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Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du jeudi 2 mai 1974
(Dix heures trente minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
Recherche et enseignement agricoles (suite)
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, ce sont les mêmes membres
qu'hier, à l'exception de M. Veilleux (Saint-Jean) et nous avons entente
que, si M. Morin (Sauvé) arrivait, il pourrait remplacer M. Burns
(Maisonneuve). S'il y a consentement de l'assemblée, nous allons
procéder immédiatement. A la demande du député de
Saguenay, nous aurons quelques minutes encore à passer sur recherche
agricole et enseignement agricole. On a demandé au ministre à ce
moment-ci, toujours au programme 1, de faire un tour d'horizon ou d'apporter
certaines précisions. Alors, la parole est au ministre.
M. TOUPIN: Je voudrais tout simplement apporter une...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Excusez, juste un instant. Afin que ce
soit bien inscrit, je demande que la commission reconnaisse le fait que si,
à la demande du ministre, le sous-ministre ou un autre officier du
ministère parle en son nom, ce sera enregistré au nom du ministre
au journal des Débats. Est-ce entendu?
M. LESSARD: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): D'accord. M. le ministre.
M. TOUPIN: Je veux simplement donner les grandes lignes de ce qui se
fait dans la recherche. Le sous-ministre, après, pourra apporter
certaines précisions sur les programmes de recherche. Avant, il existait
au Québec plusieurs centres de recherche, mais qui n'étaient pas
ou à peu près pas coordonnés. Nous avons mis en place,
nous, des conseils de recherche qui s'appliquent à deux ou trois types
de production en particulier; le dernier est un conseil de recherche sur le
développement de l'agro-alimentaire au Québec.
Il en existe un dans les productions animales, il en existe un dans les
productions végétales et il en existe un maintenant dans
l'agro-alimentai-re; ce sont les trois seuls.
M. LESSARD: Vous avez quatre conseils de recherche actuellement?
M. TOUPIN: On en a trois, je vais apporter des précisions. Est-ce
qu'on les appelle des conseils ou des comités?
M. LESSARD: Le conseil de recherche qui coordonne le ministère de
l'Agriculture.
M. TOUPIN: Bon, il y a ces trois là. Otons le mot conseil pour
ça, parce qu'avant on les appelait les conseils. On va les appeler des
comités. Il y a ces trois comités qui travaillent dans des
secteurs en particulier.
M. LESSARD: Pour plus de précision, vous avez un conseil de
recherche à l'intérieur duquel il y a trois comités.
M. TOUPIN: Jusqu'à un certain point, oui.
M. LESSARD: Le conseil de recherche coordonne les recherches au
ministère de l'Agriculture...
M. TOUPIN: Partons de la base...
M. LESSARD: ... aux universités et même les recherches du
gouvernement fédéral.
M. TOUPIN: ... et posons-nous la question: Qui fait la recherche au
Québec, tout compte fait? Après, on verra comment elle est
coordonnée. Alors, la recherche est faite par les différents
comités dont je vous parlais tantôt, qui groupent actuellement
trois secteurs précis: le secteur de la production animale, le secteur
de la production végétale et le secteur agro-alimentaire. Le
dernier qui fut créé est le comité du secteur
agro-alimentaire dont le président est M. Marcel Gagnon, qui
préside le conseil des denrées alimentaires de
l'Université du Québec à Montréal, celui qu'on a
inauguré récemment.
Il se fait, par la suite, de la recherche aux universités:
à l'université Laval, au collège Macdonald et il s'en fait
également dans les différentes stations du gouvernement
fédéral. Le ministère de l'Agriculture, lui aussi, fait de
la recherche avec ces stations, etc.
M. LESSARD: Combien y a-t-il de stations du gouvernement
fédéral?
M. TOUPIN: Du gouvernement fédéral, il y en a sans doute
trois ou quatre, quatre avec le dernier centre.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: Tout cela est groupé dans un conseil provincial de la
recherche dont le président est Claude Simoneau. Ce conseil de recherche
provincial est formé du doyen de la faculté des sciences de
l'agriculture et de l'alimentation, de M. Bonneau, du ministère de
l'Agriculture du Québec, de M. Forest, directeur général
à la recherche et à l'enseignement,
de M. Lebel, qui s'occupe de la direction générale
à la commercialisation, de M. Melançon, qui est responsable des
bureaux et laboratoires régionaux dans lesquels il se fait de la
recherche aussi, de M. Soucy, qui est président du conseil des
productions animales du Québec, etc. Donc, il y a seize personnes qui
siègent à ce conseil de recherche. Le conseil groupe des
représentants de tous les secteurs ou à peu près.
Son rôle est de faire les choix, de coordonner la recherche et de
faire les choix. Evidemment, ici, il y a une programmation d'établie
qu'il serait peut-être trop long de lire, mais disons, dans les grandes
lignes, que le rôle du conseil de recherche est de faire les choix et de
coordonner la recherche. Par exemple, c'est le conseil de recherche qui va
décider qu'on va faire tel type de recherche à
l'université Laval, tel autre type au collège Macdonald, tel
autre type au CRESALA, etc. C'est de cette façon, actuellement, que
fonctionne la recherche au Québec alors qu'auparavant elle était
éparse, manquait de coordination. Je pense que depuis deux ans c'est
là l'élément fondamental de l'organisation de la recherche
dans le secteur agricole au Québec.
Maintenant, on pourrait voir quel est le rôle que joue chacune des
stations de recherche, les tâches qu'on leur a confiées, etc.,
mais c'est le conseil de recherche qui est l'élément moteur de
toute cette recherche.
M. LESSARD: En ce qui concerne les six stations de recherche du
gouvernement provincial, leur rôle est à peu près le
même que celui que vous avez indiqué l'an dernier lorsque nous
vous avions posé cette question, sinon, peut-être, tel que
l'indiquait tout à l'heure le sous-ministre, sinon une plus grande
spécialisation.
M. TOUPIN: On tend à la spécialisation. C'est pour
ça qu'on a voulu faire la coordination, pour éviter le
dédoublement, pour que la même recherche ne se fasse pas, par
exemple, à Laval alors qu'elle se fait à Macdonald, pour qu'elle
ne se fasse pas à l'Université du Québec à
Montréal, alors qu'elle se fait déjà à
l'Université Laval. C'est pour éviter le dédoublement et
spécialiser autant que possible chacun des secteurs.
M. LESSARD: Maintenant, pour que cette recherche soit profitable
à l'agriculture et aux agriculteurs, est-ce que les résultats de
ces recherches, positifs ou non positifs, mais surtout les résultats
positifs, doivent normalement être transmis aux agriculteurs? On doit
tenter de les aider à se spécialiser soit dans un secteur ou dans
l'autre; de quelle façon cela peut-il se faire? Est-ce que c'est par les
bureaux locaux ou les bureaux régionaux qu'on peut informer les
agriculteurs de ces recherches puis des résultats positifs, s'il y a
lieu?
M. TOUPIN: Cela dépend évidemment du type de recherche
dont il s'agit, mais le ministère...
M. LESSARD: Au ministère, vous cherchez à aller vers
l'autosuffisance, vous avez fait des recherches sur les différentes
cultures céréaliè-res et vous tentez d'intéresser,
par des programmes précis, certains agriculteurs à se
spécialiser dans ce domaine ou du moins à diversifier leur
production. Naturellement, votre conseil de recherche ou votre comité de
recherche dans ce secteur doit transmettre ses expériences positives
à ces gens. De quelle façon y a-t-il une relation entre les
agriculteurs au Québec et le conseil de recherche?
M. TOUPIN: Je vais donner une couple de principes et, après, le
sous-ministre pourra énumérer, lui, quel type de recherche
descend aux agriculteurs et quel autre type reste au ministère, etc.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: II y a deux principes fondamentaux là-dedans. Le
premier est que le ministère a besoin d'un certain nombre
d'éléments de recherche pour orienter ses politiques et ses
programmes. Alors le ministère se base sur cette recherche pour
conseiller les agriculteurs des bureaux régionaux dans le domaine, par
exemple, des catégories de céréales qu'on doit
développer au Québec. Le ministère se sert
énormément de cette recherche comme première partie. Et
comme deuxième partie, les centres de recherche, les différents
niveaux de recherche coordonnent leur activité et essaient ensemble de
pousser plus loin la recherche dans les différents secteurs. C'est un
peu comme ça, tout compte fait, en principe, que ça se passe.
Maintenant, il y a d'autres façons plus concrètes pour descendre
jusqu'à la ferme...
M. LESSARD: Prenons un exemple concret. Comment, par exemple, la station
de recherche Les Buissons, qui se spécialise dans l'étude de la
production de la patate.
Comment cette station peut-elle être utile aux agriculteurs de ma
région puisque l'on sait que ce sol est assez propice à la
culture de la patate? Comment, en relation avec la station Les Buissons, les
agriculteurs peuvent-ils profiter de ces recherches et, en même temps, se
spécialiser probablement dans la culture de la patate, s'il y a
lieu?
M. TOUPIN: II a été fait mention, M. le Président,
tout à l'heure, que dans les rôles du Conseil de recherches
agricoles du Québec il était celui de coordonner les
activités de recherche au Québec. Mais une autre partie de son
mandat est aussi de colliger l'information, parce que nous étions
conscients qu'il fallait rétrécir la période de temps
entre le moment où il y a
une recherche d'effectuée et son temps d'application
auprès des agriculteurs. Donc, utilisons l'exemple concret de la station
Les Buissons, où nous faisons de la recherche autant sur des
variétés de pommes de terre que sur des maladies ou exemptions de
maladie, etc. Lorsque les travaux de recherche sont compilés via le
Comité des productions végétales du Québec, on
collige l'information, c'est-à-dire qu'il y a là un
résumé qui est fait. Nous publions, à partir de cela,
chaque année, un guide de production, lequel s'appuie sur les recherches
qui ont été effectuées dans divers domaines.
Dans le cas de la pomme de terre, par conséquent, nous mettons
à jour, chaque année, le guide de production de pommes de terre
qui, lui, est pour l'usage de nos fonctionnaires dans les diverses
régions du Québec et aussi des agriculteurs
spécialisés. C'est donc dire qu'à partir de cette
recherche les producteurs de pommes de terre Elite de la région de
l'Ile-Verte, par exemple, peuvent chaque année, soit par des
réunions, soit par un guide technique de production, être mis au
courant des nouvelles informations pertinentes à telle ou telle
production et, dans le cas de la station Les Buissons, à la pomme de
terre.
M. LESSARD: Mais, d'après certaines discussions que j'ai eues
avec les producteurs de pommes de terre dans ma région, il semble qu'ils
ont énormément de difficultés à obtenir ces
informations ou ils ont énormément de difficultés à
obtenir la collaboration, semble-t-il, de la station de recherche Les Buissons.
Dans un cas bien précis, je ne sais pas si c'est l'un des objectifs de
la station Les Buissons, mais, par exemple, des agriculteurs veulent avoir des
semences de pomme de terre et ne peuvent pas en obtenir alors que dans la
région de l'Ile-Verte il semble que les agriculteurs n'aient aucune
difficulté à obtenir ces semences.
M. TOUPIN: Vous faites allusion à un autre problème. La
spécialisation de la station Les Buissons, notamment dans la production
de la pomme de terre exempte de maladies à virus, si vous voulez, fait
que, pour des raisons strictement scientifiques ou techniques, nous ne pouvons
disposer des pommes de terre le problème que vous soulevez me
semble, en tout cas, relié à l'achat de ces pommes de terre
que nous avons enlevées lors de la classification et dont
certains agriculteurs de votre région voudraient se porter
acquéreurs.
M. LESSARD: C'est ça.
M. TOUPIN: Nous avons beaucoup d'hésitations à utiliser ce
type de pommes de terre, d'une part parce que ce sont des pommes de terre que
l'on appelle de rebut, c'est-à-dire qu'elles ont été
écartées comme plantes susceptibles d'être utilisées
et que, d'autre part, étant donné que nous essayons de faire de
ces multiplications et cette recherche, notamment sur le contrôle des
maladies, nous voulons nous assurer que le territoire, en ce qui concerne les
variétés et les recherches qui sont faites, n'amène pas de
contamination possible par des pommes de terre qui soient
transférées dans d'autres champs on sait que les insectes
voyagent très vite et ne connaissent pas les frontières de
clôtures pour, à ce moment-là, venir risquer de
compromettre l'orientation de la recherche qui est faite là
spécifiquement.
M. LESSARD: Contaminer, en fait. M. TOUPIN: C'est exact.
M. LESSARD: Quant à moi, M. le Président, ça va. Je
suis prêt à aller à la ventilation.
M. ROY: Moi, avant d'aller à la ventilation, puisqu'on parle de
recherche agricole, j'aimerais bien que le ministre de l'Agriculture nous dise
où en sont rendues les recherches qu'on peut faire dans le secteur de la
production de l'érable, dans la production du sucre et du sirop
d'érable, compte tenu du fait que le nombre de producteurs diminue
chaque année dans ce secteur.
C'est un problème qui affecte particulièrement la
région de la rive sud du Saint-Laurent. Il y a également le fait
que non seulement le nombre d'agriculteurs diminue, mais que le volume de la
production diminue chaque année, indépendamment des question
climatiques. Il y a toujours un nombre de plus en plus grand
d'érablières qui ne sont pas entaillées.
J'aimerais savoir de l'honorable ministre s'il y a des recherches de
faites dans ce domaine. Où en sont rendues ces recherches à ce
jour? Quelles sont les intentions du gouvernement, à court et à
moyen termes?
M. TOUPIN: On y revient tous les ans; ce sont presque toujours les
mêmes problèmes qu'on rencontre dans le sirop d'érable. La
recherche doit se faire au moins à deux niveaux: celui de la
commercialisation et, par conséquent, de la transformation des produits,
et celui, également, de la production.
Je pense que le ministère a poussé sa recherche plus du
côté de la production que du côté de la
commercialisation et de l'utilisation à des fins plus variées de
ce produit du sirop d'érable.
Je pense que la recherche qui fut faite et qui est arrivée aux
conclusions les plus valables c'est la cueillette du sirop d'érable.
Dans nos différentes stations de recherche le sous-ministre
pourra les énumérer tantôt nous en sommes venus,
depuis quelques années, à implanter un système de
tubulure, un système de tubes dont l'expérience s'avère
valable vraiment sur le plan de la cueillette et qui pourrait maintenant
être utilisé par plusieurs producteurs.
II y a, c'est bien évident, le problème des coûts,
de l'implantation d'un tel système. Mais un système comme
celui-là, d'après les expériences qui ont
été faites, démontre clairement qu'on économise de
la main-d'oeuvre et qu'on produit plus par unité de production, par
érable.
Si on arrivait à implanter un tel système dans la plupart
des érablières au Québec, je ne pense pas qu'on
réglerait en entier le problème de main-d'oeuvre mais en
réglerait une bonne partie tout au moins de ce problème et aussi
une bonne partie du problème de la production.
Il restera après à regarder comment on peut diversifier
l'utilisation de ce produit sous forme de mets à offrir aux
consommateurs et il restera aussi à trouver les marchés pour
écouler ces différents types de produits. C'est dans cette
perspective que nous travaillons, dans le cadre de la production du sirop
d'érable, au chapitre de la recherche.
Peut-être que le sous-ministre pourra vous donner les endroits
où se fait la recherche et les différentes expériences qui
ont été menées jusqu'à maintenant mais, dans les
grandes lignes, c'est ce qui se fait dans la recherche au Québec
relativement au sirop d'érable.
Je pense que le député de Beauce-Sud connaît nos
stations de recherche dans le domaine du sirop d'érable.
M. ROY: Oui, je les connais mais j'apprécierais que le
sous-ministre puisse nous donner des informations là-dessus, au moins
pour ceux qui s'intéressent de près à cette question.
Plusieurs, également, suivent les travaux de la commission
parlementaire. Si les déclarations pouvaient être inscrites au
journal des Débats je pense que ça pourrait être une source
d'information pour les producteurs de sirop d'érable.
Si le président n'a pas d'objection, j'aimerais bien que...
M. TOUPIN: Je peux donner les différents endroits où se
fait la recherche.
M. ROY: Donner tous les renseignements possibles.
M. TOUPIN: M. le Président, le ministère de l'Agriculture,
dans ses efforts de recherche dans le domaine de l'acériculture,
poursuit d'intenses recherches tant à Saint-Norbert, comté
d'Arthabaska, qu'à l'érablière expérimentale du
mont Orford. Dans le cadre, toujours, du problème de la main-d'oeuvre et
aussi du problème du rendement par entaille, nous faisons principalement
de la recherche sur différents types de collecte de l'eau
d'érable par tubulure, que ce soit sous vacuum, que ce soit aussi par
plan incliné, de même aussi que nous avons étudié
sous certains autres aspects des moyens de réduire les coûts
d'ébullition ou d'évaporation de cette même sève. En
même temps, nous faisons des recherches sur la physiologie et le
développement de l'érable, c'est-à-dire sur l'importance
de sa grosseur par rapport à la sève qui peut en être
retirée, ainsi que sur certains autres sous-projets ayant trait à
l'installation de systèmes de tubulure. Donc, deux aspects fondamentaux:
moyens de réduire la main-d'oeuvre et d'utiliser au mieux les
érables disponibles dans la province de Québec; d'autre part,
moyens tant sur le plan physiologique, concernant l'arbre, que sur le plan
économique pour réduire les coûts de production,
d'évaporation. Nous avons fait là divers essais
d'ingénierie en ce qui regarde les systèmes d'évaporation
et les moyens de réduire le temps d'évaporation et le coût
tenant compte des différentes matières énergétiques
utilisées pour faire l'évaporation.
M. ROY: Je remercie le sous-ministre, suite à toutes ces
questions. Il est évident que le système de tubulure, plusieurs
producteurs l'ont installé, et c'est pas mal encore à titre
expérimental. D'autres personnes ont l'intention d'installer ce
système chez elles alors qu'un très grand nombre, M. le
Président, ne sont pas prêtes et ne sont pas encore vendues
à cette idée.
Il y a deux autres problèmes dans ce domaine. Il y a celui de la
mise en marché, comme vient de dire le ministre et, en ce qui me
concerne, je déplore que le gouvernement n'ait pas fait plus d'efforts
dans le passé pour tâcher d'aider, favoriser, stimuler
l'initiative dans ce domaine pour la mise en marché des produits de
l'érable. Le plus grand problème que rencontrent les producteurs
agricoles dans la mise en marché, c'est celui de l'entreposage du
produit. C'est qu'au moment où la production se fait c'est une
production très saisonnière et qui requiert
énormément de capitaux les entreprises, telle la
Coopérative de Plessisville et différents intermédiaires,
différents grossistes achètent le sirop d'érable.
Evidemment, la grande partie, comme vous le savez je n'apprends
rien à personne prend la direction des Etats-Unis. A cause du
coût de l'intérêt actuellement, et surtout depuis quelques
années, il arrive que ceux qui achètent le produit de
l'érable tentent de s'en débarrasser le plus vite possible, de
façon à récupérer leurs capitaux, pour ne pas avoir
à payer de trop grands frais d'intérêt. Et
également, d'autres grossistes peuvent profiter du fait qu'un certain
nombre de producteurs gardent leur produit chez eux, aller l'acheter au mois de
juillet, au mois d'août, ou au mois de septembre, comme ça s'est
produit au cours de l'année dernière, et que ce produit entre sur
le marché et concurrence le produit qui a été
acheté par la coopérative de Plessisville.
Alors ça, c'est un problème énorme. Je pense que le
seul moyen de le régler, ce serait que le gouvernement provincial ne
fasse pas de prêt lui-même. Il y a des possibilités,
à un moment donné, d'emprunter dans des institutions, mais que le
gouvernement provincial garantisse lés
prêts puis qu'il accepte de défrayer le coût de
l'intérêt. Si la coopérative ou d'autres organismes ou
d'autres grossistes sont en mesure de garder sans frais additionnels les
produits de l'érable en entrepôt, ils pourront organiser une mise
en marché rationnelle puis une mise en marché annuelle.
Il est quand même étonnant de constater que quand arrive le
mois de février et le début de mars, il n'y a pas ou très
peu de possibilité de se procurer du sirop d'érable dans la
province de Québec. Alors, si la coopérative de Plessisville,
entre autres, qui est le plus gros acheteur, autrement dit qui reçoit le
plus gros volume de produits de l'érable, organise sa mise en
marché sur une base annuelle, c'est que l'augmentation des coûts,
à cause des coûts de l'intérêt, fait que le produit
doit monter constamment. Ils ne peuvent pas organiser une mise en marché
rationnelle sur le même prix annuellement, parce que le produit qui peut
être mis sur le marché au cours du mois de mai, au cours du mois
de juin, coûte moins cher, à cause de ces coûts de
l'intérêt et ces loyers de l'argent, qu'il coûterait aux
coopératives si elles étaient obligés d'entreposer le
produit, d'attendre jusqu'au mois d'octobre, au mois de novembre et au mois de
décembre.
Ce problème est très important. J'ai rencontré les
différents grossistes, j'ai rencontré les gens du plan conjoint.
J'ai rencontré les gens de la coopérative de Plessisville, puis
on revient toujours sur ce même problème: la question de
l'entreposage du produit. J'ai parlé avant-hier soir d'une banque de
produits agricoles. Si on a peur du mot banque de produits agricoles, parce que
ça vient de chez nous, ça vient de nous, oublions ça pour
le moment, disons l'entreposage du produit. Il faut tâcher d'organiser
une mise en marché rationnelle puis une mise en marché annuelle.
Il y a des possibilités de vendre nos produits de l'érable en
Europe. Il y a des possibilités immenses. Il y a des possibilités
de vendre de ces produits dans d'autres pays du monde actuellement, et quels
sont les efforts qui sont faits? On laisse aux producteurs toute la
responsabilité que cela peut impliquer.
On leur laisse, autrement dit, l'obligation d'en assumer les frais
eux-mêmes. Il va falloir des incitations; il va falloir des budgets; il
va falloir que quelque chose se fasse dans ce domaine et il appartient au
ministère de l'Agriculture de le faire. Moi, je suis bien d'accord sur
la question des tubulures, je n'ai rien à dire là-dessus,
ça va régler un problème de main-d'oeuvre dans les grosses
érablières et puis que ça va peut être contribuer
à diminuer les coûts, les frais d'exploration de
l'érablière comme telle. Actuellement, nous exploitons, au
Québec, 50 p.c. de notre potentiel, seulement 50 p.c. de notre potentiel
dans ce domaine et c'est un produit unique au monde et nous avons des
possibilités de commerce international.
Et je dis et je répète à l'intention du ministre
que les agriculteurs ne sont pas capables eux-mêmes d'en assumer tous les
frais, il faut l'intervention du ministère de l'Agriculture.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je voudrais signaler, avant que le
ministre fasse ses commentaires, que je reconnais les droits d'expression du
député et je comprends aussi les difficultés qu'il peut y
avoir quant à la représentation de son parti vis-à-vis de
la commission. Vous pourriez être dans une autre commission à
l'occasion de l'étude du programme 5, parce que depuis quelques minutes
déjà vous parlez de commercialisation. Je voudrais attirer votre
attention sur le fait que, lorsque nous arriverons à la
commercialisation, je présume qu'on ne reviendra pas sur ce que vous
venez de dire, parce que cela aura déjà été
dit.
Mais je reconnais le problème du député dans la
représentation de son parti et je reconnais qu'il puisse, à ce
moment-ci, s'exprimer sur le programme 5 sans que je reconnaisse d'autres
interlocuteurs ou accepte d'autres commentaires vis-à-vis de la
commercialisation de produits. J'ai voulu faire cette mise au point avant que
le ministre ne réponde. Maintenant, je laisse au ministre le soin
d'attendre pour donner sa réponse au programme 5 ou s'exprimer
immédiatement. Ce sera le ministre qui en décidera.
M. TOUPIN: Si vous permettez, M. le Président, on peut vider ce
problème-là et, à la commercialisation, on n'y touchera
plus.
M. ROY: Je préférerais, étant donné qu'il y
a plusieurs commissions parlementaires et que nous ne sommes que deux.
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'ai reconnu ce
problème-là, M. le député.
M. ROY: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous en donne le mérite et je
vous remercie aussi de m'avoir permis, tout à l'heure, de juger d'un
problème sur lequel je n'ai pas eu à me prononcer. Allez-y, M. le
ministre.
M. VEILLEUX: M. le Président, à titre d'information,
lorsqu'on va arriver au programme 5 on va pouvoir parler de mise en
marché des autres produits?
M. TOUPIN: Certainement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Certainement. On reconnaît ici un
problème particulier.
M. VEILLEUX: C'est parce qu'on veut être aimable envers le
député de Beauce-Sud.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est cela.
M. ROY: C'est cela et on vous remercie de le reconnaître.
D'ailleurs, cela rachète le député des
Iles-de-la-Madeleine.
UNE VOIX: II va vous rendre la pareille,
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ecoutez, on doit rester tout de
même sur la réponse du ministre en ce qui concerne la question du
député. M. le ministre.
M. TOUPIN: Prenons d'abord le problème de la production. On en a
dit un mot tantôt. C'était important pour nous, au
ministère, de régler ce problème parce que c'était
relié directement à l'approvisionnement des quelques petits
entrepôts et des quelques mécanismes de commercialisation que nous
avons. Il n'aurait servi à rien pour le ministère de travailler
à la commercialisation à fond de train sans être
assuré qu'il était possible, au Québec, de trouver de
meilleures méthodes de production dans le domaine du sirop
d'érable.
Nous avons découvert ce système de tubulure. Maintenant
que les expériences s'avèrent passablement concluantes dans ce
secteur-là nous avons, cette année, un programme particulier
là-dessus qui va aider les agriculteurs. On en a choisi 40 ou 45 pour
cette année parce qu'on sait que tous les agriculteurs ne s'en
prévaudront pas. On a prévu un programme pour 40 ou 45
producteurs où nous allons subventionner l'installation de la tubulure
jusqu'à environ $1,500 par unité de production.
M. ROY: Qu'est-ce que vous considérez comme une unité de
production?
M. TOUPIN: Une unité de production, c'est $0.65 l'entaille; si
vous avez 1,000 entailles, ça fait...
M. ROY: Jusqu'à concurrence de $1,500?
M. TOUPIN: Jusqu'à concurrence de $1,500 selon les unités
de production. Cela ne dépassera pas $1,500 mais ça peut
être moins de $1,500; la base est de $0.65 par entaille, si ma
mémoire est bonne. C'est un programme nouveau qu'on instaure, qui va
coûter quelques centaines de milliers de dollars et qui va aider la
production.
L'autre problème, c'est celui de la commercialisation qui, lui,
comprend toute la gamme dont vous avez parlé tantôt. La
commercialisation comprend la mise en place de systèmes d'entreposage,
la mise en place de systèmes de transformation du produit, d'empaquetage
du produit, de distribution du produit et le problème des
marchés. Je suis bien prêt à admettre, comme vous, que tous
les citoyens du monde qui ont de l'argent devraient manger du sirop
d'érable parce que c'est bon. Je suis d'accord avec vous
là-dessus, il n'y a pas de doute possible.
M. ROY: ... on dit que c'était bon, tout à l'heure.
M. TOUPIN: Les Japonais, les Européens, etc., devraient manger du
sirop d'érable parce que, moi, je pense bien que c'est bon, en tout cas.
Pour arriver là, il faut mettre-de l'avant des mécanismes. Mais
le député de Beauce-Sud va reconnaître une chose avec moi
et je suis convaincu qu'il le sait. Il existe, dans le sirop d'érable,
une coopérative qui appartient à des producteurs et une
fédération qui appartient à des producteurs aussi mais qui
administre un plan conjoint. Le député de Beauce-Sud va
comprendre qu'il y a là un problème sérieux. Les
producteurs de ces deux organismes ne parviennent pas, actuellement, à
s'entendre sur des mécanismes de mise en marché. Je vais apporter
un exemple là-dessus. Supposons qu'on subventionne, nous, la
coopérative à fond de train pour entreposer le sirop
d'érable; ça ne veut pas dire du tout que tout le sirop va aller
là, ce n'est pas ce que cela veut dire. La fédération,
elle, qui groupe un certain nombre de producteurs, via un plan conjoint, ce
n'est pas certain qu'elle décidera de l'envoyer là son sirop,
elle peut l'envoyer ailleurs, elle peut le négocier ailleurs, etc. Cela
ne veut pas dire qu'on aura réglé le problème.
Donc, la première chose qu'il faille faire là-dedans c'est
de trouver un moyen de faire s'entendre ces gars-là comme on l'a fait
pour le lait et la coopérative. Vous vous rappelez la lutte entre la
Coopérative Fédérée et les producteurs de lait
industriel il y a trois ou quatre ans?
On est venu me voir et on a dit: Ecoutez, il faut trouver une solution.
Oui, on va en trouver des solutions, mais vous allez d'abord régler
votre problème. Vous allez vous entendre puis vous allez répartir
les tâches là-dedans. On va savoir après, nous, sur quel
pied danser. Moi, je leur pose la même condition. On a mis un
comité en place, nous, où un gars du ministère est
présent; on essaie de trouver la solution et de la faire accepter. Une
fois qu'on aura réglé ce problème, on va être
capable de trouver le moyen unique ou deux ou trois moyens d'entreposage. On a
déjà consenti des garanties d'emprunts à la
coopérative, on est prêt à en consentir encore; la loi du
ministère le permet. On est prêt à en consentir et on a le
droit, si on le veut, de donner des rabattements d'intérêts
là-dessus. On est prêt à faire ça.
M. ROY: Vous êtes prêt à faire ça?
M. TOUPIN: Bien sûr, mais à la condition que cela serve
à quelque chose, à la condition qu'on ne se retrouve pas six mois
après avec le même fichu problème sur les bras. Si je
règle le problème des huit, neuf ou dix agriculteurs qui font
affaires avec la coopérative de cette façon et si je ne
règle pas le problème des 20 ou 30 autres qui sont dans le plan
conjoint, qui se
retrouvent, eux, avec le même problème, comment vais-je
régler l'autre? Alors, il faut que je trouve le moyen, pour eux, dans la
commercialisation, de régler ce problème. C'est pour ça
qu'on leur demande de s'entendre.
M. LESSARD: Est-ce que la loi que vous avez déposée, hier,
à l'Assemblée nationale va vous permettre justement de
régler ce problème?
M. TOUPIN: J'y viens, on va y arriver. L'entreposage, on y touche un peu
par le biais de ce que je viens de dire. Si on parvient à mettre tous
les producteurs ensemble, on va trouver un système d'entreposage.
Maintenant, il faut aller plus loin. Il faut unifier la commercialisation et il
faut trouver des marchés. Vous parliez tantôt de votre banque
d'aliments. Cela existe déjà, les banques d'aliments, au Canada
et au Québec. La coopérative de Granby a des centaines de
milliers de livres de fromage en entreposage, du lait en poudre aussi. Cela
existe; c'est ce qui permet de suivre les marchés internationaux et de
répondre aux besoins à mesure qu'ils se posent. Il faudrait faire
la même chose pour le sirop d'érable ou à peu près.
Il faudrait que la coopérative soit capable de le garder et de le mettre
en marché au moment où c'est le temps de le mettre en
marché. On est prêt à l'aider là-dessus, à
condition que tous les producteurs soient dedans.
M. ROY: Vous êtes prêt à aider la coopérative
là-dessus?
M. TOUPIN: Absolument, mais à la condition que cela serve
à quelque chose. Je ne mettrai pas des piastres dans un panier
percé. C'est évident que non. On va en mettre au moment où
les gars diront: Cela est sérieux, on va y aller et puis tout le monde
sera sur le même pied.
Il va rester maintenant tous les marchés internationaux à
explorer, et même les marchés internes. On a déjà
proposé une structure, je ne sais pas comment cela va se
concrétiser. Moi, je reste convaincu que cette structure est
nécessaire: ce serait d'avoir au Québec une sorte de
société qu'on appelle, nous, agro-alimentaire, dont le rôle
consisterait précisément à prendre un problème
comme celui-là, aller négocier avec tel autre pays ou telle autre
province des ventes de ce produit et faire de la recherche en même temps
sur l'utilisation du produit. Pour unifier la commercialisation, on a
amendé la loi de mise en marché. Le nouveau projet de loi a
été déposé en première lecture à
l'Assemblée nationale. On demande là-dedans je ne sais pas
comment l'Assemblée nationale réagira à la
régie et au ministère, à la demande des producteurs,
à condition que les producteurs le veuillent, qu'on puisse mettre de
l'avant des organismes de commercialisation pouvant toucher un seul point, la
publicité, un seul autre point, l'entreposage, un seul autre point, le
transport. Cela pour ne pas être pris pour mettre en place une grosse
affaire pour commercialiser un produit, quand, peut-être, un seul
élément suffirait pour régler le problème. On a en
main à peu près tout ce qu'il faut pour agir là-dedans,
à condition qu'on puisse trouver l'unification au niveau des producteurs
et une pensée identique, à peu près, en ce qui concerne la
commercialisation, l'entreposage, la distribution puis la transformation du
produit.
M. LESSARD: Est-ce que cette loi va vous aider à...
M. TOUPIN: Dans la loi sur la mise en marché des produits
agricoles, comme je vous le disais tantôt, si, par exemple, 30 p.c. ou 40
p.c. des producteurs nous donnent clairement l'indication qu'on a besoin d'une
agence de publicité, le ministère pourra créer cette
agence de publicité via la Régie des marchés agricoles du
Québec sans passer par des référendums. Cela va
régler le problème dans l'immédiat.
M. ROY: Maintenant, si M. le Président me le permet...
M. TOUPIN: C'est le bill 12 que j'ai déposé hier.
M. ROY: ... je pourrais proposer de vider cette question au complet,
puis on n'aurait pas besoin d'y revenir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Combien de temps vous faudrait-il?
M. ROY: Trois ou quatre minutes, cela va dépendre un peu des
réponses du ministre. Je vais essayer de faire ça le plus
brièvement possible.
Le ministre a parlé d'entente entre le plan conjoint et la
coopérative de Plessisville. Je veux tout simplement rappeler au
ministre d'ailleurs, il le sait très bien, parce qu'il
connaît le problème que le plan conjoint a
été fondé précisément dans la Beauce,
à Saint-Georges, pour offrir aux agriculteurs un mécanisme de
négociation, ce que la coopérative ne possédait pas. La
coopérative prend le produit des producteurs, des coopérateurs,
le met en marché et le vend en leur nom.
M. TOUPIN: Comment voulez-vous que le plan conjoint puisse
négocier?
M. ROY: Le plan conjoint a une fonction différente...
M. TOUPIN: Pas dans le...
M. ROY: ... que celle...
M. TOUPIN: ... contexte actuel.
M. ROY: Ah! vous le voyez de façon différente.
M. TOUPIN: Bien, c'est évident. Comment voulez-vous que la
coopérative puisse acheter du sirop...
M. ROY: Ce que je veux dire, je vais préciser là...
M. TOUPIN: ... quand on ne négocie pas avec le plan?
M. ROY: Si vous me permettez, il faudrait parler le même langage
là-dessus. Le plan conjoint s'est donné une mission
spéciale, si vous voulez, un but spécial qui était de
négocier avec les grossistes, au nom des producteurs, afin de
négocier des prix. Cela a été l'objectif du plan conjoint.
C'est pour cela qu'il a été fondé. La coopérative,
on sait ce que fait une coopérative. Une coopérative prend le
produit des producteurs, l'entrepose, organise la mise en marché, le
vend en leur nom et elle leur remet le prix qu'elle a réussi à
obtenir, moins l'administration et les fonds nécessaires pour accumuler
des fonds de réserve.
Alors, il y a une question complémentaire, un lien, un trait
d'union entre le plan conjoint et la coopérative. Quand le ministre me
parle d'entente entre les deux, à quels niveaux voulez-vous voir cette
entente se réaliser? Quelles sont les exigences du ministère
à ce sujet? Dans quel but précis?
M. TOUPIN: II y a trois niveaux. Dans la commercialisation d'un produit
agricole, il y a trois points fondamentaux.
M. ROY: Oui mais le plan conjoint ne fait pas de commercialisation comme
telle. Il négocie des prix avec les grossistes, avec les acheteurs.
M. TOUPIN: Bien mettons de côté... M. ROY: Pas l'usine.
M. TOUPIN: Non, mais commercialiser un produit, cela ne veut pas dire le
transformer nécessairement. Quand on a négocié le prix
d'un produit, on a réalisé la principale phase de la
commercialisation. On a négocié un prix.
M. ROY: Oui, d'accord.
M. TOUPIN: C'est ce prix qui va déterminer les coûts du
marché, au bout. C'est cela qui est le principal.
UNE VOIX: C'est ça.
M. TOUPIN: Le plan conjoint va négocier avec certains acheteurs
et la coopérative n'est pas tenue de respecter ces engagements. Alors,
remarquez ce qui se produit dans le temps. Supposons que la coopérative
décide de payer moins cher ses producteurs, dans ses
négociations, que le plan conjoint a décidé ou que le
contraire se produise: La coopérative a décidé de payer
plus cher que le plan conjoint a décidé comme prix. L'un et
l'autre des groupes de producteurs sont toujours en contradiction
là-dedans. C'est cela mon problème. Que la coopérative
fasse là-dedans comme on l'a fait dans le lait, la coopérative de
Granby et la Fédérée. On négocie des prix dans le
lait tous les ans. On est en négociations là.
Quand le secteur privé a accepté de payer tel prix, la
coopérative paie tel prix. Si la coopérative fait plus d'argent,
elle prend les ristournes et elle les remet aux producteurs. C'est la
même chose que l'on devrait voir dans le sirop d'érable. C'est la
seule condition que je pose.
M. ROY: Est-ce qu'il y a eu des rencontres entre vous-même
et...
M. TOUPIN: Bien, je les ai rencontrés... M. ROY: ... les
intéressés?
M. TOUPIN: ... cela ne fait pas longtemps, cela fait un an, certain, un
an et demi. On a mis en place un comité consultatif de la régie
pour trouver une solution à ce problème. On a suivi le même
processus que pour le lait...
M. ROY: Est-ce que...
M. TOUPIN: ... et pour le poulet.
M. ROY: Ils ont demandé à vous rencontrer, il n'y a pas
tellement longtemps, les gens de la coopérative, à ce sujet.
M. TOUPIN: Moi, je ne les ai pas rencontrés. Mais je sais qu'il y
a des fonctionnaires du ministère qui les ont rencontrés.
M. ROY: Oui, je sais...
M. TOUPIN: Je ne sais pas si c'est...
M. ROY: ... que les fonctionnaires du ministère les ont
rencontrés.
M. TOUPIN: ... je pense que c'est M. Bisson-nette qui les a
rencontrés.
M. ROY: Mais on m'a fait part d'une certaine déception, de ne pas
avoir pu vous rencontrer.
M. TOUPIN: Ecoutez, je suis prêt à les rencontrer. Encore
une autre affaire. Je rencontre la coopérative à dix heures le
matin. A onze heures et demie, je dois rencontrer le plan. Qu'est-ce que j'ai
réglé?
M. LESSARD: Pourquoi pas un office unique de mise en marché?
M. TOUPIN: La Loi des marchés agricoles va nous le permettre avec
les amendements qu'on apporte, à la condition que les producteurs
l'acceptent.
M. ROY: Mais êtes-vous prêt à les rencontrer?
M. LESSARD: A condition que nous n'ayez pas, dans votre loi, une limite
comme vous en avez faite une dans le bill 64 ou...
M. TOUPIN: Non. Là, je vais informer tout de suite le
député de Saguenay que le bill 64, c'est la Loi des producteurs
agricoles.
M. LESSARD: Le syndicalisme agricole.
M. TOUPIN: Cela n'a rien à voir avec la Loi des marchés
agricoles.
M. LESSARD: Non, d'accord. Mais... M. TOUPIN: D'accord? M. LESSARD:
D'accord.
M. TOUPIN: La Loi sur la mise en marché des produits agricoles
cela est le bill 12, maintenant, qu'on a déposé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce qui arrive ici, messieurs, c'est que
je...
M. LESSARD: Je parle d'une limitation.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ce que je craignais. Alors, je
voudrais demander votre coopération pour que nous puissions passer
immédiatement à la ventilation des crédits.
M. TOUPIN: Alors, je ne sais pas si c'est suffisant. Je pense qu'on a
vidé le problème, quant à moi, sur cette question.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre aura l'occasion de
compléter ses observations, j'en suis sûr, à l'occasion de
l'étude du programme 5. Il y a toujours la transcription dans le journal
des Débats, comme le député le sait, pour savoir ce que le
ministre a dit.
Je voudrais, s'il vous plaît, avec votre coopération,
passer à la page 5-2 du ministère de l'Agriculture, ventilation
des crédits, programme 1, supercatégorie 1, catégorie 1,
traitements.
M. ROY: J'aimerais tout simplement, M. le Président, seulement un
mot,...
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le maire sait très bien aussi
qu'on l'accepte.
M. ROY: Un mot, M. le Président, pour vous dire que nous avons
vidé la question. J'ai obtenu les réponses que je désirais
obtenir pour et au nom des agriculteurs.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. le député,
merci M. le ministre.
M. ROY: Le ministre est prêt à les rencontrer et c'est cela
que je voulais.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 1, supercatégorie 1,
catégorie 1, traitements.
M. TOUPIN: M. le Président, si vous me permettez, on a
créé un comité au niveau de la Régie des
marchés agricoles du Québec pour régler le
problème. Que la coopérative et le plan trouvent là une
solution acceptable à leurs problèmes, qu'ils viennent me voir
après et je vais y aller.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: J'aurais une très courte question, toujours dans le
domaine de la recherche et de la production. Dans le domaine des asperges, par
exemple, on sait que le Québec produit environ 500,000 livres d'asperges
sur son territoire, et on a été obligé d'importer quelque
3.5 millions de livres d'asperges.
Est-ce qu'il y a des recherches d'entreprises dans ce secteur pour
déterminer où on pourrait cultiver des asperges? Je sais, par
exemple, que dans le comté de Verchères, à Saint-Amable,
il y a un terrain exceptionnel, en autant qu'il soit bien égoutté
et bien drainé, bien sûr, pour faire la culture des asperges.
M. VEILLEUX: On peut en avoir à Saint-Jean aussi.
M. LESSARD: II y a de la publicité. Il y a toujours Olive! La
publicité se fait: Olive et Popye.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La parole est au député
de Verchères.
M. OSTIGUY: J'ai posé ma question.
M. TOUPIN: M. le Président, nous effectuons, effectivement, de la
recherche en ce qui regarde la production d'asperges, plus
particulièrement et précisément à notre station de
L'Assomption.
Je pense que le problème que vous soulevez dépasse
largement les résultats de recherche. Avant qu'une aspergerie vienne en
production, il doit s'écouler trois ans avant qu'elle puisse être
coupée et utilisée pour être mise en marché. Je
pense que c'est là, peut-être, que cela pose un problème
à ceux qui pourraient être intéressés à la
production d'asperges, à cause du délai de trois années
d'implantation d'une aspergerie avant d'être mise en production.
Mais quant aux résultats de recherche et aux compilations
techniques, nous en disposons et nous pouvons informer adéquatement tout
agriculteur intéressé à cette production.
M. OSTIGUY: Un reportage a été fait par Jacques Rioux,
conseiller en horticulture au Bureau régional du ministère de
l'Agriculture, au Cap-de-la-Madeleine. C'est sûrement un très bon
reportage.
M. TOUPIN: Oui, c'est exact. M. Rioux a fait de la recherche pour la
région de la Mauricie, sur la possibilité d'implanter la
production des asperges et effectivement, il y a des possibilités.
On n'a pas fait, cette année, le choix définitif d'un
programme comme celui-là pour une raison très simple. C'est que
lorsque le rapport nous est venu, les grands choix étaient
déjà déterminés pour cette année en ce qui
concerne l'aide à donner aux productions nouvelles, quoique cela existe
déjà au Québec. C'est un programme qui, l'an prochain,
normalement, devrait s'implanter dans notre région. Mais il existe
déjà dans d'autres régions du Québec.
J'aurais pu donner priorité à ma région dans les
programmes, mais étant donné que les choix étaient faits,
déjà, pour certaines autres productions, on a
préféré opter pour d'autres productions.
M. OSTIGUY: Est-ce que vous pouvez me dire si le comté de
Verchères est dans vos choix?
M. TOUPIN: Le comté de Verchères est toujours dans nos
choix !
Traitements
LE PRESIDENT (M. Séguin): Fonctionnement, catégorie 1,
traitements.
M. LESSARD: A cette catégorie, M. le Président, je
voudrais simplement avoir la ventilation suivante: 1.03 ouvriers
réguliers, 1.04, autres ouvriers et 1.05, fonctionnaires occasionnels.
Je voudrais avoir le nombre et les montants prévus.
M. TOUPIN: Actuellement, M. le Président, au niveau des
traitements, au programme de la recherche, c'est $4,835,000 qui se
répartissent... En fait, ce sont toutes les activités. Le
détail que nous avons, suivant la programmation PPB, nous fait
compartimenter, pour chacune des stations de recherche, que ce soit notre
service de défense de culture, des sols, la station maîtresse ici,
Baie Saint-Ludger, Des-chambault, Les Buissons, Saint-Hyacinthe,
Sainte-Martine.
On pourrait, bien sûr, apporter des précisions, mais je
n'ai pas, actuellement, dans cet article, la compilation globale,
c'est-à-dire que je peux vous dire, au niveau des traitements,
globalement, comment c'est...
M. LESSARD: Justement, au niveau des traitements, vous avez certainement
les sous-catégories: 1.01 concerne la catégorie. Par la suite,
elle se subdivise à la demande du Conseil du trésor, sous forme
de différents...
M. TOUPIN: C'est exact. Nous avons des...
M. LESSARD: C'est ce que je demande, justement. Est-ce que c'est
possible d'obtenir, le détail dans les sous-catégories 1.03,
ouvriers réguliers, 1.04, autres ouvriers et 1.05, fonctionnaires
occasionnels.
M. TOUPIN: Pourriez-vous me dire de quand date votre volume? Cette
codification est changée.
Autrement dit, je pense qu'on peut dire, comme grandes lignes, qu'il y a
244 employés réguliers au niveau de la recherche agricole du
ministère de l'Agriculture, suivant le montant de $2,838,000
déposé pour cela. On peut vous le donner, mais il nous faut
absolument, actuellement, dans les compilations que nous avons, faire
l'addition pour chacune des stations pour lesquelles nous avons des
prévisions. Cela peut être fait.
Nous pouvons vous le donner. Est-ce que vous visez plus Les
Buissons?
M. LESSARD: Non.
M. TOUPIN: Nous pouvons vous donner Les Buissons.
Donnons-les au total, si nous sommes capables de les donner.
Pour le secrétariat administratif, par conséquent qui est
au complexe scientifique, les traitements prévus à l'heure
actuelle aux employés réguliers, au niveau des salaires et
allocations, totalisent $137,600 et $7,400 pour l'engagement d'occasionnels en
périodes critiques, plus particulièrement.
Je voudrais faire le commentaire général suivant: II est
clair que, lorsqu'on fait de la recherche en champs, par exemple, il y a des
périodes critiques, c'est-à-dire qu'il y a des périodes
où il nous faut engager du personnel, par exemple lorsqu'il est question
de sarclage, de collecte de données et nous complétons le
reste.
Au niveau du complexe scientifique, $137,000 pour les traitements et
$7,400 pour les occasionnels.
Maintenant, au niveau des stations de recherche, au niveau du Dr Forest,
parce qu'il y a le secrétariat administratif et, après cela, il y
a la section de développement et contrôle du complexe, $221,900 de
traitements réguliers et $2,900 pour des occasionnels.
A la division de défense des cultures, $611,900 au niveau des
traitements et $7,300 au niveau des occasionnels.
Au niveau du département des sols, $504,700 pour les traitements
et $14,700 pour l'engagement d'occasionnels.
Au niveau des stations de recherche agricole, est-ce que c'est global?
Au niveau de la direction, $36,400 traitements et salaires réguliers et
$8,700 pour des occasionnels.
Station de recherche B, Saint-Ludger, traitements réguliers
$114,600; ouvriers saisonniers surnuméraires, $34,000.
Station de Deschambault, $462,800 réguliers, $3,900 pour des
occasionnels.
Les Buissons: $62,300 de traitements, et il n'y a pas d'occasionnels.
Non, il y a des ouvriers saisonniers surnuméraires pour $28,600.
Station de recherche de Sainte-Martine: $48,700 de traitements;
$4,500.
Saint-Hyacinthe: $164,200 de traitements, $15,200 pour des ouvriers
saisonniers.
La Pocatière: $192,500 de traitements réguliers, $5,800
pour des occasionnels.
Je crois, M. le Président, avoir complété le
circuit.
M. LESSARD: Globalement, ce n'est pas trop mal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté, traitements.
Catégorie 3, Communications?
M. LESSARD: Est-ce que vous avez l'éventail dans le sens que je
vous l'ai demandé tantôt, à 3-01, Communications? Le
transport du ministre, combien cela coûte-t-il?
M. ROY: Combien de limousines?
M. TOUPIN: Lorsque vous référez à cela, vous
référez à une codification tout à fait
générale, mais ce n'est pas à cette catégorie que
nous retrouvons cette codification; c'est à la catégorie
Administration du programme 7 que je pourrai répondre à la
question posée.
Maintenant que la question est posée, je peux répondre; je
peux vous dire ce qu'il y a au ministère de l'Agriculture
actuellement.
M. LESSARD: Ce n'est pas parce que je doute du ministre.
M. TOUPIN: Non, non! Il y a une voiture qui est à ma disposition,
avec un chauffeur, et je n'ai pas de garde du corps.
M. ROY: Le sous-ministre n'a pas de voiture?
M. TOUPIN: Non, aucun des sous-ministres, personne au ministère,
sauf le ministre, n'a une voiture.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté? M. LESSARD:
Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 4, Services.
M. LESSARD: Au point de vue des services professionnels, est-ce quele
ministère fait appel à beaucoup de services professionnels venant
de l'extérieur du ministère?
M. TOUPIN: Lorsque vous référez à ce programme, M.
le Président, c'est davantage relié à des personnes qui
apportent leur collaboration au niveau des divers comités auxquels nous
faisions allusion tout à l'heure. Nous accordons une compensation pour
frais de déplacement à des chercheurs, quand ils ne sont pas
employés du ministère de l'Agriculture ou qu'ils sont de
l'industrie, qui apportent leur contribution pour coordonner et colliger des
informations susceptibles d'être utilisées à partir de la
recherche. C'est à cette catégorie que vous retrouvez le montant
de $64,800.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 4, adopté?
M. LESSARD: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 5, Entretien.
Adopté? Catégorie 6, Loyers.
M. ROY: A quel endroit sont ces loyers? Pourriez-vous nous donner la
liste, s'il vous plaît?
M. TOUPIN: Oui, je pense qu'ils se répartissent à
différents articles ou aux diverses stations. Le ministère de
l'Agriculture, à ses stations de recherche, a voulu prolonger, au niveau
de certaines régions notamment, la recherche en utilisant des fermes
d'agriculteurs comme stations de démonstration. C'est ainsi que, pour
différents secteurs, par exemple, à la division de la
défense des cultures, nous procédons à la location de
certains terrains afin que notre recherche serve au même moment
d'instrument de vulgarisation à l'agriculteur. Alors, vous en avez au
niveau de recherches que nous faisons sur la fertilité des sols. Je
pourrais, si ça vous intéresse, détailler, pour chacun des
secteurs, ce que nous faisons.
M. ROY: Nous pouvons nous en dispenser.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 6, adopté?
M. ROY: Oui.
M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 7, Fournitures.
M. LESSARD: Est-ce que c'est ici qu'on peut discuter des fournitures au
niveau des stations de recherche?
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Dans le cas de Deschambault, vous avez, je crois, un salon
de traite.
M. TOUPIN: Une étable. M. LESSARD: Pardon?
M. TOUPIN: Ce n'est pas un salon; c'est une étable.
M. LESSARD: Est-ce qu'on peut savoir combien a coûté cette
étable, d'achat et de machinerie?
M. TOUPIN: Ah! bon. L'étable d'où, ça? Je vous le
cite, M. le Président, de mémoire, mais je crois que
c'était $110,000.
M. LESSARD: $110,000 pour l'achat de l'étable?
M. TOUPIN: Construction et achat d'équipement pour ce que vous
appelez le salon de traite.
M. LESSARD: Maintenant, ce salon de traite ou cette étable sert
à quoi?
M. TOUPIN: Nous avons...
M. LESSARD: Sert d'étable, mais quels sont les buts?
M. TOUPIN: Nous devons inscrire cette immobilisation, en fait, dans le
cadre de la spécialisation de la station de recherche de Deschambault.
Nous avons voulu que la responsabilité, en ce qui regarde la recherche
sur l'industrie laitière, soit concentrée à Deschambault
dans l'optique de planification et de non-dédoublement des efforts qui
étaient faits autrefois à La Pocatière, Saint-Hyacinthe et
Deschambault. Partant de là, nous croyons suffisamment importante la
structure économique provenant de l'industrie laitière au
Québec pour que nous fassions nous-mêmes des
expérimentations afin d'éviter à des agriculteurs de faux
pas dans une immobilisation, comme vous le dites, qui pourrait dans certains
cas friser le salon. Alors, nous avons voulu par là faire une recherche
dans le cadre non seulement de l'alimentation et de la disposition des solides
découlant de l'industrie laitière il s'agit d'engrais
mais, en même temps, sur le problème de la consolidation de
la ferme laitière en regard de la nécessité de
réduire, par des moyens mécaniques, la main-d'oeuvre
nécessaire.
Il y a lieu aussi de faire des études de rentabilité, par
exemple, sur un troupeau de 100 vaches laitières et de voir comment on
peut épargner du temps et de la main-d'oeuvre, quelle est la meilleure
façon de procéder. Est-ce que c'est avec un système de
traite où il y a huit vaches qu'on traite à la fois ou 16 vaches
à la fois? C'est dans ce cadre que s'est installée cette
immobilisation.
M. LESSARD: Combien avez-vous de vaches laitières?
M. TOUPIN: Effectivement, on a parlé de 100,000 vaches
laitières... Je vais vous dire ça, puis avec les veaux aussi,
mais là je ne le sais pas par coeur.
M. GIASSON: L'investissement que vous avez fait par unité de
production représentait environ $1,000 par vache?
M. TOUPIN: C'est exact. Nous sommes conscients que c'est un
investissement relativement dispendieux, mais notre calcul a été
le suivant: c'est qu'il valait mieux que, sur le plan de recherche, ce soit
fait par le ministère de l'Agriculture il ne le sait pas s'il a
fait des bons pas ou des mauvais pas plutôt que par les
agriculteurs eux-mêmes.
M. LESSARD: Pourquoi pas?
M. FRASER: Quelle sorte de salon de traite avez-vous installé?
Est-ce que c'est un salon de traite circulaire, qui tourne à mesure que
les vaches se traient?
M. TOUPIN: Non, c'est un salon...
M. FRASER: C'est le meilleur salon qui s'en vient.
M. TOUPIN: Oui, là vous parlez, ça c'est...
M. FRASER: Un investissement de $100,000 pour un salon de traite, vous
avez dépensé pas mal.
M. TOUPIN: Non, je pense, ce n'est pas uniquement un salon de traite,
c'est une étable. Comme je l'expliquais tout à l'heure, nous
avons concentré le bétail laitier, que nous avions à
Saint-Hyacinthe et à la Pocatière, à Deschambault, de
sorte que tout l'éventail de la recherche relié à
l'industrie laitière au Québec se fasse dans un seul et
même endroit qui est maintenant Deschambault. II nous a fallu, par le
même phénomène, agrandir l'étable et
développer un salon de traite. Donc, quand on parle de $110,000, c'est
tout, c'est pour tous les animaux, alors...
M. LESSARD: Donnez-nous donc l'éventail, combien en machinerie et
combien...?
M. TOUPIN: Je pourrais vous donner ça, mais pas à l'oeil,
parce que je risquerais de commettre des erreurs, M. le Président, mais
je peux fournir cette information.
UNE VOIX: Demande donc à Fabien de l'inscrire au feuilleton.
M. LESSARD: Et quelle machinerie avez-
vous achetée, quel genre de machinerie avez-vous là?
M. TOUPIN: II y a un écureur d'étable, il y a des carcans,
il y a des...
M. LESSARD: D'accord, mais je veux dire, quel modèle, de quelle
compagnie?
M. FRASER: Quelle sorte de pipeline, Laval ou Surge?
M. TOUPIN: Je pense que c'est Surge, mais encore là je vais
vérifier pour être certain que je n'induis personne en erreur.
M. LESSARD: Autrement dit, ça vous permet de faire de la
publicité pour une compagnie.
M. TOUPIN: Je n'ai pas voulu le faire, vous m'avez forcé à
faire de la publicité.
M. LESSARD: Oui, mais justement, cette expérience, en fait,
s'applique à 100 vaches et plus, alors qu'on sait, je pense, que,
même dans notre industrie laitière, les producteurs qui ont 100
vaches et plus doivent être assez...
M. TOUPIN: Je pense, M. le Président, qu'il faut comprendre, que
lorsque nous achetons de l'équipement, nous avons des règlements
à appliquer, des règles vis-v-vis du Service
général des achats et vis-à-vis des soumissions qu'il nous
faut passer pour achat d'équipement. Par conséquent, il
n'était pas question, pour le ministère de l'Agriculture, de
faire quelque publicité que ce soit pour l'une ou l'autre des
compagnies, que ce soit pour en mentionner d'autres que Laval ou Surge. Mais,
à qualité égale, dans le but bien sûr d'arriver
à des montants d'argents qui soient acceptables, nous avons
procédé par appel d'offres et le Service général
des achats nous a indiqué que c'est à cette compagnie que nous
devions acheter l'équipement.
Notre objectif n'est pas de nous associer à une entreprise, mais
bien qu'avec l'outil qu'on a entre les mains, on arrive au même principe
parce qu'au fond, quelles que soient les entreprises aujourd'hui, c'est
équivalent. Alors, notre objectif n'est pas d'essayer de
l'équipement de compagnie, mais plutôt, avec cet
équipement-là, pouvoir faire diverses expériences, pouvoir
être utiles aux agriculteurs. Ce n'est pas un test de machine, ce n'est
pas un test d'équipement, c'est simplement l'utilisation maximum de
l'équipement disponible.
Maintenant, vous m'aviez posé une question tout à l'heure;
nous sommes, pendant notre discussion, allés compter les animaux et on
m'informe que nous avons 159 vaches laitières, 9 vaches sèches,
et 20 génisses sallies.
M. LESSARD: Mais est-ce que ce matériel ne sert pas en même
temps comme exposition, comme salon de démonstration?
M. TOUPIN: C'est fort possible. Notre objectif, indépendamment de
tout cela, est que nos stations de recherche, non seulement servent à la
recherche mais servent aussi à amener les agricultuers à se
rendre compte de ce qui se passe chez nous, sur place.
Donc, nos stations de recherche, qu'elles soient à
Saint-Hyacinthe, à Sainte-Martine ou à Deschambault, attirent
chaque année de 4,000 à 5,000 agriculteurs. Par
conséquent, il est possible qu'à ce moment-là, bien
sûr, ils posent des questions sur l'outillage qu'ils voient.
M. LESSARD: Considérant ces faits, est-ce qu'il est possible pour
le ministère, puisque cela sert indirectement à la
publicité d'une compagnie, d'obtenir des prix fort avantageux?
M. TOUPIN: Je ne sais pas. Nous avons procédé normalement
pour l'achat d'équipement pour le ministère de l'Agriculture et
je ne saurais répondre à cette question.
Ce sont des achats qui se font par soumission publique, voyez-vous. Je
ne sais pas, moi. C'est le service des achats qui, après avoir
demandé aux différentes compagnies de faire des soumissions,
choisit la plus basse. On n'a pas comparé ces prix-là aux prix
que peuvent payer un agriculteur X, Y ou Z; ce n'est pas le but. Le but de la
station n'est pas de comparer les prix de la machinerie, le but de la station
n'est pas non plus de faire de la recherche sur tel type de machinerie par
rapport à tel autre type de machinerie. Le but est purement et
simplement, avec un équipement comme celui-là, de tenter de
démontrer aux agriculteurs l'efficacité qu'il peut y avoir de
mécaniser avec un type de machinerie comme celui-là en termes de
rentabilité de la ferme. C'est simplement cela, le but.
M. LESSARD: Etant donné que cette station de recherche comprend
une centaine de têtes, combien y a-t-il de producteurs laitiers au
Québec qui ont 100 têtes et plus?
M. TOUPIN: Ils sont relativement peu nombreux; c'est peut-être 3
p.c. ou 4 p.c. au maximum de l'ensemble des agriculteurs. Mais n'est-ce pas
là un rôle de la recherche de se prolonger dans le futur pour,
effectivement, éviter des écueils à un
phénomène qui peut se produire? Le phénomène de
consolidation des troupeaux laitiers évolue à une vitesse
vertigineuse. On ne se contente plus de produire 200,000 ou 300,000 livres de
lait, il y a des agriculteurs qui produisent 700,000 et même un million
de livres de lait.
C'est important qu'on fasse la distinction au départ. On peut
pousser plus loin. Il ne s'agit pas de savoir ce que va rapporter un troupeau
de 100, 20 ou de 30 dans notre station de recherche; il s'agit de savoir, avec
une unité
mécanique comme cela, comment on peut tirer dans une unité
de production. Après, on peut les transposer sur 10, sur 20, sur 30, sur
100, etc. H ne s'agit pas de démontrer la rentabilité d'une ferme
de 100, de 40 ou de 80 unités. Si ç'eût été
là notre but, on aurait eu au moins cinq équipements mais on en a
un. Notre but est d'essayer de démontrer s'il y a rentabilité ou
pas, pour un agriculteur avec une seule vache, de le faire. Maintenant, il
reste la gestion de l'entreprise.
M. LESSARD: Est-ce que cela peut vous amener à conclure sur le
nombre de vaches minimum qu'un cultivateur doit avoir pour être capable
d'avoir une ferme rentable?
M. TOUPIN: Oui. Ce n'est pas le but absolu mais on peut le transposer.
On le transpose après, par unité de production.
C'est un des objectifs, M. le Président, mais ce n'est pas le
seul. Lorsque nous faisons de la recherche, et nous en faisons, on va
vous expliquer pourquoi il nous fallait aussi avoir un troupeau un peu plus
considérable sur différents types d'alimentation du
troupeau laitier, nous devons procéder par des regroupements. Au
minimum, les statisticiens et les informaticiens nous disent qu'il nous faut
avoir dix ou quinze têtes par cellule d'échantillonnage pour faire
des comparaisons qui soient valables. Lorsque vous avez des expériences
qui sont relativement complexes, ça peut nécessiter entre cinq,
six ou sept groupes d'animaux différents pour arriver à faire des
études, notamment, au niveau de l'alimentation.
Alors, ça nous prend un troupeau à ce moment-là,
suffisamment considérable et c'est une des raisons, entre autres, pour
laquelle nous avons consolidé au même endroit, à
Deschambault, ce qui était à Saint-Hyacinthe et à La
Pocatière.
M. LESSARD: Des écoles polyvalentes dans l'agriculture.
M. TOUPIN: Eh, oui!
M. LESSARD: Pour les vaches.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Catégorie 11,
autres dépenses. Adopté? Adopté. Capital, catégorie
1 : Traitements.
M. LESSARD: Je voudrais d'abord que le ministre nous explique cela un
peu. Quand je compare à d'autres ministères ou à d'autres
catégories, je constate que le capital est beaucoup moins important.
Alors, est-ce que le ministre pourrait nous exposer l'objectif global de cette
catégorie? Est-ce qu'il s'agit du capital investi dans les stations de
recherche, tel que ce dont on a parlé tout à l'heure à
Deschambault?
M. TOUPIN: Oui, c'est de l'immobilisation, ce sont des capitaux qui
servent à...
M. LESSARD: A Saint-Hyacinthe?
M. TOUPIN: Un peu partout dans la province, dans les différents
secteurs. On essaie évidemment, à ce chapitre d'être le
moins dépensier possible. Il faut investir dans la recherche, mais on
essaie d'investir plutôt au niveau du capital humain qu'au niveau du
capital d'investissement. On peut faire dans un équipement de $100,000
de la recherche à peu près égale à celle qu'on
pourrait faire dans un équipement de $500,000. Il s'agit d'être
là-dessus mesuré. Evidemment, on ne peut pas comparer notre
budget d'immobilisation à celui de la Voirie ou des Travaux publics.
Cela ne se compare pas. Ni avec celui de l'Education ou des Affaires sociales
qui investissent dans les hôpitaux et les écoles polyvalentes.
Nous, c'est seulement au titre de la recherche en général qu'on a
des investissements à faire.
M. LESSARD: Est-ce que les hôpitaux vétérinaires
sont...
M. TOUPIN: Non, la faculté de médecine
vétérinaire est sous la responsabilité de
l'université. C'est ça, c'est une faculté de
l'Université de Montréal.
M. LESSARD: Maintenant, M. le Président, je n'ai pas de questions
bien précises sur chacune des catégories, mais quels sont les
efforts que fait le ministère pour tenter d'avoir une production de
médicaments au Québec. J'ai constaté aux engagements
financiers, par exemple, que même si nous avions des maisons de
distribution de médicaments pour les animaux, nous avions très
peu de maisons de production.
M. TOUPIN: Si vous permettez, on retrouvera cette question
précise au programme 3.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Aide à la production.
M. TOUPIN: Aide à la production.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
UNE VOIX: A Traitements, pas de problème.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On a les catégories 1, 4, 6, 7,
8 et 9, est-ce qu'il y a des questions là-dessus?
M. ROY: Je n'ai pas de questions.
M. LESSARD: A la catégorie 8, M. le Président, est-ce
qu'on pourrait avoir...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il
vous plaît. Dois-je considérer que la catégorie est
adoptée?
M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 4, adopté.
M. LESSARD: Catégorie 6.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 6, adopté.
Catégorie 7, adopté. Catégorie 8, Equipement.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir
l'éventail du coût de l'équipement de chacune des stations
de recherche?
M. TOUPIN: Ah! On pourrait fournir cette information...
M. LESSARD: A la fois de l'équipement et de l'immobilisation.
M. TOUPIN: Je n'ai pas ça ici. Je ne peux pas répondre
à ça. Au fond, vous nous posez la question des inventaires?
UNE VOIX: Oui, c'est ça.
M. LESSARD: Oui, mais j'estime que le ministère doit...
M. TOUPIN: On a cela, mais quand on discute... Je ne connais pas par
coeur ces informations.
M. LESSARD: D'accord, je comprends.
M. TOUPIN: Quand on discute le budget, habituellement, on discute
plutôt les dépenses afférentes à tel ou tel secteur.
Mais si vous y tenez, on ne voit pas d'inconvénient à ce
que...
M. LESSARD: Est-ce que ces montants sont pour de l'équipement
nouveau?
M. TOUPIN: Oui, vous avez là-dedans de l'équipement
nouveau, sans aucun doute, de l'immobilisation...
M. LESSARD: Parce que c'est le budget 1974/75.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. LESSARD: Ce que je voulais, M. le Président, c'est
l'éventail des nouveaux équipements.
M. TOUPIN: Ah! là, c'est une autre affaire.
M. LESSARD: Oui, à partir du budget, vous avez $400 millions.
M. TOUPIN: $400,000.
M. LESSARD: $400,000, excusez-moi à Equipement, catégorie
8, et à la catégorie 9, vous avez $289,000. Ce que je voulais
savoir, c'est ce qui est prévu, par exemple, pour la station Les
Buissons, Baie Saint-Ludger, Des-chambault, Saint-Hyacinthe.
M. TOUPIN: A Défense des cultures, il y a l'achat de tracteurs et
de matériel de chauffage, de climatisation, de
réfrigération et de plomberie nécessaire au niveau de la
défense des cultures. C'est toute la question des recherches que nous
faisons sur les pesticides, insecticides, fongicides, herbicides. Alors, il va
y avoir des tracteurs, du matériel de transport puis du matériel
de chauffage et de réfrigération.
M. LESSARD : Mais vous ne l'avez pas selon les stations de
recherche.
M. TOUPIN: Bien oui, je viens de vous donner les détails pour la
défense des cultures, parce que la défense des cultures est au
complexe scientifique.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: Alors, nous allons prendre nos ailes.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Division des sols.
M. TOUPIN: La division des sols, c'est aussi au complexe
scientifique.
Nous avons donc besoin de matériel de transport pour
déplacer nos équipes de pédolo-gues qui complètent
les cartes pédologiques du Québec. Nous aurons besoin de divers
appareils électriques et de matériel scientifique reliés
aux expériences que nous faisons en fertilité des sols au service
des sols.
M. LESSARD: Est-ce que l'on peut avoir le montant?
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Je ne veux pas avoir le montant pour les tracteurs, etc.
Est-ce que l'on peut avoir le montant?
M. TOUPIN: Oui, $31,000 pour le service des sols, par exemple.
Là, on s'en va à Baie-Saint-Ludger.
M. LESSARD: En équipement et en immobilisations?
M. TOUPIN: Non. C'est tout, parce qu'il n'y a pas d'immobilisation
particulièrement de ce côté. Il n'y a qu'une
immobilisation, et je peux vous régler cela tout de suite, à
Deschambault.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: C'est pour un système de digestion des fumiers. On
pourrait élaborer plus longtemps là-dessus, si cela vous
intéresse.
M. LESSARD: On a des problèmes... M. ROY: On
élaborera.
M. LESSARD: ... de contractions péristalti-ques.
UNE VOIX: Ce n'est pas la pollution dans les égouts.
M. TOUPIN: Nous allons à Baie-Saint-Ludger. Nous prévoyons
du matériel pour $8,500 et, aux Buissons, $9,000. Après cela,
à Sainte-Martine, $10,500; à Sainte-Hyacinthe, $50,200; à
La Pocatière, $5,800.
Maintenant, si vous faites l'addition pour que cela arrive, il faut que
je vous donne la direction des stations; il faut ajouter $14,000, montant que
je pourrais détailler si cela vous intéresse.
M. LESSARD: Deschambault?
M. TOUPIN: Deschambault, je vous l'ai donné, je crois,
$31,600.
M. ROY: Cela va.
M. LESSARD: Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, les catégories 8 et 9
sont adoptées. Supercatégorie, transfert, catégorie
10.
M. ROY: Justement, à la catégorie 10, transfert,
$1,214,000 comparativement à $1,084,000 pour l'an dernier, je voudrais
avoir un peu de détails là-dessus. En quoi consiste cette
dépense de transfert?
M. TOUPIN: M. le Président, les dépenses de transfert sont
directement reliées au Conseil des recherches agricoles du
Québec. Nous avons indiqué, précédemment, que nous
procédions, à travers ce comité de sélection des
recherches, à l'octroi de subventions de recherche aux diverses
facultés d'agriculture de Laval, Macdonald College, Université de
Sherbrooke.
M. ROY: Pourriez-vous me donner les montants à chacune, si vous
les avez?
M. TOUPIN: Oui. Je peux vous donner les montants.
M. ROY: Je vais vous éviter de répéter tout
cela.
M. TOUPIN: Les montants prévus; je peux même aller par
projet aussi.
M. ROY: Je pense que ce serait d'intérêt public.
M. TOUPIN: D'accord.
Alors, il se trouve qu'à travers ça l'université
Laval reçoit $500,000; Collège Macdonald, $263,000;
Faculté de médecine vétérinaire, $80,000; Institut
de microbiologie et d'hygiène, $9,500; Université de Sherbrooke,
$32,000; Université du Québec à Montréal, $5,000;
l'Association des producteurs de pommes de terre de semence Elite du
Québec, $8,000, soit une partie des subventions de recherche. C'est ce
qui nous amène au montant approximatif de $1,214,000. Cela, ce sont des
recherches par institution, des recherches bien précises, que nous
pourrions détailler dans tous les domaines donnés. Ceci est
complété aussi par un faible pourcentage que nous donnons sous
forme de bourses de recherche, pour des étudiants gradués qui
vont au niveau de la maîtrise ou du doctorat. Nous apportons certaines
aides financières lorsqu'ils travaillent à des projets
reliés directement aux préoccupations prioritaires du
ministère de l'Agriculture dans le domaine de la recherche.
M. ROY: Entre autres, parmi ces priorités, ce sont celles que
vous avez énumérées tout à l'heure?
M. TOUPIN: Oui. Je pense qu'elles sont assez faciles à
identifier. Il est clair que nous essayons de relier les priorités
d'orientation de la recherche aux proportions relatives économiques de
chacun des secteurs de l'agriculture. C'est ainsi que la production
laitière, la production de viande bovine, la culture en serre,
l'acériculture, la production du porc, la production
végétale dans tous ses domaines, la production fourragère
et céréalière sont parmi les préoccupations
majeures du Conseil des recherches agricoles.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, catégorie 10,
adopté?
M. ROY: Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 10, adopté.
Catégorie 14, remboursements. Adopté?
M. ROY: A remboursements, il n'y a rien à l'élément
1. A la catégorie 15, il y a $60,000 d'imputations.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté?
M. ROY: En quoi consistent ces $60,000? L'an dernier, il y avait
$152,000. Il y a une diminution appréciable cette année.
M. TOUPIN: C'est un projet par l'entremise
d'un comité spécial qui nous provient d'un programme
FODER, via l'Office de planification et de développement du
Québec, qui ont les budgets et qui impute à notre
ministère les montants nécessaires. Je crois que, dans le cas
présent, c'est de $60,000.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 14, adopté?
M. ROY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Donc, les crédits de $8,550,600,
adopté?
M. ROY: Non. Je m'excuse, M. le Président. C'est $5,351,200, en
ce qui concerne la recherche agricole. On n'a pas touché
l'élément 2, enseignement agricole.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Bien, on n'a pas touché...
M. ROY: Non, parce que j'ai des questions.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, vous voulez reprendre...
M. ROY: L'élément 2.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, je comprends. J'avais l'impression
que nous adoptions en même temps les deux éléments. Vous
voulez revenir, maintenant, sur l'enseignement agricole?
M. ROY: L'enseignement agricole, oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je suis parfaitement d'accord.
Fonctionnement, catégorie 1.
Enseignement agricole
M. ROY: A la catégorie 1, j'aimerais savoir quelles sont les
intentions du ministère, si les décisions sont
définitives, en ce qui a trait, entre autres, à l'école
d'agriculture de Sainte-Croix. Qu'est-ce que le gouvernement a l'intention de
faire?
Deuxièmement, est-ce que le gouvernement a l'intention d'ajouter
l'option agricole à l'intérieur des écoles polyvalentes,
surtout des régions rurales du Québec, et quelles sont les
démarches qui ont été faites à ce jour? Quelles
seront, autrement dit, les régions où des écoles
polyvalentes, si le ministère a décidé d'opter pour cette
formule, pourront dispenser ce cours agricole?
Comment pourraient s'insérer la formation qui pourrait être
donnée dans les polyvalentes et le rôle particulier et
spécialisé que joue l'école d'agriculture
Sainte-Croix?
M. TOUPIN: M. le Président, je vais faire seulement un tour
d'horizon rapide je pense que je l'ai déjà dit hier ou
avant-hier de ce qui se fait au chapitre de l'enseignement agricole au
Québec.
Disons d'abord que depuis 1965 tout a été
transféré au ministère de l'Education, à
l'exception des deux ITA, c'est-à-dire des deux instituts agricoles de
la province de Québec: L'Institut de technologie agricole de
Saint-Hyacinthe et l'Institut de technologie agricole de
Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
M. ROY: Sauf ces deux-là: Sainte-Anne et Saint-Hyacinthe.
M. TOUPIN: Oui, c'est ça. Ce sont les deux instituts qui sont
restés sous la responsabilité du ministère. Tout a
été transféré au ministère de l'Education,
en 1965.
Nous avons par la suite, bien sûr, discuté avec les
agriculteurs, avec l'UPA notamment, de la façon dont on devrait
maintenant orienter la formation des agriculteurs à tous ces niveaux. Il
a été convenu avec l'UPA que nous favorisions, au niveau du
ministère de l'Education, les options agricoles dans les polyvalentes.
Il a été convenu en outre, avec l'UPA, que nous tentions
l'expérience d'une formation professionnelle agricole,
c'est-à-dire former un agriculteur, sur le plan de la gestion, un
minimum de gestion, un minimum de technique, etc. Ce ne sont pas des cours qui
se donnent à l'Institut de technologie agricole de Saint-Hyacinthe et
à l'Institut de Sainte-Anne-de-la-Pocatière parce que ce sont des
cours de technologistes qu'on donne là. Mais on veut avoir un cours
intermédiaire, un cours pour former des agriculteurs.
On avait convenu qu'une expérience se fasse au CEGEP d'Alma, pour
la formation professionnelle des agriculteurs, qui n'est pas, en soi, un cours
de technologie agricole mais un cours de formation professionnelle. Il a
été convenu en même temps que nous fassions cette
même expérience dans nos deux ITA, à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière et à Saint-Hyacinthe. Je parle
toujours de formation des agriculteurs. Il ne s'agit pas de faire avec ces gars
des techniciens mais de futurs exploitants, essentiellement de futurs
exploitants.
Le cours de technologie agricole est de trois ans, dans les deux
instituts. Le cours de formation professionnelle, dans les deux mêmes
instituts, est de deux ans. Ce qui se donne à Alma, c'est un cours
également de deux ans. Donc, ce sont des cours de formation pour des
futurs exploitants.
L'école Sainte-Croix donnait elle aussi un cours de formation
professionnelle aux agriculteurs.
Or, l'école de Sainte-Croix est sous la responsabilité du
ministère de l'Education qui a convenu, dans ses grandes lignes, de
prendre l'option possible de fermer l'école et de donner
la formation professionnelle dans des CEGEP, comme elle le fait à
Alma, de telle sorte qu'il n'y aurait pas dédoublement.
Les agriculteurs du coin ont protesté énergi-quement,
peut-être avec raison. J'ai rencontré, à ce chapitre, mon
collègue, M. Cloutier, et j'en ai discuté avec lui à deux
ou trois reprises. Je le rencontre encore à nouveau ce midi, s'il n'y a
pas de problèmes particuliers qui nous empêchent de le faire, et
nous prendrons la décision finale. C'est ce qui existe. Les options
prises par le ministère. Nettement, le ministère de l'Agriculture
est d'accord pour les options dans les écoles polyvalentes; il est
consentant à contribuer sur le plan technique avec le ministère
de l'Education pour organiser les programmes de formation. Mais il ne peut pas,
bien sûr, aller plus loin que la programmation parce que c'est sous la
responsabilité des commissions scolaires régionales, et les
commissions scolaires régionales doivent être en mesure de faire,
à ce chapitre, la même chose qu'elles font au niveau des autres
options dispensés dans les mêmes polyvalentes.
On ne verrait pas pourquoi le ministère de l'Agriculture ferait
plus que le ministère du Travail. Pourquoi le ministère de
l'Agriculture, à ce chapitre, ferait plus que le ministère des
Institutions financières, etc., parce qu'il y a des options dans les
écoles polyvalentes qui touchent tous les ministères du
gouvernement.
Nous sommes prêts techniquement à dire aux commissions
scolaires et au ministère de l'Education: Voici ce que nous aimerions
voir dans la programmation. C'est l'attitude que nous avons prise
vis-à-vis des polyvalentes. Nous voulons, par conséquent, qu'il y
en ait un peu partout au Québec, pas dans toutes les polyvalentes, ce
n'est pas possible, la clientèle n'est pas suffisante... Je n'ai pas,
présentement, de rapport final sur ce qui se fait à ce chapitre
au ministère de l'Education. Je puis vous dire qu'il y a des options
dans des polyvalentes de la province de Québec qui sont valables. Dans
certaines autres polyvalentes, c'est moins valable. L'expérience,
jusqu'à maintenant, n'a pas démontré d'échec mais
elle n'a pas démontré non plus de très, très grands
succès.
Je pense qu'on est encore beaucoup plus à l'état
expérimental, à ce chapitre, et qu'on ne peut, par
conséquent, prendre une décision finale.
En ce qui concerne la formation des agricul-tuers, des professionnels
agricoles, des futurs exploitants, nous sommes prêts à continuer
avec les deux ITA, à les garder chez nous et à regarder, avec le
ministère de l'Education, comment nous pouvons, dans certaines
régions, développer une programmation dans les CEGEP, comme cela
se fait à Alma. On avait suggéré de garder l'école
de Sainte-Croix pour encore deux ans, pour faire la comparaison, à la
fin, après deux ou trois ans, selon le cas si deux ans ne sont
pas suffisants on pourrait ajouter une année entre ce qu'a
donné le
CEGEP d'Alma par rapport à ce qu'a donné l'école de
Sainte-Croix et par rapport à ce qu'ont donné les deux instituts
de technologie agricole. C'est la situation dans laquelle nous nous trouvons
présentement et c'est ce dont je vais discuter avec M. Cloutier, ce
midi, pour en arriver à une décision finale.
Pour terminer, je dis que l'UPA est d'accord sur ce que l'on vient de
dire, à l'exclusion de l'école de Sainte-Croix, l'UPA, au
départ maintenant je ne connais pas sa dernière position
étant d'accord pour que nous intégrions Sainte-Croix dans
un CEGEP.
LE PRESIDENT (M. Ostiguy): Le député de Lotbinière
a demandé la parole.
M. ROY: C'était juste pour continuer.
M. MASSICOTTE: M. le Président, il me fait plaisir de voir que le
ministre de l'Agriculture a reçu des représentations de la part
de mes commettants. On sait que l'école d'agriculture de Sainte-Croix a
prouvé que dans le passé elle avait sa valeur et sa place, et
elle devrait continuer à exister.
Il me fait plaisir de voir que les négociations se continuent
parce qu'à un certain moment on se serait cru à un point qui
était plutôt régressif que positif.
Actuellement, les études sont-elles faites concernant, par
exemple la durée des cours qui sont donnés dans les polyvalentes,
par rapport à une école pour la formation des agriculteurs? Car
on sait que les agriculteurs terminent généralement pour le 1er
avril afin d'être disponibles. Par la suite, j'aimerais aussi savoir quel
serait le coût par élève pour un cours donné dans
une polyvalente, par rapport au coût présentement à
Sainte-Croix.
M. TOUPIN: Pour répondre au député de
Lotbinière, je ne voudrais pas m'embarquer, si je puis m'exprimer ainsi,
dans un secteur qui relève d'un autre ministère que le mien. Ce
n'est pas mon ministère.
Si le ministère de l'Education a en main ces données,
qu'il les mette à la disposition des gens, s'il le veut bien. Moi, je
vous dis que jusqu'à maintenant c'est ce que nous pouvons faire au
ministère avec ce qui fut décidé en 1965 et avec ce que
nous avons maintenant comme équipement, tant dans le domaine des
immobilisations que dans celui des ressources humaines et techniques. J'ai dit
qu'on était prêt à mettre à la disposition du
ministère de l'Education la technique pour la programmation, mais que ce
n'est pas nous qui aurions, à ce moment-là, la
responsabilité d'administrer la programmation, de faire le recrutement;
ce ne sont pas nos responsabilités, c'est une commission scolaire
régionale qui s'occupe de cela et je ne peux pas lui donner de
directives parce que ça ne relève pas de moi pour le moment,
ça relève du ministère de l'Education.
Quant aux écoles de Sainte-Croix, des deux instituts de
technologie on va enlever Sainte-Croix parce que c'est le
ministère de l'Education ça relève de nous. On peut
là-dessus vous donner, si vous voulez, les statistiques que nous avons
en termes de nombre d'élèves, en termes de programmation, tant au
niveau de la technologie, c'est-à-dire le cours de trois ans pour les
technologues, qu'au niveau du cours de formation professionnelle pour les
futurs exploitants, c'est-à-dire le cours de deux ans. Pour Sainte-Croix
et les autres, c'est le ministère de l'Education.
M. ROY: Avant de discuter, par exemple, ce qui concerne l'école
Sainte-Anne et l'école de Saint-Hyacinthe, j'aimerais savoir quelle est
la position du ministère de l'Agriculture vis-à-vis de
l'école de Sainte-Croix?
M. TOUPIN: Je l'ai donnée tantôt.
M. ROY: Vous avez dit que vous alliez avoir une rencontre, que vous
alliez discuter.
M. TOUPIN: Non, non! je suis allé plus loin que ça. Je
vous ai dit que notre position était la suivante et qu'elle
n'était pas tout à fait en accord avec celle de l'UPA: on
était d'accord au ministère de l'Agriculture pour qu'on tente une
expérience dans un CEGEP, que, pendant ce temps-là, on laisse
oeuvrer l'école de Sainte-Croix et qu'après, on fasse des
comparaisons. Si la conclusion est favorable à Sainte-Croix, là
on sera en mesure de prendre une décision finale. Mais, pour le moment,
on n'est pas capable de le faire.
LE PRESIDENT (M. Ostiguy): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre conviendra quand
même que, comme ministre de l'Agriculture au Québec, il doit se
préoccuper de la formation agricole.
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Parce que je pense que c'est peut-être l'avenir de
l'agriculture. Malheureusement...
M. TOUPIN: C'est un des élément de l'agriculture.
M. LESSARD: ... dans le passé, les agriculteurs au Québec
avaient assez peu de formation, tant secondaire qu'agricole, et l'un des
chemins qui peuvent nous permettre d'en arriver à une meilleure
agriculture au Québec, c'est justement de permettre une meilleure
formation.
Cependant, malgré le fait que, depuis 1965, on ait transmis la
formation du secteur agricole aux écoles polyvalentes, je pense que le
ministre doit intervenir sérieusement auprès du ministère
de l'Education, auprès des polyvalentes pour avoir une meilleure
formation. Or, il semble qu'actuellement, au niveau des polyvalentes ou au
niveau des commissions scolaires régionales, on ait assez peu fait. On
remarque, par exemple, que dans les polyvalentes, là où il y a
l'enseignement agricole, soit à Saint-Martin, soit Charles-Gravel...
M. TOUPIN: M. le Président, je ne voudrais pas qu'on prolonge les
discussions pour rien mais je reviens encore sur ma question de fond. C'est un
problème, à mon point de vue, qui relève maintenant du
ministère de l'Education, et l'option a été prise en 1965
que ça se fasse de cette façon. Et c'est tellement vrai que
l'UPA, en ce qui concerne la formation professionnelle des agriculteurs,
travaille avec le ministère de l'Education beaucoup plus qu'avec le
ministère de l'Agriculture parce que c'est là que doivent
s'élaborer les programmes de recrutement, la définition des
endroits où doivent se donner les options, etc. C'est là. Et vous
pouvez me poser là-dessus toutes les questions que vous voudrez. Tout ce
que je puis vous dire c'est ceci: ce programme de formation professionnelle ou
de formation technique dans les écoles polyvalentes, je vous ai dit
tantôt qu'on ne pouvait pas dire qu'il s'avère un échec et
on ne pouvait pas dire non plus qu'il s'avère un succès.
M. LESSARD: Sur quoi se base le ministre pour affirmer une telle
chose?
M. TOUPIN: C'est très simple, vous n'avez qu'à regarder,
qu'à observer.
M. LESSARD: Oui, je regarde, c'est justement là où je
voulais en venir, c'est...
M. TOUPIN: Alors, votre observation...
M, LESSARD: ... que je constate qu'au niveau...
M. TOUPIN: ... serait mieux au niveau du ministère de l'Education
qu'au niveau de mon ministère.
M. LESSARD: Je constate qu'au niveau des polyvalentes actuelles,
à part l'école de Sainte-Croix ou à part l'Institut
technologique de Saint-Hyacinthe ou La Pocatière, d'après les
chiffres que je peux voir, il y a très peu de formation agricole. Par
exemple, à la polyvalente de Saint-Martin de Beauce, il y avait six
élèves inscrits l'an dernier.
Par ailleurs, je constate qu'à l'école d'agriculture de
Sainte-Croix il y avait l'an passé 425 élèves et qu'on
prend 75 nouvelles inscriptions en 1974.
UNE VOIX: A quel endroit?
M. LESSARD: A l'école d'agriculture de
Sainte-Croix. Je constate donc que les gens qui veulent se former en
agriculture se dirigent bien plus vers les écoles qui ont
conservé une certaine autonomie que vers les polyvalentes. Alors, cela
veut dire, à mon sens, que l'enseignement dans les polyvalentes ne
semble pas avoir été concluant. Je ne dis pas que c'est
nécessairement mauvais, mais le ministre, en collaboration avec l'UPA,
doit fortement s'occuper de spécialiser un certain nombre de
polyvalentes on en parle justement dans le cas d'Alma mais aussi
d'avoir une meilleure formation pour intéresser les jeunes agriculteurs,
tant au niveau de la formation des adultes qu'au niveau de la formation des
jeunes agriculteurs, à se diriger vers ces écoles.
M. TOUPIN: Le député de Saguenay doit comprendre une
chose, c'est que, là, vous me demandez d'assumer une tâche et vous
me posez des questions sur une responsabilité que je n'ai pas. Alors, je
ne peux pas...
M. LESSARD: Malheureusement, cela ne sera pas discuté au
ministère de l'Education.
M. TOUPIN: Je ne sais pas; vous devriez y être pour en discuter si
c'est une préoccupation fondamentale.
M. LESSARD: On va suspendre la séance et on va aller discuter
ça au ministère de l'Education.
LE PRESIDENT (M. Ostiguy): Le député de
Lotbinière.
M. TOUPIN: Bien oui, je ne peux pas répondre à vos
questions; que voulez-vous que je fasse?
M. MASSICOTTE: M. le Président, moi, je pense qu'actuellement
c'est une question brûlante d'actualité. On sait que, depuis plus
de vingt ans, l'école professionnelle d'agriculture de Sainte-Croix a
formé 800 gradués qui sont devenus, pour la plupart, des
cultivateurs très progressifs. Pour les deux années, la
première et la deuxième année, on a actuellement plus de
70 étudiants venant de 21 comtés de la province. Je pense que ce
sont des statistiques qui sont intéressantes. Maintenant, pour revenir
justement au côté agricole, j'aimerais savoir, pour les deux
écoles, soit de Saint-Hyacinthe et de Sainte-Anne, combien on aurait
d'étudiants actuellement suivant ces cours de formation
d'agriculteurs.
M. TOUPIN: On va vous donner les deux catégories. On a ouvert
l'option de formation professionnelle seulement l'an dernier; alors, là
non plus ce n'est pas concluant à ce point, mais on va vous donner ce
qu'on a comme inscriptions, tout au moins, dans les deux sections de
formation.
M. le Président, si nous parlons d'abord de l'ITA de
Saint-Hyacinthe, au niveau de l'enseignement technologique agricole, dont du
cours d'une durée de trois ans, nous avons actuellement 293
étudiants. Si nous ajoutons les cours spécialisés au
niveau de l'enseignement professionnel, dans différents secteurs, soit
horticulture, ramassage de lait en vrac, industrie laitière, jardinier
paysagiste, gestion de gazon, apiculture, mécanicien de machine
agricole, etc., etc., nous arrivons à un grand total au-delà de
1,150 personnes qui suivent des cours à l'ITA de Saint-Hyacinthe. Si
nous prenons maintenant La Pocatière,...
M. MASSICOTTE: Le cours de formation agricole proprement dit.
M. TOUPIN: Au cours de formation agricole, qui a débuté en
septembre dernier, nous avons, à Saint-Hyacinthe, 28 inscriptions
à l'heure actuelle.
M. LESSARD: Avant de passer à l'autre institut technologique,
est-ce qu'on pourrait savoir si vous êtes obligés, chaque
année, de refuser de nombreuses demandes? Quelles sont les demandes par
rapport au nombre d'agriculteurs que vous pouvez accepter?
M. TOUPIN: Nous devons, bien sûr, refuser des personnes chaque
année. Nous avons eu, l'an dernier, au-delà de 500 inscriptions
à l'ITA de Saint-Hyacinthe, pour donner un exemple, et nous n'avons pu
en accepter en première année que 125 au niveau de la formation
technologique.
Au niveau de la formation professionnelle, nous avons accepté
tous les candidats qui se sont présentés, puisque notre
décision conjointe Agriculture et Education, de lancer un cours de
formation de futur exploitant dans nos deux instituts a été
définitivement arrêtée au cours du mois d'août, mais,
cette année, les demandes sont beaucoup plus considérables.
M. LESSARD: M. le Président, moi, je ne comprends pas ça
qu'on doive refuser 375 étudiants qui veulent...
M. TOUPIN: C'est une question de cours, M. le Président.
M. LESSARD: Je comprends... se diriger dans ce secteur fort important
pour le Québec...
UNE VOIX: Fort intéressant.
M. LESSARD : Fort important et fort intéressant... alors,
justement, qu'on constate que dans ce secteur on a des problèmes
urgents.
Je comprends qu'il y a un problème physique, un problème
de locaux mais comment se fait-il, étant donné ces demandes
considérables, qu'on ne puisse obtenir les budgets
nécessaires
pour agrandir ou développer cette école? Là, on
revient à un problème de budget, comme l'a dit le ministre.
M. TOUPIN: On va répondre à cette question très
nettement. Je demande encore au député de Saguenay de faire une
distinction nette entre un technologiste agricole, dont le cours est de trois
ans et qui rentre après avoir terminé son cours...
UNE VOIX: Le CEGEP.
M. TOUPIN: Non, avant le CEGEP. C'est-à-dire qu'il a le choix. Il
est au niveau collégial.
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: II a le choix du CEGEP ou il a le choix de l'ITA.
M. LESSARD: C'est cela.
M. TOUPIN: Evidemment, tous ceux qui s'inscrivent au cours de formation
de technologiste, tant à Sainte-Anne-de-la-Pocatière qu'à
Saint-Hyacinthe, ont un marché du travail actuellement presque
illimité parce qu'aucun de ces gars-là n'est présentement
sur le chômage. Donc, il y a des ouvertures dans la recherche au niveau
fédéral, au niveau provincial, au niveau des entreprises, etc. Il
n'y a pas de problème, il y a des débouchés de ce
côté-là, pour ce secteur-là. La question qu'il faut
se poser, c'est la suivante: Est-ce qu'on doit ouvrir à ce point notre
formation de technologistes pour se retrouver bientôt avec un trop grand
nombre de technologistes sur le marché? C'est la question qu'on se pose.
Peut-être avons-nous tort.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez fait des études de
marché?
M. TOUPIN: Oui, on en a fait. On se rend compte que ceux qu'on forme
actuellement dans les deux ITA, au niveau technologique, il ne faudrait pas
dépasser leur nombre de beaucoup parce que bientôt on va se
retrouver avec des gars qui vont prendre un cours, mais il n'y aura pas de
travail pour eux au bout. Il va falloir tenir compte de cela.
M. LESSARD: C'est bien, cela, de la part du ministère.
M. TOUPIN: Le deuxième élément est celui de la
formation du futur exploitant. On a commencé l'année
dernière. Si vous voulez mon opinion carrément là-dessus,
je vais vous la donner.
M. LESSARD: C'est ce qu'on veut.
M. TOUPIN: S'il n'y a pas de place dans les ITA de Saint-Hyacinthe et de
Sainte-Anne-de- la-Pocatière pour recevoir tous les gars qui voudront
venir prendre une formation professionnelle agricole dans ces instituts, on les
développera à ce moment-là.
M. ROY: Où?
M. TOUPIN: A Saint-Hyacinthe et à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Au lieu d'en recevoir juste 80 ou 90 par
année, s'il y a 100 demandes, on va recevoir tous ceux qui veulent
prendre une formation de futur exploitant.
M. LESSARD: De futur exploitant?
M. TOUPIN: Oui, et on commence seulement.
M. LESSARD: Vous commencez? M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: En ce qui concerne les demandes dans ce domaine, est-ce
qu'elles sont fortes? Est-ce que vous avez dû en refuser l'an
dernier?
M. TOUPIN: Non, on les a toutes acceptées jusqu'à
maintenant.
M. LESSARD: Vous les avez toutes acceptées?
M. TOUPIN: Au niveau des futurs exploitants, ils ont tous
été acceptés.
M. LESSARD: Maintenant, il faut probablement dire que c'est la
première année que vous le donnez.
M. TOUPIN: La première année. M. LESSARD: Donc...
M. TOUPIN: C'est bon. On en a combien qui ont fait une demande, en gros?
Une cinquantaine? Actuellement, pour septembre prochain, déjà il
y a une cinquantaine d'individus, rien qu'à Saint-Hyacinthe, qui ont
fait une demande. Si vous joignez cela à Sainte-Croix... Au
Québec, on présume, pour les futurs exploitants, qu'il ne
faudrait pas dépasser, d'après nos statistiques, entre 1,200 et
1,500 par année. Ce serait bon si on pouvait donner à tous les
futurs exploitants un cours de formation de futur exploitant.
M. LESSARD: La formation aux adultes?
M. TOUPIN: Encore là, c'est un programme conjoint entre le
ministère de l'Education, le gouvernement fédéral
mais surtout le ministère de l'Education le ministère de
l'Agriculture et l'UPA. Là-dedans, il y a une collaboration qui est pas
mal fantastique. Je me suis laissé
dire à plusieurs reprises que les cours qui ont le mieux
réussi dans la formation des adultes jusqu'à maintenant ce sont
les cours d'agriculture sous plusieurs formes: animation, blocs de cours, etc.
Cela a été parfait. On rencontre certains problèmes
notamment au niveau du choix de l'élève. Là, on se dit:
Doit-on prendre un exploitant qui est professionnel, un qui s'en vient, doit-on
inclure des femmes, etc? On a quelques problèmes...
M. LESSARD: La scolarité.
M. TOUPIN: ... mais les cours vont bien.
M. LESSARD: La scolarité.
M. TOUPIN: La scolarité est un élément. Là,
on a quelques problèmes.
M. LESSARD: Mais vous donnez surtout des cours de pratique,
probablement.
M. TOUPIN: De pratique, oui, de gestion, de commercialisation.
M. LESSARD: Vous ne faites pas faire la neuvième année au
gars qui a une troisième année?
M. TOUPIN: Non, ce sont des cours de formation professionnelle
exclusivement. C'est très bon, ces cours-là, c'est un
succès formidable.
M. ROY: Maintenant, dans les écoles polyvalentes rurales, dans
les différentes régions, évidemment, pour le futur
agriculteur ou pour celui qui n'a pas fait le choix de sa carrière, le
jeune étudiant, il y a une question d'accessibilité des
cours.
M. TOUPIN: Le député de Beauce-Sud me permettra de dire
que ce n'est pas parce que je ne veux pas discuter de ce
problème-là. Je veux bien que vous compreniez qu'actuellement
c'est la responsabilité du ministère de l'Education. Moi, je ne
peux pas répondre à vos questions.
M. ROY: Vous ne pouvez pas répondre, mais moi, je ne suis pas
tout à fait d'accord sur la réponse que me donne le ministre.
C'est trop facile de dire: Je ne peux pas répondre.
M. TOUPIN: Ce n'est pas trop facile; je n'ai pas la
responsabilité.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est la réalité.
M. ROY: Vous n'avez pas la responsabilité, mais il y a quand
même une responsabilité interministérielle.
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: Vous vous devez de rencontrer, à un moment donné,
le ministre de l'Education...
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: ... pour faire connaître le point de vue du monde agricole
vis-à-vis du monde de l'Education.
M. TOUPIN: Oui, il y a eu une décision.
M. ROY: Nous, en ce qui nous concerne, membres de la commission
parlementaire, on peut faire des recommandations au ministre pour le moment
où il rencontrera son collègue, son homologue de l'Education.
M. TOUPIN: Réunissons une commission parlementaire sur le
problème de l'éducation, de la formation des futurs exploitants
ou des options dans les écoles polyvalentes. Je ne vois pas
d'inconvénients à discuter ça avec le ministère de
l'Education ou avec les députés. Je n'ai pas d'objection à
ça. Mais, pour le moment, les questions que vous allez me poser, je n'ai
pas de réponse à vous donner. Vous allez plus loin que ça;
vous me demandez de porter un jugement sur un programme qui existe
déjà au ministère de l'Education, alors que je ne suis pas
en mesure de le faire. Je n'ai pas les données pour le faire. Je serais
non seulement maladroit, mais je ne serais pas honnête de le faire.
M. ROY: Est-ce que je pourrais poser ma question autrement, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Bien...
M. ROY: Est-ce que le ministre accepterait de rencontrer son homologue
de l'Education pour discuter de la question?
M. TOUPIN: J'ai dit que je dfnais avec lui à midi. J'ai pris la
décision hier.
M. ROY: Bon.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La réponse est
donnée.
M. ROY: C'est parce que je veux bien souligner à l'attention du
ministre...
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: ... comment ça pourra faire partie de la discussion des
crédits.
Le problème qu'il y a, c'est que...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous allez me forcer à commettre
un péché, c'est d'empêcher le ministre de
répondre.
M. TOUPIN: Je ne peux pas répondre à cette question. Ce
n'est pas ma responsabilité.
M. ROY: M. le Président, vous n'avez pas le droit
d'empêcher le ministre de répondre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vais lui dire que, s'il
répond...
M. ROY: Vous avez dit hier que le ministre avait tous les droits en
commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, en ce qui concerne son
ministère.
M. LESSARD: Mais il reste que...
M. ROY: En ce qui concerne réellement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député va comprendre.
J'ai essayé de prendre en considération, tout à l'heure
il le réalisera le fait qu'il y avait des
difficultés, en ce qui le concernait, d'être présent
à toutes les commissions. Maintenant, peut-être en ce qui concerne
l'éducation, prenez donc le même temps que vous prenez ici pour
discuter du problème à l'Education. Maintenant, on voudrait s'en
tenir aux crédits du ministère de l'Agriculture.
M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous sommes à enseignement, oui,
en ce qui concerne le ministère, mais vous êtes rendu dans les
polyvalentes.
M. ROY: On peut revenir...
LE PRESIDENT (M. Séguin): On ne veut pas faire un tour d'horizon
là-dessus.
M. ROY: On peut revenir au programme 1-2.
M. LESSARD: Sainte-Croix est encore sous l'autorité du
ministère.
M. TOUPIN: Non.
M. LESSARD: Depuis quand?
M. TOUPIN: C'est une corporation privée et cela a
été transféré au ministère de l'Education.
C'est le ministère de l'Education qui s'occupe de toute la programmation
à Sainte-Croix de Lotbinière.
M. LESSARD: Et le ministère de l'Education ne renouvellerait pas,
semble-t-il, son contrat, en juin 1975.
M. TOUPIN: C'est ce qu'on dit. M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: II y avait une option à prendre, à savoir si on
va dans les CEGEP.
M. LESSARD : On va suspendre la séance.
M. TOUPIN: J'ai donné mon opinion tantôt, puis je vous la
donne parce que le ministère de l'Education la connaît.
M. LESSARD: D'accord.
M. ROY: La question que j'avais à poser était très
simple, M. le Président et elle ne serait pas compromettante du tout
pour l'honorable ministre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II ne s'agit pas de compromettre qui
que ce soit ici.
M. ROY: Mais je pense qu'elle est importante, et c'est l'endroit pour la
poser.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Demandez-lui.
M. ROY: Elle pourrait être posée je suis d'accord
avec vous, M. le Président au ministre de l'Education, mais
est-ce qu'on a songé au ministère de l'Agriculture c'est
au ministre de l'Agriculture que je m'adresse; ce n'est pas au ministre de
l'Education à faire en sorte que l'option agricole ou des notions
d'économie agricole soient données au sein du ministère de
l'Education, dans un cours général dans les écoles
polyvalentes?
Si on fait une option agricole spécialisée dans les
écoles polyvalentes, la commission scolaire de la Chaudière dans
la région de la Chaudière, Saint-Martin-de-Beauce est
obligée de fermer cette année. Cela veut dire qu'il va falloir
regarder ailleurs parce que le ministère de l'Education, dans les
polyvalentes, ne semble pas être en mesure de répondre aux
problèmes. Il va falloir que le ministère de l'Agriculture y
porte une attention particulière parce qu'il y a une question
d'accessibilité aussi. Il y a plusieurs années, au Québec,
il y avait des notions élémentaires, des notions
générales d'agriculture qui étaient dispensées, qui
faisaient partie du cours de formation générale.
M. TOUPIN: M. le Président, vous m'excuserez. Mais si vous voulez
discuter de la programmation dans les commissions scolaires, des options qu'il
se donne là, c'est le ministère de l'Education qui peut les
discuter. Moi, je n'ai pas cette responsabilité. Je ne veux pas me
dérober.
S'il s'agit de savoir si c'est bon que ce soit là par rapport
à ailleurs, ce sont des choses que l'on pourrait voir, mais pas au cours
de l'étude des crédits.
M. ROY: Quand?
M. TOUPIN: Des décisions ont été prises. Il y a une
Assemblée nationale. Vous pouvez faire valoir là vos points de
vue en ce qui concerne ce que le gouvernement doit prendre comme
orientations. Vous pouvez faire des motions là-dessus. Vous
pouvez les déposer, peut-être au feuilleton, parce qu'il s'agit
d'une politique gouvernementale. Cette politique, pour cette année, est
décidée. Je n'ai pas, dans mon budget, des éléments
qui me permettent de répondre à cette politique. Elle est
décidée et elle est au ministère de l'Education.
M. ROY: Je ne parlais qu'au niveau...
M. TOUPIN: Je peux déplorer comme vous qu'on ferme une option
dans une école polyvalente pour la formation des agriculteurs. Je peux
déplorer aussi qu'on n'en ouvre pas assez d'options. Mais cela
dépend de qui, cela dépend de quoi? Je ne le sais pas.
M. ROY: Je parlais au niveau des discussions. Ma question était
au niveau des discussions qui peuvent exister entre le ministre de
l'Agriculture et le ministre de l'Education.
M. TOUPIN: Bien, on discute souvent.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plaît,
puisque...
M. TOUPIN: Si vous voulez que je vous fasse un rapport de tous les
contacts que j'ai avec mes collègues, cela va prendre du temps.
M. ROY: Ce serait peut-être intéressant.
M. TOUPIN: Ah oui! Ah oui! Vous resteriez surpris!
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, avec votre collaboration,
élément 2, soit l'enseignement agricole, est-ce qu'il y a des
questions, disons, en commençant par la catégorie 1 ?
Est-ce adopté? Adopté. Catégorie 3? Adopté.
Catégorie 4?
M. LESSARD: Oui, oui, cela va.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 4, adopté.
M. LESSARD: Moi, je n'ai pas d'autre question.
M. ROY: Je n'ai pas d'autre question.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous n'en avez pas d'autre.
M. LESSARD: Allez-y, adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, enseignement agricole,
adopté. Je répète ce que j'ai dit, par erreur tout
à l'heure, nous adoptons les crédits, pour le programme 1, de
$8,550,600. Adopté.
Nous passons maintenant au programme 2, éléments...
M. ROY: Maintenant, M. le Président, au programme 2...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plaît,
avant de passer à cela, je voudrais faire une suggestion à la
commission. Nous allons suspendre nos travaux à midi trente, si la
commission le veut ou accepte. Nous reprendrons, cet après-midi,
après la période des questions, en temps normal, à moins
qu'il y ait décision contraire de la part de la Chambre ou demain matin.
Nous avons avec nous des fonctionnaires qui pourraient parler sur le programme
2. Alors, je voudrais procéder avec le programme 2 immédiatement.
Si nous n'avons pas terminé, demain matin nous passerons au programme
M. le ministre, est-ce le programme 5 ou le programme 3?
M. TOUPIN: Non, non, on va prendre le programme 2...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le programme 2, demain?
M. TOUPIN: ... financement agricole. UNE VOIX: Tout de suite.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Tout de suite, oui. Mais demain?
M. TOUPIN: Demain aussi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, oui! On pourrait interrompre nos
discussions sur le programme 2, si nous n'avons pas terminé, pour passer
au programme 5, à cause de certains employés responsables dans ce
domaine qui pourront être ici, à qui on a demandé de venir
à Québec. Ils ne sont pas à Québec dans le moment.
Ils viendront demain.
M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si la commission est d'accord sur cette
procédure, cela pourra faire une interruption au cours de la discussion
d'un des programmes.
M. ROY: Je n'ai pas d'objection. A moins que le député de
Saguenay ait des objections.
M. LESSARD: Comme d'habitude, M. le Président, le
député de Saguenay collabore toujours avec le gouvernement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça. Nous reconnaissons
tout cela. Je demande la même collaboration en ce qui concerne les autres
députés de la commission.
Programme 2, élément...
M. ROY: M. le Président, l'intervention que vous avez faite tout
à l'heure était très courte. Etant donné que le
ministre veut rencontrer le ministre de l'Education, il ne nous reste que dix
minutes pour entamer le programme. Je me demande si cela vaut réellement
la peine.
M. TOUPIN: Si la commission est d'accord, j'aimerais seulement, pendant
les quatre ou cinq minutes qui restent, donner une vue générale
du programme 2. Quand on reviendra au programme 2, j'aurai donné...
M. ROY: J'aimerais bien que le ministre ait le temps de parler de
l'enseignement agricole avec le ministre de l'Education.
M. TOUPIN: De toute façon, j'ai ma rencontre pour midi et demi.
Cela ne m'allongera pas et cela ne me raccourcira pas. J'espère qu'elle
va avoir lieu.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, nous en avons encore pour dix
minutes. Le ministre va nous donner un bref exposé, ou un
exposé.
Crédit agricole
M. TOUPIN: II s'agit surtout, je pense, dans ce programme, de l'Office
du crédit agricole. Je vais vous donner des informations
générales.
L'office administre plusieurs lois, cinq ou six lois. Le
vice-président, tantôt, pourra vous donner plus de
précisions, le président de l'office étant
présentement en voyage dans quelque autre province du pays pour prendre
des informations sur la loi sur des programmes d'aménagement du
territoire agricole.
Donc l'Office du crédit agricole est composé de quatre
régisseurs, de quatre administrateurs, de treize adjoints aux cadres, de
douze attachés d'administration, de dix conseillers juridiques, d'un
agent de gestion en personnel, de 49 agronomes, d'un agent de recherche, ce qui
fait 92 personnes, parmi les professionnels, plus, au niveau des
fonctionnaires, 155, pour un total de 247 employés à l'Office du
crédit agricole. Là-dessus, le vice-président et ses
adjoints pourront vous donner plus de précisions tantôt.
UNE VOIX: Est-ce que vous pourriez nous présenter ces personnes?
Malgré qu'on les connaisse.
M. TOUPIN: Je ne les connais pas tous. Vous m'excuserez si les noms
m'échappent. Je connais bien M. Beaudoin, qui est le
vice-président, M. Thibault, qui est aux ressources, et M. Doré,
qui est au service financier.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous reconnaissons à ces
messieurs le même privilège qu'auparavant.
M. ROY: D'accord.
M. TOUPIN: Je vais vous donner quelques statistiques seulement sur le
crédit agricole pour engager, par après, les discussions. Je vais
vous donner, les unes après les autres, les lois administrées par
l'Office du crédit agricole: la Loi du crédit agricole,
c'est-à-dire le crédit à long terme, qui va jusqu'à
39 ans et demi.
En 1972-73, l'Office avait consenti 1,429 prêts et, en 1973/74,
c'est-à-dire cette année, il en a consenti 2,065, soit une
augmentation de 44.5 p.c.
Pour ce qui est des montants qu'elle a prêtés, qu'elle a
consentis en 72/73, l'an dernier, elle a consenti $25,019.150 et cette
année elle a consenti $46,554,350, soit une augmentation de 86 p.c.
Les prêts déboursés. Sur ces montants, les
prêts déboursés effectivement parce que quand on
consent un prêt on ne débourse pas nécessairement tout de
suite, et à ce jour, les prêts consentis sont ceux que je viens de
vous donner sont au nombre de 1,331 l'an dernier et 1,741 cette
année, pour une augmentation de 30.8 p.c.
Quand aux montants prêtés, nous avions l'an dernier
déboursé à la même date $20,344,000 et cette
année $35,830,000, soit une augmentation de 76.2 p.c. C'est le
crédit agricole. Je sais qu'il y a des problèmes de
délais, mais je sais aussi que dans certaines régions
c'était une priorité cette année de l'office, le
vice-président pourra le confirmer tantôt, de ramener quel
est l'objectif, M. Beaudoin? cela à trois mois. A un maximum de
trois mois entre la demande et la décision de l'office. On a
réussi, dans certaines régions, à le faire mais pas
partout encore dans la province parce qu'il y a d'autres facteurs hors de notre
contrôle. Il y a surtout les notaires et le bureau d'enregistrement qui
sont des facteurs qui échappent à l'office. Cela pourra
d'ailleurs, tantôt, vous être donné avec plus de
détails. Pour ce qui est de la Loi de l'amélioration des fermes,
ce sont des prêts à court terme qui vont maintenant jusqu'à
dix ans pour $15,000 maximum, avec un taux d'intérêt rabattu de 3
p.c. C'est le taux du marché et l'office rembourse 3 p.c.
M. ROY: C'est le taux du marché mais il y a un plafond.
M. TOUPIN: Oui, l'office fixe un plafond; le taux d'intérêt
actuel est de 9 p.c. L'office rembourse 3 p.c, ce qui fait 6 p.c. pour les
agriculteurs.
M. LESSARD: Ce sont des emprunts que les agriculteurs font aux banques
ou aux caisses populaires.
M. TOUPIN: Aux banques ou aux caisses populaires.
M. LESSARD: Ils n'ont pas trop de difficulté. D'accord,
allez-y.
M. TOUPIN: Le taux d'intérêt au crédit agricole,
c'est bon de le mentionner, est 2 1/2 p.c. pour les premiers $15,000 et pour la
différence, c'est 7 p.c. actuellement.
En vertu de la Loi de l'amélioration des fermes, l'an dernier,
les banques ont consenti des prêts à 9,816 agriculteurs; cette
année à 12,312 agriculteurs, soit une augmentation de 25.4
p.c.
Les montants prêtés par les banques et les caisses. L'an
dernier, c'était $30,381,000 et, cette année, c'est $45,705,000
j'oublie les centaines pour une augmentation de 50.4 p.c. Donc, il
y a un plus grand nombre d'agriculteurs qui ont emprunté mais il y a eu
des sommes plus importantes d'empruntées par agriculteur. Les
subventions d'intérêt ont coûté l'an dernier
$2,160,000 et, cette année, elles ont coûté $2,300,000
environ, pour une augmentation de 7.6 p.c. de subventions.
La Loi favorisant le crédit à la production agricole :
Vous vous rappelez, l'an dernier, nous avons adopté une loi à
l'Assemblée nationale, une nouvelle loi. Le nombre d'agriculteurs qui
s'en sont prévalus a été de 115 et les montants
prêtés par les banques et les caisses, $677,533. La Loi favorisant
un crédit spécial pour les productions agricoles au cours des
périodes critiques vous vous rappelez aussi que la loi qu'on a
adoptée pour ces producteurs qui rencontraient des difficultés
notamment les producteurs d'oeufs en ont bénéficié
et les producteurs de grandes récoltes, foin, grains, etc. Pour les
premiers, on a consenti 89 prêts pour un montant total de $1,196,000 et
il y a eu des subventions d'intérêt pour $17,000 l'an dernier.
Cette année, c'est $8,752, parce que la tranche qu'on verse pour la
première année est plus substantielle que celle qu'on verse la
deuxième année. C'est un taux d'intérêt qui va
diminuant avec le capital.
Les prêts consentis à ceux qui ont de grandes
récoltes, dans ce type de prêt, il y en a eu 486 l'an dernier et,
cette année, 3,069. Il a été déboursé par
les banques et les caisses $1.5 million l'an dernier et, cette année,
$10.5 millions. Le remboursement de l'intérêt l'an dernier a
été de $15,000 et, cette année, il a été de
$174,000. Ce sont des prêts à court terme qui vont de quatre
à sept ans, sept ans pour les oeufs et quatre ans pour les
récoltes. Le gouvernement s'engage à rembourser 50 p.c. et le
cultivateur paie le surplus de 4 p.c.
M. LESSARD: Cela s'applique aux producteurs d'oeufs et aux producteurs
ayant subi des dommages par les pluies?
M. TOUPIN: Dans des circonstances bien particulières.
M. ROY: Ce n'est pas les $400?
M. TOUPIN: Non, non! c'était donné par le
fédéral. Nous n'avons pas touché à cela. La Loi du
prêt agricole permet au ministère de l'Agriculture du
Québec de verser à la Société du crédit
agricole les remboursements d'intérêt au même chapitre
qu'elle le fait au niveau de ces lois.
L'an dernier, il y a eu des remises additionnelles au gouvernement, en
vertu de cette loi, pour 52 agriculteurs, cette année 143. Les montants
versés ont été de $148,899 l'an dernier, et de $403,000
cette année; et les subventions d'intérêt ont
été de $2,586,000 l'an dernier par rapport à $2,680,000
cette année, pour un montant total de $3.6 millions. Cela veut dire que,
dans le crédit agricole, le gouvernement du Québec verse
au-delà de $5 millions par année de remboursement
d'intérêt aux agriculteurs.
M. LESSARD: Simplement une explication qui nous permettra tout à
l'heure de poser des questions, cette loi du prêt agricole s'applique
justement aux remboursements d'intérêt qui proviennent des
prêts du gouvernement fédéral?
M. TOUPIN: C'est ça. Sur les premiers $15,000,
hypothécaire. Même principe que la Loi du crédit agricole
ici, c'est le premier $15,000.
M. LESSARD: Autrement dit, on subventionne le prêt
fédéral.
M. TOUPIN: Oui, pour les premiers $15,000. Pour la différence,
notre taux d'intérêt à nous est de 7 p.c, la
différence entre le taux de la société est de 2 1/2
p.c.
Alors nous autres ça touche seulement 2 1/2 p.c, mais il arrive
souvent que, pour la différence, notre taux d'intérêt
à nous, pour ce qui dépasse $15,000, est soit égal ou plus
bas que celui du gouvernement fédéral actuel. Actuellement c'est
à peu près égal. Eux c'est 8 1/2 p.c, et nous c'est 7
p.c.
M. LESSARD: II est entendu qu'on pourra discuter de chacune de ces lois
tout à l'heure lorsque nous pourrons revenir. Je ne veux pas engager de
discussion avec le ministre.
M. TOUPIN: Je n'ai pas d'inconvénients à ça.
M. ROY: Oui, parce que j'aurais quelque chose à ajouter.
M. TOUPIN: Sur la loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles, ça comprend trois choses, deux tout au moins. Cela comprend
une remise de $1,000 pour ceux qui s'établissent sur les fermes, et
ça comprend des subventions de $3,000 pour aussi ceux qui
s'établissent sur des fermes. Mais là il y a des conditions qui
font qu'il est possible qu'on donne parfois plus de $1,000, ou moins de
$3,000 selon les conditions qui sont attachées à
l'ensemble des prêts. Mais ce qu'il est intéressant de constater
là-dedans, c'est que, cette année, on a versé 43.3 p.c. de
plus que l'année passée.
Donc, il y a beaucoup plus de jeunes, il y a près de, je le
disais hier, de 647 l'année passée, et 941 cette année.
Sur un prêt de $1,000, il y a eu une augmentation de 45.4 p.c, puis sur
celui-là il y en a 655 par rapport à 967, ça c'est la
subvention de $3,000. Alors il y a 47.6 p.c. pour cette section. Quand je vous
parlais de 600 hier, c'était 300 sur un et 300 sur l'autre, mais au fond
c'est l'équivalent d'à peu près 400. On ne se trompe point
lorsqu'on parle de 400.
C'est à peu près la même chose, excepté qu'il
y en a qui ont reçu $200 avant que la nouvelle loi soit en vigueur.
C'est pour cela qu'il y a une légère différence entre les
deux.
Cela veut dire, tout compte fait, qu'il y a au moins 400 jeunes, 400
nouveaux exploitants cette année, par rapport à l'an dernier, sur
ce qu'on contrôle, nous. Il y a évidemment autre chose qui se
fait, par ailleurs. Je le mentionne parce que c'est un élément
encourageant, quant à moi, en tout cas, on a 400 gars de plus par
rapport à l'année dernière qui, avant, n'étaient
pas dans l'agriculture et qui maintenant le sont, en incluant ceux qui
s'établissent avec d'autres.
M. LESSARD: En fait, ils peuvent obtenir ce prêt-là qui
s'applique à tout agriculteur qui s'est établi dans les trois
années qui précèdent la date de la réception de sa
demande par l'office.
M. TOUPIN: Ce n'est pas un prêt; on parle d'une subvention de mise
en valeur.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: A l'occasion de l'établissement, il y a $1,000 et
$3,000; à l'occasion d'un agrandissement, il y a $2,000.
L'agrandissement, ce sont les $50 par acre qu'on donne à des
agriculteurs qui n'ont bénéficié ni des $3,000, ni des
$1,000 à cause de l'âge ou à cause de certaines autres
conditions.
Cela a été une grosse augmentation, la consolidation,
l'agrandissement des terres. Oui, c'est une autre statistique que je vais
apporter. L'agrandissement des terres, c'est-à-dire cet octroi de $50
l'acre dont vous parlez, l'an dernier, on en a versé à 815
agriculteurs et, cette année, on en a versé à 1,126
agriculteurs. Voyez-vous? Il y a, encore là, une caractéristique
véritable au Québec d'un regroupement des fermes; de 815 à
1,126, ça fait tout près de 300. C'est assez typique de ce
côté-là de l'orientation que semblent vouloir se donner
eux-mêmes les agriculteurs dans le cadre du regroupement et de
l'agrandissement de leur ferme.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre, messieurs, je constate
qu'il est midi trente. La commission suspend ses travaux jusqu'aux affaires du
jour, cet après-midi, à moins d'avis contraire par la
Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 34)
Reprise de la séance à 16 h 48
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs !
Je constate qu'il y a quorum. Les mêmes membres que ce matin
constitueront la commission cet après-midi. Lorsque nous avons suspendu
nos travaux, le ministre avait la parole et je lui remets.
Motion d'ajournement
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre...
M. LESSARD: Si vous me le permettez M. le Président, j'ai une
motion...
LE PRESIDENT (M. Séguin): S'il vous plaît, un instant.
Oui.
M. LESSARD: ... une motion d'urgence.
M. le Président, je soulève une question de
règlement, en vertu de l'article 157 des règlements de
l'Assemblée nationale où il est dit qu'en commission "un
député peut proposer de rapporter à l'Assembléee
que la commission n'a pas fini de délibérer et qu'elle demande la
permission de siéger à nouveau. En commission élue, un
député peut proposer que la commission ajourne ses travaux".
M. le Président, on a utilisé, tout à l'heure, la
force gouvernementale pour empêcher les députés de faire
leur véritable travail, d'être capables de surveiller le
gouvernement, d'être capables de poser des questions au gouvernement. Le
gouvernement a fait son nid. Le gouvernement a décidé de
gouverner seul. Le gouvernement ne veut pas de l'Opposition. En
conséquence, M. le Président, il nous faut, nous autres,
utiliser, même si je comprends l'importance des crédits du
ministère de l'Agriculture, les moyens que nous avons, étant
donné que nous ne sommes que huit députés de l'Opposition
pour protester contre une telle décision qui me parait absolument
antidémocratique, qui est fondée exclusivement sur la force du
gouvernement, qui n'a jamais été prise dans le passé,
malgré les quatre ou cinq années où nous avons
siégé à l'Assemblée nationale. C'est pourquoi, pour
protester contre une telle décision, pour démontrer que le
gouvernement a décidé de gouverner seul, je propose que la
commission ajourne ses travaux à mardi matin, dix heures.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je reconnais la proposition du
député, mais je dois immédiatement refuser sa
suggestion.
M. LESSARD: Vous devez automatiquement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Cependant, j'ai le droit d'entendre
non seulement le droit, mais le règlement le dit les
partis de l'Opposition.
M. LESSARD: ... la mettre en délibération.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Les partis de l'Opposition,
normalement, ont le droit d'être entendus. Nous avons ici présent
un représentant du Ralliement créditiste. Alors, je demanderais
à la contrepartie de l'Opposition de faire entendre ses vues. En ce qui
me concerne, le règlement me semble bien clair. De toute façon,
avant de me prononcer, si le député de Beauce-Sud veut faire ses
commentaires, qu'il les fasse.
M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous avez droit à dix minutes,
M. le député.
M. ROY: Je n'ai pas...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant.
M. VEILLEUX: M. le Président, sur une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui. Nous nous référons
à l'article 157.
M. VEILLEUX: L'article 157.
Je lis l'article 157, deuxièmement: "Elles ne peuvent être
débattuess ce genre de motions sauf qu'un
représentant de chaque parti reconnu...
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça. C'est ce que je
reconnais.
M. VEILLEUX: ... peut prononcer un discours de dix minutes chacun
à leur sujet".
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça.
M. VEILLEUX: Maintenant, est-ce que la reconnaissance d'un
député indépendant est l'apanage exclusif du
président ou si ce sont les membres...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non.
M. VEILLEUX: ... de la commission qui décident...
LE PRESIDENT (M. Séguin): II y a eu entente...
M. LESSARD: ... sur le point de règlement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... et nous reconnaissons les deux
partis.
M. LESSARD: M. le Président, sur le point de
règlement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est l'entente tacite qui est
reconnue.
M. VEILLEUX: Ah! Si je comprends bien... M. LESSARD: Entente
sessionnelle.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Entente sessionnelle, et il y a un
amendement aussi...
M. VEILLEUX: Si je comprends bien...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... qui comprend cette
situation-là. La parole...
M. VEILLEUX: Non, non. Si je comprends bien, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui.
M. VEILLEUX: ... le gouvernement libéral ne bâillonne pas
l'Opposition. Il reconnaît même des gens qui ne constituent pas un
parti d'Opposition. Il les reconnaît afin qu'ils puissent s'exprimer.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est regrettable...
M. VEILLEUX: C'est cela que je voulais dire tout simplement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... M. le député,
qu'à l'occasion de ma question en Chambre on n'ait pas pu
répondre à mes commentaires. J'avais prévu justement cette
situation. Mais je suis prêt à accepter mes
responsabilités. Pour le moment, en remerciant le député
de Saint-Jean de ses observations, je dois présentement donner la parole
au député de Beauce-Sud.
M. ROY: Je vous remercie, M. le Président. Pour faire suite
à ce que vient de dire l'honorable député dépendant
de la grosse caisse électorale de la machine libérale de
Saint-Jean, je voudrais dire tout simplement ceci...
LE PRESIDENT (M, Séguin): Vous vous en tiendrez, M. le
député...
M. ROY: Je ne siège pas comme un indépendant, je
siège sous l'étiquette du Parti créditiste. Je tiens bien
à le préciser.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça. M. ROY: Bon.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous vous en tiendrez absolument,
à ce moment-ci...
M. ROY: Bon.
LE PRESIDENT: ... vous comprenez laissez-moi terminer
à la motion qui a été présentée par le
député de Saguenay. Je ne permettrai pas de réclame
politique à ce moment-ci.
M. ROY: D'accord. Mais il vient d'y en avoir, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non. Mais en discutant sur la
motion.
M. ROY: D'accord.
M. le Président, suite à la motion que vient de proposer
l'honorable député de Saguenay, motion conforme aux
décisions que nous avons prises tout à l'heure à
l'Assemblée nationale, et suite aux observations que nous avons
formulées, pendant les dix minutes auxquelles nous avons droit pour
participer à la motion présentée par le leader adjoint du
gouvernement en vue de faire ajourner les travaux de l'Assemblée
nationale à mardi après-midi trois heures, je tiens à dire
qu'il est évident que ce genre de motion, comme nous l'avons dit tout
à l'heure, bâillonne l'Opposition et ne nous permet pas
d'interroger le gouvernement sur des questions d'actualité, sur des
sujets d'intérêt public, des sujets qui concernent toute la
population du Québec et pour lesquels la population de la province exige
des réponses et veut savoir quelles seront les attitudes du
gouvernement. Il y a des questions, cette semaine, qui ont été
posées et auxquelles le premier ministre a dit lui-même qu'il
répondrait en fin de semaine ainsi que d'autres ministres.
En ce qui me concerne, j'ai bien l'intention de faire mon devoir de
député à l'Assemblée nationale.
Comme vous le savez, il est du devoir des députés de
l'Opposition d'interroger le gouvernement et d'obliger le gouvernement,
lorsqu'il ne le fait pas de bon gré, de rendre son administration
publique et de rendre ses décisions publiques.
M. le Président, pour toutes ces considérations et compte
tenu du fait qu'on prend tous les moyens pour faire en sorte que l'Opposition
soit réduite au rôle le plus strict, le plus petit possible, on
accélère les travaux et on nous propose un programme de travaux
de commissions parlementaires, en fin de semaine, que nous n'avons à peu
près pas vu dans le passé.
Lorsque nous avions trois partis d'Opposition à
l'Assemblée nationale, qu'il y avait 36 députés de
l'Opposition, on n'a pas eu recours à cette formule et à cette
mesure qui nous fait croire que le gouvernement veut abuser de sa force et
qu'il veut, en quelque sorte, nous envoyer dans les oubliettes pour qu'on ne
puisse lui poser de questions, parce qu'il a trouvé que les questions
étaient assez gênantes, à l'heure actuelle.
Pour toutes ces considérations... Le député de
Lotbinière peut rire. Les questions sont assez gênantes...
M. MASSICOTTE: C'est de l'enfantillage!
M. ROY: Surtout l'attitude de certain député du
côté ministériel je ne le nommerai pas, je pense
qu'il a été suffisamment nommé et qu'il a eu suffisamment
de publicité au cours de la semaine...
M. LESSARD: Si c'est de l'enfantillage, pourquoi ne nous permettez-vous
pas de siéger? Pourquoi ne nous permettez-vous pas de siéger?
M. MASSICOTTE: Chaque chose en son temps !
M. ROY: M. le Président, j'appuie la motion
présentée par l'honorable député de Saguenay, parce
que s'il n'avait pas présenté cette motion, je l'aurais
proposée moi-même. Compte tenu du fait de cette situation et
compte tenu de la demande que j'ai formulée tout à l'heure
à l'Assemblée nationale que le gouvernement se reprenne et retire
cette motion de façon à nous permettre de siéger
normalement, on ne peut être complice d'un gouvernement qui abuse de sa
force et qui tente de nous réduire au silence.
M. DENIS: J'espère que vous le réalisez, que le
gouvernement est fort ! Si vous ne le réalisez pas, il commence à
être temps que vous allumiez vos lumières.
M. LESSARD: Justement, M. le Président.
M. ROY: M. le Président, j'apprécie les propos que vient
de tenir le député. Il vient justement de démontrer
l'attitude que le gouvernement prend.
M. DENIS: C'est normal. C'est le gouvernement qui a la
responsabilité d'administrer. Ce n'est pas l'Opposition.
M. LESSARD: En relation avec les règlements qui existent, le jour
où le gouvernement va décider de faire disparaître les
règlements à l'Assemblée nationale, il va arriver
quoi?
M. DENIS: Est-ce que les règlements sont respectés ou
violés?
M. LESSARD: Oui, les règlements sont violés.
M. DENIS: De quelle façon?
M. LESSARD: Parce que, normalement, nous devons siéger du mardi
au vendredi, en vertu de l'article 30 du règlement. Or, vous utilisez
votre force pour bâillonner l'Opposition, pour empêcher que
l'Opposition puisse soulever des questions à l'Assemblée
nationale.
C'est le seul moyen que les députés ont justement, pour
surveiller de façon journalière le gouvernement. Vous nous
l'enlevez.
M. VEILLEUX: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plaît. Je
voudrais permettre au député de Saguenay de terminer au moins sa
phrase. S'il y a d'autres commentaires...
M. VEILLEUX: Je voulais tout simplement vous dire, M. le
Président, que le député s'est déjà
exprimé sur la motion et qu'il n'a pas le droit de s'exprimer deux
fois.
M. LESSARD: C'est suite aux interférences, M. le
Président.
M. VEILLEUX: Ils veulent qu'on suive la procédure, on va la
suivre, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je suis très large, il y a une
période de dix minutes que le règlement permet à
l'occasion de la présentation d'une motion.
M. VEILLEUX: S'il parle deux minutes il perd ses huit minutes.
M. LESSARD: D'autant plus qu'en commission parlementaire, M. le
Président,...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je veux être très gentil,
M. le député. Alors, si vous voulez...
M. LESSARD: ... nous pouvons revenir plusieurs fois.
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'interprète l'esprit de la loi
et non pas la lettre de la loi.
M. LESSARD: Et en commission parlementaire les députés, M.
le Président, ont le droit de revenir sur le même point plusieurs
fois pour autant que...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... sans amendement, à
l'intérieur.
M. LESSARD: M. le Président, suite aux remarques que certains
députés ont faites, en particulier dire que c'était de
l'enfantillage, je ne crois pas que la démocratie, ce soit de
l'enfantillage.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Cela devient une réplique et je
ne peux pas l'accepter.
M. LESSARD: C'est justement dans le sens de la motion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ne saurais accepter une
réplique.
M. LESSARD: M. le Président, l'Opposition, la petite Opposition
sait que le gouvernement est fort. Et c'est justement parce qu'il est fort,
parce qu'il a 102 députés, parce que l'Opposition n'a que huit
députés, qu'il doit permettre à l'Opposition...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LESSARD: ... d'utiliser tous les moyens pour surveiller le
gouvernement, pour l'interroger. C'est pour ça que c'est important.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, M. le député
!
M.LESSARD: Pourquoi, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! puisque vous êtes hors
texte.
M. LESSARD: Pourquoi? Non, je parle sur la motion, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pas tellement.
M. ROY: Je n'aurais que deux phrases pour terminer.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A cause de l'interruption que vous avez
eue, je vous reconnais.
M. ROY: Deux phrases tout simplement, M. le Président, pour dire
que le gouvernement est fort de sa majorité et il en profite. J'ai le
regret et c'est mon devoir de le dire de signaler, au moment de
cette motion, qu'il n'y a encore rien de réglé. On va permettre
l'étude de tous les crédits de tous les ministères avant
qu'on ait réglé notre problème de budget de recherche de
façon que nous puissions engager des recher-chistes pour être en
mesure de préparer nos dossiers et de faire la recherche qui s'impose.
Nous n'avons absolument rien de réglé de ce
côté-là. Le gouvernement nous promet d'une semaine à
l'autre que ça va se faire. On va étudier tous les crédits
de la province pour un montant de $5 milliards et, une fois que les
crédits seront tous adoptés, on dira: Voici, messieurs du Parti
créditiste, on va vous accorder un petit budget de recherche.
Je proteste contre cet état de fait qui, je viens de le
constater, surprend même le ministre. Ceci veut dire que les
députés et les ministres du côté gouvernemental ne
sont pas tous au courant de la situation et de l'attitude que le gouvernement a
à notre endroit. Je tiens à le signaler en terminant.
M. TOUPIN: Sur un point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre, sur un point de
règlement.
M. TOUPIN: Je pense que ce qui m'a surpris dans ce qu'a dit le
député de Beauce-Sud, ce n'est pas le fait que je ne savais pas
que le programme existait, c'est le fait qu'il l'apporte après presque
dix heures d'étude de nos crédits. Ce fait-là, il aurait
pu le relater dès le début et dire: Ecoutez, je n'ai pas tous les
renseignements qu'il me faut, je n'ai pas tous les recherchistes qu'il me faut;
les budgets que nous devions avoir, nous ne les avons pas encore. On aurait
bien compris sa cause, mais qu'il l'amène...
M. ROY: Est-ce que vous m'auriez prêté des
fonctionnaires?
M. TOUPIN: On aurait pu, au moins, être plus sympathique à
votre cause. Mais, là, vous l'apportez au moment même où
nous vivons un tout autre conflit que celui dont vous parlez.
M. ROY: Si le ministre de l'Agriculture m'avait laissé terminer,
M. le Président, je lui aurais dit que cette question n'était pas
de sa juridiction et de sa compétence. Compte tenu du fait que, ce
matin, il s'est bien gardé d'empiéter sur les prérogatives
du ministre de l'Education ce n'est pas un blâme et un reproche
personnel que je fais au ministre de l'Agriculture je n'avais pas cru
nécessaire de souligner cette question à l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture et de la
répéter à toutes les commissions, parce que, à
l'Assemblée nationale, nous avons l'endroit voulu pour en discuter.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. ROY: M. le Président, je dis bien que c'est avec regret
parce que je note que tous les principaux officiers du ministère de
l'Agriculture sont ici, se sont déplacés; ils ont du travail
à faire que je me dois d'appuyer cette motion. Si nous voulons
que le gouvernement change sa façon de procéder, si nous voulons
que le gouvernement soit plus réaliste, plus démocratique
parce que j'aimerais bien que l'on ne fasse pas seulement que nous parler de la
social-démocratie, alors qu'on nous applique la simard-démocratie
si le gouvernement veut se dire et démontrer qu'il est
réellement démocratique, je pense qu'il aurait pu procéder
d'une autre façon.
M. le Président, compte tenu de la situation et compte tenu du
fait que nous nous sommes opposés tout à l'heure, que nous avons
voté contre la motion d'ajournement de la Chambre à mardi
prochain, il faut être conséquents avec nos décisions.
Donc, j'appuierai la motion de l'honorable député de Saguenay et
je voterai pour l'ajournement de la commission parlementaire de l'agriculture,
afin que ses travaux reprennent après la période de questions,
mardi après-midi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission qui veulent... M. le ministre.
M. TOUPIN: M. le Président, dans mon esprit, il n'est pas
question que nous appuyions
une motion comme celle-là, et voici les raisons qui
m'amènent à ne pas appuyer cette motion. La première est
la suivante: le gouvernement est très souvent blâmé de ne
pas faire suffisamment pour tel ou tel secteur; le gouvernement est souvent
blâmé pour ne pas apporter aussi rapidement que possible les
solutions aux problèmes que vivent les différents secteurs de la
population du Québec, etc. Là, on veut accélérer
les travaux, on veut que les travaux procèdent le plus rapidement...
M. LESSARD: Sur le dos de l'Opposition.
M.,TOUPIN: Je vais y revenir. Nous voulons que les travaux
procèdent le plus rapidement possible; il y a encore plusieurs
ministères dont l'étude des crédits n'est pas faite, M. le
Président, le gouvernement loin, je crois, de vouloir imposer à
l'Opposition le bâillon et je vais apporter des exemples
lorsqu'il a formé ces commissions, a tenu compte du nombre de membres
qui composaient l'Opposition.
Il n'a pas voulu faire siéger à la fois cinq, six ou sept
commissions. Il s'en est tenu à deux ou trois pour que l'Opposition,
tant l'officielle que l'officieuse du crédit social, puisse participer
à toutes les commissions.
Je ne pense pas que le gouvernement ait fait preuve de
bâillonnement, absolument pas. Je vais apporter un autre exemple. Le
gouvernement, en dépit de ses 102 députés et en
dépit des règlements qui existaient et surtout de la Loi de la
Législature, n'a pas hésité à reconnaf-tre des
droits aux deux députés du crédit social, des droits que
dans plusieurs Parlements...
M. ROY: II n'a pas hésité?
M. TOUPIN: II n'a pas hésité du tout. Il vous les a
donnés. Vous avez, bien sûr, fait valoir vos points de vue.
C'était là votre droit de le faire et vous auriez
été très maladroits de ne pas le faire, mais
l'Assemblée nationale s'est rendue à vos demandes. Elle vous
reconnaît maintenant. Elle vous donne, à vous, des droits que des
députés du gouvernement n'ont pas. Elle donne ces droits à
deux députés qui ne sont pas reconnus par la Législature
comme parti officiel. Mais on a quand même reconnu ces droits.
Quand le député de Beauce-Sud nous dit qu'on
bâillonne l'Opposition et qu'on ne lui laisse pas l'occasion de dire ce
qu'elle a à dire, on donne plus de droit aux deux députés
créditistes qu'on en a donné à nos propres
députés. C'est ne pas être logique que de tenir des propos
comme ceux-là. J'étais le premier moi, personnellement, à
être sympathique à la demande qu'ont formulée les deux
députés du crédit social. J'étais moi-même
sympathique à cette demande. Ce sont des raisons qui me paraissent
claires et évidentes. Le gouvernement, au contraire, loin de vouloir
bâillonner l'Opposition, lui donne l'occasion de s'exprimer et organise
son travail pour que tous les députés de l'Opposition officielle,
de même que les deux autres qui sont du crédit social puissent
participer à toutes les commissions parlementaires.
On a organisé notre programme de travail comme ça. II y a
un autre élément que je veux apporter: ce n'est pas la
première fois que le gouvernement demande à l'Assemblée
nationale d'ajourner ses travaux une journée ou deux. C'est
déjà arrivé. Bien sûr que c'est déjà
arrivé, pour accélérer les travaux de la commission.
M. LESSARD: Nous avions toujours notre période de questions le
matin ou l'après-midi.
M. TOUPIN: Je pense que c'est arrivé au moins une fois. En tout
cas, pour la journée des députés, le mercredi, c'est
déjà arrivé. On a enlevé la journée des
députés pour consacrer le travail des commissions.
M. LESSARD: Encore là vous abolissiez un certain nombre de
procédures, par la motion d'urgence.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La motion, la motion. A l'ordre !
M. TOUPIN: Ce que je veux vous dire c'est...
M. LESSARD: Et encore sur notre dos, puis contre nous puis contre
l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît. Je
voudrais simplement vous dire que la motion ne doit pas être
débattue. J'ai d'après le règlement, à entendre un
représentant de chaque parti. Nous avons entendu le proposeur.
Nous avons entendu les représentants du Parti créditiste
et nous entendons présentement le représentant du parti
ministériel. Je m'en tiendrai, si vous le voulez, à la lettre de
la loi en me servant, en même temps, d'un peu de jugement, il me semble,
et j'espère que la commission reconnaîtra cet
élément.
M. LESSARD: Mais je ne peux pas laisser le ministre dire des
faussetés.
M. TOUPIN: M. le Président, je ne dis pas de
faussetés.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, ce n'est pas pour être
débattu. M. le ministre, continuez, s'il vous plaît.
M. TOUPIN: Je dis qu'il y a des précédents, pas comme
celui-ci, pas à la lettre comme celui-ci. L'Assemblée nationale a
déjà, à l'unanimité, retardé ses travaux,
à quelque phase que ce soit de ses travaux, pour donner l'occasion aux
commissions de travailler. Je participe moi aussi aux travaux de
l'Assemblée nationale; il
faudrait peut-être fouiller dans les procès-verbaux. Non,
je vous l'ai dit que ce n'était pas dans le même sens, c'est vrai
que ce n'est pas dans le même sens, mais c'est déjà
arrivé, quand même, qu'on ait arrêté les travaux de
l'Assemblée nationale pour faire travailler les commissions.
Je ne dis pas que cela s'est posé dans le même contexte que
cela se pose aujourd'hui, mais cela s'est posé dans des contextes
similaires dont les effets étaient à peu près les
mêmes que ceux recherchés aujourd'hui.
M. LESSARD: Mais la période des questions était toujours
respectée. C'est cela le principe fondamental. Notre période des
questions c'est ce que nous avons, nous comme parti d'Opposition, pour
surveiller de façon journalière le gouvernement, pour
l'interroger sur son administration. Vous nous l'enlevez. C'est cela, le
principe fondamental.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je regrette, ce qui est débattu
présentement est...
M. TOUPIN: L'ajournement des travaux.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... que la commission de l'agriculture
ajourne ses travaux à mardi, quatre heures. C'est cela qui est
écrit ici, alors c'est cela que je dois entendre débattre, et non
pas les principes d'autres secteurs ou d'autres commissions ou de
l'Assemblée nationale ou autre chose.
M. TOUPIN: Je disais, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre.
M. TOUPIN: ... que des événements similaires se sont
déjà produits à l'exception, peut-être, de certaines
parties des travaux de l'Assemblée nationale. Ce que nous recherchons,
quant à nous qui sommes ici à la commission, et ce que le
gouvernement a recherché aussi en proposant cette motion, c'est purement
et simplement d'accélérer les travaux de la commission
parlementaire.
Les commissions parlementaires qui siègent offrent aux
députés l'avantage de poser des questions beaucoup plus profondes
que celles, en termes d'avantages, que peut lui offrir l'Assemblée
nationale dans certains cas. Vous avez beaucoup plus qu'une demi-heure, vous
avez tout le temps qu'il faut pour poser les questions que vous voulez poser
sur des problèmes donnés. Personnellement, je ne comprends pas
pourquoi on n'accepterait pas que la commission, qui étudie
présentement les crédits du ministère de l'Agriculture,
puisse continuer ses travaux pour que, par la suite, d'autres
ministères, notamment, je pense à celui des Terres et
Forêts, puissent prendre la relève et donner l'occasion aux
députés de l'Opposition de poser à ce ministère les
mêmes questions qui nous sont posées à nous
aujourd'hui.
Vous nous avez demandé des statistiques ce matin, on n'est pas
tenu de remettre ces documents. On vous les a remis ces documents de
statistiques parce qu'on croit que c'est nécessaire pour l'information
du député de Beauce qui, malheureusement, n'a pas encore à
sa disposition tous les recherchistes qu'il voudrait. On est prêt
à lui en fournir des statistiques pour qu'il puisse trouver dans ces
statistiques les données nécessaires pour porter de bons
jugements sur la situation agricole au Québec.
M. le Président, je crois que cette motion n'est pas bienvenue et
qu'elle devrait purement et simplement être rejetée pour qu'on
continue nos travaux, qu'on recommence demain et qu'on aille à mardi et,
par la suite, que les autres ministères viennent.
M. LESSARD: Je demande le vote sur la motion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça. M. LESSARD: Article
149.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Suivant ce que l'article 157 dit nous
devons, ayant entendu les trois partis concernés, procéder au
vote immédiatement.
Un vote enregistré, je suppose, c'est ce que vous voulez avoir?
D'après la procédure des commissions c'est censé
être un vote à main levée mais je suis consentant à
accorder quand même le vote inscrit.
M. LESSARD: Pour faire lever les mains il faut les appeler.
Vote sur la motion
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vais me reporter à la liste
officielle. M. Burns, M. Carpentier.
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Denis. M. DENIS: Contre la
motion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Dionne. M. Faucher.
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Giasson. M. Fraser.
M. FRASER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Lessard.
M. LESSARD: Pour
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Massicotte.
M. MASSICOTTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Ostiguy.
M. OSTIGUY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Roy.
M. ROY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Toupin.
M. TOUPIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Veilleux.
M. VEILLEUX: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce ne sera pas très long
à calculer, deux pour, huit contre. La motion est rejetée.
M. ROY: On ne demandera pas de décompte officiel.
Crédit agricole (suite)
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 2, la parole est au
ministre.
M. TOUPIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je voudrais avant, M. le ministre, que
vous constatiez pour le registre que les deux députés de
l'Opposition s'absentent à ce moment-ci, le député de
Beauce-Sud et le député de Saguenay, à la suite du vote.
Je ne reconnais présentement aucun député devant la
commission représentant l'Opposition.
M. le ministre, nous procédons, puisque nous avons, à ce
moment-ci, quorum.
Je donne la parole au ministre.
M. TOUPIN: M. le Président, même si les
députés de l'Opposition sont absents, la commission parlementaire
doit continuer ses travaux. Les fonctionnaires de l'Office du crédit
agricole sont ici. Alors, si, parmi les députés présents
à la commission, il y en a qui ont des questions à poser sur ce
programme, nous sommes disposés à répondre aux questions
et à faire en sorte que les travaux de la commission continuent.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je voudrais bien, cependant, M. le
ministre, que la commission comprenne qu'ayant répondu à ces
questions, il ne sera pas dans l'intérêt de la commission, ni de
la Chambre, ni du progrès des travaux de cette commission, de
procéder à une répétition, à un autre
moment, des mêmes questions et des mêmes réponses. Je pense
qu'il ne s'agit pas de faire en duplicata et en triplicata l'étude des
crédits. Alors, je suis prêt à accéder à
votre suggestion, très aimablement.
Si des députés ont des questions à poser au
ministre, qu'ils les posent. Maintenant, je voudrais assurer la commission que
je n'entendrai pas de questions à un autre jour, se rapportant à
ce qui aura été répondu à ce moment-ci.
M. VEILLEUX: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: L'Opposition n'est pas ici, et je suis bien content, M. le
Président, parce qu'enfin les députés du Parti
libéral vont pouvoir travailler consciencieusement avec le ministre et
les fonctionnaires du ministère. Quand on aura fini de poser des
questions, M. le Président, sur des sujets, des programmes, des
éléments, des catégories et des supercatégories, on
les votera en bonne et due forme et on n'y reviendra pas, comptez
là-dessus.
Le ministre, ce matin, nous a fait part des différentes lois qui
sont de la juridiction de l'Office du crédit agricole.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député me permettra de
l'interrompre, à ce moment-ci. Les observations qu'il vient de faire
reflètent nécessairement son opinion personnelle et non pas
nécessairement ce que pense la commission.
Continuez, M. le député.
M. VEILLEUX: Je ne parle pas au nom de la commission; je parle en mon
nom, mais je suis persuadé que mes autres collègues sont
exactement du même avis que moi.
Le ministre, ce matin, nous a donné un tableau des
différentes lois et de leur application dans les deux dernières
années. Maintenant, il y a une chose que je constate dans chacune des
lois, en regardant la définition.
Je pourrais dire que ma question s'adresse surtout au ministre parce que
cela peut avoir une influence sur la politique future du ministère.
C'est que, dans la définition d'agriculteur, on dit: "Toute personne
physique qui est propriétaire d'une ferme et dont l'agriculture est la
principale occupation."
A ce moment-là, je pense que ces différentes lois ferment
quand même la porte à une foule de personnes qui pourraient
être tentées de devenir propriétaires de sols pour des fins
de culture, mais, compte tenu du fait qu'elles manquent peut-être un peu
d'expérience en agriculture, compte tenu du fait que, si la personne a
quand même un emploi assez rémunérateur présentement
et qu'elle achète... J'ai dans ma tête le cas, par exemple, d'un
électeur du comté de Saint-Jean, qui travaille comme boucher dans
une boucherie et qui s'est acheté une terre. Il commence avec une terre
de
75 arpents. Parce qu'il ne vit pas de cela ou que sa principale
occupation n'est pas la culture, il se trouve à être
pénalisé d'une certaine façon, car il ne peut
bénéficier des lois agricoles. A ce moment-là, cela peut
le retarder énormément pour que la culture ou l'agriculture
devienne sa principale occupation. Peut-être faudra-t-il qu'il travaille
un plus grand nombre d'années dans la boucherie avant de vivre
uniquement de sa terre, parce qu'il ne pourra pas bénéficier,
comme n'importe qui, un fils d'agriculteur, par exemple, ou quelqu'un qui peut
en faire sa principale occupation dès le départ, des rabais
d'intérêt parce qu'il devra aller emprunter de l'argent ailleurs
qu'à l'intérieur des cinq ou six lois qui régissent
l'Office du crédit agricole.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu, de la part du ministre,
d'envisager la possibilité peut-être d'apporter des amendements
à la loi dans le but de corriger ce défaut qu'on pourrait
retrouver, à l'heure actuelle, dans l'application. Si vous regardez les
journaux, du moins dans ma région, je crois qu'il va y avoir
au-delà de 22 encans d'ici le mois de juin, dans la région de
Saint-Jean et il va falloir sauver nos terres agricoles. Peut-être que le
moyen de les sauver serait de permettre à des gens qui ont une
occupation principale autre que l'agriculture de devenir, du moins au
début, à temps partiel, agriculteurs et de pouvoir
bénéficier, dès le départ, des différentes
lois.
M. TOUPIN: Evidemment quand vous posez cette question, vous abordez de
front la profession agricole comme telle. La profession agricole soutient que
les lois fondamentales du ministère de l'Agriculture doivent d'abord et
avant tout s'adresser à des agriculteurs professionnels. Et la
définition que vous trouvez dans la loi indique assez clairement que si
un agriculteur va chercher plus de 50 p.c. de revenus dans l'agriculture il
peut être considéré comme un professionnel, tout au moins
comme un semi-professionnel fort. Mais il y a quand même un
phénomène qui se dégage de votre question et sur lequel le
ministère réfléchit actuellement depuis près d'un
an. Il est à se demander s'il n'y aurait pas avantage à envisager
l'élargissement d'un certain nombre de lois pour favoriser l'utilisation
des sols, propriétés d'agriculteurs à temps partiel.
L'Ontario a aussi le même problème. J'ai discuté de
cette question avec mon collègue de l'Ontario qui, lui aussi, pense un
peu dans les mêmes termes que nous dans les circonstances actuelles.
Cela ne veut pas nécessairement dire qu'il faudra amender la Loi
du crédit agricole. Peut-être y aurait-il avantage à ce
qu'une nouvelle loi apparaisse et vienne répondre à des besoins
nouveaux. Peut-être y aurait-il avantage à amender les lois de
crédit, mais pas nécessairement cette Loi du crédit
agricole qui s'adresse plutôt aux professionnels. On pourra regarder
peut-être dans le cadre de la Loi de l'améliora- tion des fermes
où ce sont les banques et les caisses qui consentent des prêts et
où le gouvernement se porte garant pour 10 p.c. du total des prêts
consentis et rembourse une partie des intérêts. On pourra regarder
dans cette perspective-là.
Pour plusieurs raisons. La première, on l'a signalé au
début, c'est que ces sols, qui sont maintenant la
propriété de non-agriculteurs, deviennent des sols productifs. La
deuxième raison c'est que peut-être un certain nombre d'urbains,
qui sont engagés dans des professions actuelles et qui trouveraient dans
l'agriculture un plus grand épanouissement, chercheraient, par des
moyens comme ça, peut-être à réintégrer le
milieu agricole.
Par ailleurs, il y a des choses qu'il faut éviter. Il ne faut pas
sombrer non plus dans des programmes et dans des politiques qui vont nous
amener à assister à un retour en milieu rural de personnes qui,
tout compte fait, n'ont d'autre intérêt que celui d'avoir une
maison à la compagne, et que d'aller chercher sur la ferme une somme de
$7,000 ou $8,000 pour profiter d'un certain nombre de subventions que le
ministère offre. Il faut éviter de sombrer dans cette anomalie,
dans ce vice, tout compte fait, si on peut s'exprimer ainsi. Il y aurait sans
doute des conditions de base à poser, mais je considère que la
question non seulement est pertinente mais mérite qu'on lui accorde
toute l'importance dans le contexte actuel.
J'irai plus loin, il y a des membres de l'office ici. J'ai
demandé à l'office de regarder la possibilité d'amender
pas nécessairement la Loi du crédit agricole mais peut-être
la Loi de l'amélioration des fermes pour accentuer la poussée des
programmes pour tous ceux qui ont un intérêt dans l'agriculture, y
compris ceux-là.
M. VEILLEUX: Le ministre conviendra avec moi que le point que je
soulève nous l'avons regardé; c'est l'exemple d'un type qui part
de la ville ou qui a un principal métier au départ et qui devient
agriculteur à temps partiel.
Mais compte tenu des difficultés climatiques qu'on a pu
rencontrer notamment dans notre région depuis deux ou trois ans, c'est
l'inverse qui se produit. J'en connais plusieurs qui sont propriétaires
de 1,000 acres ; s'ils n'avaient pas une principale occupation autre que
l'agriculture depuis deux ans, je pense qu'ils devraient vivre du
bien-être social. A l'heure actuelle, si on appliquait textuellement la
loi, et s'ils voulaient améliorer leur ferme ou s'ils avaient
amélioré leur ferme, compte tenu du fait que depuis un an ou deux
leur principale source de revenus c'est, par exemple, le camionnage, la
construction ou différentes autres choses, ces lois pourraient jouer
contre eux. Or, à l'origine, ils étaient quand même des
agriculteurs à temps plein. Ce sont les circonstances qui les ont
amenés là. C'est le danger que je vois si on applique
intégralement chacune des lois, à moins que je ne me trompe dans
l'interprétation. Le vice-pré-
sident de l'office pourra me le dire. Mais le danger est que ces gens
perdent tous les bénéfices qu'ils peuvent retirer des
différentes lois qui sont sous la juridiction de l'Office du
crédit agricole et ça pourrait leur jouer de vilains tours.
M. TOUPIN: A qui? Ceux qui font deux travaux en même temps ou bien
ceux qui travaillent en ville et qui s'installent sur une ferme?
M. VEILLEUX: Ceux, par exemple...
M. TOUPIN: Parce que pour ceux qui ont bénéficié du
crédit agricole et qui, après, gardent leur ferme et
l'exploitent, mais vont chercher moins de 50 p.c. de leurs revenus dans
l'agriculture, l'Office du crédit agricole ne pose pas actuellement de
conditions particulières. Les conditions posées au départ
sont respectées, à moins que le gars ne vende son sol. S'il vend
son sol, l'office révise ses positions à l'égard de celui
qui l'achète...
M. VEILLEUX: D'accord.
M. TOUPIN: ... et ne donne pas les mêmes avantages.
M. OSTIGUY: Une bonne partie de son sol...
M. TOUPIN: Une partie de son sol, c'est la même chose.
M. OSTIGUY: On va demander un remboursement.
M. TOUPIN: C'est exact. C'est la même chose pour une partie de son
sol parce que ce sont des prêts hypothécaires, c'est le fonds de
terre qui est la principale...
M. OSTIGUY: Je parle d'une partie. M. TOUPIN: ...garantie de l'Etat.
M. OSTIGUY: M. le Président, je parle d'une partie...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Huntingdon.
M. FRASER: J'ai parlé avec des gens de l'Alberta. Il y a un
programme là-bas qui permet des prêts aux jeunes cultivateurs,
jusqu'à $100,000, je crois. Je ne suis pas certain du montant, mais pour
les premiers cinq ans, il n'y a pas d'intérêt. Le gars peut mettre
toutes ses forces, tout son argent à baisser le capital. Ici,
l'intérêt n'est pas trop haut pour les premiers $15,000, mais si
vous avez un prêt de $75,000 ou $80,000 les intérêts mangent
tout le revenu, vous n'avez rien pour mettre sur le capital et vous êtes
pris. Changer la loi pour créer une patente comme ça, ici
aiderait les jeunes qui veulent s'établir parce que, aujourd'hui,
ça prend $100,000 ou $150,000 pour s'établir sur une grande
ferme, au moins ça.
M. TOUPIN: II y a plusieurs façons, pour répondre au
député de Huntingdon, d'aider l'établissement des jeunes.
L'Alberta ou le Manitoba, je ne sais pas laquelle des deux provinces... C'est
la Saskatchewan à laquelle vous avez fait référence?
M. FRASER: C'est en Alberta qu'il n'y a pas d'intérêt pour
cinq ans.
M. TOUPIN: L'Alberta a choisi cette voie. Nous avons choisi la voie de
donner des subventions au départ. Un jeune agriculteur qui s'installe
sur une ferme reçoit une subvention de $4,000 dès le
départ.
M. FRASER: Oui, mais $4,000, c'est rien. Si vous avez un prêt de
$80,000 et que l'intérêt est à 7 p.c, c'est $5,500
d'intérêt qu'il faut payer la première année.
M. TOUPIN: C'est exact. Notre politique actuelle, c'est que pour les
premiers $15,000, l'intérêt est à 2.5 p.c. et pour les
milliers suivants, c'est 7 p.c. Ce qui fait en moyenne à peu près
5 p.c. ou 5.5 p.c. quand on prend la moyenne des prêts consentis au
Québec. Ceux du gouvernement fédéral et de l'Alberta, je
le sais, parce que je ne pense pas que l'Alberta ait de régime de
crédit agricole...
M. FRASER: Oui, oui, oui.
M. TOUPIN: Elle a un régime de crédit agricole? Je pense
qu'elle fait appel surtout...
M. FRASER: Comme elle dit toujours...
M. TOUPIN: ...au crédit agricole fédéral. Je pense
qu'elle fait surtout appel au crédit agricole fédéral.
M. FRASER: Les gens ont pensé que c'était plus avantageux
que le nôtre.
M. TOUPIN: On l'a discuté, nous, on a regardé s'il n'y
aurait pas possibilité de faciliter le crédit aux agriculteurs.
Mais on préfère, pour le moment, s'en tenir un peu à ce
que l'on a, 2 1/2 p.c. pour les premiers $15,000, 7 p.c. pour le reste, et
donner des subventions pour l'implantation. Cela est pour plusieurs raisons
dont la principale serait la suivante. C'est que, si vous mettez votre
crédit agricole trop généreux, vous risquez de voir un tas
de gars revenir en agriculture et ça ne veut pas nécessairement
dire que ce seront de vrais agriculteurs.
Ils nous poseront plus tard d'autres problèmes, des
problèmes de production, des problèmes de commercialisation,
etc.
M. FRASER: Des fils de cultivateur.
M. TOUPIN: Oui, pour les fils de cultivateur, il y aurait
peut-être avantage à étudier des politiques plus
généreuses à long terme. Je ne sais pas quels sont les
taux d'intérêt après cinq ans. Ce qui est important pour un
agriculteur tout compte fait, c'est ce que ça lui coûte pour
financer sa ferme.
Si on est cinq ans sans lui faire payer d'intérêt, mais si
après cinq ans on lui en charge 9 p.c. ou 10 p.c, je ne sais pas moi ce
que ça peut donner au bout de la ligne. On a essayé de trouver
l'équilibre du départ jusqu'à la fin du prêt. Votre
suggestion, je vais aller plus loin que ça, on l'a discutée, on
l'a regardée; je l'ai proposée, moi, à un moment
donné. L'office ne m'a pas convaincu totalement, mais m'a fait valoir de
bons arguments.
M. FRASER: Je comprends que c'est difficile de changer un système
d'un jour à l'autre, parce qu'on ne veut pas faire
bénéficier un groupe plus qu'un autre.
M. TOUPIN: C'est que ça coûterait cher, bien sûr.
Seulement les premiers $15,000, les 2 1/2 p.c. coûtent $26,000 au
gouvernement par prêt. Trouver la ligne de démarcation c'est
très difficile, on l'avoue. On essaie d'administrer avec une grande
largeur de vue, mais donner $26,000 à un avocat qui en fait
$50,000...
M. VEILLEUX: Non, mais vous comprenez la situation dans laquelle le
député...
LE PRESIDENT (M. Massicotte): Un instant, la parole serait à...
Très bien, le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Vous comprenez un peu la situation le ministre la
comprend aussi, je pense bien des députés du secteur rural
comme nous; c'est qu'on est quand même devant une situation de fait
à l'heure actuelle. Vous avez des professionnels en agriculture qui
laissent tomber l'agriculture. Vous en avez d'autres qui sont peut-être
des semi-professionnels au départ mais qui sont intéressés
à devenir professionnels éventuellement. Moi je suis d'accord
avec le ministre pour dire: S'il faut y mettre le prix, il va falloir y mettre
le prix. Mais il va falloir trouver les solutions tout à l'heure, dans
l'ensemble au niveau du ministère, pour atténuer ce
problème qui existe à l'heure actuelle.
M. TOUPIN: C'est un problème nouveau, celui que vous apportez,
qui se manifeste beaucoup depuis deux ou trois ans.
M. VEILLEUX: C'est ça.
M. TOUPIN: C'est un problème nouveau.
Moi, sur le fond du problème, je suis très ouvert.
Même il y aurait peut-être avantage à ce qu'on trouve pour
la présente session des amendements à une de nos lois, pour
favoriser précisément l'implantation de nouveaux agriculteurs
à temps partiel. Mais encore là il faudrait être prudent,
pour ne pas tomber dans des abus. Un tas de professionnels, parce qu'ils ne
peuvent pas avoir accès à des prêts à un taux
d'intérêt bas, peuvent se prévaloir de cette politique pour
un an ou deux et après vendre leur cheptel, puis financer une ferme pour
des fins de spéculation avec l'argent du gouvernement.
M. VEILLEUX: Oui, mais il y a quand même, je pense bien, certaines
conditions qui peuvent être...
M. TOUPIN: Ce n'est pas facile que de le faire. Un gars rembourse le
gouvernement si ça ne produit plus...
M. VEILLEUX: Si un gars fait cela, vous savez, il y a différentes
mesures. Je regarde, notamment, le système de prêts et bourses aux
étudiants. Lorsqu'un étudiant est pris à faire une fausse
déclaration, on le bloque pour une demande de prêts-bourses
pendant deux ou trois ans. Peut-être que ce serait une manière
d'envisager une méthode punitive, si vous voulez, pour quelqu'un qui
essaierait de frauder, par exemple, le ministère de l'Agriculture dans
le sens que vous mentionnez.
M. TOUPIN: Mais ça ne serait pas nécessairement de la
fraude. Ce n'est pas de la fraude. Le danger qui nous guette, c'est d'ouvrir
une porte qui permettra à des gars de financer du fonds de terre
à bon compte...
M. VEILLEUX: Juste pour vous donner un exemple de tentative de
fraude...
M. TOUPIN: ... pour des fins, plus tard, spéculatives. Ce n'est
pas de la fraude, mais ça serait de l'abus.
M. VEILLEUX: ... qu'on peut retrouver; cela s'est produit il y a
à peine quinze jours ou trois semaines. C'est un agronome, du bureau des
agronomes à Saint-Jean, qui me l'a mentionné. Pour les terres non
ensemencées...
M. TOUPIN: Oui.
M. VEILLEUX: ... quand le gouvernement a fait remplir des formules, pour
le même numéro de terre, trois personnes de la même famille
ont rempli trois formules différentes dans l'espoir d'avoir trois fois
la même subvention. Je disais aux agronomes que c'est inacceptable, une
chose comme celle-là; c'est flagrant. Que quelqu'un fasse une erreur sur
une dizaine d'acres non ensemencées, en plus ou en moins, cela
n'est pas grave, mais que trois personnes, volontairement, se rendent,
en même temps, à trois endroits différents dans la
même salle et remplissent, à la fois, trois formules pour la
même terre, là, c'est une tentative de fraude.
M. TOUPIN: Oui, mais vous ne connaissez pas d'hommes qui gagnent $20,000
à $25,000 par année, qui ont une belle grande terre et qui
pourraient payer le taux courant de l'argent au lieu d'être
subventionné?
M. VEILLEUX: Oui, d'accord. Le cas que je vous mentionne, le gars de mon
comté, c'est un gars qui est boucher. Il n'est pas millionnaire, le
gars; il travaille dans une boucherie. Il a été
élevé sur une terre et il vient de s'acheter une terre de 75
arpents, à peu près à 25 p.c. cultivable, à l'heure
actuelle. Le cultivateur qui était là précédemment,
à cause de l'âge, a laissé tomber peu à peu sa terre
et le gars veut l'améliorer. Cela ne touche pas les lois, mais c'est une
discussion de fond, je pense. Par exemple, il ne peut pas
bénéficier des travaux mécanisés parce que, l'an
passé, il n'a pas produit pour $1,000. Qu'est-ce que vous voulez? Il a
acheté la terre le 27 octobre 1973; il ne peut pas avoir produit pour
$1,000 l'an passé. La discussion qu'on est en train de faire englobe
tout cela.
M. TOUPIN: Ce que le député de Saint-Jean soulève,
comme je le disais tantôt, au ministère, depuis un an en tout cas,
les fonctionnaires ont évolué beaucoup sur cette
question-là. Au départ, il y avait des restrictions très
grandes. Il reste que les agriculteurs professionnels j'ai
discuté souvent avec eux de ce problème-là n'ont
pas d'objection majeure, sauf qu'ils disent: Vous devriez avoir des lois
spéciales. Il y a deux ans, on avait proposé une forme de
crédit au développement rural. On avait dit: II y aurait
peut-être lieu d'amender les lois de l'office plutôt que
créer de nouveaux crédits. Peut-être y aurait-il avantage
actuellement à ouvrir le crédit à ces gars en posant des
restrictions. Le ministère, actuellement, n'est pas fermé
à cela.
C'est bon que les députés donnent leur point de vue
là-dessus parce qu'il n'y a pas de doute possible, cela va aider le
gouvernement à prendre sa décision.
LE PRESIDENT (M. Massicotte): L'honorable député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, là où je trouve une
certaine lacune, toujours sur le même sujet, c'est, par exemple,
lorsqu'un père de famille a un ou deux garçons; ils ont une ferme
de peut-être 150 acres, 150 arpents et ils doivent acheter une autre
ferme, celle d'un voisin, par exemple. Là, je pense aux fermes de la
région 6 et de la région 7.
Une ferme de 150 arpents, sur laquelle vous voulez installer 60
bêtes à cornes, un roulant, ça dépasse les $100,000
d'investissement, d'ac- cord? L'Office du crédit agricole leur fait un
prêt de $40,000 actuellement. Or il arrive qu'il va avoir une
deuxième hypothèque, normalement, parce que sur $100,000, il y a
un prêt de $40,000, en première hypothèque, de l'Office du
crédit agricole. Assez souvent, il y a une deuxième
hypothèque, des fois c'est du type qui a vendu la ferme, ou par un
emprunt qui a été fait ailleurs. Cet agriculteur, ce fils de
cultivateur, de bonne foi, qui veut s'installer sur une ferme rentable, souvent
est obligé d'avoir un emploi à l'extérieur, pour venir
à bout de faire ses versements, les premières années.
Dans la loi de l'Office du crédit agricole, actuellement, il est
bel et bien dit que c'est une personne physique retirant plus de 50 p.c. de ses
revenus de l'agriculture. Bien sûr que le but de ce cultivateur c'est, un
jour, de retirer plus de 50 p.c.; mais il y a une période de quelques
années où le jeune agriculteur est obligé d'aller chercher
des revenus à l'extérieur, afin de s'aider, si vous voulez,
à faire ces remboursements. En tout cas, moi, dans mon comté,
souvent j'ai des plaintes qui me sont formulées dans ce sens. Du moment
cela vient des bureaux régionaux, bien sûr qu'on
sait que ce jeune agriculteur a un emploi à l'extérieur, pour
quelques années seulement, je le répète encore, on lui
refuse le prêt agricole.
Vous l'avez mentionné, M. le ministre tantôt, je me demande
s'il n'y aurait pas lieu d'avoir un prêt agricole industriel ou un autre
genre de prêt agricole, ou d'élargir la loi.
M. TOUPIN: S'il y a loi, on pourrait la choisir, la loi, pour des cas
comme ça, comme première étape. Voici ce à quoi on
pensait. La Loi de l'amélioration des fermes permet à un
agriculteur d'emprunter à une banque pour quinze ans, $15,000
actuellement, on veut amener cela à $25,000. On pourrait peut-être
commencer avec cette loi. Le gouvernement garantit le prêt auprès
des banques pour faire démarrer le gars qui achète sa ferme et
qui a encore un travail à l'extérieur. Et au moment où le
gars a franchi l'étape d'un minimum de rentabilité, on pourrait
prolonger le prêt agricole à 39 ans, avec les avantages que
ça comporte. Ainsi, on s'assurerait d'une chose, on s'assurerait que le
gars a franchi une étape et qu'il s'oriente, qu'il est entré
sinon dans la rentabilité totale mais au moins dans un minimum de
rentabilité, nous permettant de prêter des deniers publics
parce que l'Office du crédit agricole, c'est l'argent du gouvernement
à ces gens, sur une plus longue période avec des
rabattements d'intérêts qui permettent de financer à
meilleur compte une entreprise comme celle-là. C'est une proposition de
l'alternative.
M. OSTIGUY: Mais M. le Président, cette loi à la
production agricole qui est garantie par le gouvernement vous nous
parlez de $15,000 c'est le taux bancaire, par contre. Le taux bancaire
aujourd'hui il est à quoi? Il est à douze pour cent.
M. TOUPIN: Actuellement c'est le taux fixé par l'Office. Le taux
actuel de cette loi est de 9 p.c. et on rembourse 3 p.c. Mais là
où sont rendus les taux d'intérêts actuellement, ce n'est
pas certain qu'on puisse maintenir à 9 p.c, parce que les banques et les
caisses ne prêteront plus. Peut-être faudra-t-il amender nos
règlements et continuer à verser notre remboursement
d'intérêts. Il y a des aménagements à faire dans des
programmes comme ceux-là qui viendront répondre à des
besoins nouveaux puis à des besoins précis.
M. OSTIGUY: Vous savez ce qui arrive dans nos régions, qui sont
des régions agricoles, bien sûr. Je vous parle d'une ferme de 150
arpents avec le roulant ou l'équipement que je vous ai mentionné
tantôt. Bien, il n'y a pas un fils de cultivateur qui est capable d'aller
s'établir sur une ferme. En tout cas, moi, si j'avais un garçon,
je me demande comment il serait aller s'installer sur une ferme.
Alors, ce qui arrive, c'est que nos fermes, malheureusement, sont
vendues à des étrangers qui arrivent avec du capital. Cela, on le
rencontre régulièrement. Ce sont des Européens qui
arrivent avec l'argent nécessaire...
UNE VOIX: Des Américains.
M. OSTIGUY: ... aussi des Américains. On n'a rien contre les
Européens et les Américains, au contraire. Mais nos fils de
cultivateurs du Québec, qui veulent s'installer sur des fermes, qui ont
intérêt à s'installer sur des fermes, si une ferme
coûte $108,000, ils ne sont pas capables de s'y installer...
M. TOUPIN: Oui. On va corriger cela.
M. OSTIGUY: ... dans la condition actuelle des prêts consentis par
l'Office du crédit agricole.
M. TOUPIN: Là-dessus, vous avez raison. C'est pour cela que j'ai
dit, hier, que le crédit agricole serait porté de $40,000
à $100,000. Là, on va régler quand même un bon
problème. Si vous ajoutez à ça les $25,000 qu'offrira la
Loi de l'amélioration des fermes, cela va faire $125,000 auxquels aura
accès un jeune qui veut s'établir sur une ferme.
M. OSTIGUY: Mais votre loi concernant les $25,000, est-ce qu'elle va
être échelonnée sur une période de 39 1/2 ans
aussi?
M. TOUPIN: Non, non.
M. OSTIGUY: Non.
M. TOUPIN: C'est toujours quinze ans.
M. OSTIGUY: Quinze ans.
M. TOUPIN: C'est dix ans actuellement. Je sais que c'est quinze ans
qu'on demande, en tout cas.
M. OSTIGUY: Oui. Alors, il faudra quand même penser...
M. TOUPIN: C'est dix ans, actuellement? D'accord.
M. OSTIGUY: C'est dix ans actuellement.
M. TOUPIN: C'est dix ans au lieu de quinze ans. Je pensais que
c'était quinze ans, mais on n'est pas capable.
M. OSTIGUY: Alors, il y a aussi le cas des industriels ou des industries
qui se portent acquéreurs des fermes, actuellement. On rencontre aussi
cela très régulièrement. Il y a un cas qui m'a
été soulevé récemment et j'en ai discuté
déjà, même avec des fonctionnaires de votre
ministère. Le cas de Luzerna Inc., par exemple, à
Saint-Hyacinthe, qui ont besoin de 2,000 acres d'ensemencement de luzerne pour
fabriquer la moulée de luzerne. Le plus qu'ils peuvent faire cultiver
actuellement, à contrat, par des cultivateurs, c'est 1,000 acres. Alors,
ils veulent se porter acquéreurs de fermes. Ils seraient prêts
à acheter peut-être trois ou quatre fermes et à les
exploiter. Ils produiraient de la luzerne, feraient de la moulée de
luzerne pour l'alimentation de notre bétail. Par contre, ils ne peuvent
pas le faire parce que l'Office du crédit agricole ne leur consent pas
de prêt.
C'est de l'agriculture industrielle, d'accord. Mais je reviens encore
à l'idée que vous avez émise. Il y aurait peut-être
lieu, dans des cas comme ça, d'avoir une loi du crédit agricole
industriel. Parce que, de plus en plus, dans nos régions en tout cas, on
va rencontrer ce qu'on appelle l'agriculture...
M. TOUPIN: Intégrée.
M. OSTIGUY: ... intégrée ou industrialisée, si vous
voulez.
M. TOUPIN: L'agro-alimentaire, au fond, c'est ça.
M. OSTIGUY: Alors, je pense qu'on est rendu à un moment où
il va falloir avoir des lois, si vous voulez, ou des prêts consentis par
l'Office du crédit agricole, qui vont pouvoir aider ces industries.
Autrement, encore une fois, on va manquer d'alimentation et on sait qu'on est
sous-alimentés, si vous voulez, dans l'approvisionnement de nos
moulées.
M. TOUPIN: Bon, on est à 65 p.c. actuellement, par rapport
à 50 p.c. il y a sept ans.
M. OSTIGUY: On est à combien?
M. TOUPIN: On est à 62 p.c. ou 63 p.c, par rapport à 50
p.c il y a sept ans.
M. VEILLEUX: Mais c'est une moyenne générale que vous
mentionnez, quand vous parlez de 65 p.c., parce qu'il y a des productions
où cela doit être moins de 50 p.c.
M. TOUPIN: Ah non! Il y a des productions que l'on ne peut pas faire.
Quand vous achetez des bananes...
M. VEILLEUX: Non, non.
M. TOUPIN: ... elles ne viennent pas du Québec,
évidemment.
M. VEILLEUX: Dans les productions que l'on peut faire au Québec
et qu'on ne fait pas, quelle est la différence de pourcentage? Parce
que, dans les 65 p.c, vous incluez, comme vous le dites, les bananes qui ne
pousseront jamais ici.
M. TOUPIN: Non, non. Quand je parle de 62 p.c. à 63 p.c.
d'autoapprovisionnement, c'est que, quand un consommateur sort d'une
chaîne de magasin avec son panier plein, on retrouve dedans 63 p.c. de
produits québécois. La différence, cela vient de
l'extérieur. C'est cela en moyenne dans l'année. A
l'été, cela peut être plus; l'hiver, cela peut être
moins.
M. VEILLEUX: Est-ce que vous avez des statistiques? Vous devez en
avoir.
M. TOUPIN: Oui, nous les avons.
M. VEILLEUX: Des statistiques sur chacune des productions qui sont
faites, à l'heure actuelle, au Québec versus chacune de ces
productions qui sont importées pour répondre aux besoins.
M. TOUPIN: Oui, nous avons toutes ces statistiques.
M. VEILLEUX: Est-ce qu'il y aurait moyen qu'on les ait? On peut
demander, nous aussi, des dépôts de documents, M. le
Président.
M. TOUPIN: Je peux vous en donner quelques-unes comme ça,
rapidement.
M. VEILLEUX: Oui, mais s'il y avait possibilité, j'aimerais
bien...
M. TOUPIN: Le lait, 135 p.c. ou 140 p.c; le poulet, 108 p.c. ou 110 p.c;
l'ensemble des produits maraîchers, 45 p.c; la pomme, on dépasse
nos besoins, on en exporte; certaines catégories de produits
maraîchers, les carottes, je pense qu'on en exporte aussi, avec
l'avènement de nos "jacketed storages"; on exporte aussi des oignons,
etc. Il y a une dizaine de produits où on a plus que les besoins mais,
pour la grande gamme des produits, on est déficitaire.
M. VEILLEUX: Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir, si c'est
possible...
M. TOUPIN: Oui, je pense que des statistiques de
l'approvisionnement...
M. VEILLEUX: Je ne veux pas demander une chose impossible.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Berthier.
UNE VOIX: ... répondre demain...
M. VEILLEUX: Je vous remercie. On va siéger demain matin. Cela va
me faire plaisir de recevoir cela.
M. TOUPIN: Malgré les apparences, il faut noter que 967 se sont
établis cette année.
UNE VOIX: Nouveaux agriculteurs?
M. TOUPIN: 967 nouveaux par rapport à 647.
M. OSTIGUY: II serait peut-être intéressant d'avoir le
nombre de Québécois qui se sont installés, comparativement
aux étrangers.
M. TOUPIN: II n'y a pas beaucoup d'immigrants.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La parole est donnée au
député de Berthier. Si vous voulez, messieurs, avec diligence,
nous allons l'entendre.
M. VEILLEUX: Cela va bien quand même, M. le Président, les
débats?
UNE VOIX: On fait bien ça, M. le Président?
M. FRASER: II est pire que...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je n'ai pas compris le commentaire du
député.
M. DENIS: Est-ce qu'il est possible de prévoir, pour les petits
fermiers qui louent pour une période de cinq ans, par exemple, la terre
de leur voisin ou du deuxième ou troisième voisin, que ces
mêmes travaux d'amélioration de fermes soient octroyés de
la même façon que s'ils étaient faits sur...
M. TOUPIN: C'est déjà fait.
M. DENIS: Depuis quand, M. le ministre?
M. TOUPIN: Depuis deux ans.
M. DENIS: Je comprends mal ce qui m'a été rapporté;
c'est peut-être seulement dans une
région. L'an passé, encore, ces mêmes subventions
leur auraient été refusées et ça, dans tout un
secteur.
M. VEILLEUX: Est-ce que le député de Berthier veut parler,
par exemple, du nombre d'heures de travaux mécanisés?
M. DENIS: C'est ça.
M. VEILLEUX: C'est de ça que vous voulez parler. C'est dans un
autre programme, je pense.
M. DENIS: Oui, on le verra dans un autre programme.
M. VEILLEUX: Mais on peut en parler.
M. TOUPIN: Pour répondre grosso modo à la question...
UNE VOIX: Oui, d'accord.
M. TOUPIN: ... c'est qu'actuellement on reviendra, au programme
3, là-dessus si un agriculteur loue des terres des voisins et
s'il est déjà reconnu, lui, comme agriculteur...
M. DENIS: Oui, oui.
M. TOUPIN: II faut d'abord qu'il soit reconnu, lui, comme
agriculteur.
M. DENIS: Absolument.
M. TOUPIN: S'il a des contrats de location, les terres louées
sont admissibles aux heures de travaux mécanisés mais pas par
terre; c'est par agriculteur. S'il a droit à 40 heures, il a droit
à 40 heures.
M. DENIS: Oui, d'accord. Disons dans tout l'ensemble...
M. TOUPIN: Mais il peut les faire sur ses terres louées, à
condition qu'il ait un contrat en bonne et due forme, etc. Pas louées
parce que je t'ai rencontré ce matin et que ma terre est à louer.
Je te donne $100 et...
M. DENIS: Non, en bonne et due forme. D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. FAUCHER: Merci, M. le Président. Actuellement, je pense que
sur les fermes, ici, au Québec, nous avons différentes classes.
Nous avons d'abord les cultivateurs amateurs, nous avons les personnes
âgées, nous avons des jeunes et nous avons de vrais cultivateurs.
Nous avons des plaintes à nos bureaux, naturellement, en ce qui concerne
les cultivateurs amateurs, c'est-à-dire des gens qui viennent de la
ville et qui achètent une ferme.
Ils négligent de faire les travaux d'égoût, de faire
les clôtures et ils ont un peu d'ennuis avec le vrai cultivateur qui est
voisin.
Le même problème existe également au niveau des
personnes âgées et des veuves qui sont propriétaires de
fermes et qui ne sont pas reconnues par l'UPA.
Vous avez ensuite le problème des jeunes qui veulent avoir une
ferme et qui n'ont pas d'argent. Y aurait-il possibilité, d'après
les nouvelles études qui ont été faites par le provincial
et le fédéral, d'acheter des petites fermes, d'avoir des banques
de fermes pour que le jeune qui n'a pas le moyen de s'établir puisse
peut-être travailler comme locataire, louer des fermes avec option
d'achat au bout d'un certain temps? Ce sont des idées qui sont
lancées un peu partout. Je me demande s'il n'y aurait pas une sorte de
crédit ou des expériences à tenter dans ce sens.
M. TOUPIN: Actuellement, l'Office du crédit agricole loue
peut-être quelques fermes, mais l'expérience n'est pas assez
valable pour qu'on puisse se baser là-dessus pour déterminer une
politique à long terme. Le problème que vous soulevez touche une
législation spéciale. Je ne sais pas si on va la retrouver dans
d'autres programmes, mais au cas ou on ne la retrouverait pas dans d'autres
programmes, ça fait quelque temps que l'on discute sur une
législation qui aurait pour fonction de protéger les sols au
Québec et d'amener les propriétaires à les utiliser pour
des fins agricoles.
Dans une législation comme celle-là, on pourrait
prévoir certains droits du gouvernement, lui donner un droit de
préemption, par exemple, chaque fois qu'il y a une ferme à vendre
qui serait trop petite pour être exploitée par un individu, un
gars ne pouvant faire sa vie là-dessus. Peut-être que le
gouvernement pourrait l'acheter, la regrouper avec une autre, la louer ou la
vendre à des jeunes. Mais pour cela il faut se donner des moyens que
nous n'avons pas. C'est pourquoi depuis un certain temps on préconise
cette loi qu'on appelle la loi de l'aménagement du territoire agricole
dont le rôle consisterait à zoner le territoire et à se
porter acquéreur, si nécessaire, des terres disponibles. Il
s'agirait beaucoup plus de fixer, dans une zone donnée, une vocation et
de préparer nos politiques en fonction de la vocation
déterminée pour la région.
Nous, après avoir fait le tour du problème à
maintes reprises, c'est à peu près la seule chose qu'on peut
mettre de l'avant pour répondre au problème que vous
soulevez.
M. VEILLEUX: Dans le même sens, le ministre a parlé de la
loi du zonage agricole. Moi, en tout cas, pour en avoir discuté avec des
agriculteurs de ma région, je peux vous dire qu'il y a une
municipalité dans le comté de Saint-Jean, Saint-Luc, qui a dit
qu'une partie de son territoire municipal était réservée
à des fins agricoles, et les propriétaires ne peuvent pas
vendre aujourd'hui ces fermes pour d'autres fins que des fins
agricoles.
J'ai discuté avec les agriculteurs. Pour eux, nous allons
pouvoir en connaître plus quand le projet de loi sera
déposé ce n'est pas cela qui est important. Ils m'ont dit:
Nos terres vont demeurer agricoles pour autant qu'on améliorera les
politiques qui peuvent exister à l'heure actuelle au ministère,
en adoptant d'autres politiques pour inciter les gens, par exemple, à
faire du drainage souterrain.
On parle du programme 3, mais c'est une discussion d'ensemble, quand
même. A l'heure actuelle, dans le drainage, le tuyau était
à combien le pied? Je pense $0.08 ou $0.10 le pied. C'est rendu à
$0.22 ou $0.25, à l'heure actuelle, et ça va remonter encore. La
subvention qu'on versait autrefois de 50 p.c. dans le drainage, qui
équivalait au coût réel de 50 p.c, aujourd'hui
équivaut peut-être à 20 p.c, 22 p.c. ou 25 p.c...
M. TOUPIN: 50 p.c., ça équivaut à peu
près...
M. VEILLEUX: ... compte tenu de l'augmentation des choses. Alors, au
lieu d'aller en s'améliorant, notamment dans cette politique, on va en
se dégradant, avec le résultat que c'est moins intéressant
pour ceux qui sont déjà sur la terre de faire ce travail de
drainage. Il y a aussi des problème entre le ministère de
l'Agriculture et le ministère des Transports. En effet, si le tuyau de
drainage arrive sept pouces plus bas que le fossé, la voirie refuse de
faire le fossé, parce qu'on dit que le fossé est assez profond
pour le chemin. Alors, le gars investit $25,000 ou $30,000 et il ne peut pas
toucher la subvention du ministère, parce que, même si le tuyau
est dans le sol, étant donné que ça n'égoutte pas,
que ça refoule, le ministère dit qu'il ne verse pas la subvention
tant et aussi longtemps que ce ne sera pas fait. Une autre fois, le
ministère va dire: Creuse une espèce de puits au bout de ta
terre, l'eau va s'égoutter là-dedans. Puis, prends des pompes et
remonte ça dans le cours d'eau ou remonte ça dans le
fossé. Comme ça se trouve au bout de sa terre qui a je ne sais
combien d'arpents, le gars est obligé de faire venir
l'Hydro-Québec et de monter l'électricité jusqu'au fond
pour pouvoir organiser ses pompes. Ce sont tous des problèmes.
M. TOUPIN: Oui, je suis prêt à discuter de ces
problèmes, mais il ne faudrait pas leur donner plus d'ampleur qu'ils
n'en ont. En effet, en dépit de tout ce qu'on peut dire sur le secteur
agricole, il y a quand même une augmentation de production agricole au
Québec, il y a une augmentation de productivité agricole, il y a
une augmentation des revenus totaux de la vente des produits agricoles et il y
a une augmentation aussi des revenus nets des agriculteurs. En 1970 je
l'ai dit hier on a mis dix millions de pieds de drain; cette
année, on finit avec 42 millions de pieds de drain. On vise 50 millions
par année. Là-dessus, il ne faudrait peut-être pas
exagérer les situations. Je reste convaincu qu'il y aura toujours des
problèmes de cet ordre dans le secteur agricole. Tout cela fait partie
d'un projet de loi dont je parlais et j'ai parlé déjà
à l'extérieur. On pourrait peut-être y revenir s'il y a des
programmes nouveaux, mais je ne sais pas, pour revenir peut-être plus aux
choses qui sont attachées aux crédits et pour répondre
à la question qui m'était posée tantôt...
M. OSTIGUY: Programme 4.
M. TOUPIN: Oui, moi, je reste convaincu qu'il faudrait peut-être
apporter certains amendements aux lois du crédit agricole. On va en
proposer cette fois-ci; peut-être que l'an prochain d'autres amendements
devront venir pour répondre à des besoins nouveaux. Le besoin
nouveau qui semble se manifester actuellement, au niveau du crédit,
c'est celui qui a été soulevé au début par le
député de Saint-Jean, qui a été ramené par
le député de Verchères et qui a été
soulevé un peu par d'autres députés, c'est celui de voir
ces nouveaux agriculteurs, semi-agriculteurs arriver en agriculture, acheter
des terres.
Si on ne les exploite pas, ça crée le problème qu'a
soulevé le député de Nicolet-Yamaska. Il y a le fermier
qui fait son travail sur sa ferme, puis le voisin qui ne le fait pas; ça
empêche le développement rationnel d'une ferme. Tout ça mis
ensemble, ce sont des problèmes nouveaux auxquels il faudrait trouver
des réponses dans un délai assez bref.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lotbinière.
M. MASSICOTTE: Justement pour faire suite à ce que le ministre
vient de dire. Au départ on pourrait encourager les citadins qui veulent
s'établir sur la ferme, les encourager dans les productions qui sont
actuellement nettement déficitaires, comme par exemple des animaux de
boucherie, le lapin ou encore la luzerne, tel que spécifié
tantôt. Ce serait peut-être un départ à prendre.
M. TOUPIN: Oui, pour le choix des productions, il n'y a pas de
problème je pense. On peut les amener. On disait qu'on produit 45 p.c.
des produits maraîchers, on peut en orienter de ce
côté-là. Actuellement on produit assez de pommes pour le
Québec. Mais, au rythme où l'industrie cidricole se
développe, ce n'est pas impossible qu'on manque de pommes dans quatre ou
cinq ans. Alors il y a un tas d'options de ce côté-là qui
se présentent. Je ne pense pas que le problème se pose là.
Il se pose beaucoup plus vis-à-vis de l'idée d'apporter une loi
qui va répondre à un besoin réel, mais qui ne viendra pas
créer d'autres problèmes par ailleurs.
M. VEILLEUX: Le ministre, tout à l'heure, mentionnait qu'il y
aurait peut-être lieu de plus spécialiser des régions,
qu'il y a une tentative qui est faite au ministère depuis deux ou trois
ans. Je me souviens quand vous aviez fait disparaître, je ne sais pas, 36
ou 40 sortes de subventions que Pierre, Jean, Jacques pouvaient toucher, pour
transformer ça en cinq, puis en spécifiant cinq régions
bien déterminées de la province. Je pense que, vous et votre
ministère, vous avez fait à ce moment-là un grand pas en
avant. Maintenant, le deuxième pas serait peut-être de dire: Nos
lois de crédit agricole qui sont réglementées ou
administrées par l'office du crédit agricole, on va les
améliorer dans le sens d'inciter les gens parce qu'il n'y a rien
que je déteste plus que l'obligation par des politiques de
crédit agricole à se spécialiser dans telle région,
pour telle et telle chose plutôt que telle autre.
M. TOUPIN: Bien, ça se fait, des politiques de crédit
actuelles, qui viennent répondre aux besoins actuels; elles peuvent
répondre à ces besoins. Par exemple le crédit agricole
peut s'appliquer à l'élevage des bovins.
On va voir dans la nouvelle loi je ne peux pas vous dire tout ce
qu'on a mis dans la nouvelle loi, on va la discuter à l'Assemblée
nationale les amendements qu'on apporte. On élargit encore le
champ d'application de la Loi du crédit agricole.
M. VEILLEUX: Moi, je ne parle pas de l'élargissement sur tout le
territoire du Québec. Admettons que vous élargissiez le
crédit agricole mais en disant prenons, par exemple, la culture
maraîchère Nous autres, nous sommes disponibles, en
crédit agricole, dans la culture maraîchère en autant
qu'elle se fasse dans la région 6, hypothétiquement. C'est la
mienne, alors, c'est pour cela que j'en parle.
En Abitibi, au Saguenay ou à Sept-Iles, la culture
maraîchère, ça peut être assez difficile. Il doit y
avoir d'autres productions ou d'autres cultures qui sont possibles là
mais qui ne sont pas possibles dans la région, compte tenu aussi de
l'état du sol.
M. TOUPIN: Les "gentlemen farmers" de votre coin m'ont dit: Tout ce dont
on a besoin, c'est d'un crédit. Ils n'ont pas besoin d'être
subventionnés. Si vous arriviez avec une loi de crédit, dire
qu'on va subventionner les gens qui font $25,000 et $30,000, ça ne
marcherait pas.
LE PRESIDENT (M. Séguin): MM. les membres de la commission, M. le
ministre, je constate qu'il est six heures. La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 h 15 ce soir. Je vous remercie de votre collaboration.
M. VEILLEUX: Merci, M. le Président. (Suspension de la
séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 39
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission siégeant à la commission de
l'Agriculture sont les suivants: M. Burns, de Maisonneuve; M. Carpentier, de
Laviolette; M. Denis, de Berthier; M. Dionne, de Mégantic-Compton; M.
Faucher, de Nicolet-Yamaska; M. Fraser, de Huntingdon; M. Giasson, de
Montmagny-L'Islet; M. Lessard, de Saguenay; M. Massicotte, de
Lotbinière; M. Ostiguy, de Verchères; M. Roy, de Beauce-Sud; M.
Toupin, de Champlain. M. Veilleux remplace M. Tremblay, d'Iberville.
La parole est au député de Laviolette.
M. CARPENTIER: Juste une information, M. le Président, avant de
commencer. Est-ce que vous ne devriez pas mentionner les absences de
l'Opposition pour le bénéfice du journal des Débats?
UNE VOIX: Je vous approuve.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ne mentionne pas les absences de qui
que ce soit, M. le député, pour une seule raison. C'est
qu'à une commission composée de treize membres, nous avons
besoin, et la loi le prescrit, de la présence de sept membres. Je
constate qu'il y a sept membres présents, et sans faire de
référence à quelque parti que ce soit, je reconnais qu'il
y a quorum. Donc, nous pouvons procéder à l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture.
M. CARPENTIER: Même en considérant la décision qui a
été prise cet après-midi, après le résultat
du vote.
M. VEILLEUX: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ne préside pas cet
après-midi, je suis ici ce soir.
M. CARPENTIER: Vous ne présidez pas pour les absents, vous
présidez pour les présents.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour les présents.
M. CARPENTIER: Merci, M. le Président.
Je voudrais demander un certain détail au ministre de
l'Agriculture. Quels sont les délais normaux pour l'obtention d'une
demande de crédit agricole? C'est une chose qui nous est
rapportée assez souvent que les délais sont parfois
prolongés, peut-être avec de très bonnes raisons. Lorsque
le type décide d'acheter une ferme et qu'il va au préalable pour
les premiers versements à la banque, considérant les taux
très élevés actuellement, et le fait, que les
délais peuvent s'échelonner jusqu'à six, sept, huit et
même douze mois, est-ce qu'on pourrait avoir certaines
explications là-dessus? Ou est-ce que le ministre prévoit, avec
la mise en application des nouvelles lois, et surtout celle du crédit
agricole qui est dans un livre qui a été transmis par le
ministère, est-ce que le ministre prévoit, dis-je, certaines
améliorations concernant ces cas du retard dans les demandes de
crédit agricole?
M. TOUPIN: Bon, c'est vrai que c'est là une lacune à
l'Office du crédit agricole, qui n'est pas attribuable exclusivement
à l'office. Mais c'est une lacune: le fait qu'il s'écoule
beaucoup trop de temps entre la demande de prêt et la décision de
consentir un prêt à un agriculteur.
Il y a deux ans, le même problème avait été
soulevé à la commission. J'avais demandé à
l'office, à ce moment-là, de faire un effort particulier pour
réduire ces délais. J'ai quelques statistiques qui
démontrent que les délais ont été réduits,
mais pas encore suffisamment. Dans certaines régions, cela va beaucoup
mieux que cela allait. On pense à l'Abitibi, par exemple, où il y
avait un problème plus sérieux qu'ailleurs. L'office a mis
là des efforts particuliers et on a réduit les délais de
presque deux à trois mois. On l'a fait dans certaines autres
régions du Québec aussi: c'est celle-là qui me vient
à l'esprit, la première. Mais, en général, c'est
encore trop long. Cela doit se situer encore dans les six ou sept mois, en
moyenne. Alors, c'est trop long. Il faut absolument ramener ça à
l'objectif que l'on s'est fixé au ministère, c'est-à-dire
trois mois. Cela ne devrait pas, en principe, dépasser trois mois.
Maintenant, il y a des dossiers qui pourraient prendre quatre mois ou
quatre mois et demi, selon, notamment, le notaire choisi, selon le temps que
prend le notaire pour mettre à jour les titres, etc.
Il y a aussi le problème des bureaux d'enregistrement, qui est un
peu moins épineux, mais qui, lui aussi, évidemment, dans certains
cas, est la cause principale du délai.
Alors, les quelques statistiques que je voudrais vous donner, c'est
qu'à pareille date, l'an dernier, en dépit du fait qu'on a eu
plus de demandes d'emprunt cette année que l'an dernier, il y avait 845
dossiers en suspens et, cette année, il y en a seulement 593. Il y a une
amélioration sensible de ce côté. Cela fait 252 dossiers de
moins en suspens par rapport à l'année passée, à la
même date. Donc, il y a eu une amélioration. Mais cette
amélioration n'est pas partout dans la province de Québec. Il y a
des régions où c'est encore beaucoup trop long. Il faut
absolument ramener cela à des délais plus raisonnables:
autrement, cela ne tient pas.
On peut parler des problèmes juridiques. Il n'y a pas de retard
dans ce domaine. L'an dernier, il y avait 233 dossiers qui étaient
à réviser. Cette année, il y en a seulement trois. Donc,
il y a eu une accélération dans le domaine des dossiers qui
posaient des problè- mes juridiques, de telle sorte que, cette
année, à la même date par rapport à l'année
passée, il y en a seulement trois. L'an dernier, il y en avait 239. Il y
a une autre statistique qui est assez intéressante, c'est la performance
générale.
Il y a eu une augmentation. L'an dernier, la performance
générale était de 1,331 prêts, et à la
même date, cette année, il y en a 1,741. Toutes les statistiques
dénotent qu'il y a eu une amélioration générale,
mais cela ne veut pas dire que c'est partout dans la province. L'objectif qu'on
a fixé, non seulement le ministère mais l'office et le
ministère ensemble, c'est de ramener cela aux délais les plus
courts, notamment trois mois.
M. CARPENTIER: Est-ce que, dans le cas des dossiers qui sont les plus en
retard, les personnes qui ont fait cette demande sont averties et savent
à quoi s'en tenir, jusqu'à un certain point, à savoir si
leur cas est encore à l'étude ou tout simplement rejeté ou
refusé?
M. TOUPIN: Je demanderais l'aide de M. Beaudoin, le
vice-président, pour une question technique comme cela. Il est plus en
mesure de répondre que moi.
Pour les questions d'évaluation, l'automne passé, on a
tout ramassé et on a fini l'automne avec rien, partout dans la province.
A peu près partout, il n'y avait à peu près rien. Il peut
en rester quatre ou cinq mais on peut dire rien.
Quand une demande arrive au bureau, le cultivateur est averti qu'il y a
un évaluateur qui va y aller. Naturellement, au printemps, à ce
temps-ci de l'année, il se passe un mois ou deux, et là il faut
s'attendre que les évaluations reçues l'hiver, même
si on en fait un peu l'hiver, on ne peut pas toutes les faire l'hiver
cela va prendre un peu de temps, mais on veut qu'au mois de juin, on les fasse
à mesure.
Le service juridique, je me permets de le mentionner, avait l'habitude
d'avoir plus de dossiers, 239, et aujourd'hui, on n'en a pas un. Trois, ce
n'est rien. Il y a des dossiers qui arrivent et qui partent.
M. FRASER: Est-ce qu'il va falloir laisser aller les juristes là
pour les...
M. TOUPIN: Non. Non, on a une autre loi qui s'en vient, qui va en exiger
quelques-uns.
Trois mois, c'est une période assez difficile à atteindre,
en tout cas. Ici, une statistique a été faite par le chef de
l'équipe de ressources au bureau, qu'on me passe à l'instant. Sur
185 dossiers, 283 jours de moyenne, cela fait six mois. Sur 185 dossiers.
M. VEILLEUX: Ce que disait mon collègue de Laviolette, c'est
ceci. Si un...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant. Le député de
Saint-Jean me permettra... C'est d'accord? C'est parce que j'avais une
demande
de la part du député de Verchères. Continuez. Le
député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: C'est juste pour voir si j'ai bien compris la question du
député de Laviolette. Il voulait savoir, j'ai l'impression, si un
cultivateur fait une demande à telle date, que cela fait cinq ou six
mois qu'il n'a pas eu de nouvelles, si cela veut dire que l'étude du
dossier n'est pas terminée?
Cela veut-il dire que le notaire n'a pas envoyé les documents,
soit parce que c'est le bureau d'enregistrement ou quand la décision est
prise par l'Office du crédit agricole, qu'elle soit négative ou
positive, immédiatement l'agriculteur en est averti? C'est cela?
M. TOUPIN: Aujourd'hui, il n'y a plus de délai, la
révision se fait dans une moyenne d'une semaine; il y a des cas
spéciaux et ils sont informés tout de suite.
Nous faisons des approbations de prêts directes assez souvent au
lieu de faire des offres de prêts et revenir. Quand on voit que le
cultivateur obtient à peu près ce qu'il demande il y a une
approbation de prêt et cela s'en va chez le notaire tout de suite.
Pour ce qui est des services juridiques, on a demandé aux
notaires d'envoyer une copie de leurs lettres au notaire de l'emprunteur.
C'est une expérience que j'ai prise au fédéral,
j'ai été sept ans au fédéral, et le notaire
envoyait toujours une copie de ses lettres au notaire du cultivateur. Si le
cultivateur trouvait que ça prenait trop de temps, il sautait dans son
auto, allait au village et disait au notaire: Tu m'as dit que tu avais
envoyé les titres, tu ne les a pas envoyés, voilà la
lettre. Nous allons gagner au moins deux ou trois semaines avec ça.
M. VEILLEUX: Vous allez faire ça...
M. TOUPIN: Cela se fait actuellement. Les notaires sont informés.
Il n'est peut-être pas bon de mentionner...
M. VEILLEUX: Non, c'est très bien parce que nous étions
pour le dire.
M. TOUPIN: ... que s'ils ne les envoyaient pas la secrétaire du
bureau en ferait une copie et en enverrait une.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. CARPENTIER: J'aurais une autre question, je n'ai pas
complètement terminé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous n'avez pas terminé,
excusez. Allez y, M. le député.
M. CARPENTIER: Vous avez mentionné tantôt les services
juridiques. Dans l'étude du sol, il y a eu certains cas dans mon
comté l'an passé. L'agronome qui était
désigné pour aller faire ces études-là nous a
répondu que c'était très difficile de faire ça
durant l'hiver, il fallait attendre au printemps. Est-ce que c'est vraiment le
cas?
M. TOUPIN: Les exploitations sans sol, comme les porcs, les volailles
peuvent se faire l'hiver comme l'été. Les exploitations qui ont
été évaluées il y a quelques années par le
même homme peuvent se faire l'hiver comme l'été. Cela en
fait déjà un gros paquet de parti. Il y en a déjà
plusieurs de partis. On essaie qu'au mois de juin on ait repris le temps perdu
pour les vacances et on continuera.
M. CARPENTIER: II faut présumer que les personnes responsables
dans ce domaine n'emploient pas cet argument simplement pour retarder un
dossier.
M. TOUPIN: Non, mais l'hiver nous avons toujours des conférences,
des cours d'évaluation, de gestion et toutes sortes de choses qui
fonctionnent. Cette année on a fait plus je vais vous donner le
chiffre on en a fait pas mal cet hiver.
C'est le premier hiver qu'on en fait autant que ça. Cela a
été un peu difficile d'habituer les gens à en faire
l'hiver.
Mais je pense qu'avec les cartes de sols qui sortent aujourd'hui ce sera
de plus en plus possible d'en faire l'hiver. Vous ne connaissez pas M. Moreau,
le président; c'est un homme très actif et, sous sa gouverne, il
faut que ça marche.
M. FRASER: Les cartes de sols sont très exactes.
M, TOUPIN: Elles sont très exactes.
M. FRASER: J'ai remarqué cela sur ma ferme à moi: la ligne
séparant les différentes sortes de sols dans la campagne, dans
les municipalités chez nous, c'est très exact.
M. TOUPIN: On se sert de plus en plus aussi de certaines données
qui sont dans les filières du MAC, du ministère.
M. VEILLEUX: Je dois donner le crédit à votre
président sur cela; quand on lui téléphone parfois et
qu'il y a un dossier qu'on pense qui trame et qu'on lui donne le numéro
de dossier dans cinq minutes, il nous donne le renseignement. Dans bien des cas
je tiens à le dire aussi ça bloque au niveau des
notaires ou de l'agriculteur en question qui oublie le dossier.
M. TOUPIN: Ce sont des facteurs qu'on ne pourra jamais
contrôler.
M. VEILLEUX: Non.
M. TOUPIN: On va contrôler cela jusqu'à un certain point de
vue, en envoyant une copie de la correspondance au notaire instrumentaire. Cela
vient que ça agace.
M. FRASER: Nous vous félicitons pour votre compréhension
et votre travail efficace.
M. TOUPIN: Merci beaucoup.
M. CARPENTIER: Supposons, M. le Président, qu'on prend
connaissance d'un cas où il y a certains retards comme ça. Avec
qui peut-on communiquer pour avoir une réponse plus rapidement afin de
ne pas déranger des personnes?
M. TOUPIN: Normalement, cela dépend du stade du prêt. Si
c'est au stade de la demande et au stade de la probation, c'est au service des
prêts, qui est dirigé par M. Jean-Paul Tremblay, à
643-2604. Maintenant, s'il y a des cas spéciaux, il faut que ce soit
sélectionné. On ne peut pas tous appeler le président ; il
lui faut du temps de libre pour faire autre chose.
M. CARPENTIER: C'est précisément pour cela que je pose la
question. C'est bien évident qu'on ne peut pas se permettre d'appeler le
président pour toutes sortes de raisons.
M. TOUPIN: Le président tient compte... M. VEILLEUX: On va vous
appeler.
M. TOUPIN: J'en reçois, moi aussi; j'en ai réglé
trois ce matin.
M. CARPENTIER: Est-ce que c'est une invitation que vous nous faites de
vous appeler?
M. TOUPIN: Non, pas du tout. Moi aussi, je suis obligé de
sélectionner un peu.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pourvu qu'on ne puisse pas créer
une société d'admiration mutuelle! Si les questions sont
terminées, je vais passer au député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, je voudrais savoir qui a
remplacé...
M. TOUPIN: Si le député de Verchères me permettait
de le faire, j'ajouterais à ce qui a été dit
jusqu'à maintenant qu'il y a une chose que l'office a faite
récemment, qui est d'ailleurs tout à son honneur: Cela a
été de décentraliser un peu l'administration,
jusqu'à un certain point, de ses activités. Ce qui permet
maintenant de répondre dans la même semaine, c'est que vous avez
donné plus de responsabilité, je pense, aux bureaux
régionaux.
Et le bureau régional peut maintenant, si ma mémoire est
fidèle, prendre une décision sur le champ à
l'intérieur d'une semaine ou à peu près, après
consultation, bien sûr, avec Québec, et de dire au gars: Tu es
éligible ou pas éligible. Alors qu'avant, très souvent
ça venait à Québec, c'était analysé
là et il fallait que ça retourne, je pense, aux bureaux
régionaux... Avec les demandes, ils envoyaient $5 à
Québec, il fallait qu'ils reçoivent une demande
numérotée puis il fallait qu'elle revienne. Aujourd'hui, on
invite les agriculteurs à aller voir nos hommes dans le champ. C'est
ça qui est avantageux. Comme on le faisait au fédéral.
C'est ça que je voulais apporter comme précision, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On me permettra une interruption ici,
pour souhaiter la bienvenue à des gens du public qui sont
présents. J'espère que vous pouvez entendre ce qui se passe et je
vous encourage à revenir plus souvent à Québec pour
entendre nos délibérations. M. le député de
Verchères, la parole est à vous.
M. OSTIGUY: Merci, M. le Président. Je voudrais savoir qui a
remplacé M. Origène Poulin qui était le directeur des
prêts?
M. TOUPIN: Jean-Paul Tremblay. Son numéro de
téléphone est 643-2604.
M. VEILLEUX: Vous, on va vous appeler plus souvent.
M. TOUPIN: Moi, j'ai le même numéro que le
président.
M. OSTIGUY: Est-ce que M. Jean-Paul Tremblay est présent ce soir
ici?
M. TOUPIN: Non, c'est M. Beaudoin.
M. OSTIGUY: Je sais que pendant trois ans... Lorsque nous avons eu
à travailler avec M. Poulin, nous avions eu un excellent service de ce
monsieur, et lorsqu'on l'appelait on avait des réponses. Alors, je n'ai
pas eu l'occasion, bien sûr, de le contacter...
M. TOUPIN: Vous allez avoir une réponse assez vite.
M. OSTIGUY: Par contre, j'entendais certains de mes collègues
tantôt qui avaient des griefs contre la lenteur du versement de certains
prêts. Moi aussi, dans mon comté, j'ai à déplorer ce
fait. Je ne voudrais pas donner de noms, mais je vous les donnerai après
la séance. Il y a un cultivateur de mon comté qui attend depuis
un an et demi le versement de son prêt.
Je vous dis que je ne voudrais pas blâmer l'Office du
crédit agricole. Souvent, on vérifie avec le notaire de l'endroit
et le notaire a oublié de retourner les titres.
M. TOUPIN: II n'y a pas que ça. Parfois, il y
a des titres à parfaire, un dossier, un lot qui n'est pas
clair.
M. OSTIGUY: D'accord, je pose la question. Je pense que vous y avez
répondu tantôt, mais je n'ai pas entendu, c'est pourquoi je me
suis approché de vous. Je me demande si, lorsqu'un dossier traîne
comme ça, en lenteur, sur les tablettes pendant un an et demi, il n'y
aurait pas possibilité qu'à l'Office du crédit agricole,
vos secrétaires communiquent avec le notaire de l'endroit afin de lui
souligner que tel dossier n'a pas reçu de réponse à la
demande faite par l'Office du crédit agricole pour répondre
à une lettre que vous leur avez fait parvenir demandant des
renseignements supplémentaires.
M. TOUPIN : Je crois que cela se fait actuellement. Je suis au courant
que le président a avisé tous les notaires de faire des rappels
de dossier régulièrement, avec copie à l'agriculteur,
copie de la même lettre, du rappel du dossier à l'agriculteur.
Là, l'agriculteur va suivre son dossier. Je le sais, j'ai un cas qui a
été discuté hier, j'ai le détail, et il faut avouer
qu'il y a des mauvais cas de temps en temps; tout de même, ça lui
a pris deux mois à nous répondre qu'il acceptait le prêt.
Cela a pris deux mois.
M. OSTIGUY: Est-ce que vous nous avez donné tantôt le
nombre de prêts restés en suspens?
M. TOUPIN: Oui. On parle des dossiers qui s'accumulent. Evidemment, les
demandes sont faites, et au bout d'une année, par rapport aux demandes
qui sont faites, on fait la moyenne de ceux qui restent d'une année par
rapport à l'autre. S'il en reste moins cette année et s'il y a eu
le même nombre de demandes de prêts, il y a eu plus
d'efficacité, par conséquent. C'est simplement ce qu'on a voulu
prouver tantôt par la question qui nous fut posée par le
député de Laviolette, je pense. L'an dernier, il y avait eu 145
demandes de prêts, ou ce qu'on appelle des dossiers accumulés, et
cette année, à la même date, il y en a 593, alors que
l'ensemble des demandes aurait été approximativement la
même sinon plus que l'année précédente. Donc, il y a
eu une amélioration. Elle a été plus élevée,
alors il y a eu une amélioration de l'efficacité de l'office. Et
c'est tellement vrai qu'elle était plus élevée, que l'an
dernier il y a eu 1,429 prêts consentis, mais les demandes ont
été plus nombreuses que cela. Cette année, il y en a eu
2,065.
Alors, il y a eu plus de prêts consentis cette année, par
conséquent, il y a eu plus de demandes et, à la fin de
l'année, il y a moins de dossiers accumulés. Vous avez cela dans
les statistiques qu'on vous a données. L'office a plus
d'efficacité qu'il en avait.
M. OSTIGUY: C'est bien sûr que l'office a un excellent
président et il est du comté de Verchères.
M. TOUPIN: Ah! bon, voilà. Le député de
Verchères, d'ailleurs, ne manque jamais l'occasion de se faire
valoir.
UNE VOIX: II veut dire que ce qui vient de son comté, c'est
bon.
M. TOUPIN: Au fond, ce n'est peut-être pas faux.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lotbinière.
M. MASSICOTTE: M. le Président, dans le comté de
Lotbinière on a peut-être un problème concernant
l'agrandissement des fermes. Lorsque, par exemple, un cultivateur agrandit sa
ferme et qu'il achète des bâtiments, avec les normes de
l'environnement comme, par exemple, quand il y a une porcherie
incorporée à l'étable, il semblerait que l'octroi
lui-même soit retardé ou même refusé parce que cela
ne satisfait pas aux exigences actuelles, même si cette ferme a
été bâtie il y a vingt ans, par exemple.
Est-ce que quelques mécanismes sont prévus pour corriger
la situation?
M. TOUPIN: Là, on tombe dans un tout autre domaine, mais une des
causes on peut répondre à la question dans ce sens
qui peut amener parfois l'office à refuser un prêt, ça peut
précisément être des causes d'environnement. On a quelques
cas, actuellement, qui sont typiques, bien sûr, mais qui sont quand
même réels, qui sont des faits qu'on peut constater et qu'on peut
identifier n'importe quand. C'est tout le problème, au fond, des
règlements concernant la protection de l'environnement qui ne sont pas
encore édictés comme tels, mais le ministère des Affaires
municipales, via son service de l'environnement, a donné des directives
aux municipalités et chaque agriculteur, je pense, doit demander un
permis de construction. C'est seulement pour les nouvelles constructions. Pour
ce qui était fait avant, il n'est pas question qu'on revienne
là-dessus, mais pour les nouvelles constructions un permis doit
être demandé. Cependant, il y a un cas actuellement, en
agriculture, qui est contesté devant les tribunaux. On verra, au bout de
la ligne, ce que cela pourra donner par rapport non pas aux règlements
mais aux directives qui ont été édictées par le
ministère des Affaires municipales.
J'ai rencontré M. Goldbloom à cet effet, à quelques
reprises, et M. Goldbloom est tout disposé à regarder les
règlements à nouveau pour que les règlements ne
constituent pas une entrave au développement de l'agriculture. C'est
extrêmement important. Si on parlait seulement de la distance de 1,000
pieds du chemin qui est autorisée pour bâtir une porcherie, par
rapport à 500, c'est déjà important. Si on parlait d'une
vacherie, c'est la même chose, d'un poulailler, c'est la même
chose. C'est toute
la question de l'organisation de la ferme qui est affectée. Mais
le gars qui a déjà une maison construite et qui veut reconstruire
une grange-étable, si on exige qu'il la construise à 1,000 pieds
plus loin, déjà ça lui crée un problème de
transport, tout au moins. Il est rendu chez le voisin, en pratique.
M. MASSICOTTE: Mais pour l'agriculteur qui a agrandi sa ferme en
achetant des bâtiments déjà construits, qui contiendraient
une vacherie et une porcherie de dix ou quinze truies, je sais que cela a
été refusé dans certains cas puis on a demandé une
révision.
M. TOUPIN: Pour ce qui est déjà existant, les
règlements sont beaucoup moins rigides; c'est surtout pour les
constructions et pour les réparations, ici. Disons que l'ont veut
réparer ou agrandir une grange-étable, une porcherie ou la
réparer, il semblerait que ça prend un permis de la
municipalité. Je ne sais pas si toutes les municipalités sont
obligées d'émettre des permis. Là, je ne le sais pas.
Nous avons au comité, un homme responsable des prêts, et
récemment, d'après M. Goldbloom, il nous a laissé entendre
qu'il serait assez large dans ses décisions. Mais c'est une
épine, faire tort, pour nous autres, c'est un autre boulet. La
décision ne dépend pas de nous.
Cela devient une des causes parfois qui peuvent retarder un dossier, et
cela peut être une des causes qui obligent l'office à refuser un
dossier. C'est un ensemble d'éléments qui, à un moment
donné, constituent des entraves sur lesquelles ni l'office ni le
ministère, très souvent, n'a aucun pouvoir de règlement.
On peut suggérer, on peut rencontrer le ministre des Affaires
municipales, en discuter avec lui ou des responsables du service de
l'environnement. C'est un problème sérieux. D'ailleurs il ne se
pose pas tellement ici au Québec, il se pose de façon très
évidente en Ontario aussi.
J'en ai discuté avec mon collègue de l'Ontario et lui
aussi rencontre le même problème dans son territoire. Il se pose
même sur le plan international. En effet quand j'ai rencontré,
récemment les différents responsables des pays membres de la
Communauté économique européenne, ils soulevaient ce
problème de l'environnement, qui commençait, pour eux aussi,
à constituer un problème sérieux pour le
développement des entreprises agricoles.
M. MASSICOTTE: Maintenant, des cas qui s'en viennent de plus en plus
courant, c'est par exemple, deux ou trois cultivateurs qui se regroupent en
ayant une utilisation commune du salon de traite et de l'étable. Par
contre, les récoltes sont mises en commun. Je pense que cela pose
déjà certaines difficultés concernant le montant du
prêt. Est-ce que le prêt peut être individuel ou s'il peut
être fait à la compagnie comme telle?
M. TOUPIN: Oui. C'est un problème. Cela fait une couple de fois
qu'on en discute et on ne trouve pas de solution, tout au moins actuellement,
parce qu'il y a un problème juridique dans ça. Lorsqu'il s'agit
d'organisations, de corporations qui mettent en commun seulement les biens de
production, c'est-à-dire l'équipement, par exemple, cela
n'empêche pas, je pense, un agriculteur de faire une demande individuelle
à l'Office du crédit agricole. Cela n'empêchera pas
l'office, non plus, de lui consentir un prêt.
Mais si on forme une corporation père-fils, par exemple,
où l'on met en commun tous les biens, il faut que le prêt soit
consenti à la corporation. Ce prêt consenti à la
corporation ne peut pas être le double. C'est un seul prêt, si
c'est une corporation légalement constituée qui devient un corps
légalement constitué.
Comme vous le disiez également, hier soir, dans le journal Le
Soleil, si cela passe à $100,000, il n'y aura plus de problème.
Ce ne sera plus une question de multiples exploitants; cela va être une
question de capacité de remboursement.
M. MASSICOTTE: Ah bon!
M. TOUPIN: Par exemple, si deux fermiers le problème nous
est posé de la façon suivante ont, en somme, tous les
deux, une capacité d'emprunt de $100,000 et qu'ils mettent ensemble
leurs biens de production, ainsi que leurs fonds de terre, sous forme d'une
corporation, actuellement l'office ne peut pas prêter $200,000.
C'est-à-dire qu'actuellement il ne peut pas prêter plus que
$60,000. Mais avec les amendements qui viendront, si l'Assemblée
nationale est d'accord, il ne pourra pas prêter plus de $100,000. Mais si
chacun, individuellement, fait une demande et qu'une fois les demandes faites
et consenties par l'office ils mettent ensemble leurs biens, là ils
pourraient obtenir $200,000.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Mégantic-Compton.
M. DIONNE: M. le Président, à propos des prêts
agricoles, j'aimerais avoir un peu plus de renseignements. Je vous donne comme
exemple ceci: A East Angus, plusieurs cultivateurs travaillent au moulin de
pâte à papier. Maintenant, il y en a un, entre autres, qui a au
moins 350 à 400 acres de terre. Ce sont ses deux garçons qui ont
soin de la ferme, qui travaillent sur la ferme avec la femme. Son prêt
agricole lui a été refusé, disant que son principal
revenu, il le prend en dehors.
C'est malheureux parce que ce type-là il me semble qu'il
devrait l'avoir, étant donné que ses garçons travaillent
là et que la ferme est au nom du père ne peut pas
participer au prêt agricole. Est-ce qu'il y aurait quelques moyens de lui
faire obtenir un prêt agricole? On en a parlé un peu tantôt,
mais...
M. TOUPIN: Le problème a été soulevé cet
après-midi.
M. DIONNE: Oui.
M. TOUPIN: C'est la définition que l'on retrouve dans la Loi du
crédit agricole qui dit que celui qui est sur une ferme ou qui veut
s'implanter sur une ferme doit faire la preuve que plus de la moitié de
ses revenus proviennent de la ferme. Le cas que vous apportez, c'est un
père qui est propriétaire d'une ferme, qui est probablement
très grande. Le fils veut l'acheter, mais il ne veut pas quitter son
emploi immédiatement.
M. DIONNE: C'est le père.
M. TOUPIN: Oui.
Or, l'office conclut, à ce moment-là, que plus de la
moitié des revenus du gars proviennent d'une profession autre que la
profession agricole.
Il y aurait peut-être lieu de faire des calculs et de dire: Si le
gars va chercher dans l'usine il travaille dans une usine à
papier, je suppose?
M. DIONNE: Oui.
M. TOUPIN: Si le gars va chercher un salaire de $7,000 par année
et si la ferme en rapporte $15,000, peut-être qu'alors il y aurait lieu
de démontrer que la majorité de ses revenus provient de la ferme.
Peut-être y aurait-il lieu, à ce moment-là de le faire.
M. DIONNE: Oui.
M. TOUPIN: Mais cela devient des calculs certainent pas faciles à
déterminer. Il faut que le gars réside sur sa ferme en plus. Il
faut qu'il soit résident sur la ferme.
M. DIONNE: II faut qu'il réside dessus.
M. TOUPIN: II est bien sûr que ce n'est pas facile à
interpréter. Jusqu'à maintenant, l'office n'a jamais consenti des
prêts dans des cas comme ça. Surtout du fait que son temps est
consacré à un employeur douze mois durant. Surtout le fait que
son temps, en totalité ou presque, est consacré à une
autre entreprise que la ferme.
Je ne sais pas s'il y aurait des correctifs à apporter à
une situation comme celle-là. Cet après-midi, on en discutait.
Moi, j'ai l'impression que oui, il faudrait trouver des correctifs à
ça.
M. DIONNE: II me semble qu'il y en a quelques-uns qui, franchement,
mériteraient un prêt. Je ne dis pas tous.
M. TOUPIN: La ligne, vous savez, est difficile.
M. DIONNE: C'est difficile.
M. TOUPIN: Mon fonctionnaire a conduit la Société du
crédit agricole pendant sept ans et j'ai rencontré les
mêmes problèmes à l'office. C'est difficile de faire une
ligne de démarcation quelque part. On accepte beaucoup de travail
occasionnel mais, quand il vient un cas où, douze mois durant, le temps
est consacré à un employeur, on dit non. C'est notre ligne de
démarcation jusqu'à ce qu'on ait des instructions de faire
autrement.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, c'est plus votre ligne de
démarcation que le montant du revenu qu'une personne peut retirer
à l'extérieur de la terre.
M. TOUPIN: Dans ces cas-là. Quand le gars travaille, quand tout
son temps est consacré à un autre travail que celui de la ferme,
pour l'office la conclusion est évidente. On dit: On ne peut pas
conclure que le gars fait plus de la moitié de ses revenus sur sa ferme,
parce qu'il ne travaille pas sur sa ferme. Il travaille à
l'extérieur.
M. VEILLEUX: Est-ce que cela veut dire qu'un député
cultivateur ou agriculteur ne pourrait pas bénéficier des lois du
crédit agricole?
M. TOUPIN: Cela se pose d'une autre façon.
M. VEILLEUX: II est 24 heures sur 24, 365 jours par année
à l'emploi du gouvernement.
M. TOUPIN: Mais ce ne sont pas des cas courants.
M. VEILLEUX: Mais cela peut arriver.
M. OSTIGUY: Est-ce que le député de Saint-Jean a
l'intention de s'acheter une ferme?
M. TOUPIN: Ken Fraser avait réglé son problème
avant. M. Dionne aussi était déjà en agriculture,
lorsqu'il est arrivé en politique.
Principale occupation, cela veut dire activité principale: Le
fait, pour une personne, de consacrer la majeure partie de son temps à
l'exploitation d'une ferme alors il y a les deux éléments
d'en tirer la plus grande part de son revenu, d'y contrôler
l'emploi de son temps et l'ensemble de ses décisions et d'être
reconnu, dans son milieu, comme s'adonnant principalement à
l'agriculture.
C'est assez fermé, tout compte fait, parce qu'un voisin pourrait
dire: Ecoutez, il ne consacre pas la moitié de son temps à
l'agriculture, ce gars-là. C'est rien que 25 p.c. de son temps qu'il met
là-dedans.
M. DIONNE: Maintenant, M. le Président, est-ce qu'il va y avoir
une loi, de quelque manière, pour protéger le petit cultivateur
qui a
quinze ou vingt vaches? A l'heure actuelle, il n'a pas les moyens
d'acheter un "bulk tank", c'est bien difficile pour lui, cela coûte
extrêmement cher. Tout de même, il aimerait demeurer sur sa ferme.
Sans s'endetter, il vit, sauve sa vie sur sa ferme. C'est donc dire que, s'il
est obligé d'acheter un "bulk tank", il est obligé de vendre ses
vaches, s'en aller les manger en ville et ensuite, être sur le
bien-être social.
Quand une personne est rendue à 50 ans, elle ne peut plus trouver
d'ouvrage en ville. Alors, il me semble que le petit cultivateur, le
ministère devrait plutôt l'aider, s'il vient à être
mal pris, à demeurer sur sa ferme plutôt que de l'envoyer en
ville.
M. TOUPIN: Le problème a été soulevé il n'y
a pas longtemps. Cela ne se situe peut-être pas dans le cadre des
discussions que nous avons actuellement, quoi que cela s'en rapproche, le
crédit touchant au fond à la grandeur de la ferme. Le
problème se pose pour nous de la façon suivante: c'est que nous
travaillons de plus en plus pour tenter d'obtenir de meilleurs prix dans
l'agriculture, pour améliorer la gestion de la ferme et la rendre
rentable.
Il est sûr que nous n'avons pas encore atteint l'idéal dans
ce domaine mais nous tentons de le faire. Nous tentons, en plus, d'organiser
les entreprises de transformation pour qu'elles puissent être de plus en
plus efficaces.
Quand une entreprise de transformation reçoit, comme la
coopérative de Granby, du lait de je ne sais combien de producteurs,
peut-être une trentaine de milliers ou ving-cinq mille producteurs,
qu'elle a un système de transport en vrac pour un rang donné
où il y a 30 agriculteurs et que, sur les 30 il y en a quatre qui sont
de petits agriculteurs qui n'ont pas de lait en vrac, la société
coopérative doit avoir deux systèmes de transport: un pour les
producteurs de lait en vrac et un autre pour les producteurs qui se servent
encore du bidon, comme vous le disiez tantôt.
La coopérative dit : Pour maintenir nos deux systèmes, il
faut augmenter les prix du transport, autrement ça ne tient pas. Ce
n'est pas tout: si ça prend deux systèmes de transport, ça
prend deux systèmes de réception à l'usine. Un
système pour le bidon et un système pour le lait en vrac. C'est
du double emploi partout. Or, le double emploi coûte cher.
Peut-être avons-nous commis une erreur, mais ce que nous avons cru bon de
faire a été d'inciter les moyens agriculteurs à se doter
d'un système pour le lait en vrac, d'agrandir leur entreprise pour
répondre aux normes générales de qualité, du
marché, etc.
Plusieurs petits et moyens agriculteurs, à cause de l'âge,
à cause également peut-être de la main-d'oeuvre, d'un tas
de problèmes, ont décidé de ne pas investir, disant: On
aime mieux vendre notre quota, vendre notre troupeau et tenter de gagner notre
pain ailleurs. Certains se transforment pour la production bovine, la
production céréalière ou la production
maraîchère, si la région le permet, et parviennent à
s'en sortir. Certains autres n'ont pas d'alternative. Comme vous le disiez
tantôt, très souvent ils mangent le peu d'argent qu'ils ont
retiré de la vente de leurs produits, demeurent sur leur ferme pendant
quatre ou cinq ans ou même avant moins longtemps et se retrouvent
très souvent avec l'assistance sociale. Que dois-je faire pour les
protéger? On pourrait peut-être ajouter à leurs revenus une
prestation sociale. Mais pour en arriver là, il faudrait établir
un revenu minimum. Si on fait ça pour un moyen producteur, celui qui a
de gros investissements est presque justifié de diminuer lui aussi son
affaire, de travailler moins et d'avoir le même revenu. Un producteur
moyen serait probablement porté lui aussi à faire la même
chose que le gros et le petit. Donc, il serait dangereux de désorganiser
la structure de la ferme. Ce qu'on a cherché à faire
jusqu'à maintenant, c'est donner des cours de recyclage, des cours de
formation professionnelle. On essaie d'intégrer ces gens dans les
différents milieux de travail pour les aider à traverser cette
difficulté.
Il y a peut-être une solution à apporter on en a
déjà parlé, d'ailleurs, et le gouvernement n'a pas cru
bon, jusqu'à maintenant, de donner suite à cette proposition
c'est que tous les agriculteurs qui ont atteint l'âge, par
exemple, de 58 ans ou de 60 ans nous avions pensé à 58
ans et qui sont aux prises avec des problèmes comme cela, trop
âgés pour investir, trop petits pour répondre aux normes
générales de la production, on pourrait peut-être leur
organiser une sorte de prépension-annuité; c'est-à-dire
les amener à la retraite avant l'âge et leur donner ainsi un
montant à condition, bien sûr, qu'ils quittent la ferme ou que
cette ferme devienne en production ou étant louée à un
autre ou vendue à un autre. Mais cela n'a pas été
agréé.
M. FRASER: Mais, est-ce qu'il y a beaucoup de ces gens qui restent,
puisque tous les gens ont acheté des "bulk tanks"? Peut-être qu'il
reste 200 ou 300 de ces personnes, peut-être 1,000 à travers la
province, qui ont toujours des bidons, pas tellement.
M. TOUPIN: Un peu plus que ça. On présume que ça
peut aller dans les 3,000 actuellement, peut-être plus.
M. FRASER: Qui ont toujours des bidons? M. TOUPIN: Oui, dans certaines
régions.
M. FRASER: Parce qu'on a donné des subventions pour acheter des
"bulk tanks".
M. TOUPIN: II y en a encore. M. FRASER: II y en a encore?
M. TOUPIN: Oui, on a remis cette politique en place sous une autre
forme. Au lieu de donner une subvention directe, le gars emprunte; on lui donne
une subvention de base de $400, je pense, et on lui rembourse la moitié
de l'intérêt d'un prêt contracté. Cela fait une
subvention qui approche les $800.
M. FRASER: Cela protège presque tout le monde qui veut
réellement travailler sur la ferme.
M. TOUPIN: Oui.
M. OSTIGUY: Est-ce que ça s'applique à tous les
agriculteurs du Québec actuellement?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous interromps ici. Le
député de Mégantic-Compton avait la parole. Je pense qu'il
n'a pas terminé. Alors, je ne voudrais pas...
M. DIONNE: Ce qui est malheureux dans le moment, c'est que plusieurs
petits cultivateurs se découragent, vendent leur ferme ou s'en vont et
ce sont les Américains qui viennent acheter ces fermes. Franchement,
c'est une plaie dans notre coin. A Notre-Dame-des-Bois, il y a une pancarte
à côté de l'hôtel: Ceux qui veulent vendre leur
ferme, appelez tel numéro, du côté américain. Les
Américains viennent et achètent les fermes. Qu'est-ce que
ça va devenir?
M. TOUPIN: Cela fait plusieurs fois qu'on entend parler de ce
problème. En Abitibi notamment, il y a eu des courants très forts
en 1970/71. Dans le Bas-Saint-Laurent, il y a eu des mouvements aussi,
maintenant, on nous dit que ça se répand un peu partout dans la
province.
M. DIONNE: Dans les Cantons de l'Est, c'est énorme.
M. TOUPIN: Oui, alors quels moyens prendre pour régler ce
problème-là?
M. DIONNE: Et puis, qu'est-ce qu'ils font de ces fermes? Ils laissent
ça, c'est vacant, ces fermes-là.
M. TOUPIN: C'est improductif.
M. DIONNE: Quelle est l'idée d'acheter ces fermes et de les
laisser comme ça?
M. TOUPIN: Savoir ce que pensent les Américains de ce temps-ci,
ce n'est pas facile.
M. DIONNE: Qu'est-ce qu'ils ont derrière la tête?
M. TOUPIN: C'est encore plus difficile de le savoir. J'ai l'impression
qu'il faudra une loi au gouvernement pour protéger le territoire.
M. DIONNE: Bien, c'est ce que je pense. On devrait s'occuper de cela le
plus vite possible.
M. TOUPIN: Un projet de loi sera soumis à l'Assemblée
nationale, au cours de la présente session, qui traitera de ce
problème, de ce qu'on appelle la protection du territoire agricole.
M. DIONNE: Je serais en faveur de cela. Maintenant, dernière
question...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je voudrais tout simplement non pas
interrompre votre pensée, M. le député, mais vous
prévenir que nous sommes au programme 2, soit Financement. Maintenant,
si vous passez à la commercialisation des produits ou à autre
chose, c'est dans un autre programme. Je voudrais que vos questions demeurent
toujours dans cette optique.
M. DIONNE: Je vais parler du prêt.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous voulez parler du prêt?
M. DIONNE: Du prêt pour une terre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je pense que ça peut être
considéré comme financier; allez-y.
M. DIONNE: M. le Président, j'aimerais savoir, à propos de
ceux qui élèvent le lapin, si ces gens-là peuvent obtenir
un prêt.
M. TOUPIN: Ils ne sont pas admissibles actuellement, mais c'est dans les
propositions d'amendement. Pour le lapin?
M. DIONNE: Oui, parce que j'ai eu plusieurs demandes pour ça,
ceux qui élèvent le lapin, 200, 300, 400 lapins, s'ils peuvent
obtenir un prêt.
M. TOUPIN: Dans les amendements qu'on va proposer à
l'Assemblée nationale, pour les lois de crédit agricole, on va
prévoir que les producteurs de lapin pourront être inclus dans la
définition d'agriculteur.
M. DIONNE: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Laviolette.
Le député de Laviolette, une fois, deux fois...
M. CARPENTIER: J'ai été distrait par un journaliste, je
m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous savez ce qui arrive quand on
compte trois à l'Assemblée nationale?
M. CARPENTIER: C'est dans le même ordre
d'idées que le député de Compton. Il parlait
tantôt de venir en aide peut-être aux petits producteurs, aux
cultivateurs de taille moyenne. Actuellement il est accepté de faire le
ramassage du lait en vrac avec compteur, avec "meter". Si je comprends bien,
c'est que les "bulk tanks" qu'on appelle les réservoirs de lait pour le
transport du lait en vrac sont des réservoirs qui sont
précisément fabriqués pour déterminer le gallonnage
et avoir les mesures les plus précises possible pour la livraison du
lait. Ainsi la fabrique qui reçoit telle quantité de lait est
capable d'en déterminer le volume pour le paiement, pour
l'administration.
M. FRASER: C'est mesuré dans le "bulk tank".
M. CARPENTIER: Précisément, c'est exactement
ça.
UNE VOIX: II a des ennuis dans le financement.
M. CARPENTIER: Oui, toujours dans le financement. C'est ça.
Alors, est-ce qu'il y aurait possibilité, ou est-ce que ç'a
été envisagé la possibilité de construire une autre
sorte de réservoir qui serait beaucoup moins dispendieux que le "bulk
tank", que le réservoir pour la cueillette du lait en vrac? Ce serait
simplement un réservoir qui serait construit à un prix beaucoup
moindre que le "bulk tank", qu'on appelle. Il rendrait service, à mon
sens, à ces petits cultivateurs qui sont dispersés à
travers les gros. Ils pourraient bénéficier de cette même
cueillette de lait en vrac par les camionneurs.
M. TOUPIN: Le député de Laviolette m'excusera, mais je
veux apporter un exemple un peu cocasse; ça me fait penser aux
contenants de lait nature lorsqu'on les vend sur le marché. On a
commencé avec des contenants de verre. On a dit: C'est trop cher. On a
décidé de mettre de l'avant des contenants en carton. Ce
n'était pas trop mal, mais ça causait des problèmes de
pollution et très souvent ça se brisait. On a introduit le
plastique, très mince, les sacs de plastique. Alors peut-être
aurait-il lieu, pour le petit producteur, d'organiser des réservoirs de
lait en plastique, ce qui diminuerait les coûts assez substantiellement.
Ce qu'on pourrait faire aussi, c'est que ces sacs pourraient être
transportables, c'est-à-dire qu'on changerait de sac chaque fois que le
camion viendrait le chercher.
Bien sûr ce n'est pas dans l'ordre de l'impossible. Cela pourrait
répondre probablement à la question. Mais pour être plus
sérieux, parce que cette question est sérieuse, il y aurait
probablement avantage à ce qu'on essaie de diminuer les coûts
d'achat de ces équipements. Mais la tendance actuelle nous parait
être contraire à moins qu'on trouve des matériaux plus
modernes qui répondraient à des coûts moins
élevés.
Jusqu'ici c'est presque impossible. Il y en a de toutes les grandeurs,
des petits, des moyens, des grands et selon les coûts...
M. CARPENTIER: C'est précisément cela. Ce réservoir
est construit de façon qu'on puisse en mesurer la capacité de
gallons.
M. TOUPIN: A l'intérieur.
M. CARPENTIER: Alors, c'est beaucoup plus dispendieux de bâtir un
réservoir de cette nature-là, avec le nombre de gallons qu'il
contient précisément. Vous avez un réservoir qui va
contenir 200 gallons, 500 gallons ou 1,000 gallons.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur un point de règlement, le
député de Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, je pense que le député
de Laviolette est dans la commercialisation. On est dans le programme du
financement agricole et je pense que le député de Laviolette
s'écarte un peu.
M. CARPENTIER: Je rattache tout simplement ceci à la loi
favorisant le crédit à la production agricole. Est-ce que la
production du lait n'est pas une production agricole, M. le
député de Verchères?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pourvu que ça ne devienne pas
sexuel.
M. CARPENTIER: Absolument pas.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Allez-y, continuez.
M. CARPENTIER: Est-ce que le député de Verchères
accepte?
UNE VOIX: Vous n'avez besoin que de la permission du
président.
M. OSTIGUY: Si j'ai bien compris...
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le député,
allez-y.
M. CARPENTIER: C'est tout simplement à l'effet de bâtir un
réservoir de la même qualité, du même métal
que les "bulk tanks" présentement, mais au lieu d'en bâtir un qui
contient un nombre de gallons exact, qui est plus dispendieux au point de vue
de la construction, d'en bâtir un, tout simplement, qui ne contient pas
de capacité précise, mais dont la réception est faite par
un camion muni...
M. TOUPIN: D'un cadran.
M. CARPENTIER: ... d'un cadran.
M. TOUPIN: Mais même à cette condition-
là, il y a des producteurs qui vont vouloir avoir les deux: la
règle pour savoir ce que contient le vrac et le cadran qui, lui, va
mesurer ce qu'il y a dedans pour qu'ils puissent faire des comparaisons.
M. FRASER: Ce n'est pas le cadran qui est coûteux c'est l'acier
inoxydable.
M. TOUPIN: C'est cela.
M. FRASER: C'est la machine pour refroidir qui est coûteuse; ce
n'est pas le cadran. Le cadran ne coûte que $2.
M. TOUPIN: D'ailleurs, le cadran va être installé sur le
camion, je pense, plutôt que sur le vrac.
M. CARPENTIER: C'est cela.
M. TOUPIN: Oui, il faudrait quand même que l'agriculteur ait sa
règle pour mesurer, lui, ce que contient son réservoir, parce
qu'un cadran, ce n'est pas infaillible.
M. CARPENTIER: Mais c'est reconnu officiellement.
M. TOUPIN: Pas encore. M. CARPENTIER: Oui.
M. TOUPIN: Certains s'en prévalent, mais de façon
générale...
M. CARPENTIER: C'est reconnu officiellement par le département
"drug and food", à Ottawa.
M. TOUPIN: Ah! le "drug and food" le reconnaît comme étant
un instrument qui ne pollue pas, mais je ne sais pas si le département
des poids et mesures a accepté cette mesure.
M. CARPENTIER: Oui, précisément. Je ne vois pas quelle
objection un cultivateur pourrait soulever, pour autant que le cadran est
accepté. Quelqu'un qui achète du gaz, de l'huile ou n'importe
quel genre de pétrole se fie précisément au nombre de
gallons qui lui est desservi par un compteur ou par un cadran. Alors, tout le
monde accepte cela. Pour autant que c'est accepté, c'est légal.
Je pense qu'il y aurait peut-être une économie à faire de
ce côté-là pour le petit entrepreneur, le petit cultivateur
qui a peut-être dix, quinze ou vingt vaches et qui n'a pas les moyens de
s'installer un "bulk tank".
M. TOUPIN: Je pense que le député de Huntingdon le disait
tantôt. Il y a une exigence fondamentale pour l'entreposage du lait en
vrac: il faut que l'intérieur du vrac soit en acier inoxydable. Ce qui
coûte cher; c'est l'acier inoxydable dont est fabriqué le vrac.
Ajouter un cadran ou pas, c'est une question bénigne. C'est un peu comme
mettre un pneu en dessous d'une automobile.
M. CARPENTIER: Non, ce n'est pas la question d'ajouter le cadran, parce
que le cadran n'est absolument pas la propriété du cultivateur;
c'est la propriété du récepteur qui détient la
fabrique.
M. TOUPIN: Oui, mais, même si le récepteur a un cadran,
supposons que le vrac... Vous disiez tantôt que ce serait plus avantageux
d'acheter un vrac qui ne contient pas de mesure exacte, plutôt que d'en
acheter un qui contient une mesure exacte.
M. CARPENTIER: C'est cela.
M. TOUPIN: II faudrait que je m'informe auprès du fabricant pour
savoir si ça coûte moins cher de fabriquer un vrac de douze pieds
de long par quinze pieds de circonférence. Je ne le sais pas.
M. CARPENTIER: Bien oui.
M. FRASER: II faudrait que ce soit calibré après que c'est
livré; tu mesures tant de gallons, puis tu mesures sur le cadran. Si
c'est au niveau et si c'est exact, ça marche. Mais c'est calibré
après que c'est livré.
M. CARPENTIER: Précisément avec la collection par le
compteur, ce n'est pas nécessaire d'avoir ce calibrage. C'est encore une
dépense additionnelle pour le cultivateur.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce que le député de
Laviolette a terminé?
M. CARPENTIER: Oui, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, juste avant de finir le financement
agricole au programme 2, je voudrais avoir certaines explications sur la Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles. Cela comporte des
subventions de l'ordre, premièrement, de $1,000, ensuite de $2,000, et
ça peut aller jusqu'à $6,000, je pense. Est-ce que vous pourriez
expliquer ce genre de subvention qui est fournie aux jeunes agriculteurs?
M. TOUPIN: D'abord, il y a $1,000 qui existe depuis 35 ans, qui a
été refondu dans la loi de la mise en valeur. Pour un individu,
c'est $1,000. Ensuite il y a les $3,000 qui ont remplacé la fameuse
remise conditionnelle qui était donnée si un homme restait dix
ans sur sa ferme et la cultivait pendant dix ans. Aujour-
d'hui, c'est donné au début de l'établissement et
non à la fin. Ces deux premières subventions, c'est à
l'occasion de l'établissement. A l'occasion d'un agrandissement, il y a
une possibilité d'avoir $2,000, soit $50 par acre jusqu'à 40
acres. Il n'y a pratiquement pas de limite sur ça. Un cultivateur peut
avoir jusqu'à 400 acres en culture puis avoir $50 l'acre, pourvu qu'il
ne dépasse pas 400 ou 700 si...
Maintenant, si on prend le cas d'un individu, c'est $1,000, et $3,000
pour un homme qui s'établit, ou $2,000 pour un homme qui est plus
âgé et qui s'agrandit. Mais là où ça devient
$4,000 ou $6,000 c'est une exploitation de groupe reconnue comme une
société ou une corporation. S'il y a deux jeunes qui sont
éligibles à la subvention de $1,000 et de $3,000, ça fera
$4,000 chacun, donc ça fera $8,000. Pour la subvention de la
consolidation des fermes, encore là, elle peut être doublée
elle peut être de $4,000.
M. OSTIGUY: Alors peut-être qu'on pourrait prendre un exemple: le
montant de $1,000, il est statutaire, si je comprends bien, à tout fils
d'agriculteur qui s'établit sur une ferme.
M. TOUPIN: Oui, rentable.
M. OSTIGUY: Rentable. Ce sont toutes des fermes rentables. Si un
agriculteur a une ferme de cent acres, cent arpents de terre, et qu'il
achète une autre ferme, la ferme de son voisin, est-ce qu'il a le droit
à la subvention de la mise en valeur?
M. TOUPIN: S'il s'établit, il ne peut pas avoir les deux. Il peut
avoir les subventions d'établissement qui sont de $1,000 et de $3,000,
ou bien s'il s'établit, cela va être plus avantageux pour lui
d'avoir $1,000 plus $3,000 que d'avoir $2,000 pour s'agrandir.
M. OSTIGUY: Mon cas que je vous cite, il est déjà
établi. Il a eu $1,000, il a eu $2,000.
M. TOUPIN: II a eu $3,000. M. OSTIGUY: II a eu $3,000.
M. TOUPIN: Alors il ne peut pas avoir l'autre.
M. OSTIGUY: Même s'il fait un agrandissement de ferme, il peut
avoir le deuxième.
M. TOUPIN: II ne peut pas avoir l'autre.
M. OSTIGUY: S'il achète la ferme de son père, il ne peut
pas avoir l'autre.
M. TOUPIN: Est-ce qu'il viendra un temps, dans un certain nombre
d'années, où il pourra avoir l'autre? C'est discuté et
discutable.
M. OSTIGUY: Tenant compte de l'augmentation du coût des fermes,
tenant compte de l'augmentation du coût de l'exploitation des fermes,
est-ce que le ministre songe à augmenter cette subvention de mise en
valeur de $1,000, $2,000 et $3,000?
M. TOUPIN: Pardon?
M. OSTIGUY: Ma question était la suivante: Tenant compte de
l'augmentation du coût des fermes, actuellement, tenant compte de
l'augmentation du coût de l'exploitation des fermes, est-ce que le
ministre ou le ministère songe à augmenter ces subventions
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles dans un avenir assez
rapproché? Je sais qu'une dernière augmentation avait
été accordée en 1972, mais est-ce que, en 1974/75, on
préconise d'augmenter cette subvention de mise en valeur?
M. TOUPIN: Elle est présentement de $50 l'acre, je pense, pour
l'agrandissement. Le maximum de la subvention est de $2,000. Le regroupement
des fermes, actuellement, progresse à un rythme assez important, assez
intéressant. On n'a pas l'intention de toucher à cette
subvention. On a l'intention d'augmenter les prêts, mais cela ne touche
pas nécessairement le regroupement des fermes.
Dans les amendements que l'on propose, on n'a pas tenu compte de
l'augmentation de la subvention à l'agrandissement des fermes.
Oui, il peut y avoir plusieurs raisons qui militent en faveur de
ça. La première, c'est précisément parce qu'il y a
déjà un regroupement qui se fait à un rythme assez
accéléré. La seconde, c'est que déjà un
prêt agricole est assez, je ne dirai pas généreux, mais
substantiel. Il y a un certain nombre d'autres lois, la Loi de
l'amélioration des fermes, par exemple, qui viennent aider
l'agriculteur. On préférait plutôt travailler sur
l'augmentation du crédit, tant le crédit à court terme
qu'à moyen et long terme, plutôt que de travailler sur les
subventions à l'agrandissement. Il y aurait peut-être même
lieu de réviser d'abord les subventions à l'établissement
plutôt que de réviser le système des subventions à
l'agrandissement.
M. OSTIGUY: Parce que ces subventions sont accordées pour autant
que l'agriculteur fasse des travaux sur sa ferme, des travaux
d'amélioration. C'est bien le cas de le dire.
M. TOUPIN: Oui.
M. OSTIGUY: C'est la...
M. TOUPIN: C'est assez souple quand même parce que
l'amélioration, c'est très vaste.
M. OSTIGUY: Je pense que c'était 50 p.c. qui allaient en
immobilisation et 50 p.c. en...
M. TOUPIN: Terrain. M. OSTIGUY: ... drainage ou... M. TOUPIN: En fonds
de terre. M. OSTIGUY: ... en fonds de terre.
M. TOUPIN: 50 p.c. sur les bâtisses. En principe. Mais il y a une
partie des règlements qui dit que l'office peut, après
étude d'un cas, prendre toute autre décision que celle
définie dans le règlement. C'est-à-dire que l'office a
assez de latitude là-dessus pour placer l'argent ailleurs que dans
l'immobilisation ou l'amélioration du fonds de terre.
M. OSTIGUY: Est-ce que cette subvention de la mise en valeur s'applique
aussi aux pomiculteurs, par exemple?
M. TOUPIN: Oui, à n'importe quel agriculteur. C'est pour cela
qu'un homme qui fait du porc, par exemple, on ne peut pas s'attendre qu'il
mette cela dans le terrain s'il n'a pas de terrain.
M. OSTIGUY: Oui.
M. TOUPIN: Alors, on va plutôt lui suggérer... D'ailleurs,
on n'a pas besoin de le faire, c'est déjà lui...
M. OSTIGUY: L'amélioration à la porcherie.
M. TOUPIN: Oui, c'est plutôt de l'immobilisation sur les
bâtisses ou sur de l'équipement, etc.
C'est ça. C'est marqué: A moins que l'office en
décide autrement, qu'il doit être appliqué à la mise
en valeur du fonds de terre et, ensuite, à la construction ou à
l'amélioration des bâtiments de ferme. A moins que l'office en
décide autrement.
M. OSTIGUY: Alors cela s'applique à tous les genres de cultures,
même pour les productions en serres, les produits maraîchers.
M. TOUPIN: Même pour les poules et les volailles. Vous n'avez pas
de terrain, alors vous ne pouvez pas investir cela dans le terrain.
Tout ce qui est défini dans les règlements.
LE PRESIDENT (M. Séguin): S'il n'y a pas d'autres questions au
point de vue du financement, au programme 2, Financement agricole, je voudrais
passer, si vous le voulez, messieurs, immédiatement à la
ventilation des crédits concernant les éléments 1 à
5 de ce programme.
Je passe immédiatement et j'appelle la supercatégorie 1,
fonctionnement, catégorie 1, traitements.
M. VEILLEUX: M. le Président, pour accélé- rer
peut-être la procédure, est-ce que nos règlements nous
permettent d'adopter globalement le programme 2? Les questions, moi du moins,
que j'avais à poser étaient des questions sur l'ensemble des
lois.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Les règlements le permettent
sans doute, s'il n'y a pas d'objections.
M. VEILLEUX: A moins qu'il y en ait d'autres qui aient des questions
à poser sur des points particuliers à chacune des
catégories. Pour ma part...
UNE VOIX: Adopté.
M. VEILLEUX: ... j'adopterais le programme 2 au complet.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce que c'est le consentement de la
commission d'adopter le programme 2?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 2, adopté.
Donc, le programme 2, les éléments, 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7
et les crédits à voter $27,374,000, adopté. Il est compris
que ce sont les ventilations de ce montant qui sont adoptées.
Maintenant, nous devons passer au programme 3. Le ministère a
demandé l'autorisation de faire venir des experts dans ce domaine. Ces
experts sont présentement en dehors de la ville de Québec. On m'a
prévenu qu'ils avaient été avertis de se présenter
ici demain. Donc, nous débuterons à dix heures, demain, avec le
programme 3 de l'Agriculture, à la page 5-9 de votre livre sur les
crédits ou les estimations budgétaires de l'Agriculture.
M. le ministre.
M. TOUPIN: Etant donné, M. le Président, qu'il avait
été convenu, je pense, déjà, qu'on prendrait demain
matin le programme de la commercialisation des produits agricoles et que le
président de la régie ne sera pas disponible avant demain
matin...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce le programme 5 au lieu du
programme 3?
M. TOUPIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je m'excuse. Alors, cela a
été mon erreur. Si j'ai dit 3, je voulais dire 5. C'était
pour tomber justement...
M. TOUPIN: La Régie des marchés agricoles du
Québec.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça. Alors, ce sera le
programme 5, demain matin, à dix heures.
M. TOUPIN: Ce sera le programme 5, demain matin, parce que les
spécialistes de cette question ne sont pas ici ce soir.
Etant donné que la question se pose de cette façon, si les
membres de la commission sont du même avis, on pourrait demander
l'ajournement pour demain matin, à dix heures. A dix heures, on
commencera la commercialisation avec la Régie des marchés
agricoles du Québec.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si mon interprétation du
règlement, messieurs et M. le ministre, est correcte, il y a
déjà eu un amendement cet après-midi de proposé,
lorsque nous avons suspendu nos travaux à 6 h jusqu'à 8 h 15 ou 8
h 30. Comme la même proposition ne peut pas être faite par un
député, à l'exception d'un ministre, j'accepte donc la
motion du ministre, qui lui seul a le droit de demander l'ajournement à
ce moment-ci. Si la commission est consentante, c'est mon interprétation
du règlement, nous ajournons nos travaux jusqu'à demain dix
heures.
(Fin de la séance à 21 h 41 )