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Étude du projet de loi no 116
(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
La commission de l'agriculture est réunie pour l'étude
article par article du projet de loi no 116, Loi modifiant la Loi sur la mise
en marché des produits agricoles.
Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon) remplacé par M.
Biron (Lotbinière); M. Gagnon (Champlain) est remplacé par M.
Ouellette (Beauce-Nord); M. Garon (Lévis), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Rancourt (Saint-François), M. Roy (Beauce-Sud), M. Vaillancourt
(Orford).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M. Mercier (Berthier), M.
Picotte (Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Gagnon
(Champlain).
J'aimerais que vous me fassiez connaître le nom du rapporteur.
M. Baril: M. Ouellette, mon ami Adrien.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette (Beauce-Nord) est
rapporteur.
M. Ouellette: Cela va compenser pour Beauce-Sud.
M. Roy: Quand il y a une débâcle dans Beauce-Nord,
cela part toujours de Beauce-Sud.
M. Ouellette: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, avez-vous une
déclaration préliminaire avant que nous commencions
l'étude article par article?
Remarques du ministre M. Jean Garon
M. Garon: Je viens de remettre à ceux qui n'en avaient pas
les amendements à la loi 116. Je les ai mis les uns à
côté des autres, en espérant que ce soit plus clair.
À droite, c'est le texte tel qu'il est imprimé, et à
gauche, ce sont tous les amendements qui vont être proposés. La
plupart de ces amendements, sinon tous, viennent de la discussion avec le
mouvement coopératif. Je dois dire qu'en rencontrant les gens du
mouvement coopératif, il y a un certain nombre d'amendements que j'avais
dit que je proposerais, tandis que d'autres amendements viennent de la
discussion que j'ai eue avec eux. Je pourrais l'indiquer en passant.
Je pense que, possiblement, la meilleure façon de procéder
serait article par article, en expliquant les raisons de chacun des articles.
Je pourrais vous présenter également, à ma droite, Me
Marcel Trudeau qui...
M. Giasson: Me Trudeau.
M. Garon: Me Trudeau, oui, qui est un spécialiste du droit
agricole.
M. Giasson: II y a trois bureaux vraiment
spécialisés.
M. Garon: C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'avocats
spécialisés en droit agricole. Je pense que je répondrai
à toutes les questions que vous pourrez poser ou, dans certains cas, je
demanderai possiblement à Me Trudeau d'y répondre directement,
parce qu'il faut référer à une longue jurisprudence
à ce moment-là qui explique pourquoi on en est là,
à l'heure actuelle, au point de vue du droit agricole.
Je pense que le mieux serait de procéder article par article si
les partis de l'Opposition sont d'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet. Remarques?
Remarques de l'Opposition M. Julien Giasson
M. Giasson: M. le Président, je voudrais signaler que je
suis très heureux de voir parmi nous ce que j'appellerais un
spécialiste en droit agricole, puisque nous savons tous qu'au
Québec, les gens spécialisés dans la jurisprudence sur les
questions de droit agricole ne sont pas nombreux. Nous savons tous que le
nombre de bureaux d'avocats ou de firmes spécialisés dans ce
secteur demeure limité et nous l'avons découvert
particulièrement au mois de décembre, lorsque nous avons fait des
recherches pour mieux comprendre, mieux saisir toute la portée de la loi
116 et pour revoir l'expérience ou le fruit d'expériences
vécues à l'intérieur de l'utilisation des pouvoirs que
nous avions déjà dans la Loi de mise en marché des
produits agricoles au Québec.
Évidemment, je suis content que nous ayons parmi nous Me Trudeau,
parce que lorsque j'avais souhaité et même appuyé la tenue
d'une commission parlementaire, j'avais exprimé en Chambre les raisons
pour lesquelles je croyais enfin, pour une fois qu'il était fort
important de tenir une commission parlementaire à l'intérieur de
laquelle nous pourrions mener une recherche approfondie et poussée sur
l'expérience vécue depuis au moins quinze ans dans le
fonctionnement des plans conjoints chez nous. C'est qu'en décembre
dernier, comme en janvier, nous avons entendu, particulièrement des
députés des comtés agricoles, une multitude d'avis ou
d'expressions d'opi-
nions ou d'appréciation sur la Loi de mise en marché des
produits agricoles relativement aux pouvoirs plus explicités que la loi
116 apportait à la Loi de mise en marché des produits
agricoles.
J'avais souhaité, puisque cela ne s'est jamais produit dans le
passé, qu'une commission de l'agriculture puisse, à la barre,
accueillir des gens, non seulement de ceux qui doutent du bien-fondé de
la loi sur la mise en marché ou qui font état de problèmes
très aigus qu'ils auraient vécus à l'intérieur de
l'application de cette loi, mais également entendre des personnes qui
ont assumé des fonctions d'administrateurs à l'intérieur
d'offices de producteurs, et qui ont dirigé des plans conjoints, pour
pousser à une connaissance approfondie de ce que cela a pu donner en
pratique et surtout des difficultés de parcours que ces gens ont
connues. Cela nous permettrait de mieux comprendre si les pouvoirs de la loi
sur la mise en marché sont aussi excessifs que certains le
prétendent ou si, devant certaines expériences vécues, il
n'était pas nécessaire peut-être d'ajouter un
petit peu plus de mordant lorsque des gens, à n'importe quel prix, sont
prêts à se foutre du système en vigueur.
On aurait entendu ceux qui ont vécu des expériences trop
dures dans l'application de la loi, qui ont fait face parfois peut-être
à des saisies de produits, saisies qui n'avaient pas lieu d'être
faites, d'après ce qu'on m'a rapporté, et qui, paraît-il,
débouchent sur des coûts qui sont assumés par ceux qui font
l'objet des saisies. Là, il faudrait aller voir ce que cela a
donné en pratique. Peut-être qu'au cours de ce débat,
article par article, non seulement peut-être, mais j'ai l'intention, si
la présidence n'y voit pas d'objection, si c'est à
l'intérieur de nos règles, de tenter de voir des
expériences. Je présume que la présence de notre
spécialiste va nous permettre d'avoir un éclairage, sans que cela
soit aussi complet que l'expérience que nous aurions vécue en
faisant comparaître devant nous tous les organismes qui ont touché
aux secteurs de la mise en marché à l'intérieur de la loi
sur la mise en marché, comme tous ceux qui ont, à tort ou
à raison, subi des préjudices sérieux dans l'application
de ces lois. Pour l'instant, j'arrête mes propos. Au cours des heures qui
vont suivre, nous aurons certainement l'occasion d'obtenir plus de
renseignements sur des expériences vécues, quelle que soit la
forme ou quel que soit le plan conjoint qui a fonctionné à
l'intérieur de la province ici.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Merci, M. le Président. Je crois qu'en
étudiant ce projet de loi d'ailleurs, on en a assez parlé
à l'Assemblée nationale les députés de cette
Chambre, spécialement ceux qui sont ici, qui sont
intéressés de près aux problèmes agricoles, savent
que cette loi est une loi importante pour l'économie agricole au
Québec. Or, je ne peux que me réjouir, en fait, des propos de mon
collègue de Montmagny-L'Islet, qui dit qu'il veut en savoir davantage,
et surtout de la présence ici d'un spécialiste dans le domaine,
Me Trudeau.
C'est d'ailleurs pour cela que l'Union Nationale a appuyé la
motion du député libéral de Maskinongé pour
retarder de 30 jours, mais ce n'est pas pour perdre du temps. Pendant ces 30
jours, on aurait pu tenir une commission parlementaire où justement des
spécialistes comme Me Trudeau, d'autres spécialistes comme les
dirigeants de l'Union des producteurs agricoles ou de ses
fédérations, d'autres spécialistes comme ceux qui dirigent
les sociétés coopératives agricoles, d'autres dans le
domaine privé ou d'autres peut-être qui étaient
intéressés à se faire entendre directement devant les
membres de l'Assemblée nationale auraient pu venir nous dire ce qui se
passe dans l'économie agricole au Québec et auraient pu venir
nous parler de leurs problèmes en tant que dirigeants d'un organisme
intéressé dans l'économie agricole ou même en tant
que producteurs agricoles tout simplement.
Il reste, M. le Président, qu'à l'heure actuelle, il y a
des problèmes dans le domaine agricole, les problèmes sont
nombreux et le ministre l'a reconnu, je pense, dans son allocation de
clôture de deuxième lecture. Il a dit: II y a des
problèmes, c'est un monde qui est compliqué, c'est une
économie qui est compliquée. Ce serait important et c'est encore
important, plus que jamais, qu'on ait de ces gens qui puissent venir, comme Me
Trudeau ou tous les autres spécialistes, faire profiter de leurs
lumières à la fois les députés à
l'Assemblée nationale, la population du Québec et aussi, en
particulier, tous ceux qui, de près ou de loin, militent, gravitent ou
travaillent autour du monde agricole au Québec.
Ici en particulier, il faut savoir que la loi 116 change quelque chose
dans l'économie agricole, spécialement pour les deux grandes
identités agricoles au Québec, les deux façons par
lesquelles les producteurs agricoles peuvent s'identifier et peuvent
communiquer entre eux, avec le gouvernement, avec les consommateurs et avec la
population du Québec, c'est-à-dire les syndicats agricoles, d'une
part, et les coopératives agricoles, d'autre part.
C'est intéressant, M. le Président, lorsqu'on
écoute les deux parties, de voir que ces deux parties, les syndicats
agricoles ou les coopératives agricoles, se disent au service du
producteur agricole et de la population du Québec. Il reste quand
même qu'il y a des conflits entre les deux. Ce qu'il est
intéressant de noter ou ce n'est peut-être pas
intéressant c'est que c'est le même membre, le producteur
agricole, qui est membre à la fois de son syndicat, qui est membre de sa
coopérative agricole et qui voit, au niveau supérieur, ces deux
organismes qui lui appartiennent, ni plus ni moins, se battre ensemble et se
faire une lutte de géants: c'est ce qui existe à l'heure actuelle
et c'est ce qui fera en sorte que la lutte se continuera en adoptant le projet
de loi 116.
C'est justement avant d'aller trop loin, avant de faire un autre pas
dans cette direction, que l'Union Nationale voulait une commission
parlementaire pour faire la lumière sur ce sujet. On a dit: Dans le
projet de loi 116, il y a deux choses bien différentes;
premièrement, c'est pour boucher les trous causés par le jugement
de la Cour suprême là-dessus, on ne se battra pas tellement
longtemps; même si on est contre toute loi rétroactive, on va
quand même dire: On vote, on adopte; on sait que la majorité va
l'emporter et que la loi va s'appliquer le lendemain matin
deuxièmement, le projet de loi 116 change autre chose dans
l'économie agricole. Avant de changer bien des choses, nous aurions
voulu que ces gens puissent au moins venir s'expliquer avec nous, à la
fois au point de vue vocation de syndi-calisation agricole, qu'est-ce que c'est
aujourd'hui, comment cela se comporte; Dieu sait que c'est compliqué
avec la grande centrale de l'UPA qui est formée en vertu de la Loi des
syndicats professionnels et on a aussi, à travers tout cela, les
syndicats de base ou de régions et les syndicats
spécialisés. Cela commence à compliquer passablement
l'existence. À travers tout cela, on a aussi les plans conjoints
le chapitre 36 qui parle des plans conjoints et des offices et on a
aussi la loi 64 qui nous parle de monopole de représentations, dans le
fond. C'est pourquoi, d'ailleurs, le Parti québécois de
Brome-Missisquoi a dit: II faut que la loi 64 soit abolie.
On voit tout de suite que ce n'est pas clair dans l'esprit de la
population du Québec, des hommes politiques et même des partisans
politiques à l'intérieur du même parti. Voilà
pourquoi je pense que ce que le ministre a dit en deuxième lecture: Ces
techniques, c'est compliqué, et ce qu'il vient de nous redire tout
à l'heure: C'est tellement technique et compliqué que je vais de
temps à autre demander à Me Trudeau d'intervenir pour expliquer
les détails. Si c'est technique et compliqué pour un juriste
aussi compétent que le ministre de l'Agriculture, cela doit être
technique et compliqué pour des députés qui ne sont pas
juristes et aussi pour des producteurs agricoles qui ne sont pas plus juristes
que plusieurs députés dans cette Chambre.
À travers tout cela, on a la Loi des sociétés
coopératives et, à travers les sociétés
coopératives, on a la coopérative fédérée,
les coopératives locales et les coopératives affiliées.
Tout cela pour dire que ça se complique de plus en plus et qu'il faut
définir une fois pour toutes où cela commence et où cela
s'arrête. Il faut aussi établir clairement, j'aimerais qu'on
puisse le faire brièvement, qu'on puisse le faire autour de cette table
en commission parlementaire, pour éclairer ceux qui seront
appelés à prendre des décisions dans le monde agricole
vis-à-vis de la vocation de la syndi-calisation agricole,
jusqu'où cela commence et jusqu'où ils ont le droit d'aller. (20
h 30)
Qu'on en discute autour de la table un peu pour savoir ce qu'ils ont le
droit de faire et aussi pour établir la vocation des coopératives
agricoles ou la commercialisation des produits agricoles, où cela
commence, où cela se termine. Parce qu'on sait, M. le Président,
qu'on a des conflits à l'heure actuelle dans ce domaine particulier et
je voudrais qu'à la fois les syndicats agricoles, d'une part, et les
coopératives agricoles, d'autre part, ne soient pas en guerre les uns
contre les autres, mais soient véritablement des outils au service de la
classe agricole. À l'heure actuelle, beaucoup de travailleurs, de
producteurs agricoles nous disent: Quelques fois on a l'impression que ce ne
sont pas des outils qui nous appartiennent mais que ce sont des géants
qui s'affrontent au-dessus de nos têtes et c'est nous qui payons pour,
finalement. Je pense que cette commission parlementaire, même si on peut
avancer un peu la discussion de ce côté-là en
étudiant le projet de loi 116, va nous permettre de faire un pas
important dans cette direction et cela va nous permettre d'aider à la
fois les syndicalistes, ceux qui représentent le syndicat agricole, et
ceux qui représentent les coopératives agricoles. En même
temps, si on peut les aider tous les deux à mieux se comprendre, on va
aider le producteur agricole à mieux comprendre un peu ce que sont les
deux vocations.
Je ne voudrais pas qu'un jour le producteur agricole soit obligé
de choisir entre son syndicat et sa coopérative. Je voudrais bien que le
producteur agricole choisisse les deux et qu'on ne lui impose pas un jour de
faire un choix, en disant: Tu as à choisir entre l'un ou l'autre. Je
crains, M. le Président, qu'en continuant dans la direction où on
est parti présentement, on force le producteur agricole à faire
un choix entre l'un ou l'autre et cela serait mauvais. Il veut choisir les deux
parce qu'il a besoin des deux et c'est là la fonction et le devoir
à la fois du ministre de l'Agriculture et des parlementaires autour de
cette table, de ceux au moins qui croient à l'économie agricole,
à savoir de définir un peu plus où cela commence et
où cela s'arrête pour ne pas mettre le producteur agricole dans
une situation où il devra un jour choisir entre sa coopérative et
son syndicat.
Un exemple de cela, M. le Président, qu'il y a des
problèmes, c'est une ordonnance ou une enquête faite par la
Régie des marchés agricoles et l'ordonnance, la décision
est datée du 18 octobre. Il serait intéressant, M. le
Président, de prendre quelques minutes pour regarder ce qui se passe
dans le monde agricole. Cela va nous faire comprendre beaucoup plus les dessous
de la loi 116 et pourquoi cela arrive de telle ou telle façon.
M. Garon: On n'est pas au discours de deuxième lecture. On
est à l'étude article par article.
M. Biron: Oui, mais je pense que j'ai le droit de faire des
remarques préliminaires au début.
M. Garon: Oui, mais il y a une chose que je voudrais vous dire,
que j'ai dite aujourd'hui, les mouvements coopératifs appuient cette
loi. Je ne voudrais pas pour...
M. Biron: M. le ministre, je ne vous ai pas interrompu quand vous
avez parlé.
M. Garon: Oui, mais vous avez fait votre discours de
deuxième lecture. On est rendu à l'étude article par
article.
Le Président (M. Laplante): Vous allez avoir un droit de
réplique, M. le ministre, si vous voulez le prendre à ce
moment-là. M. le député de Lotbinière.
M. Biron: Merci, M. le Président.
M. Garon: II parle combien de temps?
Le Président (M. Laplante): II a droit à vingt
minutes.
M. Biron: M. le Président... M. Garon: Je vais
aller fumer.
M. Biron: Écoutez, écoutez ce qui se passe.
Intéressez-vous donc un peu aux problèmes.
M. Garon: Ce sont toutes des faussetés.
M. Biron: Ce ne sont pas des faussetés. Le 18 octobre, la
Régie des marchés agricoles a dit quelque chose
d'intéressant vis-à-vis des problèmes dans la classe
agricole. Si la loi 116 ne regarde pas la classe agricole, je me demande ce
qu'on fait ici. Si ça regarde les problèmes de la classe
agricole, on va regarder un peu les problèmes de fond qu'il y a
là-dedans. Il y a un affrontement, on a dit que c'était
compliqué, le ministre l'a dit, je le comprends, que c'est
compliqué, quand même, il y a des affrontements, à l'heure
actuelle. La régie dit ceci, dans son étude d'ordonnance: "II
faut d'abord rappeler la situation qui existait l'hiver dernier." Cela ne
dépend pas du Parti québécois, parce que les
problèmes existaient avant l'arrivée du PQ et je n'attaque pas le
Parti québécois là-dessus, je constate simplement qu'il y
a des problèmes, je le déplore et je voudrais qu'on fasse un
effort pour résoudre ces problèmes.
C'est là que je veux offrir au ministre toute ma collaboration
pour résoudre ces problèmes. On ne les réglera
peut-être pas à 100%, mais si on peut en régler 50%, M. le
ministre, je pense qu'on aura fait quelque chose. La régie dit ceci: "II
faut d'abord rappeler la situation qui existait l'hiver dernier, lorsque la
régie a décidé de procéder à ces audiences.
Elle constatait en effet à cette période des difficultés
considérables dans l'application des plans conjoints du secteur laitier,
les relations très tendues entre les offices de producteurs de lait, les
conflits entre ces offices et les coopératives laitières, les
conséquences désastreuses que l'on pouvait appréhender,
tant pour les producteurs eux-mêmes que pour l'industrie laitière
en général, ainsi qu'une utilisation contestée de
contributions perçues des producteurs visés par le plan conjoint
des producteurs de lait. "Devant ces difficultés majeures qui lui
paraissaient mettre en danger le meilleur intérêt des producteurs,
individuellement et collectivement, la régie a cru devoir intervenir, en
vertu des articles de la loi. La régie a donc déclaré
qu'elle devait considérer la suspension, pour cause, de l'application
des plans conjoints dans le secteur laitier ou des règlements
adoptés par les offices de producteurs concernés ou de l'un ou de
l'autre de ces plans ou règlements, pour ensuite en confier
l'administration, selon la loi, à une personne ou à un organisme
qu'elle pourrait désigner. Il ne lui paraissait pas y avoir d'autre
alternative, car il était à ce moment évident que les
organismes de producteurs étaient incapables de régler les
problèmes urgents qui se multipliaient."
Cela veut dire que la régie a constaté qu'il y avait des
problèmes. Ce n'est pas tout de dire qu'il n'y en a pas et que ça
va se régler tout seul, il y en avait des problèmes et nous, on a
à y faire face aujourd'hui, on a à y apporter des solutions. La
loi 116 n'y apporte pas de solutions, M. le Président. C'est pour
ça que je tiens à faire un tour d'horizon avant qu'on commence
à étudier, article par article, pour voir si on ne pourrait pas
apporter des amendements à la loi 116 justement pour aider à
apporter des solutions à ces problèmes.
La régie dit ceci: Quelles étaient ces difficultés
si importantes qui pouvaient inciter la régie à considérer
ces mesures de suspension? La régie est bien consciente que le plan
conjoint est un mécanisme mis à la disposition des producteurs
pour qu'ils assument eux-mêmes leurs responsabilités et puissent
améliorer les conditions de mise en marché de leurs produits et
que seules des circonstances extraordinaires peuvent justifier une intervention
de cette nature.
Il y avait d'abord le problème immédiat posé par
l'impossibilité, pour la Fédération des producteurs de
lait et la Fédération des producteurs de lait industriel ainsi
que pour les deux autres offices de producteurs, de s'entendre sur le partage
du quota total établi par le Québec dans le cadre de l'accord
fédéral-provincial créant un plan global pour la mise en
marché du lait au Canada.
C'était la première chose. Les deux offices avaient des
problèmes à s'entendre. La régie a dû intervenir. On
va voir un peu plus loin qu'il y en a une partie qui semble vouloir se
solutionner, mais on n'est pas allé au fond des choses
complètement.
D'autre part on nous dit cela un peu plus loin le
programme d'intégration des producteurs de lait industriel au secteur de
lait nature était également devenu une source de conflit
permanent entre les deux fédérations ainsi qu'avec les
coopératives laitières.
Ce n'est pas d'aujourd'hui. Le ministre en a hérité. Je
suis bien d'accord avec lui qu'il a hérité du problème et
que c'est lui qui a le bébé dans les bras quand il y a de la
difficulté, mais, quand même, il faut envisager le
problème, le regarder en face et dire: On peut peut-être apporter
des solutions.
Il est dit un peu plus loin: À ce sujet, le procureur de la
Coopérative fédérée de Québec,
farouchement opposé à ce que la Fédération
des producteurs de lait dirige ainsi le lait de ses membres la
fédération pouvait le diriger dans une usine ou dans l'autre et
cela causait des torts, des préjudices, d'après les
coopératives des membres des coopératives vers d'autres
usines, brisant ainsi, selon lui, le lien entre le membre et sa
coopérative et ce, contrairement aux dispositions des lois
concernées...
On a une idée, M. le Président, que, véritablement,
cela allait mal dans le secteur. Un peu plus loin, on voit ce que la
régie dit: Enfin, la régie voulait vérifier l'utilisation
réelle des sommes perçues par la Fédération des
producteurs de lait, en vertu de son règlement imposant une contribution
pour fins de publicité, promotion et développement des
marchés, et s'assurer que cette contribution servait aux fins
prévues à la loi et au règlement, et conformément
aux déclarations faites par la fédération lorsqu'elle
avait fait approuver ce règlement par la régie. C'est une autre
chose. J'ai questionné le ministre là-dessus et il a reconnu
qu'il y avait des petits problèmes dans ce domaine en particulier.
La régie dit ceci, un peu plus loin, et cela achève ma
citation là-dessus: Après le début des audiences, les deux
fédérations de producteurs de lait ont, de fait, reconnu qu'il
existait des problèmes majeurs entre elles, puisqu'elles ont
signé des ententes sur plusieurs des objets de l'enquête. Il
semble en effet que les administrateurs des deux fédérations se
soient "compris" ou qu'ils aient enfin constaté que
l'intérêt des producteurs exigeait un règlement rapide des
différends c'est l'intérêt des producteurs qui doit primer
et non pas l'intérêt des dirigeants de fédérations
ou des dirigeants des coopératives et qu'il était
préférable d'apporter une solution provenant des organismes de
producteurs eux-mêmes. En effet, elles ont signé des ententes le 5
avril 1978.
Mais, un peu plus loin, la régie dit ceci, et c'est
inquiétant: La régie déclarait entre autres, à
cette occasion, qu'elle ne veut certes pas empêcher les organismes de
producteurs appliquant des plans conjoints de rechercher des solutions aux
divers problèmes qui peuvent exister, mais le document
déposé était de nature beaucoup trop
générale et préliminaire pour justifier une homologation.
On a voulu commencer une entente, on n'est pas allé au fond des choses
complètement.
Et la régie dit ceci: II est donc évident que, même
si les problèmes ne sont pas tous réglés, une partie du
litige a été solutionnée. Quant aux organismes appliquant
des plans conjoints, ils ne voient plus aucun motif justifiant la suspension
des plans. Les deux fédérations soutiennent en effet que l'agence
mise sur pied pourrait progressivement établir le seul mécanisme
pratique pouvant conduire à une action unifiée et
entièrement coordonnée.
Cela, est entre les deux fédérations, la nouvelle
fédération ou les deux fédérations et les
coopératives. C'est là qu'on commence à avoir un peu les
problèmes, au niveau des coopératives. Les différends
entre les coopératives laitières, d'une part, et les organismes
chargés d'appliquer les plans conjoints dans ce secteur sont nombreux et
importants. On apporte la loi 116. Cela va juste continuer les
problèmes, cela ne les réglera pas. C'est là-dessus, M. le
Président, que l'Union Nationale a dit: Nous voulons protéger
tout d'abord les producteurs agricoles, et, finalement, dire aux organismes:
Vous allez servir vos producteurs et vous ne servirez plus seulement les
organismes.
La régie dit ceci: La profondeur du fossé qui s'est
cependant creusé peut se mesurer à la nature des arguments
soulevés lors des audiences et aux requêtes
présentées par des coopératives agricoles
laitières, le 24 avril dernier. Ces dernières ont en effet
demandé à la régie de les exempter de l'application des
plans conjoints appliqués par les deux fédérations. Les
coopératives veulent être exemptées des plans conjoints et
elles ont déposé une requête pour l'établissement
d'un nouveau plan conjoint qui serait administré par les membres du
Conseil de la coopération laitière. Il viserait les producteurs
fournisseurs des coopératives laitières requérantes et
leurs filiales, mais la régie indique bien qu'il y a mésentente
entre ces organismes de producteurs sur des facteurs d'une telle importance que
ces coopératives considèrent la séparation
inévitable entre, d'une part, les coopératives et les
fédérations de producteurs de lait du syndicalisme agricole.
C'est pour cela qu'on voudrait, avant d'aller trop loin dans ce projet
de loi, entendre justement des fédérations de producteurs du
syndicalisme agricole, des représentants de ces
fédérations il y en a ici pour savoir
véritablement quel est le fond du problème, pourquoi on ne
s'entend pas avec les coopératives et on pourrait peut-être aussi
entendre les coopératives, ceux qui sont véritablement
intéressés dans ce domaine pour savoir ce qu'il y a
là-dessus, ce qu'il y a qui ne marche pas et on pourrait...
Le Président (M. Laplante): ... répondu, M. le
député de Lotbinière.
M. Biron: ... facilement en venir au moins à faire une
étape importante vis-à-vis de la solution à apporter
à ces problèmes.
Le Président (M. Laplante): Votre temps est
terminé, monsieur.
M. Fontaine: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Chevrette: II n'y a pas de priorité aux responsables de
partis ici.
M. Fontaine: Vous disiez tout à l'heure au
député de Lotbinière et chef de l'Union Nationale que son
droit de parole était limité à vingt minutes. Je pense que
nous devons considérer autre chose. Lorsqu'il s'agit de parler sur une
motion en commission parlementaire, c'est bien sûr que c'est
limité à vingt minutes, mais il est de droit coutumier en
commission parlementaire qu'au début de chaque commission les
députés puissent faire des remarques préliminaires.
À ce moment-là, il n'y a aucune limite de temps imposée
dans notre règlement, c'est selon la coutume. Je me rappelle fort bien
qu'à une commission parlementaire qui a eu lieu avant la reprise de nos
travaux il y a quelque temps, lorsque nous avons étudié la
question constitutionnelle, le ministre des Affaires intergouvernementales, M.
Morin, a parlé pendant plus d'une heure pour faire des remarques
préliminaires et les autres députés qui parlaient
également à cette commission en ont fait presque autant. Je
voudrais vous soumettre ces remarques et vous demander d'appliquer la coutume
qui veut qu'un député puisse parler un temps raisonnable pour
expliquer son point de vue, au début, par des remarques
préliminaires.
Le Président (M. Laplante): Me sentant déjà
assez informé sur cette question de règlement, je m'appuierai sur
l'article 160 du règlement. Suivant justement la coutume, parce que
depuis deux ans je préside ces commissions et, très rarement, un
député, dans les remarques préliminaires, a prix vingt
minutes ou a dépassé les vingt minutes. Ordinairement, ces
quelques remarques faites autour du projet de loi par le ministre, les chefs de
partis, la plupart du temps, se sont limitées à cela.
Aujourd'hui, je ne brimerai pas votre droit de parole. Si vous avez l'intention
de faire des remarques préliminaires, je vous donnerai votre droit de
parole vous aussi, M. le député de Nicolet-Yamaska, mais pour le
fonctionnement de cette commission, je me limiterai à ce que le
règlement nous permet, c'est-à-dire vingt minutes par
intervenant.
M. Fontaine: Avez-vous pris en considération, M. le
Président, la citation que je vous ai faite de la commission
parlementaire de la présidence du conseil durant laquelle le ministre
Morin a parlé une heure au moins? Je pense que vous avez même
assisté à cette commission.
Le Président (M. Laplante): J'ai pensé aux
argumentations, mais on dit souvent aussi que la coutume s'établit dans
les commissions parlementaires comme à l'Assemblée nationale. La
coutume veut qu'on ne dépasse pas vingt minutes. Une exception ne fait
pas une coutume, c'est ainsi que je l'interprète. M. le
député de Beauce-Sud. (20 h 45)
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Le projet de loi 116 dont
nous entreprenons l'étude, à la suite du mandat que la commission
parlementaire a reçu de l'Assemblée nationale, je n'ai pas besoin
de vous dire que c'est une loi très importante qui apporte des
changements majeurs dans le fonctionnement des offices de mise en marché
des produits agricoles j'ai bien dit des amendements majeurs, des
modifications majeures. C'est la première fois, à ma
connaissance, qu'un projet de loi touchant la classe agricole suscite autant de
questions, fasse autant parler de lui. Je ne me souviens pas, pour me rappeler
qu'il y a déjà de nombreuses années, qu'il se soit fait
autant de réunions, de part et d'autre, pour étudier un projet de
loi, la portée d'un projet de loi, ses avantages comme ses
inconvénients, dans le monde agricole.
J'ai pu constater d'ailleurs, le ministre l'admet lui-même,
puisqu'il a parlé de 75% des agriculteurs aujourd'hui qui étaient
en faveur. Je pense qu'on pourrait faire des petits sondages dans
différentes régions pour se rendre compte que 75%, c'est plus que
discutable, parce que dans certaines régions, c'est 60% ou 70% qui sont
contre, dans d'autres régions, cela peut être différent.
J'ai assisté à des réunions moi-même auxquelles,
à un moment donné, des votes ont été pris; cela a
été à 95% contre; dans d'autres réunions, cela a
été à 60% pour je n'ai interrompu personne et je
n'entends pas être interrompu non plus, si d'autres députés
veulent intervenir, ils interviendront, ils diront ce qu'ils ont à
dire.
Le ministre a essayé de rassurer les membres de
l'Assemblée nationale cet après-midi en disant que la
coopération avait obtenu satisfaction. Je pense que M. le ministre, qui
possède son dossier très bien, connaît le problème;
je suis convaincu que le ministre connaît très bien le
problème et qu'il devra admettre en toute honnêteté que la
coopération n'est pas aussi rassurée que cela. Il n'y a pas
seulement la Coopérative fédérée dans le secteur de
la coopération, il n'y a pas seulement la Coopérative de Granby
non plus. Il y a bien d'autres secteurs dans la coopération. Je suis
convaincu que le ministre a eu des discussions, a eu des pourparlers avec les
gens concernés qui se posent des questions, et de sérieuses
questions. Ce n'est pas depuis que le ministre actuel occupe la fonction de
ministre de l'Agriculture que ces questions se posent. Avec le
dépôt du projet de loi 116 et avec les changements majeurs qu'il
apporte, évidemment, cela relance le débat, il faut l'admettre en
toute honnêteté. Les producteurs aussi se posent des questions.
C'est tellement vrai que même dans la Terre de Chez Nous, dans
l'édition du 1er février 1979, il y a un éditorial de
Daniel Rivest qui se termine comme suit: "Non, vraiment, dans le sillage du
projet de loi 116, il n'y a pas que des dissidents à remettre à
leur place. Il y a aussi beaucoup d'insatisfaits qui ont perdu la leur
ce n'est pas le député de Beauce-Sud qui a écrit cela
ou qui la cherchent toujours." On ajoute ceci dans l'article, et je le
dis à l'intention du ministre et dans l'intérêt de tout le
monde: "S'ils ont encore la force de s'écrier, leur UPA doit trouver
celle de les entendre." Ceux qui connaissent le milieu agricole comprennent ce
que veulent dire ces propos.
M. le Président, dans l'étude de ce projet de loi,
à venir jusqu'à maintenant, nous avons manqué
d'éclairage. Quand je dis que nous avons manqué
d'éclairage, je peux dire que le ministre nous avait dit qu'il avait
beaucoup de déclarations,
de lettres, de certifications, d'avis juridiques certifiés
à nous communiquer. Nous avons le privilège d'avoir Me Trudeau
avec nous. Nous allons sûrement en profiter, comme l'a dit le
député de Montmagny-L'Islet et comme l'a dit le
député de Lotbinière, le chef de l'Union Nationale. On a
manqué d'éclairage et on manque énormément
d'éclairage dans les milieux agricoles. C'est tellement vrai qu'on a
même dit que si la loi 116 n'était pas adoptée, tous les
plans conjoints au Québec étaient finis. On a
véhiculé cela partout. Cela s'est même dit à
l'Assemblée nationale.
M. Garon: Les plans nationaux.
M. Roy: Non, tous les plans conjoints. On n'a pas fait de
distinction avec les plans nationaux. Si on avait dit les plans nationaux,
j'aurais dit: Oui, ce n'est pas tout à fait faux, malgré qu'on
pourra revenir sur cette question; on a parlé de tous les plans
conjoints sans exception.
Plusieurs agriculteurs ont communiqué avec moi, non seulement de
ma région, mais d'autres régions du Québec; je pense que
c'est la même chose pour les autres députés aussi. Est-il
vrai que si la loi 116 n'est pas adoptée, tous les plans conjoints sont
finis dans la province de Québec, il n'y a plus d'existence de plans
conjoints? C'est absolument faux, et quand je me suis permis de rectifier les
faits chez nous pour expliquer un peu à la population de quoi il
s'agissait au juste, là on a sorti un autre argument à savoir que
nous étions contre l'UPA, qu'on faisait le procès de l'UPA.
Je pense qu'il y a une distinction très claire à faire en
disant que l'UPA c'est une chose, ça existe en fonction d'une loi et la
loi 116 ne touche pas la loi comme l'a dit le député de
Saint-François, la loi 116 ne touche pas la loi du syndicalisme agricole
au Québec. On n'a pas à en faire le procès, on n'a pas
à faire des commentaires et on n'a pas non plus à accuser les
députés qui ont des objections à la loi 116 en leur
collant une étiquette, en disant que ce sont des gens qui veulent
détruire l'UPA, que ce sont des gens qui sont contre l'UPA. Il n'en est
absolument rien et c'est la raison pour laquelle je tenais à faire ces
mises au point qui sont fondamentales, qui sont très importantes.
On change le niveau des pouvoirs dans la loi 116. C'est ce qu'on se
refuse à dire ou qu'on dit avec des termes extrêmement
voilés qui prêtent à toutes sortes
d'interprétations. Au lieu de se limiter à avoir des pouvoirs au
niveau de la mise en marché des produits agricles, on veut
étendre les pouvoirs dans tous les secteurs, cela ne veut pas dire qu'on
va les utiliser demain matin, mais la loi va être là pour
établir des contrôles de la production. Au lieu d'avoir des
pouvoirs de contrôle et des pouvoirs de contingence au niveau de la mise
en marché, on va étendre les pouvoirs de la loi, les pouvoirs des
offices de mise en marché pour leur permettre d'aller contrôler la
production. Lorsqu'on parle d'aller contrôler la production, on parle de
contrôle chez le producteur, comme si l'agriculteur n'était pas
capable de s'autodiscipli- ner lorsqu'il a un quota de mise en marché et
qu'il peut produire de façon inconsidérée. On va faire en
sorte, à un moment donné, qu'il n'y ait aucune porte de sortie,
qu'il n'y ait aucune issue, qu'il n'y ait aucune faille dans la loi, mais on ne
semble pas se rendre compte qu'en procédant ainsi on est en train de
bâtir une immense cage dorée aux agriculteurs, qu'on est en train
de leur bâtir une prison.
Ce n'est pas la première fois que je fais des mises en garde de
la sorte à l'endroit du ministre de l'Agriculture, je ne parlerai pas du
ministre de l'Agriculture actuel, je vais parler de ses
prédécesseurs. Je me souviens de trop de lois qui ont
été adoptées à l'Assemblée nationale et
d'avoir fait certaines mises en garde contre la portée de la loi et de
la façon dont on utiliserait cette loi par la suite. Le lendemain matin,
les pouvoirs n'ont pas été utilisés au maximum, mais je me
suis très bien rendu compte, et la population du Québec, les
agriculteurs et les gens concernés ont eu l'occasion de se rendre compte
que, moins d'un an après, les pouvoirs étaient largement
utilisés. Qu'il me suffise de parler de la loi concernant la
qualité des produits agricoles, la qualité des viandes, alors
qu'on avait mis le gouvernement en garde contre le fait qu'on voulait
s'attaquer aux petits établissements plutôt que de faire en sorte
de régler les problèmes au bon endroit. On a vu ce que cela a
donné par la suite, d'ailleurs, le ministre actuel de l'Agriculture a
hérité du dossier et il a dû apporter certains correctifs
pour établir un certain équilibre de ce côté.
Or, M. le Président, je ne prétends pas avoir un
certificat d'infaillibilité, je ne pense pas que le ministre l'ait
obtenu non plus; alors, dans ce projet de loi, étant donné qu'on
change le niveau des pouvoirs, il aurait été bien important qu'on
puisse entendre et là-dessus je souscris aux propos qui ont
été tenus par les deux personnes qui m'ont
précédé ici, à cette commission
parlementaire les intéressés qui voulaient se faire entendre. Il
y a eu une motion à l'Assemblée nationale qui n'a pas permis que
cette commission parlementaire existe, mais je me permets de formuler le voeu,
même après l'adoption de la loi 116, qu'il y ait une commission
parlementaire générale de l'agriculture pour examiner ces
problèmes, parce que j'ai toujours mal compris comment il se faisait que
des producteurs agricoles devenaient sociétaires d'une
coopérative, devenaient membres de leur association professionnelle et,
par le fait qu'ils devenaient membres de leur association professionnelle,
c'était effectivement pour avoir des services que donne une association
professionnelle, pour avoir la protection nécessaire, pour être
capables de se donner une forme de représentativité, un pouvoir
de pression, un pouvoir de persuasion, pour pouvoir obtenir mieux et plus.
Ces mêmes producteurs se sont aussi donné des
coopératives qui verraient à faire la mise en marché de
leurs produits, qui verraient aussi à en faire la transformation. Chose
curieuse, les deux
organismes, propriétés des mêmes agriculteurs, se
font la lutte depuis des années. Est-ce la faute du syndicalisme
agricole? Est-ce la faute de la coopération? Je ne suis prêt,
à ce moment-ci, à accuser ni l'un ni l'autre, mais j'aimerais
dire au ministre qu'il faudra qu'on examine ce dossier. Le défi qui est
devant nous est peut-être de trouver et de déterminer la place de
chacun: Quand le rôle de l'un commence, quand il se termine; quand le
rôle de l'autre commence et quand il se termine, de façon qu'ils
aient leur rôle spécifique.
Je ne conçois pas qu'un agriculteur soit obligé de choisir
entre son syndicat et sa coopérative. J'ai oeuvré suffisamment
longtemps dans le secteur de la coopération pour pouvoir en discuter un
peu; je ne connais pas tous les aléas de ce dossier, mais je pense que
cela crève les yeux, ça fait tellement longtemps qu'on en parle.
Ces deux organismes, ces deux institutions, propriétés du monde
agricole, au service du monde agricole, ne sont pas là pour
s'autodétruire et se faire concurrence; ils sont plutôt là
pour se compléter. Il faudra un certain courage, à un moment
donné, du côté gouvernemental, pour tâcher de faire
en sorte que ces gens puissent s'asseoir autour d'une même table. Il
faudra que la commission parlementaire joue son rôle, et je pense que
c'est un instrument privilégié, dans les circonstances, qui nous
permettrait justement d'examiner le dossier en entendant les parties. On l'a
fait dans d'autres secteurs d'activité économique, on l'a fait
également dans tous les secteurs qui touchent le gouvernement, que ce
soit dans le domaine social, que ce soit dans le domaine de l'éducation,
dans le domaine des loisirs, dans tous les secteurs; je ne verrais pas pourquoi
on ne le ferait pas également dans le monde agricole.
C'est important, c'est urgent que cela se fasse parce que trop
d'énergie a été gaspillée à ce jour, trop
d'argent a aussi été dépensé. Cet argent, ce sont
les producteurs agricoles qui en font les frais, il ne faut pas l'oublier, et
ce sont les seuls jusqu'à maintenant à en avoir fait les frais.
C'est pourquoi j'ai dit qu'il n'était pas urgent d'adopter le projet de
loi 116, qu'il n'était pas urgent non plus de changer le niveau des
pouvoirs des offices de mise en marché si on ne prenait pas soin de
revoir tout le dossier, comme je l'ai déjà dit en plusieurs
occasions, pour tâcher de faire en sorte de définir les
responsabilités de chacun, pour que chacun prenne sa place, que chacun
joue son rôle et que la classe agricole puisse retirer les services
qu'elle attend de ces institutions, de ces organismes qui lui
appartiennent.
M. le Président, les offices de mise en marché existent en
vertu d'une loi. C'est la raison pour laquelle j'ai toujours trouvé
déplorable qu'on accuse des députés de l'Opposition qui
ont des objections à la loi 116 d'être contre les offices de mise
en marché. Les offices de mise en marché existent en vertu d'une
loi qui a été refaite par le bill 12, chapitre 36 des statuts de
1974. C'est en vertu de cette loi que les offices de producteurs existent. La
loi 36 n'est pas remise en cause; le bill 12de 1974 n'est pas remis en cause
par la loi 116, on ajoute des pouvoirs à cette loi. Cela, on devrait le
dire aussi.
La loi sur la mise en marché des produits agricoles a
été adoptée en vertu d'un grand principe que je ne saurais
nier et qu'aucun membre de cette commission parlementaire ne saurait nier non
plus. C'est le droit des individus qui ont les mêmes
préoccupations, qui sont dans le même secteur, de s'associer;
cette loi existe en vertu de ce droit qui leur a été
accordé. C'est en vertu de ce droit fondamental que la Loi sur la mise
en marché des produits agricoles a été votée un
jour même si elle a été amendée par la suite
et les offices de mise en marché, les offices de producteurs
existent en vertu de cette loi. Il faudra qu'on cesse un peu de charrier et
qu'on rétablisse les choses dans leur contexte.
En ce qui a trait aux plans conjoints, il y a un problème qu'on
ne saurait nier. Les plans conjoints, de par les structures actuelles, de par
la loi actuelle... Je n'ai pas de formule à proposer à la
commission parlementaire aujourd'hui là-dessus, mais la dissidence a
été engendrée par les plans conjoints; cela, on ne peut
pas le nier. Dans d'autres secteurs du syndicalisme, il y a des choix qu'une
personne peut faire, mais ce n'est pas le cas pour la classe agricole. Dans le
secteur des travailleurs, il y a trois grandes centrales syndicales. Dans
d'autres domaines, même chez les enseignants, il y a une centrale
distincte en ce qui regarde Montréal du moins. De ce
côté-là, étant donné... Cela fait
peut-être sourire le ministre, mais... (21 heures)
M. Garon: Quand vous disiez que les dissidents étaient
engendrés par les plans conjoints, c'est un peu comme l'Opposition qui
est engendrée par les élections.
M. Roy: Non. L'Opposition est engendrée assez souvent par
les erreurs que font les gouvernements. Il faudrait dire cela aussi. Par les
erreurs que fait un gouvernement. Je ne dis pas plus le gouvernement actuel que
d'autres, des gouvernements parfaits, d'ailleurs, il n'y en a pas. Mais j'ai vu
des endroits où il n'y avait pas d'Opposition. J'ai eu l'occasion de
visiter certains pays qui avaient un parti unique et il fallait franchir des
barrières militaires et des soldats armés jusqu'aux dents pour
pouvoir y pénétrer. Alors, disons que malgré les
faiblesses de notre système... Je vais dire comme Winston Churchill
avait dit un jour: Le pire des systèmes politiques que je connaisse
c'est la démocratie, mais c'est le seul que je connaisse qui est encore
valable.
Les plans conjoints engendrent la dissidence. Les dissidents
plutôt que de les rejeter, les cataloguer comme étant des moins
bons, des mauvais, des pas bons, des brebis galeuses, des brebis
égarées, des brebis noires, il y aurait peut-être lieu
d'examiner le dossier. Je ne conçois pas qu'il y ait des individus de
deuxième classe, des individus de troisième classe, des individus
de quatrième classe. Il y a, chez ceux qu'on appelle les dissidents,
différentes catégories de personnes qui sont dissi-
dentes pour bien des raisons différentes que celles que le
ministre appelle les superintégrateurs. Il y a des gens qui sont
dissidents pour bien d'autres raisons. Qu'il suffise de regarder le Syndicat
des producteurs de bois dans certaines régions de la province, par
exemple. Il y aurait d'autres domaines sur lesquels on pourrait expliciter
à ce moment-là. Il va falloir qu'on se penche sur cette question,
parce que si la dissidence continue à augmenter comme elle augmente
jusqu'à maintenant, on va se retrouver devant des problèmes
extrêmement sérieux tout à l'heure. C'est une question qui
demande qu'on revoie tout ce dossier.
M. le Président, je terminerai là-dessus, pour dire que
j'aurai plusieurs amendements à proposer lors de l'étude de ce
projet de loi article par article. Je sais que mes collègues de l'Union
Nationale et du Parti libéral ont également des amendements, mais
je veux dire à l'honorable ministre que c'est avec un souci
d'objectivité, avec un intérêt certain à l'endroit
de la classe agricole que nous allons travailler à faire en sorte,
puisque le gouvernement a fait son lit, de bonifier ce projet de loi et
même, par nos démarches, par nos discussions, par nos amendements,
nous allons tenter, nous allons faire tout en notre possible pour qu'au moins
certaines balises soient fixées de façon qu'il n'y ait pas d'abus
dans l'utilisation des pouvoirs que je considère abusifs que le projet
de loi actuel accorde aux offices de mise en marché.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
Autre intervention M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, le député de
Beauce-Sud disait que plusieurs personnes se posaient des questions. Je dirais
que plusieurs députés seraient en mesure, après avoir
entendu ce qu'on a entendu sur la loi 116, autant au niveau de la
deuxième lecture que ce soir au niveau des exposés, de se poser
plusieurs questions. Il y en a qui essaient de faire des pirouettes
après s'être branchés en faveur pratiquement des
dissidents, au départ. Ils essaient maintenant de faire miroiter que
c'est une opposition entre coopérants et syndiqués. C'est le cas
de l'Union Nationale entre autres, qui, je le comprends, à cause de la
position qu'elle a prise au départ, se sent un peu mal à l'aise
dans ses souliers et se doit d'essayer de valser, comme elle l'a toujours fait
de toute façon, pour se trouver une position qui lui permettra de ne pas
trop perdre de plumes au bout de la course. On pourrait aussi se poser beaucoup
de questions, parce que nous avons ouï-dire et c'est permis de dire que
nous avons entendu dire que certains politiciens ont tenu des discours
différents selon les groupes auxquels ils faisaient face. Si
c'étaient des groupes de dissidents, ils ont cherché les
applaudissements des dissidents et, se retrouvant devant des producteurs
agricoles, ils ont cherché la claque des producteurs ou de l'UPA.
Tout cela, M. le Président, j'ai bien l'impression qu'il y a
quelque chose en dessous de cela. C'est peut-être une conception
même du type d'agriculture qu'on veut au Québec aussi.
Personnellement, quand on parle de coopérative et qu'on essaie de mettre
ça en opposition avec le syndicalisme agricole, je pense que c'est de
vouloir faire des batailles de structure. Il me semble que tout être le
moindrement brillant sait très bien qu'une structure, c'est un moyen, ce
n'est pas une fin. Celui qui fait une bataille sur une structure, à mon
sens, est très faible. Il devrait beaucoup plus viser les objectifs des
fins recherchées que d'essayer de se brancher pour ou contre une
structure.
Personnellement, je suis en faveur du type d'agriculture un peu
familial, conserver le type d'agriculteurs qu'on a, les encourager, bien
sûr, à rentabiliser leur ferme, mais pas arriver
j'espère que cela n'arrivera pas au Québec à avoir
une minorité de possédants au niveau des terres ou encore au
niveau de l'industrie agricole comme telle. Parce que face à la
concentration de plus en plus grande des acheteurs, au niveau de l'agriculture,
j'ai bien l'impression qu'il y a seulement deux groupes qui en profiteraient au
Québec: les intégrateurs et les grosses compagnies.
Qu'est-ce qui arriverait à nos petits producteurs, à
toutes fins utiles? Ils se donneraient, ils seraient obligés de se
vendre à si bon marché et au bout de la course, le consommateur
serait probablement le plus pénalisé. C'est une question de
philosophie, d'approche, au niveau de l'agriculture, on est d'accord ou on
n'est pas d'accord. Mais à écouter certains représentants
de partis politiques, c'est à se demander s'ils ne sont pas
donnés corps et âme à certains groupes, et pour des motifs
que j'invoquerai au niveau de la troisième lecture, si on m'en donne la
chance parce que j'aurai peut-être des questions à poser
publiquement, devant les caméras. On a laissé faire le spectacle
au niveau de la deuxième lecture, on aurait peut-être des
questions percutantes au niveau de la troisième lecture. J'aurai sans
doute quelques questions précises à adresser au chef de l'Union
Nationale.
Je voudrais aussi développer un peu ma conception quant à
la protection du petit et du moyen producteur au Québec. C'est
pratiquement inconcevable qu'on ne leur permette pas d'opter pour la formule de
leur choix. Il faut reconnaître que le syndicalisme agricole existe. On
peut être d'accord et on peut être en désaccord. Mais
après que les cultivateurs ou que les producteurs se sont
prononcés aussi massivement qu'ils l'ont fait dans le passé, par
exemple, j'ai des cas bien précis devant moi. 29 567 producteurs dans le
domaine du lait industriel se sont prononcés, sur 32 000. Cela commence
à être représentatif, 90% des gens qui se sont
exprimés et qui ont voté, même à une majorité
absolue, quand vous faites le décompte des pour et des contre. C'est
représentatif du milieu.
Quelqu'un qui accepte un tant soit peu le système
démocratique, il se rallie. Faudrait-il appeler l'Opposition au
Québec les dissidents? Vox populi, vox Dei. J'entends toujours le leader
de l'Union Nationale dire ça et se gargariser de deux termes latins
qu'il a appris au cours de sa carrière: Vox populi, vox Dei et ne jamais
être capable de se rallier quand une majorité s'est
prononcée. Qu'on appelle ça un dissident ou n'importe quoi, il y
a une majorité d'individus qui s'est prononcée pour se donner une
sécurité quant au marché, une sécurité quant
à la production.
Est-ce que je peux continuer? De toute façon, avec vos brillantes
interventions, vous pourriez me laisser faire.
M. Fontaine: Oui, vous aussi.
M. Chevrette: Je pourrais continuer également en parlant
de ce qui s'est produit au niveau des oeufs. Ce n'est pas gênant, c'est
seulement 94% des gens qui se sont exprimés; 63%, en termes de
majorité absolue du total des producteurs, se sont prononcés pour
se donner un plan conjoint. Nous autres, on s'interroge ici, à savoir si
on devrait protéger des groupes minoritaires qui étaient contre
ou si on doit assurer à cette majorité qui s'est donné,
par voie démocratique un plan conjoint. Écoutez une minute! C'est
quasiment la remise en question...
Si on plaçait ces individus, les tenants, les défenseurs
de la veuve et de l'orphelin, sur le plan de la logique, si on poussait le
raisonnement jusqu'au bout, je me demande où ils arriveraient. Je me
demande dans quel cul-de-sac ils parviendraient, ces gens-là. Ils
seraient obligés de nous dire: C'est peut-être parce que j'ai de
bons amis dans cela. C'est peut-être parce que et parce que...
Je vais arrêter, parce que je ne me couvrirai pas de mon
immunité parlementaire pour poser certaines questions qui pourraient
risquer de semer le discrédit sur certains. Je ne ferai pas ce qu'un de
mes collègues de l'Union Nationale a déjà fait.
M. Fontaine: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire.
M. Fontaine: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Sur quel règlement?
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président. Je voudrais que le député nomme le
collègue auquel il a fait allusion.
Le Président (M. Laplante): Je ne peux pas accepter votre
question de règlement. M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Vous avez bien raison, M. le Président. J'ai
bien l'impression que celui à qui faisait le chapeau l'a mis.
M. Fontaine: M. le Président, question de
règlement. On me reproche d'avoir dit certaines choses à
l'Assemblée nationale. On devrait peut-être également se
poser la question à savoir si le ministre de la Justice, lorsqu'il a
demandé la démission du juge en chef de la Cour
supérieure, avait le droit de le faire...
Le Président (M. Laplante): Écoutez, si vous voulez
commencer ces questions de règlement... À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fontaine: II l'a condamné avant même qu'il soit
entendu. C'est le ministre de la Justice du Québec qui a fait cela.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm, je vous demanderais, par exemple, de rester dans la
pertinence du débat, s'il vous plaît!
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, mais je vais
poser une question de privilège.
Le Président (M. Laplante):... M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: À cause de votre remarque.
Le Président (M. Laplante): Vous le ferez à
l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: Question de règlement, dans ce
cas-là.
Le Président (M. Laplante): Vous le ferez à
l'Assemblée nationale, monsieur, si vous avez à le faire.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Sur quel numéro du
règlement?
M. Chevrette: Sur le règlement qui me permet, en tant que
député, de voir mes droits respectés.
Le Président (M. Laplante): Sur quel numéro de
règlement, M. le député de Joliette-Montcalm?
M. Chevrette: L'article 96.
Le Président (M. Laplante): L'article 96, monsieur, ce
n'est pas cela.
M. Chevrette: De 1 à 175, ce que je veux vous dire, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette, si vous voulez coopérer avec les membres de cette
assemblée, je vous demanderais de continuer le discours que vous avez
commencé, les remarques préliminaires que vous avez
commencées, s'il vous plaît, dans le débat.
M. Chevrette: M. le Président, je vous garantis que je
poserai ma question de privilège en Chambre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm, vous allez loin.
M. Chevrette: Certainement.
Le Président (M. Laplante): Vous allez loin.
M. Chevrette: Je vais loin en fonction des remarques que vous
faites.
Le Président (M. Laplante): Vous allez loin et vous allez
me forcer à appliquer un autre règlement. Je vous demande de
continuer...
M. Chevrette: Cela vous ferait peut-être plaisir, mais je
ne vous en donnerai pas la chance.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez
terminé votre intervention, monsieur?
M. Chevrette: Non, M. le Président. Je vais prendre le
temps de me raplomber à part de cela.
Le Président (M. Laplante): Continuez, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais dire que je ne
me servirai pas et je vais continuer dans la même veine que j'ai
commencé, si je suis à l'encontre du règlement, vous me le
rappellerez, ce n'est pas au député de Nicolet-Yamaska à
me rappeler à l'ordre de l'immunité parlementaire pour
semer le doute sur des individus ou des collègues. Mais il est tout
à fait étonnant que des parlementaires qui se retrouvaient dans
leur château-fort, il y a quelques années, qui était le
monde agricole, puissent aujourd'hui se dissocier d'un mouvement collectif que
se sont donné des individus, sur une base de bonne foi. Pour
adhérer au syndicalisme, on doit adhérer par carte de membre,
payer des cotisations, se donner des structures et aller à ses
assemblées générales, voter...
M. Giasson: Plus maintenant.
Une voix: II est en retard.
M. Roy: II ne lit pas les journaux.
M. Chevrette: Le député de Beauce-Sud est-il
allé dans Beauce-Nord pour changer d'idée? J'ai parlé au
président.
M. Roy: Pardon? Vous avez parlé au président.
M. Chevrette: C'est aussi bien pour vous.
M. Roy: Continuez de parler au président. C'est
intéressant.
M. Chevrette: Oui, parce que vous étiez accompagné
dans votre tournée. Vous n'avez peut-être pas donné la
parole aux autres.
M. le Président, je dois dire que je pense que les tenants ou les
adversaires du projet de loi 116 sont vraiment des gens qui n'ont absolument
rien compris à l'esprit même du projet de loi, qui était de
la légalisation, purement et simplement, de plans conjoints existants,
sur le plan national. (21 h 15)
Je vais aussi citer quelques phrases de contrats d'intégrateurs,
à ceux qui ne veulent pas qu'on fixe l'heure, la durée, le nombre
ils en mettaient sur la production pour montrer comment le
cultivateur ou le producteur est maître chez lui, c'est effrayant. En
plus d'être obligé d'acheter la moulée, les
médicaments, d'utiliser les techniciens et de faire venir l'homme pour
constater une mort et tout le "kit", il est dit ceci: Nonobstant toute
disposition contraire si stipulée, le propriétaire pourra
retarder, pendant un délai raisonnable, le début de tout
élevage autre que le premier, si les conditions du marché
justifient un tel retard. C'est un contrat d'intégrateur.
M. Fontaine: ... projet de loi.
M. Chevrette: Ces gens sont scandalisés de voir qu'un
groupe de producteurs ensemble puissent coordonner un peu leur marché,
puissent un peu ordonner tout cela et permettre à tout le monde de
vivre, mais ils permettraient à des individus/par exemple leurs petits
amis du système, de tout contrôler, de faire du producteur
autonome un salarié de bas étage sur sa propre ferme. Si vous
voulez qu'on vous lise toutes les clauses d'un contrat d'intégration, on
va s'en parler. Si vous voulez qu'on se parle aussi des compagnies
"intégratrices" dont le premier souci est la vente de moulée et
de médicaments beaucoup plus que le prix, parce qu'elles peuvent
toujours se rattraper, on va s'en parler. C'est une question de philosophie,
c'est une question d'approche en agriculture. Ceux qui s'en sont faits les
défenseurs pendant des années, en endormant les producteurs avec
des suçons électoraux à la veille des élections,
là ils montrent leur vrai visage et j'en suis fort heureux.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Biron: L'article 96, M. le Président. Le
député qui vient de prendre la parole a parlé, au
début de son exposé, de l'Union Nationale, de la position
de l'Union Nationale en disant qu'il y avait une valse, qu'on ne savait pas
trop qui appuyer. Je regrette.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière, je vais vous mettre tout de suite à l'application du
règlement. Voulez-vous lire l'article 96, s'il vous plaît?
Une voix: Pouvez-vous le lire, M. le Président?
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Laplante): C'est que le
député qui prend la parole pour donner des explications sur le
discours qu'il a déjà prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui le provoque est terminé...
M. Biron: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): ... à moins que celui
qui le prononce ne consente à être interrompu.
M. Biron: Exactement. Je n'ai pas interrompu le
député de Joliette-Montcalm et je demande maintenant je
l'ai laissé terminer son discours tout simplement à
replacer les faits tels qu'ils sont.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Biron: M. le Président, au début, je regrette la
malhonnêteté du député de Joliette-Montcalm qui ne
comprend pas l'attitude de l'Union Nationale et qui charrie partout.
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas là-dessus,
monsieur.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
M. Biron: Vous le direz lorsque j'aurai terminé, le
consentement a été accordé.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je demanderais au
député de Lotbinière de retirer ses paroles
antiparlementaires. ... parler longtemps.
M. Biron: M. le Président, je pense que j'avais
commencé à parler. Si le député de
Joliette-Montcalm veut savoir exactement qui l'Union Nationale veut appuyer,
l'Union Nationale veut appuyer le producteur agricole. On veut que, justement,
ses services et ses outils soient à la fois ses coopératives et
son syndicat. C'est simple.
Le Président (M. Laplante):... vous en veniez, monsieur,
à l'article 96, s'il vous plaît.
M. Biron: Exactement. C'est parce que le député de
Joliette-Montcalm a accusé l'Union Nationale. Je vous dis qui on appuie,
c'est le producteur agricole vis-à-vis des excellents services de son
syndicat, des excellents services de sa coopérative et nous n'appuyons
personne d'autre, aucun intégrateur, personne d'autre. Le
député de Joliette-Montcalm devrait le savoir et il devrait avoir
assez de courage pour faire ses discours en deuxième lecture au lieu de
rester assis comme il l'a fait.
M. Chevrette: On a vu assez déconner l'Union
Nationale.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Montmagny-L'Islet, s'il vous plaît.
Discussion générale
M. Giasson: M. le Président, au début de notre
séance, c'est-à-dire au moment où le chef de l'Union
Nationale avait la parole et alors qu'il commentait assez longuement une
ordonnance émise par la Régie des marchés agricoles, le
ministre de l'Agriculture a fait une affirmation, une courte affirmation
pendant le discours du chef de l'Union Nationale, en disant que le Mouvement
coopératif était entièrement d'accord avec les
dispositions de la loi 116. Est-ce cela que vous avez dit, M. le ministre?
M. Garon: Le Mouvement coopératif dans son ensemble. Il
peut y avoir un organisme, une coopérative qui dit: II y a telle chose
que j'aime moins, il y a d'autres choses que j'aime plus. C'est possible. Dans
toute loi, c'est cela, on trouve cela.
Le Mouvement coopératif, dans son ensemble, a manifesté,
par la voix du président de la Coopérative
fédérée ou quand je les ai rencontrés
également tous ensemble, j'ai mentionné... D'ailleurs, dans
l'article du Coopérateur agricole, c'est mentionné
également. Je pense que dans son ensemble, le Mouvement
coopératif est d'accord.
M. Giasson: Je sais que...
M. Garon: Avec les amendements; tel qu'amendé; une fois
amendé.
M. Giasson: J'ai devant moi une lettre du 16 décembre
1978, adressée à l'honorable Jean Garon, ministre de
l'Agriculture, par la Coopérative fédérée. Le
contenu de cette lettre de 14 pages ne va pas dans le sens des
déclarations que vous avez faites, ou bien la Coopérative
fédérée a complètement changé son
option.
M. Garon: Non, c'est ce que j'ai dit. Quand j'ai demandé
la rencontre avec le Mouvement coopératif, c'était le texte qu'il
m'a présenté lors de la discussion.
M. Giasson: Si je vous lisais seulement quelques passages, vous
verriez que c'est loin d'être de l'unanimité. Entre autres, si
vous permettez...
M. Garon: À l'occasion de la rencontre du 16, il y avait
un texte. On a jasé sur le texte, on a donné des explications sur
le projet de loi et on a discuté de jurisprudence et de l'état
juridique des choses. C'est là qu'on en est arrivé à faire
certains amendements dans la loi. Ce sont les amendements que je voudrais
présenter tout à l'heure.
M. Giasson: Je pense que la Coopérative agricole a
changé drôlement son attitude selon la position, le jugement
qu'elle a porté sur la loi 116 par sa lettre du 16 décembre
dernier.
M. Garon: Non, je pourrai le dire tantôt, en donnant
article par article les changements.
M. Giasson: Vous savez qu'elle demandait tout simplement le
retrait total des articles 1, 3 et 5. Les commentaires qu'on retrouvait plus
loin, commentaires de la Coopérative fédérée sur
les pouvoirs additionnels qu'on mettait entre les mains des offices de
producteurs pour l'opération des plans conjoints, c'est un jugement
excessivement sévère...
M. Garon: Je vais vous donner un exemple...
M. Giasson: ... aussi sévère que les commentaires
que j'ai pu entendre venant de la part de gens qui s'opposent à la loi
116.
M. Garon: Je veux dire, par exemple, que l'article 1 qui ajoute
l'article 2a, comme le texte disait: La présente loi a également
pour objet. Les gens avaient l'impression, à ce moment, que cela
modifiait l'objet de la loi et que cela pouvait modifier le sens de l'article
2. C'est pour cette raison qu'on a changé, on a enlevé le mot
"également", pour mettre très littéralement ce que
proposait la Cour suprême. Je dois dire que le jugement de la Cour
suprême est venu à la suite à un
référé de l'Ontario qui trouvait qu'il y avait trop de
conflits juridiques dans l'état actuel des législations. C'est
évident que chacune des provinces n'a pas changé sa loi de la
même façon. Par exemple, le contrôle sur la production,
c'était déjà dans la loi de l'Ontario. Elle n'a pas eu
besoin d'ajouter cela, c'était déjà dedans, elle avait
déjà le contrôle sur la production dans sa loi. Cela a
créé un problème à ce moment. C'est pour cette
raison que la Cour suprême a dit: J'établis que la production,
c'est de juridiction provinciale. Il fallait le mettre dans la loi. C'est le
mot "également" qui ennuyait le Mouvement coopératif
principalement.
M. Giasson: Est-ce que, selon vos propos, je dois croire que la
Coopérative fédérée de Québec ne
déclare plus ceci, relativement à l'article 3? Au contraire, les
amendements qui sont proposés à l'article 67 de la loi, ont pour
but et pour effet uniquement d'accroître les pouvoirs déjà
exorbitants des offices de producteurs en leur donnant maintenant la
faculté de retirer à tout producteur le droit fondamental, et
quant à nous, inaliénable de produire, et donc d'exercer sa
profession. Est- ce que la Fédérée ne soutient plus cela
maintenant?
M. Garon: Voici ce que nous avons fait. Quand nous avons
rencontré les membres, on a discuté du mémoire qu'ils ont
présenté, pour les fins de la rencontre. À la suite de
cela, nous avons convenu de faire certaines modifications. Certaines
étaient complètement terminées, pour d'autres, il restait
à les ajouter pour des fins de rédaction. Nous leur avons
livré le lundi matin le texte tel que nous le proposerions en commission
parlementaire. À la suite de cela, j'ai reçu un
télégramme du président de la Coopérative
fédérée qui dit: Coopérative
fédérée de Québec en son nom et au nom de
coopératives agricoles concernées, est d'accord avec le bill 16
tel que soumis à notre attention lundi matin, le 18 décembre.
Coopérative fédérée réaffirme qu'elle n'a
jamais ni de près ni de loin adhéré ou donné son
appui au mouvement des producteurs dissidents.
Alors, le texte que vous avez ici, c'est le texte qui a
été soumis le lundi matin, 18 décembre. C'est cette copie
de télégramme que les chefs de partis d'Opposition ont
reçue le 18 décembre.
M. Fontaine: M. le Président.
M. Roy: M. le Président, avant les remarques du
député, je voudrais poser une question à la suite de la
réponse que vient de donner le ministre à la question qui a
été posée par le député de
Montmagny-L'Islet.
J'ai cru comprendre que le ministre avait dit qu'à la suite du
jugement de la Cour suprême, il fallait revoir la loi pour établir
le contrôle de la production, ce que l'Ontario avait et ce que nous
n'avions pas au Québec, c'est la raison pour laquelle vous
présentez le projet de loi 116. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Garon: C'est-à-dire qu'il fallait, suite au jugement de
la Cour suprême, dans les différentes provinces, voir en fonction
de ce que décidait la Cour suprême ce qu'il fallait ajouter ou ne
pas ajouter dans la Loi de la mise en marché des produits agricoles au
Québec, de la même façon qu'on l'a fait dans les autres
provinces. L'Ontario n'a pas eu besoin d'ajouter ce pouvoir suite au jugement
de la Cour suprême puisqu'elle l'avait déjà dans sa loi,
c'était déjà inscrit dans sa loi.
M. Roy: Alors, M. le Président, comment se fait-il
et ce n'est pas de moi...
M. Garon: C'est que le jugement de la Cour suprême dit que
la production totale, dans une province, est de juridiction provinciale.
M. Roy: Oui, mais le jugement de la Cour suprême je
suis bien d'accord que la production relève des provinces. Mais on a
écrit ici, dans La Terre de Chez Nous je lis de bons journaux
"Pourquoi alors une telle loi? Elle a été rendue
nécessaire suite à un jugement de la Cour
suprême du Canada qui déclarait ultra vires, donc
illégales, les dispositions législatives fédérales
concernant les modalités de perception des cotisations pour le
financement du système de commercialisation. Par ailleurs, le même
jugement déclarait valide le système de commercialisation des
oeufs. Le litige réside donc uniquement dans les modalités de
perception de la cotisation". C'est pour cela que je suis un peu surpris
d'entendre le ministre nous dire, ce soir, que l'Ontario avait une loi pour
contrôler la production, que c'était dans le contrôle de la
production de l'Ontario et qu'il fallait en venir à une loi de
contrôle de la production au Québec. Ce n'est pas cela du tout que
dit le jugement de la Cour suprême. J'ai ce jugement ici, je comprends
qu'il est en anglais, ça leur prend 18 mois à nous fournir une
traduction française, mais ça n'est quand même pas le
problème du ministre, il y en a qui peuvent lire les deux langues et on
a des spécialistes qui comprennent la portée et la valeur des
mots sur le plan juridique. Tout ce qui a été dit dans le
jugement de la Cour suprême, suite aux meilleures informations que nous
avons pu obtenir, était à savoir que le jugement de la Cour
suprême déclarait ultra vires, illégales les
modalités de perception des cotisations du système de
commercialisation et pas autre chose. J'ai communiqué avec des gens
d'Ottawa cela m'arrive de temps à autre, moi aussi, de leur
parler; étant donné qu'on paie des impôts là, je
pense qu'on a le droit de leur parler et c'est ce qu'ils ont
affirmé eux aussi, de leur côté. La question de la
production ne les regarde pas, c'est une affaire provinciale et on a seulement
à s'organiser chez nous. Ils ont dit: Ce qui nous intéresse
en parlant du plan de commercialisation du lait c'est que nous
avons déterminé un besoin global, un volume global dont nous
avons besoin sur le plan de la production et nous avons réparti entre
les provinces un certain pourcentage de la production. Pour ce qui a trait
à la manière dont cela peut être produit, la manière
dont cela peut être organisé, que ce soit 35 000 producteurs, 22
000, 18 000 ou 3000, ça ne nous regarde pas, c'est le problème de
la province. Mais dans le jugement de la Cour suprême, la seule chose sur
laquelle on veut avoir droit de regard, c'est sur la quantité qui nous
est livrée. Cela est pour ce qui regarde les offices
fédéraux; pour ce qui a trait au jugement de la Cour
suprême, qu'on ne nous dise pas que le jugement de la Cour suprême
oblige à avoir des contrôles de production; le jugement de la Cour
suprême a tout simplement rendu illégales les modalités de
perception. Cette conclusion et cet avis juridique ne sont pas du
député de Beauce-Sud.
M. Garon: II y a eu un certain nombre de questions posées
par l'Ontario. Si vous regardez à la page 4 du jugement de la Cour
suprême, on dit: "Questions 8 and 9 concern the validity of the egg
producers quota regulations. In my view, the control of production, whether
agricultural or industrial, is prima facie a local matter, a matter of
provincial jurisdiction. Egg farms..." et on continue en parlant de cela. Plus
loin, on dit: "in view of the reasons given, the conclusion could not be
different even if the whole production had been going into extraprovincial
trade". On y dit que dans le même cas où toute la production irait
dans le commerce extraprovincial, concernant la production, la province a quand
même juridiction.
Une voix: C'est ce qu'on dit.
M. Roy: Mais elle n'a pas dit d'adopter un règlement de
contrôle.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
à la question des coopératives, surtout au point soulevé
par le député de Montmagny-L'Islet. Le ministre, en Chambre cet
après-midi, à un moment donné je ne
répéterai peut-être pas ses paroles exactement, parce que
je n'ai pas la transcription a avoué qu'il y avait un malaise
entre le mouvement coopératif et le mouvement syndicaliste. Je pense que
les extraits que le député de Lotbinière et chef de
l'Union Nationale a lus tout à l'heure concernant la décision
rendue par la régie en sont la preuve évidente.
Le ministre a également admis que, dans l'UPA même, il y a
un certain malaise et que les militants de l'UPA, des membres de l'UPA,
voudraient voir changer certaines têtes dirigeantes de ce
côté-là. Face à cela, le ministre nous dit: Les
coopératives nous ont présenté un mémoire, et il
nous dit: Elles ont changé d'idée. Premièrement, si le
ministre a eu...
M. Garon: II y avait de l'inquiétude sur
l'interprétation de certains articles.
M. Fontaine: Si le ministre a eu l'occasion de rencontrer le
mouvement coopératif et de discuter de ce problème avec lui, je
me demande pourquoi il a refusé aux membres de l'Opposition et aux
autres parlementaires du gouvernement de pouvoir eux aussi les rencontrer lors
d'une commission parlementaire, où ces gens auraient pu nous exprimer
leur opinion. Le ministre nous dit qu'à la suite des amendements, le
mouvement a changé d'idée. Un membre de la Coopérative
agricole de Granby est venu me rencontrer et m'a remis un mémo de la
Coopérative agricole de Granby qui dit ceci, et c'est daté de
janvier 1979: "Les coopératives sont d'accord avec les articles 2, 4, 7
et 8 du projet de loi 116 qui visent essentiellement à valider
l'imposition ou la perception de certains frais ou redevances effectués
en rapport avec un produit commercialisé produit au Québec ou mis
en marché dans le commerce intraprovincial au Québec. Elles
comprennent l'urgence d'une telle législation suite à un jugement
de la Cour suprême du Canada déclarant ultra vires les
dispositions législatives fédérales sous l'autorité
desquelles ces frais ou redevances auraient été
imposés
ou perçus. Les coopératives s'opposent cependant aux
autres articles du projet de loi 116, soit les articles 1, 3, 5, 6, tout au
moins dans leur rédaction originale. En effet, ces autres articles ont
pour but et pour effet uniquement d'accroître les pouvoirs
déjà exorbitants des offices de producteurs en voulant leur
donner la faculté de retirer à tout producteur le droit
fondamental de produire et donc d'exercer sa profession. "Par ailleurs, ces
articles, notamment l'article 1, visent aussi les coopératives et
semblent avoir pour but ou pour effet de dire que les coopératives et
leurs membres seraient réglementés dans leur production et leur
mise en marché par le plan conjoint".
Le résultat pratique de cette addition serait d'anéantir
de fait tout le sens qu'on peut trouver à l'article 2 actuel de la Loi
de la régie des marchés agricoles que je vous ai cité cet
après-midi".
M. Garon: II y avait une inquiétude là-dessus et
c'est cela que je dis. À ce moment-là, la discussion concernant
l'article 2 a porté sur le mot "également". L'article 2 que vous
avez lu cet après-midi en Chambre, exactement à ce point de vue,
en disant: Tel que rédigé, cela pourrait être
interprété différemment. On dit: Parfait, on va modifier
la rédaction de l'article 2a qui est ajouté à l'article 2,
pour vous donner satisfaction.
M. Fontaine: M. le Président, étant donné
que le ministre a eu l'occasion de discuter avec ces gens et que nous n'avons
pas eu l'occasion de le faire, est-ce que le ministre accepterait de pouvoir
entendre ces gens en commission parlementaire?
M. Garon: Ah!
Motions
M. Fontaine: Alors, M. le Président, face à la
réponse du ministre qui nous fait un signe de tête, je voudrais
faire la motion suivante: Que cette commission entende des représentants
de la Coopérative fédérée de Québec le 15
février à 10 heures afin que la présente commission soit
pleinement informée de la portée du projet de loi 116 touchant en
particulier le contrôle de la production par les offices de
producteurs.
Le Président (M. Laplante): J'entendrai un intervenant
seulement de chaque formation sur la recevabilité, s'il y en a.
M. Garon: Je pense qu'il y a eu une proposition en Chambre. Cela
a été défait à l'Assemblée nationale; je
pense qu'on ne peut pas revenir toujours avec les mêmes choses.
L'Assemblée nationale a voté, à ce moment-là, qu'il
n'y aurait pas d'audition en commission parlementaire, mais que la commission
parlementaire serait pour discuter de la loi article par article. Alors, je ne
veux pas recommencer toujours la même chose. Il y a eu une
décision prise là-dessus. Je pense aussi que vous êtes
informés puisque la Coopérative fédérée a
envoyé un télégramme à votre chef pour lui dire
qu'elle était d'accord sur le texte, sur les amendements proposés
que je viens de vous soumettre.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je pense que la motion devrait
être reçue et qu'on ne devrait pas perdre de temps à
discuter tellement de sa recevabilité. D'abord, ce n'est pas un
précédent. Il n'y a rien qui empêche la commission
parlementaire de pouvoir interroger des gens pour avoir de la lumière.
Je pense que cela fait partie de notre mandat. Cela fait partie de nos
responsabilités. Effectivement, ce matin, nous avons examiné deux
projets de loi à la commission parlementaire des consommateurs,
coopératives et institutions financières au cours de laquelle
nous en avons profité pour interroger des témoins, des gens qui
étaient là, qui étaient concernés par le projet de
loi.
Dans la loi concernant la Société nationale de l'amiante,
je pense qu'il y a des gens qui ont pu être interviewés. Je sais
que, lorsqu'on a étudié la loi et le chef de l'Union
Nationale pourra en témoigner de la SGF article par article, on a
pu faire entendre des gens qui étaient présents à la
commission parlementaire et qui étaient en mesure de nous donner des
renseignements; cela s'est fait à de multiples reprises. Je pense que la
motion doit être reçue. Cependant, le gouvernement a le pouvoir de
décider si cette motion peut être acceptée ou non, mais ce
sera sa responsabilité et non votre responsabilité, M. le
Président. Si vous rejetez la motion, M. le Président, vous
prenez la responsabilité sur vos épaules à ce
moment-là. Je pense que la commission parlementaire est maîtresse
de ses travaux. Alors, il appartiendra à la commission parlementaire de
décider, par un vote majoritaire, si les gens doivent être
entendus ou non. Mais pour ce qui a trait à la motion comme telle, M. le
Président, ce serait créer un dangereux précédent
que de ne pas la recevoir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais tout d'abord vous dire que l'argument
apporté par le ministre suivant lequel cette motion a déjà
été discutée à l'Assemblée nationale lors de
l'étude du projet de loi en deuxième lecture, c'est une motion de
report du projet de loi à 30 jours. Cela n'a aucune espèce de
lien avec la motion qui est présentée en ce moment. M. le
Président, il y a eu plusieurs demandes semblables qui ont
été faites dans d'autres commissions parlementaires et, entre
autres, je voudrais vous souligner que, par exemple, lors de l'étude du
bill 70, la loi de l'amiante, c'est la commission elle-même, la
commission parlementaire des richesses naturelles, qui avait
décidé de demander la convocation de certaines personnes devant
la commission. Je puis vous assurer, M. le Président, que cette motion
avait été acceptée et
que cela a beaucoup aidé à la bonne marche des travaux;
cela a permis aux membres de la commission d'avoir de plus amples
renseignements sur ce dossier. Je voudrais également, M. le
Président, vous souligner une décision du 22 juin 1977 qui disait
ceci: Que cette commission entende le président de la Régie de la
langue française le 20 juillet 1977 à 20 heures, afin que la
présente commission soit pleinement informée de la portée
du projet de loi no 1 touchant en particulier la langue de travail et des
affaires. Cette motion avait été jugée recevable, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II y a des exemples de
jurisprudence, c'est vrai. Chaque président interprète, suivant
la jurisprudence et aussi les coutumes de cette commission. Lorsque vous dites
à l'Assemblée nationale, la motion présentée
était une motion de report à trente jours, c'est exact, ce
n'était pas une motion de commission parlementaire, pour la convocation.
Par contre, relativement à cette motion que vous amenez,
l'Assemblée nationale a donné un ordre, elle a été
très claire quand elle nous a envoyés ici, à savoir
d'étudier, article par article, le projet de loi 116.
Tant et aussi longtemps que je n'aurai pas une autre directive de cette
Assemblée parce que ce n'est pas une invitation que vous faites
à l'intérieur de votre motion pour convoquer des personnes
autres que les députés, je jugerais votre motion irrecevable.
M. Fontaine: M. le Président, je ne voudrais pas en
appeler...
Le Président (M. Laplante): Monsieur, si c'est pour
discuter sur la décision, c'est...
M. Fontaine: Non, je ne voudrais pas en appeler de votre
décision, M. le Président, mais je voudrais simplement vous
souligner que ça va complètement à l'encontre de toutes
les décisions rendues par d'autres présidents.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska, j'ai rendu la décision. Si la décision ne vous
va pas, vous avez un droit de recours qui est l'Assemblée nationale,
dès demain matin.
M. Fontaine: On va le faire exactement, parce que je pense que
votre décision est tout à fait inacceptable. La jurisprudence est
constante dans ce dossier...
Le Président (M. Laplante): Je vous rappelle à
l'ordre, M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je vais me soumettre
à votre décision, mais...
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Fontaine: ... vous pouvez être sûr qu'on va
exercer nos droits concernant cette décision.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que j'appelle l'article
1?
M. Garon: Article 1... M. Biron: Un instant.
M. Fontaine: M. le Président, j'ai encore le droit de
parole?
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: M. le Président, on a discuté assez
longuement en deuxième lecture de ce projet de loi, surtout de la part
de l'Union Nationale. On a donné beaucoup d'arguments et on a même
réussi à convaincre certains collègues d'autres formations
politiques qui nous ont appuyés dans cette démarche. Il y en a
même du Parti québécois qui, depuis aujourd'hui, nous ont
fait savoir, dans un certain comté qui s'appelle Brome-Missisquoi,
qu'ils appuyaient également une opposition à la loi 116, non pas
celle de l'Union Nationale, parce qu'ils vont beaucoup plus loin que nous. Ils
demandent l'abolition pure et simple des plans conjoints et ce n'est pas la
position de l'Union Nationale, loin de là.
Nous demandons simplement que les plans conjoints gardent les pouvoirs
qu'ils ont actuellement dans la loi 36 et qu'on ne leur confère pas de
pouvoirs additionnels.
M. le Président, je pense qu'il est important que ce dossier soit
étudié par le plus grand nombre possible de membres de
l'Assemblée nationale, principalement par des membres de
l'Assemblée nationale dont les comtés sont, en grande
majorité, agricoles.
Je pense qu'il serait important que tous les députés
intéressés à cette chose puissent avoir le droit de
s'exprimer sur un tel projet de loi et donner leur opinion quant aux
affrontements qu'il y a, entre autres, entre les coopératives et le
syndicalisme, et nous donner également leur opinion quant aux
amendements que le ministre nous a présentés tout à
l'heure, au début de l'étude en commission parlementaire.
M. le Président, pour ces raisons que je pense importantes, dans
l'intérêt de tous les députés
intéressés à cette commission parlementaire qui
étudie article par article le projet de loi 116, je voudrais proposer
une autre motion qui se lit comme suit: "Que les députés qui ne
sont ni intervenants ni membres de la commission permanente de l'agriculture
puissent s'y faire entendre sans devoir obtenir la permission, et ce, pour
toutes les séances que tiendra ladite commission, relativement à
l'étude article par article du projet de loi 116." (21 h 45)
M. Chevrette: M. le Président, sur la recevabilité
de la motion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, il est loisible à
toute formation politique de changer, au début de toute séance,
ses représentants et ses intervenants. Chaque fois que débute une
séance nouvelle, vous avez le droit de modifier votre
représentation. Telle que présentée, M. le
Président, cette motion est purement, à mes yeux, dilatoire et ne
vise qu'à répéter les scènes disgracieuses de la
deuxième lecture.
Une voix: Ah, ah, ah!
M. Chevrette: Si tu n'es pas d'accord, assieds-toi à la
table. Tu vas arrêter de gueuler là-bas. Je vais te sortir.
Le Président (M. Laplante): Non. C'est que vous ne pouvez
pas parler, justement. Vous n'êtes pas membre de la commission.
M. Bertrand: Je pense que, d'une façon
générale, M. le Président, il y a une tradition.
M. Giasson: On donne notre consentement, M. le
Président.
M. Roy: Consentement.
M. Bertrand: II y a une tradition que le leader parlementaire ou
son représentant ait la faculté de participer aux
commissions.
Le Président (M. Laplante): Unanime? Des voix:
Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vanier.
Une voix: Comme leader.
M. Bertrand: Oui, comme leader, uniquement sur ces
questions-là, d'ailleurs. Pas sur le reste.
M. le Président, c'est simplement pour dire que cette
proposition, si généreuse soit-elle dans son esprit, ne nous
empêchera pas d'en sentir la motivation qui est évidemment, on
l'aura compris, dans le même sens que certaines motions non
annoncées qui, entre autres, prenaient comme cible le leader
parlementaire du gouvernement pour essayer, on l'a bien compris, de faire que
les débats durent plus longtemps sur le projet de loi no 116.
Que ce soit à l'Assemblée nationale ou en commission
parlementaire, la motivation est la même et je vous demanderais, M. le
Président, de juger cette motion irrecevable pour la raison suivante:
Nos règlements indiquent de quelle façon sont constituées
les commissions parlementaires. Depuis que nous avons décidé,
lors d'une séance de la commission de l'Assemblée nationale, de
faire en sorte qu'à partir d'une certaine date, il y ait, par exemple,
27 commissions parlementaires plutôt que les 13, 14 ou 15 qu'on avait
habituellement, plutôt que d'avoir un quorum qui était fixé
à 10 ou 11, avoir un quorum fixé à 6 ou 7, plutôt
que d'avoir 4 représentants de l'Opposition officielle, on s'est entendu
pour qu'il y en ait deux ou trois, deux, avec la possibilité d'un
intervenant.
On a fait entrer en ligne de compte toutes ces nouvelles notions
d'augmentation du nombre de commissions, de divisions entre participants de
plein droit, c'est-à-dire qui ont le droit de parole et le droit de vote
et participants-intervenants qui peuvent uniquement intervenir mais qui ne
peuvent pas participer au vote. On a aussi de nouveaux règlements quant
au nombre de personnes qui forment le quorum pour qu'une commission puisse
siéger. Toutes ces nouveautés, M. le Président, ont fait
l'objet d'une discussion à la commission de l'Assemblée
nationale, ont fait l'objet d'une décision à la commission de
l'Assemblée nationale, entérinée par l'Assemblée
nationale, et je vous fais valoir très respectueusement que cette motion
est irrecevable, parce qu'elle supposerait qu'avant d'être
acceptée elle puisse faire l'objet d'une discussion à la
commission de l'Assemblée nationale et doit être
entérinée par l'ensemble des députés de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais vous soumettre
que cette motion est parfaitement recevable. L'argument que le
député de Joliette-Montcalm nous apporte qui dit qu'on peut
changer chaque représentant au début de la séance, c'est
bien sûr que c'est vrai, mais cela ne permet pas à n'importe quel
député de venir prendre la parole. Il faut le dire au
début de la séance et, ensuite, il faut considérer les
membres présents et les autres n'ont pas le droit de parole. Ce n'est
pas ce que nous demandons.
Nous demandons que les députés intéressés
par une loi aussi importante que la loi 116 et qui concerne l'agriculture, nous
demandons que les députés dont les comtés sont en grande
majorité agricoles puissent avoir le droit de venir faire leurs
représentations ici en commission parlementaire. Je voudrais vous
apporter seulement un exemple très frappant qui vous convaincra de la
recevabilité de ma motion. On sait qu'entre autres, le
député de Shefford, membre du Parti libéral, a voté
contre la motion en deuxième lecture. Nous voyons que le
député de Shefford n'est pas membre de cette commission et que le
Parti libéral ne lui a pas fait place non plus à cette table. Le
député de Shefford, par l'entremise de ma motion, pourrait avoir
le droit de venir donner ses arguments. Je pense que c'est important. C'est un
membre de l'Assemblée nationale qui a voté contre le projet de
loi et qui pourrait venir donner son argumentation. Je suis également
sûr que le député de Drummond, qui n'est pas ici, pourrait
venir apporter ses arguments. Le député de Johnson... Le
député de Lotbinière, qui n'est pas membre de cette
commission et qui a demandé aujourd'hui d'être ici pourrait venir,
demain, durant la journée. Étant donné qu'il est chef d'un
parti, on compren-
dra qu'il a beaucoup d'occupations. Il pourrait certainement venir dans
ses temps libres en commission parlementaire pour apporter d'autres arguments.
Il y a également le député de Maskinongé qui n'est
pas membre de la commission et qui a même fait une motion de report en
deuxième lecture. On pourrait nommer une quantité de
députés comme cela.
M. le Président, sur le dernier argument je pourrais bien
nommer tous les députés comme cela que je vous soumettrai,
je vous demanderais d'être prudent cette fois-ci avant de rendre votre
décision, parce que vous comprenez que la décision que vous
rendez fait jurisprudence et que vous ne devez pas renverser d'autres
décisions qui ont été prises auparavant. Je voudrais vous
soumettre la décision du 16 mars 1978 concernant une motion qui avait
été faite par le député de Richmond et qui se
lisait comme suit: "Je vous remercie beaucoup, M. le député, de
me permettre de lire ma motion. Que les députés qui ne sont ni
intervenants, ni membres de la commission permanente des richesses naturelles
puissent s'y faire entendre sans devoir obtenir la permission et ce pour toutes
les séances que tiendra ladite commission relativement à
l'étude article par article du projet de loi no 70. "
Immédiatement après, à la page B-517 de la
commission permanente du 16 mars 1978, le président, qui était
alors le député de Jonquière, disait ceci: "M. le
député de Richmond, puis-je dire que c'est là l'exemple
classique de la motion préliminaire par excellence?"
Le Président (M. Laplante): Monsieur, je constate que je
suis assez éclairé...
M. Fontaine: Un représentant par parti.
Le Président (M. Laplante): Sur une question de
règlement, mais, si c'est sur la motion, je suis assez
éclairé, suffisamment.
M. Bertrand: M. le Président, c'était simplement
pour vous rappeler l'article 148.
Le Président (M. Laplante): C'est ce que j'allais vous
lire. L'article 148 dit: "Tous les députés ont accès aux
commissions, mais ceux qui n'en sont pas membres et les autres personnes
doivent obtenir la permission de la commission pour se faire entendre." Pour
obtenir cette permission, le député de Nicolet-Yamaska
présente une motion pour que les membres puissent venir assister
à cette commission. La motion, je la juge recevable. C'est par motion
qu'il demande aux autres membres de se faire entendre.
M. Bertrand: M. le Président, est-ce que je peux demander
une directive?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Bertrand: Je vous ai entendu. Vous avez dit, dans un premier
temps, que l'article 148 dit: "Tous les députés ont accès
aux commissions, mais ceux qui n'en sont pas membres et les autres personnes
doivent obtenir la permission de la commission pour se faire entendre." Vous
avez dit: Un député a accès, mais ceux qui ne sont pas
membres devront demander à cette commission, par exemple le
député de Shefford ou le député de Richmond, en
s'asseyant à la table, devra demander à la commision si elle
accepte de donner son consentement pour qu'il soit entendu. C'est ce que dit
l'article 148. Vous concluez votre raisonnement, M. le Président, en
disant... Non, c'est une directive que je demande. Vous concluez votre
décision en disant: Donc, la motion est recevable. La directive que je
vous demande est: Laquelle des deux parties de votre décision fait loi,
la première ou la deuxième?
Le Président (M. Laplante): Je vais vous la donner. Bonne
question. Le député de Nicolet-Yamaska, au lieu de
prévenir chacun de ses membres, les membres de la formation qu'il
représente l'un après l'autre, voudrait s'assurer, en demandant
une permission pour tous les membres ensemble, que cette question, chaque fois
qu'il y aurait un nouveau député qui se présenterait,
serait réglée; il ne serait pas obligé de demanderà la commission d'être entendu. À ce moment, par cette
motion, il demande que les députés qui ne sont ni intervenants,
ni membres de la commission permanente de l'agriculture puissent se faire
entendre sans avoir à obtenir la permision. C'est ce qu'il demande. Il
le demande pour tout le monde...
Une voix: ... la permission.
Le Président (M. Laplante): Oui, il faut demander la
permission, mais la commission étant maîtresse de ses travaux, je
juge la motion recevable.
M. Chevrette: Une demande de directive.
M. Bertrand: Je veux vous dire quelque chose, M. le
Président, gentiment. Je pense que, quelle que soit votre
décision qu'on respecte et qu'on va accepter puisqu'elle est rendue, je
dois admettre jusqu'à un certain point que c'est peut-être une
bonne façon pour l'Opposition de se reprendre sur une autre
décision qui a été rendue.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vanier, je ne m'attendais pas à ces remarques de votre part. C'est
qu'étant jugée recevable, la motion du député de
Nicolet-Yamaska...
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président, je vais être bref.
De toute façon, je pense que je n'empêcherai pas le début
de l'étude de la loi article par article, puisqu'il ne reste que deux
minutes. Je veux
simplement dire que, dans une loi aussi importante, qui est quand
même une loi, si je peux dire, viscérale dans les milieux
agricoles...
M. le Président, je pense que je suis aussi bien de proposer
l'ajournement du débat; j'interviendrai demain, parce que j'ai
l'impression qu'il n'y a pas beaucoup de personnes intéressées
à m'entendre.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont
ajournés à demain 10 heures, au même endroit.
(Fin de la séance à 21 h 56)