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Etude du projet de loi no 90
(Quinze heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'agriculture est réunie pour
étudier le projet de loi no 90, article par article.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. LévesM. que
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt (Saint-François), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean) est remplacé
par M. Marcoux (Rimouski); M. Charbonneau (Verchères), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Lavoie (Laval) remplace
M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue); M. Mercier (Berthier), M.
Ouellette (Beauce-Nord), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Picotte
(Maskinongé), et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Alors, M. le ministre, vous avez des commentaires
préliminaires.
M. Garon: II n'y a rien à changer dans les notes
explicatives. On va laisser les notes explicatives telles quelles.
Le Président (M. Boucher): Les notes explicatives ne sont
pas sujettes à amendements.
M. Garon: Alors, je pense que le mieux... Evidemment, les gens
nous en ont donné une série à composer et...
M. Chevrette: M. le Président, avant que ne
débutent les...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut demander aux membres de
l'Opposition s'ils ont l'intention de suivre une certaine procédure,
qu'on fixerait d'avance? Est-ce qu'on procède article par article?
M. Giasson: M. le député de Joliette-Montcalm, M.
le Président. Qu'est-ce que le député de Joliette-Montcalm
recherche exactement comme procédure? Je crois qu'il y a une
procédure établie et reconnue depuis que siègent les
commissions parlementaires. Est-ce qu'il voudrait des dérogations aux
méthodes habituelles utilisées lors de l'étude d'un projet
de loi? Article par article, c'est le...
M. Chevrette: Non, il y a moyen de s'entendre à la
commission pour une procédure. On sait que, sur le plan
théorique, chaque intervenant a droit à 20 minutes pour
s'exprimer; il n'est pas question d'enlever ce droit-là.
M. Giasson: Je comprends, mais qu'est-ce que c'est,
au-delà de cela?
M. Chevrette: Au-delà de cela, est-ce qu'on procède
article par article, par section? Il y a différentes méthodes qui
sont utilisées, il n'y a jamais rien eu de très standard
là-dessus, vous le savez.
M. Giasson: Non, si on se réfère à
l'expérience des commissions parlementaires qui procèdent
à l'étude article par article, il arrive
régulièrement, sans que cela ait été
déclaré ou convenu dès le départ, qu'un article
puisse soulever des réserves, que des membres de la commission demandent
de le suspendre et de continuer l'étude des articles suivants, quitte
à revenir à la discussion sur un article qui est demeuré
en suspens à la suite de l'approbation des membres de la commission.
Le Président (M. Boucher): D'accord?
M. Chevrette: D'accord. Qu'on appelle l'article 1.
Amendements
Le Président (M. Boucher): M. le ministre,
désirez-vous déposer les projets d'amendements d'une façon
globale ou...
M. Garon: Non.
Le Président (M. Boucher): Vous allez les apporter
à mesure?
M. Garon: On les fait quasiment à mesure. Tout le monde
était ici en même temps que les autres. On en a fait une
série cette nuit. On va les proposer un par un. Si c'est possible, un
peu plus tard, on pourra peut-être les déposer plus... Mais je
pense qu'on va les faire un par un avec les articles.
M. Verreault: M. le Président, ne pensez-vous pas qu'il y
aurait avantage que les membres de la commission puissent détenir au
moins une copie de ces amendements?
M. Garon: J'ai dit bien clairement qu'on les a faits. On a
terminé la commission en même temps que vous à minuit hier.
On a travaillé une partie de la nuit. Il va falloir les corriger. On va
les faire un par un. Que voulez-vous que je vous dise? On ne les a pas.
M. Verreault: On peut ajourner.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de
nécessité à déposer les amendements en bloc. Il
s'agit de les amener au moment où on étudie le projet de
loi article par article.
M. Verreault: On aimerait bien les connaître à
l'avance. Je pense que ce serait la chose la plus normale au monde.
M. Giasson: M. le Président, étant donné que
le ministre vient de nous indiquer que, pour des raisons qu'il pourrait nous
expliquer plus longuement mais que sont ses raisons, il n'entend pas
déposer la totalité des amendements qu'il veut soumettre à
la commission, est-ce que, tout au moins, sans en faire le dépôt,
il pourrait nous donner un aperçu des principaux amendements? Il va y
avoir des amendements de détail comme le changement d'un mot par un
autre; mais en ce qui concerne ce qu'on peut appeler des amendements
importants, pourrait-il au moins nous indiquer, sans en faire le
dépôt, quels sont les amendements qu'il entend apporter lors du
débat?
M. Garon: C'est difficile de dire cela actuellement parce qu'au
cours de la présentation des mémoires, j'ai indiqué les
amendements qui seraient susceptibles d'être apportés.
M. Verreault: Lesquels?
M. Garon: A mesure qu'on les fait, la technique juridique peut
être modifiée. A ce moment-là, les amendements doivent
être révisés par les juristes et il faut qu'on ait le temps
de les préparer. Hier, on a terminé à minuit.
M. Giasson: Je comprends ces problèmes de temps...
M. Garon: Ecoutez! On ne niaisera pas; habituellement, on fait
l'étude article par article et on a l'intention de fonctionner de cette
façon. Cela vient de finir.
M. Verreault: Ne te choque pas!
M. Garon: Vous, si vous n'êtes pas content, le
député de Shefford, mêlez-vous de vos affaires; parlez
quand c'est le temps. Vous n'avez pas la parole, taisez-vous donc!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
Une Voix: Le ministre s'énerve, aujourd'hui.
M. Garon: Non, mais...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre!
M. Garon: Je n'ai pas l'intention de me laisser achaler par des
gars qui marmonnent constamment au travail. Arrêtez de marmonner. Si vous
avez quelque chose à dire, dites-le.
M. Verreault: Si le ministre veut avoir notre collaboration, je
pense qu'il devrait être un peu plus conciliant que cela.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Verreault: On ne se fera pas emmerder par le ministre de cette
façon.
M. Giasson: Ce que je demande très calmement et
très simplement au ministre, c'est de nous indiquer s'il a l'intention,
par exemple, d'apporter des modifications en ce qui a trait à
l'institution d'une commission provinciale ou nationale par rapport à
d'autres hypothèses possibles; est-ce qu'il a l'intention de toucher au
chapitre relatif au dépôt de décret provisoire? Est-ce
qu'il y a des changements, par exemple, sur les effets du décret
provisoire établi par le gouvernement? Les grands thèmes, somme
toute, qui touchent les sections qu'on retrouve à l'intérieur de
la loi.
M. Garon: J'ai tout indiqué cela lors des discussions,
j'ai dit qu'on apporterait des amendements afin de compléter les
articles pour indiquer qu'il y aurait un forum plus élaboré au
niveau municipal; il va y avoir des amendements apportés en
conséquence à ce point de vue pour étendre la discussion
au niveau municipal à des intervenants d'une façon mieux
structurée. Cela, je l'ai indiqué lorsque les propositions sont
venues.
Le cadre de la loi reste le même, les grands principes restent les
mêmes, mais il y a des ajustements apportés concernant les
articles pour tenir compte des recommandations de certains organismes qui sont
venus nous rencontrer. Mais le principe de la loi, la structure de la loi reste
la même.
M. Giasson: Donc, il n'y a aucun changement valable dans la
structuration qui est mise en place à l'intérieur de la loi.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
M. Garon: ...
(15 h 30)
M. Chevrette: S'il vous plaît. Ecoutez, cela ne sert
à rien de discuter de supposées hypothèses d'amendements
qui viendront; on est ici pour les étudier article par article. J'ai
posé la question au député de Montmagny et lui-même
m'a dit que c'était la procédure à suivre. Donc, appelez
l'article 1; ils jugeront s'il y a de quoi à changer ou non. S'il y a de
quoi qui n'est pas changé à leur goût, bien, ils
apporteront des amendements. C'est cela, l'objectif de la commission
parlementaire en troisième lecture, d'étudier article par
article. On n'est pas pour faire un débat hypothétique avant de
voir les amendements, voyons!
Le Président (M. Jolivet): D'accord, M. le
député de Montcalm. Si M. le ministre n'a pas d'autres
commentaires, je vais appeler l'article 1.
M. Lavoie: Non, je ne voudrais pas que le ministre
s'énerve inutilement. La séance du Conseil des ministres a
peut-être été laborieuse ou orageuse...
M. Garon: ... pas laborieuse du tout; je suis allé pour le
dîner!
M. Lavoie: Si le député de Montmagny-L'Islet fait
cette proposition, c'est dans un but tout à fait positif. Nous avons une
série d'amendements, et c'est normal qu'au début de
l'étude d'un projet de loi de cette importance en commission le ministre
soumette ses amendements. Vous savez que dans un projet de loi, il y a de la
concordance. Souvent, un amendement qu'on peut apporter à l'article 82
peut avoir un effet à l'article 2. Comme le demande le
député de Montmagny-L'Islet, si on avait les amendements que le
ministre proposera, cela peut éliminer plusieurs amendements et cela
peut accélérer énormément les travaux de cette
commission.
M. Garon: On va y voir aussi.
M. Lavoie: C'est uniquement dans ce sens que le
député de Montmagny-L'Islet a fait la demande qui est devant la
commission actuellement; c'est aussi simple que cela.
M. Garon: Oui, mais pour tenir compte, souvent, d'une proposition
d'un organisme, cela suppose un amendement à trois ou quatre articles.
Ce n'est pas résumable, quand même on parlerait de cela. Je vais
vous donner rien qu'un exemple: à l'article 1, la définition
d'agriculture, on change des choses pour tenir compte du mémoire des
ingénieurs forestiers, pour tenir compte du mémoire des gens du
Marché central, des maraîchers, combien d'autres organismes aussi.
Alors, la définition est modifiée pour tenir compte de plusieurs
mémoires. Par ailleurs, la Chambre des notaires nous a dit que
concernant plus de sécurité pour les notaires, ce sont des points
très techniques, il y a des changements qui ont été
indiqués. Pourquoi? Je vais vous donner un exemple: la transmission pour
cause de succession. Pour ne pas causer de problème et se demander si
c'est une succession ab intestat ou une succession par testament, on va
écrire "transmission pour cause de décès", pour inclure
les deux, dans l'exception. Il y a beaucoup de choses comme cela. On a tenu
compte, je pense, de l'ensemble des mémoires. Par ailleurs, dans
certains cas, toutes les propositions qui ont été faites par des
organismes ont été... la poire a été coupée
en deux, parfois, parce qu'on pensait que ce n'était pas possible
d'aller si loin, ou des choses semblables. Mais je pense que ce n'est pas
possible de résumer les amendements.
M. Lavoie: Je suis arrivé un peu en retard parce que j'ai
été occupé à l'Assemblée, de l'autre
côté. Est-ce que le ministre refuse ou est-ce qu'il dit que ces
amendements ne sont pas prêts.
M. Garon: ils ne sont pas tous prêts. Il y en a qui sont
prêts, il y en a qui ne sont pas prêts. Cela se comprend; on a fini
à minuit, hier. Alors, on en a un certain nombre de prêts. On en a
suffisamment pour aller jusqu'à minuit; il n'y a pas de
problème.
M. Lavoie: Mais ceux qui sont prêts, est-ce que vous seriez
prêt prêt, c'est le cas de le dire! à les
déposer à la commission?
M. Garon: Je vais les mettre un par un. M. Lavoie: Un par
un seulement. M. Garon: Oui.
M. Lavoie: Mais vous savez, M. le Président, ce n'est pas
une demande extraordinaire. Cela se fait couramment. Dans beaucoup
d'études de projets de loi, le ministre dit: Voici mes amendements. Cela
accélère énormément les travaux,
énormément. Nous en préparons actuellement des
amendements, et c'est normal que si nous en avons un à apporter à
l'article 8 qui n'est pas tout à fait prêt, on va s'attarder sur
l'article 6 ou 7, tant qu'on n'aura pas un message qui sera prêt. Mais si
le ministre nous l'apporte déjà, c'est sûr qu'on va
procéder rapidement aux articles 6 ou 7 ou 8, 9, 10. C'est juste pour
procéder le plus rapidement possible. Il nous reste à peine six
jours de session avant le 22 décembre. Je pense bien qu'il n'y a rien de
cachottier dans notre demande. Si vous voulez votre projet de loi pour le 21,
on est bien prêt à collaborer.
M. Vaillancourt (Orford): Peut-être que le ministre
pourrait déposer les amendements section par section. Si on avait les
amendements de la section 1, cela nous permettrait peut-être de
régler la première section.
M. Garon: Je dois les faire par article. M. Lavoie: Le
ministre est cachottier!
M. Garon: Ce n'est pas cela; c'est parce qu'il y a des points
techniques là-dedans et...
M. Vaillancourt (Orford): Mais ce serait prudent que le ministre
dépose les amendements section par section, en commençant par la
section 1, parce que, assez souvent, il y a des amendements de concordance qui
nous permettraient de discuter, d'aller beaucoup plus vite dans les travaux de
l'étude article par article.
M. Chevrette: ...
M. Vaillancourt (Orford): Vous auriez tout avantage à le
faire.
M. Garon: Ce serait plus avantageux de les déposer article
par article.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le ministre, comme
vous maintenez votre décision de déposer les amendements à
chaque article, j'appelle immédiatement l'article premier.
M. Lavoie: Un instant, M. le Président, vous permettez
avant l'appel. Oui, M. le député de Beauce-Sud, vous vouliez
intervenir sur...
M. Roy: Je ne veux pas couper mon collègue. Je ne veux pas
parler à la place de mes collègues, mais, avant d'intervenir sur
le point général, j'aimerais intervenir sur la question du
dépôt des amendements.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je trouve très
légitime et normale la demande qui est faite de connaître les
amendements à la loi. Je n'irai pas jusqu'à demander au ministre
de nous donner tous les amendements à la loi à l'heure actuelle.
Au moins, quand on entreprend l'étude d'un chapitre de la loi, qu'on
puisse connaître d'avance les amendements que le ministre entend
proposer. C'est quand même une loi, une législation qui est trop
sérieuse, trop importante pour qu'on donne l'impression, je dis bien
qu'on donne l'impression, de vouloir jouer au jeu de cache-cache entre
l'Opposition et le gouvernement.
Je sais que ce n'est pas cela que le ministre a à l'esprit. Mais,
lorsqu'on a étudié des projets de loi d'importance, je dirais
que, dans neuf cas sur dix, nous avons réussi à avoir les
amendements quelques jours d'avance, de façon à pouvoir
étudier les amendements, étudier la portée des
amendements, les analyser en regard de la loi et aussi vérifier s'il n'y
aurait pas lieu d'apporter un sous-amendement à la loi.
Alors, si le ministre attend à la dernière minute pour
déposer ses amendements et qu'il les propose au fur et à mesure,
il est évident qu'on va retarder indûment les travaux de la
commission. D'ailleurs, le député de Laval vient de le souligner
et il a tout à fait raison. On va retarder indûment les travaux de
la commission parlementaire, étant donné le nombre d'heures
extrêmement restreint que nous avons pour passer à travers ce
projet de loi, pour qu'il puisse franchir l'étape de l'adoption du
rapport, que le rapport soit présenté à l'Assemblée
nationale; il va falloir également que la troisième lecture se
fasse.
Alors, seulement pour l'étude de l'adoption du rapport et
l'étude de la troisième lecture, il faut deux jours, en vertu de
notre règlement. Cela veut dire qu'il faut enlever la journée de
jeudi de la semaine prochaine et il faut enlever la journée de mercredi.
C'est dire que nous avons aujourd'hui, la journée de mercredi, jeudi,
vendredi, lundi et mardi.
M. Garon: Samedi, dimanche.
M. Roy: Samedi, d'après le règlement, on ne peut
pas siéger.
Le Président (M. Boucher): Non, il n'y a pas de
samedi.
M. Garon: Oui.
M. Roy: Non, il n'y a pas de samedi.
M. Lavoie: On va laisser cela au président.
Le Président (M. Boucher): Non, monsieur...
M. Roy: Je regrette, mais cela veut dire que nous n'avons que
cinq jours, cinq jours seulement pour étudier la loi.
M. Garon: Je vais vous dire une chose, M. le député
de Beauce-Sud. On a fini comme vous autres, on a fait l'étude des
mémoires, comme tout le monde, de 10 heures à minuit, tous les
jours. N'étant pas en contact direct avec le Saint-Esprit, qui ne peut
pas nous empêcher de dormir et nos gens de travailler, on a
commencé à faire des amendements, il y a des idées sur les
amendements et les amendements ne sont pas terminés.
Vous déposer des amendements immédiatement, en disant que
les amendements sont tous prêts, ce serait de la fumisterie et,
immédiatement, vous diriez qu'on n'a pas tenu compte des gens qui sont
venus nous rencontrer.
Au contraire, nous avons tenu compte des gens qui sont venus nous
rencontrer. Les amendements ne sont pas tous terminés. Il y en a
quelques-uns qui sont à se faire. Il y en a qui ont été
faits. Et des gens y ont travaillé ce matin jusqu'à quatre heures
et quart.
Je pense qu'il faut tenir compte de la réalité. On a
été ici tous les jours et, en plus d'être présent,
il faut faire les amendements. Nos gens, comme tout le monde, ne peuvent pas
rester un certain nombre d'heures sans dormir.
Alors, c'est pour cela que je vous le dis, cela ne donne rien de se
chanter des chansons. On a été ici tous les jours. Alors, en plus
de faire tout le travail, ce qui arrive, à ce moment-là... Je
vous dis que je vais vous déposer les amendements au fur et à
mesure et, éventuellement, quand on en aura plus de prêts, on
pourra en déposer davantage.
M. Roy: Est-ce que le ministre me permettrait une question? Quand
je dis, par exemple, section par section, je ne veux pas que le ministre pense
qu'on veut y mettre de la pression, qu'on veut obliger ses gens à
travailler jour et nuit. Ce n'est pas du tout notre idée, ce n'est pas
du moins mon idée, et je pense que ce n'est l'idée d'aucun de mes
collègues...
M. Garon: Non, non, vous êtes là pour nous aider
à rester au pouvoir.
M. Roy: ... non plus, mais comment pourrions-nous aujourd'hui
accepter la section I de la loi si les amendements ne sont pas prêts.
M. Garon: II y en a...
M. Roy: S'ils sont prêts, qu'on les dépose. M.
Chevrette: C'est déposé.
M. Roy: C'est cela que je veux dire tout simplement. Au fur et
à mesure que les amendements seront prêts, qu'on les dépose
aux membres de la commission.
M. Chevrette: Dès que le débat sera
terminé...
M. Roy: On ne demande rien d'impossible. On dit de les
déposer avant qu'on entreprenne l'étude de l'article 3. Si le
gouvernement a un amendement à apporter à l'article 3, on
aimerait l'avoir d'avance.
M. Chevrette: C'est ce qu'on attend. M. Roy: Ce n'est rien de
sorcier.
M. Chevrette: C'est ce qu'on attend, M. le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Le ministre nous a dit tantôt je reprends
les propos du ministre qu'il nous les donnerait au fur et à
mesure de l'étude de la loi.
M. Chevrette: Quand on va appeler l'article 1 tantôt, s'il
y a des amendements, il va les déposer.
M. Garon: C'est cela.
M. Chevrette: II a dit que s'il y en avait plus de prêts,
qu'il en déposerait plus en temps et lieu. Donc, il me semble que ce
n'est pas sorcier non plus.
M. Roy: C'est le député de Joliette-Montcalm qui
nous dit cela.
M. Chevrette: Non, c'est le ministre qui l'a dit. Relisez le
journal des Débats. Juste avant que nous n'entriez.
M. Roy: C'est une manière de souligner que je
n'étais pas ici.
M. Chevrette: Non.
M. Roy: Mais je voudrais bien dire à l'honorable
député, mon collègue de Joliette-Montcalm, que, pendant le
temps que j'étais à l'Assemblée nationale, j'ai fait une
intervention en deuxième lecture sur un projet de loi qui était
déposé.
M. Chevrette: Cela se justifie très bien. Ce n'est pas
cela que je dis. Mais ces paroles ont été dites, monsieur.
M. Roy: Ce n'est pas ce que j'ai compris quand je suis
arrivé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: M. le Président, le refus du ministre de ne
pas déposer ces amendements est facile à comprendre, selon mon
raisonnement. Les amendements qu'il a présentement sont plutôt
insignifiants, parce que s'il avait de bons amendements, il les
déposerait sans faute.
M. Chevrette: M. le Président, j'en appelle au
règlement, s'il vous plaît!
M. Verreault: Deuxièmement... je parle sur le même
sujet, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, vous ne pouvez pas présumer des intentions...
M. Verreault: Je suis dans la pertinence. M. Chevrette: J'en
appelle au règlement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Shefford! Vous ne pouvez pas présumer des
intentions des membres de la commission.
M. Verreault: Je soulève dans ce cas une question de
règlement. M. le Président, je parlais justement du même
sujet...
M. Chevrette: J'en ai soulevé une, M. le Président,
il me semblait...
M. Verreault:... que le député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, sur une question de règlement. Elle a
été soulevée avant la vôtre, M. le
député de Shefford.
M. Chevrette: M. le Président, je n'ai pas de directive
à donner à la présidence, mais il me semble que le
débat est inutile d'autant plus que vous avez le droit de trancher quand
le même sujet est continuellement en discussion. Vous avez le droit de
vous déclarer suffisamment informé et de suivre la
procédure normalement établie pour l'étude article par
article dans une commission parlementaire. Je fais appel à vous pour
vous demander si vous êtes suffisamment informé, pour qu'on puisse
commencer à réaliser les travaux de cette commission, tel que
notre règlement le demande.
Le Président (M. Boucher): Pour me rendre à la
demande qui est faite pour que je me déclare suffisamment
informé, je me déclare suffisamment informé et j'appelle
l'article 1, s'il vous plaît!
M. Verreault: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, voulez-vous intervenir sur l'article 1?
M. Verreault: J'ai l'intention de faire une motion. Cette motion
demande au ministre de
faire le dépôt des amendements de la première
section du projet de loi 90 relativement à la Loi sur la protection du
territoire agricole.
Les raisons que j'invoque à l'appui de cette motion sont celles
que je voulais mentionner tout à l'heure, mais on m'a
empêché de parler à ce moment. Dans les circonstances, M.
le Président, il est sûr et clair que le ministre ne veut pas les
déposer, parce que ces amendements, comme je le mentionnais tout
à l'heure, sont insignifiants. Il attend simplement que l'Opposition
trouve les amendements qui vont revaloriser son projet de loi 90. Dans les
circonstances, la motion doit être jugée par vous. Avant de
continuer, j'aimerais savoir si la motion que je viens de formuler est
acceptable et acceptée.
Le Président (M. Boucher): Je considère qu'il n'y a
pas possibilité d'obliger le ministre à déposer tous ses
amendements au début d'une commission parlementaire, alors qu'on
étudie article par article... Je ne connais pas de
précédent dans ce domaine.
M. Verreault: De toute façon, M. le Président, le
ministre a dit tout à l'heure qu'il avait les amendements pour plusieurs
articles à venir.
Le Président (M. Boucher):... qui ait obligé le
ministre à déposer ses amendements pour l'ensemble de la loi
lorsqu'on a appelé l'article 1.
M. Verreault: Pourquoi le ministre ne déposerait-il pas
tous ses amendements immédiatement pour la section I?
Le Président (M. Boucher): Votre motion veut, M. le
député de Shefford, si j'ai bien compris... Je vous demanderais
de la rédiger. Je n'ai pas le libellé de votre motion, mais si
j'ai bien compris, vous demandez au ministre dans votre motion de
déposer tous ses amendements au début de la séance.
M. Verreault: Que le ministre dépose les amendements de la
section I. C'est cela. J'ai demandé au moins les amendements de la
section I. La section I comprend les articles 1 et 2. Ce n'est
déjà quand même pas exagéré.
Le Président (M. Boucher): Un instant! Voulez-vous
libeller votre motion?
M. Verreault: Le recherchiste va la préparer.
M. Chevrette: M. le Président, je vais peut-être
éviter que cela se fasse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je pense que la section I comprend les articles 1
et 2. Etant donné que ce n'est pas une question où il y en a
énormément, je vais aussi intervenir, pas pour faire une motion,
mais pour demander au ministre s'il faut prendre cinq minutes, qu'on
prenne cinq minutes qu'on se rende à cette demande plutôt
que de faire un débat de 20 minutes sur une motion de dépôt
ou sur la recevabilité, quitte à ce qu'on ajourne pendant cinq
minutes et qu'on demande le dépôt pour la section I seulement. (15
h 45)
M. Lavoie: J'aimerais ajouter que si on accepte cela pour la
section I qui contient les articles 1 et 2, dans la même motion, que
dès qu'on arrive à la section II, que le ministre dépose
les amendements pour la section II qui couvre 19 articles et lorsqu'on arrivera
à la section III... Je pense que ce n'est pas exagéré
parce qu'une section, c'est un tout. Cela peut éliminer les amendements
que nous voulons apporter à cette section. Je pense qu'il n'est pas
exagéré de...
M. Garon: L'idéal, c'aurait été d'adopter
votre loi du temps où vous étiez le gouvernement, vous auriez pu
y apporter tous les amendements que vous vouliez.
M. Lavoie: L'idéal, c'est que si cette loi avait
été déposée un peu avant la mi-novembre, on serait
moins dans le goulot de la bouteille.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a...
M. Garon: Cela a été fait volontairement au mois de
novembre, justement dans la période où il y a le moins de
transactions.
Le Président (M. Boucher): Monsieur...
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait ajourner pour quelques
minutes?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, est-ce qu'il y
a accord pour déposer les premiers amendements concernant la section
I?
M. Garon: Pour aujourd'hui, nous allons procéder article
par article; pour la section I, cela n'a pas d'importance parce qu'il n'y a
qu'un amendement à un seul article.
M. Vaillancourt (Orford): II n'y a que deux articles.
M. Garon: On ne peut rien vous cacher, M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): On ne vous demande pas
l'impossible.
M. Garon: Je suis d'accord pour déposer,
éventuellement peut-être pas aujourd'hui parce que les gens
ont travaillé toute la nuit à ces amendements et j'aimerais bien
les lire avant vous, ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée
étant donné qu'ils ont été révisés
au cours du débat, quand j'aurai eu le temps de voir les
amende-
merits, je les déposerai article par article à partir
de...
M. Lavoie: A partir de demain, section par section, est-ce que
cela peut aller?
M. Garon: A partir de demain, je pense qu'on pourra terminer et
on pourra...
M. Lavoie: Section par section. M. Garon: Oui.
M. Chevrette: On n'a pas besoin de la motion, j'espère
que...
M. Lavoie: Non, d'accord. Si j'ai la parole... On n'est pas ici
pour faire des motions inutilement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, est-ce que vous retirez la motion que vous avez
présentée?
M. Verreault: Je consens à retirer la motion suivant les
ententes qui ont été prises.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vpulez-vous
déposer les amendements pour l'article 1?
M. Garon: Pour l'article 1. D'ailleurs, vous allez voir que ce ne
sont pas des amendements insignifiants; ce sont des amendements très
intéressants. Vous allez voir, seulement par l'article 1, de combien de
mémoires on tient compte.
Règlements
M. Lavoie: M. le Président, avant d'attaquer l'article 1,
je voudrais faire une motion. Je fais motion pour que l'étude du projet
de loi article par article soit suspendue jusqu'à ce que le ministre de
l'Agriculture dépose les règlements prévus aux articles
11, 15, 41, 43, 58, 70 et 80, paragraphes 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8 et 11. Il n'y a
pas d'erreur et pour argumenter sur ma motion...
M. Marcoux: Le "filibuster" vient de commencer.
M. Gagnon: Tu aurais dû continuer de dormir, cela fait
assez longtemps que tu dors.
M. Lavoie: Tout le monde reconnaît, dans ce projet de loi,
à l'article 80, l'implication et l'importance des...
M. Marcoux: Est-ce que c'est parce que vous ne voulez pas
débattre le fond?
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que vous pouvez...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval. A l'ordre!
M. Lavoie: Je vais lire l'article 80 qui couvre la
réglementation: "Outre les autres pouvoirs de réglementation qui
lui sont conférés par la présente loi, le gouvernement
peut, par règlement: 1)déterminer la façon de
présenter et d'acheminer une demande d'autorisation, d'exclusion ou
d'inclusion et les renseignements ou documents nécessaires à une
telle demande; 2)déterminer les conditions requises de toute personne
qui demande un permis ou son renouvellement en vertu de la section V, les
documents nécessaires à une telle demande et le coût de ce
permis ou de ce renouvellement. 3)déterminer, aux fins de l'article 70,
les cas d'enlèvement du sol arable qui ne requièrent pas de
permis; 4)déterminer, aux fins de la section V, la forme de la garantie
exigée, les cas où elle peut être confisquée, ce
qu'il en advient en cas de réalisation et la façon dont il en est
fait remise lorsqu'elle n'est pas requise. 5)définir les règles
de pratique et de procédure de la commission lorsqu'elle tient une
audience publique; 6)définir les règles de régie interne
de la commission; 7)identifier les fins municipales auxquelles s'applique
l'article 41; 8) déterminer le tarif des droits, honoraires, frais et
dépens payables dans toute demande soumise à la commission, les
droits à payer pour l'obtention de copies de documents
déposés au greffe, de même que les catégories de
personnes qui peuvent en être exemptées. 9) déterminer les
honoraires des experts et enquêteurs dont la commission juge opportun de
retenir les services. 10) prescrire les formulaires à utiliser pour
l'application de toute disposition de la présente loi. 11)
déterminer les effectifs de la commission de même que les normes
et barèmes applicables à son personnel.
Et, enfin, 12) déterminer toute autre mesure nécessaire
à l'application et au bon fonctionnement de la présente loi.
On se rend compte ici, M. le Président, de l'importance de la
réglementation dans ce...
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, je voudrais
intervenir sur la recevabilité alors que... Est-ce que vous êtes
en train de parler sur la recevabilité ou si vous justifiez votre...
M. Lavoie: Je croyais que...
Le Président (M. Boucher): Est-ce sur le fond ou sur la
recevabilité que vous parlez?
M. Lavoie: A ma connaissance, je crois que de telles motions ont
été faites couramment en commission parlementaire, couramment
avant d'aborder l'étude de l'article 1, et...
Le Président (M. Boucher): Ecoutez, M. le
député de Laval, j'aimerais être éclairé sur
la recevabilité.
M. Lavoie: Je parle sur la recevabilité dans le moment.
C'est sur cela...
Le Président (M. Boucher): Oui, j'aimerais être
éclairé sur la recevabilité de la motion.
M. Lavoie: C'est que je tente de faire actuellement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, allez-y.
M. Lavoie: Cela a été fait constamment. C'est une
coutume établie. D'ailleurs, c'est tellement logique que tous les
députés se plaignent de l'importance de la réglementation
en législation, même, l'ex-leader parlementaire du gouvernement,
le député de Maisonneuve, lors d'un discours sur le message
inaugural, s'est engagé, alors qu'il était leader parlementaire,
il y a à peu près six mois, huit mois, un an, à
créer une telle commission pour contrôler la législation
déléguée. Tout le monde reconnaît la tendance qu'a
l'exécutif actuellement de gruger ou d'obtenir des blancs-seings du
législatif. C'est une érosion du pouvoir législatif. C'est
la base peut-être de cette motion qui est faite constamment et cela a
été fait sur la loi 101, cela a été fait sur la loi
67 de l'assurance automobile, à cause de l'implication de la
réglementation qui souvent déborde la loi elle-même.
Comment voulez-vous qu'on puisse étudier la loi si on n'a pas la
réglementation, à la suite de la lecture que j'ai faite de
l'article 80, où il y a douze raisons d'être de la
réglementation dans cette loi? Je pense que ce que je soumets au
président, à moins de renverser toutes les décisions qui
ont été rendues en commission dans le passé, je ne vois
pas comment ma proposition ne serait pas acceptable. D'ailleurs, si c'est
recevable... Si le ministre ne les a pas, qu'il le dise ou qu'il batte la
motion. C'est cela, le droit parlementaire. On ne lui tordra pas les bras; s'il
ne les a pas ou s'il ne veut pas les produire, c'est la majorité qui va
l'emporter. Je n'irai pas chercher la réglementation dans ses poches,
s'il ne l'a pas. C'est quand même un débat qui est normal en
commission parlementaire.
M. Chevrette: M. le Président, je crois que...
Le Président (M. Boucher): M. le député
Joliette-Montcalm sur la recevabilité.
M. Chevrette: Je crois que le député de Laval
traite à la fois du fond de la question et de la recevabilité,
quand il dit que la réglementation est nécessaire pour juger de
certains articles de loi. Quand c'est une réglementation laissant place
à l'interprétation même de la loi, c'est peut-être
plus justifié que les règlements de ce projet de loi qui sont
beaucoup plus techniques et qui laissent place à de l'argumentation ou
à de l'interprétation, mais, si on s'en tient à l'esprit
même de la lettre du règlement, il n'y a pas de dépôt
qui se fait en commission parlementaire et la motion qui nous est
présentée, c'est jusqu'à ce que le ministre
dépose...
M. Lavoie: Excusez-moi, je vais changer de mot; je ne voudrais
qu'il dépose, mais je voudrais qu'il distribue la réglementation
aux membres de la commission.
M. Chevrette: Je parle du libellé actuel et je sais que le
député de Laval le connaît très bien. Quant à
s'amuser sur la procédure, on va s'amuser sur l'esprit du
règlement. Donc, le mot "déposé " est contraire à
nos règlements et...
M. Lavoie: Je modifie ma motion pour la distribuer aux membres de
la commission.
M. Chevrette: Elle appartient à l'Assemblée, je
suppose?
M. Verreault: Elle est acceptée, la motion?
M. Giasson: On l'a remise au député de
Joliette-Montcalm tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, sur la recevabilité.
M. Roy: Est-ce qu'on peut relire la motion, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Boucher): La motion est libellée
comme suit: Je fais motion pour que l'étude du projet de loi article par
article soit suspendue jusqu'à ce que le ministre de l'Agriculture
dépose les règlements prévus aux articles 11, 15, 41, 43,
58, 70 et 80, paragraphes 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8 et 11.
M. Roy: M. le Président, avec la permission du proposeur
de la motion, je ferais un amendement à la motion: Au lieu de
"déposé", "distribue aux membres de la commission". Qu'on emploie
les mots "distribue aux membres de la commission".
Une Voix: Nous sommes d'accord.
M. Lavoie: Je consens à ce que ma motion soit
amendée dans ce sens.
M. Roy: Alors, sur la recevabilité, M. le
Président, il n'y a aucun doute possible; c'est une motion
traditionnelle. Je ne veux pas être malin à l'endroit du
proposeur, mais il n'a même pas ie mérite d'avoir pondu la
formule. Même si j'allais...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, compte tenu de votre sous-amendement pour rendre recevable la
motion, je peux procéder dans le libellé pour la rendre
recevable. Alors, on pourrait ajouter au lieu de: "dépose",
"distribue".
M. Roy: ... "distribue aux membres de la commission".
Le Président (M. Boucher): Dans ce libellé, je la
déclare recevable. M. le député de Laval.
M. Lavoie: Pourquoi demandons-nous cette distribution de
documents? C'est que justement les implications de cette réglementation
lors de l'étude article par article... C'est qu'on ne pourra plus faire
cette motion; on ne peut pas la faire une fois rendu à l'article 11. Si
vous voulez qu'on la fasse à l'article 11 on la fera parce que c'est le
premier article où on parle de la réglementation. C'est pour cela
qu'on l'a faite d'une manière omnibus avant l'étude article par
article.
A l'article 11, déjà, on dit que la commission peut fixer
les frais et les dépens des enquêtes qu'elle conduit ou des
audiences qu'elle tient conformément aux tarifs fixés par
règlement. On veut savoir combien cela va coûter, justement, aux
producteurs agricoles ou autres qui se présenteront devant la
commission; combien cela va leur coûter de frais, si c'est comme... Je ne
suis pas un expert devant les tribunaux, étant un humble notaire, mais
je voudrais que les producteurs agricoles ou les citoyens sachent que, s'ils
prennent la peine de prendre un avocat pour se présenter devant la
commission et que s'ils gagnent leur cause, en général, les
dépens ne sont pas à eux, mais que s'ils perdent, ils connaissent
l'importance des dépens? On connaît les coûts en
général, devant les tribunaux; on veut savoir si ce sont des
tarifs et des honoraires qui sont semblables à ceux qui existent devant
les tribunaux judiciaires.
A l'article 15, on parle encore de réglementation: "La commission
établit, à son siège social, un greffe où sont
déposés les décrets établissant les régions
agricoles désignées et les zones agricoles, les plans et
descriptions techniques, les avis qu'elle émet conformément
à la présente loi et les ordonnances et décisions rendues
par elle-même ou par le gouvernement en vertu de la présente loi
ou de toute autre loi dont l'administration lui est confiée. "Toute
personne a accès au greffe de la commission, pour y consulter les
documents déposés et en obtenir copie sur paiement des frais
déterminés par règlement".
C'est un peu la même argumentation que j'ai tenue pour l'article
11.
Article 41. La réglementation de l'article 41 est très
importante; "Une corporation municipale, une corporation de comté, une
commission, ou une communauté peut, sans l'autorisation de la
commission, utiliser un lot situé dans l'aire retenue pour fins de
contrôle, à des fins municipales identifiées par
règlement."
Ma première interprétation, lorsque j'ai lu la loi lors du
dépôt... j'avais interprété "règlement" comme
"règlement municipal" alors qu'à la deuxième lecture j'ai
vu lorsque j'ai lu l'article 80 Qu'il, y avait un pouvoir de
réglementation pour la commission.
M. Garon: Vous n'avez pas lu... vous auriez dû commencer
par l'article 1. A l'article 1, le mot "règlement ' est défini.
Il dit que quand le mot règlement est employé dans cette loi,
cela veut dire: "un règlement adopté en vertu de la
présente loi par le gouvernement".
M. Lavoie: C'est encore bien plus grave! C'est encore aussi
grave, excusez-moi; que cela soit fait par la commission ou... dans la plupart
des cas, cela peut être fait par la commision et accepté par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Dans plusieurs commissions, les règlements sont soumis par
l'organisme gouvernemental ou paragouvernemental et ratifiés,
adoptés ou acceptés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Ici,
c'est le gouvernement; ce n'est même pas la commission, c'est le
gouvernement qui va décider quelle réglementation va être
soumise ou quelles seront les règles du jeu de la commission. C'est du
droit nouveau, presque.
M. Garon: Bien non! (16 heures)
M. Lavoie: Vous le voyez, je reviens à l'article 41.
J'aime autant ne pas pratiquer l'agriculture comme le ministre la pratique avec
son projet de loi.
M. Garon: Je vais vous dire une chose: II y a eu 38%
d'augmentation des revenus en 1978. Vous auriez été mieux de la
pratiquer comme cela.
M. Lavoie: M. le Président, est-ce qu'on va faire un
débat surtout...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre! M. le député de Laval, vous avez la parole.
M. Lavoie: Ce n'est pas moi qui élargis le débat,
M. le Président, je m'en tiens assez à la pertinence du
débat. C'est un atavisme que j'ai de respecter la pertinence du
débat.
M. Marcoux: ... oui, c'est un atavisme que vous avez.
M. Lavoie: A l'article 41, je disais donc qu'au début
j'avais l'impression, à la première lecture que c'était
par règlement municipal, et un cas me vient à l'esprit: Si une
municipalité établit un parc industriel par règlement
municipal suivant le processus normal de son adoption, à savoir que des
municipalités investissent des millions de dollars dans un parc
industriel, à la première lecture du projet de loi, à
l'article 41, je croyais qu'elles étaient totalement exemptées de
l'application de la loi mais ce n'est pas le cas. C'est une
réglementation du gouvernement qui va décider si la ville peut
continuer l'exploitation de son parc industriel. C'est encore là un
accroc sérieux à l'autonomie municipale qui...
M. Garon: Ce n'est pas cela du tout.
M. Lavoie: M. le Président, demandez au ministre
d'arrêter de m'interrompre, parce que cela va être la pagaille dans
cette commission si le ministre ne retient pas ses ébats.
M. Garon: Oui, mais vous feriez mieux de l'étudier article
par article, je vois que vous ne comprenez pas la loi.
M. Lavoie: "Une corporation municipale article 41
une corporation de comté ou une communauté peut, sans
l'autorisation de la commission, utiliser un lot situé dans l'aire
retenue pour fins de contrôle, à des fins municipales
identifiées par règlement".
Vous voyez l'implication de cet article. Si une municipalité
n'est pas libre de disposer, de planifier, d'exploiter, de développer
son parc industriel et si elle a, en plus de cela, la contrainte d'une
réglementation gouvernementale qui s'applique à la
présente loi... Je pense bien que c'est là une raison importante
avant qu'on en arrive à l'article 41. Comment voulez-vous qu'on
étudie à fond l'article 41, qu'on donne notre consentement ou
notre refus à l'article 41 si on ne connaît pas la
réglementation qui va primer l'application de cet article?
A l'article 43: "Une personne qui désire poser l'un des actes
pour lequel une autorisation de la commission est requise, doit faire parvenir
au siège social de la commission une demande contenant la description
sommaire du lot, de sa superficie, de la superficie sur laquelle un changement
d'utilisation, un lotissement ou une aliénation est projeté, une
description de la nouvelle utilisation et tout autre renseignement prévu
au règlement".
Encore là, les tracasseries administratives, les formulaires, les
processus administratifs technocratiques qu'on va imposer à tous les
citoyens par réglementation.
Article 58: "Une personne qui désire poser un acte pour lequel
une autorisation est requise à l'égard d'un lot situé dans
une zone agricole ou qui désire l'exclusion en tout ou en partie d'un
lot d'une zone agricole doit en faire la demande à la corporation
municipale. "Une personne peut, sur autorisation de la commission, faire
inclure un lot en tout ou en partie dans une zone agricole en adressant sa
demande à la corporation municipale . "Cette demande doit être
accompagnée de tout document exigé par règlement".
Encore là, non seulement la personne est obligée de faire
des descriptions techniques, mais il y a un paquet d'exigences, des
dépôts, des garanties et tout. Il y a d'autres exigences que
personne ne connaît. Non seulement le citoyen ou la personne
concernée ne les connaît pas, mais même les membres de la
commission qui ont à adopter cette loi ne les connaissent pas.
Article 70. Il s'agit du décapage de sols, je crois. Encore
là, de la réglementation. Je pense que tout le monde est
favorable à ce que les bons sols agricoles en zone
protégée ne puissent pas être décapés ou
qu'on puisse enlever ce qu'on appelle communément "le top soil", qui est
une richesse. Autrement, aucune agriculture ne pourrait se pratiquer. Encore
là, on veut connaître le pouvoir de réglementation.
Je lisais tout à l'heure l'article 80. Je ne voudrais pas
répéter la lecture que j'ai déjà faite. Je
réfère les membres de la commission à l'article même
du projet de loi. Je l'ai dit en deuxième lecture, il y a dans ce projet
de loi une surbureaucratie.
Les citoyens du Québec sont fatigués d'être
surprotégés. Il y a une seule industrie qui fonctionne
actuellement au Québec, c'est l'imprimerie, je crois. Avec tous les
formulaires qu'un gouvernement comme le gouvernement québécois
peut exiger des citoyens, actuellement... Avant, il n'y avait que les hommes
d'affaires, les industriels et les commerçants qui étaient
obligés de remplir des formules hebdomadairement et mensuellement.
Là, ce sera l'agriculteur. Le citoyen québécois ordinaire
va être soumis à toutes sortes de procédures, à
toutes sortes de demandes de permission et d'autorisation pour jouir de son
bien, pour disposer de son bien.
Je voudrais qu'on puisse connaître cette réglementation.
D'ailleurs, il y a un service de la réglementation au parlement, ici. Il
n'y a plus un avocat, plus un homme de loi, plus un notaire, ni même plus
de comptable qui puisse pratiquer sa profession, aujourd'hui, à moins de
connaître toute la réglementation. Je vois que nous avons parmi
nous un membre du Barreau qui apporte une contribution tout à fait
positive à ce projet de loi. J'aurais le goût de lui poser la
question: Quel est le sentiment des hommes de loi, s'ils veulent vraiment
être à la page et pratiquer adéquatement leur profession,
lorsqu'ils ont à connaître, surtout en pratique
générale, toute la réglementation qui existe?
On n'a qu'à regarder la législation qui a
été adoptée depuis une couple d'années au
Québec pour voir combien d'organismes publics et para-publics on a
créés qui exigent des formulaires, des questions, des
formules...
On se demande si avant longtemps, pour pouvoir respirer, le citoyen
n'aura pas besoin de demander de permission ou n'aura pas d'autres formules
à remplir, tellement la population est étouffée par cette
technocratie, cette bureaucratie, cette réglementation et toutes les
permissions qu'elle a à demander à tout moment.
A la lecture de cet article 80, si notre contribution comme membres de
la commission pouvait nous permettre de limiter le plus possible ces
formulaires et toute l'implication des coûts du pouvoir de
réglementation... J'attire l'attention de la commission sur le 12e
alinéa de l'article 80: "Déterminer toute autre mesure
nécessaire à l'application et au bon fonctionnement de la
présente loi". Je me demande si cet article n'a pas plus d'importance
que les 117 articles du projet de loi, lorsque par un pouvoir
délégué cette commission et, par la suite,
l'Assemblée nationale accorderont au Conseil exécutif le pouvoir
d'adopter des règlements. Imaginez-vous! des règlements. Si nous
adoptons cette loi et cet article tels que rédigés, quel pouvoir
illimité on donne au gouvernement de déterminer par
règlement "toute autre
mesure nécessaire à l'application et au bon fonctionnement
de la présente loi". Je pense qu'on pourrait biffer tous les articles et
n'avoir qu'un seul article, après les définitions, dans ce projet
de loi, la loi 90, qui s'appelle Loi sur la protection du territoire agricole.
Il y aurait à l'article 1 les définitions qu'on voit à
l'article 1 et, à l'article 2, on aurait: On donne le pouvoir au
gouvernement de déterminer toute mesure nécessaire à
l'application et au bon fonctionnement de la protection du sol agricole.
Je pense que l'on pourrait biffer 116 articles du projet de loi. C'est
ce que veut dire le 12e alinéa de l'article 80. Cela veut dire qu'on
donne au gouvernement le droit de faire du droit nouveau, d'ajouter des
articles, d'ajouter par règlements des pouvoirs.
A moins que je ne lise pas le français, "déterminer toute
autre mesure nécessaire à l'application et au bon fonctionnement
de la..." Quelles sont les mesures nécessaires à l'application de
la protection du territoire agricole et au bon fonctionnement de la loi? Je ne
sais pas si une telle réglementation a déjà existé
dans un projet de loi.
M. le Président, je termine sur cela, en disant qu'on ne peut pas
étudier d'une manière intelligente, donner notre opinion,
exprimer un droit de vote, faire une recommandation à
l'assemblée, nous, membres de cette commission, sur ce projet de loi, si
on ne connaît pas la réglementation.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laval. M. le ministre.
M. Garon: II y a une grande partie de la réglementation
qui est prête. Elle est évidemment mineure. Dans le cas de ce
projet de loi, je pense que toute personne qui sait lire, qui est
sincère, quand elle voit ce projet de loi, se rend compte que dans ce
projet de loi, la réglemention est mineure. Et je peux dire que,
personnellement, j'ai tenu à ce qu'elle soit mineure justement parce
qu'il était important, dans une loi de cette importance, que le fond,
les points importants soient dans la loi.
On remarquera que tout ce qui est dans la réglementation, ce sont
des questions de procédures. Il n'y a rien de fondamental dans la loi.
Par exemple, on dit tous les articles... Il y a seulement 12 articles de
réglementation, à l'article 80, 12 paragraphes. Et les choses
qu'on mentionne sont aussi simples que de dire: "1) déterminer la
façon de présenter et d'acheminer une demande d'autorisation,
d'exclusion ou d'inclusion et les renseignements ou documents
nécessaires à une telle demande."
Alors, dire qu'il doit y avoir, avec la demande, tel renseignement, je
n'ai pas l'impression que c'est cela qui va faire arrêter la terre de
tourner demain matin. "2) déterminer les conditions requises de toute
personne qui demande un permis ou son renouvellement en vertu de la section V,
les documents nécessaires à une telle demande et le coût de
ce permis ou de son renouvellement."
Je n'ai pas l'impression que c'est cela qui est bien important. Il faut
que cela se fasse, c'est nécessaire, mais ce n'est pas le fond. "3)
déterminer aux fins de l'article 70, les cas d'enlèvement du sol
arable qui ne requièrent pas de permis."
Ce sont des choses d'exception, ce n'est pas le fond. Des choses
d'exception, dans certains cas, s'il y a des cas qui peuvent ne pas
requérir de permis, dans le cas d'enlèvement du sol arable. "4)
déterminer aux fins de la section V, la forme de garantie exigée,
les cas où elle peut être confisquée, ce qu'il en advient
en cas de réalisation et la façon dont il en est fait remise est
permise lorsqu'elle n'est plus requise".
Alors, c'est une garantie pour ceux qui ont enlevé le sol arable
qu'ils vont remettre les choses dans leur état après.
Je n'ai pas l'impression non plus que cela va empêcher le monde de
tourner si la réglementation n'est pas fournie immédiatement. "5)
définir les règles de pratique et de procédure de la
commission lorsqu'elle tient une audience publique."
Je n'ai pas l'impression, non plus, que c'est le fond. "6)
définir les règles de régie interne de la commission." "7)
identifier les fins municipales auxquelles s'applique l'article 41.
L'article 41 ne parle pas de la réglementation municipale; il dit
simplement ce que pourra faire la municipalité sans demander
l'autorisation de la commission, dans tel cas, dans une aire retenue, dans la
zone agricole. C'est uniquement pour éviter à la
municipalité de venir devant la commission dans certains cas
jugés moins graves pour lesquels la municipalité n'aura pas
à venir devant la commission. "8) déterminer le tarif des droits,
honoraires, frais et dépens payables...
Je peux vous dire qu'il n'y a pas grand-chose, il n'y a pas grands
frais. Cela va être à peu près l'équivalent de
l'aide juridique. Alors, on pense à $10 pour une demande, $5 pour une
intervention et $1 pour une copie de document. Je n'ai pas l'impression que
c'est cela qui va vous arrêter de souper ce soir.
Tout ce qu'il y a dans cette réglementation est excessivement
mineur.
M. Roy: Est-ce que c'est véridique les montants que vous
venez de nous donner là.
M. Garon: Oui. C'est cela, à peu près.
M. Roy: Alors, déposez-les.
M. Garon: C'est pour vous montrer à quel point la
réglementation... tous les points importants que j'ai demandés
sont dans la loi; il n'y a rien de fondamental dans les règlements. Et
là, je pense bien que c'est clair comme de l'eau de source... Je
continue.
"9) déterminer les honoraires des experts et enquêteurs
dont la commission jugera opportun de retenir les services."
Les honoraires, il y a beaucoup de personnes qui reçoivent la
même chose dans la fonction publique.
Dixièmement: ...
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas dit.
M. Garon: Non, mais ce n'est pas cela, le fond. Ce n'est pas
cela, le fond de l'affaire. Vous savez bien qu'on va suivre les règles
ordinaires pour cela. "10) prescrire les formulaires à utiliser pour
l'application de toute disposition de la présente loi. (16 h 15)
On a un certain nombre de formules qui sont prêtes, mais ce n'est
pas de voir les formules qui va régler votre problème. Ce n'est
pas parce que vous n'avez pas vu les formules... vous n'avez pas adopté
de lois pour protéger les terres dans votre temps. 11)
"déterminer les effectifs de la commission de même que les normes
et barèmes applicables à son personnel".
Eventuellement, il va y avoir un règlement de normes et de
barèmes pour le personnel. Habituellement, vous le savez, c'est fait
quelques mois après la formation de la commission parce qu'au
début il y a un article qui lui permet de fonctionner en dehors des
règles pour qu'on puisse engager des gens sans faire des concours qui
vont durer six mois. Autrement la commission va commencer à fonctionner
si on se fie à la fonction publique en 1981. 12)
C'est un article omnibus au cas où il y aurait des choses qu'on aurait
oubliées; on n'a pas de règlement là-dessus actuellement
"déterminer toute autre mesure nécessaire à
l'application et au bon fonctionnement de la présente loi."
Franchement, à moins de vouloir retarder le débat, la
réglementation qui est mentionnée là n'est pas importante
au point de vue de l'étude du projet de loi. Cette réglementation
détermine simplement des fonctionnements de procédure; cela me
paraît clair. Suite aux représentations qui m'ont
été faites, il y a des choses qui vont être
modifiées dans les règlements. Il y a des choses qui peuvent
être faites dans les règlements, mais on va commencer par
rectifier les amendements au projet de loi et, par la suite, la
réglementation.
La consultation a été faite sérieusement au cours
du mois de septembre pour régler le projet de loi, de la même
façon que la semaine où nous avons passé 60 heures en
commission parlementaire pour entendre des mémoires. On en tient compte
pour apporter certains amendements au projet de loi.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, en dépit de
l'énumération des paragraphes de l'article 80 que vient de nous
faire le ministre de l'Agriculture, même si tout lui paraît fort
simple, selon les propos qu'il a tenus, je trouve qu'il y a des choses qui ne
sont pas aussi simples que cela. Je vais prendre des exemples. Le
troisième paragraphe de l'article 80 se lit comme suit:
"déterminer, aux fins de l'article 70, les cas d'enlèvement du
sol arable qui ne requièrent pas de permis". Déjà, on sait
qu'il arrive assez souvent que des cultivateurs, sur leur ferme, fassent des
transformations et doivent enlever le bon sol arable sur certaines
surfaces.
Voulez-vous des exemples? J'ai vu des cultivateurs, au moment où
ils ont confectionné des chemins sur leur ferme, surtout qu'ils se
rendaient à des boisés, fournir du sol arable qui leur avait
été demandé par des gens, qui se construisaient des
résidences dans le village, parce qu'ils voulaient finir leur terrain.
Des cultivateurs, parce que c'était leur choix et que c'était sur
leur ferme, ont vendu un certain nombre de voyage de terre par camion à
l'occasion de travaux qu'ils ont faits sur leur ferme.
Dire que le règlement n'a pas d'importance... je pense qu'il y a
beaucoup de cultivateurs qui croient que cela va être important. Si un
jour ils décident de se faire creuser un étang de ferme, ce qui
va nécessiter la levée du sol de surface, et qu'il y a
possibilité d'en disposer pour des gens qui en ont besoin dans le
village ou ailleurs, les cultivateurs sont intéressés à
savoir quelle va être la réglementation qui va les régir.
S'ils sont à l'extérieur de la zone agricole
désignée, pour l'instant, ou à l'extérieur de la
zone retenue sur une base permanente, ils n'auront pas de problème parce
que, dès que la zone agricole permanente sera définie et connue
du public, suite à une parution à cet effet dans la Gazette
officielle et à la publication d'articles dans les journaux
régionaux, il est évident que les cultivateurs qui
possèdent des terres en dehors de la zone agricole permanente ne seront
pas assujettis à l'obligation de demander un permis.
Qu'en sera-t-il des cultivateurs dont la ferme est située
à l'intérieur de la zone reconnue et déterminée
comme permanente si, au moment de faire des travaux de ferme, ils peuvent
disposer d'un sol de surface sans que cela ne cause de préjudice aux
travaux qu'ils veulent aménager? J'ai cité comme exemple le
creusage ou l'aménagement d'un étang de ferme. Je ne verrais pas
pourquoi un cultivateur, s'il avait des demandes, ne pourrait pas disposer du
sol de surface qu'il a fait enlever à l'endroit où son
étang va être installé. Il en est de même pour le
cultivateur qui veut faire d'autres travaux pour aplanir une partie de ses
champs où il y a des buttes. Cela se produit fréquemment dans des
terrains qui sont un peu accidentés.
C est sûr que, sur des sols dont la surface est planche, est
plate, comme on dit dans les termes du métier, il n'y a pas de tels
travaux, mais, quand on connaît une région comme la mienne et
même
celle de mes collègues députés qui habitent les
comtés voisins de chez nous, nous avons, à certains endroits, du
sol accidenté et, pour améliorer la capacité de culture,
les cultivateurs vont faire étêter ce qu'ils appellent les buttons
ou les buttes. Il va se produire que, face à des demandes qu'ils
recevront de gens qui ont besoin d'un peu de sol arable, ils pourront mettre
à la disposition de ceux qui le requièrent une certaine
quantité de sol. Est-ce qu'il ne serait pas important qu'on sache quelle
sera la réglementation qui va s'appliquer lorsque les cultivateurs vont
devoir effectuer de tels travaux? Sera-t-il nécessaire, avant de
procéder à une disposition du sol arable, d'obtenir un permis de
la commission? Je crois que c'est important qu'on sache cela
immédiatement, parce qu'on va donner des pouvoirs à une
commission par réglementation, qui va déterminer le processus
à suivre, qui va établir ce qu'on appelle les règles du
jeu.
Je crois qu'il est important qu'on connaisse également la
réglementation qu'on met entre les mains de la Commission de protection
du territoire agricole pour les fins du paragraphe 11. Pourquoi? Parce que, si
le ministre a jugé opportun de subordonner certaines lois, la loi de
certains ministères au Québec, à la loi 80, il
m'apparaît là qu'il aurait dû également ajouter un
article qui subordonnait la Loi de la fonction publique, la loi 50, à
l'article 90. Pourquoi? Parce qu'il y a des dispositions déjà,
dans cette loi, qui nous indiquent que le ministre, sans l'avoir indiqué
dans sa loi, veut passer outre, tout au moins, à deux articles de la loi
50 qui régit la fonction publique au Québec. En voulez-vous une
preuve, M. le ministre?
M. Garon: Bon, d'accord.
M. Giasson: Laissez-moi vous apporter une preuve. En date du 12
décembre, une lettre vous a été adressée par le
président du syndicat de la fonction publique du Québec qui vous
fait une mise en garde et vous rappelle certaines dispositions de la loi 50.
Cette lettre se lit comme suit: "M. Jean Garon, ministre de l'Agriculture,
etc., objet: Projet de loi 90, Loi sur la protection du territoire agricole. M.
le ministre, je me permets, au nom du syndicat que je représente, de
vous formuler certains commentaires relativement au projet de loi que vous
venez de déposer à l'Assemblée nationale du Québec,
puisque certains articles peuvent avoir des conséquences sur les membres
que nous représentons ou qu'éventuellement, nous
représenterons, dès que le projet de loi aura été
sanctionné et promulgué. "Nos commentaires touchent
particulièrement les articles 80 et 113 du projet de loi"
Là, je discute de l'article 80; il y a 113 aussi "qui, s'ils
étaient adoptés dans leur forme actuelle, démontreraient
une certaine incohérence de la politique actuelle du gouvernement
vis-à-vis de la politique énoncée lors de la session
dernière, particulièrement par la sanction du projet de loi 50,
Loi sur la fonction publique. "En effet, le projet de loi no 90 prévoit,
à l'article 80, onzièmement, qu'il appartiendra au gouvernement,
par règlement, de déterminer les effectifs de la commission de
même que les normes et barèmes applicables à son personnel.
Or, quant à nous, une telle disposition vient à l'encontre des
dispositions des articles 59 et 90 du projet de loi no 50 qui prévoient
que, dans le cas des effectifs, ceux-ci sont déterminés par le
Conseil du trésor, selon les dispositions de l'article 59".
Alors, qu'est-ce que dit l'article 59 de la loi 50? Cet article dit
ceci: "Le Conseil du trésor approuve les plans d'organisation de chaque
ministère ou organisme sur la recommandation du ministre titulaire ou du
ministre responsable de l'organisme. Il détermine les effectifs requis
pour la gestion des ministères et des organismes et la
répartition de ces effectifs ainsi que le niveau des emplois des
fonctionnaires, des cadres supérieurs, en relation avec la
classification".
Je poursuis la lettre du président du Syndicat des
fonctionnaires...
M. Garon: Comment s'appelle-t-il?
M. Giasson: Jean-Louis Harguindeguy; ce n'est pas changé
depuis...
M. Marcoux: Quelle est la date de la lettre?
M. Giasson: Le 12 décembre 1978.
M. Garon: Vous l'avez reçue avant moi.
Une Voix: Je pense que c'est cela; il s'est trompé, il a
pensé que c'était encore un...
M. Marcoux: Harguindeguy pense que c'est encore le Parti
libéral qui est...
M. Giasson: Elle a été adressée au ministre
de l'Agriculture en même temps que des copies à tous les chefs des
partis d'Opposition, ainsi qu'une copie à M. Denis de Belleval, ministre
de la Fonction publique.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, s'il vous plaît!
M. Giasson: "Alors que les normes et barèmes sont
établis selon les dispositions de l'article 90 de ce même projet
de loi qui prévoit qu'un tel rôle appartient au ministre de la
Fonction publique et ce, par règlement qui, par la suite, devra
être ratifié par le Conseil du trésor nous comprenons mal
que les fonctionnaires dont les conditions de travail doivent être
similaires soient assujettis à deux lois différentes, compte tenu
des motifs qui ont prévalu pour la présentation du projet de loi
no 50 et particulièrement la sélection au mérite des
fonctionnaires. Nous comprenons mal la portée de l'article 113 qui
prévoit que d'ici au 1er juillet 1979, le personnel requis par la
commission pourra être recruté sans avoir à
démontrer sa
compétence puisque le projet de loi no 90 ne fait aucune
référence à une quelconque sélection au
mérite. Encore là, on constate que le projet de loi
prévoit que les nonnes, effectifs et barèmes seront
établis par la commission et approuvés par règlement qui
présuppose la sanction du gouvernement, alors que le projet de loi no 50
prévoit qu'une telle réglementation est sanctionnée par le
Conseil du trésor."
Le président du syndicat continue: "Je pourrais rappeler à
l'attention du ministre que l'article 90 de la loi no 50 dit ceci: "Le ministre
de la Fonction publique fixe, par règlement, la
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de
travail des fonctionnaires. S'il doit en résulter une augmentation de
dépenses, la rémunération fixée n'entre en vigueur
que lorsque la Législature a voté les crédits
nécessaires."
C'est donc vous indiquer, M. le ministre, qu'en dépit de votre
opinion, la réglementation qui sera nécessaire pour la mise en
vigueur de la loi 90 ne sera pas aussi simple et qu'il y a lieu de
connaître certains règlements de façon à pouvoir se
faire une opinion acceptable sur le contenu de cette réglementation,
particulièrement en ce qui a trait au paragraphe 11, puisque le
président de la Fonction publique y a vu là une dérogation
à une autre loi, dérogation qui n'est pas mentionnée dans
un article...
M. Garon: Pas le président de la Fonction publique. Le
président du syndicat.
M. Giasson: Le président du syndicat, mais il fait
référence à la Loi de la fonction publique. Si vous aviez
dit, dans un article spécial dans votre loi, que la Loi de la fonction
publique était subordonnée à celle dont nous discutons, je
le comprendrais mieux. Vous l'avez fait dans le cas de certaines régies,
la Régie du gaz et de l'électricité, la Régie des
services publics, la Loi sur les biens culturels, la Loi des réserves
écologiques. Vous l'avez fait également pour la Loi sur la
qualité de l'environnement. Il y en a sans doute d'autres. Mais comme
vous ne faites aucune référence par un article particulier de la
loi 90, c'est dire que vous outrepassez, par le moyen d'une
réglementation qui va être propre à la commission, les
règles concernant l'embauche, les normes, les conditions de travail qui,
normalement, devraient relever non pas d'une réglementation de
l'actuelle loi, mais qui devraient relever de la Loi de la fonction publique.
C'est là un élément qui m'apM. paraît fort important
dans la demande qui est formulée à l'effet qu'on connaisse la
réglementation.
Elle doit venir très rapidement puisque vous nous avez dit que,
dès le 1er janvier, si la loi était sanctionnée avant
Noël, la commission serait nommée, les commissaires seraient
nommés, seraient en fonction. S'ils doivent commencer à
répondre aux nombreuses demandes, il faudra nécessairement qu'en
matière d'embauche il y ait une réglementation. Cela ne peut pas
tarder. Cela ne peut pas aller au mois de juin ou juillet. Il faudra que cela
suive immédiatement, si les commissaires veulent vraiment se mettre au
travail et avoir une équipe de soutien derrière eux ou autour
d'eux pour être en mesure de répondre à la multitude de
demandes qui vont apparaître. C'est même commencé. Le
ministre l'a dit. Certains organismes qui ont comparu devant nous ont
été invités à adresser des demandes à la
commission, même si elle n'est pas encore créée, en donnant
comme adresse l'adresse du ministère de l'Agriculture du Québec.
Pour ma part, comme dans le sens de l'intervention de ceux qui m'ont
précédé sur cette motion à l'effet qu'on doive
connaître les règlements, que ces règlements doivent
être distribués à chacun des membres de la commission, les
éléments que je viens de soulever m'appaM. raissent suffisants
pour justifier qu'une distribution de cette réglementation soit faite
à chacun des membres de cette commission.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je regrette d'être en
retard. J'ai été retenu ailleurs. (16 h 30)
Concernant la réglementation, c'est un point qui est très
important pour nous, membres de cette commission, pour juger à leur
juste valeur tous les articles contenus dans ce projet de loi. Bien sûr
que le ministre doit être au courant de la réglementation
actuelle, parce qu'en ce qui regarde l'article 11, déterminer les
effectifs de la commission de même que les normes et barèmes
applicables à son personnel, il a déjà commencé le
recrutement. Il y a eu mêmes des postes ouverts, entre autres celui de
directeur adjoint du service de la protection du territoire agricole. Est-ce
que c'est la conséquence de ce projet de loi? C'est un autre poste?
M. Garon: ... la protection du territoire agricole au
ministère qui existe. Quand le ministre dépose des plans
provisoires, ce n'est pas la commission, c'est le ministre, c'est marqué
dans la loi. Je n'ai pas décidé de tous les plans moi-même,
vous savez.
M. Cordeau: Non, alors de toute façon cela irait beaucoup
mieux si nous connaissions les règlements. Premièrement, est-ce
que les règlements sont prêts ou s'il y a des ébauches de
règlements de préparées? Est-ce que le ministre peut
répondre à cette question?
Est-ce que les règlements sont prêts?
M. Garon: Les règlements sont en grande partie faits.
M. Cordeau: Alors, pourquoi hésitez-vous à nous en
faire part?
M. Garon: Parce que lorsque vous parlez de règlements de
la façon dont vous en parlez,
comme quoi ce sont d'importants règlements pour faire des
affaires exceptionnelles et le diable à quatre, je pense que c'est
tromper la population. Ce n'est pas vrai. Quand on voit qu'on forme une
nouvelle commission qui doit entrer en fonction rapidement, toutes les lois
prévoient des dispositions pour une période de temps où
les règles de la fonction publique ne s'appliquent pas pour permettre
l'engagement rapide. Autrement, vous connaissez la rapidité... Le
député de Beauce-Sud je ne sais pas dans quel sens il va
parler se plaint toujours de la lenteur des fonctionnaires. Je vais vous
dire une chose, dans toute la bureaucratie, ce qui est le plus lent, c'est la
fonction publique. Si on veut que la commission commence à fonctionner
en 1979, il va falloir engager du monde immédiatement, sans les avis
dans les journaux et tout le processus qui ne finit pas. Comme on ne peut pas
engager de monde avant que la loi soit votée, qu'est-ce qu'on fait
d'après vous, à part de fonctionner comme cela? Les autres
organismes fonctionnent comme cela.
M. Cordeau: De toute façon, il y a une chose qui n'est pas
logique, c'est de voter une loi sans en connaître la
réglementation. Je trouve que c'est tout à fait illogique.
M. Garon: II y a une réglementation qui, parfois, est
importante. Quand on a étudié les petits abattoirs, j'ai
présenté la réglementation, parce qu'elle était
importante.
M. Cordeau: Oui, oui.
M. Garon: Dans ce projet de loi, la réglementation n'est
pas importante. C'est clair!
M. Cordeau: Mais, si ce n'est pas important, pourquoi ne pas nous
en faire part? Quand c'est important, vous nous en faites part! Encore
là, ce n'est pas logique.
M. Garon: On va vous en faire part un peu plus tard. Simplement
c'est que dans la réglementation, il faut tenir compte de la
consultation. Moi, quand je consulte, j'en tiens compte. A ce moment-là,
évidemment, on va commencer en faisant les amendements à la loi
et après, en modifiant les règlements en conséquence.
Alors, on amende les règlements qui tiennent compte de la loi avant
d'être amendée et là, on va faire les amendements en tenant
compte de la consultation. C'est pas mal rapide aussi, parce qu'on a fini la
commission, cela ne fait pas beaucoup d'heures pour entendre des
mémoires...
M. Cordeau: Est-ce que, dans la réglementation concernant
l'article 11, l'effectif est fixé?
M. Garon: II y a un projet. Il est fait, mais il n'est pas
approuvé par le Conseil du trésor, actuellement.
M. Cordeau: Mais il doit y avoir un barème.
On peut vous en couper 2 ou 3, peut-être qu'on peut en ajouter,
mais, cela me surprendrait. On peut peut-être vous en couper 2 ou 3, mais
un nombre approximatif?
M. Garon: Habituellement je ne demande pas plus de postes que
nécessaire.
M. Cordeau: Je pense bien que c'est...
M. Garon: J'essaie d'économiser les fonds publics au
maximum. Cela tranche avec l'administration précédente.
M. Cordeau: Oui, mais actuellement, on parle de votre
administration.
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: Je pense que c'est votre responsabilité. Je
pense que vous pouvez la prendre aussi, vous êtes le ministre de
l'Agriculture. Vous devez la prendre, mais vous ne pouvez pas nous dire le
nombre de postes.
M. Lalonde: C'est un secret. M. Garon: Non, je vais...
M. Cordeau: Peut-être que le député
d'Arthabaska le connaît le renseignement, moi, je ne le connais pas.
M. Garon: Un peu plus tard, je n'ai pas d'objection à
remettre, à déposer les règlements, mais il y a des
étapes.
Je ne déposerai pas les règlements, par exemple, qu'on
veut présenter au Conseil du trésor et dire qu'on va aller
à tel endroit avant de fonctionner. Le nombre de personnes à la
commission, c'est de l'administration, ce n'est pas législatif, c'est
administratif. Voyons donc! Ne mélangeons pas les affaires.
M. Cordeau: Mais on n'engage pas les fonds publics? Cette loi
n'engage-t-elle pas des fonds publics?
M. Garon: Cela engage des fonds publics.
M. Cordeau: Ne sommes-nous pas responsables des fonds
publics?
M. Garon: Le gouvernement en est responsable.
M. Cordeau: Je pense que je fais partie du gouvernement en tant
que député de l'Opposition, non?
M. Garon: Non. Vous ne faites pas partie du gouvernement.
Une Voix: Du Parlement. C'est plus haut.
M. Garon: Cela va prendre du temps.
M. Marcoux: L'Opposition n'est pas le gouvernement.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je ne serai pas long. Je
ne veux pas être long, parce que je n'aime pas jouer à la
procédure, mais je trouve quand même une chose et j'aimerais
soulever un point à l'attention du ministre. Je le dis en toute
sincérité et en toute objectivité. Le ministre minimise
les pouvoirs de réglementation qu'on retrouve dans sa loi. C'est ce que
j'ai remarqué tout à l'heure. Dans l'étude d'un projet
je m'adresse particulièrement à mes collègues d'en
face, mes collègues ministériels dans la rédaction
d'une loi ou d'un règlement, il ne s'agit pas de faire confiance ou de
ne pas faire confiance à un ministre. Un ministre change. La loi reste.
Un règlement peut changer. Le ministre peut demeurer, mais il peut
également changer. Mais il reste que le ministre peut changer et le
règlement demeurer. Ce n'est pas une question, il peut changer, il peut
ne pas changer. Il faut que les lois soient le plus claires possible, le plus
explicites possible, pour ne pas donner toute cette marge de manoeuvre pour
élargir ou restreindre la portée de la loi, inclure ou exclure
les gens qui sont soumis à la loi ou inclure ou exclure des
catégories de personnes qui peuvent bénéficier des
avantages ou de la protection de la loi. Il faut qu'un texte de loi et une
réglementation soient suffisamment clairs pour justement ne pas ouvrir
la porte à des interprétations douteuses ou à
différentes interprétations qui feront en sorte qu'on se retrouve
devant les tribunaux. Vous savez les délais que cela comporte, d'une
part, et, deuxièmement, il faut éviter que des gens soient
pénalisés, qu'ils soient obligés de subir des
délais, des périodes de temps qui leur causent d'énormes
préjudices à cause, justement, du fait que la
réglementation qui est inconnue par la population comporte les
mêmes obligations que la loi elle-même. Il y a un principe
général qui prévaut, c'est que nul ne doit ignorer la loi.
Personne ne peut plaider ignorance de la loi ou ignorance de la
réglementation devant aucun tribunal, d'où la
nécessité de faire en sorte que les textes de loi soient le plus
clairs possible et qu'il y ait le moins de place possible à la
réglementation. On est d'accord là-dessus. Cette année, il
y a eu une séance spéciale, un mini-congrès ici, à
Québec, qui regroupait des parlementaires anglophones pour examiner
justement... Il y a eu une séance d'étude qui a porté
précisément sur la législation
déléguée, cet été, ici, à
Québec. Il y a des députés du Parti
québécois qui y ont assisté; même l'ex-leader du
gouvernement y a fait un excellent exposé. J'inviterais mes
collègues d'en face à lire les propos qu'a tenus l'ex-leader
parlementaire du gouvernement, le député de Maisonneuve.
Quand je dis que le ministre minimise la portée de ces
règlements, j'aimerais lui rappeler certaines dispositions de l'article
80, notamment, au sous-paragraphe 2: "Déterminer les conditions requises
de toute personne qui demande un permis ". Les conditions requises dune
personne qui demande un permis, c'est très subtil. Je pense que c'est le
dernier cri de la subtilité qu'on retrouve dans le pouvoir de
réglementation: déterminer par règlement les conditions
requises d'une personne qui demande un permis.
Il me semble qu'on n'a pas besoin de déterminer cela par
règlement. Une personne a un problème de zonage qui est
visé par la loi; il n'y a pas à déterminer par
réglementation si la personne peut demander un permis ou un
renouvellement de permis. Mais la subtilité c'est le point sur
lequel j'appuie la motion qui a été faite qu'on retrouve,
c'est de déterminer les conditions requises pour les demandes de
renouvellement de permis. C'est la dernière petite invention très
subtile de la puissante petite machine technocratique gouvernementale.
Ce n'est pas la première fois que j'étudie un projet de
loi, ce n'est pas la première fois que j'examine un pouvoir de
réglementation. Mais, celle-là, on l'a peut-être vue dans
le passé, M. le Président. Je suis prêt quand même
à accorder un certain bénéfice du doute. Je dois dire que
c'est la première fois qu'elle attire autant mon attention que celle
qu'on doit apporter à la loi parce que, justement, on a dit que la
réglementation en était seulement une de formalité, une
réglementation qui n'avait aucune incidence dans la portée du
projet de loi. Cela n'avait pas d'importance mais, il y a tout, il y a tout
dans ce sous-paragraphe 2 de l'article 80. C'est tellement vrai, M. le
Président, que je réfère le ministre à l'article 77
que je cite aussi à l'attention de mes collègues
ministériels: "La commission peut suspendre, révoquer ou refuser
de renouveler le permis de tout détenteur qui: 1) a commis une
infraction à la présente section ou à un règlement
relatif à la présente section; 2) n'a pas respecté les
conditions du permis. "
J'inviterais également mes collègues à voir
l'article 87: "Est coupable d'une infraction la personne qui: 1) contrevient
à la présente loi ou aux règlements... ' Si les
règlements sont si minimes que cela, si cela ne concerne
évidemment que la question de déterminer les formules qui doivent
être utilisées pour remplir la demande de permis ou la demande de
renouvellement de permis, ce n'est pas nécessaire de soumettre les
règlements aux amendes. Pour quelle raison a-t-on soumis les
règlements aux amendes, ici, à l'amende et à
l'emprisonnement? Cela va loin; qu'on ne vienne pas me dire que les
règlements sont insignifiants. S'ils sont insignifiants, ils n'ont pas
d'affaire à se référer aux amendes. Si on se
réfère aux amendes c'est que, justement, les règlements
vont beaucoup plus loin qu'on le pense ou, du moins, qu'on veut le laisser
croire à la population.
Je veux bien faire confiance au ministre actuel, M. le Président,
et aux personnes qui l'en-
tourent mais, dans l'étude d'un projet de loi, pour un
parlementaire responsable, ce n'est pas une question de confiance ou de
non-confiance, c'est une question de faire en sorte que les textes soient
clairs, soient précis, et qu'on laisse le moins de marge de manoeuvre
possible à la réglementation qui échappe au
parlementaire.
Il n'y a aucun ministère, et il n'y a aucune loi dans le
Parlement qui oblige que la réglementation soit déposée
devant l'Assemblée nationale. Cela devrait se faire, cependant. C'est
publié dans la Gazette officielle. Je serais curieux de savoir, pas mes
six collègues du côté ministériel, à
l'exclusion du ministre, qui est un septième je devrais dire le
premier puisque c'est lui qui est en tête de l'équipe...
M. Garon: Les premiers seront les derniers.
M. Roy: ... combien il y en a parmi eux qui prennent le temps de
lire, à chaque semaine, cette lecture très intéressante
que constitue la Gazette officielle du Québec. Je dois dire que je m'y
suis mis au début et que je me suis découragé par la
suite. Ce n'est pas un reproche que je veux faire à l'intention de mes
collègues. La réglementation a la même portée,
comporte les mêmes obligations, les mêmes devoirs que la loi comme
telle.
J'aimerais bien savoir quelles seront les formules qui seront
utilisées et quelles seront les conditions requises des personnes qui
demandent un permis ou des personnes qui demandent le renouvellement d'un
permis. On veut le savoir, c'est notre privilège.
En ce qui regarde le sous-paragraphe 3, maintenant, le
député de Montmagny-L'Islet a donné des exemples
très simples qui se retrouvent à peu près dans toutes les
exploitations agricoles et qui font en sorte qu'une personne mandatée
pour l'application d'un règlement, se permet de l'appliquer à la
lettre parce qu'il y a deux façons d'appliquer un
règlement, l'appliquer avec jugement et l'appliquer à la lettre
et, comme disait M. Duplessis: Seuls ceux qui n'ont pas de jugement
l'appliquent à la lettre. Je dois constater...
M. Garon: II parlait des rouges.
M. Roy: M. Duplessis connaissait la machine. C'est tellement vrai
que je vais donner un exemple à l'attention des membres de la Chambre
parce que j'ai le droit de référer à des cas pour
illustrer davantage ma pensée. (16 h 45)
Samedi matin, à Saint-Georges de Beauce, on sait très bien
que le centre commercial a été détruit vers 5 heures
trente. A 6 heures, les policiers étaient arrivés et faisaient le
nécessaire pour empêcher le pillage.
A midi, la reconstruction a commencé. Et le lendemain matin
à 8 heures, il n'y avait que 6 boutiques qui n'étaient pas
rouvertes au public, alors que n'importe qui aurait juré qu'il fallait
au moins 10 jours. On m'a informé, je suis en train de vérifier
les cas, que les officiers de l'OCQ, chargés de l'application du
règlement de placement dans l'industrie de la construction,
étaient déjà sur place pour vérifier, pour voir si
les gens avaient des cartes de classification A, B ou C et des cartes de
compétence, alors que les trois quarts avaient travaillé
bénévolement.
C'est cela que cela donne, et c'est contre cela que je me suis
élevé tant de fois dans ce Parlement, M. le Président.
Aujourd'hui, on étudie une loi et j'ai voulu montrer ma bonne
volonté à l'endroit du gouvernement.
M. Garon: L'Office de la construction, cela a été
fait par les Libéraux.
M. Roy: Non, les règlements de classification, je
m'excuse, ont été faits par le gouvernement actuel.
M. Garon: Non, mais la structure bureaucratique.
M. Roy: Non, cette structure-là, c'était justement
un exemple... Le pouvoir de réglementation a permis de faire des
règlements aussi stupides que ceux-là. Et pour aviser le
gouvernement et le ministre du Travail avant que cela ne devienne trop grave,
trop sérieux, avant qu'il y ait trop d'injustices de
créées, vendredi matin, en vertu des nouvelles dispositions de
notre règlement, j'ai demandé la convocation de la commission
parlementaire du travail. J'ai mis le ministre et mes collègues en garde
avant même que le règlement n'entre en vigueur, mais
c'était un règlement, et des règlements, c'est ce que cela
donne.
Il ne faut pas oublier une chose, M. le Président, et je
terminerai là-dessus, on confie actuellement à une commission de
7 membres, dont trois à temps plein, la gestion, le droit de regard, le
droit de décider de l'utilisation de tout notre patrimoine national, ce
qu'on appelle les terres du Québec, la zone réservée
jusqu'à ce jour et les zones qui ne sont pas réservées
mais qui feront l'objet de décrets demain, c'est-à-dire dans
quelques mois, dans un an ou dans un an et demi, au plus tard. A trois
personnes, on donne des pouvoirs totalitaires, les pouvoirs mêmes d'un
Etat.
On va faire en sorte qu'aujourd'hui, devant cette commission
parlementaire, on ne posera pas de questions sur la réglementation qui
va découler de l'application de la loi? Il faudrait réellement ne
pas être responsable et ne pas être sérieux du tout pour ne
pas exiger, au moins, qu'on mette les cartes sur table et qu'on dise aux
parlementaires d'abord et à la population du Québec ensuite de
quelle façon cette loi va être appliquée, de quelle
façon elle va être administrée. Il n'y a pas de place pour
l'arbitraire, il n'y a pas de place pour l'inconnu, à ce moment-ci. Et
avant que nous n'entreprenions l'étude des définitions de la loi,
l'article 1 de la loi, je veux qu'on prenne les mesures qui s'imposent et les
dispositions qui s'imposent pour que le gouvernement nous dépose ses
règlements et qu'on puisse les examiner avant qu'on étudie la
loi, article par article.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je veux tout simplement dire
au ministre que, peu importe ce qu'il en pense, la demande du
député de Laval est tout à fait logique, pertinente et
bien dans l'ordre des choses.
On est toujours contraint, ici, soit en commission parlementaire, soit
à l'Assemblée nationale, d'étudier des projets de loi sans
en connaître profondément les implications. Les règlements
nous sont absolument nécessaires afin de pouvoir expliquer, même
à nos commettants, ce qu'est exactement la loi et ce qu'elle implique.
Sans règlements, c'est exactement comme donner un chèque en blanc
au gouvernement, parce qu'on n'en connaît pas les implications profondes.
Je suis donc tout à fait d'accord avec la motion du député
de Laval. Pour étudier le projet de loi d'une façon intelligente,
il nous faut absolument les règlements avant d'en arriver à
l'article 1 de ce projet de loi.
C'est tout simplement ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député, à moins que le député de
Marguerite-Bourgeoys veuille vous laisser parler...
M. Lalonde: Si le ministre veut nous dire qu'il accède
à notre demande, je peux le laisser parler avant.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. J'ai écouté
le député de Beauce-Sud, il est bien chanceux, il se
promène dans les associations de parlementaires, anglaises et
françaises. Moi, je n'ai pas le temps. Depuis 2 ans, je n'ai pas eu
l'occasion, en aucune façon, de rencontrer des associations de
parlementaires, je m'occupe d'agriculture. Je ne me suis promené qu'au
Québec pour connaître les besoins des cultivateurs. J'ai
écouté parler également...
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre, sur
la motion d'amendement...
M. Roy: Je vais soulever un point de règlement, M. le
Président, je ne m'en vais pas à une autre commission
parlementaire, je m'en vais répondre à un téléphone
urgent. Bon, vous dites...
M. Garon: Je n'ai pas parlé de cela.
M. Roy: Vous dites que le député voyage d'une
commission parlementaire à l'autre.
Une Voix: D'un pays à l'autre.
M. Garon: Des associations de parlementaires.
M. Giasson: Commonwealth de langue française.
Le Président (M. Beauséjour): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Ils sont bien chanceux; moi, je n'ai pas le temps. Vous
parlez des avantages...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une question de
règlement. J'avais demandé... Je pense que vous m'avez
donné le droit de parole. J'ai demandé si le ministre veut
simplement nous dire qu'il accède à notre demande. D'accord, je
veux bien le laisser parler avant moi.
M. Garon: Je vous écoutais parler.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Alors, j'espérais que le ministre change
d'idée.
M. Garon: Vous voulez défendre l'agriculture à
quelle place, vous?
M. Lalonde: Est-ce que le ministre de l'Agriculture ne
reconnaît pas à tous les Québécois un
intérêt à parler d'agriculture?
M. Garon: II est guindé par le "filibuster". Vous
êtes meilleur dans les fleurs du tapis!
M. Lalonde: Est-ce que l'avocat économiste qu'est le
ministre de l'Agriculture me renie le droit de m'occuper d'agriculture? Sachez,
M. le ministre de l'Agriculture, que l'agriculture, ce n'est pas fait pour les
ministres. Ce n'est même pas fait pour les agriculteurs. L'agriculture
est une industrie qui est au service de toute la population et j'ai, dans mon
comté, un tas de gens qui vivent indirectement d'agriculture. Alors,
j'espère que c'est la dernière fois que vous mettez en doute mon
droit d'intervenir ici.
M. Garon: Pourquoi n'êtes-vous pas venu entendre les
mémoires pendant une semaine? Vous n'en avez pas écouté
un.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous parlez sur la motion? Alors, allez-y.
M. Lalonde: Je vais parler sur la motion, mais je vais
répondre tout d'abord au ministre qui se demandait pourquoi je
n'étais pas à la commission de l'agriculture, lorsqu'il a entendu
des mémoires. J'étais à la commission des consommateurs,
M. le ministre, justement ceux qui vont payer le prix de vos folies. Or, M. le
Président, j'ai eu l'occasion...
M. Baril: C'est beau d'entendre le député de
Marguerite-Bourgeoys quand il dit que les consommateurs vont payer...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, vous n'avez pas la parole. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Garon: Le zonage, la protection des terres, c'est une folie;
il vient de le dire.
M. Baril: Oui, vous nous prouvez votre compétence.
M. Lalonde: Est-ce que j'ai le droit de parole, M. le
Président? Je ne sais pas, mais cela les fatigue quand on les contredit,
ces gens-là, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: C'est une autre marque d'intransigeance et
d'intolérance.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Lalonde: Mais cela va en prendre d'autres que cette...
M. Giasson: Brochette-la.
M. Lalonde: J'allais dire quelque chose de non parlementaire, M.
le Président, je le retire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, si vous voulez parler sur la motion, allez-y, et je
demanderais la collaboration des autres membres de la commission.
M. Lalonde: Je le peux, M. le Président, lorsque vous
protégez mon droit de parole.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, j'essaie de protéger votre droit de parole
actuellement et je demanderais la collaboration des membres de cette commission
pour celui qui parle.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai eu l'occasion, à
plusieurs reprises, d'aborder l'étude article par article de
différents projets de loi, aussi importants les uns que les autres,
aussi considérables dans leur portée, parlons de l'assurance
automobile, de la loi des consommateurs, justement, qu'on est en train
d'étudier à la commission des consommateurs, que ce soit d'autres
lois et, chaque fois, nous avons demandé, et quelquefois obtenu, que le
gouvernement, que le ministre soumette ou enfin distribue, porte à la
connaissance des parlementaires, des membres de la commission, les projets de
règlements. On ne demande pas les règlements. Les
règlements, naturellement, ne sont pas adoptés avant que la loi
soit adoptée. On demande des projets de règlements.
Encore récemment, forte d'une expérience bien
gagnée, Mme le ministre des Consommateurs, lorsqu'on a abordé
l'étude article par article du projet de loi 72, sur la protection des
consom- mateurs, s'était munie de règlements et nous en a
distribué quelques-uns à mesure qu'ils devenaient assez
avancés pour nous les soumettre. Cela a permis une étude beaucoup
plus facile et beaucoup plus en connaissance de cause de la part des membres de
la commission. Je ne vois pas pourquoi le ministre, aujourd'hui, refuse.
Voyons ses arguments. D'abord, il y en a un qui est totalement
contraire. Il dit que la réglementation est prête. Un des
arguments qui nous est apporté régulièrement, c'est que la
réglementation n'est pas prête. Et souvent, c'est
compréhensible. A ce moment-là, on peut chicaner un peu le
ministre, déplorer le peu d'avancement dans ses travaux, mais, dans ce
cas-ci, la réglementation est prête, le ministre l'a dit
tantôt, c'est enregistré; la réglementation est
prête. Cela devient presque de la provocation que de refuser maintenant
de la soumettre aux parlementaires.
Ou bien les règlements sont absolument épouvantables, ne
sont pas montrables, ou bien le ministre est entêté. Choisissez
l'un ou l'autre. Et l'un et l'autre sont inacceptables pour les membres de la
commission.
C'est d'autant plus important, M. le Président, d'avoir les
projets de règlements à ce stade-ci de notre étude que ce
projet de loi contrairement à la grande majorité des
projets de loi de large portée, aussi bien ceux apportés par le
gouvernement actuel ou les gouvernements récents prévoit
que les règlements sont soumis à une espèce de
consultation populaire avant d'entrer en vigueur.
La loi 101 avait cela. Je ne peux pas les nommer de mémoire, mais
la majorité des lois prévoit que les règlements sont
publiés, les projets de règlements sont publiés dans la
Gazette officielle et, après un délai de 30, 60 et on a
déjà vu même 90 jours, sur publication d'un avis dans la
Gazette officielle, ces règlements entrent en vigueur avec ou sans
changements. C'est une espèce de consultation, une soumission à
la population des projets de règlements, en l'invitant à
réagir et à faire parvenir ses commentaires.
Ici, le ministre, dans toute sa munificence, M. le Président, a
décidé qu'il n'avait pas besoin de consulter la population. Alors
le gouvernement, malheureusement, l'a écouté et, à
l'article 81, on prévoit "qu'un règlement entre en vigueur
à la date de sa publication dans la Gazette officielle du Québec
ou à une date ultérieure qui est fixée", mais plus le
droit de consulter.
La seule chose qui va changer, c'est la date d'entrée en vigueur,
mais le règlement sera déjà adopté et on refuse,
à ce moment-ci, dans le projet de loi, à l'article 81, toute
consultation. Raison de plus, donc, pour consulter les parlementaires. Raison
de plus pour soumettre à une espèce d'examen public, de par la
publication nécessaire qui s'ensuivrait, les projets de
règlements qui sont prêts. C'est la première fois, en fait,
depuis 5 ans, et surtout depuis 2 ans, à l'Opposition, où j'ai eu
l'occasion de participer à l'étude d'à peu près,
enfin d'un grand nombre de lois, que je vois un ministre qui dit: Savez-vous,
mes règlements sont prêts, mais je ne veux pas vous les montrer.
C'est
soit l'entêtement du ministre, mais il ne faut pas accuser un
ministre d'être entêté à la légère. Je
ne pense même pas que le ministre pourrait s'entêter, non, homme
politique habile, il a fait sûrement dans le passé les
détours nécessaires pour arriver à ses fins
légitimes. Donc, l'entêtement n'est sûrement pas un de ses
défauts mignons.
Il reste l'autre possibilité, M. le Président, les
règlements ne sont peut-être pas montrables. Peut-être qu'il
a peur de nous les montrer. Peut-être que là, il va montrer son
vrai visage. Il va montrer son vrai visage dans ses règlements, c'est
peut-être cela, M. le Président. Enfin, cela nous laisse un peu
interrogateurs quant à l'allure que ses règlements ont.
Il l'a dit, tantôt, M. le Président, que ses
règlements sont insignifiants. Il n'y a rien là. Il n'y a rien
dans ses règlements. Le député de Beauce-Sud, dont
l'intervention bien frappée lui a mérité les sarcasmes du
ministre, M. le Président, a bien démontré jusqu'à
quel point la contradiction du ministre est béante.
Ou bien il n'y a rien là, et à ce moment-là, on
n'en fait pas un objet d'infraction qui amène l'emprisonnement et
l'amende, ou bien c'est important. Si c'est important, on a le droit de les
voir.
On va en prendre un que le député de Beauce-Sud aussi a
soulevé et je pense que cela mérite qu'on y retourne. Qu'est-ce
qu'on attend d'une loi? Parce qu'un règlement, c'est quoi? C'est de la
législation déléguée. Autrefois, par
règlement, on faisait des vétilles, quoi! Un règlement,
c'était simplement une modalité secondaire. Maintenant, avec la
complexité de l'administration publique, on confie avec un peu plus de
facilité, un peu plus de capacité de s'adapter aux
réalités quotidiennes, en faisant des règlements, en
prévoyant une législation déléguée. ( 17
heures)
Mais, constamment, dans le projet de loi, on insiste pour que les
principes soient dans le projet de loi, que les critères soient dans le
projet de loi et que les règlements ne contiennent que les
modalités d'application. Il faut dire que l'article 80, si on lit, par
exemple, le paragraphe 5, est parfaitement correct. Même si les
règlements sont prêts, si on veut nous les donner, d'accord, mais
cela peut changer dans un mois, dans deux mois. Il s'agit de règles de
pratique, de procédure de la commission.
En fait, il y a même des commissions qui adoptent
elles-mêmes leurs règles de pratique qui ne sont même pas
dans les règlements. Il n'y a aucun problème là.
Définir les règles de régie interne de la commission: il
n'y a aucun problème là. Dans le paragraphe 6, non plus. Le
paragraphe 8, déterminer les tarifs: encore là, c'est
généralement une chose qui peut changer d'année en
année et ce n'est pas là, réellement, que l'on cherche
querelle au ministre.
Mais quand on arrive au paragraphe 2, déterminer les conditions
requises de toute personne qui demande un permis ou son renouvellement en vertu
de la section V. Allons voir la section V; celle-ci empêche une personne
de procéder à l'enlèvement du sol arable pour fins de
vente, à moins de détenir un permis d'exploitation
délivré par la commission, sauf dans les cas
déterminés par règlement. On dit, à l'article 74:
La commission peut, entre autres conditions du permis, obliger le demandeur
à remettre les lieux en état. Quelles sont ces conditions du
permis? Où sont-elles? Elles sont dans les règlements.
Alors, on a confié, malgré et à rencontre de toute
la tradition législative, aux règlements des critères
alors que ces règlements doivent prendre soin des modalités
d'application seulement. Les critères devraient être dans la loi.
Comme on a fait, je ne suis pas sûr avec quel bonheur, on le verra
à l'examen de l'article 12, je crains fort qu'au lieu que ce soient des
critères, qu'on ait pris des vessies pour des lanternes et qu'on ait mis
des objectifs au lieu de critères. Je n'aimerais pas être à
la place de la commission pour tenter de déterminer un cas en vertu de
ces quatre éléments, ces quatre facteurs qui sont beaucoup plus
des objectifs que des critères. Mais, enfin, l'effort avait
été fait à l'article 12 d'inclure ce que le
législateur, enfin le gouvernement, croyait être des
critères. On les a mis dans la loi. Mais, en ce qui concerne la section
V, on ne l'a pas fait. On a confié cela aux règlements, ce qui
est, quant à moi, inacceptable, mais ce qui est une raison additionnelle
pour obtenir copie des règlements maintenant.
L'article 12, naturellement, le douzième paragraphe de l'article
80: "Déterminer toute autre mesure nécessaire à
l'application et au bon fonctionnement de la présente loi".
Malheureusement, le gouvernement actuel recourt à cette espèce de
clause-râteau trop souvent qui va ramasser tout ce que le ministre voudra
faire dire à la loi, une fois que la loi aura été
acceptée de bonne foi par le législateur.
Le ministre, naturellement n'écoute pas, j'espère qu'il
avait tendu une oreille plus attentive à ceux qui sont venus chez nous
depuis une semaine ou deux et j'espère qu'il va nous écouter
davantage lorsqu'on va arriver à l'étude article par article.
Mais je pense que son attitude actuelle de refus de nous soumettre et de nous
communiquer des règlements qui sont prêts est une provocation et
augure mal pour les travaux de cette commission. Je pense que ce n'est pas le
cas d'un ministre qui veut réellement que sa loi passe dans les quelques
jours qui nous restent. Je pense qu'il veut simplement provoquer un
affrontement avec l'Opposition et il en détiendra la
responsabilité, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Garon: Vous avez parlé.
M. Cordeau: Pardon, j'ai le droit de parler pendant 20
minutes.
Le Président (M. Boucher): II vous reste...
M. Garon: Oui, mais vous n'avez pas le droit de parler deux
fois.
M. Cordeau: Oui.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, M. le ministre, il
a parlé sept minutes, il lui reste donc encore treize minutes.
M. Cordeau: Je n'ai pas l'intention d'employer mes 20
minutes.
M. Garon: Je prendrai mon temps, moi aussi, en temps et lieu.
M. Cordeau: Non, ce n'est pas mon intention de prendre... M. le
ministre, j'espère que ce ne sont pas des menaces.
M. Garon: Ce n'est pas une menace.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Je vous invite à faire maintenir l'ordre, s'il vous plaît! Je vois
devant moi des gens qui n'ont pas l'air intéressé du tout.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est ce que je m'efforce de faire. Je remarque que les
membres de la commission n'ont pas suivi mes conseils, je leur ai
demandé tantôt de lire l'article 100 du règlement. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Garon: M. le Président, question de
privilège.
M. Giasson: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire.
M. Garon: Je voudrais rétablir les choses qu'a dites le
député de Marguerite-Bourgeoys. Il a dit que j'avais dit que les
règlements étaient entièrement prêts. Ce n'est pas
cela que j'ai dit. J'ai dit tout simplement qu'il y avait une série de
règlements qui étaient prêts, mais à la suite de la
consultation qui a eu lieu pendant une semaine, dont il faut tenir compte pour
corriger certains règlements, on a décidé de commencer
et je pense que c'est le bon sens par faire des amendements
à la loi avant de corriger les règlements. C'est cela que j'ai
dit. Je n'ai pas dit autre chose.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Lalonde: Si M. le député de Saint-Hyacinthe le
permet, je ne veux pas prêter au ministre des paroles qu'il n'a pas
dites. J'ai compris, lors de son intervention, après l'intervention du
député de Laval, qu'il a dit: La réglementation est
prête.
M. Garon: Elle est prête, mais elle doit être
revue.
M. Lalonde: C'est un éclairage différent qui
pourrait permettre au ministre de déposer les règlements à
mesure que les articles viendront.
M. Garon: Je pourrais m'engager à vous remettre tous ceux
qui seront terminés il n'y aura pas de règlement sur tous
les articles mettons, vendredi.
M. Cordeau: On ne sera pas rendu à cet article-là
avant vendredi.
M. Garon: S'ils sont prêts avant, je vous les remettrai
avant ou même à mesure qu'ils seront revus.
M. Lalonde: D'accord. C'est si facile.
M. Garon: J'ai constaté que le député de
Beauce-Sud voyait quasiment l'apocalypse dans les règlements. Il va voir
et je souhaite que les journaux rapportent tout ce qui a
été dit par rapport aux règlements et ce qu'ils sont
à quel point on a tenu compte... les règlements sont
faciles et simples.
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris le
député de Marguerite-Bourgeoys, il serait d'accord avec la
proposition du ministre de distribuer les règlements vendredi?
M. Lalonde: La motion ne m'appartient pas, M. le
Président. Je parlais sur la motion de M. le député de
Laval qui est malheureusement parti. Peut-être que le
député de Montmagny-L'Islet pourrait réagir à votre
suggestion.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, voulez-vous attendre une minute?
M. Cordeau: Oui. Très bien.
M. Giasson: M. le Président, je relis le libellé de
la motion telle que formulée et proposée par le
député de Laval et je pense qu'il serait bon qu'on relise cette
motion. Le député de Laval a fait motion pour que l'étude
du projet de loi, article par article, soit suspendue jusqu'à ce que le
ministre de l'Agriculture distribue aux membres de la commission parlementaire
les règlements prévus aux articles 11, 15, 41, etc. C'est cela
qu'était le libellé de la motion telle que soumise par le
député de Laval.
M. Cordeau: M. le Président,...
M. Chevrette: II semble que le député de Laval ait
demandé lui-même de s'approprier le mot
"distribue". Donc, il n'y a plus d'amendement si le député
de Laval a accepté le mot "distribue". On a parlé sur une seule
motion amendée avec le consentement du député de Laval
lui-même.
Le Président (M. Boucher): J'avais corrigé la
motion pour la rendre recevable.
M. Giasson: Exactement. La motion telle que
présentée par le député de Laval utilisait le mot
"dépose" au lieu de "distribue".
M. Chevrette: Oui, mais il a accepté lui-même de le
changer.
M. Giasson: Oui, mais...
M. Chevrette: Donc, il n'y a pas d'amendement sur la table. Il y
a une proposition nouvelle.
Le Président (M. Boucher): Nous parlons sur la motion
actuellement et non pas sur une proposition d'amendement.
M. Chevrette: Ce n'est pas une motion amendée, c'est une
motion.
Le Président (M. Boucher): C'est cela.
M. Chevrette: II a demandé lui-même de corriger sa
motion et personne ne s'y est opposé. Donc, il n'y a pas
d'amendement.
Le Président (M. Boucher): C'est cela, M. le
député de Joliette.
M. Giasson: C'est cela. Alors, la motion est pour demander au
ministre une distribution de la réglementation ou des règlements
avant d'entreprendre l'étude du projet de loi article par article. J'ai
parlé dans le sens de cette motion. Les autres collègues sont
intervenus et ont fait de même. Maintenant, s'il y a encore des
députés qui veulent soutenir une argumentation dans le sens du
libellé de la motion, libre à eux de le faire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais savoir, quand on se lève en
Chambre, à l'Assemblée nationale, sur une motion et qu'on a droit
à vingt minutes mais qu'on utilise dix minutes, si on a le droit de se
relever pour parler, parce qu'au niveau du... J'écoutais tantôt
par le perroquet et le député de Saint-Hyacinthe est revenu deux
fois sur la même motion.
M. Lalonde: L'article 160.
M. Chevrette: C'est ce que je voudrais savoir; en vertu de quel
article du règlement?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, c'est en vertu de l'article 160 du règlement...
Une Voix: Qui se lit comment, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Qui dit: "Lorsqu'une commission
étudie un projet de loi ou des crédits, un député
peut prendre la parole sur le même point aussi souvent qu'il lui
plaît, à condition de ne parler plus de vingt minutes en tout sur
un même article, un même paragraphe, une même motion..."
Alors, j'ai compté le temps du député de
Saint-Hyacinthe. La première fois, il a parlé de 4 h 30 à
4 h 37, alors, il a consommé sept minutes; il lui en reste treize.
M. Cordeau: D'accord.
M. Chevrette: Je demande la parole après lui, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, tantôt vous m'avez
donné la parole, mais entre-temps, il y a eu un échange entre le
ministre de l'Agriculture et le député de Marguerite-Bourgeoys.
Durant cet échange, le ministre a consenti à nous remettre la
réglementation au fur et à mesure qu'elle serait disponible. Ce
sera, semble-t-il, au plus tard, vendredi qu'il nous remettra la documentation.
Entre-temps, en attendant cette réglementation, étant
donné qu'on est sur le principe du dépôt de cette
réglementation avant l'étude de ce projet de loi article par
article, je voudrais faire part au ministre du fait que depuis la
télédiffusion des débats, des gens, à plusieurs
reprises, m'ont fait remarquer qu'ils trouvaient assez surprenant que nous, les
législateurs, nous acceptions des projets de loi, sans connaître
la réglementation. Ils trouvent cela aberrant et ils trouvent qu'on
n'est pas logique d'accepter des projets de loi sans en connaître les
règlements; que souvent les règlements obligent beaucoup plus le
simple citoyen que le projet de loi lui-même, parce qu'il doit toujours
fonctionner en fonction de la réglementation.
Ceci dit, j'ai une question à poser au ministre, concernant la
réglementation de l'article 8; sur un principe que nous ne connaissons
pas actuellement. A l'article 8 de la réglementation, vous dites que la
commission pourra déterminer le tarif des droits, honoraires, frais et
dépens payables dans toute demande soumise à la commission.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement. Quant à niaiser, on va niaiser sur toute la ligne!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, vous avez la parole. Question de règlement.
M. Chevrette: Si le député de Saint-Hyacinthe, M.
le Président, veut poser des questions qui entreprennent l'étude
article par article, lui-même
contribue au "filibuster" au niveau de la commission
présentement. S'il veut poser des questions, qu'il accepte de commencer
l'étude article par article, mais qu'on ne niaise pas au niveau du
"filibuster".
M. Cordeau: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Monsieur...
M. Cordeau: ... loin de moi l'idée de retarder
indûment cette commission.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe...
M. Garon: En nous forçant de faire un règlement sur
des tarifs, vous nous forcez à en imposer, alors que tant qu'on n'a pas
de règlement, il n'y a pas de tarifs.
M. Lalonde: Mais cela va prendre des tarifs, vous le savez
bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de...
M. Garon: Ah! Tant qu'il n'y aura pas de règlement, il n'y
aura pas de tarifs!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, je vous demanderais d'intervenir sur la motion qui est devant
nous et de ne pas entrecouper votre intervention par une série de
questions. Il n'y a pas de période de questions à ce
moment-ci.
M. Cordeau: Alors, comment se fait-il que la commission pourra
imposer des tarifs pour un amendement aux règlements de zonage, lorsque
les municipalités n'ont pas ce droit? C'est défendu par la loi
d'imposer un règlement de zonage. (17 h 15)
Le Président (M. Boucher): Vous avez terminé votre
intervention?
M. Cordeau: Oui.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, j'avais l'intention
d'intervenir sur la motion de mon collègue de Laval. Comme l'a
mentionné tout à l'heure le député de
Montmagny-L'Islet, il faudrait comprendre que la motion se lit comme suit, et
je la répète pour le bénéfice des gens d'en
face.
Je fais motion pour que l'étude du projet de loi article par
article soit suspendue jusqu'à ce que le ministre de l'Agriculture
distribue les règlements prévus aux articles 11, 15, 41, 43, 58,
70 et 80, paragraphes 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8,11, et si j'en sens le besoin
à la fin de mon intervention, j'irai même jusqu'à ajouter
le paragraphe 12 par un sous-amendement.
M. le Président, pendant de longues heures, nous avons eu le
pénible travail d'écouter une soixantaine de mémoires qui
ont été présentés à cette commission.
M. Garon: Nous avons trouvé cela agréable,
consultez la population, nous.
M. Verreault: Cela a été très
agréable pour l'Opposition, mais très désagréable
de voir de quelle manière le ministre de l'Agriculture réagissait
face à la présentation de ces mémoires.
M. Chevrette: La pertinence du débat, parce qu'on sait que
vous n'êtes pas capable de dire quoi que ce soit sur le fond.
M. Verreault: M. le Président, question de
règlement. J'aimerais que vous fassiez appliquer au député
de je ne sais pas où le règlement à la lettre.
M. Chevrette: Un nom très francophone:
Joliette-Montcalm.
M. Verreault: C'est cela, et adjoint parlementaire de je ne sais
plus quoi. Je vous remercie.
Comme je le mentionnais, lors de l'étude de ces mémoires,
plus de 95% des intervenants souhaitaient que les amendements à ce
projet de loi ainsi que les règlements soient déposés dans
les plus brefs délais possible pour une meilleure compréhension
de ce projet de loi très important. Tout à l'heure, nous avons
fait une motion et j'ai dû la retirer par suite d'ententes avec le leader
du Parti libéral relativement aux amendements. Je regrette presque
d'avoir retiré cette motion parce que j'y tenais, premièrement;
deuxièmement, nous aurions eu besoin, pour une meilleure
compréhension, de savoir quels seront les changements fondamentaux qui
seront soumis à cette commission; les amendements que le ministre
présentera lorsque la commission siégera de nouveau.
Toujours en revenant sur les règlements, quand on parle
d'amendements à un projet de loi et quand on parle des
règlements, il n'y a pas tellement loin de la coupe aux lèvres.
La loi, lorsqu'elle sera votée et sanctionnée, ne sera pas
facilement modifiable, tandis que les règlements, relatifs au projet de
loi 90, tel que mes collègues de l'Opposition l'ont mentionné
tout à l'heure, seront difficilement applicables si nous ne les
connaissons pas immédiatement.
Lorsqu'on étudie ou qu'on se penche sur le projet de loi 90, il
est facile de constater que cette loi est centralisatrice; qu'elle permet et
donne au ministre des pouvoirs quasi absolus. La commission qui aura à
faire l'application de cette loi aura également des pouvoirs, lesquels
seront sujets à des réglementations. Vous comprenez que la
demande d'une distribution de ces règlements est archicapitale pour les
membres de cette commission ainsi que pour la plupart des gens qui sont
visés par le projet de loi.
Je vais faire tout à l'heure, pour la meilleure
compréhension des gens d'en face, la lecture des
articles pour lesquels on demande la distribution de ces
règlements parce que tout à l'heure, les gens d'en face
étaient complètement distraits à l'audition du discours
fort intéressant de mon collègue de Laval. La plupart, le
député d'Arthabaska, le député de
Saint-François, le député de Champlain, le
député de Rimouski...
M. Baril: Question de règlement!
M. Verreault: ... qui le premier a fait une demande...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska sur une question de règlement, M. le député
de Shefford.
M. Baril: Si le député de Shefford a des
aberrations à dire, qu'il fasse cela sur le dos d'un autre que le
député d'Arthabaska. J'ai très bien entendu ce que le
député de Laval a dit, de A à Z, et tout ce que les
autres, de l'autre côté, ont dit, d'une oreille très
attentive à la perte de temps que l'Opposition est en train de nous
imposer.
M Roy: M. le Président, j'invoque un point de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: II y a quand même des limites. On parle de
"filibuster", de perte de temps et ainsi de suite. J'inviterais mes
collègues à regarder dans le journal des Débats le droit
qu'ont les députés membres d'une commission parlementaire avant
l'étude d'un projet de loi important. J'en fais un point de
règlement, parce que je n'accepte pas, en ce qui me concerne... On parle
de l'Opposition et on généralise. On parle de "filibuster ", etc.
Ce n'est pas un "filibuster", c'est une situation qu'on est parfois
obligé d'utiliser. Des dispositions de notre règlement, de notre
droit parlementaire, sont à la disposition des députés
pour leur permettre de faire leur travail de députés. Un point,
c'est tout!
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le ministre.
M. Gagnon: Question de règlement, M. le Président.
C'est juste pour...
M. Garon: Quand vous n'étiez pas là, j'ai
répondu à la question de la motion. En sautant d'une commission
à l'autre, vous contribuez à nous faire perdre du temps. Je dois
vous le dire, par exemple! Quand vous arrivez à une commission, vous
n'êtes pas au courant de ce qui s'est dit parce que vous n'étiez
pas là et on recommence à zéro chaque fois.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse. J'en ai fait une
question de règlement, puisqu'on parle de "filibuster". Point. Je ne
suis pas allé à une autre commission parlementaire. C'est bien
clair? D'autant plus que je n'avais pas de permission à demander
à personne si je devais y aller. Je veux être bien clair
là-dessus. Je trouve tout simplement que les interventions qui se font
de l'autre côté... on dirait qu'on souhaite un "filibuster " du
côté ministériel pour que la loi soit votée avec
toute la pression possible, en évitant qu'on ait à la discuter
article par article. Je ne marche pas dans ce genre de chose.
M. Garon: Aucune pression.
M. Chevrette: J'espère que le député de
Beauce-Sud a deux oreilles. Vous devez avoir au moins deux oreilles?
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Joliette-Montcalm!
M. Chevrette: II ne dit rien depuis cinq minutes. Vous collaborez
avec cela, vous?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm! A l'ordre!
M. Roy: M. le Président, si j'avais fait des interventions
toutes les fois qu'il y en a qui n'ont rien dit...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre!
M. Roy: Toutes les fois qu'il y en a qui n'ont rien dit, c'est
bien avant aujourd'hui et bien avant le 16 novembre que j'aurais
parlé.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que je dois suspendre la
séance?
M. Garon: II y a un vieux principe qui dit: Une pomme ne reste
pas longtemps bonne dans un panier de pommes pourries.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le député de Beauce-Sud, il y a une
proposition actuellement, qui a été faite avant que nous
n'arriviez, pour que les règlements soient déposés
vendredi.
M. Verreault: M. le Président, j'ai une question de
règlement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault:... et dans les circonstances, je ne voudrais pas
que ce soit pris sur mon temps. Tout à l'heure, le député
de je ne sais où a fait une certaine allusion...
Une Voix: Mon doux!
M. Chevrette: C'est le comté de votre chef, le
comté de je ne sais où.
M. Verreaulf: C'est-à-dire que le député
"sui-veux" de Nicolet-Yamaska, si vous voulez, pas Nicolet-Yamaska, Joliette,
quelque chose de semblable...
M. Chevrette: Continuez! Cela a l'air...
M. Verreault: ... a fait une certaine insinuation que je n'ai pas
appréciée lorsqu'il a dit que cela faisait cinq minutes que je
parlais pour ne rien dire. Je ne ferai pas d'insinuation semblable
vis-à-vis du député en question, c'est-à-dire le
parlementaire adjoint de je ne sais quoi, mais dans les circonstances, s'il a
quelque chose à dire, c'est son droit le plus strict. Je vous
demanderais, M. le Président, de faire en sorte que le règlement
en ce sens soit respecté de même que le droit de parole des
opinants jusqu'à la fin.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez parler sur la
motion, M. le député de Shefford, allez-y!
M. Verreault: De toute façon, si le député
de je ne sais où avait un dossier assez important au ministère
des Transports, probablement qu'il nous fouterait la paix ici en cette
commission.
M. Chevrette: L'ex-député de Saint-Jean vous a
soufflé cela...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Je le comprends, vous n'avez pas
d'idée...
M. Garon: Ce n'est pas parlementaire d'être dirigé
par des gens qui ne sont pas parlementaires.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre! M. le ministre,
à l'ordre! M. le député de Shefford.
M. Garon: C'est le député Saint-Jean qui leur dit
quoi faire...
M. Verreault: Pourriez-vous demander au ministre de se taire?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, je vous ai donné la parole. Allez-y.
M. Verreault: Merci, M. le Président. Je faisais mention
que certains députés d'en face ici présents étaient
très distraits lorsque des interventions intéressantes
étaient faites. On se regroupe en caucus pour discuter probablement
d'une certaine stratégie, d'un certain "filibuster" en perspective. Dans
chacune des circonstances, même le ministre de l'Agriculture s'est permis
de s'isoler dans certains coins pour ne pas écouter les interventions
fort intéressantes que nous faisions. Je profite de l'occasion pour
saluer le président de l'Assemblée nationale qui, sûrement,
fait un excellent travail et devrait siéger ici à la
présidence afin de maintenir l'ordre à cette commission.
De toute façon, M. le Président...
M. Garon: C'est représentatif de son parti. Il n'a rien
à dire.
M. Verreault: Merci, M. le Président. On gardera cela pour
le 22 au soir.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Shefford!
M. Verreault: J'en reviens à la pertinence, M. le
Président. Tout à l'heure, les députés d'en face
étaient choqués du fait que je mentionnais leur nom. C'est
peut-être une des rares occasions qu'ils auront de voir leur nom dans le
journal des Débats.
Il y a un certain proverbe qui vient d'un écrivain canadien, Jean
Narrache, qui dit: "II y a certains députés, c'est comme des
mouches à feu; les gens les suivent, parce qu'ils ont...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, je pense que cela n'a rien de pertinent avec la motion.
M. Verreault: Alors, je reviens à la pertinence, monsieur
le Président, parce que mon collègue de Laval faisait justement
mention qu'en obtenant les règlements des articles 11, 15, etc., cela
nous permettrait de mieux savoir où on s'en va, parce qu'actuellement,
on nage entre deux eaux et ce que le ministre demande à la commission,
aux parlementaires ici présents, c'est de signer un chèque en
blanc et dans le cas, tel que présenté, M. le Président,
c'est impossible qu'un parlementaire responsable accepte une chose
semblable.
Alors, l'article 11 dit bien, M. le Président, que lorsque la
commission décide d'une demande, elle peut assujettir sa décision
aux conditions qu'elle juge appropriées. Elle peut aussi fixer les frais
et les dépens des enquêtes qu'elle conduit ou des auditions
qu'elle tient conformément au tarif fixé par règlement. Si
on s'arrête à cet article, M. le Président, pour faire
plaisir au ministre, parce qu'il veut parfois qu'on s'arrête aux
études article par article, on parle exactement de règlements
dans ce dossier, dans cet article. Vous voyez, c'est parmi les onze premiers
seulement. S'il acceptait de déposer ces quelques règlements
qu'il nous dit avoir en sa possession, alors, à ce moment, ne
pensez-vous pas que, lorsqu'on arrivera à l'étude du projet de
loi article par article, cela serait fort simple de passer outre et en vitesse
l'article 11, connaissant à l'avance la réglementation qui
s'applique à cet article.
Si on va à l'article 15, qui fait partie également de la
motion de mon collègue de Laval, le même article dit: "La
commission établit, à son siège social, un greffe
où sont déposés les décrets établissant les
régions agricoles désignées et les zones agricoles, les
plans et descriptions techni-
ques, les avis qu'elle émet conformément à la
présente loi et les ordonnances et décisions rendues par
elle-même ou par le gouvernement en vertu de la présente loi ou de
toute autre loi dont l'administration lui est confiée. Toute personne a
accès au greffe de la commission, pour y consulter les documents
déposés et en obtenir copie sur paiement des frais
déterminés par règlement."
Tout à l'heure, mes collègues de l'Opposition ont fait
mention de ces coûts qui pourraient être onéreux parce qu'on
ignore exactement les coûts qui seront exigés par ce
règlement et qui seront appliqués par la commission en
question.
Dans d'autres articles que je ne voudrais pas citer au complet, parce
que, de toute façon, mon temps est quand même très
limité, j'en aurais pour plus d'une heure et finalement, 6 heures
arriverait très vite! M. le Président, il y a une série de
réglementations qui sont l'apanage d'un patronage qui va être
entre les mains et les pouvoirs du ministre et de la commission parlementaire.
Est-ce que le ministre de l'Agriculture désire vraiment avantager
certains collègues de son gouvernement, des gens qui sont en face de
moi, le député de je ne sais pas d'où, le
député d'Iberville, l'autre de Kamouraska, afin de pouvoir, comme
le collègue de Montmagny-L'Islet l'a mentionné, essayer de donner
des "djobbines" à tous ces gens dans les comtés ou dans d'autres
régions, afin de pouvoir faire le patronage le plus éhonté
qu'on aura jamais vu dans l'histoire du gouvernement du Québec depuis sa
fondation.
M. le Président...
Une Voix: ... le haut du plancher avec cela, le patronage!
M. Verreault:... dans le cas actuel, l'article 80 fait
l'énoncé des règlements qui seront sujets à cette
loi, et là encore, nous ne connaîtrons jamais ces
règlements. Le ministre nous disait tout à l'heure que ces
règlements n'étaient pas majeurs, donc insignifiants. Est-ce que,
en faisant une certaine déduction, le ministre veut considérer
que le projet de loi 90 que je considère très important est,
à la fois, insignifiant de la part du ministre de l'Agriculture? Je ne
voudrais pas croire une telle déduction, parce que, franchement, cela
serait un non-sens.
Si le ministre d'une part, par logique ou par compréhension afin
d'accélérer les travaux de cette commission, acceptait à
un moment donné de déposer les amendements qu'il nous a promis,
même périodiquement, ou encore la réglementation qui est
prévue à une quinzaine d'articles, il est sûr que cela
pourrait aider davantage la commission et le député de
Beauce-Sud, et mon collègue de l'Union Nationale ainsi que tous les
membres de l'Opposition officielle du Parti libéral seraient
parfaitement d'accord à commencer immédiatement l'étude de
ce projet de loi, article par article. (17 h 30)
Parmi les points dont fait mention mon collègue de Laval
relativement à la réglementation il a omis de mentionner le
paragraphe 12 de l'arti- cle 80. Ce paragraphe prévoit de
déterminer toute autre mesure nécessaire à l'application
et au bon fonctionnement de la présente loi.
M. le Président, mon collègue de Beauce-Sud, tout à
l'heure, en a fait largement état et il vous a cité et
j'endosse ses propos les articles 77 et 87 et ce paragraphe 12 de
l'article 80 ouvrent la porte, comme je le mentionnais, à un patronage,
quoique nous sachions, nous, déjà maintenant de l'Opposition
et j'englobe l'Opposition entière que ce gouvernement
marche par ordinateur. J'ai l'impression que le ministre attend son ordinateur
afin de pouvoir nous remettre cette réglementation tant attendue de la
part des membres de cette commission.
On a eu une panne d'électricité dans la région,
est-ce que cette panne d'électricité est la raison majeure du
fait que le ministre de l'Agriculture ne veuille pas déposer
aujourd'hui-même ces règlements qui permettraient, dans les plus
brefs délais, l'étude de ce projet de loi immédiatement
après le dépôt de cette réglementation? Lorsque le
ministre inscrit dans sa loi 90 un article, l'article 80, et qu'il veut
déterminer toute autre mesure nécessaire à l'application
et au bon fonctionnement de la présente loi, M. le Président,
c'est avoir un culot énorme.
Tout à l'heure, d'autres collègues parlaient de
bureaucratie, de technocratie et au train ou cela s'en va, M. le
Président, cela ne sera ni cela ni l'autre, cela va être de la
"garoncratie " si cela continue. Alors, le ministre avec son projet de loi 90 a
l'intention d'imposer sa volonté. D'ailleurs, depuis le début de
la commission, M. le ministre se choque pour des riens, grimpe dans les
rideaux. Il a un petit mât, ici, avec un drapeau bleu et blanc.
M. Garon: Grimper dans les rideaux! ils seraient tous
tombés, ils sont tous là!
M. Verreault: Si cela continue, d'ici la fin de la soirée,
on va le voir grimper au bout, mais de toute façon, M. le
Président, il est inconcevable...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, la pertinence, s'il vous plaît, sur la motion.
M. Verreault: Quand je parlais du drapeau, je parlais du
territoire québécois.
M. Garon: Où sont les rideaux dans lesquels je peux
grimper?
M. Verreault: Les rideaux... si cela était sujet à
un amendement, on pourrait peut-être insérer, dans le projet de
loi 90, un amendement qui ferait qu'on installerait des rideaux dans toutes les
porcheries de façon que le ministre puisse grimper dedans.
M. Garon: Les discours qu'a écrits pour lui
l'ex-député de Saint-Jean...
M. Verreauit: De toute façon, M. le Président, il
nous reste combien de minutes encore?
Le Président (M. Boucher): II vous reste exactement deux
minutes.
M. Verreauit: Tout en concluant, M. le Président, vous
comprendrez que la motion...
M. Gagnon: II y a de quoi à dire là-dessus.
M. Garon: On devrait faire une photocopie et envoyer cela
à son fils pour montrer...
M. Verreauit: ... qui est présentée par mon
collègue de Laval qui est un spécialiste des questions agricoles
et que j'ai mentionné tout à l'heure, est fort important pour la
bonne compréhension du projet de loi 90, parce que la commission s'est
réunie actuellement afin d'étudier le projet de loi, article par
article, et évidemment dès que cette distribution sera faite
à tous les membres de la commission, nous prendrons quelques minutes
pour étudier chacun de ces règlements et étudier par la
même occasion les amendements que le ministre se propose de faire et
ainsi, probablement au retour de cette commission à 20 heures, nous
pourrons débuter dans une logique et dans une détente, dans un
calme serein, l'étude de ce projet de loi article par article et vous
comprendrez que je suis favorable à cette motion et que je voterai en
faveur de cette motion du député de Laval.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Shefford. M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, l'Opposition nous demande
de déposer tout de suite des règlements par une motion. Si vous
l'aviez fait, M. le ministre, immédiatement, on vous aurait
traité de gars qui avait écouté 54 mémoires
inutilement. On vous aurait dit que vous ne teniez pas compte du tout des gens
qui se sont paradés devant vous pendant deux, trois, quatre jours. On
vous aurait dit que c'était de l'improvisation, que c'était du
"pro forma", la commission parlementaire que vous venez de tenir. On vous
aurait dit que vos règlements étaient tous décidés
à l'avance, que vous n'aviez aucune souplesse, qu'il y avait du
dirigisme étatique, que vous ne teniez pas compte de ce que les gens
viennent vous dire ici.
Par contre, il y a aussi de la mauvaise foi, parce que quand j'entends
le député de Marguerite-Bourgeoys poser une question au ministre
et que le ministre lui répond j'espère que vendredi... je
vais tout faire pour que vous ayez les dix règlements, parce qu'il faut
quand même faire une concordance entre les amendements que je propose et
les règlements que je prépare.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, je m'excuse, c'est un vote qu'il y a de l'autre
côté, alors nous devons suspendre pour quelques minutes.
M. Garon: D'autant plus qu'on ne peut pas continuer le
débat parce que le proposeur n'est pas là et ne peut pas donner
son opinion sur la réponse que j'ai donnée suite au débat
et là, le débat continue uniquement parce que le
député de Laval est absent.
M. Giasson: Mais non, M. le ministre. Vous avez...
Suspension de la séance à 17 h 36
Reprise de la séance à 17 h 58
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux pour quelques minutes,
étant donné que nous approchons l'heure de la suspension.
M. le député de Shefford, question de
règlement.
M. Verreauit: M. le Président, avant le vote tout à
l'heure, le ministre de l'Agriculture a tenu des propos malveillants à
l'égard de mes collègues concernant cette soi-disant absence.
Lorsqu'il faisait allusion aux propos qu'on avait tenus lors du débat
sur la motion, il relatait que le député de Laval était
absent pour retirer sa motion et que le député de
Marguerite-Bourgeoys était également absent.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, M. le
député de Shefford, mais ces paroles ont été
prononcées après la suspension. M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Je sais qu'il reste à peine 2 minutes, mais je
voudrais quand même, puisque je ne veux pas parler longtemps pour ne pas
entrer dans ce jeu, parler le plus brièvement possible, mais indiquer
ceci, c'est que je pense que la motion pouvait avoir un certain
bien-fondé. Le ministre l'a reconnu presque immédiatement en
disant qu'il était disposé, dès que les règlements
seraient prêts, à les communiquer aux membres de cette commission;
il s'est même donné un délai, il se donnait jusqu'à
vendredi.
Ce que je ne comprends pas, ce que je n'accepte pas, c'est qu'une fois
que le ministre a démontré sa volonté de faire en sorte
que les membres de la commission prennent connaissance le plus rapidement
possible des règlements, tels que modifiés suite aux amendements
à la loi et aux représentations de ceux qui sont venus
présenter des mémoires, on maintienne la même attitude, on
fasse exactement comme si le ministre n'avait pas informé les membres de
la commission qu'il était disposé à répondre
positivement à l'essentiel ou à l'esprit de la motion et qu'on
continue à parler comme si rien ne s'était passé. Alors,
je constate d'une part que le député de Saint-Hyacinthe a
modifié son attitude, alors qu'il avait pris la parole et qu'il semblait
vouloir prolonger ses
propos, s'est arrêté, suite à l'information que le
ministre avait donnée.
Et c'est ce que je voudrais indiquer aussi au député de
Beauce-Sud, ce qui, durant cette brève absence, a été
communiqué par le ministre et je pense que normalement, suite à
cette décision dont !e ministre a informé les membres de la
commission, on aurait pu passer immédiatement à l'étude de
l'article 1. Je pense qu'on aurait ainsi manifesté notre volonté
d'étudier au plus tôt le projet de loi, plutôt que de
traîner trop longtemps dans des procédures préliminaires
qui, souvent, sont justifiables, mais quand elles sont réglées,
elles sont réglées.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Giasson: M. le Président... M. Roy: M. le
Président...
M. Giasson: Un mot, M. le Président, pour vous signaler
que j'ai consulté l'auteur de la motion, puisqu'il est
propriétaire de cette motion à toutes fins utiles, en
étant l'auteur, tout à l'heure et, dès la reprise de nos
travaux, j'aurai une déclaration à faire concernant la position
du député de Laval, qui est parrain de la motion.
M. Marcoux: Cela nous a fait perdre vingt minutes quand
même.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Le libellé de la motion était...
Le Président (M. Boucher): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 2
Reprise de la séance à 20 h 16
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A la suspension de 18 heures, j'avais donné la parole à M.
le député de Joliette-Montcalm. Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Giasson: Je pense que c'est le député de
Rimouski qui a parlé en dernier, au nom du Parti
québécois.
Le Président (M. Boucher): Oui, mais il avait
terminé son intervention.
M. Giasson: Je vous ai signalé que j'avais
rencontré le député de Laval au moment du vote, juste
avant la suspension de nos travaux, mais mon collègue d'Orford m'a
signalé que sur le libellé de la motion, tel que
déposé par le député de Laval, il aurait quelques
mots à dire. Je laisse mon collègue d'Orford livrer son
message.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Merci, M. le Président. En ce
qui me concerne, ce sera très court. Je n'ai pas l'intention de prendre
plus de deux ou trois minutes.
En ce qui concerne la motion présentée par mon
collègue, le député de Laval, je tiens à vous dire
que je l'appuie, étant donné que c'est une motion très
logique et très importante, lorsqu'on étudie un projet de loi
aussi important que le projet de loi no 90, Loi sur la protection du territoire
agricole. Lorsqu'on étudie un projet de loi depuis tout près d'un
mois et même plus, on sait ce qu'il y a dedans, mais dans une
réglementation, il arrive souvent qu'il y ait des cachettes. Il y a des
choses importantes qui peuvent être très dangereuses pour l'avenir
de nos producteurs agricoles.
Je sais que nous venons d'entendre tous les mémoires concernant
le zonage agricole et qu'il a probablement été impossible de
préparer tous les amendements et la réglementation, mais je
demande au ministre s'il est possible de déposer en même temps que
les amendements des sections I et II la réglementation au fur et
à mesure pour que nous puissions être au courant de l'envergure de
la réglementation.
Est-il possible, M. le ministre, que la réglementation soit
déposée par bribes, au fur et à mesure que vous allez nous
déposer les amendements, article par article?
C'est à peu près tout ce que j'ai à dire
là-dessus. Cela ne donne rien de répéter tout ce que mes
collègues ont dit. Ils ont exprimé un peu leur inquiétude
face aux articles 11, 15, 41, 43, 58, etc. En ce qui me concerne, je demande au
ministre tout simplement, lorsqu'il déposera les amendements, de nous
déposer aussi les règlements qui les accompagnent.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député d'Orford. M. le député de Montmagny-L'Islet,
il ne reste que quelques minutes de votre temps.
M. Giasson: Comme je l'ai indiqué tout à l'heure
avant la suspension pour le souper, lors d'un bref entretien que j'ai eu avec
le député de Laval, je lui ai demandé s'il autorisait ses
collègues à suspendre ou retirer sa motion, compte tenu du fait
qu'après son départ de notre table de travail le ministre de
l'Agriculture avait complètement modifié son attitude, prenant
l'engagement de déposer la réglementation au plus tard vendredi
de cette semaine. Est-ce cela ou non, M. le député de
Kamouraska?
M. Garon: Ce qui sera prêt. Il y a des articles sur
lesquels il n'y a pas de réglementation. Nous n'en ferons pas tout de
suite. Nous en ferons peut-
être dans six mois ou dans un an. Nous ne réglementerons
pas sur tous les articles qui permettent de faire des règlements. Il n'y
aura pas de règlements partout en partant. Il n'y aura pas de
règlement à l'article 80, au paragraphe 12. C'est simplement un
article en cas de besoin. Il n'y en aura pas en partant. Il y aura seulement un
certain nombre de règlements. Il n'y aura pas de règlements sur
tout.
Il y a des règlements qui seront faits en cas de besoins
éventuels.
M. Roy: II y a des articles qui sont omnibus. On les retrouve
dans tous les projets de loi.
M. Garon: On pourrait faire comme avant, comme au XIXe
siècle, mettre le prix des permis de chasse dans les lois. On irait
devant le Parlement chaque fois qu'on voudrait changer le prix du permis de
chasse.
M. Verreault: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, c'est M. le député de Montmagny-L'Islet qui a la
parole.
M. Giasson: De toute manière, avant de disposer de la
motion qui est devant nous, j'aimerais savoir si, au moins, le ministre
pourrait nous indiquer quels sont les numéros des articles sur lesquels
il entend déposer des règlements. S'il nous dit qu'il n'y en a
pas à l'article 12 et qu'on arrive à un autre article où
il n'y en a pas non plus, cela devient de la foutaise.
M. Garon: Je vais vous faire une proposition. Nous sauterons les
articles qui demandent des règlements. Vous les adopterez plus tard,
quand nous aurons les règlements.
M. Giasson: Non, M. le ministre, si vous avez une
réglementation qui est prête, cela va dans le sens des
déclarations que vous avez faites à la commission.
M. Garon: Volontairement, pour tenir compte de ce que les gens
disent habituellement, comme jamais personne ne l'a fait, j'ai tout mis dans la
loi. Il n'y a rien dans ces règlements. Je m'aperçois que
l'Opposition ne joue pas seulement son rôle, elle fait aussi perdre le
temps des gens. Mes fonctionnaires le savent. J'ai dit: C'est une loi
importante. Je veux que tout soit dans la loi. Et tout ce qui reste dans les
règlements, c'est de la procédure. Il n'y a rien dans ces
règlements. N'importe quel honnête homme peut s'en rendre compte,
à moins qu'il ne veuille pas s'en rendre compte. Il n'y a rien dans ces
règlements. Demain, je vais essayer de déposer les
règlements au fur et à mesure des articles. Vous allez avoir
l'article 11 sur les droits, les tarifs, et vous verrez ce que c'est comme
règlement. Tous ceux qui ont essayé de faire peur aux gens, de
jouer au Bonhomme-Sept-Heures comme ils l'ont fait tout le temps vont se rendre
compte que c'est comme je l'ai dit; c'est à peu près selon les
tarifs des cours des petites créances: $10 pour une demande, $5 pour une
intervention, $1 pour une copie de document. C'est cela, en gros.
M. Giasson: Quand vous nous dites, M. le ministre, qu'il n'y a
rien dans les règlements, est-ce qu'il n'y a vraiment rien? Est-ce qu'il
y a des règlements? Y a-t-il du contenu dans cela ou non?
M. Garon: Ce sont des questions de procédure. Il n'y a
rien de fondamental. Comment présenter une requête? On dit: Vous
l'envoyez en deux copies.
Vous parlez des conditions. Le député de Beauce-Sud a dit
que c'était subtil à l'article 80, au paragraphe 2:
"déterminer les conditions requises de toute personne qui demande un
permis..." Savez-vous ce que c'est que la subtilité? C'est que le gars
présente son bon de garantie comme quoi il va faire les travaux
après, comme c'est marqué dans la loi. Ce n'est pas plus que
cela. Il n'y a rien d'autre. Il n'y a pas de cachette.
M. Vaillancourt (Orford): Mais vous connaissez les
règlements, et nous ne les connaissons pas. C'est cela. Si c'est aussi
simple que cela, je pense que vous devriez nous les donner.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford, s'il vous plaît!
M. Giasson: M. le Président, puisque j'avais la parole, je
veux au moins indiquer à la commission que, lorsque nous arriverons
à des articles sur lesquels il est question de règlements
possibles, nous nous réservons le droit de réclamer la
réglementation que le ministre entend utiliser dans l'application de la
loi. C'est clair. A compter de cette réserve que je formule
présentement, je suis prêt à retirer, au nom du
député de Laval, la motion qui a été
déposée devant la commission au cours de l'après-midi.
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, vous
faites motion pour le retrait de la motion du député de
Laval.
M. Giasson: C'est conditionné par les propos que j'ai
tenus.
Le Président (M. Boucher): Comme vous le savez, cette
motion peut faire l'objet d'un débat par le proposeur de la motion. Il
n'y a pas de débat?
Une Voix: Adopté.
Une Voix: ... vingt minutes, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Etes-vous prêts à
voter sur la motion de retrait? M. Baril, député
d'Arthabaska.
M. Baril: Cela fait trois heures et demie qu'on...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous désirez
un vote enregistré aussi?
M. Garon: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Boucher): Vote enregistré pour le
retrait de la motion du député de Laval. M. Baril,
député d'Arthabaska.
M. Baril: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour.
M. Beauséjour: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois.
M. Dubois: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon.
M. Gagnon: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. Garon.
M. Garon: Abstention.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson.
M. Giasson: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque,
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt,
député de Saint-François.
M. Rancourt: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. Roy, député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Parfait.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt,
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Orford): Oui.
Le Président (M. Boucher): La motion de retrait de la
motion du député de Laval est adoptée. L'article 1.
M. Dubois: Avant de procéder à l'article 1, j'ai
une motion à faire également dont je vous fais lecture
immédiatement: "Que les membres de cette commission invitent le ministre
d'Etat à l'aménagement du territoire à participer à
l'étude article par article du projet de loi 90."
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, votre motion demande...
M. Dubois: Nous étudions ce soir...
Le Président (M. Boucher): ... que les membres de cette
commission invitent le ministre d'Etat à l'aménagement du
territoire à participer à l'étude, article par article du
projet de loi 90. Sur la recevabilité de cette motion, j'indique,
à sa face même, que la motion est recevable, étant
donné qu'il s'agit d'un voeu de la commission et que celle-ci peut faire
les voeux qu'elle désire, surtout à l'occasion de Noël! M.
le député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je vais être bref
parce que, assurément, ce n'est pas mon intention de faire perdre le
temps de la commission. Mais je pense que c'est très important, quand
même, que nous ayons avec nous le ministre à l'aménagement
du territoire. En tout premier lieu, ce projet de loi aurait dû
s'inscrire comme cela a été bien indiqué dans le
passé, comme cela a été bien indiqué par les gens
qui ont présenté des mémoires dans un plan global
d'aménagement et d'utilisation du territoire. Je suis persuadé
que tout au long de l'étude article par article, nous aurons à
poser des questions au ministre à l'aménagement du territoire.
Qu'on le veuille ou non, le zonage agricole fait partie de l'aménagement
du territoire, de l'utilisation du territoire. Je ne vois pas comment il se
fait que le ministre ne soit pas ici ce soir; c'est quand même la loi
à peu près la plus importante qu'on aura à adopter cette
année, enfin dans l'année 1978. Le ministre l'appelle
peut-être la loi du siècle. Il peut l'appeler comme il le voudra,
je sais que c'est un projet de loi très important.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
Le Président (M. Boucher): Avez-vous terminé?
M. Dubois: Non, non, non. Je me demande ce qu'il veut, lui... Je
pense que le ministre à l'aménagement du territoire a un
rôle très important à jouer au niveau de l'application de
cette loi et de l'administration de cette loi. Bientôt, il va sans doute
nous arriver avec un plan global d'aménagement où il devra
inscrire le projet de loi 90 et le marier dans un plan global. Je ne vois pas
comment cela se fait que ce ministre ne soit pas ici ce soir. J'insiste
beaucoup pour qu'il soit présent et je pense qu'il nous serait d'un
grand secours parce que, réellement, on va avoir des questions
pertinentes à lui poser. Je ne sais pas si le ministre pense que c'est
une farce que fais là, mais c'est très sérieux. Vous avez
pu entendre, quand même, des intervenants qui sont venus présenter
des mémoires et ils ont tous ou la plupart indiqué,
quand même, que c'était une mesure sectorielle, qu'on aurait
dû l'amener dans un plan global. Etant donné que dans l'avenir
on
peut s'attendre à cela: un plan d'aménagement du
territoire, une utilisation ou un schéma d'aménagement, je crois
qu'il serait pertinent que le ministre soit ici, qu'on puisse le questionner
sur différents articles du projet de loi et peut-être sur tous les
articles du projet de loi. Il aura à marier tout cela avec son projet,
c'est sûr.
En tout cas, je ne veux pas élaborer plus longtemps, mais je
pense qu'il y a des raisons valables pour que cette motion soit reçue,
conforme et acceptée par tous les membres de la commission.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le
député de Huntingdon. M. le député de Champlain.
(20 h 30)
M. Gagnon: M. le Président, compte tenu de l'importance du
projet de loi que nous sommes à étudier article par article, je
ne vois pas pourquoi nous ferions de la discrimination en invitant seulement un
ministre. Je pense que la loi est suffisamment importante pour qu'on l'amende
en invitant le premier ministre, le ministre des Finances, le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, enfin,
dans un bloc, tout le Conseil des ministres. C'est l'amendement que je
propose.
M. Verreault: M. le Président, en fait-il une motion, un
amendement, un sous-amendement?
M. Garon: Un amendement? M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Vous proposez cet amendement
à la motion du député de Huntingdon?
M. Gagnon: Le Conseil des ministres au complet.
Le Président (M. Boucher): Que le Conseil des ministres,
au complet, participe...
M. Gagnon: ... à l'étude article par article de ce
projet de loi.
Une Voix: On pourrait proposer un sous-amendement pour que tous
les députés participent.
Une Voix: Franchement, là, vous me dépassez!
M. Garon: Non, mais c'est une invitation; c'est comme si vous
invitiez seulement une partie de votre famille à votre mariage.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, si j'ai bien compris votre amendement, vous ne voulez faire de peine
à personne.
M. Gagnon: Non.
M. Baril: Est-ce que je peux présenter un sous-amendement?
Que tous les membres de l'Assemblée nationale participent.
M. Roy: J'aurais un sous-amendement, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Voudriez-vous formuler vos
sous-amendements? Je vais y perdre mon latin.
M. Roy: Je trouve que, quant à être parti dans le
ridicule, il n'est pas pire de charger. Moi, je trouve que c'est de la
discrimination à l'endroit du lieutenant-gouverneur.
M. Gagnon: Oui, c'est vrai, on pourrait aussi ajouter le
lieutenant-gouverneur et M. Whelan.
M. Roy: Non, mais quant à être parti à
être ridicule...
M. Gagnon: C'est cela, cela fait déjà trois heures
qu'on est dans le ridicule, continuons.
M. Roy: ... et étant donné la motion qu'on a faite
à l'endroit du gouverneur général, hier, qui a
été appuyée à l'unanimité par
l'Assemblée, il ne faudrait tout de même pas que le gouverneur
général à nouveau se sente frustré par le fait
qu'il n'a pas été invité à notre commission et,
pendant que nous y sommes, il ne serait pas mal d'inviter la reine non plus,
parce que, si ses représentants ont le droit, au moins celle...
M. Garon: Non, c'est illégal parce que le
lieutenant-gouverneur n'a pas le droit de parler à nos commissions.
M. Gagnon: Cela pourrait retarder l'étude! M. Garon:
Je pense que...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, un peu
de sérieux!
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud a terminé.
M. Garon: Oui, j'ai demandé la parole avant. Le
Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je pense qu'inviter le lieutenant-gouverneur ne serait
pas correct, quand des gens se sont battus pendant 200 ou 300 ans, justement
pour limiter les pouvoirs de la reine ou du roi. Nous vivons dans un
régime de monarchie limité.
M. Giasson: Responsable.
M. Garon: Je pense que ce serait reculer dans le temps si on
invitait le lieutenant-gouverneur,
alors que le peuple s'est donné des pouvoirs et je suis
étonné de voir le député de Beauce-Sud vouloir
revenir au temps où le monarque et son représentant viendraient
nous régenter à nos commissions.
Je pense qu'il était parfaitement en règle d'inviter des
députés ou des ministres qui ont le droit de siéger, qui
représentent le peuple, mais non pas le représentant de la
reine.
M. Baril: Bravos, félicitations, M. le ministre.
M. Ouellette: La reine n'a pas le droit d'assister aux
délibérations de la Chambre des communes, non plus qu'à
celles de l'Assemblée nationale ou à ses émanations. Ce
qui veut dire que ni le lieutenant-gouverneur, ni Sa Majesté n'auraient
le droit d'assister aux délibérations de la commission
parlementaire. Limitons cela au Conseil des ministres et ce sera suffisant.
C'est le sujet.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de...
M. Verreault: Pourriez-vous répéter le
sous-amendement du député de Champlain?
Le Président (M. Boucher): Oui, je l'attends.
M. Giasson: Je demande, M. le Président, comme membre de
la commission, d'obtenir copie de l'amendement, tel que rédigé,
dans le sens qu'a voulu lui donner le député de Champlain.
M. Verreault: On demande la suspension.
M. Gagnon: Est-ce qu'on peut vous dicter l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Gagnon: Ajouter, à la deuxième ligne,
après les mots "... aménagement du territoire", "... et
l'ensemble du Conseil des ministres du Québec."
Le Président (M. Boucher): "... et l'ensemble du Conseil
des ministres du Québec."
M. Gagnon: Cela ne changera pas grand-chose parce que je crois
que tous les élus sont invités à participer à la
commission parlementaire.
M. Garon: On pourrait inviter M. Toupin et M. Drummond.
M. Verreault: Est-ce que vous en faites un sous-amendement au
sous-amendement?
M. Garon: Non, je parlais à mon collègue.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, maintenez-vous votre sous-amendement du sous-amendement?
M. Roy: On m'a dit que c'était irrecevable.
Le Président (M. Boucher): Alors, il faudrait se prononcer
sur la recevabilité du sous-amendement.
M. Roy: Je vous avertis que je ne me prononcerai pas. Laissez
tomber le sous-amendement.
Le Président (M. Boucher): Je déclare irrecevable
le sous-amendement du sous-amendement du député de Champlain.
M. Roy: Le sous-amendement de l'amendement.
Le Président (M. Boucher): De la motion du
député de Huntingdon. Vous avez à discuter le
sous-amendement du député de Champlain, à savoir
d'ajouter...
M. Giasson: L'amendement du député de Champlain; il
y a une motion amendée, donc c'est l'amendement du député
de Champlain.
Le Président (M. Boucher): Oui, d'accord, l'amendement du
député de Champlain à la motion du député de
Huntingdon, à savoir de placer après les mots "... ministre
d'Etat à l'aménagement..." les mots "... et l'ensemble du Conseil
des ministres du Québec." M. le député de Champlain, sur
l'amendement à la motion.
M. Gagnon: Pas le sous-amendement, il a été
retiré.
Le Président (M. Boucher): L'amendement.
M. Gagnon: Juste quelques mots, je l'ai expliqué au moment
où j'ai demandé de l'amender. C'est que je ne vois pas pourquoi
on inviterait seulement un autre ministre, dans un projet de loi aussi
important. Quant à envoyer une invitation à un autre membre du
Conseil des ministres, je pense qu'il va de soi d'envoyer une invitation
à tout le Conseil des ministres. C'est à peu près tout ce
que j'ai à dire là-dessus. Au cas où il y aurait d'autres
motions qui viendraient, l'une après l'autre, pour inviter des gens, je
pense qu'on est aussi bien de le faire en bloc.
M. Giasson: Non, dans le sens de notre règlement, il
faudrait prendre les motions une à une.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Montmagny-L'Islet, M. le député de
Shefford m'a demandé la parole!
M. Verreault: M. le Président, je vais laisser mon
collègue parler le premier.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: C'est que le député de Champlain vient
de faire une proposition qui n'arrive pas à son heure; il faudra
attendre d'autres propositions, s'il doit en venir, avant de reformuler un
amendement à ces propositions; chaque chose en son temps.
M. Gagnon: Je suis allé trop vite?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous discutez sur la
recevabilité de l'amendement?
M. Giasson: Du tout. Une Voix: II a été
reçu!
Le Président (M. Boucher): Je l'ai reçu
étant donné que c'est un voeu de la même façon que
celui exprimé par la motion du député de Huntingdon.
M. Baril: L'amendement a été jugé recevable.
M. Dubois: Ce n'est pas un voeu...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, vous invitiez, vous ne pouviez pas exiger.
M. Verreault: Est-ce que mon collègue a
terminé.
M. Giasson: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: M. le Président, j'aurais tendance à
appuyer la motion de sous-amendement du député de Champlain,
parce que, dans les circonstances, il est sûr que cela changerait
évidemment la face des choses et l'ensemble, le fond et le principe du
projet de loi 90 que nous étudions actuellement. C'est sûr que si
le premier ministre était ici, si le Conseil des ministres était
ici ce soir, le débat prendrait une allure complètement
différente et surprenante à la fois.
Premièrement, nous saurions de quelle manière le ministre
des Finances entend disposer de différents crédits pour le
ministère de l'Agriculture dans le budget qui vient.
Deuxièmement, on saurait, de la part du ministre de
l'environnement, quelles sont les exigences qu'il aura à prévoir,
par réglementation, face au ministère de l'Agriculture, parce que
le ministère de l'environnement émet des permis ou des
certificats pour l'établissement des porcheries, l'engraissement, etc.,
alors que le ministre de l'Agriculture, d'autre part, par des subventions aux
agriculteurs, fait autre chose.
Nous aurions aussi la chance de connaître l'opinion du ministre
des Affaires municipales concernant un droit d'appel à la commission.
Nous aurions la chance de rencontrer tous ces ministres qui, de près ou
de loin, ont des choses à dire dans ce projet de loi.
Malheureusement, ce soir, toutes ces personnes qui ne sont pas
présentes sont silencieuses. Je constate en plus qu'il n'y a pas
seulement ce Conseil des ministres qui est silencieux ce soir, je
m'aperçois que le ministre de l'Agriculture je le cherche encore,
pour moi, il cherche des rideaux pour grimper dedans ne daigne pas venir
ici appuyer la motion de sous-amendement présentée par le
député de Champlain.
C'est dommage que le député de Champlain ait
remplacé un ancien ministre aussi valeureux et aussi valable que M.
Toupin. De toute façon, la proposition qu'il vient de faire de
sous-amendement à l'amendement de mon collègue de Huntingdon en
fait la preuve. Dans les circonstances, l'ex-député de Champlain,
ni l'autre ex-député, n'aurait jamais osé faire un
amendement aussi peu valable.
De toute façon, comme je vous le disais, étant
donné qu'il me reste encore quelques minutes, M. le Président, je
crois que la suggestion faite par le député de Champlain a une
certaine valeur, mais mon devoir et ma conscience m'empêcheront, dans les
circonstances, de voter favorablement sur ce sous-amendement. Je dois vous
informer, M. le Président, que j'aurai à m'abstenir, à mon
grand regret, étant donné le peu de valeur de cette motion,
quoique, s'il voulait la modifier en mentionnant simplement certains ministres,
comme mon collègue de Huntingdon l'a fait... Si le député
de Laurentides-Labelle, ministre délégué à
l'environnement, était présent pour discuter, à l'occasion
de ce débat, et que, par la même occasion, on ait le ministre des
Affaires municipales ainsi que le ministre de l'environnement, il est sûr
que dans les circonstances je voterais favorablement pour cette sous-motion.
Alors, comme je le mentionnais, je vais m'abstenir.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Shefford. Y a-t-il d'autres intervenants sur
l'amendement à la motion?
M. Giasson: M. le Président, je suis porté à
croire qu'il va certainement y avoir d'autres intervenants. J'ose croire que
les députés...
M. Verreault: ... sont solidaires.
M. Giasson: ... ministériels vont porter un jugement sur
la qualité et le bien-fondé de l'amendement proposé par le
député de Champlain. C'est ainsi, par les propos que vont tenir
ses collègues sur cet amendement, que nous allons pouvoir juger de la
pertinence de l'amendement proposé par le député de
Champlain. Donc, je suis tout oreilles pour entendre l'appui et la vigueur que
vont mettre ses collègues de son côté de la table pour
appuyer l'amendement qu'il vient de proposer.
M. Verreault: II y a un droit de réplique pour le
député de Champlain sur cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, il n'y a pas d'autres intervenants sur votre motion
d'amendement?
M. Gagnon: II ne semble pas. M. Baril: On peut bien...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Je ne veux voler le tour à personne, mais si le
député de Champlain a proposé un amendement à la
motion du député de Huntingdon, je crois que c'était tout
à fait justifié parce que, si le député de
Champlain ne l'avait pas fait, on a de bonnes chances de croire que
l'Opposition, l'Union Nationale ou le Parti libéral, après avoir
disposé de l'amendement...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, une question de règlement de la part de M. le
député de Shefford.
M. Verreault: C'est cela. M. le Président, j'aimerais vous
faire remarquer que le député d'Arthabaska prête de
mauvaises intentions à l'Opposition et j'aimerais que le
député d'Arthabaska surveille son langage, dans les
circonstances.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, vous êtes assez au courant du règlement pour savoir que
chaque député a le droit d'intervenir à sa façon et
je pense que vous l'avez fait vous-même, d'ailleurs, à votre
façon. Alors, je laisse intervenir le député d'Arthabaska.
M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, je ne veux absolument frustrer
personne par mes propos. Je ne veux qu'établir certains faits qui se
seraient je le dis en toute honnêteté probablement
produits, si le député de Champlain n'avait pas proposé
cet amendement invitant tout le Conseil des ministres à la commission de
l'agriculture pour discuter de la loi sur la protection du territoire agricole
article par article.
Les deux Oppositions, que ce soit l'Union Nationale ou le Parti
libéral, nous ont clairement démontré que depuis 15 heures
cet après-midi elles ne sont pas pressées d'étudier cette
loi, article par article et qu'elles vont prendre toutes les mesures possibles,
imaginables, pour retarder l'étude article par article.
Donc, elles auraient probablement invité les ministres, un par
un, à venir participer à cette commission. En procédant
comme le député de Champlain l'a fait, en invitant tout le
Conseil des ministres, je crois bien que c'est une façon tout à
fait justifiable qui épargnera un temps encore indéterminé
pour discuter de chaque motion qu'on n'arrête plus de déposer.
C'est pour cela que je suis en faveur de l'amendement que le
député de Champlain a amené sur la table.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata. (20 h 45)
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Merci, M. le Président. Pour ne pas prolonger le débat, le
député de Montmagny-L'Islet disait qu'il laissait la chance aux
collègues de se prononcer sur un amendement d'un député
ministériel. Je pense qu'on se fie, qu'on a confiance à notre
député de Champlain et on va lui donner le droit de
réplique pour en finir au plus vite.
M. Ouellette: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Comme le député vient de le dire,
évidemment, je mets toute ma confiance dans le député de
Champlain. Cependant, il serait peut-être bon d'ajouter quelques
éclairages nouveaux, quitte à risquer d'étirer le temps,
ce qui permettra quand même aux membres de l'Opposition de se reposer la
gorge pour reprendre le "filibuster" tout à l'heure. Je pense que c'est
un geste très chrétien de notre part.
Pourquoi appuirai-je l'amendement de mon collègue de Champlain?
C'est bien simple, c'est que tous les arguments que peut évoquer le
député de Huntingdon, favorables à l'invitation qu'il veut
adresser au ministre d'Etat à l'aménagement à être
présent à cette commission, sont valables également pour
chacun des autres ministres du cabinet du gouvernement
québécois.
Je prendrai deux ou trois exemples très courts. Si on veut amener
ici le ministre d'Etat à l'aménagement, c'est qu'on est conscient
que le zonage agricole pour l'appeler, dans son sens restrictif, tel que
le fait l'Opposition concerne l'aménagement du territoire
à venir, bien sûr, mais il ne faudrait pas prétendre que
l'aménagement au Québec va se limiter à de
l'aménagement de territoire, parce que chaque fois que le ministre de
l'Education modifie, par exemple, les rôles attribués aux
commissions scolaires, on touche à l'aménagement au
Québec, dans sa forme politique. Chaque fois que le ministre des
Affaires municipales modifie ou change de quelque façon les
responsabilités des conseils municipaux, il vient affecter
l'aménagement dans son sens le plus large au Québec, etc. Ce qui
veut dire que, lorsqu'on touche au territoire de façon aussi importante
que le fait ce projet de loi, on vient affecter à coup sûr
l'économie du Québec, d'où l'importance, je pense,
d'inviter le ministre d'Etat au développement économique au
même titre que celui de l'aménagement.
Peut-on penser, par exemple, ne pas affecter tout le secteur culturel au
Québec, quand on change de façon aussi importante le territoire
québécois par la présente loi? Je pense qu'on serait
absolument dans l'erreur de le prétendre.
Enfin, on pourrait prendre chaque ministère et démontrer
que la loi que l'on discute présentement à cette commission va
avoir des implications
directes sur chacun des ministères, et si on a raison de vouloir
la présence du ministre d'Etat à l'aménagement, on aurait
également raison de souhaiter la présence de chacun des autres
ministres du Québec. C'est pourquoi j'appuie le sous-amendement du
député de Champlain.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Nord.
Comme il n'y a pas d'autre intervenant, M. le député de
Champlain, vous avez votre droit de réplique.
M. Gagnon: Merci, M. le Président. Comme mes
collègues de ce côté-ci de la salle ont été
extrêmement éloquents sur le but que je visais en proposant cet
amendement, je ne me sens pas le besoin d'aller plus loin; je suis
persuadé que tout le monde va se rallier derrière cet amendement.
Je demande qu'on passe au vote immédiatement.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement sera
adopté?
M. Giasson: Le vote.
Le Président (M. Boucher): Vote enregistré. M.
Baril (Arthabaska).
M. Baril: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Abstention.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis): il
n'est pas ici. M. Giasson (Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: Abstention.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Abstention.
M. Giasson: Comment? Il a parlé pour.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Je n'ai pas
dit pour...
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François); absent. M. Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Abstention.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Abstention.
Le Président (M. Boucher): II y a un pour et un
contre.
M. Giasson: II y a deux pour et un contre; les
députés d'Arthabaska et de Champlain sont pour et le
député de Huntingdon est contre, donc la motion est
adoptée.
Le Président (M. Boucher): La motion est adoptée.
L'amendement a été adopté et la motion se lit comme suit:
"Que les membres de cette commission invitent le ministre d'Etat à
l'aménagement du territoire et l'ensemble du Conseil des ministres du
Québec à participer à l'étude, article par article,
du projet de loi 90. "
Sur votre motion, M. le député de Huntingdon, vous aviez
parlé quelques minutes. Y a-t-il d'autres intervenants? M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, puisque le vote que nous
venons de prendre révèle que la motion, telle qu'amendée
par le député de Champlain, est accueillie, j'aimerais dire
quelques mots sur le contenu de cette motion.
J'ai bien compris ce qu'avait à l'esprit le député
de Huntingdon, lorsqu'il a demandé que le ministre d'Etat à
l'aménagement du territoire vienne devant la commission parlementaire.
Je crois d'ailleurs que tous les membres de cette commission l'ont compris,
au-delà de l'amendement proposé par le député de
Champlain. Pourquoi? Parce que depuis deux ans, le ministre d'Etat à
l'aménagement du territoire a indiqué, en de multiples occasions,
qu'il était urgent, au Québec, de procéder à un
plan global d'aménagement du territoire.
Jamais, au cours de ses prises de position, ce ministre d'Etat
responsable de l'aménagement n'avait indiqué qu'il était
possible qu'on puisse procéder à cet aménagement sur une
base sectorielle. Dans les discours qu'il a prononcés depuis deux ans,
il a toujours indiqué, de façon très nette, une
volonté du gouvernement de procéder à un
aménagement intégral, qui tienne compte de l'ensemble des
territoires du Québec et de toutes les ressources que nous avons, de
notre potentiel à développer. Et voici qu'un autre ministre, qui
n'a pas particulièrement la responsabilité de
l'aménagement de l'ensemble du territoire, présente ou
dépose un projet de loi qui a comme fonction principale de
procéder de manière sectorielle à l'aménagement
d'un élément de l'ensemble de l'aménagement du
territoire.
Puisque le ministre d'Etat responsable de l'aménagement a tenu
des propos, comme je l'ai indiqué, et a fort bien
révélé à différentes occasions son intention
de procéder à une opération
largement décentralisée... c'est-à-dire qu'il a
indiqué de façon très nette qu'il avait l'intention de
faire appel à une vaste consultation et surtout, suite à cette
consultation, d'entreprendre la grande politique d'aménagement du
territoire en confiant à des instances régionales que ce
soient les conseils de comté ou des conseils de comté
réaménagés .
Si le ministre de l'Agriculture, qui a décidé de
s'orienter vers un champ sectoriel, tel que nous l'indique la loi 90, avait lui
aussi indiqué une volonté d'aller dans le même sens, soit
d'en appeler véritablement, non seulement de façon consultative,
mais décisionnelle, aux instances régionales, nous aurions pu, je
pense, éviter d'émettre cette demande, ce voeu de faire venir
à notre commission parlementaire le ministre d'Etat responsable de
l'aménagement. Mais il devient évident qu'il y a une
contradiction flagrante entre les dispositions ou l'attitude du ministre d'Etat
responsable de l'aménagement et les moyens qu'entend utiliser le
ministre de l'Agriculture pour procéder à l'aménagement du
territoire agricole, ici, au Québec. Il est très simple
d'admettre que la Loi sur la protection des terres agricoles va constituer cet
aménagement sectoriel réservé au secteur agricole. Je n'ai
rien en principe contre la proposition amendée, parce qu'on n'est pas
tenu, selon la formulation ou le libellé de cette motion amendée,
de faire venir, dans une même opération, tous les membres du
Conseil des ministres..
Dans un premier temps, il m'apparaît que le' premier homme qu'on
devrait avoir avec nous, avec qui on devrait discuter des moyens que prend le
ministre de l'Agriculture pour réaliser l'aménagement du
territoire agricole un secteur limité à cette
opération serait le ministre d'Etat à l'aménagement
qui nous dirait si cette façon de procéder va dans le sens de sa
grande politique d'aménagement au Québec, surtout en ce qui a
trait à l'appel qu'il veut lancer à des mécanismes ou
à des instances régionales. Quitte par la suite, au fur et
à mesure que nos délibérations vont se poursuivre,
à décider quel autre ministre on pourrait faire venir à la
commission parlementaire si on juge que sa présence est requise.
Au-delà de cela, pour ma part, je souhaiterais ardemment voir
à la commission parlementaire le ministre des Affaires municipales.
Pourquoi, M. le Président? Parce que beaucoup de groupes, beaucoup de
personnes qui ont déposé des mémoires lors de la
tournée de consultation du ministre en septembre, un grand nombre des
personnes qui ont déposé des mémoires devant la commission
parlementaire de l'agriculture ont indiqué, de façon très
large, que la Loi sur la protection du territoire agricole allait changer les
choses, et de façon très marquée dans certaines
municipalités du Québec, puisque la loi est totalement muette,
encore une fois, sur les possibilités d'indemniser les cultivateurs, les
agriculteurs ou les propriétaires de terres qui vont subir des
préjudices qui sont réels.
Il est devenu évident, s'il faut en croire les témoignages
qui ont été apportés devant la com- mission qu'il y a
beaucoup de nos municipalités qui vont subir des préjudices
énormes et qui devront faire porter le coût de la Loi sur la
protection du territoire agricole à leurs contribuables. Il s'agit de se
rappeler la description, qui a été donnée par des maires
qui sont venus devant la commission, comme par des conseillers municipaux, de
l'état de développement de services municipaux, de services
collectifs qui ont déjà été mis en place dans des
secteurs de développement prévus par ces municipalités,
mais qui sont affectés maintenant par le dépôt des plans
que le ministre a fait depuis le 9 novembre. Il est certain que beaucoup de
municipalités au Québec vont subir des conséquences
financières énormes, face à l'application de la Loi sur la
protection du territoire agricole.
Il y a également d'autres ministres qu'on pourrait faire venir
devant cette commission, parce que, déjà, dans la loi, nous avons
les articles qui font référence à certains
ministères du Québec. Nous avons le ministre des Finances qui
préside les opérations du Conseil du trésor. Nous
avons...
M. Garon: ... pour pouvoir se rendre compte de leur
capacité!
M. Giasson: Nous avons également d'autres
ministères qui sont touchés par le projet de loi, M. le
Président. Je n'ai rien contre l'amendement proposé par le
député de Champlain. Plusieurs ministres je ne dis pas
tous auraient avantage à venir devant la commission
parlementaire, parce que nous aurions des questions très pertinentes
à poser à ces ministres et nous pourrions découvrir, sans
doute, si ces ministres daignaient répondre aux questions que les
membres de la commission leur adresseraient, si la structuration que s'est
donnée le ministre de l'Agriculture dans l'aménagement sectoriel
du territoire agricole va véritablement dans le sens de la grande
politique d'aménagement que l'actuel gouvernement veut mettre en place
au Québec au cours des prochains mois. Donc, j'appuie la motion du
député de Huntingdon, qui veut, dans un premier temps, que nous
ayons avec nous le ministre d'Etat responsable de l'aménagement, quitte,
tout au long du déroulement de nos débats, à faire venir,
si c'est là le voeu de certains membres de la commission, d'autres
ministres, dont les ministères ont des implications dans
l'opération de protection du territoire agricole.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. Y a-t-il d'autres intervenants? M.
le député de Huntingdon, vous pouvez faire...
M. Dubois: Je parlerai après, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud. (21 heures)
M. Roy: Merci. Je serai très bref, M. le Président.
La motion du député de Huntingdon
était ce que je pourrais qualifier d'une motion sérieuse.
C'est pourquoi je comprends mal l'attitu-dè de nos collègues d'en
face. Lors de la formation du Conseil des ministres, du cabinet, au lendemain
des élections du 15 novembre 1976, c'était la première
fois dans l'histoire du Québec qu'un gouvernement se dotait d'une
structure spéciale, d'une structure particulière en confiant des
superresponsabilités à cinq membres du cabinet, à des
ministres d'Etat. La question d'aménagement du territoire du
Québec constituait une des priorités du gouvernement nouvellement
élu; elle constituait non seulement une priorité pour le
gouvernement nouvellement élu, mais une priorité pour l'ensemble
du Québec. Cela, le gouvernement nouvellement élu l'avait
compris, puisqu'il l'avait mis, puisque le Parti québécois
l'avait mis dans son programme électoral. C'était un engagement
et la population a appuyé cet engagement. D'autres formations politiques
ont abondé dans le même sens.
Or, pour donner plus de corps, pour donner suite à ce voeu
exprimé par la population, le premier ministre du Québec, chef du
Parti québécois, a confié à un membre du cabineTla
responsabilité de l'aménagement du territoire, à un des
cinq cabinets des superministres, au ministre d'Etat à
l'aménagement. L'aménagement et la protection du territoire
agricole constituent un secteur, l'aménagement du territoire, ce qu'on
pourrait appeler un département, et de loin, le plus important.
Comme on sait très bien les députés du
côté ministériel le savent mieux que nous qu'une loi
d'aménagement global est en préparation, serait en
préparation actuellement et qu'elle devra être
déposée si on en juge par les informations dont nous
disposons, je devrais dire, M. le Président, les bribes d'information
dont nous disposons devant l'Assemblée nationale au cours de
l'année...
M. Garon: Je pense que le député de Beauce-Sud n'a
pas le droit d'induire la commission en erreur. Le premier ministre a promis
que la loi serait déposée avant Noël. Ce ne sont pas des
bribes d'information, ce ne sont pas des bribes d'information, ce ne sont pas
des racontards, ni du placotage, c'est le premier ministre lui-même qui
l'a déclaré
M. Roy: La Loi sur la protection du territoire agricole sera
déposée avant Noël.
M. Garon: Le premier ministre l'a dit en Chambre.
M. Roy: II y a des choses qui nous échappent, M. le
Président, à un moment donné. Je m'en excuse, ce
n'était pas mon intention d'induire la Chambre en erreur. Jusqu'à
maintenant, je ne connais pas et je n'ai pas vu la Loi sur l'aménagement
du territoire, mais ce que vient de dire le ministre vient tout simplement
renforcer l'argument, les arguments que j'étais en train d'apporter aux
membres de la commission pour qu'on adopte, qu'on accepte, sans discourir
pendant une soirée complète, la motion d'amendement, la motion
qui avait été présentée par le député
de Huntingdon. Je dis que c'est une raison de plus, M: le Président, je
terminerai là-dessus, si une loi d'aménagement de l'ensemble du
territoire est déposée avant Noël, d'avoir avec nous le
ministre d'Etat à l'aménagement. Cela m'apparaît tout
à fait élémentaire. Si on avait voulu éviter cette
motion parce que c'était prévisible qu'une motion dans ce
sens serait faite par l'un ou l'autre des collègues de l'Opposition
le ministre d'Etat à l'aménagement serait
déjà assis à cette table pour participer avec nous
à l'étude de cet important, très important projet de
loi.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le député de Shefford.
M. Verreault: Je n'avais pas l'intention d'intervenir tout
à l'heure, mais, voyant les propos que vient de soulever le
député de Beauce-Sud...
M. Garon: C'est plutôt le député de
Saint-Jean qui a dit de parler.
M. Verreault: ... alors que, dans les circonstances, le
député de Beauce-Sud disait que la motion qui a été
présentée par le député de Huntingdon était
une motion des plus sérieuses à cette commission. Dans les
circonstances, si j'ai décidé de prendre la parole sur la motion,
c'est afin de démontrer jusqu'à quel point la motion du
député de Huntingdon est valable, et c'est que j'ai entre les
mains un document qui est intitulé: "La décentralisation, une
perspective communautaire nouvelle, fascicule 3, l'aménagement et
l'urbanisme". Cela vient du ministère, du Conseil exécutif, du
secrétariat à l'aménagement et à la
décentralisation. Je voudrais d'ailleurs, j'attends
l'autorisation, M. le Président lire simplement deux ou trois
petits paragraphes ici, à l'avant-propos de ce rapport, qui se lit, et
je cite: "Au début de l'année 1977, j'ai entrepris avec mes
collègues du comité ministériel de l'aménagement
une réflexion sur les problèmes généraux
d'aménagement du territoire du Québec et sur la prise de
décision en aménagement. "Nous avons rapidement fait une
distinction entre deux modèles possibles. Premièrement, ou c'est
le gouvernement lui-même qui aménage le territoire selon sa propre
perception des besoins ou des individus et des collectivités ou,
deuxièmement, le gouvernement confie à des instances plus locales
les responsabilités de l'aménagement et leur donne des moyens de
faire face à ces responsabilités. Là-dessus, l'orientation
a été claire; ce n'est pas de Québec que doit se faire
l'aménagement".
Ceci est pour renforcer les propos qui ont été tenus par
le député de Beauce-Sud et pour approuver et appuyer la motion
formulée par le député de Huntingdon, qui désire et
qui demande que le ministre d'Etat délégué à
l'aménagement soit présent à ces discussions, à
l'occasion de la présentation du projet de loi 90.
Je voudrais également je serai très bref et, de
toute façon, j'ai le temps disponible pour le faire faire
remarquer et informer les membres de cette commission même s'ils
ne sont pas intéressés à ces propos fort judicieux et
intéressants qu'à l'introduction on dit: Qu'est-ce que
l'aménagement? Les définitions ne manquent pas et pourraient
varier, sans doute, selon les interlocuteurs, mais essayons d'en faire
ressortir quelques dimensions. "L'aménagement est d'abord pour un groupe
une façon d'occuper son territoire et de vivre son environnement. C'est,
par conséquent, une façon d'organiser et d'agencer son milieu de
vie de manière à le rendre plus conforme aux valeurs et à
la conception de la beauté auxquelles il adhère, ainsi
qu'à le mieux faire correspondre à la volonté qu'il a de
l'utiliser de façon efficace, rentable et moins coûteuse. C'est
pourquoi l'aménagement des villes et des campagnes est
généralement un domaine privilégié d'expression de
la culture d'un peuple. N'est-ce pas par l'habitat qu'il se donne, les villes
qu'il se construit, les ressources qu'il utilise, les cours qu'il harnache,
etc., qu'un groupe définit son appartenance à son territoire,
tout comme il est influencé par lui? Mais l'aménagement est aussi
autre chose; c'est une multitude de gestes quotidiens, individuels et
collectifs qui, combinés les uns aux autres, façonnent un cadre
de vie pour le meilleur ou pour le pire. C'est un champ cultivé, une
maison restaurée, un village ou un quartier habité, un parc
fréquenté. C'est aussi la décision de construire une
autoroute à travers champs, des tours d'habitations, ou à bureaux
au centre d'une ville, un centre commercial en banlieue, un camping le long
d'une rivière, des chalets sur les rives d'un lac ou sur le pourtour
d'une montagne".
M. Garon: Le public va juger cela insignifiant, le public
des...
M. Verreault: Et je termine avec le dernier paragraphe, M. le
Président, pour renseigner et mieux informer le ministre de
l'Agriculture: "L'aménagement, c'est enfin un investissement et
c'est le ministre d'Etat délégué à l'environnement
qui le dit au double sens d'un projet à réaliser et d'une
dépense à effectuer. "Comme projet, l'aménagement est
l'expression d'un souhait, d'une ambition d'agencer son espace et son
environnement à sa convenance. En ce sens, l'aménagement doit
être pensé et imaginé avant d'être fait,
planifié et discuté avant d'être réalisé,
choisi dans son organisation et son utilisation avant d'être mis en
oeuvre".
Vous voyez, ces déclarations viennent d'un rapport qui a
été préparé par le ministre d'Etat
délégué à l'environnement et c'est exactement le
but de la motion que propose le député de Huntingdon, que le
ministre d'Etat délégué à l'environnement soit
présent ici. Nous aurions une multitude de questions à lui
poser.
M. le Président, s'il est vrai que le torchon brûle, au
Conseil des ministres, entre le ministre de l'Agriculture et celui
délégué à l'environnement, je ne crois pas...
M. Garon: Les torchons sont plutôt dans le Parti
libéral!
M. Verreault: ... que les membres de cette commission soient
obligés de subir ces brûlages de torchons, si on peut s'exprimer
ainsi. Dans les circonstances, il est sûr que le ministre de
l'Agriculture n'est peut-être pas intéressé à ce que
son collègue, au Conseil des ministres, soit présent. Mais, de
toute façon, il y aurait fort avantage à ce que le ministre
d'Etat délégué à l'environnement soit
présent ici, afin de pouvoir répondre à toutes ces
questions.
C'est pourquoi, M. le Président, je vous dirai que la motion fort
sérieuse du député de Huntingdon, qui a été
ridiculisée par les sans-culottes d'en face, vaut vraiment la peine
d'être considérée et appuyée par tous les
participants de cette commission. J'espère...
M. Garon: ... intellectuels...
M. Verreault: ... que les péquistes, qui nous font face,
ici, à cette commission, auront le courage de dire à leur
ministre de l'Agriculture: La motion du député de Huntingdon est
très sérieuse; la bouffonnerie que nous a fait tout à
l'heure le député de Champlain, on l'excuse et, dans les
circonstances, nous allons voter favorablement à cette motion et que,
solidairement, tous les membres de cette commission accepteront que le ministre
d'Etat délégué à l'environnement soit
présent, ici, afin de pouvoir étudier avec nous ce projet de loi
fort important pour tous les Québécois.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, je vous signalerais que vous allez voter pour la motion, que vous
êtes favorable à la motion, telle qu'amendée. Elle a
été amendée.
M. Verreault: Moi, je parle de l'amendement du
député.
M. Dubois: Non, moi c'est une motion, lui c'est un
amendement.
Le Président (M. Boucher): Vous parliez sur l'amendement
du député de Champlain ou sur la motion principale?
M. Verreault: Non, j'y ai fait allusion, mais, de toute
façon, je parlais de la motion du député.
Le Président (M. Boucher): Nous parlons sur la motion,
telle qu'amendée. M. le député de Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, depuis deux ans que je
siège à l'Assemblée nationale, je ne crois pas avoir fait
perdre beaucoup de temps, ni en commission parlementaire, ni à
l'Assemblée natio-
nale. Je peux vous dire que, en ce qui concerne la bouffonnerie que j'ai
faite, je me rends compte que le député de Shefford n'a
même pas l'intelligence de la comprendre. Cela se comprend parce que,
depuis que je siège à l'Assemblée nationale, tout ce que
j'ai entendu ce sont des boufonneries de sa part, tant à
l'Assemblée nationale qu'en commission parlementaire.
Aujourd'hui, nous siégeons depuis 15 heures environ; nous n'avons
pas fait un traître pouce d'ouvrage et l'un des grands responsables est,
entre autres, le député qui m'a précédé et
qui me traite de bouffon. J'espère qu'un jour, si on ne peut pas le
juger ou si, par les règlements, on est obligé d'endurer un
être aussi nuisible à l'Assemblée nationale, ses
électeurs au moins sauront le juger. C'est pour cela que j'ai
présenté l'amendement, pour lui éviter de continuer
à faire perdre le temps de la commission en proposant amendement
par-dessus amendement. C'est le genre d'amendement, normalement, qu'il fait
depuis que je le connais.
Je puis vous dire que l'amendement était sérieux, aussi
sérieux que la motion principale du député de Huntingdon,
parce que la motion se lit comme suit: "Que les membres de cette commission
invitent le ministre d'Etat...". Je pense que lorsque nous sommes
députés à l'Assemblée nationale, ministres ou
premier ministre, tous sont invités à venir siéger
à une commission, s'ils en ont le temps et si le dossier leur
paraît... Tous les dossiers sont importants, mais s'ils ont le temps de
le faire.
Je pense que ce n'est même pas logique qu'une commission
parlementaire émette un voeu ou un souhait semblable parce que je crois
que tous les ministres, tous les députés se sentent aussi bien
invités à cette commission parlementaire. C'est une motion
dilatoire, c'est une motion qui n'a pas sa raison d'être, c'est une
motion tout simplement pour faire perdre le temps précieux des
parlementaires. J'y suis habitué depuis deux ans, mais on ne s'habitue
jamais à des choses aussi aberrantes telles que celles que l'Opposition
fait actuellement, quand on est habitué de travailler pour gagner sa
vie. C'est pour cela que j'ai présenté l'amendement, pour leur
montrer jusqu'à quel point ils pouvaient être insignifiants dans
leurs propos et dans leurs motions dilatoires.
M. Verreault: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Champlain. M. le député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, il y a une chose qui vient
d'être confirmée à cette commission, c'est que lorsque,
tout à l'heure, j'ai traité le député de Champlain
de bouffon, je ne l'ai pas fait en ce sens premièrement, mais je viens
de réaliser que c'était vraiment bouffon et le
député s'est choqué pour une mauvaise
interprétation. Je considère, par ce fait, que le chapeau lui a
fait, il l'a mis, alors je lui concède.
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit, M. le
député de Huntingdon, vous avez votre droit de
réplique.
M. Dubois: Je crois que le député de Champlain
n'est pas tout à fait au courant du rôle qu'a à jouer le
ministre délégué à l'aménagement du
territoire. Je crois bien...
M. Gagnon: Ce n'est pas vous qui allez m'instruire de cela,
j'espère!
M. Dubois: Non, mais je crois que vous avez prouvé
exactement, par vos paroles, il y a quelques minutes, que vous ne connaissez
absolument rien à son rôle. Vous savez pertinemment que ce
superministère a été formé, tout à fait au
début de votre mandat, pour un but bien précis.
Je pense que la motion que j'ai proposée ce soir était
très pertinente et je suis prêt à apporter des arguments
pour le prouver. Vous savez très bien que ce ministre a à
chapeauter tout ce qui s'appelle aménagement et utilisation du
territoire au Québec. Il a un rôle très précis
à jouer en tout ce qui touche le développement. (21 h 15)
Etant donné que je pense que vous désirez avoir un
développement rationnel, un développement ordonné, un
développement harmonieux, vous avez un ministre qui doit chapeauter
cela. Vous savez aussi que, quand on touche au territoire, on touche à
l'agriculture et que, quand on touche à l'agriculture, on touche au
territoire. Alors, c'est un tout et cela se tient. Le ministre d'Etat à
l'aménagement du territoire a certainement à composer avec tous
les autres ministères; que ce soit avec le ministre des Affaires
municipales ou avec le ministre délégué à
l'environnement, vous avez un ministre qui doit composer avec tous ces gens,
aussi bien qu'avec le ministre de l'Agriculture. Alors, je crois qu'il
était bien pertinent de l'avoir ici ce soir parce qu'il aurait
été représentatif de tous les autres ministres que vous
avez voulu inclure par votre amendement.
Je pense que votre amendement était ridicule, je pourrais dire
farfelu. Je pourrais lui donner bien des qualificatifs, mais je vais laisser
tomber. Je pense que vous ne comprenez même pas le rôle que joue
votre ministre d'Etat à l'aménagement du territoire à
l'intérieur et dans le grand cadre de l'utilisation et de
l'aménagement du territoire. Cela, je le pense réellement.
M. Gagnon: II y a peut-être pas mal de choses que je ne
comprends pas, mais je ne compte pas les apprendre de vous, monsieur.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Huntingdon, avez-vous terminé?
M. Dubois: J'arrête là, M. le Président. Cela
ne sert à rien d'aller plus loin, ils ne comprennent rien!
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Vote enregistré. M. Giasson: M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, je vous ferai remarquer que M. le député de
Huntingdon a exercé son droit de réplique; alors, je n'accepterai
pas d'autre intervention.
M. Giasson: Mais, il n'y a pas de droit de réplique; c'est
20 minutes pour chaque député, autant de fois qu'il veut
intervenir dans cette période de 20 minutes.
Le Président (M. Boucher): Oui, mais le proposeur de la
motion vient d'exercer son droit de réplique.
M. Giasson: Oui, mais pas sur des motions en commission
parlementaire.
Le Président (M. Boucher): Sur une motion.
M. Giasson: En vertu de quel article du règlement, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Excusez, c'était sur
l'amendement. M. le député de Montmagny-L'Islet, vous intervenez
sur la motion telle qu'amendée?
M. Giasson: Exactement, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député.
M. Gagnon: Vous avez parlé sur la motion.
M. Giasson: J'ai parlé sur la motion, mais notre
règlement nous permet d'intervenir autant de fois qu'un
député veut le faire à l'intérieur d'une
période de 20 minutes.. -
M. Gagnon: Plusieurs 20 minutes?
Une Voix: Non.
M. Gagnon: Total.
M. Giasson: 20 minutes par sujet.
Le Président (M. Boucher): II vous reste exactement huit
minutes.
M. Giasson: M. le Président, j'ai écouté les
propos de mes collègues qui sont intervenus depuis que j'ai pris la
parole une première fois sur cette motion amendée. Vraiment, je
ne m'explique pas que ces gens n'admettent pas le bien-fondé de la
motion présentée par le député de Huntingdon.
M. le Président, vous avez présidé nos
séances de la commission pendant tout le temps que nous avons
consacré à recevoir, ici, des individus et des groupes qui sont
venus devant la commis- sion, y ont déposé des mémoires,
ont lu ces mémoires, ont reçu toutes les questions que les
membres de la commission ont voulu poser.
Est-il nécessaire de rappeler que la très grande
majorité des groupes et des personnes que nous avons reçus a
insisté énormément pour convaincre le ministre de
l'Agriculture de procéder dans la protection du territoire agricole
donc, dans son aménagement en respectant les règles
ou les indications que le ministre d'Etat à l'aménagement a
proposées au Québec depuis deux ans? La plupart, au moins 75% des
intervenants ont fait état de la nécessité et du
bien-fondé de procéder à un aménagement du
territoire, que ce soit dans le secteur agricole ou les autres secteurs
touchés par l'aménagement, par des pouvoirs qu'on devait donner
à des instances locales ou régionales. Dans l'ensemble, les
municipalités ont réclamé que des pouvoirs
décisionnels soient remis entre les mains des corporations municipales.
D'autres personnes qui venaient également au nom du monde municipal ont
demandé au ministre d'examiner la possibilité de confier des
pouvoirs aux conseils de comté dans l'application de la loi 90.
Même des gens qui n'ont rien à voir, comme tels, avec
l'administration municipale, des gens qui oeuvrent dans des régions
depuis des années, ont fait valoir au ministre également
l'urgence de confier plus de pouvoirs entre les mains de groupes ou d'instances
locales qui seraient en mesure de participer à l'aménagement du
territoire pour des raisons toutes logiques.
Ces raisons reposent d'abord sur le fait que les instances locales
connaissent beaucoup mieux la réalité du milieu que pourraient le
faire des fonctionnaires, si brillants soient-ils, installés quelque
part à Québec ou à Montréal. Tout dépendra
du siège social, du siège principal de la commission; on peut
présumer qu'il sera à Québec. Pourquoi? Parce que ces
fonctionnaires, qui vont faire des efforts louables je le reconnais
pour tenter de mettre en application les dispositions de la loi 90, ne
peuvent pas évaluer ce que les gens de la base, ce que les gens de la
localité ou des régions veulent, effectivement, comme
système d'aménagement, ce que ces gens veulent comme
décision à être rendue sur la multitude des demandes qui
vont aller à la commission provinciale si elle est seule à
fonctionner des demandes qui pourraient aller également à
des commissions régionales si ce principe, si cette hypothèse
était retenue par le ministre de l'Agriculture.
Les membres de la commission parlementaire ont entendu, ont
écouté, tout autant que moi, les interventions qu'ont faites les
personnes et les groupes qui sont venus devant nous. Comme je l'indiquais, la
très grande majorité a mis beaucoup de temps à
établir, à énoncer le bien-fondé de pouvoir qui
serait entre les mains des instances locales ou régionales et, comme ces
demandes vont exactement dans le sens des volontés du ministre d'Etat
à l'aménagement, je crois qu'il faut considérer à
son mérite, qu'il faut considérer la logique qu'il y a
derrière la motion du député de
Huntingdon à savoir pouvoir avoir avec nous le ministre d'Etat
responsable de l'aménagement au Québec, afin qu'il nous dise si
lui, de son côté, a complètement changé d'opinion en
matière de structures à élaborer et à mettre en
place pour l'aménagement du territoire, que ce sont tous les secteurs de
l'activité économique et humaine qui sont touchés par cet
aménagement.
Je suis d'avis, M. le Président, sincèrement d'avis que
nous aurions avantage, à la commission parlementaire, d'entendre, de
dialoguer avec le ministre d'Etat responsable de l'aménagement du
territoire, parce qu'il pourrait nous indiquer que le ministre de
l'Agriculture, dans l'application de sa Loi sur la protection du territoire
agricole, aurait avantage également à utiliser ce que nous avons
en disponibilité, les bonnes volontés, le bénévolat
qu'on peut trouver au niveau des régions du Québec, puisque
beaucoup de personnes nous ont démontré que ce
bénévolat, que cette bonne volonté, que ces
capacités qu'avaient les gens qui se sont impliqués depuis des
années dans le milieu pourraient faire poser des gestes et faire prendre
les décisions qui seraient beaucoup plus près de la
réalité concrète vécue dans des régions et
dans des territoires.
Donc, la motion du député de Huntingdon m'apparaît
des plus fondées et je crois que nous devrions pouvoir avoir, à
notre commission, la présence du ministre d'Etat responsable à
l'aménagement du territoire.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le ministre.
M. Garon: Je vais dire seulement un mot, M. le Président.
Je pense que tous les gens et les députés de la Chambre sont
invités à faire partie d'une commission parlementaire. Cette loi
a été étudiée et recommandée au Conseil des
ministres par le comité ministériel permanent de
l'aménagement. Elle a été adoptée par le Conseil
des ministres. Elle a été adoptée en première et
deuxième lectures par l'Assemblée nationale. Elle a
été envoyée en commission parlementaire pour
l'étude des mémoires après avoir fait une tournée
de la province au cours du mois de septembre. Actuellement, elle est là
pour étude, article par article.
J'ai l'impression simplement que les députés de
l'Opposition, sans exception, veulent retarder l'adoption, parce qu'ils ont
peur de voter pour ou contre les articles qui vont venir, parce qu'ils n'ont
pas le courage, parce que, pendant des années, ils n'ont pas eu le
courage d'adopter une loi de protection du territoire agricole. C'est
aujourd'hui qu'ils sont devant une loi; ils ne savent pas s'ils doivent voter
oui ou non, vis-à-vis chacun des articles. C'est essentiellement ce
qu'ils craignent.
Le Parti libéral s'est fait depuis longtemps le défenseur
des spéculateurs, comme auparavant ils étaient les
défenseurs des caisses électorales. Ce sont les mêmes gens
qu'on retrouve là, dans la spéculation, comme dans les caisses
électorales. L'Union Nationale a fait le choix d'être
conseillé par la distance; c'est un choix. L'avenir démontrera si
c'est un bon choix et je pense qu'actuellement tout ce qu'on fait depuis cet
après-midi, c'est assister à un simulacre de proposition tout
simplement pour retarder l'étude du projet de loi.
Le chef du Parti libéral, qui n'est pas encore présent
dans cette Chambre, pourrait venir assister pour montrer sont
intérêt à l'agriculture.
J'appellerais cela des sépulcres blanchis; je pense que la
véritable cause du manège de l'Opposition est claire, c'est de
défendre la spéculation. C'est clair comme deux et deux font
quatre qu'ils n'ont jamais défendu la classe agricole, qu'ils ne la
défendent pas plus aujourd'hui qu'ils ne l'ont défendue dans le
passé ou qu'ils la défendront demain, parce qu'ils n'ont jamais
défendu les petits contre les gros. Ils ont toujours défendu les
gros, et les gros sont dans la spéculation.
Je pense que ce à quoi nous assistons actuellement c'est le refus
même d'étudier la loi; le refus de voir à quel point,
encore une fois, on a tenu compte des représentations qui nous ont
été faites lors de ces audiences qui ont duré 60
heures.
Il est clair que c'est une stratégie du Parti libéral. Il
est clair que c'est une stratégie de l'Union Nationale. Il est clair
qu'on voit les députés, un par un, venir faire leur tour. Le
député de Laval s'est soudainement trouvé une vocation
agricole; le député de Marguerite-Bourgeoys est venu nous voir;
le député de Portneuf est venu faire son tour; le
député de Saint-Jean est là parce qu'il manipule...
Des Voix: L'ex-député de Saint-Jean.
M. Garon: L'ex-député de Saint-Jean, parce qu'il
manipule les marionnettes et il dit au député: Dis telle chose;
et le député dit telle chose. Tantôt, je le voyais
même qui passait un papier à un député qui le lisait
tout fort pour la première fois et qui avait de la misère
à le lire.
Je suis estomaqué de voir l'attitude que l'on retrouve
actuellement dans l'Opposition. Tout ce que je regrette, c'est que les
commissions parlementaires ne soient pas télévisées, pour
que la population puisse assister à ce simulacre de démocratie
qu'est cette façon de travailler de l'Opposition. J'admets et j'accepte
qu'on puisse dire qu'on est contre tel article, qu'on fasse des propositions.
Mais que tout simplement, par des manèges, on refuse d'étudier la
loi, c'est une perte de temps, une perte de salaire... Regardons d'abord
comment un immeuble comme celui dans lequel nous sommes peut coûter pour
fonctionner pendant toute une journée; seulement cette pièce,
avec toutes les personnes qui sont impliquées, où on perd son
temps depuis 15 heures. Qu'est-ce que représentent six heures et demie
de travail dans le parlement? J'aimerais qu'on le calcule et là, ce sont
les fonds des contribuables. Mais ces gens n'avaient pas plus de respect pour
les fonds des contribuables quand ils étaient au pouvoir et ils ne
l'auront jamais.
On est prêt à inviter tout le monde que vous voulez, y
compris votre chef. Envoyez vos télé-
grammes, comme vous les avez envoyés et faites le plus
d'opposition possible au projet...
M. Dubois: On a juste demandé un homme, ici, qui est un
ministre. Point final, c'est tout ce que j'ai demandé.
M. Garon: Invitez qui vous voudrez, on est prêt à
recevoir qui vous voudrez.
M. Dubois: Et vous savez autant que moi que ce ministre est
important.
M. Garon: Vous remarquez qu'il y a beaucoup de chaises, il y a de
la place pour du monde, vous pouvez inviter qui vous voudrez, on est
prêt.
M. Dubois: C'est là qu'on veut l'avoir.
M. Garon: Mais on ne veut pas parler pendant des heures sur des
invitations.
M. Dubois: Vous avez assez charrié, alors arrêtez;
parce que la motion que j'ai faite était bien fondée.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants?
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, si vous intervenez sur la motion...
M. Giasson: ... sur la question de règlement qui a
été soulevée par le ministre de l'Agriculture. C'est
lui-même...
M. Garon: Je n'ai pas soulevé de question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Ce n'est pas une question de
règlement, c'est une intervention, M.le député de
Montmagny-L'Islet. Il avait demandé la parole sans mentionner que
c'était une question de règlement.
M. Giasson: Moi, je soulève une question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Allez-y.
M. Giasson: Même si j'ai encore du temps à
l'intérieur de mes 20 minutes.
Le Président (M. Boucher): II vous reste une minute, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Le ministre de l'Agriculture, parlant sur la motion,
mais touchent très peu à la motion qui est devant nous, a voulu
donner une leçon de conduite aux députés de
l'Opposition.
Il est évident que le ministre de l'Agriculture n'a pas
siégé dans cette Chambre dans la période de 1970 à
1976, parce qu'il y avait une Opposition à l'époque, qui n'est
pas celle que nous avons aujourd'hui et nous l'avons vue fonctionner... Vous
non plus, M. le député de Champlain, n'étiez pas
là... Moi je l'ai vue fonctionner à chaque jour des travaux
parlementaires...
M. Gagnon: Non, mais on les a suivis!
M. Giasson: ... parce que je suis un député
présent.
M. Beauséjour: Question de directive. (21 h 30)
M. Giasson: Je n'ai pas à porter de jugement sur le
comportement de l'Opposition de l'époque, mais je puis vous
déclarer que cette Opposition a utilisé tous les moyens de son
choix pour mener des débats, pour mener des "filibusters", pour mettre
de la paralysie à l'endroit de certaines lois quand ces gens
jugeaient...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... qu'ils devaient prolonger les débats et je
n'ai pas de leçon à recevoir du ministre de l'Agriculture qui n'a
pas siégé à cette époque, parce que moi, j'ai vu
comment fonctionnait l'Opposition de cette période.
M. Baril: C'était dans l'intérêt de la
majorité.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Montmagny-L'Islet, il n'y a pas
là une question de règlement. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la motion? M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: Après ce que vient de dire le ministre, je
n'ai pas grand-chose à dire. Ce que je veux dire, quand même,
c'est que j'ai entendu, durant la tournée de consultation, une phrase
qu'un groupe de la relève agricole est venu nous dire; c'est que
l'aménagement et l'urbanisation du territoire agricole ne peuvent se
faire qu'après que le territoire agricole aura été
protégé et conservé pour le bien de l'agriculture et des
citadins. Donc, je peux vous dire que je voterai contre l'amendement.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-François. Alors, est-ce que cette motion
sera adoptée? Par vote enregistré? M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Je ne peux m'opposer à une invitation; je vote
pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Abstention.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je suis contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lévis, M. le ministre.
M. Garon: Abstention.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Léonard): Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Contre... pour!
Une Voix: C'est pour.
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Boucher): Alors, la motion est
adoptée.
M. Vaillancourt (Orford): J'étais dans la lune!
Le Président (M. Boucher): La motion telle
qu'amendée est adoptée à cinq contre trois. Nous
transmettrons au Conseil des ministres l'invitation de la commission.
M. Giasson: M. le Président, avant de procéder
à l'étude article par article, j'aurais également une
motion à déposer devant la commission. C'est que...
M. Baril: Une autre motion! Bon... A qui celle-là?
M. Giasson: ... Non, je me souviens fort bien de propos qui ont
été tenus par des personnes qui sont venues devant la commission
et je me rends compte qu'il y a eu des suggestions qui valent la peine
d'être retenues, d'être discutées. Je fais motion pour que
le dernier mot du titre de la loi, le mot "agricole", soit remplacé par
le mot "rural". Le titre de la loi se lirait alors comme suit: "Loi sur la
protection du territoire rural."
Une Voix: Adopté.i
M. Garon: Je suis étonné qu'il n'ait pas dit de
changer "sur" par "contre". Cela aurait peut-être été plus
dans le cadre!
Une Voix: Est-ce que vous voulez relire?
Le Président (M. Boucher): La motion du
député de Montmagny-L'Islet se lirait comme suit: "Que le dernier
mot du titre de la loi, soit le mot "agricole", soit remplacé par le mot
"rural". Le titre de la loi se lirait alors comme suit: "Loi sur la protection
du territoire rural." Cette motion étant recevable...
M. Roy: Un instant, êtes-vous sûr qu'elle est
recevable?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous voulez parler
sur la recevabilité, M. le député?
M. Roy: Je n'ai pas l'intention de jouer à la
"procédurite". Quand on se prononce pour le principe d'un projet de loi,
quand on parle de la protection du territoire agricole, c'est le territoire qui
se réfère à l'agriculture. Quand on parle de la protection
du territoire rural, cela peut être les parcs industriels ruraux; cela
peut être les villages ruraux; cela peut être la forêt
rurale; cela peut être toutes sortes de choses rurales. C'est le seul
commentaire que j'ai à faire et je n'ai même pas l'intention de me
prononcer là-dessus et de voter là-dessus. Il y a quand
même des limites pour être ridicule!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François, sur la recevabilité de la motion.
M. Rancourt: Est-ce qu'on peut demander le
dépôt...
Une Voix: Non.
M. Rancourt:... là-dessus? Le dépôt de la
motion?
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de
dépôt de motion en commission parlementaire. J'ai lu le texte, M.
le député de Beauce-Nord. J'aimerais être informé
sur la recevabilité; je crois que le député de Beauce-Sud
a soulevé un point qui m'apparaît, sur le fond, assez
important.
M. Roy: Je pense que j'ai été assez clair, M. le
Président, sur la recevabilité.
M. Gagnon: Je suis d'accord. C'est irrecevable. Cela change
complètement la loi. Je suis d'accord avec le député de
Beauce-Sud.
M. Giasson: M. le Président, cela ne change pas le
principe de protéger le sol agricole, si c'est une loi sur la protection
du territoire rural. Le sol agricole au Québec se retrouve largement
dans le territoire rural du Québec.
M. Gagnon: M. le Président, exactement comme l'a
mentionné le député de Beauce-Sud, la loi que nous
étudions est une loi de protection du territoire agricole.
M. Roy: Point.
M. Gagnon: Point, c'est cela. Alors, si vous acceptez cet
amendement, cela veut dire qu'on change complètement la loi. A ce
moment, c'est le territoire rural et on n'a pas à ajouter à
l'explication qu'a donnée le député de Beauce-Sud; c'est
irrecevable.
Le Président (M. Boucher): II m'apparaît que le mot
"rural" contredit le principe de la loi sur le fond et, par conséquent,
une telle motion ne peut être recevable. Je déclare la motion du
député de Montmagny-L'Islet irrecevable.
M. Giasson: Je constate, M. le Président, que vous avez
changé votre décision parce que vous l'aviez déjà
déclarée recevable.
Le Président (M. Boucher): Je n'avais pas eu les
éclaircissements sur la recevabilité que M. le
député de Beauce-Sud nous a procurés. Alors, l'article 1?
Oui, M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Avant de débuter, je ne veux pas faire une
motion. Je pourrais la faire, mais c'est un voeu que je voudrais formuler.
Selon l'article 148 de notre règlement, tous les députés
ont accès aux commissions, mais ceux qui n'en sont pas membres et les
autres personnes doivent obtenir la permission de la commission pour se faire
entendre. Alors, le voeu que je voudrais formuler c'est que les
députés qui ne sont ni intervenants, ni membres de la commission
permanente de l'agriculture puissent se faire entendre sans avoir à
obtenir la permission et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite
commission relativement à l'étude article par article du projet
de loi no 90.
Le Président (M. Boucher): Vous voulez amender le
règlement de la commission?
M. Dubois: Non, non. Pour cette commission particulière,
au lieu d'avoir à demander la permission chaque fois qu'on va amener un
nouvel intervenant ou un nouveau membre de notre formation, on n'aurait pas
à demander la permission, cela serait automatique.
Le Président (M. Boucher): On ne peut pas amender le
règlement de l'Assemblée nationale ici, M. le
député.
M. Dubois: C'est la pratique courante, quand même.
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président. D'après moi, il s'agirait, chaque fois que quelqu'un
veut venir...
Le Président (M. Boucher): Un instant, s'il vous
plaît! J'aimerais préciser ce que le député de
Huntingdon veut, à savoir: Est-ce que c'est une motion que vous faites
pour amender le règlement de la commission?
M. Dubois: Je ne voulais pas en faire une motion, parce que je ne
voulais pas faire un débat.
Le Président (M. Boucher): Vous proposez que, lorsqu'un
député voudra s'adresser à la commission, il n'ait pas
à demander la permission?
M. Dubois: Je voudrais seulement formuler le voeu; c'est un voeu
que je formulais.
Le Président (M. Boucher): Ecoutez, je pense que les
règlements sont là, il faut les appliquer. La commission ne peut
pas changer le règlement existant. Alors, si un député
désire s'adresser à la commission, il demandera la permission aux
membres. Si les membres l'acceptent, on appliquera le règlement et il
pourra prendre la parole.
M. Roy: La commission est maîtresse de ses travaux et, s'il
y a un consentement unanime...
Le Président (M. Boucher): D'accord et, s'il y a un
consentement unanime, la commission pourra le faire.
M. Roy: ... autour de la table, cela ne me pose pas de
problèmes, M. le Président. Je n'en ferai pas un débat,
mais il me semble que c'est une chose qui a été normalement
acceptée dans la plupart des projets de loi importants, d'autant plus
que, quand on parle de zonage agricole, on touche pratiquement à tous
les comtés du Québec, du moins à tous les comtés
ruraux du Québec. J'estime que c'est une demande raisonnable.
Le Président (M. Boucher): Merci, d'accord. Le
règlement suivra son cours. Si les membres de la commission acceptent
que le député s'adresse à la commission, il pourra le
faire.
M. Roy: On va faire un débat qui va s'éterniser
chaque fois qu'un député voudra demander la parole. J'ai encore
bien des choses à apprendre, parce que j'en ai appris encore
aujourd'hui, mais j'ai suffisamment d'expérience, je pense, des
commissions parlementaires pour savoir qu'on doit régler rapidement
cette question au début d'une commission pour éviter que chaque
fois on y revienne avec des débats. Si on ne règle pas cela
aujourd'hui, on va avoir le débat demain, on va l'avoir vendredi,
on va l'avoir lundi prochain, on va l'avoir mardi et on va l'avoir mercredi.
Pourquoi? Parce qu'il y a des députés qui vont vouloir venir se
faire entendre et parfois il s'agit de l'humeur d'un
député...
Le Président (M. Boucher): Alors, si je comprends bien, la
proposition que le député de Huntingdon fait, c'est qu'il
voudrait que l'on présume une fois pour toutes du consentement unanime
de tous les députés qui voudront s'adresser ici, devant une
commission, et qu'on n'en parle plus.
M. Dubois: M. le Président, est-ce que tous les membres
permanents de la commission sont ici, ce soir? Je ne connais pas votre
groupe.
Le Président (M. Boucher): Alors, y a-t-il accord sur
cette proposition?
Une Voix: Oui, il y a accord, M. le Président. M.
Beauséjour: Je m'oppose, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Comme il n'y a pas d'accord, M.
le député...
M. Dubois: Alors, cela va faire une bataille chaque fois. Chaque
jour, il peut y avoir une bataille là-dessus et à toutes les
heures. C'est ce que vous voulez? Alors, là...
M. Baril: On l'acceptera au fur et à mesure.
Arrêtons de niaiser, bon Dieu!
M. Dubois: Ecoutez, ce serait réglé pour tout le
temps de cette commission.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): L'article 1;
c'est comme cela qu'on va fonctionner... arrêtez de taponner!
Adopté.
Interprétation
Le Président (M. Boucher): Alors, il n'y a pas d'accord
là-dessus. L'article 1.
M. Dubois: Vous n'auriez qu'à dire oui, cela
réglerait tout le problème pour tout le temps de la
commission.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je vais passer des feuilles... alors, ce n'est pas une
feuille chacun, c'est trois feuilles chacun... on l'a mis au complet, on l'a
reproduit au complet pour plus de simplicité, mais si c'est lui qui
prend les notes! Qui prend les notes des amendements?
Une Voix: Oui...
M. Garon: On va se retrouver tantôt!
Une Voix: Ici, ils ont seulement une page.
M. Roy: Seulement une page et on n'a pas la même! Cela va
aller mal!
M. Garon: Prenez votre temps, vous autres! Une Voix: II y
a trois pages, et tout se suit. Le Président (M. Boucher): M. le
ministre.
M. Garon: Au premier alinéa, c'est pour changer la
définition du mot "agriculture", pour tenir compte des
représentations qui nous ont été faites. Alors c'est: "la
culture du sol et des végétaux par exemple, la culture en
serre, c'est de la culture des végétaux, le fait de laisser le
sol sous couverture végétale, ou de l'utiliser à des fins
sylvicoles l'élevage des animaux et, à ces fins, la
confection, la construction ou l'utilisation de travaux, ouvrages ou
bâtiments, à l'exception des résidences." Cela tient compte
de représentations qui nous sont faites par les gens de foresterie et
les maraîchers, pour qu'on puisse comprendre la sylviculture, les travaux
de nettoyage en forêt, pour les boisés de ferme etc. je
n'ai pas de permission à demander des pépiniéristes
de même que la culture en serre. (21 h 45)
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres de la
commission désirent adopter paragraphe par paragraphe ou...
M. Roy: Oui, oui.
M. Garon: Ce serait mieux.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le paragraphe 1, la
définition de l'agriculture, est adopté?
M. Roy: Un instant, M. le Président. M. Giasson: M.
le Président, un instant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: On prend connaissance, à l'instant même,
M. le Président, des amendements qui sont déposés par le
ministre. Je constate certaines modifications au paragraphe 1, de l'article 1,
qui est la description du terme "agriculture". D'abord, il y a le retrait de
l'inscription, dans la description d'agriculture. Dans le projet de loi cela se
lit comme suit: "La culture du sol, y compris le fait de le laisser en friche".
Mais, par contre, le nouveau libellé, si je comprends bien, va continuer
de permettre de laisser en friche des sols qu'un propriétaire de ferme
ne voudrait pas cultiver, puisque la friche est nécessairement une
couche végétale. Le terme n'y est pas inscrit, tel qu'on l'a lu
dans le projet de loi déposé. Mais le nouveau vocable
utilisé dans la définition du terme "agriculture" va continuer de
permettre de laisser du
sol en friche, puisqu'il s'agit, effectivement, d'une couverture
végétale, de la culture du sol et des végétaux. Le
fait de laisser le sol sous couverture végétale, donc, c'est de
la friche. Cela n'interdit pas, cela ne répond pas à la demande
de beaucoup d'intervenants qui sont venus ou qui ont commenté la loi
90.
Est-ce que le ministre n'aurait pas songé, dans son amendement,
de faire en sorte qu'on ne puisse pas, dans le Québec,
dorénavant, laisser du sol en friche? Le fait de protéger le sol
agricole c'est la volonté même de cette loi devrait
se traduire par une réalité qui ferait que, dans l'avenir, on ne
pourrait plus, au Québec, laisser un sol pousser, à sa guise,
n'importe quoi, n'importe quelle couverture végétale. Il aurait
été plus logique, je pense, de faire en sorte que la loi invite
et oblige, même, ceux qui possèdent un bon sol arable à ne
pas le laisser pousser en friche et amène ces gens à y faire une
culture, quelle que soit la culture, mais en fasse une culture, de
manière que le sol qu'on protège serve à des fins
réelles, à des fins agricoles. La friche n'est pas une fin
agricole en soi.
M. le ministre, vous n'auriez pas jugé utile, suite à
toutes les recommandations qui ont été faites, d'éliminer
la friche?
M. Garon: C'est une loi pour protéger le territoire
agricole. Ce n'est pas une loi pour développer l'agriculture. On
retrouve de la bonne agriculture dans des mesures de développement.
Alors, ce que cela permet, par exemple, que les territoires qui ont
été achetés par les spéculateurs, qui sont en
friche, soient protégés pour l'agriculture. Cela veut dire qu'ils
ne peuvent pas être utilisés pour d'autre chose que l'agriculture.
Alors, cela protège le sol agricole, mais cela ne le cultive pas.
D'autres mesures viendront pour le cultiver. Là, il ne s'agit pas, dans
la Loi sur la protection du territoire agricole, d'avoir un programme pour
l'élevage du boeuf, d'avoir un programme pour la culture des
céréales, cela se retrouve ailleurs, sauf qu'en mettant cela, on
permet de protéger, pour l'agriculture, les territoires dans les mains
des spéculateurs qui les laissent en friche. Même s'il est en
friche sous couverture végétale, le sol est protégé
pour l'agriculture et le spéculateur ne peut pas faire ce qu'il en veut.
Je sais que cela peut faire mal à certains spéculateurs, mais
c'est le but de l'article, de la définition.
M. Verreault: La phraséologie est juste changée; le
but visé par le paragraphe 1, à la définition de
l'agriculture, est simplement de dire exactement la même chose, mais
d'une manière détournée.
M. Garon: Non, non. Il y a plus que cela; c'est pour tenir compte
de ce qu'on dit. Les ingénieurs forestiers qui sont venus faire leurs
représentations... C'est la culture du sol et des
végétaux. Il est nécessaire de laisser le sol sous
couverture végétale ou de l'utiliser à des fins
sylvicoles. A ce moment, on tient compte... Plutôt que de dire "sous
forme de friche", je pense que dire qu'on le laisse "sous couverture
végétale", cela veut dire plus que "sous forme de friche", et
cela tient compte des représentations qui nous ont été
faites par les ingénieurs-forestiers, les gens de foresterie, les
horticulteurs également, les gens s'occu-pant de gazon.
M. Giasson: Vous vous prolongez indéfinitivement, parce
que vous avez tous les gens spécialisés qui possèdent des
pépinières, les gens qui font de la culture en serre; vous avez
les aménagistes, les paysagistes qui ont besoin d'utiliser du sol sur
lequel ils font pousser des végétaux.
Les amendements, tels que proposés par le ministre, prolongent
davantage la définition du terme agriculture, du moins, précisent
beaucoup plus, ouvrent la porte davantage à des types d'activité
agricole qui laissaient un doute dans la définition du mot
"agriculture", tel que nous l'avions, dans la loi, lorsque
déposée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je ne vois pas en quoi cela protège la culture
sous serre spécifiquement. Si vous pouvez m'expliquer...
M. Garon: Les végétaux...
M. Dubois: D'accord, cela peut pousser dans les serres et cela
peut pousser en dehors des serres. Mais on ne parle pas de la culture sous
serre.
M. Garon: Oui, mais on dit: "à ces fins, la confection, la
construction ou l'utilisation de travaux, ouvrages ou bâtiments", alors,
les ouvrages et les bâtiments pour faire la culture des
végétaux, vous ne pensez pas que cela pourrait couvrir les
serres?
M. Dubois: Ouvrages ou bâtiments, écoutez, c'est
vague comme culture sous serre, je pense, comme protection de la culture sous
serre. L'interprétation...
M. Garon: Mais il peut y avoir différentes formules de
culture. Cela couvre cela, c'est générique, cela couvre plus
grand. Cela couvre la culture hydroponique. Cela peut couvrir plusieurs
choses.
M. Dubois: Cela dépend comment un conseiller juridique
peut l'interpréter aussi. On a vu hier soir que l'interprétation
du dernier mémoire qu'on a reçu n'était pas toujours
comprise de la même façon nulle part.
M. Garon: Oui, mais, excepté que, là-dessus, mon
interprétation était la bonne.
M. Roy: M. le Président...
M. Dubois: "... culture du sol, y compris le fait de le..." Il
n'y a pas grand-chose qui change avec l'ancienne... à l'exception de
"friche" que vous avez remplacé par "sous couverture
végétale". Je me demande bien comment la culture sous serre peut
avoir une protection assurée, parce que, selon l'interprétation,
il me semble que c'est vague, quand même.
M. Giasson: Je pense bien, M. le Président, que la culture
des végétaux se rattache à la culture qui est faite en
serre. Les végétaux...
M. Dubois: Mais ce n'est pas indiqué clairement, quand
même. Un bon jour, si on dit, de l'agriculture, on enlève
l'agriculture qui... enfin, on l'interprète de la façon qu'on
veut, mais ce n'est pas clair, quand même, que la culture sous serre est
dedans. Je ne le vois pas tellement clair. Cela peut...
M. Beauséjour: II faudrait y mettre des dessins!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, un
instant! M. le député de Huntingdon, avez-vous
terminé?
M. Dubois: Ecoutez, si on peut me prouver, hors de tout doute,
qu'un jour on dira: "On n'interprétait pas cet article d'une
façon différente, à l'effet que les serres ne sont pas
comprises ou que la culture sous serre ne sera pas comprise". Je veux
être bien rassuré. C'est cela, je veux être rassuré,
c'est tout.
Une Voix: Cela fera l'objet d'un règlement
probablement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Plus on va vouloir
définir le plus largement possible une définition qui devrait
être très simple au point de départ, plus on la restreint
automatiquement. Plus on lui donne de définitions, plus on essaie de
l'agrandir, plus on la restreint. A partir du moment où on commence
à faire des énumérations, lorsque ce n'est pas
énuméré, cela veut dire que c'est exclu.
Je regarde, par exemple, dans nos autres lois il ne faudrait
quand même pas avoir 35 définitions de l'agriculture au
ministère de l'Agriculture la loi du crédit agricole, une
des premières lois, une des lois les plus anciennes. "L'agriculture: La
culture du sol ou l'élevage des animaux de ferme", point. C'est
très simple. Dans la loi de l'amélioration des fermes, c'est la
même chose.
Par contre, j'ai regardé dans le dictionnaire "Le petit Robert",
pas le grand Robert je ne veux pas rappeler de souvenirs à
personne "Agriculture: culture du sol et, d'une certaine manière,
l'ensemble des travaux transformant le milieu naturel pour la production des
végétaux et des animaux utiles à l'homme." C'est
très générique, mais cela couvre tout, tout. C'est pour
cela que j'ai des réserves à vouloir amener plus d'explications
et plus de détails.
Il est bon, par exemple, étant donné les
représentations qui nous ont été faites, qu'on parle de
l'utilisation à des fins sylvicoles. En sommes, je pense bien que ce
n'est pas compris. La nouvelle définition ne va pas à rencontre
des définitions qui sont déjà prévues dans les
autres lois; elle ne va pas à l'encontre, non plus, de la
définition générale qu'on trouve dans le dictionnaire. Il
y a quand même des experts qui préparent les dictionnaires. Cela
me donne satisfaction et semble inclure, je pense, la culture sous serre qui
est la préoccupation du député de Huntingdon. D'ailleurs,
les jardiniers maraîchers nous avaient fait des remarques à ce
sujet, sans oublier, évidemment, le mémoire qui nous avait
été soumis par le syndicat de l'UPA de Laval. Je pense que tous
les autres jardiniers nous en avaient parlé aussi, pour que dans la
définition de l'agriculture, on ajoute "culture en serre sous toutes ses
formes". Je pense que c'est compris. Je ne veux pas poser un juriste, mais je
pense que c'est compris.
En terminant, évitons de donner plus de détails et de
faire des additions, parce que plus on va en faire, plus on va apporter des
restrictions par la force des choses.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. Y a-t-il d'autres interventions? Cet
amendement est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 2, "aire de
retenue".
M. Garon: Le paragraphe 2, c'est le même projet qu'avant.
Ce n'est pas amendé; c'est le texte qui existait auparavant. Alors,
"aire retenue pour fins de contrôle: la partie d'une municipalité
décrite au plan provisoire conformément à l'article
34."
Le Président (M. Boucher): Ce paragraphe est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Le paragraphe 3.
Il y a un amendement?
M. Garon: C'est un amendement qui a pour objet de faciliter la
rédaction et la compréhension de la loi. A l'article 29, vous
avez le troisième alinéa, qui dit: "Ne sont pas
considérés comme des droits réels, aux fins du
présent article, l'hypothèque, le droit de revendiquer, etc.,
etc.," les différents éléments. Alors, pour tout retrouver
cela, on l'a mis à la définition. Cela nous permet, à la
suite de représentations de la Chambre des
notaires, de mettre cela directement dans la définition de
l'aliénation, ce qui va simplifier. A ce moment, on pourra parler
d'aliénation et cela va être beaucoup plus simple dans le reste de
la loi.
Alors, on définit "aliénation": "tout acte translatif de
propriété c'est-à-dire tout acte qui transmet la
propriété y compris la vente à
réméré et le bail emphytéotique", qui ne
transfèrent pas la propriété. La vente à
réméré la transfère, mais temporairement, parce que
l'autre peut user de son droit de réméré. En utilisant son
droit de réméré, il redevient propriétaire. Dans
tout acte, il faudra indiquer: "tout acte translatif de
propriété, y compris la vente à
réméré et le bail emphytéotique."
Le bail à rente: le transfert d'un droit visé à
l'article 3 de la Loi des mines, 1965. "... un claim 1965,
première session, chapitre 34 le transfert d'une concession
forestière en vertu de la Loi des terres et forêts (Statuts
refondus 1968, chapitre 92) sauf: a) la transmission pour cause de
décès". Au lieu de "succession", on a mis "décès",
parce que le mot "succession" portait à confusion. Ce qu'on pourrait
dire, à ce moment, c'est qu'il s'agit uniquement de succession "ab
intestat", c'est-à-dire sans testament, alors que succession,
transmission par legs pourrait laisser un petit doute. Dans notre esprit, il
n'y en avait pas, mais pour qu'il n'y en ait pas du tout, on a remplacé
"succession" par "décès". Donc, la transmission pour cause de
décès, pour cause de mort. Le gars est mort, alors il a fait un
testament ou il n'en a pas fait. S'il en a fait un, c'est le testament qui joue
s'il est bien fait et s'il n'en a pas fait, c'est la loi qui règle sa
succession.
Contrairement à ce qui avait été dit en Chambre en
deuxième lecture par les épouvantails, vous voyez que...
M. Roy: II faudrait les identifier, quand vous parlez
d'épouvantails. Il y en a plusieurs qui sont intervenus en
deuxième lecture. Si vous employez ce terme, j'aimerais que vous lui
donniez une définition. Il faudrait le définir.
M. Garon: Ceux qui ont dit que le père ne pourrait plus
léguer sa terre à ses enfants, la diviser en morceaux pour les
fins de legs, c'était faux. Cela a toujours été faux, cela
n'a jamais été vrai. Justement, on exempte, on fait une exception
pour la transmission pour cause de décès. Au décès,
le père peut léguer sa terre de la façon qu'il le veut. On
n'a pas voulu faire de chicane de famille à la mort du père. Mais
la vente forcée, au sens des articles 1585 à 1591 du Code civil,
y compris la vente pour taxes, est exemptée, et le retrait. C'est
nouveau. Quand vous avez une vente pour taxes et que vous venez rembourser vos
taxes avant les deux ans, vous avez le droit de reprendre votre bien. Dans une
vente pour taxes, vous devenez propriétaire définitif
après deux ans. Le retrait est compris, et toute cession
résultant de la Loi de l'expropriation, toute exception à cela
aussi. Dans toute cession résultant de la Loi de l'expropriation, on a
voulu inclure la vente de gré à gré pour des fins
d'expropriation. Cela aurait pu être une expropriation forcée ou
une expropriation volontaire. Dans une expropriation forcée, on le force
à vendre ou on l'achète de gré à gré pour
des fins d'expropriation; pour qu'il n'y ait pas de doute, on l'a
marqué. Dans notre esprit, il n'y en avait pas auparavant, mais les
notaires ont dit: Ce sera plus sûr; c'est pourquoi on l'a mis. Souvent,
les conseillers juridiques veulent clarifier les lois pour éviter des
procès, plutôt que de les assombrir pour faire des procès.
Ce sont peut-être les parlementaires, parfois, qui les assombrissent et
les rendent moins claires et cela fait des procès. Nous avons
essayé de les clarifier pour ne pas faire de procès.
M. Roy: C'est assez rare que les parlementaires rédigent
un projet de loi.
M. Garon: Non, mais ils font des amendements sur l'inspiration du
moment.
M. Roy: Oui, mais l'inspiration n'éclaire pas toujours le
ministre.
M. Garon: Le ministre est déjà
éclairé.
M. Roy: Vous pouvez être ébloui aussi. Trop de
lumière éblouit et aveugle.
M. Garon: Cela éblouit les autres, pas celui qui la porte!
"c) la dation en paiement dans la mesure où elle constitue une clause
accessoire à un acte de vente ou à un acte d'hypothèque et
dans la mesure où celui qui l'exerce devient propriétaire de tout
le lot ou de tous les lots faisant encore l'objet de l'acte." Il a pu y avoir
des lots sur lesquels il y a eu des mainlevées, c'est pour cela qu'on
marque: "faisant encore l'objet de l'acte".
M. Roy: Pourquoi le mot "encore"?
M. Garon: On le souligne parce qu'il n'était pas dans le
projet imprimé de la loi. On l'a ajouté par un amendement
suggéré par les notaires, au cas où il y aurait eu des
actes par lesquels il y aurait eu une mainlevée partielle sur un
lot.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, pourriez-vous
préciser? Vous biffez, à la troisième ligne du paragraphe
c), "ou à un acte", étant donné qu'il se
répète.
M. Garon: II se répète, "ou à un acte".
Le Président (M. Boucher): Evidemment, il faut adopter cet
amendement. Il faut biffer ces mots.
M. Garon: Oui, je vais corriger ma feuille. Le
Président (M. Boucher): D'accord.
M. Giasson: M. le Président, dans l'ensemble, je l'accepte
assez bien, cependant, je constate que l'amendement qui est apporté par
le ministre, au troisième paragraphe, selon mon interprétation,
empêche encore un cultivateur de faire don de sa ferme de son vivant.
Est-ce que je l'interprète bien?
M. Garon: Sans permission. S'il morcelle sa terre par donation,
non.
M. Giasson: Je parle d'un cultivateur qui aurait 300 arpents,
à titre d'exemple, et qui déciderait de les donner à deux
de ses fils. Il dit: La moitié de ma ferme va à un tel et l'autre
moitié va à l'autre de mes fils.
M. Garon: II faudrait qu'il demande l'autorisation de la
commission. La loi vise simplement à empêcher le morcellement.
M. Giasson: Mais vous n'avez pas l'impression qu'on pourrait,
tout au moins, laisser la possibilité à un cultivateur, qui le
voudrait, de transmettre sa ferme de son vivant je ne parle pas des
étrangers, mais de ses enfants On pourrait, au moins, lui laisser
la possibilité de poser un tel geste sans devoir demander une
permission.
M. Garon: C'est-à-dire que s'il laisse sa ferme au
complet...
M. Giasson: Oui, mais je parle...
M. Garon: Non, mais je veux dire, ce n'est pas le but...
M. Giasson:... il la subdivise pour la donner à ses fils
de son vivant. Est-ce qu'on ne pourrait pas au moins reconnaître encore
un certain droit de propriété aux agriculteurs du Québec
pour qu'ils puissent poser un tel geste sans devoir obtenir une permission?
M. Roy: M. le Président, sur ce point très
pertinent, soulevé par mon collègue, le député de
Montmagny-L'Islet. Ce que la loi doit viser, en somme, c'est de s'assurer que
le territoire n'aille pas à des fins autres que l'agriculture. C'est le
but de la loi. Ce n'est pas de surveiller, si la personne divise sa terre en
deux ou en trois... C'est de voir à ce que ceux qui achètent les
parties de la terre continuent de faire de l'agriculture comme telle. Si on
change la vocation du terrain désigné, là, par exemple,
cela doit faire l'objet d'une permission et être examiné par la
commission.
Autrement, on va se retrouver avec la situation suivante: Tous les actes
notariés devront inévitablement être examinés par la
commission parce que, quels sont les notaires et les prêteurs qui vont
vouloir prendre le risque? Il faut, évidemment, sur le plan pratique,
regarder les choses telles qu'elles sont.
Les principes sont louables, les objectifs éga- lement; nous y
souscrivons. Mais les moyens que nous utilisons, sur le plan pratique, vont
donner quoi comme résultat, vont nécessiter quelles obligations,
quelles démarches, quelles permissions? Finalement, ils vont
nécessiter des coûts et des délais additionnels.
Alors, quand on parle de la surveillance du territoire agricole, c'est
la surveillance du territoire réservé à des fins
d'agriculture, pour que cela reste à des fins agricoles, point. Que ce
soit Jean-Baptiste Gagnon ou le député Giasson, ou encore le
député Garon, le ministre Garon, qui devienne propriétaire
d'un morceau de terrain et qui continue à faire de l'agriculture, le
rôle de la commission n'est pas d'intervenir à ce moment. Si la
vocation change, c'est le rôle de la commission de surveiller cela. Elle
doit voir à ce que la vocation ne change pas. Mais ce n'est pas le
rôle de la commission de surveiller qui va être propriétaire
du terrain. Je dis qu'il faut éviter d'aller trop loin.
M. Baril: M. le Président, si on a...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, pourriez-vous retenir votre question pour que M. le ministre
puisse répondre au député de Beauce-Sud?
M. Garon: Ce n'est pas qui est propriétaire qui nous
intéresse, cela ne nous intéresse pas. Ce qui nous
intéresse, c'est le morcellement. Actuellement, en agriculture, on ne
tend pas à se morceler, on tend plutôt à consolider... Les
petites fermes ont tendance vous l'avez dit souvent à
s'agrandir. Vous trouvez même qu'il y en a de trop grandes. Il y a un
amendement voulant permettre la donation de la ferme du vivant de quelqu'un en
la morcelant. Cela équivaudrait à créer une ouverture au
morcellement et à détruire des terrains agricoles. Un cultivateur
qui donne sa terre à son fils, ne la morcelle pas. Habituellement, chez
les propriétaires actuels, la ferme est organisée...
M. Roy: Cela dépend des fermes!
M. Garon: Mais il faut voir la réalité. M. Roy:
Bien, la réalité...
M. Garon: La réalité, ce n'est pas cela.
M. Roy: ... si quelqu'un, par ailleurs, veut acheter un morceau
de ferme pour se construire un poulailler...
M. Garon: C'est...
M. Roy:... et garder 25 acres de terre avec son poulailler, on ne
change pas la vocation de la terre! On assiste à un morcellement quand
même!
M. Garon: Oui.
M. Roy: Quand on prend le cas des jardiniers maraîchers qui
se sont présentés devant la com-
mission parlementaire, ils nous ont fait la démonstration d'une
façon très claire. Je pense, à ce moment, aux structures
que le ministre devra mettre en place pour examiner toutes les transactions. Il
ne faut pas venir, non plus, et déboucher vers un dirigisme d'Etat que
le ministre, comme je le connais, ne vise sûrement pas comme objectif,
faire en sorte que cela devienne un dirigisme d'Etat, absolu, total et qui
touche toutes les transactions. Si le ministre vise le morcellement des terres,
il faudra vérifier tous les contrats pour voir s'il n'y a pas
morcellement effectivement. Sur le plan pratique, c'est exactement ce que cela
va donner comme résultat. Cela ne peut pas être autrement. Si le
notaire était ici, il vous dirait exactement la même chose: II
faudra vérifier les contrats, au niveau de l'office, au niveau de la
commission centrale, pour s'assurer qu'il n'y pas morcellement, pour s'assurer
que la personne n'a pas fait une petite restriction sur son contrat, de 100
pieds carrés, pour une résidence éventuelle, ou encore,
pour permettre de se construire peut-être une petite maison
d'été pour lui-même, l'agriculteur, ou même pour son
fils. Il faudra que tous les contrats soient surveillés par la
commission. On me fait signe que non, mais je serais curieux, M. le
Président, de voir cette commission fonctionner pendant six mois et
qu'on revienne devant la commission parlementaire et qu'on examine les
faits.
Je me réfère à ce qui s'est produit dans la loi de
l'environnement. Il n'y a pas un agriculteur,, jusqu'à maintenant, qui a
le droit d'agrandir son étable pour garder cinq bêtes à
cornes de plus, sans avoir la permission du ministère de
l'environnement. Même s'il est seul comme agriculteur dans un rang, dans
le troisième rang en arrière sur une grande étendue de
terrain. Il est obligé de soumettre sa demande exactement de la
même façon que le type qui demeure en bordure du village, pour les
mêmes fins. Il est soumis aux mêmes règlements et le dossier
est étudié de la même façon. Il y a un permis
délivré de la même façon, alors qu'il aurait
dû y avoir un certain discernement de fait. Comme il n'y a pas eu de
discernement je parle d'une situation que nous connaissons, que les
parlementaires connaissent d'aucune façon et que tout doit passer
par la commission de l'environnement... tout doit passer; il n'y a rien qui ne
peut pas passer là. Il y a 34 000 cas, 34 000 dossiers illégaux
actuellement, à la commission de l'environnement du Québec. Cela
a été dit, cela a été prouvé et c'est
prouvable n'importe quand. 34 000...
M. Garon: Des cultivateurs?
M. Roy: Des agriculteurs. 34 000 agriculteurs. C'est à
vérifier. Ils sont dans l'illégalité!
M. Giasson: Ils ont procédé à des
aménagements sans avoir un permis?
M. Roy: C'est sérieux.
M. Giasson: Je ne vous dis pas que cela brise les environnements,
mais c'est illégal, quand même.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, aviez-vous quelque chose à ajouter?
M. Baril: Le ministre a répondu tout à l'heure
à ceci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: II faudrait peut-être apporter la correction de
34 000 agriculteurs illégaux. Cela a l'air curieux de lancer cela. Il y
a peut-être 34 000 agriculteurs qui n'ont pas nécessairement
demandé leur permis...
M. Roy: Ah oui, selon la loi.
M. Gagnon:... mais au fur et à mesure qu'ils le demandent,
ils obtiennent leur permis.
M. Roy: Non.
M. Gagnon: Arrête donc!
M. Roy: Les travaux sont faits dans certains cas... pas dans
certains cas; il y a 34 000 cas pour lesquels les travaux ont été
faits, sans l'obtention de permis. Sans l'obtention de permis, cela veut dire
qu'ils n'ont pas suivi les prescriptions de la loi. Alors, quand on n'a pas
suivi les prescriptions de loi, c'est illégal.
M. Gagnon: Prenez l'ensemble des fermes du Québec.
M. Roy: II y a 34 000 dossiers où on n'a pas
respecté les exigences de la loi dans le domaine de l'environnement pour
l'obtention des permis. Il faut y penser!
Une Voix: Combien d'agriculteurs y a-t-il au Québec?
Une Voix: II y a 45 000 agriculteurs au Québec, cela veut
dire qu'il y a à peu près 9000 agriculteurs qui n'ont pas fait de
rénovations.
M. Roy: Quels sont les agriculteurs qui, en quatre ans, n'ont
jamais fait d'améliorations à leurs bâtisses.
M. Baril: Si on recule quatre ans en arrière, ce
n'étaient pas toutes les productions qui se devaient de demander un
permis. Dans l'industrie laitière, on n'était pas obligé
de demander un permis. Même si on en demandait au service de
l'environnement, on disait qu'on n'en avait pas besoin.
M. Roy: En tout cas, les chiffres des dossiers ne sont pas du
député de Beauce-Sud. Je termine-
rai là-dessus parce que, quand même, je ne veux pas induire
qui que ce soit en erreur. Ce sont les chiffres qui nous ont été
soumis par la direction des services de l'environnement.
M. Baril: Oui, mais on ne donne pas l'explication.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Je pense
qu'on s'éloigne du sujet. Alors, M. le ministre. (22 h 15)
M. Garon: Je n'ai rien d'autre à dire. C'est pour
empêcher qu'on ne dilapide le territoire de cette façon et c'est
plus sérieux qu'on ne le pense. Dans les années cinquante, les
Iles-de-la-Madeleine se nourrissaient. Aujourd'hui, elles importent au-dessus
de 80% de leur nourriture parce que les terres ont été trop
subdivisées. Actuellement, le problème est exactement
là.
M. Roy: II ne faut pas charrier.
M. Garon: On dirait que le député de Beauce-Sud
connaît tout! C'est un problème qu'on a étudié; on a
fait un programme spécial parce qu'on retrouve seulement des parcelles.
Il y a à peu près deux ou trois fermes qui ont une grandeur
normale de 100 acres, quelque chose comme cela. On retrouve plusieurs fermes
qui ont une, deux, trois, cinq ou dix acres, de sorte qu'il n'y a que quelques
fermiers ils se comptent peut-être sur les doigts d'une main
qui ont la grandeur suffisante même pour justifier un tracteur!
Là, on est obligé de faire une coopérative de machinerie
pour que des gens puissent faire de la culture, en faisant des contrats de cinq
ans pour grouper leurs parcelles, parce que tout est subdivisé et que le
territoire est inexploitable. J'ai lu, dans le journal d'aujourd'hui de
Saint-Hubert, que 19 500 terrains, qui représentent 30% du territoire
agricole à Saint-Hubert, sont divisés entre 6500
propriétaires répartis dans tous les pays d'Europe. C'est du
morcellement. Dans le projet de loi de la Colombie-Britannique, actuellement,
pour protéger les terres, il y a un trou, une lacune terrible: les
morcellements ne sont pas empêchés. On essaie d'empêcher le
morcellement parce que protéger le territoire sans empêcher le
morcellement, c'est la porte pour le laisser-aller. Je comprends que cela va
amener des contraintes. Cela n'a pas pour but d'empêcher les fils de
cultivateurs de cultiver; au contraire, cela va être une permission
automatique, une autorisation automatique pour les fins agricoles. Autrement,
ce qui pourrait arriver, c'est une subdivision du territoire pour mieux le
dilapider.
M. Giasson: M. le ministre, cela sera toujours automatique, un
acte translatif de donation du père qui possède une ferme qui la
donne...
M. Garon: Les pères ne donnent pas, habituellement,
à part cela! Ils vendent la plupart du temps.
M. Giasson: II y a encore des cultivateurs qui cela existe
encore en 1978 vendent une ferme pour un prix nominal de $1. Ce n'est
pas un don total, d'accord. Mais, quand on vend une ferme $1, c!est
presque un don, à mon sens.
Je suis bien d'accord qu'on doive éviter le plus de trous
possible. Mais quand il s'agit d'une donation qui est faite dans des conditions
où tout est de bonne foi et que c'est donné par le père
à un ou à des fils, cela devient un acte translatif
inévitablement, parce qu'il y a contrat notarié et c'est un acte
enregistré. Je ne verrais pas pourquoi on pousserait les restrictions et
les mesures de contrôle dans le cas d'une donation à un ou
à des enfants jusqu'à devoir encore passer par la commission et
demander une permission. Il me semble qu'on va trop loin, M. le ministre.
M. Verreault: Ce sont des procédures qui vont retarder
davantage. D'ailleurs, il y a plusieurs cas semblables qui, actuellement,
à cause du gel, créent des problèmes. Il y a un cas
typique chez moi où le père cède la terre à ses
deux fils, mais il laisse la maison à son benjamin. On ne peut pas
laisser la maison sans espace de terrain. C'est sûr que la commission va
accepter le transfert. Mais j'ai l'impression que c'est aller un peu trop fort
dans ces aliénations. Je ne crois pas que la maison crée un
morcellement ou une diminution du territoire agricole.
M. Giasson: De toute façon, M. le Président, si on
me le permet, j'aimerais proposer un sous-amendement à l'amendement
déposé par le ministre. Ce sous-amendement se lirait comme suit:
"Que le paragraphe 3 de l'article 1 soit amendé en ajoutant, à la
fin du sous-paragraphe a), les mots suivants: "ou de donation de son vivant".
Donc, le sous-paragraphe a) se lirait comme suit: "la transmission pour cause
de décès", en utilisant les termes qui constituent un amendement
par rapport à la loi ou de donation de son vivant".
M. Verreault: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Sur le sous-amendement à
l'amendement de l'article 1, paragraphe 3. Que le paragraphe 3 de l'article 1
soit amendé en ajoutant, à la fin du sous-paragraphe a), les mots
suivants: "ou de donation de son vivant". M. le ministre.
M. Garon: On voit un exemple d'article improvisé. Nous, ce
sont des donations: la terre au complet va aux garçons; il n'y a aucun
problème. C'est automatique, on n'a même pas besoin d'aller
à la commission. Cela règle à peu près 90% des cas,
où c'est le père... Non, pas 90%; il ne donne pas la terre, il la
vend. Dans 90% des cas, le père vend la terre à son
garçon. Il y a un autre pourcentage où il la donne à un
garçon. Le père qui aime ses enfants ne veut pas les voir vivoter
sur sa ferme. S'il l'a mise de cette grandeur, c'est parce qu'il sait que cela
prend cette grandeur pour bien vivre et il veut que son garçon vive
bien. Si le
père était dénaturé, il voudrait que ses
enfants vivent mal sur sa terre. Alors, il donne sa terre au complet à
un garçon. A ce moment, il n'a aucune perrnission à demander
à personne; c'est automatique.
S'il veut, par ses donations, morceler sa terre, comme on le disait tout
à l'heure, il va en donner une partie à un fils qui va faire une
porcherie; un autre, un poulailler; un autre, des grandes cultures pour fournir
les céréales à ses deux frères. Alors, il vont
faire une société et ils ne la morcelleront pas. Il vont la
morceler en trois. Cela va être autorisé immédiatement par
la commission. Le but, c'est de contrôler, d'empêcher le
morcellement. A ce moment, dans le morcellement, en grande partie, il y a peu
de choses qui tombent sous le coup de la donation. Des pères qui ont
donné leurs terres à leurs fils; je n'ai pas encore connu,
jusqu'à maintenant, qui les ont données 100% à leurs
fils.
M. Giasson: M. le ministre, je regrette, mais...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson:... cela existe. Je ne dis pas cela à peu
près; cela existe encore. Ce ne seront pas des cas fréquents,
mais cela existe encore. D'ailleurs, on a eu des témoignages. Ce ne
seraient pas les jardiniers maraîchers qui ont déposé
devant nous récemment et qui nous ont donné des exemples de
pères qui étaient jardiniers maraîchers toute la vie et
qui, à un moment donné, ont fait des dons à des fils, qui
les ont installés, qui les ont placés dans une ferme
maraîchère qui avait été donnée par le
père aux fils? Je ne me souviens pas du nombre de fils, mais on a eu un
témoignage...
M. Garon: II a acheté une...
M. Giasson: Samedi soir, je conversais avec un cultivateur de
Saint-Roch-des-Aulnaies qui, en discutant, m'a appris de quelle façon il
avait transmis sa propriété et sa ferme à ses deux fils.
Un va se lancer dans l'élevage du porc, l'autre va faire de la grande
culture. Le fumier de la porcherie, naturellement, va aller sur la ferme de
celui qui fait de la grande culture. Il m'a expliqué pourquoi il l'avait
donnée. C'est cela qui est amusant. C'est une petite histoire qu'il
n'est pas nécessaire de raconter, mais ce sont des gens qui, en plus,
ont une pêche à l'anguille. Le père a décidé
d'être un employé de ses fils dans la pêche à
l'anguille et il devient éligible à l'aide aux pêcheurs
l'hiver. En tout cas, c'est toute une histoire. Quand il m'eut expliqué
cela, j'ai dit: Ce n'est pas si mal, son affaire. Qu'est-ce que cela lui aurait
donné de vendre $25 000, quand on connaît son histoire? J'ai dit:
Le gars a un bon raisonnement et un bon jugement; il a fait un bon calcul. Cela
ne coûte pas une "cenne" à ses fils pour s'installer en
agriculture.
Une Voix: Cela ne les endette pas.
M. Giasson: Ils fournissent le lait et certaine nourriture: les
patates, les pommes de terre. Le père s'est acheté une maison
préfabriquée. Il a installé cela dans un coin de la
même ferme
M. Baril: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, sur le sous-amendement.
M. Baril: Oui, sur le sous-amendement. Tout à l'heure, le
député de Beauce-Sud il avait 100% raison, ce que je lui
accorde nous a dit qu'il ne fallait pas aller trop loin dans les
détails au niveau de l'agriculture, dans la définition de
l'agriculture. Je crois que l'amendement que le député de
Montmagny-L'Islet veut apporter, c'est la même chose. On veut aller
encore trop dans les détails. On veut trop spécifier telle ou
telle chose dans la loi. L'argument que le député de Beauce-Sud
nous a apporté tout à l'heure pour la définition du mot
"agriculture" peut très bien être répété ici,
sur l'amendement du député de Montmagny-L'Islet.
Si on a dit qu'il y avait peut-être 4% ou 5% de cas qui peuvent
arriver par année, ces 4% ou 5% passeront par la commission.
M. Garon: Pas par année.
M. Baril: Je ne sais pas, mais peut-être quatre ou cinq cas
par année.
M. Garon: C'est plutôt cela, oui.
M. Baril: N'ouvrons donc pas la porte toute grande pour 100% des
cas, tandis qu'il peut n'y avoir que deux ou trois cas.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord m'avait demandé la parole.
M. Roy: Etant donné qu'on s'est
référé à mes propos de tout à l'heure, je
dois dire que je ne suis pas tout à fait d'accord avec le
député.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. J'essaie d'imaginer
un cas où il pourrait être utile que la cession d'une terre par un
père à ses enfants soit autorisée par la commission.
En supposant, par exemple, qu'un père ait deux garçons et
trois ou quatre filles et qu'il décide de céder la terre, de son
vivant, à l'ensemble de ses enfants en donnant la quasi totalité
de sa terre à un garçon, pour la garder rentable, et en donnant
à chacun de ses autres enfants l'équivalent d'un jardin tellement
petit qu'il ne peut être qu'un jardin, est-ce que le morcellement, qui
ne
représente qu'une partie peu importante de l'ensemble de la
terre, est vraiment favorable au maintien de la vocation agricole de ces
parcelles de terrain? Est-ce qu'on est assuré qu'après X
années les enfants vont toujours maintenir la culture de leur jardin ou
est-ce qu'ils ne l'abandonneront pas, laissant ainsi des endroits précis
où les mauvaises herbes vont se développer et viendront nuire
à l'agriculture plutôt que de l'aider? A ce moment ne serait-il
pas préférable qu'il y ait une commission qu'elle soit
près des intervenants ou près de l'Etat, peu importe qui
contrôle ce genre de morcellement possible? C'est une question que je
vous pose, M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, M. le député de Beauce-Nord, vous
la posez à bon droit. Vous citez l'exemple d'un morcellement pour des
petits jardins qui, un jour ou l'autre, cesseraient d'être
cultivés, ce qui aurait comme conséquence de provoquer la pousse
des mauvaises herbes. Cela tient, mais il va y avoir encore, dans cinq ans et
dans dix ans, des cultivateurs qui vont posséder du sol agricole sur
lequel va pousser des mauvaises herbes en grande quantité, ne vous en
faites pas. Ce n'est pas cela qui va régler le problème que vous
soulevez vis-à-vis des mauvaises herbes.
M. Ouellette: Non, ce n'est qu'une conséquence possible du
morcellement, mais ce que j'ai à l'esprit, c'est le risque de
morcellement qu'il y aurait si on adoptait votre sous-amendement.
Par exemple, quand on survole un pays d'Europe, on est frappé de
voir la petitesse des lots. Les subdivisions sont différentes de celles
qu'on voit en Amérique du Nord. Ce sont plutôt des triangles qui
s'alignent les uns à côté des autres; c'est un
véritable casse-tête. Mais quand on atterrit et qu'on s'informe
auprès des cultivateurs qui sont encore propriétaires de ces
terrains, on s'aperçoit finalement que les fermes françaises,
pour ne citer que celles-là, sont toutes petites, sont toutes
morcelées et qu'il devient très difficile de faire de la grande
culture à moins qu'il y ait des ententes entre plusieurs
propriétaires fonciers pour constituer l'équivalent d'une terre
nord-américaine.
Si la loi était ouverte de la façon dont vous le
souhaitez, on risquerait, avec ce morcellement je ne dis pas que cela le
provoquerait d'en arriver, à court ou à moyen terme,
à peu près à la même situation que celle qu'on
retrouve en Europe.
M. Beauséjour: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Juste pour compléter le
modèle du député de Beauce-Nord, ce ne sont
peut-être pas seulement des petits jardins qu'on retrouverait du haut des
airs, mais on s'apercevrait probablement que finalement ce sont des
dévelop- pements qui, lentement, se sont installés avec le petit
jardin à côté. Si le père veut donner toute sa
terre, il n'y a aucun problème, mais s'il y a possibilité de
subdiviser, on a le droit de se bâtir et, à ce moment, on retourne
à la situation qu'on a actuellement, c'est-à-dire qu'il y a
peut-être des petits jardins, mais en réalité ce seront des
maisons qu'on retrouvera partout.
M. Giasson: Oui, mais une fois que la loi est
déposée ou en vigueur, vous ne pouvez plus utiliser du sol
agricole à des fins autres que l'agriculture si vous n'avez pas
l'autorisation de la commission.
M. Beauséjour: Mais ils ont tout de même le droit
d'installer une maison.
M. Garon: Si vous divisez votre terre en quatre; disons 100
arpents divisés en quatre, quatre fois 25, vous allez vendre cela
à des professionnels. C'est le problème qu'on...
M. Beauséjour: Tandis qu'au niveau d'une...
M. Giasson: J'aurais pensé, M. le Président, qu'on
aurait pu au moins permettre à quelques cultivateurs pour qui c'est le
choix de faire une donation, de leur vivant, à des enfants qui vont
utiliser ce sol à des fins agricoles, de le faire sans être
obligés de faire une demande à la commission et d'en obtenir la
permission. Cela va être une loi, qu'on le veuille ou non, où
à peu près tout va demander des permissions.
M. Roy: ... intégrales.
M. Verreault: ... tracasseries techniques inutiles.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, un
intervenant à la fois! M. le député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, je voudrais simplement
renchérir sur les paroles et l'amendement qui a été
proposé par mon collègue de Montmagny-L'Islet. Il a
demandé d'ajouter au paragraphe en question: "et donation de son
vivant". Je ne crois pas que le territoire agricole du Québec soit
abîmé et amputé du fait qu'un père ou un parent
cède une partie de son terrain, surtout aux limites de sa terre. Vous
savez, je n'ai pas l'impression, que ce soit une terre arable, en culture ou
n'importe quelle autre, que tous les chemins qu'il y a ici au Québec
sont asphaltés. Dans les circonstances, vous savez, la première
largeur de terrain, disons les premiers 100 ou 150 pieds, vous ne me ferez pas
croire que le foin ou la culture qui se fait là est propice à la
production plus qu'il ne le faut. Je vous soumets très humblement ce
problème.
Vous savez, avec les pénalités qui sont prévues
dans le projet de loi, il n'y a pas un notaire ni une corporation municipale
qui va vouloir se hasarder à prendre certaines libertés de
décision. Alors, chacun sera obligé de soumettre à
cette
fameuse commission ses demandes. Je considère que le droit
à la propriété et le droit de succession de la part des
parents est brimé à ce moment si on n'est plus capable de donner
une partie de son terrain à ses enfants, je pense que c'est charrier
fort.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le sous-amendement
est adopté? M. le député de Beauce-Sud.
Une Voix: Rejeté.
M. Roy: J'aurais juste un point à ajouter. J'ai
écouté les arguments de mon collègue de Montmagny-L'Islet
qui soulève un point qui existe dans les milieux ruraux. Cela fait
partie d'une tradition. Pour certaines personnes, c'est fondamental. En ne
l'incluant pas dans le projet de loi, en le rejetant... Supposons qu'on
décide majoritairement de rejeter le sous-amendement du
député de Montmagny-L'Islet, on ne règle pas le
problème pour autant. On ne fait tout simplement que le reporter. La
personne va dire: Je ne peux pas le régler de mon vivant, donc
j'attends. C'est tout simplement cela qui va se produire.
M. Verreault: ...
M. Roy: Après cela, il y a les lois fiscales, il y a le
permis de disposer, les enquêteurs. Evidemment, cela donne des jobs. Il
ne faut pas oublier cela. Cela donne des jobs. Mon humble opinion, M. le
Président, c'est: Pour quelles raisons obliger une personne à
attendre de trépasser pour que son bien soit transmis à ses
descendants? Pourquoi? Du fait qu'on ne le lui permette pas ou à cause
des dispositions de la loi, si la personne décide tout simplement
d'attendre, on ne règle pas le problème. On le retarde, on le
reporte.
Le Président (M. Boucher): Merci. Est-ce que...
M. Giasson: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Vote enregistré pour le
sous-amendement.
M. Garon: Je vais donner une explication supplémentaire.
Si on a laissé la transmission pour cause de décès, c'est
pour tous les testaments qui sont faits. S'il n'y avait pas 15, 20 ans de
testaments en arrière, s'il n'y avait pas tous ces testaments, on
n'aurait pas mis la transmission pour cause de décès. Mais, comme
il y a des testaments qui sont déjà faits, sans doute des
milliers, on considère que la loi, telle qu'elle doit être, et
dans la réalité les gens ne font pas tant de divisions que cela,
va permettre qu'on ne morcelle pas les terres parce que c'est mauvais pour les
enfants comme pour les agriculteurs.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Le ministre vient de soulever un point qui mérite
d'être examiné. Le ministre a parlé des testaments qui ont
été faits au moment de la loi et qui ne sont pas ouverts. Cela
veut dire qu'il va falloir que les gens sachent à l'avenir de quelle
façon rédiger leur testament.
Une Voix: II y aura toujours... M. Garon: Ce n'est
pas...
M. Roy: Le testament est enregistré au moment du
décès.
M. Garon: Non, n'essayez pas de partir une petite affaire pour
faire peur au monde. Les tranmissions pour cause de décès, c'et
exclu.
M. Roy: Le ministre va arrêter de brandir un
épouvantail. Chaque fois qu'on pose une question, le ministre parle de
faire peur au monde.
M. Garon: C'est exclu.
M. Roy: Je ne suis pas traumatisé, M. le Président,
je n'ai pas de traumatisme.
Le Président (M. Boucher): Cela allait bien, là.
Continuez. S'il vous plaît, continuez.
M. Garon: C'est exclu, entièrement, pour le passé
et pour l'avenir.
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce que vous
êtes prêt pour le vote sur le sous-amendement? M. Baril
(Arthabaska).
M. Baril: Rejeté.
Le Président (M. Boucher): Contre. M. Beau-séjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson (Montmagny).
M. Giasson: Pour le sous-amendement.
Le Président (M. Boucher): M. Levesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Levesque: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt: Pour.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est donc
rejeté à 7 contre 3, c'est-à-dire le sous-amendement.
Alors, pour l'amendement principal, au troisième paragraphe, est-ce que
cet article est adopté?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Paragraphe 3
adopté sur division. Paragraphe 4.
M. Giasson: II y a des changements, là.
Le Président (M. Boucher): II y a des amendements.
M. Garon: Alors, "chemin public ", une modification pour qu'on
ajoute "un chemin ouvert, conformément à l'article 430 de la Loi
des cités et villes". Ensuite: "un chemin de colonisation au sens de la
Loi des chemins de colonisation (Statuts refondus, 1964, chapitre 105), une rue
ou un chemin ouvert en vertu d'un règlement, résolution ou
procès-verbal municipal, une route entretenue par le ministère
des Transports en vertu de la Loi de la voirie (Statuts refondus, 1964,
chapitre 133) ou par l'Office des autoroutes pourvu que les riverains aient un
droit d'accès à cette route.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, si ma mémoire est
fidèle, lorsque l'Ordre des notaires est venu devant la Commission, ils
avaient fait des suggestions. Ils avaient fait référence à
des chemins par dédicace ou un terme analogue. Est-ce que les
changements que vous apportez au paragraphe 4 tiennent compte des
recommandations, des suggestions que les notaires vous avaient faites, lors de
leur passage à la commission?
M. Garon: Les notaires avaient fait cette représentation,
mais il y en avait d'autres qui étaient moins importantes, pour les
chemins privés ou les chemins comme cela; on ne les a pas inscrits
ceux-là. On a seulement gardé les chemins vraiment publics.
M. Giasson: M. le ministre, quand vous faites
référence, dans l'amendement, à l'article 430 de la Loi
des cités et villes, est-ce que vos collègues ou le personnel de
soutien pourraient nous donner le libellé de l'article 430, si vous ne
l'avez pas ici?
M. Garon: ... au ministère des Affaires municipales.
M. Giasson: Dans certaines villes, on retrouve des ruelles et il
est permis de se demander, parfois, si ces ruelles fonctionnent en vertu d'un
acte municipal qui est posé en vertu de...
M. Garon: C'est le ministère des Affaires municipales qui
nous a suggéré d'exclure cela. Ils ont regardé le projet
de loi où il y avait cette possibilité de chemin public. Alors,
j'imagine que s'il y en avait eu d'autres, ou nous l'aurait
mentionné.
M. Giasson: Ce paragraphe 4 inclurait tous les chemins, les
petits chemins municipaux qui existent en fonction d'une motion ou un
procès-verbal qui est passé par une municipalité aux fins
de reconnaître comme étant municipal tel chemin, telle petite
route qu'on peut retrouver à l'intérieur des
municipalités?
M. Garon: II faut dire qu'on a essayé de mettre tout ce
qui pouvait être comme un chemin public, mais il faut dire pourquoi on en
avait besoin. On n'en a pas besoin pour 50 choses; on en a besoin
principalement...
M. Giasson: Les services publics en bordure des chemins.
M. Garon: Oui, quand il y a des services publics en bordure des
aqueducs et des égouts. C'est pour ces fins qu'on l'a mis, mais je ne
pense pas qu'à ce point de vue, le ministère des Affaies
municipales ait remarqué qu'on a oublié ce chemin.
M. Giasson: Qu'est-ce qui va advenir avec la définition
des chemins dans le cas il n'y en a peut-être pas une
quantité énorme, tout de même en province
d'entrepreneurs ou des gens qui ont développé des espèces
de quartiers résidentiels à l'intérieur duquel territoire
ils ont décidé de faire un tracé de rues? Tout a
été fait selon les données minimales que les villes
exigent, les rues ont été équipées de services
il y a quelques cas, ils ne sont pas nombreux mais comme la
municipalité n'a pas passé de résolution de manière
que tout ce secteur soit transmis, que les rues soient transmises à la
municipalité au moment du dépôt de la loi le 9 novembre,
qu'est-ce qui
advient de ces quelques cas que nous avons en province?
M. Garon: C'est à la municipalité de faire une
demande d'exclusion si elle veut donner du service le long des chemins. Mais
normalement, une municipalité ne donne pas de services le long des
chemins qui n'ont pas une certaine envergure. On a même vu des chemins de
colonisation qui avaient rarement des services. Je n'ai jamais vu de services
dans un chemin de colonisation.
Supposons que vous avez des droits acquis des droits acquis, on a
dit: Vous êtes déjà desservis conformément à
la loi ou autorisés conformément à la loi c'est
là que la notion de chemins publics vient dans la loi. On ne retrouve
pas souvent la notion de chemins publics, alors... (22 h 45)
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 4.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Je
considère qu'il y a beaucoup d'obstacles.
M. Giasson: Je voudrais poser une question, à savoir ce
qui va advenir... Il faudrait que la municipalité place une demande
à la commission avant d'accepter de prendre à sa charge et sous
sa juridiction des rues ou des chemins qui avaient été
aménagés avant le 9 novembre dernier...
M. Garon: Oui, parce que...
M. Giasson: On a des endroits où les services ne sont pas
complets...
M. Garon: II n'y a pas de services...
M. Giasson: II y a des développeurs qui ont posé un
système de conduite dégoûts sanitaires... il n'y avait pas
de service d'aqueduc, il manquait cet élément d'un service
complet. Ces gens-là devront perdre toutes les installations et les
aménagements qu'ils ont faits...
M. Garon: Non.
M. Giasson: Ou y a-t-il possibilité que la
commission...
M. Garon: Ils vont en faire une demande à la
commission.
M. Giasson: La commission va faire une étude sur
place...
M. Garon: Oui.
M. Giasson: ... et va tenir compte des demandes d'une
municipalité? Il va y avoir encore des normes à respecter ou des
critères sur lesquels des décisions devront être rendues
par la commission?
M. Garon: Cela dépend de ce que vous voulez dire. Il faut
regarder la définition du mot chemin.
Ce que l'on doit regarder, c'est la notion de droits acquis. Y a-t-il
des droits acquis sur la rue ou non? Il faut regarder la situation. S'il y a un
chemin sur lequel il y a des droits acquis pour fins non agricoles, ce n'est
plus dans l'agriculture. Tous les droits acquis jouent dans la zone verte, dans
la zone agricole. Si ce chemin devient public, ce n'est plus pour fins
agricoles, donc il y avait un droit acquis pour fins autres que l'agriculture.
Il fera donc ce qu'il voudra avec.
M. Giasson: Enfin...
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 4 est-il
adopté?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Adopté.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Le paragraphe
5.
M. Garon: On retrouve là les trois communautés, la
Communauté urbaine de Québec, la Communauté urbaine de
Montréal et la Communauté régionale de l'Outaouais, qui
existent au Québec.
M. Giasson: II n'y a donc pas d'amendement à apporter au
paragraphe 5.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Boucher): Paragraphe 5 adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Paragraphe 6.
Une Voix: Adopté.
M. Giasson: Paragraphe 6... Un instant... Je crois qu'il y a un
amendement apporté au paragraphe 6.
Le Président (M. Boucher): Non, il n'y a pas
d'amendement.
M. Giasson: II y a certainement des changements, M. le
Président.
Une Voix: On dit: "Toute corporation... de..." II y a une
modification au paragraphe 6.
M. Vaillancourt (Orford): Au lieu de: "Toute corporation" on doit
dire: "Tout organisme."
Cela a été préparé à la toute
dernière minute et cela paraît.
M. Garon: Alors sixièmement: C'est à la demande des
Affaires municipales qu'on avait essayé d'énumérer tout
genre de corporations
qu'elle administrait sur le plan municipal. Les Affaires municipales ont
demandé à ce moment-là une définition
générique qui dit: Est considéré comme corporation
municipale tout organisme chargé de l'administration d'un territoire
pour fins municipales.
M. Giasson: C'est le ministère des Affaires municipales
qui a suggéré une modification dans...
M. Garon: Oui, il a suggéré d'écrire
cela.
M. Giasson:... la description de la corporation municipale?
M. Garon: Oui, c'est cela. Il y a eu dans le passé des
chartes spéciales pour des corporations municipales qui ne tombent pas
dans une définition générique. Alors, pour être
sûr de couvrir l'ensemble des corporations municipales on a donné
cette définition: Tout organisme".
M. Giasson: Et la nouvelle définition couvrirait
également les territoires non organisés?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté! Paragraphe 7:
Erablières!
M. Garon: Erablières, cela a été
modifié, pour tenir compte aussi de ce qui avait été
représenté. "Un peuplement forestier propice à
l'acéricultu-re", on change cela pour "un peuplement forestier propice
à la production de sirop d'érable".
On avait remarqué qu'en anglais, on avait traduit cela par "...
division of trees for production of maple syrup"; on l'avait déjà
inscrit en anglais. Ces gens n'étaient pas capables de traduire
l'acé-riculture.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Giasson:
Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Garon: Une définition, ailleurs, disait: Propice
à la production de sucre d'érable; comme le sirop
précède le sucre...
M. Dubois: Cela peut descendre jusqu'à l'eau
d'érable.
M. Garon: Je pensais cela et, comme les rédacteurs
préféraient "sirop d'érable", on a laissé "sirop
d'érable".
M. Vaillancourt (Orford): Cela peut être du sucre
d'érable, aussi.
M. Garon: Peut-être chez vous; chez nous, il n'y en a
pas.
M. Verreault: C'est seulement des blés d'Inde.
M. Giasson: M. le Président, je voulais tout
simplement...
M. Garon: Je pensais que c'était vous, le blé
d'Inde.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: La nouvelle définition d
"érabliè-re", je voulais examiner s'il pouvait y avoir des
incidences dans le libellé de l'article 27 qui fait
référence à des travaux à être
exécutés à l'intérieur d'une
érablière. Ayant relu l'article 27, je ne crois pas que cela
apporte des changements.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Le paragraphe 8.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Cela nous concerne un peu.
M. Giasson: Est-ce qu'il y a des érablières dans la
Beauce?
M. Roy: Oui...
M. Garon: Dans la région de Québec aussi. C'est
dans la région de Québec qu'il se produit le plus de sirop.
M. Baril: C'est la deuxième région qui produit le
meilleur sirop d'érable, après les Bois-Francs.
M. Garon: Le meilleur, non. Je dirais qu'en quantité,
c'est la deuxième région, mais...
M. Roy: Non, pas en qualité.
M. Vaillancourt (Orford): Le meilleur, c'est dans la
région des Cantons de l'Est.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Vaillancourt (Orford): C'est un producteur des Cantons de
l'Est qui a gagné le premier prix au Canada. C'était le
concours...
Le Président (M. Boucher): L'heure passe, M. le
député d'Orford.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. M. Baril: Les
Cantons de l'Est... Le Président (M. Boucher): S'il vous
plaît!
M. Roy: La définition qui est proposée en vertu de
l'amendement est plus conforme, représente beaucoup plus la
réalité que l'ancienne; c'est une nette amélioration.
Quand il y a une amélioration, on n'est pas gêné, on le
dit. Dans le dictionnaire je me réfère toujours au Petit
Robert on dit: "érablière: plantation d'érables. Au
Québec, plantation d'érables à sucre dans la partie
limitrophe boisée d'une propriété agricole
exploitée pour l'industrie des produits de l'érable."
Je ne veux pas donner une interprétation juridique, je ne suis
pas un juriste, mais, lorsqu'on dit: "Un peuplement forestier propice à
la production du sirop d'érable", on ne fait pas référence
au fonds de terre, on parle du peuplement comme tel. Est-ce que c'est
suffisant? C'est le peuplement, en somme, qu'on veut protéger. Quand on
parle d'érablières, ce n'est pas pour protéger le fonds de
sol parce que cela va de soi, avec la définition qui est prévue
antérieurement dans les mots "protection des sols", mais c'est pour
protéger le peuplement forestier qui est propice à la production
du sirop d'érable. Cela me donne satisfaction, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Roy: Oui.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 8?
M. Garon: Le paragraphe 8, c'est pour couvrir tous les types de
lots. On a voulu ne pas reconnaître la réalité
québécoise, ce qui n'est peut-être pas ce qu'il y a de
mieux, mais c'est un fait; notre façon de lotir sans cadastre est un peu
dépassée, et comme cela se fait, on ne peut pas faire toutes les
réformes en même temps. On l'a reconnu.
On n'a pas voulu faire faire des cadastres quand ce n'était pas
nécessaire. Mais normalement, cela devrait être: "Lot: un fonds de
terre décrit par un numéro distinct sur le plan officiel du
cadastre ou sur un plan de subdivision fait et déposé
conformément à l'article 2175 du Code civil, un fonds de terre
décrit aux actes translatifs de propriété par tenants et
aboutissants ou encore la partie résiduelle d'un fonds de terre
décrit par un numéro distinct, mais une fois distrait des fonds
de terre décrits aux actes translatifs de propriété par
tenants et aboutissants et les subdivisions." Là, on change quelque
chose par rapport au projet imprimé: ... y compris les formes de
lotissement faites et déposées conformément à
l'article 2175 du Code civil. Cela a pour but de reconnaître toutes les
différentes formes de lotissement qui ont pu exister et qui ont un
caractère officiel.
M. Giasson: N'aurait-il pas été
préférable de décrire comme cela: "Lot: un fonds de terre
décrit par un ou des numéros distincts..."?
M. Garon: Le singulier inclut le pluriel dans
l'interprétation des lois. Cela n'aurait pas couvert assez de monde si
on n'avait mis que cela. Cela aurait couvert...
M. Giasson: Non, pas uniquement cela. Gardez, si vous le voulez,
votre amendement tel qu'il est rédigé, mais au début:
"Lot: un fonds de terre décrit par un ou des numéros
distincts..."
M. Garon: C'est parce que c'est autant de lots...
M. Giasson: C'est parce que...
M. Garon: C'est un lot par numéro.
M. Giasson: Oui, mais dans la description de lot telle que l'on
retrouve dans beaucoup de contrats notariés...
M. Garon: Ce sont plusieurs lots. Si vous ajoutez des lots, soit
71 et 72, cela fait deux lots. Il n'y a jamais plus d'un lot par
numéro.
Une Voix: II y a des lots subdivisés.
M. Garon: Oui, ce sont des subdivisions, mais un lot ne porte pas
deux numéros. C'est cela, l'objet du cadastre.
M. Giasson: Oui, d'accord. Il me revient en mémoire des
contrats que j'ai lus. Au lieu de dire un lot, c'est un fonds de terre connu
sur les numéros X, un tel, un tel, un tel, désigné par les
numéros de loi et ils numérotent les numéros de lots.
M. Garon: Le problème au Québec dans nos campagnes,
c'est fait principalement pour tenants et aboutissants, sans cadastre. On dit,
par exemple: Tant de pieds de la marée basse ou tant de pieds de tel
ruisseau borné par telle autre affaire, et on décrit des affaires
naturelles. Cela se faisait autrefois comme cela, mais de plus en plus, si
l'article 2175 du Code civil était respecté, ce serait sous
cadastre, mais...
M. Giasson: On voit des lots composés d'une partie de deux
lots différents. Cela arrive.
M. Garon: Oui. Ce sont des parties.
M. Giasson: Non, ce ne sont pas des lots. Ce sont...
M. Garon: ... deux parties de lots.
M. Giasson: Deux parties de deux lots différents qui
portent deux numéros différents.
Une Voix: On peut avoir parties sud, nord, est, ouest, mais qui
portent le même numéro.
M. Giasson: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aimerais seulement savoir si ce terme a
été décrit dans d'autres lois, la Loi du cadastre.
M. Garon: Ce qui est décrit, c'est pour identifier, sous
lot, toutes les formes de divisions possibles qui ont un caractère
officiel.
M. Lalonde: Je comprends que vous avez choisi la description qui
est la plus formelle.
M. Garon: Non, non.
M. Lalonde: Oui, c'est un fonds de terre décrit par un
numéro.
M. Garon: Cela en est une forme, mais il y a une virgule un peu
plus loin, après Code civil. (23 heures)
M. Lalonde: "Un fonds de terre décrit aux actes
translatifs de propriété par tenants et aboutissants...
M. Garon: ... "ou encore"...
M. Lalonde: ... partie résiduelle, oui. Vous voulez donc
une définition très large qui puisse comprendre toutes sortes de
situations.
M. Garon: Tous les types de lots possibles à
caractère officiel. On n'a pas mis sous seing privé pour
ceux-là.
M. Lalonde: Non. Il faut que ce soit enregistré.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le paragraphe 8 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Paragraphe 9.
M. Garon: Le fait d'effectuer un lotissement. Je pense qu'il n'y
a rien pour écrire à chez nous.
Le Président (M. Boucher): Le Petit Robert dit quoi?
Adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Paragraphe 10? Lotissement.
M. Garon: "Lotissement: le morcellement d'un lot au moyen du
dépôt d'un plan et livre de renvoi, résultant notamment de
l'article 2175 du Code civil, ou au moyen d'un acte d'aliénation d'une
partie de ce lot". Voyez-vous, le morcellement officiel, qu'on appelle
lotissement, se fait au moyen du dépôt d'un plan et livre de
renvoi résultant de l'article 2175. Officiellement, on divise le lot. Il
y a aussi une deuxième façon: Au moyen d'un acte
d'aliénation. Le fait de vendre une partie d'un lot, c'est un
morcellement également.
Alors, on inclut deux choses: le morcellement avec des plans ou la vente
d'une partie d'un lot. Tous deux constituent un lotissement. Il y a le
morcellement, si on veut, théorique et le morcellement pratique, le
morcellement sur papier et le morcellement par subdivision du terrain, par la
vente d'une partie du terrain.
M. Giasson: C'est dans quelle loi?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le paragraphe 10 est
adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Paragraphe 11
?
M. Garon: 11, c'est l'article...
M. Giasson: II n'y a rien pour écrire à chez nous
encore une fois.
M. Garon: C'est important, ce sera le ministre de
l'Agriculture.
M. Roy: Cela comprend le ministre actuel et ses successeurs.
M. Garon: Le plus inclut le moins.
M. Roy: Ce qui me ramène à rappeler à mes
collègues ce que je disais cet après-midi: Un texte de loi doit
être clair. Ce n'est pas une question de confiance à l'endroit
d'un personnage qui occupe temporairement un poste...
M. Beauséjour: D'une certaine façon, ici, le mot
ministre est clair, cela se voit.
Le Président (M. Boucher): Paragraphe 11,
adopté?
M. Lalonde: On n'est pas obligé de l'adopter, M. le
Président. On peut tout simplement l'accepter.
Le Président (M. Boucher): Paragraphe 12, "organisme
public".
M. Garon: Organisme public. Une corporation scolaire ou un
organisme dont le gouvernement ou un ministre nomme la majorité des
membres dont la loi ordonne que le personnel soit nommé et
rémunéré selon la Loi de la fonction publique (1965,
première session, chapitre 14) ou dont le capital-actions provient pour
plus de la moitié du fonds consolidé du revenu.
M. Giasson: Cela veut dire qu'en dehors des corporations
municipales on a d'autres organismes au Québec qui répondent
à la définition d'organismes publics.
M. Garon: Oui. La raffinerie de sucre, par exemple, entre dans
cela.
M. Giasson: C'est cela, on a des régies, des
sociétés.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que cela inclut les services de santé
et tous les organismes...
M. Roy: J'allais poser la même question.
M. Lalonde: Je comprends que la définition soit formelle,
mais on la retrouve dans plusieurs lois de ce genre. Pour être bien
sûr que je me souviens de la façon que les organismes sociaux et
de santé sont constitués, est-ce que la majorité des
membres sont nommés par le gouvernement ou un ministre ou suivant la Loi
de la fonction publique? Non... et dont le capital-actions provient pour plus
de la moitié du fonds consolidé du revenu, non plus, pas
nécessairement. Il n'y a pas de capital-actions. Pas tous, pas
nécessairement. Et cela ne comprend pas les municipalités, de
toute façon.
M. Garon: Non, elles sont comprises ailleurs. M. Lalonde:
Je comprends.
M. Roy: Une corporation d'hôpital, comme vient de le
souligner le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Giasson: II y a une question de capital-actions.
M. Garon: Je ne pourrais pas dire si les hôpitaux entrent
là-dedans.
M. Giasson: C'est douteux, il y a le jeu du capital-actions dans
la définition du terme "organisme public". Il s'agit plutôt... le
capital-actions des hôpitaux.
M. Roy: II serait peut-être bon de le retenir, de
l'examiner à nouveau pour voir s'il n'y aurait pas lieu d'ajouter une
corporation scolaire ou un organisme de service social ou de santé.
M. Garon: Normalement ces institutions ne sont pas bâties
dans les rangs, c'est normalement dans le village.
M. Roy: Non, mais vous avez les hôpitaux qui sont
construits, les organismes...
M. Lalonde: On me dit qu'il y a, à Laval, un hôpital
construit en plein milieu d'une zone verte; le nouvel hôpital "La
cité de la santé de Laval".
M. Marcoux: ... les polyvalentes auraient les
propriétés rouges.
M. Giasson: Comme les sites d'enfouissement en 1978?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, pour la
bonne compréhension du journal des Débats!
M. Giasson: Ce n'est plus rouge, mais c'est autre chose.
M. Garon: Cela ne s'adresse pas à ça; c'est qu'il y
a un arbitrage, par le gouvernement, en vertu de l'article 66, et les
hôpitaux et les organismes publics, tels qu'on en a besoin, n'entrent pas
là-dedans.
M. Giasson: II n'y a rien de nouveau sous le soleil!
M. Garon: Evidemment les organismes publics
contrôlés par le gouvernement.
M. Lalonde: A quel article? M. Garon: Article 66.
M. Lalonde: Oui, si vous y avez les hôpitaux, à ce
moment ils entreraient dans organismes publics et cela pourrait protéger
les établissements, au sens de la loi, sur les services de santé
et les services sociaux. Mais, en fait, c'est un pouvoir de plus.
M. Garon: II y aurait cela et d'autres dépenses du
gouvernement qui donnent la majorité, mais pas tous; il y a des
hôpitaux publics et il y a des hôpitaux privés.
M. Lalonde: C'est pour cela que ce serait peut-être plus
sage d'inclure, dans la définition d'organisme public, en plus de cette
clause-râteau, que vous essayez de ramasser tout ce qui peut être
organisme public...
M. Garon: On n'essaie pas de tout ramasser.
M. Lalonde: Non, je comprends que les corporations municipales
sont ailleurs, mais est-ce qu'il ne serait pas sage d'inclure, dans cette
définition d'organisme public, un établissement au sens de la Loi
sur les services de santé et les services sociaux (1971, chapitre 48)? A
ce moment cela donne le pouvoir au gouvernement, parce que, au fond, l'article
66 donne un pouvoir de plus au gouvernement; sans cela il n'aurait pas le
pouvoir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, est-ce que vous en faites un sous-amendement?
M. Lalonde: Je le suggère au ministre, M. le
Président, avant d'en faire un amendement, en espérant qu'on va
être entendu.
M. Garon: II doit nommer la majorité des membres.
Je vais être franc avec vous, je ne le sais pas.
M. Lalonde: On peut tout simplement suspendre l'étude de
ce paragraphe et passer au prochain pour ne pas retarder.
M. Garon: On va suspendre le paragraphe 12 et on le regardera
à nouveau.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 12 est-il
suspendu?
M. Garon: C'est qu'il y a bien des choses
d'impliquées.
M. Lalonde: Mais il y a des centres d'accueil, par exemple, qui
sont en pleine campagne et si jamais c'était le désir du
gouvernement dé l'agrandir, qu'il avait besoin de...
M. Garon: Oui, mais habituellement les gens, dans ces genres de
bâtisses, préfèrent être près de
l'église et les localiser à la campagne les rend malheureux.
M. Lalonde: Mais il y en a actuellement; je ne veux pas dire que
c'est nécessaire de le faire, au contraire je pense que le ministre a
raison, ils veulent vivre près de l'action: des institutions, de
l'hôpital, de l'église, etc. Mais il y en a qui sont dans les
pommes au Mont-Saint-Hilaire et un peu partout, et on ne peut pas les
oublier.
M. Giasson: II peut se trouver, M. le ministre, qu'avec le
dépôt du plan provisoire, on retrouve des institutions de
santé ou de service social à l'intérieur de la zone verte;
c'est le cas d'ailleurs dans mon comté où on a un seul
hôpital et il est situé dans la zone verte; l'Hôtel-Dieu de
Montmagny, au lieu d'être construit dans la ville, est construit à
un mille de la ville, on le retrouve dans la zone verte.
M. Garon: On peut regarder.
M. Beauséjour: C'est possible que cela arrive.
Le Président (M. Boucher): Suspension du paragraphe 12.
Paragraphe 13: "Plan provisoire".
M. Garon: "Le plan accompagné, s'il y a lieu, d'une
description technique, délimitant l'aire retenue pour fins de
contrôle dans une municipalité conformément à
l'article 34. " C'est le plan plus, s'il y a lieu, description technique.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 13 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 14,
"régions agricoles désignées".
M. Garon: "L'ensemble des municipalités visées par
un décret adopté en vertu de l'article 22 ou visées
à l'article 25". Alors, il y a deux façons:
Par un décret du gouvernement ou par le dépôt des
lois. On en a désigné un certain nombre dans la loi.
M. Roy: Pour m'éclairer, M. le Président, tout
simplement, on dit: L'ensemble des municipalités. Une
municipalité, c'est un organisme.
M. Garon: Dans un terrritoire. L'organisme, c'est la corporation
municipale. La municipalité, c'est un territoire.
M. Roy: L'ensemble des territoires... une corporation municipale
en tant que territoire, pas en tant qu'institution. Admettez que ce n'est
pas...
M. Garon: Non, c'est exactement la définition.
C'est-à-dire qu'une municipalité est un territoire municipal. Le
terme "municipalité", c'est un territoire. La municipalité de
Saint-Michel-de-Bellechasse est le territoire de la municipalité. La
corporation municipale est l'organisme public, qui administre. Alors, c'est
pour cela qu'on dit: L'ensemble des municipalités, c'est l'ensemble des
territoires couverts qui forment la région.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Paragraphe 15,
"règlement".
M. Garon: C'est bien important... M. Roy: Lesquels?
M. Garon: ... parce que c'est un règlement adopté
en vertu de la présente loi, par le gouvernement. Partout où on
trouve le mot "règlement" dans la loi, seul, pas décrit plus que
cela, cela veut dire: Règlement adopté en vertu de la
présente loi par le gouvernement. Ce ne sont pas les règlements
d'ailleurs. Ce sont les règlements adoptés en vertu de la
présente loi.
M. Roy: On avait l'habitude d'écrire dans nos lois
c'est assez récent lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Lalonde: Cela sert à la même chose.
M. Roy: C'est la même chose.
M. Garon: On écrit maintenant "le gouvernement" partout,
au lieu d'écrire "lieutenant-gouverneur en conseil".
M. Giasson: C'est le Conseil des ministres, de toute
façon, le lieutenant-gouverneur en conseil du gouvernement.
M. Garon: Cela ne veut plus dire grand-chose. C'est pour cela que
j'en parlais tantôt. C'est le parlement, le gouvernement qui a
limité les pouvoirs du roi en conseil. A part de signer, le
lieutenant-gouverneur n'est pas... C'est le gouvernement...
M. Roy: Ce n'est pas au niveau de la fonction, c'est au niveau de
la désignation, comme telle. Je n'ai pas d'objection que ce soit "le
gouvernement".
M. Garon: Le gouvernement rédige cela comme cela
maintenant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgoeys.
M. Lalonde: II y a toujours un problème de commencer par
les...
M. Roy: Dans le projet de loi 110, on parlait encore du
lieutenant-gouverneur en conseil, le projet de loi 110 qui est à
l'étude.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Garon: Ah oui? Il doit avoir eu des vieux
rédacteurs.
Une Voix: Les vieux légistes s'accordent.
M. Lalonde: II doit y avoir de jeunes fédéralistes
parmi les nouveaux rédacteurs.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Garon: Des royalistes!
M. Lalonde: Cela s'en vient, la relève...
M. Roy: II faudrait distinguer les rois des royalistes.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, il y a un certain
inconvénient à étudier les définitions au
début. A plusieurs reprises, des ministres prudents ont
suggéré aux commissions parlementaires d'étudier les
définitions à la fin pour les aménager aux changements qui
peuvent être apportés par la commission au cours de
l'étude. Par exemple, ici, à règlement, on sait que, de
toute façon, un fait inusité, la commission n'a pas le pouvoir
d'adopter ses propres règlements de régie interne, comme on le
voit dans plusieurs autres commissions, d'autres régies. Actuellement,
on est en train d'étudier j'arrive de là la Loi des
consommateurs, où la loi prévoit que l'office qui est
créé a le droit d'adopter des règlements de régie
interne et d'autres règlements qui le concerne directement, mais qui
doivent être approuvés par le gouvernement.
Alors, si c'était l'idée du ministre,
éventuellement, d'avoir un coup de sagesse et de donner ce pouvoir
à la commission, à ce moment, il faudrait dire "un
règlement" non seulement "adopté", mais "approuvé". Je ne
sais pas si le ministre a l'intention de proposer un amendement dans ce sens.
S'il là, cela serait le temps de nous le dire.
M. Garon: Cela ne change pas grand-chose, en
réalité.
M. Lalonde: C'est une question de concordance. On fait une loi,
actuellement. On ne déplace rien. Quitte, si jamais on revient plus
tard, si le ministre nous demande notre consentement pour revenir à cet
article pour le changer, à le donner. Il n'y a pas de doute. Mais il me
semble que cela serait le temps, actuellement, au moment où on arrive
à cet article que le ministre, en toute transparence, nous dise s'il a
l'intention de proposer des amendements qui vont affecter cette
définition. (23 h 15)
M. Garon: Non. On pensait faire des règlements. Ils sont
tous marqués à l'article 80 et adoptés par le
gouvernement.
M. Lalonde: La commission, elle, n'aura donc aucune initiative de
réglementation.
M. Garon: Cela ne changera pas grand-chose.
M. Lalonde: Non, cela ne change rien, parce qu'elle est
déjà sous tutelle. Il n'y a pas de problème. Elle peut se
faire enlever des dossiers. Ce serait réellement exorbitant de lui
permettre d'adopter les règlements, mais je voulais savoir si
réellement le ministre voulait la considérer pendant quelques
secondes comme une personne adulte. Elle redevient enfant.
M. Beauséjour: Dans notre système, c'est le
gouvernement qui est responsable, même si...
M. Lalonde: Dans votre système au cas où le
député ne le saurait pas vous créez une commission.
Est-ce paravent ou est-ce responsable?
M. Beauséjour: Mais au bout de la chose, c'est le
gouvernement qui a à prendre la décision d'adopter les
règlements.
M. Lalonde: Puisqu'on attaque... Je crois qu'on viole le
règlement tous les deux. L'idée est: Pourquoi un gouvernement
crée-t-il des régies, commissions, offices...
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez, pendant que le
ministre délibère...
M. Lalonde: Oui, pendant que le ministre délibère.
Pourquoi crée-t-on des commissions, des régies en dehors des
ministères? C'est généralement pour éloigner la
décision du pouvoir politique. C'est pour rendre la
délibération indépendante et la décision
indépendante. C'est pour cela qu'on lui donne,
généralement, un pouvoir de règlement pour ses petites
affaires à elle, de régie interne, des choses comme cela, pour
ses pro-
près... Le gouvernement continue d'être responsable
vis-à-vis de l'Assemblée nationale de l'exercice des pouvoirs par
la commission mais ici, on l'a réellement mis sous la table parce qu'on
peut lui enlever des dossiers. On reviendra là-dessus.
M. Beauséjour: Quand on arrivera au niveau de la
commission, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, il est toujours
possible quand même de voir pour ce qui est...
Une Voix: Oui, c'est vrai.
M. Beauséjour: ... de la responsabilité de la
commission, mais ici, c'est au sujet de la loi de façon
générale.
M. Lalonde: Oui. En fait, ce que je demandais...
M. Giasson: Si je comprends bien, la commission comme telle au
chapitre de la section 2 n'a pas le droit de passer des règlements. La
commission comme telle, elle-même, ne...
M. Beauséjour: Non, mais à ce
moment-là...
M. Giasson: Elle peut proposer au gouvernement pour les fins de
son opération et de ses besoins l'adoption de tel règlement dans
la loi 90, mais ce n'est pas la commission qui a les pouvoirs contrairement
à d'autres organismes.
Vous allez prendre dans la Loi des marchés agricoles, un office
de producteurs qui opère un plan conjoint a le droit de préparer
ses règlements qu'il ne soumet même pas au gouvernement
lui-même. Il soumet cela à la Régie des marchés
agricoles du Québec, ce qui est fort différent de ce qu'on
retrouve dans cette loi-ci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Mais cela pourrait être étudié
à ce moment-là. En fait, c'est un débat de fond. Mais on
ne peut pas à la fois dire que le gouvernement instaure trop de
bureaucratie, de technocratie et en même temps dire: On va supprimer tous
les pouvoirs du gouvernement. Je pense que ce n'est pas l'absence de pouvoirs
qu'on donne à cette commission, mais qu'on laisse il y a d'autres
articles et le même principe va revenir ou la même discussion
un minimum de pouvoirs ou de responsabilités au gouvernement qui,
de toute façon, aura à travers les années, à
répondre de l'ensemble de l'application de la loi. Je pense que c'est
tout à fait normal.
Je pense que créer des Etats dans l'Etat... Il s'agit d'en
arriver à un équilibre et, en ce sens, que la
responsabilité de l'adoption des règlements soit la
responsabilité du gouvernement. Moi, j'en suis... Je vais vous donner un
exemple qui illustre le problème dans lequel nous sommes pris, avec
l'OCQ entre autres. L'OCQ propose de nouveaux règlements ou des
changements au règlement de placement dans la construction. Le
gouvernement ne peut pas modifier des parties. Il faut qu'il le retourne au
complet pour pouvoir le modifier.
M. Lalonde: Oui, cela est exact.
M. Marcoux: C'est donner des crocs-en-jambe à la
responsabilité politique dans un secteur capital. En tout cas, je ne
veux pas étirer... C'est pendant que le ministre parlait.
M. Lalonde: C'est exact. D'autres organismes ont
déjà été paralysés comme cela. Mais
généralement, depuis un certain temps, on est plus sage. On
prévoit que le gouvernement peut les modifier. Mais on sait au moins que
c'est l'intention de l'organisme.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Lalonde: Je ne veux pas faire de débat ici, M. le
Président. Je pense qu'on enfreint le règlement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Garon: On est aussi bien de laisser cela ainsi, c'est
déjà imprimé.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 15 est-il
adopté?
M. Lalonde: Puis-je poser une question? Ce n'est pas une question
de règlement, mais cela en est presque une. Elle concerne tous nos
travaux. Est-ce que tout ce qui est imprimé ici est inchan-geable?
M. Garon: Non.
M. Lalonde: Alors, on est aussi bien de s'en retourner chez
nous.
Je n'ai pas trouvé l'argument du ministre très
convaincant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Garon: Des fois on est convaincant, des fois on l'est moins.
Je ne peux pas toujours avoir de bons arguments.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Le
paragraphe 15 est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 16, concernant le
sol arable.
M. Garon: "Le sol possédant des propriétés
qui le rendent propice à la croissance des végétaux."
M. Giasson: M. le ministre...
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Lalonde: Non.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je me demande si cette définition du sol
arable n'est pas trop large.
Une Voix: Le petit Robert...
M. Giasson: Qu'est-ce que dit le petit Robert
là-dessus?
Une Voix: C'est la définition du petit Robert. M.
Garon: C'est cela qu'il dit.
M. Giasson: Non, mais vous savez ce que cela signifie, à
toutes fins utiles. Dès qu'un sol, quels que soient sa qualité,
son état, sa texture, peut faire pousser le moindre brin d'herbe, il est
considéré comme sol arable.
M. Garon: C'est du sol arable.
M. Giasson: Dès que des végétaux poussent...
vous pouvez avoir une roche qui est...
M. Garon: Avec de la mousse.
M. Giasson:... une terre largement constituée de roches et
dès que des végétaux peuvent pousser et sortir de cette
terre, on est devant du sol arable, selon la définition qu'on donne.
M. Garon: C'est vrai.
M. Giasson: Est-ce la définition du dictionnaire?
Une Voix: Le dictionnaire donne comme définition sol qui
se laboure.
M. Giasson: Sol qui se laboure, oui. Arable...
M. Dubois: Le sol arable peut se retrouver sur des terres qui ne
se labourent pas. Les végétaux poussent dans le roc...
M. Garon: Cela dépend de la grosseur de la charrue.
M. Dubois: Des végétaux poussent dans le roc.
D'ailleurs, le maire de Frampton a fait des représentations
là-dessus. Il pousse quand même des végétaux dans
les montagnes de roc.
M. Garon: Non, mais on a besoin du sol arable pour la section V
qui concerne l'enlèvement de la couche arable.
M. Dubois: C'est pour cela que vous voulez le garder.
M. Garon: C'est cela! Autrement, on ne serait pas capable de
définir...
M. Lalonde: Cela rappelle, M. le Président, les
difficultés de définition, par exemple, des minerais pour des
contrats ayant trait à la minéralogie, les contrats de
développement de mines dans lesquels des sociétés
s'engagent à extraire et à raffiner du minerai. Il arrive
à un certain moment que le contenu soit tellement mince, tellement
petit, que ce n'est plus rentable. Il y a eu jurisprudence là-dessus.
Des actions ont été prises, qui ont déterminé qu'on
ne pouvait parler de minerai que lorsqu'il y avait rentabilité dans
l'extraction et le traitement du minerai. Il y a une certaine analogie avec
ceci, parce que, comme le député le disait, si vous avez un pouce
de mousse sur une roche, c'est du sol arable, mais si vous ne pouvez pas le
labourer, quelle est la nécessité de le protéger? S'il ne
peut pas faire l'objet de l'agriculture...
M. Giasson: M. le ministre, vous n'auriez pas
préféré que la définition se lise comme suit: Le
sol possédant les propriétés qui le rendent propice
à l'agriculture?
M. Garon: Cela aurait été encore pire. M.
Lalonde: Non, c'est pour cela...
M. Garon: Parce qu'on a la culture des végétaux
dans la définition agricole, la culture du sol, les
érablières et tout. Alors, le sol arable...
M. Giasson: La définition du terme agriculture, telle
qu'on l'a adoptée, suite aux amendements déposés par le
ministre, inclut tout cela. Un instant! "Sol possédant les
propriétés qui le rendent propice à l'agriculture". Si on
regarde le terme agriculture, c'est la culture du sol et des
végétaux. Le fait de laisser le sol sous couverture
végétale ou de l'utiliser à des fins sylvicoles.
L'élevage des animaux, etc.
M. Roy: Tel que défini dans le projet de loi, cela inclut
même la toundra.
M. Giasson: C'est cela.
M. Garon: Mais remarquez bien qu'il est limité en fonction
de l'endroit où il est. Et dans la section V, c'est seulement pour
l'enlèvement de la couche arable.
M. Giasson: Oui, mais vous comprenez que si c'est pour
l'enlèvement de la couche arable, il peut se produire que les
cultivateurs, pour des besoins diversifiés, décident de
travailler la surface d'un sol qui n'est vraiment pas propice à
l'agriculture et à ce moment-là, ils touchent à la
définition que vous donnez, le sol arable; tandis que si on
acceptait la proposition d'amendement que j'ai faite, en tenant compte du fait
que l'agriculture est décrite dans les définitions, à
l'article 1, il y aurait une concordance absolue entre la définition de
l'agriculture et la définition du sol arable.
M. Garon: Cela irait beaucoup plus loin que la définition
de l'agriculture, cela comprend les bâtisses; si quelqu'un voulait
construire une bâtisse, il devrait demander la permission, il
enlèverait le sol arable pour construire sa bâtisse. On
définirait "propice à l'agriculture" et les bâtisses font
partie de l'agriculture. C'est pour cela que dans la définition, on n'a
écrit que "croissance de végétaux", pour ne pas comprendre
les bâtisses, les animaux et tout cela, les travaux.
Dans l'agriculture, on n'a prévu que la croissance des
végétaux pour restreindre la définition.
M. Roy: Même en restreignant, je pense que c'est quand
même très large, c'est très très large.
M. Garon: C'est large et ce n'est pas large. Cela veut
dire...
M. Roy: Tout dépend de l'interprétation que les
fonctionnaires de la commission en feront et de la réglementation qui en
découlera.
M. Garon: Quand vous arriverez à la section V, si on veut
contrôler l'enlèvement du sol arable pour fins de vente, ça
ne s'adresse pas au cultivateur qui fait des heures de "bull", c'est à
celui qui vend du sol arable. Les gens qui sont touchés sont
circonscrits. Actuellement, on a les noms des gens qui sont concernés
d'une façon générale, ce n'est pas un grand nombre de
personnes.... quand on va employer du sol arable, plus tard, qu'est-ce qu'on
veut dire par là? C'est le sol qui est propice à faire
croître les végétaux.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 16 est-il
adopté?
Une Voix: Non, un instant.
M. Lalonde: Le ministre emploie le concept de culture des
végétaux dans un endroit et, dans un autre, la croissance des
végétaux. C'est sûrement deux situations
différentes. Si l'intention du législateur est de protéger
le sol arable, de protéger l'agriculture, il me semble qu'on doit
être cohérent et parler de culture des végétaux, pas
nécessairement de croissance des végétaux.
M. Garon: C'est mieux de parler de croissance parce qu'il peut y
avoir croissance sans culture. Si on pense aux terres noires, par exemple, il y
en a beaucoup au Québec qui ne sont pas cultivées du tout.
M. Giasson: Oui, mais...
M. Lalonde: Propice à la culture.
M. Giasson: ... même si ce n'est pas cultivé.
M. Garon: Propice à la culture, à la croissance des
végétaux, à ce moment-là, cela veut dire la
même chose.
M. Lalonde: Ce n'est pas tout à fait la même chose.
Nous avons des sols qui sont propices à la croissance des
végétaux, mais qui ne sont pas propices à la culture.
M. Garon: C'est plus compliqué que cela. Les pommiers, par
exemple, sont plantés dans des régions, sur des sols qui ne sont
pas propices à l'agriculture.
M. Lalonde: Rarement.
M. Garon: Non, toujours. La plupart de nos vergers sont sur des
sols classés "7" qu'on ne retiendrait pas pour l'agriculture, mais qui
sont là parce qu'ils sont à l'abri du vent, au bas des montagnes
et les pommiers poussent très bien.
M. Lalonde: Je n'en ai pas encore vu, mais en tout cas...
M. Garon: Les renseignements que j'ai disent qu'une grande partie
des pommiers du Québec sont sur des sols classés "7"; s'il n'y
avaient pas de pommiers sur ces sols, on ne les garderait pas pour
l'agriculture. Pour les pommes, la nouaison, c'est une période où
il est important d'avoir des endroits à l'abri.
Je ne planterai pas de pommiers sur mon terrain à Beaumont, c'est
en plein vent venant du large, les fleurs partiraient au vent avant d'avoir
été pollinisées. C'est important que les pommiers soient
à l'abri des montagnes, la plupart de nos vergers sont dans du sol de
mauvaise qualité au point de vue de la culture. C'est pour cela que ce
n'est pas si simple que cela. Ces définitions ont été
étudiées en regardant différentes hypothèses et
finalement, on en est arrivé à une définition comme
celle-là parce qu'on n'avait pas beaucoup de choix pour en mettre une
autre. (23 h 30)
M. Giasson: II est possible que, dans certaines régions,
ce soit la réalité que décrit le ministre, mais, quand je
considère les vergers que j'ai dans ma région, ce n'est pas
nécessairement dans du sol...
M. Garon: Non, non.
M. Giasson: Ce n'est jamais dans du sol de catégorie 7.
Les pomiculteurs, là où ils ont des vergers, plantent, au moment
de la plantation du verger, ce qu'ils appellent des coupe-vent, d'autres arbres
en bordure du verger, de chaque côté. C'est ainsi qu'ils font
contrepoids à la force des vents. Mais il y a peut-être des
régions où c'est du
sol de très pauvre qualité où on plante les
pommiers.
M. Garon: C'est malheureux que le député de
Huntingdon ne soit pas ici.
M. Giasson: J'en ai justement visité dans son
comté.
M. Garon: II n'est pas là quand on en a besoin.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: C'est bien sûr en tout cas
dans ma région qu'on les retrouve surtout sur le flanc des
montagnes. C'est surtout à cause du sol qui n'est peut-être pas de
catégorie A, mais une des raisons principales, c'est justement parce que
c'est plus sablonneux. Les pommiers ont besoin d'un drainage plus fort que
d'autres cultures. A cause de cela, c'est souvent dans ces régions qu'on
trouve les terres les plus propices. C'est un peu plus sablonneux et le
drainage est plus facile. C'est un drainage naturel.
M. Roy: Je proposerais un amendement avec votre permission, M. le
Président, qui pourrait peut-être répondre aux besoins.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Je vais me risquer. Je consultais le petit Robert. Au
lieu de dire: Un sol "propice à la croissance des
végétaux", si on disait tout simplement "propice à la
culture des végétaux." On peut prendre comme sol propice à
la croissance des végétaux la cour de la résidence du
ministre. On peut prendre un fossé de chemin. On peut aller dans la
toundra. On peut aller dans les flancs de montagnes. On peut aller partout.
Tandis que, si on parle de la culture des végétaux, c'est
différent. Remarquez bien que je n'ai pas la prétention de me
poser en expert en disant ces choses, mais je trouve que c'est beaucoup trop
large de parler de croissance des végétaux. On va beaucoup trop
loin. Si on parlait de la culture ce serait mieux parce qu'en somme le
gouvernement veut protéger le sol arable pour favoriser le
développement de l'agriculture, pour voir à la culture. Là
est la question.
Le Président (M. Boucher): Si je comprends bien, votre
amendement...
M. Roy: Mon amendement serait de remplacer le mot "croissance"
par le mot "culture ".
Le Président (M. Boucher): ... ce serait de remplacer,
à la deuxième ligne du paragraphe 16, le mot "croissance" par le
mot culture" des végétaux. Cet amendement est-il
adopté?
M. Garon: Non.
Le Président (M. Boucher): Etes-vous prêts à
voter?
M. Roy: L'amendement a du bon sens.
M. Vaillancourt (Orford): Là où on fait de la
culture, il faut qu'il y ait assez épais de terre pour être
capable de labourer, tandis que "croissance ", cela peut pousser...
M. Garon: On ne laboure pas pour les pommiers. C'est cela que je
viens de dire.
M. Vaillancourt (Orford): ... dans un pouce de terre, mais ce
n'est pas propice à l'agriculture.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je pense que ce ne serait pas une bonne
définition. Il y a des endroits où ce n'est pas propice à
la culture, mais où cela peut le devenir par un certain travail, par
exemple, qui va être fait. Si on prend "propice à la culture",
vous avez quantité de sols qui, après avoir été
aménagés, après qu'on a fait du remplissage où ce
qu'on appelle normalement du "boulage" ou du drainage...
M. Garon: Les terres du Témiscamingue.
M. Gagnon: ... on les rend propices à la culture. Je
n'accepterais pas ce terme. Je pense qu'on définit mal ce qu'on veut
définir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Pour comprendre vraiment la distinction entre
culture et croissance, il faut se rappeler que la culture est le fruit des
efforts humains, tandis que l'autre est peut-être tout simplement une
croissance naturelle des végétaux. Il peut arriver que des sols
qui n'avaient jamais été soumis à l'effort de l'homme
soient propices à la culture et à la croissance, mais ils n'ont
jamais été soumis à la culture parce que personne n'y a
jamais travaillé. Ce n'est pas tout à fait la même
chose.
M. Roy: Le mot "propice" inclut également
l'éventualité?
M. Ouellette: La vraie solution serait de définir la
teneur d'un sol propice à la culture, mais là, on va tomber dans
des détails chimiques et cela pourrait être dangereux.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple; il n'y en a pas
beaucoup au Québec, mais on a des pâturages permanents, des
prairies; à ce moment, il n'y a pas de travaux de culture qui sont faits
et cela pousse numéro un; ce sont des endroits qui sont propices
à la croissance, pas à la culture parce qu'on ne les cultive pas,
ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes prêts
à voter sur l'amendement? M. le député d'Arthabaska?
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon?
M. Dubois: Je ne suis pas au courant de l'amendement, je parlais
à...
Le Président (M. Boucher): Abstention. M. le
député de Champlain?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lévis?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata? Absent. M. le député de
Saint-François?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford?
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est rejeté
à cinq contre trois et une abstention. Est-ce que le paragraphe 16 est
adopté?
M. Giasson: II va y avoir des problèmes.
M. Roy: On écrira au ministre.
M. Giasson: Un cultivateur qui fait un chemin dans son
boisé, dans son érablière.
M. Garon: Article 5... Enlèvement du sol arable pour fins
de vente. Ce n'est pas ce qu'on veut contrôler, le sol arable va
s'appliquer seulement à la section V; c'est uniquement là qu'on
en a besoin.
M. Lalonde: Un instant, la section V s'applique partout où
vous le voulez.
M. Garon: Non, on dit dans quel cas on réglemente le sol
arable, c'est uniquement pour ceux qui font le commerce du sol arable.
M. Lalonde: Mais c'est à compter de l'entrée en
vigueur d'un décret de région agricole
désignée.
M. Garon: Oui.
M. Lalonde: Ce n'est donc pas nécessairement limité
simplement à une section V, c'est dans toute la région.
M. Garon: Oui, mais on connaît tous ces gens, c'est
identifié.
M. Giasson: Quand le gars va vouloir vendre du sol à
remplissage bourré de pierre, cela va lui prendre un permis; il pousse
des végétaux dessus.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le paragraphe 16 est
adopté?
M. Roy: Sur division.
M. Vaillancourt (Orford): Sur division.
Le Président (M. Boucher): Paragraphe 17.
M. Garon: "Zone agricole": la partie d'une municipalité
décrite au plan et description technique élaborés et
adoptés conformément aux articles 49 et 50." C'est la zone
permanente; une fois qu'elle va avoir été négociée
et décrite par la municipalité, ce sera la zone agricole.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le paragraphe 17 est
adopté? M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Quelle est l'utilité de la définition
parce que, en fait, vous le redéfinissez dans 49? Simple
commodité?
M. Garon: Oui.
M. Lalonde: Cela n'ajoute pas grand-chose, mais cela va.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 1 est
adopté tel qu'amendé?
M. Roy: Adopté sur division à cause des
amendements.
M. Beauséjour: Le paragraphe 12 est suspendu, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): On ne peut pas l'adopter tel
quel, tant que le paragraphe 12 ne
sera pas adopté. Alors, nous suspendons l'adoption de l'article
1. Article 2.
M. Roy: A l'article 2, M. le Président, j'aimerais avoir
des explications. Qu'est-ce que cela veut dire exactement: "La présente
loi s'applique au gouvernement, à ses ministres et à ses
organismes"?
Une Voix: A ses ministères et non à ses
ministres.
M. Roy: Je m'excuse, vous savez, à 23 h 45, il ne faudrait
pas nous faire grief si on a un peu de difficulté à lire. "La
présente loi s'applique au gouvernement, à ses ministères"
je me reprends pour les fins du journal des Débats et pour mes
collègues "et à ses organismes"?
M. Ouellette: Pas plus on n'accepterait un ministre borné
qu'on accepterait un ministre zoné.
M. Garon: Cela veut dire ce qui est écrit. Cela veut dire
que le gouvernement, les ministères et les organismes sont assujettis
à la loi.
M. Giasson: Cela signifie que, chaque fois que le
ministère des Transports doit prendre une nouvelle emprise le long de
ses routes, en vue de travaux d'élargissement de ses routes, il est tenu
d'avoir les permissions; chaque fois que le ministère des Transports
doit modifier un tracé ou une emprise de route, il devra déposer
une demande auprès de la commission. La commission devra faire la
recherche voulue et décider si elle doit permettre ou accepter que le
ministre des Transports aille chercher cette emprise ou lui refuser de
s'approprier une bande de terrain, si minime soit-elle, si c'est dans du bon
sol agricole.
M. Garon: Dans le cadre de la loi, sujet à discussion tel
que prévu et si...
M. Giasson: II en va de même du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, il y aura des projets
d'implantation, sans doute, à l'intérieur de la zone de
permanence retenue. Le ministère des Terres et Forêts.
M. Garon: On dit à l'article 66, par exemple, le
gouvernement peut, après avoir prévenu la commission, exclure une
partie, un lot, une partie des lots de la zone agricole pour les fins d'un
ministère ou d'un organisme public. Quand nous avons discuté la
route, c'est d'essayer de faire passer la route à l'endroit où
elle sera le moins dommageable.
M. Giasson: Après avoir pris l'avis de la commission, mais
cela confirme ce que je signalais tout à l'heure, que les
ministères devront aller chercher, demander des permissions puisque le
gouvernement ne peut pas agir d'autorité, sauf par l'article 96 dont on
discutera quand on sera rendu à cet article. Il faudra que la commission
soit avisée d'un besoin du ministère des Transports ou d'autres
ministères qui auront à effectuer des travaux à
l'intérieur de la zone permanente retenue; cela prendra une permission
de la commission qui l'accordera après avoir soumis le dossier au
gouvernement si elle juge nécessaire de le faire ou décidera
d'autorité de ne pas faire appel aux services du gouvernement.
M. Lalonde: En fait, cela met le ministère des Transports,
entre autres, sous la tutelle du gouvernement, par la voie de la commission,
pour tout projet d'implantation dans la zone verte.
M. Garon: Non, il s'agit de trouver les tracés qui vont
être les moins dommageables pour l'agriculture. On le fait avec l'Hydro
depuis un an. L'Hydro-Québec ne parle pas de placer des poteaux de
téléphone à côté des maisons, les grands
réseaux. On discute des lignes, des meilleurs tracés et, à
ce moment, les meilleurs tracés sont trouvés. Depuis un an, je
pense, tous les nouveaux tracés des grands réseaux, à
l'Hydro-Québec, ont été approuvés, ont
été discutés avec le ministère de l'Agriculture
pour trouver les meilleurs tracés, les moins dommageables. Cela suppose
qu'il est vrai que les ministères doivent essayer de trouver les
meilleurs tracés pour les routes, ceux qui sont les moins dommageables.
Je pense qu'il y a une route dans l'Outaouais où on divisait en deux je
ne sais combien de fermes, mais je vais vous donner un exemple concret. S'il y
avait eu un article comme celui-là, au lieu d'avoir brisé toutes
les fermes du Bas-du-Fleuve, la route 20, par exemple, aurait pu passer au
trécarré. Il ne s'agit pas de ne pas faire passer les routes,
mais il s'agit de trouver les meilleurs tracés et, à ce moment,
cela aurait pu passer le flanc de la montagne à certains endroits,
tandis que partout, on séparait les terres en deux comme si on l'avait
fait exprès. C'est tout simplement cela. Ce n'est pas pour
empêcher les routes de passer, mais trouver la meilleure localisation
pour les routes, celle qui va être la moins dommageable possible pour
l'agriculture. Souvent, cela fait un plus beau tracé.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Concernant ce que vient de dire le ministre, je n'ai pas
besoin de vous dire que je suis entièrement d'accord. Il y a trop eu
d'abus dans le passé. Je suis entièrement d'accord, c'est la
raison spécifique pour laquelle j'ai posé la question
là-dessus. Le gouvernement, ses ministères et ses organismes
seront soumis. Si nous avions eu une disposition comme celle-là, je
pense que le gouvernement fédéral aurait eu des petits
problèmes avec Mirabel. On en aurait eu un peu, pas mal, beaucoup. C'est
une excellente chose. Je suis d'accord avec cet article. Cependant, comme l'a
dit mon collègue, le député de Montmagny-L'Islet, il y a
l'article 96 qui assombrit un peu notre
optimisme. On y reviendra. Disons qu'en ce moment, ce n'est pas
l'article 96 que nous avons à discuter, c'est l'article 2; en ce qui me
concerne, j'y donne mon appui, je suis d'accord qu'il soit adopté tel
quel.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmag ny-L' Islet.
M. Giasson: ... je suis prêt à l'accepter, mais pour
autant que cela ne reporte pas de six mois, d'un an, le projet
d'amélioration d'une route où le ministère des Transports
doit obtenir une bande de terre chaque côté de son emprise. Si la
commission, dans ces cas, donne une priorité et est capable de rendre
une décision rapide ou de soumettre le dossier rapidement au
gouvernement, mes craintes sont moins grandes. Mais on sait que,
déjà, on a des projets d'élargissement de routes, de
nouveaux tracés de routes au Québec qui sont bloqués
depuis un an à cause de la venue de l'environnement à
l'intérieur du dossier. (23 h 45)
Le ministère des Transports est paralysé dans certains
projets parce que le ministère de l'environnement n'a pas donné
le feu vert, son approbation. S'il fallait que la commission de contrôle
ou de protection du territoire agricole mette des délais assez longs,
tout au moins aussi longs que ceux que le ministère de l'environnement a
mis pour certains projets, ce serait encore du retard. Ce n'est pas que je sois
contre le fait que le gouvernement ou ses ministères ne soient pas
couverts dans la loi 90 par l'article 2, mais c'est un appel à la
prudence et à la vigilance de la part de la commission et du
gouvernement pour ne pas retarder les projets, surtout lorsqu'il s'agit
d'obtenir du ministère des Transports des bandes de trois à dix
pieds de large de chaque côté d'une route existante en vue de
l'élargissement et de la réfection d'une fondation avec des
fossés nouveaux.
M. Garon: Même si cela retardait de six mois la
construction d'une route...
M. Roy: Sauf l'autoroute de la Beauce.
M. Garon: Vous allez trouver le meilleur site en ne brisant pas
les fermes; en gains financiers, ces six mois vont être repris
très rapidement. On a fait des désastres avec les routes au
Québec. Je vais vous dire très franchement qu'il y a beaucoup de
tracés qui n'ont pas été faits par des 500 watts. Il
s'agissait de mettre deux points, de prendre une règle et de faire une
barre entre les deux points et le tracé était fait. On
défaisait des fermes, on défaisait un tas d'affaires sans
s'occuper de personne. Quand même cela prendrait six mois ou un an de
plus pour un projet... même si la route n'a pas été faite
un an plus tôt, personne n'est mort et personne ne va mourir. Il ne
s'agit pas de faire exprès pour perdre du temps; il faut consulter les
gens pour voir à quelle place doivent passer ces infrastructures,
respecter l'opinion de la population et ne pas essayer de tout défaire
notre territoire.
C'est un entraînement, c'est une discipline qui va prendre un bout
de temps, mais qui sera bénéfique pour tout le monde une fois
qu'on sera habitué à cette façon de faire.
M. Lalonde: M. le Président, ce que je disais
tantôt... Encore une fois, ce n'est pas pour exprimer un
désaccord, en principe, à ce que le gouvernement soit soumis
à cette loi, le député de Montmagny-L'Islet l'a dit, mais
il faut bien comprendre... Quand on regarde l'article 66 on n'a
même pas besoin d'aller à l'article 96 et cet article, il
est bien clair qu'au lieu de demander aux différents ministères
de l'imposer dans leurs lois, d'être préoccupés plus que
cela, d'être liés par une politique de protection des terres
agricoles, on a décidé de ne pas faire confiance aux
ministères et aux ministres et de soumettre toute décision au
gouvernement.
Donc, le ministre des Transports et les autres ministres qui ont des
implantations à faire sur le territoire vont être des proposeurs
et devront passer par la commission ou par le biais de l'article 66 et demander
au Conseil des ministres de bien vouloir, s'il lui plaît, après
avoir pris l'avis de la commission, exclure un lot ou une partie de lot d'une
zone agricole aux fins de leur ministère.
Le gouvernement devient la grosse machine de l'opération de
chacun de ces ministères. Je voulais simplement insister
là-dessus parce que c'est le résultat. L'alternative aurait
été de dire que le gouvernement et les ministères sont
liés par les préoccupations, les objectifs dans leurs
décisions, mais il aurait fallu faire confiance au ministre des
Transports.
M. Garon: C'est un peu comme le salaire minimum. Il est
obligatoire mais, s'il n'y a personne pour surveiller, ce n'est pas tout le
monde qui va le donner.
M. Lalonde: Je parle du gouvernement. C'est le gouvernement
lui-même qui surveille et qui se trouve à...
M. Garon: Le député de Montmagny-L'Islet disait
lui-même que c'était le gouvernement qui avait gaspillé le
plus de terres au Québec.
M. Lalonde: En 1970, c'est facile à dire. On condamne le
passé.
M. Giasson: Je m'excuse auprès de mon collègue.
Question de règlement. Je n'ai pas dit que le ministère des
Transports avait gaspillé le plus de terres, ni le gouvernement. J'ai
dit, lors d'un débat qu'on avait eu un vendredi, qu'en matière de
non-utilisation de bons sols l'exemple vient de haut. J'ai cité
l'expérience que je vis dans mon comté et en bordure de
l'autoroute 20 dans notre région où un grand nombre de parcelles
et
des terres complètes ont été expropriées il
y a déjà plusieurs années et elles poussent en friche dans
beaucoup de cas.
M. Garon: On aurait évité tous ces problèmes
si l'autoroute était passée à la bonne place. On n'aurait
pas eu de parcelles. On aurait eu des fermes qui seraient demeurées
là. On aurait évité tous ces problèmes. On aurait
eu une route, à part cela, de toute beauté qui aurait
passé juste dans le flanc de la montagne. Imaginez-vous la vue
panoramique qu'on aurait eue dans le Bas-du-Fleuve. On aurait vu le fleuve, les
fermes. Cela aurait été une route fantastique au point de vue
touristique.
M. Lalonde: D'accord. On peut dire "on aurait" pendant toute la
soirée, de 23 h 50 à minuit. Il faut quand même être
réaliste. Quand cela est-il arrivé? Cela a commencé
pendant les années d'après-guerre.
M. Garon: La route 20?
M. Lalonde: Non. Je ne parle pas de la route 20. Je parle de ce
développement un peu sauvage de nos infrastructures, qui a abouti, 20
ans après, à ce spectacle qu'on regarde à rebours en
disant: Si j'avais fait le film, je l'aurais fait autrement parce que là
je le vois à l'envers, comme le disait quelqu'un. C'est exact. C'est un
jugement, mais si on se reporte à 10 ou 20 ans, les
préoccupations étaient différentes. On n'avait pas les
mêmes préoccupations sur l'écologie, sur la protection du
consommateur, par exemple. On a changé toute la structure de nos
préoccupations sociales et économiques. Il ne faut pas
légiférer pour se venger de ce que les autres n'ont pas fait.
C'est pour savoir ce qu'on va faire demain ou après-demain. Il faut
quand même que ce soit logique avec les obligations d'un
ministère, les engagements et les lois qui existent. La décision
du gouvernement semble être de soumettre à l'avenir les
ministères qui ont exagéré dans le temps et qui ont fait
des erreurs à un carcan, à une tutelle.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je suis d'accord avec vous lorsque vous mentionnez
qu'il ne faut pas nécessairement toujours reprocher les erreurs, mais il
s'agit de les voir pour s'enligner et essayer peut-être d'en faire moins
dans l'avenir. Lorsque vous parlez des années d'après-guerre, je
peux vous faire remarquer ce qu'on a fait pour l'autoroute 40 entre
Trois-Rivières et Berthier; elle n'est même pas terminée
actuellement. Allez voir l'endroit où on a placé cette autoroute
et vous allez voir à quel point on a gaspillé des fermes arables
de Trois-Rivières à Berthier. On parle des années
d'après-guerre, mais ce sont tout de même des erreurs assez
récentes. Je pense que le ministère des Transports, les
travailleurs en région, ceux qui pensent actuellement aux routes ne
demandent pas mieux que de collaborer et je crois qu'ils veulent absolument
être soumis à la loi. J'ai eu des conversations en ce qui concerne
toujours l'autoroute 40 de Trois-Rivières en allant vers Québec
et je sais qu'actuellement, en région, on est en train d'essayer de
repenser le tracé de façon à gaspiller le moins de sol
arable possible. On ne retardera pas les travaux, mais ce sera mieux
planifié si on les oblige, justement, à se plier aux exigences de
la loi.
M. Lalonde: Sur la construction des routes, le ministre
rêvait tantôt de cette belle route à flanc de montagne.
M. Giasson: Ce n'est pas possible.
M. Lalonde: C'était peut-être beau, mais, si vous
retournez en arrière et que vous vous mettez à la place du
ministre des Transports ou du gouvernement qui a décidé je
ne sais pas lequel de ne pas le faire de cette façon, il avait un
budget à faire respecter. Tout le monde sait il ne faut pas
être un expert pour le savoir qu'une route à flanc de
montagne coûte bien plus cher qu'une route sur un sol plat. Avec le roc
que vous avez, avec toute la protection des épaulements et tout cela,
c'est plus dispendieux.
M. Roy: Des études ont été faites aux
Etats-Unis pour démontrer qu'il en coûtait moins cher de faire
passer des autoroutes dans le flanc des montagnes que cela n'en coûtait
de les faire passer dans les basses terres.
M. Lalonde: Pour quelle raison?
M. Roy: Parce que cela coûtait plus cher de faire le
renforcement de la route dans les basses terres à cause de
l'égouttement, à cause des assises de la route pour la rendre
solide, alors qu'ils n'avaient qu'un déplacement de roc dans le flanc
des montagnes. J'ai vu des études à ce sujet. Je ne les ai pas
ici. En tout cas, on pourrait entreprendre un débat assez long.
M. Giasson: Très intéressant, d'ailleurs. M.
Lalonde: ... serait intéressé à voir cela.
M. Roy: II y a des études faites là-dessus aux
Etats-Unis.
Le Président (M. Boucher): Comme nous ne sommes pas
à la commission des transports, nous pouvons abréger. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Roy: Puis-je vous signaler qu'il est minuit, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Pas encore, M. le
député de Beauce-Sud. Il est minuit moins quatre.
M. Roy: Avant d'entreprendre le chapitre 2.
M. Giasson: La section II.
M. Roy: Avant d'entreprendre la section II.
Le Président (M. Boucher): Article 2, adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 3.
Commission de protection du territoire
agricole
M. Giasson: M. le Président, à l'article 3, je fais
motion pour que le ministre dépose les amendements, s'il y a
amendements, à la section II de façon qu'on puisse les analyser
soit ce soir, en entrant dans nos bureaux, ou demain matin à notre
retour, ce qui rendrait plus rapide la discussion et l'étude des
amendements...
M. Garon: II n'y a que deux articles. On pourra le faire.
M. Giasson: Ce serait une excellente idée, je crois, que
le ministre remette ces amendements.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vous voulez
distribuer les amendements immédiatement ou si vous
préférez les faire distribuer par la suite après
l'ajournement?
M. Garon: J'aimerais les voir avant. Comme on a fini hier soir
à minuit, j'aimerais avoir le temps de les voir un peu d'avance.
Evidemment, j'ai participé à leur rédaction avec les gens,
hier un peu, mais j'aimerais les revoir un peu avant de les distribuer.
M. Lalonde: On serait prêt à appuyer une motion du
ministre pour suspendre l'étude de la section II jusqu'à ce que
le ministre ait le temps d'étudier les amendements.
M. Garon: Non, je vais les donner demain, surtout que ce sont
deux amendements seulement, au début de la séance, demain.
M. Lalonde: A quels articles?
M. Garon: Aux articles 7 au 19.
M. Giasson: 19, ah oui, cela en est un beau celui-là.
M. Garon: Les articles 17 et 18.
M. Giasson: L'article 19 aussi, sans doute.
M. Garon: Les articles 17, 18 et 19.
M. Lalonde: 17 ou 7?
M. Garon: L'article 7.
M. Lalonde: Les articles 7, 18 et 19. Est-ce qu'on peut
considérer qu'il est minuit, en attendant les amendements?
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a accord des
membres pour que nous ajournions immédiatement?
M. Roy: On n'a pas le choix, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 23 h 58