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Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs!
Pour la séance d'aujourd'hui, les membres de la commission sont:
M. Baril (Arthabaska), M. Beauséjour (Iberville), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau (Verchères), M. Clair (Drummond), M.
Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Grenier (Mégantic-Compton) remplace M.
Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), M. Garneau (Jean-Talon), M. Garon
(Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mercier (Berthier), M. Ouellet
(Beauce-Nord), M. Picotte (Maskinongé), M. Rancourt
(Saint-François), M. Roy (Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Orford).
A la séance d'hier, on était au programme 1,
élément 1.
Recherche et enseignement agricoles (suite)
M. Giasson: M. le Président, est-ce que nous avions
terminé le débat sur la question de l'enseignement agricole?
Le Président (M. Boucher): Le tour de table était
complet.
M. Giasson: Donc nous pourrions entrer de plain-pied dans
l'élément 1 qui concerne la recherche agricole à
l'intérieur du ministère. Quels sont les secteurs de recherche
agricole qui sont privilégiés présentement dans toutes les
activités de recherche qui se font au ministère?
M. Garon: On peut peut-être les résumer
essentiellement en trois domaines particuliers qui correspondent d'ailleurs
à trois divisions de structure de la Direction générale de
la recherche, à savoir la défense des cultures, d'abord;
deuxièmement, la recherche qui concerne les sols, c'est-à-dire le
classement des sols, la pédologie; troisièmement, un
nouveau-né cette année dans la structure du ministère qui
est la recherche en technologie alimentaire.
M. Giasson: Culture, sol...
M. Garon: Défense des cultures, qui se subdivise
évidemment en plusieurs domaines comme la malherbologie...
Une Voix: Les maladies, les insectes...
M. Garon: Les maladies, les insectes, le réseau de
signalisation phytosanitaire. L'autre grande division c'est la recherche dans
le domaine des sols qui se subdivise en classifications; après cela,
l'étude de fertilité des sols, les fumures à apporter
à l'une ou l'autre des cultures, toujours en regard du sol
lui-même, les différents types de sols.
L'autre grande division, c'est la recherche en technologie
alimentaire.
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agit de modifications dans le grand
plan de recherche qu'avait le ministère ou, encore, est-ce que vous avez
diminué l'accent mis sur certains types de recherche que le
ministère soutenait traditionnellement pour aller vers une recherche
dans des secteurs plus nouveaux, c'est-à-dire qui n'avaient pas
bénéficié ou profité du plan de recherche
antérieurement?
M. Garon: Justement, le nouveau-né, c'est la technologie
alimentaire qui est un nouveau secteur de recherche qui n'existait pas avant.
C'est localisé, d'ailleurs, à l'ITA de Saint-Hyacinthe, pour
votre information.
M. Giasson: Quel est le plan de recherche qu'on a construit ou
bâti pour la technologie alimentaire?
M. Garon: D'abord, cette année, on a constitué le
service avec un directeur et il aura deux adjoints dans différents
domaines. D'abord, il y en a un dans la technologie laitière, parce
qu'on utilise nos professeurs de l'institut là-bas, qui sont
encadrés par un directeur de recherche spécifique en technologie.
On a seulement des chargés de recherche, tandis que les professeurs,
eux, enseignent, mais ils vont participer aux programmes de recherche. Il y a
d'abord l'industrie laitière. Il y aura aussi les transformations des
produits agricoles. Quand je parle de l'industrie laitière, c'est
l'utilisation. On a parlé hier du petit-lait, par exemple. On a
déjà certains travaux en vue de l'utilisation de ce petit-lait
dans la confiserie, dans la fabrication du fromage même. On en a
soutiré des protéines. Dès cette année, on a
déjà quelques résultats. Il y a plusieurs travaux en
marche pour l'utilisation de ces protéines dans la fabrication de
fromage ou dans la confiserie. La fabrication de fromage, on en faisait
antérieurement. Là, cela va être mieux structuré,
mieux encadré. On a l'utilisation et la transformation des autres
produits agricoles, que ce soit même l'utilisation pour fins
industrielles, soit par exemple, la planification, les variétés
de blé que l'on crée, d'abord, à la station de
Saint-Hyacinthe et, plus tard, aussi dans le domaine des viandes. Cette
année, on a déjà fait certains travaux. Quand on est
allé visiter, justement, on préparait un jambon à la
dinde.
M. Charbonneau: Est-ce qu'il y aurait possibilité de
demander aux interlocuteurs de parler plus fort?
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, est-ce qu'il y
aurait possibilité de parler plus fort parce
qu'à l'autre bout de la table on me dit qu'on n'entend rien?
M. Garon: II y a eu un autre travail qu'on a entrepris cette
année qui a été le yogourt glacé.
Déjà, on a amélioré le produit en y incorporant
certaines essences propres. On a un produit qui est intéressant et
certaines compagnies seraient même intéressées à le
mettre en marché.
C'est à peu près l'évolution que va prendre ce
nouveau service avec les professionnels qui vont s'adjoindre prochainement au
service et les techniciens aussi pour effectuer les travaux, toujours avec
l'aide des professeurs de l'institut et des facilités que l'on a
à l'institut. Cela n'a pas nécessité d'investissements
proprement dits.
M. Giasson: Dans ce grand programme de recherche propre au
ministère de l'Agriculture, est-ce que cette recherche vous la limitez
uniquement à une équipe qui est sous l'égide du
ministère, ou si vous partagez parfois des programmes de recherche avec
d'autres organismes? Que ce soit avec les universités ou même de
l'entreprise privée. On sait qu'il y a des entreprises privées de
bonnes dimensions qui ont des programmes de recherche, qui consacrent des
budgets assez importants à cela.
M. Garon: Ce dont on vient de parler, c'est ce qu'on appelle
communément la recherche intra muros.
M. Giasson: Intra muros.
M. Garon: Celle qu'on fait à l'intérieur de nos
murs. Aussi, on aide la recherche extra muros, c'est-à-dire la recherche
qui se fait surtout dans les universités au Québec, et en
particulier par les 200 universitaires des facultés d'agronomie ou de
sciences alimentaires, à savoir Laval et Macdonald, également, la
faculté de médecine vétérinaire de
l'Université de Montréal, et aussi quelques autres recherches,
mais en moins grand nombre, parce que ce n'est pas leur spécialisation,
qui se font à l'Université du Québec et à
l'Université de Sherbrooke.
Pour répondre aux problèmes aussi des industries.
Certaines ont des problèmes de mise au point technique de leurs
produits. On travaille aussi dans ce domaine, en collaboration, lorsque le
problème nous est soumis.
Certaines industries peuvent utiliser, avec entente, évidemment,
en particulier, par exemple avec ITTA, l'usine pilote laitière qu'on a
à Saint-Hyacinthe pour la mise au point de leurs produits.
M. Giasson: M. le Président, on a presque toujours
déploré, au Québec, les trop faibles crédits au
budget consacrés traditionnellement à la recherche, au
ministère de l'Agriculture. J'aurais pensé que le nouveau
ministre de l'Agriculture, surtout si l'on examine le programme de son parti,
allait consacrer des sommes beaucoup plus importantes aux fins de recherche,
à son ministère.
Comment le ministre peut-il nous expliquer qu'il n'ait pas pu
dégager davantage les crédits aux fins de la recherche au
Québec?
M. Garon: II y en a pas mal plus, il y a en fait $1,5 million
pour les serres de Saint-Hyacinthe, c'est dans la recherche, au fond.
M. Giasson: Oui, mais là il s'agit d'un secteur. Cela ne
couvre pas l'ensemble de tous les besoins de recherche.
M. Garon: C'est de la dépense de l'Agriculture. La
technologie alimentaire, on dit que c'est un domaine où on commence. Au
fond, on va le développer plus. Je pense que dans ce domaine vous ne
perdez rien pour attendre. Dans le temps de le dire, on ne peut pas tout
bouleverser non plus. Actuellement, dans la dépense des cultures, on a
mis $1,5 million à Saint-Hyacinthe, pour la construction de serres, afin
d'intensifier la recherche, tripler, au fond, le rythme des recherches en
technologie alimentaire.
M. Giasson: Est-ce une recherche qui va porter sur tous les
secteurs des plantes ou si c'est consacré plutôt au secteur
maraîcher, aux céréales? Je parle des
céréales-grains. Vous avez les céréales pour
alimenter le bétail. A Saint-Hyacinthe, le ministre a dit qu'il y avait
au-delà de $1 million consacré à un plan de recherches
plus particulier là-bas. Quels sont les secteurs qui vont être
favorisés dans la recherche?
M. Garon: Nous avons une équipe de ceux qui sont
spécialisés dans le domaine de la protection des cultures. En
plus, on aura une équipe de scientifiques, de généticiens
qui créent des variétés de plantes. Déjà, on
a plusieurs variétés de plantes adaptées à notre
climat: la variété de blé Concorde qu'on vient
d'homologuer. On a approuvé, pour le Québec, l'homologation de
cette variété. Elle a été créée
à Saint-Hyacinthe par nos chercheurs. On a aussi créé des
variétés de tomates. On travaille actuellement à une
variété de navets qui va être résistante à la
maladie de la mosaïque. On a les chercheurs, les spécialistes en
protection des plantes et en génétique qui travaillent en
collaboration là-bas pour nous trouver, d'abord, des
variétés résistantes ou contrôler les maladies ou
les insectes. On a aussi des entomologistes dans l'équipe de la station
de Saint-Hyacinthe.
M. Giasson: Là, il s'agit de programmes de recherches qui
étaient déjà instaurés avant que le présent
budget soit voté, mais dans les crédits additionnels est-ce tout
simplement pour donner plus d'ampleur à la recherche sur les secteurs
d'activité que vous venez d'énumérer?
M. Garon: Oui, ceux-là.
M. Giasson: II n'y a pas de nouveau plan de recherches?
M. Garon: A l'exception, comme on l'indiquait au tout
départ, de la technologie alimentaire qui est une section...
M. Giasson: Un secteur nouveau.
M. Garon: ...créée de toutes pièces cette
année. Donc, qui a exigé des postes supplémentaires. C'est
une section qui va avoir quatre postes supplémentaires. On crée
la section de toutes pièces, en d'autres termes. Cela n'exige pas
d'investissement parce qu'il y a déjà une usine pilote, à
Saint-Hyacinthe, il y a déjà des laboratoires de recherche dans
le domaine alimentaire.
Par ailleurs, pour accélérer les recherches dans le
domaine de la mise au point d'une nouvelle variété de
céréales et d'autres plantes aussi, c'est là qu'intervient
l'immobilisation de $1,5 million ce qui est nouveau cette année, pour la
création d'une serre, pour la mise sur pied d'une serre à
Saint-Hyacinthe.
M. Giasson: C'est que si je comprends bien, le $1,5 million
additionnel ne sera pas nécessairement consacré à une
équipe de chercheurs, mais plutôt à l'aménagement de
lieux qui vont mieux conditionner la recherche.
M. Garon: A des équipements qui vont permettre
d'accélérer la recherche. C'est-à-dire qu'au lieu de faire
de la recherche sur la période de culture de quatre mois pendant
l'été au Québec, on pourra en faire sur douze mois avec
les serres qu'on va avoir là. On va donc tripler le rythme des
recherches, des expériences. Autrement, on en fait pendant la
période de culture au Québec, seulement pendant
l'été. Le but c'est d'accroître le rythme, plus une
meilleure coordination. Cela va libérer d'autres équipements qui
vont pouvoir être utilisés pour d'autres choses aussi, notamment
pour l'horticulture. On pourra utiliser certaines serres pour le
développement de l'horticulture.
M. Giasson: Traditionnellement, le Parti québécois
avait déploré la dépendance des agriculteurs
québécois en matière d'approvisionnement du
côté de la machinerie agricole. Quant à cette
dépendance vis-à-vis de la grande industrie privée qui
souvent était extérieure au Québec, le Parti
québécois s'était engagé, dès la prise du
pouvoir, à subventionner la recherche, le développement et la
production de machinerie agricole au Québec. D'abord une machinerie
agricole typiquement québécoise. Pourquoi le ministre n'a-t-il
pas jugé bon de plonger dans ce secteur que l'on qualifiait de si
important dans le passé?
M. Garon: Je comprends, mais écoutez, les crédits
c'est au début de mars, il faut des années. On ne bâtit pas
des programmes sur la machinerie dans deux mois.
M. Giasson: C'est important.
M. Garon: Je comprends, mais Rome ne s'est pas bâtie en
deux jours.
M. Giasson: C'est moins important qu'on ne le disait.
M. Garon: Non, ce n'est pas que c'est moins important, mais c'est
un programme pour quatre ans ou cinq ans, ce n'est pas un programme pour deux
mois. Alors, il faut s'en donner autrement, bâtir tranquillement.
M. Giasson: C'est peut-être moins important qu'on nous l'a
dit à l'époque, mais cela demeure important dans l'esprit du
ministre. Partant de cette importance qu'il accorde à ce secteur,
à quel moment entend-il consacrer des crédits pour des fins de
recherche dans ce secteur ou...?
M. Garon: II n'y a pas de poste dans le programme qui concerne la
machinerie.
M. Giasson: Subventionner la recherche, le développement
et la production d'instruments aratoires fabriqués par des entreprises
québécoises. Cela est dans le programme du parti.
M. Garon: Dans le programme du parti, vous avez le programme en
agriculture.
M. Giasson: L'agriculture.
M. Garon: C'est parce que vous n'avez pas...
M. Giasson: C'est parce que je n'ai pas le bon document.
M. Garon: Non, non, c'est parce que vous ne connaissez pas, vous
ne savez pas comment cela marche, le programme du parti.
M. Giasson: Vous allez m'expliquer cela. On va prendre votre
programme sur l'agriculture et vous allez m'expliquer comment cela marche.
Une Voix: II change toutes les semaines.
M. Picotte: II y a deux programmes, un avant et l'autre
après.
M. Garon: Non. On a un programme avec toutes les grandes lignes
du développement. C'est ce qu'on appelle le programme du parti.
M. Picotte: Dans le fond, cela ne veut rien dire.
M. Garon: Pour la campagne électorale, il y avait les
engagements électoraux du Parti québécois. C'est une chose
à plus court terme.
M. Giasson: Cela a été distribué durant la
campagne dans les foyers chez nous, peut-être pas en province, mais chez
nous.
M. Garon: C'est le programme des grandes directives. Il y a des
choses qu'on parle de développer là-dedans qui prendront 15 ou 20
ans. C'est la façon dont on conçoit l'aménagement de la
so-
ciété québécoise. C'est évident que,
quand on parle de machinerie...
M. Giasson: 15 ans pour faire cela.
M. Garon: C'est la conception d'une société que
vous avez là. Ce sont des grandes lignes.
M. Giasson: Ce n'est pas la société, mais le
programme qui touche l'agriculture.
M. Gagnon: Ce qu'on pense, M. le ministre, c'est que vous auriez
pu corriger en cinq mois toute l'inaction de l'ancien gouvernement en six ans.
Il faut prendre le temps de s'établir.
M. Picotte: On lui a demandé quand il prévoyait le
faire et il a répondu dans 15 ans. Vous ne serez plus là dans 15
ans.
M. Gagnon: II n'a pas dit dans 15 ans, mais que cela pourrait
prendre 15 ans.
M. Charbonneau: II faudrait quand même être
sérieux. Vous commencez un peu tôt, vous, ce matin. Vous auriez pu
rester coucher.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Giasson: Continuez, M. le ministre. Expliquez-moi comment
interpréter ce qui est écrit dans le programme du Parti
québécois.
M. Garon: Non, les huit points du programme, je l'ai ici; je les
ai toujours sur moi, d'ailleurs.
M. Cordeau: II y en a treize points.
M. Garon: Vous avez ici relance de l'agriculture. "Pour redonner
à l'agriculture québécoise la place qui lui revient, le
Parti québécois augmentera le budget du ministère de
l'Agriculture". Cela a été fait.
Deuxièmement, il étendra graduellement l'application du
programme de stabilisation des revenus. On a deux programmes nouveaux.
Troisièmement, il créera une régie
québécoise des grains de provende. J'ai dit que j'avais
commencé à demander des rapports là-dessus. Ce ne sera pas
pour cette année, mais pour l'an prochain ou l'année suivante,
afin de l'appliquer comme il le faut.
Après cela, on dit: Ramener les contingents de lait de
transformation au niveau de 1975. Je pense qu'on a contribué à
améliorer la politique laitière. Il généralisera la
consommation de lait frais dans les écoles. On a prévu des
crédits pour cela. Il encouragera la relève à l'aide d'un
programme de crédits et de subventions destinés aux aspirants
agriculteurs. J'ai dit aussi que, vers le mois de mai ou de juin, on demandera
à des gens de faire le tour des douze régions et de rencontrer
les jeunes cultivateurs pour discuter avec eux des meilleurs
éléments à mettre dans un programme en vue de la
relève.
Enfin, adopter une politique de zonage pour protéger les
meilleures terres. J'en ai parlé hier. Ce n'est pas si mal; sur sept
points, il y en aura cinq d'adoptés cette année.
M. Giasson: Je comprends que le ministre vient de nous parler de
son programme...
M. Garon: Les engagements...
M. Gagnon: Cela va trop vite pour vous autres.
M. Giasson: ...à lui, mais je m'en remets au programme qui
a été distribué durant la campagne électorale, du
moins dans ma région, mon comté, qui diffère du programme
que le ministre s'est donné, il faudrait que...
M. Gagnon: ...c'est qu'on prend le temps de l'appliquer.
M. Garon: C'est le programme qu'on appelle permanent du parti,
qui est la conception de la société, comment elle doit se
développer. Il y a du long terme, du moyen terme et du court terme
là-dedans. Tandis que lorsque vous parlez des engagements au cours d'une
campagne électorale, c'est à court terme, c'est pendant quatre
ans. C'est évident que, lorsqu'on parle de développer la
machinerie ou des choses semblables, on ne fait pas cela dans deux mois.
M. Giasson: M. le ministre, il s'agit du programme qui a
été distribué par le Parti québécois lors de
la dernière campagne. C'était le programme qui constituait les
engagements d'action au cours d'un mandat, dans l'éventualité
d'une prise du pouvoir par le Parti québécois. Je ne cite pas
d'autres programmes que celui qui a été distribué dans ma
région, celui que je me suis procuré pour en prendre
connaissance.
M. Garon: Le programme n'est pas imprimé comme cela. Je
n'ai jamais vu cela.
M. Gagnon: Un mandat, c'est quatre ans.
M. Charbonneau: Vous avez des feuilles
préparées...
M. Giasson: Des photocopies.
M. Garon: Vous avez des feuilles de 8 1/2 par 14 alors que nos
programmes ne sont jamais imprimés sur du 81/2 par 14. J'aimerais bien
voir cela.
M. Giasson: D'ailleurs le député de
Verchères porte sur lui tendrement le programme du Parti
québécois dans son dernier format. Qu'il relève la page
15, article 13...
M. Garon: Ce n'est pas un document...
M. Giasson: ...et il va retrouver textuellement ce que j'ai
rappelé au ministre tout à l'heure.
M. Charbonneau: Exactement cela. Ce n'est jamais écrit
dans cela qu'on ferait cela en cinq mois, par exemple.
M. Garon: II y a autre chose: favoriser la restructuration des
fermes en unités de regroupement plus rentables. Cela peut prendre cinq
ans, dix ans. C'est évident que c'est un objectif et que cela doit se
faire comme cela. Mais évidemment, ce ne sont pas des choses qui se font
dans le temps de le dire. Etablir une politique d'autosuffi-sance dans les
domaines où Québec profite d'avantages comparatifs, c'est une
politique...
M. Giasson: M. le ministre, si on revenait à la
recherche...
M. Garon: Ce n'est pas une politique qui se réalise dans
le temps de le dire.
M. Giasson: Si on revenait à la recherche. Prenons
l'article où le programme...
M. Garon: Comme vous, vous n'êtes pas venu au monde grand
comme vous êtes là.
M. Cordeau: Vous l'avez déjà dit.
M. Giasson: Prenons l'article du programme du parti qui touche la
recherche. Il n'indique pas d'autres secteurs que celui de la
nécessité d'une recherche pour le développement de la
production d'instruments aratoires fabriqués par des entreprises
québécoises. C'est tout ce qu'il dit sur la recherche.
J'étais en lieu de m'attendre que dans les premiers choix que le nouveau
ministre aurait dans les secteurs de recherche ou s'il veut partir des projets
nouveaux, cela aurait été dans ce secteur.
M. Garon: Ce qui prouve que le ministre est extrêmement
progressif, qu'il va plus vite que son programme.
M. Giasson: Où en est votre recherche, au point de vue du
développement et de la fabrication d'instruments aratoires, lorsqu'on
examine le livre des crédits du gouvernement?
M. Garon: II y a des éléments dans le programme 5.
Vous allez voir tantôt qu'on va parler du développement d'un
concentrateur pour le sirop d'érable, pour permettre d'évaporer
très rapidement le sirop d'érable au Québec, surtout pour
les érablières qui ont plus de 10 000 entailles. On vient
d'acheter les droits d'auteur ou la franchise. Je ne sais pas le terme
juridique.
M. Giasson: Est-ce que cela fait partie du programme de recherche
au ministère, ce nouvel évaporateur de la rapidité de
l'éclair?
M. Garon: La rapidité de l'éclair,
c'est-à-dire que là, il faut l'adapter. C'est pour cela qu'il va
y avoir des travaux là-dessus pour l'adapter à nos besoins, en
collaboration avec le CRIQ, mais c'est nouveau. La machinerie, c'est comme les
chevaux, on ne peut pas changer pour un tracteur en 24 heures, c'est
parfaitement évident.
M. Gaisson: M. le Président, je ne peux pas tenir rigueur
au ministre de ne pas avoir dégagé les crédits sur ce
premier budget qu'il doit défendre, mais à quel moment entend-il
consacrer des crédits de façon importante pour donner
suite...
M. Garon: ... graduellement.
M. Giasson: Oui, mais vers quelle date?
M. Garon: C'est un voeu, comme vous le dites. Demandez donc
à General Motors quand elle va inventer l'automobile qui va faire 100
milles au gallon. Demandez-lui la date, pour le "fun".
M. Giasson: II ne s'agit pas d'invention, il s'agit...
M. Garon: Cela ne marche pas comme cela.
M. Giasson: ... d'un besoin qui avait été
très bien identifié par le Parti Québécois...
Une Voix: C'était un besoin...
M. Giasson: ... qui avait fait l'objet de débats. Ce
n'était pas une machine à inventer, il s'agissait de
développer un programme de recherche en vue de voir à la
possibilité de la fabrication de machinerie agricole ou aratoire ici, au
Québec, par des entreprises québécoises. Il n'a rien
inventé là. Cela me paraît concret et d'actualité et
on n'a pas besoin de faire des inventions, on fait de la recherche.
M. Garon: On a commencé avec le sirop d'érable. Le
développement de la machinerie pour concentrer le sirop
d'érable.
M. Giasson: Que le CRIQ fasse des recherches dans cette
matière, ce n'est pas depuis la venue du nouveau ministre de
l'Agriculture. Cela a été commencé bien avant votre
arrivée au ministère, au Centre de recherche industrielle du
Québec.
M. Garon: C'est une machinerie qui n'appartient pas au CRIQ,
c'est une machinerie qui appartient à une entreprise mais qu'il s'agit
d'adapter...
M. Giasson: Le CRIQ ne fait pas également un travail de ce
côté?
M. Garon: C'est-à-dire qu'il va le faire, mais
financé par nous.
M. Giasson: Financé par le ministère de
l'Agriculture.
M. Garon: II faut payer au CRIQ les dépenses qu'il encourt
à ce sujet.
M. Cordeau: Dépenses de recherche. Une mise au point.
M. Garon: Oui. On a fait développer un appareil pour
appliquer les herbicides dosés suivant certaines concentrations pour
appliquer en recherche en parcelles. Il a fallu payer les frais encourus au
Centre de recherche industrielle.
M. Giasson: II s'agit d'équipement pour fertiliser les
parcelles expérimentales.
M. Garon: ... mais qui pourrait servir en le modifiant
pour...
M. Giasson: Mais, lorsque le ministre parle d'un nouveau
système d'évaporateur, c'est un autre projet.
M. Garon: C'est pour l'usage commercial,
éventuellement.
M. Giasson: C'est cela.
M. Garon: D'ailleurs, les crédits pour cela, on va les
retrouver au programme 5, à la commercialisation. C'est une mise au
point et non une recherche fondamentale.
M. Grenier: M. le Président, à
l'élément 1, est-ce que le ministre a l'intention de former un
conseil de la recherche agricole? Est-ce que c'est en voie de se faire?
M. Garon: Cela existe. M. Grenier: Cela existe.
M. Garon: Vous avez le Conseil des recherches et services
agricoles du Québec. Vous en avez plusieurs. D'abord, le Conseil des
recherches et services agricoles du Québec, le Conseil des productions
animales du Québec, le Conseil des productions végétales
du Québec, le Conseil des denrées alimentaires du Québec,
le Comité de références économiques en
agriculture.
M. Grenier: Est-ce qu'il y a eu des modifications
d'apportées à ces comités? Est-ce qu'il y a eu une
injection nouvelle, est-ce qu'il y a eu quelque chose depuis la venue du
nouveau gouvernement, qui a fait grand état de la recherche agricole, ou
est-ce que c'est resté statique?
M. Garon: Ce sont des conseils qui existaient et qui regroupent
les principaux secteurs d'activité.
M. Grenier: D'accord, mais il n'y a pas eu de changements
importants dans ces conseils, à ce jour.
M. Garon: Le conseil des productions végétales,
cela groupe les végétaux. Le conseil des productions animales,
cela groupe les animaux, qu'est-ce que vous voulez injecter?
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il y a eu des changements
d'orientation, de politique ou bien si c'est tout simplement la continuation
des services qui existaient avant?
M. Gagnon: M. le Président, quand est-ce que notre tour va
venir?
M. Garon: Ce sont des conseils consultatifs qui se
réunissent de façon périodique et qui donnent des avis
pour indiquer dans quel secteur devraient s'orienter particulièrement
les recherches, tenant compte, aussi, de ce qui existe, pour ne pas doubler ce
qui se fait ailleurs. Les gens qui sont là-dedans sont des gens
très qualifiés qui savent ce qui se fait dans les
différents secteurs au point de vue de la recherche. Ils disent, par
exemple: A tel endroit, il se fait telle recherche, à tel autre endroit,
il se fait telle recherche, pour qu'on ne recommence pas.
M. Grenier: C'est tout à fait classique, ces conseils
étaient là et ils continuent à travailler, à faire
le même travail. En fait, le ministre me confirme que même avec la
venue du nouveau gouvernement, il n'y a pas du tout de changement sans ce
rapport. Cela continue d'être ce que c'était avant.
M. Garon: II ne faut pas dire des niaiseries non plus. C'est un
conseil de recherche qui groupe des chercheurs.
M. Grenier: D'accord. C'est ce que je veux vous faire dire.
Depuis tout à l'heure vous dites: II ne faut pas qu'ils embarquent un
sur l'autre et tout cela, mais, en fait, ce sont les mêmes conseils qui
existaient qui continuent à faire leur même travail. Voilà
une affaire qui depuis le 15 novembre n'a pas changé.
C'est-à-dire que le monde n'a pas commencé le 15 novembre. Cela
continue d'être ce que c'était avant.
M. Garon: On n'a jamais dit cela que le monde venait de
commencer. C'est vous autres qui dites que c'est l'Apocalypse depuis le 15
novembre.
M. Grenier: II y en a pas mal qui tentent de le faire penser
à la population.
M. Garon: C'est vous autres qui essayez de faire croire que c'est
l'Apocalypse depuis le 15 novembre. La terre ne s'est pas entrouverte. La
monnaie n'a pas tombé. Ce que vous aviez prédit ne s'est pas
réalisé.
M. Gagnon: II y a pas mal de choses de changées quand
même.
M. Garon: Ce qui s'est produit, c'est un changement dans les
esprits. Les Québécois ont arrêté de se penser des
sous-hommes et ont commencé à avoir confiance en eux-mêmes.
C'est cela la différence depuis le 15 novembre.
M. Grenier: Un bon discours qui va finir par la
séparation. Un autre qui va finir par l'indépendance.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Garon: Vous allez peut-être changer vous aussi. Vous
allez peut-être en venir là. Quand j'ai commencé
là-dedans, le mouvement indépendantiste, j'avais la carte no 51.
Je n'ai jamais considéré les gens comme des adversaires, mais
comme d'éventuels indépendantistes. Il y en a beaucoup qui sont
dans le Parti québécois, je suis déjà allé
sur des tribunes avec eux. Ils défendaient le fédéralisme
à ce moment. L'Opposition a parlé du fédéralisme
rentable, culturel, etc. Là, elle cherche le fédéralisme
vendable. Il n'est pas trou-vable, il n'est pas possible de trouver le
fédéralisme vendable.
M. Grenier: Vous l'avez votre discours. Il est tôt ce
matin... Vous aurez le temps d'en faire deux aujourd'hui...
Une Voix: Ils vont devenir indépendantistes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je vais laisser le programme du Parti
québécois de côté, étant donné que M.
le ministre a bien mentionné à quelques occasions qu'on n'est pas
devenu grand du jour au lendemain. Cela a pris du temps. On va lui donner une
petite chance de se développer, de prendre de l'expansion et de mettre
ses politiques en vigueur. Maintenant, j'ai deux questions. Etant donné
qu'on est tous d'accord sur ce principe qu'on n'est pas venus au monde grands
comme nous sommes...
M. Garon: Je vous remercie de l'admettre.
M. Cordeau: Je pense que le ministre, en se regardant, aurait pu
l'admettre lui-même.
Ceci dit, j'aurais deux questions bien spécifiques à poser
au ministre. Concernant le $1,5 million d'investissement pour les serres de
Saint-Hyacinthe, quand croit-il que ces travaux vont pouvoir commencer?
M. Garon: Cela a été autorisé par le Conseil
du trésor.
Cela va être très rapide.
M. Cordeau: L'acceptation des crédits, puis cela va
passer. On va faire cela vite.
M. Garon: On vous informe que le contrat va incessamment
être signé. Les appels d'offres ont déjà
été faits.
M. Cordeau: Oui, bon, merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Cordeau: J'ai une autre question, s'il vous plaît.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet.
M. Cordeau: Ce n'est pas sur les serres, mais enfin cela va
s'adresser au ministre de l'Agriculture.
Existe-t-il au ministère de l'Agriculture...
M. Garon: Vous voyez qu'on gâte votre région.
M. Cordeau: Merci, M. le ministre. Existe-t-il au
ministère de l'Agriculture un comité d'étude ou de
consultation pour venir en aide aux agriculteurs qui se servent de serres pour
leurs cultures, c'est-à-dire qui font des cultures hâtives, ainsi
de suite?
M. Garon: Là-dessus, régulièrement, les
comités de concertation en recherche, dont on parle ici, font des
publications, comme le CPVQ en production végétale
spécifiquement. Ils font des recommandations aux cultivateurs.
Spécifiquement la recherche en serres c'est la question que vous
abordez fait l'objet actuellement d'un groupe de travail, à
l'intérieur du ministère. On pose plusieurs questions,
évidemment, comme un peu tout le monde, sur la recherche en serres;
est-ce que c'est rentable ou non, compte tenu du prix de l'énergie? Le
facteur limitatif dans ce domaine c'est éminemment le prix de
l'énergie. Les hivers sont relativement froids au Québec. Il y a
donc un groupe de travail créé à l'intérieur du
ministère de l'Agriculture pour cette fin de production commerciale en
serres.
M. Cordeau: Oui.
M. Garon: Maintenant, il faut bien voir qu'à
Saint-Hyacinthe on va se servir des serres qui sont là pour la
recherche, la mise au point de variétés. Ce n'est pas la
même chose.
M. Cordeau: Non.
M. Garon: Ce ne sera pas rentable, parce que la recherche n'est
pas rentable par définition, sauf à long terme,
évidemment, si vous voyez ce que je veux dire.
M. Cordeau: Je ne fais pas allusion aux serres qui vont
être construites.
M. Garon: Ah bon!
M. Cordeau: Mais pour le cultivateur qui veut avoir des primeurs
dans les tomates ou ainsi de suite, surtout dans l'auto-alimentation, comme le
souligne si bien le ministre, assez souvent, c'est l'autosuffisance?
M. Garon: C'était dans votre programme d'ailleurs.
II existe des guides par ces comités de concertation qui sont
faits chaque année dans le domaine des cultures de serre
spécifiquement.
Ils sont disponibles. Actuellement, il y en a un sur la culture de la
tomate en serre, il y a quelques autres méthodes de culture aussi.
Il y a des interrogations au point de vue du coût de production
dans les serres, à cause des variations dans le coût de
l'énergie, dans les dernières années. Il y a eu des
discussions avec les experts, dans ce domaine. Vous avez dû remarquer
qu'on avait parlé de prolongation de la saison, peut-être jusqu'en
octobre ou novembre et commencer la saison plus tôt. Mais il semble qu'en
décembre, janvier et février la rentabilité n'est pas
très forte. On dit même que, dans la partie la plus au sud de
l'Ontario, dans le bout de Niagara Falls, il y a même des gens qui
ferment leurs serres l'hiver.
C'est cela, dans la région de Lemington. Les coûts
d'énergie ont augmenté considérablement au cours des
dernières années. Il y a des études qui se font au
ministère. Il y a la luminosité qui est un facteur important, le
nombre d'heures dans la journée.
M. Cordeau: Est-ce qu'un cultivateur qui voudrait se lancer dans
cette culture peut recevoir aussi de l'aide financière du
ministère? Est-ce qu'il y a des programmes pour aider?
M. Garon: II y a l'Office du crédit agricole qui a fait
des prêts pour la culture en serre et qui étudie la
rentabilité du projet.
M. Grenier: Est-ce que dans le domaine des serres, ceux qui en
ont et ceux qui ont l'intention d'en ériger, d'en construire, les plans
sont prêts? Est-ce que les gens peuvent être aidés,
actuellement? Est-ce à ce point?
M. Garon: On est au domaine de la recherche. Dans d'autres
programmes, dans l'aide à la production, on pourra en reparler.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: J'aimerais savoir si, au ministère, les budgets
qui sont consacrés à la recherche sur les cultures et ceux
vis-à-vis de la santé animale ou la prévention de la
santé animale sont différents ou si on pige dans le même
budget. Est-ce séparé?
M. Garon: La santé animale, il n'y en a pas ici. Elle est
effectuée surtout à l'aide de subventions, dont on a parlé
tout à l'heure, du Conseil de recherche des services agricoles. Ces
travaux sont effectués à la faculté de médecine
vétérinaire de l'Université de Montréal. C'est de
la recherche extra muros, celle-là.
M. Baril: Ce budget vient quand même du ministère de
l'Agriculture?
M. Garon: En partie, évidemment; une partie vient aussi du
ministère de l'Education via ses subventions qu'il donne à
l'Université de Montréal.
M. Baril: Avez-vous des chiffres?
M. Garon: On a un programme de santé animale.
M. Baril: On est toujours porté à mettre l'accent
sur la recherche en culture; au Québec, on a quand même une
production animale assez élevée et il ne se fait rien, ou
à peu près rien, ou il semble ne se faire à peu
près rien vis-à-vis de la recherche sur la santé animale.
Que ce soit dans toutes les productions, on est quand même chanceux
d'avoir encore les compagnies privées de médicaments qui, elles,
font de la recherche. Actuellement, ce sont les vétérinaires, qui
vont chez chaque cultivateur, qui font leurs expériences
eux-mêmes. Le cultivateur subit quand même d'énormes pertes.
Vis-à-vis de la fertilité chez la vache laitière, dans ma
région, il y a eu 9796 cas traités dans une année; si on
multiplie cela seulement par $10 la visite, cela fait pratiquement $100 000 qui
ont été payés seulement pour cela.
M. Garon: Par l'assurance-santé animale?
M. Baril: Oui, cela coûte cher, l'assurance-santé
animale, et on ne prévoit rien, ou à peu près rien, pour
la recherche afin de prévenir certaines maladies.
M. Garon: La santé animale est couverte au programme 3. La
prévention, quand même, a des limites; on ne pourra pas aller
jusqu'au "check up"!
M. Baril: Je ne parle pas de "check up". Ce n'est pas là
la question.
M. Garon: En protection animale, on consacre $752 000.
M. Baril: Des problèmes de fertilité, ce n'est pas
juste une question de "check up" qu'il faut faire sur une vache, il y a un
trouble à détecter là-dedans et cela n'arrive pas du jour
au lendemain.
M. Garon: On a un chiffre. En 1976/77, l'an passé, on a
consacré, des sommes à la recherche extra muros, dans les
productions animales.
Donc, la recherche, ce n'est pas de la prévention. On n'est pas
au programme 3, qui est le programme des productions; on est au programme 1
$452 975...
M. Baril: $452 975.
M. Garon: ...qui s'appliquaient sur 27 projets de recherche
entrepris dans les universités.
M. Baril: Le montant qui est pour la recherche en culture?
M. Garon: En culture, pour les productions
végétales, $461 000, vous voyez. Ce sont toujours des
subventions pour de la recherche extra muros, en dehors de nos
laboratoires.
M. Baril: Je n'ai pas fini. Actuellement, nous avons un
médecin vétérinaire par région. Il doit couvrir,
lui, tout une région; c'est impossible pour lui de
détecter...
M. Garon: II y en a 250 enregistrés.
M. Baril: Non, il y a un médecin vétérinaire
qui couvre toute la région 04. Quand il y a un cas spécifique, un
problème ce n'est pas de la prévention, c'est de la recherche
pour savoir d'où part ce problème-là. Vous n'avez qu'un
vétérinaire pour couvrir toute une région...
M. Grenier: II n'aura pas le temps de faire de "check up".
M. Baril: Non, ce n'est même pas sa "job", les "check up";
lui, c'est d'essayer de connaître d'où vient telle maladie, mais
ce n'est pas une maladie.
M. Garon: On pourra en parler au programme 3, parce que là
on est dans la recherche et l'enseignement...
M. Baril: C'est dans la recherche cela?
M. Garon: Non, quand vous parlez de la médecine animale
préventive, c'est dans le programme 3.
M. Baril: D'abord, je vais revenir au programme 3.
M. Grenier: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il y a un
plan global dans la recherche qui concerne les universités, le
fédéral et le provincial?
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, M. le
député de Compton. Il y a le député de
Saint-François et le député de Champlain qui ont
demandé la parole.
M. Grenier: Je m'excuse.
M. Rancourt: M. le Président, dans le programme de
recherche, évidemment, il y a l'apiculture et l'acériculture,
mais, en apiculture, actuellement, quel est le montant qui est alloué
à la recherche de cette production et, puis, où se trouve le
rucher gouvernemental, s'il en existe un, et combien de personnes y
travaillent?
M. Garon: II y a deux ruchers, M. le Président, un rucher
à Deschambault et l'autre à l'Institut de technologie agricole de
Saint-Hyacinthe maintenant. Il y a dans chacun des professionnels; à
Saint-Hyacinthe, il y a un agronome, plus un apiculteur et l'aide technique. A
Deschambault, il est dirigé par les spécialistes de Québec
qui sont au complexe scientifique. Il y a là deux spécialistes,
le chef de la division de l'apiculture, de même qu'un autre
spécialiste en apiculture, plus un apiculteur à Deschambault
où on poursuit les travaux de recherche sur l'élevage des reines,
les méthodes d'hibernation et autres problèmes connexes à
l'apiculture.
M. Rancourt: Le budget maintenant, cela veut dire quoi?
M. Garon: C'est l'ensemble, global. Le montant qui est
dépensé à Deschambault?
M. Giasson: M. le Président, sur la question de
l'apiculture, suite à la question soulevée par le
député de Saint-François, on a souvent dit qu'au Canada le
meilleur miel était produit au Québec, qu'on avait une
qualité de miel qui se comparaît très facilement, qui
souffrait toute comparaison avec le miel produit dans d'autres provinces. Il
s'agit là d'un secteur, je pense...
M. Garon: On a des bonnes reines.
M. Giasson: On a des bonnes reines, oui, puis on a probablement
de bons bourdons qui font de bons croisements.
M. Garon: On étudie les reines pour mieux les
connaître.
Une Voix: Pour les mettre en hibernation.
M. Giasson: Est-ce que, M. le ministre, vous avez l'impression
qu'on a mis tous les efforts du côté du développement de
l'apiculture chez vous, étant donné cet avantage que nous avons
au Québec par rapport à d'autres régions du Canada? Il fut
une époque où le Québec a produit des volumes de miel plus
importants, je pense, qu'il ne l'a fait au cours des récentes
années.
M. Garon: Cela n'a jamais été une très
très grosse production au Québec, je pense, le miel.
M. Giasson: II y a des régions au Québec où
il se fait beaucoup...
M. Garon: Vous parliez d'aide à la production?
M. Giasson: On parle de recherche. On pourrait peut-être
revenir sur le secteur de l'apiculture, au-delà du plan de recherche
comme tel, mais cela allait dans le sens de la question qui s'informait de la
recherche faite dans ce secteur particulier.
M. Garon: II en sera question au cours des autres programmes,
où il est question de la production même. Le service de la
production végétale s'occupe également de...
M. Giasson: M. le Président, on pourra revenir à la
question de l'apiculture à ce moment-là.
M. Rancourt: Question additionnelle, s'il vous plaît. Dans
la recherche sur les abeilles dans l'apiculture, c'est bien sûr qu'il y a
une partie qui est reliée à l'apiculture, mais irait-on aussi
loin que voir quelle est la part de la pollinisation qui peut être
apportée par les abeilles dans des régions spécifiques
comme Saint-Hyacinthe, dans le sens de la pollinisation de la luzerne, par
exemple, ou d'autres cultures?
M. Garon: II y a déjà eu des études de
faites à ce sujet, sur la pollinisation de la luzerne par les abeilles.
On a trouvé qu'il faudrait développer des lignées
d'abeilles qui pourraient faire ce travail.
M. Rancourt: Au point de vue de la recherche, je le
considère de ce point de vue.
M. Garon: Je vous souligne qu'on n'est pas encore rendu à
l'insémination artificielle.
M. Giasson: Pour les reines du rucher. M. le Président,
dans la recherche que l'on fait...
M. Garon: On n'est pas assez avancé pour cela.
M. Giasson: ... du côté d'une meilleure
qualité de reines, est-ce qu'il s'agit d'améliorer la
qualité de la gelée royale qui sert à alimenter la jeune
reine après sa venue au monde? Sur quoi cela porte-il exactement?
M. Garon: II est assez difficile de l'améliorer. Ce sont
les reines elles-mêmes qui la font. Non seulement les reines, mais les
abeilles la font aussi.
M. Giasson: Les travailleuses de la ruche aussi fabriquent la
gelée royale. La qualité ou la force d'une reine repose sur la
qualité de son alimentation lors de sa croissance. Est-ce que la
recherche va jusqu'à tenter d'améliorer la qualité de
cette gelée royale?
M. Garon: C'est vrai pour tout ce qui vit. Comme on dit, cela ne
fait pas des enfants forts, s'ils ont été élevés
à l'eau claire. C'est vrai pour tous les animaux.
M. Giasson: Dans cette recherche pour une meilleure population
dans les ruchers, est-ce qu'on sélectionne également les faux
bourdons qui fécondent la reine, donc, conséquemment qui peuvent
participer à une population de la ruche qui soit plus forte, une
meilleure génétique?
M. Garon: Je remarque depuis quelques semaines que le
député de Montmagny-L'Islet se spécialise en
génétique. Est-ce le printemps? Dans la reproduction, c'est la
reine qui donne tout. Le mâle ne contribue presque pas. C'est la
fièvre du printemps, M. le député de Montmagny-L'Islet?
Dans le développement parthénogénéti-que, le
bourdon ne contribuera que pour former un autre bourdon. Les ouvrières
sont issues d'un développement qu'on appelle la
parthénogenèse. Cela n'arrive que chez les abeilles. Chez les
humains, apparemment, on a trouvé une femme en Angleterre, un cas
seulement.
M. Giasson: C'est une Anglaise en plus. Ils seront bien en avant
de nous tout le temps.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je voudrais savoir s'il y a une assez bonne
collaboration entre la recherche du ministère de l'Agriculture et celle
qui se fait dans d'autres pays, comme en Europe, par exemple? On a vu
récemment qu'en Europe on a découvert une façon de
procéder pour semer avec une semence prégermée. Cela ne
fait pas tellement longtemps qu'on a vu cela à Radio-Canada. On parlait
aussi de pollinisation presque artificielle. Est-ce qu'on travaille en
étroite collaboration avec ces pays qui pourraient, dans certains
domaines aller plus vite, dont nous pourrions profiter des recherches?
M. Garon: Le but de ces conseils c'est de regrouper les experts
qui savent ce qui se fait un peu partout. Il y a des missions d'experts qui
vont voir ce qui se fait ailleurs afin qu'il y ait des échanges entre
les pays. Nous faisons surtout de la recherche sérieuse. On ne fait pas
de recherche sur les tomates carrées. Il faudrait vendre tous nos
paniers. Cela existe, oui. On a découvert cela aux Etats-Unis.
Ces conseils ont pour but... C'est découvert depuis peu de temps,
je pense que c'est la U-82, la tomate U-82. Cela posera des problèmes
car les paniers sont ronds.
Ces conseils sont formés d'experts. C'est pour cela qu'on dit que
ce sont des experts dans les différents domaines. On parle du conseil
des productions animales, des productions végétales ou des
denrées alimentaires, ce sont des experts dans ce domaine qui suivent ce
qui se fait un peu partout et qui indiquent les champs dans lesquels on devrait
accentuer la recherche, qui sont prioritaires pour nous. C'est le but de ces
conseils.
M. Gagnon: En ce qui concerne la prégermination, ce serait
joliment intéressant pour le Québec ou, enfin, pour certaines
parties du Québec, parce qu'il semble qu'on pourrait raccourcir de douze
jours, par exemple, le temps que cela peut prendre pour certaines
variétés de céréales. A ce moment-là, je
pense que ce serait important de se tenir au courant et peut-être de
participer à ces recherches.
Je voudrais savoir une autre chose. Nous avons des laboratoires de
recherche à la disposition de la classe agricole, des cultivateurs,
où on peut faire vérifier l'état de santé d'un
troupeau, aller porter des animaux malades, etc., où on peut aussi faire
vérifier les denrées alimentaires qu'on achète pour la
nutrition animale. Ces laboratoires
travaillent-ils réellement actuellement pour le cultivateur
lui-même ou si c'est à la disposition des compagnies? J'ai
l'impression que souvent on va envoyer des échantillons de moulée
pour analyse et on a assez de difficulté pour avoir le rapport, qui est
plutôt donné aux compagnies de moulée.
M. Garon: Ce dont vous parlez entre dans le programme 3, les
laboratoires régionaux.
M. Gagnon: Trois, d'accord. J'y reviendrai.
M. Giasson: M. le Président, j'aurais une dernière
question en ce qui a trait à la recherche.
M. Garon: II faudrait que je vous dise une chose. Je disais qu'on
a révisé tous les programmes. Je sais qu'il y a des gens au
ministère dans ce secteur, qui voudraient que cela soit
intensifié. Je crois, venant de ce milieu universitaire, qu'on devrait
avoir d'étroites relations avec le gouvernement, les producteurs
agricoles, l'enseignement, la recherche etc., pour un développement
intensif, qu'on améliore, qu'on travaille encore plus. Je crois à
cela, la recherche. La recherche théorique, moins, c'est-à-dire
la recherche pour l'an 2050, j'y crois moins, mais la recherche
appliquée en agriculture, je suis pour cela.
M. Giasson: Pour une période de quinze ans?
M. Garon: Parfois, il faut commencer à chercher tout de
suite ce qu'on va trouver dans quinze ans. Le rythme des recherches, on le
connaît; c'est le rythme des trouvailles qu'on ne connaît pas. Je
connais M. Forest qui est chargé du secteur. J'en ai assez entendu
parler pas beaucoup par lui-même, mais par d'autres qui en mangeaient de
la recherche et qui sont vraiment motivés dans ce secteur; je veux dire
qu'ils aiment beaucoup la recherche.
C'est un secteur auquel je crois beaucoup. La recherche au fond, c'est
le domaine qui est souvent le plus générateur d'emplois. Quand on
trouve des choses nouvelles et qu'on peut les appliquer avant d'autres, c'est
souvent ce qui nous permet d'évoluer plus rapidement.
Ce qu'on disait tout à l'heure au sujet du nouveau secteur ou sur
la technologie alimentaire, je pense que c'est un domaine de pointe pour le
développement de l'industrie alimentaire au Québec. On parlait de
développement agro-alimentaire. Je ne sais quel député
disait hier, que, d'après les études actuelles, dans quelques
années, une personne sur deux prendra ses repas à
l'extérieur au Québec. Les deux conjoints travaillant, cela
modifie les habitudes alimentaires.
Je pense aux breuvages, aux jus. Il y a toutes sortes de
développements dans le domaine alimentaire et la recherche que l'on fait
dans le domaine de la technologie alimentaire, c'est une recherche de pointe
qui peut amener des progrès économiques selon les
découvertes qui seront faites. L'utilisation du sirop d'érable,
par exemple; on disait qu'au Japon, ils s'en servent pour aromati- ser le
tabac. Ce sont différentes choses qui vont nous permettre de
développer ces recherches.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Est-ce que le ministre...
M. Garon: Je veux dire au Japon, ils n'ont pas de sirop
d'érable. C'est peut-être du sirop de bouleau.
M. Giasson: ...sait s'il existe au Québec un centre ou un
organisme de planification de la recherche? Voici pourquoi je lui demande cela.
Le ministère mène son programme de recherche. Le
fédéral a également des programmes de recherche qui se
font au Québec. Les universités mènent également de
leur côté des plans de recherche.
Certaines industries privées, également, font beaucoup de
recherche. Je pense aux compagnies d'engrais chimiques, aux compagnies qui
fabriquent des concentrés alimentaires pour le bétail-,
même du côté de la nourriture servant les fins humaines, il
y a également de la recherche faite par de grandes compagnies. Est-ce
qu'au Québec, tout de même, on a quelque part un centre qui
planifie tout cela afin qu'il n'y ait pas de multiplication de recherche dans
les mêmes secteurs et qu'il n'y ait pas de chevauchement? Si, au moins,
différents organismes conduisent des recherches sur les mêmes
domaines, qu'on puisse profiter conjointement du résultat de cette
recherche.
M. Garon: Le premier conseil que j'ai nommé tout à
l'heure, le Conseil des recherches et services agricoles du Québec. On
peut vous donner une idée par la composition du comité. Il y a
d'abord des représentants des facultés d'agriculture où il
se fait de la recherche.
Une Voix: Des quoi, pardon?
M. Garon: Des facultés d'agriculture où il se fait
de la recherche, à savoir: Montréal, Laval et Macdonald. Il y a
également, à ce comité central, des représentants
des stations fédérales de recherche, des directeurs des stations
fédérales de recherche, justement pour éviter ce que vous
disiez, à savoir la multiplication des recherches. Il y a
également des représentants de nos stations de recherche. Vous
avez le Conseil des productions animales, le Conseil des productions
végétales qui font rapport, finalement, au CRESAQ, qui est le
conseil chapeau, si vous voulez. Il y a, dans ces conseils, des
représentants, des spécialistes des stations
fédérales de recherche au Québec, de nos stations
fédérales, même des gens qui sont dans la vulgarisation au
ministère de l'Agriculture, c'est-à-dire des gens qui sont
constamment en contact avec l'agriculteur pour connaître ses besoins, et
vous avez aussi des représentants du secteur concerné. Par
exemple, dans le domaine des productions végétales, vous avez des
représentants des compagnies de moulée qui sont dans le
secteur. Vous avez, dans le domaine des productions, le Conseil des
recherches en aliments. Vous avez des représentants du secondaire
alimentaire aussi, dans ces conseils, justement pour qu'il se fasse une
concertation des priorités de recherche et pour qu'on ne fasse pas, dans
nos stations de recherche, ce que fait le gouvernement fédéral
dans ses stations de recherche au Québec, ou ce que font les
universités dans leurs laboratoires de recherche.
M. Grenier: Le secteur privé est bien
représenté? Les différentes compagnies qui font des
recherches, je pense, par exemple, aux nourritures animales, est-ce qu'elles
sont représentées au niveau de votre conseil?
M. Garon: Au niveau des comités?
M. Grenier: Au niveau des différents comités.
M. Garon: Le conseil est présidé par le
sous-ministre adjoint à la recherche et à l'enseignement. Il y a,
en plus de cela, trois autres directeurs généraux du
ministère qui participent au grand conseil même, avec leurs
collègues des universités et des autres organismes.
M. Vaillancourt (Orford): Cela, c'est à l'intérieur
de la province de Québec et du Canada?
M. Garon: Du Québec.
M. Vaillancourt (Orford): Si c'est seulement à
l'intérieur du Québec, est-ce que vous avez aussi des contacts
avec les centres de recherche à l'extérieur du Canada, des autres
pays, afin qu'il n'y ait pas chevauchement des mêmes recherches?
M. Garon: II existe, au niveau canadien, des comités
semblables qui regroupent des représentants parce que chaque
province a un peu la même structure, en termes de recherche agricole
c'est-à-dire des comités provinciaux qui regroupent des
représentants d'universités. Au niveau canadien il y a
également des conseils de recherche qui sont conseillers au
ministère fédéral de l'Agriculture, dans le domaine de la
recherche, qui font la même concertation mais au niveau canadien avec, en
plus de cela, des comités canadiens qui sont des comités
sectoriels. Il y a un comité canadien sur la viande, par exemple, il y a
une vingtaine de comités canadiens et on a des participants qui
travaillent en collaboration avec les affaires intergouvernementales. On a des
participants à tous ces comités qui consistent à
coordonner la recherche au niveau canadien.
Tous ces chercheurs, M. le Président, sont nécessairement
à la fine pointe de la recherche, ils sont au courant des travaux qui se
font ailleurs. Un des nôtres, il me fait plaisir de le souligner ici, a
été invité aux Etats-Unis à présenter une
communication sur les travaux de recherche faits ici, au Québec. Le
docteur Gilbert Banville a été invité à aller
présenter une communication sur les travaux de recherche qu'il a faits
ici, au Québec.
M. Grenier: C'était un membre de votre comité, M.
Banville.
M. Garon: C'était un employé du ministère,
un directeur de la station de recherche sur la pomme de terre à
Desbuissons. Il était au courant, il a assisté à des
congrès scientifiques. Il est président d'un des comités,
d'un des sous-groupes du CPVQ.
M. Grenier: C'est comme individus qu'ils sont invités
à ce moment, ou comme représentants de la province?
M. Garon: Comme spécialistes, on était au courant
des travaux. Cela veut dire que non seulement il était au courant des
travaux qui se font aux Etats-Unis, mais eux aussi suivent ses publications et
savaient les résultats qu'il avait obtenus. Ils voulaient en savoir
davantage. Ils l'ont invité à participer à un
congrès scientifique américain.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: C'est pour terminer un peu ce que j'avais
commencé tantôt. C'est pour revenir à la recherche qui se
fait à l'extérieur. On se demande des fois ce qu'on attend pour
l'appliquer ou, peut-être, ce n'est pas applicable ici au Québec.
M. le ministre a parlé de recherches applicables immédiatement ou
dans le plus bref délai possible. Depuis un certain nombre
d'années on cherche le rôle de SOQUIA, par exemple. Je sais qu'un
docteur français avait fait une recherche pour essayer de recycler la
chair de volaille, je parle de poules pondeuses ou une chair qui est moins en
demande sur le marché. Pour faire des produits partant de cette chair de
volaille, il avait trouvé un procédé qui semblait assez
révolutionnaire et qui semblait avoir une demande assez forte en
France.
Est-ce qu'on a étudié la possibilité d'utiliser ce
procédé, ici au Québec? On sait que, seulement dans le
domaine de la poule pondeuse, on a 3 360 000 poules pondeuses au Québec.
Une fois que la ponte est finie, on est presque obligé de donner ce
produit, cette chair de volaille. Ce docteur français avait
inventé un procédé qui faisait que cette chair de volaille
était en demande et on pouvait la vendre assez facilement. Est-ce que
cela n'aurait pas été le rôle, à ce moment,
d'essayer d'appliquer ce principe au Québec?
M. Garon: On a un travail de recherche, une mise au point, si on
veut dire. Vous me dites, on le connaît ce procédé. On a
fait un jambon avec de la dinde.
M. Gagnon: Cela a été fait par une compagnie.
M. Garon: Non.
M. Gagnon: Est-ce que cela a été fait par le
ministère?
M. Garon: C'est peut-être dans notre service de recherche
à l'Institut de technologie de Saint-Hyacinthe, avec l'aide des
compagnies qui étaient intéressées aussi. Un jambon avec
de la dinde et d'autres procédés, il va sans dire.
M. Gagnon: Est-ce que vous êtes au courant de ce
procédé?
M. Garon: Je ne le sais pas. Ce doit être identique, je ne
sais pas quel est le procédé, quel est le produit fini.
M. Gagnon: Le produit fini c'est qu'on faisait à peu
près toutes sortes de viandes à salade, ou à sandwich,
partant de cette poule qui est très peu en demande. On sait qu'on vend
normalement la vieille poule entre $0.10 et $0.15 pièce et lui a
trouvé la possibilité de tirer un revenu d'au moins $1 par poule,
ce qui fait au Québec $3 millions de plus de revenus.
M. Garon: Je n'ai pas compris la question. Le
député de Montmagny-L'Islet m'a invité à aller
manger un steak de dinde.
M. Gagnon: J'aimerais savoir si vous avez étudié la
possibilité d'implanter ce procédé ici au Québec
pour recycler cette chair de volaille qui est presque perdue jusqu'à
aujourd'hui. En fait, cela n'aurait-il pas été le rôle, si
c'était possible, de SOQUIA de s'occuper de cela? SOQUIA est là
pour promouvoir les produits agricoles, de nouveaux produits. Est-ce que cela
n'aurait pas été le rôle de SOQUIA de s'occuper de
cela?
M. Garon: C'est-à-dire, une fois que le
procédé est terminé, est connu et à point, ce n'est
plus de la recherche. Il s'agit de la commercialisation d'un
procédé.
M. Gagnon: C'est de la recherche qui est faite à
l'extérieur et qui n'est pas appliquée à ce jour ici. La
recherche qu'on a à faire c'est de voir s'il y aurait
possibilité.
M. Garon: SOQUIA a des dizaines et des dizaines de projets sur
son bureau qu'elle étudie. Je ne suis pas au courant de tous les projets
qu'a reçus SOQUIA, parce qu'elle fait un tri là-dedans, il y a
toutes sortes de projets. Je ne suggérerais pas, par la volaille, de
faire du jambon, parce qu'on va créer des surplus de jambon. Il faudrait
quand même trouver certains secteurs. Si on pouvait faire du homard avec
la chair de la volaille, cela pourrait être intéressant,
mais...
Une Voix: II serait peut-être meilleur marché. M.
Giasson: De la volaille fumée.
M. Garon: Au fond, une fois que la recherche est faite, est-ce
qu'on peut la commercialiser, est-ce qu'il y a un marché, comment
l'adapter au marché? C'est une autre affaire.
M. Gagnon: C'est fait déjà à
l'extérieur. C'est fait déjà en Europe. Cela veut dire que
cela pourrait probablement se faire ici, c'est tout de même un produit.
Vous avez parlé, par exemple, d'habitudes alimentaires et vous avez
parlé de recherche en ce sens.
Je pense que c'est un exemple où on peut satisfaire une habitude
alimentaire et où on peut réduire le coût de la vie, le
coût de la consommation pour le consommateur en récupérant
des produits qui, actuellement, sont presque perdus. C'est cela que je veux
dire.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton et ensuite le député de Beauce-Sud.
Une Voix: Le député de Beauce-Sud. Le
Président: Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
J'aimerais savoir, au niveau de la recherche agricole, s'il y a des
crédits qui sont prévus pour faire de la recherche en
acériculture, dans l'industrie de l'érable. Y a-t-il quelque
chose qui se fait actuellement? Je voudrais demander au ministre s'il est en
mesure de nous faire un bref résumé, ce matin, des travaux qui
ont été faits.
En guise de deuxième question, y a-t-il une collaboration
étroite entre le ministère de l'Agriculture et l'Institut
international de l'érable qui, comme on le sait, a été
créé il n'y a pas tellement longtemps et qui joue un rôle
extrêmement positif pour faire connaître les produits de
l'érable, non seulement au Québec, mais à
l'étranger? Y a-t-il des montants dans les crédits prévus
au niveau des transferts, soit $1 490 000? Le gouvernement provincial
participe-t-il financièrement à l'Institut international de
l'érable?
M. Garon: Pas à même les crédits de
recherche. Au point de vue de la recherche, on en parlait tout à l'heure
avant que vous arriviez, on a parlé, à un moment donné, de
machinerie. Actuellement, le ministère travaille sur la mise au point
d'un concentrateur pour l'eau d'érable qui pourrait je vais en
parler très rapidement pour quelqu'un qui aurait 10 000 entailles
et plus, permettre des regroupements. On cherche à adopter ce
concentrateur à l'eau d'érable. Il y a aussi des recherches qui
se font sur les tubulures, sur les meilleurs matériaux à
utiliser. Il y a différents problèmes là-dedans, par
exemple, les écureuils qui mangent les tubulures. Il y a des recherches
qui se font sur le sirop d'érable versus le sirop falsifié.
M. Cordeau: M. le ministre, concernant ce concentrateur, il y a
déjà eu des expériences faites en ce sens? C'est pour
extraire seulement le sucre de l'érable? Ce n'est pas pour en faire du
sirop tel qu'on le connaît actuellement. C'est un produit blanc qui sort.
Il n'extrait que le sucre du produit de l'érable, à ce
moment?
M. Garon: II faudra le concentrer davantage pour en faire
ressortir l'arôme.
D'un côté sortirait le sirop puis de l'autre
côté sortirait une espèce d'eau distillée.
C'est un genre de séparateur, comme les anciens
séparateurs.
M. Vaillancourt (Orford): Cela se ferait après que le
produit serait tiré de l'érable?
M. Roy: Au niveau de l'Institut international de l'érable,
est-ce qu'il y a une étroite collaboration avec le ministère de
l'Agriculture? Est-ce qu'il y a des montants qui sont consacrés à
cet institut? Y a-t-il une participation financière?
M. Garon: Vous tombez dans la commercialisation, ce n'est plus
dans la recherche et l'enseignement. C'est au programme 5.
M. Roy: Je sais que l'Institut international de l'érable
veut faire également de la recherche. Je ne parle pas au niveau de la
commercialisation. Je veux savoir si, à ce niveau, étant
donné ses fonctions et les objectifs que s'est fixé l'Institut
international de l'érable, au niveau de la recherche agricole il y a des
crédits qui sont prévus afin d'aider financièrement
l'Institut international de l'érable ou s'il n'y en a pas, s'il y a
seulement des crédits qui sont prévus au niveau de la
commercialisation. Je veux savoir si, au niveau de la recherche, il se fait
également quelque chose de ce côté. Cela me paraît
important, parce qu'il va falloir sûrement que le ministère de
l'Agriculture travaille...
M. Garon: Je vous dis que ce qu'il y a, actuellement, ce sont des
concertations entre l'Institut international de l'érable, les organismes
du Ver-mont, de l'Ontario et du Québec sur les recherches qui se font,
pour qu'il n'y ait pas chevauchement dans les différents endroits.
M. Roy: Y a-t-il une participation du ministère de
l'Agriculture?
M. Garon: Non.
M. Roy: II n'y a aucune participation. Est-ce que c'est dans
l'intention du ministre...
M. Garon: Au point de vue de la recherche?
M. Roy: Au point de vue de la recherche, est-ce que c'est
l'intention du ministre de participer et d'aider ces gens?
M. Garon: II faut préciser que comme c'est conçu,
actuellement, chaque organisme participant à l'institut ferait
lui-même ses propres recherches ou les subventionnerait.
M. Roy: Je suis au courant de cela.
M. Garon: Dans les paiements de transfert de $1,4 million, comme
on l'a indiqué tout à l'heure, il y a quelques programmes de
recherche présentés par les universités dans le domaine du
sirop d'érable, qui ont été financés, qui vont
l'être cette année et qui sont des suites de recherches qui ont
été faites également i'an passé.
M. Roy: Avez-vous donné les détails du $1,4
million, tout à l'heure?
M. Garon: On l'a par grosses tranches, si vous voulez. Au total,
les productions végétales, dans lesquelles entre le sirop
d'érable, ont reçu, l'an passé, $461 600.
M. Roy: $461 000 qui ont été distribués
à qui?
M. Garon: A 35 projets de recherche dans les différentes
facultés; il y a deux facultés principales, surtout.
M. Grenier: Lesquelles?
M. Garon: Qui sont les deux facultés en agriculture qui
existent au Québec, Laval et Macdonald.
M. Roy: Dans ces projets de recherche, est-ce que le
ministère de l'Agriculture est informé de la recherche qui se
fait par les universités? Vous avez une contribution financière,
d'une part; est-ce qu'on prend les mesures nécessaires de façon
à s'assurer que les résultats des recherches qui sont faites dans
les universités puissent être communiqués au
ministère de l'Agriculture?
M. Garon: On l'a rappelé tout à l'heure; par
exemple, le CPVQ a des sous-groupes de travail. Il y en a un
spécifiquement sur le sirop d'érable, qui regroupe des gens des
universités, des ministères fédéral et provincial
de l'Agriculture, du ministère des Terres et Forêts même,
parce que la forêt est impliquée, pour, justement, établir
des orientations de recherche et des priorités de recherche.
Les résultats sont publiés dans les guides de production.
Hier, précisément, j'ai reçu trois feuillets sur
l'érable, trois feuillets qui sont disponibles au service de
l'information du ministère. Vous les avez reçus?
M. Roy: Non, mais j'aimerais bien les recevoir.
M. Garon: II y a trois feuillets et vous n'avez qu'à les
demander au service de l'information du ministère. Il y avait trois
feuillets sur l'industrie de l'érable. Il y en a un sur l'entaillage, un
autre sur les érables, les érablières, la protection, etc.
Ces publications sont le résultat des travaux de recherche
effectués soit chez nous, dans l'érablière de
Saint-Norbert, que le député doit connaître, ou encore le
résultat de travaux de recherche qui ont été
effectués à l'aide de subventions aux universités,
à la faculté d'agriculture, entre autres.
L'ingénieur-agronome, Denis Désilets, a contribué à
ces travaux. Les feuillets font précisément état et sont
basés sur les résultats des recherches obtenues dans ces
différents travaux, soit chez nous ou à la faculté.
M. Roy: Est-ce qu'on peut me dire si l'Institut international de
l'érable a justement effectué une demande au ministère de
l'Agriculture au niveau de la recherche?
M. Garon: II n'a pas fait de demande de projets à
même les subventions de recherche qu'on étudie au programme 1. Il
n'y a pas eu de demande venant de l'institut. Maintenant, il y a
peut-être d'autre chose au niveau de la commercialisation, mais on y
reviendra.
M. Roy: II n'y en a pas du tout. Il me semble qu'il n'y a pas
tellement de collaboration entre le ministère de l'Agriculture et
l'Institut international de l'érable. Si je parle de ces choses, c'est
parce que je pense que le ministère de l'Agriculture aurait
intérêt à examiner tout ce secteur de l'industrie de
l'érable puisqu'on a perdu, encore cette année, une production
d'environ 10 millions de livres de sucre et de sirop d'érable.
M. Garon: La collaboration, ce n'est pas au niveau de la
recherche; c'est au niveau du programme 3, de la commercialisation.
M. Roy: On me dit qu'il n'y en a pas eu, non plus.
M. Garon: On parle de subventions à des organismes. De
toute façon, cela fait partie du programme 5 et les gens du programme 5,
quand on y sera arrivé, pourront répondre plus amplement.
M. Roy: Oui, d'accord. On pourra y revenir. Je ne veux pas,
évidemment, mêler la commercialisation et la recherche, ce n'est
pas mon but. Seulement, je sais que cet organisme qui a été
créé, avec un certain nombre d'autres organismes
intéressés à la mise en marché et au
développement de ce secteur agricole, compte à peu près
uniquement sur les contributions ou sur la collaboration des membres, de ceux
qui en font partie. C'est pour cela que je demandais si, au niveau du
ministère de l'Agriculture, il y avait une collaboration plus
étroite. J'aurais aimé savoir si des sommes pourraient leur
être consacrées de façon qu'ils puissent pousser la
recherche un peu plus loin.
Et là, je viens à la raison pour laquelle j'insiste, M. le
Président, c'est que cette année, comme l'an passé, nous
avons perdu une récolte de dix millions environ de livres de sucre et de
sirop d'érable parce que les agriculteurs n'ont pas entaillé. Il
y a toutes sortes de raisons qui font que les agriculteurs n'ont pas
entaillé, mais nous avons là une production unique au monde, on
n'a pas d'ententes à faire avec l'Ontario, ni avec les autres provinces
de l'Ouest, ni les Maritimes, autrement dit la constitution n'entre pas en
ligne de compte là-dedans. On a une production unique. Je pense que le
ministre l'a mentionné tout à l'heure, même au Japon et en
Europe, ce produit est mal connu.
M. Garon: Vous pouvez être assuré...
M. Roy: On va revenir. Je reviendrai beaucoup plus longuement sur
cette question lorsqu'on parlera de la commercialisation.
M. Garon: Je sais à quel point vous croyez au
développement du produit de l'érable. Moi aussi je crois à
cela, puis je pense qu'il va falloir mettre l'accent là-dessus au
maximum parce que c'est un des domaines où on peut exporter, qu'on peut
commercialiser. Quand j'ai rencontré des représentants des
maisons du Québec à l'étranger, on leur a demandé,
par exemple, de faire connaître les produits québécois, et
ceux sur lesquels on a insisté, ce sont les produits de l'érable.
On leur a suggéré également, aux maisons du Québec,
et cela devrait devenir une politique, que lorsqu'elles font des
réceptions, dans les différentes maisons à
l'étranger, d'utiliser des produits québécois à
100%, pour les faire connaître en même temps, et un des produits
c'était l'érable.
Moi, en tout cas vous pouvez compter sur moi, et on en reparlera
ensemble, pour qu'on développe au maximum ce produit, parce que c'est un
domaine où, en fait, on est avantagé, on a presque une
exclusivité.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet.
M. Roy: Non, je voulais aller un peu plus loin sur la recherche
agricole pour avoir un éventail, pour avoir une ventilation des
montants...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, sur la question de l'érable, le député de
Beauce-Nord aurait une question aussi.
M. Ouellet: M. le Président, j'ai eu en main, il n'y a pas
tellement longtemps, un dossier qui venait de l'OPDQ et qui concerne un
concentrateur ou un évaporateur, je ne me souviens pas du terme. De
toute façon, c'est un appareil qui a été mis en fonction
dans le Vermont, et l'OPDQ se proposait de faire une tentative probablement
dans le comté de Beauce-Sud. Est-ce qu'à votre connaissance ce
dossier a évolué? Et est-ce que vous avez l'intention d'utiliser
ce procédé, au moins à titre d'essai, dans le comté
de Beauce-Nord ou de Beauce-Sud?
M. Garon: Le concentrateur? On en a parlé tout à
l'heure.
M. Ouellet: Oui, mais est-ce que c'est vraiment au point
d'être essayé?
M. Garon: Oui. Il y a la première phase qui consiste
à faire une mise au point de l'appareil, en termes, simplement, de
physique. Il existe, je pense, encore là c'est au programme 5, mais sous
toute réserve, en autant que je me souvienne il existe dans un
modèle beaucoup plus considérable, beaucoup plus large. Il s'agit
de le ramener à des proportions où il serait plus utilisable par
les producteurs...
M. Ouellet: Et qui s'occupe de faire cela?
M. Garon: ...et cela c'est le CRIQ actuellement qui s'en occupe,
subventionné par notre ministère, en collaboration avec notre
ministère. Le CRIQ, le Centre de recherche industriel du Québec.
C'est une question d'ingénierie, une question de design...
M. Ouellet: Ce qui veut dire que dès que le CRIQ aura
réussi ce tour de force, il y a des chances que l'appareil soit
installé quelque part dans le sud-est...
M. Garon: Comme projet pilote j'imagine, oui j'imagine, dans un
premier temps, avant d'être...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je voulais, M. le Président, connaître la
ventilation du montant de $2 160 000 de l'an dernier qui a été
consacré, effectivement, aux subventions et qui apparaît à
l'article transfert?
M. Garon: $2 160 000.
M. Roy: Est-ce qu'on peut nous donner la ventilation de cela?
M. Garon: Les $2 160 000, vous vous référez aux
crédits de...
M. Roy: Aux crédits de 1976/77.
M. Garon: Aux crédits de 1976/77, en transferts. Voici:
Là-dessus il y a, tout d'abord, un total de $1 348 000, mettons $1 349
000, qui a été utilisé pour des subventions à
différentes recherches, comme on le mentionnait tout à l'heure,
dans les universités. Si vous voulez, on peut aller plus avant et vous
donner la subdivision, comme je l'indiquais tout à l'heure.
Par exemple, à l'intérieur du $1 349 000, il y a $461 000,
comme je l'indiquais tout à l'heure, qui vont aux recherches sur les
productions végétales. Il y en a d'autres sur les productions
animales, sur le sol, sur les techniques alimentaires, l'économie.
En plus de cela, il y a des subventions accordées au
collègue Macdonald pour le cours d'exploitant agricole au montant de
$670 000.
M. Roy: $670 000 au collège Macdonald.
M. Garon: Oui, pour le cours d'exploitant agricole. Cela fait $2
019 000. La différence avec $1 million c'était le budget $1 160
000 et la dépense est de l'ordre de ce que je vous ai indiqué. Ce
sont les deux gros morceaux. Ce sont les subventions aux universités
pour la recherche et la subvention au collège Macdonald pour le cours
d'exploitant agricole semblable à ce qui se donne dans les deux FTA et
pour lesquels les crédits sont ailleurs qu'à transfert.
M. Roy: Est-ce qu'il y a eu d'autres sommes de consacrées
en dehors des deux montants que vous venez de mentionner? En plus de $1 349 000
et $670 000, est-ce qu'il y a d'autres sommes ou si cela se limite à
cela?
M. Garon: II faut bien s'entendre. $1 349 000 c'est la recherche
faite à l'extérieur.
M. Roy: A l'extérieur, mais que l'on retrouve à peu
près uniquement dans les trois universités que vous avez
mentionnées.
M. Garon: C'est cela.
M. Roy: Vous avez les $670 000 en plus.
M. Garon: Cela est au niveau de l'élément 2,
enseignement.
M. Roy: Les $670 000, c'est au niveau de l'enseignement,
élément 2.
M. Garon: Voilà.
M. Roy: Mais $1 349 000, est-ce que vous pouvez donner la
proportion consacrée à chacune des trois universités?
M. Garon: Oui. On a cela ici. A Laval, $500 785; à McGill,
$469 800; à Montréal, $199 250; autres universités, $179
160. Ce sont les universités du Québec et Sherbrooke.
M. Roy: Dans l'article recherche, il n'y en a pas au
collègue Macdonald.
M. Garon: C'est-à-dire, quand nous disons McGill cela veut
dire Macdonald.
M. Roy: McGill a $500 000. M. Garon: $469 800.
M. Roy: $469 800 et ensuite le collège Macdonald, $670
000.
M. Garon: Non, c'est l'enseignement cela.
M. Roy: Non, mais au niveau de l'enseignement... C'est parce que
je fais un total ici. Il y a des montants de transfert sur $2 160 000. Il y a
$1 140 000 environ qui sont consacrés à deux universités
anglophones. Je ne veux pas faire de discrimination, mais j'aimerais bien
savoir si ces universités sont fréquentées en
majorité par des francophones, en ce qui a trait à l'enseignement
qui leur est dispensé.
M. Garon: II faut dire d'abord que quand vous additionnez deux
montants ce sont deux montants qui ne servent pas aux mêmes fins.
M. Roy: D'accord.
M. Garon: Les $670 000 servent à un cours d'exploitant
agricole donné aux ITA et vous re-
trouvez les dépenses à d'autres articles que
transfert.
M. Roy: Alors, dans les $469 000, est-ce qu'on peut donner des
renseignements concernant la participation des étudiants?
M. Garon: La participation des étudiants?
M. Roy: Je m'explique. Je veux savoir si c'est une
université anglophone. C'est une question qui a été
discutée l'an dernier, un peu, en commission parlementaire. Ceux qui
fréquentent et bénéficient de ces sommes qui sont
consacrées par le gouvernement du Québec, sont-ils en
majorité francophones ou anglophones?
M. Garon: Voulez-vous parler des titulaires des projets de
recherche!
M. Roy: Oui.
M. Garon: II y a 31 projets de recherche compris dans ces $469
000. Ils font suite à des présentations faites par des
professeurs de l'université. Là-dessus, certains professeurs sont
francophones, d'autres anglophones. Ceci est évalué par des
comités; les projets de recherche qui sont présentés sont
évalués par des comités.
D'abord par les comités spécifiques comme celui des
productions végétales, des productions animales où
participent des gens de notre ministère, des gens des universités
et des gens de l'extérieur. Par la suite, pour vous dire comment ces
sommes sont attribuées, il n'y a pas de prorata en termes
d'universités ou en termes d'étudiants. C'est sur la valeur
scientifique des projets présentés, tel que
déterminé par les scientifiques eux-mêmes,
c'est-à-dire par des comités où sont
représentés les universités, notre ministère
c'est-à-dire les chercheurs de notre ministère
l'extérieur également sous la forme des stations de recherche
fédérales et également de l'entreprise privée. Ce
sont ces gens qui évaluent les projets de recherche, qui recommandent au
ministre d'attribuer tel montant d'argent à tel projet de recherche,
selon que ces projets de recherche correspondent aux priorités de
recherche établies par les mêmes comités auxquels on
faisait allusion tout à l'heure. On disait que les comités se
réunissent pour dire au ministère: Orientez votre recherche dans
tel domaine. C'est de cette façon que les sommes sont
attribuées.
Si on voulait faire une comparaison, il faudrait rester autant que
possible en dedans de chaque élément. On va prendre
l'élément Enseignement agricole. Alors $670 000 au collège
Macdonald, comparativement à $5 800 000 qui ont été
dépensés pour le budget global de l'élément
Enseignement agricole l'an passé. Donc, cela veut dire qu'il y
aurait...
M. Roy: Combien?
M. Garon: $5 809 000. Cela veut dire qu'il y aurait en fait $5
200 000 pour nos instituts et $670 000 pour l'institut du collège
Macdonald, pour le cours de formation d'exploitants agricoles. Ces
deux-là sont plus comparables, au lieu de mêler recherche et
enseignement.
M. Roy: D'accord. En somme, si j'ai bien compris, en ce qui a
trait au montant accordé au collège Macdonald, il n'est pas
prévu au même titre dans le budget du ministère puisque
cela fait partie de l'élément 2, mais de la catégorie 10,
Transfert. C'est que les montants ne sont pas accordés en vertu du
même principe, comme c'est accordé ailleurs au niveau des autres
instituts d'enseignement agricole.
M. Garon: C'est exact. Pour nos instituts qui sont
propriété du ministère: l'institut de Saint-Hyacinthe et
l'institut de La Pocatière...
M. Roy: Sainte-Croix?
M. Garon: Sainte-Croix ne relève pas de notre
ministère mais de celui de l'Education. Les dépenses des deux
instituts dont on vient de faire mention, plus celles du collège
Macdonald, totalisent le montant indiqué tout à l'heure.
Autrement dit, c'est un total de $5 809 000 qu'on a consacrés à
l'enseignement agricole à même notre budget l'an dernier, et
là-dessus on a consacré $670 000 aux cours d'exploitants
agricoles à McGill.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord.
M. le député de Champlain.
M. Gagnon: Cela ne sera pas sur le même sujet. Je ne sais
pas si la question que je veux poser s'applique à ce programme. De toute
façon on me le dira. Est-ce que dans le domaine de la recherche et des
expériences que font les compagnies en ce qui concerne la fabrication
des instruments agricoles etc., il y a une possibilité d'obliger ces
compagnies à faire suffisamment d'expériences avant de mettre un
produit sur le marché? Je ne sais pas si on me comprend bien. Souvent,
l'agriculteur achète de la nouvelle machinerie et finalement c'est
l'agriculteur qui devient le laboratoire de la compagnie. Au bout d'un certain
temps, on se rend compte que cette machine ne fonctionne pas bien et c'est
l'agriculteur qui est obligé de changer cette machine à ses
frais. Le ministère peut-il obliger les compagnies à
expérimenter les machines ou les procédés avant de les
mettre sur le marché?
M. Garon: On va en parler quand on va parler de la
production.
M. Gagnon: De la production. Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Tout à l'heure, j'ai reçu la
réponse à ma question par les dossiers du sous-ministre.
Le Président (M. Boucher): Sommes-nous prêts
à adopter l'élément 1 du programme 1?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Elément
2. Adopté. Programme 1, adopté.
Programme 2, élément 1. Adopté? Non.
M. Garon: Là on tombe dans le financement agricole.
Le Président (M. Boucher): Le financement agricole.
M. Garon: On va changer les cahiers. L'Office du crédit
agricole.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vous avez la
parole.
Office du crédit agricole
M. Garon: Je voudrais vous présenter, tout d'abord, M.
Claude Simoneau, qui est vice-président de l'Office du crédit
agricole; M. Julien Burns qui est chargé du Service de la recherche et
de la planification; le notaire Paul Charest, qui est secrétaire et
conseiller juridique; M. Fernand Beaudoin, qui est régisseur; M. Paul
Vermette, directeur par intérim du Service de l'aménagement et de
la mise en valeur; M. Onil Paquet, directeur par intérim des services
financiers, et M. Pierre Houle, secrétaire exécutif au
président.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que c'est encore le même
président?
Il est bon, il ne faut pas le changer.
M. Garon: C'est M. Camille Moreau qui est président de la
régie.
M. Vaillancourt (Orford): Je le connais. C'est M. Cordeau qui me
demandait cela.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L' Islet.
M. Giasson: ...en abordant le programme 2, nous retrouvons, au
premier élément, la gestion interne et soutien. Je présume
qu'il s'agit des crédits qui sont consacrés à l'ensemble
du fonctionnement de l'Office du crédit agricole.
M. Garon: C'est exact, M. le Président, avec l'exception
que les frais d'administration, soit gestion interne et soutien, relatifs
à l'application du programme de réaménagement foncier se
retrouvent à cet élément, de même que ceux, bien
sûr, qui concernent l'administration sur les crédits forestiers
qui ont fait l'objet d'une discussion en commission parlementaire des terres et
forêts il y a déjà dix jours.
M. Giasson: Merci. Je comprends bien, l'Office du crédit
agricole ne prévoit pas une augmentation tellement importante dans le
nombre de dossiers à traiter, puisqu'on affecte à peu près
les mêmes sommes, compte tenu de l'inflation.
M. Garon: Pas les mêmes sommes. Les sommes de l'an dernier
étaient de $37 millions.
M. Giasson: Je parle de l'élément 1. M. Garon:
Ah! l'élément 1.
M. Giasson: II y a une légère augmentation, mais
cela représente à peu près les coûts d'inflation, je
présume, l'accroissement des salaires?
M. Vaillancourt (Orford): $1 822 400.
M. Garon: Oui. Il s'agit effectivement d'une légère
augmentation de l'effectif, mais surtout si on veut le regarder en comparaison
des dépenses ou du budget de 1976/77, il est manifeste que c'est le
phénomène de l'inflation, plus précisément la
hausse des salaires consentie via les conventions collectives qui s'applique
là-dedans.
M. Giasson: M. le Président, nous pourrions
peut-être pénétrer davantage du côté de
l'administration de l'office lui-même. D'abord, on sait que depuis
plusieurs années, l'office au Québec a tenté, au meilleur
de ses moyens, de faire face aux besoins de crédit sur les fermes, a
tenté de traiter plus rapidement les dossiers qui lui étaient
apportés, les demandes de crédit placées par les
agriculteurs. Il fut une époque, on se souvient bien, où souvent
les agriculteurs déploraient les attentes plutôt longues suite
à des demandes de crédit placées à l'Office du
crédit agricole.
On a senti au cours des années, du moins tout récemment,
que l'office avait voulu traiter avec beaucoup plus de
célérité ces demandes qui lui parvenaient, et je crois
qu'on doit signaler le mérite qu'il a d'avoir progressé dans ce
secteur en particulier. Quoiqu'il arrive encore occasionnellement qu'à
nos bureaux de députés, nous recevions des agriculteurs qui nous
indiquent qu'ils ont placé des demandes de crédit et que le
délai accordé, ou pris pour le traitement de ces demandes serait
assez long. Est-ce que l'office croit qu'il pourrait encore apporter plus de
célérité au traitement des demandes venant des
agriculteurs?
M. Garon: Comme l'a signalé le député de
Montmagny-L'Islet, déjà une amélioration sensible a
été constatée, au cours des dernières
années, quant aux délais ou des périodes de temps moyennes
qui sont nécessaires pour le consentement ou le déboursement d'un
prêt. Effectivement, il y a cinq ans à peine, on pouvait compter
une période moyenne de quelque 185 à 190 jours pour le
déboursement d'un prêt, et au cours de l'an dernier, ces chiffres
ont été réduits à à peu près 150
jours. Il va de soi, cependant, qu'au niveau du temps que cela prend pour
procéder à l'étude
d'une demande d'emprunt, il y a des délais qui sont tout à
fait extérieurs et non imputables à l'Office du crédit
agricole. Le traitement du dossier, en ce qui a trait à l'étude
de la demande, jusqu'au consentement d'une offre de prêt, est très
rapide. On peut signaler qu'en pleine saison il est fort commun qu'une demande
de prêt soit étudiée et qu'une offre soit acheminée
à l'emprunteur en dedans de 30 à 40 jours, c'est-à-dire,
mémo d'entrevues, étude au bureau, transmission aux conseillers
en financement, inspection, révision, tout ce processus terminé
dans le délai en question.
Lorsqu'arrive l'étude des titres, on constate qu'on enregistre,
en moyenne, une période de 70 à 75 jours pour cette partie du
cheminement du dossier. Evidemment, on constate au Québec que les titres
sont assez souvent en mauvais ordre. L'obtention d'un certificat de recherche
du bureau d'enregistrement, quant à lui, peut prendre parfois plusieurs
mois. Ceci encore, comme je le signalais tout à l'heure,
complètement à l'extérieur de l'office, des contraintes
que les cultivateurs, comme l'office et comme les autres transactions
immobilières doivent subir, en passant.
Il y a d'autres délais qui sont imputables à des services
extérieurs à l'office. Par exemple, lorsqu'un permis est
nécessaire de la part des Services de protection de l'environnement, il
peut s'écouler des délais, encore là, de plusieurs
semaines, et parfois même plusieurs mois, ce qui vient s'ajouter à
ceux déjà mentionnés.
Ce que nous entendons faire pour accélérer davantage le
processus d'études et de déboursement des prêts, c'est
d'accorder une attention encore plus particulière au niveau de
l'étude des titres, par persuasion plutôt qu'autrement, puisque
c'est à peu près le seul moyen à notre disposition, faire
en sorte que les notaires instrumentant au dossier agissent avec plus de
célérité. Je m'empresse d'ajouter ou de revenir pour
mentionner qu'eux-mêmes subissent des contraintes, telle rémission
des certificats d'enregistrement dont j'ai parlé, il y a quelques
instants. De la même façon, en ce qui a trait aux permis que,
souvente-fois, nous devons obtenir des Services de protection de
l'environnement, je m'empresse d'ajouter, à leur décharge, que
depuis six à huit mois il y a eu une très nette
amélioration de ce côté.
Enfin, j'aimerais signaler que lorsqu'on compare la durée de
telles transactions au Québec, par exemple, avec celles que l'on
rencontre dans diverses provinces du Canada, on peut affirmer qu'il y a des
différences significatives. Mais il est important de noter, dans ce cas,
que dans plusieurs des provinces du pays on applique le système Torrance
en vertu duquel l'Etat garantit des titres. Vous comprenez, en vertu de ce
système, toutes les recherches dont on a parlé, tout à
l'heure, et qui ajoutent des délais parfois très longs sont, par
conséquent, éliminées durant pareilles transactions, en
vue des déboursements des prêts.
M. Giasson: M. le Président, traditionnellement au
Québec, l'Office du crédit agricole s'était acquis la
réputation de traiter assez bien, et d'avoir un penchant pour le type
d'entreprise agricole basé sur la production laitière. Par
contre, lorsqu'il s'agissait de producteurs sans sol ou d'autres types de
productions que l'industrie laitière, on sentait que l'office avait
beaucoup plus de réserves et appliquait une très forte prudence
dans les demandes de prêts qui devaient toucher surtout les productions
spécialisées.
Pour ma part, j'ai eu à constater que c'était là
une réalité dans ma région. Il s'est
développé un centre de production avicole, entre autres, dans une
paroisse de mon comté, et ces producteurs ont dû
réaménager leurs installations, leurs poulaillers. Ils ont
placé des demandes à l'Office du crédit agricole du
Québec et devant les lenteurs, pour ne pas dire les hésitations,
que semblait manifester l'Office du crédit agricole du Québec,
ces gens ont dû abandonner leur projet d'emprunt et se tourner vers la
Société fédérale du crédit agricole qui a su
traiter les demandes d'emprunt avec beaucoup plus de rapidité et
beaucoup plus d'ouverture d'esprit, compte tenu surtout des montants de
crédit qui étaient demandés.
Peut-on croire que maintenant notre Office du crédit agricole du
Québec est beaucoup plus ouvert lorsqu'il s'agit de demandes d'emprunt
venant de spécialistes, de producteurs spécialisés, que ce
soit dans le porc, l'aviculture, etc?
M. Garon: Je suis heureux que le député de
Montmagny-L'Islet ait soulevé cette question. Cela me permet d'informer
la commission que durant l'année écoulée l'Office du
crédit agricole a effectivement consenti des prêts de l'ordre de
64,3% dans les productions laitières et, par conséquent, de 35,7%
dans les productions autres que le lait, ce qui démontre
l'intérêt que les producteurs y attachent et, également la
souplesse et l'articulation, de même que la philosophie d'action de
l'office face à la diversification des productions agricoles au
Québec.
Pour répondre plus spécifiquement à la question du
député de Montmagny-L'Islet relativement au délai que
certains emprunteurs lui ont signalé en marge des demandes faites
à l'office pour des cas d'aviculture, je me demande si les
requérants en question faisaient allusion à une période de
temps désormais révolue, c'est-à-dire, si on se
réfère à la période précédant les
derniers amendements à la loi de l'Office du crédit agricole qui
ont pu porter, à la fin de 1975, les maximums, de $40 000 et $60 000
qu'ils étaient, selon qu'il s'agissait d'un prêt pour un individu
ou une entreprise de groupe, à $150 000 et $200 000 respectivement, pour
les mêmes entreprises, ce qui fait que le bonhomme qui se
présentait à l'Office du crédit agricole avant la fin de
1975 ne se trouvait évidemment pas aussi bien placé que s'il
s'adressait à la Société fédérale du
crédit agricole, ce qui n'est plus le cas.
La situation à laquelle vous référez est d'ores et
déjà en voie de correction, compte tenu des amendements qui ont
été apportés.
M. le Président, il y avait un autre aspect dans les politiques
de prêt de l'Office de crédit agricole; c'est que les producteurs
habitant certaines ré-
gions classées comme étant moins agricoles dans le
comté de Montmagny-L'Islet, dans un projet de construction de
poulaillers pour de la poule pondeuse...
M. Garon: La poule vedette?
M. Giasson: Non, ce n'était pas la poule vedette,
tristement célèbre; c'était de la poule pondeuse...
s'étaient vu refuser des prêts à cause de l'endroit
où on voulait construire ces poulaillers, soit dans des paroisses
situées dans la partie sud de L'Islet, à l'époque;
c'était avant 1975. Mais le problème ne découlait pas des
montants maximums possibles à l'Office du crédit; c'était
plutôt, le site où ces producteurs voulaient installer leurs
poulaillers. Est-ce que ces restrictions sur le choix ou sur l'emplacement
éventuel dans certaines paroisses à l'intérieur de
régions données tiennent toujours?
M. Garon: En principe, l'Office du crédit agricole n'a
aucune restriction quant aux sites d'implantation d'une quelconque production
ou culture au Québec. Cependant, comme il a été
signalé lors des débats de cette commission, hier soir, l'office,
bien sûr, souscrit aux politiques du ministère de l'Agriculture et
aux orientations quant au zonage des productions, zonage qui, il va sans dire
est indicatif. Il n'est pas coercitif, mais il va de soi que, si un producteur
veut implanter un élevage de bovins de boucherie ou pour faire une
analogie, un élevage de vaches, veaux, en pleine région de
Montréal, on va sûrement le déconseiller et être
réticent à lui consentir un prêt dans une zone qui a des
potentialités beaucoup plus grandes que celle de faire de
l'élevage de bovins de boucherie.
De la même façon, le phénomène que je viens
de mentionner peut s'appliquer à diverses productions.
La question à laquelle se réfère le
député de Montmagny-L'Islet mériterait que nous ayons de
plus amples explications. Je l'inviterais pour ce cas particulier
si c'est possible, à nous faire parvenir des données un peu plus
complètes, afin que nous puissions examiner s'il y a lieu de
réviser la décision rendue dans ce dossier. Toujours en fonction
des orientations, peut-être pouvons-nous lui suggérer, si c'est
une question de ne pas aller se construire dans un milieu trop
éloigné des marchés, etc., peut-être pouvons-nous
l'aider en lui suggérant de s'installer plus près des
marchés.
Il y a un dossier, à l'Office du crédit agricole, comme
vous le savez déjà, j'imagine, et nous ne sommes jamais
fermés. Nous sommes prêts à reconsidérer le dossier
en question, s'il voulait être assez aimable de nous transmettre les
coordonnés de cet emprunteur.
M. Giasson: II s'agissait de trois emprunteurs éventuels.
A l'époque, nous avions un couvoir qui fonctionnait à Montmagny.
Ces emprunteurs éventuels avaient des projets, l'un pour la paroisse de
Saint-Omer, l'autre à Sainte-Félicité, l'autre à
Saint-Adalbert. Comme le couvoir de Montmagny n'existe plus, c'est sûr
que ces projets qu'avaient à l'esprit ces producteurs qui voulaient s'en
aller dans la production de volailles sont complètement changés.
Le couvoir le plus près pour eux se situe maintenant ici au sud de
Lévis, à Saint-Maxime-de-Scott, je pense. Donc cela change les
données puisque, depuis deux ans, le couvoir de Montmagny a cessé
totalement ses activités. Il a même vendu son
équipement.
J'avais trouvé très curieux, à l'époque,
qu'on déclare que les paroisses où voulaient s'installer ces
producteurs éventuels n'étaient pas situées dans une
véritable zone agricole, ce qui était vrai, je ne le conteste
pas. Pour ceux qui connaissent les paroisses de la partie sud du comté,
on peut dire qu'elles n'ont à peu près pas de vocation agricole.
Quand on parle de vocation, j'entends toujours vocation pour la culture
générale. Pour les spécialités, il est toujours
possible d'implanter des spécialités, même si le sol n'a
pas une vocation de culture générale.
J'avais trouvé cela curieux, et là encore il a fallu,
à la suite de la réaction ou de l'attitude de l'Office, diriger
ces producteurs éventuels vers la Société du crédit
agricole fédérale. A la décharge de l'Office, je dois
également signaler que cette hésitation qu'avait notre office
provincial, je l'avais sentie un peu auprès de la société
fédérale. J'en avais même discuté avec le directeur,
à l'époque, je ne sais pas si c'est encore lui qui est là,
M. Langlois. Lui-même avait indiqué que c'étaient des
éléments dont eux-mêmes tenaient compte, l'endroit
où voulaient s'implanter ces producteurs spécialisés.
Si je comprends bien, le vice-président de l'office m'indique
qu'on a peut-être plus de largeur de vue de nos jours vis-à-vis de
ces projets sur les sites éventuels où des producteurs veulent
s'installer.
M. Garon: Nous sommes réceptifs à toute
proposition, d'autant plus que dans les secteurs auxquels vous vous
référez il faut bien tenir compte que, si le sol et le climat
sont parfois défavorables, il y a sans doute d'autres productions qui
permettraient de revivifier le milieu si le milieu, pour autant, a pris une
décision collective de maintenir une infrastructure et une
économie agricole. Nous sommes prêts dans le cadre que j'ai
mentionné tout à l'heure à étudier ces dossiers et
à les regarder favorablement.
M. Giasson: Je constate qu'il est midi, même
légèrement dépassé. Comme nous sommes le mercredi
et que la Chambre nous ordonne d'ajourner à midi exactement chaque
mercredi, je propose la suspension.
Le Président (M. Boucher): On me prie de vous informer que
cet après-midi la commission siège après la période
des questions et qu'il n'y aura pas de séance de la commission
d'agriculture demain, jeudi. La reprise sera vendredi matin de onze heures
à une heure.
Pour ce matin, nous devons suspendre jusqu'à quatre heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 3)
Reprise de la séance à 16 h 45
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs! A la
suspension de ce midi, nous en étions encore au programme 2,
élément 1. Les députés de Montmagny-L'Islet et de
Champlain avaient demandé la parole.
M. Garon: On pourrait peut-être donner des explications au
début. A l'élément 1, on voit que c'est la gestion
interne. Après cela, les éléments du programme 2 sont: La
Loi du crédit agricole; élément 3, la Loi de
l'amélioration des fermes; élément 4, la Loi du
crédit à la production; élément 5, il y a une loi
sur le crédit spécial. Ils se réfèrent à
l'administration d'une loi particulière.
Vous avez un jeu de brochures, l'ensemble que vous venez de recevoir. Il
y a une brochure, un résumé sur l'Office du crédit
agricole du Québec. J'ai demandé qu'on vous remette cela pour que
vous voyiez chacune des lois. La Loi du crédit agricole, la Loi de
l'amélioration des fermes, la Loi favorisant le crédit à
la production agricole, la Loi favorisant le crédit spécial pour
les producteurs agricoles au cours de périodes critiques. Et, de l'autre
côté, Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles
et Loi du prêt agricole. Chacune de ces lois recouvre un
élément du programme 2. Pour vous situer davantage, j'ai voulu
aussi qu'on vous remette cela parce que vous aurez peut-être des demandes
de renseignements qui parviendront à vos bureaux. Là, vous avez
l'ensemble des lois qui administrent le crédit agricole et un
résumé succinct qui est fait, les types de prêts, les types
de garanties, les montants maximaux, etc.
M. Giasson: M. le Président, nous avons constaté au
Québec, au cours des récentes années, l'institution de
communes où des groupes de citoyens se sont regroupés pour aller
vivre ensemble. La plupart du temps, nous retrouvons ces gens-là
installés sur une ferme, qui peut être en production, où on
peut faire de la culture céréalière, mais, par contre,
nous avons également dans nos communes des gens qui s'adonnent à
l'élevage, que ce soit l'élevage de boeufs, même le lapin,
le mouton, les chèvres, etc., les différents élevages.
Est-ce que l'Office du crédit agricole a déjà reçu
des demandes venant de ces sociétés qu'on appelle des
"communards"?
M. Garon: Non, pas à notre connaissance.
M. Giasson: S'il y avait des demandes, est-ce que l'Office du
crédit agricole accepterait d'étudier ces demandes et quels
seraient les critères en vertu desquels l'office pourrait les accepter
ou les refuser?
M. Garon: Si, M. le Président, on parle de communes, c'est
bien sûr qu'il s'agit de plus d'un individu, de plusieurs personnes.
Par conséquent, il faudrait que ces gens puissent répondre
à l'une des définitions de l'agriculture de groupe que nous donne
la Loi du crédit agricole, soit comme emprunteur conjoint, corporation
d'exploitation agricole, coopérative d'exploitation agricole ou
société d'exploitation agricole.
Il y a un point qu'il faut considérer, qui est important. Ce
n'est pas pour des communes d'auto-suffisance où quatre ou cinq familles
se réunissent sur une terre pour suffire à leurs besoins.
Bien sûr, comme vous le mentionnez et à la lecture de la
définition, soit d'emprunteur conjoint, de corporation d'exploitation
agricole, de coopérative d'exploitation agricole ou de
société, on constate que la ferme doit être rentable en
fonction d'un nombre d'exploitants agricoles qui varie selon les
définitions.
M. Giasson: Si je comprends bien, vous allez fonctionner devant
ces demandes possibles ou éventuelles, de la même manière
que vous étudiez une demande venant d'une autre société.
Vous allez d'abord vérifier si les gens qui vivent à
l'intérieur de la commune s'adonnent, comme principale occupation,
à l'agriculture, si cette entreprise, quel que soit le type
d'élevage ou de production, a un état de rentabilité pour
que ça justifie l'élément prêt qui doit reposer sur
des risques particuliers à des exploitations rentables...
M. Garon: C'est exactement le cas.
M. Giasson: Ni plus, ni moins, vous pourriez traiter ces demandes
venant de propriétaires de communes de la même façon que
vous traitez une demande venant d'associés en agriculture, qui
s'adonnent totalement à l'exploitation agricole.
M. Garon: C'est le cas. Exactement comme toute autre association,
groupe, ou ferme de groupe, pourvu, comme je l'ai mentionné il y a
quelques instants, qu'ils puissent répondre à l'une des
définitions d'emprunteur au sens de la Loi du crédit
agricole.
M. Giasson: M. le Président, nous avons entendu
également des remarques de gens qui avaient demandé des
prêts et la réponse qui avait été faite à
leur demande était négative pour une raison d'âge de la
part du demandeur.
Est-ce que l'office a élargi ses conditions d'acceptation de
prêt vis-à-vis de l'âge que peut avoir l'agriculteur qui
demande un prêt agricole?
M. Garon: J'aimerais signaler, en réponse à la
question du député de Montmagny-L'Islet, qu'il n'y a d'autre
contrainte pour l'office lorsqu'il s'agit de prêter, en ce qui concerne
l'âge, que l'âge de 18 ans qui habilite une personne à
emprunter. Il n'y a pas de limite supérieure quant à l'obtention
d'un prêt, si ce n'est que pour la catégorie des prêts dits
d'établissement et des subventions qui sont reliées à
l'établissement. Elles ne peuvent être accordées
qu'à la catégorie des jeunes agriculteurs situés entre 18
et 40 ans. Si des gens dépassent 40 ans, à ce moment-là,
il y a toute la gamme des autres prêts qui leur sont accessibles.
M. Giasson: Même si le requérant d'un prêt,
d'un nouveau crédit agricole, avait 55 ans?
M. Garon: Absolument. J'ai même à l'esprit une
demande d'emprunt que nous sommes en train de traiter où le
requérant est âgé de 70 ans.
M. Giasson: Et il n'y a pas d'association avec des fils, il n'y a
pas de relève et vous prêtez quand même?
M. Garon: C'est le cas. Il faut bien admettre cependant que si
l'emprunteur ou le requérant de l'emprunteur est d'un âge assez
avancé ou tellement avancé que sa capacité d'exploiter la
ferme, comme exploitant est limitée, il faudra être
raisonnablement assuré qu'il pourra, par ailleurs, compter sur de la
main-d'oeuvre agricole, sur une base permanente, soit main-d'oeuvre familiale
ou autre.
M. Giasson: M. le Président, est-ce que le ministre
prévoit apporter des changements, au cours de la présente
session, à la Loi du crédit agricole, ou s'il entend
opérer avec les dispositions et pouvoirs qu'on retrouve
présentement dans cette loi?
M. Garon: II y a des éléments qui peuvent... Il
devrait y avoir des amendements à la loi dans la perspective que j'ai
déjà mentionnée en Chambre, des rapports avec les
institutions financières privées. Si, à ce
moment-là, dans les discussions qu'il y a entre l'Office du
crédit agricole et les institutions financières privées,
il y a des protocoles d'entente ou des formules qui sont possibles, il faudra
faire des amendements à la loi.
M. Giasson: A quel stade seraient rendues les discussions, les
négociations avec les institutions financières privées,
que ce soient banques, caisses populaires ou autres organisations de
crédit?
A quel stade en est rendue la discussion avec ces entreprises, puisque
cela doit déboucher sur une collaboration de la part des institutions
privées et des institutions financières pour
pénétrer le champ du prêt à long terme qui,
traditionnellement, avait été réservé à
l'Office du crédit agricole en ce qui a trait aux prêts sur des
fermes. Je parle toujours des prêts à long terme.
M. Garon: M. le Président, les institutions
privées, j'entends les banques à charte, les caisses du Mouvement
Desjardins et les caisses d'établissement, ont reçu, de la part
de l'office, un document de travail afin d'entreprendre les tractations, les
négociations ou les discussions en marge de leur participation
systématique dans le financement du crédit agricole à long
terme.
Après la réception de ce document de travail, bien
sûr, que cela a nécessité, de leur part, un examen assez
sérieux qui a mis un certain temps. Nous avons reçu, de la
plupart d'entre elles, une première réaction et nous avons
déjà commencé à établir un calendrier des
rencontres avec les différentes unités concernées, soit
les caisses d'éta- blissement, les caisses du Mouvement Desjardins ou
les banques à charte.
La prochaine étape sur le plan des banques à charte, par
exemple, sera une rencontre avec l'Association canadienne des banquiers afin de
discuter des modalités. Je pourrais ajouter, en conclusion, que la
réaction de toutes les parties du secteur privé a
été favorable. Il nous reste, bien sûr, à discuter
des modalités et je ne peux présumer présentement du temps
que cela pourra prendre, mais cela augure très favorablement.
M. Giasson: Dans l'hypothèse que tout fonctionne pour le
mieux, est-ce que ces sociétés prêteuses vont prendre leurs
garanties uniquement par une créance hypothécaire ou s'il est
possible qu'elles demandent, au-delà de la créance
hypothécaire, des garanties additionnelles à l'Office du
crédit agricole?
M. Garon: II faut évidemment comprendre, M. le
Président, qu'il est peut-être prématuré d'entamer
ou d'entreprendre des modalités que nous devons incessamment discuter
dans les détails avec les autorités concernées, des
représentants, en fait, du secteur privé. C'est un peu comme la
négociation entre le secteur patronal et le secteur syndical. Il ne faut
quand même pas dévoiler toutes nos munitions du même coup et
s'en garder, étape par étape. Quoi qu'il en soit...
M. Giasson: Je dois croire, si vous permettez, M. le
Président, que vous n'avez pas atteint cette partie du protocole
où tout est bâclé et que vous pourriez m'indiquer, d'ores
et déjà, aujourd'hui que c'est telle et telle disposition.
M. Garon: II s'offre, tant au secteur avec lequel nous
transigeons, qu'à l'office, diverses hypothèses de travail qui ne
sont pas complètement étudiées, de part et d'autre, au
point où on en serait à opter pour une hypothèse ou
l'autre. J'avancerai, pour tenter de répondre à votre question,
qu'au départ, ce que les banques peuvent être assurées de
recevoir, c'est la garantie de l'Etat contre les pertes. Alors, tous les
prêts que le secteur privé serait appelé à
consentir, seraient automatiquement garantis contre les pertes, comme c'est le
cas présentement pour la Loi de l'amélioration des fermes, la Loi
favorisant le crédit à la production et la loi concernant le
crédit spécial. Il se peut, par ailleurs, qu'une formule qui
existe présentement, en vertu de la Loi nationale de l'habitation et qui
est utilisée par la Société centrale d'hypothèques
et de logement, mérite d'être examinée. Je veux mentionner
l'assurance hypothécaire. Il se peut que les banquiers, en particulier,
favorisent cette hypothèse ou cette option.
M. Giasson: D'ailleurs, ce qui existe déjà au
niveau de bon nombre de prêts à l'Office du crédit
agricole, c'est, selon les politiques de l'office, d'obliger un emprunteur,
quand son âge se situe entre tel minimum et tel maximum, à
l'assurance hypothécaire.
M. Garon: II faut distinguer ici entre assurance
hypothécaire et assurance-vie-prêt. Je crois que le
député se réfère plutôt à
l'assurance-vie-prêt. L'assurance hypothécaire est un
mécanisme en vertu duquel chaque emprunteur est tenu de verser un droit
initialement à la faveur de l'obtention de son prêt, un
pourcentage X, cela peut être 1% du prêt qui, en quelque sorte,
constitue, dans une cagnotte, un fond de réserve en cas de perte.
M. Giasson: Vous avez fait allusion tout à l'heure aux
garanties qui sont données par l'office sur des prêts à
moyen terme, à long terme, que ce soit pour l'amélioration ou les
autres formes de prêt. Est-ce que cette garantie est absolue ou si
l'institution financière qui consent le prêt n'a pas des
obligations de percevoir à l'intérieur de délais
donnés les remboursements auxquels est assujetti l'emprunteur?
M. Garon: La garantie est absolue, mais est assortie, bien
sûr, de l'obligation pour le prêteur autorisé
d'épuiser tous ses recours avant de faire une réclamation
à l'office. Il doit se conduire en bon administrateur aux fins de
percevoir les deniers qui lui sont dus et, au-delà de ça, s'il y
a défaut de paiement, il a l'obligation de réaliser sur les
garanties au préalable avant de faire une réclamation au
gouvernement, ou à l'office dans ce cas-ci.
Encore là, il s'agit de modalités, au fond, qu'on va
retrouver dans les projets de loi. Tout cela est peut-être appelé,
dans le fond, à être modifié.
M. Giasson: Est-ce que vous avez la date à laquelle ont
commencé ces concepts ou ces approches avec le secteur des institutions
privées, le prêt?
M. Garon: Mon Dieu, il y a plusieurs dates que je pourrais
avancer. C'est assez difficile de donner une date vraiment
précise...
M. Giasson: Approximativement.
M. Garon: ...parce qu'il faut distinguer entre la période
exploratoire et l'engagement dans les négociations
véritables.
M. Giasson: Mais le début de l'exploration...
M. Garon: Le début de l'exploration. Mon Dieu, ça
fait déjà quelques années que cette question est à
l'étude. L'exploration a été conduite sur un certain
nombre d'années. Pour entamer véritablement et d'une façon
systématique la consultation et la négociation, il faudrait dire
que ce processus est engagé depuis environ quatre, cinq mois, trois ou
quatre mois, autour de là.
M. Giasson: Lorsque l'exploration... M. Garon: C'est moins
pire que...
M. Giasson: ...a révélé la
possibilité de richesses cachées, vous avez entrepris d'autres
phases.
M. Garon: ...le lait à l'école, on en parlait en
1880. C'est moins pire.
M. Giasson: Bon! M. le Président, j'aurais quelques autres
questions, mais je voudrais également permettre à d'autres
membres de la commission, qui ont certainement des interventions à faire
sur le dossier de l'Office du crédit agricole, d'intervenir à ce
moment-ci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Le pourcentage auquel vous pouvez faire un prêt,
est-ce que c'est 80% de la valeur de la ferme, un prêt à long
terme? On l'a peut-être dans les renseignements que vous nous avez
donnés.
M. Garon: M. le Président, en regard de la Loi du
crédit agricole, l'office est autorisé à prêter
jusqu'à 90%, selon le cas, c'est-à-dire 90% pour l'emprunteur qui
se situe entre 18 et 40 ans et 80% pour celui dont l'âge dépasse
40 ans.
Par ailleurs, l'office est également autorisé à
consentir des prêts à 90% dans les cas d'amélioration
foncière et de conversion d'exploitation.
M. Gagnon: La façon de déterminer la valeur de la
ferme je pense qu'on peut voir qu'il y a certaines plaintes plus ou
moins justifiées, probablementau moment où vos inspecteurs
vont visiter une ferme, c'est basé sur une évaluation que l'on
fait, un inventaire et aussi sur l'expérience des transactions dans une
région donnée. Est-ce exact?
M. Garon: Je crois que le député se
réfère à la méthode d'évaluation
utilisée. Ceci fait l'objet, justement, d'un règlement. L'office
doit procéder selon certaines règles à l'évaluation
des biens meubles et immeubles et dans le cas de l'immeuble, nous devrons
établir la corrélation entre la valeur productive agricole et la
valeur marchande et comme vous le signalez, la valeur marchande, quant à
elle, est établie en fonction du marché.
M. Gagnon: Là où je veux en venir, c'est que,
surtout dans le domaine des cultures sans solde, des cultures
spécialisées où certaines années on remarque qu'il
n'y a pas beaucoup de transactions de ventes de fermes et dans des
périodes, comme depuis 1973, où l'inflation a assez
grimpé, un problème auquel on fait face est qu'au moment
où on veut établir réellement la valeur de la ferme sur
laquelle on va se baser pour prêter à 80% ou à 90%, on
s'aperçoit que les valeurs établies par l'office sont
différentes de la valeur réelle, compte tenu qu'il n'y a pas
beaucoup de transactions qui ont été faites. C'est là
où, je pense, il y a une lacune assez forte. Y aurait-il
possibilité d'améliorer la façon d'évaluer cette
valeur?
M. Garon: Je ne suis pas prêt à admettre que la
formule que nous utilisons dans les cas de production sans solde soit
désuète. Quoiqu'il y ait toujours de la place pour de
l'amélioration, il reste que les méthodes d'évaluation
utilisées pour ce type d'entreprise sont les mêmes dans le fond
que celles où il s'agit de culture avec solde.
Evidemment, la situation est parfois différente comme il a
été signalé, il y a quelques instants. Il peut se
présenter des cas où le nombre de ventes comparables est plus
limité, mais il s'agit d'élargir le secteur où on va
prélever ces ventes comparables pour retrouver, somme toute, toutes les
données nécessaires à l'établissement de la valeur
pour le cas précis qui est à l'étude. Il peut arriver,
dans ces dossiers, production sans sol, que la propriété soit
entachée d'une certaine désuétude sur le plan
économique, selon la conjoncture économique, selon que la
propriété en question ou l'exploitation en question est en
possession ou non de contingentements, par exemple, qui pourraient lui
permettre de produire ou non à pleine capacité.
M. Gagnon: Justement, en ce qui concerne le contingentement,
qu'on appelle couramment quotas. Pour faire un emprunt de l'Office du
crédit agricole, il est normal que vous exigiez que la ferme
possède un quota de production. Par contre, la valeur de ce quota n'est
pas considérée comme valeur par l'Office du crédit
agricole, ce qui fait que, compte tenu des différentes productions au
moment où les quotas prennent de la valeur, c'est un problème
assez sérieux pour celui qui veut s'établir dans une ligne
donnée. Est-ce qu'il y aurait lieu d'envisager, éventuellement,
une possibilité de financer, au moins partiellement, la valeur du
quota?
M. Garon: Effectivement, M. le Président, la valeur d'un
contingentement ou d'un quota ne peut entrer en ligne de compte pour le
consentement d'un prêt agricole puisqu'il ne s'agit ni d'un bien meuble,
ni d'un bien immeuble sur lesquels l'Office est autorisé à
prêter. Cependant, il est loisible à l'office, sur les autres
garanties que l'emprunteur peut offrir, de financer, en tout ou en partie,
l'achat ou la transaction d'un contingentement quelconque. Je m'empresse
d'ajouter, cependant, qu'il est bien déplorable que nous ayons, en
général, en agriculture, à nous astreindre à payer
des prix parfois bien élevés pour pareil transfert de
contingentement et je m'empresse également d'ajouter que la
Fédération des producteurs de lait industriel a introduit, pour
sa part, un mécanisme en vertu duquel il ne peut pas se faire de
surenchère dans ce domaine-là.
M. Gagnon: Mais il reste tout de même que la valeur du
contingentement est une valeur actuellement réelle, depuis que les
contingentements sont établis, et c'est certainement un problème
pour celui qui veut s'établir. Il est obligé, d'un
côté, de posséder le contingentement pour produire, c'est
normal, et d'un autre côté ce contingentement n'est pas pris en
considération comme étant une valeur tangible ou une valeur qu'on
peut donner en garantie. Cela fait tout de même un écart assez
fort sur une ferme, il y a une partie qu'on a de la difficulté à
financer.
M. Garon: Comme j'ai répondu tout à l'heure au
député, il n'y a aucune façon de considérer un
quota ou un contingentement meuble ou immeuble par destination ou autrement.
Alors, on est obligé de vivre avec cette contrainte.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce qu'il serait
possible de savoir s'il existe une structure permettant des révisions de
décision à l'intérieur de l'office? Dans mon comté,
j'ai rencontré plusieurs jeunes agriculteurs qui ont eu à se
plaindre des décisions, à première vue, assez curieuses,
de l'Office du crédit agricole, en particulier de la part de
fonctionnaires locaux. Je me suis souvent demandé quelle était la
procédure à suivre pour les gens qui contestaient certaines
décisions. Est-ce qu'ils ont des possibilités de faire valoir
leur point de vue ailleurs que devant les mêmes fonctionnaires? A part
les députés...
M. Garon: M. le Président, comme je l'ai signalé
plus tôt dans la journée, un dossier à l'Office du
crédit agricole n'est jamais totalement fermé, en ce sens que, si
à la suite de l'étude de son dossier, un requérant doit
essuyer un refus, s'il croit qu'il a été lésé ou
s'il peut apporter des éléments nouveaux, il lui est toujours
loisible de s'adresser aux autorités supérieures de l'office pour
demander la reconsidération de son dossier; coutume et pratique qu'on
constate tous les jours, effectivement. S'il se présente des cas, dans
les circonscriptions des députés qui sont ici à la
commission parlementaire, qui se croient lésés, nous serions
heureux que ces dossiers soient acheminés à l'office avec les
principales coordonnées les concernant, afin que nous puissions en faire
une nouvelle étude et aviser des correctifs qui peuvent y être
apportés, lorsqu'il y a lieu.
M. Charbonneau: Pendant que les membres de chaque parti politique
sont représentés ici, on pourrait peut-être demander au
ministre s'il préfère, lorsque les députés
reçoivent des plaintes, qu'ils acheminent ces plaintes ou qu'ils
demandent aux gens d'acheminer les plaintes à l'office du
crédit?
M. Garon: Souvent, je reçois des plaintes de gens et quand
j'en reçois, immédiatement, je les transmets à l'Office du
crédit agricole, soit pour commentaire, pour révision. Parfois,
ce sont des éléments qui semblent... des fois, il y a des
représentations de députés qui me disent qu'il y a des
éléments nouveaux, que l'agriculteur ou l'aspirant agriculteur
n'avait pas mentionnés.
Selon le genre de lettres, je demande à l'office de
réviser le cas.
M. Charbonneau: En fait, vous êtes ministre,
c'est-à-dire que si je vous comprends bien, vous préférez
que les députés s'adressent au bureau du ministre et que celui-ci
transmette, ou on peut directement acheminer...
M. Garon: L'un ou l'autre; au fond, le cas sera
révisé.
M. Giasson: M. le Président, puisque le
député de Verchères soulève une question qui a son
importance, je dois reconnaître devant la commission que j'ai eu à
faire des interventions, pour révision de dossiers et l'accueil que j'ai
eu de la part de l'Office du crédit agricole a toujours
été extrêmement positif. Nous avons parfois une version des
faits produite ou donnée par le requérant et lorsqu'on va au
dossier, que l'office du crédit nous apporte des dimensions qui ne nous
avaient pas été exposées, on découvre qu'il y a
deux côtés à la médaille. Jusqu'à maintenant,
je n'ai pas à me plaindre, en aucune manière, de l'Office du
crédit agricole. J'ai eu quelquefois à intervenir.
M. Garon: Je veux remercier le député de
Montmagny-L'Islet du témoignage qu'il vient de nous adresser. Je veux
m'empresser également de mentionner ou d'ajouter que toutes les
représentations que nous recevons sont prises en considération.
Nous souhaitons, surtout lorsqu'il y a des éléments nouveaux au
dossier, qu'ils nous soient présentés, soit par l'individu
lui-même, par son député ou par son notaire et nous allons
prendre les dispositions pour faire une nouvelle étude du dossier.
M. Charbonneau: Dans ce sens-là, est-ce que vous pouvez
m'indiquer, lorsqu'il s'agit de jeunes agriculteurs, s'il y a des
critères spéciaux ou des considérations spéciales
qui entrent en ligne de compte? Car il est dommage de constater, parfois, que
des jeunes, intéressés à l'agriculture, se voient refuser
une aide qui, si elle avait été accordée, leur aurait
permis de se consacrer à fond de train à un métier qu'ils
aiment.
On décourage souvent beaucoup de jeunes agriculteurs ou de jeunes
qui pourraient potentiellement devenir de très bons agriculteurs, qui
ont des qualités, non seulement l'amour de la terre, mais aussi des
qualités personnelles qui leur permettraient éventuellement
d'aller assez loin dans cette profession. Ce que j'ai constaté, en
faisant la tournée de mon comté, c'est qu'il y a eu plusieurs
jeunes qui ont été découragés par l'attitude des
gens du crédit ou encore par les réponses qu'on leur a
données. Peut-être qu'elles étaient justifiées dans
l'esprit des fonctionnaires, mais on n'avait peut-être pas pris la peine
de les leur expliquer. Souvent, dans nos bureaux de comté, le
problème auquel on a à faire face, c'est un manque d'information
des gens.
M. Picotte: Cela les décourage.
M. Charbonneau: Cela les décourage, effectivement. Je
remercie mon collègue de Maskinongé.
Cela les décourage et je pense que la base pour les gens, pour
fonctionner avec le système gouvernemental, c'est de savoir sur quoi
s'appuient les décisions des autorités gouvernementales ou des
services gouvernementaux.
Souvent, on a constaté que les informations ou les justifications
qu'on avait données aux gens qui réclamaient une aide
gouvernementale n'étaient pas à ce point claires que les gens ont
compris pourquoi on avait pris telle décision et, par la suite, ils
auraient pu réorienter leur action.
M. Garon: Voici, M. le Président. L'Office du
crédit agricole possède une structure qui est bien
décentralisée, sur tout le territoire du Québec, et qui
compte dans ses rangs neuf directeurs généraux et au-delà
de cinquante conseillers en financement qui sont à la disposition de
tous les agriculteurs désireux d'obtenir des renseignements ou de loger
une demande d'emprunt.
En plus de cela, ils peuvent compter sur les conseillers en gestion du
ministère de l'Agriculture. J'ajoute qu'ils s'en prévalent et
j'en veux donner comme preuve que, durant l'exercice écoulé,
l'office, au niveau du nombre de ses prêts, a consenti 42,3% de ses
prêts en faveur de jeunes agriculteurs qui voulaient s'établir,
c'est-à-dire 58,3% des montants totaux qui ont été
consentis à l'agriculture par la Loi du crédit agricole.
J'ajouterai également, même si c'est un petit peu avant la
discussion de l'élément en question qui est
l'élément 7 au programme, pour témoigner de l'aide et de
l'empressement que nous accordons aux jeunes agriculteurs, que nous avons
consenti 1234 subventions d'établissement au cours de l'exercice
écoulé.
M. Charbonneau: Je ne veux pas mettre en doute l'empressement des
gens de l'Office du crédit agricole. La seule chose que je vous signale,
c'est qu'il y aurait peut-être lieu, dans certains cas,
d'améliorer les informations qu'on transmet, les renseignements, les
explications surtout, les justifications des réponses qu'on donne aux
gens. Dans bien des cas, c'est peut-être clair pour les fonctionnaires,
mais cela l'est un peu moins pour les gens qui s'adressent aux services
gouvernementaux.
Je vous signale que j'ai eu plusieurs cas où, après avoir
reçu des explications, moi-même je me posais des questions et je
me suis demandé pourquoi on ne leur a pas expliqué les choses
plus clairement.
M. Garon: J'aimerais ajouter, en réponse à cette
question additionnelle, M. le Président, que, justement, le service de
la relève agricole du ministère de l'Agriculture est actuellement
engagé dans la préparation d'un document qui se veut exhaustif et
complet sur les approches, les moyens à prendre pour les jeunes
désireux de s'établir sur des fermes au Québec.
M. Charbonneau: Tout ce qu'on peut espérer, c'est qu'il
sera bien vulgarisé et qu'il y aura une bonne diffusion.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Cela va surprendre les membres de la commission,
mais, pour une fois, je suis sur la même longueur d'onde que le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Une fois n'est pas coutume.
M. Picotte: M. le ministre, j'aimerais savoir ceci: Le
député de Beauce-Sud, M. Roy, a souligné, il y a quelque
temps à l'Assemblée nationale, que des techniciens, des
agronomes, dans les comtés, recevaient mal les agriculteurs, concernant
les demandes, surtout du côté de l'agriculture.
J'aimerais savoir si les techniciens ou les gens qui sont
préposés à étudier des formules du crédit
agricole, concernant des individus, sont autorisés, au point de
départ, à décourager ou encore à dire à un
individu, sans faire d'étude approfondie, qu'il n'est pas admissible. Je
vous donne un exemple là-dessus:
Récemment, quelqu'un venait me voir dans mon comté, un
jeune, d'ailleurs, qui venait de Montréal et qui voulait revenir sur la
ferme. Il me dit: Moi, je suis intéressé à prendre la
ferme de mon père; je suis intéressé à l'acheter et
même à faire un "partnership"... On appelle cela comment en
français?
M. Giasson: Une société père-fils.
M. Picotte: ...une société père-fils dont le
père n'avait aucune obligation du côté du crédit
agricole, aucune obligation bancaire, peu importe où. La terre
était quand même libre d'hypothèques à tous les
points de vue. Il me dit: Moi, je suis intéressé à faire
une maternité chez nous.
La personne du prêt agricole concernée est allée le
rencontrer et lui a dit ceci: Si tu voulais programmer ton affaire pour avoir
le double de ce que tu nous proposes, on pourrait d'aider, mais, étant
donné que ce n'est pas assez, on ne peut t'aider d'aucune façon
et on a classé le dossier là-dessus. Est-ce que vos
spécialistes peuvent faire une étude de visu je pense que
c'est la bonne expression sur ces refus de prêter à des
gens, au point de départ, sans avoir fait d'étude
préalable?
M. Garon: M. le Président, pour répondre à
la question, je voudrais expliquer que, dans la plupart des cas, un
requérant se présente habituellement au bureau du conseiller en
financement, après avoir sollicité une entrevue. Selon le
déroulement de l'entrevue, il est possible, bien sûr, que,
séance tenante, il lui soit signalé qu'il lui est parfaitement
inutile de loger une demande d'emprunt et, à cet effet, le conseiller en
financement avise, séance tenante, qu'il ne lui remettra pas de formule
de demande d'emprunt.
Je veux indiquer plus spécifiquement les cas où,
manifestement, le requérant n'est pas admissible à un prêt,
en vertu du règlement de l'occupa- tion principale. S'il s'agit d'un
individu qui a un emploi à l'extérieur à temps plein, par
exemple, et qu'il veuille solliciter un prêt agricole, il lui faut
prévoir quitter son emploi dans un délai raisonnable pour
l'obtention de ce prêt et, s'il n'entend pas le faire, le conseiller en
financement, bien sûr, ne doit pas lui faire perdre son temps et ne pas
retarder les demandes bien fondées qui ont pu être logées
par d'autres agriculteurs et doit l'informer en conséquence.
Par ailleurs, il va se présenter plusieurs cas où,
manifestement également, l'entreprise de l'individu requérant
n'est définitivement pas viable ou rentable. A moins qu'il y ait au
moins quelques indices indiquant qu'il est possible d'envisager un
agrandissement ou une amélioration de l'exploitation à même
les deniers de l'individu et à même les deniers que pourrait
consentir un prêt agricole, compte tenu de la plus-value qu'ajouteraient
les améliorations, compte tenu des subventions qui pourraient être
accordées en pareil cas et après avoir examiné, même
sommairement, l'état des choses avec le requérant, s'il devient
manifeste qu'il n'y a aucune possibilité d'atteindre à la
viabilité et à la rentabilité, le requérant en est
ainsi avisé.
Il peut pour autant, même après avoir été
ainsi avisé qu'il est futile pour lui de loger une demande d'emprunt
il peut quand même obtenir une demande d'emprunt. Il n'a
qu'à insister et, si jamais il y avait un dossier où, en pareil
cas le conseiller en financement l'ait refusé, la direction de l'office
au siège social n'hésitera pas à prendre les correctifs
voulus et à acheminer du siège social les formules au
requérant en question.
M. Picotte: En acceptant, à un moment donné, le
principe que s'il était doublement productif, on pourrait lui
prêter, est-ce que si, selon lui, il pouvait agrandir du quart ou de la
moitié, il serait plus admissible? C'est cela que je ne comprends pas.
Il y a quand même une différence marquante.
S'il est admissible pour le double, pour la moitié moins, si le
gars veut être prudent, si le gars veut considérer le
marché, veut considérer une foule d'implications à
côté, est-ce qu'on ne pourrait pas quand même étudier
au moins son dossier, et ne pas lui dire en partant: Tu n'es pas admissible, si
tu ne doubles pas un critère?
M. Garon: Oui, et j'oserais croire que dans tous les cas, ces
choses sont prises en considération lors de l'entrevue entre le
requérant et le conseiller en financement. Je veux bien admettre que la
façon dont se déroulent les entrevues peut laisser à
désirer pour certains requérants, mais il faut bien comprendre
que nos conseillers en financement ne font du bureau et ne reçoivent des
requérants en entrevue que le lundi, parce qu'en fin de compte, leur
travail, il faut qu'ils aillent le faire sur la ferme. Ils n'ont pas trop de
quatre jours par semaine pour ce faire. C'est donc dire que les entrevues
doivent se conduire au bureau du conseiller en financement le lundi. Il arrive
très souvent qu'il y a dix personnes dans la salle d'attente et il faut
tous les rencontrer dans la journée,
ces individus. Alors, l'entrevue est parfois sommaire.
M. Picotte: De toute façon, le jeune n'a pas le choix,
parce qu'on lui dit: On ne prend même pas ton "application", on ne prend
même pas ta demande. Tu es refusé au point de départ, cela
vient de s'éteindre. C'est ce qui se fait; d'ailleurs, le
député de Beauce-Sud l'a dit...
M. Cordeau: Si le jeune n'a pas le capital requis, bien sûr
qu'il va être refusé en partant.
M. Picotte: II n'a pas le capital requis. Quand son père a
une ferme bien établie, fait une société avec lui, n'a
aucun prêt agricole, n'a aucun prêt dans d'autres domaines
c'est bien à lui se met en société avec lui, je
pense qu'on ne peut pas lui dire de façon adéquate, au point de
départ, qu'il n'est pas admissible sans même faire une
étude approfondie. On lui dit: Cela ne te donne rien. Si tu ne doubles
pas, on ne t'accepte pas. C'est cela que je comprends mal.
M. Garon: Avec les coordonnées que le député
vient de me donner, il me paraît que ce dossier mérite
d'être étudié plus en profondeur. Aussi, j'inviterais le
député à soumettre le dossier afin que nous fassions
corriger la situation, s'il y a lieu.
M. Picotte: Dès demain, vous aurez le dossier.
Le Président (M. Boucher): Le député
d'Arthabaska.
M. Baril: L'acceptation d'un prêt agricole est quand
même assez compliquée pour les deux parties: pour l'office,
refuser un prêt, je suis certain que ce n'est pas facile, et pour
l'agriculteur qui se le voit refuser, ce n'est pas plaisant non plus. Par
contre, il y a peut-être un jeu qui joue assez fortement contre les
jeunes agriculteurs, puisqu'un prêt est toujours basé sur les
revenus d'une ferme. On sait qu'actuellement, c'est le fédéral
qui contrôle les marchés, donc qui contrôle automatiquement
les revenus, ou en partie, indirectement. J'en vois sursauter quelques-uns
quand on parle du fédéral, mais les faits sont quand même
là. Si on se base, pour accorder un prêt, sur les revenus d'une
ferme, on s'aperçoit que, comme par les années passées, si
on calcule cela d'une façon trop serrée et qu'il y a une chute
des prix, comme il y en a eu une dans le boeuf et dans le lait l'an
passé, le cultivateur ne peut pas continuer. Et là, il reproche
aux agronomes, aux techniciens de lui avoir calculé cela d'une
façon trop serrée. Ce n'est pas la faute de l'agronome ou du
technicien en question qui a calculé cela d'une façon trop
serrée. Il a calculé cela selon les normes établies par
l'office. Ce n'est pas l'office qui est responsable des marchés. C'est
pour cela que pour en arriver peut-être à une meilleure
coordination dans les prêts, il faudrait prendre les moyens de s'assurer
que les cultivateurs aient un prix, en tout cas, que le prix soit plus stable,
pas seulement pour un an ou deux, mais sur une période assez longue,
plusieurs années. Ce serait certainement plus facile pour l'office de
prêter en se basant sur un prix qu'un gars va avoir pour peut-être
sept ou huit ans. Au moins, le prix ne baissera pas, il va aller en
augmentant.
M. Garon: Effectivement, je dois convenir avec le
député d'Arthabaska que chaque dossier doit être
étudié à son mérite et que les règlements de
base de l'office doivent, bien sûr, pour l'obtention d'un prêt,
être rigoureusement respectés, particulièrement ceux qui
concernent la capacité de remboursement et la rentabilité d'une
entreprise. Bien sûr, cette capacité de remboursement et cette
rentabilité sont tributaires de bien des facteurs, dont les prix et les
coûts de production, mais on peut compter que depuis quelques
années il y a eu une nette amélioration, sauf la diminution de
l'an dernier sur le plan des revenus nets. Le nombre de prêts
relativement élevé que nous consentons en témoigne
manifestement.
Bien sûr, au travers de toutes ces considérations, il n'y a
pas que les prix et les coûts de production, il y a également les
contingentements. Nous y avons fait allusion tout à l'heure. Aussi, une
ferme, quoiqu'elle puisse avoir une capacité de production suffisante,
parfois ne peut satisfaire à toutes les exigences pour l'obtention d'un
prêt, du seul fait que le quota ou le contingentement qui est à sa
disposition ne permette pas d'assurer un revenu suffisant.
M. Baril: D'ailleurs, ce à quoi je voulais faire allusion,
moi, si on revient aux années antérieures sans aller trop
loin la première crise du lait en 1967, 1969, 1970 autour de ces
années, on avait des surplus laitiers. On avait demandé aux
cultivateurs d'investir dans le boeuf. Les prêts étaient ouverts
pour ceux qui voulaient s'organiser dans le boeuf. La chose était
facile. Il y avait le programme F-1 qui avait été mis de l'avant
et, envoyez par là, les gars, installez-vous, changez votre production.
On s'est ramassé, en 1974, avec le boeuf où ça n'allait
plus. Les mêmes types sont retournés à l'office. On leur a
dit: C'est vrai, ça ne marche plus dans le boeuf. Installez-vous de
nouveau dans le lait. Faites du lait. On va vous prêter à 100%,
tant que vous allez vouloir, dans le lait. Cela s'est passé en 1974,
même en 1975 et même jusqu'au printemps de 1976. On faisait
investir les cultivateurs dans le lait, parce que dans le boeuf, ça ne
marchait plus. On s'est retrouvé avec la politique laitière qui
nous est tombée sur la tête l'an passé. Ces mêmes
cultivateurs qui venaient d'avoir des engagements très serrés
avec l'office n'ont pas été capables d'arriver parce que leur
revenu était coupé de $3000, de $4000 et même de $7000 pour
certains cultivateurs. C'est ce à quoi je voulais faire allusion tout
à l'heure. Ce n'est pas facile, ni pour l'office, ni pour les
cultivateurs.
M. Garon: Effectivement, M. le Président, on peut
considérer néanmoins que les difficultés auxquelles fait
allusion le député d'Arthabaska se sont amenuisées du fait
qu'on a introduit des ré-
gimes de stabilisation du revenu agricole. Pour la production qu'il a
mentionnée, c'est-à-dire celle du boeuf, qui a connu de
sérieuses difficultés au cours des deux ou trois dernières
années, l'office, tout comme les agriculteurs concernés, se
réjouit de pouvoir compter sur ce nouveau mode de sécurité
ou de garantie, pour ainsi dire, d'un revenu plus stable et partant, nous donne
la possibilité d'envisager l'avenir, pour un producteur agricole qui
fait une demande d'emprunt, d'une façon beaucoup plus optimiste et nous
permet, dans les projections, quant à l'établissement de la
rentabilité et de la viabilité, de tenir compte de ces
facteurs.
M. Baril: Maintenant, on est toujours dans les prêts,
est-ce que cela existe encore, cette anomalie, si on peut l'appeler ainsi...
Parce que moi, j 'ai fait un prêt, il y a une dizaine d'années
on n'en fait pas à tous les ans quand un
cultivateur...
M. Garon: Un emprunt.
M. Baril: Un emprunt... Oui c'est vrai. Ce n'est pas un
prêt, c'est un emprunt. Dans tous les cas, je me mettais à la
place de l'office. Quand un emprunt est accordé à un agriculteur
pour, un certain moment, après, je ne sais pas, cinq ou six ans, ce
même agriculteur veut l'augmenter, soit parce qu'il achète la
terre du voisin ou je ne sais quoi. On est obligé de lui consentir un
nouveau prêt. Cela existe-t-il encore ou est-ce corrigé?
M. Garon: C'est-à-dire que nous ne sommes pas
obligés, contrairement à vos informations, M. le
député, de faire ce qu'il est convenu d'appeler un prêt de
conversion en pareil cas. Le mécanisme du prêt de conversion est
appliqué lorsqu'il est préférable, financièrement,
de le faire pour l'individu en question.
Nous avons également, en vertu de l'article 19 de la loi, la
possibilité de consentir un prêt en deuxième
hypothèque et, au surplus, depuis 1972, l'office est autorisé, en
vertu de la Loi du crédit agricole, à consentir des prêts
sur nantissement agricole, ce qui permet d'éviter les difficultés
que vous soulignez.
M. Baril: C'est parce qu'en accordant un nouveau prêt,
l'agriculteur se trouvait à perdre le premier taux
d'intérêt qu'il avait depuis quatre ans ou cinq ans. Si tu avais
emprunté, on divisait cela et on prenait la moyenne.
M. Garon: Effectivement. Même, dans le cas d'un prêt
de conversion, l'emprunteur n'est pas défavorisé au niveau des
taux d'intérêt. Il continue de bénéficier d'un
intérêt subventionnel, c'est-à-dire d'un taux
d'intérêt de 2,5% sur les premiers $15 000, et, effectivement, il
y gagne parce que la période de temps pour laquelle il s'était
engagé dans la première hypothèque est allongée
d'autant, s'il y a conversion, et il bénéficie de 2,5% sur une
période plus longue.
M. Baril: Oui, mais, lors de son premier prêt, si
l'intérêt était de 7% dans le temps cela fait
longtemps et, quatre ans ou cinq ans après, le taux
d'intérêt est à 9%. Son deuxième prêt est-il
calculé sur les 9% ou prend-on la moyenne entre 7% et 9%?
M. Garon: Effectivement, lorsqu'il y a prêt de conversion,
vous avez raison. Au-delà du taux d'intérêt sur les
premiers $15 000, l'emprunteur est tenu de payer un taux d'intérêt
qui est fixé par règlement et qui peut bien être de 1%, 2%
et parfois 3% supérieur à celui dont il a
bénéficié il y a quelques années. Mais, que
voulez-vous? Nous sommes tous tributaires de la conjoncture économique
et il n'y a rien qu'on puisse faire de ce côté.
Déjà, le taux d'intérêt qui est consenti,
même sur la strate du prêt en excédent de $15 000, est assez
considérablement subventionné puisque cet excédent ne
porte intérêt qu'au taux de 8%, ce qui est bien en
deçà, vous en conviendrez, du loyer économique de l'argent
actuellement.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Berthier.
M. Mercier: Y a-t-il des normes fournies aux représentants
du crédit agricole dans les régions quant au montant dont ils
peuvent disposer sur une base régionale? Existe-t-il des bases
régionales quant à la somme des prêts qui peuvent
être consentis ou si chaque prêt est étudié au
mérite sur l'ensemble du territoire?
Deuxième question. Y a-t-il des normes quant aux productions? Je
constate que, dans certains cas, il peut arriver une surcapacité de
production à la suite de certains prêts consentis dans des types
de production donnée. Autrement dit, se soucie-t-on des conditions
générales du marché, de la capacité d'absorption du
marché ou prête-ton simplement sur les bases des
possibilités de rentabilité de l'entreprise donnée? Y
a-t-il une projection des marchés sur une base de quelques
années? Prévoit-on... Si, dans le porc par exemple, trop de gens
empruntent, ce qui peut entraîner une surproduction, donc affecter la
rentabilité des entreprises individuellement, se soucie-t-on de cela?
Emet-on des directives aux gens?
Troisième question. Le représentant du crédit
agricole, dans une région, est-il tenu ou encouragé à
donner les raisons des refus? Je pose cette question à la suite d'un cas
que j'ai eu dernièrement. J'ai demandé à la personne de
communiquer avec le représentant et de lui demander de lui fournir par
écrit les raisons pour lesquelles il lui refuse son prêt.
A partir de cela, je vais faire une enquête pour voir si cela
entre dans le cadre de la loi ou pas. Enfin, on aura quelque chose pour
travailler. Alors, le type a refusé.
M. Garon: M. le Président, en réponse à la
première question du député, j'aimerais indiquer qu'il
n'existe pas d'allocation régionale concernant le budget ou l'enveloppe
extrabudgétaire qui est à la disposition de l'office pour
consentir des
prêts. Quiconque, sur le territoire du Québec, est
admissible à un prêt agricole, n'a qu'à en faire la demande
et, comme nous l'avons indiqué tout à l'heure, s'il répond
aux critères d'occupation principale, viabilité,
rentabilité, sa demande sera traitée dans les meilleurs
délais et il aura droit à un prêt agricole, avec tous les
bénéfices qui l'accompagnent. En ce qui regarde la
deuxième question à savoir s'il existe des normes selon les
productions...
M. Mercier: Dans le cadre d'une capacité du
marché.
M. Garon: ...je répondrais, à cet égard, que
nos conseillers en financement, bien sûr, de par la définition
même du terme, doivent orienter et bien conseiller les requérants
lorsque, de l'avis de l'office ou de l'avis du conseiller en financement, on
peut faire face à une période de surproduction. Mais comme tel,
et à moins qu'il n'y ait des contingents établis dans une
production donnée, il n'y a pas, a priori, de refus en expectative sous
le prétexte qu'il s'annonce une surproduction dans une denrée
donnée.
En ce qui concerne la troisième question, je dois convenir avec
le député que le conseiller en financement, lorsqu'il est au fait
de sa propre étude et avec ses propres conclusions, que la demande
d'emprunt devra se solder par un refus, devrait, dans ces conditions, les
signaler, autant que possible, immédiatement à l'emprunteur. Je
m'empresse d'ajouter, cependant, que l'office le fait automatiquement et dans
tous les cas. Il se peut que le dossier qui a été
étudié par le conseiller en financement soit cependant
porté à l'attention spéciale de la direction des
prêts et de la direction de l'office pour considération surtout
s'il s'agit d'un cas marginal. Le cas échéant, le conseiller en
financement n'est pas tout à fait en mesure de dire un oui ou un non, ce
qui a pour effet de laisser, comme je l'ai signalé il y a un instant, la
décision finale aux autorités supérieures et, alors, il
est bien forcé de s'en remettre, comme avis, à l'emprunteur,
à une date ultérieure, où après révision et
considération du dossier par la direction des prêts, le refus et
les raisons du refus seront signalés à l'emprunteur.
M. Mercier: Dans la mesure où le dossier est effectivement
transmis à l'office pour approbation. Mais advenant le cas, par exemple,
où le dossier ne serait pas transmis, est-ce que cela ne devrait pas
automatiquement entraîner, sur une base locale, des raisons du refus?
Parce qu'autrement, il n'existe aucun recours pour la personne qui se voit
refuser un prêt.
M. Garon: Normalement, le conseiller en financement le fait
volontiers et il devrait le faire dans tous les cas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce que le mi- nistre
pourrait nous faire connaître le montant des arrérages
d'intérêts ou de remboursement de capital à la fin du
dernier exercice financier de l'office? Parce que les cultivateurs paient de
l'intérêt et du capital et à la fin de l'exercice
financier, quel est le montant des arrérages de taxe ou de remboursement
de capital? Pas de taxe, d'intérêt.
M. Garon: Intérêts échus sur prêts aux
agriculteurs, $780 968.71.
Une Voix: Ce ne sont pas les arrérages.
M. Garon: ...la date... les intérêts échus
sur le capital?
Le Président (M. Boucher): Pour la bonne
compréhension du journal des Débats, est-ce qu'on pourrait
répéter ces chiffres?
M. Garon: Les intérêts dûs au 31 mars 1977,
les intérêts échus sur prêts aux agriculteurs se
chiffraient à $780 968.71.
M. Cordeau: Est-ce qu'il y avait aussi un montant de capital non
remboursé à cette période qui aurait dû être
remboursé?
M. Garon: Les versements en retard le 30 avril 1977, sur
hypothèque, se chiffraient à $575 800. pour 900 dossiers.
Versements en retard sur hypothèque, $575 800.
M. Picotte: Combien y a-t-il eu d'emprunts, en tout, sur le
total? Combien a-t-on emprunté, sur quel montant?
M. Garon: L'encours des frais, actuellement, se chiffre à
$271 394 186.
C'est assez minime, ceux qui dépassent trente jours...
M. Picotte: C'est une "peanut". Ce n'est pas
exagéré.
Une Voix: Actuellement, nous sommes à
l'élément 1?
Le Président (M. Boucher): Nous sommes au programme 2,
élément 1.
M. le député de Huntingdon.
M. Garon: On parle pas mal de l'ensemble. J'ai l'impression qu'on
est à l'élément 1, mais on parle de tous les
éléments en même temps.
M. Cordeau: Ma deuxième question serait sur
l'élément 7...
Le Président (M. Boucher): Le député de
Huntingdon a une question sur le même sujet.
M. Dubois: Merci, M. le Président, je voudrais m'informer
s'il y a consultation entre les deux offices prêteurs, les deux paliers
de gouvernement, d'une part, l'Office du crédit agricole et d'autre
part, le gouvernement fédéral qui prête aussi pour
des fermes au Québec. Est-ce qu'il y a une consultation entre ces deux
paliers de gouvernement au niveau des prêts consentis pour des fermes au
Québec, c'est-à-dire le provincial et le fédéral?
Parce qu'il y a des prêts consentis par le fédéral pour des
fermes.
M. Garon: Effectivement, chaque organisme est régi par sa
propre loi et il n'y a pas de concertation systématique entre les deux
organismes, si ce n'est à l'occasion d'un congrès national qui
porte sur des orientations parfois, ou qui se place dans le cadre du
développement de l'agriculture en général, comme ce fut le
cas, par exemple, lors du congrès canadien de l'Agriculture, en
1968-1969.
Par ailleurs, il y a concertation et bien sûr, tractation et
transaction entre les deux organismes, du seul fait que l'office est
chargé d'administrer la Loi du prêt agricole, en vertu de laquelle
l'office est autorisé à payer ou rembourser, en faveur des
agriculteurs québécois qui empruntent de la Société
fédérale du crédit agricole... L'office a consenti, par
exemple, durant l'exercice écoulé, des subventions
d'intérêt en faveur des agriculteurs québécois qui
empruntent du gouvernement fédéral, un montant de $4 117 200.
M. Dubois: Ce qui veut dire que concernant tous les prêts
consentis par le fédéral au Québec, vous avez un dossier
sur ces cas-là? Autrement dit, vous pouvez contrôler quand
même, vous pouvez savoir s'il y a telle quantité de prêts
consentis pour une culture donnée, afin de ne pas... Si on prend une
culture qui est déjà suffisante et que le fédéral,
d'un côté, prêtait et le provincial de l'autre, on pourrait
en arriver à un degré d'autosuffisance, dans une culture
donnée, qui serait beaucoup trop haut, qui deviendrait
préjudiciable pour des fermiers quelconques.
M. Garon: Effectivement, il serait faux d'affirmer que nous
possédons un dossier complet sur chaque prêt consenti par le
fédéral et dans lesquels nous accordons effectivement une
subvention d'intérêt. Une charge globale préparée
par un programme informatisé est présentée à
l'office une fois l'an. Par ailleurs, les données auxquelles vous faites
allusion, M. le député, sont disponibles
généralement dans les rapports annuels produits par la
Société du crédit agricole.
M. Dubois: Mais, n'y a-t-il pas un danger qu'il y ait trop de
prêts consentis dans une culture donnée, étant donné
qu'il y a deux gouvernements qui consentent des prêts?
M. Garon: Je ne croirais pas qu'il y ait danger; du moins dans
les années passées, il n'y a pas eu d'indication à cet
effet. Il pourrait toujours arriver, à la limite, qu'à cause de
l'absence de consultations systématiques de la part des deux organismes,
on se mette à investir démesurément dans une production
donnée, lors d'un cycle de produc- tion ou dans une partie du cycle de
production où les prix seraient susceptibles de chuter bientôt en
raison de surproduction. Mais cela n'est pas arrivé à ma
connaissance.
M. Dubois: Mais cela ne serait-il pas souhaitable que vous soyez
au courant de tous les prêts consentis au Québec par le
fédéral, dans chaque culture spécifique?
M. Garon: Effectivement, par le biais des rapports annuels, comme
je le signalais, d'une part, et par le truchement de la Loi du prêt
agricole, nous possédons suffisamment d'informations pour nous donner
les indicateurs auxquels vous vous référez.
M. Dubois: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je voudrais savoir, M. le Président, s'il
existe un système de contrôle sur les agents locaux de l'Office de
crédit. Quel est le type de contrôle que l'organisme
régional ou l'organisme central exerce sur les bureaux locaux?
M. Garon: La structure de l'Office du crédit agricole,
comme je l'ai indiqué il y a un instant, prévoit que notre
effectif en région est distribué stratégiquement sur le
territoire du Québec dans neuf régions. C'est donc dire que le
prolongement de la direction de l'office se fait dans le territoire par neuf
directeurs régionaux qui assurent le prolongement, comme je viens de le
mentionner, de la direction et les contrôles nécessaires à
la bonne marche des affaires et à l'efficacité des travaux de
l'office.
M. Charbonneau: Est-ce simplement un travail de coordination ou
un travail de direction pour les agents locaux. Est-ce un travail de
vérification?
M. Garon: C'est effectivement un travail de direction; bien
sûr, la coordination est effectivement possible.
M. Charbonneau: Est-ce qu'il y a des mouvements de personnel
à l'intérieur de ces bureaux locaux ou si ce sont toujours les
mêmes qui, une fois installés dans un bureau local,
continuent...
M. Garon: II y a effectivement beaucoup de mobilité sur le
plan du personnel de l'Office du crédit agricole, tant dans les
territoires qu'autrement. Cette mobilité se manifeste d'ailleurs tant
sur le plan du rajeunissement de nos effectifs que par la façon avec
laquelle on est en mesure, grâce à cette mobilité, de
prêter assistance aux régions qui sont les plus occupées
occasionnellement, ce qui arrive plusieurs fois par année.
Des conseillers en financement de la région de l'Est du
Québec iront prêter main-forte à la région de
Saint-Hyacinthe, ou vice-versa, de façon
qu'on puisse disposer des demandes d'emprunts qui ont été
placées à l'office dans les meilleurs délais.
M. Charbonneau: Si on prenait l'exemple que le
député de Berthier a donné tantôt, quelle est
éventuellement la possibilité de contrôler, de savoir si
les dossiers restent localement et ne vont pas plus haut? Comment peut-on
s'assurer que toute la procédure administrative soit bien suivie? J'ai
l'impression qu'ils ont beaucoup de pouvoirs entre les mains, finalement. Dans
certains cas, j'ai l'impression qu'on les utilise bien, mais, dans d'autres
cas, on peut peut-être se poser des questions.
M. Garon: Effectivement, le macanisme de contrôle auquel
veut référer le député existe et fonctionne
admirablement bien.
M. Charbonneau: Admirablement bien?
M. Garon: Oui, admirablement bien, je le
répète.
M. Charbonneau: Ah bon!
M. Garon: Nous sommes informés de chaque entrevue
qu'accorde le conseiller en financement par le biais d'un mémoire qui
est acheminé au siège social de l'office. Une nouvelle
étude est faite de ces mémos d'entrevue pour en dégager
les conclusions qui peuvent s'imposer.
M. Charbonneau: II y a obligation de transmettre un mémo
après chaque entrevue.
M. Garon: Absolument, dans tous les cas.
Le Président (M. Boucher): Le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, si je comprends
bien, on étudie le programme 2 dans son ensemble. Voici la question que
je voudrais poser: Est-ce que dans les prêts d'amélioration des
fermes, vous avez eu à payer beaucoup de pertes après les
garanties que vous avez faites aux agriculteurs?
M. Picotte: Est-ce qu'on peut demander au ministre, étant
donné qu'on étudiera l'amélioration des fermes à la
prochaine séance, que M. Amyot, qui est un des responsables de ce
secteur, soit présent?
M. Garon: Oui, il y a, en fait, son supérieur
immédiat, M. Provencher, de l'Office du crédit agricole qui est
là. Alors, on va continuer avec l'Office du crédit agricole,
vendredi matin.
Le Président (M. Boucher): Etant donné qu'il y a un
vote en Chambre et que nous sommes pratiquement à l'heure de
l'ajournement, avec le consentement unanime de la commission, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 57)