(Quinze heures cinq minutes)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Bonjour, Mmes, MM. les
députés. Nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Des voix : ...
Affaires courantes
La Présidente : Alors, les portes de
cette Assemblée sont maintenant fermées, merci de retrouver le silence. J'ai un
petit texte à vous lire, alors tout le monde prend place.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations de
députés.
Dépôt d'une lettre du premier
ministre demandant que
l'Assemblée se réunisse en séances extraordinaires
Avant de poursuivre les affaires courantes, je
vous rappelle que nous sommes réunis à la suite de la lettre que m'a adressée
M. le premier ministre me demandant de prendre les dispositions nécessaires
pour que l'Assemblée se réunisse en séances
extraordinaires à compter de 15 heures ce vendredi 6 juin 2025,
selon le calendrier et l'horaire qui seront déterminés par l'Assemblée,
afin de compléter le processus d'étude du projet de loi n° 69, Loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives. Je dépose cette lettre.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Il n'y a pas de dépôt de documents ni dépôt de
rapports de commissions.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes donc maintenant rendus à la
période de questions et de réponses orales, et je cède la parole, en question
principale, au chef de l'opposition officielle.
Projet de loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, nous sommes réunis aujourd'hui en séance extraordinaire sous un
autre signe d'un gouvernement en fin de régime, un gouvernement qui aura été
incapable, Mme la Présidente, autrement que par un bâillon, qui vient
court-circuiter des débats importants.
Je me
rappelle, moi, du premier ministre, lorsqu'il nous avait convoqués, les chefs,
en janvier 2023. J'avais été le
rencontrer à son bureau à Montréal. Et, à ce moment-là, j'avais établi comme
priorité pour l'opposition officielle libérale une jasette nationale sur l'énergie, rappelez-vous, dans le contexte où
Sophie Brochu avait quitté, l'avait demandée, l'avait sollicitée.
Pierre Fitzgibbon, à l'époque, il avait
dit : Pas besoin de ça, j'ai consulté de mon bord, je vais déposer un
projet de loi, ça va venir, ça va venir,
découragez-vous pas. Il a déposé, Mme la Présidente, à la dernière minute, en
2024, un projet de loi qui était le projet de loi n° 69. Pierre
Fitzgibbon démissionne, j'y vais de mémoire, le 5 septembre, et, le 10,
les auditions avec la nouvelle ministre débutaient sur le 69.
Plein de
questions, pas de réponse. Où est le Québec d'abord, dans ce projet de loi là?
Où sont les critères clairement établis
et précis qui feraient en sorte qu'on s'assure que les blocs d'énergie à être
libérés vont être donnés à des entreprises québécoises? Rien dans ce
mauvais projet de loi là, Mme la Présidente.
Également,
rien pour venir protéger nos PME d'un choc tarifaire, 15 % d'augmentation,
et le premier ministre — dans
les trois dernières années — promet
encore plus dans les prochaines années.
Nous sommes réunis aujourd'hui sous le signe,
encore une fois, d'un gouvernement en fin de régime.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. On est aujourd'hui le 6 juin. C'est la dernière journée de la
session du printemps. Donc, la prochaine session va être le 16 septembre.
Donc, juillet, août, septembre : trois mois.
Donc, ce que
nous disent les trois oppositions, aujourd'hui, c'est : Attendez au
16 septembre et après, pour adopter un projet de loi qui est
important pour le développement économique de nos régions.
Mme la Présidente, actuellement, on
n'a pas juste des menaces, des tarifs de Donald Trump qui ralentissent les
investissements des entreprises, on a la chance, entre autres dans le secteur
de l'éolien, de pouvoir avoir des projets qui
vont créer des emplois dans les régions du Québec. Or, que nous disent le Parti
libéral, Québec solidaire et le PQ? Ça peut attendre à l'automne. Ce
n'est pas grave s'il manque d'emplois cet été. Donc, nous, on veut attendre à
l'automne.
Mme la Présidente, ça
fait 115 heures qu'on débat du projet de loi n° 69, 115 heures.
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui nous écoute
ici qui pense qu'après 115 heures on n'a pas pas mal tout dit ce qu'on
avait à dire, du côté de l'opposition? Tu
sais, à un moment donné, de dire : Non, non, non, je n'ai pas tout dit, en
115 heures, soyons sérieux. Parlons d'efficacité, parlons des
régions. On a un gouvernement des régions...
• (15 h 10) •
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...on fait face à des partis des syndicats.
La
Présidente : Première...
Des voix :
...
La Présidente :
Première complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, on nous a fait beaucoup de reproches, au Parti libéral
du Québec, mais très... très certainement pas être le parti des syndicats, là.
Là, le premier ministre, là, je pense, vivement les vacances.
La façon de gérer ce
projet de loi là est à la lumière d'un gouvernement brouillon. En septembre, il
a perdu son ministre. Le ministre était prêt
à rester pour lui livrer jusqu'en décembre, il a dit : Non, pars donc tout
de suite. La ministre ne comprenait pas, a déposé, la semaine passée,
50 amendements. Et c'est ça, c'est un gouvernement brouillon.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
actuellement, il y a des projets, puis on n'est pas le premier gouvernement
à faire ça, qui sont faits par des MRC et
des entreprises privées comme Boralex. Or, le syndicat chez Hydro-Québec
voudrait que tout soit fait par des employés d'Hydro-Québec.
Donc,
Mme la Présidente, on a un parti pragmatique qui est pour le développement des
régions, c'est la CAQ, puis on a trois partis qui défendent le syndicat
d'Hydro-Québec. Bon, on a, en plus, le Parti québécois qui fait du marchandage avec
la présidente de la FTQ. On a QS qui fait compétition au PQ. Puis le Parti
libéral, c'est effectivement surprenant.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Parti libéral du Québec, parti de l'économie, Mme la Présidente, parti qui
n'aurait jamais toléré que 15 %, choc
tarifaire à nos PME, soit imposé sous ce gouvernement-là. Et le premier
ministre, avec ce projet de loi là, leur promet, pour les prochaines années,
d'ajouter encore au fardeau des PME.
Dans
le fond, Mme la Présidente, le tour de force du premier ministre, ça aura été
de changer les factures d'électricité de
nos PME en comptes de taxes. Il veut faire porter le fardeau de ces taxes-là
sur nos PME. Puis, dans le projet de loi, il n'y a rien pour Québec
d'abord. C'est ça, la CAQ brouillon.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
C'est un tableau acceptable, Mme la Présidente. Regardez, ici on a les
libéraux, les libéraux, la croissance du PIB
par habitant, de la productivité. Le Québec, bon dernier, sous les libéraux.
Depuis que la CAQ est là, le Québec bat le reste du Canada et l'Ontario.
Donc,
est-ce que quelqu'un au Québec pense que le Parti libéral, c'est le parti de
l'économie? Bien non. On était derniers dans le temps des libéraux.
La
Présidente : Et troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, ça sent réellement la fin de régime. Honnêtement, là, quand on
voit le premier ministre dire que l'économie va bien, au Québec, puis qu'il
parlait, plus tôt, des finances publiques, voyons donc, ils l'ont échappé sur toute la ligne. Là, en fin de journée, là, les
PME, s'il est le parti de l'économie, il ne peut pas prétendre l'être s'il ne
reconnaît pas que les PME sont doublement perdantes avec ce mauvais projet de
loi là, mal ficelé, projet de loi où les
PME vont payer la facture puis n'auront pas l'électricité, n'auront pas les
blocs d'énergie. C'est ça, un gouvernement en fin de régime.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, si le projet de loi n'est pas adopté, les tarifs pour les
Québécois, résidentiels, vont augmenter de 3,6 %. C'est ça qui est
supporté par les trois partis de l'opposition. Nous, on dit, dans le projet de
loi n° 69 : Le gouvernement va limiter ça à 3 %.
Donc, on a
des partis qui veulent augmenter les tarifs de 3,6 % pour le résidentiel.
Nous, on dit que 3 %, c'est suffisant. On va laisser les Québécois
juger.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jacques-Cartier.
Impact du projet de loi
assurant la gouvernance
responsable des ressources énergétiques
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci, Mme la
Présidente. Je veux commencer par dire merci à la ministre de l'Énergie, parce
que je pense qu'on a eu des bons échanges en commission. Elle a accepté
plusieurs de nos suggestions d'amendement, puis on a avancé dans ce projet de
loi. Et c'est dommage que ce soit terminé en bâillon, parce que c'est un projet
qui est hyperimportant pour notre société et
pour notre économie, et c'est très dommage qu'on va adopter ce projet de loi en
bâillon sans avoir une vraie étude d'impact économique.
Nos
alumineries, qui ont un tarif spécial, ils sont compétitifs présentement, on
voit ça, mais quand même il y a des autres pays qui ont des meilleurs
prix d'électricité que le Québec. Avec le projet de loi n° 69,
c'est quoi, l'impact, pour eux autres? C'est quoi, l'impact à long terme à la
compétitivité des alumineries du Québec?
Est-ce que la
ministre a une étude qui démontre qu'on va toujours demeurer compétitifs... ou
est-ce qu'on va perdre du terrain contre les autres pays, comme les
Émirats et comme Norvège? Question pour vous, Mme la ministre.
La
Présidente : Et vous vous adressez à la présidente. La réponse
de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Merci,
Mme la Présidente. Donc, effectivement, j'ai... tout au long de ces travaux, de
ces 120... 115 heures en commission parlementaire, en plus des
commissions... de la commission qu'on avait tenue l'automne dernier, on a eu plusieurs échanges et on est
parvenus, même, à développer un certain nombre d'idées convergentes, de consensus.
J'avais
espéré que, justement, cette approche-là nous amène à travailler davantage de
manière constructive, mais j'ai dû me
rendre à l'évidence que les oppositions voulaient constamment, constamment
retarder le travail de la commission, de telle sorte qu'on ne puisse pas
adopter un grand nombre d'articles.
Toujours est-il qu'après 115 heures de
commission on a à peine le tiers, le tiers des articles qui ont été adoptés.
C'est largement insuffisant. Et, quand je les entends dire qu'on aurait pu
adopter ça en septembre, je n'y crois pas une seconde,
parce qu'au rythme où on va là, dans un an, à pareille date, on serait encore
en train d'étudier le projet de loi article par article, imaginez-vous.
Alors, c'est
impensable de faire attendre le Québec tout ce temps. Il y a une urgence pour
faire en sorte de développer le secteur énergétique au Québec et de le
moderniser également.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Je
suis prêt à siéger en août, je suis prêt à siéger en septembre, je suis prêt à
siéger en novembre, je suis prêt à siéger en octobre, je suis prêt à siéger en
décembre. Je sais qu'on peut adopter ce projet de loi comme il faut.
Et, encore,
il n'y a aucune étude d'impact économique pour nos gros industriels. Avec ce
projet de loi, ils vont payer une facture... ça va élever leur facture
d'électricité de 60 % sur 10 ans. 60 %.
Présentement, notre industrie d'acier a des
tarifs de 50 % des Américains. Comment ils vont continuer d'être
compétitifs sur les marchés?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la Présidente, si
on est ici aujourd'hui, c'est parce que les oppositions en ont décidé ainsi, avec leur approche dans le cadre de la
commission parlementaire. Nous, on est le parti de l'économie, on est le parti
de l'énergie. Là, on a les partis des oppositions du statu quo.
Il est important
qu'on puisse aller de l'avant avec cette modernisation du secteur énergétique.
Ça fait presque 30 ans que ça n'a pas
été fait. Et moi, dans ce contexte-là, j'ai deux objectifs fort
importants : d'une part, protéger le portefeuille des Québécois, et on le fait avec la fixation d'un
plafond de hausse de 3 % maximum pour ce qui est du tarif résidentiel, et,
par ailleurs, je protège également la compétitivité du tarif...
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette :
...pour qu'il s'applique aux entreprises au Québec.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gregory
Kelley
M. Kelley : Créer des emplois, c'est
certain que c'est important, pour un gouvernement, mais conserver des jobs payants
en région est aussi hyperimportant. Quand même, après que les éoliennes sont
construites, quand même, après le prochain
parc solaire est construit par les travailleurs, on veut s'assurer qu'il y a
des industries qui sont ici depuis 100 ans qui demeurent très, très
compétitives. Puis présentement nous n'avons aucune étude d'impact économique
sur ce projet de loi. C'est dommage, parce qu'eux autres ce projet de loi va
faire très, très mal.
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette :
Alors, parlons-en, de la compétitivité. Franchement, on est vraiment en
tête de peloton, si on se compare à un grand nombre de villes nord-américaines,
on est tout en haut de la liste. Il n'y a que Winnipeg qui a un tarif
commercial d'électricité plus bas que le nôtre. Et, entre vous et moi, je
préfère pas mal être à Montréal qu'à Winnipeg, à titre de ministre responsable
de Montréal, entre autres, et de la métropole.
Donc,
on est très compétitifs. On va s'assurer de respecter cette compétitivité-là.
C'est au coeur de notre stratégie. Et on va faire en sorte non seulement
d'assurer la compétitivité, mais, en fait, de générer la création d'emplois,
parce qu'on a de l'énergie verte, de
l'énergie renouvelable, et c'est ça qui est recherché, en cette période de
transition énergétique...
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette :
...tout le monde recherche ce type d'énergie, renouvelable, et verte, et
propre.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant la députée de Robert-Baldwin.
Stratégie du gouvernement en matière de développement
économique et d'énergie
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci, Mme la Présidente. La CAQ n'aura jamais été le parti du Québec
d'abord. Au-delà des vides slogans, il y a les faits. Que ce soit pour l'octroi
des blocs d'énergie, politisé avec le projet de loi n° 2,
on constate que nos entreprises qui ont pignon sur rue, elles n'ont pas eu leur
part. Les pertes multiples de pouvoir de la Régie de l'énergie affaiblissent
davantage la transparence et la reddition de comptes, et ce sont les
Québécoises et les Québécois qui vont en
payer le prix. Abandon des obligations des appels d'offres pour Hydro-Québec,
décloisonnement d'Hydro-Québec,
politisation des tarifs, dépôt d'amendements, 52 amendements, dernière
minute, en faveur d'Hydro-Québec. Toutes
ces modifications, Mme la Présidente, mènent à une chose : ce n'est pas...
maintenant, avec la CAQ, ce n'est plus le Québec d'abord, mais plutôt
Hydro-Québec d'abord.
• (15 h 20) •
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, Mme la Présidente. C'est les Québécois qui vont bénéficier...
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! Je vous rappelle
de garder toutes et tous le silence. Une seule personne a le droit de
parole, et c'est la ministre.
Mme Fréchette :
Ce qu'on permet, Mme la Présidente, avec...
Des voix : ...
La
Présidente : Bon, M. le leader de l'opposition officielle, je
vous entends directement. Arrêtez de vous parler, mes deux... leaders,
mes deux leaders.
Mme la ministre, poursuivez, il n'y a que vous
qui avez le droit de parole.
Mme Fréchette : Merci,
Mme la Présidente. Ce qu'on va permettre, avec l'adoption du projet de loi
n° 69, en fait, c'est une
économie de 6 milliards de dollars sur la stratégie éolienne, parce qu'on
va pouvoir devancer, devancer la mise en
oeuvre de cette stratégie-là. On le sait, on a besoin de diversifier nos
sources d'énergie, et le potentiel éolien, au Québec, est fabuleux, et
il faut faire en sorte qu'Hydro-Québec puisse s'activer le plus rapidement
possible pour aller chercher et tirer toutes les retombées de ce potentiel que
l'on a en énergie éolienne et en énergie solaire également.
Alors, on va
pouvoir, donc, débloquer jusqu'à 2 000 mégawatts d'énergie éolienne
un an plus tôt, grâce à l'adoption du projet de loi, ce qui va permettre de
créer des emplois. Et Dieu sait qu'à l'heure actuelle la création d'emplois, c'est
requis, au Québec, avec les très mauvaises
nouvelles que l'on a eues du côté du président américain quant à l'imposition
de nouveaux tarifs sur le secteur de
l'aluminium, sur le secteur de l'acier, et également les pertes d'emploi qui
commencent à se faire sentir dans le secteur de la foresterie. Donc, il
est très important d'aller de l'avant rapidement avec des projets structurants,
et c'est ce qu'on fait.
La Présidente : Première
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Avec
la CAQ, ce n'est pas le Québec d'abord, c'est Hydro-Québec d'abord, parce que,
justement, avec notre électricité, la CAQ n'aide pas nos PME. La ministre joue
encore à choisir les gagnants et les perdants. La CAQ nous a fait perdre
en forçant Investissement Québec à suivre ses commandes, puis ça nous a donné
un rendement de 0,3 % l'an dernier. Moyenne au bâton? Pas fort. On est
rendus à combien de prises, Mme la Présidente? Ils sont out.
Ils ont-tu un releveur, dans la CAQ?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui,
Mme la Présidente. Grâce au projet de loi, en fait, on va pouvoir agir de telle
sorte qu'on puisse intégrer des critères, des critères de sélection, par
exemple, pour des appels d'offres qui pourront avoir lieu dans le secteur énergétique. Parmi ces critères-là, par
exemple, on peut penser au critère de contenu québécois, au critère de
présence de partenaires, tels que les Premières Nations, ou encore les MRC, ou
les municipalités, dans des partenariats avec Hydro-Québec. Donc, tout ça, ça
va générer du développement économique régional important, des retombées économiques, également, importantes et une
diversification des revenus pour un grand nombre de ces partenaires et de ces
acteurs qui vont contribuer au développement énergétique. Et, quand on dit
développement énergétique, au Québec...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...ça veut dire
aussi développement économique et ça veut dire richesse collective.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Geler les
354 mégawatts de Northvolt, c'est l'équivalent de 70 fois l'énergie
du Centre Bell. Imaginez ce qu'on pourrait
faire avec cette énergie-là. On pourrait soutenir 70 projets équivalents,
Mme la Présidente. Mais, non, avec la
CAQ, là, on gèle notre énergie, on gaspille des milliards, on force
Investissement Québec à faire des rendements nuls, on a des déficits
records, la dette explose, une décote historique, des services en lambeaux.
Mme la Présidente, est-ce que la CAQ voit
qu'elle nous fait foncer dans le mur?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) :
Oui.
Bien, Mme la Présidente, ça fait plusieurs fois que j'entends des
commentaires inexacts. J'ai entendu : La
dette explose. Bon, alors, quels sont les chiffres? Quels sont les chiffres? La
dette, au 31 mars 2019, et,
bien sûr, tout le monde comprend que l'année 2018 est conjointe, l'année
fiscale, était de 43 %, la dette nette par
rapport au PIB. Je répète, 43 %. Quelle est la dette nette au 31 mars
2025?
La Présidente :
En terminant.
M. Girard (Groulx) : 39 %,
Mme la Présidente. De 43 % à 39 %. J'ai terminé.
Des voix : ...
La
Présidente : Article 32. On retrouve le silence. Une seule
personne a le droit de parole. Je reconnais la cheffe du deuxième groupe
d'opposition.
Recours au secteur
privé pour la production d'électricité
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Ce matin, j'ai demandé au premier ministre quel est son legs
pour le Québec. La majorité des
premiers ministres du Québec ont laissé un héritage derrière eux qui nous rend
fiers aujourd'hui. Jean Lesage, le père de la Révolution tranquille, a
bâti le Québec moderne en mettant sur pied, entre autres, un système d'éducation public. René Lévesque, lui, a
nationalisé notre hydroélectricité alors qu'il était ministre des Richesses
naturelles, ce qui nous a enrichis collectivement.
Le premier
ministre, lui, son legs, c'est de dénationaliser Hydro-Québec. Il réalise le
rêve de Pierre Fitzgibbon et de ses
chums, puis, en même temps qu'il réalise le rêve de Fitzgibbon, bien, ce qu'il
fait, c'est qu'il réalise le cauchemar, malheureusement, des Québécois.
Être
nationaliste, c'est bâtir l'avenir de la nation québécoise. Jean Lesage et René
Lévesque ont fait la Révolution tranquille. Le premier ministre, lui, il
oeuvre à la démolition tranquille d'Hydro-Québec.
Il est où, le premier ministre qui se dit
nationaliste? On le cherche, là, en ce moment. Il est rendu ami avec Mark Carney, il veut faire une économie unifiée
avec tout le Canada. Et là il sabre, il dénationalise Hydro-Québec. C'est ça,
être nationaliste?
Est-ce que le
premier ministre est fier d'être le premier ministre qui aura commencé à
démanteler Hydro-Québec?
La Présidente : La réponse du...
Des voix : ...
La Présidente : On garde le
silence. La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
Hydro-Québec a actuellement 200 milliards de projets. C'est le plus grand
chantier de toute l'histoire du Québec, incluant la Baie James et tout ce qui a
été fait par ceux qui étaient là avant moi. En plus, Mme la Présidente, on a
signé une entente avec Terre-Neuve. Il y a plein de premiers ministres libéraux
et péquistes qui ont essayé, ils n'ont pas
réussi. On a réussi à s'entendre, jusqu'en 2075, à en moyenne 0,06 $ le
kilowattheure. C'est imbattable à
travers... à travers l'Amérique du Nord. On augmente le volume de 50 %,
entre autres, en augmentant la puissance
de Churchill Falls puis en développant Gull Island, où c'est Hydro-Québec qui
va être le maître d'oeuvre, au Labrador. Bien, moi, je suis fier de ça.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente,
on n'a pas besoin du projet de loi n° 69 passé sous bâillon pour faire les
projets dont parle le premier ministre. Le projet de loi n° 69 nous fait
reculer. Il est du mauvais côté de l'histoire, c'est de la privatisation. Le projet de loi n° 69, il privatise la vente
d'électricité, il privatise les barrages. Plus de privé, c'est plus
d'appauvrissement pour le Québec et les Québécois.
Pour qui travaille le premier ministre? Pour les
Québécois ou pour les grosses entreprises étrangères privées comme TES Canada?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
il y a actuellement des projets d'éolien en région qui sont faits par les MRC,
des communautés autochtones et des entreprises privées, O.K.? Le syndicat des
employés d'Hydro-Québec voudrait que tout ça soit fait par des employés
d'Hydro-Québec. Pour qui travaille Québec solidaire? Pour les syndicats.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
C'est de la politique de la division. Je veux juste rappeler au premier
ministre que les syndicats, les syndicats...
Des voix :
...
La
Présidente : ...cheffe. On retrouve le silence. Poursuivez. Deuxième
complémentaire. Allez-y.
Mme Ghazal : Les syndicats, c'est des
travailleurs et des travailleuses, ce n'est pas des lobbys. Nous, on travaille
pour les travailleurs et travailleuses du
Québec. Le premier ministre, il travaille pour les lobbys des entreprises
étrangères puis Fitzgibbon et ses chums, c'est eux qui sont contents.
Pour
nationaliser l'hydroélectricité, René Lévesque était passé par une
élection référendaire. Ça, c'était un grand démocrate. Le premier ministre,
lui, il bâillonne les contre-pouvoirs, comme à son habitude. C'est un premier
ministre autoritaire.
• (15 h 30) •
La
Présidente : Je nous demanderais de rester respectueux. La réponse du premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Mme la Présidente, soyons clairs, là, il y a actuellement des dossiers, des
projets qui ont été faits, des dossiers, des projets qui sont sur la table,
MRC, communautés autochtones et entreprises privées. O.K.? Est-ce que Québec solidaire est comme le PQ puis s'oppose à ces projets-là? Moi, je voudrais qu'ils
le disent aux Québécois, là, qu'ils se promènent sur la Côte-Nord,
dans le Nord-du-Québec, au Saguenay, en Gaspésie puis au Bas-Saint-Laurent, puis qu'ils aillent dire aux gens là-bas : On s'oppose à
vos projets, on voudrait que tout soit fait par le syndicat d'Hydro-Québec.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : Qu'elle
ait le courage d'aller se promener dans les régions, cet été, puis de le dire
aux Québécois.
La
Présidente : Alors, je vous rappelle qu'on ne s'interpelle pas des
deux côtés de la Chambre, personne.
En
question principale, une seule personne a le droit de parole, et c'est M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Recours
à la procédure d'exception pour l'adoption du projet de loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques
M. Guillaume Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Mme la Présidente, sept ans, sept bâillons, ce sera
ça, le legs de ce gouvernement, une Assemblée nationale muselée pour adopter de
manière expéditive des projets de loi mal ficelés, avec les conséquences qu'on
connaît et qu'on subira encore longtemps.
Bâillon sur le projet
de loi n° 9 en immigration sous le coup d'une injonction, détruisant le
rêve de milliers de familles qui rêvaient du
Québec. Bâillon sur le 21, avec d'importantes contestations judiciaires. Bâillon
sur le 32, sur l'énergie, dans lequel, tiens, tiens, le gouvernement liait les
hausses du prix de l'électricité à l'inflation, forçant des hausses de
tarifs catastrophiques. Bâillon sur le 40, détruisant la démocratie scolaire,
et, encore une fois, contesté devant les tribunaux. Bâillon sur le 15, aux impacts catastrophiques, avec des ratés
par-dessus ratés à Santé Québec. Bâillon sur le p.l. Stablex, désastre
environnemental, expropriation d'une ville au profit d'une multinationale
américaine. Et maintenant un autre bâillon pour privatiser Hydro-Québec, le
fleuron des Québécois.
Vraiment? C'est ça,
le bilan caquiste? C'est désolant, Mme la Présidente.
Des voix : ...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement. Quel est votre rappel au
règlement?
M.
Jolin-Barrette : ...répondre, Mme la Présidente.
La
Présidente : Pardon?
M. Jolin-Barrette :
C'est pour répondre.
La
Présidente : Alors, la réponse du ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Bon, Mme la Présidente, je le sais que la rigueur
n'est pas toujours de mise, à Québec solidaire, sauf qu'on ne parle pas du
projet de loi n° 32, en énergie, on parle du projet de loi n° 34, Mme
la Présidente. Premier élément. Mais ça, c'est à l'image
de Québec solidaire. Ce sont des radicaux brouillons, Mme la Présidente. Ils
sont toujours du côté, Mme la Présidente...
Des voix : ...
La Présidente : O.K. On retrouve
notre calme et le silence. J'aimerais entendre votre réponse. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Alors, Mme la
Présidente, la cheffe de Québec solidaire me l'a dit, qu'elle voulait être
considérée comme une radicale, en commission parlementaire, Mme la Présidente.
Et leur comportement est à l'effet d'être
radicaux. Ils préfèrent, Mme la Présidente, être toujours du côté des
syndicats, même lorsqu'ils ont des comportements répréhensibles, lorsque vient le temps d'aller intimider une famille
d'un élu à l'Assemblée nationale, d'aller manifester devant sa maison.
Ils encouragent les gens, les syndicats à attaquer, comme la FTQ...
Des voix : ...
La
Présidente : M. le leader... Si vous voulez que je fasse un
rappel au règlement, taisez-vous, je vous prie. Je veux entendre le
leader du deuxième groupe d'opposition. Allez-y. Je veux vous entendre.
M.
Cliche-Rivard : On est très clairement en train de prêter des intentions.
C'est inadmissible, Mme la Présidente.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, avant que vous
poursuiviez votre réponse, moi, je vous demande de faire attention. Ici, on impute des motifs. Et je vous rappelle qu'il
y a une motion sans préavis qui a été acceptée par tous les députés, à
l'unanimité, pour dénoncer ces actes répréhensibles dont vous...
Des voix : ...
La
Présidente : Alors, je vous demande de demeurer respectueux,
poursuivez votre réponse, et de ne pas imputer des motifs. Allez-y.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, Québec solidaire est en faveur
de la désobéissance civile. Ils sont en faveur de traquer, d'attaquer
des membres de cette Assemblée devant chez eux.
Des voix : ...
La Présidente : Bon. Je suis debout.
Merci. Monsieur...
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. Vos micros sont fermés, vous
parlez dans le vide. Je suis la seule personne qui a droit de parole ici et je
vais vous nommer un par un pour vous sortir. Je veux vous entendre pour votre
rappel au règlement. Mais je crois déjà savoir ce que vous allez dire,
mais je veux vous entendre.
M.
Cliche-Rivard : Non seulement il prête des intentions, mais, sur
la dernière intervention, je lui demande de retirer les propos, Mme la
Présidente.
La
Présidente : M. le leader, je vous demande de retirer. C'est un
peu trop loin. Faites attention. Retirez le dernier bout, parce que ce que vous
dites... Et, à d'autres égards, tiens, on va en profiter pour faire un peu de
pédagogie ici, je vous ai déjà dit qu'on ne peut pas prétendre que nos
collègues ont des intentions malveillantes. Ce sont des intentions
malveillantes. Donc, je vous demanderais de retirer les derniers mots
que vous avez dits et de poursuivre. Il vous reste 14 secondes.
M.
Jolin-Barrette : Je le retire, Mme la Présidente. Québec solidaire est d'accord avec la présidente de la FTQ, qui a utilisé ces termes-là.
Ils sont du côté des syndicats puis pas du côté des Québécois. Quand vient le
temps, en cette Assemblée, de dénoncer les attaques qu'un élu a subies
auprès de sa femme et auprès de son domicile, ils refusent de dénoncer ça.
La Présidente : Première... Première
complémentaire. M. le député. On écoute.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, tout à l'heure, j'entendais la réponse de la ministre, là, qui nous
parlait de l'argument d'une centaine d'heures. C'est quasiment un argument...
En fait, c'est l'argument le plus drôle que j'ai entendu quand on sait à quel point la CAQ a mal géré les travaux en
commission. Après l'adoption du projet de loi n° 69, là, le principe, en octobre dernier, se sont suivis
quatre mois de silence radio, Mme la Présidente. Rien. Niet. Nada. Une
trentaine de jours, 160 heures disponibles, mais la CAQ n'était pas prête
à étudier son projet de loi.
Va-t-elle au moins avoir le courage d'arrêter de
blâmer l'opposition pour ses échecs?
La Présidente : La
réponse du leader.
M. Simon
Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, la commission a siégé sans
relâche. La démonstration, c'est que, depuis plus d'une année, plus de 115 heures. Le projet de loi, il a été
déposé il y a plus d'un an, Mme la Présidente. Plus d'un an, Mme la Présidente. À un moment donné, si Québec solidaire est sérieux, il apporterait des éléments positifs. Puis on est
capables de discuter ensemble.
On se retrouve, encore une fois, dans une
situation où on utilise les outils parlementaires à la disposition pour faire avancer le Québec, Mme la Présidente, pour
faire en sorte que le projet de loi puisse être adopté, en fonction de nos règles,
ici, qui sont prévues dans le cadre du règlement, pour faire en sorte que les
régions du Québec en bénéficient, Mme la Présidente.
C'est
important, l'économie des régions. Mais c'est sûr que, quand on est concentrés
à Montréal puis qu'on ne se préoccupe pas des régions, c'est difficile
de comprendre les régions, la réalité des gens qui travaillent dans les
régions, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Mme la Présidente, des dizaines d'amendements de
substance déposés par la ministre à la dernière
minute pour corriger son propre projet de loi, des suspensions, question après
question, demandées par une ministre qui ne maîtrise pas son projet de
loi. Si la CAQ veut bâillonner l'Assemblée, c'est parce qu'ils savent très bien
que le projet de loi ne tient pas la route et que la ministre est incapable de
le défendre. Ce n'est juste pas sérieux. C'est gênant. Le Québec mérite mieux,
Mme la Présidente.
La Présidente : Alors, moi, je vous
demanderais à toutes et à tous de demeurer respectueux. La réponse du leader du
gouvernement.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme la
Présidente, c'est vrai que le Québec mérite mieux, Mme la Présidente. Le Québec mérite d'avancer, puis c'est pour ça que
les Québécois ont élu la CAQ, Mme la Présidente, pour faire des réformes,
notamment avec Hydro-Québec, pour offrir aux entreprises québécoises, pour
offrir aux travailleurs québécois dans toutes
les régions des emplois et de l'énergie, pour que, justement, l'économie du
Québec croisse. Vous devriez être contents. Ça va nous permettre de tirer plus
de revenus, Mme la Présidente, pour offrir davantage de services publics à la
population, des services de qualité. Vous devriez être en faveur de ça.
Mais, puisque vous êtes des radicaux, puisque vous êtes des dogmatiques, puisque vous êtes du côté du
syndicat, vous n'êtes pas en mesure de voir quel est l'intérêt collectif,
madame...
La Présidente : M. le leader, je
veux juste vous rappeler que vous vous adressez à la présidente et non à vous,
l'autre côté, mais à moi. Et il vous reste quelques secondes.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, vous avez raison. Je suis mieux
de m'adresser à vous, parce que, du côté de Québec solidaire...
La Présidente : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...du côté des
syndicats, l'intérêt collectif...
La
Présidente : Nous allons maintenant passer à une question
principale. En question principale, je reconnais le député de Maurice-Richard.
Des voix : ...
La Présidente : Bon, Mme la ministre,
je vous ai entendue. On ne rit pas, on écoute.
En question principale, je reconnais le député
de Maurice-Richard.
Recours au secteur privé pour la production d'électricité
M. Haroun
Bouazzi
M.
Bouazzi : Mme la Présidente, ce gouvernement s'apprête à
augmenter la place du privé dans l'énergie, au Québec, comme jamais.
Pourtant, pour chaque kilowattheure, le privé se prend une cote, et cette
cote-là va aux actionnaires. C'est
1 milliard de dollars que nous avons perdus en 25 ans. Pour
chaque projet, le privé doit s'endetter et paie 8 % d'intérêts aux banques. Quand c'est
des projets d'Hydro-Québec, c'est seulement 4 %. Le privé, c'est aussi
engraisser les banques aux dépens de notre richesse commune, sans
compter qu'on garantit l'achat de chaque kilowattheure au privé et que c'est donc le peuple, à travers Hydro-Québec, qui prend tous les risques de marché. Sans compter que Brookfield,
Énergir, Boralex ont des milliards, des milliards dans des paradis
fiscaux et ils ne paient même pas leur juste part.
Ça fait 25 ans
que tous ces gouvernements-là ont privatisé toutes les éoliennes du Québec.
Est-ce qu'ils ont la moindre étude qui nous explique que c'était rentable
d'aller dans le privé produire de l'électricité?
• (15 h 40) •
La Présidente :
La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Merci, Mme la Présidente.
Permettez-moi, dans un premier temps, de revenir sur le commentaire du leader, là, quant aux suspensions qu'on eues au sein de la
commission, parce que, d'une part, ces suspensions-là, c'était au bénéfice, notamment, du député de Maurice-Richard, parce
qu'il voulait des briefings, et parce qu'on a daigné offrir des
briefings, et ça a été apprécié. Alors, je pense qu'il faudrait savoir le
reconnaître.
Et
par ailleurs je voyais bien qu'il y avait impossibilité d'avancer à un rythme
adéquat dans les travaux parlementaires standards, classiques, alors on suspendait les travaux pour échanger
entre nous, pour avancer plus vite, et ça a fonctionné à quelques occasions, mais, bon, trop peu
nombreuses. Donc, on n'est pas en mesure d'avancer à un rythme acceptable
malgré tout.
Alors, pour ce qui
est de la place d'Hydro-Québec, il faut bien comprendre que, grâce au projet de
loi n° 69, Hydro-Québec va augmenter sa place dans
l'économie québécoise, elle va avoir plus d'impact dans l'économie québécoise.
Hydro-Québec va pouvoir enrichir davantage les Québécois, et c'est ce qui est
souhaité. On va doubler la production
d'Hydro-Québec d'ici 2050. C'est majeur. C'est majeur pour le Québec, c'est
majeur pour notre développement économique et pour la richesse
collective des Québécois, puisqu'Hydro-Québec, ça nous appartient tous...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Fréchette : ...et ça va continuer à nous appartenir.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Mme
la Présidente, j'aurais préféré que la ministre me réponde sans suspendre. Dans
toutes les commissions que nous avons eues,
malheureusement, il a fallu suspendre longtemps, souvent. Et d'ailleurs je fais
remarquer qu'il n'y a pas eu aucune réponse à ce que je viens de dire,
sur les études qui expliquent que le privé, c'est rentable.
Ce
n'est pas juste ça. En 18 mois, son prédécesseur a distribué
2 500 mégawatts d'électricité. Ça, c'est 22 milliards de dollars
sur 20 ans que nous allons transférer au privé.
Est-ce qu'elle a la
moindre étude que la place du privé dans l'énergie, c'est rentable pour le
Québec?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme
Fréchette : Ce sur quoi on travaille, Mme la Présidente, c'est
d'augmenter la place d'Hydro-Québec dans l'économie québécoise, d'augmenter son
impact, d'augmenter la richesse collective que le Québec va générer grâce à la
production d'énergie, grâce aux partenariats qu'Hydro-Québec va développer.
Et je pense que le
député de Maurice-Richard est régulièrement revenu sur la place des Premières
Nations dans le cadre du développement énergétique, et c'est exactement ce
qu'on permet avec le projet de loi n° 69. On va
favoriser la signature d'ententes avec des Premières Nations, avec des MRC,
avec des villes et, oui, avec des acteurs du privé, parce qu'ils ont une expertise qui peut être mise de l'avant, puis on le
voit très bien, qu'est-ce que ça a donné au cours des dernières années, dans le domaine éolien. Mais
maintenant Hydro-Québec va avoir la maîtrise d'oeuvre des projets dans le
domaine éolien.
La
Présidente : En terminant.
Mme
Fréchette : Donc, c'est la place accrue d'Hydro-Québec dans ce
secteur-là qui est permise.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Mme la Présidente, quand nous avons reçu
M. Picard, c'est écrit noir sur blanc, dans leur mémoire, qu'ils
préfèrent ne pas avoir de privé et avoir à gérer directement avec Hydro-Québec.
La vérité,
c'est qu'ils n'ont aucune étude pourquoi il faut doubler la taille, aucune
étude pourquoi il faut autant de privé, aucune étude, aucune étude pourquoi ça
va ramener 6 milliards de dollars, parce que vous avez besoin du
bâillon.
La vérité, c'est que vous n'êtes pas
capables de le défendre démocratiquement devant nous à travers un vrai débat
démocratique, et c'est bien triste, Mme la Présidente.
La
Présidente : Et je vous rappelle que vous vous adressez à la
présidente. La réponse de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme
Fréchette : Oui. Mme la Présidente, on en voit, des cas d'exemples. On
en a, des études concrètes de projets qui
sont en train de se réaliser. Allez voir du côté de l'Alliance de l'énergie de
l'Est. C'est fabuleux, ce qu'ils sont en train de développer, de
développer et de déployer grâce à des ententes entre les Premières Nations,
entre les villes, et les MRC, et le privé,
en collaboration avec Hydro-Québec. Et c'est ce modèle-là qu'il faut propulser,
déployer davantage à l'échelle du Québec, dans d'autres régions, parce
qu'en plus ça va non seulement bénéficier aux Québécois et à Hydro-Québec, mais
également aux régions.
Le
développement économique régional, c'est central. Pour Québec solidaire, c'est
peut-être plutôt secondaire, mais, dans notre cas, c'est au coeur de
notre vision, et c'est ce à quoi on travaille...
La
Présidente : En terminant.
Mme
Fréchette : ...à travers le projet de loi n° 69.
La
Présidente : En question principale... Pardon? Vous avez un rappel au
règlement? Quel est-il?
M.
Cliche-Rivard : ...on aimerait qu'elle les dépose, Mme la Présidente.
La
Présidente : De consentement?
Des voix : ...
La
Présidente : Pas de consentement? Pas de consentement.
En question principale,
je reconnais maintenant la députée de Verdun.
Modification des pouvoirs de la Régie de l'énergie
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Avec ce projet de loi, la CAQ a
décidé de court-circuiter et de neutraliser
complètement la Régie de l'énergie pour que les tarifs soient décidés par des calculs
politiques, pas par des calculs économiques. C'est une erreur qui va
nous coûter cher.
En
économie, on apprend une chose, que, pour bien gérer un monopole d'État, il
faut un garde-fou, un régulateur indépendant pour empêcher la
politisation des tarifs et pour empêcher que l'État ait la main directement
dans le plat de bonbons. Mais la CAQ met
tout ça à la poubelle avec son projet de loi. Au diable la Régie de l'énergie,
au diable la saine gouvernance. La
CAQ va se servir d'Hydro-Québec comme une vache à lait, sur le dos des
consommateurs d'électricité, pour tenter de combler son déficit
historique de 13 milliards de dollars.
Je
me demande si c'est le ministre des Finances qui a passé la commande de forcer
ce projet de loi pour augmenter les revenus de l'État avec les factures
d'électricité des Québécois, pour équilibrer son budget désastreux.
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme
Fréchette : Oui, Mme la Présidente. Il est bien important de rectifier
le tir, en ce qui a trait à la Régie de
l'énergie, parce que la Régie de
l'énergie demeure centrale et continue à avoir un rôle et des responsabilités
importants, et même qu'on lui en donne de nouvelles ou qu'on accroît
celles qu'elle avait déjà, par exemple au niveau des tarifs.
Actuellement, la
Régie de l'énergie fixe les tarifs aux cinq ans. Avec le projet de loi n° 69,
elle va dorénavant fixer les tarifs aux
trois ans. Donc, son rôle va être accru, et la révision des ententes tarifaires
va venir plus rapidement. Elle va pouvoir aussi intervenir sur les tarifs en
tout temps, alors qu'actuellement il y a impossibilité de la faire. Donc, non
seulement, en ce moment, elle le fait aux cinq ans, mais elle ne peut pas
intervenir entre les cinq ans en question, alors que dorénavant ça va
être aux trois ans, et elle va pouvoir intervenir à tout moment pendant les
périodes intérimaires entre les trois ans.
Elle
va, par ailleurs, continuer à approuver les plans d'approvisionnement. Donc, la
régie est quand même centrale dans ce rôle-là de développement énergétique à
travers les plans d'approvisionnement. Et également elle va donner son
avis au sujet du plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, le
PGIRE...
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...qui est, en fait,
le coeur de ce projet de loi là.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : La régie va perdre
du pouvoir parce qu'on fait sauter l'interfinancement. Aujourd'hui, la CAQ demande 3 %, mais demain ça va être
quoi? On n'a aucune garantie. Et les factures, pour les contribuables, bien,
ça va augmenter, c'est inévitable. C'est ça,
la conséquence de faire sauter l'interfinancement, de faire sauter le rôle de
la régie, parce que c'est de ça qu'il s'agit, ce projet de loi là.
Est-ce que le
ministre des Finances peut au moins admettre que ce projet... ce projet de loi,
c'est pour que les Québécois remboursent la baisse d'impôt qui a été
donnée, elle va être...
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme
Fréchette : Bien, c'est quand même particulier, Mme la
Présidente, là, d'entendre qu'elle se préoccupe pour le portefeuille des
Québécois, parce qu'on le protège, le portefeuille des Québécois, c'est notre
engagement premier, dans le domaine énergétique. Alors, allumons, là. Allo la
terre? Je veux dire, on met un plafond de 3 % maximum pour le tarif
résidentiel, pour les clients d'Hydro-Québec. Je veux dire, il y a une mesure
là qui est centrale pour la pression financière que subissent les Québécois en
matière de finances, en matière d'économie. Donc, on vient vraiment mettre au coeur de nos priorités et de notre stratégie la
protection des Québécois. Et par ailleurs on va s'assurer également, bien sûr,
de la protection de la compétitivité pour les entreprises...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...pour qu'on
demeure attractifs et compétitifs.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : La CAQ a baissé les impôts d'une main puis, avec
l'autre, elle est en train de jouer dans les tarifs d'hydroélectricité.
La conséquence sur le long terme, c'est qu'il va y avoir une hausse de tarifs
pour les Québécois et Québécoises. C'est ça, faire sauter l'interfinancement.
Puis, quand les tarifs vont augmenter, là, ils
vont faire porter... la CAQ va faire porter le fardeau sur les moins nantis,
parce que les riches, ils vont payer la même chose que les pauvres. En
économie, on appelle ça un tarif régressif, et c'est franchement injuste, Mme
la Présidente.
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Donc, je rappelle, donc, qu'on instaure un plafond de maximum 3 % pour ce qui est du tarif résidentiel des
clients d'Hydro-Québec, et, par ailleurs, on vient créer des milliers d'emplois,
des milliers d'emplois pour les Québécois en région tout comme dans la
métropole. On parle de 8 000 emplois, par exemple, sur la Côte-Nord,
dans le Nord-du-Québec. On parle de 8 000 emplois dans la métropole.
On parle de milliers d'emplois également sur le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie. Tout ça, c'est du développement économique régional qui va améliorer la qualité de vie des gens en
région et partout au Québec, et ce, pour des années à venir, en fait je devrais
dire pour des décennies à venir...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...et c'est au
bénéfice de nous tous.
• (15 h 50) •
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Jean-Talon.
Recours à la procédure d'exception pour l'adoption du projet
de loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Encore aujourd'hui, le
gouvernement de la CAQ cherche à justifier l'adoption par bâillon du projet de
loi n° 69 sur l'énergie. Avec de la poudre de perlimpinpin, le premier ministre,
la ministre et Michael Sabia vont faire apparaître des projets cet été.
J'ai
demandé, en commission parlementaire, à la ministre : Mais quels projets,
là, nécessitent le projet de loi n° 69 pour démarrer cet été? Aucun.
Quel article du projet de loi n° 69 est absolument nécessaire pour faire
débloquer cet été des projets? Zéro. Quel article va nous faire épargner
6 milliards? Aucun. C'est ça qui se passe en commission.
Le bâillon est requis parce que la CAQ veut
refiler aux consommateurs et aux contribuables une facture de 1 milliard de dollars, pour deux raisons.
D'abord, parce qu'on a mis plein de nouveaux trucs dans les tarifs. Jour après
jour, en commission, on a découvert,
ça, ça va dans les tarifs, ça, ça va dans les tarifs, ça, ça va dans les
tarifs, dont les manques à gagner, puis parce que l'année prochaine ce n'est
pas 3,6 %, c'est l'inflation, en vertu du projet de loi n° 34.
Est-ce que la ministre va l'admettre que c'est
ça, la raison du bâillon?
La Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente, donc, comme je l'indiquais, en fait, la stratégie éolienne va
pouvoir être mise de l'avant bien plus tôt.
Donc, on va pouvoir devancer d'un an, notamment, le déblocage de 2 000 mégawatts,
qui va servir au développement des entreprises, au développement des
régions. Et il y a des projets, comme je l'indiquais, qui vont démarrer cet été, notamment celui dans Charlevoix, qui va
pouvoir démarrer cet été, celui, également, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
qui va également démarrer cet été. Donc, il faut voir qu'il y a des impacts à
très court terme. Et on va pouvoir, donc, démarrer cette grande stratégie là de
projets structurants énergétiques qui vont servir à développer le Québec, puis
à nous propulser de l'avant, et à nous positionner aussi dans des secteurs
d'avenir.
Pour ce qui
est des montants, en fait, moi, je vous dirai que j'aurai plus confiance dans
les chiffres d'Hydro-Québec que dans ceux du député de Jean-Talon,
d'autant qu'il semblait, hier, avoir découvert un scoop lorsque j'ai annoncé
qu'on décloisonnait Hydro-Québec Production d'Hydro-Québec Distribution. Il
était convaincu que c'était là une nouvelle dont
il fallait vraiment absolument parler. Or, ça fait quatre ans que c'est
annoncé. Alors, quand il s'agit de me référer à des chiffres, je préfère
me référer aux chiffres d'Hydro-Québec que de ceux du député.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M.
Paradis : Toujours aucun projet qui est nécessaire, toujours
aucun projet annoncé en vertu du projet de loi n° 69.
Le taux
d'augmentation des tarifs d'électricité, s'il n'y a pas de projet de loi
n° 69, c'est celui prévu par le projet de loi n° 34, c'est
l'inflation, beaucoup moins que 3 %, beaucoup moins que les 4 % à
5 % annoncés par Michael Sabia. Résultat : 1 milliard qu'on
ne veut pas mettre dans le déficit historique du gouvernement de la CAQ.
C'est ça, la
raison du bâillon, et la ministre ne veut pas l'admettre aux Québécois, comme
elle ne veut pas admettre la privatisation.
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Donc, il y a un autre élément aussi qui va pouvoir débuter à court
terme, c'est la ligne de transport dans le Bas-Saint-Laurent. Alors, ça aussi,
c'est du développement, développement énergétique et développement économique,
parce qu'au Québec les deux vont de pair. Et je pourrais ajouter même
développement environnemental, parce que, quand on développe l'énergie au
Québec, on développe, on s'engage dans la transition, dans la transition
énergétique encore davantage. Alors, vraiment, on fait un trois dans un.
Alors, il faut absolument adopter ce projet de
loi là parce qu'il va bénéficier à l'ensemble de l'économie et des Québécois.
C'est une richesse collective qui va pouvoir être développée. On a toujours été
avant-gardistes en matière d'énergie verte,
et je pense qu'il est de notre responsabilité de continuer à le demeurer. Et,
avec les investissements qu'on fait aujourd'hui...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...qui vont
bénéficier aux entreprises de demain puis aux communautés de demain, c'est
exactement ce qu'on fait.
La Présidente : Et cela met fin à la
période de questions et de réponses orale.
Motions
sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis,
et je reconnais M. le leader du gouvernement.
Déterminer le cadre temporel des séances extraordinaires
M.
Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente. Deux motions.
Conformément à l'article 26.1 de notre règlement, je propose la motion
suivante :
«Qu'en vue de compléter l'étude du projet de loi
n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques
et modifiant diverses dispositions législatives, l'Assemblée se donne le cadre
temporel suivant :
«Que
l'Assemblée puisse siéger tous les jours à compter de 15 heures jusqu'à ce
qu'elle ait terminé l'étude [détaillée] de l'affaire pour laquelle elle
a été convoquée ou qu'elle décide d'ajourner ses travaux.»
Établir
la procédure législative d'exception en vue de
compléter l'étude du projet de loi n° 69
La seconde motion, Mme la Présidente :
«Qu'en vue de compléter l'étude [détaillée] du
projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des
ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives
l'Assemblée nationale établisse la procédure législative d'exception telle que
prévue aux articles 182 à 184.2 et 257.1 à 257.10 du Règlement;
«Qu'à tout moment de la séance, le président
puisse suspendre les travaux à la demande d'un ministre ou d'un leader adjoint
du gouvernement.»
Débat
restreint sur le motif de la convocation en séances
extraordinaires et sur les motions fixant le cadre
temporel et la procédure d'exception
La Présidente : Alors, nous en
sommes maintenant rendus au débat sur les motions présentées par M. le leader
du gouvernement. Je vous informe maintenant de la répartition du temps de
parole établi pour le débat restreint sur le motif de la convocation en séances
extraordinaires et sur les deux motions présentées par le leader du
gouvernement, soit la motion fixant le cadre temporel de la séance et la motion
de procédure d'exception.
La répartition du temps de parole pour ce débat
s'effectuera comme suit : 58 min 30 s sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement,
30 min 10 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 20 minutes sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, 8 min 20 s sont allouées au troisième
groupe d'opposition, 1 min 30 s est allouée à chacun des députés
indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les
proportions établies précédemment.
Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite
de temps. Enfin, je vous rappelle et
je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours
du débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser
la présidence.
Et je suis
prête à entendre le premier intervenant, qui est, en l'occurrence, le leader du
gouvernement. Et, si vous avez à sortir, je vous invite à le faire dans
le silence et le respect. Merci. M. le leader, nous vous écoutons.
M. Simon
Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, il faut
rappeler et souligner toute l'importance du projet de loi n° 69.
C'est un projet loi qui est important et sur lequel on travaille depuis
longtemps, Mme la Présidente.
On le soulignait lors de la période des
questions, ça fait plus d'un an que le projet de loi n° 69, Loi assurant
la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives, a été déposé, Mme
la Présidente. Plus de 100 heures de commission parlementaire, en termes
de consultation, en termes d'étude détaillée, où tous et chacun ont pu
s'exprimer abondamment, Mme la Présidente, mais il est nécessaire de procéder à
l'adoption finale de ce projet de loi, Mme la Présidente, pour faire en sorte
que le secteur énergétique québécois soit modernisé, ce qui n'a pas été fait
depuis près de 30 ans, Mme la Présidente.
Et, avant de
faire cette modernisation, il est nécessaire d'agir rapidement, considérant le
fait, Mme la Présidente, que le projet
de loi va pouvoir faire démarrer des projets dans le contexte économique et
politique actuel, Mme la Présidente, en
ce qui concerne les tarifs, les changements climatiques, la transition
énergétique, et c'était primordial de s'attaquer à ce dossier-là, Mme la Présidente. Mais les oppositions
voudraient qu'on fasse, encore une fois, du statu quo, Mme la Présidente,
les trois partis du statu quo, le trio du statu quo, Mme la Présidente, c'est
ça qu'ils veulent commander quand ils vont au
restaurant, Mme la Présidente, mais, rappelez-vous, Mme la Présidente, que le
pourboire, maintenant, il est avant taxe.
Alors, Mme la
Présidente, le Québec a toujours été un leader en énergie verte. On se doit de
se donner les moyens pour demeurer ce leader et être en avant de la
parade. On doit également faire en sorte de nous accorder la possibilité d'être
plus agiles, plus efficaces. Hydro-Québec appartient à tous les Québécois.
C'est un fleuron. Il a su s'adapter depuis sa création, depuis 1940, Mme la
Présidente, mais il faut faire en sorte de lui... de continuer de lui permettre
de progresser, Mme la Présidente, pour réaliser sa mission.
Alors, l'objectif du projet de loi n° 69
est de doubler la capacité énergétique du Québec, Mme la Présidente. Ça
appartient aux Québécois de faire en sorte de pouvoir bénéficier de notre
énergie, à l'ensemble de notre économie, mais particulièrement de nos régions,
Mme la Présidente, pour alimenter la vitalité des régions, comme la Côte-Nord, comme la Gaspésie, Mme la Présidente. C'est
toujours surprenant d'entendre des députés des oppositions des régions qui
ne veulent pas participer, Mme la Présidente, au développement de l'économie
régionale, pour donner des emplois de qualité, pour créer des entreprises, pour créer un
écosystème économique, Mme la Présidente, pour attirer des jeunes en région, pour faire vivre les régions du Québec,
Mme la Présidente, pour peupler les régions du Québec, et c'est comme ça
que les régions du Québec vont se
développer, pour créer des emplois payants en région, pour diversifier notre
économie verte grâce à notre grande force, l'hydroélectricité.
Ça ne doit pas nous
empêcher non plus de développer d'autres filières comme le solaire et l'éolien,
Mme la Présidente, c'est la complémentarité,
Mme la Présidente, qui va nous assurer une transition énergétique réussie.
Et, si on veut se libérer des
hydrocarbures comme mes collègues radicaux d'en face le souhaitent toujours,
Mme la Présidente, bien, il faut avoir des outils pour le faire,
utiliser le solaire, utiliser l'éolien, utiliser l'hydroélectricité. Il me
semble qu'on devrait être d'accord avec ça,
du côté du deuxième groupe d'opposition, mais, non, Mme la Présidente, on
refuse encore d'avancer.
• (16 heures) •
Alors, il faut
davantage décarboner notre économie, Mme la Présidente. Alors, avec des effets
concrets pour le projet de loi n° 69, ça va nous permettre de déployer
notre stratégie éolienne un an plus tôt. Ça, c'est 1 000 emplois en région, ça va générer 8 000 mégawatts
d'énergie et des économies de 6 milliards de dollars. Au final, d'ici
2027, les objectifs réalisables vont
créer 25 000 emplois dans toutes les régions du Québec, Mme la
Présidente. Comment voulez-vous être
contre ça, Mme la Présidente? Des emplois payants en région avec de l'énergie
propre, Mme la Présidente, il me semble que ça tombe sous le sens, mais non, on
bloque, le statu quo encore, Mme la Présidente, on refuse d'avancer. On
se demande pour qui les partis d'opposition travaillent, Mme la Présidente. Je
pense qu'on connaît tous la réponse. On connaît tous la réponse.
Mme la Présidente, la
feuille de route, en matière d'énergie, c'est le projet de loi n° 69. Et
on a organisé une tournée, la ministre a
organisé une tournée avec son adjoint parlementaire qui a débuté au mois de
mars dans toutes ces régions-là, là : Montréal, Laval, le Bas-Saint-Laurent,
le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
la Côte-Nord, la Montérégie, l'Estrie,
l'Outaouais, l'Abitibi, la Gaspésie, les Laurentides. La tournée, Mme la
Présidente, n'est pas terminée, parce qu'on va sur le terrain puis on
écoute les gens des régions pour savoir quels sont les projets énergétiques
qu'ils ont en tête, Mme la Présidente, et il faut avoir les outils et les
moyens pour les réaliser, Mme la Présidente.
Alors, en termes de
planification énergétique, il faut regarder le terrain. Il ne faut pas juste
rester à Montréal, Mme la Présidente, puis
être contre tout, Mme la Présidente. Il faut faire en sorte de savoir d'où
provient l'énergie, comment est-ce qu'on la développe, Mme la Présidente. Puis,
oui, Mme la Présidente, si on veut être en mesure, justement, de développer aussi Montréal, bien, ça prend de
l'énergie, parce que c'est bien rare qu'il y a des barrages directement à
Montréal, Mme la Présidente, ils viennent de plus loin, Mme la
Présidente.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais ce n'est pas suffisant pour fournir l'électricité à Montréal, Mme
la Présidente. Ça prend de l'énergie qui est en région, qui s'en vient à
Montréal, pour pouvoir s'éclairer. Le député de Saint-Henri—Sainte-Anne devrait savoir ça, Mme la Présidente. Alors, il faut donner les outils
à Hydro-Québec pour pouvoir se développer, Mme la Présidente.
Alors, Mme la
Présidente, ce n'est jamais agréable... bien, ce n'est pas vrai, c'est toujours
agréable de passer du temps avec vous, Mme
la Présidente, particulièrement la fin de semaine, un vendredi soir avec vous,
Mme la Présidente, dans le cadre de nos relations professionnelles. Cela
étant, Mme la Présidente, on est dans une situation où on se doit... À la fin
de la session, là, on a donné tout le temps voulu aux collègues des
oppositions. La ministre a été disponible pour
expliquer, réexpliquer, offrir des briefings, répondre aux questions des
oppositions, accepter certains amendements.
D'ailleurs, j'ai
entendu les collègues des oppositions remercier la ministre de son ouverture.
Elle travaille en collaboration. Bien, manifestement, Mme la Présidente, la
collaboration, elle s'est faite à sens unique, encore une fois, le gouvernement vers les collègues des
oppositions, hein? On a accepté, mais, quand vient le temps d'avancer pour,
justement, livrer un projet de loi aux Québécois, bien là, on a un blocage et
on se retrouve contraints, liés, forcés d'utiliser la procédure législative d'exception à cause des
collègues de l'opposition. Mme la Présidente, c'est à contrecoeur, c'est à contrecoeur,
Mme la Présidente, à contrecoeur...
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette :
Vous voyez, les collègues, je pense, là, qu'ils se disent : Écoutez,
on ne veut pas se séparer de cette
session-ci sans vivre un moment intense tous ensemble avant de quitter, Mme la
Présidente. Je les comprends, je les comprends.
Cela
étant, ce n'est pas dans l'intérêt des Québécois, le comportement de
l'opposition en commission parlementaire, Mme la Présidente, parce qu'il y a des emplois en région, c'est le
développement économique, le développement régional. Hydro-Québec, ça a
toujours été un moteur de l'économie québécoise dans toutes les régions du
Québec, puis on en est fiers. Je ne pense
pas que les collègues des oppositions veulent renier leur amour pour
Hydro-Québec, pour l'énergie québécoise, l'énergie renouvelable.
On
est des leaders en matière de lutte contre les changements climatiques, et là
ce qu'on tente de faire, Mme la Présidente,
c'est de ne pas progresser, mais le monde change, Mme la Présidente, le monde
évolue, se transforme, le milieu économique, Mme la Présidente, hein?
Comme le disait l'ancienne députée de Saint-Henri—Sainte-Anne, là, qui était ministre de l'Économie, à l'époque, qui était
vice-première ministre, Mme la Présidente, hein, on n'est pas des proies, on
est des prédateurs. C'est ça qu'elle disait.
Bien, en matière économique, Mme la Présidente, là, en matière
environnementale, en matière énergétique, il faut déployer notre plein
potentiel, puis c'est ce que va permettre le projet de loi n° 69.
Puis c'est toujours
désolant, Mme la Présidente, lorsqu'on est contraints d'agir par la procédure
législative d'exception, mais on nous force à aller dans cette situation-là,
Mme la Présidente. Après tout le débat parlementaire, Mme la Présidente, 12 mois, 12 mois, juin, juillet, août,
septembre, faites le tour du calendrier, puis on revient, toute l'année,
Mme la Présidente, on a été là-dessus, Mme la Présidente, on accouche du projet
de loi aujourd'hui. Ça a été plus long pour ce projet de loi là, Mme la
Présidente, qu'une véritable grossesse, Mme la Présidente. Là, hein, Mme la
Présidente, je pense, là, qu'après tout ce temps-là, Mme la Présidente, après
tout ce débat-là, Mme la Présidente, on est dus pour adopter le projet de loi. Ça a été une étude sérieuse, ça a été une
étude, Mme la Présidente, qui a été complète. Alors, on a siégé
énormément, et il est temps, Mme la Présidente, d'aller de l'avant.
Écoutez, on a même appris que les collègues des
oppositions, après une année, parfois, se questionnaient encore sur le projet de loi, et il y avait une
incompréhension, malgré l'ensemble des briefings de la ministre. Qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise, Mme la Présidente? On s'est rendus
disponibles pour aller de l'avant avec le projet de loi, pour faire en sorte de pouvoir l'adopter, mais on
est en situation de blocus, de blocage, de statu quo, et il faut faire en
sorte, Mme la Présidente, de donner les outils pour notre transition
énergétique, et c'est ce qu'on va faire, Mme la Présidente.
Alors, vous allez entendre plusieurs choses
aujourd'hui, Mme la Présidente, sur l'utilisation de la procédure législative
d'exception de la part des oppositions. Je ne les blâme pas, parce qu'ils se
retrouvent dans une situation où ils auraient voulu encore être dans une
situation de statu quo, mais je ne pense pas que c'est ce que les Québécois veulent. Ils veulent qu'on aille de l'avant. Ils
veulent qu'on puisse permettre le développement économique dans les régions.
Ils veulent permettre qu'on ait du développement énergétique pour, justement,
que des emplois de qualité soient créés.
Alors, Mme la Présidente, on va être là pour les
Québécois, aujourd'hui, pour faire en sorte d'avoir des outils. Et, Mme la
Présidente, ce sera un plaisir d'être avec vous ce soir et avec les collègues
également, Mme la Présidente.
(Applaudissements)
La Présidente : Pour le bénéfice des
gens qui nous écoutent, à ces étapes-ci de la motion les députés ont le droit
d'applaudir.
Je reconnais maintenant, pour ses commentaires,
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. J'ai vu le chronomètre, et, je ne sais pas, est-ce que le leader du
gouvernement a manqué d'énergie pour parler d'un projet de loi en énergie?
Parce qu'il avait 59 minutes, mais je pense qu'il n'a pas assez d'énergie
pour parler du projet de loi sur l'énergie, mais ce n'est pas grave. C'est lui
qui a appelé le bâillon, donc j'espère qu'il a assez d'énergie pour ces heures
du matin.
Mme la Présidente, ce n'est pas des farces,
c'est le deuxième bâillon en énergie sous le règne caquiste. Et le chef a raison quand il parle de fin de régime,
parce qu'il y a des indices de fin de régime, et les indices d'un gouvernement
en fin de régime, c'est l'absence de solution, utiliser des méthodes comme le
bâillon, comme aujourd'hui. Parce que j'entends
le leader du gouvernement qui... j'espère qu'il va relire son livre, j'espère
qu'il va le relire, mais, tout à l'heure, il m'a promis qu'il est en
train de préparer une deuxième édition, il va le mettre à jour pour parler du
cynisme version caquiste. Je peux lui donner pas mal d'idées, Mme la
Présidente, entre autres, entre autres les bâillons.
Mais, vous
savez, je vais faire un bref rappel historique d'un élément extrêmement
important. Le 7 décembre 2019, mon
collègue le député de Marquette me l'a rappelé, c'était le premier bâillon en
énergie pour imposer un point de vue du gouvernement. Et qui était le ministre
responsable? C'était le ministre actuel des Infrastructures. Et le ministre de
l'époque disait... C'est très important, ce
rappel, parce que ça va rafraîchir la mémoire de beaucoup de collègues. Le ministre
de l'époque disait : Le projet de loi — à
l'époque, c'était 34 — est
très clair : on retourne plus de 500 millions, on gèle les
tarifs en 2020 et on augmente... et on augmente à l'inflation.
Déjà, dès que
je vais prononcer le mot «inflation», je vais me souvenir du député de Robert-Baldwin, Carlos Leitão, qui
disait : Mais, ça n'a aucun bon sens. D'ailleurs, le gouvernement s'est
trompé, il s'est trompé complètement sur l'inflation. Il a affirmé haut et fort que, avec le projet de
loi n° 34, la CAQ a raison, il faut prendre le taux d'inflation. L'indice
du prix à la consommation, c'était béton.
• (16 h 10) •
Je ne sais pas si ça vous dit... ou si ça peut
vous rafraîchir la mémoire, mais je me rappelle de l'ancien ministre... de l'actuel ministre des Infrastructures, qui
était, à l'époque, le ministre de l'Énergie, avec des réponses colorées, Mme la
Présidente. On connaissait tous la réputation du député de Charlesbourg. On
savait qu'il allait l'échapper et on lui avait dit. Mais c'était quoi, la suite? Le ministre des
Infrastructures l'a tellement échappé qu'il a exposé les Québécois
à des hausses de tarifs d'électricité basées sur un taux d'inflation
incontrôlable.
Et ça a été
la première critique de l'équipe libérale à ce projet de loi. Et je me rappelle
de nos interventions, des collègues qui ont siégé en commission parlementaire.
On disait qu'on s'en allait vers le mur parce que le gouvernement a lié
le taux à l'inflation. Et ça prenait, Mme la Présidente, le premier ministre,
et il a fallu que le premier ministre s'en mêle.
Il a fallu une promesse électorale et le projet de loi n° 2,
qui a confirmé le recul total du gouvernement. Donc, ils ont lancé un
projet en énergie, ils l'ont échappé, ils ont frappé le mur. Et le premier
ministre savait qu'ils frappaient le mur par la suite, parce qu'il a été obligé
de reculer avec un autre projet de loi. On oublie l'IPC, on s'est trompés.
C'était en 2023.
Maintenant,
prenons un instant et reculons, maintenant, au 6 juin 2024. Il y a un an, à peu
près jour pour jour, le ministre Fitzgibbon déposait sa réforme en
énergie. Je me rappelle, nous étions en caucus et on parlait que... tout le monde nous disait :
C'est l'énergie, ça va être l'année de l'énergie, 2024. Mais là, avec le temps,
on voit le film très bien avec des
acteurs dans ce film. C'est que le ministre Fitzgibbon, probablement, la raison
pour laquelle il a quitté, la députée de
Robert-Baldwin l'a dit tout à l'heure, ce n'est plus le Québec
d'abord, elle l'a très bien dit, c'est Hydro-Québec d'abord.
Donc là, maintenant, avec le temps et le recul,
on comprend les réticences de l'ancien ministre de l'Économie et de l'Énergie. Il ne voulait pas être un
serviteur d'Hydro-Québec à l'intérieur de ce Parlement, il voulait jouer
son rôle, et on l'a envoyé s'occuper
de son lave-vaisselle, Mme la Présidente. M. Fitzgibbon le disait :
Il va falloir que les Québécois aient une discussion sur le fond, sur le
sujet. Et il disait qu'il fallait en parler, qu'il fallait une discussion
sérieuse. Et, souvenez-vous, le collègue le
député de Jacques-Cartier parlait de jasette nationale. Le chef l'a
mentionné, il a rencontré le premier
ministre. Pourquoi? Parce qu'au Parti libéral on voulait un vrai débat sur
l'énergie. L'énergie, l'avenir énergétique, ce n'est pas l'affaire des
caquistes, Mme la Présidente, c'est l'affaire de tous les Québécois et les
Québécoises. L'avenir énergétique se conjugue au pluriel, et ce n'est pas
uniquement les caquistes qui détiennent le monopole de l'avenir énergétique.
Rappelez-vous, Mme la Présidente, nous avions
même proposé une commission nationale sur la politique énergétique du Québec. Quand j'entends le premier répondre à notre chef,
sur notre proposition, s'il voulait la collaboration, pourquoi il a refusé notre demande sur une
commission nationale sur l'avenir énergétique? Soyez clairs, aujourd'hui, avec
les Québécois.
Un
gouvernement de fin de régime refuse de débattre. Un gouvernement de fin de
régime, il bâillonne. Un gouvernement de fin de régime est brouillon.
Ça, c'est le constat de l'ensemble des Québécois.
M. Fitzgibbon, quand il a déposé son projet
de loi, qu'est-ce qu'il disait? 6 juin 2024, hein, on est, quoi, presque un an, un an plus tard. Et après j'entends le
leader du gouvernement nous parler que c'est beaucoup, 100 heures. Il a
oublié que quelqu'un a quitté la CAQ. Le superministre, Mme la Présidente,
les a lâchés. Il a quitté. Il ne voulait rien savoir de la CAQ. C'est ça, le résultat. Il n'est plus là. Il a
déposé le projet de loi, il a plié bagage et il a quitté. Il nous a laissé
Northvolt, avec... je ne sais pas le mot que je veux utiliser, avec les
grenouilles et les poissons avec trois yeux.
On a consulté
des experts, des citoyens, des communautés autochtones, des groupes, des
distributeurs, en fait tout le monde. Rappelez-vous, le ministre parlait
même de consensus. Il disait : «La Régie de l'énergie doit évoluer et doit
être renforcée — ça,
c'est l'ancien ministre. La régie doit pouvoir tenir en compte la transition
énergétique dans le cadre de ses décisions et elle doit aussi demeurer
la seule responsable de la fixation des tarifs. Dans un contexte de monopole, c'est essentiel de compter sur un contrepoids.
C'est... En fait, c'est très sain. On veut protéger les clients et leur assurer
une neutralité et une prévisibilité.» C'est toujours Fitzgibbon, 6 juin
2024.
Une année plus tard, est-ce qu'on n'a pas le
droit de se poser la question, elle est où, la Régie de l'énergie, dans ce
débat? Est-ce que, maintenant, avec... un an plus tard, on comprend pourquoi
M. Fitzgibbon a quitté? Est-ce qu'il y avait une divergence d'opinions
profonde que M. Fitzgibbon ne voulait pas être le porte-parole d'Hydro-Québec
à l'intérieur du Parlement? Est-ce qu'on peut... On a le droit de se poser la
question que le désaccord profond entre Fitzgibbon et le premier ministre était
sur la façon avec laquelle l'un des deux voyait l'avenir énergétique du Québec.
Et malheureusement, malheureusement, M. Fitzgibbon n'est plus là.
Ce qu'on a aujourd'hui, c'est un gouvernement
qui est en train de nous forcer d'adopter un projet important pour l'avenir
économique du Québec sans mener une réelle discussion nationale sur l'avenir
énergétique. Au final, probablement, M. Fitzgibbon, qui est, au fond de
lui, un libéral, était secrètement d'accord avec nous. Absolument. Bien, pour
les gens qui ne le connaissent pas, M. Fitzgibbon voulait même être
candidat avec le Parti libéral. Je vous invite à l'appeler. Vous allez en avoir
une, réponse. Je vois des rires. Probablement qu'il y en a qui en connaissent
plus que moi. Ce qui est certain... Bien, écoutez, Mme la Présidente, c'est une
coalition, c'est normal qu'il y ait des péquistes et des libéraux. Je ne sais
pas pourquoi ça vous fait rire. Voilà, Mme la Présidente. C'est ça, une
coalition. C'est ça, la troisième voie,
n'est-ce pas? On dirait que je viens de faire une déclaration sur
l'appartenance d'un ancien collègue autour de la table des caquistes.
Ce qui est certain, Mme la Présidente, c'est que
l'ancien ministre était écoeuré de se battre contre le P.D.G. d'Hydro-Québec, et là on le voit. La question de la députée de Robert-Baldwin... D'ailleurs, c'est ma députée, que j'aime, parce que c'est ma
députée, pour vrai, à vrai dire.
Une voix : ...
• (16 h 20) •
M. Derraji : Bien oui. Absolument, absolument, absolument. J'aime
tous mes collègues, mais c'est ma députée. J'aime tous mes collègues,
mais c'est ma députée.
Qu'est-ce
qu'elle a dit tout à l'heure? Qu'est-ce qu'elle a déclaré tout à l'heure? Qu'est-ce
qu'elle a déclaré, la députée de Robert-Baldwin, tout à l'heure? Le Québec d'abord ou Hydro-Québec d'abord? Le
Québec d'abord ou Hydro-Québec
d'abord?
C'est là, le fond du problème, Mme la
Présidente. Le fond du problème, il est là. M. Fitzgibbon a quitté la CAQ parce qu'il ne voulait pas être un
porte-parole d'Hydro-Québec à l'intérieur du Parlement. Il voulait renforcer
les institutions. Il voulait une régie d'énergie fonctionnelle. Il
voulait un contre-pouvoir. C'est ça que les gens... S'ils se posent la question pourquoi nous sommes là,
aujourd'hui, au parlement, pourquoi on parle d'Hydro-Québec d'abord et non pas de Québec d'abord, et les blocs d'énergie,
c'est parce que M. Fitzgibbon n'a pas acheté la version de M. le premier
ministre. Et, on connaît la suite, le
premier ministre a demandé à son superministre d'aller gérer son lave-vaisselle
à la maison plutôt de rester dans les rangs caquistes, et le projet de
loi a, depuis, été complètement dénaturé.
Les collègues
me parlaient, quand on suivait les discussions sur ce projet de loi... ont
parlé des amendements de dernière minute. Et, vous savez, j'entends le
leader du gouvernement... J'ai le droit de faire ça? C'est une photo. C'est son livre. Ah! je vais juste utiliser ça. O.K. Ça, c'est le
livre, c'est le livre du leader du gouvernement, J'ai confiance : réflexions (sans cynisme) d'un jeune politicien. Ce livre, que j'ai lu à plusieurs reprises, on
parle du cynisme et on parle d'un
nouveau Parlement, on parle des ponts à bâtir, dans le chapitre 2, on parle de
pas mal de citations, Mme la Présidente, un caucus entre amis. Il y a
vraiment une belle table de matières. Mais je ne sais pas si le leader du
gouvernement s'en souvient, mais j'ai un chapitre que j'aime le plus : Retrouver
la confiance. Retrouver la confiance. Mais, quand on dit «retrouver la confiance»... Et je l'ai entendu,
tout à l'heure, parler du bâillon et des nombres d'heures, les séances que le
gouvernement a mises à notre disposition, mais je tiens à lui rappeler un
fait : le projet de loi a été déposé par un ministre qui n'est plus sur la
table. Fait n° 1. Le projet de loi a été déposé en
juin, juin 2024. Nous avons fait les consultations, et par la suite ça a été
silence radio, silence radio, Mme la Présidente. Septembre, octobre, novembre, décembre 2024, il n'y avait rien, rien, parce que
la ministre n'était pas prête, la ministre n'était pas prête à commencer un
projet de loi. Ce n'est pas elle qui l'a rédigé, Mme la Présidente. Celui qui a
rédigé le projet de loi a quitté la CAQ. C'est là... c'est ça, la réalité.
Maintenant, Mme la Présidente, la séquence qui
était extrêmement importante, le principe a été adopté le premier mois de...
après un mois de travaux réguliers, ça veut dire en octobre 2024. Il n'y avait
rien qui s'est passé jusqu'au février 2025. Cinq mois, cinq mois après
l'adoption du principe, presque une demi-année à ne rien faire en énergie. Et
je vous invite à faire vos calculs, Mme la Présidente, sur 12 mois, le
gouvernement n'a pas passé... même pas... même pas cinq, et, le reste, nous
étions en chômage par rapport à l'énergie.
Et, si vous voulez d'autres statistiques, c'est
très simple, la ministre a décidé, en pleine session parlementaire, sur un
sujet important, très important, de faire une mission en Europe. Je ne discute
pas le but de la mission, mais, si le projet
de loi est important pour l'avenir économique du Québec, et c'était une
priorité, est-ce qu'il y avait une urgence à faire cette mission, Mme la Présidente? Et on vient aujourd'hui nous
donner la leçon de blocage. Bien, s'il y a quelqu'un qui doit se regarder dans le miroir par rapport
aux blocages et à la mauvaise planification, c'est le leader du gouvernement.
Pour
simplifier, Mme la Présidente, c'est un mois de travail normal de
40 heures par semaine de perdu. Nous avons perdu un mois de travail à
cause que la ministre n'était pas disponible, à cause que le gouvernement ne
voulait pas siéger. Et qui est le patron de... le flux des travaux
parlementaires? C'est le leader. Donc, Mme la Présidente, quand on parle de
bâtir la confiance, j'espère que le leader du gouvernement va relire son livre,
parce qu'il va s'inspirer de l'élu qu'il était à l'opposition, parce que le
leader, maintenant, du gouvernement a oublié ce qu'il disait quand il était à
l'opposition. 250 heures, Mme la Présidente, c'est énorme. Si on avait
utilisé les 250 heures en commission, je pense qu'on serait rendus à une
étape extrêmement importante.
Pourquoi on n'a pas pris le temps de parler des
appels d'offres, que maintenant le gouvernement s'apprête à permettre à Hydro-Québec d'aller de l'avant sans
être obligée à faire des appels d'offres? Est-ce que c'est ça, la transparence qu'on
veut? Est-ce que c'est vraiment ça, ce qu'on veut pour Hydro-Québec?
Quand on parle, Mme la Présidente, des blocs
d'énergie, c'est quoi, la stratégie et le plan de ce gouvernement? Quand c'est rendu que des députés caquistes sont
incapables de véhiculer leur idée autour de la table, bien, ils ont préféré
de choisir des médias et des journalistes
pour faire sortir leur message parce qu'il n'y a pas d'écoute à l'intérieur du
caucus caquiste, Mme la Présidente. Sinon, pourquoi ces collègues vont
aller parler avec des médias pour leur dire : On n'a pas les blocs d'énergie qu'on veut? Ça, c'est un
fait, pour les gens qui nous regardent. Pourquoi nous sommes là un vendredi,
à 4 h 30, et on va passer la
soirée jusqu'au petit matin du samedi? C'est parce que le gouvernement a choisi
cette méthode pour bâillonner un projet de loi.
Donc, le fond du problème, on ne le règle pas.
On ne peut pas parler du fond de l'avenir énergétique du Québec. On n'a pas parlé de la distribution des blocs
d'énergie et du Québec d'abord. C'est ça, le Parti libéral. Ce qu'on mène
depuis le début de l'année dernière, de 2024, c'est la distribution des
blocs d'énergie. La CAQ, Mme la Présidente, l'a déjà perdu avec Northvolt. On voit la catastrophe avec Northvolt.
À part qu'on a perdu de l'argent, l'argent des contribuables québécois, nous avons aussi perdu des blocs
d'énergie qu'on n'a pas utilisés, et on a laissé des PME attendre, et on a
laissé des collègues caquistes parler
sur toutes les tribunes que leur gouvernement ne les écoute même pas. C'est là
où on est rendus.
«Mme la Présidente, un bâillon, c'est toujours
un moment triste pour un Parlement, mais aujourd'hui je pense que le moment est
particulièrement triste.» Savez-vous qui a dit ça? Je parlais de démission, tantôt.
C'est le député de La Peltrie, en novembre 2015. Comme nous, il doit être
vraiment triste aujourd'hui, oui. Mais il ne s'arrêtait pas là. Vous savez ce
que j'aime avec le député de La Peltrie? C'est que j'ai les meilleures citations au
Parlement. Aïe! Je peux vous passer des heures et des heures à le citer,
sans parler du fond. Mais, vous me connaissez, je ne peux pas juste faire du
spectacle sans parler de l'énergie, qui est un bon... au mauvais projet de loi.
Mais je ne peux pas, Mme la Présidente, oublier :
«On a regardé le règlement, puis on s'est dit : Aïe! on peut brûler des
étapes, on peut l'enfoncer dans la gorge de l'opposition.» Ça, c'est le
député de La Peltrie.
Une autre? Vous en voulez, Mme la Présidente?
«L'Assemblée nationale n'est pas un jouet qui répond aux caprices du ministre.»
Aïe! Je ne sais pas s'il va croiser la ministre pour lui dire les mêmes paroles
qu'il disait quand il était député à l'opposition. «L'Assemblée nationale est
constituée de députés responsables qui légifèrent de façon responsable, et on a
balisé les procédures pour le faire de façon responsable dans un contexte où
tout le monde peut s'exprimer et travailler
de façon responsable.» Il a parlé au moins six ou sept fois de «responsable».
Mais elle est où, la responsabilité, aujourd'hui, où, dans la même
année, deux bâillons, deux bâillons, un en plein milieu de la session et un autre aujourd'hui, en fin de session? Je suis
triste, moi, aujourd'hui, car je me demandais il est rendu où, le shérif de
La Peltrie d'avril 2017.
Et j'en ai d'autres. «Il y a des façons de
faire, Mme la Présidente, qui alimentent le cynisme des gens qui nous écoutent, c'est de bâillonner.» Mais, sur ce
point, le député de La Peltrie se rejoint à son collègue le leader : les
deux parlent du cynisme, mais ils font le contraire parce qu'ils
alimentent le cynisme, Mme la Présidente.
«On sert à quoi comme
législateurs si on ne peut pas faire notre boulot d'être constructifs,
d'amender des lois?» Qui a dit ça en avril 2015? C'est l'actuel ministre de la
Sécurité publique.
Et revenons, maintenant, sur le fond du projet
de loi. Souvenez-vous, Mme la Présidente, d'une collègue autour de la table qui a fait, je dirais, pas mal de
rencontres sur les trop-perçus. Je ne sais pas si ça vous rappelle des
souvenirs, mais les collègues autour de la table vont se souvenir avec
beaucoup, beaucoup d'attention à des vidéos où elle était à côté d'Hydro-Québec
un peu partout avec une pétition extrêmement importante pour dénoncer les
trop-perçus. Bien, figurez-vous que son gouvernement, le gouvernement caquiste,
réouvre la porte aux trop-perçus chez Hydro-Québec.
Qui ne se rappelle pas du combat de la députée
de Saint-Hyacinthe en 2015 contre les fameux trop-perçus? Bien, nous, on s'en rappelle, Mme la Présidente.
L'actuel premier ministre disait, même, mais il parle du gouvernement :
«Le gouvernement détourne des fonds chez Hydro-Québec. C'est une taxe déguisée. M. le Président, cet argent appartient aux citoyens québécois.» Premier ministre, actuel
premier ministre, à l'époque, il était chef du troisième groupe d'opposition,
1er avril 2015. On parle de détournement de fonds chez Hydro-Québec, Mme la Présidente. On parle d'une taxe déguisée. C'était grave.
10 ans plus tard, le premier ministre amène
par la grande porte les trop-perçus. Bien, finalement, avec la CAQ, Mme la Présidente, est-ce qu'on avance ou on
recule? Est-ce que, vraiment, avec ce projet de loi, on avance ou on recule?
C'est la question qu'on doit tous se poser.
On est rendus
habitués avec les changements de cap du premier ministre. Pour aller plus loin,
exit les appels d'offres, dehors, pas
le gouvernement de la CAQ, mais la Régie
de l'énergie, dehors les contrepoids,
qui, je le rappelle, étaient sains il y a un an. Et, pour faire plaisir
au député de Jacques-Cartier, eh oui, dehors, la CAQ en 2026!
Le premier ministre nous avait promis du
changement, mais jamais je n'aurais pensé qu'il aurait autant changé d'idée. Et, vous savez, Mme la Présidente,
regardez, toute l'équipe libérale, elle est présente. Pourquoi? Nous, on ne va
pas juste dire qu'on est le parti de
l'économie, on l'incarne, on le démontre. Et on va rester debout pour le Québec
d'abord, et non pas pour Hydro-Québec d'abord. C'est ça, le fondement et
du pourquoi que nous, on va continuer à se battre à l'intérieur de ce projet de
loi, parce que c'est très important pour l'avenir économique du Québec.
• (16 h 30) •
Et, Mme la Présidente, notre chef n'arrête pas
de le dire, que c'est un gouvernement de fin de régime, et le gouvernement de fin de régime, c'est facile de le
décortiquer, de le voir venir avec un train grande vitesse, même si on ne
l'a pas encore, au Québec, ni au
Canada : c'est parce qu'il n'a aucune vue par rapport aux factures futures
et c'est toujours la faute de quelqu'un d'autre.
Mais l'absence de vision et de leadership en
matière énergétique risque de laisser des séquelles. Notre collègue
porte-parole en économie, tout à l'heure, a exposé des faits réels, que, dans
un contexte économique extrêmement difficile, la CAQ a choisi les perdants et
les gagnants. Ça, ce n'est pas une façon libérale de voir l'économie au Québec.
Quand je vois ma collègue porte-parole du
développement économique régional se lever chaque semaine, parler des PME,
ça, c'est une lecture libérale du
développement économique régional. Mais, Mme la Présidente, le gouvernement a
perdu le contrôle des finances
publiques, le gouvernement a eu sa première décote. Et je pèse mes mots, parce
que, quand je parle avec notre
porte-parole en économie, c'est très sérieux, la décote, ce n'est pas banal et
c'est un très mauvais signal pour notre économie.
Et, Mme la Présidente, depuis 2019, on l'a
répété à maintes reprises, ce gouvernement, malheureusement, est brouillon en matière de projets de loi. Mais, vous
savez, on peut tolérer qu'il était brouillon dans des projets de loi parce qu'on
peut les amender, et revenir, et redéposer un autre projet de loi ou faire des
promesses, et reculer, et revenir. Mais là
ils ont une ministre impeccable, la ministre des Transports. Ils peuvent vous
vendre aujourd'hui le troisième lien, l'année prochaine, vous dire que
le troisième lien, il n'est pas bon, et elle peut revenir la troisième année
vous dire : Ce que je vous ai dit il y a trois ans, c'est la meilleure
réponse, il est bon, le troisième lien. Mais maintenant, Mme la Présidente, en
matière énergétique, on ne s'improvise pas. C'est ça, la façon caquiste de
gérer l'avenir économique du Québec. Parce
qu'il va y avoir de l'impact, l'impact sur les PME, l'impact sur le
développement économique régional, l'impact qu'on ne sait plus où se donner la tête, et ça, ça va influencer des
générations futures. Mais, quand je parle des générations futures,
pensez-vous que je vais avoir l'écho de ce gouvernement qui a sabré dans le
Fonds des générations? Non, Mme la Présidente, non, Mme la Présidente.
La bonne nouvelle, malgré tout ce que je viens
de dire, il y a une bonne nouvelle, et la bonne nouvelle venait de la bouche de
notre chef : la fin de régime est pour bientôt. Donc, Mme la Présidente,
l'année prochaine, 2026, les Québécois vont
dire bye-bye à la CAQ ou, pour faire plaisir à mon collègue le député de
Jacques-Cartier : Dehors, la CAQ! Alors, Mme la Présidente, ils
peuvent savourer aujourd'hui un bâillon, nous sommes prêts. On va passer la
nuit, on va se battre. Nos deux collègues
vont se lever, vont poser les meilleures questions sur les blocs d'énergie, sur
les appels d'offres, sur la transparence, ils vont faire leur travail
avec rigueur. Et les Québécois, en 2026, ils vont se rappeler qu'un
gouvernement, en matière énergétique, il était brouillon, et ils vont leur
montrer la porte, Mme la Présidente. Pourquoi? Parce que ce gouvernement a sous-estimé
l'impact de la hausse des tarifs, mais, pour être populiste et bien faire
passer la pilule au peuple québécois, on ne va pas... on ne va pas augmenter le
tarif à 3 %, mais on va le faire passer d'une manière indirecte. PME,
petites entreprises, nettoyeurs, boulangers, toutes les PME, payez la facture,
parce que le premier ministre, lui, a promis aux Québécois de garder 3 %.
C'est ça, la vision caquiste de l'économie, Mme
la Présidente? C'est ça, la vision caquiste, malheureusement, et c'est ça qui nous
a ramenés dans le trouble. Souvenez-vous de la déclaration de l'ancien ministre
de l'Économie, M. Fitzgibbon, qui
parlait de Northvolt, que c'est un projet que les Québécois n'ont jamais vu.
Effectivement, ils ne l'ont jamais vu. Effectivement, ils ne l'ont
jamais vu, Northvolt. On perd l'argent, on se ramasse avec un terrain qui ne
sert à rien, mais les grenouilles vont rester.
Alors, Mme la Présidente,
c'est triste. Et vous avez vu le visage de mes collègues, ils veulent tous
travailler et ils veulent tous améliorer la vie des Québécoises et des
Québécois, parce qu'au Parti libéral du Québec, on croit que l'avenir
économique et la croissance économique passent par l'énergie, et c'est
extrêmement important.
Nous, on ne parle pas à l'extérieur, on parle à
l'intérieur de notre caucus. Nous avons développé une vision, nous avons demandé une jasette nationale, nous
avons demandé une vraie consultation. Le chef s'est déplacé pour rencontrer
le premier ministre, mais malheureusement le premier ministre a fermé la porte.
S'il voulait être un premier ministre qui va passer dans l'histoire, il aurait
dû accepter la proposition du chef et lancer une consultation nationale en
matière énergétique. C'est ça, l'écoute, c'est ça, la vision, c'est ça, le
leadership. Mais malheureusement, Mme la Présidente, on fait face à un mur, un mur qu'ils n'écoutent plus personne. Est-ce
que je peux dire que c'est de l'arrogance? Peut-être. Est-ce que c'est
l'usure du pouvoir? Peut-être.
Mais, Mme la Présidente, la bonne nouvelle,
encore une fois : la fin est pour bientôt, la fin de régime s'annonce déjà. Heureusement, heureusement, heureusement,
les Québécois vont pouvoir prendre une bonne décision et ils vont donner le temps au leader du gouvernement de faire son
tome II de son livre, et il va avoir le temps en masse, Mme la Présidente.
Alors, Mme la Présidente, c'est une triste
journée où le Parlement est bâillonné. Mes collègues vont faire leur travail, je tiens à rassurer les gens qui nous
écoutent et la population québécoise, nos deux collègues vont amender le projet
de loi, vont aller poser l'ensemble des questions à la ministre. Mais
malheureusement ce n'est pas assez. Mais on doit tous se souvenir que ce gouvernement a joué deux fois dans un projet de
loi extrêmement important, il a changé les règles par rapport à la Régie de l'énergie,
aujourd'hui il bâillonne, et, au lieu d'être Québec d'abord, c'est Hydro-Québec
d'abord.
Là, on comprend pourquoi l'ancien ministre de
l'Économie, M. Fitzgibbon, a quitté la CAQ et a tout lâché, parce qu'aujourd'hui, au lieu de défendre les
Québécoises et les Québécois, nous avons un gouvernement qui s'est transformé
en porte-parole d'Hydro-Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Et je vous annonce,
M. le leader de l'opposition officielle, qu'après la répartition du temps des
indépendants qui ne seront pas présents il vous restera
1 min 40 s. Je reconnais maintenant le leader du deuxième groupe
d'opposition pour son intervention.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la
Présidente. Pas plus tard que mardi dernier, ma formation politique et moi
avons déposé une motion sans préavis afin de demander au gouvernement de ne pas
recourir à la procédure d'exception dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 69.
Les collègues de l'opposition officielle étaient conjoints sur cette motion,
les collègues de la troisième opposition étaient conjoints également. Une
demande fort simple, Mme la Présidente, une demande
qu'on puisse finir notre travail de manière parlementaire, à la régulière,
qu'on puisse poser toutes les questions nécessaires pour qu'on puisse aller au
fond du projet de loi. Surprise, surprise, la motion a été bloquée par le gouvernement,
mettant fin de manière assez claire au suspense. Le projet de loi n° 69
allait être adopté sous bâillon.
Pourtant,
notre demande était bien simple, était bien raisonnable et respectueuse du
travail parlementaire rigoureux que font tous les collègues ici, Mme la
Présidente, mais ça, vraisemblablement, ce n'est pas important, de l'autre
côté de la Chambre. En effet, ce
gouvernement-là choisit de continuer sur sa lancée et d'y aller avec un
septième bâillon. Je le disais tout à l'heure, dans la période de
questions, sept bâillons en sept ans, sept procédures d'exception en quelques
années, Mme la Présidente, quand même! Et
celui qu'on est en train de vivre en ce moment, c'est pour changer
fondamentalement la mission
d'Hydro-Québec, notre joyau national. Revenons rapidement en arrière pour voir
comment on s'est rendus là, Mme la Présidente.
• (16 h 40) •
D'abord, on le mentionnait tout à l'heure, le
projet de loi a été déposé le 6 juin 2024, il y a un an, Mme la Présidente, là. Ça fait un an qu'on nous a
présenté le projet de loi. On a fait des consultations, par contre, au retour
de la relâche, donc en septembre, et
l'adoption de principe s'est faite en octobre, relativement rapidement. Puis,
après ça, silence radio, rien, plus
rien en octobre, en novembre, en décembre, en janvier, en février. Le projet de
loi a complètement disparu du radar pendant des mois où on aurait pu
travailler. Entre octobre et février, pas un mot, pas un article étudié, parce
que le gouvernement n'était pas prêt. On a repris l'étude détaillée le
11 février seulement, Mme la Présidente. Il s'est écoulé quatre mois,
29 jours, pendant lesquels l'Assemblée siégeait, sans qu'on n'entende
moindrement parler de ce projet de loi là. Ça, Mme la Présidente, c'est
160 heures de travail qui étaient sur la table, qui auraient pu et qui
auraient dû être accordées à l'étude détaillée de ce projet de loi,
160 heures qui auraient permis aux parlementaires ici présents, dans l'opposition, au gouvernement, de faire leur
travail parlementaire de manière diligente. Mais, non, le gouvernement
n'était pas prêt.
Parlant d'heures laissées sur la table, Mme la
Présidente, on a tous entendu la ministre de l'Économie dire, pas plus tard que la semaine dernière, même
aujourd'hui, que c'était la faute des oppositions si l'étude détaillée avait
dépassé la centaine d'heures. Par contre, Mme la Présidente, elle a
oublié de mentionner que c'est elle qui a déposé des dizaines d'amendements à la dernière minute, là, tout
très... tout récemment, des amendements substantiels, pas des amendements
de concordance, pas des modifications puis des légères corrections, des
modifications qui modifiaient des sections et l'essence
même du projet de loi, qui avaient fait l'objet de consultations et qui... là,
évidemment, l'opposition avait besoin de les analyser et de se
positionner correctement sur les 10 articles.
La ministre s'est même plainte du temps de
suspension demandé par les oppositions pour prendre le temps de lire les amendements déposés, comme si c'était à
leur corps défendant qu'ils devaient faire leur travail, comme s'il fallait qu'ils
s'excusent de faire leur travail sur des amendements déposés à la dernière
minute, une cinquantaine de surcroît, qui modifient
substantiellement l'essence d'un projet de loi. N'importe qui qui a siégé en commission
parlementaire sait très bien que c'est
impossible. Et, encore, ça continuait encore cette semaine, les amendements,
et, même cette semaine, alors qu'on
avait encore du temps disponible, le projet de loi n'était pas appelé mardi,
encore des heures laissées sur la table par le leader du gouvernement.
La ministre oublie
aussi de mentionner... C'est un projet de loi complexe et technique, c'est
certain. Il y a des flous, il y a des angles morts, il y a des choses qui
doivent se faire... être expliquées. L'apport des oppositions est grand dans ce
projet de loi là, Mme la Présidente. Les oppositions ont pu relever plusieurs
failles, certaines même cruciales, dans le déploiement du projet de loi qui
nous a été proposé. Moult et moult articles, là, de la part de différents
médias, au quotidien, là, à force et à
mesure qu'on avançait dans le projet de loi, relevaient des incohérences, des
incongruités, des problèmes assez
graves dans l'évolution du projet de loi. Un nombre considérable d'acteurs
aussi de la société civile sont venus
se faire entendre, puis ils se font encore entendre aujourd'hui à l'extérieur,
pour se positionner sur des modifications survenues en cours de route. C'est pour ça qu'il a fallu du temps pour
travailler, Mme la Présidente. C'est pour ça que le travail
parlementaire est très important.
Et,
très souvent, c'est Mme la ministre qui exigeait des suspensions suivant les
questions des oppositions ici présentes, de la première opposition, de
la deuxième opposition, de la troisième opposition, plusieurs questions fort
pertinentes, tellement pertinentes que la ministre n'avait pas les réponses.
C'est correct, elle allait consulter, s'assurer de donner la bonne réponse aux Québécois, aux Québécoises, sur
la base du travail important, mais qu'on ne vienne pas nous dire par la suite
que ces suspensions-là qui ont été faites parce que la ministre ne maîtrisait
pas son projet de loi est maintenant imputable au travail des oppositions.
Voyons donc, Mme la Présidente, ça n'a pas de bon sens. C'est une chose, là, que d'aller chercher la réponse, c'en est une
autre que de mettre la faute sur les autres du fait qu'on ne connaît pas sa
réponse. Quand même, il ne faut pas charrier, il ne faut pas exagérer.
Ce
n'est pas en bâillonnant l'opposition, Mme la Présidente, qu'on va améliorer le
projet de loi. Malheureusement, ça,
le gouvernement ne l'a pas encore compris, et la ministre et le gouvernement
s'enlignent dans le mur, et les oppositions sont les seules à le réaliser. On a calculé 30 heures de
suspension, Mme la Présidente, d'une énorme majorité demandées par la
partie gouvernementale, pour être capable de fournir des réponses aux questions
précises de l'opposition. Ça, c'est 30 heures laissées sur la table qui
s'ajoutent aux 160 heures laissées sur la table pour la non-convocation du
projet de loi pendant des semaines, sans parler de toutes les semaines
additionnelles où le projet de loi n'était pas convoqué. Parce que, le vendredi, là, tous les partis
jouaient un peu au devin, là, à se demander si, oui ou non, le projet de loi
n° 69 figurerait à l'horaire la semaine suivante. C'était le
roulement de tambour, là. Quand il y a un projet de loi de cette priorité-là, Mme la Présidente, d'un point tel où
le gouvernement a besoin d'appeler la procédure d'exception, le gouvernement
aurait dû s'assurer que chacune des séances,
chacune des semaines, chacune des heures sur la table soient disponibles pour
le travail parlementaire. Il n'en est rien.
La ministre a aussi
dû prendre le temps pour se faire expliquer, elle, une cinquantaine
d'amendements que lui a fournis Hydro-Québec. Mme la Présidente, quand
même la ministre ne comprend pas tous les tenants et aboutissants de son propre projet de loi, c'est le rôle de
l'opposition puis des partis d'opposition de se
questionner, de la questionner et d'étudier autant qu'il le faut chaque
article.
Alors, dans ce
contexte, je ne peux pas croire que la CAQ empêche les oppositions de
poursuivre leur travail de l'étude détaillée
article par article. La CAQ nous a fait comprendre que ce qu'on a à dire, là,
ce que les groupes ont à dire, ce que
la société civile a à dire, ce que les experts ont à dire, là, ce que les
citoyens pensent du projet de loi, ça ne compte plus, ce n'est plus important, parce que c'est ça, véritablement,
imposer le bâillon puis la fermeture sur un projet de loi. C'est de dire que tout ce qu'il reste à
travailler, tout ce qu'il reste à étudier, toutes les questions qu'il reste à
clarifier, tous les amendements qui peuvent être déposés, tout d'un
coup, ne sont plus pertinents.
Une chance, Mme la
Présidente, que, pendant tout ce temps-là, on a travaillé, on a analysé article
par article, on a questionné les ministres,
on a écouté les groupes, on a proposé des amendements. Et maintenant le projet
de loi change fondamentalement, parce
que, oui, les amendements déposés récemment sont des changements majeurs au
projet de loi, et on doit finir de les étudier. Et ce n'est pas vrai que
quelques heures vont suffire à aller au fin fond de ces changements
substantiels pour l'avenir d'Hydro-Québec.
C'est ça, la
démocratie selon la CAQ? Ce n'est pas la première fois, là. Comme je l'ai dit
plus tôt, on est rendus au septième bâillon caquiste depuis l'arrivée au
pouvoir. On l'a vu avec le projet de loi n° 15. Tout le monde, ici, se souvient du projet de loi n° 15 sur Santé Québec, qui continue d'alourdir le système de santé, qui continue d'exiger des
coupes sans bon sens aux hôpitaux, en leur demandant de couper et de
compter le nombre de Kleenex, les produits menstruels
ou encore fermer des urgences en région. C'est ça, la magnifique réforme adoptée
sous bâillon qui devait, là, nous donner, là, des résultats
extraordinaires, alors que, très tard dans la nuit, on décelait erreur après
erreur sur article après article, ce que le gouvernement modifiait lui-même,
obligé de constater l'imbroglio et le brouillon dans lequel il s'était lancé. Des centaines d'articles laissés de
côté sur une réforme massive de la santé, c'est ça, le p.l. n° 15. C'est
ça qui nous attend encore une fois ici, Mme la Présidente.
On l'a aussi vu avec
plusieurs autres projets de loi. Je les nommais tantôt dans ma question :
le projet de loi... le projet de loi n° 9 de la précédente législature,
adopté sous le coup d'une injonction de la Cour supérieure, qui allait détruire les rêves de milliers de familles rêvant
de s'établir au Québec; le projet de loi n° 40, Mme la Présidente, sur la
gouvernance scolaire, adopté à la hâte,
corrigé par la suite, adopté, attaqué par... devant les tribunaux. Même
scénario, même méthode, toujours la même improvisation législative
suivie de bâillon, suivi de regrets, qui arrivent trop peu, trop tard, parce
qu'on a décidé trop rapidement d'imposer la procédure d'exception.
Mme la
Présidente, on l'a vu, ce que ça donne, les bâillons caquistes. Les Québécois
et les Québécoises l'ont vu, ce que ça donne de bâillonner le processus
démocratique au profit de leurs intérêts. Le cas de Stablex est encore frais
dans la mémoire de tout le monde ici présent, encore une fois. Dans les
prochaines heures, Mme la Présidente, c'est toute la population québécoise qui va constater à
nouveau la même chose qu'avec Stablex, cette fois-ci pour dénationaliser,
pour privatiser la vente d'électricité au Québec, pour dénationaliser, pour
privatiser Hydro-Québec, le fleuron des Québécois et des Québécoises.
• (16 h 50) •
Et, justement, ce
n'est pas la première fois que le gouvernement s'attaque à Hydro-Québec par
bâillon. En effet, on l'a vécu en 2019 sur
les tarifs d'électricité. Tout le monde s'en souvient aussi. C'est pendant ce
bâillon que le ministre de l'Infrastructure, à l'époque, nous a
dit : «Jamais la clientèle n'aura vu ça, une hausse tarifaire aussi
faible. Nous, on pense qu'on ne verra plus
jamais ça, des années d'inflation à 5 %,
6 %.» Bien oui. Bien oui. Des mots qui ont très mal vieilli, Mme la
Présidente. Évidemment, le tout a dû être corrigé en urgence, là, par un autre
projet de loi, alors que des hausses sans
bon sens, vertigineuses attendaient les Québécois et les Québécoises. La preuve
d'un travail mal fait, Mme la Présidente, encore une fois par bâillon.
Les conséquences sont réelles. Le travail de l'opposition puis des oppositions est important. Et, oui, en refusant de
procéder au processus démocratique à la régulière, oui, il s'en commet,
des erreurs, des erreurs importantes, avec des conséquences réelles.
À
Québec solidaire, notre position n'a jamais changé sur l'importance
d'Hydro-Québec, son caractère public, national. C'est notre héritage collectif. Je suis déçu qu'on voie les choses
autrement, de l'autre côté de la Chambre. La postérité se souviendra très clairement d'eux comme les
architectes de la privatisation et de la dénationalisation d'Hydro-Québec.
Notre
chef parlementaire avait justement dit, en 2019, que les Québécois allaient
être pénalisés avec les changements de tarifs d'Hydro-Québec. L'histoire
lui a donné raison. Quand les oppositions soulèvent des points importants, là,
le ministre, le leader le sait très bien,
quelques années plus tard, la plupart de ces faits deviennent avérés. C'est
pour ça qu'on se trouve à nouveau
devant le gouvernement caquiste aujourd'hui, cette fois-ci pour lui demander de
réviser et de revenir sur sa position
qui va modifier de manière importante la gestion de l'énergie qu'il s'apprête à
faire passer. Avec cette réforme, les
Québécois vont encore écoper. On le sait, ce qui s'en vient, là, les groupes
l'ont dit, les experts l'ont dit, la société civile l'a dit, c'est très
clair. Mais c'est toujours la même chose avec le gouvernement.
Mme
la Présidente, un bâillon, c'est une négation du droit démocratique de s'exprimer,
de travailler article par article, d'améliorer le projet de loi, de poser les
questions, de faire le travail pour lequel tous et chacun d'entre nous avons
été élus, pour faire le contrepoids, pour vérifier la validité des
orientations, des arguments, du bien-fondé, de surcroît sur un projet qui parle de l'avenir énergétique du Québec, qui va
toucher les décennies de générations qui s'en viennent devant nous. Mais
ça, encore une fois, c'est toujours la même chose, c'est une tache de plus au
dossier du gouvernement.
Sept bâillons, sept
ans. Triste bilan. Malheureusement, le gouvernement n'est pas au bout de ses
peines, parce que son bilan, là, il est loin
d'être positif, Mme la Présidente, puis il l'est de moins en moins, en fait.
Alors, quel triste bilan après sept ans, Mme la Présidente! Dommage,
très dommage qu'on en soit rendus là. Mais vous pouvez compter sur nous dans les prochaines heures pour travailler
très fort, de manière proactive, dans l'intérêt des Québécois et des
Québécoises, pour améliorer le projet de loi, pour s'assurer qu'on
décèle les erreurs importantes, qu'on fasse des propositions, qu'on fasse notre
travail qu'on aurait dû faire jusqu'au bout. On ne lâchera pas et on va
s'assurer qu'Hydro-Québec demeure le fleuron qu'il a toujours été pour les
Québécois, Québécoises. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Et,M. le leader du deuxième groupe d'opposition,
je vous informe qu'il vous reste plus de cinq
minutes à votre groupe pour la suite des choses. Et je reconnais maintenant,
pour son intervention, Mme la députée de Terrebonne.
Mme Catherine
Gentilcore
Mme Gentilcore : Merci, Mme la Présidente.
Écoutez, aujourd'hui marque la fin de cette session parlementaire, une première session parlementaire pour moi. J'ai
fait mon entrée à l'Assemblée nationale le 17 mars dernier et j'en suis
déjà à mon deuxième bâillon.
J'ai vécu un premier
bâillon sur Stablex, hein, un bâillon complètement inacceptable, parce que,
selon le gouvernement, cette compagnie
américaine devait, de manière urgente, trouver un nouveau site pour enfouir ses
déchets dangereux, et un deuxième bâillon aujourd'hui, sur le projet de
loi n° 69, sur l'avenir énergétique du Québec. Ça fait juste deux mois que je suis arrivée à l'Assemblée
nationale, deux mois, deux bâillons. Le gouvernement aime parler de moyenne
au bâton, mais moi, j'aimerais lui parler de moyenne au bâillon. Elle est très
bonne, merci.
Le gouvernement ne
peut pas être fier de ce bilan-là, Mme la Présidente. Ça fait deux fois en deux
mois qu'on suspend les règles habituelles, qu'on suspend les règles de
démocratie. Il s'agit d'une insensibilité démocratique. Et, Mme la Présidente,
je suis très troublée par ce geste qui restreint le débat sur le projet de loi n° 69.
Je dénonce vivement cette décision extrêmement mal avisée du gouvernement. On
ne peut pas ouvrir la porte à la privatisation de la vente d'électricité, on ne
peut pas édenter la Régie de l'énergie, on ne peut pas non plus conférer de
nouveaux pouvoirs discrétionnaires au gouvernement sans débat démocratique.
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Et, pour
ce qui est du troisième groupe deuxième
opposition, il vous reste près de
cinq minutes de propos pour la suite des choses. Je reconnais
maintenant, pour son intervention, le député de Taschereau.
M. Etienne
Grandmont
M.
Grandmont : Merci, Mme la Présidente. On est en face...
Des voix : ...
La Présidente : ...un
instant. On ne s'interpelle pas des deux côtés. Pour ce qui est du deuxième
groupe d'opposition, il vous reste au total 4 min 26 s.
Le temps restant pour la partie gouvernementale, à titre d'information, vous
avez 49 min 6 s. Pour les
gens du premier groupe, oui, de l'opposition officielle, pardon, vous avez
1 min 40 s. Et nous ferons les calculs pour le troisième
groupe d'opposition.
Alors, M. le député
de Taschereau.
Des voix :
...
La Présidente :
Vous avez
4 min 26 s, si vous voulez poursuivre. Et il y a le gouvernement
qui, de son côté, a 49 min 6 s, également, s'il veut
poursuivre. Alors, je reconnais les personnes qui se lèvent.
M. le député de Taschereau.
M. Grandmont :
Merci, Mme la Présidente. On est
face à un gouvernement qui est antidémocratique, Mme la Présidente, sept
bâillons en sept ans, sept bâillons en sept ans, une cinquantaine
d'articles qui ont été laissés sur la table, qui ont été amenés à la dernière minute, dans le cadre de l'étude du
projet de loi n° 69, qui n'auront jamais pu être étudiés, analysés,
commentés par les groupes qu'on a reçus en audiences particulières. On n'aura
jamais pu avoir l'avis de ces groupes-là sur une cinquantaine d'articles qui
viennent changer profondément, qui viennent marquer profondément le projet de
loi n° 69. Une surprise comme ça, à la fin, là, c'est ne pas... c'est ne
pas respecter le processus normal de l'étude d'un projet de loi aussi important
sur un enjeu aussi important, Mme la Présidente.
Mardi dernier, on a
déposé une motion simple, une motion raisonnable, pour demander de ne pas
recourir à la procédure d'exception, le
bâillon, lors de l'étude du projet de loi n° 69. Cette motion-là a été
bloquée, Mme la Présidente. Pourquoi? Parce que le gouvernement ne veut
pas faire de débat. Il veut passer en force son projet de loi. C'est déjà le septième bâillon depuis l'arrivée de la CAQ,
sept bâillons pour étouffer notre démocratie puis imposer dans la précipitation
des lois majeures pour le Québec.
Le projet de loi
n° 69 a été déposé à peu près il y a un an, jour pour jour. Il a disparu
de l'agenda parlementaire entre octobre et
février. 160 heures de travail parlementaire auraient pu être consacrées à
l'étude détaillée de ce projet de loi là, mais le gouvernement a choisi
de ne pas appeler le projet de loi pour étude. Lorsque l'étude a repris, la
ministre de l'Économie a accusé les oppositions, on l'a bien réentendu tout à
l'heure dans les deux... plus tôt, aujourd'hui, dans les deux périodes de questions, de ralentir le processus. Elle a accusé
les oppositions de ralentir le processus. Pourtant, c'est elle qui a déposé des dizaines d'amendements de
dernière minute, qui sont venus modifier substantiellement le projet de loi.
Un gouvernement qui
ne maîtrise pas son projet mais qui refuse de laisser le temps au débat, c'est
ça, la réalité, c'est ce qu'on a pu
observer. C'est un projet de loi complexe, technique, qui présente plusieurs
failles majeures, que nous avons déjà
relevées. Notre rôle, là, nous, en opposition, c'est de les dénoncer, de les
soulever et de proposer des corrections, mais ce gouvernement-là refuse
d'écouter, refuse la consultation. Il impose le silence à l'Assemblée
nationale.
Ce
n'est pas un cas isolé. Depuis le début du mandat de la CAQ, on a assisté à une
méthode de gouvernance autoritaire, bâillon
sur bâillon, improvisation législative, dégâts inévitables. On l'a vu avec les
projets de loi n° 15 sur la santé, le 34, le 40 et, plus récemment,
le 93, sur Stablex, un projet de loi où, on s'en souviendra, il y avait une
urgence, une urgence qui, finalement, ne s'est pas avérée, Mme la Présidente. Seulement 20 % du terrain est
déboisé. Or, ça urgeait d'adopter ce projet de loi là.
• (17 heures) •
Aujourd'hui, c'est
Hydro-Québec qui est dans la ligne de mire. Ce projet de loi n° 69 n'est
rien d'autre qu'une tentative de privatisation déguisée de notre patrimoine
énergétique, un joyau national qui risque d'être démantelé sans aucun débat
sérieux. Après avoir bâillonné le projet de loi n° 34 en 2019, où on nous
assurait que les hausses tarifaires seraient minimes, cette promesse a été non
tenue depuis, et voilà que la CAQ récidive. Ce gouvernement s'apprête à
dénationaliser Hydro-Québec et à favoriser les intérêts privés au détriment des
Québécoises et des Québécois. C'est un
démantèlement de notre... de notre héritage collectif, une démolition
tranquille de ce qui faisait à la fois la fierté mais aussi la
souveraineté du Québec, en plus d'être un levier économique majeur.
Mme la Présidente, un
bâillon, ce n'est pas banal, c'est une blessure infligée à notre démocratie. Et
aujourd'hui, avec ce projet de loi n° 69, c'est une blessure profonde. On
va tenir le fort. On va mettre le temps et on va...
La
Présidente : Merci.
C'est le temps dont vous disposiez, M. le député de Taschereau. Maintenant,
j'ai... nous retournons au gouvernement, mais je veux avertir les
collègues du troisième groupe d'opposition que c'est un total de
7 min 4 s dont vous disposez, qu'il vous reste. Vous aviez un
bassin de huit minutes pour commencer.
Je cède maintenant la
parole au prochain intervenant, qui est... Je crois comprendre, mais j'aimerais
avoir la confirmation du leader. Y aura-t-il ou n'y aura-t-il pas d'autres
interventions de la partie gouvernementale?
M.
Jolin-Barrette : Il n'y en aura pas d'autre, Mme la Présidente. On est
prêts à conclure.
La Présidente :
Alors, comme je l'expliquais d'entrée de jeu, le temps non utilisé sera
réparti, le temps des indépendants mais
également le temps de l'opposition, ce que... du gouvernement, pardon, ce que
permet notre règlement. Donc, il y a
49 min 6 s du gouvernement à répartir dans les oppositions, les
compteurs changeront. Alors, si vous voulez bien que nous suspendions
quelques instants pour faire le bon calcul, pour que vous sachiez combien de
temps dont vous pourrez bénéficier.
Alors, nous
suspendons quelques minutes pour calculer la répartition du temps. Merci.
(Suspension de la séance à
17 h 02)
(Reprise
à 17 h 08)
La Présidente :
...maintenant, de la nouvelle
répartition du temps. Le deuxième groupe d'opposition aura maintenant
40 min 40 s de temps de parole, et le troisième groupe
d'opposition, 16 min 59 s.
Et, comme nous avions
terminé avec une intervention du deuxième groupe d'opposition, je céderai
maintenant la parole, pour son intervention, à un député du troisième groupe
d'opposition. Et je reconnais, pour son intervention, le député de Jean-Talon.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Merci,
Mme la Présidente. Moi aussi, ça ne fait pas si longtemps que ça que je suis
élu, et c'est mon troisième bâillon. Quelques semaines après mon entrée à
l'Assemblée nationale, c'était le bâillon sur le projet de loi n° 15 qui
réformait le secteur de la santé. J'avais participé à une partie des travaux
parlementaires et je voyais des oppositions qui voulaient vraiment travailler à
améliorer un projet de loi qui était plein de trous, qui était plein de problèmes techniques. Et je m'étais levé ici pour faire
un discours déplorant l'utilisation du bâillon. Je disais : Je comprends
que c'est une procédure qui existe dans
notre règlement, mais quelle tristesse que de l'appliquer pour un projet de loi
qui va avoir des changements profonds pour à peu près tout le monde au
Québec! Puis là on nous disait : On va livrer des résultats après Noël, c'est pour ça qu'il y a un bâillon. Puis tout le
monde a vu, au Québec, que c'était du vent, qu'il y en avait... c'était...
Ça n'avait rien à voir. Même un an plus tard, il n'y a toujours pas de
résultat.
Puis il y avait une
chose qui m'avait choqué, comme député, c'est que le gouvernement, quand il
annonçait le bâillon, il y avait eu
plusieurs blagues. Ça cabotinait puis ça rigolait. Et, encore aujourd'hui, le
leader parlementaire, dans l'intervention qu'il a faite, bien qu'il a
dit : Ah! ce n'est pas de gaieté de coeur, il a trouvé le moyen de faire
plein de blagues et de cabotiner. Puis j'ai
entendu, encore une fois, plein de monde rigoler puis trouver ça drôle qu'on invoque
le bâillon.
• (17 h 10) •
Honnêtement,
Mme la Présidente, personne ne devrait se réjouir qu'on fasse ça. Je comprends
que le gouvernement peut
invoquer des raisons, puis là je vais en discuter tout à l'heure, mais ce n'est
pas le moment le plus glorieux de nos travaux parlementaires quand on suspend
les règles habituelles et qu'on force l'adoption d'un projet de loi pour
lequel, encore une fois, il y avait un travail sérieux qui était effectué. Puis
je vais y revenir.
Le leader
parlementaire, dans son intervention, a dit : Mais pour qui travaillent
les oppositions? Bien, justement, on travaille pour les Québécois, on travaille
pour les Québécoises qui n'ont pas été consultés sur le projet de loi, sur le projet de loi qui va nous être
enfoncé par la gorge cette nuit. Ils n'ont pas été consultés, d'abord, parce
que c'est une réforme importante, qui a été annoncée comme importante,
du secteur de l'énergie. Et, tout au long des consultations particulières puis
depuis ce temps-là, tout le monde dit : Oui, mais on n'a jamais eu la
vision du gouvernement, qui est : Où
est-ce qu'on s'en va avec ce projet de loi là? On se donne des outils, on trace
une route, mais on ne sait pas où est-ce qu'elle s'en va.
C'est
toujours le cas, mais il y a encore pire, c'est qu'avec des amendements qui ont
été déposés dans les derniers jours, plus de 50, on a radicalement
changé le projet de loi, radicalement, ça n'a plus rien à voir, pas des petits
éléments techniques, on a radicalement changé le projet de loi. Et ça, personne
n'a été entendu là-dessus. Ça a donné quoi? Ça a donné qu'à peu près tout le
monde au Québec, aujourd'hui, est contre l'adoption de ce projet de loi par
bâillon.
C'est
extraordinaire, l'unanimité que le gouvernement de la CAQ a réussi à créer. Des
gens qui avaient des avis très différents sur le contenu du projet de
loi au moment de son dépôt se sont tous réunis, sont tous d'accord : HEC,
le Conseil du patronat du Québec, la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, Manufacturiers et exportateurs du
Québec, l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité,
Option consommateurs, Les Amis de l'environnement, ATTAC-Québec, les
syndicats, Toujours Maîtres chez nous, Pour un choix éclairé, le regroupement
des organismes en environnement... environnementaux en énergie, le Front commun
pour la transition énergétique. Tout le
monde est d'accord. Les organisations de la société civile, les groupes
environnementaux, les PME, le monde des affaires, les grandes
industries, tout le monde dit : Pas de bâillon.
Ce qui se passe est
absolument inacceptable. On vient de créer encore plus de chaos dans un projet
de loi qui était déjà un bric-à-brac. Et
surtout, pour beaucoup de choses qui étaient en train de se passer dans ce
projet de loi là, le gouvernement n'a aucun mandat, aucun mandat.
Privatisation de la vente d'électricité, alors qu'il y a un pacte qui existe
depuis 1963 au Québec. Aucun mandat, et jamais la ministre, jamais le premier
ministre, ni ici ni en commission parlementaire, n'ont été capables de
l'admettre, continuent avec leur ligne : On ne privatise pas Hydro-Québec.
Ça n'a rien à voir. Personne n'a jamais prétendu qu'on vendait des actions
d'Hydro-Québec. Ce n'est pas de ça dont il est question, c'est le fait qu'Hydro-Québec est la seule entité autorisée à
vendre de l'électricité au Québec. C'est ça, le pacte québécois sur
l'électricité, et le gouvernement va le briser au milieu de la nuit.
René Lévesque et
l'équipe de Jean Lesage, du Parti libéral, en 1962, eux, ils ont eu le courage
de déclencher des élections générales sur la
nationalisation de l'électricité et de dire : À partir de maintenant,
seule Hydro-Québec va vendre de l'électricité au Québec. C'est ça, le pacte.
Ça, c'est du courage politique. Et aujourd'hui, en catimini, sans être capable même de le dire dans le blanc des yeux des
Québécois, on va privatiser la vente d'électricité sans mandat. C'est
inacceptable.
Ensuite, les tarifs,
le travail en commission, il a permis ça, les tarifs d'électricité. Le projet
de loi n° 69, c'est devenu une
véritable boîte à outils pour faire augmenter les tarifs d'électricité en
mettant un paquet d'éléments dans ce qui peut servir maintenant à
Hydro-Québec, au gouvernement, pour demander à la régie d'augmenter les tarifs.
Ça, ça s'est passé dans les derniers jours. Ce n'était pas là au début du
projet de loi.
Alors, oui, quand on fait
les calculs de tous les articles, tous les nouveaux articles qui ont été
adoptés ou qui vont être adoptés de force
dans les prochaines heures, on arrive à une facture de
1 milliard de dollars qu'on va refiler aux Québécois sans leur
dire. Imaginez, là, il y a un article, on n'est pas rendus encore là, mais
c'est écrit qu'on crée un fonds...
C'est écrit, c'est le projet de loi, là, je le cite, là, le projet de loi, à
l'article 75, crée un programme d'aide financière pour limiter les impacts de la hausse des tarifs
d'électricité pour la clientèle domestique. C'est écrit noir sur blanc. Pas de
mandat pour faire ça, et c'est exactement ce qui va se passer.
Et, plein
d'autres articles, on écarte la Régie de l'énergie. On va l'édenter et on va
remplacer ça par encore plus de pouvoirs pour le gouvernement et plein de
cadeaux, pleins de passe-droits, plein d'articles de présomption qui vont
faciliter la vie du gros joueur qu'est Hydro-Québec quand on est devant la Régie
de l'énergie puis quand il y a des citoyens
qui veulent avoir un point de vue différent d'Hydro-Québec. Là, on vient de
faire un paquet de changements de dernière
minute pour faciliter la vie du plus gros joueur. Toujours pas de mandat. Et
tout ça va se passer au milieu de la nuit.
L'historique, mes collègues l'ont rappelé, mais
ça vaut quand même la peine de le dire, parce qu'on continue de prétendre que c'est la faute des oppositions.
C'est la faute des oppositions si un projet de loi qui a été... qui a été
déposé en juin 2024 par l'ancien ministre Pierre Fitzgibbon, pour lequel
il y a eu des consultations particulières qui se sont terminées le 19 septembre 2024... C'est de la faute des oppositions
si on a attendu jusqu'au 11 février 2025 pour commencer l'étude détaillée.
Mme la Présidente, aux dernières nouvelles, c'est le leader du gouvernement qui
contrôle les travaux parlementaires,
qui décide de l'appeler ou pas. Tout le monde au Québec le sait, pourquoi on a
attendu, parce que le ministre a
démissionné, que la nouvelle ministre devait prendre le temps d'apprendre son
mandat, puis elle l'a dit, puis c'est normal. Mais ça, c'est la faute du
gouvernement, pas des oppositions.
Depuis le 11 février, il y a eu quatre
autres semaines de travaux parlementaires qu'on aurait pu consacrer à étudier le projet de loi n° 69. Bien non, il
n'était pas à l'horaire. En tout, depuis la fin des consultations
particulières, ça fait
15 semaines de travaux parlementaires qui n'ont pas été consacrées à
l'étude du projet de loi n° 69. C'est le gouvernement qui n'a pas
consacré assez d'heures.
Et puis ensuite on dit : Ah! il y a eu plus
d'une centaine d'heures. 112 h 56 min d'étude détaillée,
desquelles 30 min 25 s ont été passées en suspensions. Ça,
d'autres collègues l'ont dit. Les suspensions, là, la très, très grande majorité, c'est la ministre qui les demandait
parce qu'elle devait s'informer pour répondre à des questions très légitimes
des oppositions, des oppositions
rigoureusement préparées qui arrivaient avec des bonnes questions sur de
véritables enjeux qu'à peu près
chaque article ouvrait et que le gouvernement n'avait pas vus venir, surtout
dans les amendements. Pourquoi? Parce
que les amendements lui ont été refilés par Hydro-Québec, tout le monde le
sait. Hydro-Québec a envoyé ça, a dit : Tiens, on passa ça dans le projet de loi. Les gens n'étaient pas en
maîtrise. Ça veut dire que ça laisse 82 heures d'étude réelle. Un quart du temps a été passé en suspensions, la
plupart du temps demandées par la ministre. Pendant ce temps-là, il y a
45 articles qui ont été adoptés puis 42 amendements. Bien, ça, ça
veut dire que c'est beaucoup plus qu'un par heure sur un projet de loi
très complexe et très technique. Alors, c'est ça, le véritable historique.
Ah! attendez, je n'ai pas parlé des fameux
amendements. On a parlé, là, des amendements qu'on vient de recevoir, là, il y a deux semaines, qui ont tout
changé, radicalement tout, tout, mais, avant ça, il y en avait encore une autre
série. Il y a 10 amendements qui ont été déposés à la mi-mai, un
tout nouveau truc sur le prix plancher de l'essence. C'est apparu. Tiens, ça, c'est nouveau, on arrive avec ça. Il y en a
encore qui ont été déposés cette semaine, des nouveaux amendements.
Aucune consultation sur ces amendements, amendements pas maîtrisés par le
gouvernement, la main invisible d'Hydro-Québec derrière ça.
On a fini par comprendre le sens de certains
amendements en les étudiant puis en posant des questions, puis on voyait que le
gouvernement comprenait en même temps que nous. Donc, moi, quand j'entends la
ministre dire ou le leader qui disait ça : Ah! on est étonnés, les
oppositions ne comprenaient pas, bien, je m'excuse, là, mais, tout le monde ensemble, il fallait qu'on travaille fort
pour comprendre certains articles très complexes qui arrivaient d'Hydro-Québec.
Imaginez, il y a même un... il y a même un article, c'est moi qui posais la
question, j'ai dit : Mais ça sert à quoi, ça, sur le terrain? Il
sert à quoi cet article-là? Personne n'a été capable de donner une réponse. Il
y avait un article, personne ne savait à quoi ça servait. C'est resté là. On a
dit : Bien, si vous avez une réponse, vous nous la donnerez. C'est quand
même assez extraordinaire. Donc, c'est ça, l'historique, l'historique du bâillon.
• (17 h 20) •
Maintenant, les raisons du bâillon. On a entendu
beaucoup de choses puis on en a parlé tout à l'heure, à la période de questions. Là, on a entendu plein de
choses. On vient de régler le cas de «c'est la faute des oppositions». Ça, c'est
le classique, là. Ce n'est pas du tout le cas. Il y avait un travail très
rigoureux. Pour ma part, c'était une préparation très complexe qui nécessitait de lire plusieurs autres projets de loi, des règlements, de consulter des experts, des organisations,
des parties prenantes pour essayer de faire la meilleure chose. Puis je pense
que c'était dans l'intérêt de tout le monde. Puis
tout le monde a fait ça. Donc là, qu'on arrête ça, là. On avait un débat très
important sur des dispositions très importantes pour l'avenir du Québec.
C'est ça qui est en train de se passer.
Le bâillon, ensuite, là, on nous a dit :
Ah! on a besoin... on a besoin de ça pour... il y a des projets, là, qui, sans le projet... sans le projet de loi n° 69, là,
il y a des projets d'éoliennes, il y a des projets de construction, il y a des
chantiers qui ne seront pas déclenchés cet été. Je le redis, je l'ai dit
tout à l'heure en Chambre, j'ai demandé à la ministre : Quels projets? Oui, c'est ça, un bruit de criquets, pas
de réponse. Quel article du projet de loi n° 69 est vraiment nécessaire,
là, pour débloquer des projets?
Lequel? J'ai dit : Nommez-nous-les. Aucune réponse. Donc, la réalité,
c'est qu'il n'y en a pas, de ces
projets-là. De toute façon, ça va être adopté cette nuit, donc le 7 juin.
Vraiment, là, il y a des chantiers, là, qui vont commencer en dedans de
quelques jours, alors qu'on parle de projets d'une complexité... d'une très
grande complexité?
Ce n'est pas ça, la vraie raison. La vraie
raison, c'est que, s'il n'y a pas le projet de loi n° 69, à la prochaine
révision des tarifs, au 1er avril, c'est le projet de loi n° 34 du
gouvernement de la CAQ de 2019 qui s'applique, et ce projet de loi, il dit que c'est l'inflation qui va
déterminer l'augmentation. Contrairement à ce qu'a dit le premier ministre en
Chambre, tout à l'heure : 3,6 % de la régie, c'est ça que les
oppositions veulent, bien non, la prochaine fois, c'est l'inflation. Puis il y
en a qui disent : Ça va être 1,25 % à ce moment-là, entre 1 % et
2 %.
Michael Sabia
a dit : Ça prend 3 %, 4 %, 5 % pour les PME et pour
l'industrie. Il y a un manque à gagner énorme qui arrive à peu près à
550 millions de dollars, plus un manque à gagner d'Hydro-Québec de cette année de 441 millions de dollars, qu'on trouve dans une décision de la Régie de l'énergie du 6 mars. Mettez ça ensemble, ça fait 1 milliard de
dollars. C'est ça, la raison du bâillon, parce que le gouvernement de la CAQ ne
peut pas mettre ça dans ses chiffres, ça va augmenter de 1 milliard
le déficit qui est déjà historique. Je ne peux pas faire ça, j'ai besoin de
solutions, donnez-moi tout de suite le projet de loi n° 69. Parce que le
projet de loi n° 69, magie, magie, il permet de prendre les... le manque à
gagner d'Hydro-Québec puis de mettre ça dans les tarifs.
Les Québécois vont payer. Les consommateurs vont
payer. Puis il permet de mettre un paquet d'autres trucs dans les tarifs. Puis il va permettre, lui, de ne
pas être pris avec le taux d'inflation pour augmenter les tarifs. Le gouvernement
va pouvoir les faire augmenter plus. C'est pour ça qu'il existe un fonds d'aide
pour compenser les impacts de la hausse des
tarifs. C'est le projet de loi qui dit ça. Je cite le projet de loi. C'est ça
qui va se passer. Ce sont les contribuables ou les consommateurs qui
vont payer une facture de 1 milliard de dollars.
Alors, privatisation de la vente d'électricité
sans mandat, on brise le pacte créé en 1963 et on édente la Régie du logement...
la Régie de l'énergie. On passe une facture de 1 milliard aux
consommateurs, sans mandat, par bâillon, au milieu de la nuit. Quel gâchis, Mme
la Présidente!
La
Présidente : Il vous restait deux petites minutes. Je reconnais
maintenant, pour son intervention, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
La parole est à vous, madame. Et votre groupe dispose de
40 min 46 s encore.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, Mme la Présidente.
Beaucoup de choses ont été dites sur la question de la dimension
antidémocratique que représente le bâillon. Je pense que mon collègue de Jean-Talon
vient de très bien démontrer que le travail qui a été entrepris sur ce projet
de loi là est un travail qui a été sérieux, un travail digne des
parlementaires.
Mais je
reconnaissais tout à fait l'attitude du gouvernement, qui, comme les
gouvernements antérieurs, d'ailleurs... À chaque fois qu'il est question de
bâillon, qu'est-ce qu'on fait? Bien, on dit que c'est les oppositions qui
tardent, qui font par exprès. C'est
les oppositions qui... Dans le fond, c'est de la faute des oppositions si on
doit utiliser un outil qui se veut exceptionnel,
hein, c'est comme ça que ça s'appelle, mais qui n'est tellement
pas exceptionnel que, depuis que je suis là, depuis 11 ans, avec un gouvernement libéral, avec un gouvernement caquiste, je n'ai même pas osé les compter. Je vous
dirais, il y en a tout le temps.
Mais malheureusement ce n'est pas toujours très bien...
En tout cas, perso, honnêtement, ça ne m'apparaît pas toujours pour des très
bonnes raisons ou, en tout cas, on essaie, lorsque le gouvernement utilise cet
outil-là, on essaie de faire accroire que, dans le fond, c'est nécessaire.
Bien, la démocratie, là, Mme la Présidente, là, ça ne va pas vite comme une
décision d'un P.D.G. d'une grande entreprise, là, où il décide tout seul ses
affaires. La démocratie, je nous le rappelle, c'est ce groupe gouvernemental
qui a 90 sièges mais qui n'avait même pas 50 % des votes au moment de
l'élection. Comment peuvent-ils se permettre de défaire sous bâillon un contrat
social qui a été créé par... et je parle d'Hydro-Québec, par nos parents, nos
grands-parents, nos oncles, par... C'est les Québécois et les Québécoises qui
ont bâti Hydro-Québec, c'est les politiciens, et il y avait très peu de
politiciennes, d'ailleurs, il y en avait une, bon, c'est les politiciens de
l'époque qui ont eu une vision pour le peuple québécois, pas pour les
entreprises québécoises. Bien, au moins, si c'était ça... À l'époque, c'était
ça avec Alcan. Mais là, Rio Tinto, faites-moi pas accroire que c'est la plus
pauvre des entreprises mondiales. Bien sûr qu'il y a des bons salaires, bien
sûr qu'il y a des travailleurs, travailleuses, mais on a de la misère à trouver
des travailleurs, travailleuses pour un paquet d'affaires actuellement au
Québec.
Et là on veut nous bousculer. On veut nous
bousculer. Le gouvernement nous bouscule au nom de : On a des projets, là, qui doivent aboutir, il faut créer de
l'emploi. Comme si les oppositions étaient contre la... étaient contre les
régions. Je ne le sais pas, je ne
sais pas dans quel film on joue ici, là, mais, moi, ici, Mme la Présidente, et
vous le dites à tous les matins,
c'est la maison du peuple, puis Hydro-Québec, c'est le plus grand outil que le
peuple québécois s'est donné pour être capable de soutenir
financièrement, premièrement, les citoyens et citoyennes puis, deuxièmement,
l'État québécois dans ses missions. Ça fait que ce n'est pas rien.
Puis c'est...
Je comprends que c'est choquant, mais je pense que le gouvernement nous mélange
en nous disant que, dans le fond, il ne privatise pas Hydro-Québec. Bien
non, on a bien compris, là. On a bien compris qu'on ne va pas mettre les milliards d'actifs qu'on a à
Hydro-Québec... on ne va pas les mettre en vente demain matin, là. On a compris
ça. Mais, à partir du moment, puis on
l'a vu avec les agences privées en santé, à partir du moment où tu ouvres la
brèche du privé pour s'occuper de ce
que, collectivement, on s'est donné, bien, oups! là, les intérêts privés, on
appelle ça comme ça, d'ailleurs, rentrent là-dedans puis là,
tranquillement, ils bouffent.
Puis le meilleur exemple que je peux donner,
c'est les éoliennes. Les éoliennes, parce que des gouvernements antérieurs
n'ont pas voulu faire le choix de les donner à Hydro-Québec, ils ont fait le
choix de les privatiser. Bien, aujourd'hui, le premier ministre se sent
légitime de dire : Bien, vous savez quoi, on crée de la richesse, parce
qu'il y a des entreprises privées qui,
avec... tantôt avec les autochtones, tantôt avec les MRC, on donne des petites
redevances ici, des petites redevances là. Mais ce qu'il ne dit jamais, c'est
qu'il y a une bonne partie des redevances qui s'en vont dans l'entreprise
privée, soit Boralex, ou peu importe. C'est normal. C'est ça, le système
capitaliste, Mme la Présidente.
• (17 h 30) •
Mais Hydro-Québec, puis
pas toute Hydro, là, hein, une bonne partie d'Hydro appartient aux Québécois et
Québécoises. Et sa job, c'est de s'assurer
que le peuple, les individus, pas les multinationales, pas les Amazon de ce
monde, les individus aient un bloc réservé qu'ils ne paient pas trop
cher, parce qu'on l'a déjà payé, là. L'argent n'est pas tombé du ciel lorsqu'on a privatisé, dans les
années 60. Les Québécois ont déjà investi, et pas seulement dans les
années 60, depuis ce temps-là... La Romaine, là, ça ne date pas
d'avant-hier, ça, là, là. Et ça, cette privatisation-là, ça fait qu'on laisse
rentrer de plus en plus... et c'est ça que fait le projet de loi n° 69,
il laisse rentrer de plus en plus, à l'intérieur de notre institution qu'est
Hydro-Québec, le privé. Et, oui, Mme la Présidente, c'est inquiétant.
Je vous faisais le parallèle avec les agences
de... les agences privées de placement pour les infirmières en santé. À Québec solidaire, ça fait des années qu'on
sonnait l'alarme, qu'on disait : Aïe! ça nous coûte cher, ça. Aïe! Non,
mais créez des jobs, au lieu de donner à contrat des entreprises qui,
dans le fond... Bon, bien, la démonstration a été faite tellement noir sur blanc que même ce gouvernement-là a décidé de mettre
la hache dans... progressivement, c'est ce qu'il fallait faire, la hache
dans les agences privées de santé. Pourquoi? Bien, parce que c'est la nature
même de l'économie de marché que d'assurer
des profits à des consortiums... ça dépend, là, il y a toutes sortes de modèles
économiques, mais ce qui n'est pas...
c'est d'assurer à l'ensemble de notre peuple des retombées. Au contraire, mon
collègue de Maurice-Richard le disait ce matin, au
contraire, c'est joindre l'insulte à l'injure, parce que ces entreprises-là qui
viennent gober des petits bouts, à travers l'éolien, par exemple, qui
viennent gober des petits bouts qui auraient dû appartenir aux Québécois et Québécoises, à travers Hydro-Québec, ils gobent de
l'argent de là, puis ils ne paient pas leur juste part d'impôt ici, puis
ils s'en vont dans des règles de calcul, oh,
ma foi, que j'espère qu'un jour nous changerons, prendre cet argent-là pour
aller dans des paradis fiscaux.
Et donc c'est encore... en plus de se priver de
revenus dans notre société d'État qu'est Hydro-Québec, en plus de priver nos
concitoyens, concitoyennes d'avoir un coût bas pour leur électricité à domicile,
bien, on permet à ces entreprises-là, supposément, dans un modèle d'affaires
qui fait leur affaire à eux autres... mais, c'est vrai, qui font aussi l'affaire des autochtones, qui font aussi
l'affaire des MRC, c'est vrai, mais qui ne sont pas à l'avantage de l'ensemble
des Québécois et Québécoises, parce que, chaque part de milliard qui
s'en va en paradis fiscal, en plus de nous priver des revenus, qui s'en vont se
cacher dans les paradis fiscaux, ils nous privent de revenus dans notre société
d'État qu'est Hydro-Québec. Ça fait que moi, je ne comprends pas du tout ce
gouvernement-là de nous amener là-dedans en nous disant : Bien non, ce n'est pas ça qu'on fait. Écoutez, je ne suis
pas économiste, mais je ne suis pas cave, je suis capable de comprendre les
choses. Et, dans ce sens-là, ce qui est très dangereux... Puis je vais
l'expliquer dans mes mots. Il paraît que j'ai des mots assez simples,
dans la vie.
Mme la
Présidente, quand on a créé Hydro-Québec... Ce n'est pas moi, parce que moi, je
suis née l'année d'après. Alors, Hydro-Québec est aussi vieux que moi...
elle est aussi vieille que moi, une société d'État. Elle est aussi
vieille que moi. Quand Hydro-Québec a été
créée, on a fait un deal, un contrat social. Et ça, je dis «on», mais, je
n'étais pas là, j'avais un an, mais c'étaient les décideurs de l'époque. Et le
deal qu'ils ont fait, ça a été de dire : Bien, les Québécois et
Québécoises... Bon, premièrement, je prends un pas de recul. Le deal qu'ils ont
fait, ça a été de dire : Comme décideurs, on va prendre les sociétés privées qui produisent de l'électricité, on
va les mettre dans un pool qui s'appelle Hydro-Québec, puis, à partir de ce moment-là, ce pool-là, tous
les profits qui vont être faits vont servir à deux choses, c'est-à-dire s'assurer que les Québécois et Québécoises ne paient pas leur
électricité de façon démesurée puis de faire en sorte que l'État du Québec puisse avoir de l'argent. Alors, ce deal-là
existe depuis 1962, 1963, et là, aujourd'hui, en ne permettant pas aux oppositions de faire leur travail... Je veux dire,
en bâillon, là, on sait tous comment ça va finir, là. Encore là, pas grave, mais
l'enjeu, c'est que, pendant ce temps-là, on est en train de déconstruire ce que
nos aînés, ce que nos anciens, ce que nos visionnaires ont mis sur pied pour le
peuple.
Allez voir un
certain nombre d'entreprises en Amérique du Sud, lorsque la droite a pris le
pouvoir... puis qui a forcé, en Argentine, par exemple, des sociétés d'État à
être vendues au privé, ça a-tu aidé le peuple, ça, Mme la Présidente?
Bien, je vous le donne en mille, la réponse, c'est non. Puis prenons-le de
l'autre bord. Quand c'était les Montréal Power, les Shawinigan Power puis... c'était quoi, l'accessibilité, pour le peuple,
à l'électricité? Bien, il y en avait une gang qui n'en avait pas. Il y en avait une gang qui n'en avait
pas ou, à tout le moins, ils utilisaient pas mal de chandelles faites à la
maison parce que l'électricité coûtait cher, s'ils y avaient accès.
Alors, quand
on parle d'antidémocratique, ce qu'on est en train de vivre présentement, là,
c'est qu'on fait un lien direct entre le projet de loi que ce gouvernement-là
veut nous rentrer dans la gorge ce soir, nous retirer... Mme la Présidente,
on me retire à moi mon devoir de députée. Ça fait partie de ma job que d'être
une législatrice. C'est ça qu'on m'a dit, moi,
quand je suis arrivée, là, on m'a dit : Manon, toi, une des jobs, là... tu
en as trois, la première, c'est d'écrire des lois. Mais comment vous
voulez que j'écrive ça dans un contexte où, dans le fond, ça va rouler de même,
c'est déjà cadré, on n'a pas de pogne? Moi,
là, je suis redevable à mes concitoyens, concitoyennes, comme eux autres, comme
tout le monde ici, mais le problème, c'est que moi, on m'enlève la
possibilité de faire mon travail, puis ça, je trouve ça un petit peu
antidémocratique.
Je veux vous
dire qu'Hydro-Québec... On le sait, les Québécois et Québécoises ont un
attachement à Hydro-Québec. Bien, ce n'est pas pour rien, parce que, dans le
fameux deal dont je vous parlais tantôt, le contrat social dont je vous
parlais tantôt, les gouvernements successifs, d'ailleurs... ah! il y en a qui
ont flirté avec l'idée d'enlever l'interfinancement, ce mécanisme-là qui
protège les blocs patrimoniaux. Il y en a qui ont flirté avec ça par le passé,
mais il n'y a jamais personne qui a osé le faire. Pourquoi?
Même la CAQ, elle n'ose pas, hein? Dans le
projet de loi, ce n'est pas écrit : On met la hache dans
l'interfinancement. C'est écrit : Un ministre va pouvoir le faire. C'est
encore pire. C'est encore pire parce qu'on ne peut
même pas... Ah non! Ce n'est pas dans le projet de loi, vous avez des lubies,
Mme la députée. Je n'ai pas des lubies. Quand tu réduis le...
démocratiquement, quand tu réduis le nombre de personnes qui prennent la
décision, à mon sens, ce
n'est pas très démocratique. Alors, ce deal-là voulait assurer aux Québécois et
Québécoises, chacun, de façon domestique, dans leur demeure... puisse
avoir accès à de l'électricité à un coût que le monde sont capables de se
payer.
Bien là, permettez-moi d'ouvrir une autre porte
de ce projet de loi là. C'est qu'à partir du moment où on privatise,
continuez à faire le parallèle avec
les agences de santé, là, mon collègue de Rosemont nous l'a tellement expliqué
en long et en large dans les dernières années, bien, ça fait que l'État paie
plus cher, puis, quand l'État paie plus cher, bien,
en bout de ligne, dans le cas d'Hydro-Québec, ça fait qu'il y a moins de
revenus pour l'État et, en plus, bien, ça met à risque les individus, et les
individus les plus mal pris, Mme la Présidente. On a tous... bien, pas mal
tous, j'imagine, dans nos circonscriptions, des gens qui vivent dans des
logements duquel ils ne sont pas propriétaires. C'est les propriétaires qui
décident qu'est-ce qu'ils réparent, quand ils réparent, comment ils réparent.
• (17 h 40) •
Moi, là, dans ma circonscription, là, et je suis
sûre que c'est vrai pour tout le monde, il y en a plein, de logements que les
gens qui habitent dedans, s'ils n'ont pas été évincés, ils ne paient pas trop
cher, mais ils ne valent pas trop cher non
plus, parce que les propriétaires n'en ont pas pris soin. Alors, qu'est-ce qui
arrive? Bien, il arrive que l'hiver arrive ou le froid arrive, parce que
ça arrive à chaque année, au Québec, ça, Mme la Présidente, il fait frette, le
froid arrive, et ça coûte cher d'électricité. Parce qu'on a fait un bon «move»,
il y a plusieurs années, on a sorti le pétrole des maisons le plus... il en reste encore, beaucoup trop, mais on l'a
sorti, le pétrole. On a sorti le gaz... Bien, non, pas encore. Ça,
c'est notre souhait, je m'excuse, je mélange les choses. On a sorti le pétrole,
on a intégré de façon importante l'électricité. Pourquoi? Bien, parce que l'électricité, elle nous appartient. Sauf que
c'est une chose, quand 1 %, 2 %, 4 % de ton revenu va pour payer ton «bill» d'électricité, puis c'en
est une autre quand... cinq, 10, 15, l'hiver, tu es obligé de payer ton «bill»
d'électricité, parce que le propriétaire, il n'est pas venu calfeutrer, parce
que le propriétaire, il ne les a pas changées, les fenêtres, parce que
le propriétaire n'a pas fait en sorte que tes coupe-froid soient adéquats. Puis
là, bien, ça rentre, puis toi, tu as un
enfant ou deux dans la maison, là... Même pas, là, juste toi. Tu n'as pas envie
de vivre à... Pourquoi les pauvres, eux autres, devraient vivre à des
appartements à cinq, 10, 15?
Alors, quand
tu es pauvre, tu te retrouves souvent dans des logements où tu paies beaucoup
plus cher l'électricité parce que, bien, malheureusement, c'est ça qui est ça.
Alors donc, quand on vous dit que... puis j'espère que le monde... J'essaie de faire ça simple, simple, simple comme
disait un autre de mes collègues, simple, simple, simple pour saisir que,
dans le fond, on n'est pas égal, au Québec,
face à l'utilisation de l'électricité et, en bout de ligne, face à comment on
paie... combien, pardon, on paie pour cette électricité-là.
Alors, moi,
je ne veux pas... je ne déchirerai pas ma chemise, parce que je ne m'en suis
pas apporté une autre puis je pense
que vous n'accepteriez pas ça, Mme la Présidente, mais je veux vraiment qu'on
prenne conscience, collectivement, que nous sommes, à travers ce projet
de loi là... le gouvernement du Québec est présentement en train de défaire, de
déconstruire, de mettre la hache dans un
contrat social qui faisait que l'électricité, elle était ici, produite ici, pas
par des méchants syndicats, par des travailleurs et travailleuses, des
Québécois et des Québécoises. Mes oncles sont allés travailler là, il y a plein de monde, qui sont notre monde, qui
travaillent là encore. Mais malheureusement, le gouvernement est en train
de mettre la hache là-dedans.
Ça fait que, oui, ça me choque, je suis choquée,
je suis indignée. Je suis surtout extrêmement apeurée. Parce qu'on l'a vu avec les agences de santé que, quand
c'est devenu incontrôlable, c'est les coûts pour nous, collectivement, qui ont
augmenté. Pourquoi? Bien, parce que le gouvernement nous a dit que c'était
mieux, parce qu'on manquait d'infirmières, parce que, parce que, parce que... Le privé dans les services publics,
c'est un danger public, et c'est ça qui est en train d'arriver avec le
projet de loi qui est sur la table.
Mais il y a une autre dimension qui m'indigne
profondément. Et là vous allez me reconnaître. Avec quoi faisons-nous l'électricité au Québec? Bien, avec
de l'eau, hein? C'est de l'hydroélectricité, entre autres. Bien sûr, il y a des
éoliennes, mais majoritairement, on va se le dire... parce qu'«anyway» les
éoliennes, elles appartiennent au privé. Ça
fait que, bon, Hydro-Québec, lui, c'est l'eau. L'eau, Mme la Présidente, appartient au territoire
que nous copartageons avec les Premières Nations. Nous le copartageons, et je vous dirais même nous sommes arrivés des
siècles plus tard, voire des millénaires plus tard, et je pense que de
plus en plus de Québécois et Québécoises reconnaissent humblement que notre fierté nationale qu'est Hydro-Québec s'est
pas mal faite sur le dos des Premières Nations, s'est faite sur le dos des
Premières Nations, parce que leur territoire a été inondé, parce que leur
cimetière a été inondé, parce que des villages au complet ont été déplacés. Je pense qu'il y a de
plus en plus de Québécois et Québécoises qui, quand je dis qu'ils
reconnaissent, là, qu'ils sont bien conscients que, si nous, on en est
fiers et qu'on ne paie pas cher notre électricité, bien, c'est parce qu'il y a
des peuples entiers, 11 nations, qui, eux autres, ont vu leurs territoires
complètement bouleversés, ont vu leurs pratiques traditionnelles de la chasse,
de la pêche complètement bouleversées.
Alors, durant
les audiences, lorsque, la ministre et les parlementaires, on accueillait les
gens pour venir nous parler en auditions particulières, bien sûr,
l'Assemblée des Premières Nations est venue, l'Assemblée des Premières Nations
du Québec... Je recommence. L'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador
est représentée par des gens qui sont élus pour fédérer les différents
gouvernements des différentes nations et pour être un porte-voix, et parfois
même un vis-à-vis, mais pas toujours, avec
les autres paliers de gouvernement, parce que, Mme la Présidente, que la CAQ
veuille ou non le reconnaître, les gouvernements des Premières Nations
sont des gouvernements à même titre que nous.
D'ailleurs,
nous, on a un gouvernement à plusieurs ministères, hein, avec du staff. Eux
autres, là, des fois, ils sont huit sur une communauté puis ils assument
à peu près les mêmes responsabilités. Mais le territoire, Mme la Présidente, le territoire... ça, ce n'est pas Manon Massé qui
le dit, le territoire, c'est premièrement leurs millénaires d'occupation, leurs
millénaires d'occupation. Et ça, encore là,
ce n'est pas moi qui le dis, c'est les recherches, les fouilles, les
archéologues, les historiens, historiennes. En fait, on s'entend tout le
monde là-dessus, là, et ce territoire-là, bien, depuis des millénaires, les
Premières Nations en sont les gardiens et gardiennes. Et Hydro-Québec a fait
mal aux territoires ancestraux des Premières Nations. Et
qu'est-ce qu'ils sont venus nous dire en commission parlementaire? Ils sont
venus nous dire que leurs droits ancestraux à eux doivent être respectés et
que, pour ça, il y a un chemin à suivre, c'est le chemin de... lorsqu'il y a
quelque chose, une loi qui les concerne... On peut-tu dire que la loi qu'on est
en train d'étudier sous bâillon actuellement les concerne pas mal... leur a
fait mal beaucoup par le passé, mais les concerne pas mal, hein, leurs territoires ancestraux? Bien, eux autres, là, ce
qu'ils disent, c'est que, quand ça nous concerne, ça ne peut pas se faire sans
nous. Puis je les comprends. On dit la même
chose au gouvernement fédéral : Aïe! ne touche pas à ça, c'est nos
compétences, vous ne ferez pas ça sans nous. Pourquoi la CAQ s'acharne,
Mme la Présidente? Parce que ça fait plusieurs projets de loi qu'on leur remet
en pleine face. Ils s'acharnent à ne pas reconnaître aux Premières Nations leurs
droits légitimes.
• (17 h 50) •
Je vais vous lire un petit article. Ici,
collectivement, en octobre 2019, on a adopté une motion. Et moi, j'ai cru,
j'y ai cru, Mme la Présidente. Vous pourrez
me dire plus tard que je suis naïve, peut-être, mais moi, j'y crois. C'est
sérieux, là. C'est sérieux qu'est-ce
qu'on fait ici. On a adopté une motion pour dire que nous, les principes de la
Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones,
Déclaration des Nations Unies... bien sûr, le Québec ne l'a pas signée parce qu'il n'est pas un pays, le Canada
l'a signée, mais ici, au Québec, notre Assemblée, composée à peu près des gens
qui étaient là en 2019, on a dit que, les principes là-dedans, nous, ici,
au Québec, en gouvernement responsable, en État responsable, en parlementaires
responsables, on reconnaît les principes et on aspire à sa mise en application.
Alors, je vais vous lire un article parce qu'on
ne le fait pas assez souvent. C'est comme si les autochtones, c'est des fouteurs de troubles à quelque part pour
l'industrie de ça... Ah! ils sont fatigants, ils n'arrêtent pas de chialer pour
ci. Ah! le... Bien, non, non, non. Attendez, là, c'est des peuples
autonomes, des nations autonomes avec lesquelles on copartage ce territoire-là. Et là on est en train d'adopter une loi qui
va nous passer dans la gorge, une loi qui bafoue complètement leurs
droits. Puis ça, je ne peux pas rester silencieuse là-dessus, Mme la
Présidente. Moi, je suis une représentante des parlementaires du Québec, je ne
suis pas au gouvernement, mais je suis une représentante des... donc, je suis
une représentante des Québécois et des Québécoises. Et d'ailleurs, si on se rappelle,
ce côté-ci de la Chambre... il y a plus de
monde qui ont voté pour ce côté-ci de la Chambre que de l'autre côté. Alors, je
pense qu'on est légitimes de se reconnaître comme faisant partie de la
gouvernance du Québec. Ce n'est pas nous autres au gouvernement, ça ne se
passerait pas de même, pas mal certaine.
La
Déclaration des Nations unies reconnaît plein de droits, je vais m'arrêter à
un, parce qu'on est en plein coeur de ce que nous sommes en train de
discuter présentement. Et c'est l'article 32, ça se lit ainsi, je passe
les 31 premières. Alors,
article 32, alinéa 1 : «Les peuples autochtones ont le droit de
définir et d'établir des priorités et des stratégies pour la mise en
valeur et l'utilisation de leurs terres ou territoires et autres ressources.»
Alinéa 2,
attachez votre tuque, ça nous concerne, surtout les décideurs actuellement :
«Les États consultent les peuples autochtones
concernés et coopèrent avec eux de bonne foi par l'intermédiaire de leurs
propres institutions représentatives, en
vue d'obtenir leur consentement, donné librement et en connaissance de cause,
avant l'approbation de tout projet ayant des incidences sur leurs terres
ou territoires et autres ressources, notamment en ce qui concerne la mise en
valeur, l'utilisation ou l'exploitation des ressources minérales, hydriques ou
autres.»
Je m'arrête là parce que le reste est tout aussi
intéressant. D'ailleurs, vous pouvez vous le procurer, hein, ça ne coûte rien, c'est produit par l'État du Québec. Ce
que je viens de vous lire là, là, c'est pour nous rappeler collectivement... non,
je vais faire un petit pas en arrière. On ne peut pas juste s'indigner quand on
retrouve des enfants dans une fosse commune à l'autre bout du pays. On ne peut
pas juste s'indigner quand Joyce Echaquan meurt de façon inacceptable, intolérable, injuste, inhumaine. On ne peut pas
juste s'indigner dans ces moments-là, Mme la Présidente. On a une responsabilité, comme État, comme Québécois et
Québécoises, une responsabilité de dire : Bien, on ne fera pas comme avant.
Facile de s'indigner quand ça ne nous concerne pas tout de suite, icitte, là,
là. Quand ça regarde, entre autres, le reste du Canada, là, facile de
s'indigner, mais, quand il est question de réconciliation...
Puis
«réconciliation», là, moi, j'ai même des amis autochtones qui ne veulent même
plus qu'on utilise ce mot-là tellement il a été galvaudé, depuis la commission
d'enquête, mais moi, je vais l'utiliser en rajoutant un petit mot à côté :
la réconciliation au niveau des lois. C'est
une réconciliation sur laquelle nous, parlementaires, avons un pouvoir. Il y a
plein de fois où, tu sais, l'exécutif... moi, je ne m'en vais pas dans les
réunions du comité... du Conseil des
ministres, là, je n'ai pas de
pouvoir là-dessus, mais d'écrire les lois, ça, c'est plus que mon pouvoir,
c'est ma responsabilité. Et donc la réconciliation législative, comme on
l'appelle, impose qu'on se mette en action ensemble.
Malheureusement, plusieurs amendements ont été
déposés par mon collègue, rejetés du revers de la main. Les Premières Nations
sont venues, sont venues nous dire : O.K., vous ne l'avez pas écrit avec
nous autres encore, vous ne nous avez pas
demandé notre consentement libre et éclairé encore, mais on va venir vous dire
quelque chose, par exemple. On va venir vous rappeler que la déclaration
des Nations unies, ça, vous vous êtes engagés à respecter le principe. Et, dans
ce principe-là, ce qui relève du territoire, parce que ça fait des millénaires
qu'ils sont gardiens et gardiennes du territoire, bien, il faut qu'on travaille
avec eux autres. J'ai même entendu que, parfois, c'était plus facile de
travailler avec Hydro-Québec que de travailler avec le gouvernement de la CAQ.
Je ne l'ai pas entendu une fois, je l'ai entendu plusieurs fois, mais les gens
diront ce qu'ils ont à dire, ça ne m'appartient pas.
Qu'est-ce
qu'ils voulaient, Mme la Présidente? Un, bien, je vous l'ai dit, le
consentement préalable, libre et éclairé, ça aurait été la première
chose. M. Fitzgibbon a trouvé ça pas très, très important à l'époque.
Deuxièmement, ils nous parlent... Et là attachez votre tuque, parce que, vous
allez voir, le projet sur le régime forestier, là, ça aussi, ça va péter, Mme
la Présidente. J'espère qu'il n'y aura pas un bâillon là-dessus, parce que, là,
on se magasine une désorganisation sociale.
Eux autres, là, ce qu'ils disent, c'est : Écoute, on l'habite, vous
n'étiez même pas nés puis on l'habitait, alors ce qu'on veut, c'est la
cogestion du territoire. La cogestion, là, des fois, j'entends des affaires,
là, la cogestion, là, ça ne veut pas dire : Je décide tout, le droit de
veto, pa, pa, pa. Non, non, la cogestion, ça veut dire qu'on s'assoit ensemble et on construit ensemble ce qui va devenir notre commun,
cogérer quelque chose. Troisième chose, leur préoccupation, c'est la
conservation du territoire. Puis la dernière, c'est le partage des redevances
avec les Premiers Peuples.
• (18 heures) •
Écoutez, moi, ça
me... moi, là, ça tombe sous le sens, moi, ça, ça tombe sous le sens, mais
sincèrement, je n'ai pas vu ça de toute mon
existence. En fait, oui, je l'ai vu une fois, où l'Assemblée nationale du Québec,
sous le leadership de son premier ministre, René Lévesque, a reconnu les
11 nations autochtones et Inuits du Québec, que, sous son leadership,
alors qu'il était en train de se faire mettre à la porte par son parti, il a
aussi invité l'Assemblée nationale du Québec de travailler de nation à nation avec les Premiers Peuples avec un forum permanent. Oui, j'ai vu ça, j'ai vu ça, mais après ça je ne l'ai plus revu, puis c'est très
problématique. C'est très problématique parce que c'est des droits et des
titres ancestraux. Je ne sais pas combien d'argent dépense
actuellement... et les gouvernements passés... le gouvernement du Québec dépense pour contester des lois, pour
amener en Cour suprême des lois qui reconnaissent juste les droits des Premières
Nations en termes d'autodétermination, en termes de responsabilités et de
capacité de prendre soin de leurs enfants, en
termes de reconnaître les corps policiers à la même hauteur que... C'est
non-stop. Que d'argent dépensé, Mme la Présidente!
Et là, bien, quand je
vois que, rapidement, l'attitude qui a été prise par le gouvernement dans le
projet de loi n° 69
avant bâillon — j'imagine,
ça va être la même affaire durant le bâillon — c'est de faire fi, encore une fois, de s'assurer
que les Premières Nations vont absolument être coconstructeurs du développement
de ce qui s'en vient, pas un petit projet quand ça plaît au gouvernement, ils
sont... Si on est en cogestion, si on est coresponsables, si on prend soin
ensemble de la biodiversité, bien, ça fait juste du sens qu'on trouve une façon
aussi de compenser pour le passé. Parce que
ça, je n'en ai pas parlé, là, mais on leur en doit toute une, là, on leur en
doit toute une, là, eux autres, là, hein? Tout l'argent que cumule
l'État québécois depuis 1962, on ne peut pas dire que ça a été bien, bien
réparti de façon équitable avec les Premiers Peuples, là, hein? Pourtant, ils
l'ont payé cher.
Alors,
parce que je suis naïve, je vous l'avais dit d'entrée de jeu, parce que je suis
naïve, je vais donner une dernière chance à la CAQ. Ça va se faire sous
bâillon, mais on a encore un ou deux petits leviers, nous, les oppositions, parce
que, sinon, c'est le bulldozer, puis on va être prêts avec. Ça fait que, dans
les un ou deux petits leviers qu'on a, bien, il
y a celui que je viens de prendre, Mme la Présidente, c'est le pouvoir de la parole,
puis ça, quand tu es une opposition, c'est à peu près le seul pouvoir que tu as. Mais il y en a un autre, et là je
tends la main à la ministre, et je tends la main au leader, et je tends la main au premier ministre, et je
tends la main à tous les députés et ministres du côté de la banquette
gouvernementale : si nous voulons faire une vraie réconciliation,
ça commence par une réconciliation législative. Et il y a... On ne peut pas récrire le projet, là, on est en... le projet
de loi, on est en train de se le faire passer sous bâillon. Mais il y a une
chose qu'on peut faire, c'est au moins d'assurer que, sur le conseil
d'administration d'Hydro-Québec, il y aura un autochtone nommé par les
autochtones, pas choisi par le gouvernement, nommé par les autochtones. Ça,
c'est le minimum du minimum du minimum. Mais on aura d'autres amendements,
parce que, oui, on va les amener. Puis on va les amener pourquoi? C'est pour
leur donner une chance, à ce gouvernement-là, de ne pas joindre l'insulte à
l'injure pour les Premiers Peuples du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente :
Merci, Mme la députée. Il vous reste un peu moins d'une minute.
Je
reconnais maintenant, pour son intervention, M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Vous bénéficiez de 1 min 49 s,
total. La parole est à vous.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, c'est le septième bâillon auquel on
peut participer, assister, et ce n'est pas
un beau spectacle, depuis 2018, avec le gouvernement de la CAQ, le deuxième de
la session. Ce n'est vraiment pas édifiant. Le dernier bâillon, le
27 mars dernier, c'était sur Stablex qui a saccagé des milieux naturels absolument exceptionnels au profit d'une
entreprise privée américaine. Aujourd'hui, bien, c'est pour saccager un modèle de
développement énergétique, au Québec, au profit, effectivement, de l'entreprise
privée, parce qu'on va privatiser également la vente d'énergie.
Le privé, là, en
énergie, c'est se priver de 3 milliards de dollars de revenus pour
l'ensemble des consommateurs et des citoyens
du Québec d'ici 2030. Un projet de loi qui est étudié
aujourd'hui, là, qui a été déposé il y a un an presque jour pour jour, le 6 juin dernier. Sauf que
ce qu'on étudie, Mme la Présidente, ce n'est plus du tout le même projet. Il a
été trituré, bric-à-brac, on l'a
modifié, 52 amendements déposés au cours des derniers jours. On n'a pas eu
le pouvoir démocratique de siéger en Chambre ou en commission pour
pouvoir l'amender, voire même comprendre là où allait la ministre.
On nous parle de
112 heures passées en travail de commission, 112 heures, alors qu'on
en a gaspillé 160 sur une période de plusieurs mois avant de savoir ce qu'on
faisait avec le projet de loi. On a passé 26 % du temps de commission à
attendre des réponses de la part de la ministre sur l'orientation qu'elle
prenait et sur les explications à donner sur les éléments principaux du projet
de loi. Un projet de loi, donc, qui va faire en sorte de privatiser la vente
d'énergie et sur lequel les Québécoises et les Québécois n'ont pas été
consultés.
Il y a plusieurs
choses qu'on dira au cours de l'étude, mais je voudrais mentionner une dernière
chose...
La
Présidente : Je vous remercie, M. le député. Merci pour votre
intervention. Et, pour être très précise avec le temps, il reste
50 secondes au deuxième groupe d'opposition. Je reconnais, pour son
intervention, Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci. On entend
depuis tout à l'heure que ce n'est pas de dénationaliser Hydro-Québec, le
projet de loi n° 69. Mais il faut appeler un chat un chat, le projet de
loi n° 69 vient briser le monopole historique d'Hydro-Québec sur la
distribution de l'électricité. Désormais, une entreprise privée pourra vendre
de l'électricité à une autre. Le
gouvernement, ce qu'il s'apprête à faire par bâillon, c'est créer un véritable
marché parallèle à déréglementer un secteur clé de notre économie, à
favoriser les multinationales, souvent étrangères, au détriment des
consommateurs et des entreprises québécoises.
Le gouvernement veut aller de l'avant, tout cela
au nom de la transition énergétique, mais je veux qu'on soit clairs, il n'y a
aucune étude publique qui justifie de doubler la production d'électricité pour
décarboner le Québec, aucun plan énergétique global, aucune évaluation des
besoins réels, et ce projet de loi...
La Présidente : ...Mme la députée.
Merci. Malheureusement, le temps est écoulé.
Cela dit, toute la période de débat est écoulée.
Cela met fin à ce débat restreint. Je vais donc mettre aux voix la motion de M.
le leader du gouvernement fixant le cadre temporel de la séance extraordinaire
conformément aux... aux dispositions, pardon, de l'article 26.1 du
règlement de l'Assemblée nationale, et qui se lit comme suit :
«Qu'en vue de compléter l'étude du projet de loi
n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques
et modifiant diverses dispositions législatives, l'Assemblée se donne le cadre
temporel suivant :
«Que l'Assemblée puisse siéger tous les jours à
compter de 15 heures jusqu'à ce qu'elle ait terminé l'étude de l'affaire
pour laquelle elle a été convoquée ou qu'elle décide d'ajourner ses travaux.»
Cette motion... Oui. Je reconnais M. le leader
de l'opposition officielle, je vous écoute.
M. Derraji : ...un vote
électronique, s'il vous plaît.
La Présidente : C'est votre droit
absolu.
Alors, nous
allons appeler les... Nous allons appeler les députés, faire sonner des
cloches, donc suspendre quelques instants, le temps que tous les députés
puissent se rendre voter. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 09)
(Reprise à 18 h 16)
La Présidente : Nous reprenons nos
travaux.
Mise
aux voix de la motion proposant de déterminer le
cadre temporel des séances extraordinaires
Je vais faire
la lecture de la motion fixant le cadre temporel de la séance extraordinaire
conformément aux dispositions de l'article 26.1 du règlement de
l'Assemblée nationale :
«Qu'en vue de compléter l'étude du projet de loi
n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques
et modifiant diverses dispositions législatives, l'Assemblée se donne le cadre
temporel suivant :
«Que l'Assemblée puisse siéger tous les jours à
compter de 15 heures jusqu'à ce qu'elle ait terminé l'étude de l'affaire
pour laquelle elle a été convoquée ou qu'elle décide d'ajourner ses travaux.»
Le vote est maintenant ouvert.
Le vote est maintenant terminé. M. le secrétaire
général.
Le
Secrétaire : Pour : 68
Contre :
27
Abstentions :
0
La Présidente : La motion est donc
adoptée.
Mise aux voix de la motion
proposant d'établir la procédure législative
d'exception en vue de compléter l'étude du projet de loi n° 69
Je mets maintenant aux voix la motion de
procédure d'exception présentée par M. le leader du gouvernement, qui se lit
comme suit :
«Qu'en vue de compléter l'étude du projet de loi
n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques
et modifiant diverses dispositions législatives, l'Assemblée nationale
établisse la procédure législative d'exception telle que prévue aux
articles 182 à 184.2 et 257.1 à 257.10 du Règlement;
«Qu'à tout moment de la séance, le président
puisse suspendre les travaux à la demande d'un ministre ou d'un leader adjoint
du gouvernement.»
Cette motion est-elle adoptée? M. le leader de
l'opposition officielle, je vous écoute.
M. Derraji :
Je vous demande un vote électronique, Mme la Présidente.
La Présidente : C'est bien
parfait. Vous êtes toutes et tous en place? Le vote est maintenant ouvert.
Des voix : ...
La Présidente : Oui, M. le
leader du gouvernement, vous me dites?
Une voix : ...
La
Présidente : Le vote
est conforme parce qu'ils étaient dans la... ils étaient à l'intérieur. Le vote
est conforme. C'est une nouvelle chose, ce vote électronique là, et on
m'explique que, lorsque je dis : Le vote est ouvert, si vous êtes à l'intérieur de l'enceinte, le vote est conforme.
Et ils étaient à l'intérieur de l'enceinte, donc ils peuvent y aller. C'est ce
qu'on me dit.
Alors, la période de vote est maintenant
terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 72
Contre :
27
Abstentions :
0
La
Présidente : La motion est donc adoptée. Et, conformément au
deuxième alinéa de l'article 27 du règlement, cela met fin à la
période des affaires courantes.
Affaires du jour
Conformément à l'article 257.3, je cède
immédiatement la parole à M. le Président de la Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles et député de Marquette
pour qu'il dépose le rapport de la commission.
Dépôt
du rapport de la commission qui a fait
l'étude détaillée du projet de loi n° 69
M.
Ciccone : Mme la Présidente, je dépose le rapport de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources
naturelles qui, les 11, 12, 13, 18,
19, 20, 25 et 26 février, les 19, 20, 26 et 27 mars, les 1er, 2, 8, 9
et 10 avril, les 20, 21, 22, 27, 28 et 29 mai ainsi que les 3,
4 et 5 juin 2025, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi
n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques
et modifiant diverses dispositions législatives. La commission n'a pas complété
l'étude du projet de loi. Merci.
• (18 h 20) •
La
Présidente : Ce rapport est déposé. Et, conformément au
deuxième alinéa de l'article 257.3, puisque l'étude détaillée du projet de
loi n'est pas terminée, nous allons maintenant en poursuivre l'étude en
commission plénière.
Je vais donc suspendre nos travaux durant
quelques instants afin de permettre à l'Assemblée de se constituer en
commission plénière. Merci pour votre attention.
(Suspension de la séance à 18 h 21)
(Reprise à 18 h 31)
Projet de loi
n° 69
Commission
plénière
Étude détaillée
Mme Soucy
(présidente de la commission plénière) : Donc, nous poursuivons nos travaux à l'étude détaillée en commission.
Alors, nous sommes réunis en commission plénière pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi n° 69, Loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives.
Je vous demande de garder le silence, s'il vous
plaît, un peu, ou parler moins fort, du moins. Merci. Je vous rappelle que l'étude détaillée en commission
plénière est d'une durée de cinq heures, tel que prévu au deuxième
paragraphe de l'article 257.1 du règlement. Dans le cadre de ce
débat, chacun des députés indépendants dispose de cinq minutes. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que,
s'ils souhaitent intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à partir
de maintenant pour en aviser la présidence.
Donc, je vous informe que, lorsque la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
a mis fin à ses travaux, elle était à l'étude de l'article 45. Maintenant,
nous devons reprendre l'étude du projet dans l'ordre numérique des articles encore non
adoptés. Nous entreprendrons donc les travaux de la commission plénière
avec l'étude de l'article 45 du projet de loi, à moins d'un consentement pour
procéder autrement.
Donc, y a-t-il des
interventions sur cet article? Mme la ministre, je vous cède la parole.
Mme Fréchette : Oui, merci, Mme la
Présidente. Alors, tout d'abord, bonjour ou bonsoir à tous. Merci de votre
présence. Merci aux collègues du parti du gouvernement. Merci aux collègues des
partis de l'opposition.
Alors,
voilà, je pense qu'on est rendu à l'article 45. Je l'avais lu déjà et
j'avais présenté également un amendement. Alors, c'est un article qui
porte sur le processus d'approvisionnement. Alors, je voudrais faire un petit
rappel, dans un premier temps, là, sur ce en quoi consiste le processus actuel
d'approvisionnement.
Alors, Hydro-Québec,
dans ses activités de distribution, doit procéder par appel d'offres pour
satisfaire, là, les besoins des marchés
québécois qui vont au-delà du marché du bloc patrimonial. Alors, l'obligation
de procéder par appel d'offres, ça,
ça a été introduit en 2000, donc ça fait 25 ans que ça existe, et ça a été
créé, en fait, dans un contexte, là, bien particulier qui visait, à ce
moment-là, à créer un marché de la production d'électricité pour la portion qui
était au-delà du bloc patrimonial.
Et
la procédure d'appel d'offres doit être soumise à l'approbation de la régie.
Cette obligation-là est indépendante, en
fait, du nombre de fournisseurs potentiels puis de la nature spécifique, là,
des besoins. Donc, c'est une procédure qui s'applique de manière indépendante. Par exemple, Hydro-Québec Distribution
doit lancer des appels d'offres afin d'obtenir certains services, tels qu'un service d'intégration, par exemple, de
l'énergie éolienne, alors qu'Hydro-Québec Production constitue le seul
fournisseur qui est capable de fournir un service de cette nature-là. Ça, c'est
une mécanique, en fait, qui entraîne un enjeu de cohérence...
Des voix :
...
Mme Fréchette :
Ça va? On peut continuer? Oui? Merci. Donc, c'est une mécanique qui entraîne un
enjeu de cohérence entre la planification, la production et les achats par
Hydro-Québec.
Aussi, bien, il
s'avère que ça peut être contre-productif, parce qu'Hydro-Québec doit lancer
des appels d'offres pour des services dont
elle est la seule à pouvoir... qu'elle est la seule à pouvoir combler. Donc, ça
fait en sorte qu'il y a, à l'intérieur
même d'Hydro-Québec, deux entités qui ne peuvent se parler, qui ne peuvent se
coordonner de manière à ce qu'une qui produit l'électricité puisse
répondre à l'autre qui doit la distribuer.
Aussi,
dans le cadre des appels d'offres, privilégier une source particulière
d'approvisionnement, par exemple de l'énergie éolienne, ou faire en sorte, par
exemple, que des sources d'énergies renouvelables soient utilisées dans le
cadre d'un appel d'offres, ce n'est pas vraiment possible. Ce n'est possible,
en fait... Ce n'est pas possible, en fait, d'accorder autrement qu'un
traitement égal à toutes les sources d'approvisionnement. Donc, pour pouvoir
cibler une source particulière d'énergie, exemple l'énergie éolienne, le
gouvernement doit prendre un règlement.
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Soucy) : Oui, Mme la députée. Je vous
écoute pour votre rappel au règlement.
Mme Garceau : ...Mme la ministre avait lu l'article qu'on étudie aujourd'hui au
complet. Donc, je crois que c'est à nous, maintenant, de commencer à
poser nos questions.
La Présidente (Mme Soucy) : Non, c'est-à-dire qu'elle a le droit... Je vous
explique la procédure. On recommence à l'article 45, donc Mme la
ministre a le droit de parler sur l'article 45.
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Soucy) : Je comprends, mais on recommence
à zéro. Notamment, c'est la même chose pour les amendements qui ont été déposés
mais qui étaient restés en suspens, vous allez devoir les redéposer et les réexpliquer, si vous le souhaitez. Alors, c'est la
procédure, je n'y peux rien. Je ne peux pas couper la parole à la ministre,
elle a son droit de parole. Alors, désolée, mais nous poursuivons. Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Bien, je trouvais
important de rappeler, en fait, le processus actuel, le processus à partir
duquel on part pour, voilà, changer... avec l'arrivée de nouvelles
manières de procéder.
Donc, en fait, au
niveau des amendements qui étaient proposés, il y avait un amendement qui
concerne, et c'est celui dont on pourra parler en premier... qui concerne, en
fait, une autorisation de la régie. Dans le processus actuel, il doit y avoir une autorisation de la régie en lien
avec les contrats d'approvisionnement qui ont été convenus avec Hydro-Québec.
Or, il s'avère que, dans le système actuel,
la régie peut associer des conditions à son acceptation d'un contrat. Le
contrat, c'est le résultat, bien sûr, d'un processus qui a été convenu
entre deux parties, et le fait que la régie puisse associer des conditions à son autorisation, ça vient
déséquilibrer les forces, en fait, en présence, c'est ce qui avait été convenu
entre les deux parties, et, par conséquent ça dénature la nature du
processus de négociation qu'il y a eu.
Donc, il est proposé,
en fait, de supprimer la dernière phrase du deuxième alinéa de
l'article 74.1 de la Loi sur la Régie
de l'énergie, de telle sorte que la régie ne puisse plus assortir de conditions
à son autorisation. Il faut voir que l'entente, ça forme un tout et que
ça ne peut pas être modifié. Donc, la régie, dorénavant, n'aurait que la
possibilité de dire oui ou non, accepter ou refuser un contrat. Donc, c'est la
nature de la proposition.
La
Présidente (Mme Soucy) : ...est-ce
que vous parlez de votre amendement, en ce moment?
Mme Fréchette : L'amendement,
oui.
La Présidente
(Mme Soucy) : O.K., juste le préciser
pour que les gens puissent... les députés puissent suivre, ça va être beaucoup plus facile, juste le préciser,
que, tu sais, vous allez parler sur votre... l'amendement que vous déposez.
Parce que vous devez le présenter
officiellement. Donc, si c'est possible pour vous de le présenter. Dites :
Bien, j'ai déposé... je dépose l'amendement à l'article 45, etc.,
comme vous faites habituellement. Allez-y.
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : ...un temps raisonnable, je pense, pour chacune
des parties ici. La ministre ne peut pas monopoliser le temps de l'étude
détaillée.
La Présidente
(Mme Soucy) : Il n'y a pas de limite
de temps, M. le député.
Mme Fréchette : Mais là je suis
sur l'amendement que j'ai lu hier.
La Présidente
(Mme Soucy) : Oui, mais vous devez le
représenter, maintenant, parce que c'est comme si on repart à zéro. Donc, pour
que les gens également puissent suivre, vous devez le représenter
officiellement. Tous les amendements qui ont été déposés hier mais qui ont
resté en suspens parce qu'ils n'ont pas été adoptés, si vous voulez en parler,
il faut que vous les présentiez officiellement.
Mme Fréchette : D'accord. Je
recommence la présentation, donc.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci.
Mme Fréchette : Il y a deux
amendements sur l'article.
La Présidente
(Mme Soucy) : Un par un.
M. Kelley : ...
La
Présidente (Mme Soucy) : Oui, mais, comme j'ai
expliqué, M. le député de Jacques-Cartier, il y a une procédure à
suivre.
M. Kelley : ...mais
on a un autre amendement. Alors, si la ministre peut recommencer, ça va
faire l'affaire de tout le
monde, mais...
La
Présidente (Mme Soucy) : Bien, c'est parce qu'il
faut qu'elle le présente, on n'a pas le choix, sinon on ne peut pas suivre, là, c'est très difficile de suivre. Si
elle veut le présenter, si... Tu sais, elle pourrait décider de ne pas le
représenter, son amendement.
M. Kelley : Non, je ne pense
pas que... Parce qu'il y a un autre amendement, mais on n'a pas traité l'autre amendement, on n'a pas voté là-dessus non plus. Vous comprenez, là? Alors... Et ça,
ce n'est pas un sous-amendement à l'amendement non plus.
La Présidente
(Mme Soucy) : Non, mais ça ne change
pas...
• (18 h 40) •
Mme Fréchette : Mme la
Présidente, je vais relire l'amendement que j'avais lu hier. Donc, c'est à
l'article 45. C'est l'autre amendement.
Donc, ce n'est pas celui qui est à l'écran, c'est l'autre amendement, il y en a
deux. Voilà. Là, on est sur le bon.
Alors,
article 45, article 74.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie, donc :
Supprimer la dernière phrase du deuxième alinéa de l'article 74.1
de la Loi sur la Régie de l'énergie, proposé par l'article 45 du projet de
loi.
Donc, c'est
un amendement qui supprime, dans le deuxième alinéa du nouvel
article 74.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie, la mention selon
laquelle la régie peut assortir de conditions l'autorisation qu'elle délivre à Hydro-Québec
pour conclure un contrat d'approvisionnement en électricité. Merci.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre.
Est-ce qu'il y en a qui veulent intervenir sur l'amendement de Mme la
ministre?
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Soucy) : Pardon? Juste un à la
fois.
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Soucy) : Donc, vous êtes prêts à voter?
M. Kelley : Par appel nominal.
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Soucy) : Non. Est-ce que cet
amendement, il est adopté?
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Soucy) : Sur division? Adopté sur
division. Donc, Mme la ministre, si vous voulez poursuivre à l'autre...
Mme Fréchette : Oui, on
poursuit.
La Présidente (Mme Soucy) : ...à l'autre amendement, si vous avez un autre
amendement, sinon à l'autre article.
Mme Fréchette : J'aurais besoin
du texte. Donc, second...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Soucy) : Oui. Sur l'article ou
sur l'amendement?
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Soucy) : Non, non, je... L'amendement
a été voté. Donc, c'est fini, là.
M. Bouazzi : Sur l'amendement,
ça y est. Oui.
La Présidente
(Mme Soucy) : À l'autre article, vous
avez une intervention à faire?
M. Bouazzi : S'il vous plaît.
Une voix : ...
M. Bouazzi : Oui?
Une voix : ...
M. Bouazzi : Non, sur
l'article.
Mme Fréchette : O.K., on ne va
pas à l'amendement.
M. Bouazzi : Merci beaucoup. Je
note, Mme la ministre, que, si vous vous représentez, vous serez très bonne à
faire du temps dans l'opposition.
Dans l'article dont on parle, donc
l'article 45, il y a le point n° 3, donc c'est :
«3° lorsque
le gouvernement autorise le contrat d'approvisionnement en électricité aux
conditions qu'il détermine.»
Donc, à ce moment-là, les autorisations ne sont
pas requises. Ça, ça voudrait dire que le gouvernement pourrait autoriser
toutes sortes de contrats pour de l'approvisionnement sans passer par personne
d'autre?
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Donc, Mme la
Présidente, alors, effectivement, le gouvernement pourrait, advenant qu'il le
veuille, autoriser le contrat
d'approvisionnement en électricité avec description des conditions qu'il
détermine. Ça pourrait être, par
exemple, des conditions en lien avec la création d'emplois, en lien avec une
situation sensible à laquelle il y a plusieurs... plusieurs dimensions,
je dirais, politiques. Donc, c'est une possibilité.
M. Bouazzi : Mme la ministre,
votre prédécesseur, M. Fitzgibbon, voulait qu'aucune éolienne ne soit
faite par le public. Est-ce que quelqu'un, un ministre pourrait juste décider
d'écarter Hydro-Québec de tous les contrats qui pourraient fournir de
l'électricité à Hydro-Québec?
Mme Fréchette : Bien, ce
serait...
La
Présidente (Mme Soucy) : ...député.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Ce serait
étonnant, puisque le gouvernement est le seul actionnaire d'Hydro-Québec, et il
y a, donc, une volonté qu'Hydro-Québec prenne de l'expansion, ramène des
dividendes au gouvernement, et puis développe notre production nationale en
matière d'énergie verte, et fasse en sorte que l'on puisse générer des emplois également et du développement économique régional.
Comme on le sait, c'est un axe très important de notre gouvernement. Et voilà. Néanmoins, il y a des situations pour
lesquelles il pourrait advenir que le gouvernement veuille autoriser... en
fait, signer un contrat... autoriser la signature, plutôt, d'un contrat
en lien avec un enjeu particulier.
M. Bouazzi : Donc,
ce serait étonnant parce que l'exécutif voudrait de l'expansion à Hydro, qu'il
est actionnaire. Mais la personne qui a écrit ce projet de loi là, votre
prédécesseur, lui, il ne voulait aucune éolienne au public, et c'est quand même étonnant, pour vous, qu'un ministre
pourrait vouloir écarter Hydro-Québec de toute la production. Je ne suis
pas sûr de suivre.
Est-ce que,
Mme la ministre, il y a des appels d'offres pour des éoliennes, qui ont lieu
depuis maintenant 25 ans, auxquels Hydro-Québec a répondu?
Mme Fréchette : Pardon, je n'ai
pas entendu la fin.
M. Bouazzi : Ça
fait maintenant 25 ans qu'il y a des appels d'offres d'Hydro-Québec pour
des éoliennes. Est-ce qu'il y en a auxquels Hydro-Québec a répondu, a
appliqué?
Des voix : ...
Mme Fréchette : Bon,
il faut voir qu'il n'y avait pas l'expertise chez Hydro-Québec, jusqu'à
récemment, en matière d'énergie
éolienne. Donc, je ne crois pas, à ma connaissance, qu'il y ait eu d'appels
d'offres pour lesquels Hydro-Québec avait répondu en lien avec des approvisionnements
à partir de sources d'éoliennes.
M. Bouazzi : Mme la ministre,
il y a un décret de M. Charest, si je ne me trompe pas, qui écarte Hydro-Québec
de pouvoir répondre. Alors, c'est sûr qu'il
n'y en a pas, là. J'espère que vous ne le découvrez pas, parce que ce n'est pas
comme la première fois qu'on a la conversation. Donc, de fait, le privé
a, à chaque fois, depuis maintenant 25 ans, été écarté des appels d'offres à Hydro-Québec, qui a été écarté des appels
d'offres qu'Hydro-Québec faisait lui-même. Il y a une clause ici qui dit : Le gouvernement peut
bien faire des contrats, en gros, avec qui il veut, il n'y a plus aucune règle
qui s'applique, mettre les conditions qu'il veut.
Cette
clause-là, c'est... on a la chance, ce n'est pas un amendement que vous nous
avez envoyé la semaine dernière, ça, ça date de la première mouture du
projet de loi qui nous est venue, donc écrite par vos prédécesseurs, qui a
déclaré, au centre-ville de Montréal, j'étais d'ailleurs présent à cette
conférence-là, qu'il voulait que toutes les éoliennes soient produites et
opérées par le privé. Comment est-ce que votre projet de loi peut nous
prémunir, nous prévenir l'idée de devenir
autre chose qu'un énorme transfert d'argent de nos factures en électricité vers
le privé? Comment est-ce qu'on peut garantir
qu'Hydro-Québec puisse... nous fasse économiser de l'argent et répondre à ses
propres contrats, Mme la ministre?
Mme Fréchette : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Bon, on le sait aujourd'hui, l'éolienne a pris une
place beaucoup plus importante, beaucoup plus significative dans le
marché énergétique au Québec également, et il y a un immense potentiel du côté éolien. Et, avec le nouveau plan
d'action d'Hydro-Québec, il y a la volonté qu'Hydro-Québec devienne
maître d'oeuvre, maître d'oeuvre des projets d'énergie éolienne.
À partir du moment où on est maître d'oeuvre, on
doit avoir une expertise, on doit avoir des équipes qui sont vraiment spécialisées dans ce type de marché. Et c'est
exactement ce dont Hydro-Québec va se doter. Et je pense qu'on peut appliquer
cette même logique également, éventuellement au marché solaire, puisque c'est
un autre marché qui est appelé à prendre de l'expansion et à se déployer
au Québec d'une manière importante. Ça fait partie des objectifs et de notre gouvernement et d'Hydro-Québec de diversifier les
sources énergétiques, et c'est important qu'on le fasse. Il y a un potentiel
immense dans l'éolien, dans le solaire et dans bien d'autres formes d'énergie.
Alors, à
partir du moment où Hydro-Québec est maître d'oeuvre, qu'elle a des objectifs
très élevés de rehaussement de sa production nationale, qu'elle a une
expertise qui est déployée à l'interne, eh bien, tout donne à penser qu'Hydro-Québec va vouloir aller de l'avant pour
l'utilisation de cette connaissance-là, de ses talents. Et puis, du côté du
gouvernement, bien, ça veut dire
qu'Hydro-Québec va se déployer à plus grand rythme, avec une... des croissances
dans des nouveaux types de marchés. Et ça, bien, ça va impacter
positivement sur les redevances au gouvernement.
M. Bouazzi : ...comment
est-ce qu'Hydro-Québec peut faire des éoliennes. Effectivement, ça a toujours
été étonnant pour nous de dire qu'Hydro-Québec n'est pas capable de faire des
éoliennes, étant donné que des turbines qui tournent dans du vent, ça a
beau être différent des turbines qui tournent dans l'eau, mais c'est quand même
moins compliqué qu'un barrage. Et
heureusement que les gens avant nous ici, qui ont déjà siégé, ont pensé que
nous étions capables de développer cette expertise.
Ceci étant
dit, je ne comprends pas comment votre réponse a quelque chose à voir avec ce
que je dis. Est-ce que vous êtes en train de dire que des personnes
comme Fitzgibbon ne pourraient plus jamais être ministres de l'Économie et de l'Énergie? Si lui, il a le droit, le
gouvernement autorise le contrat d'approvisionnement en électricité aux conditions
qu'il détermine, c'est lui qui détermine les
conditions, le gouvernement, et que votre prédécesseur ne pensait pas qu'Hydro-Québec devait... Il n'y a pas longtemps, là.
Ce n'est pas... Je ne parle pas des années 90, là, même s'il fait des
affaires depuis les années 70, là, on parle de 2023, là.
Ça fait que je ne
comprends pas comment ça n'ouvre pas la porte à toutes sortes de dérives qui
font en sorte que nous allons nous retrouver
avec une immense quantité de privé à répondre à du simple gré du gouvernement,
là. Il n'y a plus aucun contrôle, Mme
la ministre. Expliquez-moi il est où, le contrôle pour éviter ça dans votre
projet de loi, en fait.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la ministre.
• (18 h 50) •
Mme Fréchette :
Oui. Bien, en fait, je dirais, d'une part, que, tant qu'il n'y avait pas
d'expertise au sein d'Hydro-Québec, la
question pouvait se poser, à savoir est-ce qu'on le fait faire à
l'intérieur de l'organisation Hydro-Québec. Est-ce qu'on déploie cette
expertise-là, sachant que les talents n'étaient pas présents, que, certes,
c'était un marché qui allait prendre de l'ampleur, mais, bon, dans
lequel il y avait déjà un certain nombre de joueurs privés. Donc, voilà, tant
qu'Hydro-Québec n'était pas investie là-dedans... Puis je vous rejoins dans
l'idée qu'ils auraient dû l'être bien plus avant.
Moi, j'aurais vu qu'Hydro-Québec puisse s'engager dans le secteur éolien il y a
de très nombreuses années. Bon, ça
n'a pas été fait. On ne va pas réécrire l'histoire. Mais, tant que cette
expertise-là n'était pas présente, je pense qu'on pouvait se poser la
question.
À partir du moment où
cette expertise-là est présente, elle est développée, elle s'investit dans des
projets, puis Dieu sait que des projets, on
en a plusieurs, et ce qui est particulièrement intéressant, c'est qu'ils
concernent non seulement Hydro-Québec, mais aussi des communautés
autochtones, également des MRC, des municipalités, en plus du privé. Donc, il y a des consortiums très intéressants qui
génèrent du développement économique régional, qui permettent de diversifier
aussi les sources de revenus en région,
particulièrement. Donc, à partir du moment où ça existe, eh bien, c'est sûr
que, là, la réflexion, elle est moins à-propos quand il s'agit de savoir
si Hydro-Québec devrait maintenir son engagement.
Par
ailleurs, il faut voir que, quand il s'agit d'un contrat qui requiert
l'autorisation du gouvernement, on parle ici de l'exception, on ne parle pas du
principe de base de la mécanique. En fait, le principe de base tourne autour du
fait que c'est la régie qui doit autoriser les contrats, mais il peut
arriver exceptionnellement que des contrats soient autorisés par le
gouvernement avec, probablement, des réflexions ou plutôt des conditions
particulières.
M. Bouazzi : ...elle est appliquée... Y a-tu
des conditions à l'exception? Il peut-tu y avoir une exception par jour?
Mme Fréchette :
...base de la mécanique du projet de loi, c'est que c'est la régie qui
autorise les contrats.
M. Bouazzi :
Donc, il n'y a aucune limite à la discrétion... Je comprends qu'il n'y a
aucune condition.
Mme Fréchette : Il n'y a pas de... Ce
n'est pas chiffré quant au nombre de contrats qu'il pourrait y avoir, autorisés
par le gouvernement, dépendant des expériences aussi, des contextes dans
lesquels on va se trouver.
M. Bouazzi :
Donc, ça pourrait être 100 %, une exception qui pourrait être 100 %?
Mme Fréchette :
Bien là, ça deviendrait le principe, ça ne deviendrait plus l'exception, si
c'était 100 %.
M. Bouazzi :
Bien, moi, je ne vois rien dans votre projet de loi qui éliminerait que ça
puisse être 100 % des contrats, parce
que, je veux dire... Et puis je vais laisser la parole à mes collègues, par
respect, parce qu'on a très, très peu de
temps, mais je veux vraiment que les choses soient claires. Il y a une clause
ici qui dit : Le gouvernement, il a le droit de mettre les conditions qu'il veut pour aller
fournir Hydro-Québec en électricité. Cette clause-là est l'exception, qui peut
être appliquée tous les jours, si on veut. Attention,
tout d'un coup on a changé, on va donner tout ça à Hydro-Québec. Vos
prédécesseurs des autres partis, d'ailleurs, n'ont pas donné ça à Hydro-Québec.
Il y a même un ministre... un premier ministre qui a émis une directive pour
qu'Hydro-Québec ne puisse pas répondre à ses propres appels d'offres, que, d'ailleurs, personne n'a enlevée, et votre
prédécesseur, qui a écrit le projet de loi, lui, il ne croyait pas à Hydro-Québec
pour produire de l'électricité.
Ça fait qu'il est
évident... Moi, je veux bien faire confiance à votre bonne foi, mais n'importe
qui qui va venir, comme Fitzgibbon, nous dire : Ah! bien, ça tombe bien,
c'est un projet de loi, j'aurais voulu l'écrire, ça tombe bien, il l'a écrit, je vais tout donner au privé, parce que
c'est à ça que je crois, toutes sortes de raisons qui nous dépassent et qui font en sorte qu'il n'y a pas, là... Grossir
Hydro-Québec, ça n'existe pas, là, c'est un pouvoir discrétionnaire immense que
vous donnez pour des contrats qui sont
annoncés à 180 milliards de dollars, sans compter, évidemment, une saine
gouvernance qui pourrait ouvrir la porte, malheureusement, à de la
corruption, évidemment.
Ça fait que, Mme la
ministre, là, moi, je vous propose de juste enlever cette clause-là qui vous
donne un pouvoir. Si vous pensez sérieusement que c'est Hydro-Québec qui
devrait répondre à ses propres appels d'offres en collaboration, etc., on est d'accord qu'ils peuvent le faire sans ce
pouvoir que vous vous donnez. Juste, ne vous donnez pas un pouvoir aussi
énorme.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Donc,
nous sommes toujours sur l'article 45. Est-ce que vous voulez prendre la
parole?
Mme Fréchette : Je n'ai pas
d'autre intervention.
La Présidente (Mme Soucy) : Alors, je
vais céder immédiatement la parole à M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Encore, on est loin, mais bonjour à
l'équipe...
Mme Fréchette :
Oui, bonjour.
M. Kelley :
Bonjour à l'équipe ministérielle. Me Marois, bonjour, et tout le monde du
reste de l'équipe.
Je veux commencer
avec une question, Mme la ministre... une discussion intéressante avec mon
collègue de Maurice-Richard. Sur
notre côté, on n'est pas complètement contre
le rôle de le privé dans la construction des parcs éoliens, là, c'était le cas avant, ça va continuer d'être
le cas. On comprend qu'Hydro-Québec va être le principal actionnaire dans ces
projets-là, O.K., ça, ça fait du sens.
Moi,
Mme la ministre, je vais aller plus sur cette capacité de le gouvernement
d'aller... d'avancer sans appel d'offres. Je comprends que, dans l'existence d'une urgence, ça fait du sens, ça
peut arriver, il y a un enjeu avec un barrage, on ne peut pas réparer
ça, il faut poursuivre plus des éoliennes. Ça peut arriver, on comprend, mais,
dans les autres instances, je veux juste
assurer... Si le gouvernement et Hydro décident d'aller pas en appel d'offres,
comment on va s'assurer qu'on va avoir le meilleur prix pour nous, les
Québécois, pour tout le monde, mais, quand même, Mme la ministre, comment on va s'assurer que le processus est transparent?
Je sais que plusieurs groupes ont soulevé cet enjeu qu'on donne beaucoup
de pouvoirs à le gouvernement et, peut-être,
on va manquer un peu de transparence dans ces contrats-là. Alors, je ne sais
pas si vous avez des réponses, première
chose, sur les coûts, comment on va s'assurer qu'on a le meilleur coût si on va
sans appel d'offres, puis, deuxièmement, sur l'autre partie, c'est toute
la question de la transparence.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Effectivement, on est un peu trop loin pour le lancer du bonbon,
alors c'est dommage, mais...
M. Kelley :
Et Robert est par là. Et Robert est loin.
Mme Fréchette : C'est parce qu'on
a eu des échanges, en commission parlementaire, avec l'approvisionnement de
notre collègue député.
Alors, comment
s'assurer du meilleur coût? Bien, vous posez une question importante. En fait,
dans le cadre du processus du projet de loi
n° 69, en lien avec l'autorisation des contrats par la régie, il faut voir
que ça pose un certain nombre
d'enjeux, notamment en termes de délais. Actuellement, le processus requiert
des appels d'offres et une autorisation, en fait, par la régie, à
deux étapes du processus. Et ces processus-là, ces étapes-là sont très
longues, hein, vous êtes probablement au courant, là. Donc, quand on parle, par
exemple, de l'édiction d'un règlement pour la réservation d'un bloc d'énergie, on parle d'un six mois
d'attente. Quand on parle ensuite d'un décret de préoccupation qui doit être
adopté par le gouvernement, là, on ajoute un autre trois mois.
Ensuite, ça prend l'approbation d'une grille d'analyse des projets, là, c'est encore quelques mois. Et
ensuite on procède à l'appel d'offres... ou d'un programme d'achat
d'électricité, puis là on attend le
dépôt des soumissions. Ça, c'est une étape qui dure un an. Et ensuite il y
a l'analyse des soumissions, la
sélection des projets, là, on ajoute un trois mois, et ensuite, l'analyse
des contrats d'achat, un autre quelques mois. Donc, au total, cette
procédure-là, ça dure deux ans.
Donc,
c'est vraiment trop long pour le type d'avancée qu'on a besoin de faire dans le
contexte actuel. Donc là, on diversifie, en fait, les mesures qui peuvent être
prises par Hydro-Québec pour l'autorisation d'un contrat
d'approvisionnement. Donc, à partir du moment... Votre question pour le
meilleur coût, c'est lorsqu'il travaille avec Hydro-Québec Production ou
lorsqu'il va à l'externe ?
M. Kelley :
Les deux.
Mme Fréchette :
Les deux, O.K. Alors, lorsque ça va se faire, donc, à partir d'Hydro-Québec
Production, là, on sait qu'il y a un processus de décloisonnement qui est en
cours, et donc Hydro-Québec Production pourra s'entendre avec Hydro-Québec
Distribution pour la fourniture d'un bloc d'énergie. Alors, bonne nouvelle,
parce qu'on va pouvoir optimiser la production d'énergie par Hydro-Québec.
Maintenant, ça prend
une tierce partie pour fixer un prix adéquat. Alors, dans ces cas-là, ce sera
la Régie de l'énergie qui devra fixer le prix de vente entre Hydro-Québec Production et Hydro-Québec
Distribution. Et, pour ce faire,
la Régie de l'énergie devra s'assurer, en
fait, de vérifier les équivalences, les prix sur le marché pour ce type
d'approvisionnement, question qu'on reste dans des zones compétitives.
Et, lorsque ce sera
avec une tierce partie, à travers soit un appel d'offres ou encore un contrat
de gré à gré, eh bien, là aussi, ce sera à
la Régie de l'énergie d'autoriser la signature du contrat d'approvisionnement,
avec, bien sûr, à nouveau, une
analyse qui sera faite en lien avec des équivalents qui existeront dans le
marché de l'énergie pour s'assurer que c'est bien un prix qui soit
compétitif.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le député.
• (19 heures) •
M. Kelley : Très bien, Mme la
ministre. Et encore, le rôle de la régie ici spécifiquement pour déterminer les
coûts, ils vont baser ça sur quoi exactement? Parce que, les derniers articles
qu'on a étudiés à 35, on a parlé beaucoup de prendre des
éléments de production puis mettre ça en distribution. Alors, l'objectif,
c'était de jumeler ça avec les articles ici, que... bien, on veut s'assurer que
ce coût est intéressant de la part de la production. Hydro-Québec va lancer un projet dans l'est du Québec. Ils vont
construire un grand parc, mais ils vont dire : Aïe! mais, pour s'assurer
que le coût de production est le plus bas possible, je vais pitcher
plein des autres choses dans Distribution.
Alors, est-ce que le
rôle de la régie est toujours vraiment pleinement là ou est-ce qu'ils vont
juste dire : Bien, les chiffres viennent d'Hydro-Québec, mais il y a déjà
beaucoup des éléments qui sont dans le panier de Distribution? Alors, encore,
c'est juste la question de s'assurer le meilleur coût. Ça me semble que, quand
même... Peut-être, ça va aller bien pour Hydro-Québec, mais ça va tomber
vraiment dans les poches des consommateurs. Et je ne vois pas s'il y a eu un processus où c'était un appel d'offres
qui était ouvert à des autres entreprises, comme c'était fait dans le passé,
qu'on va arriver avec un meilleur coût. Peut-être, c'est moi qui ne comprends
pas nécessairement cet élément-là, qu'Hydro-Québec va juste dire à la
régie : Voici les coûts en lien avec Distribution, puis on va déterminer
un bon tarif. Pour moi, au minimum, ça me semble que ça ne va pas garantir
nécessairement le meilleur prix possible.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la
ministre.
Mme
Fréchette : Bien, ce qui est intéressant dans la nouvelle procédure,
en fait, c'est que la régie va intervenir plus en amont. Il faut voir que, dans
le contexte actuel, la régie entrait en jeu seulement lorsque le contrat était
signé, et ça faisait en sorte de la mettre
devant le fait accompli. Donc, il était souvent un peu tard pour évaluer si
c'était vraiment le meilleur coût. Il fallait accepter ou refuser.
Donc, dans la formule
du p.l. n° 69, la régie intervient avant qu'il y
ait signature du contrat. Et ça, ça rend ça intéressant parce que ça lui donne
la possibilité d'aller vraiment vérifier la compétitivité du prix qui a été
convenu. Et, si ce n'est pas un prix qui est
compétitif, eh bien, voilà, elle aura sa justification pour refuser le contrat.
Donc, son rôle est plus en amont, ce qui rend ça plus intéressant. Son
impact est de... est plus grand, dans le fond.
Et par ailleurs tous
les contrats, bien sûr, seront rendus publics, puisque c'est déposé à la régie.
Donc, ça va être transparent de ce côté-là. Parce que vous aviez une question,
au départ, aussi, sur la transparence. Donc, à partir du moment où la régie
entre en jeu, eh bien, ça devient un processus public, et, par conséquent, l'accès
à l'information sera bien sûr possible. Donc, voilà pour l'essentiel.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, je suis prête à céder la parole...
M. le député de Jean-Talon,
vous m'aviez demandé la parole. Sinon, il y a la députée de Verdun, également,
qui l'a demandée. Donc, Mme la
députée de Verdun... Mme la députée aussi m'avait demandé. Est-ce que vous êtes
prête à faire votre intervention, Mme la députée de Robert-Baldwin?
Mme Garceau :
Oui.
La Présidente
(Mme Soucy) : Alors... O.K. Mais là...
M. Paradis : ...de
Jacques-Cartier avait terminé sa série de questions.
La
Présidente (Mme Soucy) : Ah! bien sûr
qu'il avait terminé. Sinon, je ne vous aurais pas cédé la parole, M. le député
de Jean-Talon. Alors, vous voulez la parole?
M. Paradis :
Oui. Merci.
La
Présidente (Mme Soucy) : Alors, vous l'avez. Allez-y.
M. Paradis : Très bien. Mme la ministre, on est encore une fois
sur des articles très importants, qui peuvent avoir des impacts majeurs sur le terrain, comme c'est le
cas d'à peu près tous les articles que nous avons étudiés ensemble en commission
parlementaire, et qui soulèvent, dans plusieurs des cas, beaucoup de questions.
Ici, à travers les
deux articles qui sont insérés à la Loi sur la Régie de l'énergie, à travers
l'article 45 du projet de loi
n° 69, ça vise, selon vos propres dires, à permettre d'aller plus vite,
notamment dans l'octroi des contrats, et vous le dites dans vos notes
explicatives. Donc, pour certains des contrats, notamment les
approvisionnements postpatrimoniaux — pour
les gens qui nous écoutent, c'est,
notamment, par exemple, les contrats relativement à l'énergie renouvelable — Hydro-Québec
ne sera plus tenue d'octroyer des contrats dans le cadre d'appels d'offres,
puis elle va pouvoir octroyer des contrats de gré
à gré, puis le gouvernement va être capable d'avoir son mot à dire sur quand il
va y avoir des appels d'offres ou pas puis quelles conditions aux appels
d'offres. Donc, ça, ça veut dire que c'est le changement d'une règle très
importante qui, généralement, dit :
Bien, on passe par appel d'offres. On enlève, donc, des critères. On enlève des
étapes. On dit : On veut aller plus vite, puis on donne plus de
pouvoirs discrétionnaires au gouvernement, puis on donne plus de pouvoirs
discrétionnaires à Hydro-Québec. Alors, je pense que les Québécois vont
comprendre que ça soulève des questions légitimes.
J'en ai quelques-unes
pour vous, d'abord. Est-ce que vous êtes au courant des conclusions de l'Autorité
des marchés publics au terme de son examen, en octobre 2023, de la
gestion contractuelle du ministère des Transports et de la Mobilité durable,
qui contient toute une série de recommandations dans l'octroi des contrats
publics? C'était concentré sur le ministère des Transports, mais là ça concerne
tout le gouvernement, en fait. Est-ce que vous avez regardé ça un peu avant de
proposer vos dispositions sur les appels d'offres?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. On a plutôt regardé ce qui se fait au niveau des entités qui sont des équivalentes, je dirais, d'Hydro-Québec.
Alors, il faut voir qu'il y en a quelques-unes, de ces entités qui s'apparentent
à Hydro-Québec. Je pense, par exemple, à BC Hydro. Il y a également New
Brunswick Power et Manitoba Hydro. Ça, c'est
trois entités, donc, qui ont des caractéristiques, je dirais, assez similaires
à celles d'Hydro-Québec, notamment parce qu'elles reposent sur
l'hydroélectricité. Et ça s'apparente également parce que c'est un marché aussi
qui est plus semblable à celui qui prévaut, qui existe au Québec, si on compare,
par exemple, à l'Ontario, où le marché est très ouvert, donc, où les similitudes sont moins importantes. Donc, on s'est
plutôt référés à des cas similaires comme ça avant d'aller de l'avant
avec l'élaboration de l'article.
Et ce
qu'on a constaté, en fait, c'est que, ces trois entités-là, donc New Brunswick
Power, BC Hydro et Manitoba Hydro, eh bien, aucune d'entre elles n'a
d'obligation de procéder par appel d'offres. Donc, c'est une caractéristique,
je dirais, propre au Québec. Elles ont, en
fait, pleine latitude dans les choix des moyens d'approvisionnement. Par
exemple, elles peuvent procéder par appel d'offres, elles peuvent
procéder par partenariats, ou y aller, encore, avec du gré à gré, ou encore décider de produire d'elles-mêmes l'énergie
qu'elles... dont elles ont besoin. Donc, c'est, voilà, une pleine latitude
qui est offerte. Et la reconnaissance, là, des coûts est soumise au régulateur
pour approbation.
Donc, bref, c'est à partir de cas, d'exemple
comme ça que l'on s'est basés pour s'orienter pour l'élaboration du projet de loi, voyant que ça avait été mis en
place ailleurs au Canada et que ça avait eu un succès. Et ça nous a permis
au passage de voir aussi que Manitoba Hydro n'avait aucune planification
intégrée des ressources comme celle qui est envisagée
par le PGIRE. Et puis on peut faire, comme ça, des comparables avec d'autres
dimensions de notre projet de loi, mais ça a été instructif, en tout
cas, d'apprendre qu'il n'y avait aucune obligation de procéder par appel
d'offres.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. M. le
député de Jean-Talon.
M. Paradis : Mais la ministre sera
peut-être intéressante... sera peut-être intéressée aussi à suivre un peu l'actualité, notamment, par exemple, en
Colombie-Britannique, où il y a des articles publiés récemment qui parlent
justement de cette absence d'appel
d'offres. Et là je vois ici un titre : Lack of transparency at BC Hydro
may conceal massive fraud. Donc, il faut regarder aussi les deux
côtés de la médaille.
Puis moi, je vous amenais à l'Autorité des
marchés publics, parce que ça, ça a été créé dans un contexte très particulier,
au Québec, notamment celui de la commission Charbonneau, où on a étudié
l'octroi des contrats publics puis on s'est
dotés d'un cadre qui vise à favoriser la transparence et l'équité. Dans le
rapport dont je vous parlais, il y a tout un chapitre avec des
recommandations et qui parle de l'importance d'avoir des appels d'offres bien
préparés, bien encadrés, qui permettent de mieux planifier les travaux et de
s'assurer qu'on est plus efficaces après.
Et c'est intéressant, parce que vous avez
mentionné à plusieurs reprises qu'il fallait aller plus vite. Et j'espère que
vous vous êtes intéressée aux consultations particulières et aux mémoires qui ont
été déposées dans le cadre d'un autre projet de loi de votre gouvernement, le
projet de loi n° 62 sur les contrats d'infrastructure. L'Autorité des
marchés publics est venue nous parler et elle a parlé de certains articles où
on allait plus vite et on éliminait des étapes, où on évitait des appels d'offres. Et elle a parlé du fait que ça, c'était un
risque. À la page 4 de son mémoire déposé le 28 mai 2024, j'espère que vous l'avez lu, Mme la ministre, on
dit que, quand on saute ces étapes-là, ça risque de coûter plus cher à long terme
aux contribuables en raison d'étapes sacrifiées au nom des délais et des coûts.
Ils citent, notamment, des études de HEC
Montréal qui rappellent un principe du fameux volume How Big Things Get Done,
bien connu par certains de vos collègues au cabinet, qui parle de
l'importance de bien préparer les projets et d'avoir des appels d'offres bien
préparés.
Alors, j'aimerais savoir si vous avez considéré
ces recommandations, en particulier de l'Autorité des marchés publics, si vous
avez vu ça, et pourquoi vous en arrivez à la conclusion qu'il faut enlever des
obligations quant aux appels d'offres.
• (19 h 10) •
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le député. Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Oui. Merci. En fait,
je rappelle que, dans le cadre du processus, là, qui est mis en place par le projet de loi n° 69, c'est vraiment la
régie qui va faire office de garde-fou. Et puis je le souligne, parce que, tout
au long des mois pendant lesquels on a étudié le projet de loi
n° 69 en commission parlementaire, ça a été récurrent, comme thème, que le rôle de la régie. On nous rappelait
constamment, et avec raison, que la régie a un pouvoir, on pourrait dire,
de chien de garde en lien avec Hydro-Québec et que c'est important qu'elle
puisse exercer son rôle.
Alors, dans
ce contexte-ci, c'est exactement le pouvoir sur lequel on repose pour faire en
sorte d'avoir des balises, un
garde-fou, des règles saines, des pratiques saines, qui sont respectueuses des
règles que l'on s'est données comme société. Donc, la régie doit
autoriser chacun des contrats qui sera signé. Ça, c'est incontournable. Donc,
il y aura, bien sûr, une analyse des différents contrats qui sera faite en
bonne et due forme avant d'autoriser quoi que ce soit.
Par ailleurs, bien, on a aussi d'autres
instances qui s'assurent... qui veillent à ce que nos règles, encore là, que
nos bonnes... que nos pratiques soient bonnes et que nos règles soient
respectées. Je pense, notamment, au Vérificateur général qui aura son mot à dire, par ailleurs, sur les contrats qui
auront été signés et la mise en oeuvre de ces contrats. Il y a également
l'UPAC qui, advenant qu'il y ait une enquête qui doive être déclenchée...
Mais, à la
base, c'est le rôle de la régie qui va prévaloir pour faire en sorte qu'on ait,
donc, voilà, une tierce partie neutre qui s'assure du bien-fondé des contrats
qui auront été signés. Et tous les contrats, je le rappelle, tous les contrats,
sans exception, seront rendus publics. Ils ne peuvent pas passer par d'autres
chemins. Il n'y a pas possibilité de faire des cachettes.
Il n'y a pas possibilité de ne pas divulguer les informations contenues dans
ces différents contrats. Ils devront tous être rendus publics. Alors, ça, c'est
crucial, c'est essentiel. Et on s'est assurés de mettre ça au coeur de la
nouvelle procédure, tout en générant un gain de temps, parce qu'il fallait
avoir un gain de temps, absolument. Je vous ai décrit la procédure tout à l'heure. Ça dure deux ans. Deux ans, c'est impensable
de maintenir un tel délai, alors qu'on a un plan d'action qui veut nous amener
à bonne vitesse, bonne vitesse de croisière, dans le respect des règles, bien
entendu, mais à bonne vitesse tout de même pour faire en sorte de
rehausser notre production énergétique.
On a la chance d'avoir une énergie verte qui
répond en tous points à ce que les gens recherchent dans un contexte de
transition énergétique. Alors, profitons-en, d'autant qu'on a l'expertise, on a
les talents, on a les ressources naturelles et on a la possibilité de déployer
cette richesse-là collective. Alors, voilà, je pense qu'on a vraiment un cadre idéal pour faire en sorte qu'on puisse avancer à
bon rythme dans ce nouveau défi qui est celui de la transition énergétique,
tout en générant du développement économique pour les Québécois.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. M. le député de Jean-Talon,
je vous cède la parole.
M. Paradis : La ministre parle de
l'UPAC. Ça, l'UPAC, là, c'est quand c'est allé vraiment mal, puis on ne veut
pas que ça aille mal. On ne veut pas que ça aille mal. Autoriser des contrats,
c'est après. L'Autorité des marchés publics est venue ici, à l'Assemblée
nationale, pour dire : Attention, à chaque fois qu'on enlève des étapes,
surtout quand on ne fait pas d'appel d'offres public, il y a des risques, il y
a des risques pour la planification, il y a des risques pour les coûts qui pourraient être plus grands après, il y a des risques
pour la fraude. C'est ça que l'Autorité
des marchés publics est venue nous
dire ici, à l'Assemblée nationale. Et là vous nous parlez des éléments qui
viennent après.
Moi, je vous
parle de ce qui vient avant, parce que c'est un très gros changement que vous
proposez, avec peut-être des bonnes intentions. Mais moi, je vous
demande : Avez-vous, oui ou non, une analyse de risques? Avez-vous, oui ou
non, consulté les rapports du gouvernement, de l'Autorité des marchés
publics? Avez-vous regardé les conclusions et les recommandations de la
commission Charbonneau avant de nous proposer ceci, de couper des étapes?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Fréchette : Oui. J'aimerais rappeler, Mme la Présidente, que,
donc, l'autorisation qui est requise de la régie, elle vient avant, avant la signature des contrats,
et c'est ce que je disais, qui était le premier garde-fou, le principal
garde-fou. Bien sûr, les autres
acteurs que j'ai nommés, c'est advenant que ça dérive, que ça dérape, Mais on
ne... on ne prévoit pas que ça aille là et on fait en sorte que ça n'y
aille pas non plus.
Donc, l'autorisation qui est requise de la
régie, elle vient avant. Et donc le pouvoir de la régie est important dans ce contexte-là. Et je rappelle que les
oppositions ont systématiquement rappelé l'importance du rôle de la régie.
Alors, il ne faut pas minimiser...
Maintenant qu'elle a la responsabilité centrale d'autoriser les contrats, il ne
faut pas minimiser son impact. Il ne faut pas laisser entendre qu'elle
ne sera peut-être pas en mesure de remplir son rôle parce que, là... c'est la régie... alors qu'on l'a mis de l'avant
au cours des derniers mois de manière systématique. Alors, restons cohérents
et reconnaissons que la régie a l'expertise qu'il faut pour faire en sorte de
s'assurer du bien-fondé des contrats et que, s'il
y a des manigances, quoi que ce soit qui ne respecte pas les bonnes
pratiques... que ça puisse être détecté et qu'on puisse, donc, refuser à la fois le contrat et puis entamer
les démarches qui seront à déployer s'il y avait des malversations de quelque nature
que ce soit.
Donc, voilà, je rappelle, la régie est un
élément qui intervient avant qu'il y ait la signature du contrat. C'est important. Et c'est un changement majeur par
rapport à la façon de faire actuelle, parce que, dans la façon de faire
actuelle, son autorisation, qui est donnée à la fin du processus,
survient lorsque les contrats sont signés. Alors, elle est un peu mise devant le fait accompli et elle n'a plus
vraiment la possibilité de s'immiscer avant même que cette signature soit
faite. Elle a un rôle au tout début, en amont, vraiment au tout, tout
début, mais, sinon, elle intervient, alors, une fois que le contrat est signé.
Donc, c'est plus, à ce moment-là, on pourrait dire, du, permettez l'expression
anglaise, là, «rubber stamping» lorsque ça
survient à la toute fin. Là, on lui donne un rôle avant cette signature. Donc,
c'est beaucoup plus capital, déterminant, comme rôle, comparativement à
ce qui prévaut actuellement.
Et puis Hydro-Québec continuera aussi à faire
des appels d'offres à titre de maître d'oeuvre, comme pour les barrages, par exemple. Donc, cette possibilité-là
demeure, et c'est important que ça demeure. Il faut vraiment qu'elle choisisse
le moyen qui s'avère être le plus approprié
suivant la nature du besoin à combler. Il va falloir s'assurer, d'ailleurs,
qu'on veut bel et bien combler un besoin.
Et, voilà,
donc, Hydro-Québec disposera encore des appels d'offres pour aller de l'avant,
pourra aussi disposer de la production des offres... l'offre d'Hydro-Québec
Production, comme on le sait, puisqu'il y a... il y aura décloisonnement
entre Hydro-Québec Production et Distribution, et également elle pourra aller
avec des contrats de gré à gré.
Et le gouvernement, de son côté aussi, peut
aller de l'avant avec l'imposition d'un type de fourniture de contrat, par exemple, d'un type d'appel d'offres. Et on
pourra appliquer également certains critères, certaines clauses qui pourront
s'appliquer soit à un appel d'offres ou à un ensemble d'appels d'offres, à une
multitude d'appels d'offres, voire à tous les
appels d'offres. Ça pourrait être ça aussi. Advenant qu'on ait, par exemple,
une préoccupation particulière en lien avec les communautés autochtones, on pourra s'assurer que certains contrats
incluent la présence de communautés autochtones comme partenaires. Alors, ça, c'est un plus. Quand on veut, comme
gouvernement, s'assurer d'avoir l'appui, la collaboration, le partenariat des Premières Nations et Inuits,
eh bien, on pourra avoir la possibilité de ce levier qui va être celui d'imposer
ce critère-là, advenant que ce soit le voeu du gouvernement.
Alors, vraiment, voilà, il y a franchement toute
une palette d'options qui s'ouvrent avec la nouvelle formule.
<R>15417
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
ministre. M. le député de Jean-Talon, vous voulez poursuivre?
M. Paradis : Mme
la ministre continue de parler de ce qui vient après l'octroi. On parle de
l'octroi. Puis je comprends que vous ne voulez pas aborder de front la
question, parce qu'encore une fois ça semble être difficile d'admettre que, oui, vous diminuez le nombre
d'étapes puis, oui, vous rentrez dans la zone de risque qui a été identifiée
par l'Autorité des marchés publics. Et il y a toute une loi qui
s'applique, au Québec, à l'octroi des contrats, et vous êtes au courant que la Loi
sur les contrats des organismes publics s'applique à Hydro-Québec.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. Mme la ministre.
• (19 h 20) •
Mme Fréchette :
Alors, Hydro-Québec est tenue de
faire une politique d'achat qui respecte la LCOP, mais là ça, c'est
différent des marchés d'approvisionnement, là, dont on discute. Et je répète
que la régie intervient avant que le contrat ne soit signé. Je ne peux pas le
dire différemment. Donc... Mais ça rappelle que la régie n'intervient pas quand
il est trop tard, après coup. Ça, c'est la situation actuelle. Actuellement,
quand le contrat est signé, après ça, on va voir la régie. Là, ce ne sera plus
ça. La régie va devoir autoriser le contrat avant qu'il ne soit signé.
Donc, si ça ne
respecte pas, d'une part, un vrai besoin, advenant que ça ne réponde pas à un
réel besoin, bien, la régie pourra refuser. Si, par ailleurs, elle estime que
le prix qui a été convenu était trop élevé et n'est pas compétitif, puisque le
contrat n'aura pas été signé, comme c'est le cas actuellement, la régie pourra
refuser et dire : Retournez faire vos
devoirs. Si, par ailleurs, il y a des clauses qui lui paraissent douteuses, là
encore, elle pourra refuser. Donc, c'est à la régie de prendre cette décision-là, cruciale. Et c'est l'autorité
la plus indiquée pour ce faire. Elle a l'expertise. Donc, elle connaît la dynamique du marché. Elle pourra
déceler des manoeuvres qui pourraient être irrespectueuses. Donc, voilà, ça
va être important de respecter ce rôle de la régie.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Est-ce que
vous voulez poursuivre ou je... Oui, allez-y.
M. Paradis : Oui. Je sais qu'il y a une certaine marge, mais je
nous invite aussi à respecter la règle des proportions entre les
questions et les réponses.
Je vous... je vous
posais la question de la Loi sur les contrats des organismes publics parce que
c'est un régime fondamental. C'est la colonne vertébrale du régime d'octroi des
contrats publics. Et là je vois que vous continuez à me parler de ce qui vient
après l'octroi. Moi, je vous parle de l'octroi des contrats. C'est de ça dont
ça parle, ces articles que nous sommes en
train d'étudier. Et je parle de la Loi sur les contrats d'organismes publics
parce qu'elle contient des obligations, notamment celle de procéder par appel
d'offres pour les contrats des organismes publics, dont Hydro-Québec,
parce qu'Hydro-Québec, c'est un organisme qui est visé par l'annexe 3 de
la loi sur les finances publiques, qui, elle... à laquelle elle-même, la loi
sur les organismes publics, réfère.
Il y a un article
intéressant dans cette loi-là, c'est l'article 9, qui dit que, pour tous
les marchés publics, donc, ceux
d'Hydro-Québec, «la présente loi — la
loi sur les organismes publics — prévaut
sur toute [autre] loi», donc, tout ce que vous mettez dans la Loi sur la
Régie de l'énergie ou la Loi sur Hydro-Québec qui lui serait incompatible,
«qu'elle soit antérieure ou postérieure, à
moins que cette autre loi n'énonce expressément qu'elle s'applique malgré la
présente loi». Ça, ça veut dire que,
ce que vous faites là, qui écarte tout le régime de la loi sur les organismes
publics, vous devez le dire, que vous faites ça. C'est une mesure de
transparence. Pourquoi ça a été mis dans la loi sur les organismes publics,
c'est qu'on veut dire : Si vous
voulez ne pas faire d'appel d'offres, si vous voulez exempter un organisme
public d'appel d'offres, vous devez le dire.
Je
vous demande ceci : Où est votre disposition qui dit que vous écartez la
loi sur les organismes publics, en vertu de son article 9, dans le
projet de loi n° 69? Où est cet article-là?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. Mme la ministre.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Soucy) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui. J'arrive. Alors, il faut
voir que le marché de l'énergie, c'est un marché distinct. Le marché, en fait, de l'énergie n'est pas considéré comme un
marché public parce qu'il n'y a pas plusieurs vendeurs. Et, par conséquent,
il n'est pas soumis à la LCOP directement.
Le cadre auquel il est soumis relève de la Régie de l'énergie. Donc, on ne peut
pas tout simplement appliquer les règles qui normalement s'appliquent à
un marché public à celui de l'énergie.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Vous voulez poursuivre, M. le député? Alors,
allez-y.
M. Paradis : Bien,
je vous annonce... je vous annonce... Oui. Je vous annonce, Mme la ministre,
qu'il y a une jurisprudence, une jurisprudence des tribunaux supérieurs du
Québec assez constante qui indique que les articles dont je viens de vous
parler s'appliquent bel et bien à Hydro-Québec dans tous ses contrats, y compris
ceux que vous venez de mentionner, et vous
n'avez pas mis de disposition qui écarte la loi. Pourquoi? Parce que c'est
important, les appels d'offres. C'est
important. Ça veut dire... Ça demande au gouvernement de faire ses devoirs si
on veut écarter ces dispositions-là.
Alors, moi,
je pense que les dispositions dont vous nous parlez actuellement, elles sont
inapplicables. Et savez-vous pourquoi elles sont inapplicables encore
plus? C'est parce que ça vient... la loi sur les organismes... sur les contrats
des organismes
publics, ça vient avec un règlement, le Règlement sur les contrats
d'approvisionnement, des services, des travaux de construction des
organismes visés, dont Hydro-Québec, qui a été adopté après la commission
Charbonneau. Et là l'impact de vos articles, c'est d'écarter tout ce régime-là
qui a été mis en place pour plus de transparence, plus d'équité. Vous l'écartez
puis vous n'avez pas répondu aux questions, si vous avez une analyse de risques
ou pas.
Alors, moi, je pense qu'on discute d'articles
qui risquent d'être déclarés inapplicables parce que ce n'est pas indiqué que
vous voulez écarter tout ce régime-là, à moins que vous disiez que vous l'aviez
fait puis que vous avez un article qui
l'écarte. Puis, si vous voulez, je vous citerai toutes les décisions des
tribunaux qui indiquent que c'est bel et bien applicable à Hydro-Québec,
les dispositions dont je vous parle.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le député. Mme la ministre, vous avez la
parole. Je vous la cède. Après ça, on va passer à un autre groupe, question
d'être équitable, là. Vous avez fait un peu plus de temps, alors...
Mme
Fréchette : Oui. Merci, Mme la Présidente. En fait, moi, je
parle vraiment du marché d'achat d'énergie, là, d'électrons. Quand on parle
d'Hydro-Québec, lorsque vient le temps pour elle d'acheter des équipements, des
crayons, des équipements, des turbines, bon, on peut imaginer, là, mille cas de
figure, là, oui, elle se trouve à être soumise à la LCOP. Mais, lorsqu'il
s'agit d'acheter des électrons, là, on est dans un autre marché, et ce
marché-là n'est pas considéré comme un marché public soumis à la LCOP. Il est
encadré, en fait, par la Régie de l'énergie. Merci.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole
à Mme la députée de Robert-Baldwin. Ensuite de ça, ce sera Mme la députée de Verdun,
si vous voulez toujours la parole, ensuite de ça, M. le député de Jacques-Cartier.
Alors, voilà, Mme la députée de Robert-Baldwin, à vous la parole.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. J'ai trouvé l'échange, Mme la ministre, fort intéressant. On a déjà
eu une discussion liée un peu à cet article, mais on voit que
l'article 74.1 amendé est vraiment révélateur de l'objectif principal,
ici, du gouvernement. Et la raison pour laquelle on est dans un bâillon puis
qu'on est ici ce soir, c'est parce que, là,
on veut complètement écarter ce que vous avez défini, la régie, comme étant le
chien de garde, garde-fou, le contrepoids à Hydro-Québec.
Lorsqu'on parle de contrats d'approvisionnement,
et là on est dans l'avant, là, on est dans la conclusion de contrats, on va carrément mettre la régie de côté,
parce qu'elle ne sera pas consultée d'aucune façon, parce que le gouvernement va
avoir carte blanche, discrétion, va pouvoir décider de façon unilatérale, avec
Hydro-Québec, pour conclure des contrats
d'approvisionnement sans appel d'offres, sans vérification du meilleur prix,
qui pourrait coûter des milliards de dollars et qu'ultérieurement c'est
les consommateurs québécois qui vont payer la facture via la fixation des
tarifs, parce que ces contrats-là vont être
inclus dans les coûts d'approvisionnement, donc, refilés aux consommateurs.
C'est ça, Mme la ministre.
J'aimerais,
là, aujourd'hui, ce soir, qu'on se dise les vraies choses en termes de
l'objectif de cet article, pour les motifs qu'on ne veut plus attendre deux
ans, là. Le processus de la régie, là, et tout ça, puis l'approbation, c'est
bien trop long. Nous, on a besoin de
produire. On veut que ce soit vite. Et donc, là, nous, main dans la main avec
Hydro-Québec, on va de l'avant, pas de régie. C'est ça, n'est-ce pas,
l'objectif de cet article.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
• (19 h 30) •
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, merci. Donc, en fait, dans le processus qu'on est en train de
mettre en place avec le projet de loi n° 69, il y a un organisme qui a le dernier mot, un seul, et c'est la Régie
de l'énergie. C'est l'organisme qui est appelé à autoriser ou refuser un
contrat.
L'amendement qu'on apporte, c'est pour faire en
sorte que la régie ne vienne pas dire : C'est d'accord, je vous autorise le contrat à condition que, et puis là
qu'elle énonce deux, trois conditions, mais qui viennent complètement changer l'équilibre de négociations qui se sont tenues. Ces négociations-là
peuvent durer des mois. Elles sont complexes, multidimensionnelles, et
l'équilibre qui est trouvé à la fin, la plupart du temps, il est fragile. Donc,
ce que l'on a vu, c'est que, si la régie
donne son autorisation, mais y associe des conditions de modification de ce qui
a été négocié, bien là, l'équilibre, il est perdu. Donc, c'est un
processus qui n'est pas satisfaisant parce que ça ne respecte pas, dans le
fond, le travail de négociation qui s'est réalisé avant d'aller voir la régie.
Donc, dorénavant, la régie aura le dernier mot,
et même plus avant dans le processus, c'est-à-dire qu'elle va pouvoir intervenir avant que ne soit signé le
contrat, alors qu'aujourd'hui on vient la voir alors que le contrat est signé,
donc elle est mise devant le fait
accompli, et elle pourra décider de refuser ou d'accepter le contrat mais ne
pourra pas associer des conditions à son autorisation. Elle ne pourra pas
dire : C'est d'accord, sauf que j'aimerais que vous fassiez telle chose ou
que vous ajoutiez tel élément. Ça, ça ne sera plus possible. Elle devra dire
oui ou non, mais elle le dira avant que ne soit signé le contrat, et,
par conséquent, son pouvoir va être fort important.
Et ça, c'est... La compétence de la régie, on le
rappelle dans la mission de la régie, c'est de «surveiller les opérations du transporteur d'électricité, du
distributeur [de même] que celles des distributeurs de gaz naturel afin de
s'assurer que les consommateurs paient selon un juste tarif». C'est ça,
sa mission. C'est ça, son rôle. Et ça va être le coeur de sa mission dans le cadre du processus qu'on met en
place dans le projet de loi n° 69 : s'assurer que les consommateurs
paient le juste tarif.
La
Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Robert-Baldwin, vous voulez
poursuivre?
Mme
Garceau : ...s'il vous plaît. Mme la ministre, à la lecture de
l'article 74.1, il y a une exception. La régie... Et c'est pour ça que, si vous regardez... «Cette autorisation n'est
toutefois pas requise...» On ne parle pas de l'autorisation liée aux conditions, on parle de l'autorisation
liée aux contrat et conditions, c'est les deux. N'est-il pas vrai qu'en raison
du libellé de 74.1 le gouvernement n'aura pas besoin d'obtenir l'autorisation
de la régie pour conclure un contrat d'approvisionnement?
La
Présidente (Mme Soucy) : Alors, Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui. Alors, bien, je rappelle,
comme je disais antérieurement, là, que le principe de base, c'est que le processus soit celui qui requiert
l'autorisation de la régie. Ça, c'est le processus normal. Dans des cas
exceptionnels, dans des cas très particuliers, une approbation par le
gouvernement pourra être donnée, avec certaines conditions, on s'imagine. Par exemple, lorsqu'Hydro-Québec constitue une société avec une communauté autochtone ou avec un regroupement de Premières Nations. Alors, dans
ce cas-là, ils voudraient pouvoir, par exemple, produire un nouvel ouvrage hydroélectrique, donc là il y aurait une
société qui serait créée et qui vendrait son énergie à Hydro-Québec pour de la distribution. Le coût pourrait être alors
supérieur à un projet éolien mais pour d'autres raisons, par exemple pour des
raisons de retombées économiques, de
production qui est constante... ou inconstante, plutôt, dû aux aléas du vent.
Donc, il pourrait y avoir, comme ça,
des cas particuliers où un consortium serait créé et où c'est le gouvernement
qui autoriserait le contrat.
Mais le principe de
base, la trajectoire normale, c'est que ce soit la régie qui autorise les
contrats, des contrats qui seront soit basés sur des appels d'offres... Parce
qu'Hydro-Québec va continuer à vouloir des appels d'offres, elle a tout
avantage à utiliser, dans certains cas, cette formule-là. Et c'est ce que font
d'ailleurs les autres entités qui existent à l'extérieur... à l'intérieur du
Canada. Même si elles ont la possibilité d'avoir du gré à gré, elles font aussi
des appels d'offres. Et c'est ce que compte
faire aussi Hydro-Québec, de varier ses formules, ses modèles qu'elle utilise
pour l'élaboration de contrats. Et le gouvernement, pour sa part, interviendra
seulement dans certains cas bien particuliers tels que celui que je vous
ai décrit, où il y a une société qui pouvait être créée avec des communautés
autochtones, par exemple.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. Mme la
députée.
Mme Garceau :
Merci, Mme la Présidente. Malheureusement, Mme la ministre, cette intention
que vous exprimez n'est pas reflétée dans le libellé de cet article. Il n'y a
pas d'exception ici. Le gouvernement, à la lecture de cet article, peut, à n'importe quel moment, sans l'autorisation de la
régie, conclure des contrats d'approvisionnement en électricité pour des
milliards de dollars. Il n'y a pas de règle d'exception que vous allez... que
vous allez pouvoir faire.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Mme Garceau :
...
La
Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée, vous voulez
poursuivre?
Mme Garceau : Oui, je voulais poursuivre, parce que, de plus... parce que je veux le
mettre en lien avec Hydro-Québec, que,
Hydro-Québec, c'est une mesure, également, pour contrecarrer le fait
qu'Hydro-Québec devrait aller en appel
d'offres, parce qu'Hydro-Québec peut venir cogner à la porte de la ministre
pour conclure un contrat d'approvisionnement
avec une entreprise qu'Hydro-Québec aimerait faire affaire, donc sans appel
d'offres, sans autorisation de la
régie, pour des milliards de dollars, et, au bout du compte, la facture des
coûts est refilée aux consommateurs québécois. C'est ça, à la lecture,
c'est ça qui est prévu, Mme la ministre, à cet article.
La
Présidente (Mme Soucy) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui. Bien, je vous rappelle que
la procédure normale, c'est celle qui fait en sorte que c'est la régie qui a ce
rôle-là d'approuver les contrats. Et, en fait, elle le fait déjà, l'approbation
des contrats, mais son pouvoir réel est situé, pour le moment, dans le
cadre actuel, très en amont, très en amont. Et, lorsque les discussions se sont
tenues entre les différents partenaires, et
qu'on a élaboré une entente, et qu'on veut la faire autoriser, bien, on la fait
autoriser une fois que le contrat est signé. Donc, ultimement, le
pouvoir de la régie, à la fin du processus, il est très limité parce qu'elle est mise devant le fait accompli, de gens
qui ont déjà convenu d'un contrat, qui l'ont signé. Et, bon, elle peut dire
oui, elle peut dire non, mais elle arrive en
fin de parcours, cette autorisation-là. Donc, on s'est assurés de la mettre
dorénavant avant que ne soit signé le contrat, de telle sorte qu'on
puisse avoir une influence, quand on est à la régie... de telle sorte qu'on
puisse avoir une influence avant que ce ne soit signé. Donc, c'est une étape
cruciale, importante, je dirais, plus déterminante encore que celle qui existe
dans le cadre actuel.
Maintenant, dans des
circonstances particulières, comme je l'expliquais, le gouvernement pourra
approuver un contrat, mais ça va être, je
répète, dans des circonstances exceptionnelles, particulières ou singulières,
lorsqu'il y aura, je dirais, une
sensibilité particulière sur une dimension politique qui pourrait justifier que
le gouvernement veuille autoriser spécifiquement un contrat.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Est-ce que
vous voulez poursuivre, Mme la députée?
Mme Garceau : ...c'est
sûr et certain que... Puis je reviens à... Si c'était seulement utilisé dans
des conditions où il y a une exception,
donc, on devrait le préciser à l'article. Parce qu'il n'y a aucune exception
ici, c'est : règle générale, le gouvernement peut, à n'importe quel
moment, conclure des contrats sans l'approbation, l'autorisation de la Régie,
et Hydro-Québec également. Et donc il n'y a plus de chien de garde, il n'y a
pas de garde-fou, on pourrait se retrouver dans
un an avec des contrats de milliards de dollars en approvisionnement en électricité,
et la facture, finalement, va être refilée aux consommateurs québécois.
Et ça, c'est très préoccupant, Mme la ministre, puis on vous l'a déjà soulevé. Mais on voit que c'est carrément l'objectif de ce
gouvernement, c'est de mettre les règles puis les règles de... C'est vraiment
les règles de contrepoids pour s'assurer qu'on fait les choses dans les règles
de l'art pour assurer d'obtenir le meilleur prix.
C'est pour ça que la régie est là. C'est pour ça que c'est important de
maintenir son indépendance. Et le projet de loi, malheureusement, est en
train de diminuer l'importance et l'indépendance de la régie.
• (19 h 40) •
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci.
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme
Soucy) : Voulez-vous ajouter quelque chose, Mme la ministre?
Mme Fréchette : Bien, j'aimerais
rappeler, en fait, que la régie a la compétence exclusive de surveiller les
opérations et de s'assurer, comme je le lisais tout à l'heure, là, du fait que
le consommateur va payer le juste prix. Donc,
la compétence, à la base, c'est celle de la régie. Et ça, je pense que c'est le
reflet du fait que ça sort un peu de la norme si c'est le gouvernement
qui autorise un contrat, parce que cette compétence exclusive, elle est
attribuée à la Régie de l'énergie. C'est ça, son rôle. C'est elle qui a sa
mission... c'est celle dont la mission est au coeur... dont le consommateur est au coeur de sa mission pour ce qui est de la
surveillance des opérations, essayer de vérifier que le... on a payé le juste
prix. Donc, il faut reconnaître cette répartition des compétences. La régie est
au coeur de ces compétences-là, de cet exercice-là,
et, par conséquent, c'est plutôt lorsqu'on va sortir de la norme que ce sera le
gouvernement qui va aller de l'avant avec une autorisation d'un contrat
qui, je le rappelle, pourrait survenir en des circonstances particulières.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre.
Mme Garceau : ...un point en réponse
à la réponse de la ministre, parce qu'on l'a vu très bien, vous dites que la
régie a une compétence exclusive, Mme la ministre, mais on l'a vu via un autre
article, qu'il va y avoir une ingérence politique gouvernementale, en ce qui a
trait à la régie, pour fixer les tarifs domestiques.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. Donc, Mme la ministre,
vous... avez-vous quelque chose à ajouter?
Mme
Fréchette : Bien, j'aurais un élément additionnel, parce que
je ne l'ai pas mentionné, mais ces autorisations-là, aussi, c'est important de le comprendre parce que
ça fait partie d'un tout, hein, le projet 69... le projet de loi n° 69,
on l'a dit souvent, il faut le voir comme un tout, bien, ces
autorisations-là devront aussi tenir compte de ce qui aura été intégré dans le
plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, dans le PGIRE. Donc là,
on a vraiment le continuum.
Quand la régie va se prononcer, elle voudra
savoir si ça répond à un besoin, c'est une chose, on ne peut pas inventer des
besoins, et par ailleurs elle devra aussi s'assurer que ça cadre avec les
orientations qu'on aura mises dans le PGIRE, et qui seront déposées au
1er avril prochain, suite aux consultations qu'on est en train de mener,
aux analyses qui vont être développées et
puis à la modélisation aussi qui va s'ensuivre. Donc, il va falloir qu'il y ait
une connexion aussi, non seulement avec un besoin réel, mais aussi avec
le PGIRE, parce qu'il faut qu'on ait une feuille de route commune, tout le
monde ensemble, Hydro-Québec, la régie, le gouvernement, et puis cette feuille
de route là, c'est le PGIRE.
Donc, pour la régie, ça va être important aussi
de faire en sorte qu'on connecte avec les orientations qu'on s'est données, parce que, là, si on veut arriver à
l'objectif qu'on s'est donné dans 25 ans, ne serait-ce que dans
10 ans, bien, il va falloir que tout ça converge avec une... des
vues, voilà, qui s'apparentent, et puis il y aura cette connexion-là qui va être importante d'assurer au sein de la régie. Ça
va être un de ses mandats, également. On sait que ça va rentrer dans sa
nouvelle mission, la transition énergétique, d'une part, mais aussi le respect
du PGIRE.
Puis, dans un cas où le gouvernement autorisera,
le coût va être connu et intégré dans la cause tarifaire, qui est, elle, rendue publique et débattue, également.
Donc, là aussi, il y a le volet transparence qui vient... qui vient s'ajouter.
Donc, on utilise le forum public qu'est la régie pour faire en sorte que
le débat puisse se tenir. Et puis il faut voir que le gouvernement n'a pas nécessairement intérêt à faire une procédure de
cette nature-là, sauf dans des cas particuliers tels que ceux que je
vous décrivais, là, antérieurement.
La
Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la ministre. Alors, on
va passer au prochain groupe. Mme la députée de Verdun, à vous la
parole.
Mme Zaga
Mendez : Merci. Je vais essayer d'aller directement aux
objectifs, parce que je pense qu'on veut aussi traiter d'autres sujets. J'entendais les discussions, tout à l'heure... Parce
que, depuis le début de nos discussions, la ministre nous dit : La
régie est là, la régie autorise. Il y a trois cas, ici, dans lesquels la régie
n'autorise pas, puis ils sont très clairs.
Donc, c'est généralement «la régie autorise», sauf dans trois exceptions.
L'exception qui nous intéresse, c'est le troisième picot : «...le
gouvernement autorise le contrat d'approvisionnement [...] aux conditions qu'il
détermine.» Ces conditions-là ne sont pas sur la table,
Mme la ministre. Quelles sont ses conditions? Parce que, tout à l'heure, vous
avez donné... vous avez fait référence à un amendement que vous avez déposé,
qui nous donne des exemples de situations,
mais ce ne sont pas des conditions. Et c'est ça que, pour nous, il n'est pas
acceptable. Ces conditions-là n'y sont pas.
C'est parce que ça ouvre la porte à plusieurs exceptions. Et là on ne peut plus
dire «généralement», on va dire: Des fois, la régie autorise.
La
Présidente (Mme Soucy) : ...Mme la
députée. Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Merci, Mme la Présidente. Donc,
bon, il y a différents cas de figure, bien sûr, quand il est question de
conditions, hein, qui pourraient être mises de l'avant par le gouvernement. Je
peux vous en nommer quelques-unes.
Je faisais référence,
par exemple, au cas où il pourrait y avoir création d'une entité entre le
gouvernement et une ou des Premières Nations. Bon, alors, il pourrait, par
exemple, y avoir comme condition l'idée que des redevances soient versées aux membres des communautés qui
sont dans le territoire couvert par le projet énergétique qui serait mis de
l'avant entre le gouvernement, Hydro-Québec et ces communautés. Donc, ça, c'est
un exemple, avoir des redevances d'un niveau x ou y qui soient offertes
à des Premières Nations.
Un
autre cas d'exemple, cas de figure, ça pourrait être, par exemple, d'avoir des
exigences en matière de création d'emplois. On voudrait, par exemple,
s'assurer qu'il y ait création d'emplois et embauche de gens de la communauté, Premières Nations, exemple, de la communauté, pour
contribuer à la fois à l'essor de cette communauté-là, à la diversification de
ses revenus, au développement régional dans la région concernée.
Donc,
tout ça, c'est des exemples de conditions qui pourraient être mises de l'avant
par le gouvernement. Il faut voir qu'à partir du moment où le
gouvernement met de l'avant des conditions, bien, il faut que ça réponde à
l'intérêt public. Ça, c'est une exigence, je
dirais, de base, là, de faire en sorte d'oeuvrer pour le bien public dans le
cas de l'élaboration de ce type de contrat, et ce serait différent de ce
que la régie, elle ferait comme analyse, parce que la régie, je le rappelle, va vouloir s'assurer du juste prix. Or, le juste
prix, bien, il n'y a pas nécessairement grand intérêt à regarder du côté des redevances qui seraient versées aux communautés ou
encore des employés, des personnes qui seront embauchées pour mener à
bien le projet, les opérations. C'est deux grilles d'analyse différentes.
Donc, comme je
l'indiquais au départ, on peut avoir quand même des décrets qui seraient pris
par le gouvernement pour que des critères soient associés à un ou des contrats,
ou plusieurs contrats, ou à la totalité des contrats.
Par exemple, du contenu local, avoir du contenu local dans les projets qui
seront mis en place, ça, ce serait un exemple d'exigence qui pourrait
être appliquée, à travers un décret du gouvernement, sur l'ensemble ou une
partie des appels d'offres. Donc, il y a,
comme ça, des exigences qui peuvent être associées, et je pense que c'est un
plus, parce que, du côté de la régie,
eux vont vouloir s'assurer que le prix payé est juste, mais ça, ça va être sans
égard à ce qui se sera passé du côté de l'approvisionnement en contenu
local.
Mme Zaga
Mendez : ...réponses vont être assez courtes, parce que je pense qu'on
a le goût d'avancer aussi. Vous l'avez dit,
vous venez de le dire, que vous... que le gouvernement va développer sa propre
grille d'analyse indépendamment de la
régie. Moi, ce que j'entends, c'est... Vous venez de le dire, il va y avoir une
grille d'analyse pour faire des conditions pour ne pas... parce que la
régie, elle, a une autre grille d'analyse. Bien, comme ça, on est en train de
se remplacer... remplacer la régie. Moi, ce que je demande à la ministre :
Est-ce qu'elle peut, aujourd'hui, nous déposer cette grille d'analyse et ces conditions-là? Quelle est cette
nouvelle grille d'analyse qui remplace celle de la régie, qui a un rôle de
garde-fou? Est-ce qu'elle peut nous le déposer?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
députée. Mme la ministre, à vous la parole.
• (19 h 50) •
Mme Fréchette :
Merci, Mme la Présidente. En
fait, chaque cas va être unique. Chaque cas va se dérouler dans un contexte qui
lui est propre, dans une région qui lui est propre, et, par conséquent, il n'y
a pas une seule grille d'analyse qui
va exister pour tous les projets. Non, à chaque projet, il va y avoir des
considérations particulières qui seront identifiées suivant les
sensibilités. Est-ce que c'est une communauté avec laquelle on a l'habitude
d'avoir des partenariats? La réalité
géographique du milieu, la réalité au niveau de l'emploi, tout ça, ça va être
analysé au moment de convenir d'un contrat. Donc, on ne peut pas avoir
une seule grille d'analyse.
Ce que j'ai dit,
c'est que le gouvernement aurait l'intérêt public à coeur, l'intérêt public
étant, comment dire... l'intérêt public étant le principe de base qui va guider
l'action du gouvernement, tandis que, la régie, le principe premier qu'elle va suivre, c'est le paiement du juste prix
par les consommateurs. À partir du moment où c'est le juste prix, bien, c'est sûr que c'est une grille d'analyse qui est
distincte de celle d'un gouvernement, qui, lui, veut veiller au respect de
l'intérêt public, qui, lui, veut
veiller à la création d'emplois chez des communautés autochtones, qui, lui,
veut veiller à la diversification des revenus dans une région donnée. On
est ailleurs.
Donc là, on veut
plutôt faire en sorte qu'il y ait l'intérêt public qui soit respecté, tandis
que la régie, comme je le rappelle, aura le prix juste à l'esprit lorsque
viendra le temps de faire son analyse des différents projets. Donc, à chaque
projet, il y aura une analyse, je dirais, particulière qui sera réalisée.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la
ministre. Mme la députée de Verdun, vous vouliez compléter?
Mme Zaga
Mendez : Oui, ça va être...
La Présidente (Mme
Soucy) : Allez-y.
Mme Zaga Mendez :
Parce qu'on entend encore la même... la même réponse. Moi, ce que j'ai entendu,
c'est qu'il y a autant de grilles d'analyse
qu'il va y avoir des projets. Ça ressemble à l'improvisation : pour chaque
projet, on va considérer ci ou ça.
Chaque projet va être différent, on va avoir autant de grilles d'analyse puis
on se remplace à la régie.
Moi, j'ai une dernière question. Tout à l'heure,
la ministre disait que tous les contrats seront publics, qu'on va connaître tous les contrats. Hydro-Québec a une sorte de contrat qu'on appelle les contrats privés. Est-ce que les
contrats privés seront aussi publics? Parce que c'est ça que disait la
ministre tout à l'heure, quand le collègue de Jean-Talon l'a questionnée, en
disant : Tous les appels d'offres, tous les gré à gré, tous les types de
contrats deviendront publics. Hydro-Québec a ce qu'on appelle des contrats
privés. Est-ce que, désormais, ces contrats-là vont devenir aussi publics?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la
ministre, à vous la parole.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Est-ce que la députée pourrait nous expliquer plus en détail ce à
quoi elle réfère quand elle parle de contrats privés?
La Présidente (Mme
Soucy) : ...toujours sur l'article 45,
on est encore sur l'article 45.
Mme Zaga Mendez : Il y a des...
La Présidente (Mme
Soucy) : Voulez-vous peut-être préciser?
Mme Zaga Mendez : Oui. Bien, là, on
nous parle de trois types de contrats, appel d'offres, gré à gré et une
troisième façon. Déjà, Hydro-Québec a ce qu'on appelle des contrats privés,
comme par exemple avec Rio Tinto Alcan. Est-ce que je me trompe? Vous devez
connaître ça.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Donc, je
comprends que la députée fait référence à des contrats spéciaux?
Mme Zaga
Mendez : ...ils ne sont pas
en appel d'offres, ils ne sont pas en gré à gré. C'est des contrats spéciaux,
ce qu'on... ou des contrats privés?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, il y a une distinction importante à faire, à savoir que ce dont on discute au cours des dernières minutes, c'est des
contrats d'approvisionnement, d'approvisionnement en énergie, à savoir, bon, de l'éolien, de source solaire, de
l'hydroélectricité. Donc, c'est des contrats pour obtenir de l'énergie, tandis
que les... ce que la députée appelle
des contrats privés, j'ai l'impression qu'elle réfère, en fait, aux contrats
spéciaux, par exemple des contrats qui sont signés avec des alumineries.
Est-ce que c'est le type de contrat auquel vous faites référence? Bon.
Alors, ça, ce ne sont pas des contrats d'approvisionnement,
ce sont des contrats de distribution d'électricité. Donc, on est dans un
autre... dans un autre cadre, dans une autre dimension, là. Là, la régie
n'intervient pas dans ce contexte-là, lorsqu'il s'agit de contrats de
distribution, ça, ce sont des contrats qui sont signés entre le gouvernement et les alumineries, bon, pour lesquelles j'ai une
pensée particulière, particulièrement cette semaine, avec l'imposition des tarifs qu'on a vus du côté du président américain,
là, qui ont été rehaussés à pas moins de 50 %. Donc, il risque d'y avoir
des impacts négatifs assez importants, là, du côté des alumineries.
Mais, bref, ces alumineries, elles ont des
contrats spéciaux. Et ça fait en sorte que, voilà, ils ne sont pas sous le cadre de la régie, et, par conséquent, cette
idée de les rendre publics ne s'applique pas à eux, mais il n'en demeure pas moins
que la totalité des contrats qui seront convenus et qui passeront dans le cycle
de la régie, là je parle de contrats d'approvisionnement, seront rendus
publics. Qu'ils aient été convenus de gré à gré, qu'ils aient fait l'objet
d'appels d'offres, d'appels de propositions,
ils le seront. Et également, s'ils proviennent d'Hydro-Québec Production, ils
auront été sous la... sous l'aile de la régie et, par conséquent, ils
auront été, donc, rendus publics.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. Alors, le
prochain droit de parole, M. le député de Jacques-Cartier m'avait demandé la
parole, donc on va suivre le droit de parole. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je veux... reviens sur une question qui est plus en lien avec
l'idée d'aller vite, vite, vite...
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Soucy) : ...M. le député de Jacques-Cartier.
Excusez-moi, MM. et Mmes les députés, ainsi
que les gens qui accompagnent la ministre, juste vous dire, ça doit se passer
en silence, comme nos travaux. Même article qui s'applique, le décorum.
Alors, il y a une personne qui a la parole ici, c'est celle à laquelle j'ai
attribué la parole. Donc, le reste, s'il vous plaît, soyez silencieux. Sinon,
vous pouvez toujours sortir, hein, pour parler.
Alors, M. le député de Jacques-Cartier,
poursuivez.
M. Kelley : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, de le rappel à l'ordre à mes collègues de la
banquette gouvernementale.
Mme la ministre, je veux aller un petit peu sur
un côté politique, mais, je dis «politique», c'est dans le sens plus large. Je
vois que vous avez beaucoup de collègues, ici, ministériels qui sont bien fiers
de leur PQI. C'est plus qu'un PQI dans l'histoire de l'histoire. Mais c'est
certain, quand je regarde le ministre de la Santé, la ministre des Transports, puis quand même le ministre de
l'Éducation qui était ici avant, eux autres ont tous des grands projets dans le
fil, qui se font demander beaucoup de
main-d'oeuvre, beaucoup des travailleurs de construction, on a
des logements à construire.
Ici, nous sommes en train, Mme la Présidente,
d'accélérer des projets éoliens. C'est bien noble de... quand même nécessaire, mais on sait que M. Sabia a clairement
dit que sa deuxième préoccupation, c'est l'enjeu de la main-d'oeuvre. Alors, Mme la ministre...
parce que nous sommes en train, ici, de discuter des façons de permettre à Hydro-Québec
d'aller vite, mais, en même temps, comment
on va régler la question de la main-d'oeuvre pour s'assurer qu'on peut encore s'assurer
que ces projets avancent à la bonne rythme? Je sais que le premier ministre, aujourd'hui,
dit qu'on veut... les syndicats d'Hydro-Québec veulent que c'est juste eux autres qui... construire les tours des
éoliennes, etc. On sait que ce n'est bien pas le cas. On va avoir besoin
de la main-d'oeuvre qui vient de l'extérieur aussi. Mais comment on va être capable de s'assurer qu'on a la main-d'oeuvre disponible pour M. Sabia, pour tous ces projets... et pour Hydro-Québec, et pour tous ces projets?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le député. Mme la
ministre, à vous la parole.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Soucy) :
Est-ce que... Mme la ministre, est-ce que vous voudriez que
Mme la fonctionnaire vous... prenne la parole? Parce qu'on peut lui
céder la parole, si vous voulez.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Soucy) :
Oui, oui, avec le consentement, bien entendu. Mais, rendu à cette étape-là, je
vais vous demander le consentement.
Mme Fréchette : ...davantage
qu'autre chose, là.
La Présidente (Mme
Soucy) : O.K. Alors, je vous cède la
parole, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Alors, la
question de la main-d'oeuvre, c'est sûr, c'est un élément très important pour l'ensemble du Québec. En fait, sur le plan
économique, là, ces dernières années, on sait que c'est la première
préoccupation de non seulement Hydro-Québec, mais également bien des
entreprises, quelle qu'en soit la taille, je peux vous dire, on m'en parle régulièrement. Et, dans le domaine de
l'énergie, en fait, il y a des ententes qui sont convenues, ou qui ont été convenues,
ou qui sont en négociation pour faire en sorte de rehausser le type de
formations qui sont offertes en lien avec le secteur énergétique.
Donc, c'est un point important que vous amenez,
parce qu'on a beau avoir les plus grands plans qui soient, si la main-d'oeuvre n'est pas disponible pour les mettre en place, eh
bien, on ne sera pas en mesure de les réaliser, du moins à la vitesse
qui était initialement envisagée. Donc, entre Hydro-Québec et le ministère de
l'Éducation, il y a des ententes de
coopération, de partenariat pour faire en sorte qu'on ait davantage de gens qui
soient formés dans les secteurs pour lesquels il y aura des besoins.
• (20 heures) •
Et j'ai souvenir, mais c'est ce pour quoi je
consultais, j'ai souvenir qu'Hydro-Québec a indiqué qu'elle allait mettre en place aussi une formation à l'interne,
une sorte de centre de formation, là. Je ne veux pas vous amener sur un chemin, là, qui... qui n'est pas avec les bons
termes, mais j'ai entendu cette volonté-là de la part d'Hydro-Québec. Donc, elle-même
veut se doter, bref, d'un centre de formation pour faire en sorte que les gens
aient les compétences adéquates et qu'ils
puissent être rapidement mis à contribution. Et il y a notamment une volonté de
mettre ça en place avec les régions, les communautés des régions du
Nord, donc Côte-Nord, le Nord-du-Québec, des régions où, bien sûr, ces
emplois-là vont être très recherchés. Je
pense que ça va être des emplois bien rémunérés, et on sait que ça va être des
emplois aussi qui vont être porteurs, au sens où elles vont pouvoir travailler
pendant des années, voire des décennies, les personnes qui seront recrutées. D'ailleurs, j'invite les gens, s'ils
sont à la recherche d'un secteur porteur d'avenir, eh bien, de considérer celui
de l'énergie, parce que vraiment les besoins vont être grands. Et voilà.
Il faut faire en sorte, par ailleurs, de
rehausser, bien sûr, la productivité dans l'ensemble de nos unités, là, qui
contribuent au secteur de l'énergie. La productivité, c'est souvent ce qui nous
amène à en produire plus avec pas davantage
de ressources, voire moins de ressources. Et puis il faut voir qu'il y a un
plan de modernisation des installations d'Hydro-Québec qui est
d'ailleurs en cours. Ça fait partie de leur plan 2020‑2035, là, de
rehausser, par exemple, des ouvrages
existants, des centrales existantes, changer les turbines et tout ça. Donc, une
fois que ces changements-là auront été opérés, eh bien, le niveau de
production sera rehaussé, donc, il y aura une amélioration de la productivité.
Bref, c'est un enjeu important. C'est un enjeu
qu'Hydro-Québec prend à coeur, que le gouvernement du Québec également prend à coeur. On a des formations aussi qui sont
menées par le ministère de l'Emploi. Ma collègue à l'Emploi est investie
dans cette mission-là à plein. C'est sûr que ça concerne l'ensemble des
secteurs, mais notamment le secteur énergétique, qui, par
ailleurs, a plusieurs dimensions. Donc, nous aussi, comme gouvernement, on est
engagés dans cette mission-là et on va
s'assurer qu'on ait l'ensemble de la main-d'oeuvre qui soit requise pour
répondre aux besoins, aux nombreux besoins auxquels on fait face.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Jacques-Cartier, vous aviez une
dernière question.
M. Kelley : Finalement,
Mme la Présidente, je pense que, de mon côté, j'ai terminé.
La
Présidente (Mme Soucy) : Oui. Alors, je...
M. Kelley :
Je ne sais pas si mes collègues ont des autres questions ou si on...
La Présidente (Mme Soucy) : Oui. M. le député de Jean-Talon m'avait demandé
le droit de parole. Alors, le voilà. M. le député de Jean-Talon, à vous
la parole.
M. Paradis :
Oui. Je réitère que c'est... Je réitère...
Une voix :
Ils n'ont pas allumé le bon micro. Ah! O.K.
La
Présidente (Mme Soucy) : Ce n'était juste
pas le bon micro qui était allumé, là. C'est correct.
M. Paradis : Je réitère que toutes les questions ici, là, des
différents députés de l'opposition, ce n'est pas anodin, ce dont on parle. C'est une règle fondamentale de
transparence, d'équité, d'efficience pour épargner le plus possible qu'il y
ait des appels d'offres.
Dans une intention
qui semble bien noble, la ministre nous dit : Bien là, maintenant, il y a
plein de contrats qui ne procéderont plus
avec des appels d'offres, donc qui vont être octroyés sans appels d'offres. Et
on le traite comme si ce n'était pas grand-chose.
Je réitère qu'une
partie du régime juridique qu'on écarte, c'est le fruit des constatations de la
commission Charbonneau sur un désastre de contrats publics, à l'époque. Et on a
dit : Il va falloir serrer des vis. Il y a une loi qui a été adoptée, qui a créé l'Autorité des marchés publics, pour ça. L'Autorité des marchés publics fait des
recommandations à ce gouvernement et elle vient dire ici, il y a
quelques mois, pour une disposition du projet de loi n° 62 qui
n'était rien comparé à celle-ci, qui disait simplement que, dans le cas où on
fait des contrats publics et qu'un premier appel d'offres ne donne pas de
résultat, après ça, tu peux procéder sans appel d'offres. Et l'Autorité des
marchés publics est venue s'inquiéter de ça ici. Elle a dit : Attention!
Il y a beaucoup de risques.
Et maintenant, on
nous dit qu'alors qu'on a un plan d'investissement de
200 milliards de dollars. Il y a un paquet
de contrats qui vont être octroyés sans appel d'offres sans que la ministre
soit capable de nous dire aujourd'hui qu'on a vraiment regardé tous les angles de la commission Charbonneau, de ce
que l'AMP dit, notamment des rapports récents qui ont été transmis au comité. Ça m'inquiète. Plusieurs personnes qui
sont venues en consultations particulières, plusieurs groupes de tous les horizons, de l'industrie, des
PME puis des groupes de la société civile sont venus s'inquiéter de ça. Ils ont dit : Ça, c'est moins de
transparence, c'est moins d'équité. Et là on a l'air de faire comme si ce
n'était pas si grave que ça.
Ma collègue de
Verdun, notamment, a posé la question des critères, mon collègue de
Jacques-Cartier. Puis là on a des «par exemple ça pourrait», «peut-être on
pourrait aller là». Ce n'est pas ça qu'on veut au Québec. C'est des normes. Puis là on va en avoir moins alors que,
malheureusement, y compris dans le domaine de l'énergie, il y a récemment
des histoires de dépassements de coûts hallucinantes. Qu'est-ce qui va nous
garantir, maintenant, quand on ne sait pas c'est
quoi, les critères, quand ils ne sont pas publics dans l'octroi du contrat,
comment on va faire pour savoir qu'on est allé chercher le meilleur prix
possible?
Il y a plein
d'intervenants qui sont venus nous parler, notamment de l'importance d'avoir
des critères publics, la participation
locale au contrôle du projet, le paiement des redevances, les exigences quant
aux dépenses globales dans les achats au Québec, etc. Ce qui va se
passer, c'est que non seulement on ne sait plus s'il va y avoir de tels
critères, mais, s'ils y en ont, on ne sait
pas ça va être lesquels puis ils ne seront pas publics. Donc, on va passer d'un
régime de plus de transparence à un
régime de moins de transparence. Moi, je suis très inquiet de ce que j'entends
puis de ce que je vois aujourd'hui, parce que ce que j'aimerais, c'est
que la ministre nous dise : Attendez, on va vous dire exactement comment ça va se passer. Voici les critères qu'on
va avoir, voici comment se passe... tout le régime qu'on remplace, on a
quelque chose. Mais là ce qu'on entend, c'est des «par exemple».
Alors, est-ce que,
oui ou non, il y a un plan derrière ça? Est-ce que, oui ou non, il y a des
critères? Parce que, si c'est comme les blocs d'énergie dont on a déjà tant
parlé dans les dernières semaines, personne ne sait, au Québec, comment ça a
été octroyé, les blocs d'énergie. Pif de l'ancien ministre? À quelle compagnie?
Pourquoi? Quels critères? Puis tout le monde voulait des blocs d'énergie à
l'époque. Alors là, les 200 milliards de dollars d'investissements,
il va y en avoir des milliards qui vont être
octroyés sans appel d'offres, sans qu'on ait une idée ce soir de ce qui va remplacer
tout ce qu'on a adopté à la suite, je le
répète, des recommandations de la commission Charbonneau et celles de l'Autorité des marchés publics.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député. Donc, Mme la ministre, je vous laisse la parole.
Mme
Fréchette : Merci, Mme la Présidente. Bien, je l'ai mentionné,
mais je le réitère, en fait, les appels d'offres, ça va être une
procédure qui va pouvoir continuer d'être utilisée. C'est une des options qui
sera à la portée, donc, d'Hydro-Québec. Et
puis c'est clair que c'est une des options qui va être utilisée. Elle a son
intérêt parce qu'il y a des types de projets pour lesquels ça va bien
s'y prêter, que de fonctionner par appel d'offres.
Maintenant,
ce ne sera pas la seule façon de procéder. Et j'ai rappelé qu'on avait
trois comparables d'Hydro-Québec, là,
ailleurs au Canada, qu'on avait considéré, regardé, analysé, et que ces
trois entités, à la fois au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et en Colombie-Britannique,
qu'aucunes d'elles n'avaient l'obligation de procéder par appel d'offres. Donc,
c'est un plus large panier d'options qui sera offert à Hydro-Québec.
Et puis, quand on regarde les délais que ça
prend, le processus actuel, je le répète, c'est un processus en, un, deux, trois, quatre, cinq étapes. Première
étape, six mois, deuxième étape... En fait, non, première étape, c'est
neuf mois, au total, parce que ça se divise en
deux sous-étapes, neuf mois au total. L'étape suivante,
trois mois, l'étape suivante, un an, et ensuite l'autre étape
suivante, trois mois, pour un beau total de deux ans, deux ans
de processus pour un appel d'offres. Vous imaginez la durée du temps de ce
processus-là. Donc, d'une part, je pense qu'il va falloir améliorer vraiment la
procédure, là, du côté des appels d'offres, parce que deux ans, ça
s'explique difficilement, là.
Et par
ailleurs, avec le processus actuel, il n'y avait pas possibilité, quand on
lance des appels d'offres, de cibler certaines sources d'énergie.
Hydro-Québec doit aller systématiquement avec tout type d'énergie. Tout type
d'énergie, ça fait en sorte qu'on doit s'en remettre au plus bas
soumissionnaire. Et qui gagne quand on met les différentes sources d'énergie en
compétition les unes avec les autres? Eh bien, c'est le gaz naturel, c'est le
diesel. Or, ce n'est pas des sources
d'énergie desquelles on veut s'approvisionner quand on veut s'engager dans la
transition énergétique. Donc, ce n'est pas une procédure, bref, qui
donne des résultats satisfaisants.
• (20 h 10) •
Et ça faisait en sorte que le gouvernement doit
agir de son côté pour éviter que le résultat normal d'un appel d'offres donne
ça comme résultat, qu'on s'en remette systématiquement à une source d'énergie
qui est la moins chère et, par conséquent,
qui est de source fossile, donc, voilà. Ça a ses défauts, le processus est
long, ça a ses défauts en termes de résultats. Et à qui ça bénéficie,
tout ça, bien, je me le demande. En tout cas, difficilement aux Québécois. Deux
ans de procédures, je ne pense pas que ça
bénéficie aux Québécois. Donc, il faut remanier déjà la procédure d'appel
d'offres, et le fait d'avoir une
diversité de formules qui peuvent être utilisées, je pense que c'est bénéfique
pour tout le monde. Et voilà, à chaque fois va être faite la réflexion à
savoir à quelle forme de procédure je devrais m'en remettre.
La
Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la ministre. Donc,
est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Nous sommes toujours... je vous
rappelle que nous sommes toujours sur l'article 45. Donc, M. le député de Jacques-Cartier.
M.
Kelley : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mme la
ministre, je comprends, on veut laisser Hydro-Québec aller vite, vite,
vite pour avoir le juste prix. Qu'est-ce qui arrive... Je comprends, il y a un
contrat, la régie regarde ça, dit : Les
coûts sont justes, c'est bien correct. Mais qu'est-ce qui arrive s'il y a des
dépassements de coûts majeurs avec un projet?
La Présidente (Mme
Soucy) : Mme la ministre.
Mme Fréchette : Je vais consulter
quelques secondes.
(Consultation)
La Présidente (Mme
Soucy) : Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M. le député,
pour votre question. Excellente question.
M. Kelley : Oui, une très bonne
question.
Mme Fréchette : Alors, lorsque le
contrat est autorisé, le prix fait partie du contrat, le prix... les prix sont
fixés, déterminés, et, par conséquent, s'il y a dépassement de prix, eh bien,
c'est le fournisseur d'électricité qui devra assumer
la différence. Donc, il n'y aura pas transfert du risque vers l'acheteur, c'est
le fournisseur d'électricité qui devra lui-même assurer le delta, la différence
entre ce qui aura été convenu dans le contrat et le prix réel qui aura été à
assumer.
La
Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la ministre. M. le
député de Jacques-Cartier, voulez-vous poursuivre?
M. Kelley : Oui, parce que, Mme la
ministre, je veux juste donner un exemple récent avec Hydro-Québec. La ligne de transmission sur la Côte-Nord
et le Saguenay, les dépassements de coûts étaient à environ 200 millions
de dollars. C'est majeur. Ça peut arriver, on comprend.
Alors, dans
cette situation-là, je comprends que c'est le fournisseur qui doit assumer les
coûts, mais est-ce que ça... dans ce moment-là, où est-ce qu'on va trouver...
ou Hydro-Québec vient chez... vient à des consommateurs pour dire : On a
un manque à gagner, parce que notre projet n'a pas bien marché, puis on doit
maintenant trouver l'argent pour payer pour ce
dépassement de coûts? Est-ce que ça, c'est qu'est-ce qui va arriver? C'est
qu'Hydro-Québec va être capable de
dire : Bien, il y a un manque à gagner par le fait qu'on a dépassé nos
coûts avec nos projets d'éoliennes, puis on va aller chercher peut-être
plus d'argent dans les poches de l'État ou des Québécois et des consommateurs?
C'est un manque à gagner.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le député de
Jacques-Cartier. Mme la ministre.
Mme
Fréchette : Bon, il y a un autre cas de figure, effectivement.
Comme on le sait, ça peut venir d'Hydro-Québec Production aussi, les
contrats. Donc, dans les cas où c'est Hydro-Québec Production qui a une
surcharge, bien, c'est le prix fixé par la
régie qui va prévaloir. Advenant que ce soit un contrat avec une tierce partie,
donc, ce serait le prix au contrat qui prévaudrait, et c'est le
fournisseur qui doit assumer la différence.
Donc, votre
question, c'était advenant que la différence soit trop importante aux yeux du
fournisseur, qu'est-ce qu'il
adviendrait?
La Présidente (Mme Soucy) : M. le député de Jacques-Cartier, si vous voulez préciser votre
question.
M. Kelley : Si le dépassement des
coûts vient de Production Hydro, parce que c'est eux autres qui sont la
main-d'oeuvre du projet, qui va payer pour ça, pour le dépassement des coûts?
Parce que maintenant, production, distribution,
c'est dans la même boîte. Alors, c'est nous qui va payer, si Hydro-Québec n'est pas capable de contrôler le coût.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, dans les cas
où ce serait Hydro-Québec Production, ce qui passerait dans les tarifs serait le coût établi par la régie et non pas le
coût... le surcoût qui aurait été réalisé, là. Ce serait le coût fixé par la
régie, qui, lui, serait reconnu dans les tarifs, mais pas le delta,
l'augmentation additionnelle.
M. Kelley : Alors, dans le prochain
processus tarifaire, Hydro-Québec peut dire : Il y a un manque à gagner parce que nous avons dépassé nos coûts sur
plusieurs projets de production, des projets éoliens, puis on va refiler la
facture à des consommateurs.
Mme Fréchette : Il n'y aurait pas de
manque à gagner parce que le coût aurait été celui établi par la régie. Donc, même s'il y avait eu dépassements de coûts
dans le réel, le seul coût qui serait reconnu par la régie, le coût qui, donc, serait
appliqué, transféré dans les tarifs, serait celui qui aurait été édicté par la
régie. Et, par conséquent, non, ce ne serait pas refilé, il n'y aurait pas un
manque à gagner qui serait refilé dans les tarifs. Ce serait le coût établi par
la régie, nonobstant ce qui serait survenu par la suite.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci. M. le député de Jacques-Cartier.
M.
Kelley : Mais, quand même, si c'est la régie qui dit :
Bien, on va déterminer ça par les tarifs... Je suis en train de comprendre. Parce qu'il va y avoir un contrat pour les
projets, on va commencer avec un prix. Hydro-Québec commence leur projet. Au milieu de leur
projet, il y a une pandémie, Mme la Présidente, puis le prix de tout explose,
de tous les matériaux, ça explose, main-d'oeuvre, tout, tout, tout. Puis soudainement, le projet, on arrive, et c'est
400 millions de dollars de
dépassement dans les coûts. Et on parle... Encore, il n'y a plus d'Hydro
Production non plus, là, c'est tout une Hydro, on est tout ensemble.
Mais, Mme la ministre, je veux bien comprendre
que, si, au milieu d'un projet, il y a quelque chose qui arrive, qui est grave, ou, quand même, le projet est mal
géré puis il y a des dépassements de coûts qui... dans les prévisions de
construire un parc éolien... qui va payer
comment? Est-ce qu'on enlève ça des dividendes ou, vraiment, ça va être
déterminé dans les tarifs à venir et ça va être les consommateurs qui va payer,
si Hydro-Québec est incapable de gérer les projets puis de s'assurer que ça arrive sur les coûts promis
dans le processus de signer et fixer des ententes? Je vois ça comme un majeur
risque d'aller... de lancer des projets et
de ne pas avoir des appels d'offres. Parce que, j'imagine, dans une autre
instance, si c'était une firme privée
qui arrive, ils ne sont pas capables de contrôler leur prix du projet, bien,
c'est eux autres qui doivent assumer ça parce qu'on a signé un contrat pour
l'électricité à un certain prix. Mais maintenant, nous sommes tous dans
le même panier, nous sommes tous partie d'une Hydro.
La Présidente (Mme
Soucy) : ...deJacques-Cartier.
Alors, Mme la ministre, je vous cède la parole.
Mme
Fréchette : Merci, Mme la Présidente. Bien, je rappelle... en
fait, on en a discuté hier, mais la comptabilité entre Hydro-Québec
Production et Hydro-Québec Distribution demeure distincte. Ça, c'est essentiel,
et puis il y a Hydro-Québec transport aussi,
qui est l'autre entité. Donc, voilà, ça, ça reste. C'est important de préserver
cette distinction-là. Et, je le
rappelle, c'est le producteur qui va devoir assumer le risque. Donc, même si
c'est Hydro-Québec Production qui encaisse
ces hausses de coûts imprévues, eh bien, c'est le producteur, en l'occurrence Hydro-Québec Production, qui devra absorber ce rehaussement des
coûts.
Donc, est-ce que ça va être pris à partir de son
bénéfice? Est-ce que ça va impacter sur le bénéfice? Le scénario que vous énoncez m'a l'air un peu catastrophique,
là, mais, si c'était le cas, eh bien, ce serait Hydro-Québec qui absorberait cet impact financier là et non pas les contribuables... non
pas les clients, les consommateurs d'Hydro-Québec. Ça ne pourrait pas être transféré aux consommateurs d'Hydro-Québec. Il faudrait que ça reste à l'intérieur d'Hydro, donc, par conséquent, ce serait son bénéfice, j'imagine, qui
serait impacté, et, par conséquent,
le dividende au gouvernement serait moindre
de la hauteur du dépassement de coûts qu'il y aurait. Mais, je le répète, c'est
le producteur qui assume le risque qu'il s'agisse d'un contrat
intra-Hydro-Québec ou encore avec une tierce partie.
• (20 h 20) •
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre.
M. le député de Jacques-Cartier, c'est terminé pour vous? Donc, je vous rappelle que nous sommes toujours à
l'article 45. Il y a eu un dépôt d'amendement, nous avons voté l'amendement,
nous sommes revenus à l'article 45. Donc, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 45? Pas d'autre intervention. Mme la
ministre.
Mme Fréchette : ...pour faire
référence, là?
La Présidente
(Mme Soucy) : Parce que, s'il n'y a
pas d'autre intervention et il n'y a rien d'autre, on va voter l'article, là.
Mme Fréchette : On a un amendement.
La Présidente
(Mme Soucy) : Vous avez un amendement? O.K. Donc,
voulez-vous lire l'amendement, s'il vous plaît, Mme la ministre?
Mme Fréchette : Oui,
s'il vous plaît. Donc, merci. Article 45, donc : Insérer, dans le
premier alinéa de l'article 74.1 de
la Loi sur la régie de l'énergie, proposé par l'article 45 du projet de
loi, et après «par tout moyen», «, notamment en concluant un
contrat d'approvisionnement en électricité avec une personne ou une société
pouvant entre autres être constituée en partenariat avec une communauté
autochtone ou une municipalité,».
Donc, le premier alinéa du nouvel
article 74.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie proposé par le projet de
loi prévoit qu'Hydro-Québec, dans ses activités de distribution, doit assumer
par tout moyen les approvisionnements en électricité extrapatrimoniale.
Hydro-Québec pourrait, à cette fin, décider de conclure des contrats
d'approvisionnement en électricité avec des fournisseurs.
L'amendement permet d'évoquer un cas
d'application en ajoutant, dans ce premier alinéa, une mention relative à des contrats d'approvisionnement en électricité
qui pourraient être conclus avec des personnes ou sociétés constituées en
partenariat avec une communauté autochtone ou une municipalité. Merci.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la ministre.
Maintenant, bon, je rappelle que Mme la ministre vient de déposer un
amendement. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement déposé par Mme
la ministre? Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a pas d'intervention,
nous allons voter l'amendement.
Donc, je mets aux voix l'amendement déposé par
Mme la ministre qui vient tout juste d'être lu. Est-ce que cet amendement est
adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente
(Mme Soucy) : Adopté sur division.
Mme Fréchette : Sur division?
La Présidente (Mme Soucy) : Oui,
c'est ce que j'ai compris. Adopté sur division. On vote sur l'amendement, là.
Mme Fréchette : Oui, oui. O.K.
La Présidente
(Mme Soucy) : Donc, nous pouvons
poursuivre. Là, on revient à l'article 45 tel qu'amendé, finalement, tel
qu'amendé, hein? Oui, M. le député de Jean-Talon, à vous la parole.
M. Paradis : Est-ce que je
pourrais demander à la ministre de préciser un peu ce qu'elle a dit à la fin de
sa réponse à la dernière question au député de Jacques-Cartier sur... Quand il
y a des dépassements de coûts, elle a dit qu'on irait prendre ça sur le
dividende... En tout cas, j'aimerais qu'elle revienne sur cette dernière partie
là de... à la fin, là, qui paie pour les dépassements de coûts. Donc là, on
parle de contrats qui ont été octroyés à la suite, bien, d'une volonté exprimée par le gouvernement ou par
Hydro-Québec de ne pas procéder par appel d'offres. Donc là, il n'y a pas
d'appel d'offres, là, puis là on parle de contrats de milliards, puis là il y a
des dépassements de coûts.
Donc, la question du député de Jacques-Cartier,
c'est : Oui, mais qu'est-ce qui se passe, là? Parce qu'on a moins de moyens de vérifier si ça a été octroyé au
plus bas soumissionnaire, si c'était le plus efficient, tout ça, parce qu'on
ne connaît pas les conditions de l'appel
d'offres au départ. Donc, je trouvais ça intéressant, là, la réponse, puis la
ministre a évoqué le dividende. Est-ce qu'elle pourrait préciser sa
pensée?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Donc, Mme la
ministre, je vous laisse la parole.
Mme Fréchette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Donc, je rappelle, en fait, ce que j'indiquais, donc, que le prix qui sera reconnu par la régie devra être
justifié devant la régie... est celui qui aura été convenu dans le contrat. Et
par conséquent, advenant qu'il y ait
des dépassements de coûts... Et là le député évoquait une... vraiment une
situation catastrophique avec
des dépassements de coûts, voilà, frôlant le milliard et demandait qui
absorberait ce delta, la différence entre le prix convenu entre le contrat de
la... autorisé par la régie et le prix réel.
Donc, je disais que ça ne pourrait pas être
transféré dans les coûts reconnus pour l'établissement des tarifs par la régie et que ce serait Hydro-Québec elle-même
qui devrait absorber le delta. Alors, à partir de là, qu'est-ce qu'il advient
de cet impact financier au sein d'Hydro-Québec, bien, ça va dépendre de
l'ampleur des montants. Si c'est un scénario catastrophe, comme celui
qu'évoquait le député de Jacques-Cartier, bien, ça se pourrait que ça impacte
le montant des bénéfices dégagés par Hydro-Québec, si c'est catastrophique.
Maintenant, si c'est un montant franchement à la marge, bien, ça n'aura pas d'impact. Mais c'est qu'on était devant un scénario
catastrophe, suivant ce qu'il expliquait, alors voilà, j'ai voulu
rappeler le type d'impact que ça aurait au sein d'Hydro-Québec. Mais voilà,
Hydro... C'est le fournisseur d'électricité,
quelle que soit la situation, c'est le fournisseur d'électricité qui doit
assumer les dépassements de coûts, et donc ce n'est pas l'acheteur, et
c'est la régie qui détermine le prix du contrat.
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la ministre. D'autres
interventions? M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bien, j'aimerais ça
vous entendre, là, compte tenu de ce que vous venez de dire. C'est important, c'est une bonne question, la question du député de
Jacques-Cartier, parce que... Tiens, par exemple, j'ai devant moi, là, le cas... un dossier devant la Régie de l'énergie, l'année dernière, un contrat de 800 millions de dollars avec
un dépassement de coûts... d'Hydro-Québec, avec un dépassement de coûts
de 48 %. 48 % sur 800 millions de dollars, ça commence à faire de l'argent. Oui, une décision juste de
l'année passée, de la régie. Donc, il y en a, là, actuellement, à Hydro-Québec,
des dépassements de coûts, puis là, maintenant, il va y avoir moins de
contrôle, parce qu'il n'y a pas d'appel d'offres, pas de critères publics, pas de garantie du plus bas soumissionnaire, en
tout cas, parce que... on ne le saura pas. On ne le saura pas, si c'est
ça qui a été choisi. Donc, il pourrait y en avoir.
Puis là vous nous dites : Ah oui! mais, à
la fin, c'est Hydro-Québec... Mais là j'aimerais vous entendre sur le lien avec
une autre disposition que vous nous avez fait adopter sur division, il y a
quelques jours, dans les amendements que vous nous avez envoyés tout à fait
récemment, qui dit que, les surplus et les manques à gagner d'Hydro-Québec,
Hydro-Québec peut les garder puis, après ça, dire : La prochaine fois
qu'on arrive en révision tarifaire, Régie de l'énergie, considère ça dans mes
coûts, pour augmenter les tarifs. Donc, à la fin, ça pourrait être les
consommateurs qui finissent par casquer, selon ce que vous avez dit, n'est-ce
pas?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le député. Mme la
ministre, à vous la parole.
Mme Fréchette : Juste un moment,
s'il vous plaît.
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Soucy) : ...la ministre se concentrer,
s'il vous plaît. Vous avez beaucoup d'énergie.
(Consultation)
La Présidente (Mme
Soucy) : Mme la ministre.
Mme
Fréchette : Mme la Présidente, merci. Alors voilà, il y a deux types
de comptabilité qu'il ne faut pas mélanger, la comptabilité de production et la
comptabilité de distribution, et les pertes sur les projets, ça va dans la
comptabilité de production, tandis que ce qui permet de définir, donc, les
tarifs, c'est la comptabilité de distribution, qui est distincte. Alors, il faut éviter de faire un amalgame entre les
deux parce que ça ne se retrouve pas dans la même boîte.
• (20 h 30) •
La
Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la ministre. Oui, vous
pouvez poursuivre, M. le député de Jean-Talon.
M.
Paradis : Oui, bon, je vous rappellerais qu'hier vous nous
avez chanté les louanges du processus de regroupement de production et
de distribution. Je conviens que vous avez dit que les comptabilités
demeureraient distinctes et je conviens que
votre discours avant la pause, hier soir, et après la pause était différent.
Vous avez nuancé, mais, néanmoins, moi, l'article qu'on a adopté, là,
l'amendement qu'on a adopté, c'est les surplus ou manques à gagner
d'Hydro-Québec comme entité globale,
n'est-ce pas, qui peuvent être transférés ensuite dans les tarifs, surtout s'il
y a un manque à gagner.
Et là moi, je prends vos mots, parce qu'au
départ, là, je sais qu'il y a des concepts distincts, mais là vous avez dit : S'il y a un... s'il y a un dépassement,
finalement, ça va finir dans les résultats d'Hydro-Québec puis ça va faire
moins de dividendes au gouvernement, c'est une option, donc là c'est les
contribuables qui paient. L'autre option, c'est : vous refilez ça dans les
tarifs aux consommateurs en vertu de l'amendement que vous avez fait adopter, à
moins que vous me disiez que l'amendement,
il parlait juste des surplus ou manques à gagner d'une division, mais j'avais
l'impression que c'était pour Hydro-Québec, ou c'est divisé? Je ne l'ai
pas devant moi, l'amendement, là.
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Soucy) : On va laisser quelques secondes à M. le député de
Jean-Talon pour la référence à l'amendement, je pense. Vous l'avez, monsieur...
Vous voulez poursuivre, j'imagine.
M. Paradis : Bien, est-ce que la
ministre voulait...
La Présidente (Mme Soucy) : Ah! bien, je croyais qu'elle... On attendait. Je pensais
que vous n'aviez pas fini votre intervention, que vous vouliez revenir sur un
amendement que...
M. Paradis : Non, non, excusez-moi,
j'attendais la réponse de...
La Présidente (Mme
Soucy) : Ah! O.K. Bon, bien, désolée.
Mme Fréchette : Ah! d'accord. Je
pensais que vous cherchiez quelque chose. Bien, moi, j'ai une réponse.
La Présidente (Mme
Soucy) : Alors, bon, bien, à ce moment-là,
Mme la ministre, je vous cède la parole.
Mme Fréchette : En fait, j'ai
répondu, mais je réitère, là, si c'est Hydro-Québec Production qui est le
fournisseur d'énergie et qu'il y a un dépassement de coûts important, eh bien,
Hydro-Québec Production, à savoir le fournisseur, devra assumer cette perte-là,
mais le dépassement de coûts ne sera pas reconnu par la régie s'il dépasse ce qui avait été établi comme prix reconnu pour cet
approvisionnement-là. Donc, c'est un peu... En fait, c'est la formule, déjà, qui existe. Advenant qu'Hydro-Québec Production
fournisse de l'énergie à Hydro-Québec
Distribution et qu'Hydro-Québec
Production doit encaisser un énorme dépassement de coûts, bien, je ne peux pas
inventer quelqu'un qui va absorber ce coup-là, à part Hydro-Québec.
Maintenant, le gouvernement est le seul
actionnaire d'Hydro-Québec. Alors, est-ce que ça pourrait impacter les
dividendes que versera Hydro-Québec au gouvernement? Ça se pourrait, si c'est
un montant colossal. Puis je répète que c'était le scénario apporté par le
député de Jacques-Cartier. Donc, déjà, à l'heure actuelle, cette situation-là
existe potentiellement. C'est un risque qui
peut exister et qui continuera d'exister. On ne peut pas imaginer que, voilà,
il y a une entité tierce qui arrive puis qui vient récupérer tous les
dépassements de coûts au bénéfice de tout le monde ici, au Québec. Je
veux dire, ça, c'est dans nos rêves.
La Présidente (Mme
Soucy) : ...M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bon, les
articles 74.1 et 74.2 dont on parle, qui sont ajoutés, concernent le
distributeur, hein, donc, 74.1, le
distributeur d'électricité, etc., donc on parle de ces contrats. À 74.2, même
chose, on parle des contrats par appels d'offres publics ou des contrats
d'approvisionnement en électricité du distributeur. Donc là, on est en train de
parler des contrats du distributeur. Le député de Jacques-Cartier vous
dit : Quand le distributeur fait des contrats, puis qu'il y a un dépassement de coûts, bien là vous
dites : Bien là, ça va aller dans les résultats d'Hydro-Québec, puis là ça va influer sur le dividende.
Moi, je vous dis, l'option, c'était celle qu'on
la passe, qu'on la refile dans les tarifs, un autre des petits trucs dans les amendements que nous vous avez donnés.
Puis là je l'ai vérifié, là, l'amendement, c'est 52.3, puis on parle des
surplus ou des manques à gagner cumulés par le transporteur ou le distributeur.
Donc là, tout à l'heure, je vous le nommais,
c'était un contrat... là, c'était un dossier de 2024, un contrat de
800 millions de dollars, puis là il y a un dépassement de
coûts de 48 %. On est en train de parler, là, de 384 millions de
dollars. Ça commence à avoir un impact.
Donc là, avec
les amendements que vous nous avez imposés la semaine passée, ça, ça pourrait
être passé dans les tarifs, oui ou non?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le député. Mme la
ministre.
Mme
Fréchette : Alors, je
rappelle que c'est la régie qui a cette responsabilité-là, de définir si ça va
pouvoir être reconnu ou pas dans les tarifs.
M.
Paradis : Oui, mais c'est une possibilité qui n'existait pas
avant. Et, quand on a dit... Moi, je vous ai répété ça à plusieurs reprises
quand on posait des questions, parce qu'il fallait poser beaucoup de questions
pour arriver à comprendre. C'est que, dans les deux dernières semaines,
vous êtes arrivés avec des amendements qui prévoient toutes sortes de mécanismes pour mettre plein de nouveaux trucs
dans les tarifs d'électricité des consommateurs : M. et Mme Tout-le-monde,
les ménages, les PME, les industries. Un de ces articles-là, c'était de
dire : Bien, quand les résultats d'Hydro-Québec sont affectés parce qu'elle a mal fait son travail, ses prévisions ne
sont pas assez bonnes, puis que, là, elle a touché plus d'argent que prévu... ou parce qu'il y a eu des
dépassements de coûts sur des contrats de 200 milliards — c'est
pour ça que c'est intéressant, là,
c'est vous qui avez répondu ça au député de Jacques-Cartier — qu'est-ce
qui se passe quand il y a des dépassements de coûts? Là, ça va affecter...
Ça peut créer un manque à gagner.
Donc là, Hydro-Québec ne fait pas bien son
travail dans la gestion des contrats où il n'y a pas eu d'appel d'offres. Il y a des dépassements de centaines de
millions. Qui paie? Les consommateurs d'électricité du Québec. J'ai répété ça plusieurs fois. Dans
la nouvelle architecture des amendements, qui ont tous été écrits de la main
invisible d'Hydro-Québec, ça finit
toujours que c'est, face, Hydro-Québec gagne, pile, Hydro-Québec ne perd pas.
Donc, Hydro-Québec gagne toujours.
Là, j'ai suivi la logique que vous nous avez
indiquée avec vos réponses, Mme la ministre. Est-ce que c'est encore un truc
pour refiler plus de coûts aux consommateurs quand il y a un contrat qui est
mal géré, notamment parce qu'il y a eu moins de contrôle, parce qu'il n'y a pas
eu d'appel d'offres, parce qu'il y a eu moins de transparence, parce qu'on a voulu aller plus vite, parce que le public
avait moins de regard sur ce qui se passait, parce que c'est ça que l'Autorité des marchés publics dit?
Alors, oui ou non, ce n'est pas l'effet combiné
des articles qu'on est en train de voir, avec les réponses que vous avez
données au député de Jacques-Cartier et le mécanisme que vous avez imposé la
semaine passée, qui permet à la régie d'aller récupérer des coûts?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
(Consultation)
La Présidente (Mme
Soucy) : Mme la ministre.
• (20 h 40) •
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, écoutez, j'ai consulté cinq spécialistes autour de moi, et tous me disent qu'il n'y a pas de changement par rapport à
la situation actuelle versus une fois que le p.l. n° 69 serait adopté dans
les cas où il y aurait un dépassement de coûts pour une... pour l'offre, en
fait, l'approvisionnement énergétique entre Hydro-Québec Production et
Hydro-Québec Distribution. On était dans ce cas de figure. On disait :
Hydro-Québec Production, s'il y a un
dépassement de coûts considérable, qu'il doit offrir ce service... fournir ce
service à Hydro-Québec Distribution, qu'est-ce qu'il arrive? Les
changements... Les amendements qui ont été apportés n'impactent pas le type de
conséquences que ça a.
La
Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la ministre. M. le
député, vous vouliez intervenir? M. le député de Jean-Talon, à vous la
parole.
M. Paradis : Bien oui, parce que
c'est une réponse très surprenante, qui est un peu dans la foulée de ce qu'on a
entendu publiquement sur ce qu'il y a dans ce projet de loi par rapport à ce
qu'il dit sur plein de questions, sur la privatisation de la vente
d'électricité au Québec, qui est un changement majeur : Mais non, non,
non, ça ne change pas grand-chose. Édenter la Régie de l'énergie : Mais
non, non, non, il n'y a pas tant de changements que ça, c'est juste du
cosmétique. Puis là plus on posait de questions puis plus on comprenait qu'il y
en avait, des gros changements.
Les deux gros changements ici, puis c'est
incroyable qu'on dise : Il n'y a pas de changement, c'est que, là, on est
en train de dire qu'il y a plein de contrats, potentiellement pour des
milliards de dollars, qui vont se donner sans appel d'offres. Puis là on
dit : Ça, ça va être le party, ça va être super, tout va être plus beau,
tout va aller plus vite, tout va être meilleur. Mais là ça veut dire moins de
transparence aussi, moins de capacité d'aller vérifier les chiffres, plus de
risques, peut-être, qu'il y ait des dépassements de coûts. Ça, c'est un
changement majeur : pas d'appel d'offres pour des contrats très
importants, alors qu'on annonce les plus grands investissements de l'histoire
du Québec, dixit le premier ministre. Et l'autre changement majeur, c'est, à la
suite de la réponse que vous avez donnée, que vous dites : Là... Ah! là, il n'y a peut-être pas de
changement, là, il va y avoir un manque à gagner, il va y avoir...
Malheureusement, on va avoir perdu de l'argent quand il y a des
dépassements de coûts. L'autre changement, c'est vous qui l'avez créé. C'est que, jusqu'à la semaine passée il n'y avait
pas de disposition qui disait que, quand il y a un manque à gagner dans les chiffres finaux d'Hydro-Québec, magie, Hydro-Québec prend ça puis envoie ça dans les poches des
contribuables... non, des consommateurs dans ce cas-ci, pardon.
C'est ça, les deux gros changements majeurs. Il
y a un changement majeur au début, puis il y a un changement majeur à la fin, dans les cas catastrophes ou les
cas où ça va mal. Puis je vous en ai nommé un tout à l'heure, là, où c'est
déjà 400 millions de dollars qui sont en jeu, de dépassements de coûts.
Est-ce que vous concédez au moins, Mme la
ministre, que c'est deux changements majeurs, pas d'appel d'offres puis la
capacité d'Hydro-Québec d'effacer de ses états financiers à la fin de l'année,
quand elle a un manque à gagner, en disant : Tu vas aller mettre ça dans
les tarifs à la prochaine révision tarifaire? C'est des gros changements. Je veux dire, vous ne convenez pas de ça? Vous ne
convenez pas que votre projet de loi n° 69, c'est pour ça qu'il est établi,
pour faire des gros changements?
La Présidente (Mme
Soucy) : Merci, M. le député. Mme la
ministre, je vous cède la parole.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Bien, écoutez, je réitère que, s'il y a des dépassements de coûts dans les contrats d'approvisionnement, eh bien,
les risques sont assumés à 100 % par le fournisseur. C'est l'idée sur
laquelle on discute depuis le début. Et puis là il y a eu un scénario à
l'effet d'un possible dépassement de coûts important. Que ce dépassement de coûts là provienne d'une entente
qui lie Hydro-Québec Production et Hydro-Québec Distribution ou un
fournisseur externe et Hydro-Québec, c'est le même impact, c'est le fournisseur
qui absorbe ce dépassement de coûts. C'est
la situation qui... En fait, c'est la conséquence qui va prévaloir. Dans les
deux cas, c'est le fournisseur qui absorbe le dépassement de coûts. Si
ce fournisseur-là est Hydro-Québec Production, bien, c'est Hydro-Québec
Production qui va absorber ce dépassement de coûts. Et, tel que je l'ai
indiqué, c'est la régie qui définit le prix auquel ce service est fourni entre Hydro-Québec Production et Hydro-Québec
Distribution, et c'est le prix qui a été indiqué dans le contrat qui va
prévaloir pour l'établissement des tarifs.
La
Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la ministre. M. le
député de Jacques-Cartier, vous m'avez demandé la parole... Bien, je
peux vous la céder, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. L'amendement qui a été adopté, Mme la ministre,
l'article 52.3... puis on avait eu un
échange concernant les documents, une obligation d'Hydro-Québec de déposer les
documents à l'appui des surplus ou des manques à gagner. Donc,
évidemment, comment ces manques à gagner... Puis je vais aller sur les manques
à gagner pour ma question. Les manques en gagner, donc, lorsque Hydro-Québec...
Et là je ne pense pas qu'il va y avoir une
distinction en ce qui a trait à la révision tarifaire telle que prévue à
l'article 52.3. Et, lorsqu'on va être dans toute cette question de déterminer les manques à gagner, Hydro-Québec va
fournir les documents, les états financiers, et, s'il y a un dépassement de coûts, on va présumer, Mme la ministre, que
ça va être dans ces documents-là, parce qu'Hydro-Québec va vouloir
démontrer qu'il y a eu des manques à gagner. Il n'y aura pas de distinction
entre Hydro-Québec Production, Hydro-Québec Distribution, pour les fins de
l'application, de la mise en oeuvre de cet article et la révision tarifaire.
Mme Fréchette : On me dit qu'il y a
véritablement une distinction, que cette distinction-là est très importante.
Mme Garceau : O.K., mais là je parle
dans un contexte de révision tarifaire, les documents... Parce que, là, on l'a
supprimée, l'obligation, je pense que c'était dans le projet de loi n° 34 que, bon, il n'y a pas d'obligation. Maintenant, ça
va être les états financiers d'Hydro-Québec. Il n'y a pas... on n'a pas
précisé, parce que le gouvernement n'a pas
voulu aller là en termes de précision des documents, mais à l'appui des manques
à gagner d'Hydro-Québec, pour les fins de la révision tarifaire qui va être
refilée aux consommateurs, on ne va pas faire cette distinction-là, là, Mme la
ministre.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
ministre, allez-y.
Mme Fréchette : Oui. M. le Président.
Bienvenue.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
Mme Fréchette : Alors, je répète
que, donc, ce qui est reconnu, c'est le manque à gagner du distributeur, point. Donc, c'est vraiment distinct, les deux
comptabilités. Et je vous amènerais, en fait, à l'article 35, à
l'article 35 qui modifie l'article 52.3 tel qu'amendé, et on
peut lire :
«52.3. Lorsque la Régie effectue une révision
tarifaire conformément au premier ou au troisième alinéa de l'article 48,
elle tient compte, selon les modalités proposées par le transporteur
d'électricité ou le distributeur d'électricité, des surplus ou des manques à
gagner cumulés par le transporteur ou le distributeur — donc,
c'est vraiment précisé — au
cours des années tarifaires visées...»
Le Président (M. Benjamin) : Mme la députée.
• (20 h 50) •
Mme Garceau : Je ne suis pas
convaincue, Mme la ministre. Merci pour l'explication, mais je ne suis pas
convaincue que, dans cette optique, en tout cas, dans la mise en oeuvre de
l'article 52.3 tel qu'amendé, avec une révision
tarifaire, s'il y a un... s'il
y a un manque à gagner, afin de...
Puis on l'avait même mentionné que, dans... s'il y a un surplus, puis après ça, bien, Hydro-Québec, dans la... dans l'année de révision tarifaire, si Hydro-Québec peut démontrer qu'il y a une prévision d'un manque à gagner,
même, on va... on va continuer, on va faire la révision plus tard. Donc, je
vais... je vais laisser ça comme tel, mais je ne suis pas convaincue.
Le Président (M. Benjamin) : Allez-y,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Vous avez
l'impression qu'on ne peut pas distinguer ces deux comptabilités?
Mme
Garceau : Non, moi, j'ai l'impression qu,e lorsqu'on arrive
à une révision tarifaire, Hydro-Québec met ça dans les états financiers, et, s'il y a un
manque à gagner, ça va être les états financiers qui vont être déposés tels
quels.
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
je reconnais maintenant M. le député de Maurice-Richard.
M.
Bouazzi : Merci, M. le
Président. Peut-être un mot sur la question de comptabilité, parce que
rappelons-nous quand même que les compagnies privées qui prennent les
contrats et qui, maintenant, vont pouvoir prendre des contrats directement sans
passer par aucun appel d'offres, si le gouvernement autorise des contrats
d'approvisionnement aux conditions que le gouvernement décrit, sont capables
non pas de transférer de l'argent d'une division à l'autre, mais de transférer une bonne partie de leurs milliards
au Luxembourg, M. le Président. Ça fait qu'on peut imaginer un peu de créativité comptable pour pouvoir faire passer un
prix d'un côté de l'autre, et je comprends les questionnements de mes
collègues.
Est-ce que, Mme la ministre, TES Canada
pourrait bénéficier de ce genre de contrats?
Des voix : ...
M.
Bouazzi : Est-ce que vous ne
savez pas la réponse? Excusez-moi, Mme
la ministre. TES Canada, pour
les gens qui nous écoutent, produit de l'électricité, ils ont reçu
l'autorisation du prédécesseur de Mme la ministre de produire... d'exploiter
sans appel d'offres 200 kilomètres carrés de gisement éolien, une
compagnie qui appartient aux Desmarais. Et donc ma question est plutôt simple.
Est-ce que TES Canada pourrait bénéficier d'un contrat?
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Merci. Merci, M. le
Président. Donc, je rappelle que TES Canada, en fait, va faire dans
l'autoproduction. Donc, leur plan d'affaires, c'est d'avoir de l'énergie pour
eux-mêmes et non pas pour la vendre à Hydro-Québec. Ce n'est pas l'objectif de
leur plan.
M. Bouazzi : Mme la ministre...
Le Président (M. Benjamin) : M. le
député.
Mme Fréchette : Est-ce que ça veut
dire qu'ils ne pourraient pas le faire? Advenant qu'il y ait des surplus, il pourrait y avoir signature d'un contrat. Mais ce
n'est pas le but de TES Canada, ce n'est pas son plan d'affaires non plus.
M. Bouazzi : Donc, il pourrait y
avoir un contrat d'approvisionnement en électricité qui fasse... Ils peuvent changer de «business case», là, ils peuvent
construire 133 éoliennes, et vous pouvez... vous pourriez, avec ça, leur
donner un contrat directement pour
approvisionnement, ils laisseraient tomber... et ils auraient eu le droit
d'exploiter 200 kilomètres carrés de gisement éolien public. C'est
ça qu'on dit.
Mme Fréchette : ...conditions, il
faudrait, d'une part, qu'Hydro-Québec soit intéressée à acheter de l'énergie avec ce partenaire-là, il faudrait que le plan
d'affaires change, parce que ce n'est pas le but du projet, je rappelle que c'est
de l'autoproduction, il faudrait que la
régie autorise un tel contrat. Donc, il y a un certain nombre de critères qui
seraient requis.
M. Bouazzi : Mme la ministre, le
point dont on parle, le point 3, s'applique, justement, et je lis :
«Cette autorisation n'est toutefois pas requise.» C'est de ça qu'on parle,
c'est justement qu'on ne passe pas par la régie et que le gouvernement, tout
seul, autorise le contrat d'approvisionnement en électricité aux conditions
qu'il détermine. Donc, tout ce que vous avez
décrit, c'est un pouvoir que vous vous donnez, là. Il n'y a pas de régie, il
n'y a pas d'Hydro-Québec, il n'y a rien, là. C'est juste un pouvoir que
vous vous donnez.
Mme Fréchette : Alors, je rappelle
qu'il devrait y avoir, entre Hydro-Québec et l'entreprise, un contrat, et que
ce contrat-là devrait être validé par la régie.
M. Bouazzi : Donc, l'alinéa 3°,
qui dit que, donc...
«La Régie peut assortir l'autorisation de
conditions.
«Cette autorisation n'est toutefois pas
requise :
«3° lorsque
le gouvernement autorise le contrat d'approvisionnement en électricité aux
conditions qu'il détermine.»
«Il» étant le gouvernement, là, pas la régie ni
Hydro. Ça, pour vous, ça veut dire, c'est la régie qui décide?
Mme Fréchette : Bien, je ne vois pas
pourquoi le gouvernement voudrait se... autoriser ce contrat-là. Il faudrait
que ce soit prévu d'être autorisé par la régie.
M. Bouazzi : Nous non plus, ça tombe
bien, je ne vois pas pourquoi non plus. C'est ça, toute l'idée. Mme la
ministre, on est législateurs. Une de nos jobs, là, ce n'est pas juste d'être
de bonne foi, c'est de s'assurer que nos lois puissent éviter de la mauvaise
gouvernance, de la gouvernance qui fait qu'on dilapide de l'argent public,
voire de la corruption, voire de la
corruption. Pourquoi ce gouvernement se dote de tels... Et puis, en tout
respect, moi, j'ai tout à fait confiance dans votre bonne volonté, la
vérité, j'en ai beaucoup moins dans votre prédécesseur, ça aussi, je vous le
dis en toute transparence, mais la vôtre, je n'en doute pas.
Ça ne change rien... que votre prédécesseur
pourrait revenir dans une autre forme. Je veux dire, quelqu'un d'autre qui
serait allé, là, sur l'île qui appartient à une compagnie à numéro, à la
famille Desmarais, là, pour aller chasser du faisan, qui, par ailleurs, donne
des contrats à TES Canada, qui, en fin de compte, déciderait qu'il autorise des
contrats d'approvisionnement en électricité aux conditions qu'il détermine sans
passer par la régie, c'est ça que vous vous donnez comme... C'est ça que votre
prédécesseur vous a légué, ce n'est pas votre legs. Pourquoi l'accepter?
Laissez tomber ce pouvoir extraordinaire que vous vous donnez beaucoup.
Déjà, vous aviez le... Votre prédécesseur s'est
donné le pouvoir de décider qui allait recevoir les mégawatts, et TES a fait
partie des gens qui ont profité de ce pouvoir discrétionnaire. Il n'y a pas
aucune grille, là, publique qui dit pourquoi on a accepté le contrat de la
famille Desmarais plutôt qu'un autre, aucune, tout est secret, les contrats
sont secrets, etc. Et, si, en fin de compte, ils sont incapables de vendre le
gaz de synthèse qu'ils prétendent pouvoir vendre, que tous les spécialistes
nous disent que ce n'est pas compétitif et que le prochain ministre de
l'Énergie dit : Vous savez quoi? Allez, hop! on fait
un contrat, on by-passe tout puis on achète... Ce n'est pas sérieux, Mme la
ministre. Ce n'est pas sérieux.
Mme Fréchette : Bien, écoutez, je
rappelle que ce pouvoir-là, quand même, peut être important dans des
circonstances particulières. J'énonçais, par exemple, une circonstance où il
pourrait y avoir un enjeu qui se pose dans, par
exemple, la dévitalisation d'une région habitée par une communauté de Premières
Nations, une communauté autochtone, et pour lequel on voudrait avoir,
par exemple, volonté de réactiver et de revitaliser le développement
économique, et il pourrait y avoir une source de revitalisation économique à
travers un projet énergétique.
Alors, ça pourrait être intéressant pour le
gouvernement, dans un tel cas, qu'il puisse y avoir une entente entre le
gouvernement, Hydro-Québec et les Premières Nations pour faire en sorte de
développer un projet de développement énergétique qui bénéficierait, par
ailleurs, à la... aux communautés autochtones à la fois à travers, par exemple,
la création d'emplois et également des
redevances. Donc, ça, c'est un exemple où le gouvernement pourrait avoir un
intérêt de nature publique qui puisse être mis à contribution à travers un
projet énergétique, et, dans ce contexte-là, on aurait la capacité
d'aller de l'avant. Alors, c'est vraiment dans des cas... Je le rappelais, au
tout début, plusieurs fois, le principe de
base, c'est que les contrats passent par la régie. Ça, c'est la norme, mais,
dans certains cas d'exception, dans des cas particuliers où on voit un potentiel en lien avec un projet énergétique,
bien, là, ça pourrait peut-être être pertinent qu'on ait ce levier-là
qui soit à notre disposition.
• (21 heures) •
Le Président (M. Benjamin) : M. le
député.
M. Bouazzi : ...Mme la ministre
parle au conditionnel. Moi aussi, je parle au conditionnel par rapport au fait
que c'est une brèche qui pourrait ouvrir à de la corruption. Je vais déposer,
et puis... et puis je sais qu'on a mille choses à voir, malheureusement, qu'on ne pourra pas voir à cause de la
procédure de bâillon. Ça fait que je vais donner une chance à la ministre, je
dépose le plus vite possible un amendement pour enlever cette clause-là. Et je
le fais à l'instant. Pardon?
Une voix : ...
M.
Bouazzi : Et on va demander
effectivement le vote, si mes collègues sont d'accord, dessus le plus vite
possible. Comme ça, on va pouvoir passer à d'autres points.
Une voix : ...
M. Bouazzi : Il est déjà déposé? Il
est déjà sur... (panne de son) ...M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Allez-y,
M. le député, donc, donnez lecture à votre amendement.
M.
Bouazzi : Ah! Super. Donc : Supprimer le paragraphe 3° du troisième alinéa de
l'article 74.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie
(chapitre R-6.01) modifié par l'article 45 du projet de loi.
Donc, si on va... Je ne vais pas, évidemment,
vous lire tout ce qu'il y a. Si on va... c'est juste qu'on enlève le troisième point qui permet au gouvernement de
faire toutes sortes de choses, là, en by-passant la régie et même... et même
Hydro. Moi, je suis prêt à voter. Je ne sais
pas si mes... Oui. Mes collègues sont prêts à voter aussi. Si vous pouvez descendre
plus bas, c'est plus bas qu'on enlève le troisième point, mais... Voilà.
Le
Président (M. Benjamin) : Si... Donc, on va laisser quelque temps à tout le
monde de prendre connaissance de l'amendement qui a été proposé. Si les
intervenants sont prêts à voter, donc, on irait au vote.
Est-ce que tout le monde est prêt à voter? Je
pense qu'ils sont prêts à voter. Est-ce que vous êtes prête à voter aussi, Mme
la ministre?
Alors, on irait... on irait vers le vote à main levée.
Donc, est-ce que...
Des voix : Rejeté.
Le
Président (M. Benjamin) : Donc,
est rejeté. Nous poursuivons le débat sur l'article 45 tel qu'amendé. Je
reconnais M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, juste faire un
rapide résumé, peut-être, de la discussion. Première des choses, la dernière
fois que j'ai étudié un projet de loi sur l'énergie qui est passé par bâillon, c'est le 34, puis j'ai fait
une mise en garde au gouvernement de ne pas fixer les tarifs à
l'inflation, parce qu'on ne sait jamais quand il y a une crise mondiale. Alors,
comme on dit en anglais, parce que je fais
la suggestion ici, si jamais, pour les projets, il y a une autre pandémie qui
arrive, on ne sait pas qu'est-ce qui
peut arriver avec les prix des... les projets, on dit, en anglais, «knock on
wood». «It doesn't happen.» Je ne veux pas être correct deux fois
consécutives, mais en tout cas.
Je sais, Mme
la ministre, pour les projets des barrages, on peut amortisser les coûts sur
50, 100 ans. Ça peut arriver, je comprends, s'il y a des dépassements de
coûts. Mais je trouve qu'il y a un risque ici avec des projets qui sont
par Production Hydro-Québec. S'il y a des dépassements de coûts, on sait que le
projet de vie de... est environ... d'un parc éolien, c'est environ 20 ans.
Ça va être plus difficile s'il y a des dépassements de coûts majeurs, et, quand
même, on est en train
de parler des milliards et des milliards de dollars. Alors, ça peut être dans
les centaines de millions de dollars. Alors, ça va être intéressant de
voir ça.
Je suis content qu'on ait eu une bonne
discussion là-dessus, mais je veux aller sur un autre... un autre sujet juste
rapidement. Je sais que la ministre a dit que certains critères peuvent être
fixés dans les ententes, comme des... approvisionnements,
excusez-moi. On peut demander... pas «demander», excusez-moi, on peut avoir le
contenu québécois, c'est possible, un «peut», mais pourquoi ce n'est pas
«on doit» dans les contrats, avoir des clauses de contenu local, de contenu québécois, et vraiment aller de l'avant
avec Québec d'abord. Et, si Québec ne marche pas, deuxième option, bien,
c'est Canada d'abord. Qu'on s'assure qu'on utilise des entreprises québécoises
ou, quand même, canadiennes avant d'aller regarder vers les autres pour
certains matériaux.
Alors, je
pose la question, Mme la ministre : Est-ce qu'il y a une façon de
mettre ici ou d'ajouter quelque chose plus précis pour s'assurer qu'il y ait
une obligation d'utiliser le contenu québécois ou canadien dans tous les
contrats? Ce n'est pas un «peut» mais un «doit».
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Ce ne sera pas long.
(Consultation)
Mme Fréchette : Merci de ramener ce
point, cet élément-là dans la discussion. Je trouve que c'est un point
important. Je pense qu'on est dans un contexte où, justement, tout ce qui peut
aider à soutenir nos entreprises, à les mettre
de l'avant, particulièrement dans le contexte de marché public, il faut... il
faut le considérer sérieusement, parce que, voilà, on connaît le contexte dans lequel on se trouve sur le plan
économique. Et je pense que, de toute façon, c'est des... c'est des
pratiques à développer, quelles qu'elles soient, qu'on soit en contexte de
crise ou pas. Je pense que c'est quelque
chose qu'il faut mettre en oeuvre, implanter, et là on aura la possibilité de le
faire, de faire de différentes manières, alors, ça, c'est vraiment un
levier structurant.
Alors, à
l'article 74.2, il est indiqué que «le gouvernement peut déterminer des
conditions générales applicables aux appels d'offres publics ou aux contrats
d'approvisionnement en électricité du distributeur d'électricité». Donc, ça, ça
donne la possibilité au gouvernement d'inclure toutes sortes de
conditions. Alors, ces conditions-là, ça pourrait être par exemple, comme vous mentionniez, d'avoir du
contenu québécois et de faire en sorte que l'acier ou l'aluminium qui soient
utilisés dans des projets de développement
énergétique, puissent s'approvisionner au sein d'entreprises locales. Et, faute
de joueurs québécois, bien, effectivement,
ce pourraient être des entreprises canadiennes qui puissent être mises à
contribution. En ce sens-là, c'est des avancées intéressantes. Puis je
trouve qu'en termes de... dans le contexte de la transition énergétique, ça
pourrait être intéressant d'établir des critères de production verts pour
encourager, dans le fond, les entreprises qui s'approvisionnent à partir de
sources d'énergie verte et renouvelable.
Donc, on a la capacité, je dirais, d'accélérer
le recours à ces types de contenus, aluminium, acier, ça pourrait être de tout autres
types aussi, des entreprises qui sont établies au Québec. Donc, il y a là un
levier important. Et, cette possibilité-là, elle s'applique soit pour un
contrat en particulier, pour une série de contrats, ou encore pour la totalité
des contrats, ou pour les appels d'offres, pour les appels à propositions.
Donc, vraiment, il y a toute une série de
leviers qui sont possibles avec cet article-là. Puis je pense que ça va faire
un changement. Parce que, je l'entends, il y a des entreprises québécoises qui
veulent, qui aspirent à devenir un fournisseur d'Hydro-Québec puis qui ont de
la difficulté à s'insérer dans l'organisation en tant que fournisseurs. Alors, à partir du moment où on aurait des clauses de
cette nature-là qui soient présentes de manière assez fréquente, commune,
eh bien, je pense que ça va devenir encore plus facile, voire naturel, d'avoir
des liens très étroits entre des entreprises québécoises et Hydro-Québec.
Le Président (M. Benjamin) : M. le
député de Jacques-Cartier.
• (21 h 10) •
M. Kelley : Merci, Mme la
ministre. Je reviens à deux mots, «peut» et «possibilité». Je ne veux pas faire
un grand débat là-dessusé Préférence, c'est d'avoir
«doit». Mais est-ce que la ministre peut prendre un engagement politique
qu'on va avoir... ça ne va pas être «peut», que le gouvernement de la CAQ,
quand il y a une chance, ils vont obliger qu'il y ait le contenu québécois ou
canadien dans les projets?
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Bien,
c'est sûr qu'avec ce levier-là, l'existence de ce levier-là, moi, c'est quelque
chose que je m'engage à considérer. On va
regarder de quelle manière ça peut se traduire, quelle forme ça peut prendre.
Parce que ça peut paraître simple,
là, dire : Oui, oui, on remet ce critère-là. C'est beau. Mais, bon, il y a
toute une réalité aussi qui doit suivre derrière. Alors, on va faire les
analyses qu'il faut. Il faut tout d'abord adopter le principe, adopter le concept. Et là, c'est ça qu'on propose de faire.
Ça va être un pas en avant important. Maintenant, après ça, la... Traduire ça
en réalité, il faut voir dans le fond
les options qui s'offrent à nous et puis qu'est-ce que ça générera comme
conséquence et comme suite. Mais assurément, ça, c'est quelque chose que
je vais regarder avec attention.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Je prends note, Mme la ministre, que votre engagement, c'est de prendre ça
en considération, puis on va suivre ça de
près. Je pense qu'il y a plusieurs entreprises ici, au Québec, comme je vous ai
mentionné, des fournisseurs qui
veulent avoir un meilleur accès à des projets d'Hydro-Québec. Alors, pour
moi, M. le Président, c'est tout sur ce sujet.
Le Président (M. Benjamin) : Merci. Alors, comme je n'ai plus d'intervention,
est-ce que vous êtes prêts à voter sur l'article 45 tel qu'amendé?
Alors, est-ce que l'article 45, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président
(M. Benjamin) : Adopté sur division.
Nous
poursuivons. Nous sommes maintenant rendus à l'article 46. Est-ce que...
Mme la ministre, est-ce que vous souhaitez intervenir sur
l'article 46?
Mme Fréchette :
46? Laissez-moi voir. Ah oui! Donc, oui, je dois intervenir. En fait, je ne
l'ai pas lu.
Alors,
article 46 : L'article 75 de cette loi est modifié par
l'insertion, après le paragraphe 4°, des suivants :
«4.1° pour un
distributeur de gaz naturel, un état de la mise en oeuvre du plan d'approvisionnement
visé à l'article 72.1;
«4.2°
pour le transporteur d'électricité, un état de la mise en oeuvre du plan de
développement visé à l'article 85.1.1.»
Donc, c'est un
article qui prévoit que la reddition de comptes qu'un distributeur de gaz naturel
fait annuellement à la régie comprend un état de la mise en oeuvre de son plan
d'approvisionnement et comprend... et que celle d'Hydro-Québec, dans ses
activités de transport d'électricité, comprend l'état de la mise en oeuvre de
son plan de développement du réseau de transport. Merci.
Le Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 46?
M. Kelley :
Je pense qu'on est prêts à voter, M. le Président.
Le Président
(M. Benjamin) : On est prêts à voter. Alors, l'article 46
est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Président
(M. Benjamin) : Adopté sur division. Nous poursuivons. Nous
sommes maintenant rendus à l'article 47. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, article 47,
donc : Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 75, de
l'article suivant :
«75.0.1. Un
distributeur de gaz naturel...» Woups! Pardon.
Des voix :
...
Le Président (M. Benjamin) : Je vous demanderais, s'il vous plaît, d'être un
peu plus discrets dans vos échanges. Donc,
j'aimerais pouvoir écouter Mme la ministre, qui est au micro, c'est elle qui a
la parole pour le moment, s'il vous plaît. Merci. Poursuivez, Mme la
ministre.
Mme Fréchette :
D'accord. Alors, cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 75, de l'article suivant :
«75.0.1.
Un distributeur de gaz naturel doit, [et ce] dans les 90 jours qui suivent
la fin d'une année tarifaire pour laquelle il doit distribuer la
quantité de gaz de source renouvelable déterminée par le gouvernement en vertu
du paragraphe 5° du premier alinéa de
l'article 112, transmettre à la Régie un rapport indiquant la quantité de
gaz de source renouvelable distribuée au cours de cette année
tarifaire.»
«La Régie publie sur
son site Internet le rapport transmis par le distributeur.»
Alors, c'est un
article qui prévoit la reddition de compte d'un distributeur de gaz naturel
relativement à son obligation réglementaire
de distribuer annuellement une quantité minimale de gaz de source renouvelable.
Les distributeurs devront, dans les 90 jours qui suivent la fin
d'une année tarifaire pour laquelle ils doivent respecter cette obligation,
transmettre un rapport à la régie sur les quantités qui ont été distribuées. Et
c'est un rapport qui sera rendu public.
Donc, je rappelle,
cet article prévoit la reddition de comptes d'un distributeur de gaz naturel
relativement à son obligation réglementaire de distribuer annuellement une
quantité minimale de gaz de source renouvelable, GSR. Merci.
Le
Président (M. Benjamin) :
Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 47? Il n'y a pas d'intervention sur
l'article 47.
Donc, nous sommes
prêts à voter. Est-ce que l'article 47 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Benjamin) : Adopté
sur division.
Nous poursuivons. Nous sommes maintenant rendus
à l'article... Pardon?
Des voix : ...
Le
Président (M. Benjamin) : Entre les deux il y a un nouvel article, 47.1.
Parfait. Est-ce qu'il est déposé sur le site? Oui? Alors, je vous invite
à présenter l'article 47.1. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, insérer,
après l'article 47 du projet de loi, le suivant :
47.1. L'article 75.1 de cette loi est
modifié par l'ajout, à la fin du premier alinéa, de la phrase suivante :
«Les
renseignements prévus au paragraphe 10 de cette annexe doivent être
transmis uniquement à l'égard de projets dont le coût excède celui que
la Régie détermine.»
Donc, c'est un amendement qui prévoit que la Régie
de l'énergie détermine, en fonction du coût, quels projets doivent faire l'objet de la reddition de comptes
d'Hydro-Québec pour ses activités de distribution prévues au paragraphe 10
de l'annexe II de la Loi sur la Régie de l'énergie.
Le Président (M. Benjamin) : Est-ce
qu'il y a des interventions sur l'article 47.1?
Alors, nous sommes prêts à voter. Alors,
l'article 47.1 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Benjamin) : Adopté
sur division.
Nous sommes maintenant rendus à
l'article 48. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, je vais lire
l'article, et ensuite on a un amendement. Donc :
48. L'article 76 de cette loi est remplacé
par le suivant :
«76. Tout titulaire d'un droit exclusif de
distribution d'électricité doit distribuer l'électricité à toute personne qui
le demande sur le territoire où il exerce son droit exclusif de distribution.
«Malgré le premier alinéa, le gouvernement peut,
par règlement, déterminer les cas et les conditions selon lesquels un titulaire doit demander l'autorisation
du ministre pour distribuer de l'électricité. Toute demande d'autorisation
du titulaire doit être accompagnée d'un avis portant sur ses capacités
techniques pour effectuer le raccordement.
«Si le ministre est d'avis que le titulaire ne
possède pas les capacités techniques pour effectuer le raccordement, il doit
rejeter la demande. Dans le cas contraire, il tient compte notamment, avant de
délivrer l'autorisation, des retombées économiques et des impacts sociaux et
environnementaux de l'utilisation de l'électricité demandée.
«Le ministre peut joindre plusieurs demandes
d'autorisation lorsqu'il estime qu'elles ont le même objet ou qu'elles ont un
objet connexe.
• (21 h 20) •
«Lorsqu'il délivre une autorisation, le ministre
peut l'assortir de conditions, notamment celles relatives aux retombées
économiques et aux impacts sociaux et environnementaux de l'utilisation de
l'électricité. Il peut également imposer un délai maximal pour conclure un
contrat de service de distribution d'électricité.
«Le ministre peut exiger d'un titulaire tout
renseignement pour l'application du présent article.
«Le ministre n'a pas à délivrer l'autorisation
visée au deuxième alinéa lorsque la demande concerne un contrat spécial visé au
deuxième alinéa de l'article 22.0.1 de la Loi sur Hydro-Québec (chapitre H-5).»
Donc, cet article remplace, en fait,
l'article 76 de la Loi sur la Régie de l'énergie par un nouvel article.
Le premier
alinéa prévoit qu'un titulaire d'un droit exclusif de distribution
d'électricité doit distribuer l'électricité à toute personne qui le
demande sur le territoire où il exerce son droit.
Le deuxième alinéa prévoit, quant à lui, que le
gouvernement détermine par règlement les cas et les conditions selon lesquels
une autorisation de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
est toutefois requise pour pouvoir distribuer l'électricité. Il prévoit aussi
que, lorsqu'un titulaire demande une autorisation, il doit accompagner sa
demande d'un avis sur ses capacités techniques de raccordement.
Le troisième alinéa prévoit, pour sa part, que
la ministre doit rejeter la demande si elle est d'avis que le titulaire ne possède pas les capacités techniques. Pour ce
faire, la ministre devra s'appuyer sur l'avis fourni par le titulaire. Dans
les autres cas, la ministre tient compte,
avant de délivrer l'autorisation, des retombées économiques et des impacts
sociaux et environnementaux de l'utilisation de l'électricité demandée.
Le quatrième alinéa prévoit que la ministre peut
joindre des demandes d'autorisation concomitantes qui ont un même objet ou un
objet connexe. Cette mesure permet d'éviter que l'objet de demandes
d'autorisation soit fractionné.
Le cinquième alinéa, pour sa part, prévoit que
la ministre peut assortir son autorisation de conditions quant aux retombées économiques, aux retombées sociales et
environnementales. En outre, elle peut imposer aux titulaires un délai maximal pour conclure un contrat de service de distribution
d'électricité avec le consommateur après l'obtention de l'autorisation.
Le sixième
alinéa permet à la ministre d'obtenir d'un titulaire les renseignements requis
pour exercer ses pouvoirs.
Enfin, le septième alinéa prévoit qu'aucune
autorisation n'est requise pour distribuer de l'électricité à une personne pour
laquelle le gouvernement fixe les conditions d'un contrat spécial.
Donc, ça, ça fait le tour de l'article initial.
Le Président (M. Benjamin) : Est-ce
que...
Mme Fréchette : Et là j'ai
l'amendement.
Le Président (M. Benjamin) : Et
l'amendement...
M. Kelley : ...
Le Président (M. Benjamin) : Avant
l'amendement? Allez-y, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci, M. le Président. Je pense, c'est mieux
d'aller par le... commencer avec l'article, puis on peut traiter
l'amendement après.
Mme la ministre, on arrive à un sujet qui, je
pense, est hyperimportant pour tout le monde ici, autour... autour de la table, autour de la table, dans le salon
rouge. On arrive à un bloc où on parle des blocs d'énergie, un sujet qui a été
pas mal débattu ici pendant la période des questions, quand même, dans le salon
bleu, et c'est certain que nous avons certaines questions et certaines
préoccupations. On sait qu'on fait un changement de garde.
Des voix : ...
M. Kelley : Ce n'est pas
grave, on va laisser les gens sortir. Merci beaucoup.
Alors, c'est un sujet qui est superimportant. On
a eu plusieurs débats ici, au sein de le salon rouge, salon bleu également, sur
l'octroi des blocs d'énergie, qui souvent beaucoup des entreprises québécoises
ont dit qu'il y a vraiment un manque de transparence : On ne sait pas
pourquoi nous n'avons pas eu un bloc d'énergie, quand on a vu les autres
entreprises comme Northvolt, comme TES Canada, on peut faire une liste, qui ont
reçu des blocs d'énergie. Je sais que mes collègues qui ont... qui sont ici ont
des entreprises dans leurs comtés qui attendent pour des blocs d'énergie. Je pense qu'on a fait les débats sur les
entreprises étrangères versus les entreprises d'ici. Je pense qu'on a
maintenant, au minimum, un consensus
que, oui, une entreprise qui est ici depuis une bonne... presque 100 ans,
qui est peut-être un propriétaire qui... ou des actionnaires d'un autre pays,
ça demeure toujours pas mal une entreprise d'ici qui a des liens dans
plusieurs communautés, je peux penser à la région de Saguenay, à Sorel-Tracy,
etc. Mais, quand même, une entreprise comme
Northvolt, c'est une entreprise étrangère, pas de lien avec la communauté à
Bécancour, vraiment quelqu'un qui arrive, un nouveau joueur.
Quand même, en commission, M. Sabia a dit que le gouvernement a manqué
un bon équilibre dans l'octroi... quand ils ont octroyé des différents blocs d'énergie, que c'est mieux de peut-être
regarder la formule puis de s'assurer que nos entreprises d'ici ont une
priorité ou quand même, comme j'ai dit, il y a un bon équilibre. On sait que,
quand le ministre des Finances est allé à New York pour parler de décote, dans
la présentation qu'il a faite, il a parlé de le fait que nous avons l'énergie verte et propre ici, au Québec.
Alors, je ne sais pas si le gouvernement va toujours sur l'espace international, à différents forums pour
dire : Bien, nous avons l'énergie pour vous autres, n'inquiétez pas. Je
pense que, si c'est le cas, beaucoup des entreprises d'ici seront très,
très déçues que le gouvernement, encore, cherche des, entre guillemets, meilleurs projets à l'extérieur du Québec pour
amener ça ici versus certains projets qui peuvent être très, très porteurs pour
le Québec et très, très porteurs pour les entreprises, des gens qui ont bâti
leur entreprise ici, au Québec.
Alors, Mme la
ministre, c'est une question, oui, c'est général : Est-ce que cet article
va assurer qu'on a un meilleur équilibre? Et où dans cet article je vais
trouver le Québec d'abord?
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, c'est un thème qu'on a abordé régulièrement, effectivement,
souvent ici même, dans le salon bleu. Alors, bien, l'octroi des blocs
d'énergie, c'est sûr que c'est un sujet très sensible parce qu'on est dans une
phase de resserrement de l'offre énergétique. Puis c'est un resserrement, en
fait, qui est survenu du fait de plusieurs raisons. D'une part, on est dans un
contexte de transition énergétique qui fait en sorte de rehausser grandement la
demande pour des blocs d'énergie. Donc, ça, c'est un élément important parce qu'il y a de plus en plus, par exemple,
d'électrification des transports, de recours à l'électricité pour la production
des biens. Et je pense que, pour le
Québec, c'est sain, le recours accru à de l'électricité, parce qu'on en a, de
l'électricité, de l'électricité verte, et on doit absolument réduire
notre dépendance au pétrole.
Moi, j'ai été... je suis tombée en bas de ma
chaise, j'ai été vraiment sidérée d'apprendre qu'on dépensait pas moins de 10 milliards de dollars en énergie
fossile annuellement, au Québec, annuellement. 10 milliards. Alors, si on
réduit un tant soit peu notre dépendance au pétrole, eh bien, c'est de
l'argent qu'on va pouvoir investir ailleurs pour les Québécois, dans des
services publics destinés aux Québécois. Alors, il y a là un levier vraiment
incroyable, colossal de rehaussement de la qualité de vie
des Québécois. Et il faut vraiment oeuvrer à ce que cette transition
énergétique et cette conversion
énergétique... Et Dieu sait que ça fait maintenant partie, avec le projet de
loi n° 69, de ma mission, de la mission de la régie, de la mission d'Hydro-Québec,
de la mission du ministre de l'Environnement de promouvoir les conversions énergétiques.
Donc, il faut la mettre de l'avant, cette conversion et cette transition
énergétique.
En termes de
resserrement, il y a aussi eu, bien sûr, un investissement insuffisant de la
part d'Hydro-Québec dans des infrastructures pour générer une nouvelle
production énergétique. Il faut voir que, pendant plusieurs années, en fait, Hydro-Québec a fonctionné sur la base de croissance économique
à zéro. Alors, ça aussi, c'est assez sidérant. Or, il se trouve que, pendant plusieurs années, ça a
été le cas de figure, en fait, les prémisses avec lesquelles a travaillé
Hydro-Québec, zéro croissance économique au Québec pour les prochaines années.
Par conséquent, ils n'ont pas investi dans
l'accroissement d'une offre énergétique, et ça, ça a contribué grandement au
problème, dans le contexte où la transition s'en venait. Donc, manque de
vision de ce côté. D'autant plus que nous, comme gouvernement, on a travaillé à
faire en sorte d'avoir un très grand nombre de projets économiques qui soient
développés au Québec, déployés au Québec — et
là on y vient, donc, à votre question — et
ça fait en sorte qu'il y a une demande d'énergie qui est importante et qui vient s'ajouter, donc, à
celle qui prévalait déjà du fait de la transition énergétique.
• (21 h 30) •
Alors,
des projets économiques, on en a, on en a. Ne serait-ce que pour la filière
batterie, on n'a pas moins d'une centaine d'entreprises qui sont en
discussion avec le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
pour avoir accès à de l'énergie. Ça, c'est seulement la filière batterie. Et il
faut voir qu'il y a tout un autre nombre de secteurs stratégiques. Et je dois
dire que le secteur aéronautique, aérospatial et de la défense vont être
cruciaux dans le contexte géopolitique que
l'on connaît. Et je dois dire que je suis contente de voir que le nouveau
premier ministre canadien veut faire
en sorte, justement, qu'on se positionne rapidement. Alors, on va avoir besoin
rapidement d'accéder à des blocs d'énergie, justement, pour propulser
ces secteurs-là.
Donc, dans l'octroi
des blocs d'énergie, il va être important d'avoir un équilibre, un équilibre
entre des joueurs de différentes tailles,
entre des joueurs dans les zones urbaines, dans des zones rurales, entre des
joueurs québécois, établis déjà au
Québec, et étrangers. Je pense que la notion d'équilibre, elle est centrale,
puis je l'ai ramenée régulièrement dans mes interventions, parce qu'on
va avoir besoin, justement, d'avoir une diversité d'acteurs pour la suite des
choses.
Maintenant, qu'est-ce
qu'un joueur québécois? Qu'est-ce qu'une entreprise québécoise? Il y a là une
grande question. J'en ai souvent discuté
avec vous, même, député de Jacques-Cartier, avec, également, votre conjointe,
donc c'est un thème qui est récurrent. Qu'est-ce qu'une entreprise
québécoise? Eh bien, de notre point de vue, c'est une entreprise qui est
établie au Québec. À partir du moment où on alimente une entreprise qui est
établie au Québec, on se trouve à développer
des emplois, à soutenir des emplois, à promouvoir la création de nouveaux
emplois pour des Québécois, qui seront assumés par des Québécois. Alors,
je pense qu'elle est là, la notion. Et là-dessus je pense que le Parti libéral
a une perspective un peu nébuleuse, au sens
où, quand ça fait longtemps qu'une entreprise étrangère est établie au Québec,
là, ils peuvent concevoir que c'est une entreprise québécoise, mais, si
elle est arrivée on ne sait pas trop depuis combien d'années... mais, si elle est arrivée plus récemment, là, ce ne sont
plus des entreprises québécoises. Donc là, il y a une distinction qui
reste floue, dans ma perception, dans ma compréhension du positionnement du
Parti libéral.
Mais,
pour nous, à partir du moment où une entreprise est établie au Québec, on
considère qu'elle fait partie, donc, de la consommation québécoise et
donc des besoins du Québec, parce que ça contribue, voilà, à la création
d'emplois pour des Québécois, puis on veut s'assurer, bien sûr, que ce soient
des emplois, donc, qui soient à la fois structurants, qui soient bien rémunérés, qui nous permettent de nous positionner dans
des secteurs stratégiques. Donc, ça, ça fait partie des éléments que
l'on va considérer quand vient le temps d'octroyer des blocs d'énergie. Donc,
il y a toute une grille d'analyse sur les impacts, également, environnementaux,
les impacts sociaux, donc on prend en compte l'ensemble de ces dimensions-là lorsque vient le temps de faire
l'analyse, parce que, malheureusement, le contexte d'offre énergétique
resserrée dans lequel on se trouve nous amène à devoir faire des choix.
C'est sûr que tout le
monde préfère la période où on était dans l'abondance et tout le monde avait
accès à des mégawatts autant que faire se peut, autant que les besoins étaient
nombreux. On n'est plus dans cette logique-là, pour un certain temps du moins.
Il faut travailler sur la relance de l'offre énergétique et faire en sorte,
d'ici là, de choisir les projets qui sont
les plus porteurs pour le Québec, pour l'économie, pour l'environnement, pour
le développement social et pour la revitalisation des régions. Il y a
toutes ces considérations-là à prendre en compte. Avoir une diversité
régionale, aussi — je pense que je ne l'ai pas nommé — dans l'octroi des blocs énergétiques, c'est
sûr que ça, ça fait partie de la grille d'analyse, faire en sorte qu'il y ait
une diversité de régions qui puissent bénéficier des blocs d'énergie qui seront
développés.
Le Président (M. Benjamin) : Avant de poursuivre, donc, j'aimerais demander
aux collègues, afin de maximiser nos échanges, d'avoir des questions claires,
concises et aussi des réponses claires, concises aussi, question de maximiser
les échanges.
Étant donné, tout à
l'heure, Mme la ministre avait annoncé, au moment de présenter
l'article 48... avait annoncé aussi qu'elle présentait un amendement, je
vais lui demander de donner lecture à son amendement.
Mme Fréchette :
Alors, l'amendement, article 48, qui réfère à l'article 76 de la Loi
sur la Régie de l'énergie.
Alors, à
l'article 76 de la Loi sur la Régie de l'énergie proposé par
l'article 48 du projet de loi :
1° remplacer le
deuxième alinéa par les suivants :
«Malgré le premier
alinéa, un titulaire doit demander l'autorisation au ministre pour distribuer
de l'électricité à toute personne qui
demande une puissance d'au moins 50 kilowatts, dans le cas d'une demande
qui a pour objet un usage cryptographique appliqué aux chaînes de blocs
à des fins de minage de cryptomonnaie, ou d'au moins 5 mégawatts, dans le
cas de toute autre demande.
«Le gouvernement peut, par
règlement, déterminer d'autres cas et conditions dans lesquels un titulaire
doit demander l'autorisation au ministre pour distribuer l'électricité ou dans
lesquels le titulaire n'est pas tenu d'obtenir une autorisation en vertu du
deuxième alinéa.
«Avant de demander l'autorisation, un titulaire
autre que le distributeur d'électricité doit soumettre sa demande à ce dernier
afin qu'il procède à une analyse de la capacité technique pour effectuer le
raccordement et des retombées économiques et des impacts sociaux et
environnementaux de l'utilisation de l'électricité demandée. Le distributeur d'électricité formule une recommandation quant à
l'autorisation et aux conditions de celle-ci. La demande d'autorisation
de tout titulaire doit être accompagnée d'une telle analyse et d'une telle
recommandation du distributeur d'électricité.»;
2° remplacer, dans le troisième alinéa,
«délivrer l'autorisation,» par «rendre sa décision sur la demande, de la
recommandation du distributeur d'électricité et»;
3° insérer, après le troisième alinéa, le
suivant :
«Dans le cas
d'une demande visant une puissance pour laquelle une autorisation est requise
en vertu du deuxième alinéa jusqu'à 50 mégawatts et concernant un
consommateur dont l'établissement est déjà desservi par le réseau de
distribution du titulaire, le ministre doit
rendre sa décision dans les 15 jours ouvrables de la réception de la
recommandation du distributeur d'électricité.»;
4° insérer, à
la fin du sixième alinéa, «Le distributeur d'électricité peut exiger d'un autre
titulaire tout renseignement nécessaire à son analyse et à sa
recommandation.»
Donc, cet amendement vient modifier le nouvel
article 76 de la Loi sur la Régie de l'énergie proposé par l'article 48 du
projet de loi.
D'abord, l'amendement précise qu'un titulaire
d'un droit exclusif de distribution d'électricité doit obtenir l'autorisation de la ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie pour distribuer l'électricité à toute personne qui
demande une puissance d'au moins 50 kilowatts.
Dans le cas d'une demande qui a pour objet un
usage cryptographique appliqué aux chaînes de blocs à des fins de minage de cryptomonnaie, ou d'au moins cinq
mégawatts dans le cas de toute autre demande, le gouvernement pourra néanmoins déterminer par règlement d'autres cas et
conditions pour lesquels un titulaire doit demander une autorisation ou
dans lesquels il n'est pas tenu d'obtenir une autorisation.
Ensuite,
l'amendement prévoit que toute demande d'autorisation d'Hydro-Québec ou d'un
autre titulaire doit être accompagnée de l'analyse et de la
recommandation d'Hydro-Québec. L'analyse portera notamment sur les retombées
économiques et les impacts sociaux et environnementaux de l'utilisation de
l'électricité demandée. Hydro-Québec pourra, à cette fin, exiger d'un autre
titulaire tout renseignement nécessaire.
Enfin, l'amendement prévoit qu'avant de délivrer
une autorisation la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie tient compte notamment de la
recommandation d'Hydro-Québec. La ministre peut également tenir compte d'autres éléments, par exemple les orientations de
développement économique, tout comme les priorités du gouvernement. Et,
dans certains cas, la ministre devra rendre sa décision dans un délai de 15 jours.
Voilà qui complète, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
je reconnais, dans un premier temps, M. le député de Maurice-Richard.
• (21 h 40) •
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. D'abord, une question de clarification, Mme la ministre. Ça, ça
recoupe beaucoup, en fait, le pouvoir que s'était donné M. Fitzgibbon à
l'époque, où, en gros, c'est un pouvoir discrétionnaire ou, en tout cas, qui appartient à la ministre, d'autoriser ces
raccordements-là une fois qu'Hydro-Québec vous dit qu'ils sont capables
de les raccorder. C'est bien ça?
Le Président (M. Benjamin) : Oui.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Donc, M.
le Président, c'est un pouvoir, effectivement, qui s'inspire de ce qu'il y
avait initialement dans le projet de loi. Il se trouve que c'est un pouvoir
qu'on applique, en fait, depuis 2023, puis on a donc une certaine expérience de ce pouvoir-là. Et on est venus associer un
certain nombre de critères différents, pour l'exercice de ce pouvoir-là,
considérant l'expérience acquise depuis 2023.
M. Bouazzi : Est-ce que, de
cette expérience, il y a des choses qui vous paraissaient ne pas fonctionner?
Mme Fréchette : ...j'aimerais
partager. D'une part, il y a une chose qui est claire, c'est que c'est
important d'avoir cette capacité-là, de pouvoir décider qui pourra bénéficier
d'un certain nombre de volumes d'énergie, de blocs d'énergie, parce qu'on a des
entités similaires, dans le reste du Canada, qui n'ont pas cette possibilité-là
et qui se trouvent à devoir alimenter en
énergie des entreprises qui ne contribuent pas nécessairement au devenir
économique de la province, de l'État
et qui sont, par ailleurs, parfois des grands gourmands de mégawatts, et ça
fait en sorte que l'équivalent, mettons,
d'Hydro-Québec ailleurs n'est pas en mesure... ou le
gouvernement, plutôt, n'est pas en mesure de décider qui pourra
bénéficier de mégawatts, et par conséquent ils peuvent avoir, par exemple, une
demande de plusieurs centaines de mégawatts
pour une entreprise qui n'a pas un positionnement structurant dans un secteur
donné, mais qui, faute de capacité de
choisir, doit recevoir quand même les mégawatts demandés. Donc, d'une part,
c'est important d'avoir cette capacité-là dans le contexte actuel, parce que, voilà, on n'a pas des mégawatts pour
tous les besoins qui sont présents sur le territoire.
Alors, une
des choses qui a été acquise, apprise au cours des deux, trois années où ça a
été mis en place, c'est que, notamment, c'est important d'avoir un avis
de la part d'Hydro-Québec. On a l'habitude de penser à cet avis-là sur le plan technique, d'une
chose... d'une part, mais également sur d'autres dimensions, avoir l'avis
d'Hydro-Québec sur, donc, la
pertinence d'avoir l'octroi de mégawatts lorsqu'il s'agit de clients existants,
parce qu'il y a une forme de service à la clientèle, je vous dirais, qui vient avec le fait d'être déjà sur le
territoire québécois, d'avoir déjà un compte à soi, une relation avec
Hydro-Québec. Il y a une forme de service à la clientèle, je pense, qui est
attendue. S'il y a une entreprise qui est déjà
établie ici et qui a un projet de développement, de croissance, eh bien, je pense
que l'entreprise est comme en droit de
dire : Bien, moi, je suis déjà établie au Québec, donc il me semble que ça
devrait faire une différence, un peu, dans l'analyse.
Donc, ça, c'est une chose qu'on a développée
depuis, et puis également l'idée d'avoir des conditions, des conditions qui
soient associées à l'octroi de mégawatts, parce que, pour l'instant, on n'avait
pas la capacité, jusqu'à maintenant, d'avoir des conditions qui soient
associées à l'octroi de mégawatts. Or, dans un contexte de raréfaction des mégawatts, si on n'a pas de conditions et que
l'entreprise ne donne pas suite aux plans qu'elle avait déposés ou encore
est dans des délais complètement distincts, eh bien, il n'y a pas de prise pour
dire : Bien, écoutez, là, l'entente que l'on avait pour l'octroi des
mégawatts, elle est à revoir parce que vous n'avez pas rempli les conditions,
il n'y en a pas, de conditions, jusqu'à l'heure actuelle.
Alors là, on
voit comme étant importante la possibilité d'associer de telles conditions. À
quoi ça peut ressembler? Bien, ça peut être, notamment, par la création
d'emplois. L'entreprise dit : Moi, je vais créer 200 emplois;
parfait, on va le mettre comme une condition dans la lettre d'octroi des
mégawatts. Elle peut nous dire : Bien, je ne sais pas, je vais
adopter un processus à telle date, je vais avoir atteint tel rendement, telle
capacité de production; eh bien, si à la date indiquée il n'y a pas ce
développement-là, pour l'instant, il n'y a pas de capacité, donc, d'avoir une
discussion avec l'entreprise sur les mégawatts.
Donc, il y a
toutes sortes de conditions qui peuvent être associées à des ententes avec
l'amendement qui est proposé, et ça, ça fait partie des éléments qui ont
été... je dirais, des leçons apprises depuis 2023. Alors, c'est des exemples.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député.
M. Bouazzi : Mme la ministre, il y a
trois semaines, peut-être quatre, nous étions assis à peu près au même endroit, pendant les crédits, et je vous ai
demandé : Qu'est-ce qui assure que TES Canada ne va pas exporter le
résultat de son... de son hydrogène ou de son gaz à l'étranger, par exemple en
Allemagne?, et votre réponse était : Il y a des conditions associées aux blocs de mégawatts que nous leur
avons donnés. C'est quelle version de Mme la ministre que je dois croire,
Mme la ministre? On peut ou on ne peut pas
mettre des conditions, déjà? Est-ce que vous avez mis ou pas des conditions
à TES?
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Alors,
l'élément de différence, c'est qu'avec le projet de loi actuel on vient, je
dirais, renforcer la légalité de ces
conditions qui sont associées. Donc, il y a eu des endroits pour lesquels il y
a eu des conditions qui ont été énoncées, mais la force légale de ces
conditions-là n'est pas la même avec le projet de loi actuel. Là, on vient
vraiment se donner les bases solides pour faire respecter ces conditions.
M. Bouazzi : La
force légale des... Vous voulez dire, les conditions que vous avez mises à TES
sont illégales? Je ne comprends pas.
Le Président (M. Benjamin) :
...
Mme Fréchette : Oui. Oui,
alors, voilà, on confirme, en fait, avec le projet de loi, la possibilité
d'assortir des conditions à l'octroi des
mégawatts, on a une poignée, là, juridique claire qui est intégrée dans le
projet de loi. Donc, c'est ça, la différence.
M. Bouazzi : Donc, il n'y avait
pas de conditions pour TES, ou il y en avait? Et est-ce que ces conditions sont
contractuelles ou elles... Elles sont légales ou elles sont... Honnêtement, ce
n'était pas le but de ma question, parce que j'en
ai d'autres, mais je suis quand même «flabbergasté», si je peux me permettre
l'expérience... l'expression. On était comme ça, là, et puis vos réponses étaient beaucoup plus rapides : Il y a
des conditions associées aux mégawatts que nous avons données à TES pour
qu'elle n'exporte pas nos gisements éoliens à l'étranger. C'était rapide, là.
Et là vous êtes en train de me dire que vous
avez besoin d'un projet de loi pour mettre des conditions. Donc, il y a, oui ou
non, des conditions à TES Canada dans l'exploitation des gisements
éoliens du Québec?
Le Président (M. Benjamin) :
Mme la ministre.
• (21 h 50) •
Mme Fréchette : Je
dirais qu'on renforce, on renforce, avec le projet de loi. Donc, ça existait, il y en a qui ont été émises,
mais là on vient renforcer.
Le Président (M. Benjamin) : Ça
va, M. le député?
M. Bouazzi : Donc, sur les apprentissages que vous avez eus,
que ce pouvoir discrétionnaire le ministre s'est donné, est-ce que vous
n'avez pas... Parce qu'il y a plein de compagnies québécoises qui sont dans des
parcours de transition pour la carboneutralité. Ces compagnies-là,
quand elles se font refuser, beaucoup d'entre elles se sont fait refuser, n'ont aucune procédure d'appel. Est-ce qu'associer
un pouvoir aussi important l'accès à des blocs d'électricité, c'est... de
vie ou de mort pour des compagnies dans le...
En 2025, étant donné le parcours vers la carboneutralité, il ne vous est pas...
vous ne vous êtes pas dit : Il serait temps qu'on se dote d'une procédure
d'appel?
Mme Fréchette :
Alors, M. le Président, donc, en fait, c'est un processus qui peut être
relancé. Advenant qu'il y ait une entreprise qui a déposé une demande, qu'elle
n'ait pas été retenue, il y a possibilité pour l'entreprise de resoumettre une
demande. Donc, il faut modifier son projet. Bien sûr, on ne va pas redéposer la
même demande intégralement, à 100 %, et espérer que le résultat soit
différent, mais, s'il y a un réaménagement, une optimisation, par exemple, qui est proposée dans la seconde version
du projet, donc, il est possible de redéposer une demande, et ça va être
réétudié. Et la décarbonation, ça fait
partie des objectifs que l'on veut atteindre dans le cadre de la transition
énergétique, également le
développement économique, bien sûr, et moi, je suis d'avis que, dans le fond,
le plus souvent, on devrait essayer de viser ces deux objectifs-là, la
décarbonation et le développement économique.
Donc,
il y a des projets pour lesquels ça va être essentiellement de la
décarbonation, avec un maintien d'emplois qui sera mis de l'avant, et
ça, on en a, de ces projets-là. Il y en a d'autres qui vont faire davantage
dans le développement économique sans nécessairement avoir de la décarbonation.
Mais là où ces deux univers-là se rejoignent, je pense que c'est vraiment un élément qui doit être priorisé
par le gouvernement parce qu'on se trouve à cocher deux cases, parce qu'on
fait tout ça, entre autres, pour décarboner, mais, en même temps... voilà, s'il
n'y a pas possibilité, on va aller le faire dans
l'un ou dans l'autre, et, de ce côté-là, moi je pense qu'il y a là aussi un
équilibre à avoir. Mais, pour ce qui est de la procédure d'appel, donc,
je rappelle qu'il est possible pour une entreprise de resoumettre une demande,
et, voilà, elle sera réétudiée dans la mesure où il y aura des modifications.
Le Président
(M. Benjamin) : M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi :
Elle sera réétudiée dans la mesure où, un jour, il y aura des blocs de
disponibles. On s'entend qu'en ce moment il n'y en a pas, Mme la ministre.
C'est une drôle de manière de voir la saine gouvernance, donc, un pouvoir
extraordinaire. Je rappelle aux gens qui nous écoutent que votre prédécesseur,
en deux ans, a distribué 2 500 mégawatts
de puissance, ce qui est évalué par... Un des mémoires que nous avons reçus, de
M. Jean-François Blain, j'espère que vous l'avez lu, Mme la
ministre, évalue à 20 ans le coût de cette électricité-là. La différence
entre ce qu'ils vont payer et ce que nous
coûte la nouvelle électricité, c'est 22 milliards de dollars sur 20 ans,
à terme, 22 milliards de dollars.
Donc, pas de procédure
d'appel, un ministre qui peut distribuer comme il veut des blocs, des
compagnies qui sont dans la décarbonation, qui se font refuser. Est-ce que vous
considérez, par exemple, que les blocs que votre prédécesseur a alloués à
Northvolt participent à la décarbonation au Québec?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, merci, M. le Président. Écoutez, j'ai de la misère un peu à suivre le député de
Maurice-Richard, parce que c'est
exactement l'objet du projet de loi n° 69. Le rehaussement de l'offre
énergétique au Québec de telle sorte qu'on puisse offrir davantage de mégawatts
aux entreprises et aux communautés du Québec, c'est exactement le coeur de ce projet de loi. Alors, le député,
malheureusement, est d'avis que ce projet-là de... ce projet de loi là ne doit
pas être adopté.
Alors là, il faut
choisir : soit on travaille à augmenter l'offre et l'efficacité puis la
sobriété énergétique ou soit on ne dénonce
pas le fait que ce ne sont pas toutes les entreprises qui ont accès à des blocs
d'énergie. Si on veut atteindre cet
objectif-là de servir le plus grand nombre possible d'entreprises et de
communautés et de se montrer attrayants, notamment sur le plan énergétique,
parce que tout le monde est dans un processus de transition énergétique, il
faut être cohérents, là, il faut travailler à développer l'offre. Puis
je conviens que l'efficacité puis la sobriété énergétique, ça fait partie aussi
de nos objectifs, mais on ne pourra pas atteindre nos objectifs dans leur
ensemble si on ne met pas ça de l'avant clairement, également, le développement
de l'offre énergétique.
Donc, voilà, c'est ce
pour quoi on met exactement... vous mettez le doigt dessus, là, ce pour quoi on
met de l'avant ce projet de loi n° 69,
c'est parce que la demande, elle est forte, et c'est normal qu'elle soit forte,
et en plus elle répond aux critères que tous cherchent, de l'énergie verte et
propre. Alors, on travaille à accélérer les processus, et c'est exactement
ce pour quoi on a mis de l'avant un nouveau processus qui va nous permettre de
réduire, notamment, le processus d'approvisionnement, lequel prend actuellement
deux ans, minimum, deux ans, alors qu'on a des formes d'énergie qui pourraient
être déployées beaucoup plus rapidement que dans le temps où on n'avait que les
barrages hydroélectriques. Quand on s'en remet à l'éolien, quand on s'en remet
au solaire, on est vraiment dans des formes de développement énergétique qui
sont plus sur du court terme, et là on a la capacité non seulement d'avoir ces
formes d'énergie à plus court terme, mais en
plus de réduire les délais d'approvisionnement. Alors, en misant sur ces deux
axes-là, on va pouvoir résoudre le problème qu'évoque le député de Maurice-Richard beaucoup plus rapidement, tout en étant dans
l'énergie durable.
Le Président
(M. Benjamin) : M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi :
M. le Président, je comprends que Mme la ministre a un gros malaise avec
cet article. Tout ce qu'elle a dit ne... Oui?
Une voix : ...
M. Lévesque
(Chapleau) : ...clairement des intentions. La ministre
vient d'expliquer son point, je pense que c'était très clair.
Le
Président (M. Benjamin) : Je vais demander qu'on poursuive le débat. Merci.
Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bouazzi : La réponse très, très
longue de Mme la ministre, encore une fois, je pense que, si elle se représente, elle sera très bonne à faire du temps
dans l'opposition, parce qu'elle est très, très bonne à faire du temps, mais,
concrètement, il n'y a pas un mot, un mot, il n'y a pas un mot qui parlait de
l'article.
Des voix : ...
Le
Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le député de Maurice-Richard... M. le député de Maurice-Richard, je vais vous demander de poursuivre en toute prudence, s'il vous plaît.
Avec prudence, s'il vous plaît.
M. Bouazzi : Je
vais être prudent. Je sens que le malaise est généralisé. Il n'y a pas un mot,
il n'y a pas un mot de ce qu'a dit la ministre qui traite du pouvoir
discrétionnaire qu'elle se donne. Il n'y a... En tout respect, on va...
Le Président (M. Benjamin) : Un
instant. Un instant, s'il vous plaît. Allez-y.
M. Lévesque
(Chapleau) : Deux points. Le premier point, d'abord, on doit
toujours prendre la parole d'un collègue dans cette Chambre, on doit la
reconnaître, on doit accepter la réponse, donc, premier élément.
Puis également il n'y a personne ici, là, qui
veut faire du temps, tout le monde veut travailler pour bien faire un bon projet de loi, bien l'adopter, et
particulièrement la ministre, qui travaille très, très fort en ce sens-là tous
les jours, qui a fait
120 heures, on s'en souviendra, dans l'étude détaillée. Et donc on le sait
très, très bien, que la ministre travaille
fort, et ne veut pas faire du temps, et, au contraire, veut adopter au plus
grand...
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Merci, M. le leader adjoint du gouvernement, mais je ne constate pas ce
que vous avez constaté. Je vais demander au député de Maurice-Richard
de poursuivre, s'il vous plaît.
M. Bouazzi : Oui. Il n'y a pas
un mot de toute la réponse de la ministre qui revient au pouvoir
discrétionnaire dont elle s'est dotée et qui revient au même dont son
prédécesseur s'est doté. Il s'agit ici de saine gouvernance, et le problème,
c'est qu'il n'y a pas de procédure d'appel.
Les grilles
associées au fait qu'on accepte une compagnie plutôt qu'une autre, Mme la
ministre, on s'entend qu'elles ne sont pas publiques, elles n'ont pas
été rendues publiques par votre prédécesseur. Ce projet de loi ne les rend pas
publiques non plus, s'il y a des grilles, évidemment.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la ministre.
• (22 heures) •
Mme Fréchette : Oui, bien,
écoutez, est-ce que le député de Maurice-Richard
préférerait que l'on n'ait pas de droit de regard sur l'énergie qui sera
octroyée au cours des prochaines années jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus,
d'énergie, du tout? Ce serait très simple, hein? Puis il y en a qui sont aux
prises avec cette situation-là dans le reste du Canada, d'ailleurs, et qui nous disent : Mais comment faites-vous pour
allouer les mégawatts non pas à tout le monde, mais à ceux à qui c'est pertinent qu'on en alloue? Si on
n'avait pas de règles qui nous permettraient de choisir quelle entreprise
devrait avoir des mégawatts en fonction d'un certain nombre de critères
qui sont, vous les connaissez, environnementaux, retombées économiques,
retombées sociales... Donc, soit on se donne une grille d'analyse et on octroie
des mégawatts en fonction de cette grille
d'analyse qui répond à des critères d'intérêt public, soit on n'a rien et là on
a le risque de dilapider, de dilapider les mégawatts qu'il nous reste.
Advenant qu'on n'ait pas de règles, imaginons qu'on a cinq entreprises qui sont gourmandes, chacune à leur façon, des
entreprises de cryptomonnaie qui veulent toutes 300 mégawatts, et là on va
allouer trois fois... 300 mégawatts fois cinq à des entreprises de
cryptomonnaie puis on n'aura pas un mot à dire. Combien d'emplois on aura
créés? Quelles retombées économiques et sociales aura-t-on générées? J'ai de la
misère à trouver, mais, par ailleurs, on aura dilapidé un nombre important de
mégawatts. Donc, il y en a qui sont pris avec cette situation-là dans le reste
du Canada. On a des échanges avec eux, et ça nous montre qu'il nous faut une
grille d'analyse, et il faut un ultime
responsable. Il se trouve que, dans un gouvernement, bien, c'est le genre de
responsabilité qu'on peut assumer.
Encore faut-il que ça cadre avec des grilles d'analyse, et puis c'est ce qu'on
s'est donné comme formule, comme mode
de fonctionnement. Et l'alternative, franchement, si c'est ça qui intéresse le
député de Maurice-Richard, j'aimerais qu'il nous explique la logique.
M. Bouazzi : C'est très bien.
Vous remarquerez qu'à aucun moment je n'ai dit qu'il ne devait pas y avoir un droit de regard. Au contraire, je pense qu'il faut
effectivement diriger, planifier l'économie du Québec pour
pouvoir la sortir de la consommation de gaz fossile et de la préparer en fonction
de la transition juste, respectueuse des travailleuses, des travailleurs pour qu'ils ne perdent pas leurs
jobs et qu'ils puissent imaginer un avenir meilleur dans une planète qu'on
veut léguer à nos prochaines générations.
Je comprends que, Mme la ministre,
vous parlez de grille d'analyse, de carboneutralité. Vous avez déclaré, il y a quelques
semaines, qu'une de vos priorités, ce serait d'investir dans l'industrie
militaire. À combien vous évaluez les baisses de CO2 pour
l'industrie militaire au Québec, Mme la ministre?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Écoutez, M. le Président, vous êtes... Le député de Maurice-Richard est
vraiment dans une question très précise et
spécifique pour un processus qui est, pour l'instant, naissant. Alors, on n'est
pas à calculer le nombre d'émissions en moins qu'on générerait, on est à
évaluer quel pourrait être notre positionnement dans le domaine de la défense. Parce que c'est un domaine qui,
reconnaissons-le, dans le contexte géopolitique actuel, prend une tout autre
dimension en termes d'importance stratégique. Et il se trouve qu'au
Canada il y a une volonté, d'une part, de rehausser notre contribution au
budget de l'OTAN à 2 % du PIB. Et ça, avec le nouveau premier ministre
Carney, je pense que cette volonté-là va être... va se réaliser à relativement
brève échéance, en tout cas, suivant ce que j'en perçois et ce que j'en
entends. Et il se trouve qu'au Canada, bien, c'est le Grand Montréal et le
Québec qui avons l'expertise, les talents dans le domaine aéronautique et
aérospatial. C'est ici que ça se passe. Alors, je pense qu'il y a un
positionnement pour qui veut voir le Québec
se déployer, se développer dans des secteurs, voilà, avec des emplois bien
rémunérés, porteurs, qui généreront de la croissance sur plusieurs
années. Je pense qu'il y a là un positionnement à occuper. Encore faut-il que
l'on connaisse bien nos forces et nos faiblesses.
Donc
là, il faut y avoir... Il faut avoir une cartographie de ce qui nous caractérise,
puis ça dépasse bien largement, là, le secteur aéronautique directement.
Ça vient chercher aussi tout ce qui se passe en cybersécurité, technologies de
l'information. En simulation, je pense à CAE, par exemple, CGI peut être mis à
contribution, tout ce qui se passe dans le...
dans les technologies quantiques, également dans l'intelligence artificielle.
On a là des zones d'innovation que notre gouvernement a mises en place
qui vont pouvoir se greffer à ce tout nouveau secteur. Mais, comme je le rappelle,
on n'en est pas à identifier le nombre de GES en moins qu'on va générer, là, on
est loin de ça. Il faut, par ailleurs, discuter avec le fédéral, parce que c'est le fédéral qui va avoir le gros bout du
bâton dans l'octroi des contrats, mais il faut aussi, d'une part, se
structurer.
Puis, quand j'ai été
en Europe, j'ai été deux fois en mission en Europe depuis janvier et, aux deux
occasions, on m'a fait part que le Québec et le Canada étaient pour eux des
partenaires fiables, stables, avec qui ils auront intérêt à travailler dans le
domaine de la défense, parce que l'Union européenne veut dépenser
800 milliards d'euros en termes de
défense. On est carrément dans un processus de réarmement de l'Europe, et je
pense que le Québec, encore là, on peut contribuer à cet effort-là parce que,
ils nous le disent, ils ne pourront pas répondre à l'ensemble de ces besoins-là
seuls.
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
si vous permettez, M. le député de Maurice-Richard, question de
favoriser un peu d'équité...
Une voix :
...
Le Président
(M. Benjamin) : Donc, allez-y. Allez-y, M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi :
...rapidement. D'abord, de ce que je comprends, donc, vous allez allouer des
blocs à l'industrie de l'armement. Je
rappelle que l'industrie de l'armement est un producteur net de CO2 et que les armées, si elles étaient un pays, elles seraient le quatrième producteur de CO2 dans le monde, juste après la Chine, les États-Unis et l'Inde. Et c'est
donc bien triste qu'on prenne l'exemple des baisses de CO2 en
continu quand on sait qu'en fin de compte c'est juste des opportunités pour ce
supermonde capitaliste, qui est en train de démolir tout ce qui est vivant, en
fait...
M. Lévesque
(Chapleau) : ...complètement hors d'ordre, on est... Je veux soulever
la règle de la pertinence, actuellement. On
dérive sur le sujet, actuellement, puis je vous demanderais, peut-être, de
passer, justement, au prochain député, là, parce qu'au niveau de la
pertinence...
Le Président (M. Benjamin) : ...une
prémisse à sa question. Donc, je vais... je vais écouter M. le député de
Maurice-Richard. Allez-y, M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Oui. Si on peut inviter
le cher leader d'évoquer quel règlement. Parce que je comprends que des gens nous
bâillonnent, dans cette démocratie. Si c'est, en plus, pour nous faire taire...
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Maurice-Richard, M. le député de Maurice-Richard, je vais vous
demander de vous recentrer sur le débat, s'il vous plaît. Merci.
M. Bouazzi : Et donc, pour conclure,
pour conclure, rien dans ce qu'a dit Mme la ministre ne peut nous éviter qu'un
ministre mette des critères sur mesure qu'on ne connaîtra jamais, des grilles
que personne ne verra, ni la concurrence dans l'industrie ni les Québécoises et
Québécois, les citoyennes et citoyens, et ça, ça ouvre la porte à toutes sortes
de dérives, ça ouvre... Il n'y a rien qui
empêche un ministre d'aller à la chasse aux faisans, de faire des règles sur
mesure pour donner des contrats aux gens avec lesquels il passe des vacances
sur une île, rien. Et donc j'invite... j'invite à une meilleure...
Des voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Un instant, un instant.
Des voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : Un
instant, un instant, un instant. M. le député de Maurice-Richard, un instant.
Allez-y, M. le leader. Je vais vous écouter une dernière fois là-dessus.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Bien, c'est complètement hors d'ordre. Je
vais soulever la règle de la pertinence. On dérive complètement. Le
député dérive, actuellement, dans ses propos. Je vous invite à revenir à
l'étude du projet de loi et je vous invite à passer au prochain intervenant, le
prochain député.
Le
Président (M. Benjamin) : M. le député de Maurice-Richard, je vais vous
demander, s'il vous plaît, de revenir au débat. Donc, vous m'aviez demandé deux
minutes pour terminer. Allez-y, le plus que possible vers une question,
si vous en avez une.
M. Bouazzi : Et le débat, là,
c'est que ce projet de... cet article permet à un ministre de distribuer des
mégawatts à qui il veut, avec des critères qui ne sont pas publics, sans
procédure d'appel. Et, si les gens en face ne veulent pas entendre parler de
corruption alors que c'est notre job d'imaginer des lois qui évitent...
Des voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : Je
comprends... Monsieur...
M. Bouazzi : Depuis quand...
Des voix : ...
Le
Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. le député de Maurice-Richard, allez-y.
Vous aviez demandé deux minutes. Nous sommes... Allez-y, s'il vous plaît,
terminez. Et j'inviterais les collègues, s'il vous plaît, à ne pas
frapper les pupitres, s'il vous plaît. Merci. Décorum.
M. Bouazzi : C'est notre job,
chers...
Le
Président (M. Benjamin) :
Allez-y, M. le député de Maurice-Richard. Allez-y vers une question, s'il vous
plaît.
M. Bouazzi : C'est
notre job, chers collègues, de mettre en place des lois et des garde-fous pour
éviter la corruption, et, si ça gêne les personnes qui nous écoutent, il
y a, donc, bien un problème. On est en train de parler de gouvernance pour
distribuer des mégawatts qui appartiennent aux Québécoises et aux Québécois,
ils n'appartiennent pas au ministre. Et j'entends le malaise...
Le Président (M. Benjamin) : En
conclusion, M. le député.
M. Bouazzi : ...et j'en
comprends le malaise, et c'est donc bien triste, c'est donc bien triste.
Le Président (M. Benjamin) : Parfait.
Merci.
Des voix : ...
Le
Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Merci. Donc, si... Mme la ministre, si vous souhaitez commenter,
répondre? Allez-y.
Mme Fréchette : Bien, écoutez,
M. le député parle de procédure d'appel. J'ai bien expliqué qu'on peut
resoumettre — il
n'y a pas de limite — un
projet donné. S'il a été modifié, il va être reconsidéré, il va être traité
différemment.
Et puis j'entends le député qui veut des
critères mais dénonce le fait qu'il y a des critères. Alors là, à un moment
donné, il faut choisir, il faut faire dans la cohérence. Si on veut bien
distribuer les mégawatts, qui ne sont pas infinis, eh bien, il va falloir avoir des critères. Et il se trouve qu'un
gouvernement, bien, c'est là pour assumer des responsabilités au niveau de l'intérêt public, et c'est exactement
ce qu'on fait avec les critères que l'on s'est donnés, que vous connaissez,
et c'est ce avec quoi on travaille.
Alors, maintenant, si vous avez des critères
différents que vous aimeriez mettre de l'avant, bien, je veux les entendre, mais nous, on travaille sur les
retombées économiques, sociales et environnementales. C'est les trois types de
critères que l'on s'est donnés. Et, bien sûr, la capacité technique vient
influencer aussi les décisions.
Donc,
si vous avez un mode de fonctionnement différent, bien, partagez-nous-le, mais
là vous ne pouvez pas dire qu'il faut des
critères mais il n'y a pas de ministre qui peut gérer des critères parce que...
parce que... je n'ai pas trop saisi.
Donc, à un moment donné, voilà, ça prend une méthode pour oeuvrer à l'intérêt
public, et c'est la méthode qu'on a. On s'est donné des critères et puis
on fonctionne avec ça pour l'octroi des mégawatts.
Le Président (M. Benjamin) : Je
vais maintenant, si vous permettez... Maintenant, je cède la parole à M. le
député de Jean-Talon.
M. Bouazzi :
...
Le Président
(M. Benjamin) : M. le député de Maurice-Richard, s'il vous plaît!
Je vous ai accordé une minute d'intervention. Maintenant, c'est au tour de M.
le député de Jean-Talon, si vous souhaitez intervenir.
• (22 h 10) •
M. Paradis :
Merci, M. le Président. Bon, tiens, je vais... on va parler d'amour, parce que
ce soir l'amour est dans nos yeux, mais demain matin...
Une voix :
M'aimeras-tu un peu?
M. Paradis :
Moi, j'aime mieux en français. Non, mais c'est parce que c'est vrai, j'ai senti
que l'amour était dans les yeux de la
ministre, tout à l'heure, lorsqu'elle a parlé de Mark Carney, parce qu'on est
en train de parler de l'octroi...
Des voix :
...
M. Paradis :
Ce soir l'amour est dans tes yeux... Non, mais on a parlé... on parle des blocs
d'énergie, on parle des blocs d'énergie, et
c'est une ressource absolument essentielle à l'économie québécoise. Et, quand
on a présenté le premier article, avant d'aller aux amendements, l'amour... la
ministre, la ministre a parlé de Mark Carney puis a vanté ses louanges.
Je voudrais quand même noter que je trouve ça particulier, alors que Mark
Carney vient de parler d'une seule économie et qu'on est en train de parler de
l'octroi de nos blocs d'énergie, on vante le fait que Mark Carney va nous
donner un coup de main là-dessus. Pour un gouvernement autonomiste, je trouve
ça assez particulier, alors que ça a été au
coeur des enjeux qui concernent notre économie québécoise, dans l'intérêt de
l'économie québécoise, qu'on trouve le
moyen de participer aux louanges de Mark Carney. À ce moment-ci de nos débats,
ça me surprend énormément. Fin de la parenthèse.
Maintenant
que les amendements sont présentés, j'aimerais, de nouveau, souligner à quel
point les amendements ont changé radicalement cet article. Alors, encore
une fois, depuis un an, on avait un article, puis là, dans les derniers jours, on reçoit des amendements qui changent
radicalement le sens, mais dans un objectif, dans une visée, puis c'est de ça
dont j'aimerais parler avec la ministre, qu'il n'y ait pas grand-chose qui
change, en réalité, par rapport à ce qui s'est passé dans les dernières années
dans l'octroi des précieux blocs d'énergie.
Donc, les blocs
d'énergie, de quoi parle-t-on? C'est-à-dire que, donc, Hydro-Québec produit de
l'énergie, de l'électricité et que... alors qu'il y a quelques années on
nageait dans les surplus, il y en avait tellement qu'on a dit : On va l'exporter, là, on est arrivé dans des années
où il y en avait moins. Et donc il y a des entreprises d'ici, des PME qui ont
besoin d'électricité pour produire, pour faire rouler notre économie, pour
créer des emplois puis qui n'ont pas d'accès. Donc,
qui a l'électricité, qui peut se connecter au réseau d'Hydro-Québec, c'est
essentiel à notre économie, j'aimerais préciser que c'est de ça dont on parle
quand on parle des blocs d'énergie. Et ça, c'est l'article qui va déterminer
comment sont octroyés les blocs d'énergie.
Jusqu'à maintenant,
mes collègues l'ont mentionné, il n'y en avait pas, de critère, et on ne sait
pas pourquoi, comment, quand exactement,
même, les blocs d'énergie ont été octroyés dans les dernières années. Plusieurs
ont parlé du pif de l'ancien
ministre, mais ce qu'on sait, c'est qu'il n'y avait pas de critère, et c'est
une question qui a été constamment posée ici, en Chambre, et on n'a
jamais eu de réponse là-dessus. Ça ne changera pas beaucoup.
Avec
cet article 76 tel que modifié, le gouvernement et Hydro-Québec, qui, on
le voit depuis quelques semaines, marchent main dans la main, puis, là
aussi, il y a l'air d'y avoir beaucoup d'amour dans l'air, vont décider de ce
qui se passe. Parce que, là, on a parlé de critères, mais j'aimerais savoir,
donc c'est ma première question, où dans l'article, actuellement, c'est écrit,
là, noir sur blanc, je veux savoir, qu'il va y avoir des critères, qu'il y a
une obligation du gouvernement de mettre en
place une liste de critères, de conditions, de les publiciser pour que tout le
monde au Québec comprenne à qui sont
attribués les précieux blocs d'énergie et selon quels critères. C'est écrit où
que c'est... Noir sur blanc, je veux savoir où, dans l'article, c'est
écrit ça.
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, oui, M. le Président, bien, écoutez,
permettez que je remette... que je revienne, plutôt, sur ma première intervention, là. Nous, on est là pour faire des gains
pour le Québec, on va aller chercher des gains pour le Québec à Ottawa.
Le Parti québécois va s'assurer d'aller chercher le trouble. Nous autres, on va
aller chercher des gains. Et, dans le
domaine de la défense, c'est un des exemples dans lequel, si on ne travaille
pas avec le fédéral, si on n'est pas
en mesure de travailler avec eux... Je comprends que le Parti québécois n'est
pas en mesure de travailler avec eux, ils ont même de la misère à travailler avec le Bloc québécois, donc, nous, on est capables de travailler avec le fédéral et on va
aller chercher des gains.
En
défense, si on ne travaille pas avec le fédéral, on n'ira pas bien loin. C'est
eux qui ont la possibilité d'octroyer des contrats, de nous ouvrir des portes,
si on veut travailler, par exemple, avec des pays de l'Union européenne.
Alors, c'est sûr que cette collaboration-là avec
le fédéral, elle va être présente, et il se trouve que j'ai parlé dans un... déjà avec mon homologue, Mélanie Joly.
Ça s'est bien passé. Il y avait moyen de trouver des points de convergence.
Donc, on va travailler là-dessus pour faire en sorte d'amener, au Québec, des
retombées. Puis je pense que l'intention qui a été émise, en début de semaine,
du gouvernement canadien par rapport à l'idée de contribuer au développement de
corridors énergétiques entre le Québec et Terre-Neuve, c'est tout un
changement. Le Québec n'a pas eu, jusqu'à maintenant, de financement en
provenance du fédéral pour des projets énergétiques menés par Hydro-Québec.
Nous, on a
été capables d'aller chercher cette entente-là avec Terre-Neuve, une entente
qui va nous assurer l'accès à de l'énergie pour 50 ans à un prix
hypercompétitif, et là on a le fédéral qui vient nous dire qu'il pourrait être
intéressé à financer le développement du renforcement de ce corridor
énergétique. Bien, c'est fantastique. Bien, alors, on va travailler pour faire en sorte que ça se réalise
et que ça survienne. Je comprends que le Parti québécois, ça ne les intéresse
pas, mais nous, on pense que c'est des gains
importants pour le Québec qui sont là et on va travailler pour faire en sorte
de les obtenir, ces gains-là.
Alors, je reviens sur la question concernant les
critères. Donc, comme je vous indiquais, il est essentiel d'avoir des critères, et, nous, ils tournent autour des
retombées économiques, sociales et environnementales. Donc, dans l'amendement
qui a été soumis, on retrouve, au sixième alinéa, ce qui suit :
«Si le ministre est d'avis que le titulaire ne
possède pas les capacités techniques pour effectuer le raccordement, il doit rejeter la demande. Dans le cas contraire — donc
s'il n'y a pas d'empêchement au niveau des capacités techniques — il tient compte notamment, avant de rendre sa
décision sur la demande, de la recommandation du distributeur d'électricité et des
retombées économiques et des impacts sociaux et environnementaux de
l'utilisation de l'électricité demandée.»
Alors, on retrouve ici l'idée qu'Hydro-Québec
devra faire une analyse des capacités techniques. Si les capacités techniques
ne sont pas au rendez-vous, bien, on n'ira pas plus loin dans l'analyse. On ne
va pas se taper les analyses, avec les retombées économiques, sociales,
environnementales, si on sait d'emblée que les capacités techniques ne sont pas là. Bon, certes, Hydro peut travailler pour
faire en sorte de rehausser les capacités techniques, mais ce que je découvre,
au fil des mois et des dossiers, c'est que
le rehaussement de ses capacités techniques, bien, ça requiert souvent un temps
quand même assez important. Donc, il faut, voilà, réviser ses capacités
techniques avant de pouvoir aller plus loin. Et, dans la mesure où elles sont au rendez-vous, eh bien, là, ils devront...
il devra être tenu compte des retombées économiques, des retombées
sociales et environnementales des projets pour voir si c'est justifié
d'octroyer l'électricité demandée.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Alors, en fait,
quand on parle d'obligation d'avoir des critères et de les publiciser, j'ai
posé la question : Où c'est écrit dans
l'article? La réponse, c'est que ce n'est écrit nulle part dans l'article. La
ministre se rabat sur des termes généraux, de dire qu'on va évaluer,
puis on va y arriver plus tard, on va évaluer les impacts sociaux et environnementaux et les retombées économiques.
Quelles retombées économiques? Comment on les évalue? Qu'est-ce qu'on recherche
localement, nationalement, au Québec? Quels critères on considère pour
l'environnement? Zéro, ce n'est pas précisé. Puis qu'on va être obligés
de publiciser comment on choisit, est-ce qu'il y a une grille d'analyse? Ce
n'est écrit nulle part.
Donc, les changements, beaucoup, beaucoup de
texte, puis on va voir ce que ça change vraiment, mais, sur la capacité des
Québécois de comprendre comment sont octroyés les précieux blocs d'énergie, on
n'a rien de plus avec cet article-là, c'est le même régime, où il y a peu ou
pas de transparence. Ce n'est pas dit nulle part, que ça va être publié, ce
n'est pas dit nulle part comment ça va être fait. Et là je vous rappelle que
c'est dans un contexte où on vient d'adopter
un autre article qui dit qu'il y a des milliards de contrats qui vont être
octroyés désormais sans appel d'offres au Québec. Puis là, maintenant, ça,
c'est pour les contrats, par exemple, d'approvisionnement en électricité, et
l'ensemble des contrats d'Hydro-Québec, on en prévoit pour 200 milliards,
puis il y en a plein, maintenant, pas d'appel d'offres, moins de
transparence, moins de contrôle, etc.
• (22 h 20) •
Ici, c'est la même chose. Là, on parle des blocs
d'énergie, qui va pouvoir se brancher, moins de transparence. Et, encore une fois, là, la ministre répond puis
elle revient encore avec Mark Carney. Alors qu'on est en train de se dire qu'il n'y a
pas de critère, elle vient encore mélanger ça, là. Un gouvernement autonomiste
nous dit : Aïe! nous autres, on va marcher main dans la main avec
le gouvernement fédéral. La même ministre dont l'ancien portefeuille était l'immigration, et elle sait très bien que son
premier ministre a dit : Ça nous prend des gains là-dedans, elle en a eu
zéro. Là, elle vient... Maintenant, elle est dans l'énergie puis elle
dit : Ah! quand on va faire face à Mark Carney, on va obtenir des gains. Le même gouvernement qui a zéro gain
sur son programme nationaliste, là, les pouvoirs qu'il va aller chercher
puis l'autonomie, zéro gain, on a fait le
bilan l'autre jour ici, à l'Assemblée nationale, zéro, il n'y en a pas. Ça fait
que, là, elle nous dit que, là, quand
on va parler de nos blocs d'énergie, on va être main dans la main avec Mark
Carney, qui nous a annoncé que, désormais, il n'y a plus 13 économies au
Canada, il n'y en a qu'une seule... C'est ça, un gouvernement
nationaliste? C'est ça, un gouvernement autonomiste? C'est... ça... Je suis
très préoccupé.
Par ailleurs, j'ai hâte de voir comment tout ça
va cadrer avec l'article 54 de la loi sur l'énergie, qui dit bien que tous les contrats puis toutes les ententes qui
contiennent des stipulations qui sont contraires à ce que la régie a déjà
décidé ou qui sont des tarifs qui sont déjà fixés... Je serais curieux,
moi, de voir ces ententes-là, mais il n'y en a pas, de disposition de transparence. Donc, tout ça pour vous dire qu'il y a des
dispositions qui s'appliquent, puis on le ne sait pas, quel effet elles
vont avoir ici.
Bon. Après ça, la ministre a
dit : Oui, oui, mais là on va analyser, là, on va regarder ça, là, les
capacités techniques, notamment de raccordement, parce que c'est ça
qu'il dit, là : Le ministre va pouvoir rejeter des demandes s'ils n'ont pas
la technique pour effectuer le raccordement. Là, je pose une question très
factuelle, qui ne devrait pas nécessiter 62 paragraphes de réponse. Je
veux savoir : Combien y a-t-il d'experts au ministère de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie en capacité technique de raccordement? Combien
d'experts avez-vous au ministère auprès de vous?
Le Président
(M. Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui. Merci, M. le Président. Bien, écoutez, M. le député de Jean-Talon indique
que je parle du premier ministre Carney,
mais je rappelle que, dans son intervention, il l'a fait lui-même, alors
j'étais en réponse à son intervention,
à son commentaire suite à la question que j'avais eue sur la défense, et puis
voilà. Quand on parle de défense au Canada, il se trouve qu'on doit
parler avec le fédéral, parce que, si on parle juste entre Québécois, bien,
dans le domaine de la défense, on n'ira pas très loin. Ça, j'imagine que le
député de Jean-Talon est bien conscient de ça.
Et, quand il rappelle
qu'à l'Immigration on n'a eu aucun gain, bien, permettez-moi d'être en profond
désaccord. Voulez-vous que... Voulez-vous
que je vous en nomme un seul? On a fait fermer le chemin Roxham, on a contribué
à faire fermer le chemin Roxham, et Dieu sait que ce n'est pas à cause
des propositions du Parti québécois que ça a été fermé. Savez-vous c'était quoi, leur proposition? Ils voulaient distribuer des
tracts indiquant qu'il n'y avait plus de place au Québec.
Le Président
(M. Benjamin) : Un instant, s'il vous plaît.
M. Kelley :
...sortir de la...
M. Lévesque
(Chapleau) : ...
Le Président (M. Benjamin) : Oui.
J'aimerais... S'il vous plaît, M. le leader adjoint du gouvernement,
rapidement.
M. Lévesque (Chapleau) :
Oui. On a laissé, justement, le député du Parti québécois intervenir sur
cette question-là, puis il est allé dans ce
sens-là, on l'a laissé aller. Il était un petit peu hors d'ordre, mais bon, on
l'a laissé faire, il n'était pas dans
la pertinence, mais, si la ministre veut répondre au moins quelques petites
lignes, elle peut le faire sur cette question-là.
Le Président
(M. Benjamin) : J'ai laissé aller à la fois M. le député de
Jean-Talon et Mme la...
Mme Fréchette :
Bien, permettez que je réponde, parce qu'il m'a interpelée sur ce point-là.
Le Président (M. Benjamin) : Bien,
je pense que je vous ai laissé aller un petit peu, Mme la ministre, sur l'enjeu
de l'immigration. Je vais vous demander,
s'il vous plaît, de revenir au débat, s'il vous plaît. Merci. Allez-y sur le
débat, sur le projet de loi.
Mme Fréchette :
Sur le débat, mais j'étais sur la question aussi, il y avait une
question... déclinaisons multiples, donc,
pour rappeler, voilà, ce qui s'est passé au niveau du chemin Roxham quand
j'étais à l'Immigration, et voilà. Ce
n'est pas l'idée de distribuer des tracts indiquant qu'il n'y avait plus de
place au Québec qui a fait la différence dans ce débat-là, hein? Je
pense que l'avocat de Jean-Talon en est bien conscient, et député.
Donc, au niveau des
critères, alors, on nous dit qu'on n'en a pas, de critère, que c'est nébuleux,
qu'on ne sait absolument pas comment ça
fonctionne. Alors, j'invite le député de Jean-Talon à consulter le site Web qui
expose depuis... depuis fort longtemps, en fait, les critères qui sont requis
pour l'analyse, en fait, pour la recevabilité des propositions que l'on reçoit pour l'obtention de mégawatts. Alors,
en termes de retombées économiques, ça, c'est une des grandes catégories. On
va regarder les investissements, les dépenses de l'entreprise au Québec, les
dépenses d'exploitation, les dépenses d'investissement en capital, les courants
d'approvisionnement d'électricité, le nombre d'emplois, les salaires de ces emplois, les dépenses en infrastructures, en
équipements, en services, en intrants et autres. Au niveau environnemental, on indique
que seront analysés le niveau d'écoulement de la production dans les secteurs
prioritaires, la réduction des gaz à effet
de serre qui est anticipée, le niveau de certitude qui est lié à la
consommation locale. Je suis toujours sur le site Web.
En termes de
retombées sociales et coûts-bénéfices socioéconomiques, on va étudier notamment
l'acceptabilité sociale du projet par le
milieu, ses effets structurants également sur le milieu, tels que celles sur la
chaîne de valeur au Québec, les effets sur les fournisseurs locaux, les
normes environnementales, sociales et de gouvernance. Et, pour l'évaluation du
niveau d'acceptabilité, on va regarder, du côté des promoteurs, quels sont les
démarches qui ont été réalisées et l'appui qui a été reçu auprès du milieu
d'accueil. Pour l'évaluation des effets structurants, les promoteurs doivent
présenter leur intégration dans la chaîne de valeur québécoise et leurs
maillages avec des fournisseurs locaux. Et, pour les normes ESG, les promoteurs doivent présenter leurs engagements en
lien avec les normes ESG et les mesures. Alors, je pense que les
critères sont quand même assez multiples, nombreux, diversifiés, complets et
qui visent l'intérêt public.
Maintenant, pourquoi
est-ce qu'on ne met pas les indicateurs à atteindre en lien avec ces
critères-là? Bien, parce que, M. le
Président, on travaille sur une loi qui va devoir encadrer l'évolution du
secteur. Pendant 20 ans, 25 ans, 35 ans? On verra. Mais
on ne va tout de même pas indiquer quels seront les critères, les indicateurs à
atteindre pour obtenir des mégawatts. On ne va pas s'engager pour les 25,
35 prochaines années sur des indicateurs donnés. Ça, je pense que ça
relève du gouvernement. Et, par conséquent, ça va évoluer dans le temps.
Alors, c'est tout à fait
normal que l'on ne retrouve pas ces critères spécifiques quantifiables dans la
loi, parce qu'on mentionne le type de critères globaux qui sont à prendre en
considération, on les décline sur le site Web, et chaque gouvernement, ensuite, va élaborer ses propres indicateurs, qui
vont évoluer, assurément, au fil du temps, c'est tout à fait normal.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. En conclusion.
Mme Fréchette : Je pense que la
situation, particulièrement en termes de changements climatiques, évolue à
vitesse grand V. Donc, voilà. Ça va évoluer dans toutes sortes de sens.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Imaginez donc. La
question, c'était : Combien d'experts en capacité technique de
raccordement au ministère? On n'a pas eu de réponse parce qu'en fait à peu près
tout le monde dans le domaine de l'énergie sait qu'il n'y a pas d'expertise au ministère en capacité technique de
raccordement. Et je demande la... je pose la question parce que
l'article est fait de telle sorte que le ministre... la ministre doit décider
si quelqu'un possède la capacité technique pour
effectuer un raccordement pour rejeter ou accepter une demande après avoir
obtenu l'opinion d'Hydro-Québec, où, là,
j'imagine, eh oui, il y en a, de l'expertise en raccordement. Donc, ça veut
dire qu'en réalité, vu que le ministère n'a pas d'expertise, c'est Hydro-Québec qui va décider de ces questions-là en envoyant
ses recommandations. Ça prend toute une équipe pour décider ça, là, des
questions comme ça, à moins que vous soyez capable de me trouver la réponse.
Et là ce qui est encore mieux, c'est qu'on
dit : Hydro-Québec va avoir tout le temps du monde pour se préparer, puis faire son évaluation, puis regarder quelle
PME, puis là comment on va mettre ça. Puis Hydro-Québec... Après ça, le
ministère va avoir 15 jours,
15 jours pour décider. Hydro-Québec, tout le temps du monde, le ministère,
15 jours, quand il s'agit de clients qui sont déjà des clients d'Hydro-Québec. Donc, on a débalancé ça pour favoriser Hydro-Québec. Donc, en réalité, ici, quand on dit : C'est la
main invisible d'Hydro-Québec, c'est Hydro-Québec qui va décider.
À l'inverse, ce qu'il y a d'extraordinaire, et
c'est là que c'est fait tout à l'envers, c'est qu'on va demander à Hydro-Québec
d'analyser la question des retombées économiques et des impacts sociaux et
environnementaux. La loi, l'amendement que la ministre nous propose dit que,
quand il s'agit de l'avenir économique du Québec, quelle PME on choisit par rapport à quelle autre PME, quel
secteur on va favoriser, dans quelle région on s'en va, si c'est bon ou non
pour l'environnement, si c'est bon ou pas pour la société québécoise, c'est Hydro-Québec
qui va lui dire ça. Mais qui est Hydro-Québec pour décider de l'avenir économique du Québec? Avec tout le respect que
j'ai, vous le savez par ailleurs, sur le rôle d'Hydro-Québec, comment ça
se fait qu'on a bâti un amendement comme ça?
• (22 h 30) •
Donc, on envoie une décision technique dans les
mains du ministère, qui n'a pas la capacité technique pour parler de capacité de raccordement, capacité
technique de raccordement, on envoie ça dans la cour du ministère, puis les
retombées économiques sociales et environnementales, c'est Hydro-Québec qui évalue ça. Ça n'a rien à y comprendre, ça
n'a aucun sens. La...
Le Président (M. Benjamin) : ...
M. Paradis : Je vais terminer, parce
que... Alors, j'ai une question là-dessus : Quel est le sens de tout ça?
La deuxième question que j'ai, M. le Président, parce
que je vais la poser, parce que je vois que la ministre va prendre du temps pour ses réponses, il y a encore
mieux que ça... dans cet article, il y a encore mieux que ça. Il y a le dernier
alinéa qui dit qu'on n'a pas besoin d'autorisation quand... s'il s'agit d'un
contrat spécial visé au deuxième alinéa de l'article 22.0.1
de la Loi sur Hydro-Québec. Ça, M. le Président, ça veut dire que tout cet
article-là ne sert à rien, que le gouvernement
va pouvoir décider, comme avant, qu'il n'y en a pas, de critères, puis que tout
ça, ça ne s'applique pas. C'est lui qui décide.
Pourquoi?
Parce que le 26 mars 2025, ce gouvernement de la CAQ a adopté un
magnifique décret, le décret 464-2025,
pour contrecarrer une décision de la Régie
de l'énergie qui venait de fixer les
tarifs. Le gouvernement a dit : Non,
c'est moi qui décide. Il a pris ce minuscule petit alinéa de la Loi sur
Hydro-Québec, 22.0.1, deuxième alinéa, M. le Président, qui dit que, des
fois, tu peux écarter les décisions de la régie puis tu peux identifier un
contrat spécial. C'est supposé être une minuscule exception.
Bien, savez-vous quoi? Le gouvernement de la CAQ
a inventé quelque chose : tous les contrats de tous les consommateurs
domestiques du Québec, c'est un contrat spécial. Alors, il n'y a absolument
rien, rien qui empêche ce gouvernement d'adopter un décret similaire et de
dire : Tous les contrats de tous les consommateurs commerciaux du Québec, toutes les PME, toutes les industries,
c'est un contrat spécial. Donc, merci, bonsoir, l'article 76, il est
parti, c'est le gouvernement qui décide, comme dans le bon vieux temps. C'est à
ça que ça sert, une commission parlementaire, c'est de trouver les
astuces.
Alors, à moins que la ministre m'indique qu'il y
a quelque chose, quelque part dans son article 76, qu'on n'a pas vu, qui empêche de faire exactement la même
chose l'année prochaine que cette année en ce qui concerne les clients
industriels et les PME. C'est le gouvernement, main dans la main avec
Hydro-Québec, qui dit : C'est moi qui vais décider. C'est ma
deuxième question.
Et la troisième, M. le Président, est la
suivante, c'est que le choix de qui va avoir les blocs d'énergie, c'est très
important. Et ce qu'on veut, c'est que ça favorise le plus possible l'économie
du Québec, que ça fasse rouler notre économie. Or, il y a
quelque chose qu'il faut... dont il faut se souvenir, si on octroie moins de
blocs d'énergie à nos PME, à nos entreprises
ici, au Québec, il y a plus d'énergie qui est disponible, M. le Président, puis
la ministre le sait très bien. Il
peut y avoir, dans... à ce moment-là, de l'énergie qui est soudainement
disponible. Pour faire quoi? Pour faire des exportations, parce que c'est ça,
les contrats d'exportation qu'on a, c'est des contrats d'énergie, ce n'est pas
des contrats de puissance. Ça veut
dire, quand on en a, de l'électricité, on l'exporte puis là on fait beaucoup de
profits avec ça. Donc, on pourrait vouloir, finalement, ne pas en donner
tant que ça au Québec pour maximiser les revenus.
Et là il y a un critère qu'il faut ajouter,
c'est que plus Hydro-Québec fait de l'argent, plus les bonis de la haute
direction d'Hydro-Québec sont élevés. Et on a vu, l'année passée, c'est
4,7 millions de dollars que les cinq plus hauts dirigeants d'Hydro-Québec
ont touchés. Alors, est-ce que la ministre convient qu'il y a ici un risque
qu'on choisisse d'envoyer de l'électricité aux Américains, au détriment de
notre économie, puis que, malheureusement, il va y avoir un incitatif financier
pour la haute direction d'Hydro-Québec? Alors, c'est mes trois questions.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
Merci. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, merci, M. le
Président. Donc, à ce que je comprends, le député de Jean-Talon peut aborder quatre, cinq thèmes, mais moi, je dois
aborder un seul quand je réponds. C'est un peu la perspective que semble
adopter le député, mais je reviens, en fait, sur l'analyse technique, parce que
c'est vrai que c'était sa question, à la toute fin, après avoir abordé
plusieurs autres thèmes.
Et je ne l'ai
pas mentionné, mais, en fait, l'analyse technique, elle est réalisée par
Hydro-Québec. Alors, bien sûr, c'est eux qui ont l'expertise la plus avérée. On
a quelques spécialistes en analyse de raccordement énergétique, mais
voilà, l'essentiel, bien sûr, donc, de l'expertise est chez Hydro-Québec. C'est
eux qui réalisent l'analyse de capacité technique. Et, advenant que ça, c'est
positif, eh bien, là, on fait la suite, et la suite se fait en parallèle, à la
fois au MEIE et chez Hydro-Québec.
Donc, il y
aura deux analyses, en parallèle, qui seront réalisées lorsque la capacité
technique sera au rendez-vous. Et,
par conséquent, l'analyse des retombées économiques, sociales,
environnementales va se faire au sein du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'énergie, en
parallèle à ce qui sera fait également comme analyse au sein d'Hydro-Québec.
Et, deux semaines après qu'il y a eu le
dépôt de la recommandation d'Hydro-Québec, devra être prise la décision par la ministre.
Alors, les
analyses vont se faire en parallèle, vont démarrer au même moment, de part et
d'autre, et, deux semaines après la réception de l'avis... la recommandation,
plutôt, d'Hydro-Québec, il y aura une décision qui devra être prise.
Alors, je voulais rectifier la réalité... en
fait, la nature du processus qui est prescrit par l'amendement, parce que je
comprends que la compréhension était un peu différente et n'était pas
complète. Donc, voilà, je pense que c'est important de rétablir les faits.
Alors, pour
ce qui est des autres questions, il y avait celle de... Ah oui! les contrats
spéciaux. Donc, effectivement,
ils ne sont...
(Consultation)
Mme
Fréchette : ...en fait,
n'est pas visé par l'amendement, parce que, bon, on s'entend que le domestique,
c'est en dessous de cinq mégawatts. Par conséquent, ce n'est pas
visé par...
Une voix : ...
Mme Fréchette : Oui. Et, par rapport
aux contrats spéciaux, là, on s'entend que ce sont des alumineries, pour l'essentiel, et ces contrats spéciaux sont rédigés
avec le gouvernement du Québec. Donc, il n'y a pas besoin d'autorisation
puisque c'est le gouvernement du Québec, déjà, qui les élabore.
Alors, il faut voir, effectivement, la mission
d'Hydro-Québec de manière renouvelée. À partir du projet de loi n° 69, la mission d'Hydro-Québec,
tout comme celle de la régie, d'ailleurs, va intégrer l'objectif, la mission de
contribuer à la transition énergétique. Dans ce concept-là, il y a les concepts
de conversion énergétique, d'efficacité énergétique et de sobriété
énergétique. Et donc la société doit contribuer à la transition énergétique,
favoriser une saine gestion de la consommation d'énergie et agir de manière à
maximiser les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux au Québec.
Donc, ça, ça va être inscrit dans la mission d'Hydro-Québec, et, par
conséquent, ce sont des objectifs qui vont devenir
siens et qui devront être pris en considération pour l'analyse des dossiers. Et
donc ça va être en droite ligne avec sa mission, sa mission telle que
renouvelée avec le projet de loi n° 69. Donc, on doit s'attendre à ce
qu'Hydro-Québec ait cette expertise-là.
Et, puisqu'il s'agit de clients déjà existants,
pour lesquels elle devra mener cette analyse-là, ce ne sera pas pour les
nouveaux clients de cinq mégawatts et plus, mais bien plutôt pour les clients
existants, eh bien, il y a cette notion aussi de service à la clientèle, là,
qui fait partie, en fait, du décor, du paysage, et voilà, en plus que sa
mission renouvelée va l'amener à s'investir, s'engager dans ces notions-là
axées sur le développement économique et les retombées.
Le Président (M. Benjamin) : ...la
ministre. Mme la députée de Robert-Baldwin, vous souhaitez intervenir?
• (22 h 40) •
Mme Garceau : Oui, M. le Président.
On voit, Mme la ministre, surtout suite à votre échange avec notre collègue de Jean-Talon, qu'il va y avoir
malheureusement, encore, un grand manque de transparence dans l'octroi des
blocs d'énergie. Et, de plus, tout va être décidé, comme
on avait mentionné hier, main dans la main avec... entre le gouvernement et Hydro-Québec. On a parlé de la difficulté,
la... toute cette question de grille d'analyse pour l'octroi de blocs
d'énergie.
J'ai entendu votre
explication, mais là j'aimerais aller peut-être plus loin dans le processus,
parce que nous savons qu'il y a eu des
refus, des refus particulièrement des PME ici, au Québec. Et il me semble qu'on
devrait prioriser les entreprises qui sont ici. On comprend qu'il y a
eu des refus, et, lorsqu'une entreprise est refusée, est-ce qu'il y a des motifs qui sont décrits à l'entreprise en termes des
raisons pour ce refus? Parce que, si une entreprise... Et, si on veut encourager nos entreprises ici, au Québec, si on
envoie une lettre, et le refus... on envoie un refus sans aucun détail en ce qui a trait aux raisons pour lesquelles le
ministère a refusé d'octroyer des blocs d'énergie, comment est-ce que cette
entreprise va pouvoir redéposer une demande, ne sachant pas du tout les
raisons pour lesquelles elle a été refusée?
Donc, ça, c'est une
première question, et deuxième question... Je crois que toute cette question de
transmettre une décision dans les
15 jours, c'est très restreint, là, c'est dans... c'est lié, ce n'est pas
en ce qui a trait à l'analyse... le paragraphe concernant l'analyse, la
capacité technique et une demande d'autorisation liée ou... Je pense, c'est au
troisième alinéa du paragraphe 76.
C'est plutôt lié, là, dans un cas d'une demande très particulière visant une
puissance pour laquelle une autorisation
est requise, en vertu du deuxième alinéa, jusqu'à 50 mégawatts et
concernant un consommateur dont l'établissement
est déjà desservi par le réseau. Il est là, le 15 jours, en termes de
délai, mais, pour toute autre demande, je ne vois pas un délai en termes
de décision, de prise de décision et la transmission de cette prise de
décision.
Le Président (M.
Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Alors, pour revenir, donc, sur les points de la députée de Robert-Baldwin,
donc, lorsqu'une entreprise se voit refuser,
par exemple, sa demande de mégawatts, donc, elle est invitée à nous contacter,
si elle veut connaître les motifs du refus, et on va l'aiguiller pour la
suite des choses. Advenant qu'elle veuille soumettre à nouveau une demande,
bien, on va pouvoir lui indiquer, dans le fond, les éléments qui pourraient
favoriser son projet suivant les critères que je vous ai énoncés tout à l'heure.
Donc, c'est la façon de faire qui est mise de l'avant.
Et, en ce qui a trait
au 15 jours, bien, il faut se rappeler que ce 15 jours là s'ajoute,
en fait, à la durée de l'analyse qui est prise par Hydro-Québec. Donc, à la
fois le ministère et Hydro-Québec allons recevoir les demandes. On débute
chacun nos analyses, et puis c'est une fois que la recommandation
d'Hydro-Québec est complétée et qu'elle est transmise
au ministère que s'amorce le calcul du 15 jours, mais Hydro-Québec, tout
comme le ministère, on va avoir un certain
temps pour réaliser ces analyses-là, et c'est... le déclencheur du
15 jours survient lorsqu'on reçoit la recommandation d'Hydro-Québec. Là, on doit compléter notre
travail, effectivement, dans un délai de 15 jours, mais il ne faut pas
oublier la période précédente, donc,
qui est octroyée au ministère, qui est celle qui est prise par Hydro-Québec
pour réaliser l'analyse.
Le Président (M.
Benjamin) : Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau :
Merci, Mme la ministre, mais moi, à la lecture de l'article, je ne vois pas
cette obligation de transmettre une décision
dans les 15 jours. Je comprends votre explication, mais, dans le cas
précis, en ce qui a trait à une demande dont laquelle il va avoir
l'analyse, la capacité technique, après ça, il va y avoir considération des
retombées économiques, et tout ça, je ne vois pas le 15 jours à cet
article. Il n'y a pas de délai qui est lié à cet article en termes de
transmission de la décision.
Le Président (M.
Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Oui. Est-ce que vous parlez des
clients autres que les clients existants quand vous parlez des délais?
Mme Garceau :
Exactement, oui, oui.
Mme
Fréchette : Oui, d'accord. Bien, c'est qu'en fait vous avez raison de
ne pas en voir parce qu'il n'y en a pas,
de... Il n'y a pas de délai qui a été établi. Donc, ce n'est que pour la
clientèle existante que ce délai existe, est prescrit, mais, quand on est en
dehors de la clientèle existante d'Hydro-Québec, effectivement, il n'y a pas de
délai. Donc, comme c'est des
entreprises qui ne sont pas déjà en relation de service avec Hydro-Québec, on
ne s'est pas donné de... on ne s'est pas imposé de délai.
Le Président (M.
Benjamin) : Mme la députée.
Mme Garceau :
O.K. Je veux revenir... en termes du processus, parce que, là, on met le
fardeau... je trouve ça un peu décevant, là,
en termes d'une entreprise qui veut faire affaire ici, qui
veut créer des emplois ici, au Québec... reçoit un refus du ministère,
et là c'est... c'est à lui ou à elle qu'incombe la responsabilité de
communiquer avec le ministère, Dieu sait combien de temps que ça va prendre
pour joindre quelqu'un et, après ça, avoir les explications. Il me semble qu'en toute transparence ce serait beaucoup plus
facile, si la lettre de refus est motivée, avec, évidemment, le nom de la personne,
les raisons, afin de pouvoir redéposer.
Le Président (M.
Benjamin) : Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, pour ceux,
donc, qui ont une lettre de refus et qui souhaitent entrer en contact avec le
ministère, bien, il y a les coordonnées à contacter advenant qu'il y ait une
volonté d'en savoir davantage. Donc, c'est possible, avec
la lettre, d'avoir les coordonnées où s'adresser. Parce que je peux comprendre
qu'effectivement il y a... ça peut être parfois complexe de rejoindre
quelqu'un, mais, dans le cas de la lettre, c'est indiqué comment ça procède.
Mme Garceau :
Mais pourquoi, Mme la ministre,
est-ce que les motifs de refus ne sont pas indiqués dans la lettre? Qu'est-ce
qui empêche le ministère de... parce que vous avez, comme vous avez mentionné,
évalué différents éléments : retombées
économiques, impacts sociaux, environnementaux. Donc, s'il y a des choses en
particulier, il me semble que ça devrait être indiqué dans une lettre.
Mme
Fréchette : Bien, ce sera plutôt dit dans le cadre d'un échange pour
mettre en contexte l'analyse qui a été
faite. Donc, c'est des éléments qui seront communiqués mais verbalement. Et il
faut voir aussi que c'est des analyses comparatives,
donc c'est des analyses qui sont faites alors qu'il y a aussi d'autres
demandes, puis c'est en comparant les différentes demandes qu'est
établie l'analyse de chacun des projets, selon le...
Mme Garceau :
Donc, il n'y a pas de grille d'analyse publique. Et là est-ce que vous êtes
en train de nous expliquer que les motifs de refus ne seront pas par écrit?
C'est ça? Ça va être...
Mme Fréchette :
Ils ne sont pas détaillés dans la
lettre. Ils peuvent être communiqués, si la personne prend contact et
veut en savoir davantage.
Mme Garceau :
Verbalement, de façon verbale.
Mme
Fréchette : Voilà.
Mme Garceau :
Et pourquoi pas par écrit?
Mme Fréchette :
Bien, c'est le choix qui a été
fait, en fait, d'y aller de manière générale pour les lettres, et puis, par la suite, pour ce qui est de connaître le
détail de l'analyse qui a été menée, ça permet d'y aller de manière plus
personnalisée, je dirais, qu'à travers une lettre, qui demeurait quand
même générale, là.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau :
Merci.
Le Président (M.
Benjamin) : M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui.
Je pense qu'on peut laisser la ministre prendre une rapide pause.
Le Président (M.
Benjamin) : On veut suspendre...
Une voix :
Non, pas de consentement. Il n'y a pas de consentement pour la suspension.
Le Président (M.
Benjamin) : O.K.
Une voix : ...
Le Président (M.
Benjamin) : Oui?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...le député de...
Une voix :
...
Le Président (M. Benjamin) : Oui,
bien sûr. Est-ce que vous avez indiqué que vous vouliez prendre la parole
aussi?
Une voix :
Oui.
M. Kelley : M.
le Président, c'est... vous m'avez accordé la parole.
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
dans un premier temps, j'avais... je viens de donner la parole à M. le député
de Jacques-Cartier. Ensuite, ce sera vous. Allez-y, M. le député de
Jacques-Cartier.
Une voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : Ensuite,
ce sera vous, M. le député de... Allez-y, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : M.
le Président, je sais que la ministre prend une pause, qui est tout à fait
acceptable, mais, quand même, on était dans
le milieu d'une discussion qui est hyperimportante. Et je comprends que le
gouvernement ne veut pas suspendre.
Je ne sais pas si le député de Beauce-Sud est capable de répondre à la question
qui était plus précise sur le fait, est-ce
qu'Hydro-Québec et, quand même, le gouvernement, ne veut pas
laisser une trace écrite. Parce que, si l'entreprise a fait exactement
qu'est-ce qui était demandé d'eux autres, qu'ils répondent à tous les critères,
M. le Président, est-ce qu'il y a une crainte d'une poursuite?
• (22 h 50) •
Et je veux...
reviens, M. le Président, un peu à le point qui a été soulevé par le collègue
de Jean-Talon et, quand même, la députée de Robert-Baldwin, mais, M. le
Président, c'est cet aspect aussi que, comme on a vu avec les tarifs, l'octroi des blocs d'énergie est devenu très politique.
C'est politisé maintenant. C'est un autre élément de ce projet de loi qui était
politisé. Il n'y a pas vraiment une instance
très indépendante ici. Avant, c'étaient les entreprises avec Hydro-Québec. Le gouvernement dit : Bien, nous, on veut prendre ce pouvoir-là d'accorder des
blocs d'énergie et mettre ça dans nos mains pour choisir les «winners» et les «losers». On a eu une couple de
«losers», certains «winners», ça arrive dans la vie, mais quand même...
et malheureusement, c'est la réalité.
Mais s'il y a
une ronde, M. le Président, où on va octroyer des blocs d'énergie, et c'est
dans une année électorale, qu'est-ce qui empêche un gouvernement, M. le
Président ou Mme la ministre, de ne pas utiliser ce pouvoir pas mal
exceptionnel dans ce projet de loi, de s'assurer que certains projets, dans
certaines circonscriptions, vont de l'avant versus
les autres? C'est très important, c'est crucial, M. le Président, et je pense
que qu'est-ce qu'on voit dans ce projet... dans cet article puis, quand
même, l'amendement, il n'y a... contre-pouvoir ni instance indépendante pour
s'assurer que ce n'est pas le cas, parce que
le pouvoir reste et demeure dans les mains de le ou la ministre, et, M. le
Président, c'est certain que c'est problématique.
Mais, Mme la ministre, je reviens au point qui
est très important, c'est : Est-ce que la raison pourquoi il n'y a pas une
trace écrite, c'est parce que le gouvernement et peut-être Hydro-Québec a des
craintes ou des réserves qu'une entreprise peut poursuivre le gouvernement
parce qu'on n'a pas octroyé les blocs quand même si l'entreprise a fait tout ce
qui a été demandé par Hydro et par le gouvernement?
Le Président (M. Benjamin) : La
question est posée. Donc, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, bon, il y a
notamment, bien, différents éléments, en fait, qui nous amènent à être très général, là, dans les lettres qui seront émises,
mais notamment c'est que les détails de l'analyse ne peuvent pas être
divulgués, d'une part, parce qu'ils
pourraient révéler des informations sensibles ou encore des informations
confidentielles qui nous sont fournies par des entreprises et d'autres
entreprises également ou encore par Hydro-Québec. Donc, il y a des éléments, bref, de
nature confidentielle qui doivent le rester, et ça, ça fait partie des éléments
qui sont pris en compte.
M.
Kelley : Je comprends que l'analyse n'est jamais rendue
publique. Ça, c'est un autre élément, on veut protéger les secrets d'une entreprise ou peut-être c'est un
élément qu'un compétiteur peut utiliser contre eux autres. Je comprends ça, mais, pour l'entreprise, et c'est quelque
chose qui a été répété en commission et dans une audience publique, c'est juste
d'avoir une meilleure idée pourquoi c'était
non et pas juste un appel ou une lettre qui ne dit pas grand-chose, mais une
grille d'analyse détaillée. Mais je
sais qu'on a eu une discussion un peu avec les députés de Jean-Talon et Robert-Baldwin. On comprend
que ça, ça ne va pas être mis de l'avant. On va avoir un peu... On va laisser
une opportunité d'ajouter plus de transparence à ce projet de loi, mais
c'est correct.
Mais je veux aller à un autre sujet, parce que
je sais qu'on peut passer à un autre sujet après ça, M. le Président, mais dans
un autre sujet à cet article. Et quand même, Mme la ministre, vous pouvez me
répondre plus en général dans ce projet de
loi, mais on va prendre l'exemple de Northvolt. On donne un bloc d'énergie qui est pas mal
majeur, puis le projet, finalement, ça ne marche pas. Puis on sait, pour
l'instant, cette énergie est prise un peu avec Northvolt, puis le gouvernement
n'a pas nécessairement tous les pouvoirs de retirer ce bloc d'énergie puis
d'octroyer ça à d'autres.
Dans ce
projet-là, est-ce qu'il y a une façon ou un mécanisme qui va corriger cette
réalité? Que, si les choses ne marchent
pas ou une entreprise dit : Aïe! on a besoin plus de temps, on n'est pas
prêts, peut-être, dans trois ans, on va être prêts, mais, pour l'instant, on ne peut pas utiliser ces blocs d'énergie,
est-ce qu'il y a un pouvoir qu'on donne au gouvernement de retirer cette
énergie politisée puis accorder ça à des entreprises qui sont dans notre file
d'attente?
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, d'une part, bien, en ce qui a trait au dossier Northvolt, rappelons-nous qu'il y a un processus juridique
qui est en cours, donc il faut voir la conclusion de ce processus juridique
avant de définir la suite des choses, notamment en ce qui a trait au bloc
d'énergie.
Et pour ce qui est de mettre une date, est-ce
qu'il y a des choses que ce projet de loi, cet amendement apporte, qui pourront modifier la donne? Oui,
effectivement. Donc, au neuvième alinéa, il est bien indiqué que «lorsqu'est
délivrée une autorisation, le
ministre peut l'assortir de conditions, notamment celles relatives aux
retombées économiques, impacts sociaux,
environnementaux, d'utilisation de l'électricité. Il peut également imposer un
délai maximal pour conclure un contrat de service de distribution
d'électricité.»
Donc là, il y aura possibilité d'associer une
date limite jusqu'à laquelle l'octroi des mégawatts est valide, et, au-delà de
cette date, ce ticket n'est plus valide, donc l'octroi des mégawatts annoncé
n'est plus valide. Donc, il y aura effectivement
un levier nouveau, qui va être d'importance dans un contexte de resserrement de
l'offre énergétique, qui pourra être utilisée pour
faire en sorte que, si une entreprise a indiqué avoir besoin de, je ne sais
pas, 50 mégawatts pour le 7 octobre
et que, rendu au mois de novembre, on n'est toujours pas arrivé à destination,
bien là, il y aura possibilité de retirer les mégawatts.
Le Président (M. Benjamin) : Ça va,
M. le député de Jacques-Cartier?
M. Kelley : Oui, M. le Président. Merci.
Le
Président (M. Benjamin) : Merci. Alors, dans l'ordre, j'avais Mme la députée
de Verdun. Ensuite, je sais que le collègue de Beauce-Sud souhaitait
intervenir. Donc, alors, je cède la parole à Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, M. le
Président. J'ai un cas spécifique à amener à l'intention de la ministre. En hiver 2024, on a connu le cas de Saint-Bruno,
un grand projet résidentiel qui demandait 23 mégawatts pour près... plus
de 3 800 unités résidentielles. À ce moment-là, on se
souvient, Hydro-Québec a répondu en disant qu'il n'y avait pas la capacité technique pour un projet... un
écoquartier, là, un projet qui se voulait une intention de la municipalité de
Saint-Bruno de décarboniser un parc
assez important, là, résidentiel. Et on voulait brancher ces appartements-là au
gaz au lieu de les brancher à l'hydroélectricité. Pendant ce temps-là,
on donnait des blocs d'énergie au voisin, c'est-à-dire à Northvolt.
Ma question avec ce cas-là, c'est que, la
ministre l'a dit tout à l'heure, le résidentiel ne serait pas touché. Demander l'autorisation au ministre pour du
résidentiel, ce n'est pas ça qu'elle souhaite. Mais, la limite à cinq mégawatts
des projets résidentiels comme celui de Saint-Bruno, est-ce que la ministre
pourrait au moins mettre une exception pour tout projet résidentiel, pour ne
pas forcer les municipalités de venir cogner à la porte pour ces types de
projets, qui sont, je pense, la
priorité, entre autres, en regardant le mandat qui dit qu'il faut qu'on
respecte les impacts sociaux dans l'intention, au-delà de la capacité
technique?
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Donc, bien, merci à
la députée de Verdun de soulever ce cas-là qui est effectivement une question importante, là, les quartiers
résidentiels qui requièrent des bonnes quantités de mégawatts. Bon, c'est sûr,
d'une part, que la capacité technique
doit être au rendez-vous, parce que, si la capacité technique n'est pas là, on
n'a pas la capacité technique d'aller
de l'avant. Donc, il faut qu'Hydro-Québec aille de l'avant avec un rehaussement
de sa capacité pour que le projet puisse sortir de terre.
Maintenant, dans l'amendement, il y a la
possibilité, par règlement, de pouvoir autoriser l'octroi de mégawatts dans les cas... Au troisième alinéa, on peut lire,
donc : «Le gouvernement peut, par règlement, déterminer d'autres cas et conditions dans lesquels un titulaire doit
demander l'autorisation au ministre pour distribuer l'électricité ou dans
lesquels le titulaire n'est pas tenu d'obtenir une autorisation en vertu
du deuxième alinéa.» Et la construction de projets résidentiels dans des
endroits où il y a la capacité technique, je répète, pourrait faire l'objet de
ce type de ce règlement... de ce type de règlement. C'est mon intention
d'ailleurs d'oeuvrer dans ce sens-là à partir du moment où le projet de loi est
adopté. Donc, on va pouvoir se doter de règlements qui vont pouvoir rejoindre
ce type de situation.
Mme Zaga Mendez : Alors, si je
comprends, avec le troisième alinéa de cet amendement, on a beaucoup de choses sur la table. Ça fait que je... on va le
regarder, mais il va y avoir... il y a une intention de mettre l'exception pour
le résidentiel. Ceci étant dit, il peut y avoir des cas dans lesquels il
y a un conflit, il y a un arbitrage à faire, c'est-à-dire, vous l'avez dit, la capacité technique doit être
au rendez-vous. Mais qu'est-ce qui arrive quand elle est au rendez-vous mais
on a un choix à faire entre un parc
résidentiel et, par exemple, une industrie? Quand c'est le cas, on est dans
l'autre... d'autres types de
demandes, comment est-ce que le gouvernement va arbitrer entre des industries
et le développement résidentiel?
Le Président (M. Benjamin) : ...Mme
la ministre.
• (23 heures) •
Mme Fréchette : Oui. Donc, bien,
merci pour la question parce que c'est un élément important des réflexions. Et, en fait, le règlement va faire en sorte que,
lorsqu'il y aura des projets résidentiels qui seront soumis, ils iront de l'avant
si la capacité technique est là, ils vont
passer devant les projets, par exemple, d'industrie. Donc, il n'y aura pas
d'arbitrage à faire. D'office, le
projet résidentiel peut aller de l'avant. Si ça bloque une industrie pour son
projet, bien, c'est dommage, mais ce
sera ça. Mais ça va aller d'office de l'avant. Ça va être la nature même du
règlement que de dire : Dans les cas où il y a un projet résidentiel qui
est déposé, il pourra aller de l'avant si la capacité technique, bien sûr, est
au rendez-vous.
Le Président (M. Benjamin) : Députée
de Verdun.
Mme Zaga Mendez : J'entends
l'intention puis je pense qu'on... comme, on va se le dire, des fois on n'est
pas d'accord sur des choses. Je suis d'accord avec l'intention que le
résidentiel ait priorité quand la capacité technique est au rendez-vous, mais, quand je lis le deuxième alinéa et que
j'entends les intentions d'un règlement, là, là, c'est très vague, ce qu'on a là. Est-ce qu'on est capable de
le préciser? Parce que, je pense, c'est la base en termes de priorisation. On
le précise pour la chaîne de blocs pour les cryptomonnaies, ce qui est assez
spécifique, merci, c'est un type d'industrie très précis, pourquoi on n'est pas capable de le faire
ici pour le résidentiel, si c'est l'intention de la ministre que, d'abord et avant
tout, réserver ces blocs-là pour le résidentiel avant l'industrie? Parce que,
sinon, on... les règlements, ça change, les intentions... les intentions changent. Et on a
déjà vu, dans le cas de Saint-Bruno, des décisions qui sont allées à
l'encontre, en fait, du souhait des municipalités et des souhaits de la
décarbonation.
Le Président (M. Benjamin) : ...Mme
la ministre.
Mme
Fréchette : Merci, M. le Président. Donc, en fait, c'est qu'il
y a plusieurs cas de figure qui vont faire partie du règlement. Donc, une fois que le projet de loi
est adopté, ça pourra procéder pour l'étape suivante, à savoir l'identification
de ces cas, et je peux en nommer quelques-uns. Déjà, le résidentiel en fait
partie, mais également, par exemple, les hôpitaux. Advenant qu'un hôpital ait
besoin d'un bon nombre de mégawatts, ça va pouvoir aller de l'avant, il n'y
aura pas d'arbitrage, même chose pour des écoles, donc... et à la fois de
l'immobilier, le transport public également, le transport public. Ce qui est
d'intérêt, bref, public, ce qui relève de l'intérêt de la collectivité va
pouvoir faire partie, donc, de ces cas
d'exception qui vont être dans le règlement et donc qui ne requerront pas
d'arbitrage. Et je dois dire qu'on les
traite aussi avec célérité, hein? Et, jusqu'à maintenant, on a autorisé
65 projets hors industriels, qui totalisent 2 100 mégawatts,
donc qui cadrent avec le type d'exception,
là, dont on parle. Donc, c'est sûr qu'on priorise ces besoins-là, ces
demandes-là, et, voilà, on va le préciser à travers le règlement.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la ministre. Merci, Mme la députée de Verdun. J'invite maintenant le
collègue de Beauce-Sud à poser sa question.
M. Poulin : Merci beaucoup, M. le
Président. Évidemment, on profite de ce moment pour échanger sur de multiples questions, mais une qui est fondamentale
et qui fait évidemment partie du projet de loi concerne l'essence au Québec. Je sais également qu'on a eu un échange à
une reprise avec les oppositions concernant l'abolition du prix plancher,
une mesure qui, si tout se déroule bien, sera en vigueur dans les prochaines
heures au Québec, mesure appuyée par CAA-Québec, par la Fédération canadienne
des contribuables. Alors, je...
Une voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : Attendez.
M. Poulin : Est-ce que je peux
terminer? Bien, je vais terminer...
Des voix : ...
Le
Président (M. Benjamin) : Alors, oui. Un instant, un instant. Un instant, M.
le collègue. Un instant, M. le collègue de Beauce-Sud.
Une voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : C'est...
Effectivement, c'est vrai que ce n'est pas en lien avec l'étude qu'on a devant
nous. Je vais demander... S'il vous plaît! Non, on ne va pas en faire une
plaidoirie. Ce n'est pas...
Une voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : Il y a
une intervention qui a été faite. Je suis édifié, je suis édifié. Donc, je vais
demander au collègue de Beauce-Sud d'aller avec une question précise pour
terminer, s'il vous plaît.
M.
Poulin : Merci, M. le Président. En fait, qu'on se rend
disponibles pour parler de cet enjeu-là qui concerne de nombreux Québécois,
évidemment, si les oppositions, qui, j'imagine, sont très sensibles par les
enjeux des contribuables... qu'on se rende disponibles pour échanger sur
la question, évidemment.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le collègue de Beauce-Sud. Est-ce qu'il y a d'autres questions?
Une voix : Je pense qu'on peut voter
sur l'amendement.
Le
Président (M. Benjamin) : O.K. On va voter sur l'amendement. Alors, est-ce
que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Benjamin) : Adopté
sur division.
On s'en va maintenant
vers l'article amendé. Est-ce qu'il y a des questions, des
interventions sur l'article amendé? Prêts à voter? Vous êtes prêts à
voter?
Alors, est-ce que l'article, tel qu'amendé, est
adopté?
Des
voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
Le Président (M. Benjamin) :
Adopté sur division.
Nous poursuivons.
Nous allons à l'article 49. Mme la ministre, je vous demanderais de
présenter l'article 49.
Mme
Fréchette : Alors : L'article 76.1 de cette loi est abrogé.
Donc,
c'est un article qui retire par concordance l'article 76.1 de la Loi sur
la Régie de l'énergie puisqu'il décerne les... il concerne, pardon, les
obligations des réseaux privés.
Le Président (M.
Benjamin) : Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 49?
Prêts à voter?
Est-ce que
l'article 49 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
Le Président (M.
Benjamin) : Adopté sur division.
Nous allons à
l'article 50. Mme la ministre, voulez-vous présenter l'article 50,
s'il vous plaît?
Mme Fréchette :
Merci, M. le Président. Donc, article 50 : L'article 76.2 de
cette loi est modifié :
1° par le
remplacement de «livraison» par «distribution»; et
2° par le
remplacement, partout où ceci se trouve, de «client» par «consommateur».
On en a longuement
parlé, d'ailleurs, dans la commission. Donc, cet article remplace par
concordance le mot «livraison» par «distribution» à l'article 76.2 de la
Loi sur la Régie de l'énergie. Il remplace aussi par concordance, dans cet
article, le mot «client» par le mot «consommateur», dans cet article.
Le Président (M.
Benjamin) : Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a pas
d'intervention.
Alors, est-ce que
l'article 50 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
Le Président (M.
Benjamin) : Adopté sur division.
Nous allons
maintenant à l'article 51. Mme la ministre.
Mme
Fréchette : Oui. Article 51 : L'article 77 de cette loi
est modifié :
1° par le
remplacement, dans le premier alinéa, de «livrer» par «distribuer»; et
2° par
le remplacement, dans le deuxième alinéa, de «, transporter et livrer au
consommateur qui lui en fait la», de «ce consommateur», de «ce dernier»
et de «d'un consommateur» par, respectivement, «et distribuer à toute personne
qui le», «cette personne», «cette dernière» et «d'une autre personne».
Je ne voudrais pas
être la personne qui ait à traduire ça en mots.
Ensuite,
cet article remplace par concordance les concepts de livraison et de transport
de gaz naturel par celui de distribution
à l'article 77 de la Loi sur la Régie de l'énergie. De plus, cet article
remplace les références à un «consommateur» qui demande du gaz naturel
par des références à «une personne» qui fait une telle demande, puisqu'une
personne qui demande à être desservie n'est pas encore un consommateur. Merci.
Le Président (M.
Benjamin) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des questions,
des interventions? Alors, l'article 51 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
Le Président (M.
Benjamin) : Adopté sur division.
Nous poursuivons.
Nous allons à l'article 52. Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Article 52 :
L'article 78 de cette loi est modifié par le remplacement du premier
alinéa par le suivant :
«Pour
l'application de l'article 77, une personne qui s'est vu refuser la
distribution par un distributeur de gaz naturel peut demander à la Régie
d'ordonner à ce distributeur de la desservir.»
Donc,
c'est un article qui remplace le premier alinéa de l'article 78 de la Loi
sur la Régie de l'énergie pour clarifier que la demande d'ordonnance à la régie qui y est prévue est un recours
qu'une personne peut exercer à la suite d'une demande faite en vertu de
l'article 77 en cas de refus d'un distributeur de gaz naturel de la
desservir.
• (23 h 10) •
Le Président (M. Benjamin) : Est-ce
qu'il y a des interventions, des questions? Alors, dans ce cas,
l'article 52 est-il adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : Adopté
sur division. Article 53. Mme la ministre.
Mme Fréchette : L'article 53 :
L'article 79 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier alinéa,
de «une demande faite en vertu des articles 77 ou 78 si elle» et de «ce consommateur» par, respectivement, «la
demande d'une personne faite en vertu de l'article 77 si la Régie» et
«cette personne»;
2° dans le deuxième alinéa :
a) par le remplacement de «ces demandes» par «la
demande d'une personne faite en vertu de l'article 77»;
b) par la suppression de «autre»; et
3° par le remplacement, dans le troisième
alinéa, de «consommateur» par «demandeur».
Donc, c'est un article qui modifie
l'article 79 de la Loi sur la Régie de l'énergie afin de préciser que la
dispense que peut accorder la régie en vertu de cet article concerne
l'obligation d'un distributeur de gaz naturel de donner suite à la demande
d'une personne qui veut être desservie en gaz.
Il remplace également par concordance des
références à un consommateur par des références à une personne qui fait une demande
en vertu de l'article 77.
Le Président (M. Benjamin) : Questions,
commentaires? L'article 53 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Benjamin) : Adopté
sur division.
Mme la ministre. Article 54.
Mme Fréchette : 54, donc :
Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 79, des
suivants :
«79.1. Le
ministre peut, après consultation de la Régie et aux conditions qu'il
détermine, dispenser un distributeur de gaz naturel de donner suite à
une demande d'une personne visée à l'article 77 lorsque ce distributeur
lui démontre qu'il peut fournir ou recevoir et distribuer à une telle
personne :
«1° du gaz naturel renouvelable en utilisant un
véhicule;
«2° par canalisation :
«a) du gaz de source renouvelable, à l'exclusion
du gaz naturel renouvelable;
«b) de l'énergie thermique produite à partir de
sources renouvelables ou valorisée au moyen d'un système de récupération.
«Avant
d'accorder la dispense, le ministre s'assure notamment que le distributeur peut
offrir un approvisionnement en
énergie équivalent et sécuritaire, à un coût raisonnable, et que cela respecte
les orientations et permet d'atteindre les objectifs et cibles établis dans le plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques — le
PGIRE — visé
à l'article 14.2 de la Loi sur le ministère de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie (chapitre M-14.1).
«Lorsque le
ministre accorde la dispense, la Régie fixe le tarif pour la fourniture de gaz
visée au paragraphe 1° et au
sous-paragraphe a du paragraphe 2° du premier alinéa conformément à
l'article 52.5, à l'exclusion des paragraphes 1° et 3° à 5° du
premier alinéa de cet article. Elle fixe également le tarif pour la fourniture
d'énergie visée au sous-paragraphe b du paragraphe 2° du
premier alinéa qu'elle établit en tenant compte des coûts assumés par le
distributeur ou de manière à ce qu'ils reflètent ceux du marché pour des
produits comparables.
«De plus, le coût de la distribution visée au
premier alinéa, exigé d'un consommateur par un distributeur de gaz naturel, ne
peut être moindre que le tarif de distribution de gaz naturel fixé par la Régie
et applicable à la même catégorie de consommateurs et le tarif visé à
l'article 52.6 s'applique à un producteur pour l'injection de gaz de
source renouvelable visé au sous-paragraphe a du paragraphe 2° du
premier alinéa, avec les adaptations nécessaires.»
Donc, c'est un article qui prévoit que la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie peut dispenser un distributeur de gaz naturel de son obligation
de desservir en gaz naturel toute personne qui le demande quand un distributeur
lui démontre qu'il peut, à la place de distribuer du gaz naturel, offrir un
service énergétique de remplacement. Un distributeur
pourrait ainsi distribuer par camion du gaz naturel renouvelable qui serait
acheminé à un site de consommation. Il pourrait aussi distribuer par
canalisation du gaz de source renouvelable, tel que de l'hydrogène, dans un
réseau dédié à cette fin.
Enfin, un distributeur pourrait distribuer de
l'énergie thermique produite à partir de sources renouvelables ou valorisées au
moyen d'un système de récupération. Avant d'accorder la dispense à un
distributeur, la ministre devra s'assumer... s'assurer, pardon, que l'alternative permette un
approvisionnement en énergie équivalent et sécuritaire, à un coût raisonnable et dans le respect des orientations,
des objectifs et des cibles établis par le plan de gestion intégrée en ressources
énergétiques. La ministre devra également consulter la régie et pourra assortir
la dispense de conditions.
Cet article prévoit que la régie fixera le tarif
de fourniture. Quant à la distribution, le prix sera convenu entre le distributeur et le consommateur, mais il ne
pourra être moindre que le tarif de distribution de gaz naturel applicable à
une catégorie de consommateurs équivalente. Enfin, lorsqu'il s'agira de
distribution de gaz de source renouvelable, le tarif d'injection s'appliquera à
un producteur de gaz de source renouvelable pour l'injection dans un réseau.
Il y a deux autres blocs dans l'article. Donc,
je poursuis la lecture.
Le
Président (M. Benjamin) : ...inviterais, Mme la ministre, à donner lecture
aux autres blocs, et vous donnerez des explications après, s'il y a
lieu.
Mme Fréchette : Parfait. Donc,
54 : Cette loi... Oui?
M. Paradis : ...si Mme la ministre
et les autres députés consentent, on pourrait adopter en bloc tous les articles
jusqu'à 74. Notre réponse va toujours être la même à vos questions, s'il y a
des interventions, jusqu'à l'article 74.
Le Président (M. Benjamin) : Je
comprends qu'il n'y a pas de consentement? Pas de consentement. Alors,
poursuivez, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Donc,
article 54 : Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 79, des suivants :
«79.2. À la demande d'un distributeur de gaz
naturel ayant obtenu une dispense visée à l'article 79.1, la Régie, lorsqu'elle établit la base de tarification et
détermine les montants globaux des dépenses conformément au paragraphe 1° et 2°
du premier alinéa de l'article 49 aux fins de la fixation d'un tarif de
distribution de gaz naturel de ce distributeur, tient également compte,
relativement à la distribution visée à l'article 79.1, jusqu'à concurrence
d'une somme maximale qu'elle détermine, laquelle ne doit pas avoir pour effet
d'augmenter le tarif de distribution de gaz naturel, de la juste valeur des
actifs qu'elle estime prudemment acquis et utiles, des montants globaux des
dépenses qu'elle juge nécessaires, des dépenses non amorties de recherche et de
développement et de mise en marché de même que des revenus d'exploitation perçus par le distributeur de gaz naturel.
Toutefois, la juste valeur des actifs afférente aux postes d'injection et aux
installations et équipements utiles à
l'injection de gaz de source renouvelable visé au sous-paragraphe a du
paragraphe 2° du premier alinéa de l'article 79.1 ne doit être
incluse dans la base de tarification qu'aux fins visées à l'article 52.6.»
Donc, cet article prévoit...
Une voix : ...
• (23 h 20) •
Mme Fréchette : Ah! O.K. Donc, on va
aller lire le 79.3 avant de lire les explications.
Donc, 79.3. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 79, des suivants :
«79.3. Le ministre peut, à la demande d'un
distributeur de gaz naturel qui lui démontre qu'il peut fournir ou recevoir et
distribuer, dans le territoire desservi par son réseau de distribution de gaz
naturel, à une personne ou à une catégorie de personnes, le gaz ou l'énergie
visés au paragraphe 1° et 2° du premier alinéa de l'article 79.1 de la
manière qui y est prévue, autoriser, aux
conditions qu'il détermine, la Régie à tenir compte, lorsqu'elle établit la
base de tarification et détermine les montants globaux des dépenses
conformément aux paragraphes 1° et 2° du premier alinéa de l'article 49
à l'égard de ce distributeur, des éléments énumérés à l'article 79.2 de la
manière qui y est prévue.
«Avant d'accorder l'autorisation, le ministre
s'assure notamment que cela respecte les orientations et permet d'atteindre les objectifs et cibles établis par le plan de
gestion intégrée des ressources énergétiques — le
PGIRE — visé à l'article 14.2 de la Loi sur le
ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie (chapitre M-14.1).
«Lorsque le
ministre accorde l'autorisation, le distributeur est dispensé de donner suite à
une demande d'une personne visée à l'article 77, le cas échéant. En
outre, les troisième et quatrième alinéas de l'article 79.1 s'appliquent.»
On a un quatrième bloc. Pardon, je vais me
prendre de l'eau.
Donc, 54 : Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 79, des suivants :
«79.4.
L'arrêté du ministre — du
ministre, oui — prévu
à l'article 79.1 ou 79.3 est publié sur le site Internet de son
ministère.»
Donc, on revient aux commentaires. Donc, je
poursuis les commentaires. Donc, sur le 79.2, le commentaire va comme suit : Donc, cet article prévoit une
mutualisation des coûts de distribution d'énergie dans les cas où la ministre
accorde une dispense à un distributeur de gaz naturel en vertu de
l'article 79.1. Il prévoit que la régie peut, lorsqu'elle établit les revenus requis par un distributeur pour
exploiter le réseau de distribution de gaz naturel, en vue de fixer les tarifs
de distribution de gaz naturel, tenir
compte d'une partie des revenus requis pour la distribution d'énergie dans les
cas visés à l'article 79.1 dans la seule mesure où cela n'a pas
pour effet d'augmenter les tarifs de distribution de gaz naturel.
Cet article prévoit également que la régie, pour
établir la base de tarification aux fins de fixer le tarif d'injection
applicable à un producteur de gaz de source renouvelable, tient compte des
coûts des actifs d'injection du gaz de source renouvelable dans les cas où le
distributeur a obtenu une dispense.
Ici, maintenant, je vais à l'article 79.3,
donc le commentaire va comme suit : Cet article prévoit une disposition équivalente aux articles 79.1 et 79.2 de la
Loi sur la Régie de l'énergie qui s'applique dans le cas particulier où il n'y
a pas de demande d'une personne à être desservie en gaz naturel en vertu
de l'article 77.
Allons maintenant à 79.4,
donc, le commentaire indique : Cet article prévoit les modalités de
publicité de l'arrêté ministériel pris en
vertu des nouveaux articles 79.1 ou 79.3 de la Loi sur la Régie de
l'énergie. Je pense, M. le Président, que ça complète pour ce qui est de
cet article aux différents blocs.
Le Président (M. Benjamin) : En
effet, en effet. Questions, commentaires? On peut voter?
M. Lévesque (Chapleau) : ...
Le Président (M. Benjamin) : Oui.
Allez-y.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Là, justement, cet article m'interpelle. Mme la ministre, vous avez parlé, justement, de
dispense, vous avez parlé également du plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques. Puis, justement, là, ce que vous dites, avant... En fait,
l'article, ce qu'il dit, là, c'est : Avant d'accorder la dispense, la
ministre va s'assurer notamment que le distributeur peut offrir un
approvisionnement en énergie qui va être
équivalent et sécuritaire, à un coût raisonnable, et que cela va respecter les
orientations et permettre d'atteindre des objectifs, des cibles établis par le plan, le plan de gestion. Puis
j'aimerais peut-être savoir à quelle occasion ou en quelle circonstance
une telle dispense pourrait être... pourrait être accordée, puis comment ça
pourrait venir s'intégrer dans le plan, dans
le plan intégré, là, des ressources énergétiques, puis en quoi ça va venir nous
aider, là, justement, là, avec ce qu'on veut établir.
Le Président (M. Benjamin) : Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Vous permettez que
je consulte?
Le Président (M. Benjamin) : Bien
sûr.
(Consultation)
Le Président (M. Benjamin) : Est-ce
qu'on a des éléments de réponse?
Une voix : ...
Le Président (M. Benjamin) : Effectivement.
Donc, Mme la ministre, est-ce que vous avez des réponses pour le collègue député
de Chapleau?
Mme Fréchette : Alors, il y a
normalement obligation pour un distributeur de gaz naturel à desservir un
client qui demande à être desservi. Or, dans le cadre de la transition
énergétique, dans le cadre du PGIRE, on va vouloir réduire le recours au gaz
naturel et le... au bénéfice, en fait, du recours à des gaz de source
renouvelable. Actuellement, il y a une
obligation de desservir un client qui demande à l'être. Donc, cette
obligation-là vient en contradiction avec le fait qu'on veuille, au fil du temps, réduire le recours
au gaz de source renouvelable, donc il faut trouver une mesure pour faire en
sorte que cesse cette obligation de desservir un client.
Et, bon, le
recours au PGIRE va s'étaler sur une période de 25 ans, et on va voir, au
fil de ces 25 ans, des sources renouvelables être davantage utilisées. Il
faut que chacun s'inscrive dans cet horizon-là, dans cette responsabilité-là de
recourir davantage à du renouvelable, à des sources d'énergie renouvelable.
Donc, pour ce qui est des distributeurs de gaz
naturel, bien, ça va passer notamment par la fin de l'obligation de servir du gaz naturel. Et, comme on le sait, il
y a un rehaussement des composantes renouvelables qui va être intégré dans
le gaz naturel. C'est actuellement une
présence de 2 %, ça va bientôt monter à 5 %, la présence du gaz
naturel, et, pour 2030, on a comme objectif que ça atteigne 10 %.
Et on veut que ça se poursuive comme ça au fil des années. Donc, c'est une manière de couper, je dirais, le lien avec le gaz
naturel en déchargeant les distributeurs de cette obligation de servir les
clients qui demandent à l'être.
Le
Président (M. Benjamin) : Merci. Merci, Mme la ministre. Alors, il n'y a pas
de question, d'autre commentaire? Donc, l'article... Ah! M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, M. le Président. Je
pense, je vais prendre le temps juste de dire quelque chose avant que ce
processus... le bâillon se termine, au minimum l'étude détaillée de
cinq heures, qu'on a quand même, aujourd'hui, fait la démonstration, avec juste deux articles, comment il y a beaucoup des
enjeux sur les appels d'offres, des blocs d'énergie, beaucoup de
questions que nous avons posées, pas nécessairement des réponses très claires
ni des réponses, je pense... va faire le consensus de plusieurs différents
groupes sur le terrain. Et c'est dommage parce que, quand même, après ça, on sait qu'il y a une certaine... des autres
sections. Mais je demeure convaincu qu'on était capable d'étudier ce projet
de loi en août, en septembre, en octobre et de terminer ça comme il faut. Puis
c'est certain qu'il y a... des autres articles qu'il y a des enjeux, des
problèmes.
Et je veux
aussi, M. le Président, souligner... Je ne sais pas si le gouvernement va
déposer les autres amendements, mais, quand même, on n'a pas eu la
chance de regarder plein des amendements qui ont été déposés dans le paquet des
52 amendements qui étaient déposés par le
gouvernement ça fait à peu près deux semaines. Alors, encore dommage, dommage.
Moi, je pense qu'on était capables d'avancer ensemble, mais le gouvernement a
pris une autre décision, une autre voie, et
ça appartient à eux autres. On va voir les résultats, mais, quand même, moi, je
demeure très inquiet avec plusieurs des articles qui étaient dans ce
projet de loi, puis on verra la suite.
Merci beaucoup, M. le Président, pour votre
écoute et pour le travail que vous avez fait aujourd'hui, vous et la députée de
Saint-Hyacinthe aussi.
• (23 h 30) •
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Jacques-Cartier. J'ai Mme la ministre qui souhaite... Allez-y, Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Merci. Merci, M. le
Président. Écoutez, j'entends les propos du député de Jacques-Cartier et je dois dire, en fait, que j'aurais bien aimé
qu'on puisse procéder à vitesse plus élevée au début de ce processus. Je me
souviens encore bien clairement les trois jours et demi de remarques
préliminaires — trois
jours et demi de remarques préliminaires! — avant que l'on aborde le
premier article. Qu'est-ce qu'on aurait pu avancer si ces trois jours et demi avaient été utilisés pour étudier les articles! Je
pense que tout le monde y aurait gagné, vous les premiers. Et vous avez bien vu
que j'étais ouverte à plusieurs de vos propositions. On a apporté des
changements qui s'en allaient dans des orientations que vous portiez et
que je portais également.
Alors, je pense qu'il y a des belles occasions
qui ont été ratées, malheureusement, et on a besoin d'adopter ce projet de loi.
Alors, on doit passer par cette procédure spéciale. Alors, on va faire en sorte
de bien mettre en oeuvre ce grand changement qui s'amorce avec le projet de loi
n° 69. On va pouvoir tirer de l'avant le Québec à travers le secteur
énergétique et, ce faisant, nous engager dans la décarbonation, nous engager
dans le développement économique et la création d'emplois bien rémunérés.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
c'est tout le temps imparti à la commission plénière. Le temps étant écoulé, je
remercie celles et ceux qui y ont participé.
Et, pour permettre à l'Assemblée de poursuivre
sa séance, je suspends les travaux quelques instants. Et je prie toutes les
personnes qui doivent se retirer de bien vouloir le faire immédiatement.
(Suspension de la séance à 23 h 32)
(Reprise à 23 h 37)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : ...
M. Bachand (président de la commission
plénière) : Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de faire rapport
que la commission plénière a étudié en détail le projet de loi n° 69, Loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives, et qu'elle n'en a pas complété l'étude.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Je
vous remercie, M. le député de Richmond.
Je rappelle aux membres de cette Assemblée que,
conformément à l'article 257.6 du règlement, tout député dispose d'au plus une heure pour transmettre au
bureau du secrétaire général copie des amendements qu'il entend proposer à ce
rapport. Cet article prévoit également que le débat débute au plus tôt une
heure après l'écoulement de ce délai.
Je suspends donc les travaux de cette Assemblée
pour une période d'au moins deux heures. Les cloches sonneront pour vous aviser
de la reprise de la séance.
(Suspension de la séance à 23 h 38)
(Reprise à 1 h 44)
Prise
en considération du rapport de la commission plénière qui
en a fait l'étude détaillée et des amendements transmis
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Nous
sommes maintenant — on
reprend les travaux — à
la prise en considération du rapport de la commission plénière. Veuillez vous
asseoir.
L'Assemblée prend en considération le rapport de
la commission plénière sur le projet de loi n° 69, Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives, ainsi que les amendements transmis par Mme la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie et par M. le député de
Maurice-Richard. Ces amendements sont déclarés recevables.
Je vous rappelle que, conformément au troisième
paragraphe de l'article 257.1, la durée du débat sur la prise en considération du rapport de la commission
plénière sur le projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions
législatives, et sur les amendements
proposés est d'une heure. La répartition du temps de
parole pour ce débat s'effectuera comme suit : 29 min 15 s
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
15 min 5 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 10 minutes sont
allouées au deuxième groupe d'opposition, 4 min 10 s sont
allouées au troisième groupe d'opposition et 45 secondes sont allouées à chacun des députés indépendants. Dans
le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants
ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions établies précédemment.
Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite
de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent
intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant
pour en aviser la présidence.
Y a-t-il des interventions? Mme la ministre, la
parole est à vous.
Mme Christine Fréchette
Mme
Fréchette : Parfait, Mme la Présidente, merci. Donc, je suis
heureuse d'être avec vous aujourd'hui pour la prise en considération du
rapport de la commission liée au projet de loi n° 69.
Alors, je veux revenir sur les objectifs du
projet de loi, d'une part.
Notre projet
vise... de loi vise notamment à favoriser les partenariats avec les communautés
autochtones et avec les municipalités dans le développement d'infrastructures
énergétiques afin d'en améliorer l'acceptabilité sociale et de réaliser également des ententes gagnantes-gagnantes; aider
à la réalisation plus rapide de la stratégie éolienne; aider à la réalisation
plus rapide d'investissements dans les lignes de transport, soutenir ainsi la
croissance de la production et brancher plus d'entreprises en région; rehausser la transparence avec des plans
d'approvisionnement à long terme; moderniser la mission de la Régie de
l'énergie de même que celle d'Hydro-Québec pour y intégrer les notions de
transition énergétique.
Bref, le projet de loi n° 69 vise à
accélérer le développement d'infrastructures pour augmenter notre production
d'électricité verte et renouvelable tout en nous engageant dans la transition
énergétique. Ça va nous permettre plus rapidement de développer notre économie
en région et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Ce sont
également des objectifs que partage le nouveau premier ministre du Canada,
M. Mark Carney. Et, au début de la semaine, il a été demandé aux premiers ministres, dont M. François Legault, de lui présenter des projets à intérêt national,
des projets économiques et énergétiques. Et
c'est exactement ce que nous lui avons proposé. Et nos propositions ont été
reçues avec enthousiasme.
Il faut que notre gouvernement profite de cette
ouverture du gouvernement fédéral pour en faire bénéficier les Québécois. En accélérant la mise en place de
projets énergétiques d'envergure grâce au projet de loi n° 69, c'est
exactement ce qu'on fait.
Maintenant, je tiens à remercier toutes les
personnes qui ont participé à l'étude détaillée du projet de loi. La présence et l'engagement des députés nous ont
permis de peaufiner davantage ce projet de loi et d'y apporter les ajustements nécessaires
pour mieux revoir et moderniser l'encadrement du secteur de l'énergie.
Il s'agit de mon tout premier projet de loi, et
je suis fière que notre gouvernement se soit montré ouvert aux propositions et aux discussions. Cette ouverture a
notamment été saluée, d'ailleurs, en début de semaine et ce soir à nouveau
par mon collègue le député de Jacques-Cartier.
Rappelons que
la Loi sur la Régie de l'énergie n'a pas été revue en profondeur
depuis 1996. Près de 30 ans se sont écoulés. À cette époque,
disons-le, la situation était tout autre.
Je tiens à saluer également mes collègues
parlementaires qui ont pris part à cet exercice important et qui ont alimenté la réflexion. Et je pense bien sûr au
député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, au député de Gatineau, au député de Gaspé, au député de Côte-du-Sud, au député de Dubuc, à la députée de
Saint-Laurent, à la députée de Mille-Îles, au député de Maurice-Richard,
au député de Jean-Talon, également au député de Jacques-Cartier.
Enfin, je remercie sincèrement le député de René-Lévesque
d'avoir présidé la commission avec grande rigueur et grand professionnalisme.
Comme vous le
savez, le Québec... Oui. Comme vous le savez, le Québec s'est engagé dans un
grand mouvement, un grand mouvement collectif pour décarboner l'économie
d'ici 2050. À l'heure actuelle, la transition énergétique est assurément notre plus grand défi. Et c'est très
encourageant de voir tous les acteurs se mobiliser, d'ailleurs, sur ce sujet.
• (1 h 50) •
Durant tout le processus de consultation, de
l'adoption du principe à l'étude détaillée, notre gouvernement a été à l'écoute
des préoccupations et des recommandations des organisations, des oppositions et
des parties prenantes. Et je vous rappelle, Mme la Présidente, qu'au total
38 groupes et intervenants ont été entendus lors des consultations
particulières. On a vu les représentants d'intérêts variés comme Énergir, Hydro-Québec,
l'association québécoise des producteurs
d'énergie renouvelable, Option Consommateurs, l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, la Fédération
québécoise des municipalités et l'Union des municipalités du Québec, la Chaire
de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal, le Regroupement national des
conseils régionaux de l'environnement et diverses associations et
représentants d'industriels, d'entreprises et de travailleurs. On a reçu plus
de 70 mémoires qui nous ont aidés à revoir l'encadrement du secteur de
l'énergie de manière encore plus efficace. Je crois beaucoup en l'importance de
collaborer avec les parties prenantes pour
adapter notre démarche selon les grandes tendances et les grands consensus, et
c'est essentiel pour élaborer un projet de loi fort et audacieux, un
projet qui va faire rayonner davantage le génie et l'audace des Québécoises et des Québécois en matière d'énergie
verte. Et aujourd'hui c'est avec beaucoup d'intérêt qu'on accueille ce rapport
de la commission.
Je prends
quelques instants, madame, ici pour vous parler du plan de gestion intégrée des
ressources énergétiques, qui est un
aspect central, un aspect central du projet de loi. Il s'agit en fait d'un
processus structuré, participatif, transparent qui
va nous doter d'une vision d'ensemble de l'avenir énergétique. On est en train
de compléter une grande tournée à travers le
Québec pour élaborer ce plan-là, Vision énergie, tournée qui est pilotée de main
de maître, d'ailleurs, par le député de René-Lévesque. Ça nous a permis
de recueillir différents points de vue. On rencontre dans le cadre de cette tournée les élus municipaux, les producteurs
et les consommateurs d'énergie, les groupes de la société civile. Bref,
tout le monde y est convié pour penser l'énergie au Québec, l'énergie au Québec
pour les 25 prochaines années. Plus encore,
on a également consulté de manière distincte les communautés autochtones. Notre
gouvernement, en fait, souhaite favoriser les partenariats avec les
communautés autochtones afin de poursuivre la transition énergétique et pour
développer notre économie dans l'ensemble des régions.
Le plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques va refléter les valeurs et les aspirations de la population
québécoise. Il va porter sur toutes les sources d'énergie, incluant
l'efficacité énergétique et la sobriété énergétique. C'est une des demandes qui était souhaitée par de nombreux intervenants
et à laquelle nous adhérons. Le plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques va évaluer les diverses options pour agir sur la demande
énergétique et répondre aux besoins d'approvisionnement énergétique et
aux objectifs de décarbonation tout en considérant les implications économiques
et sociales. Dans un contexte d'évolution rapide du portrait énergétique et de
croissance des besoins en électricité, il était également important de modifier
le processus de fixation des tarifs d'électricité afin que la Régie de l'énergie détermine les tarifs sur la base du coût
des services requis pour la distribution d'électricité aux Québécois avec
prévisibilité tout en évitant des hausses importantes lors des révisions
tarifaires. Je rappelle que notre gouvernement s'est engagé à plafonner
à 3 % la hausse des tarifs résidentiels, et c'est ce qu'on vient de faire
avec le projet de loi n° 69, sans oublier les entreprises aussi, ici et
ailleurs, qui sont aussi à la recherche d'énergies propres.
Avec le projet de loi n° 69, on vient miser
sur l'efficacité énergétique et on vient accélérer le développement de nouveaux
projets énergétiques en électricité et dans les autres filières d'énergie
verte, des filières complémentaires comme le gaz naturel renouvelable, on donne
des moyens aux distributeurs de gaz naturel de développer des solutions de
rechange aux combustibles fossiles dans le but d'assurer notre résilience et
notre sécurité énergétique. On assouplit aussi
le processus d'approvisionnement et on rend Hydro-Québec encore plus agile et
efficace. C'est important de donner à Hydro-Québec les moyens et la
flexibilité d'accélérer ses projets dans le but d'assurer la réussite de la
transition énergétique.
Aussi, pour y arriver, on offre de nouvelles
options, des nouvelles options aux entreprises et aux communautés qui
permettent, avec l'autorisation du gouvernement, des modèles innovants de
production et de vente d'électricité, tout comme des partenariats, tout en
protégeant le caractère public d'Hydro-Québec. Et il s'agit là d'un aspect
crucial, crucial pour encourager le développement économique de nos régions,
sans oublier qu'on a inclus à notre projet de loi un amendement sur le retrait
du prix plancher pour l'essence et les autres types de carburant. On agit ainsi
pour protéger les intérêts des consommateurs
dans toutes les régions du Québec en favorisant un marché plus compétitif des
prix de l'essence. C'est un amendement qui a été porté d'une main de
maître par mon collègue de Beauce-Sud. Je souhaite d'ailleurs le remercier. Je
le remercie sincèrement pour son travail et son engagement. C'est un amendement
qu'il était important d'inclure dans ce projet de loi.
Bref, vous avez eu là quelques exemples de ce
que propose le projet de loi n° 69, Mme la Présidente. Il présente des
avancées significatives, avec des outils qui permettront à tout le monde
d'embarquer dans ce grand projet de société qu'est la transition énergétique.
Les communautés pourront s'investir davantage dans les projets énergétiques, et
des retombées en émaneront pour l'ensemble
des citoyens. Comme vous pouvez le constater, Mme la Présidente, le projet de
loi n° 69 va changer la vie de bien des Québécois.
Je remercie d'ailleurs mes collègues
parlementaires pour leur apport et pour leur engagement tout au long de ce
processus et pour leur engagement également dans l'avenir énergétique du
Québec. Je les invite maintenant à se joindre
à moi pour prendre en considération le rapport de la commission qui a été
déposé au terme de l'étude détaillée et j'en appelle aussi à leur collaboration afin qu'on puisse ensemble mettre en
place les outils législatifs pour nous permettre de propulser le Québec
comme leader de la transition énergétique et de l'économie verte. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Y a-t-il d'autres interventions? Monsieur...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
M. le député de Jacques-Cartier, la parole est à vous.
M. Gregory Kelley
M.
Kelley : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je veux rapidement
remercier aussi les équipes de la ministre, les fonctionnaires et, quand même, les attachés politiques, les
conseillers politiques de le cabinet de la ministre. Et, tous les collègues que j'ai siégé avec, c'était un
plaisir, vraiment, d'être avec vous autres cette session ici. On a eu des
moments agréables avec des bonbons, quand même une session de karaoké
avec le député de Jean-Talon. Alors, il y a eu des moments qui étaient agréables, c'est certain et c'est normal. Je crois
que, des fois, il faut quand même garder un respect entre nous. C'est
important, je pense, pour nos travaux en général, d'avoir un minimum de respect
entre nous.
Je veux
juste, Mme la Présidente, mentionner le fait que ça fait un an et presque un
jour depuis que ce projet de loi était... était déposé, qui... et on va
l'adopter. Je sais très bien parce que mon fils Abraham était né le 6 juin
2024, et c'est le même jour que...
oui, c'est le même jour que M. Fitzgibbon a déposé son projet de loi.
Alors, je me souviens très, très bien. Et je sais qu'entre le 6 de juin
puis septembre, moi, j'ai changé beaucoup des couches puis j'ai fait... et j'ai
donné beaucoup des biberons. Je ne sais pas qu'est-ce que
le ministre Fitzgibbon a fait à cette époque-là, mais c'est évident qu'on n'a pas travaillé sur ce projet de loi,
parce que, quand il a décidé de prendre sa retraite de la vie politique, la
ministre a pris la place de M. Fitzgibbon, puis, en septembre, on a
commencé des audiences publiques. Ça a duré, de mémoire, environ deux
semaines. Ils ont entendu des différents groupes, puis, après ça, on n'a pas
étudié le projet de loi, pas en octobre, pas
en novembre ni en décembre. La ministre a dit que, bien, avec l'arrivée de
Trump, le président Trump, c'est peut-être
mieux de prendre notre temps et de prendre un pas de recul. O.K. On est revenus
en février puis on a commencé l'étude détaillée.
Pendant ce temps-là... Et n'oubliez pas, Mme la
Présidente, que, dans la session de printemps, on a un budget qui est déposé, puis, à la suite de ça, il y a
l'étude des crédits. C'est trois semaines qu'on est pas mal occupés avec des
autres choses que les projets de loi.
Et je veux
encore juste répéter que ce gouvernement, la CAQ, a laissé 250 heures sur
la table avec ce projet de loi, 250 heures où on était capables d'étudier
ce projet de loi, et de faire ça correctement, et de terminer ce projet de loi pas en bâillon. Et c'est un projet de loi qui est
trop important pour notre société, de se terminer en bâillon, mais
malheureusement c'est le cas encore.
• (2 heures) •
Puis on peut répéter tous les autres cas où on a
passé les projets de loi importants pour notre société et notre économie par
bâillon, parce qu'ils ont plusieurs. Sept en sept ans, je pense, c'est
qu'est-ce que le leader... mon leader Monsef
Derraji a dit, député de Nelligan, aujourd'hui ou plus tôt cette semaine. Ça
devient une façon d'adopter des choses qui sont difficiles pour ce
gouvernement d'expliquer à la population.
«Bâillon», «brouillon», ça va ensemble, et ce projet
de loi est brouillon. C'est brouillon, Mme la Présidente. Quand même, ce soir,
le gouvernement a déposé, à la dernière minute, un autre amendement qui va
réduire les pouvoirs de la Régie de l'énergie, dernière minute. Aucune chance pour nous, les membres de l'opposition,
de regarder ça et discuter ça. C'est
décevant, c'est la seule chose que je peux dire. Parce que, quand même, ce
soir, on a eu deux débats fondamentals autour de ce projet de loi, qui
était pas mal accéléré.
Premier débat, c'était sur les appels d'offres
et le fait que ce gouvernement donne les pouvoirs à eux-mêmes de passer des projets majeurs sans des appels
d'offres. Hydro-Québec va juste dicter des termes puis le gouvernement va
dire oui. La ministre a dit qu'on va avoir
le juste prix avec ces projets. Le juste prix, ce n'est pas nécessairement le
meilleur prix, le meilleur prix pour les consommateurs du Québec, pour
nos entreprises, pour nos PME.
Puis j'ai posé une question très simple à la
ministre. O.K., Hydro-Québec Production embarque dans un projet éolien
important qui coûte des milliards de dollars, pas d'appel d'offres. Qu'est-ce
qu'il arrive si ce projet-là a des dépassements
de coûts majeurs? Une question pas mal simple, je pense. La ministre a pris une
pause. Très bonne question. Pause pour une couple de minutes, pour
vérifier qui va payer pour ça, comment ça va marcher.
J'ai dit : Bien, Mme la ministre, une autre
question. Plus tôt, cette semaine, on a adopté un amendement pour les
trop-perçus et des manques à gagner. Si Hydro-Québec charge des clients en
trop, ils vont trouver une façon de peut-être rembourser eux autres avec un bon
tarif, mais, si Hydro-Québec perd de l'argent, ils vont aller chercher l'argent dans les poches de qui? Des
consommateurs, parce que ce n'est pas le gouvernement qui va payer. On a donné
ces pouvoirs à Hydro-Québec. Hydro-Québec ne va jamais sortir perdante,
seulement des consommateurs, seulement nos PME, seulement nos grosses
industrielles, et c'est parce que ce gouvernement a décidé ne pas mettre Québec
d'abord, Hydro-Québec d'abord, et c'est problématique, Mme la Présidente.
Et finalement, après des discussions, le député
de Jean-Talon a posé des questions, la députée de Verdun a posé des questions, ma collègue de Robert-Baldwin, qui est extraordinaire, a posé des formidables questions, qui n'ont
pas vraiment eu... Oui. Ah! peut-être, ça va sortir des dividendes
d'Hydro-Québec. Je pense, ça, c'est comment ça va marcher, mais moi, je suis pas mal convaincu que, si
Hydro-Québec a des dépassements de coûts, comme ils ont eus avec leur ligne de
transmission sur la Côte-Nord jusqu'au Saguenay, des dépassements de coûts de
plus que 200 millions de dollars, ça va être des clients d'Hydro-Québec qui vont payer la facture. Puis on a eu
plus de temps à discuter de tout ça ce soir.
Deuxième élément, c'était sur les blocs
d'énergie. Encore, ce gouvernement a décidé de donner à eux autres des pouvoirs importants : c'est nous qui va
décider qui va avoir des blocs d'énergie. C'est loin d'être indépendant. Il n'y
a aucun chien de garde, aucun contre-pouvoir. Et, si on arrive dans une
année électorale et ça va mal dans les sondages, je peux vous garantir que les
circonscriptions de le côté gouvernemental vont avoir des blocs d'énergie avant
des circonscriptions des autres formations politiques. Non, non, non...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : M.
le leader.
M. Bonnardel :
...député prête des intentions,
présentement, là. Je vous demande de le corriger, s'il vous plaît, là.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le leader...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : S'il
vous plaît!
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! La parole est au député de
Jacques-Cartier. M. le député, s'il vous plaît, veuillez faire
attention. Soyez prudents et continuez votre énoncé, s'il vous plaît.
M. Kelley : C'est
une hypothèse, mais on verra, parce que l'histoire va juger ce gouvernement.
Alors, je commence avec ça, je vais avoir un autre 15 minutes, mais
encore, ce soir, on a vu une démonstration d'un gouvernement qui est fatigué, un gouvernement qui prend des décisions
pour eux-mêmes, pas pour les Québécois. Et, en 2026, ça va être : Dehors, la
CAQ!
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole
au député de Beauce-Sud.
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Hélène Baril, journaliste bien connue à La Presse,
travaillait, en 1996, au journal Le Soleil. Hélène Baril disait : «En décidant de contrôler le prix de
l'essence à la pompe, le gouvernement du Québec s'immisce pour la première
fois dans une activité laissée, jusqu'ici, aux lois du marché. Cette décision surprend. Au plus fort de la guerre des prix de
l'essence cet été, le ministre Guy Chevrette disait qu'il n'en était pas
question. La tendance actuelle est plutôt à la déréglementation. Tout le
monde, à notre époque, sympathise avec les gens d'affaires qui se plaignent de
l'abondance des règlements.»
Hélène Baril disait aussi à l'époque, en
1996 : «La réglementation empêchera désormais les consommateurs de profiter des guerres de prix. La structure qui
sera mise en place pour appliquer cette réglementation, même légère, a un
coût.» On parlait du prix plancher de
l'essence à l'époque, qui empêchait les consommateurs de profiter d'une guerre
de prix.
Alain Dubuc,
dans La Presse, disait également : «Comment les consommateurs réagiraient-ils si
le gouvernement imposait des
règlements pour forcer les épiceries à grande surface à vendre leurs produits
au même prix que les dépanneurs, donc
beaucoup plus chers? C'est exactement ce qui est en train de se produire dans
le commerce de l'essence au détail.» On le disait, on le mentionnait
déjà, quelques mois après la mise en place du prix plancher. «Un prix plancher
que réclament les détaillants indépendants, c'est l'équivalent des dépanneurs
de l'industrie.»
D'ailleurs, même à l'époque, nous avions
Nathalie St-Pierre, vous vous souvenez, elle était directrice générale d'Action Réseau Consommateur, Yanick Vance, analyste d'Option Consommateurs, écrivaient une lettre ouverte lorsque
le Parti
québécois a mis en place le prix
plancher. On mentionnait : «À cet égard, le choix... méthodologique, oui,
de la régie constitue une faiblesse
majeure. À l'avenir, les consommateurs risquent de devoir payer la protection
législative bien plus cher qu'elle vaut réellement.
«Par ailleurs, un prix plancher trop élevé a des
effets très... a des effets pervers très importants. Il désincite à innover et
à améliorer l'offre de produits et de services dans les stations-service afin
de la rendre conforme aux besoins des
consommateurs. Ils empêchent la sortie des détaillants les moins efficaces
afin... puisque l'on garantit une marge de profit et facilite l'arrivée de
nouveaux joueurs très performants, qu'on n'a pourtant pas besoin de cette
garantie de profits.
«Nous croyons
donc que la solution mise de l'avant — à
l'époque, souvenez-vous, par les indépendants — n'est pas
de nature à aider leur cause. Bien au contraire, puisque la protection
s'applique à tous les joueurs, elle donne des armes à leurs concurrents
beaucoup plus solides financièrement.»
Alors, déjà à
l'époque, Mme la Présidente, on mentionnait que la mise en place d'un prix
plancher dans le domaine de l'essence, les consommateurs allaient en payer le
prix, que ça allait faire en sorte qu'on puisse, à chaque semaine, via
un calcul fait par la Régie de l'énergie, faire en sorte qu'on ne peut pas
descendre en bas d'un certain prix.
D'ailleurs, entre 2018 et 2023, c'est plus de
4 700 mises en demeure qui ont été envoyées entre les concurrents au Québec en fonction du prix plancher, ce qui
veut dire que, près de 5 000 fois, les consommateurs ont manqué des
occasions de pouvoir payer leur essence moins chère, Mme la Présidente.
Et ce n'est pas banal.
Et, vous savez, l'essence, il ne faut pas snober
ça, là. On croit à la transition énergétique, on croit évidemment aux différents véhicules électriques qui sont sur
le marché, mais une forte majorité de Québécois, Mme la Présidente, ont encore
un véhicule à l'essence. La jeune famille qui, dans les prochaines heures, se
rendra pour un tournoi de soccer chez eux avec leurs enfants, Mme la
Présidente, devra prendre un véhicule à essence. Ce sont des gens chez nous,
dans nos circonscriptions, des agriculteurs,
des agricultrices, Mme la Présidente, qui ont un chemin à faire pour pouvoir se
rendre, pour aller travailler, par moment, qui ont un véhicule à
essence. C'est la réalité, évidemment, des camionneurs artisans, c'est la réalité des camionneurs, Mme la
Présidente, et c'est la réalité, beaucoup, des régions du Québec également.
Alors, de faire en sorte qu'à l'intérieur du projet de loi n° 69 on
puisse abolir le prix plancher pour amener le libre marché, la libre
concurrence, on pense que c'est bon.
• (2 h 10) •
Et vous avez entendu comme moi, Mme la
Présidente, toute la notion des indépendants. Vous vous souvenez de ça. Il faut juste se rappeler qu'en 1997, quand
le Parti québécois instaure le prix plancher, Mme la Présidente, il
y a 5 000 stations d'essence au Québec, près de 3 000
indépendants; aujourd'hui, 2 779 stations d'essence, 70 indépendants
purs. Il faut dire qu'il y a des gens qui se disent indépendants qui sont
propriétaires de plus de 400 stations d'essence, Mme la Présidente.
Alors, le marché a complètement changé.
82 % est géré par un centre de prix, Mme la Présidente. 75 % de l'essence vendue au Québec est gérée par les cinq
plus grands joueurs, les cinq plus grandes bannières. Nous ne sommes pas
du tout dans le même contexte de 1997 pour pouvoir laisser le libre marché et
la libre concurrence dans ce domaine. On est humble, Mme la Présidente. On ne
pense pas que, dans la nuit de samedi à dimanche, tout va changer. Vous savez, il y a un prix d'acquisition à la rampe, un coût de
transport, mais il y a une chose qui est fort importante, ce sont les
disparités régionales.
Vous savez,
en juin 2023, je m'adresse au bureau fédéral de la concurrence, qui a ouvert
une enquête en Beauce. Ma collègue...
Mes collègues, également, de la région de la Gaspésie, je vois le député de
Gaspé, la députée de Bonaventure, la députée de Rivière-du-Loup, mes
collègues sur la Côte-Nord, dans différentes régions du Québec, se sont
adressés... parce que les marges de profit
étaient plus élevées qu'ailleurs au Québec. Deux rapports de la Régie de
l'énergie sont venus nous donner
raison, CAA-Québec sont venus nous donner raison, la Fédération canadienne des
contribuables sont venus nous donner raison qu'encore chez nous, en
Beauce, on paie près de 0,20 $ de plus que certaines régions du Québec,
Mme la Présidente.
On a rencontré les essenceries également. On
nous disait : Oui, mais, vous savez, dans certains marchés, il y a beaucoup de stations, on a de la difficulté à être
rentable. Il n'en demeure pas moins que c'est une injustice à long terme
quand, sur plusieurs années, pendant près de 10 ans, certaines régions
doivent payer leur essence plus chère qu'ailleurs. Alors, aujourd'hui, on dit aux bannières, on dit à celles et ceux qui
dictent le marché de prix à l'intérieur d'un centre de prix : Il est possible de pouvoir diminuer.
Trompons-nous pas, Mme la Présidente, 2024, on s'est approché du prix plancher
à 0,01 $, 0,02 $ de différence,
et, comme je disais tout à l'heure, près de 5 000 mises en demeure,
ça veut dire qu'on est capable d'aller en bas du prix plancher. Vous
avez vu, il y a deux semaines, Couche-Tard, 0,10 $ de rabais. Il y a
ces cartes-rabais, là, d'à peu près toutes
les grandes compagnies, qui sont capables de descendre jusqu'à 0,18 $ de
rabais du litre.
Alors, on est
capable de faire en sorte que les consommateurs, Mme la Présidente, puissent
payer leur essence moins chère, et ne
détournons pas ça sur l'enjeu des taxes. En Beauce, on paie les mêmes taxes
qu'ailleurs, Mme la Présidente, mais on paie notre essence parfois près
de 0,20 $ de plus qu'ailleurs au Québec. Alors, on a bon espoir, avec
l'appui de l'ensemble des formations politiques ici, de faire en sorte qu'à
l'intérieur du projet de loi n° 69 on puisse abolir le prix plancher, on puisse envoyer une direction claire
aux bannières qui sont présentes dans toutes les régions du Québec qu'il
est possible d'avoir un marché compétitif.
Et, j'ajoute à ça, dès 2026, nous allons obliger
chacune des stations d'essence au Québec à transmettre à la Régie de l'énergie chaque changement de prix à
l'essence. Allez voir en France, ça se fait, et dans plein d'autres
juridictions, ce qui veut dire que nous allons donner des données au
bureau fédéral de la concurrence pour pouvoir surveiller, dans chaque ville du Québec, ce qui se passe, parce
que, présentement, le bureau fédéral, à qui on s'adresse, n'a pas toutes les
données, ne peut pas surveiller, en temps réel, le prix affiché à
Saint-Georges-de-Beauce. Là, il sera obligatoire de nous les transmettre, nous pourrons le faire, et, si,
dans certaines villes, il y a apparence de compétition qui n'est pas saine ou,
du moins, d'événement anticoncurrentiel, ils auront des données pour pouvoir
agir.
Je pense que
le libre marché, la libre concurrence peut certainement servir les Québécois,
aider les gens des régions, nos
entreprises, nos agriculteurs, mais surtout, Mme la Présidente, pouvoir faire
en sorte de ramener ce libre marché qui est si important pour les
Québécois. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard pour
une période de 10 minutes.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Quel triste moment pour notre démocratie. Il est 2 h 15
du matin, et nous nous apprêtons à adopter, sous bâillon, un projet de loi, le
projet de loi de l'appauvrissement, le projet de loi de l'appauvrissement dont
les conséquences sont majeures, l'appauvrissement de l'État au profit du privé,
l'appauvrissement des Québécoises et Québécois par l'explosion des coûts de
leurs factures et l'appauvrissement de notre démocratie, l'appauvrissement de
l'État face au privé, car, plutôt que de centrer la transition écologique sur
la sobriété d'abord, l'efficacité ensuite et la production enfin, la vision de
ce gouvernement qu'on retrouve dans ce projet de
loi est presque uniquement centrée sur la production. C'est la version «drill,
baby, drill» de la CAQ, c'est un «drill, baby, drill» où on ouvre grand les
portes pour le privé dans la production de l'électricité, une pratique, malheureusement,
initiée il y a 25 ans par le Parti québécois, continuée par les
gouvernements du Parti libéral, du Parti québécois et de la CAQ, et qui pourra
être accélérée allègrement grâce à ce projet de loi. Or, pour chaque
kilowattheure produit dans le privé, Mme la Présidente, les actionnaires se
prennent une cote qui nous a coûté, depuis le début des années 2000,
1 milliard et qui nous en coûtera deux de plus d'ici 2035. Pour chaque
projet dans le privé, le privé s'endette chez les banques et il paie 8 %
d'intérêts, quand un projet, le même, fait par Hydro-Québec est seulement à
4 % d'intérêts chez les banques. La différence entre ce qu'on donne aux
actionnaires et ce qu'on donne aux banques, par rapport à un projet fait par
Hydro-Québec, pour chaque éolienne, c'est 34 % de plus qu'on transfère au
privé.
Ce n'est pas tout, Mme la Présidente. Le marché
de l'électricité est terriblement risqué, plus risqué que le baril de pétrole,
plus risqué que le bitcoin, Mme la Présidente. Et nous garantissons un prix
fixe sur 20 ans au privé. Nous privatisons les gains et nous socialisons
les risques, car c'est vous, et moi, et les gens qui nous écoutent qui prennent
tous les risques à travers Hydro-Québec. Ce n'est toujours pas tout, Mme la
Présidente, car des compagnies comme Brookfield, comme Boralex, comme Énergir
envoient des milliards de dollars dans des paradis fiscaux, faut-il le
rappeler. Et faut-il le rappeler, qu'un spécialiste des politiques publiques de
chez Brookfield était le bras droit de Fitzgibbon et a été le bras droit,
jusqu'à il y a deux semaines, de la ministre de l'Économie elle-même?
Malheureusement, ce projet de loi ne s'arrête
pas à accélérer la production dans le privé, il vient casser un fondement
majeur, majeur de l'exploitation de l'électricité, où, dorénavant, le privé
pourra vendre au privé. Ce projet de loi permet aussi à Hydro-Québec de se
départir d'actifs dans des barrages de moins de 100 mégawatts. Ça, ce
n'est pas un ou deux, c'est neuf nouveaux barrages qui
pourront être vendus au privé. Chaque kilowattheure fait dans le privé, c'est
autant d'argent de moins pour nos écoles et nos hôpitaux, quand ce n'est pas
simplement et trop souvent une augmentation des factures d'électricité des
Québécoises et Québécois. Car ce projet de loi apporte aussi une
nouveauté : chaque fois qu'il est capable de faire peser le coût du côté
des factures des Québécoises et des Québécois, il l'a fait, plutôt que de
l'envoyer du côté des dividendes.
Or, nous ne sommes pas égaux devant le coût de
l'électricité. Un Québécois sur sept est en précarité énergétique. Il doit
choisir entre le loyer, manger ou payer son électricité. Et, bien sûr, les
mieux nantis paient un très faible pourcentage de leurs revenus en électricité.
Et donc, à chaque fois qu'on va préférer augmenter les factures d'électricité
plutôt que les dividendes de l'État, nous sommes en train d'augmenter les inégalités
et faire peser de plus en plus sur les moins
nantis cette transition écologique, et je devrais l'appeler ce boom
énergétique. Car ce gouvernement a même refusé d'inscrire dans la loi le
fait qu'on vise la carboneutralité en 2050. Il se cache derrière l'idée de dire
que nous allons diminuer les gaz à effet de serre. Mais nous avons entendu la
ministre elle-même, il y a quelques semaines, nous dire qu'il faudrait investir
dans l'armement, dans l'armement, et elle ne l'a pas nié ce soir.
C'est un appauvrissement des Québécoises et des
Québécois, mais c'est aussi un appauvrissement de notre démocratie, Mme la
Présidente, car ce projet de loi affaiblit la Régie de l'énergie, qui est,
rappelons-le, un tribunal qui vient régler
deux problèmes : d'abord, les problèmes associés au monopole naturel
qu'est Hydro-Québec et les excès que pourrait
faire un gouvernement avec notre joyau national et les prix de l'électricité.
Il vient de l'affaiblir de toute manière. Et nous avons reçu, il y a
juste quelques minutes, des nouveaux amendements qui viennent encore plus
l'affaiblir.
• (2 h 20) •
Mais parlons des choses les plus graves. La
régie est là pour définir un prix de l'électricité juste. Et ce gouvernement-là
se donne le droit, par simple décret, de surpasser, de décider quels seraient
les tarifs d'électricité. Ce gouvernement-là, par simple décret, déciderait
d'enlever les lois de l'interfinancement, les règlements... C'est un règlement qui date de 1962, où nous avons décidé
que, parce que les Québécois prenaient des risques, ils avaient le droit
de payer moins cher leur électricité et le
privé, un peu plus cher. Aujourd'hui, ce gouvernement va investir
180 milliards de dollars. Imaginez tous les risques que nous
allons prendre. Eh bien, cet interfinancement pourra sauter.
Et ils osent
nous dire que, non, vous inquiétez pas, l'augmentation sera seulement de
3 %. Or, le P.D.G., M. Sabia, alors qu'il ne savait pas qu'il
était filmé, a affirmé que les prix allaient augmenter. Or, l'ancien ministre
de l'Énergie a affirmé que, d'ici cinq à
10 ans, les prix allaient exploser. Et, d'après nos calculs, de par les
promesses, entre autres, de l'ancien ministre de l'Énergie, les prix
vont effectivement exploser, Mme la Présidente.
Pour finir,
Mme la Présidente, je voudrais m'adresser à la société civile qui a été là
depuis le début, les défenseurs des consommateurs, les travailleuses et
travailleurs d'Hydro-Québec, les écologistes, qui ont rappelé, jour après jour,
que nous avons besoin d'une véritable vision
pour l'avenir, que nous avons besoin de protéger notre bien commun, le vent,
l'eau et Hydro-Québec. Eh bien, je leur dis : Lâchez pas, car, demain,
dans un an, dans trois ans, Québec solidaire sera à votre côté. Et, dans
un an, ce gouvernement-là ne sera plus là. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole au député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : J'aimerais
quand même prendre quelques secondes pour, moi aussi, féliciter et remercier
tous les collègues de toutes les formations politiques qui ont participé
aux travaux d'étude du projet de loi n° 69, parce que c'est un projet de loi très complexe, très dense.
Et je sais que tout le monde y a travaillé, tout le monde y a travaillé dans
sa vision de l'intérêt public. Il y a des
gens aussi au ministère qui ont travaillé très fort pour le préparer. Ça, c'est
important de le mentionner.
Et ça m'amène
à parler de... Ah! puis je voudrais aussi remercier les gens, qui sont très
nombreux, de la société civile, des
groupes qui représentent les consommateurs, les entreprises, les PME, les
industries, qui ont participé très activement à nos travaux, qui ont été
consultés, je le sais, par toutes les formations politiques. Merci de votre
engagement.
Et c'est ce
qui m'amène à exprimer, moi aussi, ma grande tristesse, parce que, là, on est
au moment où on reçoit le dernier rapport des travaux d'étude de ce
projet de loi, qui méritait beaucoup plus de temps d'étude. Parce qu'en réalité, sur les 112 heures d'étude, il y en
a 30 qui sont... qui ont été passées en suspension, c'est-à-dire 82 heures
d'étude pour un projet qui, à sa base, était très complexe et qui
méritait des discussions éclairées, des discussions avec des questions légitimes
sur à peu près tous les articles.
Il y en a
quand même 45 qui ont été adoptés et 42 amendements, ça veut dire près de
90 articles qui ont été adoptés. Et il y en a plusieurs, c'est important de le dire, on a dit : Oui, au
début, ça a pris du temps. L'article 4 du projet de loi ajoute cinq
articles à la Loi sur le ministère de l'Économie et de l'Innovation. Et chacun
était extrêmement important parce qu'on était en train de définir qu'allait
être la mission du gouvernement en matière d'énergie.
Et l'importance du travail, c'est qu'alors que
c'est un projet de loi qui était présenté comme devant nous guider vers la transition, ça ne parlait pas de
transition. Et c'est un travail vraiment vigoureux, rigoureux de l'opposition.
J'y ai participé avec fierté. Je sais
que mes collègues aussi. Et la ministre y a participé de manière très
constructive. Et, ensemble, ça a pris
du temps, mais on est arrivés avec des formulations beaucoup plus adéquates. Et
je sais que la ministre a travaillé fort au cabinet pour faire... au Conseil
des ministres pour faire passer ça.
C'est ce qu'on aurait pu faire dans le reste du
projet de loi, mais, quand on a vu le bâillon arriver, bien sûr, ça nous a contraints. Et, aujourd'hui, bien, dans les
heures qu'on avait, on a abordé des questions aussi complexes que les
appels d'offres ou pas pour les 200 milliards de contrats qu'on va
octroyer, à travers le gouvernement ou à travers Hydro-Québec,
pour le développement énergétique. 200 milliards de contrats. Puis là on
indique qu'il y en a plein qui n'auront pas
d'appel d'offres. Il y avait de sérieuses discussions à avoir. Et les questions
qui ont été soulevées ont permis de débusquer certains enjeux.
On parlait ensuite de l'octroi des fameux blocs
d'énergie. Il y en avait plein d'autres, questions, à étudier, puis imaginez ce
qu'il restait à faire : des dispositions sur le transport d'électricité,
les pouvoirs du gouvernement d'indiquer ses préoccupations à la Régie de
l'énergie, le programme, le fameux programme d'aide financière pour compenser
la hausse des tarifs d'électricité pour les
foyers, j'en passe, le prix de l'essence, préparé avec soin par le député de Beauce-Sud,
on n'a pas eu le temps d'en parler, toutes les dispositions relativement
à la privatisation, parce que, oui, il y a une privatisation. On vend des actifs, on permet l'utilisation des cours
d'eau du Québec plus facilement, on permet des transactions qu'avant on
ne permettait pas en faveur du privé.
Donc, au-delà de la politique, c'était une porte
plus grande, c'est une porte plus grande pour le privé, puis on n'a pas eu le
temps d'en discuter. Et c'est à ça que ça sert, une commission parlementaire,
Mme la Présidente, puis on n'a pas eu le temps, on n'a pas eu le temps de finir
notre travail. Quel gâchis!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député de René-Lévesque.
M. Yves Montigny
M. Montigny : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais prendre un moment, d'entrée de jeu, pour remettre certaines pendules à l'heure.
Simplement, je vais prendre le temps de lire une réponse qui a été faite par un
chercheur renommé, qui a été cité souvent dans le cadre des travaux, d'une
réplique à un de mes collègues : «Il n'y a aucune privatisation dans la
loi n° 69. Aucune partie d'Hydro-Québec n'est vendue.
Les producteurs indépendants qui pouvaient déjà produire pourront encore
produire. Tout comme des agriculteurs privés cultivent la terre et utilisent l'énergie solaire avec la photosynthèse, des
individus, des organisations, des entreprises peuvent déjà et pourront mettre
des panneaux solaires pour produire de
l'électricité. Ils ne pourront pas la revendre à quiconque, sauf dans des
circonstances très particulières.» Professeur, HEC Montréal,
Pierre-Olivier Pineau, il y a quatre heures, Mme la Présidente.
La position
du gouvernement et du P.D.G. d'Hydro-Québec est très claire : il n'est
aucunement question, Mme la Présidente, de privatiser Hydro-Québec en
tout et en partie. Au contraire, en doublant la production d'Hydro-Québec, on
va investir 155 à 185 milliards de dollars d'ici 2035. C'est des
investissements majeurs dans les régions du Québec comme la Côte-Nord, comme la Gaspésie, comme le Bas-Saint-Laurent. Je n'en reviens pas que j'ai des collègues qui ne sont pas
d'accord avec ça.
Aujourd'hui, Mme la Présidente, nous travaillons
à l'étude d'un projet de loi extrêmement important pour ma circonscription.
Nous voulons réaliser de nombreux projets énergétiques chez nous, en Gaspésie,
au Bas-Saint-Laurent puis dans toutes les
régions du Québec, Mme la Présidente. Le projet dont on étudie cette nuit nous
permettra d'accélérer les investissements économiques dans nos régions
du Québec et particulièrement dans l'Est du Québec. Je pense à l'alliance de l'Est, Mme la Présidente, qui
souhaite développer des projets en collaboration avec les communautés
autochtones. Puis il y a des gens ici
qui appellent ça du privé ou de la privatisation. C'est du partenariat avec des
communautés locales, Mme la Présidente.
Je trouvais ça ahurissant d'entendre ces gens-là
dire qu'ils ne souhaitaient pas encourager ça parce qu'ils décriaient que
c'était du privé. J'ai même entendu, pendant la commission où j'ai assisté
pendant plusieurs heures, quelqu'un décrier
une société en commandite dans mon territoire, dans ma circonscription, à
Baie-Comeau particulièrement, la Société en commandite hydroélectrique
Manicouagan, comme si c'était privé. Quand la personne a su que c'était
propriété d'Hydro-Québec à 60 %, je vous le dis, Mme la Présidente, que
son visage a changé d'expression.
• (2 h 30) •
Mme la Présidente, sur la Côte-Nord, il y a des
projets énergétiques en ébullition, il faut les accélérer avec le projet de loi
n° 69. Encore cette année, les annonces des projets énergétiques ont été
nombreuses sur la Côte-Nord. Alors
qu'Hydro-Québec se prépare à bâtir d'immenses parcs éoliens terrestres et que
des entreprises obtiennent des blocs d'énergie, Radio-Canada a demandé à
des élus qu'est-ce qu'ils en pensent. Mme la Présidente,
Mme Micheline Anctil, préfet de la MRC de La Haute-Côte-Nord,
nous dit : «Pour créer le parc éolien de la Haute-Côte-Nord, il faut des
infrastructures qui soient développées pour accorder cette production. Je suis
confiante par rapport à ce développement. Nous
travaillons étroitement avec Hydro-Québec pour que ça se réalise à court et à moyen terme.»
Ça ne se peut pas que des collègues cherchent à freiner le développement
d'énergie pour décarboner notre économie et notre Québec. Il faut accentuer ces
projets qui vont nous permettre d'accentuer notre décarbonation.
On a des
projets qu'on travaille aussi dans le domaine hydroélectrique. Oui, il y a
l'éolien, c'est important, mais il y a l'hydroélectrique aussi. Moi, je suis
chanceux, je suis le député de René-Lévesque, Mme la Présidente. Pourquoi? À cause d'Hydro-Québec et de René Lévesque. C'est
la Manicouagan. La Manicouagan, c'est chez nous, c'est là que je suis né. Dans
la Manicouagan, on a les barrages Manic-2... Manic-1, Manic-2, Manic-3 et
Manic-5. Savez-vous pourquoi, Mme la
Présidente, il n'y a pas de Manic-4? Parce que, Manic-3, ils l'ont fait
beaucoup plus gros puis ils sont allés, je dirais, en... bien, avec le
niveau d'eau, ils sont allés par-dessus l'emplacement qui était prévu pour
Manic-4. Aujourd'hui, juste en changeant les
turbines, en rehaussant la capacité de production de ces barrages-là, on va
être capables de produire jusqu'à
1 000 mégawatts additionnels pour décarboner notre économie, pour
faire travailler les employés d'Hydro-Québec puis augmenter le nombre
d'employés.
Cette année, on a constaté, Mme la Présidente,
qu'on est rendus, sur la Côte-Nord, à presque 1 000 employés
d'Hydro-Québec. Savez-vous combien il y en avait chez Hydro, en 2022, quand je
suis devenu député? 700 quelques. On a augmenté de
presque 20 %, peut-être même plus, 20 % le nombre d'employés
syndiqués chez Hydro-Québec sur la
Côte-Nord, Mme la Présidente. Ça, c'est des emplois payants, concrètement,
localement, chez nous, puis, ça, c'est des employés syndiqués, Mme la Présidente. On va continuer à développer
Hydro-Québec puis à créer des emplois chez nous.
Je
vais citer un autre intervenant qui nous disait, Mme la Présidente, qu'on se
dirige vers une autre année énergétique avec le gouvernement : «Les forces
du Québec, à l'échelle internationale, sont principalement dans les régions
nordiques», comme la Côte-Nord et le Nord-du-Québec, Mme la Présidente. Et, ça, ça se fait notamment avec des projets en
partenariat qu'on réussit à faire avec Terre-Neuve-et-le-Labrador et
aussi avec les communautés autochtones.
Je vais vous parler,
Mme la Présidente, d'un très beau projet éolien, qui est fait, oui, avec
Innergex, oui, une entreprise privée, comme décrient des collègues ici. Vous
savez que c'est propriété de la Caisse de dépôt, Innergex? Mme la Présidente, le projet éolien communautaire
de 300 mégawatts du Conseil des Innus de Pessamit, d'Innergex et de la MRC
Manicouagan, sélectionné par Hydro-Québec, pourquoi? Parce que c'est fait en
partenariat avec des communautés locales, des investissements concrets
par les communautés, par les communautés innues mais aussi par les MRC.
Mme la Présidente,
c'est des beaux modèles de développement économique, avec des retombées
locales, directement choisis par des
communautés innues qui ont décidé, pour la première fois à Pessamit, de
s'engager dans un projet de développement économique. C'est formidable,
Mme la Présidente.
La participation
communautaire offre des avantages extrêmement importants pour la communauté. Au
moment où je vous parle, il y a 45 maisons qui ont été soit construites ou
finies d'être construire pour des familles qui vivaient à 10 avant dans des maisons parce qu'ils ont décidé de s'engager avec
Hydro-Québec dans un moment de dialogue pour réussir à faire des partenariats,
notamment pour développer des projets énergétiques comme ceux-là. C'est-tu
assez formidable?
Je continue, Mme la
Présidente, simplement en vous signifiant qu'il y en a d'autres beaux projets
comme ça, éoliens, qui sont développés par Hydro-Québec — oui,
oui, par Hydro-Québec — sur
le territoire non seulement du Saguenay—Lac-Saint-Jean, mais de la
Côte-Nord, en partenariat avec Essipit, Essipit, communauté innue du territoire
de la Côte-Nord, qui travaille à un projet
merveilleux de 1 000 mégawatts, 1 000 mégawatts, en
territoire innu. C'est eux qui ont choisi, Essipit, comme communauté, de
s'associer avec des MRC, avec Hydro-Québec pour faire un projet majeur de développement éolien sur le territoire.
On veut accélérer ça, Mme la Présidente. C'est pour ça qu'il faut qu'on vote
absolument aujourd'hui ce projet de loi aussi important, Mme la Présidente,
pour continuer puis pour accélérer des projets de ce type-là, qui sont
faits en partenariat avec les communautés locales.
Autre élément que je
voudrais rajouter dans le temps qu'il me reste, dans la dernière minute, les
réseaux municipaux. J'ai été maire de Baie-Comeau pendant cinq ans. Le
réseau municipal de Baie-Comeau, parce qu'on l'a développé, parce qu'on l'a
développé, il permet de sauver des taxes aux citoyens. 2 millions d'argent
qu'on a sauvé dans les poches des citoyens à cause du développement du réseau
municipal. J'entendais des collègues quasiment déchirer leur chemise en commission parlementaire parce que c'était
épouvantable. J'ai vu des collègues voter contre un amendement qui était
souhaité par l'AREQ, l'association des distributeurs des réseaux municipaux.
Mme la Présidente, je
m'arrête ici, je fais simplement vous dire qu'il faut absolument, tous les
collègues ici, qu'on adopte ce projet de loi là pour développer notre Québec,
puis développer... décarboner aussi notre économie, puis encourager les régions
à se développer. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la
parole à la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci, Mme la Présidente. J'ai quelques minutes et je crois qu'on va
commencer avec le fait que, les partis d'opposition, ce soir, il y a un
consensus, un consensus parmi nous que, oui, c'est vraiment un triste moment dans l'histoire du Québec, ce soir, en
termes de notre démocratie. Parce qu'on est ici ce soir, à 2 h 20 du
matin, parce que la CAQ nous a imposé
un bâillon sur un projet excessivement important pour le Québec, pour les
Québécoises et les Québécois, la transition énergétique, notre avenir.
Et on aurait pu...
Pourquoi
on est ici? Parce qu'on a orchestré une urgence basée sur un 6 milliards,
que c'était pour... on était pour perdre un 6 milliards, Mme la
Présidente. Et ça, c'est un estimé d'Hydro-Québec. Ça ne vient même pas du
gouvernement. Et, lorsqu'on a
questionné la ministre sur est-ce que vous avez des documents pour appuyer le
6 milliards, ça vient d'où, aucun document qui a été revisé par la
ministre concernant ce 6 milliards. Puis c'est pour ça qu'on est ici, en
bâillon, pour précipiter l'adoption d'un
projet de loi, un projet de loi qui, jusqu'à deux semaines, composait
157 articles, et après ça on a
reçu 52 amendements, Mme la Présidente, 52 amendements, malgré le
fait que le projet de loi est déposé il y a un an.
• (2 h 40) •
Et pourquoi, et on
l'a vu, Mme la Présidente, même ce soir, en termes du véritable objectif de ce
gouvernement, pour... précipiter en ce
moment l'adoption de ce projet de loi? Parce que là, en ce moment, on veut
affaiblir la Régie de l'énergie, on
veut... Le gouvernement est en train de s'octroyer des pouvoirs, de nouveaux
pouvoirs, travaille main dans la main avec Hydro-Québec, et on va
complètement écarter le rôle fondamental de la Régie de l'énergie. Et même la ministre... On a commencé l'étude détaillée
avec... On a parlé du principe fondamental de la régie, son indépendance, son indépendance,
le fait que c'est le garde-fou, c'est le contrepoids à Hydro-Québec, c'est le
chien de garde. On l'a... Même la ministre
l'a répété encore ce soir. Mais comment se fait-il que ce gouvernement, avec ce
projet de loi, va écarter la régie, qui était la seule responsable de fixer les
tarifs domestiques? Et là, maintenant, le gouvernement de la CAQ l'a
politisé, toutes ces questions de fixation de tarifs. On est en train de
politiser le système d'énergie et on est en train d'affaiblir considérablement
la régie.
Et on l'a vu ce soir, Mme
la Présidente, avec les appels d'offres, que, là, maintenant, Hydro-Québec,
avec l'autorisation du gouvernement... La régie va être complètement écartée en
ce qui a trait à la nécessité d'obtenir l'autorisation de la régie pour
qu'Hydro puisse aller conclure des contrats en matière d'approvisionnement, et
là on parle de contrats... Les futurs
contrats, là, en approvisionnement, ça va être des milliards de dollars, des
milliards de dollars. Bien, finalement, qui va assumer la responsabilité
financière de tous ces contrats-là en énergie?
Bien,
ça aussi, c'est un amendement, Mme la Présidente, qu'on a reçu il y a deux
semaines, cet amendement-là, et là on a vu qu'on va être dans une
situation très précaire, très, très précaire, et c'est... Lorsqu'on regarde les
deux derniers articles qu'on a révisés, entre toute la question des appels
d'offres et que, là, ça va être complètement sous le contrôle du gouvernement
et Hydro-Québec, on va filtrer la facture aux consommateurs, et là plus
particulièrement les PME et les industriels.
Et, ça, notre chef en a parlé, qu'au bout du compte il va y avoir un choc
tarifaire. Il va y avoir un choc
tarifaire parce qu'on ne pourra pas supporter, soutenir cette transition
énergétique, et que ça va être nos PME et nos industriels qui vont assumer tous les coûts, parce que c'est ça qu'on
est allés... Évidemment, un des derniers amendements, Mme la Présidente,
c'était lié à ça, en termes de tous les coûts vont être transférés aux
consommateurs, et ça, c'est vraiment une... c'est triste, c'est triste, une
triste réalité qu'on soit ici et qu'on avait... On faisait vraiment du travail très important, parce que c'est un projet de loi
complexe, et c'était juste en questionnant et en posant plusieurs questions à
la ministre qu'on a découvert, au fur et à mesure de chaque article, la
véritable... le véritable objectif de ce gouvernement, et on va le voir
dans la prochaine année, parce qu'au bout du compte il va y avoir un choc
tarifaire, et ça va être très regrettable, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de
Verdun. Vous avez 1 min 58 s.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Bien, merci, Mme la
Présidente. Je vais aller droit au bout... au but, pardon. On est en train de
forcer l'adoption d'un projet de loi qui aura des conséquences irréversibles
pour notre avenir énergétique, pour l'indépendance
économique du Québec, pour le portefeuille des Québécois et Québécoises. On est
en train de centraliser des pouvoirs, politiser des décisions, puis je
veux juste enchérir...
On a passé
2 h 30 min, dans l'étude du projet de loi, sur
l'article 45, un article extrêmement important parce que cet article donne au gouvernement le pouvoir d'autoriser des contrats d'approvisionnement en électricité
sans appel d'offres, c'est-à-dire qu'on va sauter une étape cruciale,
donner des contrats sans avoir l'autorisation de la régie. Et j'ai posé des questions à la ministre sur comment
et quand on allait donner ce type de contrat en sautant cette étape-là, de
dire est-ce qu'il y a une grille rigoureuse pour savoir comment et quand
on va donner ce type de contrat. Elle me l'a dit mot par mot : Ça va être
du cas par cas, une grille par projet. Donc, on n'a aucune garantie de comment
ce processus va avoir lieu. Et ça, c'est juste l'image dans une phrase que tout
va être fait sur mesure. Pour qui? On le sait très bien, pour qui, pour les entreprises qui sont déjà
prêtes, pour les multinationales qui vont sauter sur l'occasion. C'est comme ça
qu'on va donner des contrats d'approvisionnement, des blocs d'énergie. C'est
comme ça aussi qu'on va regarder les tarifs
d'électricité. C'est à... C'est l'image parfaite de comment ce projet de loi
est en train d'être fait, sur mesure, pour privatiser
l'approvisionnement, les blocs d'énergie et, en fin de compte, démanteler Hydro-Québec.
On parle de transition énergétique, mais c'est juste une instrumentalisation.
Parce qu'on l'a vu, que le projet de loi n° 69 se présente comme un outil décarbonisation mais retire l'obligation d'Hydro-Québec de desservir certains clients. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) :
Cela met fin à la prise en considération du
rapport de la commission plénière sur le projet de loi n° 69, Loi assurant
la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives.
Conformément à
l'article 257.7 du règlement, je vais donner lecture de chacun des
amendements proposés avant la mise aux voix et chacun des votes se fera à main
levée.
Mise
aux voix des amendements de la ministre
Je mets d'abord aux
voix les amendements présentés par Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Article 15.1 :
Insérer, après l'article 15 du projet de loi, le suivant :
15.1.
L'article 10 de cette loi est modifié :
1° par l'ajout, à la
fin du premier alinéa, de la phrase suivante :
«Toutefois,
le gouvernement peut prévoir un mandat d'une durée fixe moindre, indiquée dans
l'acte de nomination d'un régisseur,
lorsque le candidat en fait la demande pour des motifs sérieux [et] lorsque des
circonstances particulières indiquées dans cet acte l'exigent.»;
2° par le remplacement,
dans le deuxième alinéa, de «Toutefois, la» par «La».
Est-ce que cet
amendement est adopté? Adopté.
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : ...
M.
Cliche-Rivard : ...je pense qu'on fait un vote, ici, c'est une période
de vote, c'est solennel. Je pense que chaque élu doit être à sa place pour
pouvoir voter.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : En
effet. Est-ce que vous voudriez, s'il vous plaît, prendre vos places?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : La demande a été faite. S'il vous plaît, est-ce
que vous pourriez prendre vos places respectives?
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Donc, l'amendement a été adopté sur division.
M.
Cliche-Rivard : ...on va permettre aux gens de prendre leur place pour
qu'ils puissent enregistrer leur vote, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : C'était
un vote à main levée. Ils étaient capables de lever la main à l'endroit
où ils étaient. J'ai acquiescé à votre demande. Maintenant, on va aller au
prochain amendement. Donc...
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Là, j'aimerais ça, que vous arrêtiez de vous
interpeler, j'aimerais ça, qu'il y ait le
silence. J'ai 50 quelques amendements à lire, j'ai besoin de ma concentration,
s'il vous plaît. Et, des regards comme vous faites, j'appelle ça de
l'intimidation et je n'en veux pas. Est-ce que c'est clair? Pour tout le monde.
Tout le monde. Vous pouvez baisser les yeux si vous voulez. Vous ne les
baisserez pas? Votre regard... Est-ce que je suis obligée de vous nommer?
Est-ce que je suis obligée de vous nommer?
Une voix : ...
• (2 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Oui, vous m'écoutez, mais vous me regardiez avec un
air que j'appelle intimidateur. Alors, je
vous ai... je vous ai averti, je ne vous ai pas nommé. Vous savez ce que c'est.
Quand on nomme une personne trois fois, qu'est-ce qui arrive? S'il vous
plaît! Je respecte tout le monde, veuillez me respecter. J'ai acquiescé à la demande du leader du deuxième
groupe d'opposition... du premier groupe d'opposition, pardon. Je l'ai
acquiescée, cette demande. Alors, on va poursuivre.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Deuxième groupe d'opposition. Merci.
Article
58 : Remplacer l'article 85.1.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie,
proposé par l'article 58 du projet de loi, par le suivant :
«85.1.1.
Le [transport] d'électricité doit, au plus tard six mois suivant l'approbation
par la Régie du plan d'approvisionnement du distributeur d'électricité,
rendre accessible en ligne et déposer auprès de la Régie un plan de développement du réseau de transport d'électricité
sur une période de 15 ans élaboré dans le respect du plan de gestion
intégrée des ressources énergétiques
visé à l'article 14.2 de la Loi sur le ministère de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie et en tenant compte du plan
d'approvisionnement.
«Aux
fins de l'élaboration de ce plan de développement, le [transport] d'électricité
doit tenir une consultation publique. Il rend accessible en ligne, avec
ce plan de développement, un rapport des observations et des commentaires
recueillis auprès du public dans le cadre de cette consultation publique.
«Le ministre peut
exiger du transport d'électricité qu'il indique certains renseignements dans
son plan de développement et qu'il tienne la consultation publique selon
certaines modalités.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
L'article 58,
85.1.2 LRE : À l'article 85.1.2 de la Loi sur la Régie de l'énergie,
proposé par l'article 58 du projet de loi :
1°
remplacer, dans le premier alinéa, «de raccordement au réseau de transport
d'électricité» par «du réseau de transport d'électricité à l'égard de la
consommation industrielle et du raccordement des approvisionnements en
électricité»;
2° remplacer le
deuxième alinéa par le suivant :
«Le gouvernement peut, par règlement, déterminer
des renseignements additionnels que doit rendre accessibles le transporteur
d'électricité, lesquels peuvent varier en fonction de zones ou d'installations
faisant partie du réseau de transport d'électricité ou
porter sur des capacités projetées. Ce règlement peut également déterminer les
modalités et la périodicité suivant lesquelles les renseignements visés au
présent article sont rendus accessibles.»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division.
À
l'article 68 : Remplacer le sous-paragraphe a du paragraphe 1° de
l'article 68 du projet de loi par le sous-paragraphe suivant :
a) par le remplacement des paragraphes 2.1°
à 2.4° par les suivants :
«2.1° les
cas, autres que ceux visés au deuxième alinéa de l'article 76, et les
conditions selon lesquels un titulaire doit demander l'autorisation du
ministre pour distribuer l'électricité;
«2.2° les cas dans lesquels le titulaire n'est
pas tenu d'obtenir une autorisation en vertu du deuxième alinéa de
l'article 76;
«2.3° les
renseignements additionnels que doit rendre accessibles le transporteur
d'électricité en vertu de l'article 85.1.2,
lesquels peuvent varier en fonction de zones ou d'installations faisant partie
du réseau de transport d'électricité ou
porter sur des capacités projetées, ainsi que les modalités et la périodicité
suivant lesquelles les renseignements visés à cet article 85.1.2
sont rendus accessibles.»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division.
Article 69 : Remplacer
l'article 69 du projet de loi par le suivant :
69. L'article 113 de cette loi est
modifié :
1° dans le deuxième alinéa :
a) par le remplacement, dans ce qui précède le
paragraphe 1°, de «36» par «35.1»;
b) par la suppression des paragraphes 1° et 2°;
2° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«La Régie établit, à la demande d'une personne
intéressée et lorsque les circonstances le justifient, des règles particulières
de procédure applicables à l'étude d'une demande. Ces règles peuvent prévoir,
notamment pour assurer la célérité et
l'efficacité du processus décisionnel, des délais concernant la présentation
des observations et de l'argumentation des participants. De plus, ces
règles peuvent déroger à celles édictées en vertu du premier alinéa.»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division.
L'article 70 :
Supprimer le paragraphe 10° du premier alinéa de l'article 114 de la
Loi sur la Régie de l'énergie, proposé par le sous-paragraphe c du
paragraphe 1° de l'article 70 du projet de loi.
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division.
L'article 70.1 : Insérer, après
l'article 70 du projet de loi, le suivant :
70.1. L'article 115
de cette loi est modifié par l'insertion, après «Régie» de «, autres que celles
visées au troisième alinéa [à] l'article 113,».
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division.
L'article 71 : Remplacer
l'article 71 du projet de loi par le suivant :
71. L'article 116
de cette loi est modifié :
1° par
l'insertion, dans le premier alinéa et après «décision», de «ou à une
ordonnance»;
2° dans le
deuxième alinéa :
a) par le
remplacement du paragraphe 1° par le suivant :
«1° le
[transport et] le distributeur d'électricité, un distributeur de gaz naturel ou
un titulaire d'une licence de stockage s'il contrevient au premier alinéa de
l'article 53;»;
b) par le
remplacement, dans le paragraphe 2°, de «à l'article 72» par «au premier
alinéa de l'article 72 ou au premier alinéa de l'article 72.1»;
c) par
l'insertion, après le paragraphe 2°, du suivant :
«2.1.° Le
transporteur d'électricité ou tout distributeur qui contrevient au premier
alinéa à l'article 73 ou à l'article 87;»;
d) par le
remplacement, dans le paragraphe 5°, de «74.2» par «74.1»;
e) par l'ajout,
à la fin, du paragraphe suivant :
«7° le
transporteur d'électricité s'il contrevient à l'article 85.1.1, au premier
alinéa de l'article 85.1.2 ou à l'article 85.1.3.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
L'article 72.1 :
Insérer, après l'article 72 du projet de loi, le suivant :
72.1. Cette loi
est modifiée par l'insertion, après l'article 167, du suivant :
«167.1. Malgré
le premier alinéa de l'article 60 et l'article 61 de la présente loi,
Rio Tinto Alcan inc. et Société en commandite
hydroélectrique Manicouagan peuvent distribuer l'électricité à toute personne
ou société à qui ils distribuent l'électricité
le [...] et, lorsque le gouvernement l'autorise, à toute autre personne ou société
qui le demande et qui n'est pas un consommateur domestique. Ils sont
tenus :
«1° avant de
mettre fin à cette distribution d'électricité, de conclure une entente avec
Hydro-Québec concernant le transfert d'une partie ou de la totalité de la
charge du consommateur;
«2° de
distribuer l'électricité à un prix qui n'entraîne pas un coût supérieur à celui
résultant du tarif prévu à l'annexe I de la
Loi sur Hydro-Québec pour l'électricité distribuée par Hydro-Québec [par] une
catégorie de consommateurs équivalente;
«3° de
transmettre au ministre, au plus tard le 1er juin de chaque année et pour
la période du 1er avril au 31 mars qui précède, un rapport concernant
leurs approvisionnements en électricité.»
Est-ce que cet
amendement... Ah! il y a la suite, pardon.
«Malgré
le premier alinéa de l'article 60 et l'article 61, toute personne ou
société autre que Rio Tinto Alcan inc. et Société en commandite
hydroélectrique Manicouagan qui distribue de l'électricité en vertu du
troisième alinéa de l'article 62 de la
présente loi, tel qu'il se lit le [...] peut distribuer l'électricité à toute
personne ou société jusqu'au... Au plus
tard le [...] elle peut demander au gouvernement l'autorisation pour distribuer
l'électricité après le[...]. Le gouvernement peut autoriser la distribution, aux conditions qu'il détermine.
L'autorisation visée par le présent alinéa est réputée accordée en vertu
du troisième alinéa de l'article 60 de la présente loi.
«Celui
qui peut faire la distribution d'électricité en vertu du présent article peut
s'approvisionner auprès d'une personne ou d'une société dont il détient
le contrôle ou à laquelle il est affilié au sens des articles 8 et 9 de la
Loi sur les valeurs mobilières ou dont il
détient le contrôle en vertu d'une convention unanime des actionnaires ou d'un
contrat de société de personnes, dans la mesure où le site de production de
cette personne ou de cette société est raccordé directement à ses
installations, y compris à un point d'interconnexion de son réseau. Cet approvisionnement
ne constitue pas de la distribution d'électricité au sens de la présente
loi.
«Le ministre peut
exiger tout renseignement utile aux fins de l'application du présent article.
«Pour l'application
de l'article 44, celui qui peut faire la distribution d'électricité en
vertu du présent article est réputé être un distributeur. En outre, il est
passible des mêmes amendes que celles prévues au premier alinéa de l'article 116 s'il distribue l'électricité
sans y être autorisé ou s'il contrevient à une condition prévue au présent
article ou déterminée par le gouvernement.»
Cet amendement est-il
adopté?
• (3 heures) •
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Article 72.2 :
Insérer, après l'article 72.1 du règlement de loi tel qu'amendé, le
suivant :
72.2.
L'article 169 de cette loi est modifié par le remplacement du premier
alinéa par le suivant :
«La
régie doit, annuellement, faire rapport au ministre sur l'évolution des marchés
au détail d'essence ou de carburant diesel, notamment l'évolution des
différentes composantes de prix et les caractéristiques des marchés.»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des
voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
L'article 74 :
Supprimer, dans le paragraphe 10 de l'article 2 de la Loi sur la
Régie de l'énergie, proposé par le paragraphe 1° à l'article 74 du
projet de loi, «de plus de 25 millions de dollars».
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
L'article 111 :
Ajouter, à la fin du premier alinéa de l'article 22 de la Loi sur
l'Hydro-Québec proposé par l'article 111
du projet de loi, la phrase suivante : «De plus, elle est responsable de
proposer au ministre le volet électrique de ce plan.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Article 111 :
Remplacer l'article 22.0.0.2 de la Loi sur Hydro-Québec, proposé par
l'article 111 du projet de loi, par le suivant :
«22.0.0.2. Le
gouvernement alloue, aux fins d'une révision tarifaire visée au premier ou au
troisième alinéa de l'article 48 de la
Loi sur la Régie de l'énergie et pour chaque année tarifaire visée par cette
révision, à chaque catégorie de consommateurs qu'il détermine [ou] pour la part
du volume d'électricité patrimoniale de cette catégorie que la société
lui indique, le coût de l'électricité patrimoniale devant être récupéré dans
les tarifs de distribution d'électricité fixés par la régie auprès de ces
catégories de consommateurs.
«À cette fin, le
gouvernement :
«1°
augmente le coût des approvisionnements en électricité patrimoniale visé au
paragraphe 1° du premier alinéa de
l'article 52.2, à l'exclusion de celui applicable à la catégorie des
contrats spéciaux, pour chacune des années visées par la révision
tarifaire :
«a) du résultat
obtenu en multipliant le coût de tels approvisionnements de l'année précédente
par le taux, qui ne peut être inférieur à
zéro, correspondant à la moyenne de la variation annuelle de l'indice moyen
d'ensemble, pour le Québec, des prix à la consommation de chacune des
périodes de 12 mois qui se terminent le 31 mars de chacune des trois
années qui précèdent la révision tarifaire;
«b)
en ajoutant au résultat obtenu au sous-paragraphe a une somme relative à
la hausse des coûts d'acquisition de l'électricité patrimoniale, le cas
échéant;
«2° tient compte de
l'évolution du volume de consommation d'électricité patrimoniale de chaque
catégorie de consommateurs, et des caractéristiques de ces dernières, incluant,
à l'égard de chacune d'elles, la part d'électricité consommée par les consommateurs de la catégorie sur le total
d'électricité qu'ils pourraient consommer et les pertes associées au
transport de la distribution de l'électricité.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Article 119 :
À l'article 39 de la Loi sur Hydro-Québec, proposé par l'article 119
du projet de loi :
1° insérer, à la fin
de ce qui précède le paragraphe 1° du premier alinéa, «des actions d'une
personne morale ou des parts d'une société
de personnes lorsque cette acquisition ou détention lui permet d'en avoir le
contrôle. La société et le contrôle d'une personne morale ou d'une
société des personnes lorsqu'elle acquiert ou détient»;
2° remplacer, dans le
troisième alinéa, «visée au deuxième alinéa» et «des mêmes pouvoirs que la
société dans l'exercice de ses activités et bénéficie de tous les droits de cette
dernière» par, respectivement, «dont l'acquisition ou la détention des actions ou des parts a fait l'objet d'une autorisation
du gouvernement» et «, dans l'exercice de ses activités, des mêmes
pouvoirs que ceux dont la société dispose en vertu de la présente loi».
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur division
15399 15399 La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté sur division.
Insérer, après l'article 119 du projet de
loi, le suivant :
«119.1. L'annexe I de cette loi, modifiée par
les décisions de la Régie de l'énergie, numéro D-2025-033
du 6 mars 2025, D-2025-039 du 18 mars
2025 et D-2025-041 du 24 mars 2025, est de nouveau modifiée par le
remplacement des mentions relatives aux tarifs D, DP, DMDT, Électricité
additionnelle — Phytosynthèse
ou chauffage d'espaces destinés à la culture
de végétaux — Tarifs
domestiques, Option de crédit hivernal — Tarif
D, Flex D, DN, Tarif domestique biénergie — Réseau
d'Inukjuak, Révision des prix du tarif domestique biénergie — Réseau
d'Inukjuak, Tarif domestique biénergie — Réseau d'Inukjuak et au
Crédit d'alimentation aux tarifs domestiques, par les suivants :
«[Tarif] D,
Frais d'accès au réseau par jour, 46,154 ¢; 40 premiers kWh par jour,
6,905 ¢; Reste de l'énergie, 10,652 ¢;
«DP, Premiers
1 200 kWh par mois, 6,678 ¢; Reste de l'énergie, 10,153 ¢;
Prime de puissance, été, 50 kW, 5,213 ¢; Prime de puissance, hiver, plus ou moins 50 watts,
7,054 ¢; Minimum par mois — monophasée,
13,833 ¢; Minimum par mois — triphasée, 20,75 ¢;
«DM, Frais
d'accès au réseau par jour par multiplicateur, 46,154 ¢; 40 premiers
kWh par jour par multiplicateur, 6,905 ¢; Reste de l'énergie,
10,652 ¢; Prime de puissance, 50 kWh ou 4 kWh, multiplicateur,
7,054 ¢;
«DT, Frais
d'accès au réseau par jour par multiplicateur, 46,154 ¢; Prix de l'énergie
[...] 4,963 ¢; Prix de l'énergie [...] 29,018 ¢; Prime de
puissance multiplicateur, 6,54 ¢;
«Électricité additionnelle — Photosynthèse
ou chauffage d'espaces destinés à la culture de végétaux — Tarifs
domestiques, Prix plancher : prix moyen au tarif M à 25 kV et
100 % de FU, 6,755 ¢;
«Option de crédit hivernal — Tarif
D, Crédit pour l'énergie effacée, 56,786 ¢;
«Flex D,
Frais d'accès au réseau par jour [en période d'hiver] 46,154 ¢; [...]40 premiers
kWh par jour, en dehors des
évènements de pointe, 4,774 ¢; Reste de l'énergie, en dehors des
évènements de pointe, 8,699 ¢; Énergie consommée pendant les
évènements de pointe,45,088 ¢;
«En période d'été, 40 premiers kWh par
jour, 6,905 ¢; Reste de l'énergie, 10,652 ¢;
• (3 h 10) •
«DN, Frais
d'accès au réseau par jour par multiplicateur, 46,154 ¢; [40 premiers] kWh
par jour par multiplicateur, 6,905 ¢; Reste de l'énergie,
47,054 ¢; Prime de puissance, 7,054 $;
«Tarif
domestique biénergie — Réseau
d'Inukjuak, Frais d'accès au réseau par jour par multiplicateur, 46,154 ¢;
Premiers 40 kWh par jour par multiplicateur, 6,905 ¢; Reste de
l'énergie, 20,567 ¢[...];
«Révision des
prix du tarif domestique biénergie — Réseau
d'Inukjuak, Frais d'accès au réseau, 46,154 ¢; Prix de la
1ère tranche d'énergie, 6,905 ¢; Prime de puissance, 7,054 $;
«A. Prix
moyen du mazout au Nunavik pour la saison 2020‑2021 (hors TPS et TVQ),
publié par la Régie de l'énergie dans le Relevé hebdomadaire des prix de
mazout léger de la première semaine de mars 2022 : 142,60 ¢/litre;
«B. Prix moyen du mazout au Nunavik pour la
saison 2021‑2022 (hors TPS et TVQ), publié par la Régie de l'énergie dans
le Relevé hebdomadaire des prix du mazout léger de la première semaine de mars
2022 : 153,38 ¢/litre;
«C. Valeur calorifique de
l'électricité : 3,6 MJ/kWh;
«D. Valeur calorifique du mazout :
37,5 MJ/litre;
«E. Taux d'efficacité du système biénergie
en mode mazout : 75 %;
«Indice de référence au 1er décembre
2022 : 1,0;
«Majoration de l'indice de référence le
1er avril de chaque année à compter de 2023, en fonction de la variation
annuelle moyenne de l'Indice des prix à la consommation au Québec par rapport à
l'indice moyen des prix de l'année civile précédente, Variable;
«Tarif domestique biénergie — Réseau
d'Inukjuak, Consommation d'énergie non autorisée, 47,054 ¢;
«Crédit d'alimentation aux tarifs domestiques, Tension
≥ 5 kV, 0,2736 ¢.»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division.
À l'article 125.1 : Insérer, après
l'article 125 du projet de loi, ce qui suit :
Chapitre IV.1
Dispositions concernant la publication des prix
de l'essence
Loi sur les produits pétroliers
125.1.
L'article 67 de la Loi sur les produits pétroliers est modifié par
l'insertion, dans le premier alinéa et après «zone», de «située dans un
territoire que le gouvernement peut déterminer par règlement».
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division.
Article 125.2 : Insérer, après
l'article 125.1 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
125.2. Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 67, de ce qui suit :
«Chapitre V.1
«Accessibilité des prix de vente de l'essence ou
du carburant diesel
«67.1 La Régie de l'énergie met à la disposition
des commerçants d'essence ou de carburant diesel un service en ligne par
l'entremise duquel ces derniers doivent rendre accessibles sur un site Internet
qu'elle met en place les prix de vente de l'essence ou du carburant diesel
qu'ils demandent à un consommateur, pour chacun de leurs établissements.
«Un commerçant n'a pas à rendre accessibles les
prix visés au premier alinéa pour un établissement dont les ventes d'essence ou
de carburant diesel sont inférieures à 500 000 litres par an et qui
se situe au nord du 55e parallèle ou sur l'île d'Anticosti. En outre, le
premier alinéa ne s'applique pas à tout autre commerçant déterminé par
règlement du gouvernement.
«Pour l'application du premier alinéa, le
gouvernement peut déterminer par règle les catégories d'essence ou de carburant
diesel.»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
Article 125.3 : Insérer...
l'article 125.2 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
125.3. L'intitulé du chapitre VII de cette
loi est modifié par l'ajout, à la fin, de «et enquête».»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
L'article 125.4 : Insérer, après
l'article 125.3 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
125.4. L'article 87 de cette loi est
remplacé par le suivant :
«87. Le ministre peut, pour vérifier
l'application de la présente loi et de ses règlements, à l'exception de
l'article 67.1, désigner toute personne membre de son personnel pour
procéder à une inspection ou autoriser par écrit une personne autre qu'un
membre de son personnel à procéder à une telle inspection.
«Le président de la régie peut, pour vérifier
l'application de l'article 67.1 de la présente loi et des règlements pris
pour l'application de cet article, désigner par écrit, toute personne pour
effectuer une inspection ou une enquête.»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
Article 125.5 : Insérer, après
l'article 125.4 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
125.5. L'article 92 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans le premier alinéa, de «L'inspecteur» par «Le
ministre».
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
Article 125.6 : Insérer, après
l'article 125.5 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
125.6. L'article 94 de cette loi est
modifié par l'insertion, après «inspecteur», de «ou un enquêteur».
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
Article 125.7 : Insérer, après
l'article 125.6 du projet de loi tel qu'amendé, l'article suivant :
125.7. L'article 95 de cette loi est
modifié par l'insertion, après «inspecteur», de «ou enquêteur».
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
Article 125.8 : Insérer, après
l'article 125.7 du projet de loi tel qu'amendé, l'article suivant :
125.8. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 99, du suivant :
«100. Commet une infraction et est passible,
dans le cas d'une personne physique, d'une amende de 1 000 $ à 2 000 $ et, dans les autres cas, de
2 000 $ à 4 000 $ tout commerçant qui contrevient au
premier alinéa de l'article 67.1.»
Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
Article 125.9 : Insérer, après
l'article 125.8 du projet de loi tel qu'amendé, l'article suivant :
125.9. L'article 116 de cette loi est
modifié par le remplacement de «des Ressources naturelles et de la Faune» par
«de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie».
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
• (3 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
Article 125.10 : Insérer, après
l'article 125.9 du projet de loi tel qu'amendé, ce qui suit :
Règlement sur les produits pétroliers
125.10. Le
Règlement sur les produits pétroliers (chapitre P-30.01, r.2) est modifié par
l'insertion, après l'article 23, du chapitre suivant :
«[...]Prix de l'essence et du carburant diesel
«23.1. Les catégories d'essence ou de carburant
diesel pour lesquelles un prix doit être rendu accessible en application de
l'article 67.1 de la Loi sur les produits pétroliers sont celles visées aux
sous-sections 1, à l'exclusion de l'essence
de qualité supercarburant visée à l'article 1 du Règlement sur l'intégration de
contenu à faible intensité carbone dans l'essence et le carburant diesel
[...] du chapitre II du présent règlement.
«23.2. Le premier alinéa de l'article 67.1
de la Loi sur les produits pétroliers ne s'applique pas à un commerçant qui
exploite :
«1° une marina;
«2° une pourvoirie;
«3° un relais de motoneige;
«4° un dépôt à approvisionnement sélectif par
carte où se remplissent les camions sur les grands axes routiers;
«5° un dépôt avec réservoir externe qui fait de
la vente en gros.»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
L'article 126 : Insérer, à
l'article 126 du projet de loi et après «de ce premier plan,», «les
orientations à respecter et les objectifs et
cibles à atteindre en matière d'énergie et d'efficacité énergétique visés à cet
article 14.2 sont ceux établis par le décret n° 537-217,
en y apportant les adaptations nécessaires. De même,».
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division.
À l'article 128 : Remplacer
l'article 128 du projet de loi par le suivant :
128. Le décret n° 464-2025
est abrogé.
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Des
voix : Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Article 129.1.
Insérer, après l'article 129 du projet de loi, le suivant :
129.1. Aux fins de la
première révision tarifaire visée au paragraphe 2° de l'article 129
de la présente loi :
1°
l'article 52.1.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie, édicté par l'article 31
de la présente loi, doit se lire comme suit :
«52.1.1.
Lorsque la régie établit les revenus requis pour assurer l'exploitation du
réseau de distribution d'électricité, elle
tient compte des montants de compensation alloués pour l'application de
l'article 128.1 de la Loi assurant la gouvernance responsable des
ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives.»;
2°
le paragraphe 1° du deuxième alinéa de l'article 22.0.0.2 de
la Loi sur Hydro-Québec, édicté par l'article 111 de la présente
loi, doit se lire comme suit :
«1°
augmente, pour chacune des années visées par la révision tarifaire, le coût des
approvisionnements en électricité patrimoniale
obtenu par l'addition des produits du volume de consommation des catégories de
consommateurs auxquelles un coût est
alloué dans le décret n° 75-2025, modifié par le décret n° 226-2025, exprimé en kWh, et du coût alloué, exprimé en $/kWh, à
l'exclusion de celui applicable à la catégorie des contrats spéciaux :
«a) du résultat
obtenu en multipliant le coût de tels approvisionnements de l'année précédente
par 2 %; et
«b)
en ajoutant au résultat obtenu au sous-paragraphe a une somme relative à
une hausse des coûts d'acquisition de l'électricité patrimoniale, le cas
échéant;».
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Sur division.
À l'article 103
du projet de loi :
1° remplacer, dans ce
qui précède le paragraphe 1°, «29» par «27»;
2° insérer, après le
paragraphe 1°, le suivant :
«1.1° un ou plusieurs
tarifs ou conditions de service de distribution d'électricité applicables à
compter de cette date aux consommateurs de grande puissance de manière à
inciter ces consommateurs à évaluer adéquatement leurs besoins en puissance et à permettre à Hydro-Québec de réduire la
puissance disponible autorisée pour leur consommation lorsqu'une partie
de cette puissance est inutilisée;».
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Article 131 :
Remplacer l'article 131 du projet de loi par le suivant :
«131.
Au plus tard le 15 septembre 2025, la Régie de l'énergie fixe les tarifs
et les conditions de service d'Énergir [...] applicables à compter de
l'année tarifaire commençant le 1er octobre 2025, conformément au
paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 48.1 de la Loi sur la
Régie de l'énergie, édicté par l'article 27 de la présente loi.
«Toutefois, la
période visée au premier alinéa de cet article 48.1 peut, à la demande
d'Énergir [...] être d'une durée de deux
ans; une référence à une période de trois années tarifaires et aux deux
dernières années tarifaires prévues à cet article 48.1 doivent
alors se lire, respectivement, comme une référence à une période des deux
années tarifaires et à la dernière année tarifaire.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Insérer, après
l'article... À l'article 131.1 : Insérer, après l'article 131 du
projet de loi, le suivant :
«131.1. Au plus tard
le 15 décembre 2027, la Régie de l'énergie fixe les tarifs et les
conditions de service d'Enbridge Gaz Québec
applicables à compter de l'année tarifaire commençant le 1er janvier 2028,
conformément au premier alinéa de l'article 48.1 de la Loi sur la
Régie de l'énergie, édicté par l'article 27 de la présente loi.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté, sur division.
À l'article 131.2 :
Insérer, après l'article 131.1 du projet de loi tel qu'amendé, le
suivant :
«131.2. Pour
l'application de l'article 52.3 de la Loi sur la Régie de l'énergie,
édicté par l'article 35 de la présente loi, la Régie de l'énergie ne tient
pas compte des surplus ou des manques à gagner cumulés par Hydro-Québec dans le
cas de son réseau de distribution d'électricité au cours d'une année tarifaire
antérieure à celle commençant le 1er avril 2026.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 135 : Remplacer les paragraphes 1° à 3° de
l'article 135 du projet de loi par les suivants :
«1° dans le cas
d'Hydro-Québec, au plus tard le 1er novembre 2026; et
«2° dans le cas
d'Énergir [...] et d'Enbridge Gaz Québec, au plus tard le 1er avril 2027.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 136 : Remplacer, à l'article 136 du projet de loi, «du
paragraphe 1°», par «du sous-paragraphe a du paragraphe 2°».
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 137 : Retirer l'article 137 du projet de loi.
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 138 : Remplacer, au deuxième alinéa de l'article 138
du projet de loi, «s'agit d'un approvisionnement en électricité produite
à partir d'un immeuble acquis, construit ou loué en vertu du paragraphe 1°
du deuxième alinéa de l'article 29 de
la Loi sur Hydro-Québec» par «vise à satisfaire les besoins en électricité des
marchés québécois excédant l'électricité patrimoniale».
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 139.1 : Insérer, après l'article 139 du projet de loi,
le suivant :
«139.1.
Sont réputées déterminées par le gouvernement aux fins de l'application du
deuxième alinéa de l'article 74.2 de
la Loi sur la Régie de l'énergie, édicté par l'article 45 de la présente
loi, les obligations de procéder à un appel d'offres et les autres conditions particulières prévues au
Règlement sur un bloc de 300 mégawatts d'énergie solaire photovoltaïque.
Les premier et deuxième alinéas de l'article 74.1 de la Loi sur la Régie
de l'énergie, tels qu'ils se lisent le[...], s'appliquent à l'égard d'un
appel d'offres visé à l'article 2 de ce règlement.
«Sont
également réputées des conditions particulières déterminées par le gouvernement
aux fins de l'application du deuxième
alinéa de cet article 74.2, les préoccupations économiques, sociales et
environnementales visées au décret n° 1377-2024, avec
les adaptations nécessaires.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
• (3 h 30) •
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur division.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 140 : Remplacer, à l'article 140 du projet de loi, «la
décision numéro» par «ses décisions numéro D-2023-036 et».
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 145 : Remplacer, à l'article 145 du projet de loi,
«mars» par «décembre».
Est-ce que cet amendement
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 147 : Remplacer le premier alinéa de l'article 147 du
projet de loi par le suivant :
«147. Jusqu'à la date
de l'entrée en vigueur du premier règlement pris en vertu du paragraphe 2.2° du
premier alinéa de l'article 112 de la Loi sur la Régie de l'énergie,
édicté par l'article 68 de la présente loi, un titulaire d'un droit
exclusif de distribution d'électricité n'est pas tenu d'obtenir l'autorisation
du ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de l'Énergie dans les cas visés au deuxième alinéa de l'article 76 de la
Loi sur la Régie de l'énergie, édicté par l'article 48 de la présente loi, lorsqu'il a conclu avec la
personne qui demande une puissance, avant le 2 décembre 2022, une
entente qui prévoit un engagement financier de cette dernière.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À l'article 151 :
Remplacer le paragraphe 2° de l'article 151 du projet de loi par le
suivant :
«2° l'article 31
de la Loi sur la performance environnementale des bâtiments.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 153 : Retirer l'article 153 du projet de loi.
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À l'article 154 :
Remplacer l'article 154 du projet de loi par le suivant :
«154.
Les dispositions du paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 25, de
l'article 48.1 et du cinquième alinéa de l'article 49 de la Loi sur
la Régie de l'énergie, édictés respectivement par le paragraphe 1° [à]
l'article 22, l'article 27 et le paragraphe 3° de
l'article 28 de la présente loi, prennent effet à compter du
1er janvier 2027 à l'égard d'Enbridge Gaz
Québec, dans la mesure où elles visent la fixation de ses tarifs ou de ses
conditions de service visés [par] l'article 131.1. Jusqu'à cette date, le paragraphe 1° du premier
alinéa de l'article 25 et l'article 48 de la Loi sur la Régie de l'énergie,
tels qu'ils se lisent le [...] s'appliquent à la fixation des tarifs et
des conditions de service de distribution de gaz naturel d'Enbridge Gaz
Québec.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À l'article 156.1 : Insérer, après
l'article 156 du projet de loi, le suivant :
«156.1. Jusqu'au 31 mars 2026, le
deuxième alinéa de l'article 9 de la Loi sur la Coopérative régionale
d'électricité de Saint-Jean-Baptiste
de Rouville et abrogeant la Loi pour favoriser l'électrification rurale par
l'entremise de coopératives d'électricité, modifié par
l'article 145 du chapitre 61 des lois de 1996, doit se lire comme
suit :
«Ces tarifs et ces
conditions sont fixés pour chaque catégorie de consommateurs et ne peuvent en
aucun cas entraîner, pour aucune d'elle, un
coût supérieur à celui qui résulte du tarif prévu à l'annexe I de la Loi sur
Hydro-Québec pour l'électricité fournie par Hydro-Québec pour une
catégorie de consommateurs équivalente.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 156.2 : Insérer, après l'article 156.1 du projet de
loi tel qu'amendé, le suivant :
«156.2. La Régie de
l'énergie ne peut pas rendre une décision à l'égard des tarifs D, DP, DM, DT,
Électricité additionnelle — Photosynthèse
ou chauffage d'espaces destinés à la culture de végétaux — Tarifs
domestiques, Option de crédit hivernal — Tarif D, Flex D, DN, Tarif domestique biénergie — Réseau
d'Inukjuak, Révision des prix du
tarif domestique biénergie — Réseau
d'Inukjuak — j'espère
que je le dis bien — Tarif
domestique biénergie — Réseau d'Inukjuak
et du Crédit d'alimentation aux tarifs domestiques qui a pour effet de
modifier, pour l'année tarifaire d'Hydro-Québec commençant le
1er avril 2025, les prix de ces tarifs prévus à l'annexe I de la Loi sur Hydro-Québec,
telle que modifiée par l'article 119.1 de la présente loi.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
À
l'article 156.3 : Insérer, après l'article 156.2 du projet de
loi tel qu'amendé, le suivant :
«156.3. Les articles
119.1 et 156.1 de la présente loi ont effet depuis le 1er avril 2025.»
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Article 157 :
Remplacer le paragraphe 1° à 3° de l'article 157 du projet de loi par les
suivants :
«1° de celle des
articles 75, 89, 91, 110, 125.2 à 125.4, 125.6 à 125.8 et 125.10, qui entrent
en vigueur au 1er avril 2026;
«2° de celles de
l'article [83], du sous-paragraphe b du paragraphe 2° de
l'article 44, de l'article 46, de l'article 58 dans la mesure où
il édicte l'article 85.1.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie, du
sous-paragraphe c du paragraphe 1° de l'article 70 dans la mesure où ce
sous-paragraphe édicte les paragraphes 7° et 8° du premier alinéa de
l'article 114 de la Loi sur la Régie de
l'énergie, du sous-paragraphe b du paragraphe 2° de l'article 71, du
sous-paragraphe e du paragraphe 2° de cet article 71 dans la
mesure où ce sous-paragraphe édicte le paragraphe 7° du deuxième alinéa de
l'article 116 de la Loi sur la Régie de l'énergie et que ce paragraphe
concerne l'article 85.1.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie et du paragraphe 2°
de l'article 74, qui entrent en vigueur à la date de l'entrée en vigueur
du premier règlement pris en vertu du
paragraphe 7° du premier alinéa de cet article 114 de la Loi sur la
Régie de l'énergie, modifié par l'article 70 de la présente loi;».
Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Mise
aux voix de l'amendement du député de Maurice-Richard
Je mets maintenant
aux voix la motion d'amendement proposée par M. le ministre... député, M. le
député de Maurice-Richard, introduisant
l'article 109.1, et qui se lit comme suit : Insérer, après
l'article 109 du projet de loi, le suivant :
109.1. Insérer, après
l'article 4.0.0.3 de la Loi sur Hydro-Québec, le suivant :
«4.0.0.4. Le conseil
d'administration doit comprendre au moins un membre qui est issue des
communautés des Premières Nations, nommé en
respect de la recommandation, au préalable, des Chefs en Assemblée de
l'Assemblée des Premières Nations [du] Québec et Labrador.»
Cette motion d'amendement est-elle adoptée?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Rejeté.
Je mets
maintenant... Conformément à l'article 257.7 du règlement, je mets
maintenant aux voix les articles ainsi amendés, les articles dont la
commission n'a pas disposé et les autres éléments du projet de loi.
Mise aux voix des
articles amendés
Est-ce que l'article 58, tel qu'amendé, est
adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division. L'article 68 tel qu'amendé?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division. L'article 69 tel qu'amendé?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division. L'article 70 tel qu'amendé?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division. L'article 71 tel qu'amendé?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division. L'article 74 tel qu'amendé?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division. L'article 111 tel qu'amendé?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division. L'article 112 tel qu'amendé?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division. Article 119 tel qu'amendé?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. L'article 126 tel
qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. L'article 128 tel
qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 130 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 131 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 135 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 136 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
• (3 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 137 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 138 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 140 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 147 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. L'article 151 tel
qu'amendé?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur
division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 153 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 154 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 157 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté sur division. J'en ai sauté une, je crois. Le 145 tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Mise
aux voix des articles non adoptés par la commission
Est-ce que
l'article 54 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 56?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. 57?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 59?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 60?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 61?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur division.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 62?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. 63?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 64?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 65?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 66?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 67?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. L'article 72?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 73?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 75?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 76?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 77?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Article 78... Adopté sur division. Article 78?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 79?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 80?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 81?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 82?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 83?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 84?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 85?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 86?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 87?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. 88?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté sur division. Article 89?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 90?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. 91?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 92?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. 93?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. 94?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 95?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. 96?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 97?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. 98?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. L'article 99?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur division.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 100?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 101?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 102?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. 103?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 104?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 105?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 106?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 107?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 108?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 109?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 110?
Des voix :
Adopté.
Des voix : Sur division.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 114?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 115?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 116?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 117?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 118?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 120?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 121?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 122?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté... Rejeté?
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. L'article 123?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 124?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 125?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 127?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 129?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 132?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 133?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 134?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 139?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 141?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. L'article 142?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. L'article 143?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 144?
Des voix :
Adopté.
Des
voix : Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 146?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 148?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 149?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 150?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. L'article 152?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 155?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division. Article 156?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Je l'ai sauté? Article 55?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Mise
aux voix des intitulés des chapitres et des sections
Les intitulés des
chapitres et des sections sont-ils adoptés?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Adopté sur division.
Mise aux voix du titre
Le titre du projet de
loi est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Mise
aux voix de la motion de renumérotation
Je propose que la commission
adopte une motion de renumérotation. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Mise
aux voix de la motion d'ajustement des références
Je
propose que la commission adopte une motion d'ajustement des références.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté sur division.
Ils seront mis aux
voix un par un, sans que la présidence en donne lecture, et chacun des votes se
fera... Pardon?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Prochaine page. Je recommençais. C'était une
pratique.
Je mets maintenant
aux voix les articles tels qu'amendés... Non, je suis rendue plus loin, je suis
rendue là, c'est parce que c'est mon...
Mise
aux voix du rapport amendé
Je mets maintenant
aux voix le rapport de la commission plénière sur le projet de loi n° 69, Loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives. Ce rapport, tel qu'amendé, est-il adopté?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Je vais vous donner la parole, M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Derraji :
Vote électronique, s'il vous plaît. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Un vote électronique a été demandé.
On va suspendre nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
3 h 47)
(Reprise à 3 h 50)
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Nous reprenons nos travaux, et je mets maintenant aux voix
le rapport de la commission plénière sur le projet de loi n° 69, Loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives.
Le vote est maintenant
ouvert.
Le vote est
maintenant terminé. M. le secrétaire général, pour le résultat du vote, s'il
vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 63
Contre :
31
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Ce rapport est adopté.
Adoption
Nous en sommes maintenant rendus à l'étape de
l'adoption du projet de loi. Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de l'Énergie propose l'adoption du projet de loi n° 69, Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives.
Je vous
rappelle que, conformément au paragraphe 4° de l'article 257.1, la durée
du débat sur l'adoption du projet de
loi est d'une heure. Les temps... la répartition du temps de parole pour
ce débat s'effectuera comme suit : 29 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 15 min 5 s sont allouées au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle,
10 minutes sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
4 min 10 s sont allouées au troisième groupe d'opposition, et
45 secondes sont allouées à chacun des députés indépendants. Dans le cadre
de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon les propositions établies précédemment. Mis à part ces consignes, les
interventions ne seront soumises à aucune
limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils
souhaitent intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à
partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Y a-t-il des interventions? Mme la ministre, la
parole est à vous.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour l'adoption du projet de loi n° 69, un projet de loi qui va nous
aider à faciliter et à accélérer la transition énergétique du Québec. Vous le
savez, il faut penser à long terme, comme l'ont fait nos prédécesseurs
dans les années 1950 et 1960.
Dans le
contexte actuel de changements climatiques et de tensions géopolitiques, nous
avions besoin de trouver... de développer de nouveaux outils pour nous
adapter aux nouvelles réalités et arriver à nos objectifs plus rapidement. Pour
ce faire, il devenait essentiel de se doter d'une vision d'avenir et d'un
nouveau cadre législatif autour de l'énergie.
Les lois régissant le secteur de l'énergie n'ont
pas été modifiées depuis près de 30 ans. Mme la Présidente, clairement, on
avait besoin de mise à jour. Aujourd'hui, on pose donc un geste concret pour le
moderniser, ce cadre. Avec le projet de loi n° 69, on vient en effet
favoriser les partenariats avec les communautés autochtones et avec les municipalités dans le développement
d'infrastructures énergétiques afin d'en améliorer l'acceptabilité sociale et
de réaliser des ententes gagnant-gagnant.
On vient aider à la réalisation plus rapide de
la stratégie éolienne, on vient aider à la réalisation plus rapide d'investissements dans les lignes de transport,
soutenir ainsi la croissance de la production et brancher plus d'entreprises
en région. On vient rehausser également la
transparence avec des plans d'approvisionnement à long terme et moderniser la
mission de la Régie de l'énergie et d'Hydro-Québec pour y intégrer les notions
de transition énergétique.
Mardi, j'ai également publié une lettre ouverte
sur l'importance d'adopter rapidement le projet de loi n° 69. Je souhaite
vous en faire la lecture, puisqu'elle répond également à certaines des
critiques reçues par les oppositions, alors :
«Soyons clairs, Hydro-Québec, ça appartient aux Québécois. Il est hors de
question de privatiser notre société d'État. Bien au contraire, nous voulons doubler sa production et sa contribution
au développement économique. L'électricité verte, c'est notre richesse collective : propre et
abordable, elle constitue un puissant levier de développement économique et un
atout stratégique majeur en cette ère de transition énergétique.
«Le contexte politique, énergétique et
climatique a grandement évolué, et il faut s'assurer de conserver notre place
de leader en énergie verte, comme nous l'avons fait ces dernières décennies.
«Grâce au
projet de loi, on vient moderniser les missions de la Régie de l'énergie et d'Hydro-Québec en y inscrivant les notions d'efficacité,
de sobriété et de transition énergétiques.
«Le projet de loi n° 69 va permettre au
secteur énergétique québécois d'être plus agile et plus efficace. Dans la mesure où le premier ministre Carney veut
déployer rapidement des corridors énergétiques et des corridors de minéraux critiques,
le moment est tout indiqué pour accélérer les processus dans le secteur
énergétique.
«Avec le projet de loi n° 69, nous allons
aussi pouvoir déployer notre stratégie éolienne un an plus tôt, débloquant
jusqu'à 2 000 mégawatts pour soutenir les entreprises. Cela va
permettre de devancer la création de 1 000 emplois — des
emplois bien rémunérés — en
région, en plus de soutenir la croissance des entreprises qui s'y trouvent.
On va également générer plus rapidement jusqu'à 800 mégawatts d'efficacité
énergétique. Des avancées qui vont nous permettre d'économiser 6 milliards
de dollars.
«Le projet de
loi va favoriser la signature de partenariats avec les communautés autochtones
et les municipalités, ce qui va leur permettre d'élargir leurs sources de
revenus, tout en contribuant à la décarbonation de l'économie.
«Il va également accélérer la construction
d'infrastructures énergétiques en vue de diversifier notre production d'électricité verte et de nous engager dans la
transition énergétique, une nécessité en cette ère de lutte contre les changements
climatiques.
«Au gouvernement, on s'est donné un objectif
ambitieux : doubler la production d'électricité au Québec. Pourquoi? Pour soutenir la croissance de nos
régions, pour créer des emplois payants pour les Québécois, pour décarboner
notre économie. On
parle d'investissements de 14 milliards de dollars en 2025 pour développer
des parcs éoliens, améliorer le réseau
de distribution et rehausser la performance des centrales existantes. Ça va se
traduire par la création de 25 000 emplois bien rémunérés
d'ici 2027, dont 8 000 à Montréal, 8 000 sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec
et 6 000 au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
en Mauricie et dans la Capitale-Nationale. Et on le fait pour les Québécois.»
On a de grandes ambitions, on a de grandes
ambitions, Mme la Présidente, mais, pour les réaliser, on doit moderniser nos
pratiques et se doter des outils nécessaires. On doit avancer, particulièrement
dans le contexte politique et économique actuel.
Mme la Présidente, cette lettre a été écrite
avec l'objectif de démystifier le projet de loi n° 69 et de montrer
l'urgence de l'adopter rapidement. Grâce à l'adoption de notre projet de loi,
on fait économiser aux Québécois des milliards de dollars. On va également
accélérer la création d'emplois payants. Ce sont des emplois qui seront occupés
par des Québécois et qui auront des retombées économiques au Québec. Je
rappelle encore une fois qu'à terme le plan d'Hydro-Québec prévoit la création
de 35 000 emplois. C'est simple, le projet de loi n° 69 va nous
permettre de bâtir un Québec plus vert, plus fier et plus prospère pour les
Québécois.
Mme la Présidente, je tiens maintenant à vous
parler du coeur du projet de loi, le PGIRE, le plan de gestion intégrée des
ressources énergétiques. Ce plan va découler des consultations que nous
mènerons et que nous menons présentement partout à travers le Québec dans le
cadre de la tournée Vision énergie. Il s'agit d'un processus structuré,
participatif, transparent, qui va nous doter d'une vision d'ensemble de
l'avenir énergétique. Les experts du secteur énergétique
se réunissent pour répondre à la question : Comment consommer et produire
de l'énergie plus efficacement?
Plus encore, on a également consulté de manière
distincte les communautés autochtones. Notre gouvernement souhaite favoriser
les partenariats avec les communautés autochtones pour poursuivre la transition
énergétique et développer notre économie dans nos régions. Les consultations
ont déjà commencé depuis plusieurs semaines et vont se terminer cet été. Et je
tiens à souligner une fois de plus le soutien de mon collègue de René-Lévesque,
qui pilote cette tournée avec grand doigté.
Alors, grâce aux équipes sur le terrain, nous
allons arriver avec une feuille de route complète, le PGIRE, qui reflète les
différentes réalités régionales. Le PGIRE va porter sur toutes les sources
d'énergie, incluant l'efficacité et la sobriété énergétiques. C'est un outil
qui va évaluer les différentes options pour agir sur la demande en énergie et répondre aux besoins d'approvisionnement
énergétique et aux objectifs de décarbonation du Québec, tout en considérant
les implications économiques et sociales de chaque option.
• (4 heures) •
Pour réussir la transition énergétique et en
faire profiter notre économie, on doit mieux penser notre énergie, et c'est en prévoyant l'utilisation d'options
énergétiques sobres en carbone et en rendant plus efficace notre consommation
qu'on va pouvoir assurer une offre stable et durable pour la population
québécoise. Ce projet de loi vise à nous donner les outils nécessaires pour
atteindre nos objectifs en matière d'énergie, c'est-à-dire rehausser la
transparence et la prévisibilité à long terme, fixer des cibles claires
d'efficacité et de sobriété énergétiques, accélérer le développement des énergies renouvelables, accroître la
flexibilité des processus, impliquer les communautés locales et autochtones dans
le développement des infrastructures énergétiques et améliorer la qualité et la
fiabilité du service fourni aux clients.
Vous
permettez que je remercie mes collègues parlementaires pour leur engagement
dans l'étude du projet de loi et pour les amendements proposés, également. Et
je tiens à remercier particulièrement aussi l'ensemble des employés du
ministère de l'Économie, de l'Énergie, de l'Innovation et du ministère de la
Justice et tous les membres du personnel qui ont contribué activement à
l'élaboration et à la mise en place de ce projet de loi.
Je remercie également les différents groupes et
intervenants qui ont déposé des mémoires et qui sont venus en consultations
particulières. Chacun est venu alimenter la réflexion sur notre avenir
énergétique et nous aider à peaufiner le projet de loi.
Alors, j'en
appelle à vous tous, chers collègues, je vous invite à voter pour l'adoption de
ce projet de loi qui va faciliter notre transition énergétique au
meilleur coût pour la société québécoise. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je sais que quand tous mes collègues ont été élus,
en 2022, ils ont dit : J'espère que je suis en Chambre un jour, à
4 heures dans le matin, pour recevoir une leçon d'histoire de la... député
de Jacques-Cartier sur les différentes politiques énergétiques depuis 2016.
I know that's why the MNA from D'Arcy-McGee got elected, it was to come...
from D'Arcy-McGee got elected,
it was to listen to a history lesson on energy. History is old, and she has a
very good memory.
Je veux commencer en 2016. Première chose, la
raison pourquoi nous sommes ici, Mme la Présidente, ce n'est pas la
faute de la Parti libéral, je peux vous confirmer ça avec les faits.
En 2016, le gouvernement libéral a dit : Il
y a une transition énergétique qui s'en vient. Quand même, si nous avons des
surplus énergétiques, ce n'est probablement pas une mauvaise idée de commencer
à penser d'augmenter nos approvisionnements d'environ 30 % sur un horizon
jusqu'à 2025 et peut-être après.
Alors, quand même, en 2016, on a commencé
d'avoir des discussions, mais il y a un certain parti dans l'opposition, la
deuxième opposition, qui dit : Ça, c'est vraiment une mauvaise idée. Les
éoliennes? Mauvaise idée. Ça va coûter trop
cher à des Québécois. Ils ont fait toute une campagne et bataille là-dessus — je
peux sortir des citations de le premier ministre
là-dessus — bec
et ongles. Le projet d'Apuiat, mauvaise idée. Ils étaient élus en 2018 puis ils
ont dit : Première chose qu'on va faire, on va liquider nos surplus. Les
surplus ne sont pas une bonne idée, l'ancien gouvernement libéral, ils n'ont pas eu raison. Il faut vendre
ça rapidement, c'est exactement qu'est-ce que ce gouvernement a fait,
puis après ça on va regarder la question d'ajouter plus des approvisionnements.
En même temps, ils étaient en train de vendre
notre électricité à des Américains, ils ont dit : Ça va être une très
bonne idée, en 2019, de fixer des tarifs d'électricité à l'inflation. Un autre
projet de loi qui a été adopté par bâillon, en passant, Mme la ministre... Mme
la Présidente. Le Parti libéral dit : Bien, attention, peut-être pas la
meilleure idée sur la planète, parce que des fois, quand on regarde l'histoire,
on peut avoir un choc d'inflation s'il n'y a jamais une crise mondiale. Alors, faire attention. Le gouvernement : Ça ne va jamais arriver. Le ministre des
Infrastructures était très clair là-dessus, ça ne va jamais, jamais
arriver. On a des mesures en place, on ne va jamais voir une explosion de
l'inflation, mais malheureusement il y a eu une pandémie puis une guerre en
Europe et il y a eu un choc tarifaire... de l'inflation, excusez-moi. Alors,
conséquence de ça, le gouvernement a été obligé d'opter... adopter le projet de
loi n° 2 pour plafonner les tarifs, d'introduire un autre système.
Mais je reviens en 2019. Le gouvernement a
décidé, la Régie de l'énergie, ce n'est pas bon, cette affaire-là. Il faut
réduire le rôle dans la fixation des tarifs et leur pouvoir. Ce n'est pas bon.
Quand même, le Parti libéral est plein des
experts, des gens de société civile, des groupes environnementaux, des groupes
des consommateurs, des groupes de l'économie
ont tous dit : Attention, on aime la régie, instance de gouvernance, c'est
bon, c'est indépendant, ça peut être amélioré, mais faire attention.
Mais le gouvernement a adopté ça encore par bâillon.
En 2021, ils ont commencé à finaliser le contrat
de vendre le reste de nos surplus à New York. Encore, on continue avec la
liquidation de nos surplus énergétiques. L'ancien ministre de l'Énergie,
M. Fitzgibbon, a commencé de
dire : Bien, on a toujours beaucoup d'énergie, peut-être pas une mauvaise
idée d'aller vendre ça partout sur la planète : Viens chez nous, on a des blocs d'énergie pour
vous autres. Northvolt vient s'installer ici, au Québec. Okidou, mais, en
même temps, le gouvernement a commencé de
réaliser, après qu'il y a eu une couple des mises en garde par Hydro-Québec, que
peut-être on va commencer d'avoir un manque d'énergie.
Puis moi, je me rappelle très, très bien que
c'est là qu'il y a un petit peu de contradictions... le gouvernement a mises
sur la place publique. Le premier ministre a dit : On va construire
plusieurs barrages. Là, c'est le ministre de l'Économie, Fitzgibbon :
Peut-être des centrales nucléaires, et on va baisser le chauffage comme les
gens font en Chine, peut-être, ça, c'est la
meilleure solution, être plus efficace, enlever des chars des routes, etc.,
plusieurs différentes propositions. Le premier ministre dit : Non, non,
non, ce n'est pas vrai, aucune question de baisser le chauffage ni de ne pas rouler le lave-vaisselle quand c'est
nécessaire, non, non, non, inquiétez pas, ce n'est pas un enjeu. Bien, ça, ça a
démontré à la population : Est-ce qu'il y a un pilote dans l'avion?
C'est quoi, notre plan?
Puis c'est pas mal là que le chef, le chef de
notre formation politique, le député de LaFontaine, dit : Une jasette nationale, une vraie consultation avec les
citoyens pour dire qu'est-ce qu'on va faire... Soudainement, on n'a plus
d'électricité, il faut bâtir rapidement, de répondre à des demandes,
parce que la CAQ a liquidé leurs surplus énergétiques puis ils ont vendu tous nos blocs d'énergie. Les
entreprises d'ici ont besoin de plus d'énergie là, pas dans cinq ans,
10 ans, 20 ans, là. Il y a une file d'attente. Oh mon Dieu!
qu'est-ce qu'on va faire? Mais, encore, il n'y a pas de plan, aucune
consultation avec la population. On juste
lance des ballounes dans l'air : Est-ce que ça, ça va marcher, est-ce que
ça, c'est une bonne idée, est-ce que les sondages aiment ça? On ne le
sait pas.
Finalement, Sophie Brochu a dit encore :
Attention! On ne veut pas être le Dollarama avec notre énergie. Le gouvernement
n'a pas aimé ça, puis Sophie Brochu a trouvé un autre emploi. On ne sait pas
qu'est-ce qui est arrivé exactement, mais ils ont changé le P.D.G.
d'Hydro-Québec, puis on a eu l'arrivée de M. Sabia. M. Sabia a
finalement dit : Bien, j'arrive, je n'ai plus d'énergie, je dois
construire rapidement puis je n'ai aucun vrai plan devant moi, alors Hydro-Québec va aller d'avant avec un plan, mais
j'ai besoin de toujours quelque chose du gouvernement. Peut-être pas une
mauvaise idée. Ça, c'est en 2023.
Alors,
finalement, après que Michael Sabia a préparé un plan avec Hydro-Québec, qui
est bien intéressant, détaillé, chiffré, le gouvernement dit : O.K., on
va arriver avec un projet de loi. Ils ont déposé leur projet de loi en 2024,
le 6 juin. C'est maintenant le 7 juin 2025, puis on va finalement
adopter un projet de loi. Si le gouvernement a pris... le politique, le
gouvernement, en 2016, a commencé de construire plus des parcs éoliens,
développer plus des approvisionnements immédiatement, on n'a jamais, jamais
arrivé dans une situation qu'on... maintenant. Si le gouvernement a fait un
plan et vraiment regardé les questions, c'est quoi, nos besoins, avant de
signer des contrats avec New York, avant de liquider notre surplus énergétique, on n'était pas dans la situation que nous...
se trouvent ici ce matin. C'est juste une réalité. C'est des constats.
Je répète l'histoire. C'est tout factuel, qu'est-ce que je viens... en train de
dire, Mme la Présidente.
• (4 h 10) •
Mais, quand je regarde ce projet de loi, est-ce
qu'on règle toutes des questions qui sont importantes pour notre société et pour notre économie? Je vais commencer
avec les tarifs. Tout le monde, en 2019, avec le projet de loi n° 34, a
fait une mise en garde avec la politisation des tarifs d'électricité.
Ils ont dit : Le moment qu'on enlève la Régie de l'énergie de cette discussion-là, qui va être le prochain
gouvernement qui va changer des tarifs ou qui va... est-ce que ça va être la course
vers le bas, qui peut offrir les meilleurs tarifs résidentiels juste avant
l'élection? Puis pourquoi on a eu la régie, d'être
là, d'être un peu un contrepoids contre le gouvernement, Hydro-Québec, le
secteur privé? C'était une place où tout
le monde était capable d'avoir un débat et fixer des tarifs d'une façon
qui était pas mal indépendante, mais le gouvernement a décidé de ne pas faire
ça. Puis maintenant M. Sabia dit : O.K. Je vais construire beaucoup
plus des approvisionnements d'énergie. On va avoir plus des parcs éoliens, plus
des parcs solaires, peut-être un autre barrage. On verra la suite, mais ça va coûter 150 milliards de dollars entre
ici et 2035. Quelqu'un doit payer pour ça. Puis c'est évident, avec ce
projet de loi, après toutes les discussions que nous avons eues, que le fardeau
de payer cette facture, ça va être nos PME, nos grosses industrielles. C'est clair,
quand même. Michael Sabia a avoué ça en commission, eux autres, leurs
tarifs ont augmenté d'environ 4 % à 5 %. J'ai fait la démonstration à
la période des questions que, pour les petites entreprises dans nos comtés, des
bistros, des restaurants, des petits dépanneurs, etc., c'est des milliers de
dollars par année qui sortent de leurs
poches ou, quand même, va transférer vers les clients qui doivent payer plus
pour appuyer nos petits commerces qu'on aime beaucoup.
Alors, la question des tarifs demeure un point
d'interrogation, Mme la Présidente, puis on verra la suite des choses, mais on
sait que ce sera difficile pour nos PME et nos grosses industrielles. Et je
prends en exemple certaines de nos aciéries ici, au Québec, qui ont déjà un
tarif de 50 % de l'administration Trump, qui pourront aussi être obligées
de payer une facture d'électricité qui va augmenter d'environ 60 % sur
10 ans. Pas facile pour eux autres. C'est une industrie très importante. La ministre a parlé aujourd'hui du secteur de
la défense. Il y a besoin de beaucoup d'acier pour le secteur de la
défense. Alors, il faut faire attention.
Pour la question des blocs d'énergie, depuis le
début, ils nous ont dit : Québec d'abord. On a eu une discussion avec la
ministre aujourd'hui. Elle a dit... La ministre a dit que, lorsqu'il était question
d'une entreprise québécoise et... qui pensent qu'elle a dit. Bien, pour nous,
il y a des entreprises qui sont ici depuis 100 ans. Northvolt, ce n'est
pas une entreprise québécoise, et eux autres ont eu un bloc d'énergie de
356 mégawatts. C'est le même montant que l'énergie utilisée par la ville de Longueuil. Ils ont donné cette énergie à une
start-up qui était en compétition avec des autres acteurs sur la planète, qui
étaient déjà bien, bien développés. Puis on a parié sur eux autres avec
beaucoup de fonds publics, mais aussi avec notre énergie. Et ça semble,
à ce stade-ci, que c'était un pari qu'on a perdu.
Dans ce temps ici, toute cette énergie est
coincée avec l'entreprise, puis il y a une file d'attente dans tous nos comtés,
toutes nos circonscriptions, des entreprises qui ont besoin de plus d'énergie.
Puis on peut répéter ça à plusieurs reprises. Et, quand même, si on a peut-être
pris un temps de réflexion avant de signer une entente avec New York, peut-être on n'était pas dans la même situation
non plus, on était capable de donner plus des blocs d'énergie à des entreprises
d'ici qui veulent faire de la décarbonisation, qui veulent agrandir leur usine.
Ce n'est pas juste très possible, on le sait, parce que ces entreprises nous
disent qu'elles attendent pour les blocs d'énergie, et ça bloque leur
développement. Cette question n'est pas
réglée par ce projet de loi. Ce gouvernement a toujours beaucoup de pouvoir
dans leurs mains, de décider qui vont
être les gagnants et les perdants. Il n'y a pas de transparence, et c'est un
peu décevant, Mme la ministre... Mme la Présidente.
Finalement, dernier point, je veux juste tomber
et revenir à le point sur nos PME et nos grosses industrielles. Je ne sais pas c'est quoi l'impact pour eux autres
de ce projet de loi, parce que ce gouvernement ne sait pas non plus. Parce
qu'ils n'ont jamais, jamais déposé une étude
d'impact économique pour nous, les élus, puis de regarder, puis dire :
Bien, si on augmente leurs tarifs à un certain pourcentage sur
10 ans, ça va quoi être les conséquences pour eux autres? Je sais que le
gouvernement a dit : On va créer des jobs avec nos projets. C'est correct,
mais il y a des industries qui existent déjà, qui sont ici depuis des années,
puis on veut garder ces entreprises en vie. On veut s'assurer que ces jobs
payantes demeurent bien présentes en région,
bien présentes à Montréal, bien présentes à Québec, bien présentes dans
l'Outaouais. On peut prendre toutes les différentes régions, mais c'est
juste la réalité.
Alors, on
verra la suite, mais c'est certain qu'on va voter contre ce projet de loi. Il y
a trop des erreurs, il y a trop des problèmes, ça ne règle pas tous les
gros enjeux qu'on a fait des débats depuis 2018, Mme la Présidente.
Et je veux
juste dire merci encore à la formidable députée de Robert-Baldwin, qui a vraiment été toujours présente avec moi pour poser des
bonnes questions à la ministre, elle était très rigoureuse, et c'était un
plaisir de travailler avec elle, puis aussi Marc-Antoine Rioux, notre
recherchiste exceptionnel aussi, qui est vraiment un expert dans ce domaine. Pas facile, quand il y a des amendements qui arrivent
à la dernière minute, 52 amendements qui arrivent à la dernière minute, quand
on est en train d'étudier un projet de loi puis bien comprendre comment ça va
avoir un impact sur tout le projet de loi au
complet, mais aussi de nous guider, puis de donner, nous, des bons conseils
dans un secteur que... Le député de Jean-Talon a dit avant : C'est
dense. Ce projet de loi était dense, ce n'était pas facile à comprendre. Alors,
merci à Marc-Antoine puis merci aussi à tous
mes collègues qui... à nous aider en caucus et pendant tout ce chemin d'un
projet de loi que je trouve encore pas très bon. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Beauce-Sud.
M. Samuel Poulin
M.
Poulin : Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est un
plaisir d'intervenir à nouveau ce soir sur, évidemment, le projet loi n° 69.
À mon tour de saluer, évidemment, le travail accompli par la ministre et ses
équipes sur cet important projet de
loi. 4 h 17, il fait 14 degrés à l'extérieur, mais sachez que...
Oui, c'est important de donner le... à la radio, on apprend ça, l'heure
et la météo. Après ça, on est correct.
Tout à l'heure, j'ai parlé, évidemment, de 1997,
la mise en place du prix plancher, des réserves qui avaient été émises à l'époque par Option Consommateurs, par
Francis Vailles, par Alain Dubuc, par Hélène Baril, où la revue
de presse est assez volumineuse sur l'ingérence du gouvernement avec la
mise en place d'un prix plancher sur l'essence. Il faut dire qu'aujourd'hui le Québec est la seule province, avec l'Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse, à avoir un prix plancher sur l'essence. Ce n'est pas quelque chose que l'on retrouve en
Ontario. Ce n'est pas quelque chose que l'on retrouve en Alberta.
Je vous ai aussi parlé tout à l'heure des fameux
indépendants, hein, où, à une certaine époque, il y avait
2 000 stations d'essence indépendantes sur 5 000, alors qu'aujourd'hui
on parle de 70 indépendants purs sur 2 779, où 85 %
de l'essence vendue au Québec est gérée par un centre de prix, 75 % de
l'essence vendue, ce sont les cinq mêmes bannières.
On n'est plus du tout à l'époque de Guy Chevrette, du Parti québécois,
qui, à contrecoeur à l'époque, imposait un prix plancher.
Il faut aussi dire également que les Québécois
ont manqué des occasions, au cours des dernières années, de payer leur essence
moins cher. Avec le prix plancher, ça faisait en sorte que des essenceries
s'envoyaient des mises en demeure parce qu'on ne respectait pas le sens de la
loi, alors plus de 4 700 entre 2018 et 2023.
Évidemment, nous avons interpelé le bureau
fédéral de la concurrence, la Régie de l'énergie est venue nous donner raison,
mais on a également, comme gouvernement, dans un geste très rarissime, mandaté
un expert sur l'enjeu du prix de l'essence
au Québec. Parce qu'on le sait, il ne faut pas regarder cet enjeu-là de loin,
la majorité de nos citoyens, dans toutes les circonscriptions, ont un
véhicule à essence. Lorsqu'on dit que le Québec est le paradis des VUS, c'est
un fait, Mme la Présidente. Ça touche les régions, ça touche les banlieues de
Montréal, les banlieues de Québec. C'est une réalité pour les familles. C'est
une réalité pour les aînés du Québec. C'est une réalité pour les gens qui font l'acquisition d'un véhicule hybride, Mme la
Présidente, ils ont également à mettre de l'essence dans leur véhicule. Alors,
c'est un enjeu qu'il ne faut pas regarder de loin.
Et d'ailleurs c'est pour cette raison-là que
Robert Clark, nous l'avons mandaté. Vous savez, c'est un chercheur, un
spécialiste qui s'est beaucoup intéressé à la collusion dans le secteur de
l'essence au pays, enseignant à l'Université de
Queen's, associé aux HEC à Montréal. Et, dans ce rapport, bien, c'est frappant,
c'est ce que l'on disait, d'ailleurs, au cours des derniers mois, les
prix et les marges dans certains marchés du Québec, dont la Capitale-Nationale,
Chaudière-Appalaches, la Côte-Nord et la Gaspésie, ont soudainement augmenté en
2022 et sont demeurés élevés.
• (4 h 20) •
Vous allez me demander : En Ontario, ça
ressemblait à quoi? Bien, en revanche, dans la plupart des marchés de l'Ontario, aucune augmentation de marge du même
ordre de grandeur n'a été observée. Il mentionne, page 73 de son rapport : «À mon avis, les tendances de prix
sur certains marchés locaux ne sont pas cohérentes avec un marché de détail de
l'essence parfaitement compétitif.» Il va plus loin : «En raison du moins
en partie des niveaux élevés de concentration, la concurrence sur les
prix est limitée. Sur certains marchés, les marges sont élevées, les prix ne
sont pas dispersés et ne réagissent pas aux changements de coûts d'une manière
compatible avec un niveau de concurrence élevé. Il existe de nombreuses
périodes où les prix ne changent pas du tout, malgré les changements de coûts.»
Vous savez, il y a le prix à la rampe, qui est
public, hein, Valero, Suncor, on les connaît, on les voit. Eh bien, dites-vous,
Mme la Présidente, que, par moments, il y a des baisses d'acquisition, mais que
le prix vendu à la pompe augmente pour la
population, et le Pr Clark le mentionne. Il dit même, et je pense que cette
phrase-là, elle est fondamentale : «Ensemble, ces comportements sont incompatibles avec une concurrence
parfaite.» Il mentionne donc que l'environnement réglementaire du Québec
pourrait jouer un rôle dans les marges élevées de la province. Le prix plancher
n'a pas réussi à empêcher la sortie d'un grand nombre de petites
stations-service ni à maintenir les prix plus bas que dans d'autres régions du Canada. Il décourage l'entrée des
stations-service à bas prix et empêche les entreprises plus compétitives de
fixer des prix plus faibles. De plus, un prix plancher peut faciliter la
coordination entre les entreprises, Mme la Présidente.
Ce n'est pas
banal qu'un enseignant remet ce genre de rapport là au gouvernement du Québec,
Mme la Présidente, on ne peut pas rester immobile, les deux bras
croisés, et dire, quand la majorité de nos citoyens consomment de l'essence : On ne fera rien. Et on est
humbles, Mme la Présidente, on ne dit pas que ça va changer tout du jour au
lendemain, mais une chose qui est
certaine, c'est qu'avec près de 5 000 mises en demeure, on sait que
les bannières au Québec sont capables de diminuer le prix vendu à la
pompe.
On l'a vu pas
plus tard qu'il y a deux semaines, Couche-Tard a fait des rabais. On le voit
avec les cartes de rabais. Moi, je
les ai toutes, je vous invite d'ailleurs à les télécharger. On peut avoir
jusqu'à 0,18 $ de rabais le litre par moments, Mme la Présidente.
Alors, ils sont capables de diminuer leur marge de profit.
Et
méfiez-vous des gens qui vont vous dire : Ah! les indépendants, les
indépendants. On parle de 70 indépendants purs. Il y en a qui se disent indépendants, Mme la Présidente, ils sont
propriétaires de 400 stations d'essence. Première affaire. Deuxième
élément, le revenu d'une station d'essence, Mme la Présidente, au Québec n'est
pas que concentré sur l'essence, elle est
concentrée également sur la vente de différents produits d'alimentation,
alcoolisés, lave-auto ou autre. Alors,
il faut comprendre que, si ces gens-là souhaitent attirer des gens dans leurs
commerces, ils peuvent maintenant le faire,
dans les prochaines heures, avec l'abolition du prix plancher, en ramenant une
compétition qui est juste, une compétition qui est souhaitée et une
compétition qui ressemble à ce qu'on retrouve dans la majorité du reste du
Canada.
Alors, je veux saluer évidemment le travail
accompli par nos collègues en commission parlementaire, par le Dr Clark. Nous sommes appuyés, évidemment, par la
Fédération canadienne des contribuables, par CAA Québec. Et nous pensons également, sincèrement, qu'avec ces
disparités de traitement que nous avons vues... Je vous ai parlé de la Côte-Nord,
je vous parlais de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent, ou ma collègue la députée
de Rivière-du-Loup—Témiscouata—Les Basques
a également fait une demande au bureau fédéral de la concurrence parce qu'on va
créer un régime de transparence en 2026 — encore
une fois, c'est du jamais-vu, au Québec — où
on va obliger chaque station d'essence
au Québec à nous divulguer en temps réel le prix affiché à la pompe. Alors, on
va équiper le bureau fédéral de la concurrence, Mme la Présidente.
Et je sais que le Parti québécois a proposé un
bureau québécois de la concurrence. Alors, on vient répondre en partie à la demande du Parti québécois d'équiper le bureau fédéral de la concurrence pour avoir des données
pour s'assurer qu'on puisse observer dans chaque ville du Québec. Si
jamais le prix est toujours le même, on sera en mesure de pouvoir se poser des questions. Alors, on avance,
on avance dans une préoccupation qui est québécoise, une préoccupation
qui touche les familles. Mais sachez, Mme la Présidente, que, malgré
l'abolition du prix plancher dans les prochaines minutes, on va continuer de
suivre ce dossier de très près. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. La nationalisation de l'hydroélectricité, ça a été un moment fort
dans l'histoire du Québec. Je vais même aller plus loin, ça a été un moment
fort pour la gauche au Québec, parce que ceux qui voulaient nationaliser
l'hydroélectricité pour se défaire des compagnies étrangères qui exploitaient
le peuple, bien, c'était la gauche, les
progressistes. Maurice Duplessis, un conservateur de droite, lui, il ne voulait
absolument rien savoir de ça, surtout
pas. Quand Adélard Godbout a créé Hydro-Québec et a procédé à la première vague de
nationalisation en 1944, c'est
qui qui lui barrait la route? Bien, c'était la droite, les lobbys des patrons,
les grosses compagnies qui n'en avaient
que pour leurs intérêts et leurs profits. Mais un jour, avec beaucoup de
travail, de militantisme, est venu le temps de nationaliser
l'hydroélectricité. Pour qui? Pour les travailleurs et travailleuses, pour le
peuple.
J'ai une
pensée pour Philippe Hamel, qui est beaucoup moins connu, que l'histoire a
oublié. C'était un dentiste et un
homme politique des années 30 qui a passé sa vie à militer pour cette
cause. Mais l'homme par qui est arrivé la nationalisation, lui, évidemment, est beaucoup plus connu, il a été très évoqué
dans les derniers jours, c'est René
Lévesque, celui qui a pris le bâton
du pèlerin, qui est allé convaincre les Québécois que les ressources, que les
richesses naturelles, bien, c'est à eux, ça leur appartient.
En 1962,
il y a eu une élection référendaire sur la nationalisation de l'hydroélectricité.
Et, depuis ce temps-là, bien, Hydro-Québec est dans nos coeurs. C'est
une référence commune, ça fait partie de notre culture. Ça fait même partie de notre identité. Ce n'est pas pour rien qu'il y
a une pièce de théâtre, J'aime Hydro, qui a été extrêmement populaire et
qui a cartonné.
Comme nationaliste indépendantiste, je suis très
fière de notre société d'État, mais le projet de loi n° 69 déconstruit ce
qui a été édifié par les grands bâtisseurs du Québec moderne. Ça me fait mal,
Mme la Présidente, d'être ici en cette nuit
et de voir le gouvernement de la CAQ procéder ni plus ni moins qu'au
démantèlement d'Hydro-Québec devant nos
yeux. On parle de dénationalisation, de privatisation. Plus de privé, c'est
plus d'argent pour les banques, c'est plus de dividendes pour les
actionnaires. Ça, c'est l'argent qui appartient aux Québécois et Québécoises.
Hydro-Québec, c'est à nous. Hydro-Québec, ça appartient au peuple québécois. La
ministre le disait tantôt, mais ça ne paraissait pas, ça ne paraît pas dans son projet de loi, en tout cas.
C'est ce qu'ils pensent, que ça appartient aux Québécois. Ça n'appartient pas à
Michael Sabia, ça n'appartient pas aux amis de Fitzgibbon, encore moins
à la CAQ.
C'est quoi,
les grands problèmes du projet de loi? En résumé : dénationalisation
d'Hydro-Québec, instrumentalisation de la transition énergétique,
affaiblissement, encore une fois, du chien de garde d'Hydro-Québec,
c'est-à-dire la Régie de l'énergie, une plus grande politisation de notre
société d'État, et tout ça en affaiblissant les processus démocratiques, tout
ça en imposant un bâillon. On est loin de l'élection référendaire de Jean
Lesage et du Maîtres chez nous, déjà que notre système démocratique ne
l'est pas tant que ça à cause de notre mode de scrutin, déjà que le
parlementarisme britannique, qu'on subit toujours, fait en sorte de donner plus
de pouvoir à un parti et aucun aux autres partis. Les partis de l'opposition,
bien, nous avons la majorité des suffrages. Ce qui se passe en ce moment, Mme
la Présidente, cette nuit, n'est pas à
l'honneur de ce qu'on devrait faire, de ce sur quoi on doit travailler, ça va à
l'encontre du bien commun.
Les grands bâtisseurs du Québec ont fait la Révolution
tranquille, et la CAQ, elle, procède à la démolition tranquille d'Hydro-Québec. Québec
solidaire va voter contre le projet
de loi n° 69. On va continuer à être les défenseurs du renforcement de notre société d'État, et, un jour,
Québec solidaire fera rejaillir Hydro-Québec pour le porter encore plus haut.
En cette nuit
sombre, Mme la Présidente, j'entends un bruit, un bruit qui vient du cimetière
Saint-Michel-de-Sillery. C'est le bruit d'un homme qui est en train de
se tourner dans sa tombe.
Je veux
remercier mes collègues d'avoir passé au travers de cette nuit, et en particulier
le député de Maurice-Richard, qui a tenu le bout jusqu'au bout pour
défendre notre société d'État, pour défendre Hydro-Québec, pour défendre notre
héritage québécois. Merci beaucoup.
• (4 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, Mme la chef du deuxième groupe d'opposition. Je rappelle aux gens qu'il n'y a qu'une personne qui
a le droit de parole et j'aimerais avoir le silence. Merci. Donc, je cède
maintenant la parole au député de Nicolet-Bécancour.
M. Donald Martel
M. Martel : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais ça vous dire que je suis tellement content de vous
adresser la parole ce soir, ce serait... à
cette heure-là, ce serait un petit peu étirer la vérité. Juste vous dire, moi,
j'ai été élu en 2012, le Parti québécois était au pouvoir, il y a
eu deux bâillons en à peu près un an et demi, donc à peu près un bâillon
par année. La CAQ, ça fait à peu près sept
ans, ça va faire sept ans, septième bâillon, à peu près un bâillon par année.
Parti libéral du Québec : quatre ans, huit bâillons, deux par
année. Donc, au niveau de la vertu, on va juste prendre ça relax, là, ça fait partie de la procédure. Il n'y a rien de
spectaculaire, peut-être à part une chose, que moi, je n'ai jamais vue, puis
j'aurais quasiment le goût d'applaudir les trois partis d'opposition,
trois jours et demi de remarques préliminaires. Moi, je n'ai jamais vu ça. Ça prend une collaboration, une
concertation extraordinaire. Pour ceux qui suivent les travaux, normalement,
là, remarques préliminaires, une heure, on a passé au travers. Trois jours et
demi, bravo! c'est assez exceptionnel.
Je ne veux pas répliquer sur tout ce que la
cheffe du deuxième groupe d'opposition a dit, mais, voilà à peu près un mois,
je suis allé à Inukjuak visiter une centrale électrique, et c'est la... c'est
Kativik, la communauté de Kativk qui ont créé une
entreprise qui s'appelle Innavik, avec... j'ai un blanc, j'ai un blanc,
l'entreprise... en tout cas, ça va me revenir. Donc, Innavik, c'est une
centrale hydroélectrique au fil de l'eau, ça veut dire qu'il n'y a pas de
barrage, c'est vraiment comme si on créait une fuite à partir de... non, à
partir d'une rivière qui produit 7,5 mégawatts d'électricité renouvelable.
Cette électricité-là alimente la communauté d'Inukjuak au Nunavik et réduit
80 % de sa dépendance au diesel pour combler ses besoins en électricité,
chauffage et eau chaude.
Le projet est né de
la volonté de la communauté de réduire ses émissions à effet de serre, et il
aura une incidence positive significative
sur le développement socioéconomique de ces 1 800 habitants
d'Inukjuak, deuxième communauté plus
peuplée du Nunavik. Les revenus générés par le projet servent à répondre aux
besoins sociaux, éducatifs et maintien des modes de vie traditionnels
des enfants, des jeunes et des aînés de la communauté et investir dans des
projets d'entrepreneuriat locaux. Il s'agit d'un projet dirigé par la
communauté qui assurera une nouvelle source de revenus, tout en soutenant la
communauté, en se servant... en se concertant sur les besoins actuels et en
investissant dans des initiatives de développement à long terme. Donc...
Pardon?
Une voix : ...
M. Martel :
Donc, ce que ça fait, pourquoi qu'on veut développer des partenariats,
c'est faire des choses comme ça qui reviennent directement à la communauté. Il
y a un projet aussi, Énergie Matawak, situé en Mauricie, ce projet de 20 mégawatts est développé en
partenariat avec le Conseil des Atikamekw de Manawan de la MRC de Matawinie.
Il y a le projet d'Ominiki, au Témiscamingue, un projet de 500 mégawatts.
Donc, c'est tous des
projets... Pourquoi qu'on veut créer ça? C'est, avec le milieu, créer des
développements. Il y en a eu même un dans la MRC de Nicolet-Yamaska où on
aurait pu créer des revenus. Moi, j'étais assez favorable à ce projet-là, mais, vous savez quoi, la MRC a
décidé qu'ils n'étaient pas pressés, ils voulaient retarder. Donc, on ne force
pas personne, mais on crée des opportunités. Mon collègue de Drummond, tantôt,
il faisait allusion à Boralex, qui est à Saint-Zéphirine... Séraphine, et il
disait que les revenus qui vont être générés équivaut à peu près à l'équivalent
de la recette totale des taxes scolaires.
Mais, avant de vous
laisser, je vous... j'ai déjà souvent parlé du parc industriel de Bécancour, et
l'alimentation en électricité, avant, les dernières années, pour moi, ce
n'était pas un enjeu. On a tellement de projets à Bécancour que le principal
frein, c'est l'alimentation en électricité. L'été s'en vient, la ville de
Bécancour a créé une entente avec une compagnie d'autobus pour louer un
trolley. Là, j'invite tous mes collègues, cet été, il peut même y avoir une
traverse de Trois-Rivières à Bécancour, il y
a un trolley qui vous attend là, il vous emmène dans le parc industriel de
Bécancour, puis vous allez voir tous
des nouveaux projets, Ultium CAM, Nemaska Lithium, EcoPro. On se promène, on
voit tout ça, là, tous des nouveaux projets, Matériaux avancés Mirae,
Air Liquide, NEAS, Groupe Fournelle, Virentia puis bientôt, peut-être l'année
prochaine, on pourra rajouter Nouveau Monde Graphite, Vale puis Innomalt.
Donc, je vous invite,
puis, si vous venez, honnêtement, puis je vous vois, je n'en parlerai pas à
personne, mais, sincèrement, ça vaut la peine d'aller voir ça, ce qu'on fait
avec le développement de la filière batterie chez nous. Merci beaucoup, tout le
monde.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Je me souviens, à l'école primaire puis ensuite à l'école secondaire,
quand j'ai pris conscience de l'importance de l'énergie de l'électricité
dans l'histoire du Québec, dans notre histoire, à quel point on a grandi comme peuple, à quel point on s'est émancipés en même
temps qu'on a construit Hydro-Québec, qu'on a pris le contrôle de notre économie en prenant le contrôle de notre énergie,
qu'on a cessé de se faire manger la laine sur le dos par des compagnies qui coupaient l'électricité à du monde qui n'avait
plus d'argent pour en payer... pour la payer en plein hiver puis dire :
Nous, on va s'en occuper.
Je
me souviens, quand j'étais avocat d'affaires, quand j'ai commencé à travailler
dans le domaine de l'énergie puis j'ai
commencé à faire mes premiers contrats, je me disais : Incroyable, je suis
en train de faire des contrats pour des trucs qui sont liés à l'énergie,
à l'électricité au Québec. J'avais conscience de ce que ça signifiait.
Je
me souviens quand j'ai visité LG, quand je suis allé à la Baie-James.
Puis j'ai vu des choses dans ma vie, mais ça, c'est incroyable. C'est
stupéfiant de voir ce que le Québec a construit.
Je
suis allé voir parmi les derniers barrages qui ont été construits, à
Toulnustouc. J'ai marché dans la turbine puis je suis allé voir là où il y allait avoir le réservoir.
J'ai marché dans le tunnel d'amenée. Je me suis rendu compte de ce que le
Québec était capable de faire à travers la maîtrise de l'énergie, de
l'électricité, et c'est pour ça qu'on dit que c'est notre richesse collective.
C'est une question économique, mais c'est une question sociale. On l'a dans les
tripes, l'électricité, l'énergie, au Québec.
Et c'est pour ça que, quand on décide de faire des changements sur ce pacte qui
existe depuis 1963, depuis qu'on l'a nationalisé après une élection
générale déclenchée sur cette question-là, un parti politique, à l'époque, qui a eu le courage de dire : On va demander
aux Québécois, si on veut changer ça, il faut y aller avec délicatesse puis il
faut regarder les Québécois dans le blanc des yeux et leur dire :
Voici ce qu'on veut faire. Qu'en pensez-vous? Êtes-vous d'accord? Et ce n'est malheureusement pas ce qui s'est passé. Et c'est
le genre de réforme, c'est le genre de secteur qui ne peut pas se
terminer par un bâillon, surtout quand il y a des questions complexes qui sont
en train d'être travaillées de manière constructive par tout le monde.
• (4 h 40) •
Et,
quand on dit qu'il y a une ouverture à la privatisation et qu'il y a une
privatisation, c'est le projet de loi qui le
dit. Au-delà des communications, les articles 38 et 39 du projet de loi
font en sorte que, pour la première fois depuis 1963, des compagnies
privées vont vendre de l'électricité à d'autres compagnies privées. Puis ça, on
se l'est dit, au Québec, parce que c'est notre richesse collective, c'est nous
qui l'avons construite : Il y a juste Hydro-Québec qui peut vendre de
l'électricité. Puis ensuite il y a les articles 72.1, 83, 95, 115, 116 qui
sont des mécanismes pour une plus grande privatisation. On le dit aux Québécois
puis on leur demande. Et là, ce qu'on a entendu, c'est la ligne, c'est :
On ne privatise pas Hydro-Québec. C'est la preuve de ce qu'on est en train de cacher parce que ce n'est
pas ça, la question. La question, c'est : Est-ce qu'il y a plus de
privatisation? Puis la réponse, c'est oui.
C'est la même chose
pour les tarifs. Quand on parle des articles 30, des articles 31,
35.2, 35, 35.1, 111, 75, c'est des mécanismes d'augmentation des tarifs, puis
on continue à dire aux Québécois : Non, on va protéger vos tarifs à
3 %, mais il y a toutes sortes de mécanismes pour les augmenter.
Quand on dit :
On va respecter la Régie de l'énergie, l'arbitre, mais qu'on a Michael Sabia
qui vient répondre à une de mes questions, ici, puis qui dit : C'est des
technocrates, puis j'aime mieux être main dans la main avec les gouvernements
que de respecter notre loi constitutive, puis quand on a un paquet d'articles
qui visent à réduire les pouvoirs de la Régie de l'énergie, on le dit aux Québécois, que c'est ça qu'on veut faire. Et c'est ça,
la grande tristesse de ce projet de loi, et c'est une des principales
raisons pourquoi nous allons voter contre : parce qu'on change le modèle
de notre richesse collective du pacte québécois sans l'avoir dit aux Québécois.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
M. le député de René-Lévesque.
M. Yves
Montigny
M. Montigny : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais juste savoir, peut-être, un peu le
temps qu'il me reste, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Six minutes.
M. Montigny :
Merci pour la précision.
Mme la Présidente,
j'aimerais prendre le temps, à nouveau, de remettre certaines pendules à
l'heure.
D'abord, je veux vous
parler de privatisation, je veux vous citer une définition de «privatisation»,
et ça me fait plaisir de le faire à ce moment-ci, après l'intervention de
certains collègues : «Une privatisation est un transfert de la propriété
d'une grande partie, voire la totalité du capital d'une entreprise du secteur
public au secteur privé.» Ça n'arrivera pas. Hydro-Québec n'est pas à vendre,
notre premier ministre a été très clair, et ça n'arrivera pas.
Mme
la Présidente, je vais aussi prendre le temps de préciser une belle histoire
qui a commencé dans la Manicouagan. Le fondateur de la ville de Baie-Comeau, le colonel Robert Rutherford McCormick, a décidé de fonder une papetière.
Pour faire ça, il s'est construit des barrages hydroélectriques sur la rivière
Outardes et Manicouagan. Ces barrages ont généré la société hydroélectrique en
commandite Manicouagan. Cette société-là, aujourd'hui, distribue de l'énergie à
la ville de Baie-Comeau, notamment. Cette
société en commandite permet que la ville de Baie-Comeau ait son réseau de
distribution, parce que c'était là avant la création d'Hydro-Québec. Le
projet de loi n° 69 nomme très bien les réseaux municipaux existants et la
coopérative existante. C'est une spécificité au Québec. Et heureusement
Hydro-Québec a été fondée par René
Lévesque — je suis fier d'être le député de René-Lévesque — ça
a créé la société d'État pour l'ensemble des autres barrages sur la
rivière Manicouagan. Et aujourd'hui c'est le gouvernement de la CAQ, Mme la
Présidente, qui va augmenter la puissance de ces centrales avec Hydro-Québec
comme maître d'oeuvre, évidemment.
Mme la Présidente,
j'aimerais aussi prendre le temps de spécifier, pour le bénéfice de tous, que,
pour la vente au privé, la loi actuelle, avant l'adoption du projet de loi n° 69,
permet déjà la vente de l'électricité issue de la biomasse à une entreprise
privée. Ce qu'on va faire avec la loi n° 69, c'est de permettre aussi à
d'autres énergies renouvelables. Savez-vous, Mme la Présidente, qui a adopté
ça, cette possibilité de vendre à une entreprise en biomasse forestière? Le Parti
québécois, Mme la Présidente. C'est une décision du Parti québécois, Mme la
Présidente.
Je veux vous dire
qu'avec cette décision, avec l'adoption du projet de loi, on va être capables
de travailler en partenariat, Mme la
Présidente, avec, notamment, l'Alliance de l'énergie de l'Est, qui veut
développer des projets majeurs en
éolien au Bas-Saint-Laurent, dans le secteur de Matane aussi, Mme la
Présidente, dans le secteur aussi du Kamouraska, jusqu'aux Îles-de-la-Madeleine,
Mme la Présidente. Il y a des projets qui attendent là-bas puis qui ont besoin
du projet de loi n° 69 pour se
développer. L'alliance est un partenaire incontournable de l'énergie
renouvelable, et nous, on va travailler avec eux, Mme la Présidente.
Je
veux prendre le temps de citer aussi un autre chercheur, il y a probablement
six heures, qui a cité, sur les réseaux sociaux, que c'est un mauvais angle, la
question du privé abordée par les oppositions présentement à l'Assemblée
nationale : «L'opposition fait de la
démagogie ici, ça donne des munitions à la CAQ.» Je suis désolé, je faisais
juste citer quelqu'un, vous avez raison, le professeur, HEC Montréal, Sylvain
M. Audette, sur les médias sociaux.
Mme la Présidente,
actuellement, nous sommes...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Vous ne pouvez pas faire directement... indirectement
ce que vous ne pouvez pas faire directement. Je vous fais signe. S'il vous
plaît, veuillez, avec prudence, continuer votre discours.
M. Montigny : ...sans problème.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci.
M. Montigny : Je veux prendre
le temps, par contre, de parler de la tournée qu'on fait, actuellement. Il nous
reste trois rencontres importantes, la semaine prochaine, Mme la Présidente,
sur la tournée Vision énergie qu'on fait. L'adoption du projet de loi
n° 69 va nous permettre, Mme la Présidente, de réaliser une planification
de l'énergie au Québec non seulement qui englobe l'énergie d'Hydro-Québec, mais
aussi de l'ensemble de l'énergie au Québec. On est en train, avec l'adoption de ce projet de loi là, de nous permettre,
à l'article 4, Mme la Présidente, de dialoguer. Avant même de
commencer à écrire quoi que ce soit sur le PGIRE, on dialogue avec les
communautés autochtones.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun
Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Depuis sa création en 1944 par Adélard Godbout, aux grandes
nationalisations par René Lévesque, sous Jean Lesage, des années 60, en
passant par les chantiers pharaoniques de la Baie-James
et de Churchill Falls, sans compter la «Paix des braves», au début des
années 2000, qui entame une réconciliation ô combien importante avec les Premières Nations, Hydro-Québec fut une
épopée politique, économique et sociale qui, entre autres, a permis de
nous doter d'une électricité de bonne qualité et pas trop chère.
Malheureusement, depuis le début des
années 2000, on vit un changement. 100 % des éoliennes, principale forme d'énergie renouvelable, sont produites et
opérées par le privé. Ce projet de loi, on en a déjà parlé, fait la part belle
au privé et permet encore plus de privé dans la production, encore plus de
privé, mais cette fois il y a, en plus, une nouveauté :
on casse un principe fort de la nationalisation, qui est que, maintenant, le
privé va vendre au privé. J'en ai parlé beaucoup, mes collègues en ont
parlé, je ne rentrerai pas plus dans les détails, et je voudrais vous parler de
démocratie.
• (4 h 50) •
Je vais vous parler de démocratie, alors qu'il
est 4 h 30 du matin et qu'on s'apprête à bâillonner la démocratie
pour voter ce projet de loi, parce que, pour illustrer le manque de démocratie,
il y a évidemment le fait que nous allons affaiblir,
par ce projet de loi, un tribunal qu'est la Régie de l'énergie, qui vient
justement nous protéger des abus possibles d'un monopole naturel comme celui d'Hydro-Québec mais aussi celui d'un
gouvernement, et nous avons étudié, ce soir même, des articles où le
gouvernement se donne des droits assez incroyables, Mme la Présidente.
Et, parlant
du privé, parce qu'il n'y a pas juste du mauvais... il y a du mauvais pour le
privé aussi, ce gouvernement se donne le droit de choisir qui va avoir
accès à l'électricité, aux blocs d'électricité. Dans une industrie, en 2025,
c'est un pouvoir de vie ou de mort sur des compagnies, de vie ou de mort sur
des compagnies. Basé sur quoi il va donner ces
blocs? Sur une grille qu'il ne rendra jamais publique, des décisions de refus
où il n'y a pas de procédure d'appel, des critères définis par la
ministre, qui sont secrets, appliqués par la ministre sans jamais qu'il n'y ait
de la transparence. C'est sur ce genre de critères que le ministre Fitzgibbon a
distribué 2 500 mégawatts d'électricité aux multinationales
étrangères, des blocs d'électricité qui nous coûteront, à nous toutes et nous
tous, les Québécois, 22 milliards de dollars sur 20 ans. C'est ça qu'ils ont fait, basé sur aucun critère de
transparence. C'est grâce à ça que Northvolt a eu des blocs, et ne on sait toujours pas
sur quelle analyse économique, c'est grâce à ça que TES Canada a eu des blocs,
et on ne sait toujours pas sur quelle analyse économique. Pire encore, ils se
donnent le droit de pouvoir décider eux-mêmes, sans passer par la régie ni même
par Hydro-Québec, qui va pouvoir fournir à Hydro-Québec de l'énergie.
Donc,
surprise, surprise, avec une décision sans aucune transparence, ce gouvernement
ou n'importe quel ministre suivant pourrait décider que, même TES, qui a
200 kilomètres carrés d'exploitation devant, sans appel d'offres, pourra à
son tour donner de l'électricité à Hydro-Québec.
Je rappelle ici, pour ceux qui l'auraient oublié
ou pour ceux qui ne le sauraient pas, TES appartient à la famille Desmarais et
que l'île sur laquelle M. Fitzgibbon est allé à la chasse appartient aussi
à la famille Desmarais.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : M.
le leader du gouvernement, votre rappel au règlement.
M. Jolin-Barrette : Bien,
oui, Mme la Présidente, le député de Maurice-Richard devrait encore
avoir du respect pour ses collègues et ses anciens collègues aussi, s'il
veut qu'on le respecte, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je
suis debout. Je suis debout. Je vous ai entendu. Monsieur...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je vais vous reconnaître, là, personne ne vous a entendu. Je suis
debout. Alors, j'ai entendu ce que vous nous disiez, je vais entendre le
leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Je vous
invite à ce qu'on laisse la question se terminer, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Il
n'a pas porté...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Attention! J'ai entendu tout le monde. Il n'a pas... Il n'est pas allé
au bout de son idée et il n'a pas porté d'accusations. Alors, on va
faire... on va laisser terminer... Oh mon Dieu! Le temps est écoulé, M. le
député.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Dans les travaux que nous faisons présentement, il y a beaucoup de bruit, et j'essaie de ne pas trop intervenir, de
me lever pour vous dire qu'il y a trop de bruit, que je n'entends presque pas
l'interlocuteur. J'essaie de ne pas me lever pour laisser le temps complet,
parce que, même si je me lève et même si je vous demande ou que j'écoute
quelqu'un, le temps continue de rouler. Alors, désolée, là, présentement il n'y
a plus de temps, mais, s'il vous plaît, la
prochaine fois, ayez en tête que, s'il y a des interventions, de faire
attention à ce que vous dites, pour être capables d'aller jusqu'au temps
que vous avez.
Ceci étant dit, je mets maintenant aux voix la
motion de Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie proposant l'adoption du projet de loi n° 69,
Loi assurant la gouvernance
responsable des ressources énergétiques et modifiant... modifiant,
pardon, diverses dispositions législatives. Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Mme la Présidente,
je vous demande un vote électronique.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Un
vote électronique a été demandé. J'ouvre maintenant le vote.
La période du vote étant terminée, M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 67
Contre :
32
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
La motion est adoptée. En conséquence, le projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des
ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives, est
adopté.
Ajournement
au 16 septembre 2025
L'Assemblée
ayant terminé l'étude de l'affaire pour laquelle elle a été convoquée,
j'ajourne les travaux au mardi 16 septembre 2025, à 10 heures.
Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 4
h
57)