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Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du mercredi 8 mai 1974
(Dix heures vingt-quatre minutes)
Préliminaires
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre messieurs! Pour la séance de ce matin, les
membres de la commission seront les suivants: Burns (Maisonneuve), Carpentier
(Laviolette), Denis (Berthier), Dionne (Mégantic-Compton), qui agit
aussi comme rapporteur de cette commission, Faucher (Nicolet-Yamaska), Fraser
(Huntingdon), Giasson (Montmagny-L'Islet), Lessard (Saguenay), Massicotte
(Lotbinière), Ostiguy (Verchères), Roy (Beauce-Sud), Toupin
(Champlain), Veilleux (Saint-Jean).
Régies des marchés agricoles du
Québec (suite)
LE PRESIDENT (M. Séguin): Comme par le passé, nous serions
d'accord, je pense, à reconnaître des modifications ou des
changements au cours de la séance, si des changements de noms sont
nécessaires quant aux membres de la commission. Cette décision
s'applique à tous les partis, naturellement. Hier soir, lorsque nous
avons terminé nos travaux, à dix heures et demie, nous discutions
du programme 6, Régie des marchés agricoles du Québec.
Pour l'information de la commission, lorsque nous avons terminé, hier
soir, nous étions rendus à quatorze heures et cinquante quelques
minutes de débats. Vous pouvez juger de la quantité de temps
qu'on a déjà alloué à l'étude des
crédits, quatorze heures cinquante-six minutes écoulées.
C'est tous les commentaires que je veux faire sur ce point-là. Nous
allons continuer immédiatement le programme 6.
Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Nous étions à discuter de FEDCO hier soir. La
question que j'aurais à poser au ministre ce matin fait suite aux
discussions qui ont eu lieu hier soir, à savoir que les grandes
chaînes de magasins avaient la possibilité de s'approvisionner
à 45 p.c. en dehors de FEDCO. J'aimerais savoir du ministre et du
président de la régie s'il est question, actuellement, de
modifier cette clause du contrat ou si elle sera maintenue telle
qu'antérieurement.
M. TOUPIN: La fédération entend renouveler son contrat
avec les chafnes. Il est possible qu'il y ait certains changements. La
fédération ne m'a pas tenu au courant des objectifs qu'elle
poursuit dans ce domaine-là, mais je sais qu'elle veut renégocier
son contrat.
M. ROY: Avez-vous été informé concernant cette
clause? Avez-vous eu des informations au sujet de la position de la
régie? La régie a quand même son mot à dire de ce
côté-là.
M. TOUPIN: Entendons-nous sur le principe. Disons qu'en principe le
ministère est d'accord pour qu'une telle convention se renouvelle entre
les chaînes et les producteurs d'oeufs du Québec par
l'intermédiaire de la Fédération des producteurs d'oeufs
du Québec. Maintenant, quant aux modalités, quant au contenu de
cette entente, on va laisser les producteurs d'abord négocier l'entente,
préparer les négociations, et, comme d'habitude, la Régie
prendra la décision qu'elle jugera bon de prendre au moment opportun.
Vous me demandez là de présumer d'une décision
éventuelle d'une régie qui n'est même pas au courant du
contenu d'une négociation possible.
M. ROY: Maintenant, on ne peut pas nous donner d'indications de ce
côté. Etant donné que plusieurs agriculteurs, membres de la
fédération, se sont plaints, j'aimerais bien savoir si la
décision finale appartient à Fedco ou si c'est la régie
qui supervise.
M. TOUPIN: La fédération groupe les producteurs; tous les
producteurs peuvent se faire entendre par l'intermédiaire de la
fédération et cette dernière prépare les
négociations avec les chaînes. La régie est appelée
ou à concilier ou à trancher le litige, si toutefois il n'est pas
possible que les parties prises individuellement arrivent à
s'entendre.
M. ROY: M. le Président, mon autre question est la suivante: Les
producteurs d'oeufs, à l'occasion d'une assemblée
générale annuelle, ont manifesté le désir de garder
les quotas à l'intérieur de chacune des régions, parce
qu'il semble qu'il y ait eu des plaintes à l'effet que lorsque les
quotas étaient à vendre, ils semblaient se centraliser, se
concentrer dans des régions particulières. Pour permettre le sain
équilibre de la production et le sain équilibre de
l'économie rurale, est-ce que la régie a des décisions de
prises à ce sujet? Est-ce que l'on s'est penché sur ce
problème? Est-ce qu'à l'avenir on peut avoir des garanties
à l'effet que ce désir des producteurs d'oeufs du Québec
sera une chose possible, deviendra une réalité?
M. TOUPIN: Je pense que je n'ai pas besoin de rassurer M. le
député là-dessus. Disons que c'est la volonté
exprimée lors de l'assemblée générale qui se
traduit en résolutions et qui se traduit ensuite en règlements.
C'est le règlement des producteurs, en fait, qu'ils font approuver chez
nous. On aurait le droit de ne pas l'approuver, on n'a même pas le droit
de le modifier.
M. ROY: Ah! bon.
M. TOUPIN: Autrement dit, les producteurs s'assurent que leur
désir est réellement respecté par le truchement de leur
conseil d'administration et de leurs propres technocrates qui préparent
des règlements respectant le désir de leur propre
assemblée générale. Le seul pouvoir que la régie a
est de refuser d'approuver. On n'a même pas le droit de modifier ces
règlements dans la loi actuelle.
M. ROY: Vous n'avez pas le droit d'imposer des règlements non
plus. Alors ce sont des règlements que vous approuvez ou que vous
refusez simplement.
Mais la régie n'a aucune objection de principe à approuver
ces décisions des producteurs d'oeufs du Québec à la
condition qu'ils prennent leurs responsabilités et prennent les
décisions qui s'imposent.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. LESSARD: Mais, ceci peut poser un problème dans certaines
régions; là où il n'y a pas de quotas à vendre et
où la demande est plus forte que l'offre, cela va certainement poser des
problèmes. Est-ce qu'on a l'intention de permettre une augmentaion de
quotas dans ces régions?
M. TOUPIN: Je pense que, dans la situation actuelle des choses, il n'est
pas possible d'augmenter le quantum qui était alloué.
M. LESSARD: Je vais prendre l'exemple de la ferme des...
M. TOUPIN: Des Buissons.
M. LESSARD: ... Buissons. On lui demande, actuellement, pour
régulariser sa situation, d'acheter 12,000 pondeuses. Comme c'est le
seul producteur dans notre région, il devra acheter des quotas d'un
producteur d'une autre région. Alors, si je pense, par exemple, à
ce règlement, cela posera certainement des problèmes puisque l'on
veut faire en sorte que les quotas soient vendus au niveau de la région.
Alors, à quelle place va-t-il prendre ses quotas?
M. TOUPIN: Je crois que s'il avait agi un peu plus rapidement, il
n'aurait pas eu de problème parce que l'assemblée est
récente, comme vous le savez, et avant que le règlement soit
rédigé, qu'il soit approuvé par le conseil
d'administration, approuvé par la régie et publié dans la
Gazette du Québec, il y avait quand même un laps de temps qui
permettait de tout régler son problème.
Evidemment, il est sûr que s'il attend un an, il fera face au
fameux règlement qui pourra contrecarrer son objectif dans
l'immédiat.
M. LESSARD: Dans ce cas-là, il va falloir organiser une chasse
à la poule.
M. TOUPIN: Bien, une chasse au quota pour ce qui est...
M. LESSARD: II va être obligé de réduire de 24,000
à 12,000 le nombre de ses pondeuses.
M. TOUPIN: Non. Vous avez un cas qui est bien particulier. Le type a
décidé d'investir sur le tard, sans s'informer quels
étaient ses droits et privilèges exacts.
C'est le problème partout. C'est que lorsque vous instaurez les
quotas pour tenter de protéger les marchés et de protéger
les prix, les producteurs, très souvent, n'acceptent pas de respecter la
réglementation et, à un moment donné, chacun s'improvise
producteur. Ce sont les droits. J'ai le droit, etc. Alors, chacun se
prévaut de ses droits individuels. Quand les marchés tombent et
que les prix sont rendus "flat", où est-ce qu'ils viennent, les gars?
Ils viennent courir après la fédération et après la
régie et ils disent: Ecoutez, il faudrait des quotas, il faudrait
contrôler, etc. C'est le problème qu'on a, des cas comme celui que
vous soulevez. Il y en a un certain nombre d'autres dans la province, et
lorsqu'on parlait, hier, du rôle de la fédération, les
producteurs ont cru et croient encore que la meilleure façon de
contrôler, jusqu'à un certain point, le marché,
d'éviter les soubresauts trop forts des marchés, c'est d'exercer
un minimum de contrôle. 2 p.c. à 3 p.c. de trop de production sur
le marché, cela fait tomber les prix.
M. LESSARD: Mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi la
régie a retardé autant à faire appliquer ses
règlements.
M. TOUPIN: La régie n'a pas retardé.
M. LESSARD: C'est-à-dire FEDCO, dis-je.
M. TOUPIN: Je vous l'ai dit hier. Ce sur quoi j'étais d'accord
personnellement et j'en ai discuté souvent avec la régie
c'est qu'on se trouvait dans un problème de conflit de
professions. Les uns disaient: On est d'accord, et les autres disaient: On
n'est pas d'accord. Est-ce qu'il fallait, quant à nous, appliquer un
règlement rigide et mettre tout le monde en prison? Cela ne tenait
pas.
M. LESSARD: Justement, FEDCO, en retardant d'appliquer ses
règlements auprès des producteurs, a justifié cette
attitude, de telle façon qu'aujourd'hui on vit des problèmes.
M. TOUPIN: II y avait un certain nombre de correctifs à apporter
à la commercialisation des oeufs au Québec. C'est une
première expérience
d'une agence de vente de ce type de produits, au Québec et au
Canada. Il fallait donc tenir compte d'un certain nombre de
réalités concrètes qui n'avaient peut-être pas
été suffisamment explorées au moment où les
règlements premiers ont été négociées, ont
été rédigés par la fédération. Cela a
causé tous ces conflits entre producteurs. Des anciens administrateurs
de la fédération, qui avaient travaillé d'arrache-pied
pour faire approuver le premier règlement, sont sortis de la
fédération, une fois le premier règlement adopté.
Et ils étaient administrateurs. Ils sont sortis de la
fédération et ils sont allés à côté.
Ils n'ont pas voulu eux-mêmes respecter leurs propres
règlements.
Alors imaginez seulement, à compter d'un cas comme ça,
comment il devient difficile d'appliquer un règlement aussi rigide, tout
compte fait. Oui, il fallait tenir compte des étapes. Je pense qu'on a
franchi, jusqu'à maintenant, pas mal d'étapes, à ce point
que la province de Québec est beaucoup mieux équipée que
les autres provinces, actuellement, dans la commercialisation des oeufs.
M. LESSARD: Mais le ministre peut maintenant nous assurer que tous les
producteurs d'oeufs sont soumis aux mêmes règlements et aux
mêmes normes qu'on exige, par exemple, pour la ferme Les Buissons chez
nous?
M. TOUPIN: Absolument, à quelques exceptions près. Vous
avez un cas chez vous, il y en a une couple d'autres dans telle autre partie de
la province et une couple d'autres dans telle autre partie. Mais, à
treize producteurs près, on applique les règlements à tout
le monde. Mais il y a des parties du règlement que tout le monde
respecte: les prélevés, par exemple, c'est-à-dire les
cotisations. Tout le monde les respecte.
M. ROY: Les treize compris, on respecte ces prélevés.
M. TOUPIN: Oui, à un ou deux près, je pense. Et, encore
là, tout le monde y participe mais certains ne les paient pas en
entier.
Il y a quelques petits problèmes; il y a des retards qui sont
normaux dans les circonstances actuelles. Mais, à l'exception des
règlements de commercialisation comme tels, tous les producteurs sont
sur le même pied d'égalité, Le producteur qui n'a pas de
quota, qui s'est lancé dans la production sans s'informer si les quotas
étaient disponibles, sans s'informer auprès de la
fédération s'il pouvait produire, il y en a quatre ou cinq cas
dans le Québec. Il faut tenter de trouver une solution. Si on ouvre les
portes pour ces producteurs, qui ont commencé en dehors des
règlements sans en tenir compte du tout, le producteur qui est en
production depuis dix ans vient nous trouver et nous dit: Comment se fait-il
que vous donnez à X ce à quoi il n'avait pas droit au
départ et que vous me le refusez, à moi, alors que ça fait
dix ans que je suis dans la production?
Ce sont tous les problèmes que pose la commercialisation d'un
produit, notamment de celui-là.
M. LESSARD: II faut dire que la ferme avicole Les Buissons était
en production au moment où FEDCO a été constituée,
pour un quota original de 9,500. Mais le fait qu'elle n'ait pas
régularisé sa situation et qu'elle ait augmenté sa
production a fait en sorte qu'elle n'a pu obtenir de quotas qu'elle aurait
peut-être normalement pu obtenir si elle avait régularisé
sa situation avec FEDCO, au début.
M. TOUPIN: C'est cela. Les prix étaient moins bons à ce
moment-là. Alors, les gens étaient moins intéressés
à faire les demandes. Quand les prix se sont mis à monter et que
les effets de la fédération se sont fait sentir, là,
évidemment, tout le monde s'est dit: C'est payant maintenant, on va y
aller. Alors, nous rencontrons ces problèmes-là maintenant.
M. ROY: Maintenant, sur la question de FEDCO, il y a évidemment
le transfert des quotas. Ma première question était sur le
transfert des quotas. Est-ce qu'une personne peut acheter des quotas de
façon illimitée? Est-ce qu'il y a plafond d'établi?
M. TOUPIN: Je ne peux pas vous dire le chiffre exact, mais il y a un
plafond.
M. ROY: Parce que je sais que dans la production du lait
industriel...
M. TOUPIN: C'est 50,000.
M. ROY: C'est 50,000 pondeuses.
M. TOUPIN: Ils changent à tous les ans; cela évolue
selon...
M. ROY: Le plafond augmente?
M. TOUPIN: Par contre, je pense qu'ils limitent les achats de quotas par
les corporations dans leur dernière proposition de règlement.
M. ROY: Parce que je pense qu'il y a une chose je veux le
souligner, M. le Président assez importante. C'est que, lorsque
la Fédération des producteurs d'oeufs s'est organisée,
c'était pour protéger les producteurs d'oeufs du Québec,
ceux qui avaient fait de l'investissement, ceux qui avaient mis du capital
là-dedans.
Maintenant, si ma mémoire est bonne, au moment où on a
commencé à parler de FEDCO, il devait y avoir environ 12,000
producteurs d'oeufs dans la province de Québec.
M. TOUPIN: Au moment du vote, oui.
M. ROY: Au moment du vote. Je sais que,
dans ce temps-là, on avait plusieurs producteurs et je suivais de
près les activités, les réunions qui se tenaient au niveau
de l'UCC; dans le temps, c'était l'Union catholique des
cultivateurs.
Il y a deux ans, il y avait 647 producteurs d'oeufs et, l'année
dernière, c'est baissé à 486. Si on fait un calcul rapide,
il ne fait aucun doute que, si la tendance actuelle se maintient, en 1980, il y
aura moins de 200 producteurs d'oeufs au Québec.
Cela m'inquiète grandement; je tiens à le dire, M. le
Président, et à le souligner. Est-ce qu'on est en train, par le
fait d'avoir voulu protéger les producteurs d'oeufs, de protéger
la production d'oeufs au Québec au lieu de protéger les
producteurs? Est-ce qu'on ne fait pas en sorte, à l'heure actuelle, de
s'en aller vers un cartel qui sera contrôlé par un petit groupe
d'entreprises, par un petit groupe de financiers et d'investisseurs? C'est la
crainte que je veux souligner à l'attention du ministre.
Par le fait qu'on a voulu aider les petits producteurs du Québec
et à cause d'une réglementation dans laquelle on a
été imprévoyant, on est en train de faire un cartel. Nous
risquons fort que tous les consommateurs du Québec soient fortement
pénalisés et que d'autres secteurs de la production agricole
soient tentés de faire la même chose. Je pense que c'est important
qu'on s'interroge avant qu'il ne soit trop tard. Je ne veux pas faire
l'historique de certains pays du monde mais à un moment donné on
s'est réveillé dans des pays dans lesquels la production
était contrôlée par 2 p.c. de la population. Et cela a
nécessité des réformes agraires.
Je suis bien d'accord qu'on prenne toutes les dispositions pour
protéger les producteurs d'oeufs du Québec. Mais, si un jeune
homme désire s'organiser, devenir producteur d'oeufs du Québec et
qu'il est limité à acheter une entreprise existante, il est
évident qu'il n'y a plus de place parce que le gars n'a pas d'argent,
à moins d'être un investisseur, un financier. Au ministère
de l'Agriculture, comme à la Régie des marchés agricoles
ce n'est pas un reproche que je fais présentement il est
urgent qu'on se penche sur ce problème, sur cette question. Si ça
continue, bientôt au Québec il va y avoir à peu près
4 p.c. ou 5 p.c. de la population agricole, la population du monde rural, qui
va contrôler toute la production agricole et on se réveillera au
Québec avec de fichus problèmes.
Je dis qu'il y a toute la question de la politique on a
parlé d'établissement hier et ça concerne aussi la
production d'oeufs. On doit permettre qu'il y ait une relève dans ce
domaine comme dans d'autres. Si on ne fait pas de relève, on s'en va
vers un cartel. Nous n'avons pas le choix, il y a deux options: Ou on regarde
à un moment donné pour qu'il y ait des nouveaux qui puissent
s'implanter afin que nous ayons un nombre normal de personnes qui s'adonnent
à ce genre de production c'est une option que nous devons prendre
ou que le gouvernement doit prendre ou on favorise la monopolisation.
C'est bien de valeur, mais il n'y a pas trois chemins. Je le souligne avec
force parce que c'est important que ça se dise. Présentement il y
a beaucoup d'agriculteurs qui sont inquiets. Même ceux qui
s'intéressent de près à l'évolution de
l'économie rurale du Québec en parlent déjà depuis
un certain temps et sont inquiets également.
Le consommateur du Québec risque d'être bientôt
fortement pénalisé. J'aimerais bien savoir quelles sont les
politiques de la régie, les politiques du ministère de
l'Agriculture concernant, par exemple, une jeune personne qui vient
d'être diplômée, qui est intéressée dans la
production d'oeufs au Québec. Quelles sont les possibilités qui
s'offrent à elle, tant au niveau du ministère de l'Agriculture
qu'au niveau de la régie? Est-ce qu'elle est limitée à
acheter un quota existant ou est-ce qu'on accorde des nouveaux quotas chaque
année, compte tenu de l'augmentation de la consommation d'oeufs au
Québec? Est-on limité au nombre de quotas déjà
accordé ou ce nombre de quotas déjà accordé peut-il
avoir une augmentation annuelle?
M. TOUPIN: D'abord, il y a une première chose dans le
problème que vous soulevez, qui mérite aussi d'être
soulignée. Disons que tout producteur qui a moins de 500 pondeuses n'est
pas tenu d'avoir un quota de la fédération...
M. ROY: Mais est-ce qu'il peut...
M. TOUPIN: II peut partir avec 500 pondeuses, il n'a pas besoin d'avoir
de quota, 500 est le minimum. S'il en a plus, il est obligé d'avoir un
quota, c'est le premier principe. Donc, lorsque vous parlez du nombre de
producteurs de 1,200 à 600, 600 à 587...
M. ROY: 487.
M. TOUPIN: ... 487, ou 486 il est évident que là-dedans...
Je ne sais pas, moi, à côté, mettons 150 producteurs qui
ont moins de 500 pondeuses, ou même quelques producteurs qui vendent leur
production directement au consommateur, qui ne sont pas touchés par la
Fédération des producteurs d'oeufs du Québec. Supposons
qu'il en reste encore 600, 650. Si c'est diminué de moitié, c'est
normal. C'est normal dans le contexte actuel.
M. ROY: C'est normal, oui.
M. TOUPIN: Oui, tous ceux qui sont partis étaient des petits
producteurs, des producteurs de 500, de 800, de 700, de 1,000 etc., qui avaient
ça comme deuxième production sur la ferme.
M. ROY: Non, il y en a d'autres, je tiens à dire au ministre
qu'il y en a d'autres.
M. TOUPIN: Oui, oui, il y en a d'autres.
M. ROY: II y en a d'autres qui avaient 4,000, 5,000 pondeuses...
M. TOUPIN: Bien sûr, il y en a qui avait 5,000, 6,000, 8,000
pondeuses puis qui ont débarqué, parce que la
Fédération des producteurs d'oeufs du Québec et les
producteurs, ensemble évidemment parce qu'ils sont dans le
même organisme, c'est leur organisme ont convenu que le minimum de
rentabilité pour un poulailler, pour une personne
spécialisée là-dedans, se situe entre 10,000 et 15,000
pondeuses et qu'à moins de ça, il n'y a pas de
rentabilité, il n'est plus possible de rentabiliser, plus possible de
concurrencer.
Or, la fédération s'est organisée pour que les
quotas de producteurs spécialisés soient au moins de 10,000 et
plus. C'est une décision qui a été prise par la
fédération et sur laquelle nous étions d'accord. Il y a
deux façons de voir le problème.
L'agriculture peut redevenir un secteur tampon où toute personne,
qui ne trouve pas ailleurs des activités qui satisfassent ses
désirs, se retrouve au bout de la ligne sur une ferme et dit:
Voilà ma vocation. Là, le bonhomme commence et voici que, deux
ans après, il se trouve face à une réalité
économique qu'il n'avait pas prévue, qu'il n'avait pas
étudiée lui-même. Il se trouve, par conséquent, dans
des problèmes intenables, insupportables. Ce bonhomme se dit
pénalisé dans ses droits, dans ci et dans ça:
peut-être a-t-il raison. Tout ce que je puis dire, c'est que la Domtar
dit: Nous, pour produire tant de tonnes de papier, ça prend tant
d'employés; si on en a plus que cela, ça devient moins rentable.
C'est le problème de l'agriculture actuelle, c'est le problème
que l'agriculture est en train de traverser au Québec, celui de se
rentabiliser.
Il y a des abus qu'il faut éviter, c'est évident; il n'y a
pas d'erreur possible, il y a des abus qu'il faut éviter. Il ne faut pas
se retrouver, au Québec, avec cent producteurs de 200,000 pondeuses
chacun, il faut éviter cela.
M. ROY: Oui.
M. TOUPIN: II n'y a pas de doute possible et la fédération
est consciente de cela, la régie est consciente de cela et nous aussi
sommes conscients de cela. Le jour où on va se rendre compte que la
fédération abuse de ses pouvoirs... La preuve est qu'on a
déjà prévu dans le projet de loi qu'on présente, le
bill 12 vous le lirez et je ne sais pas si vous serez d'accord sur cela
de donner à la régie des pouvoirs qu'elle n'avait pas
auparavant.
Par exemple, le président de la régie vous le disait
tantôt, la régie n'a pas le droit, actuellement, d'amender un
règlement. Tout ce qu'elle peut faire, c'est l'approuver ou le refuser.
Dans l'avenir, elle pourra amender le règlement. Elle pourra dire aux
producteurs: Ecoutez, d'après les études qu'on a faites, le
règlement de quota que vous avez est abusif; on va corriger le
règlement de quota. Elle pourra le faire dans l'avenir, mais, pour le
moment, elle ne peut pas le faire, elle n'a pas les pouvoirs de le faire. Donc,
on prévoit déjà dans nos lois les abus possibles des
producteurs. Mais, entre laisser les producteurs diriger leur affaire au point
où ils vont concentrer tout cela entre les mains de 200 ou 300 personnes
et l'autre thèse, qui veut que tout le monde, demain matin, puisse
plonger dans cela, il y a la médiane qu'on essaie d'observer, soit de
maintenir des unités de production rentables qui peuvent se situer entre
10,000 et 15,000 pondeuses.
On a pris cette attitude non seulement dans cette production, mais dans
les autres productions aussi au Québec. Vous n'avez qu'à regarder
le porc, actuellement, qui est intégré à 65 p.c. la
production du poulet, on essaie de la suivre tant bien que mal. La
fédération, l'an dernier, a adopté une résolution
pour éviter que des corporations et des grandes compagnies
n'achètent trop de quotas de volaille, pour que ce ne soit pas les
abattoirs exclusivement qui soient propriétaires à la fois de la
transformation et de la procuction primaire. Elle a posé un geste qui,
personnellement, m'a paru raisonnable parce qu'elle protégeait le
producteur primaire. Mais il y a des dangers qu'il faut éviter et le
gouvernement actuellement, par sa Loi sur la mise en marché, les
prévient; il va donner plus de pouvoirs à la régie. Mais
il y a aussi l'autre danger qu'il faut éviter, celui de sombrer dans une
agriculture qui devient le secteur tampon de tous les milieux
économiques où on va se retrouver encore dans dix, quinze ou
vingt ans, peut-être même avant, dans cinq ou dix ans, avec de
petits producteurs et de petites fermes non rentables.
Là, il va falloir reprendre encore un mouvement de regroupement
ou encore payer des prix chers pour les petits et enrichir les gros. C'est la
médiane qu'on cherche à observer.
M. ROY: Je suis bien d'accord que la médiane doit être
recherchée. Dans le souci de rechercher cette médiane j'aimerais
bien que le ministre nous dise si on tient compte, par exemple, des
particularités de certaines régions.
Par exemple, dans certaines régions, je vais prendre une
région comme la nôtre, notre région, la région de La
Chaudière, on se rappellera que vers le début des années
soixante, la fin des années cinquante, je voudrais bien situer la
chose le plus possible des contrats avaient été
accordés à un organisme de la région auquel on avait
accordé des quotas pour 5,000 pondeuses. Tout ceci s'était fait
autour de la pâtisserie Vachon, de Sainte-Marie de Beauce, parce qu'elle
était obligée d'importer de Pologne, elle était
obligée d'importer des oeufs d'un peu partout dans le monde et elle a
voulu, à un moment donné, mettre un orga-
nisme sur pied, organiser une compagnie, si vous voulez, ou un poste de
mirage, un poste de réception d'oeufs et elle a donné des
contrats à des agriculteurs qui se limitaient environ à 5,000
pondeuses.
Il n'est aucunement question que je prêche le retour au
désordre que nous avons connu dans ce domaine, mais comme le ministre
vient de le dire, il ne faut pas partir d'une exagération pour tomber
dans une autre. J'aimerais savoir quelle est l'opinion du ministère
vis-à-vis des agriculteurs de certaines régions qui, au lieu de
garder exclusivement l'industrie laitière, ont un deuxième revenu
sur la ferme, soit qu'ils s'organisent une porcherie, pas une grosse affaire
pour vivre uniquement de ça, ils organisent ça comme revenu
supplémentaire. Est-ce que c'est possible, dans ce domaine, que le
ministère de l'Agriculture porte une attention spéciale à
des agriculteurs qui, à cause des étendues de terrain, à
cause des limites qui leur sont imposées, compte tenu des exigences et
les caractères régionaux, veulent justement, avec une
deuxième production, aller chercher des revenus, et de ce fait avoir une
entreprise globale qui est rentable? Je comprends que quelqu'un qui veut vivre
avec un poulailler uniquement de 5,000 pondeuses ne peut pas avoir une
entreprise rentable pour l'occuper pleinement. Lorsque la personne fait
ça avec autre chose, parce que dans la région, ça devient
le seul moyen de permettre à l'agriculteur de survivre, quelle est
l'attitude du ministère et de la régie là-dessus?
M. TOUPIN: Nous, on ne voit pas d'inconvénient à
ça. On n'a pas de politique arrêtée là-dessus,
c'est-à-dire que notre politique de fond n'est pas de favoriser la
polyculture ou des gammes de production indéterminées sur les
fermes, non. Notre politique cherche à spécialiser un certain
nombre de producteurs, mais ne contraint personne à se
spécialiser. Les avantages qu'on donne aux spécialités,
c'est que si on trouve trois spécialités sur la même ferme,
la même ferme a droit aux avantages donnés aux trois
spécialités. Pour nous, c'est net dans notre esprit, on n'est pas
contre ça. D'ailleurs, ce n'est pas un mouvement qu'on a voulu, c'est un
mouvement qui s'est dessiné par lui-même, la spécialisation
en agriculture. On s'est rendu compte avec le temps que c'était à
compter de la spécialisation qu'on parvenait vraiment à
contrôler, à gérer puis à maîtriser un certain
nombre d'éléments. Par exemple, si on dit: Pour que ce soit
rentable, une production d'oeufs, il faut avoir 10,000 pondeuses, ce n'est pas
calculé pour le salaire d'un homme, c'est calculé à
l'heure. C'est le temps que l'homme met dans une année dans son
entreprise. Si vous avez 5,000 pondeuses, que ce soit comme revenu d'appoint ou
autrement, ce ne sera pas rentable, parce que la rentabilité se trouve
à 10,000. Le gars, très souvent, n'en est pas conscient, s'il n'a
pas de gestion. Au fond ce sont ses 30 vaches qui ont fait vivre son poulailler
très souvent.
Il faut tenir compte aussi de ces éléments. C'est à
compter d'un certain nombre d'études que l'on fait qu'on donne des
indications aux producteurs et qu'on leur dit: Ecoutez, tu crois que c'est
payant pour toi; oui, cela a pu être payant l'an dernier parce que le
prix des oeufs était élevé. Mais quand tu arrives au seuil
de rentabilité, quand cela coûte $0.42 pour produire et que tu
vends tes oeufs $0.42 1/2, que le gars qui en a 10,000 arrive "short", toi qui
n'en as que 5,000, compte comme il faut et tu perds de l'argent. C'est ton
troupeau laitier qui fait vivre ton poulailler de ce temps-ci.
UNE VOIX: ... cela est déjà arrivé.
M. TOUPIN: Ou vice versa. C'est déjà arrivé. Dans
le lait, c'est moins vrai maintenant...
M. LESSARD: Oui, d'accord.
M. TOUPIN: ... parce qu'il y a une stabilité de prix dans le
lait, qui n'existait pas il y a trois ans ou quatre ans. Maintenant, on a une
stabilité de prix. Tous les ans, il y a des augmentations selon les
coûts de production. Mais, philosophiquement parlant, on ne voit pas
d'inconvénient à ce qu'il y ait plus d'une production sur une
ferme. Mais on indique au producteur que s'il s'oriente vers une petite
production et veut s'en faire une profession, il risque de se frapper le nez
sur le mur s'il ne tient pas compte des éléments de gestion qui
sont à la base de toute production valable.
M. ROY: Parce qu'il faut tenir compte des investissements. On parlait
d'autoapprovisionnement, hier. Je trouve qu'il est beaucoup plus facile pour un
cultivateur de s'autoapprovision-ner s'il est dans la production
laitière, s'il fait un peu d'élevage ou, encore, s'il est dans la
production des oeufs que pour le type qui va s'organiser uniquement
là-dedans.
M. TOUPIN: II y a des productions qui peuvent facilement être
mixtes: par exemple, la production bovine avec la production laitière.
C'est possible de penser un type d'organisation comme ça.
M. ROY: Parce qu'il n'est pas prouvé... Si on prend les
mêmes données, je suis d'accord avec le ministre. Mais les
mêmes données ne s'appliquent pas toujours dans le cas d'une
personne qui veut faire deux productions. Je ne parle pas d'en faire quatre.
C'est exagéré. Mais les mêmes données ne
s'appliquent pas toujours. Souvent, pour les petits producteurs ou les moyens
producteurs, il y a des compensations, surtout tenant compte d'autres revenus
de la ferme.
Si je pose cette question, M. le Président, c'est parce qu'il y a
l'ensemble des politiques du ministère de l'Agriculture, en partant, par
exemple, du crédit agricole. Si on accorde un crédit agricole
je ne veux pas discuter de cette question ce matin on tient
compte de
ça dans l'évaluation et la capacité de rembourser
de l'agriculteur ou des garanties qu'il peut donner. Alors, si, à un
moment donné, la porte est fermée au niveau du crédit
agricole, il est évident que l'agriculteur ne peut pas y aller. Si la
porte est fermée également au niveau des subventions qui peuvent
être accordées par l'Office du crédit agricole, des
subventions d'établissement, des subventions de mise en valeur de
l'exploitation agricole, il est évident que la porte étant
fermée et l'agriculteur ne veut pas y aller. Si on n'accepte pas que
l'agriculteur puisse bénéficier d'autres avantages, comme le
remboursement des 3 p.c. d'intérêt sur les prêts qui sont
consentis en vertu de la Loi de l'amélioration des fermes, on se
retrouve encore vis-à-vis des mêmes problèmes.
C'est pour cela que je voudrais connaître la politique globale,
générale du ministère de l'Agriculture parce qu'il reste
que la production mixte va être nécessaire dans certaines
régions si on veut permettre aux agriculteurs d'organiser des
unités rentables, dans l'ensemble.
M. TOUPIN: Comme je le disais tantôt, il y a des productions que
l'on peut encourager de façon mixte: la production laitière et
l'élevage du bovin, le F-l, par exemple, qui est un revenu d'appoint
très intéressant pour le producteur laitier. Plutôt que de
vendre son veau $25 ou $30, il va le garder quatre mois et il va le vendre,
à l'automne, $350. Là il y a un revenu d'appoint
intéressant et cela se marie très bien avec une production
laitière. Il n'y a rien qui empêche non plus un producteur d'avoir
une érablière, qui peut devenir aussi un revenu d'appoint. On n'a
rien contre ça. On est entièrement d'accord et nos politiques
s'appliquent autant à ceux-là qu'aux autres. Il n'y a pas de
problème là-dessus. On croit qu'il est de notre devoir de donner
des indications aux gens.
On dit: Ecoutez, c'est vrai. Une ferme mixte, bovin et lait, ça
va. Lait et sirop d'érable, ça va. Mais, pour un poulailler de
500 pondeuses, un autre de 600 poulets, dix vaches laitières, on dit:
Ecoute, cela ne tient plus, ton affaire.
M. ROY: Bien, d'accord.
M. TOUPIN: D'accord? C'est ce que je veux dire.
M. ROY: J'ai d'autres questions concernant FEDCO. La
Fédération des producteurs d'oeufs du Québec a
intenté des poursuites contre un certain nombre de producteurs
j'ai ici un dossier que j'ai déjà fait parvenir au ministre
à ce sujet chargeant des sommes aux producteurs qui n'ont pas
fait parvenir leurs oeufs par l'entremise de FEDCO.
La raison est bien simple. Ces producteurs avaient le choix entre tenter
de vendre leurs oeufs eux-mêmes pour avoir le meilleur prix possible ou
passer par FEDCO et faire faillite. Il n'y avait pas d'autre solution. Quand on
voit que des personnes ont retiré, à un moment donné, pour
424 douzaines d'oeufs, $73.17, pas besoin d'être comptable
agréé pour...
M. TOUPIN: En 1971 et 1972.
M. ROY: Je comprends que c'est en 1971 et en 1972.
M. TOUPIN: C'était le prix canadien. Le producteur qui
n'était pas dans la fédération avait le même
problème.
M. ROY: Je comprends mais il reste que ces agriculteurs étaient
pris devant une difficulté énorme. Ils ont dû jouer la vie
ou la mort de l'entreprise. Ils sont passés ailleurs. Autrement dit, ils
avaient déjà des clientèles d'organisées. FEDCO
leur a envoyé des états de compte pour le prélevé,
à partir du moment de la fondation, pour les années, par exemple,
1970, 1969, 1968 et 1967. Il y a des producteurs d'oeufs qui ont reçu
des actions, qui ont été...
M. TOUPIN: Quelles sont les dates des actions prises?
M. ROY: Les actions ont été prises en 1971 et en 1972.
M. TOUPIN: Je pense que cela a tout été
réglé.
M. ROY: Cela a tout été réglé. Est-ce que
les actions ont été retirées?
M. TOUPIN: Je pense qu'il y a eu arrangement hors cours.
M. ROY: II y a eu un arrangement hors cour. Comme ça, vous me
dites que c'est réglé.
M. TOUPIN: II y en a encore. Certains se sont entêtés. J'en
connais, moi, qui n'ont pas de quota, une couple. Il faut qu'ils s'attendent,
eux, d'aller à la limite de la loi. Il n'y a pas d'erreur, les juges
vont les condamner. La loi est claire et les règlements sont clairs.
M. ROY: Je comprends que les règlements sont clairs mais il faut
tenir compte de la mise sur pied d'un organisme qui n'a pas été
en mesure, dans le temps, de satisfaire à tous les objectifs pour
lesquels il était fondé. Il y a une période d'ajustement
nécessaire et, à ce moment-là, il y a toujours la question
du gros bon sens. Si des producteurs ont été pendant quatre, cinq
ou six ans dans des situations quasi impossibles et que, par la suite, ils
reçoivent une action de $1,500, $2,000, $2,500 ou $3,000 pour des
prélevés, je demande d'ailleurs, j'avais écrit au
ministre à ce sujet dans le temps qu'on trouve une formule qui
soit capable de donner une certaine équité.
C'est entendu que, d'un autre côté, permettre que seulement
un petit nombre de producteurs assument les frais d'administration de FEDCO,
cela posait une question de justice à l'endroit de ces personnes. Alors
il y avait toutes ces questions.
Le président de la Régie des marchés agricoles me
dit qu'il y a eu un règlement hors cour.
M. TOUPIN: Dans la plupart des cas.
M. ROY: Dans la plupart des cas. Alors cela veut dire que, s'il y avait
encore des cas qui étaient en suspens et des gens qui se plaindraient,
on n'aurait qu'à communiquer avec la Régie des marchés
agricoles.
M. TOUPIN: Ce n'est pas nous qui faisons les arrangements. Les
poursuites sont prises par la fédération.
M. ROY: Par la fédération.
M. TOUPIN : La fédération est un organisme quasi autonome,
dans le sens qu'elle prend ses propres décisions concernant les
poursuites à intenter.
M. ROY: Mais est-ce que la régie...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous n'avons pas quorum.
(Suspension à 11 h 01)
(Reprise à 11 h 11)
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, au moment où nous avons eu notre
petite interruption, je demandais au président de la Régie des
marchés agricoles où en était le travail fait par le
comité consultatif en ce qui a trait à l'organisation de la mise
en marché du sirop d'érable au Québec. Je parle du travail
qui a dû se faire au cours des derniers temps et également du
travail qui doit être fait à ce niveau-là au cours des
prochains mois. Est-ce qu'il y a eu une rencontre?
M. TOUPIN: A la recommandation de la régie et par décision
du ministre de l'Agriculture, en fait, parce que les recommandations pour
nominations relèvent du lieutenant-gouverneur en conseil, il y a eu un
comité interprofessionnel affecté au problème de la
commercialisation des produits de l'érable. Ledit comité est
présidé par un des sous-ministres adjoints de l'Agriculture, M.
Bissonnette. Vous savez qu'il y a toujours eu des frottements d'oreilles un peu
entre le groupe de la coopération et le groupe du plan conjoint. C'est
de vieille date, on ne fera pas d'histoires. Le problème se situe
même au niveau de la représentation au comité. La
coopération, étant un des éléments importants dans
la mise en marché des produits de l'érable au Québec,
aurait aimé une plus forte représentation au sein du
comité. Alors, il y a quand même eu, pour une période,
discussion autour de la composition et du mandat du comité.
Le dernier rapport que nous avons à ce jour du sous-ministre, qui
est président, c'est qu'il y a eu, je pense, accord sur le mandat et la
composition du comité. Le comité devrait se mettre incessamment
au travail sur le mandat qu'il s'est dessiné.
M. LESSARD: Quels sont les autres représentants du comité
et qui les a nommés?
M. TOUPIN: Je ne connais pas nécessairement leur nom par coeur.
Il y a quatre représentants des producteurs, il y a deux acheteurs et il
y avait deux membres originellement de la Coopérative des producteurs.
Il y en aura probablement un troisième de désigné; cela
fait partie de la dernière conciliation, si vous voulez, des
intérêts de toutes les parties.
M. ROY: Ces personnes sont nommées par le lieutenant-gouverneur
en conseil?
M. TOUPIN: Par le lieutenant-gouverneur en conseil, après
consultation des organismes intéressés.
M. ROY; Est-ce qu'il y a eu des réunions à ce jour?
M. TOUPIN: II y a eu réunion préliminaire
des principaux intéressés, pas nécessairement des
membres du comité je veux dire les grands organismes en
présence de M. Bisson-nette.
M. LESSARD: Mais il n'y a pas eu de réunion du comité.
M. TOUPIN: Le comité devrait être réuni
incessamment. Il faut reformer le comité et faire au moins une nouvelle
nomination. Or, l'arrêté en conseil ne doit pas être encore
adopté. Il devrait être adopté incessamment.
M. ROY: Qui a la responsabilité de convoquer le
comité?
M. TOUPIN: Le président du comité, qui est M. Lucien
Bissonnette.
M. ROY: Pouvez-vous nous dire qu'il y aura des réunions
incessamment?
M. TOUPIN: Le président nous assure qu'il y en aura
incessamment.
M. ROY: Nous ne pouvons pas, présentement, spéculer sur
les décisions qui pourront être prises et les ententes qui
pourront être conclues.
M. TOUPIN: Du tout.
M. LESSARD: Vous n'avez aucun rapport actuellement?
Nous le notons, M. le Président.
M. TOUPIN: M. le Président, est-ce que je pourrais faire,
peut-être, une petite rectification? Je pense qu'hier, sur une question
du député de Saint-Jean, j'avais hésité sur la
localisation du poste général de son coin. Je pense qu'il me
disait que c'était Bedford; j'avais l'impression qu'il y en avait un
dans la région de Saint-Jean. C'est bien Bedford; dans sa zone, le poste
est sis à Bedford. Il y en a un autre près, mais qui est dans une
autre zone, qui est L'Ange-Gardien. Il s'agit du poste de la zone 5.
UNE VOIX: Un poste de quoi?
M. TOUPIN: Un poste de classification et de mirage d'oeufs.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre concernant le lait industriel. Le ministre est sans doute
informé que la Commission du lait industriel a reconnu un quota
supplémentaire au Québec, soit de 8,300,000 livres de gras,
à la suite justement d'une utilisation des quotas du Québec de
76.9 p.c. par rapport à une utilisation de l'Ontario de 63.7 p.c. et
l'utilisation nationale étant de 71 p.c. Je discutais tout à
l'heure de ce problème avec le président de la régie.
Est-ce que le ministre a pris ou a l'intention de prendre des mesures afin que
les producteurs de lait industriel puissent combler rapidement cette
possibilité de production accrue; est-ce qu'il croit que les producteurs
de lait industriel vont être capable de la combler, sinon est-ce que le
ministre entend prendre des mesures pour permettre justement aux producteurs de
lait industriel de combler cette production accrue?
M. TOUPIN: Non, M. le Président, il n'y a pas de mesure
spéciale qu'on va prendre. Ce sont des quotas qui sont disponibles aux
producteurs; plusieurs producteurs se sont plaints d'ailleurs, et même
l'Opposition m'a déjà posé des questions là-dessus,
que des producteurs laitiers étaient désireux de produire
davantage ou payaient des pénalités parce qu'ils produisaient
davantage, précisément attribuable au fait que des quotas
n'étaient pas disponibles. Donc, il y a des quotas maintenant de
disponibles pour 8,000,000 de livres de matière grasse, et tout
producteur qui veut augmenter sa production pourra se prévaloir de
ça.
M. LESSARD: II fait la demande à la Commission du lait
industriel?
M. TOUPIN: II fait la demande à la Fédération des
producteurs de lait industriel du Québec.
LE PRESIDENT: Adopté?
M. LESSARD: En ce qui concerne la commercialisation du bois provenant
des boisés de fermes, est-ce que le ministre de l'Agriculture a
négocié ou discuté avec le ministre des Terres et
Forêts pour essayer d'en arriver à une solution? Qui va être
responsable de ce secteur, est-ce que ce sera le ministère des Terres et
Forêts ou le ministère de l'Agriculture, en fait, par
l'intermédiaire de la Régie des marchés?
M. TOUPIN: Très simplement, la Régie des marchés
agricoles du Québec est sous la responsabilité du ministre de
l'Agriculture, mais elle s'occupe aussi de la question forestière. Donc,
en ce qui a trait à la question forestière, il y a une
collaboration très étroite entre le ministère des Terres
et Forêts, la régie et le ministère de l'Agriculture, de
telle sorte que ça n'a jamais créé de conflit dans le
passé et ça n'en créera pas non plus dans l'avenir et nous
avons l'intention de continuer dans cette perspective.
M. LESSARD: Cela ne crée pas de conflit parce que, actuellement,
le crédit aux petits producteurs de boisés privés ne vient
pas ou retarde; alors quand on ne fait rien ça ne crée pas de
conflit. Pour bien des agriculteurs c'est une ressource d'appoint, alors...
M. TOUPIN: Ecoutez, M. le Président, quand on ne fait rien... Je
voudrais que le député de Saguenay...
M. LESSARD: Bien, actuellement, il n'y a rien de fait de ce
côté au niveau des...
M. TOUPIN: Sur quoi?
M. LESSARD: ... petits producteurs de boisés...
M. TOUPIN: Dans quel sens?
M. LESSARD: ... pour les aider, au point de vue du crédit.
M. TOUPIN: D'accord, du point de vue du crédit, je ne sais pas,
je ne m'occupe pas de cela, c'est le ministère des Terres et
Forêts qui s'en occupe, lui, s'il veut mettre des crédits à
la disposition des producteurs forestiers du Québec. Je ne vois
absolument aucun inconvénient à ce que le ministre des Terres et
Forêts présente des lois relativement au crédit agricole et
j'ai l'impression, d'ailleurs, qu'il a des projets là-dessus. Mais ce
n'est pas à moi à en discuter, c'est à lui à en
discuter. L'Office du crédit agricole tient compte très souvent
de la part de rentabilité d'un boisé de ferme, dans le prêt
qu'il doit ou qu'il peut octroyer à une ferme. Mais les collaborations
qu'on a entre la régie, le ministère et nous, touchent la
commercialisation exclusivement, cela ne touche pas du tout la question de
crédit et d'aménagement forestier. Il y a des consonnances
d'aménagement forestier.
M. ROY : Le ministre dit qu'on en tient compte au niveau du
crédit agricole. J'aimerais bien revenir là-dessus lorsqu'on
rediscutera des questions du crédit agricole, parce que j'ai des
questions bien précises à poser. Il faudrait faire une nuance
quand on parle des revenus que peut procurer à un agriculteur son
boisé de ferme. Je dis qu'on n'en tient pas compte au moment du
prêt, pour ajouter au prêt agricole la valeur du boisé de
ferme.
M. TOUPIN: C'est possible que l'office n'en tienne pas compte dans
certains cas.
M. ROY: Non seulement c'est possible, mais c'est certain dans la
quasi-totalité des cas. D'ailleurs, je ne pourrais pas vous citer de
cas, je n'aurais pas d'exemple à l'esprit pour vous démontrer
qu'effectivement on a tenu compte de la valeur marchande du boisé de
ferme pour augmenter le prêt agricole.
M. TOUPIN: D'accord.
M. ROY: On tient compte des revenus pour organiser la rentabilité
de la ferme.
M. TOUPIN: D'accord, normalement, d'ail- leurs, le crédit
agricole ne prête pas sur la valeur marchande.
M. ROY: La valeur marchande du boisé de ferme. On a la même
chose avec les érablières, c'est un fichu problème.
M. TOUPIN: II ne prête sur la valeur marchande d'aucune entreprise
de ferme actuellement et les prêts du crédit agricole sont des
prêts d'hypothèque, de garanties foncières.
M. ROY: Des prêts d'hypothèque, mais c'est parce que, dans
le boisé de ferme, vous avez une valeur foncière.
M. TOUPIN: Une valeur foncière relative.
M. ROY: Relative, très relative. Cela peut se faire avec un
nantissement, à condition d'avoir une loi spéciale.
M. TOUPIN: Cela peut se faire par nantissement, bien sûr.
M. ROY: Nantissement des deux; vous nantissez le fonds de terre, puis
vous nantissez la coupe avec une certaine réglementation et des
clauses.
M. TOUPIN: Si on peut trouver des banques.
M. ROY: D'ailleurs, vous l'avez fait au niveau des caisses
d'établissement. On l'a fait au niveau des caisses
d'établissement dans toute la province de Québec; on est
obligé de le faire.
M. LESSARD: Adopté, M. le Président, quant à
moi.
M. TOUPIN: Je suis d'accord, la régie ne prête pas.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 6, adopté. Passons
à la ventilation.
Le député de Verchères, sur le programme 6.
M. OSTIGUY: Oui, je suis dans une région, M. le Président,
où il se cultive beaucoup de mais-grain. Je pense que la culture de
mais-grain, c'est très important pour l'autosuffisance de nos
producteurs et pour l'alimentation du bétail. Moi, je voudrais savoir
où en est rendue la Régie des marchés agricoles sur des
réunions je vois dans le livre qu'il y a eu onze réunions
l'an passé concernant la reconnaissance du syndicat des
producteurs industriels de mais-grain. Je sais, pour l'avoir lu dans un journal
récemment, que l'UPA volait au secours des producteurs de mais-grain,
mais je pense qu'il y a un groupe de producteurs, assez imposant, qui regroupe
au-dessus de 300 producteurs de mais-grain, de culture industrielle, plus
précisément dans les régions 6 et 7, qui veulent se former
en syndicat, en association et qui ont
demandé ou qui vont demander à la régie, une
reconnaissance syndicale.
Ce sont des producteurs, bien sûr, qui sont uniquement dans la
production industrielle. Contrairement à beaucoup de petits producteurs
de mais-grain, qui sont des producteurs de lait ou des producteurs de porc qui
font du mais-grain pour l'alimentation de leur propre bétail, les
producteurs de mais-grain auxquels je fais allusion sont vraiment des
producteurs industriels. Je pense qu'ils sont à se restructurer
actuellement en syndicat. Je voudrais savoir, de la part de la régie, si
une demande a été déposée à cet effet.
M. TOUPIN: En faisant l'examen du dossier, si vous vous en souvenez, il
y a eu, d'abord, des syndicats de producteurs organisés sous
l'égide de l'UPA, qui se sont regroupés et ont demandé
chez nous l'instauration d'une commission. Cette commission a été
instituée par le lieutenant-gouverneur pour étudier le
problème. C'est la commission en question qui a eu onze réunions.
Elle a fait rapport. Dans ce rapport, elle a un projet de charte, un projet de
plan conjoint, un projet de réglementation et des projets de convention;
tout est élaboré jusqu'à la dernière virgule.
Par ailleurs, à partir de ce rapport, les syndicats de l'UPA
devaient retourner chez eux, faire une assemblée générale
et revenir avec une proposition officielle. Vous savez très bien qu'en
vertu de la Loi des marchés agricoles la commission elle-même ne
peut pas proposer un plan conjoint. Il faut que ce soit dix producteurs ou un
syndicat de producteurs ou une fédération qui présentent
la requête. Cette requête n'est pas encore venue et je
présume que c'est à cause de certains conflits
d'intérêts au sein du groupement en question.
Vous allez reconnaître avec moi que, parmi la commission, il y
avait peut-être deux producteurs industriels et il y avait, comme vous le
dites, deux producteurs mixtes qui étaient peut-être
intéressés à d'autres productions qu'à celle du
grain et que ce n'était pas nécessairement pour fins de vente
commerciale. A la commission, il y avait aussi des acheteurs qui étaient
représentés. Tout le monde s'est rallié à la
formule de plan conjoint pour cette fin, mais là on est rendu au stade
où on se demande à quelle chapelle frapper.
Comme vous le dites, le groupement des producteurs strictement
commerciaux pour fins de revente tente de s'organiser à son tour. Il est
possible qu'il se dépêche et présente une requête.
Autrement dit, quelle requête entrera la première? Cela
dépend des groupements en question. Pour le moment, on n'a ni l'une ni
l'autre devant nous officiellement.
M. OSTIGUY: Pour continuer sur le même sujet, je voudrais que la
Régie des marchés agricoles étudie à fond les deux
demandes qui peuvent lui parvenir: d'une part, du Syndicat des producteurs de
mais-grain industriel et, d'autre part, du Syndicat des producteurs de
mais-grain de l'UPA. J'insiste là-dessus car j'en sais quelque chose,
étant dans une région où nous avons des producteurs qui
produisent jusqu'à 1,500 et 1,700 arpents de mais-grain. C'est vraiment
de la culture industrielle.
Vous savez fort bien que dans la région 6 il y a même de
grosses installations de séchage de mais-grain; c'est de la culture
industrielle. Je voudrais que vous étudiiez bien à fond cette
demande afin de faciliter les représentations qui vous seront faites par
les producteurs de mais-grain industriel. Ils ont même demandé au
gouvernement fédéral d'imposer une taxe sur l'importation du
mais-grain qui vient des Etats-Unis.
M. TOUPIN: Un tarif additionnel.
M. OSTIGUY: Pardon?
M. TOUPIN: Un tarif additionnel, oui.
M. OSTIGUY: Un tarif additionnel. Alors, si on veut vraiment produire et
surtout avoir une production autosuffisante de mais-grain pour nos
agriculteurs, je pense qu'on doit porter une oreille très attentive
à ce Syndicat des producteurs de mais-grain industriel.
M. TOUPIN: Pour rassurer le député et les membres de cette
commission, disons que la régie ne recevra pas la requête
officielle tant et aussi longtemps qu'elle n'aura pas tenu une audience
publique où elle entendra tous les intéressés.
M. OSTIGUY: D'accord.
M. TOUPIN: C'est la garantie qu'on a donnée aux parties. A ce
moment-là, il appartiendra à chacun de venir se défendre
en audience...
M. OSTIGUY: Devant la régie.
M. TOUPIN: ... pour donner l'ampleur qu'il voudra à son point de
vue.
M. OSTIGUY: D'accord pour le mais-grain. Quant aux autres plans
conjoints que vous administrez ou que vous êtes sur le point
d'administrer il y a eu des réunions d'étude à l'effet de
former un plan conjoint ou une commercialisation pour la pomme. Où en
est-ce rendu, actuellement? Je sais qu'il y a eu plusieurs réunions
où, encore une fois, il y avait des producteurs, des consommateurs, des
grossistes, des courtiers, etc. Est-ce qu'ils en sont venus à une
entente, suite à ces réunions, pour la commercialisation de la
pomme?
M. TOUPIN: Encore là, nous n'avons pas de requête. Nous
devons présumer que présentement une requête est en
préparation. Au sein de
ce comité, vous savez que ce sont tous, pour la plupart, des
jardiniers maraîchers et des producteurs de pommes; ce sont des gens
très intéressés à leurs propres problèmes et
qui ont peut-être moins travaillé ensemble depuis vingt ans que
les producteurs de lait. Alors, il y a de petits frottements d'oreilles, il y a
de petits conflits d'intérêts. Je pense que le tout se solde par
une certaine conciliation de tous les points de vue et il est fort possible
qu'on ait une requête incessamment qui tiendrait compte, en somme, de
tous les points de vue qui ont été exprimés au sein du
comité qui, comme vous le savez, représentait à peu
près tous les intérêts du milieu de la pomme.
M. OSTIGUY: J'espère que les conflits ne sont pas sur la couleur
et la grosseur de la pomme.
M. TOUPIN: Je pense que ce n'est pas là-dessus.
M. OSTIGUY: D'accord, M. le Président.
M. TOUPIN: Je suppose que c'est peut-être à qui la
cueillerait.
M. OSTIGUY: A qui la cueillerait, oui.
LE PRESIDENT: Adopté. Ventilation. Fonctionnement,
catégorie 1.
M. ROY: Pas de question sur la ventilation.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pas de question sur la ventilation. La
ventilation est adoptée. Le programme 6 est adopté. Merci, M. le
président de la régie.
M. LESSARD: Merci, M. le président.
M. ROY: Je veux, moi aussi, remercier le président de la
régie pour les réponses qu'il nous a fournies.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous passons au programme 4.
M. TOUPIN: L'assurance-récolte, si on est d'accord.
Assurance-récolte
LE PRESIDENT (M. Séguin): La Régie de
l'assurance-récolte, programme 4. Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, quelques questions
générales.
M. TOUPIN: M. le Président, avant que les questions commencent,
est-ce que vous verriez un inconvénient à ce que je
présente à la commission le président de la régie,
M. Robert Samson?
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'ai même fait erreur, et je m'en
excuse. J'aurais dû demander au ministre s'il avait des observations
à faire avant de débuter.
M. TOUPIN: Non, M. le Président. La seule observation que j'ai
à faire est que la Régie de l'assurance-récolte a connu
des problèmes assez sérieux dans le passé; ces
problèmes ne sont pas encore tous résorbés, mais bon
nombre d'entre eux ont trouvé des solutions.
Nous nous orientons vers des amendements à la loi, qui nous
permettront d'être plus efficaces dans l'avenir.
M. LESSARD: M. le Président, c'est justement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: ... ces problèmes que je veux soulever et sur
lesquels j'aimerais avoir des réponses assez précises du ministre
de l'Agriculture ou du président de la Régie de
l'assurance-récolte. Je lisais dans le rapport du Protecteur du citoyen,
l'an dernier, certaines remarques fort importantes concernant la Régie
de l'assurance-récolte. Vous me permettrez justement d'en faire part au
ministre pour connaître les réactions ou les solutions qu'on a pu
apporter suite au rapport du Protecteur du citoyen.
En effet, disait-on, au sujet de la régie: "II est certain que la
Régie de l'assurance-récolte a connu des difficultés de
mise en place qui ont nui à sa popularité auprès de ceux
qu'elle est appelée à servir. Les récriminations sont
souvent venues de la part de cultivateurs plus habitués à un
système de subvention et mal préparés aux exigences d'un
régime strict d'assurance, mais certaines étaient loin
d'être dénuées de fondement. Forcée d'agir
rapidement, sans disposer des moyens nécessaires pour rationaliser son
action, la régie a dû adopter, les premières années
de son existence, des attitudes que sa clientèle ne pouvait que
déplorer."
Et c'est surtout ce qui suit qui me paraît important. "Les
réclamants se voyaient régulièrement imposer après
coup des modifications importantes à leur contrat d'assurance, sous
prétexte que les rendements escomptés et prévus
étaient inexacts et une partie des pertes qu'ils avaient subies
était quasi systématiquement attribuée, sans autre forme
de procès, à leur négligence plutôt qu'à une
cause indépendante de leur volonté. Ces procédés
autoritaires d'ajustement, d'ailleurs basés sur des moyennes
régionales et non sur des peuvres précises, cadraient mal avec
les principes d'un système d'assurance à contrat individuel." Il
est vrai que le Protecteur du citoyen ajoute, par la suite, que
cette période d'ajustement semble maintenant en partie
révolue.
M. le Président, je sais que plusieurs députés des
différentes régions du Québec ont certainement des
plaintes à faire vis-à-vis de la Régie de
l'assurance-récolte du Québec. Les agriculteurs ont eu aussi
à protester contre certains des agissements de la Régie de
l'assurance-récolte, en particulier, les retards indus, les retards qui
vont jusqu'à six mois dans le versement de l'assurance.
M. le Président, l'an dernier, lorsque certaines récoltes
ont été détruites, le ministre lui-même disait: Oui,
mais ces cultivateurs, ces producteurs n'avaient qu'à s'assurer. Je
comprends bien que ces producteurs n'avaient qu'à s'assurer, mais si,
par exemple, les producteurs assurés d'autant plus que ce sont
des plans d'assurance individuels ne sont pas satisfaits de la
façon dont cela fonctionne à la régie, si ces producteurs
qui paient, en collaboration avec le gouvernement fédéral et le
gouvernement provincial, des primes d'assurance, se voient
pénalisés bien souvent ou pensent qu'ils sont
pénalisés, cela n'avantage certainement pas la régie; cela
n'augmente pas, en tout cas, le taux d'assurance à la Régie de
l'assurance-récolte. D'autant plus que nous avons connu une chute
marquée du nombre d'assurés, au cours des dernières
années. Il semble que les perspectives pour l'année 1974
s'avèrent meilleures.
M. le Président, il y a certainement si le Protecteur du
citoyen s'est penché sur le problème des solutions, des
améliorations à faire. Je voudrais savoir maintenant si ces
améliorations ont été faites et si les producteurs
assurés peuvent maintenant escompter avoir des délais moins longs
dans le versement des montants lorsqu'il y a eu perte de récolte. A la
régie de l'Ontario, je pense que le délai maximum est de 30
jours, alors qu'ici, semble-t-il M. le Président, j'aimerais
avoir des éclaircissements ça peut aller jusqu'à
six mois.
Voilà quelques remarques générales sur lesquelles
je désirerais avoir soit la réponse du ministre ou soit la
réponse du président de la Régie de
l'assurance-récolte du Québec.
M. TOUPIN: M. le Président, c'est vrai, j'ai lu, moi aussi, le
rapport du Protecteur du citoyen là-dessus. Plusieurs producteurs se
sont plaints au Protecteur du citoyen de plusieurs choses. Certains se sont
plaints d'être payés en retard. D'autres se sont plaints d'avoir
été mal indemnisés. Les montants qu'eux avaient
établis par rapport à ceux que la régie leur a
versés ne correspondaient pas du tout, etc., de telle sorte qu'au cours
des année 1970/71/72, notamment 1970/71, la régie était
presque dans l'obligation de travailler par décision arbitraire.
C'était le commencement de l'assurance, d'autant plus que c'était
la seule province au pays qui avait accepté d'assurer les grandes
cultures. C'est un problème beaucoup moins sérieux dans les
cultures spécialisées. Mais dans les grandes cultures, le foin,
les céréales, etc., on avait peu de contrôle. Cela a
créé tous les problèmes qu'a soulevés le Protecteur
du citoyen.
Je suis même prêt à soutenir que certains producteurs
ont peut-être été surpayés et que certains autres
ont été sous-payés par rapport aux méthodes que
nous avions à ce moment-là.
Au fond, les conflits, où est-ce qu'ils se situaient? Le
problème véritable, c'était celui des étendues. Un
agriculteur s'assurait avec une police individuelle et déclarait:
J'assure 50 acres de foin. Voici que le temps vient de payer
l'indemnité. On fait la mesure des superficies et on trouve 42 acres.
Doit-on payer sur 50 acres d'une déclaration du producteur ou payer sur
42 acres d'une vérification de la régie? La régie a
été prise, à ce moment-là, pour prendre une
décision arbitraire. Elle en a pris aussi.
Il y avait le problème du contrôle des rendements. Certains
disaient: Sur ma ferme, j'ai tant de tonnes de foin à l'acre. Nous, on
regardait dans la région : Les voisins, les deuxièmes voisins. On
disait: Ecoute, ta déclaration de tant de tonnes à l'acre ne
correspond pas du tout à ce que tes voisins ont fait, tes voisins les
plus proches et les plus éloignés. Quand on prend la moyenne
régionale, tu es de beaucoup plus élevé. On
vérifiait son sol. On vérifiait si du drainage souterrain avait
été fait, si on avait fait une bonne fertilisation. Plus que
ça, on retournait en arrière. On regardait: Avant que l'assurance
existe, qu'est-ce que tu avais comme rendement? Tu dis, cette année, que
tu as 30 tonnes à l'acre. Mais les as-tu déjà faites
avant? Alors, on faisait un peu un retour en arrière et on se rendait
compte que ce n'était pas ça. C'était 20 ou 18. Encore
là, la régie devait trancher dans l'arbitraire. Ce n'était
pas facile pour elle. Ce n'était pas facile pour le producteur qui
s'assurait. Donc, cela a créé des mécontentements. Mais
cela a été plus loin que ça. La Régie de
l'assurance-récolte, au cours de ses premières années
d'application de son programme, a dû emprunter, du gouvernement du
Québec, $9 millions. C'est-à-dire qu'elle a été en
vigueur en 1968. Donc, 1969, 1970, 1971, 1972 et 1973, la régie a
emprunté de la province de Québec $9 millions qu'elle n'a jamais
pu rembourser. Les primes qu'elle percevait, tant des producteurs que du
gouvernement provincial et du gouvernement fédéral, ne
totalisaient pas les demandes faites par les producteurs. De la sorte, la
régie était déficitaire de $9 millions.
Alors, on s'est rendu compte aussi que, s'il y avait de la part de la
régie certains gestes arbitraires posés qui pouvaient
peut-être dans certains cas causer des injustices, certains producteurs
abusaient des programmes et ne déclaraient pas toujours les
étendues exactes, ne déclaraient pas toujours les rendements
exacts. Cela nous a amenés à prendre une décision. Les
décisions qui ont été prises en matière technique,
le président vous en parlera tantôt, en ce
qui concerne les moyennes régionales qu'on a établies,
l'augmentation des cotisations, l'augmentation des indemnités, les
contrôles que l'on veut établir, etc. Le président de la
régie vous dira ce qu'il en est.
Donc, c'était un problème véritable et il fallait y
trouver une solution. Il y a également ceux qui ne sont pas
assurés. On est parti avec quelque 20,000 assurés je n'ai
pas les statistiques et on est tombé, en 1971, à 7,000
assurés ou quelque chose comme ça. Depuis deux ans, l'an dernier
et cette année, il y a une hausse.
M. LESSARD: Si le ministre me permet, simplement sur les rendements,
avant cela, vous vous fiiez à la...
M. TOUPIN: A la déclaration du producteur.
M. LESSARD: ... déclaration du producteur, sans
vérification.
M. TOUPIN: C'est-à-dire que le vendeur faisait une
vérification sommaire mais très souvent, pour vendre sa police,
il disait: Ecoute, tu mets 10 p.c. ou 20 p.c. de plus. D'accord, on va
l'accepter.
M. LESSARD: Là, ce n'est plus le cas?
M. TOUPIN: Tantôt, le président vous expliquera comment on
procède maintenant.
M. LESSARD: D'accord.
M. ROY: M. le Président, je suis bien intéressé
à le savoir parce que je me suis toujours demandé de quelle
façon la régie pouvait payer un producteur qui avait subi des
dégâts. On sait très bien que dans l'agriculture vous allez
prendre, par exemple, dans n'importe quelle paroisse, trois fermes, voisines
l'une de l'autre, qui ont la même nature de sol et vous avez des fermes
qui sont complètement différentes l'une de l'autre.
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: C'est une question de rendement, il y a la question de savoir de
quelle façon le cultivateur exploite sa ferme.
M. TOUPIN: Quand la gestion de la ferme est égale, quand la
fertilisation est égale, quand l'amélioration du fonds de terre
est égale et qu'un des trois dit: Moi, j'ai 50 p.c. de plus que l'autre,
tu as raison de te poser des questions.
M. ROY: D'accord.
M. TOUPIN: Si la régie dit: Je me rends à celui-là,
honnêtement elle doit se rendre aux deux autres qui sont voisins si, eux
aussi, se sont assurés. Mais la régie tient compte mainte- nant
on en a toujours tenu compte d'ailleurs de la gestion, etc. On a
introduit des nouvelles méthodes cette année, je vais vous en
dire un mot tantôt.
Alors ça, c'est le problème relié aux observations
qu'a faites le Protecteur du citoyen et auxquelles on a tenté d'apporter
des correctifs qui, à mon point de vue, me paraissent passablement
rationnels.
Le président me dit que cette année il y a seulement deux
cas qui se sont rendus chez le Protecteur du citoyen. C'est vraiment un record,
évidemment. Le Protecteur du citoyen les a rejetés tous les
deux.
Le problème des ventes, on est parti de très haut et on a
versé des indemnités généreuses, d'ailleurs. $9
millions ont été empruntés, en plus des primes qui ont
été payées et qui ont été reversées
aux producteurs; donc la régie a été
généreuse. Elle a été arbitraire mais elle a
été généreuse aussi. Très honnêtement,
elle a été très généreuse. Mais, à ce
moment-là, les prix étaient bas et les problèmes
étaient sérieux en agriculture. Donc, la régie essayait
autant que possible de contrer elle aussi cette sorte de régression dans
le secteur agricole. Elle a apporté cette part, mais cela a
coûté $9 millions au gouvernement.
Remarquez bien que je ne critique pas cette façon de
procéder mais si on veut une assurance, au Québec, il va falloir
l'administrer comme une assurance. On n'administrera pas ça comme un
régime d'assistance sociale. C'est un régime d'assurance et on va
prendre les moyens pour que le régime soit respecté.
Donc, depuis deux ans, et notamment l'an dernier et cette année,
il y a une augmentation qui n'est pas très substantielle mais, quand
même, importante des gens qui s'assurent à
l'assurance-récolte. Ce qui est important, c'est que nous rejoignons de
plus en plus les producteurs efficaces, les producteurs qui ont une bonne
gestion. On les rejoint de plus en plus ceux-là. C'est pour ça
qu'on en retrouve plus dans la région de Montréal qu'on en
retrouve dans la région du Bas-Saint-Laurent ou de l'Abitibi ou du
Témiscamingue où il est évident que les méthodes de
culture sont peut-être un peu moins avancées, non pas à
cause des producteurs mais à cause du climat, etc.
M. ROY: A cause des difficultés que ces gens rencontrent.
M. TOUPIN: Tout ça, oui. Tous ces problèmes qui sont
reliés à ces régions.
M. LESSARD: C'est ce qui nécessite, justement, une loi contre la
spéculation foncière au plus vite, surtout pour ces
régions.
M. TOUPIN: En plus...
M. LESSARD: C'est simplement une remarque.
M. TOUPIN: ... du reste.
M. LESSARD: On va y revenir.
M. TOUPIN: C'est nous qui en avons parlé les premiers, de toute
façon.
M. LESSARD: Ce n'est pas une question de premier...
M. TOUPIN: Non, non, non!
M. ROY: Vous en avez toujours parlé les premiers.
M. TOUPIN: Oui, oui! Il y a des projets de loi qui s'en viennent aussi.
Oui, d'accord.
M. ROY: II ne faudrait pas être obligé de revenir...
M. LESSARD: On va en reparler.
M. TOUPIN: D'accord, on n'embarquera pas là-dessus.
En ce qui concerne les paiements aux agriculteurs, cette année,
tout fut payé avant la fin du mois d'avril, à quelques exceptions
près.
Il y a un certain nombre de révisions à faire. Si on
prend, par exemple, les grandes cultures, on a payé, en octobre 1973,
$63,000; en novembre, $92,000; en décembre, $223,000; et en janvier
ç'a été le gros coup; $529,000; en février,
$427,000; en mars, $102,000; et en avril, $120,000.
M. ROY: Pour un total de ?
M. TOUPIN: Pour un total de $1,358,124.
M. ROY: Ce sont des réclamations payées à ce jour
pour...
M. TOUPIN: Les grandes cultures seulement.
Les cultures spéciales, qui comprennent le foin et l'avoine pour
les gars qui n'ont pas d'animaux, ce sont les vraies cultures
spéciales.
En octobre, on a versé $8,000; en novembre, $2,869; en
décembre $5,000; et en janvier aussi ça a été le
boum, $98,313; en février, $6,000; en mars, $1,000; et en avril,
$29,217, pour un total de $152,080. Cela, c'était pour les cultures
spéciales, céréales et foin, où on n'a pas
d'animaux.
Les cultures industrielles, qui comprennent les productions
maraîchères assurées pour le moment, il y a des betteraves,
des pommes...
M. ROY: Pourriez-vous nous donner la liste des productions
céréalières qui sont assurées pour le moment?
M. TOUPIN: II y a des petits grains ordinaires, avoine, orge,
blé, et il y a le mais-grain.
M. ROY: Ce sont les quatre.
M. TOUPIN: Celles de la deuxième colonne dont je viens de vous
parler.
Pour les cultures industrielles, il y a les betteraves sucrières,
les pommes, les légumes de conserverie et les tabacs. Il y a encore
d'autres productions qui ne sont pas assurées, bien sûr, mais on a
ajouté déjà quatre ou cinq...
M. ROY: Les fraises ne sont pas assurées, les pommes de
terre.
M. TOUPIN: Les pommes de terre font partie des grandes cultures.
Pour les cultures industrielles, les quatre dont on vient de vous
parler, en octobre, il a été versé $13,000; en novembre,
$35,000; en décembre, $1,000; en janvier, $356,000; en février,
$442,000; en avril, $41,980, pour un total de $890,849.
L'objectif que nous nous fixons, c'est de pouvoir payer le producteur
avant l'ensemense-ment du printemps pour que le gars ait au moins l'argent dont
il a besoin pour ensemencer. C'est l'objectif primordial, fondamental que nous
avons. Maintenant, nous essayons, bien sûr, d'aller plus loin, mais le
président me disait qu'il est difficile de verser des indemnités
aux producteurs quand on n'a pas chez nous les rapports. Alors, nous attendons
les rapports des conserveries et des producteurs pour les compiler, etc. C'est
un peu plus long, mais pour que nous soyons parvenus, entre temps, à en
payer en octobre, en novembre et en décembre, il y a eu là, de la
part de la régie, des efforts énormes pour régler ces
problèmes. Il reste, bien sûr, les cas de révision qui
viennent toujours après. Le président me dit qu'il y a une
centaine de milliers de dollars qui devront être versés encore
mais qui sont des cas à réviser.
M. ROY: Cela fait un total de combien? M. TOUPIN: C'est $2,401,053. M.
ROY: C'est $2,401,000.
M. TOUPIN: Oui, de versé à ce jour. Et nous
prévoyons $2,500,000 à verser.
M. ROY: A verser.
M. TOUPIN: C'est-à-dire qu'il reste $100,000 à verser.
M. ROY: II reste $100,000 à verser pour les réclamations
de l'année 72/73.
M. TOUPIN: C'est 73/74. M. ROY: C'est 73/74.
M. TOUPIN: C'est-à-dire pour la saison passée.
M. LESSARD: La saison 1973.
M. TOUPIN : C'est ça, la saison de production 1973.
M. ROY: Maintenant, quel a été le montant d'argent que
vous avez perçu pour les cotisations et qu'est-ce qui a
été imputé au budget de la province?
M. TOUPIN: A ce jour, les cotisations totales ont rapporté
$2,137,000 environ.
M. ROY: Le solde a été payé à même le
budget de la province, c'est-à-dire que la régie est en
déficit?
M. TOUPIN: Oui, c'est-à-dire que la régie...
M. ROY: Elle arrive avec un déficit et le gouvernement lui
consent des prêts?
M. TOUPIN: Des prêts, quoi? M. ROY: Disons, des prêts...
M. TOUPIN: C'est un petit déficit, là. On a un compte de
banque qui tourne avec les cotisations qui entrent et qui sortent.
M. ROY: Les cotisations qui sont payées d'avance.
M. TOUPIN: II y a toujours un fonds de roulement de $300,000 ou
$400,000.
M. LESSARD: Sur $2,137,000, quelle est la contribution du gouvernement
fédéral?
M. TOUPIN: C'est 25 p.c. du fédéral, 25 p.c. du
provincial...
M.LESSARD: Et 50 p.c...
M. TOUPIN: ... et 50 p.c. pour le producteur. L'administration est
payée en entier par les gouvernements, 50/50.
M. ROY: M. le Président, puisqu'on parle du gouvernement
fédéral là-dessus, je ne voudrais pas aller trop loin et
déterrer de vieilles choses mais étant donné qu'on parle
d'assurance-récolte, lorsque, il y a deux ans d'ailleurs ce
n'était pas encore fini l'année dernière, il en a
été question à l'Assemblée nationale l'an dernier
pour les dégâts subis par la gelée et les
inondations, il y a eu un accord signé entre le gouvernement
fédéral et le ministère de l'Agriculture de la province
pour les $400 qui ont été versés...
M. TOUPIN: C'est exact.
M. ROY: ... l'an dernier, bon...
M. TOUPIN: 1972.
M. ROY: II y avait eu une entente à l'effet que le gouvernement
provincial... N'y a-t-il pas $5 millions prévus dans les statuts, un
certain montant que la province doit débourser en cas de tels dommages,
le gouvernement fédéral intervenant par la suite?
M. TOUPIN: Non, si vous vous rappelez, en 1972 on en discutait
encore justement hier avec des producteurs lors de pertes de
récolte, nous avons soutenu qu'il existait une assurance-récolte
au Québec et qu'il n'était pas question pour nous d'intervenir
sous forme de subventions. Le gouvernement fédéral a jugé,
lui, qu'il pourrait quant à lui intervenir sous forme de
subventions et, effectivement, il a versé $400. à chacun des
producteurs du Québec. Nous, de notre côté, nous nous
sommes engagés à consentir des prêts aux agriculteurs; vous
vous rappelez la loi que nous avons présentée à ce
moment-là, une loi particulière pour aider les producteurs en cas
de sinistre. Cette loi autorise l'Office du crédit agricole à
consentir des prêts à court terme, de quatre ou cinq ans, et
autorise le ministère de l'Agriculture à subventionner
l'intérêt. C'est ce que nous avons fait. Nous avons consenti des
prêts et nous avons, au cours de la période critique des six
premiers mois, exempté les producteurs du paiement de
l'intérêt; pour l'autre période, on remboursait 50 p.c. de
l'intérêt. On a mis à la disposition des agriculteurs
si ma mémoire est bonne $14 millions ou $15 millions, que
les producteurs ont empruntés à un taux d'intérêt
très bas, de telle sorte qu'au bout du compte, ça donnait
à chacun des agriculteurs beaucoup plus de $400, selon évidemment
le montant que le gars empruntait.
Nous, c'est la formule que nous avons prise, la formule du prêt,
parce que nous ne voulions pas intervenir directement sous forme de subventions
pour ne pas nuire au principe de l'assurance-récolte. Mais nous avions
un comité en place qui travaillait pour réaménager
l'assurance-récolte au Québec.
M. ROY: M. le Président, sur ce point, j'en ai dit
déjà passablement à l'Assemblée nationale et je ne
veux pas répéter tout ce que j'ai dit parce que c'est vrai qu'on
va dépasser 20 heures, M. le Président. Il y a quand même
un fait et il faut absolument que ces choses soient dites: c'est que, à
côté des régions qui ont été
désignées par le gouvernement, il y a les régions
limitrophes aux territoires désignés qui ont subi les mêmes
dégâts, les mêmes inconvénients...
M. TOUPIN: M. le Président, je ne voudrais pas empêcher le
député de Beauce de parler, remarquez bien.
Mais nous avons discuté tellement de ce problème en 1972,
je pense qu'y revenir ce serait dépasser le dessert, M. le
Président.
M. ROY: Non seulement on en a parlé en 1972, mais en 1973.
M. TOUPIN: On est revenu en 1973.
M. ROY: Je vais poser une question pour l'avenir, advenant le cas
où des choses identiques se produiraient. C'est entendu qu'à ce
moment-là il faudrait quasiment faire de la spéculation, si vous
voulez. Mais nous avons dans la région de la Beauce, dans la
région de la Chaudière, à tous les quatre et cinq ans,
à subir des inondations qui font perdre énormément
d'argent aux agriculteurs chez nous.
C'est justement le point que j'avais souligné à
l'attention du ministre, chez nous dans la région nous avions subi les
mêmes dégâts que les autres, mais on n'a pas
été capable d'avoir les subventions. Nos agriculteurs ont
été informés qu'ils auraient des prêts à leur
disposition. Il y a une différence énorme entre un prêt et
une subvention. Le fédéral donne une subvention en guise de
dédommagement et le provincial annonce un prêt et il dit que la
subvention que le gouvernement provincial a accordée a été
supérieure à la subvention du fédéral. Je suis bien
d'accord à un moment donné sur le chiffre. Naturellement, si on
regarde le bénéfice de l'agriculteur, si l'agriculteur n'a rien
eu, ç'a été pour compenser l'intérêt que lui
ont chargé les banques, les institutions financières. Ce n'est
pas lui qui a bénéficié des $400.
M. TOUPIN: Non et c'est la raison pour laquelle je m'étais
opposé au départ au programme fédéral. Je
n'étais pas du tout d'accord sur ce programme, moi, absolument pas.
J'aurais préféré...
M. ROY: Vous étiez contre le fait que les agriculteurs du
Québec puissent bénéficier d'une subvention de $400.
M. TOUPIN: Ce n'est pas parce que j'étais contre le fait qu'un
agriculteur touche $400, c'est que ça ne réglait rien, rien,
rien. Nous on a dit au gouvernement fédéral: Pourquoi ne vous
embarquez-vous pas dans notre programme de prêt? Plutôt que de
subventionner l'intérêt à 50 p.c, comme nous on le fait,
faites-en autant que nous et prêtons sans intérêt pendant
trois ans à un agriculteur. C'est une forme de subvention qu'on peut
verser et ce n'est pas nécessaire d'aller à la Banque du Canada
pour ça.
Je voyais rire le député de Saguenay, j'ai essayé
de m'en sortir tout de suite.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît.
M. TOUPIN: Alors c'était le programme que nous avions
proposé au gouvernement fédéral, dans des circonstances
comme ça, parce que c'est une façon de verser des subventions.
Nous croyons quant à nous qu'il y a deux façons de verser des
subventions, à l'agriculture.
C'est une subvention sur les prix des produits agricoles ou c'est une
subvention d'intérêt. Toute autre subvention que tu verses, tu es
loin d'être certain que c'est le producteur qui en
bénéficie.
Les subventions sur la chaux, sur l'engrais chimique et sur les grains
de semence, etc. Les gars attendent pour fixer les prix de l'engrais chimique
et de la chaux qu'on sorte notre subvention; aussitôt qu'on l'a sortie,
ils se disent: On va mettre 10 p.c. de plus. Quand on subventionne les prix, il
n'y a pas de problème, et quand on subventionne l'intérêt,
il n'y a pas de problème pour l'agriculture. C'est ce qu'on avait
proposé, et le gouvernement fédéral a dit: Non, nous
voulons avoir notre propre programme. Et on l'a appliqué de cette
façon-là.
M. ROY: D'ailleurs, il y avait une direction fédérale.
M. TOUPIN: En plus.
LE PRESIDENT (M. Séguin): D'ailleurs, toute cette question est
hors du sujet. Si on peut revenir.
M. LESSARD: Je voudrais revenir, M. le Président. J'avais
apporté un certain nombre de critiques, tout à l'heure, à
partir du rapport du protecteur du citoyen, en particulier à la suite de
modifications de contrat. Le ministre m'a donné certaines explications
dans le sens qu'au moment où l'assuré prenait sa police
d'assurance, il ne semblait pas que la Régie de
l'assurance-récolte prenne ou fasse une enquête stricte à
ce moment-là sur les rendements escomptés. Or, le ministre nous a
dit tout à l'heure que le président de la régie allait
nous expliquer un certain nombre de modifications techniques qui permettent
maintenant au moins de fixer les conditions du contrat avant ou au moment
où l'assurance est prise.
J'aimerais bien que le président de la régie nous explique
un peu quelles sont ces modifications et si, suite à ces modifications,
l'assuré peut maintenant avoir un contrat beaucoup plus
précis.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. TOUPIN: Si vous permettez, M. le Président, avant d'ajourner,
je sais qu'il est midi, vous regardez l'horloge.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est cela.
M. TOUPIN: Avant de demander l'ajournement, je voudrais seulement
apporter une précision; le président pourra répondre
demain ou après-midi, quand on reviendra. Cette année, nous avons
tenté une expérience qui, je pense, a produit des
résultats concrets. Nous intéressons, de façon directe,
les fédérations de l'UPA dans la révision des dossiers
pour ne pas faire porter exclusivement l'odieux sur le fonctionnaire de la
régie, pour qu'aussi les producteurs prennent conscience que, quand la
régie prenait des
décisions qui semblaient arbitraires, elle était parfois
justifiée, et dans certains autres cas, elle n'était pas
justifiée. Le comité s'est réuni et tous les cas de
révision qui ont été soumis à la régie par
le comité, la régie ne les a pas discutés, elle les a
acceptés.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, je constate qu'il est midi.
La commission ajourne ses travaux à dix heures demain, jeudi, à
moins d'avis ou d'ordre contraire de la Chambre.
(Fin de la séance à 11 h 58)