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Etude du projet de loi no 90
(Onze heures vingt minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs! La
commission permanente de l'agriculture est réunie pour entendre, dans un
premier temps les mémoires des organismes et personnes invités
concernant la Loi sur la protection du territoire agricole.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lèves-que
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt (Saint-François), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) remplace M.
Brassard (Lac-Saint-Jean); M. Marcoux (Rimouski) remplace M. Charbonneau
(Verchères); M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Ver-reault (Shefford) remplace M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue); M. Mercier (Berthier), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Picotte (Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda).
A l'ajournement d'hier soir, nous en étions au mémoire de
la ville de Saint-Eustache et le mémoire avait été
résumé et lu.
M. Chevrette: C'était entendu, M. le Président,
hier, qu'il y ait encore cinq minutes, je crois, pour le résumé.
Je crois que c'était le consensus.
Le Président (M. Boucher): II y avait consensus. On
permettra encore cinq minutes à M. Bélisle pour compléter
son mémoire. Alors, M. Bélisle, je vous cède la parole
immédiatement.
M. Vaillancourt (Orford): II reste encore les notes
complémentaires à la page 46 à lire.
Le Président (M. Boucher): C'est cela.
Ville de Saint-Eustache (suite)
M. Bélisle (Guy): M. le Président, selon
l'essentiel de notre mémoire, comme je l'expliquais hier, on ne veut pas
être soumis à l'application de deux lois spéciales, la loi
no 48 et la Loi sur la protection du territoire agricole.
Nous étions rendus à la page 46 hier, les notes
complémentaires. C'est quand même très court et vous me
permettrez de les lire, ce matin, étant donné que cela
reflète exactement la position de nos cultivateurs dans le territoire de
Saint-Eustache, qui, en assemblée, étaient au nombre de 109.
La ville de Saint-Eustache espère ardemment que la demande
qu'elle a faite dans la première partie de son mémoire sera
agréée dans l'intérêt général de ses
concitoyens et notamment de ses producteurs agricoles.
La ville de Saint-Eustache est consciente que plusieurs intervenants ont
soumis et soumettront des mémoires intéressants sur le texte
même du projet de loi 90, aussi elle demande respectueusement à la
commission de formuler les brèves remarques suivantes.
Premièrement, par le projet de loi 90, le législateur n'a
porté son attention que sur le fonds de terre agricole, il ne s'est pas
attaché à la personne du producteur agricole. La ville de
Saint-Eustache souhaite très fortement que dans le domaine agricole
aussi, la personne passe avant toute chose. La ville de Saint-Eustache prie
respectueusement le gouvernement de prendre les mesures appropriées pour
rentabiliser les productions agricoles existantes et, notamment, pour ouvrir
des marchés sûrs et diversifiés aux producteurs agricoles.
Le projet de loi 90 voue de nombreuses terres à une nouvelle vocation
qu'elles n'avaient pas, la vocation agricole, sans pour autant que le
producteur agricole soit assuré d'un revenu suffisant.
Les nombreuses contraintes auxquelles le producteur agricole est
astreint par le projet de loi devraient être allégées; en
particulier, le producteur agricole devrait pouvoir continuer à jouir de
sa terre en liberté, notamment, dans l'intérêt de sa
famille tout entière qui y a passé sa vie. Toutes les mesures
devraient être prises pour que le producteur agricole assure sa
relève, notamment, par l'établissement de ses enfants sur la
ferme à des conditions autres que celles prévues dans le projet
de loi.
Le producteur agricole devrait également conserver son droit de
disposer de son bien dans son meilleur intérêt. Les
pénalités rigoureuses imposées par le dernier paragraphe
de l'article 106 devraient être retranchées; à notre point
de vue et également du point de vue des cultivateurs réunis, ces
pénalités sont injustifiables.
Concernant la commission spéciale créée par le
projet de loi 90, nous suggérons que cette commission soit formée
entre autres de représentants des municipalités qui sont les plus
près des citoyens et qui sont les mieux placés pour
connaître les problèmes et les solutionner. En effet, la
commission n'aura qu'un seul objectif: régir le zonage agricole, sans se
préoccuper, comme les municipalités devraient le faire, des
autres impératifs d'un plan d'aménagement rationnel. Ces
représentants devraient normalement venir de l'Union des
municipalités, de l'Union des conseils de comté et,
naturellement, de l'UPA.
La commission préconisée par le projet de loi et son mode
même d'opération créeront de sérieuses
difficultés aux municipalités à vocation urbaine. Leur
territoire ne pourra vraisemblablement être dégelé
qu'après plusieurs mois.
D'autre part, les pouvoirs de cette commission nous semblent absolument
exorbitants. Elle consulte seulement les municipalités pour
l'établissement du périmètre final du zonage agricole.
Mais c'est elle, la commission, qui va décider exclusivement et de
façon finale. Aucun appel n'est prévu des décisions de la
commission. Et, fort curieusement, la Cour supérieure est appelée
à faire observer les décisions de la commission, mais elle n'a
aucun contrôle sur celle-ci, contrairement aux
dispositions mêmes de notre régime juridique actuel.
Nous suggérons qu'un droit d'appel soit donné des
décisions de la commission et investi dans un pouvoir municipal
régional, ou entre les mains de la Commission municipale de
Québec. De plus, un délai devrait être stipulé,
pendant lequel la commission doit rendre ses décisions sur les demandes
qui lui sont soumises. Actuellement, il n'y a aucun délai
prévu.
Il nous paraît anormal que ce soit le gouvernement qui
établisse tous les règlements relatifs au projet de loi 90, y
compris les règles de régie interne de la commission et les
règles de pratique et de procédure de celle-ci.
L'article 95 nous paraît injuste et discriminatoire. Il consacre
en fait le principe d'une expropriation déguisée, sans
indemnité, ce qui est absolument contraire aux notions fondamentales du
droit de propriété que la province de Québec connaît
depuis toujours. Dans le régime municipal actuel, tout changement de
zonage est sujet au contrôle des citoyens par voie de
référendum et au contrôle du ministère des Affaires
municipales.
Enfin, le législateur devrait prévoir un mécanisme
d'indemnisation valable pour tous les propriétaires de biens fonciers de
bonne foi et affectés directement par le projet de loi.
Le tout, respectueusement soumis à la commission par la ville de
Saint-Eustache.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Bélisle.
J'inviterais maintenant le député de Deux-Montagnes, au nom du
ministre, à poser les questions du côté
ministériel.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir d'accueillir mon maire, accompagné ce matin de cinq autres
représentants de la ville de Saint-Eustache. Hier soir, ils
étaient trois en tout, maintenant ils sont six en tout. Je suis heureux
de les accueillir ici alors qu'ils présentent un mémoire qui a
été préparé avec grand soin.
Je les félicite du soin apporté à la
préparation de ce mémoire dans lequel on trouve des affirmations
qui ne peuvent que nous réjouir, par exemple, au bas de la page 2,
où la ville de Saint-Eustache se déclare entièrement
d'accord avec le but visé par ce projet de loi. Comme si la ville de
Saint-Eustache avait lu un éditorial récent de M. Yvan Guay, dans
la Presse, elle ajoute je dis: comme si, je ne sais pas si elle l'a lu
Par le présent mémoire, elle espère vous convaincre
qu'il ne s'agit pas là de la formulation d'un énoncé poli
pour pouvoir ensuite le détruire par une série de
réticences, mais bien qu'elle a déjà agi, de façon
positive, réaliste et concrète, dans l'esprit dudit projet de
loi. (11 h 30)
M. le Président, je ne mets pas en doute les intentions de la
ville, mais j'ai, quant à moi, l'intention de mettre devant la
commission un certain nombre de faits à partir desquels nous pourrons
nous interroger sur la mesure dans laquelle les dispositions prises par la
ville de Saint-Eustache, dans le cadre qu'elle a décrit,
résistent effectivement à une urbanisation qu'on pourrait juger,
selon les points de vue, excessive ou non excessive, mais, de toute
façon, une urbanisation qui porte atteinte au territoire agricole.
Le mémoire n'a pas seulement une importance particulière,
quant à moi, parce qu'il s'agit de la ville de Saint-Eustache,
principale ville de mon comté. Il a une importance pour une
région plus grande, puisqu'il met en cause tout le travail
d'aménagement du territoire qui a résulté des travaux de
SATRA, le Service d'aménagement du territoire de la région
aéroportuaire, et ce que la ville de Saint-Eustache demande, en fait,
c'est de continuer d'être couverte par ce régime
d'aménagement du territoire plutôt que d'être couverte par
la nouvelle Loi sur la protection du territoire agricole.
Au bas de la page 12, on peut lire, dans le mémoire de la ville
de Saint-Eustache, là où il est question de la partie sud de la
région aéroportuaire: "De cette analyse, il ressort que la partie
est du secteur il s'agit de la partie est du secteur sud est la
plus productive au point de vue agricole et qu'elle se distingue par des
productions hautement spécialisées. Le schéma directeur
des structures verra à protéger le patrimoine agricole, notamment
contre la pression exercée par l'urbanisation dans Saint-Eustache et
dans certaines parties de Saint-Joseph-du-Lac ".
C'est là-dessus que je voudrais m'efforcer de démontrer
que, bien que ce schéma d'aménagement existe et que les plans
directeurs de toutes les municipalités existent, ces dispositions ne
procurent pas au territoire agricole dont je viens de lire un extrait du
mémoire qui indique qu'il s'agit d un territoire agricole de grande
valeur une protection suffisante.
Dans le mémoire, on signale que lincinérateur
régional et le parc industriel, qui est également régional
et qui est situé à Saint-Eustache, se trouvent en territoire
maintenant protégé. On pourrait en dire autant des pistes de
l'aéroport de Mirabel qui sont également en territoire
protégé. Je pense qu'il s imposera à l'évidence que
le gouvernement ni la commission ne souhaiteront mettre les béliers
mécaniques dans les pistes de l'aéroport, et par la même
logique, il s'imposera à l'évidence que lincinérateur
régional va demeurer et que le parc industriel de la région sud
va également demeurer. Si les autorités compétentes, en
particulier la ville de Saint-Eustache, souhaitent, par exemple, un
agrandissement de ce parc industriel, ces autorités n'auront qu'à
faire valoir leur point de vue auprès de la nouvelle commission.
A la page 29 du mémoire de la ville de Saint-Eustache, je cite:
"En somme, il s'agit d'une heureuse synthèse d'une urbanisation
progressive de la ville de Saint-Eustache, en accord avec sa vocation
spéciale et du développement rationnel de ses meilleures terres
agricoles."
C est là-dessus que j'ai des doutes à savoir si les
projets établis dans le cadre du schéma d'aménagement de
la région aéroportuaire prévoient, effectivement, comme
l'affirme la ville de Saint-
Eustache, le développement rationnel de ses meilleures terres
agricoles. Je me demande si nous n assistons pas plutôt à une
urbanisation qui continue, une urbanisation progressive, qui se situerait, pour
reprendre l'expression que M. Moreau, le président de l'Union des
conseils de comté, a employée hier, "dans une certaine
nébulosité". Le mot n'est pas de moi, il est de M. Moreau. Ce
dernier parlait de ce qui se passe quant à l'affectation à
l'agriculture ou à d autres formes de développement de certaines
terres situées près des villes.
Dans la partie de Saint-Eustache qui se trouve au sud de l'autoroute 640
et qui, par conséquent, ne tombe pas sous le coup de la nouvelle loi,
selon des renseignements qui m'ont été fournis par la ville de
Saint-Eustache elle-même, il reste près de 1000 terrains à
vendre ce qui indique qu'il n'y a pas une crise immédiate pour ceux qui
auraient besoin de se bâtir des maisons.
J'ajouterais, d'ailleurs, que même s'il est normal de souhaiter la
croissance, il faut comprendre que la croissance doit être rationnelle
pour reprendre un mot qui est employé dans ce mémoire
elle doit correspondre principalement aux besoins de Saint-Eustache et
des environs immédiats. Constatant que, selon les statistiques, 75% des
résidents de Saint-Eustache qui travaillent en dehors de la maison ont
un emploi en dehors de Saint-Eustache, je me demande dans quelle mesure la
construction d'habitations à Saint-Eustache répond à une
demande locale et sous-régionale et dans quelle mesure, d'autre part,
elle correspondrait plutôt au dépeuplement d'autres secteurs y
compris Montréal, dépeuplement que le gouvernement, comme tout le
monde le sait, ne considère pas souhaitable. C'est un
phénomène qui a souvent été expliqué,
notamment par le ministre des Affaires municipales, M. Tardif, qu'à
mesure que Montréal se dépeuple, les déficits du
métro augmentent, on ferme des écoles et, pendant ce
temps-là, on est forcé de faire des routes, de fournir des
services dans une banlieue dont la croissance ne correspond peut-être pas
à ses besoins propres.
A la page 31, la ville de Saint-Eustache affirme que le
législateur raie d'un trait de plume les années d'efforts et de
concertation de la ville de Saint-Eustache. M. le Président, je crois
que cette affirmation va au-delà de la réalité; ce qui
arrive, c'est que le législateur remplace une loi par une autre. La
ville de Saint-Eustache ne sera pas soumise à deux lois contradictoires
ou à deux lois entre lesquelles il faudra qu'elle cherche difficilement
à trouver sa place. La ville de Saint-Eustache va être soumise
à la loi 90 et pour ce qui est de l'héritage de SATRA, pour ce
qui est du schéma d'aménagement existant, il n'en tiendra qu'aux
autorités compétentes de faire valoir, dans toute la mesure du
possible, l'idée que tous les éléments positifs de ce
schéma d'aménagement doivent être retenus. On peut
prévoir que la commission se mettra d'accord pour incorporer ces
éléments valables à l'aménagement de la
région.
Pour résumer ce point de conflit supposé entre deux lois,
ce que nous faisons, ce n'est pas de rayer d'un trait de plume, c'est de
conserver ce qui a été fait de bien et d'améliorer parce
que, dans le schéma d'aménagement résultant des travaux du
SATRA, à mon avis, il y a des failles. Pour employer une image, si cet
organisme doit freiner une urbanisation excessive, à mon avis, le frein
est trop mou et quand le frein est trop mou, vous savez ce qu'on fait, on le
change. Alors, le projet de loi 90 est un frein un peu plus dur,
raisonnablement dur.
A la page 32, la ville de Saint-Eustache cite le projet de loi, à
l'article 98 c'est au bas de la page 31 L'article 98 du projet de
loi stipule ce qui suit: "La présente loi prévaut sur toute
disposition inconciliable d'une loi générale ou spéciale
Je pense qu'il est important de tenir compte du mot inconciliable
"... applicable à une communauté, à une corporation
municipale ou à une corporation de comté." Je continue la
citation de la loi qui se trouve dans le mémoire de la ville de
Saint-Eustache: "Elle prévaut également sur toute disposition
incompatible..." il faut tenir compte du mot incompatible "...
d'un schéma d'aménagement, d'un plan directeur ou d'un
règlement de zonage, de lotissement ou de construction."
Je pense qu'il est clair que le projet de loi 90 ne raie pas d'un trait
de plume, il apporte un soutien additionnel à tout ce qui a
déjà été fait de valable.
A la même page 32,la ville de Saint-Eustache fait état de
ce qu'elle appelle une perte de juridiction du conseil sur environ 84% de son
territoire. Le projet de loi 90 ne prévoit pas que la
municipalité perd la juridiction, le projet de loi prévoit que,
pour ce qui est du territoire agricole, la juridiction de la
municipalité sur son territoire agricole devra être exercée
avec l'assentiment de la commission. Ce n'est pas une perte de juridiction.
A la page 36, et je cite: Alors que la ville par ses textes
législatifs protège actuellement 160 terres pour fins agricoles,
le projet de loi 90 ajoute inutilement environ 40 autres terres qui n'ont
aucune vocation agricole, mais bien une vocation urbaine, ce qui a pour effet
de compromettre de façon très grave le développement de
l'ensemble des municipalités vis-à-vis des objectifs que ses
citoyens se sont fixés." A propos de ce texte que je viens de citer, M.
le Président, ce que je mets en doute, quant à moi, c'est
à savoir si les 40 terres dont il s'agit ici ont vraiment une vocation
urbaine. Il serait peut-être intéressant de découvrir dans
quelle mesure ces terres sont, à l'heure actuelle, livrées
à la spéculation.
A la même page, on parle de l'expansion du parc industriel dont on
dit qu'elle est arrêtée. J'ai déjà dit, M. le
Président, que les possibilités d'agrandissement du parc devront
tout simplement obtenir l'assentiment de la commission.
A la page 38, ou au bas de la page 37, la citation commence au bas de la
page 37: Actuellement, en effet, les terres qui sont détenues pour des
fins autres qu'agricoles, dans ce secteur, sont
évaluées, selon la Loi sur l'évaluation
foncière, à leur valeur réelle, c'est-à-dire
à leur valeur du marché qui, dans la ville de Saint-Eustache, est
un marché autre que pour fins agricoles." M. le Président, il me
paraît clair qu'on décrit ici la spéculation.
A la page 39, M. le Président, nous revenons à
l'expérience de Mirabel et je cite le mémoire: "Le
développement de l'aéroport de Mirabel ne fera que s'accentuer
dans les prochains mois. Les journaux récents font état de cette
réalité prochaine". M. le Président, je m'étonne,
de la part de personnes d'expérience comme celles qui
représentent devant nous la ville de Saint-Eustache, de cette
facilité à croire dans les mirages de Mirabel. Je crois que ce
qui a paru dans les journaux récemment, ce n'est pas, comme nous le dit
la ville de Saint-Eustache, une réalité prochaine; Je pense que
c'est du coulage préélectoral. Le gouvernement du Québec
n'a pris connaissance, à propos de cette question, d'aucun engagement
concret. C'est le piétinement le plus complet qui continue et il y a eu
du coulage préélectoral dans ce secteur comme dans d'autres.
Je pense que des dirigeants responsables à tous les paliers
d'administration et le gouvernement doivent éviter d'entretenir des
illusions dans la population. Je pense qu'il faut être réaliste et
si, d'autre part, il doit y avoir un développement considérable
résultant du développement de l'aéroport de Mirabel, il ne
faut pas oublier, M. le Président, que la zone sud dans le secteur
aéroportuaire n'est pas la seule zone de ce secteur et que d'autres
zones figurent dans le schéma d'aménagement. Je veux faire
allusion en particulier, M. le Président, au faveux projet de
centre-ville à Saint-Augustin, localité située dans la
municipalité de Mirabel, et je veux faire allusion également au
fameux PICA, pare industriel et commercial aéro-portuaire, pour la
réalisation duquel le gouvernement du Québec a déjà
investi des sommes considérables qui se chiffrent par millions et
où il n'existe pas encore une seule industrie. Je veux bien que le parc
industriel de la zone sud se développe, mais il faudra aussi voir
à ce que le parc industriel qui s'appelle PICA, non pas se
développe, mais naisse, prenne naissance un jour. Je vais, comme
député de Deux-Montagnes, voir à favoriser les deux
développements, le développement du parc industriel situé
à Saint-Eustache, mais aussi le développement de PICA,
conformément au schéma d'aménagement. (11 h 45)
A la page 47, pour en venir à l'ajout au mémoire, il y a
une citation devant laquelle nous ne pouvons que nous incliner, "la personne
passe avant toute chose", à partir de cette affirmation la ville de
Saint-Eustache nous dit: "La ville de Saint-Eustache prie respectueusement le
gouvernement de prendre les mesures appropriées pour rentabiliser les
productions agricoles existantes, notamment pour ouvrir des marchés
sûrs et diversifiés aux producteurs agricoles." C'est exactement
ce que nous sommes en train de faire, M. le Président, par des mesures
qui, évidemment, ne figurent pas dans la loi 90.
Les représentants de Saint-Eustache étaient
présents hier, quand le mémoire de l'UPA, Union des producteurs
agricoles, a été présenté et discuté. Ils
ont pu constater, d'une part, que l'UPA compte fermement que le gouvernement
donne suite à ses engagements quant à la rentabilité de
l'agriculture; vous avez pu constater, d'autre part, que la commission, dans
son entier, est consciente de cette question fondamentale, tout aussi
fondamentale que celle de la protection du sol et que le gouvernement maintient
tous les engagements qu'il a pris à propos de la rentabilité de
l'agriculture.
A la page 48, après une allusion à la relève
agricole, il est bien sûr que nous sommes tous en faveur de toutes les
mesures pouvant faciliter la relève agricole. Le mémoire de la
ville de Saint-Eustache ajoute: "Le producteur agricole devrait
également conserver son droit de disposer de son bien, dans son meilleur
intérêt."
M. le Président, ces mots, "dans son meilleur
intérêt", me laissent perplexe. Est-ce que le meilleur
intérêt, ici, doit primer la nécessité de
protéger le sol agricole du Québec? Est-ce que le meilleur
intérêt, ici, se mesure purement en dollars? J'ai des doutes, M.
le Président, quant au sens et au bien-fondé de cette
affirmation.
M. le maire de Saint-Eustache, en donnant lecture de l'ajout au
mémoire, ce matin, a fait ce qu'il a parfaitement le droit de faire, des
ajouts. Je tiens à vous les signaler, M. le Président, afin que
les membres de la commission soient au courant de ces ajouts. Ainsi, au milieu
de la page 49, là où on peut lire, dans le texte qui nous a
été remis: "Ces représentants il s'agit des
représentants au sein de la commission devraient normalement
venir de l'Union des municipalités et de l'Union des conseils de
comté", ce à quoi M. le maire a ajouté: "et naturellement
à l'UPA". Bon. Je pense que nous pouvons marquer notre accord avec la
bonne intention que reflète cet ajout.
A la page 50, il y a une allusion au droit d'appel. Les
représentants de Saint-Eustache, hier, ont pu constater que cette
question est en discussion, les discussions, sûrement, continueront. A la
page 51, on fait allusion à l'idée d'une indemnisation des
producteurs agricoles. Les représentants de Saint-Eustache ont pu
constater, hier, que l'Union des producteurs agricoles, dont peu de gens
mettent en doute la représentativité, ne s'est elle-même
pas ralliée à cette idée, qu'elle a choisi une autre
solution.
M. le Président, hier, justement lorsque M. Couture, le
président de l'UPA, a répondu aux questions des membres de la
commission, il a déclaré qu'à son avis, les
municipalités sont en conflit d'intérêts quand il s'agit de
protéger le territoire agricole. Je pense qu'une question que nous
pouvons nous poser aujourd'hui, c'est si nous avons devant nous des protecteurs
du sol agricole ou des protecteurs de l'urbanisation.
Beaucoup de gens croient que les municipalités ont partie
liée avec l'urbanisation. Il se peut, M. le Président, que ce
soit le cas de Saint-Eustache. Pour que nous puissions examiner cette question,
je vais faire allusion à un certain nombre de
documents publics. J'ai mentionné des renseignements de nature
publique. On ne pourra donc pas me le reprocher, puisque ce sont des documents
de nature publique.
Par exemple, j'ai devant moi copie des lettres patentes d'une entreprise
qui s'appelle "Les Jardins Rive Nord Inc. ' données et scellées
à Québec le 1er mars 1976. Il y a les noms de trois
requérants dont le premier est Guy Bélisle, notaire, 124 Grande
Côté, Saint-Eustache et les deux autres noms sont des noms de
femmes. On donne comme profession, secrétaire.
Je crois comprendre que cette maison "Les Jardins Rive Nord Inc."
possède des propriétés dans le territoire qui se trouvent
au nord de l'autoroute 640, donc maintenant protégé...
M. Lavoie: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Bien gentiment, est-ce que je peux intervenir, M. le
ministre, sur une question de règlement? D'accord? Mettez votre
arrogance de côté et laissez... Le règlement, cela
existe.
M. Garon: L'arrogance, c'est une prérogative du Parti
libéral, vous savez.
M. Lavoie: Je pense bien que votre "bulldo-zage", cela va
faire!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Question de règlement. M. Garon: On ne
"bulldoze" personne. M. Lavoie: Je la pose au président.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Laval, sur votre question de règlement.
Une Voix: Ne soyez pas arrogant.
M. Lavoie: Est-ce qu'il est de coutume, dans ce Parlement et dans
une commission parlementaire, de se prêter à ce genre de
procès sur les activités personnelles d'un témoin, maire
d'une municipalité, sur ses activités personnelles ou
professionnelles je crois que Me Bélisle est notaire du
fait qu'il ait été l'un des requérants sur des lettres
patentes d'une incorporation d'une compagnie?
M. le Président, est-ce que l'on va faire de la
personnalité sur les témoins? C'est une espèce de menace
qu'on fait aux témoins, une intimidation. Je vous demande votre opinion,
M. le Président. Qu'est-ce que cela a à faire, les
activités d'un notaire, maire d'une municipalité, avec
l'étude du projet de loi 90? Si on descend à ce niveau-là,
M. le Président...
M. Picotte: Cela a commencé hier.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais dire un mot.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, sur la question
de règlement.
M. Garon: Ce dont il est question ici, c'est de protection du
territoire agricole, de spéculation et de possibilité de conflit
d'intérêts. Je pense que nous sommes exactement à 100% dans
la pertinence du débat. Si le député de Laval veut
défendre des positions, il a le droit de le faire. Je pense que le
député de Deux-Montagnes a le droit de défendre l'inverse
de la spéculation lui aussi.
M. Lavoie: Oui. M. le Président, certainement, sur cette
question, le débat est ouvert sur la protection des terres agricoles,
sur toutes les implications, soit d'usage abusif de terrains, soit de
spéculation. Ce débat est ouvert et c'est tout à fait
à propos.
Mais ce dont je vous parle, c'est d'un témoin, notaire de
profession, maire démocratiquement élu d'une municipalité,
lorsqu'on traite de ses activités personnelles parce qu'il a
été requérant pour obtenir des lettres patentes. Vous
savez qu'un notaire a le droit, soit à titre personnel ou pour des
clients, d'être un requérant pour obtenir des lettres
patentes.
M. de Bellefeuille: Sur la question de règlement, M. le
Président.
M. Lavoie: Je pense que...
Le Président (M. Boucher): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Sur cette question, est-ce qu'on va s'abaisser
à faire le procès des témoins?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes, sur la question de règlement.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je ne nie en aucune
façon le droit de quiconque de poser des actes, chacun selon sa
compétence. Ce n'est pas du tout en cause. D'autre part, je ne fais le
procès de personne, mais je crois qu'il y a certains faits publics qui
sont pertinents au débat, dans la mesure où ils pourraient
démontrer qu'une municipalité pourrait être encline
à favoriser l'urbanisation plutôt qu'à favoriser la
protection du sol agricole.
Je pense que les faits que je cite, que j'ai commencé de citer,
comme l'a dit le ministre, sont très pertinents.
M. Lavoie: Bon! Votre décision, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, MM. les membres de la commission, à sa
face même, le document que le député de
Deux-Montagnes présente est un document public. Si c'est un document
public, je crois bien qu'il peut en citer les passages qui sont pertinents au
débat actuel. Je ne vois pas, à priori, ce qui peut porter
atteinte aux membres ou aux invités qui sont ici si le nom est inscrit
comme professionnel dans un document public.
M. Lavoie: M. le Président, je respecte votre
décision. Je vais laisser la parole au député de
Deux-Montagnes, s'il veut continuer dans cette indécence. Libre à
lui de le faire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Le document
suivant est une copie des lettres patentes de Place Duchesne, Saint-Eustache
Ltée, à la requête de Guy Bélisle, notaire. Je ne
mentionnerai pas les autres noms. Deux des autres noms portent également
la mention, comme profession, de secrétaire. Je crois que Place
Duchesne, Saint-Eustache Ltée est également propriétaire
de terres agricoles au nord de la 640, dans les limites de la ville de
Saint-Eustache.
Ensuite, il y a les lettres patentes d'une entreprise qui s'appelle les
Investissements Eurypon Inc. Ces lettres patentes mentionnent, comme
requérants, quatre femmes dont la profession dans les quatres cas est
indiquée comme étant celle de secrétaire. A propos des
Investissements Eurypon Inc., vendredi dernier, le 1er décembre,
à 12 h 40, a été déposé au bureau
d'enregistrement du comté de Deux-Montagnes un acte de fiducie
notarié par Me Guy Bélisle stipulant que la Fiducie populaire
effectuera un prêt de $10 millions, à 13%, pendant vingt ans,
déboursé en tranches de $1 million à l'Entreprise Eurypon
Inc. L'acte fait mention du fait que ces terres sont présentement
protégées par la loi 90. La Fiducie populaire est
représentée ici par deux personnes dont le gérant de la
Caisse populaire de Saint-Eustache.
A partir de ces faits, je crois que nous avons le droit de nous demander
si le maire aurait laissé entendre au notaire qu'il y aurait des
possibilités de changement de zonage. Je pense que nous avons le droit
de nous demander si la municipalité de Saint-Eustache est encline
à favoriser l'urbanisation plutôt que la protection du territoire
agricole. Je pense que nous avons le droit de nous demander si certaines
personnes dans l'administration de Saint-Eustache ont pu, à certains
égards, commettre certaines imprudences. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, je suis estomaqué un
peu de cette...
Le Président (M. Boucher): Intervenez-vous
immédiatement ou ne serait-il pas préférable de laisser M.
le maire Bélisle répondre à toutes les interrogations que
le député de Deux-Montagnes a posées?
M. Lavoie: Je ne le sais pas, comme vous le désirez.
M. Bélisle: M. le Président, est-ce que j'aurai au
moins le même temps pour répondre?
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. Bélisle, on
n'est pas limité actuellement dans le temps.
M. Bélisle: Franchement, je n aurais jamais pensé,
en venant ici, que mon pire détracteur serait mon député,
d autant plus que les exemples qu'il a mentionnés se rapportent à
ma stricte vie professionnelle et que je n'ai en aucune façon... Si
jamais les accusations allaient plus loin, je demande qu'une enquête soit
faite là-dessus, parce que c'est réellement de très bas
étage que daller chercher des requérants dans une incorporation.
Si vous voulez le savoir, je suis aussi requérant dans des centres
commerciaux de la rive sud. Je suis requérant dans des magasins de
coupons, je suis requérant dans des garages qui se sont
incorporés. Pour la facilité de la pratique M. le
ministre, vous êtes avocat, vous allez le comprendre ce qu'on fait
lorsque quelqu'un nous demande une incorporation, c est qu'on signe
nous-mêmes à titre de requérants, la requête
adressée au ministère des Institutions financières et on
demande à nos secrétaires ou à quelqu'un du bureau de
compléter, parce que cela prend trois personnes. (12 heures)
Pour les Jardins Rive Nord, je n'ai d'aucune façon, ni de
près ni de loin, eu rapport avec cette compagnie ou eu des
intérêts dans cette compagnie. C'est un type qui est venu me
demander de faire une incorporation. Si vous en avez plusieurs, c'est parce que
je me suis un peu spécialisé dans ce domaine. Aux Jardins Rive
Nord, c'est la raison pour laquelle vous voyez mon nom là-dessus. A
Place Duchêne, c'est vrai, j'ai déjà été
copropriétaire de cette compagnie. Il s'agissait, en plein centre de la
ville de Saint-Eustache, d'un entrepôt qui avait servi autrefois pour
l'entreposage de fruits et légumes, qui a déjà appartenu
à M. Gaétan Barde. A un moment donné, cela a
été vendu à un monsieur qui devait importer de la viande
en plein milieu de la ville de Saint-Eustache, avec des "frigidaires" et tout
ce que cela peut constituer de désagréments, et avec comme seule
source pour envoyer les déchets, la rivière du Chêne. Au
moment où on a appris cet état de choses, j'étais malade,
c'est vrai. J'ai passé une fin de semaine à essayer de trouver
des personnes dans Saint-Eustache pour réunir un groupe et éviter
que cet entrepôt serve pour ce genre de commerce. J'en ai trouvé
huit ou neuf. On a acheté la bâtisse, quelques jours après,
avec $80 000 de profit pour celui qui l'avait achetée quelques jours
avant, pour éviter aux gens de Saint-Eustache d'être
obligés de subir cela.
Là-dessus, on a construit un immeuble à
bureaux. On n'a jamais été capables de faire nos frais. Il
a fallu qu'on vende avec une perte de $35 000 par personne. Ce n'est
qu'après que cette compagnie a commencé à acheter des
terres. Je n'ai jamais participé à cette compagnie au moment
où elle a acheté des terres.
En ce qui concerne la compagnie Investissements Eurypon, ce n'est
même pas moi qui ai fait l'incorporation. Pour autant que je sache, mais
c'est sous toute réserve, c'est Me Vineberg. Me Vineberg doit suivre
également, je suppose, la même pratique que tous les bureaux
d'avocats et de notaires qui font des incorporations. Il demande à ses
secrétaires de compléter le bureau de requérants
provisoires.
En ce qui concerne l'acte de fiducie de $10 millions, je me demande si
ma fonction de maire m'empêche de passer un acte de fiducie, d'autant
plus que le mandat pour cet acte de fiducie remonte à plus d'un an,
d'autant plus que cet acte de fiducie devait être administré par
une compagnie, un trust de langue anglaise. Je n'ai rien contre cela, mais j'ai
essayé, à titre de notaire, de privilégier une
société qui venait tout juste de naître, la Fiducie
populaire, qui est la nouvelle compagnie de fiducie des caisses populaires. Je
pense bien qu'on est quand même assez fier de nos caisses populaires et
moi aussi. J'ai essayé de les convaincre, parce qu'il s'agissait de
personnes étrangères qui empruntaient et qui prêtaient, de
choisir une institution canadienne-française pour administrer l'acte de
fiducie et j'ai réussi. Cela se trouve à être le premier
contrat qui a été donné à la Fiducie populaire.
Si le député de Deux-Montagnes trouve que cela n'est pas
correct, je suis fier de ne pas être correct; si j'ai pu
privilégier une institution canadienne-française, on travaille
assez pour accéder à notre promotion que c'est un pas de plus. Je
ne le regrette pas du tout.
Vous avez souligné avec raison, M. le député, que
j'ai bien fait inclure dans le contrat, à titre de notaire toujours, que
ces terres se trouvaient sous l'application de la loi 90. A ma connaissance, la
loi 90 ne nous empêche pas de passer des actes d'hypothèque ni de
fiducie, et ce n'est que dans cette perspective.
Je me demande jusqu'ici c'est pour cela que je trouve que le
débat s'est transposé à un étage absolument
inimaginable pourquoi, tout à coup, je suis obligé de
justifier des actes qui n'ont en eux-mêmes rien de
répréhensible.
M. le Président, c'est tout pour ce qui concerne ma justification
personnelle.
Est-ce que je peux continuer mes remarques?
Le Président (M. Boucher): Allez-y sur le reste.
M. Bélisle: Pour ce qui concerne le respect du plan
d'aménagement, il faut dire ici, pour la compréhension de toute
la commission, que la philosophie de mon député n'est pas la
mienne et que, pour ce qui concerne la philosophie de développement,
nous vivons dans un milieu où il y a énormément de jeunes.
Il y a deux polyvalentes dans le territoire du grand Saint-Eustache, il y a un
CEGEP, il y a plus de 57% de la population de moins de vingt ans. A un moment
donné, il va falloir les faire travailler, il va falloir donner à
ces jeunes les moyens de ne pas être obligés d'aller chercher
ailleurs ce qu'ils pourraient trouver aux environs. Or, le territoire a
l'avantage d'être dans l'environnement de Mirabel, sans
privilégier une urbanisation extrêmement rapide, il reste quand
même que la ville de Saint-Eustache se développe à un
rythme qui correspond aux tendances naturelles, c'est-à-dire qu'on ne
fait, en tant que ville, aucune publicité indue qui pourrait inciter les
gens à venir résider particulièrement à
Saint-Eustache. Cela doit être parce qu'on a quelque chose de
spécial, s'ils viennent, mais ce n'est pas la ville qui,
nécessairement, fait une publicité dans ce sens.
Il ne faut pas oublier, non plus, que la ville de Saint-Eustache se
trouve, pour les sept ou huit municipalités environnantes, un centre de
services et, comme centre de services, elle doit se doter de certaines
infrastructures qu'une autre ville n'est pas obligée de se donner. Ces
infrastructures commandent nécessairement un certain
développement; un développement qui devrait être
harmonisé j'en conviens autant sur le plan industriel et
commercial que sur le plan résidentiel. Cependant, je tiens à
vous dire que nous avons eu à ce jour je ne veux pas mentionner
de nom des entreprises d'envergure et nous sommes en négociation
avec une autre et les raisons qui incitent les industries à venir chez
nous, d'abord, c'est une abondance de main-d'oeuvre, c'est également une
constante de taxes parce que la ville n'a quand même pas subi des
variations de taxes énormes durant les dernières années et
c'est également un plan d'aménagement intégré, plan
d'urbanisme que la ville a toujours voulu suivre à la lettre.
En ce qui concerne le site de l'incinérateur régional et
le parc industriel, nous savons qu'il n'est pas question de déplacer
l'incinérateur régional, pas plus que le parc industriel.
Cependant, en ce qui concerne le parc industriel, il restera toujours, à
moins que je n'obtienne la preuve du contraire, que la terre voisine du parc
industriel est zonée agricole et que si la commission le veut, elle peut
décider qu'elle restera toujours zonée agricole et on perdrait
là une juridiction qui devrait nous appartenir en propre. Il y va du
développement industriel de notre ville et de la création
d'emplois que nous voulons mettre à la disposition de nos citoyens.
M. Garon: Combien y a-t-il d'acres dans votre parc
industriel?
M. Bélisle: Pardon?
M. Garon: Combien y a-t-il d'acres dans votre parc
industriel?
M. Bélisle: II doit nous rester environ 200 acres. En
tout, je crois que nous en avons 350.
M. Garon: Cela veut dire qu'il y en a plus de 50% qui ne sont pas
occupées encore.
M. Bélisle: Oui, mais il ne faut pas oublier que c'est un
parc industriel régional qui ne date que de 1973.
M. Garon: Ce n'est pas...
M. Bélisle: C'est quand même une assez bonne
performance pour une ville qui, voilà trois ou quatre ans, était
encore en bas de 20 000.
En ce qui concerne les terrains à vendre au sud de l'autoroute
640, c'est vrai. Il reste environ 1000 terrains à vendre au sud de
l'autoroute 640. Il se construit dans Saint-Eustache, actuellement, près
de 600 maisons par année, 600 nouvelles maisons par année. Nous
connaissons un développement et je souligne encore qu'il s'agit
de tendances naturelles assez intensif et s'il reste 1000 terrains, cela
ne prendra quand même pas dix ans avant de les vendre à ce rythme.
Je pense bien que tout le monde sait compter et qu'il faudra penser à
aménager d'autres terrains.
En ce qui concerne le dépeuplement de Montréal, ce n'est
pas la première fois que j'en entends parler. Je me demande justement
si, au lieu d'empêcher le dépeuplement de Montréal, il ne
serait pas opportun pour le gouvernement d'essayer de trouver les raisons pour
lesquelles il y a un dépeuplement. Peut-être que si les gens se
sentaient, à un certain moment, moins impersonnalisés, moins des
pions dans leur ville, peut-être n'y aurait-il pas de
dépeuplement, mais c'est quand même un phénomène qui
se produit partout. Ce n'est quand même pas particulier à la ville
de Montréal.
C'est pareil à Philadelphie, New York et dans plusieurs autres
grandes villes et si les citoyens qui quittent les grandes villes peuvent
trouver dans les banlieues une revalorisation et une certaine dignité
humaine qu'ils pensaient avoir perdue, je me demande si onn est si perdant
à ce moment. Et, justement, notre ville s'est employée à
privilégier de façon tout à fait particulière des
organismes d'animation où ces nouveaux arrivés peuvent
participer, manifester leur bénévolat et également leur
initiative. (12 h 15)
En ce qui concerne le remplacement du bill 48 par la Loi du zonage
agricole, c'est réellement la première fois que j'entends que le
bill 48 sera remplacé par la Loi sur le zonage agricole. Non seulement
c'est la première fois mais, à mon sens, c'est à peu
près impossible parce qu'actuellement toutes les études et le
schéma d'aménagement même reposent sur la raison
d'être du bill 48. Si le bill 48 doit disparaître et
transférer sa juridiction à la Commission sur le zonage agricole,
je me demande réellement à quoi cela va rimer parce que le bill
48 ne s'applique pas uniquement au territoire agricole mais s'applique aussi
à toute la zone urbanisée des 32 municipalités
concernées par le bill 48. Est-ce qu'on va avoir fait faire par des
spécialistes un plan d'aménagement, un plan d'urbanisme, un plan
directeur, règlement de zonage et de construction par un groupe de
personnes compétentes qui ont vécu durant pratiquement huit ans
ce travail pour le remplacer par une commission toute puissante qui n'a
absolument aucune notion du territoire concerné, de la mentalité
et du genre de vie qui s'y mène.
M. Garon: II ne faut pas exagérer. Vous savez, à
Mirabel, il y a eu 93 000 acres d'expropriées. L'aéroport en a
utilisé 16 000; il en reste 77 000. Sur les 77 000, il y a 45 000, 46
000 acres qui sont très bonnes pour l'agriculture, du sol de
première qualité. Il en reste 30 000 qui n'ont pas de vocation
agricole. Est-ce qu'il y a assez de 30 000 pour...
M. Bélisle: Mais, M. le ministre, est-ce que vous savez
où s'applique le bill 48?
M. Garon: Où il s'applique?
M. Bélisle: II s'applique à Lachute, il s'applique
à Saint-Jérôme, il s'applique partout. Il s'applique dans
les 32 municipalités. Il ne s'applique pas seulement sur le territoire
agricole.
M. Garon: C'est de cela que je parle. Je parle de Mirabel en
particulier.
M. Bélisle: Je ne parle pas de Mirabel, je parle du bill
48 qui serait remplacé par la Loi sur le zonage agricole, par la
juridiction de la commission.
M. Garon: Vous êtes avocat? M. Bélisle: Non,
notaire.
M. Garon: Est-ce que vous avez vu dans la Loi de protection du
sol agricole qu'on abrogeait la loi 48?
M. Bélisle: Non, c'est M. le député qui
vient de le dire.
M. de Bellefeuille: Si vous permettez, M. le Président, la
loi 90 est destinée à remplacer certains effets de la loi 48 en
ce qui a trait à la protection du sol agricole seulement. J'ai
cité tout à l'heure les mots, à partir de votre propre
citation dans votre mémoire, de la nouvelle loi qui indique que ce qui
n'est pas modifié par la loi demeure et tout ce qui est modifié
par la loi c'est seulement ce qui a trait à la protection du sol
agricole.
M. Bélisle: Dans la pratique, il reste que, lorsqu'on va
vouloir avoir un changement de zonage dans une partie zonée agricole
limitrophe à une zone urbaine, on va être obligé,
premièrement... Regardez déjà ce qu'on est obligé
de faire pour obtenir un changement de zonage. Premièrement, la
Commission d'urbanisme de la ville où siègent des citoyens aussi,
je tiens à le mentionner. Deuxièmement, le conseil municipal;
troisièmement, la commission conjointe d'urbanisme. C'est
référé à toute la région.
Quatrièmement, approbation du représentant spécial du
ministre qui doit donner son approbation en vertu du bill 48 et, quand on aura
fait tout cela, on sera obligé de remonter encore à la commission
qui peut, oui ou non, accepter. Si elle accepte, tout ce qu'on va avoir fait,
on va l'avoir fait pour rien, même si et je me demande justement
si ce n'est pas un manque de confiance à l'égard du ministre des
Affaires municipales le ministre des Affaires municipales a
accepté.
En ce qui concerne l'aménagement, je déplore, encore une
fois, les insinuations faites par le député de Deux-Montagnes,
concernant le non-respect et notre manque de souci à conserver
l'aménagement, également à protéger les
exploitations agricoles. Vous avez parlé d'Eurypon tout à
l'heure; lorsque Eurypon a acheté les terres qu'elle possède
actuellement, toutes les coupes de bois ont été vendues pour
destruction. Personnellement, j'ai rencontré les propriétaires
d'Eurypon et leur ai demandé de faire un effort pour racheter, parce
qu'il s'agissait d'érablières, toutes ces coupes de bois. Je
crois qu'il y en avait 10 ou 12. Une coupe de bois, ça se vend environ
$3000 ou $4000. Ils en ont payé jusqu'à $18 000 pour les
protéger.
A la page 31, vous avez parlé de l'article 98. La présente
loi prévaut sur toute disposition inconciliable et, ensuite, vous avez
aussi relevé le mot "incompatible". Vous vous étonnez du fait
qu'on ait peur de ces deux mots. C'est justement, c'est que la loi sur le
zonage agricole, pour toute une partie de notre aménagement, est
inconciliable et incompatible avec notre zonage, avec notre plan directeur,
avec notre plan d'aménagement régional.
M. Garon: Vous ne pensez pas que vous êtes en train de
faire la preuve que vous ne protégez pas du tout les terres?
M. Bélisle: Pardon?
M. Garon: Votre plan directeur, vous êtes en train de dire,
au fond, qu'il ne protégeait pas du tout les terres.
M. Bélisle: Non, ce n'est pas ça, M. le ministre.
C'est que, lorsqu'on étend le périmètre urbain, au lieu de
faire un plan d'ensemble sur une terre, on pense que ça pourrait
être beaucoup plus souhaitable de faire un plan d'ensemble sur une
dizaine de terres, sans pour autant donner au développement les dix
terres en question. Mais il faut quand même, lorsqu'on fait un plan
d'ensemble sur une dizaine de terres, un plan directeur, qu'on soit au moins
certain qu'on va pouvoir compléter notre plan directeur. Autrement, on
va se retrouver avec des rues droites dans un sens et des rues droites dans
l'autre sens. C'est tout ce qu'on va avoir. Il n'y aura pas d'âme dans un
plan comme ça.
C'est pour ça que, sans nécessairement gaspiller, on peut
quand même voir à la protection du territoire agricole et, en
même temps, faire un plan directeur. Je ne vois pas du tout de quelle
façon ça peut être incompatible.
Quand on parle des 40 terres, à la page 36, on dit qu'elles ont
été ajoutées inutilement. M. le député de
Deux-Montagnes m'a demandé combien de ces terres étaient
livrées à la spéculation. Beaucoup de ces terres
appartiennent encore à des cultivateurs, mais c'est impossible qu'elles
puissent être cultivées. Ce sont des terres qui sont
séparées par l'autoroute 640, donc le côté sud est
urbanisé à presque 100% et le côté nord est
protégé par une servitude de non-accès. C'est bien
évident qu'à ce moment-là, toutes les bâtisses de
ferme qui se trouvaient au bas des terres n'existent plus. Donc, il est
absolument impossible pour les cultivateurs, ou même pour les
spéculateurs, parce qu'il y en a quelques-unes qui sont dans les mains
des spéculateurs, de pouvoir les cultiver.
Je tiens à souligner ici qu'il va arriver la même chose
avec le tracé actuel de l'autoroute no 13. Le tracé actuel coupe
encore des terres en deux et l'autoroute n'est même pas encore
construite. C'est pourtant ce gouvernement qui va la construire. J'ai
déjà demandé au ministre des Transports, M. Lessard, dans
une rencontre antérieure, de lever l'expropriation et il a absolument
refusé.
M. Chevrette: Les avis n'étaient-ils pas donnés en
1975?
M. Bélisle: Pardon?
M. Chevrette: Les avis d'expropriation ont été
donnés en 1975.
M. Bélisle: On est en train de démontrer notre
souci de protéger le territoire agricole. Je me demande pourquoi on en
doute aujourd'hui. Quand on parle, à la page 38, de la valeur du
marché autre que pour fins agricoles, tout de suite, on pense à
la spéculation. Tout de suite, on pense à la
spéculation.
Si un cultivateur a une terre qui pourrait être, par exemple, la
deuxième voisine d'un périmètre agricole et que cette
terre vaut $2000 ou $3000 l'arpent, et qu'à cause de la loi sur le
zonage agricole, elle est ramenée à $700 ou $800 l'arpent, et que
le cultivateur n'a pas de relève, parce que sa terre valait trop cher et
qu'il a incité ses enfants à faire autre chose que de prendre sa
terre et qu'il n'avait pas les moyens de la donner à un seul enfant,
à cause d'une loi comme cela, s'il a 100 arpents, calculez 100 fois
$1200 de perte, est-ce que c'est juste de faire absorber cette perte par une
seule personne ou des personnes, lorsqu'on invoque l'intérêt
public? Est-ce que ces personnes doivent porter le poids social de certaines
erreurs qui ont été faites dans le passé?
C'est dans cet esprit que nous avons inclus cette mention à la
page 38.
Quand on parle de l'aéroport de Mirabel, à la page 39, que
les journaux récents font état de cette réalité
prochaine, est-ce que c'est du coulage électoral? Peut-être. De
toute façon, on ne compte pas là-dessus. Actuellement, notre
développement fonctionne, sans que ce soit nécessairement la
perspective prochaine du développement de nouvelles phases de
l'aéroport de Mirabel.
Si on le mentionne, c'est parce qu'on en a entendu parler, mais ce n'est
pas cela qui fait qu'on est ici aujourd'hui et ce n'est pas cela qui nous a
fait prendre certaines décisions dernièrement. Nous
considérons l'état actuel des choses, jusqu'à ce que
l'état des choses, justement, évolue.
Quand on dit, à la page 47, que le gouvernement entend prendre
les mesures appropriées pour rentabiliser les productions agricoles et
qu'on nous dit justement que le gouvernement est en train de prendre les
mesures appropriées, j'ai en ma possession le projet de loi 99 et le
projet de loi no 100. J'en retire, pour le moment, que ce sont des octrois qui
sont créés, qu'on ne fait rien, absolument rien, pour faire en
sorte que les produits puissent se vendre et trouver meilleur marché. On
ne fait rien non plus pour soutenir les prix au marché. Peut-être
dans des législations futures, mais à ce que je connais
actuellement, il n'y a absolument rien. Cependant, on fait confiance au
gouvernement et c'est la raison pour laquelle à la page 47, on dit: "La
ville de Saint-Eustache prie respectueusement le gouvernement de prendre les
mesures appropriées pour rentabiliser les productions agricoles
existantes ". Durant deux mois de l'année, il y a une saturation sur les
marchés, de sorte que si certains agriculteurs ne connaissent pas bien
les acheteurs, ils ne peuvent pas écouler leurs produits. Si la loi sur
le zonage agricole a pour conséquence d'amener, dans la région de
Montréal, 1000 ou 2000 cultivateurs de plus, je me demande si c'est cela
qui va rentabiliser les fermes. (12 h 30)
On parle, à la page 48, qu'il peut disposer de son bien. Le
producteur agricole devrait également conserver son droit de disposer de
son bien dans son meilleur intérêt. M. le député
nous demande ce que cela veut dire pour nous. Cela veut dire justement, et je
le répète, que l'agriculteur n'a pas à défrayer
personnellement le prix d'une responsabilité collective et,
également, que s'il arrivait que la loi soit sanctionnée, il
devrait pouvoir au moins compter sur un fonds de pension qui lui accorderait
une certaine sécurité pour l'avenir.
Quand on dit que l'UPA ne demande pas d'indemnisation, là-dessus,
je voudrais simplement faire une petite remarque et demander au ministre de
bien vouloir vérifier la qualité de la consultation qui a
été faite par l'UPA. Nous avons réuni...
M. Garon: Je peux vous répondre tout de suite.
M. Bélisle: M. le ministre, on a réuni nos
cultivateurs, en présence de M. le député de Bellefeuille
et en présence également du représentant de l'UPA. On a
demandé à tous ceux qui étaient propriétaires de
terres mais qui n'étaient pas cultivateurs de ne pas venir à la
réunion. Dès la réunion, le fait a été
connu. Beaucoup de cultivateurs des municipalités environnantes ont
voulu venir assister à notre assemblée et on s'y est
refusé parce que c'était réellement uniquement une
réunion de cultivateurs de Saint-Eustache. On nous a dit justement...
Les gens se sont adressés à l'UPA pour dire que la consultation
n'avait pas été adéquate, qu'ils n'avaient pas eu le temps
de parier. On a dit qu'à la réunion régionale de
cultivateurs de la région de Saint-Eustache, on avait invité des
producteurs agricoles de la rive sud et que ceux-ci avaient pris le plus gros
du temps. M. de Bellefeuille était à cette assemblée
où on a affirmé cela.
Quand on dit que les municipalités sont en conflit
d'intérêts et ne peuvent pas appliquer la loi, je me demande
pourqui on dit cela. Il faut réellement avoir une très
piètre opinion des municipalités pour penser qu'elles ne sont pas
capables de prendre leurs responsabilités. Avant, il n'existait pas de
loi. Parce qu'il n'existait pas de loi, on ne pouvait pas refuser des permis
sur aucune partie du territoire, mais s'il y a une Loi sur la protection du
territoire agricole et si vous confiez aux municipalités le soin de
protéger le territoire, je vous prie de croire que les
municipalités vont en prendre la responsabilité. Il n'y a rien,
cependant, qui empêche qu'un organisme de contrôle puisse voir si
les municipalités sont tellement en conflit d'intérêts et
si les conflits d'intérêts l'emportent sur le souci de bien faire
exécuter la loi.
M. Garon: Quand vous dites: S'il y a discussion entre la
commission et la municipalité, si la municipalité protège
les terres, ils vont s'entendre facilement. Si elle ne les protège
pas...
M. Bélisle: II reste quand même, M. le ministre, que
la municipalité peut décider n importe quoi et que si ce n'est
pas selon l'option de la commission, la commission va décider autre
chose. A partir de là, on perd notre juridiction; c'est
réellement une perte de juridiction. D'après moi, quand on ne
peut plus décider, on a perdu juridiction sur quelque chose qu'on
pouvait contrôler auparavant.
M. Garon: C'est un champ inoccupé, au fond. M.
Bélisle: Pardon?
M. Garon: Vous aviez une telle juridiction dans le zonage mais
vous n'occupiez pas le champ.
M. Bélisle: On l'occupait le champ. Depuis le
début, je dis qu'on occupe le champ. Même en l'absence d'une loi,
on a quand même eu une assez bonne performance. Depuis 1974, depuis la
date où les plans d'aménagement ont été
déposés, je crois qu'il y a seulement trois ou quatre terres qui
sont au nord de l'autoroute 640 et qui ont été
développées. Pour toutes les autres, on tient
énormément à faire un développement
concentré.
M. Garon: On vous en enlève 40. M. Bélisle:
Pardon?
M. Garon: Vous dites qu'on vous en enlève 40.
M. Bélisle: Qui sont dans un plan directeur, comme terres
futures à développer. On n'en a pas besoin tout de suite de ces
terres.
M. Garon: C'est comme un condamné à mort,
excepté qu'elles ont quelques années devant elles.
M. Bélisle: Non. Je vous ai aussi expliqué que la
plupart de ces 40 terres n'ont plus de bâtisse de ferme. Les gens
demeuraient au sud de l'autoroute 640. C'est la deuxième partie des
terres qui se trouve au nord. Ils ne peuvent même pas avoir accès
à ces terres. Ce sont celles-là, M. de Belle-feuille.
M. Garon: ... bonne terres à céréales. M.
Bélisle: Pardon?
M. Garon: Cela ferait de bonnes terres à
céréales, il n'y a plus de bâtisse.
M. Bélisle: En tout cas, vous pouvez... Ce sont les
contre-remarques que j'avais à faire à celles du
député de Deux-Montagnes. Je répète que je regrette
énormément qu'il ait, pour faire valoir son point de vue,
été obligé de recourir à des tactiques si
déloyales.
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que je
pourrais poser une question à Me Bélisle?
Le Président (M. Boucher): M. le déput de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le maire de Saint-Eusta-che vient de
parler de tactiques déloyales, il a parlé d'insinuations,
d'accusations. Il me semble qu'il y a une contradiction. Là-dessus, je
voudrais poser ma question à Me Bélisle. Il semble y avoir une
contradiction entre le fait de dire, d'une part, qu'à titre de notaire,
il n'a fait que des choses irréprochables, et d'autre part, de dire que
j'ai lancé des accusations, des insinuations et des propos de bas
étage. C'est l'un ou bien l'autre. Si, comme notaire, Me Bélisle
n'a fait que des choses irréprochables, que j'ai signalées
à ce moment, il n'y a ni accusation, ni insinuation. Si ce sont des
choses de bas étage, s'il y a des accusations et des insinuations, il
faudrait choisir.
M. Bélisle: Est-ce que vous êtes prêt à
les retirer après les explications que j'ai données?
M. de Bellefeuille: II n'y a rien à retirer, je n'ai fait
que mentionner des faits.
M. Bélisle: Quand même, cela donnait une douche de
discrédit pas ordinaire, si j'avais décidé de ne pas me
défendre.
M. de Bellefeuille: Me Bélisle, d'où vient le
discrédit, puisque vous prétendez que tout ce que vous avez fait
est irréprochable?
M. Bélisle: M..le ministre de l'Agriculture a dit:
Ecoutez, c'est important que cela continue parce que, quand même, on veut
voir si justement on parle de spéculation. Alors, cela laissait entendre
que j'étais mêlé à la spéculation par-dessus
la tête. Si vous ne le comprenez pas comme cela, je n'ai plus rien
à expliquer.
M. Lavoie: Vous n'avez pas entendu les propos du ministre, M. le
député de Deux-Montagnes.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M.
Giasson: Je laisse...
M. de Bellefeuille: Est-ce que je peux avoir la parole?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député?
M. de Bellefeuille: Oui, merci, M. le Président.
M. Bélisle: Est-ce que je peux reformuler ma question et
demander si le député de Deux-Montagnes est prêt à
retirer ses insinuations?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je le ferais avec le
plus grand empressement, mais je n'ai fait aucune insinuation. J'ai posé
la question, à savoir si la ville de Saint-Eustache, vu les faits que
j'ai signalés devant la commission, est plutôt encline à
protéger le sol agricole ou plutôt encline à encourager
l'urbanisation? C'est une simple question que j'ai posée.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Après un court préambule, j'aurais
certaines questions bien spécifiques à vous poser, M. le
maire.
M. le Président, je voudrais dire au tout début, dans mon
préambule, que je regrette infiniment de voir certains parlementaires...
Nous sommes solidaires ce sont des termes notariaux et
conjointement solidaires de l'honneur et de la respectabilité de cette
institution et je me sens blessé de la conduite du député
de Deux-Montagnes, ce matin, dans ce genre d'intimidation envers les
témoins. Je verrai, en vertu de notre règlement, quelle suite il
pourrait y avoir à cela. Je me rends compte qu'il y en a qui voient une
certaine utilité dans l'immunité et savent se servir de ce qu'on
appelle l'immunité parlementaire.
M. Chevrette: Le député de Marguerite-Bourgeoys, le
député de Jean-Talon.
M. Lavoie: A ma connaissance, je n'ai jamais vu un parlementaire,
ici, depuis plusieurs années,
depuis que j'ai l'honneur de participer à ces activités,
faire des procès d'intention aux témoins et personne n'a
employé de tels moyens, même si on diffère d'opinion avec
des gens qui viennent témoigner ici. Souvent, à l'occasion, on
n'est pas toujours d'accord avec les articles. Le député de
Deux-Montagnes peut écrire dans un journal anglophone qui n'appartient
pas au mouvement coopératif, qui s'appelle la Gazette, mais on respecte
son opinion et on ne lui a jamais fait de procès d'intention.
M. le Président, je vois le respect qu'il y a dans cette
mentalité en face de nous, la confiance que ces gens peuvent
témoigner à l'égard des administrateurs municipaux ou
régionaux dûment élus. Ce que je regrette également
dans le projet de loi 90, c'est qu'on ne prenne pas du tout en
considération la vocation mixte de certaines régions au
Québec. On veut tout uniformiser. Je l'ai déjà dit, les
problèmes des terres agricoles ne sont pas les mêmes, dans la
Beauce ou dans de belles terres agricoles qui se trouvent à 100 milles
des régions urbaines, que dans certaines municipalités à
vocation mixte comme Saint-Eustache qui, à cause de son site, de
l'aéroport de Mirabel, aéroport bâti par les
autorités fédérales... Même si cela ne fait pas
votre affaire, je pense bien qu'il a coûté assez cher qu'il va
rester là, qu'il arrive quoi que ce soit.
M. le maire a mentionné cette population jeune qu'il y a dans la
région de Saint-Eustache. Il y a le Canadien National qui la traverse et
le député de Deux-Montagnes revient constamment à la
charge pour rentabiliser le plus possible cette voie ferrée. Mais elle
ne peut pas se diriger uniquement vers une zone agricole parce que cela ne sera
pas long que le train va arrêter de circuler.
Il y a un parc industriel qui a déjà un certain
succès dans cette région. Il faut considérer qu'il y a des
municipalités comme Saint-Eustache, Joliette, Saint-Laurent, Laval et
autres qui sont des agents économiques importants dans l'économie
générale du Québec. On ne peut pas uniquement limiter
notre économie à une vocation agricole. C'est ce manque de normes
régionales qu'on ne veut pas considérer. On veut uniformiser; on
veut mettre les municipalités, les groupes de citoyens dans
l'ordinateur; ils auront des numéros avec des cartes perforées et
tout le monde va passer sans aucune distinction, surtout selon certains propos
que Montréal s'est vidée...
Il reste quand même une certaine... Il faut avoir un peu plus de
souplesse, faire un peu plus de discernement, de distinction. Il y a une
liberté qui existe dans l'habitat, dans le milieu de vie que les
citoyens désirent. Le monde n'est pas né d'hier.
Vous avez un cas patent où les élus municipaux ont pris
leurs responsabilités depuis plusieurs années, depuis que Mirabel
est là, depuis l'aéroport. Il y a un plan directeur, je crois,
qui affecte combien de municipalités dans votre région
jusqu'à Lachute? (12 h 45)
M. Bélisle: Chaque municipalité a son...
M. Lavoie:... schéma...
M. Bélisle:... schéma d'aménagement et
là où il y a des municipalités qui ont une zone urbaine,
dans chacune d'elles, il y a un plan directeur et également un plan
d'urbanisme... Ces trois structures sont complétées par un
règlement de zonage particulier, uniforme pour tout le territoire et un
règlement de construction également à peu près
uniforme. Toutes ces structures sont contrôlées par le ministre
des Affaires municipales. On ne fait même pas de changement à
notre règlement de construction sans obtenir le consentement du ministre
des Affaires municipales.
Cela va très bien actuellement. Le ministre, par son
représentant, a appris à connaître les
municipalités, connaît le mode de fonctionnement de chacune
d'elles et nous sommes heureux de la situation actuelle.
M. Lavoie: Lorsque ce plan a été
préparé... vous mentionnez dans votre mémoire qu'il a
été fait en collaboration avec le ministère des Affaires
municipales et le ministère de l'Agriculture.
M. Bélisle: J'ai dit "entre autres". Parce qu'il y avait
le ministère des Affaires municipales, le ministère de
l'Agriculture, le ministère je crois que cela n'était pas
un ministère à ce moment de l'environnement et, il y avait
aussi cinq ministères concernés. Le ministère des
Transports...
M. Lavoie: Et cela couvre quelle étendue dans votre
région?
M. Bélisle: Cela couvre 32 municipalités. Cela va
aussi loin que Chatham, que Saint-Louis-de-Terrebonne, Terrebonne,
Saint-Jérôme.
M. Lavoie: Au nord-ouest de la région
métropolitaine de Montréal, cela part de Terrebonne, qui est dans
le comté de Terrebonne, une partie du comté de Terrebonne, de
Deux-Montagnes, d'Argenteuil...
M. Bélisle: Oui. Argenteuil aussi. M. Lavoie: ...
Lachute...
M. Bélisle: Cela couvre Lachute aussi et tous les
environs, et cela va jusqu'à Saint-Placide dans le comté de
Deux-Montagnes.
M. Lavoie: Combien a coûté la préparation de
ce plan?
M. Bélisle: En salaire, je ne pourrais pas vous dire au
juste. On nous a dit de $2 millions à $3 millions. Le gouvernement le
sait beaucoup mieux que nous. Maintenant, il y a eu des infrastructures qui ont
été mises... par exemple, seulement les conduites qui sont
parties de Saint-Jérôme pour aller au parc industriel de PICA ont
coûté, je crois, S10 millions. Il y a quand même eu un
investisse-
ment pour la construction de l'autoroute no 13 qui était
justement intégrée dans ce schéma d'aménagement qui
coûte, je ne sais pas, $75 millions, $100 millions. Il reste à la
compléter encore. Il y a une partie de la route 50 qui a
été construite.
En fait, je pense bien que le gouvernement fédéral a
investi peut-ère $700 millions, $800 millions et le gouvernement
provincial, je serais porté à croire que ce n'est pas loin de
là si on calcule toutes les infrastructures qui ont été
mises là. Par exemple, l'incinérateur c'est quand même un
investissement gouvernemental. Parce qu'on était là, qu'on
était consentants, le gouvernement a accepté de payer 80%, je
crois, du coût de construction de l'incinérateur.
M. Lavoie: J'ai vu les plans qui ont été
déposés qui donnent la région agricole
désignée. Ils ont été déposés le 10
novembre, je crois. J'ai cela à la mémoire. Je vois que le
comté d'Argenteuil, le comté de Deux-Montagnes et une partie du
comté de Terrebonne et de l'Assomption sont en vert à 95%. Est-ce
qu'il y a eu consultation avec votre région avant le dépôt
du plan du ministère de l'Agriculture qui a congelé tout le
territoire?
M. Bélisle: On a été convoqué
à une consultation, je crois que c'est à Côte de Liesse,
une journée où j'étais en vacances. Je ne pouvais pas y
aller. Mais ce n'était pas en tant que municipalité incluse dans
le groupe de municipalités régies par le projet de loi 48.
C'était comme toutes les invitations, comme toutes les consultations que
le ministre a faites dans les différentes régions. D'abord, il
n'y en a pas eu à Saint-Eustache, mais on nous a invités et
malheureusement je n'ai pas pu y aller. Par contre, la semaine dernière
nous sommes allés à Montréal sur invitation du ministre
également, mais à ce moment-là le plan avait
été déposé. Avant, il n'y a eu absolument aucune
consultation. C'est-à-dire qu'on n'a pas pris la peine de tenir compte
des municipalités qui étaient concernées par le projet de
loi 48. Remarquez bien que peut-être qu'on ne le savait pas à ce
moment-là, mais quand même, il y a eu assez d'argent investi
là pour qu'au moins on en ait un soupçon.
M. Lavoie: Vous dites que 84% de votre territoire sont soustraits
actuellement à cause du dépôt du plan annexé...
M. Bélisle: Actuellement, oui.
M. Lavoie: ... au projet de loi 90. Il y a 84% de votre
territoire qui sont soustraits, en somme, à votre juridiction comme
aménagement de territoire actuellement. Il est dit dans votre rapport
que vous aviez prévu 10 000 arpents dans votre municipalité pour
fins agricoles ou réserves agricoles.
M. Bélisle: On en protège 10 000 actuellement.
M. Lavoie: Avec le nouveau plan, combien entend-on en
protéger, au lieu de 10 000 arpents?
M. Bélisle: Avec le nouveau, on en protège
peut-être 10% de plus. Ce n'est pas tellement qu'il y en a beaucoup plus,
c'est la question qu'on va être pris à l'intérieur d'un
carcan dont on ne pourra plus sortir et c'est surtout que la connaissance qu'on
peut avoir du milieu et la connaissance des affaires et du développement
que l'on a actuellement ne seront pas perçues de la même
façon par des représentants de la commission spéciale. La
commission spéciale, il faut bien le reconnaître, et c'est comme
cela que nous comprenons la loi, n'a qu'un but; la protection du territoire
agricole. Cependant, la commission serait prête à faire certains
aménagements et considérer certaines raisons qu'on pourrait
invoquer, mais il reste quand même que la décision finale
et je dis bien finale parce qu'elle est sans appel et, à ce
moment-là, la municipalité est mise complètement hors de
combat si la commission dit non, cela vient de finir, notre
développement arrête là, les investissements qu'on a remis
arrêtent là. La perspective de planification envisagée ne
pourra plus du tout être celle qui avait été pensée
par la population et par les administrateurs municipaux du territoire.
M. Lavoie: Vous parliez de la consultation que vous avez faite
auprès des producteurs agricoles, des agriculteurs de votre
municipalité. C'est vous-même qui les avez convoqués,
c'étaient des producteurs membres de l'UPA, combien y en avait-il?
M. Bélisle: II y en avait 110.
M. Lavoie: 110 pour Saint-Eustcche. Combien y en avait-il qui
étaient favorables au projet de loi...
M. Bélisle: 109.
M. Lavoie: Favorables ou défavorables.
M. Bélisle: Défavorables au projet de loi: 109.
M. Lavoie: II y en avait un qui était favorable.
M. Bélisle: II y en avait un qui était favorable,
il ne savait pas exactement pourquoi. Il avait loué... Il le savait
peut-être, mais il avait de la difficulté à s'exprimer...
Disons qu'il le savait, d'abord. Mais il y en avait quand même... En
fait, il faut s'entendre sur le principe, les 109 sont d'accord, comme
nous-mêmes, sur le principe, on est d'accord.
M. Chevrette: ... à l'Opposition.
M. Bélisle: M. le ministre, nous le disons en toutes
lettres au début de notre mémoire.
M. Garon: Vous êtes d'accord pour que ce soient des zones
temporaires.
M. Bélisle: Sur le principe.
M. Garon: C'est-à-dire que le zonage résidentiel ou
le zonage commercial, industriel est un zonage permanent, mais le zonage
agricole, c'est un zonage temporaire, à développement
différé.
M. Bélisle: Oui.
M. Garon: Je comprends.
M. Bélisle: II reste que le développement
différé peut bien être en 2020. Si on continue d'appliquer
la politique que nous appliquons actuellement, celle d'un développement
concentrique, avant de se rendre au bout de la ville de Saint-Eustache,
ça peut prendre pas mal de temps encore. Durant tout ce temps, les
terres, on s'engage à les protéger.
M. Lavoie: II y a une question que je pourrais adresser au
ministre, est-ce qu'il... D'accord, mais est-on ici pour tenter de bonifier la
loi...
M. Garon: On est supposé la bonifier après avoir
entendu les témoins.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, j'ai fait remarquer hier que s'il s'agit d'un article en particulier,
vous aurez l'occasion de procéder à vos questions à ce
moment-là.
M. Lavoie: C'est tout à fait à propos, c'est
d'ordre général. Nous avons un cas je suis sûr que
le ministre ne refusera pas de répondre à ma question bien
précis; dans une région, le nord-ouest de la région
métropolitaine de Montréal, à vocation mixte, où il
y a eu, à l'occasion de l'implantation de l'aéroport de Mirabel,
un plan d'aménagement sérieux fait en collaboration avec 32
municipalités, qui a été fait en collaboration avec le
ministère des Affaires municipales, dont la gestion est confiée
au ministre des Affaires municipales, qui a été fait en
collaboration avec le ministère de l'Agriculture et d'autres
ministères, un plan qu'on a pris deux ou trois ans à
élaborer et où, d'après les déclarations du
témoin, on a vu à protéger le territoire agricole. C'est
zoné actuellement. On ne peut pas toucher à ces zones agricoles
qui sont bien définies. Et il y en a beaucoup. C'est Saint-Benoît,
c'est Saint-Augustin, c'est Saint-Placide, tout cela.
M. Bélisle: Essentiellement agricoles. C'est cela.
M. Lavoie: Est-ce qu'on ne pourrait pas, en l'occurrence,
appliquer l'article 37 de la loi? A l'article 37, il est bien prévu,
c'est un dégel que le ministre peut autoriser. Il est dit, à
l'article 37: "A l'égard de la région agricole
désignée décrite à l'annexe A, le ministre
dépose..." Cela veut dire que, durant l'étude de la loi, avant la
troisième lecture, avant que ce soit confié à la
commission de contrôle, le ministre a le droit, vous auriez le droit
d'apporter un amendement, de modifier votre plan pour cette région bien
définie et vous pourriez soustraire, à cause des investissements
que ces gens ont faits, en vertu de l'article 37, vous auriez le droit... Vous
n'avez pas à attendre en commission parlementaire; vous pourriez le
faire en commission parlementaire, lors de l'étude article par article,
mais vous avez prévu vous-même, dans le projet de loi, une mesure
de dégel temporaire durant l'étude du projet de loi, en
déposant au bureau du secrétaire de l'Assemblée natinale,
à titre de document de la session, un amendement à votre plan. Ce
ne serait pas un cas patent, où il y a eu vraiment un plan
d'aménagement sérieux qui a été fait, qui n'a pas
été fait à la légère, avec la collaboration
de tous les ministères concernés? Ne pourriez-vous pas
dégager cette région de la juridiction comme zone agricole
désignée?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je pense que nous ne sommes pas dans le feu. Le maire
de Saint-Eustache dit que ce qu'on réserve, c'est un peu plus que ce
qu'il voulait réserver. Ce qui l'embarrasse un peu, c'est le carcan pour
l'avenir. Son parc industriel a encore 200 acres. Je pense bien que cela ne se
bâtira pas cet hiver, 200 acres.
M. Lavoie: Surtout de la manière que l'économie va
au Québec actuellement.
M. Garon: II y a encore 1000 lots et il s'en bâtit 600 par
année. Alors, il y a encore des lots pour deux ans. Je pense bien que
nous ne sommes pas dans le feu pour faire cela dans une semaine.
M. Lavoie: Vous n'avez pas l'intention de vous servir de
l'article 37?
M. Garon: Non. S'il y avait urgence, je ne dis pas. Mais il n'y a
pas d'urgence. Je parle des paroles que M. le maire a dites. Il a
indiqué, je pense, tout ce qu'il fallait actuellement au point de vue du
parc industriel. Parfait, le parc industriel, les industries vont là. Il
y a 1000 terrains où on peut construire et ils bâtissent 100
constructions par année. Il y a un autre phénomène qu'il
ne faut pas oublier. Le plus haut taux de natalité au Québec,
dans toute l'histoire du Québec, a été en 1959.
Après cela, cela a baissé, en 1960. Pourquoi depuis 1960 les
naissances ont-elles baissé au Québec?
Une Voix: La révolution...
M. Garon: Cela veut dire, à ce moment-là...
M. Lavoie: Ils vont en dehors du Québec.
Une Voix: La révolution vraiment tranquille.
M. Garon: En 1960, je n'ai pas voté cette
année-là, parce que j'étais dans l'armée, je
faisais la guerre de Gagetown.
M. Lavoie: La guerre de...
M. Garon: Gagetown. Gagetown, c'est au Nouveau-Brunswick. On ne
tuait personne, par exemple. A ce moment-là, en 1959, on avait le plus
haut taux de natalité qui était, je pense, d'environ 147 000
naissances par année. Très rapidement, notre taux de naissance
est baissé à 80 000. Le rythme de construction dans les
années qui viennent ne pourra pas être le même, au
contraire, parce que les gens qui vont s'établir seront de moins en
moins nombreux, parce qu'on n'a pas fait beaucoup d'enfants. On est au pic. Le
rythme de construction au Québec, en raison des nouvelles gens qui
viendront l'habiter, ne peut pas faire autrement que de descendre, parce que le
pic était en 1959, cela veut dire il y a vingt ans. A ce
moment-là, ces gens qui sont nés il y a vingt ans vont commencer
à s'établir et après cela, cela baissera. Les naissances
ont radicalement baissé.
Les besoins de terrains pour des fins résidentielles ne seront
pas les mêmes encore pendant deux, trois ou quatre ans. Regardez la
courbe démographique au Québec. Je pense que c'est évident
pour n'importe quelle personne. La population va vieillir
considérablement. On va passer de 5% de gens âgés, à
12%, d'ici 1990 ou en l'an 2000, je ne suis pas certain. Cela veut dire que les
gens âgés n'ont pas habituellement l'habitude de faire de
l'étalement urbain, ils ont plutôt l'habitude de venir se
concentrer pas loin de l'église, dans des foyers, des maisons pour gens
âgés. C'est la concentration urbaine qui se fait. C'est un
phénomène auquel on va assister normalement dans les
années qui s'en viennent, parce que la courbe démographique du
Québec n'est pas la même.
M. Lavoie: Je ne sais pas si le ministre s'en rend compte, mais
il commence à désamorcer l'argumentation sur la crise
alimentaire. S'il n'y a plus de gens, il n'y aura plus de crise
alimentaire.
M. Garon: Les gens augmentent quand même.
M. Lavoie: Les gens augmentent quand même maintenant! M. le
Président, je ne pensais pas retourner à l'époque du
curé Labelle à un retour sur la terre avec...
M. Garon: C'est dans l'ensemble du monde. On ne peut pas parler
de crise alimentaire uniquement à un endroit. La population, d'ici l'an
2000, va passer de 4 200 000 000 à 6 500 000 000.
M. Lavoie: Je termine très rapidement. Ma conclusion...
Une minute...
Le Président (M. Boucher): Une minute, M. le
député de Laval, compte tenu que nous dépassons l'heure de
la suspension.
M. Lavoie: Ce que je regrette, c'est que l'image que je me fais
de ce projet de loi ne change pas; il est à l'image du gouvernement,
d'un dirigisme d'Etat. Les administrateurs munici- paux élus n'ont plus
leur raison d'être. Tout va être dirigé par l'Etat. On va
imposer un genre de société qui fonctionne par des diktats, par
des décrets. Il n'y a plus de liberté. Si les gens veulent aller
habiter en banlieue... C'est vrai qu'il y a eu, dans le passé, comme
cela a été universel, du gaspillage de sols, c'est vrai, mais le
monde n'est pas venu au monde hier. Il y a eu des exemples comme celui de
Saint-Eustache, il y a eu des exemples comme celui de la ville de Laval,
où les plans directeurs ont été faits dans les
années 1962 et 1963, où il y a eu des contrôles
d'imposés normalement avec distinction. Votre loi massue, je ne pense
pas qu'elle fasse l'affaire de tout le monde.
M. le Président, je pense qu'on va continuer à se battre
un peu plus contre votre dirigisme et l'emprise étatique que vous voulez
avoir à peu près dans toutes vos lois, pour la liberté des
citoyens.
M. Garon: Vous êtes contre, je le sais.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laval. La commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 3
Reprise de la séance à 15 h 6
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A la suspension de 13 heures, nous en étions toujours avec les
représentants de la ville de Saint-Eustache. M. le député
de Huntingdon, vous aviez la parole.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais aviser les
membres de la commission que le ministre de l'Agriculture est au Conseil des
ministres et qu'il sera avec nous d'ici peu.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je voudrais souhaiter
la bienvenue à M. le maire et à MM. les membres du conseil
municipal de Saint-Eustache, comté de Deux-Montagnes, lesquels ont
été très bien traités tout à l'heure par
leur député.
Le mémoire très bien articulé que vous avez
présenté concerne votre cas, qui est quand même typique de
plusieurs villes aux alentours de Montréal. Je pense qu'un
problème assez identique sera soulevé par plusieurs
municipalités, même si elles n'ont pas présenté de
mémoire. Je pense que le vôtre est bien représentatif. Cela
démontre bien la nécessité absolue qu'on inscrive le
zonage agricole dans un plan global d'aménagement et d'utilisation du
territoire.
Les oppositions ont dénoncé ce fait. On arrive avec une
mesure sectorielle, qui ne tient pas
compte de tout le développement au Québec. Votre ville est
un cas type d'autres villes en banlieue de Montréal qui se
développent au niveau industriel, commercial, résidentiel et
où il y a aussi des secteurs agricoles, où on doit avoir un
respect quand même pour toute l'économie. C'est là qu'on
s'aperçoit que le silence du ministre à l'aménagement du
territoire est très malheureux. On a longtemps parlé d'arriver
avec un plan global; c'était d'ailleurs le voeu du gouvernement actuel.
Je pense que cela répondrait à une bonne partie des besoins des
villes. Cela s'inscrirait bien dans les désirs de toutes les
municipalités de voir qu'on travaille à un grand plan
d'aménagement.
Il est regrettable que le ministre d'Etat délégué
à l'aménagement ne soit pas ici, parce qu'il pourrait
répondre à ces questions. On ne l'a pas vu depuis le début
de cette commission. Nous l'avons dénoncé à
l'Assemblée nationale, effectivement, au niveau du discours de
deuxième lecture.
J'aurai peut-être quelques questions à vous poser. Je vais
prendre seulement quelques minutes, parce que nous avons plusieurs intervenants
cet après-midi. Je pense qu'il y a des gens qui espéraient se
faire entendre ici hier et ils ne passeront même pas aujourd'hui; alors,
je vais prendre seulement quelques minutes du temps qui m'est alloué.
Vous décrivez bien que le projet de loi, jusqu'à un certain
point, aliène nos biens acquis, enlève le droit à la libre
disposition de biens vraiment durement acquis, parce que les fermiers sont
quand même nos pionniers et, aujourd'hui, ils ne peuvent pas disposer de
leurs biens d'une façon libre. Je pense que c'est enfreindre la
démocratie aussi. Vous l'indiquez d'une façon pas trop
élaborée, mais vous indiquez bien que c'est une attaque à
la liberté individuelle qui est inscrite dans le projet de loi no
90.
Je ne sais pas si vous étiez ici hier quand l'Union des
municipalités et l'Union des conseils de comté ont
présenté respectivement leurs mémoires; elles ont fait
état du peu de respect qu'on a pour les élus du peuple. Alors,
c'est une autre chose que nous avons dénoncée. Je pense que c'est
à peu près mettre en tutelle les municipalités du
Québec et ne pas leur accorder l'autorité et le privilège
de veiller sur leur territoire, toujours selon le projet de loi 90 parce que je
pense que le projet de loi a des bons points, même si on a voté
contre en deuxième lecture; on votait sur un projet de loi qui renferme
beaucoup de vices. Si le ministre est conscient de ces vices, bien, il va
pouvoir, au moins, en troisième lecture, nous présenter quelque
chose d'amélioré qui tiendra peut-être compte des
revendications qui nous sont présentées.
Ce sont seulement des remarques que je voulais faire parce que je sais
qu'il y a d'autres intervenants qui veulent parler sur ce projet de loi et je
sais qu'il y a plusieurs groupes qui attendent aussi. Je pense que les
représentations de l'Union des conseils de comté hier et de
l'Union des municipalités dans leurs deux mémoires étaient
à peu près d'accord sur le fait qu'il manque un plan global
d'utilisation et d'aménagement du territoire et, personnellement, je
pense que cela vous amène des problèmes. On a aussi
dénoncé le peu de respect qu'on a pour nos municipalités,
nos élus du peuple. Je pense que c'est un vrai manque de confiance, un
vote de non-confiance envers les municipalités. Etant donné qu'il
y a une loi qui chapeautera tout le respect du territoire agricole, je pense
que les maîtres d'oeuvre devraient être les municipalités,
les conseils de comté et en fait, tous les élus du peuple.
Je vous remercie, M. le Président, et je vais laisser la parole
à un autre.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député d'Huntingdon. M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais une question mais
j'aurais aussi un commentaire à la suite des propos du
député d'Huntingdon. Depuis le début qu'on essaie de faire
voir qu'on a voté en deuxième lecture contre les bebelles de la
loi qui ne fonctionnent pas, mais en deuxième lecture, pour tout citoyen
québécois, on vote pour ou contre le principe d'une loi. C'est en
troisième lecture qu'on vote sur les modalités. On peut se
camoufler rendus devant vous et essayer de conter fleurette à tout le
monde; cela ne prend pas. En deuxième lecture, de par les coutumes
parlementaires, on vote pour ou contre le principe de la loi...
M. Dubois: On ne travaille pas selon les coutumes, on travaille
selon le bon sens, nous.
M. Chevrette: ... et vous avez manifesté... Je parle au
témoin, je crois...
M. Dubois: Vous avez relevé de mes propos alors je vous
dis qu'on travaille selon le bon sens, nous.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, je voudrais aussi
demander aux municipalités d'élaborer elles-mêmes le plan
pour aller le présenter à la commission; c'est une
responsabilité qu'on leur laisse. C'est à elles qu'incombe la
responsabilité d'élaborer leur plan pour aller le faire
entériner ou non par, à la commission, pour soustraire les
édiles municipaux aux pressions qui existent dans bien des cas je
ne parle pas nécessairement d'un cas comme Saint-Eustache dans
plusieurs petits milieux que vous connaissez bien, par suite de
pétitions ou de toutes sortes de stratagèmes. Il est très
facile de renverser des plans de zonage, comme on l'a vu dans le passé.
J'habite moi-même une municipalité et je sais que c'est quand la
municipalité décide de ne pas mettre de roulottes par exemple,
dans telle partie de la paroisse, dans tel coin de la paroisse; toutes les
pressions que doivent subir les conseillers municipaux qui ne sont pas
engagés à temps plein dans les milieux ruraux pour s'occuper de
cela. Ces gens, si on les voit individuellement, vont vous dire qu'ils sont
fort heureux parce que ce n'est pas les $500, $600 ou $800 par
année qui leur permettent d'être à la journée longue
à la disposition des contribuables et écouter ce "braillage". Ils
sont là pour rendre service à leurs concitoyens, mais ils ne sont
pas là pour subir ce genre de pressions qui, au bout de la course, somme
toute, constituent des petites "gamiques" politiques à
l'intérieur des municipalités et quand arrivent des
élections ces gens se font tous balayer parce qu'ils ont justement voulu
empêcher un développement incohérent. Ceci était le
commentaire que je voulais faire.
La question que je voulais vous poser maintenant, c'est parce que vous
avez expliqué que vous aviez un plan d'aménagement qui a
coûté $2 millions ou $3 millions. Est-il exact que le plan
d'aménagement qui a coûté presque $3 millions vous lie,
d'une certaine façon, ou vous met en tutelle d'une certaine
façon, puisque vous ne pouvez rien décider sans aller au
commissaire responsable? Est-ce que vous pourriez me répondre à
cette partie? (15 h 15)
M. Bélisle: Oui, c'est exact. C'est une loi qui est
extrêmement coercitive, mais c'est quand même aussi une loi qui va
demeurer et qui nous mettra en double tutelle parce qu'après avoir
franchi toutes les étapes que j'ai énumérées ce
matin on devra s'adresser à la commission spéciale sur la
protection du territoire agricole.
J'ai aussi dit que, quand même, c'est une tutelle rosée,
parce que ceux avec qui on a affaire au ministère des Affaires
municipales, ce sont des gens avec qui on a travaillé à
l'élaboration du schéma d'aménagement depuis 1970.
Naturellement, la plupart de ces gens ne sont plus en fonction, sauf
quelques-uns qui ont, comme charge, de représenter personnellement le
ministre et de faire en sorte que tout ce qui a été
décidé par concertation entre le gouvernement, les
municipalités et les citoyens soit respecté.
Si je dis que c'est une tutelle rosée, c'est tout simplement que
si on respecte ce que nous avons nous-mêmes décidé, nous
n'aurons jamais de problèmes, alors que si nous nous trouvons, à
un moment donné, avec une double tutelle qui n'a pas du tout les
mêmes buts pour lesquels nous avons travaillé pendant 4 ans et que
nous continuons à poursuivre depuis les 4 dernières années
cela fait 8 ans à ce moment-là, nous risquons
d'être souvent sur une longueur d'onde différente, alors que le
représentant des Affaires municipales, c'est quand même un gars
avec lequel nous travaillons. Nous avons déjà discuté fort
avec lui, mais nous avons appris à nous apprécier
réciproquement. Nous avons appris à respecter une loi coercitive,
mais qui fait également notre bonheur.
M. Chevrette: M. le maire, je vous ai posé la question et
vous me répondez en me disant qu'il y a une double tutelle. C'est parce
que vous avez mis tellement d'emphase sur la deuxième tutelle, celle de
la loi 90, pour finalement répondre au député de Laval que
cela ne représentait que 10% de plus que la situation actuelle. Vous
avez mis tellement d'emphase sur la tutelle de la loi 90 que cela avait l'air
rosé, la première tutelle de la loi 48 dont vous parliez. Si on
veut être objectif et parler dans des cadres normaux, sans
émotivité, il y a beaucoup d'emphase et d'après vos propos
toujours j'espère que je me trompe, vous rectifierez vous
avez semblé faire la présomption qu'il vous serait impossible de
travailler tout aussi bien avec la commission que vous le faites avec le
représentant du ministère des Affaires municipales.
Je ne vois pas en quoi dans votre cas, si, dans un premier souffle, vous
avancez que cela ne représente que 10% de plus que le territoire
agricole actuel protégé par la loi 48, cela devient si difficile,
sans l'avoir fait, avec la commission pour 10% seulement.
M. Bélisle: J'ai répondu ce matin, en disant...
M. Chevrette: Oui, mais c'est l'emphase que vous mettez sur la
loi 90. Cela a l'air monstrueux et désastreux, alors que la loi 48,
elle, vous a vraiment mis dans un cadre inconditionnel et pour toujours.
M. Bélisle: Le cadre qui découle de la loi 48,
c'est notre propre cadre qu'on a décidé nous-mêmes. C'est,
si vous voulez, l'application, avant le temps, de la décentralisation
préconisée par le gouvernement. Ce sont nos structures. Nous
a-vons un sentiment d'appartenance au schéma d'aménagement que
nous avons nous-mêmes préparé, au plan d'urbanisme
également et à toutes les structures qui en découlent. Ce
schéma fait en sorte que si on abandonne notre pouvoir de
décision entre les mains d'une commission qui n'a plus un
éventail de buts à réaliser, mais bien un seul but,
à ce moment-là, cela n'est plus pareil du tout.
Or, nous disons, nous: Le but poursuivi par la commission
spéciale est déjà inclus dans le projet de loi 48. N'ayez
aucune crainte, laissez-nous uniquement avec le projet de loi 48 et vous
êtes certains que le but poursuivi est protégé et va
être atteint également.
M. Chevrette: A toutes fins pratiques, vous me répondez:
Nous nous sommes donné...
M. Bélisle: Oui.
M. Chevrette: Donc, ne nous en demandez pas plus.
M. Bélisle: Oui, bien, ne nous en demandez pas plus...
M. Chevrette: Si j'interprétais ce que vous avez dit.
M. Bélisle: C'est un peu cela. Nous nous sommes
donnés, et nous avons accepté une certaine coercition. Ne nous
demandez pas, finalement, de dépendre doublement du gouvernement, on a
assez d'en dépendre une première fois.
M. Chevrette: Ne pensez-vous pas qu'il peut y avoir une
coordination entre deux ministères du même gouvernement? Si vous
vous êtes donnés entièrement aux affaires municipales, ne
croyez-vous pas que les ministres d'Etat ou les ministères d'Etat qui
chapeautent les différents ministères peuvent faire la
coordination et que vous ne soyez pas plus mal pris qu'avant?
M. Bélisle: A ce moment-là, pourquoi la commission
spéciale ne s'en rapporterait-elle pas, pour ce cas, elle...
M. Chevrette: Cela peut être des modalités
d'application.
M. Bélisle: Bon.
M. Chevrette: II n'en demeure pas moins qu'il ne faudrait pas
faire de drame, à mon point de vue. Vous admettez vous-même vous
être mis en tutelle vous autres mêmes auprès des Affaires
municipales. Si le ministère de l'Agriculture vous demande un
contrôle additionnel de 10%, il y aura, bien sûr, d'après
moi, dans le contexte actuel, des échanges à partir du plan
d'aménagement qui est déjà enregistré, qui est
déjà dépendant d'une loi, à la suite de laquelle
vous êtes en tutelle déjà, face à votre plan
d'aménagement.
M. Bélisle: II faut s'entendre par tutelle.
M. Chevrette: C'est vous qui avez affirmé être sous
tutelle. Moi, j'ai parlé d'autre chose.
M. Bélisle: Vous avez dit le mot "tutelle". Il faut quand
même s'entendre. On a une commission, ou un surveillant, qui
représente personnellement le ministre pour qu'on suive
fidèlement le plan d'aménagement et toutes les autres structures
qui ont été acceptées finalement par le ministre et ses
représentants en 1974. En fait, elle ne décide pas à notre
place; on n'a pas de permission à lui demander, sauf si on déroge
au plan. Il reste que lorsqu'on s'y réfère, ordinairement, c'est
une ratification. On n'a jamais eu de problème en autant qu'on a
toujours suivi le plan qui avait été accepté en 1974.
M. Chevrette: Donc, vous admettez avec moi que la même
présomption peut être faite face à la loi 90.
M. Bélisle: Non, parce que là on a quand même
un droit d'appel. On a le droit de discuter et on a le droit de remonter au
ministre. On a aussi un droit de contestation.
M. Chevrette: L'article 18 vous permet une révision;
l'article 33 du Code civil vous permet...
M. Bélisle: Oui, mais disons que par la même
commission, la...
M. Chevrette: Je n'ai pas fini. L'article 18 vous permet un droit
de révision; l'article 33 du Code civil vous permet un droit d'appel sur
l'excès de juridiction, et vous pouvez aussi remonter au ministre en
vertu de cet article 37 du projet de loi. Vous avez les mêmes
prérogatives et vous vous faites une montagne avec rien.
M. Bélisle: Ah! non, non. On n'a pas les mêmes
prérogatives. On connaît trop les deux lois pour ne pas savoir
comment cela peut être différent.
M. Chevrette: Vous ne connaissez pas la
réglementation.
M. Bélisle: Cela fait quand même huit ans qu'on vit
avec l'autre et celle-là, on est en mesure de comparer. Faites
vous-même les comparaisons et vous allez voir que ce n'est pas du tout la
même chose.
M. Garon: Dans ce sens qu'on est au début d'un mariage,
alors il y a une période d'adaptation. Remarquez que le voyage de noces
peut être difficile, mais on va s'adapter avec le temps.
M. Bélisle: Mais vous nous forcez à faire de la
polygamie. Ce qu'on veut, c'est de rester uniquement avec notre premier
mariage...
M. Garon: J'aimerais cela.
M. Bélisle: ... sans être obligé de divorcer
ou sans être obligé d'être polygame.
M. Chevrette: On va arrêter cela là-dessus, cela
fait partie du sexe.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Bélisle. M. le
député de Deux-Montagnes. M. le député de
Montmagny-L'Islet a demandé la parole. M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. de Bellefeuille: Je la lui cède volontiers.
M. Giasson: Merci, M. le Président. M. Bélisle,
quelque part dans votre mémoire, vous indiquez comment, dans votre plan
d'aménagement, vous avez réservé une aire pour lui
maintenir une vocation agricole. Cela pourrait représenter environ 160
fermes. Dans votre esprit, cette zone agricole que vous aviez prévue
à l'intérieur du plan, est-ce que vous la voyez toujours
réservée à l'agriculture dans un avenir prochain ou
même éloigné, quels que soient les besoins de
développement de la ville elle-même, de l'urbanisation à
créer?
M. Bélisle: Dépendant de la vocation de la ville.
Ce matin, j'ai évoqué le fait que la ville de Saint-Eustache est
un centre de services pour plusieurs municipalités. C'est là que
se trouvent également la plupart des institutions gouvernementales,
c'est là que se trouvent le parc industriel, deux centres commerciaux,
etc. En plus, c'est situé à huit ou dix kilomètres
à peine de l'aéroport de Mirabel; c'est à peu près
à mi-
chemin entre Mirabel et Dorval et c'est à l'intérieur du
triangle créé par Mirabel, Dorval et Montréal.
Géographiquement, c'est un point stratégique.
Il va sûrement arriver que le développement continue de se
faire. Est-ce qu'il va s'accélérer ou ralentir? On ne peut pas le
prévoir. On essaie d'avoir les structures nécessaires pour le
recevoir et, au fur et à mesure que le développement va commander
une extension du périmètre urbain, on va l'élargir.
Cependant, concernant les 160 terres, il faut calculer que c'est assez
difficile de développer l'équivalent; ce sont des terres de 120
ou 130 acres, à peu près, c'est assez difficile d'en
développer plus d'une par année. A une terre par année,
ceia peut faire 100 ans, mais cela peut faire moins, aussi.
Nous, on a une vocation et on ne veut pas que cette vocation... Il est
important d'avoir des structures industrielles fortes autour de
Montréal, ce qu'il y a autour de toutes les capitales. Vous avez des
villes de banlieue très fortes. Quand on dit que des gens s'en vont
à Toronto, on s'aperçoit souvent qu'ils ne sont pas
nécessairement à Toronto, ils sont à 10, 15 ou 20
kilomètres de Toronto; quand on parle de Montréal, cela peut
vouloir dire Saint-Eustache avec une structure industrielle très forte.
Je ne voudrais pas laisser entendre à la commission que nous allons
fixer dans le temps, pour toujours, le caractère agricole des terres; on
va les prendre au fur et à mesure des besoins.
Je répète ce que je disais ce matin: On ne peut pas faire
un plan directeur pour une terre à la fois; on fait un plan directeur
pour un groupe de terres, ce qui ne nous empêche pas de dézoner
une terre à la fois.
M. Giasson: Dans votre mémoire, n'aviez-vous pas
indiqué, à un moment donné, qu'il y avait 40 fermes
auxquelles vous n'aviez pas réservé de vocation agricole, mais
qui seraient couvertes par les cartes et le plan de zones vertes à
l'intérieur de votre municipalité? Quelle est la qualité
du sol de ces 40 fermes? Est-ce que ce sont de bons sols agricoles?
M. Bélisle: C'est de la terre argileuse, ce sont des
terres qui étaient utilisées autrefois pour fins de grosse
culture, c'est-à-dire les vaches, les chevaux, l'élevage. Quand
on parle de 40 terres, il faudrait dire 40 moitiés de terre parce que
l'autre moitié se trouve au sud de l'autoroute 640 et est
développée actuellement. C'est l'autre partie de ces terres qui
se trouve au nord de l'autoroute 640 et qui a à peu près
l'équivalent de la superficie qu'elle avait au sud.
M. Giasson: Lorsque vous avez fait allusion à une
rencontre avec des producteurs agricoles, il s'agissait des producteurs
agricoles dont vous faites mention dans votre mémoire?
M. Bélisle: Les 160 producteurs agricoles, oui. M.
Giasson: Ce sont des gens qui sont encore actifs en agriculture, qui sont des
producteurs reconnus, membres de l'UPA?
M. Bélisle: Oui.
M. Giasson: Au moment de cette rencontre, est-ce que vous
connaissiez le contenu de la loi 90?
M. Bélisle: Oui. En fait, on avait lu la loi 90 et on nous
avait dit que le premier rôle des municipalités était
d'informer les citoyens; la première chose qu'on a faite a
été de les informer. Premièrement, on a fait une
réunion de tous les citoyens "at large", et on en a profité pour
discuter d'autre chose; deuxièmement, on a fait une réunion
uniquement réservée aux cultivateurs actifs, ce qui excluait tous
les spéculateurs, qui n'étaient même pas invités
à l'assemblée parce qu'on voulait avoir le point de vue des
cultivateurs. (15 h 30)
M. Giasson: Lors de ces discussions, ces cultivateurs se sont-ils
prononcés uniquement sur un choix personnel qu'ils faisaient à
l'effet que la ville avait priorité ou qu'eux préféraient
que la ville continue à fonctionner en vertu de son plan, de son
schéma par rapport au contenu de la loi 90 ou s'ils ont également
indiqué d'autres avis sur les dispositions les plus importantes qu'on
retrouve à l'intérieur de la loi de protection du sol
agricole.
M. Bélisle: La réaction des cultivateurs a
été de deux ordres. D'abord, les cultivateurs, en
général, se sont dits d'accord avec le principe de la loi de
protection. Dans un deuxième temps et cela fait partie du
premièrement ils se sont dits plutôt
intéressés à ce que ce soit la ville qui continue à
avoir juridiction entière sur leurs terres et sur leur territoire. Dans
un troisième temps, ils ont fait des remarques particulières qui
se trouvent en annexe de notre rapport et qui peuvent se résumer dans le
fait que les cultivateurs calculent que le fait, de zoner agricole ne rend pas
nécessairement les fermes rentables et, deuxièmement, que le fait
d'avoir zoné ainsi, sans consultation avec les municipalités,
faisait en sorte qu'eux se trouvaient drôlement
désavantagés, surtout ceux qui étaient plus près de
la zone urbanisée.
M. Giasson: Ont-ils commenté, par exemple, l'absence d'un
principe d'indemnisation ou de compensation pour des pertes éventuelles
qui pourraient découler du gel dans une vocation agricole pure du
territoire que ces gens possèdent?
M. Bélisle: Oui. En fait, ils l'ont commenté.
Cependant, la plupart étaient plus ou moins au courant; on venait tout
juste de les mettre au courant. Ils ont posé des questions à M.
de Bellefeuille et à M. Robert de l'UPA, sur la façon dont ils
seraient indemnisés, s'il y avait indemnité. Mais, en fait, leurs
remarques peuvent se résumer au principe que j'énonçais ce
matin, soit qu'ils n'acceptent pas le fait qu'une catégorie de
person-
nes assume les frais de l'intérêt de toute la
collectivité. Dans le cas précis des terres de Saint-Eustache,
c'était encore plus patent.
M. Giasson: J'aurais une dernière question. A la fin du
mémoire, vous indiquez que vous aimeriez voir, au-delà des
pouvoirs absolus que possède la commission de contrôle,
l'application de cette loi entre les mains d'organismes qui ont les mandats
d'élus, les municipalités. Vous ne croyez pas que, pour assurer
l'un des principes essentiels de la loi, je ne veux pas diminuer la
qualité ou la capacité des élus municipaux de veiller
à tous les intérêts à l'intérieur du
territoire il serait nécessaire de compter, dans cette
représentation, des gens qui représentent vraiment le milieu
agricole.
M. Bélisle: Sûrement et je le verrais dans une
espèce de commission de contrôle, c'est-à-dire que le plan
d'aménagement serait discuté avec toutes les municipalités
concernées dans une perspective régionale et globale et avec les
citoyens. Un zonage définitif serait, par la suite, accepté et,
à l'intérieur de la même loi, serait créée
une espèce de commission de surveillance qui ferait que, pour autant que
le plan est respecté, il n'y a pas de problème. C'est seulement
là où il y aurait des décisions ou des changements majeurs
à faire qu'interviendrait la consultation avec la même
commission.
Là où je diffère d'opinion, c'est en ce qui
concerne la juridiction municipale. Moi, je suis persuadé, quand
même, après quelque 15 ans de vie municipale, que les
municipalités et les conseils municipaux, à priori, sont tous
sérieux; que si vous donnez à chacun des conseils municipaux ou
aux conseils municipaux les outils dont ils ont besoin pour faire appliquer des
politiques, ils vont les appliquer. Et ils vont les appliquer avec beaucoup
moins d'affrontements et de discussions qu'en passant par une autorité
supérieure.
Qu'est-ce que la loi réserve actuellement aux
municipalités? La loi réserve aux municipalités le plus
odieux du contact avec les citoyens, puisque la commission ne va rencontrer les
citoyens qu'en audience. La demande est faite par le citoyen, la
municipalité donne son avis, renvoie cela à la commission et la
commission décide. Par la suite, la commission renvoie à la
municipalité la décision et c'est la municipalité qui a
l'odieux d'appliquer cette décision dont elle n'est aucunement
responsable. Au moins qu'on l'associe de quelque façon que ce soit, mais
quand même il faut comprendre que, quand on est ici, à
Québec, les gens nous appellent peut-être moins souvent.
Mais quand on passe des résolutions, des règlements
à un conseil municipal, le lendemain, dans les restaurants et partout
dans les rues, cela se commente, cela se discute, et à un moment
donné, souvent quelques heures après, on en a les
contrecoups.
Or, vous nous demandez de justifier des positions pour lesquelles on
n'aura rien eu à dire, à peu près, surtout si la
recommandation de la municipalité a été contraire à
la décision de la commission.
Le Président (M. Boucher): Merci! Vous avez
terminé, monsieur?
M. Bélisle: Oui, M. le député.
M. Giasson: Vous avez fait allusion à une perte de revenus
possible, par suite de changements d'évaluation. Les terres qui se
trouvent à l'intérieur de la zone agricole que vous avez
réservée dans votre plan sont évaluées à
combien? $125 l'acre ou l'arpent?
M. Bélisle: II y en a à $150 et il y en a à
$2000 l'arpent.
M. Giasson: Même celles qui sont situées dans la
zone agricole définie dans votre plan?
M. Bélisle: Oui.
M. Gendron: Comment expliquez-vous cette différence?
M. Bélisle: Si des terres ne sont pas exploitées,
on les impose à la pleine valeur; d'autres terres ont été
louées non exploitées dans leur majorité, et
l'évaluation a été faite et non contestée. On a une
évaluation de cette envergure-là.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais poser
quelques questions que j'espère rapides et, ensuite, je me permettrai de
conclure, au nom du ministre, s'il me le permet, et au mien. Les questions.
D'abord, M. le maire vient de nous dire que la ville "file un parfait bonheur"
dans son mariage avec le schéma d'aménagement
hérité des travaux de SATRA, que généralement il s
agit d'une ratification des propositions présentées par la
municipalité ou par les municipalités. Dans le cas des
Investissements EURIPON, les terres achetées par les Investissements
EURIPON, est-ce que c'est limité à ce que le maire a
décrit comme des moitiés de terre, ou s'il n'y a pas des terres
entières?
M. Bélisle: Celles-là sont des terres
entières. Maintenant ces terres-là ne sont pas zonées ou,
dans le plan directeur, sont encore zonées agricoles.
M. de Bellefeuille: C'était ma question suivante.
M. Bélisle: C'est encore zoné agricole. On a
demandé au promoteur de présenter un plan directeur à ses
frais, parce que c'est quand même un gros projet et la ville ne voulait
pas
s'embarquer dans des déboursés de frais
considérables pour établir un plan directeur. Or, le plan
directeur a été soumis à la ville et soumis à la
Commission d'urbanisme qui aura à décider de là-propos du
changement de zonage en conformité avec le plan directeur.
M. de Bellefeuille: Donc, la demande de changement de zonage n'a
pas encore été faite.
M. Bélisle: La demande de changement de zonage a
été faite, mais n'a pas été acceptée. Le
plan directeur a été soumis à la fin du printemps 1978.
Pour la ville, il ne s'agit pas d'engager des fonds pour mettre en péril
sa structure financière; il s'agissait de faire une étude en
profondeur de la rentabilité de ce projet, compte tenu qu'il y a des
collecteurs à conduire à ce développement et de la
participation qu'auront les promoteurs du projet. Cette étude vient tout
juste d'être terminée, et le projet comme tel a été
déféré à la Commission d'urbanisme,
dernièrement, avec l'étude de rentabilité.
M. de Bellefeuille: Le plan directeur de ce secteur est fait par
l'entreprise elle-même.
M. Bélisle: Oui.
M. de Bellefeuille: La demande de changement de zonage a
été faite et n'a pas été acceptée. C'est
donc qu'il y a un nuage dans le mariage; cela n'a pas été une
ratification immédiate.
M. Bélisle: Non. On n'a pas encore demandé au
ministre des Affaires municipales de faire ce changement de zonage. On est
assez adulte pour savoir qu'il faut quand même des prérequis, et
ce sont ces prérequis qu'on est en train de mettre sur pied qui vont
constituer un dossier rentable. Nous aussi voulons que ce projet soit rentable
et ne mette pas en péril la structure financière de la ville.
M. de Bellefeuille: Je crois me rappeler que le projet EURIPON
prévoit une sous-ville de 20 000 âmes.
M. Bélisle: 25 000 âmes.
M. de Bellefeuille: 25 000 âmes, merci. D'ici quelle
année?
M. Bélisle: Dépendant de la demande de maisons,
dépendant de la date de mise en oeuvre de ce projet, cela peut
être dans cinq ans, cela peut être dans dix ans, cela peut
être l'an prochain, on ne le sait pas. Cela dépend si les
promoteurs vont accepter de verser immédiatement la contribution qu'on
demande ou si la demande justifie pour eux un investissement de cette
envergure. Si ce n'est pas le temps, pour eux, de le faire actuellement, cela
peut se faire dans cinq ans. De toute façon, c'est sûr que c'est
un projet qui doit s'étaler sur 20 ans environ.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le maire, de vos réponses.
Je voudrais, de nouveau, vous remercier de vous être
présenté devant la commission. Ce matin, il y a eu un moment
désagréable à passer. Je voudrais simplement vous dire,
à ce sujet-là, que dans la vie, que ce soit en politique ou dans
d'autres domaines, chacun fait son devoir. Je sais que vous faites le
vôtre, mais je sais aussi que vous le faites de la façon dont vous
croyez devoir le faire et je fais mon devoir de la façon dont je crois
devoir le faire. J'espère qu'il n'y aura pas, à partir de cela,
la moindre rancune parce que, malgré tout, il faudra continuer de
travailler ensemble pour le mieux-être de nos commettants communs. Merci,
M. le maire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Shefford.
M. Verreault: Une toute petite question, M. le maire. Vous nous
avez parlé de la consultation que vous avez faite auprès des
agriculteurs de votre région, de Saint-Eustache. Vous nous dites que
vous avez 160 fermiers et qu'il y en a 110 qui se sont présentés,
donc cela représente plus de 70% des gens qui ont été
consultés.
Pourriez-vous me dire si l'UPA a fait exactement la même chose que
vous? Est-ce qu'elle a fait, auprès de ses membres, une
consultation?
M. Bélisle: Je ne pourrais pas vous le dire exactement. En
fait, c'est plutôt une impression qu'on a pu avoir par les remarques qui
ont été faites par les agriculteurs aux représentants de
l'UPA. L'essence de ces remarques, c'est que les agriculteurs de
Saint-Eustache, lorsqu'il fut question de leur consultation par l'UPA, n'ont pu
dire ce qu'ils pensaient. M. le député de Deux-Montagnes
était là et je pense, M. le député, que c'est bien
ce qui a été dit. (15 h 45)
M. Verreault: En conclusion, j'ai tenté la même
consultation chez moi et cette consultation a donné exactement les
mêmes résultats qu'elle a donnés chez vous. En concluant,
M. le Président, j'aimerais profiter de l'occasion pour féliciter
le maire et sa délégation de l'excellent mémoire qu'il a
présenté et j'espère que les recommandations qui sont
incluses dans votre mémoire seront prises en très sérieuse
considération par le ministre. Alors, je vous remercie, au nom de
l'Opposition libérale, et soyez assurés que nous allons continuer
dans le même sens.
Le Président (M. Boucher): Merci. Alors, comme il n'y a
pas d'autres intervenants, je remercie les représentants de la ville de
Saint-Eustache au nom de tous les membres de la commission qui ont bien voulu
présenter leurs mémoires.
M. Bélisle: Merci M. le Président. Maintenant, en
conclusion si vous me permettez une conclusion très rapide
je regrette, moi aussi, l'altercation que le député de
Deux-Montagnes et
moi-même avons eue ce matin. Disons que c'était aussi
imprévu que subit en ce qui me concerne, toujours, parce que j'ai
toujours excusez l'expression, mais fait en sorte que toute la
transparence possible sorte de l'hôtel de ville et qu'il n'y ait aucun
conflit d'intérêts et cela a toujours été ma
principale préoccupation. Alors, inutile de vous dire que j'étais
extrêmement déçu ce matin de voir que j'étais
moi-même accusé d'être dans une situation de conflit
d'intérêts. J'ai demandé par deux fois, ce matin, au
député de Deux-Montagnes de retirer ses paroles; naturellement,
je m'en retournerais à Saint-Eustache beaucoup plus heureux s'il
acceptait de les retirer.
Je vous remercie, M. le ministre, et j'espère que vous prendrez
en considération l'essentiel et le contenu de notre mémoire et
veuillez croire que tout ce que nous avons fait, nous l'avons fait dans un but
extrêmement positif.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le maire.
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que je
pourrais ajouter juste un mot? Je n'ai pas accusé Me Bélisle de
se trouver en situation de conflit d'intérêts; si je l'avais fait,
je m'empresserais de retirer ces paroles. Je ne puis que répéter
ce que j'ai dit tout à l'heure, que je fais mon devoir selon ce que je
perçois qu'est mon devoir et je répète le voeu que nos
relations se continuent pour le mieux-être de la population de
Saint-Eustache, merci.
Le Président (M. Boucher): Je demanderais maintenant
à l'Association provinciale des constructeurs d'habitations de bien
vouloir prendre place. A ce stade-ci de la commission, qu'il me soit permis de
faire remarquer aux membres que nous avons quand même pris beaucoup de
temps, jusqu'à maintenant, pour les quelques mémoires qui ont
été présentés. Or, il apparaît qu'il y a
entente présentement entre les leaders pour que l'on essaie, dans la
mesure du possible, de se limiter à une heure par mémoire. Alors,
je demanderais... il n'y a pas d'obligation évidente de se
limiter à une heure mais essayons, dans la mesure du possible, de
collaborer pour que la lecture et la discussion des mémoires ne durent
pas plus qu'une heure, compte tenu qu'il y a des gens qui attendent depuis deux
jours pour comparaître et qu'en raison de la convocation qui leur avait
été faite, ils ont dû attendre jusqu'à maintenant.
Et compte tenu du nombre de mémoires que nous avons ajourd'hui, bien! il
va falloir accélérer un peu la procédure.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que je pourrais
faire une autre suggestion? Je comprends qu'il y a une entente et qu'on va
essayer de maintenir une moyenne d'une heure. Il ne s'agit pas de "bulldozer"
les témoins qui sont devant nous. Cependant, dans le cas où les
mémoires dépassent quinze minutes de lecture, vous comprendrez
que les parties sont limitées à peine, à ce moment,
à dix minutes chacune pour poser des questions. Est-ce qu'on peut faire
la suggestion également que, lorsque les mémoires
dépassent une dizaine de pages, les gens se résument au maximum
et sortent les points de divergence avec la loi afin qu'on puisse questionner
en fonction des points de divergence, ce qui va leur permettre peut-être
d'expliciter davantage leurs points de vue et nous permettre de poser plus de
questions également.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, au début de la commission, on n'avait quand
même pas eu le dépôt des mémoires, mais je crois
qu'actuellement, la plupart des mémoires ont été
déposés et la majorité des membres en ont une copie.
M. Chevrette: On pourrait s'entendre, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): II y a sûrement
possibilité d'abréger, dans le cas des mémoires qui, comme
vous le dites, dépassent dix pages.
M. Chevrette: Ce que je veux faire comme suggestion, c'est que si
les témoins nous disent: On va résumer le mémoire, je suis
prêt à faire motion pour que, automatiquement, on s'entende, entre
les partis, pour qu'on les dépose au journal des Débats, tels que
déposés au secrétariat des commissions, ce qui ne nuira en
rien aux mémoires préparés pour l'histoire du
Québec. Pour faciliter le débat, il faudrait que les
témoins nous disent s'ils veulent faire un résumé ou
non.
Le Président (M. Boucher): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Sur la proposition du député de
Joliette-Montcalm, je me mettrais assez facilement d'accord avec le
député, s'il s'agit de mémoires volumineux, qui comportent
un grand nombre de pages et un texte assez long. Lorsqu'il s'agit de
mémoires beaucoup plus condensés, je proposerais qu'on prenne
connaissance du mémoire au complet.
M. Chevrette: D'accord, c'est dans cet esprit, M. le
député de Montmagny-L'Islet, que je fais la proposition.
Le Président (M. Boucher): La motion veut que les
mémoires qui ne seront pas lus au complet soient retranscrits en entier
au journal des Débats. D'accord?
M. Chevrette: Oui.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Motion adoptée.
M. Chevrette: L'unanimité se fait à cette
commission!
Le président (M. Boucher): A titre de remarque, je demanderais
aux membres, lorsqu'ils ont à interroger des témoins,
d'être très concis dans leurs questions. Je demanderais aussi aux
invités d'être concis dans leurs réponses.
Messieurs, si vous voulez vous identifier et identifier ceux qui vous
accompagnent, s'il vous plaît!
Association provinciale des constructeurs d'habitation
du Québec
M. Rousseau (Omer): Orner Rousseau, directeur
général de l'Association provinciale des constructeurs
d'habitations du Québec; à ma gauche, le président, M.
Gérard Gazaille; à ma droite, Me Claude-U. Lefebvre, conseiller
et M. Pierre Bélanger, économiste.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres de cette
commission, l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du
Québec vous remercie d'avoir donné suite à sa
requête d'être entendue par votre commission parlementaire.
Nous regroupons, dans notre association, près de 3500 membres,
entrepreneurs généraux ou spécialisés, qui oeuvrent
dans le secteur de la construction résidentielle. Nous réalisons
80% des unités de logement construites au Québec.
Selon le projet de loi no 90 et le dépôt du plan provisoire
identifiant l'aire retenue pour fins de contrôle dans la région
agricole désignée à l'annexe "A", plusieurs de nos membres
qui ont osé gérer leur entreprise de construction en tenant
compte du lendemain, de leurs besoins immédiats en terrains, se
trouveront demain plus à l'aise au sein de l'Union des producteurs
agricoles. Vous comprenez l'émoi de celui qui apprend que son inventaire
de terrains fait maintenant partie de la "zone verte" à vocation
agricole.
Au cours des débats de l'Assemblée nationale, on a souvent
accolé le vocable péjoratif de "spéculateurs" aux
propriétaires de lots distraits du patrimoine agricole pour fins de
construction. Si cela est vrai pour certains, il est loin d'en être ainsi
pour les constructeurs d'habitations. Nous n'avons pas acquis un inventaire de
terrains à des fins de revente avec profit, mais, au contraire, pour
nous constituer un approvisionnement continu de lots viabilisés à
un prix abordable et pour assurer un développement cohérent de
nos projets d'habitations. Non seulement nos investissements n'étaient
pas spéculatifs, mais ils ont même servi de régulateurs au
prix du marché du terrain. En effet, le marché des lots
viabilisés offerts aux petits entrepreneurs par les spéculateurs
fonciers doit se situer assez près des coûts de revient des lots
détenus par les promoteurs constructeurs. Vous reconnaîtrez qu'au
Québec le prix des terrains offerts à la construction est bien
inférieur au prix payé dans les autres provinces, même si
l'on tient compte du coût des services d'infrastructure.
Nous voudrions maintenant vous démontrer qu'il serait
bénéfique de soustraire immédiatement de l'application de
la loi 90 l'inventaire de terrains acquis par les entrepreneurs professionnels
de la construction. 1)parce qu'il s'écoulerait au moins deux
années avant que nous puissions nous constituer un nouvel inventaire de
terrains viabilisés; 2)parce que l'achat immédiat de lots en
"zone blanche" est générateur d'une flambée des prix et
partant favorise la spéculation à la hausse; 3)parce que la
valeur payée par les constructeurs pour leur inventaire de terrains et
les obligations qu'ils ont à cet égard les ruineront s'ils
doivent revendre ces terrains à des fins agricoles; 4)parce qu'en
permettant l'utilisation de ces terrains à des fins de construction,
l'inventaire actuel servira de régulateur aux prix des terrains de la
"zone blanche".
Le processus du développement résidentiel d'un secteur
à vocation urbaine. Lorsque débutent les travaux de construction
d'une maison, c'est la phase terminale d'un long processus de travaux de
planification, de choix, de décisions, tant du promoteur constructeur
que de nombreux intervenants. Le terrain viabilisé sur lequel on
s'apprête à construire, il a fallu deux bonnes années pour
l'amener à son état actuel.
Identification du marché. L'entrepreneur sérieux qui ne
veut pas rester "collé" entre guillemets avec ses maisons,
se doit d'abord d'étudier ou de faire étudier soigneusement le
marché du secteur, les besoins en logement et la façon d'y
répondre. Il tiendra compte de l'état de l'économie de la
région, de la croissance de la population, du niveau d'emploi, du revenu
des ménages qu'il veut atteindre, de l'offre existante d'habitations
dans le secteur visé.
Sélection de l'emplacement et offre d'achat. En tenant compte des
facteurs que je viens d'énumérer et du marché potentiel
existant, le promoteur-constructeur recherchera l'emplacement le plus apte
à répondre à son objectif. Toutefois, il reste que le
choix de l'emplacement le plus approprié demeure sujet à de
nombreux critères de sélection.
En premier lieu et avant de faire son choix, il doit analyser les
éléments suivants: proximité des écoles, parc
récréatif, centre commercial, accès rapide aux principaux
axes routiers, transport en commun rapide, accès au marché du
travail, proximité d'industries, politiques de zonage, niveau de la
fiscalité municipale, règlements municipaux.
Pour définir le genre de projet résidentiel à
réaliser, il doit tenir compte du type d'habitation existant, de la
densité d'occupation urbaine permise, du genre de structure qu'il veut
ériger, du prix d'achat de l'ensemble et du prix de revient par lot
individuel, du ratio entre le prix de revient du lot subdivisé et du
prix de revient total de l'unité d'habitation (terrain et
bâtiment).
En troisième lieu, il doit connaître les contraintes qui
affectent les coûts de production et les niveaux de taxation, les
règlements municipaux de
construction et d'implantation, le genre d'infrastructure et
d'équipement public exigé (largeur de rue, trottoir,
éclairage, grandeur des parcs, etc.).
Préparation des plans de l'ensemble urbain et ébauche du
concept d'habitat. La troisième étape qui suit le
promoteur-constructeur après avoir achevé l'étude des deux
premières phases et après avoir pris la décision de
poursuivre son cheminement critique consiste à conclure une option
d'achat sur l'espace choisi en négociant longuement les termes,
conditions et prix de l'acquisition. C'est à cette étape qu'il
entreprend les procédures de subdivision, de négociation avec la
municipalité concernée, d'approbation d'évaluation,
d'estimation et de promotion.
Obtention des plans d'aménagement. L'approbation de projets de
subdivision de développements résidentiels n'est pas une
tâche de tout repos. Ainsi, le promoteur-constructeur, à l'aide de
spécialistes (urbaniste, arpenteur-géomètre, architecte),
doit au préalable faire accepter le projet par les responsables
municipaux qui, à leur tour, doivent obtenir l'approbation de la
direction provinciale des affaires municipales, quand il s'agit de demande
d'approbation et d'autorisation de règlement pour obtenir un emprunt sur
le marché correspondant au coût estimatif des travaux
d'infrastructure.
De plus, le projet d'urbanisation et d'implantation des lots (plan de
subdivision préliminaire) se doit d'être présenté et
approuvé par certains organismes publics ou privés
impliqués dans le financement de la construction d'habitation. A titre
d'exemple, la Société centrale d'hypothèques et de
logement, la Compagnie d'assurance d'hypothèques du Canada, etc.
Cette précaution est nécessaire et très importante
pour l'obtention du financement rapide des prêteurs, puisque ceux-ci, en
pratiquant des investissements à long terme, se doivent de s'assurer
d'un placement sûr, sans risque ni perte et procurant le rendement
recherché.
Toutes ces démarches doivent être prises avant
l'approbation finale du projet de subdivision par les responsables municipaux
qui recommanderont le projet complet pour enregistrement. Les rues, parcs et
emplacements publics sont, à cet effet, cédés à la
municipalité. La plan du cadastre ainsi que de sa subdivision
numérotée sont enfin inscrits au bureau d'enregistrement et
deviennent, par ce fait, officiels aux plans et livres de renvoi du
comté.
Préparation du site. La cinquième étape du
promoteur-constructeur au Québec est de s'assure: a) que le projet de
subdivision ait été accepté par l'ensemble des
intervenants; b) que le projet de subdivision ait été
approuvé par le conseil municipal de la municipalité; c) que le
projet de subdivision ait été approuvé par les services du
ministère des Affaires municipales; d) que le projet de subdivision ait
été approuvé par les Services de protection de
l'environnement; e) que le règlement d'emprunt municipal, pour le
financement des infrastructures, ait été adopté par le
conseil municipal, pour le financement des infrastructures, ait
été adopté par le conseil municipal et soumis pour
acceptation au ministère des Affaires municipales pour autoriser la
municipalité à emprunter; f) que le règlement d'emprunt
municipal ait été autorisé par la direction des Affaires
municipales qui, en fait, garantit l'emprunt; g) que la municipalité ait
engagé une firme d'ingénieurs-conseils pour la préparation
des plans et spécifications de la construction des équipements
publics; h) qu'une demande de soumissions par la municipalité ait
été préparée conformément aux plans et
spécifications de l'engineering préparés par la firme
d'ingénieurs-conseils; i) qu'une firme spécialisée en
construction d'équipements publics ait été retenue; j) que
les travaux de cette firme débutent dans les plus brefs délais
possible; k) qu'un piquetage complet de tous les lots soit entrepris par une
firme d'arpenteurs-géomètres; I) qu'un piquetage complet des rues
et l'indication des niveaux des rues soient entrepris incessamment par la firme
d'arpenteurs-géomètres ayant réalisé l'implantation
des rues et parcs. (16 heures)
Préparation des plans de construction d habitation.
Parallèlement ou durant la période qui s'écoule entre la
préparation du projet de subdivision et le début des travaux des
infrastructures, le promoteur-constructeur doit s'assurer: a)de préparer
des plans d'habitation adaptés à la grandeur des lots
subdivisés; b) de préparer des plans d'habitat correspondant aux
goûts et tendances ainsi qu'aux besoins du marché; c) de
préparer des plans d'habitat tenant compte d'une superficie habitable
viable à un coût compétitif; d) que les plans,
spécifications, architecture, matériaux, esthétique,
doivent être comparables, sinon supérieurs, aux
compétiteurs qui réussissent.
La mise en marché. La phase finale d'un promoteur-constructeur
est de présenter son produit fini sur le marché. Il doit
implanter une organisation de vente efficace, intègre et
compétente (pamphlet publicitaire, maquette, maison-témoin) et
ordonner une organisation publicitaire proportionnée à l'ampleur
de sa projection de vente annuelle (exemple: définir et budgéter
les montants par unité pour les dépenses publicitaires,
définir les périodes de vente les plus favorables de
l'année).
Cette longue suite de procédures et d'intervenants dans le
cheminement critique du développement résidentiel est
nécessaire si l'on veut assurer à l'industrie de la construction
résidentielle une disponibilité suffisante de lots
viabilisés à des prix correspondant à la capacité
financière des résidents éventuels et du
marché.
Lorsque nous disons qu'il est nécessaire, pour assurer un
développement domiciliaire cohérent, d acquérir un
inventaire de terrains au moins deux ans à l'avance, vous conviendrez
maintenant que nous n'exagérons pas. S'il nous faut recréer notre
inventaire, il s'écoulera près de deux ans avant
que nous puissions atteindre la phase construction d'un
développement intégré.
Spéculation dans la zone blanche. Si le projet de loi no 90 fait
des malheureux, il suscite également des appétits nouveaux chez
les heureux propriétaires fonciers de la zone blanche.
On nous dit que la flambée des prix a été
transitoire en Colombie Britannique... Les prix se seraient stabilisés
avec les années...
Avons-nous le temps d'attendre? Non, parce que si, demain, notre
inventaire actuel retourne à des fins agricoles, nous devons
immédiatement procéder à la reconstitution d'un inventaire
pour assurer la continuité de nos entreprises en 1981.
Dévaluation de notre patrimoine sans compensation. Sur ces lots,
qui ne sont pas encore viabilisés, nous n'avons aucun droit acquis, au
sens de la loi. Pourtant, nous les avons payés en moyenne $10 000
l'arpent et plusieurs à cet égard ont gardé de lourdes
obligations envers leur vendeur, avec des échéances annuelles.
Selon l'étape où nous en sommes dans le processus du
développement, des frais ont été engagés. Vous
imaginez aisément la perte que nous subirons si, demain, notre
inventaire a une stricte vocation agricole. C'est par centaines de milliers de
dollars qu'on calculera les pertes chez plusieurs de nos membres qui ne
sauraient les supporter sans être indemnisés. Et ces terres
seront-elles cultivées pour autant le lendemain?
Effet régulateur de l'inventaire actuel. Nous croyons qu'en
accordant aux promoteurs-constructeurs le droit d'utiliser leur inventaire
actuel de terrains à des fins de construction, cela permettrait un
passage graduel des développements de la zone verte à la zone
blanche. Ce processus serait alors étalé sur deux ans et aurait,
croyons-nous, l'effet de limiter la hausse des prix en zone blanche, en
diminuant la demande massive de terrains, à court terme. Ceci aurait
également pour effet de permettre à la commission de
contrôle de bien s'implanter et de ne pas avoir à juger en vitesse
un nombre considérable de demandes d'exclusion.
Si l'autosuffisance recherchée en matière d'alimentation
doit assainir à long terme un marché qui compte pour près
de 21% du budget familial, il ne faudrait pas oublier que le budget
consacré au logement est tout aussi important, et toute mesure qui
pourrait limiter la hausse des prix du terrain, matière première
de la construction, aura un effet également bénéfique.
Pour vous permettre de bien juger de notre demande, il nous
apparaît important de bien identifier le promoteur-constructeur et de
quantifier l'inventaire de lots que nous vous demandons d'exclure de la
loi.
Le promoteur-constructeur. Il est facilement identifiable car, pour agir
comme constructeur, il doit détenir une licence d'entrepreneur en
construction domiciliaire émise par la Régie des entreprises de
construction du Québec.
L'inventaire de terrains est détenu soit par l'entrepreneur, soit
par une compagnie liée ou personne liée, soit même par un
groupement de petits entrepreneurs. Il vous serait donc facile de le distinguer
du spéculateur, car ce dernier ne construit pas.
Inventaire quantifié. Nous n'avons pas disposé d'un temps
suffisant pour inventorier de façon précise, l'impact qu'aurait
le retrait de notre inventaire sur l'aire retenue visée par la loi.
Forcément, notre évaluation est approximative, mais, à
première vue, il s'agirait d'un retrait de moins de 1% de la zone
agricole désignée.
Nous croyons qu'il serait plus approprié de procéder
à ce retrait par un amendement à votre loi plutôt que
d'attendre une décision de la Commission de contrôle et ce, pour
les motifs suivants:
Devant cette commission, nous serions représentés par les
corporations municipales (articles 47 et 48) et nous croyons qu'on est jamais
aussi bien servi que par soi-même; les délais prévus pour
permettre à la commission d'entendre et de juger les demandes
retarderaient d'autant la continuité de nos opérations; les
critères sur lesquels la commission doit faire reposer son jugement sont
bien différents de ceux que nous venons de vous exposer.
C'est pourquoi nous estimons que le législateur pourrait nous
accorder une exclusion similaire à celle dont il fait
bénéficier le propriétaire d'un lot, à l'article
31, en ajoutant le texte suivant comme article 31b. L'article 31b se lirait
comme suit: "Dans une région agricole désignée, un lot
peut être aliéné, loti et utilisé aux fins d'un
développement domiciliaire, sans l'autorisation de la commission, aux
conditions suivantes: 1)L'utilisation projetée doit être en
conformité des règlements municipaux applicables et être
réalisée dans les cinq ans de la date d'entrée en vigueur
de la loi ou d'un décret visé à l'article 22; 2) Le lot
doit être la propriété d'un entrepreneur en construction
domiciliaire, détenteur d'une licence d'entrepreneur émise par la
Régie des entreprises de construction du Québec le 9 novembre
1978, ou être la propriété d'une personne physique qui
contrôle cet entrepreneur à telle date, lorsque ce dernier est une
personne morale; ou être la propriété d'une personne
physique ou morale liée à cet entrepreneur le 9 novembre 1978, au
sens de la Loi sur les impôts (L-Q-1972), le tout en vertu d'un titre
enregistré le 9 novembre 1978; 3) Le lot doit être situé
dans une zone de développement domiciliaire existante ou dans une zone
contiguë à cette zone de développement domiciliaire".
Avec l'adoption de cet amendement, nous pouvons vous assurer que notre
passage de la zone verte à la zone blanche se fera sans heurt, de
façon intégrée et sans provoquer de chute dans
l'activité économique produite par notre industrie.
Cette mesure aurait en outre pour effet de servir de régulateur
au prix du marché de la construction domiciliaire. A nous,
constructeurs, elle permettra de conserver la valeur de notre patrimoine et de
continuer à oeuvrer consciencieusement et avec cohérence dans
cette activité économique que nous avons choisie.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, M. Rousseau. M.
le ministre.
M. Garon: Je vous remercie infiniment d'être venus et vous
pouvez être certains que nous allons tenir compte de votre mémoire
lors de l'étude article par article du projet de loi. Je dois m'excuser
auprès de vous de vous avoir fait attendre, c'était
indépendant de notre volonté. Votre mémoire étant
très clair, je ne sens pas le besoin de vous poser de questions.
M. Lefebvre (Claude): M. le ministre, vous permettez?
M. le Président, j'aurais une clarification additionnelle
à apporter à la suite des conversations que nous avons eues avec
vos techniciens et vos cadres. Lorsque nous mentionnons dans notre
mémoire qu'il s'agirait d'un retrait de moins de 1% de la zone agricole
désignée, c'est encore beaucoup trop grand puisque, selon les
chiffres qu'on nous a fournis, il s'agirait de 78 000 acres. Nous n'avons
jamais eu l'intention de demander l'exclusion d'une telle ampleur. En fait,
lorsque vous retrouvez, dans la proposition de l'article 31b, des termes comme
"cinq ans", "par des entrepreneurs en construction détenant une licence
" et "dans des zones domiciliaires existantes ou domiciliaires contiguës,
ce sont autant de facteurs qui diminuent le nombre d'acres requises.
Ce que nous vous demandons, finalement, c'est de procéder par
étape cette solution étapiste est sans doute connue du
gouvernement dans d'autres secteurs et de protéger le patrimoine.
On parle de 78 000 acres. En fait, il se construit annuellement, au
Québec, aux environs de 25 000 unités de logement de type
unifamilial, bifamilial ou en rangées, enfin le type que nous
construisons comme constructeurs d'habitation. Sur une période de cinq
ans, cela nous donnerait quelque chose comme 125 000 logements à
construire pour l'ensemble du territoire du Québec.
Avec la densité moyenne connue actuellement de 8 1/2 logements
à l'acre, cela nous amène à une évaluation, pour
l'ensemble du territoire québécois, de 16 000 acres, qui seraient
utilisées pour la construction au cours des cinq prochaines
années, non seulement dans la zone actuellement désignée
à l'annexe A de la loi, mais également dans les territoires du
Lac-Saint-Jean, de Sherbrooke, dans la zone blanche qui contient de nombreux
terrains, II faudrait également soustraire de ces 16 000 acres tout ce
que la commission va enlever de la zone de retenue actuelle par
négociation au cours des 180 prochains jours avec les
municipalités.
Il nous est impossible de donner un chiffre précis, mais cela va
certainement se situer à moins et de beaucoup de 10 000
acres; en fait, c'est une approximation qu'on peut vous donner. Il y aurait une
possibilité dans trois ou quatre mois par une enquête
précise auprès de chacun des détenteurs de licence de
savoir exactement ce que cela contient, mais ce n'est pas significatif par
rapport à l'ensemble du territoire agricole du Québec. Par
contre, ce qui est significatif, c est le prix qu'on a payé à
l'arpent. Les entrepreneurs qui ont voulu se donner un inventaire de terrain
ont payé, en moyenne, de 0.20 à 0.25 le pied brut, ce qui veut
dire que les entrepreneurs ont souvent pour $500 000 et plus, d'inventaire de
terrains. On a payé cela, mon Dieu, $8000 ou $10 000 larpent et si
demain, il devait être recédé à l'agriculture, on
obtiendrait, au plus, $700 ou $900, peut-être dans les bonnes
années $1000, surtout que, demain, les terres agricoles ne seront
certainement pas rares avec la loi qui y passe. Nous avons des obligations
énormes; c est payable annuellement et il est bien sûr que les
constructeurs d'habitations ne pourraient pas subir cette perte.
Par contre, dans cinq ans, nous pourrions certainement passer à
travers notre stock et, là, connaissant la loi, connaissant les zones
blanches, il s'agira tout simplement pour vous de nous orienter là
où le législateur veut qu on aille. Ce sera une autre loi
à laquelle nous devrons nous adapter, une fois le choc initial
passé. C'est ce qu'on a fait avec la Régie des entreprises de
construction, avec les lois sur l'aménagement, avec le zonage. Ce n'est
pas nouveau, on doit, à toutes les années ou deux, s'adapter
à une nouvelle loi et, comme entrepreneurs, on le fait de bonne
grâce et on réussit à tirer notre épingle du jeu. Je
vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le ministre; vous avez
terminé?
M. Lefebvre: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci M. le Président. Je voudrais tout
d'abord vous féliciter du mémoire que vous déposez devant
nous aujourd'hui. Pour moi, pour autant que je suis concerné, cela nous
fait découvrir quelle est la multitude des étapes que les
entrepreneurs en développement domiciliaire doivent franchir avant
d'arriver à la phase construction comme telle. Il faut parcourir votre
mémoire avec vous pour découvrir une histoire interne de
l'opération dans ce secteur.
Vous dites que vous représentez ici les personnes qui pourraient
posséder ensemble environ 16 000 acres; c'est bien ce qu'il faut
comprendre?
M. Lefebvre: Non, mais disons que la construction domiciliaire,
si nous excluons les logements multiples, pourrait requérir au cours des
cinq prochaines années, pour le Québec, selon les besoins du
marché, au maximum 16 000 à 17 000 acres de terrain.
M. Giasson: Pour les 20 prochaines années.
M. Lefebvre: Exact. Il se construit, dans les meilleurs
années nous avons parlé des années d abondance, de
vache grasse il se construisait
60 000 logements dont environ 30 000 dans le système de maisons
unifamiliales en rangée et jumelées, cottage, ou ces
choses-là. Actuellement, on est en bas de 25 000. C'est pourquoi nous
arrivons à un total de 125 000, compte tenu de la
dénatalité à laquelle nous faisons face actuellement,
enfin des résultats de la dénatalité, un maximum de 125
000 logements de ce type pour les prochaines années. La densité
exigée actuellement se situe aux environs de 8,5 à l'acre, et
Central Mortgage, la Société centrale d'hypothèques et de
logement s'en va vers les 10 et 11 à l'acre.
Les terrains de 75 et 100 pieds qu'on connaît encore dans
certaines régions du Québec, dans les régions
urbanisées en sont rendus à 35, 37 pieds. Nous "densifions"
beaucoup plus pour rentabiliser les services d'infrastructure qui
coûtaient peu cher dans les années cinquante mais qui
coûtent actuellement $185 le pied linéaire. Il y a des gens qui
peuvent se payer une maison mais qui ne peuvent pas se payer le service
d'aqueduc et d'égouts qui passe devant la porte, parce que, très
souvent, les remboursements en intérêts sont à peu
près l'équivalent de votre remboursement en services municipaux.
Quand vous avez des taxes de $1800 par année seulement, dans certaines
localités, cela commence à être un loyer et vous n'avez pas
encore commencé à payer votre maison.
C'est pourquoi les organismes publics nous demandent de construire en
"densifiant ".
M. Giasson: Mais vous représentez environ 3500 membres,
votre association?
M. Lefebvre: Entrepreneurs généraux et
sous-traitants, dont environ 1400 entrepreneurs généraux,
c'est-à-dire les constructeurs, petits, moyens et grands, qui sont
responsables de 80% des 30 000 unités de logement annuelles dont je vous
parlais.
M. Giasson: Cela peut représenter un chiffre annuel de
quel ordre? (16 h 15)
M. Bélanger (Pierre): La valeur moyenne d'une maison est
de $35 000 à $42 000, selon les régions, et ce multiplié
par 20 000 à 22 000 unités par année.
M. Lefebvre (Claude): Cette industrie d'habitation
représente de 25% à 30% de l'industrie totale de la construction
qui se situe à environ $6 milliards, je crois, au Québec.
M. Bélanger: Je peux apporter une précision
à ce niveau. L'industrie de la construction constitue 14% du PNB et
l'industrie de la construction domiciliaire représente 35% de ces 14%,
ce qui veut dire 5% du PNB. C'est la moyenne des cinq dernières
années, vous n'avez qu'à vérifier auprès de
l'Office de la construction, on va vous donner les mêmes
données.
M. Giasson: Au sujet des terrains possédés par vos
membres et qui sont présentement intégrés à
l'intérieur de la zone verte telle qu'établie par les cartes,
s'il n'y avait pas d'entente avec la commission, laquelle voudrait agir avec
rigueur dans l'application de la loi, étant donné qu'elle
découvrirait que ce sont des terres véritablement à
vocation agricole, de bonnes terres, cela pourrait représenter une perte
de quel ordre, puisque ces terres étant de vocation agricole, dans une
possibilité de revente, devraient être revendues au prix que va se
vendre le sol agricole dans les prochaines années?
M. Lefebvre (Claude): Evidemment, si je prends votre question
à la lettre, cela représenterait, si on mettait 7000 acres que
nous vous demandons d'exclure, avec de $7000 à $8000 de perte, cela
représente environ $50 millions. Cependant, il ne faut pas partir en
peur. Nous sommes très conscients que les municipalités vont
certainement du moins d'après l'économie de la loi
demander à la commission de dégager une zone qui vient
d'être créée. On a bien dit que c'était temporaire.
On s'en rend compte et on est assuré que la majorité de ce qu'on
vous demande va probablement être demandé par la
municipalité.
Cependant, on ne voudrait pas que nos biens soient défendus
uniquement par les municipalités. On a trop de piastres là-dedans
en bon canadien pour attendre que d'autres se prononcent. On dit
tout de suite, M. le ministre, que puisque vous avez eu la gentillesse de dire
à ce monsieur qui avait acheté un terrain pour se construire...
Nous, on a acheté plusieurs terrains pour nous construire, pour en
construire d'autres. Pourquoi ne pas l'étendre? Ce n'est pas un droit
acquis au sens de la loi, on n'occupe pas le terrain, mais nos projets ont
toujours été achetés comme prolongement naturel et logique
d'un développement domiciliaire en cours.
S'il y en a parmi nos membres qui sont allés acheter une terre en
plein milieu d'un secteur agricole ou qui ont voulu en acheter trop, en acheter
pour les vingt prochaines années ou faire de la spéculation,
c'est leur affaire; ils en subiront les conséquences. Ce qu'on vous
demande, c'est de dire que l'industrie de la construction... Parce que le
terrain est une matière première de l'industrie de la
construction, comme le cuir l'est pour le manufacturier de chaussures, on ne
peut malheureusement pas construire ailleurs que sur le sol, pas pour le
moment, cela viendra peut-être. On dit: Protégez donc nos avoirs
parce qu'on ne le peut pas. On n'a pas acheté pour spéculer;
quand j'achète pour spéculer, je paie un prix et je prends la
chance de faire dix fois, quinze fois, vingt fois le prix de mon investissement
initial. Dans la construction, ce n'est pas cela. On achète
déjà à un prix élevé parce qu'on
n'achète pas toujours du cultivateur, on achète très
souvent des gens qui ont été des intermédiaires et on
commence à aménager en fonction d'un développement de
quatre à cinq ans.
Avant d'avoir le premier lot viabilisé, cela prend un minimum de
deux ans parce qu'il faut tenir
compte du projet triennal de la ville qui a soumis autre chose à
la commission municipale. Mais avant d'avoir l'aqueduc et les égouts,
cela prend au moins deux ans. En fait, on se dit: Si demain on ne l'avait pas,
où irait-on? Il faut commencer à acheter tout de suite ou
arrêter. Pour nous, c'est une industrie dans laquelle on a vécu;
comme certains sont agriculteurs, nous sommes des constructeurs.
Evidemment, on pourrait toujours devenir agriculteur pour ces 7000
à 10 000 acres, mais je pense que je ne serais pas tellement terrible
dans les carottes! C'est mon impression.
M. Giasson: ... la capacité des municipalités
d'établir le bien-fondé, de modifier le plan tel que
déposé. Vous avez bien indiqué que les
municipalités vont être capables de faire comprendre à la
commission de contrôle que des changements doivent être
apportés pour les besoins des prochaines années. Ne trouvez-vous
pas cela suffisant? Est-ce à partir de cette crainte que vous voulez
l'addition de l'article 31b à la loi?
M. Lefebvre (Claude): Un vieux réflexe normand me fait
dire que, lorsque les municipalités vont se présenter pour
discuter encore une fois, je n'engage pas l'association, je m'engage
personnellement de l'aménagement du territoire, on va sentir
d'ailleurs on a déjà vu cela chez les conseils de
comté des municipalités un besoin d'urbaniser. J'imagine
qu'elles vont tenter de faire repousser les barrières au maximum. Qui
trop embrasse mal étreint. A un moment donné, au lieu d'en avoir
assez, il se peut qu'elles en aient moins, c'est une question de
négociations.
Pourquoi, nous, propriétaires, irait-on se mettre le doigt entre
l'écorce et l'arbre? J'ai l'impression qu'au train où vont les
choses, ce sera un peu cela. Nous avons un certain nombre de lots que nous
pouvons utiliser pour un certain nombre d'années. En nous consacrant un
droit par la loi, nous sauvons nos investissements et notre patrimoine et
demain nous respecterons exactement ce que la loi dit. Là où on
pourra bâtir, on bâtira. De toute façon, les autres vont
être obligés de le faire; nous représentons tous les
constructeurs. Nous sommes en compétition avec des gars qui auront les
mêmes lois. Donnez-nous les règles du jeu et on sera capables de
les suivre. Mais lorsque vous les changez de façon abrupte, on peut
être lésés.
Est-ce qu'il faudrait dire au gouvernement: Remboursez-nous notre
montant d'argent, ou nous retourner et dire à notre vendeur: Ecoutez, on
n'achète plus et on ne paie plus. J'ai des contrats dans ma serviette et
il faudra les respecter. Je pense bien que si cela demeurait agricole, le gars
ne voudrait plus reprendre sa terre. C'est une perte nette, quand on
connaît les profits qu'on fait et les années difficiles, la
construction ce n'est pas le meilleur secteur cette année. Il est bien
sûr qu'il y en a qui vont excusez l'expression
péter.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Verreault: ...
Le Président (M. Boucher): C'est M. le
député de Huntingdon, normalement, qui aurait le droit de parole.
Est-ce que le député de Huntingdon permet la question du
député de Shefford?
M. Verreault: C'était seulement pour bien saisir le
commentaire de M. Lefebvre. Dans le mémoire de l'association qui
regroupe 3500 membres, on parle de pertes énormes si toutefois
l'amendement proposé par l'organisme n'était pas accepté.
Si j'ai bien compris, la perte énorme serait d'environ $50 millions?
M. Lefebvre (Claude): Si le territoire que nous détenons
actuellement en zone agricole provisoire était maintenu zone agricole
provisoire, la perte se chiffrerait entre $50 et $60 millions.
M. Verreault: Ce n'était que pour satisfaire ma
curiosité. A la page 2, vous avez un point...
Le Président (M. Boucher): Vous pourrez y revenir. M. le
député de Huntingdon.
M. Verreault: D'accord. J'y reviendrai.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Merci, messieurs, pour
le mémoire très objectif et, je pense, bien représentatif
d'un problème parmi bien d'autres qu'il faudra sans doute
considérer dans l'application du projet de loi et au moment de
l'étude article par article. Je n'ai que quelques petites questions.
Pour le territoire présentement gelé, si cela prenait six
mois avant que la commission puisse juger du dégel de certaines zones,
se pourrait-il que vous manquiez de terrains, si cela prend six mois avant
qu'on dégèle le territoire?
M. Lefebvre: Certains entrepreneurs ne manqueront pas de terrains
parce qu'ils ont suffisamment de lots viabilisés. Pour d'autres lots qui
n'étaient pas viabilisés, même si les règlements
n'étaient pas adoptés, nous manquerons de terrains l'an prochain
parce que, dans notre industrie, un retard de six mois correspond souvent
à un retard d'un an au niveau de la mise en chantier. Vous avez deux
périodes de vente, celle de l'automne, qui correspond à peu
près à 15% ou 20% du volume, et celle du printemps qui correspond
au restant.
Oui, des constructeurs manqueront de terrains l'an prochain, mais cette
année ils n'en manqueront pas puisque les principales difficultés
que nous avions parce qu'il y en avait d'autres ont
déjà été rectifiées par une
déclaration ministérielle suite à notre congrès
nous avions rencontré M. le ministre et lui avions
expliqué la situation. Certaines villes refusaient l'émission de
permis, mais cela a déjà été réglé,
c'est une question d'interprétation des articles 31, 32 et 105 et cela a
déjà été réglé. Déjà
je vous mentionne Laval, en particulier il y a plusieurs
centaines de permis qui ont été émis, cela a
déjà été dégelé.
Il est sûr que là où il y a des services en
vertu
de l'article 105, il y a des droits acquis et on a des choses.
M. Chevrette: Vous avez bien dit Laval?
M. Lefebvre (Claude): Oui, à Laval cela a
été débloqué.
M. Chevrette: On pourrait envoyer un télégramme au
député de Laval.
M. Lefebvre (Claude): ... Saint-Hubert, cela a été
débloqué et dans la majorité des...
M. Chevrette: Non, c'est parce qu'il nous charrie depuis lundi
là-dessus.
M. Lefebvre (Claude): Ah bon! En rencontrant M. Lavoie, il me
fera plaisir de le lui dire.
M. Chevrette: Vous lui direz que c'est débloqué,
les permis ont été débloqués.
M. Lefebvre (Claude): Oui, les permis ont été
débloqués. On a des exemples très précis où
cela a été...
M. Chevrette: C'est parce qu'il y avait un drame. Quand cela
a-t-il été débloqué?
M. Lefebvre (Claude): Au début de la semaine
passée.
M. Chevrette: Donc, cela fait une semaine qu'on se fait charrier
illégalement.
M. Lefebvre (Claude): Là, écoutez un peu!
M. Dubois: Est-ce qu'il y avait des services municipaux aux
endroits où cela a été débloqué?
M. Lefebvre (Claude): Oui, oui.
M. Dubois: II y avait des services municipaux existants?
M. Lefebvre (Claude): Oui.
M. Dubois: Alors, la loi le prévoit de toute façon,
prévoyait que s'il y avait aqueduc et égouts sanitaires...
M. Lefebvre (Claude): Sauf que l'article 31, selon une
interprétation très restrictive des articles 31 et 105, on peut
puisqu'on est en droit statutaire dire que le constructeur a
besoin de bâtir une seule maison. C'était cela. Maintenant, le
ministère nous a bien dit: Ce n'était pas dans notre intention.
Si ce n'est pas dans votre intention, dites-le à ceux qui
émettent des permis, faites une déclaration ministérielle,
cela a un certain poids. Et cela a eu un poids certain.
M. Dubois: En périphérie des grandes villes et des
villes satellites entre Montréal, je pense que notre
préoccupation n'était pas au niveau des terrains où il y
avait des services municipaux mais bien plus au niveau de terrains qui
étaient tout près des endroits où il y en avait.
M. Lefebvre (Claude): Bien, c'est pour ces terrains que nous
demandons l'exclusion, ceux que nous détenons, nous, non pas en
spéculation mais comme propriétaire.
M. Dubois: A présent, vous avez des terrains
accumulés pour environ deux ans, en moyenne. C'est cela?
M. Lefebvre (Claude): Non, cela, c'est le minimum avant que ce
soit viabilisé. Nous avons des terrains; certains peuvent avoir un stock
pour un an ou deux ans mais cela pourrait aller aussi loin que quatre ans,
quatre ans et demi, parce qu'on n'achète pas cela par partie de terre.
Quand on achète une terre, si le bonhomme construit 50 maisons par
année, il en a pour cinq ans. Il achète tout. Lui, à ce
moment-là, a un plan quinquennal et il s'en va là-dedans.
Dès le moment où il achète la terre, il y a des approches
qui ont été faites avec la municipalité. Habituellement
c'est un terme technique ils sont zonés R-X,
c'est-à-dire qu'ils ne sont pas zonés. Il n'y a rien
là-dedans sauf ce que la municipalité décidera. Là,
on commence à négocier avec eux; on présente des plans
préliminaires avec nos urbanistes qui s'accordent avec les urbanistes de
la ville; on nous demande une certaine densification, là où sera
placé le parc, les rues, ces choses-là; finalement, au bout d'un
nombre d'années habituellement, deux ans, deux ans et demi
on a des services.
M. Dubois: Vous avez 3500 membres, avez-vous
mentionné?
M. Lefebvre (Claude): Oui.
M. Dubois: Parmi ces 3500 membres, est-ce que vous avez une bonne
idée combien ces entrepreneurs ou constructeurs sont sur le point de
manquer de terrains incessamment et seraient pénalisés pour une
période de temps?
M. Lefebvre: Bon. Vous avez trois catégories: vous avez
une catégorie d'entrepreneurs-constructeurs, dans les petits, qui
construisent moins de dix maisons par année, c'est à peu
près 40% du volume qui se fait. Ces gens, normalement, achètent
des terrains viabilisés; ils n'ont pas les moyens de s'acheter des
terrains qu'ils stockent à l'avance.
Vous avez une autre catégorie de petits à moyens qui se
réunissent ensemble cela se fait dans la région de
Québec ici, cela se fait dans la région de Laval
achètent une terre en disant: On va la développer à
quatre, cinq. Cela se fait principalement dans la région de Varennes.
Ils vont établir une coopérative de publicité; les
approches de la ville se font coopérativement et ils peuvent se payer
une terre à quatre ou cinq gars. Ces gens, normalement, devraient
manquer de terrains, si les règlements municipaux ne sont pas
adoptés là, je pense à Laliberté et d'autres
qui vont sans doute être dans cette situation.
Les grands entrepreneurs et c'est la minorité qui
construisent 200, 300, 500 maisons par année se doivent d'avoir
des inventaires de terrains et ce sont des gens qui sont affectés.
M. Dubois: Ce qui voudrait dire que 40% de 3500, il y aurait
environ 1400 petits constructeurs qui pourraient, à très
brève échéance, manquer de...
M. Lefebvre (Claude): Non, ce serait 40% de 1400 parce que quand
on dit 3500, cela comprend... Notre association regroupe non seulement les
entrepreneurs généraux mais également tous les
sous-traitants. Alors, ce serait 40% de 1400, c'est-à-dire 560.
M. Dubois: Cela fait quand même une bonne quantité
de constructeurs qui pourraient, à très brève
échéance, n'avoir plus de terrains et être obligés
de cesser leurs activités.
M. Lefebvre (Claude): S'il n'y a pas de lots viabilisés,
s'il y a un changement draconien, sûr.
M. Dubois: D'accord. Je vous remercie. C'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Oui, vous avez terminé,
M. le député de Huntingdon?
M. Dubois: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): Merci. Alors, M. le
député de Berthier.
M. Mercier: J'apprécie beaucoup le ton de votre rapport.
On se serait attendu, après l'Union des municipalités, l'Union
des conseils de comté, qui étaient plus agressives, que les
Constructeurs d'habitations mettent un ton à leur plaidoyer, qu'ils
soient plus agressifs. Je trouve que votre ton est très
modéré et je pense que vous n'êtes pas sans constater que
vous êtes dans une industrie où on commençait, depuis un
certain temps, à déceler certaines difficultés. Je pense
que cette urbanisation sur un très vaste territoire, ces banques de sol
considérables, ce nombre de terres sous spéculation, puisqu'on
dit que pour 5% du territoire développé pour la construction
domiciliaire, on a souvent 95% du territoire qui sont sous spéculation,
donc qui peuvent faire l'objet de déstructurations.
Je pense que vous êtes conscient du nombre de problèmes
qu'il y a dans votre industrie. Dernièrement, en feuilletant certains
chiffres, je constatais que ce sont des chiffres que vous connaissez
certainement dans la région de Toronto, le prix du bungalow est
de $65 000, alors que dans la région de Montréal il est de $35
000. Une bonne partie de cette différence, la presque totalité,
provient du coût du terrain. Le coût du terrain procède de
deux aspects fondamentaux: premièrement, le fait qu'en Ontario les
terrains sont vendus viabilisés, alors qu'au Québec c'est
l'ensemble de la collectivité qui subventionnait, au moyen des
subventions des municipalités, discrétionnaires ou autres, ou des
réseaux d'aqueducs, les développements domicilaires.
Que pensez-vous de cette pratique qui a eu cours au Québec
pendant un certain temps et qui est partiellement corrigée par les
programmes PAIRA et LIQUIDATION, mais qui n'existait pas en Ontario?
M. Lefebvre (Claude): En fait, il y a deux aspects très
intéressants dans votre question, si on se compare à l'Ontario.
Je pense que les coûts de l'infrastructure on peut calculer cela
à $185 le pied ne légitiment pas la différence de
prix qui existe entre l'Ontario et le Québec. Absolument pas. Dans la
région de Toronto, vous avez...
M. Mercier: Pas la totalité, mais une bonne partie, quand
même.
M. Lefebvre (Claude): ... vous avez quatre grands
propriétaires, quatre grandes corporations propriétaires. Ces
gens viabilisent eux-mêmes leurs lots, mais ils contrôlent le
marché aussi. Que voulez-vous! Votre marché n'est situé qu
autour d'un centre urbain. Si M. de Maisonneuve avait à
réfléchir de nouveau, probablement ramerait-il un peu plus. Il
serait probablement parti de la ville de Montréal, dans les Laurentides,
pour garder le bon territoire agricole, mais M. de Maisonneuve ne le savait
pas.
Dans la ville de Laval dont je suis citoyen, je réalise
très bien d'abord parce que je suis arrivé là en
1952 et que j'avais des carottes et des tomates devant la porte qu'on a
pris le meilleur territoire agricole de la province pour y bâtir des
bungalows. Quand vous me dites que cela n'a pas de sens, je suis très
mal placé pour vous dire le contraire. Il reste une chose, si les gens
à Montréal ont traversé la rivière, c'est qu'ils
avaient une raison de partir d'un troisième étage et de s'en
aller. Il y a quand même 91% de la population qui désire vivre
chez elle. J'avais le choix de m'en aller à 50 milles, à
Saint-Sauveur et de voyager tous les jours, ou de demeurer tout près de
mon travail. J'ai choisi de demeurer tout près de mon travail et,
à lendroit le plus près, j'étais encore en territoire
agricole. Avec ce que vous faites, nous, les constructeurs, allons commencer
à chercher des terrains partout où il y a du roc, partout
où il y a des arbres; habituellement, les agriculteurs ne s'en servent
pas. Si vous regardez la ville de Laval, avec une bonne vue aérienne,
là où il y a des arbres, c'est parce que c'est inondé ou
il y a du roc à fleur de terre. Les cultivateurs ne l'ont pas
utilisée. Cela, c'est un des secteurs; Val-des-Arbres, par exemple,
n'est pas cultivable; aujourd'hui, c'est bon pour de la construction et on
aurait pu garder le restant comme potager.
Si on parle de Saint-Jérôme ou de ces endroits-là,
ce sont ces endroits. Les terres qui ont malheureusement été
décapées excusez I expression, c'est un terme de
métier ce sont ces terres qu'on va rechercher demain matin. J'en
vois une à Sainte-Dorothée qui est complètement
décapée, ce n'est plus bon à rien sauf pour y construire
des bungalows. Il faudra aller chercher ces terres.
Dès que vous nous donnerez les règles du jeu, on va s
habituer. C'est pour cela qu'on ne se fâche
pas, pour autant que vous ne nous mettrez pas dans la rue.
M. Mercier: D'accord. Je pense qu'on va très bien
s'entendre sur l'approche suivante: Je pense que d'un point de vue et
c'est un argument qui revient souvent macro-économique, la petite
entreprise de construction ou la petite municipalité qui voit dans la
construction domiciliaire le progrès, l'avenir, quand on regarde d'un
point de vue macro-économique l'ensemble des réalités au
niveau national, la préoccupation pour l'alimentation, le
développement des industries forestières, agricoles et
industrielles, je pense qu'on en arrive à d'autres conclusions.
Le coût des services, entre autres, qu'on doit assumer pour un
développement urbain sur un très grand territoire, je pense que
cela fait ressortir qu'au niveau macro-économique il y a là un
investissement collectif considérable compte tenu de la faible demande,
d'autant plus que l'urbanisation sur un trop vaste territoire amène un
déséquilibre dans l'offre et la demande du prix du terrain, une
concurrence très forte au niveau du coût du terrain et maintient
le coût du terrain très bas parce que trop de gens ont des banques
de terrains trop considérables par rapport aux besoins en constructions
domiciliaires.
D'autre part, je pense que ce qui est le plus inquiétant, c'est
moins la construction domiciliaire que justement ces banques de terres et la
déstructuration de l'activité économique qui s'ensuit.
Quand on passe d'une vocation économique donnée à une
autre vocation, c'est un ensemble d'équipements qu'on remplace par un
autre ensemble. Comme l'amortissement de ces équipements se fait sur une
période d'années, cela amène des inconvénients.
Je pense que vous pouvez témoigner des hausses de taxes de
certaines municipalités, en particulier, qui sont passées de 2000
à 10 000 de population, hausses qui ont été astronomiques
dans certains cas et qui ont fait en sorte que des individus, qui allaient
s'établir à la campagne, quelques années après se
retrouvaient en pleine ville avec des taxes astronomiques. Je pense que ce sont
des problèmes dont il faut être conscient.
M. Lefebvre (Claude): Non, d'ailleurs ce sont des
phénomènes économiques que l'on rencontre
régulièrement. Quand on vient nous dire moi, cela me fait
sourire qu'en développant un certain territoire, on va faire
baisser les taxes, moi, à tout coup, je ris, parce que je me dis: cela y
est. Tantôt, on va payer encore le double, cela est bien sûr. Quant
on réunit quinze villes ensemble une journée et qu'on dit: cela
va coûter moins cher, cela se peut. J'ai hâte de le voir. A la
communauté urbaine de Montréal, quand on nous a dit que les
services de police coûteraient moins cher parce qu'ils seraient
intégrés, je peux vous dire que la municipalité de
Saint-Léonard est passée de $800 000 à $1 800 000 avec les
mêmes policiers. Ce sont des choses comme cela. Nous ne sommes pas
législateurs nous. On doit vivre selon ce que la législation nous
dit. Nous sommes mobiles. Si vous nous dites: Demain, vous allez construire
dans les montagnes, on va aller construire dans les montagnes, parce que c'est
notre job de construire. Nous l'avons choisie. Mais c'est un secteur
très vital de votre économie, par exemple. Il ne faut pas oublier
que pour la construction, vous avez un multiplicateur économique de
quatre et, quand je plante un deux par quatre, j'ai un gars qui a coupé
l'arbre dans la forêt. Avant que l'arbre arrive en deux par quatre, il a
été gossé un bout. Il y a de l'argent
là-dedans.
M. Mercier: C'est vrai. Un multiplicateur de quatre dans la
mesure de la construction domiciliaire est soutenu, mais comme la construction
domiciliaire est liée à la demande de bungalow et qui, une fois
construit... Alors que l'agriculture, étant donné qu'elle apporte
une richesse renouvelable avec un multiplicateur de 2,8 pour un Etat, c'est une
préoccupation qui doit avoir aussi...
M. Lefebvre (Claude): C'est l'éternel débat. Il
faudrait peut-être retourner aux temps anciens où on se
bâtissait sur le haut de la montagne pour se défendre de ses
ennemis et on gardait la plaine comme les Romains faisaient, pour avoir un bon
secteur agricole, pour avoir du vin, pour avoir toutes ces choses. Bon!
Qu'est-ce que vous voulez? Cela était du temps des Romains. Maisonneuve
a décidé de se bâtir dans la plaine.
M. Mercier: Avez-vous l'impression, pour terminer je ne
voudrais pas prolonger considérablement que cela va amener
à l'intérieur de votre profession, puisque vous insistez beaucoup
sur la question des permis et tout cela, que cette nouvelle approche va amener
à l'intérieur de votre profession de meilleures garanties de
professionnalisme et de...
M. Lefebvre (Claude): Je peux vous dire que, depuis la loi sur la
qualification professionnelle des entreprises de construction du Québec,
il y en a qui commencent à se demander comment ils vont faire pour
obtenir des permis. J'ai été président de cette
chose-là. Il y a eu des règles. Il y a eu des règlements
adoptés. Cela fait du bien et cela continue à faire du bien. Tout
ce qu'on leur demande aux gens: vous recevez un salaire de professionnel,
rendez donc un service professionnel. Cela a été le moto qui a
été adopté à travers l'industrie. Et chaque fois
que vous avez plus d'exigences, que voulez-vous? ce sont les lois naturelles,
plus c'est "toffe", moins il y en a qui réussissent. Plus vous allez
mettre appelons cela des enfarges ou des lois, des règlements
parce que c'est plus facile d'être un constructeur... On ne s'en
va plus au conseil municipal demander le permis et dire je l'ai. Il y a moins
de constructeurs et cela prend des gens qui sont de plus en plus
professionnels. Sûrement. Parce que celui qui n'est pas professionnel et
qui s'en vient dans notre industrie, il a besoin de frapper une année de
vaches grasses, sinon il va se ramasser et ce ne sera pas bien long. Ce sera
une faillite de plus.
Avant de se présenter en construction, vous devez avoir un bilan,
vous devez prouver que vous êtes une personne solvable et vous devez
obtenir une garantie auprès d'un accréditeur à l'effet que
votre maison est garantie pour cinq ans. Ecoutez un peu. Ce n'est plus l'ancien
temps. C'est changé.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Lefebvre (Claude): M. le Président, j'aurais une petite
remarque...
Le Président (M. Boucher): Oui, monsieur Lefebvre.
M. Lefebvre (Claude): ... j'aurais deux petites remarques qui
n'ont pas trait à la construction notre principale demande
étant faite et, je l'espère, agréée au moins en
partie deux petites remarques qui relèvent d'un certain relent
d'avocat qui me revient de temps en temps. L'article 31, en fonction de
l'article 98: dans l'article 31, vous dites qu'il y a un droit. Je vous
souligne ce n'est pas tellement important le propriétaire
d'un lot vacant, en vertu d'un lot enregistré, peut y construire et, si
je me réfère à l'article 98, la loi a
préséance sur les règlements municipaux, a
préséance sur la Loi des cités et villes etc., ce qui veut
dire à mon sens encore une fois, je ne suis pas juge, mais je
serais enclin à le plaider que quelqu'un qui a un lot, pourrait
bâtir en contravention d'un règlement de zonage municipal en
disant: La loi me le permet, vous ne pouvez pas m'en empêcher. Enfin,
c'est poussé loin, remarquez que cela ne tournera pas la province de
Québec à l'envers demain matin.
Le deuxième point, ce sont les articles 18 et 44. En vertu de
l'article 18, la commission pourra réviser sa décision dans les
six mois. En vertu de l'article 44, le jugement est final et sans appel. A
partir de cela, lorsqu'on a dit "final et sans appel", j'interprète la
loi en me disant: J'ai un droit d'exécution. Je peux exécuter la
décision de la commission. Si la commission peut réviser sa
décision six mois après, qu'arrivera-t-il de tous les gestes
juridiques que j'ai posés entre la date de la décision et la date
de la révision.
Je donne un exemple. Je m'entends avec un cultivateur qui, dans une zone
domiciliaire, veut me vendre son terrain et je lui dis: Avant d'acheter, il
faut quand même que je sache si je pourrai y construire en vertu de la
loi. Nous nous adressons à la commission qui rend cette décision:
Oui, nous sommes d'accord, ce lot pourra servir à des fins
domiciliaires. Je l'achète, convaincu parce que j'ai eu la
décision de la commission, mais le deuxième voisin n'est pas
d'accord et cinq mois après, il se présente devant la commission
et la commission dit: On a peut-être fait une erreur, on va
réviser notre jugement. Me voilà pris avec un lot pour fins
agricoles que j'ai acheté pour des fins domiciliaires en vertu dune
décision de la commission.
Je regarde les articles 101 à 106 sur les droits acquis et il n'y
a rien là-dedans qui pourrait me rassurer. Il me semble que si on
disait, à l'article 44, que la décision rendue ou à
l'article 18 est créatrice de droits sujets à la
révision. Autrement dit, si la commission défait sa
décision, que celui qui est là soit indemnisé ou qu'on
replace les parties dans l'état où elles étaient
auparavant. Enfin, c'est une simple suggestion. Je me dis que tant qu'un
jugement n'est pas exécutoire, tant qu'il y a une possibilité
d'appel, je ne peux pas m'embarquer. Autrement dit, je ne dépenserai pas
l'argent qu'un juge de la Cour supérieure m'a alloué par un
jugement tant et aussi longtemps que les délais d'appel ne seront pas
expirés. Cela revient à peu près à cela. Remarquez
que cela mapparaît comme un certain trou; comme dans toute loi, il y a un
trou possible. Les articles 101 et 105 ne semblent pas dire que... Enfin, je
vous le souligne, vous avez des légistes qui sauront faire la bonne part
des choses M. le ministre, nous vous remercions infiniment. M. le
Président, Messieurs.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Lefebvre. M. le
député de Shefford.
M. Verreault: Je voudrais m'adresser à M. Rousseau. A la
page 2 de son mémoire, alors qu'il essayait de démontrer qu'il
serait bénéfique de soustraire immédiatement à
l'application de l'article 90 l'organisme qu'il représente, il donne une
raison, au numéro 2, qui se lit comme suit: Parce que l'achat
immédiat de lots en zone blanche est générateur d une
flambée des prix et pourtant favorise la spéculation à la
hausse. Est-ce que vous pourriez expliciter cela?
Comme deuxième question pour être bref tout
à l'heure, M. Lefebvre disait que si votre demande d'amendement
n'était pas acceptée, cela créerait des pertes de $50
à $60 millions pour les membres de votre association. Pourriez-vous nous
dire, en plus, combien de pertes d'emplois cela pourrait créer?
M. Rousseau: Puisque vous faites référence à
des propos que Me Lefebvre a avancés tout à l'heure, je lui
laisserai le soin de répondre à la question, et peut-être
aussi à l'économiste puisqu'il s'agit de calculs.
M. Verreault: D'accord.
M. Lefebvre (Claude): Dans la zone blanche, la première
chose que les gens qui s'occupent de terrains regardent, c'est qu'étant
dans la zone blanche, ils se disent: Donc, la construction doit venir chez moi.
On ne peut pas empêcher cela, c'est un phénomène naturel.
Dans la zone verte, il y en a qui sont mal pris et c'est un fait qu'ils ne
pourront pas, demain, construire dans la zone verte. Le gars qui se dirigeait
dans une municipalité qui est aujourd'hui à vocation agricole va
devoir regarder ailleurs; alors...
Donc, il va y avoir une demande adressée à des gens qui
disent: J'en ai pour tant de temps, j'ai
une offre, mais je suis bien placé. D'ailleurs, cela va faire
augmenter les prix, c'est la loi de l'offre et de la demande. En
Colombie-Britannique, avec la même loi, ils ont expérimenté
cela. Evidemment, le nouveau riche exige des prix très
élevés. Il s'agit de savoir si on va payer ces prix. (16 h
45)
Si on a un stock en main qui nous permet et c'est ce qu'on vous
dit comme régulateurs d'écouler pendant deux, trois,
quatre ans ou cinq ans, lui attend encore. A un moment donné, il va
dire: Ce n'est peut-être pas aussi vrai que cela. Pendant ce temps, on
n'est pas fous, nous autres, on va aller négocier dans la zone blanche.
On n'ira pas voir... et on va se constituer une autre banque de terrains.
Alors, les prix qui vont être hauts vont normalement redescendre, mais
devraient, selon mon estimation, redescendre à un niveau qui sera quand
même supérieur au prix actuellement payé. Mais, sur cela,
le gouvernement a dit: On en prend, on sait que cela va arriver, mais on
l'accepte. C'est une décision, c'est un choix politique. Celui qui va
payer, bien, c'est le consommateur. La maison au Québec va se vendre un
peu plus cher si on paie le terrain un peu plus cher.
C'est sûr qu'à partir du moment où on signe une
convention collective avec les ouvriers de la construction, la maison va se
vendre un peu plus cher. Par contre, les ouvriers vont demander un salaire un
peu plus élevé pour payer la maison. C'est ce qui va arriver.
M. Verreault: M. Lefebvre, vous comprendrez que j'avais
déjà compris cette chose. Ce que je voulais, c'est que les
renseignements complémentaires figurent au journal des
Débats.
Au sujet de la deuxième question, celle dont nous avons
discuté tout à l'heure, soit les pertes de $50 millions à
$60 millions, au point de vue des emplois, est-ce que cela représente un
nombre important ou insignifiant, si toutefois l'amendement n'était pas
accepté?
M. Lefebvre (Claude): Tout d'abord, qu'il y aura une perte de $50
millions à $60 millions, je voudrais bien qu'on comprenne, ce n'est pas
automatiquement une perte de $50 millions à $60 millions. Ce le serait
si cela demeurait ouvert, mais j'imagine que les municipalités vont
quand même en dégrever un peu. Cela, c'est si notre mémoire
n'est pas accepté; je ne le sais pas, mais j'ai l'impression qu'il va
l'être.
Les pertes seraient d'à peu près un emploi les $1000.
C'est une norme qu'on a.
M. Verreault: Un emploi par $1000. M. Lefebvre (Claude):
Par $1000.
M. Bélanger: Par mise en chantier qui ne se
réaliserait pas, c'est environ un emploi.
M. Verreault: Disons, approximativement, pour mettre un
chiffre?
M. Bélanger: La dernière fois que j'ai fait une
estimation, c'était de 10 000, compte tenu de l'application stricte du
règlement 105, c'est-à-dire de l'impossibilité de
construire même sur des lots sur lesquels la municipalité pouvait
émettre des permis. Je pense qu'il est très difficile, compte
tenu de la nature des attentes ou même de l'investissement, de donner un
chiffre précis. Compte tenu de la restriction qui va se
matérialiser au niveau du terrain, c'est une mise en chantier
automatique...
M. Verreault: Alors, c'est tout...
M. Bélanger: ... qui peut être très
considérable.
M. Verreault: ... M. le Président.
M. Lefebvre (Claude): ... un an sans construction et on ne pense
pas à cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, j'ai cru comprendre tout
à l'heure que vous aviez réclamé récemment une
déclaration ministérielle ou quelque chose du genre pour pouvoir
débloquer des permis ou des activités qui étaient
bloqués ou gelés par le dépôt du projet de loi. M.
le Président, je ne crois pas qu'il y ait eu de déclaration
ministérielle, du moins pas à l'Assemblée nationale.
M. Lefebvre (Claude): En fait, cela s'est passé il y a une
semaine déjà deux semaines au congrès de
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations, lorsque M. le
ministre est venu. On avait évidemment des doléances pour
ne pas dire plus à lui exprimer, surtout parce qu'avec le
dépôt de la loi, dans les municipalités de la rive nord et
de la rive sud, toute émission de permis était
complètement bloquée. Alors, la ville de Laval n'émettait
plus aucun permis, même si les services municipaux étaient
à la porte et que vous aviez des projets arrêtés; la
même chose sur la rive sud.
Lors de cette rencontre, on a dit: M. le ministre, écoutez un
peu, ce n'est pas la portée de l'article 31 selon
l'interprétation qu'on en donne. On dit: Si ce n'est pas
l'interprétation que le ministre veut, ce serait peut-être bon
d'avoir M. le ministre me corrigera si ce n'est pas le sens exact de ses
paroles... Il a dit: Ce n'est pas le sens de l'article 31 selon nous. Là
où il y a des services, vous pouvez y aller. Bon! On a dit:
Déclarez-le donc. Le lendemain midi, nous avons rencontré deux
hauts fonctionnaires du ministère pour démêler cette
situation. Il nous ont dit: On va communiquer avec le ministre des Affaires
municipales et, deuxièmement, il va y avoir immédiatement des
rencontres avec les gens des municipalités pour l'émission des
permis. Effectivement, dans les villes de la rive sud et à Laval,
les
permis ont été émis, et je peux citer des cas
concrets.
Maintenant, il faut faire une déclaration en vertu de l'article
32. Il y a actuellement, je pense, d'adressé à la commission qui
sera formée un paquet de déclarations qui disent: En vertu de la
loi, nous ne sommes pas soumis à un décision de la commission et
nous bâtissons. C'est exactement ce qui est arrivé.
M. Lavoie: Vous avez déjà envoyé des avis
à la commission?
M. Lefebvre (Claude): Oui.
M. Garon: L'article 32 dit qu'il doit y avoir une preuve qu'ils
ne sont pas soumis à l'autorisation de la commission.
M. Lavoie: Une déclaration.
M. Garon: Une déclaration. Un
récépissé de recommandation postale est une preuve qu'on a
envoyé un avis à la commission.
M. Lavoie: Quelle est l'adresse de la commission?
M. Garon: Au ministère de l'Agriculture, en attendant.
M. Lavoie: En attendant. M. le Président, qui sont les
membres de la commission?
M. Garon: II faut dire simplement que l'article 105 dont parle M.
Lefebvre dit "si cela devient adjacent"...
M. Lavoie: Parlez-nous donc de la commission.
M. Garon: Je veux expliquer clairement...
M. Lavoie: Existe-t-elle légalement, cette commission?
M. Garon: Elle va exister légalement quand la loi va
être adoptée.
M. Lavoie: Et on peut lui envoyer des lettres actuellement.
M. Garon: Attendez! Laissez-moi donc finir! C'est une affaire de
bon sens. A l'article 105, on dit: Devient adjacent à un terrain
viabilisé, à un chemin public où les services d'aqueduc et
d'égouts sont autorisés par règlement. Quand on a
rédigé la loi, les juges ont dit: Quand on dit que cela devient
adjacent, si c'est déjà adjacent, on n'a pas besoin de
l'écrire. A plus forte raison, si cela l'est déjà. Ce
n'était pas marqué "est déjà adjacent". C'est
évident que si cela le devient, c'est correct; si cela l'est
déjà, à plus forte raison. Il s'agissait de clarifier ce
point-là; cela me semble un point uniquement basé sur le bon
sens.
Je pense que si cela peut clarifier la situation, on va inscrire, lors
des amendements, "est adjacent ", c'est tellement évident!
L'interprétation stricte empêchait qu'il y ait des permis quand
c'était déjà adjacent à un chemin public existant,
il y avait déjà des services viabilisés à
l'endroit. Cela m'apparaît clair.
M. Lefebvre (Claude): Maintenant, les constructeurs...
M. Garon: On ne disait pas cela, pas une minute.
M. Lefebvre (Claude): Dans notre groupe, il y a très peu
d'avocats. Tout ce qui nous intéressait, c'était d'avoir un
permis. Point.
M. Lavoie: M. le Président, j'ai moi-même eu
l'occasion de téléphoner à 644-1000. J'ai parlé
à trois conseillers juridiques qui m'ont donné trois
interprétations différentes des articles 31, 32 et 105. J'aurais
dû appeler le ministre. Il m'aurait prouvé qu'il pataugeait dans
sa loi. Il m'aurait dit d'envoyer une lettre j'imagine à
une commission inexistante.
M. Chevrette: Mais vous êtes content que les permis soient
débloqués.
M. Lavoie: Ecoutez, je ne suis pas conseiller juridique, ces gens
ont des intérêts comme les agriculteurs je ne blâme
pas les agriculteurs de vouloir protéger les terres agricoles et nous
sommes en faveur dans une certaine limire, il s'agit de savoir comment le
faire... Ces gens sont constructeurs. La logique est là, s'ils ont des
services d'égouts et d'aqueduc devant la porte, je suis très
heureux qu'ils aient leur permis. Je ne sais pas si cela les limite, on ne fera
pas l'interprétation des lois, mais est-ce que cela les limite? A
l'article 31, au deuxième paragraphe...
M. Garon: Non.
M. Lavoie: ... une personne qui est propriétaire de
plusieurs lots... C'est dans une région agricole désignée,
toute la ville de Laval est dans une région agricole
désignée, cela a 20 milles de long sur 6 milles de large, 14
anciennes municipalités. Si on lit le dernier paragraphe de l'article 31
: "Lorsqu'au 9 novembre 1978 une personne est propriétaire de plusieurs
lots vacants, contigus ou non contigus et situés dans une même
municipalité cela veut dire qu'un constructeur peut avoir dix
lots à Sainte-Dorothée, cinq lots à Sainte-Rose, cinq lots
à Duvernay...
M. Garon: Cela, c'est une autre affaire.
M. Lavoie: ... et je continue elle peut, aux mêmes
conditions, construire une seule résidence sur un de ces lots."
M. Garon: L'article 31 vient après l'article 105.
L'article 105 concerne les droits acquis sur les
chemins viabilisés. L'article 105, c'est une chose; l'article 31,
c'est autre chose. Il ne faut pas lire les deux articles en même temps. A
l'article 105, ce sont les chemins viabilisés où il y a aqueduc
et égouts, où il y a déjà un règlement qui
est entièrement approuvé, adopté conformément
à la loi, où on dit qu'il va y en avoir un. Alors, on dit comment
cela va fonctionner dans ces cas-là. A ce moment-là, il n'y a pas
de problème au point de vue des lots. On dit qu'on peut même
lotir, aliéner, utiliser à une fin autre que l'agriculture dans
ces cas-là. Il faut distinguer l'article 105; l'article 105, c'est une
chose. L'article 31, c'est autre chose. Il ne faut pas essayer de les
mêler l'un et l'autre, ils ne s'interprètent pas l'un et
l'autre.
M. Lefebvre (Claude): M. le Président,
l'interprétation ministérielle n'était pas faite, je pense
qu'elle l'est maintenant.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. Garon: ...
Le Président (M. Boucher): J'espère que ces
précisions, article par article, écourteront le débat que
nous allons avoir après avoir entendu les mémoires.
M. le ministre, pour le mot de la fin.
M. Garon: J'aimerais poser une question. Quand vous avez dit,
à un moment donné, que vous avez 1400 entrepreneurs dans votre
association de constructeurs généraux qui font des travaux...
M. Lefebvre (Claude): C'est ceux qui sont responsables de...
M. Garon: Des petits, des gros et des moyens. M. Lefebvre
(Claude): C'est cela.
M. Garon: Bon! Sur les 1400, combien y en a-t-il qui
opèrent dans la région désignée?
M. Lefebvre (Claude): Québec, Montréal, minimum
80%.
M. Garon: 80% de...
M. Lefebvre (Claude): Oui, oui. Le gros du volume est
là.
M. Garon: Oui, oui. Je le sais. On me l'a dit que le gros du
volume était là. 1100 à peu près. Là-dessus,
vous avez dit qu'en tout, 40% achetaient seulement des terrains
viabilisés parce qu'ils n'avaient pas le moyen d'acheter autre
chose.
M. Lefebvre (Claude): Oui.
M. Garon: Cela veut dire que ces gens-là ne sont pas du
tout affectés par la loi parce que...
M. Lefebvre (Claude): Absolument pas. Sauf qu'ils vont chercher
un peu plus pour en trouver.
M. Garon: Peut-être pas...
M. Lefebvre (Claude): S'il y en a.
M. Garon: ... parce qu'à ce moment-là, le
territoire dans lequel la construction va se faire étant plus restreint,
il y aura sans doute plus de facilité pour mettre les services aussi,
parce que là, il y aura une assurance de densification urbaine plus
rapide. Maintenant, parmi vos gens aussi... je ne sais pas, je ne peux
pas vous dire j'imagine qu'il y a des grandes entreprises qui peuvent
acheter 5000 acres d'une claque.
M. Lefebvre (Claude): Ce sont des grosses, là. M.
Garon: Non, mais...
M. Lavoie: A peu près 40 000 maisons. Une minute!
M. Garon: II y a des exemples concrets de cela.
M. Lefebvre (Claude): Disons qu'un bon gros, un vrai gros
pourrait détenir... Oh! mon Dieu, s'il détient 250 arpents, en
tout cas, il est "gréyé".
M. Lavoie: 250 au lieu de 5000.
M. Garon: Non, mais j'ai des cas...
M. Lefebvre (Claude): Là, vous avez pour...
M. Lavoie: Donnez-nous un cas de 5000.
M. Garon: II y a des cas où, vous savez...
M. Lefebvre (Claude): Mettez-les à huit et demie l'acre.
Cela fait bien des maisons, cela.
M. Lavoie: 8 à 250, cela fait un stock de terrains pour
2000 maisons. Une minute! C'est de l'unifamilial, seulement de
l'unifamilial.
M. Garon: En fait, je pense que vous pouvez prendre des cas. Je
ne dis pas dans votre association. Mais il y a déjà eu des
articles qui ont été faits... qui possède Montréal,
par exemple? Vous avez des exemples où vous avez des corporations qui
possèdent plusieurs milliers d'acres.
M. Lefebvre (Claude): Ah! oui, mais ce ne sont pas des
constructeurs d'habitations. C'est cela.
M. Garon: Mais non! C'est pour cela que...
M. Lefebvre (Claude): Oui, oui. Ecoutez un peu. Il y a des
constructeurs qui ont de grands terrains. Et il y a des compagnies liées
qui en ont
un grand nombre, mais elles ne sont pas liées à des
compagnies de construction. Un constructeur d'habitations, c'est une personne
qui achète pour vendre. Autrement dit, on se garde des stocks pour les
besoins qu'on nous a exprimés selon les nécessités du
marché et du fonctionnement cohérent de notre entreprise, mais
s'il fallait garder pour dix à quinze ans, les taxes dans les
municipalités... la minute où cela devient... parce qu'ils
calculent cela comme du territoire spéculatif ou prêt à
être urbanisé les taxes sont plus chères. Avec les
profits qu'on fait, si on paie 5000 terrains, les taxes sur 5000 terrains et
qu'on en bâtit 50 par année, au bout de l'année, on va
avoir fait des profits sur les maisons mais on va les avoir payés en
taxes. Pour nous, en fait, c'est une question d'inventaire. C'est rien que
cela. C'est un inventaire dont on a besoin et ce serait aussi logique pour nous
de se tenir un inventaire vingt fois nos besoins que le constructeur de
ce...
M. Garon: Je pense que vous avez rencontré nos gens
déjà pour approfondir certains points. Pourquoi ne pas continuer
de regarder cela avec eux? Vous êtes un bon avocat. Je vous regarde faire
depuis une heure.
M. Lefebvre (Claude): Nous avons convenu de le faire et nous vous
remercions infiniment de nous avoir reçus. Je pense que c'est bien
engagé.
M. Garon: Je pense que comme l'habitation et l'alimentation sont
les deux mamelles de l'économie québécoise, au fond...
M. Lefebvre (Claude): Je me sens à l'aise quand vous me
parlez de cela, M. le ministre.
M. Garon: Votre état d'esprit, en fait, est exactement
dans le sens dans lequel on voudrait fonctionner quand vous parlez, à un
moment donné, ... et j'aimerais que vous approfondissiez la question
avec nos gens. L'article 31b que vous suggérez, on n'est pas capable de
l'évaluer. S'il était possible de regarder cela ensemble
et...
M. Lefebvre (Claude): En fait, la grande limitation que vous
avez, c'est le temps et la personne qui peut l'utiliser. Autrement dit, si dans
cinq ans on n'a pas utilisé notre territoire et nous sommes
limités par la demande on ne peut pas penser qu'un constructeur
va se bâtir je ne sais pas, moi X centaines de maisons
d'avance; ce ne serait pas payant. Il retournera au territoire agricole si la
commission l'a décidé ainsi. Autrement dit, permettez-nous
d'utiliser... pour les cinq prochaines années et ce serait une
étape... On fonctionnerait par étapes. (17 heures)
Autrement dit, si j en utilise une partie Tannée prochaine, je
vais commencer à acheter dans la zone blanche, tout simplement.
M. Garon: Mais il faudrait essayer de circonscrire plus que ce
que cela représente; tantôt vous avez parlé de 1% et en
ajustant, vous vous êtes aperçu que cela ne pouvait pas être
1%.
M. Lefebvre (Claude): Cela ne peut pas faire 1%, j'en ai
parlé avec un monsieur tantôt, cela donnerait 78 000 acres, cela
veut dire qu'on bâtirait 560 000 maisons; j en aurais pour 20 ans
d'avance. Cela n a pas de sens.
M. Garon: Parce qu'il peut y avoir plusieurs formules.
M. Lefebvre (Claude): Vous savez, quand on parle de chiffres, c
est dangereux. On parle de 1%, c'est minimal, mais ce pourcentage n'est pas
minimal, il est énorme, c'est une fraction de 1%. On avait dit moins de
1%, c'était au moins une précaution.
M. Garon: II y a une chose qui me frappe dans ce que vous dites.
Dans I'article que vous nous suggérez, vous dites: "Dans une
région agricole désignée, un lot peut être
aliéné, loti et utilisé aux fins d'un développement
domiciliaire sans I autorisation de la commission", et vous dites: "le lot doit
être la propriété d'un entrepreneur en construction
domiciliaire". Non, c'est plutôt "il doit être situé dans
une zone de développement domiciliaire existante ou dans une zone
contiguë à cette zone de développement domiciliaire".
M. Lefebvre (Claude): Cela, c'est en fonction de...
M. Garon: Normalement, quand on veut avoir une frange autour
d'une municipalité, si c est contingu à une zone domiciliaire,
cela doit être dans la frange.
M. Lefebvre (Claude): Ce qui arrive et on va parler des
territoires urbanisés c'est que vous avez toujours la... A un
moment donné, on déclare une zone domiciliaire. On est en train
de construire dans cette zone, on est rendu au bord et on commence à
acheter dans la zone voisine parce que les services, les collecteurs d
égouts, les lignes d'aqueduc, les stations de pompage, les bassins, les
ingénieurs ont décidé que tout cela serait là.
Alors on dit: C'est là qu'on va acheter. Mais cette zone est toujours
zonée et c est un terme technique que les urbanistes ont
inventé au cours des dernières années RX, c est
zoné RX, c est un zonage différé.
M. Lavoie: C'est du territoire en réserve.
M. Lefebvre (Claude): C est cela. Pour ce zonage RX, pourquoi
dit-on contigu? Je vais vous dire... Personnellement, je possède des
terrains zonés RX, ce qui veut dire que je ne peux rien faire avec ces
terrains tant que la municipalité ne prendra pas une décision. Il
faut donc que je décide la municipalité à les utiliser.
Quand j'ai acheté ces terrains, c était parce qu'ils formaient un
prolongement normal de la zone domiciliaire
existante. C'est pourquoi on dit: "Dans une zone domiciliaire existante
ou dans une zone contiguë" parce qu autrement, je vais m'en aller dans la
zone et quand on parle de zone, c'est quand même assez grave, ce n'est
plus du "spot zoning". Il faudrait vraiment déborder et on dit:
Là, cela n'a plus d'allure. C'est comme si on disait que la loi 90 n'est
plus bonne, c'est-à-dire qu'elle est là, mais qu elle ne veut
rien dire. Alors, on dit: "zones existantes et zones contiguës " parce que
cela fait partie du bassin naturel en prolongement naturel par les services et
l'infrastructure qui ont été donnés par la
municipalité. C'est la précision que je peux apporter.
C'est la même chose pour les personnes liées. C'est
très rare que la compagnie de construction détienne un terrain au
nom de l'entreprise de construction, ceci pour les fins du bilan à
présenter à la régie parce que vos exigibilités
à court terme sur vos investissements immobiliers sont calculées
comme une exigibilité et cela vous dépasse, vous n'avez pas votre
ratio de 1.1% au niveau de la solvabilité. On a une compagnie de
"holding immobilier" où c'est la femme... Enfin, en tant qu'avocat vous
connaissez toutes les subtilités. Quand on est capable d'avoir des
avantages fiscaux, on essaie de s'en servir malgré que ce soit
très difficile de ce temps-ci.
M. Lavoie: Juste un petit mot. Ce que je voudrais suggérer
au ministre... Je comprends que son principal partenaire ou interlocuteur dans
ce projet de loi et c'est normal que ce soient le milieu
agricole, l'UPA ou d'autres groupes qui représentent les agriculteurs...
Egalement, je demande au ministre s'il a discuté des implications de ce
projet de loi avec des ministres à vocation économique du
gouvernement actuel, soit le ministre de l'Industrie et du Commerce ou le
ministre d'Etat au développement économique qui ont à
coeur l'industrie de la construction au Québec et le marché de la
construction en général? S'il ne l'a pas fait, je crois qu'il
serait temps qu'il le fasse.
J'aimerais, lorsqu'on reçoit des invités qui veulent
parler de ces implications, que ces ministres participent à la
commission parce qu'il n'y a pas seulement l'agriculture. Je suis bien d'accord
avec l'agriculture, mais il ne faut pas mettre tout le reste en veilleuse.
M. Garon: M. le député de Laval sait bien qu'un
projet de loi comme celui-là, avant d'être déposé, a
été longuement analysé au Conseil des ministres et ces
ministres y participaient et ont étudié ce projet de loi parce
qu'il a été longuement expliqué. Il y a des choses
auxquelles on n'a jamais pensé, auxquelles je n'ai jamais pensé,
et je l'ai dit à un moment donné.
M. Lavoie: C'est le temps d'y penser.
M. Garon: Une minute! Quand on disait: "devient adjacent... '
S'il est déjà adjacent, dans notre esprit, c'est clair que
c'était compris puisque le plus inclut le moins. Alors, le
problème que vous soulignez est une évaluation de l'affaire,
parce qu'il peut y avoir des règlements municipaux. Dans votre
commentaire, je remarque que vous êtes un excellent exemple d'un bon
avocat, parce que vous dites à quel point il faut clarifier la loi quand
elle ne l'est pas. Dans le fond, vous enlevez des causes aux avocats quand vous
faites cela.
Mais j'ai remarqué que le député de Laval ne nous
aide pas autant à clarifier tout cela, il cherche des difficultés
terribles à la loi.
M. Lavoie: Je vais vous dire honnêtement, cette loi brime
le droit de propriété, c'est la loi la plus dirigiste que j'aie
vue depuis 20 ans.
M. Garon: Je pense aussi que ce que vous mentionnez au sujet de
l'article 98, ce n'est pas notre interprétation, mais, pour plus de
clarté, on devrait l'inscrire pour ne pas que ce soit
interprété...
M. Lefebvre (Claude): C'est que, comme avocat, chaque fois qu'une
loi est imprécise, et même quand elle est bien précise...
Vous savez, les avocats trouvent toujours le moyen comme M. Lavoie le
disait tantôt, il a téléphoné à trois avocats
et ils n'étaient pas d'accord... S'il fallait que les avocats se mettent
d'accord, vous savez qu'on ne plaiderait plus et si on ne plaide plus, on ne
gagne plus notre vie, nous autres.
M. Garon: C'est cela.
M. Lefebvre (Claude): II faut quand même protéger
notre agriculture.
M. Garon: On va plaider sur les contrats des notaires.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs!
M. Lefebvre (Claude): Les opinions légales, c'est notre
agriculture.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs! Au nom
des membres de la commission...
M. Lavoie: Vous avez un allié dans le ministre.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, M. le
député de Huntingdon, vous avez eu l'occasion de poser vos
questions, je crois, et nous avons déjà dépassé
l'heure avec le présent mémoire.
M. Dubois: Certains membres libéraux sont revenus deux ou
trois fois.
Le Président (M. Boucher): Je pense qu'il y a des gens qui
attendent pour présenter leurs mémoires. Disons que j'avais
donné le mot de la fin au ministre...
M. Vaillancourt (Orford): Juste une petite question, M. le
Président.
M. Lavoie: Consentement. Une brève question.
Le Président (M. Boucher): Une brève question?
M. Chevrette: Consentement.
Le Président (M. Boucher): Consentement? D'accord.
M. Dubois: J'imagine qu'à l'intérieur des 3500
membres dont vous défendez les intérêts aujourd'hui, il
doit se trouver des hommes d'affaires, des spéculateurs, comme on les
appelle généralement, qui sont peut-être aussi des
aventuriers, qui auraient acheté, disons, 100 acres ou 200 acres de
terre dans l'aire réservée aux fins agricoles et qui auraient
peut-être dépensé $2000 l'acre, ce qui fait $200 000 ou
$300 000. Ces gens, aujourd'hui, voient leur territoire gelé et seront
peut-être dans la rue. Je pense qu'en toute liberté ils ont
acheté ces terrains et de bonne foi, avant le 9. J'imagine que dans les
3500 membres, il doit se trouver des cas identiques, ou quelques-uns quand
même. J'aimerais que vous fassiez quelques remarques.
M. Lefebvre (Claude): Bien oui, j'imagine que cela se peut que
nous ayons quelques très gros entrepreneurs mettre un singulier
ou un pluriel serait difficile qui ont des terrains pour faire de la
spéculation. Mais lorsque l'association représente quelqu'un,
elle ne le représentera certainement pas comme spéculateur. C'est
une association qui représente les constructeurs d'habitations dans le
cadre des lois qui nous dirigent.
Ce que l'on vient défendre ici, à la suite de notre
réunion générale qui vient d'avoir lieu, ce sont les
intérêts du constructeur. Maintenant, celui qui a
spéculé... quand vous me dites: Si quelqu'un a
spéculé en achetant des terrains à $8000 ou $10 000, il
n'a rien à faire dans la spéculation, il n'est pas dans sa ligne,
le gars. A $2000, il a pu spéculer. Maintenant, il ne nous appartient
pas d'en juger, il a pris son risque. Maintenant, il va certainement perdre de
l'argent si cela retourne à la vocation agricole, à $2000, je ne
pense pas qu'on atteigne $2000 avant quelques années. Pour cela, il
faudrait qu'il s'adresse à l'union des spéculateurs, mais pas
chez nous.
M. Dubois: Je vous pose la question parce que c'est un
entrepreneur, effectivement, qui bâtit de quinze à vingt maisons
par année. Il a acheté une ferme de 100 acres à $2000
l'acre. Là, certainement que la ferme est dans l'aire
réservée aux fins agricoles. Je sais que ce type est dans la rue
pratiquement, c'est sûr. La ferme vaut $20 000 pour fins agricoles et il
l'a payée $200 000, et c'est un entrepreneur.
M. Lefebvre (Claude): II va être obligé de vendre
ses carottes pas mal cher.
Le Président (M. Boucher): Alors, au nom de tous les
membres de la commission, je remercie M. Rousseau et M. Lefebvre ainsi que ceux
qui les accompagnent pour leur magnifique mémoire.
Maintenant, j'appellerais l'Association des constructeurs de routes et
grands travaux du Québec, représentée par M. Carol Wagner.
M. Wagner, si vous voulez vous présenter et...
Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec
M. Wagner (Carol): A ma gauche, je vous présente Me
Micheline Laliberté, avocate de l'association, responsable de la mission
légale et Carol Wagner, ingénieur, directeur gérant de
l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. Wagner.
M. Wagner: Je vais laisser à Micheline Laliberté le
soin de lire le mémoire le plus court que vous avez eu et,
j'espère, le plus constructif.
Mme Laliberté (Micheline): M. le ministre, M. le
Président et MM. les membres de la commission, à votre demande,
nous serons effectivement très bref. L'Association des constructeurs de
routes et grands travaux du Québec regroupe la majorité des
entrepreneurs oeuvrant dans le secteur de voirie et génie civil. Nos
principaux donnants d'ouvrage sont le ministère des Transports,
l'Hydro-Québec, la Société d'énergie de la Baie
James, et les corporations municipales.
La construction de routes nécessite normalement de l'emprunt B
provenant des terres avoisi-nantes, de l'emprunt granulaire, du gravier
concassé ou de la pierre concassée et de la terre arable pour
l'aménagement des abords de routes. Le projet de loi no 90, Loi sur la
protection du territoire agricole, a pour objet d'assurer la protection du
territoire agricole et cette fonction sera sous la responsabilité de la
Commission de protection du territoire agricole du Québec.
L'actuel projet de loi nous décrit, à la section V, les
conditions applicables à la protection du sol arable, mais aucune
mention n'est faite en ce qui regarde l'exploitation d'agrégats, sable,
gravier, emprunts granulaires et emprunts ordinaires se situant dans ces zones
agricoles. Nous avons discuté de cet aspect avec des responsables du
ministère des Transports et du ministère des Richesses naturelles
et nous leur avons transmis nos craintes face à cette omission.
L'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec recommande donc d'ajouter, à la section II de ce projet de
loi no 90, l'article 3 et surtout le paragraphe f) qui pourrait se lire ainsi:
"De délimiter, en collaboration avec le ministère des Transports,
le ministère des Richesses naturelles, le ministère de
l'environnement, le comité d'aménagement et les associations
représentatives, les zones d'agrégats, c'est-à-dire toute
matière de nature minérale. Par l'addi-
tion de cet article 3, paragraphe f), la commission pourra consulter ces
organismes en vue de trouver des solutions aux problèmes réels
qui se retrouvent dans tous les contrats de voirie et de travaux municipaux et
d'en faire une réglementation adéquate.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre. Est-ce
que vous avez à ajouter, M. Wagner?
M. Wagner: Oui. Je voudrais faire quelques commentaires à
la suite de cette présentation. En effet, dans notre association, nous
regroupons les entrepreneurs qui oeuvrent dans la voirie et le génie
civil, mais aussi nous avons les extracteurs de carrières et ceux qui
exploitent les produits finis, tels que le béton préparé
et l'asphalte. Comme vous le savez tous déjà, certains de nos
membres qui sont des exploitants d'agrégats sont déjà
soumis à la loi de l'environnement; il faut qu'ils aient un certificat
d'autorisation déjà.
A la présentation de ce projet de loi, tel que
rédigé, on se demande s'il n'y aurait pas moyen de mettre un
mécanisme qui serait peut-être moins lourd qu'actuellement et qui
pourrait activer l'émission des permis quand on exécute des
contrats de voirie. On sait fort bien, normalement, quand on exécute des
contrats de voirie, qu'on a dix ou quinze jours pour soumissionner au
gouvernement et, dans certains contrats de voirie, il y a deux choix: soit que
le ministère lui-même fournisse les agrégats, ce qui veut
dire qu'il faut prendre la terre avoisinante d'un projet, il faut prendre du
sable, l'emprunt granulaire, du gravier, etc., ou c'est à l'entrepreneur
lui-même de fournir les sources.
Déjà, on avait certaines difficultés mais, avec le
temps, cela s'est amélioré, avec le ministère de
l'environnement, pour avoir le certificat d'autorisation de ces gisements.
Maintenant, je vois mal comment on devrait se soumettre encore à une
commission qui devrait normalement siéger quelque part, peut-être
à Québec, si elle est unique, pour essayer d'avoir ces permis et
on pourrait avoir des réponses faciles dans les délais
prévus pour soumissionner au prix le plus réaliste, en
conformité avec les distances pour aller chercher les
agrégats.
C'est une des choses que je dois souligner ici et qui nous
préoccupe beaucoup. Aussi, comme vous le savez, notre but n'est pas de
critiquer la loi du zonage agricole j'ai compris ce matin que cela fait
quatre ans que l'UPA la demande nous, cela fait quatre ans qu'on demande
au ministère des Richesses naturelles d'avoir des zones
d'agrégats. On ne les a pas eues encore. On nous a promis un projet
pilote dans la région de Montréal, mais, à cause des
priorités, cela a été arrêté temporairement.
Espérons que nous l'aurons. (17 h 15)
Mais, quand on dit qu'il n'est pas mention des agrégats dans
votre zone agricole, je pense qu'il est important de souligner que
l'exploitation des agrégats... Normalement, si on compare les gisements
ou les exploitations fixes et temporaires, cela pourrait représenter en
pierre concassée 47 millions de tonnes, ce qui équivaut presque
à 111 millions et en sable et gravier 80 millions de tonnes. Je pense
qu'on peut retrouver ceci finalement dans le rapport du ministère des
Richesses naturelles, produit en 1977.
C'est pour cela qu'on se dit qu'il faut absolument que les
agrégats, qui se trouvent dans les grands centres, soient
délimités à ce qui se trouve à l'intérieur
de vos zones agricoles actuelles. Le travail que vous avez fait est une
première étape et j'espère que le ministère des
Richesses naturelles ira aussi vite que vous et que, sous le chapeau du
développement de l'aménagement, on pourra coordonner pour avoir
un genre d'aménagement du territoire qui tiendra réellement
compte de cela. Il sera très difficile pour nous de pouvoir obtenir des
permis sans avoir un mécanisme plus facile qu'il l'est actuellement,
avec une commission qui semble nous donner la permission d'agir dans le cas
précis.
Le Président (M. Beauséjour): Merci, M. Wagner. M.
le ministre.
M. Garon: Je voudrais dire un mot brièvement. En ce qui
concerne les agrégats, j'ai compris que c'était du gravier
concassé, de la pierre concassée, du sable...
M. Wagner: ... l'emprunt des terres arables pour faire les
accotements de terrain, etc..
M. Garon: Mais quand vous faites une route, habituellement il y a
de la terre...
M. Wagner: C'est cela.
M. Garon: J'ai remarqué qu'en certains endroits, ils la
mettent de côté en tas et ils s'en servent après; alors ils
l'ont sur place...
M. Wagner: D'accord, mais il arrive souvent que, pour relever le
profil, il faut amener de l'emprunt ordinaire, soit A ou B et cela
représente une grande quantité. L'emprunt A, l'emprunt qui n'est
pas granulé, est le matériel le plus approprié pouvant
devenir compact; on prend l'extérieur et on l'amène.
M. Garon: II y aura encore des sablières. Quand on donne
un permis pour les sablières, on veut voir comment la sablière va
se faire. Par exemple il peut y avoir différentes façons de faire
une sablière, on peut en prendre quelques pieds ou le plus possible. Il
y a différentes façons de la faire.
M. Wagner: Ce que l'on vise, c'est un mécanisme assez
flexible parce que, si on se rappelle bien, on ne peut pas parler pour le
ministère des Transports; ils ont déjà des relevés
des gisements à travers la province en ce qui regarde les projets. M.
Chevrette peut l'affirmer. Ils ont des relevés géologiques, ils
savent
automatiquement que dans le corridor, par exemple entre Candiac et
Saint-Jean, ce peut être la zone future d'approvisionnement des
agrégats de la région de Montréal ou entre L Ange-Gardien
vous le savez fort bien M. le député d'Iberville et
Saint-Pie, c'est plein de zones d'agrégats et éventuellement il
faudra aller chercher ces agrégats là où ils se
trouvent.
Il va falloir un jour délimiter ces zones d agrégats
à I'intérieur des zones qui se situent actuellement dans la zone
agricole désignée. Comprenez-vous? Quelle sorte de
mécanismes pourrait-on employer? On sait très bien que le
ministère des Transports donne peut-être 50 contrats de concassage
de gravier à 50 mille tonnes. Ils disent: D'accord, en tel endroit, les
gisements sont reconnus, j'ai eu l'autorisation du ministère de
l'environnement, vous pouvez le faire! Dans un autre cas ils disent: Trouver
vos agrégats et on paiera tant la tonne. S il faut se
référer à une commission nationale pour avoir des permis,
il y a quelque chose qui ne marche pas. Ce serait peut-être une solution
d'avoir des commissions régionales qui regrouperaient par exemple, non
seulement les agriculteurs, mais les personnes réellement
intéressées par le milieu, soit des représentants des
ministères des Transports, Richesses naturelles, etc.
Mme Laliberté: M. le Président, si vous me
permettez...
Le Président (M. Boucher): Oui...
Mme Laliberté: ... j'aurais une question à poser
à M. le ministre Garon, suite à l'intervention qu'il a faite
avant celle de M. Wagner; vous me corrigerez si je me trompe. J'ai cru
comprendre que vous avez dit qu en fait, surtout la section no 5 du projet de
loi était là pour contrôler le nombre d'ouvertures de
carrières ou de sablières, pour savoir le potentiel existant au
niveau de ce genre d'entreprise. Est-ce que je me trompe?
M. Caron: Ce n'est pas cela! Mme Laliberté: J'ai
mal compris?
M. Garon: II ne faut pas que cela se fasse n'importe comment. Il
ne faut pas que ce soit dommageable. J'ai I'impression que les gens vont
arriver dans certains cas ce sera même une bonne chose mais
simplement pour l'obtention d'un permis, pour qu'on dise de quelle façon
on va le faire et si le permis va être accordé.
Mme Laliberté: A moins que je ne m'abuse, vous me
corrigerez de nouveau si je me trompe, c'est déjà quelque chose
qui est prévu depuis quelque temps par le règlement relatif aux
carrières et sablières adopté en vertu de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Le ministère de l'environnement est
très sévère vis-à-vis de l'émission de ces
permis d'exploitation.
M. Garon: Mais il n'empêche pas le décapage des
sols, vous l'avez vu à Saint-Amable, cet été.
Mme Laliberté: Oui, je suis d accord avec vous.
M. Garon: Le décapage s'est fait comme avant: alors, ceci,
avec l'obtention du permis, a pour but d'empêcher le décapage des
sols.
Mme Laliberté: Oui.
M. Garon: Excepté que vous ne pouvez pas imaginer toutes
les situations possibles, alors on a dit que cela pouvait aller jusqu'au gazon.
D'une façon générale, quand les gens prennent du gazon,
ils ne prennent quasiment rien, mais quelqu'un pourrait interpréter cela
et, par exemple, en prendre un pied en même temps. Alors, il s'agit
simplement qu'il y ait un permis et les conditions d'opération vont
être déterminées. Cela n'a pas pour but d'empêcher
que vous preniez des agrégats.
M. Wagner: Je suis d'accord, parce que, dans la présente
loi, je pense qu'il y avait un manque à cet effet. C'est pour cela que
nous voulions ajouter l'article 3f qui donnait, en collaboration avec les
ministères concernés, le ministère des Richesses
naturelles et le ministère des Transports, la mission de trouver une
formule qui soit réellement pratique et réaliste; j'appellerais
cela une addition au projet de loi. A l'article 3f, c'est ce qu'on dit.
M. Garon: Oui, mais c'est large.
M. Wagner: Bien, c'est large...
Mme Laliberté: A moins qu'on ait la garantie, au niveau de
la réglementation, je préférerais au niveau de la loi,
remarquez bien... En fait, à l'article 70 on dit: "sauf dans les cas
déterminés par règlement". Ce ferait une exception
à cet article pour la personne qui n'aurait pas besoin de permis
d'exploitation de la commission. Sans vouloir présumer du contenu de la
réglementation elle-même, surtout vis-à-vis de cet article,
en gros, que pourrait comprendre ce règlement? J'anticipe un peu...
M. Wagner: On ne voudrait pas oublier l'aspect des
agrégats. Quand on imagine qu'il y a tant de millions qui se font par
année, qui représentent peut-être $120 millions dans le
rapport actuel, c'est une masse économique importante. Comment
pourrait-on la contrôler? Par les gisements, les droits acquis? Pour ceux
qui ont des carrières existantes, d'accord; mais on ne sait jamais
quelle est la proportion du concassage temporaire. C'est cela qu'il va falloir
prévoir.
M. Garon: Ils n'ont pas de droits acquis, ils ont six mois pour
demander un permis après l'adoption de la loi.
M. Wagner: Oui, pour les existants, d'accord, mais je parle pour
les nouveaux exploitants. Supposons qu'ils soient en conformité avec
l'environnement, ils n'auraient pas de laps de temps assez long pour s'ajuster,
pour pouvoir somissionner et exécuter les travaux aussitôt que
possible. Comme je vous le dis, j'ai discuté sommairement avec des
fonctionnaires des Richesses naturelles et du ministère des Transports
et je pense qu'ils sont sensibilisés à ce problème. Ils
ont dit: ...
M. Garon: Selon nous, cela n'a pas pour but d'empêcher...
Vous parlez des agrégats, mais il s'agit surtout de la manière de
les faire, de décaper les sols, par exemple. Je pense que cette loi va
modifier les façons de mettre du gazon ou de la terre le long des
routes; autrement, on va demander l'autorisation de semer le long des routes.
Si on met six pouces ou un pied de terre le long des routes, on va demander de
semer nos carottes et notre laitue là. A un moment donné, on va
avoir transporté nos terres le long des routes.
J'ai remarqué que, quand on fait une route... L'autre jour je
m'en allais vers le pont de Trois-Rivières. On était en train de
faire de la construction et je voyais que l'on avait fait des tas de terre. Je
me suis dit: Tiens, il font cela d'une façon qui a du bon sens, ils
ramassent la terre et quand la route sera faite et ils vont recouvrir le tout.
Au fond, il n'y a plus besoin de terre arable...
M. Wagner: Le problème actuel est de trouver une
façon de pouvoir dégager rapidement les gisements qui se trouvent
dans les zones désignées agricoles, qui ont été
gelées à partir du 9 novembre 1978. Si on y regarde de plus
près, on verra qu'il y en a plusieurs qui sont riches. Il y a Bedford,
la région de L'Ange-Gardien... Alors, s'il y a un projet de construction
qui s'en vient, il faut avoir un mécanisme; je ne dis pas
immédiatement, mais le plus tôt possible. Ce qui est de valeur,
c'est que les zones d'agrégats, qui représentent un gros volume,
sont dans les zones désignées.
M. Garon: Oui, mais souvent, elles ne dérangent pas
seulement l'agriculture, elles en dérangent d'autres. Par exemple, on
est en train de gruger tranquillement le Mont-Saint-Hilaire. On ne dira pas un
mot parce qu'on ne sème pas sur le Mont-Saint-Hilaire, mais il y en a
d'autres qui ne veulent pas, à cause du paysage, de l'environnement. Au
point de vue agricole c'est absurde ce que je vais dire on
pourrait faire disparaître le Mont-Saint-Hilaire et cela ne nous
dérangerait pas sur le plan agricole. Ce sont d'autres personnes qui
s'occupent de cela; on ne s'occupe pas de la protection des sites, du paysage,
mais plutôt de ce qui pourrait nuire à l'agriculture.
Je pense que, d'une façon générale, on ne sait pas
où sont les sites d'agrégats. En fonction de tel projet, par
exemple, vous dites: J'arrête le projet de route, je veux prendre tel
site d'agrégats. Il serait difficile pour nous de dire: Voici tous les
sites d'agrégats...
M. Wagner: Justement, notre article prévoit cela. Si vous
ne savez pas où sont les sites, le ministère des Richesses
naturelles le sait et le ministère des Transports le sait. Il faut
absolument qu'il y ait une collaboration. Vous demandez aux corporations
municipales d'établir les plans provisoires; on demande la même
collaboration entre le ministère de l'Agriculture, le ministère
des Richesses naturelles et le ministère des Transports afin de pouvoir
établir des plans provisoires ou des zones d'agrégats.
Dans les zones gelées, actuellement, se trouvent des sites
d'agrégats et c'est là qu'il faudra les prendre.
M. Chevrette : M. Wagner, à cause des plans triennaux et
quinquennaux, on sait à l'avance quelles sont les voies d'accès
qui seront refaites et les constructions de routes qui se feront.
Peut-être craignez-vous le délai, c'est ce que j'ai pu comprendre
dans votre intervention. Mais si c'était cela, à
l'intérieur des délais prévus à cause de
l'établissement des plans triennaux et quinquennaux au niveau du
ministère des Transports, on a suffisamment de temps pour qu'il y ait
entente entre les ministères à ce sujet.
M. Wagner: Je comprends. Pour le ministère des Transports,
il y a peut-être moyen de régler cela, mais comme on dit, il ne
faut pas se leurrer, le ministère des Affaires municipales est
également impliqué en ce sens que les municipalités
exigent, en faisant des égouts, etc., de remplir avec du sable ou avec
une matière granulaire. Cela représente un volume X là
aussi. Quand l'entreprise privée bâtit des centres commerciaux,
des développements de maison, etc., cela demande encore du remplissage
qui, normalement, est granulaire.
M. Chevrette: Sauf que la difficulté majeure ne vient pas
nécessairement des agrégats, c'est beaucoup plus du sol arable en
bordure des routes où il n'y a pas possibilité de
décapage. Je prends, par exemple, une route qui serait construite dans
une savane ou en montagne, il est évident que pour les bordures, cela
prend du sol arable pour permettre l'ensemencement. J'ai bien compris cela de
Mme Laliberté. A partir de là, cela représente un
problème plus important au niveau de l'agriculture. Je pense que c'est
un des problèmes auquel devra faire face le ministère des
Transports; à l'aide des mécanismes qu'il y a là à
l'intérieur de la loi, il devra s'entendre pour prévoir cela
parce que nos plans triennaux et quinquennaux sont prévus en fonction
des routes, de l'établissement et de la construction des routes.
M. Wagner: Admettez-vous que l'article qu'on suggère a sa
place là?
M. Chevrette: Je ne sais pas si c'est votre texte
intégral, mais je me rends compte que cela prend quelque chose.
Mme Laliberté: ... A l'intérieur des
mécanismes prévus par la loi, on trouve qu'il n'y en a pas; c'est
pour cela qu'on en suggère un mécanisme.
M. Chevrette: II n'y en a pas? Il y a des articles assez vastes
qui permettent des échanges, parce que quand on dit que le
ministère ou le gouvernement se considère comme une personne au
sens de la loi, cela veut dire qu'on a les mêmes démarches
à faire qu'un cultivateur ou qu'un promoteur domiciliaire ou qu'une
municipalité qui établit son plan de zonage local. A partir de
cela, si le ministère des Transports décide de construire
l'autoroute 125 dans le nord du plus beau comté de la province,
Joliette-Montcalm, il doit prévoir que cela lui prendra des
agrégats, cela lui prendra des sols arables pour faire la bordure de la
route. Comme je vous l'ai dit, c'est considéré dans la loi,
peut-être pas aussi clairement que vous auriez aimé le voir...
Mme Laliberté: Vous admettrez que ce n'est pas tellement
précis.
M. Chevrette: Je l'ai admis, je ne peux pas faire plus que cela,
je vous dis que cela prendrait quelque chose de plus clair, mais il y a
déjà quelque chose en ce sens.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je suis en mesure de
comprendre les inquiétudes que vous avez concernant la capacité
ou la possibilité rapide d'exploiter des bancs de gravier ou
d'agrégats qui sont situés à des endroits où on va
retrouver des chantiers, soit à caractère municipal, provincial,
quels que soient les organismes qui requièrent cela. Je le comprends
parce que lors de la construction d'autoroutes dans mon comté, il s'est
toujours produit que les bancs de gravier ou d'agrégats qui avaient
été retenus étaient couverts d'une couche de sol arable
qui avait été repoussée par des béliers
mécaniques. Vous savez, ils amoncellent cela en tas pour atteindre la
partie du gravier ou du sable, mais vous retrouvez des couches à
l'intérieur de ces bancs-là. (17 h 30)
Je crois que, dans le contexte de ce que nous avons chez nous,
dorénavant, pour celui qui voudra exploiter un banc de gravier,
au-dessus duquel repose une couche de sol arable, il va nécessairement
falloir obtenir un permis de la commission, puisque la loi mentionne
l'obligation de permis pour enlever la couche de sol arable, que ce soit du sol
de types différents ou du sable. Souvent au-dessus des bancs de gravier
on retrouve, du moins dans la région, on retrouve surtout une terre
sablonneuse; c'est un sol léger, où se font les cultures
maraîchères.
Mais, il est sûr que, dorénavant, si on était
zoné dans une zone agricole permanente, il n'y aurait plus de
possibilité de procéder, d'ouvrir ou de développer des
bancs de concassé ou de gravier sans, au préalable, quelle que
soit l'attitude du ministre des Transports ou de celui de l'environnement,
obtenir une autorisation, un permis de la commission, pour retirer d'abord la
couche de surface qui est du sol arable avant d'aller chercher le gravier ou le
concassé qui est dessous.
Et vous voudriez que la loi prévoie ou ait une disposition...
M. Wagner: On a l'habitude dans la loi de pouvoir, comme on dit,
discuter avec les personnes concernées, les ministères
concernés. Deuxièmement, je présume que, par
réglementation, ces choses-là pourraient être
prévues, par exemple quand le ministère de l'environnement nous
dit que premièrement si on exploite un gisement, il faut le reboiser,
etc., qu'il faut avoir les pentes de telle manière; c'est
déjà écrit dans le règlement. Alors, c'est pour
cela qu'on insiste sur le fait d'avoir une ouverture dans la loi qui
prévoirait, comme on dit, un genre de dialogue avec les autres
ministères concernés, non seulement le ministère de
l'Agriculture. Et de là, par réglementation, on pourrait
établir les règles du jeu: le ministère de
l'environnement, le ministère de l'Agriculture, etc. On pourrait dire
s'il se trouve des couches granulaires, de sable, etc., sur une colline, pour
l'enlever, pour enlever le pied, deux pieds de sol arable, le mettre de
côté en tas, peut-être enlever la couche granulaire,
replacer, reboiser, ensemencer; vous pourrez établir les règles
du jeu.
M. Giasson: Vous êtes capable d'obtenir un permis par la
loi 90, présentement, pour enlever la...
M. Wagner: Actuellement, non, parce que c'est gelé.
Actuellement, ce serait gelé, normalement dans la zone
désignée.
M. Garon: D'accord.
M. Wagner: Non, non, tout nouveau gisement est gelé.
M. Garon: Oui, mais à ce temps-ci de l'année, ce ne
doit pas... On pelle plutôt de la neige que des agrégats.
M. Chevrette: Mais quand une route va passer à travers une
zone verte, le ministère des Transports signe ces contrats. Il peut y
avoir des modalités dans la réglementation, comme disait Me
Riberdier, aussi. Il y a peut-être moyen de s'en sortir autrement.
M. Wagner: D'accord, cela, je l'ai mentionné, M.
Chevrette. C'est quand le ministère fournit ces gisements, on va, comme
on dit, se fier sur lui. Mais il arrive souvent qu'il dit: "Trouvez vos
gisements vous-mêmes." Alors, c'est là qu'il va arriver, notre
problème, parce que si cela avait été clair et net que le
ministère fournisse toujours ces gise-
merits, on n'aurait pas le droit de venir ici défendre notre
point, avec le ministère et les autres ministères, les
villes.
M. Garon: Mais je dois parler avec le ministère des
Transports et on va tenir compte de votre argumentation. Il ne s'agit pas
d'arrêter non plus les entrepreneurs de routes et des grands travaux de
trouver des agrégats. On va sûrement trouver une formule.
Vous avez déjà parlé à nos gens du
ministère, je pense.
M. Wagner: Oui, j'ai parlé à quelqu'un de votre
ministère.
M. Chevrette: Continuez de le faire.
M. Garon: Et d'autant plus, vous savez que le sous-ministre qui
est chargé du dossier, M. Ther-rien, est lui-même
ingénieur.
M. Wagner: C'est cela, oui.
M. Chevrette: Alors, on fera le point avec le ministère
des Transports, monsieur. Je suis à côté de l'Agriculture
et je suis adjoint aux Transports, alors, vous voyez qu'il y a moyen de
s'entendre.
M. Wagner: D'accord. Alors, je pense que c'était le but
principal, je voulais avoir une ouverture dans votre loi. La
réglementation... Par la suite, vous pourrez peut-être en discuter
ou, du moins, on pourra encore contester en temps voulu, quand les
règlements seront soumis; j'espère qu'ils seront soumis
bientôt. Je pense que Me Micheline Laliberté aurait
peut-être quelque chose à dire sur le droit d'appel. C'est
peut-être une répétition mais je pense que c'est encore
important.
M. Laliberté: Justement, je n'insisterai pas trop
longtemps parce que cela a déjà été
mentionné par plusieurs personnes qui se sont présentées
ici. Ensuite, je veux surtout parler de l'article 18 ainsi que des autres
articles où il est mentionné que les décisions de la
commission sont finales, donc sans appel et tout ce qui s'ensuit. Je crois que
ce n'est pas sans favoriser les partisans du projet de loi ou ceux qui sont
contre, mais je crois qu'il serait peut-être équitable pour tout
le monde qu'il y ait un mécanisme d'appel prévu dans la loi. Je
pense ici à un bureau de révision, avec composition directe, mais
surtout des gens en révision qui ne seraient pas les mêmes que
ceux qui auraient rendu la décision en première instance.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je vous remercie pour votre
mémoire. Je suis bien d'accord, pour ma part, que vous ayez
enfin, à l'intérieur de la loi les mécanismes
nécessaires pour vous assu- rer des agrégats et des
matières de base pour la construction de routes. Il y a quand même
un point assez important au niveau du coût/mille pour construire une
route, c'est celui des frais de transport. Je n'ai aucune idée du
coût mille/tonne, mais vous devez avoir une bonne idée de cela et
de l'influence de ce coût de transport sur la construction des
routes.
M. Wagner: Quand on a réussi à sensibiliser le
ministère des Richesses naturelles il y a deux ans, on lui a justement
posé la question suivante: "Avez-vous déjà pensé,
au lieu de fermer les carrières où les municipalités ont
laissé la chance à tout le monde de se bâtir alentour, que
les personnes qui résident à côté se plaignent ou
ont raison de se plaindre?" Il dit: "Avez-vous déjà
évalué, s'il faut fermer cette carrière et aller en
chercher une, je ne sais pas moi, à 40 ou 50 milles... Imaginez-vous que
la ville de Montréal ou que le ministère des Transports prennent
des millions de tonnes. Quand on considère que chaque tonne
additionnelle vaut $0.10 le mille, alors, 40 milles multipliés par $0.10
donne $4.00. Alors, imaginez que, quand c'est $0.10 le mille additionnel de
transport, le nombre de tonnes que vous déplacez, c'est $0.10 le mille
de transport.
M. Dubois: Je suis sûr que le ministre prendra en
considération les deniers publics qui sont impliqués dans votre
demande. Je vous remercie.
M. Garon: C'est pour cela que je le dis, si on prend la terre
arable sur place, on va économiser de l'argent au lieu d'aller la
chercher cinq milles plus loin. Si on la prend exactement dans l'emprise de la
route, là où était la route...
M. Dubois: Je pense bien qu'on se comprend tous.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Huntingdon. Au nom de tous les membres de la
commission, je remercie Me Laliberté et M. Wagner pour leurs
mémoires et j'inviterais maintenant les représentants de
Québec-Téléphone... est-ce qu'ils sont présents
dans la salle? Je pense qu'on n'a pas reçu de mémoire... Alors,
si les représentants de Québec-Téléphone ne sont
pas présents, j'appellerais immédiatement les
représentants de Bell Canada. Merci.
M. Hubert Leroux, si vous voulez vous identifier de même que ceux
qui vous accompagnent.
Bell Canada et Télébec
Ltée
M. Leroux: M. le Président, M. le ministre de
l'Agriculture, messieurs les députés, pour s'exprimer devant
cette commission, Bell Canada et Télébec Ltée, sa filiale
québécoise, ont choisi de déléguer, à ma
droite, M. Claude Maillet, ingénieur, vice-président adjoint au
rendement régional; à sa droite, M. Jean-Marie Huard,
ingénieur divisionnaire aux plans et devis des lignes et à la
construction; à l'extrême droite, M. Noël Sarrasin,
chef de secteur à l'administration et aux droits de passage et,
à ma gauche, M. Roland Frenière, directeur de la coordination des
services publics et moi-même, Hubert Leroux, notaire, attaché aux
services juridiques de Bell Canada et secrétaire de
Télébec.
Qu'il nous soit d'abord permis de remercier la commission d'avoir
autorisé notre présence en ces lieux, afin de nous donner
l'occasion de participer activement à la préparation d'un texte
législatif qui crée déjà un impact sur les
transactions immobilières présentes et futures de nos deux
compagnies.
A l'instar d'autres intervenants qui se sont déjà
prononcés sur le présent sujet, nous croyons qu'il est dans
l'ordre des choses que le Québec franchisse dès maintenant cette
première étape en vue de l'aménagement global de son
territoire. Avant d'y arriver, il nous paraît important de vous faire
part de certaines constatations qui risquent d'affaiblir le but
recherché par un tel projet de loi.
Bell Canada et Télébec Ltée, pour dispenser le
service aux abonnés, se doivent d'obtenir des droits de superficie, des
servitudes et des permissions orales ou écrites, afin de construire et
de maintenir leurs réseaux extérieurs. Toutefois, à cause
des restrictions imposées par le projet de loi sur la protection du
territoire agricole, quant à l'aliénation des sols, d'une part,
et à leur utilisation, d'autre part, en milieu semi-urbain et rural, le
processus administratif actuellement en place dans nos entreprises sera
davantage alourdi par l'entrée en scène de la commission de
protection du territoire agricole qui devra se pencher sur les cas de son
ressort. Soit dit en passant, d'après nos calculs, le nombre annuel de
demandes à être faites devant la commission de protection des
terres se chiffre à 2000 pour la seule région agricole
désignée par le décret de l'article 25.
Maintenant, si la loi, une fois en vigueur, s appliquait dans tout le
Québec, nous devrions effectuer 2500 requêtes additionnelles en
autorisation, chaque année, pour obtenir des droits de passage
adéquats. Il va sans dire que par voie de conséquence, nous
assisterons à l'introduction de nouveaux délais et coûts
reliés à I application de cette loi, le tout au détriment
de l'abonné. De plus, Bell Canada, consciente de son rôle
auprès de la collectivité, s'est récemment engagée
à améliorer sur une période de trois ans le service
téléphonique dans tout le territoire non urbain du Québec.
La législation proposée se dresse comme un obstacle à
cette réalisation puisqu'elle prescrit une démarche
supplémentaire chaque fois que Bell Canada, pour loger ses
installations, voudra se porter acquéreur de lots de terre situés
dans les périmètres arrêtés dans le projet de
loi.
A ce seul chapitre, 3000 autorisations additionnelles pour chacune des
deux années à venir seront nécessaires pour raccorder le
réseau actuel à ses nouvelles constructions. Tous ces nouveaux
délais et coûts s'ajoutent à ceux que vous connaissez fort
bien et le fardeau retombe encore sur les épaules des abonnés
dont vous êtes.
Bell Canada et Télébec Ltée, de par leur charte et
lettres patentes respectives, pour la poursuite de leurs fins, ne sétant
jamais vu confier le pouvoir d expropriation ou celui de contraindre les tiers
à leur vendre des biens-fonds, sont ainsi empêchées de
bénéficier, le cas échéant, des avantages
exprimés à l'article 1589 du Code civil du Québec
(inséré, à juste titre, comme exception par les
concepteurs du projet de loi).
Pour toutes les raisons qui précèdent, nous croyons que le
législateur devrait soustraire les organismes ou entreprises
d'utilité publique, dont les deux nôtres, de l'application de la
loi. Quant au moyen utilisé pour arriver à cette fin, nous avions
envisagé de suggérer, à titre d'amendement, qu'un
sous-alinéa d) soit ajouté au paragraphe 3 de I'article 1 qui
définit le terme "aliénation ", afin d exclure de la
catégorie des actes translatifs de propriété tous droits
conférés ou à être conférés aux
organismes ou entreprises d utilité publique.
Toutefois, comme la future législation se veut en plus un
instrument réglementant I'utilisation du sol agricole, notre amendement
s avérerait insuffisant en ce qu'il serait vain de nous porter
acquéreur de droits réels et personnels si nos entreprises ne
pouvaient, par la suite, utiliser de tels droits à une fin autre que
l'agriculture.
C'est pourquoi, nous devons recommander qu un nouvel article soit
ajouté au projet de loi tel que rédigé en annexe.
Je laisse à votre infinie sagesse le soin de trouver à cet
article la niche qui lui conviendra.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Leroux.
M. Leroux: Je voudrais, pour bonifier ce que je viens de dire,
permettre à mon collègue M. Maillet de vous entretenir quelque
peu sur certaines considérations techniques.
Le Président (M. Boucher): M. Maillet.
M. Maillet (Claude): M. le Président, je serai très
bref mais j'espère quand même, en très peu de mots, faire
le point sur un problème particulier.
En 1977, le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes demandait à Bell Canada de
compléter son programme d amélioration du service en territoire
rural pour la fin de 1980, soit une période de quatre ans en
débutant en 1977. Bell Canada avait demandé un délai de
cinq ans pour terminer ce programme. Le gouvernement actuel de la province de
Québec avait décidé, lors d'audiences tenues devant le
CRTC, qu'il se fasse plutôt en quatre ans et c'est ce qui fut retenu
comme échéancier. (17 h 45)
Le coût total de ce programme sera d environ $260 millions dans la
région du Québec. Jusqu'à maintenant, nous avons
dépensé environ $105 millions. Il nous reste donc plus de $150
millions à dépenser en deux ans. Notre cédule de travail
est excessivement serrée et tout retard occasionné par quelque
raison que ce soit compromettra sérieusement notre objectif qui est de
terminer ce
programme pour la fin de 1980. Déjà, à cause du
projet de loi 90, nous n'avons pu obtenir les permis de construction
nécessaires à l'instauration en territoire rural de huttes devant
abriter de l'équipement.
Ce retard aura définitivement un impact immédiat sur le
service des abonnés dans les territoires concernés. Ce qui nous
inquiète davantage est le fait que nous ne savons pas quand nous
pourrons reprendre nos travaux en ces endroits. Tout retard additionnel qui
pourrait nous être imposé par le projet de loi 90 ne pourra
être rattrapé à cause de notre programme déjà
très comprimé, et le service à l'abonné en
souffrira d'autant. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Garon: Voyez-vous, il ne faut pas nous prendre pour des
malades. On ne peut pas vous empêcher de poser des poteaux à
côté des maisons. Ce n'est pas le but de la loi, j'en ai
l'impression, parce que... Par ailleurs, l'amendement que vous demandez est un
peu large. Il s agit sans doute de prévoir justement une exemption
automatique quand il s'agira d'aller poser un poteau à côté
d une maison ou bien pour mettre un fil. Mais il y a une différence
entre un poteau à côté d'une maison et un réseau de
poteaux. Ce qu'on veut couvrir comme pour les lignes
d'électricité, par exemple, ce sont des réseaux de
poteaux; ce n'est pas le poteau à côté de la maison. C'est
évident qu'on va prévoir quelque chose concernant cette question
pour une plus grande sécurité. A l'étude article par
article, on prévoira.
C'est toujours une exemption automatique quand il s'agit de poser un
poteau à côté d'une maison, un fil ou une entrée de
gaz à côté d'une maison, quelque chose comme ça.
Mais j'ai l'impression qu'actuellement les appareils
téléphoniques que vous devez poser doivent l'être dans
l'ensemble du territoire qui n'est pas zoné parce que ce n'est pas
là qu'y habite le plus de personnes. Dans le territoire qu'on a
gelé, il y a des périmètres, il y a des villes. Le plus
gros de la population doit rester à Montréal. Je n'ai pas
l'impression qu'on vient de paralyser Bell Canada dans ses opérations.
Normalement, d'ici Noël, la loi devrait être adoptée. On
prévoira des amendements possiblement pour prévoir des exemptions
automatiques dans des cas comme celui-là.
M. Maillet: Nous avons présentement des problèmes
à certains endroits. On doit quand même réaliser qu'on a
$155 millions à dépenser d'ici deux ans. C'est le plus gros
programme jamais entrepris par Bell Canada, tous en territoire rural.
M. Garon: Je comprends, mais là, ce sont des
réseaux.
M. Maillet: Oui. Ce sont des additions de poteaux.
M. Garon: Ce n'est pas un poteau à côté d'une
maison, ces $155 millions. Cela ferait un joli paquet de poteaux.
M. Maillet: Non. C est un réseau complet.
M. Garon: J'ai limpression que ce sont des lignes.
M. Maillet: C'est cela.
M. Garon: Bon! Les lignes, cela va être comme les lignes de
l'Hydro. Je vais vous dire bien franchement. Depuis plusieurs mois, l'Hydro et
le ministre de l'Agriculture discutent ensemble du passage des lignes et ils
s'entendent très bien. Mais il s'agit de placer les lignes aux endroits
qui sont le moins dommageables. Vous avez l'habitude de poser cela le long des
routes, vous autres, je pense. Normalement, ce n'est pas cela qu'on va
empêcher. Là-dessus, je pense qu'il n'y aura pas de
problème. On va prévoir quelque chose. D'ailleurs, vous avez
déjà rencontré des gens de notre ministère, je
pense.
M. Leroux: Pas encore. Pas à ma connaissance.
M. Garon: Pas encore? Le pourcentage de vos poteaux qui sont
posés le long des routes.
M. Huard (Jean-Marie): Pour répondre à ceci...
M. Garon: Dans vos $155 millions, combien d argent...
M. Huard: J'espère que vous ne me demanderez pas de nommer
les poteaux.
M. Garon: Non, non, mais là, vous nous parlez de $155
millions. On vient quasiment geler $155 millions.
M. Huard: Pour répondre sérieusement à votre
question...
M. Garon: Dans vos $155 millions, il y a combien de poteaux le
long des routes?
M. Huard: Je dirais que majoritairement parlant, nos
alimentations sont le long des routes et cela comprend environ 80% des poteaux.
Mais il reste, de fait, que dans le territoire rural vous avez des maisons qui
sont éloignées de la rue même. Il nous faut aller
jusqu'à faire du raccordement à la maison. Je dirais qu à
peu près 80% des poteaux qu'on peut planter sont le long des routes.
M. Garon: Mais même quand la maison...
M. Huard: Encore là on doit avoir la permission du
ministère des Transports pour poser nos poteaux le long des routes. Il
arrive, à plusieurs occasions, lorsqu'il y a planification et que la
route doit être élargie, qu'on est obligés d'aller sur la
propriété privée, avec une permission verbale.
M. Garon: Mais vous savez qu'une maison qui est située
près d'une route a, à toutes fins pratiques, un demi-hectare aux
fins résidentielles. J'ai l'impression que les gens, surtout au
Québec on n'est pas en Floride n'ont pas l'habitude de se
mettre à un mille du chemin parce que cela coûterait cher
d'entretien l'hiver. Or, ils sont assez proches du chemin et comme on
considère qu'il y a à peu près un demi-hectare pour les
services de la maison, il n'y a pas de problème pour poser le poteau. De
toute façon, on va prévoir une disposition claire.
M. Huard: Je vous remercie infiniment de votre
compréhension, mais on a un autre problème qu'on aimerait
souligner, ici, à la commission. C'est le fait que nous sommes dans
l'ère de la technologie et que nous avons beaucoup d'équipement
électronique à placer dans des huttes qui ont l'air
climatisé, qui sont chauffées, tout le "kit", si vous voulez.
Pour installer ces dites huttes qui ont onze pieds sur onze pieds, on a besoin
de terrains qu'on achète.
Je ne sais pas jusqu'à quel point la loi 90 peut occasionner des
retards à l'achat de terrains pour y déposer les huttes et notre
équipement électronique, qui peut coûter jusqu'à
$200 000 ou $300 000.
M. Garon: Vous posez combien de huttes par année?
M. Maillet: En 1979, on prévoit en poser à peu
près 125.
M. Garon: Vous posez cela l'été ou l'hiver? M.
Huard: Douze mois par année.
M. Garon: Est-ce nécessaire que ce soit en bonne terre ou
si cela peut...
M. Huard: Avec notre équipement électronique, on va
principalement, M. le ministre, vers les concentrations: les villages, les
parcs de roulottes, autrement dit, on suit l'expansion.
M. Garon: Alors, si vous êtes dans les concentrations, vous
êtes à l'intérieur des périmètres, il n'y a
aucun problème.
M. Maillet: Excepté que, présentement, on en a
quatre qui sont bloquées à cause de cela. On en a quatre pour
lesquelles, présentement, on n'a pas de permis de construction.
M. Garon: Elles sont à l'extérieur des villages?
M. Maillet: Oui.
M. Leroux: II y en a quatre et le programme débute
à peine. Quatre sur une cinquantaine, c'est un nombre quand même
assez imposant.
M. Garon: Mais elles ne sont pas dans les concentrations
si...
M. Leroux: Celles-là sont situées dans les parcs de
roulottes.
M. Garon: Dans les parcs de roulottes?
M. Chevrette: Oui, mais quand vous installez votre hutte avec
tout l'appareillage électronique, c'est parce qu'il y a
déjà passablement de personnes d'installées?
M. Huard: Oui, c'est évident, mais il reste qu'on en a
présentement quatre de retardées à cause de cela.
M. Garon: A quel endroit?
M. Leroux: A Saint-Lin, précisément.
M. Chevrette: Saint-Lin-des-Laurentides?
M. Garon: L'autre?
M. Leroux: Saint-Lin et Sainte-Julienne.
M. Maillet: Domaine Bélisle, à Saint-Lin; Domaine
Meltour, à Saint-Lin; Domaine Lapierre, à Saint-Lin ainsi que
Domaine Dumoulin, à Sainte-Juliennne.
M. Chevrette: Celui-là est dans mon comté. M.
Maillet: Dans le beau comté!
M. Chevrette: Le dernier de Sainte-Julienne. Les trois autres
sont dans le comté de M. Pa-rizeau.
Quand vous parlez des domaines en question, je les connais tous
les quatre il y a déjà une concentration; c'est
sûrement une mauvaise interprétation de la loi parce que, quand
vous situez votre terrain à l'intérieur de la concentration
domiciliaire, il n'y a pas de problème. Il y a déjà des
édifices de construits...
M. Leroux: M. le député, est-ce que je peux me
permettre d'ajouter que ce sont les corporations municipales qui refusent
d'émettre des permis de construction?
M. Chevrette: A plus forte raison, cela prouve que c'est une
mauvaise compréhension de la loi. Je leur ai expliqué la semaine
passée qu'il n'y avait pas de problème là-dessus.
M. Leroux: Alors, que voulez-vous que l'on fasse?
M. Garon: Le terrain est-il déjà acheté?
M. Chevrette: II y a des droits acquis, il y a déjà
des maisons qui y sont bâties.
M. Leroux: C'est en voie d'être complété.
M. Garon: Dans les quatre cas, le terrain est-il
acheté?
M. Leroux: Il n'est pas acheté. M. Garon: Dans
aucun cas?
M. Leroux: C'est-à-dire qu'il y a des promesses de ventes
acceptées, mais qui ne satisfont pas la loi pour la simple raison
qu'elles n'ont pas été enregistrées, comme la loi le veut,
avant le 9 novembre.
M. Garon: Mais vous ne deviez pas commencer la construction tout
de suite, si vous n'aviez pas encore acheté les terrains?
M. Leroux: Oui.
M. Garon: Vous achetez le terrain la veille des travaux?
M. Leroux: II faut dire que les ingénieurs sont bien
entreprenants, ils s'amusent à construire avant que les titres soient
chose faite.
M. Garon: Je pense que, normalement, cela devrait être
clarifié assez facilement.
M. Chevrette: II n'y a aucune raison de refuser un permis, c'est
bâti partout.
M. Huard: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'ai cru comprendre tout à l'heure, dans les
explications que vous avez fournies en réponse au ministre de
l'Agriculture, qu'il vous arrive parfois de devoir, pour l'installation de
poteaux, procéder à l'achat de terrain; je présume que
cela se négocie de gré à gré. Je suppose
qu'à certains endroits, vous avez des lignes de poteaux qui peuvent
s'implanter en dehors de l'emprise du ministère des Transports. Cela
doit être des cas extrêmement rares, généralement les
lignes de service je ne parle pas des lignes maitresses qui
desservent une population rurale, on les retrouve à l'intérieur
de l'emprise de la voirie ou de chemins municipaux.
M. Huard: Oui, généralement. Il reste qu'il y a des
obstacles. Ce qui arrive, c'est qu'on fait une demande au ministère des
Transports pour la plantation de poteaux, mais si le ministère refuse
pour la simple et bonne raison qu'il prévoit un élargissement de
la route, on est alors obligé de s'éloigner de la même
route et d'aller sur les propriétés privées. La plupart du
temps, on plani- fie avec le ministère pour connaître les limites
de l'emprise de la nouvelle route et on essaie de s'en tenir à
l'intérieur de l'emprise.
Il reste que, dans le territoire couvert du Québec, il y a des
endroits où on n'a pas le choix et on est parfois obligé d'aller
sur des terrains privés. C'est une question de courbes, par exemple, une
question de ruisseaux ou des choses comme cela, ce qui fait que nous y sommes
forcés. A cause d'un viaduc, par exemple, on est obligé de
s'éloigner de l'emprise publique.
M. Giasson: Là où vous faites de l'enfouissement de
fils, parce que vous avez commencé à développer cette
technique...
M. Huard: On en fait, oui.
M. Giasson: ... devez-vous vous porter acquéreur de
terrains sur des propriétés privées?
M. Huard: Non, on ne se porte pas acquéreur de terrains en
ce qui concerne l'installation de poteaux ou de câbles, on adresse une
demande verbale au propriétaire. Les câbles peuvent être
enfouis dans un terrain sablonneux de 24" à 30" de profondeur qui sont,
soit encore sous l'emprise publique ou la propriété
privée, selon la location et les obstacles qu'on peut affronter.
M. Giasson: Pour procéder à l'enfouissement,
devez-vous enlever une parcelle de la couche de sol arable?
M. Huard: Non, c'est enfoui directement. Ce sont des charrues qui
enfouissent directement le câble et laissent une grande ouverture de 2
1/2 à 3", selon la largeur de la charrue.
M. Giasson: Vous n'avez pas besoin d'enlever la couche de
surface?
M. Huard: Non, absolument pas. M. Giasson: Très
bien.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Huntingdon, rapidement avant l'ajournement.
M. Dubois: Je n'ai qu'un seul commentaire. Je pense qu'on vient
de vivre une justification de plus pour la commission provisoire que j'avais
réclamée avant même la deuxième lecture du projet de
loi. Du côté ministériel, on a souri quand j'ai dit qu'il y
aurait un gel économique. Je pense que c'est un exemple frappant qu'on a
eu aujourd'hui et que cela dénote un manque de vision du gouvernement de
ne pas avoir institué cette commission provisoire. C'est tout ce que
j'avais à dire.
Le Président (M. Boucher): Merci. Au nom de tous les
membres de la commission, je remercie M. Leroux ainsi que tous ceux qui
l'accompagnent et qui représentent Bell Canada. Merci beaucoup.
M. Huard: Merci. M. Leroux: Merci.
Le Président (M. Boucher): Etant donné qu'il est 18
heures, nous allons suspendre les travaux de la commission jusqu'à 20
heures.
Suspension de la séance à 17 h 59
Reprise de la séance à 20 h 19
Le Président (M. Boucher): A Tordre, s'il vous
plaît!
Au nom des membres de la commission, je souhaite la bienvenue aux
représentants de la société d Etat qu'on peut appeler le
gazoduc transcanadien je n'ai pas d idée comment on peut dire
"pipelines "...
M. Janin: Les pipe-lines transcanadiens.
Le Président (M. Boucher): ... appelons cela les
pipe-lines. Alors, si vous voulez vous identifier et identifier les gens qui
vous accompagnent.
TransCanada PipeLines
M. Janin: M. le Président, je m appelle Alban Janin, je
suis avocat au service du contentieux de TransCanada; à ma droite, M.
Doug Calder qui est directeur des acquisitions de droits de passage et de
l'environnement de TransCanada, et cela, depuis la fondation de notre
compagnie; à ma gauche, M. Roger Sénécal, qui est chef de
district des affaires foncières.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, je désire, au nom de TransCanada PipeLines vous remercier de
nous avoir donné l'occasion aujourd'hui de faire valoir notre point de
vue et notre intérêt relativement au projet de loi no 90
intitulé Loi sur la protection du territoire agricole.
TransCanada PipeLines est une entreprise d'utilité publique, qui
a été consituée en 1951 par une loi spéciale du
Parlement du Canada et qui a été continuée à titre
de compagnie par lettres patentes émises en 1972.
TransCanada exploite présentement un gazoduc à grand
diamètre depuis la province d'Alberta, alimentant les provinces de la
Saskatchewan, du Manitoba, de lOntario et du Québec jusqu à
Montréal, avec raccordements à la frontière internationale
près d Emerson au Manitoba, de Sault-Sainte-Marie, de Sarnia et de
Niagara Falls, en Ontario et de Philipsburg, au Québec, tel qu'en
témoigne le tracé qui vous est soumis à l'annexe 1.
Le 4 avril 1978, TransCanada déposait une requête
auprès de I'Office national de lénergie proposant de prolonger
son gazoduc jusqu à la ville de Québec. Ce projet correspond
à un des objectifs de la politique québécoise de
lénergie telle qu'énoncée en juin dernier dans le livre
blanc intitulé "Assurer l'avenir". Je cite un extrait que vous retrouvez
aux pages 62 et 63: "II faudrait... prendre les dispositions requises pour
assurer le transport du gaz depuis Montréal jusqu en divers points de
livraison dans l'axe Montréal-Québec. Il y aurait naturellement
avantage à ce que le développement des infrastructures de
transport au Québec se fasse assez rapidement".
Parfaitement conscient de tous les avantages qu'offre le gaz naturel, le
ministre délégué à l'Energie, M. Joron,
énonçait l'intention du gouvernement de favoriser l'accroissement
de la part du gaz naturel dans le bilan énergétique
québécois tel qu'en fait foi le passage suivant, et je cite
encore une fois: "Les qualités particulières du gaz naturel comme
facteur d'industrialisation, ses caractéristiques de propreté au
niveau du transport et de combustion ainsi que la sécurité des
approvisionnements de gaz naturel en font une forme additionnelle
d'énergie avantageuse pour le Québec dans la transition
énergétique qui s'amorce. "Pour ces raisons, le gouvernement
entend favoriser un rôle accru du gaz naturel dans la satisfaction des
besoins énergétiques du Québec". Fin de la citation.
Le tracé que prévoit emprunter TransCanada dans l'axe
Montréal-Québec est entièrement situé dans la
région agricole désignée, telle qu'identifiée
à l'annexe A du projet de loi no 90. Conséquemment, TransCanada
sera touchée et sérieusement affectée par les dispositions
de ce projet de loi dans sa version actuelle.
Tout en souscrivant aux objectifs et à la philosophie du projet
de loi no 90, TransCanada désire soumettre à cette commission
que, d'une part, la mise en place et l'exploitation en terres agricoles de
canalisations souterraines servant au transport du gaz naturel
n'entraînent pas l'aliénation de la vocation et du
caractère essentiellement agricoles de ces terres et que, d'autre part,
l'assujettissement des activités de TransCanada aux contrôles
administratifs envisagés par ce projet de loi entraînerait un
accroissement indu du fardeau de réglementation auquel nous devons
déjà faire face.
La gazoduc de TransCanada, actuellement, tel qu'il existe, traverser
au-delà de 6000 propriétés sur une distance de 2470
milles. Plus de la moitié de ces propriétés sont des
terres agricoles. Les soins pris lors de la mise en place de nos canalisations
souterraines ont permis de conserver à ces terres leur vocation agricole
sans aucunement réduire l'aire de culture, ni le rendement de ces
terres.
Une brève description de la procédure et des techniques de
mise en place des canalisations souterraines servant au transport du gaz
naturel permettra d'évaluer l'impact d'une telle opération en
milieu agricole, et nous permettra, en même temps, d'illustrer les points
que nous désirons vous soumettre aujourd'hui.
Le prolongement du gazoduc jusqu'à la ville de Québec
nécessitera l'acquisition d'un droit de passage sur une emprise ayant 75
pieds de
largeur. Ce droit de passage s'acquiert normalement au moyen d'un acte
de servitude au terme duquel le propriétaire de la terre consent
à TransCanada le droit de mettre en place et d'exploiter ces
canalisations souterraines et s'engage aussi à ne pas construire sur
l'emprise du gazoduc. Cette procédure permet au propriétaire de
conserver son titre de propriété sur l'emprise ainsi que l'usage
et la jouissance de la terre, y compris, évidemment, l'emprise du
gazoduc.
Lors de la mise en place des canalisations, le sol arable est d'abord
retiré de toute surface susceptible d'être dérangée
durant l'exécution des travaux et ensuite réservé le long
de l'emprise et gardé séparé de cette partie du sous-sol
qui devra aussi être excavée. Les canalisations sont par la suite
déposées dans la tranchée de manière à
assurer une couverture de quatre pieds afin de ne pas gêner l'agriculture
et le drainage des terres.
La tranchée est maintenant remblayée, le sol arable qui
avait été réservé est répandu en surface de
manière que l'emprise soit restaurée dans son état
original. Le sol arable est finalement labouré, fertilisé et
ensemencé par des équipes spécialisée.
Le résultat de ces opérations peut être
visualisé sur les photographies présentées à
l'annexe 2.
Brièvement, dans une première photographie, nous
illustrons le remplacement de drains agricoles. C'était un des cas
où il a été jugé préférable de les
remplacer et de ne pas garder les drains qui existaient. Dans la plupart des
cas, on garde les drains, mais, dans certains cas, de remplacement s'impose,
alors, on le fait à nos frais.
La deuxième photographie vous montre l'emprise
immédiatement après la fin des travaux. Alors, vous voyez en
plein centre l'emprise du gazoduc qui a déjà été
fertilisée, mais, en fait, c'est pris immédiatement après,
la semence a été faite, mais on ne voit pas encore les
pousses.
La troisième photo vous montre une emprise deux mois après
la fin des travaux.
La quatrième photo vous montre une récolte de sarrasin
après les travaux qui avaient été exécutés
l'hiver précédent. Si ce n'était pas du poteau, on ne
pourrait pas le discerner.
La cinquième photo vous montre un pâturage après la
fin des travaux.
L'exécution de ces travaux interrompt la culture du sol pour une
période relativement courte, qui varie de un à trois mois,
suivant les conditions météorologiques et géologiques. Il
est à noter qu'il arrive fréquemment que ces canalisations soient
mises en place l'hiver alors que le sol est gelé. Cette pratique
réduit d'autant les perturbations du sol et permet d'éviter
l'interruption des activités agricoles sur l'emprise. Une fois les
activités agricoles reprises, TransCanada fait appel aux services
d'experts qui surveilleront le rendement de ses terres. Si des mesures
correctives s'imposent, TransCanada en assume la pleine
responsabilité.
Nous devons vous souligner que les activités de TransCanada sont
soumises au pouvoir de contrôle et de réglementation de l'Office
national de l'énergie. L'article 46 de la Loi sur l'Office national de
l'énergie stipule: "L'office peut, selon les modalités et
conditions qu'il estime convenables et exprimées dans un certificat ou
autrement, ordonner à une compagnie de prendre les mesures qui peuvent
être nécessaires au cours de la construction de son pipe-line et,
après celle-ci, pour remettre en état tout terrain qui emprunte
son pipe-line et enlever, conserver et, après la construction de son
pipe-line, replacer la couche de terre végétale sur tout terrain
qu'emprunte le pipe-line".
Une attention particulière mérite d'être
accordée au règlement sur les gazoducs édicté en
vertu de l'article 39, paragraphe 2, de la Loi sur l'Office national de
l'énergie et dont le texte apparaît à l'annexe 3 des
présentes.
Pour faciliter la lecture de l'annexe 3, j'ai souligné, en marge,
les articles les plus pertinents et je laisse à votre discrétion
et à votre loisir de les lire. Il s'agit plus particulièrement de
l'article 69 et des articles de la deuxième partie.
A la lecture des articles de la partie II de ce règlement et de
l'article 69, l'on constate que TransCanada est déjà astreinte
à des mesures de préservation de l'environnement et de protection
du territoire agricole élaborées et extrêmement
sévères. Tout en reconnaissant la valeur et le bien-fondé
de ces mesures et tout en acceptant de s'y soumettre, TransCanada désire
éviter le dédoublement des contrôles administratifs pour
les mêmes fins.
La répercussion du projet de loi no 90 sur les activités
de TransCanada PipeLines. Nous croyons que, si le projet de loi no 90 devait
être adopté dans sa forme actuelle, il en résulterait de
sérieux inconvénients pour les entreprises d'utilité
publique responsables de la mise en marché et de la distribution du gaz
naturel au Québec. (20 h 30)
Les délais et les coûts additionnels qu'occasionnerait
l'obligation de se soumettre à des contrôles administratifs
supplémentaires, voire répétitifs, auraient des
répercussions défavorables sur la pénétration du
gaz naturel au Québec et sur les situations concurrentielles face aux
autres sources d'énergie et plus particulièrement au
pétrole.
Il est à craindre que tout projet d'envergure destiné
à servir l'intérêt public, tel un prolongement du gazoduc
au Québec, soit ainsi retardé et que, par voie de
conséquence, les usagers éventuels de cette source
d'énergie se voient privés de ce service pour une plus longue
période.
Comme nous l'avons mentionné, notre compagnie est
déà soumise aux pouvoirs de contrôle et de
réglementation de l'Office national de l'énergie. Compte tenu de
la célérité des exigences et des contrôles
réglementaires auxquels TransCanada est déjà astreinte,
nous doutons que l'application du projet de loi no 90 à nos
activités aurait pour effet d'assurer une meilleure protection du
territoire agricole.
Il nous apparaît que dans de telles circonstances, la balance des
inconvénients milite en faveur de la création d'une exemption en
faveur de TransCanada PipeLines.
M. le Président, à ce point, j'aimerais souli-
gner que l'exemption que nous mentionnons ici n'est pas une exemption de
la personne morale de TransCanada, mais une exemption de certaines
activités seulement. Je développerai ce point plus tard.
Certains commentaires sur certains articles de la loi. Tout d'abord, au
premier article, les sous-alinéas 3 et 8 et l'article 29.
De la définition des termes "aliénation " et "lot"
donnée à l'article premier et de l'emploi de l'expression "droit
réel immobilier" à l'article 29, TransCanada a conclu que
l'acquisition d'un droit de passage, par voie de servitude sur le territoire
agricole, serait soumise aux pouvoirs de contrôle de la Commission de
protection du territoire agricole du Québec.
Si telle n'était pas l'intention du législateur ou du
rédacteur, nous sommes d'avis qu'un amendement exemptant de
l'application du présent projet de loi l'acquisition d'un droit de
passage ou d'une servitude aurait pour effet d'enrayer toute
ambiguïté qui, autrement, pourrait exister.
Toutefois, si telle était l'intention du législateur, nous
prétendons qu'une telle exigence risquerait d'entraîner la
multiplication des procédures devant la commission et l'Office national
de l'énergie, jusqu'à ce que les décisions de ces deux
organismes administratifs concordent.
Nous craignons plus particulièrement la situation suivante
où, avant d'aller devant l'Office national de l'énergie cet
été, nous nous verrons contraints d'obtenir du gouvernement, de
la commission, les autorisations requises. L'office, tout en respectant les
autorisations que la province accordera alors, et en les acceptant comme
telles, pourrait, pour d'autres raisons, demander un nouveau tracé. Nous
serions, à ce moment-là, obligés de revenir devant la
commission pour faire approuver ce nouveau tracé et retourner devant
l'Office national de l'énergie. Les délais pourraient ainsi
s'étendre jusqu'à une période de deux ans.
Les articles 26, 58, 59, 60 et 62. Les articles 26 et 62
prévoient que la commission peut autoriser un requérant à
utiliser un lot agricole à une fin autre que l'agriculture. Nous
soumettons que l'application de cette exigence à TransCanada aurait
aussi comme conséquence d'entraîner la multiplication des
procédures devant la commission et l'Office national de l'énergie
jusqu'à ce que les décisions de ces deux organismes
administratifs concordent.
Les articles 58, 59 et 60 exigent, dans le cas d'une autorisation
recherchée pour un lot situé dans une zone agricole, que la
demande soit soumise à l'examen et au pouvoir de recommandation de la
corporation municipale concernée avant qu'en soit saisie la commission.
De plus, tant la commission que la corporation municipale sont
autorisées à tenir des audiences publiques pour leurs fins
respectives.
Nous soumettons que le privilège et les pouvoirs ainsi
conférés aux corporations municipales aggravent la situation que
nous déplorions déjà dans nos commentaires sur les
articles 26 et 62.
Nous ne soumettons pas une exemption soit d'une application à la
commission ou à une corporation municipale, nous soulignons tout
simplement qu'il y a un double contrôle et si contrôle il devait y
avoir, nous demandons qu'il y en ait un seul.
L'article 18 confère à la commission le pouvoir de
réviser ou de révoquer toute décision ou ordonnance dans
les six mois de la date où elle a été rendue. Cette
disposition, si elle devait subsister dans sa forme actuelle, empêcherait
TransCanada de procéder à l'exécution de travaux
autorisés par la commission avant l'expiration de ce délai de six
mois, car autrement TransCanada risquerait, advenant le renversement d'une
telle décision, de subir des pertes considérables.
Si ce pouvoir de révision devait être maintenu, nous
soumettons qu'il y aurait avantage à en limiter l'exercice aux cas de
demandes à cet effet, logées auprès de la commission dans
les trente jours qui suivent la décision.
Relativement à l'article 66, si le législateur refusait de
soustraire à l'application du projet de loi no 90 les actes posés
par les entreprises d'utilité publique dans la mise en place et
l'exploitation de canalisations souterraines, nous soumettons qu'il y aurait
avantage à ajouter à celles déjà contenues à
l'article premier une définition d'"en-treprise d'utilité
publique" et d'exempter de l'application de certaines dispositions du projet de
loi no 90 ces entreprises d'utilité publique. L'expression "entreprise
d'utilité publique", si elle était ajoutée à la fin
du premier paragraphe de l'article 66, permettrait au gouvernement,
après avoir pris l'avis de la commission, d'exclure un lot ou une partie
de lot d'une zone agricole pour les fins d'une compagnie d'utilité
publique.
Encore une fois, si le législateur refusait de soustraire
à l'application du projet de loi no 90 les actes posés par les
entreprises d'utilité publique dans la mise en place et l'exploitation
de canalisations souterraines, nous soumettons qu'il y aurait avantage à
ce que toute demande ou requête soit traitée par
préséance et avec toute la diligence humainement possible. Nous
soumettons que la mise en place et l'exploitation, en terres agricoles, de
canalisations souterraines servant au transport du gaz naturel
n'entraînent pas l'aliénation de la vocation essentiellement
agricole de ces terres et, par voie de conséquence, ne constituent pas
une entrave aux objectifs du projet de loi no 90.
Par contre, l'assujettisement des activités de TransCanada aux
dispositions du projet de loi no 90 entraînerait un accroissement indu du
fardeau de réglementation auquel nous devons déjà faire
face et une répétition des contrôles administratifs
auxquels TransCanada doit déjà se soumettre en vertu de la Loi
sur l'Office national de l'énergie et ses règlements.
Nous soumettons que la situation dans laquelle se retrouve TransCanada
face au projet de loi no 90 est particulière sinon exceptionnelle.
Nous demandons, par conséquent, que nous soyons soustraits de
I'application du projet de loi no 90 et que, plus particulièrement, nos
activités
relatives à l'acquisition de droits de passage, à la mise
en place de canalisations souterraines seulement et à l'exploitation et
l'entretien de ces canalisations, soient exemptées.
Alternativement, nous vous demandons de prévoir pour les
entreprises d'utilité publique un régime spécial qui,
d'une part, assurerait la protection du territoire agricole, et, d'autre part,
permettrait aux usagers éventuels de gaz naturel d'avoir accès
à cette source d'énergie aussitôt que possible.
J'aimerais pour vous laisser sur ces chiffres que nous avons ici...
L'emprise du gazoduc sur l'axe de Montréal-Québec aurait une
superficie de 2000 acres. Nous devrions traverser 42 municipalités et
nous devrions faire affaires avec 843 propriétaires sur 1878 lots. Je
vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Janin. M. le
ministre.
M. Garon: Je peux vous dire qu'on a eu un cas semblable. On a
commencé, de façon informelle avec l'Hydro, et des cas qui
doivent passer par le Conseil des ministres; on a demandé l'opinion du
ministère de l'Agriculture. Je ne me rappelle pas pour quelle distance,
je me demande si ce n'était pas une vingtaine de milles. Cela a
été accepté en dedans d'une semaine, parce que, comme vous
dites, dans votre cas, il s'agit d'une façon de faire qui,
habituellement... J'ai vu un cas jusqu'ici, depuis un an de pose de tuyau pour
le gaz, et cela a été une approbation rapide, en dedans d'une
semaine. On va regarder cela. Vous posez plusieurs hypothèses, mais le
but n'est pas de vous empêcher de poser vos tuyaux, surtout à
quatre pied dans le sol, parce qu'on ne laboure jamais si creux que cela, sauf
dans l'Abitibi quand on enterre les arbres en même temps. A ce
moment-là, je pense qu'on peut sûrement trouver des dispositions,
soit dans la loi, soit dans les règlements, pour qu'on ne vous
crée pas d'embêtements inutiles, parce que le but n'est pas de
créer des embêtements, c'est de protéger la terre. Si la
pose de vos tuyaux ne pose pas ce problème, alors...
M. Janin: Si vous le permettez, les craintes que nous avons sont
particulières au moment de ce que nous appelons la troisième
phase, c'est-à-dire la phase de la zone agricole. C'est à ce
moment que nous devons d'abord placer nos demandes devant les
différentes municipalités; alors, il y a une fragmentation d'une
procédure administrative qui, à ce moment, alourdit le processus.
Il y a évidemment des délais de trois mois et il y a lieu de
croire que ces demandes sont déposées en même temps. Trois
mois après que les corporations ont fait leurs recommandations, la
commission en est alors saisie et rend sa décision. Nous aimerions et
nous suggérons que, dans des cas semblables, s'il est impossible ou si
le gouvernement croit ne pas devoir exclure les entreprises d'utilité
publique dans certaines circonstances... Et j'insiste sur les certaines
circonstances, parce que, si jamais nous devions acquérir du terrain
agricole, l'acheter, l'aliéner, M. le ministre, nous ne sommes pas ici
pour faire des représentations selon lesquelles nous devrions être
exemptés. On parle simplement d'un droit de passage: on parle d'une
servitude. Il y a aussi l'exécution de la décision que rendrait
la commission: les six mois de l'article 18 nous obligent à mettre cette
décision au tiroir pendant six mois avant de commencer
l'exploitation.
M. Garon: Actuellement, quand vous faites vos poses de tuyau,
vous discutez uniquement avec l'agriculteur du droit de passage; vous n'allez
pas à la municipalité du tout.
M. Janin: Nous discutons avec l'agriculteur. C'est une discussion
qui se fait de gré à gré. Cela a été une
procédure qui, pour TransCanada, a donné des résultats
merveilleux. On a quasiment pas eu d'expropriations dans notre histoire; cela
n'a jamais été nécessaire, sauf, je pense, dans six cas
sur toute la distance et c'étaient des points qui se sont
réglés avant même qu'une décision soit rendue par
les tribunaux.
M. Garon: Est-ce que vous en discutez avec la municipalité
ou si vous ne le faites jamais?
M. Janin: Je vais demander à M. Sénécal de
répondre à cette question, il est plus familier que moi avec la
procédure suivie.
M. Senécal (Roger): Nous procédons simplement. Nous
envoyons une lettre au conseil municipal dans laquelle nous disons que nous
passons un tuyau de gaz à travers les propriétés
ci-décrites et puis, nous demandons tout simplement la permission et, la
plupart du temps, cette permission nous est accordée. Après cela,
c'est la discussion entre le cultivateur et la compagnie TransCanada.
M. Garon: Arrive-t-il parfois que des gens se réunissent
au niveau d'une municipalité ou d un endroit parce qu'ils ont peur
d'avoir des conduites de gaz sur leur territoire?
M. Senécal: Non, pas à ma connaissance.
M. Garon: Je vous remercie infiniment d'être venus nous
présenter votre mémoire et les solutions que vous envisagez, on
va les étudier avec soin, vous pouvez en être sûrs. (20 h
45)
M. Janin: On vous remercie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Bonsoir M. Janin, M. le Président. Je crois
que pour une première fois, nous recevons un organisme qui a une
expérience pratique, vécue non seulement au Québec, mais
également dans d'autres provinces. Le gazoduc que vous exploitez
s'étend de la province de l'Alberta, sauf
erreur, passe par la Saskatchewan, le Manitoba, l'Ontario et vous avez
un tuyau qui passe même par les Etats-Unis pour entrer au Canada, je
pense. Evidemment, pour une telle installation, vous avez dû franchir des
distances fort importantes et je présume que vous avez traversé
un grand nombre de fermes.
M. Janin: C'est exact.
M. Giasson: Cette expérience que vous avez vécue
dans d'autres provinces, premièrement, avez-vous eu à traverser
des territoires qui étaient sous contrôle d'une forme de
protection de zonage?
M. Janin: Oui, c'est arrivé et nous n'avons eu aucune
difficulté.
M. Giasson: Vous n'avez eu aucune difficulté, mais tout de
même, l'organisme qui veillait au contrôle de protection a
certainement posé des conditions, sans connaître les
législations qui étaient en vigueur dans ces provinces.
M. Janin: Voici ce qui est arrivé dans le cas des autres
provinces. Les règlements de l'Office national de l'énergie
étaient tellement sévères que les normes exigées
étaient supérieures à celles que les gouvernements
provinciaux exigeaient. Alors, en satisfaisant les normes que nous imposait
l'Office national de l'énergie, on se trouvait en même temps
à satisfaire celles des gouvernements provinciaux. Alors, c'était
une façon qui nous a permis de régler les problèmes.
M. Giasson: Mais vous allez peut-être vivre une
expérience différente si le Québec n est pas une province
comme les autres.
Dans cette acquisition de droit de passage, vous est-il arrivé
parfois de devoir acquérir, acheter certains terrains à la suite
d'une objection que vous auriez pu subir de la part de ces propriétaires
de terrains dans le parcours ou l'itinéraire que devait suivre le
gazoduc?
M. Garon: C'est vrai qu'on n'est pas comme les autres. On a
encore des libéraux.
M. Giasson: On a le PQ que les autres n'ont pas non plus.
M. Garon: Peut-être qu'ils aimeraient cela.
M. Giasson: Ah oui! Beaucoup! Il y a la Colombie-Britannique qui
a essayé et elle s'est dépêchée de changer cela.
M. Janin: C'est arrivé, M. Giasson, dans cinq cas et
c'étaient des cas où le propriétaire tout simplement
préférait qu'on achète sa terre. Il disait: Prenez-la.
Parce qu'à ce moment-là il disait: Je ne veux pas vous donner un
droit de passage parce que vous allez m'offrir tant, mais si je vous donnais
toute la terre, est-ce que vous m'offririez plus? Alors, on va vous donner un
peu plus. Parfait, prenez-la parce que, de toute façon, je ne veux pas
m'en servir. Les autres cas où on doit acheter sont des cas où on
doit installer des stations de compression et des stations de mesurage. Dans
ces cas-là, nous devons acquérir le terrain parce que là,
il est question de structures qui sont sur le sol.
M. Giasson: Dans les provinces où vous avez acquis des
terrains, est-ce que vous avez toujours négocié directement avec
les propriétaires individuellement ou s'il vous est arrivé,
parfois, de retrouver des propriétaires soit de terres agricoles, ou
d'autres secteurs d'activité qui eux fonctionnaient sur une base
collective, c'est-à-dire qu'ils s'étaient regroupés, quel
que soit l'organisme, en retenant les services de spécialistes, de
procureurs ou...
M. Janin: Non, jamais de problèmes semblables.
M. Giasson: Vos négociations se sont toujours faites sur
une base individuelle entre la compagnie et le propriétaire du
terrain.
M. Janin: C'est exact.
M. Giasson: J'ai cru comprendre, à la lecture de votre
mémoire, que l'Office national de l'énergie vous imposait des
obligations sur la façon de faire vos installations sur les terrains et
surtout vous obligeait à remettre ce terrain dans des conditions
acceptables aux propriétaires. Est-ce qu'il s'est produit parfois,
à la suite de la pose ou des installations, qu'il y ait des producteurs
agricoles dans ces régions que vous avez traversées qui ne soient
pas satisfaits de l'état du terrain dans lequel vous l'avez
laissé?
M. Janin: Ce n'est pas une question d'un propriétaire qui
n'était pas satisfait de l'état du terrain. C'est arrivé
dans certains cas et cela dépend encore des récoltes où le
terrain a été restauré, où nous avons suivi la
procédure que j'ai décrite, mais où il y a eu certains
ajustements à faire à la terre. Alors, soit que le
propriétaire nous appelle, ou soit que notre spécialiste qui, de
toute façon, se rend tant de fois sur les terres durant les
années qui suivent la mise en place du pipe-line, s'en aperçoive
et les mesures correctives sont immédiatement adoptées et la
situation est corrigée. C'était simplement des cas de rendement
de terres où le rendement de la terre était
légèrement diminué. Ce sont des problèmes mineurs
et cela représente un pourcentage infime, mais c'est déjà
arrivé. Si vous demandez si c'est déjà arrivé, je
ne peux pas vous dire que ce n'est jamais arrivé. Pas sur la longueur de
notre pipe-line, ce n'est pas possible, on traverse la moitié du
pays.
M. Giasson: Vous avez la conviction profonde de ne pas modifier,
après les installations et la remise en place de la terre, la structure
du sol et
de ne pas déséquilibrer les conditions telles qu'elles
étaient avant que vous ne fassiez les installations.
M. Janin: Je m'excuse, M. Giasson, je pense...
M. Giasson: Je vous ai demandé si vous aviez une
conviction absolue d'avoir remis le sol sur lequel vous aviez fait du
travail... Naturellement, je présume que vous faites une
tranchée. Donc, vous déplacez beaucoup de terre, une couche de
surface et du sol plus en profondeur. Avez-vous la conviction absolue de ne pas
avoir déséquilibré les conditions de ce sol à la
suite des formes de traitement que vous donnez après la fermeture de
cette tranchée?
M. Janin: Absolument, et j'aimerais ajouter que, dans bien des
cas, on l'a amélioré. A tel point que vous remarquerez, si je
peux faire référence à l'exhibit 1 ou à l'annexe 1,
que, de la frontière de l'Alberta jusqu'à Emerson, vous voyez
quatre lignes. Evidemment, ces lignes ont été construites l'une
après l'autre. Lorsq'on repassait et qu'on allait revoir les
propriétaires, certains de ces propriétaires étaient
heureux de nous revoir, parce que le pipe-line avait des effets
bénéfiques sur leur récolte.
M. Giasson: Parce que vous aviez décompacté ce sol
ou...
M. Janin: Pace que le sol avait été
décompacté, avait été travaillé. Il y en a
même qui nous ont dit que, parce que le pipe-line dégageait de la
chaleur, la terre produisait une semaine ou deux de plus, et que cela
créait aussi de l'aération. Je ne cite pas ça comme une
règle générale, comme quelque chose qui arrive tout le
temps, mais il y a beaucoup de cas où certains nous l'ont
mentionné et ils étaient bien fiers dé nous revoir.
M. Giasson: S'il y avait bris de vos conduites ou fuite de gaz,
quels sont les inconvénients qui peuvent en découler pour les
propriétaires de ces terrains?
M. Janin: S'il y avait bris, évidemment, la récolte
qui se trouve en surface serait perdue. Mais le propriétaire serait
immédiatement dédommagé par TransCanada. Cela a toujours
été une politique, de s'arranger pour que le propriétaire
ne souffre d'aucun inconvénient pécuniaire lors de notre
passage.
M. Giasson: Vous avez commencé l'installation de votre
réseau après 1951 ?
M. Janin: En 1957.
M. Giasson: En 1957. Parce qu'au départ, c'était
une société de la couronne qui a eu des...
M. Janin: Non, ça n'a jamais été une
société de la couronne, c'a été une...
M. Giasson: Entreprise temporaire.
M. Janin:... corporation créée par loi
spéciale, mais sans être une société de la
couronne.
M. Giasson: Depuis que vous l'exploitez, est-ce que vous avez
dû faire face à des réclamations venant de fermiers, pour
des dommages résultant de bris?
M. Janin: Vous me parlez de réclamations judiciaires ou
des réclamations de gré à gré? C'est
déjà arrivé...
M. Giasson: De gré à gré.
M. Janin: ... qu'il y ait eu des bris, évidemment, le
fermier faisait sa réclamation, il n'y a jamais de problèmes, on
paie.
M. Giasson: Cela s'est toujours traduit uniquement par des pertes
de récoltes, il n'y a pas eu de pertes d'animaux.
M. Janin: C'est arrivé six fois.
M. Giasson: Des récoltes seulement.
M. Janin: Non, où il y a eu des animaux qui ont
été tués.
M. Giasson: Pas de pertes de vies humaines.
M. Janin: Pas de pertes de vies humaines, non.
M. Giasson: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. J'avais plusieurs
questions qui allaient dans le même sens que celles posées par le
député de Montmagny-L'Islet. Il ne me reste plus beaucoup de
remarques à amener. Je crois bien quand même qu'à l'effet
de ne pas alourdir les procédures, il serait peut-être souhaitable
que TransCanada, ainsi que d'autres compagnies de services publics puissent
intervenir directement avec la commission, afin de ne pas alourdir les
procédures. Je pense bien que ces compagnies devraient être des
interlocuteurs privilégiés avec la commission ou les commissions
selon ce qui va être formé. Je pense que le ministre ne devrait
pas avoir beaucoup d'objections dans ce sens, en tout cas, je
l'espère.
C'est la seule remarque que j'avais à faire, parce que le
député de Montmagny-L'Islet a vidé mes questions.
Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez eu beaucoup de conflits avec les
municipalités ou les produc-
teurs agricoles sur les propriétés desquels vous avez
dû passer?
M. Janin: Non.
M. Lavoie: Vous avez un bon service de relations publiques.
M. Janin: Extraordinaire, M. Lavoie, et j'en suis fier.
M. Lavoie: Très bien. Votre projet de pipe-line
Montréal-Québec représente un investissement de quelle
envergure?
M. Janin: Si on parle d'investissements pour TransCanada
seulement, on peut parler... C'est difficile de vous donner un chiffre.
Evidemment, si j'évalue le temps, les chiffres sont très
relatifs. On peut parler d'un quart de million de dollars. Mais il faut quand
même penser au distributeur. C'est simplement pour les canalisations de
transport du gaz. Après cela, il faut quand même prévoir un
investissement pour Gaz Métropolitain ou tout autre distributeur
à qui nous allons livrer le gaz et qui, à son tour, livrera le
gaz au consommateur.
M. Lavoie: Mais je vous parle de l'investissement.
M. Janin: Est-ce que j'ai dit un quart de million de dollars?
M. Lavoie: Oui.
M. Janin: Je m'excuse, c'est un quart de milliard de dollars.
M. Lavoie: Je trouvais cela assez minime, un quart de million de
dollars, $250 000. C'est un zéro de plus, ou quelque chose comme cela.
En tout cas, ce serait un investissement de $250 millions.
M. Garon: Attendez un peu. Etes-vous sûr de votre
investissement? Si vous ne le faites pas, les gens vont dire que c'est à
cause de nous autres.
M. Janin: Je m'excuse, M. Garon?
M. Garon: J'ai envie de vous faire faire un dépôt de
20%.
M. Lavoie: J'espère que vous le réaliserez le plus
vite possible.
M. Janin: C'est notre intention.
M. Lavoie: Et que le climat économique du Québec
pourra faciliter cet investissement.
M. Janin: C'est notre intention, c'est le plus gros projet que
TransCanada ait entrepris depuis la mise en place de son système
original et TransCanada souhaite vivement pouvoir prolonger son gazoduc
jusqu'à la ville de Québec.
M. Lavoie: Mais, sans dévoiler vos projets, dans quels
délais cela pourrait-il être prévu?
M. Janin: TransCanada, comme je l'ai mentionné tout
à l'heure, a présenté sa demande à l'Office
national de l'énergie le 4 avril dernier. L'Office national de
l'énergie, présentement, est en audition sur les demandes et les
nécessités de gaz naturel au Canada et, selon les meilleures
informations que nous ayons, notre requête devrait être entendue au
mois de juin ou au mois de juillet, cet été. Une décision,
sans doute, serait rendue au mois de septembre. Si tout allait bien, on
aimerait commencer au mois de novembre; en fait, dans le courant de l'hiver
prochain, pas l'hiver qu'on commence, mais le prochain, si c'était
faisable.
M. Lavoie: Voulez-vous nous expliquer quelles tracasseries
administratives pourrait vous causer un tel projet de loi concernant la
requête que vous devez faire à l'Office de l'énergie?
Est-ce que vous avez dit que vous devriez, avant, obtenir, en vertu de certains
articles de la loi, d'abord faire votre demande aux autorités
municipales où votre pipe-line... C'est l'article 38 ou quelque chose
comme cela.
M. Janin: M. Lavoie...
M. Lavoie: Quelles seraient les étapes, si la loi
était adoptée telle quelle? (21 heures)
M. Janin: Logiquement, selon l'expérience que nous avons
devant l'Office national de l'énergie dans des situations semblables, il
serait essentiel pour nous, si la loi, au Québec, nous l'imposait, d
obtenir toutes les autorisations du gouvernement de cette province avant de se
présenter devant I'Office national de l'énergie. Cela veut donc
dire que, si nous étions incapables de ramasser toutes les autorisations
nécessaires pour juin ou juillet, il faudrait quasiment demander
à I'Office national de l'énergie de retarder l'audition et de la
retarder probablement pour une période de six mois.
Un autre problème qui est posé, ce sont les
différentes étapes du projet. Si nous allions chercher nos
autorisations immédiatement, en fait, après la session, au
début de 1979, nous ne serions pas encore dans la troisième phase
et alors que les zones agricoles sont définies, cela pourrait changer
bien des choses. Les autorisations que nous avons pourraient ne plus être
valables dans leur totalité. On aurait pu créer de nouvelles
zones agricoles qui auraient remplacé les aires réservées.
Il faudrait encore recommencer, ce qui retarderait tout le processus
probablement d une autre année, parce que je comprends les contraintes
qu'aura la commission de devoir envoyer des avis à toutes les
municipalités. Je comprends que la commission préférera
sans doute s'occuper des territoires autour de la ville de Québec qui
sont quand même des territoires qui ont besoin d être
réglés le plus tôt possible et quelle s'occupera
des territoires plus éloignés après. Quand
même, il y a du boulot à faire dans tout cela.
M. Lavoie: Je comprends.
M. Janin: Ce qui arrivera, c'est que l'Office national de
l'énergie entendra notre requête, si tout va bien, au mois de
juin, mais j'ai bien peur que cela pourrait retarder d'une année pour
tout ramasser et satisfaire ses exigences. L'Office national de
l'énergie ne contestera pas et acceptera les décisions du
gouvernement de la province de Québec, mais pour d'autres raisons qui
sont de son ressort, il peut décider de déplacer le pipe-line sur
une distance quelconque. Un déplacement semblable voudrait dire qu'il
faudrait revenir ici au Québec obtenir d'autres autorisations et, dans
chacun de ces cas, je pense tout le temps aux six mois de l'article 18. Si je
dois venir deux fois demander des autorisations à la commission, je dois
aussi attendre deux fois six mois, ce qui veut dire douze mois.
M. Beauséjour: ... les six mois.
M. Janin: C'est dans les six mois, M. le ministre. Je serais bien
heureux que ma compréhension ne soit pas exacte. Je vous prierais de me
l'indiquer. Tant qu'il y a une possibilité que quelqu'un se plaigne, on
ne peut vraiment pas procéder à des installations.
M. Garon: Vous avez raison.
M. Lavoie:... tribunal compétent, c est comme un
délai d appel que vous devez respecter.
M. Janin: Oui, c'est cela.
M. Lavoie: Vous avez un terme juridique pour cela, le dernier
tribunal, la dernière juridiction compétente.
M. Janin: C'est cela, de dernier ressort.
M. Garon: Aimeriez-vous mieux qu'il y ait plusieurs appels
possibles?
M. Janin: Notre expérience devant l'Office national de
lénergie... On est habitué de vivre avec cet organisme. L'office
a un pouvoir de révision de ses décisions.
M. Garon: Comme dans la loi existante.
M. Janin: Mais c'est un pouvoir de révision qui est
très court à endurer, il est de trente jours. Ce pouvoir de
révision est exercé par l'office seulement si un requérant
fait application et demande une révision. L'office effectivement agit
très vite, dans la plupart des cas.
M. Lavoie: M. le Président, je comprends votre crainte ou
vos appréhensions, lorsqu'on sait que le projet de loi n'est pas
adopté, que la com- mission dont les membres ne sont pas encore
choisis... Ils sont peut-être considérés par le ministre et
ils pourraient être nommés assez rapidement après
l'adoption du projet de loi, mais cette commission devra envoyer des
communiqués à 614 municipalités. Elle a six mois pour
notifier les 614 municipalités. Puis, les municipalités doivent
se mettre en marche pour négocier avec cette commission pour
déterminer la zone permanente. Il n'y a pas de délai dans la loi
qui prévoit l'entente, le périmètre final de la zone
agricole. Cela peut prendre un an ou un an et demi. Cela fait
déjà quatre ou cinq municipalités qui me disent qu'elles
seront les premières à être considérées, soit
qu'un ministre ou qu'un député péquiste ait dit:
Saint-Eustache va passer une des premières; Laval va être une des
premières; Saint-Bruno va être une des premières;
Jonquière, cela va être une des premières.
M. Garon: Je n'ai jamais dit cela à Saint-Eustache.
M. Chevrette: M. le Président, je fais appel au
règlement.
M. Garon: Jonquière n'est même pas zonée.
M. Chevrette: Ce n'est pas dit, cela. M. Garon: Jonquière
n'a pas de zone... M. Lavoie: II n'y a rien de méchant dans
cela.
M. Garon: Non, mais s'il n'a pas dit cela, il n'y a personne qui
a dit cela ici.
M. Lavoie: Je vois l'appréhension de nos témoins
actuellement. C'est normal que la commission essaie de débloquer le plus
rapidement possible et c'est logique certains
développements domiciliaires ou certaines constructions. Vous craignez
justement que votre projet de pipeline puisse être facilement
surtout s'il vous faut soumettre à chacune des municipalités
où votre tuyau devra passer, votre conduit devra passer et tout... Ce
sont les embêtements administratifs auxquels seront soumis non seulement
la TransCanada PipeLines, mais énormément de corporations et
d'individus. Lorsqu'il y a trop d'ingérence gouvernementale, on se
réveille devant des tracasseries administratives qu'une bonne partie des
citoyens du Québec auront à subir.
Le dernier point que je voudrais soulever, en terminant cela peut
retarder possiblement, sans charrier, d'un an ou deux, facilement un
investissement de l'ordre de $250 millions au Québec. Mon dernier point:
Le ministre a laissé entendre tout à l'heure que dans les cas
spéciaux, il se servirait, il utiliserait l'article 96. Il ne l'a pas
nommé, mais...
M. Garon: J'y pensais justement à l'article 96. M.
Lavoie: II nous a dit: Cela va être très rare.
Je vois que, logiquement, ce serait un cas où le ministre
pourrait se soustraire à la commission et dire: Donnez-moi le dossier de
la TransCanada PipeLines, donnez-moi le dossier de Bell Téléphone
ou d'un autre, etc. Je crois que ce n'est pas dans notre mentalité
et cela a été décrié, non pas il y a cinq ou
dix ans. mais il y a une vingtaine d'années les pouvoirs
discrétionnaires des gouvernements. Dans les années où
j'ai commencé à faire de la politique, on reprochait cela
à un ancien régime, des subventions discrétionnaires et
des pouvoirs discrétionnaires. Là, la décision
appartiendrait uniquement au ministre, si les compagnies ou les individus qui
ont des problèmes font du bon "lobbying" auprès du ministre pour
le décider à dire à la commission: Je soustrais tel
dossier. C'est le ministre qui remplace la commission avec les mêmes
pouvoirs que la commission. Je pense qu'on a été
élevés, M. le ministre, un peu dans la même tradition. On
ne voudrait pas retourner vingt ans en arrière avec des pouvoirs
discrétionnaires du maître, de Dieu le Père, du prince. Je
pense que le ministre je le connais assez bien ne voudrait pas
retourner à cela, à ces pouvoirs discrétionnaires,
autrement, on retournerait vingt ans en arrière, à certains
régimes que le Québec a mis de côté je n'ai
pas dit rejetés" pour un certain bout de temps.
N'y aurait-il pas moyen, M. le ministre, de trouver une formule pour
enlever ce pouvoir discrétionnaire résultant du "lobbying ' ou
ouvrant la porte à un certain appelons cela comme on voudra
patronage? Si les gens se sont bien présentés, le ministre
le soutirera à la commission. Je pense qu'on a fini cette
période. Le ministre ne voudrait pas être investi de ces pouvoirs
discrétionnaires, ce n est pas son genre, d'ailleurs. Si vraiment il n'y
a pas eu de problème, M. le ministre, avec certaines corporations ou
certains individus... Je ne pense pas qu il y ait eu des problèmes avec
le milieu agricole, ces gens prouvent qu'ils n'ont pas fait de dommages
à l'industrie agricole au Québec. Alors, quant à laisser
des pouvoirs discrétionnaires au ministre, des pouvoirs qu'il ne
désire pas lui-même, dans le plus grand nombre de cas, où c
est possible de les soustraire carrément à la loi, surtout
lorsqu'ils ne font pas de dommages à l'exploitation agricole, j'aimerais
beaucoup mieux qu'ils s'y soustraient totalement surtout si leur passé
est une garantie qu'ils ont un passé sans reproche et une bonne
tradition.
Voyez-vous l'autre danger qui pourrait arriver? Au Québec, on est
exposé à des disputes dans le domaine de l'énergie. Dans
le domaine de l'énergie au Québec, le gouvernement a certaines
politiques d'énergie. On le sait; on a eu des débats
récemment. Si on pense autosuffisant en énergie, si on veut
accentuer la production de l'électricité on en a
parlé, je pourrais inviter mon collègue le député
de Mont-Royal, qui a fait des débats sur des politiques
d'énergie, le ministre serait placé à certains moments
dans une position vraiment délicate si mon collègue
délégué à l'énergie, pour une raison ou pour
une autre, voulait mettre l'accent au point de vue peut-être politique ou
électoral sur une politique d'énergie quelconque; ces
gens-là seraient peut-être malvenus, ils n'auraient pas
l'autorisation voulue, le ministre n'oserait pas les soustraire et cela
pourrait retarder l'application, l'expansion d'une certaine forme
d'énergie. Les débats qu'on a eus récemment nous donnent
une ouverture sur cela et je ne voudrais pas placer le ministre dans une
situation aussi difficile. J'ai bien confiance en vous.
M. Garon: Vous avez un paquet de tours. Je n'aurais jamais
pensé à tout cela.
M. Lavoie: S'il arrive une dispute Alberta-Québec ou du
reste du Canada avec le Québec, sur une politique d'énergie, le
ministre de l'Agriculture sera là pour trancher et dire: Pour un bout de
temps, on ne mettra pas l'accent sur le gaz naturel, on va s'en passer; on va
être autosuffisant dans l'électricité ou dans d'autres
choses. Mais cela a une portée. Cela peut arriver. C'est vrai, c'est un
député, un de vos collègues qui vous le dit: Cela peut
arriver.
M. Giasson: II connaît son ministre.
M. Chevrette: Ne nous chicanons pas, cela va assez bien depuis
quelques minutes.
M. Garon: Dans ce temps-là, on verra à cela.
M. Lavoie: Si, vraiment, il n'y a pas eu de mauvaises
expériences dans le passé, je pense que, dans des cas comme nous
avons devant nous et d'autres, cela pourrait être exclu de la loi.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laval. M. le ministre, pour le mot de la fin.
M. Garon: Je pense qu'on va regarder cela de façon
attentive. Notre but n'est pas de créer le plus d'embêtements
possible, c'est de protéger les terres en créant le moins
d'embêtements possible. La seule question que j'aimerais vous poser est
la suivante: A l'Office national de l'énergie, y a-t-il un droit d'appel
ou s'il y a seulement un droit de révision dans les 30 jours?
M. Janin: C'est simplement un droit de révision. Les
droits d'appel sont prévus à la Cour fédérale,
division d'appel, mais sur des points de droit seulement. Alors, ce sont des
cas d'excès de juridiction.
M. Garon: Trouvez-vous cela correct qu'il n'y ait pas de droit
d'appel, seulement un droit de révision un peu comme le pouvoir de
surveillance de la Cour supérieure en vertu de l'article 33 est au fond
équivalent à cela?
M. Janin: M. le ministre, même si je ne trouvais pas cela
correct je serais obligé de vivre avec la situation.
M. Garon: Je suis bien content, parce qu'il y a des gens qui nous
ont dit que cela n'existait pas, de tels tribunaux, qu'il y avait seulement un
droit de révision dans les six mois; vous venez de nous en nommer un,
d'un coup sec, sans même qu'on vous le demande.
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que vous me permettez
de répondre peut-être à ce point de vue. Sans lancer de
débat politique ou faire de la partisanerie politique, sur une
décision administrative comme quand la Commission municipale de
Québec doit décider si une ville doit faire ou non un emprunt
municipal ou se poser en arbitre entre deux municipalités pour
décider quel est le partage d'une dépense de $1 million ou entre
quatre municipalités, si ce sera 15% pour l'une, etc., je suis d'accord,
je ne peux pas multiplier les droits d'appel. Je suis d'accord sur une
décision administrative de la commission de l'énergie qui dit:
Est-ce que vous le faites à telle place votre pipeline ou non? Il n'y a
pas de massacre à cela, mais je vois une différence, M. le
ministre, et c'est le point que je voudrais ajouter: lorsqu'une commission de
contrôle va décider à la place d'élus sur un certain
exercice du droit de propriété, peut décider, en
l'occurrence, qu'une ferme pourrait être sortie de la zone verte pour
aller dans la zone blanche, pourrait être vendue peut-être au
désir du cultivateur à $300 000 ou $500 000, mais que ces
fonctionnaires vont décider qu'elle va rester dans la zone verte
où elle ne vaut que $50 000, cela est un point. (21 h 15)
Si un agriculteur veut rester dans la zone verte, mais on le sort
à la suite de représentations des municipalités, on
l'entre dans la zone blanche et I'agriculteur est obligé de rembourser
dix ans en arrière, et même contre son désir... Il voudrait
rester agriculteur, mais la décision de la commission le sort de
là et il est soumis à des taxes énormes, il est
obligé de rembourser dix ans de taxes qu il aurait dû payer
à la vraie évaluation; ce ne sont plus des décisions
administratives. Ce sont des décisions qui touchent au droit de
propriété, au choix d un individu et cela peut amener des
implications énormes, bien plus importantes que de simples
décisions administratives d une commission quelconque, parce que cela
touche au choix des gens. On peut sortir quelqu un par une décision
prise à un banc de deux, un banc de deux que vous prévoyez dans
votre projet de loi, mais deux et un, un vote majoritaire, cela veut dire que c
est la décision d'un seul fonctionnaire qui peut avoir des implications
énormes sur un individu, qui peut avoir des implications de plusieurs
centaines de milliers de dollars. Ce n'est plus une décision
administrative comme celle de la Commission municipale ou de la commission de
lénergie. Se comprend-on sur cela?
M. Verreault: II est encore perdu.
M. Janin: Avec votre permission, je ferais la remarque suivante
sur l'Office national de l'éner- gie. L Office national de
lénergie réglemente un secteur de l'industrie qui est hautement
spécialisé et, s'il fallait qu'il y ait des droits d'appel
à des cours sur les questions de fond comme, par exemple, les
coûts de service que TransCanada se verrait allouer, les membres de
l'office sont beaucoup plus compétents, de par leur expérience
passée, pour juger de ces questions et un juge aurait sans doute de la
difficulté à comprendre ces problèmes. Alors, c'est un cas
un peu particulier. Non seulement cela, le droit de révision doit
être circonscrit, doit être restreint le plus possible, simplement
pour couvrir les cas extrêmes qui pourraient survenir et il n'y a pas eu
beaucoup de cas de révision parce que, dans la Loi de l'Office national
de l'énergie, il y a appel sur des questions de droit et, lorsqu'il y
avait contestation, c'était sur des questions de droit.
M. Garon: Je suis entièrement de votre avis. Je pense que
I'Office national de I'énergie a accepté sans problème que
les lignes d électricité passent dans les terres au lieu de
passer le long du canal Beauharnois où se font les arrosages en avion et
il y a les pylônes en plus des fils. Pourtant, cela restreignait le droit
de propriété parce que les gens qui avaient des cultures
intensives, quand l'avion passait en dessous des fils, cela passe mal, parce
que c est un peu dangereux...
M. Lavoie: C est accrochant.
M. Garon: ... et cela endommageait le droit de
propriété. Je suis complètement de votre avis, Me Janin,
quand vous dites cela, d autant plus que lOffice national de lénergie
prend des décisions qui représentent des milliards de dollars. Ce
sont des décisions extrêmement importantes sur le plan
économique, sans droit d'appel, et je ne dis pas que ce n est pas
correct, mais je veux simplement...
M. Janin: C est une question de fait.
M. Garon: ... vous faire remarquer... Parce que vous savez qu un
autre notaire, le député de Roberval, disait que des commissions
sans droit d appel n existaient pas. Je me rappelle son discours.
M. Lavoie: Non, mais je fais une distinction. Un tribunal
strictement administratif qui n'a pas les implications de la commission que
vous allez créer. Je pense que le ministre l'a reconnu d ailleurs.
M. Garon: Mais ne pensez pas que, dans leur domaine, ce ne sont
des implications terribles. Ce sont des milliards.
M. Lavoie: Oui, mais ces gens décident d'un pipe-line,
s'ils disent: Vous ne le faites pas...
M. Garon: Je pense qu'il ne faudrait pas retarder
indéfiniment...
M. Lavoie: Non. Je suis bien d'accord.
M. Janin: Le point que nous voulons faire, c'est que, face au
projet de loi no 90, notre situation est exceptionnelle et, si la
procédure est vivable pour un individu qui veut, à un certain
moment, vendre une terre et qui doit s adresser à la commission pour en
obtenir l'autorisation, c est une procédure qui existe ailleurs...
M. Garon: Oui.
M. Janin: ... Mais pour une compagnie et non seulement une
compagnie, mais je dis bien une compagnie d'utilité publique, c'est une
vocation un peu spéciale dans l'économie parce que sans
l'énergie, il n'y a rien qui fonctionne. Si vous permettez, pour une
compagnie d'utilité publique qui devra faire un nombre
considérable de demandes, s'il faut en faire une par
municipalité, on en aura entre 42 et 62 selon l'étendue de notre
ligne, et cela, si on va dans les Cantons de l'Est. Parce que j'ai parlé
de Montréal-Québec, mais il est aussi question d'aller dans les
Cantons de l'Est, ce qui représente un autre prolongement
considérable.
M. Garon: Est-ce que c'est toujours placé en ligne droite
ou si cela peut contourner les obstacles assez facilement?
M. Janin: II y a toutes sortes d'inconvénients qui se
posent. Autant que possible, il y a intérêt à
réduire la longueur du pipe-line, parce que c'est le consommateur qui
paie les coûts finalement. Alors, pour permettre de réduire les
prix de transport et permettre un meilleur prix du gaz naturel, il y a tout le
temps avantage à suivre la ligne la plus droite.
M. Garon: Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Janin. Au nom des
membres de la commission, je vous remercie pour la présentation de votre
mémoire.
J'inviterais maintenant la Fédération de l'UPA de
Joliette. Si vous voulez vous identifier et procéder à la lecture
de votre mémoire.
Fédération de l'UPA de Joliette
M. Duval (Bernard): Bernard Duval, président de la
Fédération de l'UPA de Joliette.
M. Massicotte (Raymond): Raymond Massi-cotte, sercétaire
de la fédération.
M. Duval (Bernard): M. le ministre, MM. les
députés, la Fédération de l'UPA de Joliette est un
organisme affilié à l'Union des producteurs agricoles qui
regroupe tous les producteurs agricoles du Québec. Nous vous remercions,
M. le ministre, de nous permettre d'exprimer publiquement devant cette
commission nos positions sur le projet de loi 90. Auparavant, permettez-nous de
fournir brièvement quelques indications sur la nature de l'agri- culture
dans notre région, avant de parler du projet de loi et ce, pour le
bénéfice des participants. Notre fédération
reqroupe 19 syndicats de producteurs agricoles, c'est-à-dire neuf
syndicats de base ou de territoire, et dix syndicats spécialisés.
Notre fédération couvre le territoire compris dans les
comtés de Joliette, Berthier, L Assomption et Montcalm. Parmi les
quelque 3100 producteurs agricoles répartis au niveau régional,
environ 1320 d'entre eux s'adonnent à la production laitière, 716
à la production porcine, 454 à la production de sucre et de sirop
d érable, 323 au secteur horticole, 250 à la production de fruits
et légumes, 238 à la production de volailles, 105 à la
production de pommes de terre, 83 aux cultures commerciales, 25 producteurs
d'oeufs et, non les moindres, les producteurs de tabac.
Au cours de l'année 1976-1977, on peut estimer que la valeur
brute agricole de la région La-naudière se chiffrait à une
valeur minimum de $102 millions, représentant tout près de 10%
des ventes provinciales. Le 22 novembre dernier, notre fédération
faisait connaître publiquement, par un communiqué de presse, sa
position sur le projet de loi 90.
Dans un premier temps, nous vous ferons connaître notre position
sur ce projet de loi et nous reviendrons sur certains points qui, à
notre avis, ne sont pas en concordance avec le projet de loi ou n'ont pas la
portée que nous demandions lors du dépôt de notre
mémoire le 26 septembre dernier.
La position de la Fédération de l'UPA de Joliette. Notre
fédération a accueilli avec satisfaction le dépôt du
projet de loi 90 sur la protection du territoire agricole. Nous estimons, M. le
ministre, que votre gouvernement a franchi un pas important sur cette question
et à ce titre, nous appuyons votre projet. Sans reprendre une à
une les demandes que nous vous formulions le 26 septembre à I'occasion
de votre tournée de consultation, il demeure que plusieurs dispositions
contenues dans ce projet de loi nous satisfont, telles quelles.
Premièrement, qu'un projet de loi soit déposé rapidement;
que le ministre de l'Agriculture soit responsable de son application; qu'un
organisme, régie ou commission provinciale soit créé et
détienne le pouvoir décisionnel en matière de protection
du territoire; que seule la commission ait le pouvoir d'autoriser une
utilisation non agricole des terres arables; que l'utilisation des terres
arables pour rétablissement d'infrastructures requiert l'approbation de
la commission; qu'un terrain agricole soit restitué à
l'agriculture advenant qu'il soit mis fin à une utilisation non
agricole; que soient établies les zones d'extension future du territoire
urbain; que la loi de l'environnement soit adaptée au milieu agricole;
que la taxation foncière soit révisée; qu'il y ait gel des
transactions qui changeraient la vocation des terres arables durant la
période de négociation pour l'établissement de la zone
permanente.
Revenons maintenant sur certains points que nous demandions et qui ne
sont pas inclus dans votre projet de loi. Le territoire à
protéger. En
référence à notre mémoire du 26 septembre
dernier, nous vous demandions et recommandions de zoner tout le territoire
agricole actuellement exploité, d'y appliquer deux formes de zonage,
c'est-à-dire un zonage permanent ou espace vital qui couvrirait les
meilleurs sols agricoles du Québec; et un zonage temporaire qui, pour sa
part, couvrirait le reste du territoire agricole exploité. Revenons
à ces deux formes de zonage.
En se référant, premièrement, à la liste des
municipalités incluses dans la région agricole
désignée, nous constatons que la majorité des meilleurs
sols de notre région y sont couverts. Sur ce point, nous sommes
d'accord. D'autant plus que la commission provinciale aura le pouvoir
d'autoriser une utilisation non agricole des terres arables. Cependant, nous
demandions que ce zonage soit permanent, définitif, en ce sens qu'il ne
pourrait être amendé, ni transformé, sauf pour des projets
d'envergure nationale, car nous continuons de croire que si ce territoire est
nécessaire à notre survie d'aujourd'hui, donc comme minimum
vital, il le sera à plus forte raison encore plus dans 30 ou 50 ans.
A notre point de vue, votre projet de loi ne va pas assez loin en ce
sens, puisqu'il permet à toute personne de faire une demande pour une
utilisation autre que l'agriculture et ce, sur les meilleurs sols. Sur ce
point, M. le ministre, si certains pensent que votre projet de loi est
restrictif, nous pensons plutôt le contraire. Ce premier projet de zonage
devrait être permanent.
Pour ce qui est du deuxième zonage, nous sommes convaincus que le
reste du territoire agricole actuellement exploité doit être
couvert par votre projet de loi. Nous voulons empêcher une
dégradation rapide sur ce territoire et une perte sensible de production
québécoise et ce, à court terme. Nous croyons, M. le
ministre, que les spéculateurs qui ne pourront plus spéculer
autour des villes continueront de faire la même chose si des mesures ne
sont pas prises. C'est la raison pour laquelle nous continuons à
demander que ce territoire soit zoné. Mais nous comprenons que ce zonage
serait plus souple et pourrait subir des amendements relevant d'une
autorité régionale; nous reviendrons d'ailleurs plus loin sur ce
rôle de cette autorité régionale.
Bref, M. le ministre, nous sommes d'accord: pour que tous les meilleurs
sols du Québec soient zonés, mais nous demandons, par ailleurs,
qu'ils le soient définitivement, sauf pour des projets d'envergure
nationale; pour que seule la commission provinciale ait le pouvoir d'autoriser
une utilisation non agricole de ces sols, selon la condition exprimée
précédemment. Nous revendiquons toujours un deuxième
zonage, tel qu'exprimé antérieurement. (21 h 30)
Concernant maintenant les niveaux d'autorité, voici quelles sont
les recommandations à ce sujet: Le zonage agricole est administré
par une commission provinciale composée majoritairement de producteurs
agricoles, nommés par votre gouvernement, sur recommandation de
l'organisme ac- crédité comme représentant les
agriculteurs du Québec. Il faudrait prévoir, dans la loi, une
décentralisation, de façon à permettre la création
d'une commission consultative régionale formée entre autres,
à parts égales, de représentants de l'organisme
accrédité comme représentant des agriculteurs du
Québec et des municipalités.
Cette commission régionale verrait à l'acheminement des
demandes et à protéger l'espace vital minimum ou permanent. Cet
espace vital servira à couvrir tout le développement, les
infrastructures du système agro-alimentaire, permettant de
réaliser un des objectifs de votre gouvernement, soit l'autosuffisance
en production alimentaire.
L'autre partie du territoire zonée agricole servirait aux zones
d'expansion non agricoles déjà accordées par votre projet
de loi, de même qu'à un pourcentage imprévisible du
développement de l'agriculture. Les demandes des municipalités
devront être telles que prévues par votre projet de loi aux
articles 58 et 59 et la commission consultative régionale soumettra
après étude une recommandation à la commission
provinciale.
Même si nous savons, M. le ministre, que ce n'est pas l'endroit
désigné pour obtenir des réponses aux demandes
formulées par notre fédération le 26 septembre dernier,
demandes se rapportant aux mesures de rentabilisation, à la vie sociale
sur le territoire agricole, qu'il nous soit permis, M. le ministre, de vous
dire que nous ne les avons pas oubliées pour autant.
En conclusion, M. le ministre, les objections formulées par
plusieurs groupements contre une commission provinciale chargée de
l'administration de la loi, non seulement ne nous ont pas
ébranlés, mais, au contraire, nous ont plutôt
confirmé sa nécessité.
La Fédération de l'UPA de Joliette.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Duval.
M. Garon: Je vais laisser agir le député de
Joliette. J'ai toujours l'habitude de consulter les députés dans
leur région. Leur opinion pèse toujours lourd dans la balance. Je
suis persuadé que c'est avec beaucoup de fierté que le
député de Joliette-Montcalm va vous questionner concernant votre
mémoire. Il en trépigne d'envie depuis tantôt.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: II est flatteur. Je ne pensais pas que
j'étais pesant comme cela. Je voudrais vous remercier tout d'abord de
vous être déplacés pour présenter un mémoire,
surtout que vous êtes accompagnés d'une quarantaine de
cultivateurs de la région, qui regroupent les comtés de
L'Assomption, de Berthier et de Joliette.
J'aurai quelques questions. Je dois dire que je suis heureux de voir que
vous adhérez au principe de la loi, principe qui semble être
accepté globalement, jusqu'à maintenant, au niveau de tous les
témoins.
Pour ne pas faire de partisanerie parce que le
député de Laval a été bien gentil tantôt
je vais essayer de l'être à mon tour. J'ai quelques
questions à vous poser, relativement à la consultation que vous
avez faite, avant d'en arriver à élaborer un tel
mémoire.
Ce matin, on a eu un maire qui est venu ici je ne sais pas si
vous étiez présent aux audiences de ce matin qui
reprochait à l'UPA sa forme de consultation. Je voudrais savoir ce que
vous avez fait. Comment avez-vous consulté les agriculteurs, pour en
arriver à avoir un tel consensus, pour en arrive à
élaborer un tel mémoire.
M. Duval: M. le Président, la Fédération de
l'UPA de Joliette a peut-être été un des pionniers à
trop de zonage agricole. Depuis au moins trois ans, les producteurs de la
Fédération de l'UPA de Joliette se prononcent et demandent au
gouvernement de mettre en place une loi de zonage agricole.
Particulièrement cette année, les 3158 agriculteurs de
Joliette ont reçu un avis de convocation écrite, à leur
propre nom, les invitant à des assemblées qu'on appelle, au
niveau de I union, des mini-congrès de secteur, pour venir parler des
grands problèmes de l'agriculture dans leur région. On
soulignait, entre autres: zonage, environnement, financement de l'union,
fonctionnement de l'union. En premier lieu, c'était le zonage. A ce
titre, on a reçu des appels téléphoniques d'élus
municipaux, d'agriculteurs nous reprochant de ne pas les avoir
consultés. On leur a dit qu à certains moments, ils avaient au
moins reçu une lettre. Si le ministère des Postes
fédéral était en grève ces jours-là, ce
n'est pas notre faute, au niveau de la Fédération de I'UPA de
Joliette, mais ils savaient au moins qu'ils avaient été
convoqués.
M. Chevrette: Dans votre mémoire, vous parlez de projets d
envergure nationale. J aimerais savoir ce que vous entendez par projets d
envergure nationale, parce que vous parlez également de commissions
régionales. J aimerais que vous me clarifiiez cela.
M. Duval: Concernant les projets d envergure nationale, on
mentionne, entre autres, les projets... Je pense que la
Fédération de I'UPA de Joliette est située dans un axe
tissé comme une toile d'araignée, au niveau des "lignes" de
I'Hydro-Québec, en fonction de la centralisation, ce qui fait qu on est
sur Taxe Montréal et les grands centres de distribution des lignes. On a
certaines autoroutes. Les participants à la commission qui nous ont
précédés, de la TransCanada PipeLines, seront justement
dans Taxe entre Mirabel, qui est le poste de jonction, et Québec. Les
comtés de L Assomption, Joliette et Berthier seront touchés par
ce projet d'envergure nationale. Ce sont peut-être des secteurs auxquels
on pense. Je pense que les derniers articles de la loi, pour ne pas les nommer
je pense à ceux autour de l'article 100 du projet de loi
sur la protection du territoire voit à ce qu'il y ait au moins un
minimum de consultation.
M. Chevrette: Le CRD de Joliette, Laurenti-des-Lanaudière,
est venu témoigner devant nous, je crois, hier matin. Il parlait de
commissions régionales. A un de vos derniers paragraphes, vous faites
référence à une commission consultative régionale.
Le CRD allait un peu plus en détail en parlant de parité, si ma
mémoire est fidèle, entre I UPA et le conseil de comté.
Est-ce à cela que vous faites référence, puisqu on avait
dégagé un consensus au niveau du CRD Laurentides-Lanau-diere?
M. Duval: Tel qu'on le mentionne dans le dossier qu on vient de
vous lire, la commission consultative régionale, c est peut-être
le compromis qui pouvait exister au niveau de I union membre du CRD de la
région de Lanaudière et les autres organismes membres du
même CRD. Le compromis qui a peut-être existé, c est que la
commission consultative est formée en vertu de la loi, qu elle n est pas
formée en vertu d'un coordinateur. Le chef d orchestre régional
est éliminé. Indirectement, cela fait qu au niveau de la
commission décisionnelle provinciale ou nationale, cela permet
indirectement de savoir où envoyer les lettres et à la
région de savoir où s'adresser, à quelle porte frapper
pour être capable de se faire entendre en fonction de certains articles,
d amendements, d'affectations ou de changements d affectation du zonage
agricole.
M. Chevrette: En d autres mots. M. Duval, si j interprète
bien ce que vous dites, vous aimeriez voir, dans la loi sur la protection du
sol arable, un article qui créerait officiellement une commission
consultative régionale.
M. Duval: Je souhaiterais que, dans le projet de loi. aux
articles 3 et 4, où il y a formation et composition de la commission
provinciale, qu'il existe un paragraphe supplémentaire à chacun
des articles qui forment la commission régionale consultative,
formée des organismes et d'agriculteurs qui seraient seulement les
porte-parole de la région, ce serait le pied-à-terre de la
commission provinciale dans chacune des régions.
M. Garon: Avez-vous dit seulement des cultivateurs?
M. Duval: A part égale, l'organisme du milieu tel que les
municipalités dont vous avez reconnu à l'intérieur de la
loi une certaine responsabilité de consultation aux articles 58 et 59,
si on se souvient bien. En fonction de cela, on aimerait que même
à I intérieur de I article 44 où vous mentionnez aux
personnes intéressées", on a peut-être pu se sentir
visés par cela. On se sentait liés par cela. On souhaiterait
être indiqué plus clairement.
M. Chevrette: Vous savez, il se dit bien des choses sur un projet
de loi quand il est déposé à
l'Assemblée nationale. J'ai le goût de vous en poser une
qui m'agace, au sujet de commentaires qui m'ont agacé fortement. Je ne
vous dirai pas de qui cela vient, mais nous avons été
taxés, en tant que gouvernement qui déposions un tel projet de
loi, de présenter une loi socialiste. J'aimerais bien connaître
vos commentaires là-dessus.
M. Duval: Une loi socialisante, c'est peut-être une loi...
Je ne sais pas si mettre de l'ordre, c'est de la "socialité", du
communisme, si mettre un "stop " au coin de la rue. c'est socialisant, si dire
que 50 000 agriculteurs nourrissent le plus fortement possible la population,
la société québécoise, c'est socialisant, d'accord.
Si la société consommatrice de ces même produits n'est pas
d'accord, c'est peut-être non socialisant, si en fonction de cela, si
mettre de l'ordre, c'est socialiser comme tel, n'importe quel gouvernement,
avant aujourd'hui, quand les projets sont devenus lois, si cela n'a pas
été pour mettre de l'ordre, ils n'auraient peut-être pas
dû exister.
M. Chevrette: Je vais me limiter, parce qu'on s'est entendu pour
une heure, mais je finirai par un commentaire. J'ai eu la chance
personnellement, M. le Président, M. le ministre, de convoquer les
agriculteurs de mon comté. Les commentaires que j'ai recueillis à
ce moment sont identiques à ceux du mémoire. J'ai fait la
comparaison avec les positions du 26 septembre dernier. La cohérence des
propos de l'UPA de Joliette est sans équivoque.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Joliette-Montcalm. M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. M. Duval, d'abord, je
vous félicite du contenu de votre mémoire, non seulement du
contenu du mémoire, mais de la connaissance que vous me semblez avoir de
la loi 90. Tout au cours de vos commentaires ou de vos réponses aux
questions qui vous étaient formulées, vous avez indiqué
que vous possédiez fort bien votre loi par des références
à certains articles qui avaient une incidence directe sur des objectifs
que vous voudriez voir atteints à l'intérieur de la loi.
J'ai remarqué que vous aviez vis-à-vis des pouvoirs, une
attitude qui voulait la possibilité d'avoir deux paliers, d'abord la
commission provinciale, la grande commission qui aurait droit absolu sur une
partie du territoire du Québec, qui est composé, j'imagine, des
meilleurs types de sols qu'on peut retrouver au Québec, et en plus de
cela, vous jugiez nécessaire d'avoir un deuxième palier ou une
deuxième instance qui représenterait, elle, la région et
qui aurait, non seulement un droit de regard vous me direz si je me
trompe mais qui aurait une capacité de faire des recommandations
très fortes que ne devrait pas nécessairement accepter et
reconnaître obligatoirement la commission provinciale mais qui devrait
être considérée avec beaucoup d'à-propos. Est-ce que
je saisis bien la portée du rôle qu'aurait cette commission
régionale ou ce comité régional? (21 h 45)
M. Duval: Voici ce que serait la commission régionale, tel
qu'on l'avait prévu et formulé dans notre mémoire du 26
septembre. On disait qu'au niveau de la région Lanaudière il y
avait aux alentours de 320 000 acres de classes AA, AB et AC, justement le
pourcentage que je vous mentionne. A l'intérieur de ces classes de sols,
on disait: II y a un minimum vital dont les producteurs ont besoin, que les
industries, tant en aval qu'en amont de la production, ont besoin de maintenir
automatiquement; en bas de cela, c'est invivable dans la région au
niveau de l'agriculture. On est situé dans l'axe nord de Montréal
et quand on regarde une carte, c'est toujours plus facile de descendre que de
monter. Alors les marchés de Montréal nous sont accessibles.
Donc, la commission régionale verrait à la production de
cet espace vital minimum, ferait des recommandations à toute la
population, à la commission provinciale et elle dirait: Cet espace vital
minimum doit être absolument conservé, il est situé dans
Lanaudière. On parle de développement de l'agriculture; on est
peut-être la région qui, grâce à l'augmentation de la
production horticole on est très déficient au niveau du
Québec peut satisfaire cette demande. Cet espace minimum vital,
il faut que tous les intervenants, toute la population de Lanaudière en
prennent conscience, comme au niveau des agriculteurs. Je pense que l'union
régionale aura à informer ces agriculteurs de notre devoir en
tant que membres de la société et qu'il faut être
productifs à l'intérieur de cet espace, l'espace vital minimum,
plus le pourcentage incalculable de développement de l'agriculture. Il
faut que des intervenants régionaux puissent le proclamer partout sur la
place publique, dans les soirées et au niveau de l'autorité
compétente que sera la Commission provinciale, de protection du
territoire agricole qui rendra la décision dans les actions à
entreprendre au niveau du zonage.
M. Giasson: M. Duval, je remarque également, par un des
commentaires de votre mémoire, qu'il y aurait à
l'intérieur de votre région dix syndicats
spécialisés. Cela laisse croire que vous avez une agriculture
passablement diversifiée; vous avez différentes
spécialités agricoles si on retrouve dix syndicats
spécialisés. Est-ce que vous croyez que pour l'avenir de votre
région, tel que vous le percevez par la connaissance du milieu, elle
doit continuer de maintenir autant de spécialités que celles
qu'on croit découvrir par la lecture de votre mémoire?
M. Duval: Une région comme Lanaudière, au niveau
provincial, détient le deuxième rang comme unité de
production agricole. On a l'habitude de dire, pour ne pas trop se rabaisser,
qu'on est la première sur la rive nord. Il y a une diversité
complexe de toutes les unités de production dont on peut
développer chacun des secteurs. On a
presque l'exclusivité de la production du tabac à cigare
et à pipe, on a l'exclusivité provinciale de la production du
tabac à cigarettes; c'est sûr qu'avec les campagnes c'est une des
productions qui est en régression; on était une des
régions très hautement productrices de betteraves à sucre.
On a délaissé cette production pour certaines raisons mais je
pense que toutes les autres sont en expansion au niveau de la région de
Lanaudière.
M. Giasson: A un certain moment c'est à la page 4
de votre mémoire vous déclarez qu à votre point de
vue le projet de loi n'allait pas assez loin dans le sens de la protection la
plus intégrale possible d une partie de votre territoire à un
point que vous n'accepteriez pas qu'aucun sol de première
qualité, selon la description que vous venez de mentionner, ne puisse
être en tout temps retiré de la zone agricole, quelles que soient
les exigences de développement, autre que I agriculture. Est-ce cela que
je dois comprendre?
M. Ouval: D'après l'UPA de Joliette, la journée
où le minimum vital sera défini, le minimum vital, je pense que
je l'ai assez expliqué tout à l'heure, il ne faudra plus
indirectement penser à une expansion autre que l'agriculture. Je pense
que l'industrie agro-alimentaire est très sensible chez nous, tant au
niveau des conserveries, des abattoirs et de toutes les fournitures d'intrants.
Vous avez justement mentionné la multitude de productions qui se font
dans Lanaudière; on n est pas nécessairement au maximum partout
en volume, si vous y regardez bien, nous sommes parfois peut-être 200 ou
250 producteurs, mais ce ne sont pas les moindres et les fournisseurs d
intrants agricoles sont en fonction d'un développement constant. Il
viendra un temps où, dans Lanaudière, il y aura un minimum. Si on
dit, pour prendre un chiffre, aucunement calculé, qu à I
intérieur de nos 320 000 acres qui forment les meilleurs sols au
Québec, il y a 250 000 acres ou 300 000 acres, il ne faut pas baisser en
bas de cela; au niveau régional, indirectement, il faudrait que I
expansion non agricole soit arrêtée là.
C est pourquoi, lorsqu'on dit que le projet de loi ne va pas assez loin,
nous proposons la commission consultative régionale, pour que tous les
intervenants, la société de Lanaudière, soient
réellement dans le bain du développement agroalimentaire dont
toute la population profitera.
M. Chevrette: Vous allez passer pour un communiste!
M. Giasson: Je pense que vous participez, comme
Fédération de l'UPA, assez activement aux activités du
Conseil de développement régional, le CRD. Tout récemment,
nous avions le plaisir d accueillir ici les représentants du CRD
Lanaudière, je pense. Ces gens ont exposé des opinions, des
points de vue. Ils semblaient nous indiquer qu'ils auraient souhaité que
le gouvernement reconnaisse l'utilité de commissions régionales
qui auraient des pouvoirs non seulement consultatifs, mais des pouvoirs
décisionnels jusqu à un certain niveau, quitte à
réserver les cas plus spéciaux à la commission
provinciale.
Partagez-vous les opinions qui ont été émises ou le
point de vue exprimé à ce moment par le CRD
Lanaudière?
M. Ouval: Vous faites sûrement allusion aux 30 jours qui
deviendraient... au lieu d être un avis, lavis qui serait transmis
à la commission provinciale deviendrait décisionnel au bout de 30
jours.
La Fédération de l'Union de I'UPA de Joliette s est
prononcée en fonction de la composition de la représentation
à parts égales, mais le mécanisme et I articulation comme
tels, on n en connaît pas, on n'en a pas étudié la
portée. Mais vu que cette section a été apportée en
fonction de ce qui se passe prétendument, régulièrement,
à I intérieur des pouvoirs accordés indirectement aux
municipalités par le Code municipal, nous ne sommes pas entrés
dans les détails comme tels.
Cette section a été apportée par I'autre partie qui
forme les CRD, le CRD Lanaudière.
M. Giasson: Enfin, si vous permettez, M. Duval, à la toute
fin de vos commentaires au mémoire, vous rappelez que le zonage
agricole, pour vous, c est important, mais que ce n'est pas la fin en soi, que
vous espérez d autres programmes, d autres lois ou d'autres mesures.
Pourriez-vous nous définir quels seraient les programmes nouveaux
à développer ou à améliorer ou les mesures que vous
attendez du gouvernement ou encore des lois additionnelles?
M. Duval: M. le Président, je vais essayer de faire
ressortir certains points du mémoire présenté le 26
septembre. Nous ne sommes pas entrés dans les détails. Entre
autres, on voulait voir améliorer le système des impôts
fonciers, les droits de succession à réévaluer,
l'implantation des plans conjoints dotés de pouvoirs suffisants et de
programmes d'assurance-stabilisation des revenus, d'assurance récolte,
et on mentionne que le rythme auquel sont implantés les plans conjoints
de mise en marché collectif des produits agricoles, vu que ce n'est pas
accordé tellement rapidement, suscitait beaucoup d'impatience au niveau
de notre organisme. On réclamait des politiques additionnelles de
développement régional. On demandait que ce soit appliqué
assez rapidement. On préconisait également que des mesures
gouvernementales soient élaborées en vue de permettre des
possibilités de production accrue, à la fois des productions
où nous sommes engagés et dans les nouvelles productions. On
mentionnait qu'il semble opportun de souligner que les agriculteurs sont
actuellement fort préoccupés, même si ce n'est pas une
mesure directement de rentabilisation... Mais, dans notre région, si
vous regardez la quantité d'unités de production animale, on est
fort préoccupé par les règlements de la protection de
l'environnement. Avec beaucoup de producteurs de porcs, beaucoup de producteurs
de volailles au niveau de la région de Joliette, beaucoup de pro-
ducteurs de lait, des producteurs de Joliette sont très
préoccupés par les mesures de protection de l'environnement.
M. Giasson: Mais, quand vous voulez voir développer de
nouveaux plans conjoints, quelles seraient les principales productions, qui
représentent un volume fort important ou relativement important, qui ne
sont pas déjà couvertes par des plans conjoints? Le lait, cela
va; le porc, cela va; la volaille, la chair de volaille. Est-ce que c'est du
côté des produits maraîchers, le tabac? Pour le tabac, vous
avez un plan conjoint.
M. Duval: Habituellement, les producteurs, à
l'intérieur de nos résolutions de l'union, demandent que soient
implantés, le plus rapidement possible, des plans conjoints pour toutes
les productions, des plans dotés de tous les pouvoirs prévus par
la mise en marché. C'est la loi de la mise en marché. Je ne pense
pas qu'un producteur accepte qu'un producteur passe en avant d'un autre parce
que sa production semble supérieure. Présentement, en 1978, dans
la région de Lanaudière, nous allons bénéficier du
plan conjoint des producteurs de porcs et du plan conjoint des producteurs de
fruits et légumes. Donc, c'est un secteur très important au
niveau de la mise en marché et des conserveries. On souhaite que
d'autres plans conjoints avec de pleins pouvoirs soient mis sur pied
très rapidement, dans toutes les productions.
M. Giasson: Lorsque vous faites allusion à quelques fermes
qui vivent de culture commerciale, c'est du maïs-grain; quel est le
type?
M. Duval: Surtout du maïs-grain. M. Giasson: Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Bonsoir, messieurs de la fédération des
producteurs de Joliette. Je connais très bien le territoire que vous
couvrez avec votre fédération, parce que j'ai fait une bonne
tournée de ce territoire; je connais aussi la qualité
exceptionnelle de vos sols et je sais que vous êtes très
productifs au niveau agricole. Ceci dit, nous avons étudié hier
soir le mémoire présenté par votre organisme national.
Nous l'avons étudié d'une façon assez intensive. J'ai eu
la chance de poser de nombreuses questions. Je m'aperçois que votre
mémoire s'apparente à celui de l'organisme national, ce qui
m'amène à poser moins de questions que j'en ai posé hier
soir. Les seules remarques que je ferais, c'est que...
M. Chevrette: ... les mêmes réponses, vous
êtes aussi bien de ne pas poser vos questions.
M. Dubois: Etant donné qu'on a demandé de
procéder le plus rapidement possible, cela ne me sert à rien
d'avoir les mêmes réponses deux fois. Je les ai eues une fois.
M. Chevrette: Je m'excuse de vous avoir
dérangé.
Le Président (M. Boucher): J'apprécie votre
collaboration, M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: J'ai dit que je collaborerais, je le fais. Je
m'aperçois quand même que vous déviez un petit peu de
l'organisme national à quelques endroits, en disant qu'il y aurait un
intervenant de plus. A certains moments, ce serait la municipalité, une
commission régionale et la commission nationale, tandis que la loi
prévoit que la municipalité prépara son plan et le soumet
à la commission nationale. Vous amenez un intervenant de plus que ce qui
a été proposé par votre organisme national. Vrai ou faux?
(22 heures)
M. Duval: Peut-être que j'ai mal saisi, ce sont des choses
qui peuvent arriver, mais si je me souviens bien, sans connaître le mot
à mot, parce que le mémoire de la confédération,
était plus épais, mais en tant que membre du conseil
général, je pense que j'ai participé un peu au niveau de
la composition du mot à mot du texte. Il me semble bien qu'au niveau de
l'union, il y a mention d'une commission coordonnée par l'union
régionale, au niveau d'une représentation auprès... en
tout cas, une décentralisation régionale coordonnée par
l'union régionale.
On apporte une certaine nuance, je l'ai mentionné, c'était
un compromis au niveau des organismes du milieu, en voulant dire qu'il
n'existait pas réellement de chef d'orchestre, il n'y a personne qui
convoque l'autre, en fonction de ça.
C'est peut-être la discordance qui existe entre le mémoire
de la confédération, je pense qu'on est d'accord,
entièrement d'accord, parce que le mémoire de la
confédération est formé des organismes affiliés,
dont la Fédération de l'UPA de Joliette est membre.
M. Dubois: Ce n'est peut-être pas soumis de la même
façon, je ne me souviens pas, hier soir, lors de l'étude de ce
mémoire, de votre organisme national, d'avoir pu reconnaître,
à certains moments trois intervenants au lieu de deux. En tout cas... Je
peux faire erreur, remarquez bien. Vous êtes un peu plus fermes, je
pense, parce que vous amenez deux zonages, un temporaire et un autre ferme.
L'organisme national ne présentait pas le zonage sous deux formes.
M. Duval: Peut-être que cela n'était pas dit
textuellement comme tel, mais je pense que dans la loi, il est
déjà prévu, indirectement, deux systèmes de zonage.
Qu'on se réfère à l'article 105 où vous permettez
une zone d'expansion de 60 mètres autour des services publics, de
chacune des municipalités. Il y en a 614 présentement et, si ma
mémoire est bonne, il y a 616 zones d'expansion prévues par la
loi.
M. Dubois: C'est parce que c'est présenté d'une
façon bien différente. Ici, vous dites, ce qui est gelé,
c'est temporaire, parce que chaque municipalité va présenter son
propre plan d'aménagement de territoire. A la suite de cela, vous voulez
avoir une zone gelée ferme, où votre commission régionale
aura un rôle à jouer, à savoir soumettre à la
commission nationale, une demande qui serait d'intérêt national
seulement. Alors, hier, dans le mémoire de l'UPA, ce n'était pas
formulé de cette façon, loin de là.
M. Duval: Je pense que quand on arrive à appliquer sur une
plus petite surface un mémoire et qu'on essaie d'appliquer une loi telle
que présentée, on peut nécessairement, comme principe
d'articulation, indiquer directement où sont situés les meilleurs
sols. Présentement, on a 43 municipalités dans la région
de Lanaudière qui sont en zone désignée, il reste 7 ou 8
municipalités à vocation agricole; on espère que le
ministre utilisera le plus rapidement possible, l'article 22, qui
décrétera que ces 7 ou 8 municipalités seront dans la zone
désignée aussitôt que les cartes seront prêtes, on le
souhaite ardemment, on en fera des représentations en temps et lieu.
Quand vous dites que la confédération de l'union ne s'est
pas prononcée si précisément, c est qu'en fonction de la
grande extension du territoire, elle ne pouvait pas dire que 320 000 acres
situées dans un endroit déterminé, au niveau de
Lanaudière, je pense qu'on peut en faire une spécification
très ordonnée. On sait que certains secteurs devraient être
privilégiés au niveau du minimum vital à protéger.
Indirectement, il y a certains secteurs où les zones d'expansion de 60
mètres ou 200 pieds, autour des services publics, qui pourront obtenir
une certaine restriction dans l'élasticité de ces 200 pieds.
M. Dubois: C'est-à-dire que votre deuxième plan de
zonage est immuable, à moins que ce soit un service d
intérêt national. C'est là que vous êtes plus rigides
que l'organisme national, dans votre exposé.
Je comprends que votre problème est quand même un peu
différent, enfin le domaine que vous avez à protéger est
différent de celui de l'ensemble de la province de Québec. Mais
il reste que vous allez plus loin quand même, que vous êtes plus
rigides. On trouve déjà la loi un peu coerci-tive, alors...
M. Duval: Quand on parle de zonage permanent, on parle toujours
de minimum à protéger.
M. Dubois: Le minimum que vous voulez protéger
représente combien d'acres cultivés actuellement? En
pourcentage.
M. Duval: Peut-être 87%, 90%.
M. Dubois: Ce que vous voulez garder comme réservé
et immuable, cela représente de 80% à 90% du territoire qui est
présentement cultivé. C'est cela?
M. Duval: Oui.
M. Dubois: D'accord. Je n'ai pas d'autre question. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Mercier: Vous avez fait mention qu'il existe quelques
municipalités qui ont un bon potentiel agricole et qui ne font pas
partie du plan de zonage. Je pense à Saint-Charles-de-Mandeville,
à Saint-Gabriel-de-Brandon paroisse, Saint-Jean-de-Matha,
Sainte-Béatrix, une section également. Est-ce que vous croyez que
cela peut poser des inconvénients pendant cette période de temps
avant qu'ils se joignent à la zone ou non? Est-ce que vous croyez que
cela peut créer des inconvénients sérieux?
M. Duval: Je pense qu'à l'intérieur des noyaux
agricoles de chacune de ces municipalités de très nombreux
agriculteurs sont très impatients d'être annexés aux zones
désignées. Nous ne sommes pas entrés en contact avec
chacun de ces agriculteurs. Nous avons eu un rapport du syndicat de base
représentant ces agriculteurs. On sait pertinemment que certains noyaux
ont manifesté le désir qu'on fasse des représentations
pour les faire reconnaître zone désignée.
M. Mercier: Deuxième question. Compte tenu de certains
dossiers auxquels vous avez été mêlés de près
je pense par exemple à la fameuse ligne Carignan, à la
route d'accès à Joliette ou au viaduc de Lavaltrie
l'article 96, est-ce que cela vous préoccupe un peu, qui dit que le
gouvernement, sur avis...?
M. Duval: Je pense qu'on souhaite ardemment que cet article soit
éliminé, pour justement empêcher la tentation d'utiliser
les pouvoirs donnés au gouvernement en vertu de cet article, comme la
confédération l'a réclamé. Je pense que, le
lendemain de l'adoption d'une loi comme telle, on est tous armés de
bonne volonté, mais, quelquefois, la tentation nous fait succomber trop
facilement lorsque c'est trop bien défini dans la loi.
M. Mercier: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre, le mot
de la fin.
M. Garon: Je pense que c'est pas mal clair. Je vous remercie
infiniment d'être venus. Vous pouvez être convaincus que tout le
monde a été bien content d'entendre votre message, parce qu'il
contenait des suggestions très intéressantes. Merci beaucoup.
M. Duval: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Au nom des membres de la
commission, je remercie M. Duval et M. Massicotte pour le mémoire qu'ils
ont présenté.
J'inviterais maintenant la Fédération de l'UPA de
Saint-Jean-de-Valleyfield, représentée par M. Réal
Montcalm, secrétaire général, à présenter
son mémoire. Est-ce qu'il y a des gens de l'UPA de Saint-Jean? Ils ne
sont pas ici?
M. Duval: Je crois qu'ils se sont retirés.
Le Président (M. Boucher): Alors, nous allons passer aux
représentants de Gaz Métropolitain Inc.
Messieurs, si vous voulez vous identifier et procéder à la
lecture de votre mémoire. Gaz Métropolitain Inc
M. Fortier (Marc): M. le Président, mon nom est Marc
Fortier. Je suis vice-président au contentieux et secrétaire de
la compagnie Gaz Métropolitain. M'accompagnent ce soir, à mon
extrême gauche, M. Hubert Duvieusart, agronome-conseil, à sa
droite, Me Jean Archambault, avocat et, à ma droite, M. Arsène
Lessard, vice-président à l'ingénierie de Gaz
Métropolitain.
M. le Président, M. le ministre, messieurs, nous tenons tout
d'abord à vous remercier de l'occasion qui nous est offerte aujourd'hui
d'exprimer notre point de vue à cette commission parlementaire sur le
projet de loi no 90 intitulé Loi sur la protection du territoire
agricole.
Vous avez entendu tantôt le point de vue d'un transporteur de gaz
naturel. Nous vous ferons maintenant entendre celui du distributeur de gaz
naturel, celui qui se raccorde après dans l'ordre séquentiel.
Messieurs, si ce projet de loi qui est présentement sous
étude était adopté dans sa forme actuelle, nous croyons
qu'il risquerait d'entraîner des conséquences fâcheuses sur
le développement de l'industrie du gaz naturel au Québec ainsi
que pour les usagers de cette industrie et notre entreprise.
Loin de nous opposer aux principes énoncés dans ce projet
de loi qui vise à assurer la protection du territoire agricole au
Québec, nous voulons simplement attirer votre attention sur le fait que
notre compagnie, en exploitant son réseau de distribution par gazoduc
souterrain, ne cause aucun dommage, ni n'entrave de façon permanente les
exploitations agricoles.
Par contre, si elle était assujettie aux dispositions de cette
loi, telle qu'elle est présentement rédigée, notre
entreprise subirait des inconvénients majeurs en raison des
délais et des coûts engendrés par son application. Nous
croyons donc qu'il serait dans l'intérêt des usagers et de notre
compagnie de soustraire notre réseau de distribution de gaz naturel du
champ d'application de la loi.
Nous avons préparé le présent mémoire en
espérant qu'il puisse servir aux présentes
délibérations.
Dans ce document, nous avons tenté de développer les
points suivants: l'entreprise Gaz Métropolitain, les possibilités
d'expansion du réseau de transport et de distribution de gaz naturel au
Québec, les effets de l'implantation d'un gazoduc en milieu agricole,
les répercussions du projet de loi no 90 sur l'activité de notre
entreprise et enfin nos recommandations.
M. le Président, j'omettrai certains paragraphes de l'historique
de notre mémoire afin d'abréger mon exposé. J'aimerais
cependant que notre mémoire soit reproduit in extenso au journal des
Débats.
Le Président (M. Boucher): Monsieur, on a d'ailleurs
voté cette motion cet après-midi. (Voir annexe A)
M. Fortier: Merci, M. le Président. L'entreprise Gaz
Métropolitain a tout d'abord existé sous la raison sociale de
Corporation de gaz naturel du Québec. Elle a été
constituée le 15 juin 1955, en vertu des lois de la province de
Québec, pour s'occuper de la vente et de la distribution du gaz naturel
à l'intérieur d'un territoire accordé par la loi.
Le 21 février 1957, la Législature adoptait la loi
concernant la vente et la distribution de gaz. Cette loi avait comme effet de
soumettre les distributeurs de gaz au pouvoir de réglementation de la
Régie provinciale de l'électricité devenue
subsé-quemment la Régie de l'électricité et du gaz.
Cette régie fixe non seulement les taux et tarifs du gaz, mais elle a
des pouvoirs généraux de surveillance et d'arbitrage en
matière de vente, de distribution, de transport et d'emmagasinage de
gaz.
Nous exploitons présentement un réseau de distribution par
canalisation souterraine dans le territoire qui nous est accordé par la
loi et qui comprend l'île de Montréal, les municipalités ou
parties des municipalités situées dans un rayon de quinze milles
de l'île et les comtés de Verchères et de Richelieu, ainsi
qu'une partie du comté de Rouville, qui sont situés sur la rive
sud du Saint-Laurent. (22 h 15)
En prévision du raccordement de notre réseau avec
TransCanada PipeLines Limitée et de la conversion du système de
distribution, pour le rendre apte à l'usage du gaz naturel, Gaz
Métropolitain construisait, en 1957, 34 milles de canalisation partant
d'un point de raccordement à Sen-neville vers l'extrémité
est de l'île de Montréal. En 1959, 45 milles de conduite ont
été ajoutés pour desservir la rive sud du fleuve
Saint-Laurent. En 1962, un nouveau prolongement du réseau nous a
amenés à desservir Tracy et Saint-Joseph-de-Sorel, 18 milles en
aval de Contrecoeur. En 1969, le réseau était de nouveau
augmenté d'une conduite pour desservir le potentiel industriel et
commercial de la région de Valleyfield et, enfin, en 1972, Gaz
Métropolitain installait un gazoduc d'environ 40 milles pour desservir
les installations de réduction de minerai de fer de la compagnie SIDBEC
à Contrecoeur. Plus près de nous, en 1977, la compagnie
étendait son réseau à Marie-ville. Vous trouverez
d'ailleurs, en annexe A, je crois, un plan indiquant nos principales lignes de
distribution.
Au 31 décembre 1977, le réseau de distribution de la
compagnie comprenait 960 milles de conduite d acier enrobé, 655 milles
de conduite de fonte, 30 milles de conduite en plastique, ainsi que 90 508
branchements de service, dont 2927 en plastique, et il y avait environ 172 000
compteurs chez 169 940 clients. Grâce aux améliorations
apportées aux installations et à la continuité d'un
programme intensif d'entretien préventif et de sécurité du
réseau, la compagnie a pu maintenir à un degré
élevé la sécurité de son système de
distribution.
Le territoire que la compagnie est présentement autorisée
à desservir comprend une population globale de plus de 3 millions de
personnes, un total de 56 municipalités, et les régions hautement
industrialisées de l'île de Montréal et de la rive sud du
Saint-Laurent jouissent du gaz naturel.
A l'intérieur de notre franchise, la concurrence est
particulièrement vive, en raison du fait qu'il existe à
Montréal une guerre de prix entre les raffineries de pétrole; le
prix du gaz est indexé sur celui du pétrole brut à Toronto
et les coûts du gaz naturel sont légèrement plus
élevés à Montréal qu à Toronto, en raison du
coefficient d utilisation inférieur.
Face à une telle situation, la compagnie a réussi avec
difficulté à augmenter ses ventes et a dû utiliser des
moyens incitatifs pour se tailler une meilleure place dans le marché de
la distribution de l'énergie, l'objectif étant d'assurer les
clients d'une utilisation aussi facile du gaz que de toute autre forme d
énergie.
Les possibilités d expansion du réseau de transport et de
distribution de gaz naturel au Québec. Dans son livre blanc sur la
politique québécoise de l'énergie intitulé "Assurer
l'avenir", le gouvernement du Québec semble favoriser une plus grande
pénétration du gaz naturel dans le marché
énergétique québécois. A cet égard, le livre
blanc prévoit, et je cite: "Les qualités particulières du
gaz naturel comme facteur d'industrialisation, ses caractéristiques de
propreté au niveau du transport et de la combustion ainsi que la
sécurité des approvisionnements de gaz naturel en font une forme
additionnelle d'énergie avantageuse pour le Québec dans la
transition énergétique qui s amorce. Dans lélaboration de
nos prévisions, nous avons fait l'hypothèse que le gaz naturel
pourrait, selon les conditions qui lui seraient faites, satisfaire entre 6% et
12% des besoins énergétiques du Québec en 1990. " Une
précision; actuellement, nous occupons, dans le bilan
énergétique, environ 6%. Ce que voulait dire le livre blanc, de
la façon que nous l'avons compris, c est qu'on pourrait doubler
l'utilisation du gaz naturel au Québec. Alors, quand on dit entre 6% et
12%, ce serait passer du taux actuel à un potentiel double. A l'heure
actuelle, TransCanada PipeLines Limitée est le seul transporteur de gaz
naturel au Québec. Cette compagnie achemine les réserves de gaz
naturel de l'Alberta aux différentes stations de mesurage de Gaz
Métropolitain dans la région de Montréal.
Il existe actuellement deux projets majeurs d'expansion pour le
Québec. En effet. TransCanada PipeLines Ltée et Q & M Pipes
Lines Limited ont l'une et l'autre récemment présenté
à l'Office national de l'énergie des projets d'expansion en vertu
desquels le réseau transcanadien de transport de gaz serait
prolongé à l'est de Montréal pour desservir notamment la
ville de Québec et les municipalités de la vallée du
Saint-Laurent situées le long de ce parcours.
J'aimerais, à ce moment-ci, vous faire un commentaire qui
n'apparaît pas au dossier. Selon nos estimations et les projets actuels
qui ne sont, je l'avoue, qu à l'état de projets puisque ce n est
même pas décidé pour le transporteur, mais on parle de
desservir peu importe qui sera le distributeur, cela restera à
déterminer, c'est sous toute réserve des villes comme
Saint-Jérôme. Joliette, Trois-Rivières, Lachute,
Bécancour. Saint-Hyacinthe. Drummondville et on parle, comme ordre de
grandeur au niveau de la distribution, d'environ S500 000 000. Je ne veux pas
faire le lapsus et dire S500 000, il s'agit de $500 000 000 qui s ajoutent
évidemment aux chiffres mentionnés tantôt.
L'effet de l'implantation d'un gazoduc en milieu agricole: Même si
l'établissement d'un gazoduc souterrain nécessite des travaux
impressionnants d'excavation, il faut savoir que l'emprise temporairement
affectée a un maximum d'environ 60 pieds de largeur. De plus, il est
maintenant bien établi que l'installation d'un tel gazoduc souterrain ne
cause aucun dommage permanent à l'exploitation agricole lorsque les
travaux de construction et de restauration ont été bien
planifiés. La présence d'une telle infrastructure ne modifie en
rien les possibilités d'utilisation agricole des sols.
En général, les travaux de construction consistent dans le
nivellement et le déblaiement de l'emprise, l'excavation d'une
tranchée, la pose des tuyaux et la vérification de leur
étanchéité, le remblayage de la tranchée et la
restauration du sol La tranchée est creusée à une
profondeur suffisante pour dégager les fossés et permettre I
exploitation normale du sol cultivable. Les travaux de construction peuvent en
général s'effectuer pendant la période d'automne et
d'hiver de façon à réduire au minimum les pertes de
récoltes.
Des équipes de construction nettoient le site de construction
aussitôt que le gazoduc est enfoui dans le sol afin que le cultivateur
puisse reprendre les activités agricoles sur l'emprise dès le
printemps suivant. Une fois le nettoyage achevé, des équipes de
restauration se mettent à l'oeuvre pour remettre l'emprise dans
l'état où elle était avant le passage du gazoduc. Les
drains brisés sont remplacés. La couche superficielle du sol. qui
a été enlevée et ramassée par les équipes de
construction, est épandue sur l'emprise. Le sol est ensuite
travaillé (labour, hersage, fertilisation, semis, etc.) pour le remettre
immédiatement en état d'exploitation. Si possible, ces travaux du
sol sont effectués par le propriétaire ou un cultivateur du
voisinage moyennant compensation. En suivant cette méthode, seule la
récolte d'une année sur l'emprise du gazoduc peut être
touchée par les travaux de
construction et de restauration au cours de la première
année seulement. Cependant, toute perte de récolte est rapidement
compensée.
Selon notre expérience et celle de nos experts en la
matière, avec un tel programme de construction et de restauration des
sols, un gazoduc souterrain ne laisse aucune séquelle permanente sur des
sols affectés à l'agriculture. Dans plusieurs cas, tel que vous
l'a indiqué un intervenant précédemment, on a noté
que le rendement sur l'emprise était supérieur à celui
obtenu sur le reste de la ferme. Après quelques années, il est
généralement impossible de voir le tracé du gazoduc et ce
tracé peut être découvert seulement par les couleurs
voyantes des poteaux de clôture aux endroits où est située
la servitude.
Les répercussions du projet de loi no 90 sur l'activité de
notre entreprise: Dans le cours de son activité, notre compagnie doit
acquérir de temps à autre, par entente de gré à
gré ou par expropriation, des servitudes de passage pour l'implantation
des gazoducs. De plus, notre compagnie doit acquérir occasionnellement
de petites parcelles de terrain d'environ 20 pieds sur 20 pieds où sont
érigées des stations de décompression et de mesurage.
Etant donné que le projet de loi no 90 empêche
l'utilisation d'un lot à une fin autre que l'agriculture dans une
région agricole désignée sans l'autorisation de la
commission, et étant donné qu'une personne ne peut, sans cette
autorisation, procéder à l'aliénation d'un droit
réel immobilier et donc, d'une servitude de passage, nous croyons que si
le projet de loi no 90 était adopté dans sa forme actuelle, il en
résulterait de sérieuses répercussions sur notre
compagnie, tant en raison, premièrement des délais imposés
par la procédure prévue pour une demande d'autorisation à
la commission, de l'incertitude que ceci nous causerait et des coûts
additionnels.
Tout d'abord, quant aux demandes d'autorisation à la commission,
si notre compagnie doit se conformer aux formalités requises pour
obtenir I autorisation de la commission et des différentes corporations
municipales, le cas échéant, avant d'installer son réseau
souterrain de gazoduc, dans une région agricole désignée
ou dans une zone agricole, nous croyons que les délais qui peuvent
résulter de ces demandes se traduiront par des pertes importantes pour
notre compagnie, lesquelles devront être assumées par les usagers
de notre service par le biais de la réglementation.
Notre compagnie est déjà soumise à la surveillance
et au contrôle de la Régie de l'électricité et du
gaz ainsi qu'aux différentes lois concernant l'environnement. Les
organismes responsables de l'application de ces lois peuvent exiger
déjà de notre compagnie la soumission de plans et devis de
construction, des rapports concernant l'impact sur l'environnement, et
même des audiences publiques dans le cas de la Régie de
l'électricité et du gaz.
Notre compagnie est de plus astreinte à des normes
sévères de construction et doit respecter les codes en vigueur.
J'y reviendrai plus tard, mais ce sont les mêmes codes que ceux dont a
parlé un précédent intervenant, TransCanada PipeLines. J'y
reviendrai peut-être après.
Si les dispositions du projet de loi no 90 étaient
adoptées telles qu'elles sont présentement
rédigées, notre compagnie devrait soumettre des demandes à
la commission et aux corporations municipales, le cas échéant,
pour être autorisée à utiliser des lots à des fins
autres que l'agriculture ou pour acquérir un droit de servitude de
passage sur chaque lot situé dans une région agricole
désignée ou une zone agricole. Elle devrait même
présenter de telles demandes à la commission et aux corporations
municipales, le cas échéant, pour installer et exploiter un
gazoduc dans l'emprise d'un chemin public, d'une rue et d'une ruelle
cadastrée.
Le projet de loi no 90 prévoit qu'une personne désirant
poser l'un des actes nécessitant l'autorisation de la commission doit
faire une demande à ladite commission et aux corporations municipales,
le cas échéant. La loi ne prévoit aucun délai pour
que la commission entende la demande, ni aucun délai pour quelle rende
sa décision. Cependant, un délai de trois mois est prévu
pour les décisions d'une corporation municipale. La loi prévoit
que la commission doit donner à toute partie intéressée
l'occasion de faire des représentations écrites et en certains
cas, elle peut tenir des audiences publiques. En plus, le projet de loi
prévoit que la commission peut réviser et même
révoquer toute décision dans les six mois suivant la date
à laquelle elle a été rendue.
Nous sommes d'avis que notre entreprise ne peut faire affaires de
façon efficace, rentable et concurrentielle avec de telles contraintes
surtout lorsque nos concurrents de l'industrie pétrolière ne
subissent aucune contrainte semblable.
Si nous ne pouvons pas répondre rapidement et avec une certaine
souplesse aux besoins du marché, nous perdrons certainement le nouveau
marché potentiel au profit de nos concurrents.
L'incertitude que j'ai soulevée précédemment. Dans
un monde énergétique en constante évolution, nous devons
être en mesure de faire face aux changements rapides et à une vive
concurrence de façon efficace et souple.
Le projet de loi, tel que rédigé, entraînerait une
atmosphère d'incertitude en raison du fait qu'il ne prévoit pas:
les normes et critères qui doivent être suivis par la commission
dans l'adjudication des demandes; les règles de pratique et de
procédure à suivre devant la commission, que cela soit pour la
soumission de documents ou pour les enquêtes quelle peut tenir et enfin,
les délais à l'intérieur desquels la commission doit
entendre et rendre une décision. Tous ces facteurs nous empêchent
de planifier d'avance la construction, la localisation et les conditions de
construction en milieu agricole.
Les coûts additionnels. Parmi ces coûts qui résultent
de l'application de ce projet de loi, on peut souligner les frais de
préparation de plans, devis et autres documents, frais d'expertise, et
les frais nécessités par l'obtention des autorisations
de la commission. Les délais, en outre, entraîneront des
frais additionnels, notamment pour la main-d oeuvre et les matériaux et
une perte de revenus puisque nous ne pourrons desservir en temps utile une
partie du marché. (22 h 30)
Finalement, nous devrons certainement supporter les coûts
additionnels, s'il faut faire dévier le gazoduc de façon
substantielle en raison d'une décision de la commission ou d'une
corporation municipale. Tel que je l'ai mentionné, puisque nous sommes
une entreprise réglementée, ce sont nos usagers qui, au premier
chef, doivent supporter ces coûts additionnels. Cette situation pourrait
créer de sérieux problèmes également à
l'égard de notre position concurrentielle et le fait que notre compagnie
ne puisse faire face à la concurrence, irait à l'encontre des
objectifs du livre blanc sur I'énergie où l'on prévoit:
"C'est au niveau des prix que se pose la question essentielle. La
compétitivité du gaz face à d autres formes
d'énergie doit être assurée. Il est illusoire en effet de
croire qu'on puisse favoriser la consommation de gaz si son prix n'est pas
concurrentiel. C'est là un des principaux facteurs qui ont limité
l'utilisation du gaz au Québec dans le passé et l'on ne peut
s'attendre qu'il joue différemment dans l'avenir à moins qu'il
n'y ait adaptation conforme aux conditions de marché. "Pour sa part,
afin de faciliter la mise en marché, le gouvernement du Québec
envisage le retrait de sa taxe de vente au détail de 8% sur le gaz
naturel. Comme les produits pétroliers ne sont pas assujettis à
cette taxe de vente, et dans l'hypothèse où un effort
approprié serait fait au niveau de la production et du transport pour
rendre le gaz compétitif, une telle mesure paraît naturelle."
Enfin, M. le Président, permettez-moi de formuler nos
recommandations.
Une fois que le réseau souterrain est installé, I
activité agricole peut reprendre sur le site de I emprise, la
destination du sol demeure donc inchangée. Nous soumettons que les
objectifs de la loi, qui sont d'assurer la préservation du patrimoine
agricole sont atteints.
En conséquence, nous ne voyons aucune raison pour laquelle une
entreprise d'utilité publique comme la nôtre devrait être
assujettie à la loi.
Si le législateur désire s'assurer que les critères
de protection du territoire agricole soient respectés, il devrait
conférer les pouvoirs nécessaires à la Régie de
l'électricité et du gaz à l'exclusion de la juridiction de
la commission. En effet, la régie exerce déjà un pouvoir
général de surveillance et de contrôle portant notamment
sur la sécurité, les normes de construction, les besoins des
usagers actuels et futurs, les coûts à être supportés
par ces usagers et la rentabilité des entreprises qui est essentielle au
maintien de la qualité du service. La Régie de
l'électricité et du gaz est donc l'organisme tout indiqué
pour assurer cette protection en raison de sa vaste expérience et de ses
connaissances techniques. En outre, grâce à ses pouvoirs et
à son personnel de surveillance, la régie pourra s'assurer du
respect de toutes les lois pertinentes sans coûts additionnels ni
délais indus. Par ailleurs, la Commission de protection du territoire
agricole pourra faire connaître son point de vue devant la régie
par des représentations ou par l'établissement de normes et
critères visant à guider la régie dans l'exercice de la
juridiction de cette dernière. Nous croyons que si nos recommandations
sont acceptées, non seulement l'intégrité du territoire
agricole sera respectée, mais aussi nous pourrons continuer d'être
un instrument efficace dans le cadre de la politique énergétique
du Québec.
J'aimerais vous souligner, avant de terminer mon allocution, que nous
vous soumettons également en annexe B plusieurs suggestions de
modifications au projet de loi et je pense qu'il n'y a peut-être pas lieu
que j'en donne le détail tout de suite. Si vous avez des questions, je
ne veux pas prendre trop de temps de la commission là-dessus. Alors, M.
le Président, messieurs les membres, ceci termine mon allocution.
Maintenant, c'est avec plaisir que je répondrai, à l'aide de mes
collègues, à vos questions.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Fortier. M. le
ministre.
M. Garon: Quand vous êtes allé cet été
vers Marieville, vous ne l'avez peut-être jamais su, mais votre projet
avait été étudié au ministère de
l'Agriculture. Je disais que je ne voulais pas mentionner de noms tantôt,
mais, en dedans d une semaine, le ministère de l'Agriculture avait
donné son avis favorable, à ce moment-là, je pense que
c'était au ministre de l'énergie, qui avait un projet. Faisons
donc comme avec les lignes de l'Hydro-Québec, pour que les lignes de
transport de gaz, on puisse regarder cela. Il nous avait
transféré le dossier en dedans d'une semaine. On avait dit: Pas
de problème.
M. Fortier: Est-ce que vous me permettez un commentaire, M. le
ministre?
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Effectivement, dans le cas de ce projet je ne
vise pas à répondre ou à prendre votre déclaration
au pied de la lettre, je ne vise absolument pas le ministère de
l'Agriculture des circonstances exceptionnelles cela a
été très court, très rapide, je dois l'admettre
ont fait que cela a été reporté, à
l'étude du Conseil des ministres, d'une semaine seulement. Ce seul petit
délai nous a causé des coûts additionnels de $72 000.
M. Garon: Pourquoi?
M. Fortier: Ce que je veux dire par là, c'est que cela a
été très efficace, mais imaginez, si cela ne l'avait pas
été, si on était soumis à d'autres délais,
si on parlait de deux ou trois mois.
M. Garon: Pourquoi cela a-t-il coûté $72 000 pour
une semaine?
M. Lessard (Arsène): M. le Président, la raison
pour laquelle on a été obligé de verser $72 000 à
l'entrepreneur qui a fait les travaux, c'est qu'il y avait un
échéancier bien précis, il y a eu des soumissions bien
précises et, comme vous savez, cette "ligne" a été
construite à l'automne, très tard, et elle devrait être
terminée avant Noël. Vous savez qu'après Noël, le sol
gèle et que les coûts d'hiver sont majorés de 65%. Alors,
l'entrepreneur nous a certifié qu'à cause de ce délai, il
était dans l'impossibilité de terminer ce travail avant la
mi-janvier et il nous a réclamé $72 000 qu'il a fallu
débourser.
M. Fortier: Je réitère mon commentaire, c'est
effectivement très rapide et ça ne vise absolument pas à
contredire ce que vous disiez. C'est juste pour indiquer comment cela peut
être fragile, un délai, M. le ministre. Une semaine, c'est
très court, c'est très efficace. Je salue l'efficacité du
gouvernement, mais cela a coûté $72 000. Imaginez si
c'était trois mois devant une commission!
M. Garon: Entre le jour où vous avez envoyé
ça au gouvernement et l'approbation, cela a pris combien de temps?
M. Fortier: Cela a été très court, je ne me
rappelle pas les délais exacts, parce que je ne m'attendais pas à
cette question en particulier, M. le ministre. Mais cela a été
une affaire de quelques semaines.
Entre le moment... Je devrais peut-être expliquer quelque chose,
pour le bénéfice des membres de la commission. Il s'agissait
d'une extension de notre réseau à l'extérieur de notre
franchise, ce qui supposait que nous présentions une requête
à la Régie de l'électricité et du gaz, qui devait
étudier ça avec des auditions, des intervenants, tout ça.
Une fois la décision de la régie rendue, la régie ne rend
pas une décision de l'accorder ou non, mais donne un avis au
lieutenant-gouverneur en conseil et c'est le lieutenant-gouverneur en conseil
qui prend la décision. Cela a été rapide devant le
lieutenant-gouverneur en conseil. Le Conseil des ministres, ce n'est pas le
magasin du coin, ça ne se réunit pas tous les jours et ça
ne fonctionne pas 24 heures par jour, mais il y a eu, à un moment
donné, un accrochage quelconque qui était mineur, qui a fait que
cela a été reporté d'une semaine, je pense. Cela a
apporté des coûts additionnels de l'ordre de ceux que je vous
mentionnais.
C'était seulement pour sensibiliser les membres au fait que tout
délai implique des coûts.
M. Garon: ... vous l'avez exprimé de façon claire,
j'ai l'impression que vous êtes en contact avec nos avocats.
M. Fortier: Pardon?
M. Garon: Vous êtes en contact avec nos avocats, je pense,
pour trouver une formule où on pourrait, où les approbations
pourraient être rapides, pour trouver une formule.
M. Fortier: Effectivement, M. le ministre, nous avons eu
certaines rencontres privées, mais c'est un peu embêtant, les
rencontres que nous avons eues. Enfin, si c'est un projet de loi qui est
à l'étude, je pense qu'au moment où on se parle, c'est
encore sous la juridiction du Parlement et je suis un peu embêté
de m'embarquer dans...
M. Garon: Non, je veux simplement dire qu'on veut trouver une
formule pour rendre tout le processus rapide et efficace, pour qu'il n'y ait
pas d'embêtements, parce que je pense que, d'une façon ordinaire,
d'après ce qu'on sait, votre façon d'agir ne crée pas
d'embêtements aux agriculteurs.
M. Fortier: Je pense que nous avons
bénéficié de l'intervenant précédent, la
formule devrait être à peu près semblable, parce que les
problèmes sont à peu près semblables. J'aurais
peut-être un commentaire additionnel sur le parallèle à
établir entre les problèmes du précédent
intervenant, TransCanada, et notre entreprise. C'est que les problèmes
qui se posent sont d'ordre séquentiel. Lorsque TransCanada a
parlé de la possibilité de délai d'un an, le distributeur,
qu'il soit Gas Métropolitain ou un autre, attend pendant ce temps. Ses
délais n'ont pas commencé à courir. Le pipe-line passe et
viennent se raccorder les distributeurs qui ont des branchements multiples.
A cela s'ajoutent des délais. Donc, les délais sont
additionnels cumulatifs et, en plus, les autorisations requises ou la toile
d'araignée, si je peux m'exprimer ainsi, est plus importante dans notre
cas, parce que pour nous, cela s'en va par branchements. Le problème est
additionné et décuplé.
M. Chevrette: C'est le grossiste par rapport au
détaillant.
M. Fortier: Pardon?
M. Chevrette: C'est l'histoire du grossiste et du
détaillant.
M. Fortier: Exactement. M. Garon: Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: On vous félicite pour votre mémoire. A
la lecture de ce mémoire, on découvre la situation que vous vivez
en matière de nécessité de traverser des fermes avec les
tuyaux de distribution. Ce sont à peu près les problèmes
que rencontre l'organisation qui vous a précédés ce soir,
soit TransCanada, mais avec une différence. A la suite des commentaires
qu'on retrouve dans votre mémoire, il semblerait que vous êtes
beaucoup moins en mesure ou en position de supporter la concurrence ou la
compétition d'autres vendeurs d'énergie, que pourrait
l'être TransCanada.
M. Fortier: TransCanada ne vend pas d'énergie. Elle se
contente de la transporter. Je veux
faire cette distinction avant de répondre à votre
question. Si je comprends bien votre question, vous voulez savoir si nous avons
des problèmes particuliers que d'autres transporteurs n'ont pas. Ma
réponse est oui.
Nous avons disserté longuement là-dessus, dans une
précédente commission parlementaire, l'an dernier, avant la
parution du livre blanc sur la politique énergétique. Nous
croyons modestement que les citations données sont en partie
inspirées elles sont inspirées d'autres interventions
également des nôtres. Je pense que le gouvernement a
été conscient du fait que la situation dans le marché
énergétique est très différente dans le
Québec.
Permettez-moi de vous citer quelques chiffres. Au Québec, dans le
bilan énergétique, 70% c'est le pétrole; 21% environ,
c'est l'hydroélectricité; 6% c'est le gaz naturel. En
comparaison, en Ontario, le gaz naturel représente 35% du bilan
énergétique. Dans le reste du Canada il représente 30% et
aux Etats-Unis, il représente environ 35%. Dans certains pays d'Europe,
c'est encore plus fort.
Il est important de souligner cela aussi est indiqué dans
le livre blanc que des réserves de gaz naturel au Canada, on en a
pour très longtemps, contrairement aux réserves de pérole.
Cela va vous sembler curieux qu'ailleurs, on fonctionne aussi bien, qu'on ait
beaucoup de ressources énergétiques en gaz naturel et qu'on ait
pénétré si peu le marché. C'est dû à
une foule de raisons et je ne voudrais pas faire toute l'analyse de la
situation énergétique.
Depuis l'établissement de la ligne Borden, qui est la ligne
imaginaire qui sépare le Québec et l'Ontario au point de vue
énergétique, la province de Québec et les marchés
de l'Est sont tributaires du pétrole importé. A court et à
moyen terme, si on parle d'une situation conjoncturelle, il y a des surplus de
pétrole, notamment sur le marché montréalais. Je pense que
si vous venez à Montréal et que vous faites le plein de votre
automobile, vous allez vous rendre compte qu'il y a une guerre de prix
épouvantable. Les raffineries qui sont toutes situées à
l'Est de Montréal, il n'y en a aucune qui fonctionne à pleine
capacité et elles se battent pour s'arracher le marché. Le gaz
naturel ici, entre dans un marché qui est plus éloigné, si
vous voulez, avec des coûts additionnels et fait face à une
situation, je le souligne, conjoncturelle. C'est d'ailleurs reconnu par le
livre blanc. A court terme, il y a trop de pétrole. On va en manquer
peut-être dans quelques années et le gaz naturel a de la
difficulté à pénétrer. C'est pour cette raison que
je me suis permis de faire ces citations du livre blanc. C'est reconnu non
seulement par le gouvernement, mais par tous les experts en la matière.
Je pense que c'est important de situer cela dans ce contexte.
M. Giasson: Mais comme certains de vos
prédécesseurs, vous souhaiteriez être exclus des
obligations de l'application de la loi?
M. Fortier: C'est exact.
M. Giasson: Si le gouvernement devait répondre
favorablement à cette demande, vous réalisez qu'il y aurait
beaucoup d'organismes qui auraient aussi le droit d'être exclus.
M. Fortier: Pas nécessairement.
M. Giasson: Même les ministères et les organismes
qui ont une dépendance du gouvernement sont assujettis à la
loi.
M. Fortier: Est-ce que vous faites référence
à l'article 2, M. Giasson? (22 h 45)
M. Giasson: Oui.
M. Fortier: C est que nous croyons là-dessus, nous
sommes dans le même cas que TransCanada que nous ne causons aucun
dommage permanent à I agriculture. Nous ne changeons pas la destination
ultime du soi. Je peux prendre un exemple. Si le ministère des Travaux
publics construit une route dans certains cas, je suis bien prêt
à croire que c'est nécessaire une route, cela va de soi. Il reste
que vous ne pourrez plus cultiver de carottes et de radis sur votre route, mais
vous allez toujours pouvoir continuer à cultiver des carottes et des
radis, même sur lemprise du gazoduc, juste au-dessus du tuyau. Je pense
que cela est très important.
Peut-être une distinction, si vous me permettez, M. le
Président, toujours en réponse à la même question,
on demande d être exclu de l'application de cette loi en particulier,
mais nous ne disons pas que nous ne sommes pas en mesure de nous conformer
à ces normes et nous sommes prêts à nous conformer à
ces normes et nous tentons de suggérer le moyen le plus efficace de nous
y conformer. Nous ne croyons pas que de faire application devant un organisme
additionnel qui a une juridiction additionnelle, des délais
additionnels, etc., vienne aider le but de la loi. Foncièrement, c'est
tout simplement cela
M. Giasson: Vous aimeriez passer outre à l'étape
dune demande aux municipalités, le palier des municipalités pour
aller directement à la commission?
M. Fortier: Non, actuellement, nous devons demander la permission
aux municipalités lorsque notre gazoduc passe sur un territoire qui est
sous la juridiction municipale. M. Lessard pourra me corriger. Je pense qu'il y
a trois cas. Lorsque nous passons dans les emprises de routes provinciales,
nous devons demander la permission au ministère concerné. Lorsque
nous passons dans un territoire municipal, nous devons demander la permission
à la municipalité et, lorsque nous passons sur un terrain
privé, nous devons demander la permission au cultivateur ou au
propriétaire urbain, selon le cas, par le moyen d'un droit de
passage.
M. Giasson: II y a quelque chose que je n'ai pas compris dans une
des phrases qu'on retrouve
à la page 11. Vous dites: "Elle devrait même
présenter de telles demandes à la commission et aux corporations
municipales, le cas échéant, pour installer et exploiter un
gazoduc dans l'emprise d'un chemin public, d'une rue ou d'une ruelle
cadastrée".
M. Fortier: C'est notre interprétation.
M. Giasson: A l'intérieur d'un territoire qui n'a plus
aucune vocation agricole, sans doute à tout jamais...
M. Fortier: Respectueusement, ce n est pas notre
interprétation du projet de loi actuel. La réponse que je donnais
tantôt j'espère qu on se comprend bien
c'était sur la situation actuelle. Quand je parlais de demander la
permission aux municipalités dans les territoires municipaux, je ne
parlais pas de notre interprétation du projet de loi actuel, je parlais
de la situation que nous avons vécue dans les années
précédentes. Est-ce que nous nous sommes bien compris
là-dessus?
M. Giasson: D'accord, cela va.
M. Fortier: Si on parle de la nouvelle loi, c'est une toute autre
chose. De la façon dont nous la lisons, nous sommes soumis à
aller devant la commission dans tous les cas de régions qui sont
zo-nées agricoles. J'irai plus loin. Le projet de loi prévoit
certaines possibilités qu'il y ait des fois des auditions devant la
Régie de l'électricité et du gaz. Je pense à
l'article 107, si ma mémoire est fidèle, mais cela n'exclut pas,
toujours dans ce projet de loi, la juridiction de la Commission de protection
du territoire agricole.
M. Giasson: Je voudrais vous remercier encore une fois de... Oui,
vous aviez peut-être un commentaire.
M. Lessard (Arsène): A titre d'exemple, on pourrait
prendre la ville de Laval. Présentement, notre interprétation de
la loi est la suivante: On ne peut pas poser de tuyaux dans la ville de Laval,
même dans les rues existantes, lesquelles rues sont dans la zone
agricole.
M. Giasson: Vous ne pouvez pas parce que la municipalité
ne veut pas émettre de permis ou d'autorisation?
M. Chevrette: Qui vous a donné cette
interprétation?
M. Archambault (Jean): Je dois confesser que c'est moi. Vous
verrez, je pense... Nous avons fait une étude assez
détaillée du projet de loi et les commentaires sur ce projet de
loi apparaissent en annexe. Je pense que c'est pour le bénéfice
de la commission ou de ce comité que nous les avons soumis. S'ils
peuvent vous être utiles... Je crois qu'il y en a certains qui sont
valables. Mais, de la façon dont nous lisons la loi actuellement, les
rues et chemins publics cadastrés font partie des zones agricoles.
Théoriquement, il faudrait aller à la commission pour obtenir une
permission pour aller dessus.
M. Chevrette: Vous comprendrez bien que si ces rues sont
déjà construites...
M. Garon: Cela nous fait...
M. Chevrette: ... il y a déjà des maisons de chaque
côté, il n'y a pas d'agriculteur là. Entre vous et moi, le
gros bon sens va parler.
M. Garon: Comment se fait-il que vous dites que c est interdit
dans une rue faite, avec des maisons? Je ne comprends plus.
M. Giasson: Moi non plus, je ne comprends pas. Vous avez tout de
même un article qui permet, même depuis le 9 novembre, de faire de
la construction en bordure de chemins sur des bandes, des distances
définies à l'article, qui sont pourvues des services
d'utilité publique, c'est-à-dire des services publics qu'une
municipalité accorde à ses contribuables.
M. Archambault: A mon point de vue, avec la rédaction
actuelle, je ne crois pas que ce soit si clair et évident. On dit qu'on
peut continuer l'utilisation, mais pas toute utilisation autre qu'agricole.
C'est l'utilisation qui existe en ce moment. Alors, si c'est le principe des
droits acquis, les seuls principes que je connaisse de droits acquis, ce sont
les droits acquis dans le domaine municipal. C'est très restrictif.
M. Giasson: Ecoutez...
M. Archambault: Je sais bien que ce n'était pas
l'intention du législateur de...
M. Giasson: Vous êtes juriste, je ne le suis pas. Vous avez
un bon avantage sur moi.
M. Archambault: C'est pour cette raison qu'on a des commentaires
à la loi, et, quelquefois, en changeant quelques petits mots, on peut
atteindre la fin que vous recherchez. Entre autres, si je peux vous donner une
contradiction évidente, à l'article 6 de la loi, on dit que le
quorum de la commission est de trois membres, mais que la commission peut
siéger en division, constituée de deux membres. Si on
siège en division avec deux membres, je ne vois pas le quorum de trois
membres. Il y a un problème de quorum, à ce moment.
M. Giasson: Elle siège avec deux membres, et si les deux
personnes ne se mettent pas d'accord, il y en a une qui décide, à
toutes fins utiles.
M. Archambault: De toute façon, la commission n'aura pas
le quorum pour décider.
M. Garon: Elle siège...
M. Giasson: En sous-division. M. Garon: En
sous-division.
M. Archambault: En sous-division, mais on ne dit pas que le
quorum est différent en sous-division. Le quorum est établi. Le
quorum de la commission est de trois membres. La commission peut siéger
en sous-division avec deux membres. Je ne vois pas comment vous allez obtenir
le quorum, on ne parle plus de quorum dans la loi.
M. Garon: Oui, ils doivent être deux.
M. Archambault: Ce n'est pas mentionné.
M. Giasson: Celui qui préside a la priorité de
décision.
M. Garon: Oui, c'est cela.
M. Archambault: M. le Président...
M. Fortier: De toute façon, ce sont des notions
juridiques, détaillées. Je pense que cela ne ferait pas l'objet
d'intérêt ici.
M. Garon: Mais...
M. Chevrette: Oui, cela va être au niveau de l'étude
article par article. Je suis convaincu que...
M. Archambault: Exactement.
M. Fortier: M. le Président, si vous me permettez de faire
une remarque à ce sujet, on ne voudrait pas conduire la commission dans
les dédales d'un débat juridique. Je pense que l'exemple qui
était donné n'est peut-être pas le plus essentiel à
notre industrie, mais on a essayé de diviser nos commentaires de nature
légale à deux niveaux: le premier, c'est celui qui touche plus
particulièrement les utilités publiques, et l'autre, ce sont des
commentaires d'ordre plus général. Nous espérons
humblement qu'ils pourront servir à vous en inspirer. Une remarque
additionnelle sur la question des chemins publics, c'est qu'il ne faut pas
perdre de vue que, contrairement à un transporteur qui, lui, bien
souvent encore là, je ne suis pas certain, dans le cas du
transporteur, je ne devrais même pas me permettre cette affirmation, je
vais me contenter de nous ... on ne peut pas toujours passer sur un
chemin public, il n'y a pas toujours de chemin public. J'aimerais vous citer un
cas particulier, soit celui de SIDBEC, à Contrecoeur. C'est le cas d'une
extension de pipe-line de 40 milles de long pour aller essentiellement servir
une industrie, parce que le volume est suffisant. Si vous connaissez,
évidemment, les usines de réduction de minerai de fer à
Contrecoeur, c'est rentable de construire un pipe-line de 40 milles. S il
eût fallu suivre les chemins publics, les chiffres qu'on m'a
indiqués, comme ordre de grandeur, parlent de millions de dollars de
plus, ce seul amendement ne nous satisferait pas. Il nous plairait bien, mais
il ne serait pas suffisant. C'est important de suivre la ligne droite dans la
mesure où c'est possible, en partant du bon principe de
géométrie, à savoir que c'est le chemin le plus court
entre deux points.
M. Chevrette: Entre deux points, la ligne droite est toujours le
chemin le plus court. Avez-vous des questions, M. le député de
Huntingdon?
M. Dubois: Seulement une petite...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je vous remercie. C'est
seulement pour ajouter que, face aux contraintes auxquelles vous auriez
à vous soumettre, en vertu du projet de loi 90, j'opterais bien pour
qu'on apporte à ce projet de loi un amendement qui aurait pour effet de
vous soustraire des contraintes qu'on vous amène à ce moment-ci
et de vous soustraire totalement à l'application de la loi. Je pense que
cela respecterait vos besoins et ceux de TransCanada PipeLines.
M. Fortier: Je pense à une suggestion, M. le
Président, c'est qu'il faudrait qu'aux articles 26 ou 29 et suivants,
qui créent la juridiction de la commission, on en soit soustrait et que
l'article 107 soit rendu beaucoup plus fort parce qu'il y a seulement un
pouvoir de déférer à la régie, ce qui nous
apparaît absolument insuffisant, et il y a contradiction entre les deux
juridictions.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Garon: Je suis content que vous soyez venus. Quand vous
envoyez vos dossiers à la Régie de I'électricité et
du gaz, cela prend combien de temps avant qu elle rende une
décision?
M. Fortier: Cela dépend. M. Garon: En moyenne?
M. Archambault: Si vous me permettez, M. le ministre, dans le cas
de la "ligne" SIDBEC, notre bureau avait préparé une
requête devant la Régie de l'électricité et du gaz
en date du 6 mars 1972, laquelle requête fut signifiée à la
régie le 7 mars; la régie a donné ses avis, les auditions
ont eu lieu les 10 et 11 avril et la décision de la régie a
été rendue le 30 mai 1972.
M. Garon: Deux mois. Demandez-vous des autorisations aux
municipalités?
M. Lessard (Arsène): On doit toujours demander des
autorisations aux municipalités lorsqu on est dans des chemins publics,
municipaités ou gouvernements, toujours.
M. Garon: II faut que vous envoyiez votre dossier à la
commission en même temps que vous l'envoyez à la régie et
je vous garantis que, dans
tous les cas, vous allez avoir notre réponse avant, mais sans
vous soustraire à vos obligations face aux municipalités.
M. Lessard (Arsène): II y aurait peut-être des cas
où Ion pourrait avoir des problèmes de temps, surtout pour les
tuyaux où on doit faire des études d'environnement. Comme vous le
savez, présentement, il y a une loi qui existe et qui dit que, lorsqu'un
distributeur installe un tuyau d'une grosseur de douze pouces ou plus ou un
tuyau qui est utilisé à 200 livres par pouce carré et
plus, il se doit de produire une étude d'environnement au ministre de
l'environnement et d'obtenir un certificat en conséquence. Alors, c'est
la première chose qu'on doit faire avant d'entreprendre le projet. Si on
est assujetti à la loi agricole, je ne vois pas de quelle façon
on pourra brûler les étapes, surtout dans les projets où
nous devrons faire une étude d'environnement, parce que la loi de
l'environnement dit qu'on va nous donner un certificat définitif, parce
qu'on se doit de produire, dans notre étude, des alternatives et on va
nous donner un certificat sur une des alternatives, alors que la loi agricole
je fais peut-être de l'interprétation pourrait
peut-être refuser qu'on installe le pipe-line. A ce moment-là,
lequel est lequel? Est-ce qu'on fait l'étude d'environnement en premier
lieu ou est-ce qu'on va demander une permission préalable à la
commission agricole?
M. Garon: Comme vous ne semblez pas, dune façon
générale, poser trop de problèmes à l'agriculture,
vous seriez mieux de demander à l'environnement avant.
M. Lessard (Arsène): On est obligé de le faire
selon la loi.
M. Garon: Oui.
M. Lessard (Arsène): C'est ce qu'on fait, mais il n'y a
rien qui nous dit qu'à ce moment-là, si on a un certificat de
l'environnement, on va avoir un certificat de la commisson du ministère
de l'Agriculture.
M. Garon: Normalement, vous passez vos tuyaux où, dans
l'emprise des routes et des choses comme celles-là?
M. Lessard (Arsène): On les pose dans les voies publiques;
on les pose dans des droits de passage; on les pose dans les endroits les plus
rentables.
M. Chevrette: Sauf que vous êtes appelés à
avoir plus de négociations, fort probablement, parce que vous êtes
des distributeurs, vous avez des paquets de ramifications...
M. Lessard (Arsène): Assurément. M. Fortier:
C'est exact.
M. Chevrette: ... contrairement à la TransCanada PipeLines
qui a plutôt une voie directe. (23 heures)
M. Fortier: Ce sont des négociations, effectivement. On
n'a pratiquement pas d'expropriations. Ce sont des ententes de gré a
gré pratiquement tout le temps. Il n'y a à peu près pas de
problèmes, de ce côté.
M. Garon: Ce qu'on va arriver à voir de plus en plus, ce
sont des corridors de services publics, poteaux de téléphone ou
poteaux d'électricité, de tuyaux de gaz, et tout cet
ensemble.
M. Fortier: II n'y a qu'une chose qui m'agace à ce point
de vue. Que l'on soit comparé à TransCanada, cela ne me
dérange pas, mais aux poteaux. Le téléphone n'a pas
toujours des choses enfouies. Ce n'est pas pour démolir le dossier
d'autres, mais c'est pour bien souligner que vous ne nous voyez plus. On est
là durant environ trois mois et après, vous ne vous voyez plus;
tandis que les poteaux, vous les voyez encore. On n'est plus là.
M. Chevrette: C'est la réalité.
M. Fortier: Pardon?
M. Chevrette: C'est la réalité.
M. Fortier: Les pylônes et les poteaux sont là; mais
nous ne sommes pas là. D'ailleurs, M. le ministre, si vous passez sur la
route 10 qui est l'autoroute des Cantons de l'Est, vous ne le savez
peut-être pas, mais notre pipe-line passe juste en dessous pour aller
desservir SIDBEC. Il faut le savoir et il faut avoir l'oeil clair pour le
savoir.
M. Chevrette: Ce n'est pas visible.
M. Garon: Cela veut dire qu'on pourrait...
M. Fortier: Non. J'ai parlé d'ailleurs des normes de
sécurité dans notre mémoire et je pense qu'on peut
être fier à ce point de vue.
M. Garon: Cela...
M. Fortier: C'est comme les avions et les autos. C'est
susceptible d'avoir des accidents.
M. Garon: Cela chauffe un peu le sol en passant.
M. Fortier: J'aime la comparaison avec les autos et les avions,
parce que les explosions de gaz, c'est comme les avions. C'est moins
fréquent que les accidents d'automobile, mais cela fait surtout la
manchette. C'est malheureux. Mais c'est très peu fréquent.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Lorsque vous avez installé une conduite, vous
êtes assujettis à des obligations. Ces obligations, vous les
respectez en fonction de conditions posées par la Régie de
l'électricité et du gaz.
M. Fortier: C'est exact. J'ai mentionné dans notre
mémoire que les normes de construction étaient exactement les
mêmes que celles de TransCanada. C'est un code on va me dire le
nom...
M. Lessard (Arsène): ACNORZ184. M. Fortier: C'est
le code.
M. Giasson: Ce sont les mêmes conditions que celles de
l'Office national de l'énergie.
M. Lessard (Arsène): Exactement. C'est le code CSA
international.
M. Fortier: C'est un code que je n'ai jamais lu. Je n'y
comprendrais rien. Il a 181 pages et avec toutes les normes techniques, il est
exactement le même dans tout le Canada.
M. Lessard (Arsène): A titre d'exemple, dans les droits de
passage, le code recommande que les conduites soient à une profondeur
minimum de 24 pouces. On a comme minimum 30 pouces et plus. On est plus
sévère déjà que le code ne l'est.
M. Giasson: D'ailleurs, vous êtes conscients que lorsque
vous traversez des fermes à cause des politiques qui existent depuis
quelques années en matière de drainage souterrain, pour ne pas
causer d'obstacle à des cultivateurs qui voudraient...
M. Lessard (Arsène): D'ailleurs, il y a une clause...
M. Giasson: ... appliquer une politique de drainage
souterrain...
M. Lessard (Arsène): ... dans ce code au sujet du
drainage. On doit, par exemple, dans les fossés, être à
deux pieds et six pouces plus bas que le fond du fossé. Alors, c'est
déjà couvert dans le code.
M. Giasson: J'aimerais exprimer mon avis. Etant donné la
nature de vos activités, je crois que le ministre responsable de la loi
se doit d'examiner, avec beaucoup de sérieux, les possibilités de
réduire la période de temps qui devrait s'écouler, compte
tenu de ce qu'on sait dans la loi, de manière à ne pas causer de
préjudice trop important à vos installations.
Compte tenu des règles que vous respectez et des dommages que
vous pourriez causer, cela mérite une attention très
sérieuse. Il restera au ministre à décider de façon
finale ce qui pourrait être fait dans ces cas.
M. Garon: J'ai dit qu'on porterait une attention à ce cas.
D'ailleurs nos avocats ont déjà rencontré les gens de Gaz
Métropolitain pour penser à des dispositions dans le cas
d'entreprises publiques, dans des cas comme celui-là pour trouver une
formule.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Alors, au nom des membres de la
commission, je voudrais remercier M. Fortier ainsi que ceux qui l'accompagnent
pour le mémoire qu'ils ont présenté.
M. Fortier: Merci.
M. Lessard (Arsène): Merci, M. le Président.
Communauté régionale de
l'Outaouais
Le Président (M. Boucher): Maintenant, j'appellerais les
représentants de la Communauté régionale de l'Outaouais.
Alors, messieurs, si j'ai bien compris, vous avez deux parties à votre
mémoire. Il y a une allocution du président et il y aurait aussi
le mémoire. Compte tenu que nous devons ajourner à minuit, est-ce
qu'il serait possible d'essayer de résumer ces deux documents.
M. Rivest (Jean-Marc): M. le Président, nous n'entendons
pas lire le mémoire comme tel. Il est cité comme pièce
jointe.
Le Président (M. Boucher): II sera retranscrit au journal
des Débats. (Voir annexe B)
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Alors, si vous voulez vous
identifier et identifier les personnes avec vous.
M. Rivest: M. le Président, mon nom est Jean-Marc Rivest,
président de la Communauté régionale de l'Outaouais. Je
suis accompagné ce soir par, à ma gauche, M. John Luck, maire de
la ville de Gatineau, et à ma droite, M. William Burke, maire de la
municipalité agricole de Pontiac et nous devons déplorer que
trois des membres de notre délégation aient dû prendre le
dernier avion ce soir. Alors, nous étions aujourd'hui accompagnés
de M. Léo Fournier, maire de Lapêche, M. Réginald Scullion,
maire de l'actuelle ville de Buckingham et M. André Carreau, conseiller
de la ville de Hull.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres de la
commission, je voudrais commencer en statuant de façon bien
énergique que la Communauté régionale de l'Outaouais ne
pourra jamais assez exprimer son accord avec les principes que sous-tendent le
projet de loi 90 concernant la protection du territoire agricole, et même
plus que le principe, le texte complet de la loi moyennant certaines
virgules.
Bien avant que ceux qui en parlent le plus se fassent entendre, la
Communauté régionale de
l'Outaouais était passée aux actes et avait produit
publiquement une première version d'un zonage agricole sur son
territoire à l'occasion de la parution de son schéma
d'aménagement en date du 1er mai 1976. Dans la version finale de son
schéma d'aménagement, adopté intégralement le 9
août 1978 par le ministre des Affaires municipales, M. Guy Tardif, la
communauté posait le constat suivant à savoir que: "Ces
dernières années, on a assisté à une
réduction constante des terres arables au profit de l'urbanisation.
Alliée à la progression de l'urbanisation, la spéculation
contribue ainsi à la déstructuration graduelle de toute
l'industrie agricole régionale". Fin de la citation.
Considérant le sol agricole comme une ressource non renouvelable,
la communauté a reconnu comme étant de son devoir le plus strict
d'en assurer la protection. Dans cette optique, et je cite encore le
schéma d'aménagement: "La communauté a envisagé une
politique de zonage qui assurerait une protection absolue de tous les sols
agricoles en y permettant que l'agriculture et ses usages connexes. Cependant,
l'aménagement du territoire commande une approche synthétisante
et intégrée de l'allocation des différentes ressources et
fonctions". La communauté ne pouvait donc considérer la
protection du sol agricole et de l'agriculture indépendamment de
l'ensemble des contraites d'organisation future de son territoire. Elle ne le
peut toujours pas.
Je vous invite, à ce stade-ci, à considérer la
proposition concrète de zonage agricole que la communauté a
adoptée par son schéma d'aménagement. Vous avez, dans vos
mémoires, deux planches couleurs qui représentent l'affectation
des sols. Nous avons reproduit en liséré rouge
l'équivalent de la zone provisoire pour que vous puissiez comparer
effectivement entre les deux propositions.
Nous reviendrons plus avant, si vous le souhaitez, sur les
différences entre les deux propositions concrètes, celle de la
Communauté régionale de l'Outaouais, 75 000 acres, et celle du
ministère de l'Agriculture, ou du projet de loi 90, de 88 000 acres.
Avant de ce faire, cependant, nous voudrions relever ce que nous
considérons être des failles majeures du projet de loi 90 et
surtout, du plan provisoire l'accompagnant sur le territoire de la
communauté.
En fait, ce n'est pas la loi qui nous chatouille, c'est l'image,
à coups de pinceaux de quatre pouces, en vert.
M. Garon: Des coups de pinceaux de quatre pouces, c'est juste une
petite bande le long de la rivière!
M. Rivest: Premièrement, le plan provisoire de la
région désignée n'a pas cru opportun de respecter
l'intégrité ou l'homogénéité du territoire
de la Communauté régionale de l'Outaouais; en voulant s'en tenir
au principe de ne reconnaître, dans la première zone
désignée, que les basses terres de la vallée de
l'Outaouais, il a ignoré totalement le territoire de deux
municipalités rurales de la communauté et partiellement, celui de
deux autres, alors que la Communauté régionale de l'Outaouais,
par son schéma d'aménagement, avait été une des
premières, sinon la seule région du Québec, à
protéger, dans les faits et sur l'ensemble de son territoire, de larges
proportions du territoire agricole.
Au-delà de ce manquement de principe qui m'apparaît quand
même majeur, il en découle des difficultés d'application
qui frisent l'incohérence ou même l'injustice. Par exemple, sur le
même territoire de la Communauté régionale de l'Outaouais,
certaines municipalités effectueront ou actualiseront un zonage agricole
à même les normes du schéma d'aménagement de la
communauté, alors que d'autres municipalités devront le faire
à même les normes de la loi 90.
Ce qui plus est, la situation se reproduira au sein d'une même
municipalité; par exemple au niveau des municipalités de Pontiac,
Buckingham et Gatineau, certains cultivateurs devront fonctionner selon nos
normes de zonage et d'autres cultivateurs devront le faire selon les normes du
projet de loi 90.
Alors que deux organismes publics, le gouvernement du Québec et
la Communauté régionale de l'Outaouais, prétendent
travailler dans le sens des mêmes objectifs, il m'apparaît
élémentaire que le plan provisoire du projet de loi 90 aurait
dû s'appliquer à l'ensemble du territoire de la Communauté
régionale de l'Outaouais. Disons que c'est une critique, dans un sens
qu'on en aurait voulu plus, à ce niveau.
En second lieu, il me semble important de nous arrêter quelque peu
sur la question des droits de privilège. C'est peut-être le seul
point au niveau du texte de la loi qui crée des difficultés
d'application chez nous. D'une part, les conditions d'opération d'un
droit de privilège prévu par le projet de loi 90, sont plus
restrictives que celles reconnues depuis maintenant plus de quatre
années par la Communauté régionale de l'Outaouais. La
situation est délicate et peut entraîner des
inéquités sociales pour des individus qui se sont vus accorder un
droit de privilège par la Communauté régionale de
l'Outaouais après de sérieuses exigences et qui se le verront
retirer ou refuser par le projet de loi 90.
D'autre part, le projet de loi 90, dans ses conditions reliées au
droit de privilège, ne fixe aucun minimum quant à la superficie
des lots individuels. Il y a un maximum d'un demi-hectare, mais il n'y a pas de
minimum. Ceci entraîne une incohérence avec les normes
régionales, parce que nous avons des minimums d'une acre qui
s'appliquent sur l'ensemble du territoire, et même si la situation peut
se régler facilement au niveau juridique, elle met quand même les
administrations locales et régionales dans une situation à tout
le moins inconfortable. (23 h 15)
Nous aimerions maintenant discuter de façon plus globale,
l'impact concret de la région désignée ou de la zone
provisoire. C'est surtout sur ce
point que nous avons des critiques à formuler. Je
répète qu'au niveau de la loi, nous acceptons d'emblée
l'ensemble de la loi.
Nous considérons, en dernière analyse, que le plan
provisoire fait bien peu de cas de l'ensemble des propositions maîtresses
du schéma d'aménagement de la Communauté régionale
de l'Outaouais qui, rappelons-le, représente encore un cas unique au
Québec.
Nous voulons bien accepter l'argumentation du ministre de l'Agriculture
qui consiste à souligner que la protection des terres agricoles ne
pouvaient attendre une loi plus globale sur l'aménagement du territoire.
Nous en sommes à 100%. Cependant, nous n'accepterons jamais qu'un plan
de zonage agricole ne tienne aucunement compte d'efforts rationnels
d'aménagement du territoire, lesquels sont dûment consignés
en un schéma d'aménagement du territoire ayant subi toutes les
étapes de consultation, et de façon très exhaustive, et
ayant reçu toutes les approbations nécessaires, locales,
régionales et du gouvernement du Québec.
Si l'on veut croire à la logique de l'aménament et
je ne parle pas de la logique de la protection des terres agricoles qui
sous-tend ou qui prétend sous-tendre le plan provisoire de la
région désignée, le développement urbain de
l'Outaouais québécois devrait, d'une part, s'en tenir, à
toutes fins pratiques, exclusivement au périmètre actuellement
urbanisé ou en voie d'urbanisation à court terme, sans aucune
pensée planificatrice de quelque sorte que ce soit, pour les besoins
d'urbanisation de moyen ou de long terme.
Il faudrait faire peu de cas des infrastructures régionales
d'aqueduc et d'égoits d'une valeur d'environ $200 millions, toutes
subventionnées plus ou moins par le gouvernement du Québec, dans
une certaine proportion.
Il faudrait, de la même façon, se résigner à
ce que des territoires appelés à s'urbaniser en moyenne et haute
densités et situés à quelques minutes à peine, par
transport collectif, du centre-ville régional, demeurent à tout
jamais agricoles.
Il faudrait également se résigner à garder une
vocation agricole à des territoires presque complètement
morcelés pour des fins résidentielles, par exemple le secteur
Eardly, dans la municipalité de Pontiac, où 1428 lots
résidentiels existent sur 2150 lots touchés par le plan
provisoire. Et la liste pourrait s'allonger ad infinitum.
On nous répondra peut-être que la Commission de protection
du territoire agricole pourra "arranger" ces quelques inadéquations de
parcours. Si telle était la réponse, nous répondrions
qu'il en va de beaucoup plus. Il en va finalement de toute la compétence
de la Communauté régionale de l'Outaouais en matière
d'aménagement du territoire et il ne saurait y avoir d'arrangement en
cette matière, mais bien plutôt une réelle concertation des
efforts du gouvernement central et des différents niveaux de
compétence en région.
Dans la mesure, et je le souhaiterais, où cette concertation
saurait prendre place, bien que tardivement, la Communauté
régionale de l'Outaouais serait disposée à assurer
et là, c'est une modification importante de nos propositions originales
un caractère permanent à son zonage agricole et à
faire en sorte que la réglementation du Québec toutes les
réglementations prévues au projet de loi 90 s'applique
intégralement à l'intérieur des zones agricoles
retenues.
Bien que la conception du conseil de la Communauté
régionale de l'Outaouais puisse sembler sévère et
intransigeante, nous croyons sincèrement et c'est là le
coeur de notre position quelle représente l'ordre logique des
choses, à savoir: une vision globale et synthétique de
l'aménagement doit prévaloir sur quelque vue sectorielle que ce
soit.
En conséquence, le conseil de la Communauté
régionale de l'Outaouais recommande, en trois points,
principalement:
Que le gouvernement du Québec reconnaisse par le projet de loi
90, le statut quelque peu particulier de la Communauté régionale
de l'Outaouais, qui est la seule région au Québec à avoir
préparé et adopté un schéma d'aménagement
selon les exigences de sa loi constituante.
Deuxièmement, que compte tenu de son caractère
contraignant à l'égard des municipalités, le schéma
de la communauté approuvé par le ministre des Affaires
municipales, en date du 9 août 1978, soit considéré comme
l'instrument de planification régional privilégié et qu'il
soit respecté dans ses propositions concernant la délimitation
des zones agricoles.
Finalement, que le schéma de la communauté soit
amendé, ainsi que les règlements de contrôle
intérimaire, afin que les zones agricoles proposées par le
schéma revêtent un caractère permanent et que la
réglementation du projet de loi 90 s'applique dorénavant à
l'intérieur des zones retenues, en plus de la réglementation
existante. Merci de votre attention.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Rivest. Le
mémoire qui accompagne les documents sera consigné au journal des
Débats. M. le ministre.
M. Garon: Quand vous dites que le projet de loi 90, à la
page 4, ne fixe aucun minimum quant à la superficie des lots
individuels, on constate que ce n'est pas notre job. Notre travail est de
déterminer les terres qui, doivent être réservées
à l'agriculture ou non. Mais les règlements municipaux viennent
s'appliquer...
M. Rivest: Mais vous savez ce qui se passe quand trois paliers de
gouvernement ont des normes différentes, le pauvre citoyen se trouve
excusez l'expression un peu fourvoyé; il revient de la
commission et nous dit: Comment se fait-il vous nous imposez un minimum, alors
que là-bas, on nous dit qu'on pourrait avoir notre droit de
privilège? Mais pour des fins de protection de l'environnement, de la
qualité des eaux, on est obligé de le refuser.
Comme je vous dis, il n'y a pas de problème juridique à ce
niveau, mais il y a un problème d'inconfort lorsque deux administrations
ne s'entendent pas sur des critères de ce genre.
M. Garon: Quant à nous, c'est seulement l'utilisation du
sol. On dit: Tel sol doit être réservé pour l'agriculture.
Les endroits où les gens peuvent construire les lots, ce sont des 50 sur
100, des 100 sur 100 ou des 50 sur 200. Nous autres, ça ne nous regarde
pas. Dans le territoire qui n'est pas réservé à
l'agriculture, on dit: Faites ce que vous voulez.
Mais je lis votre rapport, les membres de l'Opposition s'attendent bien
à ce que je cite votre rapport, je l'ai bien lu.
M. Rivest: Surtout les pages 261, 262 et 263, si je ne
m'abuse.
M. Garon: Ils savaient que j'en parlerais. M. Rivest: On
lit les journaux aussi.
M. Garon: Quand vous dites qu'on a 75 000 acres par rapport
à 88 000 acres, dans la partie qu'on a réservée, mais si
on avait suivi le territoire de la CRO, on n'aurait pas pris tout le territoire
de la CRO, parce qu'il y avait une partie qui avait plus 500 pieds; ce qui
avait plus de 500 pieds, comme on n'avait plus de règles, on disait: Les
basses terres du Saint-Laurent, mais on n'est allé nulle part, à
plus de 500 pieds, sauf pour compléter une municipalité.
Parce que c'était 75 000 acres par rapport à 88 000 acres,
ce n'est pas complètement exact, parce que notre plan ne couvre pas
toute la Communauté régionale de l'Outaouais.
M. Rivest: C'est ce qu'on vous reproche aussi.
M. Garon: Je vais être bien franc avec vous, cela a
été un dilemme, quand on fait ça, parce que...
M. Rivest: J'imagine.
M. Garon: ... je me demandais quelle était votre opinion,
qu'on devrait pas mal couvrir, mais on s'est dit, le principe qui a
prévalu... quand on a étudié ça au
ministère, on s'est dit: Si on fait 500 pieds pour les basses terres du
Saint-Laurent, faisons la même chose pour tout le monde.
M. Rivest: Excusez-moi, M. le ministre, mais dans notre
région, vous allez beaucoup plus loin qu'à 500 pieds des rives de
l'Outaouais.
M. Garon: Ce n'est pas à 500 pieds des rives, mais 500
pieds d'élévation au-dessus du niveau de la mer. Vous dites dans
votre rapport qu'au fond, votre mandat, comme société
d'aménagement ou comme Communauté régionale de
l'Outaouais, n'est pas en particulier de protéger les terres agricoles.
Vous en réservez une partie à l'agri- culture, vous en
réservez une certaine quantité, mais ce n'est pas votre mandat
particulier. Si le gouvernement a une politique agro-alimentaire, cela doit
venir de Québec. C'est à lui, à ce moment-là,
à assurer une protection agricole plus grande. J'ai trouvé que
cela avait du bon sens. J'ai dit: Dans le fond, une politique agro-alimentaire
ne peut pas être autre chose qu'une politique nationale. J'ai souvent
cité votre rapport, parce que je trouvais que l'argumentation qu'il y
avait là... On est toujours d'accord avec ce qu'on trouve correct.
Habituellement, on dit que cela a du bon sens quand c'est notre opinion. Je
trouvais que cela avait du bon sens.
C'est vrai que j'en ai parlé souvent, parce que je trouvais que
l'argumentation qu'il y avait là était logique. Mais ce que vous
demandez ne me semble pas aller dans le même sens que ce que vous disiez
dans votre rapport.
M. Rivest: Je pourrais peut-être, M. le Président,
si vous permettez, essayer d'expliquer cela un peu plus à fond. Il est
bien certain que, lorsque nous avons dû nous attaquer à la
tâche de préparer un schéma d'aménagement
régional, ce qui était le plus difficile "à faire avaler"
à l'ensemble de la population, c'était un zonage agricole. On a
détaillé toute cette problématique qui vous agrée
et qu'on maintient encore. C'est un peu pour cela qu'on avait mis une clause
temporelle en disant: Si, à l'intérieur d'un délai de deux
ans, le gouvernement du Québec à ce moment-là, ce
n'était pas le vôtre, donc cela ne visait pas un gouvernement en
particulier n'a pas pris ses responsabilités à ce niveau,
on s'en lave les mains. Ce n'était peut-être pas très
courageux, mais c'est de cette façon qu'on a réussi à le
faire adopter, si vous voulez. On maintient encore cette position. Si le
gouvernement n'avait pas pris ses responsabilités là-dedans, il
est fort probable qu'au mois de mai prochain, il se serait passé quelque
chose à ce niveau-là. On maintient donc cette approche.
Lorsqu'on dit: Tout ce qui est compris dans votre projet de loi, sauf la
petite question des droits de privilège, on est absolument d'accord sur
l'ensemble du projet de loi. Lorsque vous êtes venus en régions,
si on ne s'est pas présenté, c'était parce que vous
étiez venus avec les grandes lignes du projet de loi et vous n'aviez pas
votre sac de cartes à côté.
M. Garon: Non.
M. Rivest: On était absolument d'accord avec le projet de
loi. On avait les pages 261, 262, 263 qu'on savait que vous aimiez... On a dit:
Cela ne donne rien d'aller exprimer nos positions, on va dans le même
sens, mais, un beau jour, les cartes sont sorties et c'est seulement sur cet
aspect qu'on a quelque chose à redire, non pas au niveau de la
volonté que transposent ces cartes, mais au niveau du fait que je
vais caricaturer un peu le peintre qui les a produites, en le faisant, a
mis en cause les propositions maîtresses du schéma
d'aménagement qui ne parlent pas d'agriculture.
Mais il faut encore là se situer dans le cadre de ce qu'est un
schéma d'aménagement. C'est peut-être le produit le plus
complexe, en ce sens qu'il doit trouver ou harmoniser les besoins de
l'agriculture, les besoins de protection des ressources non renouvelables, les
besoins de l'urbanisation, etc., et essayer de produire un document
cohérent. Ce n'est pas tellement sur le nombre d'acres que comprend la
proposition de zone provisoire, mais bien plus aux endroits où elle est
localisée.
Par exemple, dans mon texte, je faisais allusion à un certain
territoire qui est presque au coeur de la municipalité ou de la zone
urbanisée et qui le sera sûrement d'ici dix ans, à moins
que tout le monde ne postule une croissance zéro ou la théorie du
"zero growth ' en milieu urbain. Je pense que personne n'est prêt
à appliquer ce genre de théorie. Ce territoire, d'ici quelques
mois, sera raccordé au niveau des collecteurs d'égouts, comme je
le soulignais au niveau des possibilités de desserte par l'entremise de
modes de transport collectifs qui seront à peine à dix minutes ou
à cinq minutes du grand centre-ville régional. (23 h 30)
Ce qu on se dit et ce qu'on n'aimerait pas, c est que, pour tout cela,
il faille toujours se référer à la commission, aller
négocier, finalement, ce qu'on appelle en jargon d'urbanisme des "spot
decisions" ou du "spot zoning": Messieurs, notre tuyau est arrivé
là, est-ce qu'on peut prendre ces quelques acres pour fins de
développement urbain? Cela a toujours été reconnu comme
non souhaitable au niveau de l'aménagement global que de prendre des
décisions en vertu de la théorie du "spot decision". Même
si, ici, on dit qu'on voudrait que ce soit absolument le
périmètre de nos zones, que ce soit légèrement
différent, qu'il y ait des accommodements, au niveau de la loi, je pense
que la communauté serait ouverte à cela.
M. Garon: Quand vous parlez de "spot zoning", quand on parle
d'exclusion, ce n'est pas pour faire du "spot zoning" ou des exclusions, bing!
bang! Je pense, par exemple, à un beau cas que mentionnait, je crois, le
député de Huntingdon. On veut faire une usine d'engrais chimiques
dans une municipalité et l'usine d'engrais chimiques ne peut pas
être dans le village, parce qu'une usine d'engrais chimiques fait de la
poussière. Comme cela dessert les cultivateurs et que c'est un service
aux agriculteurs, vous avez un cas auquel, normalement, une commission ne dira
pas non; elle va essayer de trouver un endroit localisé le mieux
possible, mais elle ne dira pas non à une chose comme cela, dans mon
esprit du moins.
Mais, il y a deux périodes là-dedans. Il y a une
période provisoire et il y a le zonage permanent. Le zonage permanent a
un certain caractère de permanence. On ne peut pas prévoir dans
20 ou 25 ans tout ce qui va se passer; même aujourd'hui, avec la vitesse
de l'évolution, quand on a prévu pour cinq ans, on est pas mal
bon parce que cela change trop vite.
M. Rivest: Je pense, M. le Président, qu'on doit postuler
que les propositions de zones désignées ne sont pas là
juste pour dire: Quand vous en aurez besoin pour fins de développement
urbain, vous viendrez grignoter à même.
M. Garon: Non.
M. Rivest: Je ne serais même pas d'accord avec cela non
plus.
M. Garon: Vous avez différentes catégories de sols
là-dedans.
Je vais vous poser une question dans un autre sens, un aspect
différent des autres: Si vous aviez à faire un schéma
d'aménagement à partir de zéro, pensez-vous qu'il serait
préférable que vous sachiez en partant ce qui serait gardé
pour l'agriculture et partir de là?
M. Rivest: Absolument. Je pense qu'il ne faudrait pas se faire de
cachette, même lorsqu'on ferait ce genre de documents, à savoir,
qu'en fait, si les terres agricoles disparaissent et foutent le camp rapidement
au Québec, ce n'est pas seulement à cause du taux de croissance
du phénomène urbain mais surtout à cause du
développement urbain anarchique...
M. Garon: Oui.
M. Rivest:... qui s'en va tous azimuts sans aucune pensée
planificatrice. Notre schéma a été critiqué, je le
sais, en ce sens qu'il réservait possiblement trop de zones pour fins
d'urbanisation différée mais, à tout le moins, les cartes
étaient sur la table et tout le monde connaissait les règles du
jeu pour les 20, 30, 40 prochaines années. Je pense que cela est
souhaitable, d'autant plus que la réglementation qui protégeait
ce territoire le protégeait même de façon plus stricte que
ce qu'on appelle zone agricole chez nous.
M. Garon: Ce doit être là-dedans qu'on a
peinturé en vert un peu, je suppose?
M. Rivest: Oui, mais vous l'avez peinturé en vert à
peu près à 95%. Je vous pose une question: En ce qui me concerne,
cela fout sur le dos tout le schéma d'aménagement de la CRO,
parce que...
M. Garon: Vos zones de développement différé
surtout.
M. Rivest: Oui, mais vous peinturez en vert toute la zone
d'aménagement différé presque toute, à 90%
c'est donc dire qu'on doit postuler que, d'ici les 15, 20, 30 prochaines
années je pense que ce n'est pas mauvais de se questionner sur ce
que sera notre agglomération dans 10, 15 ou 20 ans tout le
développement urbain devra se faire à I'intérieur de cette
zone. Si on assiste au même taux de croissance que celui qu'on
connaît actuellement et qui n'est pas très rapide, cela va devoir
déborder à moins d'appliquer des théories
de "zero growth". A ce moment-là, qu'est-ce qu'il faudrait faire
pour absorber le phénomène urbain parce que, dans notre
société, à moins d'un immense retour vers les campagnes,
ces phénomènes vont continuer à exister. Il faudra penser,
à ce moment, à sauter la clôture agricole. Qu'est-ce que
cela impliquera en termes de coûts d'infrastructure, d'égouts,
d'aqueduc? C'est un peu cela que je déplore, non pas dans la loi, mais
dans le plan tel que présenté, en ce sens qu'il nie le concept de
croissance. Qu'on s'entende. Est-ce que c'est pour dix ans, vingt ans ou
vingt-cinq ans? C'est assez peu important. L'avenir le dira. On nie la
façon d'organiser le territoire qui avait été
présentée dans le schéma d'aménagement.
M. Garon: Oui, mais si on regarde la réalité...
Québec a environ 6 200 000 habitants et il y en aurait, d'après
les prévisions optimistes, 7 000 000 en l'an 2000. Il y aurait aussi, au
lieu de 5% de vieux, 12% de vieux. Les vieux ne font pas d'étalement
urbain, habituellement. Cela se rapproche de l'église dans une maison en
hauteur, quatre ou cinq étages. Si on tient compte, par exemple, qu'on
va augmenter de trois quarts de million de population d'ici l'an 2000, mais en
même temps que nos vieux vont passer de 5% à 12%, savez-vous qu'on
n'aurait pas besoin de construire beaucoup, d'étaler beaucoup pour loger
toute cette population?
M. Rivest: Mais on ne veut pas nécessairement
étaler pour étaler. Je pense que notre zone d'aménagement
différée, on n'en trouve pas beaucoup au Québec, tellement
que votre collègue, le ministre des Affaires municipales, avait peur
qu'on soit contesté légalement pour de telles propositions, ce
qui, heureusement, ne s'est pas encore produit. Cela viendra peut-être.
On est prêt à absorber ce risque. Mais, voyez-vous, actuellement,
on est en train d'installer des infrastructures d'aqueduc et d'égouts
pour à peu près $200 millions; la fameuse entente tripartite sur
les réseaux d'épuration, $120 millions, cela va probablement
péter. Il y a trois usines de filtration d'eau qui totalisent $20
millions ou $25 millions. Si jamais, à l'avenir il faut prendre un autre
concept d'organisation et sauter la clôture agricole, c'est donc dire
qu'on devra penser à une toute autre gamme de nouveaux types
d'infrastructures. Celles-là ne pourront pas être
raccordées, alors que le principe d'aménagement qui
prévalait était de faire en sorte que ces infrastructures soient
à tout jamais suffisantes et de ne faire qu'un développement
progressif. Lorsque vous parliez, il y a quelques minutes, du fait que, si on
avait aménagé notre territoire à partir du néant...
Il est bien certain que notre zone urbanisée serait plus compacte. Mais,
là-dedans comme dans toutes choses, lorsqu'on s'est mis à
préparer ce document, et un peu comme partout au Québec, on a
dû absorber 100 ans d'histoire de développement souvent
anarchi-que, qui s'était souvent fait en sauts de mouton, et on est
obligé, jusqu'à un certain point, d'absorber un certain nombre de
contraintes. Je sais bien qu'idéalement, sur une chaire
d'université, je ne prétendrais pas que c'est la formule
idéale qu'on a mise de l'avant. Cependant, compte tenu de l'avenir
engagé... Et là, je parle de l'infrastructure d'égouts de
$120 millions, je ne dis pas que la région l'a souhaitée, mais
une fameuse entente tripartite a fait en sorte que ce projet est en train de se
construire.
M. Garon: $200 millions.
M. Rivest: Mieux vaut, à mon sens, l'utiliser à
plein que d'avoir à penser, dans dix ans, à poser d'autres
infrastructures du même genre pour absorber une population urbaine
future.
M. Garon: Mais vos $200 millions d'infrastructures doivent
être prévus dans les zones à développer
immédiatement, pas dans les zones à développement
différé.
M. Rivest: Voyez-vous, son gabarit visait à
développer la zone, à desservir la zone actuellement
urbanisée et celle qui viendra s'y greffer, au cours des 25 ou 30
prochaines années, dans la zone d'aménagement
différé. Si vous nous zonez cela agricole, c'est donc dire que,
ou bien le taux de croissance devra être ralenti et moins de citoyens
contribuables auront à se diviser les sommes, d'où augmentation
des coûts, ou bien il faudra penser à développer sous le
module de ce qu'on appelle des collectivités nouvelles un peu en milieu
rural et, à ce moment-là, on pense à de nouvelles
infrastructures.
M. Garon: Quelle est votre population actuellement dans la
communauté régionale?
M. Rivest: Dans le milieu urbain, il y a environ 160 000
habitants.
M. Garon: Et vous en prévoyez combien d'ici l'an 2000?
M. Rivest: D'ici l'an 2000, on prévoit, pour ce secteur,
environ un doublement de population.
M. Garon: Comment?
M. Rivest: Un doublement de population...
M. Garon: Whoa!
M. Rivest: ... qui passerait à environ 300 000. Un
doublement en quelque 20 années, un doublement en 25 ans en milieu
urbain, non pas à cause de l'accroissement démographique, mais
à cause des mutations interrégionales. Ce n'est pas tellement
élevé comme taux de croissance; ce n'est pas tellement
élevé.
M. Garon: Dans le territoire de la CRO. M. Rivest: Non,
dans la zone urbanisée...
M. Garon: Et, si on prend tout le territoire au complet de la
CRO, la population est de combien?
M. Rivest: Environ 200 000 habitants.
M. Garon: Et vous en prévoyez combien en l'an 2000?
M. Rivest: Environ 400 000; doublement aussi. Mais tout ce
secteur, dans notre document, dans notre schéma d'aménagement,
est appelé à toujours rester rural. Ce sont des villages ruraux,
tel que Wakefield, Notre-Dame-de-la-Salette, Sainte-Cécile-de-Masham; ce
n'est pas un développement de type urbain; cela devra toujours rester au
niveau de collectivité rurale.
Finalement, le gros élément, c'est que votre zone agricole
qui vient se substituer à notre zone d'aménagement
différé vient, en quelque sorte, poser un cocon autour de la zone
urbanisée actuelle et un cocon que je dois penser comme étant
immuable parce que si vous me dites qu'il n'est pas immuable, il y a un de nous
deux qui n'est pas sérieux. Alors, si réellement, il est immuable
et à tout jamais pour les fins agricoles, il faut donc que les concepts
d'aménagement pour d'ici 20, 25, 30 ans changent parce que
l'accroissement naturel, il faudrait qu'il aille, probablement, sous la forme
de collectivité nouvelle. Je ne pense pas que ce soit ce qu'il y a de
plus rentable aujourd'hui.
M. Garon: Quel a été le nombre de permis de
construction par année depuis cinq ans, mettons dans...
M. Rivest: Pour citer des chiffres par coeur: au cours des deux
dernières années, cela a été assez faible, au cours
des trois précédentes, c'était à un rythme assez
rapide, rythme qui, évidemment, ne reviendra probablement jamais
à cause de la conjoncture économique générale. Il y
a quand même une reprise cette année de la construction
domiciliaire.
M. Garon: ... mais en gros?
M. Rivest: Mais je ne peux pas vous citer les chiffres... M. Luck
me souligne qu'à Gatineau, qui est la principale ville urbaine en
expansion on pourrait parler d'environ 2500 en 1975 et 2600 en 1976.
M. Garon: 2600 quoi? Personnes? M. Rivest: Permis de
construction.
M. Garon: A Gatineau? Quelle est la population actuelle de
Gatineau?
M. Luck: Justement, M. le ministre, 75 800.
M. Rivest: Alors, lorsqu'on réfère à la zone
urbaine...
M. Garon: Cela, c'est actuellement?
M. Luck: Cela, c'est le recensement du gouvernement
provincial.
M. Garon: Et, il y a cinq ans, c'était quoi?
M. Luck: II y a cinq ans, je ne sais pas si c'était 50
000.
M. Rivest: La ville de Gatineau, depuis les cinq ou sept
dernières années, et notre zone urbanisée qui est
constituée d'Aylmer, Hull et Gatineau, est l'endroit où il s'est
fait le plus de construction; c'est évident. Hull est
complètement développé ou à peu près et
Aylmer, disons, à moitié.
M. Garon: Votre norme de permis a augmenté ou est
restée...
M. Luck: Depuis deux ans, comme le président l'a
mentionné, M. le ministre, cela a diminué.
M. Garon: Cela a diminué?
M. Luck: Parce que nous avions tout un flow" de la province
voisine, la province de l'Ontario.
M. Rivest: Cela s'est résorbé quelque peu,
depuis.
M. Garon: Depuis deux ans, cela a baissé, quoi.
M. Luck: Oui, mais il y a quand même...
M. Garon: Le gars de l'Ontario a pu revenir jusqu'en Ontario!
M. Rivest: ... M. le ministre, si vous me permettez de le
mentionner, il y a quand même... Cette année, on a connu
peut-être quelque chose comme 400 à 500 permis, à comparer
à 77 à 250. Vous voyez, à certains moments donnés,
la rapidité...
M. Garon: C'est parce qu'ils avaient peur qu'on fasse boire du
lait à leurs enfants dans nos écoles.
M. Rivest: II y a aussi ce que je voudrais...
M. Luck: On construit des écoles, M. le ministre,
puisqu'il y a des endroits où...
M. Rivest: Ce que je voudrais peut-être ajouter, M. le
Président, c'est que, bien que cela ne paraisse pas souvent parce qu'on
est loin vers l'ouest et, même si le volume absolu de la population n'est
pas très élevé, on peut quand même dire que
l'Outaouais québécois est la troisième plus grande
agglomération urbaine au Québec. A partir de la deuxième,
il y a un gros décalage, mais c'est quand même la
troisième. Il me paraîtrait un peu forcé que de dire:
Voici, elle existe, cette agglomération urbaine et on ne prévoit
même aucune zone
d'aménagement différée; on l'encercle
complètement par une zone agricole. On sait ce que cela a produit chez
nos voisins du Sud, à Ottawa où ils sont encerclés par une
ceinture de verdure de la commission de la capitale nationale. Cela a
exigé que le développement urbain se fasse en sauts de mouton;
lorsqu'ils se sont sentis serrés, en termes de développement
urbain, à l'intérieur de la ceinture de verdure, le
développement s'est fait à l'aide de collectivités
nouvelles, comme Canata, avec toute une gamme d'infrastructures nouvelles qui
ont jailli comme des champignons. (23 h 45)
M. Garon: Oui, mais il n'y avait qu'une bande autour de la ville;
nous protégerons éventuellement le territoire au complet.
M. Rivest: Oui, mais c'est une joyeuse bande verte que vous nous
mettez autour de l'ensemble de la partie urbanisée de l'Outaouais. Elle
était grise dans le schéma d'aménagement; on l'appelait
zone d'aménagement différé, on ne voulait absolument pas
aller porter les services tout de suite dans ce secteur et maintenant elle est
j'ai dit à 95% tantôt, j'ai peut-être
exagéré un peu à tout le moins à 80% de ce
qu'elle était occupée, maintenant par...
M. Garon: Votre zone de développement
différé.
M. Rivest: Oui. A au-delà de 80%, elle est maintenant
occupée par une zone agricole.
M. Garon: Vous avez déjà votre zone qui est
à développement immédiat, en plus vous avez votre zone de
développement différé. On a grugé celle-là
un peu...
M. Rivest: Vous l'avez grignotée à 80%. Ce que je
n'accepte pas... j'ai écouté longtemps cet après-midi,
vous semblez toujours satisfait lorsqu'il reste pour quelques années de
développement urbain.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela que j'ai dit. Ecoutez, il va y
avoir une commission qui va aller rencontrer les gens localement et ils vont
regarder cela ensemble.
M. Rivest: Cela m'apparaît, M. le ministre, comme des
arrangements, entre guillemets. Il faudra aller négocier avec un groupe
de sept personnes, et que je sache, elles vont être occupées en
bon dieu pour les prochaines années, parce que ce sera le seul groupe
pour tout le Québec. Je sais bien qu'on va le réclamer assez
longtemps nous-mêmes. Ce sera selon les critères...
M. Garon: II y aura dans ce groupe des analystes qui vont vous
rencontrer... Quand le dossier va arriver à la commission, il sera
préparé, avec ce que vous voyez, ce que les gens voient; ils vont
regarder tout cela et ils vont vous parler. Il y aura tout un travail de
déblayage préliminaire. Dans votre cas, le travail est pas mal
déblayé.
M. Rivest: C'est justement dans notre cas, M. le ministre, que
cela constitue un pas en arrière. On a conçu, après quatre
années de travail, $2 millions d'investissements, un schéma
d'aménagement qui a reçu l'assentiment du gouvernement du
Québec. On va retourner en arrière pour aller négocier de
nouveau de larges parties de ce schéma d'aménagement avec une
commission, laquelle, sans présumer de son attitude je suppose
qu'elle est très ouverte à la conservation des zones agricoles,
et c'est son rôle, elle doit même avoir un préjugé
favorable contre un préjugé défavorable au
développement urbain. Je la comprends, dans son optique sectorielle,
c'est son rôle. Alors, j'hésite à remettre le sort de notre
schéma d'aménagement entre les mains d'une telle commission, sans
présumer de ses décisions.
M. Garon: Le gouvernement a reçu le schéma au mois
d'août. Il avait le choix, à ce moment-là, de dire: On
attend, pour donner le schéma, que les démarches de la protection
du territoire agricole soient commencées ou bien: On le donne tout de
suite, quitte à l'amender. C'est un peu cela.
M. Rivest: Je sais; vous ne nous l'aviez pas caché,
effectivement, à ce moment-là, que c'était
l'alternative...
M. Garon: Mais je ne voudrais pas...
M. Rivest: Sauf qu'encore là, M. le ministre, lorsqu'on
avait discuté de cela aux réunions du COMPAT, j'étais
parfaitement d'accord avec votre vision des choses. Est-ce qu'on l'adopte tout
de suite, quitte à réajuster lorsque la loi sortira? Encore
là, vous n'aviez pas votre "set" de cartes avec vous...
M. Garon: Mais là, je ne pouvais pas, j'ai
été obligé de...
M. Rivest: Non, c'est cela, mais c'est toujours la transcription
réelle sur le territoire qui nous fait tiquer, ce n'est jamais le
principe de la loi et l'ensemble de la loi.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Lavoie: Pourrais-je vous poser quelques questions?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Pontiac-Témiscamingue avait demandé la parole, M. le
député de Laval. M. le député de
Pontiac-Témiscamingue.
M. Larivière: Merci, M. le Président. En premier
lieu, je veux féliciter la commission de la région de l'Outaouais
pour le plan qu'elle a fait. Elle a pris l'initiative de faire un schéma
d'aménagement. Ce que j'aimerais savoir, c'est combien
de municipalités du territoire ont été
consultées quand vous avez préparé votre schéma
d'aménagement. Aussi, combien de réunions avez-vous tenues?
Est-ce que vous aviez dans ce temps-là des experts en agriculture qui
auraient pu vous recommander certaines régions en agriculture, etc.?
M. Rivest: M. le Président, au niveau de la
préparation du schéma d'aménagement, n'étant pas
nous-mêmes spécialistes en agriculture, on est allé frapper
à la porte du ministère de l'Agriculture pour aller chercher ce
qui est l'outil essentiel, c'est-à-dire les plans de potentiel. Nous les
avons analysés pour en retirer ce qui nous paraissait nécessaire
aux fins du développement urbain, d'une part, et ce qui de façon
réaliste, ne nous paraissait pas nécessaire de conserver aux fins
agricoles; c'est ce qui explique la différence de superficie. Ensuite,
nous sommes partis sur le terrain, et j'insiste pour dire que nous sommes
partis avec nos cartes, avec exactement ces planches-là pour les montrer
à la population. Nous avons tenu au-delà de 35 réunions de
la commission consultative du schéma d'aménagement qui
était constituée des huit maires des municipalités
concernées et de conseillers municipaux. Nous avons tenu au-delà
de 35 réunions publiques; au-delà de 500 personnes ou groupes de
personnes ont soumis des mémoires et cette opération a
duré six mois. 500 personnes ou groupes de personnes ont soumis des
mémoires, 86 agriculteurs ou groupes informels d'agriculteurs ont soumis
des mémoires ou des griefs, si vous voulez. C'est ce qui explique la
différence de réglementation entre notre version originale, qui
était plus rigide au niveau de la réglementation sur
l'agriculture, et la version officielle qui, elle, était plus je
ne dirais pas laxiste mais plus ouverte, de façon à
permettre aux agriculteurs de se dispenser d'une certaine partie de leurs sols
agricoles. Mais 86 personnes ou groupes de personnes sur le seul sujet de
l'agriculture, principalement, évidemment, dans la municipalité
de Pontiac qui était la plus concernée, cela m'apparaît une
consultation assez exhaustive.
M. Larivière: Est-ce que, d'après vous, le projet
de loi 90 fait disparaître votre schéma presque au complet et tout
l'argent que vous y avez mis durant l'étude?
M. Rivest: Je répondrai par deux volets. Le projet de loi,
non, absolument pas. Il est absolument conciliable avec notre schéma
d'aménagement. Ce qui est inconciliable avec notre schéma
d'aménagement et ce qui le compromet, d'après moi, c'est la
configuration actuelle de la zone désignée qui fait en sorte que
tout le concept d'aménagement urbain devrait être revu et
corrigé, si vous voulez, en mettant de l'avant d'autres modes de
développement urbain pour les années futures.
M. Larivière: Dans ce cas-là, est-ce que vous
auriez de beaucoup préféré, par exemple, une loi- cadre,
un schéma d'aménagement qui aurait donné aux
autorités régionales la possibilité de s'orienter vers
cette loi-cadre?
M. Rivest: Vous parlez d'une loi-cadre de
l'aménagement?
M. Larivière: Une loi-cadre de l'aménagement aussi
bien en agriculture, etc.. S'il y avait eu une loi-cadre, chacune des
régions aurait eu la responsabilité de suivre ce cadre.
M. Rivest: Effectivement, au niveau de l'ordre logique des
choses, comme je le soulignais tantôt, nous acceptons cependant
qu'à cause d'urgences l'ordre ait été inversé.
Cependant, à mon sens, la production de l'actuelle loi... je ne devrais
pas dire cela, je devrais dire plutôt la production de l'actuelle zone
désignée est une action d'aménagement urbain en soi.
Lorsqu'on détermine à tout jamais que toute notre zone
d'expansion future sera agricole, on fait de l'aménagement urbain. L'un
ne va pas sans l'autre et c'est là, dans les faits réels, que
nous contestons la configuration de la zone agricole
désignée.
M. Larivière: My next question is a reply to Mr Burke who
is in the municipality of Pontiac. Mr Burke, from your experience, this law
that controls the green belt for agriculture, is it really a necessity, as far
as you are concerned in Pontiac we are talking about Pontiac
maybe it would be more urgent to have some law that would encourage agriculture
or farmers to make a good living on their farms.
M. Burke: In answer to that question, I think the problem is more
the lack of farmers than the lack of land to farms. We have many many vacant
farms and when you are close to a city like Ottawa where they have a 32 hour
week or a 35 hour week and you can make more money without any investment in a
farm, your son is not going to stay on the farm; he is going to go to the city
where he can get a nice 32 hour week, 17 days a year sick-leave, holidays and
all of these things. So, we have this problem and like our president have said
here, Mr Rivest, there is no question that we are in favour of protecting the
farm land. But we also have to have a reason that the farmers will stay on the
farms.
At the present time, we have some agricultural producers milk producers,
who are in the process of giving up their business and they have got a
good business because they cannot get help. In this case, people do not
want a farm when they can have an alternative that is much more attractive.
M. Larivière: Je vois dans votre plan que dans la
municipalité de Lapêche, vous aviez un certain contrôle de
l'agriculture. Dans le plan soumis par le ministère, dans la loi 90, on
voit qu'il n'est pas inclus dans le contrôle. D'après vous, est-ce
que c'est logique?
M. Rivest: C'est réellement une difficulté majeure
en ce qui nous concerne et ce, pour deux raisons. A supposer que la loi soit en
vigueur demain matin, il y a un certain nombre d'agriculteurs sur notre
territoire qui devront respecter les normes de la CRO qui sont moins rigides
que celles incluses dans le projet de loi 90. Ils pourront lotir quelques lots
de leur terre, etc. Quelques centaines de mètres plus bas, un autre
agriculteur devra respecter les conditions de la loi 90 et ce, sur un
territoire administratif qui est la CRO qui, depuis sept ans, apprend à
vivre ensemble, apprend à vivre avec les mêmes normes. C'est un
problème important.
Vous m'avez avoué tantôt que c'était quand
même un dilemme qui vous avait préoccupé pendant un certain
temps. Qui plus est, dans la municipalité de Pontiac qui est
zonée agricole par le projet de loi 90 à environ 90% de son
territoire, il reste quand même le territoire nord de la ville qui, lui,
n'est pas touché dans la même municipalité. On pourrait
même, théoriquement et je n'ai pas vérifié
les plans arriver à la situation suivante: Un même
agriculteur possédant 800 acres de terre pourrait voir le sud de sa
terre touché par la loi 90 et le nord de sa terre touché par le
zonage agricole de la CRO. Cela va créer des embêtements assez
sérieux.
A ce niveau, on vous demande sérieusement la possibilité,
et il me semble que l'échappatoire serait peut-être facile pour
briser la norme des 500 pieds d'altitude et dire: La CRO étant la seule
région au Québec ayant déjà en vigueur,
officiellement, un zonage agricole, nous considérons que nous pourrions
l'appliquer. On s'en vient à 500 pieds le long de l'Outaouais, mais
rendu à la CRO, qu'on prenne le territoire administratif de la CRO. Je
ne sais pas si c'est une entorse majeure à un principe qui serait
difficilement variable, mais cela donnerait beaucoup plus de logique à
l'ensemble de la loi sur notre territoire, sans contredire.
M. Larivière: Est-ce que...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Pontiac, je m'excuse de vous interrompre. Nous sommes à l'heure de
l'ajournement et je voudrais donner la parole au député de
Huntingdon pour une courte question.
M. Lavoie: Messieurs de la CRO, seriez-vous prêts à
demeurer ici pour demain?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, c'est demain soir.
M. Lavoie: Demain soir, à 20 heures. (Minuit)
M. Rivest: Absolument, d'accord. Lorsque les problèmes
sont sérieux, on est toujours disponibles.
M. Lavoie: Je pense que vous avez un mémoire et un
problème assez grave à solutionner et je pense qu'on ne peut pas
bousculer cela.
M. Chevrette: ... du groupe à accorder le
consentement.
M. Lavoie: Non, M. le Président, je crois que le
député de Joliette va comprendre que, pratiquement, tous les
soirs cette semaine on a fini à l'Assemblée vers une heure ou une
heure et demie du matin; on recommence à dix heures chaque matin; cela
fait des journées de 15 ou 16 heures. Demain on recommence...
Une Voix: Vous n'êtes pas en forme?
M. Lavoie: On est en pleine forme, ne vous en faites pas; mais on
veut rester en forme, c'est pour cela qu'on va...
M. Chevrette: C'est que je pensais plutôt aux gens qui
devront passer la journée à Québec.
M. Lavoie: Non, hier, je leur ai demandé et il n'y avait
aucune objection. D'ailleurs, les...
M: Rivest: C'est quand même désagréable.
M. Lavoie:... travaux ne sont pas finis, on doit se transporter
dans l'autre salle, là où l'heure de minuit ne s'applique
pas.
M. Chevrette: En ce cas, vous passerez une agréable
journée à Québec et revenez-nous demain soir.
Le Président (M. Boucher): Alors, les travaux de la
commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 0 h 2
ANNEXE A
Loi sur la protection du territoire agricole
Mémoire présenté à la
Commission parlementaire de l'Agriculture
Décembre 1978 GAZ METROPOLITAIN, inc.
Monsieur le Président,
Nous tenons tout d'abord à vous remercier de l'occasion qui nous
est offerte aujourd'hui d'exprimer notre point de vue à cette Commission
parlementaire sur le projet de loi no 90 intitulée "Loi sur la
protection du territoire agricole".
Si ce projet était adopté dans sa forme actuelle, il
risquerait d'entraîner des conséquences fâcheuses pour le
développement de l'industrie du gaz naturel au Québec ainsi que
pour les usagers de cette industrie et notre entreprise.
Loin de nous opposer aux principes énoncés dans ce projet
de loi qui vise à assurer la protection du territoire agricole au
Québec, nous voulons simplement attirer votre attention sur le fait que
notre compagnie, en exploitant son réseau de distribution par gazoduc
souterrain, ne cause aucun dommage ni n'entrave en aucune façon de
façon permanente les exploitations agricoles. Par contre, si elle
était assujettie aux dispositions de cette loi telle qu'elle est
présentement rédigée, notre entreprise subirait des
inconvénients majeurs en raison et des délais et des coûts
engendrés par son application. Nous croyons donc qu'il serait dans
l'intérêt des usagers et de notre compagnie de soustraire notre
réseau de distribution de gaz naturel du champ d'application de la
loi.
Nous avons préparé le présent mémoire en
espérant qu'il puisse servir aux présentes
délibérations.
Dans ce document, nous avons tenté de développer les
points suivants: Entreprise Gaz Métropolitain, inc.,
Possibilité d'expansion du réseau de transport et de distribution
du gaz naturel au Québec, Effet de l'implantation d'un gazoduc en
milieu agricole, Répercussions du projet de loi no 90 sur
l'activité de Gaz Métropolitain, inc.,
Recommandations.
Entreprise Gaz Métropolitain, inc
Gaz Métropolitain, inc. a tout d'abord existé sous la
raison sociale de Corporation de Gaz Naturel du Québec. Elle a
été constituée le 15 juin 1955 en vertu des lois de la
province de Québec pour s'occuper de la vente et de la distribution du
gaz naturel à l'intérieur d'un territoire accordé par la
loi.
Le 21 février 1957, la législature adoptait la loi
concernant la vente et la distribution de gaz. Cette loi avait comme effet de
soumettre les distributeurs de gaz au pouvoir de réglementation de la
Régie provinciale de l'électricité devenue
subséquemment Régie de l'électricité et du gaz.
Cette Régie fixe non seulement les taux et tarifs du gaz, mais elle a
des pouvoirs généraux de surveillance et d'arbitrage en
matière de vente, de distribution, de transport et d'emmagasinage de
gaz.
Le 25 avril 1957, la compagnie achetait de la Commission
Hydro-Electrique de Québec le réseau de distribution de gaz
manufacturé dans la région de Montréal, ainsi que les
intallations de fabrication et autres éléments d'actif de la
Montreal Coke and Manufacturing Company qui, à l'époque,
fournissait du gaz manufacturé à la Commission Hydro-Electrique
de Québec. Les premières livraisons de gaz naturel eurent lieu le
7 janvier 1958.
Enfin, le 4 octobre 1969, la raison sociale actuelle de la compagnie,
soit Gaz Métropolitain, inc., fut adoptée.
Nous exploitons présentement un réseau de distribution par
canalisation souterraine dans le territoire qui nous est accordé par la
loi et qui comprend l'île de Montréal, les municipalités ou
parties de municipalités situées dans un rayon de quinze milles
de l'île, et les comtés de Verchères et de Richelieu et une
partie du comté de Rouville qui sont situés sur la rive sud du
fleuve Saint-Laurent.
En prévision du raccordement de notre réseau avec
TransCanada PipeLines Limitée et de la conversion du système de
distribution pour le rendre apte à l'usage du gaz naturel, Gaz
Métropolitain construisait en 1957 34 milles de canalisation partant
d'un point de raccordement à Senneville vers l'extrémité
est de l'île de Montréal.
En 1959, 45 milles de conduites ont été ajoutés
pour desservir des zones industrielles, commerciales et résidentielles
en pleine expansion sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. En 1962, un
nouveau prolongement du réseau nous a amenés à desservir
Tracy et St-Joseph de Sorel, 18 milles en aval de Contrecoeur.
En 1969, le réseau était de nouveau augmenté d'une
conduite pour desservir le potentiel industriel et commercial de la
région de Valleyfield. Et enfin, en 1972 Gaz Métropolitain
installait un gazoduc d'environ 40 milles pour desservir les installations de
réduction du minerai de fer de la compagnie Sidbec à
Contrecoeur.
En 1977, la compagnie étendait son réseau à
Marieville. Vous trouverez en annexe un plan indiquant nos principales lignes
de distribution.
Depuis l'acquisition en 1957 du réseau de distribution en fonte
de la Commission Hydro-Electrique, des mises de fonds considérables ont
été faites afin d'améliorer les installations. Ainsi, un
grand nombre de conduites de fonte ont été remplacées dans
les cas nécessaires par des conduites d'acier enrobées ou par des
conduites en plastique par voie d'insertion.
Au 31 décembre 1977, le réseau de distribution de la
compagnie comprenait 960 milles de conduites d'acier enrobées, 655
milles de conduites de fonte, 30 milles de conduites en plastique et 90,508
branchements de service, dont 2,927 en plastique et environ 172,000 compteurs
chez nos 169,940 usagers.
Grâce aux améliorations apportées aux installations
et à la continuité d'un programme intensif d'entretien
préventif et de sécurité du réseau, la compagnie a
pu maintenir à un degré élevé la
sécurité de son système de distribution.
Le territoire que la compagnie est présentement autorisée
à desservir comprend une population globale de plus de trois millions de
personnes. Un total de 56 municipalités et les régions hautement
industrialisées de la rive sud du Saint-Laurent jouissent du gaz
naturel.
Nous fournissons le gaz naturel à une clientèle
domiciliaire pour la cuisson, le chauffage de l'eau et des locaux; à une
clientèle commerciale, telle qu'édifices à bureaux,
hôtels, restaurants et magasins, pour le chauffage des locaux, la
cuisson; et à une clientèle industrielle variée
composée de grandes et petites entreprises.
A l'intérieur de notre franchise, la concurrence est
particulièrement vive en raison du fait que: 1) il existe à
Montréal une guerre de prix entre les raffineries de pétrole; 2)
le prix du gaz est indexé sur le prix du pétrole brut à
Toronto; 3) les coûts du gaz naturel sont légèrement plus
élevés à Montréal qu'à Toronto en raison du
coefficient d'utilisation inférieur.
Face à une telle situation, la compagnie a réussi avec
difficulté à augmenter ses ventes et a dû utiliser des
moyens incitatifs pour se tailler une meilleure place dans le marché de
la distribution de l'énergie. L'objectif étant d'assurer les
clients d'une utilisation aussi facile du gaz que de toute autre forme
d'énergie.
Possibilité d'expansion du réseau de transport et de
distribution du gaz naturel au Québec 1.Dans son livre blanc sur la
politique québécoise de l'énergie intitulée
"Assurer l'avenir", le gouvernement du Québec semble favoriser une plus
grande pénétration du gaz naturel dans le marché
énergétique québécois; à cet égard,
le livre blanc prévoit: "Les qualités particulières du gaz
naturel comme facteur d'industrialisation, ses caractéristiques de
propreté au niveau du transport et de la combustion, ainsi que la
sécurité des approvisionnements de gaz naturel en font une forme
additionnelle d'énergie avantageuse pour le Québec dans la
transition énergétique qui s'amorce."... "Dans
l'élaboration de nos prévisions, nous avons fait
l'hypothèse que le gaz naturel pourrait, selon les conditions qui lui
seraient faites, satisfaire entre 6 et 12% des besoins
énergétiques du Québec en 1990."(')
A l'heure actuelle, TransCanada PipeLines Limitée est le seul
transporteur de gaz naturel au Québec. Cette compagnie achemine les
réserves de gaz de l'Alberta aux différentes stations de mesurage
de Gaz Métropolitain, inc. dans la région de Montréal.
2.Il existe actuellement deux projets majeurs d'expansion pour le
Québec. En effet, TransCanada PipeLines Limitée et Q & M Pipe
Lines Limited ont l'une et l'autre récemment présentée
à l'Office National de l'Energie des projets d'expansion en vertu
desquels le réseau transcanadien de transport de gaz naturel serait
prolongé à l'est de Montréal pour desservir notamment la
ville de Québec et les municipalités de la vallée du
Saint-Laurent situées le long de ce parcours.
(') La politique québécoise de l'énergie "Assurer
l'avenir", 2e trimestre 1978, p. 62.
Effet de l'implantation d'un gazoduc en milieu
agricole
Même si l'établissement d'un gazoduc souterrain
nécessite des travaux impressionnants d'excavation, il faut savoir que
l'emprise temporairement affectée a un maximum de 60' de largeur. De
plus, il est maintenant bien établi que l'installation d'un tel gazoduc
souterrain ne cause aucun dommage permanent à l'exploitation agricole
lorsque les travaux de construction et de restauration ont été
bien planifiés. La présence d'une telle infrastructure ne modifie
en rien les possibilités d'utilisation agricole des sols.
En général, les travaux de construction consistent dans le
nivellement et le déblaiement de l'emprise, l'excavation d'une
tranchée, la pose des tuyaux et la vérification de leur
étanchéité, le remblayage de la tranchée et la
restauration du sol. La tranchée est creusée à une
profondeur suffisante pour dégager les fossés et permettre
l'exploitation normale du sol cultivable. Les travaux de construction peuvent
en général s'effectuer pendant la période d'automne et
d'hiver, de façon à réduire au minimum les pertes de
récoltes.
Des équipes de construction nettoient le site de construction
aussitôt que le gazoduc est enfoui dans le sol afin que le cultivateur
puisse reprendre les activités agricoles sur l'emprise dès le
printemps suivant. Une fois le nettoyage achevé, des équipes de
restauration se mettent à l'oeuvre pour remettre l'emprise dans
l'état où elle était avant le passage du gazoduc. Les
drains brisés sont remplacés. La couche superficielle du sol, qui
a été enlevée et ramassée par les équipes de
construction, est épandue sur I emprise. Le sol est ensuite
travaillé (labours, hersage, fertilisation, semis, etc.) pour le
remettre immédiatement en état d'exploitation. Si possible, ces
travaux du sol sont effectués par le propriétaire ou un
cultivateur du voisinage, moyennant compensation. En suivant cette
méthode, seule la récolte d'une année sur l'emprise du
gazoduc peut être touchée par les travaux de construction et de
restauration au cours de la première année seulement. Cependant,
toute perte de récolte est rapidement compensée.
Selon notre expérience et celle de nos experts en la
matière, avec un tel programme de construction et de restauration des
sols, un gazoduc souterrain ne laisse aucune séquelle permanente sur des
sols affectés à l'agriculture. Dans plusieurs cas, on a
noté aue le rendement de l'emprise était supérieur
à celui obtenu sur le reste de la ferme, grâce à
l'aération du sol et à une fertilisation bien
étudiée. Après quelques années, il est
généralement impossible de voir le tracé du gazoduc et ce
tracé peut être découvert seulement par les couleurs
voyantes des poteaux de clôture aux endroits où est située
la servitude.
Répercussions du projet de loi no 90 sur
l'activité de Gaz Métropolitain, inc.
Dans le cours de son activité, notre compagnie doit
acquérir de temps à autre, par entente de gré à
gré ou par expropriation, des servitudes de passage pour l'implantation
des gazoducs. De plus, notre compagnie doit acquérir occasionnellement
de petites parcelles de terrain (environ 20 pi. sur 20 pi.) où sont
érigées des stations de décompression et de mesurage.
Etant donné que le projet de loi no 90 empêche
l'utilisation d'un lot à une fin autre que l'agriculture dans une
région agricole désignée sans l'autorisation de la
Commission, et étant donné qu'une personne ne peut, sans cette
autorisation, procéder à l'aliénation d'un droit
réel immobilier (et donc d'une servitude de passage), nous croyons que
si le projet de loi no 90 était adopté dans sa forme actuelle, il
en résulterait de sérieuses répercussions sur notre
compagnie, tant en raison 1) des délais imposés par la
procédure prévue pour une demande d'autorisation à la
Commission 2) de l'incertitude et 3) des coûts additionnels. 1. Demande
d'autorisation à la Commission
Si notre compagnie doit se conformer aux formalités requises pour
obtenir l'autorisation de la Commission et des différentes corporations
municipales, le cas échéant, avant d'installer son réseau
souterrain de gazoduc dans une région agricole désignée ou
dans une zone agricole, nous croyons que les délais qui peuvent
résulter de ces demandes se traduiront par des pertes importantes pour
la compagnie, lesquelles pertes devront être assumées par les
usagers de notre service.
Notre compagnie est déjà soumise à la surveillance
et au contrôle de la Régie de l'électricité et du
gaz ainsi qu'aux différentes lois concernant l'environnement. Les
organismes responsables de l'application de ces lois peuvent exiger
déjà de notre compagnie la soumission de plans et devis de
construction, de rapports concernant l'impact sur l'environnement, et
même des audiences publiques. Notre compagnie est de plus astreinte
à des normes sévères de construction et doit respecter les
Codes en vigueur.
Si les dispositions du projet de loi no 90 étaient
adoptées telles qu'elles sont présentement
rédigées, notre compagnie devrait soumettre des demandes à
la Commission et aux corporations municipales, le cas échéant,
pour être autorisée à utiliser des lots à des fins
autres que l'agriculture et pour acquérir un
droit de servitude de passage sur chaque lot situé dans une
région agricole désignée ou une zone agricole. Elle
devrait même présenter de telles demandes à la Commission
et aux corporations municipales, le cas échéant, pour installer
et exploiter un gazoduc dans l'emprise d'un chemin public, d'une rue ou d'une
ruelle cadastrés.
Le projet de loi no 90 prévoit qu'une personne désirant
poser l'un des actes nécessitant l'autorisation de la Commission doit
faire une demande à la Commission et aux corporations municipales, le
cas échéant. La loi ne prévoit aucun délai pour que
la Commission entende la demande ni aucun délai pour qu'elle rende sa
décision. Cependant, un délai de trois (3) mois est prévu
pour les décisions d'une corporation municipale. La loi prévoit
que la Commission doit donner à toute partie intéressée
l'occasion de faire des représentations écrites, et en certains
cas des audiences publiques peuvent être tenues. En plus, le projet de
loi prévoit que la Commission peut réviser et même
révoquer toute décision dans les six (6) mois suivant la date
à laquelle elle a été rendue.
Nous sommes d'avis que notre compagnie ne peut continuer à faire
affaire d'une façon efficace, rentable et concurrentielle avec de telles
contraintes surtout lorsque nos concurrents de l'industrie
pétrolière ne subissent aucune contrainte semblable.
Si nous ne pouvons pas répondre rapidement et avec une certaine
souplesse aux besoins du marché, nous perdrons certainement le nouveau
marché potentiel au profit de nos concurrents. 2. L'incertitude
Dans un monde énergétique en constante évolution,
nous devons être en mesure de faire face aux changements rapides et
à une vive concurrence de façon efficace et souple.
Le projet de loi tel qu'il est rédigé entraînerait
une atmosphère d'incertitude en raison du fait qu'il ne prévoit
pas: les normes et critères qui doivent être suivis par la
Commission dans l'adjudication des demandes; les règles de
pratique et de procédure à suivre devant la Commission, que ce
soit pour la soumission de documents devant la Commission ou pour les
enquêtes qu'elle peut tenir; les délais dans lesquels la
Commission doit entendre et rendre une décision.
Tous ces facteurs nous empêchent de planifier d'avance la
construction, la localisation et les conditions de construction en milieu
agricole. 3. Les coûts additionnels
Parmi les coûts additionnels qui résultent de l'application
de ce projet de loi, soulignons les frais de préparation de plans, devis
et autres documents, les frais d'experts et tous les frais occasionnés
par la nécessité d'obtenir des autorisations de la Commission.
Les délais ci-haut mentionnés entraîneront aussi des frais
additionnels, notamment pour la main-d'oeuvre et les matériaux et une
perte de revenus évidente puisque nous ne pourrons desservir en temps
utile une partie du marché. Finalement, nous devrons certainement
supporter des coûts additionnels s'il faut faire dévier le gazoduc
de façon substantielle en raison d'une décision de la Commission
ou d'une corporation municipale.
Etant une entreprise réglementée, ce sont nos usagers qui
en premier lieu seront désavantagés. Ces coûts
supplémentaires leur sont transmis par la voie de la tarification. Cette
situation pourrait créer de sérieux problèmes à
l'égard de notre position concurrentielle.
Le fait que notre compagnie ne puisse faire face à la concurrence
irait à l'encontre des objectifs du livre blanc sur l'énergie
où l'on prévoit: "C'est au niveau des prix que se pose la
question essentielle: la compétitivité du gaz face à
d'autres formes d'énergie doit être assurée. Il est
illusoire, en effet, de croire qu'on puisse favoriser la consommation de gaz si
son prix n'est pas concurrentiel. C'est là un des principaux facteurs
qui ont limité l'utilisation du gaz au Québec dans le
passé et l'on ne peut s'attendre à ce qu'il joue
différemment dans l'avenir, à moins qu'il y ait adaptation
conforme aux conditions du marché. Pour sa part, afin de faciliter la
mise en marché, le gouvernement du Québec envisage le retrait de
sa taxe de vente au détail de 8% sur le gaz naturel. Comme les produits
pétroliers ne sont pas sujets à la taxe de vente et dans
l'hypothèse où un effort approprié serait fait au niveau
de la production et du transport pour rendre le gaz compétitif, une
telle mesure paraîtrait naturelle.'' (2)
Recommandations
Une fois que le réseau souterrain est installé,
l'activité agricole peut reprendre sur l'assiette de l'emprise. La
destination du sol demeure donc inchangée et les objectifs de la loi qui
sont d'assurer la préservation du patrimoine agricole, sont
rencontrés.
(2) op.cit. p.63
En conséquence, nous ne voyons aucune raison pour laquelle une
entreprise d'utilité publique comme la nôtre devrait être
assujettie à cette loi.
Si le législateur désire s'assurer que les critères
de protection du territoire agricole soient respectés, il devrait
conférer les pouvoirs nécessaires à la Régie de
l'électricité et du gaz. En effet, la Régie exerce
déjà un pouvoir général de surveillance et de
contrôle portant notamment sur la sécurité, les normes de
construction, les besoins des usagers actuels et futurs, les coûts
à être supportés par ces usagers et la rentabilité
des entreprises qui est essentielle au maintien de la qualité du
service. La Régie de l'électricité et du gaz est donc
l'organisme tout indiqué pour assurer cette protection en raison de sa
vaste expérience et de ses connaissances techniques. En outre,
grâce à ses pouvoirs et à son personnel de surveillance, la
Régie pourra s'assurer du respect de toutes les lois pertinentes, sans
coûts additionnels ni délais indus. Par ailleurs, la Commission
pourra faire connaître son point de vue devant la Régie par des
représentations ou par l'établissement de normes et de
critères visant à guider la Régie dans l'exercice de la
juridiction de cette dernière.
Nous croyons que si nos recommandations étaient maintenues, non
seulement l'intégrité du territoire agricole sera
respectée mais aussi nous pourrons continuer d'être un instrument
efficace dans le cadre de la politique énergétique du
Québec.
Monsieur le Président, Messieurs les membres, cela termine mon
allocution et c'est avec plaisir que je répondrai avec l'aide de mes
collègues, ici présents, à toutes vos questions.
Référer à la version PDF page B-8771
(ANNEXE "B")
Commentaires sur la rédaction de certains articles du projet
de loi no 90 concernant en particulier les services publics 1.Article 1,
paragraphe 1, "agriculture"
La notion d'agriculture devrait être élargie pour y inclure
les services d'utilité publique (aqueduc, égout,
téléphone, électricité, gaz) requis pour les fins
de l'exploitation agricole. 2.Article 1, paragraphe 3, "aliénation " les
servitudes pour fins d'utilité publique " devraient être
ajoutés aux exceptions. 3.Article 43
Cet article devrait être modifié afin que les entreprises
d'utilité publique puissent faire une seule demande devant la Commission
et que cette dernière puisse rendre une seule décision, lorsqu'un
projet de ces entreprises d'utilité publique concerne plusieurs
lots.
Commentaires généraux sur la rédaction de
certains articles du projet de loi no 90
1.Article 1, paragraphe 3, "aliénation"
Cette définition devrait être précisée. En
incluant expressément les mots "la vente à
réméré et le bail emphytéotique", certains autres
droits, tels le droit de superficie ou le droit d'usufruit, semblent être
exclus. De plus, cette définition ne précise pas si le
législateur entendait y inclure les autres démembrements du droit
de propriété, tels les droits de servitude, les droits d'usage et
d'habitation. De plus, à l'alinéa "C " on exclut la dation en
paiement lorsqu'elle constitue une clause accessoire à un acte de vente
ou à un acte d'hypothèque. Soulignons que dans le cas de l'acte
de vente, cette clause accessoire est une clause résolutoire et non une
dation en paiement. 2.Article 1, paragraphe 8, "lot"
Les chemins publics, les rues et ruelles existants lors de la mise en
vigueur d'un décret devraient être expressément exclus de
cette définition. 3.Article 1, paragraphe 13, "Plan provisoire"
Nous croyons utile de prévoir la situation où la
désignation technique ne correspond pas au plan y rattaché.
4.L'article 6 prévoit que le quorum de la Commission est de trois
membres. L'article 7 prévoit que la Commission peut siéger en
divisions composées d'au moins deux membres. Nous suggérons que
l'article 6 devrait être modifié en ajoutant une exception au
quorum de trois dans les cas où la Commission siège en divisions.
5.Il nous semble que l'article 12 devrait contenir non seulement les
critères agricoles mais aussi un critère fondamental, celui de
l'intérêt public. 6. Le premier alinéa de l'article 18
devrait disparaître. A notre avis, si la Commission ne pouvait
réviser ou révoquer ses décisions ou ordonnances dans les
six (6) mois de la date où elles ont été rendues, ceci
éliminerait une partie de l'incertitude créée par ce
projet de loi. 7.En ce qui concerne le dépôt d'un plan provisoire
ou l'entrée en vigueur d'un décret établissant une zone
agricole, selon le cas, les articles 26 à 33 et l'article 70 ne
devraient pas s'appliquer à des lots qui étaient originellement
visés par un décret aux termes de l'article 22, mais qui en sont
devenus exclus; ce retrait des régions précédemment
touchées par un décret en vertu de l'article 25, devrait
être rétroactif au 9 novembre 1978 de façon à
éliminer l'ambiguïté qui existe au sujet de la
validité d'un acte signé entre le 9 novembre 1978 et le
dépôt ou l'entrée en vigueur du décret, selon le
cas. 8.Article 29, paragraphe 1
Si des précisions étaient apportées à la
définition du mot "aliénation", les mots "d'un droit réel
immobilier sur un lot" pourraient être remplacés par les mots
"d'un lot".
Article 29, paragraphe 2
Les mots "d'un droit réel immobilier" pourraient être
éliminés.
Article 29, paragraphe 3
Les mots "Ne sont pas considérés comme des droits
réels immobiliers aux fins du présent article" pourraient
être remplacés par les suivants "Pour les fins du présent
article, le mot aliénation ne comprend pas une servitude pour fins
d'utilité publique'.
9.Sous la rubrique intitulée "Demandes d'autorisation" qui
comprend les articles 43 à 46 du projet de loi, nous croyons que la loi
devrait établir clairement que les représentations et les
audiences devant la Commission soient soumises à des règles de
droit bien établies. A titre d'exemple, un renvoi pourrait être
fait à la loi des commissions d'enquête, des Statuts refondus du
Québec, 1964, Chapitre II, ou aux articles 293 à 323 du Code de
procédure civile. De plus, la Commission devrait être soumise
à des délais maximaux pour examiner les demandes d'autorisation
et en disposer. 10.Les formalités prévues aux articles 51, 52 et
53 devraient être accomplies avant la date fixée pour la mise en
vigueur du décret, sinon ces dispositions sont inutiles. 11.Article 58,
paragraphe 2
Le mot "intéressée" devrait apparaître après
le mot "personne". 12.L'article 82 devrait prévoir que ce recours est
ouvert à la demande de toute personne intéressée. 13.Sous
la rubrique intitulée "Droits Acquis", les articles 101 à 105
devraient être amendés pour prévoir que le droit reconnu
par l'article 101 subsiste même s'il y a perte ou destruction. De plus,
le terme "permis d'utilisation à une fin autre que l'agriculture"
devrait être défini.
La rédaction de ces articles nous permet de douter si ces
articles s'appliquent aux compagnies d'utilité publique qui ont
installé des réseaux en région agricole et qui doivent par
la suite les maintenir et les réparer. 14.Le terme "gouvernement"
apparaît dans ce projet de loi aux articles 66, 67 et 96. Le
législateur devrait préciser ce qu'il entend par ce terme. Ce
terme devrait peut-être être remplacé par le terme "le
Lieutenant-Gouverneur en Conseil".
ANNEXE B
Mémoire de la Communauté
régionale de l'Outaouais concernant les implications du projet de loi 90
sur son territoire
présenté à la Commission
parlementaire de l'Agriculture
Le 6 décembre 1978.
Introduction
Le gouvernement du Québec a déposé le 9 novembre
à l'Assemblée nationale, un projet de loi sur la protection du
territoire agricole. Ce projet de loi, qui entrera en vigueur le jour de sa
sanction, aura des effets à compter de la date de son
dépôt.
Le territoire visé comprend en grande partie les basses terres du
St-Laurent et de la Vallée de l'Outaouais. C'est ce qu'on appelle au
sens de la loi "la région agricole désignée" pour laquelle
une zone agricole provisoire a été délimitée.
La Communauté régionale de l'Outaouais, tout en
souscrivant à l'objectif du gouvernement qui entend fournir au
Québec "un instrument législatif en vue de protéger ses
meilleures terres agricoles, afin d'assurer le maintien et la croissance de
l'activité du secteur économique le plus important, celui de
l'agriculture et de l'agro-alimentaire" (1), a jugé opportun de cerner
les implications de ce projet de loi sur l'organisation de son territoire afin
d'en évaluer les conséquences.
Le sol agricole étant considéré comme une ressource
non renouvelable, la Communauté considère essentiel dans le cadre
de son schéma d'aménagement, d'en assurer la protection.
Toutefois, cette politique est basée sur un juste accommodement
entre "d'une part les divers potentiels du milieu naturel et d'autre part les
besoins de l'urbanisation, les contraintes du futur engagé et les
désirs légitimes des citoyens" (2).
La protection du territoire agricole ne pouvait être qu'un volet
d'une politique cohérente et dynamique de développement, il est
primordial que l'élaboration de pareil programme de protection soit
conçue en fonction des impératifs d'aménagement de la
Communauté et adaptée aux besoins de notre région.
(1) Déclaration du ministre Jean Garon lors du
dépôt du projet de loi 90. (2) Schéma
d'aménagement du territoire, Juin 1977, p. 257.
Ce mémoire se propose, dans un premier temps, de présenter
un rappel des principales propositions du projet de loi 90, une brève
description de la zone agricole provisoire ainsi que les principales
implications de ce projet de loi sur les zones les plus affectées du
schéma d'aménagement.
Dans un deuxième temps, le mémoire exposera une
synthèse de la problématique suivie de la position que le Conseil
de la Communauté entend soutenir face à ce projet de loi.
Partie I Le projet de loi 90
A) Résumé des principales propositions du projet de loi 90
1) La loi est rétroactive au 9 novembre 1978 et ainsi peut annuler ou
modifier toute décision prise postérieurement concernant les
terrains dans l'aire agricole désignée pour fins de
contrôle. 2) Pour l'application de cette loi, le projet de loi 90
prévoit (dès sa sanction) qu'une Commission de protection du
territoire agricole (CPTA) sera créée et aura juridiction sur le
plan provisoire de l'aire retenue pour fins de contrôle. Elle sera
composée d'au plus sept (7) membres, dont un président et deux
vice-présidents exerçant leurs fonctions à plein temps.
Ces membres sont nommés pour une période d'au plus cinq (5)
ans.
Le rôle de la Commission est d'assurer la protection du territoire
agricole. A cette fin, elle pourra entendre les demandes d'autorisation ou de
lotissement de même que les demandes d'inclusion et d'exclusion d'une
zone agricole, en plus de donner son avis au gouvernement sur ces sujets.
Elle pourra émettre des ordonnances et déterminer les
conditions d'une autorisation ou d'un permis qu'elle accorde. Dans
l'exécution de son mandat, la Commission pourra entendre toute personne
intéressée par une demande qui lui est présentée et
tout groupement dont elle voudrait avoir l'avis. Elle pourra aussi
requérir d'un ministère ou encore d'un organisme public, local ou
régional, les renseignements dont elle a besoin pour l'exécution
de ses fonctions. 3)Dans les 180 jours d'un avis qu'elle recevra de la
Commission, chacune des municipalités visées aura à
négocier avec celle-ci le plan de la zone agricole permanente de son
territoire. A défaut d'entente, la Commission pourra préparer
elle-même le plan de la zone agricole permanente d'une
municipalité, en tenant compte des représentations qui lui auront
été faites et en recommander l'adoption par un décret
gouvernemental. Il s'agit de la deuxième étape. 4) Durant la
troisième étape, une fois le plan de la zone agricole permanente
adopté, les municipalités auront à analyser et à
soumettre à la Commission toute demande d'autorisation, d'inclusion ou
d'exclusion, en regard de la zone agricole.
Le même processus s'appliquera à tout décret
établissant de nouvelles régions agricoles
désignées. 5) Les droits acquis
Le projet de loi prévoit le respect des droits acquis au jour du
dépôt, le 9 novembre 1978. Ainsi, dans la région agricole
désignée, un lot utilisé à des fins autres
qu'agricoles pourra continuer à l'être sur la même
superficie utilisée. De plus, il y aura possibilité d'expansion,
sans recourir à une autorisation de la Commission.
Ces propriétaires jouiront du droit de lotir jusqu'aux limites
d'un demi ou d'un hectare seulement, selon l'utilisation au moment du
dépôt du projet de loi. A l'intérieur de la région
agricole désignée, le propriétaire de plusieurs lots
contigus ou séparés par un chemin public ne pourra, sans
l'autorisation de la Commission, démembrer cet ensemble de lots, ni
effectuer le lotissement d'un seul ou de l'ensemble de ces lots.
Un droit acquis à toutes fins autres que l'agriculture s'applique
à tous les lots qui sont ou deviendront adjacents à des services
publics d'aqueduc et d'égouts sanitaires établis en vertu de
règlement municipaux adoptés avant le 9 novembre 1978 ou avant
l'adoption d'un décret établissement une nouvelle région
agricole désignée.
D'autre part, le propriétaire d'un lot vacant en vertu d'un acte
enregistré au 9 novembre 1978 peut y construire une seule
résidence, dans les trois ans du dépôt du projet de loi ou
de l'adoption d'un décret établissement une nouvelle
région agricole désignée.
Quant à la personne dont l'agriculture constitue la principale
occupation, elle peut construire sur sa ferme une résidence pour
elle-même, son enfant ou son employé. Elle ne pourra cependant pas
vendre cette nouvelle résidence indépendamment de sa ferme. La
construction de bâtiments nécessaires à l'exploitation ne
requiert aucun autorisation de la Commission de la protection du territoire
agricole. 6) La protection de la couche arable
Le projet de loi permet la réglementation de l'enlèvement
du sol arable (décapage de sol) de même que l'exploitation de
gazonnières.
A compter du dépôt du projet de loi, le 9 novembre 1978,
les entreprises concernées déjà en opération
devront se limiter aux superficies en exploitation et se doter d'un permis dans
les six (6) mois de la sanction de la loi.
Par ailleurs, toute expansion de même que toute nouvelle
exploitation seront soumises à l'obtention d'un permis émis par
la Commission de protection du territoire agricole du Québec.
B) Brève description de la zone agricole provisoire sur le
territoire* de la Communauté pour les municipalités de:
1)Pontiac: tout le canton d'Eardley excluant le Parc de la Gatineau plus celui
d'Onslow
Sud moins le rang VI et la partie urbaine bâtie de façon
continue de Quyon. 2)Aylmer: incluant les rangs III, lots 22 à 28
IV, lots 11 à 16 et 22 à 28
V, lots 11 à 28
VI, lots 15 à 28
VII, lots 21 à 28 pour les rangs V, VI et VII, la limite nord est
le contrefort des collines de la Gatineau. 3)Hull-Ouest incluant le rang VIII,
lots 22 à 28 bordé au nord par le Chemin de la Monta- gne au
contrefort des collines de la Gatineau. 4)Gatineau: incluant dans le canton de
Templeton les rangs:
I, lots 1 à 3
II, lots 1 à 5 au nord de la 148 lots 6 & 7 au nord de la
voie ferrée lots 8 à 11 au nord du boulevard St-René
jusqu'à la Rivière La Blanche
III, IV et V, lots 1 à 28 et dans le canton de Gatineau, les
rangs:
VIII,lots 1 & 2
IX, lots 1 à 4
X, lots 1 & 2
XII & XIII, lots 3 à 6
XIV, lots 7 à 11
XV, lots 8 à 11
XVI, lots 7 à 11 5)Buckingham: incluant les rangs I et II au
complet jusqu'à la Rivière des Outaouais ainsi que les rangs:
III au complet moins les lots 11 et 12
IV, lots 1 à 5 et 19 à 28
V, lots 20 à 28
Partie II Implications du projet de loi 90 sur le
schéma d'aménagement
Avant l'étude des implications du projet de loi 90, il est
nécessaire d'effectuer ici un bref rappel des principes qui ont
guidé l'intervention de la Communauté dans le domaine de la
protection des terres agricoles.
Ces principes sont: 1) Protection et utilisation rationnelle des
ressources physiques; 2) élaboration des critères
d'aménagement appropriés à chacune de ces ressources; 3)
délimitation des zones affectées prioritairement à la
protection de ces ressources et à leur mise en valeur; le schéma
d'aménagement devait faire la part entre les ressources à
protéger et les espaces nécessaires au développement.
Ainsi, le zonage agricole de la Communauté a permis de:
Conserver 73,700 acres de terres agricoles pour les besoins futurs de la
collectivité dont 60,000 acres de bon potentiel sans oublier 10,000
acres en zone d'aménagement différé; éviter
la déstructuration des terres par une urbanisation sauvage où la
spéculation règne et met en péril, à un rythme
effréné, l'activité agricole dans la région.
Le zonage agricole du schéma se voulait être un compromis
par lequel n'avaient été retenues que les aires de potentiel
suffisamment vastes pour permettre une exploitation rentable de
l'agriculture.
Voyons maintenant l'impact sur les principales zones affectées
par le projet de loi 90 (voir carte ci-jointe). * Voir la carte ci-jointe.
On constate d'abord que la zone agricole provisoire du ministère
de l'Agriculture du Québec confirme en grande partie la fonction
agricole déjà protégée par le schéma. De
plus, la zone agricole provisoire englobe des zones d'aménagement
différé, rurales I et II, des activités à moyenne
intensité et d'utilisation publique sur lesquelles les impacts suivants
sont à prévoir:
A) Les zones d'aménagement différé
Les zones d'aménagement différé sont
considérées par le schéma comme des réserves en vue
du développement urbain futur à faible ou moyenne
intensité. Entretemps, ces zones pourront être utilisées
pour des activités qui, comme l'agriculture, ne viendront pas
compromettre, par la permanence des bâtiments ou des structures, leur
vocation urbaine future. Il reviendra aux municipalités, dans le cadre
de leur plan local et conjointement avec la Communauté, d'inventorier la
gamme de ces possibilités d'utilisation.
Les zones d'aménagement différé ont
été délimitées à la lumière de
certaines études géotechniques élaborées sur le
territoire de la Communauté en vue d'identifier les différents
secteurs pouvant être éventuellement desservis par les
infrastructures d'aqueduc et d'égout, compte tenu des bassins de
drainage et des coûts reliés à la construction et
l'exploitation des réseaux.
De l'importante superficie occupée par les secteurs desservables
furent soustraits les sols présentant un bon potentiel agricole et qui
n'avaient pas encore été touchés par des
développements urbains.
A ceci, s'ajoute une contrainte fiscale municipale énorme. En
effet, la planification des infrastructures régionales actuellement en
construction s'est effectuée dans l'optique de la desserte
éventuelle de ces zones. (Ex.: Système régional de
collecte et d'épuration des eaux $120 millions Usine de
filtration $12 millions).
Le projet de loi 90 vient donc à rencontre de l'objectif
fondamental du schéma d'aménagement qui implique une utilisation
maximale des infrastructures régionales projetées ou en
construction.
B) La zone des activités à moyenne intensité
En fonction du concept de l'organisation de l'espace mis de l'avant par
le schéma, les zones des activités à moyenne
intensité reflètent la répartition de la population
prévue et la stratégie de développement retenue.
Le schéma de la Communauté a proposé dans
l'unité d'analyse de Lucerne Nord une zone d'activités à
moyenne intensité pour un bassin de population de 25,000 personnes. Ces
positions régionales sont une traduction directe d'un
objectif-clé du schéma, i.e. le développement d'une
armature urbaine et régionale dynamique. Concrètement, il s'agit
de viabiliser les activités économiques de même que les
équipements publics du centre-ville régional, d'une part en
s'assurant d'un bassin important de population à sa proximité et
d'autre part en favorisant, dans sa périphérie immédiate,
une extension progressive du tissu urbain tant à l'est et à
l'ouest qu'au nord de son périmètre.
Le projet de loi 90 dans sa formulation actuelle en désignant
agricole près de 75% de la superficie de cette zone nie
intégralement le concept de centralité et remet en question
l'objectif-clé du schéma de créer une armature urbaine et
régionale dynamique.
C) Les zones rurales I et II
Au niveau de l'organisation spatiale du milieu rural, le schéma
d'aménagement retient une stratégie qui oriente le
développement vers les secteurs de croissance, ce sont les zones
désignées comme rurales I.
D'autres secteurs appelés "d'équilibre" sont prévus
afin d'accueillir une intensité de développement beaucoup plus
faible, ce sont les zones rurales II.
Les zones rurales I et II, soit l'une et l'autre, sont affectées
aux activités que l'on peut déjà observer dans le milieu
rural.
Le territoire visé pour les muncipalités de Pontiac et
d'Aylmer constitue un axe de croissance privilégié par le
schéma pour les raisons suivantes: la proximité à
la zone urbaine son accès facile grâce à l'autoroute
50 une grande concentration de développement de
villégiature le long de la rivière des Outaouais un
degré avancé d'urbanisation caractérisé par un
grand nombre de subdivisions officielles, et les prévisions de
population pour le milieu rural.
La nouvelle affectation proposée par le ministère de
l'Agriculture du Québec pour les zones rurales I et II témoigne
d'une méconnaissance des objectifs du schéma d'aménagement
en milieu rural.
Les affectations rurales I et II se veulent une réponse aux
objectifs du schéma d'aménagement, soit la volonté de
canaliser le développement, de sauvegarder et mettre en valeur les
ressources naturelles non renouvelables et de protéger
l'environnement.
D) Par ailleurs, mentionnons que d'autres zones sont touchées par
le projet de loi 90. Il s'agit des zones d'utilisation publique, des zones
industrielles, des zones des activités à faible intensité,
des zones de protection de la faune ongulée et sauvagine.
Toutefois, compte tenu du peu d'impact du projet de loi 90 sur ces zones
et des mécanismes prévus par la loi pour leur exclusion, nous
n'avons pas jugé nécessaire de les commenter dans le cadre de ce
mémoire.
Partie III La problématique
A) Problèmes liés à la zone agricole
désignée 1) Zone d'aménagement différé
Près de 50% du territoire compris dans la zone urbaine est
désigné agricole. Ce secteur est situé principalement dans
la zone d'aménagement différé qui selon le schéma
d'aménagement doit servir de réserve en vue de
développement urbain futur à faible ou moyenne intensité.
Cette zone a été délimitée en fonction de sa
desserte éventuelle par les infrastructures régionales d'aqueduc
et d'égout en construction ou en voie de l'être.
Le développement de cette zone est donc reporté jusqu'au
moment où le degré d'organisation de l'agglomération
permettra son urbanisation. La désignation comme zone agricole compromet
la canalisation de la croissance prévue par le schéma et remet en
cause les phases de développement établies. 2) Zone des
activités à moyenne intensité
Dans le secteur ouest (unité d'analyse Lucerne Nord), près
de 75% du territoire compris dans la zone de développement des
activités à moyenne intensité est désignée
agricole.
Cette proposition ignore totalement l'une des composantes majeures du
schéma. En effet, selon une politique de rationalisation des
équipements d'infrastructures et de façon à assurer une
plus grande cohésion du tissu urbain, le schéma prévoit un
accroissement démographique de 25,000 personnes d'ici l'an 2001 pour ce
secteur de planification.
Encore une fois, la stratégie de développement du
schéma qui précise au niveau spatial et temporel le détail
de l'organisation urbaine se trouve sérieusement compromise. 3) Droits
de privilège
La reconnaissance des droits de privilège découle d'une
tradition issue d'une interprétation de la loi 54; cette tradition
évolua par la suite dans l'application des divers règlements de
contrôle intérimaire. Cette reconnaissance couvre les lots
cadastrés ou ayant été acquis avant le 31 juillet 1974
ainsi que les lotissements approuvés par la Communauté
antérieurement au dépôt du schéma, en accord avec
certaines modalités administratives.
Le projet de loi 90 a pour effet de limiter les droits de
privilège à un lot indépendamment du degré de
développement, des déboursés effectués, des
approbations obtenues et des implications sur les finances municipales. La
Communauté est donc confrontée à une situation assez
délicate où des approbations qu'elle a accordées
après de sérieuses exigences sont ignorées par le projet
de loi.
Cette situation devient encore plus délicate dans les cas
où le projet de loi reconnaît que le propriétaire d'un lot
vacant en vertu d'un titre enregistré avant le 9 novembre 1978 peut
construire dans un délai de trois (3) ans une résidence sur une
superficie n'excédant pas un demi hectare (article 31).
Cette disposition vient à toute fin pratique reconnaître
à l'échelle de la zone agricole provisoire des droits à
certains propriétaires en dépit des normes régionales plus
restrictives; elle constitue un net recul par rapport aux mécanismes de
contrôle mis sur pied depuis quatre (4) ans. 4)Double
réglementation
Dans les municipalités désignées, certaines parties
du territoire ne sont pas retenues pour fins de contrôle. Ces parties,
qui offrent un bon potentiel agricole (et sont effectivement zonées
agricole selon le schéma), ne sont pas couvertes par le plan provisoire.
Il s'ensuit l'application d'une double réglementation avec les
conséquences administratives qui en découlent (projet de loi 90
et règlement 123 de la Communauté).
B)Problèmes liés à la zone de contact
Toutes les municipalités de la Communauté sont
présentement engagées dans le processus de préparation de
leurs plans d'urbanisme qu'elles devront obligatoirement produire avant
février 1980, conformément aux dispositions de la loi de la
Communauté. Or, les municipalités situées en tout ou
en
partie hors de la zone actuellement désignée demeurent
dans l'incertitude en ce qui regarde le moment où le gouvernement
viendra par décret identifier comme région agricole l'une ou
l'autre partie de leur territoire. Dans un pareil contexte, on comprendra qu'il
devient très difficile pour ces municipalités de prendre
certaines positions importantes relatives à l'aménagement
local.
Cette problématique a pour effet d'une part de créer une
confusion parmi la population quant aux différentes
responsabilités sur le zonage agricole et ainsi éroder la
confiance dans l'administration régionale et municipale et d'autre part
remettre en cause l'aménagement du territoire, tel que conçu par
le schéma.
Partie IV Position de la Communauté
régionale de l'Outaouais
Considérant que lors de sa création par le gouvernement du
Québec, la Communauté régionale de l'Outaouais a
reçu la compétence en matière d'aménagement du
territoire.
Considérant que le but de l'aménagement du territoire est
de réaliser un équilibre dans l'affectation et l'utilisation des
sols et déterminer les différentes formes d'occupation de
l'espace en fonction des besoins futurs de la société.
Considérant qu'il n'y a pas lieu de dissocier la protection des
terres agricoles de l'aménagement du territoire.
Considérant que la Communauté s'est dotée d'un
schéma d'aménagement qui se révèle l'outil par
excellence pour guider l'intervention des pouvoirs publics sur son
territoire.
Considérant que ce schéma constitue un projet-pilote pour
l'ensemble du Québec.
Le Conseil de la Communauté régionale de l'Outaouais
recommande:
Que, le gouvernement du Québec reconnaisse par le projet de loi
90 le statut particulier de la Communauté régionale de
l'Outaouais qui est la seule région du Québec à avoir
préparé et adopté un schéma d'aménagement
selon les exigences de la loi.
Que, compte tenu de son caractère contraignant à
l'égard des municipalités, le schéma de la
Communauté, approuvé par le ministre des Affaires municipales en
date du 9 août 1978, soit considéré comme l'instrument de
planification régionale privilégiée et qu'il soit
respecté dans ses propositions concernant la délimitation des
zones agricoles.
Que, le schéma de la Communauté soit amendé ainsi
que le règlement de contrôle intérimaire afin que les zones
agricoles proposées par le schéma revêtent un
caractère permanent et que la réglementation provinciale
s'applique dorénavant à l'intérieur des zones retenues en
plus de la réglementation existante.
Que, sur le territoire de la Communauté, tout programme de
soutien ou de rentabilisation de l'agriculture soit accessible aux
exploitations agricoles reconnues Bona Fide en vertu de l'article 21 de la loi
sur l'évaluation foncière.
Référer à la version PDF page B-8779
Référer à la version PDF page B-8780
Référer à la version PDF page B-8781
L'application du gel dans la zone agricole
provisoire:
Selon le M.A.Q. Les restrictions
Suite au dépôt du projet de loi, certaines activités
sont susceptibles d'être interdites dans la zone agricole provisoire.
Toutefois, ces activités pourront être à nouveau permises
après la sanction de la loi, moyennant l'obtention d'une autorisation de
la Commission de Protection du territoire agricole.
Ainsi, à compter du 9 novembre 1978, selon le texte original du
projet de loi, tout morcellement des terres par la vente d'une partie de lot ou
par le dépôt d'un plan de subdivision est interdit. De plus, il ne
sera plus permis de vendre une partie d'une terre ou d'un terrain et d'en
conserver l'autre partie contiguë. Ces ventes ou lotissements pourraient
être annulés après la sanction de la loi, si le
propriétaire n'obtient pas l'autorisation de la Commission de Protection
du territoire agricole. * Note à nos lecteurs
Ce numéro spécial de Municipalité 78 a
été réalisé avec la collaboration du
ministère de l'Agriculture. Nos lecteurs comprendront qu'en raison du
caractère exceptionnel de ce projet de loi sur la protection du
territoire agricole, il faut absolument établir la distinction entre le
document déposé devant l'Assemblée nationale et le texte
définitif de la loi auquel nous ferons d'ailleurs largement écho,
en temps et lieux.
La rédaction. * Municipalité 78
Edition complémentaire, 10e année 1 numéro 11
bis/Novembre 1978, p. 6.
Selon le M.A.M.
Rôle* des municipalités dans la mise en
oeuvre de la loi
Le projet de loi réserve aux municipalités un rôle
privilégié dans la définition et la mise en oeuvre de la
politique de protection du territoire agricole que le gouvernement entend
instaurer. La nature et l'importance de ce rôle varieront, dans le temps,
à l'intérieur de trois étapes bien définies: 1.
dans la période entre le dépôt du projet de loi (le 9
novembre 1978) et son entrée en vigueur (c'est-à-dire, le jour de
sa sanction); 2. la période entre l'entrée en vigueur de la loi
et l'entrée en vigueur d'un décret de zone agricole établi
conformément à la loi; 3. la période après
l'entrée en vigueur d'un décret de zone agricole. 1. Au cours
de la première période, le projet de loi ne sera pas en vigueur.
Le gouvernement et les municipalités ne pourront s'autoriser de ses
dispositions pour refuser une demande d'autorisation qui serait conforme
à une loi ou un règlement existant. A titre d'exemple, la
municipalité ne pourra pas, au cours de cette période, refuser un
permis de construction pour un projet qui serait conforme au règlement
de zonage de la municipalité, sous prétexte que le projet serait
éventuellement interdit par la Loi de la protection du territoire
agricole. Les municipalités auront à leur disposition toutes les
cartes, descriptions techniques et documents qui leur permettront de renseigner
pleinement ceux qui demanderont des permis sur l'incidence qu'aura
éventuellement la loi sur leur projet. A ce stade, donc, le rôle
des municipalités sera d'informer les citoyens sur les effets
découlant de la loi. Parmi les effets importants, signalons que cette
loi, une fois en vigueur, aura son effet depuis le 9 novembre 1978, et qu'alors
elle primera sur les lois et règlements, y compris les règlements
municipaux, qui y seraient incompatibles.
Référer à la version PDF page B-8783
Communauté régionale de l'Outaouais
Résolution No 78-639
Ds: 20460
Extrait des minutes d'une assemblée du Conseil
de la Communauté régionale
de l'Outaouais tenue au siège social le 16
novembre 1978.
IL EST RÉSOLU que, conformément aux dispositions de
l'article 80 du chapitre 85 (Lois de 1969), une commission composée de
membres de ce Conseil soit formée en vue de faire une étude
approfondie du projet de Loi no 90 "Loi sur la protection du territoire
agricole" et de soumettre un rapport à ce conseil relativement aux
représentations à être faites au gouvernement du
Québec concernant ledit projet de Loi.
Copie conforme
Jean-Guy Gariépy Le Secrétaire-adjoint.