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Étude du projet de loi no 116
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
Reprise de la séance de la commission de l'agriculture pour
l'étude article par article du projet de loi no 116, Loi modifiant la
Loi de la mise en marché des produits agricoles. C'est une nouvelle
séance.
Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska)
remplacé par M. Ouellette (Beauce-Nord); M. Beauséjour
(Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), M. Garon
(Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)...
M. Chevrette: II est remplacé par Chevrette
(Joliette-Montcalm).
Le Président (M. Laplante): ... remplacé par M.
Chevrette (Joliette-Montcalm); M. Rancourt (Saint-François), M. Roy
(Beauce-Sud)...
M. Roy: Présent.
Le Président (M. Laplante):... M. Vaillancourt
(Orford).
M. Giasson: Continuez.
Le Président (M. Laplante): Les intervenants sont: M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau (Verchères), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par...
M. Fontaine: Fontaine (Nicolet-Yamaska).
Le Président (M. Laplante): ... M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue)
remplacé...
M. Giasson: Par M. Verreault (Shefford).
Le Président (M. Laplante): ... par M. Verreault
(Shefford); M. Mercier (Berthier), M. Picotte (Maskinongé), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Le Président (M. Laplante): C'est le député
de Beauce-Sud qui avait la parole lorsqu'on a quitté hier soir.
M. Roy: M. le Président, avant de prendre mon droit de
parole, j'aurais une directive à vous demander, j'aurais une mise au
point à faire devant cette commission, ce matin. Évidemment, ce
n'est pas une question de règlement, ce serait plutôt une question
de privilège, mais on ne peut soulever une question de privilège
devant la commission parlementaire. Je ne vous demande donc pas non plus de
m'accorder une question de privilège, puisque cela pourrait constituer
un pré- cédent. M. le Président, étant donné
un reportage qui a été fait dans les journaux, ce matin...
M. Giasson: Ce n'est pas encore un cas de la Presse
canadienne?
M. Roy: ... qui nécessiterait de ma part une mise au point
sérieuse, parce que je considère que mes droits de parlementaire
ont été sérieusement lésés, voulez-vous
m'accorder la permission de faire cette mise au point à la commission
parlementaire, étant donné que la Chambre ne siège pas
aujourd'hui si la Chambre siégeait, M. le Président, je
soulèverais une question de privilège à l'Assemblée
nationale et que c'est le seul endroit où je peux la faire?
Le Président (M. Laplante): C'est parce que je ne voudrais
pas, M. le député de Beauce-Sud, que ce soit
considéré comme...
M. Garon: II n'y a pas en commission parlementaire de question de
privilège.
Le Président (M. Laplante): ... une question de
privilège, ni même une question de règlement, mais que ce
soit plutôt considéré comme une directive que vous demandez
au président à savoir quoi faire dans un cas comme cela, en
expliquant quel est votre cas.
M. Roy: C'est cela. Mon cas, c'est une mise au point...
M. Giasson: Une question de règlement pour rétablir
les faits.
M. Roy: II y a un article dans les journaux, ce matin, qui me
cause de sérieux préjudices.
M. Garon: Pourquoi dites-vous cela?
M. Roy: J'aimerais pouvoir faire une mise au point à cette
commission.
M. Fontaine: M. le Président, je donne mon consentement,
en tout cas, pour l'Union Nationale, pour qu'il puisse expliquer son
problème.
M. Giasson: M. le Président, étant donné que
l'Assemblée ne siège pas, on pourrait donner quelques secondes au
député de Beauce-Sud pour rétablir des faits... Il y a des
faits qui sont rapportés et non...
Le Président (M. Laplante): J'ai consenti à
écouter l'argument du député de Beauce-Sud. J'aimerais
qu'il continue.
M. Roy: Je ne voulais pas entrer dans le fond du sujet,
évidemment. Je disais qu'il y avait un article qui a paru dans les
journaux, et, ce matin, aux nouvelles, qui me cause préjudice et qui
devrait normalement être soulevé par une question de
privilège à l'Assemblée nationale. L'Assemblée
nationale ne siégeant pas aujourd'hui, ne siégeant pas avant
mardi, il n'y a que la commission parlementaire de ce matin et la commission
parlementaire de lundi au cours desquelles je pourrais apporter certaines
précisions et faire une mise au point. Voici ma demande de directive:
Qu'est-ce que vous me conseillez? Qu'est-ce que je pourrais faire dans de
pareilles circonstances?
Le Président (M. Laplante): Ordinairement, c'est lors de
la première journée de l'Assemblée nationale en marche que
vous devez soulever votre question, ce que j'appellerais une question de
privilège. Maintenant, aujourd'hui, si les membres de cette commission
sont unanimes à faire une correction, sans que cela soit
considéré comme une question de privilège, les membres
étant unanimes, je vous donnerais la permission de faire la correction
qui s'imposerait, vu que cela s'est passé ici à
l'intérieur de la commission.
M. Giasson: Vous avez mon consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Roy: Est-ce que j'ai le consentement du côté
ministériel?
Des voix: Oui.
M. Roy: Merci. L'article en question paraît ce matin dans
le journal Le Soleil, "Roy dénonce les syndicats agricoles". Cela fait
même une manchette. Je lis l'article un peu pour le
bénéfice des membres de la commission: "L'étude en
commission parlementaire sur le projet de loi 116 modifiant la loi de la mise
en marché des produits agricoles a laissé place à de vives
réparties hier soir entre le chef du PNP, M. Fabien Roy, et le
député péquiste de Joliette-Montcalm, Guy Chevrette. "Le
ton a en effet monté d'un cran lorsque M. Roy a manifesté ses
inquiétudes vis-à-vis des syndicats agricoles qui, a-t-il dit,
respectent peu les droits des membres qu'ils sont censés
représenter. C'est le syndicat qui décide, dit M. Roy, et le
membre n'a que le droit de parole. Le député de Beauce-Sud
mène une lutte farouche au projet de loi 116 aux côtés de
ses collègues de l'Union Nationale, qui considèrent que la
pièce législative... etc." (10 h 15)
M. le Président, je ne veux faire le procès de quiconque,
parce que, quand je regarde l'article, évidemment, les termes qu'on m'a
prêtés, qui sont mis entre guillemets, je les ai dits en
commission parlementaire: "C'est le syndicat qui décide", a lancé
M. Roy, "et le membre n'a que le droit de parole". Je faisais allusion,
à ce moment, à une délégation de pouvoirs que les
membres font à l'intérieur d'un syndicat, ce qui est normal, ce
qui existe dans le syndicalisme agricole, ce qui existe chez les enseignants,
ce qui existe dans tous les syndicats. On n'a pas à approuver ou
à dénoncer cela, c'est une réalité. Je ne
dénonce pas cela. Lorsqu'il dit qu'"ils respectent peu le droit des
membres qu'ils sont censés représenter", j'ai demandé la
transcription du journal des Débats, je vais l'avoir dans le cours de la
matinée.
Ce que j'aimerais dire... M. le Président, je prends à
témoin tous mes collègues des deux côtés de la
table, mes collègues de la commission parlementaire, pour dire qu'en
aucun moment, ni directement, ni indirectement, je n'ai dénoncé
les syndicats agricoles au Québec. Je n'ai pas l'intention de le faire
non plus. Je n'ai pas à l'esprit non plus de dénoncer les
syndicats agricoles au Québec. Lorsque j'aurai des dénonciations
à faire, je parlerai en des termes suffisamment clairs pour être
bien compris de tout le monde.
La question que j'ai posée et que je pose depuis le début
de la commission parlementaire est la suivante: Jusqu'où peut-on aller
dans la délégation de pouvoirs, à partir de nos lois, vers
le syndicalisme agricole entre autres, vers le syndicat en
général? Parce que j'ai beaucoup discuté hier soir de
questions de portée plus générale. Jusqu'où peut-on
aller dans la délégation de pouvoir? C'est ce que j'ai dit, M. le
Président. Je soutiens je terminerai là-dessus que
les agriculteurs ont le droit de s'associer et de se syndiquer comme n'importe
quelle autre classe de la société. C'est un droit qui est
fondamental. C'est un droit qui fait partie de notre régime
démocratique. Si jamais, M. le Président, ce droit aux
agriculteurs de se syndiquer, de s'associer devait être menacé par
qui que ce soit, je serais le premier à me lever, en commission
parlementaire ou à l'Assemblée nationale, pour dénoncer
ces manoeuvres. Je tiens à être bien clair là-dessus parce
que, pour moi, le syndicalisme agricole est le droit que les agriculteurs ont
de s'associer et le droit que les agriculteurs ont de se syndiquer, c'est un
droit strict, c'est un droit fondamental, c'est un droit qu'ils ont,
étant donné que ce sont des citoyens à part
entière; ce ne sont pas des citoyens de seconde classe, des citoyens de
troisième zone. C'est fondamental.
M. le Président, quand on voit des choses comme celles-là,
je pense qu'il est important qu'on prenne le moyen pour dénoncer de tels
titres dans des journaux qui sont loin de refléter la pensée de
ceux qui se sont exprimés devant une commission parlementaire et qui
biaisent l'information, qui informent mal la population, qui informent la
population faussement, M. le Président. C'est la première fois
depuis que je suis à l'Assemblée nationale que je suis
obligé de faire une telle mise au point. J'espère que ce sera la
dernière.
Je vous remercie, M. le Président, de m'avair accordé ce
droit de parole et je remercie mes collègues de m'avoir permis de
m'exprimer là-dessus, mais je me réserve quand même le
droit de soulever une question de privilège à l'Assemblée
nationale, mardi prochain.
Contingentement (suite)
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous continuer à
parler sur votre motion? Vous aviez la parole au moment...
M. Gagnon: Combien reste-t-il de temps?
Le Président (M. Laplante): ... de l'ajournement des
travaux hier soir?
M. Roy: J'avais pas mal terminé mes observations.
M. Chevrette: Je pense qu'on était rendu...
M. Roy: Je conclurai, tout simplement, qu'il m'apparaît
compte tenu de ce qui a été dit hier, je ne veux pas
reprendre ce matin tous les propos qui ont été tenus clair
et évident que la suggestion que j'ai faite à l'honorable
ministre d'apporter des distinctions, peut-être de scinder cet article en
deux était valable. Lorsque j'ai fait cette proposition, je me suis
référé à une loi qui existait dans une autre
province et qui m'apparais-sait répondre beaucoup plus aux
inquiétudes de nos collègues du côté
ministériel et à certaines inquiétudes qu'on retrouve dans
le milieu des syndicats agricoles.
Alors, je maintiens la motion d'amendement que j'ai proposée
à la commission parlementaire et j'espère que le ministre aura
pris bonne note des propos que nous avons tenus, des suggestions que je lui ai
faites à ce sujet-là.
Le Président (M. Laplante): J'appelle la motion du
député de Beauce-Sud. M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Le ministre nous a toujours dit que ce projet de loi
n'amenait pas grand-chose de nouveau. Quand on voit prohiber la production, que
le ministre ne vienne pas nous dire qu'il n'y a pas d'éléments
neufs dans son projet de loi et d'éléments abusifs en plus, parce
que prohiber la production, c'est aller loin. C'est aller au point de dire
à un producteur agricole: Tu ne produis plus aujourd'hui. Je pense que
les dispositions du chapitre 36 permettaient quand même à un
office de producteurs de contrôler la production ou la mise en
marché, jusqu'à un certain point, de tous les produits agricoles.
Là, demain, on leur dit: Vous ne produisez plus. Ce sont des pouvoirs
abusifs et la motion du député de Beauce-Sud allait quand
même un peu dans le sens de diminuer les pouvoirs extraordinaires qu'on
concède dans ce projet de loi. J'appuie donc cette motion du
député de Beauce-Sud dans ce sens, parce que ce que l'on
déplore quand même du projet de loi 116, c'est l'abus de pouvoir
qui peut s'exercer par un office de producteurs ou un syndicat.
Je pense qu'on n'a jamais mentionné qu'on était contre le
syndicat des producteurs, qu'on était contre le plan conjoint. On n'est
pas contre un office de producteurs, mais il y a quand même une limite
aux pouvoirs qu'on peut concéder à une formation quelconque.
D'ailleurs, si on regarde dans le monde organisé, si on regarde
dans les syndicats ouvriers, je pense qu'aucun de ces syndicats ne
possède des pouvoirs économiques, et là, aujourd'hui, on a
des pouvoirs économiques qu'on concède aussi bien à un
syndicat qu'à un office de producteurs, et je pense que cela
dépasse un peu les bornes.
Hier, le député de Joliette-Montcalm a mentionné
que le producteur agricole est un homme intelligent. Je suis d'accord, c'est un
professionnel, et je l'ai toujours considéré comme tel. Il a le
droit de se donner des cadres juridiques dans lesquels il peut contrôler
ses productions, mais on sait que, dans la pratique, la base agricole ou le
producteur n'a pas toujours le privilège de se faire entendre, au niveau
de son syndicat.
Ce qu'on voit souvent, c'est qu'on abuse du fait que l'agriculteur,
surtout pendant la saison où il est occupé dans son champ, n'a
pas le temps de participer aux réunions. Finalement on lui passe
à peu près n'importe quel sapin ou des "toupins" comme il s'en
est passé en 1974.
C'est courant. Vous n'avez qu'à constater les problèmes de
distribution de quotas de lait qu'on vit depuis longtemps pour s'apercevoir
que, quand même, la base agricole qu'est le producteur n'est pas toujours
là au moment où il faudrait pour vérifier tous les gestes
posés par ses représentants. C'est réellement à
déplorer.
Je ne crois pas qu'on puisse dire que le producteur agricole a la
liberté de se grouper et de contester tout règlement ou de
contester toute décision de ses dirigeants. Avec le projet de loi
actuel, on cède quand même aux offices de producteurs des pouvoirs
tellement abusifs que l'on peut aller très loin.
Prohiber la production, c'est empêcher quelqu'un de produire et,
dans un monde de liberté où on est quand même arrivé
à un niveau de vie qui est convoité par tous les pays du monde,
je pense bien, parce que je pense que tous les peuples envient les Canadiens
comme étant ceux qui vivent à peu près le mieux sur cette
planète, ce n'est pas en prohibant la production qu'on est arrivé
à ce niveau-là, mais c'est bien par des libertés
individuelles qu'on est arrivé à quelque chose.
Si on s'aperçoit que constamment l'État amène des
contraintes aux individus, que l'État s'immisce de plus en plus dans la
vie de chacun ou que l'État permet à des formations à des
groupes de s'immiscer dans la vie de ces citoyens, on peut déplorer
quand même le fait que le législateur ouvre la porte toute grande
à des abus de pouvoirs, et c'est le cas dans le projet de loi 116. Si le
ministre s'aperçoit que parfois une formation politique conteste, c'est
à cause de ces abus de pouvoirs et c'est vraiment déplorable.
Hier, le député de Beauce-Nord disait que ce qui pourrait
peut-être être considéré comme communiste
aujourd'hui, serait acceptable plus tard, à peu près dans vingt
ans. Ce sont à peu près ses paroles. Je pouvais percevoir quand
même que le député de Beauce-Nord aimerait une
répartition
plus égale des quotas, pour que plus de fermiers aient un quota
minimal. Je ne sais pas si c'est dans ce sens que ses paroles allaient, mais je
dis qu'une telle attitude serait à peu près accepter
d'égaliser la pauvreté; ce serait à peu près
ça, ça se dirigerait vers ça. Je n'ai pas...
égaliser la pauvreté, parce que le socialisme avancé
mène à ça, quand même.
M. Chevrette: La piqûre des bérets blancs. M.Dubois: Le socialisme avancé mène à ça.
M. Chevrette: Gilberte Côté-Mercier, de l'autre
côté de la table.
M. Dubois: Je relève les paroles du député
de Beauce-Nord, hier.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous donner à
tous un droit de parole, si vous voulez répondre après.
D'accord?
Le député de Huntingdon.
M. Garon: Laissez-le aller, il est bien parti, il va dire ce
qu'il dit d'habitude.
M. Dubois: Je relève les paroles du député
de Beauce-Nord, hier. J'ai même vu le ministre grimacer quand le
député de Beauce-Nord s'exprimait dans ce sens, à
savoir...
M. Ouellette: Je suis capable de vous faire grimacer le ministre,
n'est-ce pas?
M. Dubois: Non, mais il grimaçait en maudit hier soir.
Je pense qu'on est tous d'accord pour que le cultivateur ou
l'agriculteur vive bien sur sa ferme, mais ce n'est pas nécessairement
par le projet de loi 116 qu'on va permettre à plus d'agriculteurs de
mieux vivre.
M. le Président, de toute façon, j'ai dit tout à
l'heure que j'appuierais la motion du député de Beauce-Sud. Mon
droit de parole n'est pas expiré, je reviendrai tout à
l'heure.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, on a parlé
de pouvoirs abusifs. Le député de Beauce-Sud a parlé aussi
de délégation de pouvoirs et des craintes que cela peut susciter.
Maintenant, il y a un organisme qui a un rôle à jouer, dont il n'a
pas été fait tellement mention, c'est la Régie des
marchés agricoles, qui a le droit d'enquête, qui a le droit de
regard sur les règlements qu'une fédération peut apporter,
après les avoir adoptés avec l'accord de la majorité des
membres.
Je crois déceler deux choses. On a peur de donner trop de
pouvoirs à une fédération et il y a la question de la
participation des membres. J'ai l'impression que ce sont deux choses qui sont
distinctes. S'il y a un problème au niveau de la participation des
membres, ce n'est pas en donnant moins de pouvoirs à la
fédération ou en donnant plus que ça va régler le
problème. Et, d'une façon ou d'une autre, il y a toujours la
régie qui a un rôle à jouer quant aux règlements qui
sont adoptés.
J'ai l'impression que les amendements qui sont apportés, ce n'est
pas tellement dans le but de mettre des carcans aux producteurs qui
déjà suivent la loi, mais c'est beaucoup plus pour ceux qui,
ayant trouvé des trous, essaieraient de la contourner. C'est là
qu'est le problème. Ceux qui suivent la loi, jusqu'ici, je ne pense pas
qu'ils aient été embêtés dans des
procédures.
Quand le député de Huntingdon dit qu'il y aura une
possibilité de prohiber la production, le marché, il ne faut pas
oublier que c'est indiqué aussi, au bout, "à l'encontre d'un
règlement adopté en vertu du présent paragraphe". Je
dirais que c'est pour quelqu'un qui contrevient à la loi. Pour celui qui
observe la loi, il n'y a pas de problème. C'est pour celui qui essaie de
passer à côté de la loi. Je trouve que c'est simplement
mettre de l'ordre et éviter qu'il y en ait qui passent à
côté et créent du désordre.
Peut-être que le député de Beauce-Sud, en voulant
défendre le petit producteur, d'une façon inconsciente, risque de
vouloir protéger des gens qui voudraient passer à
côté.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse. Je ne me ferai pas
passer d'autres sapins ce matin.
Le Président (M. Laplante): Article 96, monsieur...?
M. Roy: Article 96, M. le Président. Il a dit de
façon inconsciente, il n'y a pas de façon inconsciente. Ce que
j'ai dit, je l'ai dit consciemment. Il n'y a pas de question inconsciente
là-dedans.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Iberville.
M. Roy: Qu'on ne me prête pas des propos et des intentions
ce matin. Je tiens à dire que je vais surveiller attentivement ce qui va
se dire ici aujourd'hui.
M. Beauséjour: M. le Président, quand c'est
inconscient, cela veut dire qu'on ne s'en aperçoit pas. (10 h 30)
M. Roy: Je n'interpréterai pas les paroles de mes autres
collègues autour de la table. Si vous avez des observations à
faire sur la loi, faites-les et laissez nos propos tranquilles. Nous
étions bien partis ce matin, mais cela risque de se gâter. Faites
vos observations et qu'on explique ce qu'on veut dans la loi, quelles sont les
réserves et quels sont les arguments qu'on a en faveur de la loi. Qu'on
arrête de charrier pour essayer d'interpréter ce que les autres
ont dit. M. le Président, j'en fais une question de règlement ce
matin.
Le Président (M. Laplante): J'aimerais surtout qu'on
revienne à la pertinence de la motion du député de
Beauce-Sud.
M. Gagnon: C'est cela, c'est de cela qu'on discute.
M. Beauséjour: C'est cela, M. le Président. M.
Garon: Je ferai remarquer au...
M. Beauséjour: C'est à savoir si cela a de la
valeur d'ajouter ici l'amendement qui est proposé. Dans tout ce qui a
été dit je me base sur ce qui a été dit
c'est concret que la fédération a des pouvoirs abusifs.
C'est le député de Beauce-Sud lui-même qui craint que, dans
la délégation de pouvoirs, à un moment donné, il y
ait un petit groupe de dirigeants qui se coupent un peu de la base.
Là-dessus, je sais...
M. Roy: M. le Président, j'ai parlé des
structures.
M. Beauséjour: C'est exact.
M. Roy: Encore une fois, on essaie d'interpréter les
propos que j'ai tenus. C'est cela qu'on fait. On tente d'interpréter les
propos que j'ai tenus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud, je pense que vous pourrez, soit après son intervention,
faire des rectifications de faits, s'il y a des choses qui sont jugées
non correctes à votre point de vue.
M. Roy: Je peux, M. le Président, en vertu du
règlement...
Le Président (M. Laplante): Je voulais vous donner
l'occasion de répondre.
M. Roy: Sur un point de règlement, M. le Président,
je peux intervenir aussitôt qu'elles sont prononcées aussi.
Le Président (M. Laplante): Oui, exactement, monsieur.
M. Beauséjour: M. le Président, je suis bien
d'accord que des structures, ordinairement, c'est dirigé par des hommes.
Je ne mets pas en doute qu'il puisse y avoir des problèmes à ce
niveau-là, loin de là. Dans mon comté, il y a plusieurs
remarques qui ont été faites dans ce sens-là, au niveau de
la participation. Je suis d'accord. Mais ce que je veux signaler, par exemple,
c'est que, s'il y a un problème à ce niveau-là, ce n'est
pas en précisant la loi et en évitant qu'il y en ait qui passent
par les trous c'est ce que veut faire ici l'article lui-même
ce n'est pas en le précisant dans la loi que cela va
régler le problème ou que cela va l'empirer, absolument pas. Si
le problème est au niveau de la participation des membres, il n'est pas
à ce niveau-ci. Je dirais que le législateur a quand même
fait preuve de prudence en donnant des pouvoirs à une Régie des
marchés agricoles, afin de lui permettre d'aller faire des
vérifications sur ce qui se passe au niveau des
fédérations. Peut-être qu'au niveau de la régie, il
pourrait y avoir plus de surveillance, c'est possible. On a souvent
signalé plusieurs problèmes qui existaient. Mais je veux indiquer
qu'avec un amendement qui réduirait les pouvoirs, il y a un risque,
à ce moment-là, que ceux qui auraient tendance à chercher
à passer à côté de la loi puissent le faire. C'est
ce que j'indiquais au député de Beauce-Sud, qu'en voulant
protéger le petit producteur, il faudrait faire attention que, par le
fait même, en réalité, ce ne soit peut-être pas
l'objectif qu'on atteindrait.
Le Président (M. Laplante): C'est tout? Le
député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. Je voudrais
simplement revenir sur les propos de mon ami de Huntingdon tout à
l'heure qui me prêtait des paroles ou des idées, que je n'avais
certainement pas exprimées, à propos du voeu, semble-t-il, selon
ses propos dans le sens qu'on nivelle...
M. Dubois: J'ai pris les paroles comme telles.
M. Ouellette: ... la pauvreté. Je crois que ce sont les
mots qu'il a utilisés. Je rappellerai simplement que mes propos d'hier
faisaient suite à ceux du député de Saint-Hyacinthe qui
tendaient à faire croire selon lui que le fait qu'il
existe des plans conjoints pouvait provoquer un rétrécissement de
la base, en ce sens que le nombre de producteurs d'oeufs, je pense que c'est
l'exemple qu'il utilisait, était passé de quelque 2000 à
quelque 360. Il semblait dire que c'était dû à l'existence
d'un plan conjoint. Je me suis élevé contre cela, car, selon moi,
ce n'est pas du tout la cause. Qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de plan
conjoint, tant et aussi longtemps qu'on laissera au libre marché le
passage du quota d'un individu vers un ou plusieurs autres, on assistera
à une concentration de cette nature. Il serait peut-être bon de
rappeler que le passage des quotas d'individus vers d'autres individus peut
être régi par les offices provinciaux. Les offices provinciaux,
s'ils désiraient justement faire en sorte qu'il y ait un meilleur
équilibre dans le partage des quotas, la loi leur permettrait de le
faire, mais à ma connaissance, ils ne l'ont pas fait de façon
radicale jusqu'à maintenant. S'ils le faisaient, on les taxerait
d'être communistes ou socialistes, enfin, de dictature. C'était
simplement là mes propos. Je ne crois pas que ce soit inscrit dans le
programme du Parti québécois qu'on aille dans cette direction. Il
n'en demeure pas moins que la loi permettrait aux offices d'aller aussi loin
que cela, mais comme ce sont les producteurs qui contrôlent leur
syndicat, enfin, toute la structure, ce sont eux qui décideront en temps
et lieu, selon l'évolution de leur pensée, dans ce sens ou dans
le sens contraire.
M. Fontaine: M. le Président, en vertu de l'article 96, je
voudrais rectifier certains faits que le député de Beauce-Nord
vient d'alléguer en parlant des propos du député de
Saint-Hyacinthe hier soir. Si j'ai bien compris, le député de
Saint-Hyacinthe n'a pas dit que les plans conjoints étaient responsables
de la diminution du nombre de producteurs. Le député de
Saint-Hyacinthe a dit que les plans conjoints n'avaient pas réussi
à empêcher cette diminution. Ce n'est pas pareil.
M. Ouellette: Même si c'est cela, mes propos ne changent
pas. J'ai dit: "... tendaient à faire croire que...", parce que tout
propos prête à interprétation. J'ai tout simplement dit que
les propos du député tendaient à...
M. Fontaine: Ce que le député de Saint-Hyacinthe
voulait dire, c'est que ce n'étaient pas les plans conjoints qui
étaient responsables de cela, mais que les plans conjoints n'avaient pas
réussi à l'empêcher.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Garon: Si personne n'a rien à dénoncer, il
faudrait peut-être adopter la loi. La position de l'Union Nationale et
celle du PNP est de faire flèche de tout bois. Là, ils se rendent
compte qu'ils se sont mis les doigts dans les pentures de porte et ils se sont
fermé la porte sur les doigts un peu partout. Parmi les journaux locaux,
je regarde un journal, ce n'est pas moi qui l'ai imprimé, la Tribune du
mercredi 14 février 1979. Dans la section B, on rapporte que dans la
région de la Beauce, il y a eu une réunion de 175 producteurs qui
se sont réunis mercredi soir dernier à la salle de l'école
Saint-Eugène de Sainte-Hénédine, afin de participer
à l'assemblée générale de leur syndicat de base. Il
n'y a pas de délégué, ce sont les cultivateurs
eux-mêmes. Ce ne sont pas les structures, ce sont les cultivateurs de la
base. Ils ont pris le vote; 174 producteurs sur 175 sont en faveur de la loi
116. Les gens disent, à un moment donné, au sujet du porc: II n'y
aura pas de quota; aussi longtemps que les producteurs ne voudront pas de
quota, il n'y en aura pas. Ils expliquent comment fonctionne la loi 116.
Je pense tout simplement que ce débat a commencé par les
dissidents; ensuite, cela a évolué avec les coopératives.
J'aimerais que les journalistes, pour leur bénéfice, lisent les
propos qu'a tenus l'Union Nationale, à la commission parlementaire qui a
précédé le dépôt de la Loi sur la protection
du territoire agricole au mois d'octobre. C'est enregistré. On verra la
position de l'Union Nationale sur les coopératives. Cela a
été une dénonciation à fond de train du
député de Huntingdon contre les coopératives. C'est
imprimé, c'est là. C'est moi qui ai défendu les
coopératives. On aime les coopératives quand elles sont
misérables, quand elles font pitié, celles qui ont froid en
hiver. Là, on les aime. Quand elles grossissent un peu, cela devient des
monstres. J'ai été obligé de défendre les
coopératives contre la position de l'Union Nationale. Aujourd'hui, ils
veulent s'en faire les champions! Voyons donc! Le député de
Beauce-Sud ne rend peut-être pas exactement ce qu'il veut dire, mais il
dit tellement de faire attention aux syndicalisme agricole qu'à un
moment donné, on se demande s'il ne faudrait pas l'abolir.
M. Roy: M. le Président, je n'ai jamais dit...
M. Garon: II faut avoir le courage de ses opinions.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse. Le ministre pourra
comprendre ce qu'il veut comprendre. Je comprends que le ministre veut que sa
loi passe, qu'il est fatigué et tanné des questions que nous
posons.
M. Garon: Je ne suis pas fatigué mais ayez un minimum de
courage.
M. Roy: On comprend que le ministre... Je pense qu'il faut faire
quand même des distinctions. Il y a des distinctions qui s'imposent. La
question que j'ai toujours posée à partir du début est la
suivante: Jusqu'où doit aller la délégation de pouvoirs?
C'est la question que j'ai posée. Je n'ai jamais mis en cause
l'existence du syndicalisme agricole. J'ai pris la peine, à plusieurs
reprises, de déclarer devant cette commission parlementaire que des
offices de producteurs, il en fallait, et que les offices de producteurs
avaient besoin de pouvoirs pour être efficaces. J'ai aussi dit cela, n'en
déplaise au ministre que j'aie dit cela. Le ministre aurait
peut-être préféré que je dise autre chose que cela.
J'ai dit: Jusqu'où doit aller...
Ce que j'ai toujours dit à propos de la loi 116, c'est qu'on
allait trop loin dans la délégation de pouvoirs. C'est ce que
j'ai dit. Il y a une différence entre aller trop loin et ne pas y aller
du tout et dénoncer un organisme. On ne charriera pas là-dessus.
J'ai soutenu les mêmes principes, les mêmes propos à
l'Assemblée nationale et le ministre tout à l'heure invitait,
à un moment donné, les gens de l'information à scruter le
journal des Débats. On pourra le scruter à partir de 1970 sur
tous les propos que j'ai tenus à l'Assemblée nationale lorsqu'il
a été question de l'agriculture. Ce n'est pas le ministre, ce
matin, malgré sa compréhension des propos que j'ai pu tenir, qui
pourra apporter des variantes aux questions que j'ai le droit de me poser sur
la délégation de pouvoirs, jusqu'où cela doit aller, mais
il ne me fera pas me poser des questions, ce matin, à savoir si le
syndicalisme agricole doit exister ou non. Je regrette mais, là-dessus,
le ministre peut aller sur ce terrain, s'il veut y aller, c'est son affaire,
mais il ira tout seul, il ne m'y entraînera pas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, le ministre a assez fait le
bouffon. Il faut que je relève quand même ses propos. Vos
bouffonneries, cela va faire.
J'ai indiqué...
M. Garon: Oh! oh! Vous y allez un peu fort.
Le Président (M. Laplante): Laissez-le s'expliquer.
M. Dubois: ... que le ministère de l'Agriculture
permettait aux coopératives d'acquérir l'entreprise privée
par coups de subventions, c'est cela que j'ai dénoncé, afin de ne
plus avoir de concurrence nulle part de la part de l'entreprise privée.
J'ai dénoncé cela et je vais continuer à le
dénoncer. C'est dans ce sens que j'ai dit qu'on avait créé
un cartel en éliminant l'entreprise privée par coups de
subventions de l'État.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Bats-le, Dubois!
M. Dubois: C'est dans ce sens que j'ai tenu mes propos en
commission parlementaire et à maintes reprises. En plus, vous venez de
faire état d'un journal où on dit que 174 producteurs sur 175 se
sont dits pour le projet de loi 116, mais si cela leur a été
expliqué de la façon que vous l'avez expliqué à
l'Assemblée nationale depuis le dépôt à savoir qu'il
n'y avait rien là, que c'était strictement pour remplir un vide,
le gars qui l'a expliqué je ne dirai pas le mot mais cela
devrait s'appeler menteur. Cela devrait s'appeler comme cela, parce que vous
avez dit, à maintes reprises: C'est strictement pour combler un vide
juridique. Mais c'est rendu bien plus loin que cela, on est rendu qu'on prohibe
la production. Ce n'est pas strictement remplir le vide de la Cour
suprême, loin de là. Arrêtez de charrier. Si cela a
été expliqué de la façon que vous l'avez
expliqué à l'Assemblée nationale, je comprends que tout le
monde dise: II n'y a rien là. Mais si le projet de loi est bien
expliqué à des producteurs, ce ne sera pas 174 sur 175 qui vont
dire oui. Je puis vous assurer de cela.
M. Garon: Je ne charrie pas.
M. Dubois: Oui, vous charriez royalement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement.
M. Beauséjour: Sur les propos que le député
de Huntingdon prête au ministre... Les intentions qu'il avait
exprimées étaient simplement...
M. Fontaine: Ce n'est pas une question de règlement.
M. Dubois: Vous n'avez même pas eu le courage d'aller
expliquer le projet de loi dans votre comté.
M. Chevrette: Vous parlez depuis dix minutes et vous n'avez pas
parlé des règlements.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Rancourt: Des niaiseries, vous en avez assez dit, laissez au
moins les autres parler.
M. Dubois: C'est quand même le fait.
M. Chevrette: ... quand vous êtes choqué.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre!
M. Beauséjour: C'est simplement pour préciser que
le ministre, en Chambre, a aussi ajouté qu'à l'occasion, il y a
un mot pour clarifier une situation qui n'était pas claire pour combler
un vide juridique mais aussi, à l'occasion, pour clarifier une situation
qui n'était pas claire.
M. Garon: C'est cela.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Même 96?
M. Fontaine: Non.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Garon: C'est bien simple, je vais demander à quelqu'un
de mon cabinet de faire la revue du journal des Débats, de la commission
parlementaire du mois d'octobre, le vendredi matin, le débat que l'Union
nationale a provoqué; on va relever les paroles que vous avez tenues, M.
le député de Huntingdon. Vous ne direz pas que j'induis quelqu'un
en erreur. Vous avez descendu le mouvement coopératif.
M. Dubois: D'accord.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Le ministre a dbnné tout à l'heure, M.
le Président, l'exemple d'une réunion de producteurs qui a
été tenue dans le comté de Beauce-Nord. C'est possible que
cela se soit produit, mais moi aussi, j'ai vécu des expériences
dans ce domaine. Je suis allé à une réunion de
l'UPA...
M. Chevrette: M. le Président, appel au
règlement.
Je veux bien qu'on soit tolérant. Hier, on s'était entendu
sur la tolérance, mais je vous ferai remarquer que là, on discute
d'une réunion possible d'agriculteurs. Je comprends que cela peut
être une réponse, mais cela ne veut pas dire que l'erreur de l'un
doit nécessairement justifier l'erreur de l'autre. Comme
Président, je vous demanderais de rappeler à la pertinence de
l'amendement de M. Roy, député de Beauce-Sud. (10 h 45)
M. Fontaine: Je vais être aussi pertinent que le ministre
de l'Agriculture l'a été. Ne soyez pas inquiet. Je vais parler de
la loi. C'est justement de cela que je voulais vous parler.
Le Président (M. Laplante): De l'amendement, surtout,
monsieur.
M. Fontaine: De l'amendement à la loi. J'ai assisté
à une réunion de l'UPA, personnellement, et, dans la salle, il y
avait à peu près 300 personnes. Je ne les ai pas comptées,
mais c'était rempli à craquer et, au début de
l'assemblée...
M. Garon: ...
M. Fontaine: Le ministre n'était pas là, mais je
sais, par exemple, que, lorsque le ministre est venu à Saint-Guillaume,
il s'est fait chahuter vertement. Je peux vous dire cela.
M. Garon: Pas du tout, pas du tout!
M. Fontaine: À cette réunion, il y avait à
peu près 300 agriculteurs. Au début de l'assemblée, les
dirigeants de l'UPA ont commencé à expliquer le projet de loi et,
à un certain moment, il y a quelqu'un qui s'est levé dans la
salle pour dire: Écoute. On est tanné d'entendre lire la loi. On
veut avoir des explications et, lorsque les explications...
M. Garon: C'est complètement faux. Je n'avais même
pas le texte de la loi.
M. Fontaine: Je ne vous parle pas de cela. Je vous parle d'une
réunion à laquelle je suis allé.
Le Président (M. Laplante): Pourriez-vous, le plus
tôt possible, parler de la motion, s'il vous plaît?
M. Fontaine: Oui, j'en viens à la motion. À ce
moment, dans la salle, il y a des gens qui ont demandé des explications.
Il y a des gens aussi qui ont donné des explications et vous pouvez
être sûr que, si le vote avait été pris à la
fin de l'assemblée, il n'y aurait eu que trois ou quatre gars de l'UPA
qui étaient en avant qui auraient voté pour la loi 116.
M. Gagnon: C'est de l'interprétation.
M. Fontaine: C'était bien évident dans la salle.
Tout le monde chahutait les dirigeants de l'UPA qui étaient assis en
avant.
M. Gagnon: Qui était là?
M. Garon: Des dissidents étaient réunis là.
Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse?
M. Fontaine: C'était une réunion des gens de la
base convoquée par l'UPA.
M. Gagnon: Qui était à l'assemblée?
M. Fontaine: Des membres de l'UPA.
M. Gagnon: Je sais qui était à l'assemblée.
Ils ne venaient pas nécessairement du même coin. Ils avaient
été bien orchestrés.
M. Fontaine: Je ne le sais pas, je ne les connais pas tous.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre!
M. Fontaine: L'amendement proposé par le
député de Beauce-Sud arrive à point parce qu'on ne peut
dire actuellement que le ministre nous a toujours dit, dans son discours de
deuxième lecture et encore aujourd'hui, en commission... Il nous dit: Ce
qu'on fait, ce sont tout simplement des clarifications dans la loi à la
suite d'un jugement de la Cour suprême et il dit encore que c'est
vrai.
Je voudrais bien qu'il m'explique encore aujourd'hui je vais
revenir là-dessus quelque chose. On ajoute trois
éléments à l'article qu'on étudie
présentement et sur l'amendement proposé par le
député de Beauce-Sud. On dit: Contingenter la mise en
marché. Ce n'était pas dans la loi, chapitre 36. Vous êtes
d'accord là-dessus, M. le ministre, que contingenter la mise en
marché n'était pas dans la loi, chapitre 36, et je
prétends...
M. Garon: Ils avaient le droit de la prohiber, par exemple, en
fixer le lieu...
M. Fontaine: ... que, si on indique contingenter la mise en
marché, ce n'est pas la même chose que contingenter la production
et la vente dans la loi, chapitre 36, qu'on avait auparavant, et, si on dit
contingenter la mise en marché, dans la loi, il n'y a pas de
définition de vente, mais il y a une définition de mise en
marché. Si on va à la définition de la mise en
marché qui est à l'article 1, le juge sera obligé de tenir
compte de cette définition, un juge qui aura à interpréter
cette loi sera obligé de tenir compte de la définition. La
définition est: Mise en marché, cela veut dire la vente, la
classification, la transformation, l'achat, l'entreprosage, le parcage, etc.
Cela veut dire que l'office de producteurs pourra faire des règlements
pour contingenter la mise en marché, c'est-à-dire va pouvoir
contingenter la vente, la classification, la transformation, l'achat, mais
contingenter tout cela, c'est beaucoup de pouvoirs, beaucoup trop de pouvoirs
et ce sont des pouvoirs additionnels qui sont donnés alors que, dans la
loi antérieure, on avait seulement la permission de contingenter la
vente et il n'y a pas de définition de vente dans la loi.
Il y a également un autre élément nouveau, qui est
ajouté...
M. Garon: Voulez-vous que je réponde? M. Fontaine:
Oui.
M. Garon: Vous allez contingenter la production et la vente.
M. Fontaine: ... la même chose.
M. Garon: Entre les deux... C'est cela qui était
marqué dans la loi, à 67, alinéa c), telle qu'elle existe
avant l'adoption de 116.
M. Fontaine: Oui.
M. Garon: La production, c'est le point de départ. La
vente, c'est final. C'est marqué également : Fixer le temps et le
lieu de la mise en marché et la prohiber.
M. Fontaine: Non. Et prohiber la mise en marché.
M. Garon: ... et prohiber la mise en marché. C'est cela,
oui. Fixer le temps et le lieu de la mise en marché et prohiber la mise
en marché. C'est tout le circuit, sauf que les termes employés
par tout le monde... Actuellement, avec le jugement de la Cour suprême on
fait une distinction entre deux choses, la production et la mise en
marché. Pour s'aligner dans la même terminologie que la Cour
suprême, afin qu'il n'y ait pas de problèmes
d'interprétation, on met le mots "mise en marché" et
"production". On ne change rien par rapport à ce qui existe. C'est clair
comme de l'eau de source.
M. Fontaine: Vous ne changez rien. La Cour supérieure,
dans le jugement du juge Deschênes, disait expressément:
Contingenter, c'est-à-dire réglementer...
M. Garon: J'aime mieux la Cour suprême. M. Giasson:
La cour qui penche. M. Garon: C'est une décision finale.
M. Fontaine:... c'est-à-dire permettre et impliquer la
continuation d'activités. En d'autres termes, contingenter exclut le
pouvoir d'annuler ou de prohiber. C'est pour cela que vous l'avez mis dans la
loi, c'est parce que le jugement de la Cour supérieure dit: Si vous
vouiez avoir ce pouvoir, il faut le mettre dans la loi parce que contingenter
exclut le pouvoir d'annuler ou de prohiber. C'est pour cela que vous l'avez
mis.
M. Garon: Non. Si vous en parlez à la bonne place, on va
en parler au paragraphe j). C'est là qu'il faut parler de cela, pas
à c).
M. Fontaine: Non. Si vous me laissez, M. le Président,
continuer mon explication, je dis qu'on ajoute, dans cet article: Contingenter
la mise en marché. C'est un élément nouveau. On ajoute
également la notion de fixer le temps et le lieu de la production. Ce
n'était pas dans l'ancienne loi. L'ancienne loi disait seulement: fixer
le temps et le lieu de la mise en marché. Là, on ajoute: Fixer le
temps et le lieu de la production. Un autre élément nouveau. On
ajoute aussi: Prohiber la production, ce qui n'était pas dans la loi,
chapitre 36. Alors, si on veut donner expressément ce pouvoir de
prohiber la production, c'est bien évident qu'il faut le mettre dans la
loi. Il faudrait bien que le ministre admette que ce n'est pas tout simplement
une clarification de la loi, c'est un pouvoir additionnel qui est donné.
Ce pouvoir est donné à la suite du jugement de la Cour
supérieure qui dit que contingenter exclut le pouvoir d'annuler et de
prohiber. Le ministre, à la suite de cela, a dit: II faut le mettre dans
la loi si on veut que l'office ait ce pouvoir. Que le ministre admette donc que
c'est un pouvoir additionnel qu'il donne, et c'est contre cela qu'on
s'élève, de donner ce pouvoir additionnel à un office de
producteurs. Le juge de la Cour supérieure va plus loin que cela. Il
donne son opinion aussi sur l'opportunité de mettre ce pouvoir dans une
loi. Dans la cause de Boulanger, il dit: C'est exactement la situation dans
laquelle nous nous trouvons en ce moment. Il est d'autant plus important de
trouver une base juridique à ce pouvoir d'annulation que la FEDCO s'est
donné par règlement, parce qu'il dit que ce n'était pas
légal. Alors...
M. Garon: L'annulation de quoi? M. Fontaine: L'annulation
de quotas.
M. Garon: Oui, mais on ne parle pas de cela à c), c'est
à j) qu'on parle de cela. C'est au paragraphe j) qu'on parle de cela. Il
ne comprend rien.
M. Fontaine: Qu'une semblable annulation est susceptible de
causer aux intéressés des effets désastreux.
M. Garon: Lisez le paragraphe j).
M. Chevrette: Vous êtes avocat, vous pouvez
interpréter cela.
M. Fontaine: On viendra à j) tantôt.
M. Garon: On dit: "Prévoir les conditions d'annulation, de
suspension ou de réduction temporaire ou définitive du contingent
d'un producteur." C'est à j), ce n'est pas à c). Je ne peux pas
vous faire un cours de droit.
M. Fontaine: Oui, mais on ne peut pas prohiber la production. Si
on prohibe la production, on va prohiber les quotas en même temps.
M. Garon: Non. Prohiber la production et l'annulation des quotas
ce sont deux affaires.
M. Fontaine: Oui, mais cela revient au même. Si vous dites
à quelqu'un: Tu n'as pas le droit de produire, et si on lui dit: Tu n'as
pas le droit de produire plus que tant, c'est la même chose.
M. Garon: Fixer le temps et le lieu de la production, vous avez
cela dans la volaille. Des
cédules de production, c'est clair. Vous avez cela dans la
volaille, des cédules de production. Avez-vous vu cela, un calendrier de
production de chair de volaille? Avez-vous déjà vu cela?
Le Président (M. Laplante): Avez-vous fini votre
intervention, M. le député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Là, il va falloir l'étendre à
toutes les productions. Ce ne sera pas seulement la volaille.
M. Gagnon: S'ils le veulent.
M. Fontaine: Si vous voulez spécifier pour la volaille, on
va l'accepter.
M. Giasson: Contingenter la volaille, le bois de pâte, les
oeufs.
Des voix: Les pommes.
M. Chevrette: Pas les pommes.
M. Giasson: Non, pas les pommes. La chair de dindon. Les cinq
productions que je viens de nommer, on est contingenté au Québec,
on a des quotas, et si on dépasse les quotas...
M. Fontaine: Mais pourquoi les mettez-vous?
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez
cédé votre droit de parole?
M. Fontaine: Non, je n'ai pas cédé mon droit de
parole, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Fontaine: Je demande au ministre: si cela n'est pas possible
de le faire dans toutes les productions, pourquoi le met-il dans la loi?
Mettez-le donc pour les productions où c'est nécessaire, et le
reste, laissez-le donc tranquille.
M. Garon: Parce que c'est une loi pour réglementer
l'ensemble des produits agricoles selon les types de production, et les
règlements dont ils ont besoin pour réglementer leur mise en
marché et leur production. Vous avez des pouvoirs dans la loi 36 qui
existent depuis plusieurs années, qui n'ont jamais été
adoptés, qui n'ont jamais été réglementés.
Selon que les producteurs en ont besoin ou n'en ont pas besoin, suivant les
productions, ils font des règlements en conséquence.
M. Fontaine: Pourquoi ne faites-vous pas comme au
Nouveau-Brunswick, indiquer les productions qui sont
réglementées?
M. Garon: Écoutez, au point de vue économique,
j'aime autant qu'on ne compare pas le Québec au Nouveau-Brunswick.
J'aime autant le comparer à l'Ontario.
M. Fontaine: Ce n'est pas ça que je vous demande. Je vous
demande au point de vue juridique, pas au point de vue économique, au
point de vue de la législation...
M. Garon: On ne fait pas les mêmes réglementations
dans un village que dans une grande ville, ce n'est pas la même vie. Dans
le domaine agricole, regardez le nombre de producteurs au Nouveau-Brunswick,
ils se connaissent tous, il n'y en a quasiment pas de producteurs agricoles, ce
n'est pas une province de production agricole. Mais regardez les lois de
l'Ontario, elles sont beaucoup plus "directrices" que les lois du
Québec, dans ce domaine.
M. Fontaine: C'est comme ça que vous allez faire votre
association économique, en dénonçant toutes les autres
provinces?
M. Garon: Je ne dénonce pas, ce n'est pas ça...
M. Fontaine: En les ridiculisant ici?
M. Garon: Je ne les ridiculise pas, ce n'est pas la même...
Écoutez, le ministre du Nouveau-Brunswick lui-même l'a dit, M.
McLeod, ça fait au moins dix fois que je le rencontre. On n'est pas dans
la même situation que vous autres, dit-il.
M. Fontaine: M. le Président, je compare deux situations
législatives. Dans la loi du Nouveau-Brunswick, on dit les pouvoirs de
promouvoir, contrôler, réglementer à tous égards ou
à certains égards seulement dans la province la production des
oeufs et des produits à base de volaille qui relèvent de la
compétence législative de la Législature, y compris celui
d'interdire totalement ou partiellement cette production.
C'est une législation qui a du sens, parce qu'elle indique
exactement les productions qu'on pourra contrôler. Ici, on donne tous les
pouvoirs, d'une façon très large.
Une voix: Ce n'est pas croyable!
M. Garon: Je n'ai plus rien à ajouter, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, j'écoute depuis ce
matin l'intervention du député de Nicolet-Yamaska. Il me
paraît sincère et à la recherche de la
vérité, je ne mets pas ça en doute. Mais tout de
même, il s'inquiète de possibilités, de choses qui
pourraient se produire en ce qui a trait aux contingentements. Prenons comme
exemple un plan conjoint qui a fonctionné au Québec depuis
quelques années, le plan conjoint de la chair de volaille. Au
départ, c'était un plan conjoint qui a été
accepté par les producteurs, à l'occasion d'un
référendum qui respectait les règles du jeu.
Là, l'Office des producteurs de chair de volaille a
décidé de déterminer quels étaient les quotas que
devrait détenir chacun des producteurs qui avaient voté ou qui
étaient éligibles à voter, la régie leur ayant
reconnu un statut de producteur de volaille. Chaque producteur s'est vu
attribuer un quota qui n'a pas été déterminé par
l'office, d'autorité, mais qui a été fait à partir
d'une constatation dans chaque entreprise faisant de la volaille pour
déterminer le nombre de pieds de plancher que possédait chaque
producteur au moment de la mise en place du plan conjoint. Le monsieur qui
avait 14 000 pieds de plancher cela étant vérifié,
constaté sur place on lui attribuait un quota de 14 000 pieds de
plancher. Celui qui en avait 22 000, on lui en accordait 22 000, celui qui en
avait 33 000, on lui en accordait 33 000 pieds.
On n'en a pas ajouté; on n'en a pas enlevé, on est
allé mesurer. Des équipes sont allées sur place mesurer
les poulaillers de chacun des producteurs de chair de volaille. Là, on a
réalisé qu'on avait peut-être une capacité de
production ou de pieds de plancher qui était un peu supérieure
à la consommation du Québec, compte tenu de la statistique qui
avait été accumulée dans les dernières
années. On a commencé également, à ce
moment-là, à discuter avec les provinces voisines, l'Ontario et
d'autres provinces qui faisaient de la chair de volaille. Il n'y avait pas de
plan national dans le poulet. Il ne fallait pas se couillonner entre provinces,
mais essayer de trouver un modus vivendi, signer des ententes.
Là, d'accord, chaque producteur avait son quota de production,
était déjà contingenté dans sa production. S'il
dépassait ça, il était sujet aux pénalités
ou infractions prévues dans la réglementation que le plan
conjoint ou l'office s'était donné, avait soumis à la
régie pour approbation et acceptation. Mais parce qu'il s'est
trouvé au Québec des détenteurs de quotas, même des
gens qui n'en avaient pas, qui faisaient de la dinde, donc qui n'étaient
pas vraiment producteurs de chair de poulet à griller, de gros coqs ou
de volaille peu importe le terme employé dans le métier
un matin, on s'est retrouvé avec des gens qui n'avaient pas
respecté les règles du jeu, qui avaient produit au-delà
des quotas qu'ils possédaient, tant et si bien qu'il y a eu au
Québec des surplus de chair de volaille accumulés dans des
entrepôts frigorifiques et on s'est demandé pourquoi.
La consommation de chair de volaille, au Québec, n'avait pas
diminué, mais nos surplus s'accumulaient sans cesse. Pourquoi? Parce
qu'il y a des gens qui se fichaient du système établi, du
système organisé, qui faisaient de la production hors quota, des
dépassements de quotas.
M. Garon: Ils disaient qu'ils produisaient pour l'Ontario.
M. Giasson: Pour maintenir une capacité de structure de
prix convenable, qu'est-ce que l'Office de producteurs de chair de volaille a
fait? Il a adopté des règlements demandant à tous les
détenteurs de quotas de ne plus produire à 80%, parce que notre
capacité de répondre aux besoins du Québec, c'était
à peu près 80% des quotas déterminés et
trouvés par les poulaillers de chair de volaille. (11 heures)
Cette année, on ne produit pas à 80% de tous les quotas
qui existent. Vous allez produire à 72%. On a filé des mois sur
cet erre d'aller pour découvrir qu'il y avait encore des gens qui
produisaient en dehors des règles, et on a dit: Vous allez produire
à 68%. On a même descendu, à une période, à
65% des quotas de chair de volaille. Pourquoi? Parce qu'il y avait un paquet de
gens au Québec qui ne voulaient pas respecter les règles
établies.
C'est donc dire qu'il y a eu demande dans le passé, sans la loi
116, demande faite à des producteurs de suspendre la production
partiellement à l'intérieur du quota détenu. C'est comme
ça que cela a fonctionné au Québec.
Faisons de la recherche pour savoir qui a voulu briser le
système. Le petit producteur ou le moyen, ce n'est pas vrai. On
découvre, quand on fait de la recherche, que ceux qui ont fait cela, ce
sont des gens qui veulent se foutre du petit ou du moyen producteur qui gagne
souvent sa vie uniquement avec cette production; le bonhomme ou l'entreprise
qui a déjoué cela, c'est une entreprise qui a des
intérêts dans deux, trois ou quatre champs d'activités. Ce
sont des entreprises qui même s'il y avait une chute totale du prix du
poulet, ne seraient pas en difficulté fondamentalement, qui pourraient
perdre de l'argent avec la production de chair de volaille et se rattraper en
produisant du porc, en vendant de la moulée ou d'autres fournitures de
ferme.
C'est cela l'image du système pour la chair de volaille. J'en
parle parce que j'ai vécu un peu à l'intérieur de cela. Je
suis copropriétaire d'une ferme agricole, qui fait de la chair de
volaille, et j'ai vécu, depuis 1961, ce qu'était la mise en
marché de la volaille, avec plans conjoints. Et j'ai vu tous les
"smarts" qui sont venus essayer de tricher les jeux et profiter le plus
possible.
Ce n'est pas la loi 116 qui a fait qu'à un moment donné,
on a dû produire à 72%, 68% et 65%. On a accepté un nombre
de producteurs, librement, à la suggestion de l'Office des producteurs
de le faire, de ne pas faire produire nos poulaillers à pleine
capacité, en vue d'éliminer du marché des surplus qui
s'accumulaient, venant de producteurs qui étaient complètement en
dehors du système, qui souhaitaient le voir disparaître
souvent.
Ce n'est pas la loi 116 qui a fait qu'on a produit à 65% et
à 68%. C'est parce qu'il y a des gens qui n'ont pas joué les
règles du jeu, qui ont profité au maximum du système, de
bonnes structures de prix qui ont été possibles, parce que des
gens se sont réglementés à l'intérieur d'une
production, qui profitaient sur deux paliers, sur leur droit de produire par
des quotas qu'ils détenaient et les surplus qu'ils venaient produire
au-delà des
quotas et profitaient également de la bonne structure des prix
qu'avait permis l'existence de plans conjoints.
M. Fontaine: M. le Président, le député de
Montmagny-L'Islet nous explique la situation dans le domaine de la chair de
volaille. Ce que je dis, c'est que si cela peut s'appliquer dans le domaine de
la chair de volaille, on l'indiquera dans la loi et qu'on le fasse respecter
dans ce domaine.
Mais je ne pense pas, par exemple, que cela puisse s'appliquer dans le
domaine du lait. Dans le domaine du lait, il y a eu trois coupures des
quotas.
M. Garon: Ils ne mettront pas un règlement
là-dessus.
M. Giasson: II n'y en a que trois. Dans le domaine de la chair de
volaille, il y en a sans doute, depuis la mise en place du plan conjoint, une
dizaine.
M. Fontaine: Oui, mais la demande en lait, la production animale,
n'a pas diminué, elle. Mais les quotas ont toujours diminué,
trois fois.
M. Giasson: Ils ont diminué parce que, au niveau canadien,
il y avait des surplus de produits dérivés du lait qui devaient
être vendus sur les marchés d'exportation, sur des structures de
prix qui étaient nettement inférieurs aux prix soutenus par la
Commission canadienne du lait.
M. Fontaine: Est-ce que vous admettez que, dans le domaine du
lait, un règlement comme cela ne devrait pas être adopté,
pour prohiber la production?
M. Gagnon: M. le Président, j'aimerais avoir une
directive.
M. Garon: Pensez-vous que le gouvernement fédéral
donnerait $2.66 les 100 livres s'il n'avait pas de contrôle sur la
production du lait?
M. Giasson: Jamais. M. Garon: Voyons donc!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Après l'explication donnée par le
député de Montmagny-L'Islet, qui connaît à fond, je
pense...
M. Giasson: Peut-être pas à fond, mais j'en ai une
expérience pratique.
M. Chevrette: Cela m'étonne un peu de constater que, du
côté du Parti libéral, il y a une connaissance des plans
conjoints. La pertinence des débats est claire à ce
moment-là. Je comprends qu'il peut y avoir...
M. Garon: Ils ont été assez longtemps au pouvoir,
il faut qu'ils connaissent les problèmes.
Une voix: Oui, on les connaît.
M. Chevrette: M. le Président, je ne sais pas si c'est par
stratégie et qu'il ne faut adopter, avant 12 h 30 je ne voudrais
pas prendre les membres de la commission pour des gens naïfs aucune
proposition, parce qu'à un congrès d'orientation où Me
Paradis et un représentant de l'UPA auront à expliquer aux
militants unionistes réunis en congrès...
Une voix: La compagnie...
M. Chevrette: ... la compagnie du président des
dissidents...
Une voix: ... depuis longtemps.
M. Chevrette:... mais il me semble que, sur la proposition
d'amendement qu'on a devant nous, cela ne sert à rien de ressasser les
débats, d'aller sur j), sur les paragraphes d), e), et j). Je pense que,
sur le paragraphe c), on serait mûrs pour voter. C'est ce que je vous
demande.
Une voix: D'abord sur l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Êtes-vous prêts
à voter sur l'amendement du député de Beauce-Sud?
Des voix: Oui.
M. Fontaine: Le ministre ne veut rien comprendre.
M. Chevrette: Si le ministre ne veut rien comprendre, il y en a
qui ne sont pas capables de comprendre.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous un vote
enregistré?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette
(Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Giasson (Montmagny-L'Islet)
?
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Plus que contre.
Le Président (M. Laplante): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Fontaine: On n'a pas le droit d'exprimer de commentaires.
Le Président (M. Laplante): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Très pour.
Le Président (M. Laplante): M. Vaillancourt (Orford)?
M. Vaillancourt (Orford): Contre.
Le Président (M. Laplante): Contre: 7. Pour: 2. Motion
rejetée. J'appelle maintenant l'article 3, premier paragraphe, a).
Adopté sur division, paragraphe a). Je voulais aller à l'article
b) après. Vous m'avez demandé de séparer les deux
paragraphes.
Une voix: C'est celui dont on vient de discuter?
Le Président (M. Laplante): C'est celui dont on vient de
discuter.
M. Fontaine: M. le Président, étant donné
qu'il n'a pas été amendé, on revient à la motion
principale.
M. Giasson: C'est cela. Des voix: C'est cela.
M. Fontaine: Je pense avoir bien expliqué que, si on
ajoute dans la loi, entre autres, "contingenter la mise en marché", un
juge qui serait appelé à interpréter cette loi...
Le Président (M. Laplante): Une minute! M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Laplante): Je vous laisserai juge par
vous-même du temps qu'il vous reste sur la motion principale. Vous avez
actuellement, avec les interventions du ministre, depuis le début,
comptabilisé je peux même vous le donner d'heure en heure,
si vous voulez .
M. Fontaine: Non, ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Laplante): ... vous avez exactement 46
minutes de passées. Je vous laisse comme juge.
M. Fontaine: M. le Président, je...
Le Président (M. Laplante): Si les membres de la
commission n'ont pas d'objection à ce que vous continuiez, je n'en ai
pas.
M. Fontaine: ... n'ai pas l'intention d'abuser du temps de la
commission.
Le Président (M. Laplante): Je préférerais
que vous demandiez à la commission la permission de continuer, par
exemple, pour être dans les règles.
M. Fontaine: Là...
M. Chevrette: On est prêt à concéder une
minute pour conclure.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M.Fontaine: Une minute, pas plus? M. Chevrette: Pas plus.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais à nouveau
réitérer l'opinion que j'ai, à savoir que, si on indique
dans la loi "contingenter la mise en marché", un juge qui sera
appelé à interpréter cette loi devra se
référer à la définition de "mise en marché"
qu'il y a dans la loi. La définition de "mise en marché" dans la
loi étant ce qu'elle est, un office de producteurs pourra, entre autres,
contingenter la transformation. C'est à ce moment-là que je vois
l'attaque directe qu'on peut faire dans le domaine de la transformation qui est
occupé en grande partie par le mouvement coopératif et, à
ce moment-là, je pense que c'est tout à fait abusif de donner un
tel pouvoir à un office de producteurs qui pourra agir de cette
façon dans le domaine de la transformation, du transport, dans
l'expédition. Je trouve que c'est absolument exagéré,
inconcevable qu'on puisse donner à un office de producteurs un tel
pouvoir. Je vous dis, après les conversations que j'ai eues avec des
dirigeants du mouvement coopératif qui ne peuvent pas s'exprimer
publiquement, qu'ils sont conscients qu'à plus ou moins brève
échéance, ce sera une atteinte directe à leurs droits de
coopéra-teurs et une atteinte directe à l'article 2 de la loi qui
dit que le mouvement syndical doit être simplement un moyen
supplétif de mise en marché ordonnée et juste qui ne doit
pas aller à l'encontre du mouvement coopératif.
Le Président (M. Laplante): L'article 3a,
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Giasson: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'attends encore de comprendre le point de vue ou les
craintes soulevées par le député de Nicolet-Yamaska. Je
pense que cela vaut la peine qu'on s'y arrête. Est-ce que le mouvement
coopératif se sent toujours lésé par l'existence des plans
conjoints? Je ne suis pas porté à croire qu'il se sent
constamment lésé. On va prendre le cas d'une production qui est
sous plan conjoint, la même à laquelle on a fait allusion tout
à l'heure, les producteurs de chair de volaille de ma région, qui
sont membres d'une coopérative qui existe en vertu de la Loi des
coopératives, la Coopérative de Dorchester, qui est
spécialisée dans l'exploitation d'un abattoir de volaille et dans
la commercialisation et la mise en marché de ce produit qu'elle
abat.
J'ai eu l'occasion de discuter avec les dirigeants de cette
coopérative dont nous sommes membres, à qui nous expédions
notre poulet, notre chair de volaille. Cette coopérative est
entièrement d'accord même si elle ne l'est pas, selon le
système coopératif, de manière absolue avec le
système de plan conjoint de la chair de volaille, parce
qu'elle-même y trouve ses avantages normaux. Pas qu'elle puisse
s'enrichir, mais tout de même, elle y trouve un intérêt
certain. Pour autant que je sache, la Coopérative de Dorchester n'a
jamais tenté de briser les bons effets recherchés par le plan
conjoint de la chair de volaille. Elle a collaboré constamment, à
ma connaissance, avec le système en place.
Si on avait l'occasion de faire comparaître à la barre les
dirigeants de cette coopérative, nous entendrions d'eux les commentaires
et le jugement qu'ils pourraient porter sur le fonctionnement d'un plan
conjoint dans la spécialité qui les touche, soit la chair de
volaille. De là à dire que la coopérative voit d'un
mauvais oeil et voit comme un empêchement de tourner en rond l'existence
d'un plan conjoint, tout au moins dans le cas de cette coopérative, je
peux vous assurer que ce serait intéressant de les avoir à la
barre de l'autre côté, de questionner ces gens et de leur demander
leur avis sur le système. Je pense, encore une fois, M. le ministre, que
cela vaudrait le coup. Qu'on s'arrête quelques jours pour faire venir des
personnes qui ont eu à vivre l'expérience, au jour le jour, de
tous nos plans conjoints, ceux qui fonctionnent avec des quotas ou
contingentement. Qu'ils nous disent de quelle façon cela a
fonctionné, quels sont les problèmes auxquels ils ont fait face
et les difficultés que leur ont causées les producteurs, les
corporations de producteurs, les dissidents le terme est peut-être
un peu fort mais les producteurs qui vraiment n'ont jamais voulu
fondamentalement que le système fonctionne à plein ou qui ont
voulu en profiter au maximum, ce qui est peut-être plus vrai, à
leur manière, mais c'est ce qu'ils voulaient.
Pour ce qui est de la Coopérative agricole de Dorchester, elle
accepte de travailler, de continuer de fonctionner, par sa formule
coopérative, avec des membres sociétaires. Elle ne répudie
pas, loin de là, lé plan conjoint de la chair de volaille. Elle
veut que ce plan soit de plus en plus efficace. Elle va y trouver son compte.
Elle veut surtout, et c'est le cas, selon moi, de tous les abattoirs
agricoles, qu'ils soient coopératifs ou privés ne pas
être prise pour entreposer des stocks de volaille énormes pendant
trop longtemps, parce que savez-vous combien coûte la livre un mois
d'entreposage dans un frigo, la chair de volaille? Cela coûte $0,015 la
livre. Vous avez des gens qui ne respectent pas le plan conjoint, qui
produisent hors quota ou par dépassement de quota ou qui ont des cycles
de production, de renouvellement du troupeau trop rapide par rapport à
ce qui est demandé, si on nous demande d'espacer le prochain
élevage d'un mois et demi, quand on pourrait le partir quinze jours
après.
Quand tous ces mécanismes ne sont pas respectés, les
abattoirs accumulent dans leur entrepôt des stocks de plus en plus lourds
qui coûtent $0,015 la livre par mois. Quand les abattoirs avicoles, au
Québec, connaissent des mauvaises années, ce sont des
années où ils ont porté trop longtemps du stock à
l'entrepôt. En 1978, le plan conjoint a mieux joué. Il n'y a
jamais eu de gros stock à l'entrepôt dans les abattoirs, juste
assez pour prévoir les besoins, avec les variantes d'entrée du
produit aux abattoirs. Ce qui fait qu'en 1978, chez tous les abattoirs avicoles
du Québec, si on avait l'occasion de faire parler ce monde, ils
connaissent tous une bonne année. En 1977, en général, ils
n'ont pas connu une bonne année parce qu'il y a eu trop de stock en
entrepôt. Cela leur coûtait trop cher, chaque mois, pour le
maintenir en entreposage. (11 h 15)
M. Garon: À cause du prix américain, à cause
de...
M. Giasson: II y a eu le phénomène de notre taux de
change qui était bas. le dollar canadien était bas, et il y a eu
beaucoup moins de tentations pour les abattoirs du Québec d'aller
s'approvisionner en volailles vivantes aux États-Unis. Mais que revienne
la parité du dollar, un jour, la tentation va toujours être
là.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Garon: En 1977, c'est exact, il y a eu une forte entrée
de poulets américains. Je pense que ce sont 59 millions de livres. Il y
a même un abattoir de l'Ontario qui a fait faillite. Au Québec,
cela rentrait moins. En 1978, cela est redevenu bon parce que le dollar
canadien a baissé. Ce que vous dites, c'est exactement pour cela qu'il y
a des cédules de production dans le poulet. La production est
réglementée, le temps et le lieu sont fixés pour,
justement, les raisons que vous avez mentionnées, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le ministre, sur le temps et le lieu, vous allez
me permettre une réserve. Le temps est fixé.
M. Garon: Même le lieu, cela dépend. Il y a bien des
cédules.
M. Giasson: On va reparler tout à l'heure du lieu, en ce
qui a trait à la production.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, le député de
Montmagny-L'Islet fait état d'un domaine où il n'y a pas de
problèmes.
M. Giasson: II y en a des problèmes car il n'a pas bien
fonctionné, le plan conjoint de la volaille. Il y en a des
problèmes.
M. Dubois: Je pense que présentement je dis
présentement il n'y a aucun litige entre une coopérative
et la Fédération des producteurs de chair de volaille. Il n'y a
présentement aucun problème apparent; du moins, il n'y en a pas
de connu.
M. Giasson: Pas de problème de relations entre l'Office
des producteurs de chair de volaille et les coopératives agricoles qui
exploitent un abattoir?
M. Dubois: Oui, on est au courant qu'il n'y a pas de
problème apparent mais il y a des problèmes évidents dans
un autre secteur qui est le lait. Ce n'est pas pour rien si les
coopératives vont enregistrer une requête devant la Régie
des marchés agricoles pour avoir leur propre plan conjoint. C'est parce
qu'il y a un problème là, assurément. D'ailleurs, je pense
qu'il n'y a qu'à lire quelques paragraphes de cette requête.
Vous avez fait état de la chair de volaille tout à
l'heure, mais ce n'est pas là qu'est le problème. Je pense qu'on
est tous au courant de cela, que présentement, il n'y a pas de litige
entre les coopératives et la Fédération des producteurs de
chair de volaille. Mais, en ce qui concerne le lait, si on prend seulement
quelques paragraphes, on dit ici: Depuis le dépôt des
représentations des requérantes, les deux
fédérations intimées ont produit à votre
régie une soi-disant entente relative à la création d'une
agence de commercialisation qu'elle demande à votre régie
d'homologuer.
Les coopératives veulent avoir leur propre plan conjoint dans le
domaine du lait, étant donné qu'elles contrôlent
peut-être, dans la transformation, à peu près 70% du lait
québécois.
Cette soi-disant entente dans le contexte des activités dont se
plaignent vos requérantes constitue un geste de plus dans la même
direction et dans la même intention publiée de faire échec
aux coopératives. Les ententes proposées...
M. Garon: Le problème est surtout dans votre
région. Demandez-vous pourquoi.
M. Dubois: Les ententes proposées ont pour but et pour
effet d'intervenir carrément dans l'or- ganisation coopérative de
la production et de la mise en marché du lait dans cette province et de
remplacer ce mode de mise en marché par une agence de commercialisation
unique qui n'est en dernière analyse qu'une coopérative
obligatoire et unique créée sous le couvert de la Loi des
marchés agricoles qui s'interpose entre les sociétaires et leur
association coopérative et les dépossède de leurs droits
et devoirs fondamentaux de diriger exclusivement à leur
coopérative toute leur production laitière pour que celle-ci
puisse assurer sa mise en vente en commun selon le mode coopératif.
On voit qu'il y a quand même des problèmes très
apparents...
M. Gagnon: C'est à l'encontre du règlement, M. le
Président. On est en train de...
M. Dubois: M. le député de Montmagny-L'lslet a fait
état des coopératives dans la chair de volaille et de la
Fédération des producteurs de chair de volaille. Il aurait
été aussi bien de parler tout à l'heure de lait parce que
les problèmes sont là. Il n'y en a pas dans la chair de
volaille.
M. Gagnon: Vous parlez d'une requête qui est devant la
régie. On est pas là pour prendre des décisions à
la place de la régie.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fontaine: C'est un exemple qu'on donne pour dire qu'il y a des
problèmes. Il ne faut pas se fermer les yeux, maudit!
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît. Cela fait partie de son exposé.
M. Chevrette: Vous êtes à l'encontre du
règlement.
M. Garon: Posez-vous donc une question. Pourquoi les
problèmes sont-ils surtout dans une région du Québec? Dans
le Saguenay-Lac-Saint-Jean, je ne vois pas de problèmes entre les
coopératives et les syndicats. Dans le Bas-Saint-Laurent, dans
l'Abitibi... Où est surtout le problème? Dans les Cantons de
l'Est. Il faudrait peut-être se demander pourquoi.
M. Dubois: Le député de Montmagny-L'lslet voulait
nous démontrer qu'il n'y avait pas de problèmes entre les
coopératives. Il y en a entre les coopératives et certaines
fédérations dans certains domaines. Je pense que c'est
évident.
M. Fontaine: II y a des problèmes, M. le Président,
où se produit...
Le Président (M. Laplante): Avez-vous fini votre
intervention, M. le député de Huntingdon?
M. Dubois: J'ai fini, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Garon: Vous ne produisez pas tout le lait du Québec,
tout de même!
M. Chevrette: Je peux laisser passer le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je ne prends pas de chance. Le Président (M.
Laplante): Vous passez?
M. Chevrette: Je retire ma demande de droit de parole, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Chevrette: Je sais que j'ai droit à 20 minutes, que je
peux parler à n'importe quel temps, donc, je ne parle pas tout de
suite.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je vais prendre une
chance. Autant il y a de secteurs dans l'agriculture, autant les
problèmes sont différents et autant on peut les analyser de
façon différente. Le député de Montmagny-L'Islet a
parlé de l'abattoir de chair de volaille de la Coopérative de
Dorchester, de Saint-Anselme, vis-à-vis de l'Office des producteurs et
du plan conjoint. C'est évident qu'il n'y a pas de problème
là.
Est-ce aussi vrai au niveau des autres animaux de boucherie? Il n'y a
pas de plan conjoint évidemment dans le bovin et dans le porc. Il y a un
plan conjoint, mais ii n'y a pas de contingentement. Dans le cas des plans
conjoints du lait nature, le prix de détail du lait est fixé par
une ordonnance de la Régie des marchés agricoles. La
coopérative s'administre avec le montant prévu comme l'entreprise
privée s'administre avec les montants qui sont prévus.
Le lait de transformation, on en a parlé passablement. Je vais
prendre le cas, par exemple, de la Coopérative du sucre et du sirop
d'érable par rapport au plan conjoint qui existe actuellement, et
l'inquiétude qu'on retrouve dans les coopératives en
général. On pourrait peut-être enlever un cas qu'on
pourrait considérer comme un cas d'exception, et je pense que ce qu'il
ne faut pas oublier, c'est que les coopératives ne sont pas des
entreprises qui achètent le produit des agriculteurs. En vertu des
principes mêmes de la coopération, les produits qui sont dans une
coopérative sont en consignation et, à partir du moment où
on oblige les coopératives à négocier l'achat du produit,
de la même façon que l'entreprise privée est obligée
de négocier l'achat du produit avec les offices de producteurs, c'est
là qu'il y a un problème.
Il y a un problème et c'est un problème de fond, c'est un
problème de principe, J'ai rencontré bien des dirigeants de
coopératives et il serait intéressant que nous ayons une
commission parlementaire là-dessus, comme le disait le
député de
Montmagny-L'Islet, pour faire la lumière et éclairer tout
le monde. On a chacun des connaissances, nous de la commission parlementaire,
dans des secteurs spécifiques. Si les spécialistes de
l'agriculture pouvaient venir à un certain moment et expliquer tous ces
problèmes, on pourrait faire une analyse d'ensemble. Alors, si on oblige
les coopératives à négocier avec les offices de
producteurs l'achat de produits, c'est à ce moment que le principe
même de la coopération est remis en cause et cela a fait l'objet
de mémoires.
J'ai ici des mémoires qui ont été envoyés
à la Régie des marchés agricoles, des mémoires qui
ont été envoyés au ministère de l'Agriculture sur
ces questions, et c'est le grand principe qui prévaut d'ailleurs
vis-à-vis du lait industriel, à la Coopérative
laitière du Sud du Québec dans le grand débat qu'il y a
à la régie à l'heure actuelle et que cette dernière
n'a même pas voulu trancher. Elle s'est plutôt
référée à un comité pour encore faire
étudier la question plus longtemps. Ce n'est pas une question
réglée. Tout ce qu'on dit jusqu'à maintenant existe en
fonction de l'ancienne loi, la loi 36, la loi qui a été
révisée, le chapitre 36 des lois de 1974.
La loi 116 ajoute une nouvelle dimension, accroît les pouvoirs des
offices. Le ministre me fait signe que non. Si elle n'accroît pas les
pouvoirs des offices, pour quelle raison en parle-t-on tant?
M. Garon: C'est vous autres qui en parlez.
M. Roy: Vous essayez de nous faire croire que cela
n'accroît pas les pouvoirs des offices. C'est ce que vous essayez de nous
faire croire depuis le début.
M. Garon: Cela clarifie les pouvoirs.
M. Roy: Cela clarifie... Cela ne fait pas seulement les
clarifier, cela va beaucoup plus loin et le ministre le sait. On a parlé
tantôt je terminerai là-dessus, je m'excuse
M. Garon: Si vous ne voulez pas qu'on vous prête
d'intentions, n'en prêtez pas aux autres non plus.
L'honnêteté que vous demandez aux autres, ayez-la pour
vous-même.
M. Roy: La loi ajoute-t-elle des pouvoirs ou non?
M. Garon: Elle en ajoute? Elle clarifie essentiellement.
M. Roy: En ajoute-t-elle ou n'en ajoute-t-elle pas? Que le
ministre réponde clairement par un oui ou par un non. Ajoute-t-elle des
pouvoirs ou n'en n'ajoute-t-elle pas?
M. Garon: Elle clarifie les ambiguïtés. Si vous
pensez dans ces ambiguïtés, que vous étiez du bord qui
disait qu'elle n'avait pas ces pouvoirs, là, vous allez dire qu'elle en
ajoute. Quand on parle actuellement, par exemple, de contrôler la
produc-
tion et la mise en marché, c'est dans la loi
fédérale et la loi provinciale et on ne savait pas exactement la
juridiction, qu'est-ce que vous voulez? À ce moment, il fallait mettre
dans notre loi le fait de savoir où est la juridiction. C'est
évident qu'au point de vue de la loi québécoise, il y a
plus de pouvoirs.
M. Roy: Le député de Montmagny-L'Islet, lui, dit
qu'elle en ajoute.
M. Garon: Vous aviez dans les plans conjoints, les plans
nationaux, ces pouvoirs qui sont signés par les producteurs. Quand les
gens étaient dans les plans nationaux, ils s'engageaient et ils
mettaient leur signature, ces pouvoirs étaient dans les plans nationaux.
Avez-vous déjà vu des plans nationaux?
M. Roy: J'ai déjà vu des plans nationaux. Des plans
nationaux, combien y en a-t-il?
M. Garon: II y en a dans le lait, dans le dindon, dans les oeufs
et là, il y a le poulet qu'on vient d'avoir après l'avoir
demandé pendant des années. Cela va comprendre le petit poulet et
le gros poulet.
M. Roy: II y en a un quatrième. Quand on vous a
parlé ce matin de réserver et de spécifier clairement dans
quel secteur vous voulez aller pour étendre vos pouvoirs plutôt
que de les étendre d'une façon générale, je
reviens, M. le Président à ce que je disais. On a
parlé...
M. Garon: On ne peut pas faire une loi par produit.
M. Roy: ... d'une commission parlementaire. Est-ce que j'ai la
parole, M. le Président? Je disais ce matin qu'on étend les
pouvoirs. Ce serait intéressant de voir les gens qui sont
concernés. On a interrogé tout le monde dans les commissions
parlementaires, sauf la classe agricole, sur une question qui les touche de
près, une question qui les touche non seulement de près, mais qui
les touche fondamentalement dans tous les secteurs de leur vie
économique. C'est épouvantable comme ce serait terrible d'avoir
une commission parlementaire pour interroger les agriculteurs, interroger les
organismes représentatifs de l'agriculture. Le député de
Montmagny-L'Islet a également parlé du bois. Quand on parle d'un
contrôle de la production et d'un contrôle de la mise en
marché, en parlant de la question du bois, vous étendez les
pouvoirs jusqu'à maintenant, mais la question n'est pas
réglée, celle des producteurs de bois qui ne sont pas des
producteurs agricoles. Le ministre connaît le dossier. Est-ce que cela
veut dire que demain...
M. Garon: Défendez-vous les petits dans ce
dossier-là, vous?
M. Roy: Oui, monsieur, je défends les petits.
M. Garon: Vous êtes venu avec les plus gros; voyons
donc.
M. Roy: II y a des petits et des gros.
M. Garon: Dans le groupe que vous avez accompagné quand
vous êtes venu ici, il y en avait de 10 000 ou 15 000 acres.
M. Roy: II y a des petits et des gros; il y a des gros, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: M. le Président, il n'appartient pas au
député de Beauce-Sud de dire à une personne qui est
propriétaire de 25, de 30 lots boisés, qui a fait de
l'exploitation forestière... Je ne verrais pas pourquoi ce serait plus
condamnable à des Québécois de posséder 25, 30 et
40 lots boisés qu'à des compagnies comme John Breakey
Ltée, des compagnies comme Domtar qui en possèdent
beaucoup...
M. Garon: Ne mêlons pas les affaires.
M. Roy: On ne mêlera pas les affaires, mais on va faire des
comparaisons, par exemple, parce qu'elles ne sont pas régies par les
mêmes lois.
M. Garon: Non, mais quand...
M. Roy: M. le Président, je m'excuse, je n'interroge pas
le ministre.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît, un par un. Je vous donnerai une réplique, M le ministre, si
vous en voulez une.
M. Garon: Ne contez pas de menteries, par exemple.
M. Roy: C'est effrayant comme M. le ministre est chatouilleux
quand je prends la parole là-dessus. C'est effrayant comme le ministre
est chatouilleux quand je parle devant la commission parlementaire.
M. Garon: Non, le genre de conscience, en haut, que vous vous
êtes donné...
M. Roy: Je dis que le problème n'est pas
réglé. On sait très bien actuellement, dans la loi du
syndicalisme agricole, que la définition du producteur agricole n'inclut
pas un producteur de bois qui n'est pas agriculteur, mais dans la loi de mise
en marché des produits agricoles, c'est inclus. Il y a une
ambiguïté et le ministre le sait. Ce problème n'est pas
réglé. Si on donne des pouvoirs demain matin à un office
de producteurs de réglementer et de contrôler la production,
j'aimerais que le ministre me dise ce qui va se produire pour des gens qui sont
propriétaires de lots boisés et qui ne sont pas des agriculteurs,
et qui ne sont pas régis par la loi du syndicalisme agricole.
On va mettre les cartes sur la table. On a autre chose à dire en
plus de cela. Mais il y a des limites. Il y a des choses à clarifier
préalablement avant d'étendre les pouvoirs plus loin parce qu'au
lieu de construire des ponts pour rapprocher les parties, ce que j'ai dit en
pleine Assemblée nationale, on va creuser des fossés pour
tâcher de les éloigner davantage et les problèmes ne seront
pas réglés pour autant. Quand je dis qu'il y a de petits
producteurs de bois qui ne sont pas des producteurs agricoles, M. le ministre
le sait aussi. Il n'y a pas seulement le lait, il n'y a pas seulement les
oeufs, il n'y a pas seulement la dinde et il n'y a pas seulement la volaille,
il y a bien d'autres secteurs dans l'économie agricole. Il y a des
secteurs, à l'heure actuelle, où on n'en est pas venu encore
à pouvoir préciser le rôle de chacun. Il y a eu des
manifestations devant le parlement. Je ne suis pas de ceux qui vont classer les
producteurs, les bons, les moins bons, les pas bons, les mauvais, les brebis
noires et les brebis galeuses. Il y a des citoyens à part
entière...
M. Chevrette: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Roy: ... dans le Québec, le citoyen qui est
propriétaire d'un lot boisé, le citoyen qui est
propriétaire d'un lot boisé et qui n'est pas agriculteur, M. le
Président, a également des droits...
M. Chevrette: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Laplante): Une question de
règlement, M. le député de Beauce-Sud. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, tantôt, en toute
bonne foi, je vous ai vu indiquer au député de Beauce-Sud qu'il
lui restait quatre minutes. J'ai surveillé, cela fait quinze minutes. Je
pense bien que je n'ai pas abusé de la question de règlement pour
le couper puisqu'il a parlé trois fois plus. Je suis encore prêt
à concéder 30 secondes pour qu'il conclue, mais il ne faut quand
même pas exagérer.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît, M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je ne prendrai pas quinze
secondes, je vais en prendre dix tout simplement pour dire qu'il y a une foule
de problèmes qui ne sont pas réglés et la loi 116 ne
contribuera pas à les régler; elle va contribuer à grossir
les problèmes, je dis bien dans certains secteurs.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Garon: Le député de Beauce-Sud est toujours pour
tout le monde, mais il est contre personne. Je vais vous dire une affaire.
Quand une compagnie a besoin de bois, c'est là qu'est essentiellement le
problème. 100 000 cordes de bois, si vous les donnez aux gros, il en
reste moins pour les petits. C'est 100 000 cordes, ils ne prendront pas plus
que ça. (11 h 30)
C'est évident, pas de problèmes, produisons, c'est ci,
c'est ça, ils vont en acheter n'importe comment. Ce n'est pas vrai. Ils
achètent 100 000 cordes; comment allez-vous répartir les 100 000
cordes? C'est là qu'est le problème. Le député de
Beauce-Sud essaie de jouer la conscience nationale. Il y a un grand
problème concret, par exemple. Les problèmes concrets, c'est que
les usines achètent tant, et le plan conjoint, si vous le donnez aux
gros, les petits en ont moins. Dans le bois, je regrette de le dire,
là-dedans, voyez-vous, on a protégé les petits.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que j'appelle l'article
3?
M. Giasson: M. le Président, sur les derniers propos que
vient de tenir le ministre, parce qu'il a fait allusion à une des
productions qui est celle du bois de pulpe, entre autres, il dit qu'il regrette
que dans ce plan, on ne protège pas les gros, on protège les
petits. J'imagine que c'est un lapsus.
M. Garon: Non, non.
M. Giasson: Oui, vous relirez la transcription. C'est un
lapsus.
M. Chevrette: II a dit: Je regrette, mais j'ai
protégé les petits, parce qu'on laissait sous-entendre...
M. Garon: J'ai dit, on a protégé les petits.
M. Giasson: Vous lirez la transcription. Mais M. le
ministre...
M. Garon: En tout cas, essentiellement, cela a été
de mettre tout le monde sur un pied d'égalité, sans tenir compte
qu'il soit gros ou petit, et cela a protégé les petits.
M. Giasson: Le problème soulevé par le
député de Beauce-Sud, en ce qui a trait au bois de pulpe, entre
autres, est un problème qui n'aura jamais de solution véritable
à mon sens, tant et aussi longtemps que ce produit, dans le contexte de
possession des terrains boisés au Québec, ne sera pas sous le
contrôle d'une régie de produits forestiers. On en reparlera.
M. Garon: Essentiellement, quand la demande est forte pour le
bois, il n'y a pas de problème, parce qu'on a besoin de bois. Le
problème arrive quand? À chaque fois, c'est quand il y a une
baisse de la demande; on vend moins de papier aux États-Unis, il faut
réduire les coupes de chacun et alors, il y a des problèmes. Vous
regardez les cycles, actuellement, personne ne
parle trop, les compagnies ont besoin de bois. En 1977, en 1976, elles
avaient besoin de moins de bois. Regardez les quotas dans les
règlements. La première chose que j'ai faite a été
de rencontrer les gens du ministère des Terres et Forêts. Le
problème n'est pas compliqué, les gens ont besoin de couper plus
de bois pour gagner leur vie. On a rencontré des compagnies, le bois
vendu par les gens de la côte sud a augmenté. Regardez les
chiffres, les statistiques, vous allez voir.
M. Roy: M. le Président, est-ce qu'on me permettrait de
répondre un peu au ministre là-dessus? Je vais seulement donner
des chiffres.
M. Garon: Oui.
M. Chevrette: Vous savez comme on est tolérant, de ce
côté-ci de la table.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, il y a un problème qui est
particulier à Québec-Sud. Le ministre parle de chiffres. La
moyenne par producteur au Québec j'ai le rapport de la
Régie des marchés agricoles, 1977-1978 a été
de 55,43 cordes; dans Québec-Sud, elle a été de 37,55,
cordes.
M. Garon: C'est parce qu'il y a plus de producteurs.
M. Roy: ... 18 cordes de moins que la moyenne
québécoise, d'accord?
M. Garon: Savez-vous pourquoi?
M. Roy: Deuxièmement... Oui, je sais pourquoi.
Deuxièmement, en 1976-1977, l'année où il y a eu une
grosse manifestation, la moyenne provinciale par producteur était de
62,13 cordes par producteur. Dans Québec-Sud, la livraison a
été de 40,50 cordes, une moyenne de 22,13 cordes de moins que la
moyenne. Je n'ai pas de commentaires à faire, les chiffres parlent tout
seul.
M. Garon: Minute.
M. Giasson: Le ministre doit savoir les raisons pourquoi c'est
ainsi.
M. Garon: Pensez-vous qu'on va livrer le bois de la Côte
Sud en Abitibi?
M. Roy: La raison? Est-ce que le ministre sait, est-ce qu'il a
déjà été au courant que les gens chez nous ne
pouvaient pas livrer leur bois? Il y a 1500 cordes de bois qui ont
été empilées. Le député de Montmagny-L'Islet
s'en souvient très bien, c'est la dernière année,
l'année 1976, c'était la veille de la Saint-Jean-Baptiste, le
problème était dans Québec-Sud, ce n'est pas
réglé encore. Cette année, c'est réglé, en
partie, parce que les compagnies papetières prennent plus de bois.
Mais quand les compagnies papetières prennent plus de bois, elles
en prennent sur des terrains qui leur appartiennent, sur des concessions
forestières qui leur ont été accordées par le
gouvernement provincial, alors que des gens, des Beaucerons, des gens de
Montmagny, des gens de Dorchester, des gens de Mégantic, des gens de la
Beauce, propriétaires de plusieurs lots boisés, ont eu des
difficultés énormes. Je n'apprends rien au ministre, il le
sait.
M. le Président, le ministre dit qu'on ne règle jamais
rien. Écoutez, on fait des suggestions au gouvernement. On dit que
l'affaire du bois devrait être réglée par une régie
des produits forestiers. Je me souviens très bien d'avoir entendu le
Parti québécois se battre pendant trois ans pour qu'il y ait une
Régie des produits forestiers pour régler ce problème. Le
Parti québécois s'est battu pendant trois ans et je l'ai
appuyé là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: J'appelle le vote.
M. Giasson: M. le Président, tout à l'heure, j'ai
indiqué au ministre que le nouveau libellé du paragraphe c) se
lit comme suit: "contingenter la production, contingenter la mise en
marché, en fixer le temps et le lieu..."
Fixer le temps de la production, je n'ai pas de réserve
là-dessus. Fixer le lieu de la production, cela veut dire quoi
exactement? J'aimerais qu'on me précise, M. le ministre, les objectifs
recherchés dans l'expression "fixer le lieu de la production".
M. Chevrette: C'est dans le paragraphe b). M. Giasson:
Mais qu'on me précise.
M. Fontaine: C'est pour ceux qui restent sur le bord des
lignes.
M. Vaillancourt (Orford): ... de l'environnement.
M. Garon: Dans certains cas...
En résumé, je pense bien que je n'apprends rien à
personne, surtout pas au député de Montmagny-L'Islet, en disant
qu'il y a un débat qui consiste à se demander si le quota doit
être attaché à la ferme ou non, à un
établissement ou non. Il y a des courants de pensée
différents chez les producteurs. Si des producteurs décidaient de
l'attacher à la ferme, évidemment, il y aurait le pouvoir de
contingenter le lieu.
C'est la seule réponse que je peux donner.
M. Vaillancourt (Orford): Cela voudrait dire que si quelqu'un
veut acheter un quota, comme cela se fait actuellement dans l'industrie
laitière, cela ne pourrait pas se faire, étant donné que
la loi de la mise en marché donne les pouvoirs...
M. Gagnon: Suivant une réglementation.
M. Vaillancourt (Orford): ... de réglementer le lieu de la
production, c'est-à-dire le quota concerné.
M. Garon: Remarquez bien, M. le Président, que c'est la
même chose pour la mise en marché. Si le lieu est
contingenté, cela revient au même. C'est un débat de fond
pour le producteur de décider s'il est plus profitable que le quota soit
attaché à la ferme, s'il est plus profitable qu'il puisse
être vendu et de quelle façon. Cela varie d'une production
à l'autre.
Si vous permettez de contingenter le lieu de la production, c'est une
des choses que cela peut réglementer, à un moment donné,
si l'assemblée le décide. Je ne sais pas si cela répond
à votre question.
M. Giasson: M. le Président, je pose cette question parce
que j'ai été témoin, il y a quelques années, dans
une production sous contingentement, sous quota, de politiques gouvernementales
qui ont fait qu'on a changé des lieux de production en décidant
de privilégier une région du Québec par un programme
spécial, en versant des subventions à l'achat de quotas de
production de chair de volaille.
À un moment donné, il y a eu un projet spécial pour
développer une région du Québec, la région de
Charlevoix, entre autres, si on doit préciser. Dans ce programme, le
gouvernement avait prévu qu'on accordait une subvention à des
producteurs de chair de volaille de la région de Charlevoix qui se
portaient acquéreurs de quotas.
Mais vous savez bien que se porter acquéreur de quotas pour
développer Charlevoix, de manière à spécialiser
cette région beaucoup plus fortement en production de chair de volaille,
a eu comme conséquence que des quotas qui se trouvaient depuis leur
existence dans d'autres régions du Québec ont quitté ces
régions, parce qu'ils ont été acquis par les producteurs
de Charlevoix, à un point qu'on a presque fermé
complètement la production de chair de volaille dans une région
aussi grande que le Bas Saint-Laurent et la Gaspésie.
Voici que par une politique d'appui et d'aide du gouvernement du
Québec ce n'était pas dans la loi des marchés
agricoles, je le conçois on a déplacé un type de
production, qui n'était peut-être pas tellement volumineuse dans
une région au Québec, mais on a vidé totalement cette
région d'une spécialité qu'on n'y retrouve plus.
Je pense à une entreprise de la région de Charlevoix qui
s'est portée acquéreur non seulement de la production, mais de
l'équipement d'abattage d'un petit abattoir qu'on retrouvait dans le Bas
Saint-Laurent, sauf erreur, quand l'opération a été
menée.
Je dis que si un office de producteurs, dans n'importe quelle
production, décidait, pour des raisons qui lui sont personnelles ou
propres, de concentrer une production donnée dans une ou des
régions du Québec au détriment d'autres, il ne faudrait
tout de même pas que la Régie des marchés agricoles, qui
doit accepter ou approuver la réglementation qui pourrait être
présentée de manière à concentrer dans telle et
telle région ce qui serait au détriment d'autres régions,
n'aille pas jusqu'à modifier, si vous voulez, l'économie de la
production qui existait à l'intérieur de produits agricoles
donnés sous prétexte de meilleure rentabilité et vider
totalement une région qui avait tout de même comporté un
volume de production dans une spécialité donnée.
M. Garon: II faudrait, à ce moment-là...
M. Giasson: C'est la réserve que j'ai dans cette dimension
qu'on ajoute au projet de loi 116. Qu'on permette de fixer le lieu de la
production, cela peut être utile dans le contexte que vient d'exprimer le
conseiller juridique, d'accord, mais cela pourrait également jouer dans
d'autres domaines, M. le ministre.
M. Garon: À ce moment-là, la régie
n'accepterait pas le règlement ou, encore là, le Conseil des
ministres pourrait réviser le règlement.
M. Vaillancourt (Orford): Si cela se rend là.
M. Garon: II faut s'entendre. Le Conseil des ministres peut
d'autorité...
M. Chevrette: M. le Président, cela doit quand même
répondre à une objection fondamentale du député de
Beauce-Sud.
M. Dubois: Tout le monde vous fait confiance.
M. Garon: Le règlement ne peut pas être
discriminatoire. À ce moment-là, il y a assez de garde-fous que
je ne vois pas cela comme... Ce sont plutôt des politiques
gouvernementales qui ont eu ces effets-là bien plus que les
règlements de producteurs.
M. Giasson: Oui, je l'ai signalé dans mes propos, ce
n'était pas la loi sur les marchés agricoles, c'était un
autre programme gouvernemental.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: II y a quand même un argument que je retiens,
c'est que si on ne permettait pas par voie législative de fixer le lieu,
on pourrait se ramasser, dans certaines productions, avec des
coopératives en danger, ce que soulignait exactement le
député de Beauce-Sud. Si tu n'attaches pas le quota à
quelque chose, tu risques, dans une région donnée, de te
retrouver en péril, par exemple, de retrouver une coopérative en
péril, et c'est ce que le député de Beauce-Sud disait.
C'est pour cela que je trouvais important qu'il puisse au moins, dans la
loi-cadre, y avoir la possibilité de le faire pour sauver à la
fois le mouvement coopératif aussi. Je pense bien qu'à ce
moment-là, l'opposi-
tion à la loi 116 vient de tomber sur ce point-là, parce
que...
M. Fontaine: On n'a pas parlé...
M. Chevrette: Non, je sais. Je dis que vous ne pouvez pas
être contre cela, parce que cela permettrait précisément de
sauvegarder le mouvement coopératif qui oeuvre en fonction d'une
production X dans une région donnée. Cela m'apparaîtrait
important surtout avec les lignes directrices qui peuvent encadrer... par la
Régie des marchés agricoles qui peut refuser un règlement
qui serait discriminatoire, qui risquerait de mettre en péril... avec
aussi le Conseil des ministres, je pense que cela règle la situation. On
pourrait procéder au vote.
M. Garon: Un règlement discriminatoire plutôt que se
faire attaquer devant les tribunaux par n'importe qui.
M. Chevrette: Bien sûr.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le ministre...
M. Gagnon: À ce moment-là, j'avais demandé
la parole, si...
Le Président (M. Laplante): Cela fait longtemps que le
député de Huntingdon l'a demandée, je vous la donnerai
après.
M. Gagnon: Cela fait longtemps qu'il parle aussi.
Une voix: Ce n'est pas grave.
M. Dubois: Tu vas avoir ton droit de parole après quand
même. M. le ministre, cela peut avoir un effet valable, je pense, pour
conserver une économie à l'intérieur d'une région
donnée, en fixant le lieu. Je suis d"accord là-dessus, parce que,
parfois, on dit: On vide une région de la production laitière
pour l'envoyer dans une autre région et on pénalise certains
agriculteurs.
Par contre, dans la production d'oeufs, disons qu'un voisin voudrait
acheter le poulailler de son voisin et doubler sa production, on pourrait, si
les règlements étaient décidés par la
fédération des producteurs ou l'office des producteurs
empêcher l'acquisition d'un poulailler additionnel. Cela pourrait aller
jusque là, possiblement, en disant "fixer le lieu". Cela voudrait dire
qu'un producteur d'oeufs pourrait possiblement, à la suite des
règlements de la fédération des producteurs ou de l'office
des producteurs empêcher un producteur d'oeufs d'acheter son voisin. Cela
pourrait aller jusque là si on dit qu'on fixe le lieu d'une production.
Si on se donne les règlements nécessaires pour contrôler le
lieu ou fixer le lieu, on pourrait peut-être empêcher le producteur
d'acquérir un autre quota de production. Mais, à la suite...
M. Garon: Vous ne pouvez pas faire des règlements pour des
individus.
M. Dubois: Non.
M. Garon: II faut que le règlement soit
général et pour tout le monde.
M. Dubois: Le règlement pourrait quand même se faire
par les producteurs eux-mêmes, à l'intérieur de leur office
ou de leur fédération.
M. Garon: Oui, mais c'est un règlement qui couvre
l'ensemble du plan conjoint pour l'ensemble du Québec. On ne pourrait
pas... (11 h 45)
M. Dubois: Non, c'est d'accord. Ce n'est pas pour une
région donnée, mais cela pourrait être un règlement
général à travers la province, disant qu'un producteur
d'oeufs qui a 20 000 poules n'aurait pas le droit d'acquérir le
poulailler du voisin et de doubler sa production, si on dit qu'on fixe le lieu
de production sur sa ferme même. Cela pourrait aller si on se donne les
structures nécessaires.
M. Garon: Théoriquement, oui, pour protéger des
quotas régionaux, par exemple.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Champlain.
M. Garon: Évidemment, le transfert de quotas, c'est une
autre affaire. Ce n'est pas un règlement de production.
M. Dubois: Je comprends, mais ce n'est pas dans la loi, c'est
sûr.
M. Garon: Cela existe actuellement, ces règlements de
transfert de quotas.
M. Dubois: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je pourrais ajouter à ce débat que je
pense que c'est extrêmement important de fixer le lieu, et pour les
raisons qu'on mentionne. On a vu, par exemple, dans le passé, se
dérouler énormément des spéculations autour des
quotas. On a vu, par exemple, des fermes pour la production des oeufs se
construire et, finalement, le producteur vend son quota et laisse
complètement abandonnée la ferme ou la construction qui servait
à l'élevage de la poule. À ce moment, je trouve que c'est
un gaspillage, parce que, tout de même, la ferme qui est là ne
pourrait plus servir parce qu'il n'y a plus de quota. Si, comme disait Me
Trudeau, le débat de fond est amorcé, à savoir si on doit
fixer les quotas à la ferme, à ce moment, cela éviterait
toute une possibilité de spéculations qu'il y a eu dans le
passé. On a touché aussi à la concentration; certains
producteurs ont grossi et ont acheté énormément de quotas.
Cela éviterait
peut-être une possibilité de concentration dans ce sens et
aussi protégerait des régions. Je pense que c'est un point de la
loi extrêmement important, c'est le lieu de la production, donner la
possibilité de fixer le lieu de la production.
M. Garon: ... ce matin!
M. Gagnon: Oui, on est prêts.
Le Président (M. Laplante): Article 3a, adopté?
Des voix: Vote.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette
(Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)? M. Chevrette (Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Vaillancourt (Orford)?
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Laplante): Sept pour, deux contre. Le
premier alinéa de l'article 3 est adopté sur division, tel
qu'amendé. Le paragraphe b).
M. Garon: Le remplacement du paragraphe b) par le suivant: "d)
Déterminer à quelles conditions un producteur peut produire ou
mettre en marché un produit commercialisé à l'encontre du
contingent fixé, d'une norme déterminée, du temps ou du
lieu fixé." C'est uniquement une concordance.
Le Président (M. Laplante): Des commentaires? M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais poser une question au ministre. Sur le
projet de loi original, on disait: un contingent émis par l'office. Sur
l'amendement que vous avez apporté...
M. Garon: On n'est pas rendu là. M. Dubois:
Excusez-moi. M. Garon: C'est l'article 3b. M. Dubois:
D'accord.
M. Garon: Au paragraphe b) c'est uniquement une concordance par
rapport au paragraphe c). C'est pour prévoir les exceptions; à
quelles conditions un producteur peut produire ou mettre en marché un
produit commercialisé à l'encontre du contingent fixé,
d'une norme déterminée du temps et du lieu fixé. C'est
justement pour prévoir les exceptions dont on parlait, par exemple.
M. Dubois: J'ai sauté à l'autre parce que je me
suis aperçu qu'il n'y avait rien là-dedans. Je ne pensais pas
qu'on en discuterait.
Le Président (M. Laplante): b) adopté sur
division.
M. Garon: Ils seraient peut-être unanimes
là-dessus.
M. Dubois: Sur division, parce que c'est... Le
Président (M. Laplante): J'appelle c)?
Une voix: Un instant, M. le député de Beauce-Sud
avait quelque chose à ajouter.
M. Roy: À b), j'avais quelque chose à dire.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez parler sur b)?
Dites-le, monsieur...
M. Roy: C'est parce que j'étais occupé avec le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Ce n'est pas une manoeuvre de diversion, par
exemple.
M. Roy: Ce n'était pas une manoeuvre de diversion. Je ne
veux pas aller à l'encontre des règlements et tout cela, mais je
pense quand même que c'est un article qui est bien important.
M. Garon: Concordance.
M. Roy: Une minute! Laissez faire la concordance, c'est un
refrain que je connais.
M. Garon: J'espère que vous l'avez compris,
celui-là, au moins.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Si vous permettez, seulement une observation; je pourrais
présenter un amendement, mais on ne prolongera pas le débat
inutilement, parce que, jusqu'à maintenant, on n'a pas été
tellement chanceux avec les amendements qu'on a proposés.
M. Garon: Vous en avez eu un.
M. Roy: Oui, deux mots de trop, c'était une erreur que
vous aviez faite. C'est la seule petite erreur que vous avez reconnue,
d'ailleurs.
M. Chevrette: C'est donc dire qu'il était pas mal
parfait!
M. Roy: C'est la seule erreur qu'ils ont reconnue. Entre
connaître et ne pas reconnaître les erreurs, ce n'est pas un signe
de perfection.
Déterminer à quelles conditions un producteur peut
produire ou mettre en marché; on vient de dire que c'est une question de
concordance. Quand on est rendu à dire dans un texte de loi:
Déterminer à quelles conditions un producteur peut
produire...
M. Garon: Ce n'est pas cela. Vous n'êtes pas correct,
là.
M. Roy: ... ou mettre en marché un produit...
M. Garon: À l'encontre du contingent fixé, ce sont
des exceptions. Si vous disiez, par exemple: Le gars a un quota de lait et il
veut faire du lait pour nourrir, par exemple, ses veaux. Il a un quota de lait,
mais si le gars fait du lait pour nourrir ses veaux ou des choses comme
celles-là qu'on peut imaginer, il y aurait une exception. C'est pour
prévoir les exceptions de production hors quota, au fond.
M. Roy: Cela va prendre un permis. M. Garon: Mais non.
M. Vaillancourt (Orford): II peut le faire sans permis.
M. Garon: Oui. Ce sont des exceptions au quota. Déterminer
à quelles conditions un producteur peut produire ou mettre en
marché un produit commercialisé à l'encontre du contingent
fixé, d'une norme déterminée, du temps ou du lieu
fixé. Par exemple, quand ils disent, dans le cas des pondeuses, qu'en
bas de 250 pondeuses, ce n'est pas réglementé par le plan
conjoint, c'est cela qui permet cela.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Le paragraphe
b), adopté dans son entier? Sur division ou...
Une voix: ... l'Union nationale.
Le Président (M. Laplante): Sur division?
M. Roy: Sur division, M. le Président.
M. Fontaine: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le paragraphe
j).
M. Garon: II y a un amendement supplémentaire. Hier, je
parlais avec les gens du Parti libéral. Ils me disaient, ils
n'étaient pas certains, mais qu'il pouvait y avoir
ambiguïté. Pour ne pas qu'il y ait ambiguïté, je vais
lire le texte et, après, je vais dire qu'est-ce que j'ajouterais dans le
texte pour être bien sûr que ce soit clair. Je pense que cela va
satisfaire les gens de l'Opposition. c) par l'addition, après le
paragraphe i), des suivants: "j) obliger un producteur à détenir
un contingent pour produire ou mettre en marché un produit
commercialisé, déterminer les conditions auxquelles ce contingent
peut être émis, prohiber l'émission de tout contingent
au-delà d'une limite prescrite, prescrire la réduction des
contingents lorsque cette limite est atteinte ou susceptible de l'être,
interdire la production ou la mise en marché en violation du contingent,
prévoir les conditions d'annulation, de suspension ou de
réduction temporaire ou définitive du contingent d'un producteur
en raison de la violation par lui de la présente loi, d'un plan
conjoint, d'une ordonnance, d'un règlement, d'une convention
dûment homologuée ou d'une décision arbitrale à
condition que ce producteur ait eu préalablement l'occasion d'être
entendu par la régie, et prévoir les conditions de
réattribution d'un contingent".
Au sujet de la question qu'ils m'ont mentionnée, je disais que
l'article tel qu'on l'avait, avec l'addition "d'être entendu par la
régie", c'était la régie qui pouvait faire l'annulation.
Le député de Montmagny-L'Islet, entre autres, me disait: Je ne
suis pas sûr. Alors, pour être bien sûr, on suggère
franchement, on fait une proposition d'amendement ou on peut le mettre dans le
texte tout de suite. Qu'est-ce que vous préférez?
On ferait un amendement, une motion pour que l'article 3c soit
modifié par l'addition, dans la neuvième ligne du paragraphe j),
après le mot "définitive" les mots "par la régie,".
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je peux en avoir
une copie?
M. Garon: Je vais vous la relire tranquillement.
Le Président (M. Laplante): C'est pour les fins du journal
des Débats. Je suis obligé de la remettre.
Seriez-vous d'accord qu'on ajourne les travaux, et lundi, ils nous
prépareraient cela d'une façon...
M. Garon: Dans notre esprit, l'article voulait dire cela, mais
pour ne pas qu'il y ait d'ambiguïté, on ajouterait: "... les
contrats d'annulation, de suspension ou de réduction temporaire ou
définiti- ve du contingent...", cela se lirait: "...les conditions
d'annulation, de suspension ou de réduction temporaire ou
définitive, par la régie, du contingent d'un producteur en raison
de la violation".
Je pense que... C'est cela qu'on voulait dire. Pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté...
Le Président (M. Laplante): Sur cela, suivant l'ordre de
l'Assemblée nationale, nous ajournons nos travaux à lundi, 15
heures. On commencera avec la motion écrite du ministre.
(Fin de la séance à 11 h 59)