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Etude du projet de loi no 90
(Douze heures et seize minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'agriculture est réunie pour
étudier article par article le projet de loi 90, Loi sur la protection
du territoire agricole.
Les membres de la commission sont: MM. Baril (Arthabaska),
Beauséjour (Iberville), Dubois (Huntingdon), Gagnon (Champlain), M.
Garon (Lévis), Giasson (Montmagny-L'Islet), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Rancourt (Saint-François), Roy
(Beauce-Sud); Lavoie (Laval) remplace Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont MM. Marcoux (Rimouski) qui remplace M. Brassard
(Lac-Saint-Jean); Charbonneau (Verchères), Chevrette
(Joliette-Montcalm), Cordeau (Saint-Hyacinthe), Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), Mercier (Berthier), Ouellette (Beauce-Nord),
Picotte (Maskinongé), Samson (Rouyn-Noranda).
A l'ajournement d'hier soir, nous en étions à l'amendement
proposé par M. le député de Laval, à l'article 33.
Cet amendement se lit comme suit:
Une Voix: A l'article 53.
Zone agricole (suite)
Le Président (M. Boucher): C'est-à-dire l'article
53.
M. Baril: Quelle sorte de nuit avez-vous passée, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Que l'article 53 soit
amendé en ajoutant, à la fin, les alinéas suivants. Cela
veut dire qu'à l'article 53, on ajoute les alinéas suivants:
"Dans les 180 jours de l'adoption de la zone agricole visée au
présent article, une municipalité peut faire appel à la
Commission municipale du Québec pour que cette dernière
détermine la compensation que devra verser le ministère des
Affaires municipales à ladite municipalité en raison d'une
infrastructure déjà en place dans la zone agricole ou d'une perte
de revenus découlant de l'application de la Loi de l'évaluation
foncière. "La décision de la Commission municipale doit
être rendue dans les 90 jours de la demande."
M. le député de Montmagny-L'Islet, sur l'amendement.
M. Giasson: Oui, M. le Président. L'amendement
proposé par le député de Laval est des plus logiques et
des plus conséquents si on se rappelle l'information que les
représentants de certaines municipalités avaient fournie à
la commission parlementaire lors de leur passage parmi nous. Il est
évident que l'application du programme de zonage agricole ne touchera
pas toutes les municipalités du Québec de la même
façon.
Il est facile de concevoir que nos municipalités rurales seront
très peu touchées par les dispositions nouvelles que nous
retrouvons dans la loi 90, soit l'article 106 qui a comme fin principale de
modifier la Loi de l'évaluation foncière en ajoutant un article
nouveau à cette loi, soit l'article 21a.
Dans les municipalités rurales, nous savons tous que le mode
d'évaluation est fort différent de celui qui est appliqué
dans les villes, petites, moyennes ou grandes, dans la province. En
général, nos municipalités rurales ont été
en mesure de conserver les dévaluations à l'intérieur du
territoire des municipalités à un niveau assez bas. Je prends en
exemple une municipalité comme celle que j'habite depuis longtemps
où avant, l'application des dispositions de la Loi de
l'évaluation foncière, le fonds de sol dans la
municipalité, chez nous, était évalué à dix
dollars l'arpent.
Avec les nouvelles dispositions apportées par la Loi de
l'évaluation foncière, naturellement, la municipalité a
dû procéder comme toutes les autres, en accord avec le conseil de
comté, à l'embauche... c'est-à-dire la
municipalité, par le conseil de comté, a convenu de retenir les
services de firmes spécialisées dans l'évaluation
foncière. Après que ces gens eurent complété leur
travail, la nouvelle évaluation s'est tenue assez loin des maximums qui
étaient prévus à l'article 21 de la Loi de
l'évaluation foncière. Même la firme
spécialisée a jugé que, dans la région, dans la
municipalité chez nous, comme dans toute la région qu'on retrouve
à l'intérieur du comté municipal de l'Islet, s'est rendu
compte qu'il n'était pas requis, pour les besoins des
municipalités concernées, de porter l'évaluation au
maximum possible, à l'intérieur de l'article 21 de la Loi de
l'évaluation foncière, puisque le fonds de sol est encore
à $60.00 l'arpent, après cette nouvelle évaluation
scientifique.
Pour vous donner un exemple que les municipalités ne sont pas
toutes touchées de la même manière, notre
municipalité, chez nous, face à cette augmentation
d'évaluation du fonds de terre, a trouvé un
procédé, un moyen de ne pas faire porter un coût
additionnel aux propriétaires du sol, puisqu'elle a, à tort ou
à raison, mais c'est la réalité qu'on a vécue
récemment, ces dernières années... On a
décidé de réduire le taux des $100.00 d'évaluation
pour ce qui a trait au fonds de terre, par rapport aux taux des $100.00
d'évaluation qui touche les immeubles, les bâtiments. Pourquoi?
Parce que la municipalité, avec l'augmentation de l'évaluation,
n'avait pas besoin de revenu additionnel. Les services qu'elle devait procurer
à ses contribuables étaient demeurés les mêmes.
Par contre, nous avons découvert que des villes du Québec
qui avaient bâti, qui avaient déjà des programmes de
développement, d'expansion, même des plans d'aménagement,
avaient déjà,
pour les besoins de l'expansion immédiate et prochaine,
décidé de procéder à l'aménagement
d'infrastructures. Je pense, par exemple, à des infrastructures...
M. Garon: Les comités...
M. Giasson: Oui, cela a été accepté.
M. Garon: Ecoutez, c'est de l'argent, quand on pense à
cela.
M. Giasson: Oui, mais ce n'est pas de l'argent du ministre de
l'Agriculture. C'est une invitation à la Commission municipale.
M. Garon: Cela ne fait rien; c'est l'argent du gouvernement.
M. Giasson: De toute façon, nous discutons de la motion
parce que le président l'a jugée recevable.
M. Garon: Oui, mais...
M. Giasson: Et, au moment de la recevoir, personne n'a mis en
cause sa décision. Le débat a même débuté
hier.
Le Président (M. Boucher): Elle a été
reçue hier.
M. Garon: II faut allumer ses lumières!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval avait mentionné qu'il ne s'agissait pas d'argent du gouvernement.
Il s'agissait d'argent des municipalités.
M. Garon: Bien non, les compensations versées aux
municipalités par le ministère des Affaires municipales, c'est
qui cela?
M. Giasson: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
mettre en doute la décision que vous avez rendue sur la
recevabilité. Vous l'avez reçue, ce qui nous permet de continuer
les débats, à la suite de votre décision qui m'a paru fort
sage.
J'étais donc, M. le Président, à vous indiquer que
les municipalités qui sont venues à la commission parlementaire
nous ont fait découvrir des réalités qui sont tout autres
que celles que vivent les municipalités rurales au Québec.
J'indiquais que nous avons appris que plusieurs municipalités dans ces
villes, qui ont décidé et commenté les dispositions de
l'article 90, avaient déjà développé de
l'infrastructure dans des territoires ou des secteurs de leurs territoires,
où des infrastructures avaient été mises en place. Tout
ceci pour découvrir, le 9 novembre dernier, lors de la réception
des plans et de tous les commentaires que nous avons entendus dès le
dépôt de la loi, pour découvrir que ces investissements
qui, dans certains cas, représentent plusieurs millions qu'on se
rappelle la ville de Laval, la communauté urbaine de l'Outaouais, la
commission régionale de l'Outaouais; il y a le phénomène
de Repentigny; il y a d'autres municipalités et nous avons eu l'avantage
d'entendre les propos de ceux qui sont venus ici pour les représenter
ces infrastructures fort importantes qui se retrouvent aujourd'hui dans
la zone agricole provisoire. A la suite des échanges et propos qui ont
été tenus de part et d'autre, entre les représentants de
ces municipalités et le ministre de l'Agriculture, nous avons
réalisé que le ministre de l'Agriculture ne voulait pas donner
suite aux demandes formulées par ces municipalités,
c'est-à-dire reconnaître les plans d'aménagement et les
plans de zonage que lesdites municipalités avaient
élaborés, au cours des dernières années, à
coups d'efforts, non seulement de personnel, mais aussi d'efforts
financiers.
Comme le ministre n'a pas l'intention de reconnaître cette
réalité, c'est-à-dire ces plans de développement
des municipalités, ces plans de zonage, et n'a pas l'intention non plus
de tenir compte des sommes énormes qui ont été investies
dans certains secteurs desdites municipalités, il nous est apparu
absolument essentiel de soumettre une nouvelle fois à l'attention du
ministre la possibilité de les dédommager d'une certaine
manière cela ne pourra pas tout couvrir par l'appel
à ce qu'on pourrait appeler un arbitre qui serait la commission des
affaires municipales du Québec, de manière qu'il y ait une
formule d'indemnisation à l'endroit des municipalités qui, dans
certains cas, c'est le cas de Repentigny devraient, s'il n'y
avait pas de changement dans la zone provisoire désignée, doubler
le taux d'imposition de leurs contribuables. Ce sont les propos que le maire de
Repentigny a tenus, à savoir qu'il faudrait doubler, ajouter $750 000.
Pourquoi? Parce que tout ce territoire qu'on retrouve à
l'intérieur de la zone agricole provisoire va connaître un taux
d'évaluation complètement différent de ce qui existe.
C'est-à-dire que des terrains qui sont évalués
présentement à $500, $1000, $1500 et $2000 l'acre devront
être ramenés, si cette zone provisoire demeure et si la zone
permanente devait rester dans le même sens que la zone provisoire
retenue, à $150 l'acre, maximum.
Vous voyez, M. le Président, les conséquences que cela va
poser à quelques municipalités au Québec. Ce sont des
pertes de revenu considérables, qui peuvent être comblées
de deux façons. Puisque le ministre de l'Agriculture ne prévoit
aucune forme de compensation ou d'indemnisation, il reste deux
possibilités pour faire face à la réalité. Soit,
dans un premier temps, tenter d'obtenir du gouvernement, par une des
décisions qui viendraient de la Commission des affaires municipales, la
compensation la plus équitable possible devant ces pertes de revenus. Ou
encore, la dernière hypothèse à laquelle on peut penser,
c'est celle que je qualifierais de suicidaire, c'est-à-dire doubler,
dans certains cas, le taux de taxation à l'intérieur de ces
municipalités.
Il est facile de comprendre les problèmes que pourrait poser
à l'intérieur desdites municipalités
un compte de taxe qui serait doublé. Pour beaucoup de ces
contribuables, c'est devenu presque suicidaire de croire qu'ils devront,
à cause des dispositions de la loi 90, accepter de payer le double de la
taxation qui fut la leur au cours des dernières années.
C'est une question de bon sens et de logique, M. le Président, de
proposer que dans la loi 90, à cause des changements profonds qu'elle va
apporter à certaines municipalités, c'est le bon sens le plus
élémentaire, dis-je, de croire qu'il va falloir tenir compte de
tous les chambardements que devront vivre certaines municipalités au
Québec par suite de l'application de la loi et de demander à la
commission des affaires municipales de faire un examen des problèmes et
des difficultés vécus par ces municipalités, afin que la
commission des affaires municipales puisse statuer sur les indemnités
qui devront être versées par le ministère des Affaires
municipales aux dites municipalités, afin d'éviter des
catastrophes, selon les problèmes vécus d'une municipalité
à l'autre. (12 h 30)
Jusqu'à maintenant nous avons proposé quelques amendements
à la loi depuis le début de nos travaux en commission
parlementaire, pour avoir étudié la loi article par article. Le
ministre n'a pas jugé bon d'en retenir tellement jusqu'à
maintenant. Sa moyenne n'est même pas de l'ordre de 10% sur les
amendements proposés par les partis de l'Opposition à cette
assemblée. Mais, devant le coup très dur que va porter le zonage
agricole à certaines municipalités du Québec, je crois que
nous allons être en mesure, avec l'amendement déposé par le
député de Laval, de convaincre le ministre de l'Agriculture de
l'adoucir un peu vis-à-vis des problèmes énormes que vont
vivre certaines municipalités au Québec. Je pense qu'on va
être en mesure de découvrir s'il y a encore quelque chose de
tendre dans l'âme et le coeur de cet homme, parce qu'il devra comprendre
que devant cet amendement... Il est allé déjeuner, à ce
qu'on me dit? J'ai toutes les raisons de croire que ce repas pourra faire
comprendre davantage au ministre...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, le ministre s'est absenté momentanément.
M. Giasson: Momentanément pour aller prendre un repas.
Le Président (M. Boucher): Pas nécessairement pour
aller prendre un repas.
Une Voix: C'est son troisième déjeuner. M.
Giasson: C'est un bon consommateur.
Le Président (M. Boucher): J'ignore pourquoi il s'est
absenté.
M. Giasson: C'est un des grands clients de l'agro-alimentaire au
Québec. Nous n'avons rien contre cela, M. le Président.
M. Beauséjour: II est juste allé prendre un
lait.
M. Giasson: La pertinence, le problème a été
soulevé par le président de notre commission. Il a tenté
de justifier l'absence du ministre aux travaux de la commission
parlementaire.
Le Président (M. Boucher): J'ai mentionné
officiellement que le ministre s'était absenté
momentanément.
M. Giasson: J'ose croire, M. le Président, que les
problèmes que nous ont exposés les municipalités
comme je le disais il y a un instant vont adoucir le coeur du ministre
de l'Agriculture et qu'il va réaliser qu'en dépit de toutes les
déclarations et affirmations qu'il a faites vous savez que pour
le ministre de l'Agriculture, c'est toujours bien simple, ce n'est jamais
compliqué le ministre de l'Agriculture devra comprendre que pour
certaines municipalités au Québec, ce n'est pas aussi simple que
pour lui-même. C'est sérieux, M. le Président. Il y a des
municipalités qui vont subir très durement les
conséquences de l'application ou du programme mis en place par la Loi
sur la protection du territoire agricole. Il faut absolument que des
municipalités du Québec soient compensées pour cela.
D'accord, le ministre a jugé qu'il ne fallait pas indemniser les
agriculteurs qui allaient subir également des pertes possibles au moment
de disposer de leurs biens. Il nous a toujours dit que la compensation à
l'endroit de ces personnes-là viendrait du mieux-être collectif
que connaîtraient à l'avenir les agriculteurs au Québec. Il
n'a pas reconnu que lorsqu'on veut donner un mieux-être collectif
à une profession ou aux gens qui pratiquent une activité à
l'intérieur de l'ensemble de l'économie, s'il y a un
bien-être collectif à assurer, la collectivité devrait
normalement payer le prix de ce bien-être, ce mieux-être collectif
qu'on veut donner à un groupe donné.
Ce n'est pas ce que la loi 90 fait. La loi 90 établit une
espèce de servitude sur beaucoup de fermes au Québec, toutes
celles que nous retrouvons à l'intérieur de la zone permanente.
Cette servitude qu'on va appliquer, cette négation du droit de
propriété absolu traditionnel qui a toujours été la
marque dominante de ceux qui possédaient le sol chez nous, on oublie de
la compenser. On ne reconnaît plus pour le futur ces droits fondamentaux
qui ont toujours été ceux des personnes détentrices du sol
agricole au Québec. De toute l'histoire du Québec, depuis ses
origines, ce sont là des droits qui étaient demeurés
immuables. Or, voici que la loi 90 vient modifier cela. Le ministre ne croit
pas à la nécessité d'indemniser des gens qui vont, sur le
plan individuel, perdre définitivement des avantages découlant de
ce droit de propriété.
Si on ne veut pas le faire pour des individus, sous prétexte que
l'avenir de l'agriculture, l'amélioration que pourrait connaître
l'agriculture dans l'avenir va compenser, au niveau de la collectivité,
à l'endroit des gens qui peuvent perdre de l'argent, que tout au moins
le ministre de l'Agriculture
s'arrête à examiner les problèmes que vivront
certaines municipalités au Québec. Pas seulement celles qui sont
venues devant la commission parlementaire. Nous en avons entendu quelques-unes
ici, M. le Président, mais il y a d'autres municipalités qui vont
subir les effets néfastes de l'application de la loi 90. Le ministre de
l'Agriculture doit considérer tout au moins les cas qui ont
été portés à son attention jusqu'à
maintenant, jusqu'à ce 19 décembre.
Nous savons que dans les semaines et les mois qui vont venir, d'autres
municipalités vont exposer soit au ministre, soit à la commission
de contrôle du territoire les difficultés nouvelles qui
découleront de l'application de la loi, les sommes d'argent
considérables qui seront impliquées derrière tout cela. Le
ministre devra également s'arrêter pour examiner les
difficultés que connaîtront les municipalités qui vont
soumettre leurs problèmes à son attention ou à l'attention
des membres de la commission afin que le gouvernement du Québec, qui est
le gouvernement qui représente la collectivité
québécoise, puisse sauver certaines municipalités du
Québec de ce que j'appellerais la catastrophe, catastrophe qui attend
les contribuables si l'amendement déposé par le
député de Laval ne sensibilise pas le ministre, si cet amendement
n'est pas retenu.
Le Président (M. Boucher): II vous reste une minute.
M. Giasson: M. le Président, je ne voudrais pas abuser du
temps de la commission. Je m'arrête quitte à revenir s'il y a lieu
lorsque d'autres collègues ou d'autres intervenants auront
commenté le contenu des amendements déposés par le
député de Laval.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, votre temps est expiré sur l'amendement. M. le
député de Huntingdon.
M. Giasson: Je n'ai pas pris une minute.
M. Dubois: M. le Président, j'ai bien
réfléchi aux propos du député de Montmagny-L'Islet.
Je pense qu'ils ont beaucoup de sens. On dit qu'une mesure collective doit
être assumée par la collectivité. La loi va un peu dans ce
sens, par contre on sait que certains citoyens de certaines
municipalités vont être pénalisés par une taxe plus
forte. Ce sera peut-être le cas de Laval mais cela sera aussi le cas
d'autres municipalités du Québec. Ce sera le cas de la petite
ville où j'ai mon commerce et ma demeure.
M. Garon: Si ma mémoire est bonne, le député
de Laval disait...
M. Lavoie: C'est le député de Huntingdon qui a la
parole, M. le Président.
M. Garon: Je pensais qu'il avait fini.
M. Dubois: J'irais dans le sens du député de
Montmagny-L'Islet, il faut compenser les pertes de revenus de certaines villes
dues à la zone verte qui leur est imposée. Cependant, toute la
question est la façon dont on créera ce fonds pour compenser ces
villes. Je pense que le ministre peut récupérer des fonds dans ce
sens en imposant des taxes plus fortes aux terres qui restent en friche, aux
terres qui sont possédées par les étrangers et qui ne sont
même pas cultivées. Si le ministre...
M. Garon: Chaque chose en son temps.
M. Dubois: Oui, mais si on veut compenser, il va falloir
créer un fonds.
M. Garon: Les étrangers vont avoir leur tour.
M. Dubois: II va falloir qu'ils aient leur tour bientôt si
on veut compenser les villes qui vont certainement perdre des revenus à
cause de cette mesure. J'abonderais dans le sens de créer un fonds mais
peut-être pas par le ministère des Affaires municipales. Je me dis
que l'agriculture doit régler ses problèmes elle-même. Je
pense que c'est votre intention d'ailleurs de taxer d'une façon
supplémentaire ou plus forte les terres agricoles non productives. Vous
avez déjà mentionné qu'il y a quelqu'un qui paierait pour.
Dans ce sens, on pourrait créer un fonds pour compenser les villes qui
seront pénalisées. Ce serait tout à fait logique; je ne
vois pas les citoyens d'une municipalité ou d'une ville quelconque en
faire les frais à eux seuls parce que les agriculteurs seront
compensés par un rabattement de taxes scolaires et municipales de 70%.
Ce n'est pas cela, non?
M. Garon: Vous disiez que ce n'était pas grand-chose.
M. Dubois: Si les frais en sont faits par les résidents
des villes, je pense que cela ne sera pas tout à fait équitable.
Il y a plusieurs terres en friche au Québec, il y a plusieurs terres
abandonnées. Si ces gens doivent être pénalisés par
une taxe supplémentaire, on pourrait créer un fonds pour
compenser les municipalités qui seront pénalisées.
C'étaient les remarques que j'avais à faire. Il appartient
au ministre de trouver une façon équitable pour que cette mesure
collective ne soit pas à la charge de résidents particuliers.
C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je me rappelle les paroles du député de
Laval quand il disait qu'en zonant, en créant des zones agricoles, des
zones non agricoles, la valeur des terrains augmenterait
considérablement dans les zones non agricoles; si la valeur augmente
considérablement dans les zones non agricoles, les municipalités
ne perdront rien parce que la valeur des terres zonées non agricoles
va
augmenter, d'après ce qu'a dit le député de Laval.
Je prétends que les terres zonées agricoles, peut-être pas
les premiers quinze jours, le premier mois ou les premiers deux mois, mais
à court terme vont augmenter de valeur parce que, ce.qui nuit à
l'agriculture actuellement, c'est l'insécurité de l'utilisation
du sol agricole pour l'agriculteur et par ses voisins. C'est la
déstructuration qui amène une perte de valeur.
Il est exact que, lorsqu'il va y avoir des municipalités qui vont
être zonées plus serrées parce que les terres agricoles
seront bonnes alentour, la valeur va être plus forte. Donc, dans les
autres municipalités qui ne seront pas zonées serrées
parce que les terres ne seront pas bonnes, la valeur va être moins forte.
Et les gens vont faire quoi? Ils vont dire: Dans telle municipalité, les
terrains sont bien trop chers, je n'irai pas là. Et cela va être
bon. Les gens n'iront pas parce qu'ils vont les trouver trop chères
justement parce que ce sera zoné serré, vu que les terres
agricoles sont bonnes. Alors, le citoyen va avoir tendance à aller vers
les endroits qui ne seront pas zonés serrés, parce que les terres
n'y sont pas bonnes. C'est exactement le but recherché.
La municipalité n'est pas pénalisée, au contraire.
Par l'effet de densification, même dans les municipalités
où les terres ne sont pas bonnes, par l'effet de densification, au
contraire, la municipalité... Je suis convaincu que, dans quelques
années, lorsqu'on fera l'étude de l'effet de la protection du
territoire agricole sur la fiscalité municipale, on dira: Cela a
été la mesure qui a amené une économie
considérable pour les municipalités. Cette loi a eu deux effets:
Protéger les terres pour l'agriculture et aider les municipalités
à rationaliser le développement du territoire et à
diminuer les coûts de fonctionnement des municipalités.
Je pense que, de toute façon, je vais voter contre l'amendement.
Premièrement, il était irrecevable à sa face même et
il faudra éventuellement regarder ce qui se passe dans les
municipalités, quel sera l'effet du zonage agricole. C'est alors qu'on
pourra en analyser les effets. Faire des prédictions apocalyptiques,
à ce moment-ci, fait partie d'une tendance générale qui
n'est pas réaliste.
M. Lavoie: M. le Président, je vais laisser la parole
à mon collègue, le député de Maskinongé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Lavoie: Je reviendrai après sur les propos du ministre
de l'Agriculture.
M. Picotte: M. le Président, mon collègue, le
député de Laval, a présenté à cette
commission un amendement ayant pour effet d'ajouter les alinéas suivants
après l'article 53. Je me permets de relire cet amendement pour
justifier quelque peu les propos qui m'ont été donnés
d'entendre de la part du député de Montmagny-L'Islet. "Dans les
180 jours de l'adoption de la zone agricole visée au présent
article, une municipalité peut faire appel à la Commission
municipale du Québec pour que cette dernière détermine la
compensation que devra verser le ministère des Affaires municipales
à ladite municipalité en raison d'une infrastructure
déjà en place dans la zone agricole ou d'une perte de revenus
découlant de l'application de la Loi de l'évaluation
foncière. La décision de la Commission municipale doit être
rendue dans les 90 jours de la demande."
M. le Président, il nous a fallu, au Québec, faire un
choix. Il nous a fallu aussi, après avoir discuté pendant
plusieurs années de protection de terres agricoles, prendre une
décision concernant ces mêmes terres agricoles et ceux qui les
possédaient.
Il est évident, M. le Président, qu'une telle loi cause
préjudice à des individus au Québec. C'est tellement vrai
que, dans certaines autres provinces canadiennes, entre autres en
Colombie-Britannique où on a présenté un tel projet de
loi, cela a coûté des millions de dollars à l'Etat pour
défrayer le tort causé aux agriculteurs par cette loi.
Evidemment, les agriculteurs ici, au Québec, de concert avec leur
syndicat, l'Union des producteurs agricoles, ont demandé une telle loi
et c'était leur choix, M. le Président, je ne conteste pas
ce choix. Ils ont préféré, en ce qui les concerne, laisser
de côté ces montants d'argent qui auraient pu compenser la perte
des droits acquis ou pour certaines choses qui pourront les léser, face
à ce projet de loi, mais c'était leur choix et ils ont
accepté quand même de laisser tomber cette compensation d'argent.
(12 h 45)
M. le Président, je pense que cette mesure de la loi 90 on
doit en convenir va bénéficier, à prime abord, aux
agriculteurs du Québec. Ces mêmes agriculteurs ont
décidé d'en prendre leur parti et de trouver ce qui pourrait les
avantager dans cette loi. Mais indépendamment du fait que les
agriculteurs ont accepté ce choix, M. le Président, il reste que
sinon d'autres individus du moins d'autres corps légalement
constitués dans la province sont lésés, à la suite
de l'adoption de cette loi.
Moi qui ai assisté, presque en totalité, à la
commission parlementaire, avant la deuxième lecture, qui ai entendu les
mémoires des différents organismes qui sont venus devant nous,
j'ai bonne souvenance que des représentants de municipalités, de
plus ou moindre importance au Québec, sont venus ici à la barre
des témoins comme on mentionne souvent à la commission
parlementaire et ont fait valoir que cette loi 90, cette loi de
protection des terres arables, tout en admettant le principe je pense
que tout le monde l'a fait de bonne foi, d'admettre ce principe de la
protection des terres arables ont fait valoir au gouvernement qu'il y
avait préjudice dans leur cas.
Comme je l'ai mentionné tantôt, si d'autres gouvernements,
pour protéger leurs terres agricoles, ont décidé d'en
faire une affaire collective, je pense qu'il appartient à la
collectivité du Québec,
à tous les Québécois... tous les
Québécois veulent protéger l'agriculture au Québec.
Il n'appartient pas seulement aux agriculteurs d'en faire les frais, pas
seulement aux municipalités, qui sont touchées à
l'intérieur de ce projet de loi, d'en faire les frais et pas seulement
à certains résidents de ces municipalités, via les taxes
municipales, qui sont amenés à défrayer les coûts
que pourra amener un tel projet de loi, il appartient à tout l'ensemble
de la collectivité du Québec, à tous les
Québécois, contribuables, d'en défrayer les
coûts.
L'amendement du député de Laval me semble des plus
logiques. Parce que même, j'en doute fort, mais si jamais l'amendement
était accepté à la table de cette commission, ce serait
l'ensemble des Québécois, l'ensemble de la collectivité
québécoise qui défrayerait, qui viendrait à la
rescousse de certaines municipalités, qui, elles, n'auront pas à
imputer directement à certains individus d'un secteur donné les
méfaits que peut causer la loi 90.
M. le Président, il est plus qu'évident... Je prends
l'exemple de certaines villes, mon collègue de Montmagny-L'Islet a
parlé tantôt de la ville de Repentigny dont les
représentants nous ont très bien, ici en commission
parlementaire, expliqué la situation dans laquelle ils se trouvaient,
suite à l'adoption de la loi, à la discussion et
éventuellement, à l'adoption de la loi 90. Les
représentants de la ville de Repentigny nous ont mentionné, avec
l'adoption de cette loi, qu'ils seraient obligés de doubler les
taxes.
Aussi, nous avons eu le cas de Laval mon collègue, le
député de Laval, pourra en parler, si ce n'est déjà
fait, encore plus éloquemment que moi où on nous a
mentionné que l'adoption de la loi 90 causerait un préjudice de
plus de $2 millions par année, enlèverait des revenus à la
municipalité de Laval de plus de $2 millions par année.
Les représentants de la municipalité de Saint-Hubert, pour
en citer une autre, M. le Président, nous ont mentionné que suite
à l'adoption de la loi 90, une perte de taxes de $2 600 000 serait
encourue par la municipalité.
Si j'ai parlé tantôt que la nécessité de
développer l'agriculture au Québec, de protéger les sols
arables, de protéger notre agriculture au Québec devait
être une priorité de toute la collectivité
québécoise, je pense que je viens de vous citer trois cas, entre
autres, où ce projet de loi 90 viendra causer des préjudices et,
à ce moment-là, causera des préjudices aux seuls et
uniques résidents, aux seuls citoyens de ces trois
municipalités.
Je vous ai parlé du cas de Repentigny qui doit doubler ses taxes,
je pense que c'est le citoyen de Repentigny qui aura à payer les effets
néfastes: Je ne dis pas que la loi 90 est néfaste dans son
entier, c'est faux, mais à l'intérieur d'une loi, il y a
toujours... Cela, tout le monde en conviendra, quand on légifère,
forcément, on fait de bonnes choses, mais on est obligé
d'admettre que, pour légiférer, on fait à certaines
occasions des choses qui causent préjudice.
Cette loi 90, pour les citoyens de Repentigny, entre autres... Lorsque
la municipalité décidera de doubler les taxes à cause de
cette perte de revenus, ce sont les citoyens de Repentigny qui vont en
défrayer la note.
J'ai parlé du cas de Laval, tantôt, où il y a une
perte de $2 millions de revenus par année. Cette perte de $2 millions
que la municipalité devra assumer, ce n'est pas compliqué, il n'y
aura pas deux chemins à prendre, il n'y en aura qu'un: il va falloir, en
retour, qu'ils taxent leurs citoyens s'ils veulent fonctionner convenablement
et avec tous les plans déjà conçus par la
municipalité, toutes les infrastructures prévues. C'est
évident que Laval ne pourra pas freiner, ne pourra pas tout simplement
arrêter tous les développements pour lesquels ils ont
engagé des budgets, où ils ont des dépenses encourues, que
ce soit en plan d'urbanisme ou en plan de développement d'égout
collecteur, peu importe. C'est évident que la municipalité, qui a
déjà des dépenses encourues, va aller chercher cette perte
de $2 millions, directement dans les poches du citoyen lavallois et du petit
propriétaire, forcément, parce que le petit propriétaire
sera affecté autant que le gros propriétaire.
A Saint-Hubert, une perte de taxes de $2 600 000, c'est un peu plus que
$2 500 000, c'est la même situation qui se répète, la loi
du zonage agricole qui prive cette municipalité de $2 600 000 de
revenus. C'est évident que les édiles municipaux qui ne font pas
plus de miracle que notre bon gouvernement en fait présentement avec la
conjoncture qu'on connaît, les édiles municipaux vont faire
exactement comme tout administrateur public. Tout en essayant d'administrer
sainement les produits de la taxe de leurs citoyens, ils vont tout simplement
se tourner de bord et dire à leurs citoyens: Ecoutez, nous avons des
pertes à cause de l'adoption d'une loi, nous serons obligés
d'aller chercher $2 600 000 dans la poche des citoyens de la ville de
Saint-Hubert.
A ce moment-là, M. le Président, ce qui va se produire,
c'est qu'on va aller chercher des taxes dans la poche de tous les citoyens. Si
on allait uniquement chercher les taxes dans la poche des citoyens les mieux
nantis, ceux qui gagnent des salaires de $40 000 et plus, on dirait: Ce sont
des gens qui sont capables de payer, ils peuvent en défrayer une
certaine partie, on ne plaindra pas ces gens en commission parlementaire. Je
sais qu'à Saint-Hubert, à Laval, à Repentigny, il y a
quand même des citoyens qui sont des ouvriers, il y a des citoyens qui
travaillent à bas salaire, il y a même des citoyens dans ces
municipalités parce qu'on connaft le taux de chômage qui
est effarant depuis le 15 novembre 1976 et qui a tendance à grimper
continuellement il y a plusieurs citoyens dans ces municipalités
sans avoir fait le dénombrement, mais ce serait facile de le
faire avec les statistiques des citoyens qui vivent des prestations
d'assurance-chômage, il y a des citoyens qui vivent des prestations
d'allocations sociales en bon canadien français, c'est du
bien-être social et Dieu sait la maigre
pitance, d'un citoyen qui est obligé de vivre du bien-être
social, de ce que le gouvernement donne comme part à ces familles; cela
va affecter aussi ces personnes que je considère comme étant au
seuil de la pauvreté, et bien souvent en bas du seuil de la
pauvreté au Québec.
M. le Président, c'est pour cette raison que je vous le
mentionne. Nous nous évertuons, nous de l'Opposition, à vous dire
que l'amendement du député de Laval viendrait tout simplement
rendre une situation plus juste dans plusieurs municipalités du
Québec qui sont affectées par le projet de loi 90. Je vous en ai
nommé trois. Faites donc votre enquête. Vous allez en trouver
trois facilement aussi. Si vous regardiez dans votre comté, vous en
trouveriez. Enlevez vos oeillères, arrêtez d'encenser le ministre
et le projet de loi et sachez que, dans tout projet de loi, il y a des choses
qui sont néfastes. On essaie de les évaluer et, si vous ne les
avez pas mentionnées, n'intervenez pas parce que si les citoyens de
votre comté savent quel jugement vous portez présentement, j'ai
l'impression que votre passage à l'Assemblée nationale va
être de courte durée, M. le député d'Iberville.
M. Beauséjour: Je vais d'ailleurs intervenir.
M. Picotte: C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, on s'évertuait, comme je le mentionnais tantôt,
à dire que la motion d'amendement du député de Laval
ferait payer aux 6 millions de Québécois... Le gouvernement se
vante depuis deux ans, M. le Président, qu'au Québec,
désormais, il y aura 6 millions d'inspecteurs de l'environnement.
Pourquoi, M. le Président, n'y aurait-il pas 6 millions de
Québécois qui compenseraient les effets néfastes du point
de vue financier de la loi 90 sur la protection des terres agricoles? Ce n'est
pas moi qui ai inventé cela; la commission parlementaire, dont nous
faisons partie depuis quelques semaines déjà, les gens qui sont
venus nous rencontrer ici nous l'ont mentionné. Moi, M. le
Président, je n'aurais pas assez de front pour aller contester les gens
de Saint-Hubert, les gens de Laval, les gens de Repentigny, les édiles
municipaux qui ont été dûment élus par le peuple. On
a tendance à penser qu'au Québec il y a seulement ceux qui
siègent à l'Assemblée nationale, ceux qui sont autour
d'une table de commission, qui sont élus démocratiquement par une
majorité de population. Il ne faut pas se prendre pour le nombril du
monde. Québec n'a pas été inventé le 15 novembre
1976, M. le Président. Avant le 15 novembre 1976, il y a eu de la
démocratie et j'espère qu'il va continuer d'y en avoir dans les
années qui vont venir, M. le Président. Les édiles
municipaux...
M. Garon: Avant 1976, il y avait de la démocratie et de la
crasse aussi.
M. Picotte: Je voulais terminer à 13 heures mais il va me
rester encore cinq minutes. Si vous ne voulez pas me revoir à 15 heures,
M. le Président, vous seriez mieux d'arrêter de m'inter- rompre
parce que je vais revenir certainement à 15 heures pour terminer.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
Une Voix: II va en avoir assez.
M. Picotte: M. le Président, j'allais, en terminant, pour
me rendre à votre désir, vous mentionner tout simplement qu'il y
a des gens au Québec qui sont élus démocratiquement; il y
a des gens au Québec qui ont autant de crédibilité que les
membres de cette Chambre et de cette commission, et autant que les gens qui
forment le gouvernement présentement au Québec. Ces gens sont
venus nous dire en commission parlementaire que le projet de loi 90 causait des
préjudices. Alors. M. le Président, pour ces raisons, je trouve
à point l'amendement de mon collègue, le député de
Laval, face à l'article 53. Je voterai en faveur de l'amendement et
j'espère que les gens d'en face auront compris une fois pour toutes que
l'agriculture, si on veut l'avoir, si on veut la protéger, si on veut la
rendre viable, doit être non seulement un voeu de la collectivité
québécoise mais cela doit être défrayé par la
collectivité québécoise tout entière.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Maskinongé.
M. Lavoie: Avant de continuer mon intervention sur l'amendement,
ce que je ferai à 15 heures, j'aurais une question à poser au
président de la commission.
Le Président (M. Boucher): Oui. (13 heures)
M. Lavoie: J'ai reçu copie d'une lettre qu'une personne a
envoyée à la commission. Elle était adressée
à la commission parlementaire de l'Agriculture qui étudiait la
loi 90, est-ce que vous avez eu et là, je m'adresse à vous
en tant que président, vous pourrez vérifier avec le
secrétariat des commissions est-ce que ces lettres qui auraient
été envoyées en-dehors, peut-être, du délai
du premier décembre... Pourriez-vous vous informer s'il y a de telles
lettres, et que ce soit déposé, cet après-midi, à
la commission?
M. Garon: Cela ne peut pas être déposé.
M. Lavoie: Que ce soit distribué aux membres. On
s'accroche sur des virgules, constamment.
Le Président (M. Boucher): II s'agirait de lettres
d'organismes qui auraient voulu se faire entendre.
M. Lavoie: J'en ai un, entre autres... C'est une lettre dont on
m'a envoyé copie, mais cela a été adressé à
la commission parlementaire qui étudie
la loi 90. Ce sont des individus qui avaient des commentaires ou des
représentations à faire à la commission, lors des
auditions, mais qui ne désiraient pas nécessairement se faire
entendre. J'ai, entre autres, une copie de lettre d'un individu et cela touche
exactement le point que je vais traiter cet après-midi à la
commission parlementaire. Un individu qui a 1500 arpents dans la
municipalité de L'Ile-Perrot, et là, il a décidé,
étant donné qu'il est tout zone agricole, de ne plus payer ses
taxes.
M. Garon: Ce n'est pas grave.
M. Lavoie: Je me demande ce qui va arriver, pour la
municipalité de l'Ile-Perrot, autant au point de vue de
l'évaluation... Il y avait une évaluation de $2 millions et, pour
le moment, il ne paie pas ses taxes tant que le plan ne sera pas
définitif et, si cela reste zone agricole, au lieu d'avoir $2 millions
d'évaluation dans la municipalité de l'Ile-Perrot, pour ces
terres-là, il va y avoir environ $150 000 d'évaluation. Je pense
que cela va avoir une implication fiscale pour certaines petites
municipalités.
Le Président (M. Boucher): Alors, nous sommes à
l'heure de...
M. Garon: En vertu de quoi, l'évaluation va-t-elle
baisser?
M. Lavoie: Parce que ce monsieur qui a acheté cela, en vue
d'un développement, à partir du premier janvier prochain, va
nécessairement aller faire une plainte. Il est évalué,
d'après mes informations, entre $2000 et $3000 l'arpent, qui est le prix
courant pour un développement futur, et ce monsieur va vouloir invoquer
l'article 21 de l'évaluation municipale, s'il a des fins agricoles, et
il va demander son évaluation maximum de $150 l'acre et vous ne pouvez
pas... Si vous pouvez donner des opinions juridiques, ne rendez pas les
jugements pour le bureau d'évaluation foncière.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Nous
sommes à l'heure de la suspension et la commission suspend ses
débats, ses travaux, jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 3
Reprise de la séance à 15 h 22
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A la suspension de midi, nous en étions à la proposition
d'amendement du député de Laval. Je dois signaler qu'en vertu de
65 j'ai réalisé, en étudiant le libellé de la
motion, que cette motion n'aurait pas dû être reçue en vertu
de 64, troisièmement, qui dit que l'imposition d'une charge
additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables est un motif
pour ne pas recevoir une motion. Alors, quand on dit dans la motion du
député de Laval: "Dans les 180 jours de l'adoption de la zone
agricole visée au présent article, une municipalité peut
faire appel à la Commission municipale du Québec pour que cette
dernière détermine la compensation que devra verser le
ministère des Affaires municipales à ladite municipalité,
en raison des infrastructures, etc.", je pense qu'il s'agit là d'une
compensation monétaire et qu'à partir de là il y a des
deniers publics qui doivent être dépensés. Pour cette
raison, constatant la non-recevabilité de la motion, en vertu de 65, je
dois la déclarer non recevable et refuser qu'on en
délibère plus longtemps.
M. Lavoie: M. le Président, cette motion qui a
été soumise ce matin a fait l'objet d'à peu près
deux heures de discussion, autant du côté ministériel que
du côté de l'Opposition.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas eu d'intervention
du côté ministériel. Il y a eu M. le député
de Huntingdon, M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Lavoie: II y a eu l'intervention de M. le député
de Joliette-Montcalm.
Le Président (M. Boucher): Hier soir, ce n'était
pas sur la motion.
M. Lavoie: De toute façon, on serait prêt à
voter sur cette motion.
Le Président (M. Boucher): Je refuse qu'on la mette aux
voix étant donné qu'elle n'est pas recevable, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Vous auriez pu allumer vos lumières avant; on
n'aurait pas perdu deux heures.
M. Giasson: Vous aviez rendu votre décision.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, en vertu de 65, j'ai le droit de revenir sur cette
décision.
M. Lavoie: II est bien fait, ce règlement, n'est-ce
pas?
M. Giasson: Vous êtes sauvé par 65.
Le Président (M. Boucher): Vous pourrez dire que, quand
même, vous avez eu tout le loisir d'en parler ce matin.
M. Lavoie: C'est une directive que je demande. Je respecte votre
décision en vertu de 64, disons votre prétention que cela
amène des dépenses de deniers. Est-ce que je pourrais inviter le
ministre étant donné qu'un ministre pourrait faire cette
proposition d'amendement de l'Agriculture à faire sien cet
amendement pour compenser les municipalités qui pourraient subir un
préjudice par l'imposition d'un zonage agricole à rencontre de
leur plan d'aménagement du territoi-
re, le plan de zonage, surtout à cause des infrastructures qui
pourraient être en place et qui pourraient être plus difficilement
amorties et également des implications fiscales si l'impôt foncier
est nécessairement modifié du fait que lorsqu'une terre est
évaluée pour fins agricoles en vertu des dispositions de
l'article 21 de la Loi de l'évaluation foncière, cette
évaluation municipale est nécessairement inférieure
à l'évaluation...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, vous semblez
parler sur votre motion.
M. Lavoie: C'est une question que j'adresse au ministre. Est-ce
que le ministre est prêt à faire sien cet amendement?
Une Voix: Non.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre. Il n'y a pas
consentement du ministre.
M. Lavoie: Pour les fins du journal des Débats, est-ce que
j'ai bien compris, oui ou non?
M. Garon: Non.
M. Lavoie: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 53 est-il
adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division.
M. Garon: Article 54.
Le Président (M. Boucher): Article 54.
M. Garon: "Dès l'entrée en vigueur d'un
décret établissant la zone agricole, les dispositions des
articles 26 à 33 et 70 cessent de s'appliquer, dans la
municipalité qui fait l'objet du décret, à tout autre qui
n'est pas compris dans la zone agricole. '
M. Giasson: Le libellé de l'article 54 vient tout
simplement confirmer les propos que j'ai eu l'occasion de tenir hier en
soirée, à savoir que dès l'acceptation par la commission
ou le gouvernement d'un plan de zonage agricole soumis par une
municipalité, plan de zonage qui aurait pour effet de retenir à
l'intérieur d'une municipalité un territoire auquel on
reconnaît véritablement une vocation agricole et de
détacher une autre partie du territoire qu'on ne jugerait pas utile
à des fins agricoles, nous venons justement de permettre à des
citoyens dès l'acceptation de la zone agricole permanente
qui possèdent des biens, des immeubles, du fonds de terre, dans cette
zone qui n'a pas été retenue, tant par la municipalité que
par la commission ou par le gouvernement, de pouvoir continuer à mener
des transactions, à lotir, à utiliser à toutes sortes de
fins ce territoire. Si vous vous rappelez, M. le Président, hier soir,
on avait justement soulevé un problème qu'amenait le fait que le
ministre ne voulait obliger aucune municipalité au Québec de se
prévaloir de son droit, de sa possibilité, à
l'intérieur d'un délai déterminé par la loi, de
définir ce que serait la zone agricole permanente à
l'intérieur de son territoire. Ce faisant, des municipalités
maintiendraient le gel sur des parties de la municipalité, des zones
dans les municipalités qui n'auraient aucune vocation agricole, gel
décrété par le dépôt de la loi 90 en date du
9 novembre.
Le libellé de l'article 54 vient tout simplement confirmer le
bien-fondé des propos que j'ai tenus au cours de notre soirée
d'hier. Si les municipalités ne sont pas obligées, dans les
délais impartis fixés par la loi, de choisir à
l'intérieur de leur territoire les parcelles de territoire qui doivent
être reconnues comme territoire agricole permanent et définir par
le fait même ces secteurs sur le territoire de la municipalité qui
ne sont pas retenus comme zone agricole permanente et qui vont donner une
liberté, un dégel à cette partie du territoire,
dégel qui n'existerait pas si on n'oblige pas ces municipalités
dans les délais que la loi prévoit à des articles
antérieurs sur lesquels on a mené une discussion assez
poussée, assez approfondie, le dégel ne s'appliquerait pas sur
ces parties de territoire dans l'hypothèse où la
municipalité, je dirais: Nous autres, on ne bouge pas, c'est le plan
provisoire. La loi ne nous oblige pas à agir, à déterminer
ce qu'on va faire dans notre municipalité pour décréter
une zone agricole permanente par rapport à une autre partie qui ne le
serait pas. On laisse un gel permanent si c'est là le désir de la
municipalité de ne pas bouger, d'avoir pendant cinq ans, une zone
agricole provisoire. M. le ministre, vous êtes conscient des
conséquences que cela pose? Vous comprenez mieux l'argumentation qu'on a
menée hier soir? (15 h 30)
M. Garon: J'ai très bien compris ce que vous avez dit hier
soir. Si une municipalité trouve que c'est correct, cela ne veut pas
dire que la commission ne donnera pas un avis. Cela veut dire que l'avis ne
viendra pas nécessairement immédiatement. L'avis pourra venir
aussi immédiatement. A ce moment-là, si la municipalité
est contente du plan provisoire et qu'elle ne demande pas qu'on discute avec
elle immédiatement la zone permanente, cela veut dire que le plan
provisoire continue à s'appliquer.
M. Giasson: Est-ce que la commission va respecter la
décision de la municipalité de le garder comme zone provisoire en
lui donnant presque un statut de permanence? Est-ce que la commission va
respecter ce désir de la municipalité et ne viendra pas
par-dessus la tête de la municipalité, à la suite de
requêtes déposées devant elle, décréter: Dans
cette municipalité, je donne le feu vert; vous pouvez lotir parce que
nous avons décidé à la commission que ce n'était
pas un secteur de la municipalité qui avait une vocation agricole
permanente? On passe pardessus l'intention ou les désirs de la
municipalité
et on décide qu'on donne des permis de lotissement ou des permis
d'utilisation à des fins autres que l'agriculture.
M. Garon: Cela ne fonctionne pas comme cela.
M. Giasson: M. le ministre, soyez conséquent.
M. Garon: La commission dit qu'elle garde du territoire dans la
zone agricole ou qu'elle ne le garde pas dans la zone agricole. Mais du fait
qu'elle dit qu'il n'est pas dans la zone agricole, ce territoire-là
n'est pas soustrait aux règlements municipaux. Les règlements
municipaux continuent à s'appliquer. Ce ne sont pas des permis de
construction que la commission donne. Elle va dire, par exemple: Telle partie,
je l'exclus de la zone agricole. Ce n'est pas dans la zone agricole. Mais,
à ce moment-là, le territoire qui n'est pas dans la zone agricole
est soumis à toute la réglementation municipale comme auparavant.
La municipalité ne donne pas de permis de construction; il n'y aura pas
de permis de construction.
M. Giasson: Dans les municipalités rurales, vous savez
aussi bien que moi qu'il y a un grand nombre de municipalités qui
n'émettent pas de permis de construction. C'est monnaie courante dans
les municipalités rurales du Québec.
M. Garon: Elles n'en émettent pas actuellement, non
plus.
M. Giasson: S'il n'y a pas de règlement d'émission
de permis lorsque les gens veulent faire des constructions, je veux savoir si
la commission peut, d'autorité, par-dessus le choix de la
municipalité, permettre du lotissement à des fins autres
qu'agricoles s'il y a des requêtes, des demandes faites par des
citoyens.
M. Garon: La commission peut le permettre à quelqu'un qui
demande un permis de lotissement. En vertu de l'article 28, je crois: "Une
personne ne peut, sans l'autorisation de la commission, effectuer un
lotissement dans une région agricole désignée."
Mais...
M. Giasson: Mais je parle d'un territoire non
désigné.
M. Garon: ... parce que la commission lui dit que pour autant que
la commission est concernée, la personne peut le faire, cela ne veut pas
dire que cette personne est soustraite aux autres réglementations
municipales. S'il n'y a pas d'autres réglementations municipales, la
personne est dans le même cas qu'elle était avant le
dépôt de la loi, le 9 novembre 1978. Dans la municipalité,
on n'est pas dans une situation différente d'avant le 9 novembre 1978
s'il n'y a pas de réglementation municipale.
M. Giasson: Avant le 9 novembre, dans les municipalités
qui n'ont pas de réglementation, l'individu qui voulait lotir ses
terrains pouvait le faire librement. Avec le dépôt de la loi 90
qui reconnaît tout le territoire d'une municipalité comme zone
provisoire, même s'il y a des parties qui n'ont aucune fin agricole ou
aucun avenir agricole, il ne pourra plus lotir. N'est-ce pas vrai? La loi est
formelle là-dessus.
M. Garon: II y a deux choses qui peuvent se passer.
M. Giasson: II pourrait, si la commission de
contrôle...
M. Garon: Que voulez-vous savoir au juste?
M. Giasson: Je pense que j'ai été assez clair, M.
le ministre. Je ne sais pas si cela vaut la peine de reprendre le
débat.
M. Garon: Mais je vous dis ceci... Vous avez dit que l'article 54
permettrait...
M. Giasson: Je viens confirmer ce que j'ai soutenu hier soir
à cette commission parlementaire. J'ai soutenu qu'on ne devrait pas
accepter que des municipalités ne se prévalent pas de la
possibilité de déterminer dans une période de temps
définie dans la loi la zone agricole permanente de leur territoire par
rapport à une zone qui ne serait pas agricole. C'est ce que je vous ai
dit au début de mon intervention.
M. Garon: Les municipalités ne le feront pas toutes en
même temps. C'est évident. Elles n'ont pas toutes la même
urgence, le même besoin et le même désir. Vous parlez
toujours d'autonomie municipale et, à un moment donné, vous
voulez qu'on les oblige à procéder en même temps. Si la
municipalité veut procéder, elle procédera. Si elle ne
veut pas procéder, elle ne procédera pas. Pourquoi obliger tout
le monde à procéder dans un délai donné? Il y a des
gens qui sont plus prêts que d'autres. Il est évident que des
villes ont déjà des plans et qu'elles sont prêtes à
commencer demain matin. Mais d'autres municipalités ne sont pas
prêtes à commencer avant six mois, avant un an ou un an et demi.
Pourquoi les forcer? Elles pourront recevoir un avis. C'est possible.
M. Giasson: On leur demande de procéder dans des
délais suffisamment longs pour leur laisser la possibilité de
mener les études et les recherches sur leur territoire pour
définir ce qui doit être retenu comme zone agricole permanente par
rapport au secteur du territoire qui n'a pas de vocation agricole naturelle.
C'est fréquent dans certaines municipalités du Québec.
Je prends l'exemple d'une municipalité comme celle de mon
collègue de Kamouraska. Il y a des secteurs qui doivent être
retenus à des fins agricoles, parce que c'est une fin naturelle. Par
contre, dans Mont-Carmel, le député reconnaît qu'il y a des
zones où le sol n'a pas de vocation
agricole, à toutes fins utiles. C'est Mont-Carmel et c'est une
foule de municipalités chez vous, comme dans mon comté.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): II y a un
règlement de zonage à l'intérieur de la
municipalité.
M. Giasson: II peut y avoir un règlement de zonage pour
fins de construction.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
C'est cela.
M. Giasson: Mais vous avez des municipalités, dans votre
comté, qui n'ont pas de règlement, qui n'émettent pas de
permis de construction. C'est le phénomène qu'on retrouve dans
beaucoup de comtés du Québec.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Ils vont
avoir leur carte provisoire.
M. Giasson: Dans une municipalité qui est touchée
par la loi 90 et la loi 614, tout est gelé dans le territoire.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Ce n'est pas
cela qui arrêterait la construction dans mon comté.
M. Giasson: Vous, vous n'êtes pas gelé et moi non
plus, dans ma municipalité, parce que la zone verte ne s'étend
pas à notre région, pour l'instant.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Même si c'était gelé, ce n'est pas cela qui
arrêterait...
M. Giasson: Un nouveau décret peut l'exten-sionner.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): II n'y a pas
la ville de Laval, dans mon comté.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous proposeriez?
M. Garon: II l'a proposé hier...
M. Giasson: J'ai proposé, hier soir, de donner, s'il le
faut...
M. Garon: II veut obliger les municipalités à
commencer en 1979.
M. Giasson: ... 200 jours, 500 jours à une
municipalité, mais qu'elle accouche un jour, qu'elle fasse un choix.
M. Chevrette: M. le député de Montmagny-L'Islet,
une municipalité qui ne voudrait pas qu'il y ait de développement
chez elle, elle va se faire juger par des citoyens, en tant que conseil
municipal. Ecoutez une minute. Si la municipalité ne s'enlève pas
les doigts dans le nez et ne fait pas de plan provisoire et que,
délibérément, elle ne fait qu'attendre l'avis du
ministère, ne pensez-vous pas que ces gars-là vont se faire juger
par la population?
M. Garon: Sévèrement.
M. Chevrette: La population va dire: Qu'est-ce que vous attendez
pour faire le plan qui vous a été exigé par la loi 90, par
la loi de protection des sols arables? Si vous vous grouillez, peut-être
qu'on pourrait construire une couple de maisons de temps en temps. Il me semble
que c'est vouloir se substituer à l'autonomie municipale, chose que vous
défendez avec véhémence depuis le début de la
commission. Il me semble que votre affaire détonne un peu.
M. Giasson: Non. J'invoque la loi du bon sens et de la
logique.
M. Baril: Vous donnez des directives.
M. Chevrette: Au moment où on veut laisser de l'autonomie,
vous êtes contre, et au moment où on en enlève, vous
criez.
M. Giasson: D'accord, M. le Président. S'il n'y a pas
d'autre intervenant, adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): L'article 54 est adopté
sur division.
M. Chevrette: On a l'impression que vous nous avez convaincus
aussi.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Article
55.
M. Garon: "Dans une zone agricole, il est interdit de poser, sans
l'autorisation de la commission, l'un des actes visés aux articles 26
à 29 et 70."
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
L'article 56.
M. Garon: Article 56: "Les articles 30 à 33, 40 à
41 s'appliquent, en les adaptant, à une zone agricole." ( On
n'a pas dit, comme le disaient autrefois les législateurs, "mutatis
mutandis", mais...
M. Lavoie: L'article 41 est suspendu, il ne faut pas
l'oublier.
M. Garon: Pardon?
M. Lavoie: L'article 41 est...
M. Chevrette: Et 41 aussi.
M. Garon: Oui, mais... M. Lavoie: L'article 41 a
été suspendu. M. Beauséjour: Non, il a
été adopté. M. Chevrette: L'article 41 a
été adopté.
Une Voix: C'est l'article 40.
Le Président (M. Boucher): Un instant!
M. Garon: C'est entendu.
Le Président (M. Boucher): L'article 41 est
adopté.
M. Lavoie: L'article 40 est suspendu, n'est-ce pas?
Le Président (M. Boucher): L'article 40 est suspendu.
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 57.
M. Garon: "La commission peut, même au-delà de la
date d'entrée en vigueur du décret de zone agricole,
décider d'une demande pendante devant elle, à cette date,
à l'égard d'un lot inclus dans la zone agricole." Je ne suis pas
pour recommencer la procédure.
M. Lavoie: Sur division.
M. Garon: Vous voyez, c'est un...
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
M. Garon: Même cet article sur division. Vous voulez
enfermer votre parti.
M. Lavoie: Si vous voulez insister, cela va être sur
séparation.
M. Giasson: A l'article 57, M. le Président...
M. Garon: II a assez peur que ses députés votent
affirmativement qu'il adopte tous les articles sur division pour dire, par la
suite: Vous ne pouvez pas voter pour, on a tout adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Giasson: M. le Président, je viens d'avoir la
réponse aux questions que j'ai posées au ministre tout à
l'heure. Je demandais si la commission pouvait décider au-delà de
la volonté des municipalités. L'article 57 vient le
confirmer.
M. Lavoie: Même après la zone agricole...
M. Giasson: Je dis l'article 57.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on a adopté
l'article 57?
M. Garon: Bien non.
Une Voix: On a dit que l'article 57 était
adopté...
M. Roy: Je n'ai pas dit que l'article 57 était
adopté, je regrette.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je suis assez poli, du moins, je tente de l'être
pour ne pas parler lorsque d'autres parlent.
M. Chevrette: Cela, c'est bien. J'ai toujours reconnu un gros bon
sens à ce député.
M. Roy: Merci, mon cher collègue.
L'article 57 se lit comme suit: "La commission peut, au-delà de
la date d'entrée en vigueur du décret de zone agricole,
décider d'une demande pendante devant elle, à cette date,
à l'égard d'un lot inclus dans la zone agricole." Mais que faire
pour un lot qui n'est pas inclus dans la zone agricole et qu'on voudrait qu'il
le soit?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, est-ce qu'on peut passer à l'article 58?
M. Roy: On peut passer à l'article 58.
Le Président (M. Boucher): Article 57, adopté sur
division.
M. Roy: Je vais me fier au notaire là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Article 58. M. le ministre,
vous avez un amendement.
M. Garon: Article 58, oui.
M. Roy: Vous avez un amendement?
M. Lavoie: Cela doit être un amendement majeur.
M. Garon: "Une personne qui désire poser un acte pour
lequel une autorisation est requise à l'égard d'un lot
situé dans une zone agricole ou qui désire l'exclusion, en tout
ou en partie, d'un lot d'une zone agricole doit en faire la demande à la
corporation municipale et en adresser une copie à la commission."
M. Lavoie: Cela, c'est très important. M. Garon:
C'est important. Une Voix: C'est majeur.
M. Garon: On ajoute: Et en adresser une copie à la
commission. "Une personne peut, sur autorisation de la commission, faire
inclure un lot, en tout ou en partie, dans une zone agricole après avoir
adressé sa demande à la corporation municipale et en avoir
adressé une copie à la commission. "Cette demande doit être
accompagnée de tout document exigé par règlement." Le
pendant va venir à l'article 59.
M. Lavoie: M. le Président...
M. Chevrette: Juste une minute, M. le député de
Laval.
Quand vous dites que le pendant vient à l'article 59, qu'on
l'ait, comme portrait, pour voir de quoi cela a l'air.
Le Président (M. Boucher): Un instant, pas tous
ensemble.
M. Garon: Ce qui peut arriver, c'est qu'une municipalité,
face à une demande d'un citoyen qui passe par la municipalité,
qu'il ne se passe rien, qu'il n'y ait aucune décision de prise. Le
citoyen, à ce moment-là, devra prendre toutes sortes de mesures,
de procédures pour forcer la municipalité à prendre une
décision à son endroit. A l'article 59, on va prévoir un
délai à la suite duquel le citoyen pourra adresser sa demande
directement à la commission parce que la municipalité ne fait
rien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Oui. Le ministre me déçoit dans
l'amendement plutôt mineur qu'il apporte, c'est uniquement... Pour un
contribuable qui veut être inclus ou exclu, tout ce qu'il ajoute dans son
amendement, c'est que la demande qui est faite à la municipalité
comme commissionnaire, l'ajout ne fait qu'exiger qu'elle envoie une copie de
cette demande à la commission pour l'en aviser. Il faut que ce soit
couvert, que la demande se rende effectivement à la commission.
Je pense que cet amendement n'apporte absolument rien d'important et
d'original. Je croyais, lorsqu'on a discuté de cet article lors des
auditions ce sujet est revenu à plusieurs reprises, où il
y a des cas, dans plusieurs municipalités, de cultivateurs, de
producteurs agricoles, depuis toujours, qui ne sont pas couverts dans la zone
désignée. En somme, si on se comprend bien, ils sont
restés sur le plan provisoire dans la zone blanche. Ils ne sont pas
soumis à l'aire de contrôle, ce sont des producteurs agricoles
depuis toujours.
Cela peut se présenter également, à ce moment-ci,
sur le plan provisoire. Mais il peut arriver, une fois que la zone finale
agricole sera déterminée, qu'ils puissent demeurer exclus. Est-ce
qu'on peut suspendre, M. le Président... Où est le ministre?
Le Président (M. Boucher): Non, M. le ministre est ici, M.
le député de Laval. (15 h 45)
M. Lavoie: Ces producteurs agricoles qui sont soit exclus
actuellement ou qui seront exclus d'une manière définitive... je
connais plusieurs cas, surtout dans les municipalités en ce qui concerne
les régions périphériques de Montréal, soit dans
Saint-Eustache, soit dans l'Outaouais, soit dans Laval, soit sur la Rive-Sud.
Ces gens peuvent subir un préjudice énorme. Cela peut vouloir
dire la faillite pour eux. S'ils ne sont pas inclus dans la zone agricole, cela
voudrait dire qu'ils n'auront plus la protection de l'article 21 de la Loi de
l'évaluation foncière et qu'ils n'auront plus la protection d'une
limite dans l'évaluation de $150 l'acre, qu'ils n'auront plus la limite
de l'imposition à 1% annuelle de cette évaluation maximale. Ils
n'auront plus droit aux rabais, possiblement, de 40% ou de 70% payés par
le ministère de l'Agriculture. Cela veut dire qu'ils seront soumis
à des taux, à des impositions et à des taxes
foncières qui peuvent être dix fois, quinze fois, ou vingt fois ce
qu'ils paient actuellement, s'ils n'ont pas la protection d'évaluation.
Cela veut dire que leurs terres, au lieu d'être évaluées
à $125 l'arpent, peuvent aussi bien l'être à $3000 ou $4000
l'arpent ou $5000, $7000 ou $8000 l'arpent. Ce sont des gens qui n'ont pas
l'intention de développer leurs emplacements; ils n'ont pas l'intention
de lotir. Ils sont, jusqu'à aujourd'hui, des producteurs agricoles; ils
veulent le demeurer.
En plus de cela, même s'ils voulaient lotir ou développer
leurs terrains, ils peuvent ne pas se trouver il y a encore des
multitudes d'exemples dans une région de la municipalité
où les infrastructures sont en place, où les services
d'égouts, d'aqueduc, où même des accès de routes,
etc., ne sont pas en place, où ils ne seront pas en place avant
peut-être cinq ans, dix ans ou quinze ans, avant que la
municipalité, avant que les services se rendent à leurs
emplacements.
Ces gens, par le projet de loi tel qu'il est actuellement, sont dans la
rue. D'un côté, la production agricole ne pourra jamais suffire
pour payer les taxes. D'un autre côté, même s'ils
décidaient de cesser la production agricole, ils ne sont pas prêts
au développement et au lotissement.
Je pense bien que ce n'est pas l'intention du ministre de placer ces
gens devant une faillite
sûre. Le ministre nous a dit à tout bout de champ, il nous
l'a dit au moins 25 ou 30 fois: Ce n'est pas compliqué, c'est bien
simple; ils demanderont d'être inclus dans la zone agricole et ils
rentreront dans la zone agricole, ils continueront à cultiver et ils ne
paieront pas plus de taxes qu'ils en payaient avant. Mais on a toujours dit que
c'est l'interprétation du ministre, et que, même si ces individus
faisaient cette demande, ils n'ont aucune assurance, aucune garantie. C'est la
commission qui décide sans appel, même s'ils ont un dossier gros
comme cela, même s'ils produisent depuis cinq générations,
ils n'ont aucune assurance d'être inclus dans la zone agricole. Je vous
dis que c'est la faillite dans bien des cas. Ces gens vont crever!
J'ai un amendement à faire, M. le Président, qui pourrait
s'intercaler entre le deuxième et le troisième alinéa et
qui se lirait comme suit: "Nonobstant ce qui précède, la
commission devra intégrer à la zone agricole tout jardinier", on
peut mettre "tout producteur agricole". Je vais le corriger là... ce
n'est pas nécessaire, c'est un producteur agricole... "producteur
agricole, jardinier, ou horticulteur d'une zone non agricole ".
Bon, je répète: "Nonobstant ce qui précède,
la commission devra intégrer à la zone agricole tout producteur
agricole, jardinier ou horticulteur d'une zone non agricole d'une région
agricole désignée s'il en fait la demande par écrit
à la commission et s'il rencontre les exigences prévues aux
règlements de la commission." Ce serait une obligation de la commission
de les intégrer.
M. Garon: Est-ce que je peux demander...
Le Président (M. Boucher): Votre texte, s'il vous
plaît.
M. Garon: ... suspendre l'article et on reviendrait
peut-être là-dessus.
M. Lavoie: Je n'ai pas d'objection si le ministre veut...
Le Président (M. Boucher): L'amendement est suspendu et
l'article...
M. Dubois: M. le Président, avant de suspendre
l'amendement, je pense qu'il y aurait peut-être lieu d'étudier en
même temps la reconnaissance d'un producteur agricole. Si quelqu'un
voulait se faire réintégrer dans la zone agricole, il faudrait
nécessairement que ce soit un vrai agriculteur. J'aimerais vous faire
part vous êtes peut-être au courant qu'en Ontario on
vient d'amender les conditions de reconnaissance d'un producteur agricole, qui
est portée de $2000 ce qu'elle était avant à
$4000.
M. Garon: Elle était à $1000 avant.
M. Dubois: Elle était à $2000. Pas au
Québec, en Ontario.
M. Lavoie: Pas à contrario.
M. Dubois: Le ministre de l'Agriculture de l'Ontario est bien
Bill Newman.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: II vient d'annoncer, en novembre 1978: "To qualify in
1978, a farm property must have produced at least $4000 worth of agriculture
products. The previous qualifying amount was $2000." C'était $2000
avant.
M. Garon: C'est voté ou c'est un projet d'amendement? J'ai
vu des rapports de la commission qui recommandaient de laisser cela à
$2000.
M. Dubois: II a annoncé, conjointement avec le ministre
Thomas Wells, qu'il y aurait des changements en 1978. "Farm tax reduction
program will redefine eligible property." Le projet de loi est
présenté, mais, comme pour tout autre gouvernement quand il
présente un projet de loi, il sera sanctionné quand
même.
M. Garon: Quand vous présentez des projets de loi à
la fin de l'année, ce n'est pas toujours vrai.
M. Dubois: S'il n'est pas amendé à ce
moment-là, il va être amendé, de toute façon,
tôt ou tard.
M. Garon: La banque des terres ne sera peut-être pas
adoptée avant Noël; les subventions aux jeunes agriculteurs, je
n'en suis pas certain.
M. Dubois: C'est amendé. C'est clair et net. là.
c'est écrit: "To qualify in 1978, a farm property must have produced at
least for $4000 worth of agriculture products". C'est amendé. En 1978,
il fallait avoir produit pour $4000.
M. Garon: C'est amendé?
M. Dubois: C'est amendé parce qu'ils disent qu'en 1978 il
fallait avoir produit pour $4000.
M. Garon: Selon cette loi-là, mais il ne dit pas que c'est
amendé.
M. Dubois: En 1978, il faut avoir produit pour $4000 pour
être reconnu comme un fermier. "To qualify in 1978, a farm property must
have produced at least $4000 worth of agriculture products, over the year. The
previous qualifying amount was $2000. In cases where the owner rents the
property to a farmer, the value of goods produced by the rented portions of the
property alone must be valued at $4000." Une ferme ou une petite ferme doit
produire pour $4000.
M. Garon: C'est l'article 21. Ici, c'est $1000.
M. Dubois: C'est $1000 ici. En revoyant l'article 58, un
producteur qui voudrait se faire réinclure dans la zone agricole, ce ne
serait peut-être pas
tout à fait logique qu'il soit inclus si c'est un producteur de
$1000 qui a sa carte de l'UPA. Si c'est un vrai producteur, c'est là
qu'on devrait reconnaître la valeur de cette demande vis-à-vis de
la commission, afin de se faire réinclure dans la zone agricole. Il y
aurait peut-être lieu de modifier les conditions de reconnaissance d'un
producteur agricole. N'importe qui, avec $1000 et plus, peut demander à
la commission de se faire réinclure dans une zone agricole.
M. Garon: Vous m'avez déjà dit que vous auriez
voulu que ce soit $10 000 au Québec!
M. Dubois: J'ai suggéré, une fois. $5000 en
commission parlementaire. Cela peut être n'importe... Ecoutez. J'ai
suggéré $5000. Il y a eu d'autres suggestions afin que ce soit
$10 000 de certains de mes collègues, mais moi, j'avais
suggéré $5000. Cela pourrait être $4000, cela pourrait
être... Ecoutez, pour autant que ce serait amendé. Parce que
$1000, vous savez comme moi que cela rapporte, clair et net, si on dit 30% de
revenus nets sur une ferme, $300 de revenus nets. Même si c'était
50%, ce ne serait que $500. Ce n'est quand même pas une reconnaissance
bien grande d'un producteur agricole. C'est de ne pas juger tellement bien un
producteur agricole!
M. Garon: Je ne pense pas qu'on puisse changer la
définition du statut. Il faut définir cela ailleurs.
M. Lavoie: Ce serait peut-être mieux à l'article
106.
M. Dubois: En tout cas, il va falloir toucher à cela dans
le projet de loi, si on veut reconnaître le bien-fondé d'une
demande de réintégration dans une zone verte; il va falloir
savoir ce qu'est un producteur agricole. Les deux vont de pair. Cela ne veut
pas dire qu'ils vont être dans le même article, mais je pense que
c'est important qu'on le revoie.
M. Garon: Ou dans une autre loi!
M. Dubois: Cela pourrait être une loi, comme le programme
agricole fait partie d'une autre loi. Je n'ai rien contre cela, mais je dis
qu'il va falloir penser à cela sérieusement.
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait suspendre l'article 58 afin de
regarder la question dont parlaient les députés de Laval et de
Beauce-Sud l'autre fois, vous aussi? Tout le monde en a un peu...
M. Dubois: J'aurais exactement le même amendement à
proposer ici...
M. Garon: Je sais. oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, je regrette, il y a déjà un sous-amendement du
député de Laval.
M. Garon: C'est un peu volontairement que j'avais...
M. Dubois: C'est cela. J'avais le même sous-amendement
à proposer. Je voulais seulement en faire part à la commission,
c'est tout.
M. Garon: C'est un peu volontairement que je n'avais rien
présenté, pour voir votre réaction.
Le Président (M. Boucher): L'article 58 suspendu, ainsi
que l'amendement et le sous-amendement.
M. Roy: M. le Président...
M. Giasson: M. le Président, il y a un droit de parole de
demandé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: On parle de suspension de l'article, mais j'aimerais
quand même qu'on sache jusqu'où c'est suspendu et jusqu'à
quand, parce que, s'il est suspendu dans le temps et dans l'espace, cela fait
probablement long.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, lorsqu'on aura complété l'étude de la loi, on
reviendra sur les articles suspendus.
M. Roy: Voilà, la grande minute de vérité.
Je m'excuse, M. le Président, mais j'avais quand même...
M. Chevrette: Vous n'avez pas fini?
M. Roy: Je n'ai pas abusé de mon droit de parole.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, j'avais donné la parole à M. le
député de Beauce-Sud.
M. Chevrette: Je voudrais peut-être ajouter, quand on
dit...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, je regrette, j'avais donné la parole au
député de Beauce-Sud.
M. Chevrette: Je pensais qu'il avait fini.
M. Garon: II commençait.
M. Roy: Je n'ai pas commencé.
M. Chevrette: Ce n'est pas nécessaire de vous
fâcher.
M. Roy: Je ne suis pas fâché, mais on a le droit
d'être sérieux.
M. Chevrette: A cette heure, personne ne va partir à
courir.
M. Roy: Ce que je crains, c'est qu'on arrive avec une date limite
pour l'étude du projet de loi et qu'on n'ait pas le temps de revenir en
arrière pour examiner les articles. Je voudrais avoir l'assurance que
cet article pourra être revu. Je ne veux pas proposer un amendement, mais
c'est une suggestion que je fais que ce soir, en revenant, après le
souper, on regarde cet article. Le ministre aura quand même eu le temps
de consulter ses conseillers juridiques. Ou demain. Je sais qu'il y en a
plusieurs de suspendus, mais là, on a un article...
M. Garon: Je préférerais demain.
M. Roy:... qui, dans l'ordre des priorités, dans l'ordre
d'importance je ne dis pas que les autres ne sont pas importants
est extrêmement important.
M. Garon: Je vais vous dire bien franchement que je n'aime pas
adopter des choses en énervé.
M. Roy: Non, nous autres non plus. On se comprend.
M. Garon: J'aime prendre le temps qu'il faut.
M. Giasson: On va se comprendre, M. le ministre.
M. Garon: J'aimerais qu'on finisse de l'étudier ce soir.
Cela nous permettrait de regarder les amendements, parce qu'il y a de la
rédaction là-dedans. Il ne faut pas faire cela à peu
près, et tout le monde est pris avec cela après. Demain, il faut
arriver avec les propositions d'amendements, les articles suspendus et les
recommandations qui avaient été faites. Il faut faire cela comme
il le faut.
M. Roy: D'accord. Ce que je voulais éviter, ce sont les
situations qu'on a vécues dans l'étude d'autres projets de loi,
alors que les articles suspendus n'ont jamais été
rediscutés par la suite.
M. Giasson: Que de fois!
M. Roy: Que de fois!
M. Giasson: En fin de session.
M. Dubois: M. le Président, j'aimerais seulement ajouter
un peu...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm a demandé la parole.
M. Garon: Ce n'est pas ma manière!
M. Roy: Je sais que ce n'est pas la marque de commerce du
ministre, mais cela fait partie parfois des contingences parlementaires.
M. Garon: Non. J'ai toujours eu l'habitude jusqu'à
maintenant, à la fin de chaque commis- sion, même dans
l'agriculture on a un nouveau venu, je ne sais pas si cela va toujours
être comme cela de remercier les membres de la commission pour
leur collaboration, parce que je pense que leurs études ont toujours eu
pour effet d'améliorer les projets.
M. Roy: On tient non seulement aux remerciements, mais on tient
aux félicitations aussi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Garon: J'ai un nouveau membre.
M. Chevrette: C'est une question au ministre. Quant à
suspendre, j'aimerais qu'on me réponde à la question suivante:
Est-ce qu'il est possible, est-ce qu'il est dans les prérogatives de la
commission de fixer le montant minimum pour un cultivateur pour être
reconnu comme un producteur?
M. Garon: C'est dans une autre loi.
M. Dubois: II faudrait amender une autre loi, comme on le fait
à l'article 106.
M. Chevrette: Pour fins de zonage, pour fins de protection des
sols arables, ne pourrait-on pas considérer que les règlements
puissent fixer... Non?
M. Garon: Non, c'est trop...
M. Chevrette: Parce que cela aurait été simple de
dire: C'est selon les règlements de la commission. On aurait eu la
paix.
M. Garon: Non. Je ne peux amender une chose pareille avec des
règlements de la commission.
M. Chevrette: Cela aurait pu être par arrêté
en conseil.
M. Garon: Non. C'est une décision qui doit venir. .
M. Giasson: II s'agirait d'ajouter au projet de loi l'article
106a, après 106, tel que rédigé.
Le Président (M. Boucher): L'article 59?
M. Dubois: M. le Président, j'aurais seulement quelque
chose à ajouter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Assurément, l'article 106 a beaucoup
d'incidence sur l'article 58. J'aimerais seulement vous relire un petit passage
du ministre des Affaires municipales en ce qui a trait à la taxation
je pense qu'il s'intègre bien dans ce domaine à l'article
58 quand il veut rassurer les
conseils municipaux. J'en cite seulement un petit bout:
C'est-à-dire que la municipalité pourra bénéficier
rétroactivement des taxes foncières. Lorsqu'il se produira une
exclusion du territoire agricole, c'est-à-dire que la terre sera vendue
pour des fins autres qu'agricoles, la taxe sera payée à sa pleine
valeur rétroactivement pour dix ans, non seulement au taux
plafonné à $150 l'acre, mais au taux..
M. Garon: Non, on est... (16 heures)
M. Dubois: Non, mais cela a beaucoup d'incidence aux articles 58
et 106; il va falloir qu'on soit plus explicite.
M. Garon: L'article 58 est suspendu. M. Dubois: Oui...
M. Lavoie: Quand même, un éclairage additionnel
parce qu'il juge que vous...
M. Dubois: Je pense que cela va prendre de l'éclairage
là-dedans, parce que les articles 58 et 106 ont besoin d'être
revus en profondeur. Les implications pour le fermier qui va être
forcé de sortir de la zone verte...
M. Lavoie: II va être en faillite.
M. Dubois: ... il va manger toute la plus-value de sa ferme en
taxation. Vous pouvez être certain de cela; dix ans de taxation à
la vraie valeur de la ferme, pas pour fins agricoles, mais pour fins
d'exploitation ou autres, le gars est dans la rue. Il va falloir y penser
sérieusement.
M. Roy: M. le Président, sur le même point
soulevé par le député de Huntingdon.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: II y a celui qui demande à être exclu de la
zone agricole, il y a celui qui est exclu malgré lui. Ce serait
pénible de voir qu'un cultivateur serait exclu malgré lui de la
zone agricole et qu'on lui imposerait rétroactivement dix ans
d'arrérage de taxes réajustées.
M. Garon: Vous seriez favorables à ce qu'un cultivateur
qui fait la demande un cultivateur qui serait dans la zone blanche
d'être inclus dans la zone verte le soit presque
automatiquement.
M. Dubois: II faudra que ce soit ainsi. M. Roy: Je
voudrais...
M. Garon: M. le député de Beauce-Sud, je voudrais
avoir votre opinion, tout simplement.
M. Roy: C'est une question qui est très difficile à
trancher; je veux admettre que ce n'est pas une question qui est facile
à trancher. Si le gouvernement fait des investissements en drainage sur
la terre, il peut y avoir de l'épierrement selon les
régions ou encore il peut y avoir eu des subventions
d'établissement qui ont été accordées depuis un
certain nombre d'années, depuis quelques années et la terre
retourne à d'autres fins.
Je ne sais pas à quel endroit je ne saurais le dire,
malgré que je pourrais faire la recherche, j'ai le document, ici
où il y a des ententes qui existent lorsque le cultivateur désire
bénéficier de subvention, désire bénéficier
de plan de drainage, qu'il s'engage pour une période de X années
à l'utiliser et cela prend un certain nombre d'années avant qu'il
soit complètement acquitté, autrement dit, les investissements ou
les subventions deviennent non remboursables si la terre change de vocation. Je
verrais beaucoup plus une mesure de cette nature qu'une mesure totalement
arbitraire comme ces dix ans d'arrérage de remboursement de taxes.
Cela joue dans les deux sens. Si un individu demande, parce que c'est
payant pour lui et à cause de toutes sortes de circonstances, dont le
développement urbain, et trouve avantageux de se faire exclure du
territoire agricole, c'est une chose; mais s'il ne veut pas être exclu du
territoire agricole, qu'on lui impose un règlement malgré lui et
qu'après cela, on lui envoie une facture, qui va déterminer que
le cultivateur, l'agriculteur, le producteur agricole était d'accord ou
non? Qui va en faire la preuve?
Je songe à l'application pratique d'une telle mesure. Il y a des
régions où les terres ne seront à peu près
pratiquement jamais exclues du territoire agricole. Il y a un certain nombre de
terrains à la périphérie des villes et des villages qui
peuvent être appelés, dans un court laps de temps, à
être exclus de la zone réservée. Si au niveau du
ministère de l'Agriculture, comme cela se fait ailleurs je peux
faire la recherche pour savoir à quel endroit existe une convention de
ce genre et peut-être en informer le ministre existe une
convention entre le gouvernement et l'agriculteur... Je pense que c'est en
Allemagne.
M. Garon: Cela existe aussi dans certains Etats
américains.
M. Roy: Dans certains Etats américains, oui. M. Garon:
Cela ne donne rien.
M. Dubois: II n'y a que deux choix; soit que vous
répondiez favorablement à une demande d'inclusion, que vous
assuriez l'agriculteur que vous allez répondre favorablement, par la
commission, ou apporter des amendements à l'article 21 pour ne pas le
jeter à la rue. C'est l'un ou l'autre.
M. Garon: Je pense que concernant les taxes, si on dit qu'en
faisant une demande, l'agriculteur était inclus presque automatiquement,
cela veut
dire quant aux taxes l'article 21, tel qu'il est que cela
équivaut à permettre à quelqu'un de jouer sur tous les
tableaux en même temps. Si quelqu'un joue sur tel tableau, il est
agriculteur.
M. Dubois: Reconnaissez-le comme agriculteur, l'obligation
à la commission de le reconnaître comme agriculteur s'il le
désire.
Le Président (M. Boucher): L'article 58 est suspendu.
L'article 59?
M. Garon: L'article 59. "La corporation municipale étudie
la demande et elle peut, à cette fin, entendre le demandeur et tout
intéressé et requérir les renseignements et les documents
qu'elle juge pertinents."
Le Président (M. Boucher): Etant donné qu'on a...
Oui?
M. Garon: On a un amendement. Au lieu de 30 jours, on dit: Dans
les 60 jours qui suivent. Lorsqu'il y a des conseils municipaux qui ont des
réunions à tous les mois, 30 jours, cela pourrait être
serré; on dit: Dans les 60 jours...
M. Lavoie: Vous avez marqué trois mois avant
M. Garon: Ce n'était pas la même demande avant Ce
n'était pas la même chose avant. Cela ne visait pas le même
objet. "Dans les 60 jours qui suivent la réception, elle doit
transmettre la demande à la commission"... On serait mieux de marquer:
Qui en suivent la réception. "Dans les 60 jours qui en suivent la
réception, elle doit transmettre la demande à la commission,
faire à cette dernière une recommandation et en aviser le
demandeur. A défaut..."
M. Dubois: C'est un amendement? M. Garon: Oui.
M. Garon: "A défaut, le demandeur peut adresser sa demande
à la commission." Cela se lirait: Dans les 60 jours qui en suivent la
réception...
M. Roy: 60 ou 30 jours?
M. Garon: 60.
M. Roy: C'est marqué ici.
M. Garon: C'est parce que quand on avait discuté de
l'amendement, on disait 60 et 30 et après cela, on avait laissé
60 parce qu'il y a des conseils municipaux qui ont des réunions tous les
mois.
M. Lavoie: Cela n'est pas obligé de passer au conseil. En
tout cas, ce n'est pas grave. C'est de la simple administration. Ils ne sont
pas obligés de faire une assemblée du conseil pour cela.
M. Garon: Dans les campagnes, je vais vous dire bien
franchement...
M. Lavoie: La recommandation.
M. Garon: Comme vous autres, à Laval, ce n'est pas pareil;
vous n'avez pas de référendum, vous faites du zonage sans
référendum. Vous avez des droits. Vous ne vous plaignez pas de
cela.
M. Lavoie: Soyez poli, M. le ministre, parce que vous avez quatre
projets de loi au feuilleton et vous avez besoin de la totale collaboration de
l'Opposition, autrement vous pouvez vous réveiller le 21 avec aucune des
quatre lois.
M. Garon: II y a des projets de loi là-dedans que vous
avez autant intérêt que moi à adopter.
M. Lavoie: On pourrait les adopter en mars aussi.
M. Garon: J'ai une loi pour doubler la subvention des jeunes. Si
les jeunes pendant les prochains mois ont $4000 de subvention, cela ne sera pas
de ma faute. Je vais déposer cela là.
M. Roy: II faut l'appeler en deuxième lecture, votre loi.
Ce n'est pas moi qui suis responsable et ce n'est pas le député
de Laval non plus qui est responsable de l'appel des lois à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Boucher): Je pense qu'on s'éloigne
du sujet.
M. Roy: On a un mot à dire.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: Alors, je disais: "Dans les 60 jours qui en suivent la
réception, elle doit transmettre la demande à la commission,
faire à cette dernière une recommandation et en aviser le
demandeur. A défaut, tout demandeur peut adresser sa demande à la
commission." Avant, c'était bloqué. Si la municipalité ne
bougeait pas, il ne se passait rien. Il fallait prendre des procédures
en mandamus pour obliger les municipalités...
M. Lavoie: Adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
M. Roy: Un instant, M. le Président. M. Lavoie:
Excusez-moi.
M. Roy: On a pensé d'abord, on a mis 90 jours, trois mois,
à l'origine. On est revenu avec un amendement de 30 jours et
après cela, on revient avec un sous-amendement de 60 jours. J'estime que
"dans les 30 jours qui suivent la réception" doit être un
délai suffisant.
M. Garon: Aimez-vous mieux 30? Dans les campagnes des fois ils ne
se réunissent pas souvent.
M. Roy: II y a des réunions de conseils tous les mois pour
toutes les municipalités. Elles en feront des réunions de conseil
à part cela. Il y a des réunions tous les mois des conseils
municipaux. Une chose aussi importante que celle-là, quand même,
on ne peut pas faire attendre des gens indéfiniment non plus. Si on met
60 jours ici pour accommoder peut-être une ou deux ou trois petites
municipalités de la province, on risque de retarder le processus dans
toutes les autres municipalités.
M. Garon: On peut rester dans les 30 jours. Pour le demandeur
professionnel: Dans les 30 jours qui en suivent la réception. 30 jours
ou 60 jours, je vais vous dire bien franchement...
M. Dubois: Cela va changer les coutumes de certaines
corporations.
M. Garon: Cela va obliger les municipalités à
être plus efficaces, à avoir des réunions plus souvent.
M. Roy: Elles auront le temps d'en parler.
M. Garon: En disant que c'est le député de
Beauce-Sud qui voulait cela, elles marcheront.
M. Roy: Vous leur direz et dites-leur qu'ils
m'écrivent.
M. Garon: Dans les 30 jours qui en suivent la réception.
M. Pouliot, avez-vous bien compris, dans les 30 jours qui suivent la
réception? Parfait.
M. Giasson: M. le Président, je voudrais, à ce
moment-ci, soulever une question de règlement. La semaine
dernière, au cours de nos débats, nous avons entendu une
proposition d'amendement qui a été soumise par le
député de Rimouski, amendement par lequel il proposait au
ministre la création de comités consultatifs au plan
régional. Cet amendement a été jugé irrecevable, si
vous vous le rappelez, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Vous revenez à un
article qui...
M. Giasson: Rectification de faits. Je reviens là-dessus,
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): 96?
M. Giasson: Oui, 96. Or, je prenais connaissance, aujourd'hui,
d'un communiqué de Telbec, fait par le député de Rimouski
qui déclarait: "Mais l'Opposition libérale s'est opposée
à la présentation de cette motion."
M. le député de Rimouski, vous savez que c'est faux.
L'amendement que vous avez proposé a été jugé non
recevable par le président de notre commission et, pour vous aider, le
député de Marguerite-Bourgeoys a proposé un
sous-amendement, ajoutant le mot "bénévoles", pour qu'il n'y ait
pas d'engagement des deniers du gouvernement. Ce n'est pas l'Opposition
libérale qui était contre cette motion; ce sont vos
collègues qui ont voté contre votre motion sous-amendée
par le député de Marguerite-Bourgeoys en ajoutant le terme
"bénévoles" pour qu'elle soit jugée recevable. Or, vous
déclarez selon Telbec que l'Opposition libérale s'est
opposée à la présentation de cette motion. Je voulais tout
simplement, M. le Président, rectifier les faits qu'à peu
près tous les membres de notre commission ont entendus lors du
débat où le député de Rimouski avait proposé
cette motion qu'on l'a aidé à bonifier de façon qu'elle
soit recevable. Loin de recevoir l'opposition du Parti libéral, vous
avez eu l'appui du Parti libéral au vote et ce sont vos collègues
qui ont voté contre votre motion sous-amendée.
M. Roy: L'appui du Parti libéral, de l'Union Nationale et
de tous les partis.
M. Giasson: Et de tous les partis de l'Opposition, oui.
M. Roy: ... de l'Opposition. Cela a été un bloc de
l'Opposition, bien sérieux et bien solide.
M. Giasson: C'est cela, la transparence? Le Président
(M. Boucher): Alors, est-ce que...
M. Lavoie: Vous n'avez rien à ajouter? Vous envoyez des
mensonges comme cela à l'échelle du Québec, sur Telbec, et
vous avez la décence de nous...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Non, mais vous savez que cela peut être
amené en Chambre; il y a des articles du règlement...
M. Giasson: J'aurais pu soulever la question en Chambre, mais,
étant donné que cela s'est passé à la commission,
j'ai attendu le retour du député de Rimouski pour faire la
rectification qui s'imposait.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Si on tient à ce que je fasse une
précision.
M. Lavoie: Voulez-vous agir en député
responsable!
M. Marcoux: J'ai présenté une motion, vous avez
plaidé qu'elle n'était pas recevable.
M. Giasson: C'était une décision de la
présidence.
M. Marcoux: C'est-à-dire que vous avez demandé
à la présidence de la juger non recevable et ensuite...
Le Président (M. Boucher): II y a eu discussion sur la
recevabilité.
M. Marcoux:... le président s'est rangé à
votre avis. C'est ce que le communiqué dit, que vous avez plaidé
la non-recevabilité de la motion que j'avais présentée et
que vous en avez fait une autre par la suite.
M. Giasson: Et pour vous aider, on a sous-amendé votre
amendement et on l'a voté.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, je rectifie qu'il y a eu deux amendements, celui du
député de Rimouski a été...
M. Giasson: Un sous-amendement.
Le Président (M. Boucher): Ce n'était pas un
sous-amendement, c'était un nouvel amendement.
M. Roy: La motion du député de Rimouski, si j'ai
bien compris, a été jugée non recevable par la
présidence.
Le Président (M. Boucher): A la suite de la discussion sur
la recevabilité.
M. Roy: Et l'autre a été jugée
recevable.
Le Président (M. Boucher): Et on en a apporté une
qui a été jugée recevable.
M. Giasson: C'était dans le même sens exactement,
sauf que les membres du comité consultatif, on précisait qu'ils
étaient bénévoles. C'était le seul changement, le
mot "bénévoles". Cela a fait l'objet d'un débat, a
été voté et l'Opposition libérale ne s'est pas
opposée; toutes les Oppositions ont voté en faveur de cette
motion. C'est votre droite qui a voté contre.
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit, nous
revenons à l'article 59, à l'amendement de M. le ministre. Est-ce
que cet amendement est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 59 adopté tel
qu'amendé. Article 60?
M. Garon: A l'article 60, il y a un petit amendement. (16 h
15)
Le Président (M. Boucher): A l'article 60, il y a un
amendement, M. le ministre?
M. Garon: Oui. J'ai le texte d'amendement, mais je vois qu'il y a
sûrement une erreur dedans. Ah bon! Elle peut. C'est qu'il y a un "s" qui
n'a pas à faire là. "Article 60. La commission doit donner au
demandeur et à tout intéressé l'occasion de lui soumettre
des représentations écrites; elle peut aussi..."
Le Président (M. Boucher): II y a lieu de biffer le "s"
à "elles".
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Garon: "elle peut aussi tenir des auditions publiques en
convoquant les parties ou une audience publique. Elle peut également
requérir du demandeur ou de tout intéressé les
renseignements et les documents qu'elle juge pertinents."
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Garon: Ce n'est pas une obligation, mais, normalement, il y a
des cas où il n'y a pas besoin d'auditions publiques. Convoquer les
parties pour audition publique serait inutile parce que tout est sur papier.
C'est clair. Elle n'est pas obligée de tenir des auditions publiques
dans tous les cas. Cela mènerait à l'absurde. Ce serait une perte
de temps considérable. Tandis que là, évidemment, les gens
pourront demander à être entendus ou la commission pourra se
rendre compte qu'elle a besoin d'entendre les gens et elle pourra le faire.
Mais nous sommes en droit immobilier et une grande partie des
considérations concernant le droit immobilier, habituellement, sont
faites par écrit. Ce sont des documents écrits, des contrats
écrits, quand ils ne sont pas notariés.
M. Roy: J'aimerais demander au ministre, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, j'avais donné la parole au député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, le ministre, par son
amendement, apporte une précision qui est valable. Je la
considère valable. Mais, puisqu'il l'apporte à l'article 60,
cette précision, une audition publique en convoquant les parties, pour
fins de concordance, est-ce qu'il ne jugerait pas utile d'apporter la
même précision à l'article 44?
Le Président (M. Boucher): L'article 44 a
été suspendu.
M. Giasson: Je comprends, mais...
M. Garon: L'article 44 n'est pas le même cas. Il est dans
la période intérimaire avant l'autorisation de la zone
permanente. De toute façon, il est suspendu. On pourra regarder cela
avant de présenter l'article 44.
M. Giasson: Mais je ne vois pas pourquoi l'article 44 serait
moins important. Il s'agit d'une demande d'autorisation de personnes, de
groupes ou d'organismes, ou de corporations qui...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, je crois que, lorsque nous reviendrons à l'article
44, vous pourrez faire des représentations à ce niveau.
M. Giasson: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Pour le moment, est-ce que
l'amendement... M. le député de Beauce-Sud avait demandé
la parole. Est-ce que vous avez terminé, M. le député de
Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: J'aurais une autre question à poser au
ministre.
Le Président (M. Boucher): Allez-y.
M. Giasson: On lit aussi: Elle peut aussi tenir une audition
publique en convoquant les parties ou une audience publique. La façon de
faire connaître la tenue d'une audience publique sans convocation, est-ce
que c'est par la voie des journaux?
M. Garon: Non, en convoquant les parties
intéressées. Normalement, si c'est une demande d'exclusion, cela
va être de convoquer possiblement les voisins, pour voir si cette demande
d'exclusion va les affecter.
M. Roy: J'aimerais que le ministre nous éclaire,
éclaire ma lanterne. Qu'est-ce qu'il entend par une audition publique et
une audience publique? J'aimerais qu'on me fasse la distinction entre les
deux.
M. Garon: Une audition, c'est toujours pour entendre les gens,
les parties convoquées; et une audience publique, cela peut être
jusqu'à aller dans les villages et c'est tout le monde qui est
invité.
M. Giasson: De quelle manière? Par un avis dans les
journaux, la radio, les moyens de communication habituels?
M. Garon: On a indiqué à un autre endroit de quelle
façon. La commission publie...
M. Roy: Une audition publique, c'est convoquer les parties et
c'est strictement limité aux parties, tandis qu'une audience publique,
c'est ouvert...
M. Giasson: ... au public. M. Roy: ... après un
affichage public. M. Garon: Oui. C'est ouvert au public. M. Roy:
Merci. C'est cela que je pensais.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division?
M. Roy: Non, pas en ce qui me concerne.
Le Président (M. Boucher): L'article 60 est-il
adopté, tel qu'amendé, sur division?
M. Garon: Oui.
M. Roy: Est-ce M. le député de Rimouski qui dit
"sur division"?
Le Président (M. Boucher): Non. C'est M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Roy: Ah! Excusez.
Le Président (M. Boucher): Article 61.
M. Giasson: Amendé. J'ai la réponse à ma
question, M. le ministre.
M. Garon: Pardon?
M. Giasson: Par votre amendement à l'article 61, j'ai la
réponse à la question que je vous ai posée à
l'article 60.
M. Garon: "Si la commission tient une audience publique pour
recevoir les commentaires de toute personne intéressée à
la demande, elle publie alors dans la Gazette officielle du Québec..."
Non, il y a un amendement à cela, parce que la Gazette officielle, il
n'y a pas beaucoup de monde qui a cela comme livre de chevet, si vous le
remarquez. Cela prend des délais pour publier là-dedans. Alors,
"Si la commission tient une audience publique pour recevoir les commentaires de
toute personne intéressée à la demande, elle en avise les
parties à la demande et elle publie alors, dans un journal
diffusé dans la municipalité où est situé le lot
faisant l'objet de la demande, un avis de la demande et elle indique le jour,
l'heure et le lieu où elle tiendra l'audience." Que pensez-vous de cela?
Cela évite des délais de publication dans la Gazette officielle
et au fond, cela va renseigner plus les gens. La Gazette officielle...
M. Giasson: Les gens ne reçoivent pas cela... M. Garon:
Pardon?
M. Giasson: ... excepté quelques privilégiés
dans une paroisse où ils ont l'abonnement à la Gazette
officielle.
M. Garon: Ce n'est pas tellement...
M. Giasson: II y a le secrétaire et le maire...
M. Garon: ... drôle à lire, d'abord.
M. Giasson: M. le Président, en ce qui me concerne,
étant donné que j'ai la réponse à la question que
j'avais posée à l'article précédent, je suis
prêt à adopter l'article 61.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est donc
adopté et l'article 61 est adopté tel qu'amendé. Article
62.
M. Garon: On ne finira jamais à 18 heures. Article 62.
M. Giasson: J'aurais un amendement à proposer à cet
article.
M. Garon: "La commission peut autoriser, aux conditions qu'elle
détermine, l'utilisation à des fins autres que l'agriculture, le
lotissement, l'aliénation, l'inclusion et l'exclusion d'un lot. A
l'examen de la demande, la commission peut considérer la
compatibilité de la demande avec l'utilisation des lots avoisinants et
les conséquences d'un refus pour le demandeur, en tenant compte des
critères prévus à l'article 12." Oui?
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... je constate qu'il y a beaucoup de dimensions pour
des décisions autoritaires et arbitraires. Je vous rappelle, une fois de
plus, que notre demande, maintes fois répétée, d'avoir un
droit d'appel réel à l'intérieur de la loi est encore
justifiée par les pouvoirs très forts qu'on donne à la
commission de contrôle par l'article 62 lorsque quelqu'un dont
l'entreprise est située à l'intérieur d'une zone agricole
permanente demande le retrait de son lot ou demande une aliénation, une
inclusion, une exclusion, un lotissement, etc. Ce sont les propos que je
voulais tenir, rappeler encore la nécessité d'un véritable
droit d'appel étant donné les pouvoirs très grands
pour ne pas dire arbitraires qu'on laisse entre les mains de la
commission.
M. Roy: Je partage l'opinion de mon collègue de
Montmagny-L'Islet de ce côté-là. Cela me ramène un
peu aux discussions qu'on a tenues tantôt, sans les répéter
comme telles, mais qui justifient la nécessité de revoir les
dispositions de la loi qui veulent obliger la personne à rembourser dix
ans de taxes. C'est quand même sérieux. La commission
décide, peu importe ce qu'en pense l'individu; il n'a pas le droit
d'appel et, si on change la vocation de sa terre: dix ans de taxes à
payer. Il faut y penser.
Il faut absolument qu'il y ait une mesure qui soit pensée, de
façon à éviter cette tentation totalitaire, comme dirait
Jean-François Revel, rédacteur de L'Express, une revue
française.
M. Garon: Ah oui! Bien, voyez-vous, si le cultivateur ne veut pas
être exclu, il va dire qu'il ne veut pas être exclu. Il n'y a
personne, même pas une municipalité, qui peut forcer un individu
à faire du développement sur une terre quand il ne veut pas en
faire.
Comment une municipalité pourrait-elle obtenir gain de cause pour
une exclusion si l'individu, l'agriculteur ne veut pas être exclu? Parce
que la municipalité va demander l'exclusion pour des fins
particulières et, quand l'agriculteur va dire non, normalement, il ne
pourra pas facilement y avoir exclusion, puisque le moyen, si la
municipalité veut utiliser la terre de quelqu'un, serait
l'expropriation. A ce moment, l'agriculteur ne serait pas soumis à
l'article 106.
M. Roy: M. le Président, quand le ministre parle de
quelqu'un qui n'exploiterait pas sa terre pour des fins agricoles, il faut
quand même songer qu'il y a des gens qui seraient bien prêts
à exploiter une terre pour des fins agricoles. Si c'est une terre qui
est propice à l'industrie laitière, qui n'a pas de quota de
disponible, qu'est-ce que vous voulez que l'agriculteur fasse?
M. Garon: Juste le lait?
M. Roy: Non, il n'y a pas juste le lait. Il y a d'autres domaines
aussi.
M. Giasson: Le maïs-grain aussi.
M. Roy: II faut y penser deux fois. On veut protéger la
loi des terres, mais on ne veut quand même pas instaurer, par la loi de
la protection des terres, la culture obligatoire. Si on veut utiliser la
culture et si on veut faire en sorte d'amener la culture obligatoire des terres
protégées, il va falloir revoir un certain nombre de lois qui ont
été adoptées par l'Assemblée nationale.
M. Garon: Non, mais il faudrait éventuellement,
peut-être, se payer le luxe d'avoir une terre qu'on ne cultive pas.
M. Roy: Comment se payer le luxe d'avoir une terre qu'on ne
cultive pas? Prenez une personne, par exemple, qui demeure à... Je vais
donner un exemple, un cas très pratique, des cas qu'on rencontre
très souvent dans les milieux ruraux. Un type qui, à l'âge
de 50 ans, a un accident de travail, un accident qui le rend presque infirme.
Il a de jeunes enfants à la maison. Il sait que cela va prendre quatre,
cinq, six, sept ans avant que les jeunes et ce n'est pas sûr
puissent reprendre la terre. Le type a sa maison; il demeure là,
même
depuis trois générations. Mais, à cause des
circonstances, il ne cultive plus. Est-ce qu'on va mettre cette personne
dehors? Est-ce qu'on va surtaxer ce type parce qu'il a été
propriétaire de cette ferme et qu'actuellement, il n'est plus capable de
procéder, il n'est plus capable d'aller dans l'agriculture? Il n'y a
même pas acheteur pour l'exploiter pour des fins agricoles, parce que
cela ne pénètre pas, il n'y a pas de place sur les
marchés, il n'y a pas de place dans les offices de producteurs, les
quotas sont pris, ils sont occupés.
On ne demande quand même pas qu'en protégeant les gens, on
les mette, on les place dans la cage aux lions!
M. Garon: Je ne pense pas que cela ait cet effet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Giasson: La cage aux cochons!
M. Roy: Le député de Saint-Jacques a compris.
M. Garon: A compris quoi?
M. Roy: Ce que je viens de dire.
M. Garon: Vous avez dit quoi?
M. Roy: Vous n'avez pas compris, vous?
M. Garon: Vous avez dit quoi qu'il aurait compris.
M. Dubois: Je n'interviens pas là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Vous n'intervenez pas, M. le
député de Huntingdon?
M. Giasson: Est-ce qu'il y aurait un amendement
là-dessus?
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas d'amendement.
L'article 62 est-il adopté?
M. Garon: Adopté. Ce qui m'étonne, c'est qu'on ne
pense pas aux voisins quand un gars achète une terre. Il a tous ses
voisins. Personne ne parle. La liberté, la liberté de nuire
à tout le monde. J'ai toujours considéré que la
liberté était limitée par la liberté des autres.
C'est cela que l'article 62 dit. Au Québec...
M. Roy: Vous allez régler les problèmes entre
voisins avec l'article 62?
M. Garon: Non, mais on ne permet pas de nuire aux voisins. (16 h
30)
M. Giasson: ... des mauvaises herbes sur la ferme d'à
côté.
M. Garon: A part du reste.
M. Roy: C'est un débat qui pourrait être très
long.
M. Giasson: Oui.
M. Garon: Non, le débat pourrait être très
long.
M. Roy: Même dans les villages, j'en connais qui n'ont pas
toujours les voisins qu'ils aiment.
M. Garon: On pourrait quand même essayer d'avoir un peu
de... On est sans doute le dernier endroit en Amérique du Nord à
utiliser cette technique du zonage.
M. Roy: Pardon?
M. Garon: En Amérique du Nord, nous sommes sûrement
l'Etat qui a le moins utilisé la technique du zonage et le plus tard.
Quel est le nombre de routes au Québec, d'endroits où on voit un
stand à patates frites, une maison résidentielle, une cour
à "scrap", un immeuble à logements multiples, un garage, une
autre maison, une cour à briques et un fouillis complet; pourquoi? En
fait, sous prétexte de laisser l'individu faire tout, on ne respecte pas
la liberté de tout le monde; on nuit à tout le monde. Je pense
que c'était par lâcheté que nos gouvernements passés
n'ont pas essayé d'appliquer la technique du zonage dans nos
municipalités. Je pense que c'était de la
lâcheté.
M. Giasson: Mais non, c'est le respect des droits individuels.
Arrêtez-donc!
M. Roy: II y a des endroits où il n'y a pas cela mais
personne ne sourit.
M. Garon: Peut-être qu'en Amérique du Nord, on
était le seul Etat à avoir raison.
M. Roy: Vous savez, on ne peut pas prendre les avantages de deux
systèmes. Il faut choisir un système qui a des avantages et des
inconvénients. Ceux qui recherchent les avantages de deux
systèmes en évitant les inconvénients des deux
systèmes n'ont pas fait de grandes découvertes à venir
jusqu'à ce jour. Si on entre là-dessus, M. le Président,
je vous inviterais à nous rappeler à l'ordre dans les dimensions
et les limites de la loi.
Le Président (M. Boucher): J'allais le faire.
M. Garon: II y a un poète Alfred Desrochers qui a dit:
Nous sommes les fils déchus nés de race surhumaine.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
M. Garon: Pourquoi? Regardez nos ancêtres, les villages
harmonieux, la beauté, la construction,
l'ordre qui régnait là-dedans, qu'avons-nous fait avec
cela au XXe siècle? On a essayé d'importer toutes sortes de
bebelles, de cochonneries qu'on a mises un peu partout, des queues de renard
à nos antennes; envoie-donc, en veux-tu, en voilà!
M. Roy: Est-ce que votre loi va régler le problème
des queues de renard?
Le Président (M. Boucher): L'article 62 est-il
adopté?
M. Roy: Si le ministre veut régler tout cela avec sa loi,
je commence à me poser des questions.
M. Garon: Pas tout cela mais, l'agriculture à sa place,
les villes à leur place, les citadins à leur place les terrains
de camping à leur place.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
ministre, est-ce que vous adoptez l'article 6??
Adopté sur division?
M. Roy: Sur division, oui. C'est trop arbitraire. Le
Président (M. Boucher): L'article 63.
M. Garon: "Toute décision de la commission relative
à une demande de nature à modifier la superficie d'un
boisé privé autre qu'une érablière ou un
boisé de ferme requiert l'avis préalable du ministre des Terres
et Forêts."
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Pour une fois, j'ai plus confiance à la
rapidité d'exécution de la Commission de contrôle des
terres et cela, je le dis à la suite d'expériences
vécues qu'à la rapidité du ministère des
Terres et Forêts de donner son avis lorsque requis par la commission.
M. Garon: Cela va? M. Roy: Un instant.
M. Garon: On me disait que cela n'allait pas mal au
ministère des Terres et Forêts.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Cela dépend des secteurs; il y a le service
des terres.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, M. le député de Montmagny-L'Islet a la parole. Est-ce
que vous avez terminé?
M. Roy: M. le Président, je voudrais qu'on relise bien
attentivement cet article: "Toute décision de la commission relative
à une demande de nature à modifier la superficie d'un
boisé privé autre qu'une érablière ou un
boisé de ferme requiert l'avis préalable du ministre des Terres
et Forêts." Est-ce qu'on se rencontre? Il n'y a pas seulement des patates
frites là. Il n'y a pas seulement des queues de renard aux antennes.
C'est l'abolition pure et simple de l'exercice du droit de
propriété. Il peut y avoir une loi pour protéger les
terres arables, mais de là à tout prendre et à se donner
tous les moyens et tous les pouvoirs pour contrôler l'exercice du droit
de propriété, l'exercice de la propriété au
Québec, M. le Président, il y a quand même des limites!
Qu'on y pense deux minutes! Pour la modification de l'étendue d'un
boisé privé, il faudra avoir l'avis préalable du ministre
des Terres et Forêts et cela va prendre un permis de la Commission des
terres.
M. Giasson: Ce que j'aimerais savoir tout au moins, M. le
ministre, lorsqu'un agriculteur décide de réduire son
boisé parce qu'il juge que le fonds de terre a une bonne valeur
agricole, qui décide de le réduire, selon ses choix, mais pour le
retourner à la culture, est-ce qu'il faudra quand même obtenir
l'avis du ministère des Terres et Forêts?
M. Roy: Bien oui, s'il a donné un avis. C'est de la folie
furieuse.
M. Chevrette: "... autre qu'une érablière ou un
boisé de ferme... ' II y a le mot "autre".
M. Roy: Un boisé privé autre qu'un boisé de
ferme. Mais un boisé privé et un boisé de ferme...
M. Giasson: Quelle est la différence?
M. Roy: ... faites donc la différence entre les deux et
expliquez-moi cela.
M. Giasson: Une ferme sur laquelle le propriétaire est
vraiment propriétaire, ce n'est pas un boisé privé,
cela?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je l'interprète de la façon suivante.
J'interprète qu'on peut avoir des gens qui sont propriétaires de
lots boisés.
M. Giasson: C'est un boisé privé.
M. Chevrette: Ce n'est pas nécessairement un agriculteur
qui a des boisés sur sa ferme. Quand on dit qu'il doit faire appel au
ministère des Terres et Forêts, c'est pour le propriétaire
qui a été "peinturé ' vert, mais qui ne cultive pas du
tout sur sa terre. Quand il cultive, il n'a besoin de permission de personne.
C'est "autre qu'une érablière ou un boisé de ferme."
M. Roy: Mais un boisé privé peut être un
boisé de ferme. Une personne est propriétaire d'un lot, par
exemple le lot 22 du rang 4. Le lot 23 est cultivé aux trois quarts. Les
trois quarts de sa superficie sont appliqués à l'agriculture. Le
type se fait un arpent de terre agricole sur son lot 22.
M. Chevrette: II est cultivé. C'est un boisé de
ferme.
M. Roy: Alors, il change de statut de boisé privé
en boisé de ferme, automatiquement, parce qu'il vient de faire un arpent
de défrichage, si j'en juge par l'interprétation. On en est rendu
là, dans une loi de zonage des terres. Une minute! Il ne faut quand
même pas chercher l'ultraperfection et aller chercher des formules
sophistiquées à un point où personne ne va se comprendre
là-dedans.
Le Président (M. Boucher): Pour l'éclaircissement
de l'article 63, je crois que le ministre pourrait donner son point de vue. M.
le ministre.
M. Garon: Je vais demander des explications additionnelles. Je
vais suspendre cet article, si vous voulez.
Le Président (M. Boucher): Oui. L'article 63 est
suspendu.
M. Giasson: C'est parce que j'aurais eu d'autres questions de cas
pratiques.
Le Président (M. Boucher): C'est concernant la même
distinction, M. le député?
M. Giasson: Un propriétaire de ferme décide de ne
pas cultiver sa ferme, c'est son choix à lui, et il a des droits acquis
comme tels, il la garde sous couverture végétale, donc en
friche.
Est-ce que, dans l'esprit du député de Joliette-Montcalm,
si ce propriétaire de ferme qui ne cultive pas, qui n'est pas producteur
agricole, détient un boisé sur sa ferme ou un boisé
privé...?
M. Chevrette: Je n'ai pas compris votre question.
M. Giasson: Je vous ai soumis le cas d'un propriétaire de
ferme sur laquelle il y a un boisé. Ce propriétaire, pour des
choix personnels, décide de ne pas la cultiver, et il peut le faire par
la définition du terme "agriculture" dans la loi. Dans son cas, il
possède une ferme sur laquelle il a un boisé, mais il ne cultive
pas, il n'est pas producteur agricole. Est-ce qu'il s'agit d'un boisé de
ferme qui est sur la ferme de ce gars-là, ou d'un boisé
privé?
M. Chevrette: D'après moi, c'est un boisé de
ferme.
M. Garon: ... de l'article qu'il y avait là pour la
plupart des boisés privés autres que l'érablière et
le boisé de ferme et qui ne sont pas dans le domaine public, il y a des
contrats de reboisement avec le ministère des Terres et Forêts, ou
des choses comme cela, pour quinze ans...
M. Giasson: Les regroupements forestiers.
M. Garon: Oui. Et à ce moment-là, ce qui
arriverait, si quelqu'un demandait à la commission l'autorisation de
l'exclure de la zone agricole pour faire du développement domiciliaire,
alors qu'il a un contrat avec le ministère des Terres et Forêts
pour du reboisement...
M. Giasson: C'est ce que vous aviez à l'esprit au moment
où vous avez rédigé l'article?
M. Garon: Oui.
M. Roy: M. le Président, j'aurais une formule...
M. Garon: Cela a été reboisé aux frais du
gouvernement et le gars s'est engagé à maintenir cela pendant
tant d'années parce que le reboisement a été fait
aux frais du gouvernement pour que les arbres poussent jusqu'à ce
temps qu'ils soient coupés.
M. Roy: M. le Président, avec l'article tel que
rédigé à l'heure actuelle, il ne faut pas oublier que la
commission va être chargée de l'application de la loi, elle.
M. Garon: Oui.
M. Roy: Etant donné la façon dont c'est
rédigé présentement, cela pose tout le problème que
j'ai posé tout à l'heure, pour tous ceux qui sont
propriétaires de boisés privés ou de boisés de
ferme.
Le Président (M. Boucher): L'article 63 est suspendu.
M. Roy: Le problème est posé; il faut qu'il soit
revu autrement.
M. Garon: Le boisé de ferme n'est pas là-dedans.
L'érablière n'est pas là-dedans.
M. Roy: Mais je vois des avocats qui vont tantôt essayer de
déterminer si c'est un boisé de ferme ou un boisé
privé. Vous pouvez être sûr d'une chose: prenez les statuts
des regroupements forestiers, faites la différence; dans les contrats
des regroupements forestiers, entre un boisé privé et un
boisé de ferme. Dans la Loi des terres et forêts, quelle
différence y a-t-il entre un boisé privé et un
boisé de ferme? Cela va devenir compliqué, tantôt.
M. Garon: Non, ce n'est pas compliqué.
M. Giasson: Je pense que c'est une question de formulation. Le
ministre nous a indiqué les buts poursuivis lorsque l'article a
été inséré dans le projet de loi.
M. Roy: II doit être formulé autrement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais mentionner au ministre un exemple. Les
3000 acres de terre noire dans la région de Huntingdon, c'est tout
boisé; pour déboiser, pour mettre cette terre en production, il
faudra demander la permission à la commission et au ministère des
Terres et Forêts, aux deux. C'est boisé totalement, ce n'est pas
seulement une partie, ce n'est pas un boisé de ferme, c'est un
boisé privé, mais c'est tout boisé. Le bois ne peut pas
être utilisé à d'autres fins, premièrement.
M. Garon: Dans ce qui va être zoné agricole... Je
vais vous donner un bon cas. Au Québec, on a je ne me souviens
pas du chiffre au-dessus d'un million d'acres de terres organiques, deux
millions d'acres de terres organiques, mais elles n'ont pas toutes la
même valeur, certaines sont bonnes, d'autres ne le sont pas, je n'ai pas
d'inventaire précis. Il est évident que là-dessus, on ne
peut pas faire construire des maisons. Le but de cela, d'abord, cela va
être zoné agricole, toutes les terres organiques vont être
zonées agricoles.
M. Dubois: De toute façon, on ne peut pas y construire,
c'est réservé pour fins agricoles.
M. Garon: Cela va être gardé pour fins
agricoles.
M. Giasson: Toutes les terres organiques du Québec.
M. Garon: J'ai demandé qu'on mette toutes les terres
organiques du Québec dans la protection des terres agricoles.
M. Dubois: II n'y a aucun danger quant à la construction,
à ce moment-là.
M. Garon: Eventuellement, quand le zonage permanent va être
établi, on va commencer à les exploiter et d'une meilleure
façon qu'actuellement, parce qu'on les gaspille actuellement. A ce
moment-là, on va aussi zoner, selon l'inventaire des terres du Canada,
la situation des sols; il y a des terres pas en grand nombre qui
sont boisées, qui sont très bonnes pour l'agriculture et qui
n'ont pas été déboisées. Alors, cela va être
gardé pour l'agriculture. Eventuellement, parce qu'on ne fait pas faire
du développement résidentiel là-dessus, on va les garder
pour les mettre en exploitation. C'est un problème assez complexe parce
que...
M. Dubois: Ce n'est pas...
M. Giasson: Quand vous parlez de toutes les terres organiques,
c'est du monde! Toutes les terres organiques du Québec pourraient
être visées un jour à l'intérieur de la zone.
M. Garon: Les terres organiques n'ont pas toutes la même
valeur.
M. Giasson: Non, mais une terre organique, vous savez ce que cela
signifie.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: On devra faire une sélection parmi toutes ces
terres.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Si je prends un exemple concret, il y a des
producteurs maraîchers de ma région qui peuvent déblayer,
durant l'hiver, 200 acres de terre noire Cela veut dire qu'avant de
déblayer, ils devront faire une demande à la commission et, en
plus, avoir un permis du ministère des Terres et Forêts. Quand il
s'agit de faire une demande, cela peut prendre un an avant qu'ils aient une
réponse, parce que les ministères, cela n'est pas vite, surtout
qu'on a deux demandes à faire.
M. Garon: C'est là que le zonage va venir jouer un
rôle. Sachant qu'il est dans un terrain zoné agricole et que le
cultivateur demande de déboiser des terres organiques pour fins
agricoles le ministère des Terres et Forêts va être beaucoup
plus vite, il n'aura pas de questions à se poser et la commission va
être vite aussi.
M. Dubois: De là à demander deux permissions avant
de procéder...
M. Giasson: Du côté de la commission, je n'ai pas de
crainte, son objectif est de protéger et de mettre en valeur; le
délai serait plus long du côté du ministère des
Terres et Forêts.
M. Garon: Je ne connais pas les délais de ce dernier.
Le Président (M. Boucher): L'article 63 est suspendu; nous
passons à l'article 64.
M. Garon: "Toute décision de la commission est
communiquée par écrit au demandeur et à toute personne
intéressée, de même qu'à la communauté et
à la corporation municipale dans lesquelles est situé le lot
faisant l'objet de la demande.
Sous réserve de l'article 18, la décision de la commission
est finale et sans appel."
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'aurais un amendement qui n'est peut-être pas
important, mais qui a sa valeur, selon moi. Il s'agirait d'amender
légèrement l'article 64 en ajoutant, à la première
ligne du premier alinéa, après le mot "décision", le mot
"motivée".
Le texte se lirait comme suit: "Toute décision motivée de
la commission est communiquée par écrit au demandeur" et le reste
demeure conforme.
Le Président (M. Boucher): L'amendement se lit comme suit:
"Que l'article 64 soit amendé en ajoutant, à la première
ligne du premier alinéa après le mot "décision", le mot
suivant: "motivée".
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Pourquoi exigeriez-vous qu'il y ait des
décisions non motivées? Le demandeur pourrait ne pas être
au courant? C'est aussi bien de dire "toute décision", qu'elle soit
motivée ou qu'elle ne le soit pas. Si vous dites "motivée", vous
pourriez... (16 h 45)
M. Giasson: Ce que je...
M. Chevrette: ... voir à acheminer uniquement les
décisions qui sont motivées, alors qu'elle pourrait dire: Nous
refusons votre demande, sans motiver le refus, et il ne le saurait même
pas. Ne craignez-vous pas?
M. Giasson: On peut modifier notre proposition d'amendement, si
c'est le sujet de préoccupation du député de
Joliette-Montcalm.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski.
M. Garon: La décision motivée, c'est écrit
ailleurs.
M. Marcoux: M. le ministre, j'avais noté la même
suggestion dans un mémoire qui suggérait qu'à l'article 64
on indique que toute décision doit être motivée. Ailleurs,
on indique que, dans certains cas, cela doit être motivé. Je sais
qu'il y avait eu une demande, dans un des mémoires, indiquant qu'on
suggérait... En somme, cela pourrait se lire: "Toute décision
doit être motivée avant d'être communiquée par
écrit au demandeur ou...
M. Giasson: M. le Président, je suis prêt à
retirer la proposition d'amendement que j'ai déposée pour en
formuler une nouvelle. La nouvelle proposition d'amendement se lirait comme
suit: "Toute décision de la commission est motivée et
communiquée par écrit au demandeur." Ce serait plus conforme
à l'objectif que je recherche.
M. Roy: Si j'ai bien compris, toute décision doit
être motivée.
Le Président (M. Boucher): Que l'article 64 soit
amendé en ajoutant, à la première ligne du premier
alinéa, après le mot...
M. Giasson: Après le mot "commission", ajouter "doit
être motivée et communiquée".
Le Président (M. Boucher): Les mots suivants "est
motivée et".
M. Dubois: Doit être, serait plus...
Le Président (M. Boucher): Et "doit être".
M. Garon: On ne dit pas "doit être" en droit, on dit
"est".
M. Giasson: "est", oui...
Le Président (M. Boucher): "et communiquée". Donc,
"est motivée et communiquée". Les mots ajoutés sont "est
motivée et". L'amendement est reçu. M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, si j'ai voulu proposer...
M. Garon: C'est une dépense d'argent, ce n'est pas
recevable. Cela coûte du papier.
M. Giasson: Vous avez déjà requis, M. le ministre,
tous les deniers pour le papier nécessaire, quel que soit le volume
utilisé. Ce sont déjà des dépenses d'argent que
vous avez réclamées lorsque la loi a été
appelée en deuxième lecture.
M. Garon: Ce sont des dépenses.
M. Giasson: Oui, mais vous avez demandé les montants. On
n'a pas besoin d'en demander d'autres. Vous avez déjà
demandé tout ce qu'il fallait.
Le Président (M. Boucher): C'est le dernier paragraphe de
l'article 64.
M. Giasson: Vous n'avez pas besoin de demander d'argent
additionnel.
M. Garon: Vous avez prévu des budgets.
Le Président (M. Boucher): C'est une dépense
abstraite.
M. Giasson: C'est une dépense qui est déjà
demandée par le ministre.
M. Garon: Ce n'est pas pour des romans.
M. Giasson: La raison pour laquelle je pense qu'on doit apporter
cette précision repose toujours sur l'argumentation qu'il s'agit d'une
commission qui rend des décisions en vertu desquelles il n'y a pas de
véritable droit d'appel. Comme il n'y a pas de droit d'appel, je crois
qu'il est logique qu'on mentionne dans la loi cet article que les
décisions de la commission doivent être motivées et
communiquées.
M. Chevrette: Cela a un gros avantage, en tout cas, si c'est
possible au niveau de la loi, cela a
l'avantage de garder la grande crédibilité de la
commission. Personnellement, je pense que ce n'est pas une feuille sur une
feuille; tu peux dire que c'est en raison de l'article 18 que tu refuses la
loi, mais le gars connaît le motif du refus.
M. Giasson: C'est cela.
M. Chevrette: Tu n'es pas obligé de faire un roman pour
dire que tu justifies une décision. Au niveau de la
crédibilité du législateur et de la commission
elle-même, je pense que c'est important.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: M. le ministre, je voudrais peut-être ajouter
un autre motif aussi. Ailleurs, je ne sais pas à quel article, mais il y
a un autre article qui prévoit que certaines décisions, je crois
que ce sont les décisions de révision, doivent être
motivées. Si on accepte de le faire pour les révisions,
peut-être qu'on ajouterait des demandes de révision en
l'indiquant, dès le point de départ. Je pense que c'est un peu
normal. On touche quand même à quelque chose qui va toucher
plusieurs citoyens dans des décisions fondamentales pour eux, comme
citoyens. Même si c'est écrit très brièvement,
qu'ils aient les motifs sur lesquels la décision s'est appuyée.
Ce ne sont pas des choses banales qu'on est en train de toucher. Je pense que
la demande a été faite par certains mémoires que toute
décision soit motivée. Cela permettra aussi, au niveau de
l'ensemble, au bout d'un an ou deux ou trois ans, quand on voudra analyser
l'effet ou les causes de changement ou de décisions, ce sera beaucoup
plus facile, au niveau du fichier de la protection des territoires agricoles,
je dirais, si on a la connaissance des motifs qui ont amené des
changements de décisions ou des maintiens de décisions. A ce
moment, je pense que c'est une information à laquelle le citoyen a
droit.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre. L'amendement du
député de Montmagny-L'Islet est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article...
M. Giasson: Attendez un petit peu. A l'article 64, cela va pour
l'adoption de l'amendement.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté.
M. Roy: L'amendement, mais pas l'article.
M. Giasson: Sur l'article; étant donné que nous
avions proposé des amendements à l'article 18 et que l'article 64
fait déjà référence à l'article 18, je
serais tenté, encore une fois, d'insérer un amendement en vue de
permettre un droit d'appel, mais, puisque le ministre nous a garanti qu'on
mettrait tout le temps pour revenir sur les articles qu'on a suspendus, nous
pourrons reprendre le débat sur la question du droit d'appel.
Le Président (M. Boucher): Sur l'article 18?
M. Roy: J'aimerais demander au ministre, cependant, à la
suite des nombreuses remarques qui ont été faites, des grandes
inquiétudes qui ont été formulées de la part des
organismes qui sont venus se faire entendre, si le ministre a pensé,
s'est penché sur cette question et a repensé le principe d'un
droit d'appel. C'est une des questions les plus fondamentales que nous ayons
dans ce projet de loi. Je ne veux pas être long, M. le Président,
mais j'aimerais quand même souligner quelques points, entre autres, dans
la Loi de l'expropriation, lorsqu'on réserve un morceau de terre, un
lopin de terre, une lisière de terre pour des fins de services publics,
que ce soit une municipalité ou n'importe quel corps public, voire les
sociétés gouvernementales, les utilités publiques comme
l'Hydro-Québec, il y a un droit d'appel, un tribunal d'expropriation,
cela peut aller jusque-là.
Les discussions sont très longues. Le tribunal d'expropriation
entend, tient énormément d'audiences. Il y a beaucoup de causes
qui sont étudiées et les personnes peuvent en appeler de
l'évaluation des décisions qui ont été rendues
à des paliers inférieurs. Je trouve très difficile, M. le
Président, difficile, extrêmement difficile, lorsqu'on rencontre
des gens, des autorités municipales, des agriculteurs eux-mêmes,
des organisations agricoles, des gens qui sont concernés et qui nous
demandent: Est-ce qu'il y aura un droit d'appel? On a entendu dire à la
télévision ou vu dans les journaux qu'il n'y aura pas de droit
d'appel, les décisions de la commission sont définitives,
finales, sans appel et on est obligé de dire: Non, il n'y aura pas de
droit d'appel. Alors, la question que les gens nous posent, c'est: Allez-vous
faire quelque chose pour faire changer cela? Je vous parle du langage populaire
qui reflète, je pense bien, l'inquiétude de la population. Le
gouvernement, de ce côté, a une grave responsabilité et une
grande responsabilité. Pour des gens, la décision de la
commission va signifier des pertes d'argent considérables pour certaines
personnes. Cela ne sert à rien de le nier. Pour d'autres, on vient de
limiter passablement l'exercice de leur droit de propriété, sans
dédommagement aucun.
Qu'on se rappelle que l'UPA a toujours demandé une loi de zonage
agricole, a toujours exigé et le ministre lui-même l'a dit
à bien des reprises, une compensation. Ce qui a fait que l'ancien
ministre de l'Agriculture n'a jamais cédé, n'est jamais
allé plus loin parce que, justement, il y avait des problèmes
avec le Conseil du trésor, il y avait les implications
budgétaires énormes. Il n'y a aucun montant de prévu pour
les pertes qui seront subies, ni pour les municipalités, ni pour les
gens concernés, et aucun droit d'appel. Comment un
gouvernement, quel qu'il soit c'est le gouvernement du Parti
québécois que nous avons comment un gouvernement peut-il
se justifier devant une population avec autant d'arbitraire, qu'on en retrouve
de ce côté? Quand le ministre dit qu'il va aller jusqu'à
contrôler les kiosques de patates frites... Je comprends que c'est un
exemple qu'il nous a donné tantôt. Il veut faire en sorte que,
dans sa loi...
M. Garon: Je n'ai pas dit qu'on va contrôler les stands de
patates frites. Voyons donc!
M. Roy: C'est un exemple que je prends. Autrement dit, le
ministre veut mettre de l'ordre. Le ministre nous a dit, en nous donnant cela
comme exemple, qu'il veut mettre de l'ordre dans le territoire, de façon
qu'on cesse le développement sauvage.
M. Garon: Je n'ai pas dit que je voulais mettre de l'ordre. C'est
vrai qu'il aurait dû y en avoir et qu'il aurait dû y avoir du
zonage dans les municipalités, et il n'y en a pas eu de fait. On a eu le
plus beau patrimoine laissé par nos ancêtres. N'est-ce pas?
M. Roy: Je suis d'accord. M. Garon: On l'a
gaspillé. M. Roy: Non, non, non. Un instant!
M. Giasson: Je regrette, M. le ministre. Votre jugement est trop
général et global. Il y a des gens qui n'ont pas bien
conservé le patrimoine, mais je vous assure qu'il y a une foule de
Québécois qui ont été soucieux de la
conservation.
M. Garon: II y a plus de meubles québécois rendus
aux Etats-Unis qu'il n'y en a au Québec.
M. Roy: Non.
M. Giasson: Le patrimoine du Québec, ce n'est pas
seulement les vieux meubles! Je connais un tas de cultivateurs au Québec
qui ont refusé de vendre, à gros prix, des parcelles ou des
petits lots sur leur terre parce que, sans loi, ils avaient
décidé de garder intacte leur propriété. On a des
milliers et des milliers de ces gens-là au Québec qui n'ont
jamais voulu en vendre la moindre parcelle parce qu'ils jugeaient qu'ils
devaient conserver le bien agricole dans les mêmes conditions qu'ils
l'avaient obtenu.
M. Roy: C'est vrai qu'il y en a qui ont été
transférés aux Etats-Unis, c'est malheureux, c'est vrai qu'il y
en a. Il y en a même trop. On a perdu notre patrimoine. Mais je vois mal
la relation entre les vieux meubles qui ont été vendus aux
Etats-Unis et le zonage des terres! Je pense qu'on l'admettra. Quand
même! Mais la question du droit d'appel, M. le Président,
sérieusement...
M. Chevrette: On n'a pas le temps. J'en ferais une
intervention.
M. Beauséjour: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Je voudrais juste signaler que je crois que
le Tribunal d'expropriation, on peut aller en appel pour ce qui est du prix
mais pas pour contester le droit d'exproprier. Là-dessus, je verrais
plutôt qu'il y ait des changements qui soient faits au niveau de toute la
procédure d'expropriation pour qu'il y ait des auditions comme on
retrouve dans la loi ici. Ici, c'est presque un tribunal étendu sur une
longue période où les gens peuvent se faire entendre, faire
valoir leurs opinions. Je crois plutôt que le changement devrait se faire
au niveau du processus d'expropriation.
M. Garon: Je pense que dans l'affaire du droit d'appel,
l'Opposition a exagéré parce qu'il n'y a pas de droit d'appel
dans une foule de commissions et de tribunaux administratifs. Sans même
que je le leur demande, les gens du fédéral sont venus ici, pas
seulement du fédéral, mais les gens de TransCanada PipeLines, et
ils nous disaient, concernant l'Office national de l'énergie, qu'en ce
qui concerne l'énergie, même pour l'émission de milliards
de dollars, il n'y a pas de droit d'appel. Il y a des droits de
révision. C'est ce qu'on retrouve habituellement dans les tribunaux
administratifs. Parce que, tout en restant sujette au pouvoir de surveillance
de la Cour supérieure, la Commission de protection des terres agricoles
va être assujettie à l'article 33 du Code de procédure
civile qui prévoit le pouvoir de surveillance de la Cour
supérieure. Evidemment, on aurait pu créer une fausse instance
il y en a qui créent des fausses instances pour dire
c'est un peu comme dans le projet de loi que je vous ai proposé
sur la loi 116. Il y avait, par exemple, une décision rendue par
l'office, appel à la régie, les gens disaient: Cela n'a pas de
bon sens de faire régler cela par la régie. Evidemment, le droit
d'appel vient de tomber. On passe directement à l'organisme qui faisait
appel.
Dans le cas de la protection des terres, on aurait bien pu mettre que la
municipalité discutait avec un fonctionnaire. Quand le fonctionnaire
disait non, il y avait un appel à la commission. Qu'est-ce que cela
aurait fait? Vous auriez dit que cela n'avait pas de bon sens! C'est un
bureaucrate qui va décider! Alors, on a décidé
d'éviter les délais, d'éviter les instances pour que les
gens aient la réponse tout de suite, devant le tribunal au complet qui
peut avoir jusqu'à sept membres quasiment autant que la Cour
suprême pour, justement, conserver l'équité pour les
gens. Et qu'est-ce qu'on retrouve? Les gens nous disent: II n'y a pas d'appel.
Il n'y a pas d'appel! Il y a mieux que l'appel. Il y a des auditions, il y a
des étapes. Il
y a des discussions au niveau de la municipalité, il y a des
recommandations au personnel intéressé, aux municipalités,
aux organismes concernés. Il y a un débat public au niveau local,
il y a les conseils de comté qui vont pouvoir parler, il y a les
conseils régionaux de développement, l'Union des producteurs
agricoles, la municipalité, tous ceux qui sont intéressés
vont pouvoir dire leur mot. C'est encore bien mieux qu'un appel. Là, les
mêmes gens qui parlent toujours contre les juges disent: Les juges sont
épouvantables... ( 17 heures)
M. Chevrette: Ajoutez donc, M. le ministre...
M. Garon: ... et ils voudraient faire appel aux juges. A ce
moment, le juge, quand il y a une commission administrative, qu'est-ce qu'il
fait? Il dit aux experts: Venez me dire ce que vous en pensez, je ne connais
pas ce secteur. Alors, qu'est-ce que c'est? Je ne comprends pas trop. On a
formé une commission qui évite la bureaucratie, qui va
échanger directement avec les gens. Les gens pourront faire
réviser la décision pour cause en indiquant dans la
décision motivée: Vous vous êtes trompés, les
raisons sur lesquelles vous appuyez votre décision ne sont pas exactes.
Ils vont pouvoir demander la révision.
On aurait pu faire comme ailleurs; je regardais les articles qui ont
été faits par les gens qui ont vécu un tel zonage en
Colombie-Britannique. Ils disaient que le clou de cette loi, c'est qu'il n'y
avait pas eu le genre d'appel qui a été donné chez nous,
que c'était une erreur. Les gens qui l'ont vécu disent: C'est
parce qu'on a politisé le débat, essayez de le rendre le moins
politique possible en ayant une commission le mieux organisée possible,
le plus rapide possible aussi pour qu'il n'y ait pas de délais inutiles.
On va voir à l'usage comment cela fonctionnera et s'il y a des
lacunes... Ce n'est pas la dernière session qu'on a cette année.
Alors, s'il y a des lacunes, des choses qui méritent d'être
corrigées, la terre va continuer de tourner après cette
année, après le 21 décembre, à l'ajournement. On
reviendra et on corrigera les choses qui doivent être
corrigées.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 64 est
adopté tel qu'amendé?
M. Giasson: Un instant, M. le Président. J'aimerais savoir
du ministre si le fait d'insérer un droit d'appel dans les dispositions
de cette loi... Est-ce qu'il craint que des décisions rendues en appel
aient pour effet de détourner la loi elle-même des fins qu'elle
recherche, soit la protection du territoire agricole? Je considère, en
dépit des objections que vient d'apporter le ministre, qu'un droit
d'appel qui va être rendu à partir de tout le contenu de cette loi
n'aura pas pour effet de diminuer la capacité de protection du
territoire agricole. Loin de là, ce ne sera pas l'effet
recherché. Une commission d'appel qui aura à rendre des jugements
et des sentences sera, j'en suis certain, soucieuse de respecter l'objectif
premier de la loi. Ce serait plutôt pour tenir compte d'autres dimensions
qui, au-delà de la fin recherchée, sa protection du territoire,
permettrait à des citoyens de se voir protégés
véritablement au cas où la commission pourrait errer de
bonne foi, je ne lui prête pas de mauvaises intentions. Ce serait un
autre recours possible entre les mains des citoyens.
C'est ce qu'on recherche, au fond, M. le ministre. On n'a pas le
désir d'atteindre une fin qui aille à l'encontre de celle qui est
recherchée dans la loi, soit la protection du territoire agricole; loin
de là, cela n'est pas du tout dans mon esprit. C'est pour
protéger davantage le citoyen, tout en respectant l'objectif fondamental
de la loi. On retrouve cela dans à peu près toutes nos lois, ici,
au Québec. C'est la nuance que je voulais apporter, M. le
Président, suite aux propos du ministre.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Un dernier point. Il reste deux moyens à la
personne qui ne serait pas satisfaite d une décision; elle peut
s'adresser au Protecteur du citoyen qui peut faire des recommandations
ce n'est pas un tribunal d'appel et il reste une deuxième
instance, parce que le gouvernement se réserve le droit de retirer tous
les dossiers. Le ministre dit qu'il ne veut pas politiser le débat.
Supposons qu'un citoyen du comté de Montmagny-L'Islet, de mon
comté, du comté de Joliette-Montcalm ou du comté de
Rimouski ait un cas épouvantable je mets cela au pire pour
illustrer une situation et qu'il y a un conflit. Une décision a
été rendue et, franchement, quand on
Iexamine, elle n'a pas de sens; ce ne sont pas des infaillibles les gens
qui vont être là... Les pressions sont faites sur le plan
politique à cause des limites de ce que la loi contient et de ce que la
loi permet.
II reste seulement une instance où on peut s'adresser: le Conseil
des ministres et lui demander de retirer le dossier. C'est quoi, cela, si ce
n'est pas politiser un débat? Je veux croire qu'on veut faire en
sorte... Je comprends le ministre et je suis heureux qu'il nous dise qu'il ne
veut pas qu'il y ait trop de bureaucrates là-dedans. Enfin! Il y a au
moins un ministre qui a compris que des bureaucrates, il en faut, mais il n'en
faut pas trop. Je suis bien d'accord avec cela. S'il n'y avait pas d Opposition
à l'Assemblée nationale, cela ferait longtemps que les projets de
loi seraient votés.
M. Giasson: Dans bien des institutions et dans des pays qui
commencent...
M. Roy: Oui, j'ai vu cela dans des pays où il n'y avait
pas d'Opposition à l'Assemblée nationale. Il y avait
l'armée à la porte. On a un système démocratique. A
l'intérieur d'un système démocratique, cela permet quand
même aux gens de pouvoir se faire entendre lorsqu'ils se sentent
lésés dans leurs droits. Mais lorsqu'ils ont le sentiment profond
qu'il n'y a pas de soupape de
sûreté parce que cela ne peut pas forcer on
demande à des individus de décider, de réviser et de juger
les individus. Il faut penser quand même que ce sont des êtres
humains. Je regarde certains procès jusqu'à maintenant devant les
tribunaux en matière civile qui vont coûter des centaines et des
milliers de dollars, voire même, peut-être $1500 000 ou $2 millions
au Québec jusqu'à maintenant cela existe pour des
actes qui ont été commis. On va pouvoir en appeler...
M. Giasson: Dans la recherche de la justice.
M. Roy: ... dans la recherche de la justice. Je ne sais pas qui
sera nommé, mais peu importe qui sera nommé à la
commission. Ils vont décider. Ils vont trancher la question. Ils vont
décider, tenir des audiences. Ils vont réviser. Ils vont
décider de l'appel...
M. Giasson: Juge et parties.
M. Roy: ... juge et parties. Nous sommes chargés de
l'administration d'une loi et la loi dit cela. Je n'irai pas plus loin, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: ... mais c'est notre devoir de soulever ce point.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, est-ce que vous
voulez ajouter...?
M. Garon: Non.
Le Président (M. Boucher): L'article 64, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Roy: Sur division.
M. Giasson: M. le Président, je propose la suspension de
l'article 64, étant donné qu'on a obtenu la suspension de
l'article 18 pour des fins similaires.
M. Roy: Je suis d'accord.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il consentement à
suspendre l'article 64?
Une Voix: Oui, M. le Président.
M. Garon: II n'y aura pas de changement. Je ne proposerai pas de
changement là-dessus. Je vous le dis d'avance.
M. Roy: Est-ce qu'on est prêt à suspendre ou si on
refuse?
Le Président (M. Boucher): N'y a-t-il pas consentement
à la suspension?
M. Garon: Cela ne donne rien de suspendre. Il n'y aura pas de
changement là-dessus.
M. Roy: La décision du ministre est finale et sans
appel.
Le Président (M. Boucher): Comme il n'y a pas de
consentement, je répète: Est-ce que l'article 64 est
adopté, tel qu'amendé?
M. Giasson: Sur division.
M. Roy: Sur division, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Sur division,
adopté.
M. Roy: ... et je tiens à ce que mon nom soit écrit
dans le journal des Débats.
Le Président (M. Boucher): L'article 64 est adopté,
tel qu'amendé, sur division. Article 65.
M. Garon: Là, il y a des amendements, à la suite
des représentations de gens qui sont venus nous rencontrer. "A la
demande d'une corporation municipale ou d'une communauté..." On ajoute:
"... ou d'un organisme fournissant des services d'utilité publique, la
commission peut, aux conditions qu'elle détermine, exclure de la zone
agricole un ensemble de lots, ou parties de lots, dont la corporation
municipale, une communauté ou un organisme fournissant des services
d'utilité publique projette d'autoriser le lotissement ou l'utilisation
à une autre fin que l'agriculture.
A l'examen de la demande, la commission peut considérer l'effet
du projet sur le développement économique de la région et
la disponibilité d'emplacement autres que ceux qui font l'objet de la
demande, en tenant compte des critères prévus à l'article
12.
Si la commission accorde cette demande, elle doit le faire à la
condition, s'il y a lieu...
M. Giasson: ... ou le cas échéant.
M. Garon: ... que le règlement municipal visant à
mettre en oeuvre la décision soit adopté et en vigueur dans les
six mois qui suivent la date où la décision a été
ainsi rendue, faute de quoi celle-ci devient caduque. Dans ce cas, la
commission fait procéder à la radiation de l'ordonnance
d'exclusion au bureau d'enregistrement."
M. Giasson: II s'agit, je pense, M. le Président, d'un
article qui va prévoir les besoins d'expansion de nos villages qui sont
à l'intérieur d'une zone agricole comme les besoins d'expansion
des villes. Evidemment, si on prend l'article dans son entier, on
découvre, au troisième alinéa, que la commission se
réserve des pouvoirs d'annuler des autorisations, des permissions
qu'elle aurait accordées, si une municipalité faisait
défaut, dans cette période de six mois d'utiliser, aux fins pour
lesquelles la demande a été formulée, soit par la
corporation municipale, la communauté urbaine ou la communauté,
telle qu'on l'entend dans la loi, ou encore un organisme d'utilité
publique, si ces organismes faisaient défaut dans les six mois
d'utiliser à des fins autres qu'agricoles, c'est-à-dire
à des fins pour lesquelles la demande a été
formulée... que la commission retirerait l'autorisation et aviserait qui
a droit, selon d'autres dispositions qu'on retrouve dans des articles
précédents.
Il m'apparait que la période de délai de six mois, dans le
cas de certaines villes, les grandes villes, est plutôt court. Quels sont
les motifs pour lesquels le ministre n'a pas voulu prévoir des
délais plus longs? Je sais que pour beaucoup de municipalités qui
connaissent une expansion plus rapide, une demande d'exclusion de lots du
territoire agricole pour des fins de développement du village ou de la
municipalité va nécessiter beaucoup moins de terrain, de
territoire, que si on est dans la situation d'une moyenne ou d'une grande
ville.
Mais dans le cas d'une grande ville nous en avons quelques-unes
au Québec des villes de 50 000 âmes et plus, je serais
d'avis que le délai de six mois pour exécuter ou pour utiliser
ces territoires qui ont été détachés de la zone
agricole pour les besoins de ces corporations municipales, entre autres, est un
peu bref. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de prévoir un
délai un peu plus long. Je pense à des municipalités, par
exemple, comme ville de Laval; sur la rive sud, nous avons de grosses
municipalités. Vous avez des villes de la Communauté urbaine de
Québec et il y en a d'autres dans la province d'ailleurs.
M. Roy: M. le Président, si le député de
Montmagny-L'Islet a terminé, prenons le cas d'une municipalité
sur le point d'adopter une résolution au conseil municipal. J'essaie
d'expliquer un scénario normal dans une situation de ce genre. On
demande qu'un tel territoire soit exclu en vue de procéder au
développement d'un quartier de la ville ou du village concerné.
Il est évident que dans les six mois, le délai est excessivement
court puisque, en premier lieu, aussitôt que la demande sera
acceptée, il faut effectivement retenir les services d'un
ingénieur-conseil et faire faire des plans d'urbanisme pour
l'évaluation de l'aménagement dudit territoire. On ne fera pas
faire l'évaluation de l'aménagement du territoire si on n'est pas
sûr d'avoir le territoire, à un moment donné. C'est clair.
C'est évident.
Le conseil municipal procède par résolutions. Ces
résolutions sont soumises à la commission municipale. Cela fait
évidemment l'objet d'une demande de subvention, d'une demande
d'autorisation pour pouvoir émettre un plan de financement,
émettre des obligations, en vue de financer l'installation de
l'infrastructure. Ce sont des délais qui sont excessivement longs et je
pense qu'il n'y a pas un député autour de cette table qui n'est
pas au courant que lorsqu'une municipalité décide de
procéder à une extension de ses services municipaux, il ne faut
pas attendre parfois deux ou trois ans, et même quatre ans, avant de
pouvoir commencer à réaliser le projet. Je pourrais citer des cas
de six ou sept ans.
On ne peut pas aller plus loin, mais je pense qu'un délai de six
mois est quasiment trop court.
Le député de Montmagny-L'Islet n'a pas fixé de
date; je ne sais pas s'il serait d'accord avec moi là-dessus, mais je
serais favorable, en ce qui me concerne, à suggérer un an
plutôt que six mois.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud.
M. le député de Rimouski.
M. Marcoux: Ce n'est pas tout à fait sur le même
sujet. Je ne sais pas si on serait mieux de finir sur ce sujet de six mois.
C'est une question plus générale. J'étais absent lorsqu'on
a abordé l'article 12, parce que je devais être à
l'Assemblée nationale.
Je voudrais plus particulièrement parler du deuxième
paragraphe qui touche aux effets du projet sur le développement
économique de la région et la disponibilité
d'emplacements. Je voudrais d'abord poser une question au ministre. Lorsqu'il
est venu dans la région, un des problèmes qui ont
été signalés concerne la nécessité ou la
possibilité d'avoir des normes régionales qui guideraient la
commission. Entre autres, pour résoudre le problème suivant: Tant
qu'on applique la loi du zonage autour des grands centres urbains, je pense
qu'il faut appliquer les mêmes règles prévues dans la loi
actuelle pour essayer d'augmenter la densité des villages et faire en
sorte que dans les rangs il y ait des agriculteurs. (17 h 15)
Je sais qu'un des problèmes qui ont été
abordés quand le ministre est venu, c'est le fait que dans les
municipalités rurales, disons plus marginales, pour lesquelles
l'application du zonage n'est pas prévue immédiatement, mais elle
viendra probablement un jour parce qu'il y a là de bons sols
agricoles... Le professeur Clermont Ougas a montré concrètement
de quelle façon cela pouvait être utile au maintien de
l'agriculture, que dans les rangs agricoles, dans certaines
municipalités rurales, il y ait d'autres types de résidents,
forestiers ou non agricoles, pour assurer une certaine densité de
population et justifier l'existence des services dans ces rangs, que ce soit
des services de transport scolaire, d'électricité, d'entretien
des chemins, etc.
Je ne crains pas pour l'immédiat, face à l'application des
règles de la loi, parce qu'on ne rejoindra pas ce type de
municipalités bientôt. Mais quand la loi s'appliquera là,
mon problème est de savoir si la loi, telle que formulée
actuellement à l'article 12 et à l'article 65, qui sont tous les
deux en relation, fera en sorte d'exclure... de permettre le lotissement dans
les rangs réservés aux résidents non agricoles.
L'esprit de l'article 12 est en relation avec celui de l'article 65.
L'article 65 dit que la commission va pouvoir considérer des
exclusions:... "l'effet du projet sur le développement économique
de la région et la disponibilité d'emplacements autres que ceux
qui font l'objet de la demande, en tenant compte des critères
prévus à l'article 12. '
A l'article 12, on voit très bien que l'objectif visé est
d'atteindre à "la préservation du sol agri-
cole dans la municipalité et la région ainsi que
l'homogénéité de la communauté et de l'exploitation
agricole. "
On vise à l'homogénéité du type de
résident qu'il y aura dans les rangs. Je voudrais savoir à ce
sujet si le positif exclut nécessairement le négatif,
c'est-à-dire l'inverse. Compte tenu de la réponse du ministre par
rapport à ce type de problème qui ne se pose pas
nécessairement de façon urgente... Ce qui arrive, c'est qu'on
adopte des lois et, quelques années après, on se retrouve avec
des problèmes que la loi nous empêche de régler.
Compte tenu de la réponse du ministre, j'aimerais qu'il
précise davantage l'article 65 pour que le type de problème dont
je viens de parler ne se pose pas éventuellement.
M. Garon: Je ne vois d'incompatibilité entre ce que vous
dites et l'article 65 tel qu'il existe.
M. Marcoux: C'est parce qu'à l'article 65 on dit que le
projet présenté par la corporation municipale ou la
communauté va être analysé en tenant compte de l'effet du
projet sur le développement économique de la région et de
la disponibilité d'autres emplacements. Il peut très bien arriver
qu'il existe d'autres emplacements dans ces municipalités ou ces
villages agricoles. Dans les rangs, ce qui se passe dans ce type de
municipalité, c'est que pour avoir une terre rentable ça prend
six ou sept lots d'affilée, parce qu'il n'y a pas beaucoup d'acres
défrichables ou défrichées, ce qui veut dire qu'il peut y
avoir deux ou trois agriculteurs seulement dans un rang.
Si on ne permet pas le lotissement aux résidents non agricoles,
la densité de population dans ces rangs ne pourra pas être
suffisante.
M. Garon: II n'y a aucun problème. Il faut voir la loi...
La loi va permettre des choses sans autorisation; cela ne veut pas dire que des
choses ne pourront pas être faites avec autorisation. Cela a pour but de
mettre une foule de choses qui vont se faire automatiquement, sans
autorisation. Pour les autres, on demande l'autorisation à la commission
qui est chargée de protéger le territoire agricole.
M. Marcoux: Je vais terminer par le problème suivant: La
commission va juger à partir de l'article 92...
M. Garon: Oui, elle protège les terres, la commission.
M. Marcoux: C'est ça. M. Garon: C'est son but.
M. Marcoux: ... l'article 12 lui disant qu'elle doit viser
à l'homogénéité de la communauté. Je vous
donne un exemple de ce problème, mais je sais qu'il ne surviendra pas
dans les six prochains mois ou dans la prochaine année. L'exemple est
celui-ci: La commission pourrait autoriser des lo- tissements qui aillent dans
le sens inverse de l'homogénéité du type de
résident d'un rang. Je voudrais savoir si à partir de la
formulation actuelle de l'article 12 et de l'article 65, c'est possible, dans
votre esprit, dans le cadre de la loi telle qu'elle est
rédigée.
M. Garon: Si les gens qui veulent demeurer dans le rang sont plus
nombreux?
M. Marcoux: Oui.
M. Garon: Aucun problème dans mon esprit. Le
problème du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, de l'Abitibi,
c'est qu'il y ait assez de monde dans les rangs pour que cela soit viable.
M. Marcoux: C'est cela.
M. Garon: Ce n'est pas d'empêcher le monde d'aller demeurer
là.
M. Marcoux: Mais l'article 12 justement est formulé en
visant l'homogénéité plutôt que
l'hétérogénéité...
M. Garon: C'est l'homogénéité... M.
Marcoux: ... de la communauté.
M. Garon: ... dans le sens que si les gens qui viennent
s'établir ont pour effet d'enlever l'agriculture, il n'y aura pas assez
d'agriculteurs dans le groupe pour permettre les infrastructures agricoles.
C'est ce que cela veut dire en réalité. Si, à un moment
donné, il y a des gens qui enlèvent des terres à
l'agriculture, la coopérative va devenir déficitaire, la
meunerie, le gars qui vend de l'engrais chimique ne pourra pas gagner sa vie,
il va être obligé de s'en aller et c'est tout le reste qui va s'en
aller, qui ne pourra pas vivre. C'est là le but, et non le fait que dans
des rangs, dans des endroits qui sont plus éloignés, les gens qui
veulent aller demeurer dans le rang en soient empêchés. Le
problème n'est pas de les empêcher d'y aller; c'est de les
empêcher d'abandonner. Cela ne vise pas cela du tout. S'il arrivait que
la commission rende des mauvaises décisions dans ce sens, on amende la
loi pour le préciser. Actuellement, cela n'a pas pour but les
conséquences que vous mentionnez.
M. Marcoux: Est-ce que...
M. Giasson: M. le Président, je ne sais pas si je
comprends bien le ministre. Selon les commentaires que vient de tenir le
député de Rimouski, lorsqu'il parle de peupler davantage un rang,
j'ai cru comprendre qu'il ne s'agissait pas uniquement d'agriculteurs
nouveaux.
M. Marcoux: Non.
M. Giasson: Ce peut être des gens qui ont d'autres
activités que l'agriculture, qui demandent
à se procurer un lopin de terre ou un lot dans ce rang, mais qui
n'ont aucunement envie...
M. Marcoux: Ou une partie de lot.
M. Giasson: ... ou une partie de lot de pratiquer
l'agriculture. Vous le prenez dans ce sens: Quelqu'un qui va placer une demande
à la commission dans le but de se porter acquéreur d'une parcelle
de terrain, d'un lot pour se bâtir une résidence parce qu'il veut
s'installer dans un rang par choix personnel, même s'il n'a rien à
voir avec le monde agricole et qu'il n'a pas d'intention future, la commission
va être très ouverte pour dire: Oui, mon ami, autorisation,
permission, vas-y.
M. Marcoux: Je veux dire, M. le ministre... M. Garon:
C'est un problème théorique.
M. Giasson: Théorique mais qui va devenir pratique.
M. Marcoux: Je sais que le problème est théorique
jusqu'à un certain point en ce sens que tant que la loi ne s'applique
pas là, il n'y a pas de problème, mais il va y avoir des
pressions pour que la loi s'applique parce que ceux qui restent là comme
agriculteurs vont vouloir les avantages de la loi; c'est-à-dire qu'ils
vont vouloir, par exemple, 70% de remise de taxes foncières, l'exemption
ou l'application des règlements de l'environnement spécifiques
à la zone agricole et d'autres types d'avantages qui sont dans la loi
lorsqu'on est inclus dans la zone. A partir du moment où ils
revendiquent les avantages, ils risquent peut-être d'avoir les
inconvénients qu'ils ne veulent pas. Les propos que le ministre a
enregistrés me suffisent, mais je tenais aussi à ce que cette
réponse soit enregistrée, parce qu'on sait maintenant que cela
peut servir à un moment donné, qu'on peut invoquer
l'interprétation qui est faite par le gouvernement des articles qu'il
défend.
M. Garon: Si la commission se prononçait dans le sens que
vous mentionnez, on amendera la loi pour dire que ce n'est pas cela que j'ai
visé. Au contraire, cela serait souhaitable pour maintenir une
collectivité agricole surtout dans un territoire qui est à
moitié agricole et forestier.
M. Marcoux: Mon problème est que je ne trouve pas un
article qui...
M. Garon: Cela ne veut pas dire, par exemple, que celui qui va
demeurer là, parce qu'il demeure là, doit acheter une terre au
complet. Il va avoir un emplacement.
M. Marcoux: C'est cela, une partie de lot en fait. Il n'a pas
besoin de la terre au complet, c'est certain.
M. Garon: Une partie de lot n'est pas 50 acres c'est un
demi-hectare.
M. Marcoux: Non. Ce que je veux dire, c'est que je ne trouve pas
un article qui permettrait d'appliquer, en somme, la loi quasiment en sens
inverse de son but général dans les situations
particulières. Comme vous le dites, c'est sûr que la loi est
modifiable. Quand on sera rendu là, on pourra le trancher. Si cela avait
pu être fait d'un seul coup, cela aurait été tant
mieux.
M. Baril: On ne peut pas inscrire tous les cas particuliers dans
la loi non plus.
M. Marcoux: D'accord, mais ce n'est pas nécessairement par
un cas ou deux, c'est un cas qui touche un ensemble de la
municipalité.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement de M.
le ministre est adopté?
M. Giasson: L'amendement?
Le Président (M. Marcoux): L'amendement à l'article
65.
M. Baril: Adopté.
M. Giasson: M. le Président, je n'ai pas proposé de
sous-amendement, mais j'ai indiqué au ministre que j'avais des
réserves sur le délai de six mois que la commission se donne si
une corporation, municipalité ou autre organisme visé dans cet
article fait défaut d'exécuter les activités pour
lesquelles on a demandé de soustraire ou de distraire du territoire
agricole, tel lot ou telle partie de lot. Est-ce que le ministre serait
prêt à considérer un délai plus long que six mois,
soit un an?
M. Garon: Cela a été discuté avec les gens
des Affaires municipales. Ce qui est dit au troisième paragraphe: "Si la
commission accorde cette demande, elle doit le faire à la condition,
s'il y a lieu, que le règlement municipal visant à mettre en
oeuvre la décision soit adopté et en vigueur dans les six mois
il y a de la latitude là-dedans qui suivent la date
où la décision a été rendue ". Cela dépend
des cas. Ce qu'on ne veut pas, par exemple, c'est qu'on demande des lots
d'avance pour dans 20 ans.
M. Giasson: Je ne parle pas de 20 ans ou 10 ans, je parle d'un
an.
M. Garon: S'il y a lieu. On n'est pas capable de tout fixer dans
les textes de loi. C'est dit: "Elle doit le faire à condition, s'il y a
lieu, que le règlement municipal "... Elle n'est pas obligée de I
exiger. S'il y a lieu seulement. Cela va dépendre des circonstances si
elle va le faire.
M. Dubois: Est-ce que cela dépendrait de l'acceptation par
la Commission municipale du règlement d'emprunt?
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Parce que le processus de règlement d'emprunt
est souvent long.
M. Garon: Cela dépend des projets des
municipalités. Il peut y avoir des projets dont le site peut être
n'importe où. Ce n'est pas grave. Il y en a d'autres qui n'ont pas le
choix du site. Il y a des projets à part cela où des choses vont
être déjà avancées; par exemple, les plans sont
faits, il y a une foule de choses avancées. Il y a d'autres demandes.
Parfois, c'est une demande et il n'y a rien de fait à part la demande.
Il y a toutes sortes de choses là-dedans à considérer.
M. Dubois: Les règlements d'emprunt sont souvent
accompagnés d'une demande de subvention. Cela prend six mois parfois, un
an avant d'avoir une subvention qui accompagne un règlement d'emprunt.
Six mois, cela me paraît court, en tout cas. Si c'était
écrit six mois après l'acceptation de la Commission municipale,
au moins les municipalités auraient le temps d'agir. Cela ne veut pas
dire que l'acceptation va être donnée par la Commission
municipale.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Cela peut prendre effectivement six mois avant d'avoir
la permission.
M. Marcoux: M. le ministre, juste une question.
M. Dubois: Ecoutez, j'ai vécu l'expérience et c'est
long parfois.
M. Marcoux: S'il s'agissait simplement que le règlement
soit adopté, je pense que six mois ne poserait pas de problème,
mais il y a l'aspect "en vigueur". Là, cela suppose le plan d'urbanisme.
A la Commission municipale, c'est entre deux et trois mois ordinairement pour
avoir une acceptation de règlement d'emprunt souvent qui est lié
à un règlement municipal. Quand on regarde l'ensemble, c'est
peut-être juste. Si c'était simplement que le règlement
soit adopté, c'est sûr que ceia ne prend pas une
éternité. Mais, avant de franchir tout le circuit, parfois il y a
des autorisations de l'environnement dans cela. Cela implique souvent
l'environnement, l'urbanisme aux Affaires municipales et la Commission
municipale. Avant qu'il soit en vigueur, il faut qu'il franchisse toutes ces
étapes.
M. Giasson: S'il est refusé, la commission retire son
approbation suite à la demande qui a été
placée.
M. Garon: C'est pour cela qu'on dit adopté et en
vigueur.
M. Giasson: Non, ce n'est pas sur cet aspect, M. le ministre;
c'est sur le délai de six mois qu'on s'interroge. Ecoutez, si vous jugez
que six mois est suffisant pour permettre toutes ces opérations, cela
sera votre évaluation d'une situation donnée. Non, je ne suis pas
contre le principe que la commission puisse retirer l'autorisation qu'elle a
accordée si la municipalité fait défaut d'utiliser
à des fins pour lesquelles elle a demandé qu'on les exclue de la
zone agricole permanente une partie de lot ou des lots pour des fins de
développement, que ce soit industriel, résidentiel ou autre, ou
même d'autres fins qu'on ne prévoit pas au moment où on en
discute. Là-dessus, je suis d'accord. C'est une question de
délai, tout simplement.
M. Dubois: Mais si on ajoutait six mois après
l'acceptation par la Commission municipale du règlement d'emprunt. C'est
pour des travaux municipaux quand même qu'on va exclure ces lots. Pour
les travaux municipaux au-delà de $10 000, cela prend une acceptation de
la Commission municipale.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Au-delà de $10 000, cela prend l'acceptation de
la Commission municipale.
M. Garon: Les gens des Affaires municipales ont été
consultés là-dessus. (17 h 30)
M. Dubois: Si eux prétendent qu'ils sont vites, moi, je
sais qu'ils ne sont pas vites.
M. Garon: Cela dépend pour quoi.
M. Dubois: J'ai eu assez d'expériences avec eux.
M. Garon: Cela dépend pour quoi.
M. Dubois: Pour accepter un règlement d'emprunt.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Pour autoriser un règlement d'emprunt, tout
simplement.
M. Garon: Ce n'est pas un règlement d'emprunt; c'est "un
règlement visant à mettre en oeuvre la décision".
M. Dubois: Pour exécuter des travaux municipaux, il faut
passer par un règlement d'emprunt.
M. Garon: Quand c'est nécessaire; s'il y a lieu,
seulement. Pas n'importe quand; s'il y a lieu, pour que ce ne soient pas des
demandes farfelues qui ne mènent à rien. Il y en a sur le
territoire agricole qui ne mènent à rien; il ne se passe rien
après. Pour qu'il n'y ait pas de fausses demandes. On demande quelque
chose et, après cela, bien, on ne le fait pas. On exclut du territoire
agricole, alors qu'il ne se passe rien après. On invoque un
prétexte pour faire exclure le territoire agricole. Il peut y avoir
toutes sortes de choses...
M. Giasson: En tout cas, j'ai porté... M. Garon:
... incluant les collusions.
M. Giasson: ... la réserve que j'avais à
l'attention du ministre, libre à lui; c'est lui qui est le meneur de jeu
en définitive. Je suis prêt à l'adopter sur division.
Le Président (M. Boucher): L'amendement? Amendement
adopté sur division. L'article 65, adopté tel qu'amendé
sur division. L'article 66?
M. Garon: "Le gouvernement peut il y a un amendement ici
aussi après avoir pris avis de la commission, autoriser aux
conditions qu'il détermine l'utilisation à des fins autres que
l'agriculture, le lotissement, l'aliénation et l'exclusion d'un lot
d'une zone agricole pour les fins d'un ministère ou organisme public. La
décision du gouvernement est déposée au greffe de la
commission."
M. Giasson: Je ne voudrais pas reprendre à l'article 66 le
débat que nous avons eu tant à l'article 2 qu'à l'article
46 je parle du nouvel article 46 que le ministre avait ajouté
même s'il y a une proposition d'amendement déposée
par le ministre. Ce débat, on pourrait également le soutenir
à l'article 96, si cet article n'est pas modifié, mais le
ministre nous avait donné des indications... Je maintiens les
mêmes réserves que celles que j'avais indiquées lors de la
discussion des articles 2 et 46, tels que modifiés par le ministre. Je
n'ai pas d'autres propos pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Garon: Ici, les raisons sont simples: pour passer une ligne
d'électricité, par exemple, ou une route. Les gens qui
travaillent pour la commission vont essayer de trouver avec
l'Hydro-Québec ou le ministère des Transports le tracé le
moins dommageable pour l'agriculture. Bien, il peut arriver que des
tracés, même s'ils sont les moins dommageables pour l'agriculture,
passent à travers certaines terres. Comme il ne s'agit pas
d'empêcher la construction de lignes, mais de les situer aux meilleurs
endroits possible et qu'il ne s'agit pas d'empêcher la construction de
routes, mais de les localiser de façon qu'elles soient le moins
dommageables possible à l'agriculture, à ce moment, le
gouvernement prend l'avis de la commission et, après avoir pris l'avis
de la commission, il rend sa décision.
Normalement, je vous le dis, depuis un an, le ministère de
l'Agriculture et l'Hydro-Québec discutent ensemble les tracés et
nous nous sommes entendus à chaque fois. Pour les routes, par exemple,
si la commission avait existé; je suis certain que les routes ne
seraient pas passées, dans le Bas-Saint-Laurent, en plein milieu des
terres, mais sans doute, dans le flanc de la montagne, d'autant plus que j'ai
appris récemment que cela aurait coûté moins cher dans le
flanc de la montagne. Cela aurait été plus intelligent, pas
dommageable pour l'agriculture. Cela aurait été un paysage
panoramique d'une beauté inouïe, mais on avait des gouvernements
à courte vue et...
M. Giasson: Vous parlez de l'autoroute 20. Mais dans votre
comté, sur quelle montagne, dans le flanc de quelle montagne aurait-elle
dû passer? Dans Bellechasse dans quel flanc de montagne? Expliquez-moi
donc cela, M. le ministre. Cela fait quatre ou cinq fois que vous nous rappelez
cet exemple.
M. Garon: Vous n'êtes jamais descendu dans le
Bas-du-Fleuve, vous?
M. Giasson: Je vous parle du comté de Lévis. Sur
quel flanc de montagne et, dans le comté de Bellechasse, sur quel flanc
de montagne?
Une Voix: Vous êtes rendu dans Rougemont, dans
Saint-Césaire ou dans Beloeil.
M. Giasson: Sur quel flanc de montagne dans
Lotbinière...
M. Garon: Dans le comté de...
M. Giasson: ... dans Drummond et dans tous les comtés qui
se suivent jusqu'à Montréal?
M. Dubois: Saint-Hyacinthe.
M. Giasson: Saint-Hyacinthe, c'est dans le flanc de la montagne
de Saint-Hilaire, ou un détour pour aller passer dans le flanc de la
montagne de Rougemont?
M. Garon: Non, pas dans Saint-Hilaire, dans le Bas-Saint-Laurent.
Vous savez que cela passe en plein milieu des terres. Dans le comté de
Bellechasse, cela a été moins pire parce que cela n'a pas
passé...
M. Giasson: Au trécarré.
M. Garon: Cela a passé au trécarré dans le
comté de Bellechasse. Les gens de Bellechasse ont toujours
été plus clairvoyants.
M. Giasson: Cela n'a rien à voir dans le choix du site, M.
le Président, cela n'a rien à voir.
Le Président (M. Boucher): M. le député...
M. Giasson: Malheureusement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Si vous voulez l'exemple d'un comté où
il y aurait eu avantage à placer I auto-
route environ un mille et demi plus haut dans les terres, c'est le
comté de Maskinongé, où vous avez la route 40 qui longe le
fleuve Saint-Laurent, qui fait une barrière. On a inondé les
terres de Trois-Rivières jusqu'à Berthier, ou presque; au
printemps, ce n'est presque plus cultivable avant le 15 juin. Si on avait
construit un mille plus haut, on aurait été en plein sur,
peut-être pas le flanc de la montagne, mais un coteau de sable, ce qui
aurait certainement coûté moins cher et on aurait
récupéré toutes ces terres pour l'agriculture. C'est au
moins un exemple, et c'est vérifiable.
M. Giasson: Dans quelle paroisse, dites-vous, M. le
député?
M. Gagnon: Partez de Trois-Rivières-Ouest et rendez-vous
jusqu'à Berthier.
M. Garon: Des terres inondées.
M. Gagnon: Vous allez voir que c'est à peu près
dans les meilleurs sols agricoles du Québec; ces fermes sont presque
gaspillées. Au printemps, maintenant, on fait la pêche à la
barbotte en plein milieu des terres parce que le terrain est inondé et
l'eau ne peut pas être retenue. Allez vérifier; je ne suis pas une
compétence pour déterminer les coûts d'une route, mais je
suis persuadé que cela a coûté au moins de deux à
trois fois plus cher, et on a gaspillé les terres.
M. Garon: C'est vrai. Cela a coûté plus cher et cela
a gaspillé.
M. Chevrette: On pourrait peut-être ajouter, aussi, que le
fonds de la route serait peut-être plus solide.
M. Giasson: Ce n'est pas l'expérience pratique que j'ai
connue.
M. Gagnon: Oui.
M. Giasson: Je regrette, j'ai examiné à peu
près tous les contrats de construction de routes données par le
ministère des Transports depuis 1970 dans mon comté. Quand vous
arrivez dans les montagnes, le coût, au mille de construction, double,
triple, quadruple...
M. Gagnon: Je ne parle pas d'une montagne.
M. Giasson: On parle de flanc de montagne, dans le roc.
M. Gagnon: C'est...
M. Chevrette: On pourrait peut-être vous expliquer
là-dessus, M. le député de Montmagny-L'Islet, et vous dire
que l'expropriation est beaucoup moins dispendieuse.
M. Gagnon: Oui.
M. Chevrette: Les frais d'entretien, par la suite... Si vous
voulez faire une évaluation, on va vous en parler. Je ne suis pas un
spécialiste, non plus, mais je m'y connais assez pour vous dire qu'une
route, sur des coteaux sablonneux, cela travaille beaucoup moins au printemps
qu'une route dans une terre forte où l'eau vient à fleur
d'asphalte.
M. Giasson: M. le député, on ne parle pas de route
bâtie sur un sol sablonneux; à flanc de montagne, c'est dans le
roc.
M. Chevrette: Ne parlez pas seulement des flancs de montagne.
M. Gagnon: On ne peut pas construire une montagne là
où il n'y en a pas.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Marcoux: M. le député de Montmagny-L'Islet, je
vais vous donner un exemple différent...
M. Chevrette: On n'est quand même pas pour transporter des
montagnes dans Lotbinière.
Le Président (M. Boucher): Arrêtez tout cela! M.
Giasson: On va revenir, on va revenir. M. Dubois: M. le
ministre... M. Marcoux: M. le député de...
M. Giasson: C'est le ministre qui vous a conduits.
M. Gagnon: Voulez-vous vérifier cela avec votre
collègue de Maskinongé?
Le Président (M. Boucher): Laissons les flancs de montagne
et revenons à l'article 66.
M. Giasson: C'est le ministre qui nous a conduits dans les flancs
de montagne.
Une Voix: C'est panoramique. M. Marcoux: M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Je vais confirmer les propos de mon collègue,
le député de Champlain, parce que je connais cette région,
j'y suis né. En somme, ce que le député de Champlain
voulait ajouter, c'est un exemple pour montrer que ce n'était pas
seulement dans les cas des flancs de montagne où cela pouvait être
avantageux, à différents points de vue, de construire des routes,
mais qu'il y a de meilleurs sites, même dans les bonnes zones agricoles,
que là où on les a passées.
L'exemple qu'il donne est absolument exact. Parmi les meilleures terres
entre Trois-Rivières et Berthierville, on a modifié...
M. Giasson: Ce qu'ils appelaient les terres à foin,
autrefois.
M. Marcoux: On a modifié tout le système
d'irrigation, on a transporté des millions de tonnes de produits pour
faire une route surélevée dans ces coins et, en somme, on a
détruit une bonne partie de l'agriculture.
Le Président (M. Boucher): Très bien.
M. Chevrette: On fait l'élevage de la barbotte dans ce
coin-là maintenant.
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
66 est-il adopté?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
L'article 66 est adopté tel qu'amendé sur division.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 67?
M. Garon: Adopté. L'article 67: "Lorsqu'une
décision du gouvernement ou de la commission ordonne l'exclusion ou
l'inclusion d'un lot, la commission dépose pour fins d'enregistrement au
bureau de la division d'enregistrement dans laquelle se trouve le lot deux
copies certifiées conformes d'un avis de cette décision, ainsi
que, le cas échéant, un plan parcellaire de la modification de la
zone agricole ". Cela, c'est de la cuisine.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
68.
M. Garon: A l'article 68, il y a un amendement.
Le Président (M. Boucher): II y a un amendement.
M. Garon: "Sur le dépôt de cet avis et, le cas
échéant, du plan parcellaire, le registrateur inscrit dans
l'index des immeubles avez-vous compris? ce que le député
de Laval disait ce matin est inscrit ici: "le régistrateur inscrit dans
l'index des immeubles à tout numéro de lot visé dans
l'avis et le plan parcellaire la mention "exclu de la zone agricole le
(insérer ici la date du dépôt de l'avis)" dans le cas
d'exclusion de la zone agricole; il inscrit la mention "inclus dans la zone
agricole le (insérer ici la date du dépôt de l'avis)" dans
le cas d'une inclusion dans la zone agricole et il inscrit la mention "exclu
sous condition de la zone agricole le (insérer ici la date du
dépôt de l'avis)" dans le cas d'une exclusion accordée en
vertu de l'article 65".
Alors, vous voyez que c'était pour ajouter un cas. Le zonage
agricole sera supérieur au zonage urbain parce qu'il y aura des
inscriptions dans l'index des immeubles des inclusions et des exclusions et des
exclusions sous condition pour avertir le public; c'est la transparence pour
que les gens sachent, quand ils regardent l'index des immeubles, s'il y a des
conditions qui concernent l'exclusion, si c'est un lot qui était inclus
dans la zone agricole et qui en a été exclu. Le peuple sera
renseigné de cette façon.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je n'ai rien, au contraire, contre les
précisions que le ministre de l'Agriculture apporte à l'article
68 par des additions. Loin de moi l'idée d'avoir des objections; pour
une fois, le ministre a compris les avantages de l'inscription à l'index
des immeubles.
Le député de Laval avait tout simplement décrit
devant cette commission les avantages qu'il y aurait d'inscrire à
l'index des immeubles tous les lots qu'on allait retrouver à
l'intérieur des zones agricoles permanentes. Là, le ministre ne
le fait pas de façon intégrale et générale. Il se
limite à apporter l'obligation de l'inscription à l'index dans le
cas, une fois la zone agricole déterminée, des inclusions,
c'est-à-dire des lots qu'on va ajouter à l'intérieur de la
zone agricole lorsqu'ils n'avaient pas été prévus à
l'intérieur de cette zone ou encore dans des cas d'exclusions qui vont
être possibles par les dispositions de l'article 65 pour les besoins des
corporations municipales, des communautés ou services d'utilité
publique. J'accueille avec plaisir l'amendement que nous dépose le
ministre de l'Agriculture, parce qu'il va partiellement dans le sens de voeux
formulés par le député de Laval.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 68 adopté tel
qu'amendé. L'article 69?
M. Garon: L'article 69 dit: "Une décision visée
dans l'article 67 prend effet le jour du dépôt de l'avis au bureau
d'enregistrement".
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Protection du sol arable
Le Président (M. Boucher): Adopté. Section V,
article 70?
M. Garon: II y a un seul article dans la section V qui est
modifié et amendé, soit l'article 70.
M. Giasson: M. le Président, me serait-il permis de
formuler une demande à ce moment-ci? Au moment où le ministre
dépose les amende-
merits qu'il projette à la section V de la loi, pourrait-on
obtenir tous les amendements que le ministre entend déposer en cours de
soirée? Parce que nous avons pris une rythme de croisière qui
nous laisse espérer que nous allons pouvoir adopter plusieurs articles
en cours de soirée, pourrait-on avoir tous les amendements qu'il entend
déposer jusqu'à la fin? Cela nous donnerait, à l'heure du
souper, la possibilité de les examiner et cela pourrait contribuer
à hâter nos débats en cours de soirée. (17 h 45)
M. Garon: Oui, je suis d'accord. Si vous voulez remettre une
copie de tous les amendements d'ici à la fin, sans présumer qu'il
s'en ajoutera d'autres ou...
M. Cordeau: Pas de problème.
M. Garon: Vous venez d'apparaître, vous! Il me semblait
qu'il y avait une voix...
M. Cordeau: Cela vous fait plaisir que je sois ici!
M. Giasson: Une voix insolite! M. Garon: Une voix de
musée!
M. Giasson: C'est parce qu'il est inspiré par les
muses!
M. Cordeau: Au moins, la mienne a pu être conservée,
tandis que la vôtre, je n'en suis pas sûr!
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, votre
amendement à l'article 70.
M. Giasson: Le député préféré
du ministre de l'Agriculture, le député de Saint-Hyacinthe. Il
l'a comblé, gavé, nanti.
M. Cordeau: Ce n'est pas possible.
M. Garon: II est comme l'enfant prodigue.
Le Président (M. Boucher): L'amendement, M. le
ministre.
M. Garon: L'article 70: "A compter de l'entrée en vigueur
d'un décret de région agricole désignée, une
personne ne peut, dans une aire retenue pour fins de contrôle ou dans une
zone agricoie, procéder à I enlèvement du sol arable pour
fins de vente ni y étendre en superficie une telle exploitation
déjà commencée, à moins de détenir un permis
d'exploitation délivré par la commission, sauf dans les cas
détermines par règlement." Voyez-vous, l'amendement vient... On
dit "dans une aire", on ne dit pas sur un lot, "retenue pour fins de
contrôle ou dans une zone agricole ", pour que les deux soient
couverts.
M. Giasson: Un instant, M. le Président! Etant
donné cette obligation de détenir un permis de par les
dispositions de la loi 90, est-ce que déjà la commission a
reçu, au bureau du ministère de l'Agriculture, des demandes de
permis émis par la commission de contrôle ou si ceux qui
exploitaient ou qui faisaient l'utilisation de sols arables pour fins de vente
avaient déjà tous les permis par le mécanisme d'une autre
loi?
M. Garon: Non, parce qu'ils ont six mois pour le faire. On va le
voir dans les autres articles, six mois francs.
M. Giasson: Dans les autres articles, mais l'article 70 est assez
formel. "A compter de l'entrée en vigueur d'un décret de
région agricole désignée, une personne ne peut, dans une
aire retenue pour fins de contrôle ou dans une zone agricole,
procéder à l'enlèvement du sol arable pour fins de vente
ni y étendre en superficie une telle exploitation déjà
commencée, à moins de détenir un permis d'exploitation
délivré par la commission, sauf dans les cas
déterminés par règlement. Est-ce que les règlements
ont été déposés à la section V?
M. Garon: Oui. Je peux vous lire l'article 71. On pourrait le
lire en même temps. "A la date de l'entrée en vigueur d'un
décret de région agricole désignée, une personne
qui procédait, dans cette région, à l'enlèvement du
sol arable pour fins de vente, peut continuer son exploitation à la
condition d'obtenir un permis de la commission dans les six mois de cette
date." Ce qui arrive, au fond... Ceux qui ont besoin d'obtenir un permis, ce
sont uniquement ceux qui ne faisaient pas ce commerce et qui commencent
à le faire, sans le faire antérieurement, ils ont besoin d'un
permis; les autres ont besoin d'un permis six mois après l'entrée
en vigueur d'un décret de région agricole désignée.
Alors, cela veut dire au mois de juin.
M. Giasson: J'ai déjà abordé cette question
au tout début de l'étude article par article du projet de loi. Je
me posais une question. Il se produit parfois que les cultivateurs se font
demander, par des résidents de villages, du sol arable pour les fins
d'aménagement de terrains autour de résidences que les gens se
construisent. Les cultivateurs, dans le passé, quand cela concordait
avec des projets menés à l'intérieur de leur ferme,
vendaient du sol arable, en quantité assez minime, quand il s'agissait
d'aménager des terrains. Est-ce que, dans un tel cas... Le cultivateur,
par exemple, qui décide de faire une transformation,
d'étêter des buttes ou des coteaux, ou encore qui décide de
creuser des étangs de ferme, opération qui nécessite
d'enlever la couche arable, s'il doit vendre cette terre, s'il ne juge pas
essentiel ou nécessaire de la réétendre sur sa ferme,
est-ce qu'il devra détenir un permis de la commission?
M. Garon: Dans le règlement, je pense qu'il y a une
disposition à cet effet. Il y a quelque chose dans le
règlement.
M. Giasson: Dans le règlement, vous avez prévu ces
situations.
M. Garon: D'une façon générale, une personne
qui fait de l'enlèvement de terre pour des fins de travaux d'assolement
autorisés et qui a un surplus, normalement...
M. Giasson: Ce serait en vertu de l'article 3 du
règlement? D'accord, cela répond à la question que je
m'étais posée avant d'avoir pris connaissance de ce
règlement.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre! Des Voix:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement de
l'article 70 est adopté?
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 70 est adopté
tel qu'amendé. L'article 71.
M. Garon: A l'article 71, il n'y a rien là.
Le Président (M. Boucher): L'article 71 est-il
adopté?
M. Giasson: Un instant.
M. Garon: Je viens de lire l'article 71.
M. Giasson: C'est-à-dire qu'auparavant, il y avait
beaucoup de gens qui vendaient du sol arable sans détenir aucun permis
parce qu'il n'y avait pas de contrôle; dorénavant, ils devront
demander un permis à la commission de contrôle parce qu'ils
pourraient être...
M. Garon: C'est cela. Je pense que cela va amener un changement
des habitudes.
M. Giasson: ... hors-la-loi s'ils continuaient de le faire.
M. Garon: Cela va amener un changement des habitudes au fond.
Quand des gens vont construire une maison, ils mettront la terre de
côté en petit tas. Ce qu'ils devraient faire c'est de faire des
petits tas avec du sol arable, enlever les six premiers pouces ou le premier
pied, en faire un tas, construire la maison et ensuite reprendre cette terre
pour le gazonnement. Ce serait là, il me semble, la meilleure
façon de faire.
M. Giasson: Oui, mais il s'est produit dans le passé que
des cultivateurs, suite à des travaux d'améliorations qu'ils
apportent à leur ferme...
M. Garon: Je sais. Vous avez dit cela tantôt.
M. Giasson:... ont vendu du sol arable non en vue d'en faire un
commerce permanent; c'était très occasionnel. Ce ne sont pas des
vendeurs de sol arable. Parce qu'ils faisaient des travaux qui permettaient de
disposer pour fins de vente... Cela s'est produit dans ma région,
peut-être pas dans le comté de Saint-François, mais je
parle de cas vécus.
M. Rancourt: C'est rare.
M. Giasson: Lorsqu'un individu au village a besoin de sol arable
pour finir son terrain et en terminer l'aménagement, qu'il voit un
cultivateur qui fait des travaux et que cela le sert, il le demande et je ne
vois pas de problèmes majeurs à cela.
M. Rancourt: Mais il arrive aussi que l'agriculteur
considère que le sol arable vaut quelque chose pour lui et le garde.
M. Giasson: Oui, il y a des cas où le cultivateur ne veut
pas en vendre et cela est son droit et il n'a pas besoin de cette loi. C'est un
choix qui existait bien avant la loi.
M. Rancourt: En tout cas, il...
M. Garon: Je vais dire comme le député de
Saint-François, les vrais cultivateurs ne vendent pas leur sol arable.
Cela prend des gens bien pauvres pour vendre leur sol arable, c'est un peu
comme un gars qui vend son sang.
M. Giasson: Ce n'est pas une question de pauvreté. Dans
les exemples que je cite, c'est pour accommoder des gens qui en ont besoin, M.
le ministre; ce n'est pas une question souvent de pauvreté chez le
cultivateur.
M. Baril: Cela coûte assez cher d'engraisser le sol arable
et de l'entretenir qu'un cultivateur qui consent à...
M. Garon: II garde sa terre arable à moins qu'il ne s'en
soit pas occupé.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 71 est-il
adopté.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
72.
M. Garon: II n'y a rien là. C'est adoptable.
M Giasson: Est-ce que le ministre a répondu aux attentes
et aux demandes des gens qui s'étaient présentés devant la
commission?
M. Garon: C'est prévu dans le règlement: deux
centimètres. A deux centimètres, je devrais vous dire que c'est
plus que ce qu'ils prennent normalement parce qu'habituellement ils
enlèvent le gazon... à tous les 18 mois, ils prennent un
tiers
de pouce alors qu'on revient à deux centimètres. Cela
prend 2,54 centimètres pour faire un pouce.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 73.
M. Garon: II n'y a rien là. Vous avez le règlement
là-dessus aussi.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
74.
M. Giasson: Le ministre a raison de rire.
M. Garon: J'entends le conseiller du député de
Montmagny-L'Islet dire que tantôt je n'allais pas assez vite!
M. Giasson: Non, mais c'est un fait que... M. Garon: Trop
lentement!
M. Giasson: ... j'avais des questions à poser et je
voulais avoir des réponses...
M. Garon: Cette question-là n'est pas maligne!
M. Giasson: Mon collègue de gauche m'indiquait qu'on
mettait beaucoup de temps à adopter certains articles et là il
trouve que mon rythme de croisière est trop rapide! C'est cela.
M. Cordeau: Un gars parti, c'est un gars parti!
Le Président (M. Boucher): Continuons au même
rythme. L'article 74 est adopté?
M. Giasson: Un instant, là!
M. Garon: Ce serait intéressant de finir la section V
avant 18 heures! Il n'y a rien là-dedans.
M. Cordeau: On aurait pu l'enlever...
M. Garon: L'article 74: "La commission peut, entre autres
conditions du permis, obliger le demandeur à remettre les lieux en
état d'être exploités en agriculture avant la date
d'expiration du permis, et exiger qu'il fournisse une garantie établie
conformément au règlement".
M. Giasson: Ces conditions sont dans le règlement
déposé?
M. Garon: C'est dans le règlement déposé.
Des Voix: Adopté.
M. Cordeau: A l'article 75, dites-vous: renouvelé pour une
autre période de deux ans?
Le Président (M. Boucher): Un instant! On est à
l'article 74.
M. Giasson: On est à l'article 74. M. Cordeau:
Excusez-moi.
M. Giasson: Avez-vous le numéro de l'article du
règlement qui touche la remise en état d'exploitations
agricoles...
M. Garon: Ce n'est pas la remise en état qui est dans le
règlement, c'est la garantie. C'est la garantie qui est établie
conformément au règlement.
M. Giasson: La garantie établie conformément au
règlement. Adopté sur division, celui-là.
Le Président (M. Boucher): L'article 75.
M. Giasson: Cela ne change pas grand-chose, par exemple, mais
cela ne fait rien!
Une Voix: Cela ressemble trop à...
M. Garon: Le permis d'enlèvement du sol arable est
accordé pour au plus deux ans; il peut être renouvelé. Il
ne peut être utilisé que sur le lot en regard duquel il a
été émis".
M. Cordeau: Est-ce que le renouvellement est fait pour une
période de deux ans?
M. Garon: C'est deux ans au maximum. Cela dépend des
cas.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 76.
M. Garon: "Le permis devient caduc: "1° s'il est
transféré ou aliéné; "2° si le lot ou la partie
du lot visé dans le permis est transféré ou fait l'objet
d'une aliénation; "3° si l'exploitation du détenteur du
permis ou ses intérêts dans cette exploitation sont
transférés ou aliénés."
Il faut redemander le permis. Il n'y a plus de garantie si ce n'est plus
le même gars.
M. Giasson: S'il y avait vente d'une ferme sur laquelle il y
avait enlèvement de sol arable, il faudra que l'acquéreur demande
un nouveau permis.
M. Garon: C'est cela. Un nouveau contrat, avec la garantie...
M. Cordeau: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Dans le cas du règlement d'une succession
où les héritiers sont bien définis on sait que cela
peut prendre un certain temps avant que la succession ne se règle
est-ce que l'héritier aura le droit de continuer l'exploitation en
attendant, si c'est une exploitation déjà en vigueur?
M. Garon: Le permis est personnel mais, habituellement, dans des
situations comme celles-là, on demande le transfert du permis à
son nom pour la période d'exécution testamentaire.
Habituellement, tous les permis sont personnels.
M. Cordeau: En attendant que le formulaire soit rempli, la
demande étant faite, et ainsi de suite, si c'est déjà une
exploitation qui fonctionne, il peut s'écouler quinze jours, trois
semaines. Si c'est au printemps et que le gars vend de la terre noire, s'il est
obligé de cesser d'exploiter sa ferme pendant quinze jours... C'est une
chose à prévoir.
M. Garon: II n'y a pas de problèmes là-dessus.
M. Giasson: M. le Président, avant que vous suspendiez les
travaux de la commission, je remarque une chose. On nous dit que tous les
amendements devant intervenir d'ici à la fin de l'étude de la loi
seraient déposés. J'aimerais les avoir avant le souper, c'est un
engagement...
M. Garon: Vous ne les avez pas eus?
Le Président (M. Boucher): Ils sont prêts, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Garon: On les a ici.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 76 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Garon: Article 77: "La commission peut suspendre,
révoquer ou refuser de renouveler le permis de tout détenteur
qui: "1° a commis une infraction à la présente section ou
à un règlement relatif à la présente section;
"2° n'a pas respecté les conditions du permis. (18 heures)
La commission peut aussi, dans ces circonstances, ordonner la
confiscation de la garantie ou sa remise au détenteur
conformément au règlement".
M. Giasson: II n'y a rien là, mais est-ce qu'il va y avoir
un droit d'appel, au moment où quelqu'un va se faire confisquer ou
annuler son permis? Est-ce qu'il va être entendu quelque part?
M. Garon: A ce moment-là, il y a une garantie
vis-à-vis de la commission.
M. Giasson: Je comprends, mais la commission, M. le
ministre...
M. Garon: C'est comme un contrat, ça.
M. Giasson: ... en dépit des meilleurs volontés, ce
ne sera pas l'infaillibilité totale...
M. Garon: Ce n'est pas ça.
M. Giasson: ... à tout jamais dans le temps.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Boucher): L'article 78 le dit.
M. Garon: Je pense que... Pardon?
Le Président (M. Boucher): L'article 78 le dit.
M. Giasson: L'occasion d'être entendu, mais ce n'est pas
ça, un droit d'appel au plan juridique.
M. Garon: C'est un peu comme pour quelqu'un qui se fait enlever
son permis d'alcool, il n'y a pas d'appel, il y a un droit de
révision.
M. Giasson: II peut aller en appel.
M. Garon: Non.
M. Giasson: II peut aller devant les tribunaux.
M. Garon: En droit.
M. Giasson: Oui.
M. Garon: Oui, là aussi. C'est un contrat de garantie,
là aussi. Il n'y a pas de problème là.
M. Giasson: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Article 77, adopté sur
division. Article 78.
M. Garon: On vient de le lire. C'est le droit, pour la personne,
d'être entendue.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 79.
M. Garon: On dit que "la décision de la commission qui
refuse de délivrer ou de renouveler un permis, le suspend ou le
révoque, doit être motivée.
M. Giasson: Cela va, adopté.
M. Garon: "Elle est notifiée à la personne... '
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Garon: On est rendu à l'article 80.
Le Président (M. Boucher): II est déjà
passé l'heure de la suspension. La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 2
Reprise de la séance à 20 h 22
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Règlements
A la suspension de 18 heures, nous en étions à l'article
80, section VI. Pour les besoins de la cause, M. le député de
Portneuf remplace M. le député de Pontiac-Témiscamingue.
Consentement?
Des Voix: Consentement.
Le Président (M. Boucher): Consentement. M. le ministre,
l'article 80.
M. Garon: L'article 80...
Le Président (M. Boucher): II y a un amendement.
M. Giasson: Vous avez un amendement à l'article 80?
M. Garon: Oui, il y a un mot ajouté au septième
paragraphe; je vais le lire: "Identifier les fins municipales et les
utilités publiques auxquelles s'applique l'article 41". On ajoute "et
les utilités publiques ".
M. Giasson: Bell Canada, Québec-Téléphone,
Hydro-Québec, Gaz Métropolitain, Trans-Canada-PipeLines, etc.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 80 est-il
adopté?
M. Giasson: Non, M. le Président, il y a tout un contenu
dans 80.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est adopté,
mais vous parlez sur l'article en général?
M. Giasson: Oui, sur l'article en général mais,
avant de faire mes commentaires sur l'ensemble du contenu de l'article 80, je
voudrais laisser la parole à un de mes collègues,
spécialiste des relations de travail, des questions de fonction
publique, spécialiste...
Une Voix: Qui?
M. Giasson: Pardon, j'ai entendu des voix? ... spécialiste
également dans d'autres secteurs de l'administration publique.
J'inviterais mon collègue, le député de Portneuf, à
nous faire part de ses préoccupations en ce qui a trait, entre autres,
aux onzième et douzième paragraphes de l'article 80.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je dois tout
d'abord remercier mon bon ami et collègue, le député de
Montmagny-L'Islet. Je voudrais aussi prier le ministre de l'Agriculture et
député de Lévis d'accepter mes excuses de n'avoir pu
être présent aux travaux de cette commission avant la
présentation pour adoption de l'article 80. Ce n'est pas que je ne sois
pas intéressé; au contraire, je suis directement concerné
par l'adoption et l'application de ce projet de loi 90 qui viendra comme
je l'ai annoncé à l'Assemblée nationale, récemment
limiter plusieurs droits fondamentaux qui appartiennent aux
propriétaires, aux producteurs agricoles du Québec.
M. le Président, si j'ai été absent au début
des travaux de cette commission parlementaire, c'est tout simplement parce que
j'étais occupé et ce, à juste titre, à d'autres
responsabilités et particulièrement en ce qui concerne l'adoption
de la loi 110, une autre loi, du cru du gouvernement, ae la cuisse de ce
gouvernement, projet de loi qui vient brimer, qui vient remettre en cause les
droits et les libertés des travailleurs québécois.
En outre, M. le Président, vous conviendrez avec moi, qu'avec le
taux de chômage élevé qu'on a au Québec, avec les
grèves qui se multiplient à gauche et à droite, les
conflits ouvriers qui ne sont pas réglés, en raison de l'incurie
et de l'irresponsabilité du ministre du Travail, j'ai dû me
limiter, ce qui ne m'a pas permis d'être présent ici, avant le
début des travaux de ce soir. M. le Président, dès le
dépôt du projet de loi...
M. Garon: Cela fait presque trois semaines qu'on
siège.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Cela fait presque trois semaines, qu'on
siège.
M. Pagé: M. le Président, je tiendrais à
rappeler au ministre de l'Agriculture que je suis bien au fait que cette
commission a amorcé ce travail depuis plus de trois semaines, dans un
premier temps, mais je lui dirai cependant qu'il faudrait beaucoup plus de
trois semaines de travail pour régler les problèmes
laissés latents par le gouvernement du Québec et
particulièrement en raison de l'incurie, de l'irresponsabilité,
du ministre du Travail, dans les conflits ouvriers qu'il y a. Cela
répond à votre question, M. le ministre?
M. Garon: II y a trois fois moins de journées perdues,
dans le travail, que dans votre temps.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Donnez-moi donc des chiffres.
M. Garon: Six millions et demi de journées de travail de
perdues.
M. Pagé: Combien y a-t-il eu de jours-homme de
grève perdus, aujourd'hui? 8500?
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! Sinon, je suspens.
M. Pagé: Attendez le calcul, oui.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: II m'a posé une question, M. le
Président, j'ai le droit d'y répondre.
Le Président (M. Boucher): Alors revenons-en à
l'article 80, si vous le voulez.
M. Pagé: J'en reviens à l'article 80, parce que
dès le dépôt du projet de loi, je suis à même
de constater les effets de cet article, notamment dans son paragraphe 11. M. le
Président, si vous lisez avec moi ce paragraphe 11, il est bien dit
qu'en plus des pouvoirs de réglementation qui sont
conférés par la présente loi, le gouvernement peut, par
règlement, "déterminer les effectifs de la commission de
même que les normes et barèmes applicables à son
personnel."
M. le Président, vous vous le rappelez, peut-être le
ministre ne se le rappelle pas, d'une part, il n'était pas là,
d'autre part, il ne devait pas être intéressé par ces
questions-là le gouvernement du Québec déposait, il
y a un an ou à peu près, le projet de loi 50, projet de loi qui,
par son libellé, procède à une refonte globale de la loi
sur la fonction publique. Cela a provoqué un débat important
auquel ont participé divers groupes. Cela a entraîné des
prises de position du gouvernement. Et on se le rappellera, M. le
Président, l'argumentation fondamentale du gouvernement du
Québec, par la voix de son ministre de la Fonction publique et
député de Charlesbourg, celui qui devrait, notamment, être
compris dans le remaniement ministériel du mois de janvier, celui-ci,
dis-je, M. le Président... cela fait sourire le ministre, est-ce que le
ministre présume qu'il sera lui-même affecté par le
remaniement; Est-ce là l'expression de son sourire?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Garon: Ce que je veux indiquer par mon sourire, c'est que les
cultivateurs ont augmenté leur revenu net de 38% en 1978. Vous en ferez
autant.
M. Giasson: Grâce au Saint-Esprit.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Giasson: Cela va venir, on aura l'occasion avant longtemps,
parce que d'ici quelque temps, vous allez être à la sortie. M. le
Président.
M. Gagnon: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, revenez-en à l'article 80.
M. Pagé: Oui, j'en reviens à la pertinence. Mais
j'ai presque envie de soulever une question de règlement,
moi-même; le ministre de l'Agriculture passe son temps à
m'interrompre. Qu'il me laisse aller, j'ai 20 minutes.
Le Président (M. Boucher): Je vous ferai remarquer,
d'après votre dernière intervention, M. le député
de Portneuf, que le ministre n'a interrompu personne.
M. Gagnon: L'hypocrisie. M. le Président, j'en
étais à dire...
Le Président (M. Boucher): Qu'est-ce que vous avez
à dire, M. le député de Champlain?
M. Gagnon: Je voudrais justement, question de règlement...
J'aimerais ramener le député de Portneuf à la pertinence
du débat.
M. Pagé: Quel article?
M. Gagnon: Je pense qu'on a bien travaillé cet
après-midi et je ne verrais pas pourquoi il viendrait déranger la
commission parlementaire, comme il le fait actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, tout cela est déjà fait. M. le député de
Portneuf, s'il vous plaît.
M. Pagé: J'en étais à dire, M. le
Président, avant d'être interrompu, de façon aussi
cavalière, par le député de Champlain, quoique c'est
explicable qu'il le fasse, c'est peut-être la seule façon qu'il
connaisse de travailler... J'en étais, M. le Président, à
vous dire: bon! l'autre qui s'en mêle, le viril du groupe, qu'est-ce qui
arrive-là?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Pagé: Ecoutez donc, c'est du patronage que vous allez
faire avec l'article 80, paragraphe 11.
M. Beauséjour: Retirez ces paroles indignes.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville, s'il vous plaît! (20 h 30)
M. Pagé: M. le Président, le ministre de la
Fonction publique et député de Charlesbourg a eu comme
argumentation fondamentale à la loi de refonte de la fonction publique
que le gouvernement devait probablement parce qu'il se connaissait
se donner les carcans les plus sévères, les plus
difficiles, pour mettre fin au patronage... J'en arrive... Le ministre
soulève-t-il une question de règlement?
M. Garon: Un instant, M. le Président, est-ce qu'on parle
de la résolution ou de l'amendement?
Le Président (M. Boucher): De l'amendement... Non,
l'amendement est adopté et nous discutons sur l'article 80, tel
qu'amendé.
M. Garon: D'accord. Alors, on a tenu le temps?
Le Président (M. Boucher): Oui, c'est fait.
M. Garon: Comme cela, je vais manger mon "club sandwich!"
Des Voix: Ha! ha!
M. Giasson: Bon appétit, M. le ministre!
M. Pagé: M. le Président, j'étais à
dire que ce gouvernement qui se connaissait s'est imposé s'est
fixé, s'est établi des carcans assez sévères pour
mettre fin à ce que lui-même qualifiait de possibilité de
patronage, d'abus dans l'exercice du pouvoir discrétionnaire.
Or, M. le Président, voici que l'article 80 permet au
gouvernement d'intervenir par règlement, de façon à
déterminer les effectifs de la commission, de même que les normes
et barèmes applicables à son personnel. Cela doit être lu,
M. le Président, avec l'article 113 tel que rédigé et je
me permets une référence très brève à cet
article: "Malgré l'article 9, le personnel requis par la commission est,
jusqu'au 1er juillet 1979, nommé et rénuméré
d'après les normes, effectifs et barèmes établis par la
commission et approuvés par règlement." C'est donc dire, M. le
Président, que le projet de loi 90 confère à la commission
un pouvoir de nomination, de désignation, d'établissement des
barèmes et des conditions d'emploi, et ce par règlement, lequel
règlement sera, en vertu de l'article 80, 11e, approuvé par le
lieutenant-gouverneur en conseil, et cela aura force de loi, force de
règlement jusqu'en juillet 1979.
M. le Président, je me demande en quoi un gouvernement qui se
veut transparent, responsable et qui, par surcroît, se veut et s'est
vendu comme devant être un bon et un vrai gouvernement, peut laisser une
porte aussi grande ouverte, une porte qui pourrait laisser place à
l'exercice de pouvoirs discrétionnaires, à du patronage, parce
qu'il faut appeler les choses par leur nom. Quand une personne en
autorité désigne un ami du régime, un candidat
défait à une campagne électorale pour un parti politique
en l'occur- rence le Parti québécois un membre du
PQ un organisateur politique, je conviens que pour le gouvernement, ce n'est
peut-être pas du patronage, mais, quant à moi, c'est du patronage
purement et simplement.
M. le Président, dans mon intervention ce soir, comme
responsable, notamment, du dossier de la fonction publique auprès de
l'Opposition officielle, il est normal que j'aie de sérieuses
interrogations sur les motifs avoués ou non qu'a le gouvernement face
à cet article 80, 11e.
Première question au ministre: Pourquoi jugez-vous qu'il est
absolument nécessaire que l'Assemblée nationale adopte l'article
80,11e tel que rédigé?
M. Garon: J'ai déjà répondu à cela.
Je n'ai pas l'intention d'y répondre une autre fois. Vous lirez le
Journal des débats. J'ai répondu à tout cela.
M. Pagé: Vous allez y répondre? Bien, je m'excuse.
M. le Président, j'invoque une question de règlement. Cela ne
sera pas pris sur mon temps. C'est une question de règlement, parce que
vous savez pertinemment qu'on ne peut pas soulever de questions de
privilège ici. On est en commission parlementaire pour étudier un
projet de loi article par article. On est rendu à l'article 80. A
l'article 80, il y a une section qui s'appelle: 80, 11e, pour laquelle je suis
en droit de poser la question que j'ai formulée au ministre. Que le
ministre aime ou n'aime pas cela, des questions de patronage, je conviens que
le ministre a déjà déclaré à Lévis
que la loi 50, pour lui, c'était le meilleur moyen pour prendre des
adversaires du régime et les "shipper" aux Iles-de-la-Madeleine ou un
peu partout. Vous l'avez dit, c'était dans le Journal de Québec
à la suite du dépôt du projet de loi 50. Je conviens
que le ministre...
M. Garon: Question de règlement... question de
privilège.
M. Pagé: M. le Président, je suis
déjà sur une question de règlement. Apprenez votre
règlement, on n'a pas le droit de soulever une question de
privilège ici.
Le Président (M. Boucher): Question de règlement...
un instant! Un instant!
M. Pagé: Quand j'aurai terminé la question de
règlement, vous interviendrez après sur sa question de
règlement.
M. Garon: Non, question de privilège.
M. Pagé: II n'y en a pas de question de privilège
en commission parlementaire, saviez-vous cela?
Le Président (M. Boucher): M. le
député...
M. Garon: Je regrette... vous avez déclaré... je
vous demande de citer le Journal de Québec et...
M. Pagé: Je vous amènerai l'article, M. le
Président. D'abord, ce n'est pas une question de privilège, c'est
une question de règlement.
M. Garon: Je vous demande de le régler, de le lire de
votre siège.
M. Pagé: Ce n'est pas une question de privilège,
c'est une question de règlement.
M. Garon: Dites-le de votre siège...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, votre question de règlement, je ne l'ai pas entendue
encore...
M. Garon: ... et je vous mets au défi...
Le Président (M. Boucher): ... et je considère que
cela fait partie de votre intervention.
M. Pagé: M. le Président, j'en étais
à vous dire que...
M. Garon: Ce ne sont pas des petits morveux!
M. Pagé: ... le ministre soit marabout, M. le
Président, parce qu'il n'a pas "gaffé"...
M. Garon: Citez Journal de Québec et dites-le de votre
siège.
M. Pagé: ... ses trois ou quatre "clubs" à l'heure
du souper, ce n'est pas mon problème!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Pagé: Ma première question: Dites-nous en quoi
vous êtes justifié d'adopter l'article tel que
rédigé actuellement? Le ministre m'a dit qu'il n'y
répondrait pas parce qu'il y a déjà répondu. C'est
bien de valeur, on est rendu à l'article 80, onzièmement, et vous
allez répondre à nos questions.
M. Garon: Je ne répondrai pas à la chaise
musicale.
M. Pagé: Vous allez répondre à nos
questions.
M. Garon: J'ai répondu à tout cela
antérieurement, j'ai répondu au député de
Laval.
M. Pagé: Oui, mais je vous la pose. A l'article 80,
paragraphe 11, pourquoi l'Assemblée nationale serait-elle
justifiée d'adopter l'article tel que libellé, lequel article
remet en cause les droits fondamentaux des travailleurs de la fonction publique
du Québec en ce qu'ils ont droit d'être embauchés selon les
normes et conditions qui prévalent actuellement dans la fonction
publique? Répondez à cette question.
M. Beauséjour: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Le député de Portneuf fait
semblant d'être très poli, mais, s'il veut appliquer la politesse
et surtout le règlement, je lui demande de s'adresser à vous
comme le règlement l'exige.
M. Pagé: Oh! Il est fâché.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, vous pouvez continuer votre intervention; il vous reste encore...
M. Pagé: La question est posée. Je me demande en
quoi le ministre peut refuser de répondre à une question.
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez exposer...
M. Pagé: II n'est pas à l'Assemblée
nationale; à l'Assemblée nationale, il peut... .
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, si le ministre ne veut pas répondre à votre question,
vous pouvez exposer votre point de vue sur l'article que nous étudions
actuellement et je vous écouterai jusqu'à ce que vous ayez
parlé pendant 20 minutes.
M. Pagé: Ma deuxième question, M. le
Président: Est-ce que cela implique que tout le personnel qui sera
appelé à travailler pour la commission sera désigné
à la discrétion de la commission dès la formation de la
commission?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, je vous le rappelle, vous faites votre intervention. Posez les
questions et le ministre parlera lorsqu'il aura son droit de parole. C'est
vous, présentement, qui avez la parole.
M. Pagé: Ma première question, je vais la
réitérer, M. le Président. En quoi le gouvernement se
considère-t-il justifié de demander à l'Assemblée
nationale d'adopter l'article 80, paragraphe 11, tel que libellé? Ma
deuxième question: Comment le gouvernement peut-il être
justifié de mettre de côté les normes, règlements,
lois, usages, et coutumes régissant l'embauche des employés de la
fonction publique pour la nomination et la désignation des
employés de la première commission?
Ma troisième question sur l'article 80, paragraphe 11. Le
ministre peut-il nous dire en quoi l'article tel que rédigé ne
peut pas faire place à du patronage? Le quatrième aspect de mon
intervention, ce sera un bref commentaire pour rappeler ce que le ministre Jean
Garon, ministre de l'Agriculture disait dans le Journal de Québec du
mois d'août 1977, à l'égard du projet de loi sur la
fonction publique. C'est le ministre qui parle: "C'est bien simple, on veut
s'assurer que les prochains fonctionnaires ne seront pas des adver-
saires. Quant à ceux qui existent déjà et dont on
n'est pas sûr, on les déplacera pour qu'ils ne puissent pas
nuire". Cela, c'est votre déclaration dans le Journal de
Québec.
M. Garon: Je vous mets...
M. Pagé: M. le Président, je reviens à mes
questions.
M. Garon: J'invoque le règlement.
M. Pagé: Vous aviez beau soulever une question de
privilège.
M. Garon: M. le Président!
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Là-dessus, j'invoque mes privilèges de
parlementaire.
M. Pagé: Vous n'avez pas le droit ici. M. Garon: Je
regrette!
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Garon: II y a un instant...
M. Pagé: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire; il n'y a que des questions de
règlement. En vertu de l'article 96, M. le ministre.
M. Garon: Le Journal de Québec du 1er août
1977...
M. Giasson: Allez-y par une question de règlement, vous
pouvez atteindre les mêmes fins.
M. Pagé: Voulez-vous que votre ancien élève
vous donne un cours? Soulevez une question de règlement en vertu de
l'article 96.
M. Garon: Je vous mets au défi de répéter
cela parce que...
M. Pagé: Quel article soulevez-vous? M. Giasson:
L'article 96.
M. Garon: Vous citez le Journal de Québec. Apprenez
d'abord à lire parce que je n'ai jamais dit cela dans le Journal de
Québec et les deux syndicats qui ont écrit cela, avec vos genres
d'organisateurs, style Harguindeguy...
M. Pagé: Harguindeguy est un de nos organisateurs?
M. Garon: Oui. J'ai déjà écrit...
M. Giasson: Organisateur du Parti libéral, M.
Harguindeguy, le président du Syndicat des fonctionnaires?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Garon: J'ai déjà écrit à M.
Harguindeguy pour qu'il apprenne à lire parce que la seule chose que
m'attribue le Journal de Québec, ce sont les mots "C'est bien simple"
qui sont entre guillemets. Rien d'autre n'est attribué à Jean
Garon. Apprenez donc à lire, cela va vous aider. J'ai écrit
à M. Harguindeguy, le président du Syndicat des professionnels,
qui m'a faussement attribué cela dans le journal.
M. Giasson: Ce n'est pas le Syndicat des professionnels.
M. Pagé: C'est le Syndicat des fonctionnaires.
M. Garon: C'est-à-dire que quelqu'un de mon cabinet a
écrit aux deux pour leur dire qu'ils m'attribuaient faussement des
paroles dans le Journal de Québec. Si vous relisez le Journal de
Québec du 1er août 1977, vous verrez que les seules paroles que
m'attribue le journaliste sont "c'est bien simple". Ce genre de
politique...
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit, M. le
député de Portneuf, revenez-en à l'article 80, je vous en
prie.
M. Pagé: Je suis heureux, M. le Président,
que...
M. Garon: C'est le genre de politique que fait le journal
libéral; il se vautre dans l'auge.
M. Pagé: Demandez donc au premier ministre qui se fera
battre aux prochaines élections. Le premier qui va tomber, c'est le
député de Lévis. Demandez-lui donc d'écouter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, à l'article 80, s'il vous plaît!
M. Pagé: Je suis heureux, M. le Président,
que...
M. Garon: On devrait élire des députés qui
n'ont pas la couche aux fesses, dans votre parti.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre!
M. Pagé: M. le Président, demandez-lui donc de...
Vous faites perdre le temps des travaux de cette commission et après
cela vous allez brailler qu'on a passé trop de temps ici.
M. Gagnon: Maudit hypocrite!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Champlain!
M. Pagé: Demandez donc au député de
Champlain d'être plus responsable.
M. le Président, je dirai entre parenthèses
que je suis bien heureux d'en avoir montré à notre
distingué professeur de droit. Si vous voulez avoir d'autres cours sur
les règlements, sur les questions de privilège, je pourrais vous
en montrer davantage, vous pourrez bénéficier de mon
expérience.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, je vous ferai remarquer que, quand on invoque une question de
règlement, on n'est pas obligé de citer un article.
M. Pagé: Vous pouvez le demander par exemple. Il faut
rappeler que c'est comme les joueurs de centre au hockey, certains
présidents protègent leur droite.
M. le Président, la troisième question, le collaborateur
du ministre l'a sûrement noté...
Le Président (M. Boucher): En vertu de 34?
M. Pagé: J'aimerais demander sur quoi le ministre s'est
fondé pour rédiger l'article tel que j'ai eu l'occasion de vous
en faire part tantôt, notamment à 113, lequel prévoit que
la commission pourra juger, de son propre chef, à son entière
discrétion, des normes qui devront régir l'embauche des
employés de la commission.
Cinquième volet de la question: Sur quoi le gouvernement s'est-il
fondé pour arrêter la date du 1er juillet 1979 pour mettre fin, de
façon légale et officielle, au patronage appréhendé
ou présumé qu'on peut déceler de l'application, de la
conjugaison de l'article 113 et de l'article 80 onzièmement?
M. le Président, j'attends les réponses du ministre.
Peut-être que le ministre constatera l'ouverture combien grande
au patronage, à la discrétion et à l'utilisation de
tels pouvoirs et qu'il respectera très soucieusement les lois
adoptées par son propre gouvernement. C'est ce gouvernement qui a
adopté la loi 50 qui oblige le gouvernement à s'astreindre
à des obligations à l'égard de l'embauche à
l'intérieur de la Commission de la fonction pubique. Peut-être que
le ministre jugera opportun que cet article, tel que libellé, ne doit
pas apparaître dans le projet de loi 90. Peut-être, M. le
Président, décidera-t-il de le retirer purement et simplement et
de faire en sorte que l'embauche de ces personnes se fasse
régulièrement. C'est urgent car il s'agit de janvier ou
février, si, évidemment, la loi 90 est adoptée, chose
qu'on peut hésiter à croire. Mais advenant le cas où cette
loi serait adoptée avant les Fêtes je parle bien au
conditionnel il est possible, il est probable que la commission verra le
jour dans des délais assez brefs. Le personnel qui viendra apporter de
la chair sur l'ossature légale qu'on aura avec la commission pourrait
être désigné par le Centre de main-d'oeuvre du
Québec, si la commission a besoin de personnel occasionnel en attendant
que les concours soient lancés dans la fonction publique. Quand ces
concours seront lancés, l'Office de recrutement en vertu de la
nouvelle loi sera chargé d'analyser les examens et la
capacité de certains candidats à se présenter aux postes,
etc.
Cela va se faire régulièrement, il n'y a absolument rien
qui peut motiver, qui peut expliquer le geste du gouvernement de mettre de
côté tout un processus légal, un processus qui est quand
même vieux. Et il ne l'est pas seulement de deux ans le processus
démocratique de désignation et de nomination des fonctionnaires.
Ce n'est pas le PQ qui l'a inventé, vous savez, cela date d'il y a
à peu près 17 ans; c'est vers les années 1962 ou 1963 que
le personnel s'est donné des règles assez rigides au niveau de la
désignation de son personnel. Le gouvernement a procédé
à une refonte globale de cette loi l'année dernière et je
crois qu'il n'est pas justifié, quant à moi je vous
soumets cela bien humblement, M. le Président, j'espère que cela
ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd, de la part du ministre, même si
celui-ci est parti chercher son club sandwich, ses "liqueurs ", etc., et qu'il
sera en mesure de retirer purement et simplement cet article. (20 h 45)
Je serais satisfait, ce soir, de communiquer avec les
représentants syndicaux et de leur dire: Ecoutez, le gouvernement a
reculé là-dessus, le gouvernement a décidé
d'être conséquent avec lui-même et de suivre ses propres
lois. Je conviens que la communication n'est peut-être pas facile entre
le ministre de l'Agriculture et les représentants syndicaux, c'est le
vrai visage du supposé préjugé favorable qui, apparemment,
a existé il y a quelques années.
Les communications entre les milieux syndicaux et le ministre de
l'Agriculture celui-ci nous en a fait part tantôt c'est par
missive rédigée par ses collaborateurs au cabinet. Le
débat, l'échange n'est pas franc, n'est pas direct et la relation
n'est certainement pas très étroite. Cela n'empêche pas que
c'est l'intérêt public qui doit primer et le gouvernement devrait
retirer cet article purement et simplement, ou nous donner des explications
à la suite des questions que je viens de poser.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Portneuf. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur
l'article 80 tel qu'amendé?
M. Pagé: II y en aura peut-être d'autres, compte
tenu des réponses que le ministre nous donnera.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je me souviens qu'au
début de nos débats sur la loi 90, nous
avions eu l'occasion de poser des questions et de nous enquérir
des règles du jeu qui seraient déterminées en
matière d'embauche du personnel qui serait requis à la commission
pour se lancer dans l'opération de protection et de contrôle du
territoire agricole au Québec. Sauf erreur, c'était à
l'article 9 que nous avions eu l'occasion de poser des questions au ministre et
de nous enquérir des mécanismes opérationnels touchant
toute cette question du personnel.
Nous savons, dès le départ, que la commission doit
être composée de trois personnes. Il s'agit des premières
nominations que le ministre doit faire, et le ministre nous a expliqué
ici, en commission, qu'il entendait, dans un premier temps, dès que la
loi serait sanctionnée, procéder à la nomination de trois
commissaires. Il s'agit sans doute du président et des deux
vice-présidents.
J'avais cependant l'occasion de lire, ce matin, des extraits d'une
conférence que le ministre a prononcée devant un club social de
son comté et, si les propos rapportés par le journaliste qui a
rédigé cet article sont fondés, le ministre aurait
indiqué que, dès le départ, il entendait nommer cinq
commissaires. Comme nous savons que la loi prévoit la nomination de sept
commissaires, cela veut dire que le ministre, dans une première
opération, va procéder à la nomination de cinq
commissaires, si la déclaration faite devant un club social de son
comté est fondée et a été citée de
façon exacte.
Cependant, au-delà de cela, nous savons tous que, devant
l'envergure d'application de la loi 90, dans un premier temps, à
l'intérieur de 614 municipalités ou, s'il n'y en a pas 614, c'est
facile de le prévoir, d'au moins 500 municipalités situées
à l'intérieur de la zone provisoire, il faudra que les
commissaires, en dépit de leur capacité de travail, de leur brio,
de la rapidité d'exécution qu'ils vont mettre à oeuvrer
dans le champ des responsabilités qu'on leur confie, il faudra,
dès les premiers mois de l'année 1979, adjoindre à ces
commissaires un personnel assez nombreux. Cela sera conditionné par la
rapidité avec laquelle les municipalités vont vouloir se
prononcer ou donner des recommandations et des suggestions en matière de
détermination de la zone agricole permanente.
Lors du débat de l'article 9, si je ne fais pas erreur, nous
apprenions que l'embauche du personnel requis par la commission, de tout le
personnel j'exclus les commissaires, cela va de soi et même
le secrétaire, serait conditionnée aux dispositions de la loi qui
régit la fonction publique au Québec, la loi 50 que nous avons
votée. Je pense que l'article 9 doit faire référence
à la Loi de la fonction publique de 1965, je crois que c'est à
cet article qu'il était question de la loi avant la refonte puisque la
loi 50 entre en vigueur, dans toutes ses dispositions, dans tous ses articles,
seulement le 1er avril 1979. Cela va de soi, la commission ayant besoin de
personnel avant le 1er avril 1979, pour être en mesure de faire face
à ses obligations et de donner du service à tous les citoyens du
Québec qui vont faire appel à ses bons offices, comme aux
municipalités qui devront demander rapidement les autorisations à
la commission, j'aurais cru que toutes les règles régissant
l'embauche du personnel seraient vraiment celles qu'on retrouve à
l'intérieur de la Loi de la fonction publique, que ce soit la loi de
1965 ou la nouvelle loi qui a amendé l'ancienne, la loi 50.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, au moment de la
lecture de l'article 113, qui fait encore une référence à
des normes-critères qui vont régir l'embauche de personnel pour
un certain nombre de mois, que tout était laissé à la
discrétion du ministre, de la commission mais, à toutes fins
utiles du ministre. Devant cette déclaration de l'article 113, comment,
logiquement, à moins de vivre dans une espèce d'état
d'angélisme, ne pas voir la possibilité d'ingérence de la
commission et la possibilité de voir cette commission, ou tout au moins
le ministre, subir la tentation de récompenser des amis?
Le ministre va peut-être nous déclarer qu'il va prendre
bien garde, même à compétence ou à capacité
égale, de donner priorité dans ses choix à ceux qui
appuient son option politique. Les hommes étant ce qu'ils sont, j'aurais
des réserves, en dépit de la déclaration formelle du
ministre à l'effet qu'à compétence égale, il va
surtout éviter de faire appel aux services des amis et de ceux qui
appuient son parti politique. Il y a véritablement une porte ouverte
à des possibilités de patronage, à des possibilités
de favoritisme qu'on a si souvent décrié, particulièrement
les gens qui sont en face de nous, de l'autre côté de la table,
qui ne se rappellent pas les sorties virulentes qu'on a faites
prétendant que l'ancien gouvernement n'en avait que pour les amis du
régime, pour ceux qui appuyaient le Parti libéral.
Cela a été une ritournelle qu'on a entendue tant et plus
pendant des années. Justement, ce qu'on reprochait avec tant de vigueur
à l'ancien gouvernement, l'article 80, dans ses dispositions qu'on
retrouve au paragraphe 11, permet au ministre, à la commission de
contrôle, de mener des opérations qui vont aller dans le sens des
grands reproches qu'on a manifestés depuis quelques années.
Pourquoi c'est la question que je me pose le ministre, qui a
manifesté de la très bonne volonté en déposant la
réglementation qui va régir l'article 80, a-t-il retenu cette
réglementation en ce qui a trait aux normes et critères qui vont
régir l'embauche du personnel d'ici le 1er juillet 1979?
C'est marquant, c'est frappant que le ministre, qui a été
assez large en matière de dépôt de réglementation
pour l'ensemble des dispositions de l'article 80, se soit tu totalement. La
réglementation est totalement muette en ce qui a trait aux
décisions de déterminer les effectifs de la commission pour
l'embauche de son personnel qui sera requis d'ici le 1er juillet 1979. Rien!
Pour ce qui est des autres alinéas ou paragraphes de l'article 80, cela
va bien, la réglementation nous apparaît convenable, elle nous
apparaît même fort objective. Mais lorsqu'on arrive au paragraphe
11e de l'arti-
de 80, tout est absent en matière de réglementation.
Le ministre pourrait nous dire qu'il n'a rien à cacher.
Justement, s'il n'a vraiment rien à cacher de ce
côté-là en matière de politique d'embauche de son
personnel, raison de plus pour nous déposer la réglementation,
pour nous indiquer quels sont tous les critères, les règles, les
normes que le ministre entend suivre pour engager ce personnel qui sera sur une
base occasionnelle, peut-être, va-t-il nous dire: c'est possible. On va
l'engager comme occasionnel parce que je ne verrais pas comment on pourrait se
permettre d'engager du personnel permanent au cours des mois de janvier,
février, mars, avril, etc. Devant l'existence de la loi 50 ou de la Loi
de la fonction publique qu'on retrouve dans nos statuts de 1965, le ministre ne
pourrait pas se permettre d'engager du personnel permanent. Ce serait, si vous
voulez, une négation totale, absolue, des dispositions de la Loi de la
fonction publique au Québec.
Qu'est-ce que le ministre entend cacher, lorsqu'il omet de
déposer la réglementation qui va régir toutes les
conditions d'embauche de ce personnel, au cours des premiers mois de
l'année 1979? C'est d'autant plus surprenant que nous avons, devant
nous, un gouvernement qui s'est proclamé le champion de la transparence,
de l'ouverture absolue, en montrant au peuple comment un gouvernement qui veut
avoir une maison de verre peut fonctionner. Aucune cachette, rien à
cacher, c'est la maison de verre, tout est visible, tout est transparent, mais
devant une telle attitude de transparence et d'ouverture, pourquoi le ministre,
dans sa réglementation, n'a-t-il pas fait état des règles
qu'il entend adopter en ce qui a trait à l'embauche du personnel qui
sera requis à la commission de contrôle?
Je ne vous cache pas que pour moi, en toute vérité, c'est
incompréhensible; incompréhensible de la part de ce gouvernement
et du ministre, et je pense que le ministre a le goût d'être encore
plus transparent que le gouvernement en général. C'est
peut-être curieux à vous dire, mais ce ministre a une
spontanéité qui va dans le sens de la transparence, il est d'un
naturel qui est parfois même charmant, il a des réactions bon
enfant d'un individu qui s'en va, visière levée, quels que soient
les affrontements qu'il doit subir; il faut au moins lui rendre ce
témoignage. Notre ministre de l'Agriculture, c'est un fait connu et je
ne suis pas le seul à reconnaître cette réalité, il
y a beaucoup de gens qui sont de mon avis même les journalistes
on l'a indiqué, par des commentaires et des propos, depuis
qeulques mois déjà, on aime bien ce côté bon enfant,
ce côté naturel, cette spontanéité, cette ferveur de
la jeunesse qui transpire très facilement chez le ministre, mais,
au-delà de tout cela, ça devient plus difficile, M. le
Président, de s'expliquer...
M. Chevrette: ...
M. Giasson: Oui, M. le député de Joliette-Montcalm,
je crois que...
M. Chevrette: Je commençais à m'interroger sur la
pertinence.
M. Giasson: Quand, à l'intérieur de notre
débat sur la loi 90, je reconnais des qualités au ministre...
M. Chevrette: Je voulais vous dire que nous le savions tous.
M. Giasson: Justement en fonction de son ouverture d'esprit dans
la réglementation déposée sur la plupart des articles,
surtout ceux qui ont trait à la réglementation, j'avais raison de
reconnaître ce que je viens de prêter au ministre et je ne
suis pas seul à penser ainsi mais devant son état
absolument caché... Peut-être que c'est un oubli, si c'est un
oubli, le ministre va nous répondre immédiatement après
mon intervention et va s'empresser de nous déposer la
réglementation en ce qui a trait au onzième paragraphe de
l'article 80. Si c'est cela, tant mieux, M. le Président, une fois de
plus je rendrai hommage au ministre, à sa spontanéité, son
ouverture d'esprit, sa transparence. Mais, tant que le ministre ne nous aura
pas déposé cette réglementation qui va régir tous
les critères et normes d'embauche du personnel de la commission, au
cours des prochains mois, je serai obligé de retenir les commentaires en
ce qui a trait à cette ouverture d'esprit du ministre concernant le
paragraphe 11 de l'article 80.
M. le Président, si le ministre ne m'indique pas je ne
voudrais pas poursuivre indéfiniment mes commentaires à
l'intérieur du temps qui m'est alloué sa réponse
tout de suite, j'aurai d'autres propos à tenir dans les secondes qui
vont suivre.
M. le ministre, avez-vous l'intention de nous déposer,
très ouvertement, très clairement, de la façon la plus
transparente, la réglementation qui va régir toute votre
politique d'embauche du personnel au cours des prochains mois, tout au moins
d'ici le 1er juillet 1979?
M. Garon: J'ai répondu à tout cela, M. le
député, aux articles 9 et 10, lorsque nous avons
étudié ces articles.
M. Giasson: Vous nous avez répondu que vous aviez
déposé une réglementation. Nous l'avons eue, mais elle est
muette en ce qui a trait aux normes et critères d'embauche du
personnel.
M. Garon: Vous m'avez demandé la réglementation
nécessaire pour comprendre le projet de loi; je vous ai
déposé la réglementation nécessaire pour comprendre
le projet de loi et...
M. Giasson: M. le ministre, si vous permettez, vous avez dit: Au
moment où la réglementation va être déposée,
vous allez être en mesure de comprendre quels sont les
mécanismes.
M. Garon: Non, je n'ai jamais dit que je déposerais, parce
que...
M. Giasson: Lors du débat sur l'article 9, nous avions
fait référence à 113, qui nous laissait un peu perplexes,
même très perplexes.
M. Garon: Perplexes! Vous trouvez cela dans tous les projets de
loi, quand une régie commence à fonctionner dès qu'elle
est créée. Cela ne donne rien de... (21 heures)
M. Giasson: M. le ministre, entendez-vous déposer la
réglementation qui va toucher l'embauche, les politiques d'embauche de
votre personnel au cours des prochains mois? C'est cela que j'aimerais savoir.
Nous sommes rendus, de façon très précise et très
spécifique...
M. Garon: Je vous ai répondu dans tous les
détails.
M. Giasson: ... dans un débat, où notre
référence porte sur l'article 80, 11e. C'est précis, on ne
touche pas, pour l'instant, aux autres paragraphes de l'article 80.
M. Garon: On avait répondu, à ce moment, que toutes
les normes, tous les barèmes de la Fonction publique s'appliqueraient.
La seule chose qui ne s'appliquerait pas, ce seraient des délais de
publication, etc. Une bonne partie des employés seraient pris dans la
Fonction publique; dans certains cas, il faudrait prendre du personnel en
dehors de la Fonction publique et la seule chose qui ne jouera pas à ce
moment, ce sont les détails, mais que des barèmes... Il y aura un
jury. Sur le jury, il y aura, comme d'habitude, un membre de la Fonction
publique qui en fera partie, etc. Mais tout...
M. Giasson: Si vous me dites: Tous les barèmes, les
règles qui régissent la Fonction publique, je suis obligé
de vous dire que, sauf dans le cas de mutation de personnel qui est
déjà à l'intérieur de la Fonction publique de
façon permanente, qui devra passer par les règles habituelles de
mutation, tous les autres ne pourront être embauchés sans avoir
réussi d'abord des concours et des examens de la Fonction publique. Il y
aura publication d'avis dans les journaux. Ce sont là des règles
qui régissent...
M. Garon: Moins les délais.
M. Giasson: Ah bon! Ce ne sont plus les normes et les
règles de la Fonction publique, M. le ministre. Ce sont des
règles qui vous sont propres.
M. Garon: J'ai expliqué tout cela quand on a
étudié les articles 9 et 10.
M. Giasson: Oui, mais pourquoi dire que ce sont les règles
du jeu qui prévalent à la Fonction publique, quand on sait que la
Fonction publique, avant d'engager du personnel, est assujettie à un
processus marqué de différentes étapes auxquelles elle ne
peut manquer? Ce n'est pas d'hier. Cela prend des concours, vous le savez.
Première étape, d'abord, des concours.
M. Garon: C'est toute la procédure pour engager qui prend
énormément de temps. C'est la seule chose qui n'est pas suivie.
Le reste, les jurys, les barèmes, les critères de
sélection, les salaires, tout cela, ce sont exactement les mêmes
qu'à la Fonction publique, sauf qu'on ne prendra pas les mêmes
délais que la Fonction publique, autrement la commission va commencer
à fonctionner dans un an.
M. Giasson: Bon, si vous éliminez la tenue de concours,
l'avis et la tenue de concours, est-ce que vous reconnaissez, M. le ministre,
que vous passez à côté d'une des étapes fort
importantes qui régissent la Fonction publique? Est-ce que vous
reconnaissez que cela laisse la marge pour de l'arbitraire, pour des
décisions d'autorité, que cela laisse des possibilités
pour une pratique de reconnaissance des amis du régime, du favoritisme
dans le choix de ce personnel? Est-ce qu'au moins vous admettez cela?
M. Garon: Je n'admets pas cela.
M. Giasson: Vous n'admettez pas cela, donc, vous niez cette
réalité.
M. Garon: Sur les jurys, il n'y aura pas d'amis du régime.
Il va y avoir des gens qui vont... un homme de la Fonction publique, sans doute
le président de la commission et d'autres personnes, peut-être un
sous-ministre, ou quelque chose comme cela qui va être sur...
M. Giasson: M. le ministre, êtes-vous conscient que
même s'il y a concours, examen devant jury, jury qui pourrait qualifier
un grand nombre de candidats suite à l'examen, vous n'êtes pas
tenu de retenir les services de ceux qui, selon le jury, ont retenu le premier
rang. On vous remet une liste de gens qui se sont qualifiés devant le
jury et vous n'êtes pas tenu de prendre ceux qui ont semblé avoir
le plus de potentiel, les meilleurs prérequis, la meilleure
expérience. Quand vous dites qu'il n'y a pas de place pour l'arbitraire,
pour la possibilité de reconnaître des amis, il reste encore une
très bonne marge de discrétionnaire.
M. Chevrette: M. le Président.
M. Garon: Le discrétionnaire est fait non pas par des gens
politiques, puisque les gens qui vont faire l'engagement, il n'y aura aucune
personne politique là-dedans.
M. Giasson: J'ai posé la question au ministre, non pas au
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, est-ce que vous invoquez une question de
règlement?
M. Chevrette: C'est aussi bien. Le Président (M.
Boucher): Allez-y.
M. Chevrette: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est
que quand bien même le député de Montmagny-L'Islet
s'acharnerait, le ministre a dit qu'à part les délais ce seront
les mêmes mécanismes qu'à la fonction publique cela
fait huit ans qu'il est député les jurés, les
listes d'admissibilité, les concours.
M. Giasson: Les concours et tout le système.
M. Chevrette: Ce sont les délais qui sont
différents. Cela fait environ sept ou huit fois que j'entends la
réponse: "Filibuster"
M. Giasson: Non, pas "filibuster", transparence.
M. Chevrette: Au niveau de la question, cela a l'air très
opaque parce que vous n'avez pas l'air de voir clair.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Giasson: Ce n'est pas opaque, c'est très clair et vous
le savez, d'ailleurs, M. le député de Joliette-Montcalm.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet a la parole et il lui reste encore trois minutes sur son
temps.
M. Giasson: M. le Président, tout ce que j'ai à
dire à ce moment-ci, c'est que, si le ministre ne nous dépose pas
la réglementation écrite qu'il entend appliquer au onzième
paragraphe de l'article 80, je fais motion pour que l'article 80 soit
amendé en retranchant le paragraphe 11 qui se lit comme suit:
"déterminer les effectifs de la commission, de même que les normes
et barèmes applicables à son personnel".
Le Président (M. Boucher): J'aimerais être
éclairé sur la recevabilité de cette motion.
Une Voix: Sur la recevabilité?
Le Président (M. Boucher): Sur la recevabilité de
la motion d'amendement du député de Montmagny-L'Islet, qui vise
à retrancher le paragraphe 11 de l'article 80 qui se lit comme suit:
"déterminer les effectifs de la commission, de même que les normes
et barèmes applicables à son personnel."
M. Chevrette: Si on enlevait un tel contenu de cet article, on
pourrait être devant un article inopérant. Si l'amendement venait
à fixer un délai, à proposer certains critères
différents de ce qu'il y a là, à ajouter une dimension,
cela pourrait être recevable. Dans la conjoncture actuelle, biffer ce
paragraphe, c'est rendre inopérante une partie de la loi, ce qui est
contraire à l'adoption en deuxième lecture du principe global de
fonctionnement. C'est une motion dilatoire, ne nous leurrons pas.
M. Baril: M. le Président, avant que vous acceptiez... M.
le Président, s'il vous plaît, voulez-vous porter attention?
Le Président (M. Boucher): Oui, allez-y.
M. Baril: Avant que vous acceptiez cet amendement, je voudrais
bien que vous pensiez bien comme il le faut si cette motion apportée par
le député de Montmagny-L'Islet n'entraîne pas des
dépenses de fonds publics au niveau du gouvernement. Si oui, il ne
serait pas permis au député de Montmagny-L'Islet de faire cette
motion d'amendement.
M. Giasson: Je pourrais la faire, mais elle ne serait pas
recevable.
M. Baril: C'est ce que je veux dire. M. Pagé: II a
découvert cela!
M. Baril: M. le député de Portneuf, sachez que j'ai
suivi...
M. Pagé: Adressez-vous au président.
M. Baril: M. le Président, j'aimerais que vous
transmettiez mon message au député de Portneuf que j'ai suivi la
commission depuis le début. A quelques reprises, nous avons eu des
motions d'amendements du genre sur ce projet de loi à différents
articles. J'aimerais, en plus, que vous fassiez mention au député
de Portneuf qu'avant sa venue à cette commission nous vivions dans une
atmosphère de détente; c'était harmonieux à cette
commission. C'est exactement la même chose qu'une raison fondamentale qui
justifie le projet de loi au complet; c'est le bel exemple d'un citadin qui
arrive en campagne et qui y met le trouble.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, voulez-vous parler sur la recevabilité de la motion?
M. Baril: J'ai parlé sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais ajouter qu'un amendement, de par sa
nature, vient ajouter ou soustraire une partie, mais ne peut pas en changer le
sens complet. La proposition de biffer complètement le point 11 a pour
effet de rendre inopérant tout l'article. C'est une contre proposition
et cela n'a plus le sens d'un amendement.
M. Giasson: M. le Président, toujours sur la
recevabilité...
Le Président (M. Boucher): Sur la recevabilité, M.
le député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Or, les arguments soulevés par mes
collègues d'en face ne tiennent pas, M. le Président. Pourquoi?
Voici.
Nous sommes à l'article 80 qui a justement comme fonction de
déterminer les pouvoirs que la commission a ou que le ministre peut
avoir en matière de réglementation et d'application de sa loi.
Jusqu'à maintenant, le ministre a donné suite aux demandes
formulées par différents représentants des partis
d'opposition, à l'effet de déposer, au cours de nos débats
article par article, la réglementation qu'il entend utiliser.
Nous sommes à l'article 80 qui statue sur les règlements
en vertu desquels on va pouvoir mettre en opération tout le
système qui va permettre de protéger le territoire agricole. Le
ministre dépose des règlements dans un esprit assez ouvert, fort
ouvert, il faut le reconnaître, sauf qu'à onzièmement, le
ministre fait défaut de déposer la réglementation
écrite.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Là, je ferai un appel au règlement.
Vous savez pertinemment, M. le Président, et vous devriez
l'arrêter vous-même, qu'à la minute où une commission
parlementaire intervient sur du contenu créant des obligations
administratives telles que fixer des effectifs, ce n'est pas le rôle
d'une commission parlementaire, c'est le rôle de l'Exécutif, du
Conseil des ministres... quand tu engages des finances...
Une Voix: Dérisoire.
M. Chevrette: II n'y a pas de dérisoire, dans cela,
surtout de la part d'un avocat, cela me surprend. Les pouvoirs dévolus
à l'Exécutif, c'est précisément d'engager des
dépenses, de fixer le nombre des effectifs, etc. Et là-dessus,
cela devrait être rejeté sur le fond.
M. Pagé: M. le Président, sur la
recevabilité...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Gagnon: Ecoutez, la vérité qui va sortir.
Ecoutez l'Esprit-Saint.
M. Pagé: Ecoutez, les gens inexpérimentés.
Par surcroît un gars qui se dit spécialiste en relations de
travail, vouloir laisser passer un article comme celui-là!
M. le Président, je ne répondrai même pas aux
commentaires du député de Champlain et de son
collègue.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, sur la recevabilité, et je demanderais la collaboration des
membres de la commission, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Fais-toi aller, c'est le temps!
M. Pagé: Non, mais quand même! M. le
Président, quand on va me lancer des quolibets, je vais répondre.
Vous savez, quand même ils seraient 10, il n'y en a pas un qui
m'énerve, là-dedans.
Une Voix: Allez-y, fais-toi aller.
M. Pagé: M. le Président, l'article 80,
onzièmement, prévoit uniquement... Pourriez-vous demander le
silence au député très peu volubile de
Kamouraska-Témiscouata, qui ne parle pas souvent ici, on sait pourquoi
d'ailleurs, qui n'est capable que d'interrompre les autres, que de lancer des
quolibets à gauche et à droite. Rappelez-le donc à
l'ordre, M. le Président.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je vous ferai remarquer que vous parlez plus longtemps que les
députés qui vous interrompent.
Une Voix: C'est cela, c'est cela qu'il veut.
M. Pagé: M. le Président, tout simplement parce que
je n'ai pas l'habitude de me laisser barber par ces gens-là. M. le
Président, j'en étais à vous dire ceci: l'article 80,
onzièmement, prévoit des dispositions qui permettront à la
commission, au gouvernement de procéder à l'embauche de
personnel, en mettant de côté les normes, les règlements,
tout ce qui s'applique régulièrement dans le secteur de la
fonction publique. L'amendement présenté par mon collègue
de Montmagny-L'Islet ne prévoit pas d'ajouter du personnel, de
restreindre du personnel, ne prévoit pas d'intervenir au niveau de
l'objet. Donc cela n'affecte pas une dépense d'argent. C'est
complètement étranger à cela. L'amendement ne stipule pas
qu'à l'avenir, s'il est adopté, il n'y aura pas d'employés
ou qu'il y en aura plus. Il ne dit pas cela du tout. L'amendement vise à
faire en sorte que les lois et règlements de la Commission de la
fonction publique, tels qu'édictés par la loi 50 et en vertu de
la loi 50, s'appliquent purement et simplement. C'est tout ce qu'on veut. On
veut ce qui est régulier, ce qui est applicable et ce à quoi
chacun des ministères et services du gouvernement est obligé de
s'astreindre, c'est-à-dire le respect intégral des lois, et
telles que votées par la Législature, telles que
présentées par le ministre de la Fonction publique,
adoptées par ce gouvernement. C'est tout simplement ce qu'on demande,
que la loi soit respectée, et que ce qui doit s'appliquer, en vertu de
la loi, s'applique. Ce qui n'implique pas des dépenses d'argent. Et pour
ce faire, il faudrait retrancher l'article 80, onzièmement. Parce que
l'article 80, onzièmement, M. le Président, établit un
régime spécial de nomination du personnel et on est en droit,
d'une part, de se montrer en désaccord avec cette approche et, d'autre
part, M. le Président, c'est inacceptable de la part du gouvernement.
(21 h 15)
Je conviens que le ministre ou son équipe ministérielle a
peut-être cru qu'il y aurait la possibilité, par une petite porte,
de se diriger vers ce qui semble la coutume de ce gouvernement depuis le 15
novembre 1976. Poureux, ce n'est pas du patronage, mais cela est du patronage;
ce n'est pas compliqué, c'est gros comme la lune, regardez le nombre de
candidats défaits qui ont été nommés dans la
fonction publique. M. le Président, c'est tout simplement une mise en
garde qu'on veut faire. Je suis surpris de l'attitude du député
de Joliette, lequel se veut le grand défenseur, lequel se voulait comme
possédant un préjugé favorable à l'égard des
travailleurs. J'espère que le député de Joliette aura de
la logique dans ses prises de position et qu'il sera pour l'amendement.
L'amendement est recevable...
Le Président (M. Boucher): Je me déclare
suffisamment informé pour me prononcer sur la recevabilité.
M. Pagé: II est recevable et, une fois qu'il sera
reçu, j'interviendrai sur le fond.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu que le paragraphe
11 détermine les effectifs de la commission et que, par
conséquent, un organisme comme une commission qui n'a pas d'effectif
devient inopérant, je considère le paragraphe 11 comme un
élément essentiel de l'article que l'on ne peut pas retrancher.
Alors, je ne peux pas recevoir l'amendement. Evidemment, M. le
député de Montmagny-L'Islet avait mentionné le paragraphe
12, qui détermine toute autre mesure nécessaireà
l'application et au bon fonctionnement de la présente loi; il s'agit de
mesures nécessaires. Cela a une portée trop
générale. Au paragraphe 10, vous remarquerez qu'on parle de
formulaires. Si on fait passer les formulaires et on ne parle pas des
effectifs, je pense que le paragraphe 12 ne peut pas parler d'effectifs.
L'amendement est déclaré irrecevable.
M. Giasson: Avec le respect que j'ai pour la présidence,
je me fie à votre bon jugement; vous avez jugé mon amendement
irrecevable pour les motifs et les facteurs que vous venez
d'énumérer. Peut-être ne l'ai-je pas formulé de
façon suffisamment précise et, afin d'être plus clair, j'ai
un autre amendement à proposera l'article 80, onzièmement.
Mon amendement est libellé comme suit: "Que l'article 80 soit
amendé en ajoutant, à la fin du onzième paragraphe, les
mots suivants: "et cela, en se basant sur les normes prévues à la
Loi de la fonction publique (1965, première session, chapitre 14)." Vous
avez raison d'avoir émis un doute sur la recevabilité de mon
premier amendement, mais celui-là m'apparaît plus conforme
à ce que j'avais à l'esprit et va vraiment dans le sens d'une
recevabilité possible.
M. Chevrette: Je remercie M. le député de
Montmagny-L'Islet d'avoir reconnu la justesse de mes propos, contrairement
à son homologue de Portneuf.
Le Président (M. Boucher): L'amendement se lirait comme
suit: "Que l'article 80 soit amendé en ajoutant, à la fin du
onzième paragraphe, les mots suivants: "et cela, en se basant sur les
normes prévues à la Loi de la fonction publique (1965,
première session, chapitre 14)". La référence est bonne,
j'espère. De toute façon il m'apparaît, à sa face
même, que cet amendement est recevable, compte tenu du fait que
déjà le ministre avait laissé entendre l'esprit du
paragraphe 11. Je le reçois immédiatement.
Sur la motion d'amendement, M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, j'ai indiqué, tout
à l'heure, de multiples raisons pour lesquelles je considérais
que nous ne pouvions nous satisfaire d'une situation qui veut qu'à
l'article 80, lorsqu'il est question de l'embauche de personnel, aucune
réglementation précise n'a été
déposée par le ministre. Comme cette Assemblée nationale,
en matière de politique d'embauche, en matière de relations de
travail, est régie par des lois que l'Assemblée nationale s'est
données au cours des dernières années, je ne puis
comprendre et je ne puis accepter qu'on puisse se permettre, quelles que soient
les situations ou quels que soient les besoins de personnel de la commission de
contrôle, qu'on se lance dans de l'embauche de personnel sans respecter,
scrupuleusement et de façon très précise, la loi qui
régit l'ensemble des politiques de personne, les politiques salariales
et d'embauche que l'Assemblée nationale du Québec s'est
donné depuis quelques années déjà.
J'ai reformulé la proposition d'amendement de façon
qu'elle traduise mieux les objectifs que nous recherchions lorsque nous avons
fait état des problèmes que posait l'absence de
réglementation en ce qui a trait au paragraphe 11 de l'article 80. Les
raisons, dois-je les rappeler, M. le Président? C'est que les pouvoirs
que se donne le ministre et que la commission se donne en matière
d'embauche de personnel ne vont pas dans le sens des objectifs que le
gouvernement du Québec s'est donnés ni des règles de jeu
qu'il a établies en votant la Loi de la fonction publique. Là, on
fait référence à la loi qui a été
votée en 1965, en dépit du fait que nous avons une nouvelle loi
qui modifie celle que s'est donnée le Québec en 1965. Afin
d'éviter toute possibilité d'arbitraire, de choix
discrétionnaire, je voudrais, par l'amendement que je viens de
déposer, que la Loi de la fonction publique s'applique de façon
absolue, de façon fort précise.
On pourra me dire, M. le Président, que cela peut créer
des problèmes. Je n'en vois pas tant que cela, des problèmes.
D'abord, dans un premier temps, on sait que la commission ne se dotera pas de
tout le personnel qui lui sera nécessaire pour mener, dans le temps, son
opération de protection du territoire.
Il est facile d'imaginer, également, que parmi les premiers
membres du personnel que la commission va se donner, nous allons trouver
des
gens qui sont déjà à l'intérieur de la
fonction publique et qui ont leur permanence. La commission de contrôle
du territoire agricole va pouvoir lancer ses opérations à partir
de choix, de nominations qui seront faites à partir d'une
situation de fait, soit l'appel lancé au ministère de
l'Agriculture ou à d'autres ministères de personnes qui
ont des qualifications, qui ont une expérience, qui ont une
compétence qui va dans le sens des besoins qu'aurait la commission en
matière de personnel qualifié. C'est pourquoi je crois que mon
amendement doit être reçu par la commission parlementaire et doit
s'inscrire dans la loi, parce que l'adoption ou l'acceptation d'un tel
amendement ne poserait aucun problème, à mon sens, quant aux
besoins de personnel qu'aurait la commission au cours de ses premiers mois
d'opération.
Sans doute, d'autres de mes collègues seraient désireux
d'intervenir. Je vois des gens qui demandent un droit de parole, M. le
Président. Je vais, à ce moment, permettre à mes
collègues d'intervenir. Déjà, une personne...
Une Voix: Vous allez revenir? M. Giasson: Oui, j'ai 20
minutes.
M. Chevrette: Je voudrais remercier le député de
Montmagny-L'Islet officiellement, au nom de mes collègues et de mes
confrères, pour le tissu de contradictions qui existe entre lui et son
homologue de Portneuf, puisqu'il vient...
M. Giasson: Pourriez-vous préciser? L'accusation est trop
facile.
M. Chevrette: Oui, je vais le faire, M. le député.
Je n'avance ordinairement rien sans le prouver.
M. Giasson: ... est facile chez vous.
M. Chevrette: Oui, surtout devant l'arrogance. M. le
Président, tantôt, c'était seulement des amis du
régime et des amis du pouvoir qui devaient être nommés.
Là, c'est rendu des fonctionnaires qui ont déjà leur
permanence. Pas si mal! Cela évolue au fur et à mesure qu'on les
écoute. A force...
M. Giasson: Non, je dois avouer, si vous me le permettez, M. le
député, que je ne comprends pas le...
M. Chevrette: Je vais vous expliquer. Je comprends que vous avez
peut-être besoin d'explications aussi.
M. Giasson: Oui. M. Pagé: Suffisance!
M. Chevrette: Je tiens cela de vous. On s'adapte aux gens avec
lesquels on a à jaser. Mais ce que je voulais dire, M. le
Président, c'est que tantôt, on nous accusait de vouloir engager
uniquement des amis du système.
M. Pagé: Non.
M. Giasson: Règlement, M. le Président. Je n'ai
jamais dit qu'on voulait absolument engager. J'ai dit qu'il y avait une
possibilité, un danger de favoritisme...
M. Pagé: Ah, c'est différent!
M. Giasson: ... tout en reconnaissant que la commission pouvait
s'adjoindre du personnel qui est déjà à l'intérieur
de la fonction publique.
M. Chevrette: M. le député de Montmagny-L'Islet,
vous n'êtes pas le seul à intervenir dans cette commission.
M. Giasson: Je fais appel au règlement pour rectifier les
faits, à la suite de vos dernières déclarations.
M. Chevrette: J'ai écouté ce qui s'est dit de votre
côté. Vous n'êtes pas le seul à parler de votre
côté. On a même fait venir quelqu'un pour vous prêter
secours pour "filibuster" plus longtemps. Mais ce que je veux expliquer, c'est
que vous reconnaissez qu'il peut y avoir des types de spécialités
de travailleurs dans une commission qui est complètement nouvelle, avec
des rôles complètement neufs qui n'existaient pas avant. Donc,
c'est bien évident qu'il y aura à définir les types ou les
catégories de personnel qu'il doit y avoir dans une commission du genre.
(21 h 15)
On doit, en vertu du caractère particulier que représente
la loi sur la protection des sols, parce qu'on a effectué un gel... Je
ne pense pas que l'Opposition serait d'accord pour qu'on gèle tellement
longtemps certains millieux. S'il fallait se contraindre à respecter
intégralement les délais prévus dans les concours de la
fonction publique avant de dégeler certains coins, je pense que tout le
monde crierait au meurtre. Il faut être cohérent dans ce qu'on dit
et quand on a quelque chose à dire ici, même si c'est une
commission parlementaire, qu'il est 21 h 25 et qu'on veut tuer le temps
jusqu'à 23 heures avant de débouler ou quelque chose du genre; on
a déjà vu cela, il n'est pas besoin d'avoir six ans ou huit ans
de vie publique, d'être imbu de suffisance et d'arrogance pour
détecter certains jeux, mais il y a des limites à essayer de nous
faire croire qu'il n'y a pas de particularités qui se rattachent
à l'adoption d'une loi.
Je veux bien jouer le jeu du parlementarisme, je veux bien entendre des
paquets d'envolées, mais je voudrais quand même que, quant
à "filibuster", on sorte quelque chose qui est cohérent, quelque
chose qui a de l'allure et quelque chose qui cadre avec la
réalité de la législation.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Joliette-Montcalm. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président. Ce n'est pas notre objectif d'entreprendre ce qu'on
qualifie, dans le parlementarisme britannique, un "filibuster", dans le
cas de ce dossier. Au contraire, M. le Président, nos remarques se sont
toujours voulues pertinentes et empreintes d'un seul objectif qui était
celui de bonifier ce projet de loi.
M. le Président, l'amendement proposé par mon
collègue de Montmagny-L'Islet vise à faire en sorte que le
gouvernement s'astreigne, que le ministère de l'Agriculture, que la
nouvelle commission qui sera créée par le projet de loi 90
s'astreignent purement et simplement, comme les autres sociétés,
commissions, régies entre autres, c'est le cas de la Régie
de l'assurance automobile, qui a dû intervenir dans des délais
quand même assez brefs; un peu comme ce sera le cas pour la commission...
M. le Président, je ne vois pas en quoi le gouvernement peut plaider que
la commission aura droit à des modifications, à des exclusions,
à des exemptions à l'égard de la Loi de la fonction
publique et des conventions collectives qui s'appliquent.
M. le Président, cela a été très bien
résumé, très bien exposé par mon collègue de
Montmagny-L'Islet. Je demande encore une fois au ministre celui-ci n'a
pas voulu répondre tout à l'heure comment il peut
expliquer que la commission ne puisse pas se prévaloir de l'embauche du
personnel à titre occasionnel, si elle en a besoin. Le ministre et le
député de Joliette-Montcalm ont ajouté, tout à
l'heure, qu'il était non seulement possible, mais même probable
que des fonctionnaires, actuellement en poste au gouvernement du Québec,
soit au ministère de l'Agriculture ou dans un autre ministère,
qui avaient le statut d'employés permanents, pourraient être
mutés ou affectés temporairement à la nouvelle commission,
afin de remplir les tâches qui s'imposeront. La déclaration du
ministre indique que la nouvelle commission pourra avoir du personnel
dès le début de son existence. Si on constate que, par
surcroît, la nouvelle commission pourrait s'adjoindre du personnel
occasionnel, comme c'est le cas, comme c'est légal, comme c'est
possible, en vertu des lois qui régissent l'embauche dans la fonction
publique au Québec, le gouvernement n'a pas à se soustraire
à l'application générale de la loi. Vous savez, les
exclusions créent des précédents et, avec des
précédents, il y a un danger, c'est que ce soit
réitéré, que ce soit répété dans
d'autres cas. Le danger, dans ce cas, c'est qu'en mettant de côté
les normes, règlements et lois de la fonction publique... Je suis
d'accord quand le ministre nous dit: C'est seulement pour une question de
délais. Il n'est pas besoin de délais, de publication d'avis, de
ceci ou de cela pour engager une personne occasionnelle, il n'est pas besoin de
délais indus pour faire une mutation ou une affectation. Je ne vois pas
en quoi, M. le Président, le ministre pourrait se retrancher
derrière l'argumentation et soutenir qu'il a absolument besoin de cela
pour mettre de côté le problème inhérent aux
délais. (21 h 30)
Le problème des délais, il peut facilement passer à
côté par l'embauche de personnel per- manent, Dieu sait
s'il y en a de disponible par l'embauche de personnel occasionnel
où on n'a pas de concours, de ci et de ça, et de publication dans
les journaux. Une fois que ces employés seront embauchés et en
poste, une fois que la commission voguera de sa propre voile, la commission ou
le gouvernement pourra établir un concours sous l'égide de
l'Office de recrutement de la fonction publique qui existera à partir de
janvier prochain en vertu de la loi 50 et y aller régulièrement,
purement et simplement.
On est justifié aujourd'hui de craindre le patronage, M. le
Président, on en a vu jusqu'à ce jour depuis le 15 novembre et on
en a vu beaucoup, à plusieurs reprises. Lequel souscrit de l'autre
côté? Le député de Kamouraska-Témiscouata,
celui qui ajoute une contribution non seulement utile, mais nécessaire
au débat.
M. Gagnon: Pour une fois, M. le député de Portneuf,
je suis d'accord avec vous; vous avez vu du patronage dans votre temps.
M. Pagé: Vous êtes le premier député
qui va se faire battre.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, M. le
député de Champlain.
M. Pagé: Oui, rappelez-le à l'ordre, M. le
Président.
M. le Président, ce n'est pas un "filibuster", je vais être
bref. Que le gouvernement soit conséquent envers lui-même, que le
gouvernement respecte les propres lois qu'il a adoptées. Le gouvernement
n'a pas besoin de cette mesure d'exception. Le gouvernement, par la voix du
ministre de l'Agriculture, allègue strictement que c'est pour mettre de
côté les délais. Il n'y a pas de délai si la
nouvelle commission embauche du personnel permanent suite à des
mutations ou de nouvelles affectations et embauche des occasionnels.
Cet article devrait être adopté si les
députés comprennent quelque chose de l'autre côté;
on est en droit de se le demander parfois, mais j'ai encore un doute qui leur
est favorable.
M. Baril: ...
M. Pagé: De quel comté êtes-vous? M. le
Président, il joue un rôle tellement inutile...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M.
Pagé: Le député d'où? D'Arthabaska?
M. Baril: Question de règlement, M. le Président.
Je ne me laisserai pas charrier à tort et à travers par un
"christi" de baveux comme cela; ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska...
M. Baril: II vient dire qu'il ne sait pas où je reste et
tout à l'heure, il l'a dit lui-même.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska...
M. Baril: S'il n'est ici que pour causer du désordre, cela
ne marchera pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska!
M. Baril: Quand il vient dire que je suis un agriculteur... je
n'ai pas eu l'avantage d'être un avocat ou de me faire instruire; par
contre, je suis capable d'exprimer ce que je pense, je n'ai pas besoin
d'instruction.
M. Pagé: Je n'ai pas parlé de cela.
M. Baril: On nous bafoue, on vient nous dire: Vous êtes
n'importe qui, que faites-vous là?
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement. Ce n'est pas une question de "bafouage"...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Garon: On sait que le député de Portneuf
méprise l'agriculteur.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: M. le Président, ce n'est pas une question
de "bafouage"...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre ou je suspends la
séance.
M. le député d'Arthabaska, je vous demanderais de
consulter l'article 99, paragraphe 8.
M. Baril: Vous devriez passer votre règlement au
député de Portneuf, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Envoyez-lui un mouchoir de dentelles...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, avez-vous terminé votre intervention?
M. Pagé: Non, M. le Président, j'en étais
à terminer. Vous savez, je n'ai pas du tout l'intention et vous
me connaissez assez, M. le Président de bafouer qui que ce soit;
je voudrais que ce soit dans un climat serein.
Je vous ai expliqué et vous avez pris bonne note des motifs pour
lesquels je suis ici ce soir, c'est comme responsable des dossiers de la
fonction publique. Je ne suis pas du tout intéressé et
c'était là le sens de mes remarques à ce que le
ministre de l'Agriculture, par des mesures exceptionnelles, mette de
côté les lois qui régissent l'embauche du personnel, la loi
de la fonction publique, la loi 50 qui modifiait la loi 65.
Je voudrais faire amende honorable auprès de mon collègue
de Arthabaska si j'ai dit qu'il jouait un rôle inutile ici, M. le
Président. Ce n'est pas compliqué, je ne voulais pas l'insulter
et loin de moi l'intention de le bafouer; c'est tout simplement qu'on ne le
voit pas souvent intervenir dans les débats à l'Assemblée
nationale...
M. Baril: Je n'interviens pas pour rien, moi.
M. Pagé: Cela paraît parce que vous n'intervenez pas
souvent, mais vous devriez intervenir plus souvent.
M. Baril: Quand je parle, je parle pour dire quelque chose, je ne
parle pas pour passer le temps.
M. Pagé: M. le Président, demandez-lui donc
d'être plus poli. Je suis très serein, je suis calme, je suis
posé, je suis poli, je lui ferai...
Une Voix: Le député de Portneuf exagère.
Le Président (M. Boucher): Vous avez terminé, M. le
député de Portneuf?
M. Pagé: Je termine là-dessus parce que...
M. Baril: Vous pourrez relever tous les discours que j'ai faits
quand tu étais dans l'Opposition.
Le Président (M. Boucher): Je vous demanderais, M. le
député de Portneuf...
M. Pagé: Demandez-le à lui, c'est lui qui
m'interrompt et c'est moi qui ai la parole. Vous me le demandez, je suis le
règlement et je vais vous écouter.
Le Président (M. Boucher): Si vous terminez, terminez dans
la pertinence du débat.
M. Pagé: Je vais terminer dans la pertinence du
débat, M. le Président, en demandant au ministre d'accepter
l'amendement présenté par mon collègue de
Montmagny-L'Islet.
Je dirai, en terminant et vous me le permettrez parce que j'ai
été attaqué personnellement que le
député d'Arthabaska, sans que je me l'explique, a fait
état d'instruction ou de choses du genre. Cela n'intervient pas dans le
débat, M. le Président, et cela ne doit pas intervenir.
M. Baril: Ne viens pas rire des autres, d'abord.
M. Pagé: J'ai tellement de respect... Demandez-lui donc,
M. le Président, de mettre de côté ses frustrations s'il en
a.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député d'Arthabaska.
M. Pagé: J'ai bien du respect pour mes collègues
péquistes même si je les attaque de front à l'occasion, et
j'ai beaucoup de respect pour mes producteurs agricoles. Ce sont eux qui m'ont
élu et je suis en étroite collaboration avec eux. Je suis en
relation constante avec eux et, entre autres, en agriculture. Même si je
suis avocat, vous n'avez pas un iota à me montrer là-dedans.
Est-ce clair?
M. Baril: Je n'en veux pas aux avocats, mais je voudrais au moins
qu'ils respectent...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Tu ne m'en montreras pas...
Le Président (M. Boucher): Je suspends cinq minutes.
Suspension de la séance à 21 h 35
Reprise de la séance à 21 h 38
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Avez-vous terminé votre intervention?
M. Pagé: Oui, M. le Président, j'ai terminé
mon intervention en demandant à mes col lègues d'adopter
l'amendement proposé par le député de
Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Boucher): Sommes-nous prêts
à voter sur l'amendement du député de
Montmagny-L'Islet?
M. Pagé: Vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): J'appelle le vote. M. Baril
(Arthabaska).
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: En faveur.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque: Contre le patronage!
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud). Il n'y est
pas.
Une Voix: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Lavoie (Laval). Il n'y est
pas.
La motion est rejetée six contre deux. Nous revenons à
l'article 80. Est-ce que l'article 80 sera adopté tel
qu'amendé?
M. Garon:... on avait proposé un amendement.
M. Giasson: M. le Président, est-ce que le ministre entend
nous faire part de la réglementation écrite? Là, il nous a
donné des indications de manière verbale, mais est-ce que vous
entendez déposer une réglementation écrite, comme vous
l'avez fait en ce qui a trait aux autres règlements qu'on retrouve
à l'article 80.
M. Garon: D'abord, il y a une chose: J'ai mis des
règlements à titre indicatif, puisqu'ils n'étaient pas...
les règlements étaient à titre indicatif, puisque leur
rédaction n'était pas terminée. Deuxièmement, ce ne
sont pas les règlements du ministère. Ce sont les
règlements qui vont venir de la commission, qui vont être
présentés au gouvernement et que le gouvernement va adopter.
Dans le cas du règlement concernant le paragraphe 11, cela va
devoir aller au Conseil du trésor, à la Fonction publique et
après cela, à partir de la commission, c'est publié dans
laGazette officielle, en vertu de l'article 81. Donc, cela va être
public; il n'y aura rien de caché là-dedans. A ce moment,
j'imagine que cela va être un règlement qui sera adopté
assez rapidement, qui sera connu de l'ensemble de la population.
M. Giasson: Je vous le demande, M. le ministre, tout simplement,
parce que vous avez manifesté, je le reconnais, un esprit d'ouverture,
en permettant aux membres de la commission, suite à des demandes qui
avaient été formulées en différentes occasions...
Vous avez déposé la réglementation qui touche à peu
près tous les autres paragraphes de l'article 80.
Je reconnais qu'un règlement quel qu'il soit, doit être
publié dans la Gazette officielle du Québec à une date
ultérieure, c'est-à-dire, après son approbation par le
gouvernement, comme tel, même si la commis-
sion suggère et propose de la réglementation pour la mise
en vigueur de la loi.
Devant cette rapidité que la commission a mise pour nous faire
connaître ces projets de réglementation... je ne veux pas dire
nécessairement que le gouvernement va accepter, adopter et approuver
tousles projets de règlements dont on a eu l'occasion de prendre
connaissance, suite aux dépôts que vous avez faits, mais cela nous
indique dans quel esprit la commission entend travailler en matière de
réglementation pour la loi 90.
A partir de cette ouverture, de cette rapidité avec laquelle la
commission a procédé en ce qui a trait aux autres
règlements, j'avais pensé, au-delà des propos tenus par
vous-même de façon verbale, que la commission aurait pu statuer
déjà sur la réglementation qui va toucher l'embauche du
personnel d'ici au 1er juillet 1979, puisque, plus loin dans la loi, soit
à l'article 113, on fait mention d'un appel à tous les
mécanismes de la Fonction publique à compter du 1er juillet
1979.
C'est dans cet esprit que je vous ai demandé...
M. Garon: On a mis le délai le plus court possible, parce
qu'on m'a dit que certaines commissions, lorsqu'elles ont été
constituées, dans certains cas, ont pris deux ans, dans d'autres cas, un
an et demi ou un an. Quant à moi, j'ai demandé que ce soit six
mois, pour que ce soit le plus court possible et que les règles de la
Fonction publique s'appliquent le plus rapidement possible. Mais si on ne veut
pas que la commission commence à fonctionner cet été, on
n'a pas le choix.
M. Giasson: Vous pouvez tout de même...
M. Garon: Je vais vous dire une chose: La Fonction publique,
à mon avis, c'est le service gouvernemental le moins efficace, c'est
long, ça prend une éternité...
M. Giasson: Etes-vous sérieux?
M. Garon: ... vous demandez quelque chose en janvier 1977, vous
n'êtes pas certain de l'avoir pour 1978. C'est long, c'est lent.
M. Giasson: Même depuis le 15 novembre 1976.
M. Garon: C'est un service extrêmement lent. Je vous le
dis, extrêmement lent, d'une lenteur à décourager le gars
le plus patient.
M. Giasson: Ce n'est pas comique.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 80 est
adopté tel qu'amendé?
M. Giasson: Sur division, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): Article 81. M. Giasson:
Adopté.
M. Garon: A l'article 81, il n'y a rien là.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Sanctions
Section VII, article 82. Il n'y a pas d'amendement à la section VII.
M. Giasson: Non, aucun à la section VII.
M. Garon: Non, sections VII et VIII... section VII,
c'est-à-dire.
Une Voix: Adopté.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet. (21 h 45)
M. Giasson: Voici que l'article 82 vient changer les
règles qui avaient toujours été reconnues de façon
traditionnelle. L'article 82 dit que la Cour supérieure peut ordonner la
radiation de tous droits, privilèges et hypothèques qui sont
créés ou qui découlent de tout acte fait en contravention
des articles 26 à 29, 55 et 70.
C'est quoi, ça? On permet à la Cour supérieure de
décider, d'ordonner la radiation de tous droits, privilèges et
hypothèques qui pourraient exister sur des biens, sur des fermes, avec
tout ce qu'elles contiennent, à l'endroit de gens qui détiennent
des privilèges, des droits plus particuliers et des hypothèques.
C'est un changement, c'est une modification profonde qu'on apporte au concept
de droit immobilier traditionnel.
Je suppose qu'un agriculteur possède une ferme sur laquelle,
à titre d'exemple, le député de Champlain détient
une créance hypothécaire. Cet agriculteur décide, selon
les prévisions de l'article 70, de vendre du sol arable venant de sa
ferme sans détenir de permis. Or, la commission découvre qu'il y
a eu vente de sol arable et cela, en quantité fort importante. Elle
oblige le propriétaire de cette ferme à remettre les lieux comme
ils étaient avant d'avoir retiré le sol arable. Le
propriétaire est insolvable et fait défaut de remettre la ferme
dans les conditions qu'elle était avant qu'il décide de vendre du
sol arable.
Qu'est-ce qu'il reste comme possibilité pour remettre cette ferme
dans les conditions qu'elle était avant que le propriétaire
enlève la couche arable? Qu'est-ce qu'il reste comme possibilité?
De quelle façon les créances hypothécaires... J'ai pris
comme exemple les créances hypothécaires du député
de Champlain qui peuvent être protégées si la Cour
supérieure pouvait ordonner la radiation de ses droits de
créancier hypothécaire, surtout si l'on tient compte que, dans un
autre article, le gouvernement a le privilège un privilège
qui suit immédiatement après les obligations envers le
ministère de la Justice, sauf erreur c'est cela? détient
le premier privilège avant tout autre privilège ou tout autre
créance qui pourrait exister sur les biens qui sont concernés par
une infraction qui pourrait être faite en vertu soit des articles 26, 27,
28, 29, 55 ou 70.
Nous avons eu l'occasion, je pense, d'avoir une discussion intime
après l'ajournement de nos travaux hier soir ou la veille
mais le problème demeure entier, selon moi, à l'égard de
ceux qui détenaient des garanties sur des biens, sur des entreprises
agricoles pour lesquelles le propriétaire fait défaut de
respecter les dispositions de l'article 26 à 29 inclusivement ainsi que
de l'article 55 et 70. Si nous avons affaire à un propriétaire
qui a encore des biens, qui est solvable, il y a toujours espoir que les
coûts émanant d'une remise en état des conditions qui
existaient auparavant puissent être assumés par le
propriétaire qui est solvable. Si nous avons affaire à quelqu'un
qui n'est pas solvable ou très peu solvable et que la commission
applique la loi dans toute sa rigueur, je crois que celui qui a des
privilèges antérieurs à ceux du gouvernement, celui qui a
des garanties, des créances hypothécaires voit ses droits, ses
créances tomber à rien dans beaucoup de cas, si le
propriétaire faisait défaut de respecter les articles que j'ai
mentionnés tout à l'heure.
Cela, c'est quelque chose de fort important et à la suite de
l'application de cette loi du territoire agricole, j'avise tous les
détenteurs de garanties, créances ou autres garanties à
surveiller de très près les fermes ou les entreprises agricoles
sur lesquelles ils détiennent de tels droits ou de telles
créances, parce qu'ils pourraient se réveiller dans des
situations telles qu'ils pourraient perdre totalement les garanties qu'ils
détenaient et qui, traditionnellement avant l'adoption de la loi 70,
étaient des garanties réelles que nous avons toujours reconnues
traditionnellement dans notre système de droit immmobilier.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le ministre.
M. Garon: Je pense que dans le cas de l'article 82 les
règles de délais du Code civil s'appliquent, les règles du
droit ordinaire. Plutôt que de créer des délais
différents, nous avons préféré ne pas mettre de
délais particuliers pour que les règles de délais du Code
civil s'appliquent.
Je pense que c'est facile à vérifier pour les gens. Les
"droits, privilèges ou hypothèques qui sont créés
ou qui découlent de tout acte fait en contravention des articles 26
à 29, 55 et 70. " II s'agit de choses qui vont avoir été
faites légalement ou illégalement et qui sont
vérifiables.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Si je prends l'exemple qu'a donné le
député de Montmagny-L'Islet, normalement, lorsqu'on fait une
transaction de ce genre, j'ai l'impression qu'on va s'informer de façon
que la transaction soit faite dans la légalité. L'article dit
bien: "tout acte fait en contravention des articles 26 à 29, 55 et 70."
Si on va en contravention de ces articles, c'est illégal. Tu le
vérifies avant de faire la transaction.
M. Giasson: S'il y a déjà une garantie, ou un droit
ou une créance hypothécaire avant l'application ou
l'entrée en vigueur de la loi?
M. Chevrette: La rétroactivité de la loi est au 9
novembre; elle n'est pas en l'an 1812.
M. Giasson: Même si la créance existait avant,
supposons qu'après le 9 novembre un propriétaire de ferme
décide de décaper tout le bon sol de sa ferme, quand vous allez
vouloir faire remettre cette ferme dans les mêmes conditions
qu'auparavant, quel recours allez-vous prendre si la personne est
insolvable?
M. Chevrette: La Cour supérieure.
M. Giasson: Dites-moi comment vous allez procéder, qui va
payer? Le gars est insolvable, il a des dettes et des créances
hypothécaires qu'il doit.
M. Garon: En fait, avec...
M. Giasson: Comment allez-vous remettre cette ferme dans les
mêmes conditions où elle était avant que le fermier fasse
le décapage et qu'il retire la couche arable?
M. Garon: II avait une garantie ou il n'en avait pas? Avait-il un
permis ou non?
M. Giasson: II n'avait pas de permis puisque c'est
illégal; s'il avait eu un permis, cela aurait été
légal.
M. Garon: II aurait pu le faire en dehors de son permis.
M. Giasson: Dans l'hypothèse où le
propriétaire d'une ferme en a retiré le sol arable après
le 9 novembre sans avoir de permis, la créance hypothécaire
existant avant, qui va faire remettre le sol dans le même état
qu'avant l'enlèvement de la couche arable? La commission? Oui, la
commission a ce pouvoir dans la loi.
M. Gagnon: C'est exactement le même problème lorsque
vous avez une créance hypothécaire; vous devez, je pense,
surveiller afin que le bien sur lequel vous avez une créance
hypothécaire ne soit pas détérioré. C'est
exactement le même problème que si je prêtais de l'argent
pour acheter une ferme et que celui qui a acheté la ferme la
détériorait. J'ai l'impression qu'il y a un droit de regard de
façon qu'elle ne soit pas détériorée.
M. Pagé: C'est un geste illégal que le
député de Montmagny-L'Islet veut mettre en relief. Votre
producteur a une créance hypothécaire qu'il a déjà
consentie à une corporation, à un individu ou autrement. Il
affecte une partie de son territoire sans permis à des fins qui ne sont
pas visés dans le projet de loi 90. Il y a une ordonnance de la
commission. La commission fait émettre une ordonnance de la Cour
supérieure en vertu de l'article 82 de façon à
rétablir le bien tel qu'il était et tel qu'il devrait
l'être. Le gars est insolvable, il n'est pas capable de payer.
Qu'arrive-t-il?
M. Gagnon: Qu'est ce qui arrive dans d'autres cas?
M. Giasson: La commission peut faire exécuter les travaux,
mais qui paie? Le gouvernement va prendre un privilège et, au moment de
vendre la ferme, le privilège a priorité sur les créances
hypothécaires.
M. Gagnon: Qu'est-ce qui arrive dans un cas où...
M. Giasson: Allez voir ce que dit l'article 84.
M. Gagnon: Qu'est-ce qui arrive dans un cas où il y a une
créance hypothécaire si l'acquéreur de la ferme la
détériore? Dans le cas présent, il détériore
le fonds de terre. Dans un autre cas, par exemple, j'ai vécu une
expérience où on détériore complètement les
bâtiments et ainsi de suite. Quand le créancier a repris sa ferme,
il a couru le risque.
M. Giasson: Mais, au moins, il demeure en premier lieu pour la
revente de cette ferme. Mais dans le cas où un jugement est rendu et
où la commission a fait exécuter les travaux, elle a un
privilège qui passe avant les hypothèques détenues. C'est
cela que j'essaie de vous faire réaliser.
M. Garon: Oui, c'est clair que, ici, à 84,
troisième alinéa: "L'enregistrement de l'avis constitue en faveur
du gouvernement un privilège à condition qu'il fasse la remise en
état."
M. Giasson: Oui...
M. Garon: S'il fait la remise en état.
M. Giasson: C'est la commission qui fait la remise en
état, premier paragraphe de 84: "Si une personne ne se conforme pas au
jugement de la Cour supérieure, la commission peut faire exécuter
les travaux nécessaires pour remettre le lot dans son état
antérieur." Et si le gars est insolvable, le gouvernement a un plein
privilège qui passe avant les créances hypothécaires; si
on vend la ferme, le fruit de la vente ne va pas aux créanciers
hypothécaires, il va au gouvernement qui a un privilège.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Pagé: Le député de Joliette-Montcalm veut
vous donner un exemple.
M. Chevrette: Je voudrais juste vous donner un exemple. Si le
propriétaire a coupé toute son érablière, c'est
marqué que la commission peut, elle n'est pas assez imbécile pour
ne pas savoir qu'elle ne pourra pas replanter les mêmes arbres sur les
mêmes souches.
M. Garon: On pourrait peut-être les recoller!
M. Chevrette: II y a une question de bon sens, comme dans
n'importe quel droit immobilier, dans des situations comparables.
M. Giasson: C'est votre interprétation, mais ce n'est pas
ce qui va arriver dans les faits et vous le savez. Autrement, la loi ne tient
plus.
M. Chevrette: Vous ne savez pas si la commission va
prendre...
M. Giasson: Autrement, ne votons pas ces articles, c'est inutile
si la commission donne l'absolution. Ces articles ont été
insérés dans la loi 90 pour des fins et des objectifs
donnés.
M. Garon: Oui, mais c'est principalement si le gars est
solvable.
M. Giasson: Oui, mais s'il ne l'est pas, vous avez un
privilège qui passe avant tous les droits, toutes les garanties, toutes
les créances. Vous avez le gros bout du bâton.
M. Chevrette: Si les chiens avaient des scies, on n'aurait plus
de poteaux.
M. Garon: Pour les réparations. S'il n'y a pas de
réparations, si la commission se rend compte que le propriétaire
est insolvable et que...
M. Giasson: Mettons-le dans la loi; si c'est là la
réalité de l'exécution qui va se faire dans ces cas
éventuels, que la loi l'indique.
M. Garon: Elle va voir la réalité.
M. Giasson: Ajoutons une disposition: Si le propriétaire
de la ferme est un insolvable.
M. Garon: La loi est là pour être
interprétée selon le bon sens, non pour lui faire dire des choses
qu'elle ne veut pas dire.
M. Giasson: Ce ne serait pas compliqué, M. le ministre,
d'ajouter une disposition en cas d'insolvabilité ou
d'incapacité.
M. Garon: C'est marqué: "La commission peut...", n'est-ce
pas? "La commission peut faire exécuter les travaux nécessaires
pour remettre le lot dans son état antérieur." Si une personne ne
se conforme pas au jugement, si le gars n'a pas un cent. C'est un peu comme si,
à un moment donné, vous aviez un jugement contre quelqu'un
pour
faire faire des travaux à ses frais; si le gars n'a pas un cent,
vous allez y penser deux fois avant de faire faire les travaux. C'est la
même chose, la commission va se servir de son jugement, de sa tête.
Si vous avez un jugement contre quelqu'un, que vous pouvez faire
exécuter contre lui, faire faire des travaux à ses frais et il
n'a pas un cent et vous avez besoin de faire faire $50 000 de travaux,
allez-vous faire faire ces travaux?
M. Chevrette: La loi interdit de tuer mais il y a quelques
tueurs; la loi dit qu'il ne faut pas voler mais il y a quelques voleurs!
M. Garon: II y a quelques années, quand je finissais mes
études en droit, quelqu'un était accusé, il avait eu une
envie soudaine, le long d'une route, il s'était arrêté pour
faire ce qu'il avait envie de faire et la police l'avait arrêté
pour exhibitionnisme. Il est arrivé devant le juge et le juge a dit;
S'il faut arrêter tous ces gars pour exhibitionnisme... C'était un
abus de droit, on interprétait la loi de façon trop stricte. Une
interprétation trop stricte de la loi, cela peut quasiment être
dangereux. La loi est faite pour être utilisée... Les têtes
des gens, ce ne sont pas des boules de Noël, elles sont faites pour s'en
servir, ce ne sont pas des décorations; elles sont faites pour
être utilisées et interpréter les lois avec bon sens.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 82 est
adopté?
M. Chevrette: Sur division. M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division? Article 83.
M. Garon: On dit: "Le jugement qui prononce la nullité
d'un acte ordonne aussi, le cas échéant remarquez bien:
"le cas échéant", au cas, s'il y a lieu que le lot soit
remis dans son état antérieur, aux frais de l'une ou l'autre des
parties à l'acte."
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Chevrette:
C'est la logique de l'autre. Le Président (M. Boucher):Sur division? M. Chevrette: Sur division! M. Garon: Sur
division!
Le Président (M. Boucher): Article 84. (22 heures)
M. Giasson: Nous avons eu l'occasion de discuter de l'article 84
au moment du débat sur l'article 82 et puisqu'il n'est pas question pour
la commission ou le gouvernement de déposséder les droits
réels qu'avaient les détenteurs de garanties de créances
hypothécaires. Je propose un amendement; c'est qu'on biffe
entièrement le troisième paragraphe de l'article 84. Cela va
aller exactement dans le sens du réalisme et du bon sens auxquels a fait
appel le ministre de l'Agriculture tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous présenter
votre amendement, M. le député?
M. Chevrette: On va t'initier à la vie agricole!
M.Giasson: M. le Président, nousaccueillonsun ministre
dont le ministre de l'Agriculture devrait subir lesexcellentsexemples.il a
reçu, avecouvertu-re d'esprit, de nombreux amendements qui ont
été déposés à sa commission parlementaire
des affaires sociales, en ce qui a trait à l'article 103.
M. Lazure: Les nouvelles circulent vite! M. Garon: On est
rendu à les compter.
M. Giasson: Le ministre des Affaires sociales a été
d'une ouverture d'esprit...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre des Affaires
sociales a donné suite à l'invitation que les membres de la
commission avaient faite au Conseil des ministres, celle de venir assister
à cette commission.
M. Giasson: Seulement, il n'était pas du nombre de ceux
que nous voulions voir à notre commission.
Le Président (M. Boucher): Nous avons le ministre
délégué au Haut-Commissariat aux loisirs, aux
sports...
M. Giasson: Lui, cela tombe bien, on a bien du "fun" et c'est le
ministre du "fun", des loisirs.
M. Garon: Le ministre du Tourisme est venu tout à
l'heure.
M. Chevrette: ... on va vous garder avec nous autres.
M. Garon: L'agriculture, c'est un secteur qui intéresse
tout le gouvernement actuel.
Le Président (M. Boucher): Sur la recevabilité de
la motion du député de Montmagny-L'Islet, que l'article 84 soit
amendé en retranchant le dernier alinéa... Le dernier paragraphe
ou le dernier alinéa?
M. Giasson: Le dernier alinéa.
M. Garon: On peut le suspendre, si vous voulez.
Le Président (M. Boucher): Nous suspendons l'article 84
ainsi que l'amendement du député de Montmagny-L'Islet. Article
85?
M. Garon: "Si une personne ne se conforme pas à une
ordonnance de la commission émise en vertu de l'article 14, le procureur
général, la commission
ou la corporation municipale où est situé ce lot, peut,
par requête, obtenir d'un juge de la Cour supérieure une
ordonnance enjoignant à cette personne de s'y conformer." C'est un bon
article.
M. Gagnon: Adopté.
M. Giasson: M. le Président, l'article 85 a justement
comme fins d'enjoindre ou d'ordonner à des gens, qui auraient
utilisé à des fins autres que l'agriculture un territoire ou un
terrain situé à l'intérieur de la zone agricole, de
dépenser des sommes d'argent et de remettre le terrain dans les
conditions où il était avant les changements; s'il s'agit de
constructions, entre autres, il faudra que ces constructions soient
démolies à la demande de la commission. Là, on vient
donner encore plus de certitude et de garanties d'exécution, parce qu'on
peut obtenir d'un juge de la Cour supérieure une ordonnance ayant pour
effet d'obliger le propriétaire ou le détenteur à tout
foutre par terre les installations qu'il aurait pu construire san savoir
respecté des fins de protection du territoire agricole,
c'est-à-dire avoir construit des bâtiments qui ne correspondaient
pas à des besoins de la ferme, dans le sens de la définition de
l'agriculture. C'est autant de phénomènes qui sont possibles:
Des Voix: Adopté.
M. Chevrette: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 85, adopté sur
division. Article 86?
M. Garon: "Le jugement du tribunal peut aussi ordonner que des
travaux soient effectués aux frais de la personne qu'il indique.
L'article 84 s'applique dans ce cas."
M. Giasson: Cela revient encore à la même situation;
si la personne est insolvable et qu'il y a des créanciers, le jugement
du tribunal pourrait dire aux créanciers: Exécutez les travaux
ou, si vous ne les faites pas, nous allons les faire exécuter et vous
allez payer la note. A défaut de payer la note, notre privilège,
on le prévoit à l'article 84, a préséance sur vos
garanties et vos droits.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon : Dans un cas de garantie hypothécaire,
admettons qu'il y a une faillite, on donnait des exemples tantôt,
qu'est-ce qui arrive des taxes qui sont impayées, des impôts
impayés, des syndics...
M. Giasson: Cela vient après le privilège que le
gouvernement prend. La seule chose qui passe avant le privilège...
M. Gagnon: Oui, mais actuellement, est-ce que c'est payé
avant la garantie hypothécaire ou après?
M. Giasson: Avant. M. Gagnon: Bon.
M. Giasson: Les taxes sont toujours rattachées aux biens
et non pas à la personne.
M. Gagnon: Et les impôts?
M. Giasson: Le créancier hypothécaire n'a pas le
choix, il fait face aux redevances de taxes et d'impôts fonciers.
M. Gagnon: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Le privilège, cela ressemble
étrangement à une faillite dans l'entreprise. Les salariés
sont les premiers payés. Quand la commission cherche
éventuellement à faire les travaux, c'est parce que l'objectif
même de la commission, c'est la rentabilité du sol arable. Si on a
un beau coin de terre qui a été décapé, on sait
qu'il peut être replacé dans une situation normale, il peut
devenir une terre rentable. Cela n'élimine pas les autres. Cela ne fait
que fixer le privilège premier.
M. Giasson: Pas de problème. Mais vous indiquez que les
individus, les corporations ou les institutions au Québec qui ont des
garanties, des droits sur des biens agricoles devront surveiller les
propriétaires, même si cette créance, ces droits existaient
avant le 9 novembre. A moins qu'on retire le privilège en faveur du
gouvernement, tel que spécifié à l'article 84. Il n'y a
pas de droit acquis pour les créances et les droits.
M. Chevrette: Ils vont surveiller leurs gars.
M. Giasson: II n'y a pas de droit acquis là-dedans.
M. Chevrette: Ils vont changer les formules de prêt. Ils
vont les adapter à la loi.
M. Giasson: Vous ne pouvez pas. Vous venez toujours après
le privilège du gouvernement. Il n'y aura pas de possibilité
d'avoir des droits ou des créances qui sont en avant.
M. Chevrette: Ce que je veux dire, c'est qu'ils vont aussi
essayer de lier le...
M. Giasson: Je ne vous dis pas qu'on doive renoncer à
l'objectif, mais il faut tout de même que ceux qui détiennent des
garanties et des droits sur des fermes surveillent leur affaire, parce que les
règles du jeu ne seront plus les mêmes.
M. Gagnon: C'est normal.
M. Giasson: ... de par certaines dispositions de la loi 90.
M. Gagnon: Vous conviendrez que c'est normal. Si vous avez un
crédit agricole sur votre ferme, avant de faire une transaction
quelconque qui pourrait réduire la valeur de la ferme, vous êtes
obligé de demander la permission à l'Office du crédit
agricole. Ils surveillent à ce point-là.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 86 est
adopté?
M. Giasson: Adopté, M. le Président. Une Voix:
Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 87.
M. Garon: "Est coupable d'une infraction la personne qui: "1o
contrevient à la présente loi ou aux règlements; 2o
sciemment gêne ou induit en erreur une personne habilitée à
faire enquête en vertu de la présente loi ou lui donne une fausse
information; ou "3o entrave l'application de la présente loi,
n'obtempère pas à une ordonnance de la commission ou refuse de
respecter l'une de ses décisions".
C'est un article normal.
M. Giasson: C'est un article normal mais, là encore, il va
falloir que tout le monde qui est partie à des transactions ou à
des opérations de mutation, d'aliénation, de transfert de
propriété soit sur ses gardes. Si, par oubli, un professionnel,
tel un notaire, oubliait le contenu de la loi 90, ou encore d'autres
professionnels qui interviennent sur des biens agricoles à
l'intérieur de la zone, il faudrait que ces gens-là aient
toujours à l'esprit l'existence de la loi 90, parce qu'ils peuvent poser
des gestes qui vont à rencontre de certaines dispositions et entravent
l'application de la loi de manière fondée. A ce moment-là,
ils sont coupables d'une infraction, tout autant que le propriétaire,
l'acquéreur, le vendeur, etc.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Garon:
Attendez un peu.
Le Président (M. Boucher): Sur division? M. le
ministre.
M. Garon: Quand on dit "sciemment", à deuxièmement,
ce n'est pas par erreur. C'est pour montrer qu'il y avait une intention
coupable, qu'il le faisait avec connaissance de cause et non pas par
distraction ou ignorance.
M. Giasson: Par distraction ou ignorance, vous voyez cela
où, dans l'article 87?
M. Garon: Ce n'est pas par ignorance.
M. Giasson: Ce n'est pas précisé, dans la loi.
M. Garon: Sciemment, gêne ou induit en erreur, trompe, un
peu comme vos gars faisaient dans les trois derniers jours de la campagne
électorale.
M. Giasson: Comme le PQ, comme le Parti québécois a
fait, au cours de la dernière campagne.
M. Garon: Ils disaient que le monde crèverait de faim si
on prenait le pouvoir.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît. Article
87, adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 88?
M. Garon: "Une personne qui accomplit ou omet d'accomplir quelque
chose en vue d'aider une personne à commettre une infraction à la
présente loi, ou qui conseille à une personne de commettre une
infraction, l'y encourage ou l'y incite est elle-même partie à
l'infraction."
M. Giasson: Là encore, vous présumez qu'il s'agit
d'une personne qui poserait des gestes, qui conseillerait, encouragerait ou
inciterait quelqu'un à commettre une infraction. Il y a des gens qui le
font de bonne foi, sciemment. On laisse le bénéfice du doute
à celui qui...
M. Garon: C'est un article qu'on retrouve dans toutes les lois
pénales.
M. Giasson: Pourquoi n'avez-vous pas ajouté
"sciemment"?
M. Garon: C'est parce que c'est évident. C'est "en vue
d'aider "ou" qui conseille de commettre une infraction." Cela va de soi. C'est
un article régulier qu'on retrouve dans ces lois-là.
M. Giasson: Cela ne poserait pas de problème de l'inclure,
je pense.
M. Garon: Cela ne donnerait rien. Le législateur ne parle
jamais pour ne rien dire. Cela ne donnerait rien de plus. Je vois que le
député de Huntingdon s'en trouve bien.
M. Dubois: Pardon? Cela va bien, oui.
M. Garon: II mange des pommes et la tentation lui vient par
surcroît.
M. Dubois: Tout arrive par surcroît. Continuez et
n'arrêtez pas le projet de loi.
M. Garon: C'est comme dans le paradis terrestre.
M. Dubois: Là, vous retardez les procédures. Pomme
défendue.
Une Voix: Adopté.
M. Giasson: Je viens de discuter de l'utilité d'ajouter le
terme "sciemment". J'en fais une motion d'amendement: Que l'article 88 soit
amendé en ajoutant à la première et à la
troisième ligne, après le mot "qui", le mot "sciemment". Cela se
lirait comme suit: "Une personne qui, sciemment, accomplit ou omet d'accomplir
quelque chose en vue d'aider une personne à commettre une infraction
à la présente loi ou qui, sciemment, conseille à une
personne de commettre une infraction, l'y encourage ou l'y incite, est
elle-même partie à l'infraction."
M. Garon: On va l'accepter. Après "qui", "sciemment".
M. Giasson: Oui.
M. Garon: On l'avait mis et les experts en législation
l'ont enlevé parce que cela veut dire la même chose. Cela ne sert
à rien de le mettre.
Le Président (M. Boucher): Cet amendement est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): II se lit comme suit: "Que
l'article 88 soit amendé en ajoutant à la première ligne
et à la troisième ligne, après le mot "qui" le mot
"sciemment".
M. Garon: Non, parce qu'on a pris nous-mêmes, dans les
discussions avec les gens qui sont venus, les bonnes idées qui ont
été soumises. Vous y avez contribué en posant des
questions. On les inclut dans nos amendements. Vous ne pouvez pas dire que vous
avez proposé seulement deux amendements parce que, comme j'étais
le premier qui proposais l'amendement, il y a des amendements qui
étaient une contribution des discussions que nous avons eues ensemble
avec les gens qui sont venus devant nous et je l'ai même souligné
à un moment donné. J'ai dit, je me le rappelle, que des
faiblesses de la loi avaient été révélées
par des discussions avec le député de Laval. Alors, je pense que
les amendements viennent d'un travail d'équipe.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 88 est adopté
tel qu'amendé?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 89?
M. Garon: "Lorsqu'une personne morale commet une infraction
à la présente loi, tout administrateur, dirigeant, fonctionnaire,
employé ou préposé de cette personne morale qui a prescrit
ou autorisé l'accomplissement de l'infraction ou qui y a consenti est
réputé être partie à l'infraction et est passible de
la peine prévue à l'article 90 pour les personnes physiques?
Une Voix: Est-ce qu'on va ajouter "sciemment"? (22 h 15)
M. Garon: Non, c'est différent. Cela n'a pas de bon
sens.
M. Giasson: A l'article 89, ajouter à la troisième
ligne de l'article, après "qui", le mot "sciemment".
C'est-à-dire: "Tout administrateur, dirigeant, fonctionnaire,
employé ou préposé de cette personne morale qui,
sciemment, a prescrit ou autorisé l'accomplissement d'une infraction ou
qui y a consenti est réputé être partie à
l'infraction et est passible de la peine prévue à l'article 90
pour les personnes physiques". Je n'ai pas lu l'article 90. D'accord. Cela fait
référence à l'article 90, contrairement à l'article
88.
Le Président (M. Boucher): L'amendement du
député de Montmagny-L'Islet à l'effet que l'article 89
soit amendé en ajoutant à la troisième ligne, après
le mot "qui", le mot "sciemment" est-il adopté?
M. Garon: Je suis étonné que le
député de Montmagny-L'Islet se laisse influencer à ce
point par l'ex-député de Saint-Jean.
M. Giasson: Non, M. le Président. J'ai une
précision à apporter. C'est que je croyais au
départ...
Le Président (M. Boucher): J'aimerais être
informé sur la recevabilité d'un tel amendement, étant
donné qu'un amendement qui n'apporte rien de neuf ne peut être
reçu.
M. Giasson: M. le Président, j'ai proposé un
amendement et je crois qu'il est recevable à partir de
l'énoncé qu'a fait tout à l'heure le ministre de
l'Agriculture au moment où il a décidé d'accepter un
amendement que j'ai proposé à l'article 88. Je considère
que si une personne pose un geste au nom d'une personne morale il ne
s'agit plus d'un individu, mais d'une personne morale si elle le fait de
façon connue, en pleine connaissance de cause, on pourrait indiquer
"sciemment". Si par hasard il arrivait que sans mauvaise volonté, par
ignorance, par méconnaissance, elle posait un geste, le terme
"sciemment" prendrait
toute sa signification si on l'insérait dans l'article 89.
M. Garon: On ne peut pas faire cela à l'article 89, parce
que là on ferait du mauvais droit. Comme cette loi est partie pour
être un modèle, on ne peut pas...
M. Chevrette: Sur la recevabilité, M. le Président,
il est vraiment irrecevable. D'abord, il y a un principe fondamental en droit,
que la méconnaissance d'une loi ne crée pas un droit.
Deuxièmement, on dit bien: Une personne qui commet une infraction. Donc,
il faut qu'elle soit reconnue coupable de l'infraction pour avoir à
payer les amendes qui viennent après. Il fera sa preuve du "sciemment"
au niveau de la preuve avant le jugement. Mais l'article qui est là,
c'est au niveau du jugement que prévoit... C'est complètement
irrecevable.
Le Président (M. Boucher): II m'apparaît donc que
l'amendement n'apporte rien de plus au texte actuel. S'il n'y a rien, si cela
n'apporte rien de nouveau, c'est irrecevable.
M. Giasson: Toute la science de notre président pour
statuer.
Le Président (M. Boucher): Ce ne sera pas long. Je ne
taponnerai pas avec cela, moi.
M. Giasson: M. le Président, vous avez rendu votre
décision. Dois-je vous indiquer que je suis estomaqué, pour ne
pas dire ébloui, par la qualité du jugement que vous venez de
rendre?
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. Article 89, adopté?
Une Voix: Adopté sur division.
M. Garon: Si en plus on est en train de suivre la
jurisprudence!
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je laisse cela à l'appréciation de
votre jugement, au jugement de la présidence.
M. Garon: De nos lecteurs.
Le Président (M. Boucher): Je présume que c'est sur
division. Article 90.
M. Garon: Article 90...
M. Giasson: Remarquez bien que la dernière sentence vaut
celle que vous avez donnée précédemment.
Le Président (M. Boucher): On va passer la nuit...
M. Garon: "Une personne qui commet une infraction est passible,
en outre du paiement des frais: 1° pour une première infraction,
d'une amende d'au moins $200 et d'au plus $5000 dans le cas d'une personne
physique, et, à défaut de paiement, d'un emprisonnement d'au plus
trois mois, et, dans le cas d'une personne morale, d'une amende d'au moins $600
et d'au plus $30 000; 2° pour toute récidive dans les deux ans,
d'une amende d'au moins $400 et d'au plus $10 000 dans le cas d'une personne
physique, et, à défaut de paiement, d'un emprisonnement d'au plus
six mois, et, dans le cas d'une personne morale, d'une amende d'au moins $1200
et d'au plus $60 000."
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, à l'article 90, pour
ce qui est de l'évaluation de l'amende minimale qui est imposée,
je la trouve assez faible. Voici que quelqu'un qui ne respecte pas les
dispositions de la Loi sur la protection du territoire agricole, l'amende
minimale est seulement de $200. Cela ne me paraît pas élevé
et ce, en fonction d'autres lois que nous avons au Québec. Là,
nous avons une infraction qui serait commise par quelqu'un dans
l'hypothèse où il serait reconnu coupable de cette infraction,
quelqu'un qui n'a pas respecté la protection du territoire agricole,
parce que toutes les fins que poursuit la loi sont la protection du territoire
agricole. Lorsqu'on examine cela en fonction d'autres lois que nous avons au
Québec et que nous examinons les barèmes applicables pour les
pénalités minimales ou maximales, il me paraît que l'amende
minimale est assez faible surtout si on compare cela à la Loi sur la
protection de la faune, loi qui voudrait, par exemple, qu'un individu qui
transporte une carabine dans son véhicule, non pas dans le coffre
arrière, mais sur le siège arrière, il n'y a aucune
infraction à la loi de la faune, il n'a pas abattu de gibier, mais par
le fait d'avoir placé une carabine sur le siège arrière de
son véhicule, au lieu de la placer dans le coffre, la loi prévoit
une amende minimale de $300. Les juges, les tribunaux, n'ont pas le choix.
Lorsque la personne accusée reconnaît que, effectivement, elle a
placé une carabine à l'intérieur du véhicule et non
pas dans le coffre, ou encore que preuve est faite devant le tribunal,
même si l'accusé ne reconnaît pas l'acte d'accusation, la
personne n'a aucun autre chef d'accusation, on ne l'accuse pas d'avoir abattu
du gibier en temps prohibé ou toute autre accusation,
immédiatement, le tribunal, en vertu d'une loi qui établit
l'amende minimale à $300, doit condamner l'accusé à payer
$300.
Face à une telle disposition qu'on retrouve dans la loi à
laquelle je fais référence, il me paraît que l'amende
minimale de $200 n'est pas tellement élevée. On peut aller exiger
une amende minimale de $300 à un vrai pauvre. Ici, cela va s'adresser
à des personnes qui ne doivent tout de même pas faire partie de la
catégorie des pauvres, surtout pas de nos jours, parce qu'on parle de
sol
arable. Si on veut garder une espèce de proportion...
M. Garon: La raison pour laquelle cela a été fait
ainsi, pour les infractions, c'est parce qu'il peut y avoir toutes sortes
d'infractions commises à cette loi. Il peut y avoir de petites, de
grosses et de moyennes infractions. Ce qui arrive, c'est que si le minimum de
pénalité est trop bas...
M. Giasson: II n'est pas trop bas. Je demande qu'il soit plus
élevé.
M. Garon: C'est cela. Si vous le trouvez trop bas...
M. Giasson: Pour garder une espèce de proportion entre
d'autres législations...
M. Garon: ... si on le mettait beaucoup plus haut, par exemple,
à ce moment, on pourrait en arriver, le juge pourrait être
forcé d'imposer une amende minimale trop haute pour une petite
infraction. Il y a toutes sortes d'infractions possibles en vertu de cette loi.
Il y en a de toutes les catégories: des grosses et des petites. Nous
espérons, à ce moment... nous avons étudié cette
loi avec le ministère de la Justice pour que le juge ne soit pas
encarcané à donner une trop grosse punition à un homme
pauvre qui a commis une petite infraction et une trop petite à un homme
qui en a commis une grosse.
M. Giasson: Alors, vous abordez...
M. Garon: On a voulu mettre un écart assez large: $200 et
$5000, par exemple, $600 et $30 000. Tout ce qu'on espère, c'est que les
juges vont se servir de leur tête et vont imposer des amendes qui vont
aller avec l'importance de l'infraction, qu'ils vont tenir compte de la
gravité de l'infraction pour mesurer la peine à imposer, l'amende
à imposer.
M. Giasson: On va tenir compte de l'état de richesse ou de
pauvreté pour un...
M. Garon: Non, de l'infraction.
M. Giasson: Une infraction qui comporte la même
dérogation à l'endroit de la loi 90.
M. Garon: Cela pourrait être une façon de faire pour
le juge.
M. Giasson: Etes-vous sérieux?
M. Garon: Le juge pourra pondérer et c'est ce qu'il fait
actuellement. Vous savez, il y a eu dans le passé j'espère
que cela ne se perpétuera pas trop de gens qui ont pensé
que quand un gars volait $1 pour nourrir sa famille, c'était un bandit,
mais quand il volait $100 000, c'était un financier. Il serait bon,
peut-être, que les gens pondèrent. Je me rappelle être
allé au palais de justice et j'attendais mon tour, pas pour
comparaître, mais comme avocat. Il y avait une pauvre femme qui
comparaissait...
M. Giasson: Vous étiez là comme
défenseur?
M. Garon: Non, j'attendais mon tour comme avocat. Une pauvre
femme qui était accusée d'avoir fait du vol à
l'étalage. C'était la semaine qui précédait
Noël, elle n'avait pas d'argent et elle avait volé deux ou trois
petits objets de quelques dollars pour ses petits enfants pour lesquels elle
n'avait pas le moyen d'acheter des cadeaux et elle voulait leur donner un
cadeau pour Noël. Alors, le juge avait dit: Combien de temps avez-vous
passé en prison? Cela, c'est authentique. Elle a dit: J'ai passé
la matinée. Il a dit: Je vous condamne au temps que vous avez fait
pendant la matinée. Il s'est servi de sa tête. Elle n'avait pas
fait grand mal. C'était un cas humain. Alors, il fallait en tenir
compte. Je pense qu'il y a des cas comme cela dont il faut tenir compte. Dans
des cas d'infraction, il va falloir tenir compte de la situation des gens, d'un
ensemble de facteurs. Je pense qu'il faut appliquer la justice avec... c'est le
juge Robert Cliche qui disait: Un bon juge, c'est 10% de connaissance du droit,
90% de bon sens et de psychologie. Je pense que c'est vrai. Un bon juge, je
dirais peut-être, c'est 5% de connaissance du droit et 95% de bon sens et
de psychologie et de connaissance des comportements humains. Nous souhaitons
que les juges qui sont en fonction aient été nommés pour
leurs talents, non pas d'organisateur politique, mais leurs talents de bon
jugement et qu'ils appliquent la loi avec bon sens et avec magnanimité,
en pensant que les gens qui sont là ne sont pas des bandits
nécessairement, mais qu'ils regardent comment ils doivent être
condamnés. Il faut penser aussi que personne n'est supposé
ignorer la loi et il y a quand même des gens qui doivent la
connaître plus que d'autres.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm. (22 h 30)
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais été
ébranlé par l'argumentation du député de
Montmagny-L'Islet, parce que c'est vrai que, des fois... Je prends les
camionneurs, par exemple, qui vont payer $1100 parce que leur bois est
glacé, sauf que le ministre m'a convaincu que c'est peut-être
mieux de laisser place à l'interprétation et je remarque qu'il y
a une certaine uniformisation au niveau des amendes de plus en plus dans les
lois. Si vous regardez la loi de l'environnement ce sont les mêmes
amendes que vous retrouvez là.
M. Garon: C'est cela.
M. Chevrette: De sorte que le ministère de la Justice, je
pense, c'est lui qui suggère maintenant à différents
ministres d'uniformiser la tarification face aux infractions, et puis je pense
qu'avec les explications données on pourrait se rallier aux
chiffres qu'il y a là et faire confiance au système
judiciaire.
M. Giasson: M. le Président, le ministre de l'Agriculture
vient de discourir justement sur le système d'application des amendes et
des pénalités par les tribunaux, en donnant un exemple concret,
celui de la mère de famille qui avait fait un petit vol à
l'étalage. Mais il reste que dans les faits, c'est loin d'être
vrai que les tribunaux, pour appliquer une amende, vont tenir compte de la
capacité de payer des différentes personnes contre qui les
accusations sont portées. J'ai constaté déjà que
dans l'application de certaines lois, lorsqu'il y a une amende minimale de
déterminée dans la loi, du côté des peines et
infractions, c'est très rare que les tribunaux vont tenir compte de la
capacité de payer des accusés qui viennent devant eux. Je vais
prendre, par exemple, le cas d'un pauvre bénéficiaire d'aide
sociale qui va enfreindre la loi de la protection de la faune pour avoir
porté un fusil ou une carabine à l'intérieur de son
véhicule. Le juge n'a pas le choix, il est obligé d'appliquer
l'amende minimale, même si la personne est pauvre, lorsqu'il s'agit d'une
première offense. Dans le cas d'une personne qui est à une
première offense absolument similaire, même chef d'accusation, en
général, dans les cas que j'ai vus, pour une première
offense c'est $300, même s'il s'agit d'un millionnaire. Dans les faits,
le voeu exprimé par le ministre de l'Agriculture, ce qu'il souhaiterait
être l'idéal en matière d'administration de la justice et
de l'application de pénalités, d'amendes ou de peines; ce n'est
pas vraiment ce qui se traduit dans la réalité. Les tribunaux ont
tendance, lorsqu'il s'agit d'une première offense pour un chef
d'accusation absolument semblable, d'appliquer l'amende minimale, quels que
soient les moyens ou la capacité de payer des accusés qui sont
devant le tribunal. Je suis d'accord avec le ministre. Comment ne pas se poser
de questions sur l'application des règles de la justice lorsqu'on
applique la même règle sans tenir compte du problème que
cela peut poser à la personne qui paye l'amende. C'est plus facile,
parfois, à une personne qui est très à l'aise de payer une
amende de $500 que cela peut l'être pour une personne plus pauvre d'en
payer $100. Mais nous fonctionnons à partir du système judiciaire
que l'on s'est donné, puis tant que nous ne le modifierons pas, en
dépit...
M. Garon: ... des fais cela résonne...
M. Giasson: ... de la bonne volonté et des voeux que l'on
pourrait émettre, j'ai l'impression que nous n'aurons pas changé
grand-chose, M. le Président. Je comprends que, au-delà de la
suggestion que je faisais, de considérer la possibilité
d'augmenter l'amende minimale de $200 à $500, il peut se produire des
dérogations ou des infractions très minimes et dans ces cas
peut-être qu'une amende de $500 serait exagérée. C'est
possible. Mais même si c'est une infraction qui est assez grave, pour une
première infraction, je n'ai pas l'impression que les tribunaux, les
juges vont avoir tendance à appliquer une amende nettement plus
élevée, compte tenu des conséquences ou de l'envergure
d'un geste qui serait posé par un propriétaire de sol à
l'intérieur d'une zone agricole désignée ou
permanente.
M. Gagnon: M. le Président, pour ajouter à
l'argumentation...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: ... du député de Joliette-Montcalm,
lorsqu'il a dit que parfois les amendes étaient injustes, il a
mentionné qu'au ministère des Transports, pour une charge de
bois, par exemple, quelqu'un pouvait payer l'amende tout simplement parce que
le bois était glacé. Il faut dire que maintenant cette loi est
changée et que nous allons plutôt considérer le volume
je ne voulais que faire cette mise au point que la pesanteur du
camion. C'est essayer de faire en sorte que le juge puisse se servir un peu
plus, comme dirait le ministre de l'Agriculture, de sa tête.
M. Giasson: M. le Président, le député de
Champlain est conscient que même si on a changé les règles
de contrôle et que, au lieu d'y aller par un poids, nous y allons par une
hauteur de chargement, les amendes pour celui qui outrepasse la nouvelle
réglementation ne sont pas plus légères; elles sont
même plus fortes quand il y a un dépassement le moindrement
important.
Mais je reconnais avec vous que c'est plus facile pour un
propriétaire de véhicule qui fait du transport de contrôler
sa charge à partir du...
M. Gagnon: ... du volume... effectivement.
M. Giasson:... volume, d'une hauteur, compte tenu du nombre
d'essieux, etc., que d'y aller par le poids quand il n'y a pas de balance au
lieu de chargement ou que le poids du chargement peut être
différent en cours de route s'il y a une chaussée glacée,
enneigée, avec de la "sloche", de la "bouette", de la neige
mouillée. Ce n'est pas facile.
Le Président (M. Boucher): Article 90 adopté.
M. Gagnon: Adopté.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 91.
M. Giasson: A l'article 91 on trouve des dispositions qui,
là encore, ne me plaisent pas, parce que l'on passe outre aux
règles habituelles de la loi des poursuites sommaires. Pourquoi, M. le
Président? Est-ce que le ministre pourrait m'indiquer les raisons pour
lesquelles on prolonge d'un an les règles? On prolonge d'un an à
cinq ans des règles qui sont les règles courantes de la loi
des
poursuites sommaires. Il y a quatre ans de prolongation.
M. Garon: De deux ans à cinq ans.
M. Giasson: Mais la prescription, M. le... oui d'accord,
matériel... corporel, c'est un an?
M. Garon: Six mois.
M. Giasson: Lésions corporelles, c'est un an. Mais
pourquoi prolonge-t-on de deux ans à cinq ans.
M. Garon: Parce qu'en matière immobilière, cela
n'est pas aussi apparent.
M. Giasson: Parce que vous craignez que la commission de
contrôle ne puisse pas constater à l'intérieur des
délais habituels que l'on retrouve dans la loi des poursuites
sommaires... ne puisse pas avoir le temps d'établir les constats ou de
faire les contrôles nécessaires pour découvrir à
temps quelles seraient les dérogations ou les infractions que l'on
pourrait commettre à l'égard de la loi 90.
M. Garon: C'est cela.
M. Giasson: Mais pourquoi n'aurions-nous pas mis trois ans. Tout
de même en trois ans cela donne un laps de temps joliment long.
M. Garon: Oui, mais ce sont des poursuites sommaires. A ce moment
ce ne sont pas des... cela n'entraînera pas, comme en matière
civile, de problèmes pour les tiers et il ne faut pas que les gens se
disent vis-à-vis cette loi: pas vu, pas pris. Alors il faut se donner un
certain délai pour pouvoir voir ce qui se passe en matière
immobilière.
M. Giasson: Votre expression "pas vu, pas pris" ce n'est pas
particulier à la loi que l'on discute, monsieur le ministre. "Pas vu,
pas pris" s'applique à un tas de législations.
M. Garon: II y a une chose. Les rôles normalisés,
les rôles d'évaluation sont faits à tous les cinq ans et
à même les rôles, il va être possible de
vérifier les choses qui sont faites à tous les cinq ans.
M. Giasson: Généralement ils sont
révisés, mais ils sont refaits en totalité de cinq ans en
cinq ans.
M. Garon: C'est cela.
M. Giasson: Ils sont repris. L'évaluation est reprise en
totalité de cinq ans en cinq ans, selon les dispositions de la loi de
l'évaluation foncière.
M. Garon: Mais les rôles pourront être, de toute
façon, surveillés.
M. Giasson: Et vous comptez peut-être sur la
réfection ou la révision complète des rôles pour
découvrir des anomalies ou des cas d'infraction à la loi du
zonage agricole.
M. Garon: Entre autres, c'est un instrument.
M. Giasson: Mais en dépit de vos commentaires, M. le
ministre, j'ai l'impression que la commission de contrôle sera plus
vigilante que cela. Elle ne s'en remettra pas aux révisions des
rôles d'évaluation, surtout si vous faites appel à des gens
compétents qui possèdent les qualificatifs auxquels vous avez
fait référence lors de vos commentaires. Nous allons compter sur
un bon président, deux excellents vice-présidents et ainsi de
suite chez les autres commissaires. Cela va fonctionner.
M. Garon: Je pense que nous aurons de bonnes personnes.
Le Président (M. Boucher): 91 adopté.
M. Giasson: Un peu de violon.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Garon: Pensez-vous que je serais un bon président?
M. Giasson: Excellent président, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): 92.
M. Giasson: D'ailleurs, je vous invite à considérer
cette éventualité.
Le Président (M. Boucher): L'article 92. M.
Grenier:... peut-être pas sur l'article 92...
Le Président (M. Boucher): Si les membres y consentent, M.
le député de Mégantic-Compton.
M. Giasson: Certainement, c'est un bon garçon, le
député de Mégantic-Compton. Je n'ai pas d'objection.
Une Voix: Combien de temps lui donnez-vous?
M. Garon: Ils sont tous dans le noir aujourd'hui, les
députés de l'Union Nationale, je ne sais pas s'ils sont en deuil
de quelque chose.
M. Grenier: Pardon?
M. Garon: Ils sont dans le noir, la cravate noire, les habits
noirs.
M. Grenier: On prépare le deuil du Parti
québécois à la prochaine élection.
M. Giasson: Vous commencez de bonne heure.
M. Garon: Je pensais que c'était le deuil de l'Union
Nationale qui était commencé.
M. Grenier: Vous regarderez le résultat des sondages qui
sont sortis, vous ne parlerez plus ainsi.
M. Garon: Quel sondage?
M. Grenier: Ah! Vous êtes au courant.
M. Giasson: Allez-y donc, M. le député.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Giasson: Une primeur, vous ne venez pas souvent à la
commission de l'agriculture, passez-nous une primeur.
Le Président (M. Boucher) : Est-ce q ue vous êtes
venu nous faire part d'un sondage? Non? Alors, on est à l'article 92, M.
le député.
M. Garon: Contez-nous cela parce qu'on est en train de... Toute
poursuite relative à une infraction...
Le Président (M. Boucher): Ecoutez, nous allons suspendre
quelques minutes étant donné que M. le député de
Montmagny-L'Islet a une communication à faire.
M. Giasson: II faudrait absolument que je fasse un appel.
M. Garon: D'accord. Une Voix: Pas de problème.
Suspension de la séance à 22 h 42
Reprise de la séance à 23 heures
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous en étions à l'article 92. Est-ce que l'article
92 est adopté?
M. Lavoie: Un instant. M. Garon: Sur division? M.
Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
M. Lavoie: Comme le ministre l'a dit, c'est sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 93.
M. Lavoie: Sur division.
M. Dubois: M. le Président, à l'article 93...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je pourrais suggérer au ministre que si on
versait 50% des amendes perçues aux municipalités, cela les
inciterait peut-être à mieux surveiller l'application de la
loi.
M. Lavoie: Avez-vous un amendement?
M. Dubois: Je propose que 50% des amendes perçues soient
versées aux municipalités où on a perçu une amende.
Je pense que si on veut que le rôle municipal soit joué de plus en
plus dans l'application de cette loi...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, voulez-vous m'écrire votre amendement?
M. Garon: Cela coûte des fonds. C'est rece-vable.
M. Dubois: Cela ne touche pas au fonds. M. Garon: Bien
oui. M. Dubois: Bien non.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez l'écrire,
on va parler de la recevabilité.
M. Garon: Des revenus plus faibles pour le Québec.
M. Dubois: Toutes les amendes perçues sont versées
au fonds...
M. Garon: Cela diminue les revenus.
M. Dubois: Disons qu'il y aurait peut-être lieu d'apporter
des correctifs indiquant que... municipalité où il y a eu
litige.
Le Président (M. Boucher): L'amendement se lit ainsi: A
50%, et 50% à la municipalité. Cela s'ajoute à quoi?
M. Grenier: Cela s'ajoute à l'article actuel. Toutes les
amendes perçues sont versées au fonds consolidé à
50%, et 50% demeurent à la municipalité.
Le Président (M. Boucher): Au fonds consolidé
à 50%, et 50% à la municipalité.
M. Dubois: Où il y a eu infraction.
Le Président (M. Boucher): Où il y a eu
infraction.
M. Garon: Où a eu lieu l'infraction?
Le Président (M. Boucher): Dans laquelle a eu lieu
l'infraction.
M. Garon: Ou bien où demeure celui qui a commis
l'infraction?
M. Dubois: Dans la municipalité où il y a eu
infraction.
Le Président (M. Boucher): Dans laquelle.
M. Dubois: Dans laquelle il y a eu infraction. Ce serait une
incitation. Vous aimez cela des incitations quelquefois.
M. Grenier: Sur l'amendement qui est proposé par l'Union
Nationale, j'aimerais attirer l'attention du ministre sur ce qui est
donné là. Ce n'est peut-être pas considérable, mais
il me semble que ce serait un intérêt un peu marqué de la
part des municipalités, attirer l'attention des
municipalités...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous parlez sur la
recevabilité?
M. Grenier: Je m'excuse. Je pensais que c'était
acquis.
M. Garon: ... de l'article 93. Cela veut dire qu'on ne peut pas
toucher à cela.
Le Président (M. Boucher): C'est un article qui...
M. Grenier: II ne faut pas toucher à cela. Cela ne doit
pas nous empêcher de faire des amendements.
M. Garon: C'est un article qui est barré. Quand il y a des
petites barres, cela veut dire qu'on ne peut pas toucher à cela en
commission parlementaire.
M. Grenier: Des barres barrées.
M. Dubois: S'il n'y a pas d'amendes qui sont imposées, il
n'y a pas de fonds qui va à la province.
Le Président (M. Boucher): Toutes les amendes
perçues sont versées au fonds consolidé du revenu et vous
en faites une répartition. L'article 64 dit, au paragraphe 3:
"L'imposition d'une charge additionnelle sur les revenus publics ou sur les
contribuables". Irrecevable. Il y a un partage de deniers publics
là-dedans qui n'est pas recevable, compte tenu que n'est pas recevable
l'imposition d'une charge additionnelle sur les revenus publics ou sur les
contribuables.
M. Garon: Je dirais au député de Huntingdon, par
exemple, que c'est une excellente suggestion et je pense que,
éventuellement, il pourrait y avoir des ententes entre la commission, le
procureur, tout cela, concernant la surveillance de l'application de la loi et
à ce moment-là, dans des ententes qui vont être
prévues, une partie des amendes, l'amende au complet
peut-être...
M. Dubois: M. le Président, vous avez tranché la
question bien vite.
Le Président (M. Boucher): J'ai jugé l'amendement
irrecevable, M. le ministre. Est-ce que l'article 93 est adopté?
M. Dubois: On n'a même pas eu le temps d'en discuter.
M. Garon: Adopté.
M. Grenier: II est recevable? Ou irrecevable?
Le Président (M. Boucher): Irrecevable.
M. Garon: II n'est pas recevable, mais je pense que c'est une
excellente idée quand même.
M. Dubois: S'il n'y a pas une amende imposée, on n'affecte
pas les fonds consolidés de la province.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez, non
recevable.
M. Grenier: Est-ce que cela marche comme cela tout le temps ici?
Vous ne donnez pas la possibilité... C'est comme cela? C'est correct, on
va laisser aller comme cela, on reviendra l'année prochaine pour
corriger la loi.
Le Président (M. Boucher): A sa face même, prima
facie.
M. Grenier: Pardon?
Le Président (M. Boucher): Prima facie, le
président peut déclarer...
M. Grenier: II peut faire cela, mais il peut aussi consulter.
Le Président (M. Boucher): Oui, quand il a des doutes.
M. Grenier: Le deuxième facie, il peut consulter
aussi.
Le Président (M. Boucher): Quand il a des doutes.
M. Lavoie: On va demander la suspension, parce qu'on ne peut pas
appeler l'article 95.
Le Président (M. Boucher): L'article 94.
M. Grenier: II est barré. Il ne faut pas toucher aux
barrés.
M. Garon: II y a une petite barre...
M. Grenier: Attention, celui qui s'appelait Barré à
l'agriculture, il est mort. L'autre, il s'appelle Garon et il va
peut-être mourir lui aussi, avec sa loi.
M. Garon: II est en vie.
Le Président (M. Boucher): Article 94.
M. Lavoie: En ce qui nous concerne, sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Dispositions générales
Section VIII, article 95.
M. Garon: Section VIII, article 95, on n'a rien là-dessus?
On en a, mais pas tout de suite.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre a un amendement à
l'article 95?
M. Garon: A l'article 95, on n'a pas d'amendement. "Aucun recours
ne peut être exercé contre le gouvernement, la commission, une
corporation municipale ou un de leurs membres ou fonctionnaires, du seul fait
qu'un lot est compris dans une région agricole désignée,
dans une aire retenue pour fins de contrôle ou dans une zone agricole ou
en a été exclu, ou du seul fait qu'une autorisation ou un permis
a été accordé ou refusé en vertu de la
présente loi."
M. Lavoie: Ne croyez-vous pas, M. le ministre, qu'on doive
suspendre l'article 95 du fait que l'article 44, où nous avons
proposé un droit d'appel à la Cour provinciale...
M. Garon: Ce n'est pas la même chose. C'est un article
qu'on retrouve habituellement.
M. Lavoie: Où? A quel endroit? M. le Président, je
voudrais poser une question...
M. Garon: Ce n'est pas la même chose que le droit
d'appel.
M. Lavoie: Je vais vous poser une question. Est-ce que cela veut
dire qu'il n'y a pas de mandamus ou de quo warranta contre la commission?
M. Garon: Non, on avait vu qu'il n'y avait pas de mandamus...
M. Lavoie: A quel article?
M. Garon: On l'a vu au début, à l'article 17.
M. Lavoie: Je ne sais pas si j'étais ici lors de
l'étude de l'article 17. Le ministre a raison de rire dans sa barbe.
J'espère qu'il a été adopté...
M. Garon: Je n'ai pas de barbe. Je n'ai pas cette
coquetterie.
Le Président (M. Boucher): L'article 17 a
été adopté sur division.
M. Lavoie: Aucun recours contre la commission? Je voudrais poser
une question au ministre. On va arrêter de rigoler un peu. Disons que la
commission, pour une raison ou pour une autre et vous consulterez votre
juriste à côté de vous qu'est-ce qui arrive en vertu
des articles 17 et 95, si la commission n'applique pas la loi ou si elle
dépasse la loi? Qu'est-ce qui arrive?
M. Garon: C'est le pouvoir de surveillance. Article 33 du Code de
procédure civile, le pouvoir de surveillance de la Cour
supérieure, la "rule of law".
M. Lavoie: En vertu de quel article?
M. Garon: De l'article 33, du Code de procédure civile. Ce
n'est pas marqué là-dedans. Le pouvoir général de
surveillance de la Cour supérieure vis-à-vis des tribunaux
inférieurs, en vertu de l'article 33 du Code de procédure civile.
C'est du droit commun.
M. Lavoie: Je voudrais demander la permission à la
commission de lire l'article 17 ainsi que l'article 95.
M. Garon: Cela s'applique à tous les tribunaux
inférieurs.
M. Lavoie: Avec votre permission, on lit l'article 17: "II n'y a
lieu à aucun recours extraordinaire ni à aucune mesure
provisionnelle prévue par le Code de procédure civile contre la
commission ou ses membres agissant en leur qualité officielle. Deux
juges de la Cour d'appel peuvent, sur requête, annuler sommairement tout
bref ou toute ordonnance ou injonction délivré ou accordé
à l'encontre du présent article."
C'est encore un parapluie pour protéger la commission
contre...
M. Garon: On trouve cela dans toutes les lois, comme cela.
M. Lavoie: Et l'article 95, on va le lire ensemble: "Aucun
recours ne peut être exercé contre le gouvernement, la commission,
une corporation municipale ou un de leurs membres ou fonctionnaires, du seul
fait qu'un lot est compris dans une région agricole
désignée, dans une aire retenue pour fins de contrôle ou
dans une zone agricole, ou en est exclu, ou du seul fait qu une autorisation ou
un permis a été accordé ou refusé en vertu de la
présente loi."
Cela veut dire qu'il y a des parapluies, une protection absolue. La
commission, à mon point de vue, peut rendre n'importe quelle
décision et on ne peut pas attaquer, d'aucune façon, ses
décisions. Soit qu'elle n'applique pas la loi ou qu elle outrepasse la
loi...
M. Garon: Non, cela n'implique pas la loi. Un bref
d'évocation est toujours ouvert. Le bref d'évocation, l'article
33. Le pouvoir général de la Cour supérieure
vis-à-vis des tribunaux inférieurs. C'est le droit commun. On
n'avait pas besoin de le mettre. C'est un droit qui s'applique tout le temps,
je pense, à moins qu'il en ait été exclu de façon
expresse.
M. Lavoie: Quelle est la raison d'être des articles 17 et
95? Est-ce que vous allez attendre qu'il y ait un jugement de la Cour
suprême pour dire que votre loi n'est pas constitutionnelle, avec ces
articles?
M. Garon: Elle est constitutionnelle. Il n'y a pas de
problème. Je n'ai pas peur pour la cons-titutionnalité; je ne me
suis jamais posé cette question. L'article 17 a été
vérifié. On retrouve cette disposition dans presque tous les
projets de loi de cette nature.
M. Grenier: Pourquoi alors l'utilité d'ajouter ces deux
articles 17 et 95, s'ils sont déjà protégés
par...
M. Garon: Imaginez-vous que, s'il fallait que soient poursuivis
constamment les gens qui sont à la commission, cela n'aurait pas de bon
sens.
M. Lavoie: Non, à l'article 95, on ne parle pas des
membres, on parle de la commission.
M. Garon: Je parle de l'article 17.
M. Giasson: Mais l'article 95 va plus loin que l'article 17.
L'article 17 touche la commission et ses membres tandis que l'article 95 fait
référence au gouvernement, à la commission, à une
corporation municipale ou à un de leurs membres ou fonctionnaires. C'est
beaucoup plus étendu.
M. Garon: C'est une disposition générale. C'est
dans la section des dispositions générales.
M. Lavoie: C'est épouvantable. Je n'ai jamais vu...
Je prétends quand même qu'avec l'article 95, cela vient en
contradiction avec le droit d'appel qu'on a proposé à l'article
44. J'espère qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts à
la table ici, tous ceux qui siègent comme membres ou comme conseillers.
J'espère qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts dans
l'étude de la loi.
M. Garon: Comment cela?
M. Lavoie: Conflits d'intérêts présents ou
futurs?
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Giasson: J'en aurais peut-être, M. le
Président.
M. Lavoie: Je pense que vous êtes assez intelligent pour
comprendre.
M. Garon: Voyons donc!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Garon: II faudrait que tout le monde donne ses
intérêts dans des terrains.
M. Giasson: C'est cela.
M. Garon: Ou que les membres de la commission donnent leurs
intérêts pour montrer vraiment un conflit
d'intérêts.
M. Lavoie: Conflits d'intérêts dans des postes qu'on
peut occuper éventuellement, des postes futurs.
M. Garon: Ce ne sont pas des conflits
d'intérêts.
M. Lavoie: De toute façon, je n'espère qu'une
chose, c'est que vous aurez peut-être moins de recours avec votre loi
qu'il y en a eu pour d'autres lois que vous avez adoptées, comme la loi
101 ou d'autres, où des tribunaux judiciaires vous ont ramenés
à votre place.
Je me demande s'il n'arrivera pas la même chose avec la loi 90,
c'est-à-dire que certains tribunaux supérieurs de droit commun,
comme la Cour supérieure, la Cour d'appel ou la Cour suprême, ne
vous ramèneront pas à votre place dans cette loi, avec des
articles exorbitants comme vous en avez.
M. Garon: Avec la loi 116, voyez-vous, la Cour suprême nous
dirige vers la loi 116...
M. Lavoie: On a assez de difficultés avec la loi 90,
attendez donc que la loi 116 arrive en commission. Respectez donc la pertinence
du débat.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M.
Lavoie: Passez donc étape par étape.
M. Garon: Vous êtes donc bien agressif ce soir.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 95 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Garon: Pour moi, vous avez bu du Kool-Aid.
M. Lavoie: Non. Notre tradition au Québec, depuis
plusieurs générations, c'est qu'on n'est pas habitué
à des lois du bâton comme vous nous en présentez depuis un
certain temps.
Le Président (M. Boucher): L'article 95 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Lavoie: Sur deux divisions, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Double division. Article 96. Il
y a un amendement, M. le ministre?
M. Garon: II y a un amendement. Je vais garder l'article 96 en
suspens, si vous voulez. On en reparlera.
M. Lavoie: Est-ce que c'est votre amendement que vous
suspendez?
M. Garon: L'article au complet.
Le Président (M. Boucher): L'amendement et l'article, M.
le ministre?
M. Garon: Oui, j'aimerais autant qu'on y revienne.
Le Président (M. Boucher): L'article 96 est suspendu.
L'article 97. (23 h 15)
M. Giasson: S'il y a une demande qui a fait l'unanimité
des intervenants, c'est bien l'article 96.
Le Président (M. Boucher): Article 97.
M. Giasson: Biffé. Pas suspendu, biffé du projet de
loi. Radié.
M. Grenier: "Scratché", comme dirait le
député de...
Le Président (M. Boucher): Pour le moment, il est
suspendu, M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Garon: L'article 97 se lirait: "Malgré toute loi
générale ou spéciale, lorsqu'une demande de permis ou
d'autorisation prévue aux sections III et IV de la Loi sur les biens
culturels (1972, chapitre 19) ou à la Loi de la qualité de
l'environnement (1972, chapitre 49), vise à remplacer l'agriculture par
une autre utilisation sur un lot situé dans une aire retenue pour fins
de contrôle ou dans une zone agricole, ce permis ou cette autorisation ne
peut être accordé à moins que la commission n'ait
préalablement autorisé l'utilisation demandée à une
autre fin que l'agriculture."
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Lavoie: Un instant.
M. Giasson: Quelle est l'idée d'avoir retiré, par
votre amendement, le terme "région agricole désignée"?
Vous mentionnez, par votre amendement, l'aire retenue...
M. Garon: C'est tout simplement pour plus de clarté.
M. Grenier: Ce n'est pas le changement qui est
apporté...
M. Garon: C'est simplement pour indiquer que dans la
région désignée, c'est uniquement lorsque c'est
réservé pour l'agriculture, temporairement ou d'une façon
permanente. Il y avait des gens qui avaient des difficultés
d'interprétation et qui pensaient que c'était toute la
région désignée au complet.
M. Grenier: Ils pensaient que...?
M. Garon: Ils pensaient que c'était dans toute la
région désignée au complet. Je pense que c'était
facile à interpréter, mais il y a eu des erreurs
d'interprétation. C'était écrit: "Sur un lot situé
dans une région agricole désignée, dans une aire retenue
pour fins de contrôle ou dans une zone agricole."
Il y a des gens qui disaient: C'est dans une région
désignée. Ils mettaient toute la région,
indépendamment des terres, dans l'aire retenue pour fins de
contrôle ou dans l'autre partie qui n'était pas retenue.
Pour enlever cette ambiguïté, c'est évident que si la
zone permanente agricole n'est pas déterminée, on est dans la
région désignée, c'est l'aire retenue pour fins de
contrôle. En dehors de cela, on ne veut pas commencer à
contrôler cela.
Pour plus de clarté... Il y avait une ambiguïté. On a
interprété cela avec ambiguïté. Pour plus de
clarté, on enlève les mots "dans une région agricole
désignée". Cela laisse la même chose qu'on voulait couvrir,
mais pas les parties qui n'étaient pas réservées pour
l'agriculture dans la région agricole désignée.
M. Giasson: M. le ministre, si je comprends bien, dans un endroit
qui est désigné comme arrondissement culturel, par la Loi sur les
biens culturels, telle l'île d'Orléans, qu'on retrouve à
l'intérieur de la zone provisoire qui, éventuellement, peut
devenir une zone permanente, même si les personnes, à
l'intérieur de l'île d'Orléans, de tout le territoire de
l'île d'Orléans, détiennent des permis de la Commission des
biens culturels qui s'appliquent en vertu de l'existence de la Loi sur les
biens culturels, ces gens-là ne pourraient pas continuer d'appliquer les
droits ou les pouvoirs conformément au permis des biens culturels dans
cet arrondissement culturel, sans placer une demande à la commission de
contrôle...
M. Garon: Pour ceux qui ont déjà un permis, ils ont
des droits acquis. C'est marqué sur le permis que cette autorisation ne
peut être accordée à moins... S'il a déjà
été accordé, on ne vient plus dans le passé. Il y a
des droits acquis par l'acquisition du permis. Là, on ne retourne pas en
arrière là-dessus.
M. Grenier: En fait, ce serait l'agrandissement d'une zone
désignée culturelle, un agrandissement de territoire culturel,
dans une zone désignée.
M. Garon: Les vieilles maisons sur une terre agricole. Dans la
Loi sur les biens culturels, pour une vieille maison, on peut dire 500
pieds autour? 500pieds autour. Elle réglemente là-dessus,
alors que dans une belle maison pour fins culturelles, une vieille maison,
l'agriculture met en valeur la vieille maison et il dit: Ha! Pardon?
M. Dubois: Un beau champ de blé en arrière de la
vieille maison.
M. Garon: Une maison canadienne ou une maison
québécoise, c'est...
M. Grenier: Canadienne ou québécoise, ils vont
lever, de l'autre bord.
M. Garon: Pardon?
M. Grenier: N'allez pas dire canadienne ou
québécoise; ils vont lever, eux, de l'autre bord. Il n'en existe
pas, de maisons canadiennes.
M. Garon: Ces deux organismes peuvent permettre de faire autre
chose, ou de bâtir, faire autre chose que l'agriculture. Là, ils
vont demander l'avis de la commission sur la protection du territoire agricole.
Il s'agit des biens culturels, au fond. L'agriculture ne dérange pas les
biens culturels. Les biens culturels sont de vieux biens, habituellement, et
les vieux biens, c'est dans le temps où il y avait seulement
l'agriculture. Cela garde plutôt un caractère ancestral.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
Une Voix: Sur division.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est adopté
sur division. L'article 97 est adopté tel qu'amendé sur division.
Article 98. Y a-t-il un amendement?
M. Garon: II y a un amendement à l'article 98. On
était rendu à l'article 98.
Le Président (M. Boucher): C'est cela.
M. Garon: "La présente loi prévaut sur toute
disposition inconciliable d'une loi générale ou spéciale
applicable à une communauté, à une corporation municipale
ou à une corporation de comté. Elle prévaut
également sur toute disposition incompatible d'un schéma
d'aménagement, d'un plan directeur ou d'un règlement de zonage,
de lotissement ou de construction. Une personne qui obtient l'autorisation ou
un permis conformément à la présente loi ou qui exerce un
droit que celle-ci lui confère ou lui reconnaît n'est pas
dispensée de demander un permis par ailleurs exigé en vertu d'une
loi ou d'un règlement du gouvernement ou d'un règlement
municipal." C'était, je pense, le député de Laval, encore
une fois, qui avait parlé à un moment donné du fait que la
loi pouvait laisser entendre que quand on avait une autorisation de la
commission, on n'avait plus besoin de demander les autorisations.
M. Lavoie: Non. Ce n'est pas moi.
M.Garon: llyaquelqu'und'autre.Quiest-ce?Le député
de Beauce-Sud?
M. Dubois: C'est le député de Beauce-Sud.
M. Garon: C'est pour clarifier, parce qu'il y en a qui ont
pensé cela. Ils ont dit: Le permis de la commission rend inutile tout
autre permis au niveau local ou dans d'autres ministères. Ce n'est pas
cela. Le fait d'avoir un permis, de dire que la commission pour la protectiondu
territoire ne s'oppose pas parce qu'il y a une exclusion pour construire les
maisons à telle place, cela ne donne pas le droit de les construire.
Cela veut dire qu'en autant que la commission est concernée pour les
fins de protection des terres...
M. Dubois: C'est le dernier mémoire qu'on a entendu. C'est
un avocat qui est venu un soir le tout dernier mémoire. Il
l'interprétait de cette façon-là.
M. Garon: Ah ! oui. Il représentait 75
municipalités.
M. Grenier: En fait, dans votre article...
M. Garon: Oui, Me Paul Biron. C'est lui qui est venu.
M. Dubois: Pas le même Biron... M.Garon: Non pas le
frère de votre chef. M. Chevrette: Pas celui-là. M.
Grenier: Au deuxième paragraphe...
M. Garon: Votre chef a un frère qui s'appelle Paul.
M. Dubois: Ne travaille-t-il pas pour un ministère
quelconque?
M. Giasson: Il habitait le comté de Lévis. Je ne
sais pas...
M. Dubois: II n'y a aucun lien, de toute façon.
M. Grenier: Au deuxième paragraphe, vous dites que la loi
prévaut, et au troisième que vous ajoutez, vous dites qu'il faut
quand même se conformer à des zonages qu'il peut y avoir eu,
à des lois locales, à des règlements du gouvernement
local, du gouvernement municipal local.
M. Garon: C'est cela. Quand on dit qu'elle prévaut, cela
ne veut pas dire qu'elle enlève les autres lois.
M. Giasson: Elle prévaut s'il y a une disposition
incompatible aux règlements municipaux, que ce soit des
règlements de zonage, un schéma d'aménagement, le plan
d'urbanisme...
M. Garon: Oui. Si le règlement le permet, la loi
s'applique à un territoire par un règlement municipal qui
prévaut sur un règlement, mais si on donne une autorisation, si
la commission donne une autorisation, cela n'empêche pas le
règlement municipal de s'appliquer. C'est pour cela qu'on a...
Pardon?
M. Lavoie: Je comprends parfaitement. Cela veut dire que, si
quelqu'un veut mettre quelque chose en marche, il ne finira jamais de demander
des permissions. C'est ce que cela veut dire. Etes-vous d'accord avec cela?
Une Voix: Sur division, M. le Président.
M. Grenier: Oui. En fait, au paragraphe 2, M. le ministre, vous
avez des...
M. Lavoie: On ne finira plus de demander des permissions. C'est
de la bureaucratie technocratique.
M. Garon: On en a enlevé avec l'assurance automobile. Les
gens se plaignaient. Il y en aurait un peu plus...
M. Lavoie: Si c'est votre politique, votre philosophie... Sur
division.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Lavoie: On va imprimer. La seule chose qui va marcher au
Québec, ce sera l'imprimerie, pour imprimer des formules.
M. Grenier: C'est bien commencé.
M. Dubois: M. le ministre, cela s'applique seulement dans l'aire
retenue pour fins de contrôle, mais il y a eu une question
soulevée par cet avocat le soir du dernier mémoire, celui de Me
Biron. Supposons qu'une municipalité dirait: Nous ne voulons pas de
porcherie du côté est, par exemple, de la municipalité,
pour que les vents prédominants ne transportent pas les odeurs de la
porcherie vers le village ou la ville, la municipalité aurait-elle le
droit d'appliquer un règlement de zonage qui serait dans la zone verte?
C'est la question qu'a soulevée M. Biron. Ces gens voudraient que les
municipalités puissent adopter un règlement local qui interdirait
peut-être une porcherie à un certain côté du
village.
M. Lavoie: Je crois que la question du député de
Huntingdon, M. le Président, est tout à fait pertinente.
Quelqu'un qui voudra exploiter une porcherie ira faire sa demande à la
Commission de protection du territoire agricole. Il va passer six mois, huit
mois, un an à défendre sa cause et il l'obtiendra, en fin de
compte, après voir pris un avocat pour bien défendre sa
cause.
M. Dubois: Compte tenu de l'environnement, et il va
l'obtenir.
M. Lavoie: Non, excusez-moi. Il l'aura obtenue de la commission
pour la protection du territoire agricole. Après cela, il ira à
l'environnement et il prendra le même avocat. On va lui ouvrir un nouveau
dossier. Après six à huit mois, un an de discussion, il
l'obtiendra de l'environnement. Après cela, il va le demander à
la municipalité. Au bout de six mois, huit mois, un an, la
municipalité dira non.
M. Lavoie: II va payer des comptes d'honoraires d'avocat et il
n'aura pas de porcherie.
M. Dubois: S'il est dans la zone...
M. Lavoie: C'est exactement cela. C'est clair?
M. Dubois: C'est peut-être pousser un peu loin.
M. Lavoie: Non. C'est exactement cela. M. Dubois: Pour les
porcheries, il...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, pas de
dialogue entre vous.
M. Dubois: C'est parce que je voudrais seulement apporter une
correction à ce qu'a dit le député de Laval. M. le
Président, pourrais-je apporter une correction?
Le Président (M. Boucher): Pourriez-vous vous adresser au
président, M. le député de Huntingdon?
M. Dubois: M. le Président, pourrais-je apporter une
correction? Dans l'aire retenue pour fins de contrôle, je pense qu'une
personne qui désire installer une porcherie n'a pas à passer par
la commission, si une porcherie est pour des fins agricoles. Il n'y a aucune
nécessité d'aller à la commission pour établir une
porcherie, mais il faut aller au ministère de l'environnement, par
exemple.
M. Lavoie: II peut gagner sa cause à la protection du
territoire agricole et gagner sa cause à l'environnement, mais, au
municipal, les gens diront non.
M. Dubois: Au niveau de la commission de contrôle, elle est
gagnée d'avance parce que c'est dans une aire retenue pour fins
agricoles.
M. Lavoie: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: S'il l'accepte sur division, je ne dirai pas ce que
je veux dire. Je trouve que le député de Laval interprète
trop rigoureusement la loi cette fois-ci. Je suis d'accord avec le
député de Huntingdon. D'ailleurs, il est dit que, sans
autorisation, on peut construire même pour son fils, en autant que cela
sera intégré au coût de la ferme.
M. Dubois: Je voudrais une réponse du ministre
là-dessus.
M. Chevrette: Premièrement, je voulais dire aussi que,
s'il voulait...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Joliette-Montcalm, vous aviez la parole.
M. Chevrette: Pour une porcherie, c'est pour des fins
d'agriculture. Donc, il n'a même pas de permission à demander.
M. Dubois: Je n'ai pas fini. J'ai posé une question au
ministre tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, mais M. le
député de Joliette-Montcalm va terminer et je vous donnerai de
nouveau la parole, M. le député de Huntingdon. Allez-y!
M. Chevrette: Pour une construction pour fins d'agriculture, tu
n'as même pas besoin de permission. Deuxièmement, si on voulait
faire un parallèle, on va faire un parallèle. Vous parliez
tantôt des monuments historiques.
M. Lavoie: J'ai oublié cela. Cela peut être une
autre permission qu'il sera obligé de demander.
M. Chevrette: Celle-là, vous ne l'auriez toujours pas
imputée au gouvernement de bureaucrates et de technocrates?
M. Lavoie: On est à la veille de l'adopter. On ne fera pas
de débat. Mais voulez-vous qu'on lise ensemble le dernier alinéa
de l'article 98 tel que proposé? M. le Président, on va lire le
dernier alinéa et le député de Joliette-Montcalm va le
comprendre très bien. Je ne peux pas dire la même chose du
député de Kamouraska-Témiscouata. (23 h 30)
Je m'adresse avec votre permission, M. le Président, au
député de Joliette-Montcalm. On va seulement lire le dernier
alinéa. "Une personne qui obtient une autorisation ou une permis
conformément à la présente loi..." C'est l'exemple que je
vous ai donné tout à l'heure. C'est la première
étape. "... ou qui exerce un droit que celle-ci lui confère ou
lui reconnaît n'est pas dispensée de demander un permis par
ailleurs exigé en vertu d'une loi..." Là, c'est l'allusion que
j'ai faite à la loi de l'environnement, entre autres. "... d'un
règlement du gouvernement ou d'un règlement municipal..." C'est
le troisième cas, le permis municipal. Cela veut dire qu'il a le droit
de s'épuiser. En tout cas, je n'ajoute plus rien. Je pense que c'est
assez clair.
M. Chevrette: M. le Président, voici la seule nuance que
je vais faire. Je comprends ce que le député de Laval dit. Si on
dit construire un édifice pour fins agricoles, il n'y a pas
d'autorisation à la commission. L'amendement que le ministre
apporte...
M. Lavoie: "... reconnaît..."
M. Chevrette: C'est un tout. Ce n'est pas seulement l'article. On
dit ailleurs qu'il n'a pas besoin de demander la permission pour construire
pour fins agricoles. Deuxièmement, cela ne le soustrait pas au
règlement du gouvernement. Il y a un règlement à
l'environnement. Il y a une disposition dans la loi qui dit que
l'environnement, à l'article... Je ne me souviens pas si c'est à
l'article 24, mais en tout cas, il y a une disposition.
M. Lavoie: Je suis prêt à...
M. Chevrette: II va à l'environnement. C'est vrai qu'il va
à l'environnement. L'environnement, c'est politique pour l'adoption d'un
permis. Mais toutes les municipalités au Québec sont rendues
qu'elles ont des règlements de construction. Elles disent: Viens
chercher ton permis, mon grelot. Et il bâtit. Mais il ne s'épuise
pas à aller chercher un permis de construction dans une
municipalité. Cela prend deux minutes et il donne $10 et $20 selon le
tarif et il l'a.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je m'adresse au ministre. Je voudrais savoir si une
corporation municipale avait un règlement de zonage ou de construction
sur tout son territoire et que ce règlement empêchait la
construction d'une porcherie, par exemple, à l'est d'un village pour que
les vents prédominants de l'ouest ne transportent pas l'odeur, est-ce
que ce serait incompatible avec la présente loi?
M. Garon: Les articles qui sont incompatibles essentiellement
avec les municipalités sont ceux qui iraient à l'encontre des
articles 26 à 29 de la loi qui permettraient des lotissements, des
choses comme cela, à l'encontre de la Loi sur la protection du
territoire agricole. Un règlement qui est fait dans une
municipalité n'est pas incompatible. Une municipalité peut
choisir, par exemple et c'est son droit que dans la zone
agricole, il y ait de la production maraîchère et pas
d'élevage d'animaux.
M. Dubois: Ah! bon. Mais ce n'est pas précisé nulle
part.
M. Garon: Ce n'est pas nécessaire.
M. Dubois: C'était le point d'interrogation du dernier
mémoire qu'on a entendu ici.
M. Garon: C'est une fin agricole. Cela ne veut pas dire qu'une
municipalité à une fin agricole:.. Il n'y a pas de doute
là-dessus. Cela ne contredit pas la loi.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Dubois: On pourrait interdire n'importe quelle production sur
un territoire.
Le Président (M. Boucher): Sur division?
M. Giasson: M. le Président, avant de l'adopter, si je
comprends bien l'amendement proposé par le ministre...
M. Garon: Cela ne permet pas d'utiliser le territoire à
d'autres fins que l'agriculture.
M. Dubois: Non, d'accord, mais...
M. Giasson: Sauf avec la permission de la commission de
contrôle. Pour bien comprendre l'amendement que vous apportez par un
alinéa additionnel à l'article 98, je crois comprendre qu'il
s'agit d'une autorisation ou d'une permission accordée par la commission
de contrôle à l'intérieur d'une zone agricole reconnue
à des fins autres que l'agriculture. Si c'est une fin d'agriculture, je
ne verrais pas pourquoi cela prendrait la permission de la commission de
contrôle.
M. Garon: Cela ne prend pas la permission de la commission de
contrôle.
M. Giasson: II s'agit d'une hypothèse qui s'applique dans
le cas d'une autorisation ou permission accordée pour l'utilisation du
territoire agricole à des fins autres que l'agriculture. Si c'est pour
une fin autre que l'agriculture, il y a l'approbation de la commission. Il doit
voir à obtenir les autorisations de...
M. Lavoie: ... pour une fin qui est pour l'agriculture.
M. Garon: Mais non!
M. Lavoie: L'exemple que le ministre a donné
lui-même tout à l'heure.
M. Giasson: Avec la définition du terme agriculture...
Attendez une seconde.
M. Garon: Lisons l'article. L'article dit: "Une personne qui
obtient une autorisation ou un permis conformément à la
présente loi ou qui exerce un droit que celle-ci lui confère ou
lui reconnaît..." La commission, par exemple, ou la loi dit que la zone
agricole, c'est pour faire de l'agriculture. "... n'est pas dispensée de
demander un permis par ailleurs exigé en vertu d'une loi du gouvernement
ou d'un règlement municipal..." Exemple: Parce que vous êtes dans
une zone agricole, cela ne vous enlève pas l'obligation de demander un
permis à l'environnement si on en exige un. S'il y a un règlement
municipal qui demande un permis pour telle chose, cela ne vous enlève
pas l'obligation de demander votre permis municipal.
M. Dubois: Ce n'est pas clair. Un groupe de résidents
urbains va faire pression au niveau de son conseil municipal pour exclure
certaines productions de cette paroisse. Cela peut devenir des pouvoirs abusifs
que le conseil municipal se donnerait d'exclure certaines productions de ce
territoire.
M. Giasson: Oui, mais vous ne pouvez pas régler cela dans
la loi 90.
M. Dubois: Non. Je suis d'accord. Mais c'était quand
même une préoccupation d'un représentant qui est venu ici,
le dernier mémoire qu'on a entendu.
M. Beauséjour: Les citoyens ont toujours le droit de
s'opposer au règlement.
M. Giasson: Ce n'est pas un empêchement fait par la
commission de contrôle du territoire.
M. Dubois: La commission ne tranchera pas ces questions.
M. Garon: Non. Je pense que ce serait abusif...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon:... que la loi dise qu'on pourrait faire n'importe
quelle sorte d'agriculture dans toutes les municipalités du
Québec, sans aucun pouvoir des municipalités sur leur zone
agricole. Ce serait peut-être un peu abusif.
Le Président (M. Boucher): L'article...
M. Lavoie: Un instant, M. le Président! Juste pour
compléter, peut-être ajouter un éclairage additionnel aux
propos de mon collègue, le député de Montmagny-L'Islet. On
peut avoir le cas où, même pour des fins agricoles, on a besoin
d'un permis de la commission...
Une Voix: ... de la commission de contrôle.
M. Lavoie: Je vais vous donner des exemples. Dans une
municipalité où tout est zone agricole, si
quelqu'un veut bâtir un séchoir à tabac ou un
abattoir, il faut qu'il achète un terrain quelque part. A moins que ce
soit déjà en place, s'il veut acheter un terrain quelque part et
que cela amène un démembrement quelconque d'une terre, il va
falloir que cela devienne un lotissement. Cela peut être un cas où
il y a une autorisation à obtenir d'abord de la commission pour acheter
un terrain pour des fins de séchoir à tabac ou même de
machines aratoires.
M. Giasson: S'il fait faire du lotissement, je suis d'avis que
cela prend une autorisation de la commission.
M. Lavoie: Normalement, si quelqu'un veut bâtir un
abattoir, un séchoir à tabac ou si c'est pour des fins de
machines aratoires, il a besoin de financement s'il n'a pas tout le comptant.
S'il veut une hypothèque indépendante sur un grand prêt
agricole, il faut qu'il achète un terrain, ce qui amène un
démembrement quelconque. Première autorisation.
Deuxième autorisation: si cela concerne l'environnement
abattoir ou séchoir à tabac, je ne sais pas
deuxième autorisation. Je ne voudrais pas aller plus loin. Si c'est dans
une zone culturelle, ce serait une troisième parce que ce sont des lois
existantes. Une fois qu'il a obtenu tout cela, il faut qu'il aille à la
municipalité pour savoir si le zonage le permet, quatrième
permission. Le type a le temps de se décourager pendant ce temps. S'il
aime cela vivre pour obtenir des permissions, libre à lui de le
faire.
M. Gagnon: Si vous me le permettez, M. le Président. Je
pense qu'on complique la situation et qu'on va complètement à
l'envers. Première chose, j'ai vécu cette expérience en
1973. Même sans la loi sur la protection des terres agricoles, il y avait
d'autres permissions à demander. Première ment, je suis
allé voir à la municipalité si j'avais le droit de me
construire à l'endroit où je le voulais. Cela ne prend pas une
grosse démarche. Dans une soirée...
M. Giasson: C'était quoi, votre construction?
M. Gagnon: Un poulailler. Dans une soirée, j'ai su si je
pouvais me construire ou non. Cette démarche ne prend pas un an.
Deuxièmement, si vous construisez vous parlez d'un séchoir
à tabac...
M. Lavoie: Continuez avec votre poulailler.
M. Gagnon: Oui. Mais c'est parce que je voudrais corriger des
erreurs que vous avez faites. Vous avez parlé d'un séchoir
à tabac ou d'un abattoir. Vous parlez de deux choses qui ne sont pas du
tout semblables.
M. Giasson: Prenons un abattoir.
M. Gagnon: Prenons le séchoir à tabac. Il sera
automatiquement financé par l'entremise de l'Office du crédit
agricole ou d'un prêt agricole ou un PAF, prêt
d'amélioration de ferme. Donc, il n'est pas nécessaire de lotir
un terrain. Cela va sur une ferme. Un abattoir, c'est un peu différent.
Je suis d'accord. Mais il ne faut pas compliquer tout.
M. Lavoie: Quelqu'un veut construire, dans le comté de
Joliette, un séchoir à tabac sur un emplacement qui est propice,
mais qui se trouve sur une terre. Il veut investir $200 000 ou $300 000 sur un
emplacement qui est propice et qui est une terre à patates. Il veut
acheter un terrain...
Une Voix: Oui, mais...
M. Lavoie: Laissez-moi donc finir. Il veut acheter un terrain
à un endroit. Cela appelle un lotissement. Sur division. D'accord? Sur
la loi, on pourrait discuter, non pas une nuit, mais 100 000 nuits.
Le Président (M. Boucher): Etes-vous prêt à
adopter l'amendement, M. le député de Laval?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division.
M. Giasson: Ce sont les contes des Milles et une nuits.
Le Président (M. Boucher): L'article 98 est adopté
sur division. Article 99.
M. Giasson: L'article 99, les pouvoirs sécuritaires pour
les enquêteurs.
M. Grenier: Est-ce que, pour être familier avec des lois
comme celle-là...
M. Garon: On trouve cela dans...
M. Grenier: ... "Les enquêteurs ne peuvent être
poursuivis en justice en raison d'actes officiels accomplis de bonne foi..."
Est-ce régulier de voir cela dans...
M. Garon: On trouve cela dans tous les projets de loi de cette
nature.
M. Grenier: C'est de bonne foi. M. Garon: Hein?
M. Grenier: Le député de Laval va nous donner un
exemple, un exemple fréquent dans le secteur agricole.
M. Garon: Qu'est-ce qu'il a dit?
M. Lavoie: Non, cela vous exciterait trop. Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
L'article 100?
M. Garon: L'article 100. Si vous pouvez oublier l'amendement qui
est là, je vais vous en passer un autre à la place.
M. Lavoie: Ah bon! Plus vite ou moins vite! Une Voix: Plus
simple. M. Garon: Plus simple.
M. Grenier: II y en a plusieurs comme ceux-là. Y en a-t-il
de photocopiés?
M. Garon: Je ne veux pas déchirer le bon. Il aurait fallu
l'écrire au long; cela aurait été mieux. M. Pouliot, vous
pouvez jeter ce que vous avez et garder celui-là. L'article reste le
même sauf que, dans le deuxième alinéa, à la page
25, deuxième et troisième lignes, on lirait: L'article 100
modifié par la suppression dans le deuxième alinéa des
mots "de quelque façon". C'est marqué "ou agir en justice de
quelque façon". Après les mots "agir en justice", "de quelque
façon" est supprimé.
Une Voix: Oui.
M. Garon: Hein? On ne met rien à la place.
M. Grenier: On enlève et on ne met rien à la
place.
M. Garon: Quoi?
M. Giasson: Septième ligne.
Une Voix: Septième ligne.
M. Giasson: Oui, je ne sais pas si c'est la
septième...
M. Garon: Oui, au deuxième paragraphe on enlève "de
quelque façon". Cela n'ajoute rien et cela a l'air fou. On enlève
"de quelque façon " au deuxième alinéa. Ensuite, l'article
100 est en outre modifié par l'insertion, entre le deuxième et le
troisième alinéa...
Une Voix: Un, deux, trois, d'accord.
M. Garon: ... en ajoutant l'alinéa suivant: "Toutefois,
les prohibitions de porter plainte ou d'agir en justice prévues par le
présent article ne s'appliquent pas si les dommages résultent
d'une faute intentionnelle ou grossière ou s'ils ne découlent pas
directement d'activités reliées à la production animale."
Cela veut dire que cet article protège les agriculteurs qui ont des
entreprises d'exploitation animale dans la zone agricole, mais il ne faut pas
non plus les protéger contre des abus de droits et contre les dommages
qui résultent d'une faute intentionnelle ou grossière ou qui
résultent d'activités qui ne sont pas directement reliées
à la production animale. A ce moment-là, il n'y aura pas de
protection.
M. Lavoie: En ce qui nous concerne, adopté sur
division.
M. Giasson: M. le Président, j'aurais un commentaire sur
l'article 100. C'est sérieux parce que c'est une demande formulée
par la confédération de l'UPA.
M. Chevrette: Ce n'est pas pour cela que je ris.
M. Giasson: Vous avez pris bonne note de la demande que l'UPA
avait formulée lorsqu'elle est venue devant la commission. Si j'ai bien
compris la revendication de l'UPA, c'est qu'au-delà de tous les faits
existant à un endroit donné lorsque des permis ont
été donnés pour implanter des installations de fermes ou
les agrandir et qu'il y a eu respect des distances prévues par la
réglementation de l'environnement, eux auraient voulu un droit de
premier occupant encore plus étendu de manière à permettre
l'agrandissement de bâtiments de ferme qui, au moment de leur
installation, respectaient les distances telles que déterminées
par l'environnement, mais pouvoir les agrandir encore sans que l'objection
formulée par d'autres résidents autour de cette ferme puisse
être retenue ou reconnue. C'est cela, je crois, que l'UPA
réclamait en vertu du droit du premier occupant. Quelles sont les
raisons, M. le ministre, pour lesquelles vous n'avez pas jugé opportun
de modifier votre...
(23 h 45)
M. Garon: Parce que je considère que cela est
déjà inclus dans le projet de loi, au deuxième paragraphe
de l'article 100. Si vous lisez bien le deuxième paragraphe, le
deuxième alinéa: "A l'égard d'une ferme d'élevage
d'animaux établie ou agrandie avant que la Loi de la qualité de
l'environnement ne soit en vigueur et ne lui soit applicable, le
propriétaire ou l'occupant d'un bâtiment résidentiel,
commercial, industriel ou institutionnel construit postérieurement
à l'établissement d'une exploitation de production animale ne
peut porter plainte ou agir en justice... pour demander des
dommages-intérêts ou pour empêcher l'exploitation ou le
développement voyez-vous de cette ferme en raison de sa
proximité ou des odeurs ou bruits qu'elle dégage."
M. Giasson: Bon.
M. Garon: Alors, ce que l'UPA discutait est déjà
contenu dans cet article, dans ce paragraphe. Est-ce que le
développement de la ferme est compris?
M. Giasson: Oui, le développement... M. Garon:
Vis-à-vis des...
M. Giasson:...est compris par la loi 90. Il faudrait avoir des
conditions similaires dans la Loi de la qualité de l'environnement. Dans
sa réglementation à l'endroit des entreprises agricoles, il
faudrait que la Loi de la qualité de l'environnement reconnaisse ce
genre de droits qu'aurait le premier occupant qui est installé
à un endroit donné depuis une période de trente ans et
plus.
Vous comprenez, M. le ministre, qu'en dépit des dispositions
auxquelles vous venez de faire référence, si la Loi de la
qualité de l'environnement, dans sa réglementation, n'apporte pas
une concordance... Cela sera suffisamment ouvert dans la loi 90, mais cette
ouverture deviendra annulée...
M. Garon: Non.
M. Giasson:... par des restrictions que poserait la Loi de la
qualité de l'environnement.
M. Garon: Je ne pense pas.
M. Giasson: Je ne le sais pas. Après
l'établissement de la zone permanente, j'ai des réserves. On va
voir cela dans un article qui viendra plus tard. Mais, une fois que la zone
permanente sera reconnue, je suis loin d'être sûr...
M. Garon: On a un article plus loin.
M. Giasson: ... que cette loi sera prioritaire à celle de
la qualité de l'environnement. J'aimerais que vous ayez l'avis de vos
conseillers juridiques là-dessus.
M. Beauséjour: Mais sur la qualité de
l'environnement, ce sont des règlements, ce n'est pas une loi.
M. Giasson: Oui, mais ce sont des règlements qui viennent
tout simplement confirmer et compléter l'administration et l'application
d'une loi. C'est quoi, des règlements? Au plan législatif, les
règlements sont des modalités qui permettent d'appliquer le
contenu d'une loi, qui précisent davantage les règles du jeu en
vertu desquelles une loi va être appliquée dans tel et tel de ses
articles. Cela n'est pas voté par la Législature; c'est
décidé d'autorité par le lieutenant-gouverneur ou par le
Conseil des ministres. Les règlements que nous avons au plan
législatif, c'est de la législation
déléguée, à toutes fins utiles.
M. Beauséjour: Mais je suis d'accord avec vous.
M. Giasson: Déléguée dans le sens que ce
n'est pas voté par les élus, par l'Assemblée nationale;
c'est décidé par l'Exécutif.
M. Beauséjour: Je suis d'accord avec vous qu'il va falloir
qu'il y ait une concordance quelque part.
M. Giasson: C'est de la législation
déléguée entre les mains de I 'Exécutif.
M. Garon: L'article 100 ne règle-t-il pas la question de
l'environnement? C'est une autre affaire, l'article 111. L'article 100, c'est
une autre affaire. L'article 100, c'est pour les voisins qui sont
établis à côté d'un cultivateur, que les voisins
soient des résidences, des commerces, des industries ou des
institutions. Ils sont venus se placer à côté d'un
cultivateur postérieurement à l'établissement de son
exploitation de production animale. Une fois qu'ils sont établis
à côté de lui, ils disent: "Cela sent." On dit: "Tu n'avais
pas d'affaire à aller là. Si tu trouves que cela sent, sens. Tu
est venu te placer à côté du gars qui fait de
l'exploitation animale et après tu viens te plaindre." Alors, on dit:
"Lui, il est le premier occupant." Apart cela, s'il développe son
entreprise, à condition que le gars qui exploite une entreprise de
production animale n'abuse pas, ne se comporte pas, ne fasse pas
d'erreurs...
M. Giasson: D'erreurs grossières ou soit
négligent.
M. Garon: Soit négligent.
M. Giasson: C'est cela.
M. Garon: Qu'il se comporte normalement.
M. Giasson: Négligence grossière.
M. Grenier: Qu'il ne laisse pas traîner ses veaux morts sur
le tas de fumier trop longtemps.
M. Giasson: Des cochons...
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce que...
M. Grenier: Des cochons pas d'oreille...
M. Garon: Qu'il ne saigne pas ses cochons avant de les envoyer
dans le parlement.
M. Grenier: Des cochons pas d'oreille...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement
à l'article 100 est adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Garon: Je ne crois pas cela que les agriculteurs aient
"magané" des animaux comme cela, hier. Les vrais agriculteurs ne
maltraitent pas leurs animaux habituellement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Grenier: Vous voulez laisserentendre que ce n'étaient
pas de vrais agriculteurs qui ont fait cela.
M. Garon: Je ne pense pas que ce soient des agriculteurs. Les
agriculteurs ne font pas cela.
Le Président (M. Boucher): L'article 100, M. le ministre.
L'amendement à l'article 100 est-il adopté?
Une Voix: Adopté. M. Giasson: Non, non. M.
Garon: C'est rare.
M. Giasson: ... la Loi sur la protection des animaux...
M. Grenier: ... cultivateurs.
M. Garon: Les agriculteurs gagnent leur vie avec leurs animaux et
habituellement ils s'en occupent.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on va finir par me
répondre?
Une Voix: Avec le froid d'hier, on peut comprendre.
M. Garon: J'ai ri quand j'ai lu que le journaliste...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre!
M. Garon:... parlait d'un cochon de huit mois.
Le Président (M. Boucher): On perd du temps.
M. Garon: Un cochon de huit mois, c'est rare.
M. Lavoie: Quel âge avez-vous, M. le ministre?
M. Garon: Hein?
M. Lavoie: Quel âge avez-vous?
M. Grenier: Le cochon avec ses longues oreilles paraissait trop
vieux...
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
100 est-il adopté?
M. Garon: Adopté.
M. Grenier: II paraissait trop vieux avec ses longues oreilles.
Ils en ont coupé un bout.
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): L'article 100 est adopté
sur division.
M. Lavoie: Les deux sur division. M. Giasson: Les
deux...
Droits acquis Le Président (M. Boucher): L'article
101...
M. Grenier: Faisons toute la section quant à être
partis.
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais vous poser une autre question,
M. le ministre...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: ... par l'entremise du président? Le
Président (M. Boucher): Allez-y
M. Lavoie: Parce que les droits acquis, c'est une institution
dans notre droit, dans notre système. Je ne sais pas si votre article
est assez complet. Ecoutez! Je n'ai pas la réponse, je n'ai pas la
solution et je n'ai pas d'amendement.
M. Garon: Oui.
M. Lavoie: Prenons un cas parmi 1000 cas possibles. Dans un rang
quelconque d'une municipalité, comme cela peut se présenter, un
cultivateur entreprenant et prospère a une grande exploitation agricole.
Sur son emplacement, il a un site, un terrain qui est exploité
commercialement, soit pour des machines aratoires, soit pour un entrepôt
de grain ou pour d'autres fins agricoles, mais il a confié cela, sans
titre, disons, à son fils. Il a une exploitation de 300 arpents et il a
implanté sur une partie de sa ferme un emplacement, un lot sans lotir;
cela fait partie de sa terre et cela peut être une exploitation
commerciale, même industrielle, reliée à l'agriculture.
Puis, de parole ou de tradition, il a dit: "Toi, mon fils, tu l'exploites."
C'est le fils qui l'exploite.
M. Giasson: Mais est-ce que, dans votre exemple, il a obtenu un
permis de la municipalité ou s'il exploite sans permis?
M. Lavoie: Avec ou sans permis. M. Giasson: Bien
là...
M. Lavoie: Disons qu'il y a beaucoup de municipalités
où les permis ne sont pas demandés officiellement aussi.
M. Giasson: S'il a un permis municipal, il peut avoir un droit
acquis additionnel par rapport à une situation où il n'aurait pas
de permis municipal.
M. Lavoie: Bon! Je prends votre hypothèse qu'il y a un
permis, mais c'est le fils qui l'exploite, le fils qui paie la taxe d'affaires,
il est occupant; c'est le fils qui exploite le commerce et tout. Avec la loi,
le fils va dire, à un certain moment: "Je veux l'avoir à mon
nom."
M. Giasson: Avec un permis municipal, il n'y a pas de
problème.
M. Lavoie: Mais non. Ecoutez!
M. Grenier: Le but de l'article 101, M. le Président, est
de réglementer pour la personne qui aura obtenu un permis avant le 9
novembre, par
exemple. Cela lui donne l'autorisation d'utiliser son terrain à
des fins ou bien agricoles ou bien para-agricoles. Si elle a obtenu son permis
de la municipalité avant le 9 novembre, elle peut même bâtir
là n'importe quelle invention, même si cela n'est pas
para-agricole. Après le 9 novembre, il lui faut un permis de la
municipalité et un permis de la commission pour bâtir quelque
chose qui serait para-agricole. Par exemple, je pense à une...
M. Garon: Oui.
M. Grenier: ... bâtisse pour abriter des machines
agricoles.
Une Voix: Un entrepôt...
M. Giasson: M. le Président, je pense que dans l'exemple
démontré par le député de Laval, s'il y a eu un
permis émis avant le 9 novembre par une municipalité
établissant que cet espace de terrain sur la ferme était
utilisé à des fins autres que l'agriculture, mon
interprétation de l'article 101 me laisse croire qu'il est possible
d'aliéner... le père peut aliéner en faveur de son fils ou
d'une autre personne ce terrain sur lequel il y avait un permis d'émis
par la municipalité avant le 9 novembre. Par contre, s'il n'y avait pas
de permis, je pense que l'aliénation, le lotissement pour fins de vente,
ne peut se faire sans obtenir l'approbation de la commission.
M. Grenier: Ce n'est pas l'article 101 qui empêche
cela.
M. Lavoie: Le député de Montmagny-L'Islet
reconnaît que dans beaucoup de municipalités rurales, il n'y a pas
de permis effectivement.
M. Giasson: Très souvent.
M. Lavoie: Bon!
M. Giasson: Très souvent.
M. Grenier: Mais l'article 101 n'empêche pas cela. C'est
ailleurs que cela est empêché.
M. Garon: L'utilisation de fait vous donne un droit acquis. Si
vous utilisez de fait... Par exemple, vous avez une terre de cent arpents; vous
utilisez de fait dix arpents pour une cour à "scrap", vous avez un droit
acquis à utiliser vos dix arpents pour une cour à "scrap". Ce
n'est pas nécessaire d'avoir un permis. C'est l'utilisation de fait;
c'est cela qui donne un droit acquis.
M. Lavoie: Je suis prêt à l'accepter parce
qu'on...
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Lavoie:
C'est tellement compliqué.
M. Garon: C'est ici que j'aimerais dire que c'est ici...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Lavoie: C'est tellement compliqué. M. Garon:
C'est simple, simple, simple.
M. Dubois: Cela peut porter préjudice à quelqu'un
qui aurait acheté, supposons, un terrain il y a six mois dans le but de
construire en moins d'un an sans permis de la municipalité, parce qu'on
n'avait pas de permis dans cette municipalité. Par contre, dans une
autre municipalité où on aurait obtenu un permis il y a un
mois...
Une Voix: C'est cela.
M. Dubois: ... on a tout le temps pour construire à moins
qu'on spécifie dans le permis municipal qu'il y a un temps restreint
pour construire après l'émission du permis et que le
renouvellement se fait un an après. Cela arrive souvent dans une
municipalité qu'on doive redemander l'émission d'un permis
à tous les ans, si on n'a pas construit dans l'année où le
permis a été donné. Alors, cela peut porter
préjudice aux municipalités où on n'émet pas de
permis, où il n'y a pas de contrôle sur la construction ou le plan
de zonage. Là, je pense que...
M. Grenier: Je pense à une personne qui avait...
M. Dubois: Ce serait un manque d'équité. Une
Voix: C'est étendu cela; c'est étendu.
M. Dubois: II peut y avoir un manque d'équité
à ce moment-là vis-à-vis d'une personne qui réside
dans les municipalités où il y a des règlements de
construction et dans une autre municipalité où il n'y en a
pas.
Une Voix: On est mieux de l'accepter. M. Dubois: Cela peut
changer.
Le Président (M. Boucher): L'article 101 est-il
adopté sur division?
Une Voix: Sur division.
M. Dubois: Je pense que ça vaudrait la peine
d'étudier cela plus profondément.
Le Président (M. Boucher): L'article 102?
M. Giasson: L'article 102: "Le droit reconnu par l'article 101
subsiste malgré..."
M. Garon: Cela nous semble clair.
M. Grenier: Le noeud se resserre tout le temps. Il y a
déjà des amendements qui arrivent. Ce matin, Mme Payette a
passé sa loi et elle est "poignée" avec une série
d'affaires déjà...
Le Président (M. Boucher): L'article 102? M. Chevrette:
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je ne veux pas crier, mais le ministre a dit
à l'article 101 que la situation de fait constituait un droit acquis. En
vertu de quel article? En vertu de quelle clause? Il a été
adopté, mais je lui faisais signe; je ne vais pas commencer à
crier à 23 h 58 après le président. Je veux savoir
cela.
M. Giasson: A l'article 102, j'aurais des commentaires.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, j'attends la réponse à votre question. M. le
ministre.
M. Chevrette: Mon propos est peut-être irrégulier.
Je pense que la question se pose, en tout cas.
M. Giasson: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, en
réponse à la question du député de
Joliette-Montcalm. En réponse à la question du
député de Joliette-Montcalm, M. le ministre. M. le ministre, en
réponse à la question du député de
Joliette-Montcalm, à savoir en vertu de quel article...
Une Voix: La situation de fait.
Le Président (M. Boucher): De fait, l'occupation de fait
donne des droits acquis?
M. Chevrette: C'est parce que le ministre... Je vais la
répéter, M. le Président.
M. Garon: Non, cela a des...
M. Chevrette: C'est parce que le ministre a dit: "II y a une
situation de fait qui constitue un droit acquis." J'ai écouté
l'argumentation du député de Laval et je cherche cela je
ne suis pas juriste mais...
M. Garon: Ce n'est pas marqué dans la loi parce que...
M. Chevrette: C'est un vote, en passant, sur la deuxième
lecture.
M. Garon: ... les droits acquis, c'est une notion très
bien connue en droit; très bien connue. (Minuit)
M. Lavoie: Est-ce que le ministre me permet une question?
N'est-il pas vrai également qu'il peut venir en contradiction avec cela,
que tout droit statutaire s'interprète d'une manière tout
à fait restrictive? Qui va décider entre les deux tribunaux? Je
vous laisse sur cela.
M. Garon: De quoi parlez-vous?
M. Lavoie: Vous dites que des occupations de fait deviennent un
droit acquis. Cela peut être une interprétation sur une base de
droit mais, d'un autre côté, il y a un grand principe qui dit que
dans tout droit administratif, l'interprétation se fait d'une
manière tout à fait restrictive, non pas suivant l'esprit de la
loi, mais suivant la lettre de la loi. Ce n'est pas moi qui vais trancher sur
les deux.
M. Chevrette: Compte tenu de l'heure, est-ce qu'il y a
consentement qu'on finisse ce soir?
M. Lavoie: Avant de donner notre consentement...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 101 est
adopté d'abord?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division, bon.
M. Lavoie: M. le Président, il est minuit.
Le Président (M. Boucher): Oui. Il y a un vote en
Chambre.
M. Lavoie: On est au courant de cela.
Le Président (M. Boucher): On doit ajourner, de toute
façon.
M. Lavoie: On va aller voter. J'aurais une question à
poser au ministre. Nous serions peut-être prêts à donner
notre consentement, mais avec une réserve que je vais vous ajouter, pour
qu'on finisse à l'article 117. Un instant! Nous avons une douzaine
d'articles suspendus, est-ce que le ministre est prêt à trancher
sur tous les articles suspendus ce soir?
M. Garon: Non.
M. Lavoie: Dans ce cas, il n'y a pas intérêt
à continuer jusqu'à 117.
M. Gagnon: Pourquoi ne pourrait-on pas se rendre à
l'article 117 et revenir demain uniquement sur les douze articles
suspendus?
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Lavoie: Quant à revenir demain, rendus à cette
heure-ci, ce ne sont pas six articles de plus qui vont nous retarder,
demain.
M. Garon: J'aimerais mieux et je vais vous dire pourquoi. S'il
est question d'amendements ou des articles qui sont suspendus, dans certains
cas, je vais aller au Conseil des ministres pour discuter
de la question. A ce moment, on aurait fini d'étudier la loi et
je saurais tous les articles qui sont suspendus, je pourrais travailler avec
mes gens après pour aller au conseil.
M. Lavoie: Non, écoutez...
M. Giasson: Même en commission parlementaire?
M. Lavoie: M. le Président, je pense qu'on a fait preuve
de collaboration très libérale. Nous sommes rendus à
l'article 101, nous sommes dans un chapitre de droits acquis qui est encore une
partie assez capitale de la loi. Il y a l'autre partie, l'article 106,
où nous sommes revenus constamment sur la question de taxation,
d'évaluation. Après les journées qu'on entreprend, 5 h 10
ce matin et 10 heures en Chambre, je pense que cela ne retarderait pas
inutilement la commission. On reviendra dans une meilleure condition. Demain,
le ministre nous apportera ses réponses aux articles suspendus.
M. Grenier: L'argument que donne le ministre sur les amendements
qu'il a acceptés de l'Opposition, je n'ai pas l'impression que c'est
cela qui va faire un gros poids dans la balance auprès du Conseil des
ministres.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu qu'il n'y a pas
consentement...
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le leader du
gouvernement.
M. Lavoie: M. le Président, nous accordons le droit de
parole au leader du gouvernement.
M. Charron: Avant d'aller voter de l'autre côté
j'ai écouté la fin de la discussion et je la comprends
est-ce qu'il est prévisible quand même, pour l'organisation
des travaux mon collègue de Laval sait de quoi je parle
que la commission qui devra se réunir demain matin, immédiatement
après la période des questions on pourrait programmer de
cette façon, mais il peut aussi y avoir une séance de 15 heures
à 18 heures jusqu'à 13 heures ou 13 h 30 aurait le temps
d'achever ce qu'il reste à faire?
M. Lavoie: On a apporté des amendements à certains
articles qui sont suspendus actuellement. Je ne veux pas présumer de la
réponse du ministre, mais ce que je peux dire, c'est que le ministre
aura notre collaboration jusqu'à 13 heures. Je pense qu'on peut
difficilement s'engager.
M. Grenier: ... une heure quinze de travail...
M. Lavoie: Tout dépend. Y a-t-il encore douze
troisièmes lectures?
M. Charron: Non, non.
M. Lavoie: II reste six articles à étudier, puis il
y en a un ou deux qui sont importants dans cela, mais je crains plus les douze
articles suspendus, pas les deux ou trois articles qui restent.
M. Charron: Comprenant cela, M. le Président, je veux dire
que s'il y a une des lois présentement à l'étude ou
même de toute la session que je respecte éminemment, c'est celle
sur laquelle les membres de cette commission ont travaillé depuis
déjà plusieurs semaines.
Si, par ailleurs, demain à 13 heures, ce n'était pas
achevé et que les députés, pour continuer le travail
qu'ils ont bien fait, sollicitaient de le faire de 15 heures à 18
heures, moi, je serais prêt à avancer les travaux de la Chambre.
Cependant, que mes collègues de l'Opposition ne soient surpris que sur
d'autres projets de loi comme, par exemple, les lois fiscales qui
découlent du budget et sur lesquelles j'ai promis aux
députés d'Outremont et de Bellechasse une autre séance,
demain je ne le sollicite pas maintenant, mais je l'annonce je
sollicite le consentement pour que cette commission puisse siéger, si
jamais celle-ci n'avait pas terminé ses travaux demain
après-midi.
M. Lavoie: Demain après-midi? M. Charron: Demain
après-midi.
M. Lavoie: Quelles seraient les deux autres commissions?
M. Charron: Revenu et affaires sociales. Il y a consentement
et le député de Mégantic-Compton peut en être
témoin du député de L'Acadie, du
député de Saint-Laurent lui-même et du député
de Pointe-Claire pour que le projet de loi 84 soit étudié
également demain.
M. Lavoie: Qu'est-ce que vous prévoyez? Ecoutez, on fait
ce qu'on devrait faire en Chambre ensemble...
M. Charron: Je le sais bien, mais laissez-moi y penser
pendant...
M. Lavoie: ... mais que prévoyez-vous qu'il y aurait en
Chambre demain après-midi, à ce moment?
M. Charron: Comme je l'ai annoncé, des prises en
considération et des troisièmes lectures qui sont au feuilleton
ce n'est une surprise pour personne plus la Société
de développement des industries culturelles dont on fait la
deuxième lecture et la commission plénière en
assemblée et, vraisemblablement, si ce n'est pas achevé ce soir,
la Société générale de financement.
M. Grenier: En Chambre, on vote sur quoi?
M. Charron: C'est sur la deuxième lecture du projet de loi
124.
M. Grenier: ... a été d'appelé.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 24 h 7