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Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du vendredi 3 mai 1974
(Dix heures trente)
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs !
Je constate qu'il est 10 h 30 et que nous avons quorum. Les membres de
la commission sont les suivants: MM. Burns (Maisonneuve), Carpentier
(Laviolette), Brisson (Jeanne-Mance), remplaçant Denis (Berthier), selon
les noms que j'ai de la commission élue. Le rapporteur est M. Dionne
(Mégantic-Compton), et les autres membres sont MM. Faucher
(Nicolet-Yamaska), Fraser (Huntingdon), Giasson (Montmagny-L'Islet), Lessard
(Saguenay), Mas-sicotte (Lotbinière), Ostiguy (Verchères), Roy
Beauce-Sud), Toupin (Champlain), Veilleux (Saint-Jean), remplaçant
Tremblay (Iberville).
Messieurs, nous étions, hier soir, à la fin des travaux,
au programme 3, ayant voté les crédits du programme 2. A la
demande du ministre et du personnel du ministère, au lieu de
considérer le programme 3, on a décidé de passer
immédiatement au programme 5 de l'Agriculture. M. le ministre.
Ajournement
M. TOUPIN: M. le Président, le programme 5 traite de la
commercialisation des produits agricoles au Québec. Si les membres de la
commission sont d'accord sur la proposition que je vais faire, cela permettrait
aux fonctionnaires du gouvernement, notamment le président de la
régie, le sous-ministre et quelques-uns de leurs proches, de continuer
leur travail de négociation avec le gouvernement fédéral
sur la question laitière, à la suite de la demande faite par les
producteurs. Vu cette impossibilité des fonctionnaires de s'y rendre ce
matin, je demanderais qu'on ajourne les travaux de la commission...
M. VEILLEUX: Avant d'ajourner, avant de faire la proposition...
M. TOUPIN: ... mardi prochain, 10 heures.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La motion du ministre d'ajourner les
travaux à mardi, 10 heures. La parole est au député de
Saint-Jean, à ce moment-ci.
M. VEILLEUX: Hier, j'avais demandé le dépôt d'un
document et on m'avait dit qu'on le déposerait ce matin. Je pensais bien
l'avoir.
M. TOUPIN: C'était sur quoi donc?
M. VEILLEUX: C'étaient les différentes productions et le
pourcentage produit au Québec et le pourcentage importé de
l'extérieur. Est-ce que le ministre peut me garantir qu'à la
prochaine réunion on l'aura?
M. TOUPIN: Oui.
LE PRESIDENT: Je voudrais que le député fasse sa demande
à l'intérieur de la motion qui a été
présentée par le ministre, la motion d'ajournement.
C'est une question qui est peut-être en dehors de la motion, qu'on
peut reconnaître à ce moment-ci comme une demande de
dépôt de document, sur un autre programme, que vous aviez faite
hier. Vous avez l'assurance que le document sera déposé. Alors,
je serais prêt à entendre l'approbation de la motion d'ajournement
ou la désapprobation. Le député de Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, j'appuie la motion d'ajournement du
ministre, tenant compte, bien sûr, que les hauts fonctionnaires, surtout
le président de la Régie des marchés agricoles et le
sous-ministre, sont en pleine négociation. Je tiens aussi compte de
l'urgence qu'il y a à négocier avec les agriculteurs, surtout les
producteurs de lait, afin qu'ils puissent en venir à une entente, parce
qu'on sait que la date limite était fixée au 15 mai. Alors, il
est tout à fait normal qu'on attende à mardi, dix heures, afin de
leur permettre de négocier avec les producteurs de lait.
M. TOUPIN: Je suis d'avis, M. le Président, que le
député de Saint-Jean a raison lorsqu'il parle de
dépôt de document, comme il l'a fait ce matin. Alors, mardi matin,
j'aurai avec moi la documentation nécessaire.
LE PRESIDENT: (M. Séguin): Très bien, je reconnais le
commentaire du...
M. VEILLEUX: Je m'oppose quand même à l'ajournement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous vous opposez à
l'ajournement?
M. VEILLEUX: C'est tout simplement pour les fins du journal des
Débats, et je dis que je suis contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Voulez-vous un vote enregistré?
C'est un vote à main levée.
M. VEILLEUX: Non, non, c'est très bien. Même pas de vote,
je suis contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Même pas de
vote, vous êtes contre, c'est enregistré. Le
député de Saint-Jean s'oppose à la motion, alors que les
autres membres sont consentants et sont en faveur de la motion proposée
par le ministre, député de Champlain.
La séance ajourne ses travaux à mardi, dix heures. A ce
moment-là, ce sera le programme 5, pour tomber d'accord avec nos
procès-verbaux qui indiquent que normalement ce matin ç'aurait
dû être le programme 5. Donc, l'étude du programme 5 sera
reportée à mardi dix heures.
(Fin de la séance à 10 h 35)
Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du mardi 7 mai 1974 (Dix heures trente-deux minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs !
Préliminaires
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour la présente séance,
les membres de la commission seront les suivants: MM. Burns (Maisonneuve),
Carpentier (Laviolette), Denis (Berthier), Dion-ne (Mégantic-Compton),
Faucher (Nicolet-Yamaska), Fraser (Huntingdon), Giasson (Montmagny-L'Islet),
Lessard (Saguenay), Massicotte (Lotbinière), Ostiguy (Verchères),
Roy (Beauce-Sud), Toupin (Champlain), Veilleux (Saint-Jean). Le rapporteur
continuera d'être le député de Mégantic-Compton.
A la demande du ministre, nous passons au programme 3, soit la page 5-9.
Avant de donner la parole au ministre, je voudrais souhaiter la bienvenue
à nos auditrices de la matinée. Vous êtes les bienvenues
à la commission permanente de l'agriculture. J'espère que vous
allez vous y plaire et qu'on vous reverra souvent.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): I am sorry, I have to repeat what I
have just said. I have been informed that you did not understand the compliment
that was made. Therefore, you are very welcome at this commission sitting on
the estimates for the Department of Agriculture of the Province. We hope to see
you again.
M. le ministre.
M. LESSARD: M. le Président, je m'excuse. Avant d'engager
l'étude du programme 3, j'ai d'abord pris connaissance des discussions
qui ont eu lieu en notre absence, étant donné la protestation que
nous avons dû faire devant l'utilisation de la force du gouvernement
libéral. En lisant le journal des Débats, j'ai pu constater qu'on
n'a vraiment pas touché les vrais problèmes des agriculteurs
lorsqu'on a parlé du programme 2.
Je voudrais demander au ministre, qui a accepté...
M. VEILLEUX: Question de règlement.
M. LESSARD: ... un programme de $28 millions...
M. VEILLEUX: Question de règlement.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais demander au ministre,
qui a permis d'adopter un programme de $28 millions en l'absence de
l'Opposition, contrairement à ses deux collègues, soit le
ministre de l'Education et le ministre des Transports, la permission de revenir
sur le programme 2 pour poser certaines questions sur le financement agricole,
sur la relève en agriculture, sur les programmes qui sont prévus
et pour discuter des problèmes de la spéculation foncière
qui me paraissent être des problèmes urgents, qui n'ont pas
été traités au cours des séances
précédentes, alors que nous étions absents de la
commission de l'agriculture.
Il me paraît que ce sont là des problèmes fort
importants et le ministre aurait dû laisser ces crédits non
adoptés. A mon sens, il serait logique et normal qu'on puisse rediscuter
aujourd'hui de ces problèmes.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, à l'ordre! Le
député de Saguenay a fait ses commentaires sous forme de question
et j'ai écouté sa question; il demande au ministre ou à la
commission de revenir sur des crédits déjà adoptés,
soit le programme 2.
Je ne dois pas accepter qu'on revienne sur un programme
déjà adopté.
M. LESSARD: Demandez donc au ministre s'il...
M. BURNS: La question s'adressait au ministre, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je le comprends. D'un autre
côté, je dois prendre soin de la procédure que nous devons
suivre en commission. Vous allez l'admettre. S'il y a un commentaire à
faire, cela peut être fait, au sujet d'un programme, lorsque le rapport
des études faites à la commission est déposé en
Chambre. Il y a une occasion de le faire à ce moment-là.
C'est que je ne voudrais pas revenir sur un programme déjà
adopté. Il n'y aurait pas de fin, si on permettait ce
précédent.
M. BURNS: D'accord, M. le Président, mais on demande au ministre
simplement son opinion. Si le ministre nous donne une indication, à
savoir qu'il est prêt à revenir là-dessus, il n'y aura pas
de problème.
M. VEILLEUX: M. le Président, sur la question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Saint-Jean,
sur un point de règlement.
M. VEILLEUX: Les crédits sont adoptés par les membres
d'une commission parlementaire. Les membres de la commission parlementaire,
ayant quorum, ont accepté le programme 2. En tout cas, pour nous, les
députés du Parti libéral membres de la commission, il
n'est aucunement
question de revenir, même cinq minutes, sur le programme 2.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vais rappeler le
député à l'ordre. Je reconnais le bien-fondé d'une
question au ministre au début de cette séance.
M. LESSARD: La question est posée au ministre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La question est posée au
ministre, tout simplement, alors c'est au ministre d'y répondre. Moi,
j'ai donné une observation comme président de cette
commission.
M. TOUPIN: M. le Président, il est bien évident que, dans
les circonstances actuelles, ce programme a été adopté.
Dans mon esprit, comme dans l'esprit des députés, je ne pense pas
qu'il soit question de revenir sur un programme comme celui-là article
par article et tenter de " faire adopter encore une fois, à nouveau, les
articles les uns après les autres, parce que le programme est
adopté. Alors, évidemment, il faut bien être logique avec
nous; autrement, cela ne sert à rien de réunir des commissions
parlementaires.
Néanmoins, si les membres de la commission n'y voient pas
d'inconvénient et moi, je ne le ferais pas immédiatement
personnellement je n'en vois pas empêchant de répondre
à deux ou trois questions, très générales
d'ailleurs, qui pourraient regarder le programme concernant le financement
agricole.
Mais il n'est pas question que nous regardions ce programme-là
catégorie par catégorie en vue de l'adopter comme ce fut fait
vendredi après-midi à la commission parlementaire. Autrement,
nous ne serions pas logiques avec nous dans cette perspective.
J'admettrais donc, si la commission est d'accord, qu'on le regarde, mais
pas immédiatement. Qu'on fasse d'abord les autres programmes, qu'on
adopte au départ les autres programmes et une fois que tous les
crédits seront adoptés, si la commission est d'accord, je ne
verrai pas d'inconvénient à ce qu'on prenne quinze ou vingt
minutes pour répondre à un certain nombre de questions venant de
l'Opposition sur ce programme.
M. ROY: M. le Président, j'aurais quelque chose à ajouter
de mon côté. Je ne sache pas que suite aux observations du
député de Saguenay...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce n'est pas le temps de faire des
observations, posez des questions.
M. ROY: Je vais y aller sous forme de question, M. le Président.
Je veux demander au ministre pour quelle raison il aurait objection à ce
que ça se discute maintenant, étant donné qu'il y a quand
même une suite logique dans l'étude des crédits de
n'importe quel ministère.
M. VEILLEUX: Nous en avons discuté la semaine passée.
M. ROY: M. le Président, je ne m'adresse pas à l'honorable
député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Nous en avons discuté jeudi passé.
M. ROY: Je ne m'adresse pas du tout à l'honorable
député de Saint-Jean.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. ROY: J'ai posé une question au ministre pour qu'il puisse y
avoir une suite logique parce que nous allons entreprendre l'étude du
programme 3 et du programme 4 par la suite.
M. VEILLEUX: Vous n'aviez qu'à être ici jeudi.
M. ROY: Je le fais sous forme de question, mais je donne des arguments
pour justifier la question que j'ai posée.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je pense que le ministre a compris
votre question.
M. ROY: M. le Président, vous n'avez pas interrompu le
député de Saguenay lorsqu'il a parlé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, mais encore une fois il ne faut
pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement.
M. ROY: Alors pourquoi... Est-ce qu'on a peur de mes interventions,
est-ce qu'on a peur que j'en dise trop?
M. le Président, je ne trouve quand même pas normal qu'on
accorde à d'autres députés, la parole sous forme de
questions et qu'on ne me permette pas de faire la même chose.
Je disais donc que je ne sache pas que ce soit complètement
anormal qu'on discute et qu'on revienne sur des questions qui concernent
surtout le crédit agricole étant donné que c'est la base
de l'agriculture, la base du développement agricole dans la province de
Québec.
Comme l'a souligné le député de Maisonneuve, les
deux autres commissions qui siégeaient ont décidé, elles,
de ne pas accepter leurs crédits étant donné l'absence des
députés de l'Opposition, suite aux décisions qui ont
été prises à l'Assemblée nationale. Je ne voudrais
pas revenir sur le point que j'ai soulevé à l'Assemblée
nationale lors de la discussion de cette motion. J'ai demandé tout
simplement que la motion soit retirée de façon que nous
travaillions dans des conditions normales. Cela
n'a pas été fait. Je ne reviens pas là-dessus, mais
je tiens quand même à dire que je pense que l'agriculture occupe
une place assez importante dans la province de Québec pour qu'on lui
donne toute l'attention nécessaire. Etant donné que je suis le
seul membre de l'Opposition qui représente un comté
authentiquement agricole et où l'agriculture occupe une place
prépondérante, je ne peux pas ne pas m'intéresser à
ces questions.
Il y a plusieurs questions que nous avons à poser concernant le
crédit agricole, le programme 2, il y a également la question de
l'amélioration des fermes qui est quand même très
importante, d'autant plus que les crédits à la production sont
également importants.
Ce sont des questions sur lesquelles nous aimerions apporter notre point
de vue; nous aurions à poser à l'honorable ministre des questions
qui n'ont pas été posées. S'il s'agissait de questions qui
ont été posées, M. le Président, mais il s'agit de
questions qui n'ont pas été posées par les
députés ministériels. Les cultivateurs du Québec
ont le droit d'avoir des réponses à ces questions; les
agriculteurs du Québec ont le droit de connaître les intentions du
gouvernement et du ministère de l'Agriculture concernant leur sort au
Québec, et c'est pourquoi je demande au ministre s'il serait prêt,
étant donné qu'il a fait un grand pas. ce matin en nous disant
qu'il est prêt à revenir sur la question du crédit
agricole, à faire un pas un peu plus long. Je demande, étant
donné que la commission est maîtresse de ses travaux, la
collaboration des députés ministériels.
M. VEILLEUX: Non. La réponse est non pour nous autres.
M. LESSARD: Est-ce que le député de Saint-Jean serait
devenu le ministre de l'Agriculture depuis quelque temps?
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. VEILLEUX: M. le Président, je tiens à clarifier ceci
une fois pour toutes. Nous avons discuté jeudi du programme 2 pendant
au-delà de trois heures, trois heures et demie, sinon quatre heures.
M. LESSARD: C'est ça l'absence de pensée du...
M. VEILLEUX: M. le Président, les séparatistes et les
créditistes ont voulu foutre le camp...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! M. VEILLEUX: ... ils ont
foutu le camp... LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! M. VEILLEUX: ...
nous avons accepté les crédits. Pour nous autres, en tout cas, il
n'est pas question de revenir.
M. LESSARD: C'est ce qui caractérise l'absence de pensée
du député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Cela ne me dérange pas, cela ne me dérange
pas, dites ce que vous voulez.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Les commentaires...
M. ROY: Les observations du Duvalier de la commission parlementaire de
l'Agriculture ne m'impressionnent pas du tout. M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. ROY: ... je trouve tout simplement que c'est de la dictature. Je
tiens à assurer le ministre et la présidence...
M. VEILLEUX: Le parti présidentiel est... M. le
Président.
M. ROY: ... et les membres de la commission en leur disant qu'il
n'était pas de notre intention d'abuser...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. ROY: ... de notre temps. Nous avions des questions fort pertinentes
à poser...
LE PRESIDENT (M. Séguin): En autant que je sache, messieurs, nous
sommes à la commission de l'Agriculture et non pas à une
commission d'injures ou autres choses. Alors, si on veut faire avancer nos
travaux, nous allons passer au programme 3. M. le ministre.
M. TOUPIN: Je reviens, M. le Président, sur cette question. Je ne
voudrais pas, comme vous le disiez tantôt, que nous nous chicanions
à cette commission. Nous sommes ici pour travailler et c'est ce que nous
avons démontré au cours des derniers jours, tout au moins dans la
mesure où ce fut possible de le faire. Je fais la suggestion qu'on
regarde les programmes qui n'ont pas été adoptés et, une
fois ces programmes adoptés, je n'ai pas d'objection à ce qu'on
regarde les données des programmes généraux du financement
agricole; je n'ai pas d'objection à ce que l'Opposition pose, à
ce moment-là, les cinq, six ou sept questions générales
qui se rapporteront aux problèmes du financement agricole.
M. LESSARD: Mais...
M. TOUPIN: II me semble que je suis logique en parlant comme ça,
je dis que ces crédits ont été adoptés, je ne
verrais pas pourquoi ce matin on y reviendrait.
M. LESSARD: Mais on va y revenir à la fin, à ce
programme-là...
M. TOUPIN: II y en a d'autres...
M. LESSARD: ... pourquoi ne pas y revenir immédiatement?
M. TOUPIN: ... qui n'ont pas été adoptés. Je pense
bien que le député de Saguenay va comprendre ça. Il y en a
d'autres qui n'ont pas été adoptés. Il y a encore cinq
programmes où les crédits n'ont pas été
adoptés. Alors, discutons ces cinq programmes. Quand on aura
discuté ces cinq programmes, avant même qu'on adopte, si vous
voulez, en totalité tous les crédits, je n'ai pas d'objection
à prendre vingt minutes ou une demi-heure pour répondre aux
questions qui viendront de l'Opposition. Je vais aller plus loin que ça.
Je n'aurai même pas d'objection, après, à demander au
président de l'office de venir ici et de regarder cela avec vous, pour
répondre à un certain nombre de questions plus pertinentes, plus
techniques.
Mais, pour le moment, ce matin, moi, je me suis préparé
pour les autres programmes outre celui-là. Je n'ai pas informé
les gars de l'office de venir ici ce matin, parce que ces crédits sont
adoptés.
M. BURNS: Est-ce que le ministre me permet simplement cette remarque?
Comme le ministre le sait fort bien, notre règlement prévoit une
possibilité de limite de temps à l'étude des
crédits, c'est-à-dire que ce n'est pas obligatoire que les
crédits soient adoptés à l'intérieur de dix heures,
mais une fois que dix heures ont été accordées aux
crédits d'un ministère et si le délai de 45 jours est
écoulé depuis le début de ces séances, c'est fort
possible que les crédits soient automatiquement adoptés.
Or, le programme du financement agricole... Je ne suis pas un expert, M.
le Président; le ministre va admettre ou va comprendre mon ignorance,
dans ce domaine-là, mais on essaie de prendre de l'expérience un
peu partout.
M. TOUPIN: Je ne peux pas, M. le Président, reconnaître
l'ignorance d'un député.
M. BURNS: Moi, je l'admets, M. le Président. Je l'admets mon
ignorance.
M. TOUPIN: Que le député l'admette je n'ai pas
d'objection, mais que je la reconnaisse, moi, non.
M. BURNS: Je suis venu participer aux travaux de cette commission,
justement pour que cette ignorance se remplace par un minimum de connaissances
en matière d'agriculture. Mes deux collègues qui ont parlé
avant moi, de Beauce-Sud et de Saguenay, ont fait valoir l'importance de ce
programme de financement agricole. Je vois la bonne foi du ministre dans sa
proposition, mais, ce que je craindrais, c'est que cette période de dix
heures vienne à s'écouler sur d'autres programmes, que les 45
jours totaux pour l'ensemble des crédits viennent à
s'écouler aussi et qu'on se retrouve malheureusement à ne plus
siéger à la commission de l'agriculture pour cette raison et
malheureusement à ne pas pouvoir parler du financement agricole.
C'est la crainte que j'exprime au ministre, malgré la bonne foi
de sa proposition. Je le comprends très bien de dire: On va y revenir
pendant quelque temps après l'adoption des crédits. Mais je vous
avoue que c'est une inquiétude que je soulève à ce
stade-ci, étant donné qu'au dire de mes collègues de
Beauce-Sud et de Saguenay, ça semble être le programme le plus
important ou, sinon le plus, un des plus importants.
M. TOUPIN: M. le Président, tous les programmes sont importants.
Supposons qu'on accepte l'hypothèse du député de
Maisonneuve, il reste que, si on appliquait de façon rigide les
règlements dans cette hypothèse, il y a des programmes qui
devront être adoptes sans être discutés du tout, alors que
celui du financement a déjà été discuté un
peu, tout au moins, par l'Opposition.
J'ai présenté, pendant dix minutes ou un quart d'heure,
les grandes lignes du programme de financement agricole. J'aimerais mieux qu'on
regarde les autres pour qu'au moins on les discute en entier, ces
programmes-là, avant de les adopter et qu'après on prenne un bout
de temps pour regarder le financement agricole.
Je suis convaincu que le député de Maisonneuve est
d'accord avec moi là-dessus; il faut quand même, quant à
moi et quant à la commission, maintenir un minimum de logique, de
continuité dans notre pensée. On a été la seule
commission, comme on le disait tantôt, à avoir adopté des
crédits. Les autres commissions ont préféré ne pas
en adopter. Nous, nous avons adopté une autre attitude, parce qu'on
s'était réuni pour travailler; on ne s'était pas
réuni pour regarder comment se comportait tel ou tel aspect de
l'agriculture, on voulait que les crédits soient adoptés. Si je
veux être conséquent avec moi et je pense que le
député de Maisonneuve l'est pas mal avec lui il devrait
comprendre ma logique dans cette optique.
M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: ... est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il nous donne un
minimum de garantie à l'effet qu'on pourra en discuter même si les
dix heures sont dépassées?
M. TOUPIN: Personnellement, oui.
M. ROY: Personnellement, oui. Maintenant, est-ce qu'on peut avoir la
certitude de tous les membres de la commission qu'il n'y aura pas
d'objection?
M. VEILLEUX: On verra à ce moment-là.
UNE VOIX: Dans le temps comme dans le temps.
M. VEILLEUX: Dans le temps comme dans le temps.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour l'information des membres de la
commission, j'ai demandé au secrétaire de la commission de
vérifier l'horaire de nos travaux. Si, par exemple, l'ordre de la
Chambre était de commencer nos travaux à dix heures et si, pour
une raison ou une autre, nous ne débutons pas avant dix heures trente,
il y aura déduction faite de ce temps-là. Nous ne prenons pas le
temps global, autrement dit, de dix heures à midi, de quatre heures
à six heures ou de huit heures à onze heures. On essaie de...
M. BURNS: Vous prenez le temps effectivement consacré à
l'étude des crédits.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le temps effectivement consacré
au travail. Donc, je voudrais vous informer que dès ce moment j'agis
dans ce cadre. Quant aux autres décisions que la commission pourra
prendre, je n'ai pas de commentaires à faire, je suis votre
serviteur.
M. ROY: M. le Président, je voudrais compléter ma
question. Le ministre l'a très bien souligné tout à
l'heure, il a peur que, si on prend quinze minutes, une demi-heure, voire
même une heure, pour revenir sur le programme no 2, ceci enlève du
temps et qu'il y ait d'autres...
M. TOUPIN: C'était l'hypothèse du député de
Maisonneuve.
M. ROY: ... programmes qui ne pourraient pas être discutés.
Cela veut dire qu'on a bien l'intention de s'en tenir à la règle
stricte de dix heures.
M. TOUPIN: Non, pas nécessairement.
M. ROY: J'aimerais, M. le Président, que sur cette question, de
façon à éviter des débats inutiles, la
décision soit prise immédiatement et qu'on sache exactement
à quoi s'en tenir.
DES VOIX: Non, non!
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ne crois pas qu'il soit, d'abord,
prudent de prendre une décision du genre à ce moment-ci, puisque
nous ne connaissons pas l'avenir; nous ne savons pas ce qui peut se passer ou
quels ordres la Chambre peut donner à la commission
éventuellement. Je préfère ne pas, à ce moment-ci,
prendre, accepter ou recevoir d'autres décisions que le fait que je vous
donne, comme président, l'assurance que nous comptons le temps comme le
temps effectif, c'est-à-dire le temps employé à la
commission pour l'étude des crédits, non pas les minutes de
retard, etc., ajoutées au montant global. La décision qu'on
pourrait prendre plus tard, j'attends de la prendre ou de la faire prendre par
la commission plus tard, que ce soit par le moyen d'un vote ou d'une entente,
peu importe.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Remarquez, M. le Président que, si les
députés libéraux avaient posé des vraies questions
et des questions importantes...
M. VEILLEUX: Mêle-toi de tes affaires, Lu-lu.
M. LESSARD: ... il ne serait pas nécessaire de revenir sur ce
sujet, M. le Président.
M. VEILLEUX: Mêle-toi de tes affaires, Lu-lu.
LE PRESIDENT (M. Séguin): S'il vous plait...
M. VEILLEUX: Nous autres, on a pris nos responsabilités.
M. LESSARD: Vous avez vraiment l'air d'enfants...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, messieurs !
M. MASSICOTTE: Sur la question des connaissances...
M. VEILLEUX: M. le Président, une question de
privilège.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. VEILLEUX: On attaque le travail fait par les députés
qui ont siégé ici.
UNE VOIX: II n'y a pas de question de privilège ici.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. VEILLEUX: Une question de règlement, d'abord. On attaque, M.
le Président, les membres de la commission qui ont siégé
jeudi et vendredi.
M. LESSARD: On ne vous attaque pas; on juge la
réalité.
M. VEILLEUX: Je tiens à dire, M. le Président, que les
membres de la commission qui ont siégé jeudi ont pris...
M. BURNS: On juge votre sens de la démocratie.
M. VEILLEUX: ... leurs responsabilités d'élus du peuple,
puis on a fait notre travail comme élus du peuple. S'il y en a d'autres
qui ne l'ont pas fait, ce travail; qu'ils en subissent les conséquences
aujourd'hui. Ils répondront de leurs gestes un jour.
M. LESSARD: On constate le manque de jugement du député de
Saint-Jean.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BURNS: Et on constate son très haut sens de la
démocratie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît. J'essaie d'être très démocratique...
M. ROY: Simardémocratie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... dans l'essai que je fais de
maintenir un peu d'ordre durant nos travaux.
A la demande du ministre, messieurs je m'excuse si j'ai
mentionné le programme 3; je constate que le président de la
Régie des marchés agricoles est ici nous passerions au
programme 6, afin de...
M. LESSARD: M. le Président, je pose une question de
règlement aussi, étant donné que les membres de
l'Opposition ont aussi un travail à faire et se préparent en
conséquence. Tout à l'heure, le ministre nous a informés
qu'il avait préparé le programme 3. Je dois l'informer aussi que
j'ai, plus particulièrement, préparé le programme 3, ce
matin. Je comprends que c'est d'abord à lui de planifier ses travaux,
mais nous avons l'habitude d'étudier les crédits dans l'ordre
où ils se présentent. M. le Président, nous avons trois
commissions parlementaires actuellement. Comme les députés de
l'Opposition ne sont que huit il faudrait aussi tenir compte de ce
problème qui se pose pour les membres de l'Opposition. Nous avons
préparé nos crédits dans l'ordre où ils se
présentent.
Je comprends qu'il appartient au ministre de planifier son travail en
conséquence. Je suis heureux de constater que nous avons le
président de la Régie des marchés agricoles. C'est bien
ça. Mais, cependant, il me semble que le ministre aurait dû
convoquer ses fonctionnaires dans l'ordre où les crédits doivent
normalement être discutés.
Alors, pour ma part, je suis prêt à attaquer le programme
en question. Cependant, je vous avoue que j'avais préparé le
programme 3 plutôt que le programme 6, soit la Régie des
marchés agricoles.
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai toujours l'habitude de
travailler avec assez de souplesse. Ce n'est pas dans mes habitudes d'imposer
quoi que ce soit à personne.
M. LESSARD: ... d'avance.
M. TOUPIN: Même dans des commissions parlementaires, je suis
prêt à prendre les meilleurs moyens pour que le travail avance.
J'ai demandé, ce matin, à la Régie des marchés
agricoles du Québec de se rendre ici pour une raison très simple.
Cette régie est très occupée, a beaucoup de travail de ce
temps-ci précisément à cause de la commercialisation. Je
ne vois pas d'inconvénient à ce que le président perde une
journée...
M. LESSARD: Ce n'est pas la question, M. le Président.
M. TOUPIN: ... et que l'on reprenne...
M. LESSARD: Si le président perd une journée, c'est la
faute du ministre. Voici, M. le Président.
M. TOUPIN: J'ai toujours été bien gentil...
M. LESSARD: J'ai lu toutes les discussions et je n'ai pas
constaté, à la fin, que l'on devait faire, ce matin,
l'étude du programme 6. Alors, normalement, je m'attendais à ce
que l'on fasse l'étude du programme 3, comme c'est prévu...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: ... normalement dans l'ordre de l'étude des
crédits.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaft !
M. LESSARD: Le ministre tente de nous dire que...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: ... l'on veut faire perdre le temps du président de
la Régie des marchés agricoles.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre !
M. LESSARD: Ce n'est pas le cas.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: Si cela arrivait, ce serait la faute du ministre.
M. BURNS: M. le Président,...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. BURNS: ... je veux tout simplement ajouter ceci. On n'a pas
d'objection à accommoder le ministre. Comme le disait le
député de Saguenay tantôt, lorsqu'il veut sauter un
programme, qui est prévu pour plus loin, pous nous faciliter la
tâche, pourquoi est-ce qu'il ne nous le dit pas d'avance et l'on va
accepter de l'accommoder? Mais on n'avait pas du tout été avertis
que ce serait le programme 6 qui serait discuté ce matin.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, voici, messieurs. Je ne voudrais
pas interrompre quoi que ce soit. Je reviens donc à nos travaux de
vendredi, dans la matinée, et ceux de jeudi soir. Vous constaterez, dans
le journal des Débats, que la commission s'était mise d'accord
pour que mardi, dix heures, nous étudiions le programme 5. Je passe au
programme 5. Et l'avertissement nécessaire à l'avance a donc
été donné. J'ai personnellement...
M. BURNS: C'est le programme 6, M. le Président.
M. LESSARD: C'est le programme 6.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je passe au programme 5 pour rester
dans le contexte de la décision que la commission avait prise jeudi soir
et répétée vendredi. Je reste dans le contexte d'une
décision prise. Ce matin, le ministre a fait part au président,
à cause de l'absence, à ce moment-là, du président
de la régie, qu'il voudrait continuer avec le programme 3.
C'était une décision de ce matin seulement. Je reviens donc
à la décision que la commission a prise, soit de passer au
programme 5 dès le commencement de nos travaux, ce matin.
Donc, le programme 5, messieurs. M. le ministre.
M. TOUPIN: Alors, est-ce que tout le monde est d'accord sur cette
suggestion du président?
M. BURNS: II le faut bien, le président vient de nous donner sa
décision.
LE PRESIDENT (M. Séguin): L'avertissement a été
donné.
M. TOUPIN: Le programme 5 concerne surtout les ententes
fédérales-provinciales dans le cadre... Oh, je m'excuse, c'est la
commercialisation. Ah Bon! d'accord.
Commercialisation M. TOUPIN: Ce programme concerne sur- tout tout
ce qui a trait à ce dont on a parlé depuis un bout de temps, le
secteur de l'agro-alimentaire, la question des prix aux producteurs agricoles
et la question de la qualité des produits aux consommateurs.
Je n'ai pas de déclaration générale à faire
au départ. Je suis disposé à répondre
immédiatement aux questions des membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, nous avons reçu ce matin des
statistiques concernant les pourcentages d'autoapprovisionnement au
Québec, dans l'agriculture. Or, j'avais soumis, lors de la discussion
générale, un chiffre selon lequel les sociétés
québécoises contrôleraient seulement 30 p.c. de la
commercialisation des produits alimentaires au Québec, ces statistiques
provenaient d'un discours du ministre de l'Industrie et du Commerce à un
symposium agroalimentaire.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner certaines informations,
à savoir si les chiffres qu'a donnés, à ce
moment-là, le ministre de l'Industrie et du Commerce, soit un
contrôle de seulement 30 p.c. de notre commercialisation par l'industrie
québécoise sont exacts, ou est-ce que le ministre aurait d'autres
statistiques à ce sujet?
Comme je le disais à ce moment-là, il s'agissait d'une
affirmation du ministre de l'Industrie et du Commerce qui disait, à la
page 2 de son allocution... Je ne sais pas, puisque les deux ministres ont eu
à faire une allocution à ce colloque, s'ils ont
évité de préparer leur discours ensemble ou de se
consulter, mais il semble que les chiffres ne sont pas les mêmes.
En effet, il s'agit d'une industrie fort importante, qui a un volume de
$3 milliards par année et qui donne des emplois à 160,000
travailleurs, au Québec, mais, tel que le disait le ministre, les
entreprises canadiennes et étrangères contrôlent 70 p.c. de
ce commerce. A peine 30 p.c. de notre industrie alimentaire sont
contrôlés par des intérêts québécois,
disait le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Est-ce que ces chiffres sont réels? Est-ce que le ministre
pourrait nous donner des explications? Ou est-ce que le ministre pourrait nous
dire quels sont les programmes qu'il entend mettre de l'avant dans ce domaine,
qui est un domaine fort important? Il faut quand même comprendre que tant
et aussi longtemps que les agriculteurs du Québec ne pourront pas entrer
dans le domaine de la commercialisation et contrôler, justement, ce
secteur, cela sera toujours un problème de développer
l'agriculture, au Québec, puisque nous subirons le dumping de
l'étranger, comme c'est le cas actuellement. Les grosses entreprises
canadiennes ou américaines auront tendance à importer leurs
produits de l'extérieur, ce qui est malheureusement le cas pour le
marché de Montréal.
Comme on le disait tout à l'heure, le programme du financement
est très important mais celui-là aussi est un programme
très important. Il est urgent d'avoir des programmes précis pour
permettre à l'industrie québécoise et surtout, par le
développement du système coopératif, aux agriculteurs
québécois de dominer la grande partie de la commercialisation au
Québec.
J'aimerais bien que le ministre nous donne quelques informations sur
ça. Je comprends que ce matin le ministre est pris, un peu comme les
membres de l'Opposition, un peu de court mais j'aimerais qu'il fasse un
exposé un peu plus long puisque c'est un programme important. J'aimerais
qu'il nous donne en tout cas, ses politiques générales dans ce
domaine, ce qu'il entend faire pour essayer d'améliorer la
situation.
M. TOUPIN: M. le Président, d'abord je ne sais pas où le
ministre de l'Industrie et du Commerce a pu puiser ses statistiques; cela nous
paraft, quant à nous, purement et simplement une erreur de
dactylographie.
M. LESSARD: Le ministre a-t-il pris connaissance du discours?
M. TOUPIN: Oui. C'est probablement le contraire qui se produit, c'est 70
p.c-30 p.c. plutôt que 30 p.c-70 p.c., il faudrait transborder les
chiffres d'un côté à l'autre de la clôture.
Alors, si vous voulez...
M. LESSARD: Le ministre de l'Agriculture affirmerait le contraire.
M. TOUPIN: Je dis que je présume que c'est une erreur de
dactylographie parce que dans notre esprit, quant à nous, c'est le
contraire.
Je voudrais que le député de Saguenay prenne la feuille
qu'on lui a remise ce matin. Nous allons prendre les principales productions
agricoles du Québec et nous allons mettre des chiffres au bout de
ça. Le secteur du lait. Le secteur du lait est un secteur de
transformation et de mise en marché. C'est le secteur le plus solide au
Canada. 85 p.c. du lait est transformé actuellement par le secteur
coopératif ou à peu près et toutes les coopératives
sont québécoises. Il n'y en a pas une qui ne soit pas
québécoise. La Coopérative fédérée,
par sa filiale de Granby, reçoit à elle seule 70 p.c. du lait
industriel, au-delà de 3 milliards ou 3 milliards et demi de livres de
lait. Alors, je ne vois pas où se situent là-dedans les 30 p.c.
et cela c'est de la transformation et de la mise en marché. Le
secteur des viandes. Enlevons le veau, qui en très grande partie est
vendue à l'extérieur à l'état nature, à
l'état vivant. Donc, il n'y a pas de transformation là-dedans. Et
je vais aller plus loin que ça, quand on parle d'auto-approvisionnement
on ne tient pas compte, très souvent, des viandes qui sont vendues
à l'étranger sans transformation. On se situe autour du
degré provincial d'approvisionnement, entre 60 p.c. et 63 p.c; le
chiffre 60 p.c. qu'on a mis en bas ici est très, très
conservateur. Le chiffre que vous avez au bas de la page. Cela se situe entre
60 p.c. et 63 p.c. et on ne parle pas de plusieurs denrées agricoles qui
sont exportées à l'état nature à l'étranger
parce qu'elles ne passent pas par l'état transformé.
Dans le secteur des viandes on a parlé du veau le
porc, lui, est transformé au Québec par la majorité des
abattoirs québécois, tout le porc produit sur le marché
québécois; le boeuf c'est la même chose. On a
au-delà de 100 abattoirs au Québec, plus que ça, on disait
l'autre jour qu'il y en avait 400, dont 300 ne subissaient pas l'inspection
obligatoire; on l'a déjà dit, c'est vrai et c'est en train de se
corriger. Il y a 20 ou 25 abattoirs au Québec qui sont approuvés
Canada et approuvés Québec et qui transforment non seulement la
viande produite au Québec mais aussi celle qui vient de
l'extérieur, pour une bonne partie d'entre eux. La Coopérative
fédérée de même que certaines autres grandes
entreprises ont des abattoirs sur le territoire et transforment les viandes
québécoises.
La question ovine, n'en parlons pas; on n'a presque pas de production de
mouton au Québec. Le secteur avicole, tout le secteur des volailles, il
y a une seule entreprise au Québec qui n'est pas
québécoise, c'est Canada Packers et c'est la plus petite
actuellement...
M. LESSARD: Nestlé...
M. TOUPIN: ... qui transforme...
M. LESSARD: ... Kraft...
M. TOUPIN: Je parle des abattoirs.
M. LESSARD: Des abattoirs, oui, Kraft.
M. TOUPIN: Oui, des abattoirs.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: Oui, Kraft est sur le territoire, mais pas dans le domaine
des viandes.
M. LESSARD: Non, d'accord, mais dans le domaine du lait, par
exemple.
M. TOUPIN: Dans le domaine du lait, oui. Mais Kraft ne transforme pas le
lait; c'est Granby qui transforme tout le lait, qui s'entend avec...
M. LESSARD: Mais la mise en marché? M. TOUPIN: On y reviendra
tantôt... M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: ... à la mise en marché; on va parler de la
transformation.
M. LESSARD: C'est ça, justement.
M. TOUPIN: Oui, on va parler de la transformation. Dans les volailles,
il n'y a pas de problème; 90 p.c. des volailles produites au
Québec sont transformées sur le territoire. Dans le domaine des
légumes, il y a seulement 20 p.c. qui sont transformés
lorsque vous prenez toute la gamme par des entreprises
extérieures, qui sont Green Giant, d'une part, et l'autre, c'est
Canadian Canners. A part de ça, ce sont toutes des entreprises
québécoises qui transforment, qui font des produits
maraîchers au Québec, les produits mis en boîte, les
conserveries. A compter de ça, par hypothèse, je présume
que c'est 70 p.c. transformés au Québec et 30 p.c.
transformés par des entreprises extérieures qui viennent au
Québec.
Prenons maintenant la distribution. Quelle est la plus grosse chafne de
magasins qui distribue au Québec, les denrées alimentaires? C'est
Steinberg et, dans l'ensemble, Steinberg c'est québécois, si ma
mémoire est fidèle. Ecoutez, la plus grande partie de ses
magasins sont au Québec; c'est québécois, la compagnie
Steinberg.
M. LESSARD: Ce n'est pas contrôlé, c'est
canadien-français?
M. TOUPIN: C'est encore curieux; fouillez dans les cadres et vous allez
rester surpris. Je travaille avec eux je ne veux prendre ici la
défense d'aucune entreprise et Steinberg, c'est
canadien-français.
M. LESSARD: Est-ce que...
M. TOUPIN: Tous les magasins indépendants au Québec
mettent en marché, à ce jour, 20 p.c. des produits alimentaires.
Tous ces marchés sont québécois; ça appartient
à des québécois. Provigo, la plus grosse entreprise
canadienne-française dans le domaine de l'entreposage des produits
alimentaires, c'est québécois. Quelles sont les autres
chaînes qui viennent de l'extérieur? Il y a Dominion qui distribue
7 p.c, à peu près, des denrées alimentaires au
Québec. C'est le seul secteur québécois, actuellement,
où on peut dire vraiment qu'on contrôle encore, à plus de
60 p.c, 65 p.c, toute la chaîne de distribution, d'alimentation et de
transformation des produits.
Je n'ai pas d'objection à ce que vous tentiez de donner une
interprétation aux chiffres que M. Saint-Pierre a donnés.
M. LESSARD: Je ne donne pas d'interprétation, M. le
Président. Est-ce que le ministre veut que je les lise?
M. TOUPIN: Alors, je vais changer ma façon...
M. LESSARD: Est-ce que le ministre veut que je les lise?
M. TOUPIN: Non, d'accord, ça va. Je vais changer ma façon
de parler. Je n'ai pas d'objection à ce que vous lisiez les chiffres que
M. Saint-Pierre a donnés au moment où il a rencontré le
Symposium agro-alimentaire. Je suis prêt à regarder avec M.
Saint-Pierre, maintenant, s'il y a erreur ou pas dans cette
affaire-là.
M. LESSARD: II faudrait que, justement...
M. TOUPIN: Mais nous croyons que ce que je viens de vous dire, c'est la
réalité. On peut mettre des chiffres, maintenant, au bout.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre peut nous donner les
chiffres qu'il veut, mais je souhaiterais que le ministre nous donne ses
chiffres lorsqu'il nous affirme, par exemple, que ce seraient des chiffres
contraires. Est-ce qu'une étude a été faite dans ce
secteur, en particulier sur la commercialisation des produits agricoles, au
ministère de l'Agriculture? Parce que, M. le Président, je
voudrais savoir qui croire. Nous, de l'Opposition, n'avons pas les mêmes
moyens que le gouvernement pour faire des études et des recherches dans
ce domaine. Mais je voudrais savoir qui croire. Vous me permettrez, M. le
Président, puisque le ministre de l'Agriculture met en doute les
chiffres du ministre de l'Industrie et du Commerce, qui prononçait une
conférence lors du Symposium agro-alimentaire, de donner lecture d'une
partie de cette conférence. Les deux ministres devront se rencontrer
pour nous donner des chiffres exacts. Parce qu'ici, M. le Président, le
ministre peut nous dire n'importe quoi...
M. TOUPIN: M. le Président...
M. LESSARD: ... mais, M. le Président, je me fie sur cela...
M. TOUPIN: ... je m'excuse et je demande au député de
Saguenay de retirer ses paroles. Je ne dis pas n'importe quoi et je lui donne
des statistiques pour prouver mes avancés. Qu'il vérifie les
statistiques partout où il peut les prendre et, si je raconte des
histoires sur les statistiques qui sont ici, qu'il vienne me le dire
carrément, mais pas subtilement.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais savoir qui raconte des
histoires; est-ce que c'est le...
M. TOUPIN: J'ai dit qu'il est possible...
M. LESSARD: ... ministre de l'Agriculture...
M. TOUPIN: ... qu'il y ait eu une erreur...
M. LESSARD: Non, M. le Président...
M. BURNS: II répète deux fois son chiffre.
M. TOUPIN: Alors, qu'il répète deux fois son chiffre, moi,
je donne les statistiques qui sont ici et ce sont des statistiques officielles,
québécoises.
Si vous êtes capables de les débâtir,
débâtis-sez-les.
M. LESSARD: M. le Président, vous me permettrez de lire cette
partie du discours fort important du ministre Saint-Pierre qui, par la suite,
propose un certain nombre de solutions. Voici ce que disait le ministre
Saint-Pierre. Cela a été reproduit par les journaux et, à
ce que je sache, le ministre de l'Agriculture n'a pas répondu au
ministre Saint-Pierre, et le ministre Saint-Pierre n'a pas modifié les
chiffres qu'il donnait à ce moment-là.
Le ministre Saint-Pierre disait ceci: "Je ne vous apprendrai rien en
vous rappelant que l'industrie agro-alimentaire représente un volume de
$3 milliards par année au Québec, y compris la distribution et la
production, et qu'elle offre environ 160,000 emplois directs et indirects
à la population. Vous savez également écoutez bien
que l'industrie agro-alimentaire au Québec est
contrôlée à 70 p.c. par des entreprises canadiennes
d'accord ou étrangères qui, dans certains cas, sont
soumises à une concurrence très limitée". A une
concurrence très limitée, ce qui veut dire qu'il y a un certain
cartel dans ce secteur.
M. Saint-Pierre répétait à nouveau: "A peine 30
p.c. de notre industrie alimentaire est contrôlée par des
Québécois, par des intérêts
québécois". Je pense, étant donné l'importance de
ce secteur, étant donné justement que le ministre lui-même
fait énormément de publicité autour de ses programmes pour
permettre un meilleur contrôle de la commercialisation de nos produits
aliemntaires, étant donné aussi qu'il devient urgent que les
producteurs des produits agricoles puissent avoir au moins un certain
contrôle dans la mise en marché, dans la commercialisation, qu'il
est important, pour nous de l'Opposition, de savoir quelle est la situation
exacte dans ce secteur, mais non pas en se basant, M. le Président, sur
des affirmations que nous ne pouvons pas contrôler, je demande au
ministre, justement, et je comprends ce que le ministre nous soumet ce matin,
c'est au niveau de la production comme telle, mais il y a une distinction entre
la production... Je comprends que les agriculteurs québécois
contrôlent une grande partie de la production québécoise
dans le domaine du lait. C'est d'ailleurs l'un des secteurs où nous
sommes le plus fort, où on s'impose le plus. Oui, dans d'autres secteurs
aussi, mais est-ce que les agriculteurs québécois ont une
certaine force au niveau de la commercialisation? Est-ce que les
intérêts québécois ont un certain contrôle de
la commercialisation? On sait les conséquences que cela peut comporter.
Le ministre Saint-Pierre parlait justement de Nestlé qui ne transformait
pas ou à peu près pas de produits ici au Québec.
Est-ce que le ministre, là-dessus, continue de croire que ses
chiffres sont les vrais chiffres? Si c'est le cas, je voudrais que le ministre
nous dise sur quelle étude il se base, non pas en disant par exemple que
les petits détaillants indépendants contrôlent 20 p.c. du
marché, que Provigo contrôle 7 p.c. du marché ou que
Steinberg contrôle telle partie du marché. Je voudrais justement
que le ministre nous donne des informations entreprise par entreprise, afin
qu'on puisse savoir quelle est la partie de ce marché, de cette
commercialisation que contrôlent l'entreprise québécoise,
les intérêts québécois.
Il est urgent qu'on le sache, M. le Président. Or, il semble que
les deux ministres qui ont donné une conférence exactement au
même endroit, aient des chiffres différents là-dessus.
Comment se fait-il que le ministre de l'Agriculture n'ait pas corrigé
immédiatement.
Puisque la conférence du ministre de l'Industrie et du Commerce a
été couverte par les journaux, comment se fait-il que le ministre
prend conscience pour la première fois de cette affirmation du ministre
de l'Industrie et du Commerce? Il me semble que cela devrait être
important qu'il y ait consultation entre ces deux ministères-là;
non, il semble qu'il y ait conflit entre les deux ministères, il semble
justement que chaque ministère a ses politiques ou ses façons de
calculer l'affaire.
Moi, je redemande au ministre s'il est possible d'avoir des chiffres
exacts basés justement sur des études réelles,
basés sur des études sérieuses qui nous permettent d'avoir
une meilleure idée de ce secteur-là, puisque c'est là un
secteur fort important pour le Québec.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre.
UNE VOIX: Cela n'affecte rien.
M. TOUPIN: Ecoutez, M. le Président...
M. LESSARD: Cela affecte quelque chose, M. le Président.
M. TOUPIN: ... je ne veux pas...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur un point concernant les membres de
la commission, je voudrais faire part à la commission que M. Boutin
(Johnson) remplace M. Denis (Berthier) comme membre de la commission. M. le
ministre.
M. TOUPIN: M. le Président, il est bien sûr qu'à la
commission parlementaire je ne voudrais pas soulever de débat sur
l'interprétation que peut donner un ministre par rapport à un
autre dans l'ensemble des statistiques. J'ai donné, ce matin, les
statistiques d'auto-approvisionnement en matière de production agricole
au Québec.
M. LESSARD: Sur le primaire?
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Sur les productions primaires?
M. TOUPIN: Que le député de Saguenay me laisse
terminer.
M. VEILLEUX: II est nerveux.
M. TOUPIN: J'ai donné des statistiques sur
l'auto-approvisionnement au Québec en matière de production
agricole; maintenant, sur la question de transformation et de distribution, il
y a conflit dans la tête du député de Saguenay. Il soutient
que le ministre de l'Industrie et du Commerce, lui, parle de tant de
statistiques et que nous parlons de tant d'autres statistiques. Je vais
m'informer auprès du ministère de l'Industrie et du Commerce pour
savoir quels sont les critères qu'ils ont utilisés pour en
arriver à cette conclusion et je vais regarder je viens d'appeler
le service économique de recherche comment nous
interprétons, au ministère, les statistiques au niveau du
ministère de l'Agriculture et si, effectivement, il y a eu de part et
d'autre mésentente dans l'interprétation à donner.
J'apporte un exemple: Doit-on considérer la compagnie Steinberg comme
une compagnie canadienne ou comme une compagnie québécoise? C'est
toute la différence et il n'y a pas de doute possible. Doit-on
considérer Provi-go comme une compagnie québécoise ou
comme une compagnie canadienne? C'est encore toute la différence. Il
faudrait bien que j'essaie de savoir comment le ministre de l'Industrie et du
Commerce a donné une interprétation à ces
politiques-là. A compter de cela je ne vois pas d'inconvénient
cet après-midi, après la période des questions, si les
travaux de la commission reprennent, à donner l'opinion et du ministre
de l'Industrie et du Commerce et la mienne quant aux critères sur
lesquels nous nous basons pour déterminer au Québec ce qu'on
appelle l'auto-approvisionnement, d'une part, et la place des Canadiens
français dans la transformation et la distribution des denrées
alimentaires au Québec.
M. LESSARD: Remarquez, M. le Président, qu'en ce qui concerne
l'auto-approvisionnement je ne conteste pas les chiffres du ministre qui nous
sont donnés ici...
M. TOUPIN: On prendra l'autre, cet après-midi.
M. LESSARD: ... puisque je n'ai pas de chiffres provenant du ministre de
l'Industrie et du Commerce. Pour bien préciser ce que nous disons, c'est
que les Québécois et, en particulier, les agriculteurs
québécois ne contrôlent pas le niveau de transformation et
le niveau de la mise en marché. Je comprends que le ministre nous donne
ce matin le degré d'auto- approvisionnement au niveau des productions
primaires, mais nous parlons de la phase 2 et de la phase 3, soit la
transformation et la commercialisation.
Ce que nous disons, tel que le disait le ministre Saint-Pierre,
d'ailleurs...
M. TOUPIN: ... distribution.
M. LESSARD: ... ou la mise en marché, si vous voulez.
C'est là qu'est la rentabilité, c'est là qu'est
l'argent, un peu exactement comme dans n'importe quel secteur de
l'activité économique québécoise. D'ailleurs, le
ministre en est informé puisque ça fait au moins trois ans qu'il
se promène à travers le Québec et qu'il affirme
lui-même qu'il faut établir des programmes pour permettre aux
agriculteurs de participer beaucoup plus à la phase 3 et à la
phase 2 de l'industrie agro-alimentaire.
M. TOUPIN: Le député de Saguenay me le permettra, je ne
vois pas d'inconvénient à prendre encore une heure, si on veut,
pour discuter ces choses-là, entendre les mêmes choses, faire
répéter les mêmes choses, je n'y vois pas
d'inconvénient. J'ai donné mon opinion là-dessus
tantôt, je m'en vais la redonner encore. Vous avez ici des politiques
d'auto-approvisionnement. Lorsqu'on a commencé à travailler au
ministère, on a voulu travailler à compter de statistiques; ce
sont les statistiques que nous possédons et c'est à compter de
ces statistiques qu'on fait nos programmes. Quand on a parlé du
regroupement agro-alimentaire, on a toujours soutenu qu'on devrait regrouper
les entreprises au Québec. Je pense que le ministère a
donné là-dedans des preuves évidentes, non seulement de
bonne foi, mais des preuves évidentes et concrètes de
regroupement d'entreprises. Québec-Lait en est un exemple bien typique.
On commence bientôt avec le secteur des abattoirs. On regarde très
sérieusement depuis quelques années le problème des
conserveries. Quand à nous, là-dessus, nos programmes
s'appliquent et ça va.
Maintenant, quelle est l'interprétation à donner
concernant les statistiques de transformation et de distribution des
denrées alimentaires? On peut parler de commercialisation, mais laissons
de côté la commercialisation via les plans conjoints; parlons
plutôt de transformation et de distribution. Les entreprises qui
transforment le produit au Québec, l'empaquettent, le mettent dans des
camions puis le dirigent vers les magasins à succursales, essayons de
savoir maintenant à qui elles appartiennent. Le ministère de
l'Industrie et du Commerce, d'après un discours du ministre, dit: C'est
30 p.c. Nous, nous prenons les statistiques que nous avons ici et nous mettons
au bout, tout de suite, parce qu'on a des statistiques au bureau, les
principaux secteurs de consommation et de transformation au Québec. Moi,
je ne vois pas
comment on peut dire que, dans le lait, on n'a que 30 p.c. de
transformation de nos produits, je n'arrive pas à comprendre.
M. LESSARD: C'est général, M. le Président, ce
n'est pas 30 p.c. pour le lait.
M. TOUPIN: Oui. Quand je prends le secteur du poulet, c'est la
même chose. Flamingo, à lui tout seul, a combien d'abattoirs? Cinq
ou six abattoirs au Québec et transforme 70 p.c. du poulet au
Québec. Je ne parle pas de la Coopérative
fédérée, qui a ses abattoirs. Il y a les produits Avico.
Dans le domaine des fruits et légumes, c'est la même chose. On
vous a donné tantôt un certain nombre d'éléments. Il
s'agit de savoir maintenant quelle taille on donne à ces entreprises.
Est-ce qu'on leur donne une taille nationale ou si on leur donne une taille
provinciale? Si on dit que Steinberg est national, les 70 p.c. du Canada, si
Steinberg entre dedans, c'est une autre affaire. Mais Steinberg, ses grosses
activités sont au Québec, elles ne sont pas ailleurs. Il y a plus
de 65 p.c. ou 70 p.c. de ses affaires qui se font au Québec, de ses
magasins, quand vous regardez ceux qu'il y a en Ontario par rapport à
ceux au Québec. Dominion, c'est le contraire. Ses magasins sont en
Ontario et moins au Québec. Provigo vend partout au pays, mais c'est
surtout québécois. Ce sont les grandes entreprises
agro-alimentaires québécoises. Que voulez-vous? Je prends les
chaînes Richelieu, j'avais toutes les statistiques, l'autre jour. H y a
des chafnes au Québec qui vendent à peine 2 p.c. de la
distribution des denrées alimentaires. Ce sont des petites chaînes
locales, régionales, mais qui sont présentes quand même.
Quand on met ça ensemble toutes ces petites chafnes, qui sont la
propriété, la plupart du temps, de Canadiens français,
cela fait entre 18 p.c. et 20 p.c. à peu près de la distribution
des denrées alimentaires. Ce sont des statistiques, nous au
ministère, qu'il faut réviser constamment, parce que Jos, au
coin, hier il était avec IGA puis dans deux jours il va être avec
Provigo, avec Provigain, je ne sais pas, moi. On peut discuter longuement
là-dessus. Mais me mettre en contradiction ce matin avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce, non, je n'accepterai pas cela, bien sûr que
non. Je vais aller discuter avec lui avant et je m'en vais venir vous dire
comment lui calcule ses affaires et comment nous, nous calculons les
nôtres.
M. LESSARD: C'est ça. On veut que les chiffres un moment
donné correspondent.
M. TOUPIN: On va le faire aussi, je ne vois pas d'inconvénient
à ça.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Beauce-Sud.
Sur la même question je présume?
M. ROY: Oui, c'est sur une question qui se rattache à
celle-là parce qu'on a parlé de statistiques tantôt et je
remarque...
M. TOUPIN: Quand on rentre là-dedans les bananes, les oranges,
les pommes, non, mais le raisin, etc.
M. LESSARD: C'est certain qu'on ne fera pas de production de
bananes...
M. TOUPIN: Mais il y a la commercialisation, par exemple, au
Québec.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. BURNS: Les bananes ne poussent pas le diable de ce
temps-là.
M. LESSARD: Les cocotiers non plus.
M. ROY: M. le Président, si on me permet. On nous a donné
des statistiques ce matin d'auto-approvisionnement concernant l'année
1972. Je suis un peu surpris, moi, qu'on me donne des statistiques. Je remercie
le ministre de nous les avoir données.
Au moins, nous savons où nous étions le 31 décembre
1972. Mais nous sommes en 1974 et nous aimons savoir où nous allons.
Pour savoir où nous allons, je pense qu'il faut avoir des
éléments de statistiques comparatives d'une année par
rapport à une autre. Là, on peut voir l'orientation, les
tendances. Ces statistiques n'existent pas. On ne nous les a pas fournies. Je
me demande pourquoi le ministre de l'Agriculture, ce matin, étant
donné que le ministère de l'Industrie et du Commerce nous fait
parvenir des statistiques à tous les mois, nous donne des statistiques
d'auto-approvisionnement dans le secteur du lait en 1972, alors qu'au mois de
mai 1973 on nous fournissait déjà les statistiques des cinq
premiers mois de 1973. Et je pourrais avoir présentement les
statistiques des quatre premiers mois de 1974.
Si on compare les statistiques de la feuille de mai 1973 concernant la
production laitière, pour les cinq premiers mois de 1973, par rapport
à 1972, je dis que la situation ne s'améliore pas. La situation
s'aggrave. Parce que dans la production du beurre de crémerie, c'est 80
p.c. au mois de mai 1972 par rapport au mois de mai 1973. Au Canada, c'est 85
p.c. Donc, la diminution est plus forte au Québec qu'au Canada alors que
la province de Québec est une province laitière. Dans la
production du fromage, c'est la même chose. On constate qu'au
Québec la production est de 99 p.c, il y a une diminution, et qu'au
Canada elle est de 93 p.c. On a la même chose dans la section du lait
pour les concentrés de lait entier. Au mois de mai 1973 par rapport au
mois de mai 1972, la production québécoise était de 77
p.c.
Je suis un peu surpris, pour ne pas dire déçu, de
constater qu'on nous donne de vieilles statistiques alors que le gouvernement
en possède de meilleures. On aurait pu nous apporter au moins les
statistiques de 1973 et faire une comparaison avec 1972. Je pense que l'image
et
les propos optimistes que le ministre nous a tenus ce matin seraient
passablement changés. Je veux bien croire que l'on puisse avoir une note
d'optimisme, et c'est important. C'est intéressant d'être
optimiste. Mais je pense qu'on ne fait pas mentir les chiffres. Lorsqu'on
apporte uniquement des statistiques d'une année, cela nous situe dans le
contexte de l'année actuelle, de l'année pour laquelle les
statistiques nous sont données.
Mais si l'on fait une analyse de deux ou trois ans, c'est là
qu'on voit les tendances. Je prends les statistiques qui nous sont fournies par
le ministère de l'Industrie et du Commerce, qui nous sont fournies
à chaque fois, et je constate que la situation se
détériore. Elle se détériore sérieusement.
D'après les statistiques qu'on nous a fournies, l'on parle du
degré provincial moyen de l'auto-approvisionnement, qui était de
60 p.c. en 1972. Il est de combien, en fait, en 1973? J'aimerais que le
ministre nous le dise. Je sais que le ministre pourrait nous faire la.
même feuille; les officiers du ministère de l'Agriculture
pourraient nous faire exactement la même feuille, ils ont les
statistiques de 1973. Qu'on en fasse un élément de comparaison.
On sera alors en mesure de savoir où nous allons et de savoir quel
secteur se détériore le plus sérieusement ou encore quel
secteur pourrait connaître une amélioration.
Je pense qu'on pourrait ainsi faire un travail positif, un travail
objectif et un travail à partir de données réelles, peu
importe les chiffres que le ministère de l'Industrie et du Commerce nous
a donnés.
Si le ministère de l'Industrie et du Commerce a pris les chiffres
de 1973 et que le ministre de l'Agriculture prend les chiffres de 1972, je suis
convaincu qu'il peut y avoir une bonne divergence de vues. Pourquoi le
ministère de l'Agriculture, était donné les
disponibilités, étant donné que c'est dans ce secteur
surtout que le ministère de l'Industrie et du Commerce est
organisé pour donner les statistiques les plus à jour possible,
ce matin, nous donne les statistiques de 1972?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: M. le Président, je vais répondre. C'est
très facile, tout compte fait, de donner des réponses à
ça. Si on n'avait jamais plus de difficulté que ça, cela
irait bien.
D'abord, il y a un service de statistiques au Québec et c'est le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Il n'y en a pas deux. Bon. Ce
service de statistiques, c'est lui qui tient à jour les statistiques.
Nous, au ministère de l'Agriculture...
M. ROY: Cela, on le sait.
M. TOUPIN: Si vous le savez, ne posez pas trop de questions !
M. ROY: Bien oui, mais vous ne prenez pas les statistiques du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. TOUPIN : Je vais y aller, attendez un peu. LE PRESIDENT (M.
Séguin): A l'ordre!
M. TOUPIN: Ne montez pas sur la table, on a du temps encore pour
travailler. Alors, c'est ce ministère qui met à jour les
statistiques. Nous, au ministère de l'Agriculture, à compter des
statistiques du ministère de l'Industrie et du Commerce, cela ne nous
servirait à rien que de faire double emploi.
M. ROY: Bien oui.
M. TOUPIN: Qu'est-ce que cela nous donnerait, ce matin, d'avoir dans les
mains une feuille du ministère de l'Agriculture, d'une part, et une
feuille du ministère de l'Industrie et du Commerce, d'autre part, qui
vont vous donner les mêmes statistiques?
M. LESSARD: Vous contestez les chiffres du ministère de
l'Industrie et du Commerce.
M. ROY: J'en conviens.
M. TOUPIN: Oh! Une minute là. On va discuter de cette affaire. On
va parler de cette affaire. C'est le ministère de l'Industrie et du
Commerce qui fait des statistiques.
Nous, nous les prenons année par année, ces statistiques,
nous faisons des comparaisons. On en a qui sont des statistiques propres
à nous autres, parce que le Service des statistiques du ministère
de l'Industrie et du Commerce va parfois presque aussi loin que nous, ce qui
est normal, parce que nous, on a besoin d'un certain nombre d'indications pour
orienter nos programmes dans les voies qu'on croit devoir les orienter.
Or, on fait, nous, à peu près à tous les ans,
parfois un an en retard, la compilation générale des statistiques
et on fait des comparaisons avec les cinq dernières années. On
essaie de voir, dans les cinq dernières années, si on a
marché ou pas dans le bon sens.
M. ROY: Est-ce que vous les avez? Est-ce que vous avez ces statistiques
des cinq dernières années?
M. TOUPIN: Les statistiques de 1973 devraient sortir bientôt. Oui,
oui. Nous avons celles de 1972. On a sorti de toute façon tout un
document là-dessus qui a été rendu public.
M. LESSARD: Le plan agro-alimentaire?
M. TOUPIN: Non, le plan agro-alimentaire n'est pas encore rendu public.
Ce sont simplement des statistiques qui sont là...
M. LESSARD: .........en application.
M. ROY: Rendues publiques au ministère.
M. TOUPIN: ... et qui ont été compilées au cours
des dernières années. Vous pouvez voir les tendances,
là-dedans. Est-ce pour les cinq ou les quatre dernières
années? Je ne sais pas. En tout cas, depuis 1965.
La preuve, c'est qu'en 1965 le député de Saguenay
lui-même le disait on parlait de 50 p.c. d'auto-approvisionnement,
au Québec, et cette année, on parle de 60 p.c.
M. LESSARD: 52 p.c.
M. TOUPIN: 52 p.c. Et on parle de 60 p.c. Alors, cela fait 8 p.c. dans
pas tout à fait dix ans. Cela fait 1 p.c. par année. Moi, je suis
content de cela. Bien honnêtement, je suis content. Parce que si on
continuait dans cette perspective, en 1980 ou en 1985, on atteindrait à
peu près l'auto-approvisionnement au Québec, c'est-à-dire
85 p.c, à peu près.
M. ROY: Oui mais qu'est-ce qui me dit, au moment où on parle, que
la partie des statistiques de 1972...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. TOUPIN: Je vais continuer. Je vais prendre l'exemple que vous avez
pris. C'est toujours l'exemple qu'on prend parce que c'est celui qui est le
plus facile à comparer. C'est le lait. Vous dites: On ne produit pas de
beurre au Québec. C'est vrai qu'on n'a pas produit assez de beurre.
M. ROY: Je ne dis pas, je constate les chiffres. Les chiffres du
ministère de l'Industrie et du Commerce sont là et je me suis
basé sur les chiffres.
M. TOUPIN: Bien sûr, je ne les conteste pas, non plus, ces
chiffres. C'est vrai qu'on a produit moins de beurre au Québec. C'est un
fait qu'on en a produit moins et il est possible qu'on en produise encore moins
cette année qu'on en a produit l'année passée, pour une
raison très simple. C'est que nous, on veut que l'agriculteur
québécois ait un prix pour son produit. Quand c'est payant, faire
du fromage, quand c'est payant, faire de la poudre de lait, quand c'est payant,
faire du lait nature, c'est cela que les entreprises font. C'est cela que les
entreprises font.
Il y a d'autres provinces qui sont équipées pour faire
plus de beurre. L'Ontario en a fait plus que nous, par exemple, parce que
l'Ontario a encore des producteurs de crème alors que nous n'en avons
plus, nous, au Québec, de producteurs de crème. Ce sont des
producteurs laitiers que nous avons. Et nous allons continuer dans cette
perspective.
On exporte beaucoup de fromage, on importe du beurre. On exporte
beaucoup de lait en poudre, on importe du beurre. Mais c'est payant, cela, pour
les agriculteurs québécois et dans l'auto-approvisionnement, au
Québec; cela ne dérange rien, rien, rien. Cela ne dérange
absolument rien. C'est la polyvalence de la transformation, de la distribution
et de la commercialisation des denrées alimentaires au
Québec.
Si l'industrie laitière, au Québec, se maintient
actuellement et qu'elle subit des chocs moins élevés que dans les
autres provinces, c'est précisément parce qu'on a
épousé cette politique en 1970, celle de la polyvalence, celle de
l'exploration des marchés extérieurs et celle de satisfaire,
autant que possible, les besoins québécois dans les produits qui
sont demandés par les Québécois.
C'est dans cette perspective qu'on travaille. Moi, cela ne
m'inquiète pas du tout qu'on importe du beurre. Cela ne me
dérange pas du tout. Cela me dérangerait bien plus si on
arrêtait d'exporter du fromage, par exemple, si on arrêtait
d'exporter de la poudre. Cela, ça ferait mal à l'agriculture du
Québec, cela ça ferait mal à la production laitière
québécoise.
On pourrait augmenter notre production laitière et mettre du
beurre sur le marché, en mettre plus. On pourrait le faire, mais ce
n'est pas payant, actuellement, pour les producteurs que de le faire. Ce n'est
pas payant. Les entreprises ont choisi de faire ça et je suis d'accord
avec elles, dans cette perspective.
La production laitière, l'année passée, au
Québec, a diminué de 3 p.c. Cette année, j'ai
rencontré l'ensemble des autres secteurs, outre les producteurs
on présume qu'il y aura une augmentation. Tout sera relié
à la température, bien sûr. Mais on présume qu'il y
aura une augmentation, qui pourra varier entre 3 p.c. et 4 p.c, pour maintenir
à peu près ce qu'on a au Canada, comme production
laitière, dans l'ensemble.
C'est à peu près 40 p.c. qu'on fait, du lait, au Canada?
Le Québec fait à peu près 40 p.c. de la production
laitière canadienne? Bon. On est à 127 p.c, dans le lait. Plus
que cela, oui? 127 p.c. à 130 p.c. de notre consommation, au
Québec. II n'y a pas de problème, cette production, on va la
maintenir et on va continuer à travailler dans cette perspective. Il n'y
a pas de doute possible là-dessus.
Les statistiques que vous donnez, c'est ce que cela veut dire. On ne les
a pas, nous, d'année en année, de mois en mois, comme le
ministère de l'Industrie et du Commerce le fait. C'est vrai qu'on ne les
a pas.
M. ROY: Est-ce que vous en prenez connaissance?
M. TOUPIN: C'est bien évident qu'on en prend connaissance et
qu'on les regarde. C'est à compter d'une bonne partie de ces
statistiques
que nous, on bâtit les nôtres et à compter d'un
certain nombre d'autres que nous avons. C'est comme ça qu'on
travaille.
M. ROY: M. le Président, j'aimerais bien croire le ministre,
lorsqu'il parle de la polyvalence des industriels laitiers et des industries
laitières.
M. TOUPIN: C'est un fait!
M. ROY: M. le Président ! Lorsque le ministre nous parle de la
polyvalence et qu'on a décidé de produire moins de beurre au
Québec et de produire plus de lait en poudre...
M. TOUPIN: C'est exact.
M. ROY: ... pour la bonne raison que c'est plus payant, je suis d'accord
avec lui, c'est plus payant.
M. TOUPIN: C'est vrai.
M. ROY: Mais je ne suis pas d'accord avec lui, par exemple, quand il dit
qu'on a augmenté la production de lait en poudre. Si je prends les
mêmes statistiques, M. le Président, c'est le point que j'ai voulu
signaler tout à l'heure.
M. TOUPIN: M. le Président, je n'ai pas dit...
M. ROY: ... durant l'année 1973, par rapport à
l'année 1974, dans la production de concentrés de lait entier il
y avait une diminution de 23 p.c. en mai 1973 par rapport à mai 1972,
alors qu'au Canada il n'y avait qu'une diminution de 6 p.c. Je vais aller plus
loin, M. le Président, la production totale de concentrés de lait
écrémé a diminué de 3 p.c. par rapport à la
production canadienne qui était de 100 p.c. Dans les mélanges
pour la crème glacée, ce fut une autre chose. Disons que c'est
une quantité qui est de beaucoup inférieure mais ça
concerne quand même un marché assez important parce que c'est un
domaine assez payant. Alors, une diminution de 19 p.c. dans la province de
Québec alors qu'au Canada, nous avions une diminution de 8 p.c.
M. TOUPIN: C'est vrai...
M. ROY: J'espère que le ministre finira par comprendre que toutes
les politiques que nous avons dans le domaine de l'industrie laitière
présentement font que l'industrie laitière au Québec
décroît continuellement et que les agriculteurs sont
obligés de s'en aller, de diminuer...
M. TOUPIN: Ce n'est pas vrai.
M. ROY: ... c'est tellement vrai que le ministre avoue une diminution de
production, pour l'année dernière, de 3 p.c...
M. TOUPIN: C'est un fait.
M. ROY: ... alors qu'on devrait parler d'une augmentation de la
consommation. Parce qu'il y a quand même plus de population dans la
province de Québec, un peu plus de population...
M. TOUPIN: M. le Président, je vais être obligé de
donner un cour d'économie politique.
M. ROY: ... on n'a parlé que de revenus moyens. M. le
Président, on a quand même dit que le revenu moyen s'est accru
l'an dernier par rapport à l'autre. Nous devrions et ce serait
normal...
Je comprends que le député de Lotbinière et le
député de Saint-Jean se foutent pas mal de la classe agricole, et
que les agriculteurs s'en aillent. Je comprends que cela ne les
intéresse pas...
M. VEILLEUX: Un instant.
M. ROY: ... parce que les questions ont l'air de les fatiguer
passablement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît !
M. VEILLEUX: ... le député de Beauce...
M. MASSICOTTE: M. le Président, une question de
règlement.
Je pense que c'est beau de parler à travers son chapeau, mais
traiter les députés de comtés agricoles de ne pas se
mêler de leurs affaires, moi je pense que c'est aller un peu loin. J'ai
fait un cours d'agronome, je n'ai pas fait un cours de faillite.
M. ROY: M. le Président, je demande au député de
Lotbinière de retirer ses propos. Je l'exige...
M. MASSICOTTE: Je les retirerai en autant que le député de
Beauce retirera les siens.
M. ROY: ... M. le Président, pour des propos antiparlementaires
jeudi dernier. J'exige le retrait des propos du député de
Lotbinière.
M. BURNS: M. le Président, je ne peux qu'appuyer la demande du
député de Beauce-Sud.
M. MASSICOTTE: Qu'il retire les siennes, je retirerai les miennes.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si, lors de l'étude des
crédits, nous nous acharnons à plusieurs reprises à passer
des commentaires d'ordre personnel, ça deviendra assez difficile, vous
savez, chaque fois qu'un commentaire se
fera, de demander des retraits de paroles. Je demanderais plutôt
aux membres de la commission de se contenir et de retenir leurs arguments.
M. ROY: M. le Président, j'exige le retrait des propos qu'a tenus
le député de Lotbinière. Je l'exige, et les
règlements de la Chambre s'appliquent également dans les
commissions. On n'a pas plus le droit de tenir des propos antiparlementaires
lors de commission qu'on a le droit de le faire en Chambre. J'exige le retrait
des propos du député de Lotbinière.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, la question est au
député de Lotbinière. Retirez-vous vos commentaires
ou...?
M. MASSICOTTE: M. le Président, je retirerai mes commentaires si
le député juge à propos justement d'arrêter de dire
aux autres qu'ils ne connaissent rien et qu'ils ne s'occupent pas de leurs
affaires. Nous nous occupons de nos comtés autant que lui peut s'occuper
du sien. S'il retire ses paroles je retirerai les miennes, mais pas sans
cela.
M. ROY: M. le Président, pour la bonne marche de nos travaux,
considérant les interruptions que le député de
Lotbinière a faites, il a dit qu'il retirait ses propos...
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est cela. M. ROY: II les retire, ses
propos?
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est cela, à la condition que
vous observiez la même règle.
M. ROY: Je vais observer les règlements en ce qui me
concerne.
M. MASSICOTTE: Je n'ai pas parlé de règlement, j'ai
parlé de retirer vos propos.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La parole est au député
de Beauce-Sud.
M. ROY: Je dirai donc également, puisque le député
de Lotbinière a retiré ses propos, que je retirerai mes propos en
disant que le député de Lotbinière...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ne recommencez pas, là.
M. ROY: M. le Président, je voulais dire que je retirais mes
propos à l'endroit du député de Lotbinière. Mais je
reviens sur...
M. VEILLEUX: M. le Président, question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Saint-Jean
sur un point de règlement.
M. VEILLEUX: Le député de Beauce a nommé deux
comtés. Qu'il pense ce qu'il voudra du député de
Saint-Jean, ce qui importe pour le député de Saint-Jean, c'est
que les agriculteurs du comté de Saint-Jean sachent que lui, le
député de Saint-Jean, s'occupe de ses agriculteurs, et ils le
savent.
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'ai une indication de part et d'autre,
de la bonne volonté des deux personnes.
M. VEILLEUX: Cela ne me dérange pas, le député de
Beauce pourra dire ce qu'il voudra du député de Saint-Jean, ce
qui est important c'est que les électeurs le sachent.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Très bien, le
député de Beauce-Sud peut continuer.
M. VEILLEUX: Cela l'amuse, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'odre, messieurs!
M. VEILLEUX: C'est correct là.
M. ROY: Je disais donc que dans le domaine des statistiques, on a le
regret de constater que, dans l'industrie laitière de la province de
Québec, les politiques, que ce soient des politiques
fédérales ou des politiques provinciales évidemment
je ne peux pas parler des politiques fédérales à ce
sujet-là mais les politiques qu'on a imposées dans le
domaine agricole, concernant l'industrie laitière, font en sorte que
cette dernière diminue en volume, face à une augmentation de la
consommation.
Alors, on aura beau parler de polyvalence, M. le Président, je
comprends que la polyvalence peut transformer les produits de la classe
agricole, mais je ne parle pas de la polyvalence de la transformation des
produits. Je veux surtout m'en tenir au fait qu'actuellement le nombre
d'agriculteurs qui travaillent dans l'industrie laitière diminue
d'année en année, que ceux qui se sont organisés dans
l'industrie laitière connaissent des problèmes énormes et
sont obligés de souffrir l'endettement quasi épouvantable,
à un tel point qu'ils ont des obligations à rencontrer et qu'ils
ne peuvent pas tenir longtemps.
Le gouvernement, présentement, reporte sur le dos des
consommateurs du Québec cette situation; on est en train de créer
une rareté réelle de la production laitière dans la
province de Québec, afin de permettre à un nombre d'agriculteurs
de plus en plus petit de recevoir de meilleurs revenus. Ceci fait qu'à
l'heure actuelle un grand nombre d'agriculteurs doivent abandonner
l'agriculture et qu'ils sont obligés, pour un certain nombre,
étant donné leur âge, d'avoir recours à l'aide
sociale en attendant les allocations de sécurité à la
vieillesse. D'autre
part, la masse globale de produits, alors que nous aurions des
développements à faire sur le marché international,
pourrait améliorer considérablement la balance des paiements,
surtout concernant la province de Québec. M. le Président, les
statistiques que je viens d'utiliser si j'avais les statistiques de
1974, on verrait les mêmes tendances et celles que le ministre
nous a fournies ce matin nous indiquent où nous étions au 31
décembre 1972, mais ne nous donnent certainement pas d'indication sur
l'orientation que connaît actuellement la classe agricole dans le secteur
de la production laitière dans la province de Québec.
M. TOUPIN: Oui, mais...
M. ROY: J'aimerais que le ministre me dise, dans les statistiques,
combien...
M. TOUPIN: ... il ne me laisse pas parler.
M. ROY: ... d'agriculteurs s'adonnaient à la production
laitière en 1972, combien en 1973 vous devez quand même
avoir des statistiques là-dessus...
M. TOUPIN: Oui, je ne les ai pas amenées ici.
M. ROY: ... et quelle est la tendance de 1974. Je pose ces questions,
car il s'agit de voir les journaux qui annoncent les ventes à l'encan
dans la province de Québec et, si on regarde le volume de la vente des
fermes dans le Québec, ce n'est pas un indicateur très
encourageant qui nous permet d'être optimiste à ce sujet.
LE PRESIDENT: M. Séguin): Le ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai donné tantôt des
réponses à cela. C'est bien évident qu'il y a eu une
diminution de la production laitière au Québec, l'an dernier, de
3 p.c. D'ailleurs, on l'a dit publiquement; il n'y a rien à cacher
là-dedans, c'est la réalité la plus évidente. Bien
sûr qu'il y a des explications qu'on peut donner à cela. Il y a
bien des facteurs qui influencent l'augmentation ou la diminution de la
production. Ce qui est important pour nous, c'est que la production au
Québec a diminué à peu près dans les mêmes
proportions, voire même peut-être un peu moins que dans certaines
autres provinces du pays. Pour nous, c'est un indice que les agriculteurs
québécois, en dépit d'une mauvaise température, et
les industriels québécois également, dans le domaine
laitier, sont parvenus à maintenir quand même une production
suffisante pour-garder la première place au pays et pour conserver nos
marchés sur le plan international de poudre de lait, de beurre, etc.
Il est possible, M. le Président, qu'au cours d'une année
il y ait diminution de 50 p.c. de la production; c'est possible.
M. ROY: Mais ce serait impossible dans l'industrie laitière.
M. TOUPIN: Pourquoi pas? On oriente notre production vers le fromage,
vers d'autres types de production.
M. ROY: Je ne parle pas de production de beurre; je parle de production
laitière globale.
M. TOUPIN: Oui, la production laitière globale on vous l'a
dit tantôt c'est 3 p.c. de diminution. Les contacts que j'ai eus
avec l'ensemble des autres, à ce jour, et les dernières
statistiques qu'on a mois par mois nous indiquent qu'on s'oriente vers au moins
une stabilisation, sinon une augmentation de la production cette année.
Tout sera relié au climat, bien sûr. S'il pleut trop et si,
à l'automne, les gars n'ont pas pu récolter, qu'ils sont
obligés d'acheter et que ça coûte trop cher, bien ils vont
produire moins. Nous sommes concients de cela aussi; nous pouvons donner des
subventions, mais nous ne sommes pas capables, au gouvernement, de donner du
foin et des moulées. Il faut les acheter et, quand il n'y en a pas
beaucoup sur le marché international et que c'est cher, bien ça
influence la production.
Ce sont des réalités économiques avec lesquelles
nous sommes aux prises de façon constante. C'est le secteur agricole
qui, le plus souvent, en subit les premières conséquences. C'est
lui qui profite le moins vite de l'inflation et c'est lui qui paie le plus vite
les coûts de la dépression. C'est l'économie agricole qui
est faite comme cela. Dans l'ensemble du monde, cela se produit ainsi. H y a
des correctifs qui sont apportés d'année en année, mais ce
qui est important pour nous, dans des secteurs aussi vitaux que le lait, les
viandes bovines où on a commencé depuis quatre ou cinq ans
à travailler...
Le boeuf, on avait à peine 15 p.c., il y a cinq ou six ans ou
huit ans. Aujourd'hui, on a 25 p.c. On a fait un bout de 10 p.c.
là-dedans. Il ne faut pas oublier une autre chose le
député de Beauce-Sud devrait savoir ça c'est que,
chaque fois qu'on demande à un agriculteur de s'orienter vers les
productions bovines, il est obligé de faire un choix. Ou il arrête
de produire du lait, puis il fait de la viande bovine, ou il continue à
produire du lait et il ne fait pas de viande bovine. On n'a pas 30 millions
d'acres de terre au Québec; on en a entre 8 et 10 millions au maximum
qu'on peut utiliser à peu près à 100 p.c. Il y a
peut-être 300,000 ou 400,000 acres de terre actuellement qui ne sont pas
utilisées et qu'on pourrait utiliser. C'est pour ça qu'on parle
depuis un certain temps de protéger le territoire agricole. Il y a des
lois qui vont venir là-dessus.
M. BURNS: A cette session-ci?
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'on a jusqu'à l'automne, pour la
présente session.
M. BURNS: Le ministre nous indique que ce ne sera pas avant
l'été, en somme.
M. TOUPIN: Je ne le pense pas; à la session qui va se terminer en
décembre normalement ou en janvier.
Alors, c'est dans cette perspective qu'on oriente les agriculteurs
québécois. Si vous aviez été ici, lorsqu'on a
discuté de l'orientation qu'on veut donner à l'agriculture,
jeudi, on a dit aux députés les choix que le ministère
avait faits. Le ministère a dû faire des choix. Il va être
obligé d'en faire encore dans l'avenir, des choix, à cause du
nombre d'acres qu'on a.
M. LESSARD: Le cabinet accepte-t-il les choix du ministre?
M. TOUPIN: Dans le domaine des orientations agricoles, le conseil des
ministres n'a jamais hésité à donner son appui aux
programmes que le ministère de l'Agriculture avait mis de l'avant. Les
choix qui ont été faits jusqu'ici ont été faits par
le ministère et sont orientés par le ministère. Le conseil
des ministres ne s'est jamais opposé aux choix qu'on avait faits. On a
parlé, à un moment donné, de l'orientation à
l'auto-approvisionnement. On a choisi quatre productions, puis on s'oriente
vers celles-là. Ne nous demandez pas de faire d'autres types de
productions que ça au Québec; on n'a pas le sol pour le faire, on
n'a pas le climat pour le faire; on n'a pas des variétés, non
plus, actuellement assez hâtives pour nous risquer dans ces domaines.
On n'est presque pas présent dans la production ovine, 6.1 p.c.
On a de la misère à trouver des producteurs
québécois qui s'intéressent à l'élevage du
mouton. On n'est pas habitués, nous, à garder des moutons. On est
habitué au Québec à faire d'autres choses que garder les
moutons.
M. LESSARD: On est des moutons on regarde les autres.
M. TOUPIN: Cela, c'est l'interprétation que certains donnent
à la mentalité québécoise. Moi, j'ai toujours cru
que les Québécois étaient capables de se tenir debout,
qu'ils étaient capables de s'orienter avec les moyens qu'ils avaient;
qu'ils ne se prenaient pas pour d'autres et qu'ils étaient capables de
travailler aussi.
M. LESSARD: Avec un gouvernement qui se tient debout.
M. TOUPIN: Avec un gouvernement qui se tient debout aussi. Avec une
commission parlementaire qui est capable d'adopter des crédits,
même si l'Opposition n'y est pas.
M. LESSARD: M. le Président...
M. TOUPIN: C'est juste pour terminer.
M. BURNS: Voulez-vous repartir la chicane?
M. TOUPIN: Non, non, non!
M. BURNS: Moi, je suis très bien, je suis en forme, je n'ai pas
parlé depuis vendredi.
M. TOUPIN: Je ne veux pas du tout; c'est seulement une petite
réponse à... Le député de Beauce-Sud comprend, je
pense, maintenant, que dans l'industrie laitière, c'est normal qu'il y
ait des changements comme ça, au cours d'une même année.
C'est normal. Ce qui est important pour nous, c'est de maintenir ce qu'on a
ici; c'est qu'on produit 191 p.c. du cheddar, 136 p.c. du beurre, 100 p.c. du
lait, 127 p.c. pour le total.
M. ROY: Qu'on a produit en 1972; il faut faire une distinction.
M. TOUPIN: Otez 3 p.c. là-dessus pour 1973.
M. LESSARD: On n'est pas au niveau de la production.
M. ROY: Je comprends que le ministre peut dire, à un moment
donné, qu'à la suite des explications qu'il nous a données
je peux avoir compris. Je comprends très bien. C'est justement parce que
j'ai compris que j'ai voulu faire ces observations-là ce matin, mais
comme le lit du ministre et le lit du ministère de l'Agriculture
semblent faits, M. le Président, je respecte leur décision, mais
je me permets quand même de ne pas être d'accord.
M. TOUPIN: Le ministère est prêt à
écouter.
M. ROY: J'ai le droit de ne pas être d'accord et je ne suis pas
d'accord.
M. TOUPIN: C'est le moindre des droits que vous avez.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, si je parle de ce secteur fort
important, c'est parce que justement le ministre lui-même en a
jugé l'importance. Enfin, le ministre est certainement informé
qu'en date du 5 février 1973 la Direction générale de la
commercialisation soumettait un plan de développement agro-alimentaire
intégré. J'aurais voulu justement ce matin que, dans sa
discussion générale à ce programme, le ministre nous parle
un peu de ce plan agro-alimentaire.
Justement, la Direction générale de la commercialisation
jugeait ce secteur fort important. Je voudrais lire quelques paragraphes de ce
plan agro-alimentaire et demander au ministre juste-
ment où nous en sommes rendus dans ce domaine. En particulier,
est-ce que le ministre de l'Agriculture a réussi à obtenir le
contrôle ou la coordination de ce secteur ou si c'est encore entre les
mains à la fois du ministre de l'Agriculture et du ministre de
l'Industrie et du Commerce?
En effet, M. le Président, on lit ceci dans le plan directeur:
"L'agriculteur, écrit-on, risque de voir rétrécir son
marché s'il ne peut compter sur une industrie alimentaire dynamique et
compétitive, viable et diversifiée, apte à satisfaire la
demande sans cesse changeante du consommateur." C'est une vérité
de la Palice. On étudie l'aspect économique du secteur
alimentaire quoiqu'on ne va pas jusqu'à affirmer que dans l'industrie
les intérêts québécois ne contrôlent que 30
p.c. mais je pense qu'on aurait probablement pu le faire à la suite de
ces statistiques.
D'abord, l'importance du secteur alimentaire. "Que dire,
écrit-on, de l'importance du secteur alimentaire? Sur le plan des effets
d'entrafnement, en amont comme en aval, les industries alimentaires se placent
au premier rang des industries manufacturières du Québec.
L'importance primordiale de l'industrie alimentaire se retrouve d'ailleurs dans
tous les pays industrialisés. Tant par ses activités
variées que ses dimensions nombreuses l'impact économique de
l'industrie alimentaire est considérable pour le Québec. Les
entreprises d'aliments et de boissons totalisaient en 1968 encore
là, on a des chiffres seulement de 1968 12 p.c. des effectifs de
la main-d'oeuvre des manufactures québécoises et versaient 11
p.c. des salaires. "Les entreprises alimentaires représentaient 18 p.c.
des expéditions totales du secteur manufacturier. La valeur
ajoutée des entreprises alimentaires représentait 14 p.c. de la
valeur ajoutée des industries manufacturières. Le secteur
alimentaire restait, cependant, caractérisé par l'existence de
quelques géants et par un grand nombre d'entreprises." Des
géants, justement, qui ne sont pas contrôlés par des
Québécois. Ce n'est pas dans le texte, M. le Président,
c'est un commentaire. "Ainsi, dans le secteur des viandes 15 p.c. des
entreprises représentaient 80 p.c. de la production. Dans le secteur de
la volaille, 14 p.c. des entreprises élaboraient 80 p.c. de la
production. Dans le secteur des fruits et des légumes, 25 p.c. des
entreprises totalisaient 80 p.c. de la production."
M. TOUPIN: Vous êtes en train de confirmer mes chiffres, vous.
M. LESSARD: Non, je ne confirme pas vos chiffres. Ce que je voudrais
savoir, c'est à qui appartiennent ces grandes entreprises. Quel est le
contrôle des agriculteurs sur ces grandes entreprises? Cela, c'est
important, M. le Président. En fait, on énonce toute une
politique du secteur agro-alimentaire mais on parle de la
nécessité d'un seul centre de coordination en matière de
planification agro-alimentaire. Or, c'est sur cela que je voudrais
discuter.
Le ministre, depuis trois ans, nous parle de ce secteur-là et
semble y être fort intéressé. Même lors de ce fameux
symposium agroalimentaire, où le ministre de l'Industrie et du Commerce
avait eu l'occasion aussi de faire un exposé, le ministre de
l'Agriculture déclarait ceci: "Nous croyons que le budget du
ministère devra s'inspirer dorénavant beaucoup plus d'un concept
relié à l'agro-alimentaire que d'un concept relié
exclusivement à la production agricole."
Tout à l'heure, en plus de revenir sur les conflits entre le
ministère de l'Industrie et du Commerce et le ministère de
l'Agriculture ou des conflits entre le ministre des Finances, M. Garneau, et le
ministre de l'Agriculture, je voudrais, en général, demander au
ministre comment expliquer, à partir de la conception qu'il avait
lui-même exprimée au symposium agro-alimentaire, que le budget du
ministère devrait d'abord s'inspirer beaucoup plus d'un concept
relié à l'agro-alimentaire que d'un concept relié
exclusivement à la production agricole. Comment expliquer qu'on ait
à ce secteur, à ce programme une diminution des crédits?
De $9.2 millions on passe à $8.3 millions au programme de
commercialisation agricole, c'est-à-dire une baisse de 10 p.c.
Quand on viendra, tout à l'heure, à
l'élément 1, au développement de la transformation des
produits, on remarquera même une diminution sans tenir compte du fait que
l'argent aujourd'hui a moins de valeur qu'en 1973/74 puisque nous avons eu une
inflation extrêmement forte. Donc, comment concilier cette conception du
ministre avec la diminution globale de son budget?
M. TOUPIN: Evidemment, on va prendre les problèmes les uns
après les autres. Prenons l'idée, par exemple, de ce qu'on
appelle le concept agro-alimentaire plutôt que le concept de production
primaire. On l'a déclaré, on l'a soutenu et puis on le
concrétise, à part cela. Vous n'avez qu'à regarder les
interventions que le ministère a faites depuis deux ans dans le domaine
des industries pour vous rendre compte qu'on n'a pas parlé dans le
vide.
M. LESSARD: Dans le lait, Québec-Lait.
M. TOUPIN: Oui, mais on a commencé par là...
M. LESSARD: Oui, je ne contesterai pas cela.
M. TOUPIN: On ne peut pas tout faire en même temps.
J'espère que le député va comprendre cela.
M. LESSARD: Oui, d'accord.
Ensuite, on n'est pas les seuls là-dedans. Ce n'est pas tout le
monde qui veut tout d'un coup collaborer pour le regroupement des entreprises,
etc., et il faut bien travailler aussi avec les éléments du
milieu. On n'impose rien à personne là-dedans, on met des
politiques à leur disposition. Quant au budget, on y reviendra
tantôt, il y a des changements de programmes. Par exemple, l'an dernier,
dans les $9,220,000 il y avait les $785,000 de la Régie des
marchés agricoles du Québec. Cette année, on a mis
à côté la Régie des marchés agricoles du
Québec, on l'a sortie du budget de la commercialisation. C'est devenu un
programme. Si vous enlevez tout de suite $785,000 vous allez vous rendre compte
que déjà notre diminution à ce chapitre n'est pas aussi
substantielle, si toutefois il y en a une, par rapport à ce que dit le
député de Saguenay, premièrement.
Deuxièmement, en plus d'avoir travaillé sur le secteur
laitier, on a donné un coup de barre, l'an dernier et il y a deux ans
dans le secteur de l'entreposage des produits horticoles, des produits
maraîchers comme on les appelle de façon régulière.
On a bâti cinq ou six entreprises, je pense, en collaboration avec les
producteurs pour l'entreposage des produits maraîchers afin de maintenir
le marché à l'état frais au Québec. Cela a
donné des résultats véritablement fantastiques. On est
parvenu à maintenir ainsi des productions je ne sais pas si les
statistiques le donnent comme la carotte, par exemple, où on est
rendu à 71 p.c, les haricots, les pommes notamment...
M. LESSARD: On a les chiffres de 1972 au plan agro-alimentaire...
M. TOUPIN: Oui, je n'ai pas dit 1973, encore. Je ne sais pas où
on est rendu, mais il y a eu la température l'année passée
qui a nui énormément là-dedans.
On a aidé beaucoup dans ce secteur pour maintenir au moins la
production puis nous orienter graduellement vers les marchés que nous
avons déjà et qu'on veut garder, les marchés à
l'état frais. C'est un autre exemple que je peux vous apporter.
Un troisième exemple, c'est que dans la Loi du ministère
de l'Agriculture on avait auparavant $1 million pour aider le secteur de la
transformation des produits agricoles. Vous vous rappelez, on a amendé
la loi, l'année passée, et on a mis $4 millions là-dedans.
C'est $3 millions de plus qu'on a dans la loi du ministère qui peuvent
nous permettre de donner des garanties d'emprunt à des entreprises; non
seulement à des coopératives, mais à tout autre type
d'entreprises qui poursuivent des fins similaires pour leur
développement ou leur regroupement. On a des programmes qui ont
commencé à se concrétiser aussi de ce côté.
C'est ce qui nous a permis, par exemple, de réaliser Québec-Lait
ou d'autres programmes qu'on met de l'avant de plus en plus. C'est la position
qu'on avait prise en 1972 ou 1971 au symposium sur l'agro-alimentaire et nous
avons continué dans la même perspective.
Le ministère de l'Industrie et du Commerce et nous, nous nous
rencontrons de façon régulière. Il est possible qu'il y
ait des interprétations statistiques qu'on pourra corriger tantôt,
on va discuter de cette affaire. On collabore de façon
régulière tant au niveau des ministres qu'au niveau des
sous-ministres. Il n'y a jamais eu de conflit frappant. Il y a eu des
discussions, bien sûr, puis c'est normal qu'il y en ait. Le jour
où il n'aura plus de discussions entre les ministres, ça ne
vaudra plus la peine de se rencontrer. On se rencontre pour discuter, on ne se
rencontre pas pour se regarder; on se rencontre pour discuter et on discute de
ces problèmes. On n'est pas toujours du même avis, je le dis bien
franchement, mais on trouve une solution, par exemple. On trouve une bonne
solution, on s'en va avec et puis on s'oriente de ce
côté-là.
M. LESSARD: Se marcher sur les pieds n'est pas la meilleure
solution.
M. TOUPIN: On ne se marche pas sur les pieds non plus de ce temps-ci. Il
y a des secteurs qui sont bien déterminés et bien clairs.
M. LESSARD: Quels secteurs?
M. TOUPIN: Je vais vous les donner les uns après les autres. Le
ministère de l'Industrie et du Commerce s'occupe, dans le cadre de la
SDI, à implanter et à financer des entreprises. Le
ministère de l'Agriculture, lui, s'occupe de son côté
à étudier des dossiers, à les rediscuter par la suite avec
la SDI et le ministère de l'Industrie et du Commerce et, en commun, une
décision se prend et on regarde lequel des deux ministères est le
mieux placé pour financer le type d'entreprise. On va d'ailleurs
annoncer bientôt de nouvelles entreprises qui vont s'installer sur le
territoire québécois dans le domaine de l'agro-alimentaire.
M. LESSARD: Concernant la SDI, est-ce que le ministre pourrait nous dire
quel est le pourcentage de l'industrie agro-alimentaire qui a été
financé par la SDI? Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il est
satisfait du travail de la SDI par rapport justement à son
ministère?
M. TOUPIN: II faudrait poser la question au ministère de
l'Industrie et du Commerce, parce que ce n'est pas moi qui suis responsable de
la SDI. Quand on a des projets, nous, on les discute avec la SDI, avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Ce qui est important, pour
nous, c'est que nos projets voient le jour et se concrétisent de plus en
plus. Est-on satisfait ou est-on insatisfait de la SDI? J'ai soutenu ceci et je
vais le soutenir encore...
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: ... la SDI, dans le domaine agro-alimentaire, ne va pas aussi
loin que nous, et nous nous n'avons pas encore tous les moyens d'aller aussi
loin qu'on voudrait aller. C'est ça qu'on discute actuellement avec la
SDI et le ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre désirerait avoir justement une
société de développement industriel dans
l'agriculture...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: ... contrôlée par le ministre de
l'Agriculture?
M. TOUPIN: Oui, M. le Président. C'est clair, n'est-ce pas? J'en
veux une.
M. LESSARD: J'espère.
Et qu'est-ce qui empêche le ministre de concrétiser sa
politique dans ce domaine?
M. TOUPIN: Vous avez lu le discours inaugural?
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Alors, si vous savez lire entre les lignes, vous avez
dû trouver quelque chose là-dedans.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre va pouvoir proposer sa loi d'ici la
prochaine session?
M. TOUPIN: Attendez et vous verrez.
M. LESSARD: Donc si j'interprète bien les paroles ou les silences
du ministre, nous pouvons espérer obtenir une loi, lors de cette
session, pour la création d'une société de
développement industriel mais spécifiquement dans le secteur
agro-alimentaire.
M. TOUPIN: D'abord, elle ne s'appellera pas la société de
développement industriel, elle va s'appeler autrement. Vous avez raison
d'avoir des espoirs.
M. LESSARD: J'ai raison d'avoir des espoirs! Elle sera sous le
contrôle du ministre de l'Agriculture?
M. TOUPIN: C'est bien évident. S'il y en a une, elle ne sera pas
sous le contrôle du ministre des Institutions financières. Elle va
être sous le contrôle du ministre de l'Agriculture.
M. LESSARD: Et non sous le contrôle du ministre de l'Industrie et
du Commerce.
M. TOUPIN: Ah bien, il en a déjà une!
M. LESSARD: Qui ne sera pas un amendement à la...
UNE VOIX: A l'autre?
M. LESSARD: ... Société de développement
industriel.
M. TOUPIN: II en a déjà une.
M. LESSARD: Peut-être que le ministère des Terres et
Forêts espère créer sa société de
développement industriel dans son secteur.
M. TOUPIN: Bien, elle existe déjà. Au ministère des
Terres et Forêts...
M. LESSARD: Non, le crédit... M. TOUPIN: ... ils ont REXFOR.
M. LESSARD: ... c'est-à-dire le crédit forestier. Est-ce
que le ministre a d'autres choses à ajouter?
M. TOUPIN: Non.
M. LESSARD: Alors, dans ce secteur, vous m'avez parlé du secteur
de la SDI. Est-ce qu'il y a d'autres secteurs où c'est le ministre de
l'Agriculture, dans le secteur agro-alimentaire en particulier, qui a le
contrôle?
M. TOUPIN: Oui. C'est-à-dire que ce n'est pas étanche, au
gouvernement.
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Vous devez savoir ça. Il n'y a pas
d'étanchéité nulle part, surtout pas dans celui-là.
Alors, on regarde, nous, au ministère, comment des programmes peuvent se
concrétiser. Je vais vous apporter des exemples: dans le domaine de
l'exportation des produits. On a fait des ventes de poulet au Japon; on en a
fait à Cuba; on en a fait dans certains autres pays du monde, dans des
proportions moins grandes. Alors, qu'est-ce qui s'est produit là-dedans?
Les premiers contacts, la plupart du temps, se faisaient par le
ministère de l'Agriculture parce que, à un moment donné,
on a rencontré des entreprises qui étaient
intéressées à exporter. On a pris contact avec les maisons
de ces pays au Québec ou au Canada. On découvrait le
marché.
On sait que c'est le ministère de l'Industrie et du Commerce qui
est équipé maintenant, pour le moment, pour exporter les
produits. Alors, qu'est-ce que je fais? Je rencontre le ministre de l'Industrie
et du Commerce, j'en discute avec lui. Il dit: Oui, c'est bon, d'accord, on
signe les ententes. C'est simple comme ça.
M. LESSARD: Maintenant...
M. TOUPIN: Cela prend un peu plus de temps que ça, par
exemple.
M. LESSARD: ... justement pour permettre aux...
M. TOUPIN: On a toujours travaillé comme cela avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. LESSARD: ... aux députés de l'Opposition de
connaître les programmes du ministère de l'Agriculture ou
plutôt son programme à long terme en ce qui concerne l'industrie
agro-alimentaire, est-ce que le ministre a l'intention de présenter
publiquement, son programme agro-alimentaire, comme il l'expliquait le...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: ... 6 février 1974?
M. TOUPIN: C'est notre intention. Maintenant, là-dessus,
pour...
M. LESSARD: Vous allez le rendre public?
M. TOUPIN: Oui, oui. Maintenant, c'est une esquisse qu'on avait. Cela
fait deux ans qu'on travaille dessus. Alors, c'est esquisse qu'on avait. On a
refait le programme il y a six ou sept mois. Là, on le reprend et on le
rebâtit à nouveau. Quand il sera complet, quand on aura mis dedans
à peu près tout ce qu'on croit qu'il devrait contenir, on le
rendra public.
M. LESSARD: Maintenant, est-ce que le ministre pourrait nous dire...
D'abord, là nous savons qui va piloter les dossiers, en tout cas dans ce
secteur puisque le ministre nous informe qu'il doit soumettre, avant
l'été, une loi pour créer sa propre...
M. TOUPIN: Avant l'été?
M. BURNS: Je n'ai pas compris le ministre dire "avant
l'été".
M. TOUPIN: Bon.
M. BURNS: Non mais peut-être que c'est... M. TOUPIN: Je ne
voudrais pas mettre... M. BURNS: ... cela qu'il voulait nous dire.
M. TOUPIN; ... dans ma pipe du tabac que je ne fume pas.
M. LESSARD: Alors, ce ne sera pas avant l'été.
M. BURNS: Ce qui veut dire que ce ne sera pas avant
l'été.
M. TOUPIN: Bien, je ne le sais pas. Voyez- vous, l'ordre du jour des
travaux parlementaires...
M. LESSARD: On est prêts à travailler jusqu'au mois
d'août, nous, s'il le faut!
M. TOUPIN: Ecoutez, je suis bien prêt à mettre une date.
Mais si je mets une date, et si ce n'est pas fait à cette date, vous
allez être les premiers, de l'autre côté, à me taper
sur la tête et à me dire: Eh! Votre loi n'est pas
présentée encore! Je vous dis qu'on en prépare une, et que
nous, au ministère, nous en avons besoin d'une et que notre objectif,
c'est de l'apporter à l'Assemblée nationale au cours de la
présente session. Il y en a déjà une de
déposée à l'agriculture. Il y en a une autre qui va
être déposée bientôt. Il y en a trois ou quatre
autres sur le crédit qui vont venir, peut-être d'ici un mois.
Après cela, ce seront les autres.
M. LESSARD: C'est tellement urgent que nous, nous sommes prêts
à siéger jusqu'à la fin du mois d'août ou au mois de
septembre,...
UNE VOIX: ... en temps.
M. LESSARD: ... pour que nous puissions adopter ce projet de loi. Mais,
est-ce que le ministre...
M. TOUPIN: II ne faudrait pas s'embarquer dans la chicane que le
député de Maisonneuve m'a proposée tantôt.
M. BURNS: Je suis un peu rouillé!
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a
l'intention, dans ce plan de développement agro-alimentaire, de
favoriser certaines formules d'entreprises? Est-ce que le ministre veut tenter
de favoriser l'entreprise publique ou l'entreprise mixte dans sa
création de nouvelles entreprises? Est-ce que le ministre veut favoriser
l'entreprise coopérative ou l'entreprise privée? Est-ce que le
ministre pourrait nous donner une vue globale de ce qu'il prévoit?
M. TOUPIN: Evidemment, répondre à cette question de
façon directe, je pense que ce serait maladroit et que ce ne serait pas
honnête de ma part que de le faire. Mais je vais vous dire notre
philosophie de fond.
Supposons qu'on sent le besoin d'avoir au Québec, par exemple,
une huilerie. On contacte, au Québec, les principales entreprises qui
peuvent être intéressées à un programme comme
celui-là et voici qu'on n'en trouve pas, au Québec, qui seraient
vraiment intéressées, parce qu'on manque de ceci, on manque de
cela, etc. Or on peut, à ce moment-là, regarder si on ne pourrait
pas faire affaires avec une entreprise canadienne, d'abord, pour implanter au
Québec une entreprise et lui donner, si possible, un caractère
québécois, que la compagnie devienne
québécoise, qu'elle ait une filiale
québécoise et que cette entreprise tienne compte des
Québécois, dans l'avenir, dans ses cadres, etc. Il y a la
politique du ministère du Travail qui s'applique, pour les parties, tout
au moins, qui sont précisées.
C'est un premier élément. Cela veut dire que, lorsqu'on a
un projet précis, on regarde d'abord au Québec et, quand on ne
trouve pas au Québec ce que l'on a, on va à
l'extérieur.
Notre philosophie de fond, à compter d'un principe comme
celui-là, c'est que, quand un projet est mis de l'avant, on va toujours
donner priorité aux Québécois, c'est évident. Et,
dans les priorités, on est prêt à donner priorité au
secteur coopératif pour tout projet qui, du point de vue de la
rentabilité, peut s'avérer à peu près
égal.
M. LESSARD: A ce sujet, n'avez-vous pas je ne l'ai pas exactement
en tête contribué à faire naître une huilerie
au Québec dernièrement?
M. TOUPIN: Oui. On va l'annoncer bientôt. On l'avait
annoncé il y a à peu près cinq ou six mois. Il y a eu un
certain nombre de difficultés qui se sont posées par
après. Cette entreprise, actuellement, est en train de mettre le point
sur...
M. LESSARD: Est-ce que c'est une entreprise québécoise ou
une entreprise étrangère?
M. TOUPIN: Ecoutez, c'est difficile. Tout ce que je peux dire, pour le
moment, c'est que c'est une entreprise canadienne. Il n'y a pas de doute
possible. On lui donnera un caractère québécois...
M. LESSARD: Est-ce qu'on a offert à la Coopérative
fédérée la possibilité d'entrer dans ce
secteur?
M. TOUPIN: Oui. D'ailleurs, on vous le dira dans le temps. Je ne peux
pas aller plus loin pour le moment. Ce sont des dossiers qui sont en
discussion. Mais on est allé pas mal loin là-dedans pour
intéresser les Québécois dans cette affaire.
M. LESSARD: J'ai hâte, en fait, de connaf-tre la loi du
développement industriel du ministre de l'Agriculture mais est-ce que le
ministre pourrait élaborer un peu sur les moyens d'intervention qu'il
prévoit pour permettre aux agriculteurs québécois et aux
intérêts québécois d'entrer sur ce marché, en
tout cas de dominer une partie de ce marché? Est-ce que, par
exemple,...
M. TOUPIN: Comme je vous le disais tantôt, je ne pense pas qu'on
puisse, là-dedans, être trop, trop exclusif. Il y a, d'une part,
la nécessité de développer et il y a, d'autre part, dans
certains secteurs, absence d'éléments dynamiques pour
développer le secteur.
Or, ce qu'on essaie de faire, nous, et ce qu'on a fait dans le
passé, c'est que tout ce qui est possible d'être fait par les
Québécois, dans l'immédiat, on le fait. On n'hésite
pas.
M. LESSARD: Est-ce que ça va fonctionner, par exemple, sous forme
de taux d'intérêt préférentiel ou sous forme de
subventions, comme c'est le cas actuellement, en ce qui concerne le
développement industriel?
M. TOUPIN: II va y avoir une gamme de programmes.
M. LESSARD: Participation du capital-actions?
M. TOUPIN: Cela peut aller dans toutes ces questions. Maintenant, il
faudrait tenir compte aussi des autres organismes qu'on a au gouvernement. Il
ne sert à rien d'avoir un dédoublement aussi là-dedans. La
SDI fait déjà...
M. LESSARD: D'accord. Cela coûte cher le dédoublement,
n'est-ce pas?
M. TOUPIN: Oui. Au Québec, bien sûr! La SDI...
M. LESSARD: A Québec aussi et au fédéral aussi.
M. TOUPIN: Je disais à l'intérieur du Québec.
M. BURNS: C'est ça qu'on vous dit!
M. TOUPIN: La SDI a ses programmes qui peuvent intervenir un peu
partout, dans tous les secteurs. H s'agit pour nous de compléter ces
programmes pour l'agro-alimentaire. Quand je vous dis qu'on ne fera pas de
dédoublement, c'est que cela ne servirait à rien de retrouver
dans notre loi ce qu'on retrouve dans la loi de la SDI alors qu'elle peut
intervenir.
Ce serait, je pense, faire de la duplication pour rien. La SDI a des
programmes qui peuvent s'appliquer dans l'agro-alimentaire, mais ces
programmes-là, comme je le disais, ne sont pas complets. Par exemple, la
SDI ne peut pas aller dans la commercialisation; la SDI ne peut pas aller dans
l'importation et l'exportation, etc. Alors, voyez-vous, je vous donne des
indications.
M. LESSARD: Mais le ministre a-t-il l'intention actuellement,
d'après le programme qui a été élaboré
à son ministère, de privilégier des secteurs bien
spécifiques, que ce soit le secteur des aliments congelés ou la
conserverie ou la transformation de la viande? Est-ce qu'actuellement vous
pouvez nous dire qu'à la suite des statistiques et des études que
vous avez faites il
est important de privilégier des secteurs où on est plus
faible et surtout où la croissance est plus forte?
M. TOUPIN: D'abord, cette année, on a un programme pour le
regroupement des abattoirs, qui va s'appliquer bientôt; c'est dans le
budget. Il y a un programme, cette année, qui va aider au regroupement
des abattoirs. On veut avoir plus d'abattoirs au Québec,
"approuvé Québec" et "approuvé Canada", parce que ce sont
les seuls, au fond, qui parviennent à commercialiser le produit non
seulement à l'intérieur de la province, mais aussi dans les
autres pays et dans les autres provinces du pays. Alors, on va les regrouper;
on va faire des unités un peu plus rentables dans ce secteur-là.
C'est un secteur prioritaire, à ce point que nous avons un programme
cette année.
Il y a le secteur des conserveries que nous avons commencé
à regarder. Nous ne sommes pas rendus, dans le secteur des conserveries,
aussi loin que dans le secteur des viandes. Nous avons surtout
développé le secteur des viandes au cours des dernières
années, avec le lait et les produits maraîchers et, là,
nous regardons le secteur des conserveries pour la transformation des produits
maraîchers.
Après cela, et en même temps, probablement, que le secteur
des conserveries on va regarder ce qu'on peut faire dans le domaine de la
transformation de produits un peu plus sophistiqués, les produits
congelés, les mets préparés, etc. Là, nous
regardons avec des entreprises québécoises ce que nous pourrions
faire là-dedans. Je pourrais aller plus loin évidemment, mais ce
serait divulguer un certain nombre d'éléments que nous avons et
qui seraient plus de nature à nuire qu'à aider, je pense. On n'a
qu'à regarder ce qu'on pourrait faire avec les sous-produits de l'huile,
avec les tourteaux de soya, avec l'huile végétale. Il y a des
expériences qui se font, au Québec, qui démontrent qu'on
peut texturiser l'huile, qu'on peut faire des viandes à compter de
ça, etc.
Alors, nous avons un tas d'éléments comme ça en
main, que nous tentons de concrétiser dans des projets
précis.
M. LESSARD: Justement, je constate que le ministre a d'excellents
projets. Je constate, par contre, qu'il a un budget limité.
M. TOUPIN: Dans le programme de la commercialisation, il n'y a pas de
problème.
M. LESSARD: II n'y a pas de problème?
M. TOUPIN: Non, il n'y a pas de problème. Les programmes que nous
avons, les budgets que nous avons...
M. LESSARD: Vous espérez être capables d'obtenir cette
société de développement agricole et obtenir des
budgets.
M. TOUPIN: C'est évident que, si une loi est adoptée, il y
aura des budgets d'attachés à cela, cela va de soi.
M. LESSARD: Maintenant, le ministre a fait un voyage en Europe,
justement au cours duquel il a invité les investisseurs français
à venir investir au Québec dans ce secteur.
M. TOUPIN: Plus dans le cadre des échanges que dans le cadre des
investissements.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre a des résultats positifs?
M. TOUPIN: Nous avons des résultats concrets. Nous en avons
toujours tous les ans; qu'on prenne seulement le Yoplait, par exemple; c'est
une formule française qui est commercialisée par une entreprise
canadienne-française soit la Coopérative de Granby. Nous sommes
en train de prendre le marché canadien avec le Yoplait qui est
très important. Il y a certains autres programmes aussi sur les
fromages, qui se concrétisent. Il y a des échanges entre le
secteur québécois et le secteur français. Il y a des
échanges de brevets et de licences aussi. Nous discutons avec eux, pour
les garder et les exploiter au Québec, plutôt que de les voir
aller dans une autre province du pays ou dans un autre pays, etc. C'est ce type
d'échanges qui se font.
Il y a beaucoup d'échanges techniques qui se font, autant de
notre côté pour eux que de leur côté pour nous, dans
le domaine, par exemple il y a trois ou quatre projets comme ça
des variétés de céréales.
M. BURNS: Dans quels domaines, M. le ministre?
M. TOUPIN: Bien, en particulier il y a eu des échanges
récemment, au sujet d'une pondeuse nouveau style qui est
française, qui s'appelle la "poule vedette" et qui est plus productive
que les types que nous avons présentement ici. On essaie d'introduire
sur le marché québécois une recherche française
qu'évidemment on va tenter d'adapter ici.
Je pense qu'il y a des expériences concrètes qui se font.
Il y a le domaine des variétés de céréales aussi,
notamment les blés, où on a fait des échanges avec eux.
Ils ont des variétés qui sont un peu plus hâtives que
celles que nous avons au Canada et au Québec. Alors, on va les utiliser
pour promouvoir notre production cé-réalière au
Québec.
Quant à ce que nous leur donnons, je sais qu'il a
été question de technique dans le domaine de la transformation de
certains fromages qui pourraient être transformés en France, le
cheddar, par exemple. Vous savez que le marché européen est
difficile à pénétrer actuellement à cause de
l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun et à
cause de
sa fermeture, le Marché commun s'étant fermé. C'est
libre entre les pays du marché, mais pour l'extérieur, il n'est
pas facile d'y pénétrer. On essaie comme ça de
pénétrer, nous, à l'intérieur du Marché
commun en signant des ententes pour différents types de produits, et on
retire de ces franchises des montants d'argent x, y ou z.
M. LESSARD: Maintenant...
M. TOUPIN: Ce sont dans ces secteurs que nous travaillons surtout.
M. LESSARD: ... est-ce que...
M. TOUPIN: On a travaillé un peu aussi au sujet de la betterave
à sucre avec la raffinerie de Saint-Hilaire. On est allé voir ce
qui se fait là-bas, les Français étant de gros producteurs
de betterave sucrière. Et ça va bien, en passant, la raffinerie
de sucre de Saint-Hilaire.
M. LESSARD: M. le Président, dans...
M. TOUPIN: Elle a des profits cette année.
M. LESSARD: ... l'étude concernant le développement des
entreprises de conditionnement et de transformation des produits agricoles, le
ministère de l'Agriculture établissait un plan triennal dans
lequel il y avait un certain nombre de priorités, en particulier quatre
priorités: premièrement, poursuivre la consolidation et la
régionalisation des usines laitières de transformation et de
pasteurisation durant une période de trois ans...
M. TOUPIN: C'était un bon coup, ça.
M. LESSARD: ... deuxièmement, favoriser l'implantation de postes
d'assemblage d'équipement d'entreposage et de conditionnement pour les
légumes à l'état frais; troisièmement, favoriser la
consolidation de l'industrie des conserveries et enfin, quatrièmement,
favoriser l'implantation d'usines orientées vers la transformation de
nouveaux produits.
Il est certain, M. le Président, que nous sommes toujours au
niveau de la commercialisation en général, et nous n'aurons pas
à poser ces questions précises lorsque nous viendrons au
programme. Est-ce que le ministre pourrait, dans cette optique, nous dire
combien d'usines laitières ont été consolidées
à ce jour et combien seront consolidées au cours de ces trois
ans? Après ça, je continuerai sur deux autres questions.
M. TOUPIN: Prenons le lait industriel; grosso modo, je pense qu'on peut
dire que le problème est réglé pour au moins une bonne
dizaine d'années. Dans l'avenir, il va se faire encore des regroupements
mais ça se fera automatiquement. Je ne pense pas que notre inter-
vention sera aussi utile qu'elle l'a été depuis deux ans. Cela a
été d'abord la première priorité et c'est à
elle qu'on a donné...
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: ... le plus d'exemples. Dans le lait nature, il y a eu le
regroupement qui a commencé avec Québec-Lait, le lait nature et
le lait industriel; on a regroupé sept entreprises, je pense, qui sont
toutes presque des entreprises canadiennes-françaises.
M. LESSARD: Est-ce qu'on pourrait avoir la liste, M. le
Président, des entreprises qui ont été...
M. TOUPIN: On l'a rendue publique l'autre jour, je pense.
Poupart, Grenache, Laiterie Leclerc, Mont-Royal, Lowneys, Victoria, oui,
par la Laiterie Leclerc, de Sherbrooke; par Poupart, déjà
Pou-part a été fusionné avec Québec-Lait, alors on
a des...
Cela c'est 30 p.c. de la distribution du lait nature dans la
région de Montréal. Combien dans la crème glacée?
Cela veut dire combien, en termes de pourcentage? Un peu plus que 20 p.c, 28
p.c. On n'était presque pas présent avant, là-dedans, puis
on a 100 p.c. Dans le secteur du lait nature, il y a des régions
où ce n'est pas terminé, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple,
on en discute actuellement, on en a discuté encore hier avec des gars
qui sont venus. Dans les régions du Bas-Saint-Laurent, il y a aussi
quelques problèmes. La région de Québec c'est presque
réglé aussi, il y a deux entreprises.
Il y a eu les Bélanger qui ont fait des regroupements. Il y a des
regroupements qui se font assez régulièrement où on
intervient avec soit des garanties d'emprunt ou des subventions.
M. LESSARD: Quel a été le montant des subventions du
gouvernement?
M. TOUPIN: Des subventions ont été versées pour le
regroupement des entreprises laitières.
Dans le domaine du lait industriel, $66,553.03 ont été
donnés.
M. LESSARD: Est-ce que c'était un projet spécifique?
M. TOUPIN: Non, sur un ensemble de projets...
M. LESSARD: Qui étaient?
M. TOUPIN: ... la crémerie J.-Adrien Bé-dard, de
Deschambault, Portneuf, qui a été fusionnée par la
Coopérative agricole de Gran-by, la Société
coopérative agricole Saint-Arsène, dans Rivière-du-Loup,
qui a été fusionnée par la Coopérative agricole du
Bas-Saint-Laurent.
M. LESSARD: Mais les montants à côté?
M. TOUPIN: Ah oui, c'est basé sur une quantité de livres
de gras. La crémerie J.-Adrien Bédard, produisait ou transformait
25,817 livres de gras, alors ça été $1,290.85; dans le cas
de la Coopérative Saint-Arsène, fusionnée par la
Coopérative agricole du Bas-Saint-Laurent, $9,416.37; dans le cas de la
fusion du Syndicat coopératif des laiteries de Rimouski avec la
Coopérative agricole du Bas-Saint-Laurent, $2,053; dans le cas de la
Coopérative Saint-Stanislas-de-Kostka, dans Beauharnois, avec la
Coopérative agricole de Granby, $47,233; et dans le cas de la
crémerie d'Ayer's Cliff, dans le comté de Stanstead, par la
Coopérative agricole de Granby, $6,558 au niveau du lait industriel.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre, globalement, pourrait nous dire,
depuis qu'on a appliqué ce programme, combien ç'a
coûté au ministère, depuis trois ans? Je m'excuse, mais
c'est important pour l'avenir, ce qui s'en vient.
M. TOUPIN: Je ne le sais pas par coeur. On va vous donner les chiffres
cet après-midi.
M. LESSARD: On va les avoir cet après-midi.
M. TOUPIN: H y a des garanties d'emprunt, il y a le bill 72, il y a des
rabattements d'intérêt. Il y a le bill 72 dans les consolidations
d'usines laitières.
M. LESSARD: Alors, dans ce secteur en particulier, je dois dire,
même si le député de Beauce-Sud n'est pas ici, mais
contrairement aux remarques qui semblaient laisser croire qu'il s'opposait
à ces regroupements, je dois dire qu'il y a eu un travail, je pense,
positif qui a été fait dans ce secteur et que si on veut faire de
l'agriculture, si on veut faire en sorte que l'agriculture
québécoise devienne une industrie et que ça ne reste pas
une entreprise marginale, il va falloir je pense bien, non seulement dans le
secteur du lait mais dans d'autres secteurs et je reviendrai tout
à l'heure sur les conserveries faire en sorte qu'on ait de
véritables entreprises qui pourront concurrencer les grandes entreprises
nationales ou internationales.
Je pense que c'est dans cette direction-là qu'il faut se diriger
et non pas essayer de conserver notre petite entreprise artisanale dans le
secteur agricole. Je pense bien que ce n'est pas la conception du
ministre, je la partage en laissant des petits cultivateurs avec trois,
quatre ou cinq vaches, en les subventionnant par la suite et en utilisant des
crédits au ministère des Affaires sociales qu'on va faire une
véritable agriculture au Québec. Dans ce domaine, je partage la
conception du ministre.
Dans un autre secteur, étant donné que c'était
là aussi une priorité du ministère de l'Industrie et du
Commerce, est-ce que le ministre pourrait nous dire...
M. TOUPIN: Le ministère de l'Agriculture.
M. BURNS: Les priorités de l'Industrie et du Commerce?
M. LESSARD: Oh, excusez, M. le Président. Etant donné que
c'était une priorité du ministère de l'Agriculture, est-ce
que le ministre pourrait nous dire combien d'entrepôts frigorifiques,
pour les légumes à l'état frais, ont été
construits au Québec?
M. TOUPIN: Six.
M. LESSARD: Dans quelles régions?
M. TOUPIN: II y en a eu six de construits et il y en a encore un en
construction, je pense, dans la région de Québec. Moi, je ne les
sais pas par coeur mais je pense que le sous-ministre a mieux que moi à
l'esprit les endroits exacts.
On va procéder ainsi que ce soit plus simple. Il y en a dans la
région du sud-ouest de Montréal, où se retrouve, en fait,
la majorité des terres noires et des terres organiques, la production
maraîchère, actuellement quatre entrepôts. Dans la
région de L'Assomption, il y en a un. Dans la région de
Québec, par le Syndicat des jardiniers-maraîchers de la
région de Québec, un. Dans la région du sud-ouest, on
pourrait situer les villes, si c'est nécessaire.
M. LESSARD: Oui, est-ce qu'on pourrait avoir les villes? On dit qu'il y
en a six dans la région de Québec, pas dans la province de
Québec.
M. TOUPIN: Non, il y en a un dans la région de Québec,
avec le Syndicat des jardiniers-marafchers de la région de
Québec; il y en a un dans la région de L'Assomption, pour la
région nord de Montréal. Les quatre autres sont situés
dans la région du sud-ouest, un à Sherrington...
M. LESSARD: D'accord. Il est possible de les obtenir...
Le ministre ne refuse pas de nous donner les informations et il peut
tout simplement nous faire une liste. Maintenant, au niveau des conserveries,
est-ce qu'on a commencé ce programme? Quelle aide accorde-t-on pour
développer ce secteur?
M. TOUPIN: On a commencé. Maintenant, je dois vous avouer qu'il
est moins avancé que les autres. C'était une priorité, de
même que les abattoirs, auxquels on va arriver tantôt; cela aussi
c'est moins avancé. On avait d'autres problèmes qu'il fallait
régler avant. Ce n'est pas facile. Dans le domaine des conserveries
c'est un peu plus difficile, parce qu'il y a une habitude d'industrie
privée qui est un peu plus difficile à faire bouger. Les
entreprises sont petites: quand les marchés sont bons, ça va
bien, quand ils sont moins bons, ça va moins bien pour les
regroupements, etc. Mais il y a
beaucoup de travail de contact qui se fait entre les différentes
entreprises pour essayer de les convaincre de mettre ensemble au moins un
minimum de services, d'entreposage ou de transformation, pour rendre plus
polyvalent ce secteur et pour mieux répondre aux besoins du
marché québécois. Les statistiques qu'on vous a
données tantôt le démontrent: il y a beaucoup de place, il
n'y a pas d'erreur possible, on ne sera jamais autosuffisant dans tous les
légumes, parce qu'on n'a pas le sol qu'il faut, tout au moins pour le
moment. L'effort a été moins grand, mais il y a eu des garanties
d'emprunts, je pense, consenties à certaines entreprises. Il y a eu des
ententes avec elles sur l'assurance récoltes. Maintenant les producteurs
peuvent assurer leurs récoltes presque automatiquement. Il y a eu aussi
beaucoup d'aide technique aux entreprises dans le domaine de la promotion du
produit, par exemple la laitue. Il y a l'équipement qui a
été fourni, etc. On doit dire que là on a fait moins de
gains que dans les autres secteurs, mais on est parti de beaucoup plus loin
aussi que pour les autres secteurs.
Dans le domaine des viandes, c'est la même chose. Il fallait
d'abord réglementer, il fallait trouver un moyen de réglementer
pour que toutes les viandes au Québec soient inspectées, etc.
Cela est en marche. Il fallait aussi amender des lois. Il y a une loi qui va
vous être proposée sur les produits agricoles et les aliments,
nécessitant des amendements pour qu'on puisse appliquer nos
règlements et par la suite s'engager dans la consolidation des abattoirs
au Québec.
Les programmes à ce chapitre sont moins avancés que les
autres, mais les efforts qui ont été consentis sont aussi grands,
sauf qu'on a dû partir de beaucoup plus loin.
M. BURNS: Le ministre dit qu'on part de beaucoup plus loin dans ce
domaine. Pour les chiffres comparatifs qu'on lui a demandés
tantôt, est-ce que c'est l'intention du ministre de nous donner aussi
pour les années passées des comparaisons pour savoir justement
d'où on est parti vraiment? Je ne demande pas de remonter jusqu'à
Adam, mais...
M. TOUPIN: Je pense qu'on en a à compter de 1965, dans ce
secteur.
M. LESSARD: Pour voir justement l'évolution du ministère
depuis un certain nombre d'années et pouvoir en même temps juger
des politiques du ministère.
M. BURNS: Pour pouvoir féliciter le ministre.
M. LESSARD: S'il y a lieu.
M. BURNS: Vous savez qu'on aime bien féliciter le ministre.
M. TOUPIN: Ils veulent le faire, mais...
LE PRESIDENT: Sur ces commentaires de félicitations, la
commission suspend ses travaux jusqu'après la période des
questions, à moins d'avis contraire ou ordre contraire de la
Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
Reprise de la séance à 16 h 56
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
Pour la séance de cet après-midi, à la place de M.
Boutin (Johnson), nous avons M. Denis (Berthier). Non, vous avez
été remplacé ce matin alors je vous réinstalle.
Je note qu'il est cinq heures.
Alors, programme 5, le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Sur le programme 5, le ministre, ce matin, disait que des
efforts ont été faits par le ministère de l'Agriculture
pour construire des entrepôts qui permettraient d'améliorer le
rendement d'une certaine culture. Le ministre pourrait-il nous donner plus de
détails dans le sens suivant: Quel genre de politique a commencé
à être établie au ministère dans ce
domaine-là, ce vers quoi on se dirige, et s'il y a d'autres cultures
qui, éventuellement, pourront bénéficier des avantages
il faut quand même commencer par le commencement, je suis d'accord
avec vous, nous ne pouvons pas faire cela pour toutes les cultures et
à quels endroits dans la province de Québec sont
constitués ces centres d'entreposage pour les cultures?
M. TOUPIN: Quant aux endroits, le sous-ministre a apporté la
liste, il pourra vous les donner; et quant à la politique, après,
je pourrai vous en dire un mot.
M. VEILLEUX: D'accord.
M. TOUPIN: M. le Président, je réponds à la
question de ce matin: Où sont situés plus particulièrement
les entrepôts à double parois? Nous en avons un dans la
région de Saint-Hyacinthe, et les autres sont dans la région du
sud-ouest de Montréal, plus précisément Saint-Rémi,
Sherrington, et nous avions mentionné aussi la région de
l'Assomption et la région de Québec. Il faudrait aussi ajouter
Napierville où nous en avons actuellement deux en installation.
M. VEILLEUX: A Napierville. M. TOUPIN: A Napierville.
M. VEILLEUX: Dans le comté de Saint-Jean.
M. TOUPIN: Dans le comté de Saint-Jean.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lotbinière.
M. MASSICOTTE: M. le Président, lorsqu'on parle de transformation
de produits, on sait qu'il y a quand même une certaine
régionalisation qui se fait par sélection naturelle. Mais
concernant la production maraîchère, par exem- ple, dans la
région de Saint-Pierre-les-Becquets, pour la production de la tomate, on
sait qu'on ne produit pas suffisamment pour satisfaire à nos besoins, on
produit à peu près 3.2 p.c, est-ce qu'il y aurait des
études de faites pour cet endroit-là spécifiquement?
M. TOUPIN: Comme je vous le disais l'autre jour on en a
discuté précisément jeudi dernier le
ministère a des choix à faire non seulement à
l'égard des budgets qui lui sont donnés chaque année, mais
à l'égard de la préparation technique qu'il possède
actuellement. La tomate, jusqu'à maintenant, n'a pas été
un choix prioritaire arrêté. On ne néglige pas pour autant
le secteur, mais ce n'est pas prioritaire. On a plutôt accordé
priorité au secteur de l'entreposage des légumes d'abord parce
que rien ne sert de produire si on ne peut pas entreposer les produits et, par
la suite, les acheminer sur le marché ou vers le secteur de la
transformation. On a commencé aussi à donner un peu plus
d'ampleur au programme céréalier, au programme de production
bovine, etc. Alors, les études ont surtout porté là-dessus
par le passé.
Dans l'avenir, on va sélectionner davantage dans le cadre des
produits maraîchers. Probablement que, d'ici l'an prochain, on donnera un
coup de barre plus particulier du côté des productions
maraîchères et, là, on fera des choix encore. Est-ce que ce
sera la tomate? Probablement, tout dépendra de la technique dont nous
disposerons à ce moment-là. Tout dépendra des
marchés aussi, parce que c'est extrêmement important.
Vis-à-vis de la tomate, il y a une chose qu'on a faite, par exemple,
depuis deux ans; c'est qu'on a accentué la recherche. On a
intensifié la recherche en ce qui concerne notamment les tomates sous
serre et en ce qui concerne également les variétés de
tomates qu'on pourrait produire au Québec de façon rentable.
M. LESSARD: M. le Président, pour continuer la discussion de ce
matin, dans le cas de la compagnie Agrobec qui a été
subventionnée il s'agit d'une huilerie je voudrais savoir
quelle subvention a été accordée par le gouvernement du
Québec.
M. TOUPIN: M. le Président, on en a discuté un peu ce
matin par le biais...
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Si le député me le permet, étant
donné que c'est un projet qui est à l'étude, je ne
voudrais...
M. LESSARD: Ce n'est pas un projet concrétisé?
M. TOUPIN: Bien, c'est-à-dire qu'il l'est presque, mais il y a un
certain nombre de
détails encore à régler. J'aimerais autant ne pas
faire de déclaration là-dessus pour ne pas déranger les
négociations actuellement en cours. Ce n'est pas parce que je ne veux
pas en parler. Quand le projet sera réglé, je ne verrai pas
d'inconvénient à en parler ouvertement. Je peux vous dire ceci:
II y aura une participation du ministère de l'Agriculture et une
participation de la SDI.
M. LESSARD: Est-ce que ça veut dire qu'il y aura une
participation monétaire du ministère de l'Agriculture et une
participation de la SDI?
Est-ce que, suite à cette subvention, le gouvernement va exiger
qu'un certain nombre d'actionnaires soient Québécois ou est-ce
que le ministère se dirige plutôt vers une société
mixte?
M. TOUPIN: Je puis vous dire pour le moment que d'abord il y aura aide
financière. Elle peut être sous plusieurs formes, ça peut
être des garanties d'emprunt, ça peut être des prises en
charge d'intérêt ou ça peut être des subventions
directes. Eliminons la troisième, c'est plutôt dans l'ordre de la
prise en charge d'intérêt et dans l'ordre des garanties d'emprunt
que les deux ministères vont oeuvrer dans ce domaine.
En ce qui concerne le projet comme tel, il se réalisera en trois
étapes si toutefois on parvient, au cours des négociations, aux
termes d'une entente finale dans le cadre des exigences qu'on pose.
Une première étape c'est l'huilerie. Il y a une
étape après ça qui est avant et après l'huilerie.
L'étape d'avant c'est celle de l'entreposage de ce qui est produit sur
les fermes, les fèves soya. C'est également l'étape de
l'utilisation des protéines qui seront extraites de l'huile, c'est une
sorte de sous-produit de l'huile. L'autre étape, qui est la
troisième, elle, se trouve à l'avant, c'est l'utilisation de
l'huile et des protéines à d'autres fins que des fins de
consommation de l'huile naturelle, ce dont je vous parlais ce matin.
Dans ce cadre-là, les ententes que nous sommes en train de
négocier incluent une participation québécoise, mais il
faut tenir compte des trois étapes.
M. LESSARD: Mais les négociations sont rompues avec la
Coopérative fédérée?
M. TOUPIN: Non, elles ne sont pas rompues. Au contraire, on les a
reprises; d'ailleurs, elles n'ont jamais été rompues. On a
d'abord commencé à discuter avec elle de la possibilité de
l'implantation d'une telle entreprise. La Fédérée nous a
répondu: Ecoutez, nous on est prêts à participer mais on
n'a peut-être pas tout le "know how" en ce qui concerne la
première étape. Ce serait peut-être mieux qu'on
étudie notre participation dans la deuxième ou dans la
dernière étape.
Alors là on est en discussion. Les secteurs impliqués, je
vais les mentionner, au fond il y en a trois: le secteur coopératif
québécois; la compagnie Agrabec et le ministère de
l'Agriculture. Les trois sont en association sur toutes ces questions que vous
venez de poser. Je ne voudrais pas aller trop loin, pour ne pas créer de
confusion dans les négociations, mais il y aura dans le temps
participation québécoise concrète. D'ailleurs, c'est une
exigence que nous avons posée.
M. LESSARD: Maintenant, je parle d'une entreprise qui appartient au
gouvernement du Québec, soit la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire.
Selon le dernier rapport du vérificateur général, le
déficit accumulé depuis le début des opérations
était de $8.7 millions, déficit estimé au 31 mars
1972.
Le total des subventions accordées par le gouvernement
équivaut, je pense, à $8.1 millions. Est-ce que le ministre
pourrait nous tracer un tableau de la situation financière en 1973? Il
le faisait pour 1972. Je pense qu'en 1972 le déficit a diminué
même assez considérablement. Est-ce que le ministre pourrait nous
faire un tableau de la situation actuelle et de la possibilité de
nouveaux marchés dans ce secteur?
M. ROY: M. le Président, avant que le ministre réponde, le
député de Saguenay me permettra d'ajouter quelque chose à
la question pour avoir une réponse globale. Quelles sont les intentions
du gouvernement vis-à-vis de cette raffinerie?
M. TOUPIN: Elle sont bonnes. On va répondre aux trois. Je vais
vous donner, grosso modo, les grandes lignes. Le sous-ministre de
l'Agriculture, M. Lussier, qui est en même temps président de la
raffinerie de sucre de Saint-Hilaire est ici, et il pourra compléter les
informations.
D'abord, en 1971/72, on a refait le conseil d'administration, de telle
sorte que ce n'est plus le ministre de l'Agriculture qui en est le
président, mais le sous-ministre. Les autres membres du conseil
d'administration sont, d'une part, un représentant du secteur
privé, en l'occurrence M. Beauregard, qui est président de la
compagnie Quebec Poultry et Flamingo; M. Turcotte, qui est gérant
général de la coopérative Fédérée; M.
Guercy, qui est au ministère des Finances, comme sous-ministre; il y a
le député de Verchères, M. Ostiguy, qui est membre du
conseil d'administration et le président qui est le sous-ministre. On a
fait ces changements-là en 1972 si ma mémoire est bonne.
On a également entrepris une étude approfondie à
compter des études qui avaient déjà été
faites sur la possibilité de donner de l'expansion à la
raffinerie de sucre de Saint-Hilaire. Vous vous rappelez qu'on avait
annoncé un budget de quelque $6 millions qu'on devait investir dans la
raffinerie, etc. Avant d'aller plus loin, les
études qui avaient été menées jusqu'à
ce moment-là et celles qu'on a menées après nous ont
amené à la conclusion suivante, qu'il était
préférable, pour commencer, de signer des ententes avec des
entreprises existant sur le marché québécois, parce que la
raffinerie produit l'équivalent d'à peu près 6 p.c. des
besoins en sucre du Québec. Donc, on ne pèse pas beaucoup dans la
balance de la commercialisation du produit. Je n'ai pas besoin de vous dire que
nos réseaux de commercialisation ne sont pas tellement
développés et qu'ils n'étaient pas, non plus, tellement
développés.
Donc, on a signé une entente avec la compagnie Redpath, laquelle
veut que nous lui livrions le sucre à l'état brut et qu'elle le
raffine et le mette en marché. Cette entente nous a été,
jusqu'à maintenant, très profitable. Elle a duré une seule
année et elle a été très profitable, de telle sorte
que, cette année, nous réalisons des profits substantiels
à la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire.
Je ne sais pas si le rapport financier est sorti, mais je pense qu'on
peut dire que cela va se situer aux alentours de $1 million de profit,
peut-être même un peu plus, selon le marché du sucre.
C'est la situation actuelle. Le conseil d'administration est en train
d'étudier un projet qui ne m'a pas encore été soumis, mais
que j'ai eu l'occasion de discuter, bien sûr, avec le président,
parce qu'on travaille presque tous les jours ensemble. Ce projet me sera soumis
sous peu pour réorganiser encore une fois, comme deuxième
étape, la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire. Cela ne veut pas dire
que, pour une deuxième étape, nous allons aller
immédiatement sur le marché de la distribution du sucre à
l'état raffiné, mais cela peut vouloir dire qu'on donnera plus
d'expansion à la raffinerie, qu'on sera capable de raffiner plus de
betterave avec à peu près tous les équipements que nous
avons et que nous serons ainsi en mesure de produire davantage pour que cela
vaille la peine de développer ensuite, si nécessaire, des
réseaux de distribution d'un produit comme celui-là.
Maintenant, on peut aussi examiner d'autres voies. Je sais que le
conseil d'administration a examiné la possibilité de faire des
ententes avec des compagnies qui, déjà, distribuent des produits
pas nécessairement des produits du sucre et qui pourraient
peut-être ajouter à leur gamme de produits les produits du sucre.
Tout cela est à l'état de projet et d'étude. La
première étape franchie a réalisé les objectifs que
nous nous étions fixés, c'est-à-dire d'abord
démontrer que la raffinerie du sucre du Québec est capable
d'être rentable. L'an dernier, on a diminué le déficit par
quelque $200,000, je pense, ou $300,000, et cette année on fait un
profit substantiel. On prévoit aussi pour l'an prochain un profit, tout
dépendra, bien sûr, du marché du sucre. Cela est valable
aussi pour les producteurs, parce que cette année, nous payons les
producteurs plus cher que nous les avons payés les années
passées.
M. ROY: Dans quel pourcentage les cultivateurs ont été
payés plus cher cette année? Pouvez-vous nous donner des
indications à ce sujet?
M. TOUPIN: Le président ou un des deux peut... Ils sont membres
du conseil d'administration tous les deux.
M. OSTIGUY: L'an passé les producteurs ont été
payés $15.02 la tonne et cette année ils sont payés $20 la
tonne.
M. LESSARD: Vous dites combien?
M. OSTIGUY: $15.02 pour la récolte de 1972 et $20 la tonne pour
la récolte de 1973. En 1974, un nouveau contrat leur a été
présenté, tenant compte du rendement en sucre, d'une part, et,
par la suite, du prix courant du marché du sucre, c'est-à-dire le
marché au jour le jour.
M. LESSARD: Les profits s'expliquent aussi par le fait qu'il y a eu une
augmentation considérable du prix du sucre.
M. TOUPIN: Oui, mais il y a une chose évidente: c'est que la
réorganisation administrative, le changement de gérant, le
changement dans l'administration y ont contribué non seulement
très largement, mais ont été le point dominant de la
rentabilité.
M. OSTIGUY: Je voudrais ajouter aussi, M. le Président je
ne sais pas si cela a été mentionné tantôt
qu'il y a un nouveau directeur général, M. Yvan Jacques, agronome
qui a une maîtrise en administration, depuis le 1er décembre.
M. LESSARD: Justement, M. Yvan Jacques donnait une conférence de
presse concernant la raffinerie du sucre, en compagnie d'ailleurs du
sous-ministre du ministère de l'Agriculture, M. Lussier, en date du 4
décembre 1973. M. Jacques a souligné la nécessité
que le ministre de l'Agriculture du Québec rencontre son homologue
fédéral afin d'élaborer une politique nationale du sucre,
comme il en existe une aux Etats-Unis.
Alors, est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a eu l'occasion de
discuter de cette politique nationale et quels sont les résultats de ces
discussions, ainsi que la possibilité d'avoir un taux
préférentiel pour les pays du Commonwealth?
M. ROY: On est en train de changer de sujet; j'aurais encore quelques
questions à poser concernant le prix du sucre.
UNE VOIX: D'accord.
M. ROY: A moins qu'on me permette de revenir tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ah non! j'aime mieux cela de cette
façon.
M. ROY: Bon. Dans l'entente qui est intervenue avec la
société Redpath Sugar, est-ce que le prix a été
convenu? Est-ce qu'il y a eu un prix fixe ou bien si le prix tient compte de
l'évolution du marché?
M. TOUPIN: C'est un prix qui tient compte du marché.
M. ROY: Un prix qui tient compte du marché.
M. TOUPIN: C'est un prix de base avec augmentation à mesure que
le prix du marché augmente.
M. ROY: Le ministre peut-il nous dire que cette entente a
été respectée? Il n'y a pas eu d'abus?
M. TOUPIN: 100 p.c. Elle a été respectée à
la lettre,...
M. OSTIGUY: Le document avait été
déposé.
M. TOUPIN: ...à la cent.
M. OSTIGUY: Le document officiel, vous l'aviez déposé en
Chambre.
M. TOUPIN: Oui, j'ai déposé l'entente que j'ai eue avec
Redpath, d'ailleurs.
M. ROY: D'accord.
M. TOUPIN: A la question posée par le député de
Saguenay, effectivement j'en ai discuté à deux reprises avec M.
Whelan, une fois en particulier où on a abordé de front le
problème. Vous savez que nous ne sommes pas la seule province à
produire du sucre à compter de la betterave. L'Alberta, je pense, ou le
Manitoba, etc., produisent du sucre à compter de la betterave. Mais ils
ont des avantages que nous n'avons pas. C'est un marché un peu plus
fermé, le marché de l'Ouest, à cause de
l'éloignement des autres marchés. Donc, la concurrence
là-bas est un peu moins forte qu'ici. Cela devient un peu plus facile
pour eux de développer des entreprises dans ce secteur. C'est pour cela
qu'il serait nécessaire que nous ayons une politique nationale du sucre
au Canada.
M. Whelan a manifesté non seulement son intention mais son
désir bien arrêté de tenter d'amener le gouvernement
fédéral à établir une politique nationale sur la
question sucrière. Mais depuis ce temps cela fait six mois de
ça peut-être je n'ai eu aucune nouvelle à savoir si
les propositions de M. Whelan ont été acceptées. Je n'ai
pas appris, sous quelque forme que ce soit, par les journaux ou autrement, que
le gouvernement fédéral avait changé sa politique du sucre
au Canada.
M. LESSARD: Mais est-ce que, étant donné l'augmentation
des prix, actuellement, l'entreprise, la raffinerie du sucre de Saint-Hilaire
est vraiment concurrentielle? Le ministre nous parlait tout à l'heure de
possibilités d'investissements allant jusqu'à $6 millions afin de
moderniser l'entreprise.
Est-ce qu'il y a des possibilités d'avoir une véritable
concurrence, même des avantages comparatifs dans ce secteur par rapport
au sucre qui vient, par exemple, des pays comme Cuba?
M. TOUPIN: C'est le problème qu'on a évidemment. On peut
se procurer actuellement de la canne à sucre à meilleur
marché qu'on peut se procurer de la betterave au Québec. Si on ne
paie pas suffisamment les producteurs, les producteurs n'en feront pas.
Or, nous avons choisi ce type d'entente avec la compagnie Redpath parce
qu'on est capable de s'assurer, avec cette compagnie, d'un prix minimum de
base. Si le marché fluctue à la hausse, on a des augmentations.
Si le marché fluctue à la baisse, on perd aussi. Cela joue des
deux côtés, cela suit le marché.
Cette entente nous a permis des économies, d'une part, et elle
nous a permis aussi de nous assurer un marché effectivement sûr,
parce que c'est Redpath qui s'occupe et de raffiner et de distribuer, de vendre
directement aux consommateurs, de commercialiser. Alors, cela nous a
enlevé une épine du pied parce qu'on n'a plus besoin de service
de commercialisation comme auparavant. Ce n'était pas nécessaire
qu'on en ait un, non plus, à cause de la petite quantité qu'on
avait.
On veut continuer dans cette perspective tant et aussi longtemps qu'on
n'aura pas donné une taille plus respectable à l'entreprise,
d'abord; tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas trouvé une certaine
polyvalence dans l'utilisation de ces équipements, et tant et aussi
longtemps également que, dans les pays en voie de développement,
le prix de la canne à sucre n'augmentera pas. Si jamais le prix de la
canne à sucre augmentait de 10 p.c, 15 p.c. ou 20 p.c, cela nous
rendrait beaucoup plus concurrentiels sur le plan de l'approvisionnement des
raffineries. Mais avec les ententes que nous avons actuellement et les projets
que met de l'avant le conseil d'administration, je pense qu'il n'y a pas de
danger, actuellement, pour la raffinerie en vue d'assurer sa survie et sa
rentabilité. Il va falloir calculer non seulement d'année en
année, mais peut-être faire des programmes de cinq ans. Il est
possible qu'une année on fasse $1 million de profits, que,
l'année suivante, on perde $200,000 et que, l'année
d'après, on en fasse $100,000. Au bout du compte, la raffinerie est
rentable.
M. LESSARD: Quelle est la production actuelle de la raffinerie?
M. OSTIGUY: 105,000 tonnes en 1973, pour à peu près 6,000
acres. Je voulais ajouter que nous avions sollicité des agriculteurs
pour une production d'à peu près 7,500 acres, entre 7,500 et
8,000 acres, mais que nous avons obtenu seulement 6,000 acres de semence de
cette culture.
M. TOUPIN: L'an dernier.
M. OSTIGUY: L'an dernier. Cette année, nous avons 6,500 acres
sous contrat actuellement et nous serions prêts à en prendre
jusqu'à 7,500.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: II y a déjà eu des études de faites. Il a
déjà été question en commission parlementaire d'une
deuxième raffinerie de sucre au Québec, dans Portneuf ou dans
Lotbinière, je ne sais pas là, M. le Président...
M. LESSARD: Est-ce que le député me permet? J'ai justement
des notes à ce sujet-là.
M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Voici, là...
M. LESSARD: En ce qui concerne la raffinerie de Saint-Hilaire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Du moment que la question se pose,
l'importance n'est pas qui la pose; une question est posée, le ministre
y répondra. Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Je vais...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si vous voulez passer votre
droit...
M. ROY: J'ai posé ma question tout simplement. Je voulais
demander si les études se continuaient, se complétaient à
ce sujet-là, si le ministère avait des décisions à
nous communiquer.
M. LESSARD: Je voudrais simplement compléter, M. le
Président, la question du député de Beauce-Sud, si vous me
permettez. Ce projet-là a été élaboré en
1966-1967, projet estimé à $9 millions, qui serait situé
à Grondines dans le comté de Portneuf. Je pense qu'il y a eu une
étude très poussée de la part des groupes de promoteurs.
Le projet a été soumis au ministre de l'Industrie de
l'époque, la réponse du ministre fut : L'étude est
sérieuse et bien faite mais ça prendrait une étude plus
approfondie du marché. Il y avait le problème du financement
aussi. Le ministère de l'Agriculture a eu aussi à étudier
ce projet. A l'époque, le ministre du temps était contre le
projet, soit à cause du sol trop morcelé dans la région,
rentabilité douteuse de l'usine. Alors, suite à la question du
député de Beauce-Sud pour bien préciser le projet, est-ce
que cette étude a été continuée, approfondie? La
population a participé à ce projet, la corporation municipale du
village de Saint-Charles-des-Grondines a fait parvenir des lettres à
l'ex-député de Portneuf ainsi qu'au ministre de l'Industrie et du
Commerce. Alors, nous voudrions savoir, pour le bénéfice de la
population de cette région, où en est rendue cette
étude-là et s'il est possible que le ministère
concrétise un deuxième projet en ce qui concerne la production du
sucre.
M. TOUPIN: Notre objectif était très simple au
ministère. D'année en année la raffinerie que nous avions
accusait déjà des déficits. Alors, nous nous sommes
d'abord posé la question suivante: Que servirait de bâtir une
autre raffinerie si nous ne parvenons pas à rendre rentable celle qui
existe déjà? Il ne fallait quand même pas que le
ministère de l'Agriculture ou le gouvernement se mette à
bâtir des raffineries comme des champignons. Il fallait s'assurer que ce
soit un peu rentable à moins que le gouvernement accepte de payer les
déficits de toute entreprise au Québec que nous jugeons, quant
à nous ou quant à la population, utile pour le
développement régional. Mais le gouvernement n'a pas
adopté cette attitude-là, il a adopté une attitude plus
positive, celle de rendre rentable ce que nous avons. Si ça le devient
pour vrai il y aura lieu de regarder après ce qu'on peut faire
ailleurs.
Quand on aura conduit le projet de Saint-Hilaire là où
nous voulons l'amener et ça va prendre encore au moins quelques
années après nous pourrons regarder de façon plus
sérieuse un deuxième projet qui pourrait être à
Portneuf ou ailleurs, je ne le sais pas.
On essaiera de se poser une autre question aussi: Pour les agriculteurs
québécois, qu'est-ce qui est le plus important? Est-ce que c'est
de faire de la betterave sucrière ou de faire, par exemple, du soya, des
tomates ou du bovin, etc.? Il faut se poser cette question-là. C'est une
question de choix, à un moment donné, qu'il faut faire. Pour le
moment, le choix arrêté est le suivant, la décision prise
est la suivante: C'est de parachever le projet de Saint-Hilaire, le rendre
rentable de façon définitive et, après voir ce qu'on
pourrait faire par ailleurs.
M. OSTIGUY: II faudrait bien souligner que ça prend un minimum de
180 jours, ce qui est l'idéal. Et même, cette année, dans
la région du cidre, la région de Saint-Hyacinthe l'an
dernier, la betterave avait été semée le 12 avril
on est rendu au 7 mai et on n'a pas encore été capable d'aller
dans les champs. La période de temps va être
énormément raccourcie cette
année, ce qui va nuire, bien sûr, au rendement de la
betterave à sucre.
M. LESSARD: Suite à la réponse du ministre, pour le moment
on peut croire que l'étude de ce projet n'a pas été
approfondie et qu'on tente d'abord de rentabiliser la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire plutôt que de se lancer dans un autre projet.
M. TOUPIN: C'est ça. La décision prise est celle que je
vous disais tantôt.
M. LESSARD: M. le Président, concernant la commercialisation,
à l'élément Développement et transformation des
produits agricoles, j'aurais une autre question en ce qui me concerne, touchant
plus particulièrement l'industrie du cidre. Est-ce que le ministre
pourrait nous faire faire un tour d'horizon de la situation actuelle? Certains
producteurs ont parlé particulièrement d'une trop grande
capacité de production installée par rapport à la demande.
Est-ce qu'on pourrait savoir quelle est cette capacité installée
actuellement par rapport aux ventes et de quelle façon se fait la mise
en marché au Québec? On sait qu'actuellement on a permis aux
grands magasins à succursales, Steinberg par exemple, de faire la mise
en marché. Quelle est la partie qui est exportée? Est-ce qu'on
pourrait avoir actuellement une vue générale de la situation de
la production de la commercialisation du cidre au Québec?
M. TOUPIN: Bon. Disons donc qu'en général, sans aller dans
tous les détails on pourra peut-être apporter les chiffres
demain, le sous-ministre me disant qu'on ne les a pas tous l'industrie
cidricole au Québec, actuellement, se comporte bien. Les marchés
sont bons en général et la transformation va bien. Le
ministère, jusqu'à maintenant, a contribué au chapitre de
la promotion, a contribué au chapitre de la recherche et a
contribué aussi au chapitre de l'expansion des marchés. Par
exemple, une cidrerie a ouvert un marché au Japon à titre
expérimental, au départ; nous avons quand même les pieds en
dehors du Québec, en dehors du pays. Peut-être sera-t-il possible
de développer là un marché; d'autres essais se font
actuellement dans d'autres parties du Canada et dans d'autres pays. C'est
normal, si on veut arriver à donner à cette entreprise tous les
marchés dont elle a besoin.
Au niveau de la recherche, des pas importants ont été
faits en laboratoire. L'université Laval et le CRESALA qui a
été inauguré récemment à l'Université
du Québec, à Montréal, ont parmi leurs priorités la
possibilité d'utiliser le cidre pour des fins de conservation, avec des
"mix"; on a parlé, par exemple, de la possibilité d'utiliser le
sirop d'érable avec le cidre pour faire une sorte de...
M. OSTIGUY: Cognac.
M. TOUPIN: ... cognac raffiné, etc. Les quelques
expériences qui ont été menées dans ces recherches
se sont avérées jusqu'à un certain point assez bonnes. Je
ne sais pas si j'ai le goût déplacé, mais j'y ai
goûté et c'est très bon, c'est très très
bon.
M. LESSARD: Maintenant...
M. TOUPIN: Cela ressemble au cognac. C'est de la recherche que nous
faisons.
J'ai l'impression que cette industrie est sur une très bonne
voie. Il faut éviter par exemple qu'il y ait d'autres entreprises pour
le moment. Il est même possible que nous assistions dans l'avenir,
d'ailleurs c'est déjà commencé, à un peu de
consolidation dans ce secteur-là, ce qui n'est pas mauvais. Si on en
avait cinq ou six au Québec qui pouvaient se développer comme il
le faut, on pourrait satisfaire non seulement les besoins du marché
interne, mais les besoins aussi des marchés à venir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères veut-il ajouter quelque chose?
M. OSTIGUY: Oui, deux points. Le premier c'est que dans le domaine de
l'exportation il y a déjà une cidrerie qui est rendue à sa
troisième expédition au Japon, qui va être de l'ordre de
5,000 caisses. Alors déjà sur les marchés
extérieurs, si vous voulez, le cidre québécois
pénètre et il est très bien accueilli. La deuxième
raison qui me fait croire que cette industrie va très bien, comme le
disait le ministre de l'Agriculture, c'est le prix des pommes. La pomme qu'on
appelle la pomme de classification C, la pomme tombée, se vendait entre
$0.60 et $0.80 le boisseau avant la législation du cidre. Cette
même pomme tombée, si vous voulez, qui sert à l'extraction
du jus, a été payée en moyenne $2.30 au cours de la
dernière année, la dernière récolte de pommes.
C'est pour la pomme de classification C, la pomme tombée, ce qui
a amené la pomme de consommation pour les pomiculteurs à se
vendre à peu près en moyenne à $5 ou $5.50 le boisseau.
Alors c'est donc dire que l'industrie cidricole a énormément
contribué à améliorer la situation des pomiculteurs dans
la province de Québec. J'en parle en connaissance de cause, puisque je
demeure dans cette région-là. On peut voir des plantations, pas
des plantations nouvelles, mais la replantation si vous voulez, ce qu'on ne
voyait pas autrefois. Lorsque les pommiers n'étaient plus bons, on les
coupait, on ne faisait pas de plantation nouvelle et maintenant on voit
régulièrement des pomiculteurs qui font de nouvelles plantations
pour augmenter leur production.
M. TOUPIN: Voyez-vous, on n'en parle plus tellement du cidre dans les
exemples qu'on essaie d'apporter, mais une des réalisations du
ministère de l'Agriculture, je pense, depuis...
M. LESSARD: Cela faisait tellement longtemps qu'on en parlait.
M. TOUPIN: On en a parlé seulement une année, mais encore
là c'est un secteur qui est quand même...
M. OSTIGUY: On l'a appliqué quand même. On en a
parlé mais on l'applique, pour le Québec.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, mais malheureusement c'est venu tard.
Je ne dis pas.
M. OSTIGUY: On l'a fait.
M. LESSARD: II y avait des gros "lobbys" qui s'opposaient...
M. TOUPIN: On a passé par-dessus.
M. LESSARD: ... à la mise en production.
M. OSTIGUY: D'ailleurs, M. le Président, il y a
déjà des cidreries qui ont des projets d'expansion de l'ordre de
$1 million. Il y en a trois qui songent à prendre de l'expansion
à $1 million chacune.
M. LESSARD: Justement, M. le Président, ces cidreries
actuellement sont dominées par des intérêts
québécois.
M. OSTIGUY: Les pomiculteurs.
M. LESSARD: Les pomiculteurs, est-ce que c'est sous forme de
coopératives?
M. TOUPIN: Dans certains cas. Il y a des coopératives, il y a des
industries privées.
M. LESSARD: Mais on n'entrevoit pas, en tout cas pour le moment, le
danger que de grandes entreprises de transformation puissent s'emparer de ce
marché?
M. TOUPIN: Je peux dire au député de Saguenay qu'on suit
cela de très près. Si jamais une entreprise dans ce
domaine-là veut se vendre à une industrie autre qu'une industrie
québécoise, le ministère de l'Agriculture sera là
pour savoir ce qui se passe avant et non pas après.
M.LESSARD: Parfait, M. le Président. Je prends la parole du
ministre.
M. OSTIGUY: On oblige les cidreries à employer 90 p.c de la pomme
du Québec et je pense que c'est très bon pour nos pomiculteurs.
C'est donc dire qu'il y a un écart de seulement 10 p.c. sur la variation
des goûts auxquels ils peuvent ajouter des concentrés. C'est quand
même une très bonne protection pour la pomiculture du
Québec.
M. TOUPIN: Et j'apporterai une précision; chaque fois que le
gouvernement fédéral fait des rencontres au Québec, le
cocktail offert c'est toujours du cidre québécois.
M. OSTIGUY: Cela se boit...
M. LESSARD: Est-ce que vous parlez du gouvernement fédéral
ou du gouvernement provincial?
M. TOUPIN: Le gouvernement fédéral, les deux.
M. OSTIGUY: M. le Président, on peut dire que c'est pas mal
bon.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Comme on voit à la
télévision, la personne dit: Je savais pas ça.
Alors le député de Saguenay.
M. LESSARD: Moi, M. le Président, je serais prêt à
adopter les crédits de l'élément 1, soit le
développement de la transformation des produits agricoles, au montant de
$5,571,700.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sans faire en détail la
ventilation?
M. ROY: Avant d'adopter ces crédits, je remarque la
question a pu être posée, parce qu'il y a eu d'autres travaux
à l'Assemblée nationale cet après-midi une
diminution de $1 million et demi par rapport à l'année
dernière. Je ne sais pas si cette question a été
touchée, mais j'aimerais quand même qu'on-sache pourquoi.
M. TOUPIN: On l'a regardé un peu ce matin. Ce sont des
changements d'éléments de programme. Je vous apporte un exemple.
La Régie des marchés agricoles du Québec, l'an dernier,
était dans la commercialisation des produits agricoles. Cette
année, on l'a mise à part; il y a $785,000 là-dedans. On
pourrait en chercher un peu partout. Donc, pour la commercialisation cette
année, par rapport à l'an dernier, il n'y a pas d'augmentation
substantielle, s'il y en a, mais cela s'équivaut à peu
près à ce qu'on avait l'an dernier.
M. LESSARD: Cependant, ce qu'on peut faire remarquer en tant que membres
de l'Opposition, étant donné l'ampleur des programmes du
ministère de l'Agriculture concernant l'industrie agro-alimentaire,
étant donné aussi l'inflation, les coûts
supplémentaires que cela va exiger à un moment donné,
l'achat de matériaux, etc., c'est que ce budget-là non seulement
est resté à peu près le même, mais qu'il a
diminué et que le ministre de l'Agriculture, en fait, n'a pas le budget
nécessaire à son ambition dans le commerce agro-alimentaire.
M. TOUPIN: Ecoutez, je ne voudrais pas réembarquer sur cette
question.
M. LESSARD: Je fais remarquer simplement cela, M. le
Président.
M. TOUPIN : Je ne veux pas réembarquer sur cette question. C'est
à la fin de l'année qu'on va le voir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Elément 1, adopté?
M. ROY: Un instant. Je voulais tout simplement ajouter, vu que le
ministre me réfère au programme de la Régie des
marchés agricoles, qu'il y a seulement une augmentation de $112,000 dans
le programme de la Régie des marchés agricoles par rapport
à l'année dernière.
M. TOUPIN: Ce que je voulais dire, c'est ceci. Le député
de Beauce-Sud, non pas parce qu'il ne peut pas le faire, n'a pas compris tout
de suite. L'an dernier, ce programme-là était un
élément du programme de commercialisation, alors que, cette
année, ça devient un programme en soi. Vous avez sorti, dans le
programme actuel cette année par rapport à l'année
dernière, les $785,000. Si on voulait être logique, il faudrait
ajouter $785,000 ici.
M. ROY: Ou bien il y a une erreur. Si je veux croire à ce que le
ministre vient de me dire, je suis obligé de dire qu'il y a une erreur
dans l'impression du livre qui nous est fourni.
M. TOUPIN: Où trouvez-vous l'erreur?
M. ROY: Le montant de 1973/74 a été déduit
effectivement, puisqu'il apparaît au programme 6: $673,400.
M. TOUPIN: Oui, c'est cela, il a été déduit.
M. ROY: Ce dont je veux parler, c'est du montant de $7,032,000 qui
apparaît à l'élément no 1 du programme 5,
comparativement, cette année, à $5,571,700. Si on se
réfère à l'autre, il est inclus et il a été
déduit comme tel.
M. TOUPIN: Oui, d'accord.
M. ROY: Je voulais savoir, moi, pourquoi il y a tant de
différence. Il y a un million et demi de dollars de différence.
Je ne peux pas me référer au programme de la Régie des
marchés agricoles.
M. TOUPIN: Je suis d'accord sur cela. Juste une explication. Evidemment,
c'est technique pas mal. Les comptables le savent mieux que moi. Le
sous-ministre me dit que, l'an dernier, on avait mis dans cet
élément $750,000 pour le déficit possible de la raffinerie
de sucre de Saint-Hilaire, alors qu'on n'en aura pas besoin; donc, cette
année, on n'en a pas mis.
M. ROY: Est-ce que je pourrais savoir, puis- que c'est également
l'occasion à l'étude des crédits, quel est le montant des
$7,032,500 qui a été utilisé?
M. TOUPIN: Cela a été utilisé pas mal au maximum.
Cette année, on a vidé les sacs un peu partout.
M. ROY: Alors, il y a eu des transferts. Vous avez fait des transferts
intérieurs.
M. TOUPIN : Oui, on a fait des transferts. On peut donner une
réponse à cela.
M. ROY: Maintenant, si les $750,000 n'ont pas été
utilisés pour combler un déficit de la raffinerie, ils ont
été utilisés ailleurs.
M. TOUPIN: Ils ont été utilisés pour cela. Oui,
pour le déficit de l'année précédente.
M. LESSARD: II y avait plus de travaux mécanisés,
étant donné les élections.
M. TOUPIN: Ce n'est pas là, ça n'a pas rapport aux
élections.
M. LESSARD: Oui, d'accord, mais il dit que les crédits ont
été utilisés...
M. ROY: Je ne voudrais pas que le député de Saguenay
mêle le sous-ministre, parce que...
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: D'abord, clarifions la situation de la raffinerie de sucre.
Il était de coutume que s'il y avait déficit, c'était
à travers un budget du ministère de l'Agriculture, mais une
année en retard. Donc, il y avait eu, en 1972, à la raffinerie de
sucre de Saint-Hilaire, un déficit de $750,000, qui a dû
être comblé à ce moment par le budget de 1973 que vous avez
voté l'an passé, et qu'on ne retrouve pas cette année,
parce qu'il n'y a pas prévision de déficit au niveau de la
raffinerie de sucre. Il y a un autre élément qui fait la
différence, ce sont les variations, au budget de 1974/75, des
traitements et aussi des augmentations de personnel qui se sont
manifestées aux divers articles de l'élément 1.
M. ROY: Mais si vous avez des augmentations moi je note que vous
avez des augmentations par rapport à l'année dernière
il y a, par contre, une diminution de budget.
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: Moi, j'aimerais bien savoir si le gouvernement dispose de toutes
les données pour pouvoir nous dire, avec le plus de précision
possible, dans quel secteur, cette année, il y a diminution par rapport
à l'année dernière.
M. TOUPIN: Je viens de vous le donner, d'abord il y a $750,000...
M. ROY: ... $750,000, la moitié de la question est
réglée. Il en reste $750,000.
M. TOUPIN: L'an passé, le directeur du service financier
m'informe qu'on avait dû prévoir des réajustements
rétroactifs de traitements, selon la convention collective, sur le
budget de 1973/74, qui avaient été à ce moment-là
inclus dans ce programme et qui contribueraient pour une bonne partie de la
différence.
M. ROY: De l'ordre de combien?
M. TOUPIN: $500,000, je ne sais pas, on va le compiler mais c'est
vraiment de l'ordre d'un demi-million, quelque chose comme ça; on
pourrait vous trouver le chiffre exact.
M. LESSARD: Cette année, il y a une augmentation aussi de 43
employés.
M. TOUPIN: Oui, qui est répartie sur l'ensemble, qui n'est pas
répartie uniquement à l'élément 1, par exemple.
M. ROY: Maintenant pour ce qui est de l'ordre d'un demi-million, est-ce
qu'il y a d'autres sujets, dans l'élément 1, qui connaissent des
diminutions, cette année, par rapport à l'année
dernière?
M. TOUPIN: Nous avons parlé d'un programme d'entrepôt
à double parois qui était un programme terminal que nous avions
lancé; c'était un programme de $500,000, de trois ans, qu'on ne
retrouve pas cette année et qui était dans le budget de 1973/74
à cette prévision.
M. LESSARD: Mais on ne peut pas dire, tel que le désirait le
ministre au symposium agroalimentaire, que le budget du ministère
s'inspire vraiment d'un concept relié à l'agro-alimentaire
plutôt que d'un concept relié exclusivement à la production
agricole. On ne peut pas dire, en fait, que le budget de cette année a
un accent particulier en ce qui concerne justement l'industrie
agro-alimentaire. On peut dire que c'est stable. On peut dire que non seulement
c'est stable mais il y a eu certainement une diminution relative. On ne peut
pas vraiment dire que les objectifs du ministre de l'Agriculture, objectifs
qu'il prônait lors de ce symposium, vont pouvoir être
réalisés avec un budget qui demeure à peu près le
même pour ne pas parler de diminution relative.
M. TOUPIN: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le
député de Saguenay.
M. LESSARD: Vous devriez être d'accord avec vous-même en
date du 1er novembre 1972.
M. TOUPIN: Ecoutez, il ne faut pas excusez l'expression...
M. LESSARD: Pas charrier.
M. TOUPIN: ... pas charrier non plus là-dedans.
M. LESSARD: Non, mais vous avez peut-être charrié au
symposium agro-alimentaire.
M. TOUPIN: Non, je n'ai pas charrié non plus, puis je vais vous
donner la raison qui m'amène à croire...
M. LESSARD: C'est le "fun" parler devant ces gens, ça augmente
l'ampleur de nps projets.
M. TOUPIN: Non, mais ça se concrétise aussi.
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Oui, on vous a apporté assez d'exemples,
jusqu'à maintenant, si cela n'est pas suffisant, je ne sais pas
qu'est-ce qu'on va faire. On va apporter des exemples pour les années
à venir.
M. LESSARD: L'exemple où on a véritablement avancé,
c'est dans la question justement du regroupement dans le secteur du lait.
M. TOUPIN: Oui. Et la question du cidre qui continue, où l'on
participe...
M. LESSARD: Bien, le cidre!
M. TOUPIN: Bien oui, mais cela fait partie de l'agro-alimentaire,
ça.
M. LESSARD: Oui, d'accord. Mais... M. TOUPIN: Cela a été
réglé.
M. LESSARD: ...cela n'a pas nécessité des budgets. Est-ce
que cela en a nécessité?
M. TOUPIN: Cela en a nécessité un peu: $150,000 ou
$200,000 pour la promotion. On l'a vu tantôt; on a adopté un
budget de je ne sais combien de millions de dollars pour la recherche.
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Bien, cela aussi va là-dedans. Alors,
l'agro-alimentaire, on ne retrouve pas cela rien que là.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, mais ce que je veux dire...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: ...c'est que le ministre disait, en novembre 1972, qu'il
allait véritablement accentuer son budget pour l'agro-alimentaire.
Or, je constate, comparativement à l'année 1973/74, qu'il
y a, sinon une diminution relative, du moins une stabilisation du budget.
Alors, je tente tout simplement de prendre les paroles du ministre, en date du
1er novembre 1972, et de comprendre ou de constater en quoi ces paroles, qui
ont été dites au symposium agro-alimentaire, se sont
concrétisées, tel que le voulait le ministre, par une
augmentation des budgets.
M. TOUPIN: Là, vous le faites exprès. Je vous l'ai dit. On
vous a apporté des exemples des réalisations qu'on a faites. On
vous a dit les choix. Plus que ça, on vous a dit les choix qu'on avait
faits pour l'avenir dans le domaine des différentes productions. On vous
a dit, ce matin, que, si l'on veut pousser plus loin notre action, on a besoin
d'équipements plus complets au ministère. On vous a parlé
d'une société. On vous a dit aussi ce matin qu'on avait
ajouté dans la Loi du ministère de l'Agriculture $3 millions de
plus qui permettent au ministère de faire des garanties d'emprunts qu'il
ne pouvait faire auparavant. Ces $3 millions, vous vous le rappelez, c'est
quand on a amendé la Loi du ministère de l'agriculture.
M. LESSARD: Oui, d'accord.
M. TOUPIN: Bon. Ce sont des budgets que l'on met à la disposition
du ministère. Cela n'est pas là-dedans.
M. LESSARD: C'est pour l'ensemble du budget de l'agriculture. Justement,
on constate que le budget, en ce qui concerne la commercialisation agricole,
demeure à peu près le même. Quand vous me parlez de $4.5
millions pour la production du porc ou de $3 millions qui vont être
ajoutés en vertu d'une nouvelle loi, je veux savoir, à ce
moment-là, quelle est la partie qui va aller à la
commercialisation, puisque le ministre lui-même en prenait conscience en
1972.
M. TOUPIN: Cette partie-là va à la commercialisation. Mais
le domaine de l'agro-alimen-taire ne concerne pas exclusivement la
commercialisation. C'est cela que je voudrais que le député de
Saguenay comprenne. C'est qu'on peut prendre des sommes d'argent dans le fonds
consolidé de la province, à même la loi du
ministère. D'un million de dollars qu'on avait, on en a maintenant $3
millions. On en retrouve dans le secteur de la recherche de façon assez
substantielle. Si on avait décortiqué ou ventilé, de
façon plus large, tout ce que l'on fait comme recherche au
Québec, vous auriez trouvé que notre recherche ne porte plus
seulement sur le secteur primaire, mais porte aussi et beaucoup sur le secteur
agro-alimentaire, de la transformation.
Vous allez retrouver aussi, dans d'autres secteurs, des
éléments de programme qui entrent dans le domaine de
l'agro-alimentaire. Actuellement, même si, à ce chapitre, il y a
une diminution apparente d'environ $1 million, on vous a donné des
explications sur cela tantôt; on a changé des programmes de place,
on a enlevé des programmes cette année que l'on va ajouter
ailleurs dans d'autres secteurs, etc. Donc, tout cela mis ensemble,
dénote que, pour le secteur de la commercialisation, le ministère
de l'Agriculture a, avec les éléments qu'il a, avec les moyens
dont il dispose, ce qu'il faut pour faire son travail. Tous les programmes, que
l'on a proposés dans le domaine de la commercialisation, ont
été acceptés.
Je suis d'avis qu'il est possible qu'au bout de la ligne, il manque
$100,000, $200,000 ou $500,000, tout comme il est possible que dans un autre
élément de programme, on n'ait pu dépenser tout le budget.
On fait alors des transferts.
M. LESSARD: Si le ministre est tellement satisfait, qu'est-ce qu'il
faisait devant les étudiants de Polytechnique, à un moment
donné, se plaignant qu'il n'avait pas assez de crédits. Le
ministre est en train de nous convaincre qu'il a augmenté
considérablement son budget en agriculture. Pourtant, c'est
lui-même qui a laissé place à la critique et qui affirmait
devant les étudiants de Polytechnique que s'il n'avait pas de
crédits supplémentaires, il envisagerait la possibilité de
démissionner. Et là, on arrive à l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture et le ministre est tout
satisfait, tout heureux, tout content.
M. TOUPIN: Ce n'est pas que je sois satisfait. Je n'ai jamais soutenu
que j'étais pleinement satisfait de tout ce qu'il y a dans ce volume. Je
n'ai jamais soutenu cela. Je soutiens que dans cet élément, ici,
nous avons fait accepter tous les programmes que nous avons proposés
là-dedans. Je ne soutiens rien d'autre que cela.
M. LESSARD: Tous les programmes?
M. TOUPIN: Tous les programmes qu'on a proposés.
M. LESSARD: II n'y a aucun programme qui a été
proposé par le ministre de l'Agriculture...
M. TOUPIN: Non. M. LESSARD: ... qui a été refusé...
M. TOUPIN: Dans cet élément. M. LESSARD: ... dans cet
élément. M. TOUPIN: La commercialisation.
M. LESSARD: On parlera tout à l'heure du drainage.
M. TOUPIN: Oui. On regardera dans les autres éléments.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: Ce que j'ai soutenu devant les étudiants, je vais le
soutenir tout le temps. C'est que si je n'ai pas les budgets pour
réaliser mon travail, comment voulez-vous que je travaille? Si j'ai
besoin de budgets supplémentaires et si on refuse de me les donner, que
voulez-vous que j'y fasse? C'est simplement ce que j'ai dit. Je n'ai pas dit
autre chose que ça. Mais cela voulait tout dire.
M. LESSARD: Dans le secteur de la commercialisation, cela correspond aux
demandes que vous avez faites au Conseil du trésor.
M. TOUPIN: Aux programmes qu'on a présentés et aux
demandes qu'on a faites. On a eu les programmes de commercialisation qu'on
voulait, à l'exception d'un seul qu'on ne retrouve pas dans le budget.
C'est une loi qui va l'apporter, et on en a discuté cet
après-midi.
M. ROY: Suite aux questions que j'avais posées tout à
l'heure, c'est là que je voulais en venir pour savoir si le ministre
était satisfait. Disons que je n'ai pas le droit de lui demander
tellement une opinion personnelle, mais je peux quand même lui demander,
pour compléter la question posée par l'honorable
député de Saguenay, si le budget actuel répond aux besoins
que le ministre a soumis devant le conseil des ministres.
M. TOUPIN: Je viens de répondre.
M. ROY: Maintenant, comment se fait-il que le ministre dit, à ce
moment-ci, qu'il devra intervenir financièrement dans le secteur de
l'agriculture? C'est lui-même qui a déclaré, lors de
l'ouverture de la commission parlementaire, qu'il va falloir aller plus loin
dans ce domaine.
M. TOUPIN: Qu'est-ce que j'ai dit?
M. ROY: Ici, vous avez dit: "Par cette période d'inflation, il
est normal de prévoir que les interventions gouvernementales dans le
secteur de l'agriculture devront se faire plus nombreuses, plus directes et
plus importantes financièrement, a déclaré hier le
ministre de l'Agriculture, M. Toupin, devant la commission parlementaire qui
scrutait les crédits de son ministère". Aujourd'hui, le ministre
nous dit qu'il est satisfait.
Dans le journal Le Jour, publié le samedi 6 avril 1974 le
président me pardonnera, mais disons que je me permets de lire tous les
journaux qui font de bons rapports, je tiens à le dire on
écrit: C'est vrai qu'au cabinet et c'est le ministre
lui-même qui le dit lorsque je viens défendre un programme
agricole... J'aime- rais que le ministre nous rassure quand même, parce
que la classe agricole se pose de sérieuses questions
présentement...
M. TOUPIN: Oui?
M. ROY: ... Il me faut prendre deux fois plus de temps pour un projet
deux fois moins coûteux que pour les autres projets
présentés par un autre ministre. Est-ce que c'est exact?
M. TOUPIN: La preuve est ici. Je suis obligé de dépenser
deux fois plus d'énergie pour vous raconter un programme que j'ai par
rapport aux autres ministères.
M. ROY: Non, non. Je ne vous parle pas de la commission parlementaire.
Je ne voudrais pas que le ministre de l'Agriculture prenne les tangentes du
premier ministre actuel, qui patine.
M. TOUPIN: Je ne voudrais pas, non plus, qu'il prenne les
tangentes...
M. ROY: J'aimerais savoir si c'est exact que le ministère de
l'Agriculture est mal perçu au conseil des ministres.
M. TOUPIN: Je n'ai jamais dit qu'il était mal perçu.
M. ROY: Mais c'est difficile.
M. TOUPIN: Je ne suis pas le seul à part ça. Allez trouver
Whelan, allez trouver Stewart, vous...
M. ROY: Je ne parle pas d'Ottawa. Je n'en ai pas le droit et le
président ne me le permettrait pas.
M. TOUPIN: Stewart, ce n'est pas d'Ottawa. Whelan non plus.
M. ROY: Je parle de Québec, ici, où c'est difficile
où, autrement dit, le gouvernement de la province, actuellement, n'est
pas convaincu de l'importance du secteur agricole.
M. TOUPIN: Je ne soutiendrai pas cela non plus. Je dois dire que pour
les convaincre, je dois faire plus d'efforts...
M. ROY: Que les autres ministres.
M. TOUPIN: Oui. C'est ce que j'ai dit et je n'ai rien dit d'autre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Elément 1 et 2,
adopté?
M. LESSARD : Non, M. le Président, à moins que le
député de Beauce-Sud veuille faire les ventilations.
Personellement j'ai posé des ques-
tions générales, alors je suis prêt à adopter
l'élément 1 mais non l'élément 2.
M. ROY: A l'élément 1, il y a les dépenses de
capital, $340,000. J'aimerais bien qu'on nous donne des détails à
ce sujet-là.
C'est la catégorie 9, immobilisation.
M. TOUPIN: Une somme de $340,000. M. ROY: Oui, immobilisation.
M. TOUPIN: Ce n'est pas la recherche?
Je crois que ça touche à deux secteurs, ce sont des
projets qui sont amenés au ministère par imputation, qui
relèvent du budget de l'OPDQ par les ententes FODER avec l'Est du
Québec. Un de ces projets-là touche la mise en marché de
la pomme de terre pour l'Est du Québec et un autre est un projet de
recherche de marché pour des bovins laitiers, F-l, dans l'Est du
Québec.
M. ROY: Ces choses ont été capitalisées. Pourquoi
l'a-t-on passé à la capitalisation?
M. TOUPIN: Ce sont les modalités, le contenu du programme.
M. ROY: Parce qu'il s'agit de dépenses courantes, en somme.
M. TOUPIN: Tout dépend des modalités. Quand on pense
à la génisse laitière, on peut aussi penser dans cette
espèce à l'immobilisation parce que nous versons des subventions
aux producteurs du Bas-Saint-Laurent pour produire des génisses
laitières pour promouvoir la production laitière du coin.
M. ROY: Mais vous allez quand même être appelés
à en verser l'an prochain. Comment allez-vous, à ce
moment-là, amortir ces immobilisations?
M. TOUPIN: Ce sont des immobilisations...
M. ROY: Quand on parle d'immobilisations, il faut quand même
prévoir, à un moment donné, les imputer dans des budgets
à tel ordre.
M. TOUPIN: ... ce sera à plus long terme. M. ROY: Oui mais...
M. TOUPIN: Maintenant, c'est peut-être dans le domaine, je ne sais
pas comment l'ODEQ et l'OPDQ produisent leurs programmes.
M. ROY: Sur le plan comptable, je me pose certaines questions.
M. TOUPIN: Oui, à ce chapitre-là, il y aura
peut-être lieu de se poser des questions.
M. ROY: Pourriez-vous le retenir, M. le Président, et nous
pourrions peut-être l'avoir ce soir ou demain matin?
M. TOUPIN: Ce soir ou demain parce que ce soir je ne sais pas si on va
pouvoir le faire.
M. ROY: Demain cela va quand même faire. Il y avait la
catégorie 10 aussi, la catégorie transferts: $4,625,500. Je ne
demande pas le détail, je veux tout simplement préciser ma
question. Est-ce qu'il y a des subventions de prévues à
l'intérieur de cela, parce qu'il s'agit de la transformation des
produits agricoles...
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: ... concernant la fusion des industries, des usines
laitières?
M. TOUPIN: C'est cela, la fusion des abattoirs.
M. ROY: Concernant la fusion des abattoirs, des meuneries...
M. TOUPIN : Non, pas des meuneries.
M. ROY: D n'y en n'a pas, les meuneries ne sont pas comprises
là-dedans.
M. TOUPIN: Non.
M. ROY: La question des abattoirs a été discutée
devant la commission parlementaire pour savoir quelle est présentement
l'orientation ou les décisions que prend le ministère de
l'Agriculture concernant les abattoirs. Il y a plusieurs petits abattoirs
locaux dans le Québec et différentes annonces ont
été faites qu'il y aurait des fusions obligatoires, qu'il y
aurait même des abattoirs qui devraient fermer leurs portes, pour toutes
sortes de considérations.
J'aimerais bien que le ministre puisse nous dire M. le
Président, je m'excuse mais ça concerne ce point si ces
$4,625,000 ont été discutés. Je regarderai au journal des
Débats, et si ça n'a pas été discuté,
j'aimerais...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Voici, il s'agissait de la
volaille...
M. TOUPIN: Je répondrai seulement comme ceci, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, d'accord, allez-y.
M. TOUPIN: Non, cela n'a pas été discuté en
commission parlementaire, premièrement. Deuxièmement, nous avons
préparé une réglementation pour l'inspection obligatoire
des viandes au Québec. Là encore, il faut faire attention parce
que 80 p.c. des viandes vendues au Québec sont effectivement
inspectées avant
et après abattage pour abattoirs "Approuvé Canada" et
"Approuvé Québec". Les autres petits abattoirs appartiennent
à des gens qui font de la mise en marché un peu comme ça
dans le village...
M. ROY: Localement.
M. TOUPIN: Oui, localement. Alors, eux, ont des inspections mais pas
aussi approfondies que celles qu'on fait pour "Approuvé Québec"
et "Approuvé Canada". Donc, ils se chiffrent aux alentours de 300
388, disons 400 et à chaque année il s'en ferme, et il
s'en ouvre.
Pour répondre de façon plus précise, un projet de
loi sera présenté à l'Assemblée nationale sous peu,
la Loi des produits agricoles et des aliments. Et c'est en vertu de cette loi
qu'on va déterminer ce qu'on va faire exactement avec tout ce secteur
des abattoirs. Lorsqu'on discutera de cette loi en commission parlementaire, je
suis disposé à donner à peu près tous les
renseignements concernant le secteur des abattoirs au Québec et à
aller plus loin: à vous donner le programme de façon
détaillée qu'on aura, nous, à ce moment-là pour
inciter des regroupements là où c'est possible, pour inciter
à l'inspection là où ça devient nécessaire,
etc.
M. ROY: Maintenant, est-ce que, au niveau de la loi je vais
peut-être un peu plus loin il nous sera possible d'avoir les
règlements lorsque la commission parlementaire siègera, puisque
le ministre se réfère à la commission parlementaire?
M. TOUPIN: Personnellement, je ne vois pas d'inconvénient
à ce qu'on regarde en même temps le contenu des
règlements.
M. ROY: Dans la question des petits abattoirs locaux, il y en a un
certain nombre au Québec et ça constitue un service assez
important de la population pour le consommateur parce que ça lui permet
d'avoir, dans certains cas, des viandes qui sont autant de qualité que
celles qu'il peut se procurer dans les supermarchés...
M. TOUPIN: C'est ce dont nous discuterons lorsqu'on étudiera la
loi, si vous voulez; ce sont surtout ces petits abattoirs qui vont faire
l'objet de discussions.
M. ROY: Qui vont faire l'objet de discussions.
M. TOUPIN: Ce sera le coeur du problème.
M. ROY: Maintenant, le ministre ne veut pas s'aventurer à nous
dire si on a l'intention de leur rendre la vie difficile ou si on a l'intention
de leur permettre de continuer à fonctionner.
M. TOUPIN: On n'a pas l'intention de ren- dre la vie difficile à
personne; notre intention nette et arrêtée, depuis six mois, c'est
de faire en sorte que toute viande vendue au Québec soit
inspectée. Dans notre esprit...
M. ROY: Je comprends très bien ce que le ministre veut dire, mais
par les règlements d'inspection, il reste qu'il peut être
difficile, pour un petit abattoir, de satisfaire à toutes les exigences
de la réglementation concernant les abattoirs...
M. TOUPIN: C'est ça.
M. ROY: ... et qui, des fois, n'ont rien à voir avec la
qualité de la viande.
M. TOUPIN: Ecoutez, on peut embarquer dans ce domaine, mais comme je
vous l'ai dit tantôt, je préférerais le voir dans le cadre
de la loi. Il va falloir s'entendre là-dessus, il va falloir que
l'Opposition comprenne les mêmes choses que nous là-dessus, il va
falloir...
M. ROY: Ce n'est pas obligatoire qu'on comprenne les mêmes choses
que vous, l'important c'est de comprendre les désirs et les besoins de
la population.
M. TOUPIN: Bien, écoutez, il y a des problèmes sur
lesquels on est d'accord. Je pense qu'on doit être capable de donner
à ces problèmes une même interprétation. Si
l'Opposition n'est pas d'accord pour que toutes les viandes soient
inspectées au Québec, il va falloir trouver une formule qui va
nous permettre, à nous, de les inspecter, tout au moins. Parce que le
consommateur est quand même dans le coup, et une des
responsabilités du ministère de l'Agriculture, c'est non pas de
mettre rien que des produits à la portée du consommateur mais des
produits de qualité. Et si jamais, demain matin, une
épidémie de choléra se déclarait quelque part dans
la province, et si c'était attribuable à des viandes non
inspectées, vous seriez le premier à nous blâmer et
à dire : Prenez vos responsabilités. C'est tout cela qu'on
discute lorsque vous abordez ce problème. Je suis prêt à le
voir en détail, en total, lorsqu'on discutera cette loi qui va venir au
cours des deux prochains mois.
M. LESSARD: Les quatre prochaines années.
M. TOUPIN: Non, non, la loi...
M. ROY: Disons que présentement, sur la question des abattoirs,
c'est le statu quo; il n'y a rien de nouveau.
M. TOUPIN: Non, non, ça se travaille. Il y a la
réglementation qui est prête. La loi s'en vient; elle va
être amendée et il va rester, après ça,
l'application des règlements, puis l'applica-
tion de la loi. C'est là qu'on va toucher aux petits abattoirs et
décider ce qu'on va faire avec eux, la façon dont on va
régler ce problème-là.
M. ROY: Maintenant, dans la réglementation qui est en voie
d'être adoptée, est-ce qu'on a déjà commencé
ou si on prévoit commencer l'application de ces règlements avant
que la loi soit adoptée?
M. TOUPIN: On se pose la question.
M. TOUPIN: Oui, c'est drôlement important. C'est assez important
qu'avec la publicité qui se fait de ce temps-là: 400 abattoirs au
Québec qui vendent de la viande sans que ce soit inspecté, on se
demande si on ne devrait pas appliquer nos règlements
immédiatement et puis adopter la loi deux ou trois semaines
après. On est en train, là-dessus, de prendre une décision
finale. Cette semaine ou la semaine prochaine au plus tard, on aura pris une
décision finale là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: Vous parlez d'une réglementation...
M. ROY: Je m'excuse là, mais c'est pour terminer. Etant
donné que le ministre semble vouloir faire appliquer ces
règlements-là tout de suite, est-ce qu'il pourrait les
déposer tout de suite, de façon qu'on puisse en prendre
connaissance? Est-ce que le ministre accepterait de déposer les
règlements aussitôt qu'ils seront prêts, si on commence
à les appliquer avant la loi?
Je pense que c'est important que les gens sachent quels sont les
règlements? Non, c'est un point qui est important, M. le
Président. J'attendais l'étude des crédits pour en
discuter et ça concerne la transformation des produits agricoles.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ecoutez, M. le député,
justement, je demande, lorsque vous posez une question au ministre, lorsqu'il
s'agit de réglementation concernant une loi qui n'est pas encore
déposée...
M. LESSARD: J'espère qu'elle va être
déposée.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, justement.
M. LESSARD: Si elle était déposée, ce serait
beaucoup moins difficile d'en discuter.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je me demande si cela peut se faire
lors de l'étude des crédits ou si ce ne serait pas une question
ouverte à poser au ministre en Chambre.
M. ROY: M. le Président...
M. LESSARD: Non, on va nous répondre: Demandez-le lors de
l'étude des crédits.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je me pose cette question, mais je peux
bien accepter votre décision immédiatement et dire: Non, ce n'est
pas ici. Ce ne serait pas long.
M. ROY: Moi, je me rappellerai toujours, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Mais, je me pose cette question.
M. ROY: ...les premières questions...
M. LESSARD: On va essayer de vous répondre.
M. ROY: M. le Président, sur le point que vous avez
soulevé, je me rappellerai toujours les premières questions que
nous avons posées à l'Assemblée nationale et les
réponses que nous faisait, dans le temps, M. Pierre Laporte, qui
était le leader du gouvernement: S'il y a des questions qui touchent
l'agriculture, vous les poserez à la commission parlementaire de
l'agriculture. On siège pour étudier les crédits
présentement et vous aurez toute la latitude, tous les pouvoirs
possibles pour poser toutes les questions qui concernent ce secteur. Là,
c'est le temps, que ce soit les questions d'agriculture ou d'autres sujets.
Moi, cela fait longtemps que je veux soulever cette question à
l'Assemblée nationale, mais, sachant que nous pourrions discuter cette
question lors de l'étude des crédits, j'ai attendu pour soulever
cette question à ce moment-ci.
M. TOUPIN: Je puis répondre ceci à la question qui a
été posée: Les règlements sont prêts pour le
ministère. Ils sont actuellement au comité de révision des
règlements et, ensuite, ils se dirigent vers le conseil des ministres.
Donc, ils ne sont pas encore adoptés. Même si on les adoptait
immédiatement au conseil des ministres, cela ne veut pas dire qu'ils
vont entrer en vigueur le lendemain matin.
Ce sont les différentes étapes qu'on a franchies. Voici ce
que je suis prêt à faire, M. le Président, pour ne pas
éterniser les discussions. On n'a pas les règlements avec nous
actuellement, on pourrait s'embarquer là-dedans et palabrer longtemps;
je devrais encore demeurer dans des hypothèses, dans des ci et des
ça parce qu'on n'a pas les règlements devant nous.
Voici ce que je suis prêt à faire. Au moment où les
règlements seront adoptés par le conseil des ministres, avant que
ces derniers entrent en vigueur, je ne vois pas d'inconvénient du tout
à faire une déclaration en Chambre et à dire que les
règlements ont été adoptés par le conseil des
ministres. A ce- moment-là, si on juge à propos
de tenir une commission parlementaire et si l'Opposition juge à
propos de demander la tenue d'une commission parlementaire, personnellement je
n'ai pas d'objection à en tenir une.
M. LESSARD: Autrement dit, vous ne nous ferez pas le coup d'une
déclaration ministérielle suite à une question qui serait
soulevée par un député libéral.
M. TOUPIN: Ce n'est pas dans mes habitudes, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, je constate qu'il est six
heures. La séance...
M. TOUPIN: Si vous permettez, M. le Président, j'apporte une
correction. On a parlé des immobilisations, tantôt, on ne savait
pas trop quoi; $340,000, ce sont effectivement des immobilisations qui vont se
faire dans le cadre du programme Arda-3, dans l'Abitibi. C'est l'agro-centre de
La Sarre, où on va investir $340,000 pour doter la région d'un
agro-centre et, probablement, d'un centre d'abattage.
M. ROY: Mes comptables seront satisfaits!
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour l'avancement...
M. TOUPIN: Le député de Beauce-Sud aussi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, messieurs! Pour l'avancement
des travaux, l'élément 1 est terminé. Il y avait une
question du député de Verchères. Si vous voulez, nous
allons entendre sa question et nous pourrons considérer
l'élément 1 comme étant adopté.
M. OSTIGUY: Est-ce que je peux la poser tout de suite, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui.
M. OSTIGUY: Ah, bon. Cela m'inquiétait aussi que la
réglementation concernant les petits abattoirs soit adoptée avant
que la loi ne soit adoptée. Dans le comté que je
représente, il y a des petits abattoirs et je pense qu'il y aurait lieu
qu'on regarde cette réglementation en commission parlementaire. Beaucoup
de représentations nous sont faites actuellement par les
propriétaires des petits abattoirs. C'est bien beau d'adopter un
règlement avant d'adopter une loi mais lorsque la réglementation
sera faite et que la loi viendra par la suite...
M. TOUPIN: II faut apporter des explications, par exemple. La loi
actuelle nous permet de faire des règlements mais il y a des
éléments qu'on veut mettre dans nos règlements et que la
loi actuelle ne nous permet pas de faire. J'apporte un exemple. Actuellement,
on ne peut pas exiger de permis pour la construction ou l'établissement
d'un abattoir parce que la loi ne nous permet pas de le faire. Alors, on amende
la loi précisément pour nous donner un certain nombre de pouvoirs
là-dedans qui vont nous permettre de contrôler un peu plus le
secteur des abattoirs au Québec.
Cet élément, à lui tout seul, ne nous
empêchera pas d'appliquer nos règlements actuels. Mais si on
applique nos règlements actuels, il va falloir mettre en place notre
programme de regroupement des abattoirs. Il va falloir dire à certains
abattoirs: Ecoutez, vous allez fermer ou vous allez vous agrandir.
M. OSTIGUY: Moi, je voudrais vous apporter l'exemple d'un type qui
exploite un petit abattoir et qui est en même temps boucher. Est-ce qu'il
va avoir le droit d'aller faire abattre son bétail dans un abattoir qui
détient un permis...
M. TOUPIN: Oui.
M. OSTIGUY: ... mais de faire la sélection du bétail dans
sa boucherie?
M. TOUPIN: Absolument. Si vous voulez, étant donné qu'un
autre député donne un autre son de cloche et désirerait
une commission parlementaire...
M. OSTIGUY: Oui.
M. TOUPIN: ... je reviens à mon idée de tantôt.
Quand les règlements seront prêts, j'en informerai la Chambre et
on décidera, à ce moment-là, de la possibilité
d'une commission parlementaire. Moi, je vous dis au départ que je n'ai
aucune restriction fondamentale.
M. ROY: Je remercie l'honorable député de Verchères
de partager mes inquiétudes.
M. OSTIGUY: Je ne partage pas vos inquiétudes mon cher
collègue.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Elément 1, adopté.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, messieurs, la commission suspend
ses travaux jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 18
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'Agriculture): A l'ordre, messieurs! Agriculture, programme 5,
élément 2.
M. LESSARD: M. le Président, à l'élément 2,
on voit le montant de $790,000. Je sais que le ministre nous a parlé,
depuis le début de la discussion des crédits du ministère
de l'Agriculture, de certaines recherches qui se faisaient. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire ici, à ce titre, les recherches
particulières qui se font au ministère de l'Agriculture en
relation avec les objectifs qui sont fixés à ce sujet concernant
ce programme, soit le rôle et l'importance de l'agriculture dans
l'économie du Québec, la situation au niveau des circuits de
distribution et d'approvisionnement, la rentabilité des exploitations et
la régionalisation des productions? Est-ce que le ministre pourrait
faire simplement un résumé des principales recherches? Outre les
recherches qui peuvent se faire sur la production
céréalière, est-ce que des recherches précises se
font?
M. TOUPIN: II faudrait que le député de Saguenay fasse la
distinction entre la recherche appliquée et la recherche
économique.
Alors, dans la recherche dont on parle ici, il ne s'agit pas du tout de
sélectionner des céréales, de voir quelle est la meilleure
variété. Cela est dans le programme de...
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: ... recherche qu'on a vu au départ.
M. LESSARD: Qu'on a vu...
M. TOUPIN: Alors, ce sont surtout des recherches économiques.
M. LESSARD: ... au programme 1.
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: Je vais vous donner quatre ou cinq exemples de ce qui se fait
au ministère. D'abord, il se fait de la recherche constante sur les
coûts de production en agriculture en vue de nous aider à orienter
nos programmes dans le cadre des productions à développer au
Québec. C'est bien beau de parler, par exemple, comme cet
après-midi, de développer une autre raffinerie de sucre. C'est
bien beau de dire: Bon, il faudrait avoir telle industrie dans tel secteur.
Alors, un des rôles du secteur de la recherche économique au
ministère, c'est précisément de nous fournir à ce
sujet des données.
Il nous fournit des données également sur la gestion des
entreprises. Quand, par exemple, nous entreprenons un programme de regroupement
d'entreprises, de fusion d'entreprises, c'est le service économique qui
est chargé de faire des études de base pour nous indiquer s'il
vaut la peine d'intervenir dans ce secteur ou si cela ne vaut pas la peine
d'intervenir. Lorsqu'il s'agit, par exemple, d'orienter nos productions et
d'orienter nos actions dans le cadre des marchés, il faut faire une
étude des marchés pour voir comment se comportent les
marchés dans le domaine des carottes, par exemple, dans le domaine du
lait, dans le domaine des viandes. Alors, c'est le service économique
qui fait des recherches pertinentes à ces marchés, à ces
secteurs de recherche que nous déterminons, au ministère,
l'équipe des sous-ministres et le ministre, aux différents
services impliqués dans le gouvernement.
C'est, par exemple, aussi ce service qui fait les recherches sur la
question de la rentabilité du cidre au Québec, etc., etc.
C'est, tout compte fait, un ensemble d'études essentiellement
économiques à court, à moyen et à long terme, mais
surtout à long terme.
M. LESSARD: Maintenant, justement en relation avec le programme de
commercialisation, je soulevais une question concernant la priorité de
développement dans les différents produits. Est-ce qu'à la
suite de ces recherches que vous avez faites, soit sur le coût de
production, soit sur la rentabilité, vous avez actuellement des
résultats précis qui vous permettent de conclure, par exemple, en
ce qui concerne le développement agricole?
M. TOUPIN: Oui. L'exemple le plus patent qu'on peut apporter, c'est
celui de l'augmentation du prix du lait aux producteurs. La Régie des
marchés agricoles du Québec se sert du service économique
du ministère pour établir, grosso modo, les coûts de
production et pour aider à la...
M. LESSARD: En fait, vous accumulez les statistiques.
M. TOUPIN: On fait plus que les accumuler. D'abord, on les compile et on
tire des conclusions de ces compilations de statistiques qui nous indiquent
à nous, par exemple, que dans la production porcine, les prix diminuent,
les coûts de production augmentent, etc., donc qu'il faut intervenir ou
qu'il ne faut pas intervenir, selon les études économiques faites
par le service en question.
M. LESSARD: Mais vous nous demandez de voter $790,300 pour la recherche,
dont un montant est prévu pour les traitements et autres. Est-ce qu'il y
a des programmes précis, actuellement, de recherche au ministère
de l'Agriculture dans ce secteur?
M. TOUPIN: Si on prenait, par exemple, les
secteurs les uns après les autres, disons d'abord, au
départ, que ce service a pour tâche de mettre à la
disposition du ministère toutes les données économiques de
base requises pour que le ministère puisse prendre une décision
éclairée. C'est sa première fonction.
Sa deuxième fonction, c'est de préparer des esquisses de
programmes à long terme, en tenant compte du climat, des sols, des
marchés, etc., etc., qui nous donnent des indications nettes et claires
sur l'orientation qu'on doit prendre dans le cadre d'un certain nombre de
programme.
Un troisième aspect qui, lui, est à court, à moyen
et à long terme, c'est celui de la gestion. Par exemple, on a au
Québec des GERA, on a des syndicats de gestion. On se dit: Bon, on a mis
ça en place. Cela coûte déjà de l'argent pour les
maintenir. Donc, il faut que ces statistiques parviennent au ministère
et que nous, nous puissions nous en servir pour, par exemple, déterminer
quel intrant coûte le plus cher dans la production laitière, par
exemple, quel intrant coûte le plus cher dans la production bovine, quel
intrant coûte le plus cher dans la production des betteraves
sucrières.
Ce sont des études qui se font, c'est-à-dire que l'on
prend les résultats des syndicats ou des cercles de gestion, on les
amène chez nous et on les analyse. On en fait des catégories, ce
qu'on appelle des catégories de tête ou des catégories de
queue. On dit les plus efficaces sont là, les moins efficaces sont
là et, peut-être pas les médiocres, mais ceux qui
mériteraient d'être fouettés un peu plus sont à la
fin. De la sorte, on va retrouver, sur un troupeau laitier de 30 unités,
un producteur qui va se faire $4,000 net dans l'année; lui c'est un gars
de queue. Le gars de tête va s'en faire $8,000. On dit: Qu'est-ce qui
fait défaut sur la ferme du gars qui ne fait que $4,000 alors que
l'autre en fait $8,000 avec le même nombre d'unités? Où est
le problème? Ainsi, on corrige l'ensemble de nos programmes et on incite
les gars qui travaillent dans le champ, les agronomes notamment,
vis-à-vis des GERA ou vis-à-vis des syndicats de gestion,
à insister davantage pour que tel gars utilise tel système
alimentaire plutôt que tel autre, etc. pour améliorer la condition
de la ferme. Ce sont les principaux secteurs dans lesquels oeuvre le service de
la recherche économique.
M. LESSARD: Est-ce que globalement cette recherche se fait au niveau des
fonctionnaires du ministère ou est-ce qu'on fait appel à des
entreprises de l'extérieur?
M. TOUPIN: De façon générale, c'est le
ministère, c'est le service qui fait ces travaux, mais il arrive souvent
que sur des problèmes précis, par exemple...
M. LESSARD: Des problèmes ultra-spécialisés.
M. TOUPIN: Oui spécialisés ou parfois des problèmes
précis. Par exemple, l'université Laval a, au cours des quatre
dernières années, fait une étude bien particulière
sur la question des comptabilités agricoles. A ce moment-là,
lorsqu'on parle de syndicat de gestion ou de l'interprétation des
résultats de gestion, on collabore avec l'université Laval. On
demande à l'université Laval de nous fournir ses données
ou on l'engage par contrat, etc.
M. LESSARD: M. le Président, quant à moi, à moins
que le député de Beauce ait des questions, j'aimerais, en ce qui
concerne la catégorie des services, avoir un éventail des
montants qui sont prévus soit pour l'université Laval ou pour
d'autres catégories.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce que d'autres membres de la
commission ont des questions à poser?
M. ROY: Moi j'aurais des questions à poser.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: C'est au niveau de certaines études du ministère.
Je ne sais pas si ça entre dans cet élément no 2. Vous me
rappellerez à l'ordre, M. le Président, s'il y a lieu.
Je voudrais savoir si au ministère de l'Agriculture on a fait des
études concernant l'approvisionnement des grains de provende.
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: Quelles sont les possibilités que peut avoir le
Québec à sa disposition en vue de négocier plus
avantageusement que ça se fait actuellement avec la Commission
canadienne du blé, pour ce qui a trait aux grains de provende qui sont
utilisés dans la province de Québec?
On sait très bien que lorsqu'on parle d'études
économiques agro-alimentaires, on parle de la rentabilité des
fermes. Que ce soit dans l'industrie laitière, que ce soit dans
l'industrie porcine, que ce soit dans la volaille, on sait très bien que
la question d'approvisionnement de grains de provende est le facteur
numéro un qui peut faire en sorte que ce soit rentable ou pas rentable
du tout, voire même déficitaire.
J'aimerais savoir du ministre où en sont rendues ces
études actuellement et si le gouvernement à l'intention d'adopter
des changements dans les politiques actuellement en vigueur dans de
domaine.
M. TOUPIN: Evidemment, les études qu'on a faites dans le domaine
des grains de provende, c'était surtout pour tenter de faire la
comparaison entre ce que coûtait d'abord l'achat de grains de provende de
l'Ouest par rapport à l'achat possible de grains de provende de
provenance particulière autre que les provinces
de l'Ouest. On s'est rendu compte que dans certains cas il aurait
été préférable pour le Québec d'acheter ses
céréales à l'extérieur du pays. Dans certaines
autres circonstances, il était préférable de les acheter
à l'intérieur du pays. Etant donné que la Commission
canadienne du blé ferme toute frontière, nous devons donc, bien
sûr, nous contenter d'acheter au Canada. C'est la première
constatation qui est dégagée d'une première étude
que nous avons faite.
Une deuxième constatation qui s'est dégagée d'une
étude approfondie, c'est qu'on s'est rendu compte statistiques
à l'appui bien sûr que les producteurs de l'Ouest qui
achetaient leurs grains hors quota payaient des prix beaucoup plus bas que les
producteurs de l'Est, de telle sorte qu'il devenait plus facile pour les
producteurs de l'Ouest de concurrencer sur les marchés de l'Est par
rapport aux producteurs de l'Est, les utilisateurs de grains bien
sûr.
La troisième constatation qu'on a faite à la suite
d'études est la suivante: II est plus rentable pour un agriculteur
québécois de produire sur sa ferme ce dont il a besoin pour
alimenter son bétail que de l'acheter de l'extérieur, quel que
soit le prix. D'où l'idée du programme auto-approvisionnement. A
la suite de ces constatations, nous avons d'abord demandé au
fédéral, dans une première démarche, d'unifier les
prix au pays. C'est de là qu'est venue la suggestion qu'ont faite l'UPA,
la Coopérative fédérée et le ministère de
l'Agriculture au gouvernement fédéral d'inventer une
méthode pour que chacun des agriculteurs québécois soit
sur un pied d'égalité. Nous avons fait un certain nombre de
suggestions dont l'une a été retenue: celle de faire agir
l'Office des produits agricoles du Canada, qui achète les grains hors
quota et qui place ces grains sur le même pied que les grains
commercialisés dans le cadre de la Commission canadienne du
blé.
De cette façon, les producteurs de l'Est sont maintenant,
à quelques sous près alors qu'auparavant c'était
non pas en termes de sous mais en termes de dollars sur le même
pied que les producteurs de l'Ouest. En conséquence, bien sûr, la
production bovine dans l'Ouest a diminué et la production
céréalière a augmenté, parce que les prix
étant plus élevés, les producteurs de l'Ouest ont
préféré produire des céréales plutôt
que de produire des viandes bovines.
Alors ç'a apporté une partie de solution aux producteurs
de l'Est, mais ça n'a pas apporté de solution véritable
pour l'ensemble des producteurs canadiens. Les constatations
générales ont pu se dégager de toutes les études
qu'on a menées jusqu'à maintenant, dans le cadre
économique. Nous avons pris, quant à nous, deux positions, dont
l'une est rendue publique depuis longtemps, depuis au moins un an, et qui se
concrétise dans un programme qu'on appelle auto-approvisionnement. On
demande aux agriculteurs québécois de produire plus de
céréales et notamment sur leur ferme.
Encore là c'est dangereux, parce que quand on produit des
céréales et que les céréales sont chères, on
vend la céréale, puis on vend en même temps ou le boeuf ou
la vache et c'est payant que de le faire en même temps, d'autant plus que
la période des six ou sept derniers mois a été très
avantageuse, sur le plan de la vente des viandes bovines, et sur le plan en
même temps de la vente des céréales, parce que les deux
étaient à des prix très élevés.
Du reste ce programme, quant à nous, est fondamental. On ne
rêve pas en couleurs. On le dit, on l'a déjà dit, on va le
répéter encore. Le Québec ne peut pas dépasser
beaucoup plus que 60 p.c. dans son auto-approvisionnement, à moins qu'il
décide de mettre de côté certaines autres productions que
nous jugeons tout aussi importantes que les producteurs
céréalières.
Je vais vous parler de l'autre décision qui a été
prise. L'autre décision qui a été prise est la suivante:
après toutes les démarches qu'on a faites, après toutes
les négociations qui se sont tenues, on croit qu'il est temps maintenant
que le Québec agisse comme secteur témoin, c'est-à-dire
que le gouvernement du Québec tente de devenir lui aussi une sorte
d'acheteur et d'entre-positaire de grains, de telle sorte que ça lui
permettra maintenant de pénétrer véritablement dans le
commerce et de voir exactement ce qui se passe.
Cela, c'est relié à la société dont on
parlait hier, ce matin plutôt, ce soir...
M. LESSARD: La Société de développement
agricole.
M. TOUPIN: ... cette société de développement
agricole c'est-à-dire la Société de développement
agro-alimentaire...
M. LESSARD: C'est une société d'achat.
M. TOUPIN: Oui, mais on lui donnerait le pouvoir d'acheter, d'entreposer
et de...
M. ROY: De faire le commerce du grain de provende, autrement dit.
M. TOUPIN: Pas nécessairement rien que lui. M. LESSARD: D'avoir
un acheminement.
M. ROY: Non, mais de le négocier, autrement dit.
M. TOUPIN: D'avoir un pouvoir d'achat et d'entreposage et de vente.
M. LESSARD: D'avoir un pouvoir d'achat unique.
M. LESSARD: Est-ce que cette société, justement, n'aurait
pas comme fonction d'approvisionner les agriculteurs de l'Est? Donc, si on ne
lui donneras les pouvoirs d'acheteur unique, si les agriculteurs continuent
d'acheter...
M. TOUPIN: Je pense que, dans le domaine des provendes, si on parvenait
à mettre en place un bon secteur témoin, on influencerait
suffisamment le comportement des marché pour savoir au moins ce qui se
passe dedans.
M. ROY: Au sujet de savoir ce qui se passe, est-ce que
présentement le ministère de l'Agriculture est toujours au
courant des prix qui sont payés aux agriculteurs de l'Ouest, des prix
que doivent payer les agriculteurs de l'Est, ainsi que des prix du
marché à l'exportation?
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: Maintenant, est-ce que vous avez des chiffres assez
récents pour nous donner un tableau de cela?
M. TOUPIN: On pourrait les apporter, on les a.
M. ROY: Vous pourriez les apporter et les rapporter.
M. TOUPIN: On les a à toutes les semaines.
M. ROY: Vous les prenez à toutes les semaines.
M. TOUPIN: II y a un bonhomme, au service économique, dont le
rôle consiste précisément à suivre le comportement
des marchés canadiens, notamment, celui des provendes.
M. ROY: Si vous me permettez de le noter, M. le Président, je me
suis permis de faire des recherches en date du 15 mars 1974. Je pense que c'est
assez étonnant et c'est bon que ce soit signalé. Pour cent livres
de blé, le prix payé par les cultivateurs de l'Est, le 15 mars
1974, était de $7.20; le prix que reçoit le cultivateur de
l'Ouest pour cent livres, à la même date, $2.65. La
différence ou le profit que le Québec doit payer, doit
débourser est de $4.55, ce qui fait une augmentation de 172 p.c. que le
cultivateur de l'Est du Québec est obligé de payer par rapport au
prix que reçoit le cultivateur de l'Ouest.
Est-ce que le ministre peut me dire si ces chiffres-là... Les
chiffres sont officiels, ce sont des chiffres qui relèvent des
statistiques que nous avons réussi à retracer, malgré que
ces chiffres ne soient pas publiés dans les journaux. Dans le cas de
l'orge, c'est encore plus épouvantable. Le 15 mars 1974, le prix de
l'orge payé par les cultivateurs de l'Est était de $6.05; le prix
que recevait le cultivateur de l'Ouest pour l'orge était de $1.63 les
cents livres; la différence ou le profit que le Québec doit payer
était de $4.42, ce qui faisait une augmentation de 265 p.c. Quant
à l'avoine, $5.90 que payait le cultivateur de l'Est, $1.88 que recevait
le cultivateur de l'Ouest et Dieu sait si le cultivateur de l'Ouest se lamente
à l'occasion; la différence ou le profit que doit
débourser le Québec était de $4.02, soit 214 p.c.
Je pense qu'on a justement là des indications assez
précises qui nous démontrent clairement qu'on ne peut pas
continuer dans cette voie. Si le cultivateur de l'Ouest ne trouve pas à
vendre suffisamment cher ses grains de provende, il se lance dans
l'élevage du fait qu'il peut obtenir des prix plus élevés
et, à ce moment-là, il vient concurrencer le marché de la
consommation à Toronto et à Montréal en vice versa. Moi,
j'aime bien qu'on parle d'auto-approvisionnement, mais je me demande si c'est
possible pour ceux qui se sont installés et qui se sont
spécialisés, suite à la tendance que l'agriculture a prise
au Québec. En effet, au lieu de diversifier la production agricole, on
demande aux cultivateurs de se spécialiser soit dans l'élevage,
dans le bovin de boucherie, dans les porcheries ou dans les poulaillers.
Il est à peu près impossible de demander à un
aviculteur de s'auto-approvisionner, comme il est à peu près
impossible de demander à un cultivateur qui s'est
spécialisé dans la production porcine de s'auto-approvisionner.
Il restera toujours, parce qu'ils n'ont pas l'étendue de terrain... A
moins que Québec ne décide d'organiser des zones, des territoires
qui se spécialiseraient uniquement dans la production des grains de
provende. Si le gouvernement du Québec ne définit pas quelques
territoires qui pourraient se spécialiser uniquement là-dedans en
organisant tous les services dont les agriculteurs auraient besoin au niveau de
la mécanisation, au niveau de l'entreposage ou autre, je me demande de
quelle façon on pourra, par exemple, demander aux producteurs de porcs
de l'ancien comté de Dorchester qui, aujourd'hui, a une partie dans
Lévis, une partie dans Bellechasse, une partie dans Beauce-Nord, une
partie dans Montmagny, qui sont spécialisés... C'est la
même chose pour les aviculteurs du bas de la Beauce, du comté de
Beauce-Nord. C'est la même chose pour les gens de Lotbinière. Il
est absolument impensable, si on regarde la bonne partie de la production
québécoise qui se fait dans ces régions, de demander
à ces agriculteurs de s'auto-approvisionner. Il reste qu'il y a une
certaine quantité, une certaine partie de la production chez nous qui va
toujours devoir s'approvisionner dans les greniers de l'Ouest pour être
capables de continuer, selon notre place sur ce marché, étant
donné que nous avons un marché de consommation chez nous. Le
ministre m'a parlé d'un organisme tantôt: cela fait longtemps
d'ailleurs qu'on demande un organisme provincial qui permettrait de
négocier avec les gens de l'Ouest de façon qu'on cesse
d'être à la merci de quelques intermédiaires qui se
spécialisent dans l'art d'exploiter les deux en même temps:
exploiter l'Ouest en payant le meilleur marché possible et exploiter
l'Est en vendant le plus cher possible.
M. TOUPIN: C'est la Commission canadienne du blé.
M. ROY: Oui, la Commission canadienne du blé, je n'ai pas peur de
la nommer, c'est un fait. La Commission canadienne du blé est un
organisme je le dis, M. le Président qui n'a jamais servi
les intérêts du Québec. Nous sommes toujours
exploités. Je pense que le ministère de l'Agriculture va
être entièrement d'accord là-dessus. Si le gouvernement
provincial se dote d'un organisme qui pourra lui permettre de négocier,
de discuter des prix et surtout je dirai au ministre de ne pas craindre,
à ce moment-là, il aura notre appui de dénoncer la
Commission canadienne du blé lorsque c'est le temps, et de ne pas se
gêner...
M. TOUPIN: S'il y a un ministre qui l'a fait dans le Québec,
depuis quatre ans, c'est bien moi.
M. ROY: D'ailleurs, je félicite le ministre sur ce
côté, mais je vous féliciterais encore beaucoup plus si
vous l'aviez fait davantage.
M. TOUPIN: Alors là il faudrait que je m'asseoie sur le toit du
Parlement fédéral.
M. ROY: Ce serait peut-être une bonne chose.
M. TOUPIN: Et puis que je crie dans la cheminée.
M. ROY: Ce serait peut-être une bonne chose. On a toujours
été à sa merci. Si on veut parler d'auto-approvisionnement
au Québec, je pense qu'il va falloir des études
économiques pour déterminer, si dans certaines régions du
Québec, on ne pourrait pas organiser la production des grains de
provende.
M. TOUPIN: Cela est fait.
M. ROY: Je ne suis pas spécialiste en la matière, mais je
songe, par exemple, au Nord-Ouest québécois, où à
un moment donné...
M. TOUPIN: C'est vrai que vous n'êtes pas spécialiste en la
matière.
M. ROY: Non, je ne suis pas spécialiste en la matière,
mais il y a eu des études.
Non, il y a eu des cultivateurs quand même et je parle à la
suite de témoignages que j'ai eus d'agriculteurs qui ont fait des
expériences dans le Nord-Ouest québécois. Ils nous ont
fait part que les expériences ont été très bonnes,
ont été très avantageuses.
M. TOUPIN: Le député de Beauce-Sud...
M. ROY: Je ne veux pas parler d'une grande échelle...
M. TOUPIN: ...va me le permettre et je suis prêt à lui dire
maintenant...
M. LESSARD: On peut faire cela à Sept-Iles aussi.
M. TOUPIN: Oui. Je pense que...
M. ROY: Dans le cas du Nord-Ouest, j'exclus la baie James.
M. TOUPIN: D'accord. On lui a donné une autre vocation
d'ailleurs.
On va les prendre rapidement, les uns après les autres. D'abord
la question des prix, dont vous parlez. Je ne suis pas en mesure de contester
ou de confirmer vos statistiques. Il est possible qu'il y ait une
interprétation à laquelle il faudrait faire attention, surtout
celle que vous donnez, par rapport aux paiements d'appoint, c'est-à-dire
les avances que le gouvernement fédéral paie aux producteurs de
grain c'est ce qu'on appelle les paiements anticipés par
rapport aux prix qu'ils reçoivent à la fin de l'année
relativement au marché. Il faudrait faire attention à
ça.
M. ROY: C'est pour cela que j'aimerais que le ministre...
M. TOUPIN: Oui. Je pense que le prix que vous donnez aux producteurs,
sans contester vos statistiques, je ne suis pas certain que ce soit
celui-là. Il est plus élevé que ça, à mon
point de vue, à ce temps-ci.
Quand vous parlez de l'autre prix payé au Québec, il
faudrait savoir si c'est le prix de la moulée. Cela me paraît
être le prix de la moulée. Si c'est le prix de la moulée,
là vous avez toute la chaîne.
M. ROY: Du grain.
M. TOUPIN: Ah!
M. ROY: 15 mars 1974.
M. TOUPIN: C'est possible. En tout cas, les meuneries ne font pas
d'argent, pas une miette. Si tel est le cas, les meuneries ne font pas
d'argent. Elles ne font pas une damnée cent. Elles vont toutes crever
demain matin. Il n'y a pas une meunerie qui va fonctionner avec $0.50 de profit
pour faire la transformation de l'avoine en moulée, avec l'orge, avec
tout ce qu'on entre dedans.
M. ROY: Oui mais il y a d'autres ingrédients qui entrent
dedans.
M. TOUPIN: En tout cas, je ne veux pas les interpréter. Mettons
de côté la question des statistiques et, demain, nous pourrons
vérifier pour savoir exactement ce qui se passe dans le domaine des
provendes au pays.
Le deuxième problème que vous soulevez, c'est le zonage
concernant la question des céréalières. Je pense que,
théoriquement, ce que
vous soutenez, c'est vrai. Théoriquement, c'est vrai. Je ne pense
pas que l'on puisse contester. D'ailleurs, cela fait déjà au
moins trois ans que le ministère en parle. On a déjà
établi des zones dans certaines régions. La région
Saguenay-Lac-Saint-Jean est zonée. La région de l'Abitibi, le
zonage est prêt; on va l'appliquer d'ici quelque temps et on
prépare...
M. LESSARD: Pour le bovin.
M. TOUPIN: Oui, le bovin et l'industrie laitière ou certains
types de productions. On pense au colza, par exemple, dans ces coins-là.
Peut-être certaines catégories d'orge mais, encore là, il
va falloir être prudent parce que, trois récoltes sur cinq, ce
n'est pas suffisant. Il va falloir en faire quatre au moins; qu'on en perde une
sur cinq ans, cela se tient. Mais, plus que cela, ce n'est plus tenable.
On est en train de le faire dans le reste de la province. On va l'avoir
d'ici peut-être trois ou quatre mois, le zonage dans la province, comme
esquisse tout au moins. Lorsque l'on discutera de la loi d'aménagement
du territoire, on pourra, à ce moment-là, aborder le zonage et
voir ce que l'on peut faire dans telle région par rapport à telle
autre, etc.
Mais, là, il y a un danger qui nous guette. Prenons la zone de
Montréal, qui est la plus belle, celle où l'on peut produire
à peu près la plus grande variété de produits, y
compris les céréales. La production de Montréal, si elle
est la plus belle pour la production...
M. LESSARD: Si elle ne disparaît pas.
M. TOUPIN: ...des céréales, elle est aussi la plus belle
pour la production des autres types, par exemple les productions
maraîchères, la production laitière, toutes les autres
productions. Cela coûte moins cher, tout compte fait, produire n'importe
quoi dans cette région que de le produire ailleurs. Donc, si nous
décidons de produire là-bas des céréales, il faudra
déplacer des productions. Vers où? Vers l'Abitibi? Vers la
Beauce? Vers Québec? Il va falloir déplacer des productions.
Déplacer des productions, cela ne se fait pas comme ça. Si
tu es installé, si tu as une industrie et que cela ne fait pas ton
affaire aux Trois-Rivières ou à Saint-George-de-Beauce, bien tu
peux toujours calculer les coûts. Tu déplaces l'industrie et tu
essaies de trouver là-bas la main-d'oeuvre ou tu déplaces la
main-d'oeuvre avec toi. Mais encore là c'est un problème
sérieux. En agriculture, c'est encore plus sérieux. C'est encore
plus difficile parce que tu ne peux pas déplacer le gars, tu ne fais pas
suivre le gars. Là, il a sa ferme et la ferme, tu ne la déplaces
pas. Tu ne peux pas dire au gars: Prends ta ferme, mets-la dans ta poche et va
t'installer là-vas. Le gars, il est installé sur sa ferme. Il a
une production. Il a des centaines de milliers de dollars d'investis
là-dedans. Alors, c'est quelque chose à long terme.
Ce que l'on a choisi, nous, comme option dans ce cadre-là, c'est
l'auto-approvisionnement sur la ferme.
En même temps, on dit à des producteurs de se
spécialiser. Mais il ne faudrait pas se faire jouer de tours, non plus,
parce que, comme on le disait tantôt, quand le prix des grains de
provende est élevé, les gars cherchent à les vendre et ne
s'en servent pas pour faire des productions animales. Donc, tu risques de
détruire ton industrie animale c'est ce qui se passe dans
l'Ouest, tout compte fait quand le marché des grains est bon.
Donc, on essaie de les mener de front. On ne veut pas commettre l'erreur
que l'Ouest a commise. On veut les mener de front. On dit au gars: Tu as une
ferme. Agrandis ta ferme, va chercher 300 ou 350 acres et essaie, sur ta ferme,
de produire ce dont tu as besoin: le soya, si nécessaire, le mais
à ensilage, le mais-grain, l'orge et l'avoine. Entends-toi
peut-être avec tes voisins et avec une meunerie et organise-toi pour
faire moudre et trouver tes propres formules d'alimentation.
C'est ce qu'il y a de plus rentable, au Québec, actuellement et
partout, d'ailleurs au Canada.
M. ROY: D'ailleurs, c'est ce type d'agriculture qui a toujours
donné le plus de sécurité.
M. TOUPIN: Qui a donné le plus de sécurité et cela
est encore plus vrai aujourd'hui. Là, ce n'est pas nécessairement
de la monoculture, mais ce n'est pas, non plus, de la polyculture. Avant cela,
on retrouvait sur la même ferme des poules, des porcs, des vaches, des
chevaux, etc.
M. ROY: Un peu de tout pour les besoins domestiques.
M. TOUPIN: Oui. Aujourd'hui, on tend plutôt à se
spécialiser dans une production donnée, mais on essaie de rendre
polyvalents les intrants, les productions de base. Ce sont les deux options que
nous avons prises, nous, au gouvernement du Québec, en ce qui concerne
le zonage et l'approvisionnement en grain des fermes.
On aime bien voir, par exemple, un producteur de boeuf faire son mais
à ensilage, un producteur de lait faire son mais à ensilage et
avoir ses silos. Promenez-vous un peu dans la province, comme vous le faites
sans doute, et regardez pousser les silos comme des champignons. Cela, c'est la
politique du ministère d'auto-approvisionnement, qui se
concrétise avec des silos, dans le domaine du mais à ensilage et
des luzernes, par exemple.
On a doublé, plus même je pense, la production de luzerne,
au Québec, depuis deux ans. Cela, c'est fantastique. C'est une source de
protéines vraiment formidable. C'est ce qui nous permet, d'ailleurs, de
maintenir les productions laitières et les productions bovines, ici,
qu'on a et qui se développent: 20 p.c. il y a
quatre ans, 25 p.c. cette année. On monte à un rythme pas
trop rapide, mais on avance.
M. LESSARD: Les problèmes que certains agriculteurs ou certains
producteurs rencontrent, c'est que cela leur prend trop de superficie pour
faire, justement, de la culture céréa-lière et ils sont
donc obligés de prendre une partie de leur superficie qui doit, bien
souvent, être utilisée soit pour l'élevage, soit pour la
production.
Parce qu'on me disait, par exemple, que...
M. TOUPIN: En termes d'acres.
M. LESSARD: En termes d'acres, oui.
M. TOUPIN: En termes d'acres, c'est plus rentable de faire de la
production bovine et de la production porcine que de faire de la production
céréalière.
M. LESSARD: Oui. C'est ça. On me disait que, si on voulait faire
de l'auto-approvisionnement à 100 p.c...
M. TOUPIN: Ce n'est pas possible.
M. LESSARD: ... cela allait prendre 3 millions d'acres, au
Québec, alors que nous avons 5 millions d'acres qui sont
véritablement agricoles. On me disait que cela prenait trois acres pour
faire, justement de l'auto-approvisionne-ment par rapport à un acre
où on pouvait faire de l'élevage.
M. TOUPIN: C'est pour ça que je vous dis que ce n'est pas
possible de penser que le Québec va devenir autosuffisant en
céréales. Ce n'est pas possible. A moins qu'on ne parvienne
à trouver des céréales qu'on pourra faire pousser, je ne
sais pas, en Abitibi ou dans le Saguenay Lac-Saint-Jean. Il y a
là des grandes superficies de terre qui peuvent servir beaucoup plus
à l'élevage de bovins, à la production laitière
qu'à la production céréalière.
On peut faire des productions à base d'herbages: la luzerne, le
trèfle, le mais à ensilage. Cela peut se faire dans ces
régions. Mais pas les céréales, ni le mais-grain, ni le
soya.
M. LESSARD: Concernant le mais-grain, est-ce que le ministère de
l'Agriculture a tenté d'obtenir du gouvernement fédéral,
par exemple, l'abolition des tarifs douaniers sur le mais-grain, puisque c'est
un peu un produit de substitution par rapport aux grains de provende?
M. TOUPIN: Non, on n'a pas touché à ça. On
préfère laisser plutôt les barrières ouvertes avec
les Etats-Unis. De ce temps-ci, par exemple, regardez le prix du mais à
ensilage, sur le marché de Chicago. Il est plus bas que le prix des
grains de provende traditionnels, tels l'orge et l'avoine. Alors, cela a une
influence directe sur les grains de provende, parce que les producteurs de
l'Est, y compris ceux du Québec, utiliseront plus de mais pour faire de
la production laitière, pour faire de la production porcine. Et cela
influence le prix des grains de pro vende.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, mais je vous demande si vous avez
demandé de négocier avec le gouvernement fédéral
l'abolition des tarifs douaniers...
M. TOUPIN: II n'y en n'a pas, dans le mais-grain, il n'y en n'a pas.
M. LESSARD: II y a 8 p.c. de tarif douanier.
M. TOUPIN: De tarif douanier, à l'entrée du mais
américain au Québec, au Canada?
M. LESSARD: Au Québec, au Canada.
M. TOUPIN: C'est huit cents du minot. Cela veut dire quoi? Douze ou
quinze cents des 100 livres, c'est bénin, c'est vraiment symbolique.
M. LESSARD: Et combien se vendent les 100 livres.
M. TOUPIN: Un peu plus de $5. M. LESSARD: C'est 2 p.c. ou 3 p.c. M. ROY:
Cela représente 3 p.c. M. TOUPIN: C'est moins pire que...
M. ROY: C'est moins pire que la Commission canadienne du blé.
M. TOUPIN: Ah oui.
M. LESSARD: Je sais que le ministre a énormément
protesté contre la Commission canadienne du blé, mais est-ce que
le ministre, prochainement, va être capable d'établir son secteur
témoin en ce qui concerne l'achat des grains de provende?
M. TOUPIN: J'ai répondu à cette question-là.
M. LESSARD: Vous avez répondu, mais je parle de prochainement, et
je voudrais avoir une réponse assez précise. Il me semble
que...
M. TOUPIN: Pour la saison 75/76.
M. LESSARD: ... c'est une chose normale quand on négocie avec une
commission qui, par exemple, s'appelle la Commission canadienne du blé.
Si on laisse des producteurs négocier individuellement, il y aura des
problèmes. Il me semble que c'est une chose qui aurait dû
être mise en application depuis fort longtemps.
Nous sommes encore, en 1974, en train de discuter l'établissement
d'un acheteur unique des grains de provende.
Il me semble que ça devient urgent, d'autant plus que le
ministre nous le dit aujourd'hui depuis trois ans le ministre
blâme la Commission canadienne du blé qui a toujours agi contre
les intérêts du Québec, et d'ailleurs on l'a vu, il semble
que ça se soit réglé. Mais tout à coup, lorsque
nous réussissons à conclure une entente concernant les grains de
provende, il se pose un autre problème, c'est l'approvisionnement. Ils
ne veulent plus nous fournir, à un moment donné, parce que
ça devient peut-être plus payant de fournir ailleurs ou à
l'extérieur, je ne le sais pas, mais il s'est posé cet hiver un
problème d'approvisionnement.
Je pense qu'on aurait dû penser à avoir un acheteur unique
depuis assez longtemps et il devient assez important de prendre une
décision dans ce secteur, de telle façon qu'on puisse
négocier des prix.
M. TOUPIN: Oui, cela fait déjà quelques années que
nous en parlons. Nous avons essayé de régler le problème
par voie de négociation avec le gouvernement fédéral. Nous
nous rendons compte que les intérêts de la Commission canadienne
du blé ne sont pas nécessairement les nôtres.
M. LESSARD: Surtout les élections fédérales
arrivant.
M. TOUPIN: Les intérêts de la Commission canadienne du
blé ne sont pas les nôtres non plus.
M. LESSARD: Comme les intérêts de la
Confédération ne sont pas les nôtres.
M. TOUPIN: Je ne voudrais pas mêler les rats avec les chats parce
qu'il y en a toujours un qui veut manger l'autre.
M. LESSARD: D'accord. Mais c'est justement un organisme
fédéral.
M. ROY: Ils peuvent s'entre-dévorer.
M. TOUPIN: Je vais y revenir. Le rôle premier de la Commission
canadienne du blé est de faire en sorte que les producteurs de
blé, d'orge et d'avoine de l'Ouest reçoivent les meilleurs prix
possibles pour leurs produits. C'est pour cela d'ailleurs qu'ils ont toujours
toléré les hors quotas.
M. LESSARD: Son rôle est exclusivement de protéger les
producteurs de l'Ouest.
M. TOUPIN: Son premier rôle c'est ça. Son deuxième
rôle c'est de donner à l'Office canadien des provendes l'occasion
d'approvisionner l'Est. Mais c'est un rôle plus particulier de l'Office
canadien des provendes, dont M. Per-reault est le président au
Québec.
M. Perreault, qui est un ancien économiste à l'UCC
l'UPA maintenant et qui s'occupe de cela depuis une bonne dizaine
d'années, a le rôle d'approvisionner l'Est. Mais on me dit
toujours que cet office ne parvient pas à obtenir tous les pouvoirs dont
il aurait besoin pour approvisionner l'Est.
Dans le cadre de la protection des producteurs de l'Ouest entrent les
marchés d'exportation; or, la Commission canadienne du blé
négocie des ententes avec les pays et une fois ces ententes
négociées, il faut bien honorer les échéances.
Très souvent, cela crée des problèmes
d'approvisionnement.
M. ROY: Mais ces ententes, bien souvent, sont négociées
avec les autres pays à des conditions plus avantageuses que celles qu'on
impose au Québec.
M. TOUPIN: Parfois oui, parfois non; c'est difficile à
déterminer parce que pour les ententes internationales,
évidemment, d'abord il y a des prix internationaux, des minimums sur le
plan international; on ne peut pas vendre les provendes n'importe quel prix, on
évite le dumping sur le marché international parce qu'il y a des
ententes internationales.
M. ROY: ... quand même plus pratique.
M. TOUPIN: Oui, cela arrive de temps en temps; les Etats-Unis l'ont fait
déjà, la France ne s'est pas gênée pour le
faire...
M. ROY: C'est ça.
M. TOUPIN: ... et on a dit: Nous autres aussi, on va le faire. Mais de
façon générale, on respecte assez les ententes
internationales. Cela influence les prix dans l'Est, il n'y a pas de doute
possible.
M. LESSARD: Mais le ministre pourrait-il nous expliquer plus
précisément pourquoi, lorsqu'on payait plus cher, par exemple,
les grains de provende...
M. TOUPIN: Je pense que je l'ai expliqué tantôt.
M. LESSARD: Oui, vous y avez touché, mais je voudrais le savoir
plus précisément. Comment se fait-il que...
M. TOUPIN: ... dans vos mains.
M. LESSARD: ... lorsqu'on payait, par exemple, plus cher les grains de
provende, on n'a jamais eu de problème d'approvisionnement et maintenant
que le ministre a signé un accord selon lequel on peut obtenir les
grains de provende en exceptant le coût de transport,
selon un prix égal à celui des producteurs de
l'Ouest...
M. TOUPIN: Uniforme.
M. LESSARD: ... un prix uniforme, tout à coup on a eu un
problème d'approvisionnement? Est-ce que ce sont les contrats
internationaux? Je voudrais que le ministre nous précise.
M. TOUPIN: Ecoutez, on l'a dit, je pense que la question m'a
été posée en Chambre à plusieurs reprises, c'est
qu'il y a eu deux problèmes: il y a eu d'abord le problème des
ports, le problème des débardeurs qui a empêché les
bateaux de descendre le fleuve au moment où la voie était
navigable, donc on n'a pas pu, ici...
M. LESSARD: Mais cela est déjà arrivé avant.
M. TOUPIN: Oui, et on a...
M. LESSARD: On a trouvé une solution.
M. TOUPIN: ... déjà vécu le même
problème aussi auparavant, ou à peu près. Par la suite, il
y a eu le problème du transport par voie ferrée; un
problème de plus qui s'est posé peut-être cette fois-ci,
c'est qu'on n'est pas parvenu à transporter suffisamment de grains de
l'Ouest vers l'Est, non seulement pour les besoins domestiques, mais aussi pour
les besoins d'exportation parce que souvent on charge des bateaux ici dans le
Saint-Laurent pour les diriger vers les pays d'outremer. Donc, les deux
problèmes étant conjugués, il a fallu faire appel au train
et on a eu des problèmes de wagons; on n'en avait pas suffisamment et
les compagnies de chemin de fer étaient intéressées
à transporter autre chose que le grain, ce qui était plus payant,
etc., d'où le problème auquel fait allusion M. Marchand de ce
temps-ci. C'est le problème de fond, le transport des
céréales et de toute autre production de l'Ouest vers les ports
maritimes, la Colombie-Britannique ou l'Est, le Saint-Laurent.
M. LESSARD: Devant ce problème, est-ce que le ministre est
informé que pour faire face à cette pénurie possible,
qu'on a annoncée au cours du mois de décembre, les producteurs de
l'Est ont dû payer plus cher pour s'approvisionner et être
assurés d'avoir au moins la quantité de grains de provende
pour...
M. TOUPIN: J'ai fortement l'impression que vis-à-vis d'un produit
en particulier, qui est l'avoine, il y a eu des abus de la part de certaines
personnes. Je ne peux pas les identifier de façon claire parce que la
commercialisation passe par bien des mains avant d'arriver chez le producteur,
mais j'ai nettement l'im- pression qu'il y en a qui ont profité de la
situation.
M. LESSARD: Cela a eu certainement pour effet et on pourrait
faire la relation avec le pétrole de faire augmenter les
prix.
M. TOUPIN: Oui, je ne voudrais pas faire rouler le pétrole sur
l'avoine mais...
M. LESSARD: Mais des fois, ça se charge sur les mêmes
bateaux.
UNE VOIX: Parce que l'un gaspille l'autre. M. TOUPIN: Oui, en
plus...
M. ROY: M. le Président, moi, j'aimerais savoir si c'est vrai,
étant donné les difficultés qu'ils ont eues dans les ports
cette année, qu'on a profité des réserves qu'il y avait
dans les silos de l'Est pour remplir des commandes...
M. TOUPIN: On a dit que oui.
M. ROY: On a dit que oui... et que ceci a créé justement
une baisse très prononcée dans nos réserves du
Québec qui n'ont pas pu être compensées par les chemins de
fer, par les voies navigables normales. Parce que justement il y a eu des
difficultés, on ne pouvait plus, à ce moment-là, faire les
chargements internationaux dans des élévateurs de l'Ouest.
On s'est laissé dire ces choses-là. Si ça s'est
dit, moi, j'aimerais savoir si le ministère de l'Agriculture du
Québec s'est informé de la situation pour avoir le plus de
précisions possible là-dessus. J'aimerais connaître les
intentions du ministre et quelle a été la réaction du
gouvernement de la province à ce sujet.
M. TOUPIN: Notre réaction a été très simple.
Vous vous rappelez je ne me rappelle pas à quelle date que
j'ai fait une déclaration publique où j'ai dit: Les
entrepôts québécois sont insuffisants en termes
d'approvisionnement. Il faudrait absolument qu'on les approvisionne dans le
plus bref délai si on veut avoir les grains dont on a besoin pour
alimenter le bétail québécois pour l'hiver. Cela a
été la première déclaration que j'ai faite. Par la
suite, c'est M. Lang lui-même qui a fait une déclaration où
il a dit: Le ministre de l'Agriculture du Québec s'inquiète pour
rien. On est capable de fournir les demandes. On est capable, en même
temps, de fournir les demandes à l'exportation, etc.
Un mois après, on a fait la même déclaration. On a
rencontré M. Wheland et j'ai rencontré personnellement M. Lang,
j'en ai discuté avec lui. Il m'a dit: Ecoutez, probablement que vous
aviez raison à ce moment-là; on pensait de régler le
problème plus rapidement, etc. J'ai rencontré aussi des gens de
l'Office canadien des provendes. J'en ai discuté avec eux. J'ai dit:
Ecoutez, ça dépend de quoi? Eux, nous disent que c'est un
problème de transport, des grains dans l'Ouest, il y en a; ce n'est pas
un problème. On est allé jusqu'à dire qu'il y avait
certains entrepositaires dans l'Ouest qui profitaient de l'occasion pour garder
en entrepôt un peu plus longtemps l'avoine notamment, pour maintenir les
prix plus élevés vers l'Est et vers les marchés
d'exportation, ce qui n'est absolument pas impossible dans les circonstances
actuelles.
Ce n'est pas impossible, parce que la Commission canadienne du
blé achète de l'avoine, bien sûr, mais il y a aussi dans
l'Ouest des entrepositaires privés qui entreposent les grains. Ces
entrepôts, très souvent, appartiennent aux producteurs ou à
des sortes de coopératives ou à des individus privés.
Tout ça mis ensemble, on s'est rendu compte qu'on était
pris dans une sorte de stratégie de mise en marché, dont il
était extrêmement difficile de dépister quel était
l'élément le plus influent dans l'augmentation des prix. Cela
s'est fait sentir, d'ailleurs, sur le plan international. Les autres pays ont
joué à peu près le même jeu, de telle sorte que cela
a fait monter les prix à des niveaux jamais vus auparavant. Par chance
que cela a baissé un peu depuis ce temps. Alors, c'est cet ensemble de
démarches qu'on a faites.
M. ROY: Mais vous avez eu la querelle des protéines et de
l'énergie à ce moment-là qui a donné lieu à
des compensations.
M. TOUPIN: II y a eu les protéines, mais, pour les
protéines, c'était déjà prévisible, parce
que le problème de la production du soya est survenu l'an dernier. Les
récoltes ont été, je ne dirais pas ratées, mais
elles ont diminué pas mal. Alors, dans les protéines, ça
ne prend pas de temps; 3 p.c. ou 4 p.c. de moins de protéines sur le
marché, cela crée des surplus, mais, encore là, j'ai
l'impression qu'il y a des gens qui profitent des situations.
M. ROY: Mais le point que j'aimerais savoir, M. le Président,
c'était justement celui-ci: Est-ce bien exact qu'à un moment
donné, les élévateurs de l'Est ont servi à
accommoder temporairement, passagèrement, les transporteurs maritimes
qui avaient des commandes à remplir vis-à-vis des fournisseurs,
compte tenu des contrats qui étaient intervenus entre le marché
canadien, la Commission canadienne du blé et les acheteurs des autres
pays?
M. TOUPIN: C'est dans l'ordre du possible.
M. ROY: Le ministre me dit que c'est dans l'ordre du possible, mais,
moi, je me demande pourquoi, à ce moment-là, le gouvernement de
la province, étant donné que c'était sa
responsabilité de suivre cette affaire-là de beaucoup plus
près qu'elle n'a été suivie...
M. TOUPIN: Bien, je ne le sais pas, je pense...
M. ROY: Parce que vous savez, il y a quand même un autre
phénomène. On a eu évidemment la campagne
électorale à ce moment-là.
M. TOUPIN: J'ai l'impression que le député...
M. ROY: Je ne veux pas prêter des intentions au ministre. On a eu
la campagne électorale.
M. TOUPIN: C'est une chose que j'avais suivie à ce
moment-là.
M. ROY: Oui, d'ailleurs, j'ai suivi l'affaire de très
près. C'était difficile pour moi de ne pas la suivre, parce qu'il
y avait trop de personnes de mon comté qui étaient directement
impliquées, puis qui ont été victimes de cet état
de fait. Alors, j'ai été quotidiennement informé de
l'évolution de la situation et des problèmes que tout cela a
suscités. Il reste quand même qu'il y en a qui ont profité
de cette question, parce que ce n'est pas le fait de vendre l'avoine plus cher
qui avait pour conséquence de faire en sorte qu'on avait plus d'avoine
dans les silos. Il y en a qui ont profité du fait qu'on a, je dirais,
à un moment donné, à l'insu du gouvernement de la
province, fait en sorte que les élévateurs situés dans
l'Est pour approvisionner les cultivateurs de l'Est ont servi pour le
marché international.
On n'a pas pu, après, être en mesure de
rééquilibrer la situation de façon à éviter
aux agriculteurs du Québec l'odieux d'être obligés de payer
beaucoup plus cher parce qu'on sait que ceci a contribué à
l'augmentation des coûts.
M. TOUPIN: Oui, mais il faut dire qu'il n'y a pas dans l'Est seulement
les Québécois.
M. ROY: Non, mais il y a eu ce problème qui a affecté les
agriculteurs de l'Est et pour lequel les agriculteurs de l'Est ont dû
débourser des milliers de dollars.
M. TOUPIN: Qui a affecté ceux de l'Ontario et qui a
affecté ceux de l'Ouest en plus.
M. ROY: Je comprends, mais je parle des nôtres, de nos
élévateurs; cela a eu des incidences ailleurs, mais
c'étaient quand même nos élévateurs de
Montréal, de Trois-Rivières et de Québec.
M. TOUPIN: Oui. Ecoutez, le gouvernement n'est pas un agent de
commercialisation en tant que tel. Il essaie, bien sûr, de
contrôler les mécanismes de commercialisation mais en ce qui
concerne les grains, comme je vous le disais tantôt, les pouvoirs de la
Commission canadienne du blé sont tellement étendus, sont
tellement grands que c'est un monopole, je n'hésite pas à le
dire. C'est un monopole de fait et c'est un monopole juridique en plus parce
que c'est une loi qui crée cette affaire-là. Ce
n'est pas facile de pénétrer là-dedans et de savoir
exactement ce qui se passe au bateau près.
M. LESSARD: Sinon créer notre propre monopole.
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: Pas un monopole, un organisme.
M. TOUPIN: On pense à devenir un secteur témoin.
M. LESSARD: Je veux dire le monopole de l'alimentation.
M. TOUPIN: On pense devenir un secteur témoin qui d'après
nous, nous l'espérons, pourra agir au moins de temps en temps sur les
prix. Il pourra surtout nous permettre de voir ce qui se passe dans le
marché.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre peut nous assurer que cela va
être un secteur témoin qui va prendre moins de temps à
s'établir que le secteur témoin dans le pétrole?
M. ROY: Combien de temps va-t-il être témoin?
M. TOUPIN: Ce sera plus facile là que dans le pétrole,
quoique le pétrole, je ne veux pas m'embarquer là-dessus.
M. LESSARD: Non, mais je veux dire que cela ne prendra pas quatre
ans.
M. TOUPIN: Non, normalement, comme je le disais tantôt, on
prévoit cela pour la saison 1975/76.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quel est le
pourcentage d'auto-approvisionnement actuellement au Québec?
M. TOUPIN: Dans les provendes?
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Dans les 30 p.c, je pense.
M. LESSARD: En fait, une politique d'auto-approvisionnement n'est pas
sans risque étant donné qu'on peut, le jour où on va
commencer à s'auto-approvisionner à 60 p.c., être soumis au
dumping des grains de provende de l'Ouest. Un jour on peut dire à nos
agriculteurs: Tentez, autant que possible, de vous auto-approvision-ner;
spécialisez une partie de votre terre pour produire des grains de
provende. Tout à coup, arrive le jour où on commence à
être organisé et on est rendu à 50 p.c, 55 p.c. ou 60 p.c.
d'auto-approvisionnement. A ce moment-là, l'Ouest, étant aux
prises avec des surproduc- tions de grains de provende, on peut, comme le
ministre le disait d'ailleurs, subir le dumping.
Quand je dis "comme le ministre le disait", c'est que, ne
contrôlant ni nos importations ni nos exportations, on est soumis
à l'exportation libre des provinces de l'Ouest. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il a prévu des outils, comme dans la question, par
exemple, des répartitions du marché? Est-ce qu'il y a eu des
négociations avec le gouvernement fédéral dans ce sens?
Est-ce que le ministre va avoir des outils pour empêcher ce dumping?
Actuellement, on n'a aucun outil pour empêcher, par exemple, le dumping
du porc provenant de l'Alberta ou du Manitoba qui vient de recevoir une
subvention je pense que c'est l'Alberta de $15 à $17
l'unité.
Est-ce que le ministre a prévu qu'il y avait des risques
là-dedans aussi? Est-ce qu'il a prévu des outils pour
empêcher justement le dumping s'il venait? C'est certain que, si nous
augmentons notre auto-approvisionnement, l'Ouest perd un marché assez
intéressant, le marché de l'Est. A ce moment-là, il peut y
avoir une réaction de l'Ouest, le jour où on va être
capable de se fournir au moins à 60 p.c. Pour tenter de s'emparer
à nouveau du marché, il s'agira de diminuer les prix grâce,
justement, à la Commission canadienne du blé ou autre chose. A ce
moment-là nos producteurs de l'Est vont être soumis aux
aléas d'une politique qu'on ne contrôle pas.
M. TOUPIN : Ecoutez, il y a bien des façons de
s'auto-approvisionner au Québec. On peut très facilement, nous au
Québec, développer des substituts aux grains de provende et
produire moins de grains de provende. Par exemple, les meilleures sources
d'énergie qu'on peut retrouver, on les prend dans la luzerne, on les
prend dans le trèfle, on les prend dans le mais à ensilage, dans
le mais-grain et dans certaines catégories de
céréales.
Alors la luzerne, le trèfle, le mais à ensilage, ça
ne se vend pas. Cela peut se vendre séché, la luzerne, mais c'est
surtout ce qu'on peut faire sur les fermes. On oriente surtout des producteurs
vers ces productions. Lorsqu'on parle d'auto-approvisionnement, cela ne veut
pas nécessairement dire le nombre de sacs de grain qu'on va avoir, mais
un nombre d'unités d'énergie dont on a besoin pour alimenter un
bétail donné. C'est pour ça qu'on dirige les agriculteurs
surtout dans les productions fourragères. Dans les productions
céréalières, là où c'est propice, on essaie
de s'orienter surtout vers l'auto-approvisionnement de la ferme. On n'a pas
décidé encore de faire des producteurs spécialisés,
sauf dans le mais-grain et sauf dans les productions pour fins d'ensemencement,
précisément pour ne pas être pris avec ce problème
dans quatre, cinq ou six ans. On est certain que si un producteur de
céréales au Québec est spécialisé, si les
prix tombent sur le plan international, il faudra que ce gars ait les
mêmes avantages que ceux de l'Ouest dans le cadre de la Commission
canadienne du blé. On n'est pas certain qu'on doive englober toutes les
productions canadiennes dans la Commission canadienne du blé. Donc, on
préfère, nous s'auto-approvisionner à compter des fermes
et peut-être mettre des mécanismes d'entreposage et de transport,
à la disposition du peu d'agriculteurs qu'on aura et qui se
spécialiseront là-dedans. Quitte, à un moment
donné, à intervenir indirectement par des subsides de
façon ponctuelle, de façon immédiate plutôt que de
se voir englober dans cette grande commercialisation des grains au Canada,
d'autant plus qu'on ne deviendra jamais des producteurs de grains
commerciaux.
M. LESSARD: Autrement dit, ce n'est pas une question de concurrencer
l'Ouest, c'est une question de...
M. TOUPIN: C'est une question de se trouver à nous nos propres
protéines puis notre propre énergie pour alimenter le
bétail qu'on a.
M. LESSARD: ... diversification.
M. TOUPIN: Diversification des productions notamment fourragères
et quelques productions céréalières dont les choix sont
faits actuellement: l'avoine pour une partie, mais surtout l'orge et le
blé qui sont des céréales à haute teneur
protéique, qui peuvent se cultiver sur dix ou quinze arpents et qui
peuvent fournir à l'agriculteur qui a une production laitière ou
une production bovine suffisamment d'énergie pour hiverner son
bétail.
M. LESSARD: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La ventilation. Je passe à la
catégorie 1.
M. LESSARD: En ce qui concerne les traitements, vous avez une
augmentation de 46 nouveaux fonctionnaires.
M. TOUPIN: C'est le nombre...
M. LESSARD: Excusez, c'est le total.
M. TOUPIN: C'est le nombre des effectifs que nous avons en place.
M. LESSARD: D'accord. Ça va.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté?
M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 3.
M. LESSARD: Communications, pas de problème.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 4.
M. LESSARD: A la catégorie 4, Services, est-ce qu'il serait
possible d'obtenir la ventilation, justement?
M. TOUPIN: M. le Président, nous vous disions tout à
l'heure que c'était notamment le service responsable de l'analyse des
comptabilités agricoles et des groupes de gestion, ce qu'on appelle des
groupes d'études en rentabilité agricole. Nous avons avec cela un
contrat de service avec l'université Laval qui, sur ses ordinateurs,
procède à l'analyse systématique des comptabilités
et aux regroupements. Le montant qui est là est plus
particulièrement relié à cette analyse des données
des GERA.
M. LESSARD: Les GERA, ce sont des organismes qui réunissent les
délégués de l'Union des producteurs agricoles.
M. TOUPIN: Ce sont les syndicats de gestion.
M. LESSARD: Les syndicats de gestion.
M. TOUPIN: Que vous retrouvez un peu plus loin, par exemple, à la
catégorie 10, Transfert, où nous apportons une aide
financière au niveau de la création des syndicats de gestion.
M. LESSARD: Mais est-ce que ces syndicats de gestion ne devaient pas
présenter un rapport, à un moment donné, des
résultats de l'étude qui devait être faite? Est-ce
qu'actuellement ce rapport est prêt? Je me souviens simplement que lors
du congrès de l'UPA, l'une des résolutions demandait justement
que ces syndicats de gestion présentent leur rapport.
M. TOUPIN: Oui, au moment du congrès annuel de l'UPA, il n'y
avait en place et il n'y a effectivement en place actuellement qu'un seul
syndicat de gestion qui est celui d'Iberville-Missisquoi. Cependant, nous avons
étudié attentivement la question pour constater qu'il y aurait
probablement place pour d'autres syndicats de gestion pour certains types
d'agriculteurs. Je crois que nous avons expliqué quel était le
processus: cercles d'étude de rentabilité, groupes d'étude
de rentabilité et syndicats de gestion.
Quant à nous, nous sommes prêts, suivant certains
critères, à apporter notre collaboration financière pour
la mise en place de nouveaux syndicats de gestion au Québec.
M. LESSARD: Alors, c'est $149,000 qui vont à l'Université
du Québec...
M. TOUPIN: A l'université Laval...
M. LESSARD: A l'université Laval, excusez.
M. TOUPIN: ...pour l'analyse des données par ordinateur.
M. LESSARD: Cela va. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Catégorie 5,
entretien?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 6?
M. LESSARD: Loyers. En fait, c'est le loyer des machineries...
M. TOUPIN: ...d'analyse...
M. LESSARD: ...centre des données, ordinateurs.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté? M. LESSARD: Oui,
adopté, M. le Président. LE PRESIDENT (M. Séguin):
Catégorie 11? M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 10, elle a
été adoptée. Catégorie 8?
M. LESSARD: Equipement. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 9?
M. LESSARD: Catégorie 9, adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Bien.
M. LESSARD: Transfert. Vous me disiez que c'était quoi.
M. TOUPIN: C'était en prévision, justement, d'une aide que
l'on pourrait apporter à d'éventuels nouveaux syndicats de
gestion, de même qu'à celui, déjà existant,
d'Iberville-Missisquoi.
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Elément 3 du
programme 5, rationalisation de la mise en marché.
M. LESSARD: Alors, à l'élément 3, rationalisation
de la mise en marché, est-ce que le ministre pourrait tout d'abord nous
parler un peu de l'implantation des plans conjoints à venir? Est-ce que
le ministre, dans la rationalisation du marché, a étudié
la possibilité ce n'est pas la première fois que je lui
pose la question de modifier le projet de loi sur le syndicalisme
agricole?
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... M. LESSARD: Ah! Excusez.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce sera au programme 6.
M. LESSARD: Ah là on commence le programme 6?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, non.
M. TOUPIN: Rationalisation de la mise en marché... C'est une
question pertinente au programme 6.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On est au programme 5,
élément 3, rationalisation de la mise en marché. Mais
votre question se rattache au programme 6.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer, justement
pour nous éclairer, en quoi consiste cet élément?
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: Et pourquoi...
M. LESSARD: Cela va peut-être nous éclairer pour poser des
questions.
M. TOUPIN: Etant donné que c'est surtout..
M. ROY: Et y ajouter, M. le Président, pour notre information,
pourquoi une diminution par rapport à l'an dernier.
M. TOUPIN: Alors, c'est très simple. C'est que la rationalisation
de la mise en marché, c'est le service de mise en marché au
ministère. Alors, on a discuté, depuis un bon bout de temps, de
commercialisation. On a dû changer certains chiffres. On en a pris dans
certains programmes et on en a roplacé dans certains autres, etc. Alors,
la diminution de budget ici n'est pas tellement significative en soi puisqu'il
s'agit surtout de rationaliser la mise en marché des produits agricoles
dans le sens, par exemple, de la promotion du produit notamment, dans le sens
des négociations que l'on doit entreprendre avec des organismes de
producteurs ou des organismes acheteurs pour régulariser la mise en
marché dans le contexte des études en général que
l'on fait sur la mise en marché des produits agricoles au Québec,
etc. Alors, c'est un peu le rôle, grosso modo, de ce service de
rationalisation de la mise en marché.
M. LESSARD: Quel est, actuellement, par exemple dans le cas du porc, le
pourcentage? C'est-à-dire, dans le porc, il n'y a pas de plan conjoint
actuellement. Cela a été refusé. Dans d'autres secteurs,
quelle est la politique du ministère concernant l'implantation de plans
conjoints pour rationaliser...
M. TOUPIN: J'aimerais mieux que vous reveniez au programme 6 avec
ça parce que c'est la Loi de mise en marché qui traite de ces
problèmes, des plans conjoints. Tantôt, le prési-
dent de la régie et moi-même pourrons vous donner des
précisions sur la question des plans qui sont en vigueur et ceux
à venir.
Mais ici, cela concerne aussi les plans conjoints, mais beaucoup plus
dans le cadre d'un plan conjoint déjà établi pour la
promotion d'un produit, pour aider une fédération à
démarrer un programme de commercialisation, etc.
On a plusieurs éléments de programme là-dedans qui
viennent rationaliser la mise en marché des produits agricoles. Comme,
par exemple, à moins que je fasse erreur, la promotion que l'on fait
à la pomme AC; le ministère participe, donne un montant X
à l'Association des pomiculteurs du Québec. Tiens, c'est une
autre réalisation dont on n'a pas parlé, la production de la
pomme AC, l'entreposage. Le mois de la salade, par exemple, la volaille.
M. LESSARD: Quelles sont les politiques pour rationaliser...
M. TOUPIN: On l'a appelée comme ça, la rationalisation de
la mise en marché, c'est qu'on essaie de faire là-dedans... Quand
on parle de rationaliser, c'est essayer d'enlever tous les
éléments dans la mise en marché qui deviennent
irrationnels. Pour prendre un exemple concret: la pomme AC. Il y avait de la
publicité qui se faisait auparavant mais par des producteurs,
isolément.
On leur a dit: Ecoutez, vous allez rationaliser votre affaire. Vous
allez vous mettre ensemble, vous allez faire un programme et nous, nous allons
intervenir aussi. On va en mettre et vous en mettrez. C'est dans cette
perspective qu'on parle de rationaliser la mise en marché, en termes de
promotion, c'est-à-dire de faire contribuer tous les
éléments impliqués dans la promotion d'un produit.
M. LESSARD: II ne s'agit pas de tenter d'établir une certaine
égalité entre l'offre et la demande.
M. TOUPIN: Non. Ce n'est pas son rôle.
M. LESSARD: En fait, c'est un organisme de publicité.
M. TOUPIN: C'est le service de commercialisation du ministère. Un
autre exemple. Quand on a négocié des ententes avec le Japon, le
gouvernement est intervenu indirectement. On a pris cela dans le programme de
rationalisation de la mise en marché. Il y a un tas d'activités
là-dedans. On les a. Les débouchés nouveaux, etc.
C'est toute la distinction entre le service économique qui, lui,
fait de la recherche, exclusivement de la recherche...
M. LESSARD: ... service d'information.
M. TOUPIN: ... et le service de la rationa- lisation, qu'on appelle au
fond le service de mise en marché, qui comprend la promotion, la
rationalisation, etc. Lui, une fois les études de recherches faites,
prend de l'argent et dit: On en met tant dans telle production pour sa
promotion, on en met tant dans telle autre production pour rationaliser son
circuit de commercialisation, etc. On peut aider au transport,
là-dedans, par exemple. L'aide au transport des produits laitiers, cela
va là-dedans? Ce n'est plus là-dedans? Non? Cela fait partie du
programme 3. D'accord.
M. LESSARD: M. le Président, d'accord. On est rendu à la
ventilation des crédits.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Y a-t-il d'autres questions d'ordre
général?
M. LESSARD: Non, pas d'ordre général. Les explications du
ministre...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ventilations, élément 3,
catégorie 1, traitements.
M. LESSARD: Quant à moi, adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Catégorie 3.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 3, adopté.
Catégorie 4.
M. LESSARD: $25,000, cela va où, ça?
M. TOUPIN: Engagement possible de consultants pour conduire des
études spécialisées dans le domaine de la mise en
marché.
Il arrive, des fois, que ce service va, lui, engager des
spécialistes, non pas pour...
M. LESSARD: Est-ce qu'ils sont déjà engagés?
M. TOUPIN: Ce sont de petits contrats, cela. On ne va jamais dans les
grandes affaires là-dedans. Je ne sais pas, moi, on va retenir les
services d'un avocat, des fois, pour en arriver à une convention.
Par exemple, au moment de l'implantation du cidre, au Québec,
nous avons engagé un professeur de l'Université de Sherbrooke, du
département de commercialisation, pour nous aider à faire une
étude du marché et l'étude des goûts du
consommateur, pour savoir s'il connaissait les différents types de
cidre: doux, semi-doux, léger, sucré, etc. A ce moment-là,
nous n'avions pas la personne pour...
M. LESSARD: Cela me paraît assez intéressant. Au
ministère de l'Agriculture, est-ce que vous faites beaucoup
d'études sur les motivations du consommateur?
M. TOUPIN: Beaucoup, oui. Ce qu'on appelle les profils du marché,
les goûts du consommateur.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté? M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 7, fournitures.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 11, autres
dépenses.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 10.
M. LESSARD: Transfert. Dans l'optique de ce que nous disait le ministre,
ce sont surtout des subventions qu'on accorde à ce moment-là.
M. TOUPIN: Oui. C'est-à-dire que nous nous associons d'une
façon plus particulière, à cette catégorie, avec
des organisations. Disons, par exemple, au niveau du lait nature, que nous
prévoyons une campagne de promotion: Buvons du lait, c'est bon ! Ou peu
importe.
M. LESSARD: C'est vachement bon!
M. TOUPIN: C'est en collaboration avec la Fédération des
producteurs de lait nature et le Conseil de l'industrie laitière. Il y
en a été de même, l'an passé, dans le cidre et au
niveau de la volaille. Il y a eu un festival de la volaille comme il y a eu un
festival de la salade. Ensuite, il y a eu de la promotion sur la pomme à
atmosphère contrôlée, à la télévision,
dans les différents media. C'est un peu là où nous
apportons notre contribution financière, toujours en collaboration avec
les intéressés et dans une proportion qui incite les
intéressés eux-mêmes à participer
financièrement et à prendre conscience d'une campagne de
promotion et de publicité bien orchestrée. Autant que pour les
marques de savon, on peut le faire pour les produits agricoles et
alimentaires.
M. LESSARD: On n'envisage pas, par exemple, la distribution du cidre
gratuitement dans les écoles? Est-ce que, quand même...
M. TOUPIN: Comme les Français diraient: Ecoute, mon pote !
M. ROY: ... il peut y avoir des problèmes.
M. LESSARD: Dans cette promotion, c'est bien beau faire la promotion:
"Buvons du lait", mais le problème c'est que ce n'est pas comme du
"coke" que l'on peut conserver dans des bouteilles pendant X temps et qui ne se
détériore pas. Est-ce qu'on a des politiques pour distribuer le
lait gratuitement dans les écoles?
M. TOUPIN: Non, nous n'avons pas de programme là-dessus.
Effectivement nous n'avons pas arrêté de choix là-dessus.
Au ministère, ce n'est pas parce que nous ne sommes pas convaincus, mais
nous avons fait faire des études, plusieurs nous ont fait des
suggestions et nous ne sommes vraiment pas parvenus à trouver un moyen
pour régler le problème.
M. ROY: Je voudrais savoir du ministre s'il a l'intention d'organiser,
cette année, dans le cadre de la promotion, une meilleure participation
aux expositions régionales. Des expositions régionales sont
organisées un peu dans toutes les régions de la province.
M. TOUPIN: Nous revenons à cela dans le programme 7.
M. ROY: Nous allons y revenir dans le programme 7. Est-ce que nous
pourrons en discuter, M. le Président, au programme 7?
Puisque nous parlons de subvention, est-ce qu'on pourrait nous donner la
liste des subventions prévues? J'aimerais bien également avoir
celle de l'année dernière, étant donné que la
commission des comptes publics n'est pas encore convoquée et que nous
aurions quelques questions à poser.
Me référant au sage conseil que nous a donné le
premier ministre, j'aimerais bien au moins pouvoir poser quelques questions
à ce sujet-là.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, catégorie 10,
adopté.
M. LESSARD: Non, M. le Président.
M. ROY: Non, ce n'est pas adopté, j'ai posé des
questions.
M. TOUPIN: Nous allons donner les réponses, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous avez posé des questions et
vous attendez les réponses?
M. ROY: Oui, vous n'avez pas d'objection à ce que le ministre
réponde?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, pas du tout, je pensais que vous
parliez d'un autre...
M. TOUPIN: Alors, nous avons mentionné tout à l'heure,
dans les grandes lignes, le lait nature, mais pour être beaucoup plus
spécifique, nous organisons, bien sûr, une publicité
conjointe dans laquelle nous investirons $50,000 avec le Bureau canadien des
produits laitiers, le Conseil de l'industrie laitière et la
Fédération des producteurs de lait nature et industriel du
Québec. Dans la production du cidre, au niveau de la campagne de
promotion, nous allons investir $40,000 en collaboration avec l'Association des
fabricants de cidre du Québec, et dans ce cas-là, ordinairement,
plus ils prennent de l'ampleur plus nous diminuons notre proportion. Alors nous
sommes rendus à un pour trois, c'est-à-dire que si nous
plaçons $40,000 ils placent $120,000.
Au sujet de la volaille, nous répéterons
l'expérience de l'an dernier dans laquelle nous avions investi $25,000
pour ce que nous avions appelé le festival de la volaille afin de faire
mieux connaître c'était notamment dans le contexte de la
concurrence des viandes de porc, le prix du boeuf, etc. de faire
connaître, entre autres, la valeur nutritive du poulet et
différentes façons de l'apprêter, et ça a pris
différentes formes de publicité dans les media.
M. ROY: Où aura lieu le festival, est-ce que l'endroit est
déterminé?
M. TOUPIN: Je crois que c'est à Montréal, parce que
ça nous permet de rejoindre une très grande majorité des
journalistes intéressés, entre autres, aux affaires de
l'alimentation et de la nutrition. Cela nous permet, en même temps, de
nous associer aux grands centres de distribution des produits alimentaires
puisque la plupart de leurs bureaux sont situés là. Mais
ça nous permet en même temps de distribuer des dépliants de
recettes et de choses comme ça, qui sont à ce moment là
disponibles dans toute la province. Par exemple, l'an dernier, dans le cadre du
festival de la volaille, on avait utilisé, à travers tout
l'éventail, ce que l'on appelle un mixte, c'est-à-dire un
mélange de diverses façons de rejoindre le public consommateur.
Dans un journal de fin de semaine, qui s'appelle Perspective, il y avait un
petit formulaire à remplir où on disait: Madame, si vous
désirez recevoir un livre de recettes sur la volaille, il nous fera
plaisir de vous l'envoyer.
M. LESSARD: Vous êtes-vous associé au Colonel Sanders dans
sa publicité?
M. TOUPIN: Oui, ce sont les poulets du Québec que le Colonel
Sanders fait cuire.
Quant à la promotion de la pomme sous atmosphère
contrôlée, nous répéterons cette expérience.
L'an dernier nous avons placé là $25,000 en collaboration avec
l'Association des pomiculteurs du Québec, l'Association des grossistes
en fruits et légumes du Québec et la Fondation fraîcheur
pour saveur, qui a travaillé en collaboration avec nous.
Dans le cas des légumes, le mois de la salade est maintenant
consacré. En collaboration avec les jardiniers marafchers de
Montréal et les grossistes en fruits et légumes du Québec,
nous aurons un programme concernant la saveur fantastique des salades du
Québec au cours du mois de juillet.
De même aussi, dans certains autres domaines. Nous avons fait une
campagne de promotion dans le domaine des oeufs. Un concours d'omelettes en
collaboration avec l'Institut d'hôtellerie.
M. ROY: Des concours d'hommes laids, en deux mots?
M. TOUPIN: Je peux l'épeler.
Quant à la fraise, nous avions, sur le plan technique,
amené l'installation de ce qu'on appelle le tunnel à air
forcé.
A la sortie des fraises du champ, lorsqu'elles sont très chaudes,
à 80 ou 85 degrés, on les fait refroidir immédiatement
afin qu'elles se conservent plus longtemps. Nous aurons, à la suite de
cette aide technique apportée pour l'installation de tunnels à
air forcé, une campagne de promotion pour faire manger la fraise du
Québec. Cela se tiendra au cours, bien sûr, de la période
des fraises, un peu plus tard, en coopération avec la coopérative
Fédérée et les Producteurs de fraises du
Québec.
M. LESSARD". Vous n'avez pas de période des cerises?
M. TOUPIN: On en manque.
Ce qui est assez intéressant, c'est que, quand vous voyez tous
les petits boutons rouges qu'il y a sur la fraise du Québec, c'est parce
que, quand on la prend chaude et qu'on la met dans le froid, elle a la chair de
poule.
M. ROY: Elles tombent avant de mûrir.
M. TOUPIN: M. le Président, j'irai dans le détail
simplement pour expliquer que nous avons voulu, depuis deux ans en particulier,
à travers cette partie de programme, nous associer avec les
organisations agricoles spécialisées et avec les organisations
agricoles qui sont au niveau de la distribution pour faire mieux
connaître les produits agricoles du Québec, et cela dans des
secteurs où nous pouvons leur montrer qu'on est capable de bien servir
ces individus.
M. LESSARD: Simplement une question qui me vient à l'esprit,
suite à ces campagnes. Simplement pour information: Est-ce que le
ministre pourrait nous dire si, par exemple, en ce qui concerne le lait, la
consommation per capita au Québec a augmenté ou a
diminué?
M. TOUPIN: Notre expérience...
M. LESSARD: Si cela a été remplacé par la
bière ou le vin?
M. TOUPIN: Là, vous ne faites pas allusion à des produits
qui s'adressent à la même clientèle, nécessairement.
Mais oui et nous pouvons en juger pas simplement d'après nos propres
expériences, puisque c'est un programme d'enver-
gure auquel les producteurs ont accepté de collaborer
d'emblée. Par exemple, les producteurs de lait nature, à leur
dernière réunion annuelle, ont accepté de doubler leur
contribution à lapublicité; elle était de $0.01 les 100
livres et elle passe maintenant à $0.02. Donc, ils en ont senti un
effet. Alors, nous avons une réaction du consommateur, mais qui n'est
pas suffisamment prolongée parce que ça fait seulement un an. Des
expériences faites à Toronto et certaines expériences
d'Etats américains nous permettent de constater que ça attire
véritablement le consommateur et que ça fait consommer du lait,
peut-être pas nécessairement uniquement sous la forme de lait
nature, mais au niveau de la crème glacée, par exemple, des
yogourts, des fromages cottages et des choses comme celles-là, ça
développe le goût.
M. LESSARD: Oui, il y a plus de diversification...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: ... des produits actuellement.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. LESSARD: Par contre, il y a des substituts comme le jus
d'organge.
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Mais on peut dire, quand même, que la consommation per
capita du lait au Québec augmente?
M. TOUPIN: Oui, mais pas nécessairement au niveau strictement du
lait nature...
M. LESSARD: Sur l'ensemble des produits.
M. TOUPIN: ... mais sur l'ensemble des produits laitiers, à
travers la diversification, oui.
M. ROY: II y a aussi, parmi tous les festivals que vous avez
mentionnés, le festival de l'érable. Est-ce qu'il y a une
contribution du ministère de l'Agriculture au festival de
l'érable? Est-ce que c'est prévu?
M. TOUPIN: Oui, on pourra en discuter au programme 7, mais je peux vous
donner...
M. ROY: Non, mais dans le chapitre...
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: ... de ces subventions?
M. TOUPIN: Cela ne prend pas la même forme parce que là
où nous sommes, au service de la mise en marché, c'est une
promotion sur un produit donné à travers toute la province de
Québec. Lorsque vous parlez du festival de l'érable, notamment de
Plessisville, c'est un phénomène régional qui, sur le plan
de l'intervention du ministère, se situe à un autre
programme.
M. ROY: A un autre programme? Alors, il s'agirait un peu de la
même chose pour ce qui a trait aux autres subventions qui peuvent
être accordées à des organismes agricoles ou
para-agricoles?
M. TOUPIN: C'est exact, programme 7. LE PRESIDENT (M. Séguin):
Adopté? M. LESSARD: Adopté.
M. ROY: Vous n'avez pas la liste des subventions de l'année
dernière? Ma question comportait deux volets tout à l'heure.
M. TOUPIN: La liste des subventions, oui.
M. ROY: De l'année dernière, si vous pouvez nous la donner
brièvement.
M. TOUPIN: Oui, en fait, ce que j'ai...
M. ROY: Cela, c'est l'an dernier que vous venez de nous donner.
M. TOUPIN: Oui, j'ai répondu doublement à votre question
au moment où je vous donnais les secteurs d'intervention l'an dernier,
car nous n'avons pas l'intention, lorsque nous entreprenons une campagne de
promotion, de le faire simplement d'une façon sporadique. Je veux dire
qu'il s'agit d'une campagne de promotion qui doit, au moins, durer deux ou
trois ans. Alors, les secteurs que je vous mentionnais pour l'an passé
sont à peu près identiques pour cette année.
M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, élément 3,
adopté. Elément 4, du programme 5...
M. LESSARD: Elément 4. Le député...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ...Contrôle de la qualité
des produits?
M. LESSARD: ... de Beauce-Sud a posé certaines questions
concernant les abattoirs, M. le Président. Maintenant, j'aurais deux
questions justement concernant ce problème puisqu'il était six
heures quand on en a discuté. Est-ce que le ministre pourrait nous dire
comment se fait le partage des établissements entre les inspecteurs
fédéraux et les inspecteurs québécois? Il n'y a pas
de conflits qui se présentent?
M. TOUPIN: C'est très simple. Les abattoirs
"approuvé Québec", c'est nous et les abattoirs
"approuvé Canada", c'est ailleurs.
M. LESSARD: Cela veut dire quoi?
M. TOUPIN: Les abattoirs Approuvé Canada il y en a au
Québec 15 ou 16, puis il y a en a une dizaine qui sont Quebec Approved.
J'avais les chiffres récemment, mais en tout cas ça fait, je
crois, une vingtaine d'abattoirs.
M. LESSARD: Quel est le pourcentage des viandes vendues qui sont
inspectées et approuvées à l'extérieur de
Montréal et de Québec?
M. TOUPIN: Ce n'est presque pas possible à déterminer.
M. LESSARD: Vous ne le savez pas actuellement.
M. TOUPIN: On le sait dans les grandes lignes. Quand on vous parle
d'autoapprovisionnement, c'est drôle à dire, mais je pense que le
Québec est un des plus gros exportateurs de viande
préparée qui va à l'extérieur du Canada. Des
jambons, des viandes, des steaks hachés, etc. sont
délivrés aux Etats-Unis notamment à cause de notre
production de vaches laitières; nos veaux, par exemple, s'en vont aux
Etats-Unis. Mais c'est extrêmement difficile, production par production,
d'arriver à déterminer des statistiques. Globalement on arrive un
peu à le faire, mais ce serait s'embarquer sur un terrain difficile.
M. LESSARD: Actuellement, on pourrait dire que l'inspection des viandes
se fait plus particulièrement dans la région de Québec et
dans la région de Montréal.
M. TOUPIN: Oui, là ou se trouvent les gros abattoirs.
M. LESSARD: Les gros abattoirs.
M. TOUPIN: II y a 31 abattoirs Approuvé Québec.
M. LESSARD: Et combien d'abattoirs Approuvé Canada? Est-ce qu'on
pourrait le savoir?
M. TOUPIN: Approuvé Canada il y en a combien? Je pense que c'est
16. Je n'ai pas les chiffres ici, mais je pense que c'est 16 abattoirs
Approuvé Canada et 31 Approuvé Québec.
M. LESSARD: Les subventions que le fédéral a
accordées sont-elles à la fois pour les abattoirs du
Québec?
M. TOUPIN: Les programmes du boeuf. Votre question c'était
quoi?
M. ROY: Est-ce que je peux demander la liste?
M. TOUPIN: Oui, on peut vous la faire, il n'y a pas de problème
pour vous donner la liste des abattoirs approuvés. D'accord. Alors, ce
que je voulais dire c'est que ces abattoirs Approuvé Canada et
Approuvé Québec transforment à peu près au
Québec 80 p.c. de la viande, 80 p.c. ou 82 p.c. La très grande
majorité de la viande au Québec est inspectée avant et
après. Il y a 20 p.c. qui nous échappent et c'est
précisément ce dont parlait cet après-midi le
député de Beauce-Sud.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lotbinière.
M. MASSICOTTE: M. le Président, on parlait d'inspection aux
abattoirs et on mentionnait cet après-midi qu'il y en avait à peu
près 400 qui manquaient peut-être d'inspection. N'est-il pas vrai
que dans nos comtés ruraux et dans nos villages on a des
vétérinaires qui font le tour des abattoirs locaux?
M. TOUPIN: Oui, oui, je vous disais aussi qu'il y a un minimum
d'inspection qui se fait, mais ce n est pas une inspection aussi rigide que
celle qui se fait dans les abattoirs Approuvé Québec et
Approuvé Canada. Approuvé Québec et Approuvé
Canada, chaque jour d'abattage un inspecteur est là.
M. MASSICOTTE: Mais n'est-il pas vrai aussi, dépendamment surtout
du vétérinaire ou de l'inspecteur en question, qu'il y a certains
de nos petits abattoirs qui sont très bien, qui donnent un produit de
qualité et qui dans certains cas pourraient même dépasser
des abattoirs reconnus?
M. TOUPIN: Evidemment, on ne peut pas dire oui, on ne peut pas dire non
à ça, sauf que, si jamais il se pose un problème de
santé publique, qui quand, pourquoi et comment? Cela c'est le
problème.
Je ne pense pas qu'il s'agit de blâmer par exemple je
prends un nom, Martial Bourgeois, de Saint-Maurice, dans le comté de
Champlain, qui abat des viandes dans un petit abattoir très simple. Il
en abat peu, une vingtaine d'unités par semaine, il vend ça au
village, il vend ça dans le rang, etc. Je ne suis pas prêt
à dire que cet abattoir n'est pas sanitaire. Mais ce que je dois dire,
c'est qu'il n'y a pas d'inspection rigide, rigoureuse qui se fait.
C'est simplement une question de protection de la santé publique,
cette question.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Autres questions? Alors les
ventilations.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 1, traitements.
Adopté?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Catégorie 3, Communications.
M. LESSARD: Cela va.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Services,
catégorie 4.
M. LESSARD: Services, est-ce qu'on pourrait savoir l'éventail, M.
le Président?
M. TOUPIN: Oui, c'est à ce service que nous avons des services
professionnels. Nous avons l'évaluation, on a eu et on aura encore
l'évaluation de bassins d'usines laitières avant fusion. Par
exemple dans le cas de Québec-Lait, l'an dernier, avant de
procéder à l'établissement du degré d'intervention
au niveau de ces fusions-là, nous avons fait compléter une
étude par des spécialistes, pour nous aider à
établir la valeur réelle et les désuétudes
possibles. De même c'est là que nous faisons analyser par des
laboratoires privées certains produits laitiers, dans le cadre du
programme de qualité des produits laitiers au niveau du producteur.
Dans certains cas aussi au niveau de la saisie, par exemple, que ce soit
au niveau de produits de l'érable ou encore de fruits et légumes
lorsqu'il faut que nos inspecteurs fassent des confisquations pour une raison
ou pour une autre. Il arrive qu'en dehors de nos laboratoires nous devions
recourir à des laboratoires privés, et c'est à ce moment
que cet article s'applique.
M. LESSARD: Cela va.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Elément 5,
Entretien.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Elément 6,
adopté?
M. ROY: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Elément 7.
Fournitures.
M. LESSARD: Fournitures. $123,000; c'est quoi?
M. TOUPIN: C'est beaucoup de choses. M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: II s'agit parfois de produits chimiques et
dérivés, acides et alcools. Nous devons acheter, pour nos
laboratoires de contrôle de produits laitiers ou autres, du
matériel pour les analyses, acheter certains contenants, des bouteilles,
des pipettes. En fait, c'est tout l'équipement de laboratoire servant
aux diverses analyses que nos services doivent faire au niveau de l'inspection
soit des produits laitiers, soit des produits de l'érable, des fruits et
légumes et tout autre service.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté? M. LESSARD:
D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Elément 11.
M. ROY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Elément 8.
M. ROY: Elément 8, Equipement, $88,000. C'est de
l'équipement de laboratoire, cela?
M. TOUPIN: C'est de l'équipement de laboratoire:
thermomètres, spatules, sondes, compteurs bactériologiques,
bains-marie, cryoscopes, laveuses, réservoirs à eau
distillée.
M. ROY: D'accord. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. C'est tout ce qu'il y a
d'engagements à l'élément 4.
M. ROY: A l'élément 4, il y a un autre article.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un autre article, lequel?
M. ROY: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Lequel ai-je passé?
M. ROY: Les déductions au montant de $1,605,000.
LE PRESIDENT (M. Séguin): L'article des déductions est en
blanc à l'élément 4.
M. LESSARD: Imputations.
M. TOUPIN: A l'élément 1, vous avez $1,540,000.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Et puis $65,000.
M. ROY: C'est un remboursement du ministère.
M. TOUPIN: Ce sont des imputations concernant l'OPDQ.
M. LESSARD: M. le Président, avant d'adopter le programme au
complet, j'aurais une question à poser au ministre concernant justement
les discussions à la commission des tarifs du gouvernement
fédéral qui prépare la négociation sur la GATT,
General Agreement on Tariffs
and Trade. Est-ce que le gouvernement du Québec, en particulier
concernant les produits horticoles, a son mot à dire dans ces
négociations? Est-ce qu'il y a un représentant? Si on arrive
à l'acceptation d'une diminution des tarifs concernant l'importation de
ces produits, cela aura certainement des conséquences sur les
horticulteurs au Québec.
Est-ce que le ministère de l'Agriculture, actuellement, participe
à ces discussions.
M. TOUPIN: Le sous-ministre va vous dire ce qui s'est fait
là-dedans et ce qu'on va faire.
Je ne sais pas exactement à quoi vous faites allusion. Vous
faites allusion aux éventuelles négociations du GATT, si je
comprends bien.
M. LESSARD: C'est cela.
M. TOUPIN: A la rencontre des ministres de l'Agriculture, en juillet
dernier, le ministre de l'Agriculture du Québec avait demandé
à son homologue fédéral la participation possible, au
niveau de l'élaboration des dossiers, du ministère de
l'Agriculture du Québec. Ce fut accepté et depuis ce temps nous
avons eu certainement trois ou quatre rencontres de préparation et de
consultation sur les ententes du GATT touchant plus particulièrement le
domaine agricole.
Parallèlement à cela, il y a un comité, sous la
responsabilité du ministre de l'Industrie et du Commerce
fédéral, avec, je pense, un organisme de consultation avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce du Québec qui, lui,
traite plus particulièrement de tout l'ensemble. Nous travaillons, comme
ministère de l'Agriculture, en collaboration bilatérale avec le
ministère de l'Agriculture fédéral et avec le
comité de coordination du gouvernement du Québec sur les
consultations du GATT.
M. LESSARD: En fait, en janvier 1974, justement, la commission des
tarifs a siégé. Est-ce que la commission des tarifs du
gouvernement fédéral a eu des audiences et est-ce que le
ministère de l'Agriculture a été partie à ces
audiences ou non?
M. TOUPIN: Je ne sais pas si vous faites allusion à une
séance de la commission des tarifs, qui n'est pas la commission
chargée de la préparation du GATT, qui est une autre idée.
Nous avons effectivement présenté un mémoire, notamment,
concernant la question de la fraise. Nous avons préparé une
audition. Il y en a une autre qui était une sous-commission de la
Commission des transports cette fois sur la question des tarifs de transport
des grains oléagineux de l'Ouest vers l'Est.
Nous y avons présenté les commentaires du gouvernement du
Québec et particulièrement du ministère de l'Agriculture.
Il y a plusieurs articles, mais, chaque fois que cela a des risques
d'implication à court, moyen ou long terme sur l'agriculture
québécoise ou sur les agriculteurs eux-mêmes, concernant
certains produits, nous nous assurons d'être présents et de faire
connaf-tre la position du ministère de l'Agriculture et du gouvernement
du Québec sur les questions qui nous touchent.
M. LESSARD: Mais on espère, en tout cas, nous autres, du
côté de l'Opposition, que ces revendications et ces
mémoires auront plus de poids que les revendications du ministre de
l'Agriculture auprès de la Commission canadienne du blé. On le
souhaite, du moins, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 5, adopté?
M. LESSARD: Adopté.
Régie des marchés agricoles du
Québec
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 6?
M. LESSARD: M. le Président, vous dites programme 6.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 6.
M. TOUPIN: Le programme 6, M. le Président, c'est l'organisation
de la mise en marché au Québec par l'intermédiaire des
plans conjoints. C'est également l'organisation de la mise en
marché au Québec par l'intervention de la régie dans la
fixation des prix de certains produits sur lesquels elle a la
responsabilité précise. C'est aussi, évidemment, la
question d'émission de permis dans le domaine, notamment, des
entreprises laitières, etc.
J'ai avec moi, ce soir, le président de la Régie des
marchés agricoles du Québec, M. Benoît Lavigne qui pourra
vous donner toutes les précisions que vous désirerez sur
l'ensemble des articles que contient ce programme no 6.
M. LESSARD: M. le Président, avant d'engager cette discussion, je
sais que M. Lavigne a, justement, annoncé ce soir une augmentation du
prix du lait de $0.04 aux consommateurs. Cela a été donné
sous forme de conférence de presse. Est-ce que le président de la
Régie des marchés agricoles pourrait nous donner des explications
concernant cette augmentation? En fait, c'est une décision de la
Régie des marchés agricoles.
M. TOUPIN: M. le Président, la décision de la régie
portait sur trois requêtes: l'une provenant des producteurs, l'autre
provenant des industriels laitiers et d'un troisième secteur, qui
était celui des grossistes et des détaillants. Sur la demande
d'augmentation du prix des producteurs, nous avons donné un prix de
$10.36...
M. LESSARD: Alors, c'est $10.36.
M. TOUPIN: ... les 100 livres de lait, pour du lait à 3.4
p.c.
M. ROY: La base, c'est 3.4 p.c.
M. TOUPIN: La base, 3.4 p.c. Inutile de vous faire remarquer que la
moyenne de gras ou la teneur moyenne du lait en gras ou en matières
grasses est de 3.55 p.c.
M. ROY: Maintenant, quel est le taux d'évaluation?
M. TOUPIN: Par point de gras, ce taux, qui était aussi à
décider, est passé de $0.06 à $0.09, ce qui fait que votre
prix original de $10.36 est de $10.45 sur la même base que l'Ontario;
donc, parité absolue avec le plan ontarien.
M. ROY: Ah! bon.
M. LESSARD: Maintenant, le ministre n'a pas eu de réactions du
gouvernement fédéral?
M. TOUPIN: Non.
M. LESSARD: Pas encore.
M. TOUPIN: Cela a fonctionné très bien, cette fois-ci. On
a négocié par téléphone.
M. LESSARD: Vous avez négocié par
téléphone.
M. ROY: Par téléphone rouge?
M. TOUPIN: On n'a même pas eu le temps de rougir.
M. LESSARD: Non, mais c'est sérieux. Même si les
élections fédérales viennent, comme je le disais au
ministre d'ailleurs, il devait permettre à la régie ou...
M. TOUPIN: Je pense qu'à la dernière augmentation que la
régie a consentie, l'attitude qu'on a prise vis-à-vis du
gouvernement fédéral était assez nette et assez claire que
cela indiquait clairement la voie qui devait être suivie par cette
augmentation-ci.
M. LESSARD: Donc, il n'y a aucun danger de disparition des $0.05 la
pinte de subvention du gouvernement fédéral?
M. TOUPIN: Pour la discussion qu'on a eue jusqu'à maintenant,
oui, mais ce n'est pas la politique du gouvernement du Québec; c'est sa
politique à lui. Je ne sais pas ce qu'il va faire avec ça.
M. ROY: Maintenant, vous vous êtes assuré que le
consommateur ne sera pas pénalisé par le fait que la subvention
pourrait être diminuée.
Maintenant, M. Lavigne nous a donné le prix du lait aux
consommateurs; cela représente combien la pinte, l'augmentation qui a
été concédée, par exemple, aux industriels?
M. TOUPIN: Je pense que vous allez noter que le prix est passé de
$9.03 à $10.36, ce qui fait $1.33; c'est équivalent, grosso modo
à $0.03 1/2 la pinte.
La fraction restante, c'est-à-dire le demi-cent, a
été consenti pour couvrir les augmentations de marge des
industriels laitiers, pour une demande originale de $0.01 1/4 de leur part.
M. LESSARD: $0.03 1/2 vont...
M. TOUPIN: $0.04 aux consommateurs, peu importe le contenant.
M. LESSARD: D'accord.
M. ROY: $0.03 1/2 aux producteurs...
M. TOUPIN: $0.03 1/2 aux producteurs et un demi-cent aux industriels
laitiers. Quant à la marge aux grossistes détaillants, on n'y a
pas touchée. Donc, elle diminue légèrement du fait de
l'augmentation du prix.
M. ROY: Par rapport au pourcentage mais sur le volume c'est la
même commission.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. OSTIGUY: Le lait nature à $10.36 se compare comment au lait
industriel?
M. TOUPIN: Le lait industriel se paie aux environs de $8.50 ou
$8.55...
M. OSTIGUY: Mais est-ce que...
M. TOUPIN: ... incluant la subvention fédérale.
M. OSTIGUY: Incluant la subvention fédérale et ne tenant
pas compte des $0.09 à $0.03 1/2.
M. TOUPIN: Oui. Disons que je ne pense pas que ce soit $0.09 dans leur
cas, présentement. Cela doit être autour de $0.08, mais c'est en
négociation disons.
C'est négociable. Je pense que cela a été
négocié. D'ailleurs, ils sont censés déposer leur
convention, qui n'est pas encore signée. Mais elle a été
acceptée verbalement, me dit-on, récemment.
M. OSTIGUY: Est-ce que les ententes ont été signées
avec le gouvernement fédéral concernant le lait nature? C'est en
suspens, je pense, actuellement.
M. TOUPIN: Les ententes en ce qui concerne le subside aux
consommateurs?
M. OSTIGUY: Oui.
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu d'entente de
signée. Il y a une lettre de la part de M. Whelan, du gouvernement
fédéral, qui m'est parvenue et qui contient, dans les grandes
lignes, les $0.05 avec les restrictions posées. Il dit, dans cette
lettre, qu'elle constitue, en tant que telle, un élément
d'entente. On m'a demandé de retourner une lettre similaire,
signée de ma main, ce que je n'ai pas fait encore.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que cette décision de
la Régie des marchés agricoles est rétroactive ou
s'applique...
M. TOUPIN: S'appliquera à compter du 15 mai.
M. LESSARD: A compter du 15 mai. Pendant ce temps-là, un certain
nombre de producteurs ont produit du lait nature, semble-t-il, à des
coûts supérieurs au prix qu'ils recevaient ou du moins ces
producteurs ne pouvaient pas faire de profit. Est-ce que le ministre pourrait
empêcher que ces producteurs soient à la merci continuelle de la
décision de la régie? La régie est mal placée pour
décider dans ce cas-là parce que, si par exemple le gouvernement
fédéral décide d'enlever ses $0.05 de subvention la pinte,
à ce moment-là le producteur se trouve à être
pénalisé? Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité, tel
qu'on le prévoit ailleurs dans certaines conventions collectives,
d'avoir une certaine indexation au coût de production, de telle
façon que les prix soient révisés à tous les trois,
six ou douze mois?
M. TOUPIN: C'est la formule à laquelle les deux groupes
travaillent, la Régie des marchés agricoles du Québec,
d'une part, et le ministère, de l'autre, et, en troisième partie,
les producteurs.
Les producteurs ne sont pas tout à fait encore convaincus qu'il
faille s'orienter vers une formule d'indexation. Nous, nous le sommes et nous
tentons de les convaincre de la nécessité d'une formule
d'indexation. Vous savez qu'une formule d'indexation, dans le domaine de
l'agriculture, c'est un couteau à deux tranchants. Si les prix des
intrants montent, cela influence vers la hausse la formule d'indexation. Si les
prix des intrants diminuent, cela influence vers la baisse la formule
d'indexation. Or, on essaie actuellement, les groupes ensemble, de trouver une
formule qui permettrait d'éviter que cela crée aux producteurs
des problèmes trop sérieux de diminution de prix, par exemple, On
cherche la formule. La Fédération des producteurs de lait
industriel y travaille de son côté, celle du lait nature aussi. La
régie, avec le ministère, conjointement, via le service
économique du ministère, cherche une formule. La régie, de
son côté, étudie les formules qui sont
étudiées également dans les autres provinces.
M. ROY: Si l'indexation est une formule qui est acceptée au
niveau des syndicats pour les salariés, qui est acceptée dans la
fonction publique, qui est acceptée dans certains domaines, il faudrait
quand même qu'on voit à avoir un mécanisme assez souple
pour permettre aux agriculteurs de s'ajuster également...
M. TOUPIN: Vous êtes d'accord avec...
M. ROY: ... lorsqu'ils ont à faire face à certains
problèmes, malgré tout ce qu'on peut penser de la formule
d'indexation. A l'heure actuelle, tout le monde veut s'indexer; mais lorsque
tout le monde va être indexé, je me demande quelle formule il va
falloir trouver parce que l'indexation ne règle pas les
problèmes.
Mais si on permet à un groupe de s'indexer de façon
à pouvoir équilibrer, en quelque sorte, compenser pour
l'augmentation du coût de la vie, je dis qu'en toute justice, on doit
aller dans tous les domaines.
M. TOUPIN: On étudie cette formule mais je dois vous avouer
franchement qu'on n'est pas prêt à l'appliquer au cours des
prochains six mois. Cela va dépendre bien gros comment les producteurs
de lait vont l'accepter.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. TOUPIN: Le président de la régie a juste un mot
à dire avant M. Boutin.
En fait, nous, on se sert de ces formules comme guides pour arriver
à nos décisions. En fait, pour arriver à la
présente décision, on a utilisé la formule qui est
utilisée en Ontario et appliquée aux conditions du Québec,
avec des chiffres du Québec. On a aussi appliqué une nouvelle
formule très compliquée, très complexe, qui a
été préparée par le Service d'études
économiques qui, évidemment, n'a pas à être
lancée dans le grand public du fait de sa complexité.
Vous savez très bien qu'une formule d'indexation est valable, est
bonne en tant qu'elle est simple et comprise de tout le monde. Autrement, cela
a l'air du mystère et cela ne fera pas un éclairage assez
intelligent, si vous voulez, pour la plupart du monde, pour comprendre
réellement tous les phénomènes mesurés. Mais je
vous dis qu'à toutes fins pratiques, c'est utilisé comme
guide.
Deuxième remarque, c'est sur les retards. Evidemment, nombre de
fois, la régie va être critiquée pour la lenteur de ses
décisions. Il faut tout de même penser que si vous utilisez des
indices pour vous éclairer sur la décision à prendre sur
des coûts et la tendance de ces coûts, c'est que les fameuses
statistiques qui reflètent tous ces coûts paraissent exactement
quatre mois après la fin d'un trimestre. Donc, vous voyez tout de suite
qu'il y a retard, retard
dû à des conditions incontrôlables qui consistent au
fait que les données ne sont pas disponibles.
Pour contrecarrer cela, et la régie l'a fait pour la
première fois cette année, lors de la récente
décision, étant donné la montée constante des
coûts à un rythme quasiment effarant, nous avons cru anticiper un
peu sur les augmentations. Autrement dit, là où le système
économique et les intrants nous dictaient un prix, au premier trimestre
1974, on a dit: Les producteurs ne l'ont pas eu, on les compense pour le
prochain trimestre pour ce qu'ils n'ont pas eu sur le trimestre qui a
précédé immédiatement.
Tout cela, ce sont des techniques un peu mathématiques, mais en
fait, c'est déjà couvert, en partie, et je pense que c'est un pas
nouveau qui a été fait dans l'éclairage des
décisions que la régie prend et lors de cette récente
décision.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): Cette question d'indexation ne devient-elle
pas une formule qui pourrait être extrêmement dangereuse? Dans le
fond, est-ce que toute l'affaire ne peut pas être prise sur une question
de productivité et de meilleure rentabilité plutôt que
l'indexation que vous avez eue?
M. TOUPIN: Je pense que vous avez raison. C'est que l'indexation, sur
une longue période, donne tous les crédits d'augmentation de
productivité au secteur en question.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Bien concrètement, je voudrais savoir si, de fait, le
gouvernement fédéral avait établi une subvention de $0.05
la pinte moyennant qu'on conserve le gel du prix du lait. Est-ce que ce
problème de subvention de $0.05 ou du danger de disparition des $0.05 la
pinte peut influencer la régie dans sa décision?
M. TOUPIN: Du tout. C'est une politique strictement
fédérale et on la prend telle quelle, telle que donnée. Le
sort de ladite subvention, c'est au fédéral à en
disposer.
M. LESSARD: Donc, la régie n'a pas à tenir compte de la
possibilité de disparition ou de non-disparition des $0.05 la pinte.
Vous, tout simplement, décidez à partir du dossier qui vous est
soumis; et si vous constatez que le coût de production est
supérieur, à un moment donné, au prix de vente, vous
accordez à ce moment-là une augmentation.
M. ROY: Est-ce que c'est dans le cadre de l'autodétermination du
Québec?
M. TOUPIN: Disons que la régie tente de s'autodéterminer.
Pour le Québec, je présume que...
M. LESSARD: Ce que je voulais savoir c'est si, justement, la
Régie des marchés agricoles était paralysée par une
telle politique, tel qu'on semblait le laisser entendre en tout cas lorsque
nous avons discuté du problème du lait nature. La première
fois que nous avons discuté de l'augmentation du lait nature, est-ce que
la régie n'a pas suspendu sa décision, justement, pendant un
certain temps?
M. TOUPIN: La régie avait un souci qui était bien
légitime, évidemment, et que l'on partageait aussi. Il y avait
une politique fédérale, il y avait une entente et la politique
fédérale donnait aux consommateurs québécois un
avantage, une subvention de $0.05 la pinte. Ce n'était l'intention ni de
la régie ni du ministère de faire perdre aux consommateurs
québécois cette subvention fédérale.
M. LESSARD: Par contre, il y avait une certaine paralysie à ce
moment.
M. TOUPIN: Bien, on peut dire qu'il y avait au moins un
élément qui amenait la régie à retarder la
publication de sa décision. Cela a entraîné au moins une
couple de semaines de retard.
M. LESSARD: Mais, actuellement, la régie a pris une
décision concernant, justement, une nouvelle augmentation du lait
nature, et elle a pris une décision immédiate parce que le
ministre a l'assurance que le gouvernement fédéral ne fera pas
disparaître la subvention de $0.05 la pinte.
M. TOUPIN: Et on l'a obtenue plus rapidement cette fois-ci que l'autre
fois. Premièrement, nous en avons l'assurance, et, deuxièmement,
la première fois que nous avons négocié, nous avons
tracé la voie qui, d'après nous, devait être suivie pour
régler un problème comme celui-là.
M. LESSARD: Maintenant, concernant les plans conjoints, est-ce que le
ministre, suite à l'échec que les producteurs de porcs ont connu
en ce qui concerne justement un plan conjoint, a l'intention d'assouplir le
vote concernant la mise en marché ou concernant les plans conjoints?
M. TOUPIN: Le député de Saguenay aurait dû demander
à son spécialiste de lire le bill 12 que je viens de
déposer. Il aurait trouvé là la réponse à sa
question.
M. LESSARD: II n'en a pas eu le temps. Merci, M. le Président, je
vérifierai.
Maintenant, concernant FEDCO, le ministre pourrait-il nous tracer un
tableau de la situation
actuelle, après deux ans de ce qu'on peut appeler la mise en
tutelle de FEDCO? Quelle est la situation financière, FEDCO ayant
reçu des subventions assez importantes du ministère? Le ministre
peut-il nous tracer un tableau de la situation actuelle de FEDCO?
M. TOUPIN: Les subventions ont été versées sur le
budget précédent.
M. LESSARD: Oui, d'accord.
M. TOUPIN: Elles n'ont pas été si substantielles que
ça au fond.
M. LESSARD: C'est $300,000.
M. TOUPIN: Non, nous avons donné une subvention qui n'a pas
dépassé $100,000. Il y a eu une garantie d'emprunt de $500,000
qui est encore présente et dont $285,000 sont déjà
remboursés; il reste quelque chose comme $215,000 à rembourser
à la banque qui a prêté sur la garantie d'emprunt que nous
avons consentie à cette banque.
La situation générale, je vais vous la donner très
nettement et très honnêtement. Avec l'avènement de
l'organisation nationale de la mise en marché de ce produit à
travers le Canada, notre politique provinciale n'a subi absolument aucune
anicroche. Elle a continué à se développer telle que nous
l'avions pensée auparavant avec la différence que nous avons
partagé un marché au Canada, le Québec ayant sa part de
marché basée sur les cinq dernières années, ce qui
a permis d'ailleurs cette année d'augmenter la production d'oeufs au
Québec parce que le quota qui nous avait été
attribué n'était pas totalement rempli. Donc, cette année,
on a augmenté un peu et l'an prochain on espère atteindre le
maximum de ce quota. L'on vise là-dedans l'auto-approvisionnement dans
les oeufs. On espère l'atteindre; cela peut prendre encore quelques
années, mais on espère l'atteindre.
Donc, il n'y a rien de changé dans la perspective de la
commercialisation des oeufs au Québec par rapport à ce qui
existait auparavant. Le comité des prix existe toujours, mais il doit
coordonner son action avec l'Office national de commercialisation pour
conserver au Canada un équilibre qui soit acceptable. Le
secrétaire de la fédération, M. Yergeau, collabore
très étroitement avec l'Office national de commercialisation des
oeufs, de sorte que nous avons un pied dans l'organisation nationale et nous
contrôlons l'organisation provinciale.
La situation financière de la fédération, on peut
dire tout compte fait qu'elle est acceptable. Je ne dirai pas, à ce
jour, qu'elle est parfaite; elle est acceptable. Après deux ans, deux
ans et demi d'expérience, tous les problèmes que cette
fédération a rencontrés, je pense qu'elle est parvenue
à s'en sortir très bien sur le plan économique, quoique
les produc- teurs sont encore en retard d'une paie. Mais il y en avait deux,
elle en a rattrapé une et là elle vise à rattraper l'autre
dans le plus bref délai. Certains producteurs dissidents ont
décidé, au cours des derniers mois, de se joindre aux rangs de la
fédération pour donner à cette fédération
plus de pouvoirs qu'elle n'en avait auparavant. Son contrat avec les
chaînes de magasins existe encore; son contrat avec l'entreprise qui fait
le décoquillage des oeufs existe encore. La fédération,
par ailleurs, rencontre un certain nombre de problèmes qui sont
inhérents à des formules comme celle-là,
c'est-à-dire de convaincre tous les producteurs d'être dans la
fédération. Il existe encore, je pense, treize ou quatorze
producteurs, qui sont des gros bien sûr, qui ne sont pas entrés
encore dans la fédération.
M. LESSARD: Est-ce qu'ils sont soumis aux quotas de la
fédération?
M. TOUPIN: Oui, ils respectent les quotas, ils paient leur...
M. LESSARD: Leur cotisation?
M. TOUPIN: ... cotisation et au plan conjoint provincial et au plan
conjoint national, ce qui fait deux cotisations. Le problème des
cotisations a été réglé l'an dernier; il reste le
problème de les intégrer de façon définitive dans
la fédération et c'est un travail que nous commençons, au
ministère, par voie de négociations. La régie a
amendé les règlements, le président pourra vous dire un
mot tantôt de la question des permis, à savoir qui peut distribuer
les oeufs, qui peut les empaqueter et qui peut maintenant les mirer, etc.
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Alors, la régie a pris des décisions
récemment qui ne sont pas encore rendues publiques; si la régie
veut les rendre publiques ce soir, c'est le président qui le
décidera mais ce n'est pas encore rendu public. Nous travaillons
à réintégrer les dissidents, tout au moins, à
l'intérieur de la fédération, pour créer
véritablement le complexe qu'on cherchait, tout compte fait, d'une
uniformisation de la mise en marché des oeufs au Québec.
M. LESSARD: Avant d'en arriver à M. La-vigne, président de
la Régie des marchés agricoles, les dissidents affirment que plus
de 30 p.c. des oeufs se vendraient encore illégalement au Québec.
Est-ce que la situation s'est améliorée? Est-ce que,
actuellement, ce chiffre est encore réel, c'est-à-dire que la
commercialisation se ferait en dehors des cadres de FEDCO ou sans passer par
FEDCO?
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Alors, ceci amène le danger
que d'autres producteurs aussi risquent de mettre en question tous les
mécanismes de mise en marché. Est-ce que la situation
s'améliore, est-ce que FEDCO a de plus en plus un contrôle sur la
commercialisation des oeufs?
M. TOUPIN: Comme on vous le disait tantôt, plusieurs dissidents,
depuis six mois, se sont joints à la fédération; il en
reste encore douze ou treize; 30 p.c, je ne sais pas si ça
reflète la réalité...
M. LESSARD: Quel est le pourcentage actuellement?
M. TOUPIN: Cela peut être 25 p.c. ou 28 p.c, peut-être.
Cela a baissé pas mal récemment, c'était 30 p.c. du
temps des hauts prix où ça payait d'aller vendre en dehors, comme
vous savez. Maintenant les prix ont tendance à baisser, ils se tiennent
plus près d'un certain plancher; probablement qu'il y a plus de
producteurs qui ont rejoint les rangs. C'est plus payant pour eux de vendre
à FEDCO.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez actuellement un pourcentage de
commercialisation des oeufs par FEDCO par rapport à la consommation
québécoise?
M. TOUPIN: Lors d'une enquête, il y a environ six mois, nous avons
recensé environ 116 dissidents, qui pouvaient regrouper à peu
près 30 p.c. des pondeuses du Québec. A l'analyse, nous nous
sommes aperçus qu'il y en avait à peu près juste 90 qui
étaient assez sérieusement contre; les autres avaient
signé mais ils ne savaient pas pourquoi. Les 90 relativement assez
sérieux, en fait ce sont des gens qui cherchent surtout à classer
et distribuer localement. C'est-à-dire que vous avez un troupeau
situé dans un petit village et le producteur dit: Moi, je veux vendre
des oeufs dans le village, ça ne fait pas mal à FEDCO. En tout
cas, il y avait des possibilités de compromis, de sorte que la
régie a émis une sorte de permis qu'on appelle de
"producteur-distributeur" avec zones de livraison très cernées.
Ceci ne nuit pas à la mise en marché des oeufs...
M. LESSARD: Hors zones?
M. TOUPIN: Non, hors zones, c'est réglé; en fait, hors
zones, il n'y a pas de problème. Tous les gens sont FEDCO hors zones
parce qu'ils ne sont pas affectés par le règlement d'agence de
vente. Je vous parle de l'intérieur des zones contrôlées.
Ce schème de permis va nous permettre probablement de satisfaire
à 60 p.c, 7 5 p.c. ce genre de gars qui ne voulait pas entrer dans le
giron.
Evidemment, on les obligera à vendre leurs surplus
régulièrement à FEDCO; parce qu'on ne veut tout de
même pas qu'ils aillent briser le marché. En effet, le trouble
là-dedans, ce sont des gens qui vont couper les prix quand ils sont mal
pris, c'est-à-dire qu'ils vont tendre à tout vendre ce qu'ils ont
et qu'ils vont couper les prix. Tout le système d'agence de vente FEDCO,
en fait, c'est pour tenter de ménager des prix ou d'éliminer des
coupeurs de prix qui abâtardissent le marché pour tout le monde.
Comme c'est l'un des objectifs, on a pensé de couvrir cela par le genre
de permis que je mentionnais il y a un moment.
Quand même, je vous ai dit qu'il y avait peut-être 15
à 20 irréductibles. Il faudra trouver des compromis très
nets et, si on n'en trouve pas, je pense qu'il appartiendra au
ministère, au gouvernement et à la régie de dire: II faut
appliquer la discipline; il n'y a plus moyen de passer à
côté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Les contrats qu'il y a entre les chaînes de magasins
auxquels on a fait référence tantôt, est-ce qu'ils obligent
les chaînes de magasins à s'approvisionner à 100 p.c. chez
FEDCO?
M. LESSARD: Steinberg, par exemple? M. TOUPIN: Cinquante-cinq.
M. ROY: A 55 p.c. chez FEDCO. Pour les autres 45 p.c, ils peuvent
s'approvisionner où?
M. TOUPIN: En Ontario ou hors zone.
M. ROY: Vous ne pensez pas que le problème est là? J'ai eu
l'occasion de rencontrer des producteurs, comme j'ai eu l'occasion de
rencontrer des grossistes et, lorsqu'ils ont appris justement que Steinberg
pouvait s'approvisionner à 45 p.c. ou à 55 p.c. à
l'extérieur... C'est ça?
M. TOUPIN: Quarante-cinq. M. ROY: 45 p.c. à
l'extérieur.
M. TOUPIN: Cela ne veut pas dire qu'ils le font.
M. ROY: Cela ne veut pas dire qu'ils le font, mais ça veut dire
qu'ils ont le pouvoir de le faire. Alors, qu'est-ce qui arrive dans le cas d'un
petit détaillant qui, lui, s'approvisionnait exclusivement chez FEDCO,
qui voulait vendre ses oeufs, par exemple, dans le détail aux
consommateurs de l'endroit et qui était en concurrence avec une
chaîne de magasins? C'est de là, je pense, qu'est né tout
le problème de FEDCO. Il aurait fallu obliger les chaînes de
magasins à s'approvisionner en totalité chez FEDCO. C'est parce
qu'ils ne s'y approvisionnaient pas justement en totalité, qu'ils sont
allés s'approvision-
ner ailleurs, à des prix inférieurs, puisqu'ils ont
coupé les prix à la consommation. D'ailleurs, on a seulement
à se référer, à titre d'exemple, à la loi
sur le pain qui a été votée à l'Assemblée
nationale. A ce moment-là, on a obligé le petit producteur qui,
lui, était affilié à Provigo, Provigain ou autres... Je
pense que le gouvernement ou la régie a été obligé
de conclure un accord avec la chaîne Provigain ou Provigo pour qu'eux
aussi aient la possibilité de s'approvisionner à
l'extérieur.
Alors, si on veut faire, à un moment donné, un plan
conjoint et négocier la totalité de la production, et si on
permet à ceux qui ont le gros contrôle, le plus gros pourcentage
du marché de s'approvisionner en dehors, à ce moment-là,
le jeu est complètement faussé au point de départ, puis il
n'y a pas possibilité d'agir. Sur ce côté-là,
j'aimerais savoir quelles sont les intentions du gouvernement et s'il a
l'intention de maintenir ces dispositions, parce que c'est toujours une
question qui reste en suspens. C'est qu'advenant le cas de difficultés
et considérant le gros pouvoir d'achat, le gros pouvoir de marchandage,
de négociation qu'ont les grandes chaînes de magasins, elles
peuvent couper les prix au niveau du détail et, de ce fait, elles
placent les petits épiciers, qui eux s'approvisionnent chez FEDCO; dans
l'obligation de vendre à perte ou de sortir du marché.
M. LESSARD: Ce qui encourage le "dumping", à mon sens, et ce qui
encourage, en même temps, les producteurs dissidents. Alors, si les
producteurs dissidents sont capables de vendre justement aux grosses
chaînes de magasins d'abord, je voudrais savoir qu'est-ce qu'on
entend par grosses chaînes de magasins, si c'est bien
précisé ils ont toujours un marché qui existe et je
ne vois pas pourquoi ils s'intégreraient à FEDCO à un
moment donné.
M. TOUPIN: Evidemment, il n'y a pas que ce problème de contrat.
Le contrat en soi avec les chaînes ne constitue pas une entrave au
développement de la mise en marché des producteurs dits
indépendants. C'est le contraire qui s'est produit effectivement. Les
indépendants vendaient dans des magasins qui n'étaient pas
liés par contrat, à des prix inférieurs à ce que
FEDCO vendait. Alors, c'est ce que le président a expliqué
tantôt.
M. LESSARD: Du "dumping". M. TOUPIN: Oui, d'accord.
M. ROY: Si FEDCO décidait d'aller s'approvisionner en Ontario,
elle, à des prix inférieurs, alors que faisaient les producteurs
du Québec?
M. TOUPIN: Oui, ça, c'est un autre problème. Prenons celui
dont on vient de parler, celui du contrat avec les chaînes et celui du
marché libre qui pouvait se situer à côté. Vous
savez que la fédération fixe les prix actuellement. Elle fixe les
prix et les prix devraient être respectés en principe par tous les
producteurs du Québec. En principe, oui. On sait qu'ils ne sont pas
respectés en entier.
Les chaînes respectent ces prix-là et, en dépit des
coupures qui ont pu avoir lieu de temps en temps, les chaînes ont
respecté les prix fixés par la fédération, en
général. Et depuis que c'est devenu national, le respect des prix
est encore plus scrupuleusement suivi par l'ensemble des chaînes
liées par le contrat de la fédération.
Le problème de la distribution par d'autres que la
fédération, c'est précisément 'celui qui croit
qu'il est capable de faire mieux avec son entreprise personnelle qu'il ferait
s'il faisait affaires avec la fédération. C'est le
problème de fond, d'où le dissident, d'où le gars qui dit:
Moi, je n'embarque pas dans FEDCO parce que je fais plus d'argent, à mon
point de vue, quand je vends directement sur le marché.
M. ROY: II fait sa mise en marché lui-même.
M. TOUPIN: Oui, il fait son classage et il fait sa distribution.
M. ROY: Si on a cela, comme le disait le ministre tout à l'heure,
dans...
M. TOUPIN: La création de FEDCO a contribué aussi à
mettre sur le marché des producteurs qui n'existaient pas auparavant. Il
y a des producteurs qui ont profité de la situation, à un moment
donné, pour se tailler un marché dans tout cet engrenage de la
commercialisation des oeufs au Québec et qui, maintenant, font face au
problème de la concurrence très forte et qui ont de la
difficulté, actuellement, à soutenir les prix. Il y a des gros
producteurs qui achetaient des oeufs des petits producteurs et qui
s'engageaient à les distribuer. On m'a dit, cet après-midi, que
plusieurs petits producteurs maintenant ne pouvaient même plus vendre
leurs oeufs aux gros, que les gros ne voulaient plus les acheter parce que la
concurrence est trop forte, et les gars disent: Nous autres, on n'est pas pour
perdre de l'argent. FEDCO les achète et elle passe à travers;
elle parvient à payer aux producteurs le même prix et un prix
même plus élevé que le gars qui les achetait auparavant
payait.
Le problème de la distribution n'est pas lié du tout au
contrat de la fédération. La fédération a des
postes de mirage dans les régions, et la fédération
s'engage à fournir les grandes chaînes de magasins, notamment,
Steinberg et Dominion, mais prenons Steinberg en particulier, qui ont besoin de
beaucoup d'oeufs pour distribuer dans toutes leurs filiales. La
fédération rend, à ce moment-là, le service aux
chaînes, c'est-à-dire qu'elle leur fournit toutes les
quantités dont les chaînes ont besoin en ce qui concerne la part
du contrat qui a été signé 55 p.c. des besoins des
chaînes, ce qui
correspondait à peu près, à ce moment-là,
à 55 p.c. de la production québécoise. Elle a
augmenté depuis ce temps-là, la production
québécoise, et c'est pour cela que la fédération va
dans les autres types de marché tenter de vendre le plus possible les
oeufs québécois aux Québécois.
M. LESSARD: Mais quand vous parlez des grandes chaînes de magasins
qui peuvent s'approvisionner à 45 p.c. en dehors de FEDCO, est-ce que je
pourrais avoir des explications sur ce que vous entendez par des grandes
chaînes de magasins?
M. TOUPIN: Le contrat comprend les chaînes...
M. LESSARD: Est-ce bien précisé?
M. TOUPIN: Oui, tous les grossistes... et tous les magasins à
chafne. En fait, le contrat lie tous les distributeurs et toutes les
chaînes.
M. ROY: Qu'est-ce qui arrive je ne veux pas couper la parole du
député de Saguenay si, à un moment donné,
les chaînes de magasins qui sont tenues de s'approvisionner à 55
p.c. en vertu du contrat qu'ils ont avec FEDCO qui le font
effectivement, ce n'est pas un blâme que je leur fais si le prix
des oeufs est de $0.75, pour les fins de la discussion, et qu'il y a 45 p.c. de
leur approvisionnement qui peut être fait à $0.55 la douzaine? Eux
ont la possibilité de s'approvisionner à 45 p.c. en dehors de
FEDCO alors que vous avez, en concurrence avec les chaînes de magasins,
ce qu'on appelle l'épicier du coin, le petit épicier qui, lui,
doit s'approvisionner en totalité chez FEDCO. Qu'est-ce qui arrive,
à ce moment-là?
M. TOUPIN: Non, il n'est pas tenu. M. ROY: Oui, oui, il y a des cas.
M. TOUPIN: Mais il n'est pas tenu de s'approvisionner en totalité
chez FEDCO. Il achète les oeufs là où ils sont, c'est bien
évident, et le contrat avec les chames et les grossistes veut que pour
la production du Québec, qui valait à peu près 55 p.c. du
marché, le contrat soit signé dans une proportion de 55 p.c. du
marché. Mais pour le restant, les zones à l'extérieur, ce
qu'on appelle les secteurs non contrôlés, il n'y a pas de
problème: ce sont des producteurs indépendants qui livrent les
oeufs, etc.
M. ROY: Oui, mais si les producteurs indépendants livrent des
oeufs...
M. TOUPIN: Cela ne crée pas de problème. Le
problème que vous soulevez me paraît être un faux
problème.
M. ROY: Non, je pourrais citer des cas, M. le Président, à
l'honorable ministre et lui faire parvenir certaines copies montrant que des
grossistes se sont approvisionnés par camions-remorques complets et ont
inondé le marché de toutes les régions de la province de
Québec. Ils ont coupé les prix à un point tel que FEDCO
n'était plus capable de payer ses producteurs. FEDCO était prise
avec des problèmes énormes sur les bras et a dû être
subventionnée par le gouvernement, à cause justement de ces 55
p.c.
M. TOUPIN: C'est pour ça qu'on a soutenu longtemps qu'il
n'était pas possible d'organiser une production au Québec sans
qu'il y ait une entente avec les autres provinces, d'où l'Office
national de commercialisation des oeufs. Depuis ce temps, le problème
que vous soulevez a été réglé à 80 p.c. ou
85 p.c.
M. ROY: Oui...
M. TOUPIN: Oui, il a été réglé, mais il va
toujours exister des anomalies. Evidemment, cela ne peut pas se réaliser
à 100 p.c. des objectifs qu'on s'est fixés. C'est trop complexe,
la commercialisation, pour qu'on puisse viser des objectifs aussi radicauxque
100 p.c. Si on se maintenait à 85 p.c, 90 p.c, on aura atteint largement
l'objectif, c'est-à-dire que les producteurs auront atteint largement
l'objectif qu'ils se sont fixé lorsqu'ils ont créé cet
organisme. Les problèmes que vous soulevez actuellement ne doivent pas
se poser, à quelques exceptions près, si tel est le cas.
Evidemment, ce sont les distributeurs surtout qui avaient des contrats avec la
fédération et qui achetaient des oeufs de l'extérieur, pas
seulement du Québec, de l'extérieur, parce qu'on ne produisait
pas suffisamment d'oeufs au Québec pour satisfaire tout le
marché. Ils allaient à l'extérieur, ils les payaient
parfois moins chers et venaient faire une concurrence déloyale,
très souvent, aux producteurs québécois. C'est ce qui
mettait la fédération dans des situations définitivement
intenables. Mais ce problème est réglé par l'entente
nationale.
M. LESSARD: Le ministre pourrait-il m'expliquer, par exemple, pourquoi
il n'a pas été possible de faire en sorte que FEDCO soit le seul
organisme au Québec à alimenter les grossistes? Je comprends
qu'on produisait 55 p.c. de notre marché, qu'il fallait aller à
l'extérieur. Maintenant, est-ce que justement parce que moi, je
me pose la même question pour autant qu'on laisse une porte
ouverte allant jusqu'à 45 p.c, vous n'avez pas une grosse
possibilité de dumping? Est-ce que, de plus, vous n'encouragez pas le
producteur dissident? Pourquoi, à un moment donné, n'a-t-on pas
permis à FEDCO de devenir le seul organisme devant alimenter tous les
grossistes au Québec?
M. TOUPIN: Ce n'est pas nous qui ne l'avons
pas permis. C'est que la fédération a été
créée pour ça. Elle a été faite pour
ça, à tel point qu'il a fallu assouplir ses mécanismes,
à un moment donné, parce que tous les producteurs du
Québec n'étaient pas d'accord sur cela.
Est-ce que, par exemple, je vous pose la question, vous auriez
été d'accord, vous, demain matin, si vous aviez été
à ma place, pour saisir tous les oeufs des producteurs
québécois qui avaient décidé de ne pas entrer dans
la fédération? Est-ce que vous seriez allé aussi loin que
ça? Est-ce que vous auriez pris le risque?
M. LESSARD: Peut-être qu'on aurait, à ce moment-là,
réglé le problème, alors qu'actuellement il y a certains
producteurs qui se réveillent avec de gros problèmes, dont un
producteur que j'ai chez nous, dans ma région.
M. TOUPIN: Oui. C'est un cas bien typique, votre producteur.
M. LESSARD: Comme, justement, FEDCO, comme, justement, le
ministère a laissé faire, comme le ministère a
décidé, à un moment donné, de ne pas faire en sorte
que sa loi s'applique, comme le ministère, à un moment
donné, a plié vis-à-vis des gros producteurs, alors les
producteurs se sont dit: On n'est pas obligés d'embarquer, on n'est pas
obligés de se soumettre à FEDCO.
M. TOUPIN: C'est bien théorique ce que vous dites là.
M. LESSARD: Là, on a encouragé...
M. TOUPIN: Non, non, c'est trop théorique pour qu'on laisse
passer cela comme ça.
M. LESSARD: D'accord, allez-y. C'est cela que je veux savoir, M. le
Président.
M. TOUPIN: II faudrait que vous ayez l'occasion d'administrer un plan
conjoint, ou que vous ayez l'occasion d'administrer une agence de vente, ou que
vous ayez l'occasion de travailler avec les producteurs agricoles pour savoir
que quant à la théorie et à la pratique, l'agriculteur
sait quoi faire. Il le démontre clairement, très souvent. Dans le
cas des oeufs, il l'a démontré clairement. Les producteurs
étaient d'accord pour qu'il y ait un plan conjoint, ils étaient
d'accord pour qu'il y ait une entente nationale, ils étaient d'accord
pour qu'il y ait une agence de vente qui achète les surplus.
Alors, les producteurs, qui ont un sens pratique, pensaient dans ces
termes. Il était évident qu'une fédération, qu'une
agence de vente ne pouvait pas vivre seulement avec les surplus. Ce
n'était pas possible. Bon. Il fallait que la fédération se
donne des mécanismes pour non seulement s'occuper des surplus mais de
tous les oeufs produits au Québec.
Or, elle a tenté de le faire. Elle a réussi,
jusqu'à maintenant, à contrôler 55 p.c, 60 p.c. ou 65 p.c.
de la production des oeufs au Québec. Elle a, par conséquent,
rendu d'énormes services aux producteurs jusqu'à maintenant. Elle
a contribué tout au moins à maintenir des prix. Elle a
contribué à amener le gouvernement fédéral et les
autres provinces, jusqu'à maintenant ce n'est pas se vanter que
de le dire à une première entente sur le plan national
d'un produit agricole, qui est la production des oeufs. Et, maintenant, elle
essaie d'amener les autres producteurs à joindre les rangs de la
fédération pour régler le problème de façon
définitive. Cela peut prendre encore six mois avant que le
problème soit totalement réglé. Mais on s'oriente vers un
règlement comme celui-là, de telle sorte qu'on aura une
organisation qui contrôlera peut-être 65 p.c. ou 70 p.c. de la
commercialisation des oeufs au Québec avec des programmes comme ceux que
le président de la régie vous expliquait tantôt. Dans
certaines zones, un producteur qui a des clients, qui dessert seulement ses
clients, ou un producteur qui dessert le consommateur directement a le droit de
le faire, il n'y a rien qui l'empêche de le faire. Là-dessus on a
mis une certaine souplesse pour respecter les désirs, tout compte fait,
fondamentaux des producteurs.
C'est simplement une méthode de souplesse qu'on a adoptée
plutôt qu'une méthode de rigidité. Je ne crois pas à
imposer à n'importe qui toutes sortes de formules et de lois. Je pense
que l'on doit tenir compte, notamment dans la commercialisation, d'un certain
nombre de réalités économiques, commerciales et sociales
qu'on ne retrouve pas nécessairement dans l'assurance-maladie ou dans
les allocations familiales.
M. LESSARD: Qu'est-ce qu'on appelle un producteur hors zone, producteur
qui, d'après mes informations, est quand même soumis au paiement
de certaines redevances à la régie, qui est soumis à
certains quotas? Qu'est-ce qu'on appelle un producteur hors zone?
M. TOUPIN: FEDCO, en fait, administre plusieurs règlements. Vous
avez un règlement de prélevés. Vous avez un
règlement de quotas.
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Vous avez un règlement d'agences de vente. Vous avez
un règlement, si vous voulez, qui suit aussi l'entente
fédérale-provinciale, c'est-à-dire l'agence nationale.
Ceux qui sont dans les zones principales, où il y avait des surplus de
production qui pouvaient être acheminés vers les marchés de
Montréal et Québec, ont été zonés. Ceux qui
résidaient dans des secteurs où il n'y avait pas assez de
producteurs pour fournir même la consommation locale ont
été déclarés hors zone, en supposant que leurs
productions ne feraient jamais leur chemin jusqu'à Montréal ou
Québec, qu'elles resteraient pour fins de consommation locale.
Ces gens ont été déclarés hors zones, donc
non soumis à un des règlements, qui est celui de l'agence de
vente, mais soumis à celui du contingentement et soumis à celui
des prélevés.
M. LESSARD: Donc, la différence entre un producteur hors zones et
un producteur à l'intérieur des zones contrôlées par
FEDCO, c'est la commercialisation centrale.
M. TOUPIN: Strictement la commercialisation centrale.
M. LESSARD: II est soumis exactement, à ce moment-là, aux
mêmes principes. Les producteurs hors zones qui, soient par suite d'un
manque d'information ou autre chose, ne se sont pas fait reconnaître par
FEDCO, est-ce qu'il y en a eu beaucoup?
M. TOUPIN: Je pense que le député doit savoir qu'on ne
peut jamais se permettre d'ignorer la loi ou les règlements et qu'il y a
eu quand même assez d'information de disséminée. On ne
croit pas que, dans le cas de ceux qui ne les ont pas respectés, il y a
eu complète bonne foi, complète et totale bonne foi, disons.
Depuis ce temps, il y a une tentative de repêchage, je pense que vous en
êtes témoin, qui est faite pour ces cas. On tente de savoir les
pourquoi et les comment. On n'est pas toujours sûr du comment,
présentement, et on tente de trouver les raisons.
M. LESSARD: Ils sont obligés de s'acheter de gros quotas
actuellement.
M. TOUPIN: Comme tout le monde a fait de ceux qui se sont lancés
en production depuis deux ou trois ans.
M. LESSARD: C'est parce qu'il y a eu des quotas qui ont
été reconnus en 1971, en 1972 et ils pouvaient augmenter leur
quota alors qu'actuellement on ne les reconnaît pas.
Je voudrais savoir s'il y a eu beaucoup de producteurs hors zones qui ne
se sont pas intégrés à FEDCO.
M. TOUPIN: Nous avons eu très peu de problèmes hors zones,
très peu.
M. LESSARD: En tout cas, moi, j'en ai un gros.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: Actuellement vous l'avez mentionné, je pense,
M. le Président, tantôt il y a une quinzaine de producteurs
qui sont dissidents, n'est-ce pas?
M. TOUPIN: Très dissidents.
M. OSTIGUY: II y a des cas, par exemple, dans une région,
disons...
M. VEILLEUX: Dans Saint-Jean.
M. OSTIGUY: Dans la région de Saint-Jean, d'accord. On va prendre
le comté de Saint-Jean. Ils sont obligés d'envoyer leurs oeufs
à Bedford, à un poste de mirage...
M. TOUPIN: II y en a un à Saint-Jean aussi.
M. OSTIGUY: Les oeufs doivent revenir dans la ville de Saint-Jean pour
être vendus. J'imagine que cela doit faire augmenter le coût entre
le producteur et le consommateur. Est-ce qu'il n'y aurait pas une
possibilité de donner de nouveaux permis? Est-ce que vous étudiez
cette possibilité d'émettre de nouveaux permis?
M. TOUPIN: On a certaines demandes de votre coin, on les tranche
présentement.
M. OSTIGUY: Bien sûr, ce sont des comtés agricoles en
pleine évolution que les comtés de Saint-Jean et de
Verchères.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Merci, M. le Président. C'est parce qu'on est dans
les oeufs et, tout à l'heure, on va tomber dans le mais-grain. On va
donner une leçon de ce que c'est que la production de grains industriels
à nos amis créditistes et séparatistes tout à
l'heure. Ils vons apprendre ce que c'est.
Je suis d'accord sur le principe que, je pense, FEDCO contrôle
d'une certaine façon la production, la mise en marché et le prix
de vente. Mais, dans le cas que le député de Verchères
mentionnait, vous me dites qu'il y a un poste de mirage à Saint-Jean.
Cela doit être tout à fait récent parce qu'il y a moins
d'un an, un dissident de Saint-Jean est venu me voir. Il a dit: Je suis
obligé d'envoyer mes oeufs à Bedford. En réalité,
c'est le consommateur de Saint-Jean qui paie tout ça. Lui, normalement,
il partait et il allait le vendre directement au commerçant.
Aujourd'hui, il doit se rendre à Bedford, au poste de mirage, et FEDCO
renvoie cela à Saint-Jean. Alors, c'est le consommateur de Saint-Jean
qui se trouve à payer la différence.
M. OSTIGUY: Est-ce qu'il n'y a pas un prix uniforme pour les oeufs de
l'agence FEDCO?
M. TOUPIN: Pour le producteur, c'est un prix uniforme dans toutes les
zones contrôlées.
M. OSTIGUY: Et pour le consommateur? M. TOUPIN: Donc, pour le
producteur, les
oeufs sont ramassés chez lui, s'il en a un certain volume. Donc,
cela n'affecte pas le prix reçu par le producteur de vos
comtés.
M. VEILLEUX: Mais cela affecte le consommateur.
M. TOUPIN: Cela n'affecte pas le consommateur parce que tous les
approvisionnements qui peuvent aller dans la ville de Saint-Jean peuvent venir
de Montréal, de l'Ontario ou de Bedford. Donc, la concurrence se fait au
niveau régional; ça n'affecte pas votre consommateur. Il est fort
possible qu'il y ait certains frais supplémentaires encourus par le
transport vers Bedford. Par ailleurs, il se peut aussi qu'il y ait des
économies d'échelle dans le mirage sur un plus fort volume, qui
peuvent à peu près contrebalancer, si vous voulez, les frais
supplémentaires de transport.
De toute façon, les frais de cueillette pour des masses d'oeufs,
comme ils la font sur des routes régulières où l'homme est
engagé à longueur d'année, alors que le camion est
déjà acheté, vous savez que c'est un coût variable,
assez marginal, en fait, qui est très difficile à appliquer sur
une douzaine d'oeufs en particulier.
M. VEILLEUX: Est-ce que je vous comprends bien quand vous avez dit, par
exemple: Dans la zone dans laquelle se retrouve Saint-Jean, qui va
jusqu'à Bedford, lorsque FEDCO paie le producteur, elle paie le
même prix, quel que soit le producteur dans cette zone? La douzaine
d'oeufs que vend FEDCO dans cette région, elle la vend le même
prix, que ce soit à Bedford, à Farnham, à Marieville,
Saint-Jean, Iberville, Napierville.
M. TOUPIN: FEDCO ne fait pas de vente directe dans vos coins; elle le
fait par distributeurs il a des distributeurs sous contrat quand
ils ont assez d'oeufs, comme vous le savez, après avoir rempli les
grands contrats qu'ils ont avec les grandes chaînes de magasins.
M. VEILLEUX: Les oeufs qui sont mirés dans les postes sont
revendus le même prix, quel que soit l'endroit dans le secteur où
c'est vendu?
M. TOUPIN: Les commissions peuvent varier d'un distributeur à
l'autre, mais la concurrence fait qu'ils se vendent à peu près le
même prix. La concurrence est assez forte pour ça.
M. OSTIGUY; Mais on a vu récemment dans les journaux des articles
et je pense qu'on en a discuté déjà, mais je voudrais
approfondir cela davantage. Vous mentionniez tantôt, par exemple, que les
oeufs vendus à Saint-Jean pouvaient venir de Montréal. Est-ce
qu'on peut garantir la qualité de l'oeuf, c'est-à-dire que ce
sont des oeufs bien frais qui sont vendus? Quel est le délai de jours
que la régie ou FEDCO...
M. TOUPIN: Entre le producteur et le poste, il peut y avoir
jusqu'à 72 heures, et il faut absolument que le poste les classe dans
les 72 heures à son tour.
M. OSTIGUY: Alors, c'est deux fois 72 heures.
M. TOUPIN: C'est deux maximums. En somme, il faut prendre la moyenne des
deux.
M. VEILLEUX: 144 heures avant que ça tombe chez
l'épicier...
M. TOUPIN: Sur la table. UNE VOIX: Dans l'assiette. M. VEILLEUX: Dans
l'assiette.
M. TOUPIN: Remarquez bien qu'avant que ce système soit
instauré les enquêtes fédérales ont
révélé qu'il y avait des oeufs que ça faisait deux
mois.
M. VEILLEUX: J'ai envie de vous poser une question...
M. TOUPIN: Je pense que, pour la qualité, les enquêtes du
ministère ont révélé qu'il y avait eu
amélioration de qualité depuis trois ou quatre ans.
M. VEILLEUX: Je vais vous poser une question à titre de
célibataire parce que moi, quand je m'achète une douzaine
d'oeufs, ça prend plus de temps à la manger que si j'avais une
grosse famille. Combien de temps je peux la conserver dans mon
réfrigérateur pour qu'elle soit bonne, après ces 144
heures?
M. TOUPIN: C'est certainement bon pour douze jours.
M. VEILLEUX: Merci, alors je vais jeter la douzaine que j'ai
achetée il y a une semaine.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Châteauguay.
M. KENNEDY: Peut-être que la question a été
posée avant; je lisais dans les journaux récemment qu'il y a eu
une baisse dans la production des oeufs. A la suite de la mise en place de
FEDCO, qui est un organisme pour venir au secours des producteurs, comment
pouvez-vous expliquer cette baisse, disons, ou cette absence de...
M. TOUPIN: Quand vous nous dites "dans un journal récent",
j'aurais des doutes.
M. KENNEDY: J'ai vu ça il y a à peu près dix
semaines.
M. TOUPIN: A la création de FEDCO - si
vous vous souvenez, c'était presque en pleine crise des
oeufs se vendaient jusqu'à $0.23 ou $0.24 la douzaine. Il n'y a pas
d'erreur que nombre de producteurs ont fait faillite l'un après l'autre
mais ces prix, dès que FEDCO a été instaurée, ont
commencé à regrimper la côte, ont atteint des maxima, si
vous vous souvenez, avec la création de l'agence nationale.
M. KENNEDY: C'est ça.
M. TOUPIN: C'est prix ont même peut-être
dépassé certains niveaux normaux parce qu'il y avait
récupération de pertes. Récemment, ce fut le contraire
encore; nous avons un peu d'excédent de production et, surtout, nos prix
sont tellement plus élevés que les Etats-Unis qu'il y a
rentrée d'oeufs américains. Cela n'encourage pas l'augmentation
de production qu'on était en droit de s'attendre au Québec. Le
placement de poulettes dans les trois premiers mois de l'année est
censé être de beaucoup supérieur, en avant de 20 p.c, sur
l'an dernier, mais...
M. KENNEDY: Je ne fais pas cela pour vous embêter mais je pense
que c'est dans la Presse que j'ai lu ça.
M. TOUPIN: Oui, mais la chute récente des prix va sûrement
provoquer une baisse des troupeaux de ponte, une liquidation de ponte.
M. LESSARD: Est-ce qu'il existe encore des entrées d'oeufs
illégaux?
M. TOUPIN: Qu'est-ce que vous entendez par oeufs illégaux?
M. LESSARD: L'oeuf de l'Ontario, par exemple.
M. TOUPIN: Ce n'est pas illégal. Vous avez parlé du
contrat 55 45 tout à l'heure; si vous vous souvenez, l'objectif
original de FEDCO c'était de fermer la frontière. Elle l'a
fermée. On a saisi des oeufs en provenance d'Ontario, on s'est
ramassé en cour, on est allé en appel, on a perdu en cour...
M. LESSARD: Anticonstitutionnel.
M. TOUPIN: ... anticonstitutionnel, de sorte que tout cet aspect,
qu'est-ce que vous voulez, on est obligé de le libérer. En fait,
n'importe quel acheteur, à part la convention qu'il doit respecter, est
libre d'acheter ses oeufs en Ontario ou au Manitoba s'il le désire.
M. LESSARD: Suite à ça, j'aurais certainement d'autres
questions. Il est dix heures trente, je pense que c'est bien regrettable, M. le
Président, on va être obligé de faire venir à
nouveau, demain, le président de la régie. J'ai encore certaines
questions, le député de Beauce en a encore, je pense qu'on en
aura peut-être, je ne sais pas, pour une demi-heure ou vingt minutes, ou
pour une heure.
M. TOUPIN: Je suis à votre service.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, demain matin, messieurs. Je veux
remercier M. Lavigne.
M. LESSARD: Dix heures.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La commission ajourne ses travaux
à demain, dix heures. Une fois que nous aurons terminé le
programme 6, si nous le terminons demain avant-midi, nous prendrons le
programme 4, soit la Régie de l'assurance-récolte du
Québec.
Bonsoir et merci.
(Fin de la séance à 22 h 34)