(Neuf
heures quarante et une minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bon jeudi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Donc,
nous allons débuter nos travaux aux affaires courantes, déclarations de députés,
et je cède immédiatement la parole à Mme la députée de Châteauguay.
Souligner le 40e anniversaire
d'Entraide Mercier
Mme Marie-Belle Gendron
Mme Gendron : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Depuis maintenant quatre décennies, Entraide Mercier met à
la pratique la vision qu'ils avaient en 1985, soit de créer un réseau d'aide et
de soutenir des individus et des familles moins nantis.
Au
fil du temps, cet organisme de la ville de Mercier a multiplié ses programmes
d'aide afin de cibler les plus grands besoins dans notre communauté.
Depuis 2017, en plus
d'opérer une friperie communautaire, ils ont mis sur pied le programme Bien
équipé pour la rentrée, qui vise à offrir du matériel scolaire pour chaque
famille.
Entraide Mercier a
pignon sur rue depuis 25 ans déjà, et c'est un incontournable à Mercier et
dans toute la région de la circonscription
de Châteauguay. J'ai eu la chance de m'y rendre à plusieurs reprises et pour
donner un coup de main, entre autres, à leur équipe extraordinaire,
toujours souriante et accueillante.
En cette grande
occasion, j'aimerais leur souhaiter un bon 40e anniversaire et leur dire
un immense merci pour tout le travail accompli. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée
de Bourassa-Sauvé.
Souligner le 50e anniversaire
de Chevrier Instruments
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente, je prends la parole
aujourd'hui pour souligner le 50e anniversaire de Chevrier Instruments, une entreprise bien établie dans mon
comté de Bourassa-Sauvé, spécialisée dans la vente et le service d'instruments de mesure et de régulation
pour les procédés industriels.
Depuis sa création,
en 1975, par M. Jacques Chevrier, l'entreprise s'est distinguée, au fil
des ans, par la qualité de son service à la clientèle et par son expertise
technique approfondie dans le domaine des instruments de mesure. Je tiens à
saluer la pérennité et le professionnalisme de cette entreprise qui, au-delà
d'un héritage familial, est devenue un
acteur incontournable du secteur. Chevrier Instruments offre des services
essentiels tels que l'étalonnage et la location d'équipements
spécialisés, permettant ainsi aux industries et aux laboratoires d'avoir accès
à des outils performants et fiables.
À l'occasion de ce
50e anniversaire, je souhaite exprimer ma reconnaissance à M. Marc
Chevrier, directeur général, ainsi qu'à toute son équipe. Chevrier Instruments
est plus qu'une entreprise, elle est aussi une véritable source précieuse de
croissance économique locale.
Bravo et longue vie à
Chevrier Instruments!
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Drummond—Bois-Francs,
à vous la parole.
Souligner la tenue de la 25e édition
de La Balade Gourmande
M. Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger :
Merci. L'édition 2025 de La Balade Gourmande a débuté en grande pompe le
week-end dernier. Des milliers de citoyens
ont sillonné les routes de ma circonscription pour aller à la découverte de
commerçants, de restaurants, d'artisans, de producteurs maraîchers et
d'autres passionnés du terroir.
La
25e édition de La Balade Gourmande, c'est 66 destinations,
125 exposants, un terroir unique, des dégustations gratuites et,
bien sûr, des retombées économiques majeures.
La
météo est au rendez-vous encore ce week-end. J'invite les Québécois à se
déplacer au Centre-du-Québec, ce samedi et ce dimanche, pour vivre l'expérience
de La Balade Gourmande, profiter du circuit orange, de Ham-Nord à Tingwick, ou encore du circuit vert, de
Sainte-Élizabeth-de-Warwick à Sainte-Clotilde-de-Horton, et profiter, surtout, des
belles couleurs de l'automne. Régalez-vous. C'est vraiment une belle région.
Alors, félicitations
à toute l'équipe pour cette belle réussite!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de
Taschereau.
Inviter la population à
participer à la 25e édition
de la Marche mondiale des femmes
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont :
Merci, Mme la Présidente. Le 18 octobre prochain, j'invite tout le monde à
Québec pour la clôture de la Marche mondiale des femmes. Cette édition marque
le 25e anniversaire de cet important mouvement.
25 ans à dénoncer la
violence envers les femmes, le capitalisme qui est responsable de la crise
climatique, et la pauvreté et le patriarcat qui... et la pauvreté, qui
représente une violence systémique. Parce que la pauvreté, ça a un visage fortement féminin. Trop de femmes au Québec
doivent encore choisir entre payer leur loyer, se nourrir ou se soigner.
Elles sont plus nombreuses à occuper des emplois précaires et à porter la
charge familiale sur leurs épaules.
Cette marche, c'est
aussi l'occasion de se rappeler que beaucoup de progrès ont été accomplis, évidemment,
mais qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Le 18 octobre, ici
même, à Québec, nous marcherons pour un monde plus juste, solidaire et
féministe. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le député de Chambly, à
vous la parole.
Souligner la tenue de la 10e édition
de la Course du député
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Mme la Présidente, cette année a eu lieu, il y a quelques semaines à peine, la
10e édition de la Course du député à Chambly. Cette année, encore une
fois, la course a eu lieu au bénéfice des organismes sportifs amateurs. 500 personnes, 500 marcheurs
et coureurs sont venus participer, c'est une édition exceptionnelle. Au cours
des 10 années, on a pu recueillir et redistribuer près de
100 000 $ à des organismes à l'intérieur du comté. C'est vraiment
formidable.
Merci à tous nos
partenaires, en particulier le club Trifort de Chambly, qui est là depuis le
début et à chaque édition. Merci à
l'humoriste, animateur, comédien, artiste bien connu Philippe Laprise, le
porte-parole. Merci, Philippe, de
nous accompagner. Merci aux bénévoles, sans qui rien n'est possible, aux
commanditaires aussi qui nous ont aidés à faire de l'événement un grand
succès, notamment la Zone tout en couleurs. Merci aussi, évidemment, à mon
équipe du bureau de Chambly, Richard Longtin, Caroline Bégnoche.
Et on remet ça l'an
prochain.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de
Marquette.
Souligner le 100e anniversaire
du Club de croquet de Lachine
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner le
100e anniversaire du Club de croquet de Lachine.
Fondé en 1925, le
Club de croquet de Lachine compte aujourd'hui environ 110 membres.
D'ailleurs, le club possède plusieurs photos et documents qui relatent son
historique, dont ses différents emplacements au fil du temps.
Outre les nombreuses
parties de croquet disputées, le Club de croquet de Lachine organise diverses
activités, dont des soirées spectacles, des
repas thématiques, des soupers hebdomadaires tous les jeudis et de nombreuses
activités sociales ouvertes à tous. Ces activités permettent au club de
croquet de collecter des fonds pour soutenir plusieurs institutions et
organismes de bienfaisance qui oeuvrent dans la collectivité et qui apportent
leur soutien aux personnes les plus démunies.
Félicitations au
président, M. Alphonse Lefort, à tous ceux qui l'ont précédé à ce titre et à
tous les membres du Club de croquet de Lachine pour ce 100e anniversaire!
Merci pour votre précieuse collaboration, et je vous souhaite une bonne
continuation. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je suis prête à céder la parole à M. le député
de Masson.
Souligner les performances
sportives de jeunes
athlètes de la circonscription de Masson
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : Mme
la Présidente, l'été est derrière nous puis il aura marqué les esprits par ses
exploits, son énergie puis ses moments forts.
Ainsi, pour plusieurs jeunes de ma
circonscription, l'été 2025 a rimé avec dépassement de soi, travail
d'équipe puis victoire bien méritée.
Alors, je veux donc féliciter quelques athlètes
qui se sont illustrés durant la saison estivale, soit Chloé Pelletier, médaillée de bronze aux championnats québécois de
BMX; Philippe Lepore, champion québécois de vélo de montagne, épreuve cross-country short track; Nathan
Allard-Kusup et Kendryck Gaudin, deuxièmes au baseball aux Jeux du Québec; Maoly St-Germain, médaillée de bronze au
100 mètres haies aux Jeux du Canada; et Josh Nteziryayo, qui vient
d'être sélectionné par Soccer Canada pour l'équipe nationale U-17 à la
Coupe du monde.
Alors, Mme la Présidente, je tiens à saluer tous
les jeunes athlètes de Masson qui, cet été, ont porté nos couleurs régionales.
Continuez de croire en vous, de viser haut, d'avoir des rêves, de montrer que
le talent et l'effort ouvrent toutes les
portes. Vous êtes une source de fierté, d'inspiration pour nous tous. Bravo à
vous tous! Et merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
nous poursuivons avec Mme la députée de Rimouski.
Rendre hommage à quatre citoyens de
la circonscription de Rimouski
Mme Maïté Blanchette Vézina
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Mme la Présidente. J'ai récemment eu l'honneur de remettre la Médaille de la
députée à quatre personnes dont l'engagement exceptionnel a marqué la
communauté de Rimouski.
Nathalie Babin, femme de vision, a donné un
second souffle au Théâtre du Bic et marqué l'histoire culturelle de Rimouski
par son leadership et son engagement philanthropique.
Le Dr Georges Lévesque, pionnier en oncologie à
l'Hôpital régional de Rimouski, a contribué à bâtir tout un réseau de soins dans l'Est du Québec et à faire
émerger un véritable écosystème d'économie bleue autour de la recherche
et de l'innovation.
Thérèse Sirois, directrice générale de la
Ressource d'aide aux personnes handicapées du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine,
incarne la solidarité et l'inclusion. Grâce à son leadership, plus de
7 millions de dollars ont été amassés pour soutenir les
personnes handicapées dans tout l'Est du Québec.
Et, finalement, Alain Rioux, un bénévole
infatigable qui a consacré sa vie au service des autres, notamment à travers
Accueil-Maternité, où il a accompagné des générations de jeunes mamans avec
bienveillance et humanité.
À vous quatre, merci de votre implication et
d'avoir fait grandir notre communauté.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Granby.
Souligner le 100e anniversaire du Cercle de
fermières Saint-Eugène-de-Granby
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, cette année, le Cercle de fermières Saint-Eugène de Granby célèbre
un moment historique, 100 ans d'existence et d'engagement au sein de notre
communauté.
Fondé en 1925, ce cercle fait partie d'un
mouvement profondément enraciné dans notre histoire collective, qui valorise la
solidarité, la transmission du savoir-faire et l'amélioration des conditions de
vie des femmes et de leurs familles.
Depuis un siècle, ces femmes ont su préserver et
faire rayonner un riche patrimoine artisanal tout en demeurant bien ancrées
dans la vie sociale et culturelle de Granby. Conférences, ateliers, activités
culturelles mettent en lumière la
contribution remarquable de ces femmes engagées qui ont tissé, au fil des ans,
des liens durables d'entraide et de fierté locale.
Je tiens à féliciter la présidente,
Mme Christiane Rochefort, ainsi que toutes les membres, anciennes et
actuelles, pour ce siècle de dévouement et d'implication. Votre travail inspire
et honore toute la communauté de la Haute-Yamaska. Merci, et bonne continuité.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je suis prête à céder la parole à Mme la députée de
Verchères.
Souligner
le 10e anniversaire du journal Le Contrecourant
Mme Suzanne Roy
Mme Roy
(Verchères) : Mme la Présidente, nous sommes en plein coeur de la
semaine des journaux. C'est donc un moment privilégié pour souligner le travail
des artisans de la presse, qui traversent une période de grands
bouleversements.
J'aimerais
profiter de cette tribune pour honorer le journal Contrecourant, un
média local qui s'intéresse à ce qui se passe dans nos municipalités.
Voilà 10 ans que
l'équipe du Contrecourant poursuit sa mission, celle d'informer les
citoyens, de leur dire ce qui se passe sur leur territoire, de leur donner des
nouvelles de leurs municipalités et des histoires qui façonnent leur quotidien.
Félicitations aux
cofondateurs, Denis-Charles Drapeau et Daniel Castonguay! Encourager la presse
locale, c'est affirmer que nos voix méritent
d'être entendues. Bravo au Contrecourant, et que ce
10e anniversaire les mène loin. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Gaspé, à
vous la parole.
Rendre hommage à Mme Émilie
Devoe
M. Stéphane Sainte-Croix
M. Sainte-Croix :
Mme la Présidente, je tiens à souligner le travail de l'autrice gaspésienne Émilie
Devoe, dont le dernier recueil, L'étoile taillée, connaît un rayonnement
international mérité.
Dans ce livre, Émilie
nous plonge dans le parcours d'une adolescente en souffrance et de sa mère
proche aidante. Avec une grande sensibilité, elle aborde les réalités complexes
de la santé mentale et la force précieuse de l'espoir. Par son écriture, elle
fait oeuvre utile. Elle ouvre des fenêtres sur ses expériences, nous invitant à
écouter, à comprendre et à partager ces réalités qui touchent tant de familles.
Son récit transforme une histoire personnelle en un partage qui éclaire et
enrichit toute la communauté.
Félicitations,
Émilie, pour ce témoignage inspirant et l'impact concret de ton oeuvre! Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Donc, nous allons conclure cette rubrique avec M.
le député de René-Lévesque.
Rendre hommage à M. Marc
Lefebvre
M. Yves Montigny
M. Montigny : Merci, Mme la Présidente. Je souligne aujourd'hui le parcours
remarquable de M. Marc Lefebvre, homme d'affaires ici présent, dans
les tribunes, ici, aujourd'hui, qui a su allier le développement de son
entreprise familiale et celui de la Côte-Nord.
Fondée
en 2000, il dirige avec sa conjointe et enfants l'entreprise familiale Lefebvre
Industri-Al, PME reconnue pour son procédé unique de recyclage des
résidus d'aluminium primaire, déployé à l'international. Lauréate de deux mercures,
elle incarne l'innovation et la responsabilité environnementale.
M. Lefebvre a
siégé à de nombreux conseils d'administration et présidé plusieurs organismes
économiques régionaux. Il a piloté pendant
plus de 12 ans le transfert des installations portuaires de Baie-Comeau à
un OBNL, projet clé pour la région,
M. Lefebvre. Très engagé dans la communauté, il a présidé de nombreuses
levées de fonds et événements majeurs touchant la santé, le sport,
l'éducation. Charismatique, rassembleur, il incarne l'engagement citoyen.
Merci de tout coeur,
M. Lefebvre.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Ceci met fin à la rubrique de
déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 06)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Vous êtes nombreux, ce matin.
Mesdames messieurs, bienvenue. Bienvenue chez vous. Le parlement du Québec,
c'est chez vous.
Messieurs dames les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup.
Veuillez vous asseoir.
Et nous poursuivons
les affaires courantes.
Déclarations
ministérielles
À la rubrique
Déclarations ministérielles, M. le premier ministre, nous allons vous écouter.
Et je vous mentionne que vous disposez d'un temps maximal de cinq
minutes.
Annonce d'un projet de loi pour que le Québec
se dote de sa propre constitution
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, c'est une évidence que les Québécois forment une nation, une
nation résiliente qui a traversé les derniers siècles en définissant sa
propre histoire, une nation profondément enracinée sur un immense territoire
qu'on partage depuis le début avec les Premières Nations et les Inuits, une
nation ouverte, composée de Québécois de
souche ancienne et récente, une belle nation, fière de sa culture, animée d'une
puissante identité collective.
Au cours des dernières années, cette Assemblée a
posé des gestes importants pour renforcer cette identité, pour défendre sa
langue, ses valeurs, sa culture, son autonomie. Il y a eu la loi n° 21,
qui a permis d'affirmer la laïcité de l'État.
Il y a eu la loi n° 96, qui a solidifié la protection de notre langue
commune. Et, plus récemment, on a adopté la Loi sur l'intégration à la
nation québécoise. On doit maintenant aller plus loin.
Le Québec a fait le choix de rester dans le
Canada, mais il a aussi choisi d'affirmer son caractère national distinct. Le temps est venu d'affirmer d'une
manière claire l'existence constitutionnelle de la nation québécoise. Donc, le ministre de la Justice, leader du gouvernement et
ministre responsable des Relations canadiennes va déposer aujourd'hui un
projet de loi pour que le Québec se donne enfin sa propre constitution.
Notre constitution
va regrouper l'ensemble de nos règles, l'ensemble de nos valeurs fondamentales
dans une seule et même loi. Elle va devenir la loi de toutes les lois.
• (10 h 10) •
La vision du gouvernement est claire : on
veut protéger et renforcer le Québec, on veut protéger notre langue, nos valeurs, notre identité, nos droits, et on
veut renforcer notre autonomie, nos institutions et notre souveraineté
parlementaire. On va le faire dans le respect des droits des Premières Nations
et des Inuits et on va le faire dans le respect des institutions de la
communauté québécoise d'expression anglaise.
Donc, en terminant, Mme la Présidente, quand on
regarde notre histoire, on se dit que notre survivance comme nation était
improbable. Pourtant, on est encore là. Les générations qui nous ont précédés
ont tenu le fort. Et, quand j'y pense,
l'émotion m'envahit, Mme la Présidente. On a maintenant, c'est à nous,
maintenant, la responsabilité de prendre le relais pour nous assurer que
l'histoire de notre belle nation se poursuive. Vive le Québec!
La Présidente : Et
je cède maintenant la parole à Mme la cheffe de l'opposition officielle pour
ses commentaires, d'une durée maximale également de cinq minutes.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme
la Présidente, M. le premier ministre, chers députés, chères Québécoises et
chers Québécois, le Parti libéral du Québec est favorable au principe
d'une constitution du Québec. Ses militants ont même adopté une
résolution-cadre en ce sens à notre congrès des membres en novembre 2024. À
cette occasion, le chef de notre formation
politique, Pablo Rodriguez, a clairement signifié que, malgré le fait qu'il
considère un tel projet comme étant important
et viable... que nos priorités devaient rester celles des Québécoises et des
Québécois, c'est-à-dire l'économie, le logement, l'éducation et la
santé.
Comme formation politique, nous pensons que le
Québec est plus fort lorsqu'il est uni. Une constitution québécoise doit impérativement être celui de tous
les Québécois et de toutes les Québécoises. Une constitution québécoise
doit être le projet d'un peuple, d'une nation. Ce n'est pas le projet d'un
parti politique ou d'un premier ministre qui rêve de passer à l'histoire.
C'est pour cette raison qu'avant même d'écrire
le premier mot il faut une consultation qui soit plus large. Il faut parler à
des experts, des constitutionnalistes, pas seulement quelques anciens premiers
ministres derrière des portes closes. Il faut parler à l'ensemble de la société
civile qui voudrait s'exprimer à ce sujet. Il faut également parler aux Premières
Nations.
En d'autres mots, pour être très, très simple, il
s'agit d'un texte qui se veut rassembleur, où toutes les Québécoises et
tous les Québécois peuvent s'y retrouver. Comme dirait Serge Fiori, on devrait
peut-être les écouter.
Puis, parlant d'écouter, le premier ministre a
mis sur pied un comité pour étudier des enjeux. Et que dit le rapport consultatif sur les enjeux
constitutionnels au sein de la fédération canadienne? Je cite : «Tout
d'abord, la démarche se doit d'être transpartisane. L'exercice doit
prendre en compte un large éventail d'avis d'experts, particulièrement eu égard
aux effets possibles d'une constitution codifiée au contenu élargi. Une
démarche réussie suppose également de mettre
la société civile à contribution et de miser sur une approche pédagogique,
favorable à l'appropriation des contenus. Et, finalement, l'exercice doit culminer par une adoption à l'Assemblée
nationale du texte de loi final et s'inscrire dans l'histoire du Québec
comme un moment solennel.»
«Culminer»
veut dire «aboutir» et non pas «commencer» avec un texte de loi. On doit
s'assurer dès le départ que ce texte reflète la vision de tous les
Québécois.
Quelques
exemples pour le premier ministre. La Commission spéciale sur la question de
mourir dans la dignité :
32 experts consultés en six jours, 273 mémoires, 239 personnes
ont été entendues, Gatineau, Montréal, Québec, Rimouski, Saguenay, Sherbrooke, Saint-Jérôme, Trois-Rivières,
114 personnes se sont présentées au micro. Par la suite, il y a eu
un projet de loi rassembleur que nous avons adopté tous ensemble.
Par la suite,
rappelons-nous, la consultation sur la légalisation du cannabis, parce
qu'effectivement ce n'était pas banal. Il y a eu Rimouski, Québec, Saguenay,
Trois-Rivières, Granby, Montréal, Gatineau, 139 mémoires,
273 citoyens qui ont été entendus au micro. Imaginez, pour le cannabis on
a fait une grande consultation avant de déposer un projet de loi parce que ce
n'est pas banal. La loi des lois, c'est tout sauf banal.
Nous y croyons, à une
constitution du Québec, parce que, oui, le Québec mérite ça.
M. le premier
ministre, je vous invite, comme les précédents que je viens de vous donner, à
faire cet exercice avant d'aller de l'avant. Et, si vous le faites, par la
suite, je pense sincèrement qu'on aura consulté tous les Québécois pour
connaître leur vision à eux.
Mme la Présidente, je
vous remercie sincèrement. Et vive le Québec!
La Présidente :
Et je cède maintenant la parole à Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition
pour ses commentaires. Et vous avez également cinq minutes maximum.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Je vais y aller droit au but : la CAQ n'a pas
l'autorité morale pour imposer une constitution province pour les Québécois et
Québécoises. On s'est déjà fait imposer une constitution du fédéral, on n'a pas
besoin de se faire imposer une constitution de la CAQ. Les Québécois et
Québécoises n'ont pas besoin d'une constitution écrite en catimini dans le
bureau du ministre pour lui faire plaisir à lui. Il n'y a eu aucune
consultation publique du peuple. Le mot «peuple» n'a pas été prononcé une seule
fois dans la déclaration du premier ministre.
Ce qu'on a besoin, au
Québec, c'est d'une nouvelle constitution qui soit celle d'un Québec
indépendant. Le vrai bouclier pour la nation, c'est une constitution écrite par
et pour le peuple. Le vrai bouclier, c'est la liberté du Québec. Mais la CAQ
continue, encore une fois, dans sa vieille marotte autonomiste. Pourtant, c'est
le gouvernement de la CAQ lui-même qui a fait la preuve fois mille que
l'autonomisme, c'est un échec.
Nous allons toujours,
toujours être perdants, tant et aussi longtemps qu'on est dans le Canada.
J'invite le premier ministre à arrêter de se draper d'un vernis nationaliste.
Le vernis a craqué il y a longtemps. La CAQ est aussi fédéraliste que les
libéraux.
Hier,
j'ai eu la chance de rencontrer un grand démocrate, André Larocque, qui a,
entre autres, été sous-ministre sous le gouvernement de René Lévesque, un grand démocrate qui fait confiance au peuple, qui fait confiance à
la démocratie.
Le ministre de la Justice,
lui, malheureusement, Mme la Présidente, il n'est pas reconnu pour être un
grand démocrate. On a juste à voir le nombre de bâillons qu'il nous a imposés
ici.
Une constitution, ce
n'est pas une loi banale comme une autre où on fait des petites consultations
puis on la passe comme ça, comme si de rien
n'était. Comme le disait Jacques-Yvan Morin, une constitution, c'est le miroir
de notre identité à nous, le peuple. Quand on regarde le miroir, on veut nous
voir, nous. On ne veut pas voir la CAQ, on ne veut pas voir le premier ministre, on ne veut pas voir le
ministre de la Justice. Pourtant, c'est ce que la CAQ nous donne aujourd'hui.
• (10 h 20) •
La CAQ a gâché, le premier ministre et son
ministre ont gâché un moment qui aurait dû être historique. Ça devait
être un grand moment de rassemblement de la population québécoise. Ça ne l'est
pas du tout.
Il
y a un autre vice majeur. Ce n'est pas juste parce qu'on dit «autochtone» au
détour d'une phrase, dans un discours, que tout est réglé. Il faut une vraie
consultation de nation à nation. Et on ne l'a pas vu, ça, jamais avec la CAQ,
et on ne le voit pas encore aujourd'hui pour cette constitution.
Ça
fait longtemps, Mme la Présidente, que Québec
solidaire est arrivé à la seule
conclusion possible : le fédéralisme canadien est irréformable. Québec
solidaire, depuis notre fondation, on propose une assemblée du peuple pour
écrire une constitution à l'image de la population du Québec, d'un Québec
indépendant, d'un Québec pays. Ça, c'est une vraie
consultation. Ça, c'est un vrai acte fondateur. C'est un vrai geste
démocratique. Ce n'est pas ce qu'on est en train de voir
aujourd'hui, qui ressemble plus à un cirque.
Je vais terminer en
m'adressant aux vrais nationalistes et aux vrais... et aux indépendantistes du
Québec. Ne vous laissez pas berner par la
CAQ. Le Québec vaut mieux, le Québec mérite mieux. Une constitution d'une
province, non. Une constitution écrite par et pour le peuple,
absolument. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente :
Et je vous remercie, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition. Mais
j'aimerais tous nous rappeler de faire attention aux mots qui sont au lexique
dans ces moments de commentaires.
Et je reconnais
maintenant pour ses commentaires, pour une durée maximale de cinq minutes, M.
le député de Jean-Talon.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : C'est Albert Einstein qui
a dit que la folie, c'est de faire toujours la même chose et d'attendre des
résultats différents. Et c'est exactement ce
à quoi la CAQ nous convie aujourd'hui. Après sept ans d'échecs retentissants
de sa troisième voie, elle nous propose de continuer à faire exactement la même
chose.
21
demandes dans le programme de 2015 de la CAQ à l'intérieur du régime fédéral.
Résultat des courses après sept ans :
zéro, rien. Des outils pour la protection du français? Non. Nomination des
juges québécois à la Cour suprême? Non.
Transfert de points d'impôt aux provinces? Non. Transferts fédéraux financiers?
Non. Rapport d'impôt unique? Non. Rapatriement des budgets culturels
fédéraux? Non. Prépondérance du Québec en matière de langue, d'immigration et de culture? Bien non. Reconnaissance
constitutionnelle du Québec comme nation? Non. Encadrement du pouvoir fédéral
de dépenser dans les champs de compétence du
Québec? Non. Bilinguisme obligatoire pour les juges de la Cour suprême? Non. Droit de veto du Québec? Non. Abolition ou
réforme du Sénat? Non. Abolition de la fonction de lieutenant-gouverneur?
Non. Il y en a même qui l'ont applaudie, qui l'ont ovationnée ici il n'y a pas
si longtemps.
Alors, c'est ça, le
bilan. Et, au lieu de tirer des conclusions et de dire : Ça ne fonctionne
pas, on l'a essayé, ça ne fonctionne pas, donc la solution, c'est
l'indépendance du Québec, bien non, on s'entête. On attend encore le grand
soir, le grand soir où le fédéral va nous dire oui, va essayer... va tenter de
respecter le Québec.
Non, le premier
ministre, le premier ministre n'a essuyé que des refus. Tous ses ultimatums
lancés, notamment en matière d'immigration, survie de la nation : Je veux
ceci ou cela, sinon... jamais rien, que des refus.
La CAQ, le premier
ministre, le gouvernement nous demandent, demandent aux Québécois, de continuer
dans la voie des perdants, plutôt que
d'adopter la voie des gagnants, de se dire : Oui, au Québec, nous sommes
capables de gérer nous-mêmes nos affaires.
Aujourd'hui, on nous
propose un projet de loi. C'est un projet de loi qu'on va nous proposer. Donc,
on n'est plus au plan A, on n'est pas au plan B, on n'est pas au plan C, on
n'est pas au plan D, on est rendus au plan E, un projet de loi qu'on va nous
déposer pour nous présenter une constitution caquiste, oui, parce qu'elle est
imprégnée de ce que c'est, la philosophie de la CAQ. On continue dans la voie
de l'échec. Elle ne changera rien. Elle ne changera rien. Elle n'aura pas
d'effet.
Est-ce que ça va
changer le partage des compétences de la Constitution de 1867? Non. Est-ce que
ça va mettre fin aux abus de pouvoir du gouvernement fédéral, qui vient
légiférer, dépenser de l'argent avec nos impôts et nos taxes dans nos champs de
compétence? Non. Est-ce que ça va changer la constitution de la Cour suprême du
Canada? Non. Est-ce que ça va empêcher la Cour suprême du Canada de charcuter
nos lois, notamment nos lois linguistiques? Non. Est-ce que ça va empêcher le
gouvernement fédéral de contester nos lois, notamment les lois sur la laïcité,
avec nos taxes et nos impôts? Non. Est-ce
que ça va donner plus de pouvoirs en matière d'immigration? Non. Est-ce que ça
va nous donner des pouvoirs, par exemple, sur le contrôle des
frontières, en matière internationale, en commerce international, alors que
c'est là que ça se joue actuellement? Non. Est-ce que ça va changer quelque
chose au fait qu'on a juste 20 % des votes au fédéral, et que ça va aller
en diminuant, et qu'on a de moins en moins de poids dans les décisions qui sont
prises à notre place au fédéral? Non. Est-ce que ça va changer quelque chose au
fait que 90 milliards de nos taxes et nos impôts s'en vont au fédéral, là
où se prennent des décisions, sans qu'on ait un véritable pouvoir de les
prendre nous-mêmes? Non. Est-ce que ça va changer quelque chose au fait qu'on
se fait dire quoi faire par le fédéral? Non.
Alors, c'est ça, le
problème. Ce n'est pas une loi fondamentale. Cette constitution caquiste va
être soumise à la Constitution canadienne qui nous a été imposée, à laquelle on
n'a jamais dit oui. Elle va rester subordonnée au pouvoir du fédéral. En ce
sens, c'est une constitution fédéraliste.
Le sens de l'État,
c'est que le ministre de la Justice et c'est que le premier ministre du Québec
regardent les Québécois et tirent enfin des
conclusions. Nous l'avons essayé, ça ne fonctionne pas, la troisième voie. Si
les Québécois veulent une
constitution, ils doivent se doter d'un pays. Ça prend un pays pour avoir une
véritable constitution. C'est ce à quoi
le Parti québécois va convier toutes les Québécoises et tous les Québécois pour
enfin en avoir une, vraie constitution. C'est l'indépendance du Québec
que ça nous prend. Merci.
La Présidente :
Je vous remercie, M. le député de Jean-Talon. Et je cède maintenant la parole à
M. le premier ministre pour son droit de réplique, d'une durée maximale de cinq
minutes.
M. François
Legault (réplique)
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, adopter une constitution québécoise, c'est un geste
fort, tous les experts vont le reconnaître, parce que ça devient la loi des
lois, donc ça veut dire que ça a préséance sur toutes les autres règles.
Ça veut dire, Mme la
Présidente, qu'une constitution québécoise, ça aide à mieux protéger notre
langue et nos valeurs, parce que, dans la constitution québécoise, on inclut,
entre autres, la loi 101 de Camille Laurin, la Charte de la langue
française, on inclut la loi n° 96, qui vient améliorer la charte de
Camille Laurin, on inclut la loi n° 21 sur la laïcité, la loi qui vient
interdire au personnel en autorité, c'est-à-dire les enseignants, les juges,
les gardiens de prison et les policiers, de
porter un signe religieux. La majorité des Québécois sont d'accord avec ça, Mme
la Présidente. Donc, ça devient dans la loi des lois, la loi 101,
la loi n° 96, la loi n° 21.
Bon, je ne suis pas
très surpris de la réaction du Parti libéral et de Québec solidaire. Ils ont
voté contre la loi n° 21, donc ils sont contre la laïcité de l'État.
Quoique Pablo Rodriguez a dit : Je suis peut-être ouvert, mais je suis
contre la clause dérogatoire. Bon, on va lui demander d'être plus précis. Mais,
à partir du moment où le Parti libéral puis Québec solidaire sont contre
la loi n° 21, qui est incluse dans la constitution, je peux comprendre la
position qu'ils viennent d'exprimer.
Là où je suis plus surpris, c'est le Parti
québécois. Le Parti Québécois était pour la loi n° 21 pour interdire les signes
religieux. J'ai été au Parti québécois, je pourrais vous nommer plusieurs
députés éminents du Parti québécois qui ont
travaillé des mois sur une constitution québécoise à l'intérieur du Canada.
J'en ai vu travailler puis je peux vous dire qu'il
y en avait plusieurs qui y croyaient puis qui croyaient que c'était important
de le faire pour protéger notre langue et nos valeurs.
• (10 h 30) •
Mme la Présidente, au
début de la semaine, le chef du troisième groupe d'opposition, le chef du PQ, a
laissé entendre qu'il était contre la constitution québécoise. Je sais que ce
matin, dans une entrevue, il a fait un virage, et là il semble avoir une
ouverture. Puis je veux lui tendre la main, je veux lui tendre la main, parce
qu'on souhaite avoir l'appui du Parti Québécois dans cette constitution. On est
prêts à discuter d'amendements, d'ajustements. Mais je pense que la poignée de députés du PQ, là, dans 25 ans, ils vont
être jugés pour le vote qu'ils vont faire sur le projet de constitution québécoise. Imaginez-vous, là, je
regarde le député de Matane, si, dans 25 ans, on disait : Vous
rappelez-vous que le député de
Matane, du PQ, a voté contre une constitution québécoise? Ce serait terrible
d'entendre des choses comme ça.
Mme la Présidente, le
chef du PQ, bon, était contre l'idée, pendant un certain temps, d'un référendum
sur la souveraineté. Maintenant il dit : C'est tout ce qui compte, le
grand soir du référendum sur la souveraineté, ça ne vaut pas la peine de faire
avancer le Québec en attendant. Bon, ce matin, dans une entrevue, il avait
l'air d'avoir changé d'idée. J'espère que c'est pour de bon.
On se rappellera, Mme
la Présidente, que la loi 101 avait été refusée par le Parti libéral puis
l'Union nationale. Est-ce que le PQ est en train de nous dire que ce n'était
pas une bonne idée d'adopter la loi 101? Est-ce que le PQ est en train de
nous dire : Ce n'est pas une bonne idée de renforcer la loi 101, de
renforcer la loi n° 21?
Mme la Présidente,
les députés actuels du Parti québécois vont être jugés. Je le répète, on est
ouverts aux suggestions. On va les
consulter. Mais il est temps d'agir, Mme la Présidente. Puis l'histoire va les
juger, nous juger sur le vote sur cette constitution québécoise
importante.
La
Présidente : Merci, M. le premier ministre.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente.
Je vous demanderais d'appeler l'article a du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 1
La
Présidente : À l'article a du feuilleton, M. le ministre de la
Justice et ministre responsable des Relations canadiennes présente le projet de
loi n° 1, Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec. M. le ministre.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Vous me permettrez, avant de présenter
le projet de loi, de saluer la présence,
dans les tribunes, de Mme Danièle Goulet ainsi que de Mme Diane
Pelletier, respectivement épouse de feu notre collègue Benoît Pelletier
et soeur de Benoît Pelletier.
Alors, Mme la
Présidente, projet de loi n° 1, Loi constitutionnelle de 2025 sur le
Québec.
Ce
projet de loi édicte la Constitution du Québec, la Loi sur l'autonomie
constitutionnelle du Québec et la Loi sur le Conseil constitutionnel. De
plus, il modifie la Loi constitutionnelle de 1867 et différentes lois du
Québec.
La Constitution du
Québec, qui énonce sa primauté sur toute règle de droit incompatible, définit
la nation québécoise et établit les attributs et les droits collectifs de cette
dernière. Le régime de protection des droits et libertés de la personne et les
droits linguistiques fondamentaux font partie de la Constitution. Celle-ci
détermine les principes fondateurs de l'État national du Québec et ses
responsabilités fondamentales liées, entre autres, aux attributs et aux droits
collectifs de la nation ainsi qu'aux valeurs sociales distinctes du Québec,
dont l'égalité entre les femmes et les hommes. La Constitution identifie les
titulaires des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ainsi que leurs
fonctions et devoirs. Enfin, elle réitère les principes guidant l'action de
l'État dans les affaires extérieures.
La
Loi sur l'autonomie constitutionnelle du Québec établit principalement les orientations
de l'action parlementaire et gouvernementale en lien avec l'autonomie
constitutionnelle du Québec. En matière d'action parlementaire, elle prévoit
notamment la tenue de séances spéciales de l'Assemblée nationale pour débattre
d'enjeux constitutionnels. Elle interdit à
certains organismes d'utiliser des fonds publics pour contester certaines lois
énonçant qu'elles protègent la nation québécoise ainsi que l'autonomie
constitutionnelle et les caractéristiques fondamentales du Québec. En matière d'action gouvernementale, elle prescrit
l'élaboration d'une stratégie d'État décennale sur l'autonomie
constitutionnelle du Québec. Elle précise aussi que le ministre
responsable des Relations canadiennes et des Affaires constitutionnelles peut émettre à l'attention des ministères et
organismes des directives sur les usages et pratiques dans la conduite des
relations canadiennes. De plus, elle
permet au gouvernement de prendre une directive de préservation de l'autonomie
constitutionnelle du Québec,
applicable aux ministères et aux organismes, afin notamment de contrer les
empiètements de l'ordre fédéral sur les compétences du Québec. Par ailleurs,
elle prévoit des dispositions sur l'intégrité territoriale du Québec, dont
l'exigence pour un propriétaire de transmettre au ministre, dans
certaines situations, un avis à l'égard de son intention de céder des droits sur un immeuble à une institution
fédérale. De plus, elle explicite la participation du Québec dans le processus
de nomination des sénateurs et des juges de la Cour suprême.
La Loi sur le Conseil
constitutionnel institue un conseil constitutionnel chargé de rendre des avis,
lorsque le gouvernement ou l'Assemblée nationale le requiert, relatifs à
l'interprétation de la Constitution du Québec ou aux conséquences d'une
initiative fédérale sur le Québec. Elle détermine le mode de nomination de ses
membres et la durée de leur mandat. Elle habilite le Bureau de l'Assemblée
nationale à adopter des règles d'éthique et de déontologie applicables aux
membres du Conseil constitutionnel.
Le projet de loi modifie la Loi
constitutionnelle de 1867, notamment par le retrait des articles sur le Conseil
législatif du Québec, par le remplacement de
la disposition portant sur la législature du Québec par une disposition portant
sur le Parlement du Québec et par l'ajout de trois nouvelles dispositions aux
caractéristiques fondamentales du Québec, soit la laïcité de l'État, le modèle
d'intégration à la nation québécoise et la tradition civiliste.
Le projet de loi modifie la disposition
préliminaire du Code civil du Québec pour y préciser que celui-ci régit, en
harmonie avec la constitution du Québec, les personnes, les rapports entre les
personnes ainsi que les biens.
Le projet de loi modifie la Loi sur l'exécutif
notamment pour y ajouter une disposition prévoyant que le premier ministre
désigne une personne qu'il veut voir occuper le poste d'officier du Québec.
Le projet de loi modifie également la Charte des
droits et libertés de la personne notamment à l'égard de l'interprétation des droits et libertés propre au
Québec et de l'équilibre entre les droits et libertés de la personne et les
droits collectifs de la nation
québécoise. Il prévoit également qu'en cas de conflit entre l'exercice du droit
à l'égalité entre les femmes et les hommes et l'exercice de la liberté
de religion, le premier l'emportera.
De plus, le
projet de loi modifie le Code de
procédure civile afin notamment
d'encadrer les demandes de sursis de l'application d'une loi adoptée par
le Parlement du Québec et d'y spécifier qu'un tribunal ne peut se saisir de sa
propre initiative d'une question concernant la constitutionnalité d'une règle
de droit ou enjoindre les parties à le faire.
Le projet de loi actualise la dénomination et
les fonctions du ministre responsable des Relations canadiennes et des Affaires
constitutionnelles dans différentes lois, de même que les fonctions du ministre
de la Justice et du Directeur des poursuites
criminelles et pénales. Il remplace
aussi, dans toutes les lois, les expressions «lieutenant-gouverneur» et «Conseil exécutif» par, respectivement,
«officier du Québec» et «Conseil des ministres». De plus, il ajoute les
déclarations prévues par la Loi sur
l'autonomie constitutionnelle du Québec dans la Charte de la langue française,
la Loi sur la laïcité de l'État et la Loi sur l'intégration à la nation
québécoise.
Enfin, le projet de loi contient des
dispositions de concordance nécessaires à sa mise en oeuvre. Merci.
La
Présidente : Alors, est-ce que l'Assemblée accepte... Oui, je
reconnais... Je reconnais d'abord Mme la leader de l'opposition
officielle. Je vous écoute.
• (10 h 40) •
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, je vous demanderais un vote électronique, s'il vous plaît.
La Présidente : Et je vais
également reconnaître, par souci d'équité, M. le leader du deuxième
groupe.
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, j'appuie fortement la demande de ma collègue.
La Présidente : Et, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous alliez dire?
M. Arseneau : Nous voulions
faire la même demande.
Mise aux voix
La Présidente : Alors, vous êtes
toutes et tous à vos places. La période de vote est ouverte.
La période de vote est maintenant terminée. M. le
secrétaire général, le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 71
Contre :
30
Abstentions :
0
La Présidente : Cette motion
est adoptée. Mme la leader de l'opposition officielle, je vous écoute.
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article b.
Projet de loi n° 198
La Présidente : À l'article b
du feuilleton, Mme la députée de D'Arcy-McGee présente le projet de loi n° 198,
Loi proclamant la Journée nationale de sensibilisation à
l'itinérance. Mme la députée.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente.
Ce projet de loi a
pour objet de proclamer le troisième vendredi du mois d'octobre Journée
nationale de sensibilisation à l'itinérance. Merci.
La Présidente :
Et est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Oui, Mme
la leader de l'opposition officielle, je vous écoute.
Mme Setlakwe : Je vous
demanderais un vote électronique, s'il vous plaît.
Mise aux voix
La Présidente : C'est votre
droit absolu. Vous êtes toutes et tous à vos places. La période de vote est
ouverte.
Et la période de vote est terminée. M. le
secrétaire général, le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 101
Contre :
0
Abstentions :
0
La Présidente : Cette motion est adoptée.
Dépôt de documents
Et à la rubrique Dépôt de documents,
maintenant, M. le premier ministre, vous avez un document à déposer.
M. Legault : Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le
rapport annuel de gestion 2024‑2025 du ministère du Conseil exécutif.
La Présidente : Et ce
document est déposé. M. le ministre des Finances.
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion 2024‑2025 du ministère des Finances, le
rapport annuel 2024‑2025 de l'Autorité des marchés financiers ainsi que le
rapport annuel 2023‑2024 sur les sondages et les consultations effectués
dans le cadre du Plan triennal des sondages 2021‑2024 de Revenu Québec.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Ces documents
sont déposés. Mme la ministre de l'Éducation.
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer les rapports annuels de gestion 2024‑2025 suivants :
celui du ministère de l'Éducation, de la Commission consultative de l'enseignement
privé, du Conseil supérieur de
l'éducation, de l'Institut national des mines, et celui du Protecteur national
de l'élève. Merci.
La Présidente : Ces documents
sont déposés. M. le ministre de la Santé.
M. Dubé : Oui, Mme la Présidente.
Permettez-moi de déposer aussi les rapports annuels de gestion 2024‑2025 suivants : ministère de la Santé et des
Services sociaux, de Santé Québec, de l'Institut
national d'excellence en santé et en services sociaux, du Commissaire à
la santé et au bien-être, de l'Institut national de santé publique du Québec,
de la Régie de l'assurance maladie du Québec, d'Urgences-Santé, de l'Office des
personnes handicapées du Québec, de l'Atelier le Fil d'Ariane, ainsi que les
rapports annuels 2024‑2025 d'Héma-Québec et du Conseil cri de la santé et
des services sociaux de la Baie James. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. Et je reconnais
maintenant Mme la ministre des
Affaires municipales.
Mme Guilbault : Oui, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le bilan de la mise en
oeuvre 2023‑2024 de la Stratégie gouvernementale pour
assurer l'occupation et la vitalité des territoires. Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le ministre de l'Environnement,
de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
et ministre responsable de la Stratégie maritime.
M. Drainville : Merci,
Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel 2024‑2025
de la Fondation de la faune du Québec, le rapport concernant la
reconnaissance et le financement de la Fédération québécoise des gestionnaires
de zecs, du ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements
climatiques, de la Faune et des Parcs pour
les années 2022, 2023 et 2024 et les rapports annuels de gestion 2024‑2025
de RECYC-QUÉBEC et de la Société des traversiers du Québec.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. Mme la ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et de l'Efficacité de
l'État et présidente du Conseil du trésor.
Mme Duranceau : Oui,
Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer les rapports annuels de gestion 2024‑2025 du Secrétariat du Conseil du
trésor et du Centre d'acquisitions gouvernementales, le rapport d'évaluation
final de l'application de la Loi sur le Centre
d'acquisitions gouvernementales et le rapport annuel d'activité 2024‑2025
de l'Autorité des marchés financiers.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre de la Langue
française et ministre responsable de l'Accès à l'information et de la
Protection des renseignements personnels.
M. Roberge : Mme la Présidente,
permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion 2024‑2025
du ministère de la Langue française, le rapport annuel 2024‑2025
de l'Office québécois de la langue
française et de la Commission de
la toponymie, le rapport annuel 2024‑2025
sur l'application de la Charte de la
langue française dans les organismes
de l'Administration autres que les institutions parlementaires du ministère de
la Langue française, le rapport d'activité 2024‑2025 du Centre de
la francophonie des Amériques et le rapport d'activité et de gestion 2024‑2025
de la Commission d'accès à l'information du Québec. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Lafrenière : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer les rapports annuels de gestion 2024‑2025 suivants :
le ministère la Sécurité publique, la Commission
québécoise des libérations conditionnelles, du Bureau des enquêtes indépendantes, de la Sûreté du Québec,
du Tribunal administratif de déontologie policière, du Bureau du coroner, de la
Régie des alcools, des courses et des jeux, du Commissaire à la déontologie
policière et du Commissaire à la lutte contre la corruption.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur.
Mme Biron :
Bonjour, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel de
gestion 2024‑2025 du ministère de l'Enseignement supérieur. Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Martel :
Mme la Présidente, permettez-moi de déposer les rapports annuels de gestion 2024‑2025
du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, de la
Commission de protection du
territoire agricole du Québec et de la Régie
des marchés agricoles et alimentaires du Québec, ainsi que le rapport annuel 2024‑2025 de La Financière agricole du Québec.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre des Ressources
naturelles et des Forêts.
M. Simard :
Bonjour, Mme la Présidente. Alors, trois en un, ce matin. Permettez-moi de
déposer le rapport d'activité 2024‑2025
du bureau du Forestier en chef, le rapport annuel de gestion 2024‑2025
du ministère des Ressources naturelles et des Forêts, ainsi que le
rapport annuel de gestion 2024‑2025 de la Société du Plan Nord. Je vous
remercie.
• (10 h 50) •
La
Présidente : Ces documents sont déposés. Enfin, M. le ministre
responsable des Services sociaux.
M. Carmant :
Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel 2024‑2025
Agir en concertation — Entente-cadre nationale et le déploiement
des processus d'intervention concertés pour lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre
personne majeure en situation de vulnérabilité, et le rapport annuel 2024‑2025 sur la politique de la lutte
contre la maltraitance. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Pour ma part, je
dépose le diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, je reconnais M. le député de Matane-Matapédia.
S'opposer
au choix du terrain de la rue du Rempart pour
l'implantation de la nouvelle école primaire à Matane
M. Bérubé :
Mme la Présidente, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 291 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que nous
accueillons favorablement la décision de construire une nouvelle école primaire
à Matane;
«Considérant que l'un
des sites à l'étude pour cette construction est situé dans le secteur de la rue
du Rempart, où se trouve un terrain de balle molle;
«Considérant que ce terrain est très fréquenté,
réunissant plus de 300 jeunes et adultes chaque saison, et que ce secteur
est reconnu comme un lieu attractif et rassembleur pour les activités sportives
et les événements;
«Considérant que des investissements
importants ont déjà été réalisés — ou sont prévus à court terme — par la Ville de Matane et la Ligue de balle
molle de l'Est, et que de nombreuses heures de bénévolat sont consacrées à
l'entretien;
«Considérant que
d'autres emplacements peuvent être envisagés afin de permettre la réalisation
du projet d'école sans nuire aux installations sportives existantes;
«Et l'intervention se
résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au ministère de l'Éducation, par l'entremise du Centre de services
scolaire des Monts-et-Marées, de ne pas retenir le secteur de la rue du Rempart
à Matane comme site pour la construction de la nouvelle école primaire.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et je cède
maintenant la parole, en question principale, à la cheffe de l'opposition
officielle.
Suspension
de projets de transformation numérique dans le réseau de la santé
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Hier, j'ai déposé un document gouvernemental
signé par M. Stéphane Le Bouyonnec
qui était en bonne partie caviardé. Un bon samaritain a cru bon de m'envoyer la
version non caviardée, que je dépose.
Qu'est-ce que nous
apprenons dans cette version non caviardée? À cinq reprises le MCN a demandé
l'arrêt du projet SIFA. Le premier drapeau rouge remonte à l'été dernier, soit
juillet 2024, cinq mois après la signature du contrat. L'encre n'a même
pas eu le temps de sécher.
Par la suite, plus
particulièrement, on apprend que le ministre de la Santé a été personnellement
sommé d'arrêter le projet SIFA à cause des
dépassements de coûts et le dérapage. À deux reprises il a refusé. Pire, il a
osé demander encore plus d'argent pas plus tard que le mois d'août
dernier.
Le premier ministre,
cette semaine, nous a dit que c'était important de trouver les responsables,
qu'il y ait des conséquences. Peut-il, s'il vous plaît, Mme la Présidente,
tourner sa tête, regarder au-dessus de son épaule gauche et maintenant nous
dire quelles seront les conséquences?
Des voix :
...
Document déposé
La Présidente : Et pas de bravo. Et consentement pour le dépôt?
Consentement. La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, merci, Mme la
Présidente. Bien, on le sait, quand on est arrivés, en 2018, il y avait un
énorme rattrapage à faire en informatique. On avait un gouvernement qui était à
l'âge de pierre, et donc qui utilisait encore des fax, et il a fallu
doubler le budget pour les projets informatiques. On a actuellement
1 000 projets, plus de 1 000 projets informatiques qui sont
actifs.
Maintenant, pour ce
qui est du projet SIFA, c'est un projet, d'abord, qui est très important pour
le réseau de la santé. D'ailleurs, à terme,
ça va permettre d'importantes économies de temps et d'argent. Ça va permettre,
entre autres, la prise en charge de
la majorité des activités des domaines des finances, de l'approvisionnement et
de la logistique. Donc, il faut être prudents avant de prendre une
décision.
Mme la Présidente, l'Autorité
des marchés financiers s'est saisie de ce contrat et est en train de
l'analyser. Et Santé Québec et son conseil d'administration ont pris la
décision qui s'imposait, de dire : On va mettre le projet sur pause.
Donc, Mme la
Présidente, je pense que c'est la bonne décision qui a été prise par Santé
Québec. Regardons maintenant les résultats,
éventuellement, de l'analyse de l'Autorité des marchés financiers puis évitons
de porter des jugements sans avoir tous les faits.
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy :
Mme la Présidente, ce n'est pas l'AMF mais l'AMP qui déclenche une enquête.
Lors de l'étude des crédits du 30 avril dernier, en parlant de jugement,
le ministre... le premier ministre a été interrogé par le député de LaFontaine :
Est-ce qu'un dépassement de coûts dans SIFA de plus de 228 millions...
est-ce raisonnable? Réponse du premier ministre : Non, c'est
irraisonnable.
Aujourd'hui,
Thomas Gerbet, on apprend que le projet... qu'il passe de 96 millions à
725 millions. Est-ce que ça, c'est de la négligence?
La Présidente : Attention aux mots
employés. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, effectivement, j'ai dit l'AMF, j'aurais dû dire l'AMP, c'est l'Autorité
des marchés publics qui analyse le contrat, actuellement.
Donc, Mme la Présidente, je pense, c'est
difficile de commenter un dossier qui est sous enquête. Donc, tout ce qu'on peut dire, c'est que Santé Québec a pris la bonne décision, compte tenu du contexte, de mettre sur pause
le contrat, le projet informatique, même si c'est un projet qui est très
important. Donc, Mme la Présidente, attendons d'avoir tous les détails avant de
porter un jugement.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente, j'invite le premier ministre à
lire l'article 6, paragraphe 4°, du code de déontologie des
députés, «recherche la vérité et respecte la parole donnée».
Depuis qu'il
y a eu une revue de presse quand même accablante dans le dossier SIFA, il nous parle
de 1 000 contrats. On lui parle d'un seul contrat avec cinq
arrêts d'agir.
A-t-il fait
l'exercice de recherche de vérité? Si oui, comment peut-il se lever encore en
Chambre et nous dire que, encore, il cherche les...
Une voix : ...
La Présidente : M. leader du
gouvernement, quel est votre rappel au règlement, je vous prie?
M. Jolin-Barrette : Je pense que notre règlement est clair. Si on
veut remettre en cause la conduite d'un député, il y a un mécanisme pour
ça. Alors, plutôt que de prêter des...
La Présidente : Merci, M. le
leader. On n'en est pas là. On n'en est pas là. Et...
Une voix : ...
La Présidente : On n'en est
pas là. Il vous restait une seconde. Allez-y brièvement.
Mme Rizqy : Si je comprends
bien, la recherche de vérité, ça vous gêne.
La Présidente : La réponse...
La réponse du premier ministre.
Une voix : ...
La Présidente : M. le leader
du gouvernement, quel est votre rappel au règlement?
M. Jolin-Barrette : Le député
de Marquette tient des propos blessants, Mme la Présidente...
La
Présidente : Non, je
m'excuse, ce n'est pas M. le député de Marquette qui a le droit de parole ici,
c'est moi, je suis debout, vous
demeurez assis. Chers collègues, assoyez-vous. Vous savez très bien que je ne
peux pas statuer sur des propos que je n'entends pas.
Cela dit, demeurez tous silencieux, également le
député de Marquette, qui fait de petits signes. Donc, moi, j'aimerais entendre
la réponse du premier ministre. Et demeurons tous respectueux. Je pense qu'on
apprend autant des questions que des réponses. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, l'ancien chef de l'opposition officielle essayait de se transformer
en enquêteur sur un autre dossier. Maintenant, la nouvelle cheffe de
l'opposition officielle essaie aussi de se transformer en enquêteur sur un
autre dossier.
Mme la
Présidente, actuellement, l'Autorité
des marchés publics fait une enquête
sur le dossier SIFA. Santé Québec, qui est
responsable du dossier, a mis sur pause ce projet informatique. C'était la
décision à prendre, et j'appuie cette décision-là.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
je n'ai pas besoin de me transformer en enquêtrice si le gouvernement faisait
la chose responsable, c'est-à-dire de rendre publics les audits et les analyses
du projet SIFA pour finalement savoir qui dit
vrai. Parce que présentement on sait une chose : le ministre de la Santé
est au courant au moins depuis deux fois d'arrêter, et deux fois il a
dit non. Et, pire, il a demandé encore plus d'argent.
Moi, je pense à tous ceux qui paient des impôts
et à tous les jours paient des taxes à la consommation. Eux sont tannés, ils
veulent de la vérité.
Des voix : ...
La Présidente : Et pas de
bravo. Je reconnais le député de LaFontaine et sa voix de centaure. La
réponse... Alors, la réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Je pense que,
Mme la Présidente, vous avez raison, il va sûrement y avoir une compétition
pour savoir lequel est le meilleur acteur de théâtre entre l'ancien chef et le
nouveau chef.
Maintenant, Mme la Présidente, on a un projet
informatique qui est sous enquête par l'Autorité des marchés publics.
Je pense que le moindre qu'on devrait faire, la moindre des choses, c'est de
respecter l'enquête qui est faite et de ne pas porter de jugement sans
avoir tous les faits.
• (11 heures) •
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de LaFontaine.
Suspension de projets de
transformation numérique dans le réseau de la santé
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, la situation est très grave. On parle de centaines de millions de
dollars des payeurs de taxes qui est gaspillé pour un système informatique
dysfonctionnel, on le sait depuis le début. Et le ministre de la Santé n'a rien
fait, alors que, dans les 14 derniers mois, il a été alerté personnellement
de tout ce qui se passait. Mardi, il nous
disait en cette Chambre, je le cite : On peut-tu attendre d'avoir les
faits, correctement, établis par une équipe compétente? Il a eu pendant
14 mois les faits, Thomas Gerbet et le travail de l'opposition officielle.
Cinq fois il aurait pu dire non. Et les
sous-ministres se parlaient. Son sous-ministre, Daniel Paré, était au courant.
Et, le 12 septembre 2024, c'est son... l'ancien ministre de MCN, député de La Peltrie, qui lui écrivait personnellement, lui disait : Suspends, puis le 4 octobre le ministre de la Santé a répondu au
collègue de La Peltrie : Non, je ne suspends pas. Aujourd'hui,
il dit à Thomas Gerbet : Le projet est sur pause, c'est la chose
raisonnable à faire.
Pourquoi ne
l'a-t-il pas faite, lui, le ministre responsable, dans les 14 derniers
mois, la chose responsable à faire?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, Mme la
Présidente, à chaque fois que je vais avoir une question sur SIFA, au cours des
derniers jours et peut-être dans le futur,
je vais toujours dire à l'opposition : Faites attention à la terminologie
que vous appuyez, parce qu'à ce moment-là moi, je pourrai revenir, dans
quelque temps, avec le verbatim et comparer les résultats de l'analyse qui est
en cours, Mme la Présidente. Alors, je lui répète aujourd'hui d'être très
prudent avec la terminologie qu'il utilise.
C'est un
dossier qui est très complexe, puis il y a plusieurs conséquences à prendre en
compte. Je répète ce que le premier ministre vient de dire, je salue le
fait que nous avons maintenant des gens très compétents, à Santé Québec, à qui nous avons transféré le dossier au début...
à la fin de 2024. Et, depuis ce temps-là, ces analyses-là sont en cours avec, entre
autres, la collaboration du MCN.
Maintenant, Mme la Présidente, comme je l'ai
dit, je pense que Santé Québec a le respect des fonds publics, fait les bonnes analyses. Et, comme on l'a dit, en
temps opportun, ces analyses-là seront rendues publiques. Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente,
quand c'est l'ex-ministre, le collègue actuel de La Peltrie, qui est plus raisonnable que l'actuel ministre de la Santé, ça
vous démontre le niveau du dérapage de ce ministre-là, qui n'a pas pris ses responsabilités. Le collègue de La Peltrie,
qui depuis a perdu son travail, lui disait : Alerte! Suspends! Et lui, le
ministre, a pris sur lui de ne pas suspendre. C'est lui, le responsable
du fiasco, c'est lui qui a pris la décision personnelle. On voit ses empreintes sur les documents, Mme la
Présidente. C'est à cause de lui si on perd des centaines de millions de
dollars puis qu'on va continuer d'en perdre.
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Encore une fois, Mme
la Présidente, il y a des chiffres qui viennent d'être cités, ici, dont je me
rappellerai, dont je me rappellerai, qui sont inexacts. Mais, au bon moment,
lorsqu'on aura tous les faits devant nous, je
pourrai revenir au député de LaFontaine puis lui dire : Vous souvenez-vous
de ce que vous avez dit en date du 9 octobre?
Alors, Mme la
Présidente, je redemande. On a un dossier qui est devant l'AMP, en ce moment,
pour un ensemble de raisons, c'est un
dossier qui est très complexe. On a des gens, maintenant, excessivement
compétents à qui on a transféré ces dossiers-là, c'est exactement les
analyses qui sont en train d'être faites, en complément à ce qui se fait à
l'AMP. Quand on aura les résultats, les contrats, on les convoquera.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Parfait. C'étaient
qui, les incompétents? C'étaient qui, les incompétents? Le rapport d'audit qui
lui a été communiqué personnellement, le 10 mars dernier, il y a deux
employés de son ministère qui y ont participé, matin, midi, soir, on a les noms dans l'accès à l'information. C'étaient
qui, les incompétents? Ses propres fonctionnaires? Lui, Mme la Présidente? Je pose la question. Son
nouveau collègue ministre du MCN lui a dit : Arrête, arrête, le
10 mars. Il a encore dit non. C'est lui, le responsable. Je pense
que c'est lui, l'incompétent.
La
Présidente : Bon, là... Oui, M. le leader du gouvernement,
c'est beau, je vais trancher. Retirez vos paroles, vous savez que c'est
au lexique. Vous retirez? C'est retiré. C'est au lexique, ne l'oubliez pas.
M. le ministre, à vous la parole.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Écoutez,
Mme la Présidente, je me suis habitué, avec le Parti libéral, à ce genre de
commentaires là au cours des
dernières années. Ce n'est pas la première fois. Quand ils n'ont plus d'arguments,
ils font des attaques personnelles.
Écoutez, Mme
la Présidente, contrairement au Parti libéral, nous, on fait les analyses à
propos. Lorsqu'on a des questions sur un dossier, on fait des analyses.
Si le Parti libéral avait fait la même chose dans le dossier SAAQclic au moment
où c'était le temps de le faire, on ne serait peut-être pas dans le problème
qu'on a aujourd'hui.
Nous, Mme la
Présidente, on a la transparence, on a des gens qui font les analyses, on a des
gens compétents. Je demanderais de respecter le processus qui est en cours en
ce moment. Mme la Présidente, on fait les choses dans l'ordre. Merci
beaucoup.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
Modernisation du régime forestier
M. André Fortin
M. Fortin : Demain, Mme la Présidente, demain, il y a 120 travailleurs d'une
usine forestière en Haute-Gatineau qui
n'iront pas travailler. Ils n'iront pas travailler, comme les travailleurs de
la forêt à Val-d'Or, ou ceux à Port-Cartier, ou d'autres au Saguenay, certains dans les Hautes-Laurentides, d'autres en
Haute-Mauricie. Et c'est sans compter les travailleurs aux quatre coins
du Québec qui sont à risque de perdre leur emploi ces jours-ci.
Pendant ce temps-là, qu'est-ce que le
gouvernement de la CAQ fait pour les aider, pour les protéger? Rien. Il reste
les bras croisés, il regarde fermeture d'usine après fermeture d'usine, parce
que, selon le premier ministre, c'est trop
difficile, réformer le régime forestier. Trop difficile. Aussi bien dire que le
gouvernement fait passer ses intérêts politiques avant ceux des travailleurs, avant ceux des
communautés forestières, avant la survie des villages forestiers, Mme la
Présidente.
Dire
aujourd'hui que c'est trop difficile, le régime forestier, là, c'est tourner le
dos aux travailleurs de la forêt, mais c'est surtout le signe d'un
gouvernement qui n'a plus aucun courage politique.
La Présidente : La réponse du
ministre des Ressources naturelles et des Forêts.
M. Jean-François Simard
M. Simard : Mme la Présidente,
je vous remercie. Et je remercie mon collègue de Pontiac de l'importante question qu'il nous adresse, parce qu'en effet, à
travers les cas bien spécifiques qu'il soulève, de sa région, il met en relief
une crise importante que vit présentement et que va continuer de vivre
l'industrie forestière.
Cette crise, elle est attribuable à
quoi? Elle n'est pas essentiellement attribuable à une pénurie de
main-d'oeuvre. Elle n'est pas essentiellement attribuable à un manque de
productivité. Elle n'est pas essentiellement attribuable à de la concurrence internationale. Elle est
essentiellement attribuable à des nouveaux tarifs douaniers imposés par
l'industrie... par l'administration américaine. Et nous avons été, par
rapport à cela, très proactifs, nous ne sommes pas restés les bras croisés,
parce qu'au cours seulement des deux dernières années le gouvernement, à
travers différents programmes, a investi plus de 1,2 milliard de
dollars pour venir en aide à l'ensemble de l'industrie, à toutes les étapes du
processus de production. Que ce soit au niveau de la création des plans, que ce
soit au niveau des éclaircies, que ce soit au niveau de la plantation, que ce soit au niveau des scieries, que ce soit au
niveau des transports, le gouvernement a été présent. Et avec ma
collègue...
La Présidente :
Première complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Le problème du nouveau ministre, c'est qu'il vit avec le
même premier ministre. Le premier ministre,
c'est lui qui a dicté les orientations du dernier régime forestier. C'est lui
qui a torpillé les modifications que ses ministres étaient prêts à faire au cours de la période estivale. C'est
lui qui a décidé de repartir à zéro dans le régime forestier puis c'est
lui qui dit maintenant que c'est trop difficile.
Le
premier ministre, dans le contexte de Donald Trump, là, il avait une job,
c'était de protéger les travailleurs de la forêt québécoise, puis il n'a rien fait, à date, il a échoué, puis,
pire, aujourd'hui il nous dit qu'il n'essaiera même plus, ça, c'est
abdiquer, les travailleurs du Québec.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Jean-François Simard
M. Simard :
Mme la Présidente, moi, j'ai la chance de connaître sur une base
personnelle le premier ministre du Québec depuis plus de 25 ans et je sais
une chose très certaine, c'est que ce n'est pas quelqu'un qui a peur des
difficultés. Et, je peux vous dire une chose, c'est que, nous, de ce côté-ci...
Parce que vous avez vu la subtilité, la question de mon collègue a changé un
peu. Maintenant, elle porte sur la réforme du régime forestier. Je peux vous
dire que, depuis mon arrivée en mandat, nous travaillons de toutes nos... de
toutes nos forces, dis-je, à mettre en place un nouveau régime forestier, que
nous allons déposer ici, en cette Chambre, d'ici la fin de la prochaine
législature, mais on veut recommencer sur de nouvelles bases, en écoutant nos
partenaires, en enlevant les irritants, pour avoir un projet de loi qui soit le
plus consensuel...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Bon, il y a deux joueurs au gouvernement là-dessus, Mme la
Présidente. Il y a le ministre, puis lui, il a comme mission de repartir à
zéro, de rencontrer les acteurs de l'industrie. Le problème, c'est, en ce
moment, il va falloir qu'il rencontre les travailleurs chez eux, à la table de
cuisine, parce qu'ils sont en train de perdre leurs jobs à l'usine. Le premier
ministre, lui, il pense que c'est trop difficile, faire une réforme du régime
forestier. Bien, moi, je vais vous dire une chose, Mme la Présidente, ce qui
est trop difficile, là, ce qui est trop difficile, c'est payer l'hypothèque quand
on a perdu leur job, c'est dire aux enfants qu'ils ne pourront pas aller jouer
au hockey cette année, c'est de couper le
lunch des enfants en deux parce qu'on a perdu notre job puis on n'a plus
d'argent. Ça, c'est trop difficile.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Jean-François Simard
M. Simard :
Mme la Présidente, c'est un peu paradoxal, d'entendre cette question de la part
du député de Pontiac, parce que qu'est-ce qu'on tente de réformer, c'est la
mise en place d'un régime forestier élaboré par qui? Par le Parti libéral. On
ramasse les dégâts du Parti libéral, puis en plus ils nous...
Des voix :
...
M. Simard :
Bon. Alors, ceci étant dit, il nous parlait des ouvriers. Moi, je ne compte
plus le nombre de rencontres que j'ai eues avec des partenaires de l'industrie,
avec des industriels, avec des coopératives de travailleurs, avec des gens qui vivent de cette industrie. Et la
crise qui se pointe devant nous nous impose d'être au-delà de la partisanerie,
de voir plus loin pour le bien du Québec, et je m'attends de l'opposition à ce
qu'ils soient avec nous en mode solution.
La Présidente :
En terminant.
M. Simard : Merci, Mme la
Présidente.
Des
voix : ...
La
Présidente : Article 32, respect du décorum. En question principale...
Des voix :
...
• (11 h 10) •
La Présidente :
En question principale, je reconnais la députée de D'Arcy-McGee.
Stratégie en matière de
prévention du suicide
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass :
Merci, Mme la Présidente. Un suicide, c'est un suicide de trop, surtout
quand c'est celui d'un jeune de 20 ans
qui a supplié pour obtenir de l'aide mais ne l'a jamais reçue. Le rapport
accablant de la coroner Godin sur le
suicide tragique du jeune Arsen nous a révélé qu'il a tapé à sept portes de
sept organismes différents avant de s'enlever la vie, sept organismes.
Pourtant, hier, le ministre des Services sociaux a affirmé que les services
offerts en santé mentale du CIUSSS Montérégie-Centre étaient adéquats,
simplement méconnus. Mme la Présidente, le lendemain du suicide de ce jeune, et je cite le rapport, «une
intervenante a tenté de le rejoindre afin de l'informer que le psychiatre
consultant ne jugeait pas opportun de
lui offrir une consultation et que la demande de service avait donc été
annulée». Fin de la citation.
Est-ce que c'est ça,
les services que le ministre trouve adéquats pour un jeune qui se présente avec
des idées suicidaires?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Oui, merci, Mme la Présidente. Je remercie la députée de D'Arcy-McGee pour
sa question. Moi aussi, la... En fait, mes premiers mots vont aller pour la
famille et les proches de ce jeune homme là. Puis je suis tout à fait d'accord,
là, tout suicide, c'est un suicide de trop. Puis, je l'ai dit plusieurs fois
ici, le suicide, c'est vraiment une condition très complexe, et c'est difficile
de parler d'adéquation des services quand quelqu'un s'enlève la vie.
Cela dit, ce que j'ai
dit hier, Mme la Présidente, c'est qu'en Montérégie-Est... en
Montérégie-Centre, les services pour venir
en aide dans les situations de crise ont été déployés. Puis ont été déployés
par qui, Mme la Présidente? Par notre gouvernement. Que ce soient les Aires
ouvertes pour du sans-rendez-vous pour les jeunes, que ce soient les centres de
crise qui ont été financés par notre gouvernement, que ce soient les équipes
ABC, accompagnement bref en communauté, pour quand une personne se présente à
l'urgence et n'est pas hospitalisée, pour les suivre dans la communauté, ça a
été implanté par notre gouvernement. L'unité d'intervention brève pour la prise
en charge des crises à l'hôpital, c'est
encore nous autres. L'hospitalisation à domicile, qui suit des personnes à
risque de suicide dans leur propre domicile, c'est également présent en
Montérégie-Centre, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass :
Mme la Présidente, le ministre nous dit que les services ont été déployés,
mais, ce jeune-là, les services n'étaient pas là pour lui. Ils n'étaient pas
méconnus, ils étaient absents. Il s'est présenté à deux reprises, à deux
reprises à l'urgence, et on l'a renvoyé. Il s'est présenté, il a tapé à toutes
les portes. Et il a dit pas seulement «j'ai des
idées suicidaires»; «j'ai un plan de suicide», qu'il a partagé. Et à chaque
fois on l'a échappé, on ne lui a pas donné les services dont il avait
besoin.
Qu'est-ce
que vous dites à sa famille? Qu'est-ce qu'il aurait pu faire de plus, ce jeune
Arsen, pour avoir de l'aide?
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Bien, Mme la Présidente, c'est sûr que je vais me rasseoir avec Santé
Québec et Montérégie-Centre pour voir qu'est-ce qui s'est passé, mais
clairement ce jeune s'est présenté au bon endroit, puis moi, je l'ai lu, le
rapport de la coroner, la seule personne qui lui a parlé d'Aire ouverte, c'est
la personne qui a répondu à son premier appel au centre de prévention du
suicide, puis l'Aire ouverte, là, je les ai visités, les deux, elle n'est même
pas à deux kilomètres
de l'urgence de Montérégie-Centre, de Charles-Le Moyne, c'est
incompréhensible, pourquoi il n'a pas été référé là.
Pourquoi
le psychiatre n'a pas pris la consultation? Ce sont des critères médicaux, Mme
la Présidente. Ce n'est pas à nous, ici, de décider qu'est-ce qui doit
être vu par un psychiatre, qu'est-ce qui ne peut pas être vu par un psychiatre.
L'important, c'est que, le service, l'analyse du dossier ait été faite par un
psychiatre.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Quand une personne se
présente avec des idées suicidaires, il n'y a pas de raison pour qu'il n'y ait
pas d'évaluation ou consultation
psychiatrique. Les Aires ouvertes, ça aurait été la huitième porte à laquelle
il aurait tapé, les Aires ouvertes dont il y a trois psychologues à
travers toute la province, les Aires ouvertes qui l'auraient renvoyé à
l'urgence, où il n'a pas été traité en premier lieu. Il y a des choses qui sont
en place mais pas concrètement. Pour des gens
qui se présentent avec des idées suicidaires, et d'avoir le courage de
dire : J'ai besoin d'aide parce que je veux me suicider, puis se
faire fermer la porte, vous pensez que ça encourage les gens davantage?
La
Présidente : Et vous vous adressez à la présidence. La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Mme la Présidente, c'est
sûr qu'il faut lever la main. Si on a... Si on connaît quelqu'un qui a des besoins,
il faut leur dire... les accompagner vers de l'aide.
Maintenant,
les raisons de consultation et la réponse médicale, ça dépend de l'Association
des médecins psychiatres, Mme la Présidente. Ça ne peut pas être le ministre
qui impose à des médecins quand et où ils doivent voir leurs patients.
Ce qu'on doit faire, Mme la Présidente, comme législateurs, c'est de développer
les services, les implanter partout, les rendre
disponibles et en informer la population, et ici, encore plus que la
population, informer les gens qui travaillent dans les établissements. Le service ABC, il est à
l'urgence de Charles-Le Moyne. Je l'ai inauguré moi-même, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la cheffe
du deuxième groupe d'opposition.
Lutte contre la violence faite
aux femmes
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente.
Depuis janvier, 15 femmes ont été assassinées, au Québec. L'année passée, c'était
25 féminicides. Ça, c'est 40 vies de femmes fauchées ici, au Québec,
en moins de deux ans.
Dans son discours, le
premier ministre a parlé de la sécurité comme d'une responsabilité fondamentale
de son gouvernement. Il a parlé de crime organisé, de gangs de rue, de drogue,
de fraude, mais pas un mot sur les féminicides. Pourtant, les femmes ont plus de chances de subir des violences de la
part d'un conjoint que d'un inconnu dans la rue. Toutes les fois où j'ai
interpelé le premier ministre sur les féminicides, il m'a dit qu'il en a fait
assez, qu'il n'y a plus d'argent dans les
coffres, ils sont vides, tout le monde doit faire des efforts pour réduire son
propre déficit, mais, sur le terrain, les femmes continuent à mourir.
Comme
élus, nous avons tous et toutes ici la responsabilité et le devoir d'en faire
plus pour protéger les femmes, pour protéger nos mères, pour protéger
nos soeurs, pour protéger nos filles. Le premier ministre nous dit qu'il est
préoccupé par la sécurité, mais qu'en est-il de la sécurité des femmes?
Est-ce
qu'il est près de faire une priorité nationale de toute la question des
féminicides, est-ce qu'il est près d'en faire une priorité nationale
avant qu'une 16e femme ne meure?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, Mme la Présidente, comme tous les membres de notre gouvernement, je suis
effectivement très sensible à tous les
problèmes de violence à l'égard des femmes. On a investi 1 milliard,
depuis qu'on est là, 1 milliard pour
des places d'hébergement. On a aidé financièrement des organismes qui aident
les femmes. Mon collègue a créé aussi un tribunal spécialisé. Ma
collègue a mis en place des bracelets antirapprochements. Et, Mme la Présidente,
pas plus tard que lundi, j'étais avec le
premier ministre de l'Ontario, puis tous les deux on a parlé de ce sujet, parce
qu'il y a aussi des problèmes à Toronto puis en Ontario, pour interpeler
le fédéral.
Donc, Mme la
Présidente, je pense qu'on fait des efforts importants. On a ouvert des
nouvelles maisons, on en a ouvert 13, et il
y en a 19 qui sont en développement actuellement. Rappelez-vous aussi, Mme la
Présidente, qu'on avait mis en place la commission spéciale sur
l'exploitation des mineurs, entre autres des jeunes femmes.
Donc, Mme la
Présidente, on va continuer d'investir, on va continuer d'aider ces femmes. Puis
le nouveau ministre de la Sécurité publique
en fait aussi une priorité. Il faut donner un coup de barre. Mme la Présidente,
on est tous d'accord avec ça...
La Présidente :
En terminant.
M. Legault :
...qu'une femme qui est violentée, c'est une de trop.
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Mme la Présidente, j'entends le premier ministre nous dire qu'on va investir
plus. Je suis contente de l'entendre dire ça, mais je veux qu'il me précise
concrètement qu'est-ce qu'il va mettre d'argent de plus. Je ne veux plus qu'il
me parle de son bilan puis de ce qu'il a fait avant, parce qu'en ce moment il y
a des femmes qui appellent SOS Violence conjugale, et la moitié de ces
femmes-là on leur dit : Il n'y a pas de place dans nos maisons
d'hébergement. Il y a des maisons d'hébergement qui sont bloquées.
Est-ce
qu'il va faire du travail pour débloquer? Est-ce qu'il va donner des ressources
aux organismes? Qu'il me dise c'est quoi, son plan, qu'est-ce qu'il va
faire dans le futur pour que...
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente, je m'engage à regarder
avec la ministre responsable, son adjoint parlementaire, parce
qu'actuellement, malheureusement, la ministre est en congé, puis on est tous...
on la comprend tous, c'est mon collègue responsable des Services sociaux, et je
vais m'assurer, Mme la Présidente, qu'on prend les mesures nécessaires pour
qu'il y ait des services d'offerts à tout le monde.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente, tout à l'heure, je m'en vais
dans une vigie silencieuse pour la 15e femme qui est décédée,
Gabie Renaud, 43 ans, morte sous les coups de son conjoint
récidiviste. C'est toujours un moment très, très dur, où on se rappelle de
ces femmes-là qui meurent. Ce que je vais leur dire tout à l'heure, c'est ce
que le premier ministre vient de me
dire, qu'il s'est engagé, qu'il va y avoir des ressources supplémentaires,
qu'il va y avoir des montants supplémentaires.
Il va y avoir une
mise à jour économique, donc je m'attends à ce qu'il y ait des montants
substantiels puis que ce soit une bonne nouvelle, pour que plus aucune femme ne
se fasse dire...
• (11 h 20) •
La Présidente :
La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Martine Biron
Mme Biron :
...moment pour les familles de ces femmes-là qui ont été injustement fauchées,
qui ont vu leur vie... être agressées physiquement. Mais notre gouvernement a
quand même fait des efforts majeurs pour adresser cette question-là. Depuis 2018, depuis que nous sommes au pouvoir, nous avons
investi au-dessus de 1 milliard
de dollars pour contrer la
violence conjugale et la violence sexuelle. C'est, en fait, une priorité de
notre gouvernement. Regardez ce tableau. On
voit que, par le passé, les gouvernements ne s'en préoccupaient pas tellement.
Nous avons mis en place des tribunaux spécialisés, des cellules
d'intervention rapide...
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Réduction des services
offerts aux demandeurs d'asile
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Merci, Mme la Présidente. Les fuites continuent au ministère de
l'Immigration, et ça, c'est la preuve manifeste d'une perte de contrôle totale.
La propre machine du gouvernement n'a plus confiance en ses politiques. On
apprend ce matin dans Le Devoir que le ministre de l'Immigration
souhaite couper l'aide de dernier recours
destinée aux enfants. Oui, oui, vous avez bien entendu, Mme la Présidente, on
s'attaque maintenant à l'aide aux enfants, des tout-petits, quatre ans, cinq
ans, huit ans. La CAQ va vraiment couper l'aide sociale de dernier recours, là,
à ces enfants-là.
On apprend aussi que
le ministre souhaite sabrer dans l'aide au logement des mineurs non
accompagnés. Ça, Mme la Présidente, c'est des jeunes de 15, 16 ans sans
leurs parents, qui ont fui leur pays seuls pour sauver leur peau.
Couper
les vivres à des enfants. Vraiment? La CAQ est rendue là? Pour être honnête,
Mme la Présidente, je n'en reviens juste pas.
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, mon collègue s'indigne d'une décision
qui n'a pas été prise. L'article auquel fait référence mon collègue ce matin
fait état de discussions, d'options qui ont été évaluées, d'analyses qui sont
faites. Il n'y a pas de nouvelle là.
On
a dit, il y a plusieurs mois, qu'on considérait l'option de revoir le panier de
services pour les demandeurs d'asile. Une
fois qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'on fait? Bien, on regarde dans quelle mesure
et quels programmes pourraient être
révisés dans le cas des demandeurs d'asile. Puis il faut se les poser, ces
questions-là, Mme la Présidente. Juste cette année, on est partis pour recevoir
40 000 demandeurs d'asile de plus, cette année. On fait une
planification pluriannuelle, on
discute ensemble pour la première fois des seuils d'immigrants temporaires et
permanents, on a des scénarios d'immigrants permanents à 25 000,
35 000, 45 000, mais, pendant qu'on regarde ça, il arrive 40 000 demandeurs
d'asile de plus. Puis, mon collègue, il dit, il ne faudrait pas se poser de
question, il faudrait faire comme si ces personnes-là n'utilisaient aucuns biens
et services, il ne faudrait pas interpeler le gouvernement canadien. Bien, je
regrette, Mme la Présidente, mais nous analysons...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Des enfants, Mme la
Présidente. Couper l'aide destinée aux enfants. C'est ça, la proposition, de
leur côté. Qu'est-ce qui se passe, là, quand on coupe l'aide de dernier
recours?
Bien,
il y a du monde qui perdent leurs logements, qui se retrouvent dans la rue, en
situation d'itinérance. J'aimerais ça,
entendre le ministre des Services sociaux. Qu'est-ce qu'il en pense, lui, de
voir des familles, des enfants débarquer dans les refuges d'urgence? Il
est-tu d'accord avec ça, le ministre des Services sociaux? Je pose la question.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Mme la Présidente, mon collègue veut faire les débats en prenant des
mesures une à une, des mesures qui ne sont
pas des politiques gouvernementales. Nous sommes en train d'évaluer de quelle
manière on peut s'adapter et prendre
en compte les bouleversements démographiques, le tsunami de nouveaux arrivants
qui nous arrive à cause du laxisme d'Ottawa.
On a un graphique
ici, peut-être mon collègue pourrait s'en inquiéter aussi, là, ça, c'est le
nombre de demandeurs d'asile par type d'antécédent préalable à la réception de
la demande. En bleu, là, ça, c'est des gens qui sont arrivés sous de faux
prétextes, en passant, des gens qui arrivent prétendant, par exemple, être des
étudiants et qui, finalement, demandent l'asile. Ici, on a l'évolution de la
clientèle prestataire des programmes d'assistance sociale.
La Présidente :
En terminant.
M. Roberge :
En orange, ce sont les demandeurs d'asile. Est-ce qu'on peut évaluer...
La Présidente :
Deuxième complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais le député de
Taschereau.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont :
Oui. D'abord, on aimerait avoir le dépôt de ce document, s'il vous plaît.
La Présidente :
...
M. Grandmont :
Merci. Sinon, je remarque que le ministre des Services sociaux ne s'est pas
levé.
Moi, je vais poser
une question à la ministre de la Solidarité sociale. Il y a un an, elle faisait
une réforme sur l'aide sociale à coût nul en coupant l'aide aux personnes âgées
puis aux mères monoparentales pour se financer. Le 29 octobre 2024, on lui
a demandé si ces modifications réduiraient l'aide aux demandeurs d'asile. La
ministre s'était engagée à ne pas réduire ni la durée ni les montants des
prestations.
Est-ce qu'elle trouve
que ce que le ministre de l'Immigration propose a du bon sens?
Document déposé
La
Présidente : Et consentement pour le dépôt? Consentement pour le
dépôt? Oui? Non? Oui. M. le ministre, allez-y.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Ça me fait plaisir, Mme
la Présidente, de déposer ces cartons, ces graphiques. Diffusons l'information. C'est de l'information, d'ailleurs,
que j'utilise pendant la planification pluriannuelle.
Ici, on a les
effectifs de résidents permanents selon le type, au Québec, 1er juillet
2021, 1er juillet 2025, et la courbe du haut, la courbe la plus élevée,
bien, c'est le nombre de demandeurs d'asile.
Alors, Mme la Présidente, il y a des enjeux,
particulièrement à Montréal et à Laval, il y a des Québécois qui ne sont pas
capables de se trouver un loyer ou alors qui le paient tellement cher qu'ils
sont obligés de couper dans les ressources qu'ils
affectent à l'alimentation, ils fréquentent les banques alimentaires. On a des
jeunes dont le taux de chômage augmente incroyablement, ils n'ont plus d'accès
au logement, ils n'ont plus d'accès à la propriété. Est-ce que Québec solidaire
s'inquiète pour eux aussi?
La
Présidente : En question...
Des voix :
...
La Présidente :
S'il vous plaît! On ne s'interpelle pas des deux côtés de la Chambre.
En question
principale, je reconnais le député d'Arthabaska.
Défense des intérêts du
Québec auprès du gouvernement fédéral
M. Alex Boissonneault
M. Boissonneault :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, la CAQ a perdu sept ans à
faire stagner le Québec devant Ottawa. Mon collègue le député de Jean-Talon a
présenté une belle liste tout à l'heure. Rapport d'impôt unique, c'est non. Transfert d'un point d'impôt,
c'est non. Pleins pouvoirs en immigration, c'est non. Transfert des budgets
en culture, c'est non. Encadrement du pouvoir fédéral de dépenser, c'est encore
non.
Pendant ce temps-là,
le fédéral s'affaire à centraliser encore plus l'État canadien. Dernier exemple
en titre : la participation du gouvernement fédéral à la contestation de la
Loi sur la laïcité et du recours à la clause dérogatoire. Qu'a fait le premier
ministre du Québec? Il a envoyé une belle lettre, qui était une lettre de
supplication, demandant au fédéral de se retirer des procédures. Et la réponse
n'a pas tardé, par la voix, hier, du ministre canadien de la Justice, Sean Fraser, qui réplique que la demande du Québec
est ironique et intenable, que le recours à la clause dérogatoire est
une menace contre les institutions canadiennes. Rien de moins.
Le ministre des
Relations canadiennes prend-il enfin acte que le Québec n'a pas sa place au
sein du Dominion canadien?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Relations
canadiennes.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, ça m'attriste un peu, aujourd'hui, la position du Parti
québécois, avec le dépôt de la constitution
du Québec. Le Parti québécois avait l'occasion, aujourd'hui, de faire preuve de
hauteur et de démontrer qu'ils ont à coeur
les intérêts de la nation québécoise, de dire : Écoutez, nous, notre
option, c'est la souveraineté, mais,
en attendant de faire la souveraineté, pour le Parti québécois, je reconnais
les gestes d'autonomie constitutionnelle, je reconnais les choix du
Québec, je reconnais qu'on est capables de renforcer l'État du Québec à
l'intérieur du Canada. Pourquoi sont-ils si
frileux à reconnaître les gains que nous faisons, à reconnaître que notre
existence même en tant que nation a
été inscrite dans notre propre Constitution qui existe déjà, que les Québécois
et les Québécoises forment une nation? N'êtes-vous pas fiers de ça? Vous
avez voté contre la loi n° 96, qui venait reconnaître l'identité nationale
du Québec. Vous avez voté contre le fait d'inscrire dans la constitution...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, je vous rappelle que vous
vous adressez à la présidente.
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, le Parti québécois a voté contre le fait que le
français, ce soit la langue officielle et
commune du Québec et qu'on lui donne un caractère constitutionnel, Mme la
Présidente. C'est ça, le problème, avec
le Parti québécois, Mme la Présidente, puis les Québécois, ils le savent. Le
Parti québécois, tout ce qu'ils veulent... c'est une obsession du
référendum.
La Présidente :
En terminant.
M. Jolin-Barrette :
Que vont-ils faire, Mme la Présidente? Vont-ils défendre les intérêts du
Québec?
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Alex Boissonneault
M. Boissonneault : Merci, Mme la Présidente.
C'est exactement le genre de test que sa constitution ne peut pas
passer. Donc, si je comprends bien la réponse du ministre, son gouvernement
refuse toujours de faire le constat que l'avenir
du Québec est sans issue dans le Canada, à moins d'accepter, et je cite le
premier ministre, notre louisianisation. Rappelez-vous, l'histoire est pourtant bien connue, les Québécois ont
été bernés lorsqu'ils ont cru adhérer à une confédération, en 1867. Et on se prépare à devenir un État
unitaire avec un État prêt à réécrire unilatéralement la Constitution
canadienne.
Est-ce que le premier
ministre accepte ça?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, le Parti québécois manque une belle opportunité de
démontrer son nationalisme, son amour du
Québec, son amour de notre langue, de nos valeurs, de la laïcité, de l'égalité
entre les femmes et les hommes, de venir supporter le fait que les
femmes ont le libre choix de choisir. C'est ce qu'on propose dans la
constitution, Mme la Présidente. Or, le Parti québécois fait toujours ce qu'ils
font, ils décident juste entre eux, Mme la Présidente, en disant : Si vous
ne croyez pas à la souveraineté, si vous ne croyez pas à un référendum, vous
n'êtes pas avec nous. On est toujours en train d'exclure, du côté du Parti
québécois.
La Présidente :
En terminant.
M. Jolin-Barrette :
Nous, on ne choisit pas cette approche-là, on choisit de rassembler tous les
Québécois pour faire avancer le Québec.
• (11 h 30) •
La
Présidente : Deuxième... Deuxième complémentaire.
M. Alex Boissonneault
M. Boissonneault :
Mme la Présidente, la déclaration du premier ministre, ce matin, était limpide,
je le cite : «Quand on regarde notre histoire, on se dit que notre
survivance comme nation était improbable.» Le premier ministre devait peut-être
réviser ses temps de verbe et parler au présent, parce que de son propre aveu
le Québec a encore besoin d'un bouclier face à Ottawa. C'est dit, ce que le
Canada et la CAQ offrent aux Québécois, c'est de la survivance, être sur la
défensive, c'est un combat d'arrière-garde.
Nous,
au Parti québécois, on conjugue nos verbes au futur. Ce qu'on propose, c'est de
se donner un avenir collectif, un pays libre et indépendant.
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, depuis 2018, la laïcité, le renforcement de la langue
française dans nos institutions, au Québec, au Canada, notre caractère
national, que les Québécois existent, nous, contrairement au Parti québécois,
on n'est pas gênés d'affirmer qui nous sommes et de prendre les outils
juridiques à notre portée, les outils
constitutionnels pour dire qui on est comme peuple, qui on est comme nation, et
de ne pas attendre, attendre, attendre et encore attendre. Arrivez, M.
le député, arrivez. On a l'opportunité de faire des gains, Mme la Présidente,
concrets. C'est ce qu'on va faire.
Et d'ailleurs votre
chef, dans son livre Des jeunes et...
La Présidente :
En terminant. Et, je vous rappelle, vous vous adressez à la présidente.
M. Jolin-Barrette :
...dans le cadre d'une société divisée et morcelée, une constitution serait un
pas en avant.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant la députée de Verdun.
Aide alimentaire
destinée aux étudiants
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Un étudiant sur deux a faim, au
Québec. Ils sont forcés de sauter des repas pas une fois, plusieurs fois par
jour parce qu'ils n'ont pas d'argent. Dans une société riche comme le Québec, c'est inconcevable. Au cégep de Lanaudière,
c'est le quart des étudiants qui font la file à l'aide alimentaire. Oui, Mme
la Présidente, ce sont les banques alimentaires qui se multiplient dans nos
cégeps et dans nos universités.
L'insécurité
alimentaire nuit à la réussite scolaire, nuit à la santé physique et mentale de
nos jeunes et augmente l'endettement. Les étudiants doivent choisir entre payer
le loyer ou manger à la cafétéria.
Hier, la CAQ s'est
engagée, comme nous tous ici d'ailleurs, à se pencher sur cette question puis
évaluer la création d'un fonds d'urgence
alimentaire pour venir à l'aide rapidement de nos étudiants. Maintenant,
passons à l'action.
Ma
question, elle est pour la nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur :
C'est quand que nos étudiants vont voir la couleur de cet argent?
La Présidente :
La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Oui, bonjour. Merci, Mme la Présidente, et merci
à la députée de Verdun pour cette première question dans mes nouvelles
fonctions.
Oui, je suis préoccupée
par cet enjeu. Oui, les étudiants, depuis très longtemps, ce n'est pas toujours
facile, surtout quand on n'a pas des parents
en moyens. Mais on a fait quand même des choix importants, au Québec, en faveur
des étudiants, notamment les droits de
scolarité. L'augmentation des droits de scolarité est plafonnée, au Québec, à
3 %, et les droits de scolarité sont les plus bas, au Québec, dans toute
l'Amérique du Nord. Alors... L'éducation est aussi gratuite au cégep. La
formation professionnelle au secondaire est également gratuite.
En fait, on a
misé sur l'aide aux études. On a ajouté 400 millions de dollars dans
l'aide aux études depuis que nous sommes au pouvoir, en 2018.
Et je vous
réfère à la page C.34 du dernier budget, 2025‑2026,
et vous verrez une somme de 278 millions de dollars sur une période
de cinq ans. C'est presque 54 millions, cette année, qui seront ajoutés
pour l'aide aux études.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : La ministre
ne peut pas se laver les mains. Si les étudiants ont faim, c'est parce que la CAQ a fait des choix. La CAQ a coupé les bourses
Perspective. Ils ont coupé dans les cégeps et universités. Ils n'ont pas
bonifié l'aide financière aux études quand c'était demandé. Ils ont reculé sur
la rémunération des stages. Là, là, il faut réparer les pots cassés. Nos
étudiants ont faim.
C'est quand
que la ministre, elle va nous montrer un plan pour lutter contre la faim dans nos
cégeps et universités?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Bien, je pense qu'au Québec nous avons des choix
à faire, et nous les avons faits pour l'ensemble des étudiants du Québec. Les bourses Perspective n'ont
pas donné les résultats escomptés, mais elles sont encore en vigueur et elles
le demeureront jusqu'à la fin du programme.
Ce qui est
important à savoir, c'est qu'actuellement, au Québec, il est passablement peu
coûteux d'étudier, et nous avons
décidé, au gouvernement, et c'est comme ça depuis assez longtemps, d'investir
dans l'aide, dans l'accompagnement aux études. Les programmes de prêts
et bourses sont quand même généreux, et, depuis que nous sommes au pouvoir, nous avons rajouté une somme de 400 millions
de dollars. Alors, nous allons poursuivre dans cette lancée. Au cours de la dernière
année, nous avons d'ailleurs...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : La ministre nous
parle d'aide financière. Bien, c'est déconnecté, comme réponse, parce que l'aide financière n'est pas
suffisante. C'est près d'un étudiant sur deux qui reçoit l'aide financière et
finit après aux banques alimentaires. L'aide
financière, en ce moment, ça n'inclut
pas le vrai coût du panier d'épicerie. Si la ministre est en train de
nous promettre une réforme de l'aide financière, là on parle. Mais ce n'est pas
le cas.
C'est quand
que la ministre va déposer un plan pour un fonds d'urgence alimentaire dans nos
cégeps et universités?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Nous avons fait le
choix, Mme la Présidente, d'augmenter l'aide financière aux étudiants. Les
étudiants, en 2019‑2020, recevaient, quand ils demeuraient chez leurs parents,
une somme, dans le programme de prêts et bourses, de 434 $. Depuis... En 2025‑2026,
cette somme monte à 650 $. Les étudiants qui ne résident pas chez leurs parents, en 2019‑2020, cet étudiant
recevait 929 $. Aujourd'hui, il en reçoit 1 387 $. C'est une
augmentation de presque 50 % depuis
que nous sommes au pouvoir. C'est important pour nous, les études supérieures,
c'est important d'accompagner les études, et nous allons poursuivre...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Westmount—Saint-Louis.
Respect des lois et des règles de procédure par la
Régie des alcools, des courses et des jeux
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Mme
la Présidente, depuis 20 ans, la Régie
des alcools, des courses et des jeux
doit respecter des règles qui sont en place, qui interdisent à un régisseur
d'agir à la fois comme juge et partie quand il monte un dossier.
Pourtant, on a la preuve qu'il y a au moins une régisseuse qui a agi comme juge
et partie, en contradiction avec les règles et les lois
existantes. Combien de restaurateurs et PME ont été affectés avec cette
injustice, jugés par la personne qui a monté
l'enquête? Combien ont fermé leurs portes? Et, même si, les régisseurs, ce
n'était pas assez pour avoir une inquiétude par rapport à qu'est-ce qui
se passe à la RACJ, certains inspecteurs nous ont aussi admis qu'on leur a demandé de fabriquer des fausses plaintes. Quand
la RACJ agit avec les lanceurs d'alerte, on va les congédier. On avait
l'ancien PDG qui a été suspendu pendant des mois sans explication.
Est-ce
que le ministre de la Sécurité publique accepte de faire une enquête
indépendante pour amener de la lumière sur les douteuses pratiques de la
RACJ?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Sécurité publique.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Ça va me faire plaisir de recevoir l'information
que ma collègue a, puis je prendrai une décision éclairée par la suite. Alors,
merci beaucoup pour l'information.
La
Présidente : Alors, cela met fin à cette période de questions et de
réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis, et, pour ce faire, je cède la place à la première
vice-présidente de l'Assemblée nationale. Merci pour votre attention.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
nous allons... nous allons poursuivre nos travaux. À la rubrique des
motions sans préavis, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation
des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du groupe formant
le gouvernement. Mme la députée de Bellechasse.
• (11 h 40) •
Mme Lachance : Merci, Mme la Présidente.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le député de Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que le gouvernement a réinvesti massivement dans les
services publics depuis 2018, et ce afin d'offrir des services de qualité aux
Québécois;
«Qu'elle
constate que le Québec, comme toutes les sociétés, fait face à de nombreux
défis en matière d'Administration publique et que le statu quo n'est
plus possible;
«Qu'elle
constate que malgré les avancées importantes du gouvernement en matière
d'allègement administratif, réglementaire et législatif, l'État doit
poursuivre sa modernisation pour être plus efficace;
«Qu'elle reconnaisse
que, pour ce faire, l'État doit se concentrer sur ses missions fondamentales;
«[Enfin qu'elle]
appuie la volonté du gouvernement de faire preuve d'audace afin de moderniser
l'État pour le rendre plus agile, [plus] performant et générateur de davantage
de retombées pour les Québécois.»
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion? Mme la leader de l'opposition
officielle.
Une voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement, nous allons poursuivre. Donc, je suis prête
à reconnaître un membre du groupe formant l'opposition officielle. Mme la
députée de Robert-Baldwin.
Souligner
la tenue de la Marche mondiale des femmes
Mme Garceau :
Merci, Mme la Présidente. Donc, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée de
Châteauguay, la cheffe de la deuxième opposition, la députée de Terrebonne, le
député de Saint-Jérôme, le député d'Abitibi-Est et la députée de
Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la 6e action internationale de la Marche mondiale des
femmes qui aura lieu à Québec le 18 octobre prochain sous le thème
"Encore en marche pour transformer le monde";
«Qu'elle
reconnaisse le leadership des femmes du Québec, qui ont initié, il y a
maintenant 25 ans, ce mouvement féministe international visant à
promouvoir l'égalité, la justice sociale, la paix et à éliminer les causes de
la pauvreté et de la violence faites aux femmes ici comme ailleurs;
«Qu'elle reconnaisse
le droit des femmes de vivre en paix et en sécurité et de pouvoir faire leurs
propres choix libres et éclairés et que ceux-ci soient respectés;
«Qu'elle
rende hommage à toutes les militantes, ainsi qu'aux organisations
communautaires, syndicales et féministes qui, par leur travail
quotidien, poursuivent avec courage et conviction la défense des droits des
femmes;
«Qu'enfin l'Assemblée
nationale demande au gouvernement du Québec de poursuivre son engagement envers
la réduction des inégalités économiques entre les femmes et les hommes au
Québec et qu'il poursuive le déploiement d'actions afin de contrer toutes
formes de violence faites aux femmes et son incarnation ultime, le féminicide.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme LeBel :
Merci, Mme la Présidente. En effet, il y a consentement pour un débat de
deux minutes de rigueur par intervenant et
dans l'ordre suivant : la députée de Robert-Baldwin, la députée de
Châteauguay, la cheffe du deuxième groupe d'opposition et le député des Îles-de-la-Madeleine.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Donc, nous comprenons que c'est deux minutes
de rigueur. Alors, j'invite immédiatement Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci, Mme la Présidente. Donc, je souhaite souligner la présence, dans nos
tribunes, de Mmes Marie-Hélène Fortier et Emilia Castro, deux
coordonnatrices de la Marche mondiale des femmes. Merci d'être ici avec nous
aujourd'hui.
Une initiative de la Fédération
des femmes du Québec il y a 25 ans, la Marche mondiale des femmes est
devenue un mouvement international de solidarité féministe, présent dans plus
de 150 pays. Cette marche porte haut et
fort la voix de celles qui refusent l'injustice, l'exclusion et la
discrimination. Elle nous rappelle que l'égalité n'est jamais acquise,
elle se construit pas à pas, main dans la main, avec courage et grande
détermination.
Plus
que jamais, la Marche mondiale des femmes, cette année, prend tout son sens,
dans le contexte actuel, marqué de crises sociales et économiques, où les
inégalités persistent et les droits des femmes sont encore trop souvent
bafoués.
Au Québec, cette
sixième édition est un cri collectif et un appel à l'action contre les
violences faites aux femmes et aux filles,
contre la pauvreté et contre toute forme de discrimination systémique. Elle
incarne la voix de milliers de femmes
du Québec et du monde entier qui réclament une société fondée sur la justice,
l'équité, la paix et la reconnaissance du travail des femmes dans toutes
les sphères.
Je
veux saluer celles et ceux qui jour après jour, dans nos communautés, nos
organismes, nos maisons d'hébergement, nos centres de femmes, nos
syndicats, s'engagent avec passion et dévouement pour améliorer la vie des
Québécoises. Votre travail, souvent discret mais essentiel, rend notre société
plus juste et plus solidaire.
Cette marche nous
rappelle que chaque voix compte et que chaque pas nous rapproche d'un Québec où
toutes les femmes, sans exception, peuvent
vivre libres, respectées et égales. Alors, marchons avec fierté, avec
détermination et avec l'espoir de construire un monde plus juste, plus
égalitaire et plus humain. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
nous poursuivons avec Mme la députée de Châteauguay.
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme Gendron :
Mme la Présidente, notre gouvernement s'est donné les moyens de mieux combattre
la violence envers les femmes. Nous avons
investi des sommes records, plus de 1 million de dollars pour prévenir la
violence, protéger les victimes et soutenir celles qui décident de
quitter des relations violentes. Nous avons d'abord agi pour aider rapidement
les femmes qui souhaitent quitter un conjoint violent. Le rehaussement majeur
du financement des maisons d'aide et des
organismes d'hébergement, qui était de 77 millions en 2018, est passé à
160 millions en 2025‑2026.
Ça a permis également d'offrir davantage de
soutien sur le terrain. Nous avons aussi instauré une aide financière d'urgence
qui permet à une femme de quitter rapidement
un milieu violent pour se rendre à un lieu sécuritaire, sans se soucier des
coûts financiers.
Sur
le plan judiciaire, nous avons créé le tribunal spécialisé en matière de
violence sexuelle et conjugale, une avancée sans précédent, et ce modèle suscite l'intérêt de d'autres États dans le
monde. Déjà 24 tribunaux spécialisés sont en place, et
36 prévus seront déployés d'ici 2026.
Nous avons lancé la
ligne Rebâtir — pardon — qui
permet aux victimes de violence conjugale et sexuelle de bénéficier de quatre heures de consultation
juridique gratuite. Nous avons également implanté les bracelets
antirapprochements. Nous sommes la première province canadienne à y
avoir mis le dispositif et le septième État dans le monde. Aussi, nous avons
mis en place et pérennisé des cellules d'intervention rapide, désormais
présentes dans toutes les régions du Québec, pour coordonner les actions et
assurer une protection immédiate des femmes à risque.
Finalement,
nous poursuivons le développement de places en maisons d'hébergement. Quatre
nouvelles maisons de première étape seront construites, 13 nouvelles
maisons de deuxième étape seront ouvertes, et 19 autres projets à venir.
Mme la Présidente,
notre message est clair, la sécurité des femmes n'est pas négociable. Nous
continuerons d'agir avec détermination pour que chaque femme du Québec puisse
vivre librement, dans la dignité et sans peur.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la cheffe du
deuxième groupe d'opposition.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Je suis très fière d'être Québécoise quand je vois que ce sont des femmes d'ici, des grandes féministes du Québec qui
ont initié la Marche mondiale des femmes, il y a 25 ans, des femmes comme ma collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
comme Lorraine Guay, Diane Matte et Emilia Castro, qui est ici avec nous dans les tribunes. Des femmes aussi comme la
grande militante féministe Françoise David, qui a été députée de
Gouin ici, parmi nous, à l'Assemblée nationale. Je les remercie d'avoir marché
pour les femmes de ma génération et les suivantes. Je les remercie d'avoir fait
grandir le Québec.
25 ans plus tard, des femmes d'ici et
d'ailleurs luttent toujours pour l'égalité et la justice sociale, pour le droit
de vivre en paix et en sécurité. J'ai d'ailleurs une pensée toute particulière
pour mon amie Nimâ Machouf, emprisonnée actuellement par Israël pour avoir
voulu apporter de l'aide à Gaza, et on n'a pas encore de nouvelles d'elle. Il
reste encore beaucoup de batailles à mener. Les femmes sont encore les plus
pauvres, et c'est elles qui souffrent le plus des coupures dans les services publics, sans oublier les nombreux
féminicides, évidemment, et la montée du discours masculiniste.
Pour toutes ces raisons, je serai présente à la
marche du 18 octobre à Québec, aux côtés de mes collègues de Québec
solidaire et aussi des groupes féministes, pour rêver plus grand, pour
revendiquer encore plus fort pour les femmes du Québec et toutes les femmes
partout à travers le monde. Merci beaucoup.
• (11 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci beaucoup, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Mme la
Présidente, aujourd'hui, nous soulignons la sixième Marche mondiale des femmes,
qui aura lieu à Québec le 18 octobre prochain.
Lors du tout
premier rendez-vous, en 2000, plus de 40 000 personnes
avaient marché pour porter 21 revendications, dont l'élimination de
la violence faite aux femmes et la fin de la pauvreté par une juste
reconnaissance de la valeur du travail des
femmes. Ce mouvement, rappelons-le, a germé au Québec à la suite de la
légendaire marche Du pain et des roses, en 1995. Cette mobilisation historique avait mené à des avancées
majeures pour les femmes au Québec, permettant notamment l'adoption de la Loi sur l'équité salariale, la
hausse du salaire minimum et l'adoption de mesures pour contrer la pauvreté
sous un gouvernement du Parti québécois.
Cette année, la sixième action internationale de
la marche mondiale se déroule sous le thème Encore en marche pour
transformer le monde. Pourquoi encore? Parce que les acquis sont fragiles.
Cette marche mettra en lumière les crises sociales, les inégalités, les
violences que subissent encore les femmes et de façon disproportionnée.
On peut certes se réjouir du travail accompli
dans les 25 dernières années, mais il ne faut pas oublier que la violence
faite aux femmes est encore beaucoup trop présente. Nous sommes, au Québec, à
14 féminicides cette année. Les femmes continuent de faire face à des
barrières qui limitent leurs opportunités et leur potentiel. Il est impératif
que nous travaillions ensemble pour éliminer
ces obstacles et pérenniser l'égalité des chances. Il faut continuer à promouvoir
l'égalité entre les femmes et les hommes.
Et, en tant qu'hommes et alliés des femmes, il est de notre responsabilité de
veiller à ce que ces droits ne reculent jamais.
Cette marche est donc un appel à l'action. Nous
marchons encore pour bâtir un monde juste, où l'égalité n'est pas un privilège mais un droit inaliénable. Nous
marchons pour que plus jamais une femme ne soit laissée pour compte. Nous
marchons pour que nos filles héritent d'un monde transformé, égalitaire, un
monde meilleur. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Est-ce que cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
Donc, nous
allons poursuivre. Je suis maintenant prête à entendre un membre du deuxième
groupe d'opposition. Mme la députée de Verdun.
Souligner le Mois du patrimoine hispanique
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
Présidente. Je veux souligner la présence de représentants des organismes
Héritage hispanique Québec, Alliance de commerces mexicains à Montréal et de la
Casa CAFI.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée
pour présenter la motion suivante conjointement avec le ministre des Relations internationales et de la Francophonie, la députée
de Westmount—Saint-Louis, le député d'Arthabaska, la députée de Rimouski et le député de
Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale souligne le Mois du
patrimoine hispanique 2025, célébré du 1er au 31 octobre;
«Qu'elle reconnaisse la contribution essentielle
des communautés latino-américaines à la société québécoise et salue leur apport
exceptionnel aux sphères sociale, culturelle, politique, agricole,
communautaire et économique;
«Qu'elle
rappelle l'histoire d'accueil du Québec envers les personnes réfugiées et
immigrantes d'origine latino-américaine;
«Qu'elle réaffirme l'importance des liens qui
unissent le Québec et l'Amérique latine et exprime le souhait de les renforcer;
et
«Qu'enfin elle reconnaisse que l'apport des
Québécoises et Québécois d'origine latino-américaine enrichit profondément
notre culture commune et contribue à un vivre-ensemble ouvert et harmonieux.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion? Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme LeBel :
Merci, Mme la Présidente. En effet, il y a consentement pour un débat de deux
minutes de rigueur par intervenant dans l'ordre suivant : la députée de
Verdun, le ministre des Relations internationales, la députée de Westmount—Saint-Louis
et le député d'Arthabaska.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci. Donc, nous avons tous bien compris que c'était le débat de deux
minutes de rigueur. Je vous cède immédiatement la parole, Mme la députée
de Verdun.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. En octobre, nous célébrons le mois
de l'héritage hispanique au Québec. C'est
l'occasion de reconnaître la richesse que les communautés latino-américaines
apportent à notre société, à notre culture et à notre avenir commun.
Les liens entre le
Québec et les peuples d'Amérique latine sont profonds. Pensons à l'accueil que
le Québec a offert à des milliers de personnes provenant du Chili, du Salvador,
par la suite de la Colombie et du Mexique et tant d'autres pays, des gens venus ici pour fuir la persécution, la guerre ou
la pauvreté. Ils ont trouvé au Québec un refuge, mais surtout un lieu où
bâtir une nouvelle vie, avec courage et un grand sens de la solidarité.
Nous devons aussi
souligner l'apport essentiel des travailleurs agricoles, qui sont plus de
20 000 à venir chaque année de
l'Amérique centrale. C'est grâce à leur travail que nos champs sont cultivés à
chaque année et que notre sécurité alimentaire est assurée.
Dans
nos quartiers, ce sont des femmes et des hommes issus de ces communautés qui
s'engagent pour l'intégration, la
culture et la justice sociale. Chez nous, à Verdun, des organismes comme la
MANA et la Casa CAFI, fondés et dirigés par des femmes
latino-américaines, sont des piliers dans notre communauté.
Mais il reste encore
des défis. Les femmes latino-américaines, en fait les femmes
latino-québécoises, par exemple, sont trop
souvent confinées à des emplois précaires et gagnent en moyenne
10 000 $ de moins que leurs consoeurs. Il faut corriger ces
injustices.
Alors que les
discours d'intolérance envers les communautés latino-américaines gagnent du
terrain au sud de la frontière, il est plus important que jamais ici, au
Québec, d'être un rempart à la haine. Il faut continuer aussi à développer nos
partenariats avec l'Amérique latine. Déjà, nos délégations à Mexico, São Paulo
et Bogota témoignent de cet engagement, tout
comme les milliers de jeunes Québécois qui partent découvrir cette région du
monde avec des projets humanitaires ou pour apprendre la langue.
Soyons fiers de nos
liens. Célébrons la présence vivante des communautés latino-américaines.
(S'exprime en espagnol).
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons le débat avec M. le ministre
des Relations internationales. Allez-y, M. le ministre.
M. Christopher
Skeete
M. Skeete :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Chaque année, du 1er au 31 octobre,
nous soulignons le Mois du patrimoine
hispanique, une période dédiée à la célébration des cultures, des traditions et
des contributions remarquables des communautés hispaniques à la société
québécoise.
Ce
mois est une occasion de rendre hommage à la richesse culturelle et
linguistique des personnes latino-américaines. Leur présence et leur
dynamisme contribuent à la vitalité de nos communautés et au rayonnement de
notre société dans les domaines de l'art, de
la gastronomie — mon
préféré — des
affaires, du sport et de la vie publique, et aussi en politique. Je
regarde ici mes collègues qui partagent cette Chambre avec moi.
Au Québec, cette
célébration revêt une signification particulière. Elle nous rappelle
l'importance du dialogue entre les cultures et forces de la diversité qu'on a
construit ici, au Québec.
En ce Mois du
patrimoine hispanique 2025, prenons le temps de découvrir et de partager,
de valoriser les multiples visages de cette culture vibrante, que ce soit à
travers un concert, ou un film, ou un plat traditionnel, ou une conversation entre amis. Chaque geste de
reconnaissance contribue à se rapprocher entre peuples et tisser des liens
durables.
Célébrons
ensemble la créativité, la résilience et l'esprit de communauté qui anime
Québécois et Québécoises d'origine hispanique. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le ministre. Et maintenant nous poursuivons avec Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone : Merci, Mme la Présidente.
Il me fait grand plaisir de souligner le Mois du patrimoine hispanique,
qui est célébré à chaque octobre.
Ce mois est
l'occasion de reconnaître la contribution essentielle des Québécoises et
Québécois d'origine latino-américaine à
notre société, des milliers de personnes venues du Mexique, du Chili, de
l'Argentine, de la Colombie, de la République
dominicaine, du Salvador et bien d'autres pays, qui ont choisi le Québec comme
terre d'accueil. Ils participent activement à son développement dans nos
écoles, nos hôpitaux, nos entreprises, nos universités, nos organismes
communautaires et aussi la politique, comme notre chef, Pablo Rodriguez.
Leur
langue, leur musique, leur cuisine, leur créativité et leur esprit de famille
enrichissent profondément notre culture commune. Elles nous rappellent que la
diversité est une force et que le vivre-ensemble québécois se bâtit chaque jour
par l'ouverture et de la solidarité.
Aujourd'hui, près de
200 000 personnes au Québec ont l'espagnol comme leur langue
maternelle. Dans toutes les régions, elles contribuent à la vitalité économique
et sociale de nos villes et de nos villages. Elles sont entrepreneurs,
artistes, professionnelles, travailleuses agricoles, étudiantes, et surtout
fières de participer à la communauté québécoise.
En
tant que députée et porte-parole de la lutte contre le racisme, je tiens à
réaffirmer l'importance de reconnaître, de célébrer et de renforcer les liens
entre le Québec et l'Amérique latine. Ensemble, nous formons une société
plus juste, plus inclusive et plus fière de sa diversité.
Alors, en ce Mois du
patrimoine hispanique, célébrons avec coeur et gratitude celles et ceux qui
font rayonner le Québec au rythme de leurs racines latino-américaines.
(S'exprime en espagnol).
• (12 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, M. le député d'Arthabaska. À vous la parole.
M. Alex
Boissonneault
M. Boissonneault :
Merci, Mme la Présidente. J'ai le goût de commencer par une anecdote. Je
vous ramène il y a quelques années, quand j'étais un peu plus jeune. J'ai un
bon ami québécois d'origine péruvienne avec qui on était allés dans un pub entre amis. Il était trois heures du matin,
on était encore là. La serveuse se présente puis commence à débarrasser
la table, puis elle nous dit que, bon, il est l'heure de partir, c'est terminé,
il est 3 heures. Et là mon ami d'origine péruvienne, Québécois, comme je
le disais, se lève et il dit avec son bel accent : Si je comprends bien,
tu es en train de me dire : À la
prochaine fois? Ça, j'ai trouvé que c'était une belle... un beau symbole
d'intégration puis l'alliance avec le
peuple, ce beau peuple latino-américain, qui vient de partout puis qui marque
l'histoire québécoise. Puis je trouve que c'est important de le
souligner aujourd'hui.
J'ai la chance de
représenter une circonscription, la circonscription d'Arthabaska, où il y a
beaucoup de travailleurs, entre autres, d'origine latino-américaine qui
viennent du Guatemala, du Pérou, du Mexique et qui viennent contribuer à notre
économie, qui viennent enrichir la culture, aussi, d'ici. D'entendre cet
accent-là, latino-américain, partout au
Québec, de Plessisville jusqu'à Gaspé, en passant par l'Abitibi, il y a quelque
chose de beau, là-dedans, puis il y a quelque chose de riche.
Alors, leurs
contributions, à ces gens-là, à notre culture, à notre vie politique sont
incontournables. J'ai eu la chance,
moi-même, de passer quelques années en Amérique latine pour étudier et donner
des cours de science politique, j'y ai passé plusieurs années, puis j'ai
connu toute la richesse de cette culture-là, qui vient jusqu'à nous. On parle
de cuisine, par exemple. Je peux vous dire
que la cuisine péruvienne est particulièrement savoureuse, puis on peut en
manger, là, un peu partout, ici, à Québec, entre autres.
Donc, il y a quelque
chose à célébrer. Puis j'aimerais ça prendre peut-être un mot pour dire en
espagnol : (S'exprime en espagnol). Bon Mois du patrimoine hispanique!
Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté?
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : S'il vous plaît! M. le chef du deuxième... M. le leader
du deuxième groupe d'opposition demande un vote électronique. C'est bien ce que
j'ai compris?
Mise
aux voix
Donc, le vote est
maintenant ouvert.
Le vote est terminé.
Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote.
La
Secrétaire : Pour : 85
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, cette motion est adoptée. M. le leader
du deuxième groupe d'opposition, vous avez une demande à faire?
M. Cliche-Rivard :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Est-ce qu'une... une copie de cette
motion, pardon, peut être envoyée aux
groupes suivants : Héritage hispanique Québec, Alliance de commerces
mexicains à Montréal, la Casa CAFI et la Maison d'accueil des nouveaux
arrivants, MANA, s'il vous plaît?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Ce sera fait.
Maintenant, nous
poursuivons avec un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député de
Jean-Talon.
Demander
au gouvernement d'élaborer un nouveau régime
forestier en collaboration avec les Premières Nations
avant la fin de la présente législature
M. Paradis :
Mme la Présidente, je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le député de Pontiac, le député d'Abitibi-Est et la députée de Rimouski,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale constate que la situation de l'industrie forestière requiert des
actions pour l'accompagner, dont la réforme du régime forestier;
«Qu'elle
prenne acte de la volonté exprimée par les parties prenantes et la société
civile de réformer ce régime forestier;
«Qu'elle constate que
la forêt est d'une importance capitale pour de nombreuses régions du Québec; et
«Qu'en
conséquence, l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'élaborer un
nouveau régime forestier, en collaboration avec les Premières nations,
avant la fin de cette législature.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? Mme la leader
adjointe du gouvernement.
Mme LeBel :
Il y a consentement, sans débat, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, cette motion est-elle adoptée? Adopté? Oui?
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Est-ce qu'il y a quelqu'un qui appuie? Vous
appuyez?
Mise
aux voix
Donc, nous avons une
demande de vote électronique. Le vote est maintenant ouvert.
Le vote est maintenant
terminé. Mme la secrétaire... Mme la secrétaire générale, pour le résultat.
La
Secrétaire : Pour : 85
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, cette motion est adoptée.
Avis
touchant les travaux des commissions
Donc,
nous allons poursuivre nos travaux. À la rubrique Avis touchant les travaux des
commissions, Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme LeBel :
Merci, Mme la Présidente. J'avise cette Assemblée que la Commission des
relations avec les citoyens...
Des voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Sortez en silence pour que je puisse entendre
la voix du leader du gouvernement. Merci.
Mme LeBel : Alors, merci, Mme la
Présidente. J'avise cette Assemblée que la Commission des relations avec les citoyens poursuivra les consultations générales et
les auditions publiques sur le cahier de consultation intitulé La
planification de l'immigration
au Québec pour la période 2026-2029 aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions
jusqu'à 12 h 50 et de 14 heures à 18 h 05, et le
mardi 21 octobre, de 9 h 45 à 12 h 10, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de
l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 101, Loi visant l'amélioration de
certaines lois du travail,
aujourd'hui, après les affaires courantes à 13 heures et de 14 heures
à 16 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des
finances publiques poursuivra les consultations particulières et les auditions
publiques du projet de loi n° 112, Loi favorisant le commerce des produits et la
mobilité de la main-d'oeuvre en provenance des autres provinces et des
territoires du Canada, aujourd'hui, de 14 heures à 16 h 25, à la
salle Marie-Claire-Kirkland;
Et la Commission de
la culture et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 94, Loi visant notamment à renforcer
la laïcité dans le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions
législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 14 heures à 16 h 30, à la salle Pauline-Marois. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à
l'article 143 du règlement concernant l'horaire des travaux des
commissions? Consentement.
M. le leader du deuxième groupe d'opposition,
vous aviez...
M. Cliche-Rivard :
...renseignements aux travaux. Donc, prenant acte du...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Ah!
Bien, ce n'est pas encore... Après. Vous êtes un peu trop rapide.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Alors, maintenant, pour ma part, je vous avise que la Commission de la
santé et des services sociaux se réunira en séance de travail le 9 octobre
2025, à la salle Marie-Claire-Kirkland, de 12 h 30 à 13 heures,
afin d'organiser les travaux de la commission et de statuer sur la possibilité
que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative portant sur les
transformations numériques en cours dans le réseau de la santé et, de
13 heures à 13 h 30, afin d'organiser les travaux de la
commission et de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la
pétition portant sur le maintien et traitement de nouvelles demandes pour les
heures allouées au chèque emploi-service pour les soins à domicile.
De plus, je vous avise que la Commission de
l'aménagement du territoire se réunira en instance de travail le
mardi 21 octobre 2025, de 12 h 30 à 13 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin d'organiser les travaux de la commission
et de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse des pétitions
concernant la demande visant la conservation intégrale du boisé des Compagnons.
• (12 h 10) •
Je vous avise également que la Commission de
l'économie et du travail se réunira en séance de travail le mardi 21 octobre
2025, de 12 h 30 à 13 heures, à la salle RC.193, afin
d'organiser les travaux de la commission et de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse des pétitions
concernant la demande visant un meilleur encadrement des baux commerciaux.
Enfin, je vous avise que la Commission des
transports et de l'environnement se réunira en séance de travail le mardi 21 octobre 2025, de
12 h 30 à 13 heures, à la salle RC.189, afin d'organiser
les travaux de la commission et de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse des pétitions
concernant la nécessité de prioriser les réfections de la route 366 du
secteur Sainte-Cécile-de-Masham afin d'assurer la sécurité des usagers.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Maintenant,
nous allons passer à la rubrique Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée. Je
vous cède la parole, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, prenant acte du résultat démocratique sur
le vote du projet de loi n° 1, mon groupe parlementaire formule la demande spécifique pour qu'une
tenue... pour qu'il y ait tenue d'une
consultation générale, une étape très importante qui aurait dû précéder tout
projet de loi de nature constitutionnelle, sur le projet de loi n° 1,
s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader. Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, bien, écoutez, considérant la majorité du gouvernement, nous avons constaté que l'Assemblée a été saisie de ce projet
de loi, et donc j'appuie la demande de mon collègue du deuxième groupe d'opposition pour la tenue, minimalement, d'une
consultation générale. Et, considérant la nature très particulière de ce
projet de loi, le premier ministre a même dit que c'était la loi de toutes les
lois, nous demanderons que cette consultation puisse
avoir l'autorisation d'aller à l'extérieur du parlement pour aller à la
rencontre des citoyens et des groupes concernés. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie.
Je vous avise
que l'interpellation prévue pour le vendredi 24 octobre 2025 portera
sur le sujet suivant : Les nombreux échecs et fiascos caquistes en matière de gouvernance de projets
informatiques. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont
s'adressera alors à M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique.
Affaires du jour
Affaires prioritaires
Reprise du débat sur la motion
du premier ministre proposant que
l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement
et sur les motions formulant un grief
Donc, la période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Donc, aux
affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le
débat ajourné le 8 octobre 2025 sur le discours d'ouverture et sur
la motion de M. le premier ministre proposant que l'Assemblée approuve la
politique générale du gouvernement ainsi que sur les motions de grief
présentées par Mme la cheffe de l'opposition officielle, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition, Mme
la députée des Mille-Îles, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques, M. le député de Nelligan, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, Mme la
députée de Chomedey, M. le député de
Taschereau, Mme la députée de D'Arcy-McGee, M. le député de Marquette, Mme la députée de
Terrebonne, M. le député de Pontiac, M. le député de l'Acadie, M. le
député de Rosemont, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, Mme la députée
de La Pinière, M. le député de Jean-Talon et Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Avant de donner la parole au prochain
intervenant, je vous informe que 18 h 44 min et 9 s ont été
utilisées dans le cadre de ce débat. La
répartition du temps de parole restant est la suivante :
3 h 13 min 17 s au groupe parlementaire formant
le gouvernement, 53 min et 52 s au
groupe formant l'opposition officielle, 54 min 30 s au groupe...
au deuxième groupe d'opposition,
14 min 12 s au troisième groupe d'opposition et 60 minutes
au représentant du gouvernement pour sa réplique.
Je suis maintenant prête à entendre un prochain
intervenant. M. le député de LaFontaine, à vous la parole.
M. Marc Tanguay
(suite)
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. J'ai eu l'occasion de débuter hier, en fin de
journée, et de poursuivre, et de conclure aujourd'hui sur notre réplique au
discours d'ouverture. Il y a un bris de confiance généralisé avec ce mauvais
gouvernement là. Ils ont abandonné la population maintenant, dans leur huitième
année. Et, pendant les sept prochains mois, le premier ministre nous a fait la
promesse, encore une autre promesse qu'il va rompre, le 30 septembre
dernier, par le discours d'ouverture, en disant : On va tout régler en
sept mois ce qu'on a abandonné en sept ans. Non,
on ne le croit plus. Les gens ne le croient plus. Les Québécois ne le croient
plus. Il y a même de ses propres députés qui ne le croient plus. Pensons
à Joëlle Boutin, ex-députée de Jean-Talon, qui a quitté en 2023, déçue. Pensons
au collègue de Saint-Jérôme, qui a quitté le
caucus, qui siège encore comme indépendant parce qu'il se disait : Ce
gouvernement-là a rompu ses promesses, il manque de rigueur. Pensons au
collègue de l'Abitibi-Est qui a... qui s'est fait quitter le caucus parce que le premier ministre
lui a fait le reproche d'avoir voulu défendre sa région pour qu'il y ait un
ministre régional qui vienne de la région. Ça donne quoi de voter pour un
député caquiste? L'Abitibi-Témiscamingue, ils
ont envoyé trois députés sur trois de la CAQ, puis il n'y en a aucun qui est assez bon, aux yeux du premier ministre, pour
représenter la population. Alors, le député d'Abitibi-Est, lui, a protesté. Il
s'est fait mettre à la porte par le premier ministre. Et la dernière en titre,
c'est la députée... ex-ministre, députée de Rimouski, qui a déposé la vision du
premier ministre en matière de réforme de la forêt et qui l'a défendue bec et
ongles, contre vents et marées. Finalement, le premier ministre a renié cette approche-là, a décidé de la mettre de
côté, et elle, elle a quitté avec grand fracas, après avoir été dans le
caucus de la CAQ, dire les quatre vérités au premier ministre. Là aussi, c'est
son témoignage, il a abandonné les régions.
L'économie.
Je vais vous parler d'économie avec Northvolt. On a abandonné, avec ce mauvais
gouvernement là, le Québec d'abord,
nos blocs d'énergie, nos PME qui se désâment pour avoir de l'énergie propre,
pour pouvoir progresser, développer, maintenir des emplois partout en région.
Le premier ministre, rappelez-vous, encore une fois, quand ils avaient signé le deal du siècle avec Northvolt, avec le
grand sourire, avec Pierre Fitzgibbon, et que, nous, déjà là, jour 1, on
posait énormément de questions, exit le BAPE, pas besoin de réfléchir,
bien, on a perdu, là aussi, des centaines de millions de dollars. On a eu l'équivalent de l'électricité de toute la ville de
Longueuil qui a été gelée, puis, jusqu'à nouvel ordre, elle est encore
gelée, à cause de ce mauvais deal là signé personnellement par le premier
ministre.
Également, il nous fait une promesse : Je
vais m'occuper de la paperasse, quand ils ont alourdi la paperasse. Le projet
de loi n° 96, là, ça fait tout sauf faire avancer le français, ça fait
juste mettre, encore une fois, plus de paperasse à nos PME partout en région,
qui disent : Nous aussi, on veut participer de l'essor de la langue
française, on veut, mais aidez-nous à acquérir, tantôt, des logiciels en
français, aidez-nous à pouvoir former nos employés. Il est où, le budget,
l'argent, la promesse de dire : Les nouveaux arrivants, on va leur
apprendre le français? Ils sont partout au Québec, et, encore une fois, il y a eu des coupures parce qu'ils ont gaspillé, et
ça, ça affecte directement la vigueur de notre économie au Québec.
Mme la
Présidente, l'immigration, il y a eu deux faussetés qui ont été prononcées.
Quand le premier ministre disait en prendre moins pour en prendre soin,
il en a pris plus par la porte de garage. Il a fermé la porte, mais, par la
porte de garage, des immigrants étrangers
temporaires, que lui-même contrôlait, il en a accueilli des centaines de
milliers. Il n'en a pas pris moins, puis il n'en a pas pris soin. Puis
aujourd'hui c'est de la faute de tout le monde. Il devrait plutôt se regarder
dans le miroir, Mme la Présidente.
Donc,
l'économie, la CAQ n'aura jamais été le parti de l'économie, jamais été le
parti de l'économie. Il a plombé notre économie. Oui. Merci.
Maintenant, à la CAQ, par contre, c'est le parti
de quoi? La CAQ, c'est le parti des gaspillages. Rappelez-vous des Kings de Los
Angeles. Ah! c'est juste 7 millions. Ils ont finalement reconnu que
c'était une mauvaise idée, payer 6 millions
pour accueillir les Kings de Los Angeles. Nous, on le savait à sa face même. Ce
6 millions là est symptomatique de
l'ensemble de l'oeuvre, des gaspillages, les gaspillages qui vont, Mme la
Présidente... Évidemment, les deux chèques électoralistes de mars 2022 et de novembre 2022. Ça, ça a
coûté 6,7 milliards de dollars. Plutôt que d'avoir une intervention
ciblée sur les plus vulnérables, Mme la Présidente, il a envoyé ça à plus de
95 % de la population, jusqu'à celles et ceux
qui gagnent 100 000 $. Ils n'avaient pas besoin de ça. Mais c'était
électoraliste. Il a donc gaspillé 6,7 milliards de dollars qu'il aurait pu utiliser de façon beaucoup plus
intelligente et performante. Flying Whales, les baleines volantes,
55 millions aux poubelles. PARAF, PRATIC, des programmes d'employabilité,
294 millions, pour lesquels on n'a jamais eu de reddition de comptes. Également, Lion Électrique, 177 millions.
Bourses Perspective, 538 millions, alors que les recteurs
d'université disaient : Il ne nous a pas consultés, ce n'est pas ça, puis
que, dans certains programmes, on n'a pas vu la hausse
des inscriptions, on a vu la baisse des inscriptions, notamment en
enseignement, à la faculté de l'Université de Montréal, puis c'est le recteur
qui l'avait dit. Alors, ils ont... un coup d'épée dans l'eau. Également, Mme la
Présidente, Northvolt, c'est des centaines de millions, j'y ai fait référence, SAAQclic,
un demi-milliard, puis la journée n'est pas finie,
SAAQclic, ça roule encore puis ça ne clique pas plus. 12 000 fonctionnaires
de plus, 12 000 fonctionnaires de plus à Québec pour brasser du papier, pour venir ajouter la lourdeur
administrative pas juste pour nos PME puis nos propriétaires, pour nos villes, nos municipalités, nos villages,
la lourdeur administrative, puis aujourd'hui le premier ministre viendrait
nous dire : Ah! bien, écoutez, on va
faire le ménage de cette chape de plomb là. C'est lui qui se l'est mise sur le
dos dans les sept dernières années, puis, dans la huitième année, il ne
changera rien. Son temps est compté.
• (12 h 20) •
Son temps est écoulé.
Et on aura l'occasion de reprendre la main, au Parti libéral du Québec, parce
qu'au Parti libéral du Québec on a un historique de rigueur, être capable de
donner les services, de maintenir, Mme la Présidente, une main sur les finances
publiques. Les Québécoises et Québécois, là, travaillent assez fort à la
semaine longue pour envoyer des taxes et impôts à Québec, il y a des milliards
de dollars qui rentrent à Québec, puis la CAQ, avec le premier ministre, ont gaspillé. Ils sont arrivés au pouvoir avec un
surplus budgétaire de 7 milliards de dollars en 2018, alors que les
services étaient mieux donnés partout, et aujourd'hui il nous a créé un trou de
14 milliards de dollars, et les services sont moins bien donnés partout, Mme la Présidente. Puis
je mets au défi qui que ce soit de me dire qu'est-ce qui va mieux après
sept ans que ce c'était le cas en 2018.
Alors, avec le Parti
libéral du Québec, cinq fois sous notre gouverne, cinq fois, la cote de crédit
du Québec a été modifiée, et, sous la CAQ, elle a été modifiée une fois. La
seule différence, c'est que, pour le Parti libéral du Québec, cinq fois en
cinq, c'était une amélioration, une bonification de notre cote de crédit, puis,
sous la CAQ de ce premier ministre là, actuellement, il y a une fois, bien, ça
a été une décote, la décote, Mme la Présidente. Et ça, ça fait en sorte que,
politiquement, aujourd'hui, il n'est plus capable, il a fini de gaspiller, il
n'y en a plus, d'argent. Il gratte les fonds de tiroir, Mme la Présidente, et
ce qui fait en sorte que les services ne sont pas donnés. Les Québécoises et
Québécois sont doublement perdants avec ce mauvais gouvernement là. On est dans
le trou, on a perdu des milliards et on n'a pas les services auxquels on
s'attend.
Rappelez-vous des
belles promesses : 90 minutes pour voir un médecin à l'urgence. Les
données, les dernières données, c'est 2 h 49 min, le 90 minutes.
Rappelez-vous des belles promesses qui ont été répétées par cet actuel ministre de la Santé, qui disait : Je vais
baisser les listes d'attente en chirurgie. Savez-vous qu'il y a 147 000, 147 000 patients
qui sont en attente d'une chirurgie? Savez-vous qu'il y a plus de
6 200 patients de ce nombre qui attendent depuis plus d'un an? Pas
surprenant qu'ils décident d'aller au privé, l'État les a abandonnés. L'État
les a abandonnés. Et, dernières données à
jour, 482... imaginez ça, Mme la Présidente, il y a 482, au moment où je vous
parle, Québécoises et Québécois qui sont atteints du cancer, qui
attendent leur chirurgie, ça presse, et qui sont hors délai. La chirurgie, la
science nous dit que ça doit être fait dans
les 57 premiers jours du diagnostic. Ils sont au-delà du 57 jours.
482 Québécoises et Québécois, c'est ça, l'abandon.
J'aurais pu vous
parler de HMR, j'aurais pu vous parler parlez de l'Hôpital Sainte-Croix, à
Drummondville, que je suis allé visiter : la décrépitude. On le voit
partout au Québec, Mme la Présidente. Des belles promesses de ce
gouvernement-là, qui avait promis un hôpital à La Malbaie, le premier ministre,
personnellement, s'était impliqué, et il n'y
a rien qui se passe. L'Hôpital de Maria, l'urgence et l'unité de soins
intensifs, il n'y a rien qui se passe. L'Hôpital d'Amos, pas de
modernisation, l'hôpital d'Outaouais, de Vaudreuil, en infrastructures, on n'a
pas les investissements. On a un gouvernement qui a abandonné la population.
Mais, Mme la
Présidente, je vais finir sur une note beaucoup plus positive. On oublie ça, la
CAQ, là. C'est fini, la CAQ. On est tannés.
Les Québécoises et Québécois sont tannés. On s'est fait rouler dans la farine.
C'est fini, la CAQ. Ils ont beau nous
promettre mer et monde, là, des beaux parleurs, là, à minuit moins une, là,
c'est fini, ils vont retourner à la
maison tout seuls. C'est ça qui va arriver. L'avenir est en marche, Mme la
Présidente. Fini, la CAQ. Quel changement pour le Québec!
La prochaine élection
générale sera décidée entre le Parti libéral du Québec, le parti de l'économie,
d'une saine gestion des finances publiques puis de donner les services à la
population, entre le Parti libéral du Québec et le Parti québécois, la
séparation du Québec, l'isolement et les turbulences. Le débat se fera dans
notre grande démocratie. Fini, la CAQ, oubliez
ça. Ce sera entre le Parti libéral du
Québec, l'économie et les services,
ou le Parti québécois, la séparation et les turbulences. Et, les
Québécoises et Québécois, nous en sommes confiants, Mme la Présidente, nous
serons capables d'aller regagner leur confiance et de former, le 6 octobre
2026, un gouvernement libéral majoritaire, Mme la Présidente. Merci.
Une voix :
...
M. Tanguay :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui. Allez-y.
Motion
formulant un grief
M. Tanguay :
Donc : «...blâme sévèrement le gouvernement pour son absence de vision
constructive en santé, qui privera les Québécoises et les Québécois d'un accès
équitable aux soins sur l'ensemble du territoire.» Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Votre motion est déposée sous réserve de sa
recevabilité. Merci, M. le député.
Maintenant, nous
poursuivons avec la prochaine intervenante. Mme la ministre de la Solidarité
sociale et de l'Action communautaire, à vous la parole.
Mme Chantal
Rouleau
Mme Rouleau :
Et aussi ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal,
Mme la Présidente. Et je suis extrêmement heureuse de prendre la parole
aujourd'hui pour appuyer tous les propos du premier ministre pour lancer cette nouvelle session parlementaire
qui fait en sorte que nous allons continuer, Mme la Présidente, à poursuivre
tous les efforts nécessaires pour faire grandir le Québec.
Et, comme l'a rappelé
le premier ministre, il a dit très clairement : Investir dans l'économie
et le portefeuille, c'est d'abord soutenir nos villes et nos régions. Et, si le
Québec tire si bien son épingle du jeu dans un contexte économique plutôt
difficile à l'heure actuelle, c'est grâce à deux leviers, deux leviers
essentiels, c'est la vitalité de notre
métropole et la force de nos régions. Ce sont deux moteurs qui ne s'opposent
pas, bien au contraire, ils se complètent, et c'est dans cet équilibre
que repose notre prospérité commune.
La métropole, Mme la
Présidente, représente plus de la moitié du PIB du Québec. C'est un carrefour
d'innovation, de culture, de commerce international, avec tous les défis que
cela peut représenter. Et, clairement, le premier ministre le reconnaît, sans
une région métropolitaine forte, sans une Montréal forte, le Québec ne peut pas
pleinement rayonner. Et, comme il le souligne aussi, bien, investir dans nos
grandes villes, c'est investir dans tout le Québec, parce que chaque dollar
investi à Montréal génère des retombées bien au-delà du territoire de l'île de
Montréal et de la métropole : ce sont
des emplois dans Lanaudière, ce sont des emplois en Montérégie, en Estrie,
c'est des marchés qui s'ouvrent pour les
producteurs régionaux, des marchés pour nos PME partout à travers le Québec.
C'est donc toute la chaîne économique du Québec qui s'en trouve
stimulée.
Pour illustrer, par
exemple, pensons aux projets de transport collectif ou encore la construction
de logements à Montréal, cela crée des
milliers d'emplois pour des centaines, voire des milliers de familles à travers
le Québec. Et c'est exactement ce type de vision que le premier ministre
défend pour faire du Québec un leader économique et social.
Mais une métropole
forte ne suffit pas, si les régions sont laissées pour compte, Mme la
Présidente. Les régions fournissent le talent, elles fournissent les
ressources, elles fournissent l'énergie, et leur prospérité alimente Montréal
et vice versa. C'est un partenariat indissociable et non un jeu à somme nulle.
Et,
vous savez, Mme la Présidente, depuis mes premiers mandats en politique, j'ai
d'abord été mairesse, jusqu'à aujourd'hui,
comme députée, fière députée de Pointe-aux-Trembles, j'ai toujours eu la même
ambition, c'est de rapprocher les
citoyens du fleuve Saint-Laurent. J'ai donc largement contribué à la
réalisation de la plage de l'Est, la route bleue, la mise en place des
navettes fluviales, des projets qui concrétisent cette vision.
• (12 h 30) •
Et un petit mot sur
les navettes fluviales, Mme la Présidente. On est à plus de 1 million de
déplacements, depuis les récents... les
récentes saisons qui ont eu lieu, de navettes qui permettent le transport des
personnes sur le fleuve, et qui sont maintenant intégrées au réseau de
transport collectif, et qui peuvent... où on peut utiliser notamment la carte
OPUS. C'est donc un avancement important aussi qui a été fait.
Et là, parlant de
vision, bien, je ne peux passer sous silence l'avancement des travaux du
prolongement de la ligne bleue, Mme la Présidente. Après plus de 40 ans,
40 ans d'attente, le projet est enfin sur les rails, les travaux sont en
train de se réaliser, le tunnelier est à la porte, les entrées sont creusées,
cette ligne bleue, ce prolongement de la ligne
bleue avec ses cinq nouvelles stations, qui viennent d'être nommées avec des
noms très évocateurs, de Saint-Michel à Anjou, cette ligne bleue est en train de transformer toute la mobilité
dans l'est de Montréal. Ça va faciliter les déplacements, aussi, de ceux
qui viennent de Laval ou Longueuil pour venir travailler sur le territoire de
l'est de Montréal. Mais ce sont les citoyens de ce secteur, du secteur... du
secteur d'Anjou, notamment, et... qui vont voir tous les bénéfices parce qu'on
brise enfin le mur de l'autoroute 25, on désenclave des quartiers qui
attendaient depuis trop longtemps d'être connectés au reste de la métropole.
Et, lorsque, dans
notre premier mandat de la Coalition avenir Québec au gouvernement, j'ai été
ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole, rôle que je
reprends avec beaucoup, beaucoup de plaisir et avec toute humilité, beaucoup d'honneur aussi, j'ai eu le privilège de
contribuer de manière très concrète à l'annonce de ce projet historique, Mme la Présidente. Le voir
se concrétiser aujourd'hui, c'est un moment marquant pour notre métropole.
C'est un investissement de plus de 5 milliards de dollars que le
gouvernement du Québec effectue, et c'est toute la communauté métropolitaine qui
pourra en bénéficier, avec un réseau beaucoup plus rapide, plus efficace, plus
accessible.
Et je veux dire un
mot aussi sur la nouvelle agence Mobilité Infra Québec qui a été créée et qui
doit faire avancer de manière... en fait,
propulser les nouveaux projets, des grands projets, dont le projet structurant
de l'est, qui va permettre de répondre efficacement aux besoins de
mobilité dans l'est de Montréal. Et je dois dire, Mme la Présidente, qu'aucun,
mais aucun gouvernement avant nous n'avait fait ces avancées tellement
importantes en transport collectif.
Mais améliorer la
mobilité, ce n'est qu'une facette de notre engagement pour des communautés plus
fortes et inclusives, parce qu'au-delà des infrastructures il y a les gens, et
c'est justement l'esprit qui guide les Alliances pour la solidarité. Les
Alliances pour la solidarité, c'est une mesure-phare qui est financée par le
plan de lutte à la pauvreté que nous avons
mis en place, et elles permettent des projets concrets qui soutiennent l'essor
du milieu communautaire et renforcent le tissu social de chaque
territoire à travers le Québec, via notamment des partenariats. Par exemple, on
met en place des initiatives locales qui
permettent aujourd'hui d'accompagner des familles, de soutenir des jeunes en
difficulté ou de créer des emplois de
proximité, et c'est en soutenant nos communautés que nous renforçons notre
nation québécoise tout entière.
Et ce que je dis s'inscrit
pleinement dans le champ d'action du premier ministre qui rappelle que le
Québec puise sa force et son identité dans
la solidarité et le dynamisme de ses communautés. Et c'est ce qui distingue
vraiment le Québec, c'est son filet
social, ce sont ses organismes communautaires, ce sont ses bénévoles,
2,3 millions de bénévoles qui travaillent, qui offrent de leur
temps, de leur énergie régulièrement et ce sont les travailleurs du milieu
communautaire aussi, des organismes qui brisent l'isolement, qui soutiennent
les familles, qui accompagnent les jeunes, qui tendent la main vers les
personnes plus vulnérables.
Mme la
Présidente, notre gouvernement a mis fin à une attente de 15 ans,
15 ans, des organismes communautaires qui demandaient un plan
d'action gouvernemental en action communautaire. 15 ans de
désinvestissement et de désintéressement de
la part des gouvernements précédents, notamment le Parti libéral, qui s'est
complètement désintéressé des organismes communautaires. On a mis en
place le plan d'action gouvernemental en action communautaire avec une
enveloppe de 1,1 milliard de dollars de plus pour les organismes
communautaires, un financement directement lié à la mission et à la gouvernance
des organismes. On travaille à rendre notre État plus efficace pour que chaque
dollar serve directement aux missions qui
comptent. Et c'est grâce à ce plan d'action gouvernemental en action communautaire
que 2 000 organismes
communautaires voient leur reddition de comptes allégée, ce qui leur permet de
se concentrer sur leur mission et de gagner en ressources et en temps
pour faire ce qu'ils ont à faire.
Par exemple,
les CJE, les carrefours jeunesse-emploi, partenaires essentiels pour nos
jeunes, bénéficient également d'un financement renforcé, ce que les
libéraux avaient aboli, Mme la Présidente. Nous l'avons remis en place pour financer à la mission les CJE 124 millions
de dollars d'investissement sur trois ans puis on a rajouté un autre 65 millions
en 2022. C'est près de 200 millions de dollars pour des CJE, Mme la
Présidente, des investissements qui ont un impact concret, des jeunes qui
trouvent un emploi, qui reprennent leurs études, qui créent des entreprises,
qui leur permettent, évidemment, de mieux s'insérer et de contribuer à
l'économie du Québec. Et on continue à travailler avec les CJE pour régler
cette question de reddition de comptes. On pourra en discuter un peu plus
largement à un autre moment.
Mme la Présidente, on est fiers de vivre dans
cette société ouverte, accueillante où la solidarité n'est pas qu'un mot, mais une façon d'être. Cependant, cette
générosité est aujourd'hui confrontée à des limites bien réelles. Nos
ressources, nos logements, nos services peinent à suivre le rythme
d'accueil, l'accueil des... Malheureusement, Mme la Présidente, on doit réfléchir à ce qu'on veut faire puis
comment on peut trouver un équilibre, un nouvel équilibre entre le coeur et les
moyens. Les Québécois sont généreux, mais
notre capacité d'accueil est dépassée. Le coût sur les programmes d'assistance sociale
a augmenté considérablement depuis les dernières années, et ça crée un impact
important sur les services que nous avons à
rendre, ça crée un impact important sur les organismes communautaires que nous
soutenons, Mme la Présidente. Alors, il faut gérer ces défis avec
beaucoup de pragmatisme, tout en restant fidèles à nos valeurs.
Ce sont des
défis, Mme la Présidente, qui soulignent l'importance d'un plan, d'un bon plan
de lutte à la pauvreté, et coordonné.
Et, dans ce plan, on a 21 ministères et organismes gouvernementaux qui
travaillent ensemble pour produire des résultats concrets.
• (12 h 40) •
Et, le milieu communautaire, je le connais bien.
J'ai parcouru toutes les régions du Québec pour aller à leur rencontre. Et je sais qu'ils font toute une grande
différence tous les jours dans la vie de milliers de Québécois. On a dressé
un état des lieux, de par cette tournée que j'ai faite et ces différentes
rencontres, et on a modernisé la loi qui vise à lutter contre la pauvreté, et
on a produit un plan de lutte à la pauvreté qui est évolutif, qui suit la
situation de près et qui voit des
investissements historiques de 4,7... 4,3 milliards de dollars en
différentes mesures sur les prochaines années, dont mesures en
habitation et en itinérance, des investissements, donc, qui signifient des
logements accessibles, des services mieux coordonnés, un soutien renforcé pour
les familles et pour les personnes vulnérables, parce qu'investir dans le
social c'est investir dans notre avenir collectif.
Alors, Mme la
Présidente, plusieurs choses à dire encore, mais je vais m'arrêter là pour dire
simplement qu'en fait c'est ensemble, en solidarité et avec audace que
nous allons réussir à bâtir un Québec plus juste, plus fort et plus prospère, et c'est dans la force de notre union,
dans notre... dans la Coalition
avenir Québec, c'est dans la cohésion
de nos actions que réside notre succès. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Merci, Mme la ministre.
M. le député
d'Arthabaska, avant de vous céder la parole, je vous rappelle qu'il vous reste,
en fait à votre groupe, 14 min 12 s. À vous la parole.
M. Alex Boissonneault
M. Boissonneault : Merci, Mme
la Présidente. Alors, le 30 septembre, le premier ministre François
Legault a interpelé les Québécois avec un
discours d'ouverture décliné en quatre volets : l'économie, l'efficacité
de l'État, la sécurité et l'identité. En réponse à ce discours-là, moi,
j'aimerais ça m'attarder au dernier volet, donc celui de l'identité, parce
qu'on a affaire à un gouvernement dirigé par un parti qui répète à qui veut
bien l'entendre qu'il est nationaliste. Après sept années au pouvoir, on ne
peut qu'arriver à la conclusion que c'est un nationalisme, au mieux,
d'intention, au pire, de façade.
Le bilan de la CAQ en matière... en la matière
rappelle à quel point les résultats sont loin des attentes. Non seulement notre langue vit un déclin historique
indéniable dans la métropole et l'ouest du Québec, mais l'intégration à la
culture de la majorité au Québec a franchi un point de bascule dans plusieurs
écoles et dans plusieurs milieux de travail. Nos
valeurs sont remises en cause par des groupes intégristes. L'immigration
permanente et temporaire a atteint des niveaux historiques qui battent
des records non seulement ici, au Québec et au Canada, mais en Occident, une
immigration incontrôlée qui a mis une pression sans
précédent sur nos services et dans le secteur du logement. Notre poids
démographique à l'intérieur du carcan... du carcan, dis-je, fédéral diminue
comme peau de chagrin. Et pour avaler tout ça,
on a un gouvernement qui nous passe au travers de la gorge une constitution
factice qui ne changera strictement rien à notre subordination à la
Constitution de 1867, imposée à la nation québécoise sans aucune consultation
et, en 1982, sans notre consentement.
Alors, je propose d'y aller par étapes, Mme la
Présidente. Je vais commencer en parlant de crédibilité. La CAQ n'a plus de crédibilité. En 2018, rappelez-vous,
c'était presque devenu un slogan, en prendre moins pour en prendre soin.
Ça vous dit quelque chose? On proposait de réduire les seuils d'immigration
parce qu'on disait que notre capacité d'accueil avait été dépassée. Ça, c'était
en 2018. Je me souviens, j'étais là pour couvrir, même, la campagne électorale
de la Coalition avenir Québec à ce moment-là. Et voyez ce qui s'est passé
l'année suivante, on a ramené le seuil d'immigration permanente, si ma mémoire
est bonne, à 40 000, alors qu'il était à 50 000 sous le gouvernement
de Philippe Couillard, pour ensuite, après,
ramener ce seuil au niveau du gouvernement libéral précédent et enfin le
dépasser après la pandémie. Là, dans les dernières années, on était à un
seuil qui dépassait les 60 000, encore une fois. Jamais on n'avait été aussi loin dans le seuil
d'immigration. Donc, c'est un exemple d'un gouvernement qui dit une chose, qui
se présente avec une proposition et puis finalement qui ne peut pas livrer la
marchandise.
On a parlé de fierté, je me souviens, dans cette
campagne-là. On a parlé de la troisième voie de la CAQ, alors que le gouvernement
fédéral refuse systématiquement toutes les demandes qui sont faites par ce
gouvernement. Tout à l'heure, le député de Jean-Talon, pendant la période de
questions, a fait une liste exhaustive. Moi, je vais rappeler seulement
quelques points : pouvoirs en immigration, le gouvernement l'a demandé
formellement à Ottawa, ça n'a pas passé;
rapport d'impôt unique, même chose; transferts en santé, on a parlé pendant des
mois d'obtenir notre juste part d'un gouvernement qui ne devrait même pas
s'ingérer dans cette compétence-là, ça a été refusé; abolition ou réforme du Sénat,
ça n'a pas fonctionné, ça non plus; rapatriement des pouvoirs en culture, ça
n'a pas marché.
Donc,
essentiellement, on a des grands sparages, des déclarations massue. Moi, je me
souviens, encore une fois, d'avoir entendu le premier ministre parler de
louisianisation du Québec — c'est
quand même grave, la louisianisation du
Québec — de
la nation québécoise. On a parlé de menace à la survie de la nation. Donc, dans
l'échelle de ce qui ne va pas, c'est
pas mal le plus haut qu'on peut aller, là, quand on parle de menace à la nation
québécoise. Puis qu'est-ce que ça a donné, avec la troisième voie, avec
les demandes qu'on voulait faire au fédéral, en plus d'avoir obtenu, en 2022,
un mandat fort? Parce que c'est ce que
demandait le premier ministre : Donnez-moi un mandat fort, je vais être
plus crédible pour aller faire des demandes à Ottawa. Ça n'a rien donné.
Alors là, on est à un an de la fin du deuxième
mandat de la CAQ, de ce gouvernement, puis là on dit : Priorité identité, cette fois-ci, ce sera la bonne. Là, on
parle de réduction des seuils d'immigration temporaire et permanente, on
reparle de fierté. Je pense qu'on peut se permettre de douter de la
crédibilité. La population, en tout cas, elle, a perdu confiance, puis on le
voit tous les jours.
Le Parti québécois, de son côté, a un discours
constant là-dessus. En matière d'immigration, on a parlé de réduction des
seuils quand ce n'était vraiment pas populaire de le faire. On a maintenu ce
discours-là et on prendra tous les outils, par exemple, dans ce dossier, tous
les outils à notre disposition pour être respectés, outils juridiques, outils financiers, outils administratifs. On n'est
pas là pour louvoyer, pour quémander, comme on le fait trop souvent avec
la troisième voie de ce gouvernement, on est
là pour s'assurer d'avoir les pleins pouvoirs avec un geste de rupture qui est
nécessaire, l'indépendance du Québec, qui nous permettra finalement d'être
maîtres chez nous.
Immigration. Le premier ministre affirme vouloir
protéger l'identité québécoise, mais force est de constater que les décisions
de son gouvernement en matière d'immigration, encore une fois, vont à
l'encontre de cet objectif. Sous la CAQ,
l'immigration temporaire a explosé, atteignant, imaginez,
600 000 résidents non permanents au deuxième trimestre de
2024. On parle d'une augmentation de 500 % des travailleurs étrangers
temporaires au Québec entre 2019 et 2024.
Mme la Présidente, les seuils d'immigration au Québec sont les plus élevés en
Occident. On pourrait dire qu'on est même concurrentiels sur la planète
à ce niveau-là. Les seuils d'immigration permanents au Québec sont 10 fois
ceux de la France, alors qu'on est une nation à l'intérieur d'un cadre
fédératif, où on constate, encore une fois, le déclin de notre langue, le déclin de notre culture, où on constate aussi à quel
point c'est difficile, comme société minoritaire, de pouvoir faire
respecter notre différence. C'est une croissance qui est incontrôlée, qui est
due, c'est vrai, en grande partie au laxisme
du gouvernement fédéral, qui contrôle mal les frontières, qui contrôle mal les
arrivées, aussi, dans les aéroports, mais c'est aussi la responsabilité
de la CAQ, ça a été confirmé encore en commission parlementaire.
Là, on participe, en ce moment, à la commission
pour l'étude du plan en immigration permanente et temporaire. Plusieurs groupes
qui nous ont rappelé qu'on a détourné, par exemple, avec ce gouvernement-là, le
Programme des travailleurs étrangers temporaires. Il y a quelques années,
essentiellement, on l'utilisait pour les travailleurs agricoles qui venaient donner un coup de main l'été, pendant
quelques semaines, qui retournaient dans leur pays. Sauf que, là, on
s'est mis à utiliser le programme pour combler des postes sur une base
pratiquement permanente. Les travailleurs étrangers qui arrivent au Québec, on
dit que ce sont des travailleurs étrangers temporaires, mais en réalité ils
occupent des postes permanents. Et là, évidemment, ça crée des attentes puis ça
a augmenté le nombre de résidents permanents au Québec de façon considérable.
On a permis aussi l'afflux d'étudiants. On a
demandé à Ottawa de permettre une plus grande part des employés étrangers dans
les entreprises. Après ça, on a eu un discours de la Coalition avenir Québec
qui semblait indiquer qu'on voulait faire
marche arrière. Le gouvernement fédéral est intervenu, a dit : Bien,
finalement, ça ne sera plus 20 % maximum des employés d'une
entreprise qui sont des travailleurs étrangers temporaires, on va ramener ça à
10 %. Puis là on a un ministre qui sort en disant : On n'a jamais
demandé à Ottawa d'être aussi sévère.
• (12 h 50) •
On a signé des ententes avec
Ottawa, par le biais du Programme de mobilité internationale, qui échappent au contrôle du Québec. Encore une fois, c'est ce
gouvernement qui a permis ça. Conséquences directes sur le français, sur
la maîtrise de notre langue dans la région
métropolitaine, conséquences aussi sur les services qu'on offre à la
population, services en santé, dans les écoles aussi, conséquences sur
l'intégration à la fois linguistique, mais aussi culturelle, surtout dans la région métropolitaine,
conséquences sur le logement. Je sais que dans ma circonscription, dans
Arthabaska, entre 2019 et 2024, le coût, le prix d'un quatre et demi a
pratiquement doublé. Donc, les gens, lorsqu'on parle d'immigration, sont très sensibles à ça sur le terrain. Moi, je
vous le confirme, je sors d'une campagne cet été dans Arthabaska où on m'en parlait tous les jours, de ces inquiétudes par
rapport à l'immigration puis des conséquences que ça peut avoir sur le
terrain.
Et non seulement ça, mais ça nous amène à un
moment où on craint un ressac aussi en matière d'immigration, alors qu'au cours
des dernières années on a senti que la perception de la population au Canada et
au Québec était de moins en moins favorable par rapport à l'enjeu de
l'immigration, jusqu'à un dernier sondage où on indiquait que 61 % des
Québécois sont défavorables, en ce moment, à l'immigration telle qu'on la
connaît au Québec, à l'heure actuelle.
Donc, le
Parti québécois propose une refonte complète du modèle migratoire — encore
une fois, nous, les bottines vont suivre les babines — fondée
sur la capacité d'accueil réelle du Québec et le respect de nos priorités
linguistiques et culturelles. On veut une réduction de moitié de l'immigration
temporaire, on veut une réduction à 35 000 du seuil d'immigration
permanente puis on veut aussi des permis ouverts, sectoriels et régionaux, pour
donner aussi une marge de manoeuvre aux nouveaux arrivants pour qu'ils puissent
travailler dans des conditions qui sont correctes, parce que, souvent, le fait d'avoir des permis fermés, bien,
ça limite leur possibilité d'être respectés dans leur travail. On pense aux
PME, on pense aux régions, évidemment, mais il faut agir là-dessus.
En matière d'identité, concrètement, là aussi,
le bilan du gouvernement est assez mince. Dans son discours, le premier ministre se targue d'avoir créé un musée
de l'histoire nationale du Québec, a déposé un projet de loi pour faire la promotion
de la culture québécoise, mais il ignore l'éléphant dans la pièce :
l'avenir culturel et linguistique de la nation québécoise est bouché par la troisième voie caquiste. Peu importent ces
projets de loi ponctuels et sporadiques, l'identité québécoise sera
toujours confrontée à un ensemble fédéral qui lui est hostile à ce niveau-là,
qui a fait le choix du multiculturalisme,
qui a fait le choix d'une absence d'identité ou d'une identité postnationale,
là, si on se souvient de la position de Justin Trudeau là-dessus.
Essentiellement, la CAQ, en matière d'identité,
a pris deux initiatives : le projet de loi n° 96, projet de loi qui n'a pas arrêté le déclin du français, le projet loi n° 21, qui n'a pas arrêté l'entrisme religieux et qui a laissé des pans
entiers aussi de la société
québécoise sous le radar, les CPE, les services de garde, par exemple. Et, pour
rappel, ces deux initiatives-là sont présentement contredites par la
fédération. Ottawa s'y oppose, la Cour suprême pourrait tout invalider. Il y a
fort à parier que l'establishment canadien aura ce qu'il veut dans ce
dossier-là.
Le Parti québécois, encore une fois, propose une
vision alternative, la seule vision cohérente, à savoir la rupture nécessaire avec la fédération pour assurer notre
avenir, sortir de cette contradiction canadienne là avec un système qui nie, jour
après jour, notre spécificité. Même l'utilisation du dispositif de dérogation,
le seul outil qu'il nous reste dans ce cadre constitutionnel canadien, est
contestée par le ministre fédéral de la Justice, qui y voit potentiellement une
dérive autoritaire et qui pourrait miner l'unité canadienne, imaginez.
Finalement,
on constate aussi une perte d'influence du Québec dans la fédération canadienne
avec l'immigration incontrôlée,
encore une fois, qui est permise à la fois par les choix de la Coalition avenir
Québec, mais aussi le laxisme du gouvernement
fédéral. Le poids démographique du Québec régresse toujours dans la fédération,
et il y a une perte d'influence du Québec sur le terrain.
Alors,
parlant de terrain, j'ai le goût de parler un peu de ce qui se passe lorsque je
regarde dans ma circonscription, lorsque je parle à mes gens, parce que,
pendant que la CAQ parle de constitution, par exemple, ou ses demandes à Ottawa qui n'aboutissent jamais, moi, je vois des
gens, dans ma circonscription, qui me parlent du camionnage, qui parlent
de l'utilisation de stratagèmes en
immigration qui permettent à des «Chauffeur inc.» de ne pas respecter les
règles sur nos routes, qui
transforment nos routes en far west. Encore une fois, il faut coordonner nos efforts
avec Ottawa, qui refuse de nous donner des pouvoirs en immigration, où
on pourrait intervenir.
Quand je parle d'agriculture, dans mon coin, les
producteurs laitiers sont inquiets. On est en train de négocier une entente avec les États-Unis. Dans le discours
du premier ministre, je n'ai pas entendu parler d'agriculture. Les
gens auraient aimé entendre ce que la
CAQ a à dire là-dessus, parce qu'on a toujours l'impression qu'on fait des
concessions sur la gestion de l'offre pour donner à l'industrie de l'acier ou à
l'industrie automobile. Encore une fois, ça ne fonctionne pas.
Motion formulant un grief
Donc, en terminant, Mme la Présidente,
j'aimerais présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale blâme le gouvernement
de la CAQ pour son incapacité à obtenir le rapatriement des pleins pouvoirs en
immigration.»
Parce que,
définitivement, on a un gouvernement qui n'a pas livré la marchandise, qui n'a
pas respecté les attentes des Québécois. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Votre motion est déposée sous réserve
de sa recevabilité, bien entendu.
Donc, il
reste quelques minutes, je suis prête à entendre un prochain ou une prochaine
intervenante. Mme la ministre des Affaires municipales. Je vous informe qu'il
vous reste trois minutes, environ. Ensuite de ça, bien, nous allons suspendre
les travaux jusqu'à 14 h 30. Et je vous dis
d'entrée de jeu que vous allez pouvoir reprendre votre allocution, comme je
peux bien m'imaginer que vous n'aurez pas fini. Alors, je vous cède
immédiatement la parole pour votre intervention.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente. Bien, j'ai l'habitude d'être
assez, je pense, sommaire dans mes
interventions, du moins dans l'intention de mes interventions, mais c'est vrai
qu'en général ça prend plus que trois minutes, alors je vous remercie à
l'avance de me réaccueillir à la reprise des travaux un petit peu plus tard
aujourd'hui parce que, bien sûr, l'abondance
des choses intéressantes que j'ai à vous dire par rapport au plan de match qui
nous attend pour la suite de notre action gouvernementale, mais aussi
revenir sur certains de nos succès depuis sept ans, comme Exécutif, comme parti
politique qui formons le gouvernement, avec le privilège de former le
gouvernement depuis maintenant sept ans,
depuis 2018, à la fois dans ma belle circonscription de Louis-Hébert... Évidemment, on est tous ici députés d'abord et avant tout, c'est
la raison pour laquelle on a accès à ce siège si privilégié et la raison pour
laquelle j'ai la chance de m'adresser à vous aujourd'hui. Donc, je vais revenir
sur certains projets et certains accomplissements extrêmement importants pour... pour nous, chez nous, dans
Louis-Hébert, un petit peu plus à l'ouest d'ici, mais aussi comme gouvernement
à travers les mandats que j'ai moi-même occupés, mais à travers aussi, surtout,
le plan et les projets qu'on a su faire avancer,
qu'on a su livrer, la vision économique qu'on a su dessiner déjà depuis sept
ans et qui va se poursuivre, parce que c'est une des quatre priorités
qui a été énoncée mardi dernier par notre premier ministre.
Le plan de match, les quatre priorités, que,
d'ailleurs, mon prédécesseur d'Arthabaska-L'Érable a lui-même énoncées en
ouverture, parce que lui-même, probablement, est fortement guidé, et excité, et
ragaillardi par ce nouveau plan de match de la CAQ pour l'automne et la
prochaine année, donc, l'efficacité de la... l'efficacité gouvernementale,
l'efficacité dans nos projets, dans nos services aux Québécois, l'économie et
le portefeuille des Québécois. S'il y a un élément sur lequel les chiffres sont
clairs, c'est bien l'argent qu'on a été capables de remettre dans le
portefeuille des Québécois. L'identité. On vient tout juste de déposer, d'ailleurs,
un projet de constitution du Québec auquel se sont essayés plusieurs avant nous et que personne n'a livré, tout comme,
d'ailleurs, d'autres choses qu'on aura réussi à livrer et que d'autres
n'avaient pas réussi à faire. Et la sécurité, très important, la sécurité.
Donc, j'ai moi-même été ministre de la
Sécurité publique, alors, c'est un sujet qui est passionnant, qui est
important, qui est fondamental pour n'importe quelle société,
d'ailleurs, on le voit avec tout ce qui se passe sur d'autres continents, sur
la planète.
Donc, ces
quatre éléments-là qui vont guider notre action, mais pour lesquels on a déjà
livré beaucoup de choses, j'aurai l'occasion d'y revenir, parce que je
sens que bientôt vous m'interromprez. Alors, je vais immédiatement prévoir ma propre conclusion, pour le moment, en vous
disant que j'ai hâte de revenir à 14 h 30, quand vous nous indiquerez
la reprise des travaux pour venir vous entretenir du détail de tous ces accomplissements.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, merci, Mme la ministre. Et vous poursuivrez votre intervention.
Alors, je suspends les travaux jusqu'à
14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 14 h 31)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bonjour,
chers collègues. Vous pouvez prendre place.
Nous sommes aux affaires prioritaires. Et, à
l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée poursuit le débat sur le discours d'ouverture et sur la motion de
M. le premier ministre proposant que l'Assemblée approuve la politique
générale du gouvernement ainsi que
sur les motions de grief présentées par Mme la cheffe de l'opposition
officielle, Mme la cheffe du deuxième
groupe d'opposition, Mme la députée des Mille-Îles, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
M. le député de Nelligan, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, Mme la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, Mme la députée de Chomedey, M. le député de Taschereau, Mme la députée de D'Arcy-McGee, M. le député de Marquette, Mme la députée de Terrebonne, M. le député
de Pontiac, M. le député de l'Acadie, M. le
député de Rosemont, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, Mme
la députée de La Pinière, M. le député de Jean-Talon, Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger, M. le
député de LaFontaine et M. le député d'Arthabaska.
Avant de donner la parole au prochain
intervenant, je vous informe que 19 h 27 min 4 s ont
été utilisées dans le cadre de ce débat. La répartition du temps de parole
restant est la suivante : 2 h 55 min 38 s au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 42 min 48 s du
groupe... au groupe parlementaire, pardon, formant l'opposition officielle,
54 min 30 s au deuxième groupe d'opposition et 60 minutes
au représentant du gouvernement pour sa réplique.
Je suis maintenant prête à céder la parole au
prochain intervenant. Et on me dit que la ministre des Affaires municipales...
Vous n'aviez pas terminé votre allocution, alors je vous donne la parole, Mme la
ministre.
Mme Guilbault :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Effectivement, on a été pris de court
un petit peu, à la suspension des travaux, il me restait, je crois, deux ou
trois minutes, alors j'ai dit à la précédente présidente que c'est avec plaisir
que je serais de retour cet après-midi pour venir compléter un peu le portrait
que j'ai commencé à esquisser un peu plus
tôt ce matin, ce midi, quand on... quand on m'a donné ces deux, trois minutes
en question, où je disais : On est tellement heureux, mes collègues
et moi, que ce soit ceux qui ont pris la parole avant moi, mes collègues, évidemment, de la partie
gouvernementale, ou ceux qui prendront la parole après moi, de donner suite au
discours inaugural de notre premier ministre, qui a été prononcé le
30 septembre dernier et qui annonce ni plus ni moins le plan de match, les
couleurs de notre gouvernement en termes d'intentions et d'actions surtout.
Et je dis souvent que
c'est important de joindre les actions aux intentions. On a eu beaucoup de
gouvernements, à travers l'histoire, qui ont
beaucoup parlé, qui ont fait des annonces, qui ont recyclé des annonces, mais
les actions ou les investissements conséquents n'étaient pas nécessairement au
rendez-vous. Alors de joindre les actions aux intentions, c'est exactement ce qu'on va s'employer à faire
dans les prochaines semaines, prochains mois. Mais encore faut-il être clairs,
en termes de priorités et en termes
d'intentions, auprès des Québécois pour qui on travaille, et c'est ce que le
premier ministre a fait, le
30 septembre dernier, à travers les quatre priorités qu'il a énoncées,
pour lesquelles on est déjà, d'ailleurs, une semaine, deux semaines plus
tard, déjà en action sur certaines d'entre elles, et on a déposé... Bien,
commençons par celles-là, tiens. Parce que
quelles sont ses quatre priorités? L'économie et le portefeuille des Québécois,
l'efficacité, la sécurité et l'identité.
L'identité. Ce matin
même, on déposait un projet de constitution du Québec, un projet qui,
évidemment, est costaud, à la fois en termes de quantité de travail mais aussi,
surtout, en termes symboliques, en termes de portée, en termes d'incarnation, une fois pour toutes, du caractère distinct de
notre relation, au Québec, au sein de la Fédération. Alors donc, sur le
front de l'identité, sur cette priorité qui est l'identité, déjà aujourd'hui,
le 9 octobre, nous voilà en action avec le dépôt de ce projet de loi qui,
bien sûr, générera des consultations et un processus parlementaire, comme c'est
le cas dans tous les projets de loi, qui
nous permettra de consulter, de faire connaître le projet de loi en question
auprès des diverses parties prenantes
qui sont directement concernées. Mais je vous dirais que, dans un tel projet de
loi, c'est l'ensemble des Québécois, des 9 millions de Québécois,
qui sont directement concernés et qui auront l'occasion de faire valoir,
évidemment, leurs opinions à cet égard. Mais je pense qu'on peut dire sans se
tromper que les Québécois sont derrière le principe de dire qu'une fois pour
toutes on va se doter de ce document, de cette formalisation constitutionnelle
du caractère distinct de notre nation. Et c'est le propos de ce qui a été
déposé ce matin.
Sur
l'économie et le portefeuille. Évidemment, vous savez que c'est cher à notre
premier ministre et, par extension, à notre gouvernement, l'économie, le
portefeuille, on en parle souvent. On a plusieurs tableaux qu'on a eu
l'occasion d'exhiber au fil des périodes de questions, dans les derniers mois,
les dernières années. Je me souviens, quand j'ai amené mes premiers tableaux, aux Transports, pour illustrer les
investissements sans précédent en transport, au Québec, mais plus globalement des investissements sans
précédent en infrastructures, au Québec. On a déposé, au mois de mars, un Plan
québécois des infrastructures à hauteur de 164 milliards de dollars,
Mme la Présidente. Quand on est arrivés, on était à
100 milliards; on est rendus à 164 milliards d'investissements en
infrastructures, transport, santé, éducation, enseignement supérieur. Donc,
c'est autant de bâtiments soit qu'on rénove, parce qu'évidemment la principale
partie va à la rénovation et l'entretien de nos infrastructures. On sait qu'on
est arrivés, en 2018, avec un parc d'infrastructures au Québec qui était largement désuet, beaucoup de lacunes au niveau du
maintien, au niveau de l'entretien. Alors, on a dû... on a dû réinvestir
beaucoup dans le maintien, mais aussi toujours dans la bonification. Parce
qu'on a besoin, à mesure qu'on développe
notre nation, notre territoire et qu'on veut l'occuper et le vitaliser, on a
besoin de nouvelles infrastructures, que ce soit dans les routes, les
CPE, etc.
Donc,
on a aussi beaucoup investi avec des nouvelles infrastructures. Et d'ailleurs
j'ai à côté de moi, ici, mon... celui qui a pris le relais aux
Transports et qui était au PQI quand on l'a déposé à 164 milliards, qui
est bien placé pour savoir que jamais on n'a investi autant au Québec, Mme la
Présidente, en infrastructures.
C'est vrai aussi en
termes d'investissements, et j'irais sur les entreprises, parce qu'une chose
qui revient souvent et qu'il est important
de corriger, le premier ministre le fait régulièrement aussi, depuis notre
arrivée, notre action, via Investissement Québec, pour accompagner, soutenir nos entreprises, notamment
nos PME... on le disait ces derniers jours,
plus de 25 milliards d'investissements dans nos entreprises, et, sur ce
total d'investissements, près de 95 %... en fait, précisément 94 % de ces investissements dans
des PME, des entreprises, des PME, de moins de 250 employés, et,
là-dessus, 39 % dans des entreprises de 20 employés et moins.
Alors, quand on nous dit : Que faisons-nous pour nos PME et nos
entreprises dans les régions du Québec? Ces PME là, Mme la Présidente, là, qui
ont reçu 94 % des investissements qui ont
été faits en accompagnement via Investissement
Québec, donc, elles sont beaucoup
dans nos régions. Alors, ça a été une
des façons dont on a réussi à intervenir directement dans notre économie, en
soutenant nos entreprises, qui d'ailleurs a généré des investissements,
des retombées de plus de 93 milliards. Alors, en plus, c'est rentable,
mais, surtout, c'est une manière — puis, encore là, ça rejoint l'identité — d'investir
dans nos entreprises ici, au Québec.
Le portefeuille, qu'est-ce qu'on a fait depuis
2018, Mme la Présidente? Et, pour ceux qui étaient là avant 2018, quand on
était dans l'opposition, combien de fois on a parlé du portefeuille, combien de
fois? Vous-même, je pense, Mme la Présidente, êtes bien placée pour savoir à
quel point on a souvent parlé de l'importance de réduire le fardeau financier
sur nos familles au Québec. On parlait, à l'époque, de la taxe libérale, la
contribution supplémentaire pour les services de garde éducatifs à l'enfance
qui avait été instaurée par le Parti libéral — on l'a abolie — qu'on
appelait la taxe famille. On a baissé les
taxes scolaires, on a baissé les impôts, on a attribué un montant pour nos
aînés qui ont un revenu... qui ont un
revenu, des fois, qui ne leur permet pas d'affronter le coût de la vie et qui,
contrairement aux travailleurs actifs, n'ont pas des revenus qui sont
appelés à augmenter ou à être indexés au fil des années. Donc, on a donné des
montants à nos aînés. On a plafonné plusieurs tarifs, notamment les tarifs d'Hydro-Québec,
tarifs d'électricité à 3 %. Donc, on a
posé des gestes hyperconcrets qui permettent de laisser... de redonner et/ou de
laisser de l'argent net, sonnant dans les poches de nos familles
québécoises. Et on sait que, selon nos taux d'imposition, 1 $ net qu'on
laisse à une famille, c'est 1,50 $,
voire 2 $ brut qu'on laisse dans leurs poches. Alors, ça, c'est de
l'argent net, Mme la Présidente, qu'ils sont capables de réinvestir en logement, qu'ils sont capables de
réinvestir dans l'épicerie, qu'ils sont capables de réinvestir dans le
transport, dans les activités parascolaires des enfants, etc.
• (14 h 40) •
Donc, sur ce front de
l'économie et du portefeuille, on a été extrêmement actifs, et on va continuer
de l'être à travers, je l'ai dit, là, encore une fois, que ce soit le soutien
aux entreprises, que ce soit le plan, la vision économique qu'on est, là aussi,
sur le plan... sur le point de présenter avec, je dirais, les priorités
d'investissement revues à la lumière de tout
ce qui se passe dans les derniers mois, dans les dernières années, non
seulement ici, au Québec, non seulement aux États-Unis, non seulement en
Amérique du Nord, mais partout dans le monde. L'Europe revoit ses priorités
d'investissement, tout le monde revoit ses priorités d'investissement et la
manière de se gouverner dans un monde qui est en profonde transformation. Évidemment, nous, étant le voisin
nord des États-Unis, on est directement impactés dans nos entreprises,
chez nos travailleurs par les tarifs américains et par l'incertitude qui plane
sur notre économie, vu notre dépendance assez élevée au marché américain à
titre de principal partenaire commercial, mais on est en train de redéfinir les
contours de cette économie pour pouvoir
proposer aux Québécois une nouvelle vision qui va à la fois nous affranchir de
cette dépendance ou, du moins, la réduire... évidemment, on veut continuer
d'être un partenaire des Américains, c'est un
marché qui est important, puis, de toute façon, géographiquement, c'est notre
voisin, mais il faut être capable aussi de se développer des nouveaux marchés et d'avoir une nouvelle manière,
finalement, de... d'encadrer et de guider notre économie. Donc, c'est ce
qu'on va faire dans les prochains mois pour cette priorité d'économie et
portefeuille.
Sur la
sécurité, Mme la Présidente... Et on a eu une période de questions, ce matin,
où il a été question de sécurité, où
il a été question de féminicides, il a été question des femmes, de la violence
conjugale. Alors, je me permets de revenir, encore une fois, sur notre bilan
depuis sept ans en sécurité. J'ai moi-même été ministre de la Sécurité publique
pendant... pas pendant sept ans, mais bien pendant quatre ans,
évidemment, et je proviens, d'ailleurs, du milieu de la sécurité publique.
Donc, avec mon actuel collègue ministre de la Sécurité publique, qui, lui
aussi, provient du milieu de la sécurité
publique, on peut dire qu'on a posé des gestes forts et hyperconcrets en
sécurité depuis sept ans. On a investi plus de 1 milliard pour la violence qui est faite aux femmes. C'est un
dossier que j'ai porté à l'époque, quand j'étais ministre de la Sécurité
publique. On a, oui, déployé les bracelets antirapprochement avec mon collègue
de la Justice, les tribunaux spécialisés. On a réformé l'IVAC, l'aide aux victimes
d'actes criminels. On a aidé aussi les maisons d'hébergement première étape,
deuxième étape, et, pour la première fois, on a nommé l'enjeu de l'aide aux
hommes violents. Les hommes violents sont la
source du problème, aussi doivent-ils être nommés dans l'éventuelle solution à
ce problème-là. Alors, l'aide aux hommes, les organismes pour hommes,
mon collègue de Chauveau avait travaillé beaucoup avec moi là-dessus, sur... Il
avait fait un rapport sur l'aide aux hommes, qu'en est-il des organismes d'aide
aux hommes. Et ma collègue de Lotbinière-Frontenac avait travaillé avec moi sur
les maisons d'hébergement pour les femmes.
On avait créé l'escouade CENTAURE, qu'on
avait... que j'avais annoncée, pour la violence armée. On a eu encore, à Laval,
la semaine dernière, une tragédie qui est survenue, dans un Starbucks à Laval,
où il y a plein de gens ordinaires comme
vous et moi, là, Mme la Présidente, qui arrêtent s'acheter un café. Alors, la
violence armée... une escouade qui réunissait l'ensemble des corps policiers
du Québec, incluant nos corps de police autochtones. Alors, une offensive sans
précédent pour la violence armée, donc.
Alors, il y a
plusieurs gestes, déjà, qui ont été posés, et là l'actuel ministre de la
Sécurité publique, encore là, va nous arriver avec d'autres gestes pour le
crime organisé. J'avais déposé aussi un plan pour... contre... contre,
évidemment, pas pour, mais contre l'exploitation sexuelle des mineurs,
qui donnait suite à une commission spéciale sur laquelle ont siégé plusieurs collègues du Parlement. Alors, on
va continuer, Mme la Présidente, et renforcer encore plus ces gestes-là parce que, s'il y a une chose qui est fondamentale
dans la société, dans nos sociétés partout dans le monde, puis on le voit
quand on regarde ce qui se passe dans
d'autres coins de la planète, c'est bien la sécurité, la sécurité de notre
monde, des Québécois. Donc, on va continuer d'être actifs.
Je conclus,
la quatrième priorité, parce que c'est l'efficacité, et, l'efficacité, je l'ai
gardée en dernier parce que... Pour
moi, évidemment, elles sont toutes importantes, les priorités, mais celle de
l'efficacité, elle est, encore là, fondamentale pour pouvoir, d'abord,
livrer tout le reste de ce qu'on veut livrer sur les autres priorités et
surtout répondre à ce besoin des Québécois de voir qu'on est capables de se
donner les moyens de nos ambitions une fois pour toutes.
Que ce soit sur le front de la toute-puissance
syndicale... Moi, ça fait des années que je parle de la toute-puissance
syndicale. Ce n'est pas normal qu'on, comment dire... que des groupes puissent
avoir autant de pouvoir pour poser autant de gestes avec autant de conséquences
sur la société, sur nos familles, sur les Québécois au quotidien, et qu'il n'y ait pas de contrepoids à ça. Alors, je pense
que de revoir un peu la façon dont fonctionnent les syndicats, et ce
sera le mandat de notre collègue du Travail, je pense que c'est sain et je
pense que cette réalité-là est en filigrane de plusieurs enjeux qu'on a, qu'on rencontre, comme gouvernement, dans la
livraison des services publics, dans la productivité de l'État, etc.
Alors, ça, ce sera une bonne chose.
Et sinon, bien, sur l'efficacité, je parlais
tout à l'heure de nos investissements en infrastructures. Une des choses
importantes à faire en complément des investissements d'infrastructures,
c'est... Bien, on a fait les modes collaboratifs. D'ailleurs, mon collègue qui est ici, qui était aux Infrastructures, on
l'a fait ensemble. Quand j'étais aux Transports, on a réformé la manière
dont on peut faire nos projets d'infrastructure au Québec en introduisant les
modes collaboratifs, mais il faut aussi
s'affranchir, se libérer de plusieurs contraintes, de plusieurs règles que
nous-mêmes, nous-mêmes étant un «nous» général, général à travers les gouvernements
qui nous ont précédés, un ensemble de règles qui s'est accumulé et qui
fait qu'aujourd'hui on a de la misère à faire avancer nos projets.
Puis on donne souvent l'exemple du ponceau. Le
premier ministre a repris cet exemple-là du ponceau que je lui ai moi-même
donné pendant trois ans aux Transports. On a des dizaines de milliers de
ponceaux partout au Québec, et c'est
tellement compliqué de réparer, des fois, ou juste de mener à terme un chantier
d'infrastructure, que ce soit de la réparation ou de la construction,
pour une quantité de paramètres sur lesquels, des fois, on n'a pas de contrôle.
Par exemple, des fois, on attend une
autorisation du fédéral, il y a quelqu'un, un partenaire privé, qui est
concerné, mais il y a beaucoup de
règles qui sont chez nous, qui sont à l'Environnement, qui sont... Et là moi,
je suis aux Affaires municipales maintenant. Il y aura
aussi des choses qu'on pourra faire. Il y a des choses, des fois, qui relèvent
de l'agriculture, des choses qui relèvent, des fois, du patrimoine.
Alors, il faut être capable de se mettre ensemble puis de dire : Qu'est-ce
qu'on peut enlever comme règles qui font en
sorte... ou assouplir comme règles qui font en sorte que ça ne nous prendra
plus 11 ans, tasser un ponceau
de deux centimètres. Moi, je reviens toujours avec ça, et ça, c'est des faits
vécus, Mme la Présidente. J'ai des collègues ici, je vois la députée
d'Argenteuil, la députée de Roberval, certains... le député de Rouyn-Noranda, je suis certaine qu'eux pourraient me donner des exemples — le
député de Gatineau — de
routes, de ponceaux, d'autres infras
que ça ne finit plus de finir, puis il n'y a jamais moyen de réparer ça, de les
tasser, de les construire, de les rénover. On est pris avec des limitations de charge pendant des années, qui ne
finissent jamais, parce que c'est trop compliqué, parce que quelqu'un
dit : J'ai 60 000 ponceaux, j'en ai peut-être 10 000 à
réparer, puis, si ça me prend un an sur chacun, essayer de venir à bout
de ces contraintes-là, bien, à un moment donné, je n'ai juste pas le temps de
tout faire ça.
Alors, il faut enlever les règles à la source,
puis être capable de faire ce qu'on a à faire, puis que les Québécois reçoivent les services, puis que les projets
soient livrés. Bref, c'est ce que j'ai l'intention de faire à mon niveau, dans
mon mandat avec les municipalités. Je
veux être le partenaire des municipalités parce qu'elles aussi sont assoiffées
d'efficacité, je peux vous le dire. Alors, avec mes collègues...
D'ailleurs, j'ai tendu la main à tous mes collègues du gouvernement. Je leur ai d'ailleurs transmis, là, une
correspondance dernièrement en disant : J'aimerais que tous et chacun...
parce que ce n'est pas seulement les
Affaires municipales qui font affaire avec les municipalités, bien sûr, mais
j'aimerais que tous, collectivement, on regarde ce qu'on peut faire,
chacun à nos échelles, dans nos diverses responsabilités, qui a une incidence
sur les municipalités, en termes de lourdeur, de bureaucratie, de paperasse, de
délais, de coûts, et qui va nous permettre,
nous, comme gouvernement, et elles, comme municipalités... Parce qu'on
travaille pour le même citoyen contribuable,
là. Quand les municipalités nous demandent de l'argent, puis qu'on dit :
Non, c'est toi qui vas payer, c'est les mêmes poches des mêmes
contribuables qu'on vient collecter. Alors, que pouvons-nous faire pour
qu'ultimement tout aille plus vite, coûte moins cher, que les services soient
plus directs, plus accessibles, c'est là-dessus qu'on va travailler, sur le
front de l'efficacité.
Alors, je
termine là-dessus, Mme la Présidente, parce que je ne dois pas prendre trop de
temps, mais évidemment je prends une dernière minute pour parler de ma
belle circonscription de Louis-Hébert.
D'abord, pour remercier à nouveau mes
concitoyens de Louis-Hébert. Le 2 octobre dernier, ça a fait huit ans que j'étais leur députée. Vous savez, moi, j'ai
grandi dans Louis-Hébert. J'habite là depuis toujours. Alors, pour moi, c'est
toujours aussi... c'est toujours aussi, comment dire, émouvant de penser que je
suis aujourd'hui leur députée, après avoir
grandi là, être allée au parc jouer avec mes amis, mes voisins, etc., dans le
rond-point où j'habitais. Donc, de penser que je suis leur députée
aujourd'hui, c'est un privilège que je mesure chaque jour.
On a livré beaucoup de choses dans Louis-Hébert.
Et je vous en nomme quelques-unes en rafale, et là, c'est vrai que je vais
terminer là-dessus.
Le site Cartier-Roberval. Quand je suis arrivée,
en 2018, c'était en désuétude, le berceau de l'Amérique française, où est arrivé Jacques Cartier et Jean-François La Rocque de
Roberval. On parlait d'identité, tout à l'heure. Il est chez nous, dans
Louis-Hébert, ce berceau de l'Amérique française. Et c'était littéralement
laissé en ruine. Les ruines étaient laissées
en ruine, étaient laissées à l'abandon. Alors, on a... avec la Commission de la capitale nationale, on a mis des investissements importants.
Et là, maintenant, il y a... il y a un belvédère, un mirador extraordinaire.
J'invite tout le monde à venir nous visiter
à Cap-Rouge pour venir voir cet extraordinaire point de vue sur notre fleuve
Saint-Laurent et sur la Rive-Sud.
Des écoles, aussi, des écoles qui sont en
agrandissement, en construction. On a réformé... On a réaménagé, c'est-à-dire, des intersections sur la 138, chez
nous, à Saint-Augustin-de-Desmaures, parce que c'était dangereux. On a augmenté
la fluidité.
Et plus et
plus, parce que c'est là que... c'est vrai que là je dois m'arrêter. Mais je
vous invite tous à aller consulter, si
vous le souhaitez, et à commencer par vous, Mme la Présidente, mon compte
Instagram, sur lequel je fais la promotion de beaux commerces et de
beaux paysages de Louis-Hébert, parce que, cet été, j'invitais les gens à venir
nous visiter, on a beaucoup de commerces, de
restaurants, de beaux paysages. On est sur le bord de l'eau, à Cap-Rouge, au
parc nautique. Alors, je vous invite
tous, et vous, Mme la Présidente, votre famille et tous mes collègues, venez
nous voir dans Louis-Hébert. Textez-moi. Si vous le faites, ça me fera
plaisir d'aller prendre un petit verre avec vous et de vous accompagner pour
prendre une belle marche le long de notre fleuve Saint-Laurent, au parc
Jacques-Cartier.
Alors, merci à tous. Et merci à vous, Mme la
Présidente.
• (14 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de Laurier-Dorion.
La parole est à vous.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Donc, c'est à mon tour de me référer au discours inaugural du premier ministre du gouvernement du Québec. Et,
lors de celui-ci, le premier ministre a établi quelques priorités pour la dernière
année de son gouvernement. Et c'est dans une tentative désespérée de reprendre
l'initiative politique d'un gouvernement en
fin de parcours, au bout... au bout de souffle, que le gouvernement a décidé
d'effectuer un franc coup de barre vers la droite toute.
Avant de me référer vers... de me référer aux
priorités qu'il a lui-même nommées, je voudrais tout d'abord souligner quelques silences, quelques silences
révélateurs des préoccupations de ce gouvernement, de ce qu'il met de l'avant
et surtout de ce qu'il ne met pas de l'avant, là.
Et,
un silence étourdissant, une absence qui brille, pourrait-on dire, c'est la
crise du logement et son corollaire, la crise de l'itinérance. Parce que, parmi
toutes ses priorités, il a passé sous silence ce qui est perçu aujourd'hui,
Mme la Présidente, comme une grande
priorité pour une grande majorité de Québécoises et de Québécois, c'est-à-dire
la possibilité d'habiter dans un endroit qui est accessible
financièrement. Des gens, des ménages qui paient de plus en plus cher leur loyer et, par conséquent, par le fait même, ont de
plus en plus de difficulté à envisager même l'accès à la propriété, c'est ce
qu'on appelle, Mme la Présidente, l'inabordabilité de l'habitation. Cela, le
ministre n'en a pas soufflé un mot, jugeant sans doute que son
gouvernement avait déjà fait amplement concernant la crise du logement. En
fait, il l'a fait pendant seulement quelques années. On va se rappeler que,
dans son premier mandat, il a passé la majeure partie de son mandat à nier
qu'il y avait une crise du logement. À la veille des élections de 2022, il s'en
est rappelé, il a effectué quelques gestes
et il a aboli un programme très important, le programme AccèsLogis. Et
aujourd'hui, par son discours inaugural, la dernière année de son
gouvernement, il a décidé que tout était fait, il n'y avait plus rien à faire
sur la crise du logement, et on tourne la
page, on passe à autre... à autre chose. Pourtant, pourtant, la crise du
logement s'aggrave de jour en jour et elle est même accentuée par les
décisions et les politiques que le gouvernement lui-même met de l'avant.
Allons-y tout
d'abord, Mme la Présidente, avec le diagnostic mis de l'avant par le
gouvernement caquiste. Le diagnostic, vous
le savez, c'est important, parce que, sans un bon diagnostic, il est impossible
d'apporter les bonnes solutions. Ainsi, pour ce gouvernement, la crise
du logement se résume à une seule et unique explication, c'est l'augmentation
de l'immigration surtout temporaire. Si l'augmentation de l'immigration
temporaire a un rôle explicatif dans la pénurie de logements, il est loin
d'expliquer l'ensemble de la crise. Tout d'abord, la crise du logement est
antérieure à l'arrivée et à la croissance de
l'immigration temporaire. La crise du logement remonte à plusieurs décennies,
et, même si elle était moins visible, c'est parce que la population du
Québec a un taux de croissance extrêmement bas. Et la décroissance de notre population est seulement évitée, et cela,
depuis des années, grâce à l'apport de l'immigration. Dans ce contexte, évidemment,
le marché immobilier, le marché de la construction s'adapte à la demande, et
le... les constructeurs, les promoteurs produisaient, somme toute, très peu de
nouveaux logements, et les nouveaux logements construits étaient soit des condominiums ou encore, dans une moindre
mesure, pendant plusieurs années, des logements locatifs de haut de gamme
exigeant des loyers très élevés, accessibles seulement pour les hauts revenus.
Ensuite, le marché
locatif connaît depuis une vingtaine d'années un processus qu'on appelle la financiarisation,
qui a radicalement changé la nature même du... du marché immobilier locatif. Le
logement locatif est devenu, à travers ces années, une marchandise spéculative
qui exigeait d'augmenter le rendement financier du marché des logements locatifs. Et, dans la triste réalité, des
spéculateurs achètent des immeubles locatifs et, par toutes sortes de
stratagèmes légaux ou encore moins légaux, évincent des locataires qui
paient des bas loyers, font quelques rénovations cosmétiques pour les louer
ensuite à prix fort, par exemple, à des nouveaux arrivants qui ne connaissent
pas le marché locatif du Québec. On assiste
donc, à cause de la spéculation immobilière, à une explosion généralisée des
loyers. Mais, malheureusement, pour le
gouvernement de la CAQ, cette réalité n'existe pas, trop occupé à mettre la
faute sur l'immigration. Évidemment, si on diagnostique que le problème, c'est
l'immigration, ça nous fait... ça nous permet de ne pas... de faire l'économie
de chercher les vraies solutions à cette situation-là.
La situation, le
gouvernement a aggravé cette situation d'augmentation générale du prix des
loyers et du prix de l'immobilier en général
en modifiant le règlement de fixation du loyer appliqué par le Tribunal administratif du logement. Et cela
s'est fait en début de cette année. En début de 2025, le gouvernement de la
CAQ, pressé d'agir à cause du taux général
d'augmentation des loyers annoncé en janvier 2025 par le Tribunal
administratif du logement, pour mémoire c'est un... il a annoncé un taux
record d'augmentation de 5,9 % des loyers, le gouvernement a décidé de
mettre au rancart l'ancien calcul de fixation des loyers et en créer un nouveau
qui, selon tous les experts... experts consultés, va faire... va faire en sorte d'augmenter davantage les loyers. Cherchez l'explication. La
situation était qu'il fallait trouver une solution à l'augmentation faramineuse
des loyers, et le gouvernement nous arrive avec une... avec un calcul, avec une
solution qui va... qui va faire en sorte d'augmenter encore les loyers.
Et
cela ne s'arrête pas là. Grâce à un financement provenant du gouvernement
fédéral, le gouvernement de la CAQ a lancé un nouveau programme de
construction, non pas des logements, ce qu'on connaît, des logements sociaux ou
communautaires, mais des logements dits
abordables. Bien sûr, qui peut s'opposer à produire des logements abordables? Le
problème est que les logements dits abordables ne sont pas du tout abordables.
Est-ce que que, par exemple, un quatre et
demie à 1 400 $ par mois est abordable? Enfin, je ne crois pas.
Est-ce qu'un cinq et demie à 1 700 $ est abordable? Encore
moins. Et ce n'est pas du... pas du tout abordable pour les ménages qui
souffrent le plus de la crise du logement, c'est-à-dire les ménages à faibles
revenus.
Donc, on est rendus
qu'aujourd'hui l'ancienne ministre de l'Habitation a créé un nouveau programme,
un programme d'habitation abordable, le fameux PHAQ, dans lequel les logements
produits auront un loyer de 150 % du loyer médian, là. Juste pour vous
donner une idée, Mme la Présidente, l'ancien programme qui a été aboli, le programme
AccèsLogis, le... il y avait une obligation que le loyer des logements produits
ne devait pas dépasser 95 % du loyer médian. Aujourd'hui, les logements
produits par le programme PHAQ sont à 150 % du loyer médian. Donc, on
appelle ça, même, des loyers à... des loyers intermédiaires. Donc, la CAQ, avec
de l'argent public, produit des logements dits abordables, avec des loyers
extrêmement chers qui sont inaccessibles pour les gens qui ont le plus de
besoins en termes d'habitation. Oui, il y a un avantage à cette façon de faire,
c'est que, pour le même dollar investi, on va produire davantage de portes,
mais ces portes-là vont appauvrir les ménages à faibles revenus.
L'ensemble de cette
situation aboutit à un résultat logique : l'appauvrissement constant des
couches populaires et classes moyennes locataires, qui consacreront davantage
de leurs faibles... de leurs faibles revenus au paiement d'un toit. Et, de façon
générale, c'est un transfert, on assiste à un transfert des ressources
financières des gens moins riches vers des classes plus aisées. Voilà un bon
résultat des politiques publiques du gouvernement de la CAQ en matière de crise
du logement.
Or,
malheureusement, l'appauvrissement des gens passe inaperçu la plupart du temps.
Et un problème qu'on ne voit pas, il
n'existe pas. Il y avait un collègue qui me disait même, ce matin, là, un
enfant de trois ans, s'il ne voit pas le
problème, il n'existe pas, quelque chose qu'il ne voit pas, il n'existe pas.
Mais c'est... on pourrait dire que ça s'applique à l'ensemble de la
population.
• (15 heures) •
Toutefois,
il existe un domaine où cet appauvrissement devient visible et même
inconfortable pour tout le monde, c'est la crise de l'itinérance qui
explose partout au Québec et dans tous les quartiers des villes moyennes et
grandes villes. Et on le voit de différentes
façons. Et là, Mme la Présidente, ça devient carrément gênant, là, parce que,
tout près de chez nous, on commence à
côtoyer des gens qui vivent sur la rue, ou qui vivent dans une voiture, ou qui
vivent dans des régions, qui finissent par se trouver... installer une
tente au fond du bois. Et l'on voit, dans les grandes villes, l'on voit pousser
des tentes un peu partout. On le sait, aujourd'hui, une proportion très
importante de personnes qui vivent en situation d'itinérance le sont devenues à
la suite d'une éviction, d'une augmentation de loyer que les gens à plus
faibles revenus ne peuvent se payer. En fait, tout en... tout finit par avoir
une conséquence, finalement, Mme la Présidente. Même si, encore une fois, je répète, l'appauvrissement des gens... bon,
les gens font plus d'efforts pour... s'appauvrissent pour payer un loyer, mais il y a toujours, au bout
de la chaîne, il y a quelqu'un qui ne peut plus payer ce loyer-là, et il est condamné
à vivre sans un toit et devient une personne en situation d'itinérance.
Donc,
les politiques publiques, malheureusement ou heureusement, ont des conséquences
bonnes ou mauvaises, et aujourd'hui on constate les effets délétères, les effets
désastreux des mauvaises politiques publiques mises en place par la CAQ,
en particulier dans le domaine de l'habitation.
Je ne peux terminer
cette section sur l'habitation sans parler d'une autre conséquence de la bulle
spéculative, cette fois-ci sur l'ensemble du marché immobilier. La flambée des
prix dans le locatif a une incidence directe sur le prix des résidences privées. On le voit à tous les jours, il devient de
plus en plus difficile pour les jeunes ménages d'avoir accès à la
propriété parce que cela coûte trop cher, justement.
Bien sûr, certains
nous diront que cela avantage un autre secteur de la société, les détenteurs de
propriété, par exemple, qui voient avec
satisfaction comment leur patrimoine augmente... augmente sa valeur. Il y en a
même qui disent, et je l'ai entendu ici, à l'Assemblée nationale, que
cela avantage les retraités. Sans aucun doute. Or, en tant que société, l'on ne
peut construire la sécurité financière des retraités sur la base de
l'insécurité résidentielle de tous ceux et celles qui n'ont pas eu accès à la
propriété. C'est une mauvaise façon de voir les choses.
Maintenant, Mme la
Présidente, j'aimerais me référer à un autre aspect, cette fois-ci, qui a été
nommé parmi les priorités signalées par le
premier ministre du Québec, et c'est toute la thématique reliée à la sécurité
publique. Non pas que ces problèmes ne méritent pas l'attention du
gouvernement, tout au contraire, mais... et le premier ministre a bien raison de nommer quelques phénomènes qui doivent
nous préoccuper. Comme il le dit lui-même, la lutte contre le crime organisé,
les gangs de rue, la fraude aux aînés, les prédateurs sexuels figurent parmi
les priorités nommées par le premier ministre,
bien que les moyens précis ne soient pas détaillés, mais ça vaut la peine, et
il est très important de s'occuper de ces problématiques-là.
Le
premier ministre veut aussi redonner de l'ampleur à la répression et à la
sévérité en justice, on va y revenir, et il mentionne une volonté de revisiter la loi P-38, qui concerne la
révocation de la liberté pour certaines personnes souffrant de troubles
de santé mentale et présentant un risque.
Ce qui étonne
plusieurs, dont moi, c'est le statut de priorité gouvernementale donné à ces
phénomènes, alors que la société a des
problèmes bien plus urgents à traiter. Par exemple, selon l'indice de gravité
de la criminalité, celle-ci a... au
Québec, celle-ci a globalement baissé depuis 25 ans, par exemple dans le
domaine des crimes contre la propriété et le vandalisme, et cette baisse
est marquée. C'est ce que nous disent les études statistiques. Concernant les
crimes violents, il y a eu une baisse modérée et une stabilisation des crimes
violents depuis plus de 10 ans.
Bien évidemment, l'on
constate des variations régionales qui peuvent augmenter le taux de criminalité
dans certaines régions à certaines périodes, et il est normal que, dans les
grands centres comme Montréal, par exemple, où il y a une grande densité de population,
on retrouve plus de crimes violents que dans les différentes régions du Québec,
où la densité de la population est beaucoup moins importante. Cela se produit
ici et partout à travers le monde.
En fait, il est
important de différencier ce qui appartient à la criminalité réelle, celle qui
se reflète dans les statistiques, de la
criminalité... ou encore, plus précisément, le sentiment d'insécurité parmi la
population. Si vous restez dans un quartier tranquille où il ne se passe
jamais rien et, un jour, vous entendez parler ou vous assistez à un événement
violent, c'est sûr que la personne va ressentir l'insécurité, mais cela
appartient au subjectif, non pas nécessairement à une réalité tangible. Et le gouvernement doit fonder son action sur des
données objectives, non pas sur des sentiments. On doit tenir compte du sentiment d'insécurité, oui,
c'est important de tenir compte de l'insécurité de la population, mais nos
politiques doivent être adaptées à la réalité qui existe, non pas à la réalité
qui est... qui est subjective.
Le gouvernement de la
CAQ confirme ici, encore une fois, son virage vers la loi et l'ordre, très
populaire aux États-Unis, porté par le gouvernement et par les forces
républicaines, puisqu'il utilise les mêmes argumentaires que toutes les forces
politiques conservatrices à travers le monde entier. Le discours portait sur la
sécurité, vous allez le retrouver parmi tous
les partis de droite ici, en Amérique
du Nord, en Europe et partout à
travers le monde. Donc, on peut dire que, dans ce sens-là, le
gouvernement de la CAQ s'internationalise, il appartient à l'international de
la droite qui exploite l'insécurité de la population à des fins électorales. Il
s'agit, en fait, de faire croire que nous vivons dans un monde d'insécurité et dans un monde régi par les
criminels et délinquants, et qu'il faut donc augmenter, nécessairement,
la capacité répressive de l'État.
C'est
entendu, les criminels, les bandits, il faut s'en occuper, il faut les
réprimer, il faut les envoyer derrière les barreaux. Ce n'est pas ça, le
problème. Il n'y a pas de compromis à faire ici avec la délinquance ou la
criminalité. Toute la question est de savoir comment.
Par exemple, le premier
ministre du Québec, comme le premier ministre canadien conservateur avant lui, Stephen Harper, entend augmenter la sévérité des
peines. Soit. Mais est-ce que cela est une solution qui peut participer... qui
peut décourager les criminels, les bandits à commettre des crimes?
Malheureusement, non, Mme la Présidente. Et toutes les recherches le
prouvent, là, ce qui décourage le passage à l'acte d'un bandit, d'un criminel
est la certitude de se faire prendre, et non
pas l'éventuelle peine plus sévère si jamais on est pris. Si la formule
fonctionnait, si en alourdissant les
peines, si en étant plus sévères, on diminuait le taux de criminalité, ça fait
longtemps qu'il n'y aurait plus de criminalité dans nos sociétés. C'est
une formule qui ne fonctionne pas.
Mais, dans le discours du premier ministre, on
n'a pas entendu une seule fois, dans la thématique de la sécurité publique, le mot «prévention», alors que les
politiques préventives, elles, elles ont démontré leur efficacité, surtout
auprès de la jeunesse.
Concernant la répression, nous avons déjà
d'excellents corps policiers, très bien garnis en termes d'effectifs, et qui
ont développé une expertise pointue, et qui ont un haut taux de résolution des
crimes. Ce qu'il faut maintenant, Mme la Présidente, c'est des politiques en
sécurité publique qui mettent de l'avant toutes les approches de prévention de
la délinquance, surtout parmi les jeunes. C'est là qu'il faut mettre l'accent.
Bien sûr, les politiques en prévention ne font pas les manchettes. Leur
efficacité est démontrée dans le moyen ou long terme, et les bénéfices
électoraux sont rarement exploitables en période électorale. Pourtant, un
gouvernement responsable devrait miser là-dessus, sur des politiques de
prévention.
• (15 h 10) •
Dans ce sens, je crois, Mme la Présidente,
qu'une bonne politique de prévention est celle qui mise sur la consolidation de la relation de confiance entre
les corps policiers et les communautés locales. Si cette relation s'érode, cela
affectera négativement la sécurité publique, puisque le public aura tendance à
s'éloigner et faire moins confiance au travail
policier. Cela est particulièrement vrai dans la relation entre les corps
policiers et la jeunesse, celle qui est racisée, justement, là. Il a été
démontré largement, par différentes études, qu'il existe, par exemple, une
pratique de profilage racial. Malgré les efforts pour éliminer... pour éliminer
ce profilage racial qui a été déployé par certains corps de police, en
particulier par le Service de police de la ville de Montréal, le profilage
racial continue, et cela mine grandement la confiance entre les institutions
ayant le mandat d'assurer la sécurité publique et les relations entre les corps
policiers et un secteur de la société, tout particulièrement les jeunes.
D'autre part, le lien de confiance se construit
aussi sur le sentiment que la justice s'applique à tout le monde, que l'impunité devant la justice n'existe pas dans
notre société régie par la loi, et non pas par la loi du plus fort. C'est pour
ça que le Québec s'est doté, depuis quelques années, de mécanismes pour assurer
la justice, même chez ceux et celles qui ont
le mandat de faire appliquer la loi. Ces mécanismes sont principalement le Commissaire à la déontologie policière, le tribunal administratif de la
déontologie policière ainsi que le Bureau d'enquêtes indépendantes, dont le mandat
est de mener, et je cite, «une enquête dans tous les cas où, lors
d'une intervention policière ou durant sa détention par un corps de
police, une personne autre qu'un policier en service décède ou subit une
blessure grave ou une blessure causée par une arme à feu utilisée par un
policier». Le Bureau d'enquêtes indépendantes intervient alors pour faire la
lumière sur l'événement. On parle alors du déclenchement d'une enquête
indépendante.
Dans ce sens, depuis la mort tragique du jeune,
il y a quelques jours, Nooran Rezayi, plusieurs personnes m'ont interpelé sur
mes réticences envers les enquêtes menées, justement, par le Bureau des
enquêtes indépendantes, le BEI. Certains
l'ont fait avec respect, d'autres m'ont accusé d'opportunisme politique, en me
demandant même de me taire et d'attendre les conclusions du BEI.
Je tiens à prendre aujourd'hui le temps
d'expliquer les réserves, que je partage avec de nombreux organismes et
experts, à propos du Bureau d'enquêtes indépendantes. D'anciens policiers, par
exemple, sont encore enquêteurs au Bureau d'enquêtes indépendantes. Plusieurs
s'interrogent sur le fait que les policiers enquêtent sur d'autres policiers.
Des biais peuvent s'introduire dans ces enquêtes du fait que ces personnes
peuvent conserver un attachement envers leur ancienne institution. Cela peut
affecter l'objectivité des enquêtes, puisqu'au fond ils enquêtent sur un des
leurs. Cela dit, je ne remets aucunement en question l'intégrité et la bonne
foi de ces personnes.
Des tribunaux ont reproché au Bureau d'enquêtes
indépendantes d'avoir publié, par exemple, un communiqué partial dans le
dossier Koray Kevin Celik, décédé lors d'une intervention policière. Selon la Ligue
des droits et libertés, le Bureau d'enquêtes
indépendantes avait relaté uniquement la version policière et éclipsé la
version des parents, qui étaient pourtant témoins directs de
l'intervention et dont le témoignage contredisait celui des policiers.
Plus
particulièrement, et ce qui me semble très préoccupant et devrait changer, le
Bureau d'enquêtes indépendantes est
obligé de publier des rapports détaillés... ne peut, justement, ne peut publier
des rapports détaillés des enquêtes quand aucune accusation n'est
portée. La famille et surtout la population restent dans l'ignorance la plus
totale. Comment faire le deuil d'un être cher sans comprendre pleinement ce qui
s'est passé? Comment avoir confiance dans les résultats d'une enquête si toutes
les informations ne sont pas accessibles?
Depuis 2016, le Bureau d'enquêtes indépendantes
a mené 467 enquêtes. Seulement deux poursuites en ont résulté. Aucune accusation criminelle n'a été
portée contre un policier impliqué dans la mort d'un citoyen. Pour les familles
des victimes, leurs communautés respectives et même au-delà, cela
soulève nécessairement un soupçon de partialité dans ces enquêtes. Bref, si l'on se fie à ces chiffres, s'il y a des
morts lors des interventions policières, c'est toujours de la faute des victimes ou, en tout cas, en grande
partie de leur faute. Voilà pourquoi je me pose des questions sur les enquêtes
du BEI et je pense que les enquêtes devraient être beaucoup plus transparentes
et publiques.
Voilà pourquoi aussi je demande une enquête
publique du coroner pour faire la lumière sur les événements entourant la mort
du jeune Nooran Rezayi et recommander des actions afin que des événements de ce
genre ne se reproduisent plus. Pour rétablir la confiance du public, nos
institutions doivent être exemplaires et au-dessus de tout soupçon. Et cela est particulièrement vrai dans le
domaine... dans le domaine des services policiers. Ceux-ci doivent s'appuyer
impérativement sur la confiance du public. Si cette confiance s'érode, encore
une fois c'est notre tissu social qui s'effrite.
Comme député, j'ai le devoir de défendre le
droit à la vie, à la sûreté et à la liberté. J'ai le devoir de surveiller nos
institutions, dont y compris les corps de police et le Bureau d'enquêtes
indépendantes. Comme être humain, j'ai la responsabilité de m'indigner et de
dénoncer la mort injustifiée d'un de nos enfants. Je suis profondément attristé
d'assister encore et encore à des
funérailles et à des vigiles, terrifié de devoir encore croiser le désespoir
dans les yeux des familles qui ignorent si elles... si, un jour, elles
auront, un jour, les réponses nécessaires pour faire leur deuil.
En terminant, je crois que le premier ministre
du Québec n'a pas visé juste dans le choix de ses priorités pour le Québec. Je laisse mes collègues de Québec solidaire critiquer d'autres aspects du discours du premier ministre, mais,
d'ores et déjà, l'on voit qu'il y a un grand absent, et, encore une fois,
c'est celle de la crise du logement.
Ensuite, on est étonnés, toujours, d'entendre le
premier ministre désigner la sécurité publique comme une priorité parmi les priorités, envoyant ainsi le
message que nous vivons des graves problèmes d'insécurité, ce qui est loin
d'être le cas. Oui, la criminalité existe,
et l'on doit s'en occuper, mais on ne doit pas noircir inutilement le tableau
et créer une image qui ne correspond pas à la situation réelle du
Québec.
Motion formulant un grief
En terminant, Mme la Présidente, j'aimerais
déposer une motion de grief :
«Que l'Assemblée nationale blâme le gouvernement
de la CAQ pour leurs politiques qui feront augmenter les loyers, appauvrissant
ainsi l'ensemble des locataires du Québec, et pour son intention de produire
des logements dits "abordables" dont les loyers ne seront pas
accessibles aux ménages à faible revenu.»
Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Votre motion est déposée sous réserve de sa recevabilité.
Je cède maintenant la parole à M. le ministre et
fier député de Charlesbourg.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Merci, Mme la
Présidente. Effectivement, je suis assez fier d'être député de Charlesbourg,
mais aujourd'hui je vais vous parler, Mme la
Présidente, en tant que nouveau ministre des Transports et de la Mobilité
durable. Et je suis heureux, je suis heureux, aujourd'hui, de m'adresser à vous
tous pour présenter les priorités de mon ministère.
Notre mission est claire, vous la
connaissez : assurer la circulation sécuritaire efficace des personnes et
des marchandises à travers le Québec. Alors,
pour faire ça, je travaille activement avec toute l'équipe de mon ministère,
que je salue, sur divers dossiers prioritaires, dont je vais parler de
quelques-uns.
Et le premier dont je veux vous parler,
naturellement, c'est le dossier qu'on appelle «Chauffeur inc.», dossier, vous en conviendrez, Mme la Présidente, qui fait
actuellement la manchette, et à raison, car il soulève des enjeux majeurs
à la fois pour les usagers de la route, mais
pour l'ensemble des Québécois et des Québécoises. Et il est vrai également que
certains événements plus que malheureux, récents, nous rappellent l'importance
de travailler sur le dossier, ensemble, de «Chauffeur inc.».
Il faut comprendre que c'est un dossier
complexe, avec plusieurs ramifications, mais, somme toute, ce sont des
pratiques qui contournent les obligations, soit les obligations fiscales, entre
autres, et surtout qui compromettent la sécurité
routière, et qui nuisent à l'équité dans l'industrie du camionnage. Donc, c'est
une question de sécurité puis c'est une question d'économie.
• (15 h 20) •
Le phénomène «Chauffeur inc.» est complexe
également parce qu'il est transversal. Il touche à la fois la fiscalité des
entreprises et des camionneurs, il touche le droit du travail, il touche la
sécurité routière, il y a des enjeux liés à
l'immigration, à la réglementation des transports. Alors, il y a des éléments
sur lesquels on peut agir, on peut agir comme ministre des Transports et
de la Mobilité durable, et d'autres qui sont en relation avec soit d'autres collègues
et même d'autres juridictions. Alors, c'est
l'ensemble des démarches qu'on entreprend ensemble qui va nous permettre de réduire
et de, voire même, enrayer la notion de «Chauffeur inc.».
Il y a des
gestes qu'on pose, nous, qu'on pose déjà pour, justement, diminuer les enjeux
de «Chauffeur inc.». Par exemple, on a mis en place une formation obligatoire.
Dès le 15 décembre prochain, ce sera plus de 5 800 camionneurs, par
année, qui seront formés, de deux façons : 40 % d'entre eux via un
DEP, un diplôme d'études professionnelles, et 60 % vont bénéficier d'une
formation obligatoire de 125 heures, qui va être obligatoire pour obtenir
le permis de classe pour conduire des
camions. Alors, déjà, par la formation, on vient diminuer de manière importante
les enjeux de sécurité routière liés à la notion de «Chauffeur inc.».
Naturellement,
on veut mettre en place une formation, ça prend des gens pour donner cette
formation-là, et je tiens à saluer et à remercier les entreprises de
camionnage qui ont levé la main, qui ont dit : Nous sommes présents pour former ces jeunes, ces jeunes hommes, ces jeunes
femmes et toute personne voulant devenir camionneur. Alors, ils vont
nous accompagner pour être formateurs. Alors, merci de votre contribution, ça
va nous aider à réaliser cet objectif-là.
Une autre
mesure très importante, c'est celle, dans le projet de loi de mon collègue Jean Boulet... Jean Boulet... mon collègue...
Une
voix : ...
M. Julien :
...ministre du Travail, excusez-moi, qui vise à mieux définir le lien
employé-employeur. Tantôt, je mentionnais
qu'un des enjeux de «Chauffeur inc.», c'est ce lien employé-employeur qui est,
des fois, diffus ou, des fois, même contourné. Alors, le projet de loi du
ministre du Travail va nous permettre justement de régulariser cette
situation-là en termes de santé et sécurité au travail.
C'est sûr que je suis
en train, Mme la Présidente, de regarder d'autres mesures également pour faire
en sorte qu'on puisse agir. Maintenant, c'est également très clair, Mme la
Présidente, que le gouvernement fédéral et les gouvernements des autres
provinces ont également un rôle à jouer, puisque nos frontières, en termes de
camionnage, sont traversées par des gens qui ont des permis de d'autres
provinces, puis il y a une réglementation fédérale. Donc, on doit agir
ensemble, oui, sur la formation, mais s'assurer que les gens qui obtiennent les
permis l'obtiennent de la bonne façon, avec les bonnes mesures, pour que les
gens qui viennent chez nous de d'autres provinces aient la même capacité d'agir
de manière rigoureuse, quand ils conduisent un véhicule, de manière
responsable. Donc, oui, on doit travailler avec nos voisins et le fédéral sur ces
enjeux-là.
Alors, on a des
discussions, puis je pense qu'on travaille puis on avance bien ensemble, mais,
au milieu de tout ce paysage, l'élément qui est le plus frappant, c'est la
notion de contrôleur routier. Nos contrôleurs routiers ont un rôle important à jouer, Mme la Présidente, sur les
routes du Québec. Habituellement, les contrôleurs routiers font 100 000 interventions par année pour
contrôler à la fois le véhicule, ses dimensions, sa sécurité, des éléments
mécaniques, pour s'assurer que les
véhicules qui circulent sur nos routes sont conformes, également pour s'assurer
que les conducteurs de ces
véhicules-là respectent leurs heures de repos, leurs heures de conduite, aient
les bons permis, et les contrôleurs routiers, depuis, maintenant, mars 2025, suite à un jugement du tribunal
administratif, sont confinés dans des postes fixes de contrôle routier,
les balances, parce qu'ils ne sont pas adéquatement outillés, entre autres.
Mais, bref, le
tribunal a identifié 27 dérogations qu'on doit corriger pour permettre aux
contrôleurs routiers de retourner sur nos routes, et, dans ces
27 dérogations, la principale, c'est de dire : Pour qu'ils puissent
intervenir et retourner sur nos routes faire des mesures ad hoc, des
interceptions ad hoc, vous devez bien les outiller, parce qu'ils font face
souvent, et de plus en plus souvent, à des situations qui mettent en jeu leur
sécurité, sécurité physique, et, pour ce
faire, bien, on doit faire le choix de leur fournir des outils. Est-ce que
c'est le Taser? Est-ce que c'est l'arme à feu? Il n'y a pas
56 solutions. Il y a deux solutions, et on y travaille, et, moi, ma
priorité, comme ministre des Transports et de
la Mobilité durable, depuis que je suis en poste, c'est de m'assurer que les
contrôleurs routiers retournent sur les routes.
Actuellement, ils
font 30 % des interventions qu'ils doivent faire, en volume, et c'est des
interventions qui sont totalement inefficaces. À partir du moment où un
délinquant se promène sur nos routes, au Québec, et sait que les contrôles
routiers sont uniquement dans des postes fixes, bien, le délinquant contourne
le poste fixe. Alors, je dois retourner...
Comme gouvernement, on doit retourner les contrôleurs routiers sur nos routes
pour assurer la sécurité routière des citoyens et des citoyennes du
Québec, et je m'engage à le faire le plus rapidement possible, Mme la
Présidente. Il n'y a pas une journée que je ne travaille pas là-dessus.
Puis, une fois que ça
va être fait, bien, ça va prendre un certain temps à les retourner sur la route,
parce que vous comprenez qu'on leur donne un
outil, comme les deux que je vous ai mentionnés, il faut les former
adéquatement. Bien, ce que ça va nous permettre de faire rapidement,
quand on va avoir convenu ensemble de ça, c'est de faire des mesures conjointes
avec les contrôleurs routiers et avec la Sûreté du Québec, avec les contrôleurs
routiers et le SPVM, avec les contrôleurs routiers et les services de police
pour dire : Pendant la transition, la formation à ces outils, travaillons
conjointement avec les postes de... avec les différentes directions de police,
la Sûreté du Québec, pour ne nommer que celle-là, pour intervenir rapidement
sur les routes du Québec.
Donc,
oui, on va régler la situation, oui, ça va prendre de la formation, mais,
rapidement, on va pouvoir retourner les contrôleurs routiers de manière
transitoire sur les routes, alors... Et j'ai eu l'occasion de rencontrer le
président de la fraternité, hier ou avant-hier... hier, le temps passe
tellement vite, on a parlé une 1 h 30 min, lui et moi. Et c'est
clair qu'on a le même objectif. Alors, on est des gens de bonne foi. On va
faire arriver le dossier le plus rapidement possible, Mme la Présidente.
Alors, la sécurité
routière, bien, c'est une priorité, c'est une priorité de notre gouvernement.
Puis on a pris plusieurs mesures pour le faire, mais une chose est certaine,
c'est une priorité aussi, quand on parle de retour de contrôleurs routiers, qu'on a énoncée dans le discours, la loi et
l'ordre, la sécurité, bien, c'est ça, pour moi, aussi, de faire en sorte que
les contrôles routiers retournent sur nos routes pour que les citoyens et les
citoyennes du Québec se sentent justement en sécurité et bien protégés,
et alors on doit y travailler.
Mais on a fait
d'autres choses depuis les dernières années. Il ne faut pas penser qu'on n'a
pas agi déjà. Le plan d'action 2023‑2028 de ma prédécesseure, qui
introduit des mesures concrètes en réduction de vitesse dans les zones scolaires, augmentation des radars photo, création
de la table d'action concertée. On a investi 1,5... presque 1,5 milliard
de dollars pour améliorer les
infrastructures et soutenir des projets grâce au Fonds de la sécurité routière.
Donc, oui, on a déjà beaucoup agi.
Puis maintenant je
vais aller, même, sur le volet PQI, plan québécois des investissements... des
infrastructures, je connais ça un peu pour l'avoir travaillé, là, étroitement
dans mon mandat précédent, mais spécifiquement pour le transport, les sommes,
c'est des sommes records qu'on a investies. On a augmenté de près de
70 %... 79 % des sommes investies
dans le réseau routier, depuis notre arrivée, dans le PQI, sur PQI... sur
l'intervalle depuis le temps qu'on est là, donc augmentation bien
au-delà de l'inflation. L'inflation, sur cette période-là, c'est à peu près 35 %
à 40 %. On a augmenté de 79 %. Donc, on a investi beaucoup plus dans
le réseau routier que nos prédécesseurs.
Et, dans ces investissements-là, spécifiquement
pour le réseau routier, 85 % des sommes investies, c'est pour le maintien
d'actif. Ça veut dire quoi? C'est pour s'assurer que les actifs qu'on a
actuellement au Québec sont bien maintenus, bien
entretenus pour la sécurité des citoyens. Donc, des sommes records et presque
exclusivement dans le maintien des actifs. Ça, c'est ce qu'on appelle un
gouvernement responsable. C'est un gouvernement qui est arrivé en poste il y a maintenant sept ans, qui a observé
une dégradation importante des infrastructures partout au Québec. On avait
le réseau de l'éducation, enseignement
supérieur, on avait le réseau de la santé, et c'est la même chose pour le
réseau routier.
• (15 h 30) •
Et de penser qu'on
peut corriger ça, là, en claquant des doigts, bien non. Ces infrastructures-là
datent de plusieurs années, nécessitent des efforts sur base annuelle
constante. Si, pendant 15 ans, on a sous-investi en maintien d'actif, si
pendant le règne libéral, on a clairement sous-investi, bien, quand même bien
qu'on l'augmente de manière importante,
79 %, quand même bien qu'on mette tous nos oeufs dans le panier du
maintien des actifs, ça prend un certain temps pour rattraper l'incurie des investissements qui ont été laissés
pour compte par le Parti libéral. Et on continue de le faire et...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Un instant, M. le ministre. M. le leader. Quel appel
au règlement?
M. Beauchemin :
...parler autrement.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : M. le leader du gouvernement, je vous reconnais.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Mme la Présidente, ce sont les faits que le
ministre évoque. Il peut continuer sur cette ligne de pensée, vous le
savez. On peut critiquer, en cette Chambre.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Non, je... Merci. Je vous ai entendu chacun des deux
côtés. On va poursuivre dans le respect, s'il vous plaît. Faites attention, M.
le ministre, à vos propos. Je vous sais gentleman. Donc, je m'attends à ce que
vous poursuiviez avec délicatesse. Merci.
M. Julien :
Mais certainement, Mme la Présidente. Je ne voulais certainement pas brusquer
mon collègue de l'opposition. Je sais que c'est un homme qui sait compter, Mme
la Présidente, alors je suis certain qu'il arrive aux mêmes conclusions que moi, au fait que les sous-investissements
récurrents du Parti libéral, pendant 15 ans qu'il était au pouvoir,
ont mis à mal nos infrastructures publiques.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : M. le député... M. le leader, pardon.
M. Beauchemin :
...à la même conclusion, ici, là.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Non, je... Là, s'il vous plaît, je pense que la
discussion allait bien. M. le ministre a été très courtois dans ses propos.
J'accepte ses propos.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : M. le leader, non, c'est terminé. Je...
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je le sais. Et c'est pour ça que je demande au
ministre de poursuivre son allocution, s'il vous plaît.
M. Julien :
Merci, Mme la Présidente. Puis je vais... il va permettre même de réinsister.
Alors, mon collègue est un homme qui est intelligent, qui sait compter, comme
je disais, et, clairement, quand on regarde les chiffres, les investissements,
bien, il sait aussi bien que moi, puis là je vais le dire le plus poliment
possible, que le Parti libéral n'a vraiment pas fait les efforts adéquats en
sous-investissant de manière chronique dans les infrastructures. Alors, si ce n'est pas assez poli, je ne sais pas comment le
dire, mais la conclusion est la même, le fait qu'il ne l'ait pas fait, on doit en
faire beaucoup plus aujourd'hui, Mme la Présidente, et c'est ce qu'on fait,
c'est ce qu'on va continuer de faire.
Alors, c'est le rôle
du ministère des Transports, mais on ne s'arrête pas en si bon chemin, Mme la
Présidente, avec les réseaux routiers. On va
également... en transport collectif, le projet stratégique de transport
collectif, prolongement de la ligne
bleue, le Réseau express
métropolitain, TramCité à Québec, on
va de l'avant, le tramway, là, on va de l'avant, ça se fait, il chemine,
c'est une bonne idée, service rapide par bus. On a une entente également de
880 millions avec les villes qui assure
le cadre financier qui est prévisible pour les sociétés de transport. On a vu
qu'il y avait certains enjeux financiers avec les sociétés de transport. Alors,
on a mis la contribution nécessaire pour assurer justement ce financement-là,
qui est prévisible.
On a plusieurs grands
projets routiers qu'on effectue actuellement au-delà du maintien, 85 % va
en maintien d'actifs, mais on en fait
également, des projets routiers, reconstruction du pont de l'île, du pont des
Piles à Shawinigan, le pont de l'Île-aux-Tourtes, que j'ai vu
dernièrement, là, il y a quelques semaines, le pont de l'Île-d'Orléans ici, à
Québec, un projet majeur, le lien interrives Québec-Lévis, le troisième lien,
bien oui, on y travaille, bien oui, on va y donner suite puis, oui, on va aller
de l'avant. Donc, oui, on fait du maintien d'actifs, mais on fait aussi de la
bonification pour bonifier notre réseau routier, pour le développement
économique, pour le développement économique de nos régions. C'est nécessaire,
et on va le faire.
Alors, ceci étant,
Mme la Présidente, je pense que c'est un vaste terrain de jeu qui m'est offert
par le premier ministre, d'être ministre des Transports et de la Mobilité
durable. Je vois toute l'ampleur des enjeux qui est liée à cette responsabilité, puis je compte bien relever ce
défi-là, parce que je pense que c'est important, puis c'est un honneur pour
moi de le faire.
Je
terminerais, moi aussi, en parlant de la région de la Capitale-Nationale, dont j'ai été responsable plusieurs années. Je suis natif de la Capitale-Nationale puis je
viens de Québec. Ma circonscription, c'est Charlesbourg. Je tiens à remercier les
concitoyens de Québec pour la confiance qu'ils me donnent, puis je vais
continuer de faire en sorte que la Capitale-Nationale se développe bien, oui,
tant le volet transports mais sur d'autres enjeux, parce qu'il fait bon vivre
dans la Capitale-Nationale, puis c'est pour ça que je fais de la politique.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la ministre et
députée de Chaudière... non, attendez...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : ...Chutes-de-la-Chaudière, pardon. Allez-y.
Mme Martine Biron
Mme Biron :
Merci, Mme la Présidente. Alors, bonjour. C'est avec plaisir que je prends
la parole aujourd'hui à titre de ministre de l'Enseignement supérieur. Mon
mandat est à ses tout débuts. Ça fera un mois, samedi, que je suis en poste, mais, quand même, le travail est bien
engagé. J'ai déjà plusieurs rencontres de faites avec les acteurs du milieu,
parce que je crois au terrain. Alors, j'ai
pu rencontrer, notamment, les recteurs, mais aussi les proches collaborateurs
des recteurs des grandes universités
de recherche, Laval, Montréal, McGill et Sherbrooke. J'ai rencontré aussi les
dirigeants de la Fédération des cégeps, l'Association des collèges
privés du Québec, le cégep de l'Outaouais et l'Université du Québec en Outaouais, l'UQAM, la direction de l'UQ et plusieurs associations étudiantes. Je
ne fais que commencer, car d'autres rencontres sont prévues à mon
agenda.
C'est important, ces
rencontres-là. Les directions des établissements et des organisations me
parlent, bien sûr, de leur vision, de leurs défis, de leur plan pour la suite
des choses, et je reviendrai, moi aussi, sur la question des infrastructures et
du désengagement endémique, persistant et continuel des libéraux, lors de leur
période au pouvoir, sur cet enjeu concernant
l'enseignement supérieur. Tant pour le réseau collégial que pour le réseau
universitaire, les discussions sont
variées. On me parle d'enseignement, de programmes d'études, de réussite et de
persévérance, de recherche et d'innovation,
d'attraction de talent, de projets structurants et, bien sûr,
d'infrastructures. En fait, l'enseignement supérieur, c'est un secret bien gardé, mais c'est le
troisième portefeuille en importance du gouvernement après la santé et
l'éducation. Chaque fois, je remercie ces acteurs de l'enseignement
supérieur pour leur engagement. Je répète que nous sommes bien chanceux au Québec de pouvoir compter sur des
réseaux qui sont aussi performants et accessibles et aussi sur la passion
de ces gens qui dirigent ces grands établissements.
J'en apprends donc un
peu plus. C'est une période quand même agréable pour moi, c'est la période où
je connaissais un peu le milieu de l'enseignement supérieur. Mais, quand on
arrive en poste, on est comme une éponge et
on apprend toutes sortes de secrets, des rouages sur ces réseaux qui sont des
acteurs de premier plan du développement économique, social et culturel
au Québec. Je me considère donc choyée de pouvoir collaborer avec des réseaux
de l'enseignement supérieur.
L'enseignement
supérieur se trouve au coeur de nos aspirations et joue plusieurs rôles à la
fois : transfert des connaissances et du savoir-faire, c'est une bougie
d'allumage, incubateur d'idées et de progression, innovation, leadership, c'est un moteur économique. On occupe
le territoire et on veut également être accessible. J'ai pu constater à quel
point les réseaux sont portés par des acteurs compétents qui sont investis et
fiers de leur contribution. Il y a bien sûr
les étudiants. Notre richesse ici, au Québec, ce sont nos talents, et, des
talents, nous en avons beaucoup, et plusieurs sont intéressés à
l'enseignement supérieur. C'est donc de notre devoir de les encourager, de les
accompagner pour qu'ils puissent s'épanouir.
Et, quand on regarde la courbe de la clientèle dans les différentes
institutions d'enseignement supérieur, on se rend compte que le savoir
intéresse nos jeunes. Ils seront prêts, donc, le moment venu, à devenir à leur
tour les acteurs de changement et ils sauront prendre les rênes de notre
prospérité collective dans quelques années.
Au Québec, je le dis
souvent, nous sommes une petite goutte d'eau francophone entourée d'un océan
anglophone. Si on veut prospérer, si on veut préserver notre culture et notre
langue, je compte sur deux piliers, et, au Québec,
le premier ministre nous a envoyé ce signalj, il faut d'abord être plus riches,
plus forts, mais aussi plus compétents, et ça, ça passe par l'éducation,
notamment l'enseignement supérieur.
• (15 h 40) •
Je parlais un petit peu
plus tôt d'accessibilité. C'est évidemment une des grandes forces de
l'enseignement supérieur québécois, il est disponible et accessible, plus encore
accessible sur le territoire. Cette accessibilité, on la doit notamment à Guy
Rocher, qui vient de nous quitter et auquel j'ai pu assister à ses funérailles
nationales la semaine dernière. C'est un grand bâtisseur, un grand parmi les
grands, et c'est un homme qui a su, par la création des cégeps — on
l'a surnommé le père des cégeps — et
du réseau des universités du Québec... il a su démocratiser le savoir, il
a permis à plus de personnes, peu importe leur classe sociale, d'accéder aux
études supérieures. Ce legs nous a laissés... qu'il nous a laissé est d'une
valeur inestimable. C'est possible d'aller au cégep à Saguenay, c'est possible
d'aller à l'université à Saguenay, c'est
possible d'aller au cégep à Carleton-sur-Mer, c'est possible d'aller à
l'université à Rimouski, c'est
possible d'aller à l'université en Abitibi-Témiscamingue. L'université, le
savoir s'est rapproché de nos jeunes. Merci, M. Rocher.
En parlant
d'accessibilité, soutenir les étudiants demeure une priorité pour notre
gouvernement. Nous avons mis en place plusieurs initiatives en ce sens
et nous allons continuer à le faire. Nous avons annoncé des mesures de
bonification en aide financière aux études, en plus d'avoir indexé annuellement
les paramètres du programme de prêts et
bourses. Ces mesures représentent un investissement d'environ
400 millions de dollars. Juste pour l'année 2025-2026,
c'est 1,67 milliards de dollars qui seront prévus pour l'aide
financière aux études. Je le répète parce que je l'ai mal prononcé, c'est
1,67 milliard de dollars qui sont prévus pour l'aide financière aux
études.
En 2019-2020, le programme de prêts et bourses
offrait 929 $ pour les étudiants qui ne résidaient pas chez leurs parents,
mais aujourd'hui ce montant-là a grimpé à 1 348 $, c'est une
augmentation de 50 %. Même approche pour
les bourses de recherche aux cycles supérieurs, par exemple une bonification de
50 millions du Fonds de recherche du Québec ou une majoration des
bourses pour les étudiants à la maîtrise et au doctorat.
Nos établissements d'enseignement supérieur, les
collèges comme les universités, s'investissent en recherche et en innovation. Au collégial, c'est... c'est peu
connu, mais quand même c'est un bel exemple, on dispose de tout un réseau
de centres collégiaux de transfert de
technologie et de technologies qui travaillent à trouver des solutions
concrètes par le biais de recherche
appliquée, ce qui veut dire qu'on relève des défis qui se posent dans nos
entreprises, dans nos organisations et notre communauté et en
travaillant en partenariat entre les institutions collégiales et l'entreprise.
Récemment, nous avons soutenu la création de chaires de recherche et les
spécificités québécoises avec la collaboration au... du Fonds de recherche du Québec. Ces chaires de recherche
portent sur les enjeux contemporains et d'importance pour le Québec, que
ce soit la langue française, l'intelligence artificielle ou la démocratie.
Aux cerveaux, dont je viens de vous parler,
s'ajoute, comme je le précisais, l'enjeu des infrastructures. Le ministère de
l'Enseignement supérieur est fier de contribuer au financement, et à la
modernisation, et l'acquisition de l'infrastructure de recherche de pointe dans
les universités et les collèges de tous les secteurs de recherche. À titre
d'exemple, plus de 63 millions ont été investis dans le... par le
ministère dans les infrastructures de recherche des établissements d'enseignement supérieur en 2024‑2025.
Plusieurs grands projets de défis... et défis de société trouvent leur ancrage
dans une main-d'oeuvre qualifiée. Le ministère et le réseau de l'enseignement
supérieur sont des acteurs de premier plan à cet égard.
On a mis en
oeuvre des plans d'action qui favorisent l'accessibilité, la persévérance et la
réussite en enseignement supérieur.
Premièrement, je vous parle du Plan d'action sur la réussite en enseignement
supérieur 2021‑2026. On a investi
450 millions de dollars. Deuxièmement,
le Plan d'action sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur 2021‑2026,
on a investi 95 millions de dollars. Troisièmement, le plan d'action pour
prévenir et contrer les violences à caractère sexuel en enseignement
supérieur 2022‑2027, c'est 54 millions de dollars. C'est important
que les jeunes puissent être en paix, puissent travailler, avoir les meilleures
conditions pour pouvoir poursuivre et réussir leur parcours. C'est une chose d'entrer à l'université, mais c'est
important d'en sortir. C'est une chose d'entrer au collège, c'est important
d'en sortir avec des compétences et avec un diplôme. Des actions sont
aussi mises en oeuvre pour soutenir et favoriser l'accueil et l'intégration des
étudiants issus des Premières Nations et inuits ainsi que leurs milieux de vie.
On a livré des centres à Trois-Rivières et à Sept-Îles, Québec et Chibougamau sont
en cours de construction, et d'autres sont à venir.
En
contribuant au projet de reconnaissance des compétences des infirmières et des
infirmiers recrutés à l'international, porté par le ministère de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, le ministère de l'Enseignement
supérieur et le réseau des cégeps sont
mobilisés pour accueillir, former, soutenir l'intégration de personnes qui se
sont jointes ou se joindront au réseau de la santé du Québec.
Le ministère a également collaboré,
particulièrement dans la dernière année, aux travaux visant à améliorer
l'encadrement des étudiants internationaux. J'ai bien entendu... et je tiens à
insister sur ce point, j'ai bien entendu les préoccupations exprimées par les
collèges et les universités, que ce soit lors de mes rencontres de prise de
contact ou dans le cadre de consultations
sur la planification pluriannuelle de l'immigration. Le ministère continuera
d'être présent pour soutenir et accompagner ces réseaux afin de
stabiliser le nombre d'étudiants internationaux souhaitant obtenir un DEC ou un diplôme universitaire. Le Québec demeure
une destination d'études de choix, et je compte m'assurer que cela soit
entendu, ici comme ailleurs.
Je veux terminer, comme je vous l'ai dit, en
vous parlant un peu d'infrastructures. Les partis d'opposition ne se sont pas
beaucoup préoccupés de cette question pendant leurs mandats, si bien que nous
avons hérité d'un réseau passablement amoché, pour ne pas dire en décrépitude.
Plusieurs projets d'infrastructures ont récemment vu le jour. Je vous parle
d'un pavillon au cégep de Saint-Jérôme, d'un nouveau campus à l'UQAT, à
Mont-Laurier, d'un nouveau pavillon au collège de Maisonneuve, une nouvelle
aile au collège Lionel-Groulx, de nouvelles résidences au cégep de Lanaudière,
au cégep de la Gaspésie et des Îles et à l'Université Laval. Nous avons un
nouveau pavillon à l'UQAM pour les sciences de la gestion. J'ai d'ailleurs eu
l'occasion de prendre la parole lors de l'inauguration officielle. Et nous
avons d'autres projets présentement que nous annoncerons dans les prochaines
semaines, prochains mois.
Je sais que le réseau des
cégeps en particulier fait face à des défis qui sont liés à l'augmentation du
nombre d'étudiants et des classes. Pour nous
aussi, c'est un défi que nous voulons réaliser. Et je veux réaffirmer que nous
sommes engagés à travailler en collaboration avec chacun des
établissements pour trouver des solutions qui répondent à leurs besoins
respectifs.
Comme vous le savez, les défis ne manquent pas,
mais c'est toujours quand même un plaisir de travailler au service des étudiants. Et nous sommes tissés serré,
entre le ministère, mon cabinet, mais aussi les institutions universitaires
et les institutions collégiales.
Les jeunes,
comme je le disais plus tôt dans mon intervention, ce sont nos talents. Je
disais que c'est notre richesse. On a le devoir, nous, au Québec, de s'assurer
qu'ils sont bien accompagnés pour qu'ils puissent s'épanouir. L'enseignement
supérieur, c'est une clé, c'est un chemin pour notre avenir à tous au Québec.
On n'est pas là pour remplir un seau, on est là pour allumer un feu.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup,Mme la ministre.Je suis prête,
maintenant, à entendre un autre intervenant. Mme la députée de Robert-Baldwin,
la parole est à vous.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon
tour de faire ma réplique à la suite du discours inaugural du premier
ministre, un discours très attendu, considérant la prorogation de la session
parlementaire et le remaniement
ministériel.
• (15 h 50) •
Et, encore
une fois, Mme la Présidente, quelle déception, tout comme la série de fiascos
qui découlent des mauvaises décisions de ce gouvernement caquiste depuis le
début de leur mandat et qui démontre un degré accru d'irresponsabilité
et un manque d'imputabilité ministérielle. Les Québécoises et les Québécois
méritent beaucoup mieux que des promesses recyclées et réchauffées qui ne
répondent pas du tout aux besoins criants de notre société.
Il n'y a rien dans ce discours pour redonner un
brin d'espoir à ceux et celles qui maintiennent, à bout de bras, les services publics essentiels, tels que dans les
domaines de l'éducation, l'accès aux soins de santé et aux services sociaux et les services de garde. Rien pour contrer la
pénurie de logements, qui est une crise persistante particulièrement marquée par
le manque de logements abordables et sociaux. Aucune mesure concrète annoncée
pour aider la population québécoise à faire face à l'augmentation du coût de la
vie. Avec la CAQ, la situation s'est détériorée à un point tel, Mme la Présidente, que c'est honteux, et la
confiance des Québécoises et des Québécois envers ce mauvais gouvernement s'est
effritée.
Ce qui
est le plus inquiétant est la déconnexion de ce gouvernement caquiste des vrais
enjeux des gens, des familles, ceux et
celles qui, malgré deux emplois... et on le voit à tous les jours dans nos
circonscriptions, il y a... ces familles n'arrivent pas à joindre les
deux bouts. Des familles qui doivent décider entre payer le loyer ou la
nourriture pour leurs enfants. Des enfants qui vont à l'école le ventre vide,
on en parle depuis des mois, et là, aujourd'hui même, la cheffe du deuxième
groupe d'opposition mentionnait : un enfant sur deux, dans les cégeps et
les universités, va à l'école le ventre
vide. Moi-même, Mme la Présidente, dans ma circonscription, c'est un enjeu
important. J'ai rencontré des directeurs, des directrices des écoles, et
qui sont confrontés, à tous les jours, avec ce dilemme que les enfants arrivent
à l'école le ventre vide au primaire. C'est
incompréhensible. Et le nombre de demandes d'aide alimentaire n'a fait
qu'augmenter de façon significative dans les dernières années. En 2023,
les banques alimentaires du Québec ont aidé 872 000 personnes par mois, et, en 2024, ce nombre a grimpé à 2,9 millions.
Le visage de l'insécurité alimentaire, Mme la Présidente, a changé
drastiquement depuis que ce gouvernement est au pouvoir et qui gaspille
l'argent des contribuables comme si c'était de l'argent de Monopoly.
J'ai trois banques alimentaires, Mme la
Présidente, dans ma circonscription, qui desservent la grande région de l'ouest de Montréal, On Rock, le Fonds d'aide
et la Mission de l'Ouest de l'Île. Ces organismes communautaires, qui viennent en aide à des milliers de familles à tous
les mois, rencontrent des grands défis financiers, considérant l'augmentation
significative des demandes. De plus, ces
organismes communautaires font face de plus en plus à des personnes atteintes
de problèmes de santé mentale, mais les ressources d'aide publique ne
sont pas au rendez-vous. L'organisme Perspective communautaire en santé
mentale, situé dans ma circonscription, a une liste d'attente qui ne fait
qu'augmenter compte tenu des demandes d'aide des différents organismes
communautaires, mais également du CLSC, qui est débordé.
J'ai aussi, Mme la Présidente, dans ma
circonscription, le deuxième plus gros refuge d'aide aux personnes en situation
d'itinérance sur l'île de Montréal, qui s'appelle Ricochet. Et la situation
actuelle de Ricochet, qui a vu une augmentation
fulgurante de demandes d'hébergement, incluant un nombre important de femmes,
reflète malheureusement la situation de l'itinérance partout au Québec.
La directrice générale, Tania Charron, de Ricochet n'est pas la seule à
qualifier la situation de l'itinérance au Québec ayant atteint le niveau d'une
crise humanitaire. Ricochet refuse en moyenne,
et ça, c'est un refuge au Québec, en moyenne 20 personnes par jour,
puisqu'ils ont atteint leur capacité, et les campements d'itinérants
sont de plus en plus nombreux. C'est incompréhensible, Mme la Présidente, qu'en
2025 on est rendus au stade où nous ne pouvons pas héberger les plus
vulnérables dans notre société ici, au Québec. C'est une question de droits humains, c'est une question de
droit fondamental et de dignité. Et je salue par ailleurs l'initiative de ma
collègue la députée de D'Arcy-McGee, aujourd'hui, qui a déposé un projet de loi visant l'instauration de la
Journée nationale de sensibilisation à l'itinérance.
Cette crise
est alimentée par la pauvreté, le manque de logements abordables, le manque de
refuges pour femmes victimes de violence et les problèmes de santé
mentale. Il n'y a eu aucune mesure concrète qui a été annoncée dans ce discours pour atténuer la gravité de tous ces enjeux. Mais
qu'est-ce qui est le plus choquant, Mme la Présidente, est le fait qu'après sept ans au pouvoir et le gaspillage
monumental de fonds publics à la hauteur de plusieurs millions de dollars,
la CAQ a tenu son congrès national il y a à
peine deux semaines sous le thème Protéger notre monde. Et, lors du
discours inaugural du premier ministre dans cette Chambre, il nomme la
sécurité publique comme étant l'une de ces quatre priorités dans la prochaine année et promet de faire régner la loi et
l'ordre au Québec. Il veut s'attaquer au crime organisé, aux gangs de
rue, aux fraudeurs et aux prédateurs sexuels qui s'en prennent aux femmes et
aux enfants et déposera des mesures de lutte contre la criminalité en espérant
que la justice soit sévère et que la répression soit au rendez-vous. Et c'est vrai, Mme la Présidente, que nous devons
lutter contre la criminalité puisqu'il y a eu, dans les dernières années, une
montée importante au Québec.
Récemment,
j'ai été particulièrement concernée d'apprendre qu'il y a une montée alarmante
d'exploitation sexuelle, exploitation
sexuelle de mineurs, particulièrement de jeunes filles, et ce, même au primaire, Mme la
Présidente. J'ai eu une discussion sur cet enjeu et d'autres enjeux liés aux
victimes de la violence sexuelle avec le CALACS, La Passerrelle de
Drummondville, le mois dernier.
Aussi inquiétante est l'infiltration des gangs
de rue dans nos écoles et même dans nos centres jeunesse. Mais, afin de lutter contre la criminalité, il faut
s'assurer que nos instances de droit, notre système judiciaire et tous les
acteurs autour de ce... au sein de ce système aient les moyens
nécessaires pour le faire. Mais malheureusement, Mme la Présidente, ce n'est pas le cas. Nous avons un système judiciaire qui
est à bout de souffle. Et à ce sujet je partage entièrement la réaction de mon collègue le député de l'Acadie,
qui est également notre porte-parole en matière de justice, qui a dénoncé
haut et fort que cette promesse du gouvernement caquiste était de la frime et
du n'importe quoi.
Mon collègue cite la sortie publique de
l'Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales qui a
démontré... qui a dénoncé, je m'excuse, dans La Presse, des conséquences
dramatiques des compressions dans notre système
de justice. Le président de l'APPCP, Guillaume Michaud, a dénoncé l'état
pitoyable dans lequel ce gouvernement a mis le système de justice en le
sous-finançant. Et je le cite : «La CAQ ose intituler son congrès national
Protéger notre monde, mais, sans les moyens, ce ne sont que des mots
creux qui masquent une réalité alarmante. Le citron n'a pas été pressé,
il a été broyé.» M. Michaud poursuit, et je le cite : «Alors, M. le
premier ministre, à qui profite réellement une couronne affaiblie?»
Il y a eu une baisse importante de procureurs,
et ces procureurs ont une charge de dossiers, Mme la Présidente, hallucinante.
Pensez-y, chaque procureur gère entre 300 et 500 dossiers. Ce n'est pas la
première fois que l'APPCP sonne l'alarme au
ministre de la Justice, mais on continue de balayer les critiques des
procureurs, affirmant que le DPCP a les ressources nécessaires pour réaliser sa
mission et on se vante des augmentations budgétaires depuis 2018. Et, malgré
le fiasco SAAQclic et les témoignages des
ministres devant la commission Gallant, il appert que le manque de discernement
persiste, et ce, au détriment des intérêts et des droits des Québécoises et des
Québécois.
• (16 heures) •
Et, Mme la
Présidente, qui va subir les conséquences de ce mauvais gouvernement et de la
gestion irresponsable de fonds publics? Ce sont les femmes et les filles, nos
enfants, qui sont victimes de violence dans toutes ses formes. Pour certaines, les conséquences seront néfastes,
sérieuses et irréparables. Pour certaines, Mme la Présidente, ce sera la perte
de leur vie. Des agresseurs vont être
libérés, des dossiers seront abandonnés ou tout simplement pas autorisés, des
peines qui seront significativement réduites et des victimes qui vont
attendre des mois et des mois avant d'être rencontrées. Des victimes vont être revictimisées, et ça, on l'a entendu à plusieurs
reprises de tous les regroupements qui représentent des femmes qui sont
victimes de violence, revictimisées par le système et à risque de subir
d'autres incidents de violence parce qu'on
va continuer à les encourager à leur détriment, à ces femmes, d'accepter un 810
au lieu d'aller en procès. Et les féminicides, Mme la Présidente, comme
celui de Gabie Renaud, et ça, c'est très récent, malheureusement, ils vont continuer. Et pourquoi? Parce que notre
système de justice et les organismes qui soutiennent les femmes victimes
de violence conjugale et de violence
sexuelle sont sous-financés et ne peuvent plus rencontrer l'augmentation des
demandes.
Et je vous cite, Mme la Présidente, la juge à la
retraite Nicole Gibeault, qui a dit récemment à La Presse qu'elle était découragée des coupures et le fait que les
procureurs sont débordés. Selon elle, les poursuites non autorisées peuvent
mener à des drames humains, les non-respects
des conditions, les bris de conditions, plusieurs s'en foutent, et ça, c'est
les mots d'une juge à la retraite, Mme la Présidente. Donc, on ne demande pas
de détention, puis il y a de la violence conjugale, et ultimement il y a
un féminicide, une personne est assassinée.
Le 2 octobre, le bâtonnier du Barreau du
Québec, Me Marcel-Olivier Nadeau, a dénoncé publiquement les compressions
dans le secteur du système de la justice, le bâtonnier du Barreau, et il
confirme, et je le cite : «C'est la victime
et le public qu'on met en danger en coupant davantage en justice. Si on met
plus de ressources en sécurité publique, ça veut dire plus
d'accusations, plus de procès. C'est bien beau, arrêter des criminels, il faut
les traduire en justice. Et on a un sous-ministre de la Justice qui dit que le
système de justice est au bout du rouleau.» Me Nadeau faisait référence à l'ancien sous-ministre de la Justice,
M. Paquette, qui, au mois de mars dernier, avait mis en garde le
gouvernement des impacts désastreux de compressions dans le secteur de
la justice. Il avait écrit que ces coupures risquaient de provoquer des
libérations par erreur, le sous-ministre de la Justice, Mme la Présidente, et
des crimes impunis.
Et malheureusement il y en a d'autres, Gabie
Renaud, et j'en ai rencontré, des femmes victimes de violence conjugale qui ont
eu le courage de porter plainte et de dénoncer la violence dont elles subissent
depuis longtemps. Cependant, leurs
agresseurs demeurent en liberté malgré des dizaines de bris de conditions. Ces
femmes sont prises dans une situation complètement insupportable, et ce n'est
pas un registre de multirécidivistes qui va protéger les femmes des
conséquences d'un écosystème judiciaire sous-financé. Combien de fois est-ce
qu'on doit le dire, combien de fois, Mme la
Présidente? Oui, il faut tout faire pour renforcer, tout faire pour renforcer
le filet de sécurité des victimes, mais il faut arrêter de banaliser la
violence et de continuer à se vanter des investissements qui ont été faits dans
le passé, parce que la
violence a augmenté, les demandes ont augmenté, et donc le financement doit
être à la hauteur des besoins de nos victimes, de nos femmes et de nos enfants.
La violence conjugale et les cas de contrôle coercitif ont augmenté dans
notre société ainsi que le nombre de féminicides, et nous avons un devoir, nous
avons une responsabilité, Mme la Présidente, de nous assurer que notre système
judiciaire et tous les organismes, tous les organismes qui viennent en aide aux
victimes et leurs enfants soient financés adéquatement et à la hauteur de leurs
besoins.
Vendredi
dernier, j'ai assisté au colloque sur la violence conjugale face à la justice
pénale organisé par la Fédération des
maisons d'hébergement pour femmes. Il y avait, Mme la Présidente, plusieurs
avocats, experts, organismes communautaires et victimes qui étaient
présents et ils ont tous échangé sur différents enjeux importants qui affectent
les victimes de violence conjugale. Le
constat est clair et sans équivoque : le manque de formation en violence
conjugale et en contrôle coercitif pour ceux et celles qui ont un
pouvoir décisionnel au sein de notre système de justice et le manque de ressources au soutien des victimes, incluant la
représentation juridique des victimes, nuisent aux victimes. On a coupé
le programme de Rebâtir en ce qui a trait à la représentation des victimes, on
a coupé le financement de Juripop, qui représentait les victimes de violence
conjugale. C'est incompréhensible, Mme la Présidente, compte tenu du nombre de féminicides et de l'augmentation de la
violence. Et, malgré les cris de coeur, particulièrement depuis les dernières
années, des regroupements de femmes,
de victimes de violence conjugale qui représentent au-delà de 100 maisons
d'hébergement et qui dénoncent haut et fort le manque de ressources pour
soutenir les femmes et leurs enfants, il n'y a eu aucune augmentation du PSOC
depuis les trois dernières années, depuis 2023, et le déficit est estimé à
57 millions pour ces maisons d'hébergement.
Une femme sur deux se voit refuser une demande
d'hébergement. Selon SOS Violence conjugale, on parle d'environ, Mme la Présidente, 10 000 femmes, l'année dernière.
La majorité des maisons sont pleines, à capacité, pleines, et certaines ont des listes d'attente pour les
services externes. Ça, c'est des femmes qui veulent quitter un environnement, qui
veulent quitter leur agresseur. Il y a des listes d'attente de quatre mois.
Quand la maison, Mme la Présidente, est en feu, et une femme a le courage de
faire appel pour de l'aide, il faut répondre présent, il faut l'aider immédiatement
à éteindre ce feu. Aujourd'hui, on lui
répond : Appelez-nous demain ou dans quatre mois si vous voulez une
consultation. C'est tout à fait aberrant. Et le pire, c'est que ce
gouvernement n'a aucun plan national, rien pour rencontrer ces enjeux des plus importants, incluant la construction
d'unités d'hébergement. Le gouvernement a une responsabilité et le devoir de
protéger les victimes de violence et leurs enfants. Quand est-ce qu'ils vont
protéger notre monde?
Motion formulant un grief
Et donc je vais déposer, Mme la Présidente,
immédiatement ma motion de grief, qui se lit ainsi :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour son manque
de soutien aux services d'accompagnement des femmes victimes de violence
conjugale.»
En tant que porte-parole pour l'opposition
officielle en matière de protection de la jeunesse... et que dire de notre système de protection de la jeunesse. Je
suis estomaquée par l'ampleur des scandales récents qui ont des conséquences
néfastes et dévastatrices sur la sécurité physique et psychologique de nos
enfants et de nos jeunes. Et, malgré les nombreuses recommandations qui
découlent du rapport de la commission Laurent en 2021 ayant l'objectif
d'améliorer le système, les conditions de vie des enfants et des jeunes, et
surtout le respect de leur droit à la sécurité de la personne, à la dignité,
bien, Mme la Présidente, les deux derniers rapports de la CDPDJ, déposés juste
dans les six derniers mois, sont des plus accablants, et les décisions des
tribunaux de cette année confirment que la culture d'autoprotection de la DPJ
demeure bien ancrée et résiste au changement, le tout au détriment des droits
des enfants et des parents. Et les toiles d'araignée, telles que mentionnées
par la directrice de la protection de la jeunesse, la directrice nationale,
Mme Leslie Hill, suite à sa nomination, demeurent omniprésentes, et le
travail pour changer la vapeur demeure ardu. L'augmentation des lésions de
droit des enfants commises par la DPJ sont hautement préoccupantes,
particulièrement lorsque le ministre des Services sociaux et le ministère de la
Santé et des Services sociaux sont visés par les conclusions de la CDPDJ.
• (16 h 10) •
Dans le cas spécifique de l'enquête systémique
menée par la CDPDJ sur les conditions de vie des jeunes hébergés au CRDJA de
Laval et dans son rapport déposé juste la semaine dernière, la CDPDJ a déploré
l'absence de suivi donné aux demandes de
financement additionnel faites par le CISSS dès novembre 2021, l'état de
vétusté des salles d'isolement, qui représentaient un aspect carcéral — en
2025, elles existent, c'est complètement incompatible avec les besoins des jeunes en réadaptation — et
qui compromettent également leur dignité, leur sécurité et leur développement. Et
tout ça était connu du ministre. Qu'a-t-il fait pour corriger la situation? La
réponse de la CDPDJ : rien de conséquent.
Rappelez-vous du bilan du ministère de la Santé
et des Services sociaux, en mars 2024, qui confirmait que plus de 1/5 des
installations hébergeant des enfants sur la protection de la jeunesse étaient
dans un état de vétusté important. L'état
pitoyable des bâtiments et le débordement des usagers dans ces établissements
briment les droits des enfants de vivre dans un environnement de vie
sécuritaire et convenable à leurs besoins.
Le gaspillage monumental de fonds publics de ce
mauvais gouvernement met en péril la sécurité des victimes de violence, de nos enfants et de leur bien-être,
c'est une honte monumentale, et en 2026 ce sera à nous de livrer un choc...
un traitement-choc à la CAQ. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Et je vous
informe que votre motion est déposée sous réserve de sa recevabilité.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Bellechasse.
Mme Stéphanie Lachance
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. C'est toujours un moment particulier, de prendre la parole en cette Chambre, et je suis heureuse de le faire
avec vous aujourd'hui, en ce jeudi après-midi, 16 heures. Ce moment, c'est
toujours un moment... Réagir sur le discours
du premier ministre, pour moi, c'est un moment qui est porteur d'espoir. Ça
nous invite à réfléchir sur la vision que
nous portons pour le Québec, à présenter, évidemment, les priorités du
gouvernement et à faire entendre la voix de nos concitoyens.
Je tiens à
saluer, Mme la Présidente, le discours du premier ministre... que le premier
ministre a prononcé devant cette Chambre. Dans son allocution, il a mis
de l'avant les piliers essentiels du Québec d'aujourd'hui : le
renforcement de notre identité nationale, la
sécurité, la vitalité économique, incluant le portefeuille des contribuables et
l'efficacité de l'État. Évidemment, les autres pans de l'État conservent toute
leur importance, de la même manière, notre engagement à soutenir la
prospérité de notre société, qui dépend aussi de l'audace de nos entrepreneurs
et de la volonté d'innover, de la capacité
de se rassembler autour d'objectifs communs. Il a souligné le rôle central des
régions dans le développement du
Québec et la nécessité de soutenir les contribuables et de valoriser nos
institutions pour répondre aux défis d'aujourd'hui dans un Québec
changeant.
Le premier ministre a insisté sur l'importance
de l'efficacité de l'État afin que chaque citoyen puisse bénéficier pleinement
des services publics et que chaque geste posé par le gouvernement soit guidé
par le souci du bien commun et de la qualité du service offert.
J'ai entendu dans ce discours une volonté de
bâtir un Québec plus fort et plus prospère, l'ambition de résultats concrets, de services accessibles, de projets qui
se réalisent. Il faut livrer, et c'est dans cet esprit que je souhaite,
aujourd'hui, intervenir pour saluer
ces orientations du gouvernement, mais aussi, dans un deuxième temps, pour
rappeler les priorités de Bellechasse et les engagements plus
importants.
Dans cette législature, Mme la Présidente, j'ai
l'honneur d'agir à titre d'adjointe parlementaire à la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et
de l'Efficacité de l'État, présidente du Conseil du trésor. Ce mandat,
je l'ai accepté avec détermination et sérieux, car il touche directement les
citoyens, qui attendent de nous un gouvernement
qui fonctionne, qui livre et qui respecte leur temps et leur argent.
Concrètement, mon rôle consiste à appuyer la ministre dans la mise en
oeuvre de notre plan de modernisation de l'État. Ce que ça signifie, ça
signifie identifier les irritants administratifs qui nuisent à l'efficacité et
à la facilité d'accès aux services publics, proposer des solutions concrètes
pour simplifier les démarches, réduire les délais, améliorer l'expérience
citoyenne, collaborer avec les ministères et
les organismes pour accélérer la transformation et renforcer la culture de
performance. Il faut s'attaquer à la paperasse et, évidemment, diminuer
la bureaucratie, recentrer l'État sur ses missions essentielles.
L'efficacité de l'État, bien qu'on puisse
utiliser un grand vocabulaire pour la définir, ce n'est pas une affaire de
jargon technocratique, en fait, c'est une affaire de gros bon sens, de respect
et de résultats. C'est permettre à une mère
monoparentale d'obtenir rapidement le financement dont elle a besoin, l'aide
financière qu'elle attend. C'est offrir à un entrepreneur la clarté et
la rapidité dans ses démarches. C'est garantir à un aîné les soins dont il a
besoin dans un délai acceptable, sans devoir répéter son histoire à chaque
intervenant. Je suis fière de contribuer à ce chantier stratégique pour notre gouvernement et je le ferai avec rigueur, avec
proximité et avec la volonté de bâtir un État québécois moderne, agile
et centré sur les besoins des gens dans le respect de leur portefeuille.
Maintenant, Mme la Présidente, je vais vous
parler brièvement des priorités pour Bellechasse. Évidemment, notre région,
c'est une région extrêmement dynamique, fière, enracinée dans ses traditions et
tournée vers l'avenir, mais elle fait face à
des défis qui sont bien concrets et bien précis, à commencer par la mobilité.
Le troisième lien, c'est une nécessité. Il ne s'agit pas d'un caprice,
d'un luxe, comme certains veulent le croire, mais d'un besoin vital pour
désenclaver réellement notre territoire, faciliter les déplacements, soutenir
notre économie, améliorer la qualité de vie de nos concitoyens. Ce projet doit
être livré avec rigueur, dans une perspective de développement, en tenant
compte des réalités régionales et des aspirations locales. Dans le fond, les
citoyens de Bellechasse veulent pouvoir se rendre au travail, à l'école, à leurs rendez-vous médicaux sans devoir
planifier leurs déplacements comme des expéditions. Ils veulent pouvoir
circuler librement, efficacement en toute sécurité, et le troisième lien peut
devenir ce levier de développement économique. C'est un outil de cohérence pour
notre territoire. Je continuerai donc à porter ce dossier avec détermination, en collaboration avec mes
collègues de Chaudière-Appalaches, qui sont pleinement impliqués aussi dans
ce dossier-là. Je demanderai, évidemment, que les étapes à venir soient
transparentes et que les conclusions soient ouvertes pour que les décisions
soient prises dans l'intérêt de nos concitoyens.
Un autre enjeu fondamental pour Bellechasse,
c'est l'accès aux soins de santé de proximité. Nos citoyens ont droit de recevoir
des soins de santé de qualité près de chez eux, sans devoir parcourir des
dizaines de kilomètres ou attendre des heures. Le système de santé, ce n'est
pas un privilège réservé aux milieux urbains, la ruralité doit aussi pouvoir bénéficier de ces services-là. On doit
renforcer les services dans nos milieux, je pense entre autres, peut-être, aux
CLSC. Il faut aussi valoriser la profession pour les médecins qui
choisissent de s'établir en région et leur offrir des conditions attractives et reconnaître leur rôle essentiel dans le tissu
social. Je m'engage donc à défendre aussi ces services de proximité.
• (16 h 20) •
Dans Bellechasse, on est à la fin du
développement des places en CPE qu'on a reçues en 2021. Donc, je vais
travailler très fort pour assurer que ces projets-là finissent de voir le jour.
On arrive à la toute fin du processus, et c'est des places qui sont très, très
attendues. On devra peut-être poursuivre les investissements dans ces
infrastructures-là, mais, pour le moment, on
doit s'attaquer à s'assurer que la livraison de ces places-là se fasse
rondement, et actuellement, bien, ça va très bien.
Bellechasse, c'est aussi
une terre de beauté, de nature et de culture. Le plein air et le tourisme sont
des vecteurs de développement économique, de rayonnement et de fierté
régionale. Nos sentiers, nos parcs, nos festivals, nos pistes cyclables, nos
attraits patrimoniaux sont autant de richesses à valoriser, à protéger et à
faire découvrir. Nous devons poursuivre le
travail et les investissements dans nos infrastructures, soutenir les
initiatives locales, encourager l'innovation en tourisme. Il faut créer des expériences uniques et mettre simplement
un environnement propice pour que nos entrepreneurs puissent développer leurs projets. Donc, je
poursuivrai mon travail avec les acteurs du milieu pour renforcer cette offre,
diversifier leur expérience et valoriser l'identité régionale.
Enfin, je tiens à souligner le rôle fondamental
de nos entrepreneurs. Ce sont le coeur battant de notre économie. Il est
essentiel de les accompagner dans leurs défis : paperasse, main-d'oeuvre,
transition numérique, exportation, innovation.
Il faut les soutenir et leur offrir des outils, des ressources, des conditions
favorables à leur croissance. Évidemment, je m'engage à rester près
d'eux, à promouvoir l'entrepreneuriat, à défendre les intérêts. Je veux que
Bellechasse soit reconnue comme une terre
d'innovation, de création et de réussite, puis je veux aussi que nos jeunes
voient l'entrepreneuriat comme une voie d'avenir, une source de fierté
et de liberté.
M. le
Président... Mme la Présidente, le discours de notre premier ministre est un
appel à l'action, un appel à faire en sorte que chaque région, chaque citoyen,
chaque famille puisse se reconnaître dans les réalisations du gouvernement.
Mon engagement se mesure à l'aune des résultats concrets que nous obtiendrons
ensemble. Je m'engage à demeurer à l'écoute, à dialoguer avec les citoyens, les
élus municipaux, les entrepreneurs, les familles, les organismes de la région
et à travailler, évidemment, sans relâche pour Bellechasse et pour qu'ils
soient au coeur de nos priorités. C'est avec une
détermination, humilité, fierté que j'entreprends ce mandat, et je suis
vraiment en appui à notre premier ministre dans cette démarche-là.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée.Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Fabre.
Mme Alice Abou-Khalil
Mme Abou-Khalil : Bonjour, Mme
la députée, chers collègues. Le débat qui nous rassemble aujourd'hui est fondamental. Nous parlons de notre avenir
collectif dans un monde où l'information circule plus vite que jamais, où la
donnée est devenue l'or du XXIe siècle.
Pour le Québec, le numérique n'est plus une option, c'est une condition de
notre prospérité, de notre autonomie et de notre sécurité.
J'aimerais m'attarder plus particulièrement à un
domaine qui me tient à coeur, Mme la Présidente, à la fois en raison de mon
parcours et de mes convictions personnelles, qui est la surveillance, la
cybersécurité et le numérique. Avant d'être élue à l'Assemblée nationale, j'ai
eu l'honneur d'évoluer dans ce domaine, j'étais entrepreneure, j'y ai consacré
plus de 30 ans et réalisé des quarantaines de projets de grande envergure
dans des compagnies de renom. J'ai travaillé dans le secteur privé comme dans
le secteur public et j'ai mené plusieurs projets à terme, comme des audits
internes de surveillance TI, automatisation et obtenu plusieurs certifications
qui m'ont permis de rester à l'avant-garde d'un
domaine en constante évolution. Ce parcours, je le rappelle non par vanité,
mais pour témoigner ici avec conviction et expertise de l'importance du
chantier numérique devant nous.
Soyons clairs, Mme la Présidente, notre
démocratie, notre économie et notre souveraineté numérique se jouent maintenant, et, je le dis sans détour, le Québec
doit investir davantage dans ses propres talents. Trop souvent, des contrats
stratégiques en cybersécurité ou en information... transformation numérique
sont confiés à l'extérieur. Pourtant, nos PME, nos grandes entreprises
possèdent déjà le savoir-faire, l'innovation et la résilience nécessaires pour
relever ces défis. Miser sur nos experts
québécois, c'est protéger nos données avec des gens enracinés ici qui
connaissent nos réalités et qui
comprennent nos besoins, car une question... car c'est une question d'autonomie,
comme j'ai dit tantôt, et c'est une question de sécurité. Je le redis
clairement, il faut que davantage de contrats en cybersécurité et en numérique
soient accordés à des entreprises de chez nous.
Mme la Présidente, je vais me pencher maintenant
sur un autre sujet important, un Québec où chaque citoyen aurait accès à une
identité numérique nationale, un outil simple, un outil sécuritaire et un outil
fiable, une identité numérique qui
facilitera la vie quotidienne, qui renforcera la confiance de l'État et
permettra à chacun, jeunes, travailleurs, familles, aînés, de naviguer dans
l'univers numérique avec sérénité. Mais cette avancée n'a de sens que si la
cybersécurité devient la pierre angulaire de notre action. Vous savez,
Mme la présidence... Mme la Présidente, pardon, ma dernière formation MIT sur l'intelligence artificielle m'a
démontré l'importance et, encore plus, l'urgence de protéger tout ce que nous
possédons comme données de nos citoyennes et citoyens, mais aucune avancée
numérique ne peut être envisagée sans une priorité claire : renforcer la
sécurité de l'information de nos services publics.
Il y a un enjeu majeur que nous ne pouvons pas
ignorer, c'est le passage à l'ère quantique. Les avancées en information... en
informatique quantique transforment profondément nos méthodes de chiffrement,
de protection et de transformation... et de transmission de données. Les
algorithmes cryptographiques qui assurent aujourd'hui la sécurité de nos systèmes, comme le RSA ou le PCC,
pourraient, sous la puissance du calcul quantique, devenir obsolètes en
quelques années à peine. Voilà pourquoi nous devons agir maintenant pour
rendre nos environnements «quantum safe», et cela signifie investir dans des
technologies de chiffrement résistantes au quantique, adapter des
infrastructures critiques aux nouvelles menaces émergentes et développer ici
même, chez nous, au Québec, l'expertise locale nécessaire pour soutenir cette
transition.
Avancer dans le quantique, oui, bien sûr, mais,
en parallèle, assurer la sécurité et la pérennité de nos systèmes
d'information, car, si le quantique présente une promesse d'innovation
extraordinaire, il présente aussi un défi colossal pour la cybersécurité mondiale, car préparer le
Québec à cette réalité, c'est protéger nos institutions, nos entreprises et nos
citoyens, c'est garantir que la confiance numérique demeure solide même face
aux révolutions technologiques à venir.
Mme la Présidente, c'est en anticipant ces
mutations que nous assurerons un Québec fort, une souveraineté numérique durable et une position de leader dans
l'économie du futur, ce qui m'amène au sujet du jour, la cybersécurité.
Je sais qu'il me reste une minute. Je vais commencer, mais on continuera la
semaine prochaine.
Alors, trop souvent, ici et à travers le monde,
des administrations sont la cible de cyberattaques, de vols d'identité, des actes de malveillance numérique et
aussi des attaques étatiques, qu'on en parle souvent, et le Québec ne peut pas
se permettre d'être vulnérable. Nous devons protéger nos données de nos
citoyens, de nos entreprises et de notre administration publique avec le
plus haut degré de...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je comprends que vous allez reprendre, après, votre
discours, c'est-à-dire au prochain... aux prochaines affaires du jour.
Permettez-moi
de remercier l'équipe des pages, l'administration qui s'occupe des pages, à nos
professionnels de la table durant la semaine. C'est avec vous que l'on
travaille le mieux. Donc, merci infiniment.
Ajournement
Et, sur ce, les travaux sont ajournés au mardi
21 octobre 2025, à 10 heures. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 30)