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Commission permanente de l'agriculture
Etude du projet de loi no 20 Loi sur
l'assurance-récolte
Séance du lundi 16 décembre 1974
(Vingt heures vingt-six minutes)
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'agriculture et de la colonisation: A l'ordre, messieurs! La commission se
réunit ce soir pour étudier le projet de loi no 20, Loi sur
l'assurance-récolte, article par article.
Avant de débuter, j'aimerais aviser la commission de certains
changements. M. Mercier (Bellechasse) remplace M. Dionne
(Mégantic-Compton), M. Malouin (Drummond) remplace M. Fraser
(Huntingdon), M. Quenneville (Joliette) remplace M. Ostiguy (Verchères).
Egalement je pense qu'il serait de mise que nous nommions un rapporteur et, si
la commission est d'accord, j'aimerais suggérer le député
de Lotbinière, M. Massicotte. Est-ce que cette suggestion est
agréée?
UNE VOIX: Agréé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est un monsieur qui est assis à
l'extrême droite...
M. ROY: Je n'ai pas encore donné mon consentement, M. le
Président, mais je peux le donner.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Qu'il en soit ainsi, M. Massicotte sera le
rapporteur. Est-ce que l'article 1 sera adopté?
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le ministre aurait des remarques
préliminaires à faire?
M. TOUPIN: M. le Président, justement, si le député
de Saguenay est d'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre de l'Agriculture.
Amendements
M. TOUPIN: J'ai dit, M. le Président, lorsque j'ai fait la
discussion en deuxième lecture, sur le principe du projet de loi, qu'on
aurait des amendements à déposer; il y en a effectivement 16 ou
17. Certains d'entre eux sont d'ordre technique, d'autres ont une valeur un peu
plus fondamentale. Alors j'en ai remis une copie tantôt à un des
secrétaires de l'Assemblée nationale, qui est allé en
faire des photocopies qui seront remises par la suite aux députés
intéressés à en avoir.
M. LESSARD: Sur quels articles?
M. TOUPIN: Justement, auparavant, M. le Président,
j'aimerais...
M. LESSARD: M. le Président, si je pose cette question, c'est
qu'il est difficile de commencer l'étude du projet de loi si on a un
amendement qui touche l'article 1 ou l'article 2...
M. TOUPIN: Je voudrais justement donner les numéros d'articles
qui sont impliqués et, d'ici à ce que les copies nous
parviennent, je pense qu'on pourra discuter un bon bout de temps. Le premier
amendement touche l'article 23...
M. ROY: J'aimerais que le ministre, en plus de nous dire les
numéros d'articles, nous indique quelle est la portée de ces
amendements en regard de la loi actuelle. Alors on ne vous posera pas de
questions, M. le Président, on pourra y revenir par la suite mais ce
serait bien important pour nous que nous sachions exactement ce vers quoi le
ministre nous dirige dans l'étude de ce projet de loi, parce qu'il
s'agit d'amender 16 ou 17 articles dans une loi de 89 articles. Cela fait des
amendements de l'ordre de 20 p.c.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis complètement d'accord sur la
suggestion, à la condition que cela s'inscrive dans le cadre des
remarques préliminaires.
M. ROY: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On veut donner une orientation aux travaux de
la commission, mais ce n'est pas pour discuter des amendements, à ce
moment-ci.
M. TOUPIN: Non.
LE PRESIDENT (M. Gratton): D'accord.
M. TOUPIN: Je veux simplement les exposer rapidement. D'ailleurs, je
pense que les copies sont arrivées.
UNE VOIX: Elles ne sont pas toutes faites.
M. TOUPIN: Elles ne sont pas toutes faites. Je vais vous les donner et,
par la suite, on pourra peut-être vous les distribuer. L'article 23
concerne la section de l'assurance collective où nous avons introduit
l'idée de consultation avant de mettre en vigueur cette partie de la
loi. L'article 24 est également touché, mais c'est d'ordre
technique puisqu'on ajoute, aux catégories de risques, les animaux
sauvages.
M. ROY: Est-ce que les patroneux sont là-dedans?
M. MERCIER: Est-il drôle un peu!
M. MALOUIN: Ce n'est pas compris dans cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. MERCIER: Est-il drôle un peu!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: ... il a rebondi tout de suite.
M. TOUPIN: L'article 25 est également amendé. C'est une
question technique. On enlève une partie de l'article qui,
d'après nous, n'avait pas sa raison d'être, ce qui rendra beaucoup
plus facile l'application de cet article.
L'article 26 est également touché. C'est encore là
une question technique. Je m'excuse. C'est l'article 30. L'article 26 n'est pas
touché, c'est l'article 30. L'article 30 touche également le
système collectif et nous y introduisons, comme à l'article 23,
l'idée de consultation. L'article 34, par la suite, est également
touché. C'est une question technique. Au lieu du 31 juillet, on met le
31 du mois d'août pour faciliter l'application du programme.
M. ROY: Quel est le numéro de l'article? Je m'excuse.
M. TOUPIN: L'article 34. L'article 35 est également
touché. Ce sont surtout des questions de concordance. Nous apportons
certaines précisions en ce qui concerne notamment la Loi de mise en
marché des produits agricoles à laquelle nous nous
référons avec la nouvelle loi. Lorsque cette loi fut
préparée, la nouvelle loi amendant ou refondant la Loi de mise en
marché des produits agricoles n'était pas encore adoptée.
Il faut donc apporter les changements qui s'imposent.
L'article 39 est également touché. On va rayer certaines
phrases du texte pour rendre la loi plus facile d'application. L'article 47 est
également touché. C'est encore là, à l'article 47,
une question d'ordre pratique. On ajoute un paragraphe, je pense, pour rendre
cet article encore plus précis et plus conforme aux objectifs
poursuivis.
L'article 48 est touché. Nous apportons des précisions
à la troisième ligne de l'article 48, en ce qui concerne plus
particulièrement la protection contre le gel du sol.
L'article 55 est également touché. C'est, encore
là, une question d'ordre technique qui se réfère à
la terre nue et qui apporte des précisions quant au rôle de la
régie vis-à-vis de la réglementation.
L'article 56 est également touché, c"est un peu pour les
mêmes raisons, soit des raisons de précision.
L'article 58 est touché aussi. C'est aussi ou à peu
près pour les mêmes raisons, sauf que nous y ajoutons un
paragraphe pour apporter certaines clarifications. En effet, après en
avoir discuté avec les agriculteurs, nous nous sommes rendu compte qu'il
était nécessaire que nous y apportions certaines
précisions.
L'article 68 est également touché. Là
également, il est question encore de dates; plutôt que le 31
août, on suggère le 30 septembre. On vous dira pourquoi lorsque
nous arriverons à l'article.
M. LESSARD: Quel numéro, le dernier article?
M. TOUPIN: L'article 68. L'article 77 est également
touché. Cela concerne également une précision. On
enlève certaines parties de l'article, je pense, pour rendre plus
pratique l'application.
L'article 86, qui concerne l'application des règlements
rétroactivement est touché. C'est un article de fond. L'article
89 est également touché en apportant la précision
suivante: une partie de la loi pourra être sanctionnée
immédiatement et l'autre partie pourra l'être après
proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. ROY: Quand vous dites "sanctionnée", vous devez plutôt
vouloir dire "entrera en vigueur" parce que la sanction du projet de loi est
une chose et l'entrée en vigueur en est une autre.
M. TOUPIN: Elle entre en vigueur le jour de sa sanction.
M. ROY: Le présent projet de loi entrera en vigueur... En tout
cas, on reviendra sur l'article.
M. TOUPIN: Oui, oui. Peu importe la formulation... Jusqu'à
l'article 23, je pense qu'on peut discuter sans que nous ayons à nous
référer aux amendements.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Avant d'entreprendre l'étude du projet
de loi, j'aimerais, si la commission y consent, faire quelques corrections.
Nous avions remplacé M. Dionne, tantôt, et je vois qu'il est tout
à fait présent. Si la commission me le permet, j'aimerais
réinstaller M. Dionne comme membre et dire que M. Mercier remplacera M.
Maloin (Drummond), plutôt que de remplacer M. Dionne, et que M. Lapointe
remplacera M. Giasson.
M. LESSARD: Probablement, M. le Président, que le chef de
l'Opposition, M. Jacques-Yvan Morin, remplacera M. Robert Burns.
LE PRESIDENT (M. Gratton): D'accord.
M. LESSARD: Alors, M. le Président,... LE PRESIDENT (M. Gratton):
Article 1.
Remarques générales
M. LESSARD: ... avant de discuter de l'article 1, j'aimerais obtenir
certains commentaires et certaines explications du ministre. Le projet de loi
no 20 que nous avons à étudier aujourd'hui instaure deux
régimes d'assurance, à savoir un régime d'assurance
facultatif et un régime obligatoire. A plusieurs reprises, lors de la
discussion en deuxième lecture, nous avons fait valoir, nous de
l'Opposition officielle le député de Beauce-Sud pourra le
souligner aussi en ce qui concerne le Ralliement créditiste que
nous nous opposions à l'imposition d'une assurance collective
obligatoire.
Or, à ce sujet le ministre nous a indiqué qu'il avait
l'intention de retarder l'application de l'assurance collective
obligatoire.
Nous avions tenté d'expliquer au ministre qu'il était
difficile, au cours de la deuxième lecture, de voter un projet de loi
qui avait deux principes, qui reconnaissait deux principes, à savoir
l'assurance collective obligatoire et l'assurance collective facultative. Nous
avions soumis ou tenté de proposer un amendement, en vertu de l'article
88 de nos règlements, demandant au ministre de diviser ce projet de loi,
à savoir discuter d'abord de la section concernant l'assurance
collective et, ensuite, de l'autre section concernant l'assurance
facultative.
On sait, M. le Président, que cette motion que nous avons
présentée a été refusée. Cependant, encore
une fois, je souligne au ministre que nous croyons que ce projet de loi devrait
être divisé en deux parties afin que nous puissions, au niveau de
cette commission parlementaire, discuter des articles concernant l'assurance
facultative et, par la suite, convoquer la commission parlementaire pour
étudier toute la question concernant l'assurance collective.
En effet, nous croyons que nous avons adopté, lors de la
deuxième lecture, deux principes, et nous nous demandons
sérieusement si les remarques du ministre de l'Agriculture, concernant
la possibilité de modifications assez importantes qui pourraient
être apportées concernant l'assurance collective, ne nous met pas
dans une drôle de situation comme parlementaires.
Il est très difficile, pour une commission parlementaire
et je pense que cela va à l'encontre du droit parlementaire britannique
d'accepter un principe, lors de la discussion en deuxième
lecture, principe qui pourra être contesté au cours d'une
commission parlementaire où seraient convoquées les
différentes parties.
Le ministre, et le gouvernement, par conséquent, a accepté
quand même que nous adoptions en deuxième lecture un projet de loi
dont une des parties pourrait être modifiée au cours des
différentes séances d'une commission parlementaire qui pourrait
venir postérieurement à cela. Je souligne encore une fois au
ministre que l'assurance collective est passablement contestée à
l'intérieur du milieu agricole.
Le ministre nous a indiqué, ce sur quoi nous sommes d'accord,
qu'il avait l'intention de convoquer la commission parlementaire. Cependant, je
lui souligne encore une fois que cette commission parlementaire devrait
siéger sans avoir une épée de Damoclès sur la
tête, en ce sens qu'on convoque la commission parlementaire mais on dit
aux gens: Voici, vous allez être consultés mais le principe
essentiel, à savoir l'assurance collecitve, a été
adopté en deuxième lecture. Encore une fois ce sera une
commission parlementaire pour la frime, comme on en a vu une lors de la
discussion concernant le bill 22.
Je lisais justement...
UNE VOIX: ... hors d'ordre.
M. LESSARD: Je ne suis pas hors d'ordre, M. le Président, je vous
dis que j'ai le droit en commission parlementaire de faire certaines relations
entre un projet de loi et celui-là. Cela a été par
incidence...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ce n'est pas cela. Ce n'est pas à cela
que je faisais allusion dans mon expression faciale, que vous avez
remarquée. C'était plutôt au fait que nous sommes ici pour
étudier le projet de loi no 20, article par article, et que vous semblez
vous éloigner en revenant sur la discussion des principes.
M. LESSARD: Non, M. le Président, vous savez très bien,
vous qui avez l'expérience des commissions parlementaires, qu'à
l'article 1 nous avons toute la possibilité de discuter de façon
globale d'un projet de loi et que par la suite, nous pouvons engager
l'étude article par article. C'est d'ailleurs ce qui explique que le
ministre ait fait, en parlant des amendements tout à l'heure, un genre
de plan général de la discussion que nous aurions.
Ce que je veux indiquer, M. le Président, au début de
cette commission, c'est que ce projet de loi est particulièrement
contesté dans le milieu agricole. Ce matin je prenais connaissance d'un
article publié dans la Voix de l'Est du 14 décembre 1974, dans
lequel on disait: "La colère gronde encore plus, à
l'intérieur de la classe agricole, du fait que le gouvernement vient de
passer, en deuxième lecture, la loi traitant de
l'assurance-récolte. Cette loi implique que l'assurance-récolte
sera obligatoire pour les producteurs. De son côté, selon M.
Cossette, l'Union des producteurs agricoles émet beaucoup de
réserves sur ce projet de loi. Cette situation vient envenimer les
relations ministère-producteurs".
Suite aux événements que nous avons vécus il y a
quelques semaines, ce n'est pas le temps d'envenimer les relations entre le
gouvernement, entre le ministère de l'Agriculture et les producteurs.
C'est pourquoi je demande, encore une fois, au ministre de distinguer dans son
projet de loi les deux principes essentiels qui ont été inscrits
au cours de la discussion que nous avons eue en deuxième lecture, soit
l'assurance-récolte obligatoire et l'assurance-récolte
facultative.
Nous sommes prêts, nous de l'Opposition, à discuter
l'assurance-récolte facultative, mais nous demandons encore une fois au
ministre de ne pas adopter, au cours de cette commission parlementaire,
l'assurance-récolte obligatoire avant que les parties aient
été entendues et qu'une commission parlementaire ait lieu et sans
qu'une épée de Damoclès plane au-dessus de la tête
de ces gens-là. Si on respecte les principes démocratiques et, en
vertu de ces principes, si on convoque une commission parlementaire, il faut
quand même avoir la possibilité de dire aux gens: Nous vous
convoquons dans le but de vous entendre et dans le but de tenir compte de vos
revendications.
Le ministre nous dit qu'il va convoquer la commission parlementaire.
Nous disons: D'accord. Cependant, il est extrêmement difficile, en vertu
des principes parlementaires, de convoquer une commission parlementaire
lorsqu'un principe a été accepté. Le principe de
l'assurance-récolte obligatoire a été accepté en
deuxième lecture. J'aimerais donc en terminant, M. le Président,
demander au ministre qu'il nous précise quand la commission
parlementaire sera convoquée; deuxièmement, s'il a l'intention
d'aller jusqu'à, selon les mémoires qui seront
présentés en commission parlementaire, accepter le principe de
retirer l'assurance-récolte obligatoire si ce principe est
contesté par les producteurs, par les organismes agricoles. Et nous
demandons au ministre si, officiellement, non seulement les organismes vont
être convoqués mais si les individus auront le droit de se faire
entendre à cette commission parlementaire.
M. TOUPIN: Bien, M. le Président...
M. ROY: J'aurais quelque chose à ajouter mais j'aimerais avoir la
réponse du ministre avant, si vous voulez.
M. TOUPIN: M. le Président, d'abord, toute la question dont vient
de discuter le député de Saguenay appartient à une
deuxième lecture; c'est une question de principe. J'ai
déjà donné mon point de vue dans mes discours de
deuxième lecture sur les questions de principe et je ne crois pas qu'en
commission parlementaire on doive reprendre encore le débat sur les
questions de principe. Néanmoins, je n'ai pas d'objection à
répondre aux questions et à commenter, tout au moins, les
observations du député de Saguenay.
D'abord, il faut bien comprendre qu'il s'agit d'un principe fondamental
dans le projet de loi, qui est un principe d'assurance. C'est le principe
fondamental. Néanmoins, cette assurance s'appliquera sous deux formes:
une forme collective et une forme individuelle. Ce sont deux programmes qui
peuvent fonctionner séparément, mais qui peuvent également
se compléter. Le principe nouveau qui est introduit n'est pas un
principe d'assurance; ce n'est jusqu'à un certain point pas, non plus,
un principe de "collecti-ver" l'assurance. C'est beaucoup plus le principe de
percevoir obligatoirement à la source une prime d'assurance, parce que
le programme individuel, en principe, offre l'occasion à tous les
producteurs de devenir assurés de l'assurance-récolte.
Par conséquent, si tel était le cas, ça pourrait
devenir une assurance collective, mais le principe fondamental, c'est celui de
demander au producteur agricole de s'inscrire obligatoirement à un
système d'assurance. J'ai dit, dans mon discours de deuxième
lecture, que nous introduirions un certain nombre d'amendements qui
permettraient aux différents groupes concernés de faire valoir
leur point de vue. Nous convoquons des commissions parlementaires, la plupart
du temps, pour entendre l'opinion des gens.
Cela ne veut pas nécessairement dire qu'une commission
parlementaire, lorsque nous entendons les personnes, a pour objectif
précis d'amender des lois. Elle a pour objectif de donner l'occasion aux
personnes de venir se faire entendre, autant sur des problèmes
d'ordre...
M. LESSARD: Mais entendre, ça ne veut pas dire
unilatéralement; ça veut dire qu'au moins ils peuvent
espérer que le ministre va véritablement les entendre et aller
jusqu'à modifier le projet de loi si les personnes entendues le
demandent. Cela ne sert à rien de convoquer une commission parlementaire
si on leur dit: Ecoutez, vous venez, mais c'est juste pour vous faire
entendre.
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai dit que ce n'était pas
l'objectif premier d'une commission parlementaire de venir amender une loi. Son
objectif premier, c'est d'entendre les personnes, dans la perspective que le
député de Saguenay a décrite, c'est-à-dire une
commission parlementaire où on peut entendre les personnes à
l'extérieur du gouvernement. Les lois sont, à mon point de vue,
la responsabilité gouvernementale et le gouvernement, à l'aide de
commissions, veut entendre des personnes, veut les écouter. Par
ailleurs, il est possible qu'à la suite d'une commission parlementaire
un projet de loi soit amendé, et c'est arrivé très souvent
dans le passé que des projets de loi aient été
amendés.
M. LESSARD: Même dans leurs principes essentiels?
M. TOUPIN: Même dans leurs principes essentiels, il est
arrivé que des projets de loi aient été amendés
à la suite de discussions. Après avoir entendu les
différentes parties, on peut changer un principe pour un autre.
M. ROY: Est-ce que le ministre peut nous donner seulement un
exemple?
M. TOUPIN: Je sais que dans l'assurance-maladie, on a
changé...
M. ROY: Non, non, le principe n'a jamais été
changé; ce sont les modalités.
M. TOUPIN: On n'a pas changé les principes...
M. MERCIER: On verra dans le temps comme dans le temps.
M. TOUPIN: ...mais on a dû apporter une loi particulière
pour faire appliquer l'assurance-maladie, par exemple.
M. ROY: Cela n'a pas changé le principe.
M. TOUPIN: Non. C'est un nouveau principe qui a été
introduit et qui a été appliqué à la commission
parlementaire.
M. ROY: Une addition de principe.
M. TOUPIN: C'est ce que je voulais dire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. TOUPIN: Ce n'est pas plus que cela. Il arrive parfois que des projets
de loi soient amendés. Donc, nous avons introduit un minimum
d'amendements qui vont permettre aux groupes concernés de venir se faire
entendre. En terminant et je ne veux pas tenir de débat sur cette
question j'aimerais souligner qu'au cours du mois de janvier ou du mois
de février, comme je le disais à l'Assemblée nationale cet
après-midi, je ne vois pas d'inconvénient au contraire
à ce que nous convoquions la commission parlementaire et que nous
regardions comment se pose pour les agriculteurs le problème de
l'assurance-récolte au Québec.
Quant à nous, nous avions des motifs d'agir ainsi. Je les ai
expliqués et je vais encore les expliquer en terminant. Le premier est
que les règlements que l'assurance-récolte doit faire adopter par
le lieutenant-gouverneur en conseil sont reliés au bill 20 dans sa
totalité et, actuellement, la régie est dans
l'illégalité.
M. ROY: On sait cela.
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: On est au courant.
M. TOUPIN: Je ne vous apprends rien... M. ROY: Non.
M. TOUPIN: ... je répète des choses. Le deuxième
élément qui nous a amenés à faire une telle
proposition est que nous avons, chaque année, le problème de ce
qu'on appelle maintenant l'iniquité. Celui qui est assuré a droit
à des indemnités, celui qui ne l'est pas n'y a pas droit et
lorsqu'arrive un problème relié aux conditions climatiques, il
est forcé d'en subir les pertes presque en totalité.
Le troisième élément que nous ajoutons est le
suivant. Si nous voulons introduire au Québec une politique de revenu
des agriculteurs, il nous faudra bien, à la base, protéger leur
principale matière première qui sont leurs cultures. Sinon,
évidemment, nous risquons de nous retrouver encore vis-à-vis de
culs-de-sac. Vis-à-vis d'un programme qui veut assurer un revenu, il n'y
a même pas de programme de base qui va assurer une matière
première qui est essentielle pour qu'il y ait un minimum de revenu.
Ce sont nos trois raisons: les deux premières que j'ai
invoquées dans le discours en deuxième lecture et la
dernière que j'ajoute à la suite des rencontres que nous avons
eues avec les agriculteurs et des engagements que le gouvernement a pris.
Les articles nos 1 à je ne sais trop lequel concernent
l'assurance individuelle. Si le député de Saguenay ne veut pas
discuter de l'assurance collective, cela ne me concerne pas
nécessairement; cela le concerne, mais s'il veut s'en tenir seulement
aux articles qui ont trait à l'assurance individuelle, je pense qu'il
est possible d'en faire la sélection et, au moment où nous
arriverons aux articles qui touchent l'assurance collective, il n'a qu'à
ne pas en discuter.
M. LESSARD: Le problème que je vous pose, M. le
Président... J'avais posé trois questions et le ministre a
répondu à une question, à savoir si les individus, comme
les différents organismes pourront se faire entendre. Il n'a pas
répondu clairement, mais il semble que cela soit: Oui, les individus
pourront se faire entendre, comme les organismes pourront se faire
entendre.
M. TOUPIN: Les commissions parlementaires sont ouvertes...
M. LESSARD: Le ministre...
M. TOUPIN: ... la plupart du temps à des groupes. Il est assez
exceptionnel qu'une commission parlementaire entende des individus, à
moins que l'individu ait un minimum de représentativité. Je n'ai
pas besoin de vous dire que le problème de l'individu n'est pas
nécessairement le problème d'un groupe et, très souvent,
les sociétés organisées, comme celle dans laquelle nous
vivons, se font représenter par des groupes.
M. LESSARD: Mais la question la plus importante parmi les trois
questions que j'avais soulevée, la question qui me paraît, la plus
importante est: Est-ce que le ministre, lorsqu'il convoquera cette commission
parlementaire, a dans l'esprit jusqu'à accepter la possibilité de
modifier le principe de l'assurance collective obligatoire? Est-ce que le
ministre a cela dans son esprit? Est-ce qu'on peut en arriver à une
assurance exclusivement facultative?
M. ROY: J'aimerais peut-être aller un peu plus loin que mon
collègue de Saguenay. Est-ce que le ministre peut nous dire aujourd'hui
que, suite aux pressions que pourraient exercer les organismes
intéressés, soit les producteurs eux-mêmes par l'entremise
de leur association organisée, leur syndicat spécialisé,
l'UPA et autres, pressions qu'ils feraient auprès du gouvernement
à l'occasion d'une séance spéciale de la commission
parlementaire de l'agriculture, il irait jusqu'à enlever l'obligation
qu'il y a dans la loi pour l'agriculteur de s'assurer? Autrement dit, le
principe de la loi obligatoire? Est-ce que le ministre pourrait nous dire cela?
C'est simple, la question.
M. TOUPIN: Oui, oui.
M. ROY: C'est simple la question, oui ou non?
M. TOUPIN: J'ai bien compris. Je vous ai dit tantôt qu'il
était possible d'amender les formes d'assurance, mais que le principe de
base, tel qu'il est dans le projet de loi, actuellement, ne peut être
changé.
M. ROY: Bon.
M. TOUPIN: Mais les modalités d'application du principe, elles,
peuvent être discutées. Je peux vous apporter des exemples. Il est
fort possible qu'à la suite d'une commission parlementaire, on en vienne
au compromis suivant: que l'assurance collective puisse s'appliquer par groupes
de producteurs. Il n'est pas nécessaire qu'elle s'applique à tous
les producteurs en même temps. A ce moment, nous ne mettons pas de
côté le principe de l'assurance collective.
C'est tellement vrai ce que je vous dis, que ce que l'on propose dans le
projet de loi ne touche qu'un groupe de producteurs. Cela ne touche pas tous
les producteurs. Cela touche la majorité des producteurs du
Québec, les producteurs laitiers et les producteurs de bovins. Mais tous
les producteurs de grande culture, tous les producteurs maraîchers, les
producteurs de cultures spécialisées ne sont pas touchés
par l'assurance collective.
M. ROY: Mais vous savez que la base de l'agriculture au Québec,
c'est l'industrie laitière.
M. TOUPIN: C'était vrai, mais c'est de moins en moins vrai.
M. ROY: Malheureusement.
M. TOUPIN: C'est de moins en moins vrai.
M. ROY: Malheureusement.
M. TOUPIN: Ce n'est pas malheureusement. C'est de moins en moins vrai.
Regardez le développement des viandes bovines au Québec. Regardez
dans la région de Saint-Jean, il n'y a presque plus de production
laitière, c'est simplement de la production maraîchère qui
se fait et de la production industrielle.
M. ROY: Qu'on développe certaines productions, dans certaines
régions, je suis bien d'accord sur cela; mais qu'on détruise
l'industrie laitière à peu près dans toutes les
régions de la province, cela commence à m'inquiéter.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, on commence à
s'éloigner de l'assurance-récolte.
M. TOUPIN: M. le Président, le député de Beauce-Sud
est contradictoire.
M. ROY: Non, je ne suis pas contradictoire. M. MERCIER: II faudrait lui
faire un dessin.
M. TOUPIN: Tantôt il disait que c'était malheureux qu'on
n'ait qu'une production laitière, et là, il a peur qu'on la
détruise.
M. ROY: Non, non, j'ai dit...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: Un instant, une minute, ne laissez pas le ministre
charrier...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y. Allez-y.
M. ROY: Ne laissez pas charrier le ministre là-dessus. Le
ministre dit que c'est de moins en moins vrai que l'industrie laitière
au Québec a une place prépondérante. J'ai dit au ministre
que c'était malheureux. Alors j'ai ajouté, cependant je le
fais en vertu de l'article 96 que nous ne sommes pas contre, et ce
serait bien malheureux d'être contre. A ce moment, d'autres secteurs de
l'activité agricole se développent au Québec. Quand le
député de Saint-Jean dit que, dans sa région, il y a de
moins en moins d'industrie laitière, j'ajoute que dans une région
comme la mienne, là où il devrait y avoir une
prépondérance pour l'industrie laitière, c'est de plus en
plus vrai que l'industrie laitière s'en va. Alors, c'est dans toutes les
régions de la province.
M. TOUPIN: C'est la production bovine qui se développe dans la
région de la Beauce, et la production porcine.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LESSARD: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que je peux demander au
député de Saguenay si c'est pour compléter ses remarques
préliminaires?
M. LESSARD: C'est pour compléter, M. le Président, mais
également pour avoir plus de précisions sur la réponse du
ministre. Si je comprends bien la réponse du ministre, il n'est pas
question de modifier le principe de l'assurance obligatoire. Elle peut
s'appliquer de différentes façons, selon des modalités
différentes à des groupes d'agriculteurs plutôt que
globalement à l'ensemble des agriculteurs, mais il n'est pas question de
modifier le principe d'assurance obligatoire.
M. TOUPIN: C'est cela.
M. LESSARD: Ce qui veut dire que, malgré le fait que les
agriculteurs puissent être convoqués à une commission
parlementaire, et même si ces agriculteurs ou par l'intermédiaire
de leur organisme contestent le principe d'assurance obligatoire, il n'est
aucunement question pour le ministère de l'Agriculture, et par
conséquent pour le gouvernement, de modifier le principe d'assurance
collective obligatoire.
M. TOUPIN: M. le Président, je me suis déjà
expliqué sur cette question.
J'ai déjà soutenu et je soutiens encore qu'il y a dans la
province de Québec ce n'est pas pour rien que le
député de Saguenay exige qu'il y ait des individus qui viennent
parler, ce n'est pas pour rien que vous exigez ça.
M. LESSARD: Non.
M. TOUPIN: Je sais pourquoi vous voulez l'exiger à part
ça. Parce que je sais qu'il y a des individus qui ne sont pas d'accord
sur ces projets de loi.
M. LESSARD: Beaucoup d'individus et beaucoup de
fédérations aussi.
M. TOUPIN: C'est possible.
M. LESSARD: J'en ai cité au ministre et je pourrais...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: ... recommencer, M. le Président.
M. TOUPIN: Alors, je reviens sur l'idée de fond que j'ai soutenue
en deuxième lecture.
M. LESSARD: L'UPA de Joliette, par exemple...
M. TOUPIN: II y a des fédérations...
M. LESSARD: ... est contre l'assurance collective obligatoire.
M. TOUPIN: Et j'ai discuté avec le président de la
fédération de l'UPA de Joliette avant même que je
dépose le projet de loi, avant qu'on discute la deuxième lecture.
Et le président de la fédération ne m'a pas laissé
entendre qu'il était contre le principe de l'assurance collective. Il
m'a dit: II y a des modalités à l'intérieur de votre
projet de loi que j'aimerais discuter. J'ai dit: Oui, monsieur, les
modalités sont discutables. C'est pour ça une commission
parlementaire.
Il y a des régions dans le Québec qui se sont
prononcées pour et d'autres ne sont pas prononcées du tout. J'ai
discuté je le dis ouvertement avec l'exécutif de
l'UPA et avec le conseil général de l'UPA avant de
présenter ce projet de loi même en première lecture. Je ne
suis pas allé là-dedans les yeux fermés. J'ai
regardé comment se présentait au Québec le problème
de l'assurance-récolte. On en est arrivé à cette
conclusion.
Je reste persuadé qu'une commission parlementaire sur
l'application des modalités est nécessaire. C'est fondamental
parce qu'il est possible que certaines façons que nous proposons dans
l'assurance-récolte collective, pour son application, ne conviennent pas
nécessairement à tous les groupes de producteurs. Il est assez
souple, ce projet de loi, pour que nous agissions presque régionalement,
si ma mémoire est bonne. On peut presque agir régionalement avec
un projet de loi comme celui-ci.
Et cela vient répondre aux besoins que je vous disais
tantôt. Comment allons-nous corriger le problème d'iniquité
et comment allons-nous arriver à une politique de revenu
stabilisé si on n'est pas capable de protéger le minimum,
c'est-à-dire la production agricole à sa base?
M. LESSARD: L'assurance facultative, telle qu'elle a été
instaurée en 1967/68, si elle avait correspondu aux besoins des
agriculteurs, peut-être qu'on n'aurait pas ce problème
aujourd'hui. Mais on avait une assurance collective facultative et on
s'aperçoit qu'on s'est plus ou moins préoccupé des besoins
des agriculteurs, alors que là on veut imposer une camisole de force aux
agriculteurs. Et, parce que ce sera une camisole de force, parce que les
agriculteurs seront obligés de s'assurer, je doute qu'on puisse leur
donner de meilleurs services que ceux qu'on leur a donnés au moment
où c'était une assurance facultative.
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai soutenu en commission
parlementaire et je soutiens encore que, de tous les programmes d'assurance qui
existent au Canada, c'est le Québec qui est parvenu à obtenir le
plus d'adhésions.
M. LESSARD: Ah oui!
M. TOUPIN: Non, non. Et encore...
M. LESSARD: C'est une drôle de courbe.
M. ROY: Une bonne référence pour les autres.
M. TOUPIN: Non, ce n'est pas une référence pour les
autres. C'est-à-dire qu'eux ne sont pas nécessairement une
référence pour nous. Mais nous sommes parvenus à assurer
le plus grand nombre d'agriculteurs dans notre province par rapport aux
assurances vendues dans les autres provinces du pays, qui sont des assurances
à peu près du même type. Cela dénote au moins une
chose. Cela peut ne pas correspondre aux aspirations de chacun des agriculteurs
pris individuellement au Québec; cela est possible, parce que ce ne sont
pas des plans d'assurance individuels, ce sont des plans d'assurance uniformes
mais facultatifs dans leur achat. C'est ça l'assurance collective. Ce
n'est pas un plan d'assurance pour le député de Beauce-Sud, un
autre plan d'assurance pour le député de Joliette et un autre
pour le député de Saguenay. Ce sont des normes de base auxquelles
peuvent adhérer des producteurs. C'est simplement ça.
M. MERCIER: M. le Président, est-ce que...
M. TOUPIN: C'est un des programmes d'assurance auxquels les
agriculteurs, au Canada, ont adhéré le plus. C'est donc dire que
cela correspondait au moins à un minimum d'aspirations des
agriculteurs.
Maintenant, je ne veux pas continuer la discussion sur cette question.
Je veux...
M. ROY: M. le Président,...
M. TOUPIN: ... aborder l'étude article par article.
M. ROY: M. le Président,...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous me permettez, j'aimerais faire une
petite mise au point avant que le député de Beauce-Sud exerce
sont droit de parole pour les remarques préliminaires.
C'est que nous sommes ici, en commission parlementaire, pour faire
l'étude du projet de loi no 20, article par article. Je n'ai pas besoin
de citer l'article de notre règlement qui défend d'amender un
principe. Je pense qu'on peut toujours en faire la suggestion. C'est d'ailleurs
ce que le député de Saguenay a fait. Mais je pense que la
réponse du ministre de l'Agriculture est très claire quant
à ses intentions de procéder. S'il est du désir de la
commission parlementaire d'amender ce principe, elle peut toujours le faire en
rejetant individuellement et chacun à leur tour les articles qui
traitent de ce principe que l'on veut rejeter, en faisant motion pour rejeter
l'article en question.
C'est d'ailleurs, la seule façon qui nous sera permise en
commission parlementaire de modifier le principe, si telle est la
décision ou l'intention de la commission.
J'invite l'honorable député de Beauce-Sud à nous
livrer ses remarques préliminaires sur ce projet de loi no 20.
M. ROY: Merci, M. le Président. Ayant été absent de
l'Assemblée nationale au moment où le projet de loi a
été adopté en deuxième lecture, il est
évident que je n'ai pas été en mesure de faire part de mon
point de vue concernant ce projet de loi no 20, Loi sur
l'assurance-récolte.
J'aimerais simplement toucher le point de l'assurance obligatoire, M. le
Président, avec votre permission, pour dire que ce principe de
l'assurance obligatoire met en cause l'efficacité du système
même. Je ne peux pas croire, réellement, que le ministère
de l'Agriculture puisse s'engager de cette façon vers un régime
d'assurance efficace pour les agriculteurs, qui va réellement rendre les
services auxquels les agriculteurs sont en droit de s'attendre et pour lesquels
ils seront obligés de payer.
Si on prend le principe, par exemple, de l'assurance obligatoire, il est
évident qu'on n'a pas à se soucier tellement de
l'efficacité, d'offrir des avantages, des problèmes de marketing,
des problèmes d'amélioration du régime. C'est obligatoire.
En somme, on va chercher de l'argent chez les agriculteurs. Qu'ils le veuillent
ou non, cela n'a pas d'importance, ils sont obligés de payer.
Alors, quand le ministre vient me dire que c'est pour mettre sur pied
une politique de revenu, j'aurais envie de rigoler, mais je trouve cela trop
triste pour rigoler.
M. TOUPIN: Vous permettez que...
M. ROY: On veut mettre sur pied une politique de revenu stable...
M. TOUPIN: Vous me permettez d'apporter une précision?
M. ROY: M. le Président, si on me le permet, vous pourrez prendre
des notes et apporter des précisions tantôt.
M. TOUPIN: Non, mais c'est parce que vous êtes...
M. ROY: Lorsqu'on parle d'organiser une politique de revenu et...
M. TOUPIN: M. le Président, c'est parce qu'on interprète
mal mes paroles. Je voudrais seulement apporter une précision
là-dessus. Je ne pense pas avoir affirmé une telle chose.
M. LESSARD: Vous le ferez, en vertu de l'article 96, après.
M. TOUPIN: J'ai simplement dit ceci, M. le Président: Comment
voulez-vous qu'il soit possible, au Québec, d'appliquer une politique de
revenu agricole c'est net, cela, une politique de revenu agricole
si...
M. ROY: C'est clair.
M. TOUPIN: ... à la base, nous n'arrivons pas à
protéger ce qui constitue les préliminaires d'un revenu agricole?
C'est ce que j'ai dit. C'est loin de ce que vous affirmez, cela. C'est
très loin.
M. ROY: Non, ce n'est pas tellement loin. M. TOUPIN: C'est très
loin.
M. ROY: Si le ministre m'avait permis de terminer ma phrase, il aurait
compris. Je vois bien que, dans l'esprit du ministre, il veut commencer de
cette façon. On peut être d'accord ou ne pas être d'accord
avec le ministre, lorsqu'on parle d'une politique de revenu et de ce que ce
doit être à la base. Moi, je n'accepte pas le principe que le
ministre vient de nous soumettre à l'effet qu'on commence par imposer
aux agriculteurs une taxe obligatoire, sous prétexte de leur offrir une
sécurité de revenu pour plus tard.
Lorsqu'il s'agit d'imposer un régime d'assurance obligatoire, on
pourra appeler cela de l'assurance obligatoire, mais, dans m esprit, c'est
clair; c'est une taxe déguisée qu'on va chercher dans les poches
des agriculteurs du Québec, de façon à pouvoir leur
offrir, plus tard, et comment, une politique de sécurité du
revenu.
Le ministre sait très bien qu'il y a bien d'autres choses
à faire, dans le Québec, avant de taxer les agriculteurs de
façon à améliorer leur revenu. Il sait qu'il y a bien
d'autres choses à faire là-dedans. Le gouvernement veut agir
ainsi, en quelque sorte, parce qu'il est obligé d'accepter un
déficit de $6 millions qu'il va être obligé
d'intégrer dans les dépenses de la province. Le ministre a dit
que le déficit de l'assurance-récolte allait être
absorbé par la province; on n'aura pas à l'inscrire. Le ministre
ne veut pas être dans l'obligation de revenir devant le Conseil des
ministres ou de retourner devant le ministre des Finances pour faire accepter
des déficits de $2 millions, $2.5 millions ou $3 millions par
année. On veut s'organiser de façon, justement, que, dans le
régime d'assurance-récolte, il y ait suffisamment de revenus pour
qu'il finisse par s'autofinancer.
M. TOUPIN: C'est normal.
M. ROY: C'est peut-être normal, mais demandez-vous donc pourquoi
il aurait fallu qu'on prenne le temps au ministère de
l'Agriculture de se le demander si les agriculteurs du Québec ont
été le plus grand nombre à s'assurer, il y en a si peu qui
soient assurés à ce jour.
M. VEILLEUX: Une question de règlement, M. le
Président.
M. ROY: C'est la question, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Jean, sur une question de règlement.
M. ROY: On est parti de 19,180, en 1968.
M. VEILLEUX: Une question de règlement, M. le
Président.
M. MERCIER: Wo! Wo les moteurs! Un instant, un instant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Jean, sur une question de règlement.
M. CARPENTIER: Une question de règlement.
M. VEILLEUX: M. le Président, je m'excuse, je suis arrivé
quelques minutes en retard.
M. ROY: Cela paraît.
M. VEILLEUX: Mais je tiens à vous dire que, personnellement, j'ai
assisté à tous les débats de deuxième lecture sur
ce projet de loi, comme j'ai assisté à tous les débats
lorsqu'on a discuté, avec le ministre de l'Agriculture, des
crédits de l'Agriculture, lorsque c'était le temps d'en
discuter.
L'intervention que fait présentement le député de
Beauce-Sud est une répétition de ce qui s'est dit en
deuxième lecture à l'Assemblée nationale et c'est une
répétition des choses que le député de Beauce-Sud
auraient dites à la commission parlementaire lors de l'étude des
crédits s'il avait été là. Il n'était pas
là.
M. ROY: Pardon? A quel endroit je n'étais pas?
M. VEILLEUX: M. le Président, je vous demanderais...
M. ROY: J'aimerais avoir des détails. M. le Président,
question de règlement ou question de privilège, si vous le
voulez...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous pourrez y revenir après en vertu
de...
M. ROY: Quand le député de Saint-Jean dit que je n'y
étais pas, j'aimerais avoir bien compris à quel endroit je
n'étais pas. S'il dit que c'est à l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture, je regrette,
j'étais présent.
M. CARPENTIER: Non pas pour les crédits
supplémentaires.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
J'ai bien compris la question de règlement soulevée par le
député de Saint-Jean et je suis un peu d'accord avec lui puisque
j'en avais même averti l'honorable député de
Beauce-Sud...
M. LESSARD: M. le Président, sur la question de règlement,
avant que vous ne preniez une décision...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis déjà assez
éclairé.
M. LESSARD: Voici, M. le Président, sur la question de
règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis déjà assez
éclairé.
M. LESSARD: Voici, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis déjà assez
éclairé, c'est clair.
M. LESSARD: Je regrette, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: Je regrette...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis assez éclairé, je rends
ma décision...
M. LESSARD: Ne prenez pas une décision...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... en demandant... Laissez-moi donc la
prendre, vous allez voir...
M. LESSARD: Ne prenez pas une décision, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... en demandant au député de
Beauce-Sud de bien vouloir compléter ses remarques
préliminaires...
M. CARPENTIER: A l'ordre, Saguenay! UNE VOIX: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... de façon... Bien oui, il ne faut
quand même pas s'énerver.
M. LESSARD: M. le Président, il y a des précédents
qui ont été créés antérieurement.
M. MERCIER: Enerve-toi pas, mon vieux! LE PRESIDENT (M. Gratton): ... de
façon à faire le moins possible allusion au principe et j'attire
simplement l'attention du député sur l'article 158 de notre
règlement qui dit "qu'une commission ne peut modifier, dans son
principe, une proposition qui a déjà été
acceptée par l'Assemblée." Je sais que le député de
Beauce-Sud le sait depuis longtemps. Il connaît très bien cet
article et je sais que dans son respect traditionnel de notre règlement
il va se conformer à ma décision et terminer sur une note tout
à fait dégagée.
M. ROY: Je vous remercie...
M. LESSARD: Je voudrais quand même, M. le Président,
soulever une question de règlement. Nos règlements sont
déterminés par le code Lavoie actuellement. Or, on y lit,
à l'article 3, 5e, que "la procédure de l'Assemblée
nationale du Québec est réglée par les
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et du règlement."
Je vous souligne, M. le Président, qu'à chaque fois que
nous sommes venus discuter un projet de loi ici dans une commission
parlementaire, avant d'entreprendre l'article I, il nous a été
possible et cela a toujours été accepté de
discuter le projet de loi dans son sens général avant de
s'engager dans une discussion concernant les détails. Je vous indique
aussi que lorsque nous avons eu à étudier les crédits d'un
ministère, cette coutume a été respectée. Nous vous
demandons de nous permettre de faire une discussion générale
à l'article 1, comme ceci a été accepté chaque fois
que nous avons eu à étudier un projet de loi. C'est sur quoi je
voulais intervenir tout à l'heure. Ce que nous constatons, semble-t-il,
actuellement, c'est qu'on voudrait nous empêcher de discuter du
problème général dont on devrait discuter en vertu de ce
projet de loi alors que la coutume nous l'a toujours permis.
Je vous indique, M. le Président, que si j'ai encore des
questions concernant les principes généraux, je vais continuer
à les poser.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Simplement pour clarifier, je suis tout
à fait d'accord avec le député de Saguenay, sauf que dans
le cas du principe de l'assurance collective, le ministre a déjà
rendu sa décision et qu'il n'entend la modifier en aucune
façon.
J'ai indiqué de quelle façon on peut modifier ce principe
en rejetant, article par article, les articles qui touchent à ce point.
En fait, vous pourrez poser toutes les questions d'ordre général
qu'il vous plaira je peux vous accompagner jusqu'à demain matin,
s'il le faut mais il faudrait quand même trouver un autre principe
général que celui de l'assurance collective.
Je suis sûr que le député de Beauce-Sud
s'apprête à faire exactement cela.
L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je veux bien
respecter le règlement de l'Assemblée nationale et nos
traditions.
Lorsqu'un projet de loi est étudié article par article,
qu'il soit étudié en commission plénière ou en
commission élue, cela a toujours été le privilège
des membres ou de la commission ou de l'Assemblée nationale de faire des
observations générales...
M. MERCIER: Au lieu de faire de l'agitation dans les comtés des
autres, s'il avait été présent...
M. ROY: ... comme en deuxième lecture.
M. MERCIER: ... il aurait pu exprimer cela à ce
moment-là.
M. CARPENTIER: II a déclaré lui-même qu'il
n'était pas présent à l'Assemblée nationale; il
avait beau l'être.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est ce que je vous invite à
faire.
M. MERCIER: Au lieu d'aller faire de l'agitation dans les autres
comtés...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. MERCIER: ... il aurait pu être présent à
l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: II n'y avait pas de session, ce soir-là, mon cher
collègue.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! J'invite l'honorable
député de Beauce-Sud à faire ses remarques
générales.
M. ROY: Vous m'invitez à faire des remarques
générales? Est-ce que je peux les faire ou est-ce que je vais
passer...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ah! oui, vous pouvez les faire.
M. ROY: ... mon temps à être interrompu, comme tout
à l'heure?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, je vais les arrêter.
M. ROY: Parce que vous m'aviez invité à faire mes
remarques générales et c'est dans ce sens-là que je les
faisais.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vais les empêcher de le faire.
M. ROY: Mais les remarques que j'ai faites jusqu'à maintenant,
c'est autour de tout ce qui touche les articles du présent projet de
loi.
M. CARPENTIER: Ce n'est pas cela.
M. ROY: C'est un projet de loi qui veut instituer au Québec
l'assurance-récolte obligatoire. Je ne peux pas ne pas en parler; c'est
de cela que la loi discute et c'est ce qu'il y a dans la loi,
l'assurance-récolte obligatoire.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas cela.
M. ROY: II y a des dispositions dans cette loi qui touchent l'assurance
obligatoire. Il y a des articles dans ce projet de loi qui touchent les
modalités pour déterminer de quelle façon sera
appliquée l'assurance-récolte obligatoire au Québec. On me
demande de ne pas parler de l'assurance-récolte obligatoire. Alors,
présentez-nous un autre projet de loi. Il faut quand même
être logique.
M. CARPENTIER: Vous n'étiez pas en Chambre au moment
opportun.
M. ROY: II faut quand même être logique.
M. LACROIX: Vous n'aviez qu'à être en Chambre l'autre jour,
vous auriez pu en parler du principe...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LACROIX: ... du projet de loi.
M. CARPENTIER: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: Tiens!
M. CARPENTIER: Comment tiens?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que vous avez terminé?
M. LACROIX: On ne recommencera pas les débats.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. ROY: M. le
Président...
M. LESSARD: Le député n'a pas terminé, mais le
député des Iles-de-la-Madeleine vient d'intervenir...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: ... au moment où vous avez permis au
député de Beauce-Sud de faire...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: ... ses commentaires généraux. D'accord, M. le
Président, on est prêt à se soumettre à l'ordre,
mais on vous demande
M. LACROIX: Le président ne peut pas vous donner...
M. ROY: Si vous voulez rester ici jusqu'à minuit...
M. LACROIX: ... d'autorisation autre que ce que le règlement
permet.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. ROY: D'accord là?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. ROY: On n'est pas pressé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: J'ai des choses à dire et je vais les dire.
M. LACROIX: Veillez avec les gard du PQ et...
M. ROY: Vous ne m'empêcherez pas de les dire.
M. LACROIX: ...ne venez pas nous écoeurer.
M. ROY: Vous ne m'empêcherez pas de les dire.
M. LACROIX: Cela fait assez longtemps que vous nous écoeurez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! Si cela continue, vous
allez m'inviter à suspendre et je pense bien que personne ne souhaite
cela.
M. ROY: Dites cela à vos collègues.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je le dis à tout le monde.
M. LACROIX: Lequel gueule le plus? C'est vous.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense bien que vous le comprenez,
d'ailleurs.
M. CARPENTIER: Prenez votre pilule. M. LACROIX: Vendu !
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît ! Je demande
la collaboration de tout le monde.
M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A droite, à gauche, au centre et dans
le milieu. aussi d'intervenir auprès de vos collègues
libéraux...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bien oui, mais...
M. LESSARD: ... pour qu'ils se soumettent aux règlements de
l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... il n'y a qu'une façon de crier
à l'ordre. Je n'ai pas une façon différente de crier quand
c'est aux ministériels qu'à l'Opposition.
M. LACROIX: M. le Président, il y a une chose, c'est que le
projet de loi a été étudié en Chambre. Si un
député n'était pas présent, nous ne sommes pas pour
recommencer des débats du commencement à la fin; autrement, nous
n'en finirons jamais.
M. CARPENTIER: C'est cela.
M. LACROIX: A ce moment-là, le discours que veut faire le
député de Beauce-Sud, il n'avait qu'à être
présent en Chambre et à le faire.
M. CARPENTIER: Absolument.
M. LACROIX: II n'y était pas, il ne parlera pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. ROY: M. le Président, je regrette... M. LACROIX: Vous allez
parler sur... M. ROY: Je regrette... LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LACROIX: ... ce que le règlement vous permet de dire,
monsieur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. ROY: Je regrette, M. le Président, mais ce n'est pas...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: ... le député des Iles-de-la-Madeleine, même
s'il a dix haut-parleurs, qui va m'empêcher de parler et dire ce que j'ai
à dire sur ce projet de loi.
M. LACROIX: Selon le règlement.
M. ROY: Je veux que ce soit bien compris, selon le règlement et
selon l'autorisation et la permission que j'ai eue du président.
M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: ... j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant, s'il vous plaît !
Laissez-moi finir ma phrase.
M. ROY: II y a un mot qui vient d'être employé par le
député des Iles-de-la-Madeleine et il va retirer ses paroles.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je n'ai rien entendu.
M. CARPENTIER: II faudrait un règlement seulement pour eux
autres.
M. ROY: II a dit le mot vendu. Si vous n'avez rien entendu, je vous le
répète...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. ROY: ... et il va retirer ses
paroles. LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. ROY: Sans cela, vous ne
siégerez pas. LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: Je ne tolérerai pas, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: ... qu'on me traite de vendu à une commission
parlementaire, vous m'entendez là?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CARPENTIER: Cela vaut pour l'Assemblée.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: Faites-lui retirer ses propos, c'est clair?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je ne peux pas lui faire retirer des propos
que je n'ai pas entendus.
M. ROY: M. le Président, il a employé...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Et, de toute façon...
M. ROY: ... le mot vendu...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: ... et ce sera au journal des Débats. Demandez-lui de
retirer ses propos.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bon, vous soulèverez une question de
privilège en Chambre.
M. CARPENTIER: C'est pour l'Assemblée.
M. ROY: Non, monsieur, je ne soulèverai pas...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: ... une question de privilège en Chambre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je rappelle l'honorable
député de Beauce-Sud à l'ordre.
M. ROY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): S'il vous plaft!
M. ROY: J'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y, question de règlement.
M. ROY: Question de règlement. L'honorable député
des Iles-de-la-Madeleine m'a traité de vendu. C'est un terme qui est
antiparlementaire, c'est un terme qui est inacceptable, M. le Président.
Vous avez le devoir strict, comme président de la commission il y
a des articles qui prévoient quand le président peut manquer
à son devoir de demander au député des
Iles-de-la-Madeleine de retirer ses paroles, parce qu'elles vont être
inscrites au journal des Débats, M. le Président. Qu'il retire
ses paroles.
M. LACROIX: Je les retire étant donné qu'il est
déjà vendu d'avance.
M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: ... ce n'est pas de cette façon que nous allons accepter
ces propos.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. ROY: Qu'il les retire sans commentaires.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que je pourrais demander...
M. ROY: Sans commentaires.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LACROIX: Vous l'avez entendu, là?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Aimeriez-vous que je lui pose la
question?
M. ROY: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que je pourrais demander à
l'honorable député des Iles-de-la-Madeleine, par respect pour
notre règlement, s'il veut bien retirer ses paroles?
M. LACROIX: Pour vous, M. le Président, je retire mes paroles,
parce qu'il est acheté, le monsieur en avant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous remercie.
M. ROY: M. le Président, sans commentaires.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. ROY: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que vous pourriez faire...
M. ROY: ... je regrette...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: Je regrette, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. ROY: Demandez-lui de retirer ses propos sans commentaires.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Est-ce qu'il serait possible au
député des Iles-de-la-Madeleine...
M. LACROIX: Sans commentaires, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'incident est clos. L'incident est clos.
Alors le député de Beauce-Sud va maintenant conclure ses
remarques générales.
M. ROY: Oui, monsieur, que ça plaise ou non à mes
collègues "libéral".
DES VOIX: Libéraux.
M. ROY: Je vais terminer par la phrase suivante. Mes collègues
libéraux; ils parlent tellement souvent en Chambre sur des choses
sérieuses qu'on pourrait les mettre au singulier, puis on ne se
tromperait pas.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ne provoquez pas d'autres prises de bec.
M. ROY: M. le Président, je terminerai mes propos en disant tout
simplement que ce projet de loi no 20 est tout simplement et purement une taxe
déguisée et hypocrite qu'on impose aux agriculteurs du
Québec.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article!, adopté?
M. LESSARD: Le député de Nicolet-Yamaska a demandé
de faire une intervention et nous en sommes fort heureux.
M. FAUCHER: J'aurais une question, je pense que les gens veulent abuser,
moi je ne suis pas un enfant d'école ici, je suis sérieux.
L'assurance-récolte, je suis au courant depuis que ça marche, je
suis au courant des abus qu'il y a eu, je me pose une question actuellement.
S'il y a un ouragan, si les récoltes sont détruites, s'il y a une
partie des cultivateurs qui sont assurés et une autre partie des
cultivateurs qui ne le sont pas, on va payer ceux qui sont assurés, mais
qu'est-ce qu'on va faire avec les autres?
M. LACROIX: Un deuxième ouragan.
M. TOUPIN: M. le Président, la question est pertinente. Voici
actuellement ce que le ministère fait. Il ne peut d'ailleurs, par un
programme nouveau, nier un programme existant. Lorsque le problème s'est
posé en 1972, les producteurs assurés ont eu des
indemnités conformes à leurs pertes alors que les
non-assurés ont dû se contenter d'un prêt à moyen ou
à long terme, à moyen terme notamment, pour régler le
problème. Malheureusement nous n'avons pas pu le régler. Nous
avons seulement mis là un cataplasme qui n'a rien apporté de
valable au développement économique de l'agriculture. Alors il
n'y a pas d'autre façon que d'y aller sous des formes de
prêts.
On ne peut apporter d'aide directe puisqu'il existe un programme
d'assurance-récolte. On ne peut apporter d'aide autre que des
prêts et on ne règle aucun problème à ce
moment-là. C'est une des raisons, d'ailleurs, de l'objectif de
l'assurance-récolte collective pour pallier ces situations
désastreuses, je ne suis pas le seul à le constater.
M. LACROIX: II y a toujours l'entente fédérale-provinciale
qui peut intervenir à ce moment-là quand c'est un Acte of God et
que cela dépasse tel montant...
M. TOUPIN: Le fédéral a lui-même un programme
d'assurance-récolte puisque les programmes sont conjoints. Alors le
fédéral lui-même ne peut intervenir qu'indirectement
auprès des non-assurés, parce que le programme est conjoint. Le
gouvernement fédéral paie la moitié des primes ou il paie
la moitié de l'administration et ainsi il s'implique directement dans
les programmes d'assurance provinciale en apportant sa contribution, sa
collaboration. Les normes établies par le gouvernement
fédéral, que je trouve normales évidemment, sont
générales dans le Canada, sauf que le Québec n'a pas cru
bon, lui, d'accepter certaines sections de l'assurance-récolte
fédérale, notamment celle de la réassurance, qui au fond
n'apportait rien de nouveau ou rien de complémentaire au programme
existant déjà.
Définitions
LE PRESIDEXT (M. Gratton): L'article 1 est-il adopté?
UXE VOIX: Adopté.
LE PRESIDEXT (M. Gratton): Adopté.
M. VEILLEUX: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre sur l'article 1.
LE PRESIDEXT (M. Gratton): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: On y donne la définition de producteur. Cet
après-midi vous avez mentionné une définition dans une
loi, il y en aurait possiblement une autre ailleurs; laquelle s'applique?
Est-ce que c'est le simple fait de produire, quelle que soit la somme, qui fait
qu'on est habile à bénéficier de
l'assurance-récolte?
M. TOUPIX: En principe, lorsque l'assurance-récolte applique un
programme en particulier, elle définit de façon plus nette les
quantités d'acres à couvrir. Par exemple un gars qui exploite une
seule acre de terre pour fins de céréales, il faut hésiter
avant de lui émettre une police. Par ailleurs un gars qui exploite une
acre de terre en pommes de terre, là cela se pose d'une façon
très différente. Si on exploite une acre de terre en laitue par
exemple, ça se pose aussi de façon différente.
M. VEILLEUX: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, pour empêcher ces
embêtements, de prévoir ici une somme d'argent minimum? Je ne sais
pas, vous prenez des exemples, la laitue, ces choses-là. Il peut fort
bien y avoir quelqu'un aussi qui veut appliquer ça au producteur,
pousser à l'absurde et dire: Moi j'ai un jardin, je produis, donc...
M. TOUPIN: En principe, oui, mais évidemment, à ce moment,
il faut procéder par exclusion. Supposons qu'on mette un montant de
SI,000, par exemple, comme on l'a fait pour la Loi des producteurs agricoles.
On est à peu près certain que $1,000 de revenu va couvrir
à peu près tous ceux qui ne s'assurent pas et qui ne s'assureront
probablement jamais parce que l'assurance vise surtout les fermiers à
temps plein, et ils sont assez exceptionnels, je pense, ceux qui ne sont pas
des professionnels agricoles et qui se prévalent du programme
d'assurance, actuellement.
M. LESSARD: Qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce que c'est la
définition de l'agriculteur qui vend pour $1,000 ou est-ce la
définition qui veut que l'agriculteur soit celui qui va chercher 51 p.c.
de ses revenus dans l'agriculture? Je pense que cela laisse à
interprétation...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: L'article 1 a) laisse assez à interprétation
qu'on devrait préciser beaucoup plus, et je pense que la question du
député de Saint-Jean est très valable.
M. ROY: Je me permettrai d'ajouter ceci. Il faudrait clarifier et
préciser le mot producteur parce qu'il y a une définition dans la
Loi des marchés agricoles, il y a une définition dans la loi qui
concerne l'UPA, il y a une définition dans la Loi du crédit
agricole, il y a une définition dans la Loi de l'amélioration des
fermes. Il y a plusieurs définitions, en somme. Je ne les ai pas toutes
devant moi, mais...
M. TOUPIN: II y a trois définitions, actuellement...
M. ROY: ... qui prévalent...
M. TOUPIN: ... qui priment...
M. ROY: ... qui priment les autres.
M. TOUPIN: Non. Elles sont générales.
M. ROY: Elles sont générales?
M. TOUPIN: Oui. Il y en a trois...
M. ROY: Bon.
M. TOUPIN: ... et celle que l'on retrouve dans la Loi des producteurs
agricoles est la définition de la profession agricole au Québec.
On l'a mise là pour établir une référence nette
vis-à-vis d'un agriculteur professionnel par rapport à un non
professionnel. On est bien d'accord qu'un montant de $1,000 n'est pas
très élevé, mais c'est encore beaucoup plus que $50, tel
que le prévoyait le gouvernement fédéral et tel que le
prévoyaient nos lois auparavant. C'est une définition qui
s'applique dans un cadre de profession, dans un cadre professionnel.
Le ministère a épousé cette définition pour
appliquer une partie de ses programmes, et c'est exactement la question que
posait le député de Saint-Jean en Chambre cet après-midi.
J'ai apporté la précision en disant que, pour les fins
d'application du programme, nous avons jugé qu'il était
nécessaire que nous nous ajustions, tout compte fait, sur la
définition que nous avions donnée à un professionnel
agricole. La première.
La deuxième définition est celle que l'on retrouve dans
les lois de crédit. D'ailleurs, cette
définition se retrouve dans toutes les lois de crédit,
qu'il s'agisse du crédit agricole ou d'autre forme de crédit.
C'est qu'il faut que le propriétaire de la ferme retire plus de la
moitié de son revenu de la ferme. Alors, pourquoi avons-nous mis cette
définition? C'est parce que le prêt agricole a,
précisément, pour fonction de financer une ferme agricole, donc,
une ferme de professionnel qui vit de l'agriculture. Autrement, si le
gouvernement se met à prêter à tous ceux qui vendent pour
plus de $1,000, je sais bien que plusieurs travailleurs de l'industrie ou des
professions dites libérales qui sont propriétaires de fermes et
qui vendent pour plus de $1,000 pourront avoir accès à de tels
prêts. Pourtant, ils ont un revenu supérieur à
l'extérieur de l'agriculture, mais au moment où ils font la
preuve du contraire, nous les incluons dans le programme.
Et la troisième définition est celle que nous retrouvons
dans deux ou trois lois en particulier. Prenons celle-ci qui est celle de la
Loi de la mise en marché des produits agricoles. Cette loi dit: "Un
producteur au sens de la loi est celui qui met en marché un produit,
mais lorsqu'un plan conjoint est instauré, les agriculteurs
eux-mêmes définissent ce qu'ils entendent par un producteur
spécialisé". Si je prends comme exemple le poulet, on dit que
pour être membre du plan, il faut posséder un poulailler d'au
moins 3,000 unités. Tous ceux qui produisent moins de 3,000 ne sont pas
couverts par le plan conjoint et, par conséquent, n'ont pas de quota de
production. Pourquoi? C'est que ces derniers, nous dit-on, n'ont pas
d'influence sur le comportement, en général, du marché. Ce
sont des agriculteurs essentiellement marginaux. Et cette défintion que
nous retrouvons ici dit que c'est le propriétaire, locataire ou occupant
d'une exploitation agricole.
Lorsque nous faisons nos programmes d'assurance, nous
définissons, pour chacune des catégories de récolte,
chacune des catégories de production, l'assurance, c'est-à-dire
ce qu'on doit assurer. Le but de cette loi n'est pas de définir un
producteur agricole.
Le but de ce projet de loi est de définir une partie de terre
qu'on assure pour telle, telle ou telle fin, et notamment des fins
agricoles.
M. ROY: En somme le mot "producteur", vous voulez avoir suffisamment de
souplesse pour pouvoir l'appliquer dans les différentes
catégories de façon différente.
M. TOUPIN: C'est exact.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre d'Etat à l'ODEQ
avait demandé la parole.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, tantôt vous avez
parlé de culture de patates à l'acre. Je pense que cela peut
porter à confusion. On se demande si réellement c'est couvert par
cette formule d'assurance, puisque, dans les notes explicatives, il n'en est
pas question du tout.
M. TOUPIN: Nous allons le voir dans certains articles, un peu plus loin,
articles qui donnent à la régie le pouvoir de
réglementation. Dans ces pouvoirs se trouve la possibilité pour
la régie de définir un programme d'assurance-récolte. Par
conséquent...
M. QUENNEVILLE: Est-ce que cela couvre aussi la culture sous serre?
M. TOUPIN: Non.
M. QUENNEVILLE: Pas du tout, même s'il y avait une acre?
M. TOUPIN: Même pas.
M. QUENNEVILLE: II y en a d'ailleurs.
M. TOUPIN: Cela ne couvre pas du tout la culture sous serre. Cela couvre
seulement les cultures qui sont susceptibles d'être l'objet d'un acte du
Seigneur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Pour faire suite aux propos que je tenais aux explications
que je demandais au ministre, pour plus de sécurité, pour les
membres de la régie et pour le ministère, est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu d'ajouter, au paragraphe a): "tel que défini par
règlement"? Parce que j'ai l'impression que vous allez être
obligé de dire par règlement, que pour telle production, ce sera
un minimum, pour telle grandeur. Est-ce qu'on pourrait ajouter, pour plus de
sécurité: "tel que défini par règlement"?
M. TOUPIN: Je suis prêt à prendre en note la proposition du
député de Saint-Jean. Nous allons retrouver tantôt certains
autres articles qui donnent jusqu'à un certain point ce pouvoir à
la régie. Si toutefois ce pouvoir n'est pas suffisant, il y aura
peut-être lieu, à ce moment, de le préciser dans l'article
où on donne des pouvoirs à la régie, plutôt que de
le retrouver dans deux articles différents. Si le député
de Saint-Jean n'a pas d'objection.
M. VEILLEUX: On peut l'adopter sous réserve de ce que je viens de
dire.
M. TOUPIN: Sous réserve d'autres articles.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous allez pouvoir revenir si vous
n'êtes pas satisfait.
M. LESSARD: Si le député de Saint-Jean demande cela
à a), il faudrait peut-être aussi le demander à d),
à e) et le demander à f) aussi, parce que la zone va être
définie aussi par
règlement. L'expertise collective est aussi définie par
règlement, parce que ce n'est pas précisé quand on dit,
particulièrement à d): zone: un territoire dont la
délimitation géographique, établie par la régie, se
fonde sur des critères d'homogénéité quant à
la nature du sol, la topographie et les conditions climatiques. J'estime que
les règlements vont être un peu plus précis sur cette
définition de zone. En ce qui concerne l'expertise collective, je pense
que c'est la même chose. J'espère que les règlements, qui
seront non seulement soumis au lieutenant-gouverneur mais aussi à
l'Assemblée nationale, seront beaucoup plus explicites concernant
l'échantillonnage prélevé sur diverses exploitations
agricoles d'une même zone aux fins de déterminer le rendement
réel des récoltes assurées dans la zone, de même que
l'expertise individuelle, dont on dit qu'il s'agit de "la constatation
effectuée chez un producteur aux fins de déterminer le rendement
réel de sa récolte assurée." Par exemple, est-ce qu'on va
faire seulement une constatation? Est-ce qu'on va utiliser le terrain le moins
rentable?
M. TOUPIN: Je ne veux pas couper la parole au député de
Saguenay, mais je pense qu'on peut retrouver à l'article 74, au
paragraphe c), par exemple...
M. LESSARD: C'est ça.
M. ROY: Paragraphes c) et e).
M. TOUPIN: ... que la régie peut "déterminer les personnes
qui peuvent faire une demande d'assurance pour le compte du producteur."
M. ROY: Oui, et à e).
M. TOUPIN: Identifier les catégories de récoltes
assurables et délimiter dans la province des zones ayant la
caractéristique d'homogénéité quant à la
nature du sol et des conditions climatiques.
M. ROY: Le paragraphe e) dit ceci: "déterminer les conditions
d'éligibilité d'un producteur au système individuel."
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ce qui veut dire que...
M. LESSARD: M. le Président, j'aimerais poser une question au
ministre: Est-ce que le ministre a l'intention de faire discuter ces
règlements à la commission parlementaire de l'agriculture?
M. TOUPIN: II n'y a pas d'inconvénient, M. le Président et
j'irai plus loin. Vous allez retrouver dans d'autres articles la mise en place
de comités consultatifs. Je ne sais pas, on verra à
l'article...
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: Je pense que la régie devra former ses comités
et elle devra les consulter avant de mettre en place différents
programmes, ce qui n'existait pas auparavant dans d'autres lois.
M. MERCIER: M. le Président, tout simplement une question
d'information au ministre relativement à l'article 1 b). Pour quelle
raison faites-vous exception pour le mais-grain dans les grandes cultures?
M. TOUPIN: Dans l'article 1 b)? M. MERCIER: L'article 1 b). M. TOUPIN:
Oui.
M. MERCIER: Dans la définition de "grande culture".
M. TOUPIN: C'est parce qu'ona jugé préférable de
placer le mais-grain dans les cultures spéciales. Plus cela va au
Québec, plus les producteurs de mais-grain deviennent des producteurs
spécialisés. De moins en moins, on retrouve des producteurs qui
font du mais pour l'alimentation de leur propre bétail. De telle sorte
que cela ne dérange pas du tout, dans l'ensemble du système... Ah
oui, ils sont très bien localisés. Evidemment, cela peut causer
quelques préjudices, peut-être, à quelques producteurs,
mais très exceptionnellement.
On a préféré en faire un programme. D'ailleurs,
c'est à la demande de ces derniers...
M. MERCIER: Ah bon!
M. TOUPIN: ... qu'on a voulu en faire un programme particulier.
M. MERCIER: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que l'article 1 est adopté?
DES VOIX: Adopté.
Régie de l'assurance-récolte
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 2?
M. VEILLEUX: M. le Président, à l'article 2, j'en ai fait
mention au ministre en aparté, et je le resouligne ici, à moins
que je ne me trompe, selon la loi 22, un organisme gouvernemental ou
paragouvernemental ne peut porter que le nom français. Alors, il
faudrait ici apporter un amendement: Un organisme est institué sous le
nom de Régie de l'assurance-récolte du Québec.
M. LESSARD: J'appuie l'amendement du député de
Saint-Jean.
M. TOUPIN: Je n'y vois pas d'inconvénient,
M. le Président. Mais, avant d'accepter la proposition, est-ce
que le député me permettrait, demain, de consulter le
comité de législation, qui, lui, soutient la thèse
contraire? Alors, j'aimerais le consulter à nouveau avant d'accepter
l'amendement.
M. LESSARD: La loi 22 est-elle contestée à
l'intérieur des ministères?
M. TOUPIN: Ce n'est pas une question de contestation...
M. VEILLEUX: Alors, M. le Président, on peut suspendre l'article
jusqu'à la prochaine réunion, où on nous fera part...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, l'article 2 est laissé en
suspens. Article 3?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 4?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 5?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 6?
M. LESSARD: Une minute.
M. ROY: Article 5: "La régie est formée de cinq membres
dont un président et un vice-président, nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil qui fixe le traitement ou, s'il y a lieu, le
traitement additionnel, les honoraires et les allocations de chacun d'eux! "
Alors, c'est dans les modalités. "Le président et le
vice-président sont, respectivement, directeur général et
directeur général adjoint de la régie. "Le
président et le vice-président sont nommés pour au plus
dix ans; les autres régisseurs sont nommés pour trois ans: deux
sont choisis parmi les représentants des associations d'agriculteurs et
le troisième est choisi parmi les représentants d'entreprises
para-agricoles ou parmi les représentants du monde des affaires.
"Nonobstant l'expiration de leur mandat, les membres de la régie
demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils soient nommés de nouveau
ou remplacés".
J'aimerais connaître ici, puisqu'il s'agit d'une disposition bien
claire, si le ministre a des idées bien arrêtées
là-dessus.
M. TOUPIN: Alors, je vais vous expliquer d'abord. Si nous prenons
l'ancienne loi, elle disait que la régie était formée du
président, du vire-président, de deux fonctionnaires du minis-
tère de l'Agriculture et d'un agriculteur. Cette année, on a
voulu donner plus de place aux agriculteurs. On en a nommé d'abord deux.
Mais on sait que plus on va dans l'assurance-récolte et le
député de Saint-Jean là-dessus pourra confirmer mes propos
parce qu'il vit dans cette région plus les conserveries,
notamment, incitent l'ensemble de leurs producteurs, par contrat, à
s'assurer, etc.
Donc, on a cru bon le mettre de cette façon pour inviter un
représentant possible quand on parle du monde des affaires
de ce secteur qui, lui aussi, est impliqué.
On a pensé à une autre chose, On s'est dit: II y a aussi
des gens au Québec qui ont de bonnes expériences en assurance et
il y aurait peut-être avantage à ce qu'ils soient
régisseurs, pour trois ans par exemple, ou pour deux ans, en vue
d'indiquer à la régie certaines orientations précises sur
le travail, par exemple, à faire en ce qui concerne l'actuariat, en ce
qui concerne la confection de programmes, etc.
Ce sont les raisons qui nous ont amenés à modifier cet
article et à le rédiger de cette façon. Quant à la
dernière partie, et je pense que c'est à celle-là que se
référait le député de Beauce-Sud: "Nonobstant
l'expiration de leur mandat, les membres de la régie...". Si nous avons
mis cet article, c'est précisément que, nonobstant leur mandat,
ceux qui sont là, y demeurent jusqu'à ce qu'ils soient
nommés à nouveau ou jusqu'à ce que d'autres soient
nommés.
M. VEILLEUX: II n'y a aucune mise à pied...
M. TOUPIN: Absolument aucune.
M. VEILLEUX: ... des membres de la régie,...
M. TOUPIN: Ah non! Absolument aucune.
M. VEILLEUX: ... de transferts.
M. ROY: J'aime bien le terme "mise à pied".
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté? Article 5.
M. ROY: Non, non, un instant, M. le Président, "...ou parmi les
représentants du monde des affaires." J'ai beaucoup de réserves
à ce moment-ci.
Il s'agit de nommer le troisième. Le ministre nous a
parlé, par exemple, d'un actuaire. Je verrais très mal un
actuaire faire partie du comité de la régie. Je verrais
plutôt l'actuaire comme conseiller à la régie...
M. TOUPIN: M. le Président, je ne pense pas que...
M. ROY: ... plutôt que d'avoir une person-
ne... Il est bien important d'avoir des gens du milieu, qui sont
concernés par le milieu, des gens représentatifs. Même si
cela chatouille mes collègues quand on parle d'un système
d'assurance obligatoire, cela en est un. Il s'agit d'un système
d'assurance obligatoire, un système d'assurance qui va être
payé par les producteurs eux-mêmes, avec contribution de 50 p.c.
du gouvernement. Alors, que le gouvernement s'occupe de faire
l'élimination, on n'a pas d'objection non plus, mais qu'on ouvre une
porte pour aller chercher quelques représentants du monde des affaires,
j'ai énormément de réserves, parce que je dis que la place
devrait être réservée.
Il y a tellement de secteurs dans l'agriculture. Il y a toutes les
sociétés agricoles paragou-vernementales, il y a le
ministère de l'Agriculture, avec tous ses organismes et tous ses
services, et où vous avez seulement cinq personnes. Ce serait un
comité de dix personnes, je n'aurais pas d'objection, mais étant
donné que vous n'avez que cinq personnes, je pense qu'il serait normal,
et j'en fais même une proposition, qu'on mette un point après les
mots "entreprises para-agricoles" et qu'on raie les mots suivants, "ou parmi
les représentants du monde des affaires" pour les raisons que j'ai
expliquées. Qu'on laisse donc le domaine de l'assu-rance-récolte
aux agriculteurs eux-mêmes, ainsi qu'aux officiers des entreprises
agricoles ou du gouvernement.
Moi, je suis opposé à ce que vous alliez chercher
quelqu'un du monde des affaires.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, si, par exemple...
M. ROY: Si on me permet, une petite minute, avant de terminer. Je
remarque bien que les arguments du ministre sont valables, mais rien
n'empêche les membres de la régie de faire de la consultation, de
s'adjoindre des experts et leur demander des rapports, mais qu'on laisse la
régie entre les mains des personnes que j'ai mentionnées
tantôt.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, est-ce que le
député de Beauce-Sud accepterait, par exemple, que ce soit des
représentants du monde des affaires connexe à l'agriculture?
M. ROY: Bien oui. mais on le dit, ici: Les entreprises para-agricoles.
C'est dit précédemment.
M. QUEXNEVILLE: J'entends pour celui que vous amenez, là.
M. ROY: C'est dit: Ou d'entreprises para-agricoles.
M. QUEXNEVILLE: Le monde des affaires agricoles, aussi.
M. ROY:Là, c'est le monde des affaires.
M. QUENNEVILLE: Connexe à l'agriculture.
M. ROY: Si on ajoute le monde des affaires agricoles, je n'ai pas
d'objection, mais je dis que c'est superflu parce que c'est inclus dans la
phrase précédente, dans les mots qui précèdent.
M. QUENNEVILLE: Para-agricoles.
M. ROY: Lorsqu'on dit le monde des affaires, ou ouvre cela au monde des
affaires en général, et le ministre a bien dit lui-même
qu'il peut envoyer chercher quelqu'un dans une compagnie d'assurance. Je pense
que là on ouvre une porte.
M. TOUPIN: Je vous ai donné les raisons, sauf que, tantôt,
je ne parlais pas d'un actuaire. Je disais qu'il ne serait peut-être pas
mauvais que la Régie de l'assurance-récolte ait, par exemple,
dans son conseil d'administration, un homme qui ne fait partie ni du monde
para-agricole, ni du monde des agriculteurs, mais qui connaisse l'assurance et
qui puisse être, pour la régie, au moment opportun, au moment de
ces rencontres, un conseiller utile.
M. VEILLEUX: Changez donc le mot "affaires" par "assurances", "le monde
des assurances".
M. ROY: J'ai la même réserve.
M. TOUPIN: On peut le retrouver dans le para-agricole.
M. ROY: J'ai la même réserve.
M. TOUPIN: On peut le retrouver dans le para-agricole. Alors mettons-y
un point d'interrogation et je n'ai pas d'inconvénient à revenir
dessus, à la fin, pour regarder comment on pourra formuler quelque
chose, de nouveau,
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Article 5, en suspens.
M. ROY: Oui.
M. TOUPIN: Oui, la dernière phrase. Parce que les entreprises
para-agricoles, cela peut-être les coopératives, cela peut
être...
M. ROY: Les entreprises para-agricoles, je suis entièrement
d'accord.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Article 6, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. TOUPIN: C'est de la technique.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Article 7.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Adopté. Article 8?
M. ROY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Adopté. Article 9?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Adopté. Article 10?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Adopté. Article 11?
Adopté?
M. ROY: Un instant.
M. TOUPIN: L'article 11, M. le Président, a été
fortement discuté récemment, lorsque nous avons rencontré
l'AMPAQ, l'Association des manufacturiers de produits alimentaires, qui voyait
mal qu'on dise: "Si, lors de sa nomination, un régisseur possède
un tel intérêt" c'est-à-dire un intérêt
de conflit et après leur avoir expliqué qu'il était
nécessaire, évidemment, que chaque membre de la régie soit
définitivement détaché de toute activité, cela a
fini par...
M. ROY: D'accord.
M. LESSARD: M. le Président, c'est évident. S'il est
directement impliqué, il peut avoir tendance à avoir des conflits
d'intérêts en tout cas pour tenter d'obtenir des
bénéfices de la régie en modifiant les règlements
ou autre chose.
Je pense que c'est essentiel.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Article 11, adopté?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Adopté. Article 12?
M. LESSARD: M. le Président, concernant le fait que "les
décisions de la régie doivent être rendues par écrit
et être motivées; elles font partie des archives de la
régie", je voulais demander au ministre s'il s'agit des décisions
concernant les cas individuels. Est-ce que ce fut le cas des décisions
qui ont été prises par la Régie de
l'assurance-récolte, de telle façon que tout individu qui est
touché directement par une décision de la régie peut
obtenir copie de cette décision avec explications?
M. TOUPIN: Au fond, ce sont toutes les décisions que prend la
régie.
M. LESSARD: Toutes les décisions.
M. TOUPIN: Toute décision. Supposons que la régie est
saisie...
M. LESSARD: Je suis producteur, je fais une demande à la
régie, étant donné que des dommages ont été
faits à ma culture. La décision qui sera prise par la
régie sera écrite et je peux obtenir une copie de cette
décision de la régie.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, sur "être motivées",
je sais que déjà on a envoyé des lettres à des
agriculteurs où on mettait une série de chiffres, avec des
soustractions, des divisions, des multiplications avec des formules assez
complexes. Je ne suis pas agriculteur, c'est sûr, mais quand j'ai lu
cela, cela me prenait presque un actuaire pour pouvoir comprendre le motif de
la régie. Ce que je voudrais demander au ministre, c'est, quand on dit:
"être motivées" que ce soient des affaires écrites et qu'on
laisse les formules savantes de côté et qu'on donne les
véritables motifs de la décision de la régie et non pas
uniquement une série de chiffres.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, si vous me le permettez, est-ce
que ce serait le genre de formules que l'on rencontre habituellement où
il y a toute une série de raisons, de motivations, par exemple, avec un
crochet vis-à-vis? Alors, c'est expliqué tout au long, la
décision écrite.
M. TOUPIN: C'est cela, quand on parle de décisions
motivées, il faut absolument que les décisions que prend la
régie soient au moins conforme à ses règlements et
à sa loi. Elles sont également conformes aux capacités de
décision qu'elle a dans le cadre général de la loi.
M. QUENNEVILLE: Assez souvent, on trouve, à l'endos de la
formule, toute une série de raisons, de justifications du geste
posé ou la décision, et on met seulement un crochet
vis-à-vis de la bonne. Ce n'est pas ce genre-là.
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je suis bien d'accord et je trouve
tout à fait normal que la régie puisse rendre ses
décisions par écrit et les motiver. Je pense qu'étant
donné que les agriculteurs ou les personnes assurées doivent
payer une cotisation, il est tout à fait normal qu'ils puissent obtenir
une décision motivée. Cependant, je voudrais poser la question
suivante au ministre, étant donné l'article 13 qui vient, par la
suite: Est-ce qu'il y a un moyen quelconque à l'intérieur de la
loi pour l'agriculteur de pouvoir contester une décision de la
régie?
M. TOUPIN: On va le revoir, il a un droit d'appel; ensuite, il y a
évidemment...
M. LESSARD: Le droit d'appel où?
M. TOUPIN: A la cour Provinciale et il peut avoir accès au
Protecteur du citoyen aussi.
M. QUENNEVILLE: II n'y a pas de comité de révision tel
quel.
M. TOUPIN: II peut aussi demander une révision de son cas.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président, adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 12, adopté.
Article 13?
M. VEILLEUX: M. le Président, un instant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. LESSARD: Non, il n'est pas adopté.
M. VEILLEUX: Je trouve que c'est important parce que...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: ... j'ai eu plusieurs... d'ailleurs, je pense que le
président voit venir ma question quelque peu. Est-ce qu'il peut en
appeler ou faire réviser sa décision seulement sur des questions
de droit ou s'il peut aussi le faire sur des questions de fait?
M. TOUPIN: Sur les questions de fait, il peut le faire auprès de
la régie et il peut le faire auprès du Protecteur du citoyen. Sur
les questions de droit, il peut le faire auprès des tribunaux. Mais il
n'existe pas, jusqu'à maintenant, au Québec, dans aucune des
lois, des tribunaux qui statuent sur des questions de fait. On statue sur des
questions de droit.
Ce sont seulement des comités de révision ou des
organismes ad hoc qui n'ont pas nécessairement le pouvoir de rendre une
décision finale, mais qui ont le pouvoir d'être consultés
par les organismes. Vous verrez plus loin que pour répondre à
cette question, on a mis en place des comités consultatifs...
Je comprends très bien la position du député de
Saint-Jean, j'en ai déjà discuté avec lui d'ailleurs,
personnellement, et l'économie générale des lois du
Québec ne nous permet pas de faire cela.
M. VEILLEUX: Je suis d'accord avec le ministre lorsqu'il parle de
l'économie des lois. Il y a quand même des cas spécifiques
qui touchent l'assurance-récolte qu'on ne retrouve peut-être pas
dans d'autres régies ou d'autres organismes quasi judiciaires. Il y
aurait peut-être lieu d'envisager de la part du ministre pas ce
soir, en janvier ou février lorsque la commission parlementaire
siégera, d'ailleurs j'en fais part pour avoir ses commentaires, la
création d'un organisme à la régie qui s'occuperait
d'administration, de plans et d'un autre qui serait un organisme genre
tribunal. De la pre-mière décision prise par l'organisme purement
administratif, les gens pourraient en appeler à l'organisme qui aurait
un caractère judiciaire. On ne trouverait pas le même organisme
à la fois administratif et à la fois judiciaire.
Donc, étant donné que cela demande quand même que le
ministre y réfléchisse, les membres de la régie
également, je ne vous demande pas de réponse ce soir. Je veux
tout simplement porter cela à sa réflexion pour, au mois de
janvier ou février, pouvoir en faire part aux gens qui sont là
parce que, M. le ministre, soyez persuadé que des producteurs de ma
région et des propriétaires d'entreprises paraagricoles vous en
feront part. Il serait peut-être bon de pouvoir leur donner des
réponses à ce moment-là.
M. TOUPIN: C'est déjà fait, M. le Président, ils en
ont déjà discuté avec moi.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, si je comprends bien, les gens
qui veulent avoir une révision doivent s'adresser naturellement aux gens
de la régie. N'y aurait-il pas avantage, justement, à ce qu'un
autre organisme s'occupe des révisions parce que, forcément, si
le producteur revient devant les mêmes gens qui ont déjà
rendu une décision, il est assez difficile de faire valoir des points,
des arguments ou avoir une décision qui lui soit favorable.
M. TOUPIN: L'an dernier, nous avons corrigé le problème
temporairement. C'est que dans les régions où il y avait des
dossiers vraiment contestés, on a mis en place un comité
d'agriculteurs dont faisaient partie, bien sûr, des représentants
de la régie. Ce comité statuait sur les dossiers litigieux et
toutes les propositions qui furent faites à la régie par ledit
comité, à quelques exceptions près, ont été
acceptées en termes de modifications de décisions de la
régie dans des cas particuliers.
Mais dans la loi actuelle, on précise, c'est-à-dire si on
met dans la loi l'idée de formation de comités, de telle sorte
que ces comités auront un caractère légal. Cela ne leur
donnera pas pour autant le droit de prendre des décisions arbitraires.
Ils devront se limiter encore, comme je le disais tantôt, à
suggérer à la régie.
M. LESSARD: Autrement dit, ce sera encore la situation qui
prévaut actuellement.
M. TOUPIN: Moins.
M. LESSARD: ... c'est-à-dire que l'agriculteur ou le producteur
devra épuiser tous les recours administratifs, comme cela a
été le cas pour cinq ou six producteurs qui ont demandé au
Protecteur du citoyen d'intervenir. Une fois que tous les recours
administratifs sont épuisés, il ne reste qu'un seul recours,
c'est-à-dire le Protecteur du citoyen sur des questions de fait. En ce
qui concerne des questions de droit, je pense que l'article 14 le
prévoit.
M. TOUPIN: II est quand même prévu que la régie peut
changer sa décision. Par conséquent...
M. LESSARD: Oui, mais comme...
M. TOUPIN: ... un comité consultatif peut l'inciter à le
faire.
M. LESSARD: ... le disait le ministre responsable de l'ODEQ, si ce sont
les mêmes personnes qui révisent le dossier, il y a de bonnes
chances que la décision soit la même.
M. TOUPIN: Quand on arrivera tantôt aux articles 21 et 22, je
pense...
M. LESSARD: D'autant plus que la réglementation laisse beaucoup
d'arbitraire.
M. TOUPIN: Oui, déjà. Mais il y a des comités qu'on
a prévus à l'article 22 ou 23 je ne sais pas lequel, en
tout cas on les verra lorsqu'on y arrivera qui tentent de corriger cette
situation qui, quant à moi en tout cas, après en avoir
discuté avec des groupes, m'a paru vraiment problématique.
L'économie actuelle de nos lois ne prévoit pas que nous ayons un
tribunal qui renverse une décision d'une régie qui a
déjà quasi le caractère d'un tribunal. C'est ça le
problème.
M. LESSARD: Pour un bénéficiaire de l'aide sociale, il y a
un tribunal d'appel qui est différent. D'abord, vous avez une
première étape au niveau régional, puis la dernière
étape; là la décision ne peut pas être
contestée. Mais vous avez un tribunal d'appel au niveau provincial,
où peut s'adresser tout individu qui se sent lésé dans ses
droits.
M. TOUPIN: Oui, se sent lésé dans ses droits, mais...
M. LESSARD: La différence, comme le disait le ministre
responsable de l'ODEQ, c'est que ce ne sont pas les mêmes personnes qui
ont à appliquer la loi et, par la suite, à juger de la
décision. Je pense que ce tribunal d'appel, au niveau du
ministère des Affaires sociales, a été utilisé par
les...
M. TOUPIN: Oui, encore là ce n'est pas un tribunal qui peut
renverser une décision de la régie, c'est-à-dire que ce
tribunal peut...
M. LESSARD: Ne peut pas aller à l'encontre de la loi.
M. TOUPIN: ... soutenir que telle décision n'a pas
été logique ou conforme aux règlements ou bien
appliquée.
M. LESSARD: Bien appliquée.
M. TOUPIN: II peut faire cela mais ne peut pas aller plus loin.
M. LESSARD: D'accord. Mais ce sera déjà cela.
M. TOUPIN: Nous, nous avons préféré procéder
par des comités dans lesquels on va retrouver des agriculteurs. Les
agriculteurs eux-mêmes décideront si tel gars ou tel autre ou tel
autre a été pénalisé ou a été
maltraité.
M. LESSARD: Le tribunal d'appel, au ministère des Affaires
sociales, peut décider que telle personne a été
lésée dans ses droits, étant donné l'application de
la loi, en se basant sur les critères et les normes de la loi. Tandis
que ce n'est pas exact pour le comité que proposerait le ministre dans
sa loi. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu, comme semblait le souhaiter le
ministre responsable de l'ODEQ, de prévoir un comité de
révision qui pourrait, en se basant sur les critères et les
normes de la réglementation, forcer la régie à modifier sa
décision.
M. TOUPIN: Oui, je pense que dans cette perspective-là il y
aurait peut-être lieu de pousser plus loin le rôle des
comités que nous avons prévus. On pourrait peut-être
confier par exemple à un comité le soin
précisément, non pas de réviser une décision de la
régie, mais d'entendre un producteur sur une décision que la
régie a prise.
M. LESSARD: Bien ce serait le minimum au moins.
M. TOUPIN: Ce serait le rôle des comités. M. ROY: Oui, et
que ce comité puisse... M. TOUPIN: II ne peut avoir le droit...
M. LESSARD: Si on ne peut pas modifier, ça ne donne pas
grand-chose.
M. ROY: ... ce comité-là, au moins, pourrait l'aire des
recommandations a la régie.
M. TOUPIN: En tout cas les informations juridiques que j'ai m'indiquent
nettement que re n'est pas possible que nous ayons...
M. LESSARD: Mais la loi est faite par les parlementaires, elle n'est pas
faite par les avocats.
M. TOUPIN: Non, mais c'est l'économie de la loi, il faudrait
changer tout le rôle de la régie là-dedans. Il faudrait
changer tout son rôle. Quand la régie décide de
préparer une réglementation, elle a le pouvoir de la
préparer, puis elle a le pouvoir de l'appliquer. On ne peut pas donner
ce même pouvoir à un autre organisme.
M. LESSARD: Non, non il ne s'agit pas d'appliquer une loi. Il s'agit de
juger.
M. TOUPIN: II s'agit seulement de contester une décision de la
régie.
M. LESSARD: Oui, à partir des critères, des normes et de
la réglementation qui a été instaurée par les
régisseurs. Pour le tribunal d'appel au ministère des Affaires
sociales, il ne s'agit pas de contester la loi. Il s'agit de voir si les
fonctionnaires ont appliqué la loi selon la réglementation qui a
été acceptée par le ministère des Affaires
sociales. Mais je pense que le ministre a raison, c'est qu'il faudrait
peut-être attendre au comité consultatif soit à 20...
M. TOUPIN: Regardons les comités consultatifs; rendu là il
y aurait peut-être lieu de voir si ce qu'on a dedans est suffisant,
quitte évidemment à consulter par la suite le comité de
législation.
M. ROY: Moi je suis bien d'accord, mais vous avez parlé du
Protecteur du citoyen. Il ne faudrait pas prendre l'habitude, lorsqu'on
étudie des lois et qu'il y a des problèmes qui pourraient se
poser, de référer ça toujours au Protecteur du citoyen. Le
Protecteur du citoyen est là comme mesure ultime. Cela en est un
tribunal d'appel, mais un tribunal d'appel ultime, en dernier recours.
M. TOUPIN: Un tribunal populaire.
M. ROY: Oui, c'est un tribunal populaire d'accord. Quand on a des
problèmes à la Commission des accidents du travail, on les envoie
au Protecteur du citoyen; quand on a des problèmes à la
Régie de l'assurance-récolte, on les envoie au Protecteur du
citoyen; des problèmes d'expropriation, on les envoie au Protecteur du
citoyen. Le Protecteur du citoyen, bientôt, ça va lui prendre du
personnel, ça va lui prendre tout un budget. Alors il ne faudrait pas
analyser cette question-là...
M. TOUPIN: Exclusivement à la lumière de ça.
M. ROY: ... exclusivement à la lumière du Protecteur du
citoyen, parce que je pense qu'on fait fausse route. Le député de
Saguenay a raison. La régie fait les règlements, la régie
administre, la régie décide et la régie agit comme
arbitre.
M. MERCIER: M. le Président, à titre d'information...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Bellechasse.
M. MERCIER: ... en relation avec ce qui est discuté actuellement,
le ministre pourrait-il nous dire l'expérience du passé
jusqu'à maintenant? Combien de cas ont été
contestés à la régie, suite à des
décisions?
M. LESSARD: Quand vous dites 10 p.c. de contestations, cependant, par
exemple, étant donné le fait que, bien souvent, ces gens se
sentaient non outillés pour contester les décisions de la
régie, ils acceptaient leur sort en disant: Comment pourrait-on
contester cette grosse machine? On va perdre quand même.
M. ROY: J'aimerais peut-être ajouter quelque chose à la
réponse de mon collègue et voisin de Bellechasse.
M. VEILLEUX: Et ami.
M. ROY: Et ami. Ce n'était pas cela tout à l'heure, de sa
part. La meilleure évaluation qu'on peut faire est de constater que 50
p.c. des agriculteurs ont abandonné le régime
d'assurance-récolte. Je pense qu'on a là une preuve. 50 p.c.
l'ont abandonnée.
M. MERCIER: M. le Président...? LE PRESIDENT (M. Gratton):
Oui.
M. MERCIER: ... on a mentionné 10 p.c. de cas qui ont
été en appel.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Nous sommes toujours sur l'article 12. Je
vous ferai remarquer cela.
M. MERCIER: Oui. Qu'est-il advenu, suite à ces demandes de
révision, dans les 10 p.c, de reconsidérer la décision
émise la première fois?
M. TOUPIN: A la suite des suggestions que lui a faites le ou les
comités de révision, la régie a changé plusieurs de
ses décisions dans ces cas particuliers. Elle a été
amenée à changer ses décisions et elle a le droit,
d'ailleurs, par la loi, de changer ses décisions. Evidemment, elle rend
ses décisions à la lumière d'une observation faite par un
comité. Elle n'a pas changé sa décision obligatoirement
parce que le comité lui a dit que sa décision n'avait pas
été bonne. C'est toute la différence qu'il y a entre ce
qu'on pourrait appeler, comme le disait le député de Saint-Jean,
un tribunal qui pourrait statuer sur les faits et un autre qui pourrait statuer
sur les droits, sur le droit et sur le fait. Le fait est analysé par des
comités formés d'agriculteurs qui proposent à la
régie et lui disent: Ecoutez,
la décision que vous avez prise dans le cas de Paul Chartier,
cela ne tient pas. D'après nous, vous devriez corriger votre
décision.
M. QUENNEVILLE: ...
M. TOUPIN: Oui, c'est dans la loi.
M. QUENNEVILLE: Le comité consultatif...
M. TOUPIN: Parce qu'un comité consultatif peut se répartir
en petits comités régionaux.
M. VEILLEUX: ... "ombudsman."
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 12.
M. VEILLEUX: Des petits "ombudsman."
M. TOUPIN: Des petits "ombudsman" régionaux.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Des "ombudsmanettes"! ! ! Article 12.
Adopté.
M. ROY: Des minis!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 13.
M. ROY: On va aller à l'Office de la langue française pour
avoir le diminutif.
M. LESSARD: A l'article 13, je voudrais souligner l'importance de la
discussion que nous avons eue à l'article 12 concernant la
possibilité de contestation, d'autant plus que l'article 13 ce
qui est normal, je pense, dans une loi empêche tout
régisseur d'être poursuivi en justice en raison d'actes officiels
accomplis de bonne foi dans l'exercice de ses fonctions. Ce qui place ces gens
à l'abri de contestations et à l'abri de procédures
judiciaires individuelles.
Je pense que c'est tout à fait normal et ceci nous le retrouvons,
en fait, dans plusieurs autres lois. Mais c'est justement parce que nous
retrouvons cette clause dans plusieurs autres lois qu'il devient d'autant plus
important de permettre des moyens pour au moins pouvoir contester, dans les
faits, des décisions des régisseurs. C'est pourquoi je pense
qu'au moins il serait nécessaire de prévoir un comité
où une personne pourrait s'adresser pour tenter de faire modifier une
décision des régisseurs.
Adopté.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien le député de Saguenay,
l'article 13 empêcherait les groupes extérieurs aux
régisseurs de faire pression et dire: C'est cela que vous décidez
plutôt que telle autre chose. En d'autres mots, si le régisseur
vient d'une entreprise para-agricole...
M. MERCIER: Ce n'est pas cela du tout.
M. QUENNEVILLE: Cela prend l'immunité au moins...
M. MERCIER: C'est exact. L'immunité...
M. TOUPIN: Toute décision que prend un régisseur dans sa
fonction comme telle ne peut pas être poursuivi sur une décision
qu'il a prise.
M. VEILLEUX: C'est exactement ce que je veux dire, M. le
Président. Si le régisseur émane d'un organisme ou d'une
entreprise quelconque, cet organisme ne pourrait pas l'obliger à prendre
telle décision en lui disant: Si tu prends l'autre décision, tu
ne seras plus membre de cet organisme ou des choses comme ça.
M. TOUPIN: Oui.
M. VEILLEUX: II n'a pas d'organisme extérieur...
M. TOUPIN: Cela peut aller jusque-là, en termes de droit.
M. VEILLEUX: ... comme les conseils nationaux qui pourraient
empêcher les régisseurs de prendre des décisions.
M. TOUPIN: En termes de droit...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 13 adopté?
M. LESSARD: Le message du député de Saint-Jean a
passé. Ce que le député de Saint-Jean n'a pas encore
compris, c'est que nous autres, nous vivons dans un parti
démocratique.
M. VEILLEUX: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense qu'il ne faudrait pas ouvrir de
porte.
M. LESSARD: Article 13, adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui. Article 14?
M. LESSARD: Article 14, adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 15?
M. LESSARD: Nos membres ne sont pas là pour rien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 15, adopté?
M. ROY: Les membres de quoi, les membres de la régie?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 15?
M. LESSARD: Une minute, M. le Président. Un instant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Une chose à la fois.
M. TOUPIN: J'apporterais un commentaire, M. le Président, sur
l'article 15, si vous me le permettez. Ici, on donne à la régie
le pouvoir de déléguer à une personne personne
civile ou personne qu'elle désigne le soin d'enquêter sur
toute matière de sa compétence. Ainsi, elle peut confier à
des comités des tâches bien précises en matière
d'enquête auprès de producteurs pour qu'elle puisse rester,
à la fin, le juge un peu plus impartial.
M. QUENNEVILLE: Supposons qu'un cultivateur ferait une
réclamation, vous avez un inspecteur qui se rend sur les lieux, qui
établit naturellement les faits. Lorsqu'il demande une révision
de son cas, est-ce prévu que vous puissiez envoyer quelqu'un d'autre?
Assez souvent, ce qui se produit actuellement, c'est que vous renvoyez la
même personne et elle dit: Ecoute, je ne me suis pas trompée.
M. TOUPIN: Cela va être corrigé dans l'avenir, parce que ce
n'était pas tenable.
M. QUENNEVILLE: C'était absolument impossible.
M. TOUPIN: Ce n'était pas tenable.
M. ROY: Je suis très heureux de la nouvelle.
M. VEILLEUX: Au lieu d'indiquer une personne, est-ce qu'il ne serait pas
mieux de dire "toute personne"? Cela pourrait être un individu, comme
ça pourrait être un comité régional que vous avez.
Une personne, cela me semble plutôt un individu.
M. TOUPIN: Une personne, est-ce que cela comprend la personne
civile?
M. VEILLEUX: Vous avez en anglais "any". M. LESSARD: Je pense que oui.
M. VEILLEUX: En anglais, vous avez "any". M. LESSARD: Tel que
rédigé.
M. ROY: Vous n'avez pas le droit de vous référer au texte
anglais.
M. QUENNEVILLE: C'est le français qui prime.
M. ROY: Je cite le député de Saint-Jean.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Joliette qui est
un légiste...
M. VEILLEUX: J'aimerais mieux voir...
M. QUENNEVILLE: On sait que, d'après la loi 22, c'est la version
française qui prime.
M. TOUPIN: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, à ce
qu'on mette "toute personne qu'elle désigne".
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, il s'agirait, à ce moment-ci,
d'un amendement.
M. TOUPIN: "Un de ses régisseurs ou toute personne qu'elle
désigne".
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'amendement proposé par l'honorable
député de Saint-Jean serait à l'effet de remplacer le mot
"une", dans la troisième ligne de l'article 15, par le mot "toute".
M. VEILLEUX: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Cet amendement est-il adopté?
M. ROY: Adopté. M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. ROY: Le député de Saint-Jean pourra se vanter d'avoir
fait adopter une modification à une loi.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis sûr qu'on n'a pas besoin de le
lui suggérer; il y a déjà pensé.
M. VEILLEUX: M. le Président, si j'ai fait cette demande, c'est
uniquement pour une meilleure protection et de la régie et des
producteurs agricoles. Ce n'est pas uniquement pour voir mon nom dans le
journal des Débats. Je ne suis pas le député de
Beauce-Sud.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'article 15 est-il adopté tel
qu'amendé?
M. ROY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 16?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 17?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant, s'il vous plaît.
M. LESSARD: Est-ce qu'on va trop vite pour le président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, parce
que je ne suis tellement pas habitué d'aller aussi
rapidement.
M. ROY: Avant d'adopter l'article 17, M. le Président, je me
demande pourquoi le 31 mars, plutôt que le 31 décembre.
M. TOUPIN: C'est l'année du gouvernement, l'année
financière du gouvernement.
M. ROY: Oui, je comprends que vous pouvez me donner cette
réponse; c'est la seule que vous pouviez me donner.
M. TOUPIN: C'est pour ça qu'on l'a mis là.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 17, adopté.
Article 18?
M. ROY: Article 18. Non, je m'excuse, c'est l'article 19.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 19?
M. ROY: A l'article 19, "la régie doit, au plus tard, le dernier
jour de juin de chaque année, faire au ministre de l'Agriculture un
rapport sur ses opérations pour l'année
précédente". Est-ce que d'avril, mai, juin, soit trois mois, la
régie a suffisamment de temps pour faire son rapport?
M. TOUPIN: Oui, il est déjà fait.
M. ROY: Parce qu'assez souvent, nous avons...
M. TOUPIN: II est déjà fait pour cette année.
M. ROY: II est fait pour cette année; je regarde, c'est le 16, on
est à la veille d'être au 17 décembre.
M. MERCIER: L'hiver, il n'y a pas tellement de récoltes.
M. TOUPIN: C'est toujours fait pour l'année
précédente.
M. MERCIER: L'année antérieure.
M. ROY: Un instant. Quand vous parlez de l'année
antérieure, vous parlez du 30 juin?
M. TOUPIN: Bien, c'est l'année...
M. QUENNEVILLE: L'année précédente.
M. TOUPIN: ...qui se termine le 31 mars 1974.
M. QUENNEVILLE: C'est marqué dans l'article.
M. ROY: Cela vous donne quinze mois, pas trois. Trois mois?
UNE VOIX: Ce n'est pas l'année prochaine.
M. ROY: Bon, c'est ce que j'avais cru comprendre, trois mois.
M. TOUPIN: II est déposé aussi.
M. ROY: D'accord.
M. VEILLEUX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté? Section III, Comité
consultatif, article 20.
Comité consultatif
M. LESSARD: M. le Président, à l'article 20, on dit: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut constituer, pour assister la
régie, un comité consultatif composé: "a) de
spécialistes des services de l'administration provinciale; "b) de
spécialistes en matière d'assurance; "c) de personnes
possédant une compétence spéciale dans le domaine de
l'agriculture." Et on ajoute: "Le nombre de membres de ce comité ne doit
pas excéder dix."
La question que je soulève, c'est qu'il est certain que cela
laisse la possibilité à la régie d'aller choisir des
personnes qui sont directement impliquées dans l'agriculture et qui sont
des producteurs agricoles. Mais je me demande si c'est assez clair. Cela laisse
aussi la possibilité d'aller chercher exclusivement des personnes qui ne
seraient pas à l'intérieur de la production agricole.
Je me demande si on ne devrait pas exiger ou inclure dans le projet de
loi qu'au moins un minimum de producteurs agricoles dans les secteurs
assurés devraient faire partie de ce comité. Il me semble que
cela devrait être normal parce que je reviens toujours sur ce que
disait le ministre responsable de l'ODEQ si on choisit les mêmes
personnes pour analyser la décision qui a été prise par la
régie et si, parmi ces personnes, on n'en trouve pas qui sont
directement impliquées par de telles décisions, bien, nous avons
de bonnes chances que les décisions soient maintenues.
Je me demande s'il n'y aurait pas possibilité pour le ministre
d'inclure au moins, par exemple, trois ou quatre producteurs parmi les membres
de ce comité consultatif.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aurais peut-être une suggestion à faire à cet article.
Comme le soulignait tantôt le député de Saguenay, on
pourrait peut-être nommer trois spécialistes des services de
l'administration provinciale, trois spécialistes en matière
d'assurance et quatre personnes possédant une compétence
spéciale dans le
domaine de l'agriculture, ce qui ferait dix. On serait sûr qu'il y
aurait au moins, par exemple, quatre représentants du domaine de
l'agriculture.
M. LESSARD: Oui, mais cela ne nous assure pas nécessairement que
ces personnes seront des producteurs.
M. QUENNEVILLE: Avec ça, oui.
M. LESSARD: On peut aller chercher, par exemple, des agronomes,
exclusivement, qui ne sont pas des producteurs.
M. QUENNEVILLE: Les agronomes, habituellement, sont à l'emploi du
gouvernement. On va vous le donner au paragraphe a). Là, vous auriez les
agronomes.
M. LESSARD: Oui, oui.
M. QUENNEVILLE: Tandis qu'à c), vous auriez des gens qui...
M. LESSARD: J'indiquerais "possédant une compétence
spéciale dans le domaine de l'agriculture au niveau de la
production."
M. TOUPIN: Ah bon! Je comprends mieux là.
M. QUENNEVILLE: D'accord.
M. TOUPIN: Là, je comprends mieux.
D'abord, c'est un comité consultatif qui est créé
par le lieutenant-gouverneur en conseil, pas par la régie. C'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui va le créer, mais pour assister la
régie.
Le député de Saguenay soutient que lorsque l'on dit "dans
le domaine de l'agriculture", ce n'est pas suffisant. Il faudrait dire "dans la
production agricole", ou quelque chose comme ça. Le député
de Joliette disait qu'il y aurait peut-être lieu de mettre des chiffres
pour assurer la représentativité des agriculteurs. Un tel
comité existe présentement, mais avec moins de pouvoirs, si je
peux m'exprimer ainsi. Il est formé, jusqu'à présent, de
huit agriculteurs sur dix.
Je ne verrais pas d'inconvénient à préciser d'abord
la partie c) et, deuxièmement, à dire que la majorité des
membres de ce comité devraient être choisis parmi les producteurs
agricoles. Je ne vois pas d'inconvénient à mettre ça.
M. LESSARD: D'accord.
M. VEILLEUX: D'accord, M. le Ministre, sur votre amendement.
M. TOUPIN: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de formuler
l'amendement?
M. VEILLEUX: Dans le domaine de la production agricole.
M. LESSARD: On pourrait le laisser en suspens, M. le
Président,...
LE PRESIDENT (M. Gratton): On peut simplement l'écrire...
M. LESSARD: ...pour permettre au contentieux du ministère
de...
M. QUENNEVILLE: 2, 2, 6. On l'aurait comme ça.
M. VEILLEUX: ...qui font...
M. TOUPIN: Mon ami, M. Ducharme,...
M. VEILLEUX: ...député de Saguenay, tout à l'heure,
qui pourrait peut-être dire...
M. QUENNEVILLE: M. le Président,...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'on pourrait demander de parler
seulement un à la fois? Je pense que le ministre avait la parole.
M. TOUPIN: Mon ami, qui est conseiller juridique, M. Ducharme, pourrait
peut-être nous rédiger quelque chose dans le sens qu'on vient de
parler.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On peut laisser l'article 20 en suspens en
attendant, si le député de Beauce-Sud veut parler sur cette
question.
M. ROY: Oui, je veux parler sur cette question.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Parce que, dans l'article 20, le gouvernement n'est aucunement
tenu de former le comité consultatif.
L'article 20 se lit comme suit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil
peut constituer...". J'estime qu'il devrait être clairement
mentionné dans la loi que le comité consultatif devra
exister.
Je proposerais, M. le Président, que le mot "peut" soit
remplacé par le mot "doit".
M. QUENNEVILLE: M. le Président, est-ce que je pourrais faire une
suggestion qui satisferait à l'amendement du ministre?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le président est ouvert aux
suggestions.
M. QUENNEVILLE: Ce serait: "a) deux spécialistes des services de
l'administration provinciale;
"b) deux spécialistes en matière d'assurance; "c) six
personnes possédant une compétence spéciale dans le
domaine de la production agricole".
A ce moment-là, vous auriez la majorité et vous auriez des
représentants des deux autres catégories.
M. TOUPIN: Si le député de Joliette n'y voit pas
d'inconvénient, est-ce que cela pourrait suffire si on disait: "La
majorité des membres"? La majorité, cela peut vouloir dire plus
de six. Cela peut vouloir dire huit aussi. M. Samson, le président de la
régie, me disait qu'il est possible qu'on soit obligé d'en nommer
huit. Si on fait travailler trois comités dans trois régions
différentes, ou quatre comités dans quatre régions
différentes, il faudrait avoir au moins deux agriculteurs à
chacun des comités. Ce sont des comités de trois. Ces
comités seront formés à compter de ce
comité-là.
M. QUENNEVILLE: Avec six aussi, si vous avez trois régions.
M. TOUPIN: Avec six, si on en avait quatre? M. MERCIER: D'accord.
M. ROY: M. le Président, je répète parce que, tout
à l'heure, le ministre était occupé.
M. TOUPIN: On met six ou la majorité? Je n'y vois
d'inconvénient. Alors, il devrait être composé d'au moins
six agriculteurs.
M. ROY: Sur le même article, M. le Président et je
voudrais le souligner à l'attention du ministre l'article 20 dit
que "le lieutenant-gouverneur en conseil peut constituer"... Dans l'esprit de
tout le monde, je pense bien, ce comité consultatif existera. Pourquoi
ne pas remplacer le mot "peut" par le mot "doit"? Le lieutenant-gouverneur en
conseil doit constituer, pour assister la régie, un comité
consultatif composé, etc...
M. TOUPIN: Est-ce que c'est possible, dans une loi, d'obliger le
lieutenant-gouverneur en conseil? C'est ce qui m'embête le plus. Je ne
sais pas si une loi peut obliger le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. VEILLEUX: M. le Président, il faudrait faire venir le
lieutenant-gouverneur pour le lui demander!
M. LESSARD: M. le Président...
M. TOUPIN: C'est une question de droit; j'aimerais bien, si vous me le
permettez, prendre des informations avant.
M. LESSARD: M. le Président, par exemple, cela existe au niveau
du comité consultatif des réserves écologiques; on a dit:
Un comité consultatif sera créé au niveau des
réserves écologiques. On dit, à l'article 2, par exemple
je ne veux pas revenir en arrière section II: Un organisme
est institué sous le nom, en français, de Régie de
l'assurance-récolte. Donc, on oblige indirectement, en vertu d'une loi,
parce que la loi est faite par les parlementaires, le lieutenant-gouverneur en
conseil d'instituer une Régie de l'assurance-récolte. Il n'y a
rien qui nous empêche, M. le Président, de dire que cette
régie devra être assistée d'un comité consultatif,
je pense.
M. VEILLEUX: Constitue.
M. LESSARD: C'est ça. On peut utiliser exactement...
M. VEILLEUX: Le lieutenant-gouverneur en conseil constitue, pour
assister la régie...
M. TOUPIN: Auriez-vous objection à ce que, demain matin, je
prenne tôt information auprès du comité de
législation?
DES VOIX: D'accord.
M. TOUPIN: Si ce dernier n'y voit pas d'inconvénient, je n'ai pas
d'objection à mettre le mot "doit".
M. ROY: Je n'attache pas d'importance à la phraséologie
mais j'aimerais que...
M. TOUPIN: D'accord.
M. ROY: ... le principe "doit" soit inscrit.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'article 20 est suspendu.
L'article 21 sera-t-il adopté?
M. VEILLEUX: Oui, M. le Président.
M. LESSARD: Une minute, M. le Président.
M. ROY: II y aurait peut-être lieu d'ajouter, à l'article
21, ici, ce dont le député de Saguenay a fait mention tout
à l'heure. Je ne veux pas parler en son nom mais lorsqu'une personne,
par exemple, n'est pas satisfaite des demandes...
M. VEILLEUX: Cela commence par les comités...
M. ROY: Lorsqu'un producteur ou des producteurs ne sont pas satisfaits
d'une décision rendue par la régie, pour qu'ils aient un droit
d'appel ou un droit de...
M. QUENNEVILLE: ... à ce moment-là.
M. TOUPIN: II ne faut pas oublier que ce n'est pas un comité
d'appel, ici. Ce n'est pas un tribunal.
M. QUENNEVILLE: C'est un comité consultatif.
M. TOUPIN: C'est un comité consultatif, et on ne peut pas
introduire là des droits nouveaux pour ce comité. J'avais
l'impression que l'article 22 couvrait à peu près tout: "Le
comité peut, à sa discrétion, se former en sections ou
sous-comités pour l'étude de problèmes particuliers".
Donc, c'est très large. Cela peut toucher tous les cas possibles et
impossibles.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 21, adopté?
Article 22, adopté?
Grande culture
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'article 23, le ministre propose
l'amendement suivant: Que l'article 23 soit abrogé et remplacé
par le suivant: "Sous réserve d'une consultation auprès des
associations ou groupements de producteurs concernés, les
récoltes de grandes cultures, groupées en catégories
suivant les règlements, sont assurées annuellement par la
Régie, selon un système collectif. "Ces mêmes
récoltes sont assurables facultativement, chaque année, selon le
système individuel."
Cet amendement est-il adopté?
M. LESSARD: M. le Président, sur l'amendement. Je suis heureux de
constater que le ministre a prévu une consultation concernant
l'assurance-récolte. Cependant, je me demande, quoi que je veuille avoir
cet amendement, si on peut faire un amendement comme celui-là dans une
loi, en ce sens qu'une fois que la consultation a eu lieu, il faut
préciser dans l'article de la loi de quelle façon s'appliquera
l'assurance-récolte. Donc, il s'agit d'un article temporaire puisqu'une
fois que la consultation aura eu lieu, il faudra être beaucoup plus
positifs et enlever la réserve qui est inscrite à cet
article.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre d'Etat à
l'ODEQ.
M. QUENNEVILLE: A l'intérieur de cet article, est-il question de
régionalisation?
M. TOUPIN: Oui, on va le voir un peu plus loin.
M. LESSARD: Je reviens à ma question, excusez-moi.
M. TOUPIN: Oui, on va revenir sur les zones, la régionalisation
un peu plus loin.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre, par cet amendement, veut assurer les
parlementaires qu'avant l'application de l'assurance-récolte collective
il y aura une consultation des associations et des groupements?
M. TOUPIN: M. le Président, je voudrais aller plus loin que
cela.
M. LESSARD: Et des individus.
M. TOUPIN: Des individus aussi, évidemment, qu'on retrouve dans
des organisations ou ailleurs, on verra. La commission pourra décider
qui elle entendra, je pense que c'est son pouvoir.
Prenons l'article 23, il dit bien ceci: "Sous réserve d'une
consultation auprès des associations ou groupements de producteurs
concernés, les récoltes de grande culture, groupées en
catégories suivant les règlements, sont assurées
annuellement." Donc, cela veut dire que c'est une consultation qui peut
être annuelle. Chaque fois que la régie mettra un programme
d'assurance-récolte collective en place, elle devra consulter les
producteurs, c'est-à-dire qu'elle ne l'imposera pas
unilatéralement, elle devra les consulter.
M. MERCIER: Est-ce que cela veut dire qu'il y aura consultation
annuelle?
M. TOUPIN: Cela peut aller jusque-là.
M. MERCIER: Au niveau de chaque zone?
M. TOUPIN: Non, au niveau de chaque programme. J'apporte un exemple: II
n'est pas certain qu'un programme collectif soit mis en vigueur. Il n'y a rien,
dans la loi qui oblige le gouvernement ou la régie à mettre un
programme collectif en vigueur pour cinq, dix, deux ou trois ans. Elle peut
conclure une entente avec les producteurs pour signer des plans collectifs pour
une période X et les rediscuter après, en vue de les rajuster,
etc. C'est le principe de l'assurance-maladie au niveau des
négociations, sauf que cela s'applique autrement, ça s'applique
par voie de consultation. Ainsi, cela assure les agriculteurs d'une
consultation avant l'application de chacun des programmes d'assurance
collective.
Mais, il est bien sûr qu'une fois que le programme est
adopté, c'est autre chose.
M. QUENNEVILLE: Cela veut dire que vous consulteriez les producteurs de
chaque récolte, de chaque catégorie, touchés par le
programme.
M. TOUPIN: Par le programme.
M. VEILLEUX: C'est ni plus ni moins qu'une négociation.
M. TOUPIN: Pour reprendre l'idée du député de
Saguenay qui disait tantôt: Vous vous obligez à, on ne peut pas
s'obliger à négocier un programme. On peut s'obliger, dans une
loi, à consulter, mais on ne peut pas s'obliger à négocier
un programme à moins qu'on prévoie des mécanismes
particuliers pour négocier chacun des programmes. Mais une fois que
la
négociation est conclue, le programme devient collectif. Si la
négociation n'aboutit pas, vous êtes obligés de passer une
loi spéciale pour faire appliquer le programme ou ne pas l'appliquer.
C'est le cas de l'assurance-santé. Les négociations n'ayant pas
abouti avec les médecins, il a fallu passer une loi spéciale pour
demander aux médecins de retourner au travail.
L'un ou l'autre s'oriente vers. Nous avons préféré
cette méthode.
M. LESSARD: Là, vous parlez de négociation, mais ce n'est
pas le mot négociation qui est dans votre article.
M. TOUPIN: J'ai préféré cette méthode. UNE
VOIX: Consultation.
M. ROY: Oui, consultation mais consultation oblige à quoi? Cela
n'oblige à rien.
M. TOUPIN: Cela oblige à avoir l'opinion des gens qui sont
touchés par le problème.
M. ROY: Mais cela ne vous oblige pas à en tenir compte.
M. TOUPIN: Ecoutez, il faut quand même que quelqu'un gouverne.
M. MERCIER: C'est très bien comme ça.
M. ROY: Mais il faudrait faire bien attention à ne pas placer la
consultation comme étant la règle d'or de la loi, alors qu'en
réalité...
M. TOUPIN: Je ne pense pas que ce soit là notre intention.
M. ROY: ... le gouvernement est bien décidé à
appliquer la loi et à l'appliquer de façon obligatoire.
D'ailleurs, c'est bien indiqué dans la loi. Alors, peu importe qu'il y
ait consultation ou non je suis bien en faveur qu'il y ait consultation,
parce que cela va permettre des améliorations dans le régime
mais la consultation demeure de la consultation.
M. TOUPIN: Oui, les commissions parlementaires sont des formes de
consultation.
M. ROY: Oui, après la deuxième lecture, on sait ce que
cela donne, d'ailleurs.
M. TOUPIN: Ce sont des formes de consultation.
M. ROY: Après la deuxième lecture...
M. TOUPIN: Plusieurs lois ont été amendées à
la suite de consultations.
M. ROY: ... c'est de la façade.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, l'article 23 tel qu'amendé
est-il adopté?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 24. L'honorable
ministre propose l'abrogation de l'article 24 tel quel en le remplaçant
par le suivant: "L'assurance protège contre l'action nuisible des
éléments suivants: a) la neige, b) la grêle, c) l'ouragan,
d) l'excès de pluie, e) la sécheresse, f) le gel, g) les animaux
sauvages, h) les insectes et les maladies des plantes contre lesquels il
n'existe aucun moyen de protection adéquat et qui sont identifiés
par règlement, i) la crue des eaux, dans la mesure admise par
règlement, j) le gel du sol ou la formation de glace dans le sol au
cours des mois de novembre à avril précédent, sous
réserve, quant au système individuel, de l'article 48".
Cet amendement est-il adopté?
M. ROY: M. le Président, quand vous parlez de la crue des eaux,
on dit ici: "La crue des eaux dans la mesure admise par règlement".
Est-ce que vous prévoyez dans vos règlements exclure certaines
régions de bénéfice de l'assu-rance-récolte? A
titre d'exemple, vous avez plusieurs vallées dans la province de
Québec qu'on appelle les terres basses des rivières. Nous avons
chez nous, dans la Beauce c'est la région la plus fertile de
toute la Beauce la vallée de la Chaudière.
M. MERCIER: La vallée de l'Etchemin aussi.
M. ROY: La vallée de l'Etchemin, la même chose, mais elle
est moins grande. Mais ces deux vallées bordent des rivières qui
coulent du sud au nord et qui ont pour effet de provoquer des
débâcles annuelles qui, tous les trois ans entre autres, causent
des dommages assez considérables aux récoltes, non seulement le
printemps, lors de la crue des eaux, c'est un demi-mal, mais assez souvent
durant l'été. Nous avons une crue des eaux dans le milieu de
l'été et les agriculteurs font en quelque sorte emporter une
partie de leurs récoltes, tout devient complètement impropre
à la consommation.
Est-ce qu'on peut espérer que, dans les règlements que
vous vous apprêtez à appliquer, il n'y aura pas d'exclusion de ce
genre? Je me rappelle que, pour les fameux $400, sur lesquels j'ai parlé
au ministre pendant six mois j'ai fait trois ou quatre minidébats
là-dessus toute la vallée de la Chaudière avait
été exclue et la vallée de l'Etchemin également.
Est-ce qu'à l'avenir cela va être exclu ou inclus?
M. TOUPIN: II y a une chose qui est évidente, pour se situer dans
le contexte: il s'agit de programmes d'assurance. Qu'il s'agisse du programme
d'assurance collective ou du programme d'assurance individuelle, je pense
que la Régie de l'assurance-récolte serait mal venue,
voire même très injuste, d'assurer des territoires ou des terrains
dont elle a la preuve, depuis deux ou trois ans, qu'ils sont inondés
chaque printemps.
Laissez-moi terminer. Si vous voulez, je vais terminer.
M. ROY: Je ne vous ai pas interrompu.
M. TOUPIN: Alors, je continue. Si on le faisait, cela veut dire qu'on
demanderait à des gars, X, Y, Z, qui, eux, ne sont pas dans cette
situation, de payer des primes pour pallier un programme dont ils ne sont pas
responsables et qui, au fond, ne fait pas partie de la philosophie
générale de l'assurance. Donc, il paraît évident
qu'il faut régler ce problème par ailleurs. Le ministère a
commencé à l'examiner et une commission mixte a été
créée. Le gouvernement est intervenu cette année à
Berthier, il est intervenu sur les terres basses du Richelieu également.
Il faut regarder comment on peut régler un tel problème en dehors
de l'assurance ou en disant aux producteurs: On va vous indemniser pour le sol
que vous avez, si vous nous faites la preuve que vous l'avez déjà
cultivé. On peut vous orienter vers d'autres sols. On peut faire des
digues pour régulariser les eaux de telle ou telle rivière ou de
tel ou tel lac.
Mais tant et aussi longtemps qu'on n'a pas trouvé cette solution,
il n'est pas possible que nous demandions à la Régie
d'assurance-récolte d'assurer des territoires comme ça.
Néanmoins, la régie a déjà assuré des
territoires où il y avait risque sérieux d'inondation, mais
où la preuve n'a pas encore été faite que les inondations
étaient régulières. C'était ce qu'on pourrait
appeler des inondations accidentelles.
La régie n'hésite pas à ce moment-là
à appliquer son programme d'assurance-récolte, mais si ça
vient trois années de suite, la quatrième année, elle se
pose des questions.
M. LESSARD: Comment cela se fait-il quand on a parlé de...
M. ROY: Je m'excuse, si j'ai posé cette question au ministre,
c'est parce que dans la vallée de la Chaudière je pense
que c'est la même chose dans la vallée de l'Etchemin, même
si les villages sont peut-être moins concernés dans la
vallée de l'Etchemin les compagnies d'assurance privées
n'assurent pas les gens qui sont bâtis le long des rives. Dans le cas de
l'agriculture, si on oblige, c'est là qui est le point, c'est une des
raisons majeures pourquoi je m'oppose à l'assurance obligatoire... C'est
le problème majeur des agriculteurs de la vallée de la
Chaudière: les inondations de la vallée de la
Chaudière.
Vous avez parlé de justice tout à l'heure. Eux, ce sont
des domaines dans lesquels ils sont vulnérables, les inondations par la
rivière. Ils sont protégés contre d'autres
éléments de la nature par la force des choses, parce qu'il y a
toujours un équilibre, un genre de compensation. Ils sont exempts de la
sécheresse, c'est le cas de le dire, mais si on fait payer les gens de
la vallée de la Chaudière ou de la vallée de l'Etchemin
pour l'assurance et qu'ils ne sont pas assurés, c'est là
qu'arrive le point justement que la Régie de l'assurance-récolte
obligatoire...
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: ... va causer préjudice à ces personnes.
M. TOUPIN: On le verra.
M. ROY: Parce qu'il n'y a jamais eu d'autre programe où à
peu près jamais eu d'autre programme, depuis au moins trente ans que
j'ai connaissance un peu de ce qui se passe dans la région chez nous,
qui a permis aux agriculteurs qui sont situés le long des rives de la
rivière Chaudière de bénéficier d'un programme
gouvernemental. Le seul dont ils auraient pu bénéficier au cours
des dernières années, c'est celui des $400 du
fédéral et il n'a pas été possible de l'avoir. Or,
cela n'aurait pas coûté un cent à la province de
Québec c'était le fédéral qui payait
si le gouvernement de la province avait inclus le comté de Beauce, le
bas de Dorchester et même, je dirais, tout le comté de Dorchester
parce qu'il y avait également la vallée de l'Etchemin et aussi
quelques paroisses du comté de Lévis qui étaient
concernées. Il n'y a rien eu, absolument rien.
Là on dit "la crue des eaux, dans la mesure admise par
règlement". Je reviens encore vis-à-vis de la loi...
M. TOUPIN: II y a des dispositions dans la loi qui peuvent permettre,
là il faudrait une quote-part...
M. ROY: Qui peuvent permettre, mais quelles sont...
M. TOUPIN: ... la protection...
M. ROY: ... les intentions du gouvernement justement en instituant un
régime d'assurance obligatoire? Quelles sont les mesures compensatoires
que le gouvernement prévoit?
M. TOUPIN: Dans la loi actuelle, la régie a prévu tous les
mécanismes pour être capable de réglementer sur l'ensemble
des pertes qui sont reconnues au Québec comme étant des pertes
normales. Chaque fois qu'on peut retrouver des régions ou des zones
où il y a des pertes anormales, elle peut, je pense, en vertu de son
pouvoir réglementaire, exclure ces zones ou encore les rendre non
assurables et couvrir le producteur pour le reste, des autres risques...
M. MERCIER: Maintenant, M. le Président...
M. TOUPIN: ... et sa cotisation... Il ne sera pas pénalisé
par rapport à l'autre. L'autre ne sera pas pénalisé par
rapport à lui parce qu'ils vont être couverts pour les mêmes
risques.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lapoin-te): Le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, on a parlé...
M. LESSARD: ... les règlements, il aurait pu nous les soumettre
en même temps qu'on étudie la loi.
M. VEILLEUX: M. le Président, c'est à moi que vous avez
donné la parole, ce n'est pas au député de Saguenay.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lapoin-te): Le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je vais attendre un petit peu là. Pour ce qui est de
la crue des eaux, nous savons pertinemment bien que dans la vallée du
Richelieu, que je connais, comme je connais la vallée de la
Chaudière que le député de Beauce a mentionnée tout
à l'heure parce que je suis natif de là, M. le Président,
la vallée du Richelieu connaît, depuis trois ou quatre ans, une
crue des eaux anormale, d'une durée de six à huit semaines au
minimum. Nous en avons discuté l'autre jour à la Commission mixte
internationale des eaux limitrophes.
Est-ce qu'ici les agriculteurs de la vallée du Richelieu
pourraient être, selon vos règlements, protégés
contre le problème de la crue des eaux ou est-ce que nous ne sommes pas
inclus là-dedans? Si j'ai bien compris, vous avez exclu les gens de la
Chaudière; est-ce que vous nous excluez nous aussi?
M. TOUPIN: Pas nécessairement. Je veux bien me faire comprendre
encore une fois.
M. MERCIER: C'est ce que je voulais apporter comme réserve.
M. TOUPIN: S'il s'agit d'inondations spora-diques, il s'agit de voir si
cela revient tous les ans. Si le sol est inondé à ce point, donc
le sol est inculte. Il n'est pas cultivable. Les seules fins auxquelles il peut
servir, c'est peut-être, pour quelques semaines ou pour quelques mois
dans l'année, des fins de pâturage, mais encore. On n'assure pas
le riz. Alors, il n'y aura pas de problème.
Dans ces régions où la preuve est faite que depuis quatre
ou cinq ans il y a des inondations tous les printemps, personne ne va assurer,
c'est évident, parce que c'est incontrôlable. Personne ne peut
contrôler. Donc, ce sont d'autres moyens que les assurances qui vont
régler le problème de ces gars. Mais, si c'est sporadique, si
cela survient à tous les cinq ou six ans, la régie
n'hésitera pas à assurer les gars.
M. VEILLEUX: Dans la vallée du Richelieu...
M. TOUPIN: Cela survient à tous les ans.
M. VEILLEUX: ... la crue des eaux fait que les cours d'eau ne sont pas
capables de se déverser...
M. TOUPIN: ... cela influence plus loin.
M. VEILLEUX: ... dans le Richelieu. L'eau déborde, les cours
d'eau n'allant pas dans la rivière, l'eau demeure dans les drains
pendant une période assez longue, ce qui fait que les semences se font
beaucoup plus tard. On subit de réels préjudices et cela existe
depuis quatre ou cinq ans. Cela a existé il y a 20 ans et cela existera
tant et aussi longtemps que la Commission mixte internationale des eaux
limitrophes ne voudra pas draguer le Richelieu et y construire un barrage.
Pendant ce temps, nous subissons des préjudices de la crue des eaux, de
très graves préjudices.
M. TOUPIN: Ce que vous mentionnez est exceptionnel. Ce n'est pas
à tous les printemps.
M. VEILLEUX: Cela fait trois ou quatre printemps, à ma
connaissance.
M. TOUPIN: 1971, peut-être une fois en 1972, et une fois en 1974.
En 1973, cela a passé, je pense.
M. VEILLEUX: 1970, 1971, 1972; l'an passé, c'étaient
peut-être six semaines, les inondations, au lieu de huit semaines, mais
les autres années, c'étaient huit semaines. Six semaines
d'inondation, c'est quand même anormal.
M. TOUPIN: Cela dépend des cultures qu'on fait aussi. Si on fait
des cultures de foin, on peut assurer un peu plus tard. Supposons que la
régie fait un programme pour assurer les pommes de terre; il ne servira
à rien d'assurer une pomme de terre mise en terre en juillet parce que
c'est certain qu'elle n'atteindra jamais sa maturité. Mais, pour le
foin, on peut prolonger; les pâturages, la même chose. Des
accommodations dans une telle loi peuvent être faites au niveau des
règlements. Autrement, cela ne serait pas applicable.
M. VEILLEUX: Un autre volet. Lorsqu'on parle des animaux sauvages...
M. TOUPIN: Oui.
M. ROY: Avant de revenir aux animaux sauvages...
LE PRESIDENT (M. Lapointe): Un instant! Trois membres ont demandé
la parole. Le député de Nicolet-Yamaska.
M. FAUCHER: J'avais une question à poser concernant les animaux
sauvages, maintenant les oiseaux migrateurs. Est-ce qu'on pourrait inclure les
oiseaux migrateurs également?
M. VEILLEUX: C'est exactement la question que je voulais poser.
Paraît-il qu'on est encore dans les eaux.
M. MERCIER: Avant de parler sur les oiseaux sauvages
c'était le sujet initial concernant la crue des eaux, j'aimerais
attirer l'attention du ministre, à savoir qu'avant que toute
décision soit prise il y aura probablement consultation afin de
déterminer les zones qui sont inondées. Dans le cas de la
vallée Etchemin, cela ne veut pas dire que tous les producteurs
riverains de la vallée Etchemin sont sur des terres basses. Alors, il y
aura sûrement consultation, j'imagine, et j'aimerais entendre le ministre
nous l'assurer.
M. TOUPIN: Oui. Il y aura consultation. Les comités seront
là pour être consultés. Chaque année,
déjà, un peu de consultation s'est faite, peut-être pas
aussi systématiquement qu'on aurait voulu qu'elle se fasse. Mais dans
l'avenir, à cause de la création des comités, cette
consultation se fera de façon de plus permanente, notamment au niveau
des zones. Au niveau des zones, il faudra être extrêmement souple
là-dessus. Je ne crois pas que la régie puisse dire je ne
veux pas donner de directive, bien sûr, mais de toute façon, si
jamais le problème se pose, j'aurai à le régler au bout du
compte. Je ne pense pas que la régie puisse affirmer, une fois qu'elle
aura déterminé une zone, que cette zone est statique et qu'elle
n'est pas susceptible d'être changée. Au contraire, je pense qu'il
faudra changer pour les deux ou trois premières années.
Il faudra agir beaucoup sur les zones pour s'ajuster comme il faut
à tous les besoins généraux du Québec, en ce qui
concerne autant le climat, les précipitations, les problèmes
soulevés par le député de Saint-Jean, ainsi que ceux
soulevés par le député de Beauce qui me paraissent
beaucoup plus difficiles à régler parce que cela me parait
être des inondations assez régulières et permanentes. La
régie ne pourra pas assurer ces territoires.
M. ROY: M. le Président, moi je veux revenir sur la
question...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse, mais je pense que l'honorable
député de Nicolet-Yamaska avait la parole. Je ne sais pas s'il a
terminé.
M. ROY: II était dans les oiseaux, lui; moi j'étais encore
dans l'eau.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'on ne peut pas sauter de l'un
à l'autre?
M. ROY: II ne faudrait pas noyer les oiseaux.
M. LESSARD: II faut faire attention de trop voler.
M. ROY: J'aurais seulement une précision à porter à
l'attention du ministre et cela mettrait fin, je pense bien...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Nicolet-Yamaska n'a pas d'objection?
M. FAUCHER: Qu'on finisse avec lui...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Voici, dans la question de la crue des eaux, le ministre parlait
des débâcles qui arrivent à chaque année. Moi, ce
n'est pas tellement à cela que je faisais allusion, parce qu'à ce
moment les terrains ne sont pas ensemencés et cela a lieu
immédiatement à la fonte des neiges. Les dégâts qui
peuvent être causés n'affectent pas tellement l'agriculture ou les
agriculteurs. Ce sont les crues d'eau qui arrivent durant l'été,
et qui n'arrivent pas à tous les ans, mais qui se produisent tous les
trois, quatre ans à peu près. Nous en avons eu une où il y
a eu beaucoup de pertes. C'est ce point que j'aimerais souligner à
l'attention du ministre. Le ministre a dit tout à l'heure que le
système serait juste parce qu'il couvrirait, en quelque sorte, tous les
agriculteurs pour les mêmes risques. Mais il est bon de mentionner que
les risques ne sont pas les mêmes d'une région à
l'autre.
M. TOUPIN: Lorsqu'on a décidé de penser un programme
collectif et d'agir par zones, par données régionales, on pourra
le voir un peu plus loin, on s'est inspiré de l'expérience
actuelle de l'assurance-récolte et de toutes les données qu'a pu
lui procurer cette expérience. On sait, par exemple, que quand nous
intervenons dans la région de Saint-Jean ou dans la région de
Joliette, c'est exceptionnel que ce soient les mêmes causes. Dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l'Abitibi, c'est presque
toujours des causes d'excès de pluie ou de gelée. Quand vous
allez dans d'autres régions, ce sont des excès de
sécheresse, ou dans d'autres ce sont des raisons d'inondation.
Si je prends la région de la Beauce, dans le cas que
soulève le député de Beauce-Sud, jusqu'à
maintenant, la régie a couvert les risques dont vous venez de parler.
C'est-à-dire ces inondations sporadiques qui peuvent tous les deux,
trois, ou quatre ans, l'été, évidemment, non pas des
inondations de printemps, parce que la régie n'assurera pas si le sol
est couvert d'eau. La régie ne peut pas l'assurer. Il n'y a pas
d'assurance qui peut s'appliquer s'il n'y a pas
ensemencement. C'est évident, ça va de soi. S'il y a eu
ensemencement, s'il y a eu germination et, après, excès de pluie,
là on intervient. Quand une rivière déborde, c'est
attribuable à deux facteurs, habituellement. Quand c'est le printemps,
c'est la fonte des neiges. Quand c'est l'été, ce sont des
excès de pluie.
Quand cela se produit par excès de pluie, c'est donc dire qu'il
n'y a pas seulement ces sols qui sont touchés. Les autres sols
environnants le sont aussi, mais sous une autre forme. C'est ça qu'on
appelle le zonage. Un zonage qui tient compte des particularités des
régions. Actuellement, on ne peut pas le faire avec le système
individuel. Le système individuel veut que celui qui a le plus de chance
d'avoir le plus de risque est porté à s'assurer, alors que celui
qui a le moins de chance d'avoir le moins de risque n'est pas porté
à s'assurer. Si celui qui a le moins de risque s'assure, par
conséquent, c'est sa prime qui sert à payer celui qui s'assure
avec le plus de risque, alors que dans le collectif, vous avez la zone. Donc
tous ceux qui sont dans la zone vont bénéficier de
l'indemnité, s'il y a preuve que cette zone a été atteinte
par l'un ou l'autre des actes décrits dans la loi. C'est de cette
façon, je pense, qu'on peut répondre à votre question.
Mais si la preuve est faite qu'à tous les trois ans, c'est
évident, cela vient, que la rivière déborde et que ce
débordement est attribuable au fait qu'on a ouvert les écluses du
lac Champlain ou je ne sais pas trop d'où, à ce moment, on va
travailler sur ces causes. On ne travaillera pas ailleurs que là. Cela
donne ce que donne, et ce que cela a donné jusqu'à maintenant,
même si cela n'a pas donné tout ce qu'on voulait que ça
donne.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est très précis. L'honorable
député de Nicolet-Yamaska.
M. LESSARD: Le député de Beauce-Sud dirait que c'est du
patinage de fantaisie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Nicolet-Yamaska.
M. TOUPIN: Je lui répondrais que je suis capable d'affiler mes
patins.
M. FAUCHER: Parmi les animaux sauvages, il y a le raton-laveur, je
pense, qui cause des torts au mais-grain.
M. TOUPIN: Oui.
M. FAUCHER: Ensuite le mulot, aux arbres fruitiers. Est-ce que vous avez
d'autres animaux sauvages qui causent des dommages?
M. TOUPIN: Des mulots, des ours.
M. QUENNEVILLE: Des dromadaires, des chameaux!
M. FAUCHER: II a été question des oiseaux migrateurs
également.
UNE VOIX: On n'y a pas droit. M. FAUCHER: Pardon?
M. TOUPIN: C'est le raton-laveur qu'on veut couvrir surtout.
M. FAUCHER: Sur les oiseaux migrateurs, vous n'en avez pas.
M. LESSARD: Les oiseaux migrateurs, cela n'est pas compris parmi les
animaux sauvages?
UNE VOIX: Aucun dédommagement en ce sens-là.
M. VEILLEUX: J'aurais une question à poser au ministre sur...
M. MERCIER: Pour quelles raisons, M. le Président, les oiseaux
migrateurs ne sont-ils pas inclus?
M. VEILLEUX: ... les oiseaux migrateurs. M. LESSARD: C'est
important.
M. TOUPIN: Bien, il y a peut-être plusieurs raisons qu'on peut
invoquer. Celle qu'on a invoquée jusqu'à maintenant, celle qui
m'a été donnée par la régie, c'est que le programme
fédéral ne couvre pas les oiseaux migrateurs. Par
conséquent, si on les met dans notre loi, on ne peut pas
bénéficier des avantages de la loi fédérale qui
remet 50 p.c. des primes ou 50 p.c. de l'administration.
Alors, il y a là une question économique, pour la
régie et le gouvernement, extrêmement importante. La
deuxième raison qu'on discute dans les milieux généraux,
c'est...
M. LESSARD: Ce sont des oiseaux fédéralistes.
M. TOUPIN: En plus!
UNE VOIX: Internationaux.
M. TOUPIN: Heureusement les oiseaux ne connaissent pas les
frontières. Est-ce qu'on parviendra à se convaincre de ceci, que
l'assurance-récolte n'a pas pour but d'assurer l'alimentation possible
des oiseaux?
M. QUENNEVILLE: Avec l'indépendance, on serait correct, ils ne
viendraient pas, ces oiseaux-là!
M. MERCIER: M. le Président, sur ce point...
M. TOUPIN: Le dernier?
M. MERCIER: ... dans certains secteurs du Québec, si on parle du
comté de Bellechasse, du comté de Montmagny-L'Islet ou encore de
la côte de Beaupré, peut-être...
M. VEILLEUX: La vallée du Richelieu.
M. MERCIER: ... qu'il y a d'autres secteurs également, on est
exposé à ce genre...
M. TOUPIN: Mais la principale raison, je pense...
M. MERCIER: ... de dégâts.
M. TOUPIN: ... c'est la loi fédérale qui nous
empêche de le faire.
M. MERCIER: Mais est-ce qu'il y aurait lieu, éventuellement, que
la régie puisse couvrir ce point par une surprime pour les zones qui
seraient éventuellement affectées? Pour ceux qui voudraient
bénéficier de cette protection additionnelle pour les oiseaux
migrateurs, est-ce qu'il serait dans les pouvoirs de la régie d'inclure
cette protection, moyennant une surprime?
M. TOUPIN: Remarquez bien que la régie, à ce chapitre, est
assez large d'esprit, bien sûr. Je ne sais pas comment cela peut se
produire. C'est quoi, des oiseaux migrateurs? Ils vont détruire comment?
Ils vont détruire quoi? Est-ce une ferme ou une région ou une
zone? Il peut bien y avoir trois causes à la fois. Il peut bien y avoir
les oiseaux migrateurs qui, d'une part, font des dommages; il peut y avoir la
sécheresse qui a aidé par la suite; il peut y avoir d'autres
éléments. Evidemment, la régie va analyser les causes qui
sont couvertes par la loi. Mais la régie ne peut pas avoir un programme
précis sur les oiseaux migrateurs. La loi fédérale ne lui
permet pas d'avoir de programme précis là-dessus.
Néanmoins, le ministère peut en avoir.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre d'Etat à
l'ODEQ.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, dans l'énumération
des éléments qui sont ici, si j'ai bien compris tantôt, le
ministre a parlé d'éléments qui étaient
contrôlables et d'autres qui étaient incontrôlables. Je me
demande si, en fait, on peut considérer l'assurance pour des choses
contrôlables, comme l'élément d) et l'élément
e), l'excès de pluie, en somme, qui est influencé passablement
par le drainage, et la sécheresse qui peut être aussi
corrigée par l'irrigation, tandis que la neige, la grêle,
l'ouragan, etc., ne sont sûrement pas des choses auxquelles on peut
apporter des correctifs.
Alors, je me demande pourquoi, en fait, vous incluez deux
éléments qui sont susceptibles d'être corrigés,
tandis que les autres ne le sont pas du tout: les animaux sauvages, etc.
M. TOUPIN: Je parlais, tantôt des "éléments
contrôlables" dont le contrôle peut s'exercer à
l'intérieur de la loi, mais il ne faut pas oublier que le but de la loi,
c'est d'assurer des récoltes contre des actes naturels,
c'est-à-dire la pluie, la neige, etc., mais non contre des actes
artificiels, c'est-à-dire ceux qu'on crée ou qui sont
créés par des causes extérieures.
Par exemple, si, de 1940 à 1968, les sols de Berthier n'ont
jamais été inondés et qu'ils le sont à compter de
1968, il y a une cause qui n'est pas nécessairement attribuable au
Seigneur, mais qui pourrait être attribuable à des techniciens qui
ont décidé de régulariser les eaux de l'Ontario. C'est la
même chose lorsque vous regardez d'autres problèmes.
Alors, c'est comme ça que le problème se pose dans
l'ensemble. Quand on parle de contrôles, c'est un peu ce qu'on veut dire,
mais c'est boiteux.
M. QUENNEVILLE: Justement, je pense que c'est boiteux parce que ce sont
quand même deux éléments susceptibles d'être
corrigés. D'ailleurs, effectivement, dans ma région, je peux vous
dire que c'est passablement corrigé. Tandis que pour les autres, on ne
peut rien.
Je me demande pourquoi vous incluez, dans la même liste
d'éléments, ces deux éléments qui, en somme,
peuvent être corrigés très très bien.
M. TOUPIN: Oui, évidemment, la régie peut prendre la
décision de couvrir la crue des eaux. C'est dedans. Elle peut prendre
cette décision. Il n'y a rien qui l'empêche de la prendre. C'est
simplement pour une question d'équité qu'elle n'a pas voulu,
actuellement, le faire. Elle sait que tous les ans, au même moment, les
mêmes événements vont se produire. Cela, elle le sait de
connaissance, alors qu'elle ne sait pas si, l'an prochain, une pluie
torrentielle va inonder telle région, pas plus qu'elle ne sait si la
sécheresse va frapper telle autre région.
Elle sait, par ailleurs, que tel territoire est inondé à
tous les ans et qu'il y a une cause à cela.
M. QUENNEVILLE: Par exemple, dans le cas de la sécheresse plus
particulièrement, vous avez des terres qui sont très bien
irriguées, pour la culture du seigle, par exemple, ces choses-là,
et, en somme, ces gens ne seront plus dans la même situation
vis-à-vis des risques à couvrir, pas du tout.
M. TOUPIN: Là, il y a des contrôles qu'on peut apporter,
mais ce ne sont pas des contrôles qui, nécessairement, vont
corriger tous les problèmes. Il est possible, même si nous avons
un système d'irrigation, que la sécheresse devienne une cause,
quand même, de rendement réduit, tout comme il est possible, si
vous avez du drainage souterrain, que les excès de pluie soient
également la cause d'une perte possible.
Remarquez bien que je parle toujours de perte de rendement.
M. QUENNEVILLE: Oui.
M. TOUPIN: J'apporte un exemple, je prends le même que vous. Il
est prouvé scientifiquement lorsque, dans des régions où
la sécheresse peut venir plus souvent, il y a un système
d'irrigation, que nous augmentons nos rendements de 35 p.c. Donc, on part du
principe que s'il n'y a pas d'irrigation, c'est je ne sais pas 20
minots et s'il y a de l'irrigation, c'est 28 minots. Quand le gars s'assure, il
va s'assurer au moins pour 27 ou 28. S'il y a un excès de
sécheresse, il est possible que son système d'irrigation ne
l'amène pas cette année-là à faire ses 28. Il va
peut-être faire seulement ses 25. Il va faire plus que s'il n'en avait
pas mais il y a aussi perte.
M. QUENNEVILLE: A ce moment-là, il a droit à une assurance
individuelle.
M. TOUPIN: Bien sûr, et collective aussi, parce que dans
l'assurance collective, on va tenir compte des moyennes.
M. QUENNEVILLE: Individuelle, parce que forcément, à
l'intérieur d'une même région...
M. TOUPIN: Oui.
M. QUENNEVILLE: ... vous avez, disons, 200 producteurs de tabac ou, je
ne sais pas, de plantes fourragères...
M. TOUPIN: L'assurance collective.
M. QUENNEVILLE: Disons de plantes fourragères. Ceux qui ont
l'irrigation, forcément, auraient une assurance individuelle moindre.
Est-ce que c'est cela?
M. LESSARD: M. le Président...
M. TOUPIN: On n'est pas rendu encore, à
l'assurance-récolte, à calculer des primes à compter des
systèmes de base.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que l'honorable ministre a fini?
Oui?
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur l'article 24?
M. LESSARD: Oui. Je reviens, M. le Président, encore aux animaux
sauvages et aux oiseaux migrateurs. Est-ce que le ministre a été
informé que les trois provinces des Prairies, soit le Manitoba, la
Saskatchewan et l'Alberta, ont signé un accord de quatre ans avec le
gouvernement fédéral pour justement entreprendre des programmes
de protecion destinés à réduire les pertes des
agriculteurs? Est-ce que le ministre a l'intention de négocier avec le
gouvernement fédéral pour faire en sorte qu'on puisse avoir un
programme dans ce sens? On sait qu'il y a des pertes, aussi, de $6 millions
dans ces trois provinces. Il y en a aussi chez nous. Actuellement, le programme
fédéral-provincial prévoit des montants pour chacune des
trois provinces des Prairies.
Est-ce que le ministère de l'Agriculture a négocié
la possibilité de signer de telles ententes avec le gouvernement
fédéral, puisque le ministre nous dit que le
fédéral n'assure pas ces pertes? Or, ce n'est pas le cas
puisqu'il y a déjà trois provinces des Prairies qui ont
négocié des ententes à ce sujet.
M. TOUPIN: Est-ce que ces ententes se situent dans le cadre de leur
assurance-récolte ou est-ce que ce sont des ententes
particulières?
Si ce sont des ententes particulières à côté
de l'assurance-récolte, comme je vous le disais tantôt, le
ministère de l'Agriculture du Québec a les pouvoirs actuellement
d'intervenir dans des fléaux comme ceux-là si jamais fléau
il y a. Si ma mémoire est fidèle, je pense que le gouvernement
est déjà intervenu au cours des années passées dans
des fléaux semblables où on ne retrouve pas
d'assurance-récolte possible.
M. LESSARD: Oui mais je vous demande, écoutez...
M. TOUPIN: Non, je n'ai pas négocié avec le
fédéral.
M. LESSARD: Le programme du fédéral, il s'agit d'un
programme qui étend l'assurance-récolte fédérale
aux oiseaux migrateurs. Le programme prévoit des montants qui seront
accordés pour les trois provinces, soit $4 millions pour la
Saskatchewan, $3.2 millions pour l'Alberta et $800,000 pour le Manitoba. Est-ce
que le ministre a l'intention de négocier de telles ententes? Ce fut
quand même accepté par le gouvernement fédéral au
niveau des trois provinces des Prairies et il me semble que ce serait urgent de
négocier de telles ententes. Je verrais difficilement le gouvernement
fédéral refuser de signer une telle entente étant
donné que le programme s'applique déjà aux trois provinces
canadiennes.
M. TOUPIN: Si ces ententes existent effectivement auprès d'autres
provinces, en dehors du programme d'assurance-récolte, mais qui peuvent
être une extension de l'assurance-récolte, mais sous forme de
programmes particuliers, payés par les différents
ministères, si de tels programmes existent, effectivement je ne
sais pas, c'est la première information que je reçois ce
seraient des négociations qui seraient peut-être en cours. Mais je
sais qu'on en a discuté récemment entre collègues, les
ministres de l'Agriculture...
M. LESSARD: C'est rétroactif, à part cela, les ententes
sont rétroactives au 1er avril 1973.
M. TOUPIN: On a discuté de l'assurance-récolte, la
dernière fois, et on n'a pas abordé ce problème. Mais il
est possible que des négociations aient été entreprises
avec le fédéral et les provinces de l'Ouest sur de telles choses.
Si, toutefois, il s'avère exact, je ne conteste pas ce que vous dites,
du tout; je vais prendre des informations pertinentes.
M. LESSARD: ... de chez nous.
M. TOUPIN: Non seulement je ne vois pas d'inconvénient à
en négocier un mais, s'il existe ailleurs, on va préparer des
négociations et on va sans doute s'entendre avec le
fédéral.
M. LESSARD: ... dans Terre de chez nous du 12 juin 1974.
M. TOUPIN: Alors, je n'ai pas eu le temps de le lire.
M. LESSARD: Annoncé par le ministre fédéral de
l'Environnement, M. Jack Davis, et les ministres provinciaux.
M. TOUPIN: C'est peut-être pour protéger les oiseaux
migrateurs, je ne sais pas.
M. LESSARD: Non, pour protéger les agriculteurs contre les
dévastations des oiseaux migrateurs.
M. TOUPIN: D'accord. Je suis content, M. le Président, d'avoir
été informé de cela, je ne savais pas. On va voir comment
on pourra régler ce problème.
M. VEILLEUX: M. le Président, sur l'excès de pluie, je
reviens, parce que le problème des oiseaux migrateurs semble en voie de
règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je me demande, pour s'assurer si on adopte
l'article 24 avant que l'élément mentionné à
a) de l'article 24 nous enfouisse au parlement ce soir si on ne devrait
pas procéder par a), b), c), d), pour s'assurer qu'on finisse? Ou
pensez-vous qu'après la question...
M. VEILLEUX: Moi, c'est ma dernière question.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ah bon! Alors, l'honorable
député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: C'est ma dernière question. Lorsqu'on parle
d'excès de pluie, il peut y avoir de très grosses pluies comme il
peut y avoir des petites pluies journalières. Les terres peuvent
être drainées, drainage souterrain, mais, parce qu'il n'y a pas
entente entre le ministère de l'Agriculture et le ministère des
Transports pour refaire les ponceaux qui traversent les chemins, pour refaire
les fossés le long des routes, le drainage est dans la terre, l'eau
reste dans les drains, dû à de la pluie, même si elle n'est
pas excessive.
Est-ce que, lorsqu'on parle d'excès de pluie, cela se trouve
protégé?
M. QUENNEVILLE: Cela revient à ce que je disais tantôt.
M. TOUPIN: Une chose est évidente: quand il y a excès de
pluie à ce point, les pertes sont beaucoup plus grandes que celles
décrites par le député de Saint-Jean. Il est possible que
lorsqu'il y a des excès de pluie, même si les drains sont
très bons et même si les cours d'eau sont creusés, si les
ponts sont faits en dessous des autoroutes et partout, il est possible qu'il y
ait quand même perte. Mais la régie n'a jamais tenu compte,
jusqu'à maintenant, à moins que je fasse erreur, de cet
élément comme étant un élément particulier.
Chaque fois qu'elle a constaté des pertes, dans des cas comme
ceux-là, elle est toujours intervenue parce que la régie n'a pas
adopté encore comme critère la nécessité d'un
drainage souterrain ou la nécessité de creusage de cours d'eau.
On n'a pas voulu adopter ce critère précisément parce que
le problème n'est pas totalement réglé.
A moins que je fasse erreur, est-ce que la régie a
déjà refusé certains dossiers? Rarement? Il est possible
alors que la régie...
M. VEILLEUX: Quand même, vous savez, M. le ministre, et les gens
de la régie le savent aussi, que dans la vallée du Richelieu, il
n'y a presque pas de pente sur les terrains; c'est très plat, aussi plat
que la table ici, si le plancher était plat, la table ce serait plat
aussi. On a des problèmes graves de drainage dus à une
mésentente qui existe. Je veux m'en assurer au cas où il y aurait
des gens de ma région qui viendraient l'an prochain dire: Le
ministère des Transports n'a pas fait le fossé parce qu'il n'y a
pas eu d'entente ou le ponceau n'a pas été refait, il est
tombé de la pluie et l'eau est restée sur la terre, l'eau est
restée dans les drains et j'ai perdu mes récoltes partiellement
ou complètement. Je ne voudrais pas qu'on m'arrive et me dise: La
régie n'accepte pas cela. Je veux avoir la certitude ce soir que c'est
accepté. Et si on n'a pas la certitude, je veux avoir la certitude du
ministre que l'entente entre le ministère des Transports et celui de
l'Agriculture va se signer pour qu'on fasse les ponceaux quand c'est le temps
et qu'on fasse les fossés quand c'est le temps. C'est un ou l'autre que
je veux ce soir.
M. TOUPIN: M. le Président, je puis dire au député
de Saint-Jean que demain matin je suis disposé à signer une
entente avec les Transports sur ces questions. Je pense que le ministère
de
l'Agriculture a déjà fait un pas; il a déjà
invité les fonctionnaires des Transports à les rencontrer dans
certaines régions. Les rencontres, me dit-on, n'ont pas eu lieu aussi
rapidement qu'on aurait voulu. M. Mailloux, le ministre des Transports, m'a
bien dit qu'il donnerait à ses fonctionnaires non seulement
l'autorisation mais l'ordre de rencontrer les fonctionnaires du
ministère de l'Agriculture et de regarder ensemble comment les
problèmes se posent. Je sais que le ministère de l'Agriculture a
donné cet ordre à des inspecteurs régionaux situés
dans les régions où les problèmes se posent. Je sais qu'il
y a eu des communications par lettre.
Maintenant, vous affirmez qu'un protocole d'entente va être
signé, il faudrait que mon ami et collègue, M. Mailloux, soit
avec moi pour que je puisse avoir, de sa part, la même certitude; sinon
je...
M. VEILLEUX: M. le ministre, ce que je veux vous dire, c'est quand un
agriculteur c'est important ce que je dis là...
M. LESSARD: D'accord, mais je constate que le "filibuster", M. le
Président, se fait par le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Bien, si on considère, parce que je me
préoccupe du problème de mes agriculteurs, que c'est un
"filibuster", M. le Président...
M. LESSARD: Allez-y, M. le Président. M. VEILLEUX: ... c'en est
un.
M. LESSARD: Nous en sommes très heureux.
M. VEILLEUX: Et je vais continuer si c'est comme ça que le
député de Saguenay... Qu'il vienne dire cela dans mon
comté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y!
M. VEILLEUX: Le PQ n'aura plus de votes dans le comté, parce que
le député de Saint-Jean s'occupe des agriculteurs.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ne commencez pas ça. A l'ordre! A
l'ordre! Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, le ministre est peut-être au
courant, mais ce que je veux lui rappeler, c'est que, quand l'Agriculture
communique avec les Transports, entre fonctionnaires par exemple, le
fonctionnaire des Transports dit: Pour nous, le fossé est bon pour le
chemin, le ponceau est bon pour le chemin, puis on n'y touche pas. Quand c'est
l'inverse qui se produit, l'Agriculture dit: Ce n'est pas à nous de
faire le ponceau; c'est à vous autres de le faire, parce que ça
traverse le chemin, parce que ça égoutte le chemin. Moi,
j'aimerais bien qu'un jour ou l'autre, rapidement, ça se règle
pour qu'on n'ait pas les problèmes qu'on rencontre présentement.
Je ne dis pas que c'est unique, mais c'est quasi unique dans la vallée
du Richelieu, tellement c'est plat; pas plate, c'est plat.
M. TOUPIN: Je suis d'accord avec le député de Saint-Jean.
Je vais non seulement en prendre avis, mais en prendre note
sérieusement. Je vais en rediscuter avec mon collègue des
Transports.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que l'article 24 est
adopté?
M. ROY: Article 24, M. le Président, moi, je ne veux pas revenir,
puis faire l'intervention. Comme on est limité au règlement
adopté, sur division.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'article 24, abrogé et
remplacé par l'article 24 tel que soumis par le ministre, est
adopté sur division. Sur ce, puis-je faire remarquer aux membres de la
commission qu'il fait tempête dehors et que les employés...
M. ROY: Petit c) l'ouragan; d) l'excès de pluie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II semble que c'est une combinaison de petit
a) et de petit c). De façon à faciliter aux employés du
journal des Débats et aux autres l'accès à leur foyer,
avant demain matin, si la commission est d'accord avec le député
de Saguenay, nous pourrions ajourner jusqu'à...
M. QUENNEVILLE: On pourrait peut-être consulter les
Transports.
M. TOUPIN: Après la période des questions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le ministre est d'accord? Alors,
la commission...
M. VEILLEUX: M. le Président, est-ce que vous permettez que
j'aille consulter mon association de comté pour voir s'ils sont d'accord
pour qu'on ajourne?
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission ajourne ses travaux à
demain, après la période des questions.
(Fin de la séance à 23 h 3)