense que je n'ai pas à
répondre pour des décisions qui ont été
prises déjà il y a 20-25 ans, mais je vous dis que, comme je le
mentionnais tout à l'heure, Hydro-Québec s'engage davantage, et c'est ce que
permet notamment le projet de loi n° 69, dans le domaine de
l'éolien. Alors, ça va être un changement de donne pour Hydro-Québec, cet
engagement accru. L'expertise va être davantage détenue par Hydro-Québec
que ce n'était le cas il y a 20 ans, 25 ans. Donc, voilà, ça change
la donne.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député.
M. Bouazzi :
Mme la ministre, M. Godbout, quand il a créé Hydro, il a pris une
responsabilité par rapport à des choses qui se sont faites avant. M. René
Lévesque, quand il l'a nationalisé le reste des projets, il a pris une décision
par rapport à ce qui s'est décidé avant.
Moi, ce que je vous
pose comme question, c'est : Est-ce qu'on pourrait avoir une étude qui, au
moins, nous dise que ce n'est pas une bonne idée de nationaliser toutes ces
éoliennes qu'on a laissé faire dans le privé? Est-ce que vous pouvez vous
engager à juste faire une étude? Je vous ai donné plusieurs milliards de
dollars, là, qu'on est en train de perdre. C'est beaucoup d'argent qu'ils
pourraient payer pour nos écoles et pour nos hôpitaux.
Est-ce que vous
pourriez, s'il vous plaît, faire une étude qui nous prouve que c'était une
bonne idée et qu'il ne faut pas nationaliser? C'est au moins ça, là.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Alors, moi, je considère, en fait, que les partenariats sont gagnants.
C'est toujours bon d'avoir de la compétition pour justement faire baisser les
prix. Les partenariats qui sont signés avec des représentants des communautés
autochtones, des communautés locales, des MRC et de l'entreprise privée peuvent
être gagnants. Ils génèrent des retombées
importantes pour ces communautés-là, créent une diversification des revenus. Et
Hydro-Québec également fait son chemin avec une présence accrue qui sera
permise du fait du projet de loi n° 69. Donc, pour
moi, ça, c'est une avancée importante.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. M. le député. 40 secondes.
M. Bouazzi :
Je remarque une approche franchement dogmatique, Mme la Présidente. On
n'est même pas capable d'avoir... on a peur du résultat d'une étude qui nous
dirait si Hydro-Québec aurait fait ou nationaliserait toutes ces éoliennes, ce
serait une bonne idée. Avons-nous peur du résultat d'une étude? Je veux dire,
je veux bien la croyance dans le marché, Hydro-Québec est la preuve que garder
un monopole dans la création d'énergie était une bonne idée. Pourquoi
avons-nous peur de faire une analyse sur la possibilité de nationaliser toutes
les éoliennes du Québec?
La Présidente (Mme
D'Amours) : 10 secondes, Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Mme la Présidente, quand on nationalise, il faut compenser. Alors, c'est un
faux débat. Il faudrait sortir des fonds considérables pour racheter l'ensemble
des parcs éoliens déjà construits.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. C'est tout le temps que nous avions. Nous passons
maintenant à la période d'échange avec le troisième groupe d'opposition pour
une durée de 7 min 24 s. M. le député de Jean-Talon, la parole est à
vous.
M. Paradis :
Bonsoir, Mme la ministre. Votre gouvernement a parié 2,9 milliards de
dollars dans Northvolt qui est maintenant en
faillite. 710 millions de dollars sont déjà engagés, dont 470 millions
en Suède. 270 millions de dollars canadiens sont investis par votre
gouvernement de la CAQ dans la maison mère en Suède.
Je vous cite, le 24 septembre
dernier, ouvrez les guillemets : «On a un statut vraiment privilégié, au
sens où, si jamais il arrivait un événement catastrophe, on serait bien
positionnés pour récupérer notre part d'actifs.» J'aimerais savoir quelle part
d'actifs vous comptez récupérer et qu'est-ce qui a été mis dans les comptes du
gouvernement du Québec sur cet investissement de 270 millions en Suède.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui, merci, Mme la Présidente. Donc, vous savez, notre gouvernement a fait
énormément d'investissements dans plusieurs projets. La plupart se sont très,
très bien déroulés. Il y en a d'autres pour lesquels il nous va falloir assumer
une part de défaut.
Alors, lorsque le
député de Maurice-Richard parle de 710 millions de dollars, bien, c'est
que j'entends qu'il inclut la Caisse de
dépôt. La Caisse de dépôt ne relève pas des décisions du gouvernement pour ce
type d'investissement. Donc, j'invite le député à ne pas inclure la
Caisse de dépôt dans ces données chiffrées puisque ce qui relève de la décision du gouvernement, c'est davantage ce qui se
fait du côté du ministère de l'Économie, tout comme d'Investissement Québec. Donc, de notre côté, on
avait investi une part des argents dans la maison mère et également une part
des argents au Québec en lien avec l'achat du terrain, et voilà. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis :
La Caisse de dépôt, c'est l'argent des Québécois. On parle de l'argent des
Québécois. La Caisse de dépôt n'aurait pas investi dans Northvolt sans la
décision du gouvernement d'investir.
Je
répète ma question. 270 millions du gouvernement du Québec, j'aimerais que
la ministre se concentre là-dessus, combien ça vaut actuellement? Vous avez
provisionné combien? Vous avez garanti aux Québécois à plusieurs reprises
qu'on allait récupérer notre part d'actifs. Vous avez dit qu'on était vraiment
bien positionnés, avec un statut vraiment privilégié. Comment va notre statut
vraiment privilégié dans la faillite? Combien ça vaut, les 270 millions?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Alors, Mme la Présidente, considérant la tournure des événements, ce qui
est en cours, en discussion relativement à la maison mère, le FDE avait investi
un 510 millions dans l'entreprise, soit 270 millions pour une dette
convertible dans Northvolt en Suède, et on estime que la valeur de ce montant
est perdue. Et, pour ce qui est de l'autre montant, le 240 millions, il a
été investi pour un prêt pour l'achat du terrain. Il est donc adossé à la
valeur du terrain qui est en garantie. Il
faut voir que ce terrain-là a fait l'objet d'investissements de plus de
100 millions de dollars, au cours des derniers mois, par
l'entreprise Northvolt. Donc, le terrain a une valeur quand même fort
intéressante. Il a des caractéristiques tout à fait uniques. Il est d'une
taille considérable et à proximité de la métropole.
• (18 h 50) •
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député.
M. Paradis :
Alors, pour les Québécoises et les Québécois qui nous écoutent, la
ministre, après avoir dit le contraire, qu'on allait récupérer une part
importante d'actifs, aujourd'hui, nous dit que ça vaut zéro, les
270 millions qu'on a investis dans la maison mère en Suède.
Le premier ministre
du Québec, lui, nous a dit en Chambre, ici même, que, je le cite, «il y a un
200 millions américain — donc
c'est 270 millions canadiens — au siège social en Suède. Il y a, en échange, des
actifs, entre autres une usine en Suède.» Nous sommes dans le processus
de faillite. Est-ce que la ministre peut nous dire sur quelle usine de
Northvolt nous avons des actifs ou des garanties?
La
Présidente (Mme D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Alors, Mme la Présidente, bien, j'aimerais rappeler que le processus en
cours n'est pas complété. On a provisionné des sommes, mais le processus de
traitement de la demande, de mise en protection, n'est pas complété. Donc, on
va obtenir les conclusions. Je n'ai pas de moment exact auquel ça surviendra.
Et par ailleurs, bien, il y a l'actif très important, qui est le terrain qui
est situé au Québec, et qui a, comme je disais, fait l'objet d'un
investissement de plus de 100 millions de dollars. Il a été aménagé, il a
été nivelé, il a même été pieuté. Il y a des milliers de pieux qui ont été
installés sur le terrain pour lui permettre d'accueillir une charge
particulièrement lourde, donc, une industrie
importante qui pourra s'y établir. Le projet Northvolt Amérique du Nord aussi
demeure dans les cartons.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis :
J'aimerais avoir une réponse à ma question parce que c'est le premier
ministre du Québec qui nous a dit ça ici, en Chambre : «Nous avons une
débenture avec une garantie en échange des actifs — je le cite — entre
autres une usine en Suède.» On n'a pas besoin d'avoir complété un processus de
faillite pour savoir sur quel actif on a ou non des garanties.
Je
demande à la ministre de confirmer ce que le premier ministre nous a affirmé
ici, solennellement, en Chambre. Sur quelle usine en Suède est-ce qu'on
a des garanties?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui. Alors, notre positionnement, tel qu'il était... tel que j'avais
expliqué, moi, en tout cas, à l'automne dernier, c'est qu'on avait un
positionnement avant les actionnaires. Donc, c'était un positionnement, voilà, qui nous plaçait à un stade avant celui des
actionnaires, et, par conséquent, bon, on a besoin de voir le processus qui est
en cours pour obtenir la conclusion et les suites... définir les suites
à donner à cet investissement.
M. Paradis :
Est-ce que, oui ou non, on a une garantie, comme le premier ministre l'a
affirmé, sur l'usine Northvolt Ett en Suède?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Alors, Mme la Présidente, j'ai indiqué qu'on avait investi
270 millions et qu'il y a un processus qui est en cours, et, du côté du
Québec, il y a le terrain qui est en garantie associée à l'investissement qui a
été fait, de 240 millions de dollars, et cet investissement-là a une valeur
importante.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député, pour 1 min 10 s.
M. Paradis :
Pour une dernière fois... dans un processus de faillite, c'est facile de
savoir si, oui ou non, on a une garantie.
Sur le 270 millions en Suède, est-ce que, oui ou non, on a une garantie
sur une usine en Suède, comme le premier ministre l'a affirmé?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui. Mme la Présidente, alors, dans l'ordre de liquidation, notre
positionnement vient avant celui des actionnaires. Donc, c'est le
positionnement que nous avons. Il y a un processus qui est en cours
actuellement et nous attendons de voir quels sont les résultats de ce
processus.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. 35 secondes, M. le député.
M. Paradis : Les Québécoises et les
Québécois comprennent bien qu'il n'y a pas de réponse parce qu'il n'y a pas de
garantie sur une usine en Suède, contrairement à ce que le premier ministre a
affirmé ici, en Chambre. Maintenant, il reste un terrain au Québec dans lequel on a investi 240 millions. Est-ce que
la ministre a fait évaluer ce terrain? Combien vaut-il?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre, 15 secondes.
Mme Fréchette : Alors, Mme la Présidente,
écoutez, ce terrain-là a fait l'objet de travaux il y a encore quelques semaines,
il a fait l'objet d'investissements de plus de 100 millions de dollars, il
y a des caractéristiques inégalées...
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. C'est tout le temps que nous avions. Nous passons
maintenant au... Bien là, M. le député... O.K. Donc, nous passons maintenant à
l'opposition officielle. Je vous rappelle qu'il vous reste 5 min
34 s. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Mme la ministre, je
vous entends... je voulais entendre sur le corridor énergétique annoncé par le
premier ministre du Canada. On parle beaucoup, dans cette annonce où le premier
ministre du Québec était présent, des pipelines. Selon vous, c'est quoi, les
conditions gagnantes d'avoir un projet de pipeline qui traverse le Québec de l'ouest du Canada?
Comment on va soutenir ce corridor énergétique dans... votre avis? C'est une
question très importante pour la question de l'énergie au Québec.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui, merci, Mme la Présidente. Le député de Jacques-Cartier évoque un
élément important. C'est sûr qu'on est dans
un contexte complètement renouvelé en ce qui a trait au développement
énergétique est-ouest. C'est sûr qu'avec les soubresauts de l'économie
américaine il nous faut considérer le plus grand nombre d'alternatives
possibles.
Alors, est-ce que le
secteur énergétique se prêtera à ce renouveau? Je pense que c'est le côté de l'acceptabilité
sociale qui va nous permettre de répondre à cette question. Je pense qu'il
était clair... d'accord. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député.
M. Kelley :
Merci, Mme la ministre. Vous avez cité le rapport des HEC sur le profil
énergétique du Québec. Environ 40 % du pétrole qui est consommé est quand
même raffiné ici, au Québec, ça vient des États-Unis. Est-ce que vous pensez
qu'on est capable de raffiner plus d'énergie, plus... excusez-moi, plus de
pétrole qui vient de l'ouest du Canada?
Est-ce que ça, c'est quelque chose qui peut être souhaitable dans le contexte
actuel avec nos voisins américains ou on trouve qu'ils sont un
partenaire peut-être moins fiable? Est-ce que nos raffineries ici, au Québec,
sont capables de prendre plus de pétrole de l'ouest du Canada?
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Bon, je crois qu'advenant qu'il y aurait un rehaussement important de
l'afflux d'énergie, de pétrole, de gaz venant de l'ouest du pays, il faudrait
adapter fort probablement nos infrastructures. Donc, adapter les infrastructures, ça veut dire faire du rehaussement
de capacité du côté des infrastructures. Donc, c'est des coûts importants et
ça requiert une acceptabilité sociale. Donc, ça, ça va être l'élément
déclencheur ou pas à savoir comment va se comporter la population, de quelle
manière verra-t-elle ce type de potentiel développement. Et au terme de cette évolution, s'il y en a une, mais je pense qu'on
commence déjà à la percevoir, on verra s'il y a lieu de mettre de l'avant des
projets, mais encore faut-il que des projets soient déposés aussi auprès du
gouvernement.
M. Kelley :
Et très rapidement, Mme la ministre, je sais que, dans cette discussion, on
parle beaucoup des pipelines. Le Canada a
payé beaucoup pour soutenir le secteur pétrolier du Canada, mais Québec a fait
beaucoup d'avancées dans notre propre infrastructure énergétique qui est
renouvelable, mais est-ce qu'on a eu notre juste part de la «pie» canadienne,
là, en termes de soutenir le développement de notre infrastructure?
On sait qu'on lance
un gros chantier ici, au Québec. Je ne dis pas que le gouvernement fédéral doit
payer pour qu'est-ce qu'on est en train de
faire, mais le fait que le gouvernement fédéral était prêt à aider l'Alberta...
mais, des fois, le Québec, je trouve qu'on n'a pas notre juste part pour
nos propres infrastructures. Et quand même, si on regarde les interconnexions
avec les autres provinces, les grandes lignes de transmission sont vers les
États-Unis, pas vers les autres provinces.
Alors, je sais que
peut-être vous n'êtes pas rendu là, mais, si jamais la discussion revient avec
le prochain premier ministre du Canada, on ne peut pas juste parler des
pipelines, il faut parler de l'infrastructure, de l'énergie renouvelable aussi,
et Québécois est un leader dedans. Alors, si on va parler des pipelines, moi,
je parler pour des lignes de transmission... que le gouvernement fédéral va
aider des provinces qui sont en train de faire une transition énergétique vers
des sources d'énergie renouvelables. Ça, c'est l'équité. Ça, c'est juste. Et on
ne peut pas juste miser sur des pipelines
pour le gaz ou le pétrole. Il faut avoir une discussion aussi sur ce que nous
sommes en train de faire puis avoir des retombées pour le Québec. Le
gouvernement fédéral peut faire leur part pour aider nous. C'est une opinion
que je lance, mais c'est tout pour moi, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la... ministre, pardon, il vous reste 1 min 5 s.
Mme Fréchette :
Alors, Mme la Présidente, bien, je partage le constat du député de Jacques-Cartier
à l'effet que le Québec, avec son
développement énergétique, n'a pas été cherché des sommes au fédéral comme
l'Ouest canadien en a obtenues. Or, c'était les libéraux et les
péquistes qui étaient là au moment du développement des infrastructures
énergétiques au Québec. Donc, ces deux partis qui formaient le gouvernement à
cette époque-là n'ont pas été chercher les sommes colossales qu'aurait dû
avancer le fédéral, si on était dans une dynamique d'équité par rapport à
l'Ouest canadien. Donc, il y a une belle occasion qui a été manquée de ce
côté-là.
Heureusement,
on en a quand même fait, de ces investissements, comme gouvernement du Québec,
puis on a été chercher une richesse collective considérable, mais, du côté
fédéral, les gouvernements de l'époque, péquistes et libéraux, n'ont pas
été chercher ce qu'ils auraient pu aller chercher.
La Présidente (Mme
D'Amours) : 15 secondes.
• (19 heures) •
M. Kelley : C'est vrai. Je
rappelle que le premier ministre était partie de ces gouvernements du Parti
québécois, Mme la Présidente, alors c'est lui qui a porté la responsabilité
aussi, mais, quand même, la CAQ est là depuis six ans. On sait qu'on a beaucoup
de...
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Merci beaucoup. C'est tout le temps
que nous avions.
Ceci
met fin à l'étude des crédits provisoires pour l'année financière 2025‑2026.
Ces crédits provisoires sont-ils adoptés?
Des voix : ...
La Présidente (Mme
D'Amours) : On a demandé un vote électronique. Donc, qu'on appelle les
députés.
Et, conformément au
deuxième alinéa de l'article 114.2 de notre règlement, j'invite les
personnes présentes autres que les députés à se retirer.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 01)
(Reprise à 19 h 08)
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci.
Adoption des crédits
Voici la motion qui
est mise aux voix :
«Que les crédits
provisoires pour l'année financière 2025‑2026 soient adoptés.»
Et le vote est
maintenant ouvert.
Le vote est
maintenant terminé, je vais vous donner le résultat :
Pour :
75
Contre :
21
Abstentions : 0
Donc,
la motion est adoptée. En conséquence, les crédits provisoires pour l'année
financière 2025‑2026 sont adoptés.
Et, la commission
plénière ayant accompli son mandat, je remercie les personnes qui y ont
participé.
Et je suspends la
séance pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
19 h 10)
(Reprise à 19 h 11)
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. Mme la députée.
Mme Dionne
(présidente de la commission plénière) : Mme la Présidente, j'ai l'honneur de vous faire rapport que
la commission plénière a étudié les crédits provisoires pour l'année 2025‑2026
et qu'elle les a adoptés.
Mise aux voix du rapport de la commission
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Ce rapport est-il adopté?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Un vote électronique a été demandé. Le vote est
maintenant ouvert.
Le vote est
maintenant terminé. M. le secrétaire général, pour le résultat du vote, s'il
vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 75
Contre :
21
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Donc, c'est adopté.
Projet de loi n° 96
Présentation, adoption du principe et adoption
En conséquence, Mme
la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du
Conseil du trésor propose que l'Assemblée
doit se saisir du projet de loi... soit saisie, pardon, du projet de loi n° 96,
Loi n° 1 sur les crédits 2025‑2026, qu'elle en adopte le
principe et qu'elle adopte le projet de loi proprement dit.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote a été demandé. Les votes sont maintenant ouverts.
La période de vote étant terminée, M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 75
Contre :
21
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette
motion est adoptée. En conséquence, le projet de loi n° 96,
Loi n° 1 sur les crédits 2025‑2026, est adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi de l'étude des crédits
aux commissions parlementaires
M. Lévesque (Chapleau) : Merci,
Mme la Présidente. Je fais motion afin que l'étude de l'ensemble des crédits
budgétaires 2025-2026, sauf ceux de l'Assemblée, soit renvoyée en
commission permanente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Ajournement
Compte tenu
de l'heure, les travaux sont ajournés à demain, le jeudi 27 mars 2025, à
9h40. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 19 h 14)