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Étude des crédits du ministère de
l'Agriculture
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture est de nouveau réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'agriculture pour
l'année budgétaire 1978/79.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lé-vesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Picotte (Maskinongé), M. Rancourt
(Saint-François), M. Roy (Beauce-Sud).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Garneau (Jean-Talon), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Samson (Rouyn-Noranda), et M. Vaillancourt (Orford).
M. Garon: M. Samson est-il membre de cette commission?
Le Président (M. Boucher): Oui, comme intervenant.
À la dernière séance, nous en étions aux
questions de M. le député de Maskinongé. Je lui donne
immédiatement la parole.
Questions d'intérêt
général, (suite)
M. Picotte: M. le Président, j'avais mentionné,
à un moment donné, durant l'étude des crédits que
nous allions insister peut-être sur des questions d'ordre
général, quitte à aller beaucoup plus rapidement
concernant l'étude des crédits programme par programme; j'aurais
encore quelques questions d'ordre général à poser, mais
après avoir considéré et relu, surtout en fin de semaine,
les galées du journal des Débats et après avoir
examiné assez attentivement le budget que nous présente le
ministre de l'Agriculture pour adoption, je poserai une dernière
question d'ordre général, à laquelle le ministre pourra
donner quelques réponses. Par la suite, en ce qui concerne l'Opposition
officielle, nous serons disposés à procéder à
l'étude des crédits programme par programme, dans le but de
hâter le plus possible l'adoption de ces crédits.
Comme nous l'avons mentionné à quelques reprises, et
après entente avec le député de Saint-François,
étant donné qu'il y a des lois au feuilleton qui ont
été déposées la semaine dernière, et comme
c'est le désir de tout le monde de procéder à
l'étude de ces lois le plus rapidement possible, en deuxième
lecture et en commission parlementaire, nous essaierons d'adopter ces
crédits dans le moins de temps possible. Par la suite, nous verrons
comment procéder.
La semaine passée, au début de l'étude des
crédits, je disais, dans une intervention, que le ministre des Finances
n'avait pas décerné au ministre de l'Agriculture la
médaille d'or du Mérite agricole, puisque tous les crédits
essentiels à la relance de notre agriculture ont subi une baisse
réelle que, dans bien des cas, on peut qualifier de vertigineuse.
D'ailleurs, au début de l'étude de ces crédits, je
donnais deux exemples qui illustraient le peu de sérieux de ce
gouvernement social-démocrate dans le domaine de l'agriculture.
Malgré le programme électoral de son parti, malgré que le
premier ministre ait rencontré les agriculteurs en congrès
dès la prise du pouvoir en 1976 pour leur dire que l'agriculture serait
la priorité des priorités, malgré aussi les promesses
faites par le ministre de l'Agriculture aux agriculteurs depuis 18 mois,
malgré le dernier discours inaugural du premier ministre le 21
février dernier, ce gouvernement ne concrétise aucunement dans
les faits les promesses qu'il a faites et multipliées depuis près
de 18 mois. J'en veux pour preuve les crédits que nous étudions
présentement.
Premièrement, au programme 1, élément 1,
intitulé: "Recherche agricole", le budget passe de $9 274 600 à
$8 448 300, soit une baisse de 8,9%, ce qui, en valeur réelle,
s'illustre par une baisse de 15,9%.
Au programme 2, élément 6, intitulé: "Prêt
agricole", en 1977/78, le budget était de $6 028 100 et il ne sera, pour
1978/79, que de $5 786 100, soit une diminution de près de 4% en dollars
constants ou de 11% en valeur réelle.
Au programme 3, l'élément 1 intitulé: "Mise en
valeur des productions animales", le budget subit une coupure dramatique de
16,1%, ce qui en valeur réelle veut dire 22,1% puisqu'il passe de $29
631 300 à seulement $24 857 300. Au même programme, soit au
programme 3, à l'élément 3, intitulé
"Amélioration foncière, assainissement des sols et conservation
des eaux", le budget chute dangereusement de $51 555 000 à $47 510 400,
soit une chute de 7% en dollars constants, ce qui se traduit en valeur
réelle par une baisse de près de 15%.
Au programme 4 intitulé "Régie de
l'assurance-récolte", le budget que nous demande de voter le ministre de
l'Agriculture n'est que de $5 978 500, comparativement à $6 266 400 en
1977/78. Là aussi, il y a une baisse de 4,6%, ce qui en valeur
réelle signifie une diminution de 11,6.
Au programme 5, "Commercialisation agricole", deux
éléments retiennent notre attention. À
l'élément 2, intitulé "Étude économique
agroalimentaire", le budget passe de $1 487 600 à $1 183 000, soit une
baisse très vertigineuse de 20% et, en valeur réelle, de 27%.
L'élément 3 intitulé "Rationalisation de la mise en
marché agricole", le budget était, l'an passé, de $10 243
500, mais ne sera cette année que de $8 396 500. On assiste donc
à une capitulation du ministre de l'Agriculture, une capitulation qui
s'illustre bruta-
lement pour les agriculteurs par une baisse en dollars constants de 18%,
qui en valeur réelle se traduit par un manque à gagner de
25%.
Au programme 8, l'élément 3 intitulé "Contribution
aux taxes foncières municipales et scolaires sur les fermes", le budget
ne bouge aucunement. Il demeure à $7,9 millions, ce qui signifie
cependant une baisse en valeur réelle de 7%. Le ministre a-t-il donc
l'impression que les contribuables ne subiront pas de hausse de taxes
municipales et scolaires pour l'année qui vient?
M. le Président, quand il s'agit d'aider les producteurs pour
leur permettre de rejoindre les deux bouts, le ministre de l'Agriculture leur
demande de voter des crédits qui ne feront qu'accroître le malaise
qui s'installe irrémédiablement chez nos producteurs. On est
porté à croire que cette machination est voulue, sinon par le
ministre, du moins par ce gouvernement social-démocrate. Mais le
ministre de l'Agriculture n'a cependant pas oublié le soutien
administratif et technique dans l'élément 2 du programme 8,
puisque cet élément passe de $19 652 900 à $22 295 900,
soit une hausse de 13,5%, ce qui en valeur réelle signifie une hausse de
6,5%.
Nous n'avons rien à reprocher au personnel administratif et
technique, mais nous, de l'Opposition officielle, nous devons dénoncer
cette attitude très rétrograde d'un gouvernement qui se targue
d'être social-démocrate.
Les crédits à voter du ministre de l'Agriculture pour
1978/79 diminueront de 2% en valeur réelle par rapport à ceux de
1977/78. C'est à cette dramatique conclusion qu'en arrive l'Opposition
libérale à la suite d'une étude des crédits
prévus pour ce ministère en 1978/79. Les crédits à
voter du ministre de l'Agriculture passent en effet à $238,4 millions en
1978/79 par rapport à $225,6 millions en 1977/78, ce qui
représente une augmentation en chiffres absolus de 5,6%. Cependant, un
tel taux de croissance correspond en fait à une diminution d'environ 2%
en valeur réelle des crédits alloués à ce
ministère, compte tenu du rythme actuel de l'inflation en 1978 qui est
de 7%. De plus, la part relative du budget du ministre de l'Agriculture dans
l'ensemble du budget québécois diminue en 1978/79 par rapport
à l'exercice précédent, 1,98% pour 2,04% en 1977/78.
Nous demandons donc aux députés péquistes qui sont
demeurés étrangement silencieux depuis l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture de réagir de
façon virile. Avec ce budget, les agriculteurs ne peuvent apercevoir
à l'horizon le commencement du bout de la queue d'une solution, pour
employer une expression du premier ministre du Québec.
Je demande donc au ministre de nous donner l'éventail des
crédits périmés pour chacun des programmes et pour chacun
des éléments. En conséquence, l'Opposition officielle ne
peut accepter un simulacre de budget en agriculture. Nous exigeons des
explications du ministre et ces crédits, s'ils sont acceptés, le
seront sur division, car le ministre ne jouera pas avec l'Opposition, comme il
l'a fait avec les agriculteurs et ses dépu- tés, qui sont
demeurés étrangement silencieux depuis le début de
l'étude des crédits du ministère de l'Agriculture. Donc,
M. le Président, nous aimerions connaître, et c'est là
l'essentiel de ma question une dernière question d'ordre
général, du ministre de l'Agriculture pour chacun des
programmes et chacun de ses éléments, quels ont été
durant l'année 1977/78, c'est-à-dire le budget qui vient de se
terminer, les crédits périmés à ce chapitre au
niveau des budgets et des programmes du ministère de l'Agriculture. Par
la suite, je pense que cela pourra orienter les membres de l'Opposition
à pouvoir poser quelques questions, programme par programme,
élément par élément, selon que le ministre nous
indiquera réellement les chiffres des crédits
périmés face à ces programmes et à ces
éléments.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je pense que M. le député de
Maskinongé vient de montrer le vrai visage du Parti libéral,
quand il dit: "Le ministre ne jouera pas avec l'Opposition officielle comme il
joue avec les agriculteurs." Le Parti libéral, par la voix du
député de Maskinongé, vient exactement de montrer dans
quel mépris il tient les agriculteurs, comme si le ministre de
l'Agriculture pouvait jouer avec les agriculteurs qui ne seraient pas des
adultes, des gens responsables capables de voir clair dans les
déclarations de n'importe quel politicien. Mais il dit, et cela va dans
ce pharisaïsme du nouveau chef, qui dit:
II ne jouera pas avec l'Opposition officielle du Parti libéral
comme il joue avec les agriculteurs. Je vais vous dire une chose: C'est bien
plus facile de jouer avec l'Opposition officielle du Parti libéral que
de jouer avec les agriculteurs, qui sont pas mal plus développés,
qui connaissent pas mal plus l'agriculture, qui n'ont jamais été
obligés de prendre des ministres de l'Agriculture dans le comté
de Westmount, et qui n'ont jamais été obligés,
comprenez-vous, de prendre leurs pensées politiques dans le comté
d'Outremont, sur le plan agricole. Parce que même votre critique
financier disait récemment que l'agriculture, de toute façon, en
1977, avait été meilleure au Québec que dans les autres
provinces. Votre député d'Outremont lui-même disait
récemment dans un communiqué, que l'agriculture avait
été meilleure au Québec que dans les autres provinces.
J'ai l'impression que ceux qui s'en rendent compte le mieux...
Évidemment, il a regardé les chiffres, mais les agriculteurs le
ressentent dans leur vie quotidienne. Ils savent que cela n'est pas le
Pérou, ils savent qu'on n'a pas fait de miracle, mais ils savent quand
même que la situation s'est améliorée. Après avoir
entendu tous les commentaires du député de Maskinongé,
cela me fait penser à l'ancien chef du Parti libéral. Quand
j'étais petit garçon, je venais à l'Assemblée
nationale et le chef du temps, qui était en face de M. Duplessis
le dernier avant celui qui n'est jamais venu en Chambre dans le temps de M.
Duplessis, lequel est mort de sa belle mort, au pouvoir disait à
ce moment: Où va la taxe de vente? Vous en collectez 4% et on en
voit que 2% dans les dépenses; je me rappelle à ce moment,
M. Duplessis avait dit: II y en a 2% qu'on donne aux municipalités;
c'est évident que cela n'entre pas dans nos dépenses, ce n'est
pas nous qui les dépensons. Mais aujourd'hui, je regarde le
député de Maskinongé...
M. Giasson: Quand c'est relié aux municipalités, ce
n'est pas une dépense.
M. Garon: ... qui lit pendant cinq minutes des diminutions, et
à la fin, comme conclusion: augmentation du budget du ministère
de l'Agriculture. Évidemment, s'il a fait ce petit discours dans le but
d'une publication dans les journaux... Les gens du Québec sont des gens
intelligents, ils vont se rendre compte que s'il lit un tas de petites
diminutions pendant des minutes, et qu'après cela il y a comme total une
augmentation assez importante, les gens vont dire: II nous a caché
quelque chose. Une addition de soustractions, cela ne fait pas une addition, au
total, une augmentation. J'ai expliqué au début toutes les
baisses que mentionne le député de Maskinongé. Une baisse,
par exemple, que j'ai expliquée abondamment, dans les heures qui ont
précédé cette commission, c'est la baisse de
l'élément 3 du programme 3. Je pense que les agriculteurs vont
être contents, quand on dit: Cela a baissé et c'est vrai que cela
a baissé, l'élément 3, mais ce sont $5 millions de moins
pour les plans. On fait des plans pour des firmes d'ingénieurs; est-ce
que le développement de l'agriculture va aller à la montagne de
papier qu'on va avoir dans nos bureaux? Quand vous regardez
l'élément 3 du programme 3: "Amélioration foncière,
assainissement des sols et conservation des eaux", pour 1977/78, $51 555 000
et, pour 1978/79, $47 510 400, donc $4 millions de moins, c'est vrai. Mais,
là-dessus, il y a une forte diminution des crédits de l'ordre de
$5 223 000. (10 h 30)
M. Giasson: C'est peut-être une erreur d'impression.
M. Garon: Pas du tout. Il y a une diminution de $5 223 000 aux
contrats de service qui étaient autrefois accordés à
quelques firmes d'ingénieurs-conseils composées d'amis du
gouvernement antérieur. Une banque je vous donnais les chiffres
la dernière fois contient assez de plans pour faire faire des
travaux de drainage pour au-dessus de $500 millions. Cela veut dire qu'au
rythme où le drainage se faisait du temps de l'Opposition officielle, il
y avait assez de plans pour faire du drainage pendant à peu près
30 ans. Est-ce qu'on a assez de plans? Est-ce qu'on pense qu'il y a un manque
de plans ou qu'il faudrait continuer à faire faire des plans au rythme
de $7 millions par année? C'est la question qu'il faut se poser.
À ce moment-là, les envois que nous pourrons arrêter, c'est
de brasser du papier parce que quand nous faisons des plans comme cela, et cela
coûte cher de faire des plans, cela prend des fonctionnaires qu'on engage
pour les classer et les manipuler. Cela prend des pièces
supplémentaires pour mettre tous ces classeurs, avec tous ces plans. On
voit à quel point cela peut coûter cher, au point de vue
administratif, pour découvrir, 30 ans plus tard, quand on arrive pour
consulter les plans, que les rivières ont changé leur cours, que
les méandres se sont redressés, que les années ont
passé et, souvent, il y a des maisons bâties sur des terres
drainées, sur papier, pas drainées dans la
réalité.
Je pense qu'on se rend compte. Les gens vont dire, au fond, que l'argent
du gouvernement est administré sainement. Au fond, vous devriez parler
d'une augmentation possible du budget du ministère de l'Agriculture de
25%, 30%, même avec le même montant, à cause de la plus
grande efficacité. L'argent sert maintenant davantage pour faire des
travaux plutôt que pour brasser du papier.
Quand on parle de la recherche, j'ai expliqué au début
je peux bien l'expliquer encore une fois que la recherche et
l'enseignement, par exemple, programme 1, élément 1; il s'agit de
la construction d'une serre expérimentale à Saint-Hyacinthe qui
va coûter $1 570 000. Il y a $1 430 000 qui ont été
dépensés en 1977/78 et il reste seulement $140 000, en 1978/79.
Voyez-vous, on ne peut pas construire une serre de cette dimension, à
Saint-Hyacinthe, chaque année, pour des fins de recherche. On en fait
une, on va même l'inaugurer dans quelques semaines. Par ailleurs, elle
n'a pu entrer dans les budgets antérieurs du gouvernement parce que les
fonctionnaires m'ont dit que cela faisait sept ans qu'ils la demandaient. Le
gouvernement ne pouvait pas se brancher pour faire des recherches dans le
domaine des céréales parce qu'il n'y croyait pas. Alors que le
gouvernement actuel croit au développement des céréales et
une des premières décisions que j'ai prises a été
de dire: Faisons cette serre, ne soyons pas comme l'ancien gouvernement, c'est
le temps de décider comme aurait dit quelqu'un que je connais
et nous avons décidé de décider. Aujourd'hui, cette
serre est en construction; on arrivera avec de nouvelles variétés
de semences qui vont faire qu'on pourra étendre le champ de culture des
céréales au Québec lorsqu'on aura des
variétés encore plus hâtives.
Quand on parle du programme 3, élément 1,
évidemment cela a l'air de diminuer. Mais il n'y a pas de diminution; en
réalité, c'est tout simplement que le Centre de distribution des
médicaments vétérinaires, qui entrait dans le budget du
ministère de l'Agriculture pour $5,6 millions existe encore mais n'entre
plus dans le budget du ministère de l'Agriculture puisqu'il a
été placé sous la direction de SOQUIA,
Société québécoise d'initiatives agro-alimentaires,
de sorte que les $5,6 millions vont être consacrés à
l'agriculture de la même façon qu'auparavant, mais ils ne sont pas
dans le budget du ministère puisque c'est maintenant sous
l'administration de SOQUIA et, à ce moment-là, c'est
évident qu'il y a une baisse apparente, mais ce n'est pas une baisse
réelle.
M. Giasson: Le programme 3?
M. Garon: Oui, l'élément 1 du programme 3.
M. Giasson: "Mise en valeur des productions agricoles".
M. Garon: C'est cela. C'est le centre de distribution des
médicaments vétérinaires, dont les $5,6 millions sont
transférés à SOQUIA. Si vous additionnez $5,6 millions,
vous voyez qu'il y a une augmentation parce qu'à ce moment-là, on
passe à $30 millions; à l'addition de $5,6 millions en 1978/79,
on va passer à $30,4 millions, une augmentation de $1 million de ce
budget. Si on les enlève de 1977/78 ces $5,6 millions, faisons
l'inverse, ce qui veut dire que le centre des médicaments
vétérinaires va faire les mêmes dépenses
qu'auparavant mais celles-ci ne relèveront pas du budget du
ministère de l'Agriculture. Pour avoir un plus grand souci
d'efficacité, j'ai donné toutes ces explications en
préambule au début. J'aurais dû penser que cela ne donnait
rien de dire cela au début. J'aurais dû parler moins longuement
pour donner les explications puisque ce que l'on veut, au fond, c'est dire des
choses sans se préoccuper de la réalité et de la
vérité, mais la population est intelligente...
M. Picotte: Quelqu'un vous a-t-il demandé des explications
là-dessus?
M. Garon: Non, ce sont des affirmations gratuites. La population
est intelligente, les gens ressentent, au fond, ce qui se passe actuellement
dans le monde de l'agriculture au Québec et ils sentent qu'il y a un
renouveau, à un tel point que les entreprises à l'étranger
viennent nous voir et ont envie de s'établir au Québec tellement
elles sentent qu'il y a un renouveau parce qu'elles se disent que maintenant,
il va y avoir de l'avenir pour l'agriculture au Québec. Je sais bien que
j'aurais dû attendre, ne pas donner ces explications au début.
J'aurais dû penser que l'Opposition officielle...
M. Giasson: Combien de ressortissants étrangers se sont
établis au Québec en agriculture en 1977?
M. Garon: Je n'ai pas compté les ressortissants
étrangers.
M. Giasson: Vous avez dit les étrangers...
M. Garon: Non, les entreprises. Je parle des entreprises de
transformation.
M. Giasson: Combien?
M. Garon: II y en a quelques-unes.
M. Giasson: En nombre absolu, en chiffres absolus?
M. Garon: C'est-à-dire que j'ai eu des conversations avec
des gens qui demandent si telle entreprise serait intéressée, et
vu qu'on veut protéger les terres pour l'agriculture et que maintenant
il va y avoir une certaine sécurité alors qu'aupara- vant il n'y
en avait pas. Évidemment, je vois le député de Saint-Jean
qui essaie de me faire montrer aux journalistes; c'est cela sa
préoccupation, ce n'est pas la vérité, c'est la
publication qui lui importe.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
L'ex-député.
M. Garon: L'ex-député, si les gens n'avaient pas
compris. C'est l'ex-député, c'est le souffleur, c'est lui qui
souffle.
M. Picotte: Vous aviez trois souffleurs autour de vous tout
à l'heure, cela devait mal aller.
M. Garon: Je pense que c'est désastreux de voir qu'on
essaie de dire qu'il y a une diminution alors qu'il y a une augmentation.
Pourquoi n'avez-vous pas parlé du programme 2, élément 3,
où il y a une augmentation sur papier de $5 944 000 à $12 416
000? Pas un mot, quand vous avez vu, par exemple, au programme 2,
élément 7, "Mise en valeur de l'exploitation agricole" une hausse
de $4,6 millions à $6,3 millions. Le réaménagement foncier
qui passe de $3,6 millions à $7,7 millions, cela n'intéresse pas
l'Opposition. Ce qui intéresse l'Opposition, c'est ce qu'elle
désirerait voir. Elle désirerait voir l'agriculture dans le
marasme pour pouvoir battre sa coulpe par son masochisme et montrer à
quel point elle compatit par des larmes de crocodile. Le Parti libéral
me fait penser un peu au film des deux orphelins: quand elles voyaient le film,
les deux bonnes femmes pleuraient et trouvaient cela triste, mais quand elles
voyaient de vraies orphelines, elles disaient "Tassez-vous, mes petites
gueuses." Alors, il faut se rappeler de cela. Ce qui est important, c'est de
voir la réalité. Des augmentations, il y en a partout; le budget
augmente partout et les agriculteurs s'en rendent compte. Mais il y a tellement
de théoriciens dans le Parti libéral qui étudient les
budgets sur papier, qui ne lisent pas les explications du ministre; ils
devraient en faire leur lecture de chevet. J'ai parlé de
l'assurance-récolte, par exemple, avec un sentiment de fierté.
Celle-ci avait un nombre d'assurés de 4000 en 1976/1977: le nombre est
anticipé à 12 000, pour 1978/1979; le nombre des assurés a
triplé. Je pense que c'est une indication de la confiance des
agriculteurs dans l'agriculture du Québec. Quand on a vu les chiffres,
on dit: Le revenu a baissé en 1977 au Québec, par rapport
à 1976, mais il a baissé moins qu'ailleurs et c'est la
quatrième province à ce point de vue, alors que dans six autres
provinces, cela a baissé beaucoup plus qu'au Québec.
L'agriculture s'est mieux comportée au Québec en 1977
qu'en 1976, parce qu'il y a de l'espoir. Vous voyez également, dans
l'élément 1 du programme 5, que la commercialisation agricole
passe de $10,8 millions à $14,7 millions, et là encore, pas un
mot. Ce qu'on aimerait donner de l'agriculture du Québec au lieu de se
réjouir de l'augmentation des budgets... Tantôt j'entendais parler
contre les fonctionnaires; par exemple, si on regarde le pourcentage que
représente en sa-
laires l'ensemble des dépenses gouvernementales, on verra que
pour l'ensemble de ces dépenses il s'agit principalement dans le budget
de l'agriculture de dépenses de transfert et non pas des dépenses
pour payer des salaires.
Évidemment, ce n'est pas sous le gouvernement actuel que le
nombre des fonctionnaires a tant augmenté au ministère de
l'Agriculture pour en arriver à un nombre à peu près 50%
supérieur à celui du ministère de l'Agriculture de
l'Ontario. Ce n'est pas sous le gouvernement actuel, puisque le nombre de
fonctionnaires va diminuer un petit peu, parce qu'il y a eu des postes
d'enlevés. Mais vous noterez quand même que 50% des
dépenses du ministère de l'Agriculture sont des dépenses
de transfert qui s'en vont à l'agriculteur, et que les traitements des
fonctionnaires représentent 25% du budget, 24,9%. Je n'ai pas
apporté les chiffres de l'an dernier, je pense qu'il y a une baisse,
avez-vous les chiffres de l'an dernier?
Les dépenses de transfert sont de 55,6%. Je vous l'avais dit, je
le savais d'intuition, parce que je sais dans quelle direction le
ministère s'en va. Les dépenses de salaires étaient de
25,8% en 1977/1978, et en 1978/1979 elles sont de 24,9%. Donc, une diminution
de presque 1%, alors que les dépenses de transfert augmentent dans la
même proportion. Alors, vous voyez, au fond, quand vous dites que les
dépenses ont augmenté uniquement pour que les fonctionnaires
prennent les augmentations pour eux-mêmes, ce n'est pas exact. Alors, je
vois que les dépenses de fonctionnement, les salaires des fonctionnaires
ont diminué en proportion du budget du ministère. Pourquoi? Parce
que je pense qu'au ministère, maintenant, les fonctionnaires sont assez
nombreux et les dépenses additionnelles que l'on fait doivent servir
pour les agriculteurs. Il ne faudrait pas avoir de fonctionnaires additionnels
ou encore, faire des transferts de poste à l'intérieur du
ministère actuel et c'est cela qui nous a guidés dans notre
cheminement au cours de l'année. (10 h 45)
Au programme 8, élément 2 il dit un moment donné
qu'il y a une augmentation du soutien administratif et technique, cela montre
je ne voudrais pas être méchant, je ne dirai pas
l'ignorance mais le manque de connaissance du député de
Maskinongé et de ses recherchistes, ou de son recherchiste. Savez-vous
ce qui entre là? Ce ne sont pas des dépenses de fonctionnement du
gouvernement, ce ne sont pas des dépenses de fonctionnaires. Savez-vous
ce que c'est? Ce sont les emplois en milieu agricole, la création
d'emplois en milieu agricole. Là, on s'exclame en disant: Voyez-vous,
d'un côté, cela baisse et, de l'autre, cela augmente. Encore
là, ce sont des augmentations pour aider les agriculteurs. Le soutien
administratif et technique, ce sont des sommes de $6 millions qui vont
être portées, au cours de l'année 1978/79, pour la
stimulation de l'emploi. Cette année, il va y avoir $6 millions, au
budget de 1978/79, qui vont aller pour la stimulation de l'emploi, pour
l'engagement d'assistés sociaux et de chômeurs par les
agriculteurs. À ce moment-là, il y aura une subvention de 75%,
dans le cas des assistés sociaux et de 50%, dans le cas des
chômeurs, pour les agriculteurs.
Encore là, dans cette augmentation, il ne s'agit pas de personnel
administratif mais de main d'oeuvre pour les agriculteurs. L'Opposition, au
lieu de porter des accusations, serait mieux de demander des renseignements au
ministre de l'Agriculture qui les donnerait bénévolement
puisqu'il a déjà été professeur pendant quelques
années et qu'il pourrait peut-être je pense bien qu'il n'a
pas tout oublié de son expérience ou encore les
réalités pédagogiques enseigner à
l'Opposition la vérité sur le budget et dire vraiment où
sont les sommes d'argent, où sont les augmentations et pourquoi il y a
des diminutions parce qu'il y en a, que voulez-vous, il y a des choses
qui deviennent... Quand les voitures tirées par des chevaux ont
été remplacées par des automobiles, le nombre de forgerons
a diminué, mais le nombre de mécaniciens a augmenté. C'est
cela, le progrès! Il y a des éléments qui peuvent diminuer
et il y en a d'autres qui vont augmenter. C'est cela, le progrès!
Ce qu'il faut regarder, c'est le résultat final. Le
résultat final, c'est une augmentation considérable du budget du
ministère de l'Agriculture, de $50 millions sur deux ans. Cela, c'est le
début parce que, au fond, ce qui va arriver maintenant, c'est qu'on va
avoir le temps de préparer davantage nos projets, à tel point que
quand je regardais les deux candidats en présence, lors de la
dernière convention libérale, qui avaient tous les deux des
programmes qui se ressemblaient beaucoup, au fond, tout ce qu'ils pouvaient
faire on couvre tout le champ dans le développement agricole au
Québec, on occupe les différents secteurs c'est de dire ce
qu'on faisait. Ils disaient qu'il fallait faire telle chose et telle chose.
C'est exactement ce qu'on faisait, ce qu'ils mentionnaient qu'on devait
faire.
C'est pour cela que je trouve dommage que l'Opposition, qui pourrait
critiquer des choses qui doivent être critiquées... Mais quand on
critique tout, à tort et à travers, sans s'occuper de la
réalité, on perd de la crédibilité. Je ne voudrais
pas que l'Opposition perde sa crédibilité, parce que dans un
régime démocratique il est important que l'Opposition ne perde
pas toute crédibilité, d'autant plus qu'avec son nouveau chef, je
pense bien qu'elle aurait de la misère à faire la distinction
entre une vache Jersey, une Holstein et...
M. Picotte: ... notre nouveau chef.
M. Garon: J'ai bien l'impression que votre nouveau chef...
M. Picotte: Vous devez en rêver parce que cela fait
plusieurs fois que vous me parlez de mon nouveau chef. Vous devez en
rêver.
M. Garon: Bien, il faut dire que je dors du sommeil du juste,
donc je ne rêve pas, habituellement. Je laisse les rêves à
l'Opposition, au chef de l'Union Nationale qui a dit qu'il avait des cauchemars
dans son récent discours à Trois-Rivières. Je
laisse à ces gens le soin de parler de leurs cauchemars et de
leurs rêves; nous autres, on garde les deux pieds sur le béton,
sur le plancher des vaches, je dirais, dans notre cas.
M. Picotte: Dans votre cas, c'est mieux d'être sur le
plancher des vaches.
M. Garon: Sur le plancher des vaches, oui. Une voix: ...
sur le béton.
M. Garon: Avec le souci constant de dire la vérité
parce que la meilleure façon de garder sa crédibilité, est
de toujours dire la vérité.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président...
M. Garon: Par ailleurs, j'aimerais déposer des documents
qui avaient été demandés. Ils ne sont pas tous
prêts, parce qu'il y en a qui demandaient des recherches plus
considérables. C'est au sujet des questions qui avaient
été posées la semaine dernière, concernant les
médecins vétérinaires et l'aide à
l'établissement de médecins vétérinaires dans
différents comtés. Vous voyez que le programme a eu un certain
succès, puisque, dans de nombreux comtés éloignés,
la prime versée aux médecins vétérinaires a permis
l'établissement de médecins vétérinaires au
Témiscamingue, en Abitibi-Ouest, dans le comté de Gatineau, dans
le comté de Témiscouata, dans le comté d'Abitibi-Est, dans
le comté de Pontiac, dans le comté de Terrebonne, dans le
comté de Bonaventure, dans le comté de Charlevoix, aux
Îles-de-la-Madeleine, dans le comté de Matane, dans le
comté de Frontenac.
Il y a eu $63 477 qui ont été payés en primes
à des médecins vétérinaires pour qu'ils
établissent dans des comtés plus éloignés,
où la pratique est plus difficile, et où il y avait une
pénurie de médecins vétérinaires.
Je pense que presque tous les comtés mentionnés dans le
programme comme des endroits désignés ont vu l'arrivée
d'un médecin vétérinaire venant aider les
agriculteurs.
J'aimerais faire faire des photocopies pour tout le monde. Vous les
avez? D'accord. J'aurai d'autres documents qui viendront peut-être
aujourd'hui, parce qu'il y en a qui demandaient plus de recherche. Pour
certains, j'ai demandé de refaire la composition, pour une meilleure
clarté. Je sais que l'Opposition a beaucoup de recherche à faire
pour trouver des failles dans le gouvernement actuel, alors j'ai
préféré lui présenter des documents plus clairs.
À ce moment, j'ai demandé de reprendre certains documents, pour
qu'on puisse avoir la comparaison en regardant le document, sans être
obligé de fouiller. Je n'ai rien à cacher. Si l'Opposition
trouvait, à un moment donné, qu'il y avait quelque chose qui
allait mal dans l'administration du ministère de l'Agriculture, je
serais le premier à vouloir faire les corrections
nécessaires.
M. Picotte: M. le Président, je n'aurais jamais cru que ma
demande de dépôt du contrat du père Gédéon au
salon de l'agriculture demandait tellement de recherche. En tout cas, nous
espérons l'avoir un de ces jours.
De toute façon, je pense que...
M. Garon: Vous n'avez pas demandé le dépôt du
contrat.
M. Picotte: Oui, le dépôt du contrat. Les noms de
ceux qui ont participé à l'engagement, le comité, les
critères. Ce sont des choses que j'ai demandées la semaine
dernière.
De toute façon, pour autant que le ministre m'assure que nous
l'obtiendrons, cela pourra être fait demain ou après demain, peu
importe, pour autant que cela nous parviendra, je pense que nous pourrons
être satisfaits de ce dépôt.
M. Garon: Je peux déposer aussi les contrats de location
de bureaux du ministère de l'Agriculture avec les gens du Parti
libéral.
M. Picotte: Oui, vous pouvez déposer tout cela. Tout ce
que vous voulez déposer, à votre guise, y compris le contrat du
ministère de l'Agriculture, dans le comté de Maskinongé,
où on n'a pas choisi le plus bas soumissionnaire, malgré que le
gouvernement, dans sa politique, exige qu'on aille au plus bas soumissionnaire.
Il y avait trois soumissionnaires, entre autres, et le contrat a
été accordé à un autre que le plus bas
soumissionnaire. Vous pouvez déposer ce contrat aussi, nous ne vous en
tiendrons pas rigueur.
Malgré tout cela, comme à l'accoutumée, j'ai
laissé le ministre de l'Agriculture...
M. Garon: Je pense que le député de
Maskinongé vient de faire une affirmation. Il sait que cela ne
dépend pas de mon ministère. Les locations de bureaux dans le
comté de Maskinongé dépendent du ministère des
Travaux publics. Il faudrait que les questions soient posées là.
Je peux dire que j'ai entendu parler de ce contrat. Je pense aussi qu'il y a eu
des soumissions demandées, mais les bureaux du plus bas soumissionnaire
ne convenaient pas, semble-t-il. Cela présentait des difficultés.
J'aimerais qu'on pose les questions au ministre des Travaux publics qui
s'occupe de l'achat et de la location de bureaux.
M. Picotte: Étant donné que le ministre de
l'Agriculture parlait de toutes sortes de dépôts de contrats,
c'est pour cela que je ne lui ai pas demandé de dépôt de
contrats; si j'ai à le demander, je sais très bien que je devrai
le demander lors de l'étude des crédits du ministère des
Travaux publics. Je ne lui ai pas demandé le dépôt des
contrats, je voulais simplement lui souligner qu'en ce qui nous concerne, il
peut déposer tous les contrats qu'il voudra bien déposer. Nous
n'avons pas d'objection à cela.
Comme de coutume, j'ai laissé le ministre de l'Agriculture faire
sa petite démonstration comique de tous les instants, mais je peux
quand
même vous dire qu'à la question précise que j'avais
posée au ministre je n'ai eu aucune réponse encore. J'ai
demandé au ministre de l'Agriculture, dans le but de nous orienter dans
l'étude des crédits, programme par programme,
élément par élément, de nous signifier, avant cette
étude, les crédits qui avaient été
périmés à l'intérieur de chacun de ces programmes,
et malheureusement, on m'a donné un réchauffé de ce qu'on
nous avait donné au tout début et je n'ai pas encore eu la
réponse. Alors je laisse le soin au ministre de l'Agriculture de bien
vouloir nous donner une réponse à cela afin de pouvoir
discuter...
M. Garon: Encore une fois, je peux répondre facilement
à cela. C'est malheureux mais c'est encore le manque de connaissances du
député de Maskinongé qui devrait savoir que l'année
financière est en train de se terminer; elle finit le 31 mars et les
chèques sont émis jusqu'à la fin du mois d'avril et
entrent dans l'année financière évidemment,
l'année financière n'est pas compilée
entièrement 1977/78.
M. Picotte: On pourrait quand même, M. le Président,
nous donner un éventail, un ordre de grandeur de ces crédits,
parce que je pense que cela ne donne absolument rien à une commission
parlementaire de vouloir voter des crédits si on vote des crédits
pour le plaisir d'en voter. On n'a pas l'intention d'en voter d'un ordre de
grandeur de $300, $400 ou $500 millions si on se rend compte qu'à chaque
année, à la fin de l'exercice financier, il y a toujours $15, $20
ou $30 millions qui n'ont pas été consacrés et qui n'ont
pas été dépensés par le ministère en
question. Je pense que l'important pour nous c'est de savoir que le montant que
nous avons voté, que la même commission parlementaire l'an dernier
a voté, a été mis à la disposition du
ministère de l'Agriculture, et ce montant, on aimerait savoir, dans un
ordre de grandeur donné, jusqu'à quel point il a
été dépensé. On estime, nous de l'Opposition, que
cela ne donne absolument rien de demander à une commission parlementaire
de voter des crédits si on se rend compte l'année suivante qu'il
y a eu un montant "X" ou un pourcentage "X" de crédits qui n'a pas
été dépensé, ce qui permet par la suite au ministre
de l'Agriculture de dire qu'il y a une augmentation de tant pour cent, alors
qu'on sait qu'en réalité, ce n'est pas cela.
J'espère en tous cas qu'il y a des gens... Le ministre a des
souffleurs, il en a une bonne quinzaine ici à ce que je vois, il est
plus choyé que l'Opposition, nous n'en avons qu'un seul pour deux et il
en a une bonne quinzaine ici. J'espère qu'il sera possible à tous
les souffleurs du ministre de nous donner un ordre réel de grandeur au
moment actuel. Si cela n'est pas possible, je trouve que dans l'Opposition, on
est nettement supérieurs d'avoir si peu de personnel et autant de
détails qu'on peut donner au ministre.
M. Baril: De faux détails.
M. Picotte: Cela restera à préciser et à
discuter. J'attends votre réponse, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: C'est évident qu'il peut y avoir dans le budget
des crédits périmés. Je vous parlais tout à
l'heure, je vais vous donner un exemple. On peut faire l'étude des
crédits périmés des cinq dernières années,
si vous le voulez, je n'ai pas d'objection à cela.
M. Picotte: M. le ministre, commencez donc par nous donner ceux
qu'on vous demande et après cela, vous pourrez nous donner les cinq
dernières années, les dix dernières années...
M. Garon: ... des comparatifs.
M. Picotte: ... mais je doute fort que vous soyez capable de nous
donner les dix dernières années, vous n'êtes même pas
capable de nous donner ceux de l'année en cours.
M. Garon: Non, je n'ai pas d'objection, on peut regarder
cela...
M. Picotte: Cela ne date pas de tellement loin.
M. Garon: Faire les crédits périmés des dix
dernières années?
M. Giasson: Commencez par 1978 et on reculera à 1976 et
1975.
M. Picotte: Je veux d'abord ceux de cette année et par la
suite, vous nous donnerez les dix dernières années et les vingt
dernières années, je n'ai aucune objection.
M. Garon: Alors, on va vous donner cela en vrac pour que les gens
puissent avoir les chiffres comparatifs des dix dernières
années.
M. Picotte: On va prendre la dernière année, et
après cela, on va prendre année par année. C'est là
qu'on va découvrir...
M. Garon: ... les vingt dernières années. Je vais
vous donner à l'avance des crédits périmés: $5,6
millions, c'est le Centre de distribution des médicaments
vétérinaires puisqu'il a fallu rentrer cela dans les
crédits de l'an dernier mais cela a été
transféré au cours du mois d'avril 1977 à SOQUIA. Je vais
vous donner immédiatement les crédits périmés de
$5,6 millions, ce qui ne signifie absolument rien, puisque les
opérations qui étaient faites auparavant étaient faites
par SOQUIA...
M. Giasson: Donnez-nous les chiffres programme par programme et
on portera le jugement qu'il y a lieu de porter, mais donnez-nous les chiffres
programme par programme.
M. Garon: Je vais vous donner les chiffres pour les dix
dernières années, mais vous allez avoir les chiffres.
M. Giasson: 1977, et ensuite on prendra cela année par
année. Si vous voulez reculer de quinze ans...
M. Garon: Vous avez peur? (11 heures)
M. Picotte: M. le Président, ce n'est pas une question de
peur. Tout ce qu'on demande au ministre c'est que l'an dernier, on a
voté des crédits... En 1977/78 par exemple, programme 1,
élément 1, "Recherche agricole", nous avons voté nous
aussi des crédits d'une valeur de $9 274 600. On demande au ministre
simplement, par ordre de grandeur, quel est le montant qui a été
dépensé, au moment où on se parle, sur les $9 274 600. Si
on a dépensé $9 274 600, cela répondra à la
question ou si $7 800 500 ont été dépensés, on
saura qu'il y a $1,5 million et plus qui n'ont pas été
dépensés. C'est tout simplement cela qu'on demande, on ne demande
pas autre chose que cela. Quand on aura cette réponse pour
l'année en cours, pour orienter la discussion sur les programmes et les
divers éléments, après cela, M. le Président, si le
ministre est généreux, il pourra reculer trois ans, cinq ans, dix
ans, vingt ans en arrière; il pourra reculer jusqu'à la
Confédération s'il le veut, pour nous donner un
échantillonnage, ce qui permettra à tous les gens de la
commission et à chacun des députés d'avoir une meilleure
idée, d'avoir une meilleure information.
On n'a pas d'objection à reculer jusqu'à la
Confédération, mais pour l'instant, pour le
bénéfice des crédits que nous étudions en ce moment
même et que nous voulons, tout le monde, adopter le plus rapidement
possible pour passer à autre chose, on lui demande ce que c'est pour
cette année. Par la suite, il mettra au travail toute sa batterie de
personnes ici en arrière, qui sont compétentes, d'ailleurs
et cela, on le sait, elles sont peut-être plus compétentes que
d'autres qui sont plus près du ministre. Il pourrait demander à
tous ces gens de nous faire un échantillonnage remontant 20 ans, 30 ans
en arrière. On n'a pas d'objection, mais qu'il commence par nous donner
cela, il y a assez de personnes pour le faire; s'il faut qu'on suspende, M. le
Président, pour quinze minutes, on est prêts à cela. Il
pourra consulter tout le monde, et quand on aura ces chiffres on continuera.
C'est aussi simple que cela. On ne demande pas autre chose que cela. Je pense
que ce n'est pas sorcier.
M. Giasson: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je m'excuse à
l'endroit de mon collègue qui vient d'affirmer une chose que je ne
partage pas, sur laquelle je ne suis pas d'accord, quand il a dit qu'il y avait
des gens moins compétents près du ministre; c'est l'inverse. Je
pense que le ministre est entouré de gens de compétence beaucoup
plus forte que celle qu'il peut posséder lui-même et
là-dessus, je diffère d'opinion avec mon collègue de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je suis d'accord avec ce que
mon collègue a dit, c'est un lapsus que j'ai fait.
M. Baril: Un lapsus? Oui! Quand on parle trop on ne sait pas ce
qu'on dit parfois.
M. Picotte: C'est cela.
On vous l'a prouvé d'ailleurs jeudi dernier, en rapportant
certains extraits du journal des Débats.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le ministre.
M. Garon: Les fonctionnaires vont me remettre cela rapidement
cela me fera plaisir de vous remettre les données pour les dix
dernières années de crédits périmés
parce qu'on peut remarquer qu'en 1974/75, 93% du budget ont été
dépensés, en 1975/76, 94% du budget ont été
dépensés, en 1976/77, 89% du budget l'ont été, en
1977/78, 94%; en 1977/78, si on enlève le transfert du CDMV à
SOQUIA qui est un phénomène extraordinaire, on en arrive à
96% du budget qui ont été dépensés et, à ce
moment, on va revoir les crédits des dépenses et les
crédits périmés pour les dix dernières
années; c'est facile à trouver et après cela on va
produire les documents.
M. Giasson: Étant donné, M. le ministre, que vous
avez à répondre de votre dernière année
d'administration, c'est vous qui étiez là, ce n'étaient
pas les autres.
M. Garon: Mais il faut donner des tableaux comparatifs pour
l'explication évidemment...
M. Giasson: Oui, je n'ai aucune objection à comparer, mais
répondez donc à la question qu'on vous pose sur l'année
financière 1977/78, programme par programme et élément par
élément; réglons cela, et après cela, si
vous...
M. Garon: Programme par programme. On peut comparer programme par
programme les dix dernières années.
M. Giasson: Donnez-nous les chiffres de l'année 1977 qui
sont sous votre entière responsabilité et non pas ceux de vos
prédécesseurs.
M. Baril: Je vous l'ai dit tout à l'heure, je ne peux pas
les donner parce que l'année financière n'est pas encore
terminée.
M. Giasson: Je n'accepte pas cela. Ce n'est pas vrai qu'il ne
peut pas les donner.
M. Baril: Vous connaissez...
M. Giasson: C'est faux, chaque programme connaît les sommes
d'argent qui lui seront attribuées et qui lui seront versées
d'ici la fin du mois ou même en mai. Il s'agit de faire la recherche et
ce n'est pas long, on peut avoir ces chiffres-là.
M. Picotte: On est même disposés, M. le
Président, à donner le temps voulu au ministre, on n'a
qu'à suspendre les débats, on reviendra.
M. Garon: Non.
Les fonctionnaires me disent qu'on ne peut pas avoir les chiffres finals
avant la fin du mois parce que tous les chèques du mois d'avril comptent
dans l'année 1978/79. On me dit même...
M. Giasson: C'est comptabilisé cela.
M. Garon: II faut quand même que je me fie à ce que
me disent les gens de la comptabilité. Ce n'est pas moi qui fais la
comptabilité. Alors les gens me disent qu'il faut attendre la fin du
mois pour avoir toutes les données là-dessus. Évidemment,
je me fie un peu à ce qu'ils me disent, il n'y a pas de problème.
Apparemment, c'est même assez facile de remonter à 1948. Je peux
vous donner tout cela.
M. Giasson: On va simplifier cela. On va se limiter à
1977.
M. Garon: Non, non, on va dire la vérité à
la population et vous pourrez, quand on publiera qu'il y a tant de
crédits périmés en 1977/78, aussi montrer combien il y a
eu de crédits périmés dans les 30 dernières
années, à chaque année.
M. Giasson: C'est cela.
M. Garon: Alors, les gens verront la réalité...
M. Giasson: Je n'ai pas d'objection.
M. Garon: ... et ils verront ce que cela signifie.
M. Giasson: Je n'ai pas d'objection, mais examinons
l'année qui s'est terminée à la fin de mars.
M. Picotte: D'ailleurs, M. le Président, je pense que le
mandat que nous a donné l'Assemblée nationale, lorsqu'elle a
autorisé cette commission parlementaire, a été
d'étudier les crédits qui s'en viennent, en comparaison avec les
crédits qui viennent de se terminer. On demande tout simplement ces
chiffres au ministre; on est disposé à continuer l'étude,
programme par programme, élément par élément, quand
on aura ces chiffres.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, à voir l'attitude de
l'Opposition, je ne suis absolument pas surpris de voir de quelle façon
l'agriculture, au Québec, a toujours été
considérée sous un régime libéral. Actuellement,
l'Opposition agit exactement comme l'un de ces deux agriculteurs: un qui est
très prospère et dont le passé est le passé et qui
regarde vers l'avenir; tandis que l'autre, il fait beau ce matin, c'est le
temps de semer et il se demande comment il se fait qu'il n'a pas labouré
son champ l'an passé. Pourtant, toutes les semences sont achetées
et remisées dans le hangar et il n'est pas capable de semer, parce qu'il
n'a pas labouré. Mais, au lieu d'agir, il se demande encore pourquoi il
ne l'a pas fait l'an passé.
L'Opposition agit exactement ainsi; elle s'attarde à des
niaiseries je dirais au lieu de continuer...
M. Dubois: M. le Président, question de
règlement.
M. Baril: Je parle de l'Opposition officielle.
M. Dubois: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Un instant!
M. Dubois: C'est exactement ce que je demanderais au
député d'Arthabaska, de spécifier entre
parenthèses.
M. Baril: Je parle de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, un instant!
M. Baril: Je comprends très bien le député
de Huntingdon, et il me fait plaisir de spécifier...
M. Giasson: M. le Président, question de
règlement.
M. Baril: ... l'Opposition officielle.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, question de règlement.
M. Giasson: Quand le député d'Arthabaska se dit
surpris des demandes venant de l'Opposition officielle aux fins de savoir quel
est le montant des crédits périmés, l'Opposition
officielle pose exactement les mêmes questions que l'ancienne Opposition
officielle, qui était formée des représentants de son
parti, posait chaque année lors de l'étude des crédits.
Nous posons exactement le même geste que vos collègues posaient
depuis 1970, lors de l'étude des crédits; ils étaient
soucieux de connaître le montant des crédits périmés
dans différents ministères, entre autres au ministère de
l'Agriculture du Québec.
Il n'y a rien d'anormal, c'est la logique même. L'ancien ministre
de l'Agriculture ne s'y est jamais opposé, et ses fonctionnaires non
plus; ses collaborateurs, qui l'appuyaient, ont toujours consenti à
donner réponse à ces demandes formulées, chaque
année, par l'Opposition officielle du temps, qui était le Parti
québécois.
Je ne comprends pas le tour de rage que le
député d'Arthabaska vient de faire; c'est une
méconnaissance du phénomène de l'étude des
crédits. Il n'a qu'à s'informer auprès de ses anciens
collègues, alors qu'ils formaient l'Opposition, pour découvrir
que c'étaient exactement les mêmes questions qui étaient
posées à l'époque. Je crois que c'étaient des
questions logiques. Pour ceux qui ont à voter les crédits, c'est
bon de savoir de quelle façon ces crédits sont utilisés et
si on les utilise au maximum. C'est aussi simple que cela, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Quand on dit: Le député d'Arthabaska est
un "valseux", j'aime bien la valse mais aux endroits voulus. Je ne me suis pas
opposé aux demandes de l'Opposition; je me suis opposé à
son attitude. Là, elle est prête à arrêter la
commission jusqu'à ce que le ministre présente ses chiffres. Le
ministre nous a dit tout à l'heure qu'il était prêt
à reculer de dix ans en arrière, 20 ans si vous voulez, pour
apporter les chiffres. Cela va donner quoi d'attendre une heure, deux heures,
une journée? Je ne sais pas, moi...
M. Giasson: On n'a pas demandé 20 ans, M. le
député.
M. Garon: D'ailleurs, c'est prêt. M. Baril: ... pour
arriver...
M. Giasson: Donnez-nous l'année qui relève de vous,
de votre administration, de votre responsabilité. Après cela, on
ira voir en arrière.
M. Garon: II faut compiler les chiffres, ils ne le sont pas.
C'est ce que les fonctionnaires me disent. Que voulez-vous que je vous dise? Je
ne peux pas vous dire grand-chose de plus.
M. Picotte: De toute façon, M. le Président, cela
aurait dû être une chose qui aurait été donnée
dès le début...
M. Baril: ... de l'Opposition officielle. M. Picotte: ...
de l'étude de nos crédits.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Garon: Si vous voulez, vous le demanderez par question au
feuilleton à l'Assemblée nationale.
M. Giasson: On étudie les crédits du
ministère de l'Agriculture, M. le ministre, aujourd'hui. Ces
réponses, dans le passé, se donnaient lors de l'étude des
crédits.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
L'an passé, la question ne s'est pratiquement pas
soulevée.
M. Picotte: Si la question n'a pas été
soulevée l'an passé, c'est pour une raison bien simple, c'est
qu'on a considéré que le ministre de l'Agriculture, qui
défendait ses crédits pour une première fois, qui avait
à répondre à la fois d'une administration autre que la
sienne en partie et en partie la sienne... On a jugé tout simplement que
ces chiffres pourraient peut-être, à ce moment-là,
embêter le ministre; pas dans le sens qu'il n'était pas capable de
donner une réponse, mais dans le sens qu'on chevauchait deux
administrations différentes. Je pense que, cette année, on a eu
une administration avec le même ministre, il n'y a même pas eu de
changement de ministre à l'intérieur du ministère de
l'Agriculture...
M. Garon: On ne refuse pas de vous donner les chiffres.
M. Picotte: ... et je pense qu'il est normal qu'on ait les
chiffres et qu'on désire avoir les chiffres pour continuer
l'étude des crédits. C'est aussi simple que cela.
M. Baril: Qu'est-ce que cela vous donne d'attendre? C'est pour
retarder l'étude des crédits?
M. Picotte: Cela va nous permettre de faire des comparaisons.
Qu'est-ce que cela vous donne de savoir qu'on a voté, l'an passé,
$10 millions pour tel programme et qu'il s'en est dépensé $7
millions? Qu'est-ce que cela veut dire? Si cela ne vous dit rien, nous, cela
nous dit quelque chose. C'est aussi simple que cela.
M. Baril: M. le député de Maskinongé envoie
toutes sortes de folies non fondées. Ce n'est pas un...
M. Picotte: S'il y a une erreur de $100 000, je pense bien qu'on
ne fera pas de drame là-dessus. On veut savoir l'ordre de grandeur des
dépenses qui ont été effectuées. À ce
moment, je laisse le soin au député d'Arthabaska de penser ce
qu'il veut, mais qu'il laisse donc à l'Opposition le soin de penser ce
que l'Opposition pense. Ce qu'il veut démontrer avec une question
semblable... S'il a des questions à poser, nous n'avons pas d'objection,
M. le Président, pendant que...
M. Garon: On peut me permettre possiblement...
M. Picotte: C'est ce qu'on demande, une projection; on ne demande
pas cent par cent, on demande tout simplement un ordre de grandeur.
M. Garon: On ne fera pas de projection et on ne discutera pas sur
des approximations pour qu'ensuite on monte en épingle des chiffres qui
ne sont pas des chiffres véridiques. Des budgets, voyez-vous, on ne fait
pas cela à peu près, alors si vous avez voulu marcher à
peu près, dans votre temps, vous marchiez, mais moi, je ne marche pas
sur l'à peu près, on va avoir des chiffres tels qu'ils sont, pas
des chiffres approximatifs.
M. Picotte: M. le Président, si vous voulez marcher avec
des chiffres exacts, on attend vos réponses.
M. Garon: Que voulez-vous? Des explications? Que voulez-vous?
M. Giasson: Le total des comptes qui demeurent à payer, au
ministère de l'Agriculture, pour l'année financière qui
s'est terminée à la fin de mars. Cela doit être
comptabilisé quelque part; chaque secteur administratif, à
l'intérieur du ministère, doit connaître les comptes
payables, qui doivent être payés à même les montants
du budget qui a été voté l'an passé.
M. Garon: Les explications sont que, au gouvernement, il y a
cette comptabilité de caisse, alors que dans l'entreprise privée,
ce qu'on a c'est une comptabilité d'exercice, de sorte que ce qui entre
dans le budget d'une année, ce sont les sommes qui ont été
engagées au 31 mars. C'est pour cela que les chèques peuvent
être versés au cours du mois d'avril pour des dépenses qui
ont été faites avant le 31 mars. (11 h 15)
Dans l'exercice financier d'une entreprise privée, on n'a pas de
crédits périmés, parce qu'on a une comptabilité
d'exercice. Dans l'administration gouvernementale, parce qu'il y a une
comptabilité de caisse, on a engagé des crédits pour
l'année. Si les dépenses n'ont pas été faites avant
le 31 mars, n'ont pas été payées avant la fin du mois
d'avril, à peu près, à ce moment-là, les
crédits sont périmés, ils n'ont pas été
dépensés dans l'exercice de la comptabilité de caisse. Ce
n'est pas une comptabilité d'exercice, c'est une comptabilité de
caisse.
Ce qui arrive, c'est qu'on est passé parmi les premiers pour
l'étude des crédits du budget du ministère, ce qui
explique que ces données ne sont pas encore totalement
compilées.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: Je ne veux pas précipiter les choses, c'est bien
important, l'étude des crédits. On sait qu'il y a six lois
déposées à l'Assemblée nationale et les
cultivateurs attendent qu'elles soient votées pour en
bénéficier. Si l'Opposition officielle veut retarder
l'étude des crédits, c'est son droit.
M. Garon: ... au mois de mai ou au mois de juin.
M. Baril: Si l'Union Nationale est prête à
étudier les crédits, de notre côté, nous sommes
prêts.
M. Dubois: Les chiffres qui ont été demandés
tout à l'heure pourraient être fournis aujourd'hui, j'imagine?
Possiblement avant midi et demi?
M. Garon: Ce n'est pas que je ne veux pas les fournir, les
chiffres.
M. Dubois: Sans précision extrême, est-ce qu'ils
peuvent être remis dans un laps de temps assez court?
M. Garon: J'ai l'impression que pour avoir des chiffres
précis, cela n'ira pas avant la préparation des comptes publics,
c'est-à-dire dans trois semaines ou un mois. Ceci est pour avoir les
chiffres exacts. Sinon, nous allons parler sur des approximations.
M. Dubois: Quant à moi, je suis prêt à passer
au programme 1.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes prêts
à passer au programme 1? M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: À ma connaissance, je ne veux rien affirmer,
mais je pense que le ministre des Finances, lorsqu'il dépose ses
crédits, donne également une approximation des crédits
qu'il reste à dépenser. Il a donné une approximation pour
le ministère de l'Agriculture. J'imagine qu'il les a pêchés
quelque part, ces chiffres!
M. Garon: Non, non.
M. Picotte: Ou je vais mettre en doute les chiffres du ministre
des Finances. Cela lui a été sûrement fourni par quelqu'un,
quelque part.
M. Garon: II y a des chiffres qui sont clairs, on sait qu'ils
sont périmés. Par exemple, je vous disais tantôt que le
Centre de distribution des médicaments vétérinaires, de
$5,6 millions, est passé... Le Centre de distribution des
médicaments vétérinaires est entré à 100%
dans le budget, parce que le transfert n'était pas effectué. Vous
savez que le budget se prépare de longs mois à l'avance. On ne
savait pas exactement à quelle date il serait transféré.
Il l'a été au cours du mois d'avril. Cela veut dire que les $5,6
millions qui apparaissaient au budget pour le Centre de distribution des
médicaments vétérinaires, comme ils ont été
envoyés immédiatement à SOQUIA, ces $5,6 millions,
à toutes fins pratiques, ont été périmés.
C'est à peu près le montant au complet. Pour le montant qui avait
été prévu pour la modernisation des abattoirs, l'an
dernier, comme la loi a été adoptée au cours de
l'été, que le règlement a été adopté
au cours du mois de décembre et qu'on a commencé la vulgarisation
en janvier et février, à ce moment-là, il y a plusieurs
demandes... Les montants d'argent n'ont pas été
dépensés avant le 31 mars, de sorte qu'il arrive des
crédits périmés au point de vue de la modernisation des
abattoirs, de la même façon que l'année
précédente, il y avait encore plus de crédits
périmés là-dedans, parce qu'un délai avait
été accordé.
Je pense que ces crédits sont périmés, tout le
monde le comprendra. Également, un montant considérable de moins
a été dépensé pour les contrats des
ingénieurs. Je pense que ce sont $5,2... Nous avons changé le
système. On n'a pas donné de contrats d'ingénieurs comme
par le passé. Il est évident que le montant de $5 millions de
contrats d'ingénieurs qui n'a pas été
dépensé, c'est de l'argent qui a été
épargné, au fond. Au lieu de faire des plans de fermes, on aurait
entreposé. On n'a pas fait faire ces plans de ferme,
parce qu'il y avait une banque considérable. On a
préféré, à ce moment-là, faire faire les
travaux immédiatement par ceux qui voulaient faire du drainage
immédiatement dans la même année. À ce
moment-là, ce sont $5,2 millions de crédits périmés
et, au fond, c'est une bonne chose que les $5,2 millions soient
périmés, ce sont des plans qui n'auraient pas été
utilisés. On les utilisait en petites parties. Alors, qu'est-ce que cela
donnait de dépenser cet argent-là? Immédiatement, vous
pouvez y ajouter les $5,6 millions transférés du CDMV à
SOQUIA et les $5,2 millions pour des plans d'ingénieurs et un certain
montant dont je n'ai pas les chiffres précis, pour la modernisation des
abattoirs, qui a été retardée. Cette année, il va
sans doute y avoir un budget supplémentaire là-dessus, parce
qu'on va manquer de fonds, possiblement, en ce qui est prévu au budget
actuel. Alors, il faut quand même regarder le budget.
M. Picotte: M. le Président, je tiens à mentionner
que je prends bonne note que le ministre, malgré ses nombreuses
vantardises pour jeter de la poudre aux yeux aux agriculteurs
québécois, n'est quand même pas capable de répondre
à une question bien élémentaire. Dans le passé,
lors de l'étude des crédits, c'était une des
premières questions qui était posée par l'Opposition
officielle et nous avons eu quand même des réponses, à ce
moment-là, des différents ministres de l'Agriculture qui l'ont
précédé; je prends bonne note de cela en lui
soulignant...
M. Garon: II n'y a pas de problème. L'an prochain, on fera
les crédits au mois de juin. On ne fera pas les crédits au mois
d'avril...
M. Picotte: ... tout simplement que l'an prochain...
M. Garon: ... et vous aurez tous les chiffres qui sont
compilés pour l'année écoulée.
M. Picotte: ... c'est une des premières questions qui vont
revenir à l'étude.
M. Garon: À partir d'aujourd'hui, je fais des comparaisons
avec les années passées et on va faire enquêter sur les
années passées aussi. Vous voulez jouer ce "game" là, on
va le jouer "au coton"!
M. Picotte: On n'a pas d'objection à cela, on vous l'a
mentionné d'ailleurs. Excellente idée, oui. En plus je trouve
quand même curieux qu'on soit capable de faire des comparaisons et qu'on
ne soit pas capable de donner, dans l'immédiat, ce qui s'est
passé.
M. Garon: On va en faire, vous allez voir.
M. Picotte: M. le Président, pour vous prouver notre bonne
foi, je prends bonne note de cela et j'avertis le ministre que l'an
prochain...
M. Garon: On peut retarder la commission au mois de juin pour
avoir tous les chiffres, cela ne me fait rien et je suis prêt à le
faire.
M. Picotte: Là, c'est vous qui retardez la commission, M.
le ministre.
M. Garon: Je n'ai rien à cacher et je n'essaierai pas de
faire croire qu'on a quelque chose à cacher. Si vous voulez la retarder,
je fais l'offre publique qu'on la retarde au mois de juin en attendant que tous
les chiffres des comptes publics soient compilés, qu'il ne manque rien
et on peut reprendre à ce moment-là, si vous voulez. Je n'ai
aucune objection.
M. Picotte: M. le Président, je prends bonne note quand
même que le ministre n'a pas été capable de nous
répondre et je lui demande que l'an prochain, au moins, on puisse avoir
une réponse de ce côté-là.
On est disposé, je le pense bien, à commencer
l'étude des crédits programme par programme et
élément par élément.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Maskinongé. J'appelle donc le programme 1,
élément 1 : Recherche et enseignement. Élément 1 :
Recherche agricole. M. le député de Huntingdon.
Recherche agricole
M. Dubois: J'aimerais connaître le sort de la station de
recherche de Saint-Martine. On me dit que possiblement cette station va fermer
cette année. Présentement, on y fait de la recherche
appliquée dans les plantes de grande culture et j'aimerais savoir, du
ministre, s'il est vrai qu'elle va fermer et si c'est vrai, pour quelle raison
elle va fermer? La station de recherches de Sainte-Martine...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Je voudrais en connaître le sort.
M. Garon: Je comprends la préoccupation du
député de Huntingdon parce que quand je suis allé dans sa
région, les gens m'ont parlé de l'école de Sainte-Martine.
Les gens aimeraient bien la garder pour une vocation agricole. Je dois dire que
les sous-ministres regardent avec les fonctionnaires, actuellement, quelle
vocation serait possible, comment on pourrait utiliser ce bâtiment qui a
été utilisé pendant des années pour des fins
agricoles. On me dit qu'il est en bon état également.
M. Dubois: C'est plus que le bâtiment, ce sont les
fermes.
M. Garon: Oui, les terres.
M. Dubois: Parce qu'on y fait de la recherche appliquée
pour les semences de grande culture?
M. Garon: Oui, pour que tout cet ensemble
puisse être utilisé davantage par le ministère,
possiblement à des fins d'horticulture.
M. Dubois: Mais si la fermeture se fait, où va aller la
recherche appliquée pour les semences de grande culture?
M. Garon: II n'est pas question de la fermer. M. Dubois:
II n'est pas question de la fermer.
M. Garon: Non, il n'est pas question de la fermer.
M. Dubois: C'est parce que j'ai ouï-dire qu'on voulait la
fermer complètement.
M. Garon: Sainte-Martine est utilisée comme sous-station.
La station est à Saint-Hyacinthe. À ce moment-là, certains
travaux sont concentrés pour des fins d'efficacité à
Saint-Hyacinthe, mais Sainte-Martine continuera à être
utilisée comme sous-station de recherche.
M. Dubois: II n'est aucunement question de fermer cette
sous-station, ni d'arrêter les recherches appliquées. Est-ce cela?
Est-ce confirmé?
M. Garon: L'on me dit qu'actuellement, il y a plus de travaux qui
sont faits à Saint-Bruno près de Saint-Hyacinthe, qu'à
Sainte-Martine. Il peut arriver qu'à un moment donné,
temporairement, à Sainte-Martine il y ait une utilisation moins grande,
parce qu'on a fait des changements, des réaménagements.
Actuellement, il n'est pas question de fermer Sainte-Martine.
M. Dubois: Je pense qu'on sait tous que cette région a un
degré d'unité thermique un peu plus haut que Saint-Hyacinthe. Je
pense qu'il y a des variétés là-bas qu'il est
intéressant de continuer à étudier et à appliquer,
parce que la région de Saint-Hyacinthe a tout près d'une centaine
de degrés d'unité thermique de moins que la région de
Huntingdon, si on veut. Il y a certainement des variétés qui
seraient aptes à être cultivées dans la région de
Sainte-Martine qui ne seraient pas aptes à être cultivées
dans la région de Saint-Hyacinthe. C'est la raison pour laquelle
j'aimerais que cette station demeure ouverte et qu'on y continue la recherche
appliquée.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le ministre, quelles sont les
institutions qui profitent des crédits à la recherche
agricole?
M. Garon: Voici les promesses de subventions du Conseil de la
recherche et des services agricoles du Québec aux différentes
institutions universitaires du Québec pour 1977/78: Laval, 44 projets,
$650 375; McGill, 28 projets, $390 200; Montréal, 13 projets, $211 700;
les autres, l'Université du Québec, l'Université de
Sherbrooke ou d'autres institutions, 12 projets, $154 500, ce qui fait un total
de $1 406 775 pour 97 projets. (11 h 30)
M. Beauséjour: Merci.
Le Président (M. Boucher): Élément 1,
adopté?
M. Giasson: Non, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, j'aimerais savoir du ministre
de l'Agriculture le nombre de programmes de recherche qui sont prévus
pour l'année financière 1978/79 qui débute.
M. Garon: Actuellement, on a des demandes de recherche au
ministère. Parmi ces demandes, il y a une sélection qui va
être faite. On choisira celles qui vont être gardées, qui
vont être subventionnées et celles qui ne le seront pas. Le
montant prévu est de $1 550 000 pour l'année 1978/79 par rapport
à 1977/78.
M. Giasson: Ce $1,5 million...
M. Garon: $1 550 000.
M. Giasson: ... va s'appliquer à de la recherche qui se
fera extra muros à l'extérieur des plans de recherche du
ministère de l'Agriculture. Quels sont les crédits prévus
pour la recherche qui va être effectuée à
l'intérieur du ministère?
M. Garon: II faut que vous additionniez, à ce moment, ce
que vous avez à la page 5-2, fonctionnement et capital, $6 429 500 plus
$378 800. Vous arrivez au total de $6 808 300 pour 150 projets de recherche
à l'intérieur du ministère.
M. Giasson: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle est
la somme des crédits qui va être affectée au cours de cet
exercice à des programmes de recherche sur la santé animale?
M. Garon: Pour la santé animale, il y a des recherches qui
se font au ministère sur la génétique animale, mais pour
la santé comme telle, c'est du ressort de la faculté de
médecine vétérinaire, qui recevra des subventions.
M. Giasson: Nous avons eu l'occasion d'avoir un premier
mini-sommet agro-alimentaire.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Est-ce qu'on va consentir des sommes assez
importantes à la recherche en technologie alimentaire à
l'intérieur de ce cheminement qu'on veut faire du côté de
l'agro-alimentaire? Quelles sont les sommes qui seront affectées
à cela au cours de l'année?
M. Garon: Cela a commencé l'an dernier. Évi-
demment, les budgets ne sont pas encore élevés. L'an
dernier, il y avait un professionnel et deux techniciens. Cette année,
il y a trois professionnels, deux techniciens. Le budget est de $15 900 plus
les salaires des gens qui vont faire des travaux. Je pense que c'est un secteur
dans lequel il va falloir aller plus rapidement. Mais cela vient de
commencer.
M. Giasson: Mais, dans le secteur de l'agroalimentaire, est-ce
qu'on va confier des programmes de recherche à des universités,
fera-t-on de la recherche à l'extérieur des équipes du
ministère?
M. Garon: Oui. Là-dedans, il y a eu seize projets. Si on
redivise les mêmes montants que je vous donnais tantôt par
université, par secteur, par exemple: la production animale, la
production végétale, l'étude du sol, etc., d'une autre
façon par programme de recherche, alors on obtient pour la production
animale 28 projets pour $414 200; la production végétale, 31
projets pour $464 950; l'étude du sol, 17 projets pour $237 425; science
et technique alimentaire, 16 projets pour $197 200; économie, $93 000
pour cinq projets. Vous avez les subventions qui ont été
données aux universités et sous quel type de projets de recherche
elles sont accordées.
On a d'autres recherches qui se font au niveau du programme 5 avec des
entreprises qui n'entrent pas dans les sommes que je viens de mentionner.
M. Giasson: Des études économiques. Au programme 5,
est-ce que ce ne sont pas des études économiques?
M. Garon: Non, non. Je vais vous donner comme exemple
l'étude conjointe avec Catelli et des gens de l'Institut de technologie
agricole, à Saint-Hyacinthe, pour l'utilisation des saumures pour
qu'elles soient utilisées davantage et qu'il y ait une meilleure
utilisation au point de vue économique et moins de pollution pour
l'environnement. Il y a $100 000 pour cette étude.
M. Giasson: Est-ce qu'on va répéter, durant
l'actuel exercice financier qui commence, d'autres sommes pour continuer cette
étude sur l'utilisation des saumures?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Dans quel ordre de grandeur en chiffre?
M. Garon: Je ne parle pas des saumures en particulier.
M. Giasson: Non, c'est à un des éléments,
mais il peut y avoir également des recherches qui vont porter sur
d'autres secteurs que celui des saumures. Quelle somme prévoit-on
affecter à ces plans de recherche?
M. Garon: Je voudrais en parler lorsque nous serons à
l'élément 5.
M. Giasson: D'accord. L'an dernier, M. le Président, le
ministre nous avait fait part de recherches sur la mise au point d'un
concentrateur d'eau d'érable. Où en sont ces recherches? Est-ce
qu'on continue? Est-ce que les découvertes sont concluantes ou si c'est
encore à l'état de...
M. Garon: II a été expérimenté cette
année. Il est actuellement en essai dans une érablière du
territoire des Cantons de l'Est et des Bois-Francs, entre les deux, presque
à la limite des deux. Il est actuellement en phase
d'expérimentation. On aura les données. Comme c'est la
première année d'expérimentation, on aura les premiers
résultats au printemps.
M. Giasson: On n'a pas d'indication sur les capacités, sur
l'efficacité d'un tel concentrateur.
M. Garon: C'est de la mise au point technique qui se fait
actuellement. C'est un gros concentrateur dont on voulait réduire la
capacité parce que cela aurait été pour des milliers et
des milliers d'entailles. Ces gens voulaient le réduire pour qu'il soit
utilisé pour environ 10 000 entailles. Actuellement, ce qu'ils font est
une mise au point technique pour que ce concentrateur puisse être mieux
utilisé, c'est-à-dire être utilisable au Québec pour
un nombre d'entailles plus réduit. Mais, initialement, c'est un
concentrateur pour un très grand nombre d'entailles, je pense que c'est
au-dessus de 20 000.
M. Giasson: Mais, effectivement, dans l'expérience
vécue ce printemps, lors de la récolte de la sève, il a
été alimenté avec l'eau de combien d'entailles dans le
secteur où l'expérience se poursuit?
M. Garon: Quand nous étudierons le programme 5, si vous
voulez, on en parlera.
M. Giasson: D'accord!
M. Garon: C'est dans le programme 5.
M. Giasson: L'an dernier, M. le Président, il avait
également été question, lors des discussions sur
l'étude de ce programme, d'une possibilité de poursuivre la
recherche et l'expérimentation dans la fabrication d'instruments
aratoires par des entreprises québécoises. Est-ce qu'il y a eu
des développements dans ce secteur?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Quel est le cheminement parcouru?
M. Garon: Le cheminement a été principalement... Le
but, lorsqu'on fait les silos d'entreposage dans les différentes
régions, est de développer les connaissances technologiques et de
pouvoir utiliser davantage les matériaux québécois pour
faire les silos régionaux. C'est pour cela qu'au cours de l'hiver
dernier, et cela doit se continuer au cours du printemps et de
l'été, a
commencé la construction des silos à Sainte-Rosalie. Des
travaux ont été faits par des entreprises
québécoises dont la plupart travaillent dans le domaine des
silos. Elles ont été avisées des spécifications,
autant pour les centres régionaux que pour les entreposages à la
ferme, pour qu'on profite au maximum des retombées économiques de
ces sommes qui vont être dépensées, qui seront de l'ordre
d'à peu près $120 millions au cours des cinq prochaines
années, tant pour les entreposages à la ferme que pour les
centres régionaux, pour que le maximum des retombées se fasse au
Québec. Il y a eu des travaux de faits sur les silos, les convoyeurs,
les séchoirs qui entrent dans le programme de l'entreposage à la
ferme.
Si vous en parlez aux entreprises québécoises
actuellement, vous allez voir qu'elles tournent à pleine capacité
pour ce type d'équipement parce qu'on les a avisées qu'il y avait
des programmes, qu'il y aurait une demande plus forte. Tous ceux qui oeuvrent
dans le secteur ont été avisés et les services du
ministère ont travaillé avec eux pour qu'ils soient bien au
courant des spécifications. Il y a même des entreprises qui se
sont regroupées pour pouvoir présenter un silo complet. (11 h
45)
M. Giasson: Traditionnellement, puisque vous parlez de silo
à la ferme, les silos utilisés et érigés
étaient des produits très largement québécois;
c'étaient surtout des entreprises québécoises qui
fabriquaient les silos. On avait différents manufacturiers dans ce
secteur, mais, lorsqu'il avait été question de recherches
à mener...
M. Garon: C'est surtout, quand on parle de cela, dans le domaine
des céréales, pas dans le domaine des fourrages; le domaine des
céréales était moins développé au
Québec parce que l'entreposage était moins
développé au Québec. C'est surtout dans le domaine de
l'entreposage pour les céréales que les connaissances techniques
ont été développées et que la capacité de
fabrication des entreprises a été développée.
M. Giasson: Lorsqu'il avait été question de
poursuivre la recherche et d'apporter de l'aide, c'était surtout en vue
de découvrir une capacité que nous aurions au Québec de
procéder à la fabrication de machinerie agricole puisqu'on
considérait que des sommes très importantes étaient
dépensées chaque année par des agriculteurs
québécois dans l'acquisition de machinerie ou dans le
renouvellement de machinerie et qu'il s'agissait de produits qui étaient
très largement fabriqués à l'extérieur du
Québec. J'ai à l'esprit toute la gamme des instruments aratoires
que les cultivateurs se procurent pour l'exploitation de l'entreprise. Dans ce
secteur, est-ce qu'il y a des pas qui ont été faits ou si c'est
encore à l'état de projet et d'expectative?
M. Garon: Cela dépend des programmes. Dans le domaine des
tubulures, par exemple, on a subventionné, cette année, quand il
y a de la pose de tubulures, seulement ceux qui se procuraient de la tubulure
fabriquée au Québec. Je pense que ce sont des fonds qui viennent
de l'ensemble des citoyens et il y a des retombées économiques
pour l'ensemble des gens. On a demandé que les gens prennent leurs
tubulures au Québec; autrement, on ne les subventionnait pas.
M. Giasson: C'est en matière de subvention, mais si on
parle de la recherche à l'endroit de l'entreprise qui pourrait
s'orienter dans la fabrication d'instruments et de machinerie agricoles.
M. Garon: Je dois dire que ce que vous mentionnez ici, c'est dans
nos préoccupations, mais c'est le rythme des travaux qu'il faudra
accélérer dans ce secteur. On a commencé par les domaines
où on dépensait le plus d'argent, par les matières sur
lesquelles on pouvait avoir un certain contrôle, par exemple le nombre
des subventions dans l'entreposage, mais il est évident que, dans
d'autres secteurs, comme les secteurs de l'équipement de ferme, il
faudra aller plus loin. Je dois dire qu'il y a des pourparlers avec une
entreprise pour fabriquer certains types d'équipement, mais je ne peux
pas mentionner cela avant que ces pourparlers soient plus
concrétisés. Plutôt que de répandre des rumeurs...
Disons que c'est une préoccupation de voir à ce qu'il y ait plus
d'équipement fabriqué ici.
M. Giasson: C'est une préoccupation, mais est-ce que cela
peut déboucher sur une action concrète?
M. Garon: Vous connaissez le rythme. Ceci fait partie des
domaines sur lesquels je pousse, mais...
M. Dubois: Ce serait seulement un voeu pieux que de vouloir avoir
une manufacture de moissonneuses-batteuses ici, ou de tracteurs, ou de presses
à foin, ou de... Je pense qu'il faut oublier cela.
M. Garon: Non, je pense qu'on n'est pas rendu là, pas dans
ce domaine-là. C'est plutôt dans le plus petit équipement,
sur des quantités importantes; on pourrait les développer ici,
mais il y a des types de choses auxquelles on ne peut même pas penser.
Mais il y a un autre projet actuellement. Il y a des choses en voie
d'être faites, mais encore en pourparlers, je ne pourrais à ce
moment-ci en dire davantage. Il y a des secteurs dans lesquels on travaille
avec des entreprises pour pouvoir fabriquer ici des équipements qui sont
nécessaires aux agriculteurs, mais je pourrai vous en dire plus
peut-être l'an prochain.
M. Giasson: Dans un autre domaine qui touche l'agriculture,
est-ce qu'il se poursuit des recherches dans la fabrication, pour une meilleure
utilisation du compost ou l'opération du compostage? Est-ce qu'on fait
des recherches de ce côté?
M. Garon: Oui, j'ai eu des rapports des travaux qui se font sur
l'utilisation du fumier, et je vais vous dire une chose; notre problème,
c'est que les
chercheurs entreprennent des recherches sur les serres et
là-dedans on est un peu victime de l'incurie des années
passées, parce que des chercheurs, quand on n'en n'a pas
créé pendant des années, cela ne tombe pas du ciel comme
par enchantement, même si on voudrait qu'il y en ait. À ce moment,
il faut y aller le plus rapidement possible, mais les connaissances techniques,
cela s'acquiert lentement. On peut bâtir une école, on peut faire
des murs en béton de l'école, c'est facile mais les gars qui y
enseignent ou les chercheurs vont n'avoir que le bagage de connaissances qu'ils
ont acquises au cours des années.
Si, pendant des années, on n'a pas fait de recherche dans des
secteurs comme ceux-là, je vous dis franchement qu'à ce moment
les chercheurs que vous mettez là-dedans, vous n'en avez pas beaucoup.
Même, dans certains domaines, on pense à faire comme les
Américains, à aller les chercher à l'étranger et
à les amener ici, cela coûtera ce que cela voudra. Dans certains
secteurs, il va falloir penser en ces termes, parce qu'il ne s'est rien fait
dans le passé. Nos connaissances technologiques sont peu
développées dans certains secteurs. Les secteurs que vous
mentionnez sont des secteurs où il y a eu peu de recherche au
Québec mais où il y aurait dû y en avoir. J'ai
demandé qu'on fasse des études là-dessus, mais je dois
dire que c'est avec une certaine impatience que je vois avancer cela
lentement.
Une voix: Pour ceux qui ne l'ont pas entendue, elle n'est pas
drôle.
M. Garon: Elle n'est pas mal, et on vous a parlé d'un
certain type de recherche, mais je pense qu'il est peut-être mieux de ne
pas en parler trop pour n'ameuter personne.
M. Giasson: Pour ne pas ameuter... M. Garon: Oui.
M. Giasson: Je comprends difficilement que la recherche puisse
créer un émoi aussi intense.
M. Garon: Non, je vais vous dire un mot, il se fait un certain
type de recherche pour que certains fumiers qui ne sont pas
décomposés puissent servir à l'alimentation, pas humaine,
mais à l'alimentation du bétail. Il y a des travaux qui se font
là-dessus, sur différentes formes d'utilisations. C'est un des
secteurs où il faut intensifier les travaux mais les connaissances de
nos chercheurs dans ces secteurs sont peu avancées. Il faut l'admettre
clairement, ce sont des domaines où nos connaissances sont peu
avancées parce que cela n'a jamais été un sujet de
préoccupation véritable. La recherche, c'est comme un
héritage, et l'héritage a été bien maigre dans ce
secteur, mais il va falloir accélérer les travaux.
M. Giasson: II faut nécessairement déboucher sur la
recherche et cela dans tous les secteurs de l'activité. Mais est-ce
qu'il faut comprendre que cette faiblesse chronique à laquelle fait
allusion le ministre est conditionnée par une absence de formation de
chercheurs, ou de recherchistes ou par une incapacité de consacrer les
crédits ou les sommes nécessaires pour poursuivre la recherche?
Où est la faiblesse exactement dans le champ de la recherche?
M. Garon: Ce sont les hommes. M. Giasson: Ce sont les
hommes.
M. Garon: Donnez-moi les hommes. On n'a jamais manqué
d'argent. On n'a jamais manqué de fonds pour ces choses-là, mais
on a manqué d'hommes. Où sont nos spécialistes, dans le
domaine des fumiers? Dans l'utilisation des fumiers? Dans le compostage?
Où sont-ils? Nommez-les moi et je vais aller les chercher tout de
suite.
M. Giasson: Je ne sais pas si vraiment il y a une absence totale
d'hommes, mais je me souviens fort bien qu'il y a déjà des
années, il y avait, à La Pocatière, à la station de
recherche, des gens qui avaient commencé à faire des recherches
de ce côté. Je me souviens d'un M. Alarie, entre autres de
son prénom Jean, je pense Albert Alarie, qui aurait pu, à
mon sens, compte tenu de son goût personnel et de l'effort soutenu qu'il
voulait mettre, si on l'avait appuyé au plan financier, j'ai
l'impression que cet homme, entre autres, aurait pu vraiment poursuivre dans le
champ de la recherche, des activités, il y a déjà quinze
ans, peut-être vingt ans même. Mais qui n'a pas voulu l'appuyer? Je
ne peux pas mettre des noms sur le ou les responsables de cette situation, mais
c'est pour vous indiquer tout de même qu'il y avait des gens qui se
préoccupaient de la recherche et qu'ils avaient un esprit tourné
vers des travaux qui pouvaient déboucher sur des résultats
concrets. C'est pour cela que je déplore...
M. Beauséjour: ... de trouver des nouveaux et de les
encourager. Il s'agit d'en trouver.
M. Giasson: ... d'entendre le ministre nous dire qu'il n'y a
jamais personne qui a voulu s'intéresser à la recherche au
Québec.
M. Garon: Non, je n'ai pas dit qu'il n'y avait personne. Je
disais qu'on n'a pas développé beaucoup de chercheurs dans le
domaine du compostage au Québec, dans le passé, de sorte
qu'aujourd'hui, on n'en n'a pas beaucoup. Quand on veut faire
accélérer les recherches, on met du monde pour chercher, mais
quand le nombre de personnes qu'on peut trouver est limité... Quand vous
arrivez dans le domaine des économistes agricoles, par exemple, on a
besoin d'économistes au ministère, on les cherche, et il n'y en
n'a pas beaucoup. Pourquoi? Si vous voulez, c'est une donnée
réelle qui existe à l'heure actuelle. Je vous dis, sans nommer de
nom... À un moment donné, quelqu'un me disait un dirigeant
important du Parti libéral : "Vous êtes ministre de
l'Agriculture, c'est un ministère qui coûte plus cher qu'il ne
rapporte." Je pense que c'est cela qui fut le reflet
pendant des années. On disait: L'agriculture coûte plus
cher qu'elle ne rapporte, alors que c'était l'industrie la plus
importante au Québec, deux fois plus importante en production primaire
et secondaire que le secteur des terres et forêts et des papiers, mais on
n'a jamais investi d'argent dedans, véritablement, on n'a pas investi
dans les hommes non plus.
Dans les recherches, il y a des sommes qu'on aurait dû investir et
aujourd'hui, que voulez-vous? Même si on voulait, il y a des
pénuries, on manque de monde. Il va falloir donner un coup.
M. Giasson: C'est capital, selon vous M. le ministre, de donner
un coup de barre?
M. Garon: Je pense que le secteur le plus important...
Il y a deux secteurs qui sont les plus importants dans le
ministère de l'Agriculture; ce sont les recherches agro-alimentaires et
les recherches économiques.
À mon avis, ce sont les deux secteurs les plus importants.
M. Giasson: À la suite de votre affirmation, est-ce que
vous êtes prêt à aller chercher les hommes ou les personnes
ressources là où ils sont?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: À quel moment vous allez procéder dans
ce sens?
M. Garon: C'est de les trouver! M. Giasson: Les
recherchez-vous?
M. Garon: Oui, je cherche depuis six mois des économistes
agricoles, pour vous donner un exemple, il n'y en a quasiment pas.
M. Giasson: Parce qu'il y a quelques moments, vous avez dit que
notre pays voisin, les États-Unis d'Amérique mettaient le prix
pour aller chercher des bons hommes là où ils étaient dans
le monde.
M. Garon: Les Américains mettent de l'argent dans
l'agriculture depuis des années. Eux avaient compris cela. (12
heures)
M. Giasson: S'ils en trouvent, il en existe. Il s'agit
peut-être de les concurrencer à ce niveau, mais s'il y a une
volonté réelle, cela se fera.
Combien de recherchistes de l'extérieur le ministère
est-il prêt à aller chercher d'ici deux ans? Quels sont les
efforts que le ministère entend faire de ce côté?
M. Garon: L'utilisation des fumiers est un des secteurs que j'ai
demandé aux fonctionnaires de regarder, pour qu'on développe les
travaux dans ce secteur, parce qu'on a des fumiers en quantité
considérable au Québec, à cause des productions animales
qui ont augmenté beaucoup au cours des dernières années,
particulièrement depuis deux ans. C'est un des secteurs où j'ai
demandé que les travaux soient accélérés. Cela ne
va pas vite, et je vais vous dire pourquoi, à part cela. Quand vous avez
besoin d'un homme, avec le "mautadit" système de la fonction publique,
cela prend des mois pour engager quelqu'un, cela prend des avis dans les
journaux. C'est un système de fous, je vais vous le dire bien
franchement. Je n'ai jamais vu une administration gouvernementale avec des
règlements... À un moment donné, vous êtes
enragé, certaines journées, de voir les règlements qui
font que même si vous voulez combler des postes, cela prend des mois pour
le faire avec le système actuel d'engagement. Dans un secteur où
on veut développer des travaux dans ce sens, actuellement, je dois vous
dire que j'ai demandé aux fonctionnaires de regarder ce qu'on pourrait
faire pour développer les recherches dans ce secteur, parce que je pense
que le secteur des fumiers est un des secteurs importants, parce qu'on en a
beaucoup au Québec. On a une concentration. Ce n'est pas comme dans
d'autres pays. J'ai même demandé de regarder ce qui se faisait
ailleurs.
Prenons le domaine du porc, il y a 2,6 millions de porcs au
Québec et on est pris avec des problèmes de fumier de porcs. Par
ailleurs, je regarde les autres pays et, dans mes lectures de chevet, j'ai lu
qu'au Danemark il s'élevait 8 millions de porcs. Et le Danemark n'est
pas plus grand que le Québec. Il doit faire quelque chose avec son
fumier. Avez-vous regardé ce qui s'est fait ailleurs?
M. Giasson: C'est légèrement plus petit.
M. Garon: J'ai demandé ce qui se faisait au Danemark. Que
fait-on avec le fumier de porc? Personne ne le savait trop. On a des terres
plus petites, l'élevage y est plus restreint. On n'a pas des
élevages aussi considérables que ceux que nous avons ici, des
concentrations d'élevage dans des unités de production beaucoup
plus larges. En Allemagne, par exemple, il y a des règlements qui disent
qu'on ne peut pas élever plus de porcs sur une ferme qu'on ne peut
étendre de fumier sur cette terre. Évidemment, cela limite les
unités de production. Il y a des unités de production plus
petites. Il faut regarder ce qui se fait ailleurs. Je vous dis franchement que
l'état des recherches...
J'ai posé des questions comme celles-là et on n'avait pas
les réponses. Normalement, on aurait dû les avoir à la
portée de la main. On aurait dû déjà se
préoccuper de ces questions. Les résultats n'étaient pas
là. Il ne faut pas se faire d'illusions. Il faudrait voir ce qu'on a
fait dans d'autres pays. J'ai demandé qu'on regarde aussi, étant
donné qu'on a une concentration des entreprises, on pourrait sans doute
trouver une utilisation industrielle pour ces fumiers. Ce sont des
quantités considérables.
M. Giasson: Cela crée des problèmes sérieux
pour l'environnement, dans certains secteurs du Québec.
M. Garon: Cela crée des problèmes sérieux
pour l'environnement. Surtout que je suis certain qu'on pourrait faire quelque
chose d'utile avec ces fumiers. Cela progresse lentement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le ministre, à l'intérieur de votre
budget de recherche, je voudrais savoir quel montant vous allez consacrer
à l'étude de la culture de légumes en serres? Y a-t-il un
montant fixe à l'intérieur de ce programme?
M. Garon: II y a actuellement un contrat de $4900 avec le centre
de recherche industrielle du Québec. On doit faire le tour de la
documentation qu'il y a dans le monde sur les serres: les types de serres, les
modèles de serres, celles qui sont le plus utiles.
On doit faire aussi des travaux, et il y a même des travaux qui se
sont faits au ministère sur des types polyvalents de fournaises qui
pourraient utiliser différents types de matériaux combustibles
pour chauffer. Mais, il y a quelques jours, on me disait que le
ministère était allé aussi loin qu'il le pouvait; il
faudrait que ce soit un autre organisme. J'ai communiqué avec le Centre
de recherche industrielle du Québec en fin de semaine pour qu'on puisse
avoir une rencontre pour en savoir plus sur certains types de travaux comme
ceux qu'on pourrait faire faire sur les fournaises j'ai
déjà commandé les serres et expérimenter le
prototype qui aurait le moins de perte de chaleur. On doit faire le tour de
cette question un midi de cette semaine. Il y a déjà des contrats
qui ont été accordés, parce qu'il faudra donner des
contrats, mais la documentation sur les serres, les types de serres dans le
monde, la revue systématique de tout ce qui se fait dans le monde est
à la veille de donner ses résultats concrets et de nous
révéler ce qu'on a, s'il y a quelque chose ou s'il n'y a pas
mieux qu'ici.
M. Dubois: Avec $4900, la recherche n'ira pas bien loin.
M. Garon: Non, c'est une recherche...
M. Dubois: D'accord, mais il faut que cela aille plus vite et
plus loin.
M. Garon: Cela va vite, il y a un contrat de deux mois et on
sort, à ce moment-là, il y a une étape de faite, on a
ramassé toute la documentation là-dessus. Ensuite, on fait une
deuxième étape, et c'est là parce que cette
première étape est assez avancée que je dois
rencontrer les gens du CRIQ, car ils sont à préparer le contrat
de la deuxième étape. À la deuxième étape,
on va expérimenter les modèles de serres dont on essaiera de
corriger les pertes d'énergie, et c'est encore un contrat qui n'est pas
sur vingt ans, mais sur quelques mois.
Il n'y a pas que cela dans la recherche sur les travaux en serre; il y a
la serre comportant le moins de perte de chaleur possible; il y a le
développement des types de fournaises pour utiliser les résidus
qu'on a au Québec en grandes quantités; si on pouvait utiliser,
par exemple, le bran de scie, les écorces, la vieille huile de garage,
etc., différentes choses comme cela, au lieu d'avoir de la pollution, on
en ferait l'utilisation.
M. Dubois: Vous parliez du manque d'experts tout à
l'heure, mais je pense qu'il faudra aller chercher ces gens-là à
l'extérieur, parce que c'est urgent.
M. Garon: On est capable de faire ces travaux, mais la culture en
serre elle-même comporte des problèmes, il y a les
différents types de maladies qui peuvent se développer à
l'intérieur d'une serre, il faut savoir comment éviter des pertes
de récolte à l'intérieur d'une serre? Les
spécialistes, pour les connaissances techniques, pour la culture
elle-même pas pour la serre et le chauffage de la serre il
faudra les importer.
M. Dubois: Des experts dans le monde. Vous aviez l'ambassadeur de
la Russie ici la semaine dernière, je crois, il pourrait nous envoyer
des experts de là-bas, parce qu'il y a des serres aussi en Russie et le
climat...
M. Garon: Dans les recherches que la CRIQ a faites, on s'est
rendu compte que les Russes n'étaient pas tellement avancés.
M. Dubois: Non, mais ils ont quand même plus de serres que
nous.
M. Garon: Ils ont fait venir les Hollandais pour leur montrer
quoi faire.
M. Dubois: Je ne voudrais pas avoir les Russes ici, mais il y a
quand même des pays qui ont développé...
M. Garon: Ce serait peut-être aussi bien d'aller voir les
Hollandais, d'aller voir le professeur plutôt que
l'élève.
M. Dubois: Si on regarde vers la France, vers la Hollande ou la
Belgique, elles ont quand même de l'expertise en serres qu'on n'a pas
ici. Il est temps qu'on fasse quelque chose.
M. Garon: C'est ce qu'on pense. Il faudra aller chercher des gens
qui sont plus connaissants.
M. Dubois: En plus, il existe présentement en Ontario une
serre à chauffage solaire qui est en activité. Je pense qu'il
serait intéressant d'envoyer là-bas un fonctionnaire de notre
ministère.
M. Garon: Le Centre de recherche industrielle du Québec
est allé en Ontario. Cela fait partie des choses qu'il regarde
actuellement pour des types de serres.
M. Dubois: Et le budget de cette année est de $4900.
M. Garon: Non, c'est le contrat qui a été
donné.
M. Dubois: Mais quel est votre budget cette année pour
cette recherche?
M. Garon: On a fait des demandes ad hoc pour des choses comme
cela et on doit faire une prochaine demande. Celle qui portait sur la
première recherche bibliographique, si on veut, toute la documentation
sur les serres, pour voir ce qu'il y avait, c'était une recherche de
$4900; la prochaine sera une recherche d'environ $20 000 pour
expérimenter un modèle. On n'a pas prévu de montant
spécifique là-dessus, mais on fait les demandes ad hoc, avec des
virements de crédit. Il faut quasiment attendre la fin d'une recherche
pour savoir le pas suivant qu'on va faire.
Alors, actuellement, ce sont des recherches qui avancent, mais... Quand
je parlais de la recherche sur la fournaise, par exemple, le ministère
est allé jusqu'où il pouvait aller. Il faut maintenant aller vers
un autre organisme, qui est le Centre de recherche industrielle, qui pourrait
faire l'autre pas. L'an dernier, on a fait des recherches sur la fournaise au
ministère; maintenant, on va faire un contrat. C'est pour cela qu'on va
rencontrer les gens du Centre de recherche industrielle cette semaine ou la
semaine prochaine pour développer et mettre au point cette
fournaise.
M. Dubois: J'imagine qu'il y a plusieurs recherches qui peuvent
se faire conjointement si on regarde...
M. Garon: Oui, mais on pourra...
M. Dubois: ... les fournaises, la structure des serres et les
maladies dans les serres. Enfin, ce sont toutes des recherches qui peuvent se
faire conjointement sans attendre qu'un programme soit terminé avant
d'en commencer un autre.
M. Garon: C'est ce qui se fait aussi.
M. Dubois: J'ai hâte, moi, qu'on ait des connaissances
approfondies, dans les serres, de tous les domaines.
M. Garon: Oui, je vais vous dire que, dans un an et demi, on n'a
pu devenir des champions dans les serres, alors qu'on n'en avait quasiment pas.
On n'est pas venu au monde grand comme on est là, cela prend un bout de
temps. Je pousse au maximum pour que cela aille le plus rapidement possible.
J'ai parfois l'impression d'être plutôt un "pousseur" qu'un
ministre, parce que je passe mon temps à pousser pour que cela
accélère.
M. Dubois: D'accord. J'ai terminé, M. le
Président.
M. Garon: Je vois le député de Montmagny-L'Islet
qui sourit, il me comprend.
M. Giasson: Je vous vois derrière un pousse-pousse.
Le Président (M. Boucher): Alors, élément 1,
adopté?
M. Picotte: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Élément 2.
Enseignement agricole
M. Picotte: M. le Président c'est l'enseignement
agricole, cela? L'an dernier, on a effleuré quelque peu ce sujet.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que tous ceux qui faisaient partie de cette
commission parlementaire semblaient d'accord pour dire que l'enseignement
agricole dans les écoles qui offrent cette option devait être
repensé. À ce moment-là, le ministre avait dit, à
juste titre d'ailleurs, qu'il s'apprêtait ou avait rencontré le
ministre de l'Éducation dans le but de discuter de la formation d'un
comité conjoint entre le ministère de l'Agriculture du
Québec et le ministère de l'Éducation du Québec,
concernant cet enseignement agricole. On est même allé plus loin,
M. le Président, en mentionnant que dans plusieurs écoles au
Québec, les orienteurs semblaient même, à plusieurs
occasions, décourager les jeunes qui voulaient s'orienter vers cette
option agricole.
J'aimerais que le ministre fasse le point des discussions qu'il a pu
avoir avec le ministre de l'Éducation. J'aimerais aussi que le ministre
nous mentionne si, à ce jour, il y a eu des discussions pour que les
spécialistes de l'agriculture, qui relèvent dans le
domaine scolaire du ministère de l'Éducation du
Québec, relèvent une fois pour toutes du ministère de
l'Agriculture qui s'y connaît dans ce domaine. J'aimerais que le ministre
nous brosse un tableau des discussions qui ont pu avoir lieu à ce sujet
et nous dise s'il y a eu des améliorations depuis l'an dernier.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Tant que l'Union des producteurs agricoles va demander
que l'enseignement agricole demeure au ministère de l'Éducation,
il va être difficile de changer cela. L'agriculteur, individuellement,
souhaiterait que ce soit sous la direction du ministère de
l'Agriculture, mais l'association officielle des agriculteurs, l'Union des
producteurs agricoles c'est sa position officielle souhaite que
cela demeure sous la direction du ministère de l'Éducation. Je
pense que si les agriculteurs ne sont pas satisfaits du système actuel,
leur première représentation devrait être faite
auprès de leur association professionnelle, premièrement. (12 h
15)
Deuxièmement, sur le sujet que vous mentionnez, il y a un
comité conjoint qui a été formé
entre le ministère de l'Agriculture et le ministère de
l'Éducation qui fait une revue des programmes et de la situation de
l'enseignement agricole dans les écoles publiques qui sont sous la
responsabilité du ministère de l'Éducation et ce
comité a commencé à faire certaines recommandations
concernant les programmes. Il est en train actuellement de faire son
travail.
M. Picotte: De toute façon, il y a une nouvelle
philosophie, je pense bien, qui doit être repensée dans ce
domaine, et je pense que le ministre de l'Agriculture en est conscient.
M. Garon: L'enseignement dans les écoles publiques, comme
dans les polyvalentes, même dans les cégeps, ce n'est pas un
enseignement qui a été, j'ai bien l'impression,
considéré comme enseignement essentiel. C'est pourquoi je ne suis
pas convaincu qu'on a toujours eu le souci que l'enseignement agricole
donné dans ces institutions soit le meilleur enseignement possible. Je
ne parle pas au niveau du ministère, mais au niveau de chacune des
écoles.
M. Picotte: Au niveau du milieu.
M. Garon: Oui et je pense qu'on n'a pas toujours... Je ne parle
pas pour tout le monde, mais j'ai entendu énormément de critiques
sur la qualité des gens qui donnaient des cours en agriculture dans ces
institutions. Je pense que cela a été une des lacunes qui a
été le plus souvent mentionnée. Je dois dire que j'ai vu
à plusieurs reprises des agriculteurs qui m'ont dit avec beaucoup de
tristesse que souvent, envoyer leurs enfants dans les institutions, amenait
pour eux la perte du goût de l'agriculture. Quand il y avait des enfants
qui voulaient prendre leur relève, après être allés
dans ces institutions, au contraire, ils voulaient se diriger ailleurs, parce
qu'on ne sentait pas dans les écoles la valorisation de la profession
d'agriculteur. C'est peut-être sans doute pourquoi ces hommes, ces
agriculteurs, qui ont vécu ces problèmes, ont demandé de
me rencontrer. J'en ai rencontré déjà un certain nombre,
individuellement ou en petits groupes; ils souhaitaient que cet enseignement
agricole soit sous la direction du ministère de l'Agriculture parce
qu'ils se disaient: À ce moment, le ministère de l'Agriculture va
revaloriser cet enseignement. Par ailleurs, il y a l'autre école de
pensée qui dit que, comme l'agriculteur vit dans l'ensemble de la
société, il doit suivre ses cours avec les autres
étudiants en ayant ses options à lui. C'est dans cette
perspective qu'on a formé un comité pour essayer
d'améliorer l'enseignement agricole dans les polyvalentes et dans les
cégeps, et le comité a fait des recommandations pour
l'enseignement aux adultes, qui est une des parties de son mandat, et il a
commencé à faire des recommandations au ministère de
l'Éducation pour les fins d'amélioration de l'enseignement
agricole.
M. Picotte: Je pense, M. le Président, que du
côté de l'enseignement des adultes, l'éducation permanente,
qu'on appelle, il reste évidemment quelques lacunes parce qu'on
ne peut jamais dire qu'un système est parfait mais il reste quand
même qu'au niveau des adultes, je pense que c'est à ce niveau de
l'éducation qu'on retrouve peut-être le plus de
spécialistes, et souvent le niveau des adultes va faire abstraction de
questions de diplômes ou d'obligations chez les professeurs, et on va
aller chercher des gens du milieu pour donner justement des cours de
spécialisation ou autres à nos agriculteurs. Je pense que de ce
côté, il y a quand même un enseignement de valeur, en tout
cas, à ma connaissance. Là où il y a une lacune, c'est du
côté des jeunes. Je suis un peu d'accord moi aussi pour ne pas
dissocier le jeune qui veut s'en aller dans l'option agricole, pour ne pas le
dissocier tout simplement de l'école publique. Je suis un peu d'accord
pour qu'on le laisse à l'intérieur de cette école
publique. Nos spécialistes sont quand même rares; avec les
exigences que le ministère de l'Agriculture peut avoir, rares sont les
jeunes qui sortent des cégeps aujourd'hui et qui sont
spécialisés dans l'option agricole comme telle. C'est pour cela
qu'on se retrouve avec des enseignants qui enseignent l'option agricole et qui,
bien souvent, l'année auparavant, enseignaient les arts plastiques, ou
les mathématiques. Je pense que c'est de là que vient cette
lacune.
Au niveau des orienteurs, j'ai eu l'occasion de discuter quelque peu
avec certains orienteurs et on me mentionne que ce n'est peut-être pas
nécessairement le désintéressement de la part des
orienteurs à favoriser l'accès à cette option agricole au
jeune issu de la terre paternelle, mais que c'est surtout le manque de
connaissance et le manque de rencontre avec le milieu agricole et les
spécialistes.
Dans ce domaine, le ministère pourrait s'engager au moins
à donner une certaine formation de base, par l'entremise de
l'association des orienteurs, ou qui que ce soit, pour que ces gens aient quand
même plus de données, plus de matière pour orienter le
jeune comme il se doit vers nos options agricoles, et non pas lui laisser voir
que c'est presque perdre sa vie s'il s'en va dans ce domaine. Je pense que
cette conception est fausse au point de départ.
J'apprécierais qu'il y ait une démarche faite par le
ministère de l'Agriculture et le ministère de l'Éducation
et peut-être aussi par les représentants des orienteurs du
Québec pour qu'une insistance soit plus marquée de ce
côté. On remarque cela dans nos polyvalentes, à tous les
ans, au printemps généralement, on fait ce qu'on appelle une ou
deux journées d'orientation. À l'intérieur de ces
journées d'orientation, on a une foule de spécialistes qui
viennent entretenir nos étudiants, sur le domaine industriel, sur le
domaine professionnel, sur tous les domaines et la lacune reste encore au
niveau de l'agriculture. Sans vouloir poser une question au ministre sur cela,
parce que je sais qu'il y a des efforts qui se font, j'apprécierais
quand même qu'une insistance soit faite du côté des
orienteurs pour les mettre en relation le plus possible avec les
spécialistes du ministère, avec
les spécialistes du milieu aussi, par le biais de nos bureaux
régionaux et nos bureaux locaux d'agriculture, pour qu'il y ait une
relation qui permette aux orienteurs de faire voir le côté de la
médaille qui est quand même alléchant. Il ne faut pas non
plus les bourrer, mais faire voir le côté alléchant de la
profession d'agriculteur.
C'est un voeu que je formule et je suis persuadé que cela vient
corroborer ce que plusieurs de mes collègues pensent, ici même,
à cette table.
En ce qui concerne l'enseignement agricole, mes questions sont
terminées. Tout ce que j'espère, c'est qu'il y ait une suite aux
indications que je viens de donner. Je sais que c'est une préoccupation
du ministère. Je félicite d'ailleurs les gens du
ministère, ainsi que le ministre, pour ce qu'ils ont fait jusqu'à
présent pour promouvoir cela; mais, à mon avis, je pense qu'il
faudrait y aller encore plus à fond de train dans ce domaine, au moins
du côté sensibilisation, du côté renseignement
à ces orienteurs, qui doivent renseigner notre population
étudiante qui ne demande pas mieux que d'être renseignée
adéquatement.
M. Garon: Au fond, ce que vous me demandez, c'est d'orienter les
orienteurs. La meilleure façon de le faire sera de développer
l'agriculture. Tant qu'on dira que l'agriculture est un métier de
crève-faim, que l'agriculture est dans le marasme et qu'il n'y a pas de
développement agricole au Québec, les jeunes qui écoutent
ce qui se passe n'auront pas beaucoup d'engouement pour l'agriculture.
Je pense que le travail que fait le gouvernement actuellement, travail
de valorisation de l'agriculture qui indique, par ses politiques, qu'il veut
faire de l'agriculture un domaine de développement, je pense que ce
travail va faire plus pour développer l'agriculture et inciter les
jeunes à s'y engager que n'importe quel cours qu'on puisse donner aux
orienteurs.
M. Picotte: Ce n'était pas dans le sens que je l'ai
mentionné. Ce que je veux dire, c'est que lorsqu'un étudiant se
rapporte à son orienteur, à l'intérieur de son
école, s'il veut avoir des explications ou simplement une discussion
franche avec son orienteur au sujet de l'option agricole, à ce moment,
j'ai nettement l'impression, après avoir discuté avec des
orienteurs, qu'ils sont dépourvus devant les questions
d'étudiants dans ce sens et ils ne savent vraiment pas où donner
de la tête et quoi leur dire. Je pense que c'est une lacune de base,
souvent. Si on corrigeait cela, je sais que cela ne corrigerait pas toute la
situation mais, vous savez, un étudiant qui arrive devant son orienteur,
lui pose des questions et voit que l'orienteur ne peut lui donner de
réponse, se dit: Est-ce qu'il y a de l'avenir là-dedans ou s'il
n'y en a pas? On ne peut quand même pas demander...
M. Garon: Ce n'est pas nécessaire de le montrer. Je vais
vous dire...
M. Picotte: ... à l'étudiant de porter un jugement
de valeur à l'âge de 15, 16 ou 17 ans.
M. Garon: Personnellement, je pense que dans les écoles
polyvalentes ou les cégeps, il y a bien des cours qui devraient
être donnés par les agriculteurs eux-mêmes, qui
réussissent en agriculture.
M. Picotte: C'est ce que je vous mentionnais tantôt.
M. Garon: Moins de théorie et plus de pratique.
M. Picotte: C'est ce que je mentionnais tantôt.
M. Garon: Je pense que ce sont des agriculteurs professionnels,
qui font un succès de leur affaire, qui donneraient les meilleurs cours
et...
M. Picotte: C'est ce qu'on fait, M. le ministre...
M. Garon: ... en même temps, cela permettrait à
l'étudiant de comprendre ce qu'est l'agriculture; non pas par un gars
qui reste en ville et qui, souvent...
M. Picotte: C'est ce qu'on fait, M. le ministre, à
l'intérieur des cours...
M. Garon: ... n'est pas trop intéressé à
l'agriculture lui-même...
M. Picotte: ... de perfectionnement aux agriculteurs, aux
adultes. On a une certaine réussite; je le sais parce que j'ai
été directeur de ces cours pendant trois ans.
M. Garon: Oui.
M. Picotte: On a vraiment une certaine réussite et les
agriculteurs sont intéressés. Ils vont vraiment chercher quelque
chose de potable pour eux. On le sait cela mais, la lacune, c'est au niveau du
secondaire, avec toutes les exigences qu'on peut avoir, diplôme de ceci,
diplôme de cela, etc. Là, on a tout simplement des gars qui ont
essayé les arts plastiques l'année précédente et
qui sont parachutés dans l'option agricole; c'est la lacune, je pense.
On devrait insister là-dessus, M. le ministre.
M. Garon: C'est un peu comme l'enseignement de la sculpture; je
pense qu'on est mieux de faire enseigner la sculpture par un sculpteur que par
un critique de sculpture. Au moins, le sculpteur va pouvoir parler de
sculpture, il en fait lui-même. Un peintre va enseigner beaucoup mieux la
peinture qu'un gars qui va parler de la peinture et qui n'en a jamais fait
lui-même. Je pense que c'est la même chose dans les écoles;
je ne parle pas de cours avancés en agronomie, mais au niveau secondaire
et au niveau du cégep, je pense que les meilleurs professeurs seraient
les agriculteurs qui réussissent eux-mêmes et qui ont une ferme
soit en production laitière, soit en production de serre ou autre, dans
différents domaines, des produc-
teurs qui réussissent dans leur domaine, qui ont une exploitation
qui fonctionne bien.
Je me demande si on ne devrait pas prendre l'orientation,
évidemment, il y a déjà un bon nombre de professeurs qui
sont là, mais il faudrait peut-être songer à utiliser
davantage les agriculteurs et remplacer la théorie par la pratique. Un
jeune qui est au niveau secondaire, j'ai l'impression qu'il a beaucoup plus
besoin de connaître ce qu'est la pratique agricole, ce qu'est la vie d'un
agriculteur, que de connaître la dernière théorie dans un
secteur donné. C'est une orientation que je souhaite au comité
qui travaille actuellement.
Évidemment, je ne peux pas diriger les écoles, je n'ai pas
la mission de diriger les écoles. Je ne dirige pas les polyvalentes, je
ne dirige pas les cégeps, je ne dirige pas l'éducation. Je
souhaiterais que cela s'oriente dans ce sens, personnellement.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, une courte question avant l'ajournement.
M. Baril: M. le Président, au niveau des cégeps,
concernant les cours de technologie agricole qui s'y donnent, les
étudiants, pendant l'été, ont de la difficulté
à se placer parce qu'au niveau des ITA, le gouvernement leur paie un
stage chez les agriculteurs. J'aimerais savoir si, au niveau du
ministère de l'Agriculture, actuellement, on essaie d'aider ces
jeunes?
M. Garon: C'est un stage chez un agriculteur et il y a une
rémunération. Cela fait partie du cours d'exploitant agricole.
Une partie du budget constitue une rémunération pour
l'étudiant qui ira travailler chez un agriculteur professionnel.
M. Baril: Pas au niveau des cégeps?
M. Garon: Non, pas au niveau des cégeps, je vous parle des
cours d'exploitant agricole.
M. Baril: Je parle des cours de technologie agricole qui se
donnent au niveau des cégeps. Ces jeunes ont des stages à faire
chez les agriculteurs, pendant l'été, et ils n'ont pas de moyens
pour...
M. Garon: Là, le programme de main-d'oeuvre
étudiante pourrait être utilisé. L'étudiant...
M. Baril: C'est parce que...
M. Garon: ... pourrait aller offrir ses services à
l'agriculteur et l'agriculteur qui a besoin de main-d'oeuvre, habituellement,
un agriculteur qui a une ferme bien développée...
M. Baril: C'est parce que les étudiants ne peuvent pas
aller chez n'importe quel cultivateur. C'est leur stage et il faut que le
cultivateur veuille ouvrir ses livres et accepte qu'il y ait une gestion et un
contrôle laitier et, en même temps, ce n'est quand même pas
une main-d'oeuvre que l'étudiant va apporter à l'agriculteur,
c'est plutôt une expérience qu'il va vivre. Au niveau de l'ITA de
Saint-Hyacinthe, je sais que les étudiants reçoivent $138 par
semaine du ministère de l'Agriculture.
M. Garon: Au cours d'exploitation agricole.
M. Baril: Oui, mais je me demande si, au niveau des
cégeps, on va en arriver à une aide parce que les
étudiants qui sont là sont quand même forcés de
travailler pratiquement pour rien chez les cultivateurs. Comme je l'ai dit tout
à l'heure, ce ne sont pas tous les cultivateurs qui veulent les engager
parce qu'ils ont beaucoup d'études à continuer et toutes sortes
de rapports à faire et c'est un stage...
M. Garon: II faudrait plutôt demander cela au ministre de
l'Éducation. Le cours qui dépend du ministère de
l'Agriculture c'est le cours d'exploitants de fermes dans les ITA, mais les
cégeps et les polyvalentes ne dépendent pas du ministère
de l'Agriculture.
M. Baril: II ne pourrait pas y avoir une entente ou des
rencontres entre les deux ministères pour voir... parce qu'il se donne
quand même de très bons cours dans les deux cégeps de la
province, soit Chicoutimi et Victoriaville. Il y a une lacune assez grave si
les étudiants sont obligés d'aller travailler chez les
cultivateurs pratiquement pour rien durant l'été et, encore une
fois, ce n'est pas n'importe lequel cultivateur qui est ouvert à ce
genre de stage.
M. Garon: Cela fait partie des choses que le comité
regarde actuellement en perspective d'améliorer l'enseignement dans les
cégeps et les polyvalentes. Le comité regarde cette
possibilité.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, compte tenu de
l'heure, nous devons ajourner nos travaux sine die.
M. Picotte: Restait-il d'autres questions?
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il reste d'autres
questions? Il reste M. le député de Huntingdon. Est-ce que vous
seriez prêts à continuer quelques minutes pour la question du
député d'Huntingdon de façon à ce qu'on puisse
approuver le programme I?
M. Picotte: Je pense qu'on pourrait terminer avec cela et adopter
tout de suite le programme, ce qui serait...
Le Président (M. Boucher): On pourrait adopter le
programme I, alors M. le député d'Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais savoir, M. le ministre, si vous êtes
d'avis que l'enseignement dispensé par le ministère de
l'Éducation aux fils d'agricul-
teurs ne fut pas un vrai fiasco au cours des dernières
années. Je pense que si on avait un ministre avec du cran, il
ramènerait aux mains de l'agriculture cet enseignement. Je pense qu'on
est dû pour en arriver là si on veut développer
l'agriculture.
M. Garon: Je pense comme vous que cela a été un
fiasco, mais que voulez-vous que je dise quand l'Union des producteurs
agricoles elle-même, qui représente les agriculteurs, demande que
cela continue de relever du ministère de l'Éducation?
M. Dubois: C'est là que je dis que le ministre devrait
avoir du cran.
M. Garon: J'ai l'air de faire une demande contre la
volonté des agriculteurs.
M. Dubois: La Corporation des agronomes, je pense, a fait des
représentations dans ce sens, la Fédération des
fermières du Québec aussi, et je pense qu'il y a d'autres groupes
comme la commission APRIL qui ont fait des représentations dans ce sens.
D'un côté, il peut y avoir les producteurs agricoles ou l'UPA,
mais il y a aussi l'idée précise du ministre et de groupes quand
même très représentatifs qui ont fait des
représentations dans ce sens. Je pense que c'est bien beau de laisser
aller la chose, mais il est temps que le ministre prenne position et qu'il
agisse. C'est ce que je veux du ministre.
M. Garon: Je dis, en attendant, que les gens qui seraient de cet
avis convainquent l'Union des producteurs agricoles de demander que le
ministère de l'Agriculture dirige l'enseignement agricole au
Québec, et je vais embarquer là-dedans à 100%. Je suis
d'accord avec vous que l'enseignement agricole dans les écoles
publiques, c'est un fiasco.
M. Dubois: Pourquoi? Quelles en sont les raisons?
M. Picotte: Tout le monde est d'accord.
M. Giasson: C'est un vrai fiasco, et on continue quand
même. Il me semble que notre ministre a plus de "poigne" que cela
d'habitude.
M. Garon: On a formé un comité avec le concours des
ministères de l'Agriculture et de l'Éducation pour faire des
recommandations en vue d'améliorer cet enseignement, mais...
M. Picotte: Est-ce que le comité a une date
d'échéance pour produire son rapport ou pour faire des
recommandations?
M. Garon: II en fait constamment, des recommandations. Il s'est
réuni c'est un genre de comité permanent il a
déjà fait des recommandations, certaines ont été
appliquées, et il en fait d'autres. Je parlais de l'enseignement aux
adultes, par exemple, qui est un des éléments de son mandat, et
il y a déjà eu des recommandations qui ont été
faites à ce point de vue, et on continue notre travail avec le
ministère de l'Éducation.
M. Picotte: Je pense que c'est le voeu de tout le monde que cela
change.
M. Giasson: Qu'on mette cela au fiasco pour que l'agriculture
récupère l'enseignement agricole et on retrouvera la vigueur
naturelle du ministre.
Le Président (M. Boucher): L'élément 2,
adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Alors, le programme 1 est
adopté.
M. Picotte: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
Reprise de la séance à 15 h 58
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture est de nouveau réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'Agriculture pour
l'année 1978/79.
Pour la séance de cet après-midi les membres de la
commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. Beauséjour (Iberville), M.
Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis), M.
Gias-son (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Picotte (Maskinongé), M. Rancourt
(Saint-François), M. Roy (Beauce-Sud).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Garneau (Jean-Talon), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Orford).
À la fin de la séance de ce matin, nous avions
adopté le programme 1. J'appelle donc le programme 2,
élément 1: "Financement agricole".
L'élément 1 est-il adopté?
M. Picotte: Un moment, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
Financement agricole
M. Picotte: M. le Président, à
l'élément 1 du programme 2, "Gestion interne et soutien", je me
rends compte qu'en 1977/78 il y avait une prévision de $5 897 300. Le
président qui est ici peut-il me dire ce qui a été
dépensé jusqu'à maintenant ou bien si on va atteindre les
prévisions?
M. Garon: Qu'est-ce que vous avez demandé?
M. Picotte: À l'élément 1, concernant:
"Gestion interne et soutien", il avait été prévu $5 897
300. A-t-on atteint les prévisions cette année ou s'il y a quand
même une différence?
M. Garon: Pourquoi les $5 millions?
M. Picotte: "Gestion interne et soutien", élément 1
du programme 2: "Financement agricole."
M. Garon: À l'élément 2 ou à
l'élément 1?
M. Picotte: Au programme 2, élément 1.
M. Garon: Vous demandez si tout l'argent a été
dépensé?
M. Picotte: Oui. Concernant les prévisions. M. Garon:
En 1977/78, non.
M. Picotte: De combien était l'échantillonnage?
M. Garon: $5 588 700 ont été
dépensés. En périmé, $889 600. Il y a beaucoup de
détails, là-dedans, par exemple, le traitement des fonctionnaires
de $374 500 dans le périmé et plusieurs postes vacants dont un
nombre assez élevé qui étaient prévus au budget,
mais qui sont demeurés vacants pendant un bout de temps. $227 000, ce
sont des difficultés de recrutement de personnel professionnel.
Il y a $156 000 pour les personnes qui ont été
engagées plus tard que prévu. On me dit que pour un directeur
régional, par exemple, il a fallu faire plusieurs concours, quatre
concours, et la personne n'a pas encore été engagée.
Alors, souvent on a des problèmes, c'est ce que je mentionnais ce
matin, c'est la difficulté de recrutement de personnes qualifiées
pour des fonctions dans l'agriculture.
M. Picotte: Au sujet des personnes nouvellement engagées,
M. le Président, dans ce domaine, est-ce qu'on pourrait savoir,
concernant le financement agricole, évidemment, dans quel domaine se
situent ces personnes ou pour les besoins de quel programme au juste, quel
élément du programme de financement agricole?... En principe, ce
que je demande, c'est à quoi ce personnel additionnel a-t-il
été affecté? Est-ce qu'il a été
affecté au crédit agricole, à l'amélioration des
fermes, au crédit à la production ou autres, selon les divers
éléments de ce deuxième programme?
M. Garon: ... des conseillers en financement dans le champ
où il y avait 25 postes à combler au cours de l'année,
soit que cela ait retardé, soit que des postes aient été
retardés plus tard que prévu; cela explique les
différences qu'il y a là.
M. Picotte: M. le Président, cette année, selon le
budget, il y a une différence de budget quand même additionnelle,
est-ce que vous prévoyez en engager d'autres et les affecter au
même domaine, dans la même classification, ou si vous avez un
éventail additionnel?
M. Garon: Tous ceux qui ont été engagés au
cours de l'année n'ont pas été sur toute l'année
budgétaire, même si le poste était prévu, avec
l'argent, quand l'engagement a été retardé; mais
évidemment, si quelqu'un avait été engagé au mois
de janvier ou février, il a eu seulement une partie de son salaire pour
l'année financière de l'année passée, mais il va
apparaître à 100% l'année suivante. Il y a six postes. Il y
a seize postes en voie d'être comblés; il y en a dix qui sont
vacants et où il n'y a aucune procédure d'entreprise
actuellement.
M. Picotte: Cela veut dire que ces dix postes vacants vont
être de nouveaux postes qui vont s'ajouter l'an prochain...
M. Garon: Non.
M. Picotte: ... ou s'il va y avoir des postes additionnels?
M. Garon: Non, non.
M. Picotte: Effectivement, est-ce qu'il y aura de nouveaux
postes, l'an prochain, en plus de ceux qu'on a prévus l'an
passé?
M. Garon: Bien, vous les avez dans votre livre, il y a six
postes.
M. Picotte: Ce sont des postes à temps partiel. Je parle
des postes à temps plein; est-ce qu'il y aura de nouveaux postes?
M. Garon: C'est marqué: employés à temps
partiel. Il y en avait 310 en 1977/78 et il y en a 316 en 1978/79; cela fait
six postes. Il y a six postes permanents de plus et un de moins à temps
partiel, cela passe de 27 à 26.
M. Picotte: Pour l'an qui vient? M. Garon: Oui.
M. Picotte: M. le Président, je n'ai plus de questions
là-dessus, sauf que je voudrais féliciter les personnes qui ont
pu me répondre. Je me suis battu pendant 20 minutes ce matin pour avoir
les crédits périmés; pour une fois, dans un programme
donné, j'ai réussi à savoir le montant des crédits
périmés. Alors, je veux féliciter ceux qui ont
réussi à découvrir cela dans tout le rouage administratif
de votre ministère.
M. Garon: Bien, vous comprenez que...
M. Picotte: Je n'ai pas d'autres questions pour
l'élément 1.
M. Garon: À l'Office du crédit agricole, c'est plus
facile, évidemment, quand vous parlez de gestion interne, de demander
s'il y a des crédits périmés, c'est beaucoup plus facile
de vous donner des chiffres immédiatement, sans sous-estimer la bonne
administration du président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, étant donné
qu'une bonne partie de l'augmentation de vos crédits se situe au niveau
du financement agricole, je voudrais savoir s'il y a une relation directe entre
les quatre projets de loi déposés pour le financement du
crédit agricole et l'augmentation du budget que l'on voit ici?
M. Garon: Non, ce n'est pas au niveau du financement agricole
qu'il y a une augmentation considérable, sauf pour la partie de
l'accroissement des prêts, donc subvention de l'intérêt.
M. Dubois: On retrouve quand même... M. Garon: Les
totaux sont plus élevés. M. Dubois: ... si je fais
l'addition, il y a...
M. Garon: C'est au niveau du réaménagement foncier
plutôt, de la mise en valeur, qui aura...
M. Dubois: II y a plus de $9 millions d'augmentation dans le
budget qui touchent le financement agricole. Je croyais...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: ... qu'il y avait une relation directe entre cette
augmentation et les quatre projets de loi déposés qui ouvrent la
porte à plus de prêts agricoles je ne le sais pas,
j'imagine, en fait, l'étude n'est pas faite encore des quatre projets de
loi déposés.
M. Garon: Non, non, si vous regardez les augmentations
principales, vous savez à l'élément 7, cela part de $3,6
millions à $7,7 millions, le réaménagement foncier. C'est
là le principal endroit où vous avez une augmentation, la mise en
valeur de l'exploitation agricole, de $4,6 millions à $6,3 millions.
Vous avez les principales augmentations qui se retrouvent à ces postes.
C'est pour cela que vous avez une augmentation plus forte du financement
agricole.
Le réaménagement foncier couvrait seulement trois
régions du Québec auparavant et, maintenant, il va couvrir
l'ensemble du Québec. Évidemment, cela fait...
M. Dubois: À l'autre élément...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, dans l'intérêt de
bien informer la commission, j'aimerais pouvoir lire quelques passages du
rapport annuel 1976/77 du Vérificateur général qui a fait,
au niveau du ministère de l'Agriculture, la portée de sa
vérification...
M. Garon: Est-ce que ceci concerne le financement agricole? Cela
irait peut-être mieux à l'élément suivant comme
préambule au programme 3.
M. Baril: Cela comprend plusieurs...
M. Garon: Je pense que cela ne touche pas l'Office du
crédit agricole et si on pouvait libérer le président de
l'office à l'élément suivant, programme 3...
M. Baril: Je suis d'accord, parce qu'ici on dit que l'Office du
crédit agricole du Québec, la Ligue d'assurance, toutes les
sociétés qui sont rattachées au ministère de
l'Agriculture font l'objet de vérifications annuelles distinctes
prescrites par la loi déjà constituée. Donc, je suis
prêt à attendre...
M. Garon: Vous seriez mieux d'attendre au programme 3 parce que
je le lisais tout à l'heure, quand il nous a été remis, et
cela concerne plus le programme 3 que le programme 2.
Le Président (M. Boucher): Alors M. le
député d'Arthabaska, vous retenez votre question pour le
programme 3? Alors, est-ce que l'élément 1 est adopté?
M. Picotte: Adopté.
Crédit agricole Le Président (M. Boucher):
L'élément 2?
M. Picotte: M. le Président, entre le 1er avril 1977 et le
31 mars 1978, j'aimerais savoir quel est le nombre de prêts consentis par
l'Office du crédit agricole du Québec.
M. Garon: 1461 prêts pour un total de $93,3 millions.
M. Picotte: Sur ce nombre, M. le Président, combien de
prêts ont été consentis pour la consolidation de
l'exploitation agricole?
M. Garon: Pour l'agrandissement de fermes: $10 726 000, soit
11,49% de ce budget.
M. Picotte: Je reviendrai après le député de
Huntingdon.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Au niveau du crédit agricole, il y a $20 805
000; les quatre projets de loi déposés vont certainement amener
un plus grand nombre de demandes de prêts de la part des producteurs.
Est-ce que vous avez tenu compte de ce surplus de demandes que vous aurez au
cours de l'exercice financier 1978/79 dans ce budget?
M. Garon: II s'agit ici de montants extrabudgétaires et,
à ce moment-là, ces montants-ci ne prévoient pas... Il y a
une partie qui est prévue pour le rôle supplétif que va
jouer l'office par rapport aux prêts qui vont être de plus en plus
consentis par l'entreprise privée et c'est ce rôle
supplétif qui est prévu ici de l'Office du crédit agricole
et des subventions d'intérêt.
M. Dubois: Ce ne sont que des subventions qui sont
là-dedans, ou à peu près.
M. Garon: Pour une bonne partie, ce sont des subventions
d'intérêt.
M. Dubois: Enfin, on ne peut pas discuter des projets de loi qui
sont déposés parce qu'ils ne sont pas utilisés encore,
mais cela en tient compte. La différence entre les budgets 1977/78 et
1978/79, c'est qu'on se rend compte d'un surplus d'intérêt
à rembourser sur les prêts. C'est cela?
M. Garon: ... C'est cela.
M. Picotte: Une autre question, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé. (16 h 15)
M. Picotte: J'ai une autre question M. le Président. J'ai
relevé, dans le journal des Débats de l'an passé, toujours
à l'étude des crédits, que le ministre avait
mentionné, à un moment donné: "En principe, l'Office du
crédit agricole n'a aucune restriction quant au site d'implantation
d'une quelconque production ou culture au Québec. Cependant, l'office
souscrit aux politiques du ministère de l'Agriculture et aux
orientations quant au zonage." Alors, quelle sorte d'orientation, justement,
quant au zonage? Sur quelle base?
M. Garon: ... Le zonage des productions, je pense, dans le
contexte.
M. Picotte: Je voudrais avoir des explications
là-dessus.
M. Garon: L'Office du crédit agricole tient compte, quand
il y a des programmes régionaux qui sont déterminés, comme
ceux qu'on mentionnait à l'ouverture... Alors pour le
réaménagement foncier ou le déplacement des productions
à l'intérieur d'une même région, à la suite
des consultations faites avec des agriculteurs et le ministère de
l'Agriculture, à ce moment, l'Office du crédit agricole tient
compte des prêts qui sont faits.
M. Picotte: Alors, autrement dit, c'est l'orientation que le
ministère de l'Agriculture a conçue auparavant et l'Office du
crédit agricole, évidemment, se conforme à ces
orientations.
M. Garon: L'office ne suit pas le ministère, l'office est
un des éléments clés du ministère qui participe aux
discussions qu'il y a au ministère.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: C'est-à-dire que le zonage des
prédictions va s'effectuer par le consentement de prêt ou le
non-consentement de prêt dans une région donnée pour une
production donnée. Est-ce que ce serait à peu près
ça? Parce qu'on en a parlé l'autre fois, on a discuté
à ce sujet et vous avez dit: Notre zonage de production sera
incita-teur. C'est peut-être une manière de l'amener, je ne le
sais pas.
M. Garon: Les régions périphériques
où il y a du réaménagement foncier qui se fait, surtout
dans le cadre du réaménagement foncier. Dans ce cadre, il y a des
fermes qui sont abandonnées, et elles le sont pour différentes
raisons, parce qu'elles sont en dehors de circuits de fermes agricoles, ou
encore parce qu'elles sont dans une production qui s'en va. Il y a des
réaffectations, à ce moment, qui sont faites et en
réaffectant, dans le cadre du réaménagement foncier, les
terres à l'agriculture, l'Office du crédit agricole tient compte
des programmes régionaux.
M. Dubois: Par exemple, si quelqu'un du Bas-du-Fleuve demandait
un prêt pour la production de produits maraîchers, je pense
qu'à ce moment, c'est par le crédit agricole que vous allez
contrôler sa possibilité de produire ou de non produire n'importe
quelle espèce de légumes dans une telle région.
M. Garon: Oui, tout cela va ensemble, au fond;
c'est-à-dire que l'Office du crédit agricole va tenir compte de
ce que le ministère fait lui-même dans ce cadre; comme il s'agit
souvent de productions qui ne sont pas comparables à la production des
grandes zones de production, à ce moment, il y a souvent une aide
parallèle de la part du ministère et de l'office.
M. Dubois: On ne peut pas dire que le zonage des productions se
fera d'une façon incitatrice. Cela ne sera pas incitateur.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Cela ne sera pas tout à fait incitateur parce
que cela va être une décision de l'Office du crédit
agricole, si une production s'effectue dans une région donnée,
parce qu'il y a quand même moyen de contrôler les productions dans
les zones données selon les prêts qu'on effectue ou qu'on ne veut
pas effectuer.
M. Garon: Non, prenons un cas concret; au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, les gens ont dit: On divise la région en deux
régions: région A, la production laitière, région
B, l'élevage du boeuf, ou inversement. Alors, évidemment, la
personne qui dit: Je me retire de la production laitière et il y a un
dédommagement du ministère pour se retirer de la production
laitière dans cette région. Les quotas vont être
transférés dans une autre région, mais dans le B, il
s'agit de développer davantage la production bovine.
À ce moment-là, si quelqu'un veut développer la
production bovine et qu'il a besoin, en plus, d'une subvention du
ministère, l'Office du crédit agricole, comme cela entre
exactement dans le cadre du développement souhaité par les gens
de la région, va prêter au cultivateur qui veut aller dans la
production bovine. Mais s'il veut s'en aller dans la production
laitière, vous êtes en train d'indemniser quelqu'un. Au fond,
quand une route n'est plus rentable, au point de vue de la production
laitière, la personne qui le sait veut s'affecter dans d'autre chose. Il
y a une subvention du ministère et l'Office du crédit agricole va
l'aider à s'implanter dans une nouvelle production. C'est plutôt
dans ce sens.
M. Dubois: Un peu...
M. Garon: On n'a jamais senti de coercition. Je n'ai jamais senti
une perspective de coercition. À fond, tout cela se fait assez
délicatement. Les gens ne se sentent pas heurtés. Je n'ai jamais
senti cela, je n'ai jamais eu de critique dans ce sens.
Je vais vous donner un autre exemple: Dans l'Outaouais, les programmes
régionaux avaient été établis dans une perspective
de spécialisation des producteurs dans la viande de boucherie. Ce sont
eux qui l'ont souhaité. À ce moment-là, il y a eu des
parcs d'engraissement qui ont été construits et le
ministère ainsi que l'Office du crédit agricole ont joué
leur rôle, en même temps, pour aider les producteurs dans la
perspective souhaitée.
Quand arrive un programme régional comme cela, il y a des
incitations pour attirer les gens à travailler dans cette production.
Souvent, l'incitation du ministère ne finance pas tout, elle vient
aider. Le gars dit: Si je m'en vais là-dedans, je vais avoir telle aide
du ministère. Il sait que cette aide n'est pas suffisante pour tout
réaliser. Il va dire: Cela m'intéresserait d'avoir cette aide
pour me lancer dans cette production. Et il va aller compléter son
financement avec l'Office du crédit agricole. C'est plutôt dans ce
sens.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, concernant le même
sujet, est-ce que vous pouvez nous faire part des résultats de ce
travail dans l'Outaouais? Est-ce que les résultats sont probants? Est-ce
que c'est satisfaisant?
M. Picotte: Si ce n'est pas satisfaisant, il vaut mieux que cela
s'en aille à Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je ne demande pas tant.
M. Garon: Ce qui va aider le plus, au fond, c'est un meilleur
prix pour le boeuf.
M. Cordeau: Oui.
M. Garon: C'est ce qui va beaucoup aider. Deuxièmement, je
pense bien qu'il va falloir en arriver à réviser l'assurance
stabilisation du boeuf. Il y a des travaux qui se font là-dessus au
ministère, actuellement, qui vont aller davantage dans le sens d'un
développement de la production que dans le sens d'un encouragement
à vendre des veaux à moitié finis.
M. Cordeau: M. le ministre, vous avez parlé...
M. Garon: C'est valable autant ailleurs que dans l'Outaouais.
M. Cordeau: ... de la stabilisation des prix. M. Garon: On
pourra en parler plus tard.
M. Cordeau: Est-ce que, actuellement, il y a des pourparlers avec
Ottawa concernant ce domaine?
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: Est-ce que vous pouvez nous en faire part et est-ce
que vous constatez que cela avance?
M. Garon: Franchement, Ottawa préférerait que les
provinces n'aient pas de régime d'assurance stabilisation. Au fond, le
fédéral a pour but de pénaliser les provinces qui ont un
programme plus généreux que le sien. Au sujet de l'assurance
stabilisation fédérale, actuellement, il y a des rencontres pour
arriver à une coordination, mais le fédéral, en fait, ce
qu'il voudrait, c'est que les provincesil ne le dit pas clairement
n'aient aucun programme plus élevé ou plus généreux
que son programme.
M. Cordeau: Est-ce que vous avez l'intention de continuer...
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: ... les négociations afin d'atteindre le but
que vous vous êtes fixé?
M. Garon: On fait toujours les négociations maximales pour
aller chercher le plus d'argent possible.
M. Cordeau: Est-ce que...
M. Garon: Le fédéral a la bourse pas mal
liée. La politique laitière, cette année, dépense
$138 millions de moins que l'an dernier, au fédéral...
Une voix: C'est peut-être la meilleure au monde.
M. Garon: ... en plus d'avoir coupé $18,4 millions, la
subvention sur la poudre.
M. Cordeau: Mais on compte sur vous pour aller les chercher ces
$18 millions. On vous a demandé à la dernière commission,
d'intervenir. Je crois que le sous-ministre a pris note de nos
désirs.
M. Garon: Je pense bien que le vote des agriculteurs peut jouer
un rôle aux prochaines élections fédérales.
M. Picotte: M. le Président, on pourrait
peut-être...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: On pourrait peut-être profiter de l'occasion,
puisqu'on a touché le sujet, pour faire le point sur l'unification des
deux laits.
M. Garon: C'est sub judice actuellement, c'est devant les
tribunaux. Il y a des sessions de la Régie des marchés agricoles
actuellement là-dessus. Évidemment, il serait bien malvenu pour
moi de faire des commentaires, alors que la Régie des marchés
agricoles est en pleine enquête là-dessus, à la suite de
requêtes qu'elle a reçues.
M. Cordeau: De quel côté vient l'opposition?
M. Garon: N'étant pas un député
fédéral, je n'ai pas l'habitude d'influencer les tribunaux.
M. Picotte: Vous n'avez pas l'aptitude pour cela, non plus.
Lorsque les auditions seront terminées, le ministre sera-t-il
d'accord pour déposer le rapport que fera la Régie des
marchés agricoles sur ces discussions?
M. Garon: Habituellement, les rapports de la régie sont
publics. Les parties vont en avoir une copie. C'est public. Il n'y a aucune
objection à déposer des rapports de la régie.
M. Dubois: M. le Président, je voudrais revenir ici...
M. Cordeau: M. le député de Maskinongé,
puis-je poser une question sur l'unification des deux laits? Y a-t-il une
opposition marquée de la part de groupements, ou quelque chose, à
cette réunification des deux laits?
M. Garon: C'est comme dans toute chose.
M. Cordeau: Cela ne doit pas être devant la loi.
M. Garon: Tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut
mourir!
M. Cordeau: Encore là, c'est vague. Pourriez-vous
préciser un peu davantage? Il faut être bien intelligent pour
comprendre votre réponse.
M. Picotte: En autant qu'on ne souhaite pas la mort de
personne!
M. Garon: C'est comme la séparation dans le mariage. Les
gens se séparent toujours à regret, et non pas de gaieté
de coeur.
M. Cordeau: Mais étant donné que ce n'est pas le
débat du jour, la séparation...
M. Garon: Dans le domaine des deux laits, je pense que tout le
monde souhaite une politique de développement harmonieuse où les
producteurs ne seront pas divisés et où il n'y aura pas de lutte
entre les deux instruments privilégiés du développement de
l'agriculture, c'est-à-dire le syndicalisme et la coopération.
Vous savez bien qu'à la base, au fond, c'est le grand débat entre
la place du syndicalisme et la place de la coopération. C'est la base,
au fond.
M. Cordeau: Mais la coopération, n'est-ce pas une forme de
syndicalisme?
M. Garon: J'ai souvent dit qu'à un moment donné, il
faut... En 1908, quand la Loi des syndicats coopératifs a
été adoptée, on appelait cela des syndicats
coopératifs.
M. Cordeau: On a dit cela en 1908.
M. Garon: II y avait donc l'idée de syndicat et de
coopération. Mais les enfants ont grandi. Ils sont devenus autonomes et
il y a eu la difficulté de choisir entre l'un et l'autre ou de
déterminer la place de l'un et de l'autre. Je pense que les agriculteurs
sentent actuellement qu'ils arrivent à un point tournant dans ce domaine
et qu'ils auront un choix à faire. Il y a un choix à faire entre
les deux et la place de chacun. Les deux auraient un rôle à jouer.
C'est comme dans n'importe quoi: C'est difficile, ce sont deux mouvements
forts, deux mouvements qui ont un rôle à jouer. C'est
difficile.
M. Cordeau: M. le Président, advenant que l'union serait
difficile entre les parties...
M. Baril: C'est au programme 6, "La Régie des
marchés agricoles du Québec". On serait mieux d'attendre
là.
M. Picotte: Ce serait discuté.
M. Baril: Ce serait discuté.
M. Garon: II ne faut pas en parler beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous attendre au
programme 6, ou si vous désirez que les membres continuent?
M. Cordeau: Je ne veux pas aller à l'encontre du
désir du président.
M. Dubois: On est encore au financement agricole.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: On a parlé de zonage de productions, tout
à l'heure. Je pense que le ministre le souhaite et je pense que c'est
souhaitable aussi.
M. Garon: Le député de Saint-Hyacinthe ne manque
pas d'argent dans Saint-Hyacinthe, alors il ne semble pas
intéressé à parler de financement.
M. Picotte: Surtout pas à Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: La compagnie dont je parlais, la semaine
dernière, pour les produits congelés, ce sont les Empaquetages
JB.
M. Garon: JB qui?
M. Cordeau: C'est le nom de la compagnie.
M. Garon: Les lettres J et B. (16 h 30)
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, est-ce que vous avez des questions?
M. Baril: Non.
M. Garon: Oui, je sais ce que vous voulez dire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, avez-vous terminé? Allez-y.
M. Dubois: Je voudrais seulement que le ministre précise,
au niveau du zonage des productions, si réellement l'Office du
crédit agricole jouera un rôle moteur dans l'établissement
de ces zonages.
Je veux avoir une réponse.
M. Garon: Tout cela se tient, au fond. Quand on parle de ces
choses, les programmes régionaux, le rôle de l'office, tout cela
se tient ensemble et joue un rôle important.
M. Dubois: Parce que c'est un contrôle quand même que
peut exercer l'office.
M. Garon: Mais, voyez-vous, c'est que cela se fait... C'est moins
difficile que cela en a l'air, parce que vous venez de demander si, en fait,
l'office va jouer un rôle directif qui serait quasiment impératif,
cela ne se fait pas comme cela.
M. Dubois: C'est ce que je demande aussi, c'est pour cela que je
veux avoir une réponse.
M. Garon: À quelqu'un qui va vouloir établir, par
exemple, une production laitière dans un endroit où il n'y a plus
de production laitière et où il n'y a pas de route de lait,
l'office va dire: Écoutez, je ne peux pas vous prêter une chose
comme cela. Cela ne vous donne rien de vous organiser pour ce type de
production, parce qu'il n'y a pas d'avenir pour vous. C'est dans ce
sens-là.
M. Dubois: C'est cela que je veux savoir, c'est pour cela que je
veux avoir une réponse du ministre là-dessus.
M. Garon: C'est dans ce sens-là; je pense que le
rôle de l'office, actuellement, en tenant compte que le ministère,
l'office et les organismes du ministère, ensemble, établissent un
peu quelles devraient être les politiques dans certaines régions,
avec les agriculteurs et, à un moment donné, en arrivent à
certaines conclusions. Après cela, tout le monde ensemble joue un
rôle, les agriculteurs aussi, l'office et le ministère, et il n'y
a pas un rôle impératif, il n'y a pas un rôle directif, mais
un ensemble de politiques qui favorisent tel développement.
M. Dubois: D'accord.
M. Cordeau: Quel est le nombre de programmes régionaux que
vous avez actuellement au ministère?
M. Garon: Je peux vous les nommer par coeur; il y en a un dans
l'Outaouais, il y en a un dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y en a un sur la
Côte-Nord, il y en a un aux Îles-de-la-Madeleine,
en Gaspésie, à Basque-Neigette, Charlevoix... Cela fait
huit.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: La semaine dernière, je relatais au ministre
de l'Agriculture le drame que vivaient les producteurs de
Saint-Thomas-de-Caxton.
M. Garon: Je veux saluer l'arrivée du député
de Laurier.
M. Marchand: Merci, M. le ministre.
M. Garon: Devant l'élection de votre nouveau chef, on se
demandait si cela ne devrait pas plutôt développer, plutôt
que l'opéra, le chant grégorien, qui est un très beau
chant.
M. Picotte: Comme vous le voyez, le député de
Laurier s'occupe non seulement...
M. Marchand: Le chant grégorien est très beau quand
il est bien chanté, mais je pensais que c'étaient les
crédits de l'agriculture.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: Comme vous le voyez, le député de
Laurier est polyvalent; non seulement il s'occupe de la culture, d'après
la question qu'il a posée en Chambre cet après-midi, mais il
s'occupe aussi de la culture maraîchère.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marchand: D'ailleurs, M. le ministre, vous remplacez vos
députés du Parti québécois qui s'absentent
facilement; il semble que l'agriculture ne les intéresse pas.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, M. le
député de Laurier! À l'ordre M. le député de
Maskinongé!
M. Garon: C'est parce qu'ils savent que l'agriculture est entre
bonnes mains.
M. Baril: M. le député de Laurier, j'ai toujours
été présent. Comptez les minutes que j'ai manquées
ici.
M. Marchand: Vous êtes deux.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Maskinongé, vous avez la
parole.
M. Garon: Dans le cas du député d'Arthabaska, il
serait mieux de compter les secondes, plutôt.
M. Baril: Encore. Ce serait mieux.
M. Garon: Parce qu'il n'y aurait pas de minutes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé, vous avez la parole.
M. Picotte: M. le Président, la semaine dernière,
je vous relatais le drame que vivaient les producteurs de
Saint-Thomas-de-Caxton, dans mon comté, à la suite de la
décision de la compagnie Catelli-Habitant de ne plus acheter les
produits de ces producteurs. J'ai cru, à la lumière de vos
explications, comprendre que l'Office du crédit agricole du
Québec pourrait, éventuellement, venir en aide à ces
producteurs. J'aimerais savoir, étant donné qu'on discute plus
spécifiquement de ce sujet et que nous avons les responsables du
crédit agricole les diverses orientations qu'entend prendre l'Office du
crédit agricole, dans le but de venir en aide justement à ces
producteurs. D'ailleurs, remarquez qu'ils ont changé les concombres de
Saint-Thomas-de-Caxton pour prendre ceux de Saint-Hyacinthe, encore une
fois.
M. Garon: Pourriez-vous reposer votre question?
M. Picotte: Je vous fais remarquer qu'ils ont changé les
concombres de Saint-Thomas-de-Caxton pour prendre ceux de Saint-Hyacinthe, la
compagnie Catelli-Habitant. Je ne sais pas s'ils sont plus gros, mais de toute
façon, j'aimerais savoir quelle orientation...
M. Cordeau: Ils sont de meilleure qualité.
M. Garon: Eux autres, c'est plutôt des petits concombres
qu'ils ont.
M. Picotte: Ils sont meilleurs, les petits. M. le ministre, vous
savez que les petits concombres sont meilleurs que les gros concombres.
M. Garon: Parlez-vous en connaissance de cause, vous?
M. Picotte: Vous seriez peut-être plus en mesure que moi
d'en parler!
M. Garon: J'aime beaucoup les concombres. M. Picotte: Les
gros ou les petits?
M. Garon: Les gros, les petits, les longs surtout.
M. Picotte: M. le Président, j'ai cru comprendre, la
semaine dernière, à la lumière des explications que le
ministre m'a données concernant les producteurs de
Saint-Thomas-de-Caxton dans mon comté où, comme je le
mentionnais, c'est un drame pour eux d'avoir à produire et de n'avoir
personne pour acheter leurs produits, que l'Office du crédit agricole
pourrait éventuellement venir en
aide à ces producteurs. J'aimerais savoir quelles orientations
exactement l'Office du crédit agricole entend prendre ou offrir à
ces producteurs dans le but de les sortir de l'impasse dans laquelle ils vivent
présentement et de les aider à survivre pour une période
de trois ans, au moins, en attendant qu'il y ait d'autres
débouchés puisqu'on m'a mentionné que ces gens
pourraient s'orienter vers la production des asperges et que cela prend trois
ans avant d'obtenir une rentabilité dans ce domaine. J'aimerais savoir
d'ici ce temps, quelles orientations l'Office du crédit agricole
pourrait prendre pour venir en aide à ces producteurs. Ne me faites pas
répéter, M. le ministre.
M. Garon: II y a des prêts qui sont possibles actuellement,
des prêts à la conversion de l'exploitation, qui peuvent aller
jusqu'à 90% de la valeur. Dans les nouveaux projets de loi qui sont
déposés, il y a des prêts spéciaux où il y a
des subventions d'intérêts, mais le moyen le plus rapide serait
d'appeler l'organisateur en chef de M. Ryan, qui fait partie de l'organisation
de Catelli-Habitant et Labatt...
M. Picotte: M. le Président, je m'excuse, mais j'ai
communiqué justement non seulement avec lui mais avec plusieurs autres
et j'ai même un document ici que je pourrai montrer au ministre à
la fin de nos travaux à 18 heures qt on m'a mentionné qu'à
la suite d'une subvention, pas nécessairement du ministère de
l'Agriculture d'ailleurs, on l'a expliqué déjà et
on s'est très bien entendu la compagnie Catelli-Habitant avait
été peut-être pas obligatoirement, mais face à un
réaménagement, à une réorganisation, elle avait
été forcée de partir en novembre 1977, une subvention
à l'entreprise Catelli-Habitant représentant la participation du
ministère à la mise au point industrielle d'une technologie.
M. Garon: Défendez-vous la compagnie ou les producteurs?
Je ne saisis pas bien.
M. Picotte: J'essaie de donner des explications. Vous m'avez
posé la question tout à l'heure...
M. Garon: C'est plutôt ambivalent.
M. Picotte: Vous m'avez fait répéter deux fois et
en plus, je fais référence à une subvention que non pas
l'Opposition officielle a donnée, mais que le ministère de
l'Agriculture a accordée pour mettre au point une technologie pour le
recyclage des saumures. Alors, face à cette subvention qui était
de l'ordre de $100 000 et qui était répartie sur trois ans,
1977/78, $30 000, 1978/79, $30 000 et 1979/80, $40 000, face à cela, la
compagnie Catelli-Habitant a décidé de transporter ses
activités ailleurs et s'en aller justement dans la région de
Saint-Hyacinthe.
M. Garon: Ce n'est pas suite à cette subvention de
recherche de survie qu'elle a décidé de s'en aller ailleurs, ce
n'est pas suite à cela.
M. Picotte: Ce n'est pas suite à cela, mais dans tout ce
plan de réorganisation de la compagnie, on a décidé tout
simplement de s'en aller de ce côté et de laisser tomber les
producteurs de Saint-Thomas-de-Caxton. Vous m'avez dit, à ce
moment-là, que l'Office du crédit agricole pourrait venir en
aide, d'une certaine façon, à ces producteurs qui se voient
présentement acculés à devenir des assistés sociaux
pour une période indéterminée. J'aimerais que vous nous
disiez de quelle façon l'Office du crédit agricole pourrait leur
venir en aide.
M. Garon: Je viens de vous dire qu'il y a une possibilité
de prêt prévue dans la loi actuelle, d'environ 90% de la valeur
pour la conversion de l'exploitation qui est à 90% dans ce cas-ci et qui
est à 80% quand il ne s'agit pas de conversions à l'exploitation.
Dans les projets de loi que j'ai déposés la semaine
dernière, il y a des possibilités de prêts beaucoup plus
avantageuses, mais ces projets n'existent pas encore actuellement comme lois.
Il y a un troisième volet qui sera ajouté dans la Loi du
crédit spécial pour les cas où il y a cessation de
production pour un producteur suite à un événement
économique hors de sa volonté. Si vous communiquez avec
l'organisateur en chef de M. Ryan, qui avait des connaissances et des contacts
assez forts avec ce consortium de compagnies...
M. Picotte: C'est une vraie hantise. Vous vous sentez
traumatisé.
M. Garon: Non, mais les gens parlent de l'agriculture et ils
aiment les agriculteurs, mais qu'ils le fassent aussi dans les textes. Je
pourrais lui parler de la compagnie Catelli qui a un "phasing out";
plutôt qu'une décision rapide, qu'on arrête d'acheter sa
production d'un coup sec.
M. Picotte: M. le ministre, d'abord, j'espère que je ne
vous apprendrai rien en vous disant que l'organisateur en chef du chef du Parti
libéral n'est pas dans Catelli-Habitant.
M. Garon: Cela fait partie du "holding".
M. Picotte: La deuxième des choses, c'est que, si vous
aviez invité cette compagnie à venir participer au sommet
agro-alimentaire, vous auriez peut-être la réponse à la
question que vous me posez présentement. Ce que je veux, en fait, c'est
quand vous mentionnez qu'il y aura possibilité d'aide de la part de
l'Office du crédit agricole; c'est pour ceux, évidemment, qui
voudront diversifier leur production, qui voudront produire autre chose, mais,
d'ici ce temps-là, M. le Président, on a parlé d'asperges,
justement...
M. Garon: Les programmes existants sont applicables.
M. Picotte: Vous savez très bien que l'asperge, pour
devenir rentable au niveau d'un producteur, c'est trois ans. D'ici ce
temps-là, il faut que les
producteurs vivent et il faut qu'ils soient aidés d'une
façon quelconque. Je sais qu'ils ont eu, évidemment, une mesure
compensatoire de la part de la compagnie, je vous l'ai souligné, mais
cette mesure compensatoire est très minime et ne permettrait même
pas de faire vivre une famille pendant plus de deux ou trois mois et, encore
là, je ne sais pas si cela se rendrait là. J'aimerais savoir s'il
y aura quelque chose de prévu de la part du ministère.
M. Garon: II y a eu une rencontre au ministère, hier,
entre les représentants du ministère de la région et les
gens du ministère à Québec. Il y aurait possiblement un
nouveau débouché pour les produits de ces agriculteurs dans leur
région. C'est ce qui est étudié actuellement. J'en ai
parlé déjà. Au fond, j'ai répondu à toutes
ces questions que vous m'avez déjà posées
antérieurement.
M. Picotte: Avec plus ou moins de précision.
M. Garon: Avec beaucoup de précision, au contraire, je
disais que...
M. Picotte: Ce que j'essaie de faire, M. le Président, je
pense bien que c'est de rassurer ces gens-là. Encore en fin de semaine,
j'en ai rencontré qui ne savaient pas du tout où donner de la
tête; mais si vous me dites qu'il y a eu une rencontre hier et...
M. Garon: Oui.
M. Picotte: En fait, on essaiera de trouver un nouveau
débouché. Je pense que c'est ce que tout le monde demande et
c'est pour le bien de certains producteurs, d'ailleurs, n'en doutez pas.
Le Président (M. Boucher): Élément 2,
adopté?
M. Garon: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Garon: Plusieurs représentations m'ont
été faites par le député de Champlain à ce
sujet et immédiatement j'ai demandé aux gens du ministère
de travailler là-dessus. Il y a déjà eu un certain nombre
de rencontres. J'ai moi-même rencontré un certain nombre d'entre
eux quand je suis allé dans la région de la Mauricie, il y a deux
mois; c'était un vendredi, je pense, parce qu'habituellement, le
vendredi je fais des tournées régionales, et il y a
différentes options qui sont recherchées. J'en ai
mentionné un certain nombre au début et une certaine
indemnisation a déjà été accordée, je pense,
par l'entreprise. Quelques-uns ont été indemnisés.
M. Picotte: Une partie très minime. M. Garon:
Oui.
M. Picotte: On en conviendra.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais savoir si, à l'office, il y a
plusieurs prêts en suspens qui attendent l'acceptation des services de
protection de l'environnement actuellement, parce que, dans certains cas, avant
d'avoir un prêt, il faut aussi avoir l'acceptation des services de
l'environnement.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Est-ce qu'il y a plusieurs prêts en suspens
comme cela?
M. Garon: Pour l'office, ce serait difficile, surtout pour le
porc. Ce serait difficile de donner un chiffre.
M. Dubois: Ce sont des cas qui se présentent souvent.
M. Garon: Ce sont des cas qui se présentent, mais, d'une
façon générale, l'office va demander si, au point de vue
de l'environnement, il se présente des problèmes et il
sait...
M. Dubois: Est-ce qu'il y a des blocages systématiques par
les services de l'environnement?
M. Garon: C'est-à-dire que ce ne sont jamais les
mêmes cas.
M. Dubois: II y a des blocages systématiques
fréquents.
M. Garon: Ce ne sont jamais les mêmes cas. À
quelqu'un qui est devant l'environnement, surtout quand il s'agit d'une
porcherie, l'office va demander au producteur: Avez-vous votre permis de
l'environnement?
M. Dubois: Mais cela prend du temps.
M. Garon: II peut toujours y avoir un certain laps de temps.
M. Dubois: Cela dépend souvent de beaucoup... (16 h
45)
M. Garon: Habituellement, on me dit qu'au service pour la
protection de l'environnement, cela prend environ trois mois, à cause du
nombre de demandes.
M. Dubois: J'imagine qu'il y a des cas qui sont
bloqués...
M. Garon: Mais le nombre devant l'Office n'est jamais le
même, le nombre change... le nombre peut rester le même, mais les
individus ne sont pas les mêmes. Il y en a un qui reçoit son
permis, un autre fait une demande et il n'a pas encore son permis, alors il y a
des variations.
M. Dubois: Est-ce qu'il y a des cas qui sont bloqués par
l'environnement où l'étendue de terre n'est pas suffisante pour
le nombre de porcs produits? Est-ce que cela arrive?
M. Garon: L'environnement ne touche pas à ces
critères, je ne le pense pas.
M. Dubois: Est-ce que cela se fait dans ce sens, au niveau de
l'environnement?
M. Garon: Les cas qu'il y a eu, ce sont plutôt des cas
où les règlements municipaux auraient empêché,
c'est-à-dire que les municipalités auraient empêché,
en vertu de règlements municipaux, l'établissement de porcheries,
mais surtout quant au nombre ou parfois quant à la localisation, mais
quant au nombre principalement.
M. Dubois: L'élément 2.
Le Président (M. Boucher): L'élément 2,
adopté. L'élément 3.
Amélioration des fermes
M. Picotte: M. le Président, l'élément 3,
"Amélioration des fermes"; on a vu accordé au budget 1977/78 un
montant de $3 996 700, est-ce que ce montant a été
épuisé l'an dernier?
M. Garon: L'élément 3, ce n'est pas le
programme.
M. Picotte: Toujours au programme 2, M. le ministre; cela va
moins vite que vous ne le pensez.
M. Garon: Cela ira plus vite l'an prochain quand on fera
l'historique du ministère.
M. Picotte: Nous sommes comme vous, l'an dernier, on a
passé 26 heures là-dessus.
M. Garon: Alors vous avez demandé à
l'élément 3... votre question déjà... Les
crédits périmés?
M. Picotte: C'est cela. Est-ce que tout ce montant a
été utilisé...
M. Garon: $286 700 de crédits périmés.
M. Picotte: Merci M. le Président. Entre-temps, je vois
cette année, comparativement à l'an passé, une
augmentation de tout près de $1 270 000 ou $1,3 millions. Est-ce que le
ministre pourrait me donner des explications concernant cette augmentation
comparativement à l'an dernier du côté de
l'amélioration des fermes.
M. Garon: Vous comprenez, c'est parce que nous voulons
améliorer davantage les fermes.
M. Picotte: À part cela, l'an passé vous n'avez pas
épuisé vos crédits et cette année, vous faites des
prévisions additionnelles pour améliorer les fermes? Cela veut
dire que l'an dernier vous n'aviez pas la même intention, je suppose?
M. Garon: Pas du tout. Le progrès vous n'êtes
pas venu au monde beau comme vous l'êtes maintenant, évidemment,
vous avez grandi. Alors, c'est la même chose, alors on veut
améliorer...
M. Picotte: Je ne suis pas tout seul d'ailleurs, cela doit
être la même chose pour vous, enfin je l'espère.
M. Garon: C'est la même chose pour moi comme pour tout le
monde, c'est la même chose pour l'amélioration des fermes. On veut
donner un plus grand coup dans l'amélioration des fermes au cours de
l'an prochain. En fonction de l'augmentation des prêts qui a
été anticipée, du nombre des prêts qu'on anticipe
aussi, il va falloir une subvention d'intérêts qui augmente de
3%.
M. Picotte: La différence c'est tout simplement
l'augmentation des prêts anticipés pour l'année qui
vient?
M. Garon: Oui.
M. Picotte: Pour l'instant, M. le Président...
M. Garon: Vous remarquerez que, quand j'ai parlé
d'assurance-récolte qui passe de $4000 à $12 000 en 1978/79, soit
le triple, cela démontre en somme un enthousiasme dans le domaine de
l'agriculture, un enthousiasme nouveau, et l'Office du crédit agricole
prévoit ce même enthousiasme.
M. Picotte: On va vous en parler tout à l'heure, M. le
Président, de cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Peut-être aurait-il fallu que je pose ma question
à l'étude de l'élément 2, mais cela se
réfère au crédit agricole; c'est au sujet de la lenteur
pour l'acceptation des demandes de crédit agricole. De nombreux
agriculteurs de mon comté et même des comtés voisins
viennent me voir, se plaignent, après six, sept ou même huit mois
d'attente avant que les agriculteurs puissent obtenir leur prêt. J'ai
aussi différents cas pour qui, pour une garantie de prêt de $40
000, l'Office prend jusqu'à $80 000 et $90 000 de nantissement. J'ai un
cas, entre autres, où le gars a une moyenne de troupeau de 13 800 livres
de lait et il calcule, il évalue ses vaches à $325 la bête.
Je me demande pourquoi l'Office est aussi sévère quand les
banques, souvent, prêtent sur une simple signature. Quand un agriculteur
achète une ferme d'un voisin ou peu importe, en attendant le prêt
de l'Office, la banque lui prête sur une simple signature, et l'Office,
cela lui prend des nantissements épouvantables, une garantie de
remboursement épouvantable pour venir à bout d'accepter ce
prêt. Qu'est-ce qui fait que c'est aussi lent?
M. Garon: Je demanderais à M. Moreau de répondre,
mais je vais vous dire, en même temps, une chose. J'aimerais, quand on
soulève des cas de lenteur... Je me rappelle de quelques cas
exposés dans une lettre et le cheminement date par date de tout le
dossier avait été donné par l'Office du crédit
agricole, lequel révélait que l'Office du crédit agricole
n'avait jamais perdu de temps. Dans certains cas, la demande arrivait le matin
et la première procédure était entreprise
l'après-midi même. Mais c'était à d'autres
étapes, parfois, à d'autres endroits que les délais se
faisaient. Je vais demander à M. Moreau qui peut vous donner plus de
cas, de répondre à cette question.
Le Président (M. Boucher): M. Moreau.
M. Baril: Dans certains cas, c'est le notaire du cultivateur qui
retarde les procédures, mais dans d'autres cas, je crois que c'est
à l'Office qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
M. Garon: M. le Président, je crois déceler deux
questions dans l'intervention du député d'Arthabaska. La
première a trait aux délais. Disons que les délais, depuis
quelques années, nous les avons réduits de 65%. Il y a encore
énormément à faire. Nous les avons réduits,
dernièrement, jusqu'à 151 jours; nous avons adopté comme
expérience pilote récemment et cela fonctionne très
bien jusqu'à maintenant l'examen à vue au bureau
d'enregistrement par les notaires instrumentant, de sorte que nous estimons
être en mesure de sauver encore trois semaines de ce côté.
Nous voulons aussi utiliser une autre technique qui réduirait les
délais à 130 jours, et nous sommes à mettre au point une
autre technique qui nous permettrait de faire parvenir le chèque lors du
déboursement du prêt directement au notaire, ce qui nous
permettrait peut-être de sauver une vingtaine de jours encore
là.
Si nous pouvions réaliser trois mois, je pense que
déjà, nous aurions un délai qui serait passablement
réaliste, compte tenu de ce qui se fait ailleurs. La question des
délais, ce n'est pas facile parce que toutes sortes d'interventions sont
faites au dossier. Il y a parfois la municipalité qui va intervenir au
sujet des permis de construction, vous avez l'environnement qui intervient
également au dossier, vous avez parfois l'agriculteur lui-même.
Vous seriez surpris de voir, dans l'étude des séquences qui
conduisent au déboursement d'un prêt quels sont les délais
qui sont encourus au niveau de l'agriculteur lui-même.
Personnellement, lorsque nous avons fait cette étude, j'ai
été renversé de voir jusqu'à quel point il pouvait
y avoir pas chez tous mais chez certains certaines
négligences de ce côté. Il y a les bureaux
d'enregistrement. Nous avons attendu jusqu'à huit mois, dans un cas,
pour obtenir deux certificats de recherche, il nous a fallu faire un rappel et
ce n'était pas une affaire bien longue d'émettre ce certificat,
je vous prie de me croire.
Il y a toutes sortes d'interventions au dossier que l'office doit subir.
Malheureusement, nous, nous sommes dans la chaîne des intervenants, nous
sommes toujours ceux qui écopent, les boucs émissaires; c'est
toujours en rouge sur l'office, bien sûr, mais je dois à la
décharge de l'office et de l'équipe de l'office faire
état des interventions qui sont tout à fait hors du
contrôle de l'office. Comme je le mentionnais tout à l'heure, nous
nous acheminons vers un délai de trois mois et nous ne cesserons de
travailler à ce chapitre tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas
atteint cet objectif, je vous prie de me croire.
L'autre point a trait aux garanties que peut prendre l'office. La
question du député d'Arthabaska me surprend. Je ne veux pas dire
que cela ne peut pas arriver parfois. Nous avons au niveau des animaux,
pour le nantissement des conseillers en financement qui suivent le
marché constamment, qui suivent les encans. Les bases
d'évaluation sont constamment mises à jour et il s'agit, bien
sûr, au niveau d'un troupeau, d'une moyenne.
Normalement, nous essayons de donner justice à l'agriculteur.
Bien sûr, pour d'aucuns, la valeur de leurs animaux est de beaucoup
supérieure à celle que peut estimer l'office, et je les
comprends, mais nous, la nôtre est basée sur des standards et sur
l'expérience. Au sujet de l'évaluation foncière, nous
avons des "comparables" dans toutes les paroisses, nous avons des archives et
il y a des pondérations qui se font.
C'est bien sûr que l'agriculteur, lui, se dit: Ma ferme vaut $80
000, mais cela ne veut pas dire que, le lendemain, il pourrait la vendre $80
000, surtout s'il veut la vendre pour qu'un homme réussisse sur cette
ferme parce que l'acheteur va être obligé de tenir compte de la
capacité de la ferme au niveau de la production. Pour autant que nous
sommes concernés, à l'office, notre règlement no 8
concernant la Loi sur le crédit agricole nous impose de tenir compte
d'une pondération entre la valeur marchande de la ferme et la valeur
productive de la ferme. Autrement, si nous n'étions pas diligents de ce
côté, nous contribuerions tout simplement à favoriser
l'inflation et une hausse du prix des terres, s'il nous fallait estimer ou
déduire que la valeur ou le prix qui a été payé
reflète vraiment la valeur de la ferme.
Le législateur a été prudent et il nous a
donné la contrainte de respecter le règlement no 8 qui, lui,
impose une pondération et qui nous oblige à tenir compte à
la fois de la valeur marchande, compte tenu des comparables dont je faisais
état tout à l'heure et, en même temps, de la valeur
productive de la ferme. En d'autres termes, selon des standards normaux, compte
tenu de la production, du climat et du secteur, qu'est-ce qu'un agriculteur est
en mesure de sortir de cette exploitation? Je peux vous assurer que l'office
fait tout en son possible pour que les valeurs qu'il établit suivant la
loi soient réalistes et que ces valeurs ne pénalisent pas
l'agriculteur.
Si le député d'Arthabaska a des cas à porter
à notre attention, c'est avec plaisir que nous les accepterons et nous
ferons faire enquête pour nous assurer que les agriculteurs n'ont pas
été pénalisés lors de ces prêts. (17
heures)
Je voudrais ajouter un mot sur un sujet que le président de
l'office n'a pas mentionné; c'est qu'il y a beaucoup d'échanges
postaux là-dedans, et la poste n'est pas ce qu'elle était. Quand
vous envoyez une lettre je regarde les lettres que je reçois
elles sont toujours marquées d'un tampon de réception. Je
remarque qu'en moyenne la réception d'une lettre prend parfois de dix
à douze jours. Cela, c'est fréquent. Si vous envoyez une lettre
aller-retour, cela prend dix, douze jours. Cela a pris quasiment trois semaines
pour répondre à une lettre. Je vous dis que cela ne vous prend
pas trop de délais comme ceux-là pour faire 150 jours. J'ai
été estomaqué dans certains cas, je me suis informé
auprès de l'office, et je vous dis que j'ai été
estomaqué, j'ai été renversé de constater la
rapidité de fonctionnement de l'office parce qu'il n'y avait jamais de
délais. Véritablement, c'était la journée
même ou le lendemain ou le surlendemain qu'on envoyait une
réponse. C'était toujours très rapide. Mais j'ai
été renversé aussi des délais postaux qui sont
considérables. Je veux le dire sans faire de politique, je pense que
tout le monde constate cela.
Je ne sais pas si c'est parce que la Gendarmerie royale prend un certain
nombre de journées pour ouvrir les lettres. Je voudrais lui dire qu'elle
les ouvre plus vite et qu'elle les referme plus vite.
M. Cordeau: Vous ne faites pas de politique.
M. Garon: Tout le monde constate cela. C'est un secret de
polichinelle. C'est quasiment une vérité de La Palice.
M. Baril: M. le Président, je voudrais ici dans mon
intervention...
M. Garon: Je ne voudrais pas... Je suis très
sérieux quand je dis cela. Si vous voulez, je pourrais
éventuellement, l'an prochain vous montrer des dossiers que j'aurai
demandés au cours de l'année, les garder ces dossiers pour vous
montrer jusqu'où en sont les délais. Vous allez être
surpris de constater que, d'une façon générale, ce
n'étaient pas les délais de l'office.
M. Baril: Non, cela...
M. Garon: J'ai remarqué dans mes rapports avec l'office,
comme ministre j'ai souvent affaire avec l'office, et je veux rendre hommage
à l'efficacité de l'Office du crédit agricole. Je vais le
dire, je pense que c'est un organisme qui marche rondement. J'ai toujours eu
à me féliciter des rapports que j'ai eus avec l'Office du
crédit agricole au point de vue de l'efficacité. Le point sur
lequel j'entends souvent des plaintes, l'exemple qu'on mentionnait, c'est
peut-être dans les productions nouvelles où on disait qu'il n'y
avait pas assez de prêts ou des choses comme cela et il faut dire qu'il y
a une certaine prudence aussi parce que les productions nouvelles parfois
augmentent les connaissances techniques. Bien souvent, l'Office du
crédit agricole disait, lorsqu'il y avait de nouvelles orientations au
ministère, qu'on devrait discu- ter justement des nouvelles orientations
avec l'Office du crédit agricole pour s'orienter vers de nouveaux types
de production. En ce moment, l'office applique les lois qui ont
été votées.
M. Baril: Je suis d'accord quand le ministre dit que l'office
applique les lois qui la régissent et les règlements qui en font
partie, mais vous comprendrez quand même que l'agriculteur, pendant qu'il
attend un prêt, paie un intérêt assez élevé
aux banques. Qui va-t-il voir? Il vient voir son député. Il y a
des plaintes comme celle-là, je l'ai dit tout à l'heure, j'en ai
des agriculteurs de mon comté, des comtés voisins et quand M.
Moreau tout à l'heure a spécifié qu'il y a des normes
à suivre, ces gens faisaient le tour des encans ou allaient à
certains encans pour prendre une moyenne de la vente des troupeaux. Tout
à l'heure quand j'ai dit que le cas, je n'aime pas noter des cas
particuliers, mais c'était l'automne dernier, au mois d'octobre que mon
électeur a demandé son prêt et au mois d'octobre l'an
passé on évaluait à $325 la vente des vaches dans les
encans.
Cela n'a pas d'allure. Cela peut être des vaches à boeuf,
d'accord. Mais quand c'est rendu à des vaches, et là ce n'est pas
une moyenne épouvantable, mais quand même à 13 800 livres
par année, il me semble que cela vaut plus que $325. C'est
là-dessus que tu es obligé d'en prendre beaucoup plus pour en
arriver au total que le gars veut avoir. Lui, le gars, se retrouve avec rien.
Tous les animaux sont pris. Toute sa machinerie est prise et il n'a plus aucun
"lousse". S'il veut aller ensuite emprunter à une banque ou je ne sais
quoi, un prêt de consolidation, il n'a plus rien à donner en
garantie. Après cela, quand on dit qu'il y a une évaluation des
terres, je sais comment cela fonctionne, on prend la valeur en moyenne des
terres qui se vendent dans une région, dans un secteur donné et
on dit: Cela vaut tant de l'acre.
Encore là, c'est parfait. Mais aussi, les agriculteurs se posent
de sérieuses questions. Moi également. Souvent, il arrive, ce
n'est pas la faute de personne, que des exploitants étrangers soient
prêts à acheter cette même ferme pour le double du montant
que le gars devait avoir en guise de prêt agricole. Le Crédit
agricole ne prête pas, je comprends, si le gars n'a pas la
capacité de remboursement. C'est bien clair et on ne peut pas s'obstiner
là-dessus. Mais l'étranger qui arrive ici paie le double.
Où la prend-il sa capacité de remboursement? Il a un comptant
à donner. Il a un certain montant, un acompte à donner, et c'est
comme cela que nos terres s'en vont, elles ne s'envolent pas, mais en tout cas,
elles s'en vont aux mains des étrangers et souvent sont
inexploitées. C'est un peu cela dont je voulais faire mention.
Espérons que les projets de loi qui ont été
déposés pourront améliorer certaines anomalies qu'il y a
à l'intérieur actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Garon: II faut dire que les étrangers ont tendance,
parfois... Ils arrivent souvent après avoir
vendu une ferme en Europe. À un moment donné, on disait,
dans certaines régions, qu'il y avait un certain nombre de terres qui
avaient été vendues à des immigrants européens. Je
me suis demandé pourquoi ils achetaient ces terres, qu'est-ce qui
arrivait, quel était le phénomène? J'ai envoyé
quelqu'un voir, dans des réunions qui ont eu lieu dans certaines
régions, et une des constatations faites c'est que c'était vrai,
c'étaient des gens qui avaient vendu des terres en Europe. La principale
raison que j'ai entendue pour la vente de leur terre, assez curieusement,
c'était la crainte du changement de gouvernement, le gouvernement
communiste dans certains pays, et les gens décidaient de quitter avant
parce que la valeur des terres allait tomber alors qu'elle est très
élevée actuellement, en Europe. J'ai parlé avec des
Européens qui m'ont dit: Certains ont acheté des terres sans
même les voir, au Québec, tellement le prix d'une terre est
inférieur au prix européen.
Les gens ne se donnaient même pas la peine de venir voir la terre;
dans certains cas, aussi, certains se sont fait organiser le portrait. C'est le
cas de le dire, le portrait, parce qu'en chiffres, ce sont des portraits. Ils
ont payé trop cher parce qu'ils se basaient sur la valeur
européenne; le coût de l'alimentation est beaucoup plus
élevé en Europe qu'ici. Évidemment, le prix des terres est
beaucoup plus élevé qu'ici. Je pense qu'il va falloir aussi tenir
compte de cela, que les terres devraient être gardées.
Je n'ai pas d'objection quand les gens immigrent au Québec et se
lancent surtout dans de nouveaux types de production et que les
Européens amènent des connaissances techniques nouvelles. Je
pense que ce n'est pas mauvais pour l'agriculture. Ce qui est mauvais, c'est
quand les non-résidants achètent des terres. En 1975, il y avait
500 000 acres qui appartenaient à des non-résidants; je pense que
c'est scandaleux de laisser acheter nos terres par des non-résidants.
Quand un immigré européen décide de venir ici et, surtout,
certains de ceux-là ont développé des cultures nouvelles,
ont amené des connaissances techniques, je pense que c'est
bénéfique pour l'agriculture québécoise. Je pense
que le dommage est causé plutôt par les non-résidants qui
achètent des terres; la culture n'est pas forte quand vous ne demeurez
pas dans le pays où vous avez acheté la terre.
M. Baril: M. le Président, tout à l'heure le
ministre nous a dit que les étrangers partent de leur pays à
cause des changements de gouvernement par là; comment se fait-il qu'ils
n'ont pas peur du changement du gouvernement ici, au Québec?
L'Opposition prêche partout que les changements de gouvernement sont
dangereux, quelque chose comme cela. Il faut croire que les étrangers ne
sont pas aussi nerveux que nos bons amis de l'Opposition.
Aussi, dans la vie, je dirais, il y a une procédure qui s'est
faite dans l'Ouest et qui...
M. Garon: Quand ils vont voir le portrait du nouveau chef du
Parti libéral, peut-être qu'ils vont avoir peur.
M. Baril: II y a une façon... M. Picotte: Cela
revient! M. Baril: ... de...
M. Picotte: Les premières nouvelles qu'on va avoir, on va
les retrouver en arrière du nouveau chef du Parti libéral mais il
a l'air d'y avoir...
M. Garon: Là, il y a un comté qui est ouvert,
justement le comté que j'avais mentionné à la commission
parlementaire, la semaine dernière, Notre-Dame-de-Grâce. Il me
semble que ce serait un beau comté.
M. Baril: Ce serait une grâce pour lui.
Il y a une façon qui est utilisée, je ne me souviens plus
dans quelle province de l'Ouest, quand des étrangers achètent des
terres, jusqu'à $700 ou $800 l'acre et la louent au propriétaire
même à $25 l'acre, souvent. Selon les informations que j'entendais
à la radio dernièrement, cela aurait tendance à s'en venir
ici, au Québec. Je suis d'accord que ce soit un étranger qui
cultive la terre ou un résidant du Québec, pourvu que la terre
soit cultivée. Mais je ne suis pas d'accord que des étrangers
viennent acheter notre sol et, qu'après cela, nos résidants, nos
agriculteurs se fassent exploiter par eux. Je ne sais pas s'il y a des mesures
d'envisagées pour empêcher de telles situations d'envahir le
Québec. Il y a des gens qui achètent 1000 acres de terre et
quatre ou cinq agriculteurs ou moyens agriculteurs. Après, ils relouent.
Ils ont quand même en leur possession une grande étendue de
terre.
M. Picotte: Le zonage agricole. M. Baril: Le zonage.
M. Garon: II y a différents volets, comme on l'a dit, dans
la protection des terres agricoles. Cela pourrait protéger les terres
agricoles, les garder pour les résidants québécois. Ce
peut être un volet de la protection des terres. J'ai toujours dit qu'il
allait y avoir plusieurs volets.
M. Baril: Je suis d'accord. Je veux parler de l'importance d'une
telle loi, la nécessité et l'urgence de voter une telle loi.
M. Garon: Là, il y en a six devant le Parlement et il y en
a une autre qui a été mise en avis au feuilleton aujourd'hui.
M. Cordeau: La lettre g), je crois.
M. Garon: Je n'ai pas regardé la lettre, c'est une loi
pour créer la Société québécoise
d'initiatives agro-alimentaires. Comme je le disais, cela dépend du
rythme d'absorption de la population.
Évidemment, avec un comté ouvert, avec un nouveau chef en
Chambre, cela pourrait un peu les fouetter, cela va peut-être
accélérer le rythme de l'Opposition pour qu'elle soit moins
divisée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Picotte: Trop d'éloges, M. le ministre! Cela va devenir
dangereux à force de louanger notre chef avant qu'il ne commence...
M. Dubois: Doit-on en conclure que cette loi de zonage est moins
importante...
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, M. le
député de Maskinongé!
M. Dubois:... que celles que vous avez présentées
à ce jour?
Le Président (M. Boucher): M. le député
de
Huntingdon.
M. Garon: Ce n'est pas cela, c'est parce que là, les gens
sont en train de le surnommer Fanto-mas. On ne le voit pas.
M. Dubois: Ma question est simple et courte. M. Picotte:
Vous allez le voir.
M. Garon: Surtout pour un parti qui croit en la démocratie
et au parlementarisme.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le ministre!
M. Picotte: Ne vous en faites pas, vous allez le voir trop
vite!
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre! M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: J'ai une courte question, M. le ministre. J'aimerais
savoir si vous avez l'intention de porter le maximum du crédit à
$200 000 tel que cela existe au fédéral.
M. Garon: Plus que cela, ce sera à $250 000. M.Dubois: Quand?
M. Garon: C'est dans les projets de loi qui ont été
déposés.
M. Picotte: M. le Président...
M. Garon: $450 000. Ces projets de loi étaient
préparés depuis un bout de temps. Évidemment, quand j'ai
vu le fédéral...
M. Dubois: Comme celle du zonage?
M. Garon: Non, c'était fait depuis un bout de temps. Je
voulais aller au sommet agroalimentaire d'abord. Si on avait eu des
propositions nouvelles, on aurait pu les rajouter aux projets de loi; on ne les
a pas déposés avant le sommet, avant la consultation, on a
attendu après. Quand j'ai vu le fédéral qui augmentait le
crédit agricole par sa loi, je me suis dit: Le fédéral, en
fait, veut nous suivre, même si on a l'air d'arriver après. Au
fond, nos projets de loi étaient prêts depuis un bon bout de
temps. Il a dû en être avisé; évidemment, il a des
amis dans la fonction publique. Il a dû être avisé qu'on
s'en venait avec des changements. J'avais gardé une petite surprise, je
n'avais pas inscrit les bons chiffres. Je me suis aperçu de cela et
j'avais attendu pour inscrire les chiffres définitifs. Actuellement, le
Québec aura $250 000 et $450 000. Encore une fois, le Québec sera
plus généreux pour l'agriculture.
M. Baril: L'Opposition avait tellement hâte que le ministre
dépose ses projets de loi que nos collègues n'ont pas pris le
temps de les lire. Cela fait plus d'une semaine qu'ils sont
déposés.
M. Dubois: On n'en est pas arrivé à l'étude
encore.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: J'aimerais revenir sur la question du
député d'Arthabaska afin de m'informer d'un point. Combien de
temps s'écoule, en moyenne, entre la demande du prêt et la visite
de la ferme par l'officier de l'Office du crédit agricole au niveau
régional? Il semble que ce soit parfois assez lent dans certaines
régions.
M. Garon: Je dirais qu'il s'agit là d'une dimension
très variable. J'ai vu personnellement des cas où la semaine
suivante c'était réglé. Tout dépend du fardeau de
travail de nos représentants et de nos conseillers en financement. Je
pourrais vous citer des exemples où la semaine suivante de
l'entrée de la demande chez nous un conseiller en financement est
allé procéder à l'évaluation de la ferme; par
contre, lorsqu'il s'agit d'une période de pointe comme, par exemple, au
printemps, dès la fonte des neiges, c'est bien sûr qu'il faut
s'attendre qu'on ait un certain nombre de dossiers en retard. Nous
procédons par une liste de dates d'entrée des dossiers afin de ne
pas pénaliser les agriculteurs, pour ne pas faire de discrimination. Il
se peut que cela prenne trois semaines, au début, comme cela;
généralement, on peut dire que notre vitesse de croisière,
dans le meilleur de la saison de l'évaluation, est d'une quinzaine de
jours en moyenne. Compte tenu du fardeau de travail que nous assumons, ce n'est
pas mal!
M. Rancourt: Une deuxième question: A-t-on une idée
du nombre d'acheteurs non-résidants qui seraient pour le moment
assujettis à la taxe de 33%? Vous n'avez aucune statistique à ce
sujet?
M. Garon: Pas à l'office, mais peut-être au
ministère.
M. Rancourt: C'est tout, merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé. (17 h 15)
M. Picotte: M. le Président, serait-il possible de savoir
combien de prêts ont été consentis aux nouveaux
agriculteurs du Québec pour l'année qui vient de se terminer?
M. Garon: Les prêts à long terme de l'Office du
crédit agricole: 623 à des jeunes sur 1 358 prêts. À
peu près 50%.
M. Picotte: Au point de vue statistique, est-ce que ces
prêts ont été consentis à de nouveaux agriculteurs
québécois? Avez-vous également le nombre de personnes qui
viennent de l'extérieur du Québec à qui on a consenti des
prêts, étant donné qu'on a touché un petit peu la
question tantôt avec le député d'Arthabaska?
M. Garon: Je n'ai pas d'idée actuellement, mais j'ai
l'impression que ce serait l'exception. Je pense, en fait, que ce sont des
agriculteurs québécois, des jeunes. L'âge moyen de ces
agriculteurs est de 28.8 ans. 26.8 ans. 26.8 ans.
M. Picotte: M. le Président, une question dans un autre
ordre d'idée. Y a-t-il des groupes de personnes dans des élevages
donnés qui se sont vu refuser un prêt agricole? Je m'explique.
Supposons qu'un groupe de personnes décident de s'associer et demandent
l'aide du crédit agricole dans le but de faire de la production de
moutons ou autres. Est-ce que le crédit agricole refuse à
certaines catégories de production, à certaines catégories
de personnes des prêts agricoles ou est-ce ouvert, en principe, à
tous ceux qui veulent l'obtenir, moyennant des restrictions et les
modalités établies par l'Office du crédit agricole du
Québec?
M. Garon: II y a une chose qu'il faut d'abord mentionner. Il y a
plusieurs amateurs qui veulent emprunter de l'Office du crédit agricole.
Le crédit agricole s'adresse à des fermes commerciales, non pas
à des fermes de subsistance ou à quelqu'un qui va créerune
commune pour vivre... Ce n'est pas le but. L'Office du crédit agricole
prête aux fermes commerciales, aux personnes qui veulent s'établir
et vivre professionnellement comme agriculteurs. M. Moreau, je ne sais pas si
vous avez des données sur les...
Disons qu'en principe il n'y a aucune contrainte au niveau des
productions. Nous en avons dans la caille. Il y a un vignoble au Québec,
comme je l'ai mentionné la semaine dernière, à qui nous
avons prêté. Je pense que le montant... Si vous me le permettez,
je vais vous donner les statistiques de l'utilisation des sommes... 68,50% des
prêts ont été accordés à des productions
laitières. Ce qui veut dire que tous les autres prêts ont
été consentis à d'autres productions. Alors, nous en avons
j'ai déjà mentionné la caille dans les
serres, nous en avons dans toutes les productions. Il faut que les producteurs
répondent, bien sûr, aux critères de rentabilité.
Pour le groupe, il y a une définition de la ferme rentable qui doit
correspondre vraiment à la dimension du groupe et c'est là qu'il
peut y avoir contrainte. Mais...
M. Vaillancourt (Orford): Avez-vous le pourcentage pour chacune
des productions? Vous avez 68% pour les producteurs...
M. Garon: Certainement. Pour l'année qui vient de
s'écouler, par exemple, les récoltes...
Récoltes par champ: 7,8%. Cela va être appelé
à se développer parce qu'il n'y avait vraiment pas de
volonté de développer les céréales au
Québec. Normalement, les prêts devraient augmenter pour ce
secteur. Le lait: 68,5%. Les chevaux: 0,2%. Le boeuf: 1,4%. Le porc: 17,7%.
L'agriculture: 2%. Les ovines: 0,3%. Autres: 2,1%. Mais normalement, et j'en
parlais récemment avec le président du Crédit agricole, on
doit se rencontrer pour discuter des types de nouvelles orientations pour de
nouvelles productions. Par exemple, avec l'ensemble des entreposeurs dans le
domaine des céréales, normalement il va y avoir un
développement des prêts pour la production de
céréales. Avec le manque de sécurité qu'il y avait
auparavant, les gens se demandaient même où ils mettraient leurs
céréales s'il y avait une grosse production. Avec le
Régime d'assurance-stabilisation, normalement cela va aller beaucoup
plus rapidement dans ce secteurs-là.
Dans le domaine du mouton ou de l'agneau, il va falloir aller aussi,
c'est évident parce qu'il y a 9% de l'agneau consommé au
Québec qui est importé mais il va falloir y aller avec des
programmes différents de ceux qu'on avait jusqu'à maintenant. Ce
n'est pas en donnant des $0.25 ou des $0.50 par tête qu'on va
développer des productions. À ce moment-là, il faut
réorienter le ministère c'est ce à quoi on est en
train de travailler actuellement pour dire: Pour établir une
ferme dans le domaine de l'agneau cela prend 300 brebis. Il doit y avoir un
temps de développement; quelqu'un va dire: J'aurai 300 brebis dans un
an, deux ans ou trois ans. Quelqu'un qui va vouloir garder quelques moutons
seulement pour les entendre bêler, on n'est pas intéressé
à cela. Le problème qui se présente actuellement c'est
qu'on a un tas de programmes qu'il faut réviser, qu'on est en train de
réviser parce qu'à un moment donné, il faut se rendre
compte que le développement agricole ne se fera pas en comptant $0.25
par canard, $0.50 par brebis, des choses comme cela. Il y a trop de programmes
comme cela et il faut mettre la hache là-dedans pour avoir des
programmes qui sont pensés en termes de développement
économique. Cela veut dire que si cela prend $50 000 ou $100 000 pour
développer une ferme de 300 bre-
bis, on va dire: On y va. Le gars va penser en termes de mise en
marché, en même temps, développer cela comme ensemble. Cela
prend un peu plus de temps.
C'est la même chose pour le boeuf; on est en train de travailler
là-dessus avec des gens spécialisés dans ce domaine. Cela
prend un peu plus de temps, mais il va falloir y aller en termes de
développement économique, pas en termes de programmes
cataplasmes.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre a un
comité qui fait une étude semblable pour mettre de l'avant de
nouveaux programmes dont le but sera de produire davantage dans des domaines
où il y a un besoin dans la province de Québec? Comme on peut le
constater par les prêts qui sont faits par l'Office du crédit
agricole, il y a environ 65% des prêts qui sont faits pour la
production...
M. Garon: Laitière.
M. Vaillancourt (Orford): ... laitière et tous les autres
produits où nous sommes déficitaires dans la province. Je pense
que ce serait bon que le ministre fasse le nécessaire pour orienter nos
cultivateurs vers d'autres programmes, étant donné que nous avons
un surplus de produits laitiers, ce qui permettrait d'équilibrer un peu
les besoins que nous avons ici dans le Québec pour nourrir notre
population.
M. Garon: Je suis complètement de cet avis. C'est cela
qu'il faut faire. Mais certains types de productions ont tellement
périclité dans les années passées... Du mouton ou
de l'agneau, on en faisait auparavant, mais cela a périclité de
sorte que c'est rendu une production quasiment inexistante au Québec. Il
faut rebâtir cela. Il faut réorganiser ces choses-là. On a
des années de retard là-dedans. Il ne faut pas se le cacher, il y
a des années de retard. On est en train de faire en 1978 ce qu'on aurait
dû faire dans les années cinquante.
M. Vaillancourt (Orford): C'est parce qu'on a trop de loups.
M. Garon: Non, les loups...
M. Picotte: Ou trop de bergers allemands.
M. Garon: ... c'était un des éléments.
M. Picotte: Trop de bergers allemands ou trop de loups!
M. Garon: C'est un des éléments, un des
problèmes, mais vous n'êtes pas obligés de mettre les
brebis comme dans le temps de Notre-Seigneur-Jésus-Christ, avec des
bergers qui couchent à la belle étoile en surveillant leurs
moutons.
M. Picotte: Ça bergers assemblons-nous!
M. Garon: Cela aussi se ferait. Les loups... On peut les garder
différemment. Cela prend des connaissances techniques et du
développement agricole et cela ne se fait pas d'un coup sec. Même
si vous arriviez demain matin en disant: On veut développer la
production d'agneaux au Québec. Cela nous prend des gars pour dire: Je
suis intéressé à embarquer là-dedans. Cela
dépend des gens qui vont leur dire comment cela fonctionne, comment cela
se développe. Tout cela prend un certain temps, mais c'est vers cela que
le ministère se dirige actuellement.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministère va
augmenter le plafond pour la réduction du taux d'intérêt
qui est de $15 000 actuellement?
M. Garon: Pas cette année.
M. Vaillancourt (Orford): Cela va demeurer encore de 2,5%
jusqu'à concurrence de $15 000?
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le président de
l'office a des statistiques concernant les prêts accordés à
des personnes qui sont non naturalisées citoyens canadiens?
M. Garon: Non. Il n'établit pas cette statistique. Je me
demande même si ce n'est pas contre la déclaration des droits de
l'homme de faire une distinction entre les immigrants et les citoyens. Je me
demande si on peut faire une discrimination comme celle-là envers des
gens parce que ce sont des résidants. Un immigrant reçu, c'est un
résidant.
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas un critère pour
refuser le prêt...
M. Garon: Non.
M. Vaillancourt (Orford): ... si la personne qui demande un
prêt n'est pas naturalisée.
M. Garon: Quelqu'un qui n'est pas citoyen?
M. Vaillancourt (Orford): Qui n'est pas citoyen canadien?
M. Garon: M. le Président, il y a une contrainte qui est
une protection de ce côté. Nous exigeons, au départ, que la
principale occupation soit l'agriculture. Le bonhomme doit cultiver cette ferme
qu'il hypothèque à l'endroit de l'office sur laquelle il
emprunte. À ce moment, c'est plus que la résidence. C'est un
bonhomme qui est là en permanence sur sa ferme. Il ne peut pas se
soustraire à cette obligation. Pour éviter la
propriété des fermes aux étrangers, ce que le
député d'Arthabaska soulevait tout à l'heure,
déjà on a une contrainte qui est salutaire de ce
côté, laquelle nous empê-
cherait de prêter à des gens qui ne sont pas
intéressés ou qui ne voudraient pas faire de l'agriculture leur
principale occupation au Québec. C'est cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Vaillancourt (Orford): Ce sont toujours les mêmes
critères. C'est la rentabilité.
M. Cordeau: M. le Président, M. le ministre a
déclaré tantôt qu'il y avait eu 623 prêts
accordés à des jeunes. Est-ce que ce sont des prêts
accordés à des jeunes dont le père vend sa ferme à
son fils? Combien de nouveaux jeunes ont bénéficié de
prêts de l'office, mais dans des cas où ce n'est pas la vente de
la ferme du père au fils?
M. Garon: Je n'ai pas cette donnée disponible
présentement, mais je pourrais vous l'obtenir dans quelques
semaines.
M. Cordeau: Oui, oui.
M. Garon: Nous venons à peine de terminer l'exercice.
M. Cordeau: C'est pour savoir s'il y a de nouveaux jeunes
agriculteurs qui s'en vont sur la ferme. C'est pour voir le mouvement.
M. Garon: Je dirais...
M. Cordeau: Non, non je n'ai pas besoin.
M. Garon: Tout simplement pour vous donner une indication, je
pense bien que la majorité sont des jeunes qui achètent la ferme
de leur père.
M. Cordeau: Quand vous pourrez le préciser, j'aimerais
connaître le nombre de ces nouveaux jeunes qui se dirigent en
agriculture.
M. Garon: À l'occasion de l'étude des projets de
loi, on pourra peut-être.
M. Cordeau: En tout cas, cela ne presse pas. Quand ce sera
disponible. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, est-ce qu'on a des
statistiques, au Crédit agricole, de la moyenne d'endettement par terre
agricole au Québec? Parallèlement à cela, si jamais on a
des statistiques, est-ce que vous trouvez que ces statistiques sont trop
élevées ou pas assez élevées ou qu'elles sont dans
la normale?
M. Garon: Je peux vous donner une indication. Je n'ai pas la
statistique spécifique que vous demandez. Je peux quand même vous
donner une indication relativement à cette dimension qui pourrait
intéresser le député de Maskinongé. Je prends les
chiffres de l'année dernière parce que je n'ai pas les
statistiques pour cette année. Si je prends le jeune qui s'est
établi durant l'exercice financier 1976/77, son actif
excusez-moi, j'ai celles de cette année est de $125 839 alors que
son passif est de $86 975. Cela veut dire que le jeune qui s'établit
c'est toujours la loi de la moyenne chez les 623 jeunes que
mentionnait le ministre tout à l'heure, il y a un avoir net de $39 000.
Son revenu brut est de $49 433. Ses paiements annuels sont de $7733. Cela veut
dire qu'en général, pour ce jeune, l'excédent des revenus
sur les dépenses est de $16 173. C'est le profil de la moyenne. C'est le
prototype du jeune qui s'établit, dont l'âge est de 26,8 ans,
parmi les 623 cas que le ministre a mentionnés tout à l'heure.
(17 h 30)
M. Picotte: M. le Président, n'existerait-il pas un
rapport au ministère concernant le nombre et la superficie des terres
agricoles vendues en 1977/78 à des fins autres qu'agricoles?
M. Garon: Non, je ne pense pas. Je n'ai jamais entendu parler
d'un tel rapport. Vous voulez parler pour cette année?
M. Picotte: J'ai l'impression qu'en vertu de la
préparation de la Loi du zonage agricole, il doit sûrement y avoir
un rapport semblable à cela pour nous indiquer certaines données
concernant ce domaine.
M. Garon: II n'y a pas de rapport actuellement à ce sujet
existant au ministère.
M. Picotte: Vous êtes bien certain que cela n'existe
pas?
M. Garon: II y a déjà une étude qui a
été faite, dans le passé.
M. Picotte: Concernant les terres vendues pour des fins autres
que des fins agricoles?
M. Garon: Oui, en 1975, il y a des études qui ont
été faites d'ailleurs, vous devez être au courant,
vos recherchistes doivent être au courant de cela qui
démontraient qu'il y avait, en 1975, 839 000 acres de spéculation
probable, tout cela dans les basses terres du Saint-Laurent, 500 000 acres dans
l'ensemble du Québec appartenant à des non-résidents,
etc.
M. Picotte: Le ministère, étant donné qu'il
sait qu'en 1975 il s'en est vendu tant d'acres, n'a-t-il pas continué
justement à faire cette évaluation et ne sait-il pas combien il
s'en est vendu en 1976/77, en 1977/78? Étant donné qu'il y a
déjà un rapport existant, je présume, en tout cas, qu'on a
continué à faire l'évaluation de ce rapport, qu'on a fait
des mises à jour là-dessus?
M. Garon: Non, vous êtes sans doute au courant... Regardez
ce que cela représente comme dépenses. C'est un rapport qu'on a
pris des mois à
compiler, avec un tas d'employés qui ont fait la révision
des registres des bureaux d'enregistrement de l'ensemble du Québec.
M. Vaillancourt (Orford): Y a-t-il eu une suite à ce
rapport?
M. Garon: II y a une suite, mais non pas de la façon que
vous le présentez.
M. Vaillancourt (Orford): C'est parce qu'un rapport a
été compilé. Je pense qu'il a été
déposé en 1974 ou 1975. Y a-t-il eu une suite à ce rapport
depuis? Je pense que c'est de là qu'est partie la Loi du zonage
agricole, à la suite de ce rapport.
M. Garon: Non, il n'y a pas eu de suite dans le sens que vous
mentionnez, à savoir toutes les transactions, si les terres sont vendues
pour des fins de spéculation ou autrement.
M. Picotte: Je me pose la question à savoir si la
situation s'est améliorée ou si elle s'est aggravée.
M. Garon: Ah!
M. Picotte: Peut-être que je commence à comprendre
pourquoi le ministre n'a pas encore déposé sa Loi du zonage
agricole. Si évidemment il n'a pas pris la peine de faire suite au
rapport qui avait été établi en 1975, je pense bien que
c'est peut-être pour cela qu'on hésite.
M. Garon: Les chiffres étaient tellement probants en 1975
que vous n'aviez pas besoin de suite au rapport. Je comprends pourquoi le Parti
libéral n'agissait pas, il passait son temps à étudier et
à faire des rapports.
En fait, quand vous avez des chiffres qui sont là, qui sont
probants, qui vous crèvent les yeux...
M. Picotte: Vous ne pouvez pas nous dire si depuis 18 mois
justement que vous avez pris le pouvoir, il y a eu détérioration
ou amélioration de la situation ou si elle est restée stable.
Cela ne vous chicote pas et vous ne vous posez pas de questions à ce
sujet?
M. Garon: Je pense que tout le monde a constaté que la
spéculation continue. Cela se voit à l'oeil nu. On n'a pas besoin
de faire des recherches tous les jours pour savoir qu'une terre a
été vendue là, une autre vendue là. Tout ce qu'on
sait c'est le nombre de transactions, combien il y a eu de transactions et les
transactions qui sont faites, mais non pas si elles sont faites pour des fins
de spéculation, de ceci ou de cela.
M. Picotte: Cela s'est peut-être amélioré, vu
que...
M. Garon: Cela ne veut pas dire...
M. Picotte: ... l'an passé, vous étiez prêt
à dé- poser votre loi et que, cette année, elle n'est pas
encore déposée. C'est peut-être parce qu'il y a eu une
amélioration.
M. Garon: J'ai répondu à votre question, qui
était: Est-ce qu'on y a donné suite? Je vous dis qu'on n'y a pas
donné suite dans toutes les transactions au fur et à mesure ou au
jour le jour.
M. Picotte: Peut-être une toute petite dernière
question. Est-ce que c'est l'Office du crédit agricole qui verra
à l'administration de la nouvelle Loi du zonage agricole qui serait,
éventuellement, déposée en projet d'ici 12 à 18
mois?
Une voix: Si elle l'est.
M. Picotte: Si jamais elle l'est?
M. Garon: C'est l'avenir qui le dira. Pardon?
M. Cordeau: C'est le secret du ministre.
M. Garon: Le secret des dieux.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense qu'il n'y a pas de secret, il
ne le sait pas.
Le Président (M. Boucher): L'élément 3
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Élément 4?
M. Picotte: En ce qui nous concerne, je suis prêt à
l'adopter.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Élément 5?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Élément 6?
Prêt agricole
M. Picotte: M. le Président, à
l'élément 6, "Prêt agricole", je constate qu'en relation
avec le budget de 1977/78, il y a évidemment une diminution des
crédits consacrés à l'élément "Prêt
agricole". Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer la raison de cette
diminution? Par la suite, j'aurai d'autres questions. Je me doute un peu de sa
réponse, mais je voudrais qu'on me le dise.
M. Garon: C'est la subvention sur les prêts
fédéraux. On subventionne l'intérêt sur les
prêts fédéraux, parce qu'autrement, le
fédéral ne prêterait pas beaucoup au Québec.
Évidemment, avec les nouvelles lois québécoises qui vont
venir bonifier le système de l'Office du crédit agricole, on
prévoit qu'on va avoir une diminution des prêts
fédéraux.
M. Picotte: Consécutivement à cela, avec les
nouveaux projets de loi qui vont être déposés, est-ce que
le ministre peut me dire si l'agriculteur pourra se prévaloir d'emprunts
au niveau des banques à charte ou des institutions prêteuses;
est-ce que l'agriculteur aura les mêmes avantages que lui offre l'Office
du crédit agricole du Québec?
M. Garon: Si le fédéral offre les mêmes
avantages?
M. Picotte: Concernant les nouvaux projets de loi qui seront
déposés et qui vont être étudiés, est-ce que
l'agriculteur pourra bénéficier, de la part d'institutions
prêteuses qui seront habilitées par ces lois à prêter
de l'argent aux agriculteurs, des mêmes avantages que lui offre l'Office
du crédit agricole du Québec présentement?
M. Garon: II ne perdra aucun avantage. M. Picotte: II ne
perdra aucun avantage.
M. Garon: II faut dire que nous aussi, dans ces
prévisions, il faut nous baser sur les chiffres d'Ottawa. Quand le
fédéral surestime ses prêts, nous, on en arrive à
surestimer les subventions à l'intérêt qu'on verse sur les
prêts fédéraux. Cela arrive aussi qu'il y a des
surestimations de prêts fédéraux.
M. Picotte: Des $6 028 000, combien ont été
versés pour les crédits, par le fédéral, comme vous
l'avez mentionné tantôt, en subventions?
M. Garon: La Société du crédit agricole
fédérale surestime assez fortement ses prêts au
Québec, de sorte qu'il y a eu des virements de fonds, un virement de
$800 000 plus un périmé de $61 800 sur le montant qui
était prévu dans les prévisions budgétaires. Alors,
on dit que cela ferait deux années de suite que la Société
du crédit agricole surestime fortement ses prêts.
M. Dubois: II semble évident que la stratégie
globale, si on inclut l'augmentation des prêts agricoles, est de se
diriger vers l'indépendance. C'est votre stratégie. Cela va
coûter meilleur marché pour acheter au Québec tout à
l'heure.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Cela va coûter meilleur marché si les
prêts sont d'ordre provincial au lieu de fédéral.
M. Garon: J'ai mal compris!
M. Picotte: II entend mal de ce côté.
M. Dubois: J'ai dit que la stratégie d'augmenter le
plafond des prêts agricoles au Québec faisait partie de votre
stratégie globale de séparation du Québec, puisque cela va
coûter meilleur marché pour acheter le Québec quand les
prêts seront, en majorité, d'ordre provincial au lieu d'ordre
fédéral.
M. Garon: Dans la perspective de souveraineté-association,
on n'a jamais caché que doubler les institutions coûte cher aux
contribuables. Quand le Québec est rendu à subventionner
l'intérêt sur les prêts fédéraux, cela veut
dire qu'on fournit les béquilles. Parce que, entre vous et moi, on est
aussi bien de faire nos prêts nous-mêmes. En fait, ce qu'il faut
pour avantager l'agriculteur, c'est qu'il ne soit pas obligé d'aller
à trois ou quatre places pour faire son financement. Il ne faut pas
qu'il aille à différents endroits pour, à un moment
donné, se retrouver à l'Office du crédit agricole,
à une caisse populaire, à une banque, à trois ou quatre
endroits. C'est plus difficile de calculer son financement. Mon idéal,
c'est d'avoir un financement à un endroit.
M. Dubois: Et en plus des fonds québécois.
M. Garon: Pas tellement des fonds québécois, on
parle d'institutions privées.
M. Dubois: Je pense que vous avez peur des fonds
fédéraux?
M. Picotte: Est-ce que cela veut dire que vous voulez faire
disparaître les fonds québécois pour les envoyer aux
banques avec vos nouveaux projets de loi et ne pas multiplier inutilement les
paliers de financement? Est-ce ce que vous envisagez de faire?
M. Garon: Non; que l'entreprise privée joue son
rôle. L'État doit jouer un rôle supplétif, quand les
entreprises privées peuvent jouer un rôle elles-mêmes et que
le gouvernement n'a pas besoin d'aller concurrencer l'entreprise privée
quand ce n'est pas nécessaire. Pour un gouvernement
social-démocrate bien pensé, qui pense en bonne
sociale-démocratie on dit: L'entreprise privée a sa place, elle
doit jouer son rôle qui est un rôle de concurrence et
d'encouragement à la concurrence. Mais, par ailleurs, l'État
vient jouer son rôle, quand l'entreprise privée ne joue plus le
rôle qu'elle devrait jouer. Dans ce cas, nous avons des institutions
financières bien établies, un très bon réseau de
caisses d'épargne et de crédit, des institutions bancaires, alors
pourquoi ne joueraient-elles pas leur rôle de prêteur, plutôt
que le gouvernement aille emprunter des institutions financières
privées et ensuite qu'il reprête à l'agriculteur, alors le
prêt pourrait se faire directement et. pour qu'il n'y ait pas de
pénalisation à ce point de vue, une assurance-prêt vient
garantir le prêt. Je pense que cela est excellent, cela donne de
meilleurs taux pour les prêts agricoles.
Je suis persuadé qu'avec les nouveaux projets de loi qui sont
déposés, l'Office du crédit agricole va avoir un
système de financement à peu près le plus avancé
dans le monde occidental. Quant au monde oriental, le reste, je n'y suis pas
allé, je n'ai pas regardé ce qui s'y passe, parce que c'est un
système trop différent du nôtre. Mais, dans le monde
occidental, je peux vous dire que l'Office du crédit agricole est un
office qui va avoir vrai-
ment... J'annoncerai plus tard des choses concernant aussi ce qu'on
pense comme développement éventuel à l'Office du
crédit agricole, mais je peux vous dire que cela va être à
l'avant-garde et on va venir des différents pays du monde pour voir ce
qui se passe au Québec dans le domaine du prêt agricole pour
l'imiter ailleurs.
M. Cordeau: À quand ces bonnes nouvelles? M. Garon:
On commence, on en a six là. M. Vaillancourt (Orford): M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'à l'Office du
crédit agricole du Québec les critères sont moins
sévères que ceux du prêt agricole canadien? Est-ce qu'il
arrive assez souvent qu'un prêt soit refusé par le
fédéral et que l'agriculteur fasse une demande au provincial et
que son prêt soit accepté, ou si le fédéral le
refuse, automatiquement, le provincial le refuse?
M. Garon: Non, la subvention d'intérêt vaut pour le
fédéral quand on respecte les conditions d'un prêt au
Québec. Alors, si l'emprunt au niveau fédéral n'observe
pas les conditions québécoises, alors il n'y a pas de subvention
d'intérêt.
M. Vaillancourt (Orford): Voici la question que je pose. Un
agriculteur demande un prêt...
M. Garon: Sur l'ensemble des prêts, cela peut arriver.
M. Vaillancourt (Orford): II peut arriver que le Québec
prête après que le fédéral ait refusé? (11 h
45)
M. Garon: Oui. Mais, l'inverse peut arriver aussi. Il y a une
question d'appréciation là-dedans, de rentabilité, tout
cela. Cela peut arriver.
M. Vaillancourt (Orford): Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Élément 7. Adopté?
M. Picotte: M. le Président, uniquement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: II y a une augmentation de tout près de $1 500
000 à cet élément. À quoi sera-t-il affecté
et quel est l'écart...? La mise en valeur?
M. Garon: La mise en valeur? M. Picotte: La mise en
valeur?
M. Garon: C'est sur la mise en valeur de l'exploitation agricole.
Si on veut développer l'agricul- ture, il faudra mettre en valeur les
exploitations agricoles.
M. Picotte: Avez-vous un programme donné? Est-ce le
même programme qui existait ou y a-t-il des nouveaux programmes qui
s'ajoutent?
M. Garon: Quant aux nouveaux programmes, il faut les annoncer en
temps et lieu. On ne peut pas les annoncer avant le temps.
M. Picotte: Vous avez une augmentation de $1 500 000 au moins. On
aimerait bien savoir si cela concerne tout simplement les programmes existants
ou s'il y aura des nouveaux programmes.
M. Garon: II pourra y avoir... Il y a des programmes
existants.
M. Picotte: Vers quel temps à peu près? Des
programmes existants...
M. Garon: II peut y avoir aussi des nouveaux programmes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je ne sais pas s'il serait possible, pour nous
renseigner davantage... Il est inscrit: "Mise en valeur des exploitations
agricoles." Pour le commun des mortels, on se demande bien ce qui est inclus
dans ce programme.
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: Parce que peut-être une autre année,
arriverez-vous avec ces détails pour renseigner les membres de la
commission.
M. Garon: L'an dernier, quand je vous ai donné un "kit"
qui résumait... En fait, le crédit agricole administre un certain
nombre de lois.
M. Cordeau: ... à l'élément 7.
M. Garon: Oui. La Loi de la mise en valeur des exploitations
agricoles... Vous avez des législations là-dessus. Vous avez un
programme que j'ai déjà distribué l'an dernier.
M. Cordeau: Je m'excuse.
M. Garon: Tout le résumé de ce qui existe au point
de vue des programmes, législation du prêt agricole, vous avez
tout cela là-dedans.
M. Cordeau: Très bien.
M. Garon: Si vous regardez vis-à-vis de la
catégorie "Mise en valeur de l'exploitation agricole" dans votre petit
ensemble d'information, vous allez trouver cela.
M. Cordeau: Merci.
Le Président (M. Boucher): Élément 7,
adopté. Élément 8?
Réaménagement foncier
M. Picotte: M. le Président, à
l'élément 8, j'aimerais poser une question au ministre. Le
ministère songe-t-il à suspendre le programme de
réaménagement foncier dans les municipalités de l'Abitibi
qui elles-mêmes ont demandé d'être consultées avant
que les activités de réaménagement ne se réalisent
dans ces municipalités?
M. Garon: II y a eu un cas d'une municipalité en Abitibi
qui craignait que la consolidation par le réaménagement foncier
dans les fermes amène une diminution de population. Suite à cette
représentation, il y a un comité de travail à l'Office du
crédit agricole qui étudie cette question avec la
municipalité et éventuellement... Il n'y a eu qu'un cas.
À moins que le député de Maskinongé ait des
difficultés avec son souffleur!
M. Vaillancourt (Orford): Dans le
réaménagement...
M. Picotte: Je suis en train de vérifier certaines
données, M. le Président, parce que je ne peux pas toujours me
fier aux données du ministre de l'Agriculture.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Dans le réaménagement
foncier, il se trouve une entente fédérale-provinciale?
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Dans le réaménagement
foncier, il y a une entente fédérale-provinciale?
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Pourriez-vous faire la mise au point
sur cela?
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Pourriez-vous nous expliquer un peu la
politique fédérale-provinciale de mise en commun?
M. Garon: C'est le même programme que lorsque vous
étiez ministre d'État à l'Agriculture.
M. Vaillancourt (Orford): II n'y a aucun changement?
M. Garon: II n'y a pas eu de changement, sauf
l'étendre...
M. Vaillancourt (Orford): C'est parce que j'aimerais cela me
faire rafraîchir la mémoire. Cela fait un bout de temps.
M. Garon: C'est le même programme, sauf qu'au lieu de
s'étendre sur trois régions du Québec, cela s'étend
à l'ensemble du Québec.
M. Picotte: Vous avez dit qu'on avait un bon programme.
M. Garon: Vos bons programmes, vous les gardiez seulement pour un
petit nombre de gens et les mauvais programmes vous les étendiez, alors
nous avons décidé d'étendre, vos bons programmes pour le
bénéfice de tout le monde.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, l'entente
fédérale-provinciale s'étend à l'échelle du
Québec et non sur trois ou quatre régions, comme lorsque cela a
débuté.
M. Garon: À l'exception de la région de
Montréal.
M. Vaillancourt (Orford): Qui n'est pas incluse dans cela. La
région des Cantons-de-l'Est est incluse.
M. Picotte: Pour une fois, M. le Président, que ce n'est
pas la faute du fédéral et qu'il y a eu une bonne entente faite
dans notre temps et une entente qui a été faite
dernièrement, je pense bien qu'on se doit de le souligner ici
même, en commission parlementaire. On doit dire qu'il ne se fait pas
uniquement des mauvaises choses avec le concours du fédéral, de
mauvaises ententes. Ce n'est pas toujours la faute des mêmes Indiens
et...
M. Garon: Cela ne rapportait pas beaucoup d'argent.
M. Picotte: Cela ne rapportait pas beaucoup d'argent, cela a
rapporté...
M. Garon: II ne faut pas battre votre coulpe. $3 600 000 sur un
budget de $250 millions, je vous dis franchement que c'est un peu comme le
programme des petites fermes du fédéral, de verser $150 millions
aux agriculteurs et finalement on a versé $150 millions à
l'ensemble du Canada et le Québec...
M. Picotte: Le programme d'assainissement des sols,
c'était une entente de combien de millions, M. le Président?
M. Garon: $20 millions ont été
dépensés seulement dans ce programme pour les petites fermes pour
l'ensemble du Canada. Le fédéral avait drôlement
surestimé ses dépenses. Cela a coûté $20 millions au
lieu de $150 millions.
M. Vaillancourt (Orford): Au lieu de $61 millions?
M. Garon: Non, au lieu de $150 millions.
M. Picotte: Quand on parle de cette entente
fédérale-provinciale, concernant le réaménagement
foncier et l'assainissement des sols, c'est une entente de combien de millions
en principe, en tout et partout?
M. Garon: Ce n'est pas moi qui la signe. Je ne peux pas vous le
dire.
M. Picotte: $2 millions, $3 millions ou $4 millions?
M. Garon: Je ne peux pas vous le dire.
M. Picotte: Vous l'avez signée de toute façon.
M. Garon: Non, ce n'est pas moi qui signe ces
ententes-là.
M. Picotte: Vous devez savoir au moins quel montant d'argent cela
a englobé.
M. Garon: Non.
M. Picotte: Non?
M. Garon: Parce que...
M. Picotte: D'autant plus que cela prend $24 millions de votre
ministère, alors vous devez savoir quel montant a été
donné.
M. Garon: Quels $24 millions? Les ententes Canada-Québec
sont signées par le ministère d'État à
l'aménagement. Il faudrait en parler avec le ministre quand il va
étudier les crédits de son ministère.
M. Vaillancourt (Orford): Le coût total des travaux est de
combien?
M. Garon: Quel coût?
M. Vaillancourt (Orford): Le coût total des travaux de
réaménagement foncier et l'assainissement des sols?
M. Garon: Pour l'assainissement des sols...
M. Vaillancourt (Orford): II y a un certain montant du
fédéral et un certain montant du provincial. Quelles sont les
sommes?
M. Garon: L'assainissement des sols et le
réaménagement foncier, ce sont deux affaires complètement
différentes.
M. Vaillancourt (Orford): Mais le programme
fédéral-provincial couvre les deux programmes. Cela a
été signé dans une même entente.
M. Picotte: Cela a été signé dans une
même entente et je sais que le ministre de l'Agriculture est
obligé de prévoir, dans son budget, une somme de $24 666 000. Je
comprends mal que le ministre ne se rappelle pas ou ne sache pas quelle
enveloppe budgétaire, quel montant total a pu être impliqué
par cette entente, puisque on est obligé quand même...
M. Garon: Je n'ai pas signé d'entente au montant...
M. Picotte: ... de prévoir une somme de $24 666 000 dans
les crédits du ministère de l'Agriculture à cause de cette
entente sur l'assainissement des sols et le réaménagement
foncier.
M. Garon: Non, je comprends pourquoi, quand vous avez fait votre
critique du budget, vous disiez: On manque de choses pour l'agriculture. Vous
ne faites pas la distinction entre les crédits et le budget. Ce sont
deux affaires. Le budget fait état des revenus et les crédits
indiquent les dépenses. Là, on étudie les dépenses.
On n'étudie pas les revenus. Il faudrait que vous demandiez cela
à l'étude du budget du ministre des Finances, mais là on
étudie les crédits. Il n'y a pas de revenus là-dedans.
M. Vaillancourt (Orford): Je vais vous poser une autre question.
Sur l'entente...
M. Garon: II faut distinguer entre les deux. Je me rends compte
qu'en fait l'Opposition officielle ne fait pas la distinction entre les
crédits et le budget.
M. Picotte: Prenez l'heure du souper pour vérifier cela,
M. le Président. Voyons donc.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, sur l'entente
que vous avez signée le 22 juin 1977, entente qui a été
signée entre le ministre fédéral de l'Expansion
économique régionale, M. Marcel Lessard, et le ministre de
l'Office de planification et de développement du Québec, M.
Jacques Léonard, ainsi que le ministre des Affaires
intergouvernementales, M. Claude Morin, il avait été
annoncé qu'une somme additionnelle de $61 660 000 serait affectée
au réaménagement foncier et à l'assainissement des sols
dans certaines régions agricoles du Québec. Quelle somme
avez-vous dépensée du montant annoncé lors de cette
entente fédérale-provinciale, jusqu'à maintenant?
M. Garon: Pourquoi?
M. Vaillancourt (Orford): Quelles sont les sommes
dépensées suite à cette entente
fédérale-provinciale? Quelle somme avez-vous
dépensée jusqu'à maintenant depuis la signature de cette
entente fédérale-provinciale de $61 660 000?
M. Garon: Cela ne fonctionne pas comme cela. Ces montants vont au
fonds consolidé de la province.
M. Picotte: C'est le ministère de l'Agriculture qui la
dépense, voyons-donc, voir si on ne sait pas cela. Ce n'est pas une
nouvelle de dernière heure.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, le montant de
$61 666 000 comme on le disait dans le communiqué, sera affecté
au réaménagement foncier et à l'assainissement des sols
dans certaines régions agricoles du Québec dans le cadre du
prolongement, jusqu'à 31 mars 1982 de l'entente Canada-Québec
pour le développement agricole.
Au chapitre du réaménagement foncier, un montant
supplémentaire de $1 800 000 a été prévu
pour la consolidation des fermes, l'établissement des
cultivateurs sur des fermes rentables et l'utilisation plus rationnelle des
sols dans les régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l'Abitibi-Témiscamingue.
Le programme d'assainissement des sols, limité jusqu'à
maintenant à la plaine de Montréal, sera étendu à
l'est du Québec au Saguenay-Lac-Saint-Jean et à
l'Abitibi-Témiscamingue. C'est ainsi qu'un total de $59 800 000 sera
consacré à l'aménagement des cours d'eau municipaux et au
drainage souterrain des terres agricoles afin d'améliorer de
façon tangible le rendement à l'acre de diverses cultures, telles
que les céréales et les légumes et ainsi contribuer
à la croissance substantielle du revenu agricole.
D'autre part, ce programme intensif permettra de plus de diversifier les
cultures dans la plaine de Montréal contribuant ainsi à la mise
en place d'un secteur agro-alimentaire en mesure de répondre aux besoins
sans cesse grandissants du marché québécois. Le coût
total des divers travaux prévus s'élève à $61 666
000 dont $37 millions proviennent du gouvernement fédéral, du
MEER, et $24 666 000 du gouvernement du Québec, du ministère de
l'Agriculture du Québec.
M. Garon: Pour quelle fin?
M. Vaillancourt (Orford): Cet amendement porte donc l'enveloppe
budgétaire prévue dans cette entente à $103 266 000. Le
ministère de l'Agriculture du Québec agira comme maître
d'oeuvre. C'est sur cette politique qu'on voudrait que le ministre fasse une
mise au point, qu'il nous dise combien a été
dépensé jusqu'à maintenant étant donné que
c'est une entente fédérale-provinciale qui va jusqu'au 31 mars
1982. C'est le ministère de l'Agriculture qui est le maître
d'oeuvre de cette entente.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Je demande au ministre qu'il fasse le
point et nous dise où en est rendu ce programme
fédéral-provincial à ce jour. Combien d'argent avez-vous
dépensé? Combien avez-vous de...
M. Garon: Si les sommes sont affectées, comme vous avez
dit. Si cela va au drainage souterrain, si cela va...
M. Vaillancourt (Orford): Si les cultivateurs s'en sont
prévalus, etc.
M. Garon: Cela ne marche pas de même, ce sont des montants
globaux.
M. Vaillancourt (Orford): Dites-nous comment cela marche, c'est
cela qu'on veut savoir.
M. Garon: II y a des montants globaux qui sont affectés
à telle fin... dans les montants qui sont pour...
M. Vaillancourt (Orford): Ils sont inscrits dans vos
crédits. Vous avez certainement des fonctionnaires qui sont au courant
de ce programme, qui l'administrent.
M. Garon: Or, depuis août 1973 à décembre
1976, une somme globale de $4 844 533 a été affectée
à des mesures dans le programme de réaménagement foncier
pour les régions agricoles 1, 9 et 12, et là-dessus 60% de ces
montants venait du fédéral. De 1973 à 1976.
M. Vaillancourt (Orford): Depuis 1976?
M. Garon: Depuis août 1973 à décembre
1976.
M. Picotte: C'est cela.
M. Garon: Et la nouvelle entente qui a été
signée par après...
M. Vaillancourt (Orford): C'est bien cela. Elle a
été signée le 22 juin 1977.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Un montant additionnel à
l'entente initiale a été ajouté.
M. Cordeau: M. le Président, il est dix-huit heures.
Une voix: Est-ce que M. le ministre pourrait répondre
à cela?
M. Garon: En 1976/77, il y avait $1 087 686 de
déboursés et, en 1977/78, $1 550 000. C'est 60% de ce montant qui
vient du gouvernement fédéral.
M. Vaillancourt (Orford): 60% de ce montant vient du
fédéral?
M. Garon: Oui, dans le réaménagement foncier.
M. Vaillancourt (Orford): Combien prévoyez-vous
dépenser, dans le budget de 1978/79, pour cette entente? Quel montant
vous attendez-vous de dépenser annuellement? Est-ce que ce sont des
sommes égales annuelles? Ou si vous dépensez plus vers la fin de
l'entente?
M. Garon: 60% de $3 millions.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, le
réaménagement foncier, à l'élément 8, le
montant additionnel de $3 millions provient de cette entente?
M. Garon: Non, non.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que cette somme est
exclusivement celle du provincial ou si le montant du fédéral est
inclus dedans?
M. Garon: La partie du fédéral
là-dedans...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres de la
commission sont prêts à prolonger la séance pour qu'on
termine le programme 2 ou si...
M. Picotte: M. le Président, considérant que nous
sommes rendus à l'élément 8, le dernier
élément du programme 2, je pense bien que, si on prolongeait la
séance de quatre ou cinq minutes pour vider cette question, on pourrait
libérer les gens de l'Office du crédit agricole. Je pense qu'on
pourrait prolonger les travaux de quelques minutes, s'il y a consentement
unanime.
M. Garon: Cela pourrait être $1 800 000 qui viendrait du
fédéral.
M. Picotte: Sur les $3 millions? M. Garon: Non, sur les $7
millions.
M. Vaillancourt (Orford): C'est l'élément 8 du
programme 2?
M. Garon: Oui. Le Québec veut aller plus vite que ce qui
est prévu dans les ententes fédérales-provinciales.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, le
fédéral ne paiera pas tout à fait 60%?
M. Garon: Non, il paiera 60% de $3 millions.
M. Vaillancourt (Orford): 60% de $3 millions, le reste venant
exclusivement du provincial.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord. Cela répond à
mes questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: En terminant, je voudrais tout simplement dire ceci.
Étant donné que j'ai demandé au ministre tantôt s'il
y avait un rapport du ministère sur le nombre et la superficie des
terres agricoles vendues en 1977/78 pour des fins autres qu'agricoles et qu'il
m'a mentionné qu'il n'y avait pas de mise à jour, si jamais il y
avait un nouveau rapport qui était préparé par le
ministère, j'aimerais, si possible, que le ministre nous le
dépose en
Chambre le plus rapidement possible, si jamais on avait
décidé, au ministère, de faire un nouveau rapport à
cet effet.
M. Garon: Je ne m'engagerai pas d'avance à déposer
des études qui vont être à faire ou qui vont être
faites. Voyons donc!
M. Picotte: M. le Président, au nom de l'Opposition
officielle, j'aimerais remercier le président, M. Moreau, ainsi que les
gens qui l'ont assisté. Je pense que nous avons eu d'excellentes
réponses. Nous avons été heureux de la qualité des
réponses qu'on nous a fournies. M. le Président, de même
que les gens qui vous ont assisté, nous vous remercions infiniment et
nous anticipons le plaisir de vous revoir l'an prochain à l'étude
des crédits.
M. le Président, c'est un voeu que je fais; la commission n'est
pas obligée de l'accepter. Étant donné que le
président de la Régie de l'assurance-récolte est
présent, je me demande si, à 20 heures, il n'y aurait pas
possibilité, pour le libérer le plus rapidement possible, qu'on
puisse étudier le programme 4, quitte, après avoir
étudié ce programme, à revenir au programme 3. C'est un
voeu que je fais pour libérer le plus rapidement possible...
M. Vaillancourt (Orford): On pourrait faire les programmes 4 et 6
en même temps.
M. Picotte: Les programmes 4 et 6, d'accord.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix: Oui.
M. Picotte: Consentement? D'accord.
M. Cordeau: M. le Président, j'appuie la motion de mon
collègue pour remercier...
Le Président (M. Boucher): Tout d'abord, est-ce que le
programme 2 est adopté?
Des voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
À la suspension de 18 heures, nous avions adopté le
programme 2. Il a été convenu de passer immédiatement aux
programmes 4 et 6, afin de libérer les fonctionnaires qui accompagnent
M. le ministre.
J'appelle donc le programme 4, élément 1. M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, j'ai souligné
tantôt jusqu'à quel point on avait eu du plaisir à entendre
le président de l'Office du crédit agricole, M. Moreau,
répondre à nos questions avec beaucoup d'habileté.
J'espère que lorsque nous discuterons de la Régie de
l'assurance-récolte, nous aurons aussi le plaisir d'entendre le
président qui saura sûrement répondre à nos
questions avec autant d'habileté.
Régie de l'assurance-récolte
Au programme 4, Régie de l'assurance-récolte du
Québec, je remarque qu'en 1977/78 il y avait des crédits de
l'ordre de $6 266 400 qui passent, un an après, malgré
l'inflation, à un montant de $5 978 500. J'aimerais savoir pour quelle
raison il y a une baisse de 4,6% à ce programme en valeur
réelle.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Depuis trois ans, depuis 1975, apparaissaient au budget
les sommes nécessaires pour rendre obligatoire
l'assurance-récolte collective, en fonction de ce qu'était la loi
dans le temps. Pour que l'assurance-récolte collective puisse exister,
elle devait être obligatoire en vertu de la loi. À ce moment, on
avait prévu au budget de l'assurance-récolte les sommes
nécessaires pour la rendre obligatoire dans tout le Québec. C'est
un budget qui était plus élevé.
Comme on a adopté en avril 1977 l'assurance-récolte
collective et facultative, dans un esprit de liberté plutôt que de
coercition vis-à-vis des cultivateurs, à ce moment, dans le
budget de 1978/79 est prévu ce qui est nécessaire pour
l'application de l'assurance-récolte et collective et facultative dans
les régions où elle existera en 1978/79.
M. Picotte: Quelles sont les régions que vous venez de
mentionner?
M. Garon: Je pense qu'il y a sept régions: Le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'Abitibi-Témiscamingue, le Bas-du-Fleuve,
Québec et ses trois fédérations de producteurs et la
Beauce.
M. Picotte: Est-ce qu'il existe déjà un plan
semblable dans la plaine de Montréal?
M. Garon: II y a eu des rencontres. Il n'y a pas eu encore de
demande officielle. Il y a eu certaines demandes officielles, mais pour
explorer la possibilité. Il y a d'autres groupes qui pourraient se
joindre. Cela dépendra d'eux. Il y a la Gaspésie
également. Nous avons communiqué avec eux, apparemment, c'est
complété. Ils sont en train de terminer la vente, de même
qu'aux Îles-de-la-Madeleine.
M. Picotte: Le ministre est-il disposé à me dire
qu'il est prêt à agréer les demandes de la plaine de
Montréal ou des nouvelles régions qui vont discuter de ce nouveau
plan?
M. Garon: Nous verrons la situation. Nous ne pouvons pas
présumer. Il s'agira de savoir les dates, où en seront les
semences. Cette année, ce sera à toutes fins pratiques
impossible, parce qu'on est trop avancé dans la saison pour faire les
publications en vertu de la loi, pour que ce soit applicable cette
année.
M. Picotte: Les dates pour l'assurance sont-elles identiques
à travers la province, ou s'il y a des divergences dans certaines
régions?
M. Garon: La date pour adhérer, c'est le 30 avril partout.
Pour pouvoir la mettre en vigueur, il faut avoir un certain pourcentage
d'adhésions. Il faut commencer par vendre l'assurance-récolte. On
ne pourrait pas avoir une assurance de groupe s'il n'y avait que 10% des gens
qui y adhéraient dans une région. Il faut d'abord qu'il y ait un
certain pourcentage. Pour cela, il faut mettre une date
d'échéance. Il faut dire, à un moment donné:
À telle date, on se branche. Combien d'adhésions avez-vous eues
à telle date?
La date limite a été fixée au 30 avril pour pouvoir
adopter des règlements et dès qu'ils seront en vigueur, il n'y
aura pas de problème. Pour cela, il faut fixer une date pour pouvoir
faire la vente de l'assurance-récolte collective facultative.
M. Picotte: Compte tenu que dans différentes
régions il y a quand même des dates différentes au niveau
culture et que toutes les régions ne sont pas prêtes en même
temps à procéder aux différentes cultures, pour quelle
raison le ministère n'a-t-il pas décidé d'émettre
des dates différentes dans les différentes régions?
M. Garon: Je viens de vous le dire. Si vous écoutiez. Si
personne ne vous soufflait aux oreilles pendant que je vous réponds,
peut-être comprendriez-vous ce que je vous dis. C'est le 30 avril.
M. Picotte: M. le Président, une question de
règlement. Je pense que...
M. Garon: M. le Président, je voudrais demander une chose.
Les conseillers pourraient peut-être se comporter comme des conseillers
et non pas comme des députés, cela réglerait
peut-être la question.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Picotte: M. le Président, une question de
règlement.
Même si le ministre a mentionné tantôt qu'il avait
tellement épais, l'an passé, de galées du journal des
Débats à lire qu'il a tout "sacré" cela dans la poubelle,
à un moment donné, je pense que ce n'est pas notre cas ici.
J'ai l'impression que le ministre qui, depuis le début de la
commission parlementaire, me fait répéter mes questions
vous en êtes témoin, M. le Président, je pense que vous ne
nierez pas cela à deux et parfois trois reprises, ne fera pas de
reproches à l'Opposition officielle si elle pose une question
additionnelle, dans le but d'obtenir d'autres détails.
M. le Président, tout ce que je demande au ministre c'est de
répondre à nos questions. S'il ne veut pas y répondre, il
n'a qu'à dire qu'il ne répondra pas à nos questions. S'il
veut y répondre, il n'a pas de commentaires à faire. Je pense que
c'est l'élémentaire politesse qu'il doit avoir ici même, en
commission parlementaire, avec tous les membres de cette commission.
M. Garon: La politesse veut aussi que vous écoutiez quand
on vous répond.
M. Picotte: C'est ce que le ministre n'a jamais fait, depuis que
nous avons commencé cette commission. On répète deux,
trois et quatre fois. Même tantôt, avant l'ajournement de 18
heures, on a posé la même question volontairement c'est le
député d'Orford et encore là, le ministre de
l'Agriculture avait besoin de ses 15 ou 20 souffleurs pour lui dire quoi
répondre, parce qu'il ne connaissait pas encore l'entente
fédérale-provinciale qui était intervenue avec son
ministère. Ce ministre est bien malvenu pour dire...
M. Garon: M. le Président, je dirais au
député de Maskinongé d'abord de dire la
vérité, puisque le ministère de l'Agriculture ne participe
pas aux ententes auxiliaires Canada-Québec. Il faudrait quand même
qu'il se renseigne, qu'il fasse preuve de moins d'ignorance.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, si vous
voulez revenir au débat.
M. Garon: Pour répondre au député de
Maskinongé j'espère qu'il va écouter
l'article 31 de la Loi de l'assurance-récolte dit ceci: "Le producteur
qui désire s'assurer suivant le système collectif doit, avant le
30 avril de l'année d'assurance, s'inscrire directement à la
régie, en fournissant sur la formule prescrite à cette fin tout
renseignement exigé et payer la cotisation exigible".
À ce moment, il faut que les adhésions aient lieu avant le
30 avril, ce qui est une date finale, une date maximale. Il faut que le
système soit vendu avant le 30 avril.
M. Picotte: M. le Président, je n'ai pas d'objection qu'il
y ait dans la loi une période fixe donnée, mais ce que je veux
mentionner et à plusieurs reprises des députés
libéraux du temps l'avaient mentionné c'est
qu'étant donné que les cultures commencent à
différentes dates, en raison d'une foule de facteurs, comme le sol,
etc., pourquoi la date est-elle fixée au 30 avril? Ne serait-il pas
possible que le ministère change la loi, si la loi permet la date du 30
avril, pour permettre une échéance différente pour les
régions données? On sait que toutes les régions ne peuvent
pas commencer en même temps. M. le Président, on a vécu
cela dans plusieurs domaines; uniquement dans les travaux
mécanisés, on sait que dans certaines régions, cela
commence beaucoup plus tôt que dans d'autres. C'est ce qu'on demande.
Est-ce qu'il y a possibilité d'amender la loi ou de changer la loi?
M. Garon: C'est justement ce que vous n'avez pas
réalisé encore, c'est que la date du 30 avril pour les
régions où cela est vendu, ce sont les endroits où cela
commence le plus tard. Dans les régions dont vous parlez, les semences
sont en train de se faire, ou vont se faire bientôt. Alors, vous n'avez
pas l'air à saisir que, justement, les régions où cela a
été vendu, ce sont des endroits où les semences vont se
faire plus tard: Les Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent, la
Gaspésie, Québec et la Beauce.
M. Picotte: Mais il y a quand même une date limite, le 30
avril, M. le Président, et ce n'est pas certain que tout le monde puisse
quand même s'astreindre à cette date-là. Je pense qu'on en
conviendrait tout le monde ensemble.
M. Garon: Non, mais je vais vous dire une affaire, le Parti
libéral avait mis le système obligatoire pour toute la province.
Franchement, au point de vue liberté, il n'y avait même pas le
système facultatif, c'était un système obligatoire. Cela
obligeait tout le monde à embarquer dedans ou bien on ne le faisait pas
du tout. Alors, je vous le dis, entre vous et mois, je trouve que vous
exagérez.
M. Picotte: Alors, M. le Président, concernant ce
programme 4, le ministre nous a mentionné qu'il y avait beaucoup plus
d'assurés cette année, comparativement aux autres années.
J'aimerais que le ministre nous fasse quand même un parallèle
entre ce qui était offert au point de vue assurance-récolte du
Québec, au point de vue plan de l'assurance-récolte du
Québec, l'an dernier, ou dans les années passées,
comparativement à ce qui est offert présentement aux agriculteurs
avec le plan ou les plans nouveaux concernant l'assurance-récolte du
Québec et la qualité des primes, etc..
M. Garon: Nous pensons nous rendre à 12 000 cette
année comparativement à 6500 l'an dernier et à 4300 en
1976/77; pour la récolte de 1976, alors 4300, donc pour la
récolte de 1977, environ 6500 et on compte en atteindre 12 000 au cours
de l'année 1978. Cela voudrait dire environ 8000 assurés sous le
système de vente collectif. Jusqu'à
maintenant, le nombre des adhérents dans les différentes
régions atteint déjà 7610 à la date du 21 avril et
il y a encore neuf jours de plus pour y adhérer.
Il y a de bonnes chances pour que 8000 agriculteurs soient couverts par
le système de vente collectif. Il y en aurait environ 2000, individuels,
de grande culture et environ 2000 qui s'ajouteraient pour les cultures
commerciales. Ce qui ferait environ 12 000.
Cette année, on va couvrir en plus ce qui n'était pas
couvert auparavant. Depuis l'automne dernier, nous avons couvert les fraises et
les framboises, plus les bleuets. Au printemps, les cultures
maraîchères viennent de s'ajouter. C'étaient des cultures
non assurées auparavant, de sorte que, à toutes fins pratiques,
toutes les cultures vont être couvertes par l'assurance-récolte,
sauf la culture en serre.
M. Picotte: Étant donné que, l'an dernier, il y
avait un montant de $6 266 400 prévu, quel montant a été
engagé par la régie?
M. Garon: Si vous regardez à la page gauche de votre
feuillet, du programme 5-10, sur la gauche, vous avez les dépenses de
fonctionnement et vous voyez apparaître pour 1977/78, $3 447 200 et,
là-dessus, il a été dépensé $3 406 194. Les
dépenses ont été tirées du dernier rapport annuel
de la régie 1976/77, et l'année 1977/78 a été
établie d'après les comptes payés à ce jour. Il
pourrait rentrer encore quelques factures.
M. Picotte: Mais c'est un montant minime quand même.
M. Garon: Oui.
M. Picotte: C'est un montant minime.
M. Garon: Si vous remarquez au fond, au point de vue de
l'efficacité du système, vous remarquerez que les dépenses
de fonctionnement de $3 447 000 passent à $3 659 000, mais au lieu
d'avoir 6500 assurés, on prévoit avoir quelque 12 000
assurés. Alors, cela veut dire deux fois plus d'assurés pour les
mêmes dépenses de fonctionnement, un coût beaucoup plus
faible par assuré, ce qui montre une certaine efficacité
administrative, au fond.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, au point de vue de la
régie, l'an passé bien sûr, les cultivateurs paient
une prime, et le gouvernement en paie une partie aussi, l'équivalent
êtes-vous arrivé en dessous, avec un déficit? Est-ce
que les montants d'argent perçus des cultivateurs plus la part du
gouvernement se sont équilibrés? De quelle façon
êtes-vous arrivé aux résultats de la régie de l'an
passé, en général? (20 h 30)
M. Garon: L'an dernier, à peu près $1 200 000 de
surplus des primes par rapport aux indemnités.
M. Cordeau: Cette année, est-ce que les primes ont
été ajustées, étant donné qu'il y a eu un
surplus l'an passé?
M. Garon: Les primes baissent de façon
générale.
M. Cordeau: Est-ce que vous accumulez une réserve, au cas
où?
M. Garon: Non.
M. Cordeau: C'est normal, d'ailleurs, qu'une année...
M. Garon: Oui, parce qu'il y a un fonds d'assurance qui se
crée et en même temps les primes baissent graduellement.
M. Cordeau: Est-ce qu'on pourrait connaître le montant de
cette réserve accumulée?
M. Garon: Si on considère les ventes cette année
qui ont été sous forme de primes de $3 500 000, la réserve
actuellement, ce n'est pas une réserve en fait véritable, parce
que les indemnités ne sont pas comptées là-dedans, celles
qui seront payées cette année. Il y aurait à ce moment-ci
$9 500 000 à peu près.
M. Cordeau: Mais incluant les primes perçues cette
année, ou bien si...
M. Garon: Incluant les primes, sans compter les
indemnités. Si on compte seulement la réserve avant le
début de l'année, cela fait $5 500 000.
M. Cordeau: $5 500 000.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Programme 4, adopté. M.
le député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président...
M. Garon: On voit que le député de Saint-Hyacinthe,
en fait, connaît l'assurance. Il pose des questions pertinentes.
M. Picotte: M. le Président, c'est un secret de
polichinelle à savoir qu'il serait peut-être possible d'avoir une
fusion des services d'assurance-récolte et d'assurance-stabilisation.
J'aimerais savoir du ministre, d'abord, si cette affirmation peut être
vraie, et aussi, j'aimerais qu'il apporte un éclaircissement à ce
sujet.
M. Garon: C'est un sujet à l'étude
actuellement.
M. Picotte: J'aimerais avoir plus d'explication de la part du
ministre de l'Agriculture. Même si c'est à l'étude, il doit
sûrement avoir lui-même une opinion face à cette
question.
M. Garon: Évidemment, quand vous avez, par exemple,
l'assurance-stabilisation et que vous rentrez tranquillement dans cette
assurance les productions maraîchères ou d'autres types de
production, comme les céréales, et que vous avez, par ailleurs,
l'assurance-récolte, est-ce qu'il doit y avoir une fusion
complète ou une fusion administrative, ou une fusion de certains
aspects? C'est à voir. Il est certain qu'on ne peut pas doubler,
à moins d'être vraiment inefficace, l'administration. Je ne peux
pas envoyer des gens de l'assurance-récolte mesurer des champs, et
envoyer une assurance-stabilisation également.
Il faut qu'il y ait une certaine efficacité administrative. On
étudie actuellement la possibilité de fusion, de regroupement. Il
y a des ententes entre la régie et la commission à la demande du
Conseil des ministres, d'ailleurs, pour que les services administratifs ne
soient pas dédoublés. Mais je pense que c'est une utilisation
judicieuse des fonds publics pour ne pas faire faire inutilement des travaux
à deux endroits.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, quand le
ministre attend-il le rapport de son comité, ou je ne sais trop, qui
fait une étude afin de connaître s'il serait bon de fusionner les
deux assurances, c'est-à-dire l'assurance-récolte et
l'assurance-stabilisation des revenus? Est-ce que vous allez avoir un rapport
sous peu concernant cette étude et cette possibilité de savoir si
vous devez fusionner ou non?
M. Garon: Non, il y a eu quelques rapports qui m'ont
été remis, les uns brefs, d'autres plus longs. On étudie
cela.
M. Vaillancourt (Orford): Pouvez-vous faire le point sur cette
possibilité de fusion?
M. Garon: Comme je vous le dis, on établit
différentes modalités. Il peut y avoir différentes
modalités à cela. Ce qui était le plus urgent,
c'était d'éviter de dédoubler l'administration. C'est ce
qu'on a fait. Pour ce qui concerne l'avenir, il y a des études qui sont
faites. Les données ne sont pas complètes. Toutes les cartes,
tous les éléments ne sont pas rassemblés, de sorte qu'il
serait trop tôt à ce moment-ci pour dire quelle forme pourra
prendre cette fusion ou ce regroupement. Le but de tout cela, c'est d'avoir une
politique. Ce sont deux types d'assurance; une assure la récolte,
l'autre assure les revenus.
Au fond, un agriculteur devrait prendre les deux, quand il a la
possibilité de prendre les deux. À ce moment-là, il faut
essayer d'avoir la plus grande efficacité au point de vue de
l'administration, mais il faut également tenir compte des besoins des
agriculteurs. Actuellement, on étudie les différentes facettes du
problème. Conformément à une directive du Conseil des
ministres, actuellement, les aspects administratifs ne sont pas
dédoublés.
M. Vaillancourt (Orford): Je crois que les directives du Conseil
des ministres sont toujours à la suggestion du ministre de
l'Agriculture. Elles font suite à des recherches et à des
possibilités d'avantages pour les deux régies. Peut-être,
comme vous le disiez tout à l'heure, n'était-il pas bon d'avoir
deux inspecteurs qui vont visiter le même champ mesurer le même
champ pour la perte des récoltes. Peut-être qu'il serait bon de
penser, s'il est bon de garder les deux régies, à se servir des
mêmes hommes, des mêmes personnes qui vont dans le champ. Que ce
soit la Régie de l'assurance-récolte ou que ce soit la
Régie de l'assurance-stabilisation, elles peuvent peut-être se
servir du même personnel, mais que les décisions se prennent en
haut lieu par deux régies différentes. Le ministre a-t-il
pensé à cela? A-t-il eu des suggestions dans ce sens?
M. Garon: Non, ce qui est arrivé, l'an dernier, c'est que,
comme nous l'avions dit dans le discours inaugural, il y avait
l'assurance-stabilisation des patates et l'assurance-récolte des patates
également. J'ai trouvé que cela n'avait pas de bon sens, au fond,
que les deux fassent le même travail dans le champ, au niveau des
patates.
À ce moment-là, au point de vue administratif, il
n'était pas souhaitable de dédoubler l'administration. Cette
année, nous discutons actuellement la possibilité
d'établir un régime d'assurance-stabilisation pour les
producteurs de maïs-grain. Là encore, il va y avoir un
dédoublement et quand on va s'en aller dans les productions
végétales, maraîchères, il y aura
dédoublement. Il s'agit, au fond, d'avoir une meilleure
efficacité administrative. Quant à aller plus loin, il y a des
rapports qui m'ont été remis et que je suis en train
d'étudier. J'ai eu des discussions avec les gens de la régie et
de la commission, mais il est trop tôt, à ce moment-ci, pour
donner des détails là-dessus.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, la
décision n'est pas prise. Cela peut prendre encore une couple
d'années; cela peut aller jusqu'en 1980 avant que la décision se
prenne.
M. Garon: Non, habituellement, cela ne me prend pas deux ans
à prendre des décisions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Quand on parle de la loi du zonage, c'est vrai que
cela ne vous prend pas deux ans; cela fait déjà 18 mois. On
espère que cela ne se rendra pas à deux ans.
M. Garon: Cela me fait penser à vous parler de votre vice.
Pendant combien d'années l'avez-vous mis dans votre discours inaugural?
Combien de fois le ministre de l'Agriculture s'est-il fait rabrouer par le
Conseil des ministres de votre parti, quand il était au gouvernement? Je
peux dire que le ministre actuel, en tout cas, ne s'est jamais fait rabrouer et
ne s'est jamais senti bafoué concernant le zonage. Je peux vous dire
cela.
M. Picotte: Tout ce que le nouveau ministre fait, c'est tout
simplement des déclarations et, après cela, nier et dire que
c'est la faute du journal des Débats, une mauvaise impression...
M. Garon: Jamais.
M. Picotte: ... que cela n'a jamais existé. C'est
exactement ce que vous avez fait la semaine dernière. Je pense que le
ministre n'a pas de leçon à donner...
M. Garon: II y a eu une erreur dans le journal...
M. Picotte: ... à l'ancien gouvernement concernant la Loi
du zonage agricole, parce que déjà, avant même de prendre
le pouvoir, lors de la journée de l'agriculture, à
Lotbinière, de regrettée mémoire, en 1974, on avait
déjà trouvé une solution dans le domaine du zonage
agricole. Pourtant, après 18 mois de pouvoir, après beaucoup
d'hésitation, le ministre de l'Agriculture, après avoir
blâmé tout le monde au tour de nous, y compris les gens du journal
des Débats qui sont extrêmement compétents, et dit qu'il
n'avait pas dit cela, etc., je pense que...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé, s'il vous plaît! Je pense qu'on en est au programme de
la Régie de l'assurance-récolte.
M. Picotte: M. le Président, je pense que l'actuel
ministre de l'Agriculture n'a pas de leçon à donner à
personne. S'il veut vraiment donner une bonne leçon à tout le
monde, il n'a qu'une chose à faire, dans les plus brefs délais, y
compris demain, parce qu'il peut encore le faire demain à
l'Assemblée nationale mercredi, c'est la journée des
députés cela va réjouir tous les
députés autour de cette table, vu que c'est la journée des
députés il pourrait déposer sa Loi sur le zonage agricole.
Nous serons heureux d'y apporter toute la collaboration nécessaire que
le ministre de l'Agriculture espère de l'Opposition. Je pense que cela
ne prendra pas 18 mois à l'Opposition à comprendre ce projet de
loi. Je pense que cela ne prendra pas 18 mois à l'Opposition à
essayer de l'adopter dans le meilleur intérêt des agriculteurs.
Soit dit en passant, je reviens...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé, revenez, s'il vous plaît! '
M. Picotte: M. le Président, je reviens justement à
cette question dont nous discutions tantôt. Je pense qu'au point de vue
technique, l'Opposition, le parti au pouvoir, le parti ministériel et,
je pense, tous ceux qui sont autour de cette table seront d'accord pour dire
qu'il faut avoir uniquement un service technique. On est bien prêt
à cette fusion.
Du côté de la fusion uniquement des services de
l'assurance-récolte et de l'assurance-stabilisation, nous avons
certaines réticences. Je vais vous le souligner, parce que je pense
qu'il y a des objectifs tellement différents. Il semble opportun de
rappeler que l'assurance-récolte permet de garantir aux agriculteurs un
rendement minimum de leur culture, moyennant des cotisations dont la
moitié est payée par le gouvernement. Par contre,
l'assurance-stabilisation des revenus agricoles assure le producteur qu'il
recevra un prix raisonnable pour le produit de sa récolte.
M. le Président, face à cela, on devrait peut-être
imiter, même si cela n'a pas toujours été quelque chose de
génial de l'imiter, l'assurance automobile, c'est-à-dire
peut-être une assurance bicéphale de ce côté, un
régime à deux têtes. Je pense qu'à la fois, ces gens
ne peuvent être juge et partie. Je voudrais avoir l'assurance du ministre
présentement que la fusion pourra se faire au point de vue technique,
nous sommes d'accord, mais qu'elle ne peut pas se faire au point de vue des
services de l'assurance-récolte et de l'assurance-stabilisation.
Là-dessus, j'aimerais avoir l'opinion du ministre bien franchement. Vu
qu'on se prépare à penser et à s'orienter dans ce domaine,
je pense qu'il est important qu'on s'oriente exactement comme il faut
s'orienter, pour le mieux-être des agriculteurs du Québec.
M. Garon: J'écoutais le député de
Maskinongé parler, au début de son intervention, et je disais: II
y a une justice maintenant; déjà, l'ange expiateur va les faire
expier sous peu, parce qu'il vient de prendre leur direction.
M. Picotte: M. le Président, si le ministre veut faire les
témoins de Jéhovah, on lui laisse tout le temps de le faire,
autant qu'il veut, mais qu'il lâche donc l'évangile et qu'il parle
donc pour les agriculteurs. Après cela, on discutera de
l'évangile ensemble.
M. Garon: Je ne parle pas de l'évangile.
M. Picotte: On parlera du pharisien, du publicain et on parlera
de la parabole des talents, que vous auriez avantage à exploiter. On a
eu des fonctionnaires, qui sont venus ici, qui l'ont drôlement plus
exploitée que vous, depuis que vous êtes ministre de
l'Agriculture, depuis 18 mois.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Garon: Qu'est-ce que vous avez fait de la parabole des
talents? Vous avez caché le projet dans la terre. On l'a ramassé
dans la terre. On s'est aperçu qu'au bout de trois ans, il n'avait pas
fructifié. Quant à l'assurance-stabilisation, je vous ai
répondu là-dessus. Actuellement, ce qu'on fait, c'est de
regarder, au point de vue administratif, jusqu'où on peut aller au point
de vue du fusionnement et du regroupement. Disons qu'au point de vue
administratif il y a un aspect sur lequel il fallait couper les
dépenses, c'était en ce qui concerne le double emploi des gens
qui allaient mesurer des champs. Nous avons voulu éviter cette
répétition administrative.
(20 h 45)
M. Picotte: Nous sommes d'accord, je vous l'ai mentionné
tantôt.
M. Garon: Bon!
M. Picotte: C'est sur l'autre partie qu'il est important que vous
élaboriez et c'est là-dessus qu'on veut que vous
élaboriez.
M. Garon: Une façon intelligente de travailler, c'est de
ne pas tirer des conclusions avant d'avoir fait l'étude. Actuellement,
on est à faire l'étude; quand on aura terminé cette
étude, on conclura, mais on en est encore à la période
d'étude.
M. Picotte: Quand prévoyez-vous la fin de cette
étude? Dans 18, 20, 22 mois?
M. Garon: On est encore en train de réparer les erreurs
que vous avez faites, vous n'aviez qu'à en créer seulement une,
mais la créer fusionnée; vous auriez eu moins de
problèmes. Vous avez créé deux organismes, sans vous
préoccuper des coûts administratifs; on sait que ce n'était
pas la préoccupation principale du Parti libéral lorsqu'il
était au pouvoir. Alors nous sommes en train de réparer les
erreurs du Parti libéral.
M. Picotte: Si j'ai bien compris, M. le Président, le
ministre veut fusionner purement et simplement pour avoir le plaisir de faire
une fusion des services d'assurance-récolte et
d'assurance-stabilisation, sans se soucier de ce que va être,
après cela, l'agriculteur, dans un comté donné, avec les
problèmes auxquels il a à faire face? C'est ce que je
comprends?
M. Garon: Vous avez mal compris!
M. Picotte: Alors, répétez, si j'ai mal compris,
parce que je voudrais que le ministre soit clair là-dessus; il est
rarement clair. Il aurait avantage à laisser parler les fonctionnaires
qui sont à côté de lui parce qu'eux nous donnent des
réponses claires; c'est ce que j'aimerais entendre, ils peuvent parler
au nom du ministre, il n'y a pas de problème.
M. Garon: Je pense, M. le Président, que j'ai
répondu à la question du député de
Maskinongé, je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Yamaska.
M. Baril: Arthabaska! Ne m'insultez pas!
Le Président (M. Boucher): Pardon, Arthabaska.
M. Cordeau: On va lui dire cela?
M. Baril: Vous avez beau, cela va me faire plaisir.
Dans son rapport annuel 1976/77...
M. Vaillancourt (Orford): On va lui demander de lire le journal
des Débats.
M. Baril: ... le Vérificateur général...
M. Garon: C'est un beau comté, Yamaska, un comté
agricole important. Je pense que le député d'Arthabaska est
d'accord avec cela?
M. Baril: Oui, je suis d'accord avec cela, je n'en veux pas au
comté du tout, c'est au député!
M. Cordeau: Bien réparé, M. le
Président!
M. Baril: Dans son rapport annuel 1976/77, le Vérificateur
général faisait mention qu'il y avait un retard d'un à
trois mois, que les chèques étaient retenus dans les bureaux
régionaux avant d'être remis au bureau principal de Québec,
ce qui empêchait la régie de déposer des sommes
additionnelles à la Caisse de dépôt et de retirer des
revenus d'intérêt plus élevés. Il
suggérait...
M. Garon: À quelle page?
M. Baril: Page 291.
Il suggérait que la régie adopte, comme politique, le
dépôt quotidien des recettes au bureau principal. Est-ce que cela
est corrigé ou en voie de correction?
M. Garon: La réponse est assez simple, M. le
député d'Arthabaska, c'est que, autrefois, on faisait la
sélection des risques comme on dit en assurance au
dépôt de la prime et de la demande d'assurance, au niveau
régional. Parfois il y avait une négociation avec le producteur,
il voulait qu'on l'assure pour trois tonnes de foin, on disait: Ton record est
de 2,5 tonnes, on ne peut pas t'as-surer pour trois tonnes. Cela pouvait
retarder l'affaire et prendre un mois et parfois davantage avant que notre
vendeur retourne et convainque le cultivateur, soit à reprendre son
argent, soit à accepter un rendement plus bas. Durant ce temps, on
gardait l'argent au bureau régional, sous prétexte que, au cas
où le cultivateur refuserait un rendement plus bas, on pouvait lui
remettre son chèque tout de suite, sans l'avoir déposé
à notre compte. Cela semblait être plus facile.
Le Vérificateur a préféré qu'on
dépose tous les chèques qui nous parviennent, même si la
sélection des risques n'est pas faite, qu'on puisse les déposer
comme il le dit si bien à la caisse de dépôt
et ensuite remettre l'argent en faisant un chèque au producteur.
Maintenant, nous profitons peut-être de l'argent quelques semaines de
plus au printemps, mais malheureusement, le producteur, son argent lui revient
plus tard, parce que lorsqu'on fait un dépôt, il faut refaire un
chèque et un bordereau. Cela retarde notre procédure pour lui
rembourser sa prime au cas où l'assurance ne serait pas
agréée.
Le vérificateur a choisi de faire cela dans ce sens-là. Je
suis bien d'accord, cela fait l'affaire de la régie. Je ne crois pas que
ce soit aussi satisfaisant pour l'exploitant.
M. Baril: De la façon que vous fonctionniez
précédemment, vers quel mois l'agriculteur recevait-il son
dédommagement, ou sa prime?
M. Garon: On ne déposait pas son chèque. Alors,
supposons qu'on allait le revoir au bout de deux ou trois semaines et qu'il
refusait notre proposition d'assurance, on lui redonnait tout simplement son
chèque, car on ne l'avait pas déposé.
Par la nouvelle procédure qui est, je le reconnais, plus
commerciale, on dépose son chèque dès le lendemain et
ensuite, s'il y a négociation avec lui et qu'il accepte un rendement
plus bas, on lui fait une remise de prime, en partie ou en tout, selon les
circonstances. Mais il faut qu'un bordereau soit envoyé à
Québec, qu'il soit accepté par le régisseur et qu'un
chèque soit refait à l'exploitant et qu'il soit de nouveau
posté à l'exploitant.
Cela retarde un peu la procédure, mais je pense que c'est plus
normal en assurance, de faire cela comme cela. Personne ne s'en est plaint,
à ma connaissance, mais cela retarde un peu le remboursement des primes
à l'exploitant.
M. Baril: Je pensais que vous vouliez dire que cela retardait le
remboursement de l'assurance elle-même.
M. Garon: Non, absolument pas. Si la prime est
agréée, dès qu'on a les données à l'automne,
les remboursements se font régulièrement à partir du
début novembre, dans les programmes réguliers, jusuqu'à
Noël; on paie le plus gros. Après Noël, il reste souvent
certaines cultures dont les cas sont plus difficiles à régler
parce que les "entes ne sont pas faites, par exemple, du maïs-grain qu'on
bat à la fin de novembre et quelquefois, en décembre, des pommes
que l'exploitant a recueillies tard et qu'il n'a pas vendues.
Normalement, les indemnités sont payées en novembre et
décembre, et au début janvier.
M. Baril: D'accord, c'est que je pensais que c'étaient les
indemnités qui...
M. Garon: Non, ce sont les primes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'ai eu ma réponse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: En ce qui me concerne, j'ai fini de poser des
questions sur ce programme.
Le Président (M. Boucher): Le programme 4 est-il
adopté?
M. Picotte: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): Adopté. M. Garon: ... on
l'avait adopté.
M. Picotte: Vous avez encore mal compris. M.Garon:
Vous l'avez adopté sur division.
M. Picotte: II faut répéter. J'ai
répété mes questions depuis le début. Il faut
répéter l'adoption.
M. Garon: Vous n'avez pas répété, vous ne
l'aviez pas dit.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre!
M. Picotte: Ah! je ne l'avais pas dit!
M. Garon: Je pensais que vous m'aviez oublié.
M. Picotte: Question de règlement, M. le Président.
Je vous prends à témoin...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé, en vertu de quel article du règlement?
M. Picotte: L'article 28, M. le Président. Je vous prends
à témoin, M. le Président. Est-ce que j'avais
mentionné que c'était adopté?
M. Garon: Quand le député est fatigué, il
devrait aller se coucher.
M. Picotte: Cela fait longtemps que le ministre serait rendu chez
lui.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Régie des marchés agricoles
Nous avions convenu qu'après le programme 4, nous passerions au
programme 6. J'appelle donc le programme 6, "Régie des marchés
agricoles du Québec". M. le ministre.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui concerne le programme 6,
"Régie des marchés agricoles du Québec ", j'aimerais, si
c'est possible, que le ministre ou le président de la Régie des
marchés agricoles nous donne la liste des nouveaux plans conjoints qui
vont être mis en application cette année.
M. Garon: II y a eu trois plans conjoints dans le domaine du porc
et deux plans régionaux dans le domaine du bois; un plan conjoint
régional dans le Bas-Saint-Laurent et un autre dans la région de
Québec, qui remplacent, en réalité, les plans conjoints
des comtés, les plans locaux, si vous voulez, qui deviennent des plans
régionaux pour une plus grande efficacité. Il y en a un aussi qui
est au vote actuellement, une possibilité du
plan conjoint de la pomme, actuellement, les producteurs sont en train
d'acheminer leurs votes.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre pourrait me
nommer les plans conjoints qui sont en suspens actuellement devant la
régie?
M. Garon: Qui sont en suspens? Qu'est-ce que vous voulez dire par
en suspens?
M. Picotte: Auparavant, M. le Président, si vous me
permettez une question... On sait que pour le plan conjoint du porc, entre
autres, il y avait eu une recommandation de la part de la Régie des
marchés agricoles...
M. Garon: ... on ne répond pas...
M. Vaillancourt (Orford): On marche ensemble. Il n'y a pas de
problème.
M. Picotte: On marche de pair.
M. Garon: Cela n'a pas l'air, vous avez l'air d'en mettre de
côté plutôt.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le
député d'Orford permet la question du député de
Maskinongé?
M. Vaillancourt (Orford): On aimerait avoir des explications en
ce qui concerne les plans conjoints.
M. Picotte: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Maskinongé, une question à la fois. M. le
député d'Orford a posé une question.
M. Picotte: II a posé une question et il a eu une
réponse, d'ailleurs, de la part du ministre et de son
représentant.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que la réponse
était satisfaisante?
M. Picotte: On a parlé du plan conjoint du porc et,
à ce sujet, j'aimerais poser quelques questions. M. le ministre, on sait
que, concernant le plan conjoint du porc, la Régie des marchés
agricoles avait fait certaines recommandations qui n'ont pas été
acceptées en totalité par le Conseil des ministres, pour des
raisons d'ailleurs que j'apprécie et que je ne conteste pas. Est-ce que
c'est l'intention du ministère de l'Agriculture ou du ministre de
l'Agriculture, lorsqu'il y aura d'autres plans conjoints qui seront soumis aux
agriculteurs auxquels la Régie des marchés agricoles fera des
références et au sujet desquels elle émettra des
idées, de passer outre comme il l'a fait pour le plan conjoint du porc,
à la recommandation intégrale de la Régie des
marchés agricoles? Si oui, dans quel domaine? Si non, pour quelle raison
l'a-t-il fait pour le plan conjoint du porc?
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Je ne pourrais pas
répondre à vos questions concernant le plan conjoint du porc pour
une raison très simple, c'est qu'actuellement c'est devant les
tribunaux. Je me demande s'il n'y a pas enquête actuellement ou ces
jours-ci. À ce moment-là, je serais obligé, en
répondant à une question comme celle-là de donner des
explications et j'interviendrais dans un procès qui a lieu actuellement.
Alors, j'aimerais pouvoir répondre à la question, mais je pense
que je serais obligé de dire ce qui s'est passé pour le plan
conjoint du porc, pourquoi nous avons agi de cette façon, etc. Ceci
m'amènerait à intervenir dans un procès qui a lieu
actuellement.
M. Picotte: Est-ce que cela veut dire, tout simplement, que le
plan conjoint du porc tel que préconisé par le Conseil des
ministres et par le ministre de l'Agriculture est présentement en
stagnation, c'est-à-dire qu'il n'est pas appliqué tel qu'il est
présentement? Ou s'il doit attendre tout simplement que les tribunaux
aient statué à ce sujet?
M. Garon: Non. C'est tout simplement qu'il y a eu une demande
d'annulation du plan et que le plan n'est pas annulé.
M. Picotte: II est en vigueur présentement, tel que l'ont
décidé le Conseil des ministres et le ministre de l'Agriculture.
Mais il peut changer, évidemment, selon le jugement de la cour.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Le jugement... Il n'est pas appliqué
présentement.
M. Picotte: II est appliqué, d'après ce
qu'on...
M. Garon: II y a une décision qui a été
rendue et, à la suite de cela, un plan conjoint, il faut que cela
commence tranquillement. Il y a de l'administration à mettre en place.
Il y a toutes sortes de choses. Alors...
M. Dubois: Mais on ne peut pas dire qu'il fonctionne
présentement.
M. Garon: Non, il ne fonctionne pas. Je vous dis: II est en
vigueur.
M. Dubois: II est en vigueur, point final. Il n'est pas
appliqué, mais il est en vigueur. C'est cela? Pour être
précis...
M. Garon: En puissance d'être appliqué. M.
Dubois: Oui, mais pas appliqué.
M. Garon: C'est un peu comme un soldat qui nettoie son fusil
avant la bataille. Il n'est pas en guerre mais il se prépare à
guerroyer.
M. Dubois: Un soldat qui vient d'enterrer son fusil.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, avez-vous une question supplémentaire? (21 heures)
M. Dubois: J'aimerais connaître la position du ministre, sa
position précise vis-à-vis de la sanction des plans conjoints.
Est-ce que vous êtes d'accord qu'un plan conjoint puisse s'appliquer avec
60% des producteurs qui votent pour le plan, mais dans les cas où
ça représente 15% à 20% de la production globale d'un
produit donné? Est-ce que vous êtes d'accord pour qu'un plan
conjoint soit sanctionné dans ces cas-là?
C'est à peu près ce qu'on peut vivre au niveau du
porc.
M. Garon: Je pense qu'actuellement, il y a une loi. Je ne peux
pas dire autre chose. Je suis obligé de participer à
l'administration de cette loi, telle qu'elle est rédigée.
Maintenant, quand bien même je ferais grands sparages pour dire que je
suis d'accord ou pas d'accord avec telle partie...
M. Dubois: Ce ne sont pas des sparages, ce sont des opinions
précises du ministre que je veux.
M. Garon: Enfin, des opinions. Je pense, quand le temps sera
venu... Vous savez, dans une période de temps, on peut déposer
seulement tant de lois. Il faudra, je pense, apporter des amendements à
cette loi. Mais ça ne me donnerait rien de parler trop longuement,
à ce moment-ci, de façon théorique, sur cette loi.
Eventuellement, si nous croyons, si le gouvernement croit qu'elle doit
être modifiée, on la modifiera.
M. Dubois: Si on oublie le plan conjoint du porc...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: ... pour la pomme de terre, ça s'en vient, il
en est question, ça va venir un jour ou l'autre. Le cas va se
présenter où, peut-être, 60% desproducteurs voteront oui au
référendum, s'il y en a un, mais ça représentera,
encore une fois, peut-être 15% à 20% de la production,
peut-être 35%, en tout cas pas plus que ça. À ce
moment-là, le ministre sera-t-il favorable à sanctionner un
nouveau plan conjoint? Oublions celui du porc. C'est ce que je veux savoir.
Où se situe le ministre dans tout ça? Quelle est la position du
ministre, quelle est l'idée du ministre?
M. Garon: La loi, actuellement, dit que 50% des gens doivent
voter et 66 2/3% des gens doivent être favorables au plan conjoint pour
qu'un plan conjoint soit adopté par référendum.
M. Dubois: Je suis d'accord.
M. Garon: Autrement, il y a possibilité d'aller au Conseil
des ministres, à la suite d'une recommandation de la régie. C'est
la loi.
M. Dubois: II reste que le ministre est celui qui prend les
décisions finales. En définitive, le ministre dit oui ou non
à un plan conjoint.
M. Garon: Cela dépend. Dans le gouvernement...
M. Dubois: Ce n'est pas le ministre des Affaires culturelles qui
va décider si le plan conjoint sera sanctionné oui ou non. Le
ministre de l'Agriculture a beaucoup d'influence au niveau de la sanction des
plans conjoints au cabinet des ministres.
M. Garon: Oui, mais le ministre consulte beaucoup; c'est le parti
des libertés, un parti démocratique...
M. Dubois: Oui...
M. Garon: ... social-démocrate; je consulte beaucoup le
caucus des députés, le caucus rural et je dois dire actuellement
que le caucus des députés pèse beaucoup dans l'opinion du
ministre de l'Agriculture.
M. Dubois: C'est pour ça que la plupart des
députés de comtés ruraux ont été
invités au sommet agro-alimentaire, j'imagine, parce qu'il y a beaucoup
de consultation.
M. Garon: Non, c'est parce que ce n'est pas le ministre de
l'Agriculture qui était en charge des invitations, à ce point de
vue.
M. Dubois: II était un des deux principaux.
M. Garon: Non, mais...
M. Picotte: C'était le député de Fabre.
M. Garon: Non, ce n'est pas ce député non plus.
J'avais suggéré des noms, mais, pour l'invitation, il y
avait...
M. Dubois: Si on est socila-démocrate, on est
social-démocrate d'un bout à l'autre.
M. Garon: II y avait un modèle qui était suivi,
à la suite du sommet de Pointe-au-Pic; il y avait tant de gens du parti
ministériel, tant du parti de l'Opposition officielle et tant de l'Union
Nationale. Voyez-vous, c'était peut-être un peu bureaucratique de
vouloir garder le même schéma, alors que, dans un cadre comme
l'agriculture, on aurait pu inviter les membres de la commission au complet, au
moins comme observateurs. Cela aurait été mon opinion.
M. Dubois: M. le ministre, je pose la question, je
désirerais une réponse précise, mais, même sans
réponse précise, il est évident que, si on prend les
magasins à succursales, dans le cas de
plans conjoints, que ce soit sur les pommes, sur la pomme de terre, ils
ne sont pas toujours réceptifs sur des plans conjoints. Si on regarde
les oeufs, d'une part, la Fédération des producteurs d'oeufs du
Québec dit: On est autosuffisant à 71%. Dans un autre document,
en 1977, selon des études économiques, le ministère de
l'Agriculture dit: On est suffisant, dans les oeufs, à 55%. La
fédération, d'un côté, parle de 76,1% et, d'un autre
côté, le ministère de l'Agriculture parle de 55%. Il y a
confusion quelque part. La même année...
M. Garon: Je vais vous dire, au premier cours que j'ai suivi, en
statistique, le professeur a commencé son cours en disant: "Figures
cannot lie but liars cannot figure".
M. Baril: Traduction, s'il vous plaît.
M. Garon: Les chiffres ne mentent pas, mais les statisticiens
peuvent faire mentir les chiffres.
M. Dubois: I want to know who is the liar. Is the minister a liar
or...?
Une voix: On n'est pas à Ottawa, ici.
M. Garon: C'est une traduction un peu libre.
M. Picotte: C'est vrai, on n'a pas la traduction
simultanée.
M. Dubois: Vous vous embarquez dans un bateau.
M. Picotte: Au moins, à Ottawa, il y a la traduction
simultanée.
M. Dubois: On peut se poser la question: Qui est le menteur?
Est-ce la fédération ou le ministère? Il reste quand
même qu'il y a des problèmes. Il y a des problèmes dans les
plans conjoints; il y en a un dans les oeufs. Il va y en avoir un dans le porc;
ce n'est pas réglé encore et c'est loin d'être
réglé, vous le savez. Cela risque d'aller loin. Cela semble
être le cas.
Je ne suis pas d'accord pour que tout le monde soit dissident d'un plan
conjoint, mais quand il y a 60% ou 66 2/3% des producteurs présents qui
votent, cela peut représenter à peu près 60% de la
production. À ce moment-là, je n'ai aucune objection qu'un plan
conjoint soit sanctionné. Mais quand on a 15% ou 20% de la production
qui est représentée au niveau d'un vote, je me dis qu'on s'en va
tout de suite à l'abattoir. C'est ce qui est arrivé dans le
porc.
Si le ministre a l'idée de sanctionner d'autres plans conjoints,
je pense qu'il devrait s'assurer qu'une bonne partie ou que la majeure partie
de la production est incluse dans la participation des votants qui disent oui.
Autrement, je pense qu'à tout coup on va...
M. Garon: C'est là que...
M. Dubois: ... se réveiller en Cour suprême avec les
plans conjoints.
M. Garon: C'est délicat. Je pense que c'est une question
difficile.
M. Dubois: L'UPA dit oui à tout plan conjoint, peu importe
ce qui arrive. Il va falloir que le ministre prenne position un jour.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: C'est à lui à trancher la question.
M. Garon: On a pris position.
M. Dubois: Vous avez pris position, vous avez dit oui,
peut-être avec 20% de la production dans le porc.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Pas beaucoup plus.
M. Garon: Oui, mais il faut regarder tout cela dans son ensemble,
les pouvoirs qui sont là et tout cela. À part cela, il faut se
demander, dans un plan conjoint, si ce sont les cochons qui vont voter ou les
cultivateurs. C'est ce que les gens demandaient au fond.
M. Dubois: Écoutez, ce n'est tout de même pas...
M. Picotte: II faudrait faire une distinction entre les deux.
J'espère que vous faites une distinction entre les deux.
M. Garon: Je pense que la question ne se pose même pas.
M. Picotte: De la façon que vous mentionnez cela...
M. Garon: Je n'avais même pas pensé à dire ce
que vous dites là.
M. Picotte: Ah! bon.
M. Dubois: Vous parliez tout à l'heure...
M. Picotte: J'écoute ce que vous dites, M. le
Président.
M. Dubois: ... d'un éleveur de chèvres qui en a
trois qui bêlent. Il n'est pas reconnu comme producteur, mais il y a
aussi les producteurs de dix porcs qui votent à un
référendum. Il y en a de 2500, de 7000 et de 10 000. Je pense
qu'on doit différencier quand même...
M. Garon: Oui, vous avez raison, c'est une question...
M. Dubois:... le producteur commercial de celui...
M. Garon:... très difficile. Quand je disais: Qui va
voter, les éleveurs ou bien les cochons... Les gens voulaient dire
je répète ce que tout le monde disait à ce
moment-là Est-ce qu'on doit tenir compte de la grosseur du
producteur pour lui donner plus ou moins de droits de vote ou additionner la
production et faire voter les individus? La question n'est pas facile.
M. Dubois: Si on disait: On s'entend sur ce qu'on appelle un
producteur de porc. Ce n'est tout de même pas celui qui en a 25 ou 50,
qui vit du porc. Cela prend un minimum de porcs pour vivre. Alors...
M. Garon: C'est quoi un producteur de porc, pour vous? Je vais
vous dire franchement, c'était une des difficultés de la
question.
M. Dubois: Je dirais qu'un producteur de 500 porcs, on peut
commencer à l'appeler producteur de porc. En bas de cela, on ne peut pas
appeler cela un producteur de porcs, c'est un gars qui s'amuse avec le porc. Si
on part de là, 500 porcs et plus, je pense qu'un plan conjoint ne
pourrait pas être sanctionné.
M. Garon: Un meunier, est-ce un producteur de porcs?
M. Dubois: Vous voulez dire un intégrateur? M. Garon:
Oui.
M. Dubois: Si je m'appuie sur ce que pense la
Fédérée du Québec, qui est elle-même
formée d'intégrateurs, je me dis qu'un meunier devient un
producteur. Elle reconnaît qu'un intégrateur...
M. Garon: Son employé?
M. Dubois: ... puisqu'elle est elle-même formée de
ces gens, est un producteur de porc.
M. Garon: L'intégré, est-ce un employé qui
n'a pas le droit de vote, ou est-ce un producteur qui a le droit de vote?
M. Dubois: Si c'est une production de 10 000 porcs qui est
gérée par la Fédérée de Québec, c'est
la Fédérée du Québec. Mais si je parle de 500 porcs
et plus, vous n'en aurez pas 60% qui vont voter pour un plan conjoint, c'est
impossible.
M. Picotte: Est-ce que le ministre...
M. Dubois: II ne répond pas, il ne me croit pas.
M. Garon: Ceux qui auraient moins de 500 porcs ne seraient pas
couverts par le plan.
M. Dubois: Le plan? De stabilisation?
M. Garon: Tous ceux qui auraient moins de 500 porcs ne seraient
pas couverts par le plan.
M. Dubois: On parlait de brebis tout à l'heure ou
d'agneau, ce que vous voulez.
M. Garon: Non, ce n'est pas ce que je dis. Un producteur de
porc...
M. Dubois: On peut...
M. Garon: On regarde cela, ce n'est pas une question facile.
M. Dubois: Non, je sais qu'elle n'est pas facile. Mais il ne faut
pas quand même...
M. Garon: Vous dites: 500 porcs et plus, c'est un producteur de
porc. Celui qui aurait moins de 500 porcs ne serait pas couvert par le plan? Il
n'aurait pas le droit de vote, donc, il ne pourrait pas être couvert.
M. Dubois: Vous voulez dire le plan de stabilisation?
M. Garon: Non, c'est un plan qui est à voter; ceux qui
n'auraient pas eu le droit de vote ne pourraient pas être couverts.
M. Dubois: C'est comme celui qui fait une acre de patates. Il
peut bien dire oui à n'importe quel plan demain matin. Cela lui fait
quoi? Cela ne change pas ses revenus.
M. Garon: Une acre de patates, ce n'est pas beaucoup.
M. Dubois: II y en a, quand même, qui en font une acre,
deux acres ou trois acres, qui vont voter sur un plan conjoint. Je n'appelle
pas cela un producteur. Si on veut respecter le producteur commercial qui vit
de sa production, je pense qu'il va falloir s'enligner.
M. Garon: 500 porcs à $100 le porc, cela fait quasiment
$50 000 de production.
M. Dubois: Oui, mais évaluez le rendement net en profit
sur 500 porcs, et ce n'est pas gros.
M. Garon: Non, non.
M. Dubois: C'est une moyenne.
M. Garon: La loi, actuellement, reconnaît comme producteur
agricole un gars qui fait pour $1000 de production. Là, on ne
reconnaîtrait pas, pour les fins d'un vote sur un plan conjoint, un gars
qui produit pour $50 000. Je ne me dis pas pour ou contre ce que vous dites,
mais je trouve que, dans les lois actuelles, il faut se poser des
questions.
M. Cordeau: Êtes-vous satisfait de la loi actuelle
concernant les plans conjoints? M. le minis-
tre, je sympathise bien avec vous, mais êtes-vous satisfait de la
loi actuelle telle qu'elle est rédigée?
M. Garon: II y a place à des améliorations.
M. Cordeau: Avez-vous l'intention de l'améliorer? Ne
serait-ce pas un moyen d'améliorer la loi?
M. Garon: II va falloir la modifier, la loi.
M. Cordeau: Si c'est la loi qui est mal faite ou qui est
désuète, vous êtes prêt a la corriger?
M. Garon: À part cela, il y a des jugements de tribunaux
qui, parfois, nous obligent à modifier la loi.
M. Dubois: Pouvez-vous me nommer une production sur laquelle le
ministère ou la Régie des marchés a sanctionné, un
plan conjoint, qui a augmenté son autosuffisance au Québec? Y
a-t-il une production où on a pu augmenter l'autosuffi-sance à la
suite d'un plan conjoint?
M. Garon: Le but d'un plan conjoint, ce n'est pas cela.
M. Dubois: Ce n'est peut-être pas le but, mais il faut le
viser en même temps. Si on diminue chaque fois...
M. Garon: S'il n'y avait pas d'autre chose qui empêchait
les producteurs de lait de le faire, je suis assuré qu'ils
augmenteraient leur production même s'il y a un plan conjoint.
M. Dubois: Je ne suis pas contre les plans conjoints, remarquez
bien. Pour autant que cela aide l'agriculture au Québec, je suis en
faveur, mais pour autant que cela l'aide. Quand on regarde les oeufs, cela n'a
pas amélioré la situation. Dans le secteur du porc, cela peut
détruire même une partie de la production du porc ou une partie de
notre autosuffisance, possiblement.
M. Garon: Dans le secteur des oeufs, peu de gens disent que la
production n'a pas augmenté. Le pourcentage du marché
québécois occupé par les producteurs d'oeufs du
Québec, tout le monde s'entend pour dire que cela a augmenté.
M. Dubois: D'un côté, j'ai entendu 48%; j'ai entendu
parler de 55% par le ministère de l'Agriculture et à la
fédération elle est contre les intégrateurs et
contre les dissidents, c'est bien sûr on dit 76%. Des chiffres
justes, on n'en a pas. On ne peut pas dire que l'autosuffisance dans les oeufs
au Québec s'est améliorée depuis le plan conjoint.
M. Garon: En pourcentage, oui.
M. Dubois: On peut aussi dire qu'un producteur d'oeufs du
Québec, avec 20 000 poules, a des recettes nettes de $9000 de moins
qu'un producteur qui a 28 000 poules en Ontario. C'est prouvé.
M. Garon: Pourquoi?
M. Dubois: Parce que cela lui coûte plus cher pour produire
ses oeufs au Québec. L'agence de vente, qui n'existe pas en Ontario,
mais qui existe au Québec, n'aide pas le producteur, loin de là.
Premièrement, cette agence n'est pas assez agressive; l'agence n'a pas
les qualifications voulues.
M. Garon: Elle n'est pas agressive.
M. Dubois: Ce n'est pas une entreprise privée, n'est-ce
pas?
M. Garon: Non.
M. Dubois: C'est une masse de producteurs, en fait,
représentés par une agence de vente et ce n'est pas agressif du
tout, cela.
M. Garon: Sur la vente, vous voulez dire?
M. Dubois: L'agence de vente, à l'intérieur du plan
conjoint des oeufs.
M. Garon: II y en a qui disent que dans le domaine...
M. Dubois: Apparemment, le problème se situe là. Je
n'ai rien contre les plans conjoints pour autant que cela nous aide et que cela
aide la masse des producteurs. Il faut aussi que cela fasse l'affaire de la
masse des producteurs et pas seulement l'affaire d'un petit groupe de
producteurs qui ne sont pas sérieux, surtout.
Si on parle d'économie agricole au Québec, on ne peut pas
parler d'un gars qui a 1000 ou 5000 poules dans le domaine des oeufs; on ne
peut pas parler de 100 porcs, 200 porcs ou 300 porcs dans le domaine du porc,
n'est-ce pas? C'est la même chose pour les pommes, pour les pommes de
terre et partout. Si on veut garder une économie agricole viable au
Québec, si on veut aider l'entreprise privée vous avez dit
tout à l'heure que vous étiez pour l'entreprise privée et
vous l'avez répété souvent; vous êtes un
social-démocrate, mais pour l'entreprise privée, ce sont vos
paroles si on veut aider ces gens, il faut quand même les
respecter. Les producteurs qui travaillent en ville et qui ont deux, trois, dix
ou cent porcs, ce n'est pas avec cela qu'ils vont réussir à vivre
sur une ferme, loin de là. Si on veut aider l'agriculture au
Québec, c'est en aidant quand même celui qui est progressif, qui
vit de sa ferme et strictement de sa ferme. Il faut se situer quelque part un
jour parce que l'UPA veut des plans conjoints partout. (21 h 15)
M. Garon: Oui.
M. Dubois: D'accord? Dans tout. Aussi bien dans les carottes et
les oignons que dans la laitue. Dans tout, on en veut. Je ne pense pas que ce
soit rentable pour l'agriculteur au Québec d'avoir des plans conjoints
partout. On n'a jamais vécu une situation au Québec avec des
plans conjoints où
c'est réellement viable, où les gens sont heureux,
où cela fonctionne bien en dehors du lait.
En ce qui concerne le lait, il y a encore des petits problèmes
entre deux fédérations. Si on enlève cela, cela va assez
bien.
M. Garon: Sur le poulet, vous n'avez pas trop de critiques?
M. Dubois: Pardon?
M. Garon: Dans le poulet?
M. Dubois: Le poulet grillé, vous voulez dire?
M. Garon: La volaille; on ne critique pas trop non plus!
M. Dubois: En tout cas, les productions sont rares où tout
va sur des roulettes.
M. Garon: Dans le bois, cela ne va pas mal aussi. Les ajustements
se sont faits. Dans le tabac, cela ne va pas mal!
M. Dubois: Mais si on prend les grandes productions, parce que,
en ce qui concerne le tabac, il reste que ce n'est pas une grosse production
comparée aux autres productions agricoles au Québec. C'est
contrôlé par les compagnies ache-teuses. Il n'y a pas beaucoup
d'acheteurs; il y en a deux ou trois.
M. Garon: Disons qu'actuellement le problème se retrouve
dans deux productions: les productions sans sol; deux productions sans sol.
M. Dubois: Si on s'imagine, au niveau des plans conjoints,
pouvoir vendre plus cher que le prix international, je pense qu'on se trompe;
il faut être compétitif. Si on veut arriver à quelque chose
dans l'agriculture, il va falloir être compétitif au
Québec.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Je ne pense pas que ce soit le plan conjoint qui va
amener la compétition. Cela ne situera pas le Québec d'une
façon plus compétitive. Si on regarde les pays
économiquement développés, ce ne sont pas
nécessairement les plans conjoints qui ont amené une agriculture
viable. Je suis d'accord; cela peut faire vivre des assistés sociaux sur
les fermes. Cela peut aider dans certains cas. Mais je ne pense pas que ce soit
ce qui va relever l'agriculture au Québec. Un bon jour, il va falloir
que le ministre prenne position. Un plan conjoint va se sanctionner quand il y
aura tant de pourcentage des producteurs, incluant tant de pourcentage de
production. Sinon, je pense qu'on va abaisser l'agriculture au lieu de la
remonter. Je pense que le ministre est obligé, et c'est sa
responsabilité, de prendre une décision. Ce n'est pas facile, je
suis d'accord. Mais il va falloir qu'il la prenne.
Une voix: II attend l'indépendance de la province.
M. Garon: Comment fonctionneriez-vous, par exemple, dans une
perspective de plan national?
M. Dubois: Écoutez! Je ne suis pas le ministre. Je vous
pose des questions et je veux avoir des réponses.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Ce n'est pas à vous de me poser des questions;
c'est moi qui pose les questions.
M. Garon: Mais vous regardez, par exemple, dans le cas où
il y a un plan national.
M. Dubois: C'est mon travail de poser des questions.
Une voix: Vous posez des questions stupides.
M. Garon: En vertu du GATT, General Agreement on Tariff and
Trade, quand on dit que pour contingenter les importations, il faut qu'il y ait
une gestion de l'offre. Québec, actuellement, n'a aucun pouvoir de
contrôle sur ses importations. Le seul organisme qui peut
contrôler, c'est... Non, je le dis, sans politique.
M. Cordeau: Sans politique. M. Baril: C'est vrai, c'est la
réalité. M. Garon: Cela prend un plan de... M. Picotte:
Sans politicaillerie.
M. Garon: Un plan de gestion de l'offre, au
fédéral, pour cela, cela prend un plan national...
M. Picotte: ... de souligner...
M. Garon: ... et pour qu'il y ait un plan national, il faut des
plans dans chacun des États, dans les provinces.
Comment peut-on, en dehors d'un plan conjoint, pouvoir participer avec
le national?
M. Cordeau: Cela va bien plus loin que le plan national. Cela
irait au plan international parce que ce sont les États-Unis qui nous
contrôlent.
M. Garon: Non, mais je donne un court exemple concret.
Même s'il y avait un plan national sur n'importe quelle
production, cela ne change absolument rien. L'influence américaine est
là et elle va y demeurer. Et si on a un plan conjoint à
sanctionner, il sera sanctionné au niveau de l'Amérique du Nord,
avec les États-Unis et c'est pas facile, c'est impossible. Alors, cela
ne règle pas le problème. Que le Québec soit
indépendant, que le Québec décide de son avenir, que le
Québec ait ses pro-
pres tarifs à établir, cela ne change absolument rien.
L'influence américaine sera encore là. Or, au niveau de
l'agriculture on ne peut pas changer cela.
M. Garon: Non, au point de vue du quota d'importation.
M. Cordeau: II y a des échanges commerciaux. Le
ministère de l'Industrie et du Commerce fait des échanges pour le
ministère de l'Agriculture.
M. Garon: Dans bien des cas?
M. Cordeau: Au fédéral cela se fait. Si le
Québec devient indépendant, comme vous l'entendez, votre
ministère de l'Industrie et du Commerce, à l'avenir, fera des
échanges commerciaux sur les produits agricoles sans que le
ministère de l'Agriculture ait son mot à dire. C'est ce qui va
arriver.
Une voix: Les poules vont pondre deux oeufs par jour!
M. Garon: Si on ne protège pas les producteurs d'oeufs au
Québec par un contrôle des importations, étant donné
qu'on a des fermes qui ne sont pas du même type que les fermes
américaines, qui sont à peu près des entreprises de
monopole aux États-Unis, j'ai l'impression que si on laisse faire les
producteurs américains, ce ne sera pas long qu'ils vont faire un moyen
ravage dans la production, non seulement au Québec, mais
également dans le reste du Canada.
Dans le domaine du poulet, par exemple, toutes les provinces ont
demandé un plan national du poulet. On a aussi demandé un plan
national du poulet. Toutes les provinces ont signé, sauf l'AIberta et
Terre-Neuve. On attend encore, on en parlait la semaine dernière. Au
fond, les producteurs veulent un plan national pour répondre aux
conditions du GATT, pour contrôler les importations. Et quand ils l'ont
demandé, les importations de poulet au Canada étaient de 60
millions de livres. Les abattoirs ont commencé à faire faillite
en Ontario. Remarquez bien qu'on a eu de la difficulté, mais il y a eu
encore plus de problème, je pense, en Ontario qu'il n'y en a eu au
Québec, à cause de l'entrée de poulets américains.
Il en entrait tellement que les abattoirs ont commencé à faire
faillite et, au Québec, les gens ont craint aussi.
Alors, quel autre moyen a-t-on, dans l'état actuel des choses,
de...
M. Dubois: Parlez-vous en dehors de la séparation du
Québec?
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Quel autre moyen a-t-on en dehors de la
séparation du Québec? Ou bien en dehors d'un plan conjoint?
M. Garon: En dehors de la souveraineté, de contrôler
les importations.
M. Grenier: On va l'avoir, il "swing"!
M. Dubois: Je veux savoir en dehors de quoi.
M. Garon: En dehors de la souveraineté, vous allez avoir
des pouvoirs de contrôle des importations du Québec
lui-même. Quel autre moyen a-t-on actuellement de contrôler
vraiment les importations qu'un plan national, qui est le prélude
à une discussion avec d'autres pays dans le cadre du GATT?
M. Dubois: La difficulté est de maintenir un plan national
et de s'assurer qu'il soit respecté. Le Québec seul n'aurait pas
plus de facilité, c'est sûr! Parce que les pressions
économiques, cela peut même aller jusqu'à des sanctions. On
fait quand même face à cet élément-là,
l'élément capitaliste, ce qui est normal, c'est le contexte
nord-américain, et chacun joue son jeu, à chacun son influence.
On vit dans ce monde-là, dans cette jungle-là contre laquelle je
n'ai rien, mais on vit dedans. Il faut s'habituer à cela, il faut s'y
faire, il faut s'adapter et il faut être compétitif. Je pense que
c'est là qu'il faut travailler, il faut travailler afin d'être
compétitif dans nos productions. Si on ne travaille pas
là-dessus, on n'arrivera nulle part. On est tout de même pas pour
toujours protéger nos marchés à coups de piastres.
M. Garon: D'accord. Mais dans des types de production, par
exemple, où... Aux États-Unis, vous avez quasiment des
entreprises... Dans le domaine des oeufs, par exemple, ce n'est pas la ferme
familiale, ce sont des entreprises d'une grosseur épouvantable.
M. Cordeau: Des...
M. Garon: Des entreprises considérables; actuellement, les
prix sont plus bas dans le domaine des oeufs aux États-Unis parce
qu'elles se font une guerre d'enfer. Il faut faire un choix. Est-ce qu'on veut
en arriver à une agriculture industrialisée, où le gars
qui va travailler sur une terre va devenir, comme au moyen âge, un genre
d'employé, ou si on veut une ferme familiale?
Si on veut maintenir une ferme familiale, dans les secteurs de
production où, aux États-Unis, par exemple, ce sont des
entreprises industrialisées, où les gens qui travaillent sont des
salariés, point, je pense qu'il faut prendre les moyens pour
protéger nos producteurs.
M. Dubois: Je vous l'ai dit, je ne suis pas contre les plans
conjoints ou une structure pour les agriculteurs, je ne suis absolument pas
contre cela. Mais pour autant que cela respecte la majorité des
producteurs, avec la majorité de la production. Il faut que cette
affaire-là soit viable. Je ne suis pas contre cela.
M. Garon: Dans le cadre des plans conjoints, vous seriez plus
d'accord pour des agences de négociation que pour des agences de
vente?
M. Dubois: Je ne suis pas d'accord pour qu'il y ait une agence de
vente dans le cadre d'un plan conjoint.
M. Garon: Vous êtes seulement pour les agences de
négociation.
M. Dubois: Une agence de vente à l'intérieur d'un
plan conjoint, c'est trop massif, cela ne peut pas s'adapter aux
réalités du jour. Dans la vente, c'est aujourd'hui qu'il faut
faire un amendement à nos prix, à nos procédures.
M. Garon: Les plans conjoints ont différents types de
pouvoirs.
M. Dubois: S'il faut réunir 5000 producteurs le matin pour
faire un petit changement dans notre agence de vente ou pour adopter une autre
méthode, cela ne marche pas. Dans l'industrie, c'est vite et c'est tout
de suite. L'agence de vente ne peut pas réaliser cela dans le cadre d'un
plan conjoint.
M. Garon: Un plan conjoint peut avoir différents types de
pouvoirs. Seriez-vous d'accord avec un plan conjoint qui aurait des pouvoirs de
négociation, sans agence de vente?
M. Dubois: Toujours un plan conjoint qui respecte un volume de
production égal au volume de producteurs. Je suis d'accord. Remarquez
bien qu'en plus d'un plan conjoint, on a d'autres atouts, ici au Québec.
L'Ontario a d'autres atouts, mais elle se sert plus de ses atouts que nous ne
nous en servons. C'est l'inspection. Je l'ai répété
souvent et c'est un fait qu'en Ontario, les onta-riens protègent leur
marché par une inspection plus rigide, salope, disons le mot, salope. Ce
n'est pas une loi, nous on l'applique comme on l'entend...
M. Garon: Moi, je peux vous dire...
M. Dubois: ... sur une pomme de salade, si on trouve un grain de
sable, on confisque le voyage, il est déchargé
immédiatement et il n'est pas vendu, ce voyage. Il est confisqué.
Il faut être salaud et nous autres on n'est pas assez salauds. C'est la
seule différence qu'il y a.
M. Garon: Les inspecteurs du ministère de l'Agriculture
ont pour directive d'agir aussi durement qu'agissent les inspecteurs de
l'Ontario, mais ils le font de façon sélective.
M. Dubois: Je suis loin d'être d'accord avec cela. Quand on
a d'importants volumes de production ici, prenons la laitue les carottes, les
oignons...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: ... on a un outil quand même qui est
l'inspection qui nous permet d'être salauds en temps voulu. Je ne dis pas
que le produit du Québec doit être de qualité
inférieure à celui qui est importé, ce n'est pas cela que
je veux dire. Je ne veux pas dire qu'on doit manger de la cochonnerie du
Québec, plutôt que de manger un bon produit venant de
l'extérieur. Il faut quand même avoir des normes
sévères, je suis d'accord avec cela, mais on peut être
salauds en plus. Tout en étant respectueux de nos producteurs il
faut quand même qu'ils vivent, ces gars-là. Si on laisse entrer
les importations, l'Ontario produit un pourcentage plus élevé par
acre que nous ici. Elle peut peut-être vendre à meilleur
marché que nous; la seule manière qu'on a pour se
protéger, sans loi, sans référendum, sans
séparation c'est l'inspection mise en application d'une façon
assez rigide. L'Ontario exerce ses pouvoirs sans avoir de pouvoirs absolus au
niveau d'une loi, mais elle les exerce. Nous, on ne les exerce pas ici. C'est
là-dessus que je peux pousser.
M. Garon: Nous autres, on n'est pas pour la séparation,
tout le monde sait qu'on est pour l'association. On...
M. Cordeau: Vous avez beaucoup évolué.
M. Garon: On est pour le mariage plutôt que pour le
divorce.
M. Garon: Un gars qui veut tuer son chien, il dit qu'il a la
rage. Il n'est pas pour dire que c'est un bon chien et le vanter au coton pour
ensuite le tuer. Alors, vous avez défini comme vous l'avez voulu, vous
avez dit la séparation. Nous autres on n'a jamais parlé de
séparation. On a toujours parlé d'association
économique.
M. Picotte: Selon le député d'Iberville, vous
devriez être pour la communauté.
M. Cordeau: Vous avez parlé de souveraineté
avant.
M. Dubois: Et de l'indépendance.
M. Garon: La communauté économique? Oui.
M. Cordeau: Le RIN, qu'est-ce qu'il disait?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Une voix: Le RIN prônait la souveraineté politique.
L'indépendance.
Le Président (M. Boucher): II ne faudrait quand même
pas engager le débat constitutionnel ici.
M. Garon: Je me suis rallié rapidement au groupement
national, au Ralliement national qui avait comme formule les États
associés.
M. Picotte: II manquait les...
M. Garon: C'était la formule de la
souveraineté-association. C'est depuis 1964 que je suis partisan de la
souveraineté-association.
M. Rancourt: M. le Président,
Le Président (M. Boucher): Je crois qu'on s'éloigne
du sujet.
M. Rancourt: Je veux faire plaisir au ministre.
M. Picotte: II m'est venu une question tantôt à
l'idée, une simple question rapide. On a parlé tantôt de la
notion de producteur agricole; tout le monde sait que pour être reconnu
producteur agricole présentement, il faut être capable de prouver
qu'on a au moins $1000 de gains provenant de la ferme. M. le Président,
est-ce qu'il est dans l'intention du ministre de l'Agriculture de changer quand
même cette notion parce qu'elle est périmée et n'importe
qui peut...
M. Garon: Oui. Elle est périmée depuis un an et
demi.
M. Picotte: Non, elle est périmée au moins depuis
18 mois, avec l'inflation.
M. Garon: Un ministre démocratique.
M. Picotte: M. le ministre on vous a offert notre collaboration
pour terminer le plus rapidement possible afin de libérer ces gens qui
ont énormément d'ouvrage à faire demain et au moment
où je vous pose une question sérieuse, vous m'arrivez avec des
balivernes.
M. Garon: Vous? Ha!
M. Picotte: Quand même!
M. Garon: Non, je vous demande votre opinion, je ne vous demande
pas des balivernes. Je n'aurais pas cette prétention.
M. Picotte: M. le ministre, d'abord je ne réponds pas aux
vrais critères. Je suis dans l'Opposition donc je ne peux pas
répondre à vos questions parce que je ne suis pas ministre de
l'Agriculture et, deuxièmement, selon les critères que vous avez
émis la semaine dernière concernant la grosseur des ministres de
l'Agriculture, je ne peux pas être éligible encore.
M. Garon: Vous vous en venez bien.
M. Picotte: Cela va venir. On est en marche vers cela d'ici 18
mois à peu près.
M. Garon: C'est pour cela que je veux vous consulter, parce que,
être dans l'Opposition pendant 20 ans, sans consultation, c'est ennuyeux.
J'aime autant vous consulter pour vous donner l'impression que vous participez
à tous les gouvernements.
M. Picotte: Non, on pourra s'organiser avec cela. On en reparlera
dans quelques mois. Mais est-ce que c'est votre intention de réviser
cette notion de définition d'un producteur agricole?
M. Garon: Non, je pense qu'il va falloir réviser cette
notion parce que...
M. Cordeau: Au moins l'indexer.
M. Garon: ... une définition basée sur des gains de
$1000, ce n'est pas une définition sérieuse.
M. Cordeau: Cela fait combien d'années que c'est
fixé à $1000? (21 h 30)
M. Garon: Depuis 1972.
M. Rancourt: Depuis 1972.
M. Cordeau: J'attendrais au moins l'indexation de 8% par
année.
M. Vaillancourt (Orford): ... pris connaissance dans le
rapport...
M. Picotte: Avec tout cela, je n'aurai pas la réponse
à ma question.
M. Vaillancourt (Orford): ... qui suggérait $5000.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Garon: Je lui ai dit qu'il faudrait changer cela.
M. Picotte: Projetez-vous de le changer quand même dans un
temps assez restreint?
M. Garon: Je me rends compte que vous vous rendez compte, vous
autres aussi, à quel point la législation est
désuète parce que vous voulez que je change toutes les lois. Ce
n'est pas moi qui les ai faites, ces lois. Vous voulez que je change telle et
telle autre loi. Il faudrait changer la Loi sur la Régie des
marchés agricoles, il faudrait changer l'assurance-récolte,
l'assurance-stabilisation et la Loi qui reconnaît les producteurs
agricoles. Alors, vous voyez qu'au fond, vous reconnaissez tout ce qui aurait
dû être réglé et changé depuis longtemps.
M. Picotte: M. le ministre, au début de mon intervention,
la semaine dernière, je vous ai mentionné que, durant 18 mois,
vous n'aviez fait que des modifications à certaines lois.
M. Garon: Deux nouvelles.
M. Picotte: Comme vous étiez bien parti, on espère
que vous allez continuer à faire des modifi-
cations dans les lois existantes. Vous étiez parti pour cela.
Pourquoi ne pas continuer?
M. Garon: Oui, je vais continuer.
M. Picotte: Dans un délai quand même assez restreint
concernant la notion de...
M. Garon: On a eu quatre projets de loi l'an dernier, six ont
été déposés jusqu'à maintenant et un autre
au feuilleton aujourd'hui, cela fait onze lois en 18 mois. Au rythme où
on s'en va, cela fait quasiment une loi par mois.
M. Picotte: Vous allez révolutionner...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford, vous aviez une question?
M. Garon: II ne faut jamais mépriser plus petit que
soi.
M. Vaillancourt (Orford): Disons qu'on y a répondu,
à ma question.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le
député de Huntingdon.
M. Garon: Je réponds à vos questions même
avant que vous les ayez posées.
M. Cordeau: M. le ministre.
M. Dubois: M. le ministre.
M. Picotte: Quand cela vous tente.
M. Dubois: M. le ministre, je fais motion immédiatement
pour que les mots "indépendance" ou "souveraineté" soient mis
à l'index en partant.
Une voix: Hors d'ordre.
M. Garon: L'index, cela serait plutôt une chose qui
concernerait le nouveau chef du Parti libéral.
M. Picotte: Encore une fois! M. Dubois: ... ce
chef-là. M. Garon: La mise à l'index.
M. Baril: II aurait fallu que le député de
Huntingdon invoque l'article 28.
M. Dubois: Je n'ai pas besoin d'invoquer aucun article.
Le Président (M. Boucher): II s'agissait d'une question de
règlement, M. le député de Huntingdon?
M. Picotte: Dans votre cas, cela pourrait être l'article
69.
M. Dubois: Je vais invoquer une question de privilège,
dans ce cas.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 4 est
adopté?
M. Picotte: M. le Président, une dernière question,
s'il vous plaît! Nonobstant le fait que je sais que nous ne pouvons pas
parler du plan conjoint du porc, parce qu'on a souligné tantôt que
c'était sub judice, quand même, je pense qu'on a eu l'occasion,
dans le passé, d'avoir des recommandations de la part de la Régie
des marchés agricoles concernant certains plans conjoints.
Généralement, à moins que ma mémoire ne fasse
défaut, on a essayé de respecter quasi intégralement,
sinon intégralement, les recommandations de la Régie des
marchés agricoles. Nous avons fait, je pense bien, tout
dernièrement, une exception et, là-dessus, je pense bien qu'on ne
discutera pas pour savoir si c'était bénéfique ou non, ou
si c'était à l'avantage des producteurs ou pas.
En ce qui me concerne, je pense que cela pouvait être à
l'avantage des producteurs. C'est un dangereux précédent qui a
quand même été établi par le ministre et le Conseil
des ministres concernant un plan conjoint donné. Est-ce que, pour
l'avenir, il est dans les prérogatives du ministre de ne pas suivre
intégralement les recommandations de la Régie des marchés
agricoles? Si c'est le fait, est-ce qu'il s'apprêterait quand même
à modifier la Loi sur la régie des marchés agricoles pour
permettre quand même au ministre, au Conseil des ministres et aux
élus du peuple de pouvoir prendre, à ce sujet, des
décisions bénéfiques pour les agriculteurs?
M. Garon: Je ne peux pas dire qu'en principe je pense ne pas
suivre l'opinion de la Régie des marchés agricoles.
M. Picotte: Ce n'est pas...
M. Garon: Je pense qu'il faut juger chaque chose. En fait, je
suis dans une position difficile.
M. Picotte: Vous admettrez quand même, M. le ministre, que
c'est un dangereux précédent pour d'autres plans conjoints.
M. Garon: Ce que vous ne savez pas c'est si le ministre voulait
ou ne voulait pas suivre la décision de la régie. C'est ce qu'il
faut se demander.
M. Picotte: Vous pouvez seul y répondre, si vous vouliez
le suivre ou pas.
M. Garon: Je ne le peux pas trop parce qu'il y a des
procès qui embarquent...
M. Picotte: Ne parlons pas du plan conjoint du porc, parlons des
futurs plans conjoints à être mis en application. Il va en arriver
d'autres plus tard. On a parlé de la pomme de terre et on a parlé
d'autres plans conjoints possibles. Alors, vous
admettrez avec moi, sans partisanerie, que c'est un dangereux
précédent. Je me demande si c'est une politique
générale que le ministre a voulu élaborer à cette
occasion, ou s'il demeure quand même bien libre d'accepter ou de refuser,
ou si c'est une nouvelle politique.
M. Garon: Je ne le sais pas, mais ce qu'on m'a dit c'est
qu'à ce moment le Parti libéral avait adopté
spécifiquement les amendements à la loi afin de permettre
l'adoption d'un plan conjoint sans référendum, dans te porc. Je
ne sais pas... Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un précédent. Il
s'agit d'un cas d'espèce. C'est ce que j'ai toujours
mentionné.
Le Président (M. Boucher): Programme 6.
M. Picotte: C'est un gros cas d'espèce, M. le
Président qui peut quand même avoir des répercussions
à plusieurs exemplaires beaucoup plus graves qu'on puisse quand
même présentement l'évaluer. Je pense qu'à ce moment
le ministre devrait, à tout le moins, sinon changer quelque peu ses
directives face à la Régie des marchés agricoles ou encore
bien mentionner et cela bien spécifiquement qu'il s'agissait d'un cas
d'espèce qui ne devrait plus se répéter, à mon
avis.
M. Garon: Pardon? Me posez-vous une question? J'ai pensé
que vous aviez fait un commentaire.
M. Picotte: Non, c'est la même question que je vous ai
posée tantôt, à savoir qu'il s'agit d'un cas
d'espèce, qui pourra quand même avoir des répercussions
importantes, dans l'avenir, pour l'économie agricole du
Québec.
M. Garon: Oui. M. Picotte: Oui.
M. Garon: Vous m'avez posé la question tantôt. C'est
la même réponse. Vous avez dit que vous m'avez posé la
même question tout à l'heure.
M. Picotte: Semblable à cela. M. Dubois: M. le
Président...
M. Picotte: Faites attention, on va lire le journal des
Débats.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de
Huntingdon.
M. Picotte: Tout d'un coup que ce ne serait pas la même
question. C'est là que cela va être dangereux.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de
Huntingdon.
M. Garon: Je vais leur dire que vous m'avez donné des
"menteries".
M. Dubois: M. le ministre, dans l'optique d'une entente des deux
fédérations des producteurs de lait, l'unification des "deux
laits", présentement je pense qu'on sait tous qu'au niveau de la
Fédération des producteurs de lait industriel, c'est la COOP qui
a la main haute sur les contingentements de lait. Les coopératives
prennent les épreuves de gras, les épreuves de la qualité
du lait, achètent le lait, administrent les plans conjoints, sont rois
et maîtres, comme on peut dire...
M. Garon: Les coopératives n'administrent pas les plans
conjoints.
M. Dubois: Écoutez, les coopératives administrent
les plans conjoints de lait industriel au Québec. Les producteurs de
lait industriel ont laissé à la coopérative
l'administration du plan conjoint.
M. Garon: Pas réellement, je ne peux pas dire cela.
M. Dubois: Mais c'est à peu près cela parce que les
contingentements de lait sont administrés, sont
contrôlés...
M. Garon: II y a un nombre important de coo-pérateurs qui
font partie de la Fédération de lait industriel. Cela ne veut pas
dire que ce sont les coopératives qui les administrent.
M. Dubois: Ils sont rois et maîtres et sont juge et partie
en tout cas en ce qui concerne... À l'heure actuelle, au niveau des
producteurs, ils sont rois et maîtres, juge et partie. Dans l'optique de
l'unification des "deux laits", est-ce que le droit ou le privilège
qu'ils ont présentement de prendre des épreuves de lait, les
épreuves de qualité de gras dans le lait, est-ce que cela va
être remis à une agence gouvernementale, la Régie des
marchés? Qui aura la charge des épreuves de lait?
M. Garon: Nous avons l'intention là-dedans de jouer un
rôle comme ministère où cela pourrait être
possiblement un groupe comme dans le lait nature.
M. Dubois: Comme dans le lait nature, oui. C'est là que je
voulais aller. Vous allez avoir la même formule que dans le lait nature
pour les "deux laits" s'il y a unification.
M. Garon: On a déjà dit un mot aux
coopératives dans ce sens.
M. Dubois: Comme c'est là, la Coopérative
fédérée du Québec ou si je prends plus
précisément la Coopérative agricole de Granby, c'est un
cartel; un cartel qu'on n'accepterait pas pour une multinationale, loin de
là, où un producteur ne se retrouve même plus. C'est un
numéro, point final. Et s'il se plaint, ils vont dire: Ton
épreuve de gras, cela va descendre, et ton épreuve de
qualité, eh bien, il n'y a plus de qualité. On a tout ce qu'il
faut pour assommer un producteur présentement, et vous le savez.
M. Garon: Je ne suis pas d'accord...
M. Dubois: Est-ce que vous êtes d'accord pour que cela
continue plus tard, une fois l'unification des "deux laits" faite?
M. Garon: Je ne pense pas... Quand bien même des
coopératives disent: "tu n'es pas d'accord avec moi, donc je change ton
test de gras", je pense que vous allez un peu loin.
M. Dubois: Mais ils sont rois et maîtres quand même,
juge et partie. C'est ce que je n'accepte pas au niveau du cartel, par exemple,
de la Coopérative agricole de Granby. C'est pour cela que je pose la
question. Avez-vous l'intention...
M. Garon: II y a une chose qu'il faut se dire. M. Dubois:
... d'apporter un changement?
M. Garon: Les agriculteurs ne sont pas de force à la
Coopérative de Granby. Ce sont eux qui l'ont bâtie, qui y ont
adhéré et qui ont contribué à la construire.
M. Dubois: Ils ne s'y retrouvent plus. Le but fondamental d'une
coopérative, c'est quand même, au niveau local, que le producteur
s'y retrouve. Il avait son mot à dire à l'intérieur de
l'administration, mais aujourd'hui il n'a plus un mot à dire.
M. Garon: C'est un débat qui durera toujours. J'ai
enseigné le droit des coopératives pendant quelques
années. Il y a de petites coopératives où tous les membres
participent à toutes les décisions. Quand les coopératives
baissent, habituellement, c'est cela. Les gens commencent, ce sont des
pionniers, tout le monde participe à toutes les décisions. Il y a
un sentiment de satisfaction à cela. Si elle grossit un peu, rapidement
les membres, qui deviennent plus nombreux, 200, 300, 400 ou 500, sont
obligés d'élire un conseil d'administration et, à ce
moment-là, ils ne participent plus à toutes les décisions.
Ils participent au choix des administrateurs et au vote des règlements.
Plus la coopérative devient forte et grosse c'est peut-être
le drame plus l'administration fatalement, par la nature des choses,
s'éloigne des membres. Le défi le plus grand des
coopératives qui ont grossi est de demeurer à l'écoute des
membres, même si les membres ne peuvent pas participer à toutes
les décisions administratives. Ils devraient participer aux grandes
orientations. C'est le défi de toutes les grandes coopératives
qu'on a ici au Québec.
C'est un problème qui ne sera jamais réglé,
à mon avis.
M. Dubois: Créer des monstres tels que le producteur ne
s'y reconnaît plus.
M. Garon: Votre désir n'est pas de créer des
monstres; je ne crée pas de monstres.
M. Dubois: II y a quand même des moyens qui incitent
à les créer. C'est là que le ministre a son mot à
dire.
M. Garon: Non, ils se sont créés eux-mêmes
par le dynamisme des mouvements coopératifs, et de grandes
coopératives en ont résulté. Les grandes
coopératives, en faisant cela, ont sans doute recherché des
objectifs économiques, des économies d'échelle en
grandissant. Il en est résulté, sans doute, aussi, des
difficultés sur le plan administratif et sur le plan de la participation
des membres, mais je pense que les producteurs se sont donnés des
instruments qui ont grandi et ils se retrouvent... C'est un peu comme un gars
qui sortirait avec deux filles en même temps. Il tomberait en amour avec
les deux et serait obligé d'en choisir une parce qu'il ne peut pas en
marier deux. Il n'a pas le droit d'être bigame, il est obligé de
choisir. Il est mal pris. Il se dit: Je reste garçon, je ne me marie
pas. Je continue de sortir avec les deux ou j'en marie seulement une.
C'est ce genre de dilemme. L'agriculteur fait présentement face
à deux instruments qu'il s'est donnés: le syndicalisme et la
coopération. Il aime les deux mais il ne peut pas les faire fonctionner
au maximum en même temps dans une production. Il doit faire un certain
choix entre les deux ou une répartition des pouvoirs entre les deux.
C'est difficile à faire. Le choix a été retardé au
Québec depuis 20 ans, il ne s'est jamais fait. On en arrive à un
moment où les deux lutteurs sont très forts. S'ils ne font pas ce
choix, ils vont se briser l'un et l'autre.
M. Dubois: II reste qu'au niveau...
M. Garon: Je pense qu'ils sont obligés de faire un choix.
C'est un choix difficile, mais nécessaire.
M. Dubois: II reste qu'au niveau d'une coopérative comme
Granby, le ministère ou la Régie des marchés a
concédé des pouvoirs à cette coopérative qu'il
n'aurait jamais concédés à une entreprise privée ou
à une multinationale.
M. Garon: Quels pouvoirs?
M. Dubois: On est prêt, par exemple, pour les
épreuves de lait... Comme je l'ai dit tout à l'heure, on ne
concéderait pas à l'entreprise privée les épreuves
de qualité de lait ou de gras, mais on les concède à une
coopérative qui est, ni plus ni moins, un cartel. Je me demande pourquoi
la Régie des marchés concède des pouvoirs. Il est
évident que la Régie des marchés subit des pressions de la
part de ces grosses entreprises, mais c'est une chose que vous n'accepteriez
pas pour l'entreprise privée, c'est évident. Elle n'a
peut-être rien à voir, mais elle devrait avoir quelque chose
à voir. (21 h 45)
M. Garon: La régie n'a rien à voir avec
l'inspection. La régie, ce n'est pas elle qui vient faire quoi que ce
soit avec ça.
M. Dubois: Êtes-vous d'accord sur le fait qu'on ne
laisserait pas à l'entreprise privée des pouvoirs aussi
indus?
M. Garon: On est en train de s'occuper de ce problème.
M. Dubois: Parce qu'il y a un problème.
M. Garon: Et dans le sens de faire un test indépendant,
comme dans le cas du lait naturel dans lequel le ministère a un
rôle important à jouer.
M. Dubois: Vous reconnaissez qu'il y a quand même un
problème.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: D'accord.
M. Garon: Un problème! Quand la majeure partie des gens
souhaite avoir un test indépendant, un genre d'arbitre...
M. Dubois: M. le Président, je n'ai plus d'autres
questions.
M. Garon: Le ministère...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 6 est
adopté?
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui nous concerne, nous sommes
prêts à adopter les programmes 6 et 7.
Le Président (M. Boucher): Programmes 6 et 7...
M. Dubois: Un instant...
Le Président (M. Boucher): Programme 6, adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 7.
M. Garon: Au programme 7, on peut passer à
l'assurance-stabilisation.
M. Dubois: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui nous concerne, nous sommes
prêts à l'adopter.
M. Picotte: M. le Président, en ce qui concerne...
D'abord, le programme 6 est-il adopté?
Le Président (M. Boucher): Oui.
Assurance-stabilisation
M. Picotte: En ce qui concerne le programme 7, M. le
Président, étant donné que tout à l'heure, nous
avons posé des questions pertinentes, et que nous avons eu des
réponses concernant l'assurance-hospitalisation...
M. Garon: ... dans la stimulation de l'économie. Avec
l'assurance-hospitalisation, c'est 1 à 1.
M. Picotte: Stabilisation, concernant l'assurance-stabilisation.
Étant donné que nous avons eu des réponses, en ce qui nous
concerne, nous, de l'Opposition officielle, sommes prêts à adopter
le programme 7.
M. Dubois: J'aurais une question à poser au ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: J'aimerais savoir dans quel autre domaine vous avez
l'intention d'amener l'assurance-stabilisation en dehors de ce qui existe
présentement?
M. Garon: Actuellement, il y a le domaine veau-vache, les pommes
de terre, le porcelet et suite à ça, le maïs-grain. Pour le
domaine du maïs-grain, on s'en va vers ça et j'aimerais
éventuellement l'étendre à d'autres
céréales.
M. Dubois: Cela irait à l'an prochain, parce qu'il est
trop tard cette année.
M. Garon: Non, les céréales, c'est pour cette
année qu'on les a comme objectif.
M. Dubois: Est-ce qu'il y en a beaucoup qui ont
adhéré jusqu'à maintenant? Est-ce que le plan est
annoncé aux producteurs?
M. Cordeau: Pour y adhérer, c'est la même chose, le
30 avril?
M. Dubois: C'est parce que dans ma région, c'était
hier.
M. Cordeau: Non, mais... M. Dubois: Disons que...
M. Garon: L'assurance-revenu, ce n'est pas
l'assurance-récolte, ça.
Dans le domaine du maïs-grain, on est en train de discuter des
coûts de production. On voudrait instaurer un plan et notre objectif est
de l'instaurer cette année.
M. Dubois: Vous allez fusionner les deux,
assurance-récolte et assurance-stabilisation?
M. Garon: Non.
M. Dubois: Est-ce qu'il est question quand même d'arriver
à ça un jour?
M. Garon: On en a parlé longuement tout à l'heure.
C'est une possibilité. Sous quelle forme? Ce qu'on a vu... Il n'y a pas
de dédoublement administratif.
M. Dubois: Dans le domaine des pommes de terre, je pense que les
producteurs avaient jusqu'au 1er avril pour s'inscrire, si je ne me trompe
pas?
M. Garon: 1er juillet.
M. Dubois: 1er juillet.
M. Garon: L'an dernier.
M. Dubois: Cette année?
M. Garon: Cette année aussi, 1er juillet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Cet après-midi, j'ai fait allusion aux
négociations qui ont lieu actuellement avec le ministère de
l'Agriculture d'Ottawa concernant la stabilisation des revenus. Est-ce que
ça s'applique à ce programme?
M. Garon: Lequel. Ah! c'est le principe de stabilisation entre
les programmes fédéraux et les programmes
québécois, c'est ça qui est en discussion.
M. Cordeau: Oui.
M. Garon: Remarquez bien qu'à la conférence
fédérale-provinciale au mois de janvier à Winnipeg, la
première journée, c'étaient les trois ministres
fédéraux, M. Whelan, M. Allmand et M. Horner qui sont venus
montrer leur désaccord entre eux. Mais la deuxième journée
s'est passée seulement avec M. Whelan, le ministre de l'Agriculture
d'Ottawa et les ministres de l'Agriculture des provinces. Je dois dire
qu'à ce moment-là, c'était un voeu manifesté par
les provinces qu'il y ait une harmonisation entre les programmes
fédéraux de stabilisation et les programmes du Québec. Les
provinces, d'une façon générale, souhaiteraient que les
programmes fédéraux c'était le voeu de l'immense
majorité, même qu'à la fin, il y avait un genre
d'unanimité, c'est ce qu'il m'a semblé, en tout cas, pour que le
gouvernement fédéral évolue vers une stabilisation des
revenus, plutôt qu'une stabilisation des prix, mais d'une façon
plus généreuse que le programme qu'il a actuellement. La plupart
des gens s'entendaient pour dire que la stabilisation des prix, c'est un
curieux principe. Ce qu'on veut stabiliser, en réalité, ce sont
les revenus. Une montée soudaine de prix, pour une an- née, va
changer le niveau de la stabilisation, alors que les producteurs auraient
été avantagés. Et une baisse soudaine va réduire le
niveau de stabilisation, alors qu'on aurait peut-être besoin d'un prix
plus élevé.
Suite à cela, il doit y avoir des rencontres, des discussions.
Mais je dois vous dire que la première année que j'y suis
allé, le 15 décembre 1976, c'était aussi un sujet de
discussion, qui n'a pas encore abouti.
Je pense qu'au fond, ce que le gouvernement fédéral
souhaiterait, c'est que les provinces se retirent du programmes de
stabilisation des revenus, une production à l'échelle du Canada,
ou des productions qui se font dans l'ensemble du Canada. J'ai eu l'impression
très nette et j'ai l'impression que c'est le sentiment de tous
ceux qui ont assisté à ces rencontres que le
fédéral souhaiterait voir chacune des provinces se retirer des
programmes de stabilisation, qu'il n'y ait pas de programmes de stabilisation
dans les provinces, sauf quand il s'agit de productions très
localisées.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce que le ministre a
l'intention de continuer à participer aux négociations qui sont
en cours?
M. Garon: Oui. Il y a même le sous-ministre qui va
là souvent.
M. Cordeau: Est-ce que vous êtes satisfait des
progrès accomplis jusqu'à présent?
M. Garon: Non. On peut dire qu'il n'y a pas beaucoup de
progrès accomplis.
M. Cordeau: Quelles sont vos objections? En quelques mots,
qu'est-ce que vous reprochez surtout?
M. Garon: Je pense que le fédéral voudrait qu'il y
ait une harmonisation par la disparition des programmes provinciaux.
Le Président (M. Boucher): Le programme 7 est-il
adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 8.
M. Cordeau: M. le Président, je ne voudrais pas couper la
parole à M. le ministre, s'il a encore d'autres explications à
donner, parce qu'on est toujours intéressés à
connaître les progrès, le travail que fait le ministre, avec le
gouvernement fédéral.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Boucher): La réponse m'a parue
claire. C'est pour cela que j'ai demandé l'adoption du programme 7.
Programme 8.
M. Garon: M. le Président...
M. Cordeau: Est-ce à M. le Président de
décider si la réponse est claire ou pas?
Le Président (M. Boucher): Elle m'est apparue claire.
M. Picotte: Tout ce qui lui apparaît clair, c'est qu'il y a
eu assez de choses qui ont été concentrées par le
ministère de l'Agriculture vers Saint-Hyacinthe, on n'en veut pas
d'autre.
M. Cordeau: Vous n'avez pas fini d'entendre parler du
comté de Saint-Hyacinthe en agriculture.
M. Baril: On vous accordera une autre usine.
M. Cordeau: L'agro-alimentaire, vous allez en entendre parler
encore.
Gestion interne
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'appelle le programme 8: Gestion interne.
M. Picotte: M. le Président, en ce qui nous concerne, je
n'aurais qu'une seule question à poser au ministre sur le programme 8.
Depuis l'an passé, j'aimerais savoir s'il y a eu des changements dans le
personnel de son cabinet. Si oui, quels sont-ils? Ce que je lui demanderai,
c'est un dépôt de document lorsque...
M. Garon: Vous n'avez pas besoin de dépôt de
document pour connaître la composition de mon cabinet. Vous avez M.
Tremblay qui est devenu chef de cabinet.
M. Picotte: En même temps, j'aimerais demander la
même chose du côté de la direction du ministère.
M. Garon: J'ai présenté tout le monde au
début. Si vous lisez les présentations de la première
journée, vous allez avoir tous les noms. J'ai présenté
tout le monde.
M. Picotte: II y avait quand même des gens qui pouvaient
être absents. S'il y avait moyen de nous indiquer s'il y a eu des
changements ou non, c'est tout simplement cela qu'on aimerait savoir.
M. Garon: II y a eu des changements.
M. Picotte: Est-ce qu'il serait possible de nous les faire
parvenir, même si ce n'est pas demain matin, dans les semaines
subséquentes?
M. Garon: Oui, c'est publié dans tous les documents du
ministère.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que si le ministre nous
dépose la liste des membres de son cabinet et la liste de ses
fonctionnaires en titre, les sous-ministres et les directeurs de tous les
services, cela va nous exempter beaucoup de recherche et de discussion. On
aimerait l'avoir...
M. Garon: Vous les avez partout.
M. Picotte: Est-ce que vous avez objection à
déposer cette liste, M. le ministre?
M. Garon: Non.
M. Picotte: C'est tout ce qu'on vous demande, déposer la
liste, point final.
M. Vaillancourt (Orford): J'aurais une question à poser au
ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Le ministre a-t-il...
M. Garon: Vous ne voulez pas la liste des secrétaires et
autres, toute la liste au complet?
M. Vaillancourt (Orford): La liste au complet des membres du
cabinet.
M. Picotte: On veut tout simplement avoir la liste des membres de
votre cabinet ainsi que...
M. Cordeau: Est-ce qu'il y a eu bien des changements?
M. Garon: II y a eu beaucoup de changements. Il y a à peu
près la moitié moins de personnel que le ministre de
l'Agriculture et le ministre d'État à l'Agriculture avaient les
deux ensemble.
M. Picotte: M. le ministre, déposez-nous la liste et nous
ferons la comparaison.
M. Baril: C'est à peu près...
M. Garon: Même pas la moitié du personnel.
M. Picotte: On est prêt à faire la comparaison, tout
ce qu'on vous demande, c'est de déposer la liste. Ce n'est pas plus
compliqué que cela.
M. Garon: D'accord.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, le ministre
a-t-il changé sa voiture? Le ministre a-t-il une nouvelle voiture?
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: C'est une bonne question pour 21 h 55.
M. Picotte: Quelle marque?
M. Vaillancourt (Orford): Quelle marque avez-vous?
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Chrysler. Je vais vous dire bien franchement que je ne
me suis pas occupé beau-
coup de cela, sauf de la faire acheter au mois d'août alors que
les prix sont au plus bas.
M. Picotte: Quelle sorte de Chrysler, M. le ministre? Je
collectionne les voitures.
M. Garon: New Yorker.
M. Picotte: New Yorker, très bien.
Une voix: Une 1978?
M. Baril: ...
M. Garon: 1977. Je l'ai choisie de l'année passée
pour qu'elle soit meilleur marché.
M. Picotte: Est-ce que vous payez l'assurance automobile?
M. Garon: Pardon?
M. Picotte: Est-ce que vous payez l'assurance automobile?
M. Baril: Est-elle classée "N"?
M. Picotte: On veut économiser... M. le Président,
quand nous aurons la liste que nous avons demandée tantôt
on n'a pas besoin des numéros de téléphone, on les
obtiendra au ministère nous serons disposés à
adopter...
M. Vaillancourt (Orford): Le programme 8. M. Picotte: ...
le programme 8.
M. Garon: Vous voulez avoir la liste des sous-ministres?
M. Picotte: On veut avoir la liste des gens de votre
cabinet...
M. Garon: Oui.
M. Picotte: ... ainsi que celle de vos sous-ministre en titre.
Évidemment, cela a l'air de changer tellement souvent depuis un an.
M. Garon: Non, les sous-ministres en titre...
M. Picotte: Si cela ne change pas, on aimerait avoir quand
même cette liste.
M. Garon: Cela a changé une fois.
M. Picotte: Étant donné qu'on sait que vous allez
quand même la déposer et qu'elle nous sera parvenue...
M. Garon: Comme vous en êtes au courant, vous connaissez
d'ailleurs le sous-ministre en titre, c'est un homme de grande renommée
au Québec, je dois dire que je n'ai eu que des félicitations
concernant sa nomination.
M. Picotte: Je le regarde et il semble d'accord avec ce que vous
dites.
M. Garon: C'est encore la meilleure façon.
M. Vaillancourt (Orford): Le ministre pourrait-il nous envoyer
son curriculum vitae?
M. Picotte: Ce n'est pas nécessaire.
M. Garon: On peut les échanger, vous pouvez m'envoyer le
vôtre et je vous envoie le mien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je propose l'adoption des programmes 7 et 8, pour
revenir aux programmes 3 et 5.
Le Président (M. Boucher): Le programme 7 a
été adopté. Le programme 8, adopté.
M. Dubois: II faudrait revenir aux programmes 3 et 5.
M. Dubois: Au programme 5 aussi.
Le Président (M. Boucher): II restera le programme 5, par
la suite.
M. Garon: Je peux vous donner les noms immédiatement, si
vous voulez.
M. Cordeau: Non.
M. Picotte: Non, déposez-nous cela.
M. Cordeau: Je n'ai pas ma sténographe avec moi pour tout
prendre cela.
M. Baril: ... c'est enregistré. M. Garon: Ce sera
enregistré.
M. Baril: Vous la lirez demain.
M. Vaillancourt (Orford): Tous les ministères ont
déposé la liste des membres de leur cabinet ainsi que celle des
sous-ministres et des directeurs.
M. Picotte: On aimerait avoir cela par écrit pour qu'il
n'y ait pas d'erreur dans le journal des Débats, l'an prochain.
M. Vaillancourt (Orford): On se fie mieux à la liste qui
va être déposée par le ministre, étant donné
que le ministre n'a pas tellement confiance au journal des Débats.
M. Garon: Non, j'ai confiance au journal des Débats.
M. Picotte: Savez-vous, M. le ministre pourquoi je ne vous la
demande pas de vive voix et par
coeur? C'est parce qu'au début de tout, quand vous avez
commencé à nommer vos fonctionnaires, on avait peine à les
reconnaître et vous sembliez perplexe du nom de chacun d'eux. On
préfère l'avoir par écrit.
Le Président (M. Boucher): Programme 3, Aide à la
production agricole.
M. Dubois: M. le Président, je pense qu'il y a beaucoup de
temps à...
M. Garon: Est-ce que vous avez adopté le programme 8?
Le Président (M. Boucher): On a adopté le programme
8 et on revient au programme 3...
M. Cordeau: On est vite, M. le ministre, n'est-ce pas?
Le Président (M. Boucher): ... Aide à la production
agricole. Je vous ferais remarquer, M. le député de
Saint-Hyacinthe qu'il reste trois minutes.
M. Vaillancourt (Orford): Programme 3, adopté.
M. Cordeau: Pardon?
Le Président (M. Boucher): Élément 1?
Une voix: Production animale.
M. Picotte: M. le Président, étant donné que
nous devrons revenir demain matin, puisqu'il est 21 h 59 minutes, nous
serait-il possible de considérer qu'il est 22 heures et que nous
revenions demain matin, 10 heures?
Le Président (M. Boucher): Du consentement de tous les
membres, nous ajournons...
M. Dubois: Consentement.
Le Président (M. Boucher): ... nos travaux à demain
10 heures.
(Fin de la séance à 22 heures)