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Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du mercredi 1er mai 1974
(Dix heures quarante-cinq minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'agriculture):
A l'ordre, messieurs !
Je remarque que le député de Beauce-Sud n'est pas
présent. Alors, s'il a des commentaires à faire parce qu'on a
commencé trop tôt, vous reconnaîtrez que l'on commence avec
le quorum.
Nous avons les mêmes membres qu'hier, à l'exception de M.
Boutin (Johnson) qui remplace M. Massicotte (Lotbinière). Alors, les
membres sont MM. Morin (Sauvé), Carpentier (Laviolette), Denis
(Bethier), Dionne (Mégantic-Compton), Faucher (Nicolet-Yamaska), Fraser
(Huntingdon), Giasson (Montmagny-L'Islet), Lessard (Saguenay), Boutin
(Johnson), Ostiguy (Verchères), Roy (Beauce-Sud), Toupin (Champlain),
Tremblay (Iberville).
Est-ce que M. Dionne doit venir?
M. OSTIGUY: Oui, il va être ici dans quelques minutes. l
Le PRESIDENT (M. Séguin): Alors, M. Dionne sera encore le
rapporteur.
Recherche et enseignement agricoles
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous étions au programme 1,
élément 1, et nous discutions du problème de la recherche
agricole et, en particulier, de Manseau. A l'ajournement de la séance,
hier, le chef de l'Opposition avait la parole.
M. MORIN: Merci, M. le Président. Ce projet de culture en serre,
dont Manseau n'est qu'un exemple, intéresse particulièrement
l'Opposition et, peut-être, devrais-je dire au ministre de l'Agriculture
pourquoi nous nous attardons sur cette question.
Tout d'abord, le projet de Manseau et, de façon plus large,
l'ensemble des recherches sur la culture abritée et chauffée,
nous paraît répondre à deux caractéristiques
particulières. D'abord, cela témoigne d'un esprit d'initiative;
je pense que le ministre conviendra, que l'esprit d'initiative, c'est les trois
quarts du succès d'une entreprise dans le domaine agricole.
Deuxièmement, il nous paraît que ces projets de culture en serre
sont particulièrement axés sur des problèmes modernes, des
problèmes futurs même du Québec, du fait que le climat ne
soit pas particulièrement propice à l'agriculture; on a
peut-être là une technique qui peut permettre de faire de la
culture à l'année, au moins pour certaines choses, par exemple
les primeurs.
Alors, compte tenu de ces deux caractéristiques des projets de
culture en serre et aussi compte tenu du fait que le Québec ne couvre
ses besoins sur le plan des primeurs que pendant deux mois, deux mois et demi
par année, les projets de culture nous paraissent constituer une
priorité. Je demanderais au ministre s'il a l'impression que son
ministère a vraiment pris ces projets suffisamment au sérieux,
s'ils constituent pour son ministère une priorité.
M. TOUPIN: La production de tomates en serre ou toute autre production
dont la recherche peut nous amener à prendre des initiatives
là-dedans ne constitue pas en soi une priorité de base. Ce sont
des programmes qu'on introduit à l'intérieur des programmes
généraux du ministère. On a plutôt, au cours des
années passées, fait porter nos priorités sur la
production bovine, la production laitière, certaines productions
céréa-lières et certaines productions horticoles, mais pas
exclusivement et pas nécessairement sur la culture des tomates en
serre.
M. MORIN: Ou des primeurs en serre. M. TOUPIN: Ou des primeurs en
serre.
M. MORIN: Je ne pense pas seulement aux tomates, je pense à
l'ensemble des primeurs.
M. TOUPIN: Oui, mais...
M. MORIN: On peut aussi cultiver des endives, des radis, des salades, un
tas de choses en serre.
M. TOUPIN: Oui, mais dans certaines productions, il n'y a pas de
problème. Les radis, les salades, les carottes les endives, non
et un certain nombre d'autres productions dont les noms
m'échappent sont déjà produites au Québec en
quantité assez considérable. Mais dans la tomate, sous serre ou
non, primeur ou non, la production québécoise n'est pas tellement
développée.
M. MORIN: Non.
M. TOUPIN: Ce n'est pas parce que le marché n'existe pas, ce
n'est pas parce que des besoins n'existent pas, c'est que nous n'avions pas
dans ce secteur l'infrastructure technique, l'infrastructure économique
qu'on pouvait retrouver dans les autres productions où il devenait plus
facile de développer plus rapidement ces autres productions. Le cas de
Manseau est un cas typique et je continue à soutenir, quant à moi
c'est possible que je fasse totalement erreur, c'est possible que
des types de projets comme ceux-là sont des projets spéciaux,
essentiellement spéciaux.
Ce sont des projets, d'abord, qui ont pour
fonction d'intégrer jusqu'à un certain point dans le
marché du travail via une formule collective, une formule
coopérative des marginaux en agriculture ou des gens qui étaient
auparavant en agriculture et qui sont devenus des assistés sociaux parce
qu'on a vendu le cheptel, on a vendu l'équipement de ferme, on a
gardé la ferme de base et la maison. Les règlements du
ministère des Affaires sociales reconnaissaient ces biens comme
étant des biens que l'on pouvait garder et avoir accès quand
même aux prestations d'assistance sociale.
Donc, on est parti, tout compte fait, avec un équipement comme
celui-là et cela constitue, en soi, des problèmes spéciaux
et des problèmes particuliers. Par conséquent, cela doit prendre
des programmes particuliers pour développer des productions comme
celles-là sous serre. Des expériences ont été
faites au Québec, outre celle de Manseau; dans le domaine des fleurs,
par exemple, il y a plusieurs producteurs de fleurs, plusieurs floriculteurs au
Québec qui réussissent très bien. Dans le domaine des
tomates, il y a plusieurs serres de tomates au Québec, où, dans
certains cas, il y a des succès, où, dans certains autres cas,
les succès sont moins éclatants, attribuables à un tas
d'éléments sur lesquels on n'a pas toujours, quant à nous,
les contrôles. Mais dans le cas de Manseau, de façon
particulière, je continue à croire qu'il s'agit là de
programmes spéciaux. Le gouvernement cherche, actuellement, des moyens
pour aider ces groupes de producteurs qui décident de prendre une telle
initiative.
Je reviens aussi, lorsque l'on parle d'un problème comme
celui-là, à l'agriculture des années trente ou des
années vingt où on a donné une poussée très
grande au secteur agricole en vue de régler les problèmes sociaux
du temps. On a vidé la ville de Montréal jusqu'à un
certain point, tout au moins on en a pris plusieurs, sans la vider, et dans les
régions environnantes pour développer l'Abitibi,
développer le Bas-Saint-Laurent et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Vingt ans
après, on est obligé de reprendre ces problèmes sous
d'autres formes, c'est-à-dire de reprendre ces problèmes et de
trouver des solutions qui s'appliquent sous d'autres formes et dans d'autres
perspectives.
Je n'ai pas l'intention, au ministère, de revenir à ces
types de politiques de retour à l'agriculture ou de retour au milieu
rural pour régler les problèmes sociaux au Québec. Je dis
que c'est un élément entre autres; les plus valables pourront
réussir et les moins valables de ces initiatives pourront
s'avérer, de temps à autre, des fiascos ou des échecs
totaux.
Est-ce que le ministère de l'Agriculture a mis dans cette affaire
tout ce qu'il devrait mettre? Je suis conscient et je dis non. On n'a pas mis
tout ce que l'on aurait dû mettre. Pour deux raisons: la première
est qu'on n'avait pas de programme particulier pour un cas comme
celui-là, et la seconde, c'est qu'on n'était pas convaincu qu'une
telle initiative pouvait encou- rager au point où on devait y investir
plusieurs dizaines de milliers de dollars.
On a travaillé avec l'équipement qu'on avait, comme je
vous le disais hier, et on s'est dit: Laissons passer une année et
voyons après ce que cela pourra donner.
Je peux aussi apporter un autre argument à l'appui de ma
thèse. Evidemment, c'est bien sûr qu'on peut avoir une autre
opinion sur cette question. Au fond, il s'agit d'un certain nombre de
bonshommes qui étaient, auparavant, dans l'agriculture et qui ne sont
pas parvenus, avec le temps, à épouser les techniques modernes de
production agricole, à consolider leur ferme et à devenir des
agriculteurs prospères comme, parmi eux, dans la même paroisse,
des voisins, des deuxième ou troisième voisins ont réussi
à le faire.
Donc, il y a là, je ne sais pas, non pas une faiblesse
véritable mais tout au moins une faiblesse apparente. Est-ce que ces
gens avaient une mission essentiellement collective dans ce domaine? C'est
possible que ce soient des gens qui, collectivement, puissent réussir et
qu'individuellement, ils ne le puissent pas.
M. MORIN: Cela se voit, ce genre de choses.
M. TOUPIN: C'est possible que ces choses puissent se produire, mais on a
quand même là un argument qui dénotait très
clairement qu'on ne pouvait pas compter, au départ, sur de
véritables spécialistes agricoles, sur de véritables
personnes convaincues de la nécessité d'une agriculture, tout au
moins comme moyen de gagner sa vie.
Quand je les ai rencontrés, j'ai demandé au
secrétaire, premier responsable de l'équipe, s'il connaissait un
peu ce que c'était que de produire des tomates. Il m'a dit: Ecoutez,
j'ai tenté l'expérience l'an dernier. J'en ai fait quatre ou cinq
plants dans mon jardin. Ils n'ont même pas atteint le stade de la
fleur.
M. LESSARD: Oui, mais ce n'était pas sous serre.
M. TOUPIN: Non, ce n'était pas sous serre. Ecoutez, cette
région-là est reconnue pour sa production de tomates. Comment
appelle-t-on l'autre paroisse? Les Becquets?
M. BOUTIN (Johnson): Les Becquets.
M. TOUPIN: Les Becquets. Manseau, c'est un secteur où on
produisait de la tomate. On aurait pu trouver là, au moins, des gars qui
savent produire une tomate sur le plan bien élémentaire, bien
primaire.
Mais comment voulez-vous, moi, que je puisse faire confiance
ouvertement, comme ça, sans que j'aie un minimum d'expérience
à ma disposition, pour mettre dans une telle initiative, je ne sais pas,
$25,000, $30,000, $40,000 ou $50,000?
Alors, c'est cet ensemble de conditions qui ont fait que j'ai
été hésitant. J'étais d'accord sur le principe mais
j'étais hésitant pour aller plus loin. On est ouvert, au
ministère, à des initiatives comme celles-là, mais il
faudrait y aller dans le cadre de programmes spéciaux particuliers
adoptés à ces besoins.
M. MORIN: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, par exemple, quelle
est la proportion des besoins québécois qui sont satisfaits,
à l'heure actuelle, dans le domaine des primeurs ou, pour être
plus spécifique, dans le domaine de la tomate, de la salade, du
concombre?
M. TOUPIN: II faudrait prendre les produits les uns après les
autres, mais dans les produits maraîchers en général, on
satisfait à peu près 40 p.c. à 45 p.c. des besoins du
marché québécois.
M. LESSARD: Concentrés dans la région de
Montréal.
M. TOUPIN: Là, je dis en général. Je prends les
produits, dits de primeur, qui sont vendus à l'état frais et je
prends aussi les produits qui sont transformés, c'est-à-dire
vendus à des entreprises pour fins de transformation.
M. MORIN: Oui. De 40 p.c. à 45 p.c.
M. TOUPIN: Oui, ce sont les chiffres récents que nous avons.
M. MORIN: Mais, dans cette perspective, ces projets pourraient avoir
beaucoup d'avenir au Québec. Je pense que c'est un domaine où,
sans de trop gros investissements, sans un effort désordonné du
ministère, on pourrait arriver à des résultats
intéressants.
M. TOUPIN: Oui. Ce n'est pas le marché qui manque, je pense, et
la technique non plus parce qu'on a fait de la recherche.
M. MORIN: Le ministre disait, à propos de Manseau, qu'il s'agit
d'intégrer des marginaux. Mais s'agit-il seulement d'intégrer des
marginaux? Moi, dans la mesure où ces gens font preuve d'initiative
je ne parle pas seulement des gens de Manseau; il y en a ailleurs
à travers le Québec je trouve que c'est digne d'attention.
Ce n'est pas seulement récupérer des marginaux; c'est vraiment
tenter de répondre à des besoins.
M. TOUPIN: En plus. Evidemment, l'objectif poursuivi dans une initiative
comme celle de Manseau n'était pas nécessairement, de la part de
ceux qui ont pris cette initiative, de régler un problème social
ou semi-social; c'était aussi, en même temps, de répondre
à un besoin du marché.
M.MORIN: C'est cela.
M. TOUPIN: Ils ont choisi effectivement une production qui pouvait
s'intégrer facilement dans un marché disponible.
M. LESSARD: Est-ce que le ministère, quand même, a des
projets pilotes dans certains secteurs? Vous me dites qu'il y a une production
de tomates au Québec qui se fait actuellement. Mais est-ce que le
ministère a développé des projets spéciaux comme
ça pour voir si véritablement la culture en serre peut être
profitable, efficace au Québec, comme on le fait en Ontario, d'ailleurs,
où l'infrastructure est assez développée? Justement,
à cause des difficultés climatiques que nous avons au
Québec, il me semble que ce sont là des projets qui peuvent avoir
énormément d'avenir et qui peuvent nous permettre de nous suffire
à nous-mêmes, en tout cas en partie. Est-ce que vous avez des
projets pilotes dans ce sens-là?
M. TOUPIN: Oui, le sous-ministre l'a dit hier, la recherche qui se fait
à l'université Laval...
M. LESSARD: Oui, vous avez l'université.
M. TOUPIN: ...notamment à la faculté d'agriculture et de
l'alimentation. Ce projet se fait à compter de serres qu'on bâtit,
nous, à l'intérieur desquelles on fait des expériences. Il
y a différents types de serres, cela peut être des serres faites
avec du verre, d'autres avec du plastique, d'autres avec du
polyéthilène, etc; il y a tous les types. Les expériences
sont concluantes, il n'y a pas de doute possible, au chapitre de la
recherche.
M. LESSARD: Mais suite à ces...
M. TOUPIN : II s'agit de trouver maintenant ceux qui sont capables de
les concrétiser.
M. MORIN: II y a combien d'acres en culture? Il y a combien d'acres,
à l'heure actuelle, qui sont cultivées avec ces techniques au
Québec?
M. TOUPIN: Oh! c'est très peu. En termes de serre, on ne calcule
pas ça en acres, on calcule ça en pieds. Là je ne sais pas
exactement...
M. MORIN: J'ai cru voir le chiffre de 20 acres pour le
Québec.
M. TOUPIN: Bon, 20 acres, ça fait quoi en pieds? Ce n'est pas
impossible.
M. MORIN: Oui, mais...
M. TOUPIN: Ce n'est pas impossible.
M. MORIN: ... est-ce que le ministre sait, par exemple, combien il y a
d'acres de culture en Ontario...
M. TOUPIN: Oh! oui...
M. MORIN: ... avec les mêmes techniques?
M. TOUPIN: ... l'Ontario fait à peu près dix fois ce qu'on
fait.
M. MORIN: Oui, c'est 250. M. TOUPIN: C'est ça.
M. MORIN: C'est plus que ça, c'est quinze fois.
M. TOUPIN: C'est quinze fois, c'est près de dix fois.
M. MORIN: C'est quinze fois.
M. GIASSON: M. le Président, est-ce que vous me reconnaissez?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, très bien.
M. GIASSON: Puisque nous sommes dans le domaine de la production en
serre, j'aimerais savoir du ministre si, récemment, il a fait des
analyses assez poussées pour déceler si le ministère de
l'Agriculture doit trouver une forme d'aide, de subvention ou d'encouragement
pour les producteurs qui font de la production en serre au Québec? Le
ministre n'est pas sans savoir que le coût de la production en serre pour
les mois d'hiver est énorme et l'hiver 1974, au Québec, a
apporté des problèmes très aigus à tous ces
producteurs.
M. TOUPIN: Non, on n'a pas...
M. GIASSON: Personnellement, je connais deux cas de gens qui font de la
production en serre, de la production de fleurs, et s'ils n'ont pas d'aide,
s'il n'y a pas de changement dans le coût du pétrole, ils n'ont
plus le choix, ils vont arrêter toute production en serre au cours de
l'hiver. Quand on parle de production de primeurs en serre, le grand handicap
je pense que le chef de l'Opposition l'a très bien saisi
ce sont les conditions de climat que nous avons au Québec qui coupent la
rentabilité possible. Il faudrait absolument pour des producteurs qui
font de la production en serre, que les coûts de production du
côté du chauffage soient diminués, autrement il n'y a pas
de possibilité de faire face à la compétition.
Du côté de la production des fleurs en serre, le
problème est qu'il vient beaucoup de fleurs de l'Ontario, de Californie
et même de Hollande, et comme on n'est pas en mesure au Québec de
louer sur les taxes d'accise ou la douane, il est bien difficile pour nos
producteurs de fleurs en serre présentement de concurrencer ces fleurs
qui viennent non seulement de l'Ontario mais des Etats-Unis. Je pense que
quelques producteurs n'auront pas le choix tout à l'heu- re; ils vont
être obligés de cesser leurs opérations de production
d'hiver, pour le moins, parce qu'ils ne sont plus capables de faire face
à la concurrence.
M. TOUPIN: Je pense que vous soulevez un problème
extrêmement important. Quand vous envisagez l'agriculture au
Québec, vous devez l'envisager dans un contexte national et dans un
contexte international. Donc, si vous l'envisagez dans cette perspective, vous
devez faire des choix qui tiennent compte de trois critères
fondamentaux. Le premier critère dont on tient compte en agriculture,
c'est le climat. Le second critère dont on tient compte, c'est le sol
disponible et le troisième critère dont on tient compte, ce sont
les marchés.
On réussit bien dans la production laitière, on
réussit passablement bien dans la production bovine, dans la production
porcine, dans la production du poulet, dans la production de plusieurs
productions maraîchères, dans la production des pommes, etc. Il y
a une quarantaine de produits où des expériences ont
été faites, non seulement en laboratoire puis dans les serres
dirigées par des techniciens spécialisés en recherche,
mais aussi dans le champ, par des agriculteurs.
Et ça nous a donné l'exemple concret, pratique, sur les
trois plans, qu'il était possible de produire. Par ailleurs, un certain
nombre d'autres productions ont été tentées, soit au
chapitre de la recherche, soit au chapitre de la réalisation
concrète dans le champ, puis on a fait face précisément
aux problèmes dont vous parlez. On a eu des problèmes de climat.
On a eu des problèmes de coût de production attri-buable au
climat, d'une part, et attribuable très souvent à la distance qui
sépare le marché du producteur, etc., parce que le Québec
c'est très grand, évidemment.
Si vous produisez des tomates en serre, par exemple, je ne sais pas moi,
dans le Saguenay-Lac Saint-Jean, vous pouvez satisfaire une partie du
marché, mais aussitôt que vous débordez du marché il
faut les amener sur le marché de Québec, il faut les amener sur
le marché de Montréal, regarder ce que ça coûte
comme transport. C'est évident que c'est onéreux. Si vous avez
des centaines et des centaines et des centaines de livres, des milliers de
livres, ça va vous coûter moins cher pour les transporter.
M. LESSARD: Si ça vient des Etats-Unis, ou si ça vient de
l'Ontario c'est la même chose, le transport.
M. TOUPIN: Oui c'est vrai mais le consommateur, lui, il a des choix
aussi à faire. Il faut être réaliste là-dedans,
c'est le consommateur qui achète le produit agricole, ça
répond à la question que posait le député de
Montmagny-L'Islet tantôt. C'est précisément les coûts
que ça peut apporter aux producteurs. C'est l'Etat
maintenant qui doit intervenir. Jusqu'où l'Etat doit-il
intervenir? C'est là où l'Etat est amené à faire
des choix. C'est là où le gouvernement du Québec est
amené à faire des choix. Est-ce qu'on doit mener de front 10, 20,
30, 40 productions dont 25 ou 30 ont été suffisamment
éprouvées, au terme des expériences menées, pour
être capable de les maintenir, en mettant dedans à peu près
la même chose que mettent les autres pays puis les autres provinces.
Quant aux autres...
M. LESSARD: Ce n'est pas ce qu'on fait actuellement; en particulier dans
ce secteur, je pense que le Québec a très peu fait. Le
Québec n'a pas de programme justement puis c'est la question que le
député de Montmagny pose. Je pense bien que c'est un secteur
où il peut y avoir de l'avenir étant donné nos conditions
climatiques. Or, je pense justement que le ministère de l'Agriculture,
à mon sens, d'après ce que vous nous dites, a très peu
fait pour développer ce secteur-là, d'autant plus, justement, que
nous avons l'énergie. En Ontario, je pense que c'est le gaz naturel,
donc les coûts sont assez stables, tandis que chez nous c'est le
pétrole.
Mais le problème c'est qu'on se demande si le ministère de
l'Agriculture véritablement a des...
M. TOUPIN: Regardez où l'Ontario produit ses tomates en serre.
Où les produit-elle? Le savez-vous?
M. LESSARD: Dans le sud.
M. TOUPIN: C'est dans la partie sud, oui, d'accord; on ne chauffe pas
durant quatre mois, mais durant deux mois. Bon, le voilà le truc.
M. MORIN : Ils sont sous ce qu'on appelle la "snow belt", c'est un
avantage que ces gens ont. Seulement, pour revenir à la question
soulevée par le député de Montmagny-L'Islet, je me demande
dans quelle mesure on ne pourrait pas faire des expériences. Est-ce que
les gens du projet à Laval ont fait des expériences sur cet
aspect des coûts, soit sur le chauffage?
M. TOUPIN: Oui, les coûts...
M. MORIN: Ces expériences ont été faites?
M. TOUPIN: Bien, moins, parce que l'université Laval actuellement
cherche plutôt à trouver la variété, à
trouver l'atmosphère qui va permettre, à l'intérieur d'une
serre, à une telle variété de se développer
à un rythme comparable à n'importe quelle autre dans des
conditions similaires.
M. MORIN: Oui, c'est l'aspect biologique de la chose.
M. TOUPIN: L'aspect biologique, en fait, c'est tout l'aspect
production.
M. MORIN: Botanique presque, oui. Mais, moi, je suis d'accord parce
qu'à Manseau, justement, il y a eu des problèmes de chauffage, si
vous vous en souvenez bien, c'est un des éléments capitaux de ce
type de culture. Il semble qu'il faut mettre le paquet là-dessus, il
faut mettre au moins un effort, peut-être pas tout le ministère,
mais j'ai l'impression, à moins que vous ne me détrompiez parce
que évidemment, comme je ne suis pas un agriculteur, moi, j'ai
touché ces problèmes de loin, mais assez pour qu'ils
m'intéressent profondément . Je n'ai pas l'impression que
le ministère a pris ces problèmes suffisamment au sérieux.
Il y a de l'avenir là-dedans.
M. TOUPIN: Je suis d'accord avec vous. Je vous ai dit tantôt que
le ministère s'était posé des questions; je vous l'ai dit
tantôt et je le répète encore, actuellement, on se pose
aussi des questions, on a des choix à faire au ministère et on se
demande: Où doit-on faire porter nos efforts? Doit-on continuer à
développer l'industrie laitière? Doit-on continuer à
développer... si on vend, par exemple, pour $40 millions ou $50 millions
de produits laitiers à l'extérieur et qu'on rachète pour
$20 millions ou $22 millions d'autres produits, et si, au bout du compte, on
fait de l'argent avec nos productions agricoles à cause des choix qu'on
a faits, c'est important aussi de l'envisager dans cette perspective.
M. MORIN: D'accord.
M. TOUPIN : C'est très important sur le plan des productions
agricoles.
M. MORIN: Oui, je n'en disconviens pas. Mais est-ce que le ministre
n'est pas d'accord qu'il y a d'autres aspects à considérer aussi
là-dedans comme il en a parlé hier un certain
degré d'autosuffisance dans le domaine agricole et, en particulier, dans
le domaine des produits maraîchers? Parce que si nous sommes trop
à la merci d'importations, à un moment donné, pour une
raison ou pour une autre, ces importations peuvent très bien être
compromises. Le ministre sait que lorsqu'on dépend de la Californie pour
tel ou tel type d'alimentation, il peut arriver quelque chose en Californie, il
peut y avoir des grèves, il y en a eu, il peut arriver trente-six choses
qui font que les Californiens ont besoin de leur production et qu'ils n'en
exportent plus. Les Québécois sont devant quoi alors? Autrement
dit, il n'y a pas qu'une rentabilité strictement en termes de dollars,
il y a une rentabilité en termes de possibilités, de
sécurité d'alimentation pour les Québécois. Le
ministre, j'imagine, s'est penché sur cet aspect de la question.
M. TOUPIN: Absolument, et ce sont là nos préoccupations
fondamentales. C'est ce qui m'amenait tantôt à vous dire qu'on
doit faire des choix. Je peux apporter d'autres exemples. Je pense que le
député de Montmagny-L'Islet va être d'accord avec moi
là-dessus, c'est très simple, il y a dix ans, avoir parlé
de récolter du mais-grain au Québec, cela aurait
été de rêver en couleur. Aujourd'hui, après dix ans
d'expérimentation, on a trouvé la variété qui
pouvait se produire sous le climat québécois, on le fait
maintenant.
Le soya c'est exactement la même chose, ça fait à
peine cinq ou six ans que le soya est introduit au Québec. On a
trouvé de la variété meilleure; depuis deux ans,
notamment, on a trouvé la féverole aussi au Québec. On
peut produire la féverole dans presque toutes les régions du
Québec. On fait des expériences dans le Bas Saint-Laurent, dans
l'Abitibi, dans la Beauce, partout, et la culture de la féverole
s'avère bonne sur le plan de la production au Québec. C'est une
production qui contient autant de protéines que peut en contenir, par
exemple, le soya, un peu plus que le colza, mais à peu près
l'équivalent du soya, mais c'est moins varié en termes
d'utilisation.
M. MORIN: Oui.
M. TOUPIN: Là, on se dit maintenant: On peut regarder comment
produire la féverole puis le soya au Québec. Mais on est
conscient qu'avec 10 millions d'acres de terre... Si, dans la région de
Montréal, moi je dis à mes gars: Vous allez arrêter de
faire de la production laitière, vous allez vous orienter vers la
production industrielle, le soya, la féverole et le colza je peux
faire la même chose dans d'autres régions vous allez par
conséquent agir directement sur votre production laitière. En
même temps on doit faire des recherches pour intensifier la production
laitière, c'est-à-dire faire plus de production laitière
sur moins d'acres de terre. On peut le faire de bien des façons: en
améliorant le sol, en le fertilisant, puis on peut le faire aussi en
améliorant la productivité par unité de production, de
8,000 on le porte à 10,000 et on peut, avec moins d'unités de
production, faire la même production laitière et ne pas
déséquilibrer toute l'infrastructure économique qui existe
dans la production laitière. Mais cela se fait d'année en
année.
Il y a d'autres productions, par ailleurs, qui prennent moins de sol,
les productions sous serre prennent moins de sol. Je suis un peu d'accord avec
le député, tantôt, qui disait: II faudrait peut-être
subventionner davantage. Moi, je pense que c'est vrai. Si on décide d'y
aller dans la production sous serre, notamment des tomates et des fleurs, il va
falloir y aller avec des subventions, avec le soutien des prix de temps en
temps, avec des organisations de mise en marché, etc., etc.
M. MORIN: C'est ça que j'essaie de suggérer au ministre
depuis le début.
M. TOUPIN: ... ça peut vouloir dire plusieurs millions de
dollars, mais on n'a pas fait ce choix.
M. MORIN: C'est ça, mais je pense que le moment est venu.
M. GIASSON: Je pense qu'il n'est pas question de millions de dollars.
Cela ne prend pas des masses monétaires aussi fortes que ça pour
aider ces gens qui sont dans la production en serre, pour leur permettre de
rester dans cette production. Il semble qu'au Québec, au cours du
dernier hiver, que le type d'entreprise qui a été le moins
frappé par la question de l'énergie, ce sont les entreprises dont
le système de chauffage était à l'huile lourde. Il s'agit
d'une installation dont le coût est très onéreux, beaucoup
plus onéreux que lorsque vous utilisez des systèmes à
l'huile ordinaire ou encore l'électricité ou le gaz propane. Ces
gens payaient, l'an dernier, $0.08 le gallon, cette année le prix a
doublé. Par contre, celui qui utilisait l'huile régulière
payait $0.159 j'ai vu des factures, les chiffres et cette
année le fournisseur lui demande $0.329. Lui est plus durement
touché. Du côté de l'électricité, au
Québec, la production en serre par un chauffage électrique,
à toutes fins utiles, ce n'est pas possible, aux tarifs qu'on paie.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. GIASSON: II semble que ce soit du côté de l'huile ou
encore du gaz propane qu'on puisse faire de la production en serre. Moi, je dis
que, au Québec, si on prenait le temps au moins d'examiner ce que
ça coûte, faire de la production en serre, surtout du
côté du chauffage à cause du climat. Qu'est-ce que cela a
coûté de plus cet hiver à ces producteurs? Ils demandent
peu de choses, au fond, ils demandent une petite subvention. Cela pourrait
être de l'ordre de quelques milliers de dollars par équipement de
production et ces gens vont rester en affaires. C'est bien beau de dire que le
producteur en serre, surtout de fleurs, va cesser de produire durant les mois
d'hiver; s'il le fait, il perd à peu près tout son marché
chez les fournisseurs qu'il alimente. Il vend ces fleurs, il a des clients
réguliers...
M. MORIN: C'est douze mois par année.
M. GIASSON: S'il arrête de les alimenter pendant trois ou quatre
mois, à toutes fins utiles, il a perdu ses clients.
M.TOUPIN: Mais là, vous amenez un autre problème, vous
amenez le problème des fleurs. Le problème des fleurs, on peut le
regarder dans
une autre perspective que celle des tomates. La production de tomates en
serre, au Québec, représente 2 p.c. ou 3 p.c. de nos besoins,
à peu près. Les fleurs, c'est une autre affaire, on est rendu
à 24 p.c. ou 25 p.c. de production d'autosuffisance en fleurs, si on
peut s'exprimer comme ça, au Québec. J'ai rencontré, l'an
dernier, l'Association des propriétaires de serres, de producteurs de
fleurs au Québec; j'ai abordé le problème avec eux, et ils
sont venus me voir, surtout pour la taxe foncière, Ils ont dit: Ceux qui
sont surtout dans la région de Montréal, etc., dans la ville de
Montréal, dans les cités ne sont pas soumis aux mêmes
conditions que les agriculteurs qui sont dans les paroisses rurales. Puis ils
m'ont demandé de regarder la loi, etc. On l'a examinée avec le
ministère des Affaires municipales, en mettant de côté ce
problème, et j'ai discuté avec eux de la possibilité
d'étendre la production des fleurs au Québec. Et j'ai
regardé la possibilité aussi de subventionner, si c'était
nécessaire, cette production. Je sais fort bien que les gros producteurs
de fleurs, au Québec, sont à la fois, la plupart d'entre eux, pas
tous, des commerçants de fleurs et des producteurs de fleurs. Ce sont
des gars qui en produisent et qui en vendent et ce sont des gars qui en
achètent aussi de l'extérieur pour satisfaire les besoins de
leurs clients, dans l'ensemble.
M. GIASSON: Ils ne sont pas capables de cultiver certaines
variétés de fleurs.
M. TOUPIN: Oui, il y en a qu'on ne peut pas faire ici.
M. GIASSON : Ils les font venir.
M. TOUPIN : Ils les font venir. Ils deviennent à la fois des
commerçants et des producteurs de fleurs. On ne s'est pas plaint,
l'année passée en tout cas, au ministère, que la
production n'était pas assez payante. Ce qu'on craignait, de leur
côté, c'était que l'on donne une expansion trop grande
à cette production. Si vous y mettez capitaux, prêts particuliers,
rabais d'intérêt, subvention de base, soutien de prix, aide pour
le chauffage ou autres, le problème est que vous allez en créer.
Vous allez voir surgir des producteurs de fleurs. Il y a des gars qui vont
s'improviser producteurs de fleurs demain matin.
M. GIASSON: M. le Président, il ne faudrait pas confondre.
M. TOUPIN: Ils vont bâtir des serres.
M. GIASSON: Les gens qui sont dans ces productions ne demandent pas de
l'aide à la construction. Ils ne demandent pas de subvention au prix de
la fleur sur le marché. Ils demandent une aide pour pallier les
augmentations radicales des coûts de chauffage durant les mois
d'hiver.
M. TOUPIN: Oui.
M. GIASSON: C'est tout ce dont on m'a parlé quand j'ai
discuté...
M. TOUPIN: C'est vrai.
M. GIASSON: ...de ces questions avec les propriétaires de
serres.
M. TOUPIN: II faut voir le problème, un problème
précis, pour une production qui est en place. La production porcine est
un exemple typique de ça. Les prix tombent. On n'est plus capables de
concurrencer. On prend $4,500,000 et on dit aux producteurs : On va vous
soutenir pour votre production. Vous allez passer le creux de la vague et,
après cela, vous allez monter dessus et vous allez la suivre. Parce que
la preuve est faite que la production du porc au Québec est
concurrentielle avec n'importe quelle province du pays quand on est capable de
rationaliser le système alimentaire et qu'on est capable d'agir
rapidement sur le problème de la génétique. On
contrôle la souche et on contrôle l'alimentation. On est capable,
à ce moment-là, de concurrencer n'importe qui sur le
marché national. On peut produire du porc partout dans la province de
Québec, puisque l'expérience est faite. Il est
démontré clairement que si tu as un abattoir, il n'y a pas de
problème, les marchés sont là et ils sont disponibles.
Mais dans le domaine des fleurs, on n'a pas regardé ce
problème encore aussi profondément que ça. Dans le domaine
des tomates, on a commencé à l'examiner. Mais on est conscient,
je le dis bien ouvertement, que si l'on veut développer la production en
serre au Québec, quel que soit le type de production, à moins
qu'elle soit un peu plus sophistiquée, comme les fleurs, par exemple,
où les marchés sont un peu plus intéressants, où il
est possible d'aller chercher plus pour un pied carré qu'avec les
tomates, à moins de certaines productions spécialisées, il
va falloir y aller avec un programme comme on l'a fait pour le bovin, comme on
l'a fait pour l'industrie laitière, comme on l'a fait pour la production
du poulet, non seulement avec une recherche mais avec une entreprise qui va
intégrer la production à la transformation, qui va garder les
producteurs en place, etc. Ce qui a fait que les abattoirs ont survécu
au Québec, c'est ça. Si ces productions ont survécu au
Québec, c'est à cause de ça. Il faut faire la même
chose...
M. LESSARD: Mais le problème, en tout cas, les questions qu'on
soulève, c'est qu'on a l'impression que le ministère de
l'Agriculture, qui vient toujours après...
M. TOUPIN: Après qui?
M. LESSARD: Après que des expériences qui ont
été faites, avec tous les risques, par des individus. On n'a pas
l'impression que le minis-
tère de l'Agriculture est initiateur. On a l'impression qu'il est
à la remorque de...
M. TOUPIN: De qui?
M. LESSARD: ...des autres, à la remorque de personnes qui
démontrent un certain dynamisme dans ce secteur. Hier j'écoutais
le discours du ministre qui disait: Nos producteurs ont démontré
un certain courage. Nos agriculteurs ont démontré, en fait,... Je
comprends que ces gens doivent faire montre d'initiative, de "leadership",
d'autant plus que je ne pense pas je suis d'accord avec le ministre
que l'on doive revenir à une agriculture de 1930. L'agriculture
doit être une industrie.
Dans ce secteur bien spécifique, il y a la fleur, la tomate, il
peut y avoir le concombre, mais dans ce domaine de la culture en serre, je
pense que le ministère démontre très peu d'initiative. Le
ministère n'a pas de programme spécifique dans ce secteur. Tout
à l'heure, on regardera un peu les crédits. On paie beaucoup de
monde. J'ai hâte de voir un peu quelles recherches spécifiques
vous faites. Mais c'est ça le problème. C'est qu'il me semble que
vous devriez épauler des initiatives comme ça.
Dans le cas de Joliette, par exemple, il y a eu un investissement
d'au-delà $100,000. Encore là, le ministère a fait
à peu près zéro.
M. TOUPIN: Oui, je suis bien d'accord avec vous qu'on a fait
zéro.
M. LESSARD: C'est plus que ça un ministère de
l'Agriculture, je pense. Ce n'est pas être à la remorque de... Le
ministère de l'Agriculture doit être l'initiateur, d'autant plus
qu'on subit...
M. TOUPIN: Mais qui a permis à Joliette de se mettre en place?
Pourquoi Joliette...
M. LESSARD: Bien, vous avez prêté des techniciens.
M. TOUPIN: C'est évident, notre rôle... M. LESSARD: C'est
plus que ça. M. TOUPIN: Le rôle du ministère...
M. LESSARD: Quand on prend la SDI au niveau du ministère de
l'Industrie et du Commerce, par exemple, elle fait beaucoup plus que ça.
Est-ce que justement le ministère va...
M. TOUPIN: Je ne voudrais pas entreprendre une discussion
là-dessus, mais j'aimerais que vous scrutiez un peu plus dans le domaine
des comparaisons.
M. LESSARD: Mais on subventionne l'entreprise...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: ... pour autant que c'est rentable. Justement, dans le
secteur agricole, je pense que, si on veut faire de l'agriculture une
véritable industrie, il va falloir y aller beaucoup plus fortement; il
va falloir que le ministère démontre un leadership, un dynamisme
qu'il ne démontre pas actuellement dans ces secteurs.
M. TOUPIN: Ecoutez, là, je ne suis pas d'accord avec ça.
Quel que soit le gars qui serait à la tête du ministère de
l'Agriculture...
M. LESSARD: Vous êtes encore pour le laisser-faire.
M. TOUPIN: Non, je ne suis pas d'accord quand vous dites que le
ministère manque de dynamisme. Ce n'est pas vrai. Regardez toutes les
initiatives que le ministère a prises depuis une dizaine
d'années, moins que ça, depuis quatre ou cinq ans. Regardez tout
ce qui s'est fait au ministère de l'Agriculture comme recherche, comme
coordination de recherche, pour mettre en place des productions qu'il
n'était pas possible de penser produire au Québec, il y a cinq
ans.
Je vous ai apporté des exemples tantôt, dans le soya, dans
le mais-grain. Il y a dix ans, on ne pouvait même pas parler de cela.
Aujourd'hui, non seulement on a la recherche, mais on a des producteurs. On a
plusieurs dizaines de milliers d'acres de mais, on commence à avoir du
soya. Prenons les productions les unes après les autres et regardons ce
qui a été fait dans le passé. Le ministère de
l'Agriculture doit-il, lui, être initiateur à ce point qu'il doive
devenir un producteur? Je pense que non.
M. MORIN: Non mais, M. le ministre...
M. TOUPIN: Le ministère de l'Agriculture doit attendre que des
initiatives se prennent dans le cadre de sa recherche et appuyer ces
initiatives, techniquement et économiquement.
M. MORIN: Ce qu'on vous suggère, M. le ministre: ce que le
ministère a fait pour le soya, pour le mais-grain, le moment est sans
doute venu de le faire pour les cultures en serre, en particulier pour la
tomate. Vous avez tout de votre côté: le marché qui attend,
des gens qui sont disponibles. Si l'expérience de Manseau, par exemple,
réussit, il y a peut-être bien du monde qui va vouloir
s'intéresser à ça. On attend de vous, on attend de votre
ministère un petit peu plus de...
M. LESSARD: De vigueur.
M. MORIN: ... "tient bien, tient bien fort", comme on dit dans nos
campagnes, un petit peu plus de présence et d'initiative dans ce
domaine. Je ne pense pas qu'on l'ait eu encore.
M. TOUPIN: Non, je vous l'ai dit tantôt. C'est un choix qu'on n'a
pas fait.
M. MORIN: Bon. ESt-ce que le ministre peut nous dire s'il est sur le
point de le faire?
M. TOUPIN: Oui, c'est un choix qu'on doit faire, il n'y a pas de doute
possible, sur lequel on doit s'arrêter. Mais, jusqu'à maintenant,
le ministère n'a pas fait de choix, il n'a pas arrêté de
choix définitif sur la production en serre, au Québec, parce
qu'il n'avait pas en main toutes les données nécessaires pour
prendre sa décision.
Avec les résultats des recherches des dernières
années, je pense que, maintenant, on serait en mesure, si ce n'est pas
cette année ou l'an prochain, au cours des prochaines années, de
faire un choix définitif sur la production en serre et d'y investir les
capitaux requis pour que ces productions réussissent au même titre
que les autres.
M. LESSARD: Entre-temps, jusqu'à ce que vous deveniez au moins un
initiateur dans ce domaine et que le ministère démontre un
certain dynamisme je reviens à la question du
député de Montmagny-L'Islet est-ce que vous allez laisser
disparaître les producteurs qui sont déjà, justement, dans
ce secteur, dans cette culture ou si vous allez établir un
programme?
Le ministre défendait son budget hier et je comprends que le
budget est très limité. A partir d'un budget très
limité, il faut faire des choix économiques. Mais est-ce qu'il
est possible, justement, de prévoir un programme spécial pour au
moins permettre aux gens qui sont déjà dans ce secteur et qui
n'ont rien coûté au ministère de l'Agriculture,
contrairement à d'autres secteurs bien souvent d'y rester? Est-ce que le
ministère a l'intention d'appliquer un programme spécial pour
conserver ces gens dans ce secteur?
M. TOUPIN: Je vous ai dit tantôt que je n'ai pas eu de
représentations de la part des producteurs de fleurs en serre, au
Québec, depuis l'an dernier, quand je les ai rencontrés.
Le député de Montmagny soulève ce point ce matin
et, personnellement, c'est la première fois que j'en entends parler. Les
gars ne sont pas venus me rencontrer. Il est évident que toutes les
cultures, au Québec, sont rentables; donc, la preuve est faite
concrètement que c'est possible d'en faire. On les a toujours soutenues
et on va continuer à les soutenir. Nos programmes de soutien seront plus
généreux que par le passé.
M. GIASSON: Lorsque que j'ai été sensibilisé au
problème que ces gens vivaient, je leur ai posé une question:
Etes-vous regroupés, comme producteurs de fleurs en serre au
Québec? Avez-vous un organisme quelconque, afin que vous ayez un
porte-parole officiel qui parle au nom de tous ces producteurs? Non. Ils n'ont
absolument rien et il n'est pas question qu'ils se regroupent.
J'ai dit: La base, si vous voulez avoir une voix et qu'elle soit
entendue, commencez par travailler ensemble, apprenez à vivre ensemble
à l'intérieur des problèmes et déposez
officiellement une demande; faites des suggestions ou des recommandations sur
des subsides possibles et, là, vous aurez plus de chances que le
ministère se penche sérieusement sur les problèmes que
vous connaissez.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plaît. Vous
me permettrez de vous interrompre ici. C'est très intéressant,
tout ce qui se dit: mais, hier soir, le député de Huntingdon a
demandé d'intervenir. Nous avons dépassé peut-être
le sujet qu'il voulait discuter, nous sommes rendus à l'horticulture. Le
député de Verchères et celui de Saint-Jean ont
demandé la parole également. Alors, vous savez, c'est toujours le
problème qui existe à nos commissions, plus on est près du
président, plus on a de chance de parler et ça devient
très difficile de le faire pour ceux qui sont plus loin autour de la
table; mais il faut quand même, avec un peu de justice, entendre tous
ceux qui ont des commentaires à faire. Le député de
Huntingdon.
M. GIASSON: Nous laissons la parole aux députés de
l'orient.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, passons à
l'extrémité de la table, le député de
Huntingdon.
M. FRASER: M. le Président, j'ai parlé, hier soir,
à propos du lin, "flax" en anglais; ce n'est pas "lait" comme on l'a
consigné au journal des Débats, mais lin. On fait avec le lin une
huile pour la peinture. Je veux savoir pourquoi les producteurs de lin dans mon
comté, quand ils ont une perte de récolte, ne sont pas
payés comme les autres producteurs agricoles. Il ne sont reconnus nulle
part. Ils produisent du lin depuis plusieurs années, je ne sais pas
combien, mais ils en produisaient en 1965 quand ils ont eu des baisses de
récoltes. Je veux savoir si ce produit, le lin, peut être
transformé dans la même usine que les fèves soya. On se
sert de presses pour extraire l'huile, on pourrait utiliser les même
usines pour ces produits et encourager les gens à en produire plus. La
protéine extraite de la fève soya est aussi valable que la
protéine extraite du lin. Ainsi, les deux produits peuvent être
transformés dans la même usine. Je voudrais que ces gens soient
traités comme les autres cultivateurs. Cette production est rentable et
je ne vois pas pourquoi on ne favoriserait que les producteurs de la
fève soya et qu'on ne favoriserait pas les producteurs de lin.
M. TOUPIN: On n'a pas favorisé les producteurs de soya
jusqu'à maintenant.
M. FRASER: Un investissement de $12 millions, c'est ce que j'appelle
favoriser.
M. TOUPIN: Oui.
M. FRASER: Ce n'est pas le gouvernement qui a financé cela,
non?
M. TOUPIN: Non, le projet dont vous parlez, on n'en n'a pas encore
parlé, il s'agit d'un projet d'implantation industrielle, mais
actuellement, la production du soya au Québec n'est pas
subventionnée, sous aucune forme. La production du lin non plus n'est
pas subventionnée sous aucune forme. Mais si, par exemple, vous regardez
s'il est possible d'utiliser les mêmes entreprises pour extraire du lin
ce qu'on extrait du soya, de prime abord, je ne vois pas d'impossibilité
pratique. Mais ça va sans doute constituer un certain nombre de
problèmes techniques, car il faut probablement une machinerie
spéciale pour extraire du lin... est-ce de l'huile que l'on extrait du
lin ou je ne sais trop quoi? Oui.
Alors, il semblerait que c'est possible, parce que dans une entreprise
d'extraction d'huile on peut utiliser le soya, le colza et la féverole;
on peut aussi utiliser le lin et le tournesol. Il s'agit donc d'organiser
l'entreprise pour qu'elle puisse le faire comme on le fait avec le lait
maintenant pour produire à la fois du fromage, du beurre, du lait en
poudre etc. Au fond, c'est la polyvalence de la transformation et c'est,
semble-t-il, la seule voie que doivent prendre les entreprises si elles veulent
être concurrentielles sur le marché, tant dans le domaine des
huiles végétales que dans le domaine des protéines,
à compter de plantes industrielles ou d'autres types de plantes.
M. FRASER: Je demande que l'assurance-récolte soit
appliquée pour les producteurs de la féverole et de la
fève soya. L'assurance-récolte fonctionne très
lentement.
M. TOUPIN: On pourrait peut-être, M. le député,
aborder ce problème lorsque nous discuterons de
l'assurance-récolte, parce qu'il y a plusieurs raisons qui
amènent à un moment donné la régie à ne pas
élaborer un programme pour telle ou telle production. Il n'y a pas
longtemps que l'assurance-récolte existe au Québec, cela fait
à peine cinq ou six ans.
M. FRASER: Elle existe depuis quatre ou cinq ans mais si elle veut
être utile et faire quelque chose pour les cultivateurs, il faut qu'elle
fonctionne.
M. TOUPIN: Nous couvrons cela pas mal, voyez-vous; depuis 1970, on a
ajouté cinq productions, je pense, à l'assurance-récolte,
qui n'existaient pas auparavant.
M. FRASER: Cinq productions en trois ans. Si c'est un gars de commerce
qui...
M. TOUPIN: C'est pas beaucoup.
M. FRASER: ... est là, il peut ajouter un autre dix cette
année-là. Ce n'est que des primes. D'après les pertes on
établit les primes et ça prend trois ans pour établir une
production.
M. TOUPIN: Ce qu'on fait, quand on n'est pas capable d'instaurer un
programme d'assurance-récolte, on a des programmes à
côté, des programmes d'aide spéciaux pour pallier des
situations climatiques pour une production donnée.
M. FRASER: On en discutera plus loin quand l'assurance-récolte
arrivera.
M. TOUPIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, je voudrais revenir au secteur de la
recherche et surtout au secteur de la production en serre. J'ai eu, moi aussi,
beaucoup de représentations de la part des producteurs de mon
comté, qui produisent des légumes, par exemple, la tomate qui est
produite en serre. Ce que ces gens qui font des expériences actuellement
me disent, c'est qu'il est déplorable de voir le marché de la
production de l'Ontario qui vient sur notre marché
québécois quinze jours, trois semaines et même un mois
avant que nos producteurs du Québec puissent aller sur le marché.
Lorsque nos producteurs du Québec arrivent sur le marché, le prix
de la tomate à la livre, par exemple, est considérablement
tombé, a baissé.
M. GIASSON: Un autre problème.
M. OSTIGUY: Alors, l'expérience d'un bon nombre de producteurs
dans mon comté qui produisent en serre montre que c'est très
rentable; par contre, je rejoins la pensée du député de
Montmagny quand il dit que les coûts d'exploitation ont
énormément augmenté...
M. GIASSON: C'est ça.
M. OSTIGUY: ... à cause de l'augmentation du pétrole. Par
contre, je me demande si le ministère ne devrait pas songer à
avoir des politiques d'aide, non pas des subventions, mais peut-être des
prêts, pour la construction des serres; à avoir des mesures
incitatrices qui intéresseraient nos producteurs de tomate ou d'autres
légumes à produire davantage en serre.
M. TOUPIN: L'aide qu'on apporte à l'ensemble des agriculteurs, en
général, est offerte aussi aux producteurs en serre, sauf les
producteurs de fleurs; ils ont accès au crédit agricole.
M. GIASSON: Ils ont accès à cela? M. TOUPIN: Bien
sûr.
M. OSTIGUY: Non, non.
M. TOUPIN: Au moins au crédit à court terme; la Loi de
l'amélioration des fermes.
M. OSTIGUY: Non. M. TOUPIN: Oh!
M. OSTIGUY: J'ai même un producteur, M. le ministre, auquel les
travaux mécanisés ont été refusés l'an
dernier parce qu'il n'avait pas sa carte de l'UPA.
M. GIASSON: M. le ministre, c'est là qu'est le problème.
Ces gens-là, il y en a qui sont membres de l'UPA, qui sont
définis comme producteurs agricoles...
M. LESSARD: Ils ne sont pas reconnus.
M. GIASSON: ... puis ils se disent: Voici, nous sommes membres de l'UPA,
nous sommes des producteurs au sens de la loi et nous n'avons pas accès
aux mêmes possibilités que d'autres types d'agriculture ont chez
nous.
M. TOUPIN: D'accord, là, vous touchez un autre problème.
Il faudrait discuter de ce problème.
M. LESSARD: Si le producteur a d'autres productions et que, justement,
sa production en serre est une production auxiliaire, il a accès au
crédit agricole. Mais si, par exemple, il se spécialise dans ce
secteur, il n'a pas accès au crédit agricole. Il n'est pas
reconnu comme un producteur.
M. OSTIGUY: C'est ce qui est arrivé à la tomate; ils
devraient y avoir accès.
M. TOUPIN: Oui, vous touchez un autre problème; vous touchez
à ceux qui font de l'agriculture en général, de
façon paraprofessionnelle, en général, c'est-à-dire
qui ne sont pas nécessairement des producteurs agricoles reconnus au
sens de la loi. D'ailleurs...
M. OSTIGUY: M. le ministre...
M. TOUPIN: ... ces producteurs n'ont jamais eu accès à
quelque mesure que ce soit. Je ne vous dis pas que je suis fermé pour
ouvrir les mesures à ces gars-là, remarquez bien.
M. OSTIGUY: M. le Président, un producteur de tomate en serre qui
aurait, par exemple, 50 à 75 arpents de terre, c'est suffisant pour lui,
pour sa culture maraîchère. Il peut faire autant de revenus,
autant d'argent qu'un cultivateur avec 300 acres de terre.
M. TOUPIN: Oui.
M. OSTIGUY: Et, dans le moment présent, il n'est pas reconnu
comme un agriculteur. C'est suffisant pour lui, 65 à 7 5 arpents de
terre.
M. TOUPIN: Ecoutez, là, il faudrait peut-être faire des
vérifications. Je sais pertinemment, pour avoir rencontré
plusieurs des gars qui produisent en serre, qui mettent pour plus de $1,000 en
marché, qui sont des professionnels qui s'occupent de cela à
temps partiel et qui sont reconnus comme producteurs agricoles, qu'ils ont
accès à un certain nombre de mesures.
M. VEILLEUX: Oui, mais, M. le ministre...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: ... en parlant là-dessus, justement lundi de cette
semaine, j'ai rencontré un de mes électeurs, qui s'est
acheté une terre le 25 octobre 1973. C'est un fils d'agriculteur; il
s'en est allé travailler comme boucher dans une boucherie. Là, il
s'est acheté une ferme et il ne peut bénéficier ni des
travaux mécanisés, d'absolument rien. Je vais vous dire la
réponse qu'on lui a faite à la Régie des marchés
agricoles et elle n'est pas drôle: On lui refuse tout parce que, l'an
passé, il n'a pas produit pour $1,000.
C'est entendu qu'il n'a pas produit pour $1,000, il n'était pas
propriétaire d'une terre l'année précédente. Le
propriétaire de la terre, lui, a laissé tomber sa terre pendant
un certain temps, sauf 25 p.c., alors lui, il veut améliorer 75 p.c. de
la terre de 75 arpents. Alors on vient à la Régie des
marchés agricoles; je ne dis pas le régisseur ou les commissaires
de la régie, mais quelqu'un de la régie lui a dit: Va signer ta
carte de membre de l'UPA et la régie va te reconnaître.
Je ne dis pas que c'est un haut fonctionnaire qui a dit ça, mais
il s'agit qu'il y ait un gars qui dise ça et moi, je trouve ça
inadmissible. Si je décide de m'acheter une terre demain matin, je n'ai
pas produit l'an passé, mais est-ce que c'est parce que je n'ai pas
produit l'an passé que je ne peux pas bénéficier des
travaux mécanisés, que je ne peux pas bénéficier de
différentes mesures qui existent présentement pour les
agriculteurs?
Si la loi empêche quelqu'un de bénéficier de ces
mesures-là parce qu'il achète ça après, ou
immédiatement avant une saison où on peut semer, moi je dis qu'il
faut changer la loi, s'il le faut, et reconnaître ces gens. Je suis
d'accord avec vous; le gars qui a acheté sa terre le 25 octobre 1973, si
on le fait bénéficier des travaux mécanisés, s'il
fait faire les travaux mécanisés, s'il ne cultive pas cet
été pour $1,000, le gars remboursera le ministère de
l'Agriculture. Oui, parce qu'il ne s'en sert pas pour faire de la culture. Il
va falloir qu'on lui donne une chance de s'en servir pour faire de
l'agriculture.
M. TOUPIN: D'accord, on va vous en appor-
ter des exemples là-dessus. Remarquez bien que personnellement je
ne suis pas fermé à ces mesures-là, absolument pas. Je
vais vous apporter des exemples: la taxe de l'impôt foncier scolaire.
Combien d'agriculteurs au Québec sont reconnus, à peu
près? Au maximum, 55,000, 50,000, 55,000. Combien pensez-vous qu'il y a
de gars sur la liste qui ont retiré jadis 35 p.c. d'impôt foncier
scolaire? 115,000. Bon ouvrons-les les politiques agricoles, je n'ai pas
d'inconvénients moi à les ouvrir. Ouvrons-les. Le gars comme le
tien, là, demain matin, moi je suis prêt, je n'ai pas
d'inconvénient à dire au gars qui travaille à la Domtar,
aux Trois-Rivières, qui travaille à la Dominion Textile, qui
travaille je ne sais pas où, à la Vickers à
Montréal, qui décide de s'acheter une terre de 75 arpents, qui
veut faire faire des travaux mécanisés, je n'ai pas
d'inconvénient à dire: on va l'ouvrir. On va y aller...
M. LESSARD: Le caucus va être obligé de vous appuyer pour
obtenir...
M. TOUPIN: On va y aller à 100 p.c. là-dedans.
UNE VOIX: Laisse-nous avec ça.
M. TOUPIN: Est-ce que c'est une décision qu'on doit prendre?
Est-ce que c'est une bonne décision que de la prendre?
M. VEILLEUX: Je pense que vous êtes, M. le ministre,
sensibilisé à ça.
M. TOUPIN: Bien sûr.
M. VEILLEUX: La région de Saint-Jean, on parlait de culture
maraîchère tout à l'heure, on parlait de culture de grain
industriel, je pense, je n'ai pas de dessin à faire, que dans notre
région ce sont les deux grandes cultures qui se font à la
production.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VEILLEUX: Mais là, regardez, lisez les journaux, ce sont des
ventes à l'encan, je pense qu'il y en a 22 d'ici le mois de juin juste
dans ma région. On ne peut pas laisser continuer ça. Il va
falloir améliorer quelque chose tout à l'heure, pour que
ça demeure agricole puis que ça demeure entre les mains de gens
qui connaissent l'agriculture. Maintenant, prenez ce type, il ne peut pas,
demain matin, dire: moi je laisse mon emploi de boucher, puis je m'en vais
cultiver ma terre. Le gars va crever de faim à la fin de
l'été. Il va falloir qu'il continue à être boucher
à temps partiel. Il va falloir qu'il fasse de la culture à temps
partiel, peut-être un an ou deux, mais pendant qu'il fait ça, ces
deux emplois, s'il y a quelque chose au ministère, des lois, il va
falloir les améliorer, on n'a pas le choix, parce que nos terres on est
en train de les perdre. C'est bien de valeur, on ne fait pas de culture
maraîchère sur une échelle aussi grande que chez vous, le
député de Saguenay, dans le comté de Saguenay. C'est
sûr.
M. TOUPIN: Le problème de temps partiel, c'est le problème
que les Ontariens appellent des "part-timers" c'est-à-dire ceux qui sont
dedans à temps partiel. On est bien d'accord avec ça. On en a
discuté sur le plan national puis on s'est posé plusieurs
questions à savoir si on ne devrait pas ouvrir nos politiques de
crédit, d'aide à l'amélioration du fonds de terre à
de telles initiatives. Nous, au ministère, on regarde comme il le faut,
si on ne devrait pas ouvrir ces politiques à ces producteurs.
Peut-être faudra-t-il le faire. Mais là, il va falloir avoir des
programmes bien précis, des exigences de base fondamentales, pour ne pas
retourner encore à une agriculture marginale. Il va falloir faire
attention pour ne pas que 7 5 acres de terre demeurent 75 acres, et que le gars
qui travaillait comme boucher, parce qu'il est tanné de travailler comme
boucher pense trouver quelque chose de valable en agriculture, et
découvre, trois ans après, que ce n'est plus vrai, son
affaire.
M. VEILLEUX: Cela je suis d'accord...
M. TOUPIN: Je suis pris avec ce gars-là, alors il va falloir que
je lui trouve un programme précis, à l'intérieur duquel il
va entrer. Par étape, ça on est prêt à le regarder,
nous, au ministère; on a même proposé des programmes
déjà.
Ce n'est pas assez précis, par ailleurs.
M. VEILLEUX: M. le ministre, je suis d'accord sur ce que vous dites.
Moi, je dis qu'il y a bien des mesures qui existent au ministère. Cela
fait deux ou trois ans, dans notre région, que compte tenu du climat, la
culture est désastreuse. L'an passé, c'était surtout dans
la production industrielle; les gens n'étaient même pas capables
de semer parce que le sol était trop mou. Alors, on participe. Les gens
sont bien satisfaits. Cette année, il y a des subventions pour cela.
D'accord, cela règle un problème momentané mais ça
ne règle pas le problème à longue échéance,
à long terme.
Les gens ont l'impression que quand ils vont recevoir cette subvention
cela va être ni plus ni moins du bien-être social. Pour eux, c'est
cela et ils ne voudraient pas que ce soit cela. Il y a des mesures dont on
reparlera plus longuement quand on arrivera à
l'assurance-récolte, par exemple, des choses comme cela, ou le
prêt agricole; on en reparlera quand on arrivera là. Je sais
qu'une amélioration a été faite au ministère depuis
que vous êtes là mais il va falloir accentuer cette
amélioration et peut-être en arriver à laisser de
côté ces formes de subventions en cas de désastre pour
donner une pleine et entière protection à l'intérieur d'un
régime
d'assurance. Quand le gars recevra de l'argent, il n'aura pas
l'impression de recevoir un chèque de bien-être mais il va
recevoir un chèque parce qu'il aura payé...
M. TOUPIN: Sans aller plus loin...
M. VEILLEUX: ... une prime, il aura participé.
M. TOUPIN: ... dans votre argumentation, il y a un projet de loi qui va
être porté à l'attention de l'Assemblée nationale
précisément pour couvrir pas toutes les récoltes au
Québec, parce qu'on n'est pas capable pour le moment, mais au moins 40
p.c. des producteurs; plus que cela, 60 p.c. des producteurs agricoles dans un
plan collectif d'assurance.
M. LESSARD: M. le Président, je pense...
UNE VOIX: Pouvez-vous me dire si ce sera obligatoire?
M. TOUPIN: Presque.
M. LESSARD: Sur un point de règlement, je pense que le
député de Saint-Jean fait des remarques fort
intéressantes. Cependant, je pense qu'on a élargi passablement le
programme 1, qui est Recherche et enseignement. Nous sommes rendus au programme
2...
M. TOUPIN: C'est cela.
M. LESSARD: ... soit Financement agricole; et nous abordons même
le programme 3. Cependant, j'affirme encore que les remarques du
député de Saint-Jean sont fort intéressantes et
j'espère qu'il sera au programme 2 pour intervenir à nouveau
parce que cela touche aussi les agriculteurs de mon comté.
M. VEILLEUX: M. le Président, pour rester au programme 1, je
pourrais tourner ma question dans le sens suivant. Là, l'Opposition est
en train de mettre le bâillon.
M. LESSARD: Non, M. le Président, au contraire. Il arrive souvent
que le député de Saint-Jean ait des remarques des plus
intéressantes.
M. VEILLEUX: Ma question pourrait se poser de la façon suivante.
Est-ce qu'il y a des recherches, M. le ministre, dans le sens que je
mentionnais tout à l'heure?
M. TOUPIN: Oui.
M. VEILLEUX: On reste au programme 1, à l'élément
1.
M. TOUPIN: Oui, il y a des recherches qui se font.
M. VEILLEUX: D'accord.
M. TOUPIN: II y a même des expériences qui se font.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II ne faudrait pas se permettre de
faire indirectement ce qu'on doit faire directement, c'est-à-dire aller
aux différents programmes. Je voulais intervenir tout à l'heure
puisque déjà, comme l'a mentionné le député
de Saguenay, on touche à deux, trois ou quatre programmes en même
temps et je crains énormément que les dix heures allouées
aux discussions sur ce budget passent en généralités
tandis qu'il y en a peut-être plusieurs ici qui ont des points bien
précis. A ce moment-là, il faudrait les toucher au moment du
programme approprié.
Le député de Johnson. Excusez-moi, M. le
député. Vous reviendrez avec vos commentaires, j'en suis
sûr.
M. BOUTIN (Johnson): M. le ministre, dans le domaine de la recherche, si
on veut rester sur ce programme, il y a un domaine qui touche le
ministère de l'Agriculture plus ou moins directement, c'est le domaine
de l'industrie piscicole.
D'abord, je sais que le ministre est certainement sensibilisé
à ce problème. Cela touche aussi le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche et le ministère de l'Industrie et du
Commerce. Je voudrais tout de même, à ce moment-ci du programme,
savoir un peu si je sais qu'il y a des recherches qui se font
cela va en s'amplifiant. Est-ce qu'il est possible aussi qu'on ait une aide par
le biais de l'Office du crédit agricole, qu'on puisse avoir des
prêts, par exemple, pour les gens qui pourront se diriger dans ce
domaine, parce que c'est un peu de la production? Est-ce qu'il y a quelque
chose qui se fait dans ce sens au ministère?
M. TOUPIN: Au chapitre de la recherche, les deux ministères ont
collaboré étroitement. Au chapitre de l'expérience
tentée au Québec, les deux ministères ont collaboré
étroitement. Maintenant qu'on a un certain nombre de données qui
nous paraissent valables sur ces questions, il s'agit de trouver des programmes
qui seront administrés soit conjointement par les deux ministères
ou soit par l'un ou l'autre des ministères, selon la décision qui
sera prise. Alors, un comité interministériel a été
créé l'an dernier sur ces deux questions pour savoir lequel des
deux ministères allait en priorité prendre la recherche, d'une
part, et la réalisation de projets pratiques, d'autre part. On
espère que, d'ici peu de temps, on aura une conclusion valable de ce
comité qui nous permettra de prendre position. Ce n'est pas le seul
sujet; on pourrait parler de plusieurs sujets.
On me disait hier qu'on était en conflit parfois avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Non, pas en conflit, on discute
avec lui. On discute fortement parfois, par exemple.
On fait la même chose avec le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Quand on a des idées au ministère,
on essaie de les faire valoir, c'est la même chose pour celles que vous
émettez, pour celle qu'a émise tantôt le
député de Saint-Jean. Il y a tous ceux qui entrent dans
l'agriculture à temps partiel; il va falloir convaincre les
agriculteurs, il va falloir convaincre bien des gens de la
nécessité de mettre le crédit à leur disposition,
de mettre les travaux mécanisés à leur disposition, toutes
les lois. Cela peut vouloir dire, au bout du compte, je ne sais pas combien de
millions de dollars, quelques millions tout au moins. Alors, il va falloir
convaincre les gens de ça.
M. LESSARD: Mais il est fort difficile...
M. VEILLEUX: Vous pourriez peut-être faire des recherches pour
trouver une région pilote et prendre ma région comme
région pilote.
M. LESSARD: Mais je pense que...
M. TOUPIN: II n'est pas impossible, d'ailleurs, que cela se fasse comme
ça.
M. LESSARD: II est fort difficile, je pense, pour le ministère de
l'Agriculture de prendre une certaine initiative dans le domaine des
piscicultures, tant et aussi longtemps que le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche ne décidera pas de modifier ses lois de
la pêche et de permettre la commercialisation de la truite au
Québec, alors qu'actuellement nous achetons la truite du Japon.
M. TOUPIN: C'est nous qui l'avons prise cette initiative. On a deux
fermes piscicoles expérimentales et on a des expériences qui sont
faites.
M. LESSARD: D'accord, mais maintenant il y a un problème de mise
en marché, de commercialisation.
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Là, cela touche le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche.
M. le Président, maintenant, je voudrais savoir, toujours dans la
recherche et l'enseignement agricole...
M. TOUPIN: En passant, je veux juste apporter une précision. Le
sous-ministre me le dit. Je n'avais pas participé au comité de
législation parce que j'étais absent, mais le sous-ministre
m'informe que le comité de législation a accepté qu'on
introduise dans les productions agricoles le poisson d'eau douce,
notamment.
M. LESSARD: Alors, au ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche, on va poser des questions sur la commercialisation.
Je vais parler maintenant de l'Ecole d'agriculture de Sainte-Martine, M.
le Président. Etant donné que nous ne sommes que six
députés, nous devons nous préoccuper des problèmes
agricoles de l'ensemble du Québec. J'ai écrit à ce sujet
au ministre, en date du 1er février 1974, c'est une ancienne
école d'agriculture et il semble que le ministère veuille s'en
débarrasser.
C'est une école, semble-t-il, qui pourrait être
utilisée par d'autres services gouvernementaux. Je voudrais savoir
quelles sont les intentions du ministère concernant cette école.
Il semble que c'est une école qui a une certaine valeur. C'est une
école qui pourrait être utilisée par d'autres services du
ministère. On veut tout simplement la détruire, semble-t-il,
d'après les informations que j'ai, alors qu'il y a possibilité de
faire autre chose au lieu de louer des locaux, par exemple, des patroneux
libéraux. Enfin, on pourrait utiliser cette école pour d'autres
services du ministère.
M. VEILLEUX: ... le député de Saguenay...
M. TOUPIN: Oui, oui.
M. VEILLEUX: Attention là.
M. TOUPIN: C'est courant...
M. VEILLEUX: On va parler des patroneux séparatistes!
M. TOUPIN: Vous savez qu'en 1965, le gouvernement a pris la
décision de mettre entre les mains du ministère de l'Education
toute forme d'éducation au Québec, à l'exception, pour
l'agriculture, des deux ITA, l'ITA de Saint-Hyacinthe et l'ITA de
Sainte-Anne-de-la-Pocatière; même Sainte-Croix est sous la
responsabilité du ministère de l'Education. Donc, ce sont des
problèmes qui se discutent présentement au niveau du
ministère de l'Education.
Personnellement, je ne dis pas que je me désintéresse du
problème, mais ce n'est pas ma responsabilité majeure parce que
c'est le ministère de l'Education qui est responsable.
M. LESSARD: Mais le problème, c'est qu'en même temps qu'on
discute de la destruction de cette école, le ministère,
semble-t-il, a des problèmes de logement pour ses services dans cette
région. Il semble justement que le ministre de l'Agriculture devrait
intervenir puisque c'est une ancienne école, semble-t-il, dont la valeur
est au-delà d'un million de dollars. Le ministère devrait
intervenir soit pour loger des bureaux régionaux, les locaux de son
ministère ou d'autres services.
M. TOUPIN: Ce n'est pas impossible mais, très honnêtement,
on n'a pas senti encore le besoin, quant à nous, d'utiliser cette
école pour ces fins. Je ne sais pas si les besoins administra-
tifs du ministère l'imposent. Mais cela ne nous paraît pas
nécessaire.
M. LESSARD: Mais qu'est-ce que l'on veut en faire?
M. TOUPIN: Je ne le sais pas. Il faudrait le demander au
ministère de l'Education. Je ne peux pas répondre pour un autre
ministère sur cette question parce que ce n'est pas moi qui est
responsable de l'école. Si vous me parlez d'une autre chose dont j'ai la
responsabilité entière, je pourrai au moins essayer de vous
donner une réponse. Mais là, je pourrais vous donner une
réponse complètement à l'encontre des programmes du
ministère de l'Education.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs,...
M. LESSARD: M. le Président, je pense que le ministre
délaisse certaines responsabilités qui lui reviennent. C'est
quand même une ancienne école et il me paraît que le
ministre a certainement des recommandations à faire. Or, actuellement,
d'après mes informations, on ne se pose pas de questions sur
l'utilisation de cette école. On se pose des questions sur sa
destruction. Il semble justement que cet édifice, dont la valeur est
d'un million de dollars, va être détruit par le gouvernement alors
qu'il y a certainement possibilité, moyennant certaines
réparations, de l'utiliser pour des services gouvernementaux, dont le
ministère de l'Agriculture.
M. TOUPIN: Oui, là, je suis convaincu que le député
de Saguenay va faire une distinction nette. Je suis bien prêt à
accepter que mon ministère est comme ci, que mon ministère est
ça. Je ne vois pas d'inconvénient à ça. Mais je ne
voudrais pas, par ailleurs, qu'on lui impute des problèmes qui ne
relèvent pas de sa compétence.
Or, dans le domaine des édifices publics du gouvernement, dans la
majorité des cas ou ils appartiennent au ministère, ou ils
appartiennent au ministère des Travaux publics. Cela est dans le domaine
des propriétés. En ce qui concerne cette école dont vous
parlez, ce n'est plus notre propriété. C'est la
propriété du ministère de l'Education,
premièrement.
Deuxièmement, en ce qui concerne l'utilisation des espaces
disponibles, c'est le ministère des Travaux publics qui s'occupe de la
répartition des espaces disponibles, tenant compte de ce que le
gouvernement a comme propriétés.
En troisième lieu, dans la partie que vous avez soulevée,
vous dites: II semble que le ministère se départit un peu de ses
responsabilités, etc. Ce n'est pas moi qui ai discuté
l'idée d'envoyer à l'Education la question agricole; elle a
été discutée avant que j'y arrive. Le ministère de
l'Education y est impliqué. Je vais aller plus loin: C'est la
thèse de l'UPA, d'ailleurs.
L'UPA dit: Cela doit aller au ministère de l'Education et on a
toutes les misères du monde à garder nos ITA, même, nos
instituts de technologie agricole. Alors, je ne me chicanerai pas pendant des
années avec les agriculteurs pour savoir qui va dispenser
l'éducation au Québec. On avait une thèse
là-dessus, on l'a discutée avec l'UPA et l'Education, puis les
agriculteurs ont dit: Nous préférons que les options soient
données dans les écoles polyvalentes et qu'on ouvre des options
de formation professionnelle dans les CEGEP.
M. LESSARD: Est-ce que vous croyez que l'expérience est
concluante?
M. TOUPIN: Ecoutez, moi, j'ai soutenu ce point, déjà, je
l'ai dit.
M. LESSARD: Est-ce que vous croyez que l'intégration des
agriculteurs à l'intérieur des polyvalentes s'est assez bien
faite?
M. TOUPIN: Cela pose le problème que probablement plusieurs
d'entre vous connaissez. Il y a quelques options qui vont bien. A quelques
autres endroits, on tente, de peine et de misère, de les introduire.
Mais moi, je ne peux pas aller plus loin. Le ministère de l'Education
vous donnera encore là-dessus une réponse beaucoup plus
précise que la mienne. Moi, je peux vous en donner une
interprétation.
M. LESSARD: M. le Président, comme responsable du
ministère de l'Agriculture, vous avez certainement un
intérêt sur la formation des agriculteurs.
M. TOUPIN: Oui monsieur.
M. LESSARD: Je pense justement que le ministre, s'il constate que
l'expérience de l'intégration de l'enseignement agricole à
l'intérieur des polyvalentes n'est pas satisfaisante, doit
intervenir.
Par contre, le ministre me dit que c'est aussi l'avis de l'Union des
producteurs agricoles du Québec. Donc, de ce côté, il
semble que pour eux, ils croient que l'expérience est valable.
M. TOUPIN: Concluante. On peut interpréter ces choses dans des
discussions.
M. LESSARD: II appartient aux agriculteurs de faire le choix.
M. TOUPIN: Ils ont fait leur choix et nous, nous leur avons dit:
Ecoutez, les deux ITA... la formation technique, on voudrait la garder. Alors
on a gardé la formation technique et pour la formation professionnelle,
on a choisi les options dans les écoles polyvalentes.
M. LESSARD: Par contre, il y a beaucoup d'agriculteurs qui ne sont pas
j'ai des lettres devant moi d'accord sur cette politique.
M. TOUPIN: J'en ai aussi. L'école de Sainte-Croix est un autre
problème.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, vous me permettrez encore
d'interrompre. Nous devons ajourner à demain, à partir de midi,
aujourd'hui.
Il reste cinq minutes, pouvons-nous considérer, après
cette discussion de plusieurs heures déjà sur le programme 1, que
les crédits du programme 1 sont considérés comme
adoptés?
M. LESSARD: M. le Président, je regrette de vous
déplaire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous voulez passer par la ventilation
des crédits.
M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous comprendrez que...
M. LESSARD: Quant à moi, je suis prêt à passer
à la ventilation des crédits.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, nous ajournons à demain,
dix heures.
M. TOUPIN: J'aurais quelques petits commentaires à faire, si vous
le permettez, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, si... M. TOUPIN: Un ou deux.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est qu'il Taut avoir terminé
pour midi.
M. TOUPIN: Je voudrais simplement souligner ceci, c'est que je suis
satisfait de la façon dont on discute à la commission
parlementaire autant les députés de l'Opposition que les
députés du gouvernement et ça donne
assurément l'impression que les problèmes agricoles suscitent de
plus en plus d'intérêt et qu'ensem- ble on cherche à
trouver les solutions les plus valables. Moi, je suis d'accord sur cette
façon de procéder.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sans faire de commentaire sur ce que
vient de dire le ministre, est-ce que c'est compris que demain, lors de la
reprise de nos travaux à dix heures, nous commencerons avec la
ventilation des crédits, soit la page 5-2? Ventilation des
crédits demandée pour les deux éléments. Recherche
agricole et enseignement agricole. Nous avons terminé les
généralités et nous revenons maintenant sur la ventilation
du programme 1.
J'essaie de rester dans le cadre des dix heures, pour permettre à
chacun de faire ses commentaires.
M. LESSARD: M. le Président, simplement pour vous faire remarquer
ceci:
M. VEILLEUX: Dix heures.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ne vois pas
l'opportunité...
M. LESSARD: Même si c'est terminé, M. le Président,
nous pouvons prendre quinze heures; dix heures c'est un principe
général.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est cela.
M. MORIN: Oui, parce qu'il y a pas mal de matière. On a fait
ça sur...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Mes observations sont surtout pour
permettre d'accélérer les travaux.
M. VEILLEUX: ... à l'entière disposition des
députés du parti séparatiste.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, messieurs.
(Fin de la séance à 11 h 58)