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Commission permanente de l'agriculture
Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
Séance du mardi 18 juin 1974
(Dix heures quarante-trois minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente de l'agriculture
et de la colonisation): A l'ordre, messieurs!
Voici la liste des membres de la commission pour la séance
d'aujourd'hui: MM. Burns (Maisonneuve), Carpentier (Laviolette), Denis
(Berthier), Dionne (Mégantic-Compton), Faucher (Nicolet-Yamaska), Fraser
(Huntingdon), Giasson (Montmagny-L'Islet), Lessard (Saguenay), Massicotte
(Lotbinière), Ostiguy (Verchères), Roy (Beauce-Sud), Toupin
(Champlain), Tremblay (Iberville).
Alors, messieurs, si vous le voulez, nous allons commencer. Nous en
sommes au programme 3, les éléments 2, 3 et 4.
L'élément 1 du programme 3 est déjà adopté.
Donc, M, le ministre ou celui qui veut s'exprimer.
Main-d'oeuvre agricole
M. LESSARD: Lorsque le ministre a fait sa déclaration
ministérielle concernant l'aide accordée aux producteurs pour
l'embauche de la main-d'oeuvre, j'avais soulevé un certain nombre de
questions. Je ne sais pas si le ministre accepterait que nous puissions en
discuter assez brièvement. Première question, est-ce que cela
s'inscrit dans un programme d'aménagement ou de
réaménagement foncier je pense que ça rejoint un
peu le programme 2 ou si simplement, vu l'urgence et le nombre de
chômeurs, on a décidé de faire un programme comme
celui-là? Je suis bien prêt, comme le disait le ministre, à
aider un certain nombre d'agriculteurs marginaux, c'est normal, mais il faut
qu'on puisse arriver à rentabiliser ces fermes pour que ce ne soit pas
à un moment donné, comme le disait le ministre, une agriculture
continuellement subventionnée, soit par le moyen de subventions directes
du gouvernement ou sous forme d'aide sociale.
Est-ce que ce programme va permettre de rentabiliser ces fermes
marginales?
M. TOUPIN: L'objectif du programme de main-d'oeuvre ne se situe ni dans
le cadre du réaménagement foncier, ni dans le cadre de la
rentabilisation d'une ferme marginale en tant que telle. Ce programme
émane d'un budget qui a été mis à la disposition
des ministères du gouvernement, qui est sous la responsabilité,
je pense, du ministère de la Main-d'Oeuvre, et dont l'objectif est
d'intégrer les assistés sociaux au marché du travail.
L'an dernier, nous avions tenté, nous, l'expérience avec
les assistés sociaux exclusivement. Le programme n'a pas atteint les
objectifs visés pour plusieurs raisons.
La principale est que les agriculteurs ont énormément de
difficulté à trouver parmi les assistés sociaux les hommes
ou la main-d'oeuvre dont ils ont besoin pour faire leurs travaux. C'est une
main-d'oeuvre un peu spécialisée, le gars qui a une ferme de
300,000 livres de lait n'est pas intéressé à voir un gars,
qui ne connaît rien dans le domaine de la traite laitière,
s'engager dans cette activité et risquer ainsi de gaspiller une partie
de sa production laitière. Il est porté plutôt à
faire appel à des gars qui ont un minimum d'expérience en
agriculture.
Par ailleurs, lorsque nous avons étudié de nouveau le
programme, nous, cette année, d'engagement d'assistés sociaux ou
de les intégrer dans la main-d'oeuvre en général, nous
avons fait valoir les points suivants. Nous nous sommes dit: Si nous ne
parvenons pas à intégrer des assistés sociaux autant qu'on
le voudrait sur le marché du travail, je pense qu'on pourrait
éviter qu'un certain nombre d'agriculteurs marginaux se voient dans
l'obligation, après deux ou trois ans d'expérience sur une petite
ferme, de la vendre et de se retrouver après sur l'assistance sociale.
Donc, c'est un programme préventif d'une part pour les marginaux et,
d'autre part, c'est un programme qui peut amener un agriculteur marginal
à travailler sur une ferme à côté de la sienne,
aller se chercher sur cette ferme $2,000 ou $3,000 de salaire, tout en
continuant à développer sa ferme. Dans cette perspective, on peut
penser que le programme d'intégration, c'est-à-dire le programme
d'engagement d'agriculteurs marginaux, peut contribuer à rentabiliser
non pas la ferme marginale mais tout au moins à augmenter les revenus de
celui qui l'exploite. C'est l'objectif que nous nous sommes fixé pour
cette année. Nous avons ajouté, en plus des assistés
sociaux, les agriculteurs marginaux.
Maintenant, qu'est-ce que c'est qu'un agriculteur marginal? Est-ce que
c'est le gars qui est sur une ferme...
M. LESSARD: Vous en arrivez à la question.
M. TOUPIN: Cela arrive à la question, hein? Parce que, de ce
temps-ci, des agriculteurs m'appellent et me posent la question.
M. LESSARD: Vous dites si vous me permettez, pour bien
préciser dans votre déclaration ministérielle, que
ces agriculteurs ne sont pas des assistés sociaux mais sont susceptibles
de le devenir si on ne leur vient pas en aide.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. LESSARD: Alors, quels sont les critères et les normes qui vont
prévaloir?
M. TOUPIN: Le critère, c'est le gars qui a une ferme marginale,
qui l'exploite et qui ne tire pas de cette ferme des revenus suffisants, ou
c'est un agriculteur marginal parce que sa ferme n'est pas assez rentable, il
se sent obligé de la vendre et de s'orienter vers l'assistance sociale.
Alors, ce sont les deux critères de base, qui sont larges bien
sûr, sur lesquels les agronomes de comté, les régionaux
vont se baser pour accepter une main-d'oeuvre agricole sur une ferme.
M. LESSARD: Un agriculteur marginal c'est quoi selon les normes et
critères du ministère?
M. TOUPIN: Une ferme non rentable, c'est une ferme qui vend pour moins
de $1,000 de produits agricoles par année, mais ça c'est une
définition pour fins de syndicalisme agricole, pour fins d'association
professionnelle. Mais on sait fort bien, je pense que le député
de Saguenay sera d'accord avec moi là-dessus, qu'un agriculteur qui vend
sur sa ferme entre $1,000 et $3,000 de produits agricoles par année peut
être considéré comme un producteur marginal, parce qu'il ne
va pas chercher sur sa ferme les revenus dont il a besoin pour satisfaire ses
propres besoins et ceux de sa famille.
C'est évident qu'on ne peu pas définir de critères
absolus là-dedans. C'est complexe, mais on a quand même un certain
nombre d'indications assez nettes et assez claires qui nous permettent, au
ministère, de dire à l'agriculteur employeur: Celui-là
peut être considéré comme un marginal.
Comment dirais-je? C'est une forme de choix appuyés sur de bons
critères, mais qui comportent aussi malgré tout un minimum de
jugement de celui qui aura à accepter ou à refuser
l'employé.
M. LESSARD: Si j'étais agriculteur et que je voulais profiter de
ce programme, la question que je me poserais d'abord, et que l'agriculteur se
pose: Est-ce que je suis un agriculteur qui peut profiter de ce programme?
Selon la déclaration, s'il n'y a pas d'autres critères, s'il n'y
a pas d'autres normes, c'est large cette affaire, d'autant plus qu'on dit que
le montant maximum dont peut bénéficier un agriculteur est
toutefois limité à $10,000. Vous avez une limitation. Mais selon
vos prévisions au ministère, si vous les avez faites, quel sera
le nombre d'agriculteurs qui pourraient profiter de ce programme?
M. TOUPIN: Les agriculteurs employeurs, au Québec, sont
peut-être difficilement quanti-fiables à quelque dix ou 20
près, mais on peut soutenir qu'il y a au moins au Québec entre
10,000 et 15,000 fermiers qui ont besoin de main-d'oeuvre. Cela c'est une
première chose.
M. LESSARD: Du fait que vous dites qu'ils ont besoin de main-d'oeuvre,
ça veut dire que ça n'est déjà plus un agriculteur
marginal?
M. TOUPIN: Non, non ! Là je parle d'agriculteur employeur. Je ne
parle pas d'agriculteur marginal. Vous m'avez posé la question à
savoir quels sont les agriculteurs qui pourraient embaucher d'autres
agriculteurs. Ils sont de ce nombre.
Cela peut varier. Par exemple, le pomiculteur peut en engager pour trois
semaines; le gars qui fait de la salade peut en engager un pour six semaines;
le gars qui fait ses foins et ses céréales peut en engager pour
huit semaines, etc. C'est pour cela qu'on a fait des distinctions. Pour les
productions maraîchères, le minimum est de trois semaines, je
pense, et, pour les autres, c'est huit semaines. Est-ce huit ou six semaines?
Huit semaines.
M. LESSARD: Huit semaines.
M. TOUPIN: Ce sont des minimums qu'on exige des agriculteurs.
M. LESSARD: Pendant huit semaines.
M. TOUPIN: Donc, il y a ce potentiel, il y a ce bassin d'employeurs
disponibles. Parmi les employés, il existe au Québec encore
au-delà de 15,000 à 20,000 fermes dont les revenus actuels de
vente de produits agricoles sont inférieurs à $5,000 par
année. Dans cela, vous avez au moins de 5,000 à 6,000 marginaux,
mais on repose toujours la même question. Le gars qui a une ferme, qui a
huit ou dix vaches laitières, un quota de 75,000 à 100,000 livres
de lait et qui, en même temps, travaille pour la voirie, conduit un
autobus scolaire, etc., va chercher son revenu mais il y en a un certain nombre
d'autres qui n'ont pas l'avantage de travailler à des travaux de
construction de chemin ou dans la construction. Dans la construction, c'est de
plus en plus difficile à cause des normes exigées par les
associations professionnelles des techniciens en construction, etc. Donc, c'est
surtout ceux-là que nous visons, ces gars-là.
On vise aussi le gars qui est rendu à 50 et quelques
années et qui n'est plus capable tellement d'exploiter sa ferme
marginale. Il vend son troupeau et son équipement agricole et se trouve,
à un moment donné, face à rien. Nous croyons que c'est un
marginal et qu'il pourrait être embauché pendant huit ou dix
semaines par un autre agriculteur qui lui, est rentable et a besoin de
main-d'oeuvre pour effectuer sur la ferme les travaux exigés par
l'employeur et qui sont nécessaires, d'ailleurs, pour le
développement rationnel de la ferme en question.
M. LESSARD: C'est un programme qui semble assez souple, mais le
problème qui
demeure et qui va continuer de demeurer, je pense bien, malgré le
fait que je puisse poser une quantité de questions au ministre, c'est
justement le problème du recrutement. Vous laissez cela à vos
agronomes régionaux, à vos bureaux locaux; vous laissez à
vos bureaux locaux le choix de déterminer si un agriculteur peut se
classer en vertu de ce programme ou ne pas se classer.
M. TOUPIN: A compter de critères, bien sûr. Là,
c'est la mesure générale qu'on a donnée mais on va envoyer
une directive, nous, à chacun des agronomes et il va y avoir des
formules à remplir. L'agriculteur qui a besoin d'une main-d'oeuvre va
s'adresser à un gars qu'il connaît et dire: Ecoute, je pense que
tu es éligible au programme; inscris-toi au bureau, on va les voir et on
défendra ton dossier tous les deux.
M. LESSARD: L'an dernier, puisque vous parlez de l'expérience de
l'an dernier, quel montant avait été prévu pour...
M. TOUPIN: Un million.
M. LESSARD: Un million. Combien avait été
dépensé?
M. TOUPIN: A peine $100,000. M. LESSARD: A peine $100,000. M. TOUPIN: A
peine $100,000.
M. LESSARD: Pas loin de $100,000? Beaucoup en bas de $100,000?
M. TOUPIN: Je vous ai donné tantôt la principale raison,
c'est que l'agriculteur trouve difficilement sa main-d'oeuvre parmi les
assistés sociaux. C'est évident.
C'est une fonction qui commande parfois trop de responsabilités
individuelles, et l'agriculteur n'est pas tellement porté à
prendre sa main-d'oeuvre parmi les assistés sociaux, à moins
qu'il ne l'ait pour rien.
Cela s'est déjà produit; des agriculteurs engageaient des
assistés sociaux, mais on lui donnait $8 ou $10 par semaine, alors on ne
déclarait pas l'emploi. Le gars continuait à recevoir son
assistance sociale, il venait travailler les journées où
ça le lui disait, ça ne réglait aucun problème,
absolument aucun problème, mais ça pouvait apporter un certain
nombre de solutions.
Je ne réponds pas à des questions, je raisonne tout haut,
pendant que le député de Saguenay discute avec le
député de Montmagny.
M. LESSARD: D'accord. Cette année, un programme de $250,000.
M. TOUPIN: C'est une première tranche. Je dois vous avouer que
c'est une première tranche, et si les $250,000 sont
dépensés en entier, il y en aura plus.
Il y a une chose que j'aimerais ajouter pendant qu'on est
là-dessus, si le député de Saguenay me le permet...
M. LESSARD: Certainement, M. le Président.
M. TOUPIN: II y a cette année un intérêt, de la part
des agriculteurs, qu'on n'a pas trouvé l'an dernier. Cette année,
à mon bureau, par exemple, ce matin, je rencontrais mes gars, deux
secrétaires particuliers qui m'ont dit: Depuis quatre ou cinq jours
ça fait au moins une bonne trentaine de téléphones et de
lettres qu'on reçoit de la part des agriculteurs pour avoir plus de
précisions. J'étais dans mon comté hier aussi j'ai
un comté qui n'est pas tellement grand du point de vue agricole, il y a
à peine 800 ou 900 agriculteurs et j'ai reçu plusieurs
appels téléphoniques où on me demandait des
précisions. Donc, cette année, il y a un intérêt
qu'il n'y avait pas l'an dernier. Je pense que cette année on va
atteindre une partie des objectifs qu'on s'est fixés.
M. LESSARD: Au programme 2, M. le Président, je ne sais pas si on
avait commencé à entamer la discussion, est-ce que le ministre
pourrait nous résumer les objectifs de ce programme de telle
façon qu'on puisse bien discuter à l'intérieur de ces
objectifs?
M. TOUPIN: A l'élément 2.
M. LESSARD: C'est-à-dire au programme 3, élément 2,
excusez.
Réaménagement foncier
M. TOUPIN: C'est ça, élément 2. Bon. C'est le
réaménagement foncier, ce sont tous des programmes qui se situent
dans le cadre des ententes fédérales-provinciales au niveau de
TARDA ou au niveau de FODER. Ce sont les ententes spéciales du
Bas-Saint-Laurent. C'est l'entente spéciale du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
et c'est l'entente spéciale de l'Abitibi.
Le programme de réaménagement foncier consiste en
plusieurs phases dont les principales sont les suivantes: Si un agriculteur est
situé dans un coin de municipalité ou de paroisse où il
devient presque impossible d'exploiter sa ferme, on lui offre de s'installer
ailleurs et on lui verse des indemnités qu'on peut appeler, par exemple,
de désuétude, etc. pour qu'il puisse se réinstaller. C'est
le principal élément, d'ailleurs, du programme de
réaménagement foncier. Si on le pousse plus loin, il y a d'autres
subventions d'incitation. Par
exemple, un gars qui déménage de telle région
à telle autre pourra peut-être avoir droit à la subvention
pour l'élevage bovin. Mais la subvention de l'élevage bovin ne se
situe pas nécessairement dans le programme de
réaménagement foncier mais fait partie d'un tout, d'une politique
agricole dont le programme de réaménagement foncier constitue un
élément.
M. LESSARD: Maintenant...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères avait demandé la parole. Est-ce sur le même
sujet?
M. OSTIGUY: Non, je voulais simplement rappeler à la commission
que nous devions, je pense, étudier le programme je ne me
souviens plus du numéro de l'assainissement des eaux.
C'était le but, ce matin. Nous allons jusqu'à quelle heure, M. le
Président?
M. LESSARD: M. le Président, il nous reste le programme 3 et le
programme 7 à discuter. Suite aux ententes des leaders parlementaires,
nous avons la possibilité de siéger une journée,
c'est-à-dire jusqu'à dix heures et demie, ce soir, ou onze
heures, selon ce qu'on décidera. Je pense bien qu'il est possible de
passer le programme 3 et le programme 7 facilement aujourd'hui, d'autant plus
que sur le programme 7 je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de discussions
puisqu'on les a faites au cours des programmes précédents.
C'est la gestion interne et administrative.
M. OSTIGUY: On ne l'avait pas adopté, ce programme-là?
M. LESSARD: Non.
M. TOUPIN: ... c'est de la gestion. On pourrait l'adopter comme
ça, tout d'un coup...
LE PRESIDENT (M. Séguin): La question du député de
Verchères.
M. OSTIGUY: II y a une question qui me préoccupe beaucoup, c'est
l'assainissement des...
M. LESSARD: M. le Président, je pense que le député
a parfaitement raison. C'est le principal programme, je pense bien. Quant
à moi, j'ai surtout l'intention de discuter de ce programme et non pas
m'attarder trop longtemps sur certains programmes qui seraient peut-être
d'intérêt mineur.
M. OSTIGUY: Je remercie mon cher collègue de Saguenay.
M. LESSARD: C'était d'ailleurs l'objectif... M. TOUPIN:
J'aimerais faire valoir un point de vue, si le député de Saguenay
me le permet. C'est que j'ai des engagements pour ce soir. C'est arrivé
un peu, je ne dirais pas à l'improviste mais un peu rapidement. J'ai des
engagements, ce soir, d'abord à quatre heures trente, avec la chambre de
commerce, et j'ai aussi des engagements en cours de soirée, à
l'extérieur de la ville de Québec, au Cap-de-la-Madeleine.
Je reste persuadé, M. le Président, que si on acceptait
d'ajourner vers midi et demi, on parviendrait à passer à travers
tous les éléments.
M. LESSARD: Je l'espère. Est-ce que vous avez des engagements
entre quatre heures et six heures?
M. TOUPIN: Oui, j'ai un engagement à quatre heures trente avec la
chambre de commerce.
M. LESSARD: A ce moment-là, ce que je peux suggérer, M. le
Président, c'est qu'on discute, comme le désirait tout à
l'heure le député de Boucherville, je pense...
UNE VOIX: De Verchères.
M. LESSARD: De Verchères, excusez-moi. On peut discuter, M. le
Président, d'assainissement des sols, tout le service hydraulique...
M. OSTIGUY: ... M. le Président...
M. LESSARD: ... quitte à revenir sur les programmes
précédents, si nous en avons le temps.
M. TOUPIN: En tout cas, M. le Président, en plus de celui qu'a
mentionné le député...
M. LESSARD: Ilya l'élément 3.
M. TOUPIN: ... du nouveau comté de Boucherville ou le
député de Verchères, il y a l'élément 2 et
l'élément 3, qui sont des éléments... Là, on
vient de discuter un peu de l'élément 2. L'élément
3, Mise en valeur des productions animales, j'aimerais qu'on en discute un
peu.
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: Quant aux autres éléments, ils sont, je pense,
moins importants.
M. LESSARD: A l'élément 2, j'aurais quelques questions
assez brèves.
M. TOUPIN: Oui, d'accord.
M. LESSARD: D'abord, ce que je voudrais savoir, c'est que dans cet
objectif de réaménagement foncier et dans les objectifs
visés par
le gouvernement fédéral dans le rachat des petites fermes,
cela tourne...
M. TOUPIN: Cela a une certaine concordance mais ce sont, au fond, deux
programmes essentiellement différents. Cela peut avoir une certaine
concordance. C'est que dans le programme de réaménagement
foncier, on verse des subventions à celui qui vend pour
désuétude, c'est-à-dire ses bâtiments, etc., alors
que dans le programme des petites fermes, le vendeur reçoit une
subvention fixe du gouvernement fédéral qui ne tient compte ni
des désuétudes, etc. C'est une subvention qui peut atteindre
$3,000, avec un minimum de $1,500, et le prix de la vente de la terre du
vendeur ne doit pas excéder $20,000. L'acheteur, lui, n'a aucun
avantage, sauf un crédit spécial, mais c'est au taux
d'intérêt courant du marché. Donc, il n'y a pas
d'intérêt pour un acheteur à se prévaloir du
crédit spécial du gouvernement fédéral. La plupart
du temps, l'acheteur se prévaut ou du crédit traditionnel du
gouvernement fédéral, ou du crédit traditionnel du
gouvernement provincial, plus particulièrement du gouvernement
provincial, et le vendeur a sa subvention, un minimum de $1,500 pouvant aller
jusqu'à $3,000, à condition que le prix de la vente de sa ferme
n'excède pas $20,000.
Mais on demande un amendement, cette année, pour que le montant
de la vente se rende jusqu'à $30,000.
M. LESSARD: Maintenant, je pense, quand même, que cela a des
relations assez directes avec les programmes comme ARDA ou les programmes
prévisibles peut-être entre le fédéral et le
provincial, tel qu'on en a vu dans le passé. Est-ce qu'au
ministère de l'Agriculture une recherche s'est faite sur le nombre de
fermes qui sont disponibles actuellement? Je parle des fermes qui sont
actuellement vacantes, qui ne sont pas en exploitation. Avez-vous fait des
recherches sur ça? En connaissez-vous le nombre? Suivez-vous de
près le programme d'achat du gouvernement fédéral, par
exemple? Combien de petites fermes ont été rachetées par
la Société fédérale de crédit agricole au
Québec? C'est très important, parce que vous avez, après
18 mois, une clause de transfert du gouvernement fédéral, lorsque
la ferme ne s'est pas vendue. Je pense que cela ne fait pas 17 mois que le
programme a été mis en fonction.
M. TOUPIN: Actuellement, précisément à cause du
fait que le programme est en place depuis à peu près 15 ou 18
mois, pas tout à fait encore, et à cause du fait qu'on a pris au
moins 6 ou 7 mois pour le roder, pour diffuser l'information, etc., les
données disponibles, jusqu'à ce jour, sur l'application du
programme conjoint des petites fermes sont encore à l'état
fragmentaire. Nous en avons; bien sûr nous savons combien il y a eu de
transactions, combien de gars ont reçu des subventions, etc. Ils ne
sont, d'ailleurs, pas tellement nombreux jusqu'à maintenant. Le
sous-ministre me dit que le nombre de transactions qui se sont
effectuées jusqu'à maintenant est en bas de 20.
Mais les autres parties du programme, celle, par exemple, suivant
laquelle si le gouvernement fédéral ne trouve pas d'acheteur pour
la ferme qu'il a acquise, elle est retournée au gouvernement provincial,
de tels cas ne se sont pas encore produits.
M. LESSARD: On va noter: A discuter l'an prochain.
M. TOUPIN: L'an prochain, on aura des données
là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Elément 2, adopté?
M. LESSARD: Sur la spéculation foncière?
M. TOUPIN: Bon, sur la spéculation foncière justement, je
ne veux pas éviter la question, je voulais y revenir. Si le
député de Saguenay me le permet, là-dessus, nous sommes
à préparer une loi nous l'avons déjà
annoncée et lorsque nous déposerons la loi, nous
déposerons en même temps un programme de zonage; et dans celui-ci,
vous verrez avec nous combien il y a de milliers d'acres de sol arable au
Québec qui sont incultes, c'est-à-dire qui sont
inexploitées présentement.
M. LESSARD: Donc, M. le Président, à discuter lors du
dépôt du projet de loi.
M. TOUPIN: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Bien, élément 2,
adopté?
M. LESSARD: Elément 2, adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Bon. Alors, élément
3.
Mise en valeur des productions animales
M. LESSARD: Bon, mise en valeur des productions animales, $16
millions.
M. TOUPIN: C'est un des gros programmes du ministère.
M. LESSARD: Est-ce que, dans ces $16 millions, est comprise l'aide aux
producteurs de porc?
M. TOUPIN: Non.
M. LESSARD: C'est un programme spécial? Est-ce que le ministre
pourrait nous faire un résumé?
M. TOUPIN: Je pourrais vous donner dans les grandes lignes ce qui entre
dans ce programme. D'abord, il y a le programme d'amélioration des
troupeaux qui comprend la génétique, etc.
M. LESSARD: L'insémination artificielle. M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre va s'en occuper?
M. TOUPIN: Oui, je vais vous en dire un mot, d'ailleurs.
M. LESSARD: Les 450,000 vaches.
M. TOUPIN: Entrent là-dedans les subventions pour la production
bovine; le Centre d'insémination artificielle du Québec; le
magasin des médicaments vétérinaires, les services
vétérinaires, etc., au fond, tout ce qui touche la production
animale agricole au Québec. C'est un des plus gros programmes du
ministère. C'est un des plus importants aussi parce que c'est à
compter de ce programme qu'on oriente le développement des productions
animales au Québec, tant laitières que bovines, ovines, porcines,
etc. C'est tout le programme des productions.
Evidemment, l'élément 4, c'est le programme des
productions végétales où vous retrouvez beaucoup moins
parce que les interventions gouvernementales dans le domaine des productions
végétales sont beaucoup moins substantielles que dans la mise en
valeur des productions animales.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, si le député de
Saguenay me permet un mot sur le cas que le ministre vient de soulever,
l'insémination.
M. LESSARD: C'est-à-dire pas le député de Saguenay,
question de règlement. Le député de Saguenay ne peut rien
permettre, c'est le président.
M. OSTIGUY: J'ai dit, s'il me permet; je me suis adressé au
président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II ne faudrait pas là...
M. LESSARD: Je voudrais qu'on respecte, M. le Président,
la...
LE PRESIDENT (M. Séguin): On va com- mencer par revenir au
député de Verchères, si vous voulez.
M. OSTIGUY: M. le Président, je voudrais poser la question
suivante au ministre: Dans le cas de l'insémination artificielle, on a
beaucoup de représentations qui sont faites dans nos milieux ruraux,
actuellement. Je sais qu'il y a des négociations en cours entre les
inséminateurs et les cercles, n'est-ce pas. Maintenant, on me rapportait
que ce que demandent les inséminateurs c'est $5 contrairement à
$4 auparavant. C'est ça?
M. TOUPIN: Bien, ils demandent une augmentation de $1.25...
M. OSTIGUY: C'est ça.
M. TOUPIN: ... mais ça comprend plus.
M. OSTIGUY: Sur la reprise, $5 sur la reprise au lieu de $2
auparavant.
M. TOUPIN: Cela fait une moyenne de $1.25 pour la première.
M. OSTIGUY: Est-ce que le minsitre entend prendre des dispositions afin
de palier ce conflit qui existe actuellement? Où en sont rendues les
négociations?
M. TOUPIN: Evidemment, on va répondre à la question. C'est
du...
M. LESSARD: Entre gens sérieux, cette fois.
M. TOUPIN: C'est ce que j'allais dire. On va répondre en prenant
ce problème très au sérieux. Ce qui se produit au fond,
c'est que l'insémination artificielle au Québec est faite
à compter de personnes spécialisées dans le secteur, en
tant que techniciens, qu'on appelle des inséminateurs. Ces derniers sont
à l'emploi de CAB, c'est-à-dire de cercles d'amélioration
du bétail. Les CAB sont constitués légalement et ils ont
à décider des montants que doivent payer les agriculteurs pour
faire inséminer une vache laitière ou un autre type de vaches,
dans un autre type de production. Les inséminateurs, par
conséquent, n'ont pas le pouvoir de décider l'augmentation des
montants que doivent payer les agriculteurs, si les CAB n'ont pas
accepté cette augmentation par voie de résolution.
Or, l'employeur réel d'un inséminateur, c'est son cercle
d'amélioration du bétail. Il existe présentement des
conflits sérieux. Il existe des inséminateurs qui sont à
la fois des employeurs et des employés. On sait que les cercles
d'amélioration du bétail ont besoin de secrétaires.
Très souvent, le secrétaire est un inséminateur et, par
conséquent, il a à décider, en tant que secrétaire
employé du cercle on sait quel rôle joue un
secrétaire gérant dans une entreprise
de ses propres indemnités à percevoir au niveau de son
service d'insémination.
Donc, il y a là, je ne dirai pas une anomalie, mais un conflit
d'intérêts auquel il faut trouver une solution définitive.
Les inséminateurs nous ont préparé, au ministère,
une convention pour fins de négociation, laquelle ignore ou à peu
près le rôle des cercles d'amélioration du bétail.
Le ministère n'a pas l'intention de prendre la place de quiconque dans
ce secteur. Chacun doit prendre ses responsabilités au niveau où
elles se trouvent. Si les inséminateurs sont mécontents des
sommes qu'ils reçoivent présentement des producteurs, qu'ils
s'adressent à leur cercle d'amélioration du bétail, qu'ils
fassent adopter une résolution, qu'ils fassent accepter cette
résolution par les membres du cercle et, après, ils pourront
agir.
Nous du ministère, nous déciderons, après coup,
s'il y a lieu de repenser notre subvention ou pas. Alors, la décision du
ministère est simplement d'augmenter ou de diminuer la subvention que
nous versons aux cercles d'amélioration du bétail pour fins
d'insémination artificielle. Ils sont représentés
présentement par un avocat qui s'y connaît en la matière,
Me Chapados, qui a discuté et qui a négocié presque toutes
les conventions des professionnels avec le gouvernement. Alors, Me Chapados
connaît bien les problèmes.
J'ai eu un contact avec lui déjà et je lui ai dit
clairement ce que je vous dis aujourd'hui, que nous n'avons l'intention de
prendre la place de personne. Si les cercles d'amélioration du
bétail au Québec veulent se former une fédération
et veulent négocier sur le plan provincial avec l'Association des
inséminateurs, nous ne voyons pas d'inconvénient, quant à
nous, à être partie, en tant qu'observateurs seulement des
négociations, en vue de protéger jusqu'à un certain point
le programme que nous avons, nous, mis de l'avant. Mais nous ne pouvons pas
être le principal agent négociateur, à moins qu'une
fédération provinciale de CAB se forme et que la
fédération provinciale dise :
Nous, par voie de résolution, on remet en totalité, entre
les mains du ministère, la responsabilité de
l'insémination artificielle au Québec. Quant à nous, ce
n'est pas possible d'y penser. Nous avons voulu que ce programme soit
réalisé et suivi par les producteurs et nous n'avons pas
l'intention, parce que des inséminateurs veulent obtenir plus que ce
qu'ils ont, d'enlever à des producteurs des responsabilités
qu'ils ont déjà. Donc, nous nous orientons vraiment vers une
entente entre les CAB, soit sur le plan d'une fédération ou sur
le plan local avec les inséminateurs; après, si des ententes sont
signées, nous ne voyons pas, nous, d'inconvénient à
regarder ce que nous pouvons faire au niveau de notre subvention, mais il ne
faudrait pas que les ententes soient trop généreuses.
M. OSTIGUY: II y a combien de ces cercles fondés au
Québec? Deux questions très rapides. Et lorsque vous parlez des
CAB qui sont légalement créés, est-ce une corporation avec
une charte?
M. TOUPIN: Légalement constitués. M. OSTIGUY:
Légalement constitués.
M. TOUPIN: Ils ont le droit de se fédérer s'ils veulent,
ils ont tous les droits d'une corporation privée.
M. LESSARD: Combien?
M. TOUPIN: On les compte, là. Il y en a plusieurs, il y en a dans
toutes les régions, maintenant.
M. OSTIGUY: Dans toutes les régions?
M. TOUPIN: Oui. Il y a deux ans, on a tout refait cela. Il y avait des
régions où il n'y en avait pas et où on se
prévalait des services qui venaient de l'Ontario. On en a discuté
souvent, d'ailleurs, avec le député de Huntingdon du temps.
M. OSTIGUY: Oui, c'est là que je veux en venir. Si on se reporte
à une couple d'années, il y avait des germes qui venaient des
autres provinces, il en venait des Etats-Unis et à un moment
donné, je pense, le ministère de l'Agriculture a tranché
la question et a dit: On a des...
M. TOUPIN: On a le service au Québec.
M. OSTIGUY: ... boeufs producteurs ici au Québec et on va se
servir des germes de la province de Québec. Vous dites que vous
êtes une partie à part, que vous êtes en dehors des
négociations; par contre, c'est subventionné par le
ministère de l'Agriculture.
M. TOUPIN: Dans le cadre d'un programme.
M. OSTIGUY: C'est quoi, la subvention, justement?
M. TOUPIN: Nous, c'est une subvention... M. OSTIGUY: Par bête, par
animal?
M. TOUPIN: ... que nous versons par agriculteur, selon le nombre
d'inséminations qu'il fait dans son troupeau.
M. OSTIGUY: Par exemple, un agriculteur de 50 vaches
laitières?
M. TOUPIN: Mon sous-ministre va vous donner les proportions que nous
versons.
Il y a actuellement 102 Cercles d'amélioration du bétail
constitués au Québec qui va-
rient suivant les catégories, c'est-à-dire deux facteurs:
Un facteur de distance, par rapport à un centre établi, qui tient
compte des distances à parcourir et, l'autre facteur, le nombre de
vaches dans un secteur donné. Si on met en abscisse et en
ordonnée chacun des facteurs, nous avons établi, comme programme
budgétaire du ministère de l'Agriculture, que l'agriculteur,
où qu'il soit situé dans la province de Québec, ne paie
pour l'insémination que $4; c'est la part de l'agriculteur.
Quant à nous, du ministère de l'Agriculture, suivant les
variations qui s'exercent au niveau de ces 102 CAB, la portion payée par
le ministère de l'Agriculture peut varier. Si vous voulez un exemple,
à tout hasard, si on prend Acton Vale, à ce moment-là la
part de ministère de l'Agriculture est de $2.50; par contre, si nous
allons dans la région du Bas-Saint-Laurent, nommons un endroit en
particulier...
M. OSTIGUY: Le Saguenay. Baie-Comeau.
M. LESSARD: On est mieux d'aller dans la région de Rimouski.
M. TOUPIN: ... Le Bic, par exemple, où nous versons $3.50; dans
Charlevoix, nous versons $6.
M. OSTIGUY: Saint-Hyacinthe?
M. TOUPIN: A Saint-Hyacinthe, prenons un coin que vous pouvez
connaître, disons Marieville, nous versons $2.
M. OSTIGUY: Et ça coûte à l'agriculteur $4.
M. TOUPIN: $4, où qu'il soit situé dans la province de
Québec.
M. OSTIGUY: Et vous versez la subvention qui varie selon les distances
et les régions.
M. TOUPIN: Les distances et le nombre de vaches à
inséminer dans un territoire donné.
M. OSTIGUY: Maintenant, dans le cas de la reprise qui était de $2
autrefois, aujourd'hui les inséminateurs demandent $5. Est-ce qu'il n'y
a pas une différence qui est un peu trop grande?
M. TOUPIN: Cela fera partie des discussions qui devront être
entreprises entre l'Association des inséminateurs et les cercles de
l'amélioration du bétail ou leur fédération, s'ils
jugent à propos d'en former une, parce que comme on l'a indiqué
tout à l'heure, cette tâche de fixer les montants d'argent
nécessaires pour faire fonctionner un cercle d'amélioration du
bétail est la responsabilité première du bureau de
direction d'un cercle d'amélioration du bétail. Ensuite, le
ministère de l'Agriculture juge du degré d'intervention qu'il
doit apporter pour équilibrer le coût au niveau de
l'agriculteur.
M. OSTIGUY: Mais actuellement, je m'excuse, s'il y a des agriculteurs
on sait qu'il y a des moments bien précis, des journées
bien précises pour la saillie qui refusent de se servir
d'insémination artificielle, vous ne pensez pas qu'on peut quand
même s'embarquer dans un problème assez grave? C'est que la
reproduction du bétail ne se fera pas. Je sais qu'il y a des
agriculteurs qui menacent de faire peut-être une espèce de petite
grève, c'est-à-dire qu'ils vont s'opposer à prendre les
services d'un inséminateur. Qu'est-ce qui va nous arriver? Est-ce que
vous prévoyez que le cas devra se régler dans un avenir à
court terme ou si on va être obligé d'acheter des boeufs?
M. LESSARD: II fait appel au ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: Le troisième choix, on va le mettre de
côté. Il y a deux choix bien précis: le premier, c'est que
le gars s'équipe lui-même de son propre reproducteur ou bien il
attend 21 jours pour se prévaloir à nouveau de la mesure. Parce
qu'on peut faire ça à tous les 21 jours.
M. OSTIGUY: Est-ce qu'on pourrait faire affaire avec le
député de Verdun aussi peut-être?
M. TOUPIN: Bien sûr, c'est une question de technique. Deux heures
de cours.
M. CARON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Berthier.
M. TOUPIN: J'aimerais, M. le Président, apporter une
précision. Il va bien falloir que les inséminateurs du
Québec comprennent une chose. C'est que si les inséminateurs du
Québec sont sérieux, s'ils veulent en arriver à des
ententes qui soient acceptables, il me parait évident que ces gars
doivent être capables de discuter sérieusement avec des
agriculteurs sérieux. Je ne vois pas pourquoi les inséminateurs
auraient plus ou moins recours au chantage pour casser les reins des
producteurs. Il me semble que ce n'est pas acceptable dans le contexte
actuel.
Que ces gars discutent donc avec leur employeur, qu'ils s'entendent donc
pour former une fédération dans le plus bref délai. Il est
possible que d'ici deux ou trois mois on soit en mesure d'entreprendre, nous
comme observateurs, les CAB fédérés comme employeurs, une
négociation, quitte pour nous, à ajuster notre programme,
à un moment donné, là-dessus. De toute façon on ne
peut rien changer pour cette année parce que les budgets disponibles
sont là, à moins qu'on accepte d'aller en budget
supplé-
mentaire sur ce programme, mais nous avons ce qu'il faut actuellement
pour satisfaire les besoins dans le cadre du programme actuel.
M. OSTIGUY: M. le ministre, lorsque je vous parle, je ne vous parle pas
au nom d'un comté, je vous parle au nom d'une région. Par
exemple, la région agricole no 6, vous savez fort bien que ça
couvre une quantité de comtés où l'industrie
laitière est prédominante actuellement. En plus de ça, je
sais que les inséminateurs sont payés selon le nombre de bestiaux
qu'il y a dans un cercle. Alors, est-ce qu'il y a négociation sur ce
point? Je n'ai pas les chiffres en tête, mais je pense que 11,000 vaches
donnent tant, et il y a une échelle de prix.
M. TOUPIN: II n'y a absolument rien eu à ce jour comme entente
par voie de négociation. Des propositions nous ont été
faites. Nous avons rencontré le sous-ministre responsable. Le Dr Camille
Julien a rencontré l'Association des inséminateurs et on a
communiqué avec les CAB, leur disant ce que je vous ai dit tantôt.
Chacun sa responsabilité, chacun à sa place. Nous croyons que,
dans cette perspective, les vaches seront bien servies ou bien gardées,
mais à condition que chacun prenne bien ses responsabilités.
Moi, je ne vois pas d'inconvénient à regarder avec les
inséminateurs comment on peut régler le problème, mais je
vois de gros inconvénients par exemple à remplacer
là-dedans le producteur. Pourquoi, alors, mettre de l'avant des formules
de décentralisation pour faire participer les producteurs à des
programmes quand des employés des producteurs, tout compte fait, disent:
Non, non! ce n'est plus vrai, ça, ce n'est plus bon, ces gars ne sont
pas capables de négocier avec nous, ils sont mal équipés,
ils sont mal organisés, ça ne tient pas? Cela ne tient pas du
tout. Que les inséminateurs aient la patience de laisser les cercles
s'organiser.
Je ne pense pas qu'il y ait aucun cercle actuellement, tout au
moins, cela n'a pas été porté à mon attention
qui se refuse à regarder le problème, pas plus que le
ministère. Mais on veut bien que cela se regarde dans une structure qui
est déjà établie et qu'on croit bonne, quant à
nous. Je n'ai pas l'intention, au ministère, de me retrouver, dans deux
ans ou dans six mois d'ici, avec tous les inséminateurs comme des
fonctionnaires. Ce sont des employés des producteurs, et c'est bien que
ça reste comme ça.
M. LESSARD: Si le président me permet, j'avais une
précision sur ça...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Une précision sur un point, le
député de Saguenay.
M. LESSARD: ... un point d'interrogation au ministre. Autrement dit, ce
que vous dites, ce sont les cercles d'amélioration de bétail qui
achètent, comme tels, les spermes.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. LESSARD: Bon. L'inséminateur est payé pour faire
l'insémination comme telle.
M. TOUPIN: Par son cercle.
M. LESSARD: Par son cercle. Alors, quand il demande $5.25, il demande
$5.25 pour l'acte qu'il fait...
M. TOUPIN: C'est ça.
M. LESSARD: ... et non pas pour le produit.
M. TOUPIN: C'est ça.
M. LESSARD: Le produit est fourni par le cercle, le CAB, cercle
d'amélioration du bétail?
M. TOUPIN: C'est exact.
M. LESSARD: Alors, si je comprends bien, il doit négocier avec
les CAB et non pas avec le ministère, parce que ce sont des
employés du ministère.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. LESSARD: J'ai compris.
M. OSTIGUY: Je pense qu'actuellement on est en train de soulever une
polémique dans ce secteur. Des agriculteurs m'ont même
rapporté, dans la région 6 en tout cas, que certains
inséminateurs mettaient en garde les agriculteurs contre la
non-participation, si vous voulez, du ministère de l'Agriculture, et que
cela irait même jusqu'à abolir le système d'assurance
animale contributoire. Est-ce que le ministre a l'intention d'abolir le
système d'assurance animale contributoire, actuellement, ou si ce sont
seulement des rumeurs qui circulent?
M. TOUPIN: C'est totalement différent. M. OSTIGUY: Oui, je
comprends mais... M. TOUPIN: C'est que le programme... M. OSTIGUY: ... on fait
un parallèle.
M. TOUPIN: Absolument pas. Nous, nos programmes qui sont
installés, qui sont en place, autant du point de vue de
l'assurance-santé animale que du point de vue de l'amélioration
du bétail dans l'ordre de l'insémination artificielle, ce sont
des programmes similaires. Dans le cas du programme d'assurance-santé
animale, nous intervenons au niveau des médecins
vétérinaires, et dans le cas de l'insémination
artificielle nous intervenons au niveau des CAB, des cercles
d'amélioration du bétail.
Nos programmes vont demeurer. Mais je ne voudrais pas que les
inséminateurs fassent planer sur la tête des producteurs
l'idée que nous allons abaodonner le programme parce que nous sommes
fermés à la négociation et tout ça. Absolument pas.
Nous sommes prêts à regarder le problème avec eux. Plus que
ça, c'est important qu'on le regarde, qu'on règle, par exemple,
un certain nombre de situations de conflits. L'inséminateur est à
la fois secrétaire du cercle, il est son propre employeur. Il y a,
à côté, de ses collègues, qui font la même
chose que lui, auxquels il donne des directives. Alors, cela devient, sur le
plan professionnel et sur le plan de l'engagement, des situations
intenables.
Alors, il va falloir corriger ces situations aussi. Si on entreprend de
négocier, on ne touchera pas seulement à la question des revenus.
On va toucher aussi d'autres problèmes qui sont, actuellement, de nature
à nuire à l'application du programme. Il n'est pas question, pour
nous, de toucher au programme. On va continuer de payer comme avant. Mais on
n'augmentera pas nos subventions parce qu'il y a dix inséminateurs au
Québec qui font courir le bruit qu'on va manquer notre coup cette
année, etc.
M. OSTIGUY: Maintenant, à quel endroit s'approvisionnent les
cercles pour avoir le sperme?
M. TOUPIN: Au Centre d'insémination artificielle de
Saint-Hyacinthe.
M. OSTIGUY: Uniquement là? M. TOUPIN: Uniquement.
M. OSTIGUY: Tout part de Saint-Hyacinthe.
M. TOUPIN: Toute semence vient de là.
M. OSTIGUY: Toute semence vient de Saint- Hyacinthe.
M. LESSARD: Mais les boeufs n'ont pas décidé de faire la
grève encore! Est-ce que vous allez être obligés de
respecter la ligne de piquetage?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Berthier.
M. DENIS: M. le Président, simplent une précision. Dans le
cas d'une reprise, cela coûte donc $9 maintenant au lieu de $6
antérieurement.
M. TOUPIN: Mais je ne sais pas si les agriculteurs vont accepter de
verser les montants exigés par les inséminateurs. Tout ce que je
puis vous dire, c'est que le CAB, le cercle d'amélioration du
bétail, devrait informer ses membres et dire: Cette augmentation
proposée par les inséminateurs est illégale. Nous, nous
n'avons pas de résolution qui la confirme. Vous n'êtes pas tenus
de la payer.
M. DENIS: Dans ma région, les cultivateurs semblent assez
inquiets de ce genre d'augmentation, de la façon dont cette augmentation
est décidée. Dans vos propos tantôt j'ai compris que le
ministère de l'Agriculture était impliqué dans les
négociations. Le ministère de l'Agriculture était bien
conscient du problème.
M. TOUPIN: Conscient du problème. Les CAB vont se réunir
bientôt je pense que c'est cette semaine ou la semaine prochaine
à Saint-Hyacinthe, pour tenter de former une association
provinciale. Je comprends que négocier avec combien de cercles?
102 cercles, cela devient complexe.
M. DENIS: Oui, d'accord.
M. TOUPIN: Mais qu'on forme une fédération et que la
fédération délègue un comité de
négociation, qu'on commence à négocier avec les
inséminateurs sur des conditions de base.
Nous, nous ne voyons pas d'inconvénient à participer comme
observateurs. On pourra peut-être même donner des indications assez
nettes sur les programmes que nous avons. On sait fort bien que, si on veut
maintenir les coûts de l'insémination à des niveaux
abordables, il va bien falloir que le ministère pense à augmenter
sa subvention, si jamais il y a augmentation des coûts de façon
substantielle à la ferme. Cependant, on n'est pas prêt à
céder comme ça, tout d'un coup, parce que des
inséminateurs ont décidé que c'était $5 pour une
reprise, au lieu de $2, etc.
Ce sont des formes d'action qu'aucun gouvernement, qu'aucun
ministère ne peut accepter. Evidemment, c'est à se demander ce
qu'on ferait si, demain matin, les députés arrêtaient de
siéger parce qu'ils veulent avoir plus que ce qu'ils ont, sans en
discuter avec le gouvernement.
M. OSTIGUY: Sur le même sujet, si le député de
Berthier me le permet, sur quels critères se basent les
inséminateurs, actuellement, pour demander cette augmentation?
M. TOUPIN: On n'en a pas d'idée plus qu'il ne faut. C'est une
question de coûts. Il y a plus que cela. Il y a des questions de
coûts et il y a des questions aussi de secrétaires de cercles qui
veulent des augmentations de salaire peut-être plus substantielles, faire
faire l'insémination par les autres, etc. Il y a tous ces
problèmes-là.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ne veux pas intervenir. Est-ce que
le député de Berthier a terminé?
M. DENIS: Cela me rassure. Le ministère de l'Agriculture semble
conscient du problème.
M. TOUPIN: On suit de très près la situation,
d'ailleurs.
LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. MASSICOTTE: M. le Président, justement, suite à ces
discussions, je pense qu'un des responsables de votre ministère avait
adressé une lettre importante à chaque président de CRD,
pour expliquer la situation.
M. TOUPIN: C'est exact.
M. MASSICOTTE: Alors, quels résultats ou quels commentaires
auriez-vous reçus de cette lettre?
M. TOUPIN: Les CRD ont recommuniqué avec nous par
téléphone ou autrement, nous ont demandé davantage de
précisions. Nous avons incité les CRD à se regrouper pour
qu'ils puissent voir le problème, non pas les sept pris
isolément, mais ensemble et prendre des positions de principe.
Même si l'association provinciale n'est pas formée, je pense
qu'ils peuvent prendre des décisions de principe et dire: D'accord, on
accepte le principe de négocier, par exemple; on accepte le principe
que, d'ici à ce qu'un comité de négociation soit en place,
il n'est pas question d'augmenter les montants, etc. Prendre trois ou quatre
bonnes décisions de principe et après cela, structurer
l'organisation. Nous sommes prêts, même nous, au ministère,
à mettre à leur disposition des services, certains moyens
techniques pour les aider à se fédérer, à mettre
des observateurs à leur disposition, etc.
M. MASSICOTTE: Maintenant, du côté technique, tantôt,
on parlait de coûts. Pour l'insémination, actuellement, la reprise
serait à quel pourcentage, dans la province, en moyenne?
M. TOUPIN: Je n'ai pas cela en mémoire.
M. MASSICOTTE: Je sais que, dans certaines régions, on mentionne
à peu près 1.7 p.c, n'est-ce pas?
M. TOUPIN: C'est très variable. C'est qu'il y a plusieurs
facteurs. Vous êtes dans du matériel vivant. C'est une question
d'évaluation, parce qu'il y a une période de seize heures qu'on
doit évaluer adéquatement pour que le tout fonctionne
normalement. Alors, il y a plusieurs facteurs d'observation visuelle ou autre,
qui entrent en ligne de compte là-dedans.
M. MASSICOTTE: Oui, mais par les statistiques, des paiements que vous
avez effectués, on peut facilement l'obtenir.
M. TOUPIN: Oui, oui. On sait combien ils ont de reprises, mais le
problème que le sous-ministre veut expliquer, c'est que, dans des
régions, les reprises peuvent être de 0.9 p.c. et, dans d'autres
régions, cela peut être de 30 p.c. ou de 28 p.c, dépendant
de bien des facteurs.
Dans les régions où on a introduit l'insémination
il y a dix ans ou cinq ans, les agriculteurs ont plus d'expérience,
connaissent mieux leurs troupeaux.
Il y a des régions où l'insémination est
commencée il y a deux ans; là les producteurs connaissent encore
assez mal leur troupeau, ont de la difficulté à déterminer
exactement les périodes de fécondité.
M. MASSICOTTE: Le projet actuellement, avec les subventions qui sont
données aux CAB, se chiffrent par combien annuellement?
M. TOUPIN: C'est environ $1,300,000 ou $1,250,000.
M. MASSICOTTE: Pour 400,000 vaches.
M. TOUPIN: Pour 457,139 vaches, au 31 mars 1974.
Pendant que nous sommes sur ce point, il est aussi important de
souligner que, depuis que nous avons changé notre programme, nous avons
doublé l'insémination artificielle au Québec; de 200,000
nous sommes passés à 400,000. Si nous ne sommes pas en haut de
l'Ontario actuellement, nous sommes proches.
Du point de vue du pourcentage, nous sommes très près. Au
rythme où va le programme, je pense bien que les agriculteurs ont
réalisé l'importance d'utiliser adéquatement un taureau de
qualité génétique exceptionnelle. Je pense que
là-dessus le Centre d'insémination artificielle de
Saint-Hyacinthe est en mesure de fournir et il se compare à n'importe
quel centre qui existe au Canada et en Amérique du Nord.
M. MASSICOTTE: M. le Président, ne serait-il pas bon de
mentionner qu'un de nos taureaux a remporté un championnat au Toronto
Royal Winter Fair?
M. TOUPIN: L'an dernier, nous avons remporté le grand championnat
canadien avec l'un de nos taureaux et c'est une indication de la
sélection très sérieuse qui est faite par les responsables
de ce centre au niveau de la qualité génétique des
taureaux.
M. OSTIGUY: M. le Président, pour l'information des membres de
cette commission, le ministre accepterait-il de déposer cette lettre qui
a été envoyée aux CAB?
M. TOUPIN: Je n'y vois pas d'inconvénient, M. le
Président; cet après-midi j'apporterai une copie de la lettre qui
a été envoyée aux CAB et je la déposerai. Elle est
publique de toute façon.
M. OSTIGUY: Pour l'information des mem-
bres de la commission et de l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, j'aurais encore deux questions.
D'abord pour que ce soit bien clair, est-ce que les inséminateurs ont
des contrats avec les CAB?
M. TOUPIN: Non, c'est-à-dire qu'ils ont un contrat
d'engagement.
M. LESSARD: Dans ce contrat d'engagement est-ce que le prix de l'acte
d'insémination est déterminé?
M. TOUPIN: Non, peut-être que oui mais le prix est
déterminé surtout dans la mesure gouvernementale qui a
été mise de l'avant et, lorsque nous avons instauré cette
mesure, nous avions consulté certains CAB. Nous devons avouer que nous
ne les avons pas tous consultés à ce moment-là, mais cette
mesure était attendue depuis tellement longtemps que personne n'en a
vraiment senti le besoin.
M. LESSARD: Ce qui veut dire, pour être bien clair, que les
inséminateurs actuellement ne sont pas formés en association de
négociation.
M. TOUPIN: Ils ont une association professionnelle des
inséminateurs qui est reconnue et qui est légalement
constituée mais qui est provinciale. C'est fait pour sauvegarder les
intérêts professionnels, et cette association, jusqu'à
maintenant, s'est beaucoup plus limitée à des assemblées
annuelles sur des points techniques, de promotion du programme. On doit
reconnaître que vraiment les inséminateurs ont été
parmi les éléments les plus importants pour la promotion du
programme au cours des deux ou trois dernières années, ce qui a
fait qu'on est parti de 200,000 pour se rendre à 400,000 vaches. Alors,
on reconnaît qu'ils ont fait un excellent travail.
M.LESSARD: Et on ne peut pas parler de contrat de travail actuellement
comme c'est le cas, par exemple, au niveau des compagnies?
M. TOUPIN: Non, ils n'ont pas de contrats aussi fermes que ça,
ils ont sans doute des contrats, mais ce ne sont pas des contrats aussi
détaillés, etc.
M. LESSARD: Le producteur comme tel lui, lorsqu'il profite de ce service
d'insémination artificielle, paie directement ses $4 à
l'insémina-teur et non pas au CAB.
M. TOUPIN: Je ne sais pas exactement comment se font les versements mais
habituelle- ment c'est plus pratique de payer à l'inséminateur.
Ce dernier le remet à son cercle pour que lui, par la suite, puisse
faire...
M. LESSARD: Mais, il n'y a pas de problème tant et aussi
longtemps que les inséminateurs acceptent le prix. Maintenant,
étant donné que cette augmentation devait se faire le 15 juin,
samedi dernier, est-ce qu'on a reçu des nouvelles, est-ce qu'il y a
...?
M. DENIS: Dans ma région, c'est selon les nouveaux taux.
M. LESSARD: Selon les nouveaux taux. Dans ce cas, si l'agriculteur est
aux prises avec un problème sérieux, est-ce qu'il doit, dans ces
circonstances, puisque le député de Berthier, je pense, a
reçu certaines nouvelles à ce sujet, payer la somme exigée
par l'inséminateur?
M. DENIS: Bien, il n'a pas le choix, en fait. Il n'a pas le service s'il
ne paie pas selon les nouveaux taux.
M. TOUPIN: On verra. Moi, je suis bien conscient que des agriculteurs
probablement vont dire: D'accord, on va payer quand même parce que c'est
important. Mais il reste une chose, c'est que c'est fait de façon
illégale. Si j'étais, quant à moi, président de
CAB, je dirais à l'inséminateur: Les $5 que tu vas toucher vont
revenir au cercle et, quand la convention sera signée, si jamais il y en
a une, on verra comment maintenant on va régler ce problème. Je
trouve ça, personnellement, pas tellement élégant de la
part des inséminateurs d'agir ainsi. C'est placer le producteur face
à une situation où, au fond, son entreprise est jusqu'à un
certain point compromise. Le gars qui n'a pas de taureau reproducteur et qui
s'est toujours prévalu de l'insémination artificielle, qui a 25
ou 30 unités, ça va lui coûter cette année combien
en plus? $150 ou $200; bien sûr que le gars ne prendra pas le risque de
compromettre son élevage. Il va dire: Je vais m'en prévaloir.
Mais je ne trouve pas cela très élégant de la part des
inséminateurs d'agir ainsi. Tout compte fait, je trouve que c'est agir
sans vraiment comprendre ce que ça signifie que de s'engager dans une
négociation qui implique autant des valeurs économiques que des
fermes laitières au Québec.
Si le ministère tout d'un coup disait: Ecoutez, oui, d'accord,
vous prenez $5 de plus, bien, on va ajouter, nous, $3 ou $4, il n'y aurait plus
rien à faire de mon côté. L'an prochain, ils vont mettre
$10 et, dans deux ans, $20. Qu'est-ce que je peux faire là-dedans?
M. LESSARD: Quand le ministre a-t-il été informé de
ce problème?
M. TOUPIN: Cela fait au moins trois mois, fin mars. D'ailleurs, on a dit
à l'association ce
qu'on dit ce matin. On n'est pas fermé, nous, à ce qu'il y
ait négociation; c'est un droit, autant des inséminateurs que
d'autres au Québec. Mais on voudrait bien que ça se fasse dans
l'ordre des structures établies actuellement, qu'on respecte au moins
les associations que les producteurs se sont données, qu'on reconnaisse
que les véritables employeurs dans le cas sont les agriculteurs et que
le gouvernement n'a pas l'intention de les remplacer, mais qu'il n'a pas, non
plus, l'intention de se dérober à cela. Il est prêt
à collaborer dans la mesure où vous serez prêts, vous
autres, à mettre le temps qu'il faut pour amener vos cercles à se
regrouper pour avoir une négociation provinciale; autrement, ça
ne tient pas. Cela pourrait être une négociation régionale
aussi, mais on préférerait, nous, une négociation
provinciale.
M. LESSARD: En fait, bien clairement, ça voudrait dire que, si le
ministre décidait de négocier directement avec les
inséminateurs, ce serait comme si le ministre du Travail prenait la
place d'une entreprise pour négocier à sa place.
M. TOUPIN: A la place de l'entreprise, c'est ça.
M. LESSARD: Maintenant, le ministre peut, dans ces cas-là, servir
de médiateur entre...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: ... les inséminateurs et les CAB?
M. TOUPIN: Etant donné qu'on en paie une part, on a un programme
de $1,250,000, on ne voit pas d'inconvénient, dans le cadre des
négociations, à observer tout au moins ce que ça va nous
coûter dans le temps.
M. LESSARD: Maintenant, le ministre je l'espère
suit justement ce problème de très près.
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Si ça allait jusqu'à créer un
problème tellement sérieux que ça mette en danger notre
reproduction, est-ce que le ministre entend prendre des mesures pour je
ne pense pas à des mesures personnelles, M, le Président
régler ce problème ou tenter de le régler?
M. TOUPIN: On en a déjà pris un certain nombre qu'on ne
peut pas divulguer tout de suite parce qu'on a établi, quant à
nous, une stratégie d'action. Il y a une rencontre des CAB, à
Saint-Hyacinthe, cette semaine; alors, on a déjà pris certaines
dispositions, quant à nous, pour accélérer la marche dudit
problème pour provoquer...
M. LESSARD: Pas l'accélérer.
M. TOUPIN: ... l'évolution de la situation.
M. LESSARD: D'accord. M. le Président, quant à moi, sur
l'insémination, je pense que cela a été une meilleure
discussion qu'à l'Assemblée nationale. On a éclairci bien
des problèmes.
M. DENIS: Plus sérieuse.
M. LESSARD: Plus sérieuse, oui. J'aurais cependant...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Elément 3, adopté?
M. LESSARD: Elément 3, non, M. le Président. J'aurais des
questions sur le nouveau programme qui s'insère en fait dans la mise en
valeur des productions animales, soit le nouveau programme de l'aide aux
producteurs de porc. D'accord? Bon. Les producteurs de porc estiment leur
déficit entre $20 et $26.
Les primes que le ministre a décidé d'accorder au montant
global de $4,500,000 à ce programme comprend des limites cependant, soit
200 porcs par producteurs et $8.25 par bête.
M. TOUPIN: Pour le premier cycle.
M. LESSARD: Pour le premier, oui. Maintenant, puisque les producteurs
estiment leur déficit entre $20 et $26; puisque, d'autre part, deux
provinces, comme nous le savons, 1'Alberta et la Saskatchewan, étant
donné les fameux revenus qu'elles font maintenant avec leur
pétrole, ont accordé aux producteurs de porc des subventions de
$15 à $17, est-ce que le ministre croit que ce programme, qui semble en
tout cas assez faible par rapport aux problèmes que soulèvent les
producteurs de porc, en particulier un déficit de $20 à $26, est
suffisant pour empêcher le dumping des produits venant justement des
provinces de l'Ouest?
M. TOUPIN: Oui, les producteurs de porc québécois n'ont
peut-être pas tellement, tellement, pour le moment tout au moins,
à se plaindre de la concurrence provenant des provinces de l'Ouest.
C'est beaucoup plus une concurrence qui provient des Etats-Unis et de l'Ontario
que des provinces de l'Ouest, quoique plusieurs carcasses partant de l'Ouest
pour venir dans l'Est peuvent aller en Ontario qui les refoule au
Québec, etc., mais le gros problème ne se pose pas là.
Le gros problème, c'est un surplus de production sur le plan
national. Les marchés internationaux sont moins fermes qu'auparavant, et
ça crée dans l'ensemble du pays et évidemment dans la
province de Québec parce qu'on est une province qui produit pas
mal de porc dans l'ensemble du pays un problème de surproduction,
de refoulement dans les entrepôts et par conséquent de
tombée des prix au niveau des producteurs. Ce sont des cycles
qui viennent tous les trois ans à peu près. En 1972, on
avait accepté d'investir $5 millions. La situation était à
peu près celle que nous avons vécue au cours des dernières
semaines, quoique, actuellement, le marché semble vouloir se raffermir
un peu. Ainsi, d'ici probablement six ou sept mois la situation se corrigera,
à tel point que les producteurs non seulement rembourseront leur
coût, mais réaliseront aussi peut-être une partie de leur
profit.
Le programme que nous avons mis de l'avant est un programme
essentiellement temporaire qui ne couvre pas, bien sûr, toutes les pertes
qu'encourt un producteur. On essaie d'éviter, avec des programmes comme
ceux-là, qui sont des programmes temporaires, que la situation ne
devienne trop désastreuse, c'est-à-dire qu'elle se
détériore à ce point que des gros producteurs ou des
moyens producteurs se découragent. On sait que dans des périodes
comme celles-là il y a toujours un certain nombre de producteurs qui
diminuent leur production, notamment les petits et les moyens producteurs. Les
gros tiennent le coup, la plupart du temps.
Donc, l'objectif du programme est de maintenir la production actuelle en
place. Cela fait $4,500,000. Les premiers versements qui seront faits vont
coûter au gouvernement quelque chose comme $3 millions ou $3,200,000, et
on a prévu $1,500,000 pour le deuxième cycle. On ne sait pas
encore si on va intervenir dans le deuxième cycle, mais il est
décidé qu'en dépit d'une mesure fédérale
annoncée, on interviendrait quand même pour le premier cycle
à raison de $8.25 le porc pour un maximum de 200 porcs.
La politique fédérale, j'ai déjà dit en
Chambre qu'elle n'assurait pas aux producteurs la sécurité qu'ils
cherchaient dans l'immédiat. Mais, par contre, elle introduit une
nouvelle méthode de subvention ou de soutien des prix qui n'existait pas
auparavant. Le gouvernement fédéral base sa politique sur une
période d'une année et a établi un critère. Le
critère est le suivant: c'est que chaque fois que la différence
entre les coûts d'alimentation et les prix du marché
dépassent $21.41, le gouvernement fédéral croit que le
producteur perd assez pour que ce soit dangereux.
Donc, il a accepté de combler la différence mais seulement
au bout d'une année. Les prix du marché sont basés sur les
cinq dernières années. Donc, à la fin de l'année
je ne me rappelle pas à quelle date, c'est au mois d'avril, je
pense au mois d'avril, le producteur de porc du Québec va faire
une moyenne de ses coûts d'alimentation, va les comparer avec la moyenne
des prix qui ont prévalu au cours des cinq dernières
années, et si ça dépasse $21.41, le gouvernement
fédéral s'engage à rembourser à la
différence. Cela peut être $1, $2, $3, $4, $5 ou $10 par porc
selon le comportement des prix au cours d'une même année.
On sait que, dans des périodes creuses comme celle-là, qui
durent six mois, sept mois, un producteur de porc peut perdre de l'argent. On
sait qu'au cours de la période équivalente de l'an dernier, les
producteurs ont fait de l'argent. Ils en ont fait beaucoup parce que le prix du
porc était bon, le prix des moulées n'avait pas encore
augmenté, donc, les gars faisaient beaucoup d'argent à ce
moment-là. Je ne dis pas qu'ils se sont mis millionnaires, il faut
être réaliste, mais ils ont fait de l'argent. C'est la ligne
droite que le gouvernement fédéral a recherchée
là-dedans. Immédiatement, ça ne rapporte rien au
producteur; ça lui assure, sur une période d'une année, la
sécurité suivante: chaque fois que ses coûts
dépassent $21.41, il sait qu'il recevra la différence entre ces
$21 et ses coûts réels d'alimentation. Nous ajoutons à
cela...
M. LESSARD: Sans tenir compte de la subvention que donne le
gouvernement?
M. TOUPIN: Sans tenir compte de la subvention du gouvernement
provincial. Nous ajoutons à cela $8.25 pour 200 porcs, ce qui signifie
qu'au bout de l'année, si le producteur de porc du Québec a eu
des coûts comme $24, le gouvernement fédéral va lui verser
la différence, soit $3 par cent livres, ce qui peut être quelque
chose comme $5 par porc, et nous, nous aurons versé $8.25 pour un cycle
de production, ce qui pourrait équivaloir à quelque chose comme
$3 sur une production continuelle pour une année ou quelque chose comme
cela, $2.50, de sorte que le producteur va recevoir une subvention de $7.80 ou
à peu près au cours d'une année si la différence
des coûts est de $2 ou $3 par rapport aux critères établis
par le gouvernement fédéral.
M. LESSARD: Donc, le gouvernement du Québec...
M. TOUPIN: Ce que je veux dire, c'est ceci...
M. LESSARD: Ce que le producteur va recevoir comme profit va être
le montant...
M. TOUPIN: Que le gouvernement provincial aura versé.
M. LESSARD: ... que le gouvernement provincial a versé.
M. TOUPIN: C'est exactement ce que je voulais dire.
M. LESSARD: Ce ne sera pas énorme.
M. TOUPIN: Non, mais ce sera un profit, alors que dans l'Ontario, ils ne
l'ont pas; et dans les provinces de l'Ouest, en juillet, ils arrêtent.
C'est ce qu'on m'a dit, en tout cas. C'est le profit que le producteur
québécois réalisera au cours de son année. Ce n'est
pas énorme mais le petit et le moyen producteur, qui met en
marché 300 ou 400 porcs, va aller chercher son
profit de $8.25. Lui, il aura réalisé à peu
près le profit qu'il aurait réalisé si le marché
avait été stable. Pour un gros producteur, c'est évident
que ça signifie ce que ça signifie: $8 pour 200 porcs, au
maximum. Deux fois huit, seize. Cela fera quelque chose comme $1,600 ou $1,700.
C'est un profit net par rapport à la politique fédérale
actuelle.
M. LESSARD: Maintenant, il est quand même dangereux que la
subvention, très forte, des provinces de l'Ouest vienne justement
déséquilibrer la production nationale.
M. TOUPIN: Oui, c'est cela qui est assez déconcertant. Même
si les gouvernements des provinces de l'Ouest mettent des subventions plus
généreuses que dans l'Est, et notamment au Québec, la
production porcine diminue, dans l'Ouest, et c'est toujours le problème
des provinces de l'Ouest. Ce sont des producteurs de grain et de
céréales. Chaque fois que le prix des céréales est
bon, peu importe les subventions versées ou les prix des marchés
des produits animaux, ils se retournent vers les grains, vers les
provendes.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Autres questions sur
l'élément 3?
M. LESSARD: II y a l'aide aux producteurs de boeuf, mais je pense qu'on
en a parlé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté?
M. LESSARD: Elément 3, M. le Président, une minute. Ah
oui, j'ai remarqué je pense que c'est la dernière, M. le
Président, sur l'élément 3 aux engagements
financiers qu'on achetait surtout nos médicaments pour animaux à
l'étranger.
M. TOUPIN: Oui. Il faut être bien réaliste, au
Québec, il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui fabriquent des
médicaments tant pour les humains que pour les animaux. Il y a, par
ailleurs, des centres de distribution de médicaments.
M. LESSARD: Oui, c'est ça.
M. TOUPIN: Alors, autant que possible, pour les médicaments qui
sont disponibles au Québec, le centre de médicaments se
prévaut des achats mis en marché par des entreprises
québécoises qui sont, la plupart du temps, des centres de
distribution. Il y en a seulement 4 p.c. ou à peu près qui sont
produits au Québec, mais dans la plupart des cas, à moins qu'il y
ait une différence très très marquée dans le
domaine des prix, on les prend surtout au Québec. On ne lésine
pas là-dessus, mais on est obligé d'acheter de l'extérieur
des médicaments qui ne sont pas faits au Québec.
M. LESSARD: Maintenant, est-ce que le ministère, qui doit se
préoccuper de ce problème dans toute la politique
générale d'achat au Québec, achat en autant que les
producteurs peuvent fournir les médicaments, envisage la
possibilité de favoriser l'instauration d'entreprises de
médicaments...
M. TOUPIN: Dans le domaine des médicaments, d'abord c'est un
secteur de transformations qui est assez complexe...
M. LESSARD: Oui.
M. TOUPIN: ... c'est fait très souvent avec des sous-produits
d'autres entreprises qui ne sont pas installées au Québec. Il y a
des consortiums assez grands évidemment qui sont déjà
installés dans le secteur. Je puis dire que si jamais une entreprise
québécoise décidait de s'orienter vers la production de
médicaments au Québec, ce qui ne s'est pas fait encore à
venir jusqu'à maintenant, le ministère n'hésiterait
surtout pas à donner son approbation et même son appui financier,
si toutefois il était requis de le faire, dans le cadre d'un programme
qui s'avérerait un programme de gestion. Mais ce que nous visons, nous,
d'abord, dans ce programme, pour tout de suite tout au moins, ce sont des
services aux agriculteurs qui soient les moins coûteux possible. On a
déjà dit, et on peut le prouver n'importe quand, que le magasin
de médicaments vétérinaires au Québec a fait
diminuer, a fait tomber les prix des médicaments à la ferme de 40
p.c. en moyenne; dans certains cas, les prix sont tombés de 100 p.c. Ce
qu'on payait $5, on l'a ramené à $2.50; ce qu'on payait $10, on
l'a ramené à $5 dans bien des cas. Le centre de
médicaments se finance très, très bien, il n'y a aucun
problème.
M. LESSARD: Elément 3, adopté en ce qui me concerne, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Elément 3, adopté.
Elément 4.
M. TOUPIN: On avait déjà discuté pas mal, M. le
Président, toute la production céréalière au
Québec, l'auto-approvisionnement, etc. Je pense qu'on avait
déjà vidé cette question passablement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Elément 4, adopté.
Elément 5.
M. LESSARD: Elément 5, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous revenons ici à la question
du député de Verchères.
M. LESSARD: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Question sur l'élément
5.
M. OSTIGUY: ... entendre le ministre sur cet
élément; ensuite on pourra lui poser des questions.
Assainissement des eaux
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce n'est pas un nouveau programme,
c'est à l'intérieur du programme 3, à
l'élément 5...
M. TOUPIN: Je peux donner mon point de vue, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... qui touche l'assainissement des
eaux.
M. LESSARD: ... question au ministre.
M. TOUPIN: ... le député de Verchères vient de
dire...
Comme d'habitude, je vais être assez clair sur cette question. Je
prends les deux principaux programmes...
M. LESSARD: C'est là que vous manquez d'argent.
M. TOUPIN: II y en a trois. C'est ce que j'ai dit d'ailleurs, et je ne
retirerai pas ce que j'ai dit jusqu'à maintenant.
Il y a trois programmes fondamentaux là-dedans mettons de
côté les autres qui sont moins importants c'est celui des
cours d'eau, l'entretien et le creusage des cours d'eau, c'est celui du
drainage souterrain et c'est celui des travaux mécanisés.
Le budget que nous avons actuellement ici $27,178,000 par rapport
à $27,057,000 l'an dernier n'est pas encore suffisant, si nous
voulons atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.
Au chapitre des cours d'eau, ça cause un problème moins
important, parce que nous pouvons engager dans les cours d'eau certains
montants qui peuvent être payés sur le budget de l'an prochain.
Par exemple, un contrat peut coûter $400,000, on peut signer le contrat
cette année, sachant fort bien qu'on ne pourra pas dépenser plus
que $50,000 et que pour les autres c'est un contrat de trois ans
on peut engager les budgets qui viennent plus loin. Mais si on avait, dans ce
secteur des cours d'eau, quelque chose comme $500,000 ou $800,000 de plus, nous
pourrions répondre davantage à des problèmes
précis.
Par exemple, un petit cours d'eau, qui n'est pas fait quelque part, et
que l'argent doit être dépensé cette année et qu'il
doit se faire dans les prochains mois, on pourrait régler ces
problèmes, Cela règle, très souvent, beaucoup de
problèmes. Cela ne touche pas beaucoup de fermes, souvent deux, trois ou
quatre fermes. Mais c'est problématique. Alors, cela prendrait
peut-être quelque chose comme $500,000 ou $800,000 de plus
là-dessus, ou $1 million. Si on avait $1 million, ce serait encore
mieux, bien sûr.
Si on prenait maintenant la question du drainage souterrain, on avait au
départ un budget suffisant dans le cadre des objectifs fixés.
L'an dernier, nous avons posé 42 millions de pieds, dont 38 millions par
des entreprises privées et quatre millions par le ministère. Mais
le ministère intervenait pour les 38 millions faits par l'entreprise
privée au titre de $0.10 le pied linéaire, soit
l'équivalent d'environ $100 l'arpent drainé. Pendant que nous y
sommes, les dernières statistiques démontrent que nous allons
dépasser, en 1974/75, près de 300,000 acres de terre
drainée au Québec, par rapport à 50,000 acres il n'y a pas
bien des années, trois ou quatre ans. C'est peu, mais on est parti de
rien. C'est fantastique ce qu'on a fait jusqu'à maintenant.
M. LESSARD: Et, au rythme où on va là, cela va prendre 100
ans.
M. TOUPIN: Vous allez voir que ce n'est pas tout à fait vrai, ce
que vous dites. On s'est fixé comme objectif, pour cette année,
48 millions de pieds. Si le ministère en faisait autant que l'an
dernier, on prendrait 50 millions. L'objectif final pour 1977/78, c'est 100
millions de pieds de drains par année. 100 millions de pieds de drains
par année, c'est 100,000 acres ou à peu près. Ainsi, en
1978, 1979 ou 1980, on aurait au Québec près de 600,000 à
700,000 acres de terre drainée, ce qui toucherait à peu
près 45 p.c. à 50 p.c. du sol drainable au Québec.
M. DENIS: On ne peut pas poser des drains souterrains partout.
M. TOUPIN: Bien non. Il y a environ 1,000,000 d'acres de terre au
Québec qui sont drainables. Il y en a déjà un bon bout de
fait et, en 1980, si on n'a pas de problèmes, on sera proche de 50 p.c.
ou peut-être même de 60 p.c. Si on atteignait cet objectif, je
pense qu'on aurait fait un fichu de bon bout. Cela dépasse même
les espoirs des plus optimistes parmi ceux qui sont engagés dans ce
secteur, tant au niveau de la recherche qu'au niveau de l'exécution des
travaux.
Donc, l'augmentation des coûts a fait que, cette année,
même si on a introduit de nouveaux éléments, cela va
coûter à l'agriculteur quelque chose comme 40 p.c. à 45
p.c. peut-être même 50 p.c. ou 60 p.c. de plus que l'an dernier,
dans certains cas. On craint que l'augmentation des coûts du drainage ne
diminue le posage des drains et surtout ne nous empêche d'entrer dans nos
objectifs, quoique les demandes faites par les producteurs, jusqu'à
maintenant, si on les compare à celles de l'an passé, sont
demeurées à peu près semblables. Mais il faudrait que ce
soit plus. Il faudrait que les demandes soient plus fortes si l'on veut
augmenter de huit ou dix millions de pieds, cette année, par rapport
à ce qu'on a fait l'an dernier.
Donc, il me paraît évident, quant à moi, qu'il
faudrait augmenter notre subvention là-dessus. Là-dedans cela
prendrait quelque chose comme $2 millions de plus. J'aurai, d'ici peu de temps,
une déclaration à faire qui touche ce problème en
particulier, sur l'augmentation du subside que l'on doit attribuer aux
agriculteurs, de $0.10 de plus, combien on va mettre de plus. D'ici quelques
jours si ce n'est pas cette semaine, cela va être au début
de la semaine prochaine une déclaration sera faite. On la discute
actuellement avec le Conseil du trésor et avec le conseil des ministres.
Probablement que demain la décision sera prise et que je pourrai
l'annoncer.
Dans le domaine des travaux mécanisés, il va nous manquer,
là aussi, quelque chose, comme $2 millions. Alors, si on veut vraiment
répondre aux demandes des agriculteurs, il va nous manquer quelque chose
comme $2 millions. Là-dedans, on n'aura pas le choix; il faudra les
ajouter si on veut que les travaux se fassent.
Cela est la situation actuelle dans le cadre des objectifs que nous nous
sommes fixés. C'est surtout, quand on parlait du budget au début,
cet élément du programme qui m'inquiétait le plus. Quant
aux autres, on avait assez d'argent pour les faire. Mais celui-là
m'inquiétait énormément, surtout qu'on commençait,
en octobre novembre et décembre, à voir les coûts augmenter
dans le domaine du pétrole, dans le domaine du tuyau de plastique, etc.
On se disait: Bien, cela va arrêter quand? Si cela va trop loin, les
agriculteurs vont dire quoi face à ça? Est-ce qu'ils vont
accepter d'investir jusqu'à $300 pour drainer une acre de terre? Il y a
des agriculteurs qui nous disaient: Je suis capable de m'acheter des terres
actuellement, de m'acheter une acre de terre qui va me coûter moins cher
que de drainer l'acre que j'ai déjà.
C'était quand même un peu inquiétant.
Nous, on veut mener les deux de front. On dit au gars: Tu veux en
acheter, d'accord. C'est de l'agrandissement. On est d'accord. Mais il faut que
tu draines aussi. Parce qu'au Québec il faut penser non seulement
à l'extension, mais aussi au vertical.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: M. le Président, c'est bien sûr que, dans le
service hydraulique, il y a trois secteurs que le ministre vient
d'élaborer: le drainage souterrain, le drainage des cours d'eau et le
drainage par des travaux mécanisés. Je pense bien que les trois
doivent se faire parallèlement, parce que, trop souvent, on voit des
agriculteurs qui font du drain souterrain et qui, arrivant au collecteur,
constatent qu'il est un pied en dessous du cours d'eau. C'est un premier
problème.
Dans le cas des travaux mécanisés, c'est la même
chose. On parle d'encourager l'agriculteur à faire du drain souterrain.
Par contre, il faudrait aussi parallèlement, comme je le disais
tantôt, faire du drainage de cours d'eau. L'un ne peut pas aller sans
l'autre. C'est la même chose dans les travaux
mécanisés.
Là où je me pose de sérieuses questions, c'est
parce que le ministre semble être inquiet. Il dit: On va essayer
d'encourager les agriculteurs à faire du drain souterrain cette
année, à maintenir la même quantité d'acres
drainées. J'ai rencontré encore en fin de semaine des
agriculteurs de la région six, qui nous disent que leur drain est
acheté; leur drain est dans la cour, mais les plans ne peuvent pas se
faire et ne seront pas faits cette année.
J'ai des agriculteurs qui ont $10,000 de drain dans la cour, en stock.
Les responsables du service hydraulique leur disent: Messieurs, c'est
impossible pour cette année. On n'a pas le temps de faire les plans ou
on n'a pas les budgets pour faire les plans.
Ces agriculteurs ont acheté du drain parce que, l'an dernier, on
leur a laissé entendre, soit par l'UPA ou par d'autres organismes, qu'il
y aurait une forte augmentation dans le coût du drain, d'une part, et
peut-être même une rareté. Alors, il y a une bonne
quantité d'agriculteurs qui ont acheté du drain. Le drain est
dans la cour. Il n'y a pas de plans. Pourquoi n'y a-t-il pas de plans? On dit :
II n'y a pas de budgets.
Alors, là, il y a quelque chose qui ne va pas, franchement.
M. TOUPIN: Je dois dire au député de Verchères que
cela m'étonne énormément.
M. OSTIGUY: Cela existe.
M. TOUPIN: On a combien, à la caisse de recherche, en termes de
millions? On a une banque de 300 millions de pieds de drain, dont les plans
sont faits.
Quand un agriculteur veut poser du drain souterrain, il s'adresse au
service hydraulique agricole et, avant d'acheter son drain, bien sûr,
évidemment, il doit avoir ses plans parce qu'il faut qu'il sache combien
il va en acheter.
Alors, avant de l'acheter, il fallait qu'il soit au courant de ses
plans.
Ce qui peut se produire là-dedans...
M. OSTIGUY: Attendez un peu.
M. TOUPIN: Si l'agriculteur ne le fait pas comme ça, moi, je ne
le comprends plus. Je ne comprends pas pourquoi un agriculteur va acheter du
drain s'il ne sait pas d'abord, au départ, combien il va en poser et
où il va le poser.
M. DENIS: Si on tient compte des augmentations, on comprend pourquoi il
l'a acheté, même s'il en a acheté un surplus.
M. GIASSON: II vaut mieux acheter deux ans plus tôt que de payer
aussi cher...
M. TOUPIN: II me semble qu'il a dû s'informer, avant, à
savoir si son plan était...
M. OSTIGUY: Je voudrais faire une mise au point.
M. LESSARD: Cela prend trois ans avant que son plan soit
accepté.
M. TOUPIN: Non, c'est plus rapide que cela maintenant.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît! Le
député de Verchères avait la parole.
M. OSTIGUY: M. le Président, je pourrais peut-être faire
une mise au point. Voici ce qui arrive. Par exemple, vous avez des agriculteurs
qui ont 100 arpents de terre drainés. Ils achètent une autre
ferme. Alors, ils savent fort bien, même si le plan n'est pas fait,
approximativement, â quelques centaines de pieds près, combien de
pieds de drain cela va leur prendre pour drainer 25, 50 ou 100 arpents. Ils ont
déjà peut-être la moitié de leur ferme ou presque
une ferme en entier de drainée. Alors, ils peuvent fort bien planifier
l'achat du drain, même si le plan n'est pas fait. Tenant compte, comme je
vous le disais, de leurs craintes, l'an passé, je ne les blâme pas
d'avoir fait cela. Ils ont pu s'acheter du drain à meilleur prix et
surtout en avoir, parce que je pense qu'actuellement, en plus d'être
cher, il se crée une certaine rareté dans le drain. Il y a un
manque de produit.
M. TOUPIN: Cela s'est rétabli maintenant.
M. OSTIGUY: Cela s'est rétabli. Mais en tout cas, pour un temps,
je sais que c'était rare.
Le cultivateur, M. le Président, peut fort bien planifier un an
ou deux d'avance en achetant son drain, même si son plan n'est pas fait.
Mais, actuellement, je pense que la lacune, dans le service hydraulique, c'est
qu'il y a des hauts fonctionnaires qui disent, en tout cas, qu'ils n'ont pas
d'argent et qu'ils ne peuvent pas faire de plans.
M. TOUPIN: Cela m'étonne un peu. Maintenant, je vais
vérifier. Remarquez bien que je vais vérifier. Je n'attendrai pas
trois jours. Je vais vérifier cet après-midi et demain on va le
savoir.
Il ne faut pas oublier que les plans qu'on fait faire ne seront pas
faits sur demande. On détermine une région et on dit à
l'entreprise qui a la responsabilité de faire les plans: Vous allez
faire les plans de drainage de toutes les fermes qui sont là. Alors, il
n'est pas question de laisser de côté...
M. OSTIGUY: Mais là où je voudrais attirer l'attention du
ministre, M. le Président, sur ceux qui ont du drain d'acheté. Je
sais que le ministre est très favorable au drainage des terres, il en
est conscient. Ceux qui ont au moins leur drain d'acheté, je pense
qu'ils devraient avoir l'occasion de le poser cette année.
M. TOUPIN: Si tel est le cas, je pense que je peux assurer le
député de Verchères...
M. OSTIGUY: Je pense que c'est...
M. TOUPIN: ... qu'on va mettre une priorité là-dessus,
assurément.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lotbinière.
M. MASSICOTTE: M. le Président, n'y aurait-il pas aussi
l'objection de l'entrepreneur privé qui, lui, refuse actuellement d'y
aller parce qu'il n'a pas de compensation suffisante à sa manière
de penser? On dit, par exemple : H a tant le pied linéaire pour le poser
et ils attendent un rajustement. Je sais qu'il y a un cas, entre autres, le
cultivateur a tout son drain et l'entrepreneur dit: Tant que ce ne sera pas
complété, je n'y vais pas.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Mégantic-Compton.
M. DIONNE: M. le Président, ce sont nos agronomes de comté
qui font les plans pour les...
M. TOUPIN: Non, ce sont les firmes privées.
Il y a deux firmes au Québec qui sont utilisées et le
ministère en fait aussi. C'est-à-dire c'est le service
hydraulique agricole, par l'intermédiaire de deux firmes privées,
d'une part, et du ministère, de l'autre.
M. DIONNE: Sur mon terrain, l'année dernière, c'est notre
agronome qui m'a préparé mon plan, que j'ai fait accepter.
M. TOUPIN : Dans certains cas, si vous faites appel au service
hydraulique agricole...
M. DIONNE: C'est la manière la plus rapide, faire accepter
ça par...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saguenay.
M. OSTIGUY: M. le Président,...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères.
M. OSTIGUY: Là je reviens aux drains souterrains. Le
sous-ministre l'a mentionné tantôt, il est vrai que l'an dernier
le coût à un agriculteur revenait à peu près
à $100 l'arpent. Je pense bien que $0.10 le pied en subvention,
cette année, je sais que ça prendrait un budget
supérieur, vous l'avez mentionné, mais il faudra insister
auprès du gouvernement pour obtenir les budgets supplémentaires
nécessaires. Ce sont des cas que nous rencontrons tous les jours, il y a
des agriculteurs qui nous disent: Pourquoi je drainerais ma terre? Je suis
mieux d'aller acheter celle du voisin, je vais payer $200 l'arpent ou $200
l'acre et, au lieu d'avoir 150 arpents de terre drainés, ils ne seront
pas drainés mais je vais en avoir 300. Je vais essayer d'avoir le
même rendement avec mes 300 arpents de terre. Je pense que ce n'est pas
la solution, surtout si on veut développer l'agriculture et le sol
arable de qualité no 1 au Québec. Il faut le faire produire
à sa pleine capacité, je pense qu'il faut exploiter au maximum
tous les terrains. Je ne pense pas que ce soit une solution que de dire: Je
vais acheter 300 arpents de terre non drainés, je suis mieux avec 300
arpents pas drainés qu'avec 150 arpents drainés. Le facteur qui
arrive c'est le coût à l'acre pour faire des drains souterrains,
tenant compte de la subvention à $0.10 le pied qui m'apparaît en
tout cas...
M. TOUPIN: Je ne peux pas maintenant répondre de façon
nette au député de Verchères mais je puis lui dire, et
là-dessus j'engage ma parole, que, si ce n'est pas cette semaine, ce
sera au début de la semaine prochaine, que je ferai une
déclaration là-dessus qui va tenir compte des points de vue que
vous avez exprimés.
M. OSTIGUY: Maintenant, dans le drainage des cours d'eau, n'y aurait-il
pas une possibilité d'accélérer certains dossiers qui sont
à l'étude? Je regardais ce matin le rapport annuel 1971/72 du
ministère de l'Agriculture, où je retrouvais le cours d'eau
Coderre, par exemple, qui est un cours d'eau dans la région agricole no
6, qui est inscrit en 1971/72 comme une "priorité prioritaire".
Nous sommes rendus en 1974/75 et on n'a pas encore pris de
décision sur ce cours d'eau qui est important, qui est un cours d'eau
majeur, si vous voulez, dans lequel se déversent une quantité de
petits cours d'eau.
M. TOUPIN: C'est ça, c'est un maître cours d'eau.
M. OSTIGUY: Le cours d'eau Coderre, M. le Président, a à
peu près douze milles de long et tous les cours d'eau qui s'y rattachent
totalisent plus d'une soixantaine de milles. Tous les agriculteurs d'une
région sont bloqués; ils ne peuvent pas faire de demande
officielle, ou même si elle est faite, le service hydraulique leur dit:
Ecoutez, on ne peut pas faire votre cours d'eau parce qu'il se déverse
dans le cours d'eau Coderre. En 1971/72, dans le rapport annuel du
ministère de l'Agriculture, il était là comme
priorité prioritaire, j'y reviens.
M. TOUPIN: Je ne voudrais pas...
M. OSTIGUY: Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour améliorer ce
système de réglementation?
M. TOUPIN: Je ne voudrais pas mettre le blâme sur le dos des
autres là-dessus. Vous savez que l'intervention du ministère de
l'Agriculture dans le domaine des cours d'eau est une intervention
conditionnée et conditionnelle. Nous n'avons pas, quant à nous,
d'autres décisions à prendre que celles de faire les travaux de
recherche, de confier les contrats, d'exécuter les travaux et de les
payer en entier. Tout ce qu'on demande aux municipalités, c'est de
réglementer.
Mais quand les municipalités ne s'entendent pas et ne veulent pas
réglementer, même si les travaux de recherche sont faits et
même si l'entrepreneur est prêt à y aller demain matin,
quand les municipalités n'autorisent pas le ministère à
dépenser son argent et à exécuter ses plans, on n'est pas
capable de marcher. C'est un sérieux problème qu'on rencontre,
à un tel point qu'on a créé un comité
récemment là-dessus; on veut rencontrer les conseils de
comté et on va en discuter sérieusement avec eux. On dira:
Ecoutez, si vous voulez des cours d'eau, accélérez la
procédure, essayez de vous entendre. Surtout pour les cours d'eau qui
groupent plus d'une municipalité, trois ou quatre municipalités,
le conseil de comté ne veut pas réglementer parce que la
municipalité là-bas ne veut pas réglementer; il y a des
problèmes qui sont vraiment insurmontables.
Je vais prendre un exemple typique: la rivière La Guerre,
ça fait combien de temps qu'on en parle? Cela fait au moins dix ans
qu'on en parle. On est parvenu à donner un contrat l'année
passée mais le damné problème de la rivière La
Guerre, c'était des municipalités qui n'arrivaient pas à
s'entendre pour la réglementation, c'était les riverains qui
disaient: Vous ne passerez pas sur mon terrain. S'il fallait que le
ministère décide de mettre en place une mesure d'expropriation,
ce seraient des coûts exorbitants, énormes, qu'on ne peut presque
pas envisager. Le budget d'expropriation va être presque le double du
budget d'intervention dans le domaine des travaux. Donc, on ne peut pas se
permettre d'entrer jusque dans le domaine des expropriations.
Si le ministère se dote d'une mesure qui impose sans exproprier
un droit de passage, s'il dit: On va passer, que vous le vouliez, que vous ne
le vouliez pas, on passe, je ne sais pas ce que ça ferait. D'abord, on
enlève à une municipalité une responsabilité
qu'elle a actuellement. Il faudrait amender la loi des municipalités
rurales, je ne sais pas comment on l'appelle, le code municipal, je pense, pour
se donner le pouvoir d'imposer une présence et un passage. C'est ce qui,
probablement, serait le plus efficace dans certains cas. Mais les
municipalités ne veulent pas entendre parler de cela; les
municipalités veulent garder leurs pouvoirs là-dessus. Là,
on va proposer aux municipalités une nouvelle mesure; on va leur
demander de retourner un
peu dans leur champ de responsabilités pour de petits contrats,
pour qu'on puisse libérer tout au moins ces petits contrats. Dans les
contrats comme la rivière Coderre, nous, au ministère, nous
sommes vraiment d'accord, mais j'ai rencontré des municipalités
reliées à ce réseau et elles ne sont pas toutes
d'accord.
M. OSTIGUY: Souvent, vous savez ce qui arrive? C'est qu'avec leur bonne
volonté, les fonctionnaires du service hydraulique, bien sûr, ne
peuvent pas faire l'arpentage du cours d'eau dans les mois d'hiver.
Ils le font dans le cours du mois de mai ou du mois de juin, si vous
voulez, je parle en général. Ce qui arrive, c'est que les
conseils de comté se réunissent tous les trois mois, le 12 juin
et après ça va au 12 septembre. Bien sûr que, si la demande
ou la réglementation n'est pas présentée au conseil de
comté pour le 12 juin, ça va au 12 septembre. Le 12 septembre,
avant que la réglementation municipale soit faite et que ce soit revenu
au ministère de l'Agriculture, bien on est foutu pour cette
année-là. Le cours d'eau il n'y a pas à y penser pour
cette année-là, c'est reporté à l'année
suivante. Quand on connaît, cette année par exemple, les pluies
que nous avons eues dans la région de Montréal et dans toute la
province de Québec, je pense bien, les cours d'eau ne sont pas faits et
les terres sont inondées, puis il y a des pertes de récolte
épouvantables.
Je sais que le ministre est assez dynamique, il a fait beaucoup de
rénovations au sein de son ministère de l'Agriculture. Je pense
que c'est un secteur où il devrait se pencher sérieusement pour
changer cette méthode qui, d'après-moi, est totalement
désuète actuellement, totalement désuète. C'est
bien facile pour une municipalité, pour un conseil de comté de
dire: On l'approuve, très bien. Moi, à ma connaissance en tout
cas, mon expérience est jeune, je n'ai jamais vu un conseil de
comté refuser une demande pour cours d'eau. Ils les acceptent tous, ils
les envoient au ministère de l'Agriculture, puis là ils disent:
C'est rendu à l'Agriculture à Québec. Si ça ne
fonctionne pas, ce sont eux.
Je pense que ça devrait être repensé en profondeur,
ce système de drainage des cours d'eau actuellement, qui me
paraît, en tout cas à moi, totalement désuet.
M. TOUPIN: Si vous permettez, M. le Président, c'est important ce
que le député de Verchères soulève. Quand des
riverains ou quand des agriculteurs vont trouver leur municipalité et
disent: On voudrait nous, faire tel cours d'eau, la municipalité ne
refuse jamais. Elle n'a aucune raison de refuser, elle est bien d'accord. Elle
dit: On va l'amener au conseil de comté parce que ça touche plus
d'une municipalité. Le maire de l'autre municipalité dit: II n'y
a pas de problème, on est bien d'accord sur ça, il faut qu'il se
fasse, ce cours d'eau. Il n'y a pas d'inconvénient. Il faut qu'il se
fasse, il y a des terres qui se noyent, puis tout ça. Le conseil de
comté passe une résolution puis il dit : Très bien, on
voudrait que les travaux de tel cours d'eau soient exécutés.
Nous, qu'est-ce qu'on fait, ça arrive au ministère?
On regarde si les travaux de recherche ont été faits. Dans
80 p.c. des cas, les travaux de recherche ont été faits, surtout
sur des grands réseaux, les travaux de recherche ont été
faits.
Pour que nous maintenant nous puissions agir, ce n'est pas tout d'avoir
dans notre poche la bonne intention du conseil de comté, de la
municipalité. Cela nous prend une réglementation qui nous
autorise d'abord à effectuer les travaux pour et au nom de chacune des
municipalités. Il y a un acte, d'accord, qui vient après et
ça demande une réglementation. C'est là où les
conseils de comté puis les municipalités ne s'entendent pas
toujours, parce qu'il y a un riverain, là-bas, qui dit : Vous ne
passerez pas ici, ce n'est pas vrai, vous ne passerez pas. Vous ne toucherez
pas à ça.
M. LESSARD: Vous avez une réglementation actuellement lorsque 75
p.c. des riverains acceptent, je pense. Ah vous ne l'avez pas actuellement
!
M. TOUPIN: On n'est pas capable, c'est la municipalité.
M. LESSARD: Non, mais on m'a confirmé ceci dans
l'aménagement d'un cours d'eau; j'avais eu l'occasion de communiquer
avec le bureau régional à Chicoutimi. Justement un des riverains
se plaignait qu'on passait à l'intérieur de sa terre et on a dit
à ce moment-là: Le ministère de l'Agriculture,
étant donné un règlement qui existe, a le droit, lorsque
75 p.c. des propriétaires terriens de la superficie à drainer
acceptent d'agir...
M. TOUPIN: Cest peut-être une municipalité qui avait cette
réglementation, parce que le ministère, s'il n'a pas la
réglementation municipale, ne peut pas agir.
M. LESSARD: Discussion globale, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Verchères. Je m'excuse, je croyais encore que vous aviez
terminé.
M. OSTIGUY: Non, j'attendais des réponses. C'est un dialogue que
nous tenons. Je pense bien que ce processus, le ministère de
l'Agriculture est conscient que c'est un processus très lourd et
très lent, actuellement. Si on veut faire de l'agriculture au
Québec, selon les objectifs que vous poursuivez, je pense bien que c'est
une organisation qui devrait être pensée en profondeur, parce que
la plupart du temps, lorsqu'un groupe de cultivateurs demande le drainage d'un
cours d'eau, l'exécution des travaux d'un
cours d'eau, on peut s'attendre que ça prenne de deux à
trois ans et même quatre ans avant que le cours d'eau soit
exécuté.
Si l'agriculteur veut faire une certaine planification soit dans son
drainage en surface, les travaux mécanisés, ou soit dans son
drainage souterrain, je pense bien qu'il peut difficilement planifier, tenant
compte de la lenteur administrative, de la lenteur de l'exécution des
travaux des cours d'eau.
M. TOUPIN: Ce qui est assez décevant aussi c'est qu'il y a des
cours d'eau sur lesquels la recherche a été faite il y a
déjà cinq ou six ans; ce sont des capitaux que le
ministère a investis là-dedans, et on n'arrive pas à
exécuter les travaux parce qu'on n'est pas capable d'avoir la
réglementation des conseils municipaux et des conseils de comté.
Il y a une suggestion que j'ai déjà faite aux
municipalités, à un groupe tout au moins, à deux ou trois,
qui m'ont regardé pas mal de travers à un moment donné; je
leur ai dit: Amendez le code municipal, prenons dedans seulement la partie de
la réglementation des cours d'eau et introduisons-la dans la Loi du
ministère de l'Agriculture. Cette partie-là, de
l'exécution des cours d'eau, va enlever aux municipalités la
responsabilité de réglementer.
Le ministère réglementera et on va inclure une disposition
suivant laquelle quand il y aura au moins 50 p.c. des agriculteurs riverains
qui seront d'accord pour que le cours d'eau soit fait, on va y aller, sans
expropriation, on va passer. Les gars ont dit: Cela ne marche pas. Si vous nous
enlevez nos responsabilités là-dedans, qu'est-ce qu'on va
répondre à nos commettants demain matin? Comment va-t-on
régler le problème de notre commettant qui est mécontent
du cours d'eau, etc.? Au fond, c'est cela qu'il faut faire.
M. OSTIGUY: Est-ce qu'il serait possible de faire une loi-cadre dans le
système de drainage des cours d'eau, d'assainissement des sols?
M. TOUPIN: Il n'est pas nécessaire de faire une loi, il n'y a
qu'à amender le code municipal. De toute façon, si on fait une
loi-cadre, il va falloir amender, par cette loi-là, le code municipal.
Qu'on amende la Loi du ministère de l'Agriculture, et dans ses
amendements qu'on amende le code municipal et qu'on mette, dans la Loi du
ministère de l'Agriculture, ces responsabilités-là. Il
faudrait en discuter avec le ministère des Affaires municipales, il
faudrait en discuter avec l'Union des conseils de comté, il faudrait en
discuter avec l'Association des municipalités de la province de
Québec parce que j'ai l'impression que si les villes voient glisser, un
peu, les pouvoirs des municipalités elles vont dire: Oh! pardon!
Si on va là demain matin, on va aller où dans deux ans
dans le domaine de la construction domiciliaire, de la planification du
territoire, du zonage, etc.?
M. OSTIGUY: Un dernier point, M. le Prési- dent, que je voudrais
soulever est la collaboration qui devrait exister davantage, parce qu'il me
semble qu'il n'y en a pas tellement, entre le ministère de l'Agriculture
et le ministère des Transports, tenant compte des fossés le long
des routes. Actuellement, on a de nombreuses plaintes d'agriculteurs qui nous
parviennent, de nombreuses résolutions de conseils municipaux qui nous
demandent de creuser le fossé le long de la route X, parce que ça
doit égoutter les fermes de M. Z. Actuellement, le ministère des
Transports dit: Nous, nous n'avons pas besoin de le faire, ce fossé;
l'infrastructure de notre route n'est pas mise en cause, n'est pas mise en
danger. C'est au ministère de l'Agriculture de le faire. On s'en va au
ministère de l'Agriculture. Le ministère de l'Agriculture dit: Ce
n'est pas notre fossé, à nous; c'est le fossé du
ministère des Transports. Conclusion : vous avez une foule de
municipalités, une foule d'agriculteurs qui sont pris avec des
fossés de voirie, le long des routes, qui n'égouttent pas leur
fossé. Souvent, aussi, le fossé de la route s'égoutte dans
les fossés du champ du cultivateur. Les ponceaux sont trop
élevés. Je me demande ce qu'il faudrait faire pour en venir
à une entente dans ce secteur. Est-ce que c'est le ministère de
l'Agriculture qui devrait payer et avoir des budgets ou est-ce que c'est le
ministère des Transports qui devrait les avoir?
M. TOUPIN : Je pense que ce sont des choses qu'on pourrait faire par les
budgets réguliers. Là, je me suis entendu avec M. Mailloux, le
ministre des Transports. Chaque fois qu'un problème se pose dans une
région, le responsable du bureau de l'Agriculture rencontrera le
divisionnaire. Ensemble, ils vont regarder le problème et vont pouvoir
nous soumettre un plan au ministère. J'ai demandé que le
régional le soumettre chez moi, au ministère. S'il y a des
travaux par exemple, qui doivent être faits par la Voirie, qui devraient
être faits par le ministère, peu importe qui les fera, qu'on les
fasse. Il y a des travaux actuellement qui sont faits par le ministère
des Transports, puis qu'on ne peut plus corriger. Quand, par exemple, on
construit une autoroute je regarde l'autoroute de Berthier, car je
rencontrais des agriculteurs, l'autre jour, qui m'en parlaient s'ils
mettent un petit tuyau gros comme ça en dessous de l'autoroute pour
faire passer l'eau d'une décharge qui a six pieds de profondeur ou cinq
pieds de profondeur, quand le printemps arrive, avec la crue des eaux,
ça ne passe plus dans le trou, ça n'y va plus, c'est trop petit.
Donc, ce n'est plus ça qu'il faudrait mettre ; c'est quelque chose de
plus gros que ça pour être capable de libérer l'eau. Cela
ne touche pas beaucoup de sols. Les gars que j'ai rencontrés, l'autre
jour, m'ont dit que ça touchait quatre agriculteurs. Cela ne noie pas,
mais ça empêche le gars de semer, il est obligé d'attendre
une semaine.
M. DENIS: L'eau ne peut pas se retirer le printemps.
M. TOUPIN: L'eau se libère beaucoup trop lentement. Le sol reste
mouillé trop longtemps.
M. OSTIGUY: Comment voulez-vous que ces quatre agriculteurs de Berthier
disent : Nous, nous allons les exécuter, les travaux, on va poser un
plus gros tuyau en dessous de l'autoroute? Vous voyez le coût, vous voyez
les risques, le danger? C'est souvent les réponses qu'on donne à
nos agriculteurs, actuellement.
On dit: Bien, on n'a pas d'objection, on va vous autoriser. On va vous
dire que cela vous prend un tuyau de telle grosseur sous la route no 9 ou la
route no 20. Mais les risques, les agriculteurs ne peuvent pas les prendre.
C'est impensable.
M. TOUPIN: Bien, on s'est entendu avec le ministre des Transports. On va
essayer ça, et si cela ne fonctionne pas, on va le regarder, on va aller
plus loin. On va aller loin, au point où quand les plans de l'autoroute
vont être faits, ils vont regarder les plans de drainage qui sont
là. Si le débit d'eau est de X il va falloir que les trous soient
assez grands pour que cela entre là-dedans.
M. OSTIGUY: M. le Président, est-ce que le ministre aurait une
suggestion à faire aux membres de la commission vis-à-vis des
nombreuses résolutions de conseils que nous recevons dans nos bureaux de
comté, demandant l'exécution ou le creusage d'un cours d'eau le
long de la route no 10 ou de la route no 50? Qu'est-ce qu'on doit faire avec
ça? .
M. TOUPIN: Envoyez-les...
M. OSTIGUY: Est-ce qu'on va les diriger au ministère de
l'Agriculture?
M. TOUPIN: ... au ministère de l'Agriculture. Je rencontrerai les
gars de la voirie et j'en discuterai avec eux.
M. OSTIGUY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, on a discuté le
problème global, cours d'eau, drainage souterrain, travaux
mécanisés disons que les travaux mécanisés,
on y a peu touché je voudrais revenir d'abord au drainage
souterrain.
D'abord, concernant les objectifs du ministère, le ministre
semble dire qu'actuellement on estime à 1,500,000 d'acres les terres
à drainer au Québec alors qu'en 1966 la commission royale
d'enquête de l'agriculture estimait cette superficie à 3 millions
d'acres. Pour justement déterminer les objectifs, il faut, je pense
bien, en arriver à une précision concernant les superficies et
s'entendre concernant celles-ci.
Selon le ministère de l'Agriculture, quel est, en fait, avec
assez de précision, le nombre d'acres qu'il reste à drainer au
Québec? Le ministre nous dit que cette année, on va atteindre
300,000 acres. Bon. Quel est, actuellement, le nombre d'acres qu'il reste
à drainer au Québec?
M. TOUPIN: La commission royale d'enquête parle de quelque chose
comme 3 millions d'acres.
M. LESSARD: C'est ça.
M. TOUPIN: Nous, quand nous soutenons 1,500,000 d'acres, ce sont des
sols qui doivent nécessairement être drainés pour les
exploiter de façon raisonnable. Il y a, à côté de
ça, d'autres... On peut même parler de 4 millions ou de 5 millions
d'acres parce qu'il est possible que, d'ici quelques années, un certain
nombre de recherches dénotent que pour empêcher la gelée,
par exemple, il serait peut-être bon d'avoir un drain pour que l'eau
s'égoutte plus rapidement l'automne, pour que, les gelées venant,
il n'y ait plus d'eau dans le sol. A ce moment-là, les dommages sont
moins grands.
Il y a des recherches qui se font à ce chapitre. Alors, quand la
commission royale d'enquête parle de 3,500,000 acres, elle a raison. Je
ne nie pas ce que la commission royale d'enquête a avancé, mais en
1970, on s'était fixé un programme de dix ans. On s'est dit que,
dans dix ans, on devrait atteindre l'objectif de drainer les principaux sols
agricoles au Québec, notamment là où on fait du mais,
là où on fait des productions céréalières,
là où on fait des productions industrielles et là
où on fait des productions maraîchères. Au fond, c'est
toujours la même région à laquelle on revient plus
certaines autres poches, qu'on appelle, nous, en tout cas, dans l'ensemble de
la province, ce qui peut faire à peu près quelque chose comme 1.5
million, ou 1.2 million d'acres.
C'est bien sûr qu'il y a d'autres poches, aussi, au Québec,
qui sont des sols très bons pour les cultures dont on parle, dont le
drainage est important mais moins urgent que ce dont je vous parlais
tantôt. Donc, ce 1.5 million d'acres, pour nous, c'est la
priorité, c'est l'objectif qu'il faut atteindre d'ici 1980. Est-ce qu'on
les aura? Je vous ai dit tantôt qu'on s'oriente, pour 1977 ou 1978, pas
l'an prochain, l'autre année, on s'oriente sur 100 millions de pieds.
100 millions de pieds, c'est 100,000 acres. Si on faisait cela pendant trois
ans, cela ferait 300,000 plus les 400,000 qu'on aura, en 1977 on atteindrait
près du million.
Si on parvenait à cela d'ici 1980, tenant compte d'abord des
capacités des producteurs, tenant compte... Quant à la recherche,
ce n'est pas un problème. Ce sont surtout les capacités de payer
les producteurs et c'est surtout aussi la décision du producteur de
faire son drainage souterrain, parce qu'on ne peut pas lui imposer
de faire du drainage. Il faut bien attendre qu'il fasse sa demande.
Il y a les problèmes que soulevait le député de
Verchères. Il y en a qui font leur demande et dont les plans ne sont pas
prêts. Mais il y a un tas de plans qui sont prêts et dont les
demandes ne sont pas faites, aussi.
Alors, cela, c'est l'objectif. Une fois qu'on aura atteint ce rythme de
100 millions de pieds par année, c'est-à-dire l'équivalent
d'à peu près 100,000 acres par année, on peut penser que
d'ici quinze ans, on aura drainé tout au moins ou à peu
près les principaux...
M. LESSARD: D'ici quinze ans...
M. TOUPIN: Disons pour la principale partie, pour la partie la plus
importante.
M. LESSARD: Cette année, vous parlez d'une possibilité de
50 millions de pieds linéaires.
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Ce qui veut dire environ 50,000 acres.
M. TOUPIN: 50,000 acres.
M. LESSARD: Parce que si vous parlez de 1.5 million d'acres sur une
période de dix ans...
M. TOUPIN: Un million. En 1980, on vise un milion.
M. LESSARD: Cela veut dire une moyenne de 100,000 acres par
année.
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Vous avez besoin de vous dépêcher.
M. TOUPIN: On se dépêche aussi. On a triplé...
M. LESSARD: Je comprends. On a triplé... M. TOUPIN: Si on a
triplé depuis deux ans...
M. LESSARD: ... à partir de rien. Mais quand on voit par exemple,
ce que l'Ontario a fait, dans le passé, il y a toute une
différence.
M. TOUPIN: Mais l'Ontario a commencé avant nous.
Deuxièmement, il avait une méthode d'information. Je ne veux pas
blâmer ceux qui m'ont précédé, lorsqu'on discute de
choses comme ça, on a toujours l'impression qu'on blâme ceux qui
nous ont précédés. Mais l'Ontario a introduit au niveau
des agriculteurs des notions de productivité que nous avons introduites
bien longtemps après. L'Ontario a intro- duit au niveau des agriculteurs
des notions d'efficacité de gestion que nous avons introduites longtemps
après lui. Il n'est quand même pas loin le jour où la
principale préoccupation du ministère de l'Agriculture du
Québec c'était de développer la colonisation en Abitibi.
Pendant que nous rentrions là et dans le Bas-Saint-Laurent, on ne
s'occupait pas du coeur, ou moins. C'est le sous-ministre actuel en
quelle année qu'on a introduit le mais-grain à Saint-Hyacinthe?
En 1968. Cela fait à peu près sept ans qu'on parle de mais-grain
alors qu'en Ontario on en parle depuis 15 ou 18 ans. Mais ce n'est pas pour
jeter le blâme sur le dos de quiconque mais nous partons de zéro
sur des points. On a fait de fichus bon bouts. Moi je trouve énorme le
chemin fait depuis 1970. Cette année nous allons plus que tripler le
nombre de pieds de drain posés. Je trouve cela fantastique.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je constate qu'il est midi et demi. Tel
que convenu nous devons...
M. LESSARD: M. le Président, on peut terminer...
LE PRESIDENT (M. Séguin): La commission est maîtresse de
ses travaux.
M. LESSARD: D'accord. Je suggérerais que nous terminions, M. le
Président il me reste trois ou quatre questions à
une heure moins dix à peu près. Si on n'en discute pas, cela va
aller assez vite. Je ne peux pas dire que j'ai fait du "filibustering" ce
matin, aucunement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous allons continuer quelques minutes,
si la commission le désire, mais les députés
ministériels sont déjà engagés ailleurs. Je ne
voudrais pas retarder indûment. Donc si les membres veulent
tolérer quelques minutes.
M. OSTIGUY: S'il n'y a pas quorum, est-ce que le député va
accepter parce qu'il va falloir partir? Nous avons un engagement à 12 h
30.
LE PRESIDENT (M. Séguin): S'il n'y a pas quorum,
j'arrêterai les travaux de la commission.
M. LESSARD: M. le Président, nous nous étions entendus
avec le leader parlementaire pour passer une journée complète sur
cette discussion.
UNE VOIX: Vous reprendrez cet après-midi.
M. LESSARD: D'accord, suspendons jusqu'à quatre heures, cet
après-midi.
UNE VOIX: II n'y a pas quorum...
LE PRESIDENT (M. Séguin): La commission ajourne ses travaux sine
die.
M. TOUPIN: Est-ce que ce sont des questions fondamentales?
M. LESSARD: M. le Président, ce sont toujours des questions
fondamentales que j'ai à poser.
Je remarque, M. le Président, que les députés
libéraux ont décidé de "filibuster" ce matin la commission
parlementaire et de se retirer. Donc vous pouvez appliquer l'article 146. Nous
n'avons pas quorum.
Je les remercie de leur collaboration.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, messieurs.
(Fin de la séance à 12 h 37)