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Étude des projets de loi nos 11, 12, 13, 14 et
15
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture est réunie ce matin pour
étudier les projets de loi 11, 12, 13, 14 et 15. Les membres de la
commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. Beauséjour (Iberville), M.
Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Picotte (Maskinongé), M. Rancourt (Saint-Françcois), M. Roy
(Beauce-Sud)
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Garneau (Jean-Talon), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Orford).
Projet de loi no 11
À la dernière séance, nous avions adopté le
projet de loi no 10. Nous en sommes au projet de loi no 11, Loi sur
l'assurance-prêts agricoles et forestiers. M. le ministre.
M. Garon: Je pense que, dans cette loi comme dans d'autres, le
plus simple, au fond, serait de procéder article par article. C'est une
loi qui n'est pas compliquée. Elle a pour principal objet de...
Le Président (M. Boucher): On pourrait appeler l'article 1
immédiatement.
M. Garon: Je vais seulement faire un petit résumé,
brièvement, trois minutes. La loi a pour but de créer une
corporation qui va s'appeler le Fonds d'assurance-prêts agricoles et
forestiers. Ceci va rassurer les prêteurs qui sont autorisés
à prêter, en vertu des différentes lois agricoles, le
Crédit agricole, du remboursement des pertes qui pourraient
résulter des prêts consentis en vertu des différentes lois
qui sont régies par l'Office du crédit agricole. Les six lois
seront mentionnées. Jusqu'à maintenant, les sommes étaient
empruntées du ministre des Finances par l'Office du crédit
agricole, et se trouvaient être des sommes d'argent empruntées par
la province, par le gouvernement du Québec et reprêtées par
l'Office du crédit agricole.
Aujourd'hui, comme je le disais la dernière fois, au sujet de la
loi 10 parce que ces deux lois vont un peu ensemble comme les
institutions financières québécoises sont maintenant
capables d'assumer ces choses, d'ailleurs, elles assument les différents
types de prêts, avec la loi 10, elles vont pouvoir, en plus du court
terme et du moyen terme qu'elles font déjà, assurer
également le long terme; au lieu d'une garantie du gouverne- ment du
Québec, il y aura un fonds d'assurance-prêts dans lequel il y aura
un montant d'argent de versé, $10 millions, sur une période de
trois ans, à peu près trois millions et un tiers de dollars par
année...
M. Giasson: Qui va fournir l'argent au fonds?
M. Garon: Les fonds vont venir du fonds consolidé de la
province, seront versés à la Caisse de dépôt,
rapporteront des intérêts au fonds et, au fur... S'il y a des
pertes, elles seront payées à même les
intérêts que paiera, que donnera le fonds, de sorte que... Je
pense que c'est une formule qui simplifiera beaucoup d'opérations, au
lieu de les multiplier, et on aura tout simplement une assurance comme c'est
courant dans les différentes formes de crédit au... C'est la
formule qui est adoptée de plus en plus quand quelqu'un fait du
prêt hypothécaire, c'est-à-dire d'avoir une
assurance-prêts, et là, l'assurance sera fournie par l'État
sous forme d'un fonds qui paierait des intérêts. Eventuellement,
ce fonds pourra même être remboursé et s'il y a des sommes
perdues il n'y a pas de raison de croire que les sommes perdues vont
dépasser le rendement du fonds à ce moment-là,
éventuellement, même le fonds pourrait être remboursé
au gouvernement qui l'aurait avancé dans une première phase, et
c'est seulement les intérêts accumulés qui pourraient
servir à garantir le fonds, garantir l'assurance de remboursement des
pertes éventuelles.
Alors, on peut commencer par le premier article, dans les
définitions, l'article...
Le Président (M. Boucher): Article 1 ? Est-ce que les
membres de l'Opposition ont des commentaires préliminaires?
M. Giasson: M. le Président, à la suite des
remarques que vient d'énoncer le ministre, il a voulu nous indiquer que,
dans le passé, s'il y avait des pertes à l'Office du
crédit agricole, c'était nécessairement la province qui en
réglait la note. Avec la création de ce fonds, qui sera
alimenté, au départ, encore par la province, puisqu'il s'agit du
fonds consolité, cela m'apparaît beaucoup plus une question de
structure qu'autre chose. À toutes fins utiles, avant la création
de ce fonds, quand il y avait des pertes, c'était l'Office du
crédit agricole qui les subissait, à partir d'argent qui
était mis à sa disposition par le ministre des Finances
annuellement. Donc, c'était l'État du Québec, en
définitive, qui devait supporter les pertes que connaissait l'Office du
crédit agricole.
Pour créer le fonds, on fera encore appel à l'État.
C'est toujours l'État du Québec qui mettra à la
disposition de l'Office du crédit agricole les sommes requises pour
créer la base de ce fonds, pour créer ce que vous appelez la
dotation prévue de $10 millions. J'aimerais savoir du ministre, avant de
commencer, pour la première année, quelle est la somme que vous
entendez placer dans ce fonds.
M. Garon: Le tiers, $3 333 000...
M. Giasson: Première mise de fonds...
M. Garon: ... par année...
M. Giasson: Sur le maximum prévu, ce sera $3 333
000...
M. Garon: Oui. Au bout de trois ans, les $10 millions auront
été entièrement versés au fonds.
M. Giasson: Sur les $3 333 000 que vous allez placer à la
caisse de dépôt, que l'office va placer entièrement, au
départ, à la caisse de dépôt, quel est le taux
d'intérêt que vous prévoyez toucher là-dessus?
M. Garon: Le taux d'intérêt normal.
M. Giasson: Quel est le taux d'intérêt normal?
Est-ce 8%?
M. Garon: On ne l'a pas encore négocié avec la
caisse de dépôt. Évidemment, le taux d'intérêt
normal sera autour de 8%, je suppose. Dans le fond, c'est un fonds qui ne
coûtera rien, à toutes fins pratiques.
M. Giasson: II ne coûtera rien, écoutez! il va
coûter ce qu'il coûte, ce qu'il doit coûter aux
Québécois; la somme que vous allez placer dans le fonds.
M. Garon: Enfin, il va falloir aller chercher cet argent et il va
également rapporter; cette partie-là va être neutre. Par
ailleurs, les pertes doivent servir à garantir les pertes.
M. Giasson: C'est cela. C'est l'État qui paie. Vous avez
fait allusion à l'existence de programmes similaires au niveau des
institutions financières. Que je sache, dans les institutions
financières, l'assurance-garantie, l'assurance-prêts, si
vous voulez me prêter le terme n'est pas financée par la
société prêteuse. Le financement de l'assurance-prêts
est à la charge de tous les emprunteurs.
M. Garon: Oui, on a tout simplement voulu, en faisant cette
modification, que l'agriculteur ne perde pas les avantages qu'il avait
auparavant, mais maintenir les mêmes avantages. Il n'en coûtera pas
plus à l'agriculteur que ce qu'il avait auparavant.
M. Giasson: C'était l'État qui subissait les pertes
et c'est encore l'État qui va alimenter. S'il y a des pertes, ce sera
l'État qui subira la perte.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Si on peut faire face aux pertes que pourra encourir
l'office ou les sociétés prêteuses, si on y fait face avec
l'intérêt qui s'accumule annuellement et qui peut être
suffisant pour assumer la responsabilité des pertes, l'État
placera $10 millions dans ce fonds sur une période de trois ans et,
à toutes fins utiles, il perd le rendement de ce placement de $10
millions puisque c'est l'office qui va utiliser le rendement de ce
placement.
Autrement dit, les profits, les intérêts du placement, ce
n'est pas l'État qui va y toucher. Ce sera le fonds qui va les garder
pour lui et cela servira à assumer ou à absorber le coût
des pertes.
M. Garon: Mais, en étudiant le projet article par article,
on va voir ce qu'il y a à faire avec les rentrées d'argent.
M. Giasson: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, avez-vous des commentaires préliminaires à faire?
M. Dubois: Je suis prêt à procéder article
par article.
Définitions Le Président (M. Boucher): L'article 1
?
M. Garon: Dans la présente loi, la section des
définitions, a) "Fonds": le Fonds d'assurance-prêts agricoles et
forestiers constitué par l'article 2; b) "Office": l'Office du
crédit agricole du Québec..." Les prêts agricoles, ce sont
les différents prêts où on mentionne les lois, les
différentes lois qui permettent à l'Office du crédit
agricole de faire des prêts; d) c'est le prêt forestier qui est
consenti en vertu de la Loi sur le crédit forestier; e) le
prêteur: toute personne qui consent un prêt agricole ou un
prêt forestier; f) règlement: un règlement adopté
par le gouvernement en vertu de la présente loi. Ce sont des
définitions, il n'y a aucun problème.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Constitution et pouvoir du fonds
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 2.
M. Garon: Un fonds appelé "Fonds d'assurance-prêts
agricoles et forestiers" est constitué par la présente loi. Il
n'y a rien là.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 3?
M. Garon: Article 3: Le fonds est une corporation au sens du Code
civil; il est investi des pouvoirs généraux d'une telle
corporation et des
pouvoirs particuliers que la présente loi lui confère. On
retrouve cela dans toutes les lois.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 4?
M. Garon: À l'article 4, on lit "Sous réserve de
l'article 25, le fonds assure à un prêteur le remboursement des
pertes de principal et d'intérêt résultant d'un prêt
agricole ou d'un prêt forestier consenti à compter de
l'entrée en vigueur de la présente loi ainsi que des
dépenses admises par règlement et encourues par le prêteur
pour la protection de ses garanties ou pour réclamer ou obtenir du
débiteur en défaut les sommes qui sont dues ou qui sont devenues
exigibles sur le prêt. "Pour les fins de la présente loi, les
pertes de principal et d'intérêt visées au premier
alinéa comprennent... ' Là, on indique ce que comprennent les
pertes de principal et d'intérêt: "a) le montant en principal
impayé du prêt en l'absence de garanties pour ce dernier ou le
montant de la perte nette en principal subie par un prêteur à la
suite de la réalisation de ses garanties mobilières et
immobilières; ou b) le montant de la perte nette en principal
calculée en la manière prévue au règlement et subie
par un prêteur à la suite de la disposition à titre
onéreux par ce dernier de l'immeuble ayant garanti un prêt et dont
le prêteur a acquis la propriété par voie de dation en
paiement; et c) l'intérêt couru, mais non perçu,
jusqu'à la date d'autorisation du paiement de la perte par le fonds, sur
tout montant visé aux paragraphes a ou b et, si l'emprunteur s'y est
engagé aux termes du document constatant le prêt, sur tout montant
ou versement d'intérêt impayé et sur toute somme
déboursée par le prêteur pour la conservation, la
protection ou le recouvrement de sa créance, au taux stipulé
audit document et, selon le cas, ajustable en la manière y
prévue. "L'office peut, à l'égard d'un prêt agricole
ou d'un prêt forestier consenti par un prêteur autre que l'office,
refuser ou annuler le droit à l'assurance visée au premier
alinéa, à défaut par tel prêteur d'observer les
dispositions de la loi en vertu de laquelle ce prêt est consenti ou des
règlements concernant ladite loi. "
Je pense que cela ne présente pas vraiment de difficulté.
Ce sont les montants qui sont dus, qui n'ont pas été payés
ou le manque dans la réalisation des garanties, le manque à
réaliser qui est conservé dans les pertes.
M. Giasson: Mais effectivement, dans la pratique, lorsqu'une
société prêteuse, que ce soit toute société
prévue à la loi no 10, doit effectuer un prêt et
réalise que l'emprunteur fait défaut d'honorer ses engagements,
soit au moment de rembourser le capital, soit au moment de payer les
intérêts... Cette société prêteuse
détient tout de même des garanties, a une hypothèque sur
les biens en vertu desquels le prêt a été consenti.
Qu'est-ce qui va se produire vis-à-vis du fonds? Est-ce qu'on va
demander à cette institution ou à ce prêteur de se pourvoir
des droits que lui accorde la garantie hypothécaire et de tenter de
disposer des biens? Est-ce après la vente de ces biens que la
réclamation pourra se produire au fonds? De quelle façon
allez-vous contrôler que le prêteur fait vraiment tous les efforts
pour obtenir le meilleur prix possible au moment de la revente de cette
propriété?
M. Garon: Normalement, l'office va faire la réalisation
elle-même de la garantie. Si c'est la société
prêteuse qui la fait, autorisée par l'office, à ce
moment-là, elle va le faire selon les règles mutuelles de la
réalisation des garanties, selon les règles de principe du bon
père de famille. Normalement, il n'y a pas de manque à
réaliser, il y a eu un accroissement de la valeur...
M. Giasson: Là, j'ai des réserves. M. Garon:
Normalement.
M. Giasson: Chaque cas est un cas d'espèce. Quand
l'emprunteur est pris devant une situation où il ne peut plus honorer
ses remboursements, soit sur le capital ou au niveau des
intérêts... Je vous le dis en fonction de cas pratiques que j'ai
pu observer.
M. Garon: II réalise les garanties mobilières et
immobilières et s'il manque des sommes pour payer le capital et les
intérêts, c'est ça qui constitue les pertes.
M. Giasson: Dans la réglementation qui va suivre la loi
dont on discute, est-ce que ce sera prévu que ce sera l'office...
M. Garon: On va voir cela plus loin. C'est dans la loi qu'il y a
une option. Cela peut être l'office ou...
M. Giasson: Tout est fort bien formulé. Cette
opération devra être exécutée à défaut
d'un prêteur de donner suite à ses obligations.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. M. le ministre, dans
mon esprit, la nécessité de la loi 11, ce n'est pas tellement
clair. Le but est de rembourser des pertes au prêteur. Avant cela, on
avait des sorties d'argent du ministère des Finances lorsqu'il y avait
des pertes. Maintenant, ces sorties d'argent seront basées sur les
intérêts accumulés des prêts consentis par le
ministre des Finances. Pourquoi en est-on venu au projet de loi no 11
plutôt que de garder l'ancienne procédure? Je me demande quelles
sont les raisons précises qui ont poussé le ministère
à présenter un tel projet de loi. '(10 h 30)
M. Garon: Au lieu d'avoir une garantie gouvernementale, vous avez
une assurance.
M. Dubois: Mais c'est le gouvernement qui en subit quand
même les conséquences.
M. Garon: Donc, c'est le fonds.
M. Dubois: Le fonds vient du gouvernement quand même. Il
vient d'un fonds consolidé. C'est le même argent, qu'on le veuille
ou non.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: II y a des raisons précises. Est-ce que c'est
au niveau administratif qu'on avait besoin de cela?
M. Giasson: C'est une question d'élégance. Si vous
le permettez, M. le ministre, si la province donnait une garantie directe
à des sociétés prêteuses en cas de perte, cette
forme de subvention ne semblerait pas trop élégante aux banques,
aux caisses populaires ou à d'autres sociétés
prêteuses.
En procédant à la création d'un fonds, ce n'est pas
une subvention directe du gouvernement comme tel à ces
sociétés. Elles devront obtenir cet argent de cette corporation,
qui est le fonds qu'on crée par la loi. À toutes fins utiles,
c'est cela.
M. Garon: En même temps, on établit un
système qui va dans le système habituel de prêts des
institutions financières, sous forme d'assurance. Mais c'est une
assurance qui donne autant d'avantages que les garanties gouvernementales.
M. Dubois: II n'est pas question d'économie dans le
principe de la loi.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Absolument pas. Cela ne change rien au niveau
économique.
M. Garon: Non.
M. Dubois: C'est peut-être un principe administratif, mais
ce n'est pas plus que cela.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Cela ne peut pas être plus que cela. Je me
demande pourquoi on présente un projet de loi quand on peut faire
exactement la même chose sur des sorties du ministère des
Finances.
M. Garon: Oui, mais vous dégrevez indirectement le passif
de la province. Quand vous mettez des centaines de millions de dollars qui sont
là, que la province doit emprunter... ce sont des centaines de millions
de dollars que le crédit agricole empruntait. En réalité,
c'est faire cela d'une façon beaucoup plus simple que de
procé-cer par un fonds d'assurance.
M. Dubois: Si vous avez $10 millions ou S3 500 000 par
année pendant trois ans, vous ne les laisserez tout de même pas
dans un fond de tiroir sans les prêter. Il n'y a pas d'épargne, il
n'y a pas de gain net à créer un fonds. Vous n'épargnez
pas, au niveau économique, vous n'épargnez rien. C'est
strictement un principe administratif.
M. Garon: Non, mais vous simplifiez drôlement la
procédure.
M. Dubois: Au lieu d'aller au ministre des Finances, chaque fois
que vous avez besoin d'un crédit additionnel...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Ce serait pour cela? C'est pour ne pas...
M. Garon: Vous simplifiez la procédure. Vous mettez cela
dans les règles normales selon lesquelles sont habituées de
fonctionner les institutions privées, sous forme d'assurance. Quand vous
allez emprunter pour votre maison, qu'est-ce que le gars vous demande? Il vous
fait assurer votre prêt. Vous allez avoir une assurance, strictement dans
le système selon lequel est habitué de fonctionner le
système privé. Le crédit agricole a été
institué au cours des années trente. Les institutions
financières n'existaient pas à ce moment-là pour jouer ce
rôle.
Aujourd'hui, on a un réseau d'institutions financières qui
est sans doute le plus moderne du monde entier, le système financier au
Québec et au Canada, au point de vue du système d'institutions
financières. Ce système est le plus solide au monde, tout le
monde le reconnaît, je dirais même plus solide que celui des
États-Unis, parce qu'on a un système qui comporte une dizaine de
banques à charte. Aux États-Unis, si ma mémoire est bonne,
si je me rappelle les cours que je donnais aux étudiants, il y avait 14
000 banques différentes. Vous n'avez jamais entendu parler de faillites
de banque au Canada. Cela arrive aux États-Unis, des faillites de
banque. Pourquoi? Parce que c'est contrôlé dans chacun des
États. Il y a une foule de banques. Ici, c'est un système
très concentré.
On a le système des Caisses populaires Desjardins, les caisses
d'épargne et de crédit et le système de nos banques; on
arrive à un réseau qui se retrouve dans une quinzaine
d'institutions en réalité. C'est un système très
fort, très solide qui est habitué de fonctionner d'une certaine
façon. Pourquoi créer une autre façon de fonctionner?
Là, ce système marche, il est à point. Pourquoi ne pas
l'utiliser? Vous savez que, chaque fois que l'Office du crédit agricole
avait à signer des papiers, elle s'en allait au Conseil du
trésor, au Conseil des ministres et, après cela, l'argent venait
au crédit agricole par coupures de $5 millions, de $10 millions. C'est
une procédure qui est longue inutilement, qui fait perdre le temps des
gens alors qu'on peut procéder d'une façon beaucoup plus rapide
de cette façon, avec la même garantie. C'est un système que
connaissent des institutions
privées. En plus, les garanties qui sont données par les
agriculteurs sont assurées par un fonds, mais sans nécessairement
entrer dans tout le bilan financier du Québec.
M. Dubois: Quand vous parlez de coupures de $5 millions ou de $10
millions que vous allez chercher au ministre des Finances ou que vous alliez
chercher antérieurement, c'était au moment où les
institutions financières ou les banques ne prêtaient pas sur des
crédits agricoles. C'est dans la loi 10. La loi 11, c'est strictement un
fonds pour les pertes. Vous avez parlé tout à l'heure de
prêts hypothécaires sur résidences. À ce moment,
c'est l'emprunteur qui paie une certaine prime. La compagnie d'assurance
accumule un fonds pour rembourser les pertes. C'est à peu près ce
qui se fait.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Vous faites à peu près la même
chose, mais ici, l'emprunteur ne paie pas une prime ou un poucentage de son
emprunt qui est versé au fonds. C'est le ministre des Finances qui verse
ce montant par un dépôt à la caisse d'épargne.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 4, adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 5.
M. Giasson: À l'article 5, j'aimerais que le ministre
précise davantage ce qu'il entend faire par le règlement dont on
fait mention à cet article, et indique à combien va
s'élever ce droit d'assurance qui sera payable par l'emprunteur.
M. Garon: Ce droit va s'appliquer uniquement sur les montants
au-dessus des maxima qui étaient prévus, c'est-à-dire sur
les anciens maxima. Pour ce qui est des droits acquis, quant à ce qui
existait, il n'y a pas de pénalité, il n'y a pas d'assurance de
payée en aucune façon. Jusqu'au montant qui existait avant
l'entrée en vigueur de cette loi...
M. Giasson: Le prêt maximum était de $150 000 pour
un individu?
M. Garon: $150 000. Tout cela va être assumé par le
fonds, sans que l'agriculteur n'ait à payer quoi que ce soit de droit
d'assurance, et dépasser $150 000, il y aura un droit d'assurance.
M. Giasson: Plus loin, dans d'autres articles du projet de loi,
est-ce qu'il est précisé ce que vient de nous indiquer le
ministre, savoir que ce droit d'assurance payable par l'emprunteur s'appliquera
uniquement à la tranche d'emprunt qui dépasse $150 000? Est-ce
que c'est dit plus loin dans la loi?
M. Garon: Cela va être un règlement.
M. Giasson: Oui si ce sera précisé par le
règlement...
M. Garon: Dans des cas, on dit: "Suivant les taux de
modalité déterminés par règlement". C'est dans le
règlement. Cela va être le montant qui excède... Tout ce
qui existait avant quecette loi ne soit adoptée, va être couvert
par le fonds, sans qu'il n'y ait de droit d'assurance à payer. Jusqu'au
niveau des maxima, soit dépassé $150 000 pour le prêt
à long terme, à ce moment, il y aura un droit d'assurance.
M. Giasson: Quel tarif sera appliqué au droit d'assurance
en question?
M. Garon: Des gens sont en train de travailler au tarif
actuellement. C'est un tarif qui est très peu élevé.
M. Giasson: Une fraction de 1%?
M. Garon: Une fraction de 1%... C'est un tarif qui...
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agira d'un tarif moyen, uniforme, quel
que soit l'âge de l'emprunteur?
M. Garon: Cela va être un tarif uniforme qui va être
payé, mais qui va s'appliquer uniquement aux grosses fermes, où
les gens ont plus les moyens de payer. Cela ne s'appliquera pas aux petites
fermes. C'est seulement sur l'excédent de $150 000; pour les groupes,
sur l'excédent de $200 000. Cela va être un montant uniforme.
C'est là-dessus que les gens sont en train de travailler. Cela sera un
montant uniforme pour couvrir la durée du prêt.
M. Giasson: La perception du droit en question va se faire au
moment du remboursement du prêt?
M. Garon: Du remboursement du prêt.
M. Giasson: Ce sera payable comptant au moment du prêt?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Et les années subséquentes, ce sera
prévu dans le montant, non?
M. Garon: Plus après, c'est réglé. C'est un
montant uniforme pour la durée du prêt, ce qui va faire un montant
beaucoup plus faible. C'est un montant très... Je n'ai pas
apporté de projections aujourd'hui, mais on en avait quand on
étudié ça au Conseil du trésor. Ce ne sont pas des
montants élevés.
M. Giasson: Tout de même, est-ce qu'il y a lieu de croire
que le droit qu'on va exiger au moment du prêt sera suffisant pour faire
face à l'ensemble des obligations qui découleront du
défaut de paiement, soit de remise du capital ou de
l'intérêt? Y aura-t-il encore une quote-part?
M. Garon: L'emprunt de $150 000 va être couvert par le
fonds d'assurance. C'est le gouvernement qui assume cela. Les maxima qui
existaient avant l'adoption de ces lois vont être maintenus et
assumés par...
M. Giasson: Le fonds.
M. Garon: ... le fonds d'assurance. L'excédent...
M. Giasson: Entièrement par le droit...
M. Garon: ... ce sera le droit à l'assurance qui va... Il
ne faudrait pas que le gars qui paie de droits paie le fonds pour ceux qui ne
paient pas. Normalement, c'est seulement les plus grosses fermes qui vont payer
des droits.
M. Giasson: Oui, ce seront certainement des prêts qui
dépasseront $150 000.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Si un prêt dépasse de $100 000...
M. Garon: $100 000, il ne paiera pas.
M. Dubois: Non, dépasse de $100 000 le montant minimal de
$150 000 ou l'ancienne loi de $150 000. cela veut dire que sur les derniers
$100 000. il y aura une prime perçue au moment du prêt...
M. Garon: C'est ça, pour couvrir...
M. Dubois:... un déboursé comptant de la part de
l'emprunteur ou ajoutez-vous cette dette sur son emprunt?
M. Garon: Non. C'est un droit qu'il va payer.
M. Dubois: Supposons que ce serait un demi pour cent. Ça
veut dire que ce serait $500 que vous percevriez...
M. Garon: Cela pourrait être une partie du prêt qui y
serait affectée.
M. Dubois: II pourrait se servir d'une partie du prêt qu'il
reçoit...
M. Garon: C'est ça.
M. Dubois: ... pour payer sa prime.
M. Garon: Sur l'assurance.
M. Dubois: D'accord.
M. Garon: Supposons qu'un agriculteur emprunte $250 000...
M. Dubois: Oui.
M. Garon: ... pour la première tranche des $150 000. les
risques de pertes sont assumés par le fonds d'assurance.
M. Dubois: Oui.
M. Garon: Pour l'excédent de $150 000, une personne qui
emprunte $250 000, sur ces $100 000, il y aura un droit d'assurance à
payer, qui est le montant forfaitaire qu'il paiera au début du
prêt, qui couvrira la durée du prêt et qui pourra être
payé à même le prêt de $250 000.
M. Dubois: Merci.
Le Président (M. Boucher): Article 5, adopté?
M. Giasson: Adopté.
M. Dubois: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 6?
M. Garon: Ce sont les articles qu'on retrouve habituellement. "Le
fonds jouit des droits et privilèges d'un mandataire du gouvernement.
"Les sommes versées au fonds en vertu des articles 5, 19, 20, 22 et les
revenus qu'elles produisent font partie de l'actif du fonds. "Les biens du
fonds font partie du domaine public, mais l'exécution de ses obligations
peut être poursuivie sur ces biens. "Le fonds n'engage que lui-même
lorsqu'il agit en son propre nom."
Ce sont des articles courants pour ce genre de corporation.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Giasson:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 7?
M. Garon: Article 7, c'est la composition du conseil
d'administration, qui est formé de cinq membres qui sont les cinq
régisseurs de l'office.
M. Giasson: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): Article 8?
M. Garon: Je veux mentionner que le président, le
vice-président et le secrétaire de loffice vont occuper les
mêmes fonctions qu'au conseil d'administration du fonds, il n'y a rien
là.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 9?
M. Garon: C'est le siège social, les assemblées, le
quorum, le vote prépondérant du président s'il y a
nécessité. Ce sont des articles qui ne posent pas de
difficultés.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 10?
M. Garon: Ce sont les procès-verbaux, comment ils sont
tenus.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 11?
M. Garon: Les immunités concernant les fonctionnaires dans
l'accomplissement de leurs fonctions.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 12?
M. Garon: L'article 12 concerne les fonctionnaires du fonds et
les pouvoirs du président de l'office, pouvoirs de sous-chefs. Les
fonctionnaires du fonds sont nommés et rémunérés
suivant la Loi de la fonction publique. Je peux vous dire qu'il est de notre
intention que les administrateurs soient les mêmes que ceux de l'Office
du crédit agricole sans rémunération additionnelle.
M. Giasson: Est-ce que les fonctionnaires seront exactement les
mêmes que ceux qu'on retrouve à l'office? Il n'y aura pas de poste
de fonctionnaire créé...
M. Garon: Non, il n'y aura pas de poste de fonctionnaire.
M. Giasson: ... pour fins d'opération et d'administration
du fonds?
M. Garon: Aucun poste de fonctionnaire.
M. Giasson: Tous les fonctionnaires qui vont travailler là
seront des fonctionnaires relevant déjà de l'office?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 13?
M. Garon: Ce sont les prohibitions des recours aux articles 834
à 850 du Code de procédure civile. Il est question de la
protection des fonctionnaires pour qu'ils exercent leurs fonctions en toute
liberté. (10 h 45)
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 14?
M. Giasson: M. le Président, j'étais tenté
de demander au ministre de nous lire le contenu des articles 834 à 850
du Code de procédure civile, mais on va le libérer de cette
tâche ce matin. Un professeur de droit, comme il le fut pendant la bonne
époque...
M. Garon: Je n'enseignais pas la procédure civile, par
exemple.
M. Giasson: Je ne sais pas s'il se souvient de son droit. Cela
aurait été l'occasion de faire un bon test ce matin.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Garon: Non, ce sont des recours extraordinaires comme
l'injonction, le mandamus et des choses comme celles-là qu'on retrouve
dans cet article.
Le Président (M. Boucher): Article 14?
M. Garon: C'est encore de la procédure au sujet de toutes
ces corporations.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Giasson:
Un instant, M. le Président.
M. Garon: L'Office du crédit agricole contrôle la
plupart de ces organismes ou les recours prohibés...
M. Giasson: Après l'annulation possible de tout bref par
deux juges de la Cour d'appel...
M. Garon: S'il arrivait qu'un juge à une cour...
M. Giasson: Faut-il croire qu'il n'y aura plus aucun recours
possible par quelqu'un...
M. Garon: Non.
M. Giasson: ... qui se sentirait lésé dans ses
droits?
M. Garon: Non. C'est uniquement si un tribunal inférieur
permettait des recours extraordinaires interdits par l'article 13. On pourrait
faire casser ces recours devant deux juges de la Cour d'appel en vertu de
l'article 14.
M. Giasson: Mais après... M. Garon:
Uniquement...
M. Giasson: ... l'annulation par deux juges de la Cour d'appel,
il ne serait plus possible pour l'individu, ou la personne, ou la corporation
qui se pense lésée dans ses droits de se prévaloir d'un
autre droit d'appel.
M. Garon: Non. C'est seulement pour faire annuler un bref, une
injonction ou une ordonnance qui aurait été émise à
l'encontre de l'article 13. Si un juge de la Cour provinciale ou de la Cour
supérieure...
M. Giasson: Accepte un bref émis contre les
administrateurs du fonds, deux juges peuvent annuler le bref...
M. Garon: C'est cela.
M. Giasson: ... et c'est fini pour le requérant.
M. Garon: C'est cela, mais ce n'est pas sur ses droits.
M. Giasson: Ses droits et brefs. Quand vous parlez de bref, cela
peut être une réclamation ou une protection de ses droits.
M. Garon: Non. On dit: Qui sont délivrés ou
accordés à l'encontre de l'article 13. Cela couvre seulement les
recours extraordinaires prévus aux articles 834 à 850 du Code de
procédure. Pas ses droits habituels, les droits ordinaires. C'est
seulement pour les recours extraordinaires. C'est seulement pour renforcer
l'article 13.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 15?
M. Garon: C'est l'exercice financier habituel à la fin de
mars.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 16?
M. Garon: C'est pour permettre au fonds... Article 16: "Le fonds
peut, conformément à la loi et avec l'autorisation du
gouvernement, conclure tous accords avec tout gouvernement ou organisme ainsi
qu'avec toute personne, association, société ou corporation, afin
de faciliter l'exécution de la présente loi. ' Par exemple, on va
pouvoir conclure un accord avec la Caisse de dépôt pour le
dépôt du fonds.
M. Giasson: "Avec tout gouvernement", qu'est-ce que vous
entrevoyez de ce côté-là?
M. Garon: On ne prévoit rien à l'heure actuelle. Il
pourra y avoir...
M. Giasson: Les gouvernements municipaux?
M. Garon: ... éventuellement des concordances avec la
Société fédérale du crédit agricole, des
choses comme cela.
M. Giasson: Mais ce n'est pas le gouvernement, c'est un
organisme, la Société fédérale du crédit
agricole.
M. Garon: Oui, mais il faudra faire l'accord avec le
fédéral, c'est-à-dire avec le gouvernement.
M. Giasson: Adopté.
M. Garon: II n'y avait rien en perspective.
M. Giasson: C'était tout simplement une prudence.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 17?
Opérations du fonds
M. Garon: L'article 17: "Lorsqu'un prêteur autre que
l'office subit une perte à l'égard d'un prêt agricole ou
d'un prêt forestier, il peut, pourvu qu'il se conforme aux conditions
prescrites par règlement, produire à l'office une
réclamation de remboursement par le fonds des pertes et dépenses
visées à l'article 4, et ce dernier doit, sur recommandation de
l'office, en effectuer le paiement vous voyez que pour les
remboursements, cela passe par l'office qui doit dire oui ou non. "Avant
de faire la recommandation visée au premier alinéa, l'office doit
examiner ladite réclamation et en vérifier le bien-fondé.
"Nonobstant toute disposition législative inconciliable et sous
réserve de l'article 19, lorsque le fonds effectue un paiement
conformément au premier alinéa, l'office est de plein droit
subrogé aux droits du prêteur à qui tel paiement est
effectué, jusqu'à concurrence du montant de ce paiement. '
M. Giasson: Cela revient un peu aux questions que je posais au
moment de la discussion de l'article 4. C'est encore la réglementation
qui va nous indiquer de quelle façon les opérations vont se
conduire. Je pose encore des questions, à savoir si on ne pourrait pas,
dans nos lois, préciser davantage au lieu de toujours faire appel
largement à la réglementation.
M. Garon: Ce sera tout simplement de la procédure qui va
être indiquée dans la réglementation. Le principe est
là. On peut produire à l'office une réclamation de
remboursement par le fonds des pertes. Alors, l'entreprise prêteuse, qui
n'est pas l'office qui subit une perte, va produire à l'office sa
réclamation de remboursement, qui doit être faite par le fonds, et
le fonds va effectuer le paiement seulement à la suite de la
recommandation de l'office. Ce qui va assurer une uniformité dans toutes
ces opérations par le canal de l'office.
Dans la loi 10 qu'on a adoptée la dernière fois, il y a
toute une procédure pour la réalisation des garanties, ce qui va
faire que, normalement, les garanties vont être réalisées
par l'office pour les institutions prêteuses, pour qu'on ait le
même traitement uniforme pour les agriculteurs. C'est justement pour
faire le joint entre les deux qu'on trouve cet article.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 17. Adopté.
Article 18.
M. Garon: "Lorsque l'office subit une perte à
l'égard d'un prêt agricole ou d'un prêt forestier qu'il a
consenti ou pour lequel il a été subrogé dans les lois du
prêteur conformément à l'article 17 ou à la suite de
la disposition d'un immeuble ayant garanti un prêt consenti par un
prêteur autre que l'office et dont ce dernier a acquis la
propriété, soit à la vente au shérif, soit
directement dudit prêteur, le fonds doit, à la demande de
l'office, rembourser à ce dernier le montant des pertes et
dépenses visées à l'article 4.
Nonobstant toute disposition législative inconciliable et sous
réserve de l'article 19, le remboursement visé au premier
alinéa ne constitue aucune subrogation en faveur du fonds".
Alors, la subrogation se fait en faveur de l'office.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Giasson:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 19.
M. Garon: Les sommes que va recouvrer l'office, quand le fonds a
payé une réclamation, vont être versées au fonds au
fur et à mesure qu'elles vont être recouvrées par l'office.
"À même les sommes visées au premier alinéa,
l'office retient, jusqu'à concurrence des sommes prises à
même tout fonds de roulement et qui ont été
utilisées par l'office pour la protection de toute créance
à l'égard de laquelle celui-ci a été subrogé
aux droits du prêteur en vertu du troisième alinéa de
l'article 17, les sommes qu'il est tenu de remettre au fonds de roulement".
Là, on retrouve une disposition identique lorsqu'il s'agit d'un
immeuble acquis par dation en paiement. "Lorsqu'un prêteur acquiert, par
voie de dation en paiement, un immeuble garantissant un prêt par suite du
défaut de l'emprunteur ou du débiteur du prêteur et que le
montant des revenus nets réalisés ou du déficit encouru
par le prêteur relativement à cet immeuble durant le temps
où il en demeure propriétaire, ajouté au prix de vente de
tel immeuble, lorsqu'il en dispose, ou, selon le cas, diminué dudit
prix, quel qu'en soit le mode de paiement, excède le total des sommes
qui lui étaient dues en principal, intérêts, frais et
accessoires sur ce prêt au moment d'une telle acquisition des
dépenses admises par règlement et des intérêts
courus sur lesdites sommes et dépenses, à un taux ne
dépassant pas le taux fixé pour ledit prêt et ajustable de
la même manière que celle prévue à l'acte constatant
tel prêt, cet excédent doit être versé au fonds".
Encore là, c'est de la procédure pour savoir comment vont
se faire ces remboursements.
M. Giasson: C'est une prudence, mais cela ne se produira pas trop
souvent, je pense...
M. Garon: Non.
M. Giasson: ... de réaliser un gain à même
toutes ces opérations, au moment où on doit faire appel au fonds.
Ce seront des cas très exceptionnels. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Article 20.
Dispositions financières
M. Garon: À l'article 20, c'est la dotation de $10
millions constituée en faveur du fonds par la présente loi. Le
ministre des Finances est autorisé à verser le montant en trois
versements annuels, égaux et consécutifs dont le premier est fait
à la date d'entrée en vigueur de la présente loi.
Il y a $3 333 333.33. Il faudra qu'il y en ait un de $3 333 333.34.
M. Giasson: Et un tiers.
M. Garon: Et un tiers.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 21.
M. Garon: Les sommes versées au fonds en vertu des
articles 5 et 19 dont il prévoit ne pas avoir besoin à court
terme pour le paiement de ses obligations résultant de l'article 4 et
celles qui lui sont versées en vertu de l'article 20 sont
déposés sans délai auprès de la Caisse de
dépôt et placement du Québec.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 22.
M. Garon: "Les sommes nécessaires au paiement des
obligations du fonds résultant des dispositions du premier alinéa
de l'article 4 sont payées à même les revenus lui provenant
des sommes qui lui sont versées en vertu des articles 5, 19 et 20 et en
outre, si tels revenus sont insuffisants, à même toute partie du
capital du fonds qui excède dix millions de dollars. Lorsque ces revenus
sont insuffisants pour exécuter ce paiement et que ledit excédent
ne peut y suffire, en tout ou en partie, le ministre des Finances est
autorisé à verser au fonds, à la demande de ce dernier,
à même le fonds consolidé du revenu, les sommes requises
pour parfaire tel paiement. '
C'est pour garder un fonds d'assurance de $10 millions, pour ne pas
entamer le capital qui sert de garantie.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: C'est une disposition qui veut que si l'ensemble de
toutes les réclamations qui pourraient découler des prêts
consentis, si, au-delà du montant de $10 millions qui constitue la
dotation, il y avait encore un manque à gagner, le ministre des Finances
puisse, en vertu de cet article, remettre à la disposition du fonds les
sommes qui seraient nécessaires pour assumer toutes les obligations que
devrait assumer ce fonds.
M. Garon: C'est pour maintenir toujours un minimum de $10
millions dans le fonds, dès qu'il aura été
institué, le maintenir à $10 millions. À même les
garanties réalisées, il y a tel montant. S'il en manque pour
payer les pertes en capital ou intérêts, on ira prendre cela sur
le revenu du fonds. Et s'il en manquait et qu'il faille entamer le fonds, il
faut aller au ministre des Finances, pour ne pas entamer le fonds qui va
continuer à servir de fonds d'assurance.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Article 23.
M. Garon: À l'article 23, sous réserve des articles
20 et 22, les dépenses pour l'application de la présente loi sont
payées, pour l'exercice financier 1978/79, à même le fonds
consolidé du revenu et pour les exercices financiers subséquents,
à même les crédits votés annuellement à cette
fin par la Législature.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Une voix:
Adopté.
Dispositions diverses et finales
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 24.
M. Garon: À l'article 24, ce sont les dispositions
diverses et finales. Ce sont ici des dispositions réglementaires. On
dit: "Le gouvernement peut adopter tout règlement pour: "a)
établir les cas où un droit d'assurance est payable à
l'égard d'un prêt et en déterminer le taux et les
modalités de paiement; "b) déterminer les dépenses dont le
remboursement est assuré suivant l'article 4 ainsi que le mode de calcul
de la perte nette visée au même article et prescrire les
conditions auxquelles doit se conformer un prêteur autre que l'office
pour produire à ce dernier une réclamation en vertu de l'article
17; "c) prescrire les documents, les rapports et les renseignements à
produire à l'office ou au fonds et le délai de leur production;
"d) généralement, prescrire toute autre mesure nécessaire
ou utile à l'exécution et au bon fonctionnement de la
présente loi. "Tout règlement adopté en vertu de la
présente loi doit être publié dans la Gazette officielle
pour entrer en vigueur. '
C'est le pouvoir réglementaire sur des éléments
qu'on avait vus antérieurement.
M. Picotte: C'est à peu près la même
chose.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 25.
M. Garon: "Nonobstant le fait que le prêteur ait
donné son autorisation ou son consentement à un prêt
agricole ou à un prêt forestier avant la date d'entrée en
vigueur de la présente loi, un tel prêt est, pour les fins de la
présente loi, réputé être consenti à compter
de ladite date si l'acte de prêt, le billet ou la reconnaissance de dette
constatant le prêt ou, dans le cas d'une ouverture de crédit
consentie en vertu de l'article 3a de la Loi favorisant le crédit
à la production agricole, le billet ou la reconnaissance de dette
constatant la première avance consentie à l'emprunteur, est
signé à la date d'entrée en vigueur de la présente
loi."
C'est pour vous permettre de couvrir des gens quand il aurait pu y avoir
ambiguïté, à savoir s'ils étaient couverts ou pas
couverts. Ils seront présumés couverts. C'est dans la
période transitoire. Ceux qui ont fait leur demande... (11 heures)
M. Picotte: C'est l'effet rétroactif, en fait, que vous
accordez?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Qu'est-ce qu'il faut comprendre exactement? Si
l'emprunteur, soit agriculteur ou forestier, avait obtenu d'une banque ou d'une
caisse un prêt, en vertu des dispositions de la Loi favorisant le
crédit à la production agricole, doit-on comprendre qu'à
la date d'entrée en vigueur, les avantages de ladite loi pourraient
garantir ces prêts qui auraient été consentis par la Loi
favorisant le crédit à la production agricole? Va-t-on retourner
loin dans le temps? Il doit tout de même y avoir une période
donnée où un prêt a été consenti à un
agriculteur ou un forestier.
M. Garon: C'est pour les fins de date, parce que, dans toutes ces
choses-là, il y a différentes dates d'entrée en vigueur.
Pour les fins de cela, quelle date va-t-on prendre? La date de la demande, la
date de ceci ou la date de cela? On dit: Non. La date qui va compter pour les
fins d'application de la loi, c'est la date où il a signé le
billet, la date du billet, la date de la reconnaissance de dette.
M. Giasson: Oui, mais dans l'hypothèse qu'il y a eu un
billet signé contre un prêt garanti à la production qui
date d'un an avant l'entrée en vigueur de la loi, il ne sera pas
couvert. À partir de quel moment est-ce que ce sera couvert?
M. Garon: La personne sera couverte par les lois qui existaient
au moment où cela a été fait. Elle ne sera pas couverte
par cela.
Quelqu'un peut avoir consenti un prêt. Il va y avoir une
période intérimaire. Disons que cela entre en vigueur le 1er
août.
M. Giasson: Oui.
M. Garon: Quelqu'un aurait, par exemple, consenti un
prêt...
M. Giasson: II aurait consenti un prêt le 5 mai.
M. Garon: Le prêt est donné et le document est
signé le 5 août. La date qui compte, c'est le 5 août. Ce
qu'on vient de dire ici, c'est à travers plusieurs dates, quelle date
sera présumée être la bonne. On peut dire, à ce
moment-là: II avait consenti le 5 mai, le contrat eut donc lieu le 5
mai. On dit ici que "le billet ou la reconnaissance de dette constatant la
première avance consentie à un emprunteur est signé
à la date ou après la date d'entrée en vigueur de la
présente loi."
Les anciens prêts, ceux qui ont été consentis avant,
continuent sous l'ancien régime. Il n'y a pas d'effet rétroactif
à cela. Ce n'est pas un effet rétroactif. C'est tout simplement
que, dans la période transitoire, il y aura différentes dates, la
date où le gars a fait sa demande, la date où elle a
été acceptée...
M. Giasson: D'accord.
M. Garon: Comme aux institutions financières, la date
où cela a été réalisé.
M. Giasson: Résumons. La loi a été
adoptée à une date donnée, mais la réglementation
n'est pas prête. Pendant cette période, il y a des demandes
d'emprunt. Est-ce surtout cela que l'on vise? Qu'est-ce qu'on recherche, au
fond, avec cet aspect rétroactif après la date d'entrée en
vigueur de la loi?
M. Garon: De ne pas avoir de trou. Le problème en droit
qui va arriver, c'est qu'à un moment donné, on se disait:
Qu'est-ce qui compte pour les fins de cela? S'il y avait un trou, une
période transitoire, on se poserait des questions, les gens se
sentiraient obligés... Remarquez bien qu'il n'y a pas de nombreux cas.
Cela poserait des problèmes. Ils pourraient faire des procès pour
faire interpréter cela. Plutôt que de faire cela, on dit: Si, dans
toutes ces opérations, il y a un ensemble de dates qui arrivent autour
de la date d'entrée en vigueur de cette loi, qu'est-ce qui va compter,
quelle date va compter? On dit que c'est la date de la signature du billet ou
la date constatant la première avance consentie à l'emprunteur
plutôt que la date antérieure...
M. Giasson: ... la réglementation...
M. Picotte: Si la réglementation retardait
passablement...
M. Garon: Pardon?
M. Picotte: Si la réglementation retardait passablement,
cela n'arriverait à peu près pas...
M. Garon: Oui...
M. Picotte: Ce sont des cas...
M. Garon: On va essayer de synchroniser tout cela pour qu'il n'y
ait pas de problème. C'est tout simplement pour éviter qu'il y
ait un trou dans la loi.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 26?
M. Garon: À l'article 26, c'est pour éviter... Des
dispositions de la Loi sur les assurances ne sont pas applicables: "Pour les
fins de la présente loi, le fonds, les membres de son conseil
d'administration et ses fonctionnaires et employés ne sont pas
assujettis aux dispositions de la Loi sur les assurances. " C'est pour
éviter de la procédure.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 27?
M. Garon: Pas de rémunération additionnelle pour
faire partie... Par le fait que le fonds va exister, les gens qui vont
siéger aux deux conseils d'administration n'auront pas de
rémunération additionnelle.
M. Picotte: C'est malheureux pour vous autres; adopté.
.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 28?
M. Garon: À l'article 28, le rapport annuel doit
être produit chaque année, au plus tard le 30 juin,
déposé à l'Assemblée nationale, et les
renseignements qu'il doit contenir, le pouvoir du ministre de demander des
renseignements additionnels.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 29?
M. Garon: Je pense que ce sont des articles de concordance. C'est
de la concordance pour que la Loi de l'amélioration des fermes soit
couverte par l'assurance plutôt que par la garantie gouvernementale.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 30?
M. Giasson: Adopté. M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 31 ?
M. Garon: C'est la même chose. C'est la concordance avec la
Loi de l'amélioration des fermes.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 32?
M. Garon: C'est la même loi qui a été
amendée pour pouvoir faire la concordance.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 33?
M. Garon: Même chose. Autre article de concordance.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 34?
M. Garon: À l'article 34, c'est la même chose qu'on
vient de voir pour la Loi de l'amélioration des fermes. Les articles 34
et suivants, c'est la Loi favorisant le crédit à la production.
C'est pour permettre la couverture par le fonds d'assurance de la loi du
crédit à la production.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 35.
M. Garon: C'est un article de concordance...
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 36?
M. Picotte: Adopté.
M. Garon: L'article 36 aussi.
M. Picotte: Article 35, adopté. Article 36...
M. Garon: Articles 37, 38.
Le Président (M. Boucher): Article 36. adopté.
Article 37, adopté?
M. Picotte: Article 37, adopté.
M. Garon: À partir de l'article...
Le Président (M. Boucher): Article 38?
M. Garon: Même chose.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Garon: À partir de l'article 39, encore ces
mesures...
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 39?
M. Garon: ... pour assujettir au fonds d'assurance la Loi
favorisant un crédit spécial pour les producteurs agricoles au
cours de périodes critiques. Vous avez les articles 39 à 43 qui
sont à cet effet.
M. Picotte: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): Adopté. M. Garon: Article
44...
Le Président (M. Boucher): Un instant, M. le ministre!
Article 39, adopté.
M. Picotte: Article 40, adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 40, adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 41,adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 42, adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 43, adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 44, adopté?
Article 45, adopté?
M. Picotte: Article 45. Un instant!
M. Garon: De l'article 44 à l'article 47, ce sont encore
des dispositions identiques à ce qu'on vient de voir pour les autres
lois, mais concernant, cette fois, la Loi sur le crédit forestier.
M. Picotte: Article 44, adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 44, adopté.
M. Picotte: Article 45, adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 45, adopté.
M. Picotte: Article 46, adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 46, adopté.
Article 47, adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 48 adopté.
Article 49.
Article 48, M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: Adopté.
M. Garon: II voulait dire quelque chose.
M. Picotte: Cela m'a tenté seulement.
M. Garon: J'ai pensé qu'il voulait dire une boutade.
M. Picotte: Cela m'a tenté seulement.
Le Président (M. Boucher): Article 49 adopté. Le
projet de loi no 11, Loi sur l'assurance-prêts agricoles et forestiers,
est donc adopté...
Une voix: Sans amendements...
Le Président (M. Boucher): ... sans amendements. Je
prierais le rapporteur de faire rapport à l'Assemblée nationale
le plus tôt possible.
Projet de loi no 12
J'appelle donc le projet de loi no 12, Loi modifiant la Loi du
crédit agricole. M. le ministre.
M. Garon: Le projet de loi no 12 Loi modifiant la Loi du
crédit agricole a pour but d'apporter... surtout d'augmenter les
montants maximaux des prêts que l'Office du crédit agricole du
Québec peut accorder, d'apporter à la loi des amendements de
concordance avec des dispositions de la Loi favorisant le crédit
agricole à long terme par les institutions privées,
proposée par le projet de loi no 10, qu'on a vu la semaine
dernière, et d'accorder à l'office des pouvoirs additionnels de
nature financière, notamment au chapitre des emprunts qu'il peut
contracter et des créances qu'il peut transporter ou vendre.
Alors, la plupart des articles qu'on retrouve là-dedans sont des
articles de concordance, sauf les deux éléments que j'ai
mentionnés, les montants maximaux qui sont augmentés et les
pouvoirs additionnels de nature financière qui sont accordés
à l'Office du crédit agricole.
Voulez-vous qu'on commence l'étude article par article?
M. Giasson: Oui. M. Garon: a?
Le Président (M. Boucher): Un instant! Avec le
consentement de la commission, M. le député de Saint-Hyacinthe
remplacerait M. le député de Huntingdon comme membre.
M. Cordeau: Si le ministre n'a pas d'objection.
M. Garon: Je ne sais pas si on devrait laisser faire
ça.
Le Président (M. Boucher): Les membres sont d'accord?
M. Dubois: Avec toutes les subventions qu'il reçoit dans
Saint-Hyacinthe, je pense qu'il ne parlera pas fort.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: J'ai dit qu'avec toutes les subventions qu'il
reçoit dans Saint-Hyacinthe, je pense que M. Cordeau ne parlera pas
fort.
M. Garon: II distribue des feuillets dans Saint-Hyacinthe pour
dire qu'il ne reçoit rien et que c'est le marasme dans Saint-Hyacinthe.
Là, le monde ne le croit plus; il est en train d'attaquer sa
crédibilité dans Saint-Hyacinthe.
M. Dubois: Je pense que... a eu peur.
M. Picotte: ... il parle de toutes sortes de choses à part
l'agriculture.
M. Cordeau: ... trouvait que le député...
M. Giasson: ... le ministre de l'Agriculture est de bonne
humeur.
M. Garon: Oui.
Une voix: II est toujours de bonne humeur.
M. Picotte: D'après ce que je peux voir, il a pris du
soleil.
M. Giasson: II a pris grand bien à venir passer une fin de
semaine à l'île aux Grues...
M. Garon: Je viens de visiter cinq comtés et la
popularité du gouvernement m'a donné une piqûre de
pénicilline terrible.
M. Giasson: La popularité du gouvernement et des
députés en place?
M. Garon: Pardon?
M. Giasson: Du gouvernement et des députés en
place?
M. Garon: Oui. On trouve que les députés
ministériels sont de bons députés. Les
députés de l'Opposition font bien leur travail et devraient
continuer à faire leur travail dans l'Opposition.
M. Giasson: Pour le temps que ça doit durer, oui.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on continue ou si on
revient au projet de loi no 12?
M. Picotte: C'est l'article 1a?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, vous agissez comme membre.
M. Garon: Est-ce qu'on commence à avoir besoin de pluie
dans Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: De pluie? M. Garon: Oui.
M. Cordeau: Partout dans le Québec, on a besoin de
pluie.
Le Président (M. Boucher): Projet de loi no 12, article
1.
M. Garon: À l'article 1...
M. Cordeau: ... demandé au ministre... commencer...
M. Garon: ... on dit, aux explications dans la page de gauche:
L'article 1 précise et élargit les pouvoirs d'emprunts de
l'office et permet dorénavant à ce dernier de transporter, en
garantie des emprunts qu'il contracte, les créances lui résultant
des prêts qu'il consent ou de vendre de telles créances, aux
conditions que détermine le lieutenant-gouverneur en conseil. En plus
d'apporter certaines modifications de concordance avec les dispositions de la
Loi favorisant le crédit agricole à long terme par les
institutions privées, cet article augmente le montant total maximum des
prêts qui peuvent être consentis par l'office en vertu de la loi,
de $150 000 à $250 000 dans le cas d'un individu et de $200 000 à
$450 000 dans le cas d'un groupe. De plus, il augmente, à
l'intérieur de ces nouveaux maxima, le montant maximum des prêts
qui peuvent être consentis sur la garantie d'un nantissement agricole,
qui va passer de $60 000 à $100 000 dans le cas d'un individu et de $80
000 à $200 000 dans le cas d'un groupe.
M. Giasson: Alors...
M. Garon: Tout le reste, c'est de la concordance.
(11 h 15)
II y a j) à la page 7 qui ajoute quelque chose de nouveau,
à part les montants maximaux qui ont été modifiés
et que je viens de mentionner. On disait, au tout début, au bas de la
page 7...
M. Giasson: j) est un nouveau paragraphe qui n'était pas
dans l'ancien texte.
M. Garon: Cette loi ajoute un paragraphe n) après le
paragraphe m) dans la Loi du crédit agricole pour permettre ce
qu'on mentionnait tout à Iheure les pouvoirs additionnels de
nature financière à l'office qui peut transporter des
créances, avec l'autorisation du gouvernement.
M. Giasson: Du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Picotte: Du lieutenant-gouverneur.
M. Giasson: C'est ce que vous avez, mais...
M. Garon: Je pense bien que ce sont des risques, en fait des
omissions. Habituellement, on inscrivait le gouvernement partout et là
on a inscrit...
M. Giasson: Lieutenant-gouverneur en conseil, en tout cas.
M. Garon: ... lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Cordeau: Ce n'est pas un péché.
M. Garon: C'était pour faire de la concordance avec cette
loi-là qui partout parle du lieutenant-gouverneur en conseil. Elle
amende une loi existante...
M. Giasson: Non, je crois que c'est...
M. Garon: C'est parce qu'il amende une loi existante et a voulu
garder...
M. Giasson: ... où c'était le lieutenant-gouverneur
en conseil et non pas le gouvernement.
M. Garon: C'est cela. Tandis que dans la loi 10 et la loi 11, on
dit gouvernement...
M. Giasson: Ce sont des nouvelles lois; donc...
M. Garon: Comme cela amende la Loi du crédit agricole, on
a inscrit le lieutenant-gouverneur en conseil.
J'aimerais dire un mot d'explication concernant n): vendre, avec
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil, aux prix et conditions que
celui-ci détermine, la totalité ou une partie des créances
résulant des prêts consentis en vertu de la présente loi,
sans être astreint aux dispositions des articles 1571 à 1571c,
1572 et 2127 du Code civil, mais en se conformant au mode fixé par le
lieutenant-gouverneur en conseil quant à la signification de telle vente
et, avec le consentement écrit de l'acquéreur donné lors
de la vente ou subséquemment, substituer à l'une quelconque de
ces créances toute autre créance résultant d'un prêt
consenti en vertu de la présente loi". Ce qui va permettre le
marché secondaire de ces types. L'office pourra même
également, en vertu de cet
article, concernant les emprunts et les prêts qu'il a faits, les
vendre lui-même sur le marché secondaire et rembourser le ministre
des Finances.
M. Giasson: Si je comprends bien, par l'addition de ce paragraphe
on permet à l'Office du crédit agricole de disposer
c'était là sa décision de toutes les
créances qu'il détient sur les prêts consentis
antérieurement.
M. Garon: Oui, si tel est son désir avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Giasson: Oui. Le lieutenant-gouverneur, c'est le ministre
généralement.
M. Garon: Pardon?
M. Giasson: Le' lieutenant-gouverneur, c'est presque le
ministre.
M. Garon: Vous me faites trop d'honneur. M. Giasson: C'est
proche parent.
M. Garon: Je n'aurai jamais cette prétention.
M. Giasson: Vous n'avez jamais prétendu pouvoir remplacer
la reine adéquatement.
M. Garon: Non.
M. Cordeau: Pas dans toutes ses fonctions.
M. Giasson: Ou dans tous ses attributs.
M. Garon: Dans ses attributs, peut-être. Dans ses
fonctions, non.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 2?
M. Garon: Article 2...
M. Picotte: II y a quelque chose de nouveau à cet
article.
M. Garon: ... remplace l'article 10 de la Loi du crédit
agricole.
Le produit des emprunts ou des ventes faits par l'office en vertu du
paragraphe a) ou du paragraphe n) selon le cas, de l'article 8, doit servir
à faire des prêts autorisés par la présente loi,
à constituer le fonds de roulement requis pour la protection des
prêts, à rembourser tout emprunt déjà
contracté en vertu dudit article ou à faire des remises au
ministre des Finances conformément à l'article 14 pour le
remboursement des montants empruntés à ce dernier. Les emprunts
faits par l'office peuvent être garantis par le gouvernement de la
province. Alors, cela veut dire: Si l'office, à toutes fins pratiques,
va sur le marché secondaire, qu'est-ce qu'il doit faire avec l'argent
qu'il a emprunté sur le marché secondaire?
M. Picotte: Vous soustrayez de l'article 10 "les emprunts faits
par l'office doivent être préalablement approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil". Cela a été soustrait de
l'ancien article 10?
M. Garon: C'est parce qu'on dit: des ventes faites par l'office
en vertu du paragraphe a) ou du paragraphe n). C'est le paragraphe n) qu'on
vient de voir.
M. Picotte: D'accord.
M. Giasson: Est-ce que je pourrais demander au ministre, M. le
Président, quelles seraient les sommes que l'office entend
récupérer en vertu de ces pouvoirs et dispositions d'ici cinq
ans?
M. Garon: II n'y a rien de précis actuellement. C'est pour
avoir la possibilité de le faire.
M. Giasson: Cela ne va pas au-delà de ça dans
l'esprit du ministre de l'Agriculture?
M. Garon: Cela pourrait être fait. On pourrait dire,
à un moment donné: Voici, on a une nouvelle façon de
fonctionner. Cela fonctionne bien de cette façon. Évidemment, ce
sont des emprunts. S'il y avait des emprunts dont le taux
d'intérêt diminuait, vous seriez intéressé,
possiblement, à vendre des créances et à rembourser le
ministre des Finances qui, lui, rembourserait des emprunts également qui
ont été payés plus cher. La possibilité est
là, mais il n'y a pas de plan.
M. Giasson: Les transactions ne se feront peut-être pas
aussi rapidement que cela.
M. Garon: Non. Cela va dépendre du taux
d'intérêt de l'argent.
M. Giasson: C'est cela.
M. Garon: Si le taux d'intérêt de l'argent
était bon...
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3?
M. Garon: À l'article 3, c'est cela, ce qu'on va faire
avec l'argent. On va percevoir des sommes avec ces emprunts. Alors, on peut
rembourser le ministre des Finances. Qu'est-ce qu'on peut faire avec cet
argent? On va faire un dépôt dans un fonds spécial qui
serait affecté, en premier lieu, au remboursement des emprunts
contractés par l'office auprès d'autres prêteurs que le
ministre des Finances, puis au remboursement de tout emprunt contracté
par l'office auprès du ministre des Finances, puis au remboursement des
emprunts contractés par le gouvernement sous l'empire de la
présente loi et enfin au remboursement de tout autre emprunt de la
province désigné par le lieutenant-gouverneur en conseil et dont
le pro-
duit a servi, en totalité ou en partie, à rembourser le
fonds consolidé du revenu des avances faites à l'office. C'est
pour dire ce que l'office va pouvoir faire avec les sommes qu'il va être
allé chercher en vendant ses créances.
M. Giasson: Est-ce que l'office a, présentement, des
emprunts qu'il aurait contractés auprès d'autres prêteurs
que le ministre des Finances?
M. Garon: Non, mais cela pourrait arriver dans l'avenir.
M. Giasson: C'est pour l'avenir. Ce sont des prévisions au
cas de probabilités futures.
M. Garon: Les hauts fonctionnaires de l'office disent qu'il est
possible qu'il y ait eu un emprunt sur le marché privé il y a une
quarantaine d'années et on ne pourrait pas affirmer à ce
moment-ci si cela a été remboursé en totalité ou si
cela n'a pas été remboursé. Il faudrait faire des
vérifications additionnelles.
Les gens ont dit cela, mais il ne faudrait pas poursuivre trop
là-dessus, parce que possiblement cela aurait été
remboursé. On ne peut pas prévoir, tout simplement... C'est pour
mettre un ordre de priorité parce qu'à l'avenir, ça
pourrait se produire.
M. Picotte: Les culottes à Vautrin étaient
peut-être comprises dans le montant de l'emprunt, à ce
moment-là.
M. Garon: L'office pourrait emprunter... L'office va continuer
à jouer un rôle supplétif, alors, l'office, en continuant
à jouer son rôle supplétif, va continuer à consentir
des prêts; il n'arrêtera pas de faire des prêts à
100%, il va continuer à consentir des prêts. À ce
moment-là, il pourra aller directement sur le marché financier,
sans passer par toute la procédure et, en faisant ça, s'il a des
remboursements à faire, il pourra, à même la vente de ses
créances, faire ces remboursements.
Ceci éviterait des délais et de la procédure
administrative.
Le Président (M. Boucher): Article 3. Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 4.
M. Garon: L'article 4 a pour but d'élargir les fins pour
lesquelles le ministre des Finances peut être autorisé par le
gouvernement à faire des avances à l'office.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 5.
M. Garon: L'article 5 autorise le ministre des
Finances à verser à l'office les sommes requises pour
combler annuellement la différence entre les intérêts
payables sur les emprunts contractés par ce dernier auprès de
prêteurs autres que le ministre des Finances et les intérêts
qu'il perçoit de ces emprunteurs ou de ces débiteurs.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 6.
M. Garon: Vous avez, dans la note, l'essentiel de l'article 6 qui
est assez long, sur le plan technique, juridique. "L'article 6 établit
que chaque portion d'un prêt à laquelle s'applique le taux
d'intérêt fixé en conformité du règlement
doit être déterminé en tenant compte du solde de tout
prêt que l'emprunteur a déjà obtenu ou dont il a
assumé le paiement, tant en vertu de la Loi du crédit agricole
qu'en vertu de la Loi favorisant le crédit agricole à long terme
par les institutions privées et en tenant compte aussi du solde de la
part relative de l'emprunteur dans tout semblable prêt qu'il a obtenu ou
dont il a assumé le paiement conjointement avec toute autre
personne.
Cet article prévoit un mode de calcul analogue lorsqu'un
prêt est obtenu ou selon le cas, lorsque le paiement du solde d'un
prêt est assumé par des emprunteurs conjoints ou par des personnes
physiques considérées comme une société
d'exploitation agricole."
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 7.
M. Garon: C'est un article de concordance.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 8.
M. Garon: L'article 8 aussi, concordance.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 9.
M. Garon: L'article 9 est un article de concordance
également.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 10.
M. Garon: L'article 10 prévoit le paiement des
dépenses encourues pour l'application de la loi.
On ne prétend pas que ce soient des dépenses très
élevées.
Le Président (M. Bocuher): Adopté. Article 11.
M. Picotte: Adopté.
M. Roy: À l'article 11, est-ce qu'on me permettrait de
poser la même question?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je me permettrais de poser la même question que
celle que j'ai posée en ce qui a trait à la loi no 10. Est-ce que
ces lois vont être mises en vigueur en même temps? Ce sont les
mêmes dispositions et les mêmes intentions du ministre...
M. Garon: Oui.
M. Roy:... en ce qui a trait à la loi 12, à la loi
10 et à la loi 11.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 12, Loi
modifiant la Loi du crédit agricole, est donc adopté, sans
amendement. Je prie le rapporteur d'en faire rapport à
l'Assemblée nationale.
Projet de loi no 13
J'appelle maintenant le projet de loi no 13, Loi modifiant la Loi de
l'amélioration des fermes. M. le ministre.
M. Garon: La loi no 13 a pour but d'augmenter le montant maximum
d'un prêt qui peut être consenti en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes. Il prévoit aussi que l'autorisation de
l'Office du crédit agricole du Québec doit être obtenue
pour le consentement d'un tel prêt dans les cas et les limites
fixés par règlement. (11 h 30)
Le projet limite l'obligation de répondre à des
critères de besoins établis par règlements aux seuls cas
où un emprunteur désire bénéficier du remboursement
d'intérêts prévu par la loi. Le projet prévoit qu'un
prêt peut être consenti à un emprunteur pour lui permettre
de rembourser un solde de prêt existant lors de sa réinstallation
sur une autre ferme.
Cette disposition peut être très intéressante pour
un agriculteur qui veut se moderniser, prendre de l'expansion en s'installant
sur une autre ferme.
Cela ajoute des possibilités additionnelles à celles qui
existaient jusqu'à maintenant dans la Loi de l'amélioration des
fermes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Sur ce projet de loi, j'ai
fait certaines observations au moment de la deuxième lecture. J'aimerais
que le ministre nous donne des explications concernant l'application du
règlement qui sera adopté, qui sera mis en vigueur par
arrêté en conseil.
Je vais citer deux exemples au ministre. La Loi de l'amélioration
des fermes a été largement utilisée par la classe agricole
jusqu'à maintenant. Elle a permis aux institutions bancaires et aux
caisses d'épargne et de crédit de consentir des prêts afin
de permettre aux agriculteurs de bénéficier, non seulement du
prêt, mais d'une réduction du taux d'intérêts. Les
amendements qu'on retrouve dans la loi no 13 font en sorte qu'à l'avenir
il faudra obtenir un consentement de l'Office du crédit agricole avant
de pouvoir obtenir un prêt en vertu de la Loi de l'amélioration
des fermes.
Je vais donner les exemples que je viens de signaler. Il y a le cas d'un
agriculteur qui, à un moment donné, doit changer son tracteur de
ferme. Il y a aussi un autre exemple qu'on retrouve fréquemment dans les
milieux ruraux, c'est l'achat d'une presse à foin ou l'achat
d'équipement pour la récolte du foin.
On sait qu'en vertu des anciennes dispositions de la loi et de la
réglementation, un agriculteur pouvait aller à sa banque, lorsque
ses équipements étaient fournis par un vendeur
d'équipement de machines agricoles ou par une coopérative
dépositaire, et la banque pouvait régler le cas la journée
même.
On sait très bien qu'actuellement, avant d'accorder un
consentement, l'Office du crédit agricole doit se référer
aux dispositions de la Loi de la protection de l'environnement. J'aimerais
savoir si, à l'avenir, quand une personne désirera
bénéficier d'un prêt en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes dans tous les cas, il devra y avoir
consentement de l'office est-ce que loffice sera tenu, avant de donner
son consentement, de procéder à une vérification avec le
service de protection de l'environnement? Cela change du tout au tout la
souplesse de l'application de cette loi.
M. Garon: Disons que cette loi ne change pas véritablement
la pratique qui existe actuellement, puisque l'autorisation va être
requise uniquement sur les prêts qui excèdent $50 000. Pour ceux
qui vont jusqu'à $50 000 et qui ont un avis, cela va continuer comme
avant. Mais au-dessus de $50 000, il faudra une autorisation.
Mais dans les faits, les institutions financières le demandaient
de toute façon. Elles soumettaient les cas d'emprunt à l'office.
En 1977/78, je donnais l'exemple où l'avis était requis de
l'Office du crédit agricole par la loi. Il était uniquement
requis pour les aspirants agriculteurs, pour l'exploitation de groupe et pour
les propriétaires par indivis. Il y eut 652 cas en 1977/78 où
l'avis a été requis par la loi. Ce qu'on ajoute, c'est pour les
montants de
$50 000 et ceux qui excèdent $50 000. De toute façon, les
prêteurs le demandaient à l'Office du crédit agricole.
Environ 3000 cas ont été soumis par téléphone
à l'Office du crédit agricole l'an dernier pour des avis.
On estime que les délais étaient en moyenne, entre la date
de réception et la date de décision, jusqu'à maintenant,
pour le cas des agriculteurs, de 3,7 jours; pour le cas des
aspirants-agriculteurs, de 5,3 jours et pour le cas des coexploitants de
fermes, de 17 jours. Ce n'est pas un avis qui est long dans ces cas-là,
c'est un avis qui est court. On ne s'attend pas que la procédure soit
vraiment modifiée.
Pour les 3000 cas qu'on mentionnait, l'information était
donnée immédiatement par téléphone. Les
délais que j'ai mentionnés sont pour les 652 cas dont l'avis
était requis par la loi. Sur 800 dossiers, en 1977/78, il y en a 50%
où l'avis a été requis de l'office sur une base volontaire
et 3000, par téléphone aussi, sur une base volontaire.
On dit qu'on ajoute $50 000 et plus. Pour le prêt en
amélioration de ferme, au-dessus de $50 000, il ne faut pas se faire
d'illusion, l'institution financière sera très heureuse de
demander l'opinion de l'office.
M. Cordeau: Cela va prendre un gros tracteur.
M. Garon: Cela peut être pour le drainage, cela peut
être pour différentes choses.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'aimerais quand même, M. le Président,
attirer l'attention du ministre sur un point. L'autorisation à $50 000,
je ne sais pas si je ne sais pas lire, mais je ne l'ai pas vue dans la loi.
M. Garon: On ne l'a pas encore vue article par article.
M. Roy: Je l'ai lue article par article et je n'ai pas vu dans la
loi que pour plus de $50 000, il faudra avoir une autorisation de l'office.
M. Garon: L'article 2 dit que par la réglementation, ce
sera indiqué.
M. Roy: Oui, mais ce n'est pas dans la loi. C'est bien ce que je
vous dis, la réglementation je ne l'ai pas devant moi.
M. Garon: Ah! oui. M. Roy: Bon.
M. Garon: J'ai également mentionné tantôt les
montants pour l'autre projet de loi. Ce qui est prévu, c'est pour ce qui
excède ce qui existait jusqu a maintenant.
M. Roy: J'aimerais tout simplement attirer l'attention du
ministre sur le fait que, dans le passe, les institutions prêteuses
consultaient l'Office du crédit agricole. Le ministre nous a cité
des statistiques. On sait très bien que toutes les institutions
prêteuses qui voulaient faire bénéficier leurs
sociétaires ou leurs clients des avantages de la Loi de
l'amélioration des fermes étaient tenues de faire des rapports
périodiques à l'office. L'office examinait ces rapports; il
pouvait même, dans certains cas, écrire à nouveau à
l'institution prêteuse et refuser certains cas.
Mais là, il ne s'agit plus d'une consultation. Il s'agit de la
loi et c'est très clairement établi dans la loi. Les officiers du
ministère n'auront pas le choix d'appliquer la loi avec
discrétion. Il faudra qu'ils appliquent la loi telle que votée.
À l'avenir, il faudra l'autorisation de l'office pour obtenir un
prêt en vertu de la Loi de l'amélioration des fermes. À
aucun endroit dans la loi il n'est question des S50 000 dont nous parle le
ministre ce matin, ce qui veut dire qu'il faudra retrouver les S50 000 dans la
réglementation.
J'aurais souhaité et de beaucoup que ces $50 000 soient dans la
loi pour que nos lois soient les plus complètes possible et laissent le
moins possible de place aux changements trop fréquents dans
l'application des lois. Cela a pour effet de compliquer davantage le rôle
que jouent les institutions financières, de placer les agriculteurs
toujours dans cette espèce d'incertitude en ce sens qu'on ne peut jamais
savoir de façon sûre, pour donner une certaine permanence à
nos lois, une certaine sécurité, qu'on va pouvoir procéder
de telle et telle façon. Or, c'est dans la réglementation que
nous n'avons pas, qui n'a pas été adoptée, mais qui est
à venir, que les fameux $150 000 seront prévus. Quand on parle de
17 jours ou de 5,3 jours dans l'ancienne loi, je suis persuadé que les
nouvelles dispositions dans la loi vont apporter des délais
additionnels. Qu'est-ce qui arrive à un agriculteur qui, en plein milieu
de la récolte des foins, est obligé de changer son
équipement, et qui doit attendre douze jours avant que l'Office du
crédit agricole puisse donner lautorisation à l'institution
financière, que le prêt soit accepté et que l'institution
financière puisse accorder le prêt? On sait très bien et
ceux qui ont travaillé dans le secteur du nantissement agricole savent
très bien que pour ce qui a trait aux banques, lorsqu'il s'est agi
d'achats d'équipement neuf ou de changer de l'équipement, la
banque a réglé le cas dans les 24 heures, j'oserais dire dans
cinq cas sur six, pour ne pas dire dans neuf cas sur dix. Dans le nantissement
pour les troupeaux, dans les nantissements qui on été
effectués pour des améliorations, c'était
différent. Il est évident que les institutions financières
responsables se devaient de faire une enquête. Dans le cas des caisses
d'épargne et de crédit et des caisses populaires, il est
évident que c'était un petit peu moins souple, parce qu'il
fallait passer le prêt devant la commission de crédit, et
j'oserais dire que ce n'est pas la totalité des caisses populaires qui
permettaient, autrement dit, qui tenaient une séance hebdomadaire de la
commission de crédit. Les séances de la commission de
crédit pouvaient
se faire tous les quinze jours, voire des caisses populaires dont les
commissaires de crédit siégeaient une fois toutes les trois
semaines, une fois par mois. On sait qu'aujourd'hui, il y a eu beaucoup
d'amélioration de ce côté, et que la plupart je ne
dirai pas la totalité des caisses populaires du Québec
tiennent des séances de leur commission de crédit à chaque
semaine. Dans le cas des banques et dans les cas d'urgence, j'aimerais bien,
à ce moment, avoir plus de garanties. Je me demande pour quelle raison
on n'a pas songé à inclure dans un paragraphe de la loi que tout
prêt dépassant $50 000 et plus devra obtenir une autorisation
écrite de l'Office du crédit agricole pour pouvoir consentir le
prêt. Qu'on le dise dans la loi.
M. Garon: Actuellement, au-dessus de $50 000 aujourd'hui, pour
l'amélioration des fermes c'est un bon montant. Ce n'est pas la majeure
partie des agriculteurs qui vont demander cela. Cela va être un
pourcentage plus restreint au point de départ. Avec l'inflation, cela va
faire qu'à un moment donné, cela va devenir de plus en plus
courant. À ce moment, l'autorisation pourrait être
augmentée à $75 000, elle pourrait être augmentée
à $80 000, ce sont des prêts plutôt au-dessus d'un certain
montant, sans aller chaque fois devant le Parlement. Au point de départ,
ce qu'on veut mettre dans le règlement, on vous le dit, cela va
être $50 000 en montant. Après cela, cela pourra être
modifié à $60 000, à $70 000. S'il faut aller devant le
Parlement chaque fois, cela n'a pas de bon sens.
M. Roy: M. le Président, je pense que si c'est pour aller
plus loin, à ce moment, cela ne pose pas de problème, parce que
l'office peut donner une autorisation avec beaucoup plus de souplesse. Ce que
je crains, c'est non pas que la loi soit appliquée, que la
réglementation aille en s'élargis-sant, mais que cela aille
plutôt dans le sens contraire, en rétrécissant. Cette
année, ce sera $50 000. L'an prochain, on en viendra à une
modification du règlement, et on dira, pour toutes sortes de
considérations X, Y, Z: La réglementation, cette année, va
s'appliquer pour les montants de $35 000 et plus. Dans trois ans, on se
retrouvera avec des montants de $25 000 et des délais de quinze jours.
C'est ma crainte.
Si je fais cette intervention à ce moment, j'estime que c'est
important, c'est absolument important et c'est même essentiel pour la
classe agricole, qui doit parfois agir avec une rapidité à cause
de l'urgence de la situation. La classe agricole n'est pas une manufacture de
barreaux de chaise, ni une manufacture de rampes d'escalier, qui peuvent
planifier sur une base annuelle. En agriculture, la récolte des foins se
fait dans une période donnée. La récolte des grains se
fait également durant une période excessivement courte, et pour
la période des semences, c'est la même chose. C'est la même
chose dans la classe agricole, dans tous les secteurs de la classe
agricole.
Il faut de la souplesse de ce côté. Il faut aussi tenir
compte du fait que les institutions financières sont quand même
des institutions financières responsables. Qu'on donne donc aux
institutions financières une marge de manoeuvre qui leur permettra de
prendre des décisions, elles aussi, sans toujours avoir la sacro-sainte
bénédiction gouvernementale. (11 h 45)
M. Garon: ... prêter quand même.
M. Roy: Permettrait quand même, mais avec les
conséquences que cela implique, et je sais très bien...
M. Garon: Non, si le prêt est bon, il n'a pas besoin
d'assurance...
M. Roy: Si le prêt est bon, il n'y a jamais de
problème.
M. Garon: Ils prêteront et vous n'aurez pas de
problème.
M. Roy: II n'y a jamais de problème quand le prêt
est bon.
M. Garon: Ah! À ce moment-là, il n'y a pas de
problème.
M. Roy: Mais si l'institution financière a fait un
prêt sans avoir l'autorisation de l'office et que, dans deux ans, elle se
retrouve avec des difficultés de remboursement...
M. Garon: Ha! Cela veut dire que le prêt n'était pas
bon.
M. Roy: Le ministre est...
M. Baril: En pratique, quand un agriculteur si on prend
l'exemple du député de Beauce-Sud veut s'acheter une
presse à foin, il doit la changer en saison, qu'est-ce qu'il fait? Il va
chez le vendeur, achète sa presse et, après ça, va
à la banque et demande un prêt. La grosse majorité des
agriculteurs aujourd'hui n'est plus marginale. Les vendeurs connaissent les
agriculteurs et leur font confiance. Ils ne prêtent pas et ne vendent pas
à n'importe qui. Ensuite, avec un prêt, on a un nantissement et
avec le taux aussi auquel la machinerie... Il y a des tracteurs qui se sont
vendus, voilà quatre ou cinq ans, vous allez dans les encans aujourd'hui
et vous allez avoir plus cher que le prix d'il y a quatre ou cinq ans. Donc,
à cause du nantissement, il y a toujours une marge, mais le risque n'est
quand même pas si grand.
Moi, je ne pense pas que la majorité des agriculteurs peut
être pénalisée à cause des délais de deux,
trois, dix-sept jours dont il a parlé pour les sociétés,
je ne sais pas. De toute façon, le gars a sa machine quand même.
Il travaille avec. C'est en pratique. C'est bien beau de s'arrêter au
niveau des chiffres et en théorie et tout ça. Je comprends que ce
que le député de Beauce-Sud veut dire,
c'est qu'on met peut-être je ne sais pas si on peut appeler
ça comme ça un carcan pour rien, ou une demande pour
rien... Cela, je comprends très bien ça...
M. Roy: C'est ça.
M. Baril: Mais, par contre, si on se retrouve, au bout de deux ou
trois ans, et que le gars n'a pas pu continuer ou quelque chose comme
ça, c'est quand même le gouvernement qui en est responsable si la
banque n'a rien demandé. Là, au moins, si l'office a dit oui,
prêtez-lui, et qu'au bout de deux ou trois ans, le gars, ça ne
marche plus, son affaire, au moins, le gouvernement aura sa part de
responsabilité parce qu'il aura dit oui quand même.
M. Roy: Oui, mais je pense que le député, qui est
agriculteur lui-même, est mieux placé que bien d'autres pour
comprendre la pertinence des propos que j'ai tenus tout à l'heure.
M. Baril: Oui...
M. Roy: Et je le dis dans l'intérêt de la classe
agricole, parce que les institutions prêteuses qui consentent des
prêts en vertu de la Loi de l'amélioration des fermes, sont
garanties jusqu'à concurrence de 10% des prêts annuellement. Il y
a un élément de risque de la part de l'institution
prêteuse. Les prêts ne sont quand même pas endossés
à 100% par l'Office du crédit agricole. Or, ma crainte, à
ce moment-ci, c'est que si l'Office du crédit agricole, avant de donner
son autorisation écrite, veut vérifier auprès du service
de protection de l'environnement pour voir si, justement, le service de
protection de l'environnement est prêt à donner le feu vert, c'est
là que les complications commencent, non pas pour les membres de
l'Assemblée nationale, mais pour les agriculteurs eux-mêmes.
J'ai justement le cas d'un dossier ce matin; je l'ai fait venir de mon
bureau pour bien illustrer de quelle façon, à un moment
donné, une personne est prise actuellement quand elle veut agrandir sa
grange-étable.
M. Baril: Ah, ça, ce n'est pas la même chose!
M. Roy: C'est exactement la même chose, parce que le
nantissement agricole peut être consenti pour de l'installation dans les
cas où il y a agrandissement de bâtisses.
M. Baril: Parce que tout à l'heure vous avez fait mention
d'un exemple à partir d'une machinerie à foin. Là, vous
êtes rendu dans un agrandissement d'étable.
M. Roy: J'ai pris un exemple; je peux en prendre d'autres.
M. Baril: Ce n'est plus la même affaire.
M. Roy: Je peux en prendre d'autres, parce que c'est la
même Loi...
M. Baril: Oui, d'accord, c'est la même chose.
M. Roy: ... de l'amélioration des fermes qui s'applique
dans les deux cas.
M. Baril: C'est la même chose, je suis d'accord avec
vous.
M. Roy: J'ai parlé d'un cas d'urgence...
M. Garon: Les 10% dont vous avez parlé tantôt...
M. Roy: ... tout à l'heure...
M. Garon: ... qui étaient garantis, ce n'est pas 10% qui
sont garantis. Si la banque avait prêté, dans l'ensemble de ses
prêts, plus de 10% de ses prêts en prêts agricoles, vous
comprenez qu'il n'y a pas une banque qui est rendue jusque-là,
jusqu'à maintenant, et qui consente 10% de ses prêts à des
prêts agricoles. C'est garanti à 100%.
M. Roy: Chaque prêt est garanti à 100%... M.
Garon: ... autrement.
M. Roy: Tous les prêts consentis en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes sont garantis à 100%? Toutes les
réclamations?
M. Garon: Oui, en principe.
M. Rov: Même si 60% des prêts consentis par le
ministère des Institutions financières en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes étaient considérés comme
une perte?
M. Garon: C'est théorique.
M. Roy: Je sais que c'est théorique. Il y a un jeu de mots
là-dedans; c'est bien compliqué. En tout cas, on ne peut aborder
toute cette question ce matin, mais je dis quand même qu'il y a un
élément de risque pour les institutions prêteuses. Les
institutions prêteuses n'ont pratiquement rien perdu jusqu'à ce
jour.
M. Garon: Non, elles n'ont pas consenti tant de prêts que
cela à l'agriculture.
M. Roy: Pardon?
M. Garon: Elles n'ont pas consenti tant de prêts que cela
à l'agriculture. Si on se réfère aux dispositions de
l'article 17 de la Loi de l'amélioration des fermes, c'est un article
qui est là, mais qui, théoriquement et concrètement... Il
n'y a pas de banque qui autorisait 10% de ses prêts à
l'agriculture. Cela ne s'appliquait pas concrètement.
Cela aurait pu s'appliquer, mais cela n'a pas été le
cas.
M. Roy: C'est-à-dire qu'il y a...
M. Garon: Avec l'assurance-préts, c'est entièrement
couvert...
M. Roy: Avec l'assurance-prêts, on va être
entièrement couvert; c'est-à-dire que...
M. Garon: Indépendamment de cet article-là.
M. Roy: Si mon interprétation de la loi est bonne, cela
veut dire qu'une institution financière ne pouvait pas réclamer
de pertes dépassant 10% des prêts qu'elle avait consentis en vertu
de la Loi de l'amélioration des fermes.
M. Garon: Si elle avait prêté plus de 10% de son
argent...
M. Roy: Non, elle ne pouvait pas réclamer plus de 10% de
pertes...
M. Garon: Non, non, non.
M. Roy: ... de l'ensemble des prêts qu'elle avait
consentis, ou bien je fais erreur.
M. Garon: Le gouvernement garantit, en vertu de cet article, tous
les prêts consentis par une banque jusqu'à concurrence de 10% de
ses actifs, des prêts qu'elle fait. Si une banque consent des prêts
pour $1 milliard je prends comme exemple la Banque de
Nouvelle-Écosse, toutes ses succursales comme un tout cela
voudrait dire que le gouvernement garantirait des prêts agricoles
jusqu'à concurrence de $100 millions, soit 10% du total de ses
prêts.
Des caisses qui ne sont pas affiliées, à toutes fins
pratiques, il n'y en a pas. Quand elles sont affiliées à une
fédération, c'est 10% du montant total des prêts consentis
par les caisses affiliées à cette fédération. Le
Mouvement des coopératives Desjardins a, je pense, un actif de $7
milliards... $8 milliards.
Il y a, en prêts hypothécaires et en prêts à
la consommation, environ $4 milliards ou $5 milliards; cela veut dire
jusqu'à concurrence de 10% des $4 milliards ou $5 milliards.
Le Président (M. Boucher): Alors... M. Garon: En
vertu de cette loi.
Le Président (M. Boucher): ... ceci dit, pouvons-nous
passer à l'article 1? Article 1? M. le ministre.
M. Garon: L'article 1 a pour but d'augmenter le montant du
prêt de $50 000 à $100 000. Il supprime la disposition de la loi
et oblige l'emprunteur à répondre aux critères de besoins
établis par règlement.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Roy: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 2?
M. Garon: C'est de cet article qu'on discutait avec le
député de Beauce-Sud. L'article 2 prévoit que dans les cas
établis par règlement l'autorisation de l'Office du crédit
agricole du Quéec doit être obtenue préalablement au
consentement d'un prêt au lieu d'un simple avis de ce dernier.
M. Roy: Alors, si un simple avis pouvait prendre une moyenne de
3,7 jours; dans d'autres cas, 5,3 jours; dans le dernier cas, jusqu'à 17
jours, alors, je veux bien, à ce moment-ci, que le ministre nous rassure
et rassure surtout la classe agricole du Québec en disant que toutes les
mesures seront prises, de façon que les délais dont a fait part
le ministre ne soient pas des délais qui durent et qui fassent en sorte,
à un moment donné, de placer la classe agricole, les agriculteurs
du Québec, dans des difficultés énormes.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3.
M. Garon: Ce sont des modes de calcul que l'on retrouve à
l'article 3, du montant dû par un emprunteur dans différents
cas.
Le Président (M. Boucher): Article 3, adopté?
M. Garon: C'est la façon de calculer.
M. Giasson: Adopté.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 4?
M. Garon: L'article 4 prévoit que, pour
bénéficier du remboursement d'intérêt prévu
dans la loi, un emprunteur doit répondre aux critères de besoins
établis par règlement.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
M. Giasson: Un instant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Garon: Pour l'article 4, il serait bon de dire cela, pour
expliquer davantage. Avant, il fallait qu'il réponde aux critères
de besoins pour obtenir le prêt. Là, il va pouvoir obtenir le
prêt sans répondre aux critères de besoins. C'est pour
obtenir la subvention sur l'intérêt qu'il devra répondre
aux critères de besoins. On ne voudrait pas qu'il emprunte avec la
subvention, qu'il place l'argent
pour faire de l'argent, qu'il fasse un profit avec la subvention du
gouvernement.
M. Giasson: Est-ce que cela s'est produit dans le
passé?
M. Garon: C'est pour éviter cela, pour éviter que
quelqu'un... On a vu cela à l'université, des étudiants
qui obtenaient des prêts du gouvernement, sans intérêt, et
qui n'en avaient pas besoin; ils plaçaient l'argent en banque et il
rapportait un intérêt.
M. Giasson: C'est une façon d'obtenir de l'argent à
bon compte quand certains agriculteurs, avec quelques économies...
Adopté.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5?
M. Garon: Les articles 5 et 6 élargissent les fins du
prêt permettant le remboursement d'un solde de prêt au moyen d'un
nouveau prêt dans le cas d'un emprunteur qui, par suite de
l'aliénation ou de l'expropriation de sa ferme, se réinstalle sur
une autre ferme. Cela peut permettre le refinancement de celui qui est
exproprié ou vend sa ferme et veut s'installer sur une autre ferme.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 6?
M. Garon: C'est la même chose, cela va ensemble.
M. Roy: C'est très technique.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 7.
M. Garon: L'article 7, ce sont les dépenses,
l'administration de cette loi-là.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 8.
M. Roy: Les mêmes dispositions?
M. Garon: Oui.
M. Picotte: Adopté.
M. Roy: Avant de l'adopter, M. le Président, avant
d'adopter la loi no 13, il y a une question de portée
générale pour laquelle j'aimerais bien avoir une réponse
de l'honorable ministre. Je l'ai posée à deux reprises ce matin,
à savoir si l'Office du crédit agricole devra obtenir la
permission du ministère de l'environnement pour autoriser des
prêts à être consentis en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes. C'est important.
M. Garon: La loi de l'environnement, ce n'est pas une loi...
C'est une loi d'application générale. Elle s'applique à
tout le monde, y compris des gens qui sont dans le domaine de l'agriculture. Il
y a des choses là-dedans, des applications à modifier
là-dedans, surtout le règlement qui doit venir
éventuellement, mais, dans l'application actuelle, si une entreprise
était condamnée par le ministère de l'environnement, c'est
évident que cela ne donne rien de prêter de l'argent à
quelqu'un qui ne peut fonctionner, parce qu'il est condamné par les
services de l'environnement. (12 heures)
M. Roy: Cela veut dire que toute cette autorisation devra faire
l'objet d'une surveillance et d'une autorisation des services de protection de
l'environnement, si j'ai bien compris le ministre.
M. Garon: II y a différents types de travaux; il y a des
travaux où le cas ne se présente pas. Par exemple, s'il s'agit de
la construction d'une porcherie dans un village, ça ne donnerait rien de
dire aux gars: On va vous prêter, on ne s'occupe pas des permis de
l'environnement, il va être obligé de fermer. Ce n'est pas en
vertu de cette loi, c'est en vertu de la Loi du crédit agricole qu'il se
fait des constructions. La Loi de l'amélioration des fermes, c'est
surtout pour du drainage, des choses comme ça.
M. Roy: La question que je pose est bien importante. Je veux
savoir si la Loi du crédit agricole... On le sait, d'accord. J'ai
justement un cas où des gens des services de protection de
l'environnement ont pris une mesure, ont découvert qu'il y avait 132
pieds pour aller à la maison du voisin d'à côté et
185 pieds pour aller à la maison d'en face. Pour cette raison, on
n'autorise pas l'agrandissement de la bâtisse.
Il faudrait que l'agriculteur dispose du bien qu'il a, démolisse
cette construction pour aller en faire une plus loin dans le champ pour
satisfaire aux exigences des services de l'environnement, parce qu'il ne peut
plus agrandir celle qu'il a. Ses deux voisins sont deux agriculteurs dans le
même cas que lui. C'est un rang qui est exclusivement à vocation
agricole, le rang 9 à Saint-Honoré de Shenley, comté de
Beauce-Sud. Je pourrais en citer bien d'autres.
Quand on demande une copie des règlements au ministère de
l'environnement, il n'y a pas de règlement. Il n'y a pas de
règlement, on ne connaît pas les normes, mais l'Office du
crédit agricole est aux prises avec une difficulté: il doit avoir
la bénédiction des services de protection de l'environnement
avant de consentir un prêt, mais ils n'ont pas de règlement. C'est
administré de façon totalement discrétionnaire.
Étant donné que le règlement n'existe pas, on pratique
l'extrême prudence, on va mesurer les sources, la distance des cours
d'eau. C'est incroyable, il n'y a plus possibilité de bouger.
Je ne veux pas reprendre tout le débat concernant les services de
protection de l'environnement et la Loi du crédit agricole, parce que
nous devons examiner des modifications à la Loi de
l'améliora-
tion des fermes. Compte tenu du fait que les institutions
financières privées devront dorénavant obtenir
l'autorisation de l'office avant de consentir un prêt, et pas seulement
l'avis de l'office comme c'était prévu dans l'ancienne loi,
est-ce que l'autorisation de l'office pourra être émise sans que
les services de protection de l'environnement aient accordé leur
bénédiction? C'est ce que je veux savoir.
M. Garon: II y a beaucoup de cas. Le problème ne se
présente pas quand il s'agit d'un cas susceptible d'amener de la
pollution. L'agriculteur pourra se retrouver, une fois sa construction faite,
avec des problèmes. L'office lui demande d'obtenir son autorisation de
l'environnement avant d'obtenir son prêt...
M. Roy: Je vais prendre un exemple.
M. Garon: ... autrement, on va mettre quelqu'un dans le
pétrin. Ce n'est pas lui rendre service que de lui consentir un
prêt et de lui dire: Construis-toi et ne t'occupe de rien. Une fois
construit, il aurait des problèmes.
M. Roy: Je vais donner un exemple au ministre. Supposons qu'une
personne décide de changer son écureur d'étable.
Évidemment, c'est un équipement qui peut être nanti en
vertu de la Loi de l'amélioration des fermes. Il ne s'agit pas
d'agrandir l'étable, il ne s'agit même pas de la changer
d'endroit, il s'agit tout simplement de permettre à l'agriculteur de
bénéficier d'un meilleur équipement pour lui faciliter la
tâche dans son travail.
Étant donné qu'il s'agit d'un écureur
d'étable et que ça touche un peu la pollution, on en conviendra,
mais cela ne l'améliore ni ne la diminue, j'aimerais savoir du ministre
si, dans des cas comme celui-là, à l'Office du crédit
agricole, on a établi une liste, on a établi une certaine
réglementation de base, pour que l'officier de l'Office du crédit
agricole qui aura la responsabilité de répondre aux lettres qu'il
reçoit et d'accorder les autorisations... Quelle sera sa marge de
manoeuvre? Est-ce qu'il devra se réfugier, dans la totalité des
cas, derrière les permis des services de protection de l'environnement
ou est-ce qu'il aura une marge de manoeuvre qui lui permettra de
décider, dans certains cas, s'il doit y avoir, oui ou non, un permis des
services de protection de l'environnement?
M. Garon: Dans les prêts de l'office, il y a à peu
près 10% à 12% des prêts qui concernent la construction. De
ceux-là, il y en a un grand nombre où la question de pollution
n'est pas en cause. Ce n'est même pas un problème.
M. Roy: Même si ce n'est pas un problème, M. le
ministre, on ne peut pas avoir un permis des services de protection de
l'environnement.
M. Garon: S'il n'y a pas de problème, il n'est pas
question de permis des services de protection de l'environnement.
M. Roy: II n'y a pas de critères et il n'y a pas de
règlements.
M. Garon: Ce n'est pas mon problème, il faudrait que vous
demandiez au ministère de l'environnement.
M. Roy: Je m'excuse, mais cela devient drôlement un
problème du ministère de l'Agriculture. Je me demande si, au
ministère de l'Agriculture et c'est une suggestion que je fais
à l'honorable ministre il n'y aurait pas lieu d'avoir le propre
service de protection de l'environnement du ministère de l'agriculture,
qui verrait à réglementer le secteur agricole, tout en tenant
compte des dispositions de la loi générale de la protection de
l'environnement. Que le ministère de l'Agriculture ait son propre
service de la protection de l'environnement, de façon que ses
règlements et l'application de ses règlements tiennent compte de
la réalité du monde agricole, tiennent compte de ses besoins, et
que ce soient aussi des règlements établis, non pas en fonction
d'une altitude de 35 000 pieds, mais des règlements qui sont
établis et appliqués en fonction de la réalité
agricole, autrement dit, les deux pieds sur le terrain des vaches. Est-ce que
le ministère de l'Agriculture a songé à avoir son propre
service? Le service pourrait être, en quelque sorte, responsable de
l'application sectorielle de la loi générale de la protection de
l'environnement.
Mais je pense que cette responsabilité devrait être une
responsabilité qui relèverait du ministère de
l'Agriculture. Je le dis en toute sincérité, parce que je ne vois
pas comment on peut procéder autrement.
M. Garon: II faudrait aussi, en toute sincérité,
demander à nos conseils municipaux d'avoir un peu plus de courage, de ne
pas permettre des développements partout, dans tout leur territoire.
Tout ne peut pas venir du gouvernement du Québec. Tout peut venir
également des édiles municipaux qui, habituellement, essaient de
repousser le problème ailleurs. Je pense que, localement, si les gens ne
faisaient pas de construction n'importe où et faisaient respecter un peu
le règlement, ce problème ne se poserait pas, en grande
partie.
Deuxièmement, ce problème sera réglé avec le
zonage agricole, en bonne partie. Dans les territoires qui sont zonés
agricoles, qui sont pour les fins de l'agriculture, cela va aller plus vite
qu'on pense.
M. Picotte: Cela fait un an et demi qu'on entend cela.
M. Roy: Cela fait quatre ans qu'on l'entend.
M. Picotte: Cela ne sera pas surprenant quand ce sera
déposé.
M. Garon: À ce moment-là, à
l'intérieur des zones agricoles, il est évident que les lois
de
l'environnement devront jouer différemment. Ce qu'il faut dire
aussi, c'est que, dans l'application des lois de l'environnement, je l'ai
déjà dit, il faudrait agir avec plus...
M. Giasson: ... lorsqu'il s'agit d'agriculture.
M. Garon: II faudrait tenir compte de la réalité
historique. J'ai parlé justement, en fin de semaine, comme vient de le
dire le député de Beauce-Sud, d'avoir un service, au
ministère de l'Agriculture. J'ai parlé avec les gens de la
vallée de la Matapédia, à Amqui, vendredi, de la
possibilité que le ministère de l'Agriculture ait un service pour
étudier les cas auxquels pourront se référer les
agriculteurs qui sont aux prises avec l'environnement, pour que le
ministère de l'Agriculture regarde et dise: Écoutez, dans tel
débat, il y a telle solution, pour conseiller les agriculteurs. Dans
certains cas également, on pourrait dire à l'environnement: Vous
exagérez un peu.
M. Roy: Un peu beaucoup.
M. Garon: Oui. Mais c'est une partie de la solution. La grosse
partie de la solution sera de régler ce problème de façon
définitive. C'est un des aspects sur lesquels je travaille actuellement,
avec des gens du cabinet, afin de trouver une solution de façon plus
permanente à ces problèmes. Autrement, ceux-ci vont revenir
constamment. Ce qu'il faut, c'est de trouver une solution plus permanente soit
à la faveur du zonage agricole, soit d'autre façon, pour que
l'environnement soit protégé et qu'en même temps
l'agriculteur puisse fonctionner.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi... M. Roy:
Non, M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Pour ce qui a trait à la Loi de
l'amélioration des fermes ici, je comprends que la porte est ouverte,
qu'elle est même grande ouverte actuellement. Je ne suis pas plus
rassuré actuellement que je ne l'étais au début.
J'aimerais demander au ministre quand il sera en mesure de nous faire part des
directives, des normes qui ont été établies, des
directives qui seront données relativement à l'application de
cette loi pour éviter les délais malheureux qu'on retrouve
actuellement dans beaucoup trop de cas et pour lesquels la classe agricole est
parfois obligée de payer le gros prix, ce qui amène encore bien
des cultivateurs à procéder en faisant des ventes et à
"dételer " comme on dit, pour employer le langage du milieu. On oblige
les gens en quelque sorte, à force d'être coincés, à
force d'avoir des problèmes, des problèmes de financement, des
problèmes avec l'environnement, des problèmes ici et des
problèmes là, des problèmes avec les quotas, des
problèmes de gestion, à abandonner. J'aime- rais demander au
ministre là-dessus, si, d'ici à la fin de l'année, il sera
en mesure de nous donner quelque chose de très précis pour que
les officiers qui seront chargés de l'application de la loi à
l'intérieur de l'Office du crédit agricole puissent
procéder avec diligence.
M. Garon: La meilleure démonstration qui pourra être
faite sera au cours des prochains mois par la place que va occuper l'office par
rapport à la société. On remarquera la place que prendra
de plus en plus l'office dans différentes régions par rapport
à la société fédérale.
M. Roy: La société fédérale et la
question que je pose, cela n'a aucun rapport.
M. Garon: Oui, parce que les gens trouvent un service de plus en
plus grand à l'office et se dirigent de plus en plus vers l'office.
M. Roy: Je suis d'accord là-dessus avec le ministre et je
n'ai rien contre cela, au contraire, je suis même très heureux
que, de plus en plus, les agriculteurs s'orientent vers les institutions
québécoises qui sont responsables au gouvernement du
Québec. Je suis d'accord là-dessus, mais cela ne règle pas
le problème de l'environnement et des normes.
M. Garon: Le problème de l'environnement, on va le
régler, mais on ne pourra pas le régler d'un coup sec. On va le
régler graduellement.
M. Roy: Si on alourdit le problème...
M. Garon: On ne peut pas non plus prêter de l'argent
à un gars pour s'installer en dehors de certaines règles qui
mettront ce gars-là en difficulté par des procédures, qui
se fera arracher par ses voisins ou par des pétitions. Je pense qu'on va
mettre quelqu'un dans le pétrin si on n'obtient pas des permis
initialement. Il s'agira possiblement de fournir une aide additionnelle ou des
conseils à quelqu'un qui obtiendra un permis pour qu'il sache se
dépêtrer davantage dans ces lois-là.
M. Roy: C'est justement là qu'est le problème de la
classe agricole jusqu'ici. Le ministre a dit à un moment donné
que les agriculteurs seront dans le pétrin. Ils le sont actuellement,
parce que n'importe qui peut faire une plainte, à un moment
donné, contre un agriculteur pour toutes sortes de raisons. La
protection de l'environnement constitue un des éléments de choix,
parce que c'est à la page, c'est moderne de parler de cette chose, parce
qu'il est nécessaire qu'il se fasse quelque chose.
Il faudra quand même qu'on trouve des formules pour libérer
la classe agricole de cette situation. Si on empêche les agriculteurs de
garder des animaux parce que cela peut polluer, si on empêche des
agriculteurs d'agrandir leurs bâtisses parce que l'entreprise pourrait
être plus rentable, mais que. de ce fait, on les empêche justement
de
gagner leur vie et de faire face aux obligations d'une famille qui vit
en 1978, sous prétexte que, justement, cela peut détruire
l'environnement régional, que cela peut nuire, et que certaines odeurs
peuvent déranger Madame Unetelle qui, elle, a décidé
d'aller demeurer à la campagne pour avoir plus d'air plutôt que de
demeurer dans les villages, et que les agriculteurs sont obligés de
subir tout cela, et qu'on ne peut plus bénéficier de la Loi de
l'amélioration des fermes, parce que le ministère de
l'environnement ne peut plus distribuer les permis à cause des
difficultés auxquelles ils doivent faire face, fermons l'agriculture,
n'en parlons plus. (12 h 15)
II va falloir que quelqu'un se décide quelque part. Je ne vois
pas d'autre autorité que le ministère de l'Agriculture pour
prendre ses responsabilités dans ce domaine. C'est urgent qu'il le
fasse. C'est quand même assez ridicule de constater qu'un ou des
agriculteurs soient obligés de faire des pèlerinages au bureau du
député, parce qu'après cinq mois, six mois, sept mois
et j'ai même des dossiers où cela fait un an ils
attendent encore le remboursement de leurs subventions et ne peuvent pas avoir
leurs subventions, parce que les services de la protection de l'environnement
n'ont pas donné le feu vert au ministère de l'Agriculture et
à l'Office du crédit agricole. Il y a des limites. On veut une
agriculture au Québec ou on n'en veut pas. Si on en veut une, il va
falloir qu'on prenne nos responsabilités. L'agriculture est
livrée au chantage actuellement. Je n'ai pas de réponse...
M. Giasson: Vous acceptez, M. le ministre?
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit, est-ce
que le projet de loi no 13 est adopté sans amendement?
M. Roy: Sans amendement et sans réponse.
Le Président (M. Boucher): Je prie le rapporteur de faire
rapport auprès de l'Assemblée nationale.
Projet de loi no 14
J'appelle maintenant le projet de loi no 14, Loi modifiant la Loi
favorisant le crédit à la production agricole. M. le
ministre.
M. Garon: Cette loi a pour but d'augmenter le montant maximum des
prêts qui peuvent être consentis en vertu de cette loi. Elle
prévoit aussi que l'autorisation de l'Office du crédit agricole
doit être obtenue pour le consentement d'un prêt dans les cas et
les limites fixés par règlement. Elle élargit les fins des
prêts qui peuvent être consentis en vertu de la loi pour permettre
notamment que ces prêts puissent servir à défrayer toutes
dépenses courantes reliées à l'exploitation agricole de
l'emprunteur et, dans les cas, aux conditions ou suivant les limites
prévues par règlement, à défrayer les
dépenses afférentes au salaire ou aux frais de subsistance
c'est nouveau de celui qui doit assumer des dépenses et attendre
plusieurs mois avant de retirer des revenus, ou même des années,
dans certains cas. Il pourra emprunter ses dépenses de subsistance
pendant l'intervalle. Je pense aux producteurs de pomme de terre, aux
producteurs de boeuf. Ce projet permet également de rembourser au moyen
d'un nouvel emprunt le solde dû sur un prêt antérieur
consenti sous forme d'ouverture de crédit. Cela aussi est une
possibilité nouvelle.
Je pense bien qu'on peut commencer par l'article 1.
Le Président (M. Boucher): Article 1 ?
M. Garon: L'article 1 augmente de $50 000 à $100 000 le
montant total maximum d'un prêt qui peut être consenti à un
emprunteur en vertu de la loi, par une banque ou par une caisse
d'épargne et de crédit. Il prévoit qu'un même
emprunteur puisse obtenir plus d'un prêt à condition que le
montant du dernier prêt ajouté au solde dû sur tout
prêt déjà obtenu ne dépasse jamais le maximum
ci-dessus indiqué. Celui qui a eu un prêt de $20 000 ou de $40 000
et voudrait augmenter, pourra le faire, à condition que le total des
prêts ne dépasse pas $100 000.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Giasson: M. le Président...
M. Roy: On est toujours à l'article 1?
Le Président (M. Boucher): Oui...
M. Giasson: L'article 1...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... modifie l'article 3a de la Loi favorisant le
crédit à la production agricole. Est-ce qu'on n'a pas
songé, au moment de modifier l'article 3a, à enlever la
restriction qu'on retrouvait à l'article 3a, c'est-à-dire un
emprunteur qui a obtenu un ou plusieurs prêts dont le remboursement n'est
pas totalement effectué, ne peut en obtenir d'autres si cela est du
même prêteur.
M. Garon: C'est pour respecter le but de la Loi favorisant le
crédit à la production agricole, pas pour consolider des
dettes.
M. Giasson: Mais qu'est-ce qui empêcherait, toujours dans
le but de favoriser le crédit à la production agricole, un
cultivateur ou des cultivateurs en société de pouvoir emprunter
chez plus d'un prêteur, pour autant que le montant maximal prévu
dans la loi n'est pas dépassé?
M. Garon: Ce qui est logique dans tout ça, au fond, c'est
d'essayer d'avoir un dossier unique et suivi. Autrement, cela peut être
difficile de suivre le dossier de quelqu'un et les prêteurs...
M. Giasson: Je ne vois pas de... Surtout avec...
M. Garon: Les prêteurs eux-mêmes...
M. Giasson: ... la disposition nouvelle d'obtenir l'autorisation
que la société ou l'entreprise prêteuse doit, pour avoir
les garanties de la loi, obtenir l'autorisation, c'est que l'office peut
très bien établir une forme de contrôle pour qu'il n'y ait
pas de dépassement des montants maximaux de prêts prévus
dans la loi. Dorénavant...
M. Garon: Oui.
M. Giasson: ... même pour des prêts en vertu de la
Loi de la production agricole, si l'entreprise qui prête peut obtenir les
avantages des dispositions prévues dans la loi, il devra obtenir
l'autorisation d'abord s'il veut être certain que le prêt qu'il
fait va chercher les appuis, les garanties et la certitude que la loi met
à sa disposition.
M. Garon: Oui, mais ça, ce n'est pas ajouté par la
loi actuelle. Cela a été ajouté par les amendements de
1975. La loi actuelle ne change pas cet aspect. Pardon, c'était en 1974.
Cela a été amendé en 1974 pour ajouter le deuxième
alinéa de l'article...
M. Giasson: Oui, mais regardez à l'article 2, il est dit:
"L'autorisation requise aux fins du présent alinéa est
donnée par toute personne... " C'est-à-dire avant cela, à
l'article 2a, on remplace "l'avis de l'Office doit être obtenu" par
"l'autorisation".
M. Garon: Oui.
M. Giasson: C'est encore plus serré.
M. Garon: Oui, mais cela sera pour l'excédent des
prêts de $25 000. Ce n'est pas pour les prêts de moins de $25
000.
M. Giasson: Le montant de $25 000 apparaît dans la
réglementation et non pas dans la loi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'ai une question à poser au ministre de
l'Agriculture. Est-ce que tous les règlements auxquels il est fait
allusion seront publiés incessamment ou...
M. Garon: Non, mais après l'adoption des lois. Il
faut...
M. Cordeau: Bien sûr, mais pas longtemps après.
M. Garon: Non. Tout cela doit avoir force de loi en même
temps.
M. Cordeau: Mais cela sera publié incessamment.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est
adopté?
M. Roy: Adopté, quant à moi.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 2.
M. Roy: L'article 2 est toujours l'article qu'on retrouve dans
toutes les lois, l'autorisation de l'office doit être requise.
Au paragraphe a), il est dit ceci: "par le remplacement, dans les
deuxième et troisième lignes, des mots "l'avis de l'Office doit
être obtenu" par les mots "l'autorisation de l'Office doit être
obtenue' . Je n'ai pas à reprendre tous les propos que j'ai tenus et je
ne veux pas qu'on pense que je trouve incompétent l'Office du
crédit agricole. Au contraire. Mais je me pose, encore une fois, de
sérieuses questions. C'est un peu comme si, demain matin, dans la
province de Québec, on disait aux industries: Dorénavant, tout
prêt consenti à l'industrie par des institutions privées
devra avoir obtenu l'autorisation de la Société de
développement industriel. Ce serait joli.
M. Garon: Bien non. Ce n'est pas sérieux ce que vous me
dites là.
M. Roy: Non, je dis que ce n'est pas sérieux, mais pour
quelle raison la classe agricole...
M. Garon: Non, non. Un instant!
M. Roy: Pour quelle raison la classe agricole...
M. Garon: II ne faut pas dire... Je suis bien d'accord pour
entendre du charriage, mais pas trop. C'est un prêt qui est
subventionné pour l'intérêt. C'est un prêt garanti
par l'assurance-prêts. Le gars peut emprunter comme avant. Tout
agriculteur peut emprunter en dehors de ces lois. Dans le cadre de ces lois, il
est subventionné et il a des garanties. Il est normal qu'il y ait
certaines autorisations. Il n'y a pas un gouvernement, que je sache, en
Amérique du Nord et peut-être dans le monde occidental, qui donne
des garanties gouvernementales, qui assure des prêts sans avoir son mot
à dire dans le prêt. Je n'en connais pas. J'aimerais en
connaître.
M. Roy: Cela va en faire des autorisations à donner.
M. Garon: Oui, qu'est-ce que vous voulez? C'est mieux d'avoir une
autorisation et que...
M. Giasson: Vous êtes mieux de payer pour retirer certains
avantages.
M. Garon: C'est cela.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3.
M. Garon: C'est un mode de calcul qui est prévu par
l'article 3. Il n'y a pas de petits problèmes particuliers. Il s'agit
des prêts antérieurs, des prêts sous la nouvelle loi, et de
la façon dont le calcul doit se faire.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Picotte:
C'est le même principe. M. Giasson: Adopté, M. le
Président.
M. Garon: On a trouvé le principe dans des lois
antérieures.
Le Président (M. Boucher): Article 4.
M. Garon: L'article 4 élargit les prêts qui peuvent
être consentis en vertu de la loi pour permettre notamment que tel
prêt puisse servir à défrayer toute dépense courante
reliée à l'exploitation agricole de l'emprunteur et dans les cas
aux conditions suivant les limites prévues par règlement à
défrayer les dépenses afférentes à son salaire ou
à ses frais de subsistance. L'article permet également de
rembourser au moyen d'un nouvel emprunt le solde dû sur un prêt
antérieur consenti sous forme d'ouverture de crédit. Cela donne
des ouvertures nouvelles à l'agriculteur, des frais de subsistance et la
possibilité de se refinancer tout en remplissant ses prêts
antérieurs sous forme d'ouverture de crédit. Je pense que c'est
aussi avantageux pour les agriculteurs parce qu'ils ont de plus en plus, de
cette façon-là, comme des entreprises, des modalités de
financement. Les frais de subsistance, il ne faut pas négliger cela,
parce que c'est très important pour les agriculteurs, dans les
productions, je ne pense pas au lait, par exemple, où les revenus sont
réguliers, mais à des productions comme le boeuf...
M. Giasson: Le boeuf depuis trois ans. M. Garon: Le boeuf
redevient bon.
M. Giasson: II a été trois ans... Bonne chance
à celui qui avait comme activité agricole l'élevage du
bovin.
M. Garon: Avec un bon gouvernement, même les prix du boeuf
semblent redevenir bons.
M. Baril: La productivité a repris dans le boeuf.
M. Picotte: C'est la seule place.
M. Giasson: II y a eu tellement de producteurs qui ont
laissé aller ce type d'élevage que cela a créé la
rareté.
M. Picotte: Ne lâchez pas le boeuf, mais pensez au
chômage aussi.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: Ne vous concentrez pas seulement sur le boeuf.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Même El Cordobes veut venir s'essayer.
Le Président (M. Boucher): Article 4. Adopté. M.
Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5. M.
Giasson: Le toréador.
M. Cordeau: ... les prix du boeuf, mais seulement, surveillez
bien pour qu'il ne baisse pas, parce que, tantôt, ça ne sera
pas...
On vous donne le crédit, parce que vous êtes un bon
gouvernement, que le prix du boeuf augmente, mais organisez-vous pour qu'il
reste là, parce que s'il baisse, je vais vous dire...
M. Giasson: S'il baisse, ce ne sera pas grave, ce sera le
fédéral, comme toujours.
Le Président (M. Boucher): Article 5.
M. Garon: Le fédéral fait remonter la piastre. Il
disait que c'était mauvais, une piastre basse.
Le Président (M. Boucher): Fin de la
récréation. Article 5.
M. Garon: Article de concordance.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6.
M. Garon: Article de concordance.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 7.
M. Garon: Ce sont les dépenses pour l'application de la
loi.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 8.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 14, Loi
modifiant la Loi favorisant le crédit à la production agricole
est donc adopté sans amendement et je prie le rapporteur d'en faire
rapport à l'Assemblée nationale.
Nous sommes à l'heure d'ajournement, nous ajournons donc nos
travaux sine die. Possiblement que nous reviendrons ce soir à 20
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise des travaux à 20 heures)
Projet de loi no 15
Le Président (M. Boucher): La commission de l'agriculture
est de nouveau réunie pour étudier la loi no 15, Loi modifiant la
Loi favorisant un crédit spécial pour les producteurs agricoles
au cours de périodes critiques.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Léves-que
(Kamouraska-Témiscouata), M. Picotte (Maskinongé), M. Rancourt
(Saint-François) et M. Roy (Beauce-Sud).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Garneau (Jean-Talon), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Vaillancourt (Orford).
M. le ministre, article 1, projet de loi no 15.
M. Garon: Le projet de loi vise à autoriser des
prêts à certains producteurs c'est le projet de loi no 15,
Loi modifiant la Loi favorisant un crédit spécial pour les
producteurs agricoles au cours de périodes critiques qui peuvent
être sérieusement affectés par la discontinuation d'une
production désignée due à des causes qui ne sont pas de
leur volonté. Dans ces cas-là, qui ne sont pas prévus
actuellement dans la loi, on prévoit que ces prêts auront pour
objet de permettre au producteur de défrayer les dépenses
inhérentes à la conversion de son exploitation agricole, ainsi
que les dépenses essentielles reliées à ses frais de
subsistance, suivant les limites prévues par règlement et durant
le temps où sa nouvelle production ne lui permet pas d'y pourvoir.
Cela va permettre, au fond, d'aider le producteur affecté par des
productions discontinuées pour des raisons qui ne sont pas de son
contrôle. On a l'exemple, je pense que c'est venu ici, des producteurs
d'urine de juments gravides et on pourra dire, de telle façon, que les
producteurs de Saint-Boniface...
Des voix: Saint-Thomas-de-Caxton.
M. Garon: ... Saint-Thomas-de-Caxton auraient pu être
couverts par ce projet de loi s'il eût été adopté.
C'est pour couvrir les producteurs qui vont être obligés de faire
des transformations, suite à des désastres économiques,
des discontinuations de certaines productions, en dehors de leur
volonté.
M. Picotte: Une question d'ordre général...
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Maskinongé.
M. Picotte: ... en pratique, on a parlé tantôt des
producteurs de Saint-Thomas-de-Caxton, qui doivent s'orienter vers la
production d'asperges ou autre chose, on sait que ça prend deux ou trois
ans avant d'avoir une rentabilité. En pratique, cela voudrait dire quoi
exactement, pour ces gens-là? Vous parlez d'un prêt, à un
moment donné, des modalités... Est-ce qu'il y a prêt et
subvention? Est-ce que c'est uniquement prêt avec taux
d'intérêt?
M. Garon: Ce qu'il pourrait y avoir, par exemple, pendant la
période critique de recyclage, cela pourrait être un an. Dans les
asperges, cela pourrait être... Il faut une période, soit un an ou
deux ans, dépendamment du cas. Pendant cette période, il ne fait
pas de remboursement de capital, ni d'intérêts. La somme lui est
prêtée et servira à l'aider à s'organiser. Quand ses
remboursements commencent, il peut y avoir une prise en charge des
intérêts, dans une proportion de 50%, par exemple.
M. Picotte: Mais les intérêts ne courent pas durant
la période où il est en attente.
M. Garon: Cela peut prendre différentes modalités.
La loi ne prévoit pas toutes les modalités qui sont
prévues par règlement, parce que c'est tellement différent
d'une production à l'autre. Cela serait impossible de prévoir
cela dans une loi. C'est une loi-cadre et dépendamment du type de
production, il faut arriver à un règlement qui prévoit une
situation dans une production donnée.
On voudrait faire un amendement, par exemple, à l'article 1, pour
plus de précisions, en pensant au cas de Saint-Thomas-de...
M. Picotte: Vous pouvez peut-être nous donner les
explications de l'article 1, avec l'amendement et on va regarder cela.
M. Garon: L'article 1 dit: Modifier la définition de la
période critique, pour que celle-ci comprenne non seulement la
période au cours de laquelle se produisent des désastres
naturels, comme un cyclone ou quelque chose comme cela, mais comprenne
également la période au cours de laquelle la discontinuation
d'une production désignée due à des causes hors de la
volonté des producteurs affecte sérieusement un certain nombre
d'entre eux. C'est pour prévoir cela.
Je vais amender le texte qui est là, au paragraphe b) de
l'article 1. Si on pouvait le prendre comme il faut...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez votre
texte, M. le ministre?
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez le texte
de votre amendement?
M. Garon: Pour insérer, après les mots "d'une
production désignée", les mots "dans une région
désignée." Le texte se lirait comme suit: "La période au
cours de laquelle la discontinuation d'une production désignée,
dans une région désignée, due à des causes hors du
contrôle des producteurs affecte sérieusement un certain nombre
d'entre eux".
Pourquoi?
M. Picotte: Pour donner plus de précision, en
principe.
M. Garon: Oui. Par exemple, dans le cas des producteurs de petits
concombres à Saint-Tho-mas-de-Caxton, Catelli a ouvert une fabrique
à Saint-Hyacinthe. Elle va acheter des petits concombres dans la
région de Saint-Hyacinthe ou dans d'autres régions et cesse
d'acheter à Saint-Thomas. Il faudrait que la fabrique prévoie
couvrir les producteurs d'une région désignée, non pas
ceux de tout le Québec, à moins d'un désastre...
M. Picotte: À Saint-Hyacinthe, cela va bien fonctionner,
en principe; d'accord.
M. Garon: C'est le seul but de l'amendement. Remarquez bien que
la région désignée pourrait être toute la province,
mais il s'agira uniquement de couvrir les gens qui sont affectés.
M. Picotte: Vous avez parlé de cyclone tantôt. Si
cela passe, à ce moment-là...
M. Dubois: Un cyclone, est-ce que ce n'est pas couvert par
l'assurance-récoltes?
M. Garon: Non, le cyclone, c'est prévu par cette loi.
M. Dubois: Aussi.
M. Garon: On veut ajouter les désastres naturels et les
désastres économiques. C'est pour cela qu'on dit...
Le Président (M. Boucher): L'amendement sera-t-il
adopté?
M. Garon: Avez-vous bien compris l'amendement?
Le Président (M. Boucher): Oui. M. Garon: Dites-le
donc pour voir.
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
1 se lit comme suit: Le paragraphe b) de l'article 1 est amendé en
insérant, après les mots "d'une production désignée
", les mots "dans une région désignée".
M. Garon: Bon.
M. Picotte: C'est parce que le ministre a déjà eu
une mauvaise expérience avec le journal des Débats et il ne veut
pas que cela se répète?
M. Garon: En commission parlementaire, l'an dernier, sur un
projet de loi, l'amendement qu'on avait apporté ici n'avait pas
été rapporté fidèlement. C'est pour cela qu'il
avait fallu faire des changements en Chambre. Cela n'avait pas
été trop drôle.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Picotte: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est-il
adopté?
M. Picotte: Adopté. M. Dubois: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Tel qu'amendé. Article
2?
M. Garon: L'article 2 prévoit que les prêts qui
peuvent être consentis aux producteurs affectés par la
discontinuation visée au paragraphe d) de l'article 1 de la loi ont pour
objet de leur permettre de défrayer les dépenses
inhérentes à la conversion de leur exploitation agricole ainsi
que celles reliées à leurs frais de subsistance durant le temps
où la nouvelle production dans laquelle ils s'engagent ne permet pas d'y
pourvoir.
Le but est de permettre que les dépenses de conversion soient
couvertes et d'inclure aussi des frais de subsistance dans ces dépenses.
Si, par exemple, comme le disait le député de Maskinongé,
les producteurs de concombres se recyclaient pour produire des asperges, ils
n'auraient pas d'asperges, normalement, avant deux ans et, la troisième
année, on aurait une production. Évidemment, pendant ce temps, il
peut y avoir des frais de subsistance à obtenir et cela pourrait
être couvert.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que c'est aussi bon pour les
éleveurs de boeufs?
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Pour les éleveurs de boeufs?
M. Garon: Non, parce qu'il n'y a pas de continuation de
production dans le boeuf.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3?
M. Roy: L'article 3, c'est une prolongation du pouvoir de
réglementation.
M. Garon: Ce sont des concordances.
M. Roy: Cela donne quand même de l'extension au pouvoir de
réglementation?
M. Garon: On ne peut pas prévoir dans une loi comme
celle-là tous les types de production qui peuvent être
discontinuées; on ne peut pas prévoir cela. Selon les programmes
de conversion établis, les probabilités vont varier. Il est
impossible de prévoir toutes les hypothèses.
Le Président (M. Boucher): Article 3, adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher):Article 4?
M. Roy: À l'article 4, pourquoi les dépenses
encourues vont-elles être payées à même le Fonds
consolidé du revenu pour la présente année?
M. Garon: Parce que toutes les lois nouvelles fonctionnent de
cette façon.
M. Roy: Oui, mais vous avez eu votre...
M. Garon: Oui, mais on a des amendements. Ce n'est pas pour
prévoir l'application de la loi existante, on dit:"De la présente
loi", c'est-à-dire les dépenses afférentes aux
amendements. S'il y en a, elles n'ont pas été prévues.
M. Roy: D'accord.
M. Garon: On dit: Les dépenses encourues pour
l'application de la présente loi. La présente loi, ce sont les
amendements apportés.
M. Picotte: C'est la même chose, d'ailleurs, dans les cinq
lois qu'on a adoptées.
M. Garon: Dans les cinq lois...
Une voix: C'est normal.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Roy: C'est peut-être normal, mais je demandais des
explications quand même.
M. Picotte: On n'a pas d'objection. Le Président (M.
Boucher): Article 5?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Garon: Le député de Maskinongé dit qu'il
n'a pas d'objection.
M. Roy: Je n'ai pas de permission à lui demander.
M. Picotte: On n'a pas d'objection à ce qu'il pose des
questions. Cela ne nous regarde pas.
M. Roy: J'espère, et même si vous en aviez, cela ne
changerait pas grand-chose.
M. Picotte: On l'espère, M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je poserais des questions quand même.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 15, Loi
modifiant la Loi favorisant un crédit spécial pour les
producteurs agricoles au cours de périodes critiques, est donc
adopté. Je prie le rapporteur de bien vouloir faire rapport à
l'Assemblée nationale. Le projet de loi est adopté tel
qu'amendé.
Oui, M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, tout ce qu'on espère,
en terminant l'étude de ces six projets de loi, c'est que la
réglementation soit connue dans les plus brefs délais et qu'elle
paraisse dans la Gazette officielle pour que ces lois entrent en vigueur le
plus rapidement possible. En terminant, au nom de l'Opposition officielle, nous
voulons remercier les fonctionnaires présents, qui nous ont
été d'une grande utilité, ainsi que le ministre pour la
collaboration que nous avons obtenue.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Moi, de même,
j'aimerais remercier les fonctionnaires présents, ainsi que le ministre.
Je crois que ces six nouvelles lois seront très salutaires pour
l'agriculture et j'en suis très heureux. Je pense que ça va
être très bon et, comme le ministre le voulait, nous n'aurons plus
besoin du fédéral ici, au Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci. Si les lois sont très bonnes, comme on le
prétend et comme nous le souhaitons tous, il faudra que le ministre
prenne les mesures qui s'imposent pour qu'elles entrent en vigueur le plus
rapidement possible pour que les agriculteurs en bénéficient le
plus vite possible.
À mon tour, je veux remercier l'honorable
ministre, remercier le président de l'Office du crédit
agricole et ses collaborateurs, ainsi que vous-même, M. le
Président, qui avez su présider cette commission avec diligence
et impartialité.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député.
M. le ministre.
M. Garon: Je voudrais, M. le Président, remercier tous les
députés qui ont assisté aux séances que nous avons
eues pour étudier ces projets de loi article par article. Les
délibérations, je pense, ont été menées
assez rondement. On n'a pas eu de perte de temps, et j'espère qu'on a pu
répondre au meilleur de notre connaissance aux questions
soulevées lors de l'étude de ces projets de loi. Je voudrais
remercier les fonctionnaires qui ont pu constater aujourd'hui dans quel climat
on peut travailler à l'Assemblée nationale et à quel point
il fait chaud dans les bureaux de l'Assemblée nationale. Je les remercie
d'avoir assisté à ces trois séances. Je pense que c'est
une bonne chose, parce que, en même temps, ils voient, au fond, les
interrogations que les parlementaires se posent et, en même temps, par ma
voix, à l'occasion, j'ai peut-être exprimé les contraintes
administratives qui peuvent se présenter dans des lois qu'on voudrait
peut-être, souvent plus larges mais qui, pour des raisons
administratives, comportent certaines restrictions.
Je voudrais, encore une fois, dire que c'est le voeu de tout le monde.
Je pense que les députés de l'Opposition et ceux du gouvernement
également qui, dans leurs comtés, reçoivent des
observations de leurs commettants ou de leurs électeurs, sont toujours
à l'aise pour faire leurs représentations pour qu'il y ait le
plus d'équité possible dans l'application de ces lois, quand il y
a des cas qui, selon eux, doivent être révisés, où
il semble y avoir eu un traitement qui n'est pas équitable, pour que la
révision puisse être faite, tout en se rappelant également
que, dans 90% ou 95% des cas, les gens ont été satisfaits, mais
on entend rarement parler de ces derniers.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. En mon
nom personnel, je remercie tous les membres de la commission de leur
collaboration. La commission de l'agriculture ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 20 h 16)