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Étude du projet de loi no 116
(Quinze heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
La commission permanente de l'agriculture se réunit cet
après-midi pour l'étude article par article du projet de loi no
116, Loi modifiant la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles.
Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska)
remplacé par M. Chevrette (Joliette-Montcalm); M. Beauséjour
(Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain) remplacé par
M. Ouellette (Beauce-Nord); M. Garon (Lévis), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Ran-court (Saint-François), M. Roy (Beauce-Sud), M. Vaillancourt
(Orford).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe) remplacé par M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue)
remplacé par M. Verreault (Shefford), M. Mercier (Berthier), M. Picotte
(Maskinongé)...
Une voix: II est remplacé.
Le Président (M. Laplante): M. Picotte est remplacé
par qui?
M. Giasson: M. Mailloux.
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
Mailloux (Charlevoix), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Lorsque les travaux de cette commission ont été
ajournés, nous en étions sur un amendement apporté par le
député de Beauce-Sud. Il n'y avait pas encore de décision
prise sur la recevabilité de cette motion. Avant de prendre la
décision, j'aimerais au moins entendre un intervenant par parti sur la
recevabilité de cette motion, pour éclairage. Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
Objet de la loi (suite)
M. Roy: Puisqu'il s'agit d'une motion que j'ai
présentée, je vais apporter une courte explication. Tout d'abord,
il s'agit d'un amendement qui a pour effet d'intégrer un paragraphe
additionnel à un article existant au lieu d'un sous-article dans la loi.
C'est un premier point. Pourquoi nous l'avons fait? Je ne veux pas aborder le
fond de la question, mais je dis que cette question a quand même des
implications sur le plan juridique.
Il est de la responsabilité de la commission que cette question
soit débattue devant la commission parlementaire pour qu'on puisse en
mesurer la portée, qu'on puisse évaluer les distinctions qu'il
peut y avoir entre en faire un paragraphe additionnel d'un article
déjà existant, plutôt que d'en faire un article
spécial.
M. le Président, si vous deviez rendre une décision qui
aurait pour objet de rejeter la motion, de la rendre non acceptable, c'est une
décision qui concerne le projet de loi comme tel, qui vous serait
attribuée. Je dis je tiendrai les mêmes propos que j'ai
tenus hier soir que ce n'est pas le rôle de la présidence
de se prononcer sur des questions de fond. Si la motion vient à
l'encontre du projet de loi, il est évident que la décision va de
soi. Ce n'est pas une motion qui remet en cause les principes du projet de loi
comme tel, c'est une motion qui a pour effet justement d'apporter une
précision, d'apporter une distinction dans le projet de loi. Je pense
qu'il appartient à la commission d'en disposer, plutôt qu'à
la présidence. C'est pourquoi j'estime que vous devriez laisser le soin
à la commission de disposer de la motion et que vous devriez la
recevoir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je vais essayer de vous
transmettre le plus fidèlement le fruit de mes consultations, puisque le
chef de l'Union Nationale nous avait demandé hier de bien
vérifier d'abord si le mouvement coopératif acceptait ou non
cette chose. Je répète les paroles du chef de l'Union Nationale
hier soir. Je ne charrie pas en disant cela. Deuxièmement, j'ai aussi
consulté les spécialistes de la procédure parlementaire.
Au niveau de la procédure parlementaire, il nous apparaît qu'il
serait plutôt préférable que le président use de
l'article 65 du règlement, puisque, dans la logique de l'argumentation,
quand on cherche à changer un article numéroté 2a, on ne
l'introduirait pas à l'article 2 en bas, mais plutôt
incorporé à l'article 1, si on voulait suivre une certaine
logique de modification de forme. C'est un des arguments que ceux qui
connaissent la procédure parlementaire m'ont fournis.
Deuxièmement, si l'article ne vise en soi absolument pas le fond, quel
est l'intérêt de l'incorporer à ce moment à
l'article 2?
Quel est l'intérêt fondamental, parce qu'elle pourrait
servir d'interprétation, alors que le législateur a voulu, par
2a, bien identifier et clarifier un point précis et le rendre bien
distinct, ne servant pas à interpréter l'ensemble d'une clause 2,
telle que décrite. S'il en a fait un article 2a, c'est pour clarifier,
hors de tout doute raisonnable et hors de toute interprétation possible,
un article précis. Le fait de l'incorporer à l'article 2 en
ferait un jugement à apporter par les juristes par la suite et ils
devraient juger de ce paragraphe en fonction de la clause au complet. Cela
pourrait créer une ambiguïté.
Le dernier point que je vais vous apporter, c'est que le mouvement
coopératif lui-même, lors des consultations je le dis parce
que vous l'avez demandé à un membre par parti a tenu
à cette clarification bien distincte. C'est justement un amendement
qu'on a apporté au projet de loi
après avoir rencontré le mouvement coopératif. Or,
comme nos amis d'en face...
M. Roy: Oui, mais c'est une question de fond, M. le
Président, là on étudie une question de fond.
M. Chevrette: Non, mais je réponds à la question du
chef de l'Union Nationale, d'hier soir. Je m'excuse, mais je vais y
répondre, M. le Président.
M. Fontaine: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Je vais le laisser finir, j'ai
demandé des argumentations, j'entends ses argumentations, si vous en
avez à donner, je vous laisserai la parole tout de suite après,
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que vous pourriez, M. le Président, me
permettre de soulever une question de règlement?
Le Président (M. Laplante): Sur quoi?
M. Fontaine: On parle de la recevabilité de la motion. Il
ne faut pas parler sur le fond même de la question. Si le
député de Joliette-Montcalm nous dit quelles ont
été ces consultations avec le mouvement coopératif,
à savoir s'il est pour ou contre le projet de loi 116, là c'est
sur le fond.
M. Chevrette: M. le Président, il faudrait qu'il y ait de
la continuité dans l'Union Nationale. Je vais en faire un appel au
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm, sur la recevabilité...
M. Chevrette: Ce n'est pas ma faute s'ils changent de
siège à tout bout de champ et que tu n'as jamais le même
visage devant toi, qu'ils ne sont pas cohérents dans les questions
qu'ils posent.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, M. le
député de Joliette-Montcalm, sur la recevabilité!
M. Chevrette: Branchez-vous donc entre vous, avant de venir
niaiser ici!
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité de
l'article, avez-vous terminé?
M. Chevrette: M. le Président, je réponds au chef
de l'Union Nationale. Hier soir, il nous a demandé à la fin:
Écoutez, jugez-la donc recevable et faites attention, prenez vos
précautions, appelez le mouvement coopératif et dites-le-nous
demain matin. C'est ce que j'essaie de dire et on ne me laisse même pas
répondre.
M. Fontaine: Sur le fond.
M. Chevrette: Mais son chef était là, lui, il n'y
était pas. J'ai l'impression qu'il y a autant de chefs que d'Indiens
dans leur affaire.
Le Président (M. Laplante): Vous avez terminé? M.
le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais vous rappeler
les articles pertinents de notre règlement quant à la
recevabilité des motions qui sont présentées en commission
parlementaire. Principalement l'article 70 du règlement qui dit: "Un
amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion proposée
et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les
remplacer par d'autres. Il est irrecevable si son effet est d'écarter la
question principale sur laquelle il a été proposé. Il en
est de même d'un sous-amendement par rapport à un amendement. (16
heures)
M. le Président, la motion qu'on a présentée en est
simplement une de forme pour permettre un peu plus de logique dans la
rédaction d'un projet de loi. C'est un amendement qui a quand même
son importance face aux pouvoirs qu'on veut voir exercer par le mouvement
coopératif.
Il y également l'article 154 qui dit: "1. En commission
plénière ou élue, après la deuxième lecture,
on ne peut discuter que les détails d'un projet de loi c'est ce
que nous faisons présentement et il ne peut y avoir audition
publique que devant une commission élue pourvu que celle-ci y consente.
"2. La commission peut amender un projet de loi pourvu que l'amendement ne soit
pas étranger à l'objet du projet de loi et qu'il ne s'oppose pas
au principe affirmé en deuxième lecture."
M. le Président, l'amendement proposé ne s'oppose
aucunement au principe adopté en deuxième lecture, je pense que
tout le monde va le reconnaître. Il a tout simplement pour objet... il
n'est pas étranger à l'objet du projet de loi, il y est conforme,
il n'est pas contre le principe, c'est tout simplement un amendement qui
permettra une meilleure compréhension, à l'avenir, du projet de
loi lorsqu'il sera amendé.
Le Président (M. Laplante): D'autres intervenants?
J'ai relu la motion d'amendement et j'ai consulté concernant la
recevabilité de cette motion. Je ne puis la juger seulement sur le fait
de savoir si le mouvement coopératif peut être d'accord ou non
là-dessus; c'est un critère dont je ne dois pas tenir compte dans
le jugement que je dois apporter. Quant à écarter la motion
principale, c'est peut-être là que le doute réside le plus.
Je ne me prononcerai pas là-dessus. Là où je puis me
prononcer, c'est surtout sur le fait que le législateur lui-même a
écrit deux articles distincts pour éviter, dans son esprit, tout
ambiguïté.
C'est pourquoi je jugerai cette motion non recevable.
M. Roy: M. le Président, j'ai bien dit avant que je
respecterais la décision de la présidence, mais quand on parle
d'ambiguïté, j'aimerais bien avoir des explications
là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Le but que j'ai visé,
je ne voudrais pas que ce soit interprété comme une discussion
sur la décision que je viens de rendre, c'est que je m'en tiens toujours
à l'article 1 des présidents: Le président a toujours
raison et à l'article 2: Même si le président a tort, c'est
l'article 1 qui doit s'appliquer. Je voudrais que ce soit clair dans votre
esprit.
M. Roy: C'est très très clair.
Le Président (M. Laplante): À cause du doute que
j'ai eu, je voulais me baser sur deux critères. Le premier
critère: Personnellement, vous ne m'avez pas assez éclairé
pour dire que, réellement, cela ne changeait rien au projet de loi. Dans
mon esprit, le principe d'avoir deux articles, 1 et 2a, et
l'interprétation qu'on a du législateur, c'était pour moi
une raison pour la juger irrecevable. Je voudrais que cela se termine là
et qu'on n'en discute pas plus longtemps. Si c'est sur la décision,
c'est non.
M. Fontaine: Juste une phrase, M. le Président. Vous dites
que nous ne vous avons pas assez éclairé. C'est fort possible que
vous ayez raison, mais j'espère que vous aussi, vous pouvez être
éclairé par vous-même, par vos propres recherches. Vous ne
devez pas vous fier seulement aux membres de la commission pour rendre votre
décision.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1, s'il
vous plaît.
M. Chevrette: M. le Président, avant de voter sur le fond,
est-ce qu'il reste du temps aux individus? Parce qu'avec le temps qu'on a
fait... Est-ce qu'on pourrait avoir un certain bilan du temps qui reste aux
individus autour de la table?
Le Président (M. Laplante): Malheureusement, c'est une
question à laquelle je ne m'attendais pas, vraiment pas, parce
que...
M. Chevrette: C'est parce qu'hier soir, j'ai
vérifié avec votre prédécesseur.
Le Président (M. Laplante): C'est parce qu'on ne m'a pas
laissé le temps.
M. Chevrette: Je vais vous dire que nous avions tous fini du
côté de l'Opposition et qu'il restait du temps du
côté ministériel, mais nous sommes prêts à
voter.
M. Fontaine: M. le Président, il serait peut-être
important de savoir s'il reste du temps.
M. Chevrette: II n'en reste plus. M. Biron a fini, M. Dubois a
fini, M. Roy a fini.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je peux me fier
à la bonne volonté des membres là-dessus?
M. Chevrette: M. Roy a même eu de la misère à
faire sa proposition parce qu'il avait fini. Il doit se rappeler, cela lui a
pris un consentement unanime. Je peux vous le rappeler.
M. Vaillancourt (Orford): Les seules personnes qui n'avaient pas
épuisé leur temps, je pense, c'étaient les membres de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: L'Opposition libérale, c'est vrai, vous avez
raison.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1.
M. Giasson: M. le Président, j'aurais peut-être un
bref commentaire à faire. Vous n'étiez pas là hier,
c'était un de vos collègues. Je n'ai certainement pas
abusé du temps de la commission au cours de nos séances d'hier.
Cependant, comme les autres membres autour de cette table, j'ai
écouté les observations, j'ai entendu des actes de foi d'à
peu près tous les membres de la commission qui sont intervenus. On nous
a répété à satiété que le
débat qui était soutenu sur la loi 116 ne devait pas être
perçu comme une opposition à l'UPA, ne devait pas être
perçu comme une opposition aux plans conjoints. Au contraire, on nous a
répété assez souvent qu'on était favorable aux
plans conjoints, qu'on était favorable à l'UPA, qu'on
n'était tout au moins pas contre l'UPA, qu'on n'était pas contre
la coopération agricole.
Mais j'aimerais qu'on me dise, ceux qui ont soutenu qu'ils sont
favorables aux plans conjoints, comment on peut décemment opérer
un plan conjoint et lui faire atteindre les fins pour lesquelles il est
institué, si on ne réglemente pas la production. L'article 1 a
pour fin d'insérer dans la loi des marchés agricoles, comme un
des objets de la loi, la réglementation de la production, tout autant
que la commercialisation ou la mise en marché. Or, si j'ai bien compris
ce qu'était un plan conjoint en agriculture ici au Québec, c'est
un organisme qui permet à un groupe de producteurs, dans un domaine
donné, de structurer de la mise en marché de façon
à atteindre un équilibre de prix de la manière la plus
permanente qui soit, un équilibre de prix qui soit constamment en
rapport avec les coûts de production à la ferme.
Cela suppose quoi? On veut maintenir un équilibre de prix de
vente d'un produit, en tenant compte des coûts de production, il faut que
ce prix s'adapte sans cesse aux coûts de production. On sait qu'en
agriculture, les coûts de production sont variés. Or, que
quelqu'un m'explique comment il est possible d'opérer un plan conjoint
qui doit atteindre ces fins, de faire de la mise en marché
ordonnée et surtout, de permettre des structures de prix qui tiennent
compte constamment des coûts de production à la ferme quand ils
varient assez régulièrement, sans réglementer une
production.
Une production qui doit nécessairement être adaptée,
dans un premier temps, aux besoins ou au volume possible que la consommation
intérieure peut absorber et quand on a vraiment, par des
mécanismes solides et forts, établi une production qui
répond aux besoins de la consommation des Québécois, on
peut, par de nouvelles structures ou de nouveaux aménagements, penser
être capable de dépasser en production ce dont a besoin le
marché du Québec, de manière à aller vers un
marché interprovincial ou un marché d'exportation. Mais surtout,
en étant bien sûr que la production qui va se faire en vue d'un
marché d'exportation ne vienne pas briser les mécanismes qu'on
recherchait en réglementant une production qui devait servir la
consommation du Québec.
C'est la perception que j'ai d'un plan conjoint. Je n'ai pas suivi de
cours, mais j'ai examiné cela. Si c'est cela un plan conjoint, dans ses
grandes lignes, il m'apparaît fondamental et essentiel que les
capacités de régler ou de régulariser la production, la
réglementer de manière à couvrir les objectifs de
départ, il faut que la loi soit assez nette, très indicative, sur
la capacité qu'ont ceux qui administrent des plans conjoints de
réglementer la production.
On va nous dire que ce n'est pas une situation de liberté totale.
Tout le monde est d'accord. Tout le monde sait que lorsque des producteurs,
à l'intérieur d'un plan conjoint, ont décidé de
réglementer la production, ce n'est pas le "free for all" pour celui qui
veut en faire de manière quasi illimitée. Mais c'est une
réglementation de la production, une limitation qui est acceptée
d'emblée par la majorité de ceux qui sont à
l'intérieur du plan conjoint, pour permettre de réaliser et
véritablement atteindre l'objectif de départ, c'est-à-dire
l'objectif qui ferait qu'un plan conjoint donne à des producteurs des
certitudes de fixer ou de déterminer des prix qui soient constamment en
rapport avec les coûts de production qui, eux, varient d'une saison
à l'autre, parfois même d'un mois à l'autre.
Quand on dit qu'on est pour les plans conjoints, que nous ne sommes pas
contre les plans conjoints, la logique de base la plus
élémentaire semble indiquer qu'on doive donner également
aux producteurs, par un office ou par une agence de commercialisation, des
dispositions très nettes dans la loi qui régit toute cette
organisation de la mise en marché. On doit lui donner des pouvoirs
très nets en ce qui touche le secteur de la production.
Et cela a été prouvé. L'expérience des plans
conjoints qui fonctionnent depuis probablement une quinzaine d'années a
prouvé, de façon régulière et permanente, que
lorsqu'on déjouait les mécanismes de contrôle de la
production, on débouchait sur des stocks de surplus, des stocks
additionnels, ce qui avait pour conséquence, ou d'avilir les prix sur le
marché, d'empêcher de soutenir les prix, ou encore d'obliger des
producteurs, dans une production donnée, à accepter de
réduire la production par rapport aux quotas, au contingentement qu'ils
détenaient, en vue d'éliminer les surplus qui commençaient
à causer des problèmes.
Il a fallu que des producteurs, dans des plans conjoints,
décident, sur demande de l'office des producteurs ou de plan conjoint,
de réduire leur capacité de production à
l'intérieur d'un contrat qu'ils détenaient, afin de refaire
l'équilibre qui avait été détruit par ceux qui
n'avaient pas respecté les règles du jeu.
C'est ma perception des plans conjoints. J'aimerais que ceux qui me
disent qu'ils sont contre cela m'expliquent comment on peut animer un plan
conjoint si, à la base, on n'est pas capable de réglementer la
production de manière à répondre aux besoins du
marché québécois et, dans une deuxième
opération, de déboucher sur une production en vue de
l'exportation, mais qui ne vient pas briser le premier objectif, l'objectif de
départ, soit celui de bien couvrir notre marché
québécois. J'aimerais qu'on me fasse comprendre si c'est possible
d'animer un système de plans conjoints en lui faisant atteindre les fins
totales qu'un plan conjoint poursuit sans avoir la capacité de
contrôler la production et, surtout, d'indiquer à ceux qui ont
toujours tendance à ne pas respecter les règles du jeu dans la
production, c'est-à-dire dépasser des quotas, de revenir à
la raison pour ne pas obliger tous ceux qui jouent les règles de devoir,
à différentes époques, produire beaucoup moins que ce que
les quotas qui leur sont attribués leur permettraient de faire.
Je m'arrête là-dessus, M. le Président, je ne veux
pas abuser du temps de la commission.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division
ou...
M. Fontaine: Seulement avant de l'adopter, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Fontaine: ... j'aurais une question à poser au ministre
concernant la rédaction même de l'article 2a du projet de loi. Je
vais le relire pour que ce soit bien clair. "La présente loi a pour
objet de réglementer la production au Québec des produits
agricoles et la mise en marché des produits agricoles dans le commerce
intraprovincial au Québec". Est-ce que, d'après les juristes, la
deuxième fois qu'on répète les mots "au Québec", ce
ne serait pas superflu? On pourrait peut-être l'enlever. Je ne sais
pas...
Une voix: C'est une mesure provinciale, cela ne touche
définitivement pas les autres provinces.
M. Fontaine: C'est intraprovincial, c'est sûrement à
l'intérieur du Québec. On répète cela pour
rien.
Une voix: C'est redondant. M. Fontaine: C'est
redondant.
Une voix: Est-ce que vous voudriez qu'on mette "au Canada"?
M. Fontaine: Non, ce serait illégal.
M. Garon: Rédigé comme il est là, je
comprends qu'à la lecture, cela n'a pas l'air élégant,
mais c'est clair. Il n'y a pas de doute, il n'y a pas d'ambiguïté.
Il y a peut-être lieu de privilégier la clarté dans le
projet de loi plutôt qu'autre chose. Avant, c'était mieux dit:
"Elle a également pour objet de réglementer la production de la
mise en marché des produits agricoles au Québec".
M. Vaillancourt (Orford): On pourrait peut-être enlever le
premier "au Québec": "La présente loi a pour objet de
réglementer la production..."
M. Garon: Non, on pourrait enlever le deuxième,
possiblement. (16 h 15)
M. Fontaine: Cela m'apparaît être à peu
près comme dire: Je monte en haut de l'escalier. Quand on dit "le
commerce intraprovincial", cela ne peut pas être d'autre chose qu'au
Québec.
M. Giasson: La commercialisation intrapro-vinciale, oui, mais la
production, c'est autre chose.
M. Fontaine: Non, c'est le commerce intraprovincial.
Une voix:... "sur le territoire du Québec".
M. Garon: On peut enlever le deuxième "au Québec",
si vous voulez.
M. Fontaine: D'accord.
M. Garon: Si tout le monde est d'accord, on pourrait lire: "La
présente loi a pour objet de réglementer la production au
Québec des produits agricoles et la mise en marché des produits
agricoles dans le commerce intraprovincial". Cela va?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): C'est un amendement
adopté.
M. Roy: Avec votre permission, M. le Président...
M. Garon: C'est un peu pour cela que cela avait été
rédigé autrement, en fonction du référendum...
Après le référendum, c'est évident qu'il va falloir
amender...
M. Giasson: C'est parce qu'il y a des gens qui croyaient
déjà qu'on était séparé.
M. Garon: Non.
M. Fontaine: J'espère que, si jamais...
M. Garon: Interprovincial et tout cela, cela fera peut-être
partie de l'association économique.
M. Fontaine: En disant en toute éventualité,
j'espère que, si jamais cela se produit, ce que le ministre...
M. Giasson: Ce serait encore mieux international
qu'interprovincial.
M. Fontaine: ... allègue, j'espère que, quand
même, on saura continuer à rédiger les lois en
français, comme il le faut.
M. Garon: Comment cela?
M. Fontaine: C'est mal rédigé, cela n'a pas
d'allure.
M. Garon: Ce n'est pas parce qu'on ne sait pas rédiger, si
vous me permettez, c'est parce que les deux parties se sont entendues sur le
texte. On l'avait fait remarquer.
M. Fontaine: Oui, mais... Ah bon! De toute façon...
M. Garon: Elles l'aimaient comme cela.
M. Fontaine: C'est le ministre qui présente la loi.
M. Garon: On enlève le deuxième "au
Québec".
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 1 tel
qu'amendé, adopté? M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Ce n'est pas une intervention que je veux faire, c'est
seulement une question pour éclairer les membres de la commission. Ce
n'est pas pour remettre en cause la décision que vous avez rendue tout
à l'heure. J'aimerais demander au ministre, étant donné
qu'il est accompagné de son conseiller juridique, Me Trudeau, s'il
pourrait me donner des explications. Pourquoi a-t-on choisi d'en faire un
paragraphe spécial plutôt que de l'ajouter comme un autre article,
comme un sous-paragraphe d'un article déjà existant? Je pense que
ce serait important pour les membres de la commission de connaître les
implications des deux choix.
M. Garon: C'était pour bien indiquer qu'on ne voulait pas
changer la portée de l'article 2, parce que vous savez que l'article 2
est l'article du débat entre le mouvement coopératif et le
mouvement syndical, l'article central, l'article clé. C'était
pour bien indiquer qu'on ne touchait pas à l'article 2. On l'a fait tel
quel sans y toucher.
M. Roy: Si vous l'aviez intégré dans l'article,
quelle aurait été la nature du changement?
M. Garon: Quand vous faites des articles de loi comme
ceux-là, comme dans le cas que vous mentionnez, l'article indique telle
date, parce que, dans cinq, dix, quinze ou vingt ans, vous ne savez pas comment
ce sera interprété, nécessairement. Quand vous arrivez...
Par exemple, je pense à un article dans la Loi des coopératives
qui dit "L'activité coopérative n'est pas censée
constituer un objet de profit." Cela avait un but, initialement, de la part du
législateur. C'était d'éviter aux coopératives de
payer des taxes d'affaires dans les municipalités. Cela a
été adopté, je ne me rappelle plus il y a combien
d'années. Je vous dis cela comme ex-professeur de la Loi des
coopératives. Après cela, cela a été utilisé
pour toutes sortes de choses. Cela veut dire que, dans une loi, il faut avoir
une certaine prudence. Comme l'article 2 est là depuis des années
et qu'il n'a jamais vraiment été testé devant les
tribunaux supérieurs, on n'a pas voulu y toucher. On l'a laissé
tel quel, comme il était. On le retrouve à l'article 2a, qui
indiquerait la portée de la loi...
M. Fontaine: L'article 2...
M. Garon: ... sans toucher aux relations entre les
coopératives et les syndicats.
M. Fontaine: L'article 2 dit: "objet de la loi". Est-ce que vous
ne trouvez pas un peu paradoxal de faire un autre article plus bas qui va
être encore objet de la loi?
Le Président (M. Laplante): Je voudrais signaler tout de
suite au député de Nicolet-Yamaska que j'ai permis une question
sur ce sujet. C'est une motion qui a été rejetée. Vous
revenez en arrière d'une façon détournée, en somme.
Je voudrais être très libéral dans les droits de parole
et...
M. Fontaine: Oui, mais il y a consentement. M. Roy: S'il y
a consentement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): S'il y a consentement, je suis
prêt à l'accorder, mais je ne voudrais pas que ce soit...
M. Roy: C'est seulement une question qui est posée, ce
n'est pas une intervention.
M. Fontaine: On va avoir deux articles...
Le Président (M. Laplante): Consentement sur une autre
question du député de...
M. Chevrette: Avant de vous donner mon consentement, j'ai aussi
des questions à poser, parce que leur temps de parole est terminé
sur l'article 1, je m'excuse...
Le Président (M. Laplante): C'est pourquoi je demande si
vous donnez consentement à ce qu'il pose ces questions, son temps est
terminé lui aussi. Je ne demande pas de discussion là-dessus,
c'est tout ce que je vous demande.
M. Roy: Ce ne sera pas bien long, c'est juste une question.
M. Chevrette: Je me réserve le droit de le retirer.
M. Ouellette: Je peux vous tirer une épine du pied, M. le
Président, en disant que je suis d'accord avec votre décision,
mais je ne la comprends pas en termes juridiques. Moi aussi je serais
intéressé à connaître les raisons pour lesquelles
cet amendement a été refusé.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Fontaine: On va se retrouver avec deux articles; l'article 2
et l'article 2a et ils vont être tous deux objet de la loi.
M. Garon: Oui.
M. Fontaine: Parce que l'article 2 c'est: "La présente loi
a pour objet de mettre à la disposition des producteurs..." Alors,
pourquoi faire deux articles qui vont indiquer l'objet de la loi? Il me semble
que c'est paradoxal, je ne comprends pas. Lequel va avoir
préséance sur l'autre, 2 ou 2a? C'est là que ça va
devenir une question d'interprétation.
M. Garon: Aucun n'a préséance l'un sur l'autre,
c'est que...
M. Giasson: Ils sont complémentaires.
M. Fontaine: Non, ils ne sont pas complémentaires.
M. Garon: Quand le législateur a institué cette
loi, il a mis un article 2, qui, en 1955 ou 1956, n'était pas l'article
2, je pense que c'était l'article 3. Je pense qu'il y avait des
coopératives qui s'occupaient des mises en marché et qu'il y
avait des organisations syndicales qui étaient instituées par
cette loi. Il a établi un article 2 pour établir les principes.
On n'y touche pas, on ne veut pas y toucher; tout ce qu'on vient de dire, c'est
que la loi a pour but de réglementer la production des produits
agricoles au Québec et la mise en marché dans le commerce
intraprovincial. À l'article 2, par exemple, on parle bien de la mise en
marché, mais on ne dit pas, dans le commerce intraprovincial, 2a vient
le dire et vient dire également que ça réglemente
également la production; il y avait des articles un peu partout dans la
loi concernant la production, on vient dire que ça réglemente la
production; question de précision. Mais ça ne touche pas
l'article 2 qui, hélas! fait un énoncé concernant les
relations entre les coopératives et les syndicats. On ne veut pas
toucher à ça pour ne pas ouvrir le débat à
l'occasion de 116.
M. Fontaine: Je suis d'accord avec ce que
vous dites, mais là, on va avoir deux articles qui vont dire:
"... la présente loi a pour objet...".
M. Garon: Une loi peut avoir plusieurs objets.
Le Président (M. Laplante): D'accord, j'appelle l'article
1.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur
division.
M. Roy: M. le Président, qu'on le mette aux voix.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Baril,
Arthabaska. M. Chevrette, Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Pour l'article 1, non amendé. Le
Président (M. Laplante): Pardon? M. Chevrette: Non, tel
qu'amendé!
Le Président (M. Laplante): Pas de commentaire! M.
Beauséjour, Iberville.
M. Beauséjour: Pour, avec tous les amendements.
Le Président (M. Laplante): M. Dubois, Huntingdon.
M. Dubois: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette, Beauce-Nord.
M. Ouellette: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Garon, Lévis.
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Giasson,
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Rancourt,
Saint-François. M. Roy, Beauce-Sud.
M. Roy: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Vaillancourt, Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Pour, tel qu'amendé.
Le Président (M. Laplante): Sept pour, deux contre;
article 1, tel qu'amendé, adopté sur division.
Office de producteurs
J'appelle l'article 2. M. le ministre.
M. Garon: L'article 2; il n'y a pas de changement par rapport
à ce qui avait été présenté dans la loi 116
et il dit: "Ladite loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 33, du suivant: "33a. Nul ne peut prendre le titre de "office de
producteurs" ou tout autre titre incluant les mots "office de producteurs",
à moins d'être un office de producteurs au sens de la
présente loi".
Je vais vous dire pourquoi; c'est que le nom "office de producteurs" a
été, de la même façon qu'en anglais "marketing
board", réservé et est normalement utilisé par les offices
de producteurs. On ne voudrait pas que commencent à s'institutionnaliser
les groupements de producteurs, qui se donnent le nom d'office de producteurs,
parce que ça pourrait induire des gens en erreur.
Je pense, par exemple, que, de la même façon, on retrouve
dans la Loi des coopératives cela peut être une excellente
analogie avec la Loi des coopératives que l'appellation Coop,
coopératives, magasins Coop, associations coopératives, etc., est
réservée uniquement à ceux qui sont régis par la
Loi des associations coopératives ou par la Loi des syndicats
coopératifs, en vertu de laquelle loi, d'ailleurs, on ne crée
plus de coopératives. Maintenant, c'est en vertu de la Loi des
associations coopératives pour ne pas, à un moment donné,
qu'un magasin ou une institution qui n'est pas une coopérative se donne
le nom de coopérative pour laisser entendre qu'elle est une
coopérative.
On a voulu, par cet article, que l'expression "office de producteurs"
soit réservée uniquement aux groupements de producteurs qui sont
un office de producteurs au sens de la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je pense que c'est bien connu
du ministre, l'OPPQ, l'Office de producteurs de porcs du Québec
j'imagine qu'ils sont incorporés; je ne sais pas si c'est sur une charte
provinciale ou une charte fédérale, mais, de toute façon,
ils ont une incorporation quelconque... ils doivent en avoir une. Non?
M. Garon: Je ne le sais pas.
M. Dubois: Un office de producteurs, habituellement, a une
charte. Je ne sais pas si c'est un élément de vengeance
vis-à-vis d'un office qui existait... je pense qu'il y en a un au
Québec, il peut y en avoir d'autres qui ne seraient pas
chapeautés par la Régie des marchés ou reconnus par
la Régie des marchés, je ne le sais pas. Êtes-vous
au courant s'il y en a d'autres offices de producteurs?
Une voix: L'Office d'habitation du Québec.
M. Dubois: On parle de production agricole là, un
instant!
M. Garon: Je ne sais pas s'il y en a d'autres. On ne voudrait
pas, à un moment donné, se retrouver devant des termes qui sont
employés alors que cela peut prêter à confusion dans le
public. Réservons, comme c'était la coutume... C'étaient
seulement les offices de production, au sens de la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles, qui portaient ce nom; on veut le
réserver d'une façon officielle uniquement pour que le public
soit bien renseigné, pour ne pas qu'il soit induit en erreur par des
appellations d'associations qui ne sont pas des offices de producteurs au sens
de la loi et que les gens soient mêlés là-dedans.
M. Dubois: Je ne suis pas contre l'article comme tel.
M. Garon: Je le sais bien.
M. Dubois: II y aurait peut-être lieu de dire: À
l'avenir, nul ne peut... Il y a des cas existants présentement. Il y en
a au moins un que je connais, il peut y en avoir d'autres. S'ils sont
incorporés ils le sont sans doute qu'est-ce qui arrive de
leur incorporation? Est-ce qu'on va les empêcher de se servir de ce nom?
S'ils se servent de l'OPPQ, d'Office de producteurs de porcs... J'aimerais bien
être éclairé dans ce sens. Qu'est-ce qui arrive avec
l'Office de producteurs de porcs du Québec, supposons, ou l'OPPQ, si
vous aimez mieux?
M. Garon: On l'écrit dans la loi. Si le fait d'avoir une
appellation, avant l'adoption de la loi... Si on constitue des droits acquis,
à ce moment-là, on le verra.
M. Roy: Question de règlement. La question qui vient
d'être posée est extrêmement importante. Il y a un organisme
qui existe à ce jour. Le ministre nous donne...
M. Garon: C'est toujours important.
M. Roy: Oui, c'est toujours important. Le député de
Beauce-Nord vient de poser une question à Me Trudeau et j'aurais la
même question à lui poser et j'aimerais que Me Trudeau nous donne
une réponse ici. La commission a le droit d'être informée
dans son ensemble et je ne voudrais pas qu'il y ait d'information
réservée à quelques membres.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. (16 h 30)
M. Garon: Je ferai remarquer au député de
Beauce-Sud que les règles, à la commission, vous savez comment
cela fonctionne. Je vous donne une explication, c'est une explication
juridique. Me Trudeau est le conseiller du ministre ici, en commission, ce
n'est pas le conseiller de la commission. Ce n'est pas tous les membres de la
commission qui peuvent dire: Je vais poser une question à Me Trudeau,
parce qu'à un moment donné, on peut se retrouver devant un genre
de "free for all". Il faut établir les règles comme elles
fonctionnent en réalité.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous revenir aux
discussions avec le député de Huntingdon.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): L'Office des producteurs de porcs du
Québec...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon n'a pas fini.
M. Dubois: Je voudrais savoir quand même, au niveau
juridique, si quelqu'un peut me répondre, ce qui va se produire à
la suite de l'adoption du projet de loi 116, car j'imagine que 71
députés contre je ne sais pas combien de membres de
l'Opposition...
M. Garon: Je n'ai pas vérifié si les associations
ou des choses comme cela ont leur incorporation à Ottawa, à
Québec, si elles sont incorporées ou si elles ne le sont pas.
C'est clair. S'il y a des droits acquis, les droits acquis vont être
respectés et s'il n'y en a pas, elles changeront de nom.
M. Dubois: Pour éviter toute confusion ou toute
interprétation future de cet article, je pense que ce serait pas mal
simple pour la commission d'adopter un amendement, je n'en fais pas tout de
suite une proposition, remarquez, mais je peux en faire une, à l'effet
de dire: À l'avenir, il sera interdit d'emprunter ce nom pour tout
office de producteurs, ou tout corps incorporé qui touche la production
agricole. Ce serait facile de le dire et cela réglerait le
problème pour toujours puisque s'il y a seulement un office de
producteurs, qui s'appelle l'OPPQ, si vous dites que c'est un droit acquis,
c'est aussi bien de le reconnaître tout de suite qu'à l'avenir,
sans l'identifier à l'avenir.
M. Garon: Je ne connais pas le nombre d'incorporations qui ont eu
lieu.
M. Dubois: Non, mais vous venez de dire que cela pourrait
être un droit acquis.
M. Garon: Ce que je vous dis, c'est qu'il y a peut-être eu
des incorporations utilisées ou non utilisées. Je ne le sais pas,
je n'ai pas vérifié les incorporations à Ottawa ou
à Québec, les enregistrements de noms, etc. Je n'ai pas
vérifié cela. Tout simplement, ce qu'on veut faire dans cette
loi, c'est de réserver le nom, l'appellation: Office
de producteurs. On ne peut pas prévoir tous les cas et, à
ce moment-là, les tribunaux sont là pour cela,
l'interprétation juridique est là pour cela. S'il y a des droits
acquis, c'est évident que les tribunaux vont respecter les droits
acquis, s'il n'y a pas de droits acquis, à ce moment-là, les gens
vont devoir se conformer à cet article.
M. Dubois: Une charte provinciale ou une charte
fédérale deviendrait, possiblement, disons, un droit acquis.
M. Garon: Je n'interprète pas.
M. Dubois: Non, je dis possiblement. Je ne dis pas que vous
l'interprétez, mais possiblement un droit acquis.
M. Chevrette: Pourquoi émettre une charte avec le nom
d'office s'il y a une loi qui prévoit que tu ne peux pas utiliser le nom
d'office? C'est la logique. Je ne suis pas avocat, mais... Me Fontaine.
M. Dubois: Pour l'avenir.
Le Président (M. Laplante): J'aimerais que les
réponses viennent du ministre.
M. Vaillancourt (Orford): Actuellement, l'OPPQ a une charte
canadienne et, d'après cet article, cela va l'obliger à changer
son incorporation.
M. Garon: Habituellement, on peut changer facilement le nom d'une
incorporation.
M. Dubois: Oui, mais est-ce que la loi, cet article du
présent projet de loi, peut forcer l'OPPQ à changer son nom?
J'aimerais être éclairé là-dessus.
M. Garon: Ce n'est pas une loi rétroactive. Donc, s'il y a
des gens qui ont des droits acquis, M. le Président, ils vont les
conserver. D'un autre côté, je pense qu'il y a des
députés à la commission qui sont avocats comme moi. Ils
savent que dans les deux lois des compagnies, la Loi des corporations
commerciales canadiennes et la Loi des compagnies du Québec, il y a des
dispositions qui permettent aux ministres qui sont chargés de ces deux
lois de changer le nom de certaines compagnies lorsque ces noms prêtent
à confusion. Cela arrive très souvent que des corporations, des
gens sont formés en corporation, sous des noms qui prêtent
à confusion et, par la suite, il peut y avoir des plaintes
logées. À ce moment-là, c'est au ministre chargé de
la loi qu'il appartient de décider si cela prête ou non à
confusion. Si on fait la loi, je pense, comme s'appliquant seulement à
l'avenir, cela peut priver autant le ministre chargé de la Loi des
compagnies au Québec que le ministre chargé de la Loi des
corporations canadiennes de son pouvoir de changer ce nom s'il juge que cela
prête à confusion. Si on laisse la loi au présent, je pense
qu'elle n'est pas rétroactive et si quelqu'un a des droits acquis, c'est
coutumier d'ailleurs dans ces domaines, de plaider la question des droits
acquis, elle conservera ses droits acquis. C'est pour cela. Des gens m'ont dit
que l'OPPQ avait une charte fédérale, je ne l'ai pas
vérifié moi-même. D'autres ont dit qu'il en avait une
provinciale, je ne l'ai pas vérifié non plus, mais l'article
laisse les droits de tout le monde protégés...
M. Vaillancourt (Orford): On l'a vérifié et cet
office a une charte canadienne.
M. Garon: Alors, ça ne le privera pas de son droit, mais
ça ne privera pas non plus d'autres personnes qui pourraient intervenir
en disant au ministre chargé de l'application de la Loi sur les
corporations commerciales canadiennes d'intervenir et de dire: C'est un nom qui
prête à confusion, voulez-vous demander aux "incorporateurs" de le
changer ou je vais le changer d'office? Seulement, cela empêche, pour
l'avenir, les associations de proliférer sous le nom d'offices de
producteurs, s'ils ne sont pas incorporés en vertu de la loi de la mise
en marché. Je ne sais pas si ça répond à votre
question.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je pense que les questions
qui ont été posées et les réponses qu'on a obtenues
nous donnent satisfaction. Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que,
dans un texte de loi, une telle précision doit être
apportée. Je me rappellerai, dans les années 1963, 1964, au
moment où toutes les lois des coopératives ont été
refondues, qu'il y a eu des dispositions assez sévères
là-dessus, des dispositions identiques, de façon que les
mouvements qui prenaient le nom de caisses d'épargne soient régis
par la Loi des caisses d'épargne, de façon que les associations
coopératives, les entreprises qui prenaient le nom d'associations
coopératives soient effectivement régies par la Loi des
associations coopératives.
Dans l'ancienne loi des syndicats coopératifs, au chapitre 290
des lois de 1941, si ma mémoire est bonne, il y avait bien des
entreprises qui avaient pris le nom de syndicats coopératifs et qui,
effectivement, n'étaient pas régies par la loi. Cela a pris un
certain nombre d'années avant que tout cela se corrige, mais je pense
qu'à un moment donné, il est nécessaire d'appeler les
choses par leur nom et, quand les noms sont utilisés, que des noms
soient réservés, que ça corresponde à une
réalité et que ça corresponde également à un
statut juridique clairement défini.
Je n'ai pas d'objection à l'adoption de cet article;
peut-être que ça va décevoir mon collègue de
Joliette-Montcalm, mais, même si ça le déçoit, je
n'ai aucune objection à ce que cet article soit adopté.
M. Chevrette: Je vous en remercie du fond du coeur, c'est la
première qui est vite.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Huntingdon?
M. Dubois: J'aimerais préciser quand même que je
n'ai pas d'objection à l'adoption de l'article comme tel, mais je
voulais avoir des précisions du ministre ou de M. Trudeau. J'ai eu les
précisions nécessaires, je suis satisfait des
précisions.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que j'appelle
l'article...
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais une question.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a vérifié s'il y a
d'autres organismes qui utilisent le nom d'office de producteurs que celui
qu'on appelle OPPQ, Office des producteurs de porcs? Parce que le ministre...
Il me semble, avant d'adopter une loi, qu'il faudrait peut-être
vérifier qui il vise par l'adoption de cette loi.
M. Garon: II n'y en a pas d'autres connus. C'est parce qu'il y a
des noms qui sont réservés. On n'a pas vérifié,
auprès du ministère des corporations, ni à Québec,
ni à Ottawa, toutes les réservations de noms qui peuvent
être faites; c'est par voie d'enregistrement, il n'y a pas d'organismes
véritablement connus...
M. Vaillancourt (Orford): Nos recherchistes ont
vérifié et il n'y en a pas d'autres.
M. Garon: À part l'Office des producteurs de porcs.
M. Fontaine: Dans ce cas-là, s'il n'y en a pas d'autres,
est-ce que vous... Je ne sais pas, je n'ai pas vérifié la
question au point de vue juridique. Est-ce que vous ne pensez pas que ça
pourrait être discuté au point de vue juridique devant les
tribunaux, à savoir si cet article ne serait pas discriminatoire, par
rapport à cet office, étant donné que, même si ce
n'est pas indiqué dans la loi directement, on ne vise que l'OPPQ....
M. Garon: Ce n'est pas ça...
M. Fontaine: ... il n'y en a pas d'autres.
M. Garon: Non, mais il peut y avoir confusion. À un moment
donné, vous avez un office de producteurs de porcs qui fonctionne en
vertu de la Loi de la mise en marché des produits agricoles et un autre
qui porte le nom et qui ne fonctionne pas en vertu de la Loi de la mise en
marché des produits agricoles. Imaginez-vous la confusion que ça
pourrait possiblement faire.
C'est pour ça que...
M. Fontaine: Je suis d'accord là-dessus, mais, au moment
où on adopte la loi, il y a déjà un organisme qui
s'appelle l'Office des producteurs de porcs et on nous dit...
M. Garon: Qui n'est pas un office au sens de la loi.
M. Fontaine: Non, mais il y en a seulement un qui s'appelle comme
ça et on le déclare illégal, en fin de compte.
M. Garon: Ce n'est pas ça que l'article dit.
M. Fontaine: Nul ne pourra plus utiliser ce nom.
M. Garon: "Nul ne peut prendre le titre d'office de producteurs".
Ne peut prendre. "Ou tout autre titre incluant les mots "office de
producteurs", à moins d'être un office de producteurs au sens de
la présente loi."
M. Fontaine: C'est cela. Cela veut dire que cela oblige
l'organisme qui s'appelle l'Office de producteurs de porcs, une fois que la loi
sera adoptée, possiblement dans les jours qui viennent, à changer
de nom automatiquement; les gens ne pourront plus prendre ce nom-là.
M. Garon: Ce n'est pas sûr, mais c'est possible.
M. Fontaine: Mais ne pensez-vous pas que s'ils sont
obligés de changer de nom, cela pourrait être discriminatoire
à l'endroit de cet office?
M. Chevrette: Si c'était marqué "nul ne peut avoir
pris", ce serait discriminatoire. Mais "nul ne peut prendre", c'est ce qui
vient.
M. Fontaine: Mais ils ne pourront pas le prendre davantage
à l'avenir.
M. Chevrette: Cela représente qu'il y a un sens futur.
M. Roy: Mais cela peut obliger l'Office des producteurs de porcs
à changer de nom.
Une voix: C'est notre droit.
M. Chevrette: C'est notre droit de légiférer, M. le
Président. C'est parce que le français, le participe passé
par rapport au présent, c'est différent.
M. Fontaine: C'est possible qu'il y ait des contestations.
Une voix: Sentez-vous qu'on vous met des bâtons dans les
roues?
M. Chevrette: ... les bâtons.
M. Fontaine: Est-ce que c'est cela le but visé?
M. Garon: Le but visé, c'est d'empêcher qu'il y en
ait d'autres qui fassent comme eux. À ce moment-ci, ils sont bien
connus, mais comme un député le faisait remarquer tantôt,
dans la Loi des coopératives, quand, à un moment donné,
tout le monde s'est mis à utiliser le nom de caisse populaire, par
exemple, il n'y avait plus moyen de se retrouver.
Quand on sait que l'OPPQ, c'est un corps connu, que les gens savent
qu'il ne provient pas d'un plan conjoint de cette loi, si jamais il y en avait
deux, trois ou quatre, il n'y aurait plus moyen de se retrouver. Je pense que
le but était d'empêcher que cela continue. On a vu la pratique se
développer...
M. Fontaine: Mais le but n'est pas d'enlever des droits à
celui qui en possède actuellement.
M. Garon: En particulier, le problème n'était pas
majeur pour eux. Mais avant qu'il ne le devienne, je pense qu'il ne faudrait
pas attendre qu'il y en ait trois ou quatre.
M. Fontaine: D'accord, M. le Président. Quant à
nous, de l'Union Nationale, nous serions d'accord. Je ne veux pas me prononcer
pour mon collègue.
M. Dubois: J'ai dit tout à l'heure que j'étais
d'accord.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui me concerne, je suis d'accord
pour qu'on adopte l'article.
Le Président (M. Laplante): L'article 2 est-il
adopté?
Des voix: À l'unanimité.
Contingentement
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Garon: On fonctionne toujours de la même façon.
Je lis la colonne de gauche qui est...
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que vous me
permettriez, juste avant de commencer à regarder l'article 3? Nous
sommes en face d'un article où il y a plusieurs sous-paragraphes, et
même des sous-alinéas aux paragraphes.
M. Garon: C'est ce que je voulais dire.
M. Fontaine: C'est de cela que vous vouliez parler?
M. Garon: Oui. Je voulais dire...
Le Président (M. Laplante): Juste une minute. Voulez-vous
terminer?
M. Fontaine: J'avais une question à poser au
président. Je pense qu'il est de coutume parlementaire qu'on
étudie paragraphe par paragraphe et sous-paragraphe par sous-paragraphe,
pour éviter de se mélanger dans cette discussion.
Le Président (M. Laplante): C'est votre droit. M.
Fontaine: Je demanderais le consentement des membres de la commission,
à savoir s'il y aurait possibilité de procéder de cette
façon, de sorte qu'on ne puisse pas mêler tous les paragraphes
ensemble. On sait que ces questions sont assez complexes.
Le Président (M. Laplante): D'accord, paragraphe par
paragraphe.
M. Fontaine: Je pense que la discussion serait beaucoup plus
claire et plus précise, si on adoptait cette façon de
procéder.
Le Président (M. Laplante): Article 3, paragraphe a).
M. Chevrette: On accorde notre consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vous n'avez pas de
consentement à donner.
M. Chevrette: Non? C'est votre autorité?
Le Président (M. Laplante): Non. C'est le voeu d'un
membre. Dès l'instant où il exprime qu'il veut qu'on fasse
l'étude article par article, paragraphe par paragraphe, il a le
privilège de le faire. Il a droit à 20 minutes par paragraphe,
s'il le veut.
M. Chevrette: M. le Président, l'expérience du
passé nous démontre que c'est très important de
restreindre le débat.
Le Président (M. Laplante): J'accorde ce droit.
M. Roy: M. le Président, le député de
Joliette-Montcalm devrait se souvenir qu'il y a un article qui vient
d'être adopté à l'unanimité.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Roy: Alors, M. le Président, qu'il ne provoque pas ses
collègues d'en face.
M. Chevrette: On a passé près.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, sur le
paragraphe a).
M. Garon: Je vais procéder paragraphe par paragraphe. Et
je pense qu'on va procéder de la même façon qu'on l'a
déterminée hier, en procédant avec le projet qui comprend
des changements par rapport au projet de loi 116.
L'article 67 de ladite loi est modifié: a) Par le remplacement du
paragraphe c) par le suivant: "c) Contingenter la production, contingenter la
mise en marché, en fixer le temps et le lieu et les prohiber
lorsqu'elles sont faites à l'encontre d'un règlement
adopté en vertu du présent paragraphe." (16 h 45)
Le premier paragraphe a pour but de modifier le paragraphe c) de
l'article 67 qui se lisait auparavant: Contingenter la production et la vente,
fixer le temps et le lieu de la mise en marché et prohiber la mise en
marché faite à l'encontre d'un règlement adopté en
vertu du présent paragraphe.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, cela renforce les
pouvoirs de contingenter la production...
M. Garon: Cela a essentiellement pour but de faire la même
distinction qu'a faite la Cour suprême, c'est-à-dire bien faire la
distinction entre la production et la mise en marché.
M. Vaillancourt (Orford): De la mise en marché.
M. Garon: C'est pour cela qu'on dit: Contingenter la production,
contingenter la mise en marché.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député d'Orford?
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, la question que
j'ai posée au ministre, c'est pour donner plus de pouvoirs de
contingenter la production et la mise en marché. Cela précise
beaucoup plus que ce qui existait avant dans la loi.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. L'ancien paragraphe c)
de l'article 67 se lisait: "Contingenter la production et la vente..."
Aujourd'hui, on lit: "Contingenter la production". Avant cela, c'était
"contingenter la production". Cela reste la même chose, mais contingenter
la mise en marché, si on regarde ce qu'est la mise en marché et
qu'on s'en va à l'article 1 du chapitre 36, on s'aperçoit que
cela implique quand même beaucoup de choses, parce que là, on
réglemente la mise en marché. "Réglementer la production
au Québec des produits agricoles et la mise en marché". La mise
en marché, cela veut dire la vente, la classification, la
transformation, l'achat, l'entreposage, le parcage et l'expédition pour
fins de vente, l'offre de vente et le transport de produits agricoles ainsi que
la publicité et le financement des opérations ayant trait
à l'écoulement de ce produit. On s'aperçoit quand
même qu'en remplaçant le paragraphe c) de l'ancienne loi par le
nouveau, on va, et de beaucoup, plus loin qu'on allait avant. Une fois de plus,
est-ce que cela s'inscrit dans le verdict de la Cour suprême? Est-ce une
obligation ou est-ce seulement par prudence que le ministre a inclus cela dans
son projet de loi? J'aimerais quand même avoir des explications assez
profondes dans ce sens, parce qu'on va très loin dans cet article. On
implique quand même tout un champ d'activité qui n'était
pas impliqué avant.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Si on prend la description de la mise en
marché, vous pouvez la lire vous même, vous allez voir que cela
implique tout le processus, de la production agricole à la tablette du
consommateur.
M. Garon: C'est plus pour éviter des
ambiguïtés sur le plan juridique, des preuves devant les tribunaux
qu'autre chose. Les termes employés par les tribunaux... Si on regarde
les termes employés dans les lois fédérales, par exemple,
on parle toujours de marketing, de mise en marché. C'est beaucoup plus
pour avoir une terminologie uniforme et, en même temps, pour
éviter les ambiguïtés devant les tribunaux. À un
moment donné, il faut prouver la vente. C'est un produit qui va faire
partie du processus de mise en marché pour des fins de vente.
M. Dubois: On ne peut pas dire que les plans conjoints, M. le
ministre, ne fonctionnaient pas. Ils fonctionnent, les plans conjoints
existants. Ils fonctionnent, il y a quand même une limitation de
production, selon les plans conjoints qui existaient. Là, on va bien
plus loin qu'une production agricole quelconque.
M. Vaillancourt (Orford): D'après mes recherches, on nous
dit, à l'article 3, qu'il faut bien distinguer la production de la mise
en marché, tandis qu'à l'article 1 de la loi, on définit
la mise en marché mais non la production. C'est pour
préciser.
M. Garon: C'est cela.
M. Dubois: À réglementer la production et la mise
en marché, on s'aperçoit quand même qu'on peut mettre en
carcan un paquet de gens ici au Québec là-dedans, parce qu'il n'y
a pas seulement la production agricole. On va jusqu'à la transformation,
on va jusqu'à l'expédition. Cela peut concerner même les
gens dans le transport de produits agricoles, parce qu'on transporte ces
produits quand même. Cela veut dire que l'article 3 touche un grand
groupe d'intervenants dans le domaine de la transformation, de la production.
Cela va loin.
M. Garon: Oui, mais tout cela, c'est dans le processus de la mise
en marché.
M. Dubois: Oui, le transport, le parcage, en tout cas, il y a
bien des choses incluses là-dedans. Si on fait la description de la mise
en marché comme telle, je vous assure qu'on va loin quand même.
C'est tout le processus de A à Z jusqu'à ce que le consommateur
prenne sa boîte de conserve et la consomme, si on veut. Cela fait tout
ce
chemin. Cela implique pas mal de gens. Cela veut dire qu'il y a un
contrôle qui peut s'exercer tout le long du processus, jusqu'à la
bouche du consommateur. C'est profond. Vous ne trouvez pas?
M. Garon: Autrement, devant les tribunaux, on tombe dans des
procédures indéterminables, si les termes n'incluent pas le
processus de mise en marché, autrement il faut prouver chaque fois qu'il
s'agit de vente, etc... Là, cela devient compliqué sur le plan
juridique et cela amène des procès inutiles, tandis qu'en le
spécifiant de cette façon, cela va être beaucoup plus clair
pour les tribunaux.
M. Dubois: On pourrait même définir qui aura le
droit de transporter je prends un exemple des animaux de la ferme
à un abattoir. On pourrait même définir jusque là.
Le transport cela va loin aussi. Qui aura le droit de transporter certains
produits demain matin? Je sais que cela va très loin.
M. Garon: Regardez l'article au complet. Plutôt que
d'employer des ambiguïtés dans l'article, parce que c'était
écrit avant "contingenter la production et la vente, fixer le temps et
le lieu de la mise en marché, prohiber la mise en marché."
C'était déjà dans l'article. Faire encore des
règlements... Plutôt que de se trouver devant des
ambiguïtés de termes, on a préféré employer un
seul terme "mise en marché", plutôt qu'à une place,
employer "vente" et, à une autre place, employer "mise en
marché".
M. Dubois: Si l'interprétation est poussée au bout,
qui va bouger demain matin? Remarquez bien que la loi est là. Selon son
interprétation, on peut aller jusqu'au bout du processus et on peut dire
demain matin à un type: Tu n'as même plus le droit de transporter
ton animal toi-même jusqu'à l'abattoir. On pourrait aller
là. C'est possible.
M. Chevrette: Quand tu décris la mise en marché,
cela va jusque là. Lisez l'article, c'est important, je crois.
M. Garon: C'est déjà fait.
M. Dubois: Oui, cela pourrait être fait.
M. Garon: Dans l'état actuel de la loi...
M. Dubois: La vente. C'était limité à la
vente.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Là, on est rendu à la mise en
marché.
M. Garon: Prohiber. Fixer le temps et le lieu de la mise en
marché, prohiber la mise en marché. C'est à l'encontre des
règlements.
M. Dubois: Prohiber la mise en marché, mais cela ne
touchait pas le transport. Là, on touche au transport.
M. Garon: Oui. C'est vous-même tantôt qui avez dit
qu'à la définition de la mise en marché, c'était
compris.
M. Dubois: Oui, mais la mise en marché elle-même
comme telle, si on prend le mot simple, on l'ajoute dans votre projet de loi,
il est réglementé. Alors, le transport va être
réglementé.
M. Garon: II l'est déjà.
M. Dubois: C'est un des articles.
M. Garon: Cela l'est déjà.
M. Vaillancourt (Orford): II l'est par une autre loi?
M. Garon: Non, par la même loi.
M. Dubois: C'était contingenté, mais là,
c'est réglementé.
M. Fontaine: C'est parce que là, on indique...
M. Garon: C'est quand vous avez la définition de la mise
en marché. La vente, la classification, la transformation, l'achat,
l'entreposage, le parcage et l'expédition pour fins de vente, l'offre de
vente et le transport des produits agricoles. C'était déjà
là. C'est tout simplement pour éviter des ambiguïtés
de termes et qu'on commence à faire des procès sur des mots
devant les tribunaux, alors que c'est déjà là.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je ne veux pas prendre la place de mon collègue de
Nicolet-Yamaska. Le ministre nous dit que cela n'ajoute rien, que ce sont
seulement de petites précisions. J'en ai fait la démonstration
hier que quand on fait seulement un petit changement dans une loi, cela a
beaucoup d'implications. Quand on dit contingenter la production, contingenter
la mise en marché...
M. Garon: Oui.
M. Roy:... en fixer le temps et le lieu il n'y a pas de
virgule et les prohiber lorsqu'elles sont faites à l'encontre
d'un règlement adopté en vertu de la présente loi.
Qu'est-ce que ça suppose, M. le Président? Cela suppose que, pour
l'application de la loi... Parce que ce n'est pas tout de dire: On veut avoir
des textes de loi clairs, on veut avoir des textes de loi limpides, on veut
avoir une loi qui évite toute ambiguïté, on veut
éliminer les procédures. On est parfaitement d'accord, il ne faut
pas que ça suscite des embêtements chez les produc-
teurs, il ne faut pas que ça suscite des dépenses
additionnelles que les agriculteurs, d'une manière ou d'une autre,
doivent défrayer. Mais il faudrait faire attention d'avoir une loi trop
rigide, parce qu'il y en a qui se chargent d'interpréter les lois avant
les tribunaux. Avant que ça aille devant les tribunaux, le mal est fait.
Actuellement, il y a une soupape qui permet à un producteur... Moi, je
dis que les agriculteurs du Québec sont des gens intelligents; il y en a
un qui, la semaine dernière, m'a dit que ce n'était pas vrai,
mais je ne partage pas son point de vue. Quand on parle de contingenter une
mise en marché, ça va de soi que ça implique
indirectement, pour ne pas dire directement, un contrôle de la
production. Mais c'est assez difficile, pour un producteur agricole,
d'évaluer précisément ce qu'il doit produire, ce qu'il
doit avoir comme actif, ce qu'il doit avoir comme inventaire, ce qu'il doit
avoir comme cheptel pour être en mesure de respecter un contingent de
mise en marché; la relation entre les deux ouvre des portes
énormes.
Je suis un peu inquiet, parce que le ministre veut fermer des portes et
je dis qu'en fermant ces portes je suis d'accord qu'il ferme des portes
il en ouvre d'autres. Il ferme des portes à
l'interprétation pour des cas qui peuvent aller devant des tribunaux.
Automatiquement, plus il y a de règlements, plus il y a de lois, plus il
y a de personnes pour les interpréter, plus il y a de personnes pour
s'en servir. Prenons un exemple: Le ministre sait très bien qu'il y a eu
un conflit entre l'ACL et la Fédération des producteurs de lait
industriel du Québec, dont la Régie des marchés agricoles
avait été saisi il y a quelques années, alors que le
président de cette fédération avait menacé les
producteurs, membres de l'ACL, de leur enlever leur contingent s'ils refusaient
l'ordre illégal on dit bien l'ordre illégal de la
fédération dirigeant tout le lait de ses producteurs à la
laiterie de Dolbeau au lieu de l'ACL. Le président s'autorisait
on parle du président; on le nomme ici, mais je ne le nommerai pas, pour
les fins du journal des Débats d'une fausse interprétation
du règlement de pool pour faire cette menace. Ces abus qui ont
été créés ont ouvert la porte à bien des
procès et ont créé bien des injustices. Or, ni la loi, ni
le plan conjoint, ni les règlements n'autorisaient la
fédération à supprimer le contingent d'un producteur pour
les motifs invoqués par ledit président dont on fait mention.
Cependant, tous les producteurs menacés, sans exception, obéirent
à l'ordre illégal de la fédération et,
malgré leur contrat avec leur coopérative, laissèrent la
fédération transporter leur lait à Dolbeau, plutôt
que de risquer la perte de leur contingent.
Cela va très loin. Quand on dit et qu'on décide de mettre
une virgule, on dira: C'est seulement une virgule; je ne veux pas faire de
chromage de virgule, M. le Président, mais on sait très bien
qu'une virgule a son importance devant les tribunaux. Il y a des virgules qui
ont fait bien des procès.
M. Garon: Dans la Beauce!
M. Roy: II n'y en a pas eu seulement dans la Beauce, mais il y en
a eu dans la Beauce, parce que les Beaucerons ne sont pas des gens qui se
laissent marcher sur les pieds; les Beaucerons sont des gens qui se tiennent
debout.
M. Ouellette: II faudrait préciser Beauce-Sud.
M. Roy: II faut maintenant aller dans Beauce-Nord pour plaider,
mais ça ne fait rien, on y va pareil.
M. Ouellette: Je vous ai dit qu'on réglait la
majorité des problèmes de Beauce-Sud chez nous.
M. Roy: M. le Président, je dois dire qu'ils tentent de
les régler, ça ne veut pas dire qu'ils les règlent.
M. Chevrette: ...
M. Roy: II y a une différence entre une "tentation" et une
réussite, M. le Président: il y a une grosse différence
entre les deux. Il y en a qui ont des tentations, il y en a d'autres qui ont
des réussites.
M. Ouellette: Vous avez des phrases introduc-tibles, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je ne me laisserai pas distraire
par cette interpellation, mais, quand on parle de contingenter la production,
si je pousse un peu plus loin, ça veut dire qu'il y aura des
règlements de production; il y aura nécessairement des
règlements de mise en marché...
M. Garon: Ils existent déjà.
M. Roy: Oui, les règlements de mise en marché
existent déjà, qui créent l'obligation, pour le
producteur, de contrôler sa production chez lui, mais c'est le producteur
qui fait son contrôle. Tandis que, si vous avez des règlements de
contrôle de production, il y a des dispositions dans la loi et l'article
96 de la Loi de la Régie des marchés agricoles est bien clair. Il
y a des pouvoirs d'inspection, des pouvoirs de confiscation, des pouvoirs de
saisie, il y a des pouvoirs de poursuite. À ce moment-là, ce
n'est plus dans les entreprises de mise en marché que l'inspection va se
faire. L'inspection, on va l'étendre sur la ferme même; il faut y
penser. (17 heures)
Quand j'ai eu des discussions avec les gens de la Commission canadienne
du lait pour leur demander si, effectivement, c'était absolument
nécessaire d'avoir ces règlements, ils ont dit: On n'a pas
à vous dire quoi faire; nous, au fédéral, ce qui nous
implique, c'est qu'on a un quota national et on fait le partage de ce quota
entre les provinces. Qu'il y ait 18 000 ou 26 000 producteurs pour produire la
quantité déterminée, ce n'est pas notre problème,
cela ne nous importe pas, ça ne nous inquiète pas du tout. S'il y
a un contingent
de mise en marché dans la province de Québec, un quota de
mise en marché pour le lait industriel, le producteur s'organise chez
lui et décide de produire pour être en mesure de remplir son
quota.
À un moment donné, il y a des dépassements de quota
dans l'industrie laitière parce qu'il y a beaucoup de facteurs qui
entrent en ligne de compte. L'année peut être exceptionnelle,
comme il peut y avoir des années où la production est de beaucoup
inférieure pour toutes sortes de raisons que les cultivateurs
connaissent parfaitement. Si on leur impose une réglementation chez eux,
je dis que la porte est ouverte à cette réglementation. On en a
vu des réglementations gouvernementales absurdes. Il s'agit de regarder
le règlement de l'environnement, à ce jour, qu'on impose aux
agriculteurs il n'est pas en vigueur et on n'ose pas le mettre en
vigueur pour savoir à quelle date, à quelle heure, dans
quel mois et dans quelle semaine l'agriculteur aura le droit d'épandre
le fumier sur sa ferme.
On a vu cela. De tels règlements existent qui sont plus ou moins
en vigueur. On en a vu dans d'autres domaines. On exigeait, à un moment
donné, dans la réglementation gouvernementale, de mettre une
allée d'asphalte devant l'abattoir qui recevait les animaux alors que
toute la route était couverte de gravier, dans la poussière. On a
vu cela. Ces règlements ont été discutés, ils ont
été connus, ils sont publics, ils ont été
publiés dans la Gazette officielle. Ce n'est pas une première de
voir un abus de l'utilisation de la réglementation.
M. Garon: On a tout arrêté ça, depuis le 15
novembre.
M. Roy: M. le Président, j'ai essayé de me procurer
une police d'assurance là-dessus et je peux vous dire que les primes ont
considérablement augmenté. C'est évident que les risques
sont supérieurs à ce qu'ils ont déjà
été. Je ne fais pas allusion à la date du 15 novembre,
mais les primes sont plus élevées là-dessus. Quand les
primes sont plus élevées, c'est parce qu'il y a plus de
risques.
M. Ouellette: On a eu assez de baisser celles de l'assurance
automobile.
M. Roy: M. le Président... M. Garon: Quelle
assurance?
M. Roy: L'assurance contre les risques de la
réglementation gouvernementale.
Une voix: Vous avez pris cela de la Sun Life? M. Garon:
Où avez-vous pris cela?
M. Roy: Non, je ne parle pas de la Sun Life. D'ailleurs la Sun
Life ne veut pas en vendre.
M. Garon: ...
M. Roy: Pour revenir sur une note plus sérieuse, c'est une
remarque que je voulais faire ici. Qu'on ne vienne pas faire croire aux membres
de la commission qu'une petite virgule par ci, qu'une petite virgule par
là changent quelque chose. Je ne suis pas prêt à avaler les
virgules comme cela. Le législateur n'a pas l'habitude de
légiférer pour rien, de parler pour ne rien dire. Quand on fait
ces modifications dans les textes de loi, c'est parce qu'on a l'intention de
les utiliser.
Je terminerai mes observations, je reviendrai un peu plus tard.
Prenons, par exemple, la Fédération des producteurs de
lait industriel; c'est un exemple que je donne. "Voici en détail le mode
d'émission de votre quota effectif pour les seize mois en livres de
matières grasses: Période de quatre mois, avril, mai, juin et
juillet 1978..." Pour la période de 12 mois qui suit, août,
septembre, octobre 1978, 30% du quota; du 1er novembre 1978 au 30 avril 1979,
45% des quotas; mai, juin, juillet, pour les petits producteurs de lait
industriel, c'est la période la plus productive de l'année, c'est
pendant cette période qu'on peut produire le lait à meilleur
marché, c'est du lait qui va exclusivement dans le lait de
transformation...
M. Garon: II est meilleur marché? Au contraire. J'ai des
données...
M. Roy: Je prétends... je parle d'un petit producteur. Je
me base sur le bon sens, le jugement et les remarques des agriculteurs. Or,
pour avoir travaillé dans le domaine pendant un certain temps. Oui, mai,
juin, juillet...
M. Garon: On a des données économiques
là-dessus qui démontrent le contraire.
M. Roy: ... 1979, 25% des quotas. Il fut un temps, il y a
quelques années, où pour les producteurs cette période de
mai, juin, juillet représentait à peu près 50% de la
production laitière, à cause des pâturages et parce qu'au
Québec ce n'est pas la faute du ministre, ce n'est pas la faute
du gouvernement, ce n'est pas la faute du Parti québécois
on a une saison qui s'appelle l'hiver.
M. Garon: On ne peut rien vous cacher. M.Roy: Non,
on ne peut rien me cacher.
M. Fontaine: Les hivers sont de plus en plus durs depuis que vous
êtes là.
M. Roy: On oublie cela. J'ai l'impression que l'air
climatisé dans lequel se trouvent certains personnages du gouvernement
leur a fait oublier qu'il y avait un hiver au Québec. J'ai l'impression
qu'on l'a oublié dans certains bureaux. Alors, 25% des agriculteurs
seraient tenus d'avoir un quota de production au lieu d'un quota de mise en
marché. C'est un quota de mise en marché; ce n'est pas un quota
de production. Évidemment, cela découle
d'un quota de production, mais, si l'agriculteur le dépasse, il
peut utiliser son lait à d'autres fins. S'il y a une porcherie, s'il a
des bovins, des jeunes veaux, il peut utiliser son lait à d'autres fins.
Mais, si on vient à réglementer et à
superréglementer, comme on l'a fait au ministère de
l'Agriculture, par des règlements qui ont été vus aussi
par la Régie des marchés agricoles... Dans le passé, on a
abusé de la réglementation.
J'aimerais que le ministre aujoud'hui se prononce bien clairement et
nous dise jusqu'où le gouvernement, par l'entremise de la Régie
des marchés agricoles, sa créature, sur laquelle, quand
même, le lieutenant-gouverneur en conseil a certains pouvoirs, veut aller
sur le plan de la réglementation à ce niveau-là.
J'aimerais que le ministre nous éclaire et rassure les membres de la
commission. Mais c'est bien plus important de rassurer les producteurs
agricoles au Québec que de rassurer les membres de la commission
parlementaire. Jusqu'où veut-on aller? On ne met pas cela pour rien dans
la loi. J'attends les explications du ministre et j'entends que le ministre se
prononce. J'entends que le ministre se mouille un peu là-dessus et qu'il
nous annonce clairement ses intentions. De quelle façon entend-on
utiliser les pouvoirs qu'on demande actuellement dans la loi?
M. Garon: Les lois permettent des règlements. Ce sont les
gens eux-mêmes qui ont les pouvoirs de se donner des règlements,
qui se donnent des règlements. Les règlements ne sont jamais
figés dans le ciment. On y a fait allusion à quelques reprises et
lorsque je suis allé à une assemblée à
Saint-Guillaume, les gens me disaient: Tel règlement, on n'aime pas cela
de même. Je disais: Vous n'avez qu'à le changer. Si les
producteurs, dans un domaine, n'aiment pas les règlements et calculent
qu'ils devraient être faits différemment, vous savez cela peut
être changé. Le marché évolue
considérablement. Au cours des années, les besoins du
marché évoluent. Alors, souvent il faut changer la
réglementation pour tenir compte des réalités nouvelles.
D'ailleurs, c'est pour cela que ce n'est pas dans la loi, mais dans les
règlements. Quand des pouvoirs sont mis dans la loi, ils se changent
moins facilement parce que le processus pour changer une loi est beaucoup plus
long. On met certaines choses dans les règlements justement parce que
les règlements peuvent s'adapter plus facilement à la
réalité. Je conçois que les gens nous disent, à un
moment donné, que le règlement dans certaines productions
pourrait être modifié. J'estime tout simplement qu'un
règlement doit refléter, ce que veulent les producteurs à
un moment donné dans le temps. Si la situation change ou s'ils
préfèrent que le règlement soit modifié, pourquoi
pas? Les règlements peuvent être modifiés. On ne peut pas
préjuger des règlements à venir.
La Régie des marchés agricoles est là pour voir
avant de donner son approbation sur un règlement. Parce qu'elle doit
donner son approbation. Elle ne peut pas le changer, mais elle peut le refuser
ou l'accepter. Elle peut, à ce moment-là, dire: Votre
règlement peut brimer des droits. Essentiellement, c'est pour cela que
la régie est là. C'est pour dire que tel règlement peut
brimer des droits. Les gens de l'Union Nationale lisaient des décisions
de la régie qui ont été prises au cours de l'automne. La
régie a dit: Tel règlement doit être
interprété de telle façon. Tels actes ont
été posés, mais je pense que ce n'est pas en accord avec
le règlement. C'est là le but de la régie
également. Quand des gens disent que quelqu'un applique un
règlement d'une mauvaise façon, un organisme quel qu'il soit, la
régie est là pour dire: Vous avez raison, cela a
été mal interprété, cela a été mal
appliqué. Autrement, ce n'est pas possible de fonctionner. Ces
institutions ont été créées parce qu'on n'a pas le
choix; il faut avoir des institutions comme celles-là qui vont venir
protéger les gens.
Quant aux termes de l'article que je viens de mentionner, on a voulu
refléter au maximum la décision de la Cour suprême. La Cour
suprême dit essentiellement qu'il faut distinguer entre production et
mise en marché. On a voulu le mettre d'une façon très
claire, ne pas dire qu'on veut contingenter la production et la vente, mais
dire contingenter la production, contingenter la mise en marché, parce
qu'elle dit qu'il faut distinguer entre les deux. Il peut être
évident que le contingentement va être le même dans les deux
cas. Dans certains cas, j'ai non seulement l'impression, mais je suis
convaincu, par exemple, que quelqu'un qui garde des vaches, parce qu'il nourrit
les veaux avec les vaches ça peut arriver s'est
exempté du contingentement, des choses comme ça.
Dans les plans conjoints, il y a des choses qui sont exemptées.
Dans le plan conjoint des oeufs, par exemple, les gens qui ont moins de 250
pondeuses ne sont pas réglementés par le plan conjoint, parce
qu'ils ont moins de production. Les règlements vont prévoir la
même chose, il va y avoir des exceptions. On va dire que, dans certains
cas, c'est réglementé et ça, ce ne l'est pas.
Essentiellement, ce qui est souhaitable, au fond, c'est que le plus de gens
possible puissent participer à la confection de ces règlements et
être plus au courant des règlements.
Les règlements ne sont pas là pour nuire aux producteurs,
au contraire, ils sont là pour aider à mettre en marché le
plus de produits possible, aux meilleurs coûts possibles. C'est le but de
la réglementation. Je vais vous donner un exemple concret, le plus
concret que je puisse donner. Quand, dans le domaine de la volaille, même
dans le domaine du porc, ça peut se ressembler, vous avez un abattoir
où on dit: Je peux prendre des commandes, je peux vendre, mais, pour
ça, il faut que je garde 100 ou 150 employés sur le plancher,
j'ai une convention collective à respecter, pour pouvoir payer tel
salaire, pour pouvoir marcher, ça me prend 5000 ou 10 000 poules par
jour, 1000 poules par jour, 1000 porcs par semaine, etc. Il ne peut pas voir
arriver les 1000 porcs le lundi et ne pas en avoir les mardi, mercredi, jeudi,
vendredi. Il ne peut pas recevoir les porcs le vendredi et le lundi, mardi,
mercredi, jeudi, se dire: Les gars
vont-ils venir? Alors, dans la volaille, c'est la même chose. Ces
réglementations sont là pourquoi? C'est parce que s'il y a un
approvisionnement assuré à l'abattoir, le producteur va vendre
plus de produits, parce que l'abattoir va pouvoir fonctionner au maximum de sa
capacité, être plus compétitif, plus en concurrence au plan
commercial.
Au fond, si cette réglementation est là, ce n'est pas pour
nuire aux agriculteurs. C'est évident que ça demande des
règles, c'est la vie en société. J'ai l'impression qu'en
1910, je ne sais pas, je n'étais pas là...
M. Roy: Ce n'est pas une certitude, c'est une impression.
M. Garon: Disons qu'avant, lors des premières automobiles
sur les routes, il ne devait pas y avoir de limite de vitesse. On ne devait pas
dire non plus de circuler à droite ou à gauche, pourquoi?
À un moment donné, pour qu'il y ait plus d'automobiles sur les
routes, il a faillit établir des règles. Autrement, cela aurait
été terrible, cela n'aurait pas pu fonctionner.
M. Roy: II y avait deux raisons, M. le ministre, à
ça, c'est parce que les chemins n'étaient pas assez larges pour
marcher des deux côtés, premièrement, et,
deuxièmement, les automobiles ne pouvaient pas aller assez vite, les
chemins ne le permettaient pas non plus.
On m'a dit ça.
M. Garon: C'était dans le temps des libéraux, en
1910.
Mais, au fond, pour que ça puisse fonctionner mieux, les
règlements de la circulation ne sont pas là pour nuire aux gens,
ils sont là pour les aider. C'est évident que ça pose des
contraintes, il y a des gars qui ne les respectent pas et la police les
arrête pour leur dire: Tu n'as pas respecté le règlement.
En ne respectant pas le règlement, il n'a pas nécessairement fait
un accident, mais pour que ça fonctionne, il faut qu'il y ait une
certaine réglementation de la circulation.
Dans le domaine de la production, c'est la même chose. Pour que
ça fonctionne, il faut qu'il y ait une réglementation de la
production, parce que si on regarde tout le processus, c'est pour aller au
consommateur. Les consommateurs, quand ils vont au marché, les gens,
ici, par habitude, c'est plus le jeudi et le vendredi, ils arrivent là
et on leur dit: C'est bien de valeur, je n'en ai pas aujourd'hui, parce que
l'abattoir ne m'en a pas livré. Il va à l'abattoir et dit:
Comment ça, tu n'en as pas? Je n'en ai pas livré, parce que les
cultivateurs ne m'en ont pas livré. Le cultivateur dit: Je n'en ai pas
livré, j'en ai livré lundi, ça m'adonne mieux lundi. Le
système ne marchera pas. Pour qu'il y ait un approvisionnement, pour que
ça fonctionne, tout le monde a une certaine réglementation
à suivre, mais il en résulte quoi? Un approvisionnement pour les
consommateurs, pour les magasins de détail, pour les magasins de gros,
les abattoirs. Le gars, au bout de la ligne, c'est le cultivateur. Pour qu'on
puisse... Autrement, si on n'a pas ça, on ne le fait pas, qu'est-ce qui
va arriver? Le magasin de détail n'arrêtera pas de vendre des
produits. Il va dire: Vous ne m'en vendez pas, parfait, je vais le faire venir
des États-Unis et de l'Ontario.
C'est dans ce sens que la réglementation existe, elle a pour but
d'avoir une certaine discipline dans la production qui amène une
régularité de toutes les entreprises. Au sommet agro-alimentaire,
ce que les entreprises disaient, ce que ça prend, c'est la
régularité des approvisionnements et la constance de la
qualité. Pour mettre en marché des produits, ce sont les
principaux facteurs. C'est le cultivateur au fond; ces offices de producteurs
sont venus faire quoi, au fond? Ils sont venus réglementer pour qu'il y
ait un certain ordre là-dedans pour permettre cela. (17 h 15)
Dans le fond, c'est bénéfique pour tout le monde. C'est
tout le monde qui profite de cette réglementation; le cultivateur le
premier, parce qu'il va mettre plus de produits en marché de cette
façon, parce que l'autre peut fonctionner. Autrement, il ne
fonctionnerait pas.
Si une réglementation est abusive, a pour but de brimer des gens,
c'est à la régie à dire: Non, vous n'avez pas besoin de
cette réglementation, vous exagérez, vous n'avez pas besoin de
cela pour obtenir l'effet recherché.
Mais on ne peut pas aller devant le Parlement chaque fois qu'il y a une
réglementation concernant un produit agricole.
M. Roy: Je pose juste une question. Quelles sont les raisons
fondamentales?
Le Président (M. Laplante): Vous avez
dépassé votre temps de quatre minutes.
M. Roy: Je n'ai plus de questions? Le Président (M.
Laplante): Posez-la. M. Chevrette: Consentement. Une Voix :
On ne s'oppose jamais.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais dire quelques
mots sur cet article 3. J'ai entendu deux argumentations. L'argumentation du
député de Beauce-Sud est beaucoup plus située actuellement
par ce qu'il a dit jusqu'à maintenant au niveau des
inquiétudes quant à la réglementation. Le
député de Huntingdon qui, hier soir, a fait une intervention, et
même des allusions cet après-midi dans certaines questions,
s'attaque beaucoup plus au fondement même de l'article, au
contingentement de la production.
Hier soir, le député de Huntingdon se servait en
particulier du discours de M. Lévesque au sommet de La Malbaie, je
crois, pour appuyer son argumentation contre le contrôle des productions.
Excusez-moi, je l'ai compris comme cela. Je
pourrai permettre de corriger. Ce n'est pas une question de charriage,
c'est une question de constatation des faits.
Au niveau de l'argumentation du député de Beauce-Sud, qui
se situe au niveau des inquiétudes, je pense qu'il est beaucoup plus
facile de changer une réglementation que de modifier des lois. Et il est
beaucoup plus facile de modifier une réglementation pour l'adapter
à des situations concrètes et à des conjonctures que
d'arriver à amender des lois, parce qu'une loi souffre
d'interprétation constante et coûte des prix de fous aux groupes
concernés. Une réglementation peut souffrir
d'interprétation, mais peut être corrigée très
facilement, dans des délais très raisonnables, contrairement
à une loi.
Le désir de clarifier... J'abonde dans le sens du ministre, en ce
sens que, si on pouvait éviter un tant soit peu les procès
interminables qui ont duré longtemps, on aurait rendu service à
tout l'ensemble des producteurs du Québec.
Quant à l'argumentation sur le fond, je sais que le
député de Huntingdon a dit qu'il était d'accord avec les
plans conjoints existants, si j'ai bien compris, mais qu'il s'opposait au
contingentement de la production.
Le projet de loi vise à établir un cadre. On ne dit pas
que cela peut servir à tout. C'est ceux qui veulent bien s'en
prévaloir. Et d'après l'expérience du passé, que ce
soit dans les oeufs, que ce soit dans la pomme, que ce soit dans le lait, la
participation a été très massive au vote. Et les gens se
donnent un instrument pour éviter de se laisser étouffer.
L'argumentation du petit producteur qui disparaît, le
député de Beauce-Sud m'a sensibilisé beaucoup à
cela depuis mes deux ans en cette noble enceinte. Pour en avoir
rencontré dans mon milieu régulièrement, des producteurs
ou des membres de coopératives, il m'apparaît important qu'on
mette à leur disposition une loi bien précise qui leur permette
de se donner des instruments pour ne pas se faire étouffer.
Se scandaliser qu'on aille jusqu'à prévoir dans la loi
d'abord, cela existait avant de fixer le temps de production, par
exemple. Vous étiez scandalisés de cela. C'était
marqué dans la loi 67. Je vous donnerai même des contrats
d'intégration qui se réservent ce pouvoir à
l'intérieur même des contrats. Et c'est très clair. Le
propriétaire pourra retarder, pendant un délai raisonnable, le
début de tout élevage. Cela existe pour des intégrateurs
et on ne voudrait pas que, démocratiquement, des gens de même
production se donnent ce même pouvoir. Et on ne voudrait pas non plus
voir disparaître les petits producteurs, mais on ne voudrait pas non plus
voter une loi qui leur permet de ne pas disparaître.
Je pense que c'est une loi des plus fondamentales pour tout groupe qui
n'est pas obligé de s'en prévaloir s'il n'est pas actuellement en
péril, mais qui pourrait toujours, devant des conjonctures qui
évoluent et qui changent, se prévaloir d'une loi-cadre et se
donner un instrument.
Je disais, hier soir, qu'il y a de plus en plus de concentration des
marchés. C'est bien sûr que le gars de Saint-Jean-d'Iberville et
de Laval n'a pas tellement de problèmes quant aux marchés. Il est
tout près des marchés, mais ce n'est pas la situation de tout le
monde, ce n'est pas la situation des gens de la région de Québec
et de ceux de Lotbinière. Ce n'est pas nécessairement la
situation de mon comté, de ceux qui ont besoin de se créer un
marché, un genre de petit marché commun justement pour faire face
à la concurrence des multinationales. Ce sont des phrases que j'ai
entendues de la bouche de plusieurs députés en cette noble
enceinte.
Je dis qu'on n'a pas à se scandaliser. On clarifie une loi qui
souffrira moins d'interprétation et on met à la disposition des
producteurs un instrument dont ils se serviront d'une façon
démocratique quand ils le jugeront. Il y aura une réglementation
adaptée à la conjoncture et aux circonstances. Je pense que cela
est important. Qu'on ne se scandalise pas, autrement, on se ramassera avec
très peu de producteurs de la façon dont c'est parti dans
certaines branches de l'activité économique agricole. On n'a
seulement qu'à laisser faire l'intégration et vous allez voir
où on va aller. Cela ne sera pas long. Ils vont crever et vite, parce
qu'il y en a dont l'objectif est beaucoup plus de vendre des moulées et
des médicaments que de se préoccuper du prix de base, parce que
ces gens peuvent assumer, pendant un certain temps, un prix à rabais
pour faire étouffer le plus de gens possible pour pouvoir les racheter
à bon marché. Ce sont des choses qu'il ne faut pas avoir peur de
se dire. Même si cela blesse des fois, c'est la réalité
concrète.
Le Président (M. Laplante): M. le député
de... Oui, M. le ministre, une réponse.
M. Garon: Je voudrais ajouter un mot à la suite de ce que
j'ai dit tantôt. Je vais vous donner un exemple pour vous
démontrer jusqu'à quel point cela est important. Celui qui
produit des surplus de production "fourre" tous les autres. Je vais vous donner
un exemple très clair. Le député de Nicolet-Yamaska va le
comprendre, cela doit se produire dans son comté. Vous avez un quota de
lait. Vous produisez des surplus. C'est pour vous donner un exemple concret de
ce qui s'est passé. Je pense que cela a été une
décision injuste. Il y a un quota de lait. Il y a des gens qui ont
produit des surplus. Il y a des pénalités sur le surplus. Des $8
ont été facturés. À la fin de l'année, le
gouvernement fédéral a dit: Parce que l'ensemble du quota du
Québec n'a pas été dépassé, je remets des
dollars à ceux qui ont produit en surplus.
Trouvez-vous cela correct? Je vous dis que j'ai trouvé cela une
mauvaise décision, parce que si le quota d'ensemble n'a pas
été dépassé, c'est parce qu'il y en a qui ont
respecté leur quota. Celui qui n'a pas respecté son quota, qui a
produit en surplus du quota, qui a dépassé son quota a
été pénalisé et, après cela, on lui a remis
l'argent. J'aurais dit: Tu aurais dû remettre une bonne partie de
l'argent à ceux qui n'avaient pas dépassé
leur quota, parce qu'ils n'avalent pas dépassé leur
quota.
Autrement, s'il n'y a pas le contrôle du quota, qu'est-ce qui
arrive? Celui qui ne s'occupe pas du quota et produit au-dessus du quota
pénalise tous les autres qui pourraient avoir des accroissements de
quota, parce que tout le monde a respecté son quota et le marché
peut en prendre plus. C'est cela au fond. Le respect de la
réglementation, des dents dans la loi pour qu'on puisse permettre le
respect de la réglementation, cela va permettre un système plus
équitable pour tout le monde.
M. Fontaine: Comprenez bien que, si vous faites cela, cela veut
dire que le gars qui a des vaches chez lui, la réglementation va lui
dire: Mon gars, tu as atteint ton quota, tu n'as plus le droit de produire de
lait chez toi.
M. Garon: Ils ont tous des vaches les producteurs de lait, ils
sont tous dans la même situation.
M. Fontaine: Tu n'as plus le droit de produire de lait chez
toi.
M. Roy: C'est une vérité de La Palice, vous ne nous
avez rien appris.
M. Garon: Est-ce qu'il y en a qui le respectent et d'autres qui
ne le respectent pas?
M. Fontaine: Le droit de produire, c'est un droit
inaliénable. On ne peut pas...
M. Garon: Je comprends, mais il y a un prix
déterminé. C'est là l'objet d'un plan conjoint. Il y a un
prix administré, un prix fixé. Le député de
Montmagny-L'Islet l'expliquait avec raison tout à l'heure. Il y a un
prix administré qui est censé correspondre aux coûts de
production. À ce prix, s'il n'y avait pas de contrôle de la
production, la production pourrait être de 50%, 75%, 100% plus
élevée, parce qu'à ce prix-là, la production est
intéressante, normalement. Autrement, il n'y aura pas de prix
subventionné, il n'y aura pas de prix déterminé. Avec le
prix déterminé et le prix administré ou bien la subvention
à la production, il y a un contrôle de la production. Autrement,
c'est la loi pure et simple du marché qui va jouer.
Dans le secteur des légumes, par exemple, les producteurs de
fruits et légumes M. le député de Huntingdon, vous
savez cela, dans votre comté il y a des années où
les prix tombent, et il y a des années où les prix sont plus
hauts, selon les récoltes. Les gens produisent autant qu'ils
veulent...
M. Dubois: ...
M. Garon: Dans des secteurs comme les fruits et légumes,
cela se comprend mieux. D'ailleurs...
M. Dubois: La loi est générale quand même, il
faut comprendre cela.
M. Garon: Oui, mais quand vous arrivez dans d'autres secteurs
où il y a une régularité d'approvisionnement, regardez les
produits à l'état frais, c'est une autre affaire. Vous ne pouvez
pas commencer à "taponner" longtemps avec les produits à
l'état frais, autrement ils vont se détériorer. Quand vous
arrivez dans les légumes de conservation, ce n'est pas la même
chose. Dans les légumes de conservation, il y a eu un plan' conjoint.
Lors des négociations, qu'est-ce que l'usine dit? Je veux que le pois
rentre, que les produits rentrent d'une façon régulière
sur une période de temps, autrement, qu'est-ce que je vais faire avec
ces produits pour les mettre en boîte? Il ne faut pas qu'ils arrivent
tous ensemble. Il y a une réglementation pour pouvoir faire fonctionner
l'usine afin d'en vendre davantage, autrement il n'y a rien qui peut
fonctionner. Dans d'autres secteurs, dans le secteur des légumes, ceux
qui vendent pour le marché frais des légumes, cela doit
être pas mal plus compliqué à organiser, un plan conjoint,
parce que la période de temps est tellement courte. Dans d'autres
secteurs, ce n'est pas la même chose, c'est un marché
organisé. Il y a des règles pour tout le monde. Les
pénalités sont là pour empêcher les gens de ne pas
les respecter. Il y a des problèmes de surplus de production. Il y a des
gens qui, à un moment donné, arrivent avec un surplus pour
différentes raisons. Là aussi, il y a un contrôle des
surplus pour que ces surplus ne viennent pas pénaliser tous les autres
qui ont respecté le contingentement.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, M. le
député de Beauce-Sud. Vous aviez une question.
M. Roy: J'aurais une question à vous poser, pour
commencer. Quand vous avez dit que mon temps de parole était
épuisé, tout à l'heure, est-ce que, dans mon temps de
parole, vous avez également tenu compte du temps que le ministre a pris
pour répondre à mes questions?
Le Président (M. Laplante): Dans l'habitude des
commissions, question et réponse comptent pour le même temps pour
le député qui pose la question.
M. Roy: Une minute! Le ministre va prendre le temps de parole du
député et le tour est joué! C'est la première fois
que je vois cela.
M. Chevrette: Je suis prêt à accorder un
consentement...
M. Roy: II n'y a pas de consentement, c'est une question de
règlement, c'est une question de procédure, tout simplement. Je
remercie mon collègue de Joliette-Montcalm, mais c'est une question de
procédure. On pose une question au ministre, et il prend quinze minutes
pour répondre. On pose une deuxième question, et on dit: On
regrette, votre temps est écoulé. On a droit à
20 minutes d'interventions chacun, chaque membre de la commission, et le
ministre a un temps de parole illimité.
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est à vous
à protester sur le temps que le ministre peut prendre.
M. Roy: M. le Président, sur un point de règlement.
Il a été clairement établi dans d'autres commissions
parlementaires qu'un député a le droit, sur un même article
du projet de loi ou sur un même paragraphe, à vingt minutes, et le
ministre, lui, a un temps de parole illimité. Je vous
référerai aux discussions qui ont eu lieu lors de la commission
parlementaire, parce que cela a été clairement établi,
lorsque les affaires intergouvernementales ont siégé, alors que
le ministre des Affaires intergouvernementales a discuté des
différents points devant être discutés à la
conférence constitutionnelle qui a eu lieu.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, je peux vous
donner un conseil, si vous en voulez un, c'est de ne pas vous laisser
interrompre par le ministre. Ou sur les questions que vous lui posez,
dites-lui: Vous répondrez à la fin de mon intervention. Si vous
posez une question pendant votre intervention et que vous voulez que le
ministre vous réponde, c'est votre temps qui court.
M. Roy: Sur le point de règlement, j'aimerais tout
simplement vous dire ceci. On nous a reproché maintes et maintes fois
d'avoir parlé, parlé et d'avoir répété la
même chose. Aujourd'hui, on y va d'une étude beaucoup plus
sérieuse. Il y a un échange de questions et de réponses
des deux côtés de la table. Je pense que depuis que nos travaux de
la commission parlementaire ont commencé cet après-midi, cela a
très bien été. Je ne voudrais pas que vous nous imposiez
la règle que nous avons utilisée hier.
M. Chevrette: Question de règlement. Il y aurait
peut-être lieu de s'entendre sur une procédure et de l'adopter
jusqu'à la fin. Je pense qu'à cause du règlement qui dit
qu'on peut revenir à maintes reprises en commission, ne dépassant
pas vingt minutes, cependant, vous pourriez comptabiliser l'intervention de
chaque député et prendre seulement son temps de parole. On
l'accepterait comme directive de votre part, si vous acceptiez cette
suggestion. On se rallierait tout le monde.
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas possible ce
que vous demandez, à moins que vous vouliez...
M. Fontaine: On est unanime là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Vous irez demander au
président de vous fournir un autre personnel pour comptabiliser cela. Je
ne le comptabiliserai pas. Ou vous changerez de président. Demandez au
président de l'Assemblée nationale de le changer d'une autre
façon. J'ai à comptabiliser le temps qu'un député
prend pour ses interventions.
M. Fontaine: C'est cela, le règlement. (17 h 30)
M. Roy: M. le Président, hier soir, la présidence a
tenu compte, du temps. Au moment d'intervenir pour une troisième fois
sur le même sujet, j'ai demandé au président combien il me
restait de minutes. Il ne comptabilisait pas le temps des réponses que
le ministre donnait ou ses conseillers il n'avait qu'à en
tenir compte le mieux possible, on ne lui tiendra pas rigueur du fractionnement
de secondes, mais c'est quand même une question d'équilibre
normal.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud, je pense que vous devriez être le dernier à vous
plaindre dans cette commission sur le temps qu'on vous a accordé.
Souvenez-vous de deux motions que vous avez présentées pendant
que votre temps était écoulé, avec la permission des
membres.
Aujourd'hui, vous avez commencé à 16 h 55 et vous avez
terminé à 17 h 18, ça vous donne trois minutes de plus que
votre temps.
M. Roy: Ce n'est pas moi qui ai parlé, M. le
Président, je regrette, mais je vais prendre les minutes qui me sont
allouées et s'il y en a d'autres qui parlent, M. le Président, ce
seront des paroles qu'ils tiendront eux-mêmes.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Roy: On ne fonctionnera pas de façon semblable, c'est
la première fois que je vois ça en commission parlementaire.
M. Fontaine: Sur la question de règlement, c'est bien
clair dans notre règlement, c'est également une coutume, ici, en
commission parlementaire, que chaque député puisse prendre la
parole 20 minutes, se faire interrompre, pour autant qu'il ne dépasse
pas les 20 minutes. Depuis deux ans que je suis ici, cela a toujours
fonctionné ainsi dans les commissions et je ne pense pas qu'on doive
commencer aujourd'hui, surtout qu'on a le consentement de tous les membres de
la commission, je ne pense pas que le président puisse aller à
l'encontre de ça.
Je voudrais également attirer votre attention, M. le
Président, sur l'article 160 de notre règlement et sur une
décision qui a été rendue le 5 août 1977, directive
et décision: "Selon l'article 160, un député pourrait
théoriquement intervenir huit fois, s'il y a trois paragraphes
étudiés séparément, et s'il se pose cinq questions
de règlement et si, à chaque motion d'amendement, il y avait des
motions de sous-amendement, le droit de parole de chaque député
recommence à 20 minutes. Celui qui, à l'expiration des 20 minutes
sur une motion principale, termine son intervention sur une motion
d'amendement, bénéficie d'un nouveau droit de parole de 20
minutes pour parler sur l'amendement au même titre que tous les autres
députés."
Le Président (M. Laplante): C'est ce que j'ai
appliqué depuis le début, M. le député.
M. Chevrette: Je voudrais aussi vous relire un extrait de
l'article 160: "Un député peut prendre la parole aussi souvent
qu'il lui plaît, à la condition de ne pas parler plus de 20
minutes en tout."
Le Président (M. Laplante): En tout! D'accord!
M. Chevrette: Je peux prendre la parole, parler deux minutes,
m'arrêter, reparler quatre minutes, m'arrêter, parler cinq minutes,
m'arrêter; il ne faut pas que je dépasse 20 minutes, mais
ça vous force nécessairement, comme président et
là-dessus je n'ai pas à me porter à la défense du
député de Beauce-Sud, et il est assez grand pour se
débattre tout seul je ne voudrais pas que ça brise le
climat qui était entamé depuis le début, cet
après-midi... Je suis porté à vous demander d'être
très indulgent envers les petits membres de la commission que nous
sommes et de vous faire aider du secrétariat des commissions pour
comptabiliser les minutes. Je m'excuse.
M. Ouellette: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): La décision que je peux
prendre, à ce moment-ci, sur la question de règlement, c'est que
je vais suivre l'application du règlement 160. À venir
jusqu'à aujourd'hui, j'ai été très large dans le
temps, j'ai toujours minuté une intervention qui était
coupée; lorsqu'elle était reprise, un peu plus tard, j'ai
accordé du temps à nouveau; lorsqu'il y a eu des motions, chacun
a eu ses 20 minutes pour parler, je vais continuer à appliquer la
directive que me donne l'article 160 du règlement.
M. Ouellette: M. le Président, est-ce que je...
Le Président (M. Laplante): Si c'est sur la même
question, monsieur...
M. Ouellette: C'est sur la même question, parce que...
Le Président (M. Laplante): Je la refuse, monsieur, j'ai
donné une directive. La parole est au député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que vous pourriez m'indiquer, M. le
Président, combien de temps encore a le député de
Beauce-Sud?
Le Président (M. Laplante): II n'a plus de temps, il a
dépassé son temps de trois minutes.
M. Fontaine: Vous dites que vous avez minuté son temps, M.
le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur, je vous ai dit
que le député de Beauce-Sud avait parlé...
M. Fontaine: Le député de Beauce-Sud a parlé
20 minutes?
Le Président (M. Laplante): II a parlé 23
minutes.
M. Roy: Combien... Est-ce que ce sont des...
Le Président (M. Laplante): Monsieur, j'ai rendu ma
décision sur votre question de règlement; si vous avez une autre
question de règlement, apportez-la sur autre chose.
M. Chevrette: Directive alors.
M. Fontaine: Est-ce qu'on peut suspendre pour quelques
minutes?
M. Giasson: M. le Président...
M. Chevrette: Qui a la parole, parce qu'on est quatre à
parler, pourriez-vous en indiquer un?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, sur une directive. Je vais
vous demander si vous pouvez accepter, après un consentement unanime des
membres de cette commission, d'adapter la compréhension du
règlement à notre façon, puisque l'assemblée est
supposée être reine et maîtresse. Je vous ferais une
suggestion d'interprétation. Il est important pour le climat de la
commission qu'on continue à travailler. Personnellement, comme
député et je suis prêt à demander le
consentement de tous mes collègues, de ce côté-ci je
vous suggérerais une façon de fonctionner qui serait la suivante:
II est bien évident que, quand un député pose une question
au ministre, si le ministre prend 19 minutes pour répondre, c'est bien
clair que le gars ne pourra plus en poser une deuxième.
Je vous demanderais de comptabiliser, si possible et il y aurait
un consentement de tout le monde pour dire: On ne s'enfarge pas dans les
fleurs du tapis avec l'article 160 et on va l'appliquer.
Le Président (M. Laplante): Combien y a-t-il de
présidents autour de cette table? Il n'y en a qu'un.
M. Fontaine: Est-ce que je peux vous poser une question, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Pour répondre au
député de Joliette-Montcalm... Je n'ai jamais refusé...
À l'ordre, s'il vous plaît!
Je n'ai jamais refusé, en autant que les membres de la commission
étaient d'accord, le droit de parole, même si le temps
était écoulé. Je l'ai fait avec le député de
Beauce-Sud et je suis prêt à le faire avec les autres aussi, en
autant que les membres de la commission le veuillent.
M. Fontaine: Est-ce que je peux faire une suggestion, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Orford.
M. Fontaine: Est-ce que je pourrais vous faire une suggestion, M.
!e Président?
M. Vaillancourt (Orford): Le président m'a donné la
parole.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous poser une
question?
M. Vaillancourt (Orford): La suggestion que je voudrais faire au
président, c'est que je pense qu'il devrait nous laisser poser des
questions avec réponses; cela allait bien tout à l'heure. On a
déjà trois articles adoptés. Je pense que ce serait
beaucoup plus rapide si on fonctionnait de cette façon, sans compter
à la minute et à la seconde les interventions de chacun des
intervenants.
Le Président (M. Laplante): J'ai un règlement
à suivre c'est la dernière intervention que je fais
là-dessus et si les membres de la commission veulent redonner le
droit de parole à un membre alors que son temps est
écoulé, je serai d'accord, je me plierai à la
commission.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse. On est en train de
créer de la jurisprudence et c'est inacceptable. J'ai toujours
été respectueux des décisions de la présidence
lorsque, à un moment donné, vous avez à trancher une
question, à savoir si une motion est recevable ou non recevable, mais
l'interprétation du règlement n'a pas à être autre
chose que les dispositions de l'article 160. Il y a des droits établis,
une jurisprudence établie et il y a des traditions parlementaires
établies. Je ne sollicite pas et je ne solliciterai pas non plus un
traitement privilégié à cette commission parlementaire
pour avoir un droit de parole plus que les autres.
J'ai l'intention d'utiliser les dispositions du règlement telles
qu'indiquées à l'article 160, pas plus, sauf si ça
devenait des questions extrêmement particulières, ce que je ne
prévois pas.
M. le Président, il n'est pas du tout dans mon intention de
solliciter le consentement unanime de la Chambre. L'article 160 est très
clair: "Lorsqu'une commission étudie un projet de loi ou des
crédits, un député peut prendre la parole sur le
même point aussi souvent qu'il lui plaît, à condition de ne
parler plus de 20 minutes ce n'est pas 20 minutes en incluant les
réponses en tout sur un même article, un même
paragraphe, une même motion ou une même question d'ordre ou de
règlement." C'est le règlement 160, M. le Président. Je ne
vous demande pas autre chose, rien de plus que l'application de l'article 160.
Je tiens à vous dire que je ne demanderai pas de consentement unanime de
mes collègues, parce qu'à ce moment-là, je demanderais des
choses que le règlement ne prévoit pas, ce qui me
conférerait, autrement dit, des privilèges particuliers, ce que
je ne veux pas et dont je n'ai pas besoin.
M. Giasson: M. le Président, afin de clarifier et
je pense que ça va être la meilleure façon
d'économiser du temps pourquoi ne suspendrait-on pas la
séance pour quatre ou cinq minutes? On va régler cela et...
Le Président (M. Laplante): Suspendue pour trois
minutes.
Suspension de la séance à 17 h 40
Reprise de la séance à 17 h 44
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, messieurs!
Il y a un compromis qui peut se faire actuellement sur l'article 160. Si les
membres de la commission me disent de ne pas tenir le temps du ministre sur le
temps qu'il parle, je le soustrairai au membre qui a la parole
là-dessus.
M. Giasson: Vous appelez cela un compromis?
Le Président (M. Laplante): Oui. M. Giasson:
Très bien.
Le Président (M. Laplante): J'appelle cela un compromis et
c'est avec l'autorisation des membres de la commission que je pourrai
déroger à l'article 160.
M. Roy: Je donne mon consentement. La commission a beaucoup de
sagesse.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Fontaine: Je ne donne pas mon consentement. On ne
déroge pas à l'article 160, c'est l'application de l'article 160
qu'on veut, M. le Président, tout simplement.
Le Président (M. Laplante): Je vous ai dit que
j'appliquais l'article 160 et si les membres de la commission exigent
les membres de la commission, c'est vous que le temps où le
ministre parle ne soit pas retenu contre le membre de la commission, je
l'accepte.
M. Giasson: On n'a pas à l'exiger, M. le Président,
cela va de soi.
M. Fontaine: Je ne l'exige pas, M. le Président.
M. Giasson: Selon l'interprétation de l'article 160, cela
va de soi que lorsque le ministre veut répondre à une
intervention, le temps que le
ministre met à répondre ne doit pas être
compté à l'égard de celui qui avait la parole.
Le Président (M. Laplante): C'est le voeu que vous faites.
C'est ce que vous voulez.
M. Fontaine: C'est le règlement tout simplement.
M. Giasson: Oui, c'est la réalité du
règlement, M. le Président?
M. Chevrette: Accepteriez-vous d'appliquer le règlement de
cette façon?
Le Président (M. Laplante): C'est ainsi que vous voudriez
appliquer le règlement. Je vais l'appliquer si c'est ce que vous voulez.
Je suis prêt à l'appliquer ainsi.
M. Chevrette: On vous suggérerait de l'appliquer de cette
manière.
M. Garon: M. le Président, je vais vous faire une demande
pour le reste de la commission. J'aimerais que mon temps, quand je
réponds à des questions des députés, ne soit pas
compté dans le temps du député qui a posé des
questions.
Le Président (M. Laplante): Je suis prêt à
l'accepter.
M. Fontaine: Je n'ai pas besoin de le demander, c'est le
règlement.
M. Garon: Je le dis tout de suite, pour le reste de la
commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous avez la parole.
M. Fontaine: Je suis passablement mêlé.
M. Dubois: M. le Président, j'ai besoin de
répondre...
M. Roy: M. le Président, tout d'abord, j'aurais une courte
question, parce que c'est bien important. Combien me resterait-il de
minutes?
Le Président (M. Laplante): Au pif, comme on dit parfois,
je pourrais vous donner huit minutes encore...
M. Roy: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Dubois: M. le Président, avant de passer au
député de Nicolet-Yamaska, si vous le permettez, je vais prendre
seulement quelques minutes. Tout à l'heure le ministre a indiqué
le besoin de réglementer la production, j'ai souvent indiqué que
je n'étais pas contre les plans conjoints qui sont sanctionnés
selon la volonté des producteurs, d'ailleurs vous avez soulevé
tout à l'heure le cas des productions de fruits et légumes
commerciaux. C'est la masse de production et la masse de producteurs
réunies dans ce plan conjoint, et je suis très favorable à
cela.
De plus, tout à l'heure, le député de
Joliette-Montcalm, sur mes propos d'hier soir, alors que j'ai invoqué la
faim dans le monde, quand on parle de réglementer la production dans une
loi aussi générale, ici l'application se fait d'une façon
je dirais même sévère, on pourrait même
empêcher la production qui irait vers des marchés
extérieurs. On pourrait même aller jusque-là. C'est ce que
je voulais redresser tout à l'heure des propos du député
de Joliette-Montcalm. Je n'ai pas dit que j'étais contre les plans
conjoints, hier soir, mais contrôler et réglementer la production
si c'était pour nuire à nos marchés extérieurs,
étant donné que réellement il y a une faim dans le monde
et cela existe, dans ce sens-là, je ne marcherai pas. Mais je suis pour
des plans conjoints sanctionnés selon la volonté des producteurs,
mais avec un volume de production inclus, parce que vous savez très bien
que le plan conjoint sur le porc qui exclut le volume de production
présentement ne fonctionne pas très bien. Je pense qu'il faut que
tout le monde le reconnaisse. Alors, s'il y avait plus de production
incorporée dans le référendum qu'on a soumis sur le plan
conjoint du porc, qui d'ailleurs était négatif il y a eu
deux référendums négatifs sur le plan conjoint du porc
il reste quand même que c'est peut-être 50% ou plus des
producteurs qui en voulaient, mais la masse de production n'est pas là
et c'est la raison principale pour laquelle le plan conjoint ne fonctionne pas
très bien.
Dans un autre ordre d'idée, M. le Président, si on regarde
l'ancien paragraphe c, qui disait: Contingenter la production et la vente,
à mon sens, c'était contingenter la production pour fin de vente
ou à peu près, pour nos besoins, au Québec, dans la vente.
Mais on va plus loin que ça dans le nouvel article qui remplace l'ancien
c, quand on dit: Contingenter la mise en marché. On contingente la
production, d'accord, virgule. C'est là qu'est la grosse
différence, c'est qu'on écrit: Contingenter la production,
virgule. On peut interpréter ça, contingenter la production, il
n'est plus question de vente, ni de mise en marché. Contingenter la
production, on arrête ça là.
C'est quoi, quelqu'un qui voudrait avoir du lait supplémentaire
dans son étable pour nourrir ses veaux? On pourrait possiblement
l'empêcher d'avoir plus que tant de vaches laitières, on pourrait
possiblement, selon la lettre de la loi. Parce qu'avant ça, on pouvait
interpréter quand même: Contingenter la production pour fins de
vente.
M. Garon: ...
M. Dubois: Non, mais on pourrait quand même
l'interpréter comme ça et c'est possible. On
peut s'attendre à n'importe quelle interprétation du
projet de loi.
M. Garon: Théoriquement, c'est possible, mais
pratiquement, ce n'est pas possible.
M. Dubois: Cela ne fait rien. Écoutez, M. le ministre.
C'est là que je me dis, si on disait: Contingenter la production pour
fins de vente et de mise en marché au Québec, là, je
comprendrais mieux quand même. Mais on ne le dit pas implicitement. On
met une virgule après contingenter la production.
Je pense qu'il pourrait possiblement y avoir correction à cet
article pour dire: Contingenter la production pour fins de vente et de mise en
marché; la suite, c'est: À l'intérieur ou dans le commerce
intraprovincial. Je pense que ça tiendrait et ça
enlèverait une peur que certains producteurs peuvent avoir
vis-à-vis le texte même de la loi. Il est là le texte et on
vit avec ça.
Parce que contingenter la production virgule, c'est une chose. On sait
pertinemment que c'est pour fins de vente et de mise en marché dans la
province de Québec et dans certains cas, où il y a des plans
conjoints nationaux, pour la vente interprovinciale aussi, parce qu'on a un
quota à suivre, qui nous a été donné, qu'on a pu
avoir dans le contexte national de production.
Mais si c'était dit explicitement dans la loi, contingenter la
production, pour fins de mise en marché et de vente, je marcherais bien
mieux dans ce sens. Parce que là, c'est pas mal sévère
comme article. L'interprétation de ces articles par les fonctionnaires,
on ne sait pas ce qui peut arriver. D'ailleurs, il faut le savoir...
Écoutez, on s'est réveillé avec des actions en cour,
à cause de manque de précision, peut-être, dans certains
articles.
Mais le but ultime, c'est de contingenter la production pour fins de
mise en marché et de vente au Québec, c'est ça ou ce n'est
pas ça?
M. Garon: Vous produisez pourquoi, actuellement?
M. Dubois: Écoutez, quand vous appliquez un plan
conjoint...
M. Garon: Je vais vous poser une question bien claire, on ne
parlera pas des vaches laitières, parce que je pense que ce serait
illusoire de dire ce que vous venez de dire, le nombre de vaches sur une
ferme...
M. Dubois: Écoutez...
M. Garon: Non...
M. Dubois: Vous savez qu'il est dans le texte.
M. Garon: Oui, mais...
M. Dubois: Bien oui, on le prend tel qu'il est là.
M. Garon: Vous savez, les lois sont faites pour être
utilisées avec bon sens. Pensez-vous qu'à un moment donné,
s'il y avait un règlement de production qui disait: Chaque cultivateur a
droit à tant de vaches, ça pourrait tenir?
M. Fontaine: Ce serait légal. M. Roy: Ce serait
légal.
M. Fontaine: Le législateur ne parle pas pour ne rien
dire, il le met dans la loi.
M. Garon: Bien oui, mais c'était déjà dans
la loi, cela n'a pas été fait.
M. Fontaine: La Régie des marchés agricoles serait
obligée de l'accepter.
M. Garon: Bien oui, mais...
M. Dubois: Oui, dans l'ancienne loi.
M. Garon: Bien non.
M. Giasson: ... la loi ne dit pas de contingenter les vaches, les
unités de production, mais de contingenter la production.
M. Garon: C'est cela.
M. Giasson: Si vous avez un quota de 500 000 livres, faites-le
avec 20 vaches ou avec 30 vaches. On ne parle pas des vaches. Vous avez 500 000
livres de lait à produire dans l'année.
M. Garon: C'est cela.
M. Giasson: C'est cela, votre contingentement.
M. Dubois: Ce n'est pas marqué de contingenter la
production à l'intérieur d'un quota établi. C'est
là tout simplement comme un article.
M. Ouellette: M. le Président.
M. Dubois: L'interprétation peut différer selon le
fonctionnaire qui va avoir à vivre avec cet article.
M. Garon: Je vais vous citer un cas, par exemple. Ce que vous
venez de dire là, cela n'a pas de bon sens.
M. Dubois: Cela n'en a peut-être pas, mais ii y a des
affaires qui arrivent et qui n'ont pas de bon sens.
M. Fontaine: Pourquoi le mettez-vous dans la loi, si cela n'a pas
de bon sens?
M. Garon: Ce qui est contingenté, ce n'est pas le nombre
de vaches, c'est la production. Je vais vous donner un autre exemple.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je voudrais que cela se termine avec le député de
Huntingdon.
M. Garon: Dans le domaine de la volaille, par exemple, supposons
que vous avez un quota pour élever tant de volailles. Vous avez un quota
pour élever 50 000 volailles par année, admettons, pour produire,
pour mettre en marché 50 000 volailles par année. Vous avez un
quota de 50 000 volailles. Oui, de la chair de volaille. Ce n'est pas
exprimé comme cela.
M. Fontaine: Produire et mettre en marché, ce n'est pas
pareil.
M. Garon: Vous avez un quota de production et de mise en
marché, les deux. Vous avez 50 000 volailles. Dans votre poulailler,
vous en avez 100000. Qu'est-ce que vous faites avec les autres? Vous voulez les
manger pour Noël? Alors, pourquoi sont-elles dans votre poulailler,
d'après vous?
M. Fontaine: Si, par exemple, vous transportez la même
chose dans le lait...
Le Président (M. Laplante): Avez-vous demandé la
parole?
M. Fontaine: Comptez-vous mon temps, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon, vous avez terminé? M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: M. le Président, c'est pour mettre en
lumière le charriage qui se fait. Il est peut-être de bonne foi,
mais moi, en tout cas, cela m'apparaissait du charriage et voici pourquoi.
Dans l'article 67d qui n'est pas amendé par le projet de loi 116,
on dit ceci: "Déterminer à quelles conditions le producteur peut
mettre en marché un produit commercialisé." Imaginez-vous que,
demain matin, un office de producteurs décide de mettre une condition,
puisque la loi le lui permet. Tout producteur peut mettre en marché un
produit commercialisé, à la condition que sa femme mesure 5'8" et
moins. Pensez-vous que cela tiendrait longtemps, un règlement comme
cela?
M. Dubois: Tu n'as rien compris de cela.
M. Ouellette: C'est un exemple de fou que la loipermet de faire.
C'est un exemple absolument ridicule, comme ceux que vous amenés.
M. Dubois: Les besoins de contrôler la production, c'est
pour fins de mise en marché et de la vente. Point final. C'est pour
cela.
M. Ouellette: II faut contingenter.
M. Chevrette: Vous êtes rendus à parler du nombre de
vaches. Parlez donc des jambes quant à y être.
M. Dubois: C'est possible, parce que c'est dans la loi.
M. Ouellette: Allons-y avec les jambes, quant à y
être.
M. Dubois: II y a des choses folles dans les lois qui sont
interprétées.
M. Chevrette: II y a des vaches qui donnent beaucoup de lait et
il y a des vaches qui en donnent moins.
M. Ouellette: M. le Président.
M. Chevrette: Si tu as 10 000 livres de gras, cela peut prendre
quarante vaches, et pour d'autres, cela peut en prendre trente, parce qu'il y a
une meilleure alimentation.
M. Dubois: Pour fins d'interprétation, si c'est
précisé, ce serait plus clair.
M. Ouellette: Quand on fait une loi, on donne des devoirs...
M. Chevrette: ... va donner...
M. Ouellette: ... on peut en enlever, on peut élargir ceux
qui existent, on peut restreindre ceux qui existent.
M. Dubois: Tu ne contrôles pas ceux qui interprètent
la loi, par exemple.
M. Ouellette: Chaque mot devient fort important dans la loi. Ce
faisant, le législateur doit être conscient de la gravité
des mots qu'il utilise. Il doit être conscient qu'en remettant de tels
pouvoirs à des organismes... Dans le cas présent, ce sont les
organismes de mise en marché. On leur donne des pouvoirs. On ne les
donne pas à n'importe qui. Si on les donnait à un individu qui
n'a aucun intérêt face aux producteurs agricoles, là, je
serais inquiet et je rejoindrais les propos du député de
Beauce-Sud de tout à l'heure, mais, comme on remet cela entre les mains
des producteurs eux-mêmes, dont l'intérêt est le leur...
M. Fontaine: Les offices aussi.
M. Ouellette: ... je pense qu'on doit, à un moment
donné, leur faire confiance.
M. Dubois: Je ne mets pas en question de contingenter la
production, mais le but de contingenter la production, c'est pour des fins de
mise en marché et de vente.
Le Président (M. Laplante): Des questions au ministre?
M. Ouellette: Le député de Huntingdon dit, à
toutes fins utiles, que la loi permet de faire des
choses qui pourraient se révéler incorrectes. C'est vrai,
sauf qu'il faut faire confiance à ceux à qui on remet ces
pouvoirs. Ceux à qui on les remet sont les producteurs eux-mêmes.
Ce n'est pas un gouvernement, ce n'est pas un méchant gouvernement, ce
n'est pas un individu qui reste au Basutoland, ce sont les producteurs
eux-mêmes. Je ne vois pas pourquoi on ne leur ferait pas confiance. Si on
arrivait avec des règlements farfelus, j'imagine que les producteurs
eux-mêmes feraient toutes les démarches qui s'imposent pour faire
sauter ces règlements qui ne tiennent pas debout ou qui vont à
l'encontre de leur intérêt. C'est cela l'esprit de la loi, quant
à moi.
M. Dubois: Pour éviter certaines contraintes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon, M. le ministre a une réponse à donner
là-dessus.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Il me reste combien
de temps?
Le Président (M. Laplante): Vous n'avez pas encore
commencé.
M. Fontaine: M. le Président, le législateur ne
parle pas pour rien dire. Quand on met quelque chose dans une loi, c'est parce
qu'on veut que cela s'applique. Si on donne le pouvoir à un office de
producteurs de contingenter la production, c'est parce qu'on veut qu'il exerce
ce pouvoir. La Régie des marchés agricoles a pour objet de faire
appliquer la loi. Si un office de producteurs demande à la régie
d'accepter un règlement dans lequel on contingente la production, la
régie sera obligée de l'accepter, pour autant qu'il respecte la
loi.
M. Ouellette: Les producteurs ne l'accepteront pas.
M. Garon: Pas nécessairement.
M. Fontaine: Si la régie ne l'accepte pas, les gens vont
pouvoir aller devant les tribunaux pour contester.
M. Garon: Non.
M. Fontaine: Expliquez-moi cela.
M. Garon: C'est qu'un règlement, pour être en
vigueur, doit être approuvé par la régie. La régie
n'est pas obligée de l'accepter. Si elle considère que le
règlement présenté est dangereux, n'est pas bon, est mal
fait, va trop loin par rapport aux fins recherchées, elle va dire: Je ne
l'approuve pas. À ce moment-là, ces gens vont retourner.
M. Fontaine: En vertu de quel article de la loi?
Le Président (M. Laplante): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise de la séance à 20 h 10)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! Reprise des
travaux du projet de loi no 116. La parole, au moment de la suspension
était au député de Nicolet-Yamaska.
M. Chevrette: II n'y est pas.
Le Président (M. Laplante): II n'y est pas. Est-ce qu'il y
avait un autre député qui avait demandé la parole
avant?
M. Chevrette: M. le député de Huntingdon avait
demandé la parole.
Le Président (M. Laplante): Je remettrai la parole
après cela...
M. Chevrette: Je suis d'accord pour la lui laisser. Il a fait des
trouvailles durant le souper.
M. Roy: On peut attendre une minute, parce que c'était le
député de Nicolet-Yamaska qui avait demandé la parole.
Le Président (M. Laplante): Oui, on lui redonnera son
droit tout à l'heure. Est-ce qu'il y en a d'autres qui veulent parler
sur l'article no 3, premier paragraphe? M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, quelques mots parce que le
ministre de l'Agriculture a parlé cet après-midi des
dépassements de quota. Il avait demandé à un de nos
collègues de l'Opposition s'il était en faveur que les gens qui
dépassent leur quota puissent être payés
intégralement, comme cela s'est fait dans les derniers ajustements qui
ont été faits par la Commission canadienne du lait, si j'ai bien
compris, ou la Fédération des producteurs de lait, par
l'organisme qui est chargé de l'administration du plan conjoint. Je
pense que c'est la Commission canadienne du lait quand même qui a fait
les déboursés à la dernière minute. J'aimerais
attirer l'attention du ministre sur un fait qui devrait préoccuper
je comprends que cela relève du règlement de mise en
marché le ministère. Il y a eu, à cette
époque, des dépassements de quota par un certain nombre de
producteurs, mais il y a d'autres producteurs qui n'ont pas
dépassé leur quota. Lorsqu'il y a eu des coupures de quota
puisqu'on nous demande notre opinion tous les producteurs ont subi des
coupures de quota.
M. Garon: Je n'ai pas demandé l'opinion de quiconque. J'ai
dit, par exemple, dans ce cas.
M. Roy: Non, vous avez dit: J'aimerais demander au
député ce qu'il en pense, s'il est d'accord avec cela. C'est la
question que vous avez posée.
M. Garon: Oui, d'accord.
M. Roy: Alors, je voulais tout simplement dire qu'il faudrait que
le ministère de l'Agriculture suive cela de plus près. Il y a des
petits producteurs agricoles qui n'avaient pas dépassé leur quota
et qui ont subi des coupures de quota, parce que les coupures ont
été générales. C'est un point qui a
créé énormément de problèmes à des
petits producteurs. Comme le disait le député de
Joliette-Montcalm, qu'on s'intéresse au sort des petits producteurs, je
pense que c'est un peu comme un père de famille. Il faut
s'intéresser à tous les membres. On ne peut pas s'occuper de ceux
qui sont les plus grands, les plus vieux, les plus forts, les plus robustes. Il
faut voir aux intérêts de tous.
Là-dessus, je peux dire qu'il y a plusieurs centaines de petits
producteurs pour qui cette coupure qu'ils ont subie a fait
accélérer le départ; ils ont tout simplement
abandonné la production agricole et ont vendu.
Il faudrait que dans l'avenir, s'il y en a qui bénéficient
d'un dépassement de quota, finissent par être payés par la
suite et pour qui, à cause de ce dépassement dans l'ensemble, une
coupure du quota est nécessitée l'année suivante, on ne
pénalise pas tous les producteurs. Je pense que c'est un
élément qui est extrêmement important et il faudrait que
ceux qui ont la responsabilité de l'administration, de la distribution
des quotas, ceux qui s'occupent de la réglementation voient à
examiner cette question de façon très sérieuse, parce que,
pour les petits producteurs, il s'agit de ce que je pourrais appeler le minimum
vital pour les besoins de la famille.
C'est le commentaire que j'avais à formuler, à la suite de
la question que le ministre avait abordée cet après-midi sur le
commentaire qui avait été fait à ce moment.
M. Giasson: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Beauce-Sud me permettrait une question.
M. le député de Beauce-Sud, quand vous dites qu'il
faudrait que le ministère surveille la situation des quotas quand il
doit y avoir réduction, vous savez tout de même que toute la
réglementation et les décisions relatives aux quotas sont entre
les mains des producteurs.
M. Roy: Oui, c'est justement la raison pour laquelle j'ai
parlé de surveillance et que je n'ai pas parlé de contrôle.
Il faudrait que le ministère de l'Agriculture examine ces dossiers,
parce qu'il y a quand même des responsabilités qui
découlent de ça. C'est le devoir des députés, des
représentants de la population d'attirer l'attention du gouvernement
à ce niveau. On ne peut pas interroger, nous, à
l'Assemblée nationale, la Régie des marchés agricoles; on
ne peut pas interroger les personnes qui, effectivement, ont des
responsabilités particulières, mais les règlements sont
quand même approuvés par la Régie des marchés
agricoles du Québec. (20 h 15)
M. Giasson: Mais acceptés et adoptés par les
producteurs agricoles à l'intérieur de chaque
spécialité, là vous avez des contingentements.
M. Roy: J'en conviens, d'ailleurs, c'est un sujet sur lequel j'ai
eu des discussions, sur le plan local, avec des administrateurs de syndicats de
base et avec des directeurs régionaux de l'UPA; j'en ai même eu
avec des directeurs de la Fédération des producteurs de lait
industriel du Québec à ce niveau. Il y a une lacune de ce
côté qui a existé dans le passé et nous avons des
responsabilités, en ce qui nous concerne, parce que les lois, c'est nous
qui les faisons et quand on donne des pouvoirs de réglementation dans
une loi, on sait très bien que le pouvoir de réglementation,
lorsqu'il est utilisé, c'est la continuation de la loi, qui comporte les
mêmes obligations, qui comporte les mêmes pénalités,
qui comporte, en quelque sorte, les mêmes droits, les mêmes
privilèges.
Alors, à ce niveau, quand on donne des pouvoirs de
réglementation à des groupes, quels qu'ils soient je ne
parle pas plus à l'endroit d'un groupe plutôt que d'un autre,
c'est un principe général je pense qu'on a quand
même la responsabilité de faire en sorte que si on ne met pas de
balises dans les lois comme telles, on puisse faire en sorte d'attirer
l'attention du gouvernement sur le fait que, lorsque la Régie des
marchés agricoles a des décisions à prendre, elle puisse
également considérer qu'il y a des responsabilités qui
doivent être la préoccupation de quelqu'un quelque part.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Avant le souper, le député de
Huntingdon avait posé une question au ministre à savoir si le
contingentement de la production, c'était bien compris que
c'était pour fins de mise en marché seulement. C'est bien
à cela que le ministre avait répondu oui, je pense.
M. Garon: Je ne comprends pas au juste ce que vous voulez
dire.
M. Fontaine: Quand on dit "contingenter la production", à
l'article 3a, c'est contingenter la production, mais seulement celle qui doit
être mise sur le marché. C'est bien cela?
M. Garon: Non.
M. Fontaine: Qui est destinée à la vente. Il me
semble bien que vous avez dit cela.
M. Dubois: Vous avez dit: On n'empêche pas la production du
surplus de lait dans une étable pour nourrir des veaux. Si on
contrôle une production, c'est uniquement pour fins...
M. Garon: Un règlement qui prévoirait cela,
normalement, aurait à prévoir des exceptions pour des choses
comme celle-là.
M. Fontaine: C'est ce que vous visez?
M. Garon: Habituellement, les plans conjoints ne
réglementent pas ces choses-là quand ce n'est pas
nécessaire.
M. Fontaine: Ce n'est pas cela que je vous demande. Je vous
demande si le but que vous visez par l'adoption de cette loi, c'est bien de
contingenter la production qui est destinée au marché.
M. Garon: On ne peut pas dire ça comme ça, je
pense. Je vais vous donner un exemple concret. Dans les pommes, par exemple, il
y a un plan conjoint, il n'y a pas de quota et il y a une mise en marché
organisée. Il n'y a pas de contingentement dans toutes les productions.
Il y a des plans conjoints où il n'y a pas de contingentement. Dans le
porc, par exemple, il y a un plan conjoint qui a été
accepté par le lieutenant-gouverneur en conseil au mois de
décembre 1977, il n'y a pas de contingentement. Dans les pommes, il y a
un plan conjoint, il y a des négociations, il n'y a pas de
contingentement. Il n'y a pas toujours de contingentement. Normalement, le
contingentement est là pour des raisons. Il y en a dans tous les plans
nationaux parce que, pour un plan national, il faut avoir du contingentement.
Il n'y a pas de contingentement dans toutes les productions.
M. Fontaine: Ce n'est pas cela que je vous demande. Ce n'est pas
cela ma question, c'est de savoir: Est-ce que c'est bien le but visé par
la loi que de dire qu'on veut contingenter la production? Mais pas comme
l'exemple du gars qui veut nourrir ses veaux. Lui ne sera pas
contingenté. C'est seulement le lait qui va être destiné au
marché. Le meilleur exemple, c'est celui du poulet que vous avez
donné avant le souper.
M. Garon: C'est parce que c'est un exemple clair.
M. Fontaine: À ce moment-là, vous dites: Le gars
qui garde tant de poules de plus que son quota ne lui permet...
M. Giasson: Tant de pieds de plancher.
M. Garon: Je n'ai pas voulu aller dans des détails comme
cela.
M. Giasson: C'est comme cela que ça fonctionne.
M. Garon: Oui.
M. Fontaine: Le ministre avait parlé du nombre de
poules.
M. Giasson: Cela fonctionne aux poules pour les oeufs, mais, pour
la chair de volaille, c'est au nombre de pieds de plancher.
M. Fontaine: De toute façon, on va parler pour se
comprendre. Si on veut parler du domaine des oeufs, c'est aussi la même
chose. Le gars qui a un quota et qui garde plus de poules pour les oeufs que
son quota ne lui permet, à ce moment-là, on sait que les poules
qu'il garde, c'est pour mettre des oeufs sur le marché en dehors du
quota permis. Ce qu'on veut, par la loi, c'est contingenter ce gars-là
dans sa production pour qu'il ne mette pas des produits en marché en
surplus de son quota. D'accord?
M. Garon: Dans ce cas-là, ce serait exact.
M. Fontaine: Ce qu'on dit, c'est que le contingentement de la
production est seulement pour empêcher qu'il y ait des produits qui
soient mis sur le marché en dehors du quota. Donc, c'est pour
contingenter seulement pour les fins de mise en marché ou de vente sur
le marché. C'est cela?
M. Garon: Pas toujours. Je pense qu'on ne peut pas dire comme
vous dites. Ce serait trop...
M. Fontaine: Là, vous voulez contrôler toute la
production, même si elle n'est pas pour mettre sur le marché.
M. Giasson: Pas le ministre, les producteurs. M. Garon:
Non.
M. Fontaine: Écoutez un peu. Êtes-vous le ministre?
Je pose des questions de l'autre côté.
M. Garon: S'ils en ont besoin; cela dépend des cas. Il ne
faudrait pas regarder cela d'une façon théorique. Les gens ne
mettent pas des règlements dont ils n'ont pas besoin réellement.
Pour les producteurs, d'une façon générale, le
contingentement de la production est une contrainte. Quand ils n'ont pas besoin
de la contingenter pour que le marché soit ordonné, ils ne la
contingentent pas. C'est quand ils en ont besoin qu'ils le mettent
là-dedans.
M. Fontaine: Je le sais. Je suis d'accord avec vous. Mais si on
marque dans la loi qu'on veut contingenter la production et qu'on ne dit pas
autre chose...
M. Garon: C'était cela avant.
M. Fontaine: Non.
M. Garon: Oui, c'est ce qui était marqué avant.
M. Fontaine: Contingenter la production et la vente;
d'accord?
M. Garon: Oui.
M. Fontaine: C'était marqué avant. Maintenant, on
ajoute contingenter la production, contingenter la mise en marché, en
fixer le temps et le lieu et les prohiber. Les deux.
M. Garon: Lisez le paragraphe a) de la loi, c'est écrit:
"Statuer sur les conditions de production, conservation, préparation,
manutention et déplacement d'un produit commercialisé, sur sa
qualité, sa forme et sa composition, son contenant ou l'emballage, ainsi
que sur les inscriptions ou indications requises sur le produit, le contenant
ou l'emballage." C'est déjà dans la loi, toutes ces choses.
M. Fontaine: C'est sûr qu'on ajoute des choses dans la loi.
On veut contingenter la production. On va vous expliquer la loi, telle qu'elle
est actuellement. On va commencer par ça, on dit: "contingenter la
production et la vente...
M. Garon: Oui.
M. Fontaine: ... fixer le temps et le lieu de la mise en
marché...
M. Garon: Oui.
M. Fontaine:... et prohiber la mise en marché faite
à l'encontre du règlement.
M. Garon: C'est dans la loi, ça.
M. Fontaine: C'est dans la loi actuelle, chapitre 36. La loi 116,
article 3, paragraphe a), qui amende le paragraphe c), dit: "contingenter la
production", ça, c'est la même chose, il n'y a rien de
changé, "contingenter la mise en marché", ça, la mise en
marché, ce n'est pas la même chose.
M. Chevrette: Article 67c.
M. Fontaine: Non, ne mêlez pas les cartes. Dans l'ancienne
loi, c'est: "contingenter la production."
M. Ouellette: Ce sont les deux.
M. Fontaine: Non, non. Le paragraphe c) de la loi actuelle, je
vais vous le relire, "contingenter la production et la vente, fixer le temps et
le lieu de la mise en marché." Il n'y a pas de contingentement
actuellement sur la mise en marché. D'accord? Il n'y a pas de
contingentement de la mise en marché dans la loi actuelle.
M. Garon: Regardez l'article suivant, dans la loi.
M. Fontaine: Oui, mais ce n'est pas un contingentement, c'est
pour déterminer à quelle condition un producteur peut mettre en
marché. Ce n'est pas un contingentement, ça.
M. Garon: ... peut mettre en marché un produit
commercialisé, à l'encontre du contingentement fixé, d'une
norme déterminée, du temps ou du lieu fixé.
M. Fontaine: Écoutez un peu, on va sortir le jugement de
la Cour supérieure.
M. Ouellette: M. le Président, pendant qu'il cherche sa
réponse, j'essaierais de résumer ça de la façon
dont je le vois, quitte à demander au ministre de corriger, si ma
façon de voir n'est pas la bonne.
Si M. le député me le permet, ça va prendre trois
minutes.
M. Fontaine: Allez-y.
M. Ouellette: Dans la loi 12, je n'ai pas le texte sous les yeux,
mais je m'en souviens par coeur, il y a trois choses, dans l'ancienne loi,
celle qui va être amendée par la loi 116. On disait, à
l'article 67c, trois choses: contingenter, fixer le temps et le lieu, prohiber.
"Contingenter" s'adressait à deux choses: la production et la mise en
marché.
Des voix: La vente.
M. Ouellette: C'est la même chose pour moi.
M. Fontaine: Non, regardez la définition de la loi, ce
n'est pas pareil.
M. Ouellette: D'accord, convenons-en. C'est bien marqué la
vente.
Deuxièmement, "fixer le temps et le lieu" ne s'adressait
qu'à la mise en marché; avec l'amendement de la loi 116, cela va
s'adresser également à la production. Voilà du nouveau,
quant à moi.
M. Garon: Non, ce n'est pas du nouveau.
M. Ouellette: Vous m'expliquerez, M. le ministre, mais je le dis
tel que je le vois, en profane. Je ne suis pas homme de loi.
M. Fontaine: Vous n'avez pas besoin d'être homme de loi
pour voir cela.
M. Ouellette: II y a peut-être des nuances juridiques qui
m'échappent. Je n'ai pas la prétention d'être en possession
tranquille de la vérité dans le domaine juridique, surtout.
Troisièmement, "prohiber" ne s'adressait qu'à la mise en
marché, alors que, maintenant, avec l'amendement de la loi 116, il
s'adresse également à la production.
J'aimerais que le ministre précise chacun de ces trois termes
dans les deux lois, c'est-à-dire la loi 12 et les amendements
apportés par la loi 116, un par un, pour qu'on se comprenne. Je constate
qu'on ne parle pas exactement de la même chose autour de cette table et
je constate également que dans les débats qui ont cours depuis un
mois et demi, cela prête à toutes sortes
d'interprétations
que, quelquefois, on a tendance à qualifier de charriage, alors
que les gens qui le font sont peut-être de bonne foi, mais ne comprennent
pas exactement la portée de cet article.
Je pense que si on veut sortir éclairés de cette
commission, tout le monde ici, aussi bien les spectateurs que les gens de la
commission, on doit s'entendre sur l'ancienne loi, c'est-à-dire la loi
12, chapitre 36, et la loi 116, sinon, on ne sera pas vraiment
éclairés.
M. Garon: Vous avez un jugement de la Cour suprême qui fait
une distinction très nette entre deux choses: Production et mise en
marché. Il demande de distinguer entre les deux. C'est une façon
de le dire, au fond. Par le fait que la cour dise qu'elle considère cela
comme cela, maintenant que la production et la mise en marché sont deux
choses distinctes, les lois doivent refléter la façon de
procéder de la Cour suprême au Canada. On dit, pour que ce soit
clair: On va contingenter la production et contingenter la mise en
marché. Ceci équivaut à dire, au fond, que la mise en
marché sur laquelle on a une juridiction, c'est la mise en marché
intraprovinciale, le commerce intraprovincial.
Maintenant, dans des plans nationaux, il va y avoir des ententes qu'on
va signer, en vertu de lois fédérales, qui permettent au
gouvernement fédéral de légiférer sur le commerce
interprovincial et international, de sorte que lorsqu'on va faire un plan
national, il va couvrir l'ensemble de tout cela. Il y a des juridictions qui
vont venir en vertu de la loi fédérale et d'autres en vertu de la
loi provinciale. Mais il faut que tout cela soit couvert dans un tout. C'est le
contingentement de la production totale et le contingentement de la mise en
marché.
C'est-à-dire que ce qui sera mis dans les règlements sera
justifié par la loi provinciale pour le commerce intraprovincial, et ce
qui sera mis dans les plans interprovinciaux, c'est-à-dire dans la mise
en marché interprovinciale ou internationale, viendra de pouvoirs
fédéraux.
Les plans ne distingueront pas entre tout cela, mais ce sera
entièrement dans le plan.
Une voix: La production sera toujours contrôlée par
les provinces.
M. Garon: Oui.
Une voix: C'est votre responsabilité.
M. Garon: C'est la responsabilité. Je vous dirai, par
exemple, pour vous donner un exemple concret que, dans le dernier plan national
du poulet, que le fédéral a accepté à la fin de
décembre, c'est moi qui ai demandé qu'on mette dans le plan
national du poulet que les quotas de la mise en marché internationale ne
comptent pas dans les quotas d'une province. J'ai dit: Si, à ce
moment-là, on fait des efforts pour exporter du poulet, nous, on ne veut
pas, à ce moment-là, que cela entre dans notre quota alors qu'on
a développé un marché supplémentaire, à
cause de nos efforts, et que ce soient d'autres qui l'aient. On veut l'avoir
nous-mêmes, on ne veut pas que cela entre dans notre quota. Si on fait un
contrat d'exportation, cela comptera dans les contrats à part.
Évidemment, cela va se retrouver dans un quota de production. Il va y
avoir une production supplémentaire et une...
M. Fontaine: Vous voulez imposer un quota aux cultivateurs, mais,
vous autres, vous ne voulez pas en avoir, au niveau de la province?
M. Garon: Qu'est-ce que vous dites là?
M. Chevrette: Ou bien vous ne comprenez pas, ou bien vous le
faites exprès.
M. Fontaine: Vous voulez être capables, au niveau de la
province, de produire en dehors du quota?
M. Garon: Sur le plan international...
M. Fontaine: Vous ne voulez pas que le producteur puisse le
faire?
M. Giasson: Ce n'est pas cela qui...
M. Garon: Qui va produire dans la province? C'est le producteur.
Ce qu'on a dit, c'est que si, à un moment donné
Québec a déjà vendu à d'autres pays si
à un moment donné on fait des efforts pour vendre pour
différentes raisons j'avais quelque chose dans l'esprit à
ce moment-là, je ne sais pas si cela va se matérialiser, on verra
avec le temps si on vend à un autre pays, que le Québec a
un contrat avec un autre pays, quel que soit le pays, qu'on vend à la
France, qu'elle veut 10 millions de livres de poulet ou 25 millions de livres
de poulet...
M. Fontaine: Cela me surprendrait bien gros que ce soit la
France. (20 h 30)
M. Garon: Ou un autre pays, ne nommons pas de pays, si on a un
contrat comme celui-là, on ne veut pas que ce quota soit produit
à même le quota qu'on a fixé sur la plan national, on veut
que ce soit un marché supplémentaire. C'est évident
qu'à ce moment-là ce sont des producteurs québécois
qui le produiraient. À ce moment-là, leurs quotas de production
deviendraient plus forts, parce qu'ils iraient sur le marché
international et notre quota interprovincial de mise en marché ne serait
pas changé.
M. Dubois: Dans l'accord interprovincial sur les oeufs, la
même clause est-elle incluse?
M. Garon: Non, je n'étais pas là quand il a
été négocié.
M. Dubois: Dans la dinde?
M. Garon: Je ne pourrais pas vous dire, je ne pense pas.
M. Vaillancourt (Orford): Qu'est-ce qui arrive...
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi j'ai demandé cela. Si
quelqu'un fait un effort pour faire de la commercialisation, pour faire de
l'exportation j'avais quelque chose à l'esprit à ce moment
pourquoi ne serait-ce pas lui qui en bénéficierait, si
c'est lui qui fait l'effort? Je ne suis pas jaloux si la Colombie-Britannique
fait un effort pour vendre en Chine, elle produira ce qu'elle vend en Chine.
Par ailleurs, si nous autres, on fait un effort pour vendre quelque chose,
c'est nous qui en bénéficions. Je ne voudrais pas que cela soit
compris dans le plan national.
M. Dubois: Par contre, la préoccupation que j'avais hier,
quand je vous ai dit qu'il y a du monde qui crève de faim... Si on peut
développer des marchés extérieurs, qu'on puisse produire
quand même, qu'on puisse produire ce qui est vendable sur le
marché extérieur. Quand même, c'est une
préoccupation que j'ai soulevée hier soir. Cela a
été mal interprété par le député de
Joliette-Montcalm.
M. Vaillancourt (Orford): Cela passe par le plan interprovincial,
sur le plan national.
M. Chevrette: Pardon?
M. Garon: Oui, le plan national le prévoirait.
M. Dubois: Cela a été mal interprété
hier soir. Son interprétation d'hier soir sur la faim dans le monde.
M. Garon: Ce qui était extrêmement important pour
que le plan fonctionne et qu'on puisse dire, à un moment donné,
que ce quota supplémentaire est identifié et s'en va pour telle
fin. Autrement, dans le programme de tout cela, ce qui arrivait, c'est qu'il y
avait des contrats de mise en marché. Il n'y a pas véritablement
de contrôle sur la production si vous n'avez pas cela d'une façon
précise. À un moment donné, je m'en vais chez vous
c'est déjà arrivé et vous me dites: Je produis pour
le plan international ou pour le plan interprovincial. C'est là que la
Cour suprême a dit qu'il y avait des difficultés
d'interprétation dans ces cas. Ce n'était pas clair. Elle a dit:
La production, quel que soit l'endroit où elle s'en va, c'est de
juridiction provinciale.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On va revenir un petit peu... Je comprends les
explications du ministre, cela nous éclaire. Je voudrais bien qu'on
revienne à l'article 3a. Je ne suis pas d'accord...
M. Garon: Je vais vous donner une des raisons pour lesquelles on
mettait cela pour le poulet. Si, un jour, il arrive un plan national pour le
porc et qu'on a plus de marchés d'exportation que les autres, il
faudrait qu'on les garde pour nous autres.
M. Fontaine: Oui, je suis d'accord.
M. Garon: II faut admettre le principe d'avance, ou cas
où, plus tard, on en aurait besoin.
M. Fontaine: Je suis d'accord sur cela. Dans la loi
actuelle...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Dans la loi...
M. Dubois: II ne faut pas s'imaginer que l'Ontario ne demande pas
la même chose!
Une voix: Est-ce que le ministre pourrait
répéter?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il le répétera tout à l'heure.
M. Roy: C'est notre droit de comprendre.
Le Président (M. Laplante): II vous le dira en
particulier. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Le ministre nous a dit tantôt, comme
explication... Je lui disais que le paragraphe c), contingenter la production
et la vente c'est l'article actuel en fixer le temps et le lieu
de la mise en marché et prohiber la mise en marché... L'article
proposé ajoute "contingenter la mise en marché." Le ministre me
disait: Allez au paragraphe d) de la loi actuelle, c'est déjà
inclus. Le paragraphe d) on va demander une interprétation au
ministre dit: Déterminer à quelles conditions un
producteur peut mettre en marché un produit commercialisé
à l'encontre du contingent fixé. Le contingent dont on parle,
c'est le contingent sur la production, ce n'est pas le contingent sur la mise
en marché. Cela n'existe pas dans la loi actuelle. Est-ce que Me Trudeau
pourrait nous donner un avis là-dessus?
M. Garon: Oui, je regrette de différer d'avis avec vous.
C'est le seul avis que je peux donner.
M. Fontaine: Cela existe.
M. Garon: II y a partout des contingents, actuellement, de mise
en marché dans l'agriculture. Je ne peux pas voir en vertu de quel autre
article ils sont imposés.
M. Fontaine: C'est un contingent de production.
M. Garon: Non, il y a des contingents de mise en marché,
il y a des endroits où il y a des contingents de production. On a
mentionné, tout à
l'heure, la chair à volaille où le contingent est selon la
superficie de plancher. Alors, on peut dire que ça doit être
à la fois un contingent de production et de mise en marché. Dans
les oeufs, par exemple, c'est par tête de volaille, c'est un contingent
de production ou de mise en marché? Je ne sais pas. On ne contingente
pas la poule pour la poule, mais pour les oeufs qu'elle produit et qu'on met en
marché.
M. Fontaine: C'est la production ça?
M. Garon: Sûrement que c'est la production, mais pourquoi
produit-on des oeufs, sinon pour les mettre en marché?
M. Fontaine: Oui, c'est bien évident.
M. Garon: Vous avez dans le lait des contingents qui sont
nettement des contingents de mise en marché, il n'y a même pas de
discussion là-dessus. On ne contingente pas les troupeaux, on
contingente les livres de lait que les producteurs ont le droit de mettre en
marché, tant au niveau provincial qu'au niveau de la commission
canadienne; ce sont des contingents de mise en marché.
M. Roy: M. le Président, un point que Me Trudeau vient de
mentionner est très important. Il dit: On ne contingente pas les
troupeaux. Dans la volaille on contrôle les troupeaux.
M. Garon: Les produits. Excusez-moi, M. le Président, mais
je parlais seulement de l'industrie laitière, à ce moment. Je
suis d'accord qu'on contrôle les troupeaux dans la volaille, mais dans
l'industrie laitière, c'est un contingent de mise en marché qu'on
a.
M. Roy: Jusqu'à maintenant.
M. Garon: Jusqu'à maintenant, oui.
M. Roy: Oui, mais demain.
M. Garon: La question qu'on me pose c'est: Est-ce qu'il y a des
contingents de mise en marché? Il y en a. Je vois le savant
député qui a le jugement du juge Deschênes devant lui; le
règlement de quotas qui était en litige dans cette cause
était un règlement de mise en marché. Vous avez
même, dans le règlement, une formule mathématique
extrêmement compliquée, basée sur le nombre de jours du
changement de lune, pour calculer combien un producteur peut mettre d'oeufs en
marché. Vous l'avez dans ça, mais je ne serais même pas
capable de la répéter.
Au paragraphe d) ce qui est important, c'est qu'on parle, en
marché, du produit commercialisé. Dans le lait, le produit
commercialisé, ce n'est pas la vache, c'est le lait. Dans la volaille,
le produit commercialisé, c'est la volaille, c'est le poulet. Dans les
oeufs, le produit commercialisé, ce n'est pas la poule pondeuse, c'est
l'oeuf. C'est pour cela qu'on dit bien: le produit commercialisé.
M. Fontaine: En limitant la production.
M. Garon: C'est la poule pondeuse qui est contrôlée
dans la production des oeufs. Dans la chair de volaille, c'est la superficie de
plancher.
M. Fontaine: J'ai bien l'impression qu'on dit tous à peu
près la même chose, mais qu'on ne s'entend pas sur certains
termes. De toute façon, peut-être le ministre pourrait-il revenir
sur ce que le député de Beauce-Nord a demandé
tantôt; surtout sur le point qui, à mon avis, est ajouté
dans la loi et que le député de Beauce-Sud a mentionné,
quand on dit: "fixer le temps et le lieu de la production et les prohiber".
C'est peut-être là-dessus que j'aimerais le plus entendre les
explications du ministre, à savoir pourquoi on demande de prohiber.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît, veuillez garder le silence pendant les délibérations
parce qu'on ne s'entend plus, en avant.
M. Ouellette: M. le Président, avant de passer au
deuxième point que j'ai soulevé, j'aimerais revenir sur le
premier qui a été mis en doute, tout à l'heure, à
savoir: Est-ce que la vente et la mise en marché, c'est la même
chose?
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous lui avez
donné votre tour, M. le député?
M. Ouellette: Je lui demande la permission, sans doute qu'il va
dire oui.
M. Fontaine: J'ai toujours mon droit de parole, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais l'avez-vous
échangé avec celui de M. le député?
M. Fontaine: Oui, je vais lui permettre.
Le Président (M. Laplante): D'accord, M. le
député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: Quand je soutenais, tout à l'heure, que je
croyais que la vente et la mise en marché étaient la même
chose, voici les explications. Vendre je ne suis pas un dictionnaire, je
n'ai pas encore cette épaisseur selon mon sens commun, voudrait
dire échanger des biens contre de l'argent. Premier point. Tandis que
mettre en marché va plus loin que ça; cela inclut la vente et
ça inclut un certain nombre d'autres opérations telles que la
publicité, le transport des biens. D'accord? Donc, tel que le veut
l'article 67 du chapitre 36, lorsqu'on dit: "contrôler la vente", si je
contrôle la vente, automatiquement je contrôle la mise en
marché, parce que mettre en marché, c'est d'abord vendre avec
d'autres opérations. Si je n'ai pas d'autres biens à vendre, je
ne peux rien mettre en marché; il faut avoir un bien à vendre
pour faire de la mise en marché. Et si je contrôle la
quantité des biens, à un moment donné, je dois cesser ma
mise en marché. Ce qui veut dire que,
finalement, la loi 116, à ce niveau, ne vient que préciser
une chose et ne donne aucun pouvoir nouveau.
M. Chevrette: C'est un ancien professeur de français qui
parle.
M. Giasson: M. le député, je pense que si vous
voulez vraiment comprendre la dimension de mise en marché, en autant que
cette loi est concernée, vous retrouvez la définition au
début de la loi. Vous allez voir que la mise en marché, c'est
beaucoup d'opérations, au-delà de celles que vous avez
énumérées; c'est même l'achat.
M. Ouellette: II faut un bien pour mettre en marché.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, la définition de mise
en marché, dans la loi, c'est la vente, la classification, la
transformation, l'achat, l'entreposage, le parcage et l'expédition pour
fins de vente, l'offre de vente et le transport d'un produit agricole ainsi que
la publicité et le financement des opérations ayant trait
à l'écoulement de ce produit. Si on ajoute la mise en
marché dans la loi et qu'on met des contingents pour la mise en
marché, ça veut dire qu'on peut contingenter toutes ces
opérations.
M. Giasson: C'est ça.
M. Fontaine: Je vais vous donner un exemple: la transformation.
On pourrait mettre un contingent sur la transformation; cela veut dire que si
on se rapporte aux conflits qui existent entre la coopération et le
syndicalisme, on pourrait contingenter la transformation qui est faite par le
mouvement coopératif.
M. Giasson: Si les producteurs laitiers le décident, oui.
Ce sont eux qui font ces règlements.
M. Roy: Cela veut dire que ça peut se faire. M.
Fontaine: Cela peut se faire.
M. Giasson: Si c'est la volonté des producteurs, c'est
possible.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Fontaine: Est-ce que vous êtes d'accord avec cela?
M. Garon: Ce ne sont pas des opérations qu'on peut
séparer comme ça. Nous avons un quota de mise en marché,
par exemple. Vous avez un produit que vous mettez sur une période de
temps. Votre produit bouge, il peut être à la ferme, il peut
être ailleurs. Il est dans le processus de la mise en marché.
M. Fontaine: Vous ne répondez pas à ma question. Je
vous demande si, en adoptant les amendements à la loi 116 tel que
proposés par le ministre, on va établir des contingents de mise
en marché et qu'avec ces contingents, on va pouvoir contingenter la
transformation, par exemple, ou le transport? Non?
M. Giasson: Si tu ne veux pas qu'un produit se vende.
M. Fontaine: Contingenter la transformation.
M. Dubois: C'est évident, dans une question de mise en
marché, la transformation est incluse.
M. Garon: Ce n'est pas comme ça que cela fonctionne.
M. Fontaine: II y a 70% du lait au Québec, par exemple,
qui est transformé par le mouvement coopératif, on pourrait le
contingenter.
M. Garon: On ne pourra pas avec l'article 2, c'est
évident.
M. Fontaine: Pardon? M. Garon: L'article 2.
M. Fontaine: On ne pourrait pas? Comment se fait-il que la
coopérative fantôme ait pu être formée? L'article 2
est là, c'est à l'encontre de l'article 2 et la régie l'a
dit. C'est à l'encontre de l'article 2, mais ça s'est fait quand
même.
M. Garon: Aller à l'encontre de l'article 2 pour former
une coopérative... J'ai l'impression que l'article 2 n'empêche pas
la formation d'une coopérative.
M. Fontaine: Vous avez sûrement lu la décision de la
régie là-dessus.
M. Garon: Oui. (20 h 45)
M. Fontaine: C'est complètement à l'encontre de
l'article 2, je l'ai ici.
M. Garon: Je n'ai jamais vu ça dans...
M. Fontaine: Vous n'avez pas vu ça dans l'ordonnance?
M. Garon: Non.
M. Fontaine: On dit que c'était inopportun sur le plan de
la loi et sur le plan de la réalisation, je ne sais pas trop.
M. Chevrette: Est-ce que je peux parler pendant qu'il va
chercher?
M. Garon: Essentiellement, ce que le jugement a dit, c'est qu'on
ne pouvait pas se servir d'une cotisation prélevée en vertu du
règlement de
la Fédération des producteurs de lait nature pour des fins
de promotion, de publicité et de développement de marché,
pour subventionner, donner les fonds qu'on avait perçus en vertu de ce
règlement pour une coopérative comme la coopérative dont
il était question.
M. Fontaine: Voici ce que dit la régie. La régie
croit que l'utilisation des sommes perçues en vertu du règlement
et le règlement qui a été approuvé par la
régie imposant une contribution pour fins de publicité, promotion
ou développement des marchés en vue de l'établissement
d'une troisième force... la troisième force...
M. Garon: Non, lisez.
M. Fontaine: ... ou de prêts ou subsides à la
Société coopérative québécoise à
cette fin ne sont pas justifiés, ni sur le plan légal, ni sur
celui de son opportunité. La régie considère que
l'utilisation de la majeure partie de ces contributions n'est pas conforme aux
dispositions de la loi.
M. Garon: C'est cela.
M. Fontaine: Les dispositions de la loi, c'est l'article 2.
M. Garon: Non, lisez le début. C'est le règlement
qu'elle juge.
M. Fontaine: Oui, c'est cela. M. Garon: C'est le
règlement.
M. Fontaine: C'est justement, le règlement est
approuvé par la régie et il est illégal.
M. Garon: Le règlement n'est pas illégal. Il y a un
règlement qui dit que la fédération peut percevoir des
sommes d'argent de ces producteurs pour faire de la publicité, de la
promotion et le développement de marchés. La discussion a
porté sur le terme "développement de marchés". Est-ce que,
du fait qu'une coopérative nouvelle soit formée en vue de
créer des nouveaux produits, etc., le règlement qui permet de
percevoir des fonds des producteurs par une fédération de
producteurs lui permet d'utiliser ces fonds pour telle fin?
M. Fontaine: Quand la régie dit que ce n'est pas opportun
de le faire...
M. Garon: En vertu du règlement.
M. Fontaine: Non, en vertu du règlement, c'est quand elle
dit sur le plan légal.
M. Garon: C'est le règlement qu'elle juge.
M. Fontaine: Oui, mais elle dit: Ce n'est pas opportun ni
sur celui de son opportunité la régie a dit que ce
n'était pas opportun pour...
M. Garon: Pour la fédération.
M. Fontaine: ... la fédération de faire cela, de
percevoir des fonds pour cela.
M. Garon: C'est cela.
M. Fontaine: Que ce n'était pas opportun de créer
une coopérative fantôme pour faire cela, une troisième
force.
M. Garon: Non, ce n'est pas ce qu'elle dit. C'est le financement
qu'elle juge.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je vais essayer de donner
ma perception. Je pense qu'on est en train de juger les cultivateurs ou les
producteurs qui vont opter pour un plan conjoint; on est quasiment en train de
dire qu'ils sont assez épais qu'ils vont se mettre des enfarges
épouvantables. C'est quasiment l'argumentation depuis quinze ou vingt
minutes. Les gars sont assez intelligents pour adopter des règlements
qui correspondent à ce qu'ils veulent. La loi ne fait que leur permettre
de se bâtir un plan de mise en marché et un plan de
contrôle...
M. Fontaine: Demandez aux producteurs s'ils sont satisfaits du
règlement qui existe actuellement dans le lait?
M. Chevrette: Est-ce que je peux continuer? M. le
Président, je vais interpréter c'est mon droit en termes
d'argumentation l'argumentation du député de
Nicolet-Yamaska. Quand on s'interroge sur la crainte éventuelle d'un
contingentement dans le transport, comme il le disait tantôt, dans la
publicité ou dans n'importe quoi, c'est décider à leur
place de l'utilisation même qu'ils voudront bien faire d'une loi qui leur
permet d'établir un plan conjoint. Ils vont se bâtir les
règlements qu'ils veulent bien avoir et s'ils excèdent les
pouvoirs qui sont dans la loi-cadre, la régie a le droit de leur dire
que cela n'a pas d'allure, mais ces gars ne se voteront pas quelque chose qui
va les étouffer. S'ils faisaient cela, ce serait l'ensemble des
producteurs qui agirait d'une façon innocente. Ils courraient à
leur propre ruine.
Je pense qu'il faut faire confiance un peu plus que cela au monde qui
aura à utiliser cette loi. Ils vont voter d'abord, on leur
demande un paquet de techniques juridiques pour venir à bout de s'en
prévaloir quand ils vont s'asseoir et qu'ils vont rédiger
leurs règlements, je leur fais assez confiance, et vous le dites
à plusieurs reprises qu'ils ont tellement de bon sens. S'ils ont
tellement de bon sens, ils vont adopter de très bons règlements
qui vont correspondre exactement aux bons objectifs qu'ils ont. N'allons pas
présumer que ce sont des gars qui vont vouloir se bâtir des
règlements pour s'égorger eux-mêmes. C'est un peu
l'argumentation qui ressort à peu près depuis 20 minutes, une
demi-heure.
M. Garon: Pour donner un exemple concret, à ce qu'on m'a
dit, il y a un règlement de quotas de la fédération des
producteurs de lait industriel et il y en a qui pensent qu'il devrait
être différent. Cela a été beaucoup discuté.
Depuis deux ans, on entend parler de ces questions. Il est question de changer
le règlement des quotas lors de la prochaine assemblée
générale. Il y a des discussions pour qu'on change le
règlement des quotas. Un règlement existe, mais, à un
moment donné, les producteurs ne sont pas contents. C'est ce que je leur
ai dit quand je suis allé à Saint-Guillaume. Si, dans tous les
règlements que vous avez, vous n'en aimez pas un, si vous trouvez qu'il
devrait être différent, faites vos représentations à
l'intérieur de votre groupe pour changer le règlement. C'est en
train de se faire pour le lait industriel.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: M. le Président, tout à l'heure, le
député de Joliette-Montcalm me disait qu'il fallait à tout
prix faire confiance aux producteurs puisque c'est à eux que la loi
donne le pouvoir de se constituer en office de mise en marché de leurs
produits. Il dit que, depuis quinze minutes, on entend toutes sortes de choses
et qu'on charrie autour de ça; je le trouve peu généreux,
parce que, quant à moi, ça fait un mois et demi qu'on entend
ça. On entend des gens qui nous disent et là, je ne veux
blesser personne, parce que ces gens ne sont pas tous autour de cette table;
j'en ai vu qui ne sont pas des parlementaires, mais qui sont
intéressés par le sujet qui nous disent à peu
près ceci: On est d'accord avec les plans conjoints, mais on n'est pas
d'accord pour leur donner des pouvoirs, en tout cas pas tous les pouvoirs.
Cela me fait penser un peu à une histoire; vous me permettrez de
la raconter rapidement, elle est pertinente, je pense. Cette histoire pourrait
se raconter à peu près comme ceci. Un bon père de famille
dit à son fils, qui vient d'avoir 21 ans: Mon garçon, tu es un
brave garçon, tu es sérieux, sobre, prudent, gentil, tu es
respectueux envers le reste de l'humanité, pour toutes ces raisons
je vois que le député vient de reconnaître l'Union
Nationale, on verra tout à l'heure parce que...
M. Garon: Dans ce temps-là, c'était le
bonhomme.
M. Ouellette: ... c'est aujourd'hui ton 21e anniversaire de
naissance, sache que je mets mon automobile à ta disposition, mais
voilà le fameux "mais" qu'on entend depuis un mois et demi
tu sais, mon fils, il y a des risques à circuler sur les routes, tu peux
avoir une crevaison, tu peux rencontrer des chauffeurs moins prudents que toi,
tu peux briser ma voiture, tu peux dépenser une partie de mes avoirs en
essence, en assurance automobile, même si c'est moins cher qu'avant;
mais, mon garçon, pour toutes ces raisons, je te prête mon auto,
oui, je te l'ai promis, mais je garde les clés.
C'est ça qu'on veut. Et cela me paraît absolument rire du
fils et des producteurs agricoles, si on leur donne des pouvoirs limités
à la confiance qu'on peut leur faire. C'est tout ça le fond du
débat, quant à moi. Enfin, on verra si la loi 116 est
adoptée et si j'ai raison dans mes prédictions.
M. Fontaine: Nous autres... Vous faites le bouffon.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Huntingdon. Huntingdon, député.
M. Ouellette: Ce n'est pas une bouffonnerie, c'est ce que vous
faites depuis un mois et demi. Le fameux "mais".
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Huntingdon.
M. Dubois: J'aimerais poser une question au député
de Joliette-Montcalm, parce qu'il a dit tout à l'heure que les
producteurs eux-mêmes se donnaient les règlements qu'ils voulaient
bien avoir. Je lui demande si les producteurs de lait ont été
consultés sur l'opportunité de se servir de fonds pour fins
publicitaires et pour fins de promotion, pour investir dans une autre usine de
lait. Est-ce que vous pensez que ces producteurs ont été
consultés?
M. Chevrette: Écoutez, j'ai rencontré des
bonshommes de mon milieu qui ont signé, je n'ai pas à savoir si,
au niveau des structures, ils sont consultés. Je vais vous dire une
chose, la région de Québec, ici, ça signe à 90% et
vous vous faites les défenseurs de tout ce monde-là. C'est eux
qui embarquent le plus vite dans la québécoise.
M. Garon: Le jugement ne dit pas que le règlement n'est
pas bon...
M. Chevrette: II y a quelque chose, certain, qui accroche.
M. Dubois: II y a eu les $0.025 prélevés, je
crois.
M. Chevrette: C'est faux. En passant, hier, vous avez
affirmé deux faussetés, monsieur. Vous avez dit que la Granby
avait une filiale à Huntingdon. La Granby a des usines, mais il n'y a
pas de filiale, vous le savez. Deuxièmement...
M. Dubois: II y a une coop de transformation à
Huntingdon.
M. Chevrette: II y en a une à Joliette, Crino-Granby,
aussi. Ce n'est pas une filiale. Deuxièmement, vous avez dit...
M. Dubois: Regardez la requête...
M. Chevrette:... que la Fédérée avait
arrêté de percevoir les $0.025 et c'est faux.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je ne voudrais pas que ça devienne un dialogue. M. le
ministre.
M. Garon: On a $0.10...
M. Dubois: Question de règlement. Regardez la
requête faite par la Coopérative fédérée de
Granby à la Régie des marchés et vous allez voir
qu'à l'intérieur de ça, il y a une filiale à
Huntingdon de la Société coopérative agricole de
Granby.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Fontaine: Le député de Joliette-Montcalm...
M. Garon: Quand vous parlez du règlement de
publicité, promotion, développement des marchés,
production de lait nature, je ne suis pas certain, mais je pense que c'est
$0.10 des cent livres pour ces fins. Ce n'est pas le règlement de la
régie qui n'est pas bon; vous allez ramasser des fonds en vertu du
règlement, pour ces fins, comme le prévoit le règlement.
Dans les fins pour lesquelles vous avez prélevé des fonds, ce
n'est pas couvert, le fait de subventionner une coopérative.
M. Dubois: J'ai demandé au député si les
producteurs de lait ont été consultés en vue de se servir
de ces fonds pour d'autres fins. C'est ça que je posais comme question.
Je ne crois pas qu'ils aient été consultés.
M. Garon: Pour adopter le règlement, ils ont dû.
M. Dubois: Oui, pour la perception, mais pour des fins
publicitaires, des promotions.
M. Garon: Bien oui.
M. Dubois: Mais est-ce qu'ils ont été
consultés pour garder ces fonds pour d'autres fins? Ils n'ont pas
été consultés, je crois.
M. Garon: C'est pour cela que la régie est là.
Quelqu'un a dit: Je pense que vous utilisez le règlement, vous utilisez
des fonds perçus pour des fins de publicité, promotion et
développement de marché, pour d'autres fins que publicité,
promotion et développement de marché. Mais la régie est
là pour cela.
M. Fontaine: J'ai une autre question à vous poser. Les
contingents sont exercés par les offices de producteurs,
administrés par les offices de producteurs. En vertu de quoi
permettrait-on à un office de producteurs de contengenter, par
l'entremise de la mise en marché, la transformation, par exemple?
Pourquoi leur donnerait-on ce pouvoir?
M. Garon: Je ne pense pas que cela vise cela.
M. Fontaine: Quand on dit contingenter la mise en marché
et qu'on regarde la définition de la mise en marché, on dit: la
vente, la classification, la transformation, l'achat, l'entreprosage, le
parcage et l'expédition, pour fins de vente.
M. Garon: C'est un produit agricole.
M. Fontaine: Oui, c'est la commission de l'agriculture, ici.
M. Garon: Oui, mais pas les produits transformés.
M. Fontaine: C'est ce qu'on leur donne dans la loi.
M. Gagnon: Je voudrais savoir, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Avez-vous terminé votre
question?
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Garon: Je suis persuadé que cet article ne veut pas
dire ce que vous voulez lui faire dire.
M. Fontaine: Je ne veux rien lui faire dire. Mais je le lis tel
quel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Champlain.
M. Fontaine: Contingenter la mise en marché, M. le
Président. Je vais voir dans la loi la définition de mise en
marché. Cela dit: la vente, la classification, la transformation. Si on
est capable de contingenter la mise en marché, on est capable de
contingenter la transformation. Si on contingente la transformation, on va
contingenter la transformation qui est faite par les coopératives.
M. Garon: Bien non, cela n'a pas de bon sens.
M. Fontaine: C'est ce que vous marquez. Je le sais, que cela n'a
pas de bon sens.
M. Garon: Bien non, mais ce n'est pas cela que cela veut dire non
plus. C'est marqué déjà. C'était déjà
dans la loi: fixer le temps et le lieu de la mise en marché, prohiber la
mise en marché. Pensez-vous qu'on a déjà prohibé la
mise en marché des produits transformés dont vous me parlez
là? Jamais. Cela ne vise pas cela. Il n'y a pas de doute.
M. Fontaine: Mais vous le mettez dans la loi! Est-ce que vous
pourriez maintenant nous donner d'autres explications concernant les
éléments nouveaux qui sont dans la loi, c'est-à-dire fixer
le temps et le lieu et les prohiber... C'est-à-dire que là, on
permet de prohiber la production.
M. Garon: C'est parce que la Cour suprême dit qu'on
distingue production et mise en marché. Il faut distinguer les deux. Les
amendements sont là pour mieux faire la distinction entre les deux.
M. Fontaine: La Cour suprême ne dit pas de les
prohiber.
M. Garon: Mais comment allez-vous pouvoir avoir un contrôle
dans...
M. Fontaine: Pourquoi fixer le temps et le lieu de la production?
Et pourquoi prohiber la production? Le jugement de la Cour suprême ne dit
pas cela.
M. Garon: Parce que c'est la seule façon de faire, dans
certaines productions. Je vous ai donné l'exemple de la chair de
volaille. Il y a des cédules de production. Je ne sais pas si vous avez
vu des calendriers, avec des cédules de production. Le
député de Saint-Hyacinthe me fait signe que oui.
Vous avez des productions, je ne sais pas si c'est de onze, douze ou
treize semaines. On dit: On fait quatre séries de production dans
l'année. Il y a une cédule. C'est pour le petit poulet, oui, le
poulet à griller. Il y a une cédule de production qui est bien
fixée. Vous avez un calendrier, et c'est bien fixé
là-dedans. C'est tellement vrai ce que je dis là, que dans des
secteurs où il n'y a pas de plan conjoint, ou là où il n'y
en avait pas, comme par exemple dans le porc, les intégrateurs l'ont
fait eux-mêmes, parce que c'est nécessaire.
M. Fontaine: Mais prohiber?
M. Garon: C'est pour cela que le député de
Joliette-Montcalm parlait cet après-midi d'un contrat
d'intégration. Pourquoi? Parce que, au fond, en l'absence de plan
conjoint, pour organiser la mise en marché, ils sont obligés
d'organiser la production. Et, quand quelqu'un fait un contrat
d'intégration, il le prévoit avec l'intégrité sur
la cédule de production.
Cela démontre à quel point c'est nécessaire. En
l'absence totale de plan conjoint dans ce secteur, les intégrateurs
faisaient des cédules de production. (21 heures)
M. Gagnon: Si vous avez un contingentement, c'est bien
celui-là!
M. Fontaine: M. le Président, si on se
réfère au jugement du juge Deschênes de la Cour
supérieure dans la cause de Boulanger, on dit, à un moment
donné, à la page 67: "La cour est d'opinion que les quotas dont
il s'agit sont des quotas autant de production que de mise en marché."
C'est vrai, vous aviez raison tantôt. J'admets que vous avez raison
là-dessus. On dit ensuite...
M. Garon: Savez-vous que c'est la meilleure façon de
protéger la ferme familiale parce que, autrement, ce sont les grandes
compagnies qui vont tout contrôler.
M. Fontaine: Ce n'est pas cela, laissez-moi finir. On dit: Or, si
l'article 67 de la loi, à son alinéa c) dont la cour donnait
lecture tout à l'heure, permet à la FEDCO, par règlement,
de prohiber la mise en marché, elle ne lui permet, en matière de
production, que de la contingenter contingenter, c'est-à-dire
réglementer, c'est-à-dire permettre et impliquer la continuation
de l'activité. En d'autres termes, contingenter exclut le pouvoir
d'annuler ou de prohiber. C'est le jugement de la Cour supérieure qui
dit cela, ce n'est pas celui de la Cour suprême. Je pense que si vous
inscrivez cela dans la loi le juge l'a dit il faut absolument que
vous l'ajoutiez, si vous voulez respecter cette opinion qui dit: En d'autres
termes, contingenter exclut le pouvoir d'annuler ou de prohiber. C'est un
pouvoir additionnel que vous donnez. C'est donc dire que lorsque vous disiez
que c'était simplement pour clarifier certains articles, ce
n'était pas tout à fait exact, vous ajoutez des pouvoirs.
M. Dubois: Dans le contingentement, il n'y a pas de pouvoir
d'annulation de quotas.
M. Garon: J'appelle cela de la précision. Une voix:
C'est cela.
M. Garon: Autrement, cela ne peut pas fonctionner.
M. Fontaine: Un peu plus loin la cour dit: "C'est exactement la
situation dans laquelle nous nous trouvons en ce moment. Il est d'autant plus
important de trouver une base juridique à ce pouvoir d'annulation que la
FEDCO s'est donné par règlement qu'une semblable annulation est
susceptible de causer aux intéressés des effets
désastreux. La preuve démontre que les contingents ont acquis, au
cours des récentes années, une valeur substantielle." Je pense
que c'est rendu à $9 ou $10. Si on inscrit dans la loi qu'on permet
d'annuler ou de prohiber, je vous dis que ce sont des pouvoirs...
M. Garon: On n'est pas rendu là, c'est au paragraphe j)
qu'on va parler de cela.
Une voix: Prohiber.
M. Garon: Ici on parle de prohiber la mise en marché, de
prohiber la production.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais une petite
question de privilège, non pas de privilège, je n'en ai pas le
droit, mais de règlement. Je voudrais demander à la commission,
étant donné qu'on a dû remplacer M. Baril, parce qu'il ne
pouvait être ici ce soir, si on pourrait le considérer comme
intervenant à ma place, au moins comme intervenant. C'est-à-dire
que je remplace M. Baril,
comme membre de la commission, mais je n'ai pas nommé de
substitut en tant qu'intervenant. Accepteriez-vous qu'il soit intervenant
à la commission?
Une voix: Certainement. M. Chevrette: Merci.
M. Fontaine: Accepteriez-vous également que le
député de Saint-Hyacinthe prenne part au débat?
M. Chevrette: À titre d'intervenant, comme l'autre. Je
n'ai pas le choix, si je le permets à un, je le permets à
l'autre.
M. Giasson: Un pour un.
M. Chevrette: On joue du un pour un.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Champlain est accepté. Le député de Saint-Hyacinthe?
M. Roy: Sommes-nous en train de voter?
Le Président (M. Laplante): Quand il y a un droit de
parole, c'est un droit de parole.
M. Roy: C'est qu'on est en train de préparer un
amendement. Je m'excuse, mais je voulais savoir un peu où...
M. Giasson: Le président tient un
référendum...
Le Président (M. Laplante): C'est un droit de parole
demandé pour le député de Champlain et le
député de Saint-Hyacinthe. Les membres ont eu l'air
d'acquiescer.
M. Roy: II y a passablement de bruit autour de la table.
M. Gagnon: Seulement quelques mots. Prendre part au débat,
cela m'intéresse grandement. En plus d'être député,
je suis aussi agriculteur. J'ai vécu des expériences dans le
domaine, entre autres, de la Fédération des producteurs d'oeufs,
puisqu'on parle de FEDCO. Je me demande, en fait, qui on veut protéger
par la crainte qu'on a actuellement de donner des pouvoirs aux producteurs
agricoles.
Une voix: Ce n'est pas aux producteurs.
M. Gagnon: Ce n'est pas aux producteurs, c'est aux offices de
producteurs...
Une voix: Oui.
M. Gagnon: ... aux fédérations. Ce sont elles qui
demandent des pouvoirs. Je sais jusqu'à quel point on a eu des
problèmes à faire respecter les plans conjoints dans le domaine
des oeufs. Vous êtes scandalisé par le prix des quotas. C'est bien
évident qu'avec le peu de pouvoirs que vous voulez donner au
contingentement, ne vous en faites pas, les quotas ne vaudront pas cher et le
résultat du contingentement ne vaudra pas cher non plus. Comme
producteur agricole, ce que je voulais dire, c'est que je me sens
profondément blessé par l'attitude de l'Union Nationale qui
semble considérer les agriculteurs comme des gens qui ne peuvent pas
administrer des pouvoirs. Je vous dis et je dis au ministre de l'Agriculture
que s'il faut donner une loi qui va permettre uniquement le contingentement
sans pouvoirs, un peu comme disait le député de Beauce-Nord,
à ce moment, ne donnons pas le droit de contingenter non plus. Si on
donne le contingentement, il faut que ce contingentement soit clarifié
de façon que, dans l'avenir, autant les producteurs d'oeufs que les
producteurs de porcs ou ceux qui voudront se contingenter puissent faire
respecter leur contingentement. Je pense que c'est l'objet de la loi.
M. Garon: C'est un peu comme les membres du Barreau. C'est un peu
comme si, à un moment donné, il y avait le Code d'éthique
qui interdit, par exemple, de prendre des fonds en fidéicommis et de les
mettre dans son compte de banque, pour s'en servir pendant qu'on fait de la
perception. Du fait de le faire, s'il n'y avait aucune pénalité,
qu'est-ce qui arriverait? Qu'est-ce qui arrive à un avocat qui fait
cela, qui prend des comptes en fidéicommis, qui se finance à
même cela ou qui les utilise pour des fins personnelles? Il est
rayé du Barreau pour trois mois, six mois, un an, selon la
gravité, et, parfois, à vie. Il lui enlève son quota.
M. Fontaine: II n'a pas de quota. L'avocat n'est pas
contingenté sur le nombre de causes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: C'est seulement pour soulever un point. On a parlé
de quotas. C'est la première fois de ma vie que j'entends dire que les
avocats ont des quotas de causes. Ils ont des droits d'exercice de la
profession, il ne faudrait quand même pas charrier.
M. Garon: Non, le droit d'exercice... M.Roy: II
n'a pas de quota!
M. Garon: Non, je veux dire que, dans une production, avoir un
quota ou ne pas avoir un quota, quand toute la production va en fonction de
quotas, ne pas avoir de quota, c'est ne pas produire.
M. Fontaine: Le médecin qui est payé par la
Régie d'assurance-maladie, on ne lui dit pas: Quand tu as fait $100 000,
tu arrêtes. On lui permet d'en faire tant qu'il veut. Pourquoi les
producteurs...
M. Chevrette: J'ai déjà vu des avocats
cotés, par exemple.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Tantôt, M. le
ministre a mentionné que les plans conjoints avaient pour but, un de
leurs buts entre autres, de protéger les fermes familiales, et ainsi de
suite. Bien sûr que cela a servi. Hier ou avant-hier, vous nous avez
remis le rapport annuel 1977-1978 de la Régie des marchés
agricoles. En 1973, des détenteurs de quotas, il y en avait 500 dans les
oeufs. En 1977, il en reste 364. Comment se fait-il, si ces plans ont pour but
de protéger les petits, que le nombre des détenteurs de quotas
diminue? N'est-ce pas les gros qui s'enrichissent avec cela au détriment
des petits, parce que le petit n'a pas assez de quotas pour vivre, et ainsi de
suite, parce que l'administration de sa ferme coûte de plus en plus cher,
il a des coûts additionnels, et, à un moment donné, le gars
ne peut plus vivre avec le quota et il le vend? Où s'en va le quota? Il
s'en va chez le gros. C'est le gros qui s'enrichit toujours, même dans
les plans conjoints, à un moment donné, parce que le gros
achète le petit. Je ne sais pas si c'est une mauvaise constatation, mais
j'aimerais que le ministre s'explique un peu plus, parce qu'en lisant cette
bible, je perds mon latin dans cette affaire!
M. Garon: Je vais vous donner seulement une idée. Allez
faire un tour aux États-Unis et allez voir dans le domaine des oeufs et
de la volaille où il n'y a pas de contingentement et où il n'y a
pas de plans conjoints. Allez voir à quel point c'est concentré
maintenant. Vous allez faire un moyen saut.
M. Cordeau: Chez nous aussi actuellement. On s'en va là.
C'est contingenté.
M. Garon: Avec 40 fois plus de population, il y a moins de
producteurs aux États-Unis, dans ces domaines.
M. Cordeau: Je ne suis pas contre les plans conjoints, je tiens
à le spécifier, c'est parce que je prends la parole pour
la première fois mais ce sont des constatations en lisant le
rapport de la Régie des marchés. Il faut une quantité plus
nombreuse de douzaines d'oeufs encore que ce que FEDCO a contrôlé
l'an passé. Le nombre des quotas diminue, parce qu'il y a des
producteurs qui produisent plus et qui achètent les quotas des
petits.
M. Garon: Vous allez voir d'autres domaines dans lesquels le
nombre de producteurs augmente.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous fini, M. le
député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Pour tout de suite, oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Si le nombre de producteurs diminue, c'est tout
simplement que les fermes, dans ce domaine comme dans d'autres domaines, se
sont spécialisées. Évidemment, les producteurs de 2000,
3000 ou 4000 poules ont été souvent intéressés de
vendre à un voisin qui en avait lui aussi 3000 ou 4000 pour faire une
ferme rentable. On sait que, dans le domaine des oeufs, une unité
travail-homme, c'est environ 10 000 poules. Si vous vous spécialisez
dans le domaine, vous allez tendre à avoir au moins une dizaine de mille
poules. La moyenne actuelle des 313 producteurs qui ont plus de 250 poules est
de 10 500.
M. Fontaine: Cela fait 313 quotas.
M. Gagnon: 313 producteurs qui ont des quotas de production en
haut de 250 poules. Alors, c'est 10 500 poules par ferme, c'est une
unité homme-travail par ferme. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas
qui en ont plus que ça, mais c'est la moyenne.
M. Fontaine: Combien y en avait-il avant qu'il n'y ait un plan
conjoint?
M. Gagnon: Avant qu'il n'y ait un plan conjoint? Je ne sais pas
si...
M. Cordeau: II y a 2600 producteurs qui ont signé pour
obtenir le plan conjoint.
M. Gagnon: C'est un fait et, M. le Président, c'est un
autre aspect que j'aimerais relever. C'est que, au moment où on a
adopté le plan conjoint, où on a demandé le vote, tous les
producteurs, peu importe le nombre de poules, votaient. Une fois que la
fédération a été formée, les
règlements qui ont été adoptés en assemblée
générale ont demandé de ne pas contingenter ceux qui
possédaient moins de 250 poules. Donc, actuellement, il reste au
Québec 1750 producteurs de 250 poules et moins et vous avez dit...
M. Cordeau: 364 avec des quotas.
M. Gagnon: Donc 364 producteurs de plus de 250 poules; le nombre
de producteurs n'a pas diminué tellement, mais les producteurs se sont
spécialisés.
M. Fontaine: Ce n'est pas exact, c'est 350 avec quota et non pas
350 producteurs.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Juste un mot, M. le Président, sur ce que
disait le député de Saint-Hyacinthe. Je ne dirais pas qu'il a
osé prétendre que c'est l'existence du plan conjoint pour les
oeufs qui a
fait qu'on est passé d'un peu plus de 2000 producteurs à
un peu plus de 300; je pense que ce n'est pas ça qu'il voulait dire.
Mais il semble regretter que l'existence du plan conjoint n'ait pas fait en
sorte que la base soit restée à 2000 producteurs. C'est un peu
ça que vous vouliez dire. En somme, le plan conjoint n'est pas une
garantie contre la concentration, et je suis d'accord avec lui. Si le plan
conjoint n'est pas une garantie contre cette concentration, à mon avis,
c'est que le plan conjoint ne va pas assez loin, en ce sens que les quotas
peuvent encore passer d'un producteur à l'autre et devenir de plus en
plus concentrés. Il faudrait donc que les plans conjoints aillent
jusqu'à orienter eux-mêmes, par leurs règlements, le
passage du quota d'un producteur à un autre, de façon à
favoriser celui qui a des quotas suffisants pour lui assurer une survie
pénible et qu'il puisse en acquérir afin d'assurer une
rentabilité plus grande. Le jour où le gouvernement fera
ça au Québec, vous serez les premiers à le qualifier de
gouvernement... Vous allez commencer par dire communiste, vous allez baisser
à socialiste et, dans 20 ans, vous admettrez qu'il a eu raison. Mais ce
n'est pas encore au programme du Parti québécois. Moi, je ne vois
pas d'autres solutions, pour éviter cette concentration, qu'un
contrôle direct sur le passage des quotas d'un individu vers un autre ou
d'une compagnie vers une autre; cela me paraît absolument essentiel.
Ce n'est ni le plan conjoint actuel qui va régler le
problème, ni l'absence de plan conjoint. M. le ministre donnait
l'exemple américain qui est vérifiable.
M. Garon: Je ne suis pas d'accord.
M. Fontaine: Je pense que M. le ministre n'est pas tout à
fait d'accord.
M. Giasson: II y a des règlements qui limitent le volume
de quotas pour un même producteur.
M. Ouellette: D'accord, mais c'est très limité
comme contrôle.
M. Giasson: On trouve des noms d'emprunt.
M. Ouellette: Des noms d'emprunt, de faux noms, etc.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Il me reste combien de
temps? Je suis prudent depuis avant le souper.
Le Président (M. Laplante): II vous reste quatre
minutes.
M. Roy: M. le Président, plusieurs choses ont
été dites, mais j'aimerais quand même, pour en venir aux
décisions, compte tenu des discussions qui ont eu lieu autour de cette
table depuis que nous avons entrepris l'étude de l'article 3 de la loi,
proposer un amendement: "Que le paragraphe a) de l'article 3 soit
modifié en remplaçant les mots "à fixer le temps et le
lieu et les prohiber" par les mots "fixer le temps et le lieu de la mise en
marché et prohiber la mise en marché".
Je vous fais tenir une copie de l'amendement, M. le Président. Si
vous n'êtes pas prêt à l'accepter immédiatement,
j'aurais peut-être quelques commentaires quant à la
recevabilité de la motion.
Le Président (M. Laplante): Elle est recevable, M. le
député.
M. Roy: Merci, M. le Président, c'est une très sage
décision. D'ailleurs, j'avais dit que je ne ferais pas de commentaire
sur vos décisions, M. le Président.
M. Fontaine: On sait qu'il est assez difficile de vous faire
changer d'idée! (21 h 15)
M. Roy: M. le Président, dans le paragraphe c) de
l'article 3, qui amende l'article 67 de la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles, j'aimerais, pour commencer notre discussion, lire l'article
de la loi tel que contenu dans le chapitre 36, ce qui fut appelé le bill
12 de 1974. Dans le chapitre 36 de la loi de 1974, le paragraphe c) se lisait
comme suit: "Contingenter la production et la mise en marché."
C'était considéré comme un tout. "Fixer le temps et le
lieu de la mise en marché et prohiber la mise en marché faite
à l'encontre d'un règlement adopté en vertu du
présent paragraphe."
M. le Président, le présent article tel que
présenté par le ministre: contingenter la production, un point;
contingenter la mise en marché, un deuxième point; en fixer le
temps et le lieu et les prohiber lorsqu'elles sont faites à l'encontre
d'un règlement adopté en vertu du présent paragraphe. On
dit "en fixer le temps et le lieu et les prohiber lorsqu'elles sont faites
à l'encontre des règlements." Fixer le temps, d'abord, et le
lieu. Lorsqu'on dit fixer le temps et le lieu de la livraison d'un produit au
moment où il est mis en marché, c'est une chose. Fixer le temps
et le lieu de la production, c'en est une autre.
On a dit, tout à l'heure, et là-dessus j'appuie mon
collègue, le député de Joliette-Montcalm, qu'il faut quand
même faire confiance aux agriculteurs. Les agriculteurs sont des gens
intelligents. Personne n'osera dire le contraire, ici à cette commission
parlementaie, personne n'oserait le nier non plus. Les agriculteurs sont
capables de gérer leurs affaires, dans leur ensemble. Lorsqu'un quota
est établi pour livrer un produit à telle date, il y a
l'obligation pour le producteur d'organiser sa production en
conséquence. C'est l'obligation que le producteur a de gérer son
entreprise en homme d'affaires et de s'organiser en conséquence.
Or, l'article 96 de la loi prévoit, à un moment
donné, des pouvoirs à la Régie des marchés
agricoles pour faire appliquer la loi. Parmi les pouvoirs de
régisseur qui sont très clairement mentionnés au chapitre
36 de la loi, "un régisseur ou toute personne autorisée par la
régie à faire enquête ou à faire une inspection
peut: "a) ordonner l'immobilisation d'un véhicule automobile ou autre
moyen de transport lorsqu'il y a un motif raisonnable de croire qu'il s'y
trouve un produit agricole, y pénétrer et faire l'inspection de
ce produit."
Au paragraphe b) de l'article 96: "Pénétrer dans un bureau
d'un office de producteurs ou dans un établissement ou local servant
à la production ou à la mise en marché d'un produit
agricole ou dans un bureau d'une entreprise de production ou de mise en
marché d'un produit agricole et faire l'inspection de ce produit." Il
faut songer, à ce moment-là, à quel niveau il faudra
appliquer la loi, à quel niveau et où devront aller les
inspecteurs de la Régie des marchés agricoles pour faire
appliquer la loi.
Lorsqu'il y a des pouvoirs de réglementation concernant le
contingentement de la production et de la mise en marché dans son
ensemble, on sait très bien que, généralement, dans la
majorité des cas, l'inspection se fait aux endroits où le produit
est livré parce que le producteur a un quota à livrer et il
s'engage, c'est-à-dire qu'il peut, mais ne veut pas dépasser
telle quantité de produits qu'il doit livrer. Lorsque,
évidemment, il s'agit de la chair de volaille, il y a des dates; il faut
fixer un temps, il faut fixer un lieu pour déterminer à quel
endroit la mise en marché peut se faire.
Lorsqu'on reporte tous ces pouvoirs au niveau de la production, il ne
faut pas oublier que cela suppose que les pouvoirs d'inspection de la
régie vont se transposer sur la ferme. On nous dit que c'est ce qu'il
faut. Ceux qui disent qu'il faut cela, le ministre de l'Agriculture n'est pas
tout à fait d'accord avec eux. Notre collègue qui est membre de
FEDCO et détenteur d'un quota de production de FEDCO... Je n'ai pas de
quota et je n'ai rien à défendre, personnellement,
là-dessus.
M. Garon: Vous sauriez comment cela fonctionne.
M. Roy: Je n'ai pas besoin d'en avoir, je sais très bien
comment cela fonctionne. Quoi qu'en disent et quoi qu'en pensent certains, je
m'excuse, je sais très bien comment cela fonctionne. Il ne suffit pas
d'être limité dans le comté de Lévis pour savoir ce
qui se passe dans le monde agricole; on peut aller voir un peu ailleurs.
M. le Président, des abus de réglementation, il y en a eu
dans le passé, on n'a pas besoin de revenir là-dessus; les
exemples sont trop nombreux. Pour n'en citer que deux ou trois, rien ne nous
garantit qu'il n'y aura pas encore d'abus de réglementation.
Quand on dit, à un moment donné, que ce sont les
producteurs qui vont décider, il y aurait une nuance à faire. Je
serais porté à reprendre un peu l'histoire de mon collègue
et ami, le député de Beauce-Nord, tout à l'heure pour dire
qu'il a oublié le dernier chapitre de son histoire.
M. Ouellette: Je n'ai pas de quota non plus.
M. Roy: Non, il n'a pas de quota à défendre, mais
je prends l'histoire qu'il nous a citée tout à l'heure du bon
père de famille qui disait: Je te donne le "char", mais je garde la
clé. Ce qu'il faudrait dire, en vertu des dispositions de la loi, ce que
le père de famille devrait dire à son garçon c'est: Je te
donne la clé, mais forme un syndicat et donne la clé au syndicat
parce que c'est le syndicat qui va décider. Tu vas être membre du
syndicat, tu auras droit de parole cependant. Il y a une énorme
distinction à faire. Les enseignants savent ce que je veux dire quand je
parle de ces choses. Il y a une différence entre contrôler la
production chez le producteur et contrôler la mise en marché.
M. Ouellette: Est-ce que vous dites que les enseignants sont mal
attelés?
M. Roy: Non, écoutez, je ne rentrerai pas dans les
confidences que le député de Beauce-Nord m'a faites
lui-même, M. le Président. C'est un peu comme si on disait
à des journalistes, demain matin, M. le Président, je vais faire
une comparaison. On sait très bien que lorsque les journalistes ont
à faire des reportages, ils doivent soumettre leurs travaux, ils doivent
soumettre leurs documents, leurs reportages à ce qu'on appelle le
pupitre. Le pupitre a des pouvoirs; compte tenu de l'espace, il y a un certain
contingentement au niveau de l'espace, réduire l'article, le couper,
voire ne pas le publier non plus, prohiber l'article, mais lorsqu'on parle de
la production, cela veut dire de l'ingérence dans la rédaction
même de l'article. Si je transpose le problème au niveau de la
presse et au niveau de l'information, c'est la même chose, il n'y a pas
de différence. On change de secteur, mais c'est le même principe
qui prévaut.
Je dis, à ce moment-là, que si on veut contrôler la
production agricole sur la ferme du producteur, on dit que les producteurs
agricoles, au Québec, n'ont pas la compétence voulue pour
gérer leurs affaires. Parce qu'il y a eu quelques cas, à un
moment donné, qui sont allés devant les tribunaux, qui
représentent quel pourcentage de la production, je serais bien curieux
de le savoir. Il y a des statistiques qui ont été publiées
là-dessus. On fait des lois d'ensemble, des lois globales pour des cas
d'exception. C'est sérieux. Ce n'est pas seulement dans ce secteur qu'on
fait ces choses. Je comprends que pour la classe agricole, il y a un choix que
les agriculteurs doivent faire. Il y a justement une réunion au cours de
laquelle j'ai eu l'occasion d'en rencontrer un certain nombre et je le leur ai
dit clairement.
Ils ont un choix à faire. Ils sont maîtres sur leurs fermes
tenant compte des outils qu'ils se donnent, tenant compte des organismes qu'ils
se donnent. C'est entendu que lorsque l'agriculteur devient membre d'une
coopérative, il faut que là coopérative lui rende des
services. La coopérative a besoin de pouvoirs pour lui rendre ces
services. Lorsque les agriculteurs se donnent des plans
conjoints, personne ne peut dire que les plans conjoints n'ont pas
besoin de pouvoirs. Les plans conjoints ont besoin de pouvoirs pour être
efficaces. Tout le monde admet cela. Il y a des pouvoirs prévus dans la
loi 36, mais il y a une question que nous devons nous poser tous ensemble.
Jusqu'où doit-on accorder des pouvoirs, jusqu'où doit-on en
accorder?
Est-ce qu'on doit accorder des pouvoirs tels que cela pourrait permettre
de façon très légale d'aller contrôler l'agriculteur
chez lui, à sa ferme? C'est là qu'est la question, M. le
Président. C'est une question qui est fondamentale, c'est une question
de fond. Est-ce qu'on doit donner ces pouvoirs à des organismes
constitués, même si ce sont des agriculteurs qui sont membres?
Quand les agriculteurs sont membres d'un organisme, c'est une
délégation de pouvoirs qu'on fait à l'organisme. On sait
très bien, M. le Président, qu'à ce niveau-là,
lorsqu'on donne des pouvoirs aussi étendus que ceux-là, il y a
toujours quelqu'un quelque part qui, par la force des choses, avec le temps,
finit par accaparer ces pouvoirs et exercer, en quelque sorte, un
contrôle sur ceux dont il a le mandat de surveiller les
intérêts, un contrôle, une domination. Ce sont des choses
qui sont arrivées ailleurs. Il y a eu bien des lois spéciales
présentées à l'Assemblée nationale contre,
justement ces abus de pouvoirs et ces abus de réglementation dans le
passé. Je ne voudrais pas que la classe agricole du Québec soit
victime de la même situation.
Quand j'entendais le ministre tout à l'heure nous dire: La Cour
suprême. Oui, la Cour suprême a dit que le Québec avait le
pouvoir de contingenter et de réglementer la production. C'est
sûr, mais la Cour suprême n'a jamais dit: Vous devez le faire. La
Cour suprême n'a jamais dit cela. Le jugement de la Cour suprême
je me réfère à la Terre de chez nous: Pourquoi
alors une telle loi? Elle a été rendue nécessaire suite
à un jugement de la Cour suprême du Canada rendant ultra vires,
donc illégales les dispositions législatives
fédérales concernant les modalités de perception des
cotisations pour le financement du système de commercialisation. Par
ailleurs, le même jugement déclarait valide le système de
commercialisation des oeufs. Le litige réside donc uniquement dans les
modalités de perception de la cotisation.
J'ai ici la loi du Nouveau-Brunswick, M. le Président et, dans
cette loi, il n'y a absolument rien, absolument rien, qui vise à
contingenter la production. Les lois du Nouveau-Brunswick sont publiées
dans les deux langues, d'un côté en français et de l'autre
en anglais. Je l'ai lue à plusieurs reprises. Il n'y a rien dans la loi
du Nouveau-Brunswick. Pourtant, on a fait référence à la
loi du Nouveau-Brunswick pour nous dire qu'il fallait aussi, à
l'Assemblée nationale du Québec, déposer une loi.
M. le Président, je pense que les mots ont quand même leur
signification et il faut être très prudent dans les pouvoirs qu'on
accorde, parce que ce ne sont pas les offices de producteurs qui nomment les
inspecteurs, c'est la Régie des marchés agricoles et c'est dans
la loi. C'est dans la loi.
M. Garon: Une chance que vous n'avez pas nommé
Terre-Neuve.
M. Roy: Terre-Neuve, écoutez, on ne peut pas faire de
comparaison avec Terre-Neuve, quand même.
M. Garon: Bien.
M. Roy: Quand le ministre veut protéger les terres
agricoles pour promouvoir l'agriculture au Québec et que, moins d'un
mois après, on est obligé de se battre à une commission
parlementaire parce qu'on veut contrôler la production, il y a parfois,
comme dirait le député de Saint-Hyacinthe, je n'ai pas fait mon
cours classique, où il faut avoir étudié le latin pour
pouvoir le perdre. Il y a quelque chose là-dessus.
Il faudrait quand même tenir compte du fait...
M. Garon: Au Nouveau-Brunswick, on produit quoi?
M. Roy: Les mots ont leur valeur et si les agriculteurs du
Québec, c'est leur choix de vouloir être contrôlés
à leur ferme, que leur production soit contrôlée à
leur ferme, c'est leur choix. Mais ce choix comporte aussi des restrictions. Il
faut que les agriculteurs en soient conscients, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce, je ne veux pas vous décourager, mais il arrive un pépin,
une erreur de transcription dans votre résolution, à la
deuxième ligne, j'aimerais la corriger tout de suite, vous avez
écrit, "a fixé" et ce serait, "en fixer".
M. Roy: D'accord. Ce n'est pas un trop gros pépin, cela ne
m'empêchera pas de dormir.
Le Président (M. Laplante): Acceptée, cette
correction? Je ne voulais pas vous décourager non plus. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je suis heureux de
l'intervention du député de Beauce-Sud, mais je viens de
comprendre beaucoup plus l'objet de sa ténacité contre la loi
116. J'aurais le goût, au départ, de continuer l'histoire que
voulut bien allonger mon ami de Beauce-Nord...
M. Ouellette: La Beauce sauvera l'agriculture, un jour.
M. Chevrette: ... en lui disant...
M. Roy: Elle a déjà sauvé bien autre
chose.
M. Chevrette: Je vais m'abstenir, j'aurais peur qu'il rie.
M. le Président, quand le député de Beauce-
Sud parle de confier à des syndicats le soin d'établir les
règlements, c'est une délégation de pouvoirs. On vient de
découvrir, pour moi, c'est peut-être la première fois que
je le vois, une des raisons fondamentales énoncées par un
député de l'Opposition pour se prononcer contre la loi et contre
le contrôle de la production. Je viens de comprendre carrément,
avec toute l'argumentation qu'il a donnée, les références
aux enseignants, les références un peu aux cultivateurs dans
certains milieux qui se disent mécontents, qu'ils n'ont pas le
contrôle de leur organisme. J'ai entendu ça pendant six ans sous
un certain gouvernement, vous en avez donné des preuves en disant qu'il
y avait eu des lois d'exception. Mais les lois d'exception n'ont jamais
été en fonction de la démocratie interne. Cela a
été pour mettre fin à des problèmes.
Personnellement, quand quelqu'un vient me dire qu'il est
mécontent de sa structure, qu'il entre dans mon bureau, je lui demande:
Vas-tu à tes réunions, en parles-tu à tes voisins, es-tu
capable de regrouper ton monde, aller à ton assemblée, avoir le
courage de le dire, au lieu de l'écouter pleurnicher s'il reste chez eux
et qu'il chiâle contre sa propre structure? C'est ce que je lui dis. Sois
responsable d'abord, parce que c'est un geste de responsabilité que tu
as posé le jour où tu as adhéré à un
syndicat. (21 h 30)
Quand tous les syndiqués vont à une réunion, M. le
député de Beauce-Sud, et que les dirigeants leur disent qu'ils
font la grève et j'ai fait du syndicalisme pendant 18 ans; je
connais cela un petit peu, moi aussi quand les gens arrivaient en masse
et qu'ils votaient contre la grève, il n'y avait pas de grève. Et
quand les cultivateurs en masse, sur un plan conjoint, se présenteront
pour voter contre une réglementation qu'ils jugent abusive, à un
temps x, ils vont changer leurs règlements.
Mais n'allons pas affirmer, par exemple je trouve cela
très faible comme argumentation qu'on confie cela à un
syndicat. Le syndicat, c'est comme un gouvernement. Vous vous plaisez à
dire que le gouvernement, ce sont les contribuables québécois.
Mais un syndicat, ce sont les membres qui le composent. C'est exactement la
même chose. Qu'on ne vienne pas nous faire pleurnicher avec une
argumentation du genre pour dire que c'est effrayant de donner à une
structure, qui est le syndicalisme agricole, le soin de gérer un office,
de gérer un plan conjoint. Ce sont les membres, s'ils participent et
s'ils sont intéressés... Je n'ai pas fini.
M. Roy: J'invoque un peu le règlement, parce que le
député...
M. Chevrette: Je vais être tolérant un peu, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Le député est en train de faire une
embardée.
M. Chevrette: Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est vous.
M. Roy: Ce que j'ai dit, M. le Président, je n'ai pas dit
qu'on ne devait pas confier cela à un syndicat. La question que j'ai
posée, c'est: Jusqu'où peut aller la délégation de
pouvoir? Jusqu'où doit-on aller? C'est ce que j'ai dit: Jusqu'où
doit-on aller? Je n'ai pas amené le principe de la
délégation de pouvoir. J'ai tout simplement voulu poser la
question, à savoir qu'il y a une certaine limite.
M. Chevrette: J'ai compris.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je vais reprendre:
Jusqu'où peut aller une délégation de pouvoir? Je suis
heureux, cela ne me dérange pas, cela ne change pas le fond de mon
argumentation. L'argumentation du député de Beauce-Sud est
toujours basée sur des craintes. Jusqu'où peut-on aller?
Jusqu'où peut-on réglementer? C'est jusqu'où les membres
le voudront. Faites-leur confiance et c'est tout.
M. Gagnon: Jusqu'où ils en auront besoin.
M. Chevrette: C'est cela que vous ne comprenez pas. Vous vous
obstinez. Je suis content que vous le fassiez, d'une certaine façon,
parce que cela fait connaître des positions. Moi, je pourrais bien dire:
La législation civile permet à des intégrateurs de
contrôler la production d'un producteur chez lui. J'ai un contrat
d'intégration ici. Le gars a signé, de lui-même, un contrat
de cinq ans, renouvelable pour cinq ans, avec une clause
d'au-tomaticité. C'est marqué qu'il pourra retarder, dans un
délai raisonnable, le début de tout élevage; cela
contrôle la production de l'individu. C'est lui qui, seul, s'est
engagé à cela pour un intégrateur. Pourquoi un groupe ne
pourrait-il pas se fixer les mêmes normes, s'il le désire?
C'est une question de non-confiance envers la classe agricole.
Même si vous essayez de vous camoufler avec des mots, arrêtez donc
de vous abrier. Ne basez pas toujours votre argumentation sur jusqu'où.
Ils ont peut-être peur des réglementations. Ils sont assez
intelligents pour se donner de simples réglementations. Ils sont assez
intelligents pour se donner ce qu'ils voudront se donner.
Je n'en reviens pas de ce genre d'argumentation pour quelqu'un qui se
proclame le défenseur de la classe agricole au Québec et qui ne
leur fait même pas confiance au départ, pour se donner un plan
qu'ils veulent bien.
M. Fontaine: C'est pour cela que Dédé Desjardins a
contrôlé les plombiers?
M. Chevrette: Dans le cas de Dédé Desjardins, il y
a eu des abus de pouvoir. Je suis heureux que vous me posiez la question vous
aussi. Comme avocat, vous n'auriez pas dû faire cette embardée.
Dédé Desjardins, si vous voulez en parler, on va s'en parler
longtemps. C'est hors du sujet: Vous pourriez me rappeler que je suis hors du
contexte.
Mais avoir un abus de pouvoir d'un leader, M. le Président, par
rapport à une structure, c'est nettement différent. Si le
député de Nicolet-Yamaska n'est pas capable de faire la
distinction entre un abus de pouvoir d'un gars, par rapport à une
structure démocratique, je pense que cela fait vraiment dur. Il doit
savoir que, même si tu vises la pureté et que tu ne veux pas qu'il
y ait de crimes, tu auras toujours un bandit quelque part. C'est
évident. D'ailleurs, vous seriez malheureux qu'il n'y en ait pas, M.
l'avocat.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: M. le Président, à la lecture de la
motion que vient de présenter le député de Beauce-Sud, je
comprends qu'il veuille laisser au producteur la possibilité de produire
au-delà de ce que son quota lui permet de mettre en marché.
J'espère que j'interprète bien la motion.
Je voterai contre pour la raison suivante. Comme exemple, je prends les
oeufs. Je ne pose pas en spécialiste, évidemment, mais j'ai
quelques notions qui peuvent servir à l'information. Dans le secteur des
oeufs, comme dans la plupart des autres secteurs, le gouvernement
fédéral évidemment fixe des quotas nationaux, les
provinces fixent des quotas locaux et les producteurs ont évidemment des
quotas dont la somme de tous les quotas répartis au Canada doivent
correspondre avec le quota national. Si, par exemple, monsieur X a un quota de
30 000 têtes et que, visitant son poulailler, je découvre que le
monsieur garde 50 000 têtes, j'ai le droit, je pense, de me poser des
questions à savoir: ce qu'il va faire de la production des 20 000 poules
additionnelles. On a dit quelque part dans cette discussion
qu'évidemment il ne gardait pas ces oeufs-là pour manger à
Noël. Il va donc falloir qu'il les écoule quelque part.
Selon l'expérience que j'ai, je sais que certains producteurs qui
jouent à ce petit jeu, puisque la loi le leur permet actuellement,
répondent: Voyez-vous, cela n'affecte pas le marché
québécois, c'est pour aller vendre en Ontario. Ce qui est
illégal, à tout le moins. Par contre, ce que l'on sait, c'est
que, souvent, la production de ces 20 000 poules additionnelles, au-delà
du quota, s'écoule souvent en dessous de la table, ce qu'on appelle le
marché noir, et a pour effet d'affecter le marché traditionnel,
c'est-à-dire le marché reconnu par l'ensemble des quotas du
pays.
Lorsque ce jeu-là se joue, il faut se demander, je pense, qui
s'en trouve pénalisé. Il est clair, à mon avis, que les
premiers pénalisés par cette tricherie ou cette fraude sont les
producteurs qui respectent le quota, puisqu'une production illégale
vient faire baisser la demande du marché.
Si on a le moindre respect pour les gens qui se comportent
honnêtement face à la loi, je pense qu'on doit prendre tous les
moyens légaux possibles pour faire en sorte que ces gens qui trichent
n'aient plus le droit de le faire, parce qu'ils viennent pénaliser les
gens qui sont plus honnêtes qu'eux, "qu'eux" et non pas "oeufs".
Pour ces raisons, il me paraît évident qu'un gouvernement
le moindrement soucieux du bien commun et de la préservation des droits
de ceux qui les utilisent en les respectant, qu'un gouvernement de ce genre,
dis-je, doit prendre tous les moyens qui s'imposent pour éviter que de
telles procédures cessent.
Ce faisant, non seulement on protégera le marché, mais on
évitera peut-être également un certain nombre de poursuites
judiciaires qui ont eu lieu depuis plusieurs années, parce que la loi
12, chapitre 36 permettait à des gens peu soucieux du bien commun d'agir
de cette façon-là. Je voterai donc contre la motion car, quant
à moi, c'est un devoir moral d'agir ainsi pour protéger les vrais
producteurs d'oeufs qui se conforment aux lois.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je me pose bien des
interrogations sur un mémoire qui a été
présenté par la Coopérative fédérée
de Québec, le 16 décembre 1978. On l'a cité à
plusieurs reprises, mais je pense que c'est important de revenir encore
aujourd'hui là-dessus, parce que le ministre nous a dit qu'à la
suite d'un télégramme qu'il avait reçu le 18
décembre, la Coopérative fédérée de
Québec avait décidé d'appuyer le projet de loi 116. Nous
autres, en tout cas, moi, personnellement, j'ai pris la peine de contacter
plusieurs personnes, soit de la Coopérative fédérée
ou soit de la Coopérative agricole de Granby. On a un tout autre son de
cloche qui nous parvient. Je m'interroge grandement. Comment se fait-il que la
fédération, par l'entremise de son avocat, Me Gagnon, qui avait
présenté le mémoire, qui disait des choses tellement dures
à l'endroit du projet de loi 116, le 16 décembre 1978, le 18
décembre 1978, change complètement d'idée? Il y a eu
certainement des pressions qui ont été exercées quelque
part. Je ne peux pas concevoir que cette fédération, aujourd'hui,
ne dise plus un mot sur le projet de loi 116, alors qu'elle avait émis
des opinions assez fortes à l'encontre de ce projet de loi. Les
préoccupations qu'elle avait n'ont pas été changées
par la loi, elles sont encore là aujourd'hui. Je vais vous en lire
quelques extraits, et vous allez comprendre que cela ne se peut pas qu'elle ait
changé d'idée aussi vite que cela.
M. Garon: Avez-vous déjà plaidé?
M. Fontaine: Vous, avez-vous déjà plaidé? Je
pense que non.
M. Garon: Non. Avez-vous déjà plaidé? M.
Fontaine: J'ai plaidé et je plaide encore.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Quand vous plaidez, plaidez-vous toujours avec beaucoup
de modération?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Fontaine: Non, pas toujours. Je ne change pas d'idée du
jour au lendemain, par exemple. Cela me prend quelqu'un pour me convaincre.
On dit, par exemple, à la page 3 du mémoire: "Vous vous
rappellerez que, lors du conflit entre l'Agence de commercialisation du lait et
la Fédération des producteurs de lait du Québec dont la
Régie des marchés agricoles a été saisie il y a
quelques années, le président de cette fédération,
M. Mailloux, avait menacé les producteurs membres de l'ACL de leur
enlever leur contingent s'ils refusaient l'ordre illégal de la
fédération dirigeant tout le lait de ces producteurs à la
laiterie Dolbeau au lieu de l'ACL." On parle d'une menace. Cela se rapproche un
peu des propos qui ont été tenus par le député de
Beauce-Sud.
Si on regarde à la page 9, on dit ceci: "Supposons qu'il y ait
quelque nécessité de bien distinguer, comme dit le commentateur,
la production de la mise en marché et de remplacer le mot "vente" par
les mots "mise en marché", pourquoi accorder le pouvoir de prohiber non
seulement la mise en marché, mais aussi la production faite à
l'encontre, non pas d'un règlement adopté en vertu du
présent paragraphe, mais d'un règlement adopté en vertu de
la présente loi?" Je pense que cela a été
modifié.
Il poursuit: "Pourquoi aussi donner le pouvoir de fixer le temps et le
lieu de la production, au lieu du pouvoir actuel de fixer le temps et le lieu
de la mise en marché? En effet, fixer le temps et le lieu de la
production par rapport à la mise en marché est un pouvoir
énorme qui permet la discrimination par l'office entre producteurs et
groupes de producteurs. Il permet à l'office de faire une
sélection des producteurs qui pourront produire ou des groupes de
producteurs qui pourront produire par rapport aux producteurs ou aux groupes de
producteurs qui ne pourront pas produire. C'est tout autre chose que de fixer
le temps et le lieu de la mise en marché et, selon la loi actuelle, de
prohiber seulement la mise en marché en certaines circonstances. "Ce
pouvoir d'intervention dans la production elle-même est extrêmement
grave. Nous considérons que les pouvoirs existants, accordés par
l'article 67 actuel à un office de producteurs, sont déjà
exorbitants à plus d'un titre. Depuis 20 ans, les offices de producteurs
ont très bien fonctionné sans les pouvoirs additionnels
proposés. Ce ne sont que les offices qui ont cherché à
abuser de leur pouvoir et qui ont agi illégalement, qui se cacheraient
désormais de leurs abus derrière cette législation.
"Ainsi, les pouvoirs additionnels proposés par le projet de loi, en plus
d'être inutiles au bon fonctionnement des plans conjoints qui tiennent
compte de l'article 2 de la loi, nous apparaissent comme des leviers
automatiques, automatisant la violation des droits et des libertés les
plus fondamentales."
M. le Président, après avoir lu ça, je ne peux pas
comprendre aujourd'hui que la Fédération des producteurs de lait
du Québec appuie le projet de loi 116; ça ne me rentre pas dans
la tête et il y a quelqu'un qui va me donner des explications
là-dessus.
M. Garon: Je peux poser une question? Pensez-vous que, quand les
coopératives font des contrats qui obligent les membres à faire
affaires avec les coopératives, on viole les libertés les plus
fondamentales?
M. Fontaine: Ce n'est pas là le problème. (21 h
45)
M. Garon: C'est là. Parce qu'il faut qu'une
coopérative fonctionne, une coopérative estime que c'est
nécessaire d'avoir des contrats, autrement les gens pourraient la
quitter n'importe quand. Aussitôt qu'arriverait un concurrent qui
offrirait un meilleur prix, ils quitteraient la coopérative. Tout le
monde considère que, pour que la coopérative fonctionne, il faut
qu'il y ait des contrats qui lient les gens avec la coopérative. Est-ce
que les libertés fondamentales sont violées?
M. Fontaine: Mais qu'est-ce que vous répondez à ces
arguments?
M. Garon: Je vous réponds par le même genre
d'arguments.
M. Fontaine: C'est une interrogation que vous faites, ce n'est
pas une réponse.
M. Garon: Oui, mais poser la question, c'est y
répondre.
M. Fontaine: Vous faites cela à l'Assemblée
nationale d'ailleurs, vous ne répondez jamais. Je ne comprends pas
cela.
M. Garon: Dans certains régimes, il faut qu'il y ait des
mesures accessoires qui aillent avec le fonctionnement d'un régime. Le
député de Montmagny-L'Islet vous a expliqué cet
après-midi qu'un plan conjoint, pour qu'il fonctionne, on n'a pas le
choix, il faut qu'il y ait un contrôle dessus. On ne peut pas discuter
bien longtemps là-dessus. De la même façon, une
coopérative... Il a même été prévu de
façon obligatoire, dans certaines lois coopératives, que le
membre soit obligé de faire affaires avec sa coopérative,
autrement, on le met dehors. Pourquoi? Pour que la coopérative
fonctionne et, pour que la coopérative puisse fonctionner, elle doit
être assurée d'une certaine fidélité, c'était
même dans les principes coopératifs: fidélité
à sa coopérative. On l'a mis dans les lois dans certains cas et
là, de la même façon, pour que le
plan conjoint fonctionne, il y a des principes de base. Autrement, s'il
n'y a pas de contrôle de la production, le plan conjoint ne peut
fonctionner.
M. Fontaine: On ne parle pas du contrôle de la production,
on parle de fixer le temps et le lieu et les prohiber, c'est de ça qu'on
parle. C'est un pouvoir additionnel et c'est bien indiqué par la
fédération...
M. Garon: Quand vous prétendez, par ces arguments,
protéger les petits, ce n'est pas vrai, vous protégez les gros,
vous ne protégez pas les petits.
M. Fontaine: Voyons donc!
M. Garon: Vous protégez les gros, parce que ce sont les
gros qui vont faire les règles du jeu si elles ne sont pas faites de
façon démocratique par l'ensemble des producteurs. La meilleure
façon pour que les règles protègent les gens, c'est que
les règles soient faites pour l'ensemble des gens. La meilleure preuve,
on le disait tantôt, c'est que, dans certaines productions, il n'y a pas
de réglementation, ce sont les gros qui fixent les règles du
jeu.
M. Fontaine: Vous me faites rire un peu quand vous parlez de
démocratie.
M. Chevrette: II y en a qui...
Le Président (M. Laplante): J'appelle la motion...
M. Chevrette: ... dans la démocratie. M. Fontaine:
Oui, ici, il y en a.
Le Président (M. Laplante): J'appelle la motion du
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. J'aurais simplement
quelques mots à ajouter à la suite des propos qui ont
été tenus par le député de Joliette-Montcalm.
J'ai voulu, tout à l'heure, attirer l'attention des membres de la
commission au niveau des pouvoirs qu'on confie, à un moment
donné, en vertu de lois. C'est de cela que j'ai parlé. Les
pouvoirs, qu'on le veuille ou non, s'exercent toujours par des structures. Les
structures, avec le temps, renforcent, deviennent de plus en plus fortes,
deviennent de plus en plus omniprésentes, deviennent de plus en plus
omnipuissantes, d'abord par le personnel qui compose les structures et,
deuxièmement, par les moyens dont les structures disposent.
C'est un phénomène qui n'est pas unique, c'est un
phénomène que je qualifierais de phénomène
universel. S'il y en a, à un moment donné, dans certains secteurs
des noms ont été donnés tout à l'heure,
autour de la table c'est justement parce que des gens, quelque part, se
sont emparés des structures. On a vu jusqu'où cela a
été. C'est là-dessus que je veux parler, que je veux
attirer l'attention. Il arrive trop souvent que ceux qui dirigent certains
organismes je ne parle pas de l'UPA, je ne parle pas des offices de mise
en marché en particulier, je ne veux pas qu'on charrie...
M. Garon: ... la construction.
M. Roy: II y a un principe général qui doit nous
guider. Je parle du principe général. Il arrive parfois que, pour
servir les intérêts des structures, on sacrifie les gens, on
sacrifie les membres, on sacrifie les citoyens. Quand on parle des pouvoirs de
production, dans les lois de certaines provinces... J'ai remarqué que
mon collègue de Beauce-Nord a dit qu'à cause des oeufs, il
était prêt à accepter un certain pouvoir de contrôle.
En ce qui a trait aux oeufs, cela ne me cause pas de préoccupation, mais
qu'on l'étende dans une loi générale. Même le
Nouveau-Brunswick a fait, dans sa loi de mise en marché, deux
distinctions précises. Premièrement, promouvoir, contrôler
et réglementer à tous égards, ou à certains
égards seulement, dans la province, la commercialisation des produits de
ferme qui relèvent de la compétence législative de la
Législature, y compris le pouvoir d'interdire totalement ou
partiellement la commercialisation. C'est dans le sens de mon amendement.
Deuxième distinction: promouvoir, contrôler et
réglementer à tous égards ou à certains
égards seulement, dans la province là, ils ont
spécifié des secteurs déterminés de façon
à ne pas accorder des pouvoirs généraux; dans le
Nouveau-Brunswick, on a déterminé les secteurs dans la
province, la production des oeufs et des produits à base de volaille qui
relèvent de la compétence législative de la
Législature, y compris celui d'interdire totalement ou partiellement
cette production. Mais ils disent dans les oeufs et dans la volaille. Tous les
arguments qui ont été servis ici aujourd'hui, en faveur du
contrôle de la production, même par le ministre, les exemples qui
nous ont été donnés, c'était dans le secteur des
oeufs et de la volaille. Nous en sommes conscients. Pour quelle raison le
gouvernement du Québec ne proposerait-il pas un amendement demain pour
faire une distinction, pour ne pas donner des pouvoirs de contrôle et
interdire la production dans tous les secteurs de la production agricole? Je
n'oublie pas, M. le Président, que la loi 36 de 1974 permet quand
même au lieutenant-gouverneur en conseil de décréter des
offices de producteurs sans le consentement des agriculteurs et sans
référendum. Il ne faut pas oublier cela. Cela existe dans la loi.
On ne me dira pas que c'est une volonté des producteurs, mais si le
ministre...
M. Garon: C'est seulement comme cela que cela se fait au
Nouveau-Brunswick.
M. Fontaine: Non, ils ont toujours fait des
référendums, au Nouveau-Brunswick.
M. Garon: Ils ne sont pas obligés.
M. Fontaine: Non, mais ils en font pareil.
M. Roy: Ce sont des démocrates.
M. Fontaine: Plus que cela, chaque fois qu'il y a un
problème, ils en font un autre.
M. Roy: Je demanderais au ministre ceci. On est quand même
à sept ou huit minutes...
M. Garon: Comparons-nous à des provinces comparables.
Comparons-nous à l'Ontario.
M. Roy: J'aimerais quand même, M. le Président,
demander, étant donné que la préoccupation
gouvernementale, que la préoccupation des producteurs qui sont ici, que
la préoccupation des syndicats de base concerne surtout les oeufs et
tous les produits qui relèvent de la volaille, surtout les grandes
préoccupations de contingenter la production, qui relèvent
surtout à ce niveau-là, si le ministère serait prêt,
quitte à revoir la loi dans un an, deux ans ou trois ans si cela ne
fonctionne pas, serait prêt à se limiter exclusivement dans ces
secteurs. Je pense que cela pourrait rassurer bien du monde. Et les
expériences qui seraient faites dans ces secteurs du contrôle de
la production, dans ces secteurs précis, dans ces secteurs particuliers,
pourraient apporter de l'éclairage et pourraient apporter une bonne
expérience à ce qui pourrait éventuellement être
fait dans d'autres domaines.
M. le Président, ce contre quoi nous sommes, ce n'est pas dans le
cas précis des oeufs, ce n'est pas dans ce cas particulier des oeufs, ce
n'est pas dans le cas particulier de la volaille, mais ce sont les pouvoirs
généraux qu'on donne et qui peuvent être utilisés
dans tous les secteurs de la production agricole. Dans tous les secteurs cela
peut être utilisé. On me dira que ce sont les producteurs qui
décident. Mais pour avoir travaillé dans le milieu, pour avoir
travaillé dans les coopératives pendant un certain nombre
d'années, on sait très bien, M. le Président, qu'il y a
toujours un certain nombre de personnes qui sont perdues dans cette
réglementation, dans toutes ces subtilités, qui ont de la
difficulté à suivre et, après, se retrouvent avec des
difficultés énormes. On le sait. On représente des
individus, ici à cette commission. On ne représente pas
nécessairement des structures. Ce sont des individus, des êtres
humains qu'on représente.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, hier, le chef de l'Union
Nationale reprochait au ministre de l'Agriculture de vouloir tout
décider d'en haut, de se garder trop de pouvoir en haut. Ce soir, le
député de Beauce-Sud nous dit qu'on donne trop de pouvoir aux
structures d'en bas. Cela me paraît une contradiction, en tout cas, pour
les tenants des adversaires de la loi 116. D'autant plus que le
député de Beauce-Sud argumente avec des comparaisons qui ne
tiennent pas. Il prend l'exemple du Nouveau-Brunswick pour essayer de donner
l'explication pour la loi 116; c'est une province qui n'est autosuffisante dans
à peu près aucun domaine. Plus que ça, elle ne produit pas
de lait, elle ne fait pas de beurre, apparemment. Elle est riche en pommes de
terre, c'est tout.
L'État se garde des pouvoirs il a cité
lui-même le passage de décider comment il doit
procéder.
M. Roy: Je n'ai pas dit que les pouvoirs... M. le
Président, quand même! Il ne faudrait pas le faire exprès
pour prolonger le temps de la commission, vouloir essayer de trouver...
M. Chevrette: Le ridicule ne tue pas.
M. Roy: On pourra en rire autant qu'on voudra, si c'est
drôle, mais j'en ai vu pas mal qui ne trouvaient pas ça
drôle. Ce sont des agriculteurs qui ne trouvaient pas ça
drôle et je sais que je vais en voir encore qui ne trouvent pas ça
drôle, pas du tout.
M. Chevrette: Est-ce qu'il est sur une question de
règlement? C'est moi qui ai la parole.
M. Roy: Non, c'est parce que...
M. Chevrette: D'accord? M. le Président, quand on en met
trop, on risque de ne plus être crédible. C'est le problème
du député de Beauce-Sud à certaines occasions. Je vous dis
bien carrément, à la suite de tout ça d'abord, il
faut ajourner dans quelques minutes on nous demande si nous sommes
prêts à présenter des amendements restrictifs. Je serais
peut-être prêt à demander à l'Opposition, à
ceux qui s'opposent carrément à la loi 116, au cours de la nuit,
s'ils ne seraient pas prêts à réviser leur position et leur
argumentation, y apporter un peu plus de concision. Parce qu'il y a de la
redondance... Si le député de Nicolet-Yamaska avait
été ici hier, toute la lecture qu'il a faite du mémoire,
son chef l'a fait trois fois. On est à la veille de le dire par
coeur.
Quand il demande au ministre de l'Agriculture: Pourriez-vous me dire
pourquoi ils ont changé d'idée en deux jours, vous irez le
demander à la Fédérée pourquoi ils ont
changé d'idée. Ils vont vous le dire. Je trouve ça
quétaine, ces affaires-là. Je n'en reviens pas!
M. Cordeau: La commission parlementaire... M. Chevrette:
Avez-vous la parole?
M. Fontaine: Oui, il a le droit. Il a le droit de parler.
M. Cordeau: Je m'excuse, je pensais que vous aviez
terminé.
M. Chevrette: Vous êtes bien gentil, monsieur. Vous ne
parlez pas souvent, vous. Je pense que ce
serait intéressant de vous entendre, avec des arguments neufs. Je
vous laisse la parole.
Le Président (M. Laplante): La pertinence, s'ii vous
plaît!
M. Chevrette: Allez-y.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette.
M. Fontaine: En vertu de l'article 96, M. le Président, si
le député de Saint-Hyacinthe me le permet, je voudrais simplement
rectifier quelque chose qui a été dit. Je n'étais pas ici
hier soir, mais j'ai vérifié auprès de mes
collègues. Lorsque le chef de l'Union Nationale parlait de pouvoirs d'en
haut, il ne parlait pas, je pense, nécessairement, du pouvoir
exercé par le ministre ou par l'exécutif. Il parlait
peut-être d'autres pouvoirs qui sont exercés par des offices de
producteurs.
M. Chevrette: II ne l'a jamais dit.
M. Fontaine: Bien moi, je vous le dis.
Le Président (M. Laplante): À cette heure-ci, les
travaux sont ajournés à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 21 h 59)