Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Étude des crédits du ministère de
l'Agriculture
(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture est réunie pour étudier les
crédits du ministère pour l'année 1978/79.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lé-vesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Picotte (Maskinongé), M. Rancourt
(Saint-François), M. Roy (Beauce-Sud).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Garneau (Jean-Talon), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Orford).
À l'ajournement hier, nous en étions encore aux
commentaires préliminaires du ministre.
M. le ministre.
Exposé préliminaire du ministre (suite)
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'essaie de résumer,
mais comme il y a beaucoup d'activités dans le monde agricole maintenant
depuis un an et demi, je vous fais un résumé le plus court
possible, parce que, si j'étais un peu plus explicatif, je prendrais
cette semaine et la semaine prochaine pour en parler.
M. Vaillancourt (Orford): C'est parce que vous n'étiez pas
au courant de ce qui se passait avant cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Puis-je interrompre le ministre une seconde? Hier, il
nous a dit qu'il n'avait pas en main la convention ou l'entente
Ottawa-Québec sur les silos de grain.
M. Garon: Non, ce n'est pas une entente. M. Dubois: Ou la
convention.
M. Garon: Non, j'ai parlé hier d'une annonce du 17 octobre
j'avais dit le 19 octobre du gouvernement fédéral.
C'est une déclaration faite par MM. Whelan et Otto Lang. En fait, M.
Otto Lang reprenait une promesse qu'il avait faite en juillet 1974, à
laquelle il n'avait pas donné suite. Il promettait d'aider à
l'entreposage dans des régions du Québec, en établissant
des silos régio- naux, tant le long du fleuve Saint-Laurent qu'à
l'intérieur des terres. Il disait qu'il avait pour cela un budget de $40
millions. Mais il n'y a eu aucune suite à cette promesse de juillet
1974.
Le 17 octobre 1977, MM. Whelan et Otto Lang reprennent la promesse en
parlant d'un programme à trois volets pour l'entreposage au
Québec des grains du Québec, et aussi un autre programme pour
entreposer des grains de l'Ouest.
Il semble que, actuellement, ils donnent uniquement suite à leur
promesse de créer des lieux d'entreposage pour les grains de l'Ouest,
mais ils n'ont même pas donné suite à leur
communiqué spécial qui indiquait, le 17 octobre 1977, qu'ils
donneraient une subvention à Sainte-Rosalie. Ils ont voulu avoir des
discussions avec nous. J'ai réalisé que les discussions
traîneraient en longueur, de la même façon que l'entente
Canada-Québec sur la coupure de subvention de 1976 de $6,7 millions par
année, ad vitam aeternam, qui était maintenue pendant cinq ans et
qu'on a signée il y a quelques semaines, à Chicoutimi. J'ai vu
que ce serait de la même longueur. Je me suis dit: Nous allons commencer
par permettre à Sainte-Rosalie de commencer la construction
immédiatement, en garantissant 75% du coût de la construction, et
nous déduirons toute subvention du fédéral de notre
subvention. Cela permettrait à Sainte-Rosalie de commencer
immédiatement. Et malgré cette offre formelle du
fédéral, il ne s'est rien passé. Il n'y a pas encore eu un
cent de versé et il n'y a pas encore eu d'engagement pris.
Je trouve indécent de faire quasiment saliver des gens en leur
disant: En 1974, on met $40 millions pour faire des silos d'entreposage
à la ferme. On répète la même promesse en octobre
1977. Je disais hier que c'est un programme fantôme qu'on n'a jamais
été capable de voir se réaliser. Il semble que,
actuellement, tout ce qu'on fait, c'est travailler sur des projets pour
permettre l'importation de grains de l'Ouest. Actuellement, alors que le
Québec veut développer la production de céréales au
Québec, le fédéral, par tous les moyens possibles, veut
financer l'entreposage au Québec d'approvisionnement de grains de
l'Ouest. Il semble que ce serait sa stratégie, qui n'est pas encore tout
à fait énoncée, mais je vous le dis d'avance, non pas
comme une prophétie, mais comme quelque chose qui va se produire. On va
organiser l'entreposage du grain de l'Ouest, et après cela, on veut
travailler sur le transport des grains de l'Ouest vers le Québec, pour
empêcher les agriculteurs québécois de développer
leur production de céréales.
On voit dans le même sens aussi que le plan national du poulet a
été signé il y a plusieurs semaines. M. Babey me disait
même: Dépêchez-vous à signer, parce que nous serons
prêts à exploiter immédiatement. Malgré cela, il ne
se passe rien. Tout le monde a signé. Il ne reste que l'Alberta et
Terre-Neuve on n'élève pas de poulets à Terre-Neuve
il y a des abattoirs, mais il n'y a jamais eu vraiment de poulets
élevés à Terre-Neuve. La pro-
vince de Terre-Neuve n'a pas signé, et même si elle n'a pas
signé, à toutes fins pratiques, elle n'est pas productrice de
poulet. Il y avait l'Alberta et le fédéral avait indiqué
qu'il accepterait le plan national du poulet. Encore là, parce que la
province de l'Alberta n'a pas signé, je suppose, le
fédéral empêche 92% de la production canadienne d'avoir ce
plan national du poulet pour contrôler les importations de poulet. Les
producteurs des autres provinces représentent 92% de la production
canadienne. Je trouve que c'est une politique désastreuse.
Par ailleurs, vous voyez qu'à la veille des élections, M.
Whelan vient d'annoncer qu'il va donner une subvention de $1100 aux producteurs
de céréales de l'Ouest. On voit, au fond, que tout cela est
basé sur une perspective électorale. On tombe dans le même
moule qu'on n'a jamais eu d'une façon aussi directe qu'au cours des
derniers mois. La politique a pour but de spécialiser le Québec
dans une production laitière et ensuite de l'égorger petit
à petit, comme on le fait actuellement.
Je pense que c'est clair. On n'a pas besoin d'avoir une très
bonne vue pour voir cela.
M. Dubois: Si vous ne voulez pas vous parler, le
fédéral et le provincial, c'est une autre affaire. Les ententes
ne sont pas nécessairement les meilleures entre les deux.
M. Garon: II n'est pas question d'entente. Ce sont ses
promesses.
M. Dubois: II faut quand même que vous vous rencontriez de
temps à autre. Il faut que vous vous parliez aussi.
M. Garon: Je rencontre régulièrement M. Whelan.
Mais écoutez une chose: M. Whelan voudrait peut-être faire des
choses, mais le système est tel qu'il ne peut pas. C'est une autre
affaire.
M. Dubois: Si le fédéral a fait une promesse de $40
millions sur l'aide aux silos d'entreposage, j'imagine qu'il va donner suite
à son programme. Il s'agit que vous vous assoyiez ensemble.
M. Gagnon: M. le Président, ne s'était-on pas
entendu hier pour dire que d'abord le ministre finissait l'introduction?
M. Dubois: C'est le ministre qui s'est étendu. Ce n'est
pas moi.
Le Président (M. Boucher): Alors, disons que...
M. Gagnon: C'est à la suite d'une question. Il faudrait
peut-être en venir à tour de rôle, par la suite.
M. Dubois: Oui, mais la question ne demandait pas une
réponse d'une demi-heure, non plus.
Le Président (M. Boucher): M. le député, je
vous ferai remarquer que, selon l'article 100, lorsqu'un membre a la parole et
qu'un autre membre veut lui poser une question, si ce dernier accepte, on le
laisse faire. J'ai présumé que M. le minsitre avait
accepté de répondre à la question.
M. Garon: J'ai toujours été un livre ouvert. Je
n'ai jamais eu de cachette.
M. Dubois: Le ministre a accepté de faire de la politique
avec ma question. Il y a cela.
M. Garon: Ce que je voudrais qui soit bien compris, c'est que,
lorsque le fédéral, le 17 octobre 1977, a offert de donner de
l'argent à Sainte-Rosalie, il n'a pas eu besoin de notre permission pour
cela. Il n'avait qu'à le donner. Il n'a pas versé un cent. C'est
resté sous forme de communiqué. En fait, il a donné un
communiqué aux journalistes, tout simplement. J'ai l'impression que cela
s'est arrêté là.
M. Dubois: C'est complètement sorti du cadre de ma
question, d'une façon ou d'une autre.
M. Garon: À ce moment, il n'a pas besoin de notre
autorisation, comme il n'en a pas besoin pour subventionner toutes les
coopératives que notre programme devrait annoncer, la semaine prochaine.
Le programme est prêt, il est sorti de mon bureau actuellement. Il reste
quelques formalités, parce que tout cela a été
approuvé, en principe, l'automne dernier.
Normalement, notre programme pour les centres régionaux devrait
être annoncé la semaine prochaine. Le gouvernement
fédéral qui disait qu'il donnerait de l'argent pour les centres
régionaux n'a qu'à en donner. Il n'a pas besoin de notre
permission. Il n'a qu'à respecter sa parole. Il n'a pas besoin du tout
de nous demander notre permission. Nous allons être d'accord avec toute
somme d'argent qui nous sera donnée.
M. Dubois: Le fédéral a toujours respecté sa
parole d'ailleurs.
M. Garon: Cela m'étonne qu'un bleu dise cela.
M. Dubois: Quand les ententes sont précises et bien
faites.
M. Garon: Je vois dans le journal de ce matin que le
député fédéral de Joliette, M. Roch Lasalle,
reprend un peu les thèmes que j'avais repris, avec raison d'ailleurs.
Les bons esprits s'entendent! Cela se voit que cela prendrait une politique
laitière étendue sur cinq ans, pour que les risques soient
partagés par le gouvernement et par les producteurs. Il dit aussi que le
gouvernement aurait dû réduire davantage les quotas d'importation
de fromage. Vous avez un article dans le Devoir de ce matin. C'est
évident que la politique laitière de cette année est
mesquine.
J'ai l'impression que non seulement le fédéral ne veut pas
qu'on spécialise le Québec dans le
lait, mais aussi qu'il ne voudrait pas qu'il y ait de l'agriculture du
tout au Québec. Cela réglerait son problème. Il a
nommé un sous-ministre canadien-français à Ottawa;
souvent, ces nominations nous coûtent cher. J'aime mieux parfois avoir un
Anglais à Ottawa, qui n'est pas obligé de se faire pardonner
d'être un Anglais. Souvent, ces nominations nous coûtent cher. Ce
sont les Québécois qui les paient. J'aimerais mieux voir un
sous-ministre anglais qui écrit des programmes pour le Québec,
qu'un sous-ministre canadien-français qui traduit les paroles du
ministre au Québec, et qui se promène avec lui pour distribuer
les chèques. Le travail d'un sous-ministre est de faire de
l'administration, d'être dans son bureau, de préparer des
programmes pour le bien-être et le mieux vivre des agriculteurs et non
pas de distribuer des chèques avec le ministre.
M. Dubois: On sait pertinemment que le sous-ministre travaille
aux intérêts du Québec.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: On sait pertinemment que le sous-ministre
fédéral travaille aux intérêts du Québec.
M. Garon: J'aimerais mieux qu'il soit dans son bureau et qu'il
fasse le programme pour l'entreposage en région. Cela nous aiderait
davantage.
M. Dubois: ... bientôt.
M. Garon: Depuis le 17 octobre 1977.
M. Dubois: Souvent, on descend le fédéral, mais on
ne reconnaît jamais le bon travail fait par l'ancien ministre,
Clément Vincent, du parti de l'Union Nationale, pour les agriculteurs du
Québec. On pourrait en parler. Ce fut le meilleur ministre de
l'Agriculture qu'il y ait eu depuis 1959.
M. Garon: Est-ce que c'est un dialogue...
M. Dubois: Si on veut parler de politique, on va commencer
à en parler tout de suite.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon...
M. Gagnon: Ce n'est pas une question, vous n'avez pas posé
de question.
Le Président (M. Boucher): ... je pense qu'on va revenir
aux crédits.
M. Dubois: Placez votre ministre et je vais me placer moi
aussi.
Le Président (M. Boucher): On va continuer...
M. Garon: On ne parle pas de Clément Vincent, si vous
voulez...
M. Dubois: ... charrier d'un bord et de l'autre.
M. Garon: II n'est pas question de Clément Vincent, il
n'est pas question de politique. Je dis que les promesses
fédérales...
M. Dubois: On a parlé de Roch LaSalle, on a parlé
du fédéral; on va parler des politiques antérieures
aussi.
M. Garon: Bien oui, mais cela vous dérange donc bien! Tout
ce que je dis, c'est que ce sont des promesses. Tout à l'heure, je vais
vous faire distribuer le communiqué qui va arriver ici, et vous le
lirez. Cela ne vous dérange pas d'être renseigné? Je sais
que quelquefois ça dérange les gens d'être
renseignés; ils aiment mieux ne pas l'être, ça leur permet
de dire des bêtises sans connaissance de cause.
M. Dubois: Cela ne me dérange pas d'être
renseigné, mais si on ne doit pas faire de politique on n'en fera
pas.
M. Garon: Je ne fais pas de politique, je dis qu'il y a eu une
promesse fédérale...
M. Picotte: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre...
M. Garon: ... et qu'aucune suite n'y a été
donnée.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, question de
règlement.
M. Garon: C'est la même promesse qu'en 1974, $40 millions
qui n'ont jamais été dépensés.
M. Dubois: J'ai posé une question précise tout
à l'heure, mais vous avez débordé du sujet.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): Question de
règlement.
M. Picotte: M. le Président...
M. Garon: Je ne vends pas de machinerie, moi. Je travaille au
bien-être des agriculteurs et je ne... des agriculteurs.
M. Picotte: ... je pense que...
M. Dubois: Cela n'a rien à voir avec ça.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dubois: Là, le ministre charrie royalement.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: Je pense, M. le Président, qu'on n'est pas
venu ici pour entendre parler de ceux qui ont pu être bons ou mauvais
ministres dans le passé ou de ceux qui sont en faveur ou non du
fédéralisme concernant l'agriculture ou autre chose. On n'est pas
venu ici non plus pour prêter des intentions à un ancien
sous-ministre ou à un sous-ministre qui serait nommé et qui
serait canadien-français. On est venu ici pour connaître les
intentions du ministère de l'Agriculture concernant le
développement de l'agriculture au Québec.
Cela fait un peu plus d'une heure et demie que le ministre essaie de
nous en parler et il ne nous a encore rien annoncé.
M. Garon: Voyez-vous clair? La commission a commencé
à 10 heures.
M. Picotte: M. le ministre, vous avez parlé une heure et
trois quarts hier. Vous ne vous en souvenez pas?
M. Garon: Oui.
M. Picotte: Bon.
M. Garon: Sans me répéter.
M. Picotte: En additionnant ça, ça fait une heure
et trois quarts au moins que vous parlez. Annoncez-nous donc quelque chose
d'intéressant avant de faire n'importe quel babillage et de prêter
des intentions à n'importe qui.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, si vous voulez,
vous avez encore la parole.
M. Garon: M. le Président, je ne prête jamais
d'intentions. Tout ce que je voudrais avoir, c'est la collaboration des partis
de l'Opposition pour que le fédéral, qui a promis de donner de
l'argent en 1974, promesse de M. Otto Lang si vous voulez avoir la
copie, je peux vous l'envoyer pour votre information... En juillet 1974, M.
Lang a promis $40 millions pour l'entreposage le long du fleuve Saint-Laurent
et dans les régions, à l'intérieur des terres, promesse
qui n'a eu aucune suite. Elle a été renouvelée le 17
octobre 1977 par un communiqué conjoint de MM. Wheelan et Lang. Encore
là, nous n'avons pu voir les programmes; il n'y a encore rien eu de
versé dans ce domaine.
Je ne pense pas faire de politique. Je demande tout simplement qu'on ne
se serve pas des agriculteurs à des fins électorales, mais quand
on veut faire des programmes, qu'on les annonce, au moins; qu'on livre
seulement la marchandise qu'on a annoncée.
Continuons dans les programmes adoptés par le gouvernement au
cours de l'année 1977. L'aide aux érablières. Encore
là, c'est une production au développement de laquelle nous avons
l'intention de travailler. Au cours de l'automne dernier, une mission
commerciale du Québec en matière agro-alimentaire est
allée au Japon et a réussi, par des discussions avec les
Japonais, à faire réduire les quotas d'importation de sirop
d'érable. C'est en train d'être finalisé pour qu'il y ait
une réduction... Il y avait des quotas d'importation pour le sirop
d'érable et ces quotas doivent être enlevés. (10 h 35)
On a constaté qu'en 1977 la production de sirop d'érable
avait été totalement écoulée à des prix
supérieurs à n'importe quel prix qu'on a pu obtenir les
années précédentes, à part les périodes
exceptionnelles où il y a eu pénurie quasiment complète de
sirop d'érable. Nous avons voulu aider les agriculteurs à
développer cette production. Nous avons adopté un programme
l'automne dernier, au mois de novembre 1977, soit l'aide à
l'implantation de systèmes de tubulures dans les
érablières. Une subvention a été versée pour
l'installation de systèmes de tubulure et une aide technique au niveau
de l'installation ou de la modification des différentes composantes d'un
système de tubulure existant. Nous avons subventionné à la
condition que les agriculteurs achètent leurs tubulures d'entreprises
québécoises qui fabriquent ce matériel. Les taxes des
Québécois doivent d'abord être utilisées pour
favoriser nos entreprises privées. Donc il y a eu une subvention
d'accordée $200 000 qui a été
dépensée presque à 100%. Ce système permet
d'accroître l'efficacité des acériculteurs, de confirmer
l'avance technologique du Québec dans ce domaine et de répondre
à une demande sans cesse accrue des produits de l'érable au
Québec et sur les marchés étrangers. Également, le
ministère de l'Agriculture a collaboré avec différents
groupements de producteurs, de transformateurs, à des campagnes de
publicité, de promotion des produits québécois, en vue de
promouvoir ia consommation de produits alimentaires et agricoles
québécois. Le budget, l'an dernier, était de près
de $600 000, puisqu'il y a eu des subventions qui ont été
accordées à condition que les producteurs ou les entreprises
aient une contrepartie au moins égale, sinon supérieure, à
celle du gouvernement.
Les subventions ont été accordées à la
Fédération des producteurs de lait du Québec, à la
Fédération des producteurs de lait industriel, à
l'Association des fabricants de cidre, aux fabricants de yogourt du
Québec, au Conseil de l'industrie laitière du Québec,
à la Fédération des producteurs de volaille du
Québec, à la Fédération des producteurs de pommes,
à l'Institut international du sirop d'érable, à la
Fédération des producteurs d'oeufs. Toutes ces sommes ont eu pour
but d'inciter la population du Québec à consommer des aliments
sains que nous produisons en quantité au Québec. Je dois dire que
les réactions ont été très favorables et, s'il y a
quelque chose, il va falloir, dans l'avenir, augmenter la consommation de
produits québécois et inciter les gens à acheter des
produits québécois.
Au cours de l'année, nous avons aussi adopté de nombreux
programmes régionaux dans une perspective de développement
régional pensé en fonction de chacune des régions. Il y a
eu des programmes spéciaux d'aide à l'agriculture
élabo-
rés par les représentants du ministère de
l'Agriculture du Québec dans les régions et les
représentants des agriculteurs dans les régions, dans le but de
permettre la mise en valeur des potentiels humains et physiques propres
à chaque région. Alors, plutôt que de parler d'un zonage
dictatorial ou directif qui obligerait les producteurs à aller vers des
productions, on a préféré employer des méthodes
incitatives, mais qui n'obligent pas les producteurs. Les sommes
annoncées cette année à ce chapitre s'élevaient
à plus de $18 millions, répartis sur les cinq prochaines
années. Il y a eu des programmes pour la Gaspésie, les
Îles-de-la-Madeleine, pour $1,5 million en 1977/78; pour le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, de $6 millions sur cinq ans; pour la Côte-Nord,
de $638 000 sur cinq ans; Basque-Neigette, région de
Rivière-du-Loup-Rimouski, près de $8 millions; dans l'Outaouais,
$1 240 000 sur quatre ans. Cela a pour but, par exemple, dans l'Outaouais, le
choix des agriculteurs, les aider à se spécialiser, par exemple
dans la production de boeuf de boucherie; on remarque qu'actuellement,
l'Outaouais a déjà 25% du cheptel de boucherie du Québec.
Cela a été le choix des agriculteurs. Dans Charlevoix, $1,5
million en 1977/78; dans l'Abitibi-Témiscamingue, $440 000 en 1977/78
et, actuellement, il y a d'autres programmes importants qui sont en
préparation pour un certain nombre de régions du Québec et
qui devraient être adoptés au cours de l'année 1978. Le but
était d'aider les agriculteurs, en premier lieu, et ce sont les raisons
pour lesquelles nous avons commencé par les agriculteurs des
régions périphériques du Québec, qui ont besoin
d'une aide spéciale pour améliorer leurs entreprises. Les
agriculteurs de ces régions ne jouissent pas de conditions climatiques
aussi favorables et c'est pour cette raison que nous avons voulu les aider en
premier.
Dans le cadre du plan général du développement de
l'agriculture au Québec, nous pensons qu'il faut tenir compte des
caractéristiques propres à chacune des régions.
Grâce à ces mesures incitatives, nous pensons favoriser un certain
zonage des productions au Québec en donnant aux producteurs agricoles
des choix qu'ils n'auraient pas autrement et non pas en le faisant d'une
façon impérative, mais d'une façon délicate, de
façon à respecter les choix des agriculteurs
québécois.
Je vous dis franchement que cela a presque été un rodage
en 1977 par rapport aux programmes qui s'en viennent en 1978 dans le domaine du
développement régional. Actuellement, nous avons des programmes
qui sont assez avancés pour permettre un développement important
dans les différentes régions du Québec.
Nous voulons tenir compte aussi du fait que SOQUIA je vais vous
en dire un mot en passant a une participation minoritaire dans Culinar
Inc. et que ceci a empêché l'achat de Culinar par des
intérêts non québécois. Encore là, c'est une
corporation fédérale qui voulait acheter Culinar. Je me demande,
encore une fois, si des deniers fédéraux, dont une partie vient
du Québec, sont utilisés à leur meilleur escient quand ils
doi- vent servir à déposséder des Québécois.
Nous n'avons pas voulu permettre cela, d'autant plus que Culinar est une
propriété québécoise et est demeurée
propriété québécoise. Culinar constituera un point
de développement agro-alimentaire important au Québec, d'autant
plus que cette entreprise québécoise, bâtie par des
Québécois et qui a un système de distribution à la
grandeur de l'Amérique du Nord, compte 33 000 points de vente; ce qui
peut en faire éventuellement comme instrument de développement
possible une entreprise qui débordera largement le cadre
québécois au point de vue des exportations de produits
alimentaires québécois. Mais l'avenir vous dira à quel
point l'investissement de SOQUIA dans Culinar est un investissement
bénéfique pour les Québécois.
On a aussi adopté au cours de l'année le plan conjoint du
porc. Nous avons hésité longuement. En 1975, la
Fédération des producteurs de porcs du Québec avait soumis
une requête à la Régie des marchés agricoles
demandant l'établissement d'un plan conjoint sans la tenue
préalable d'un référendum auprès du producteur
concerné. En 1971 et 1973, un tel référendum avait
été tenu, mais, chaque fois, les résultats furent
insuffisants au regard de la loi, qui demandait les deux tiers. En termes de
démocratie, cela dépassait toujours 50%. La dernière fois,
ce sont presque les deux tiers des producteurs qui ont voté
favorablement. En septembre 1977, la Régie des marchés agricoles
a émis une ordonnance recommandant d'établir un plan conjoint
sans référendum et administré par un office de producteurs
de porcs du Québec qui devait être créé. J'ai
toujours considéré et je considère encore la
décision de la régie comme étant une excellente
décision et j'aurais aimé voir cet office créé de
la façon suggérée par l'office. À la suite du
manque de collaboration d'un certain groupe que j'aurais aimé voir
représenté, le Conseil des ministres, à ma suggestion, a
pensé que si un grand nombre de producteurs voulaient une
représentation dans un plan conjoint, le manque de collaboration d'un
groupe ne pouvait pas empêcher les producteurs d'obtenir ce plan
conjoint. C'est pourquoi, en décembre 1977, le Conseil des ministres a
modifié cette ordonnance et confié l'administration du plan
conjoint au groupe syndical qui l'avait réclamé, soit l'Union des
producteurs agricoles.
Il y a également eu au cours de l'année 1977 une aide
accordée aux producteurs d'urine de juments gravides. Pour cette aide,
nous aurions aimé utiliser davantage les lois du crédit agricole,
mais elles ne permettaient pas l'aide qu'on aurait voulu apporter, qui aurait
peut-être été la meilleure. Mais les lois ne nous
permettaient pas d'accorder certains crédits qui auraient
été en fonction d'un type de problème comme
celui-là. C'est pour cette raison que nous allons probablement
déposer cet après-midi, peut-être mardi, des amendements
à des lois actuelles du crédit agricole, pour permettre d'aider
des producteurs dans des situations comme celle-là.
M. Giasson: Ça va être déposé?
M. Garon: C'est prêt. Je suis prêt depuis des
semaines, mais l'Opposition adopte tellement lentement les projets de loi... Le
rythme intellectuel de l'Opposition semble plus lent que celui du parti
ministériel, de sorte qu'on doive déposer graduellement...
M. Giasson: Et la capacité de dépôt du
ministre de l'Agriculture est très faible également.
M. Garon: Non, mes lois sont prêtes depuis le mois de
décembre. Comme un bon artiste, en cours de route, avec l'Office du
crédit agricole où il y a des gens soigneux, comme on avait du
temps et que l'Opposition allait lentement, on a poli notre oeuvre d'art
graduellement. On a modifié, amélioré constamment, un peu
comme un peintre avant son exposition continue à faire des retouches au
tableau pour le rendre parfait.
M. Giasson: II manque la dernière couche de chrome.
M. Garon: II reste juste le vernissage, auquel sont
conviés les gens de l'Opposition. Ils sont invités au banquet.
Nous espérons qu'ils seront... Mais je suis persuadé que ces six
lois du crédit agricole que nous allons déposer vont être
bien acceptées par les partis d'Opposition. Je n'ai pas l'impression
qu'il devrait y avoir de grands débats sur ces lois. Je pense que
l'Opposition va faire comme d'habitude, elle va dire qu'il n'y en a pas
assez.
M. Dubois: S'il parle trop, on peut le forcer à les
déposer immédiatement.
M. Garon: Non, je n'en parle pas. Je n'ai pas parlé du
contenu, je n'ai rien révélé.
M. Dubois: N'en parlez pas. On va les voir cet après-midi.
On perd son temps.
M. Garon: Non, c'est pour vous faire plaisir, pour vous dire
à quel point on va vite. Si on les adoptait en Chambre, au lieu de
répéter des discours, simplement pour parler, on
procéderait plus rapidement et on pourrait adopter beaucoup plus de
législation, notamment dans le domaine de l'agriculture.
L'aide aux producteurs d'urine de juments gravides, les producteurs
intéressés pourront recevoir des subventions représentant
25% des investissements productifs qu'ils devront effectuer pour reconvertir
leur ferme, jusqu'à concurrence d'un montant équivalant à
$2 le gallon d'urine mise en marché en 1975/76.
Il y a 125 producteurs d'urine de jument au Québec. Ces mesures
ont pour but d'aider à maintenir dans l'agriculture des producteurs qui
ont fait preuve de leur compétence en oeuvrant dans un secteur hautement
spécialisé, de préserver un cheptel chevalin aux grands
potentiels génétiques et empêcher la perte, pour
l'agriculture, de terres et d'équipements d'une grande valeur.
Je dois dire également qu'actuellement, nous sommes à
polir un autre programme qui n'est pas encore annoncé, qui va
l'être éventuellement, nous sommes à le ciseler pour qu'il
soit, le mieux possible, adapté aux besoins des producteurs pour
développer l'élevage chevalin au Québec. Vous savez, on
importe pour des millions de dollars de chevaux des États-Unis, de
l'Ontario, chevaux que nous pourrions produire au Québec.
Il n'y a pas un domaine pour dire qu'on va...
M. Giasson: Un véritable artiste. Il polit, il
cisèle et il marque dans la pierre et le marbre.
M. Garon: Trop longtemps, les cultivateurs ont été
traités à la hache...
M. Giasson: II faut un ciseau.
M. Garon: Il faut avoir des produits finis, avoir des programmes
vraiment pensés en fonction des besoins des agriculteurs. C'est pour
cette raison que, quelquefois, je sais que les fonctionnaires me trouvent
fatigant, parce que je ne trouve jamais que le projet est assez parfait pour
les agriculteurs...
M. Giasson: J'ai l'impression qu'ils ont raison parfois.
M. Garon: II faut que les programmes soient bien pensés,
bien adoptés aux agriculteurs. Il faut surtout les consulter. Cela a
été la philosophie qui m'a animé. Je dois dire qu'en
général, les fonctionnaires du ministère de l'Agriculture
qui aiment l'agriculture, sont d'accord sur ces principes.
M. Picotte: Ils vous trouvent fatigant, mais j'ai l'impression
qu'ils ont beaucoup de patience.
M. Garon: II faut s'astreindre à cette discipline.
D'ailleurs, je pense que le Parti libéral va connaître cette
discipline sous son nouveau chef, parce que ce dernier disait qu'il fallait
discipliner le parti. Il va connaître bientôt ce qu'est la
discipline. (10 h 50)
Nous étions déjà disciplinés.
Nous allons regarder cette discipline s'implanter au cours des mois qui
viennent.
M. Picotte: Cela fait trois ou quatre fois que vous en parlez,
cela a l'air de vous fatiguer, notre nouveau chef.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Chevrette: Vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Chevrette: II y a un désordre complet ici, M. le
Président.
M. Garon: Non, ... le nouveau chef. M.Chevrette:
Fin de la récréation.
M. Garon: II y a deux choses que j'aime voir à la
télévision, votre nouveau chef et Frankenstein. C'est cela, je
regarde peu la télévision.
M. Picotte: Laurel et Hardy et le ministre de l'Agriculture, ce
sont les trois que je regarde à la TV.
M. Garon: Le député de Maskinongé pourrait
quasiment jouer dans ces films aussi.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Nous avons aussi adopté au cours de
l'année, l'automne dernier... Encore là, il appartient encore au
développement régional d'aider les producteurs à de
nouveaux débouchés. Je peux dire que mon adjoint parlementaire,
le député de...
M. Chevrette: Saint-François.
M. Garon: ... Saint-François a beaucoup à coeur
qu'au ministère on travaille pour le développement de
l'élevage du boeuf. Un projet expérimental d'élevage de
bovins a été adopté pour la région de Dorchester,
cet automne, dans le but de développer l'élevage de bovins de
boucherie, de bovins de type laitier pour améliorer notre degré
d'autosuffisance en viande de boeuf.
Le ministère de l'Agriculture va collaborer avec une
coopérative de producteurs du comté de Dorchester dans le cadre
d'un programme expérimental à la ferme d'élevage de bovins
F-1. Au cours des cinq prochaines années, le ministère fournira
une assistance technique à ces producteurs, de même qu'une
garantie financière portant sur les pertes qu'ils pourront encourir au
moment de la mise en marché.
Ce programme permettra de déterminer, à partir
d'expériences en milieux réels et non pas dans les livres ou dans
les laboratoires, les meilleures techniques d'élevage pour la production
de viande de boeuf de qualité à partir d'un croisement entre une
race laitière et une race bouchère. Il s'agit encore là
d'une région qui n'a pas été aussi favorisée que
d'autres sur le plan du climat et de la production. Nous voudrions
expérimenter concrètement dans ces régions les meilleures
techniques d'élevage afin d'utiliser possiblement ces pâturages,
dans ces régions, pour aider à développer l'élevage
de boeuf.
Enfin, quelques mentions pour dire que nous avons autorisé la
construction d'un bureau régional à l'Assomption. Apparemment,
c'est un projet qui datait de sept ans. Personne n'avait pu se décider
à faire la construction de ce bureau régional. Les gens avaient
l'impression de voir l'agriculture du XIXe siècle en allant au bureau
régional de L'Assomption.
Aujourd'hui, comme il s'agit d'une région à potentiel
agricole considérable, surtout pour la production
maraîchère que nous pourrions développer, parce que cette
région est à proximité du marché
montréalais, nous avons voulu que le bureau régional vise
vraiment à être à la hauteur des aspirations des
agriculteurs de la région et permette de regrouper sous un même
toit les services offerts aux 5500 producteurs agricoles de la région no
10. Le bureau de L'Assomption sera construit.
Je peux vous dire que j'ai vu des gens là que j'avais
déjà vus marcher courbés auparavant. Je vous dis qu'ils
marchent le corps raide depuis qu'ils voient que le bureau sera construit. Ils
sont fiers de dire que le nouveau ministère de l'Agriculture est
dynamique. Dans leur région, cela se reflète immédiatement
parce que leur bureau régional va leur permettre d'arrêter de se
marcher sur les pieds.
Franchement, on a fait des réunions dans la cave à
côté de la fournaise, quand je suis allé au bureau
régional. Une chance que c'était en été. La
fournaise ne "partait" pas. Je vous dis que les réunions l'hiver, quand
la fournaise "part", cela doit être quelque chose.
M. Chevrette: La ligue du vieux poêle.
M. Garon: Oui, d'autant plus qu'à côté il y a
des bureaux fédéraux. On avait l'impression que c'était
organisé pour que le Québec ait l'air petit. Pour une fois,
à côté de ces bureaux fédéraux, le
ministère de l'Agriculture du Québec sera à la hauteur.
C'est peut-être le gouvernement fédéral qui va se sentir
petit à côté de notre ministère de l'Agriculture du
Québec dans L'Assomption.
M. Dubois: Notre ministre de l'Agriculture
québécoise, c'est un grand Canadien, il ne devrait pas
dénoncer Ottawa ainsi.
M. Garon: Non, je suis un nord-américain de langue
française.
M. Dubois: Oui, mais je vous ai toujours pris pour un bon
Canadien, quand même, respectueux.
M. Chevrette: Parfois, à se regarder, on se désole,
mais à se comparer, on se console.
M. Dubois: On ne compare pas deux pays, présentement. On
compare une province et un pays. Ce n'est pas tout à fait pareil.
M. Baril: Cela ne fait rien. Ils ne sont pas de taille.
Une voix: II est mêlé.
M. Dubois: II est chatouilleux. Vous comparez le Québec au
Canada présentement.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: Vous êtes quasiment un citoyen britannique.
Vous avez prêté serment à la reine.
M. Garon: À part de cela, je suis un officier de
l'armée de Sa Majesté.
M. Baril: Vous ne nous aviez pas dit cela?
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: Ils ne vous ont pas gardé? M. Garon:
Pardon? M. Picotte: Ils ne vous ont pas gardé? M. Garon:
Non, je suis toujours...
M. Chevrette: On vous connaît aujourd'hui... M. le
ministre.
M. Giasson: On sait d'où vous tenez votre système.
C'est du monde militaire. Vous avez une discipline de l'armée.
M. Garon: J'ai toujours eu comme principe de me discipliner
moi-même, pas de discipliner les autres. J'ai hâte de voir votre
nouveau chef vous discipliner. Je ne sais pas si... J'ai l'impression qu'il va
plutôt discipliner le député de Maskinongé.
M. Giasson: Inquiétez-vous davantage des producteurs
agricoles et de l'agriculture, le reste va venir par surcroît.
M. Picotte: Vous parlez encore de notre nouveau chef. Vous allez
finir par en rêver, de notre nouveau chef.
M. Garon: Quand vous dites que cela va venir par surcroît,
vous en prenez même le langage, M. le député de
Montmagny-L'Islet!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, à
l'ordre!
M. Giasson: Des citations...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Giasson: ... des saintes écritures.
M. Garon: Quand je vous regarde, je pense surtout à
l'évangile du pharisien et du publicain. Je pense au pharisien qui prie
le Seigneur de ne pas être comme les autres qui sont dans le temple. Il
dit: Merci, Seigneur, de m'avoir fait mieux que toute cette plèbe. C'est
plutôt à cela que je pense quand je vois le nouveau chef du Parti
libéral.
M. Giasson: Vous êtes l'image parfaite du pharisien.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Garon: Je pense que sept fois par jour, je crois...
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Je crois qu'on déroge
complètement du sujet.
M. Garon: ... comme disent les écrivains bibliques.
M. Picotte: Vous seriez mieux de lire la parabole des
talents.
M. Garon: Sept fois par jour, il faut battre sa coulpe, ou le
contraire, et essayer d'être meilleur. Je me rappelle toujours d'une
phrase que prononçait le chef de l'Union Nationale, M. Daniel Johnson,
quand il disait: Quand je me regarde, je me désole, mais quand je me
compare, je me console.
M. Giasson: Elle est bien utilisée, celle-là.
M. Garon: Oui, mais les vieux slogans gardent leur vertu.
M. Dubois: ... compare!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, si on
veut avancer, l'heure avance...
M. Chevrette: Cela dépend qui il regarde. M. Dubois:
...
M. Garon: Je ne parlais pas de moi.
M. Chevrette: Ne m'ouvrez jamais une porte comme celle-là,
je me comparerais tout de suite à vous.
Le Président (M. Boucher): Fin de la
récréation encore une fois. S'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Garon: Alors, le recyclage des saumures: nous avons
également une entente que nous avons faite avec une entreprise, montrant
un type de préoccupations... Je ne parle pas de tous les projets qui
sont au ministère, ou autre chose, mais un genre de projet que j'ai
trouvé intéressant, c'est la recherche pour la mise au point
d'une nouvelle technologie qui permet de récupérer des saumures
utilisées dans la fabrication des légumes marinés, une
recherche qui se fait actuellement en collaboration avec une importante
entreprise québécoise et qui a pour but, en plus de mieux
utiliser baisser les coûts de production les intrants, et,
en même temps, de protéger l'environnement.
Enfin, je voudrais dire que le Conseil des ministres a accepté
d'investir un montant de $1,1 million au Stade olympique pour le Salon
internatio-
nal de l'agriculture et de l'alimentation à Montréal,
l'automne prochain, entre le 22 et le 29 octobre 1978. Au lieu d'avoir 200 000
pieds carrés au Salon international de l'agriculture et de
l'alimentation, organisé par des Québécois, des
producteurs agricoles, des transformateurs de produits agricoles en produits
alimentaires et le ministère de l'Agriculture du Québec ont fait
en sorte de permettre à l'exposition de se tenir au Stade olympique.
Ceci va donner environ 500 000 pieds carrés, ce qui en fera la plus
importante exposition québécoise. Je suis fier que la
première exposition soit dans le domaine agricole et alimentaire. Par la
suite, il y aura sans doute d'autres expositions qui vont se tenir là.
Nous sommes actuellement à terminer les ententes entre le
ministère de l'Agriculture et la Régie des installations
olympiques et le Centre de promotion de l'industrie agricole et
alimentaire.
Le Salon international de l'agriculture sera un événement
marquant cet automne et ce sera un début puisque l'an prochain il est
question de tenir en même temps le Salon de la machinerie agricole et le
Salon de l'agriculture et de l'alimentation. Au lieu d'avoir deux
événements, il n'y en aurait qu'un seul, mais on occuperait, sans
doute, à ce moment-là, tout le Stade olympique tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur que les derrières de
gradins. On aurait donc vraiment une exposition agroalimentaire qui se
comparerait aux grandes expositions mondiales. Je suis content qu'on ait pu
réaliser cela, ce sera le début à l'automne prochain...
C'est tellement vrai que le fédéral a même voulu nous
envoyer $50 000 d'avance, mais à la condition que cela serve uniquement
pour la publicité. Pensez-vous que ce n'est pas quelque chose? À
la condition qu'il nous dise comment la publicité doit être faite
et que les mots "Agriculture Canada " soient marqués partout.
Nous avons l'intention de dire au fédéral que nous n'avons
pas besoin des $50 000 si des conditions y sont attachées. Nous sommes
capables de tenir cela seuls, comme de grands garçons. Le gouvernement
du Québec va dépenser à peu près $1,5 million pour
le Salon international de l'agriculture et de l'alimentation à
l'automne, à Montréal. Les sommes seront consacrées
à préparer l'exposition qui servira de façon permanente
par la suite. Que le fédéral vienne après cela nous offrir
$50 000 pour en diriger la publicité, je trouve cela honteux et cela
montre à quel point ce régime est rendu bas dans la propagande de
style fasciste.
Actuellement, nous sommes capables de faire notre publicité
nous-mêmes, comme de grands garçons. Nous n'avons pas besoin du
gouvernement fédéral. S'il veut avoir un kiosque, il en louera un
comme les autres. En attendant, ce sera l'exposition du Québec,
organisée par des Québécois, pour la promotion de produits
québécois et nous ne voudrions pas qu'avec des manigances, comme
celle de la taxe de vente, on vienne favoriser la production des manufacturiers
ontariens plutôt que celle des producteurs québécois. Je
vais voir à ce que la commission parlementaire de l'agriculture soit
invitée au Salon de l'agriculture à l'automne, et je suis
persuadé que ce sera un instrument de fierté que ce Salon de
l'agriculture au Stade olympique à Montréal.
Enfin, nous avons eu récemment le Sommet agro-alimentaire, qui a
permis de réunir pendant deux journées et une soirée les
principaux représentants du monde agro-alimentaire, tant les producteurs
que les transformateurs et les distributeurs de produits agricoles et
alimentaires et également, les agences de financement, telles que les
institutions financières, caisses et mouvements coopératifs,
système bancaire, de même que les syndicats ouvriers qui ont de
nombreux ouvriers qui travaillent, tant au niveau agricole qu'au niveau
alimentaire, puisque le secteur qui utilise le plus de main-d'oeuvre au
Québec est le secteur agro-alimentaire, avec plus de 200 000
travailleurs. Tous ces gens se sont rencontrés pendant deux
journées et demie. Je dois dire que plusieurs m'ont dit
même ceux qui étaient venus au Sommet agroalimentaire avec des
réserves que le simple fait de se rencontrer entre gens
concernés dans un secteur les éléments les plus
représentatifs d'un secteur donné était
déjà en soi un succès.
Il y avait plusieurs ateliers: les ateliers sur les produits laitiers
on m'a dit que c'était une table très
représentative du secteur laitier il y avait également une
table sur l'agriculture, le boeuf, la viande, les fruits et légumes, les
céréales et quatre autres tables sur la pénétration
des marchés, sur les marchés intérieurs et
extérieurs, la transformation des produits agricoles en produits
alimentaires, etc. Ces réunions ont été franchement
l'occasion pour tous les principaux représentants du monde
agro-alimentaire de se rencontrer. Des représentants des partis de
l'Opposition officielle, de l'Union Nationale, et le député de
Beauce-Sud ont également assisté, au cours de ces trois
journées. (11 h 5)
II y a peut-être eu un oubli. J'aurais aimé, s'il se fait
un autre Sommet agro-alimentaire, éventuellement, j'aimerais qu'il y ait
une invitation qui aurait dû être faite... Je vais vous dire
franchement que j'aurais aimé que soit invitée la commission
parlementaire de l'agriculture. C'est possiblement un oubli qui a
été fait. Je n'étais pas maître des invitations,
mais à l'avenir, il faudrait que la commission parlementaire de
l'agriculture soit invitée; ce serait important pour l'avenir. Je
n'étais pas vraiment en charge des invitations et il y a un corps
d'invitations dans le cas des sommets socio-économiques. Je pense que
ça aurait été bon d'inviter la commission
parlementaire.
D'une façon générale, quand il y a des
événements importants, j'essaie de penser à inviter la
commission parlementaire de l'agriculture parce que je sais que les gens qui y
participent ont à coeur le développement de l'agriculture, et
pour l'avenir, j'essaierai de faire les représentations
nécessaires pour qu'à ce moment-là, la commission soit
invitée. D'une façon générale, quand il y a des
événements marquants, je voudrais inviter la commission
parlementaire de l'agriculture pour qu'elle puisse avoir les informations qui
sont nécessaires à l'occasion de ses réunions.
Je ne voudrais pas m'étendre plus longuement, je sais que les
gens de l'Opposition ont hâte de prendre la parole pour féliciter
le gouvernement du travail qu'il a accompli et possiblement, indiquer la voie
de l'avenir. Comme nous avons une bonne Opposition, je l'aime beaucoup, et j'ai
hâte d'entendre ses recommandations constructi-ves. Je dois dire que la
plupart du temps, au fond, les recommandations qu'elle fait coïncident
avec la volonté du gouvernement d'agir dans certains secteurs et...
M. Chevrette: Ne commence pas un "job " que tu n'es pas capable
de finir.
M. Garon: Mais, comprenez-vous?... M. Dubois: Ne
t'inquiète pas pour cela.
M. Garon: Une chose qu'il faut dire, c'est qu'au cours des 78
dernières années, nous avons été au gouvernement
seulement un an et quelques mois. Évidemment, nous n'avons pas pu
appliquer notre programme dans le passé, eux ont été plus
en possibilité de l'appliquer parce que dans un cas, ils ont
été 20 ans au pouvoir, dans l'autre cas, c'est 40 à 50 ans
au pouvoir, tandis que le gouvernement actuel ne l'a été qu'un an
et quelques mois et pour appliquer ses idées dans le
développement agro-alimentaire, et...
M. Picotte: Vous feriez mieux de vous dépêcher si
vous voulez les appliquer toutes.
M. Garon: Je peux vous dire que d'ici deux ans à deux ans
et demi, quand on arrivera aux prochaines élections, le champ couvert
par le ministère de l'Agriculture du gouvernement actuel sera tellement
vaste que l'Opposition aura de la misère à se faire un programme
parce que nous aurons touché à tous les domaines. Je vous
remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Maskinongé.
Remarques de l'Opposition
M. Yvon
Picotte
M. Picotte: M. le Président, il fut un temps, sous
l'ancien gouvernement, lorsqu'une commission parlementaire commençait
avec quelques minutes de retard, c'était bien grave; je vous ferai
remarquer, ce matin, que nous avons débuté avec 20 minutes de
retard. Une chance que le ministre ne vient pas de l'Abitibi, parce que ce
serait un petit peu plus grave.
Messieurs, je voudrais, au tout début, souhaiter la bienvenue,
moi aussi, au nom de l'Opposition officielle, aux fonctionnaires. Nous avons
l'impression, après avoir entendu le ministre, Messieurs les
fonctionnaires, que vous serez d'une grande utilité pour répondre
à nos questions.
Ça fait longtemps que j'essaie de trouver une vocation au
ministre de l'Agriculture, et je pense que j'ai enfin trouvé cette
vocation. C'est lui-même qui l'a annoncé, c'est vraiment un
artiste. Le ministre de l'Agriculture est un artiste de la parole, parce qu'il
a parlé deux heures et demie sans rien dire du tout. Il faut vraiment
être artiste pour réussir ce tour de force et essayer de passer du
coq à l'âne sans déterminer et sans apporter une conception
de l'avenir de l'agriculture au Québec.
L'an dernier, je dois vous avouer qu'à l'étude des
crédits à laquelle j'ai participé, et après avoir
relu attentivement ce que le ministre avait à nous dire à ce
moment-là, je fondais un peu d'espoir sur le ministre de l'Agriculture,
parce qu'il me semblait avoir une intervention quand même assez bien
étoffée, remplie de promesses d'avenir. Je dois vous dire que
cette année, j'ai été un petit peu
désenchanté lorsque j'ai entendu tout ce que le ministre a
réussi à nous dire en deux heures et demie de temps. J'ai
constaté aussi que le ministre semblait bien mal à l'aise,
probablement parce qu'il savait que le contenu de son intervention ne serait
que du réchauffé. En effet, il nous a parlé, M. le
Président, du programme Sol-plus, et, si vous relisez le journal des
Débats de l'an dernier, les propos d'hier du ministre sont presque
intégralement imprimés.
Il en est de même de ses propos sur le drainage souterrain, les
travaux mécanisés, la main-d'oeuvre agricole, les cours d'eau, la
distribution du lait dans les écoles. Les propos que le ministre
tenaient hier à ce sujet étaient presque identiques à ceux
que ce même ministre tenait lors de l'étude des crédits
l'an passé. Quant aux réalisations du ministère de
l'Agriculture, c'est-à-dire les abattoirs, centres d'entreposage
régionaux, silos à céréales et silos à
fourrage, encore pour l'Opposition du moins, et pour une majorité
d'agriculteurs, c'est du réchauffé parce que cela fait des
semaines, sinon des mois que le ministre se promène à travers le
Québec pour vanter ses programmes. Hier encore, le ministre nous
répétait le même refrain.
Afin d'être juste pour notre ministre de l'Agriculture, je dois
quand même avouer qu'il nous a annoncé quelques nouveautés.
Premièrement, des subventions pour l'achat de machinerie agricole. Mais
même s'il a annoncé cette nouveauté, il n'a pas
été plus loquace qu'il faut dans ce domaine. Il a annoncé
aussi le libre choix dans le programme de pierre à chaux,
c'est-à-dire que le producteur peut choisir la carrière de son
choix, mais comble de trouvailles... je ne sais pas si on peut l'appeler la
trouvaille du siècle il ne sera subventionné qu'à
partir du critère suivant, c'est-à-dire la carrière la
plus proche.
Il ne faut quand même pas prendre les producteurs pour ce qu'ils
ne sont pas. Qu'est-ce qu'un tel programme donne de plus aux producteurs sinon
l'illusion d'un changement? On a parlé des cours d'eau municipaux; les
travaux, selon le ministre, se feront plus rapidement, cette année,
parce qu'on sait qu'il y a de nombreuses demandes dans ce domaine; on sait que
les municipalités sont aux prises avec de sérieux
problèmes de
ce côté. On va hâter les choses, tout simplement, en
demandant aux municipalités de défrayer 20% du coût,
c'est-à-dire... Je ne me souviens pas du numéro de la loi, mais
je me souviens qu'il y a une loi qui est restée au feuilleton, à
un moment donné, que le parti au pouvoir, le parti ministériel a
décidé de laisser mourir au feuilleton. Si je me rappelle bien,
c'était la loi, à ce moment, amenée par le ministre des
Affaires municipales qui aurait permis aux municipalités d'imposer une
taxe additionnelle sur les plaques d'immatriculation. Évidemment, on a
réalisé que ce n'était pas bon, mais à ce moment,
comme membre de l'Opposition, j'avais tout simplement dit que c'était
une taxe hypocrite, que c'était une taxe déguisée. Je
calcule que l'offre, ce cadeau de grec que fait le ministère de
l'Agriculture aux municipalités pour régler plus rapidement
l'histoire des cours d'eau dans les municipalités, c'est encore un
cadeau où on va faire porter l'odieux aux municipalités,
où on va faire porter l'odieux aux contribuables de ces
municipalités, qui vont défrayer un certain montant d'argent.
Cela sera très facile à ce moment, cela sera
peut-être, M. le Président, pire qu'avant. On nous a
mentionné hier que cela prenait environ sept ans avant que certaines
municipalités obtiennent ce creusage des cours d'eau. Je ne veux pas
prêter d'intention à qui que ce soit, mais j'ai l'impression
qu'avec le nouveau programme, ce deuxième programme qui est au choix va
peut-être prendre dix, douze ou quinze ans. Cela va être bien plus
facile pour le ministère de l'Agriculture d'en retarder à
l'avenir parce qu'on obligera les municipalités, à force
d'attendre ces cours d'eau... Après ce dé-bloquage de programmes,
on dit: Comme il n'y a pas moyen de rien régler, puis comme le
deuxième choix ne semble pas rapide, on va sauter sur le premier choix
et a ce moment, on va faire défrayer par la population, 20% de son
budget.
Il y a certaines municipalités, cela n'est pas grave, qui sont
capables de défrayer 20% à même leur budget. Mais si je me
reporte à certaines petites municipalités rurales de 1000, 1200,
1500, 2000, 2500 âmes, et si vous étudiez le choix que le
ministère de l'Agriculture offre, si vous évaluez ce que cela
peut coûter aux citoyens, aux contribuables de ces municipalités,
je pense qu'en fait on ne leur donne pas de choix et qu'on ne règle
absolument pas leurs problèmes. Tout ce qu'on fait c'est qu'on retarde
davantage ou on essaie de faire porter l'odieux de certaines choses à la
municipalité et le gouvernement pourra toujours se vanter d'y avoir
collaboré à 80%.
M. le ministre, j'ai quand même hâte de connaître
là-dessus la réaction des édiles municipaux qui
représentent aussi ces municipalités. Je pense que,
forcément, ils vont s'apercevoir que ce n'est peut-être pas ce
qu'ils attendaient du gouvernement du Québec, et que ce n'est
probablement pas cela non plus qu'ils vont aimer se faire passer sur le dos,
après que tout sera réglé, si jamais cela se
règle.
Quatrièmement, il y a eu la main-d'oeuvre agricole
étudiante. C'est encore ce que j'ai trouvé de plus drôle et
de plus comique dans tout ce que le ministre a pu mentionner au niveau des
nouveaux programmes. On a tout simplement choisi dans la main-d'oeuvre agricole
étudiante d'abord, on dit qu'on va y placer $1,5 million; je vais
qualifier cela de "trouvaille du siècle" de la part du ministre de
l'Agriculture. On annonce maintenant aux producteurs qu'ils pourront engager
leurs fils, leurs filles, à condition qu'ils aient 18 ans ou qu'ils
soient au moins en secondaire V.
Après avoir écouté ce que le ministre responsable
du placement étudiant a dit, ce que certains ministres, en Chambre, et
ce que le ministre de l'Agriculture lui-même a répondu lors de
l'étude des crédits l'année passée,
c'est-à-dire que c'était une façon pour l'ancien
gouvernement de faire du patronage que de permettre ces choses, on essaie de
nous dire que c'est un nouveau programme qu'on a inventé. C'est
exactement le programme qui a existé avant 1976. C'est exactement ce qui
s'est passé. Avant 1976, l'agriculteur avait le droit d'engager son fils
ou sa fille étudiant pour travailler sur sa ferme et c'était pour
l'ancien gouvernement une occasion de patronage éhonté!
L'année passée, on a dit: Nous allons quand même
permettre aux Québécois d'avoir un choix logique, nous allons
procéder par tirage au sort, ce qu'on peut appeler la
Loto-étudiante, ce qui fait que chez nous, l'année passée,
il y a des étudiants de Montréal à qui on a offert un
emploi d'étudiant dans le comté de Maskinongé, à
100 milles de chez eux, des gars qui ne connaissaient pas la terre du tout,
mais sous prétexte de ne pas faire de favoritisme, le nouveau
gouvernement du Québec avait décidé de procéder
comme cela.
Aujourd'hui, on annonce une nouvelle aux agriculteurs du Québec:
Vous aurez le droit, messieurs, d'embaucher maintenant votre fils ou votre
fille, à condition qu'il soit ou qu'elle soit étudiant au niveau
secondaire V. C'est la plus grosse farce, à mon avis, de tout ce que le
ministre de l'Agriculture a pu annoncer tantôt.
Je suis quand même heureux d'une chose, c'est qu'on ait
décidé de revenir à ce programme que d'autres politiciens,
supposément moins intelligents, moins rapides pour comprendre, selon
l'expression du ministre de l'Agriculture, avaient réussi à
penser avant eux. Je suis quand même heureux, au moins, qu'on soit revenu
à ce programme, pas heureux parce que nous, de l'ancien gouvernement, y
avions pensé, parce que je pense que toutes les personnes qui passent au
niveau d'un gouvernement, qui ont un mandat de la population de gouverner une
province sont toujours heureuses de ce qu'elles font, mais je pense qu'elles le
font toujours pour le mieux-être de l'agriculteur du Québec. C'est
pour cela que je suis particulièrement heureux qu'on soit revenu
à ce programme, parce que c'est peut-être le programme qui
favorisait le plus l'agriculteur, concernant la main-d'oeuvre étudiante
durant l'été. Je pense que l'agriculteur pouvait d'abord se fier
beaucoup plus à son fils ou à sa fille qui connaissait le
domaine, qui y travaillait même à toutes les semaines, en dehors
de la saison estivale, qui travaillait à la
ferme paternelle. Alors on pouvait quand même de ce
côté compter sur du personnel qui, je pense, était
qualifié, était compétent. C'est d'ailleurs pour cette
raison que cette trouvaille du siècle qu'avaient trouvée d'autres
politiciens, d'autres gouvernements avant celui-là, est importante. (11
h 20)
Cinquième nouveauté: La voirie rurale et les chemins de
colonisation. Je me rappelle que l'an dernier, toujours aux crédits,
après y avoir assisté régulièrement et avoir
écouté attentivement les propos du ministre, on nous avait
présenté ce programme de travaux de colonisation comme
étant une nouvelle découverte 1976 d'un nouveau gouvernement.
À ma connaissance, cela fait des années que le ministère
de l'Agriculture accorde des subventions à des municipalités pour
tâcher d'améliorer certaines routes dites de colonisation; en tout
cas, certaines routes qui permettaient à certains agriculteurs qui
avaient à aller travailler leurs bois sur une terre à bois bien
définie et dont le chemin était plus ou moins carrossable... Bien
souvent c'étaient des routes qui avaient 12 pieds et 14 pieds de largeur
et avec les nouvelles machineries qu'on connaît maintenant, le nouvel
outillage agricole qu'il y a sur une ferme, il était impossible de se
rendre à cause de l'étroitesse du chemin; alors, les
gouvernements précédents et l'Union Nationale l'ont fait. Depuis
des années qu'il y a des budgets de colonisation, tout simplement,
budgets donnés à certaines municipalités. À ce
moment-là, c'est évident que toutes les municipalités au
Québec ne pouvaient en recevoir parce que vous savez ce qu'est un
budget.
M. le Président, c'est toujours restreint. C'est à peu
près la même chose que dans le fameux programme PAIRA. C'est qu'il
y a de nombreuses municipalités; 700 ou 800 au Québec qui ont des
programmes en attente. Et malheureusement, on en sort quelques dizaines de
temps en temps. Et on dit: Autant que les citoyens, autant que l'Opposition et
encore plus ceux du parti ministériel doivent comprendre que c'est
impossible pour le ministre des Affaires municipales de répondre oui
à toutes les demandes qui ont été faites, parce qu'on est
quand même tous contraints et si on est responsable, on va avouer
à tout le monde qu'on est quand même contraint à un budget.
Je suis certain comme nous, quand nous étions là, comme
vous autres maintenant que vous êtes là que si vous pouviez
satisfaire toutes les demandes de toutes les municipalités au
Québec, tout le monde serait heureux. Mais, cela n'est pas possible. On
comprend cela. Mais il ne faudrait pas charrier, non plus, et dire que, s'il a
existé d'anciens programmes concernant les chemins de colonisation, que
cela a été donné à quelques municipalités
privilégiées. Cela a été donné à des
municipalités toujours en regard avec le montant des budgets dont le
gouvernement disposait, mais M. le Président, cela a toujours
existé; ces chemins de colonisation, ces budgets, ces subventions.
La différence qu'il y a eue, à un moment donné,
c'est qu'on a jugé et cela s'est fait sous l'ancien gouvernement
dont je faisais partie, et j'ai participé, d'ailleurs, à cette
discussion on a jugé que quand on donnait une subvention de $3000
à $4000 à une municipalité pour faire la réfection
d'un chemin dit "de colonisation", à ce moment-là, la
municipalité, bien souvent, qui n'était pas outillée
parce que dans une municipalité rurale ordinaire, très peu
populeuse, on a tout simplement six membres à la table du conseil, un
maire et un secrétaire-trésorier; c'est à peu près
les seuls outils dont bénéficie une municipalité rurale au
Québec. Il n'y a pas d'ingénieur municipal, il n'y a pas de
gérant, il n'y a pas de personnel technique et professionnel pour aider
les gens À ce moment-là, certaines municipalités ont
fait des représentations au gouvernement du Québec du temps et on
a dit: Vous nous donnez $3000 pour refaire la réfection d'un chemin; la
différence, maintenant, messieurs, c'est qu'on est aux prises avec
certaines dépenses d'ordre professionnel, c'est-à-dire qu'on est
obligé quand même de tirer certains plans; on ne peut pas s'en
aller à l'aveuglette. On est obligé de demander à des
ingénieurs comment on pourrait corriger telle ou telle situation. Le
gouvernement du Québec du temps a décidé que cela serait
peut-être plus facile que ces subventions soient prises à
même le budget de l'Agriculture, puisque c'étaient des chemins de
colonisation, et qu'à partir de cela ces sommes d'argent soient
administrées par les bureaux régionaux du ministère des
Transports, parce que le ministère des Transports avait ses arpenteurs,
ses ingénieurs et pouvait assister, facilement, une municipalité.
La municipalité avait, tout simplement, à appeler
l'ingénieur divisionnaire du ministère des Transports et à
dire: Est-ce que vous pourriez venir nous aider, on veut travailler sur un
chemin? Cela, c'est le gouvernement libéral du temps qui l'a fait, M. le
Président.
Je ne pourrai pas analyser présentement si cela aurait
été préférable que le maître d'oeuvre des
travaux demeure le ministère de l'Agriculture ou s'il aurait
été préférable que cela soit le ministère
des Transports qui oeuvre dans ce domaine, mais je dis qu'il n'y a rien de
nouveau à accorder des budgets par comté. Le ministre l'a fait
l'année passée, il a donné des subventions d'environ $75
000 à $100 000, dépendamment des comtés,
évidemment, mais le ministre l'a fait l'année passée et
les anciens ministres faisaient la même chose. Les anciens ministres, qui
sont passés avant lui, ont fait la même chose. On disait, un
député dans un comté... C'est qu'on vous demande de faire
des recommandations à l'aide de ce que les municipalités avaient
déjà fait.
On a mis des exigences additionnelles, je pense que personne en cette
Chambre n'est contre le fait qu'on exige que la municipalité adopte une
résolution, qu'on détermine exactement ce qu'est une route de
colonisation, ce qu'est une route municipale? Tout le monde est d'accord
là-dessus. Il n'y a rien de nouveau dans ce programme, et, si le
ministre et j'en ai fait la demande, hier veut bien
vérifier cela... Je suis certain qu'au ministère de
l'Agriculture, il y a des
recommandations qui ont été faites par des
députés comme cela a été fait l'an dernier
représentants de circonscriptions données, et je suis
certain qu'il y a des statistiques. Ce n'est pas nouveau et j'espère que
le ministère de l'Agriculture va réussir à mettre la main
là-dessus et va pouvoir nous donner cet échantillonnage. Je l'ai
demandé pour cinq ans parce que je ne voulais pas donner du travail
fastidieux aux fonctionnaires pour des détails semblables, leur donner
des heures d'ouvrage incalculables, mais je pense qu'on pouvait facilement
vérifier que c'est un programme qui a existé dans le passé
et qui a existé, je pense, dans le temps de Duplessis.
Finalement, une autre grande...
M. Garon: Le programme était bon dans le temps de
Duplessis.
M. Picotte: Je ne sais pas quels sont les critères qui
existaient dans ce temps-là, mais il me semble qu'il y avait un
programme.
Finalement, M. le Président, une dernière grande
réalisation, c'est l'installation de 77 millions de pieds de drain
agricole en 1977, comparativement à 56 millions de pieds en 1976; une
augmentation de 40%. M. le ministre, cela va peut-être être un peu
long, mais quand même, je tiens à relire quelque chose à ce
sujet. J'aimerais vous rappeler une chronique de Marc Lestage intitulée:
"Drainage agricole, ce n'est pas une question de pieds.» Pour qu'on
comprenne réellement que si on avait lu cela en pieds, cela peut
paraître aux yeux des agriculteurs du Québec, de la classe
agricole au Québec, que c'est quelque chose de phénoménal
et que cela ne s'est jamais vu, mais quand même on va essayer, durant
quelques instants, de faire une réflexion à ce sujet.
M. Garon: M. le Président, me permettez-vous une
interruption?
M. Picotte: Oui.
M. Garon: Vous savez, vous pouvez bien lire l'article de M.
Lestage. Mais depuis le temps, j'ai permis à M. Lestage d'aller aux
renseignements, et il a pu se rendre compte qu'il était dans l'erreur du
début à la fin dans son article. Vous pouvez le lire quand
même.
M. Picotte: Oui.
M. Garon: Mais j'aimerais que vous lisiez éventuellement
sa rétractation.
M. Picotte: M. le Président, je vais quand même la
lire et cela nous permettra, peut-être aux membres de la commission
il y a sûrement des membres de la commission qui n'en avaient pas
pris connaissance et cela permettra peut-être au ministre, par la
suite, de nous expliquer, à la fin de mon intervention, son point de vue
à ce sujet. Quand je lis des articles venant du domaine agricole, il me
fait plaisir de les lire. Maintenant, s'il y a des erreurs, je pense que c'est
extrêmement important que tout le monde, à l'intérieur de
tout cela, puisse rétablir les faits. Cela vous donnera peut-être
l'occasion de nous montrer aussi combien d'acres de terre additionnelles ont pu
être drainées à la suite de tout cela.
Quand même, Normand Lestage disait, à ce moment-là,
c'est-à-dire Marc Lestage disait: "Ce n'est pas une question de pied, le
drainage agricole".
M. Garon: Vous êtes habitué à lire Normand
Girard, ces temps-ci.
M. Picotte: Est-ce que ce n'est pas un bon journaliste?
M. Garon: II est bon.
M. Picotte: "Ces statistiques ne disent pas la
réalitéselon toujours l'article de M. Lestage quand
on réfère aux chiffres qui font état des étendues
drainées au cours de l'année, on se rend compte que
l'augmentation est d'environ 10%, ce qui est conforme à la moyenne des
dernières années. Comment expliquer cela? Fort simple!"
Je pense qu'il a dû vous connaître avant pour employer le
mot "simple". Vous dites toujours que c'est très simple; lui aussi, il
dit: "C'est fort simple".
M. Garon: C'est parce que ce qui se comprend aisément
s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent facilement.
M. Picotte: Vous avez déformé un petit peu, mais
c'est dans l'esprit. "On se souvient que la campagne de promotion concernant le
drainage agricole a été lancée dans un bouquin
publicitaire très réussi. Malheureusement, la saison était
passablement avancée et il importait d'accélérer le rituel
qui préside habituellement à l'installation d'un nouveau drain.
La principale mesure dans ce sens a été de laisser aux
agriculteurs le libre choix de la maison d'ingénieurs qui
exécuterait leur plan de ferme. "Alors que précédemment,
il fallait attendre plusieurs mois pour obtenir un plan complet, certaines
maisons les produisent maintenant en quelques semaines, grâce à la
technique de la télédétection qui permet d'évaluer
le degré d'absorption ou la rétention d'eau dans chaque secteur
de la ferme évaluée". "Ces évaluations sont le
résultat d'un inventaire réalisé grâce à la
photographie aérienne à une période critique de
l'année, soit au printemps, alors que le sol est le plus imbibé.
L'existence de ces cartes permet de visualiser facilement le problème de
drainage de chaque ferme et de rédiger la prescription qui convient.
Malheureusement, cette technique n'est pas aussi précise que les
évaluations qu'on effectuait traditionnellement sur le terrain des
vaches. Elle présente cependant un avantage de taille: les
données sont immédiatement
disponibles et une fois la banque de photographies bien gonflée,
les plans de ferme sont disponibles à quelques jours d'avance, sans
même qu'on ait à sortir du bureau". "Au rythme où on
voulait faire progresser le programme de drainage, l'année
dernière, l'usage de ces relevés constituait une excellente
affaire. C'est ainsi, cependant, que le total des pieds de drain enfoui dans le
sol a connu une montée fulgurante. En effet, l'expérience a
démontré qu'il faut maintenant beaucoup plus de drain en mesure
linéaire pour traiter chaque acre de terrain. L'explication est simple:
quand l'ingénieur parcourt le terrain, il peut mieux juger de
l'aménagement de la ferme et de la quantité de drain à
installer. C'est ainsi que depuis toujours, au Québec, on utilisait en
moyenne 800 pieds de drain par acre de terre à cultiver. Avec
l'apparition des relevés aériens, l'évaluation est moins
précise et aussi moins coûteuse, et les ingénieurs ont
recommandé en 1977, l'installation de 1000 pieds de drain par acre en
moyenne. Donc, si l'on considère qu'autrefois il fallait 800 pieds de
drain à l'acre et qu'aujourd'hui il en faut 1000 par mesure de
sécurité de l'inventaire aérien, on constate que les 55
millions de pieds de drain installés en 1976 ont permis de drainer 68
750 acres, et que cette année, on a drainé seulement 76 000
acres, 10% de plus, avec une quantité record de 76 millions de pieds de
drain". "Dans la même veine, on peut facilement conclure que le
coût de drainage pour l'exploitation agricole a été
majoré puisque la contribution de l'agriculteur s'établit au pied
linéaire de drain posé. La nouvelle technique a cependant permis
des économies au chapitre de l'évaluation des coûts qui
sont réduits grâce à la photo aérienne. Cette
dépense est assurée par le ministère de l'Agriculture. Ce
qui importe, évidemment, c'est qu'à compter de 1978, il y ait 500
000 acres de terrain drainées sur les fermes du Québec, que
l'ojec-tif de 1,5 million d'acres puisse être atteint en 1984, tel que
prévu". (11 h 35)
Si je me suis permis de donner certains détails là-dessus,
c'est que non seulement M. Lestage pourra bénéficier de la
discussion qu'il a eue avec les spécialistes du ministère de
l'Agriculture, mais je pense bien que la population entière aussi pourra
en bénéficier. Cela permettra au ministre de me donner
tantôt certaines explications à ce sujet.
M. Garon: M. le Président, seulement une question
d'information. On ne demande pas souvent de dépôt de document,
mais le programme agricole pour la main-d'oeuvre étudiante qui existait
avant 1976, auquel vous avez référé, pourrais-je en avoir
une copie?
M. Picotte: Oui. On m'informe que le service de placement
étudiant a cela en filière et que c'est disponible n'importe
quand au service de placement étudiant. La seule différence qui
puisse exister et je voulais le souligner tantôt, j'ai omis de le
faire, vous avez bien fait de me le rappe- lerc'est que cela était
administré avant par le service de placement étudiant et qu'on en
a confié l'administration au ministère de l'Agriculture. En
principe, c'est...
M. Chevrette: C'est assez différent comme juridiction.
M. Picotte: Non, c'est tout simplement une indication formelle
que vous vous préparez simplement à faire disparaître le
service de placement étudiant. Ce n'est pas autre chose que cela, dans
notre esprit.
M. Chevrette: Tiens!
M. Baril: Voyons! C'est une idée!
M. Picotte: M. le Président, "malgré une diminution
du revenu net des agriculteurs québécois de l'ordre de 12 1/2% en
1977, la performance de l'agriculture québécoise semble avoir
été meilleure que celle du reste du Canada, la valeur des
recettes monétaires agricoles ayant progressé de 5,5% par rapport
à 3,4% pour le reste du Canada.
Cependant, si l'on tient compte de la hausse des prix agricoles, on
constate que la valeur réelle des recettes agricoles a augmenté
de 3,7% au Québec, contre 5,7% dans le reste du Canada. L'agriculture
doit être une véritable industrie. Une nouvelle répartition
des tâches entraîne une reformulation de la définition de
l'agriculture, là où elle ne l'a pas encore fait.»
M. Gérard-B. Martin écrivait dernièrement:
Tout producteur doit maintenant préparer ses produits en fonction des
transformations ou des manipulations qu'ils devront subir avant d'atteindre la
table du consommateur. La nouvelle technologie agricole fait appel à de
nombreux chapitres de la physique, de la chimie, de la nutrition, de la
bactériologie, etc. Cette évolution vers une agriculture
hautement scientifique écrivait M. Martin sera
assurée en autant que l'on croira à la contribution de la
recherche, pour laquelle on acceptera de consacrer des ressources
adéquates.'' Je termine ici la citation de M. Martin.
M. le ministre, quand je regarde l'échantillonnage de vos
crédits, à l'élément 1 du programme 1,
intitulé: Recherche agricole, l'an passé le budget
prévoyait $9 274 600. Cette année, vous nous demandez de voter
des crédits de $8 448 300, ce qui représente une diminution de
$826 300, soit une baisse de 8,9%.
Je sais que certains députés me disent qu'il n'y a rien
là, mais après la citation que je vous ai lue tantôt de M.
Martin, qui est un spécialiste à l'université dans le
domaine de l'agronomie, où on a fait des études, je pense que
c'est une diminution de budget. Quand on mentionne que l'effort doit être
fait dans ce sens, je voudrais quand même souligner que s'il y a vraiment
une volonté du côté du gouvernement, elle n'est
sûrement pas dans l'ordre des crédits.
Dans votre budget, M. le ministre, au programme 3, aide à la
production agricole, cette aide subit une baisse de l'ordre de $1 618 200,
soit
14,9%. Et pourtant, on a entendu le ministre, à maintes
occasions, se vanter que les budgets de l'agriculture ne cessaient de
s'accroître de façon vertigineuse depuis que le nouveau
gouvernement, ce nouveau sauveur des agriculteurs, est arrivé au
pouvoir. Au moment où je vous mentionne que dans certains endroits cela
diminue passablement, quand on parle de 14,9%, il y a même des
députés agriculteurs qui disent que c'est correct et que cela
fait l'affaire.
M. Baril: II faut payer les cultivateurs pour produire. Ils se
font mourir à produire.
M. Picotte: C'est quand même bien loin de la
réalité. Programme 4, on a parlé de la Régie de
l'assurance-récolte, à un moment donné, où on nous
disait que depuis que le gouvernement avait travaillé dans ce domaine,
le nombre d'assurés avait triplé. Pourtant lui aussi, le budget,
subit une baisse de $287 900, soit 4,6% de baisse. Malgré que le nombre
d'assurés, comme je l'ai mentionné tantôt, a triplé.
C'est quand même à se poser des questions.
M. Garon: Qu'est-ce que vous dites?
M. Picotte: M. le ministre, je disais que dans la Régie de
l'assurance-récolte, vous avez mentionné que le nombre
d'assurés avait triplé.
M. Garon: Va tripler.
M. Picotte: Va tripler. Paradoxalement, on regarde dans vos
prévisions de crédit budgétaire et les budgets
s'amoindrissent, diminuent.
M. Chevrette: Toutes les sociétés
s'autofinancent.
M. Garon: ... une plus grande efficacité.
M. Picotte: Cela serait à prouver, M. le
Président.
M. Chevrette: C'est la première fois que je vois un
député... me permettez-vous un petit commentaire, M. le
député de Maskinongé?
M. Picotte: Oui.
M. Chevrette: C'est la première fois que je vois un
député s'opposer à ce qu'une société ou une
régie s'autofinance.
M. Picotte: On ne s'est jamais opposé à cela, mon
cher M. le député, mais on sait, par expérience on
n'a qu'à regarder le passé que des régies ne
s'autofinancent jamais, c'est regrettable, et encore moins
l'assurance-récolte...
M. Chevrette: Vous vous plaignez que les sociétés
et que les régies soient déficitaires, soyez donc heureux quand
on vise l'autofinancement... Cela va venir.
M. Picotte: ... et encore moins l'assurance automobile; on parle
déjà d'une hausse de prime. Madame Payette envisage cela. Cela
vous donne encore une preuve additionnelle qu'une régie, ça ne
s'autofinance jamais.
M. Chevrette: Vous vous laissez exploiter par le privé
uniquement.
M. Picotte: Ne venez donc pas nous conter des peurs ici; le
ministre en a conté deux heures et demie de temps, depuis hier.
Écoutez, arrêtez cela, soyez sérieux un peu.
M. Gagnon: Ne commencez pas...
M. Picotte: Si votre ministre ne l'est pas, soyez-le donc.
M. Chevrette: Soyez franc, M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: On est serré en plus.
M. le Président, le ministre des Finances ne vous a certainement
pas décerné la médaille d'or du mérite agricole
puisque votre budget n'a reçu qu'une augmentation de $12 829 800...
Une voix: C'est mieux qu'une baisse.
M. Picotte: ... sur celui de l'an dernier, soit une augmentation
phénoménale de 5.6%; ce n'est même pas suffisant pour
absorber la hausse du coût de la vie. De plus, le premier ministre, dans
son discours inaugural, le 21 février, nous annonçait des mesures
extraordinaires en agriculture. Je me permets de citer le texte du premier
ministre et je pense quand même que cela va être bon qu'on se
remémore cela ensemble: "En 1978 c'est le premier ministre qui
parle nous allons également nous atteler avec une insistance sans
précédent à la tâche de renforcer notre agriculture
et de lui donner, une fois pour toutes, l'assurance de l'avenir
remarquez bien que c'était à peu près semblable à
cela, l'autre discours inaugural d'il y a un an, mais quand même c'est
bon qu'on se le répète avec de l'expansion entre autres,
des moyens d'action de SOQUIA, l'amorce sérieuse d'une véritable
politique sucrière et l'entrée dans les épiceries des vins
fabriqués et embouteillés au Québec.
Nous veillerons, en même temps, à l'indispensable
développement de l'agro-alimentaire à propos duquel se tiendra
d'ailleurs, dès le printemps, chose qui est déjà faite, le
premier des minisommets économiques de l'année. Mais la Chambre
sera également invitée à prouver tout un train de mesures
législatives touchant notamment le crédit agricole, auquel nous
voulons donner plus d'ampleur et de souplesse grâce au concours des
institutions financières, ainsi que des améliorations
substantielles en ce qui concerne l'assurance-prêt, l'amélioration
des fermes, le sort des agriculteurs locataires et le crédit à la
production, incluant désormais un crédit spécial pour
les
périodes critiques. Ajoutons que pour la seconde année de
suite, nous n'éprouvons pas la moindre tentation de rogner sur les
crédits budgétaires de l'agriculture et que, par exemple, nous
avons la ferme intention d'accentuer des programmes, tel que la distribution de
lait dans les écoles, dont le bénéfice est tout autant
hygiénique et social, qu'économique ". Et malgré tout
cela, on veut accroître de beaucoup les... On ne veut pas rogner les
crédits budgétaires de l'agriculture, mais on vise à
accroître de beaucoup, et il n'y a qu'une légère
augmentation de 5.6%.
Maintenant, le zonage de nos terres agricoles promis l'an dernier. Le
ministre on pourrait lui rapeler cela au courant de l'étude des
crédits s'était engagé formellement à
l'étude des crédits de l'année passée, à
déposer la loi l'automne dernier et elle ne l'est pas encore. De toute
façon on reviendra là-dessus, le zonage de nos terres agricoles
promis...
M. Garon: Vous parlez de corde dans la maison d'un pendu.
M. Picotte: Le zonage de nos terres agricoles promis l'an
dernier, c'est le premier ministre qui acceptait cela et qui disait que
c'était promis que cette mesure tellement attendue, si longtemps
attendue, en vain, de la protection de nos terres agricoles commencerait
à se réaliser au cours de cette session. Le moins qu'on puisse
dire c'est que ce n'est pas trop tôt, si l'on veut vraiment mettre
à l'abri de la spéculation et de l'appétit insatiable des
développeurs immobiliers y compris un nombre croissant de
non-résidents ce qu'il reste de nos meilleurs sols arables. Vu
les intérêts qui se trouveront inévitablement
dérangés par ce changement, on peut s'attendre qu'ils soient
vivement discutés puisqu'il s'agit d'un domaine où, comme dit la
chanson, tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir.
M. Garon: Pourquoi vous ne l'avez pas fait dans votre temps?
M. Picotte: À condition d'y mettre compréhension et
ménagement, ce à quoi nous nous engageons dès le
départ. Tout le monde, cependant, à commencer par les
porte-parole des agriculteurs, sait qu'il faut que cela se fasse et que le
moment de le faire est plus qu'arrivé.
Comme aussi, il est plus que temps de concrétiser et,
là encore, après des années de tergiversations une
loi générale de l'urbanisme et de l'aménagement qui
viendra encadrer enfin cette utilisation du territoire qui s'est faite
jusqu'à présent d'une manière dangereuse,
incontrôlée et trop souvent irrationnelle. Cela M. le
Président, c'était ce que le premier ministre lui-même
disait dans son discours inaugural de cette année avec des mots
différents évidemment, on connaît la dialectique de notre
premier ministre.
Il y a dans tout ce verbiage du premier ministre du Québec une
foule de choses qui devront être réalisées. Au rythme
le ministre parlait du rythme de l'Opposition pour adopter les projets
de loi; il disait que ce n'était pas trop vite où le
ministre nous fait connaître ses intentions et où il nous
dépose justement ces projets de loi pour qu'ils soient
étudiés, si l'on combine la lenteur du ministère à
amener ses projets nouveaux avec la lenteur de l'Opposition à vouloir
les adopter, j'ai fortement l'impression que le mandat de ces messieurs sera
fini et qu'il restera encore beaucoup de choses à faire, M. le
Président. Mais, quand même, j'ai fortement l'impression qu'on
réussira, malgré tout, à obtenir cela, à un bon
moment donné; on verra ce que cela pourra donner.
Sortons, du discours du premier ministre, deux exemples: Nous veillerons
disait le premier ministre à l'indispensable
développement de l'agro-alimentaire. Dans le discours du budget on n'a
rien vu de ce côté. En tout cas, rien de nouveau annoncé
par le ministre des Finances. Lorsqu'on regarde les crédits:
Étude économique agro-alimentaire, programme 5,
élément 2, l'an passé, on avait un budget de $1 487 600.
Cette année $1 183 000, baisse de $304 600 soit une baisse de 20,47%
concernant l'agro-alimentaire alors qu'on veut mettre l'accent
là-dessus, qu'on veut mettre l'emphase dans ce domaine. Le ministre de
l'Agriculture, dans son souci d'être constant avec lui-même,
d'aller de l'avant, nous présente dans l'étude des crédits
1978-1979 une baisse de 20,47%. Je pense que c'est cela la volonté
exprimée par le premier ministre. C'est ce à quoi on doit
s'attendre.
Deuxièmement, le zonage de nos terres agricoles j'en ai
parlé un peu, tantôt commencera à se réaliser
au cours de cette session, ajoutait le premier ministre. Encore là, M.
le Président, on n'a pas vu grand-chose dans les crédits qui
serait des indications, malgré que la loi n'est pas encore
passée. De toute façon on y reviendra. Au point de vue
législatif je vais peut-être faire un sombre bilan des
réalisations du gouvernement depuis 18 mois bientôt je vais
vous indiquer les lois importantes que le ministre de l'Agriculture nous a
demandé à nous, l'Opposition officielle et à tous les
parlementaires de cette chambre, de voter. Vous allez voir que cela a fait
progresser l'agriculture de beaucoup. D'abord, il y a eu une première
loi qu'on a appelée la loi no 4, qui s'appelait la Loi modifiant la Loi
de l'assurance récolte. Je ne dis pas que ce n'était pas
nécessaire... (11 h 50)
M. Garon: Etiez-vous contre?
M. Picotte: ... mais c'est une loi, d'ailleurs, de l'ancien
gouvernement, en passant, je ne dis pas...
M. Garon: M. le Président, je regrette, le
député de Maskinongé n'induira pas la commission en erreur
et je le prie de retirer ses paroles. Le régime qui était du
temps des libéraux était un régime obligatoire, coercitif,
impératif, dictatorial et qui méprisait la liberté de
choix de l'agriculteur, comme dans tous les autres programmes, d'ailleurs,
qu'ils avaient institués. Je regrette! Comme d'habitude, ils prenaient
les agriculteurs pour des enfants.
M. Picotte: M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, cette loi qui a
été préparée entièrement par l'ancien
gouvernement a été, en effet, modifiée. Ce que je voulais
vous mentionner, c'est que c'est une loi qui modifie. Il n'y a rien en
profondeur, il n'y a rien de plus concret qu'il le faut, on a modifié
une loi.
Deuxièmement, il y a eu aussi la loi no 13, la Loi qui modifie la
Loi des abus préjudiciables à l'agriculteur. C'est toute une
trouvaille!
M. Garon: Cela a pris trois jours pour l'adopter.
M. Picotte: Oui, cela a pris trois jours pour l'adopter, bien
sûr. On a même des députés de votre groupe qui ont
accepté de travailler de concert avec l'Opposition pour tâcher de
vous la faire adopter; entre autres, le député d'Abitibi-Ouest en
Chambre, je me rappelle, il avait fait des interventions et c'est dans le
journal des Débats. Il y avait même des députés de
votre groupe, M. le ministre, qui étaient d'accord avec l'Opposition
officielle. À moins que votre ministre...
Une voix: Le député d'Arthabaska.
M. Picotte: Non, pas le député d'Arthabaska, il ne
parle pas, ou à peu près jamais. Je pense bien que...
M. Baril: Si ce n'était pas, M. le Président, de
répondre à une insignifiance semblable, je parlerais, mais je
vais me taire.
M. Picotte: M. le Président...
M. Garon: M. le Président, je vais vous dire une chose: ce
n'est pas le député de Maskinongé qui parle, c'est le
haut-parleur de l'ex-député de Saint-Jean; c'est lui qui lui dit
quoi dire. C'est le souffleur.
M. Gagnon: Vous auriez eu avantage à apprendre à
parler du temps où vous étiez au pouvoir parce qu'on en parlera
plus tard de ce que vous avez fait.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: ... député pédagogue.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: M. le Président, je dois vous dire que cela
fait déjà des semaines qu'on se prépare en équipe
pour le budget, pour l'adoption des crédits du budget de l'agriculture,
et de toute façon, tout ce qu'on peut vous dire c'est que, quand on
parle comme haut-parleur à l'Assemblée natio- nale, on parle dans
le meilleur intérêt des agriculteurs. C'est d'abord cela qu'on
veut faire et pour le reste, moi je suis heureux, je n'ai qu'un haut-parleur et
vous, vous en avez une dizaine; vous en avez peut-être même
quelques-uns de trop.
Alors, il y avait cette fameuse loi no 13 qui n'était pas une loi
très compliquée mais, comme elle ne semblait pas être
complètement dans l'intérêt des agriculteurs, nous de
l'Opposition, imaginez-vous que cela nous a pris trois jours à faire
comprendre au ministre de l'Agriculture une petite loi et de tels petits
détails. Il vient de le dire lui-même, une loi aussi minime
soit-elle, cela nous a pris trois jours avant de leur faire comprendre. Il a
même fallu aller chercher du renfort du côté
ministériel. Alors, j'en suis à me demander lequel des
deux...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Vous ne ferez peut-être rien comprendre à personne.
M. Picotte: Une chance, parce que vous autres, à ce
rythme-là, cela va vous prendre 50 ans avant de réaliser quelque
chose.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Ce n'est pas
si mal.
M. Picotte: II y a eu aussi, troisièmement, la loi no
14.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): 88 aussi.
M. Picotte: C'est une autre loi modifiant la loi des produits
laitiers et leurs succédanés. C'est encore quelque chose qui est
important, j'en conviens, mais c'est encore une loi qui modifie; rien de majeur
et rien de ce nouvel élan dont on entendait parler, cette pensée
profonde agricole qui avait été décidée à la
journée péquiste de Lotbinière. Je pense que rien qui ne
modifiait rien là-dedans. C'étaient des nouvelles lois, un
souffle neuf, du sang nouveau, mais c'est encore une modification qu'on nous a
demandé de voter.
La loi no 43 aussi, la Loi modifiant les produits agricoles et les
aliments, c'est encore quelque chose de très important. Mais M. le
ministre, je dois vous dire quand même qu'au point de vue
législatif, si on veut changer le caractère... C'est beau de
donner certains programmes, tout le monde en convient, tout le monde a fait
cela, les anciens gouvernements l'ont fait sur d'autres programmes avec
d'autres priorités, le gouvernement présent le fait aussi. Mais
je pense que si on veut changer et insuffler un souffle nouveau à
l'agriculture au Québec, il faut faire autre chose que demander au
Parlement, que demander aux parlementaires autant du parti au pouvoir
qu'à l'Opposition, de modifier quatre lois durant l'année, durant
environ 18 mois. Ce sont les grandes réalisations qu'on a connues,
à ce jour, législativement parlant, de la part du ministre de
l'Agriculture et du ministère de l'Agriculture.
M. le Président, je pense que face à cela, les
agriculteurs sont patients, c'est vrai, mais il ne faudrait pas abuser de leur
patience. En ce qui concerne le parti de l'Opposition officielle, nous avons
hâte que le ministre puisse déposer, dans les plus brefs
délais, sa loi du zonage agricole et quelques autres lois qui suivront.
Je puis l'assurer immédiatement que nous essaierons de collaborer le
plus sereinement possible et dans la mesure du possible, à la condition
comme on l'a toujours fait, même si vous pensez que cela n'a pas
été fait pour certaines lois, comme la loi 13; c'est parce qu'on
savait qu'il y avait des choses minimes, on ne voulait pas... Vous pouvez
être assuré d'avoir notre entière collaboration. Quand
l'Opposition sentira votre volonté ferme de déposer des projets
de loi qui vont vraiment modifier l'avenir de l'agriculture au Québec,
qui vont vraiment changer le visage de l'agriculture au Québec, elle
sera heureuse de collaborer avec vous-même, M. le ministre et avec votre
ministère, dans le but de bonifier ces lois. Mais sachez que c'est avec
beaucoup de hâte et beaucoup d'appréhension que nous
espérons recevoir de vous des pièces législatives qui se
tiennent, des documents législatifs vraiment valables, où il y a
vraiment des choses qui vont faire que nous tout le monde ensemble, tous
les parlementaires seront fiers de présenter ces
réalisations dans le domaine de l'agriculture au Québec et
d'avoir défendu les meilleurs intérêts de nos
agriculteurs.
En terminant, M. le Président, je voudrais vous mentionner
qu'avant de passer à l'étude des crédits, programme par
programme, comme c'est la coutume de le faire, nous n'avons pas d'objection
qu'il y ait d'autres interventions de fond, d'autres répliques de la
part des députés de cette commission...
M. Garon: Ce sont toutes des interventions de fond.
M. Picotte: De fond!
M. Garon: De fond, c'est ce que j'avais compris.
M. Picotte: Cela vous surprend parce que vous n'en avez pas du
tout.
M. Garon: Bien non, de fond dans le sens qu'elles étaient
restées au fond.
M. Picotte: Cela surprend le ministre il a
été tellement décousu et il a répété
tellement de choses réchauffées de voir qu'il y a
quelqu'un qui peut avoir d'autre chose à dire sur l'agriculture qui peut
quand même avoir un certain bon sens.
M. Garon: On voit que cela vient de creux.
M. Picotte: On n'a pas d'objection, M. le Président,
à ce que d'autres députés fassent des interventions mais,
quand même, je tiens à vous souligner qu'avant de procéder
comme cela se fait généralement en commission parlemen-
taire à l'adoption des crédits, programme par programme,
nous aimerions vous mentionner immédiatement que nous aurons au moins
onze sujets sur lesquels nous aimerions poser des questions au ministre. Entre
autres, je vous dis immédiatement, comme il s'agit toujours de la faute
du fédéral quand cela fonctionne mal dans le domaine de
l'agriculture et que quand cela va bien, même si le
fédéral, dans bien des cas, collabore à 50%, c'est
grâce au provincial je vous préviens que nous ferons
sûrement un débat sur les relations
fédérales-provinciales dans le domaine de l'agriculture.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Maskinongé.
M. le député de Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, M. le Président. À titre de
porte-parole de l'Union Nationale en matière agricole, il me fait
plaisir à mon tour de saluer les membres de cette commission et,
à tous les hauts fonctionnaires présents, je souhaite la plus
cordiale bienvenue.
Je serai bref dans mes commentaires portant sur les crédits du
ministère de l'Agriculture que nous devons étudier au cours de
ces prochains jours. Je veux cependant vous faire remarquer que nous avons,
devant nous, un budget à tout le moins décroissant au
zéro. Ces crédits ne comportent qu'une augmentation de 5,3%, soit
1,1% de moins que la moyenne générale des crédits.
Indéniablement, à l'exception du financement agricole, il y a une
baisse effective réelle dans le budget 1978/79. Si on le compare
à celui de l'an dernier, et aussi si l'on tient pour acquis que les
coûts des services augmentent d'environ 8% par année, je remarque
qu'à ce moment-ci les Affaires culturelles et les Affaires
intergouvernementales ont subi une augmentation supérieure à
celle du ministère de l'Agriculture et c'est très
déplorable pour l'avenir agricole au Québec. Le bon gouvernement
et le bon ministre qui devraient être à l'écoute des
préoccupations des agriculteurs, et le parti politique qui avait des
réponses à tout il y a moins de deux ans... Suite à tout
cela, le revenu net des producteurs a de nouveau baissé en 1977. Je ne
vois pas grand-chose de nouveau dans le budget du ministre pour stimuler
l'économie agricole au Québec.
D'ailleurs, rien à nulle part, dans tout le budget du ministre
Parizeau, n'ouvre la porte à de nouveaux espoirs. Tel que je l'ai
mentionné hier, on a tout simplement appliqué une forte dose de
fertilisants sur des semis d'indépendance.
M. Garon: Des fertilisants, cela doit fertiliser. Il doit y avoir
quelque chose, si vous avez dit une forte dose de fertilisants...
M. Dubois: C'est parce que vous êtes le porte-parole d'un
ministère qui est en train de so-
cialiser l'agriculture à un point où je me demande si
c'est M. Angers ou M. Michel Chartrand qui a préparé le
budget.
M. Chevrette: Ce ne sont pas les paroles de M. Charbonneau.
M. Garon: Socialiser l'agriculture, donnez-m'en un exemple.
M. Baril: Ce ne sont pas les paroles de Charbonneau.
M. Dubois: Écoutez, tout le programme est social, c'est un
programme entièrement social. Le budget qui est annoncé est
entièrement social. Je me demande réellement si le ministre est
sérieux quand il prétend vouloir faire beaucoup pour
améliorer le sort des fermiers; vous le prendrez comme vous le voudrez,
on verra les résultats plus tard.
M. Chevrette: Vous allez sûrement baisser...
M. Dubois: Les secteurs recherche et enseignement sont tous les
deux en perte de budget cette année et l'aide à la production
agricole également, soit deux secteurs clé dans le
développement de l'agriculture. Je pense que vous ne pouvez pas nier
cela, M. le ministre. Le budget que l'on doit étudier article par
article ne semble pas promettre grand-chose pour ceux qui ont à coeur
une autosuffisance accrue et, évidemment, une économie agricole
de beaucoup supérieure au Québec.
À maintes reprises, j'ai fait état des secteurs où
nous sommes tout particulièrement déficients. Je n'ai pas
l'intention de me répéter de nouveau aujourd'hui, on aura
l'occasion d'y revenir au moment de l'étude article par article.
Évidemment, notre développement agro-alimentaire me
préoccupe tout spécialement, et j'entends bien harceler
constamment le ministre, afin que l'on en arrive à une vraie politique
agro-alimentaire qui permettra au Québec de ne plus être aussi
dépendant des autres provinces et des États-Unis. En dehors des
productions de céréales et d'aliments pour bestiaux, je crois
qu'une très grande concertation de pensée et d'action doit
exister entre les grands de l'alimentation, d'une part, et le ministère,
les services de mise en marché ainsi que la Fédération des
associations de producteurs.
Étant donné que 90% de l'alimentation est
contrôlée par quelque sept ou huit grands ici au Québec,
soit les chaînes, les grossistes, distributeurs et courtiers, il va
falloir que ces sept ou huit grands soient un peu plus respectueux pour nos
producteurs et, par le fait même, achètent un peu plus de produits
du Québec. Une fois de plus, je répète que l'inspection
je vous en ai souvent parlé, d'ailleurs est l'outil
principal que possède le ministère pour exercer un certain
contrôle sur les entrées et le "dumping" de produits
étrangers.
J'espère que le ministre conviendra un jour avec moi que l'on
pourrait être tout aussi sévère et aussi protectionniste
que l'est l'Ontario présente- ment dans ce sens. J'aurai l'occasion, au
niveau de l'étude article par article, d'amener une foule de
commentaires.
Je termine donc mes remarques initiales et soutiens que les
crédits concédés à l'agriculture ne peuvent
malheureusement pas répondre d'une façon convenable aux
aspirations des producteurs agricoles du Québec. Je suis prêt
à passer maintenant à l'élément 1 du programme
1.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le
député de Huntingdon. M. le député de
Joliette-Montcalm.
Autre intervention M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je pense que
l'expérience des autres commissions parlementaires prouve que le fait de
permettre à chaque participant d'élaborer un peu au niveau
général évite un paquet de questions au niveau des
éléments ou au niveau des programmes. Donc, je me permettrai dans
un préambule de faire remarquer aux membres de la commission les deux
écoles de pensée qui s'opposent autour de la table. (12 h 5)
On remarque que les propos des membres de l'Opposition sont vraiment
toujours axés sur la vieille mentalité de venir à la
rescousse des agriculteurs ou de nos cultivateurs par des suçons, des
subsides, pour en faire de véritables assistés sociaux du
gouvernement du Québec, plutôt que de penser à des
programmes qui visent à stabiliser leur production, qui visent à
faire en sorte que ces gens soient capables de se débrouiller seuls,
moyennant un coup de pouce passager, par des programmes mis sur pied, visant
à rentabiliser les terres. Là-dessus, à écouter en
particulier le député de Maskinongé, on pourrait
prétendre que le gouvernement n'a rien fait depuis 18 mois.
Personnellement, je pense que le ministère de l'Agriculture, au cours
des 18 premiers mois de notre mandat, a rectifié une foule de tirs qui
permettent de voir clair, qui permettent aux agriculteurs de vivre un peu plus
décemment, contrairement à ce qui est affirmé.
On a réglé le cas des petis abattoirs, par exemple. Bien
sûr, cela n'a peut-être pas fait les manchettes, comme on l'aurait
aimé, mais il n'en demeure pas moins que cela traînait depuis des
années. Je pourrais continuer à donner des exemples de tirs qui
ont été rectifiés par des mesures administratives, par des
programmes d'aide et qui ont fait en sorte que le ministère de
l'Agriculture s'est taillé, je pense, une réputation de venir en
aide non pas sous forme de suçons, mais en termes de planification
à moyen et long termes.
Je voudrais rectifier tout de suite. J'ai eu l'impression, en
étudiant les crédits... Peut-être n'avons-nous pas les
mêmes chiffres ou les mêmes livres, mais il me semble que
l'augmentation du budget est de l'ordre de $25 millions et non de $12 millions.
Je ne sais pas si je pourrais avoir tout de suite une petite réponse
à cela. Est-il exact que
l'augmentation des crédits accordés au ministère de
l'Agriculture est de $25 millions et non de $12 millions?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Si on regarde concrètement, il y a des
dépenses qui ont été acceptées l'an dernier pour un
an, et d'autres qui ont été enlevées du ministère.
Elles ne sont plus au ministère, elles sont ailleurs. Évidemment,
il faut savoir compter.
M. Chevrette: D'accord.
M. Garon: Au Centre de distribution des médicaments
vétérinaires il y avait $5,6 millions dans le budget 1977/78 qui
n'apparaissent plus dans le budget de 1978/79; ils étaient encore
là, mais ils entrent dans SOQUIA. Évidemment, il y a une
addition, à ce moment, de $5,6 millions supplémentaires. En
réalité, cela équivaut à cela.
M. Chevrette: C'est ce qui me permettait d'en arriver à
$25 millions, je ne me trompais pas beaucoup.
M. Garon: À $28 millions, si on veut. M. Picotte:
C'est ce qui fait...
M. Garon: Sans compter qu'il y a près de $7 millions
actuellement à l'OPDQ. Cela fait $35 millions.
M. Chevrette: Je pourrais en conclure que le souffleur du
député de Maskinongé ne sait pas étudier les
crédits budgétaires.
M. Picotte: M. le Président, étant donné que
j'ai mentionné le chiffre, je pense qu'entre les crédits que vous
nous avez demandé de voter l'an dernier et ceux que vous nous demandez
de voter cette année, il y a une différence de $12 millions. Si
vous incluez dans cela les crédits périmés, ce n'est pas
mon problème. Vous pouvez mettre $200 millions de plus à votre
budget, si vous ne les dépensez pas, ne venez pas nous dire qu'ils ont
été utilisés pour l'agriculture.
M. Garon: Le Centre de distribution des médicaments
vétérinaires, qui est dans le budget du ministère,
continue à exister, il continue à fonctionner. Il y a $5,6
millions qui apparaissent là et qui n'apparaissent plus au
ministère de l'Agriculture, parce que maintenant c'est administré
par SOQUIA. Les $5,6 millions ne sont pas perdus. Ils sont remplacés et
ils continuent à exister mais pour SOQUIA.
M. Picotte: Cela ne fait rien, de $12 millions à $27
millions, il y a $15 millions de différence et vous me parlez de $7
millions. Il y a beaucoup d'autres crédits périmés.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai eu ma réponse.
Puis-je continuer?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Picotte: Vous avez votre vraie réponse.
M. Chevrette: Et au-delà du fait que le ministère
et le ministre de l'Agriculture ont apporté énormément de
correctifs et ont mis sur pied passablement de programmes, je me permettrai,
d'autre part, certaines remarques sous forme d'interrogations, dans certains
cas, sous forme d'affirmations et je ne voudrais pas qu'elles soient prises
dans un sens négatif, parce que je voudrais bien faire comprendre au
ministère de l'Agriculture que, malgré tout le travail qui a
été fait, il y en a encore beaucoup à faire.
M. Garon: Oui.
M. Chevrette: C'est dans ce sens que je voudrais que mes
remarques soient prises et non pas dans un sens négatif. Je me
permettrai tout d'abord de parler des tabaculteurs. D'une certaine
façon, je suis un député qui regroupe à peu
près la grande majorité des producteurs de tabac au
Québec. Je rappellerai au ministre que nos producteurs de tabac
produisent environ entre 10 millions et 12 millions de livres de tabac
annuellement. Par contre, la consommation au Québec est de l'ordre de 40
millions à 43 millions de livres de tabac. Dans un contexte où le
gouvernement augmente la taxe sur le tabac, dans un contexte où un
député de l'Opposition dépose une loi qui visera à
empêcher de fumer dans les endroits publics, dans un contexte où
on fait une campagne publicitaire par le biais du ministère des Affaires
sociales contre l'usage du tabac, je me permettrai de faire une recommandation
au ministère de l'Agriculture. À mon sens, il est urgent de
commencer à faire des recherches, à savoir comment contrer les
effets nocifs du tabac, comment on pourrait aider les producteurs de tabac
à changer la vocation de leurs terres, sans pénalité
financière. Il faudra penser à l'une ou l'autre des situations.
Ou bien il faudra investir contre les effets nocifs du tabac pour que les
producteurs ne soient pas pénalisés, ou bien il faudra investir
dans un programme d'aide au changement de vocation des terres agricoles qui
touchent ces producteurs.
Je suis passablement inquiet pour eux parce qu'ils sont pas mal à
la remorque, en ce qui regarde l'établissement des coûts du prix
de vente, à la remorque des producteurs de l'Ontario qui, eux, peuvent
produire plus de livre à l'acre qu'au Québec, compte tenu des
conditions climatiques. On sait fort bien que, aujourd'hui, établir un
coût de production pour un tabaculteur, déjà, en
investissement de départ, vous pouvez penser à une somme
d'environ $250 000. Donc, le financement de ces investissements fait en sorte
que le coût de production de la mécanisation plus moderne, pour
produire davantage, est à peu près égal
présentement, sinon supérieur au prix de vente. Là-dessus,
c'est passablement inquiétant pour ces quelque
130 tabaculteurs québécois qui se regroupent en
majorité dans mon propre comté. J'ai fait parvenir...
M. Picotte: Et dans le comté de Maskinongé. Je suis
entièrement d'accord avec ce que vous dites.
M. Chevrette: La majorité de ces tabaculteurs sont dans ma
région. Je les ai rencontrés, j'ai préparé à
ce sujet un petit mémoire de quelques pages que j'ai fait acheminer au
ministère de l'Agriculture. J'ose espérer que, dans un avenir
rapproché, nous pourrons, avec l'exécutif des tabaculteurs,
rencontrer le ministre, lui exposer ces problèmes et chercher, à
moyen terme, une solution adéquate à leurs problèmes.
Je me permettrai aussi de signaler que ces gens vivent passablement de
problèmes, au niveau, en particulier, de l'assurance-récolte. On
sait que ces gens-là voient leurs récoltes assurées
à 80%, mais comme on tient peu compte, à la Régie de
l'assurance-récolte, des rapports des inspecteurs qui font les
constatations, et qu'on paie 80% des 80% assurés, on ramasse avec 64%
des pertes, en termes d'indemnisation. Donc, il y aura lieu, sûrement, de
jeter un coup d'oeil au niveau de l'assurance-récolte et ces remarques
pourraient s'appliquer non seulement aux producteurs de tabac mais
également à d'autres productions.
Au niveau de mon comté également, M. le Président,
on est inquiet sur la relève en agriculture. Il est inconcevable que,
dans une région qui est la deuxième au Québec
dit-on en termes de production agricole, on n'ait pas, au niveau de
l'enseignement, une option agricole, et cela, depuis deux ou trois ans, je
crois. Personnellement, je me permettrai de faire une recommandation au
ministère: Qu'on puisse libérer un des fonctionnaires du
ministère pour permettre à ces gens de bâtir un programme
approprié, adéquat par rapport à ce que demandent nos
jeunes agriculteurs et faire en sorte qu'on puisse, au niveau de
l'enseignement, que ce soit au niveau du cégep ou de la commission
scolaire régionale, le plus tôt possible si possible en
septembre organiser une option agriculture dans notre région qui
se développe de plus en plus au niveau de l'agriculture. Je voudrais
également attirer l'attention du ministre sur des versions
contradictoires que je reçois en tant que député,
concernant l'utilisation des subventions accordées à la
Coopérative de Granby. Je profite de cette tribune pour attirer
l'attention du ministre sur le fait que le gouvernement a subventionné
la Coopérative de Granby, pour une somme d'environ $4,5 millions, selon
mes renseignements; et je les donne sous toutes réserves, puisque j'ai
bien dit que les versions étaient contradictoires. Mes ces versions me
prouvent en tout cas qu'il y a lieu de s'inquiéter parce qu'on est en
train d'agrandir ou de bâtir quelque chose de plus gros, de plus grand
à Granby, alors que des rumeurs persistantes nous prouvent qu'on est sur
le point de fermer la Crino de Joliette.
À ce moment, si tel était le cas, je demanderais au
gouvernement et, en particulier, au ministre de l'Agriculture, qu'il
intervienne soit auprès de la SDI je ne connais pas le processus
qui a été suivi en termes de subventions à la
Coopérative de Granby, mais je demanderais au ministre de cesser les
versements de ces subventions, puisqu'il est inconcevable qu'on subventionne
une coopérative ou une entreprise qui viendra fermer, qui viendra
couper, à toutes fins pratiques, 45 à 50 emplois dans une
région où on a une forte production de lait et où la
spécialité, à l'usine Crino de Joliette, était les
fromages. Donc, personnellement, je m'y opposerais et je demanderais au
ministre de bien faire les vérifications. Je suis prêt même,
personnellement, à m'impliquer dans le dossier et à rencontrer
les administrateurs pour qu'on cesse d'avoir des versions contradictoires, et
qu'on ait vraiment une version officielle.
Si tel était le cas, qu'on prenne les mesures nécessaires,
quand on subventionne une industrie, une coopérative ou une entreprise
quelconque, pour que cela ne baisse pas surtout dans les régions
où il y a des plans rentables, le nombre d'emplois. Également, M.
le ministre, j'ai reçu à mon bureau quelques lettres de
cultivateurs bien informés, qui lisent régulièrement les
journaux ou les revues propres au monde agricole, qui se disent surpris de la
mauvaise répartition; quand je dis mauvaise, ce n'est pas en termes
d'investissement nul, mais en termes de disproportion des investissements
à court terme dans un endroit spécifique par rapport aux
possibilités des autres régions. Je vais vous donner un cas
précis: La région de Saint-Hyacinthe et ce n'est pas moi
qui parle, parce que j'ai reçu un bon nombre de lettres de la
région de chez nous, qui me disent: "Le ministère de
l'Agriculture existe-t-il pour la région de Saint-Hyacinthe? S'il est
vrai que la région de Joliette est la deuxième au Québec,
ou la région de Lanaudière, pour être plus
spécifique, comment cela se fait-il qu'on n'obtienne pas plus
d'investissements dans le domaine agricole et que la région de
Saint-Hyacinthe bénéficie des largesses gouvernementales ou du
ministère de l'Agriculture? Remarquez bien qu'on n'est pas toujours en
mesure, comme député, de réfuter de telles affirmations,
il nous manque sans doute des données techniques ou des raisons
valables, mais il n'en demeure pas moins qu'aux yeux du public, c'est ce qui
ressort et, personnellement, j'apprécierais avoir les informations et
les données nécessaires pour pouvoir renseigner nos gens en leur
disant: "Ce n'est qu'à court terme; à moyen terme, le
gâteau s'en vient chez nous."
Je voudrais aussi vous parler, d'autre part, d'un malaise qui est
ressenti par des représentants d'associations d'agriculteurs, qui est
ressenti par certains députés. Je me ferai le porte-parole
là-dessus, en vous demandant s'il est possible d'assurer une
réforme de votre service d'information au ministère de
l'Agriculture. Personnellement, j'ai eu la chance d'en discuter avec des gens
assez bien avisés et je peux vous dire que les fleurs ne
viennent pas souvent, en ce qui regarde le service d'information du
ministère. C'est peut-être le temps, à une commission
parlementaire, de le souligner et d'exiger du ministre un engagement formel
à faire une certaine réforme de ce service pour qu'il
corresponde, d'une façon beaucoup plus efficace, aux attentes des
producteurs, aux attentes de la population en général, aux
attentes aussi des députés. (12 h 20)
Je terminerai, M. le Président j'en aurais beaucoup
à dire, j'aurais pu me permettre de relever beaucoup de points mais je
sais que mes confrères le feront en vous donnant un exemple d'un
fait bien concret qui vous donne raison quand vous parlez de l'orientation que
vous entendez prendre face à la chaux agricole. Je prends l'exemple qui
m'a été fourni pour vous démontrer que vous devez
non seulement y aller fort, même si on disait tantôt que les sommes
avaient baissé et que l'économie, pour les cultivateurs, ne
serait pas plus grande, c'est complètement faux celui de la chaux
qui vient de Saint-Marc-des-Carrières et qui s'en allait à
Noranda, par chemin de fer, qui était reprise à Val-d'Or pour
être conduite, par la suite, à Ville-Marie. Le coût total de
la tonne était de $25.72, si vous comptez tous les frais
inhérents au transport par train, par camion par la suite, etc. Alors
que vous avez une très belle carrière à Joliette, dans mon
propre comté, où les chemins de fer sont à
côté et vont directement à Ville-Marie. Il en
coûterait seulement $15.95 la tonne, pour une économie de $9.77 la
tonne. En plus de prouver une économie concrète, vous auriez
à ce moment-là une meilleure répartition aussi de
l'utilisation des carrières.
Ma région bien sûr, vous allez dire que je
prêche pour mon clocher mais, ce n'est pas uniquement pour prêcher
pour mon clocher dans l'exemple que je donne, ça aurait
été une économie de $134 000 uniquement dans le cas des 13
700 tonnes, environ, utilisées dans la région de Ville-Marie. Le
député de Maskinongé devrait, je pense, profiter de cet
exemple pour démontrer le type de rectification qu'entend apporter le
ministère de l'Agriculture. Là-dessus, vous n'avez qu'à
continuer dans cette veine et je peux vous dire que les trains de mesures
législatives, les trains de réglementations qu'on veut avoir
c'est de la petite bière si on est capable de rectifier des aberrations
du genre. Le budget de l'agriculture pourrait même baisser, si on
réussissait à éliminer ce genre d'extravagance, ce genre
de folie furieuse qui existait avant.
Je pense que ce qu'on a fait depuis 18 mois, là-dessus, je baisse
mon chapeau, M. le ministre, on en a rectifié un bon paquet. Bien
sûr qu'on le fait parfois sous forme humoristique et que l'Opposition
n'aime peut-être pas ce style mais, ce qui compte, ce n'est pas le style
des individus, c'est l'efficacité et le rendement concret qui en
résultent. Là-dessus, je vous encourage fortement à
continuer dans cette veine. Les agriculteurs, de mon comté, en tout cas,
seront derrière moi et derrière le ministre de l'Agriculture, et
derrière le gouvernement au complet.
Ce n'est pas avec du "flashing" et un paquet de discussions inutiles sur
un projet de loi, pendant des journées, qui font en sorte que
l'agriculteur est mieux protégé à court terme. C'est
souvent en rectifiant des tirs, des aberrations qu'on a vécues. C'est
comme cela que le cultivateur se rend compte qu'on se préoccupe, qu'on a
un souci constant de l'amélioration de son sort. Et, de plus en plus,
les cultivateurs québécois comprennent que, dans la mesure
où notre champ de juridiction nous le permet, on a immédiatement
le nez là et ils savent très bien qu'on est à la recherche
de solutions concrètes. Je peux vous dire cela.
Ils comprennent maintenant que les leviers de commande qui nous
échappent, on a l'objectif d'aller les chercher.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. le député de Champlain.
M. Picotte: M. le Président, si le député de
Champlain me le permet, j'aurais quelque chose à ajouter concernant ce
que le député de Joliette a dit. Étant donné que
cela termine à midi trente, je trouve que...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain accepte votre intervention.
M. Picotte: ... pour permettre que votre inte. vention...
M. Gagnon: J'en ai pour plus de cinq minutes, pour
répondre au député de Maskinongé.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Picotte: J'écoutais le député de
Joliette-Montcalm tout à l'heure, et je ne pouvais m'empêcher
d'être d'accord lorsqu'il mentionnait qu'il y avait des plaintes des
agriculteurs concernant la région de Saint-Hyacinthe. Pour preuve
je voulais vous en parler un peu plus tard, mais je vais saisir l'occasion
dans le comté de Maskinongé, entre autres à
Saint-Thomas-de-Caxton, il y a ce qu'on appelle les producteurs de fruits et
légumes de la Mauricie qui transigeaient auparavant avec la ferme
Catelli-Habitant. Ils recevaient des montants d'argent assez
appréciables à la suite de leurs ventes, c'étaient des
concombres, entre autres, qu'ils vendaient à la compagnie
Catelli-Habitant. À un moment donné, le ministère de
l'Agriculture, si mes informations sont bonnes, aurait versé et je
ne lui reproche pas de l'avoir fait un montant de $100 000
réparti sur trois ans en subventions à Catelli-Habitant, pour
permettre la mise au point ou une usine je pense... je sais qu'il y a eu...
M. Garon: Les $100 000 du ministère de l'Agriculture n'ont
pas été versés à l'usine. Ce n'était pas
pour la construction de l'usine de Catelli à Saint-Hyacinthe, mais
c'était justement dans
le cadre du projet de saumure pour les marinades, pour réutiliser
les eaux salées plusieurs fois et pour avoir moins de déchets
pour une question d'environnement. Alors, c'est dans ce cadre que le
ministère de l'Agriculture est intervenu, mais dans le cadre de
l'investissement de Catelli à Saint-Hyacinthe, les participations ont
été celle du MEER au fédéral et de la SDI au
Québec. Le ministère de l'Agriculture n'a pas été
impliqué au point de vue investissement pour Catelli.
M. Picotte: De toute façon, ce que je voulais surtout vous
mentionner, c'est que le fait que cette compagnie investisse des subventions,
peu importe si c'est pour des raisons intéressantes et
importantes...
M. Garon: Je suis parfaitement de votre opinion sur ce point.
M. Picotte: C'est le fait qu'ils ont décidé
à ce moment-là de se localiser à nouveau et ils ont dit
à plus d'une trentaine de producteurs de chez nous qui vivaient de cela:
C'est bien regrettable, à partir d'aujourd'hui, on est obligé de
se rapprocher de Saint-Hyacinthe pour une question de coût, de
manutention, de transport, et on doit cesser d'acheter votre produit. Les
producteurs sont aux prises présentement avec... Ils sont laissés
à eux-mêmes et leurs terres produisent ou peuvent produire
uniquement ce genre de production agricole. Ils commencent leur année et
ne savent vraiment pas où ils vont aller. Peut-être dans le
même ordre d'idée que le député de
Joliette-Montcalm, je ne sais pas si le ministère ne pourrait pas se
pencher là-dessus pour tenter de trouver un autre genre de vocation
à ces producteurs. Je pense que c'est une plainte générale
et j'apprécierais que, dans le plus bref délai, il y ait quelque
chose qui se fasse, parce que ces gens-là sont vraiment malheureux
présentement. C'est leur gagne-pain après tout et je verrais mal,
surtout dans ce coin et pour les producteurs de tabac, c'est la
même chose, justement à Saint-Thomas-de-Caxton, c'est un sol qui
produit ce genre de choses je verrais mal... parce qu'on va en faire des
assistés sociaux d'ici très peu de temps, si cela ne fonctionne
pas, s'il n'y a rien qui se produit, peu importe la façon dont cela va
se produire. Ce sont des gens qui sont appelés à devenir des
assistés sociaux; avant, ils vivaient et ils avaient toujours à
coeur de vivre. Je voulais tout simplement donner une information additionnelle
et demander au ministre et au ministère s'ils ne pourraient pas, d'ici
quelques semaines au maximum, se pencher très sérieusement sur ce
problème qui me semble très épineux et qui va devenir un
problème social très grave au niveau des producteurs de
Saint-Thomas-de-Caxton dans mon comté.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le
député de Maskinongé. Compte tenu de l'heure... M. le
ministre, vous voulez ajouter?...
M. Garon: Je veux vous dire que concernant les producteurs de
Saint-Thomas-de-Caxton, suite aux représentations du
député de Champlain qui m'en a parlé, il y a
déjà quelques semaines, immédiatement, on a parlé
de ce dossier. Initialement, je n'étais pas au courant du dossier parce
que je n'étais pas intervenu dans l'affaire Catelli. Maintenant, le
ministère s'en est occupé et je dois dire qu'au sommet
agro-alimentaire, j'ai rencontré M. Melançon de Catelli à
qui j'en ai dit un mot, à savoir que l'arrêt brusque des achats de
Catelli ne permettait pas aux agriculteurs de la région de se recycler
et si ce n'était pas possible pour la compagnie, de leur donner au moins
un délai pour permettre aux agriculteurs de modifier leur entreprise. Le
ministère est intervenu et on me dit qu'il y a trois mesures qui sont en
marche actuellement. Un certain nombre d'agriculteurs seraient
indemnisés par Catelli.
M. Picotte: M. le ministre, je regrette, mais cela a
été fait jusqu'à maintenant. J'ai d'ailleurs
communiqué avec la compagnie Catelli et on m'a informé que bon
nombre d'agriculteurs avaient été indemnisés, mais je
pense que ce n'est pas cela que les agriculteurs veulent.
M. Garon: Non, attendez un peu, ce n'est pas fini. Il y a trois
solutions que l'on voit actuellement. Une partie sera indemnisée par
Catelli, une deuxième partie bénéficierait de conversion
des cultures en se dirigeant vers l'asperge, avec l'aide du ministère,
un programme de conversion des agriculteurs vers la production d'asperges, et
un troisième groupe vendrait sa production à une autre
entreprise. Immédiatement on s'est occupé de ce problème
et, au niveau des développements, j'ai demandé aux gens du
ministère de me tenir au courant du problème et on pourra en
reparler. Il faut dire que ce sont les trois mesures actuellement qui sont en
voie. J'en suis conscient et je trouve cela déplorable. Lorsque les
cultivateurs sont avertis, surtout aussi tardivement que cela, que leur
production ne sera plus achetée par les entreprises, il faudrait
permettre un certain délai. C'est pour cela d'ailleurs que dans les lois
qui vont être déposées en Chambre aujourd'hui on me
dit que cela va être aujourd'hui il y a justement une mesure pour
permettre au Crédit agricole d'intervenir dans des situations comme
celles-là. Je ne voudrais pas annoncer le projet de loi
immédiatement, il faut attendre à l'Assemblée nationale,
mais il va permettre justement au ministère de l'Agriculture d'avoir des
moyens d'intervenir dans ces situations.
M. Picotte: Je vous soulignerai, M. le ministre, que quand vous
parlez de culture d'asperges, j'ai rencontré plusieurs producteurs
à ce sujet. Cette solution avait été envisagée,
mais ils trouvaient qu'avant que cela produise réellement je
pense que c'est une période de trois ans d'ici ce
temps-là, ils étaient drôlement pénalisés. Je
ne sais pas si le ministère a prévu quelque chose pour cela. Mais
j'aimerais, si c'était possible, M. le ministre, au retour de la
commission parlementaire, que vous puissiez avoir des détails
addition-
nels là-dessus pour tout simplement renseigner les membres de la
commission, afin que ces gens se sentent plus sécurisés.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le
député de Maskinongé.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
Reprise de la séance à 15 h 45
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture est de nouveau réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'Agriculture pour
l'année financière 1978/79. Les membres de la commission sont:
MM. Baril (Arthabaska), Beauséjour (Iberville), Dubois (Huntingdon),
Mercier (Berthier), en remplacement de M. Gagnon (Champlain), Garon
(Lévis), Giasson (Montmagny-L'Islet). Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Picotte (Maskinongé), Rancourt
(Saint-François) et Roy (Beauce-Sud).
Les intervenants sont MM. Brassard (Lac-Saint-Jean), Charbonneau
(Verchères), Chevrette (Joliette-Montcalm), Cordeau (Saint-Hyacinthe),
Garneau (Jean-Talon), Mercier (Berthier) vous êtes aussi
intervenant Ouellette (Beauce-Nord), Samson (Rouyn-Noranda) et
Vaillancourt (Orford).
À la suspension, nous en étions aux préliminaires
avant de passer à l'étude des crédits et le dernier
intervenant était le député de Maskinongé.
Aviez-vous d'autres commentaires à faire après votre intervention
de ce matin, M. le député de Maskinongé?
M. Picotte: C'est-à-dire que j'avais parlé des
producteurs de fruits et légumes dans le comté et le ministre m'a
dit qu'il me donnerait peut-être certains détails. Je ne sais pas
s'il est prêt tout de suite ou s'il le sera plus tard.
M. Garon: Je vous les ai donnés en terminant la
commission.
M. Picotte: J'aurais voulu avoir plus de détails
spécifiques parce que, à un moment donné, vous m'avez dit
que vous aviez un programme d'incitation pour les agriculteurs
concernant...
M. Garon: ... l'asperge.
M. Picotte: ... l'asperge et, moi, je vous avais mentionné
qu'on en avait discuté avec certains producteurs. Les producteurs
semblaient être d'accord, avec la seule différence que, comme
l'asperge commence à montrer des signes de production après trois
ans, je me demandais si le ministère va apporter certaines subventions
à l'acre aux agriculteurs d'ici ce temps parce que, pendant une
période de trois ans, ils sont réduits à presque rien au
point de vue financier. Je ne voudrais pas qu'ils soient des assistés
sociaux pour une période d'au moins trois ans.
M. Garon: Si on va vite avec les crédits, si on peut
adopter, par exemple, une loi comme celle que j'ai déposée tout
à l'heure, soit la Loi favorisant un crédit spécial pour
les producteurs agricoles au cours de périodes critiques, il est
possible que ces producteurs entrent sous cette loi, laquelle, en plus des
mesures incitatives, pourrait les avantager au point de vue du crédit,
pendant une période de temps, pour se reconvertir.
M. Picotte: Cela pourrait être à l'intérieur
de ces lois.
M. Garon: Oui. C'est pour cela que je ne voudrais pas que le
député de Maskinongé, qui connaît ces producteurs,
les fasse attendre. S'il nous aide à aller rapidement avec les
crédits, rapidement pour l'adoption de ces lois, à ce
moment-là...
M. Picotte: M. le Président, on s'était entendu
concernant les crédits, je pense bien. Il y a eu une entente de principe
au point de départ pour les différentes commissions.
M. Garon: Le député de Maskinongé ne pourra
pas dire qu'on n'est pas efficaces. Il nous en a parlé à 12 h 30,
et la loi est déposée dans l'après-midi même.
M. Picotte: Je suis conscient que c'est un gros accouchement de
la part du ministre. Vous avez battu Mme Dionne avec ses cinq jumelles.
M. Garon: J'ai perdu 20 livres.
M. Picotte: De toute façon, on pourra en reparler. M. le
Président, je serais prêt à passer aux questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François a demandé la parole. M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: Je cède la parole au député de
Maskinongé pour ces questions parce que nous nous sommes entendus pour
aller rapidement à ce niveau.
M. Picotte: Concernant les questions.
Le Président (M. Boucher): Ah! Bon! Alors, allez-y!
Relations fédérales-provinciales
M. Picotte: M. le Président, j'avais mentionné au
ministre, à ce moment-là, que, concernant les relations
fédérales-provinciales, on y reviendrait. Je pense que c'est un
petit peu avec plaisir que je pourrai donner certains renseignements au
ministre concernant le programme d'aide à l'entreposage des
céréales fourragères. J'ai eu certaines communications et
des personnes qui travaillent avec moi ont aussi eu des communications avec les
personnes intéressées.
Je pense si je me trompe, vous pourrez me corriger à la
fin de tout que le programme d'aide à l'entreposage des
céréales fourragères l'entreposage régional,
en plus, des céréales fourragères est exlusivement
fédéral et le cadre de ce programme a été rendu
public, évidemment, par le ministre de l'Agriculture, M. Eugène
Whelan. On en a parlé, d'ailleurs.
M. Garon: Non, vous êtes dans les patates, là!
Le programme régional a été annoncé par le
gouvernement fédéral le 17 octobre mais il n'a jamais
été publié. Tout ce qu'il y a eu, c'est un
communiqué de presse. On n'a jamais eu autre chose. Tous les gens avec
qui on a été en contact, personne n'a jamais eu autre chose. Il y
a un programme québécois qui a été annoncé
par le premier ministre, M. Lévesque, le 21 octobre, qui prévoit
$30 millions sur cinq ans et, là-dessus, il y aura $21 millions du
gouvernement du Québec. Notre programme devrait être
annoncé la semaine prochaine puisqu'il est maintenant
complètement terminé.
M. Picotte: Si le ministre veut me laisser poursuivre, je pense
bien qu'il va s'apercevoir de la distinction que j'ai à faire. De toute
façon, quant au programme dont je vous parlais, présenté
par le ministère de l'Agriculture fédéral, je pense que,
dès le début de la semaine prochaine, on sera en mesure de vous
en déposer une copie. Ce que je voulais dire, c'est que ce programme qui
a été annoncé par le ministre de l'Agriculture
fédéral est un programme exclusivement fédéral.
M. Garon: Oui.
M. Picotte: À titre d'exemple, vous avez cité le
cas de la Société coopérative de Sainte-Rosalie. À
ce moment, le ministre fédéral a annoncé qu'il avait
promis de verser jusqu'à concurrence de 75% du coût. C'est le
Québec, oui. Le programme fédéral pour la construction
d'entrepôts régionaux est un programme semblable à celui du
crédit agricole, en principe. Par exemple, si vous avez un
agriculteur... La semaine prochaine, on vous en donnera une copie, M. le
ministre.
M. Garon: Comment faites-vous pour en parler, si vous n'en avez
pas?
M. Picotte: Parce que j'ai mes renseignements. J'ai
communiqué avec qui de droit. C'est un petit peu, selon les
renseignements que j'ai obtenus, comme un producteur, par exemple, qui
décide d'acheter de la machinerie. À ce moment, il peut se
prévaloir du programme de crédit agricole fédéral
ou encore du programme de crédit agricole provincial, mais pas des deux
en même temps. Il semblerait que ce programme soit un programme
exclusivement fédéral. Dans le programme qui a été
annoncé par le ministre fédéral de l'Agriculture, M.
Whelan, une coopérative a le choix entre le programme
fédéral et le programme provincial. Comme un producteur a le
choix entre le crédit agricole fédéral et le crédit
agricole provincial.
En conséquence, je pense qu'à ce moment, le ministre de
l'Agriculture a mentionné qu'il avait son propre programme provincial
ce dont je ne doute pas mais je ne sais pas si, à ce
moment... Du moins nous, de l'Opposition, nous n'avons pas eu connaissance de
ce programme qui a été déposé, mais s'il y en a
vraiment un et qu'il a été déposé, on aimerait
bien, si c'était possible, en avoir une copie. Le programme
fédéral est de l'or-
dre de $27 millions pour le Québec et consiste à
défrayer 50% du coût de construction d'un tel entrepôt.
C'est un premier programme. Il y a un deuxième programme aussi qui
existe.
M. Garon: Je vous ai remis le communiqué ce matin.
M. Picotte: Le deuxième programme qui existe est le
programme d'aide à l'entreposage à la ferme. Ce programme fait
suite, vous allez sûrement vous le rappeler, à une entente
signée à Chicoutimi entre le gouvernement fédéral
et le gouvernement provincial du Québec. Ce programme est de l'ordre de
$33 millions, à raison de $6,7 millions par année, le
Québec ne devant assumer que l'administration du programme. Ce programme
a été signé en février 1978 et devait
débuter le 1er avril 1978. Effectivement, je ne sais pas s'il a
débuté ou non, mais il devait débuter le 1er avril 1978.
Le gouvernement a déjà versé, même si le programme
n'a peut-être pas démarré à 100% le programme
fédéral selon les renseignements que j'ai obtenus, $1 675
000 au gouvernement du Québec afin de faire débuter ce
programme.
M. Garon: Là, vous êtes dans les patates. Là,
vous parlez du programme d'entreposage à la ferme.
M. Picotte: Oui.
M. Garon: Pas dans de l'entreposage dans la région. Ce
sont deux affaires.
M. Picotte: Je parle du deuxième programme auquel le
fédéral a participé. Je vous ai parlé tantôt
du programme d'aide à l'entreposage à la ferme. C'est de cela que
j'étais en train de vous parler. C'est cela que je vous mentionnais.
Dans un premier temps, je vous ai mentionné qu'il y avait un programme
qui était exclusivement fédéral, pour le régional,
uniquement pour l'entreposage de céréales fourragères au
niveau régional. Je vous arrive avec un deuxième programme
où là il y a eu participation du gouvernement
fédéral avec le gouvernement du Québec. À ce
moment, c'est pour la ferme. Ce programme fédéral-provincial a
quatre volets. Premier volet, subvention de 50% du coût d'achat et
d'installation des silos d'entreposage à la ferme et subvention pour
l'installation d'un système d'aération dans les entrepôts
à grain existants. C'est une subvention qui va jusqu'à $500 par
unité. Il y a aussi une subvention pour la construction de cribles
à maïs. C'est un premier volet.
Deuxième volet, toujours selon l'entente
fédérale-provinciale signée à Chicoutimi,
subvention sur l'achat d'équipement spécialisé pour la
récolte des grains: 30% du coût d'achat de moissonneuses batteuses
jusqu'à un maximum de $12 000 par unité et cela sur trois
ans.
Troisième volet: l'aide à l'amélioration et
à la conservation des fourrages, 30% sur le coût de construction
des silos à fourrage à la ferme jusqu'à un maximum de
$5000; 75% du coût d'achat de séchoirs à foin,
jusqu'à un maximum de $500.
Dans un quatrième volet, une aide à la qualité et
à la quantité des semences de céréales produites au
Québec, $700 000 par année.
C'est évident, M. le Président je viens d'entendre
une remarque qu'on le savait déjà, mais ce qu'on veut,
c'est que la population sache aussi une chose. Lorsque notre ministre de
l'Agriculture, au Québec, fait comme ce matin et nous parle justement du
deuxième volet, la subvention sur les achats de moissonneuses-batteuses
de $12 000 l'unité durant trois ans, il semble vouloir faire croire
à la population que le fédéral ne fait rien. On l'a
entendu, ce matin, à grands cris et à grand renfort de
publicité...
M. Garon: Tu as raison.
M. Picotte: ...dire que le fédéral n'a jamais rien
fait et qu'il nuit uniquement aux agriculteurs au Québec et aussi
à l'agriculture. J'aimerais cela qu'une fois pour toutes, au moins, on
mentionne que, dans cette entente fédérale-provinciale, tout ce
que fait le ministère de l'Agriculture au Québec, à peu
près à ma connaissance, c'est administrer ce budget et il ne sort
pas un sou des coffres de la province. Le ministre de l'Agriculture se penche
à quatre pattes, tout simplement, pour ramasser les sommes mises
à la disposition du ministère de l'Agriculture provincial par le
fédéral et fait, tout simplement, une politique...
Évidemment, je sais que ce n'est pas rentable de dire que cela vient du
fédéral, mais quand même!
M. Garon: II faudrait que vous relisiez le journal des
Débats, quand même, je l'ai mentionné, à plusieurs
reprises, suite à une entente signée à Chicoutimi. Je l'ai
mentionné au moins trois ou quatre fois sinon plus, ce matin et hier,
quand j'ai parlé du programme d'entreposage à la ferme. Alors,
écoutez, soyez sérieux! Je l'ai mentionné plusieurs fois,
mais arrêtez de vous gargariser; quand il s'agit de ces $6,7 millions, ce
n'est pas de l'argent nouveau; c'est à la suite des coupures de
subventions sur le transport du maïs de l'Ouest vers le Québec,
c'est le remplacement d'une coupure de quotas, un peu comme la politique de ce
printemps où, encore, on vient de couper de $18 millions au
Québec la subvention sur la poudre de lait. On coupe les quotas
actuellement.
M. Picotte: M. le Président, vous avez encore la plus
belle preuve que l'on veut camoufler, que l'on veut poudrer, tout simplement,
tout ce qui peut se paser et qu'on veut vendre cela à n'importe qui.
C'est parce que, justement, il y a eu tellement peu de fait en agriculture par
le gouvernement du Québec que c'est de bonne guerre de faire, tout
simplement, des déclarations semblables, de se fâcher et de faire
du nationalisme et de partir en peur quand on discute de cela.
M. Garon: M. le Président, je demande au
député de Maskinongé de retirer ses paroles parce qu'il
est en train de mentir. Je le dis: Ces $6,7 millions durant cinq ans est un
programme pour compenser des coupures. Laissez-moi finir, M. le
Président. Je lui demande de retirer ses paroles parce qu'il ment.
M. Picotte: D'abord, M. le Président, c'est moi qui avais
la parole et je peux difficilement accepter que ce soit le ministre de
l'Agriculture qui termine. J'avais la parole et je me demande pourquoi
j'accepterais...
Le Président (M. Boucher): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Garon: C'est un programme pour compenser...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le
député de Maskinongé avait terminé ou s'il n'avait
pas terminé?
M. Picotte: Non, je n'avais pas terminé.
Le Président (M. Boucher): Vous avez la parole, M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: Tout ce que je veux souligner par là, c'est
que c'est un programme qui a été signé faisant suite
à des ententes entre les gouvernements fédéral et
provincial.
Qu'il y ait eu des coupures dans d'autres domaines, cela peut être
possible, je ne nie pas cela: Tout ce que je demande, si les ministres de
l'Agriculture provincial et fédéral ont réussi à
s'entendre sur un programme donné, c'est qu'on cesse de gueuler, de
crier, puis de descendre, tout simplement, le gouvernement avec qui on doit
faire affaires, parce qu'on est encore, à ce que je sache, dans la
confédération canadienne. La journée où on ne le
sera plus, si jamais cela arrive, je n'aurai pas d'objection à ce qu'on
gueule contre n'importe qui, mais, entre-temps, on est quand même
obligé de s'asseoir avec le gouvernement fédéral qui se
trouve à être le gouvernement central et de discuter de certains
programmes.
Lorsque le ministre de l'Agriculture m'apporte une raison additionnelle
et dit que ces $6,7 millions ont été coupés ailleurs,
c'est à peu près semblable, M. le Président, à ce
qui arrive lorsqu'un groupe d'agriculteurs vient me voir dans mon comté
et qu'ils me disent: Nous autres, cela fait des années qu'on a une route
qui n'est pas carrossable et regardez donc cela, si c'est bête, vous
allez donner $10 000, $12 000, $15 000, $18 000, avec vos budgets hors normes,
pour développer des loisirs, alors que nous autres, on n'est même
pas capables de se promener dans un chemin carrossable en 1978. À ce
moment-là, il faut faire comprendre aux individus que même si on
ne donne pas de loisirs au Québec, cela n'en donnera pas plus à
l'agriculture. Ce sont des programmes différents, des intentions
différentes qui s'adressent à des catégories de personnes
différentes. Que le ministre de l'Agriculture ne me dise pas que les
$6,7 millions qu'on a réussi à décrocher pour le programme
d'aide à l'entreposage à la ferme, c'est parce que cela avait
été coupé ailleurs. Si cela a réellement
été coupé ailleurs, que le ministre de l'Agriculture fasse
ce qu'il a déjà fait. Ce serait peut-être l'occasion de le
féliciter. Si, enfin, un programme a été accepté,
si une entente a été signée à Chicoutimi entre te
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial, c'est
sûrement parce que les gars ne se sont pas donné trop de coups de
bâton ou de coups de pied vous savez où. C'est parce qu'ils ont
réussi à s'asseoir et à s'entendre sur un programme.
S'il y a eu des coupures dans d'autres domaines, évidemment,
c'est long. Cela a été aussi long, l'année passée,
pour certaines municipalités d'attendre leur budget; on leur avait
promis de faire du développement, de la colonisation. Cela a
été aussi long d'attendre leur chèque. C'est tout à
fait normal. Quand on transige avec des gouvernements, quand on transige avec
une administration publique qui est de plus en plus lourde, c'est normal que
cela prenne du temps. Ce qui n'est pas normal, c'est de toujours imputer le
tort qu'ils n'ont pas, dans bien des cas, aux gens avec qui on veut discuter et
de les rabrouer. Je voulais souligner qu'il y a eu une entente,
effectivement.
En terminant, vu qu'il semblerait... C'est public, mais vous ne le dites
pas assez souvent, M. le ministre.
M. Garon: Ce n'est pas facile pendant la grève des
journalistes.
M. Picotte: II y a un programme provincial j'ai
tenté de faire la distinction, tantôt, entre le programme
fédéral et le programme provincial dont le ministre nous a
parlé qui devait débuter le 1er avril 1978. Je prends la
parole du ministre qui dit qu'il peut y avoir un tel programme
déposé mais, comme je vous l'ai mentionné, nous ne l'avons
pas eu, nous autres, de l'Opposition, du moins. Il y a aussi d'autres personnes
qui ne l'ont pas eu. Si le ministre avait l'amabilité de nous
démontrer qu'un tel programme existe, avec toutes ses modalités,
nous serions bien heureux d'en prendre connaissance. S'il ne l'a pas ici
présentement, il pourrait nous l'apporter à un moment
donné parce qu'on est ici pour quelques heures encore. Sinon, s'il ne
l'a pas écrit les fonctionnaires me font signe que ce programme
existe bel et bien au ministère s'il n'est pas encore
déposé, je pense que le ministre a toutes les ressources humaines
nécessaires ici présentes pour nous donner des explications
immédiatement.
C'était une partie des questions que j'avais à poser cet
après-midi au ministre, comme je vous l'avais mentionné, avant de
commencer l'étude programme par programme.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, avez-vous
quelque chose à ajouter à l'intervention du député
de Maskinongé?
M. Garon: Oui, juste quelques mots. Tout le monde sait les
gens renseignés, en tout cas, sa-
vent qu'en 1976 le gouvernement fédéral a
coupé de $6,7 millions, ad vitam aeternam, c'est-à-dire pour
toujours, une subvention sur le transport des grains de provende vers l'Est, de
$6,7 millions, sur une subvention totale d'à peu près $10
millions qu'il versait. Il a réduit sa subvention de $6,7 millions pour
toujours, à jamais. Devant les récriminations, il a dit: Par
ailleurs, je vais vous donner cette même subvention pendant cinq ans, je
prends l'engagement de la verser pendant cinq ans, pour un programme qui
pourrait servir à améliorer l'alimentation du bétail au
Québec, de la même façon que l'Ontario l'a eue. Alors,
cette subvention a été coupée de $6,7 millions et,
après, on a décidé de la maintenir pendant cinq ans, cette
même subvention de $6,7 millions, mais pour un programme additionnel.
Cela a pris 19 mois de discussions pour en arriver à une
conclusion. Pour montrer à quel point je ne le cachais pas, vous pouvez
demander à M. Whelan. Je lui ai offert pendant deux mois de temps... On
s'était d'abord entendu en novembre et j'avais même accepté
sa proposition telle quelle pour ne pas faire de chicane, mais il semble que,
par la suite, M. Whelan n'a pas été capable de vendre sa
proposition au chef de la propagande fédérale, M. Lalonde, qui
trouvait qu'il n'y avait pas assez de publicité, que cela prenait plus
de publicité. J'ai même offert à M. Whelan de venir signer
ici, dans le salon rouge, et d'inviter tous les journalistes de la colline
parlementaire. Est-ce qu'on peut être plus de bonne foi que cela? C'est
ce que j'ai offert à M. Whelan. Je le dis pour que ce soit inscrit au
journal des Débats, pour que vous puissiez lui montrer le texte, si vous
voulez, pour savoir si c'est vrai. (16 h 5)
Qu'est-ce qu'on a eu comme retour? Le 28 décembre, le
sous-ministre fédéral qui communiquait avec un sous-ministre
adjoint, au Québec, pour lui proposer de recommencer les
négociations. Quand c'est arrivé, je me souviens j'étais
dans le bureau du sous-ministre, le sous-ministre adjoint arrive et nous parle
de cela. J'ai dit: Comment, c'est réglé? J'avais même
obtenu l'autorisation du Conseil des ministres québécois pour
signer l'entente qui avait été adoptée un mois ou un mois
et demi auparavant; on attendait depuis un mois la date qui conviendrait
à M. Whelan pour signer et, à la place, qu'est-ce qu'on a eu?
C'est le sous-ministre qui voulait recommencer les discussions parce que,
apparemment, le chef de la propagande fédérale, M. Lalonde, genre
de Dracula politique, voulait qu'il y ait plus de publicité. Cela a
reculé encore, pendant des mois, la signature. J'ai rencontré M.
Whelan à Winnipeg et lui ai dit: Que voulez-vous de plus? On a
accepté, telle quelle, votre proposition, sans y changer un seul mot. Ne
seriez-vous pas d'accord avec votre propre proposition? À ce moment, M.
Whelan m'a apporté une autre modification mineure question de
sauver la face et on a encore accepté. Cela a été
signé, parce qu'on ne voulait pas pénaliser les agriculteurs; de
sorte que, jamais, à aucun moment, nous n'avons nié qu'il
s'agissait de $6,7 mil- lions qui venaient du gouvernement
fédéral, dont une bonne partie des taxes sont payées par
les citoyens du Québec. Nous avons donc signé et, même pas
un mois après, le fédéral coupait une autre subvention au
Québec pour le lait en poudre de $18,2 millions ou $18,4 millions. Il
reprenait presque trois fois plus que la somme qu'il venait d'accepter de
donner et qui provenait d'une autre coupure.
Je suis étonné du comportement de l'Opposition officielle
et encore plus d'un député qui représente un comté
où il y a des agriculteurs. Je trouve que c'est une infamie, c'est un
scandale, c'est honteux et je suis renversé de voir le comportement du
gouvernement fédéral, dans le Québec, qui se comporte
comme un gars qui arriverait d'un terrain de vase, les bottes pleines de boue,
et qui entrerait dans votre salon sans enlever ses bottes. C'est la situation
et vous devriez vous aussi dénoncer cette situation où on coupe
les quotas, les subventions aux cultivateurs, constamment, au Québec, et
on se moque des agriculteurs; on enlève deux fois plus d'une main qu'on
donne de l'autre.
M. Picotte: Je comprends, M. le ministre, que, de la façon
dont vous traitez ces gens, il reste beaucoup de dossiers en suspens.
M. Garon: II n'y a pas de dossier en suspens.
M. Picotte: Voyons donc! Vous seriez capable d'aller
négocier bien d'autres choses, vous parlez de la coupure qui a eu lieu.
Ces choses pourraient revenir en discussion, mais, quand vous dites que vous
êtes de bonne foi, M. le ministre, vous ne...
M. Garon: Non, écoutez...
M. Picotte: ... pouvez pas être en bonne foi et traiter ces
gens comme vous les traitez sans aller discuter avec eux.
M. Garon: M. le député de Maskinongé, je
viens de dire que M. Whelan était prêt à signer, j'avais
accepté sa propre proposition et j'ai dit que c'était M. Lalonde,
avec son comité spécial des relations avec le Québec, qui,
apparemment, n'a pas voulu parce qu'il n'y avait pas assez de publicité.
Je n'ai pas mal traité M. Whelan.
M. Picotte: Êtes-vous revenu à la charge à ce
moment-là?
M. Garon: Oui, je suis revenu à la charge quand je l'ai
rencontré à Winnipeg, le 15 janvier. Le sous-ministre avait
appelé le 28 décembre; le 15 janvier, quand je suis arrivé
à Winnipeg, je lui ai remis une lettre dans laquelle je résumais
la situation et je lui demandais à quel moment on pouvait croire Ottawa
quand on acceptait ses propositions telles quelles et qu'on revenait, deux mois
plus tard, discuter des propositions qu'on avait acceptées on
avait accepté telle quelle la proposition et deux mois plus tard
il voulait rediscuter
sur sa propre proposition. À ce moment-là j'ai dit: Ce
n'est pas sérieux, on ne peut pas négocier dans de telles
conditions. Je vais vous dire bien franchement que j'ai pu voir, à l'air
de M. Whelan, qui est un gentilhomme, que lui-même était
estomaqué et qu'il était peiné de la situation. Je puis
dire que j'ai senti, de leur part, un sentiement d'impuissance. J'ai senti que
cela ne dépendait pas d'eux, c'était clair. Évidemment, il
ne m'a pas dit que c'était M. Lalonde, d'autres sources d'information
m'ont dit ces choses.
M. Dubois: M. le Président, j'aimerais questionner le
ministre sur le même sujet.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que c'est sur le
même sujet?
M. Dubois: Sur le même sujet, oui.
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais savoir si le ministre a diffusé
l'entente originale Canada-Québec sur l'aide aux entrepôts
régionaux, aux silos régionaux de grain de provende.
M. Garon: L'entente a été signée en
présence d'une quinzaine de journalistes à Chicoutimi.
M. Dubois: Est-ce que cette entente est diffusée
auprès des députés?
M. Garon: Pardon? Pour des silos régionaux? Non, c'est
pour les silos à la ferme.
M. Dubois: Les silos à la ferme, je veux dire, oui. Il y a
une autre entente par contre de $2,7 millions où le
fédéral donne 50% pour des silos régionaux.
M. Garon: II n'y a pas d'entente là-dessus. C'est un
communiqué...
M. Dubois: C'est un programme fédéral seulement,
c'est cela?
M. Garon: C'est un programme qui a été
annoncé le 17 octobre 1977. Je suis étonné de ce que vient
de dire le député de Maskinongé. C'est bien ce que je
pensais, il n'y a plus de communication. Ils sont plus intéressés
à le dire aux députés du Parti libéral que de nous
le dire à nous qui leur avons demandé s'il y avait une
possibilité d'entente entre les deux programmes, et cela a tourné
en rond constamment. Je suis étonné d'entendre dire que c'est un
programme exclusif. Parce que, sachant d'avance que la subvention
québécoise doit aller à 70%, si la subvention
fédérale doit aller à 50% et qu'on en fait un programme
exclusif, cela veut dire, bien entendu, que le programme fédéral
va être inopérant au Québec.
M. Dubois: Dans le cas de Sainte-Rosalie on avait le choix, je
crois, d'accepter le programme fédéral à 50% ou de prendre
le programme provincial où vous avez offert 75%. C'est cela?
M. Garon: J'ai dit qu'on offrait 75% en disant qu'on permettait
au fédéral de contribuer et, à ce moment-là, la
subvention fédérale serait déduite du montant
subventionné par Québec, qui était évidemment plus
haut. Plutôt que de continuer des débats trop longs, comme tout le
monde sait que ces centres d'entreposage sont un service, qu'il n'y a pas
vraiment d'argent à faire avec cela, c'est un service à
l'agriculteur, pour que cela puisse être financièrement rentable
les experts m'ont dit la même chose il faut aller à
70% ou 75%. C'est pour cela que nous avons dit 75% pour Sainte-Rosalie parce
qu'on voulait développer la technologie québécoise et
alors, à 70%, si le fédéral veut mettre quelque chose, on
le déduira du montant québécois et il n'aura qu'à
donner la moitié du montant québécois s'il le veut.
M. Dubois: II me semble que Sainte-Rosalie aurait pu profiter du
programme fédéral à 50% de subvention pour son
entrepôt. Il y a quand même $27 millions que le
fédéral laisse au Québec pour ce programme-là.
M. Garon: Quand vous mettez cela dans un budget, le
fédéral, en 1974, avait dit qu'il mettrait $40 millions. Il n'a
jamais publié le programme. En 1977, il dit qu'il allait mettre $27
millions. On n'a pas encore vu le programme. Le député de
Maskinongé est chanceux parce qu'on lui dit qu'il va avoir une copie du
programme. Je suis content, c'est pour cela que je vous l'avais demandé
ce matin, parce que je me disais qu'il y avait une chance que vous l'ayez avant
nous. Évidemment, dans le programme fédéral il y a trois
volets. Je parle du communiqué de presse du mois d'octobre 1977. Un des
volets et j'ai l'impression que c'est celui qui va fonctionner a
pour but de financer des meuneries qui vont accepter des grains de l'Ouest, qui
s'approvisionneront en grains de l'Ouest. Évidemment, là je ne
dis pas que c'est mauvais, mais je dis que c'est un des volets. Un autre volet
était de financer de l'entreposage de céréales produites
ici. Si le fédéral, comme vient de le dire le
député de Maskinongé, en fait un programme exclusif
c'est le fédéral ou le provincial qui finance à 30% ou
50%, parce que ce qui est annoncé dans son communiqué de presse
c'est qu'il finance un certain montant, mais qu'une partie sera sous forme de
subvention et qu'une partie devrait éventuellement être
remboursée quand ce sera rentable. C'est évident qu'à ce
moment-là il n'y a pas grand monde qui va se prévaloir du
programme fédéral. Tout le monde va venir au programme provincial
qui est plus généreux. C'est se péter les bretelles que de
sortir un programme comme celui-là, en campagne électorale, quand
on l'a annoncé six mois auparavant.
M. Dubois: Au niveau de l'entente que vous avez signé le
17e jour de février, est-ce que vous
avez diffusé ce programme, l'entente originale
Ottawa-Québec?
M. Garon: On s'est entendu pour une diffusion conjointe du
programme.
M. Dubois: J'ai une copie ici de la convention
Canada-Québec.
M. Garon: Vous avez remarqué que là-dedans il est
question qu'on s'entende conjointement sur la publication pour annoncer ce
programme, et on vient d'avoir je pense que c'est il y a deux semaines
un projet de publicité pour une publicité conjointe sous
forme de brochure pour les silos à la ferme.
M. Dubois: L'entente est ratifiée puisque c'est
signé depuis le 17e jour de février!
M. Garon: Non. L'entente est signée. M. Dubois:
D'accord. J'en ai copie ici.
M. Garon: Mais dans l'entente, il est prévu que la
publicité sur notre programme va être faite conjointement. On a
accepté cela.
M. Dubois: Vous voulez y aller avec un coup de publicité
avant?
M. Garon: On a annoncé le programme. Des
députés fédéraux ont envoyé l'entente
à leurs électeurs agriculteurs. Plusieurs m'ont dit qu'ils
avaient reçu le texte de l'entente. Pour les fins de la
publicité, on avait convenu, dans l'entente, qu'il y aurait une brochure
conjointe. À ce moment, ce sera publié sous forme de brochure
parce que, entendons-nous, c'est une entente, qui va durer cinq ans.
Évidemment, les gens ne feront pas nécessairement cette
année l'entente. Elle est susceptible, au cours des années, selon
que les programmes fonctionnent ou ne fonctionnent pas, d'être
modifiée.
M. Dubois: Si quelques députés ministériels
veulent avoir une copie de l'entente, je l'ai en français et en
anglais.
M. Garon: Vous l'avez eue...
M. Dubois: Je l'ai eue de source normale.
M. Garon: II y en a plusieurs. Il n'y a pas eu de cachette sur
les copies. Les députés l'ont aussi. Avez-vous lu l'annexe B?
À ce moment, vous verriez que vous n'avez pas besoin de poser ces
questions. Dans l'annexe B, on dit: "Pour assurer l'application efficace du
programme et la reconnaissance des contributions apportées par chacune
des parties à cette convention, il est prévu, par les
présentes, que, premièrement, le Québec, préparera
les formules de demandes appropriées, exécutera le programme sous
la direction du comité de mise en oeuvre et fera parvenir les
chèques aux producteurs, deuxièmement, le gouvernement
fédéral fournira les renseignements nécessaires relatifs
au programme, notamment par des brochures et réclames publicitaires
explicitant les informations détaillées exigées par
l'article 14. À cette fin, des fonds seront prélevés
à même le budget d'administration générale du
ministère de l'Agriculture du Canada et les renseignements ci-devant
identifiés seront assujettis à l'approbation du comité de
mise en oeuvre". Vous voyez qu'il n'y a pas de cachette là-dedans. Quand
vous dites qu'on a peur de dire que c'est suite à une entente
fédérale, regardez l'entente qu'on a signée.
Troisièmement, on a signé ceci en plus: "Les talons de
chèques porteront la mention suivante: "Le chèque ci-joint
constitue un versement d'indemnité s'inscrivant dans le cadre des
récents ajustements apportés au programme d'aide au transport des
céréales fourragères en provenance de l'Ouest du Canada."
On dit:"En compensation je ne raconte pas de mensonges, c'est
écrit dans le texte même de l'entente des récents
ajustements apportés au programme d'aide au transport." C'est un terme
poli pour dire des coupures de subvention. On n'a pas voulu se chicaner sur des
virgules. En fait, quand on dit "récents ajustements", c'est
évident que c'est une coupure de subvention qu'on remplace par cela et
temporairement. Cela va être écrit sur le chèque: "Le
programme est appliqué par le Québec en vertu d'un accord conclu
avec le ministère fédéral de l'Agriculture, lequel
prévoit des déboursés totaux de $33,5 millions de la part
du gouvernement fédéral. " On ne met même pas la
contribution du Québec sur le chèque. M. Whelan a dit
lui-même à Ottawa que, s'il n'y avait pas eu d'entente avec le
Québec, évidemment l'administration de ce programme
coûterait plusieurs centaines de milliers de dollars par année. On
ne l'écrit même pas sur le chèque. On laisse le
fédéral écrire que cela vient exclusivement de lui.
Franchement, lorsque vous dites qu'on ne veut pas donner de publicité
à Ottawa, il faudrait peut-être s'excuser d'exister sur le
chèque en même temps.
M. Picotte: M. le Président, il est évident que
c'est difficile de cacher que c'est de l'argent qui vient du
fédéral quand les ententes sont en train d'être
signées, parce qu'une entente, au moins, nécessite qu'il y ait
deux parties. Si le ministre veut bien prendre la peine de relire le
communiqué de presse qu'il a fait sur TELBEC, le 24 février 1978,
à Drummondville, il verrait que, dans tout près trois pages de
texte, en aucune place il n'a été question d'une entente
fédérale-provinciale. Bien au contraire, dans certains cas, on
laisse croire que cela a été... Par exemple, on dit: "Ces
différentes mesures s'inscrivent dans le programme de soutien de
l'économie annoncé en octobre dernier par le premier ministre,
René Lévesque." À ce moment, tout au long, même s'il
s'agit d'une entente, je vous jure que vous n'en faites pas grand état,
du moins pas dans votre communiqué, lequel a été
distribué et envoyé à tous les journaux du Québec.
Cela aurait été une façon de
le souligner, lorsque cela va bien et pas seulement quand cela va mal.
C'est cela que j'appelle une partie de la vérité.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe. (16 h 20)
M. Garon: Non. Je vais vous dire une chose: Quand on fait une
conférence de presse, on répond aux questions des journalistes.
Dans les comptes rendus de la presse qui ont été faits, vous
remarquerez qu'il avait été mentionné, au cours de la
conférence de presse, que c'était à la suite de l'entente
signée à Chicoutimi.
M. Picotte: Dans votre communiqué de TELBEC, il y
avait...
M. Garon: Je l'ai même dit trois fois au sommet
agro-alimentaire, je l'ai mentionné à trois reprises. C'est-y
assez fort?
M. Picotte: En tout cas, de toute façon, il n'en a pas
été question là-dedans. Je voulais vous le souligner, M.
le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, sur le même sujet.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
participer à la commission de l'agriculture. Cela témoigne
qu'hier, si je n'étais pas ici, je ne voulais pas me camoufler,
contraitement à ce qu'a prétendu le député de
Joliette-Montcalm. Il a même dit hier qu'il était prêt
à me poser des questions. Je suis disponible pour répondre
à ces questions lorsqu'il viendra. C'est pour confirmer la parole de mon
collègue de Huntingdon qui disait que je serais ici aujourd'hui. Alors,
c'est un fait établi.
M. le ministre, concernant ce programme de $35 millions, vous pouvez
disposer de $6,7 millions par année pendant cinq ans. Faut-il que ce
montant soit dépensé chaque année ou est-ce le montant
total, en cinq ans, dont on peut disposer? On peut aller jusqu'à $10
millions une année et, l'année suivante, jusqu'à $4
millions, etc.? D'accord.
Concernant la coupure de $18 millions en ce qui regarde la poudre de
lait, est-ce que les autorités fédérales vous ont fait
connaître les raisons pour lesquelles elles ont abandonné cette
subvention?
M. Garon: Moi, j'ai appris les mêmes choses que vous par
les journaux. Quand le gouvernement fédéral a coupé $18
millions sur les subventions pour la poudre de lait, j'ai lu la même
chose que vous, les articles des journaux.
M. Cordeau: Par contre, avez-vous fait des
représentations, après avoir appris la nouvelle, pour vous
enquérir des raisons de cette coupure et également pour essayer
d'établir d'autres programmes pour que la province de Québec
profite de cette coupure d'une autre façon?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: J'ai écrit de nombreuses lettres à M.
Whelan, depuis le mois de janvier.
M. Cordeau: Concernant ce sujet?
M. Garon: Pas particulièrement à ce sujet. J'ai
parlé, par exemple, de la politique laitière, j'ai parlé
de la poudre de lait, j'ai parlé d'un tas de sujets quand j'ai
écrit à M. Whelan cette année. Je dois dire, non pas en ce
qui concerne le sujet dont vous parlez en particulier, mais en ce qui concerne
la question du lait en général.
M. Cordeau: Lorsque nos producteurs se font couper de $18
millions, je pense qu'il serait juste et raisonnable que le ministère
fasse des représentations auprès des autorités
fédérales afin de faire valoir les intérêts de tous
nos producteurs agricoles. Si cela n'a pas été fait, M. le
ministre, je vous engage à le faire et vous pouvez être
assuré de ma collaboration dans ce sens.
M. Picotte: Très sérieusement, M. le ministre,
à la suite de ce que vient de dire le député de
Saint-Hyacinthe, lorsqu'il arrive une coupure semblable de l'ordre de $18
millions, je comprends que le ministère de l'Agriculture
québécois doive protester avec véhémence et
écrire des lettres. Je sais que cela ne donne à peu près
rien d'envoyer des lettres parce que cela reste tout simplement des lettres,
comme il arrive parfois qu'on écrive à certains ministres,
même nous autres, les députés, et que, trois, quatre ou
cinq mois après, on n'a pas eu un accusé de réception.
C'est arrivé dans certains cas. Je ne dis pas tout le monde et je ne
veux pas citer personne en particulier. Il peut y avoir là une foule de
retards explicables. Cela arrive tout simplement au niveau d'une simple
missive.
M. Cordeau: II faut toujours y aller soi-même. C'est perdu
à la poste.
M. Picotte: II y a un fédéral pour tout le monde et
il y a des lettres que j'écris dans mon comté qui arrivent plus
vite, qui sont plus rapides.
M. Garon: C'est peut-être cela. La Gendarmerie royale a
dû prendre nos lettres.
M. Picotte: M. le ministre, ce à quoi je voudrais vous
sensibiliser, et je pense que cela a été l'essentiel de
l'intervention du député de Saint-Hyacinthe, c'est que le
gouvernement du Québec, à mon avis, devrait avoir, dans d'autres
domaines, certaines contre-propositions ou d'autres propositions à faire
au gouvernement fédéral pour aller chercher des millions dans
d'autres domaines.
Évidemment, si c'est impossible dans un domaine bien
précis, il y aurait des suggestions à faire. Je pense que c'est
un petit peu comme cela que le ministère de l'Agriculture sans
vouloir vous imposer quoi que ce soit devrait, dans des circonstances
semblables, par d'autres programmes, via d'autres propositions, sensibiliser le
ministère fédéral de l'Agriculture et son ministre.
M. Garon: J'ai fait de nombreuses représentations. Dans le
domaine de la recherche, par exemple, pour donner un exemple, je l'ai fait
à Winnipeg, je l'ai fait par des lettres que j'ai écrites
à M. Whelan. Dans une conférence de presse, on est venu à
Québec dire que le fédéral établissait trois
centres pour diriger sa recherche au Canada. Un dans l'Ouest, un en Ontario et
un au Québec pour l'Est du Canada. À ce moment, on a dit que le
centre serait à Québec et que le fédéral
dépensait sept fois plus que le Québec, etc. Quand je suis
allé à Winnipeg, j'ai demandé à M. Whelan
directement: Quelle est la proportion? Dans une conférence de presse de
votre sous-ministre à Québec, on a dit qu'il se dépensait
$107 millions. J'aimerais connaître la partie qui est
dépensée par le centre de Saskatoon; la partie
dépensée par le centre de Toronto pour l'Ontario; et la partie de
ce budget dépensée dans l'Est. Résultat; $42 millions dans
l'Ouest, $42 millions en Ontario, $21 millions pour l'Est.
J'ai demandé à M. Whelan: Je ne veux enlever rien à
personne. Je ne veux pas enlever d'argent à l'Ouest. Je ne veux pas
enlever de l'argent à l'Ontario, mais j'aimerais que vous doubliez le
montant de l'Est pour le faire passer de $21 millions à $42 millions.
À ce moment, ce serait équitable. Il y a 24 millions de
population au Canada. À peu près 8 millions dans l'Ouest,
à peu près 8 millions en Ontario et à peu près 8
millions dans l'Est, grosso modo. Tout le monde aurait ses $42 millions, ce
serait équitable. J'ai écrit à M. Whelan.
M. Cordeau: Vous auriez pu rencontrer vos collègues des
autres provinces de l'Est pour faire une pression conjointe, avec tous les
autres ministres de l'Agriculture, pour essayer d'obtenir pour l'Est ce que
l'Ouest a eu.
M. Garon: Je l'ai fait devant tout le monde à la
conférence fédérale-provinciale à Winnipeg, le 15
janvier dernier.
Je l'ai fait plus précisément la deuxième
journée, le 16 janvier.
M. Cordeau: Si les ministres envoyaient une lettre ou une
pétition conjointe demandant que le montant vous savez, cinq
c'est plus fort qu'un...
M. Picotte: M. le ministre, vous avez été vraiment
mal influencé cette fois par le ministre fédéral parce que
vous-même, dans votre propre budget, vous diminuez le budget de la
recherche de $1 million.
M. Garon: Non, ce n'est pas exact. L'an dernier, ce qu'il y a
eu...
M. Picotte: Je regarde ce qui est marqué sur les
crédits. C'est indiqué dans le livre.
M. Garon: Non, je vous ai donné cela comme explication au
début des crédits en vous disant qu'il y avait $1,5 million l'an
dernier, $1,36 million exactement, pour construction de serres à
Saint-
Hyacinthe. Il reste $140 000 qui entrent dans le budget 1978/79. Il
s'agissait d'une dépense particulière d'immobilisation.
Évidemment, ce n'est pas une dépense de fonctionnement. C'est une
dépense d'immobilisation. Et ce qui semble diminuer, ce n'est pas exact
si vous enlevez cette dépense, vous avez une augmentation.
M. Cordeau: M. le ministre, si vous voulez faire des
représentations en ce sens, je pense que vous avez la collaboration de
l'Opposition, actuellement.
M. Picotte: C'est encore la faute de Saint-Hyacinthe,
évidemment.
M. Cordeau: Pas du tout. Il y a de la place à
Saint-Hyacinthe pour ces sortes de recherches, M. le ministre, si les
autorités le veulent bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François a demandé la parole, tout à l'heure, il y a
un bon moment. Ce n'est pas sur le même sujet.
M. Rancourt: Voulez-vous continuer, monsieur? Avez-vous d'autres
questions, selon notre entente ou si vous préférez que je passe
tout de suite?
M. Picotte: Vous voulez faire votre intervention...
M. Rancourt: Je vais la faire. Ce ne sera pas tellement long,
c'est une intervention générale.
M. Picotte: Je n'ai pas d'objection. Évidemment, on aura
d'autres questions au fur et à mesure. On pourra revenir après la
dernière question.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Je me réfère à une remarque du
sous-ministre, à savoir qu'on pourrait prendre deux fois le montant
cette année, c'est-à-dire deux fois $6,7 millions. Je regarde les
dispositions financières ici et on dit: $33,5 millions du 1er avril 1978
au 31 mars 1983. Cela veut dire qu'en 1978 c'est $6,7 millions qu'on peut avoir
du fédéral. On ne pourrait pas avoir $13 millions cette
année. C'est dans les dispositions financières de l'entente
signée le 17 février. Alors, on ne peut pas prendre $13 millions
cette année, je crois. Si vous avez une entente signée, à
savoir que vous pouvez prendre $6,7 millions en 1978 seulement, et c'est un
programme de cinq ans qui finit en 1983...
Je voudrais avoir un éclaircissement là-dessus quand
même. On peut prendre deux fois $6,7 millions cette année ou on ne
peut pas? Les dispositions financières ne l'indiquent pas.
M. Garon: L'entente est effective à partir de
l'année où l'aide au transport a été
abandonnée, et c'est 1976.
Oui, c'est cela. Vous avez raison.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, pour le
journal des Débats.
M. Garon: Alors, l'article 5 de l'entente, vous l'avez l'article
5? Les tranches annuelles prévisibles correspondant à
l'année financière des gouvernements seront de $6,7 millions
cela va bien jusque là, c'est ce qui est prévu à
l'annexe a) mais pourront varier selon le rythme des dépenses,
sans cependant excéder de façon cumulative les montants rendus
disponibles à partir du 1er août 1976, en vertu de l'application
durant une période équivalente des taux modifiés d'aide au
transport. Ce qui veut dire qu'on a accumulé depuis le 1er août
1976 une économie de $6,7 millions par année, donc que c'est
disponible. Avec l'estimation des $6,7 millions de dépenses, on peut
aller à $6,7 millions, plus ce qu'on a accumulé entre le 1er
août 1976 et le 1er avril 1978, ce qui veut dire pratiquement deux ans,
donc une valeur de l'ordre de $12 millions. On pourrait ainsi dépenser
à peu près $18 millions cette année et cela serait
remboursable par le gouvernement, selon l'article 5.
M. Dubois: Qu'on pourra les dépenser d'ici 1981, au lieu
de 1983.
M. Garon: Oui, exactement, mais on ne pourra pas dépasser
$33,5 millions, selon cette entente.
M. Dubois: D'accord. C'est parce que l'article 4 dit exactement
le contraire.
M. Garon: Non, pardon. Le gouvernement du Canada s'engage
à rendre disponible un montant global de $33,5 millions. On ne pourra
jamais dépasser $33,5 millions.
M. Dubois: D'accord, mais pour la durée de l'accord
1978-1983; on peut voir qu'on peut les dépenser d'ici 1981.
M. Garon: Oui, mais peu importe à quel moment durant cette
période.
M. Dubois: Oui, mais en 1983, il faudra que le montant soit
dépensé, autrement on le perd.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président, parce que les agriculteurs
n'ont que faire d'un flot de paroles qui sont presque toujours l'apanage des
politiciens, je veux me restreindre parce que je suis aussi un agriculteur et
ce qui m'intéresse le plus c'est d'adopter les projets de loi qui seront
le plus utiles à nos besoins professionnels.
Durant l'année dernière, une des préoccupations du
ministère a été de rapprocher les services le plus
près possible des fermes. Nous en avons eu la preuve avec l'hydraulique
agricole.
J'aimerais pouvoir espérer que, durant l'année qui vient,
s'accentue cette démarche, en incluant les options régionales
avec des enveloppes ap- propriées. J'en ai pour preuve les demandes de
ma région. Justement, ici, j'ai ces demandes que font les agriculteurs
de ma région et je crois qu'on pourrait les retrouver à
l'intérieur du Québec, avec les modalités qui pourraient
s'appliquer. Donc, j'en fais une lecture assez rapide.
La promotion des regroupements de fermes dans la région.
L'accroissement selon le rythme de déplacement de la production du lait,
accompagnée d'une consolidation des fermes laitières et d'un
accroissement de l'auto-approvisionnement dans ces fermes. Le
développement de la production bovine à l'extérieur des
bassins laitiers, selon les formules vache-veau, gros veau à chair
blanche; par contre, la finition sur parc d'engraissement devra se faire
là où il est possible de faire du maïs à ensilage
avec succès.
Le développement naturel de la production du porc avec un
intérêt plus grand dans les zones où l'on doit chercher la
complémentarité. Faire de la promotion ovine, pour la production
des moutons surtout et aussi de la promotion au niveau de la consommation. Le
développement des productions céréalières en zones
propices associé à l'implantation d'infrastructures
régionales d'entreposage ou de séchage. Évidemment, on en
a vu les facettes aujourd'hui. L'accroissement des rendements et de la
qualité des plantes fourragères, en vue de libérer les
surfaces pour accroître les superficies de céréales. Le
développement de l'horticulture en fonction des marchés locaux ou
régionaux. Le développement et la diversification des productions
suivant les bassins de population et les marchés régionaux. Le
développement de l'acériculture avec l'introduction de nouvelles
techniques d'exploitation; c'est déjà en marche. La mise en
exploitation d'une approche intégrée de gestion de ferme
basée sur un plan de développement de l'entreprise. Encadrer
adéquatement la relève agricole avant et après son
établissement. Un aménagement intégré de la
forêt à l'agriculture dans certaines parties des régions,
en privilégiant les groupements forestiers. Voilà le genre
d'agriculture, avec les nouveaux projets de loi déposés
aujourd'hui qui permettront d'accélérer dans la pratique cette
agriculture que nous avons la possibilité de mettre en marche par une
politique agricole qui colle le plus près possible à la
réalité de la production, de la transformation et de la
consommation chez nous et, pourquoi pas, de trouver des marchés
extérieurs où nous sommes les plus compétitifs suivant
notre compétence ou notre exclusivité. Je suis assuré que
nous sommes à peu près prêts à étudier
maintenant les programmes du ministère concerné, ce qui nous
permettra justement de répondre plus vite à ces besoins et
d'utiliser lesprojets de loi déposés aujourd'hui. Merci, M. le
Président. (16 h 35)
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Saint-François.
Les membres sont-ils prêts à passer à l'étude
des programmes?
M. Picotte: M. le Président, tel que je vous l'avais
mentionné tantôt, on avait des questions à
poser avant l'étude des programmes. Je pense bien que, quand on
aura passé l'échantillonnage d'une dizaine de questions, pour
notre part, ce sera à peu près tout.
M. Cordeau: J'en aurais peut-être une aussi.
M. Picotte: On ferait le tour des grandes questions un peu plus
capitales et ce serait peut-être plus facile après de passer
beaucoup plus rapidement à chacun des éléments du
programme, si vous n'avez pas d'objection.
M. Garon: J'aimerais quand même répondre à
vos discours. Vous avez fait plusieurs avancés, ce matin, qui
étaient inexacts. J'aimerais y répondre rapidement.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vous avez un
droit de réplique.
M. Picotte: D'ailleurs, M. le ministre, j'avais aussi
oublié le fait qu'à la suite de la lecture que je vous ai faite
d'un article de Marc Lestage vous aviez des prévisions à faire.
On aimerait les connaître et ce serait peut-être l'occasion de le
faire.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Garon: Dans son discours de ce matin, le député
de Maskinongé, critique agricole du parti de l'Opposition officielle,
disait que j'avais fait le même discours que l'an dernier. J'aimerais
dire que, l'an dernier, on n'avait pas parlé, par exemple, des
céréales. C'était au printemps et ces programmes ont
été annoncés à l'automne. Je pense que c'est une
politique majeure, l'entreposage à la ferme, l'entreposage dans les
régions, l'assurance-stabilisation du maïs-grain qui est en
discussion et, actuellement, un comité travaille à la
création d'une régie québécoise des grains de
provende. C'est une orientation majeure, pour ne donner qu'un exemple de
quelque chose qui n'était pas dans le discours de l'an dernier.
Dans le domaine des viandes, par exemple, et des petits abattoirs, des
projets de loi ont été déposés, des
règlements ont été faits et tout cela est en
réorganisation présentement. Cela, non plus, ce n'était
pas dans le discours de l'an dernier, mais je ne veux pas trop parler de l'an
dernier, parce que le passé, c'est passé et il faut plutôt
regarder vers l'avant.
Quand on a parlé de l'hydraulique, il n'est pas question que les
municipalités soient obligées de payer 20%, mais ce sera une
option. La même option qu'avant va exister, mais il y aura une option
nouvelle qui permettra aux municipalités de faire faire les plans.
À ce moment-là, il y aura une subvention du ministère de
l'Agriculture qui pourra couvrir jusqu'à 80% des travaux, mais incluant
les ponts et les ponceaux qui ne sont pas couverts actuellement. Au contraire,
cela pourrait même être plus avantageux pour les
municipalités.
Nous croyons, comme gouvernement, à l'initiative locale; nous ne
croyons pas en un gouvernement qui voudrait tout centraliser à
Québec. C'est une incitation pour les municipalités. Non
seulement cela va-t-il accroître le rythme, mais, en plus, le
ministère pourrait les subventionner à 80% en incluant les ponts
et les ponceaux. C'est une mesure terriblement avantageuse, parce que cela peut
amener à payer davantage qu'auparavant, avec des délais
raccourcis possiblement. Au lieu de prendre sept ans pour faire une mesure,
cela pourra prendre seulement une année.
C'est ce qu'il faut faire. Il ne faut pas parler d'agriculture en
pensant attendre des années. Attendre sept ans pour avoir une
réponse à une demande, imaginez-vous! Dans sept ans, le gars peut
avoir une famille, des enfants à l'école. Quand il fait sa
demande, il n'a pas d'enfants, il n'est pas marié. Il a le temps de se
marier entre-temps et d'avoir des enfants à l'école. C'est pour
vous démontrer à quel point c'est lent. Il faut essayer
d'accélérer le système.
La main-d'oeuvre agricole étudiante. Je trouve drôle
d'entendre le député de Maskinongé. Le programme
d'abord, c'était le service de placement ne fonctionnait pas.
Tout le monde sait qu'on surveillait les fils des agriculteurs pour que les
agriculteurs ne puissent pas les engager, de sorte que l'agriculteur qui
voulait faire travailler son fils devait le faire engager chez le voisin et
engager le fils du voisin et il y avait toutes sortes de complications. Alors,
il y a un programme franc, direct qui va être administré
directement par le bureau local, de sorte que lorsque l'agriculteur va arriver
au bureau local, il va rencontrer des gens qui connaissent ses besoins. C'est
dans cette perspective que ce programme a été fait. C'est un
programme dont la procédure administrative est nouvelle, les objectifs
sont nouveaux. On le dit directement.
Je souhaite que les cultivateurs engagent leurs enfants pour
préparer la relève. Si le cultivateur envoie son enfant au
cégep et qu'après le cégep il ne peut pas travailler sur
la terre de son père parce qu'il veut se faire un revenu, et si, pour
une raison ou pour une autre, son père n'a pas les moyens de le payer,
il va chercher de l'emploi en ville ou ailleurs et il va se
désintéresser de l'agriculture. Tandis que, là,
l'agriculteur a une possibilité, qui lui est donnée par le
gouvernement, d'engager son fils pour travailler avec lui l'été
et garder le goût de la terre.
Je dois dire que des dizaines de cultivateurs m'ont dit qu'ils
craignaient quand leurs enfants partaient pour l'école. Ils m'ont
donné tellement d'exemples de fils qui sont revenus, après avoir
terminé leurs études, et qui n'étaient plus
intéressés à l'affaire parce qu'ils avaient quitté
mentalement la ferme familiale. C'est un drame, non seulement pour
l'agriculture québécoise, mais c'est un drame pour les familles.
Vous voyez des agriculteurs qui ont 55 ans, 58 ans, ils sont trop jeunes pour
se retirer, ils ont besoin de continuer mais, en même temps, sentent
leurs forces diminuer et ils n'ont pas de relève sur la terre; c'est un
drame
pour ces agriculteurs. On a pensé que cela pourrait aider
à pallier ces problèmes.
Évidemment, cela n'est pas écrit dans les livres, mais il
faut vivre avec les agriculteurs, les rencontrer souvent pour connaître
leurs problèmes, et c'est un problème qui m'a paru criant. L'an
dernier le député de Bellechasse, par exemple, en a
parlé on me posait des questions. On venait d'arriver, on n'avait
pas eu le temps de trouver un système approprié. Mais je pense
que, cette année, le programme est approprié, est adapté
et va correspondre aux besoins.
Quand on parle de la voirie rurale, celle-là existait. Il
faudrait peut-être que je vous donne copie de la correspondance que j'ai
reçue pour vous montrer que, si le programme existait, les gens n'en
avaient pas entendu parler, d'après le nombre de lettres de
félicitations pour avoir instauré ce programme. Je pense bien que
les gens ne m'auraient pas félicité pour avoir dit que
c'était un programme nouveau, alors que c'était un programme
existant. J'ai eu tellement de lettres de félicitations qu'il y a
quelque chose qui ne va pas, si c'est le même programme qu'auparavant. Je
ne comprends pas, les gens ne comprennent pas, le ministre ne comprend pas ou
bien, tous les deux, nous comprenons trop, parce que le nombre de
témoignages que j'ai eus...
M. Giasson: La preuve, on va la trouver dans le
dépôt des lettres de félicitations. Déposez les
lettres.
M. Garon: Non, je ne déposerai pas les lettres de
félicitations, mais je vous le dis, le nombre de personnes et de
députés même, qui ont dit à quel point ce programme
était adapté. On devrait voir maintenant le nombre de demandes
des municipalités. Dans mon premier mandat, je n'avais pas de demande
des municipalités elles ne devaient pas être au courant
et, aujourd'hui, j'ai des dizaines et des dizaines de demandes de
municipalités qui savent maintenant qu'il y a un programme.
Vous-mêmes vous en envoyez?
M. Cordeau: ...
M. Garon: En aviez-vous l'an passé?
M. Cordeau: Non.
M. Garon: Non. Pourquoi? Parce que les gens ne le savaient
pas.
M. Giasson: À Saint-Hyacinthe, il doit y avoir une grosse
quantité de chemins de colonisation!
M. Garon: Non, mais vous savez, M. le député de
Montmagny-L'Islet...
M. Giasson: Le millage doit être important, dans la ville
de Saint-Hyacinthe, des chemins de colonisation!
M. Garon: ... qu'un péché avoué est
déjà à moitié pardonné. S'il ne veut pas
avouer le péché de son parti, dans le domaine des chemins de
colonisation, j'ai peur qu'il ne se fasse réprimander par son nouveau
chef, parce que, franchement, tout le monde sait qu'il n'y avait pas de
programme auparavant. Je vais vous le dire bien franchement, quand j'ai
essayé d'avoir des renseignements sur ce qui se passait, les
fonctionnaires avaient même honte de m'en parler. Je le dis publiquement,
ils avaient honte de m'en parler. Aujourd'hui, je pense que c'est un programme
ouvert que tout le monde constate, et tout le monde est heureux de son
administration.
Quant à l'article du drainage agricole, M. Lestage a eu des
renseignements; en fait je pense qu'il a été mal informé
tout simplement. Je ne veux surtout pas jeter la pierre à un des rares
journalistes spécialisés dans le domaine agricole. Il a eu des
mauvais renseignements puisque, de la télédétection, il
n'y a jamais eu de cela dans le domaine du drainage, au Québec ou
ailleurs. On ne fait pas du tout ce système. On ne fait pas non plus de
photographies aériennes pour le drainage aérien. Les
photographies aériennes sont utilisées pour les travaux
mécanisés. Autrement, il faudrait faire faire des plans par des
ingénieurs et cela coûterait, en moyenne, $150 le plan. Une photo
aérienne coûte $15. Les coûts sont donc dix fois moins
élevés pour avoir un plan de la ferme pour les travaux
mécanisés, pour inscrire les travaux qui sont faits sur la photo
aérienne agrandie plutôt que sur un plan. Les coûts sont
tellement réduits qu'on a préféré cette
formule-là. Pour le drainage souterrain il n'est pas question de photo
aérienne. Ce sont des plans qui sont faits. D'ailleurs, pour montrer
à quel point le système est efficace, c'est un système
qui, franchement, sert à faire du drainage plutôt qu'à
faire des plans. Auparavant, on faisait des plans mais on faisait moins de
drainage; maintenant on va faire du drainage, et cela va coûter moins
cher au gouvernement. J'avais des feuilles...
Vous êtes bien mieux d'avoir un gros homme comme ministre de
l'Agriculture que d'avoir un gars tout maigre parce que, souvent, les hommes
tout maigres sont rongés par des vices intérieurs qu'ils n'osent
avouer.
M. Picotte: Votre adjoint parlementaire n'est pas près
d'être ministre de l'Agriculture!
M. Garon: Mon adjoint parlementaire n'est pas maigre.
M. Picotte: Je suppose que c'est pour contrebalancer.
M. Giasson: Le ministre a encaissé cela sans mot
férir.
M. Garon: II n'est pas maigre. C'est un homme dans la moyenne.
J'ai, d'ailleurs dit à M. Whelan récemment, en parlant de...
M. Picotte: J'espère qu'au prochain remaniement
ministériel ce n'est pas Mme Payette qui va vous remplacer!
M. Cordeau: Si c'est une condition, elle a des chances!
M. Garon: M. Cordeau aurait la corpulence, mais c'est son parti
qui ne l'a pas!
M. Cordeau: Ce sera pour la prochaine élection!
M. Giasson: Selon la thèse du ministre, il ne doit pas
avoir grand vices!
M. Garon: L'an dernier par exemple, d'après les chiffres
qu'on me fournit ici...
Le Président (M. Boucher): Une minute de
récréation.
M. Giasson: C'est un peu inquiétant pour le
député de Saint-François.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple concret de la
différence d'efficacité. Quand nous sommes arrivés au
gouvernement, il y avait un certain nombre de contrats avec des firmes
d'ingénieurs, plus particulièrement deux firmes
d'ingénieurs. Comme ces contrats-là pour des bassins
intégrés étaient signés, ils sont continués.
Le pourcentage de pieds de drain installés qui provenaient des plans des
projets préparés en 1977 par les firmes d'ingénieurs, le
taux d'utilisation a été de 5%.
Seulement 5% des plans ont été utilisés pour faire
du drainage, ce qui veut dire... Je l'ai en chiffres et je donnerai les totaux
plus tard. (16 h 50)
Pour le système nouveau que nous avons instauré, le
pourcentage de pieds de drain installés provenant de projets
préparés en 1977 par les agriculteurs qui ont choisi leur
ingénieur, le taux d'utilisation a été de 37%. Cela
représente exactement 696 fermes. Le total en acres représente 65
863 acres. Le nombre de pieds représente 51 675 000 pieds.
Là-dessus, 19 277 000 pieds ont été posés dans
l'année. Cela veut dire que 37% ont été posés dans
l'année. Pour les plans de fermes qui ont été
préparés sur ces bassins par le ministère ou par les
ingénieurs, il y a un grand total de 271 000 acres qui
représentent 173 000 000 pieds. Savez-vous combien il y a eu de pieds de
posés là-dessus? Il y en a eu 8 millions.
M. Giasson: Combien de fermes sont touchées?
M. Garon: Plus de 3000 fermes. Presque 3100 fermes. Au fond, je
ne dis pas que c'est mauvais de faire des bassins intégrés, parce
que pour les fins de cours d'eau c'est bon de faire les plans des cours d'eau
pour avoir une vue d'ensemble des bassins. Cela peut se défendre. Je ne
suis pas un expert là-dedans. Il est certain que le système qui
existait faisait beaucoup de plans, mais contribuait à faire moins de
drainage. Dans le nouveau système qu'on a instauré, pour le gars
qui se fait faire un plan, il faut qu'un certain nombre de pieds soient
posés immédiatement. Dans le nouveau système qu'on a
encore modifié cette année, on ne s'occupe plus des plans. On
subventionne seulement le drainage. Le cultivateur s'organisera avec cela.
Aujourd'hui, c'est le cultivateur qui draine. Le drainage de sa ferme,
cela peut coûter $10 000 jusqu'à $25 000. À ce moment, le
cultivateur qui fait drainer sa ferme et qui est prêt à mettre
autant d'argent dans son sol, c'est un homme d'affaires. C'est un homme qui est
capable d'organiser et de voir à son affaire lui-même. À ce
moment, cela ne donne rien de choisir des bureaux d'ingénieurs pour lui.
C'est un système qui a été très efficace, puisque
37% des plans ont été exécutés. En plus, il y a une
réserve considérable de plans qui ont été faits
dans les années passées. C'est une réserve
considérable puisqu'il y a eu des plans cumulatifs depuis 1966 ou 1967
qui ont coûté $24 millions. Là-dessus, il y a deux fermes
qui en ont eu plus que les autres. Elles ont eu à peu près...
M. Giasson: En quoi?
M. Garon: En plans.
M. Giasson: L'an dernier?
M. Garon: Non, c'est de 1966/67 à 1976/77. En dix ans. Il
faut dire que le gros de ces contrats qui ont été donnés
l'ont été en 1973 et 1974 où il y en a eu pour $2 154 000;
en 1974-1975, pour $4 millions; en 1975-1976, pour $5,5 millions et, en
1976-1977, pour $7 millions. Il faut dire que là-dessus, quand il y en
avait pour $7 millions, il y avait deux firmes qui avaient à elles
seules presque $6 millions. Évidemment, cela fait beaucoup de plans, $24
millions de plans de fermes, de plans de cours d'eau, cela fait beaucoup de
plans.
À même cette réserve cumulée au cours des
années, j'ai peut-être des chiffres ailleurs on me
dit que le total des contrats accordés nous avons d'autres
contrats à des consultants pour ces fins, cela a monté de
$28 406 000. C'est le total que j'ai ici. Si on faisait faire tous les travaux
d'un coup sec de ces plans, savez-vous combien cela coûterait pour faire
le drainage dans une même année? Cela coûterait $517,6
millions. Je dois dire que le taux d'utilisation de la banque est très
faible, puisque, l'an dernier, à même les réserves de pieds
de drain dans la banque pour des plans passés, cela a été
de 6,6%. Donc, les plans faits par les firmes sur des contrats qui existaient,
5% d'utilisation; les plans dans la banque, les millions de pieds qu'il y a
dans la réserve, 6,6% et, sur le programme que nous avons
instauré en 1977, l'an dernier, 37% d'utilisation. Je pense que le
système qu'on a instauré l'an dernier était bon.
M. Cordeau: 6,6%, M. le ministre?
M. Giasson: Pour l'année financière 1977/78, quel
montant d'honoraires a été versé?
M. Garon: Aux firmes? Je l'ai ici.
M. Giasson: À toute firme qui a touché à des
plans de drainage.
M. Garon: II n'y a plus de firmes choisies par le
gouvernement.
M. Giasson: Tout de même, on en a
présenté.
M. Picotte: Cela a quand même été payé
par le gouvernement.
M. Giasson: II faut que ce soit payé quand même.
M. Garon: Cinq firmes avaient des contrats avec le gouvernement.
Je pense que c'est facile, c'est simple. C'est $0.01 le pied. Non, moins que
cela. L'an dernier, il y a eu 51 675 000 pieds avec des contrats entre les
cultivateurs et les ingénieurs. Cela veut dire, à ce
moment-là, $517 000. Les contrats avec les firmes de consultants qui
existaient antérieurement, l'an dernier, cela a baissé de
beaucoup. C'étaient $7 millions, en 1976/77. En 1977/78, cela a
été $3 234 845. Alors, cela a coupé de plus de la
moitié et, comme les contrats existaient, on ne pouvait pas les annuler.
Cette année, je pense que cela va aussi baisser. C'est pour cela que
vous pensez avoir des baisses de budget. Ce ne sont pas des baisses du budget.
Cela doit baisser encore, l'an prochain.
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous
répéter les chiffres, s'il vous plaît?
M. Cordeau: En tout cas, ils sont en train de chercher.
Peut-être pouvez-vous répondre à une question, M. le
ministre, en attendant?
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: Les cultivateurs ou les propriétaires des
fermes dont les plans ont été faits par des compagnies dans des
bassins donnés ont-ils été avisés que les plans
sont faits? Vous avez payé les honoraires des plans. Si les cultivateurs
étaient avisés, peut-être seraient-ils
intéressés à drainer?
M. Garon: L'an prochain, ce sera de $860 000. Pardon? Comme ce
sont des vieux plans les gens me disent qu'il y a des plans,
là-dedans, qui ont 20 ans s'ils ne sont pas utilisés
je répondrai à votre question après
qu'est-ce qu'il arrive? Parfois, le plan indique, par exemple, un cours d'eau
de telle nature et, quand on arrive, 20 ans après, c'est une
forêt, alors que ce n'était pas une forêt auparavant. Le
cours d'eau est déplacé; parfois, il n'est plus au même
endroit.
Quand ces banques sont trop vieilles, apparemment, les plans ne sont
même plus utilisables; il faut les refaire. C'est pour cela que faire des
plans trop longtemps d'avance, ce n'est pas bon, c'est gaspiller de
l'argent.
M. Cordeau: Par contre, pour ceux qui sont faits actuellement,
qui ont été pensés depuis deux ou trois ans, les
cultivateurs sont-ils avisés que le plan de drainage de leur ferme est
fait?
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: S'ils font une demande, oui, mais si le cultivateur
recevait un avis disant que son plan de drainage est fait et est à sa
disposition au ministère de l'Agriculture, peut-être serait-il
plus intéressé.
M. Garon: On me dit que dès que le plan est fait, le
cultivateur est avisé.
M. Cordeau: Parfait. Très bien.
M. Garon: II faut qu'ils aillent sur la ferme aussi,
normalement.
M. Cordeau: C'est ce que je demandais au ministre. D'accord.
M. Garon: Je pense que le système a été une
amélioration considérable, d'une plus grande rapidité
d'exécution pour faire du drainage, pas du papier. J'ai parlé
tantôt des recherches. Quant à la Loi sur
l'assurance-récolte, le député de Maskinongé a dit
qu'elle avait été préparée par les libéraux;
elle n'avait pas été préparée par les
libéraux, je l'ai dit. La Loi sur l'assurance-récolte, pour la
mettre facultative, ce n'était pas la même chose. La loi sur les
mauvaises herbes, c'est vrai que cela a été tellement long. Je
l'ai prise telle quelle, mais je me suis dit, après cela; que toute loi
qui existerait, venant des libéraux, je ne la prendrais pas parce qu'ils
ne sont même pas prêts à adopter les lois qu'ils avaient
eux-mêmes préparées.
Une voix: C'est vrai!
M. Garon: Quant à M. Dubois, qui a parlé de la
baisse du budget, je pense qu'il y avait une augmentation du budget
considérable, si on tient compte du fait qu'il y a eu des
dépenses exceptionnelles l'an dernier pour des fins d'immobilisation,
projets qui avaient été retardés pendant des
années. Je pense aux serres de Saint-Hyacinthe, évidemment, le
transfert du CDMV, Centre de distribution de médicaments
vétérinaires, vers SOQUIA, le projet de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine qui a été transféré de
budget, les $6 millions qui allaient aux producteurs de lait industriel suite
à la coupure radicale de quotas du gouvernement fédéral.
Tout cela faisait $14,4 millions. Si vous additionnez cela à $12
millions, parce que ces montants existent encore dans le budget, vous
remarquez, en fait, si vous enlevez ces dépenses, que vous avez une
augmentation du budget de $12 millions et quelque chose ajoutés à
$14 millions de dépenses exceptionnelles, et vous tombez à $27
millions au fonds d'accroissement.
Si vous considérez aussi qu'il va y avoir un montant qui va venir
du fonds de développement régional, autour de $7 millions, on
tombe dans des budgets de fonctionnement accrus de près de plus
de $34 millions environ pour l'année 1978/79. Je ne veux pas
m'étendre davantage. Cette année, avec les projets qu'il y a, je
pense qu'on pourra peut-être aller en budget supplémentaire.
Je veux enfin dire que le député de Joliette-Montcalm a
fait des représentations, je le remercie des remarques qu'il a faites
puis que nous allons en tenir compte dans l'élaboration des politiques
ou encore demander certaines informations qu'il nous a mentionnées.
Au député de Saint-François, je vous
annonçais également qu'il y avait d'autres projets
régionaux au cours de cette année et qu'un certain nombre de
projets sont à l'étude dans le moment. Il y en aura un certain
nombre qui s'ajouteront aux programmes qui avaient été
annoncés l'an dernier pour couvrir on voulait aller au plus
pressant, l'an dernier les régions périphériques.
Maintenant, il y aura d'autres programmes régionaux qui devraient
couvrir l'ensemble du territoire québécois, des programmes plus
adaptés.
Je ne veux pas m'étendre davantage. Comme vous avez tous
mentionné que vous aimeriez aller plus rapidement pour pouvoir
étudier immédiatement, en deuxième lecture, le projet de
loi que nous avons déposé cet après-midi, je ne voudrais
pas parler trop longuement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, sans soulever de
débat, tout simplement, vous me permettrez de souligner trois petits
points, à la suite à l'intervention du ministre qui m'a quand
même mis en cause dans certaines choses. Il m'a dit que, l'an
passé, il n'avait pas parlé de grains de provende. Pourtant,
d'après la page B-2197, le ministre nous avait dit à ce moment:
Je vais former éventuellement, très rapidement, un comité
qui va étudier ce secteur des grains de provende pour, peut-être,
au cours de l'année 1978, en arriver à réaliser ce point
du programme, à avoir ce qu'on appelait une régie de grains de
provende au Québec. Pourtant, le ministre nous mentionne la même
chose aujourd'hui, qu'il veut encore former son comité.
M. Garon: II est formé, le comité. Il est à
la veille de remettre son rapport.
M. Picotte: Quand même, il en avait été
question.
M. Dubois: Avant le référendum, oui?
M. Picotte: Aussi, on a insisté un petit peu sur le
placement étudiant, M. le Président.
M. Garon: Si tout va bien, on pourrait faire une commission
parlementaire là-dessus.
M. Dubois: La marine marchande pourrait aller chercher des grains
en Argentine, je pense?
M. Picotte: M. le Président, concernant le pla- cement
étudiant qu'on a mentionné tantôt, le Service de placement
étudiant avait fait parvenir un rapport qui avait été
préparé par M. Jean-Pierre Dubé, en 1975, qui travaillait
alors au Service de placement étudiant, et qui est rendu maintenant dans
une Maison du Québec à Boston il a été muté
là. C'est un peu le signe avant-coureur, comme je l'ai mentionné
dans la matinée, de la mort très prochaine du Service de
placement étudiant pour que ce soit relié à chacun des
ministères. Dans ce rapport, je pouvais lire que le programme 2 a
également aidé, dès sa première année, les
commerçants, les agriculteurs et les municipalités.
C'était en 1973. C'est préparé par Jean-Pierre
Dubé, qui travaillait directement au Service de placement
étudiant et qui avait fait un rapport lui-même. Le rapport est au
Service de placement étudiant, si jamais le ministre en veut une copie.
(17 h 5)
Aussi le même programme fut repris en 1974 et en 1975 avec une
insistance marquée auprès des entreprises privées, des
municipalités et des agriculteurs. Ce sont des bribes du rapport de
cela. Je ne veux pas allonger davantage. Entre autres aussi je me
demande si vous avez conservé ce programme, qui avait été
fait par l'ancien gouvernement concernant le placement étudiant
il y avait un programme concernant la cueillette.
En 1974, le Service de placement étudiant du Québec
créait un tout nouveau programme, soit le programme cueillette
destiné à suppléer à la pénurie de
main-d'oeuvre chez certains producteurs agricoles spécialisés. Ce
programme a servi à la cueillette, entre autres, des bleuets et du
tabac. On sait que, dans ces domaines, il y avait des...
M. Perron: Combien de monde?
M. Picotte: II y avait 300 étudiants, m'informe-t-on, dans
les deux programmes que je viens de vous mentionner. Apparemment, il y avait
300 étudiants.
M. Garon: Un étudiant par bleuet?
M. Picotte: Non, il y en avait plus que cela. Dans le cas du
tabac, d'ailleurs, le député de Joliette-Montcalm nous a
sensibilisés, cet avant-midi, aux problèmes des producteurs de
tabac. Moi-même, j'en ai dans mon comté et je pense que cela a
été drôlement... Tout cela, avec la seule différence
suivante, comme je le mentionnais cet avant-midi, M. le Président. Le
même programme permettait la même chose en 1973, 1974 et 1975, je
le sais, car j'y ai travaillé assez étroitement. Mais ce
même programme, au lieu d'être administré par le Service de
placement étudiant du Québec, sera administré par le
ministère de l'Agriculture. Les modalités ne changeront
peut-être même pas. Les modalités seront les mêmes et
je pense que, lorsqu'on dit qu'il n'existait rien de ce côté
auparavant, il faut être assez conscient pour mentionner que cela
existait auparavant.
Le troisième point que le ministre a relevé...
M. Baril: II s'agissait de droits.
M. Picotte: Les fils et les filles de cultivateurs étaient
acceptés et je pourrai en n'importe quel temps...
M. Baril: Chez leurs parents.
M. Picotte: Chez leurs parents. C'était l'agriculteur,
comme je viens de le mentionner, qui choisissait, contrairement au programme de
l'an dernier où c'était pigé au sort. L'agriculteur
demandait au Service de placement étudiant la possibilité
d'embaucher un étudiant pour une période de X semaines, avec,
évidemment, un minimum du nombre de semaines que l'agriculteur
devait...
M. Garon: ... le programme?
M. Picotte: C'est le seul que j'ai, M. le Président, je
pourrai tout simplement...
M. Garon: Pour le comparer. Faites donc faire des copies. Il y a
des gens en arrière qui feront faire des copies.
M. Picotte: Je pourrais en faire faire des copies et on
pourra...
M. Garon: Voulez-vous en faire faire tout de suite?
Une voix: Sauf qu'il y avait l'allégeance politique des
parents des étudiants qui entrait en ligne de compte.
M. Garon: Je veux avoir une copie du programme pour voir
cela.
M. Dubois: II y a un photographe en arrière.
M. Picotte: II ne faut quand même pas charrier quand on dit
que cela dépendait de l'allégeance politique. Tous les
agriculteurs...
M. Garon: Le député de Maskinongé peut nous
faire faire des copies?
M. Picotte: Oui, on se charge de cela. Tous les agriculteurs qui
faisaient la demande pour obtenir ce programme avaient le droit de l'obtenir et
avaient droit d'engager leurs fils ou leurs filles. La seule chose on remettait
le chèque aux parents, non à l'étudiant. Il était
remis un peu plus tard, oomme cela se produit dans toute administration, au
bout de trois mois. Si jamais on peut me trouver un seul nom d'agriculteur qui
a fait cette demande et qui a été refusé, j'aimerais bien
le savoir et je veux un seul nom.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): D'accord!
M. Picotte: Qui a été refusé?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Tu vas voir
le cultivateur juste en avant de toi, à part cela.
M. Picotte: Est-ce que vous aviez fait une demande
officielle?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): J'en ai la
preuve.
M. Picotte: Si vous y étiez admissible vous pouvez me
l'amener n'importe quand, puis on sera heureux de...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): On sait
comment cela fonctionnait dans le passé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata, vous vous adressez au président.
M. Picotte: Alors j'espère que...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): D'accord!
M. Picotte: Quand M. le député de
Témiscouata va-t-il nous apporter la preuve? J'espère que ce sera
le plus rapidement possible.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Oui, c'est
cela.
M. Picotte: Ce ne sera pas des paroles en l'air?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Non.
M. Picotte: II y a, enfin, un troisième point, M. le
Président.
M. Garon: L'an passé, 1977, alors que votre programme
n'existait pas, la cueillette des bleuets a plus que doublé.
M. Picotte: Évidemment, pour autant qu'un agriculteur se
conformait aux normes établies, il n'y avait pas de problème. Si
l'agriculteur n'entrait pas dans les normes au point de vue des limites ou
à tout autre point de vue, à ce moment, ce n'est pas un
problème. Ce serait la même chose, d'ailleurs, avec le programme
qui existe présentement.
M. Garon: Quelles étaient les limites?
M. Picotte: II fallait avoir fait sa demande avant telle date, il
fallait que l'étudiant ait fait une demande au service de placement
étudiant avant telle date. Le type qui se présentait après
le 15 avril... À ma connaissance, une année, entre autre, je
pense que c'est en 1976, la date limite de demande était le 15 avril.
C'est bien évident que l'agriculteur qui arrivait le 15, le 25 ou le 30
mai, s'il se voyait refusé, on ne le refusait pas à cause de son
allégeance politique, on le refusait parce qu'il ne remplissait pas une
des conditions du programme.
M. Garon: Vous mettiez une date, pourquoi?
M. Picotte: Parce que le service de placement voulait être
efficace et planifier à l'avance. La publicité était
diffusée partout au Québec, à tous les niveaux, dans tous
les milieux, dans chacune des écoles; chaque étudiant pouvait
prendre connaissance de cela et l'agriculteur était lui aussi
informé. Les bureaux régionaux avaient des formules à cet
effet et tout le monde savait que la date limite était le 15 avril,
comme cela se fait dans toute chose. On parlait tantôt de programme de
cinq ans. C'est bien malheureux, mais celui qui va arriver le lendemain de la
fin du programme, le ministère de l'Agriculture se verra forcé de
lui dire: Mon vieux, c'est dommage, tu ne t'es pas prévalu de cette
option avant la date limite et on ne peut rien faire. Exactement comme dans le
cas des travaux mécanisés, M. le ministre. Rappelez-vous, vous
vous êtes battu là-dessus l'an passé. Vous avez dit: Le
programme des travaux mécanisés va débuter le 26 mai
c'est une date fictive et c'est ce même
député, le député de Kamouraska-Témiscouata,
qui, l'an passé, à la commission parlementaire, vous avait
demandé, à vous personnellement, s'il n'y avait pas une
possibilité d'avancer la date parce qu'il y avait des gens qui avaient
commencé auparavant. À ma connaissance, à moins qu'il ne
se soit passé autre chose, vous aviez répondu en commission
parlementaire: C'est bien regrettable, la date est celle-là. Cela ne
veut pas dire que l'agriculteur n'était pas justifié.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Cela a été respecté à la lettre.
M. Picotte: Oui, mais cela ne veut pas dire qu'on n'a pas voulu
aider l'agriculteur. Si je trouvais un cas, dans mon comté, d'un type
qui a commencé ses travaux mécanisés avant la date
permise, qui a été refusé par le ministre de
l'Agriculture, si je faisais comme vous, je serais justifié de charrier
et de dire: Le ministre de l'Agriculture ne veut pas aider les agriculteurs.
Bien non, ce n'est pas cela, c'est tout simplement il faut l'admettre en
toute bonne foi, en toute conscience que l'agriculteur ne s'est pas
conformé aux normes. S'il n'y a pas de normes, si c'est le "free for
all", si cela va n'importe comment, n'importe quand, il n'y a plus de
justification. C'est pour cela que le service de placement étudiant
avait des normes précises pour essayer de planifier son programme; c'est
exactement ce qui s'est passé.
Dans un troisième volet...
M. Garon: Avez-vous parlé du programme dans les
écoles? Sortir les enfants des écoles pour aller faire des
cueillettes? Avez-vous parlé de cela?
M. Picotte: On offrait une possibilité, par un programme
spécial, aux producteurs de tabac. J'en ai moi-même parlé
en commission parlementaire. Les producteurs de tabac et un organisme à
but non lucratif concernant les bleuets avaient mentionné qu'il
était à peu près impossible d'ob- tenir des
étudiants pour faire la cueillette du tabac et des bleuets, parce
qu'apparemment c'est un travail très fastidieux, c'est un travail qui
demande beaucoup d'efforts de la part de l'étudiant, c'est un travail
qui nécessite de longues heures d'ouvrage.
Quant à ces producteurs de tabac et ceux qui sont dans la
production du bleuet, même s'ils essayaient de se servir du programme
étudiant ordinaire, les étudiants ayant le choix d'y aller ou de
ne pas y aller, ils préféraient ne pas y aller. C'est un
programme spécial qui avait été fait, tout simplement, en
1974.
M. Garon: En 1974? Pourquoi lavez-vous fait seulement un an?
M. Picotte: II a commencé en 1974 et il s'est
continué en 1975 et en 1976. Je pense que l'an passé il a
été... On m'informe qu'il a fonctionné aussi l'an
passé. De toute façon, si cette année vous avez un
programme de placement étudiant, comme vous l'avez mentionné, il
serait peut-être bon que le ministre s'informe de cela. Je sais que ce
sont ces deux productions, entre autres, pour lesquelles le gouvernement
précédent avait reçu des représentations de la part
des producteurs et de l'UPA. Il serait peut-être important qu'on
considère ce point.
Du côté de la voirie rurale, je pense être en mesure,
encore une fois, de vous prouver que cela a déjà
existé.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Les chemins de colonisation? Il n'y a qu'une partie de la population qui
était au courant de ces programmes.
M. Garon: C'est une région en particulier.
M. Picotte: M. le Président, je l'ai mentionné, ce
matin, dans mon exposé. Ce n'est pas dû au fait... Écoutez,
je vous réponds.
M. Garon: Personne n'a jamais pensé que tout ce que les
libéraux ont fait était mauvais.
M. Picotte: Pour répondre simplement au
député de Kamouraska-Témiscouata, qui a l'air d'aimer
cela, charrier sur les bords, je vais vous dire une chose, Mme le ministre.
L'an passé, j'ai eu au-delà d'une vingtaine de demandes de
municipalités pour avoir un budget pour la réfection de certains
chemins dits de colonisation. Malheureusement, ce n'est pas la faute du
ministère, ce n'est pas ma faute, ce n'est pas la faute des
municipalités le ministère était contraint par un
budget. On a décidé, par exemple, que dans Maskinongé on
allouait $75 000 de budget. J'avais des demandes pour $500 000;
forcément, j'ai été obligé d'en supprimer
quelques-unes et le ministère aussi. Cela ne veut pas dire, parce qu'il
y a huit municipalités sur quinze qui ont fait des demandes... Si je
prends l'allure et la conversation du député de
Kamouraska-Témiscouata je vais simplement dire: Comme cela, le
gouvernement
du Parti québécois a des municipalités
protégées dans le domaine de l'octroi de ses subventions. En tout
cas, je ne le vois pas comme cela. Si je veux charrier, je peux charrier dans
ce sens, mais je pense que vous conviendrez avec moi que ce n'est pas cela.
C'était pareil dans l'ancien gouvernement. On avait des demandes
pour $500 000 et on pouvait en combler pour $100 000; alors, il fallait
forcément laisser des municipalités de côté. Cela se
faisait de bonne foi, en collaboration avec des députés. C'est
tellement vrai que, l'an passé, je pense que c'est votre
secrétaire particulière ou je ne sais trop qui qui a
communiqué à mon bureau et qui m'a dit: Voici, les demandes sont
là; quelles sont celles que vous pensez prioritaires, M. le
député? J'ai dit: Je prétends que ce sont
celles-là. Il n'y a aucun favoritisme là-dedans, je ne le
croirais pas, mais cela se faisait de bonne foi comme cela avec tous les autres
gouvernements.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Excusez-moi, M. le député de Maskinongé. L'an
dernier, quand j'ai envoyé mes formules, je demandais aux
municipalités une résolution formulant leurs demandes pour leurs
chemins à vocation agricole ce sont des chemins de colonisation;
aujourd'hui, on appelle cela des chemins à vocation agricole
plusieurs m'ont dit: Qu'est-ce que c'est? Cela n'existe pas seulement en
Abitibi? Alors, dans le passé, il ne devait pas y en avoir ou il y avait
seulement certaines municipalités qui étaient au courant.
M. Garon: La première lettre que j'ai reçue, qui me
demandait de verser de l'argent, c'est de Charlesbourg. Des chemins de
colonisation dans Charlesbourg, j'ai trouvé cela curieux. C'est à
ce moment que j'ai demandé...
M. Cordeau: En avez-vous trouvé?
M. Garon: II y avait une lettre. On ne précisait pas quel
chemin; c'était $15 000 ou $25 000 qu'on réclamait pour des
chemins de colonisation dans Charlesbourg. J'ai trouvé cela curieux.
Quand la lettre est arrivée, le chef de cabinet est venu me voir et m'a
dit: Qu'est-ce que c'est cela, des chemins de colonisation dans Charlesbourg?
Charlesbourg, c'est plutôt une ville; il y a peut-être une partie
qui reste rurale, une très faible partie. C'est là qu'on s'est
demandé de quoi il s'agissait. Après cela, il est arrivé
deux autres lettres et on se demandait ce que c'était. C'est là
qu'on a demandé aux fonctionnaires: Qu'est-ce que c'est exactement? On
s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de programme, écrit ou
autrement.
M. Picotte: II y avait tout simplement des budgets
accordés; il n'y avait peut-être pas de normes plus
précises, mais cela existait quand même.
M. Garon: C'était plutôt le ministre d'État
qui s'occupait de l'affectation des montants aux différents
comtés.
M. Picotte: Le ministre d'État jouait peut-être le
rôle que votre secrétaire a joué l'an dernier quand elle
nous a appelés.
M. Baril: On faisait des chemins pour des clubs de chasse et
pêche privés; envoie par là.
M. Picotte: Quand on mentionne, M. le Président, que
certaines municipalités ne le savaient pas, c'est une question de budget
tout simplement; c'est-à-dire que, si cette année, votre
ministère décide que, dans dix ou quinze comtés ruraux
à travers la province, on ne donne pas de subventions; il est certain
que les municipalités de ces comtés n'en auront pas. Je pense que
c'est aussi simple que cela. De là à vous mentionner aujourd'hui
pourquoi un comté aurait eu des subventions et pourquoi un autre n'en
aurait pas eu, ce n'est pas à moi de répondre à cela et ce
n'est pas dans mon domaine. Tout ce que je sais, c'est que je travaillais pour
en avoir et j'en avais. Je les distribuais au meilleur de ma connaissance,
toujours administrées et contrôlées par la
municipalité en question. C'était le meilleur moyen. On remettait
un montant d'argent à la municipalité et on disait: Arrangez-vous
avec. Dans mon comté, j'ai procédé ainsi et je n'ai jamais
eu de troubles. Il fallait évidemment qu'elles fassent rapport à
l'ingénieur divisionnaire des Transports, parce que, si elles voulaient
être payées, il fallait que l'ingénieur divisionnaire des
Transports accepte le montant d'argent dépensé. En ce qui me
concerne, j'étais tout simplement l'intermédiaire, dans mon
comté, entre le ministre de l'Agriculture, le ministre des Transports et
la municipalité pour essayer d'aller chercher une subvention pour la
municipalité. Je les laissais administrer cela complètement avec
l'ingénieur divisionnaire des Transports. S'il y avait des accrochages
après, cela ne dépendait pas de moi. Je n'avais été
qu'un intermédiaire. (17 h 20)
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): En 1977,
n'est-ce pas?
M. Picotte: Pour l'année 1977, pour l'année 1976,
pour l'année 1975, pour l'année 1974 et pour l'année 1973.
Cela existait. J'en ai eu et j'en ai donné dans tout mon
comté.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Comment se fait-il que les municipalités n'étaient pas
avisées de cela?
M. Picotte: Je n'en ai aucune idée, ce n'est pas à
moi que vous devez poser la question. Mais je peux vous dire que le programme
existait parce que j'en ai eu. Je n'ai pas été un
privilégié, parce qu'il y en a plusieurs qui en ont eu.
M. Baril: On ne doute pas du programme, il existait, c'est
sûr.
M. Picotte: II y a une année où on est allé
jusqu'à 200 000, je pense.
M. Cordeau: Ils étaient tous chez vous.
M. Picotte: Non, mais encore une fois cela
dépendait...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): II est pris,
il n'en reste plus!
M. Picotte: II faut bien s'entendre. Vous savez, dans les
comtés, on fait bien la part des choses. Quand le ministère des
Transports est en train de faire...
M. Garon: En quelle année êtes-vous allé
jusqu'à 200 000?
M. Picotte: Je ne me rappelle plus.
M. Baril: Vous deviez en engager des gens pour couper des
branches!
M. Picotte: Ce sont les municipalités qui se chargeaient
de cela.
M. Baril: Je connais des municipalités qui, quand elles
avaient un montant pour des chemins de colonisation, engageaient des gens pour
couper des branches. Une fois les branches coupées, il ne restait plus
d'argent pour faire le chemin.
M. Picotte: Si vous aviez été dans mon
comté, vous auriez peut-être été un de ces
salariés!
Si le ministre a eu tellement de lettres de félicitation, il
pourra peut-être nous en déposer la moitié. Cela
permettrait de donner le ton aux autres municipalités qui ne l'ont pas
fait et cela nous permettrait de voir jusqu'à quel point certaines
municipalités sont plus reconnaissantes que d'autres. J'aimerais poser
une petite question au ministre là-dessus. Je ne sais pas s'il est
capable de me répondre aujourd'hui même.
M. Garon: II y en a qui pensent même que si le
député de Saint-Hyacinthe est bien reconnaissant, il va passer au
Parti québécois.
M. Cordeau: Cela a été dit hier.
M. Picotte: Étant donné que vous avez
mentionné tantôt que vous receviez de nombreuses demandes
concernant la voirie rurale, pouvez-vous me dire s'il y a une augmentation du
budget prévue cette année pour cela en particulier?
M. Garon: Non.
M. Picotte: II n'y a pas d'augmentation du budget? C'est
sensiblement le même budget que l'an dernier?
M. Garon: C'est sensiblement le même budget.
M. Picotte: J'espère qu'il n'y a pas de
municipalités du Québec qui vont être oubliées
à cause du non-accroissement du budget, et qu'elles ne diront pas que
c'est un privilège d'en avoir ou non.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Cela ne veut pas dire que toutes les municipalités vont en avoir.
Il faut s'entendre.
M. Picotte: C'est exactement ce que je me suis
évertué pendant quelques minutes à vous faire comprendre.
Cela n'a pas pris trop de temps, je suis heureux que vous l'ayez compris.
M. Garon: II y a des priorités.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Sauf que toutes les municipalités sont au courant que cette
entente existe. C'est cela qui est important.
M. Baril: M. le Président, tout à l'heure, le
député de Montmagny-L'Islet a mentionné mon nom comme quoi
j'avais fait des pressions l'an dernier sur la date du début du
programme des travaux mécanisés. C'est vrai que j'ai fait des
pressions, mais cela a certainement porté fruit et on n'a pas
parlé dans le vent puisque, cette année, le programme des travaux
mécanisés sera en vigueur aussitôt qu'ils pourront aller
dans les champs. On m'a même informé tout à l'heure que,
déjà, dans les terres noires, on avait commencé à
travailler. On ne connaîtra donc plus les attentes qu'on a connues dans
le passé, et l'inquiétude que les agriculteurs avaient avant de
commencer leurs travaux. Aussi, l'an dernier, j'avais fait beaucoup de
pressions sur le ministre en faveur des gens qui faisaient partie d'un
programme de 150 heures de travaux mécanisés. Il y avait un
programme défini qui leur avait été enlevé au
début, mais le ministre avait réajusté le programme et
avait permis, l'année dernière, encore pour un an, que les gens
qui voulaient bénéficier de ce programme, qui étaient
à l'intérieur du programme, pouvaient en
bénéficier. Je dois féliciter encore le ministre puisque,
cette année, il n'est même plus question de 150 heures, puisque le
ministère va payer trois quarts d'heure l'acre, peu importe le nombre
d'heures que l'agriculteur fera. Je crois que c'est encore un avantage
supérieur à ce qu'un producteur avait, même s'il faisait
partie du programme de 150 heures.
Questions d'intérêt
général
M. Picotte: Étant donné que le député
d'Arthabaska vient de me souligner une chose, me serait-il possible de savoir
on a mentionné tantôt qu'il y a des endroits, surtout du
côté de certains sols de terre noire, que les travaux
mécanisés seraient déjà commencés de
la part du ministre, à quels endroits les travaux
mécanisés sont déjà commencés en province,
dans quel coin de la province et dans quelle proportion?
M. Garon: On me dit qu'il se fait des projets spéciaux sur
terre noire parce que cela se fait mieux l'hiver que l'été. Ils
ne sont pas capables de
passer, l'été, à cause de la compacité des
terres noires. Cela se fait mieux alors que le sol est encore gelé que
pendant l'été.
M. Picotte: Face à cela, M.... M. Dubois: ...
noire. C'est vrai.
M. Picotte: Est-ce qu'on peut annoncer aux agriculteurs de notre
comté que, dès qu'ils auront la possibilité d'aller dans
le champ avec de la machinerie lourde pour faire des travaux
mécanisés, ils pourront le faire pour ne pas qu'il se
produise...
M. Baril: II faudrait que les inspecteurs passent avant.
M. Garon: ... avant.
M. Picotte: J'ai cru comprendre l'intervention du
député d'Arthabaska, mais je voudrais surtout que mes
agriculteurs ne soient pas pénalisés si ce n'est pas exact. Si
c'est exact, je voudrais qu'ils soient un des premiers à le savoir.
M. Garon: Cette année, je pense bien que les travaux
mécanisés ne partiront pas aussi rapidement que l'an dernier
à cause de la température qui n'est pas la même.
On me dit que l'intégration à l'hydraulique qui se fait
est répartie entre les différents bureaux locaux, mais
qu'à partir du 28 avril il n'y aura pas de problème.
M. Picotte: À partir du 28 avril, il n'y aura pas de
problème.
M. Garon: Je voulais avoir au début d'avril, mais
là il y a l'intégration de l'hydraulique avec les bureaux locaux.
L'an prochain, cela va commencer assez de bonne heure. Il n'y aura plus de
problème. La limite de temps, cela va être le nouveau budget du
premier avril. Cette année, on me dit qu'à partir du 28 avril il
n'y aura pas de problème. Encore là, il faut que les travaux
soient indiqués sur plans auparavant.
M. Picotte: II faut que les agriculteurs respectent les normes
comme dans tous les programmes même s'il s'agit d'embauche d'un
étudiant. Il y a des normes à respecter et il faut que
l'agriculteur les respecte.
M. Garon: Là, il n'y a pas de date. J'ai enlevé sur
les programmes les dates. J'ai essayé le plus possible, quand cela
l'était, d'enlever cela.
M. Picotte: Une petite seconde, M. le ministre, parce que
là vous êtes en train de me mêler. On a mentionné
tantôt la date du 28 avril et après vous me dites qu'il n'y a plus
de date.
M. Garon: On pourra à partir du 28 avril, et non pas
jusqu'au 28 avril, sans problème, commencer les travaux
mécanisés. Il faut dire qu'actuellement, dans la plupart des
régions, la température est moins élevée cette
année. Cela presse moins que cela pressait l'an dernier.
L'an dernier, le sous-ministre à la production, qui était
là depuis un certain nombre d'années, me disait que les
programmes ont démarré vers le 10 mai. C'était
habituellement vers cette date que les programmes commençaient. Cette
année avec le 28 avril, ce serait hâté. L'an prochain,
comme tout cela serait réorganisé au cours de l'hiver, on pourra
vraiment commencer à partir du 1er avril, soit au début de
l'année budgétaire.
M. Picotte: De toute façon, M. le Président, je
peux mentionner aux agriculteurs de mon comté qu'ils peuvent
procéder à partir du 28 avril, à condition d'avoir
respecté les normes, c'est-à-dire rencontré les agronomes;
je suis certain qu'à partir du 28 avril ils ne seront pas
pénalisés s'ils démarrent.
M. Garon: II faut qu'ils le fassent indiquer sur le plan avant de
commencer leurs travaux.
M. Picotte: D'accord. Je voulais qu'on s'entende bien
là-dessus pour ne pas qu'il...
M. Dubois: Dans le même ordre d'idées.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Baril: Le député de Maskinongé peut
toujours dire que de temps à autre le député d'Arthabaska
dit quelque chose de vrai.
M. Picotte: Je suis heureux, M. le Président, d'avoir
appris cela ici parce que je me rends compte qu'avec ce gouvernement il y a
deux sortes de comtés. Les comtés au pouvoir et les comtés
dans l'Opposition. Les comtés au pouvoir sont au courant des mesures et
les comtés dans l'Opposition le sont pas mal longtemps après. Je
suis heureux parce que le député d'Arthabaska m'a donné
une occasion d'apprendre cela.
M. Garon: Pour quel programme avez-vous été au
courant en retard?
M. Picotte: Le programme des travaux mécanisés. Je
viens de l'apprendre de la bouche du député d'Arthabaska. C'est
parce qu'il avait été informé. Cela veut dire qu'il y a
deux...
M. Garon: Non, personne n'a été informé.
J'en ai parlé dans mon discours préliminaire à
l'étude des crédits.
M. Picotte: Vous n'aviez pas donné de date.
M. Garon: Non, je viens de mentionner la date pour la
première fois.
M. Picotte: D'accord, on ne prolongera pas là-dessus pour
ne pas perdre de temps.
M. Garon: Non. Là, on est en train d'améliorer
ce secteur. Cela, c'est quand même 25% du budget du
ministère de l'hydraulique. Comme le Québec a du retard
là-dedans, on voudrait aller le plus rapidement possible, de la
façon la plus efficace possible. On a ajouté un programme, on a
fait des réajustements cette année. Il y en aura sans doute
d'autres l'an prochain. Je souhaite qu'après trois ans le programme sera
parfaitement à point. Déjà, il y a eu des
améliorations sensibles.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais savoir si les entrepreneurs qui ont
été accrédités l'an dernier pour les travaux
mécanisés le sont automatiquement cette année, ou s'ils
doivent remplir un nouveau formulaire.
M. Garon: II n'y a pas d'accréditation comme telle. Pour
tous les entrepreneurs, c'est pour leurs machines...
M. Dubois: II y a un formulaire nouveau chaque année.
M. Garon: Oui. Ce n'est pas de l'accréditation comme
telle.
M. Cordeau: C'est pour l'enregistrement de leur machinerie au
ministère?
M. Garon: C'est cela, c'est pour faire l'enregistrement. Ce qu'il
y a, tout simplement, c'est qu'il n'y a pas une accréditation comme
telle de l'entrepreneur. La personne vient au bureau local où il y a un
formulaire dans lequel elle enregistre sa machinerie et dit de quel type elle
est. À ce moment-là, le maximum des taux que le gouvernement
octroie est mentionné et, en même temps, il y a une
vérification de la machinerie, il y a quelqu'un du bureau local qui va
aller voir la machinerie parce qu'on ne voudrait pas qu'il y ait des travaux de
faits avec des machines rémunérées à tant l'heure,
alors que la machinerie, à toutes fins pratiques, serait finie.
M. Dubois: La vérification, c'est déjà en
place, cela?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Pour cette année? Si je prends le comté
de Huntingdon, les semences vont commencer certainement la semaine prochaine.
Alors, il y a des travaux qui se font quand même avant les semences dans
les terres noires. C'est ce qu'on m'a dit hier. C'est même tard.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé. M. le député de Saint-Hyacinthe, sur le
même sujet.
M. Cordeau: Est-ce qu'on peut parler seulement sur l'hydraulique
ou en général?
Le Président (M. Boucher): C'est parce que M. le
député de Maskinongé a commencé à poser ses
questions.
M. Garon: Dans le comté de Huntingdon, les bulldozers sont
déjà enregistrés puisqu'on a reçu les formulaires
du comté directement des bureaux locaux au service de l'Hydraulique
agricole qui est en train d'enregistrer les formulaires qui ont
été remplis dans le comté de Huntingdon. Franchement,
c'est une amélioration considérable. On va l'améliorer
encore l'an prochain.
M. Cordeau: Un entrepreneur qui s'était enregistré
l'an passé, qui a rempli tous ses formulaires, doit-il renouveler sa
demande chaque année?
M. Garon: Oui, parce qu'il n'a pas nécessairement la
même machinerie.
M. Cordeau: C'est une spécification que je voulais avoir
du ministère.
M. Garon: À part de cela, il y a des taux horaires, c'est
bon pour l'entrepreneur qui vient et qui dit quel type de machinerie il a, etc.
Il a les renseignements. En même temps, l'équipe sait quel type de
machinerie il y a là pour aller la vérifier.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que les taux horaires sont
augmentés?
M. Garon: Ce sont les taux du ministère des Travaux
publics. Je pense qu'il y a eu une augmentation.
M. Vaillancourt (Orford): Quelle différence avec l'an
passé?
M. Garon: Je n'ai pas les taux ici. Les taux sont fixés
par les Travaux publics.
M. Vaillancourt (Orford): On reposera la question au programme
concerné.
M. Garon: Oui, d'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé, si vous voulez continuer vos questions.
M. Picotte: M. le Président, dans les questions d'ordre
général que j'avais mentionnées au début, il y
avait, entre autres, une question dont on a beaucoup parlé au
Québec. Il s'agissait du zonage agricole. L'an passé, à
l'étude des mêmes crédits, si je me rappelle bien, c'est
surtout à la page B-2229.
M. Garon: En tout cas, je ne suis pas un expert là-dedans,
on me dit que les taux c'est un livre d'environ une centaine de pages où
il y a différents types de machines avec les taux. Je peux bien faire
venir le livre pour vous répondre, en
fouillant dans le livre, sur les différents taux de
machinerie.
(17 h 35)
M. Vaillancourt (Orford): Au Service des travaux
mécanisés, ils ont cela actuellement. C'est fixé
par...
M. Garon: Les Travaux publics.
M. Vaillancourt (Orford): ... les Travaux publics,
c'est-à-dire par le Service d'approvisionnement. C'est le
répertoire des taux, et vous t'avez actuellement.
M. Garon: Je sais, mais vous savez que c'est toute la machinerie
utilisable par le gouvernement. Cela fait bien des modèles. Cela fait
bien des années de machinerie.
M. Vaillancourt (Orford): C'est une moyenne qu'on aimerait avoir,
la moyenne des taux d'augmentation. On sait qu'il y a des machines de
différentes catégories, de différentes forces à la
barre de tire, mais, ordinairement, le Service des travaux
mécanisés fait une moyenne des taux.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): C'est cela qu'on veut avoir seulement,
parce qu'on ne veut pas avoir les détails.
M. Picotte: Et l'augmentation qu'il a pu y avoir depuis l'an
passé. Je pense que ce sont deux ou trois petits chiffres.
M. Dubois: J'aurais une question suite à la réponse
du ministre sur les taux.
Le Président (M. Boucher): On revient sur
l'hydraulique.
M. Dubois: II y a déjà eu une recommandation, M. le
ministre, de la part de l'UPA.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: L'UPA a déjà fait une recommandation au
Service des travaux mécanisés d'accepter les machines des
"bulldozers", si on veut, de 50 forces et plus pour les travaux
mécanisés. Je sais que cela a été formulé
à quelques reprises par l'UPA et j'ai souvent des remarques, en tout cas
dans la région chez nous, à savoir que des équipements de
55 ou 60 forces ne sont pas acceptés. En fait, c'est 60 forces et plus.
Plusieurs marques ont 55 ou 58 forces. L'équipement est valable pour
faire des travaux mécanisés, mais ils ne sont pas
acceptés. Cela part de 60 forces minimum, je pense. Dans les "back-hoes"
ou rétrocaveuses, qu'on appelle.
M. Garon: Là, on est rendu dans des questions très
particulières. Quand on parlera de chacun des programmes en particulier,
on pourra en- trer dans les détails. On avait parlé de questions
générales.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, pour la nième fois, on
a parlé beaucoup, dans le passé, de zonage agricole, autant sous
l'ancien gouvernement, qu'avec le nouveau gouvernement. Entre autres, aux
crédits, il y a à peu près un an, sensiblement, jour pour
jour, une douzaine de mois, le ministre avait déclaré: "Nous
voudrions déposer cette loi le plus rapidement possible au début
de l'automne." C'était, je pense, un "must" que le gouvernement se
donnait de déposer cette loi au début de l'automne, toujours en
parlant de l'an dernier. Cela a été mentionné à
deux occasions. Entre autres, c'est inscrit au journal des Débats,
à la page B-2184 et B-2226. Par contre, à la page B- 2229
je pense que là, cela a été une affirmation qui
était quand même très significative le ministre a
dit: "Le projet de loi est en période de gestation. Les légistes
le préparent et il est prêt à être
déposé."
Il y a douze mois environ, quelques jours en plus ou en moins, le
ministre nous annonçait officiellement, à l'étude des
crédits, que le projet de loi concernant le zonage agricole était
déjà prêt à être déposé à
l'Assemblée nationale. Comme je considère que cela fait
déjà un an, j'aimerais savoir du ministre ce qui a pu se produire
comme accident de parcours depuis un an. Si je considère que le projet
était prêt à être déposé au mois de mai
l'an passé et que nous sommes rendus au 20 avril 1978, un an plus tard,
et qu'encore là c'est un peu un mystère de la part des
parlementaires de savoir s'il sera déposé dans quelques semaines,
j'aimerais que le ministre nous entretienne quelques instants sur le sujet et
plus particulièrement sur la déclaration qu'il faisait aux
crédits l'an passé. Ma question est finie, M. le ministre; c'est
à vous de répondre.
M. Garon: En fait, je vais vous le dire bien franchement. L'an
dernier, vous vous rappelez le nombre de projets de loi qui sont restés
au feuilleton quand on est parti aux Fêtes pour les vacances. À ce
moment, même s'il y avait plusieurs projets de loi qui pouvaient
être prêts, cela ne donnait rien de les déposer
immédiatement. Quand je dis "prêts", évidemment, il y a
différentes instances au niveau du gouvernement. Quand on a
mentionné, dans le discours inaugural, que ce serait fait à
l'automne, on ne pensait pas que les débats traîneraient en
longueur autant que cela au Parlement et qu'il y aurait des motions pour
retarder tel projet de trois mois, tel autre de six mois, qu'on demanderait de
les réétudier, etc.
Comme une oeuvre d'art, on a décidé de travailler ces
projets de loi davantage. On a du temps. L'Opposition trouve que le programme
législatif du gouvernement est trop rapide, alors, on a dit: On va
continuer à le travailler. Entre-temps, après des discussions
avec plusieurs agriculteurs, j'ai pensé préférable de
faire adopter d'abord des
mesures qui auront pour objet de développer l'agriculture, dans
un premier temps, et par la suite, de protéger le territoire agricole.
C'est pour cela que vous avez, cet après-midi, le dépôt de
six projets de loi qui auront pour but de faciliter le financement des
entreprises agricoles. Quand on va aux encans de fermes, on voit que des fermes
se vendent pour différentes raisons. Le nombre des agriculteurs qui
avaient des montants maxima de prêts possibles à l'Office du
crédit agricole étant trop peu élevé, les
agriculteurs ne pouvaient pas s'agrandir pour ces raisons.
J'avais d'abord pensé à une première étape,
celle d'accroître le crédit, d'améliorer le système
du crédit agricole afin de permettre aux agriculteurs de
développer leurs entreprises, II y a aussi d'autres mesures qui sont en
discussion au ministère. Je visais, par exemple, un programme
d'assurance-stabilisation des revenus pour les producteurs de maïs-grain
visant à développer la production des céréales au
Québec. Pour cela, il va falloir, surtout avec la fluctuation des prix
qu'on connaît, garantir les revenus des producteurs de maïs-grain.
Nous avons commencé l'an dernier avec les producteurs de pommes de
terre. Celui des porcelets est maintenant prêt et il devrait être
adopté d'une façon finale sous peu. Celui qui est actuellement en
discussion est celui des producteurs de maïs-grain et je voudrais, le plus
rapidement possible, étendre cela aux autres céréales.
C'est celle-là qui demande du terrain. Les productions
maraîchères en demandent, mais moins.
Il faut mettre en vigueur des programmes immédiats afin que les
agriculteurs puissent développer des terres qui seront
protégées. J'ai pensé qu'il était plus important de
commencer immédiatement. J'ai toujours dit qu'il devrait y avoir un
ensemble de mesures. C'est la philosophie des députés du Parti
québécois; nous avons discuté longuement de ces
choses-là. C'est aussi la philosophie de l'Union des producteurs
agricoles. Tout le monde agricole dit: Si on protège les terres
agricoles, il faut trouver les moyens de les développer. On dit:
Parfait, commençons par indiquer un certain nombre de mesures qui vont
permettre le développement des terres agricoles. Par la suite, on
déposera nos mesures pour protéger les terres. Vous avez vu un
ensemble de lois qui ont été déposées cet
après-midi que je souhaite voir adopter le plus rapidement possible.
Ensuite, il y aura d'autres mesures protégeant les terres. C'est un
ensemble de mesures et je peux vous dire que cela va venir assez rapidement.
Cela dépend un peu de vous, au fond, cela dépend un peu de
l'Opposition.
Par exemple, il y a six projets de loi. S'ils sont adoptés
rapidement, évidemment, on peut en déposer d'autres pour
adoption. Si cela prend du temps à adopter ceux-là, qu'est-ce que
cela nous donne d'en déposer d'autres? Il faut aussi que les
agriculteurs puissent avoir un support financier pour développer
l'agriculture. En partant de la céréale, cela veut dire des
centaines de milliers d'acres qui sont récupérables, qui sont
sous spéculation et qu'il faut ramener à l'agriculture. Il y en a
évidemment qu'on ne pourra pas ramener. Mais, pour en ramener la plus
grande partie possible, il faut que les agriculteurs puissent acquérir
ces terres. Vous avez remarqué que ce n'est pas un plan isolé;
vous avez vu les déclarations du ministre des Affaires municipales qui
dit qu'il faut densifier les villes plutôt qu'étendre les villes
dans les territoires agricoles. Vous avez le ministre d'État à
l'aménagement qui dit également qu'il faut faire des changements
à la ville de Montréal, la rendre plus vivable pour que les gens
ne sortent pas de l'île de Montréal, restent là parce que
c'est intéressant de vivre à Montréal. À ce moment
il faut que le fleuve soit accessible, il faut différentes mesures pour
rendre tout cela accessible pour que les gens ne sentent pas qu'ils sont
obligés de sortir de l'île de Montréal pour avoir un peu
d'air frais. Tout cela doit s'établir ensemble et c'est ce qu'on est en
train de faire, comme un gouvernement prévoyant, respectueux des
citoyens qu'il administre et qui a la volonté de développer
l'agriculture, en permettant toutes les conditions possibles...
M. Picotte: Vous pouvez bien dire cela les mains jointes!
M. Garon: ... pour que les agriculteurs puissent vivre sur leur
terre et non pas vivoter.
M. Picotte: M. le Président, j'ai l'impression...
M. Dubois: Sur le même sujet, je voudrais poser une
question au ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé n'avait pas terminé.
M. Picotte: Sur le même sujet? Je continuais sur le
même sujet aussi.
M. Dubois: D'accord, continuez, j'irai après.
M. Picotte: M. le Président, je vois que le ministre est
quand même fort habile. Dans tout son cheminement, j'ai essayé de
comprendre quelque chose et je vous assure que, dans bien des occasions, cela
me paraît complètement opposé. Alors que le ministre de
l'Agriculture... Si vous le voulez, je vais commencer un peu plus loin, on dit:
Le critique agricole du Parti québécois, en 1974 le
député de Saguenay disait simplement ceci: II faut
protéger le patrimoine agricole du Québec en empêchant
l'acquisition des terres arables à des fins de spéculation
foncière et à toutes fins non agricoles. C'est à la page
B-750.
En 1976, le critique agricole le même député,
d'ailleurs mentionnait, à la page B-1968: II faut un
véritable programme d'assurance-stabilisation des produits agricoles. En
plus, il disait, à la page B-1973, qu'il trouve ridicule le montant de
compensation que veut verser le ministère aux propriétaires de
petits abattoirs. Il disait en plus...
M. Garon: C'est tellement vrai qu'on a augmenté ce montant
de 50%.
M. Picotte: II parlait en plus, chaque année, de zonage
agricole... À B-1967, d'ailleurs, il reprend le même
problème de l'aménagement du territoire. Alors, tout le temps, le
critique agricole de l'Opposition officielle du temps qui était
le député de Saguenay trouvait urgent...
M. Garon: Je suis complètement d'accord avec ce qu'il
disait; je le connais depuis 20 ans.
M. Picotte:... de procéder à un dépôt
de cette loi et d'en faire une loi le plus rapidement possible, de la
concrétiser le plus rapidement possible.
Or, le ministre me parle, entre autres, de la lenteur; il essaie de
faire passer sur le dos de l'Opposition le fait que la loi n'ait pas
été déposée. Un coup parti, sans l'avoir
déposée, il peut bien reprocher à l'Opposition officielle
de ne pas l'avoir adoptée puisqu'elle n'est pas
déposée.
Je trouve quand même qu'il y a beaucoup de contradictions dans ce
qu'il dit. Il dit connaître la lenteur de l'Opposition pour adopter
certains projets et, malgré cette lenteur qu'il connaît
déjà de l'Opposition, cela fait au-delà d'un an et
on nous a dit en mai 1977 que le projet était prêt à
être déposé cela fait déjà un
an...
M. Garon: En mai 1977, il n'était pas prêt.
M. Picotte: J'ai lu vos paroles, tout à l'heure, à
l'étude des crédits.
M. Garon: Non.
M. Picotte: M. le Président, c'est ce que j'ai dit au
début de mes remarques, je vais être obligé de reprendre...
Je vais relire tout simplement ce que vous avez dit à la page B-2229,
à l'étude des crédits l'an passé, sensiblement
à la même date, peut-être avec quelques jours de
différence; vous avez dit: ce sont vos paroles, M. le ministre,
ce ne sont pas les miennes; "II est en période de gestation... Les
légistes le préparent et il est prêt à être
déposé".
M. Garon: ... prêt.
M. Picotte: C'est cela, encore trois autres contradictions que
vous me relevez. Vous me dites: II est en gestation, vous dites: On le
prépare et il est prêt à être déposé.
C'est encore bien pire, ce sont vos paroles à vous!
M. Garon: Où avez-vous lu cela?
M. Picotte: Dans le journal des Débats, à la
B-2229, l'an passé, à la même date.
M. Garon: II y a eu une erreur de transcription. Cela a dû
être: II sera prêt à être déposé. (17 h
50)
M. Picotte: M. le Président, je suis prêt...
M. Caron: Je le prépare, il est en gestation.
M. Giasson: Une gestation de combien de mois, de 36 mois?
M. Garon: Non. La gestation est terminée. Il s'agit tout
simplement d'apprendre la naissance à la parenté.
M. Picotte: Je suis quand même obligé de prendre les
paroles du ministre. Quand on siège à l'Assemblée
nationale en tant que député, si à un moment donné
on met en doute la parole d'un ministre, le règlement nous défend
de le faire. Aujourd'hui, je me sers des paroles exactes que le ministre a
prononcées, avec références je n'ai pas le droit de
mettre en doute la parole du ministre ...
M. Garon: Cela ne marche pas. Gestation...
M. Picotte: Non seulement je n'ai pas le droit, je prends ce qui
a été écrit, tel quel. J'ai la date précise, c'est
le 10 mai 1977, à la page B-2229. En plus, c'est entouré, cela
vous facilite la tâche, M. le ministre.
M. Cordeau: ... ministre d'avoir les feuilles pour correction
avant l'impression.
M. Beauséjour: Les deux autres sont
différentes.
M. Picotte: Peut-être, c'est dans la même phrase.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: Je savais nos spécialistes du journal des
Débats assez compétents. J'ai fortement l'impression qu'ils n'ont
pas pu faire une gaffe semblable, du moins je l'imagine! Mais c'est dit
textuellement en tout cas.
M. Garon: "Ce n'est pas trop long. Les légistes le
préparent et il est prêt a être déposé. C'est
ce qu'ils font actuellement." Ce qu'ils font, c'est le préparer. Il y a
eu une faute ou quelque chose là, parce que tout le texte dit que les
légistes sont en train de le préparer, il est en période
de gestation. "C'est ce qu'ils font actuellement", le préparer.
M. Picotte: M. le Président, quand même, maintenant
j'ai donné la preuve au ministre que ses paroles étaient bel et
bien mentionnées au journal des Débats. Vous savez, un
député, à plus forte raison un ministre, qui a du
personnel, cela nous arrive à toutes les occasions...
M. Garon: Vous n'avez pas lu le paragraphe suivant. Un instant!
Écoutez là!
M. Picotte: ... où nous prenons la parole en cette
Chambre...
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: ... que les gens du journal des Débats ont
l'amabilité de nous retourner à nos bu-
reaux, avec un délai de quelques heures, les paroles que nous
avons dites pour savoir si cela correspond vraiment à l'esprit et si
cela correspond vraiment à ce que nous avons dit. On a la
possibilité, en deçà de deux heures, de faire corriger, de
demander en tout cas au responsable du journal des Débats de corriger
certaines choses. Exemple: Un terme comme celui que le ministre vient de me
mentionner et qu'il prétend ne pas avoir dit. Au lieu de dire: "... il
est prêt à être déposé", ce serait"... il sera
prêt à être déposé". Le ministre avait quand
même deux heures pour dire au préposé au journal des
Débats: Le mot "est" a été injustement employé,
vous devez le changer pour "sera", et je pense qu'on l'aurait corrigé.
Vous ne pouvez quand même pas me blâmer, moi qui sais lire et qui
ai pris la peine, afin de me préparer adéquatement pour
l'étude des crédits du ministère de l'Agriculture, de vous
relire, et là vous me dégonflez bien net. Vous venez me dire que
ce qui est écrit là-dedans peut être falsifié! Si
c'est falsifié, cela veut dire que vous m'avez fait lire tout ce qui
s'est passé l'année dernière aux crédits et que je
ne peux pas savoir si c'est vrai ou non. Si c'est la vérité ou si
ce sont des mensonges. Je ne le sais plus. Ce n'est peut-être pas vous,
c'est peut-être une erreur du journal des Débats. Pour autant que
ce n'est pas moi qui aie commis l'erreur et que j'aie bien lu le mot, je pense
bien que je peux me fier à ce qui est écrit là-dedans.
Si votre loi était prête, en était à une
autre phase que la gestation, je me dis, parce que vous avez dit j'ose
croire que c'est vrai ce que vous avez dit à la page B-2226, vous n'avez
qu'à reculer de trois pages, tourner trois pages en arrière, et
vous allez voir "...le problème dans les cas des
municipalités qui veulent faire un zonage, ce n'est pas un
problème technique, c'est un problème de volonté de le
faire ou non", que cela veut dire que si je réalise je fais une
déduction bien ordinaire, compréhensible pour tout le monde
que le projet de loi, il y a tout près de douze mois,
était prêt à être déposé à
l'Assemblée nationale, avec les nombreuses demandes qu'a faites en 1973,
1974 et 1976 le critique de l'Opposition en agriculture, qui se trouvait
être le député de Saguenay, collègue du ministre de
l'Agriculture, qui est sûrement l'un de ceux qui doivent travailler
à bride abattue au conseil des ministres pour tâcher de
présenter ce projet de loi le plus vite possible. Il a même des
appuis au Conseil des ministres. Des fois, il y a des députés qui
ont été critiques dans l'Opposition, qui ne sont même pas
ministres. À ce moment-là, au Conseil des ministres ils ont moins
de pouvoir. Vous, vous avez un collègue qui, en plus d'être
critique, est votre collègue au Conseil des ministres et peut vous aider
dans ce domaine. Le Parti québécois, qui forme le gouvernement
actuel, a mentionné à maintes et maintes reprises que le zonage
agricole n'était pas une question de plaire ou de déplaire, de
bousculer ou de ne pas bousculer certaines personnes, mais que c'était
tout simplement une question de volonté politique de le faire ou de ne
pas le faire.
On a dit à ceux qui formaient l'ancien gouvernement: Vous n'avez
pas la volonté politique de faire un projet de loi pour protéger
nos terres arables. Je me rends compte, avec les mêmes
déclarations, que ce parti plus cela change, plus c'est du pareil
au même n'a pas la volonté politique de faire un zonage
agricole au Québec. Ce qui est encore pire, M. le Président,
c'est qu'au moins, quand l'ancien gouvernement ne le faisait pas, le zonage, il
ne semblait pas prêt à le faire.
M. Garon: Cela a été trois fois dans le discours
inaugural, apparemment.
M. Picotte: Quand ce gouvernement ne semblait pas trop
pressé de le faire, M. le Président, au moins tout le monde
savait au Québec que le gouvernement n'était pas trop
pressé pour le faire. Quand on s'exprime de la façon dont le
ministre de l'Agriculture s'est exprimé l'année passée aux
crédits et dont il s'est exprimé, encore tout récemment,
en Chambre sur des questions qui lui ont été posées
le leader a répondu justement hier à une question, concernant le
zonage agricole c'est encore pire et c'est encore plus désastreux
aujourd'hui parce que les spéculateurs jouent présentement
là-dessus. Présentement, cela joue davantage contre la protection
de ces sols arables parce qu'ils prévoient que le gouvernement va finir
par agir dans ce domaine et ils y vont à fond de train dans la
spéculation. Cela fait un an. C'est indiqué ici. Ce n'est pas moi
qui l'ai dit. J'aimerais bien que le ministre, une fois pour toutes...
M. Garon: Sur quoi vous basez-vous pour dire cela?
M. Picotte: Je me suis basé sur le journal des
Débats.
M. Garon: Vous dites "actuellement ". Vous ne pouvez pas dire
"actuellement", si cela a été pris il y a un an. Vous dites:
Actuellement, la spéculation se fait à fond de train.
M. Picotte: Vous l'avez annoncé actuellement. Vous savez
très bien que quand vous allez déposer votre projet de loi...
M. Garon: Savez-vous une chose? La spéculation, c'est
quand les gens pensent faire de l'argent. Votre critique financier de
l'Opposition a dit qu'il y a plus de construction au Québec, qu'il y a
plus de logements et que le monde ne fait plus rien. À ce moment, il n'y
a plus personne qui pense faire de l'argent. On ne spécule pas.
M. Picotte: Ils achètent des terrains quand même, M.
le ministre. Vous savez très bien cela. Vous avez assez
d'expérience en administration pour le savoir.
J'aimerais savoir définitivement si le ministre ne pourrait pas
s'engager, une fois pour toutes, à
nous mentionner une date et cela, pas en commençant à me
parler des grains de provende, des céréales, de ceci et de cela.
C'est cela qu'on m'a répondu tantôt. Concernant le zonage
agricole, le ministre est-il disposé, d'ici quelques jours, à
déposer son projet de loi? Si c'est vrai que l'Opposition est lente pour
adopter un projet de loi, si vous attendez encore un an, cela va retarder
encore de deux ans. C'est aussi simple que cela. Cela se comprend facilement.
Si cela nous prend un an avant de l'adopter, comme le laisse présager le
ministre de l'Agriculture, si le ministre l'avait déposé l'an
passé, on aurait des chances de le voter cette année ou
très bientôt. Le ministre lui-même a fait retarder
l'adoption de ce projet de loi depuis un an. S'il attend encore six mois, il le
retarde encore d'une demi-année. J'aimerais avoir une réponse
claire, nette, précise du ministre, pas d'autres choses et pas de
patinage.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé, nous sommes à l'heure de la suspension. Nous devons
suspendre jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 16
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: M. le ministre.
M. Garon: La récréation est terminée.
Le Président (M. Boucher): À la suspension, ce
soir, M. le député de Maskinongé avait la parole pour
poser des questions d'ordre général.
M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, avant la suspension de 18
heures, j'avais surtout parlé de la volonté politique du
gouvernement d'agir dans ce sens. Alors, j'attends avec impatience la
réponse du ministre de l'Agriculture et je me réserve le droit
d'y revenir, évidemment, le cas échéant, selon que sa
réponse sera positive, négative ou évasive.
M. le ministre, je vais vous écouter bien religieusement.
M. Garon: Je vois que vous avez appris des termes adaptés
à votre nouveau chef.
M. Picotte: Et commencé à dire le
bénédicité et à aller à la messe!
M. Garon: Mettez-vous sur le premier banc, comme le
pharisien!
Je pense bien qu'il est clair que dans le cas des
références que vous avez faites au journal des Débats, qui
reproduisait les débats de la commission de l'an dernier, il faut voir
la phrase dans le contexte qui dit clairement que le projet de loi était
en préparation. D'ailleurs, selon mon habitude, les projets de loi sont
modifiables jusqu'à ce qu'ils soient déposés. Même
une fois déposés, si, en commission parlementaire, on a de bonnes
idées, nous n'avons aucune gêne à amender les projets de
loi, s'il arrivait qu'il y ait de bonnes idées lors de l'étude en
commission parlementaire. À ce point de vue, un projet est
terminé vraiment, à mon sens, quand il a été
adopté. Avant cela, tout est modifiable. Vous comprendrez que cela n'a
pas été ma philosophie, jusqu'à maintenant, surtout si
vous vous rappelez la commission parlementaire que nous avons eue sur la Loi
modifiant la Loi sur les aliments et les produits agricoles. Je voudrais
même présenter, cela ne s'est à peu près jamais fait
au Parlement, les règlements immédiatement après la loi
pour que vous puissiez avoir une vue sur l'ensemble du projet. À ce
moment, je me dis que l'Opposition... Nous ce qu'on veut, c'est avoir la
meilleure loi pour les agriculteurs. Nous serons toujours prêts à
rendre le plus de documents possible disponibles et à changer les
projets de loi jusqu'à la dernière minute. C'est dans cet esprit
que j'ai toujours agi. Maintenant, cela ne donne rien de déposer des tas
de projets de loi à l'avance. Actuellement, on en a déposé
six, on va adopter ceux-là et, après cela, on verra.
M. Picotte: De toute façon, M. le ministre, vous n'avez
pas répondu à la question que j'ai posée à 18
heures. Même si vous vous trompez de quinze jours, trois semaines! Cela
fait déjà deux discours inauguraux que c'est annoncé.
Étant donné que cela fait déjà au-delà d'un
an qu'on parle d'urgence dans ce domaine, est-ce qu'on pourrait avoir, en
acceptant qu'il pourrait y avoir quelques semaines de différence, la
date approximative où vous pensez déposer un projet de loi
concernant le zonage agricole?
M. Garon: Tout le monde sait qu'un projet de loi concernant le
zonage agricole ne peut pas rester au feuilleton pendant des semaines de temps
sans que la Chambre procède, et rapidement, sur un projet de loi comme
celui-là. Je pense que le député de Maskinongé est
sûrement un homme clairvoyant, je lui donne le bénéfice du
doute. Je suis persuadé qu'il sait cela aussi bien que moi que je ne
peux pas garder un projet de loi au feuilleton pendant des semaines de temps.
Il faut plutôt procéder rapidement et avec diligence.
Actuellement, il y a six projets de loi qui ont été
présentés. Cela fait déjà un bon nombre. Il y en
aura un certain nombre d'autres qui sont prêts. Dans un tel domaine, il
faut procéder avec finesse...
M. Picotte: Surtout.
M. Garon: C'est ce qui guide nos travaux actuellement dans ce
domaine de la protection des terres. Mais j'ai bien hâte de voir
l'attitude c'est un plaisir que je caresse, que je savoure même
de l'Opposition officielle. Les ministres qui ont participé au
débat, au Conseil des ministres du précédent gouvernement,
lorsqu'ils ont discuté de ce projet de loi qui n'était pas le
même, mais d'un projet de loi dont on m'a dit qu'il avait
été au discours inaugural dans le temps des libéraux
pendant de nombreuses années, à chaque année...
M. Picotte: M. le ministre, nous autres, nous avons hâte
d'avoir le dépôt du projet de loi et on s'organisera pour les
caresses après. De toute façon, je pourrai laisser la parole
à mon collègue de Huntingdon et je reviendrai peut-être,
selon...
M. Dubois: ... de la réponse du ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: II semble bien évident quand même que le
Conseil des ministres a en main une patate chaude. Cela semble être cela
quand même. C'est probablement ce qui cause le retard du
dépôt de ce projet de loi.
M. Garon: Pas du tout.
M. Dubois: De toute façon, il n'y a pas de gouvernement
qui n'a jamais fait d'erreur. Il est toujours possible d'avoir des erreurs dans
un pro- jet de loi, c'est sûr. Mais une fois que le projet de loi est
déposé je pense que les intervenants seraient quand même
intéressés à l'étudier, le commenter et puis
peut-être faire des suggestions, bonifier la loi. Puis je pense que si on
ne l'a jamais en main ce projet de loi, si vous le présentez dans un an,
cela prendra une autre année pour le bonifier. Plus tôt on
l'aurait, plus tôt on pourrait le critiquer et apporter des suggestions
positives. Je pense que vous devez le prendre comme cela. Peu importe si elle
est chaude, la patate, ou non, et je pense qu'elle est pas mal chaude, je pense
que c'est dû pour être apporté, parce que cela fait un an
que vous le promettez.
M. Garon: Non, il n'y a pas de patate chaude. M. Dubois:
Oui.
M. Garon: Je ne pense pas en termes de patate chaude du tout, je
trouve que la patate est plutôt tiède. Au contraire, je pense que
ce sera une mesure très populaire.
M. Dubois: On ne peut pas en discuter tant qu'on ne l'a pas
vu.
M. Garon: Je sais.
M. Dubois: Pour le prendre en considération, il faut
l'avoir en main. Vous avez toujours dit que pour pouvoir adopter un projet de
loi en troisième lecture, il faut le déposer, et il n'est pas
déposé, donc de toute façon...
M. Garon: On en a déposé six aujourd'hui.
M. Dubois: Oui, mais ce sont six projets de loi on n'en entendait
pas parler l'an passé puis l'autre on en entendait parler l'an
passé.
M. Garon: Cela veut dire, avec les quatre qu'on a adoptés
l'an dernier, que dans l'espace d'un an, le ministre de l'Agriculture aura
déposé dix projets de loi.
M. Dubois: Vous pensez que c'est un record?
M. Garon: Dans l'agriculture, c'est sans doute un record.
M. Dubois: Apportez-nous votre projet de loi sur le zonage des
terres agricoles et ce sera un record!
M. Garon: On pourrait vérifier cela. Je suis
persuadé que, dans l'histoire agricole du Québec, dix projets de
loi en dedans d'un an, c'est sans doute un record.
M. Dubois: De toute façon, ce n'est pas six nouvelles
lois. Il y en a quatre qui modifient des lois existantes et deux nouvelles.
M. Picotte: II y a plus de lois qui modifient d'autres lois que
de nouvelles lois.
M. Garon: Oui, mais quand vous modifiez en profondeur, cela
équivaut à faire de nouvelles lois.
M. Dubois: D'accord, je vais vous en concéder une de
plus.
M. Garon: D'ailleurs, sur les six qui sont
présentées aujourd'hui, au fond, il y en a deux qui sont
entièrement nouvelles. Il y en a une dont on aurait pu faire une
nouvelle loi, mais on a voulu la greffer à une autre loi: un
crédit spécial pour de nouveaux cas. Au fond, cela aurait pu
être une nouvelle loi. Ce sont des lois qui vont faire que le
crédit agricole québécois va être à
l'avant-garde du crédit agricole dans tout le monde occidental. Je n'ai
aucune gêne à le dire; je propose même
évidemment, on n'a pas de crédits pour cela au
député d'aller faire un tour au prochain congrès
international du crédit agricole. Il verra à quel point le
crédit agricole québécois est cité en exemple.
M. Dubois: Si vous m'invitez, je vais y aller.
M. Garon: Non, moi, je n'y vais pas; on ménage l'argent
des contribuables. Vous voyez que je ne voyage pas beaucoup.
M. Dubois: Ah, vous n'irez pas? Vous n'êtes pas
intéressé à aller voir ce qui se passe ailleurs?
M. Garon: Je lis cela dans les journaux. M.Dubois:
Deux ou trois ans après!
M. Garon: Cela évite le voyage et cela coûte
seulement le prix de la revue.
M. Dubois: De toute façon, cela fait tellement longtemps
que vous nous promettez le projet de loi sur le zonage des terres agricoles que
je pense que vous êtes dû.
M. Garon: Êtes-vous pour cela?
M. Dubois: On veut le voir, le projet de loi, un jour.
M. Garon: Êtes-vous en faveur?
M. Dubois: Est-ce qu'on peut dire oui à quelque chose
avant de l'avoir vu?
M. Garon: Sur le principe?
M. Dubois: Oui, je pense que tout le monde sera d'accord sur le
principe, mais on n'a rien vu encore.
M. Garon: Comment voyez-vous cela?
M. Dubois: Quand je le verrai, on en discutera. Voulez-vous que
je vous dise tout de suite quoi mettre dedans?
M. Garon: Non, c'était juste pour voir si on était
dans la bonne direction, à votre avis. J'aurais aimé avoir votre
avis.
M. Dubois: On a très hâte de le voir.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Étant donné que les
Oppositions pêlequiste et unioniste ont eu le temps de faire un tour
d'horizon, on pourrait peut-être commencer par le premier programme.
Le Président (M. Boucher): Je pense que le
député de Maskinongé a encore des questions. On pose des
questions d'ordre général et, à partir de cela, les
interventions sur le même sujet peuvent se faire autour de la table. Je
vais redonner la parole au député de Maskinongé.
M. Picotte: On avait mentionné ce matin qu'on avait une
douzaine de questions.
M. Garon: Ce que j'aimerais, c'est pouvoir déposer ce
projet quand votre chef va être en Chambre, pour voir son attitude.
M. Picotte: Mon Dieu, n'attendez pas cela. Si on se fie à
votre exemple, il ne l'a jamais été pendant qu'il a
été président du parti, alors il ne faudrait pas trop
s'associer à l'exemple de votre chef parce que cela veut dire...
M. Garon: On avait seulement six comtés.
M. Picotte: ... que vous n'êtes pas près de
présenter le projet de loi sur le zonage agricole.
Le Président (M. Dussault): Je croyais que la question du
zonage était terminée.
M. Garon: Seulement six comtés, mais eux ont 26
comtés et un paquet de comtés anglophones sûrs.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Maskinongé, si vous voulez passer à une autre question, s'il vous
plaît.
M. Picotte: Dans un autre ordre d'idées, je pense bien que
même si on n'a pas trop d'assurances en ce qui concerne la loi du zonage
agricole, on va tout de même passer à un autre domaine.
Je voudrais passer à une question concernant l'information.
À un moment donné, le ministre a déclaré qu'il y
avait un crédit pour l'information dans le domaine agricole; il le
trouvait insuffisant et il avait passablement raison de ce côté.
Dernièrement, au salon de l'agriculture, pour améliorer
l'information, on disait entre autres: "Terre de chez nous.
Gédéon au salon 1978. Le père Gédéon
s'absente de sa ferme pour la durée du salon international de la machine
agricole et des indus-
tries avicoles, les 6, 7, 8 et 9 avril prochain. Il participera aux
principales activités du salon. Vous pourrez l'entendre sur les ondes
des principaux postes de radio et vous le verrez à la
télévision. Il sera aussi présent sur pellicule et en
personne tous les jours dans le "stand" du ministère de l'Agriculture du
Québec. Gédéon au salon 1978, expression concrète
de son amour du sol et des producteurs du Québec." J'aimerais savoir, M.
le Président, d'abord quel montant le père Gédéon a
reçu pour cette publicité faite par le ministère de
l'Agriculture et, deuxièmement, quels ont été les
critères d'engagement ou d'embauche pour cette publicité
où on a choisi le père Gédéon?
Le Président (M. Dussault): M. le ministre...
M. Garon: On me dit que cela a coûté $2000. Il a
été là pendant quatre ou cinq jours, il y a eu un film de
fait et il venait tous les jours rencontrer les gens à l'occasion d'un
tirage qui se faisait au Salon de la machinerie agricole.
M. Picotte: Et il était engagé et payé
à même le budget du ministère de l'Agriculture? Y avait-il
des critères d'embauche? Est-ce qu'il y a eu, pas nécessairement
un appel d'offres, mais est-ce qu'on a fait appel à d'autres personnages
qui, au Québec, auraient pu vanter les mérites autant que le
père Gédéon? Quel genre de sélection y a-t-il
eu?
M. Garon: Apparemment il a été choisi parce qu'il
correspond un peu à un personnage humoristique bien connu et
identifié du milieu rural. C'est dans ce sens qu'il a été
engagé pour faire la publicité pour le Salon de la machinerie
agricole.
M. Picotte: A-t-il été choisi par une personne en
particulier, par un comité?
M. Garon: Par le comité du service d'information.
M. Picotte: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre s'il y aurait possibilité de déposer en commission
parlementaire, dans les jours subséquents, la copie du contrat de
l'engagement ainsi que les critères, puisqu'il y a eu un comité
de sélection. Il y a sûrement eu des critères
attachés à cela; alors j'aimerais qu'on dépose ces deux
documents si c'était possible.
M. Garon: C'est possible.
M. Picotte: C'est accepté? Bon.
J'aurais d'autres questions et je mentionne d'avance au ministre que je
ne demande pas des réponses immédiates parce que je sais qu'il
peut y avoir des recherches à faire, mais si on veut bien en prendre
note et, dans les jours qui suivront, déposer les Téponses.
J'aimerais savoir combien de contrats de publicité ont été
octroyés par le ministère de l'Agriculture cette
année?
M. Garon: On peut vous donner les cinq der- nières
années si vous voulez. Quant à y être, on va comparer!
M. Picotte: Les cinq dernières années! On n'a pas
d'objection à cela! Si vos fonctionnaires sont prêts à le
faire, vous pouvez nous donner les dix dernières années, les
vingt dernières années. C'est une documentation qui nous
intéresse. Dans le même ordre d'idées, à quelle
agence de publicité cela a-t-il été donné?
M. Garon: Parfait.
M. Picotte: Parmi ces contrats, est-ce que ce sont des contrats
de services, et si c'est le cas, à qui cela a-t-il été
donné? À qui les contrats négociés ont-ils
été donnés? À qui les soumissions sur invitation
ont-elles été adressées et à qui cela a-t-il
été octroyé? Il peut y avoir eu, évidemment, des
soumissions en circuit fermé et encore là on voudrait savoir
à qui on a pu s'adresser ou à qui elles ont pu être
données.
M. Garon: Avec l'enregistrement, nous avons bonne note des
questions que vous avez posées.
M. Picotte: En plus, j'ai une dernière question. Pour
chaque contrat qui a été donné par le ministère, on
aimerait avoir le thème ou le slogan de la campagne publicitaire. Je
n'ai pas d'autres questions en ce qui concerne l'information. (20 h 35)
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a des questions
sur ce sujet en particulier?
M. le député de Maskinongé, vous pouvez passer
à une autre question.
M. Picotte: D'autres questions d'ordre général.
Cela avance tranquillement, mais sûrement.
En janvier 1977, lors de l'étude des crédits, M. le
ministre a encore mentionné: "J'ai rencontré... les
attachés commerciaux des maisons du Québec à
l'étranger pour les sensibiliser à la vente de produits agricoles
du Québec qu'on a en surplus. Je pense, par exemple, au sirop
d'érable, au porc..." Cela est inscrit au journal des Débats
à la page B-2180. En plus, à la page B-2337, vous avez encore
déclaré: "On leur a suggéré, aux maisons du
Québec, (...) lorsqu'elles font des réceptions (...) d'utiliser
des produits québécois à 100%". Face à cet
énoncé de principe que vous avez fait, il y a maintenant tout
près d'un an, j'aimerais savoir si le ministre a des résultats de
ces demandes et s'il peut avoir évalué l'impact de cette demande
faite par le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Je peux vous dire qu'on a eu plus de résultats
qu'on en avait anticipés. Comme vous le dites, il y a eu une rencontre
avec les attachés du Québec à l'étranger. À
la suite de cela, il y a eu une première mission qui a été
organisée, en septembre dernier, au Japon. À la suite de cette
mission, le Japon a annoncé qu'il réduirait sinon qu'il
enlèverait totalement ses quotas d'importation sur le sirop
d'érable. C'est fait à l'heure actuelle. Il les a enlevés
complètement. Le Japon a enlevé
complètement les quotas d'importation sur le sirop
d'érable. Les ventes qui ont suivi cette mission au Japon ont
été assez importantes. Je dois dire, par exemple, que les ventes
de porc, si on compare les trois premiers mois de l'année 1978 par
rapport à 1977, ont à peu près doublé. Je vous dis
cela de mémoire. Je pense qu'au lieu de 117 conteneurs, cela a
été 228 ou quelque chose comme cela, des chiffres de cet
ordre.
Je peux vous dire également qu'il y a eu une partie prospection
pour d'autres types de produits qui pourraient être vendus au Japon.
Parmi les autres produits, je pense qu'il y a eu aussi un conteneur de vin
Dubleuet qui a été vendu au Japon, des types de fromages
également et de la charcuterie fine. Alors, on peut dire, d'une
façon générale, qu'il y a eu un accroissement des ventes,
que de nouveaux marchés ont été prospectés et qu'il
doit y avoir prochainement une autre mission qui va y aller.
Il y a également eu des attachés commerciaux qui sont
venus au Québec l'été dernier, à la suite de ma
rencontre avec les délégués au mois de janvier, pour se
familiariser avec les différents produits québécois qui
pourraient être exportés aux États-Unis. Là, il est
plus difficile d'identifier le résultat de cette rencontre. Pendant deux
jours, ces attachés commerciaux du Québec aux États-Unis
ont pu se familiariser davantage avec des types de produits agricoles
québécois qui pourraient être exportés. Il faut dire
que le ministère de l'Agriculture vient de commencer, au fond, à
s'intéresser à cette exportation de produits agroalimentaires
québécois. Je dois dire que les résultats jusqu'à
maintenant ont été beaucoup plus rapides que ce qu'on aurait pu
espérer.
M. Picotte: M. le ministre, la deuxième partie de ma
question est la suivante. Vous parlez des maisons du Québec à
l'extérieur, notamment à Paris.
M. Garon: Ah, oui!
M. Picotte: Je suis peut-être un petit peu plus en mesure
de parler de celle-là parce que j'ai participé, l'année
passée, au congrès de l'Association internationale des
parlementaires de langue française. Nous avons d'ailleurs
été reçus bien aimablement et bien chaleureusement par la
Maison du Québec à Paris. Le ministre a déclaré,
l'année passée, qu'on suggérait aux maisons du
Québec à l'extérieur du Québec de servir, autant
que faire se peut, entièrement des produits québécois.
Est-ce que cela a été fait? Est-ce que c'était tout
simplement un voeu pieux? Quand je suis allé à la Maison du
Québec à Paris, l'an dernier, je n'ai vraiment pas
dégusté beaucoup de produits québécois. On a
plutôt eu l'occasion de savourer le champagne qui n'est pas un produit
québécois, alors qu'on aurait pu savourer du bon cidre du
Québec. Je pense que tout le monde en aurait été heureux.
Je me demande si cela se peut, à un moment donné, que, dans une
conversation, le ministre ait souligné que les maisons du Québec
devaient prioritairement, si possible, utiliser des produits
québécois.
Évidemment, le ministre a dit 100% dans sa déclaration,
mais, en tout cas, moi, je n'irai pas jusqu'à 100% parce qu'il peut y
avoir quelques écarts. Est-ce que cela a été fait
uniquement lors de conversations? Comme je n'ai pu me rendre compte si cela a
été fait uniquement lors de conversations, comme je n'ai pas pu
me rendre compte que cela avait été respecté, lorsque j'y
suis allé, sans faire de reproche à personne, parce qu'encore une
fois on a été bien reçus, je me demande s'il n'y aurait
pas possibilité au moins qu'une directive officielle soit envoyée
à ces Maisons du Québec pour qu'on puisse s'assurer que,
vraiment, les produits Québécois sont à l'honneur,
même à l'extérieur du Québec, ce qui serait
d'ailleurs une bonne publicité, une bonne propagande.
M. Garon: Je vais dire, pour vous montrer, à quel point,
quand je parle, ce ne sont jamais des paroles en l'air, que lors de la visite
du premier ministre du Québec à Paris, les mets qui ont
été servis lors des réceptions ont été des
mets québécois, qui ont été expédiés
spécialement pour cette occasion. C'étaient vraiment des produits
québécois. À tel point même qu'on me dit que les
Français qui avaient assisté à ces réunions ne
s'étaient même pas aperçus qu'ils mangeaient du fromage
québécois. Cela veut dire, si les Français n'ont pas pu
distinguer le fromage québécois du fromage français,
à quel point nos producteurs, dans nos usines de production de fromages
fins, ont atteint, au fond, le niveau des meilleurs fromages dans le monde,
parce que tout le monde reconnaît que ce sont les fromages
français.
Deuxièmement, quand j'ai dit cela, au mois de mai, nous avons
fait préparer un programme; nous avons des sommes qui sont
prévues dans le budget pour approvisionner différentes Maisons du
Québec en produits québécois pour leurs réceptions.
C'est en train de se faire actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais savoir du ministre...
M. Garon: Ils sont en train de travailler le brouillon d'un
projet qui est presque terminé. Un brouillon de quatre pages. Il n'est
pas encore complètement terminé. Ce n'était pas seulement
un projet en l'air, nous sommes en train d'y travailler.
M. Dubois: Le ministre pourrait-il nous faire connaître la
valeur en dollars des exportations de porc vers le Japon? On nous a
donné cela en conteneurs, tout à l'heure, mais ce serait pas mal
intéressant d'avoir cela en dollars.
M. Garon: Un conteneur contient 40 000 livres. Je ne pourrais pas
vous dire en dollars parce que cela évolue... On m'a dit que
c'était... J'aimerais mieux vérifier.
M. Dubois: On ne peut pas le savoir ce soir.
M. Garon: Oui, parce qu'étant donné qu'on va
reprendre mes paroles l'an prochain, j'aime autant vérifier, avant de
dire des choses approximatives.
M. Dubois: J'aimerais avoir la valeur en dollars pour le porc et
les produits de l'érable vers le Japon.
M. Garon: Pour les produits de l'érable, ils n'ont sans
doute pas augmenté immédiatement parce que l'expédition a
été faite en septembre, et tout le monde sait qu'on manque de
sirop d'érable au Québec, actuellement. C'est différent,
c'est nouveau.
M. Dubois: Ce sont les chiffres de 1977 que je veux avoir. On
verra les chiffres de l'an prochain, dans ces deux cas?
M. Garon: Pour l'an prochain, ce sera difficile peut-être
de comparer, parce que la production pour cette année ne s'annonce pas
extraordinaire.
M. Dubois: On verra cela.
M. Garon: À cause de la température.
M. Dubois: Dans l'avenir, on pourra avoir quand même des
données.
M. Garon: Oui.
M. Picotte: Je ne voudrais pas que vous perdiez votre habitude.
Continuez d'être dégagé et d'être loquace. On ne sait
jamais d'un an à l'autre ce qui peut se produire. À ce moment, on
n'aura peut-être pas de reproches à vous faire.
M. Garon: Vous êtes chanceux, vous allez à Paris
déguster dans des réceptions françaises.
M. Picotte: Payé et défrayé par le
gouvernement du Québec en plus.
M. Garon: C'est pour dire comment... Le Président (M.
Boucher): À l'ordre.
M. Picotte: Cela a été choisi selon le quotient
intellectuel, apparemment. Il n'y a personne qui était à
plaindre. J'étais le seul là.
M. Garon: Je vais vous dire, le ministre de l'Agriculture lui se
promène plutôt dans les cabanes à sucre.
M. Baril: Cela a certainement été choisi au hasard,
parce que vous ne seriez certainement pas là. Vous ne seriez pas
passé à travers un comité.
M. Picotte: M. le Président, le ministre a parlé
tantôt d'un brouillon de travail qu'il est en train de faire.
M. Garon: Je vous fournirai des chiffres, par exemple, au point
de vue des exportations, en chiffres globaux, pour demain. Je pense que c'est
facile à retenir. Pas demain, la semaine prochaine. Il n'y a pas de
commission parlementaire demain.
M. Picotte: M. le ministre, vous avez dit tantôt que des
fonctionnaires était en train de travailler à un brouillon...
M. Garon: Oui.
M. Picotte: ... pour utiliser les produits
québécois. Est-ce qu'il serait possible de connaître une
date approximative où cela pourrait être délivré et
d'en informer les partis de l'Opposition par un dépôt de document
en Chambre, ou peu importe?
M. Garon: Comme je vous le disais, tous nos projets je le
demandais à nos hauts fonctionnaires du ministère moi
j'aime cela qu'on les cisèle jusqu'au dernier point virguie pour que ce
soit bien fait...
M. Picotte: À la fine pointe.
M. Garon: Actuellement, nous sommes en train de ciseler le projet
pour qu'il soit vraiment comme une oeuvre d'art, un projet à point. Je
ne veux jamais présenter de choses qui ne soient pas un projet fini.
Actuellement, vous voyez que c'est un brouillon auquel on travaille, cela fait
deux fois qu'il passe sur mon bureau, il faut l'améliorer, le rendre
encore plus fort. C'est ce qu'on est en train de faire, actuellement.
M. Dubois: Un peu comme le zonage.
M. Garon: Pardon? Toutes les choses qui passent au
ministère de l'Agriculture ce sont des choses à point qui sortent
de là.
M. Picotte: Dans un autre ordre d'idées, M. le ministre,
je lis, à la page B/2193 des crédits: Dans les faits, le
ministère deviendra de plus en plus rapidement le ministère de
l'Agriculture et de l'alimentation.
M. Garon: Oui.
M. Picotte: Le ministre est-il toujours prêt, au moment
même où on se parle, à la suite du sommet agro-alimentaire
que nous avons eu dernièrement avec plusieurs agents, à refaire
cette même déclaration?
M. Garon: Oui, dans les faits, sans nuances. Dans les faits, le
ministère de l'Agriculture devient de plus en plus le ministère
de l'Agriculture et de l'alimentation.
M. Picotte: Le ministre de l'Industrie et du Commerce serait-il
d'accord avec la même déclaration?
M. Garon: Là, je ne peux pas répondre à la
place du ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Picotte: Dans les faits, publiquement, il y a eu certaines
déclarations qui semblaient pour le moins quelque peu
contradictoires.
M. Garon: Non, il n'y a pas eu de contradiction. À
l'occasion du sommet agroalimentaire, il a été indiqué
dans un journal que plusieurs participants ont manifesté qu'ils
souhaitaient que le ministère de l'Agriculture devienne le
ministère de l'Agriculture et de l'alimentation. À ce moment, le
président de l'assemblée plénière, qui était
le ministre d'État au développement économique, a
indiqué qu'il ne voulait pas dans les conclusions proposer des
changements aux structures ministérielles. C'est ce qu'il a
expliqué, à ce moment. Il ne voulait pas que le congrès se
termine sur des recommandations de changements des structures
ministérielles, et vous comprenez pourquoi.
Je pense que l'idée fait son chemin, mais dans les faits, de plus
en plus, le ministère de l'Agriculture devient le ministère de
l'Agriculture et de l'alimentation. Je pense qu'il suit dans ce sens le
cheminement normal, et peut-être accéléré depuis un
an, qu'ont suivi la plupart des ministères de l'Agriculture du monde
occidental.
M. Picotte: Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, le ministre a déclaré: Je voudrais qu'on
étudie au ministère immédiatement les points de
comparaison entre différentes provinces et les États
américains, pour voir jusqu'à quel point ils soutiennent
l'agriculture. L'an passé, vous aviez fait une remarque en ce sens;
j'imagine que cette année il y a sûrement au moins un embryon
d'étude qui a été commencé par votre
ministère. Pourriez-vous nous faire le point, dire s'il y a des
discussions amorcées là-dedans? (20 h 50)
M. Garon: Non, j'ai passé les commandes à ce point
de vue, mais je peux vous dire que c'étaient des études qui ont
pris un peu plus de temps, pour une raison très simple. C'est qu'il y
avait au ministère de l'Agriculture un nombre limité
d'économistes. Il fallait d'abord augmenter le nombre des
économistes. Je peux vous dire que les économistes, actuellement,
sont très en demande au ministère de l'Agriculture. Vous savez
qu'un économiste spécialisé en agriculture ne se produit
pas en 24 heures. Je peux vous dire qu'on ouvrira quelques postes
d'économistes spécialisés en agriculture dans les
prochains jours. Dans le nouveau budget celui qu'on étudie
actuellement on prévoit des postes pour des économistes
spécialisés en agriculture. Le problème est qu'on ne peut
pas faire toutes les études qu'on voudrait faire parce qu'on manque de
personnel dans le domaine de l'économie agricole. Dans les
priorités d'études, plusieurs commandes sont passées au
service d'études économiques du ministère. Il y a des
priorités: par exemple, l'étude des coûts de production de
l'assurance-stabilisation, puis il y a les publications économiques
régulières du ministère.
On a voulu mettre l'accent sur cela d'abord. Ce n'est pas de la mauvaise
volonté, c'est dû à une pénurie de personnel en
économie agricole.
M. Picotte: Vous avez parlé d'une liste d'études
dans ce domaine, serait-il possible de nous déposer la liste?
M. Garon: Je n'ai pas dit que j'avais une liste
d'études.
M. Picotte: Vous avez demandé, en tout cas, des
études sur cela.
M. Garon: J'en ai demandé régulièrement. Je
vais vous donner un exemple concret. Je voudrais que les économistes
nous produisent les coûts de production de tel type de production. On
peut faire des études économiques, par exemple, pour la
production bovine au Québec, ce sont des études qui n'ont jamais
été faites. Ce n'est pas une liste comme telle, mais vous savez
qu'il faudrait faire telles études économiques. J'en parle avec
les sous-ministres ou avec ceux qui sont en charge des études
économiques. Cela ne donne rien de leur envoyer un tas de demandes quand
je sais que les gars travaillent et qu'ils en ont deux pieds par-dessus la
tête. Il nous faut du personnel additionnel dans ce domaine. Les
sous-ministres savent, au cours des conversations, le nombre d'études
qu'on voudrait faire faire, mais on ne dispose pas du personnel
nécessaire.
M. Dubois: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Picotte: Je n'ai pas terminé mes questions d'ordre
général...
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet?
M. Dubois: C'est d'ordre général, en dehors du
sujet.
M. Picotte: ... mais je serais prêt à laisser un
tour ou deux à d'autres collègues qui voudraient poser des
questions d'ordre général. Je reviendrai tantôt.
M. Dubois: Pour l'exercice financier 1977/78, quel budget
discrétionnaire aviez-vous pour les subventions aux pertes de
récolte?
M. Garon: En 1977/78?
M. Dubois: Dans le budget 1977/78. Il n'était pas
ailleurs, au niveau des crédits.
Vous aviez un montant discrétionnaire, je crois, pour les pertes
de récolte.
M. Garon: Non, il n'y a pas de budget discrétionnaire de
prévu là-dedans, c'est une demande
ad hoc qui est faite à la fin de la récolte, à
l'automne.
M. Dubois: Combien a été dépensé
jusqu'à présent à ce sujet-là?
M. Garon: C'est autour de $900 000, à peu près le
même montant que l'an dernier. Des chiffres plus précis vont vous
être donnés. Il s'agit d'une demande précise, mais il y a
de fortes chances que ce soit la dernière année.
M. Dubois: Oui, à cause de l'assurance-récolte dans
tous les domaines.
M. Garon: Justement, on a voulu procéder par
l'assurance-récolte. Actuellement, l'assurance-récolte couvre
je ne voudrais pas vous induire en erreur plusieurs types de
récoltes, plusieurs dizaines de productions. Il ne reste presque rien,
tout va être couvert par l'assurance-récolte.
M. Dubois: Je demanderais au ministre le dépôt des
noms de tous les bénéficiaires d'une subvention
discrétionnaire pour l'année 1977/78. Pour la récolte de
1977, les noms de ceux qui ont reçu une subvention
discrétionnaire.
M. Garon: Bien, une subvention discrétionnaire...
M. Dubois: $900 000, cela ne peut quand même pas faire des
centaines de milliers de noms de producteurs, il y en a seulement 40 000 au
Québec.
M. Garon: C'est fait par les bureaux locaux.
M. Dubois: Est-ce que les chèques sont signés au
ministère, ici?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Je pense que c'est possible de les avoir.
M. Garon: C'est possible, il n'y a aucun problème.
M. Dubois: Alors, j'en demande le dépôt. C'est tout,
M. le Président.
M. Garon: Je suis bien content que vous les demandiez, au fond.
Je vais les regarder en même temps.
M. Dubois: II y a eu beaucoup de plaintes, à l'automne,
parce que les producteurs n'étaient pas avisés des dates
précises auxquelles il fallait procéder et aviser le
ministère d'une perte de récolte.
M. Garon: II n'y a pas de date précise.
M. Dubois: Enfin, on nous a dit que certains bureaux disaient:
C'est fini, on ne prend plus de pertes de récolte à une certaine
date.
M. Garon: Le montant qui a été payé,
jusqu'à présent, pour dommages aux récoltes non
assurées est de $780 000, un peu moins que celui que je vous avais
mentionné. Les paiements sont terminés.
M. Dubois: Je sais qu'à un certain moment les producteurs
n'étaient pas avisés de la date précise à laquelle
il fallait faire part au ministère des pertes.
M. Garon: C'est payé, $780 000 ont été
autorisés. On avait une autorisation plus forte que celle-là,
mais les paiements qui ont été faits jusqu'à maintenant
sont de $780 000, pour l'année financière
écoulée.
M. Dubois: Vous avez des paiements qui ne sont pas encore
effectués, c'est cela?
M. Garon: C'est possible.
M. Dubois: Mais j'aimerais avoir le dépôt de tout ce
qui touche la récolte 1977. D'accord?
M. Garon: D'accord. M. Dubois: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, lors des engagements
financiers du mois d'août 1977, dans une rubrique "divers ", c'est
indiqué qu'il y avait un remboursement à la firme Blais, Huard,
Verdy et Associés des frais de syndic encourus par la Continental
Company of Canada Ltd., suite à la faillite de la coopérative
Montéregienne de Rougemont.
M. Garon: Faillite qui s'est faite avant notre arrivée au
gouvernement; j'aimerais vous le mentionner.
M. Picotte: J'aimerais savoir d'abord...
M. Garon: Prêt qui avait été effectué
par le gouvernement libéral et faillite qui a eu lieu sous le
gouvernement libéral. Tout ce qu'on a fait, c'est de liquider la
faillite.
M. Picotte: ... M. le Président, quel a été
le montant exact encouru par le ministère de l'Agriculture suite
à cette faillite.
M. Garon: Le montant exact de quoi?
M. Picotte: Le montant exact qu'a coûté au
gouvernement ce règlement.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire par "a
coûté ce règlement"?
Je ne comprends pas. Que voulez-vous dire exactement?
M. Picotte: Qu'est-ce que vous avez perdu par rapport à
cela, parce que vous avez été obligés de faire un
remboursement quelconque? Je voudrais savoir de quel ordre de grandeur?
M. Garon: II y a eu paiement au syndic, mais il y avait une
hypothèque...
M. Picotte: Oui, mais de quel ordre de grandeur?
M. Garon: Je dois dire que nous avons
récupéré, à la vente de la coopérative,
c'est-à-dire des bâtisses qui étaient couvertes par la
faillite, 100% de ce qui était garanti. C'est-à-dire qu'on a
vendu à un prix qui ne couvrira pas les frais de la faillite.
Je dois dire que c'est une faillite que j'ai trouvée un peu
triste. Certains producteurs qui avaient fait faillite, m'ont dit qu'ils
auraient aimé reprendre, que la coopérative refonctionne, mais
vous connaissez les lois, le failli ne peut pas racheter sa faillite. Je trouve
que cela a été malheureux.
M. Picotte: Merci.
M. Garon: On vous donnera les chiffres finals, si vous les
voulez, les frais de syndic la semaine prochaine.
M. Picotte: D'accord. Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, j'ai eu l'avantage comme député, membre de
l'Opposition, de participer au sommet agro-alimentaire. Comme le ministre l'a
souligné plus tôt dans la matinée, c'est avec regret, je
pense bien, que tous les gens de la commission parlementaire n'ont pu
participer à ce sommet agro-alimentaire. Pour le bénéfice
de plusieurs personnes parce qu'on sait qu'il y a quand même eu
des discussions très intéressantes j'aimerais, si
c'était possible, que le ministre nous fasse...
M. Garon: Pas un résumé des discussions!
M. Picotte: Non, pas un résumé des discussions,
mais les impressions du ministre face à ce sommet, si d'après lui
cela atteint les objectifs que le ministre s'était fixés. Qu'il
nous brosse un tableau général des discussions qui ont eu lieu
là, sans aller en profondeur.
M. Garon: Un tableau général des discussions! On a
eu deux jours de discussions. Vous étiez là!
M. Picotte: Oui, mais...
M. Garon: Pourquoi voulez-vous les résumés? Vous
avez été présent!
M. Picotte: D'accord, j'étais présent, mais il y a
d'autres personnes qui n'étaient pas présentes. Il y a pas mal de
personnes qui sont intéressées à lire le journal des
Débats, et je pense que ce serait quelque chose qui pourrait
intéresser pas mal de monde. Il y a d'autres députés de ma
formation politique qui m'en ont parlé et j'ai l'impression que cela
pourrait rendre service à d'autres personnes, sans que ce soit
très long. En cinq minutes, on pourrait quand même très
bien...
M. Garon: Je pense bien que l'objectif principal de cette
rencontre était de permettre une concertation des gens du secteur
agroalimentaire. J'avais remarqué, au cours de mes premiers mois comme
ministre de l'Agriculture, quand je rencontrais différents groupes, un
manque de communication entre les différents agents du monde
agro-alimentaire. Je remarquais dans les discussions que j'avais avec chacun
puisqu'à l'occasion de ma nomination j'ai fait un peu le tour des
différentes associations et des organismes représentant les
différents secteurs du monde agroalimentaire qu'il y avait
plusieurs problèmes communs et que la première façon de
régler un certain nombre de problèmes ou d'amorcer un
règlement de ces problèmes serait d'abord, dans une
première étape, de permettre a ces gens de se rencontrer.
D'une façon générale, je pense que c'est une bonne
chose que cette rencontre ait eu lieu. Évidemment, il y a eu des
ateliers, et dans chacun des ateliers il y a eu des discussions, des
problèmes ont été soulevés. J'ai eu des rapports de
ces différents ateliers-là, et il y a une assemblée
générale où, fatalement, les consensus devaient être
très larges parce qu'il y avait des gens qui venaient de milieux ou de
secteurs de production complètement différents. Même ceux
qui sont venus avec un certain scepticisme m'ont dit, à la fin du
sommet, qu'ils en repartaient très heureux, qu'ils avaient appris
beaucoup et qu'ils souhaitaient que l'expérience se renouvelle.
Plusieurs hommes d'affaires m'ont dit que le simple fait de participer, de
discuter de leurs problèmes ensemble un groupe de 20 ou 25
personnes qui sont les principaux dirigeants d'un secteur agroalimentaire
donné à huis clos comme cela s'est fait pendant une ou
deux journées, va donner beaucoup de résultats parce que les
enseignements retirés au cours de ces journées vont porter des
fruits dans les décisions qui vont être prises et dans la
poursuite possible de rencontres dans les différents secteurs comme
l'aviculture, les produits laitiers ou autres.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford. M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: J'ai effectivement participé, moi aussi, au
sommet, et j'étais dans l'atelier no 8, celui sur les fruits et
légumes. J'ai quand même pu constater que 90% de l'alimentation au
Québec est contrôlée par les chaînes, les grossistes,
les courtiers. Ce sont eux qui décident, en définitive, des mets
qu'on achète. S'ils n'achètent pas des mets
québécois, dans les périodes de l'année où
on a suffisance ce qui se produit assez souvent je trouve que
c'est très malheureux. J'aimerais suggérer au ministre de
s'asseoir très souvent avec
ces gens. C'est quand même important. Ce sont eux qui
décident de notre économie. Qu'on fasse n'importe quoi, s'ils
n'achètent pas les produits du Québec, malheureusement on n'en
vendra pas de produits. (21 h 5)
M. Garon: C'est vrai.
M. Dubois: II y a la pomme, les carottes qui nous arrivent de
Brantford au lieu de les acheter localement. Il y aurait la possibilité
de les acheter parce qu'on en a. Si on regarde les oignons, on mange des
oignons de Brantford encore, alors qu'on en jette ici au Québec. C'est
seulement trois lignes que je touche et il y en a plusieurs autres. Si on
regarde les viandes, si on veut avoir un peu plus de suffisance dans les
viandes rouges, si ces grossistes ne les achètent pas nos viandes, on va
se réveiller demain avec le même problème. La suggestion
est quand même positive. J'aimerais que le ministre de l'Agriculture
puisse rencontrer ces gens assez souvent, leur parler face à face d'une
façon assez dure pour qu'ils comprennent, une fois pour toutes, que ce
sont eux qui ont notre destinée en main. Si on ne fait rien dans ce
sens, on ne s'améliorera pas. C'est la suggestion que je voulais faire
au ministre suite au sommet, parce que je me suis aperçu que c'est cela
le problème. C'est dans ce sens qu'il faut se diriger. D'accord?
M. Garon: Vous avez parfaitement raison de dire que le secteur de
la distribution est très concentré au Québec. C'est une de
ses caractéristiques. Les indépendants sont encore la
majorité au Québec, mais font partie de chaînes
d'approvisionnement; à ce moment, cinq ou six grands acheteurs
contrôlent l'ensemble des achats dans l'alimentation au
Québec.
M. Dubois: ... du Québec. C'est malheureux, il n'y en a
pas sur les tablettes.
M. Garon: Cette année, il en manque.
M. Dubois: Si on regarde les années passées...
M. Garon: Même si l'on a eu la plus grosse année de
production.
Ce n'est pas mauvais que le dollar soit bas. En 1973, à
l'occasion de la campagne électorale, il y avait des gens qui disaient
que c'était dangereux que le dollar soit bas. Au fond, que le dollar
soit bas, ce n'est pas mauvais parce que cela va faciliter les exportations de
produits québécois et rendre plus difficiles les
importations.
M. Dubois: Si on le regarde dans le sens qu'on achète
beaucoup plus qu'on vend à l'étranger, notre balance des
paiements ne s'améliore pas. Elle se détériore. Pour
l'alimentation, je suis d'accord au niveau de fruits et légumes
importés car cela aide le producteur.
M. Garon: Regardez, cela montre à quel point il va falloir
travailler dans ce sens; aux nouvelles de ce soir, on disait que l'alimentation
à Montréal avait augmenté de 1,2% au cours du mois dernier
et on indiquait dans quel champ cela augmentait. C'était dans le boeuf,
les fruits et légumes et un troisième produit. Il s'agissait
essentiellement de produits importés. Cela veut dire au fond que le
coût de la vie a augmenté le mois dernier parce qu'on ne produit
plus de fruits et légumes à ce temps-ci au Québec. On fait
très peu de boeuf. C'est seulement 20%. Ce n'est pas cela qui fait
augmenter le prix. Il y avait aussi un autre produit qui était
importé. Cela veut dire qu'essentiellement le prix de l'alimentation a
augmenté, le mois dernier, de 1,2% à cause de l'augmentation des
prix des aliments importés.
M. Dubois: C'est quand même l'exode de dollars
canadiens.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je vais laisser de côté le domaine
agro-alimentaire et je vais parler des serres. Je pense que vous n'en avez pas
encore parlé, M. le ministre?
M. Garon: Serrez fort.
M. Cordeau: À un moment donné, il y a eu la
création d'un comité.
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: ... formé de producteurs de fruits et
légumes en serre. Ce comité est aidé par l'un de vos
adjoints au ministère. Il y a eu un rapport de remis. Depuis ce temps,
c'est au point mort. Peut-être y a-t-il encore des études qui se
poursuivent.
M. Garon: ... un rapport.
M. Cordeau: Je l'espère. M. le ministre, pourriez-vous
nous faire part de votre point de vue concernant les serres? Cela aiderait
énormément è l'autosuffisance si les serres étaient
développées au Québec. D'ailleurs, vous allez avoir un
centre de recherche à Saint-Hyacinthe. Peut-être qu'une partie
sera directement reliée à la culture expérimentale des
fruits et légumes en serre. J'aimerais que vous nous fassiez
connaître votre point de vue et quand y aura-t-il un programme concernant
les serres?
M. Garon: Essentiellement, les serres de Saint-Hyacinthe vont
être utilisées pour hâter le cycle des recherches dans les
céréales. À ce moment-là, avec ces
céréales on va pouvoir tripler le rythme des recherches, au lieu
de faire une recherche par année. Une section doit être
réservée pour certaines études sur des produits
maraîchers ou horticoles. Ces recherches sont très importan-
tes au Québec. Comme il fallait aller vers
l'auto-approvisionnement par une plus grande production de
céréales au Québec, il est important qu'on puisse faire
des recherches le plus vite possible, accélérer les recherches
à Saint-Hyacinthe pour qu'on développe de nouvelles
variétés plus productives, plus hâtives.
Au fond, c'est ce qui fait que, à ce moment-là, les
céréales vont pouvoir être produites dans une plus grande
partie du territoire québécois. Maintenant, au point de vue des
recherches sur les serres, le rapport dont vous parlez, est un rapport qui
recommandait, à toutes fins pratiques, de continuer à
étudier. Lors du dernier débat que nous avons eu j'en ai
parlé ce n'est pas le secteur dans lequel nous, les
Québécois, avons le plus de connaissances techniques,
technologiques. Dans tout le Québec, nous avons l'équivalent de
43 acres sous serres, ce qui est très peu.
Lors de ce débat, je vous avais dit aussi que nous avions
passé une commande au Centre de la recherche industrielle du
Québec pour avoir l'état de la question dans le domaine des
serres dans le monde. Cela ne donne rien de refaire les recherches des autres,
que d'autres ont déjà faites. Je veux tout de suite savoir ce qui
est le plus à point actuellement en fait de serres, dans le monde
entier. Évidemment, plutôt dans les pays nordiques.
Je dois avoir ce rapport prochainement. À la suite de ce rapport,
nous avons l'intention de passer j'ai le projet sur mon bureau un
autre contrat pour prendre ce modèle et essayer de le perfectionner, au
cours des quatre, cinq ou six mois suivants. Ayant amélioré ce
qui serait sans doute, à l'heure actuelle, le meilleur modèle,
nous développerons au Québec la production en serres.
Je propose également, peut-être un peu
confidentiellement...
M. Cordeau: Allez-y, personne n'écoute!
M. Garon: ... de demander d'autres recherches plus rapides, plus
poussées. Il y en a qui s'interrogent au ministère de
l'Agriculture, sur la combustion des serres, à savoir comment chauffer
les serres. Je pense qu'il va falloir aussi pousser les recherches sur des
types de fournaises possiblement polyvalentes qui pourraient utiliser toutes
sortes de résidus...
M. Cordeau: De la vieille huile, pour faire une comparaison.
M. Garon: Par exemple, de la vieille huile ou différentes
choses.
Une voix: Des résidus de bois.
M. Garon: Oui, des résidus de bois ou autres pour chauffer
ces serres. Actuellement, c'est un peu dans ce sens que nous nous orientons et,
en même temps, je vais demander au rare spécialiste quand
je dis rare, c'est sans "s" dans le domaine des serres que nous avons au
Québec de collaborer à ces recherches pour que nous puis- sions
avoir ces données le plus rapidement possible.
M. Cordeau: Sans vous compromettre, M. le ministre.
M. Garon: On a du retard là-dedans. Il faut dire aussi que
les serres de Saint-Hyacinthe que je n'ai pas mentionnés n'ont pas
été placées à Saint-Hyacinthe par hasard.
M. Picotte: À Saint-Hyacinthe? Mon Dieu! Seigneur!
M. Garon: Enfin, on ne va pas en grief. Je pense vendre une carte
de membre au député de Saint-Hyacinthe.
M. Picotte: Je comprends donc!
M. Garon: Tout le monde se plaint que nous faisons un tas
d'investissements à Saint-Hyacinthe.
M. Picotte: M. le ministre, à part cela, dans votre
financement populaire, vous devriez nous faire souscrire.
M. Vaillancourt (Orford): Ils vont vous envoyer $1.
M. Garon: C'est placé à Saint-Hyacinthe,
près de l'ITA parce qu'il y a des chercheurs mais aussi dans le but de
former des jeunes étudiants qui vont travailler avec les chercheurs
à la culture en serres. Tout cela, c'est en vue de faire profiter ces
serres au maximum. C'est pour cela qu'elles ont été
situées à cet endroit.
M. Cordeau: Sans vous compromettre!
M. Garon: Je vais garder mes secrets, mais j'ai d'autres projets
sur lesquels on est en train de travailler dans ce domaine. Je peux vous dire
que c'est un secteur que j'ai terriblement à coeur. Quand je parle
d'autosuffisance c'est à cela que je pense. La première fois que
j'ai rencontré les hauts fonctionnaires du ministère, je leur
avais parlé des serres. Je pense que, si on parle d'auto-suffisance, le
moment où on est le plus dépendant au Québec, c'est
l'hiver. Je pense bien que c'est une vérité de La Palice. Je n'ai
pas fait de recherches pour le trouver.
M. Picotte: Si vous avez d'autres projets, M. le ministre, et
s'ils s'en vont à Saint-Hyacinthe, on vous demande de les nommer.
M. Garon: II faut développer au Québec la
production en serres. Il y a aussi des travaux à faire parce que le
combustible aujourd'hui est devenu une fraction importante du coût de
production en serres. Si ma mémoire est bonne, les études
disaient: Autour de 40% du coût de production d'une serre, c'est le
chauffage.
M. Cordeau: Actuellement, je connais un producteur du
comté de Saint-Hyacinthe qui a demandé à la
municipalité d'employer de la vieille huile et il va essayer cela cet
hiver. ... des serres avec des rebuts d'huile de garage, ainsi de suite.
M. Garon: C'est excellent. M. Cordeau: C'est
commencé.
M. Garon: Je pensais que vous me diriez que vous allez m'envoyer
des légumes de la serre.
M. Cordeau: Je peux vous en apporter à faire analyser, M.
le ministre.
M. Garon: Oui?
M. Cordeau: II y a des concombres déjà. Je peux
faire cela.
M. Picotte: Au moins en faire profiter les membres de la
commission parlementaire.
M. Cordeau: M. le ministre, sans vous compromettre parce que les
paroles, il paraît que c'est transcrit. Il y a peut-être des
erreurs dans la transcription, mais souvent cela reste quand même.
M. Garon: Je vais vous dire franchement, l'an dernier, j'ai
commencé à relire ces pages et on a eu 30 heures de commission.
Si je me mets à corriger toutes les pages, j'en avais des piles hautes
comme cela. Je vais vous dire bien franchement que j'ai regardé cela un
bout de temps; je me suis amusé à me rappeler ce qu'on avait dit
et, à un moment donné, je me suis tanné et j'ai mis cela
dans la poubelle. J'ai dit: Je vais me fier au système.
M. Cordeau: La question que je veux vous poser, M. le ministre:
Est-ce qu'on peut espérer, d'ici un an, un an et demi, deux ans, trois
ans, ce fameux programme pour aider les producteurs en serres?
M. Garon: Je les ai gardées pendant un an. Cela ne fait
pas longtemps que je les ai jetées. Quand on m'a dit qu'il était
trop tard pour faire des corrections...
M. Cordeau: Avez-vous compris ma question, M. le ministre?
M. Garon: Allez-y. Je ne voudrais pas me compromettre.
M. Cordeau: Je vous laisse du temps, mais il faut espérer
un délai assez court.
M. Garon: Le plus rapidement possible. M. Cordeau: Cela
veut dire quoi? M. Garon: C'est difficile à dire.
M. Cordeau: Parce que les producteurs, vous savez, ils nous le
demandent, et on veut leur apporter une réponse.
M. Garon: Je sens qu'un programme dans le domaine des serres va
être difficile, parce qu'on n'a pas beaucoup d'expertise. C'est un peu
comme l'an dernier dans le domaine de la pomme. Je venais d'être
nommé ministre à ce moment et on me disait: Dans le domaine de la
pomme, les discussions vont bien et tout cela; il n'y a pas de
problèmes. D'accord qu'on fasse un programme dans le domaine de la pomme
pour remplacer les pommiers. Cela fait un an de cela et le programme n'est pas
terminé, parce qu'il paraît que c'est assez compliqué.
C'est beaucoup plus délicat qu'on pense, une politique qui vise à
changer les pommiers à la grandeur de la province de Québec.
À ce moment, on fait toute une orientation des vergers du Québec
et il ne faut pas y aller brusquement, apparemment.
À ce moment, il y a encore des rencontres entre les gens. Il y a
des secteurs qui sont très délicats. Pour les serres, je pense
qu'il va falloir faire aussi attention. Cela suppose des investissements
importants. On n'a pas beaucoup d'experts là-dedans. On n'en a quasiment
pas, en pratique.
M. Cordeau: Vous vous dirigez vers un grand projet sans
expérience, actuellement, le Parti québécois. Vous
essayez...
M. Garon: Lequel?
M. Cordeau: Eh bien, la séparation.
M. Garon: C'est un peu comme quand vous vous êtes
marié.
M. Cordeau: Vous ne l'avez jamais vécu encore. Vous vous
lancez dedans. Vous voulez essayer. Vous pouvez peut-être vous lancer
pareil dans un programme pour aider les cultivateurs qui veulent faire de la
production en serres. (21 h 20)
M. Garon: Comme ministre, quand on fait un programme, si
j'autorise un programme, je permets aux autres de s'engager là-dedans.
Tandis que dans un projet comme la souveraineté, c'est comme peuple, par
amour, par idéal qu'on embarque dans un projet comme celui-là, un
peu comme vous, quand vous vous êtes marié.
M. Cordeau: Un peu à l'aveuglette.
M. Garon: Non, pas à l'aveuglette. Quand vous vous
êtes marié, vous ne saviez pas comment ça marcherait.
Souvent un gars se marie jeune, son père lui dit: T'es peut-être
un peu trop jeune, attends donc d'avoir un peu d'économies, t'as pas de
meubles. Mais avec toute la vigueur et l'idéal d'un jeune homme, il dit:
Pas de problème, on va foncer ensemble, on va bâtir notre avenir.
Les gens se marient, un peu comme les parents ont fait, au fond. Et parce
qu'ils sont devenus un peu plus âgés, ils sont devenus un peu plus
craintifs. À
un moment donné, on vieillit en âge, on devient plus
nerveux. Moi, je n'ai pas encore connu ce moment.
Quand les jeunes se marient, ils se marient parce qu'ils ont un
idéal, par amour; ils font leur vie et il n'y a rien qui les
empêche. Je pense que dans notre projet collectif, c'est un peu comme le
mariage. C'est l'idéal et l'amour de notre peuple qui nous guident.
M. Cordeau: Mais les producteurs en serres aimeraient bien avoir
assez d'aide quand même.
M. Garon: Pour les producteurs de serres, comme ministre de
l'Agriculture, on va être plus prudent, parce que là...
M. Cordeau: ... plus prudent que l'avenir collectif?
M. Garon: ... comme ministre, je voulais créer des
"incitatifs" pour vous en aller dans telle production. Évidemment, je ne
voudrais pas induire en erreur les gens par des programmes gouvernementaux en
disant: Allez-vous-en dans tel domaine et puis là il va y avoir un
succès. Je pense que, dans le passé, le ministère l'a
fait, des fois rapidement. En tout cas, c'est ce qu'on m'a dit, et on pensait
à certaines expériences, par exemple, en parlant de la F-1, des
choses de même. Moi je voudrais toujours être prudent, le plus
possible, en tout cas. Je ne veux pas dire qu'on ne fait pas d'erreur. Ceux qui
ne font pas d'erreurs ce sont ceux qui ne font rien. Mais a part ça, il
y a un slogan et j'en ai fait ma devise: Le succès est le fruit du
dernier essai. Je pense qu'il faut y aller le plus rapidement possible, mais
avec prudence. Je ne voudrais pas mettre une date sur un projet comme
celui-là. Mais vous pouvez être certains que cela va être le
plus rapidement possible, parce que notre idéal de réduire la
dépendance du Québec au point de vue alimentaire est inscrite en
lettres d'or sur...
M. Cordeau: Est-ce que vous prétendez réaliser cela
durant votre mandat?
M. Garon: Je le pense, oui. J'en suis convaincu.
M. Cordeau: Cela nous limite à deux ans et demie.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, l'Association
des producteurs de serres du Québec vous avait présenté un
mémoire, il n'y a pas tellement longtemps. Est-ce que vous avez
donné suite à leur demande? En novembre 1976?
M. Garon: Novembre 1977.
M. Vaillancourt (Orford): Novembre 1977. Est-ce que vous avez
donné suite à leur demande?
M. Garon: Oui. C'est-à-dire que quand je les ai
rencontrés, j'ai été un peu... Je n'aime pas beaucoup me
faire charrier et j'ai l'impression que M. Bordeleau, dans son mémoire,
me charriait. Quand je les avais rencontrés, je leur avais
expliqué exactement ce que je vous dis là, dans le domaine de la
production en serres. Son mémoire, à toutes fins pratiques,
disait quoi? Il l'a dit dans son entrevue que vous avez lue dans le journal. Il
recommande quoi, au fond? De former un genre d'institut d'étude. Alors,
tout le monde pense à étudier. Qu'est-ce qu'on a fait? On a
confié un contrat. J'ai différents rapports. À un moment
donné on dit de faire des études pour quelque $100 000, à
une autre place, tant de subventions, etc.
On fait une étude qui va nous donner l'état de la question
dans le monde, et cela va avoir coûté moins de $5000. On va
commencer par là. On utilise actuellement des fonds publics et il faut
les utiliser pour avoir le maximum d'efficacité, le maximum
d'utilité. Il faut faire cette première étude avant
d'aller plus loin. Après cette première étude, il y aura
une suite. Cela fait un bout de temps qu'on a signé ce contrat. Au
maximum dans un mois, on va avoir des résultats, et s'il le faut, il y
aura un nouveau contrat pour poursuivre, pour avoir des données le plus
rapidement possible là-dessus. Mais vous pouvez être certain que
cela ne traînera pas, la mise au point, en tout cas.
M. Vaillancourt (Orford): On aura des résultats probants
assez vite.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je suis bien heureux de constater que le ministre
commence à être sensibilisé à la production en
serres, hors saison, parce que cela fait un an et demi quand même que je
lui en parle. Vous êtes au courant qu'à maintes reprises je suis
revenu sur le sujet. La suffisance en fruits et légumes hors saison,
surtout en légumes, d'après moi, c'est bien important; je suis
d'accord qu'il n'y a pas de programme jusqu'à présent, mais il y
a quand même un petit groupe de producteurs qui ont une expérience
de plusieurs années dans la production de serre hors saison, surtout
dans la tomate et le concombre, mais cela pourrait aller vers la laitue ou
d'autres choses.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu, pour lancer un petit programme
rapide et sans entrer dans les études de deux ou trois ans cela
fait quand même un an et demi que j'en parle, et le programme n'est pas
tellement avancé que quelques producteurs qui ont une certaine
expérience puissent accroître leur production par un prêt
à longue échéance. Je suis d'accord, cela ne pourrait
peut-être pas s'adresser à toute la province, mais surtout
à ceux qui ont déjà une expérience dans le domaine
et ceux qui ont prouvé qu'ils peuvent vivre de cette production. Il y en
a qui en vivent. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu, pour développer
ce marché le plus rapidement possible, de leur permettre de prendre une
expansion rapide. Disons que cela ne prendrait
pas un programme étendu à toute la province et une
étude de plusieurs années encore avant d'en arriver à une
amélioration. Je ne parle pas d'un programme global, mais d'une
amélioration.
M. Garon: Les études que j'ai eues jusqu'à
présent montrent... Ce n'est pas pour rien qu'il y en a seulement 43
acres au Québec. Le coût de chauffage est enlevé et, dans
l'état actuel des connaissances techniques, ceux qui peuvent vraiment
vivre de leur serre doivent travailler avec leur femme et leurs enfants.
Instaurer un programme de développement rapide, dans l'état
actuel des connaissances techniques, je me demande si on ne placerait pas
autant de monde dans la misère que dans d'autres choses.
M. Dubois: Je ne parle pas d'un programme global.
M. Garon: II faut, je pense, essayer d'améliorer la
situation, les connaissances techniques actuelles. C'est pour cela que tous les
rapports qui ont été faits, même celui de M. Bordeleau,
disaient qu'il faut poursuivre les études là-dedans. C'est ce que
nous faisons d'une façon accélérée à l'heure
actuelle.
M. Dubois: Je suis d'accord sur les études.
M. Garon: Si on parle d'activité secondaire sur une ferme,
c'est différent. Pour que quelqu'un puisse gagner sa vie à temps
plein dans les serres...
M. Dubois: II y en a.
M. Garon: ... être autonome et ne pas avoir de subvention,
il faut que toute la famille y travaille.
M. Dubois: II y a des gens qui vivent très bien de la
production en serre hors saison. C'est de ces cas précis que je parle.
On pourrait quand même leur permettre...
M. Garon: Est-ce qu'ils cultivent les fleurs?
M. Dubois: Non, en dehors des fleurs, je ne parle que des
légumes. Ils font deux récoltes, une d'automne et une de
printemps. Celui qui est bien équipé et qui a de
l'expérience en vit très bien.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Je pense que ceux-là peuvent créer une
meilleure autosuffisance. Je ne parle pas d'un programme global rapide.
M. Garon: Actuellement, ils peuvent emprunter auprès de
l'Office du crédit agricole.
M. Cordeau: Oui? Ils sont éligibles au prêt
agricole?
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: On s'est déjà posé la question.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Avec les mêmes abattements
d'intérêts?
M. Garon: Oui, pas de problèmes!
M. Cordeau: Sans avoir une aussi grande terre qu'un autre?
M. Garon: Oui. Le crédit agricole a même
prêté à un vigneron cela vous surprend au
Québec, pour développer des vignes au Québec.
M. Dubois: Ce programme d'aide, au niveau du crédit
agricole, n'est pas beaucoup diffusé parce qu'il y a très peu de
producteurs en serre qui sont au courant de cela.
M. Garon: Le crédit agricole peut prêter dans toutes
sortes de production. La seule chose qu'il regarde, c'est la
rentabilité. Est-ce rentable ou non? Si ce n'est pas rentable, il va
dire: Cela ne sert à rien de vous prêter de l'argent, vous allez
tomber en faillite.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que l'Office du crédit
surveille les montants prêtés dans des domaines nouveaux? Pour
savoir si c'est rentable ou non.
M. Garon: Certainement, il y a un seul vignoble au
Québec.
M. Cordeau: Si le gars fait ses paiements, son remboursement, il
n'y a pas de problèmes!
M. Picotte: Est-ce que cela fait longtemps que l'Office du
crédit agricole a prêté cela? Est-ce récent, est-ce
une nouvelle politique d'accorder $1 million aux producteurs de vigne?
M. Garon: Non, pas $1 million. Je n'ai pas parlé de $1
million. Il n'y a qu'un seul vignoble au Québec, un vigneron ou un
vignoble. Je n'ai pas dit un million, mais un vigneron! Un vigneron! L'Office
du crédit agricole lui a prêté. (21 h 20)
M. Picotte: Est-ce que c'est récent?
M. Cordeau: C'est récent.
M. Garon: Je n'ai pas les dates de tous les prêts.
M. Dubois: Ce n'est pas une culture en serre, c'est une
culture...
M. Garon: En 1972.
M. Dubois: C'est une culture en plein champ, ce n'est pas une
culture en serre.
M. Cordeau: Dans quelle région est-ce?
M. Vaillancourt (Orford): Lacolle?
M. Dubois: Dans le comté de Huntingdon?
M. Garon: Châteauguay.
M. Dubois: Ce ne serait pas Lacolle, par hasard?
M. Picotte: ... dans le temps de l'ancien gouvernement, dans le
comté de Saint-Jean, aux élections.
M. Dubois: II n'y a pas de nom là-dessus, Lacolle est
quand même assez grand. C'est vrai, on pourrait aller voir cela.
M. Picotte: Dans le temps de l'ancien gouvernement, dans le
comté de Saint-Jean, je me pose des questions.
M. Garon: Vous vous demandez si j'étais du bon bord?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, vous avez terminé?
M. Dubois: Non, je n'ai pas terminé, M. le
Président.
L'an dernier... Est-ce que nous en avons terminé avec les
serres?
M. Garon: Là on est rendu dans des questions assez
précises, en vrac...
M. Picotte: Cela va bien, c'est passé, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Disons que les membres
étaient d'accord pour procéder de cette façon pour que
cela puisse aller plus vite dans l'étude des programmes.
M. Dubois: M. le ministre...
M. Garon: C'est parce que nous, au ministère, nous sommes
habitués à procéder, habituellement, de façon assez
méthodique!
M. Cordeau: Je vais vous en parler tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, M. le
député.
M. Dubois: Au moment de l'étude des crédits, l'an
dernier, M. le ministre, je vous posais des questions précises sur notre
manque de suffisance, notre production nulle, si on veut, dans la
déshydratation. À ce moment, j'ai parlé de
congélation, de déshydratation, mais au niveau de la
déshydratation, votre réponse fut celle-ci: "Nous sommes
conscients de cela et il y a des études qui se font là-dessus au
ministère". Il y a un an de cela! J'aimerais savoir où on en est
rendu dans l'étude sur la déshydratation. C'est en gestation?
M. Garon: Actuellement, on est en train de travailler sur le
secteur des légumes pour... Au fond, je vais vous dire bien franchement,
si on regarde l'ensemble du Québec, qu'est-ce qu'on a qu'on peut
développer? On a le produit laitier dont on peut développer des
sous-produits; on peut intensifier les céréales, on y est
allé; dans le boeuf, encore dans ce domaine, il manque d'expertise au
Québec, les gens ne savent pas trop, on travaille là-dessus, et
l'autre c'est la production maraîchère. Nous sommes en train de
travailler sur la production maraîchère. Par exemple, dans le
secteur de la congélation, c'est vrai on est en train de travailler
là-dessus et on va avoir des choses sans doute très rapidement.
Même que ce n'est pas une question de... Très rapidement, au point
de vue de développer la congélation encore plus au Québec,
ce qui nous permettrait d'accélérer les ventes de produits
québécois, même à l'étranger.
Je ne voudrais pas...
M. Cordeau: II y a une manufacture qui fait de la
congélation.
M. Garon: Comment s'appelle-t-elle?
M. Cordeau: À côté de l'Hydro-Québec,
sur la rue Pinard.
M. Dubois: Schneider!
M. Garon: Bon... sont encore chez eux!
M. Cordeau: Je le savais.
M. Picotte: ... à Saint-Hyacinthe. C'est pour cela que
cela le gêne. Maintenant, il dit que c'est à côté
d'édifices, il ne donne pas de noms précis.
M. Garon: On doit dire qu'il y a des projets nouveaux qui doivent
s'intensifier prochainement dans le domaine de la congélation. Dans le
domaine de la déshydratation...
M. Picotte: Quand tout s'en va à Saint-Hyacinthe, cela ne
doit pas être drôle pour le comté voisin.
M. Beauséjour: Cela a quand même certaines
répercussions, ce n'est pas tellement loin.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: ... le ministère actuellement hésite
entre la congélation et la déshydratation, mais vous savez
pourquoi? C'est parce qu'on n'a pas beaucoup de produits. J'ai
rencontré, il n'y a pas longtemps il y a quelques semaines
quelqu'un dans un domaine que vous avez déjà mentionné au
point de vue de la déshydratation et je lui ai demandé de
travailler avec les gens du ministère, à ce point de vue. Par
exemple, dans les oignons, il y a des pertes au cours de l'hiver, il pourrait y
avoir de la déshydratation et, à ce moment, on pourrait
récupérer une partie des pertes,
mais, par ailleurs, apparemment, il y aurait un autre problème
qui serait que les variétés utilisées pour la consommation
à l'état frais auraient un goût moins prononcé. Je
vous répète ce qu'on m'a dit.
J'ai demandé, à ce moment-là, à voir les
experts, parce que je ne suis pas un expert là-dedans. Ils ont un
goût moins prononcé que les oignons qui sont utilisés
normalement pour la déshydratation. J'ai demandé aux gens du
ministère de regarder cela avec quelqu'un. Souvent, dans ces
domaines-là, au fond, il faut quelqu'un qui a un projet concret. Les
gens du ministère regardent cela actuellement avec des gens qui sont
dans le secteur et qui mentionnent un projet concret. Mais je suis convaincu
comme vous qu'il faut aller dans ces domaines-là. (21 h 35)
Au fait, tout cela est une affaire d'ensemble, comme vous le disiez tout
à l'heure quand vous parliez de développer la distribution de nos
produits. Actuellement, dans le domaine maraîcher, on commence à
produire des quantités qui peuvent justifier ce genre
d'équipement. Auparavant, nos quantités étaient tellement
faibles que parler d'entreprises dans ce domaine-là, il n'y aurait pas
eu les approvisionnements suffisants.
M. Dubois: Je m'aperçois que le marché de la soupe
nous glisse sous le pied au Québec...
M. Garon: Vous avez raison.
M. Dubois: ... parce que c'est rendu que la soupe qu'on consomme,
c'est toujours en sachet.
M. Garon: De plus en plus, c'est déshydraté,
oui.
M. Dubois: Les compagnies productrices si je prends Green
Giant, c'en est une qui était au sommet agroalimentaire; il y avait
aussi Catelli leurs ventes de soupes en boîte diminuent
graduellement pour aller vers le sachet, "cup-a-soup". Dans le "cup-a-soup", il
y a seulement du déshydraté.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Une première préoccupation, c'est que
les jardins maraîchers présentement doivent inclure leur
deuxième qualité dans leur vente de marchés frais. Alors,
ils font un mélange de première et deuxième qualité
qu'on offre aux marchés frais et on n'a pas la plus belle qualité
du monde. L'Ontario arrive et nous fait très fortement
compétition sur la vente des produits frais. De là vient que les
grossistes achètent souvent de l'Ontario au lieu d'acheter du
Québec. La déshydratation permet, quand même, de passer
cette deuxième qualité là. Une deuxième
qualité de carottes ou d'oignons fait un aussi bon
déshydraté que la première et cela permet aux producteurs
d'offrir une meilleure qualité sur le marché frais. On ferait
d'une pierre deux coups. Je pense que le volume de ventes est très haut
et le Québec n'a rien là. Je suis bien d'accord pour dire que le
ministre est bien sensibilisé, mais un jour il faut arriver à
quelque chose.
M. Garon: Je suis parfaitement de votre avis. C'est parce que
tout cela se tient, au fond. Auparavant, au Québec, il n'y avait pas de
drainage souterrain. Parce qu'il n'y avait pas de drainage souterrain il y
avait moins de rendement. Parce qu'il y avait moins de rendement, on manquait
les récoltes et tout cela allait de pair. Actuellement, il faut
développer tout cela en même temps. J'ai parfois le sentiment
très net qu'on est en train de développer tous les domaines en
même temps. On attaque tous ces champs-là, mais on ne peut pas
tout faire en même temps, durant la même année. C'est cela,
le problème. Mais je partage votre idée à 100%. La
congélation et la déshydratation, pour nous, sont deux champs
vers lesquels on veut aller. On veut développer la production
maraîchère. On l'a fait pour le domaine des
céréales; maintenant, c'est le domaine maraîcher. Je suis
convaincu avec vous qu'il faut augmenter les produits frais dans les
chaînes existantes. La congélation et la déshydratation
doivent être développées pour utiliser davantage de
produits qui peuvent aller à la déshydratation, mais qui ne
pourraient pas aller sur le marché frais.
M. Dubois: Encore là, je crois que le
déshydraté devrait se développer par les grands
intervenants de l'agroalimentaire qui sont encore les chaînes. Si on
pouvait les intégrer dans la production, ce serait l'idéal parce
que la mise en marché serait assurée immédiatement. Tandis
que si c'est fait par d'autres intervenants en dehors des chaînes, la
mise en marché va être bien difficile. Parce que, quand Lipton ou
n'importe quel de ces gros-là arrive chez Steinberg, il y a un
contrôle.
M. Garon: Ce n'est pas le domaine que les grandes chaînes
veulent intégrer.
M. Dubois: Peut-être qu'ils ne veulent pas, mais
l'incitation de SOQUIA, le MEER aussi, la SDI...
M. Garon: On est mieux, à ce moment-là, de
travailler avec des gens qui sont intéressés au domaine de la
transformation plutôt qu'avec les chaînes elles-mêmes. Parce
qu'à ce moment-là cela va finir que, dans l'agriculture,
seulement quelques-uns vont être propriétaires.
M. Dubois: Peut-être, mais quand la mise en marché
est assurée, c'est de beaucoup préférable.
M. Garon: II faut faire attention.
M. Vaillancourt (Orford): Croyez-vous, M. le ministre, que la
nouvelle taxe sur les canettes va accélérer la mise en
marché des soupes déshydratées?
M. Garon: Cela va diminuer la pollution! Non. C'est pour les
contenants de liqueurs, de boissons et des choses comme cela. Vous irez sur le
bord des autoroutes à ce moment-ci de l'année voir la
quantité qu'il peut y avoir. Je partage à 100% l'opinion du
ministre des Finances qui a imposé un droit sur les canettes. On vit
dans un monde où la pollution est un problème. Il faut le
régler. Alors, il aide à régler le problème en
favorisant les contenants retournables. Les canettes, si vous voulez, cela ne
donne rien. Au moins, lorsque c'étaient des bouteilles retournables et
qu'il y en avait sur le bord du chemin, il y avait des petits gars qui les
ramassaient. Ils se faisaient un revenu d'appoint en ramassant les bouteilles
et en allant les porter chez le marchand. La dépollution se faisait
naturellement.
M. Vaillancourt (Orford): Elle se faisait par
intérêt.
M. Garon: Elle se faisait parce qu'elle payait le petit gars qui
ramassait. Cela ne serait pas mauvais que cela se refasse comme cela.
M. Vaillancourt (Orford): Si vous avez fini sur ce point, je
serais prêt à aborder un autre sujet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé, est-ce que vous avez d'autres sujets?
M. Picotte: C'est une question d'ordre général.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford, allez-y.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, je voudrais
poser une question au ministre au sujet de l'assurance-santé animale.
L'an passé, vous avez déclaré qu'il y avait un plan d'aide
à l'établissement des vétérinaires dans certaines
régions éloignées telles que le Témiscamingue,
l'Abitibi-Ouest, Gatineau, etc. Le ministre pourrait-il nous donner les
résultats de l'implantation de ce plan?
M. Garon: ... des gens qui sont allés.
M. Vaillancourt (Orford): Le but de ce plan, c'est qu'il manquait
de médecins vétérinaires dans certaines régions
éloignées.
M. Cordeau: ... sont allés et vous leur donniez $5000?
M. Garon: Je pourrais vous répondre la semaine prochaine
là-dessus.
M. Cordeau: Si c'est possible, M. le Président, j'aimerais
que le ministre dépose le plan à l'établissement des
médecins vétérinaires dans des endroits
éloignés.
M. Vaillancourt (Orford): Le plan de votre politique. Vous deviez
donner des subventions spécia- les pour intéresser certains
médecins vétérinaires à aller dans ces endroits
éloignés.
M. Garon: Selon l'entente avec l'Association des médecins
vétérinaires praticiens, dans le cadre de
l'assurance-santé animale contributoire, il y avait des primes
d'éloignement pour les médecins vétérinaires qui
iraient pratiquer dans certaines régions plus éloignées.
C'était une prime de $5000. Mes fonctionnaires me disent qu'il y aurait
eu environ $40 000 de versés dans le cadre de cette prime
d'éloignement pour ceux qui veulent aller pratiquer dans des
régions plus éloignées.
M. Vaillancourt (Orford): II semble que les
vétérinaires ont assez bien répondu à cette
nouvelle politique de primes d'éloignement?
M. Garon: II reste encore deux régions où on dit
qu'un vétérinaire serait à souhaiter. Il y aurait les
Îles-de-la-Madeleine, je pense. L'élevage des animaux n'est pas
très poussé aux Îles-de-la-Madeleine.
M. Cordeau: ... ce n'est pas suffisant, non plus, pour que le
médecin vétérinaire y aille.
M. Vaillancourt (Orford): Les régions où vous aviez
de la difficulté, où il y avait un manque de médecins
vétérinaires étaient: Témiscamingue, Abitibi-Ouest,
Gatineau, Témiscouata, Abitibi-Est, Pontiac, Terrebonne, Bonaventure,
Charlevoix, Îles-de-la-Madeleine, Matane, Frontenac, Lac-Mégantic
et Papineau. Excepté Saint-Hyacinthe.
M. Garon: Le programme disait: Etablissement de médecins
vétérinaires. Je vous donnerai une réponse précise
la prochaine semaine, à savoir à quels endroits se sont
établis les vétérinaires à qui on a payé des
primes.
M. Vaillancourt (Orford): Nous sommes d'accord. Nous allons
attendre à la semaine prochaine. Le ministre pourra faire le point sur
ce nouveau plan de médecins vétérinaires pour les
régions éloignées.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président.
M. Garon: II y a une autre chose qu'il faut dire, qu'il ne faut
pas oublier, c'est que, dans le domaine de la médecine
vétérinaire, il n'y a pas un surplus de
vétérinaires au Québec, les vétérinaires se
placent très bien. C'est de même pour l'inspection des viandes,
par exemple. Il manque de vétérinaires. Il faudrait avoir plus de
vétérinaires.
M. Dubois: M. le ministre, toujours dans la recherche de
l'autosuffisance et dans le développement de l'agro-alimentaire, la
Société américaine de la santé prévoit que
l'agneau va recevoir la faveur du public, du consommateur de plus en plus.
On s'aperçoit aussi que notre développement, ici, dans la
production de cette espèce est très bas. On dit qu'une
augmentation très rapide va s'établir d'ici dix ans, puisque
c'est une viande qui peut être consommée autant par les personnes
âgées que par les jeunes, qui est plus digestible que le boeuf, et
qu'apparemment cela va remplacer le boeuf avec les années.
Je me demande si on fait des recherches intenses au niveau du
développement de ce côté.
M. Garon: Vous avez parfaitement raison, puisque le taux
d'importation des agneaux au Québec est très élevé.
Je pense qu'en 1976 ou en 1977 on importait plus de 90% de l'agneau
consommé au Québec. Actuellement, nous sommes en train
d'organiser des programmes dans des régions qui veulent se
spécialiser davantage dans la production de l'agneau, en aidant aux
investissements. Par exemple, un programme est possible, actuellement, dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean puisque les producteurs de cette région ont
classé leur région en deux grandes zones: A et B. A va se
spécialiser davantage dans la production laitière et B va se
spécialiser davantage dans la production de boeuf et d'agneau. À
ce moment, il y a des montants qui sont prévus dans le programme
régional pour développer la production de l'agneau. C'est la
même chose actuellement; nous sommes à préparer des
programmes régionaux pour la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Il y a un programme qui ressemble à cela
pour cette région, mais qui n'a pas reçu toutes les approbations.
Il est possible aussi que nous aidions également dans d'autres
régions des gens qui voudraient produire davantage d'agneau.
M. Dubois: Ne croyez-vous pas qu'on devrait augmenter de beaucoup
nos budgets dans ce sens? Surtout ceux qui sont dirigés vers la
recherche et l'incitation à cet élevage parce qu'en fait c'est
une suffisance, une autre fois, qui nous échappe.
M. Garon: Celui qui veut s'organiser pour gagner sa vie en
élevant de l'agneau, plutôt que d'avoir une dizaine d'agneaux pour
les entendre bêler, il faudrait au fond le financer et qu'il dise qu'il
serait intéressé à avoir des agneaux et plusieurs brebis.
Peut-être 300, 400 brebis. Que ce soit quelqu'un qui va s'organiser
véritablement.
M. Dubois: Ce n'est pas un producteur de dix brebis ou de dix
agneaux.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Quel est le nombre de brebis...
M. Garon: Les investissements sont importants, à ce
moment. L'aide par le crédit agricole est possible et les subventions
dans le cadre des programmes régionaux vont venir aider davantage. (21 h
50)
M. Dubois: Est-ce que les subventions pour l'agneau doivent
être supérieures à celles du boeuf pour inciter le
producteur?
M. Garon: Pas nécessairement. Dans le boeuf, ce n'est pas
le même genre de dépenses. J'ai l'impression que dans le domaine
de l'agneau la production a baissé considérablement au
Québec. Actuellement, ce qu'il faut, c'est avoir un certain nombre de
producteurs vraiment décidés à se lancer dans l'agneau,
des producteurs types, si on veut qui vont gagner leur vie en produisant un
certain nombre d'agneaux.
M. Vaillancourt (Orford): Quel est le nombre de brebis que cela
prend pour que ce soit viable? Avez-vous des statistiques sur cela?
M. Garon: Je ne donnerai pas de chiffres. C'est difficile de dire
quel niveau de vie peut avoir quelqu'un. On pourrait dire environ 300 brebis.
Un éleveur spécialisé dans l'Abitibi, par exemple, un
modèle, a 700 brebis.
M. Dubois: Est-ce que ce serait rentable à 700 brebis,
parce que la demande est croissante, comme vous le savez?
M. Garon: La demande est forte et tout de même on me dit
que ce serait plus payant que d'élever du boeuf. Il y a eu, dans les
années passées, dans certaines régions, des
expériences malheureuses. Cela peut être curieux, c'est la
vérité. Des gens élevaient les agneaux, des moutons qui se
faisaient manger par les loups. C'était un des gros problèmes.
J'ai reçu une lettre d'un cultivateur, par exemple, dans le
Bas-Saint-Laurent, justement dans le comté de Matane, dans ce coin, qui
demandait si le gouvernement ne l'aiderait pas à défrayer la
perte de ses moutons. Je me rappelle deux agriculteurs qui avaient
écrit. Et les deux, le tiers de leur troupeau s'était fait
dévorer par les loups. C'est un des problèmes. Cela a l'air
curieux.
M. Dubois: Est-ce que la prime existe encore sur l'abattage des
loups?
M. Garon: Non. Dans le temps de l'Union Nationale justement,
j'avais vu le bureau qui était juste ici, sur la rue Saint-Augustin,
où on comptait les oreilles de loups, mais il paraît qu'il y avait
des oreilles de bergers allemands au travers. Je sais que le gouvernement,
pendant un certain temps, a payé pour les loups. Je pense qu'il n'a plus
besoin de payer, parce que c'est assez payant maintenant, la fourrure de loup.
C'est une des fourrures qui se vendent à un bon prix maintenant. Ceux
qui sont intéressés à la chasse au loup, je pense, n'ont
plus besoin de cela. Mais ce qui est pire maintenant et qui n'existait pas dans
le temps, c'est assez curieux, ce sont des phénomènes naturels;
maintenant, ce sont des coyotes. On n'avait pas de coyotes il y a un certain
nombre d'années au Québec. Il y a eu une migration des coyotes,
vous savez, les mouvements naturels. Les coyotes ont immigré et
maintenant on a des coyotes au Québec, des bandes de coyotes.
M. Cordeau: Est-ce que la peau des coyotes se vend bien?
M. Garon: Elle se vend moins, la peau des coyotes.
M. Cordeau: Vous pourriez établir une prime. M. Garon:
Une prime sur les coyotes!
M. Cordeau: Mais est-ce que cela ressemble aux oreilles des
chiens perdus?
M. Garon: Encore plus. On rit, on blague un peu, mais c'est vrai
et c'est un des gros problèmes.
M. Vaillancourt (Orford): C'est plus difficile à poigner
qu'un berger allemand.
M. Dubois: Les nutritionnistes poussent fortement.
M. Garon: On pourrait demander au gouvernement
fédéral de mettre la Gendarmerie royale sur la chasse aux coyotes
plutôt que d'ouvrir les lettres. Cela servirait à quelque
chose.
M. Vaillancourt (Orford): Ce ne serait pas de leur
juridiction.
M. Picotte: Ne leur demandez pas d'envoyer les primes par la
poste.
M. Baril: II faudrait avertir l'armée qu'au lieu de
détruire les truites elle détruise les coyotes.
Le Président (M. Boucher): Revenons à nos
moutons.
M. Vaillancourt (Orford): Je veux juste ajouter...
M. Garon: Je veux être franc avec vous: Cela prend tout un
réseau, cela prend des gens qui sont intéressés à
l'élevage de l'agneau, des abattoirs qui savent comment abattre un
agneau. Il y a un circuit à organiser là-dessus. Il faut un
approvisionnement régulier. Après cela, il y a des
périodes de l'année où l'agneau se mange davantage
qu'à d'autres périodes, dans le temps de Pâques, des choses
comme cela. Disons qu'il faut développer cela. Au ministère, il y
a des gens sensibilisés au domaine de l'agneau. C'est une production
qu'on voudrait développer, mais tout cela va ensemble.
Il va falloir, avec nos fonctionnaires et les producteurs
intéressés, développer cette production le plus rapidement
possible. C'est un peu les problèmes que je mentionnais qui existent
actuellement.
M. Dubois: Cela prendrait un régime d'aide vigoureux au
niveau financier puisque...
M. Garon: Ce n'est pas l'argent, souvent, qui manque, c'est
identifier les personnes qui sont vraiment intéressées à
devenir des producteurs professionnels dans ce secteur.
M. Dubois: Si vous diffusez un bon programme à travers le
Québec ou dans les régions que vous voulez viser, je pense qu'il
y aurait quand même moyen de sensibiliser plusieurs producteurs dans ce
sens-là. Étant donné que les nutritionnistes sont
présentement sensibilisés aussi, parce qu'ils font de la
promotion gratuite pour une plus grande consommation d'agneau, il va falloir
que le ministère suive les nutritionnistes.
M. Garon: J'ai vu que l'ex-ministre Fox avait fait une
déclaration dans un journal; d'ailleurs, j'aurai l'occasion de revenir
là-dessus dans une prochaine intervention publique.
M. Picotte: Vous êtes rendu dans les renards, M. le
ministre.
M. Garon: Apparemment, le gouvernement fédéral
était prêt à nous transférer les terres de Mirabel,
et c'est le Québec qui serait lent dans cette transaction. Je peux vous
dire que si le gouvernement fédéral veut nous transférer
les terres de Mirabel, on sera prêt à les prendre rapidement,
immédiatement. Ce sera peut-être un endroit pour...
M. Picotte: Du pâturage.
M. Garon: Comme il y a l'aéroport, on ne pourra pas faire
n'importe quoi là, à cause des oiseaux, etc. Peut-être que
les agneaux ne dérangeraient pas trop les avions. On ne pourra pas faire
la culture des céréales, par exemple, parce que cela amène
des oiseaux.
M. Picotte: Ce serait probablement les avions qui
dérangeraient.
M. Garon: Je profite de l'occasion, car le député
de Maskinongé a de bons contacts à Ottawa. Si le gouvernement
fédéral est prêt à transférer au gouvernement
du Québec les terres de Mirabel, nous sommes prêts à signer
cela très rapidement. Le député fédéral de
Deux-Montagnes a dit cela. On m'a montré un journal local dans lequel il
avait dit cela. Je me suis demandé s'il avait forgé une menterie.
Si c'est vrai, je peux vous dire une chose, nous sommes prêts à
conclure cette entente très rapidement. Je m'engage publiquement
à cela.
M. Picotte: Si c'est mal imprimé de temps en temps dans le
journal des Débats, je doute fort que ça ne le soit pas dans
d'autres journaux.
M. Garon: Non, mais je leur donne le bénéfice du
doute.
M. Picotte: Je vais m'informer et je vais vous en reparler.
M. Garon: Sur ces terres, comme les productions seraient
limitées, ce pourrait être un endroit, à proximité
du marché de Montréal, pour faire l'élevage de
l'agneau.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford, il reste deux minutes.
M. Vaillancourt (Orford): Pouvons-nous considérer qu'il
est 22 heures? Là, on serait prêt à aborder un autre sujet;
mais on n'aurait pas assez de temps pour en discuter.
Le Président (M. Boucher): Du consentement des membres de
la commission, la commission ajourne ses travaux à mardi prochain, dix
heures.
(Fin de la séance à 21 h 58)