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Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du jeudi 9 mai 1974
(Vingt heures dix minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente de
l'agriculture): A l'ordre, messieurs!
Préliminaires
LE PRESIDENT (M. Séguin): Les membres de la commission, à
la reprise de cette séance sur les crédits du ministère de
l'Agriculture, seront les suivants: MM. Morin (Sauvé), Carpentier
(Laviolette), Denis (Berthier), Dionne (Mégantic-Compton), Faucher
(Nicolet-Yamaska), Fraser (Huntingdon), Giasson (Montmagny-L'Islet), Lessard
(Saguenay), Massicotte (Lotbinière), Ostiguy (Verchères), Roy
(Beauce-Sud), Toupin (Champlain), Tremblay (Iberville).
Nous nous réservons, si vous le voulez, messieurs, le droit de
faire des changements au cours de la séance. Si on devait changer de
membre, pour une raison ou pour une autre, je pense qu'on pourra le faire sans
trop de difficultés et avec l'accord de la commission.
Nous sommes au programme 4, Régie de l'assurance-récolte
du Québec. La parole est au ministre.
Régie de l'assurance-récolte
(suite)
M. TOUPIN: M. le Président, lorsque nous avons quitté la
commission, la dernière fois, deux questions avaient été
posées. La première portait sur le rapport du Protecteur du
citoyen et la seconde, sur les méthodes que la Régie de
l'assurance-récolte avait mises de l'avant depuis six mois ou un an pour
corriger certains problèmes avec lesquels les assurés et la
Régie de l'assurance-récolte étaient aux prises.
Le président, M. Robert Samson, nous accompagne. Il pourra donner
à la commission des explications sur les méthodes nouvelles et
améliorées sur lesquelles nous nous basons maintenant pour
régler les cas et pour également assurer les agriculteurs qui
désirent s'assurer.
Il me fait plaisir d'essayer de vous expliquer brièvement comment
on a essayé de régler les situations de conflits avec les
agriculteurs, car en assurance, évidemment, il faut ce qu'on appelle des
ajusteurs.
Des ajusteurs, par définition, sont des gens qui,
évidemment, sont sujets à des situations de conflits. Les trois
principaux conflits que nous avons identifiés avec les agriculteurs sont
les suivants: Le premier, c'est une question des étendues
assurées.
Nous avons constaté que les cultivateurs, souvent, nous
déclaraient, par exemple, 100 arpents ou 100 acres de terre, dont 75 en
foin et 25 en avoine.
Lorsqu'on arrivait au moment des réclamations, on constatait, si
on mesurait la terre, qu'on ne trouvait que 20 arpents d'avoine et 80 en
foin.
M. LESSARD: Simplement une petite question, sans vous déranger.
Dans les primes, les gens qui s'assuraient pour une étendue
supérieure devraient-ils payer plus?
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Ils prenaient le risque de payer plus.
M. TOUPIN: Certainement, très certainement.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: Pour ce premier point-là, on a essayé, en 1973,
avec la coopération du ministère de l'Agriculture, des BLR, de
recueillir d'abord tous les plans de ferme existants et on a essayé d'en
faire le plus possible.
Actuellement, nous possédons, pour nos assurés,
au-delà de 2,000 plans de ferme et, au cours de la saison 1974, nous
espérons bien, au moins, doubler ce nombre. Cela veut dire qu'une fois
que le cultivateur a accepté les étendues, a signé un plan
de ferme, il y a une situation de conflit de réglée.
Donc, l'année suivante, lorsqu'il vient pour s'assurer, on lui
dit: Si c'est tel champ que vous avez en avoine, monsieur, il est
déjà mesuré, ce champ; il mesure 10.5 acres. Donc, nous
allons vous assurer 10.5 acres d'avoine. C'était le premier point de
conflit qui était assez grave.
M. LESSARD: C'est fait au moment où la personne s'assure. A ce
moment-là, on précise, en collaboration avec elle,
l'étendue de ce terrain qui doit être assurée.
M. TOUPIN: Si le plan de ferme existe déjà. S'il
n'existait pas encore au moment où il a renouvelé son assurance
pour 1974, on a accepté sa déclaration, sous réserve
évidemment, d'une vérification s'il y a des dommages. Donc, on
n'a pas pu, en un an, fabriquer assez de plans de ferme pour régler tous
les cas. Mais nous espérons que, d'ici un an ou deux, tous les
assurés auront leur plan de ferme. La question de conflits
d'étendue sera réglée.
Le deuxième conflit qui est beaucoup plus difficile, c'est le
conflit sur le rendement. Le cultivateur nous déclarait qu'il produisait
deux tonnes de foin à l'acre, par exemple. Là encore, par des
vérifications, on réalisait qu'il était à 1.5
ou 1.2 tonne. Pour régler cela, nous avons pris deux options.
Première option, les vieux assurés, les assurés de quatre,
cinq ou six ans, enfin, qui ont eu quelques années d'assurance, on leur
tire une moyenne des années antérieures et on les assure sur leur
moyenne de rendement des années antérieures.
Cette année, cela a voulu dire que plusieurs cultivateurs ont vu
baisser leur rendement assuré ou garanti, si vous voulez, assez
considérablement. D'autres l'ont vu augmenter. Ils sont moins
nombreux.
Non seulement on a fait ça, mais on a aussi demandé
à tous ceux qui voulaient obtenir des rendements supérieurs de
nous proposer un programme de culture spécifiant la fertilisation, les
variétés de semences utilisées, enfin tous les points qui
peuvent concourir pour faire un bon rendement. Avec le plan de culture plus
l'étude des rendements antérieurs, c'est-à-dire des
performances antérieures, on espère que les rendements offerts en
garantie cette année collent de plus près à la
réalité. Donc, à l'automne, le conflit sera d'autant moins
grave.
Si le cultivateur a l'habitude de faire 40 minots d'avoine à
l'acre et qu'on l'a assuré à 40 minots, si à l'automne, il
n'en fait que 20, qu'il y a une perte, il n'y aura plus de discussion possible,
on lui en doit 20, n'est-ce pas? Tandis qu'avant, le type étant
assuré à 60, on réalisait que les normes minimales de
bonne gestion n'avaient pas été observées, alors on
disait: Monsieur, ce que vous avez fait cette année ne pouvait pas vous
permettre de faire 60 minots d'avoine. Donc, on est obligé de vous faire
une espèce d'attribution de rendement parce que vous n'avez pas
respecté les normes minimales techniques pour faire 60 minots.
Cette année, en le descendant à sa réalité
des années antérieures, je pense qu'on va utiliser moins souvent
cette dernière procédure, donc on va avoir beaucoup moins de
conflits.
Finalement, un troisième point celui-là, c'est que dans
notre loi et nos règlements, on dit textuellement que les garanties sont
sujettes à vérification quant aux normes minimales de bonne
gestion qui doivent être respectées. C'est bien le point où
les conflits ont été les plus durs et les plus difficiles parce
qu'il est toujours énormément difficile à faire admettre
à un cultivateur que, justement, il a fait quelque chose ou il n'a pas
fait quelque chose qui a été de nature à réduire
son rendement.
Ce dernier point, on espère qu'il va être moins difficile,
qu'on devra l'appliquer moins souvent parce qu'étendue et rendement
auront été mesurés et précisés davantage
avec l'exploitant, et que la question de normes minimales de bonne gestion
n'aura pas à être mises de l'avant à chaque dossier. Cela
deviendra des cas plus rares.
Je pense qu'on a là les trois conflits majeurs que les gens de
l'assurance-récolte ont eus vraiment avec la majorité des
cultivateurs. Cela résume peut-être 90 p.c. des reproches qu'on a
adressés à la régie jusqu'ici. Encore une fois, je
voudrais dire que tout ajusteur d'assurance, évidemment, est
exposé à un certain conflit lorsqu'arrive le moment de
régler une réclamation.
Je pense que là il y a certainement une discussion à
entreprendre dans bien des cas avec l'assuré pour arriver à un
règlement juste et raisonnable.
M. LESSARD: Vous conviendrez, M. le Président, que vous avez
réglé je pense bien, une grande partie du problème qui
venait du fait qu'on ne discutait pas, lorsqu'on vendait la police
d'assurances, de ces conditions au début, étant donné que
c'était probablement les débuts de l'assurance-récolte, de
telle façon que l'agriculteur se sentait lésé lorsqu'on
venait lui dire, par exemple, qu'il était assuré pour une
étendue de tant d'acres, mais que le ministère ou la Régie
de l'assurance-récolte constatait que ce n'était pas une
étendue de tant d'acres qu'il avait, mais une étendue, par
exemple, d'un nombre d'acres diminué. Alors le problème,
d'après ce que j'ai pu lire dans le rapport du Protecteur du citoyen,
venait de là. La même chose au niveau du rendement.
Maintenant, si en collaboration avec l'agriculteur, vous faites les
recherches nécessaires, et que celui-ci accepte que dans sa police
d'assurances il soit reconnu telle étendue et tel rendement et que, pour
qu'on puisse lui reconnaître ça, il devra remplir telle obligation
de gestion, je pense bien que, comme d'ailleurs on peut le constater dans le
rapport du Protecteur du citoyen de cette année, les critiques vont en
grande partie disparaître. Je suis complètement d'accord avec
vous, quelle que soit l'assurance que nous avons à prendre à un
moment donné on est plus ou moins satisfait de l'arrangement du courtier
et cependant le contrat n'est pas modifié après.
Le contrat respecte ce pourquoi on s'est assuré. Si je me suis
assuré, par exemple, au civil, pour $100,000 ou $150,000, je paye une
prime pour $100,000 ou $150,000, et lorsqu'arrive le règlement, je peux
aller jusqu'à ce montant-là. Mais comme on le constatait, en tout
cas, même s'il le savait, l'agriculteur tentait peut-être de
tromper la régie, mais il se disait: J'ai payé des primes pour
telle étendue et pour tel rendement, maintenant il faut qu'on me
rembourse, pour ce montant.
M. TOUPIN: Ce qu'il oubliait souvent c'est que sur tout contrat nos
conseillers juridiques ont inclus une clause sujette aux normes minimales de
bonne gestion.
Quand on lui sortait cet imprimé, son contrat sur lequel on le
stipulait, évidemment ça ne réglait pas le problème
de la colère du cultivateur mais, au fond, ça motivait la
décision de la régie. Cela avait été prévu
légalement. Il reste que ce n'était pas satisfaisant dans son
esprit.
M. LESSARD: Ce qu'on critiquait c'est que c'était une
décision...
M. TOUPIN: Unilatérale.
M. LESSARD: ... unilatérale de la régie alors que
maintenant les agriculteurs sont probablement beaucoup plus informés de
ces conditions.
M. TOUPIN: II reste des points chauds.
M. LESSARD: Je pense bien qu'il va toujours y avoir des points
chauds.
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Je le pense bien mais ils vont arriver à un meilleur
équilibre, en tout cas, ou une meilleure solution aux
problèmes.
M. TOUPIN: Oui, je le crois sincèrement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, tantôt nous discuterons
sûrement, comme je l'ai fait hier avec la Régie des marchés
agricoles, du problème des producteurs de mais-grain. Mais avant, en ce
qui concerne l'assurance-récolte, vous couvrez les prairies pour la
première et la deuxième année, n'est-ce pas?
L'assurance-récolte sur les prairies.
M. TOUPIN: Vous parlez du gel du sol?
M. OSTIGUY: Le gel du sol. On a fait des représentations à
la Régie de l'assurance-récolte sur la question des quatre ans
afin d'avoir, si c'est possible, un minimum de trois ans. Est-ce que ce serait
possible? Je pense qu'une décision avait été prise, il n'y
a pas tellement longtemps, à l'effet que vous couvririez seulement un
an. Là vous avez révisé vos positions et vous en
êtes venu à deux ans.
M. TOUPIN: Les prairies, quel que soit leur âge, si elles ont fait
le sujet d'une police d'assurance en 1973, elles sont protégées
pour 1974 pour autant que le rendement est concerné. Pour vous donner un
exemple concret, si un cultivateur a une prairie de trois ans, de deux ans, de
cinq ans ou de sept ans sur laquelle on a mis une protection d'une tonne ou de
deux tonnes de foin et que le gel du sol détruit les plantes ce
printemps, que le rendement est affecté au cours de la saison, on va
payer la garantie que nous avons donnée à l'exploitant, quel que
soit l'âge de sa prairie. Cela, c'est très important. On va le
payer à raison de $20 la tonne, à 80 p.c. de son rendement
accepté.
Pour un cultivateur qui avait une garantie, si vous voulez, ou un
rendement accepté de 50 tonnes, on en protège 40 p.c,
c'est-à-dire 40 tonnes à raison de $20 l'acre, soit $800.
Si son rendement était de 20 tonnes, la différence entre
40 et 20 sont payables à $20 la tonne, quel que soit l'âge des
prairies, mais à la condition qu'il ait été assuré
en 1973. Parce qu'autrement, il serait beaucoup trop facile pour un cultivateur
de prévoir les printemps où le gel du sol détruit une
majorité de nos plantes fourragères, surtout nos
légumineuses, et puis ce serait trop facile pour lui de ne s'assurer que
les années où le gel du sol est à prévoir.
Donc, là-dessus, toutes les prairies sont
protégées. Il y a tout de même un problème que le
député soulève, c'est que les prairies de première
année qui ont été ensemencées en plantes
fourragères l'an dernier, qui ont donc coûté cher à
l'exploitant d'établissement l'an passé, puis qui n'ont pas
encore donné de rendement parce qu'elles ont été
établies l'an dernier...
M. OSTIGUY: Pour une première année.
M. TOUPIN: Pour une première année. ... jouissent d'une
protection additionnelle, à raison du coût de
réensemencement, si les plantes fourragères ont été
détruites par le gel d'hiver. Aux prairies de première
année sont assimilées toutes les prairies qui, l'an dernier, ont
fait l'objet de rénovations, de travaux d'amélioration, par suite
de gel du sol au printemps de 1973. Alors, là-dessus, M. le
Président, j'ai ici les procédures de réclamations de 1974
qui ont été adoptées par la Régie de
l'assurance-récolte et qui ont été remises à tous
nos représentants régionaux qui doivent suivre, dans
l'établissement et dans le règlement, les réclamations
1974 quant aux plantes fourragères.
Résumons en deux mots. Toutes les prairies qui ont fait l'objet
d'une assurance en 1973, qui a été répétée
au printemps de 1974 sont couvertes, quel que soit leur âge, à
raison de $20 la tonne pour toute perte en bas de 80 p.c. du rendement
assuré.
M. OSTIGUY: Cela veut dire que si j'avais ensemencé en 1972, je
serais couvert de la même façon en 1974?
M. TOUPIN: Non. Il faudrait que vous ayez été
assuré en 1973 pour jouir de la garantie de 1974 contre le gel du
sol.
Il y a une différence entre un assuré de deux ans et un
premier assuré, dans ce cas. C'est là où la question du
député de Verchères venait: si, personnellement, le
député de Verchères est producteur agricole, si, cette
année, il veut s'assurer alors qu'il ne l'était pas auparavant,
on n'assurera pas sa prairie au même titre que s'il était
assuré l'an dernier. C'est-à-dire qu'on n'ira pas plus loin que
deux ans. Est-ce que c'est ça?
Pour le gel du sol. Mais s'il avait déjà été
assuré, on ne tient plus compte de l'âge des prairies
après, parce que...
Toutes les autres garanties tiennent, excepté le gel du sol.
Si vous êtes un nouvel assuré de 1974, que vous avez du gel
dans vos prairies, ce printemps, que votre rendement en est affecté au
cours de la saison, vous n'avez pas droit à un remboursement pour cette
cause. Vous avez droit à toutes les autres causes de perte au cours de
l'année, après la coupe; rendement diminué par la
sécheresse, grêle, etc., vous avez droit à toutes ces
protections excepté la protection contre le gel du sol, qui, elle, n'est
en vigueur qu'après un an d'assurance.
M. OSTIGUY: Je reviens encore à ma question principale.
M. TOUPIN: Oui.
M. OSTIGUY: Vous couvrez les prairies de la première et de la
deuxième année seulement.
M. TOUPIN: Non, non.
M. OSTIGUY: Vous couvrez la troisième année aussi?
M. TOUPIN: Toutes les prairies sont garanties contre le gel du sol
à condition que le cultivateur ait été un assuré en
1973 et ait répété sa police pour 1974, avant le 1er mai.
Cependant, pour les prairies de première année, il y a une
protection additionnelle celles qui ont été
établies l'an passé pour celui qui était
assuré l'an passé. On lui paie ses travaux de
réensemencement s'il a perdu sa prairie. Si c'est une prairie de
deuxième, troisième ou quatrième année, donc qui
est surtout en graminées dans la très grande majorité des
cas au Québec, si on exclut les luzernières, là on sait
que les travaux de rénovation se limitent souvent à
épandre de la graine; la fertilisation devient une pratique courante qui
n'est pas une pratique spéciale parce qu'il y a eu gel du sol. Donc,
dans ces cas-là, l'assuré doit faire ses travaux de
rénovation à ses propres frais, mais sa garantie d'assurance
demeure pleine et entière dans tous les cas.
M. OSTIGUY: Est-ce que vous avez des dates limites? Est-ce la même
date à la grandeur de la province de Québec ou si c'est par
région? Je pense, par exemple, aux régions six et sept, la
région sept, dont fait partie mon collègue, le
député de Saint-Jean, et la région six, chez nous. Est-ce
qu'il y a des dates bien définies, bien arrêtées?
M. TOUPIN: Le 30 avril est la date finale pour toute la province. Dans
la région de Montréal, la date finale est le 15 avril, lorsque
les semences ont débuté. Alors, tous les ans ou à peu
près, si la date des semences retarde, comme cette année, on
permet aux gens de la région de Montréal de se rendre au 30
avril.
M. OSTIGUY: D'accord. Le 30 avril.
M. TOUPIN: A condition que les travaux de semis n'aient pas
débuté, on pense que l'on peut prolonger la période pour
leur donner la même chance qu'ailleurs.
M. OSTIGUY: Alors, qu'est-ce que vous faites cette année? On est
rendu au 9 mai.
M. TOUPIN: Le 30 avril.
M. OSTIGUY: Au 30 avril, personne n'avait semé.
M. TOUPIN: C'est ça. Donc, on a pu se rendre au 30 avril.
M. OSTIGUY: Vous avez pu vous rendre au 30 avril.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, l'Association des manufacturiers de
produits alimentaires du Québec a déposé, au mois de mars,
à la régie un projet de mémoire, dans lequel on demandait
des changements en ce qui touche les produits de conserverie.
L'association me fait savoir qu'après que la régie eut
reçu ce projet de mémoire, la régie n'a pas je vais
reprendre les termes de celui qui m'a écrit pour m'en faire part
jugé bon de discuter de ce problème avant la rédaction de
son programme, que vous avez remis lorsque je vous ai rencontré avec les
producteurs et les propriétaires de conserveries à Longueuil,
dernièrement.
Je regarde ce projet de mémoire. Vous allez me permettre de
reprendre les grandes lignes et de faire le parallèle avec les
suggestions que la régie a faites. On demandait que l'assurance des
récoltes soit distincte selon la culture. On demandait, par exemple,
pour les pois hâtifs, les pois semi-hâtifs, les pois tardifs et les
pois de congélation, dont les caractéristiques et les rendements
sont différents, qu'ils fassent chacun l'objet d'une assurance
distincte. On mentionnait que les haricots de beurre et les haricots verts
devraient faire, eux aussi, l'objet de deux contrats d'assurance. On disait: Le
mais pour grain ou crème devrait être assuré distinctement
du mais pour épis.
Si je regarde le programme qui a été défini pour
1974, je remarque qu'on retrouve toutes ces productions sous une même
assurance ou pratiquement une seule assurance.
On demandait que les dommages causés par les oiseaux et les
animaux soient ajoutés aux risques couverts, et à moins que je ne
lise mal votre programme, je n'y vois pas ça.
Le programme d'assurance-récolte dit aussi qu'une personne qui
s'assure, s'assure pour toutes les terres qu'elle cultive. Si elle loue des
terres à deux milles de l'endroit où elle réside et
qu'elle cultive le même produit que le cultivateur
cultive chez lui, quand arrive le temps de son évaluation
vous me reprendrez si je fais erreur cela entre, je crois, dans
l'évaluation totale, globale du producteur, quel que soit l'endroit
où le producteur cultive.
D peut arriver, par exemple, que quelqu'un cultive des pois verts
à Saint-Blaise, dans le comté de Saint-Jean, qu'il loue une terre
à Saint-Luc, qui est quand même à cinq ou six milles de
là, qu'il y ait des difficultés de rendement à cause du
climat à Saint-Luc et qu'il n'y en ait pas à Saint-Blaise, et
quand vient le temps de calculer sa remise à la fin, on met tout cela
dans le même paquet. L'association demandait qu'au moins, le coût
de production réel soit protégé, si on compte cela
globalement. Je ne crois pas que dans le programme on puisse retrouver cette
demande.
On suggérait aussi, pour les années 1972 et 1973 qui ont
été, dans la région, des années exceptionnellement
mauvaises, de ne pas en tenir compte dans le calcul des moyennes
réelles, parce que cela a été réellement
désastreux dans la région, chez nous, vous le savez, en 1972 et
1973.
Disons que, pour le moment, je vais m'arrêter là parce que
j'aimerais avoir certaines réponses, et j'aurai, après cela,
à continuer.
M. TOUPIN: Si vous me le permettez, M. le Président, je vais
tenter de répondre. J'aimerais d'abord, au sujet des consultations qui
ont été tenues tant avec les producteurs qu'avec les conserveurs,
vous donner de vive voix malheureusement je n'ai pas le dossier
les consultations qui ont été tenues.
H y a eu d'abord quatre assemblées de producteurs de secteurs
où se sont rendus un régisseur et le responsable de notre
succursale de Longueuil qui s'occupe des cultures spéciales.
Il y a eu un mémoire de dressé dans chaque cas, des notes
qui précisaient les demandes des producteurs. Ensuite, à
l'assemblée des conserveurs, c'est-à-dire de l'Association des
manufacturiers de produits alimentaires du Québec, AMPAQ, le
vice-président s'est rendu et a expliqué aux membres
présents le contenu de leurs demandes, que vous me précisez
maintenant et que nous n'avions reçu malheureusement que quelques jours
avant.
Nous avons demandé à l'association de nous faire tenir un
mémoire sur les changements qu'elle croyait nécessaires au moins
pour le 1er janvier; or, nous avons touché ce rapport le 27 mars.
C'est donc dire que, lors de la réunion des conserveurs à
Montréal, M. Blanchet, le vice-président, a expliqué aux
conserveurs ce que nous croyions possible de faire à la régie
pour améliorer le programme en 1974. Mais, malheureusement, comme vous
le dites, la saison étant déjà fort avancée, il a
fallu procéder ensuite assez rapidement et essayer d'entrer dans le
programme 1974 le plus de recommandations possible tout en se maintenant tout
de même sur une base un peu réaliste.
Alors, j'aimerais maintenant vous expliquer les points qui
étaient en litige. La première demande des conserveurs que vous
m'avez expliquée, c'est de faire plusieurs catégories de
récoltes. Nous avons consenti à ajouter une catégorie de
récoltes en ce qui regarde les fèves à beurre et les
haricots verts. Nous avons fait deux catégories au lieu d'une. Nous
avons pensé que cette demande était très
motivée.
Quant à assurer les différents types de blé d'Inde,
blé d'Inde crème, blé d'Inde en épi, blé
d'Inde congelé, blé d'Inde égrené, etc., nous avons
pensé que c'était tout simplement une impossibilité. Des
conserveurs qui semblaient surtout favoriser ça, à qui on a
demandé leurs ensemensements totaux par variété de pois,
ne nous ont remis cela qu'en fin d'octobre. Je me dis: Comment peut-on
contrôler des variétés, la destination de chaque sorte de
mais, lorsqu'on ne reçoit un rapport d'ensemencement qu'au mois
d'octobre? C'est tout simplement impossible. D'autant plus que la Loi de
l'assurance-récolte du Québec, comme les lois semblables des
autres provinces, ne nous permet pas de faire ce qu'on appelle, en jargon de
métier, du "spot loss". Or, c'est exactement ce qu'on nous demandait
sous le couvert de plusieurs catégories de récoltes. On nous
demandait du "spot loss" en ce sens qu'un cultivateur qui aurait eu, disons,
100 arpents de mais sucré aurait pu dire: Les dix acres au chemin,
c'était pour faire du mais crème. J'ai perdu ces dix acres
là, vous me les devez. Même si les 90 autres acres avaient
été un succès total et que sa garantie de 80 p.c. aurait
été dépassée. Donc, il est impossible de faire des
catégories de récoltes basées sur l'utilisation. Nous
avons fait des catégories de récoltes, bien sûr, mais
basées sur la plante elle-même et le fait qu'elle était
destinée à la conserverie sous quelque forme que ce soit, que ce
soit sous forme congelée, sous forme égrenée, sous forme
mais crème, etc.
La même chose s'applique d'ailleurs aux pois verts. Dans les pois
verts, la variété compte bien sûr, mais la tendreté
du pois au moment du battage est le point sur lequel on établit la paie
aux producteurs. Donc, s'il avait fallu faire des catégories pour chaque
variété qui a un nombre de jours de maturité
spécifique on n'aurait pas fini. Il aurait peut-être fallu
établir 25 ou 30 catégories de pois verts, ce qui devient tout
simplement impossible à contrôler. Il s'agit simplement de se
demander, lorsque vous arrivez dans le champ de pois vert: Qu'est-ce qu'on va
me dire cette fois-là? Est-ce qu'on va me dire que c'est du hâtif,
que c'est du semi-hâtif, que c'est un pois spécifique pour faire
du petit pois congelé? On aurait pu trouver n'importe quoi, inventer
n'importe quoi pour faire du "spot loss".
Donc, malheureusement, cette demande nous l'avons trouvée
impossible. D'ailleurs il n'y
a pas un seul producteur qui nous l'a demandé. Cette demande nous
est arrivée de l'association et non des conserveurs eux-mêmes.
Parmi les autres points que vous soulevez, il y a celui des oiseaux. Les
oiseaux, c'est sûr, font des ravages très importants dans le mais,
pas seulement dans le mais sucré mais aussi dans le mais produit pour
consommation animale. Notre loi est très spécifique
là-dessus. Aux risques couverts, dans la quatrième ou
cinquième page, vous allez trouver que les oiseaux ne sont pas inclus
comme un risque assurable. Donc, il est impossible pour nous, cette
année, dans le cadre de notre loi actuelle, de protéger contre
les oiseaux, comme les sansonnets, qui détruisent le mais.
M. VEILLEUX: Je comprends que la loi c'est un peu pour ça
que je vous posais la question puisse empêcher, à certains
moments, la régie, dans le cadre de la loi, d'appliquer pour cet
été des demandes qui peuvent être faites soit par
l'Association des manufacturiers de produits alimentaires ou encore par les
producteurs eux-mêmes ou ceux qui sont propriétaires de
conserveries. Mais le but de ma question c'est beaucoup plus de savoir de votre
part si la régie a l'intention, notamment pour les oiseaux et les
animaux, surtout les oiseaux, de demander au ministre ou de suggérer au
ministre des amendements à la loi dans le sens qu'on puisse inclure dans
les risques couverts les oiseaux et les animaux.
M. TOUPIN: Je pense qu'il faudrait poser la question aux responsables du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, et aux autres ministères
impliqués. Lorsque vous touchez à la faune ou à la flore,
c'est devenu de plus en plus difficile de faire des lois sans consulter tous
ces autres ministères. Dans la question des oiseaux, des sansonnets
particulièrement, il y aurait certainement, une possibilité de
législation, mais à condition que ç'ait fait vraiment un
tour de table auprès de tous les ministères impliqués.
M. VEILLEUX: Maintenant, les deux derniers points que je vous avais
mentionnés, c'était que le rendement garanti devrait permettre
d'assurer les producteurs ou qu'en cas de perte partielle ou totale les
producteurs récupèrent au moins les coûts de production
réels payés par le producteur, protection qu'on ne retrouve
peut-être pas dans le programme.
M. TOUPIN: Je pense que vous avez là vraiment la question
primordiale, et je vais essayer aussi d'y répondre. En 1973, comme vous
le savez, c'était la première année que nous avions un
programme pour les légumes de conserverie, programme qui, d'ailleurs, a
été acheté très largement par 22 conserveries sur
23 à travers le Québec qui ont protégé la
très grande majorité de leurs producteurs.
Le problème qui se posait lors d'une pre- mière
année d'assurance, c'était de cerner le rendement moyen par
producteur, qu'il soit conserveur ou producteur individuel ou exploitant
ordinaire. Chez le conserveur, la différence c'est qu'il assurait 1,000
acres, 1,200 acres, et que le producteur normal en assurait 50 ou 75. Cerner le
rendement moyen à long terme des producteurs. Là-dessus, on a eu
la coopération de plusieurs conserveries, la majorité des
conserveries qui nous ont donné les rendements de tous leurs producteurs
pour les sept dernières années. Alors, chaque fois qu'on avait le
rendement pour les sept dernières années, c'était facile
pour nous, pour nos actuaires surtout, d'établir le rendement moyen
à long terme du producteur en question et de lui faire une garantie
juste et raisonnable.
Or, il s'est posé un problème; c'est qu'une conserverie,
entre autres, nous a dit ne pas posséder ses propres rendements comme
les rendements de certains de ses producteurs. Et dans ce cas-là, notre
plan d'assurance prévoyait une garantie maximum de $90 l'acre quand il
s'agit des pois. Or, il s'est révélé à l'usage que
certains producteurs pouvaient réaliser au-delà de $150 l'acre,
et que d'autres producteurs à long terme n'en réalisaient que $40
ou $50. Lorsqu'on était protégé à $90 l'acre, on
achetait la récolte au double du prix que le producteur avait obtenu
durant ses dernières années de production. Alors, il y avait
là quelque chose qui n'allait pas du tout.
C'est ce qu'on a tenté de corriger en 1974, en baissant, si vous
voulez, la garantie là où on possédait des chiffres de
1972 et 1973 uniquement et en l'ajustant sur des moyennes de zone. Cette
façon de faire nous a permis, par ailleurs, de garantir beaucoup plus au
producteur efficace, qui l'a démontré à long terme. C'est
là, justement, que vous arrivez avec la question de coûts de
production. J'admets bien que, pour produire une acre de pois, il en
coûte pas mal. On a estimé cette année avec l'augmentation
actuelle des intrants, que ça pouvait aller à $120 l'acre.
Cependant, lorsqu'un producteur, au cours des six ou sept
dernières années, a produit, bon an mal an, des pois qui lui ont
rapporté, brut, $40 ou $50, il est évidemment hors de question de
le protéger pour $120. Si on fait ça, on accepte un producteur
qui ne met peut-être pas les engrais nécessaires, qui ne fait pas
la préparation du sol nécessaire, qui ensemence des terres qui
sont en pauvre état de production, etc.
Alors, je pensais personnellement, comme les autres régisseurs,
je pense, que tel programme, qui cernait la réalité de plus
près pour les conserveurs, allait nous amener une défection
massive en 1974. Or, cela a été une surprise agréable pour
nous de constater je l'ai revérifié ce matin que
tous les conserveurs reviennent en force s'assurer en 1974 ce sont les
derniers mots qu'on a eus là-dessus et que, deuxièmement,
les producteurs eux-mêmes di-
sent actuellement aux conserveurs: Je signe un contrat avec vous pour
produire des pois, du mais ou des haricots, à une condition, c'est que
vous me donniez un contrat d'assurance-récolte. Je pense donc qu'il y a
eu là un moment difficile à traverser, mais que, finalement, au
moins 90 p.c. des intéressés se sont ralliés à
l'idée du rendement réaliste à chaque producteur. J'admets
que, pour certains, cela a été dur à accepter, mais je
pense qu'en toute justice il fallait donner à chacun une garantie qui
était équivalente à son expérience pertinente.
M. VEILLEUX: Je ne doute pas qu'il y ait eu une nette
amélioration à l'assurance-récolte, relativement aux
produits de conserverie; ça, c'est sûr, parce qu'il y a deux ou
trois ans ce n'était même pas assurable, tandis que, là,
c'est assurable. Il y a un effort du ministre de l'Agriculture
là-dedans, un effort de la Régie de l'assurance-récolte.
Mais le danger de cette moyenne de zone, c'est que, comme vous le dites, il y a
des gens qui préparent peut-être mal leur terre ou qui ne la
préparent pas complètement. Par contre, vous en avez d'autres qui
vont très bien la préparer, qui demeurent dans la même
zone. Moi, je dis on se trouve, d'une certaine façon...
M. TOUPIN: II me fait plaisir de vous dire là-dessus, tout de
suite, que, dans toute zone, quel que soit le rendement moyen de la zone, un
producteur qui a ses huit années d'expérience s'il a moins
de huit ans, on lui permet de compenser les années manquantes dans sa
production par la production de zone quel que soit le rendement de sa
zone, est assuré à son rendement réel personnel.
Il n'y a personne donc de lésé par le rendement de zone.
Tout ce qu'on fait avec le rendement de zone, c'est qu'on va mettre là,
dans l'année manquante, pour donner le rendement moyen à long
terme. Deuxièmement, le nouveau producteur, qui n'a pas
d'expérience, commence avec une garantie équivalente au rendement
de sa zone. C'est à lui de démontrer son efficacité et,
chaque année, on augmente sa garantie s'il démontre que sa
production est supérieure à celle de la zone.
M. VEILLEUX: Est-ce que vous croyez, M. le Président, quels que
soient les cas qui peuvent se produire pour un producteur, s'il participe au
plan d'assurance-récolte, le programme d'assurance-récolte comme
tel lui garantit la récupération, au moins, des coûts de
production réels qu'il paie, lui, pour sa récolte?
M. TOUPIN: Pour la très grande majorité des producteurs,
je réponds oui.
Pour les producteurs qui se sont contentés d'un produit brut,
d'un extrant de $40 à $50 l'acre au cours des dernières
années, malheureusement, même s'ils voulaient amender leur
technique de production, dépenser $120 l'acre pour produire une
première année de façon ordinaire et convenable, cette
première année, on ne pourrait pas augmenter la garantie; il
faudrait rester avec leur garantie à long terme qu'ils vont augmenter
à mesure que leur rendement va s'accroître.
Malheureusement, comme vous dites, il y a certaines gens dont
l'expérience est de $40 ou $50 pour qui on n'a consenti que
l'augmentation normale, et acceptée par les conserveurs et les
producteurs, des coûts de production pour l'année 1974.
M. VEILLEUX: Mais les moyennes réelles que vous avez, en partant
de zones, pour les années 1972 et 1973, pour la région de
Saint-Jean, Napierville, Huntingdon, Salaberry?
M. TOUPIN: Vous avez là une excellente question, encore une fois.
Je ne suis pas actuaire ni mathématicien, mais on nous dit en tout cas
et ça me parait assez logique que pour établir la
moyenne de production à long terme en vue de calculer un taux actuariel,
une cotisation ou une prime pour l'exploitant, il ne faut pas enlever les
bonnes années, mais il ne faut surtout pas enlever les années de
catastrophe, parce que ce n'est plus de l'assurance. Je pense bien qu'on
pourrait prendre l'exemple de l'assurance-feu. Si, à chaque fois que les
maisons brûlent, vous dites que cela ne faisait pas partie du risque et
qu'on les enlève avant de calculer la prime, je ne pense pas qu'une
seule compagnie d'assurance pourrait vivre, n'est-ce pas?
L'idée donc d'enlever les années de catastrophe, comme
1972 ou 1973 car, semble-t-il, il y avait au moins ces deux-là de
connues devient tout simplement insupportable au point de vue de
l'assurance. D'ailleurs, quand on a consulté les producteurs de la
région de Saint-Jean, je me rappelle encore textuellement la
réponse du président du Syndicat des producteurs. "Avez-vous
déjà connu des années difficiles dans la production du
pois dans votre région, monsieur? Oui, souvent." Or, si la
réponse est aussi nette "oui, souvent" c'est bien
sûr qu'actuariellement parlant il faut en tenir compte.
M. VEILLEUX: Maintenant, pour l'entrée en vigueur de la
gérance il y a eu des suggestions faites par l'association. Quant aux
suggestions qu'a faites l'association, pour ce qui est des dates ultimes de
semailles qui étaient, pour le pois vert, le 7 juillet, pour le haricot,
le 18 juillet et le mais, le 7 juillet, dans votre programme vous avez
accepté exactement les dates suggérées.
M. TOUPIN: C'était quelque chose de raisonnable.
M. VEILLEUX: Où ça ne fonctionne pas, c'est-à-dire
où il y a une différence entre votre programme et les
suggestions, c'est dans les
dates ultimes de récolte. Pour le mais on demandait le 15 octobre
et dans votre programme c'est le 7 octobre; pour le haricot on demandait le 10
octobre et dans votre programme c'est le 8 octobre; pour le pois vert on
demandait le 30 septembre et dans votre programme c'est le 22 septembre. Est-ce
qu'il y aurait moyen de connaître les raisons qui ont motivé ces
dates?
M. TOUPIN: Là-dessus, je voudrais surtout vous dire qu'on s'est
basé sur les probabilités de gel à long terme pour les
zones concernées. Là où on peut peut-être encore
pas cette année mais une autre année faire des
changements c'est qu'évidemment on peut prendre les probabilités
à 25 p.c, à 50 p.c. ou à 100 p.c. de gel. Cette
année, si je me souviens, on a pris les probabilités à 25
p.c; donc, on a mis toute la chance du côté du producteur. Si on
était vraiment strict, on pourrait aller aux probabilités de 100
p.c. de gel et, dans ce cas-là malheureusement, il faudrait encore
rétrécir la marge.
Mais on s'est dit ceci: Puisqu'on a avancé les dates ultimes de
semis à la demande expresse des conserveurs je crois que
c'était juste et raisonnable aussi à cause de la
sécheresse de juillet et août qui, souvent, nous attrape il
fallait, de toute évidence, sachant les périodes de
végétation nécessaires aux différentes
variétés concernées, aux différentes
catégories de récoltes, avancer de la même façon les
dates de récolte.
M. VEILLEUX: Maintenant, des suggestions ont été faites
pour l'application même du programme. La loi je reviens toujours
à cela ne permet pas ou ne permet peut-être pas à la
régie, présentement, d'accepter cela. Je reviens toujours
à la même question que je posais tout à l'heure: Est-ce que
vous, les régisseurs, vous vous êtes penchés sur ces
problèmes et est-ce que vous avez l'intention de faire les
recommandations nécessaires au ministre relativement aux
décisions de la régie?
Vous savez, assez souvent un agriculteur va recevoir son chèque
de perte d'assurance. Il y a de savants calculs qui sont faits. J'en ai
déjà eu un exemple, et c'est très compliqué. Je me
mets à la place de l'agriculteur qui reçoit ça, ça
doit être encore plus compliqué que c'en a l'air, que les
décisions de la régie soient rendues par écrit ou
motivées. Du moins, si le producteur le demande. Assez souvent, j'ai un
cas dans la tête que je vous avais mentionné l'autre jour, c'est
un cas extrême. Mais nécessairement, lorsqu'on discute avec vous,
on parle toujours de cas extrêmes, comme un citoyen d'un comté qui
vient nous voir au bureau, il parle toujours d'un cas extrême. Alors, on
est ici pour parler de cas extrêmes. Le type avait reçu, pour
perte de récolte, un chèque de $2.57. Imaginez-vous le gars qui
est chez lui, qui est obligé de faire du camionnage en vrac pour pouvoir
joindre les deux bouts à la fin de l'année, qui fait la culture
des pois l'été, qui a subi en tout cas, moi j'ai vu ses
champs d'assez grosses pertes, et par les savants calculs, on arrive
à une somme de $2.57. Le type n'a jamais été capable de
savoir, de la part je ne dis pas du régisseur, parce que ce n'est
pas vous qui faites le calcul des fonctionnaires de la régie les
raisons qui ont fait que la régie lui a remis $2.57.
M. TOUPIN: Je pense qu'il faut dire ceci: tantôt on a
expliqué que dans la grande culture il y avait trois situations de
conflits possibles: étendue, rendement, nombres minima de bonne gestion.
Vous en soulignez une autre qui est très réelle. C'est
qu'à plusieurs programmes de culture spéciale, malheureusement
comme vous dites, il y a des savants calculs qui précèdent les
calculs de l'indemnité. Je ne vous dirai pas que je suis toujours
d'accord sur les savants calculs, peut-être qu'il faudrait les faire,
mais ne pas les mettre sur la fiche de paiement du producteur, simplement
mettre sur sa fiche les notions principales. Vous aviez garanti votre
récolte pour tant de dollars dans le pois. Si vous avez
été assuré pour X dollars, la conserverie vous donne,
comme rendement, Y dollars, donc on vous doit la différence, monsieur.
Peut-être que cela pourrait être beaucoup plus facile. Ce serait
simpliste, peut-être, comme explications. Il y a des gens qui sont plus
sophistiqués que ça et nous demanderaient beaucoup plus
d'explications, mais j'admets avec vous que, pour le producteur moyen,
ça pourrait peut-être tout simplement simplifier les choses si on
se bornait à lui donner un petit calcul mathématique simple.
Là-dessus, je vous donne raison: il faut essayer de vulgariser
les fameuses fiches de paiement. Je pense, par exemple, aux cas des pommes. La
fameux argument: comment payer la grêle et les pommes tombées par
le vent, se calcule en abaissant le rendement du cultivateur pour pouvoir lui
donner plus d'indemnité à raison de 65 p.c. pour chaque boisseau.
Essayez d'expliquer cela à un cultivateur. Les régisseurs ont mis
du temps à me l'expliquer à moi-même avant que je le
comprenne. J'ai essayé de l'expliquer à des producteurs et je
n'ai jamais réussi. Donc, il faudrait se sortir de ces savants calculs,
je suis parfaitement d'accord. Mais les remplacer par quelque chose de
précis et de réel, ce n'est pas toujours facile.
M. VEILLEUX: M. le Président, je termine, parce que je veux
laisser le temps à mes collègues de l'Opposition de poser des
questions eux aussi. Je termine en disant au président de la
régie: II y a eu nette amélioration quant au laps de temps que la
régie prend pour analyser les dossiers et envoyer les paiements de
l'assurance-récolte aux producteurs.
J'ose espérer que la régie va aller en s'améliorant
et essayer, autant que possible, comme, par exemple, en Ontario, qu'il y ait un
délai pour le
paiement des réclamations, un délai de 30 jours
après que la régie a reçu l'avis de dommages ou le
producteur a reçu le paiement par les conserveries.
Je termine en disant que cette suggestion de l'association, je la
trouve, personnellement, très valable, la dernière qu'on m'a
soumise dans le projet de mémoire. La loi devrait être
amendée de façon que les décisions de la régie
soient susceptibles d'appel à la cour Provinciale et ce tant sur les
questions de droit que sur les questions des montants accordés. Je crois
que, à l'heure actuelle, l'agriculteur reçoit le paiement et peut
demander à la régie de réviser son cas. La régie le
révise et sa décision est finale et sans appel. Il n'y a aucun
recours d'appel autre que de recourir une deuxième fois à la
régie, je crois.
J'aimerais connaître l'avis du président et des
régisseurs de la régie quant à cette suggestion
d'amendement à la loi pour une possibilité d'appel à une
cour quelconque.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît! Je
pense qu'il serait injuste de demander à...
M. VEILLEUX: Ou au ministre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... M. Robert Samson de donner une
opinion sur un amendement possible à la loi. Vous avez fait la
suggestion, c'est enregistré. Je pense qu'il est tout à fait
normal que la commission note votre suggestion. Le ministre peut en prendre
note. Mais de demander une observation à M. Robert Samson, je pense que
c'est tout à fait hors d'ordre.
M. VEILLEUX: M. le Président, vous permettez que je ne sois pas
tout à fait d'accord...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ne voudrais pas interrompre...
M. VEILLEUX: Je n'ai pas de cour d'appel pour votre décision
mais...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... le député mais je
pense qu'ici...
M. VEILLEUX: Je crois que M. Robert Samson...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plaît! Un
instant! M. le ministre, est-ce que vous auriez des commentaires à
faire...
M. TOUPIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... sur la suggestion du
député?
M. TOUPIN: Bien le seul commentaire est celui-ci: C'est qu'il n'y a pas
d'inconvénient au ministère à regarder cette question. Il
ne faut quand même pas qu'on perde de vue qu'il s'agit là
d'assurance et qu'une personne n'est pas tenue d'acheter de l'assurance. Elle
est libre. Lorsqu'on lui vend de l'assurance, le monsieur signe un contrat.
Dans son contrat, il y a des conditions qui sont déterminées. Le
monsieur qui s'assure doit connaître aussi la loi.
Alors, la régie est un organisme, tout compte fait, quasi
judiciaire. Elle a le pouvoir de prendre des décisions arbitraires,
actuellement, un peu comme la Régie agricole des marchés. Si, par
exemple, la Régie des marchés refuse un plan conjoint et si on
doit faire appel aux tribunaux pour régler le problème, à
ce moment-là la régie n'a quasiment plus sa raison d'être.
Mais ce qu'on a fait, c'est qu'on a créé dans les régions
des comités de producteurs et on demande aux producteurs de
réviser les cas litigieux. On l'a fait dans plusieurs régions.
Jusqu'à maintenant, toutes les suggestions qui ont été
faites par les comités de révision formés de producteurs
ont été acceptées presque à 98 p.c, à 100
p.c. par la régie. De telle sorte que le producteur lui-même
statue sur le cas de son confrère, de son coprofessionnel. C'est assez
intéressant comme technique.
Mais je pense qu'il n'y a quand même pas inconvénient
à ce que l'on examine cette possibilité.
M. LESSARD: Est-ce qu'en Ontario ce droit d'appel n'existerait pas?
M. TOUPIN: Non. Il peut exister un comité d'appel. Il y a des
comités consultatifs à la Régie de
l'assurance-récolte. Il pourrait y avoir des comités d'appel.
Mais, si vous instituez un comité d'appel, cela veut dire que vous devez
donner à ce comité au moins les mêmes pouvoirs que la
régie a ou encore lui donner seulement un pouvoir de suggestion, de
révision de dossier et de suggérer à la régie de
corriger des situations, un peu comme le Protecteur du citoyen fait.
Mais on a jugé de procéder plutôt par des
comités régionaux où le producteur ou le
représentant du producteur est là et donne son point de vue sur
la question.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Ceci a peut-être un effet, sur le même point que
vous soulevez...
M. TOUPIN: Oui. On le sait déjà. Si vous me permettez, il
y a un article de la loi de la régie qui va plus loin. Les
décisions de la régie sont susceptibles d'appel à la cour
Provinciale siégeant dans le district où est située la
terre dont le rendement est assuré, mais seulement sur des questions de
droit.
M. LESSARD: Cela est normal.
M. MORIN: Cela est normal, c'est la règle générale
du droit public.
M. TOUPIN: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Beauce-Sud
avait demandé la parole.
M. ROY: M. le Président, j'espère que le
député de Saint-Jean aura noté que je ne l'ai pas
interrompu du tout et je l'invite à revenir à la charge...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. ROY: ... s'il n'a pas...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. ROY: Non, non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'ai donné la parole mais pas
pour faire des commentaires...
M. ROY: M. le Président, je continue tout simplement en disant
que sur certains points je suis d'accord avec l'honorable député
de Saint-Jean. Je l'invite à revenir à la charge.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous rappelle à l'ordre et je
vous demande...
M. ROY: Et si ce n'est pas devant la commission parlementaire...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... de poser votre question, tel que
vous devez le faire.
M. ROY: Oui, j'ai des questions à poser, M. le Président,
mais j'ai le droit de prendre part à la discussion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, mais pas faire des
commentaires.
M. ROY: Pendant une heure, nous avons été patients, nous
n'avons...
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça. M. ROY: ... pas dit un
mot.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Continuons, cela va très
bien.
M. ROY: M. le Président, je veux dire tout simplement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: ... au député de Saint-Jean... LE PRESIDENT (M.
Séguin): A l'ordre!
M. ROY: ... que je suis d'accord avec lui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Beauce-Sud.
Continuez donc.
M. ROY: Avez-vous des objections, M. le Président, que je ne sois
pas d'accord avec...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Peu m'importe votre accord. Allez-y, M.
le député. Vous avez des questions.
M. ROY: Oui mais je la pose, ma question, M. le Président.
M. LESSARD: M. le Président, sur une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, à l'ordre !
M. LESSARD: Une question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, il n'y a pas de règlement,
ici. Il est question de bon sens.
M. ROY: Là, il y a des limites.
M. LESSARD: II n'y a pas de questions de règlement ici? Je
soulève une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II n'est pas question de
règlement, il est question de bon sens et de jugement.
La parole est au député de Beauce-Sud.
M. LESSARD: Je soulève une question de règlement. Je
soulève une question de règlement en vertu du code...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Quel article?
M. LESSARD: Les articles, M. le Président, concernant les
questions de règlement, nos 39, 40, 41, 42, 43, en vertu des
procédures parlementaires.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Citez-les.
M. LESSARD: Je soulève une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Citez l'article du règlement que
vous soulevez et le point sur lequel vous vous appuyez.
M. LESSARD: Je vais l'expliquer, M. le Président. Concernant les
commissions parlementaires, vous allez aux articles 133, 134 et 135.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Procédez.
M. LESSARD: En vertu du chapitre 6 du code Lavoie et des discussions que
nous devons avoir ici en commission parlementaire, je ne vois aucunement en
quoi le président, ici, pour autant que le député de
Beauce-Sud respecte les règlements, va limiter la discussion ou les
interventions du député de Beauce-Sud. Pour autant que nous
sommes, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: Non, non.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président, cela allait bien et cela va bien
aller pour autant que le code Lavoie sera respecté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: Je ne vois aucunement, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: Non, une minute. Cela va bien, cela allait bien...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Cela va aller mieux si vous voulez nous
donner une chance.
M. LESSARD: Non, non.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président, je tiens encore à mon point
de règlement et je vais l'expliquer.
M. le Président, nous sommes ici pour discuter de toutes les
questions agricoles. Or, en quoi le président peut-il empêcher le
député de Beauce-Sud de dire que les problèmes qui ont
été soulevés par le député de Saint-Jean
sont des problèmes réels? En quoi le président peut-il
empêcher le député de Beauce-Sud de dire qu'il est d'accord
avec le député de Saint-Jean?
Vous allez me donner, vous, en tant que président et connaisseur
des règlements, l'article des règlements du code Lavoie qui vous
permet de limiter comme ça les discussions.
Je vous respecte, M. le Président. Nous avons eu une discussion
fort intéressante et fort sérieuse. Cependant, je remarque
et je vous le dis que vous avez une tendance que je regrette
d'intervenir un peu trop souvent pour tenter de limiter les discussions.
Je pense que, pour autant que nous respectons les règlements, que nous
discutons des problèmes agricoles, nous avons le droit d'intervenir. Je
trouve extrêmement curieux l'intervention que vous avez faite
vis-à-vis des propos du député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, sur le point de règlement. A
chaque fois que je demande la parole ou que j'ai commencé à
prendre la parole à cette commission parlementaire, je suis
obligé de faire un débat de procédure, ce qui n'a
quasiment à peu près jamais manqué.
J'aimerais bien, M. le Président, que vous preniez le temps de
regarder votre règlement pour me dire en vertu de quel article je n'ai
pas le droit d'intervenir ou de faire un commentaire ou de questionner le
ministre sur un point qui a été soulevé par l'honorable
député de Saint-Jean. J'aimerais que vous me trouviez l'article
du règlement, M. le Président, qui vous permet de m'interdire
d'intervenir sur ce sujet.
Ce que j'étais à dire tout à l'heure, c'est que le
député de Saint-Jean a soulevé un point concernant les
comités de révision, concernant les personnes qui se croient
lésées par les règlements de l'assurance-récolte.
Il n'y a rien dans le règlement qui m'interdit de dire au
député de Saint-Jean de continuer sur ce point et même, si
c'est nécessaire, d'intervenir au comité ou encore au caucus du
Parti libéral. C'est une question qui nous intéresse, M. le
Président, c'est une question qui intéresse les agriculteurs du
Québec.
C'est le point que je voulais mentionner. La question qui a
été soulevée par le député de Saint-Jean
nous préoccupe tout autant que le député de Saint-Jean,
comme cela préoccupe le député de Saguenay et les autres
membres de l'Assemblée nationale.
M. TOUPIN: J'allais justement dire que le député de
Saint-Jean non seulement avait raison mais il nous l'a suggéré,
il n'y a pas longtemps. C'est pour cela qu'on l'a adopté, cette
année, dans toutes les régions du Québec.
M. VEILLEUX: M. le Président, sur la question soulevée
par...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Toujours sur le point de
règlement, là?
M. VEILLEUX: Oui. ... mes honorables collègues de Saguenay et de
Beauce-Sud, j'aimerais bien que vous laissiez la parole au député
de Beauce-Sud pour une raison bien simple; c'est la première fois qu'il
me vante depuis le début des séances de la commission et cela me
fait plaisir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! Je ne permettrai ni au
député de Saint-Jean, ni à aucun membre de la commission
d'encenser qui que ce soit.
Alors, je demanderais au député de Beauce-Sud de faire son
intervention, de prendre tout le temps qu'il lui faut pour faire ses
commentaires en ce qui concerne les crédits, mais de se retenir en ce
qui concerne les observations qu'il peut faire vis-à-vis d'autres
membres de la commission. Le même commentaire s'adresse à tous les
autres membres de la commission. Autrement dit, faites vos suggestions, vos
commentaires, vos observations, mais n'attaquons pas. Allez-y.
M. ROY: Je n'ai pas le droit de faire des commentaires.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Allez-y, je vous en prie.
M. ROY: M. le Président, c'est un point qui est quand même
important.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ecoutez!
M. ROY: Est-ce que nous allons à l'avenir, en commission
parlementaire de l'agriculture, être conditionnés sur les propos
que nous avons l'intention de tenir? Je regrette, M. le Président, mais
que ça plaise ou non au Parti libéral, je n'ai pas l'intention de
demander la permission et de soumettre mes phrases ou mes questions à la
censure ministérielle.
Pendant une heure, nous avons écouté religieusement. Je me
suis bien gardé, ce soir, d'intervenir et même de dire un seul mot
pendant que le député de Saint-Jean a parlé, pour donner
l'exemple.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous lirez le journal des
Débats, M. le député, et vous vous rendrez compte que vous
avez eu toutes les opportunités, plus.
M. ROY: M. le Président, or souci du règlement, je
vais...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous parlez du règlement; je
vous en parle d'un règlement: Justesse et justice vis-à-vis de
chacun.
M. TOUPIN: Nous pourrions être d'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, M. le ministre, s'il vous
plaît. Je demande au député de Beauce-Sud de commencer ou
de continuer les commentaires qu'il a à faire sur les crédits du
ministère de l'Agriculture.
M. ROY: D'ailleurs, ce ne sont pas des commentaires que j'ai à
faire. Ce sont des questions que j'ai à poser.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 4, Régie de
l'assurance-récolte. Allez-y.
M. ROY: Merci, M. le Président. Je voudrais demander à M.
Samson de la régie quelles sont les productions nouvelles que la
régie compte assurer au cours de l'année. Est-ce qu'il y a
effectivement des nouveaux programmes qui vont entrer au niveau de la
régie, des programmes qui seront offerts aux agriculteurs?
M. le Président, vous m'avez donné la parole.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Absolument.
M. TOUPIN: M. le Président, pour répondre à la
question qui m'est adressée, cette année, il y a trois programmes
qui peuvent encore voir le jour, mais qui ne sont pas encore définitifs.
Il s'agit de trois demandes qui nous ont été faites par des
groupements de producteurs. La première concerne la production du soya.
Là, il y a un programme de prêt, mais il fallait tout de
même connaître d'abord les intentions de semis des producteurs
à qui on a vulgarisé le programme.
Actuellement, j'ai en main au moins deux listes provenant de deux
régions où les producteurs ont donné leur nom comme ayant
l'intention de semer du soya. Alors, c'est un programme qui pourra voir le jour
cette année à condition que les étendues
ensemencées soient assez importantes. A ce jour, ça semble
être le cas, puisque deux régions m'ont fourni des listes assez
importantes. J'en attends encore deux pour pouvoir ensuite annoncer à
tous ces producteurs qu'ils peuvent se prévaloir de
l'as-surance-récolte s'ils le désirent.
L'autre programme qui nous a été demandé concerne
les producteurs de luzerne déshydratée de la région de
Montréal, particulièrement de la région de
Saint-Hyacinthe, qui ont été encore très affectés
par le gel d'hiver. Ce sont les entrepreneurs actuellement, les usines de
déshydratation qui veulent aider les producteurs à s'organiser un
plan d'assurance pour se protéger plus particulièrement contre le
gel du sol.
Ces entreprises, cette année, connaîtront encore
peut-être des difficultés assez importantes parce que beaucoup de
producteurs vont perdre leur luzerne à cause du gel d'hiver. Les usines
ne tourneront pas tellement rond cette année et les producteurs se
découragent d'en faire parce que ça fait deux cas de gel du sol,
à deux ans d'intervalle. Quand on sait ce que ça coûte de
faire une luzernière, il y a là un problème que nous
allons essayer de résoudre.
Le troisième programme a aussi été demandé
par les producteurs de grains de semence du Québec.
Je pense que vous connaissez l'importance de produire de bons grains de
semence, de développer cette spécialité au Québec,
alors les producteurs eux-mêmes nous ont demandé un plan
d'assurance. On a fait trois assemblées de secteurs, on leur a tous
envoyé une circulaire leur demandant de nous répondre s'ils
désiraient s'assurer et puis on a convenu, parce que c'est un nouveau
programme, comme dans le cas des deux premiers, que dès la semaine
prochaine je crois que c'est là la date fixée on va
recueillir tous les coupons-réponses. Si la demande est assez
importante, on va leur offrir un programme de protection en 1974. Ce sont les
trois nouveaux programmes qui sont dans l'air pour 1974.
M. ROY: Est-ce que des démarches ou des demandes ont
été faites de la part des producteurs de sucre et de sirop
d'érable? On sait très bien dans un cas, par exemple, comme
cette
année en particulier, que la production a été de
beaucoup inférieure à une production moyenne je ne dis pas
à une bonne récolte compte tenu des coûts que
ça implique et des investissements que les agriculteurs sont
obligés de faire à chaque année. J'aimerais savoir si,
d'abord, des demandes ont été faites dans ce sens de la part des
producteurs de sucre et de sirop d'érable; en deuxième lieu, si
la régie se penche sur cette question; troisièmement, si,
éventuellement, il y aura possibilité de couvrir ce secteur,
parce que, présentement, je me permets d'ajouter cela à
l'attention du ministre, il y a à peu près 50 p.c. seulement de
la production du sirop d'érable qui est faite comme telle. On exploite
à peu près 50 p.c. de notre potentiel. Je comprends qu'il y a
toute la question de la mise en marché on en a discuté
l'autre jour également mais c'est une question
complètement différente concernant l'assurance-récolte.
J'aimerais avoir l'opinion de la régie là-dessus.
M. TOUPIN: Bien, franchement, il n'y a pas eu de discussions formelles
sur le sujet, que je sache. Personnellement, je n'ai pas eu non plus de
demandes officielles de producteurs ou de syndicats de producteurs, mais on
s'interroge justement sur la possibilité de monter un programme
d'assurance pour le sucre d'érable, pour les producteurs de sucre
d'érable. Personnellement, je n'y vois pas de problèmes majeurs
au point de vue légal, tant avec la loi actuelle qu'avec nos
règlements. Le seul problème qui pourrait exister, sur lequel il
faudrait faire une recherche, c'est le contrôle des rendements. Vraiment,
je ne sais pas, avec le nombre de producteurs qui détaillent une partie
importante de leur production, parties de sucre, vente au détail, etc.,
comment on pourrait vraiment contrôler les rendements. Lorsque tout un
produit est vendu à un entrepreneur, coopérative, syndicat, plan
conjoint ou conserveur, à une entreprise de ce type, les contrôles
sur les rendements sont faciles parce qu'on sait que le débouché
est unique ou qu'il concerne cinq ou six transformateurs. Lorsqu'il s'agit d'un
produit qui peut se vendre au détail, comme les pommes, le
contrôle des rendements devient vraiment un casse-tête. Il faut
trouver des méthodes d'évaluation de rendements un peu, si vous
voulez, indirectes parce que, autrement, il faut admettre que ça ouvre
la porte à des abus.
M. ROY: Oui, je suis bien d'accord avec vous sur ce point. Maintenant,
j'ai remarqué que dans les autres domaines, la régie, d'ailleurs
c'est une très bonne chose étant donné que la production
et l'administration varient d'une ferme à l'autre, même si elles
sont situées près l'une de l'autre et ont à peu
près les mêmes avantages... Dans la production du sucre et du
sirop d'érable, c'est un peu différent. C'est une production,
autrement dit, qui pourrait s'évaluer sur une base régionale
plutôt que sur une base individuelle. Je pense qu'à ce
moment-là la régie pourrait être à l'abri des
spéculations ou encore des abus. Je comprends que la loi ne...
M. TOUPIN: La loi nous le permet.
M. ROY: Le point que vous avez soulevé d'ailleurs, j'y
avais bien pensé c'est comment contrôler une production
individuelle d'un producteur de sucre et de sirop d'érable qui fait une
partie de sa mise en marché lui-même. C'est absolument impossible.
Mais avec des possibilités de contrôles régionaux, il est
sûr que ce serait une compensation qui pourrait être
accordée et qui serait uniforme d'un producteur à l'autre,
plutôt que d'avoir un dossier individuel pour chaque cas, dans ce
secteur. Autrement, je ne verrais pas...
M. TOUPIN: II reste la productivité. Je pense que vous avez
parfaitement raison. D'ailleurs, la loi nous permet de procéder par
échantillonnages zonés de rendements, mais là où il
reste un problème, c'est que la productivité des
différentes érablières, comme vous le savez, varie
beaucoup. Vous avez de gros érables, vous en avez de plus jeunes, vous
en avez de trop vieux, vous en avez qui sont exposés au sud, d'autres
qui sont exposés au nord.
Arriver à déterminer le potentiel d'une
éra-blière serait peut-être le seul problème qui
reste. On pourrait procéder par zone, au point de vue du rendement
actuel, à condition d'avoir un coefficient de rendement par sucrerie
établi préalablement.
M. ROY: Mais disons que ce n'est pas une impossibilité; on peut
espérer qu'un jour la Régie de l'assurance-récolte puisse
couvrir cet important secteur.
M. TOUPIN: Au contraire, je pense que c'est un programme qui vaudrait
beaucoup. Je pense à l'année qu'on vient de subir, par exemple
ici dans la région de Québec; c'est un programme qui aurait
vraiment sa place pour protéger un risque réel des
producteurs.
M. ROY: Moi, je m'intéresse surtout à ce problème.
C'est un problème de ma région, qui a toujours fourni un rapport
assez considérable aux agriculteurs. Puis même en économie
régionale, chez nous, dans nos coins des Cantons de l'Est, dans la
région des Bois-Francs, partout, et actuellement on se rend compte,
à chaque année, qu'il y a une diminution importante du nombre
d'entailles, du nombre d'érablières exploitées. Et ce qui
est désastreux parce qu'on ne peut pas faire produire une
érablière après deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans,
ce n'est pas comme la production de la betterave à sucre
actuellement on a commencé la coupe systématique des
érablières. Quand on sait que ça prend 50, 60 ans avant
qu'une érablière soit organisée, avant que les
érables
soient en mesure de produire, dans ce domaine-là il est important
de prévoir des politiques. C'est à peu près le secteur de
l'agriculture qui est le plus à long terme parmi tous les autres
secteurs qu'on peut avoir.
Maintenant, dans le cas des petits fruits on en a peut-être
discuté, vous m'excuserez si on en a discuté je vais tout
simplement retirer ma question les petits fruits, comme les fraises, les
bleuets, est-ce qu'il y a quelque chose de nouveau dans ce domaine?
M. TOUPIN: J'ai eu des demandes assez pressantes de certains groupes.
Par exemple les producteurs de concombres, pour les conserveries. J'ai eu aussi
une demande disons moins pressante, mais tout de même une demande des
producteurs de légumes frais pour le marché. Il y a une
région, entre autres, qui est revenue à la charge deux ou trois
fois. Là vraiment, je ne dis pas que c'est impossible, mais j'ai
consulté un peu à travers le Canada pour savoir ce qui existe, et
la Nouvelle-Ecosse a déjà un plan pour les fraises, mais il y a
là un problème réel de contrôle de rendement. Je
pense, par exemple, au type qui fait deux ou trois acres de mais sucré,
qui vend au passant sur sa table, à la route, et puis qui ajoute
quelques betteraves, qui ajoute quelques concombres, quelques fleurs, vous
savez que ça se développe énormément, cette mise en
marché.
Vraiment, le problème capital qu'il faut résoudre, avant
de se lancer dans ces productions, c'est le contrôle des rendements. Il
va falloir aller vers une méthode d'échantillonnage des
rendements préalablement à la récolte, au début de
la récolte. Ce serait la seule façon vraiment pour arriver
à faire quelque chose de valable. Je pense qu'il faut admettre que c'est
tout simplement impossible de prendre les déclarations des producteurs
comme étant une mesure de rendement, malheureusement.
M. ROY: Et dans les petits fruits?
M. TOUPIN: Exactement le même problème. Quand les petits
fruits sont vendus partie au détail, partie en gros, parfois tout au
détail, le contrôle du rendement réel c'est exactement le
même problème. Il faudrait, par des échantillonnages dans
le champ, aller chercher un rendement. On a pratiqué cette
méthode une première fois pour les pommes de terre, en 1973;
ç'a paru très valable parce qu'on a pu contrôler dans
certaines régions les rendements réels, actuels, après la
récolte, comparer ça à nos échantillonnages avant
la récolte. La méthode paraît valable. Elle parait
même très juste, mais ce sont des méthodes semblables qu'il
faut mettre au point, pour ces productions dont vous parlez.
M. ROY: En tout cas, on ne peut pas penser que ce soit possible, cette
année, que ces productions soient ajoutées?
M. TOUPIN: Non. Actuellement on a un programme de recherche assez
intensif au niveau des grandes cultures, du zonage des rendements des grandes
cultures. On a un projet de recherche assez intensif pour améliorer le
programme des pommes. Il y a aussi le mais-grain qui fait l'objet d'une
comparaison, si vous voulez, avec ce qui se fait ailleurs en vue d'essayer
d'établir des primes moins coûteuses aux producteurs. Mais on n'a
pas abordé encore l'étude du dossier des petits fruits,
malheureusement.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Le député de
Sauvé.
M. MORIN : Même si le mais-grain ne pousse pas beaucoup dans le
comté de Sauvé, j'aimerais examiner, un instant, les
modifications que vous avez apportées au programme d'assurance pour le
mais-grain. Ces modifications datent du 18 mars dernier, je crois. Le but de ce
programme, évidemment, est de protéger le producteur contre des
pertes de rendement qui sont imputables à des cas fortuits, à des
dommages causés par les éléments naturels.
Je crois savoir que l'Association des producteurs de grains industriels
s'est plainte publiquement c'était, d'après le dossier, le
9 avril, je crois que le système actuel, même avec les
modifications que vous avez apportées, est incomplet et ne contribue pas
à les tirer de la dèche où plusieurs d'entre eux se
trouvent depuis quelque temps. Ils ont fait observer, en particulier, que,
lorsqu'on compare le programme que vous avez mis au point avec le programme
ontarien, il y a des différences qui sont désavantageuses pour
eux. Il y a des différences, d'abord, dans la prime qui, d'après
eux en tout cas, est plus élevée au Québec qu'en Ontario
à l'acre; donc, pour une même unité de production, en
quelque sorte. D'autre part, ils ont fait observer aussi que le maximum de
remboursements est moindre au Québec qu'en Ontario.
Est-ce que vous pourriez, d'abord, nous dire quel est le maximum
fixé par la régie dans le rendement assurable? On va prendre ce
point-là et, ensuite, une couple d'autres, si vous le voulez bien.
M. TOUPIN: Vous me permettrez, d'abord, de vous dire ceci. J'ai
l'impression que vous référez à un article qui est paru
dans un journal de Montréal, il y a quelque temps, article que nous
contestons très hautement à la régie et sur lequel on a
même préparé une comparaison, un petit tableau que
j'aimerais bien vous montrer. J'aimerais bien enchaîner à votre
question cette explication-là, si vous me le permettez, M. le
Président.
M. MORIN: Très volontiers.
M. TOUPIN: Donc, au point de vue du rendement, d'abord, lorsqu'un
producteur n'a
aucune expérience à la régie, c'est-à-dire
qu'il n'a jamais été assuré auparavant, l'offre que nous
lui faisons est 70 minots/acre. Mais à 70 minots/acre, on exige vraiment
des normes, je dirais, plus que minimales de bonne gestion, c'est-à-dire
qu'on ne l'embêtera pas avec une fertilisation qui peut laisser à
désirer, avec un désherbage qui peut laisser à
désirer, avec une date de plantation qui nous paraît trop tardive,
etc. Cependant, tout producteur qui réside dans une zone où la
culture du mais-grain a été reconnue possible par le Conseil des
productions végétales du Québec, qui est un organisme qui
travaille de très près avec le ministère de l'Agriculture,
nous lui consentons des rendements supérieurs qui peuvent se rendre et
même dépasser 100 minots/acre, à condition qu'il nous
dépose un plan de culture qui, selon nos techniciens, nos experts, peut
produire 100 minots de blé d'Inde ou plus lorsque les conditions
climatiques sont normales. Donc, au point de vue du rendement, deux choses: un
rendement maximum de 70 minots/acre pour tout producteur qui débute et
qui ne veut pas déposer un plan de culture. S'il veut déposer un
plan de culture...
M. MORIN: S'il est dans les régions que vous avez
mentionnées.
M. TOUPIN: C'est cela... nous étudions son plan de culture et
nous lui offrons une garantie en conséquence. Si le plan de culture nous
paraît valable pour 100 minots, nous lui garantissons 100 minots; si
c'est 80, c'est 80. Cela répond à votre première
question.
Si le président me le permet, j'ai ici une comparaison entre
l'Ontario et le Québec que j'aimerais distribuer.
M. MORIN: Si je comprends bien, c'est un peu votre réaction
à l'article paru dans le Journal de Montréal.
M. TOUPIN: Une partie, en tout cas. M. MORIN: Merci.
M. TOUPIN: Peut-être qu'il faudrait débuter par un
commentaire. Cette comparaison, tout de même, ne tient pas compte d'un
fait qu'il faut admettre, c'est que la loi de l'assurance-récolte de
l'Ontario permet de protéger le producteur qui ne peut pas ensemencer
à temps comme cela a été le cas pour certains producteurs
du Québec en 1973, ce que la loi du Québec ne permet pas
encore.
M. MORIN: Oui, je sais qu'ils se sont plaints de cela aussi.
M. TOUPIN: C'est le point, je pense, sur lequel il faut admettre que
notre loi a besoin d'un certain amendement, si on veut offrir la même
protection.
M. MORIN: Surtout sans doute que les terres au Québec sont plus
sujettes à des avatars, à des risques comme ceux-là que
dans l'Ontario. On aurait plus de raison qu'eux.
M. TOUPIN: Oui, là-dessus je m'empresse d'enchaîner que le
risque de ne pas semer au printemps est un risque qui doit tout de même
être précisé. Je vais procéder par un fait qui s'est
produit ce printemps. Un producteur m'appelle et me dit: Je n'ai pas
labouré cette terre en 1973 ou à l'automne 72, parce que l'eau
monte tous les ans sur ce morceau de terre. Mais, si j'avais su que le
ministère provincial de l'Agriculture s'apprêtait à donner
une compensation pour les terres non ensemencées, je l'aurais
labourée; donc j'ai droit à la compensation, même si je ne
l'ai pas fait. Alors, quand on parle de protéger les risques de
non-semis c'est un risque précisé. Il faut que la terre où
on prend ce risque soit une terre qui possède un système
d'égouttement acceptable, qu'il soit superficiel ou souterrain. Mais on
ne peut pas simplement dire à un producteur: Quel que soit l'état
de tes champs, quel que soit l'état de ton drainage, t'en fais pas mon
vieux, l'assurance-récolte te protège. Cela deviendrait
simplement...
M. MORIN: C'est une question de norme.
M. TOUPIN: Oui. D'ailleurs c'est bien ce qui se passe en Ontario.
Lorsqu'on nous dit que la terre nue, comme on dit là-bas, le "bare
ground" est un risque très important couvert par la province de
l'Ontario, il faut préciser que oui elle le couvre, mais justement dans
les normes que je viens de vous expliquer, à savoir qu'on ne peut pas
prendre ce risque les yeux fermés sur n'importe quelle terre et pour
n'importe qui.
Rapidement, ici vous avez une comparaison Québec-Ontario qui a
été faite un peu à la hâte, mais je pense que les
calculs sont assez réels. Vous avez deux cas. Le premier est pour un
assuré à 70 minots/acre qui récolte 50 minots. D'un
côté vous avez l'Ontario, de l'autre côté vous avez
le Québec. L'Ontario, dans ce cas, donne une garantie de 70 p.c, tandis
que le Québec garantit jusqu'à 80 p.c. du rendement. Donc le
rendement garanti en Ontario se situe à 49 minots, tandis que le
rendement garanti dans le Québec se situe à 56 minots. On fait
simplement la correspondance à travers la feuille. Au point de vue de
l'indemnité, si le producteur faisait 49 minots en Ontario, ça
lui rapporterait 0 d'indemnité, tandis que dans le Québec,
à 49 minots, il y aurait déjà une indemnité de $10,
n'est-ce pas?
M. MORIN: La différence.
M. TOUPIN: C'est ça. A raison de $3 les 100 livres. Le coût
de la prime en Ontario pour une telle protection coûterait $3 l'acre.
Donc, dans
le cas du type qui serait assuré pour 70 minots et qui en aurait
produit 49, sa prime ne serait pas récupérée à
l'automne, parce que le rendement garanti serait de 49. Dans le cas du
Québec la prime coûte davantage, elle coûterait $5.25, parce
que le risque actuariel dans le Québec pour la production du mais, vous
en conviendrez, est plus important qu'en Ontario. Ils jouissent, il faut
l'admettre, dans leur zone mais d'un climat plus clément que le
nôtre, une saison de végétation plus longue leur permet
donc de produire à moins de risques. C'est ça qui explique la
différence. Mais quand même, le producteur du Québec
faisant 49 minots de mais, étant protégé pour 70 comme son
confrère de l'Ontario, au moins, dans ce cas, la prime lui serait quasi
remboursée par une indemnité nette de $4.83.
Deuxièmement, on prend l'exemple d'une perte complète. Je
pense que c'est un cas plus pratique que l'autre. Un assuré de 70 minots
avec perte complète, soit en Ontario ou au Québec. Dans
l'Ontario, dans le cas d'une perte complète l'assuré recevrait
$85.20, dans le Québec il recevrait $88.53. Par ces deux exemples, j'ai
voulu tout simplement démontrer une chose, c'est que les programmes sont
plutôt comparables, se ressemblent beaucoup. L'Ontario charge moins de
prime, mais par ailleurs la garantie se limite à 70 p.c. du rendement,
tandis que le Québec, pour $0.05 1/2 au lieu de $0.03, assure quand
même le rendement à 80 p.c. Ces 10 p.c. actuariellement, comme
vous le savez, c'est une quantité exponentielle qui coûte bien
cher.
Les derniers 10 p.c. coûtent plus cher que les premiers 70 p.c, au
point de vue actuariel. Finalement, il n'y a qu'un risque qui n'est pas couvert
au Québec et qui est couvert en Ontario: c'est le risque "terre nue", le
risque du cultivateur qui, par suite de pluies fréquentes au printemps,
n'arrive pas à ensemencer sa terre.
M. MORIN: M. le Président, qu'est-ce que vous comptez faire pour
ce dernier cas? Je sais que vous le déplorez...
M. TOUPIN: Oui.
M. MORIN: ...mais est-ce que vous avez fait des études?
M. TOUPIN: La Loi de l'assurance-récolte sera amendée et
sera soumise à l'Assemblée nationale au cours de la
présente session elle aussi. Précisément, le cas dont on
parle ce soir est prévu dans les amendements apportés à la
loi.
M. MORIN: Bon.
M. TOUPIN: L'an prochain, on pourra donc assurer les terres non
ensemencées.
M. MORIN: Bien.
M. VEILLEUX: Sur le même sujet que le député de
Sauvé,...
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Sur le même sujet, l'honorable
député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Est-ce que le député de Sauvé me le
permet?
M. LESSARD: Pour montrer notre collaboration, on lui passe la
parole.
M. VEILLEUX: C'est parce que j'ai eu l'occasion...
M. ROY: J'espère que vous ne vous vanterez pas cette
fois-là !
M. VEILLEUX: M. le Président, j'ai eu l'occasion...
LE PRESIDENT (M. Carpentier): A l'ordre, messieurs !
M. VEILLEUX: ...au mois d'octobre, avec l'Association des producteurs de
grain industriel, dont le siège social est dans le comté de
Saint-Jean, à Napierville, de rencontrer un des régisseurs, M.
Massicotte, et nous avons discuté longuement, en compagnie du
député de Châteauguay, des problèmes de la
production de grain industriel.
Je n'ai pas les chiffres devant moi, mais ce soir-là le
président, M. René Pépin, a prouvé au
régisseur, M. Massicotte, qu'en cas de perte totale, même
assuré à 80 p.c. on marque ici $88.53 cela ne
couvrait pas le coût réel de production. C'est donc dire que
surtout cette année avec l'augmentation en cas de perte
totale, les producteurs de grain industriel sont perdants, même si
l'indemnité nette qui leur est versée par
l'assurance-récolte est plus élevée que celle de
l'Ontario.
Je sais que cette année, à l'époque où on a
discuté, c'était au mois d'octobre ou novembre, il était
trop tard. C'est la réponse que nous avons eue de la part de la
régie de l'assurance-récolte. Il était trop tard pour
changer quoi que ce soit là-dedans. Mais est-ce que c'est l'intention de
la régie de faire en sorte, l'an prochain, qu'en cas de perte totale, au
moins le coût réel de production soit couvert par
l'indemnité versée par la Régie de
l'assurance-récolte aux producteurs?
M. TOUPIN: Bien, évidemment, ce n'est pas facile. C'est un cas de
coûts de production. Vous savez que le ministère de l'Agriculture,
actuellement, autant que ses régies, essaie vis-à-vis de toutes
les productions de déterminer les coûts moyens les plus
approximatifs.
Je ne pense même pas qu'on soit en mesure de comparer,
actuellement, ce que cela coûte en Ontario par rapport à ce que
cela coûte au Québec. Je ne pense pas que l'engrais chimique
en Ontario coûte moins cher; je ne pense pas non plus que
l'essence coûte tellement moins cher; je ne pense pas que la
main-d'oeuvre soit moins chère; je ne pense pas que l'acre de terre sur
lequel on cultive soit moins cher; je ne crois pas non plus que la machinerie
qu'on utilise soit moins chère. Alors, si vous prenez les principaux
éléments, j'ai nettement l'impression que les chiffres du
Québec se comparent avantageusement, en termes de coûts de
production, avec ceux de l'Ontario.
Donc, si l'assurance-récolte du Québec ne couvre pas tout
à fait les coûts, c'est la même chose en Ontario, en termes
de comparaison. Il s'agira dans le temps, à l'avenir, de savoir si un
des buts de l'assurance-récolte serait de couvrir au moins
l'équivalent des coûts de production. Je pense que les
philosophies qui ont prévalu jusqu'à maintenant n'ont jamais tenu
compte, tout compte fait, de cet élément. L'élément
essentiel était de protéger contre la perte de récolte et
de tenter de donner aux producteurs au moins un minimum pour qu'ils puissent
être en mesure de réensemencer l'année suivante.
C'était là l'objectif poursuivi,
Mais il ne faut pas oublier non plus que si on ajuste nos programmes
d'assurance aux coûts de production et si on se rend compte que les
indemnités à payer ne sont pas assez élevées
à l'unité, il s'agira peut-être de les élever. Mais
il faudra aussi penser à l'élévation des primes. Alors,
les coûts vont se réfléter par ailleurs. Mais il y aurait
peut-être avantage à baser certains programmes sur cet
élément du coût de production. Ce n'est pas facile à
déterminer, je pense, un coût de production.
Les producteurs entre eux, très souvent, disent: Ecoute, oui,
c'est peut-être vrai dans ton cas; cela l'est moins dans le mien. Il y a
un tas d'éléments qui jouent lorsqu'il s'agit d'établir
des coûts de production. Cela dépend, par exemple, combien
d'années vous mettez pour dévaluer le coût du drainage
souterrain, cela dépend combien d'années vous mettez pour
dévaluer un tracteur, etc. Il y a tellement d'éléments qui
entrent dans les coûts de production.
M. VEILLEUX: Je suis d'accord avec le ministre lorsqu'il dit qu'en
Ontario cela ne coûte peut-être pas moins cher...
M. TOUPIN: Cela ne règle pas le problème pour autant.
M. VEILLEUX: Cela ne règle pas le problème pour
autant.
M. TOUPIN: D'accord.
M. VEILLEUX: Cela me fait penser un peu, vous savez si on n'essaie
pas d'en arriver à cette philosophie de couvrir au moins le coût
réel de production à quelqu'un qui assure sa maison. La
maison lui coûte $30,000; il l'assure pour $35,000. Il a une perte totale
et on va le payer moins que le coût réel de construction. On va
lui donner $25,000. On ne lui donnera pas au moins $30,000 en cas de perte.
Cela me fait penser un peu à cela si la Régie de
l'assurance-récolte ne tend pas à protéger au moins le
coût réel de production.
Toujours sur le mais-grain, la production de grain industriel je
termine là-dessus, M. le Président on avait
discuté, à cette rencontre, avec M. Massicotte, d'un fait qui
existe en Ontario. On est toujours porté à faire le
parallèle avec l'Ontario quand c'est mieux que chez nous et, quand ce
n'est pas mieux que chez nous, on dit: Gardons ce qu'on a. On va essayer
d'améliorer complètement le régime.
Moyennant un coût supplémentaire, le producteur de grain
industriel, en Ontario, peut couvrir son préensemencement. Par exemple,
l'été passé, vous avez eu, dans ma région,
d'énormes pertes, notamment dans le grain industriel, compte tenu du
climat. Le ministre est là pour en témoigner; cela a pris
plusieurs négociations avec le gouvernement fédéral pour
verser les subventions directes aux producteurs, compte tenu qu'il n'y avait
pas de primes de préensemencement. A ce moment-là, le producteur
a la très nette impression de recevoir, ni plus ni moins
j'emploie cette expression du bien-être social. Mon affaire n'a
pas fonctionné, on me donne une somme.
Les gars aimeraient mieux participer je le sais pour en avoir
discuté avec eux à une prime, quitte à en payer le
coût, de sorte que, si une situation comme celle qui a prévalu,
l'an passé, dans la région de Saint-Jean et de Napierville
revenait, c'est le régime de l'assurance-récolte qui verserait
une indemnité, ce qu'on ne retrouve pas aujourd'hui. En regardant le
bilan, tout à l'heure, de l'assurance-récolte, on voyait que vous
êtes en déficit depuis que cela fonctionne. Ce n'est pas toutes
les années que l'ensemble des cultivateurs ou une très grande
partie des agriculteurs ont connu une année comme l'an passé. Ils
n'ont pas été capables, seulement, de semer. Alors, toute la
préparation qu'ils avaient donnée à leurs terres a
été compensé uniquement par une subvention.
A ce moment-là, vous retireriez une surprime et, très
probablement, vous n'auriez pas à la payer à toutes les
années, c'est sûr. Alors, ce seraient des fonds
supplémentaires qui seraient versés à la Régie de
l'assurance-récolte. Je suis persuadé qu'avec un tel
système de préensemencement pour l'ensemble des cultures la
Régie de l'assurance-récolte pourrait peut-être mieux
équilibrer son budget. Les agriculteurs auraient une meilleure
protection et ils auraient la nette impression de réellement recevoir
quelque chose, d'avoir payé pour recevoir quelque chose, tandis que,
là, ils ont la très nette impression de recevoir, tout
simplement, du bien-être social.
M. TOUPIN: L'an prochain, comme je le disais tantôt, on va
corriger cela, parce qu'on va
inclure, dans les amendements qui s'en viennent, dans la Loi de
l'assurance-récolte la possibilité d'assurer les sols qu'on ne
peut ensemencer le printemps.
M. VEILLEUX: Je remercie le ministre. Cela répond aux questions
des agriculteurs de ma région.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Avec la permission du chef de
l'Opposition, sur le même sujet, le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: Je voudrais revenir à ce dont nous avons
discuté tantôt, au sujet des amendements qui seraient
apportés pour pallier les coûts de production. Par contre, est-ce
qu'on va penser, dans ces amendements qui seront apportés, d'indexer,
dans un article je vais vous donner un exemple les coûts de
l'engrais chimique, qui ont augmenté considérablement cette
année?
Alors, si on veut réellement couvrir le coût de production
des matières premières; la graine, l'engrais chimique et les
autres, l'équipement, mais surtout l'engrais chimique qui a
énormément augmenté cette année, est-ce qu'on
prévoirait d'indexer, quoi, dans cet amendement?
M. TOUPIN: II n'est pas nécessaire d'amender la loi pour indexer.
Déjà la régie a les pouvoirs d'indexer,
c'est-à-dire qu'elle peut, tous les ans, changer ses indemnités
et ses primes. Elle peut le faire actuellement.
Le problème que rencontre la régie, et j'apporte l'exemple
qu'on peut trouver qui est le plus patent, qui est le plus direct aussi:
lorsque la régie a préparé ses programmes, il faut que les
programmes soient approuvés avant que la régie commence à
vendre ses polices d'assurance, à $3 le minot, par exemple, pour les
grains. Supposons qu'un mois après, à cause de la rareté
ou autre raison, le prix du minot de grains de semences monte à $5. La
régie ne peut plus, à l'intérieur de la même
année, parce qu'il est trop tard, amender son règlement puisque
déjà les polices sont vendues. Il faut qu'elle le fasse seulement
l'an prochain.
M. OSTIGUY: Est-ce que, pour l'année que nous venons de terminer,
vous avez indexé, par exemple, le coût de l'engrais chimique?
M. TOUPIN: Nous avons augmenté, cette année, de $0.75, le
taux d'indemnité.
M. OSTIGUY: D'accord. Maintenant... D'accord, je reviendrai
tantôt.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): L'honorable député de
Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, même si vous avez
déjà parlé longuement du problème de
l'autosuffisance, notamment dans le domaine du mais-grain, il me semble qu'il
existe des liens entre le problème dont nous parlons actuellement et le
problème de l'autosuffisance. Je me demande si, en fin de compte, vos
programmes, tels qu'ils sont établis, notamment dans le domaine dont
nous discutons maintenant parce que les autres, je les connais moins
bien ne visent pas finalement à assurer une sorte
d'autosuffisance pour chaque agriculteur individuellement, par rapport à
ses besoins, alors que l'autosuffisance qu'on devrait rechercher serait
l'autosuffisance sur une base collective, sur une base
québécoise?
M. TOUPIN: Mais il faut faire la distinction entre le type d'assurance
que nous avons, qui est un type d'assurance individuel, et un type d'assurance
qui pourrait être collectif, qui pourrait s'appliquer à tous les
producteurs mais qui devra, à ce moment-là, être
obligatoire.
M. MORIN: Oui, une sorte de...
M. TOUPIN: Une sorte d'assurance universelle, obligatoire dans le
paiement des primes, et non pas seulement dans le choix mais dans le non-choix
de décider si on y adhère ou pas. Cela deviendrait
obligatoire.
A ce moment-là, on pourrait peut-être dire, dans le cadre
de l'assurance, qu'elle devient un élément d'autosuffisance
collective. Dans le contexte actuel, on assure par personne. C'est une police
que nous vendons à Antoine, à Luc, à Pierre, à
Jean, et ceux-là sont assurés individuellement. On va se servir
parfois de moyenne régionale pour établir des indemnités,
pour établir des primes mais non pas pour promouvoir, par exemple, un
programme d'autoappro-visionnement.
L'assurance-récolte est un élément indispensable
à la promotion de l'autoapprovisionne-ment autant individuel que
collectif.
M. MORIN: En ce sens, par exemple, que si vos primes sont trop
élevées et qu'ils les jugent trop élevées,
ça les décourage et ils lâchent la production, quand ils ne
lâchent pas... Non, dans ces cas là, ça doit être
moins fréquent, mais quand ils ne lâchent pas la terre tout court.
Là, votre politique d'autosuffisance collective fout le camp, pardon,
est compromise.
M. TOUPIN: C'est ça.
J'aurais peut être une observation, M. le Président, si
vous me le permettez.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): D'accord.
M. TOUPIN: II est vrai que les producteurs de grains industriels nous
ont demandé des garanties plus importantes. Mais ce qui est le plus
curieux, c'est que des producteurs, individuellement, nous avaient plutôt
laissé percevoir qu'ils aimaient mieux s'assurer pour $50 l'acre ou $60
l'acre en vue de faire une cession
d'indemnité à la banque pour obtenir $5,000 ou $10,000 de
la banque pour pouvoir ensemencer. Alors, les ventes additionnelles que nous
avons faites cette année, ce ne sont pas des ventes avec des garanties
supérieures, ce sont des ventes avec des garanties beaucoup moindres que
les producteurs auraient pu acheter.
Je connais des producteurs qui ont pris des garanties qui revenaient
à $1.57 l'acre pour quelque chose comme une garantie d'indemnité
de $56 en cas de perte complète.
M. MORIN: Cela, c'est en vertu de vos divers...
M. TOUPIN: Options.
M. MORIN: ... niveaux de différentes options.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. MORIN: Oui, je comprends.
M. TOUPIN: Alors, ce qui est assez curieux c'est que, d'une part, les
producteurs de grain industriel nous demandent des garanties additionnelles
dépassant parfois même le coût de production, tandis qu'en
fait le producteur moyen achète plutôt une garantie moins
importante pour couvrir son prêt de banque, uniquement. Et ça
répond un peu à la question que soulevait aussi le
député de Saint-Jean. C'est qu'on peut leur offrir des programmes
qui couvrent au moins les coûts mais ça ne veut pas
nécessairement dire que le producteur va les acheter. Très
souvent le producteur peut se limiter à couvrir, en cas de perte totale,
une partie pour ne pas se trouver dans des situations économiques
intenables.
M. MORIN: Des déboursés.
M. TOUPIN: Comme le disait le président de la régie,
ça nous paraît à nous la philosophie que les producteurs,
en général, ont adoptée. C'est le minimum de
couverture.
M. MORIN: De toute façon, si je comprends bien, ce n'est pas
seulement avec les programmes que vous proposez qu'on va favoriser
l'autosuffisance collective.
M. TOUPIN: Ce n'est pas le principal élément.
M. MORIN: Ce n'est pas le principal élément, c'est toute
une série de politiques, dont celle-là, qui peuvent converger
pour obtenir ce résultat.
M. TOUPIN: C'est exact.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le
même sujet?
M. OSTIGUY: Sur le mais-grain, encore un peu.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): L'honorable député de
Verchères.
M. OSTIGUY: Etant donné, M. le Président, que dans
certaines régions du Québec il y a de grandes étendues
cultivées en culture industrielle, par exemple le mais-grain, est-ce
qu'il n'y aurait pas possibilité de couvrir le "spot loss" que vous avez
mentionné tantôt dans d'autres genres de cultures? Vous parliez de
culture maraîchère mais dans la culture industrielle, tenant
compte des grandes étendues, est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité d'avoir le "spot loss" là-dedans, contre la
grêle, par exemple, et les ouragans? Actuellement, ils ne l'ont pas et
vous savez fort bien, comme moi, que les producteurs de mais-grain, culture
industrielle, demandent d'être couvert par un "spot loss".
M. TOUPIN: Très bonne question, fort importante, qui nous
préoccupe beaucoup. Le "spot loss", lorsque la loi provinciale de
l'assu-rance-récolte a été établie, n'était
pas couvert par la loi fédérale. Or, puisque le
fédéral paie 50 p.c. de nos frais administratifs, 25 p.c. de la
cotisation ou de la prime totale, il fallait que les garanties offertes par la
loi provinciale correspondent aux garanties fédérales. Or, depuis
deux ans, la loi fédérale je ne sais pas si elle a
été changée ou plutôt
réinterprétée permet aux provinces, jusqu'à
un certain point, de faire du "spot loss". Alors, c'est dans ce sens donc que
nous sommes à réévaluer les possibilités je
ne dirai pas à court terme d'inclure certains
éléments de "spot loss" dans certains programmes. Il y a parfois
des impossibilités de le faire, il y a parfois des
possibilités.
Je pense que, dès qu'un producteur a une performance à
long terme, il serait peut-être possible d'inclure le "spot loss" mais ce
serait impossible pour tout nouveau champ sur lequel le producteur n'a pas
d'expérience.
M. OSTIGUY: Je termine avec une dernière question, toujours dans
le mais-grain, parce que bien sûr on représente des producteurs de
mais-grain qui ont de grandes étendues et qui versent des primes assez
considérables à l'assu-rance-récolte. On nous a
signalé que, souvent, les indemnités servaient à payer des
petits producteurs de mais-grain qui font plutôt du lait. On se demande
si on ne devrait pas avoir une banque qui protégerait, dans ces
cas-là, les producteurs de mais-grain. Je ne sais pas ce qu'en pense le
président.
M. TOUPIN: C'est même une proposition que je leur ai faite. Le
programme de mais-grain industriel, on a commencé à le
séparer dès cette année du programme de mais-grain de
l'exploitant qui garde des bovins laitiers, par exemple, et qui veut se faire
20 ou 25 tonnes d'épi pour nourrir ses vaches laitières. On a
commencé dès cette année à offrir aux gars de 50
acres et plus un programme un peu différent de celui de
l'exploitant qui a des bovins laitiers. Alors, je pense que c'est
très normal et que c'est une façon aussi de motiver les
producteurs. Là on peut avoir une consultation beaucoup plus facile,
beaucoup plus adéquate que si on a un programme qui inclut tout
producteur, quel que soit son volume ou la destination de sa production. C'est
quelque chose qu'on est d'accord de faire dès que les producteurs de
mais-grain auront organisé leur propre syndicat de façon
officielle.
M. OSTIGUY: Est-ce que c'est une chose qu'on pourrait attendre, qui
serait au programme de l'assurance-récolte pour 1974?
Je ne parle pas pour cette année, c'est déjà
assuré, mais est-ce qu'on peut s'attendre... la récolte de 1975,
oui.
M. TOUPIN: La seule condition est que les producteurs de mais industriel
devraient avoir une certaine incorporation afin qu'on ait un interlocuteur qui
puisse vraiment parler en leur nom officiellement puis avec qui on peut
transiger.
M. OSTIGUY: On a discuté d'ailleurs avec le président de
la Régie de l'assurance-récolte de ce secteur, qui relève
de lui. Vous êtes au courant qu'il y a des producteurs de mais-grain qui
ont des étendues allant jusqu'à 1,500 acres. Cela veut dire
qu'ils payent des primes d'assurance fort alléchantes et,
malheureusement, c'est inclus, comme vous l'avez mentionné tantôt,
dans la même caisse, dans le même "pot", oui, que les petits
producteurs ou les producteurs qui produisent uniquement pour leur propre
alimentation. Tenant compte des grandes étendues qui sont semées
par les producteurs industriels, je pense qu'il faudrait apporter une attention
tout à fait spéciale à cette question.
M. TOUPIN: C'est certainement un bon argument.
M. OSTIGUY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, il resterait deux brèves
questions concernant le programme d'assurance-récolte. D'abord, une
question très brève concernant des informations en date du mois
de novembre 1973. La régie a couvert une nouvelle production, soit la
production de la patate, de la pomme de terre. Est-ce qu'il serait possible de
savoir combien de producteurs se sont prévalus du programme au cours de
la première année, sur une totalité de près de
5,000?
M. TOUPIN: II y a eu effectivement 101 producteurs qui ont acheté
le programme en 1973. Comme vous le dites, le programme a débuté
tardivement. On ne l'a offert qu'au mois de mars 1973 et on a cru dans le temps
que si on n'en avait qu'une centaine, c'était parce qu'on était
vraiment trop tard pour l'offrir à tout le monde. Mais, malheureusement,
la réponse n'est guère meilleure cette année. Alors, on a
analysé tout ça de nouveau et on a l'impression, comme des
députés me l'ont fait remarquer, que ce programme,
actuariellement parlant, est très coûteux pour le producteur.
Je vous donne un exemple. J'ai assuré dernièrement un
producteur de pomme de terre. Sa prime était de $5,100. C'est un
programme coûteux. Je pense qu'il est très valable,
personnellement, mais c'est un programme dont le coût effraie un peu le
producteur. Vraiment, c'est regrettable. C'est un programme qui est bon et
sain, actuariellement bien calculé, mais qui, malheureusement, semble
trop coûteux. Le producteur hésite beaucoup avant de
s'assurer.
M. LESSARD: Maintenant, étant donné justement les
remarques que vous faites, est-ce que la Régie de
l'assurance-récolte devant, si je peux dire, cet échec, a
l'intention d'étudier la possibilité d'apporter des modifications
au programme?
M. TOUPIN: J'espère qu'on trouvera une solution, mais vous savez
que d'après la loi, les taux de cotisation ou de prime doivent
être sur une base actuarielle, c'est-à-dire que le total de la
cotisation de l'exploitant et de la cotisation des gouvernements doit, à
long terme, couvrir les indemnités payées, prévisibles.
Or, je ne pense pas qu'actuellement ce calcul soit faux. Je pense qu'il est
très réel, que les chiffres que nous possédions pour
remettre aux actuaires étaient des chiffres précis, sur lesquels
ils se sont basés pour établir les taux.
C'est pourquoi c'est un dilemne pour nous d'essayer de bâtir un
programme qui pourrait être acceptable pour les producteurs au point de
vue du coût et qui, en même temps respecterait la loi que nous
devons observer. C'est un cas assez difficile sur lequel nous nous penchons
évidemment et nous essayons de trouver une réponse.
M. LESSARD: Maintenant je voudrais, M. le Président, en l'absence
du député de Chicoutimi, retenu dans son comté pour des
raisons de maladie, soulever un problème régional de la
région du Lac Saint-Jean. En date du 16 octobre 1973 je pense bien
que ma question va particulièrement s'adresser au ministre l'UPA
de la région faisait parvenir une lettre concernant les dommages aux
récoltes de grain dans le Saguenay-Lac Saint-Jean, lettre dans laquelle
on estimait je veux justement situer les faits lettre dans
laquelle on estimait que la récolte avait été
inférieure à la normale d'environ 50 p.c.
En date du 2 novembre 1973, le sous-ministre adjoint, M. Lucien
Bissonnette, écrivait une lettre à la Fédération de
l'Union des producteurs agricoles du Lac-Saint-Jean, où on lit: "Pour
votre information, la Régie de l'assurance-récolte étudie
présentement le problème auquel vous faites
référence dans votre lettre". C'était en novembre 1973. En
date du 4 janvier 1974, à nouveau, l'Union des producteurs agricoles du
Lac-Saint-Jean intervient auprès de M. Bissonnette pour savoir où
en est rendu ce dossier. Le 30 janvier 1974 auparavant, M. Bissonnette
avait eu une conversation téléphonique l'UPA justement
répond à cette conversation téléphonique. On
indique qu'il y a eu une réunion des membres du conseil d'administration
et on lit ce qui suit: "Nous leur avons aux membres du conseil
d'administration fait part de votre décision
c'est-à-dire de la décision du sous-ministre en relation,
probablement, avec le ministre de recommander au ministre d'accorder, en
somme, à nos agriculteurs les mêmes avantages que ceux
accordés aux agriculteurs de plusieurs autres régions du
Québec l'an dernier, aux prises avec des dommages semblables à
ceux de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean cette année. "Nous
leur avons fait part aussi de votre intention de recommander au ministre de
l'Agriculture de faire reconnaître par Ottawa la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean comme région sinistrée et que ce dernier
accorde également les mêmes avantages qu'il a accordés aux
sinistrés des autres régions l'an dernier". Je voudrais savoir,
puisqu'en date du 15 février 1974 rien n'avait été encore
réglé, de la part du ministre ou de la part du président
de la Régie des alcools, du président de la Régie de
l'assurance-récolte du Québec, pardon c'est parce qu'avec
du grain on peut faire de l'alcool où en est rendu ce
dossier.
M. TOUPIN: Cela peut être réduit, à un moment
donné.
M. LESSARD: Lorsque nous arriverons à une solution sur ce
dossier, étant donné que depuis ce temps les prix ont
augmenté considérablement, est-ce qu'on va tenter d'indexer les
compensations aux prix actuels des grains de remplacement?
M. TOUPIN: D'accord, vous avez fait l'historique, il n'est pas
nécessaire que je le fasse.
M. LESSARD: C'est cela.
M. TOUPIN: Vous avez oublié une seule chose, c'est que j'ai
personnellement envoyé une lettre au secrétaire de la
fédération, M. Jean-Marie Couet, lui disant que j'étais
prêt à les rencontrer et à discuter avec eux non seulement
d'un échange de correspondance, mais de leurs enquêtes et des
nôtres. J'étais prêt à discuter avec eux
également de ce que le ministère de l'Agriculture du
Québec pouvait faire et de ce que le fédéral avait
répondu, jusqu'à maintenant, à l'endroit des
démarches que nous avons faites auprès de ce dernier. Disons que
le Saguenay-Lac-Saint-Jean est une région où les producteurs
s'assurent en assez grand nombre. L'an dernier, nous avions 1,100
assurés. Cette année, tous ceux qui étaient assurés
ont reçu une indemnité de la Régie de
l'assurance-récolte, tel que prévu par ses règlements. Je
ne me rappelle pas le total, mais c'était dans les $200,000, à
peu près, qui ont été versés à ces
producteurs qui avaient reçu une police d'assurance.
Nous les avons effectivement rencontrés cette semaine la
journée m'échappe; je pense que c'est lundi que je les ai
rencontrés et nous en avons discuté longuement. Il est
vrai que des pertes substantielles, allant jusqu'à 50 p.c. dans des cas,
ont été enregistrées. Nos enquêtes et celles
menées par la fédération à ce sujet sont
similaires, à quelques pourcentages près dans certains cas. En
principe, le ministère de l'Agriculture du Québec n'intervient
pas dans des productions où un programme d'assurance existe; il ne veut
pas, d'une main, mettre de l'avant un programme et, de l'autre, le
détruire en donnant des subventions.
On leur a offert, quant à nous, ce que nous avons offert en 1972
aux autres régions de la province qui ont subi à peu près
les mêmes dommages, c'est-à-dire un prêt à court
terme qui peut varier selon le type de fermes et sur lequel on avait, à
ce moment-là, diminué le taux d'intérêt. Nous avions
remboursé, dans certains cas même, pour une période, en
totalité le taux d'intérêt. Alors, nous leur avons offert
le même programme.
Nous leur avons dit que jusqu'à maintenant le gouvernement
fédéral n'avait pas cru bon d'intervenir dans des productions
là où l'assurance-récolte existe, alors qu'en 1972 il l'a
fait. Cette année, il n'a pas voulu intervenir, il est intervenu
seulement sur les sols non ensemencés. Nos démarches au
gouvernement fédéral là-dessus n'ont pas donné les
résultats escomptés en matière de productions où
une assurance-récolte existait. Mais, en matière de productions
où l'assurance n'existait pas, nous avons réussi 50-50, notamment
pour les terres non ensemencées. Pour nous, c'était l'important.
En principe il était difficile de forcer la main du
fédéral, parce que nous-mêmes, nous sommes d'accord sur le
principe que lui soutenait. Parce qu'il est déjà intervenu, la
Fédération de l'UPA du Saguenay-Lac-Saint-Jean a dit: Nous on est
prêt à faire une nouvelle démarche auprès du
gouvernement fédéral. Dans ce cadre, je suis prêt à
l'accompagner et aller demander au gouvernement fédéral de faire
sa part lui aussi vis-à-vis des producteurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
J'ai reçu un télégramme aujourd'hui de M. Couet, ils ont
tenu une assemblée générale, hier je pense, des
producteurs. Ils ont accepté le programme que je leur ai proposé
et
ils ont accepté aussi de faire une démarche auprès
du gouvernement fédéral, dans les plus brefs délais. Moi
j'ai promis que je les accompagnerais, alors je vais y aller avec eux.
M. LESSARD: M. le Président, si je n'avais pas fait mention de la
lettre du ministre, c'est parce que mon dossier s'arrêtait au 15
février 1974. Je suis très satisfait des remarques du ministre de
l'Agriculture.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le
programme no 4?
M. FRASER: Non.
M. ROY: Même pas sur la ventilation.
M. OSTIGUY: M. le Président, une dernière question. Dans
l'assurance-récolte qui couvre la betterave sucrière, comment
ça va cette année? Quel est le pourcentage ou le nombre
d'assurés? Est-ce que c'est mieux que l'an dernier?
M. TOUPIN: II me fait plaisir de vous répondre si la question
m'est adressée.
M. le Président, si vous me permettez, je pense que le
député de Verchères pose une question à laquelle il
a déjà la réponse.
M. OSTIGUY: Je voulais l'entendre.
M. TOUPIN: C'est vrai, le programme va très bien.
Je pense que tous les producteurs sont assurés cette
année.
M. OSTIGUY: Oui, justement.
M. TOUPIN: On est passé de 4 en 1972 à 22 en 1973 et 200
en 1974.
M. ROY: Si ma mémoire est bonne, il nous en a lui-même fait
part lorsque nous avons discuté d'une deuxième betteraverie.
M. OSTIGUY: Non, je n'ai pas parlé de ça. Je n'ai pas
touché à l'assurance-récolte.
M. TOUPIN: II est administrateur, il est membre du conseil
d'administration.
M. OSTIGUY: M. le Président, c'est parce que je voulais entendre
de la bouche du président de la Régie de
l'assurance-récolte que ça allait bien sur ce
côté.
M. TOUPIN: II faudrait que je remercie le président et
l'exécutif de la raffinerie, je pense, et les régisseurs.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Programme 4, Régie de
l'assurance-récolte du Québec, adopté?
M. ROY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Est-ce que je dois comprendre
également que la ventilation des crédits est également
acceptée?
M. ROY: Oui.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Alors, traitements, communications,
services, entretien, loyers, fournitures, autres dépenses, service de la
dette, Capital, équipement, Transfert, Déductions, contribution
fédérale, pour un crédit net de $2,378,000.06,
adopté?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Nous passons au programme 3.
M. ROY: On veut remercier le président de la régie, qui a
été très aimable, il a répondu à toutes nos
questions, ainsi que ses officiers et le ministre aussi sur ces points.
M. OSTIGUY: En souhaitant que 1975 soit une année de
succès.
M. TOUPIN: A condition qu'il fasse beau. M. ROY: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Carpentier): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: En souhaitant aussi que le préensemencement commence
dès 1975.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Avant que ne commence l'étude des crédits du
programme no 3, j'avais demandé au ministre de nous apporter des
chiffres relativement aux grains de provende. Il devait nous les remettre au
début de la séance suivante. Le ministre a-t-il les chiffres
qu'on lui a demandés.
M. TOUPIN: Si on l'a dit, on va le faire.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Etant donné que ça entre
dans le programme no 3. J'inviterais le ministre à faire ses
commentaires.
M. TOUPIN: Si vous me permettez, M. le Président, c'est pas mal
complexe. Je vais laisser au député de Beauce le temps de prendre
connaissance des statistiques qu'on lui remet, ainsi qu'aux autres membres de
la commission. Si à la fin de la soirée certaines questions lui
reviennent à l'esprit, je ne vois pas d'inconvénient à
donner des interprétations.
M. ROY: Je vous remercie, on va certainement l'étudier.
Aide à la production agricole
M. TOUPIN: Le programme 3 est le programme probablement le plus
important du ministère parce que c'est dans ce programme que nous
retrouvons la diversification des productions, l'orientation, tout compte fait,
que nous voulons donner au ministère, tant dans le domaine de
l'élevage que dans les productions céréalières, que
dans les productions maraîchères, etc. Donc, c'est le programme
clef. C'est celui qui détermine, dans les grandes lignes, ce que nous
entendons faire au cours d'une année dans le domaine de l'orientation de
l'agriculture au Québec.
J'ai déjà fait un tour d'horizon, au début, de ce
que le ministère a fait au cours des années passées.
Maintenant, je suis prêt à répondre aux questions quant
à ce que le ministère entend faire au cours de l'année qui
vient.
M. ROY: M. le Président, avec la permission du président,
il y a une question que j'aimerais bien soulever à l'occasion de
l'étude des crédits du ministère de l'Agriculture. J'ai
regardé dans différents programmes et j'ai été
passablement embarrassé de l'insérer dans un programme en
particulier.
Etant donné qu'il est question de l'amélioration
foncière, de l'assainissement des sols, de la conservation des eaux,
etc., j'aimerais savoir du ministre si le ministère de l'Agriculture
s'est penché sur les problèmes que pose aux agriculteurs
l'application de la fameuse Loi de la réserve des trois chaînes,
sur lesquelles il y a des fermes que traversent des cours d'eau, de petits
cours d'eau surtout. Il y a une certaine quantité d'agriculteurs au
Québec qui ont été avisés présentement
qu'ils devraient acheter ou racheter, si vous voulez je me suis
présenté devant le ministère des Terres et Forêts
afin d'être entièrement propriétaires de leur
ferme.
M. TOUPIN: Bien, M. le Président...
M. ROY: J'aimerais savoir si le ministre de l'Agriculture s'est
penché sur ce problème, si les conseillers juridiques du
ministère de l'Agriculture ont étudié la question et s'il
y a eu des démarches de faites, étant donné que cela
concerne les agriculteurs du Québec particulièrement, par le
ministère de l'Agriculture auprès du ministère des Terres
et Forêts à ce sujet-là.
M. TOUPIN: Bon! D'abord, tenons tout de suite pour acquis que c'est une
responsabilité qui relève du ministère des Terres et
Forêts. Je ne vois pas d'inconvénient à discuter de tout ce
qui relève de mon ministère. Mais en ce qui concerne les
responsabilités des autres ministères, non pas que je n'aime pas
en discuter au bons endroits, mais j'ai l'impression qu'ici ce n'est pas le bon
endroit pour discuter de ce qui relève d'un autre ministère.
J'ajouterai ceci: C'est que je n'ai eu, person- nellement, de la part
des producteurs agricoles du Québec et des associations qui
représentent les producteurs agricoles du Québec, aucune
représentation sous quelque forme que ce soit. J'ai eu, bien sûr,
comme vous et comme tous les autres députés qui ont l'occasion de
passer dans les différents milieux ruraux, à me faire poser des
questions sur le problème de la réserve des trois chaînes.
Mais je n'ai pas été plus loin dans mon raisonnement et dans mes
commentaires, laissant au ministre des Terres et Forêts le soin de
régler ce problème, de qui, d'ailleurs, il relève en
entier.
M. ROY: Je comprends que le problème relève, en entier, du
ministère des Terres et Forêts. Mais étant donné
que, comme je le disais tantôt, il y' a des questions qui regardent, par
exemple, les programmes de la mise en valeur des propriétés
agricoles, il y a également le droit de propriété qui est
important à définir.
Comme en ce qui a trait à l'enseignement agricole, je ne veux pas
revenir sur le sujet, mais je fais tout simplement un parallèle pour
illustrer que, parfois, il est nécessaire d'avoir des ententes, d'avoir
des rencontres avec les autres ministères lorsqu'il s'agit de
l'intérêt des personnes en cause.
Ce que j'aimerais savoir je n'en fais pas grief au ministre
c'est si le ministère de l'Agriculture s'est penché sur ce
problème et si le ministre, à un moment donné, a
l'intention ou a eu l'occasion de rencontrer le ministre des Terres et
Forêts pour discuter de cette question.
M. TOUPIN: Au cas où on aurait eu à répondre
à des demandes officielles de la part de l'Association des producteurs,
de la part de producteurs individuels, nous avons fait travailler le
contentieux du ministère sur cette question.
M. ROY: Vous l'avez fait travailler.
M. TOUPIN: Oui. Le contentieux du ministère, bien sûr, se
limite à interpréter la loi sur le plan juridique,
c'est-à-dire: Est-ce que c'est vrai ou est-ce que ce n'est pas vrai?
Est-ce que c'est applicable ou est-ce que ce n'est pas applicable? Nos
recherches se sont limitées à cela, jusqu'à
maintenant.
Le problème que vous soulevez est celui d'une législation
qu'on applique et qui n'est pas acceptée par un certain nombre de
producteurs, notamment les producteurs de bois.
M. ROY: Et qui est contestée sur le plan juridique, en plus.
M. TOUPIN: Par certains, me dit-on.
M. ROY: La question de rétroactivité.
M. TOUPIN: Oui, par certains, me dit-on,
cela semblerait contesté sur le plan juridique, mais je pense que
je serais malvenu et maladroit d'aborder de front le problème ce soir.
J'aimerais mieux que vous posiez la question au ministre des Terres et
Forêts. Si toutefois mon collègue juge à propos de
collaborer avec nous pour le règlement de ce problème, comme par
le passé, nous allons, bien sûr, collaborer très
étroitement.
M. ROY: Si j'avais posé cette question, M. le Président,
c'est que j'avais été informé non pas
officiellement, mais officieusement qu'il y avait eu des rencontres
entre les conseillers juridiques du ministère de l'Agriculture et les
conseillers juridiques du ministère des Terres et Forêts...
M. TOUPIN: C'est exact.
M. ROY: ... qui avaient émis des avis complètement
différents concernant l'interprétation et l'application de cette
réglementation. C'est un peu la raison pour laquelle j'ai demandé
au ministre s'il était au courant de ce qu'il y avait de fait
là-dessus.
Disons que je reviendrai à la charge. Je peux rassurer le
ministre tout de suite.
M. TOUPIN: Comme vous le disiez tantôt, si cette loi est
contestée, il est normal que les conseillers juridiques des
différents ministères se contestent les uns les autres de temps
en temps, ce qui n'est pas mauvais en soi. Maintenant, cela n'a pas
dégénéré en conflit.
M. LESSARD: M. le Président pour ma part, en tout cas, en
regardant les programmes, je constate que ce sont des programmes très
spécifiques. Je pense qu'on est mieux d'aller au lieu de faire
une discussion générale avant selon les
éléments 1, 2, 3, 4 et 5, à moins que d'autres
députés n'aient des questions générales.
M. TOUPIN: Je pense que le député de Saguenay a raison
parce qu'au fond tout ce que vous retrouvez là-dedans, on en a
discuté, jusqu'à maintenant, à quelques exceptions
près. On a vu presque tous ces cas, à l'exception peut-être
du drainage souterrain qu'on n'a pas touché suffisamment.
M. LESSARD: Comme première question, à
l'élément 1 du programme 3, j'aimerais savoir du ministre quels
sont les principaux projets spéciaux et régionaux prévus
cette année. Je constate qu'il y a une diminution des crédits par
rapport à 1973/74. Est-ce que le ministre pourrait faire le point un peu
sur cet élément?
M. TOUPIN: Evidemment, à certains éléments, vous
allez trouver des diminutions et à certains autres, bien sûr, vous
allez trouver des augmentations.
Par exemple, cette année, vous allez retrouver davantage sur la
mise en marché des productions animales et un peu moins sur les projets
spéciaux.
Quand vous lisez Projets spéciaux et régionaux, c'est
surtout le service de recherche du ministère, qui d'ailleurs porte le
nom de service des projets spéciaux, qui s'attarde sur des demandes qui
nous sont formulées et qui essaie de concrétiser ces demandes
dans des programmes précis.
J'apporte l'exemple le plus typique, je pense, c'est celui de
l'agrocentre à La Sarre, un programme qui fut soumis il y a un an et qui
est en train de voir le jour. On installera dans la région un agrocentre
qui donnera aux agriculteurs un ensemble des services et cet agrocentre sera
administré par une coopérative.
Je vais prendre d'autres exemples, celui où j'ai eu, cet
après-midi, à l'Assemblée nationale à me prononcer,
c'est-à-dire l'aide au développement des viandes bovines dans le
Bas-Saint-Laurent; c'est un programme auquel travaille le service des projets
spéciaux.
M. LESSARD: Ce sont des programmes spéciaux qui s'appliquent dans
des régions?
M. TOUPIN: Dans des régions en particulier ou parfois même
des programmes spéciaux qui peuvent couvrir plus d'une région
à la fois.
M. LESSARD: Ce que je voudrais demander au ministre concerne un rapport
sur le développement des Iles-de-la-Madeleine, soit le rapport
Thibodeau. Ce rapport a été préparé par un agronome
il y a quelque temps et il semble demeurer secret aux îles, sinon pour
quelques individus. Suite à certaines informations, ce rapport n'a pas
été concrétisé ou on n'y a pas donné suite,
etc. C'est un rapport qui est actuellement, selon mes informations toujours,
conservé complètement secret, sinon, comme je le dis, à
l'exception de quelques individus qui connaissent ce rapport. Le ministre
pourrait-il nous donner quelques indications sur ce rapport?
M. TOUPIN: Non, ce n'est pas un rapport que nous gardons secret par
caprice. Nous l'avons au ministère, il nous a été fourni.
Après une première étude par le service des projets
spéciaux, nous nous sommes rendu compte que dans ce programme, dans ce
mémoire qui nous fut présenté on retrouvait certains
éléments valables. Mais, dans l'ensemble, pour répondre
à l'objectif recherché, il a presque fallu reprendre en entier
tout le programme au service des projets spéciaux, parce qu'on
était partis sur de fausses prémisses.
On ne peut pas faire pousser tout ce qu'on veut aux Iles-de-la-Madeleine
à cause du climat et surtout à cause du sol. Alors, on a repris
le programme, on est en train de le refaire et on n'a pas de conclusion finale
encore sur ce
programme. Nous n'avons accepté ni de dire oui, ni de dire non,
personnellement en tout cas, tant et aussi longtemps que je n'aurai pas une
deuxième version plus complète et plus réaliste d'une
projet comme celui-là.
M. LESSARD: Concernant le programme dont on parlait cet
après-midi, les opérations dignité, depuis le temps que le
ministre avait estimé à $150,000 l'implantation d'un programme
d'élevage de bovins de boucherie dans les comtés de Matane et de
Matapédia, quels sont les montants qui ont été
dépensés dans cette région suite à cette
déclaration?
M. TOUPIN: Avant que les...
M. LESSARD: On peut les trouver, peut-être, à
l'élément 3.
M. TOUPIN: Oui, pendant qu'ils vont chercher le programme, je sais que
les deux projets qu'on a appelés opération Dignité 1 et
opération Dignité 2, ensemble, ont coûté
au-delà de $200,000 au ministère de l'Agriculture. Mais on a
introduit dans l'opération Dignité 2, section C, un peu plus
à l'arrière, non pas de Rimouski à je ne sais quel endroit
mais de cet endroit-là à plus loin ce que je vous disais
cet après-midi dans les éléments nouveaux qui n'existaient
pas auparavant d'abord les groupements forestiers et, par la suite, les
producteurs individuels. Alors qu'ils recevaient avant $20 et $25 de subvention
pour l'hivernement du cheptel de bovins de boucherie, on les augmentés
de $10 chacun. Dans les autres régions, alors que c'est 20
unités, en bas de 20 unités on donne $20, et en haut de 20
unités, on donne $25, jusqu'à 50 unités, là, c'est
le contraire: en bas de 50 unités, on donne $30 et en haut de 50
unités, on donne $35. Dans le cas des groupements forestiers, il n'y a
pas de limite, ça peut aller jusqu'à 1,000 têtes.
C'était l'essentiel de la demande qui avait été faite. Je
ne sais pas si on peut évaluer... Est-ce qu'on peut séparer les
deux programmes, les deux groupes?
Il faudrait, M. le Président, les sortir par comté et,
à ce moment-là, je pense que nous avons affaire aux comtés
de Matane, plus particulièrement, et de Matapédia. Dans
l'ensemble du progamme, ça peut vous intéresser, dans l'Est du
Québec, pour le programme spécial d'hivernement de bovins de
boucherie, nous avons dépensé au cours du dernier exercice
$48,139 pour 2,293 unités animales, puisque nous faisons la conversion
sur une base d'unité animale.
M. LESSARD: Cela couvre l'opération Dignité 1?
M. TOUPIN: Une partie, parce que ça s'adresse aussi à
d'autres comtés, mais ça inclut également le programme
spécial que nous avons mis en place dans le cadre du groupement
agro-forestier de ce territoire.
M. LESSARD: Ce programme a été mis en application quand,
exactement?
M. TOUPIN: On peut vous le dire... M. LESSARD: Autour de quelle
date?
M. TOUPIN: Pour l'année 1973 ou depuis le début de son
existence?
M. LESSARD: Depuis le début.
M. TOUPIN: Cela fait moins de trois ans, je pense.
M. LESSARD: Voici, parce que...
M. TOUPIN: Je vais retrouver la date exacte par la signature du
programme que nous avons effectué à ce moment-là.
M. LESSARD: Mais disons au cours de l'année 1973, vous parlez de
subventions à 2,293 unités animales.
M. TOUPIN: Exact.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez des chiffres comparatifs ou est-ce que
vous pouvez nous fournir ces chiffres-là de telle façon qu'on
puisse savoir la progression puis les résultats d'un programme. Je pense
que c'est bien important.
M. TOUPIN: Absolument. L'impact et la performance d'un programme
donné.
M. LESSARD: Est-ce que ce serait possible de savoir, en ce qui concerne
les opérations dignité 1 et opérations dignité 2,
et tout particulièrement le programme d'élevage de bovins dans
cette région, quelle est la progression. Cette région
étant propice à l'élevage, il y a, du côté
nord, dans ma région, un marché qui peut être très
intéressant pour cette région.
M. TOUPIN: Malheureusement je n'ai pas en disponibilité
actuellement les chiffres exacts de comparaison. On peut vous donner quand
même une indication et vous fournir, à la prochaine séance,
les chiffres exacts comparatifs depuis que le programme existe. Je crois que,
de mémoire, ça remonte à 1972. Il y a eu effectivement une
augmentation des quantités d'animaux qui ont été
hivernés, qui nous indique que ç'a eu un impact sur
l'intérêt que certains agriculteurs du Bas-Saint-Laurent peuvent
avoir pour la production de bovins de boucherie. Et même, en certains
cas, par exemple pour les gens de l'opération Dignité, notre
programme s'adresse également à la production des génisses
laitières.
Donc nous avons voulu, puisqu'il y a de la demande pour cela, non
seulement les limiter à un secteur des bovins de boucherie, mais aussi,
parce qu'il y avait déjà des agriculteurs qui avaient des bovins
laitiers, leur donner l'occasion de se créer un marché dans ce
cadre.
M. LESSARD: Oui, la Côte-Nord je pense est un marché assez
intéressant. Si c'était possible, je voudrais avoir aussi le
nombre d'unités de production, vous me dites 2,293 têtes, pour
savoir un peu la progression, pour encourager le producteur à avoir un
plus grand nombre de têtes.
M. TOUPIN: Cela a encouragé l'agriculteur, mais nous fournirons
les chiffres exacts demain.
M. LESSARD: C'est ça. Je voudrais, M. le Président, soit
dire au ministre qu'il y a eu un bon travail, ou dire au ministre qu'il n'a pas
eu un bon travail, et de quelle façon on pourrait améliorer. Je
voudrais avoir un rapport concernant ce programme.
M. le Président, je remarque qu'il est dix heures trente. On
s'était entendu avec le ministre, tout à l'heure, pour terminer
à dix heures trente.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je n'ai pas d'objection, sauf qu'on
m'informe qu'il y avait eu aussi une entente pour que le ministre
réponde à des questions concernant les grains de provende. Trois,
quatre ou cinq minutes.
M. ROY: J'ai une question, M. le Président; cela ne prendra
même pas trois, quatre ou cinq minutes. J'avais fourni des chiffres au
ministre, l'autre jour, à la suite des recherches que j'avais fait faire
personnellement afin d'avoir les chiffres exacts. Je constate qu'au 15 mars
1974 le prix de cent livres de grain payé par les cultivateurs de l'Est
est, à quelques cents près, conforme aux prix indiqué sur
la feuille ici, au 11 mars. Evidemment, je n'ai pas la date exacte du 15 mars.
On parle du blé à $7.21; moi, j'avais le chiffre de $7.20. On
parle de l'orge à $5.92 1/2, alors que j'avais le chiffre de $6.05.
L'avoine est à 5.69 3/4, alors que j'avais les chiffres de $5.90.
L'autre échelle de prix, ce n'est pas tout à fait cela que
j'avais demandé. Je voulais savoir quels étaient les prix qui
étaient payés aux cultivateurs de l'Ouest, ce que le cultivateur
de l'Ouest recevait comme prix. Les prix qui nous sont fournis ici sont de la
base de Thunder Bay et ce sont les prix fournis par la Commission canadienne du
blé. Je ne peux pas commenter ou analyser cette feuille-là, parce
que, évidemment, les chiffres qui nous sont fournis par la Commission
canadienne du blé ne nous permettent pas de faire une étude
très précise et poussée là-dedans, c'est justement
pour déterminer le rôle que joue essentiellement la Commission
canadienne du blé. Il faudrait avoir une source de renseignement directe
auprès des entreprises ou encore auprès des organismes agricoles
de l'Ouest. Ce sont les chiffres que j'ai demandés et j'aimerais que le
ministre en prenne note afin de nous fournir les chiffres réels de
l'Ouest, à l'origine.
M. TOUPIN: Là, c'est un peu plus compli- qué. A ce
moment-là, il faudra que je communique avec les provinces de l'Ouest et
leur demande quels sont les prix payés effectivement à leurs
producteurs. Cela varie sans aucun doute, parce que ça dépend qui
achète, etc. Ce qui me paraît important dans ces
statistiques-là, c'est que vous retrouvez ce que ça coûte
à la Commission canadienne du blé à Thunder Bay et ce que
ça coûte aux producteurs, rendu à Montréal, par
camion. Prix à Montréal, du camion de blé, d'orge et
d'avoine du 22 octobre 1973 au 20 mai 1974. Vous retrouvez quand même
là un indice des coûts de commercialisation de Thunder Bay
à Montréal, quand c'est rendu chez le producteur.
M. ROY: Le point ici, c'est...
M. TOUPIN: Ce que reçoit le producteur de l'Ouest.
M. ROY: C'est cela. Ce que je veux savoir c'est ce que reçoit le
producteur de l'Ouest.
M. TOUPIN: Ce que paie aussi le producteur de l'Ouest.
M. ROY: Je voulais avoir le prix international et les dates comparatives
aussi, en même temps, dont la Commission canadienne du blé
dispose.
M. TOUPIN: Je ne sais si je peux avoir ça de la Commission
canadienne du blé.
M. FRASER: ... dans l'Ouest son prix est basé sur Thunder Bay.
Lui, il paie la livraison jusqu'à Thunder Bay. Plus loin, il est de
Thunder Bay, plus il paie.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. FRASER: Plus il achète loin de Thunder Bay, plus il paie.
M. TOUPIN: II s'agit de savoir ce que ça coûte de
transporter de l'endroit à Thunder Bay.
M. LESSARD: J'aurais une question, M. le Président. Je constate
que le prix de Thunder Bay, en date du 22 octobre, par rapport au prix de
Montréal est de $2.55. Mais je constate que, plus on s'éloigne
dans l'année, plus l'écart devient important, dans le cas de
l'orge. Je n'ai pas calculé les autres, mais dans le cas de l'orge, le
22 octobre, comme je le disais, l'écart était de $2.55. Le 11
mars 1974...
M. TOUPIN: Je voudrais apporter une restriction très importante.
Lorsque c'est calculé à Thunder Bay, c'est calculé au
boisseau; $1.58 le boisseau; alors qu'en bas c'est $4.77 les 100 livres. Alors
il faudrait convertir le boisseau.
Si on veut faire les comparaisons dans les prix au minot, c'est 60
livres au minot pour le
blé, 48 livres pour l'orge et 34 livres pour l'avoine.
M. ROY: 48 livres pour l'orge. M. TOUPIN: 48 livres pour l'orge. M.
LESSARD: 48 livres pour l'orge.
M. TOUPIN: Cela veut dire que c'est 96 livres...
M. LESSARD: Combien pour l'avoine? M. TOUPIN: 34 livres au minot.
M. LESSARD: On va regarder cela cette nuit.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le programme 3, adopté?
M. LESSARD: Non, non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La commission ajourne ses travaux
jusqu'après la période de questions, demain.
(Fin de la séance à 22 h 33).