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Étude du projet de loi no 116
(Quinze heures onze minutes)
Le Président (M. Cardinal): Nous commençons une
autre séance de la commission élue permanente de l'agriculture.
Cette séance, qui est pour la journée, suivant un ordre de la
Chambre, dès ce moment jusqu'à 18 heures et ensuite de 20 heures
à 22 heures, se terminera à cette heure, 22 heures. Cette heure
c'est "cette" pour le journal des Débats. Nous reprendrons demain matin
selon la façon dont les travaux fonctionneront.
Je dois, au début, lire la liste des membres en demandant que
chacun des partis m'indique s'il y a des changements, et ce sera pour la
journée entière. M. Baril (Arthabaska).
M. Brassard: Je remplace M. Baril (Arthabaska).
Le Président (M. Cardinal): Alors, M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), d'accord. M. Beauséjour (Iberville), M. Dubois
(Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis) et ministre, en
plus.
M. Garon: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Rancourt (Saint-François), M. Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Présent, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Voilà la liste des
membres. Maintenant, les intervenants: M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
M. Brassard: Je remplace M. Baril (Arthabaska).
Le Président (M. Cardinal): Bon! M. Charbon-neau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue).
M. Giasson: Remplacé par M. Verreault (Shefford).
Le Président (M. Cardinal): M. Mercier (Berthier), M.
Ouellette (Beauce-Nord), M. Picotte (Maskinongé), M. Samson
(Rouyn-Noranda). Oui.
Demande de directive
M. Fontaine: Sur une question de directive, M. le
Président. Nous sommes présentement à étudier
l'article 3, qui modifie la loi...
Le Président (M. Cardinal): Article 3c.
M. Fontaine: L'article 3c, qui modifie la loi, le chapitre 36. M.
le Président, le ministre de l'Agriculture, depuis le début de
l'étude de ce projet de loi, nous a toujours dit qu'il avait l'appui de
toutes les coopératives agricoles du Québec.
Or, M. le Président, en fin de semaine, s'est
présenté un fait nouveau qui, je pense, mérite l'attention
de notre commission parlementaire et je voudrais aujourd'hui vous demander la
directive suivante, savoir si, au stade où en sont nos travaux, il ne
serait pas important de changer l'ordre de nos travaux, puisque la
Coopérative agricole de Granby, qui représente que je
sache environ 9800 producteurs du Québec, a fait parvenir au chef de
l'Union Nationale, en fin de semaine, alors que nous étions
réunis en congrès à l'hôtel Hilton, un
télégramme qui indique qu'elle se dissocie de la prise de
position du ministre concernant le projet de loi 116.
Je voudrais simplement vous lire quelques extraits de ce
télégramme que nous avons reçu. Tout ceci pour vous
demander...
Le Président (M. Cardinal): D'accord, je vais vous
protéger mais je voudrais rappeler un fait: même si je ne
présidais pas cette commission la semaine dernière, au moment de
l'ajournement des travaux, c'était M. le ministre qui avait le droit de
parole sur un amendement qu'il avait lui-même présenté.
M. Fontaine: M. le Président, c'est sur une question de
directive.
Le Président (M. Cardinal): C'est pourquoi je veux quand
même indiquer, pour que tous comprennent ce qui se passe, les membres de
la commission et les gens qui nous entendent, je vous laisse continuer.
M. Fontaine: D'accord. M. le Président, la
Coopérative agricole de Granby, par l'entremise de son président,
M. Michel Lemire, qui représente 9800 producteurs du Québec,
disait ceci dans son télégramme, adressé au ministre de
l'Agriculture: "M. le ministre, à la lumière des récents
événements et à la suite des pressions de plus en plus
fortes de ses membres, donc de la base, la Coopérative agricole de
Granby désire vous informer qu'elle retire son appui aux articles 1, 3,
5 et 6 du projet de loi 116, ainsi qu'aux modifications proposées, et
qu'elle entend alerter...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît, je m'excuse de vous interrompre. Que je sache, les articles 1 et
3, sauf l'article 3c, sont déjà adoptés.
M. Fontaine: M. le Président, l'article 3c, qui est
à l'étude, n'est pas adopté et nous avons plusieurs
sous-paragraphes.
Le Président (M. Cardinal): C'est exactement ce que je
viens de dire.
M. Fontaine: D'accord, mais ces articles, on peut toujours les
amender en troisième lecture, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Cardinal): On ne reviendra pas à
l'article 1, c'est vraiment interdit par le règlement.
M. Fontaine: Je vous lis le télégramme pour vous
demander une directive: "... et qu'elle entend alerter le monde agricole et
coopératif des dangers que présente leur adoption. "Devant
l'ambiguïté de ces articles, nous ne pouvons souscrire à
l'adoption du projet de loi 116 dans son intégralité. L'absence
totale d'un consensus social sur la portée et l'application du projet
justifie à elle seule qu'il soit scindé et qu'elle commande la
tenue d'une commission parlementaire sur le problème du lait au
Québec. "Seule une disposition législative expresse, assurant que
la loi n'a pas pour effet de restreindre les obligations d'un producteur envers
sa coopérative, nous convaincrait que les intentions du ministre sont
véritablement celles de protéger les intérêts de
tous les producteurs agricoles du Québec. "Nous offrons à l'UPA,
qui s'est toujours dite favorable au rôle essentiel du mouvement
coopératif dans le domaine agricole, l'occasion de donner son appui
concret à la disposition législative que nous proposons plus haut
et ainsi démontrer son souci de voir aux intérêts communs
des mouvements coopératifs et syndicaux agricoles. "Enfin, nous
réitérons les propos tenus dans nos communications en date du 13
et 21 décembre 1978".
Ces communications, je ne sais pas si le ministre nous en a
déjà fait part. Il pourrait peut-être nous en parler.
M. le Président, je vous demande une directive et je la demande
en même temps aux autres membres de la commission. Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu, devant ces faits, de modifier l'ordre de nos travaux et de
passer à l'adoption ou à l'étude des articles qui ne sont
pas mentionnés dans le télégramme, pour, entre-temps, voir
s'il y aurait possibilité d'entendre les intervenants du monde agricole,
devant une commission parlementaire.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Vous demandez une directive à
trois volets, dans le fond.
Premièrement, est-ce qu'il est possible de scinder le projet de
loi? Dans le fond, c'est l'article 1, l'alinéa 2a, qui est le principe
du projet de loi. Je n'ai pas le droit, comme président, de me prononcer
sur le fond de la législation. Mais je dois, comme président,
sauvegarder nos façons d'agir en Assemblée nationale ou en
commission parlementaire qui en est tout simplement, ce que j'appellerai, le
bourgeon ou la suite.
À de nombreuses reprises, il a été question de
motions, de divisions d'un projet de loi. Et à chaque fois, le
président, soit de l'Assemblée nationale, soit d'une commission
parlementaire, a indiqué que lors d'une motion de deuxième
lecture, qui était une motion simple, il ne pouvait pas y avoir de
scission et qu'à la commission parlementaire qui la suivait j'ai
moi-même rendu cette décision lors de l'étude des projets
de loi 1 et 101 on ne pouvait pas non plus la faire.
Cette demande, ce n'est pas à moi d'indiquer à quel moment
elle devra se faire et je répète textuellement des phrases que
j'ai déjà dites dans cette salle 81-A, pendant des mois, en 1977.
Donc, sur ce point, il est sûr que je trouverai irrecevable toute motion
de scission, de division du projet de loi.
Deuxièmement, vous demandez que l'on suspende l'étude de
l'article 3c). Cette motion, si elle est faite seule, est certainement
parfaitement recevable et, à ce moment-là, nous suivrons le
règlement pour savoir ce qui en arrivera.
Votre autre question me semble s'adresser plus au ministre qu'à
moi. Je ne suis pas au courant si des télégrammes ont
été adressés ou ont été reçus ou ont
eu réponse. C'est pourquoi, faisant peut-être une exception aux
habitudes, j'ai donné la directive sur deux points. Je permettrai, comme
je vous l'ai permis, au ministre une brève réponse pour revenir
à nos travaux. Si vous faites une motion formelle pour que l'on suspende
l'étude d'un article, j'en disposerai à ce moment-là, en
vous disant tout de suite que la motion est recevable. M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, j'ai rencontré la
Coopérative de Granby avec toutes les autres coopératives. Je
vous ai toujours mentionné que j'ai reçu le
télégramme de la Coopérative fédérée
je ne sais pas si j'ai le texte ici du Québec. "La
Coopérative fédérée, en son nom et au nom des
coopératives agricoles concernées, est d'accord avec le bill 116,
tel que soumis à notre attention, lundi matin, le 18 décembre. La
coopérative réaffirme qu'elle n'a jamais ni de près, ni de
loin adhéré ou donné son appui au mouvement des
producteurs discidents".
J'ai eu un autre télégramme de la Coopérative
fédérée daté du 21 décembre que je n'ai pas
avec moi. C'est un télégramme très court qui insistait
pour que le projet de loi 116 soit adopté le plus rapidement possible.
Vous dites que la Coopérative de Granby n'est pas d'accord sur un
certain nombre d'articles. Quand je vois qu'on met en doute l'article 5 qui est
la reproduction intégrale, à peu près sans changer un mot,
de l'article 2, paragraphe 2, alinéa a) du chapitre A-7 visant le
placement des produits agricoles sur le marché interprovincial et dans
le commerce de l'exportation, là, à moins qu'un article ne soit
pas ambigu quand il est dans la loi fédérale et qu'il soit ambigu
dans la loi provinciale, je ne comprends pas du tout. Je ne sais pas s'il y a
des gens qui ne sont pas assez familiers avec ces lois, mais je peux vous dire
une chose, c'est qu'il y a des articles, là-dessus, qui sont d'une
clarté époustouflante.
M. Giasson: Cela brille.
M. Garon: Quand on met un certain nombre d'articles en doute,
qu'est-ce que vous voulez faire? Le problème est très simple. On
dit aussi: Suite à des événements, des choses de
même dans le télégramme. D'ailleurs, on m'a avisé
que j'aurais une copie, je suis allé à mon bureau de
comté, mais je n'ai pas encore eu la copie. J'imagine que c'est la
même copie que vous avez là. Je ne nie pas le
télégramme, parce qu'on m'a dit que j'aurais une copie.
M. Fontaine: Cela prouve au moins que la coopérative
s'intéresse plus au chef de l'Union Nationale qu'à vous.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: J'ai dû l'avoir à mon bureau. Je suis
allé à mon bureau de comté ce matin, parce qu'il faut que
je m'occupe de mon comté à travers tout cela.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Un instant,
M. le ministre! M. le député de Nicolet-Yamaska, à une
commission parlementaire, chacun parle à son tour avec la permission du
président, s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Garon: Je remarque une belle coïncidence avec votre
congrès en fin de semaine.
Le Président (M. Cardinal): La pertinence!
M. Fontaine: Ce n'est pas nous autres qu'il l'avons envoyé
le télégramme!
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Tout simplement, ce que je dis, nous allons
procéder à l'adoption de la loi 116. Les questions du lait, les
difficultés entre le mouvement coopératif et le mouvement
syndical sont d'autres questions qui ne sont pas réglées par le
projet de loi 116; celui-ci ne vise pas cela du tout. Je ne vois pas
l'opportunité de ne pas continuer nos travaux selon l'ordre de la
Chambre.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! L'Opposition
officielle n'ayant pas pu s'exprimer encore, M. le député, c'est
à votre tour.
M. Giasson: M. le Président, avec tout le respect que je
dois à la présidence, j'aimerais tout de même savoir ceci
du ministre, qui nous affirmait la semaine dernière avoir
découvert un sentiment d'unanimité de la part de tout le monde
coopératif agricole au Québec. Je voudrais qu'il nous transmette
ce qui fait l'objet des inquiétudes de la Coopérative agricole de
Granby comme disent les Français vis-à-vis des
articles 1, 3 et 5.
M. Garon: Si vous regardez...
M. Giasson: Vous n'avez pas eu de discussion lors d'entretiens
téléphoniques avec des représentants de cette
coopérative tout récemment, entretiens au cours desquels on vous
a fait part des inquiétudes qui étaient celles de la
Coopérative de Granby?
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. À l'ordre,
un instant, s'il vous plaît! Je reviens sur un point que j'ai
souligné. L'article 1 a été adopté. Il contient
l'article 2a, qui est un article d'amendement. Encore une fois, sans me
prononcer sur le fond du problème, c'est le principe du projet de loi
qui est à l'article 2a. Il est même déjà
adopté par cette commission parlementaire. Je ne voudrais pas que l'on
viole tous les règlements et que l'on revienne sur quelque chose qui,
selon les règles qui nous régissent, a déjà
été adopté. M. le ministre.
M. Garon: Quand je vois le début du
télégramme qui dit: "À la lumière des
récents événements et à la suite des pressions de
plus en plus fortes de ses membres", j'ai l'impression que ce ne sont pas des
causes qui changent l'interprétation juridique d'une loi. Les
événements changent. Je comprends. Je ne sais pas si c'est
l'adhésion de nouveaux membres à l'Union Nationale ou quoi, Je ne
sais pas ce que c'est.
M. Fontaine: C'est possible.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît.
M. Garon: À la lumière des...
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît.
M. Garon: "À la lumière des récents
événements", cela ne change pas l'interprétation des lois.
"À la lumière de pressions de plus en plus fortes des membres",
cela ne change pas l'interprétation des lois non plus.
M. Fontaine: M. le Président, du 13 et 21.
Le Président (M. Cardinal): Oui. Ecoutez, nous allons
recommencer nos travaux. Oui, M. le député de Nicolet-Yamaska,
j'ai rendu mes deux directives...
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Nous en étions à
l'article 3c au moment de l'ajournement. M. le ministre avait la parole et
avait proposé une motion d'amendement à cet article. J'en ai le
texte devant moi. Si vous voulez proposer une motion formelle, vous avez la
parole.
Motion pour suspendre l'étude du paragraphe c)
de l'article 3
M. Fontaine: M. le Président, si vous me permettez de
prendre la parole, je voudrais proposer à cette commission, étant
donné que le
ministre n'a pas eu l'occasion et je trouve un petit peu aberrant
et inconcevable qu'il n'ait pas eu au moins une copie de ce
télégramme et n'en ait pas pris connaissance je voudrais
proposer, M. le Président, la motion suivante: Que cette commission
suspende l'étude du paragraphe c) de l'article 3 et procède
immédiatement à l'étude des articles 4 et 7
inclusivement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Est-ce que je
pourrais avoir le texte écrit, s'il vous plaît?
M. Fontaine: Certainement.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Pour distribution
à la commission. Je relis la motion: Que cette commission suspende
l'étude du paragraphe c) de l'article 3 évidemment du
projet de loi no 116 et procède immédiatement à
l'étude des articles 4 on pourrait peut-être dire: En vertu
de 65.2 à 7 inclusivement. Même, on pourrait
peut-être ajouter 8.
M. Fontaine: M. le Président, ce n'est pas le sens de la
motion.
Le Président (M. Cardinal): Alors veuillez l'expliquer
davantage.
M. Fontaine: C'est parce que la Coopérative agricole de
Granby s'oppose à l'adoption des articles 5 et 6. Alors, nous voudrions
immédiatement procéder...
Le Président (M. Cardinal): 4 et 7. M. Fontaine: 4
et 7.
Le Président (M. Cardinal): Dans le fond, vous demandez la
suspension de l'étude de 3c pour que l'on étudie 4. Je vous fais
une suggestion, M. le député de Nicolet-Yamaska. Si votre motion
est: Que l'on suspende l'étude de l'article 3c et que l'on
procède immédiatement à l'étude de l'article 4, je
vous dis que votre motion est recevable. Pour ce qui est d'une hypothèse
qui pourrait arriver lors de l'étude de l'article 5, je ne me
prononcerai pas comme je le fais toujours.
M. Fontaine: D'accord, M. le Président. Je pense que
même en vertu de votre pouvoir réglementaire, vous pourriez
enlever le chiffre 7. Alors...
Le Président (M. Cardinal): C'est ce que je fais. Je relis
la motion: "Que cette commission suspende l'étude du paragraphe c) de
l'article 3 et procède immédiatement à l'étude de
l'article 4."
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Cela, en vertu de l'article
65, alinéa 2 du règlement. Cette motion peut être
acceptée unanimement par la commission ou on peut laisser aller sur un
court débat avec un vote. Est-ce que j'ai le consentement de la
commission?
M. Giasson: M. le Président, dois-je comprendre que vous
avez jugé cette motion recevable? (15 h 30)
Le Président (M. Cardinal): Oui, telle que je l'ai
modifiée. J'attends votre consentement ou votre demande de
consentement.
M. Roy: D'accord, M. le Président, consentement.
Une voix: Consentement. Le Président (M. Cardinal):
J'en ai deux. M. Fontaine: Nous avons le consentement? Le
Président (M. Cardinal): J'attends... M. Fontaine: M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): L'Opposition officielle ne
s'est pas prononcée.
M. Roy: M. le Président, une directive. Si la motion est
reçue...
M. Giasson: II faut la débattre.
M. Roy: ... elle n'a pas à solliciter le consentement de
la commission.
Le Président (M. Cardinal): C'est cela. D'ailleurs, ce que
je veux savoir, vous le savez, M. le député de Beauce-Sud, on l'a
fait souvent en commission parlementaire, ce serait tellement plus simple, au
lieu d'avoir un débat, de dire: Vous êtes d'accord pour qu'on
suspende. Si tout le monde est d'accord, on passe à l'article 4.
M. Fontaine: ... qui ne l'est pas.
Le Président (M. Cardinal): Alors, je n'ai pas l'accord.
M. le député de Nicolet-Yamaska et président de l'UNion
Nationale...
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): C'est la façon dont je
procède pour éviter ces débats de procédure.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy:... justement pour éviter les débats de
procédure, il y a une vieille jurisprudence qui prévaut pour la
présidence, savoir que la présidence n'a pas à tenir
compte de ce qui se passe sur le plan politique en dehors de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, mais la
présidence, aujourd'hui, a des oreilles qui entendent tout. Alors, s'il
vous plaît, nous...
M. Fontaine: J'aurais bien aimé entendre le ministre nous
dire s'il nous donne son consentement...
Le Président (M. Cardinal): Justement, c'est à son
tour.
M. Fontaine:... ou non, à ce qu'on procède de cette
façon.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Fontaine: Étant donné qu'il a pu prendre
connaissance...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Garon: Je voudrais qu'on procède dans l'ordre, au fond,
parce qu'on est rendu à j), après, c'est k) et I) et, ensuite, on
verra l'article 4. Si vous êtes contre, vous n'avez qu'à voter
contre. Je pense que vous avez...
Le Président (M. Cardinal): Vous parlez sur la motion?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Vous parlez sur la motion.
M. Garon: Non, je dis que s'ils sont contre, ils n'ont
qu'à voter contre et, que je sache, l'Opposition ne forme pas le
gouvernement. À un moment donné, j'ai l'impression que la
démocratie, ce n'est pas d'empêcher le gouvernement de gouverner;
c'est de jouer son rôle d'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Vous ne me rendez
pas la vie facile cet après-midi.
M. Giasson: Surtout le ministre, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Non. C'est une commission
parlementaire. Ce sont les députés qui ont travaillé. Il y
a une motion devant nous pour que l'on suspende l'étude de l'article 3
et que l'on procède à l'étude de l'article 4. C'est
exactement la motion. Est-ce que quelqu'un veut s'exprimer sur la motion?
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais m'exprimer
quelques minutes sur cette motion.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, le ministre nous dit que ce
n'est pas l'Opposition qui va former le gouvernement. Dans les circonstances
actuelles, je suis bien content de ne pas être à sa place. Je dois
vous dire, M. le Président, que, si on veut parler de démocratie,
je pense qu'aujourd'hui, comme, d'ailleurs, depuis le début de
l'étude de ce projet de loi, nous tentons de faire exercer le processus
démocratique et aujourd'hui je pense qu'entre autres avec ce
télégramme de la Coopérative agricole de Granby nous
voyons que le consensus que le ministre nous avait dit avoir sur le projet de
loi 116, s'il a existé, n'existe plus.
M. Garon: Elle retire son appui. Quand on retire un appui, c'est
parce qu'on l'a déjà donné.
M. Fontaine: C'est moi qui ai la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fontaine: Si ce consensus n'existe plus, M. le
Président, je pense que le problème est entier et il est
absolument important aujourd'hui que nous continuions à jouer notre
rôle démocratique d'Opposition. S'il est un parti politique en
cette Chambre, avec le député de Beauce-Sud, qui a joué
son rôle d'Opposition au point de vue démocratique sur le projet
de loi 116, c'est bien l'Union Nationale. Aujourd'hui, nous avons la preuve que
nos efforts n'ont pas été vains et maintenant nous savons que la
majorité ou presque des producteurs agricoles du Québec n'est pas
d'accord sur l'adoption du projet de loi tel quel. C'est pour ces raisons que
nous voulons faire comprendre au ministre qu'il est important, avant de
s'entêter à vouloir adopter un projet de loi qui ne retient pas le
consensus de ceux pour qui il est adopté, que ces gens, qu'ils soient
d'accord ou non avec le ministre, viennent à une commission
parlementaire s'exprimer et dire ce qu'ils ont à dire sur le projet de
loi. Le ministre a toujours voulu, depuis le début, nous faire croire
que tout le monde était d'accord avec lui, mais, aujourd'hui, il a la
preuve évidente que ce n'est pas vrai, ce n'est pas exact. Je pense
qu'il serait important que le ministre se rende compte, se rende à
l'évidence qu'il n'y a plus ce consensus qu'il avait flairé de
son côté.
M. le Président, la Coopérative agricole de Granby, qui
représente 9800 producteurs, et d'autres personnes ont manifesté
leur désaccord avec ce projet de loi; 5000 signatures, entre autres, et
peut-être même plus ont été recueillies par certaines
personnes. Nous savons que d'autres coopératives, demain, réunies
en congrès, vont probablement également retirer leur appui au
projet de loi 116. Comme on vous l'avait dit la semaine dernière, les
coopératives ne sont pas toutes d'accord sur la position prise par la
fédération et je pense même que la
fédération, actuellement, est en train de repenser sa prise de
position.
Le télégramme qu'on envoie aujourd'hui au ministre de
l'Agriculture dénote que ce consensus n'existe plus et les mots
employés dans le télégramme montrent bien les
différends qui existent dans le monde agricole et surtout dans le monde
laitier. On nous dit dans le télégramme: "À la suite de
pressions de plus en plus fortes des membres donc, nous sommes ici en
face d'une décision des membres de la Coopérative agricole de
Gran-
by la coopérative désire vous informer qu'elle
retire son appui aux articles 1, 3, 5 et 6 du projet de loi 116 ainsi qu'aux
modifications proposées et qu'elle entend alerter le monde agricole et
coopératif des dangers que présente leur adoption."
Si la Coopérative agricole de Granby désire faire un
programme d'alerte vis-à-vis de ce projet dans le monde agricole, M. le
Président, je vous soumets bien humblement qu'il serait d'autant pus
important que cette alerte soit faite à l'Assemblée nationale et
non pas nécessairement dans les journaux et dans le public. S'il y a un
endroit où ces gens ont le droit de venir s'exprimer, c'est bien ici en
commission parlementaire, publiquement, face à tout le monde. À
ce moment-là, ceux qui sont d'accord avec le projet de loi pourront
également venir donner leur position.
On nous dit aussi dans le télégramme: L'absence totale
d'un consensus social sur la portée et l'application du projet justifie
à elle seule qu'il soit scindé et commande la tenue d'une
commission parlementaire. S'il y a absence de ce consensus social, je pense que
le ministre ne peut pas écarter du revers de la main une telle situation
et continuer à s'entêter à vouloir adopter le projet de
loi.
Un peu plus loin, on nous parle également de propos qu'on a tenus
dans des communications en date des 13 et 21 décembre 1978. Que je
sache, M. le Président, je peux me tromper, mais c'est la
première fois que j'entends parler de ces communications des 13 et 21
décembre 1978, alors que la Coopérative agricole de Granby devait
tenir probablement des propos sur lesquels elle n'était pas d'accord
avec le ministre puisqu'elle dit qu'elle réitère ces propos.
M. le Président, je voudrais bien que le ministre nous
dépose ces lettres ou ces communications qu'il a eues avec la
coopérative agricole de Granby, les 13 et 21 décembre. Je
l'invite à le faire.
Le Président (M. Cardinal): À l'Assemblée
nationale.
M. Fontaine: À l'Assemblée nationale ou où
il voudra.
Le Président (M. Cardinal): Pas en commission.
M. Fontaine: S'il aime mieux le faire devant un journaliste,
comme c'est son habitude, il pourra le faire également.
M. le Président, je vous soumets bien humblement que cette motion
devrait, ici à tout le moins, autour de cette table, susciter un
consensus; s'il n'y en a pas dans le monde agricole, il doit y en avoir un
autour de cette table. Que chaque partie intéressée dans ce
dossier ait l'occasion de se faire entendre et de dire ce qu'elle a à
dire sur le projet de loi 116. Si, à la suite de tout cela, nous nous
apercevons que nous nous sommes trompés et que le consensus existe, nous
donnerons notre appui au projet de loi 116.
Mais si, comme nous le pensons, ce consensus n'existe pas et n'existera
pas, nous ne pouvons accepter la situation actuelle. Je pense que les
producteurs agricoles, le petit producteur agricole du Québec n'accepte
pas une telle intransigeance de la part du ministre de l'Agriculture.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Beauce-Sud, je vous reconnais.
M. Roy: Merci. J'avais cru que le ministre avait demandé
à prendre la parole, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Non, il n'a pas invoqué
l'article 92.
M. Roy: Merci, M. le Président. Le ministre nous a dit
tout à l'heure et c'étaient ses premiers mots qu'il
ne comprenait pas du tout. Je pense, M. le Président, que cela
démontre qu'il n'a pas compris. C'est toujours ce que j'ai pensé,
que le ministre ne comprenait pas. Il n'a pas compris depuis le début.
Dans la nuit du 21 au 22 décembre, lorsque j'ai eu l'occasion de faire
mon intervention de deuxième lecture à l'Assemblée
nationale, j'ai dit, j'ai soutenu et j'ai répété, par la
suite, que dans ce projet de loi, il y avait deux éléments. Il y
avait un élément qui visait à corriger le vide juridique
créé par la Cour suprême c'est la raison pour
laquelle j'appuierai la motion d'amendement du député de
Nicolet-Yamaska et deuxièmement, on changeait le niveau des
pouvoirs accordés aux offices de mise en marché.
C'est toujours ce que j'ai soutenu, c'est toujours ce que j'ai dit. Ce
que j'ai dit et ce que j'ai répété depuis le début,
c'est qu'on devait en informer la classe agricole, les agriculteurs du
Québec, pour qu'ils sachent ce qu'il y avait dans le projet de loi, pour
qu'ils puissent comprendre, pour qu'ils puissent interroger leur milieu
syndical, pour qu'ils puissent interroger leurs dirigeants de
coopératives, pour que les gens concernés dans les
différents milieux puissent s'exprimer en tout liberté et en
toute démocratie, dans un régime vraiment
démocratique.
C'est toujours ce que j'ai soutenu. Et pour soutenir mon argumentation,
M. le Président, je m'étais référé à
l'article 8 de la loi: La présente loi entrera en vigueur à la
date qui sera fixée par proclamation du gouvernement pas le jour
de ss sanction, alors qu'on nous avait dit que cela pressait à
l'exception des dispositions exclues par cette proclamation.
C'est-à-dire qu'on visait deux étapes pour faire sanctionner le
projet de loi, ce qui confirmait très bien qu'il y avait deux
éléments de base, deux éléments fondamentaux dans
le projet de loi 116.
Et le ministre ne l'a pas compris. Il vient de nous en fournir la
preuve, il vient de l'avouer à l'Assemblée nationale, qu'il ne
l'a pas compris. Non seulement il ne l'a pas compris, M. le Président,
mais je vais peser mes propos le ministre nous a induits en
erreur, a induit la Chambre en erreur. Le ministre a induit la classe agricole
en erreur. Il a induit la population du Québec en erreur.
M. le Président, c'est tellement vrai que si le ministre se
réfère à Vers Demain, je vais me référer
à La Terre de Chez Nous. Le 28 décembre 1978, dans le journal La
Terre de Chez Nous, dans un article écrit par Raynald Bourgeoys
c'est simplement de la concordance, c'est ce qu'on dit dans la loi on
écrit: "Précisons que cette loi ne change rien sur les principes
que la loi 12 ou la Loi sur la mise en marché des produits agricoles
avait définis concernant la production ou la mise en marché des
produits agricoles..." On dit que cela ne change pas les pouvoirs. Je comprends
mal pourquoi on lutte et on travaille. Nous sommes en train d'étudier
cela depuis une semaine. Lorsqu'on a parlé de proposer un changement de
mots, on a attaqué le principe de la loi.
On dit, dans l'article: "Pourquoi une telle loi? Elle a
été rendue nécessaire suite à un jugement de la
Cour suprême du Canada". C'est cela qui est écrit dans La Terre de
Chez Nous. "Pourquoi alors une telle loi? Elle a été rendue
nécessaire suite à un jugement de la Cour suprême du Canada
déclarant ultra vires ce n'est pas moi qui ai écrit cela
donc, illégales les dispositions législatives
fédérales concernant les modalités de perception des
cotisations pour le financement du système de commercialisation". "Par
ailleurs, le même jugement déclarait valide le système de
commercialisation des oeufs. Le litige réside donc uniquement dans les
modalités de perception de la cotisation". C'est cela le vide qui a
été créé par le jugement de la Cour suprême
et c'est ce qu'on peut retrouver dans l'article 4 de la loi et dans l'article 7
du projet de loi qui est actuellement devant nous.
Qu'on ne vienne pas nous dire par la suite que la loi ne change rien. Je
dis que le ministre nous a induits en erreur, a induit la Chambre en erreur, a
induit la classe agricole en erreur, de même qu'il a induit la population
en erreur, par le fait que le ministre nous a dit, depuis le début, que
c'était la première fois, depuis de nombreuses années,
qu'il y avait un consensus dans le monde agricole. Le ministre nous a dit cela
encore la semaine dernière. Il nous a dit cela vendredi avant-midi. Le
ministre nous a répété cela vendredi après-midi. Il
nous a répété cela jeudi après-midi, jeudi soir et
vendredi avant-midi. Le ministre nous a dit cela tous les jours, qu'il existait
un consensus.
Le député de Beauce-Sud, M. le Président, n'a pas
voulu travailler à ce projet de loi les yeux fermés. Je n'ai
jamais voulu prendre mes responsabilités à la
légère et c'est pourquoi je me suis permis d'entrer en contact
avec certaines personnes qui ont des responsabilités au sein du milieu
agricole de leur poser certaines questions. Le télégramme
d'aujourd'hui ne me surprend pas du tout. C'est toujours ce que j'ai entendu
depuis le début.
M. Garon: Moi non plus.
M. Roy: Mais ce qui m'a surpris, ce sont les propos que le
ministre a tenus en commission parlementaire, par exemple. Cela m'a surpris,
cela m'a toujours surpris. C'est là que je dis que le ministre je
le répète encore une fois et je pèse mes mots nous
a induits en erreur, a induit ses collègues en erreur, a induit la
commission parlementaire en erreur, a induit la Chambre en erreur et a induit
la population en erreur.
M. Garon: Un instant! M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Mais attention!
M. Garon: Le député de Beauce-Sud peut bien parler
blême comme un drap, mais je vais vous dire une chose...
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît!
M. Garon: ... comme induction en erreur, lisez le
télégramme même de la coopérative de Granby qui dit:
"À la lumière des récents événements..." Je
ne sais pas s'il y a des événements qui interprètent les
lois, il y a des événements au fond qui ont peut-être servi
dans la région de la Beauce plus que d'autres que vous pensez. "... et
à la suite des pressions de plus en plus fortes de ses membres, la
coopérative agricole de Granby désire vous informer qu'elle
retire son appui". "Retire" qu'est-ce que cela veut dire?
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre!
M. Roy: ... je pense que la vue du ministre lui pâlit.
Le Président (M. Cardinal): Oui, seulement une seconde,
justement. Comme il n'y a pas de privilège en commission parlementaire,
je considère que le ministre a parlé en vertu de l'article 96,
ayant déjà fait un discours. Je ne vais pas plus loin. M. le
député de Beauce-Sud, vous avez encore le temps de continuer sur
la motion de M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Il y a d'autres coopératives qui n'ont pas envoyé de
télégramme au ministre et qui n'ont jamais appuyé le
projet de loi 116 comme tel. On peut peut-être citer textuellement une
ligne appuyé le projet de loi 116 comme tel. On peut peut-être
citer textuellement une ligne du télégramme de la
coopérative de Granby illustre très bien la situation qui
prévaut actuellement dans les milieux coopératifs. J'ai
cité d'autres genres de coopératives qui sont dans d'autres
secteurs de l'économie agricole au Québec, la semaine
dernière, vendredi dernier. Je pense que je n'ai pas besoin de revenir
là-dessus. D'ailleurs, je ne veux pas passer mon temps à
répéter, malgré qu'on soit obligé de
répéter trop souvent, trop souvent, hélas!
Dans le projet de loi actuel, M. le Président, le ministre a
oublié une réalité, la réalité du monde de
la coopération, les coopératives. Les coopératives, que je
sache, dans le secteur agricole, sont
la propriété des agriculteurs. Ce sont les capitaux des
agriculteurs qui ont investi, qui ont fait des investissements par leur capital
social, qui ont fait des investissements aussi par le fait qu'ils ont souscrit
une partie de leurs taux perçus à la fin de chaque année
pour augmenter le fonds de réserve de la coopérative, le fonds de
roulement de la coopérative.
Par qui sont nommés les dirigeants des coopératives? Je ne
sache pas que les dirigeants des coopératives soient nommés par
le lieutenant-gouverneur en conseil. Les dirigeants des coopératives
sont nommés par les membres des coopératives, donc par qui? Par
les agriculteurs. C'est par les agriculteurs que les dirigeants des
coopératives sont nommés? Les dirigeants des coopératives
sont responsables envers qui? Responsables envers le gouvernement? Responsables
envers le ministre? Responsables envers le Conseil des ministres? Les
dirigeants des coopératives sont responsables envers leurs membres. Il y
a des assemblées générales, chaque année, et la loi
est très claire là-dessus. Ce sont les membres agriculteurs d'une
coopérative en assemblée générale qui adoptent les
résolutions pour le bon fonctionnement de leur coopérative, ce ne
sont pas les députés qui font cela, ce ne sont pas les
députés de l'Opposition, ce sont les agriculteurs membres d'une
coopérative. C'est ainsi que l'on fonctionne dans le milieu
coopératif. Quand on dit... Non, on ne vient pas de le découvrir,
je suis obligé de vous le rappeler, parce que j'ai l'impression que vous
l'avez oublié.
M. Gagnon: Ah! ah! bonne farce.
M. Roy: ... j'ai l'impression que vous avez oublié,
malheureusement. C'est une réalité, le monde de la
coopération dans le secteur agricole, sur laquelle le ministre n'a pas
de droit de se fermer les yeux, n'a pas le droit de s'y soustraire. Quand on
parle d'un consensus social, ce n'est pas la première année qu'il
y a des problèmes au niveau de la coopération par rapport au
syndicalisme. La Régie des marchés agricoles a été
chargée de l'étude de bien des dossiers, de bien des
problèmes. Le ministre sait cela. Pour quelle raison ne pas avoir
procédé à régler tout simplement le vide juridique
créé par le jugement de la Cour suprême? J'ai même
dit au ministre en pleine Assemblée nationale, le 21 décembre
dernier, que j'étais prêt à donner mon consentement pour
que ce soit adopté immédiatement. Cela aurait été
adopté tout de suite, le 21 décembre, et lorsque
l'Assemblée nationale aurait terminé ses travaux le 21
décembre, tard dans la nuit ou le 22 décembre matin, le projet de
loi 116 aurait été adopté. C'est ce que nous avons dit,
c'est ce que nous avons répété et c'est encore ce que nous
soutenons aujourd'hui.
Je suis encore prêt à donner mon consentement pour qu'on
dispose de l'article 4 et de l'article 7 de la loi, et qu'on vise à
combler le vide juridique créé par le jugement de la Cour
suprême. Avant d'aller plus loin dans d'autres domai- nes, si c'est la
décision du ministre de maintenir ses intentions de se fermer les yeux,
de se boucher les oreilles, de refuser une commission parlementaire pour que
les dirigeants des différents organismes agricoles au Québec, le
monde agricole, le monde rural puissent venir s'exprimer devant une commission
parlementaire, je dis que le ministre aura d'autres problèmes avant la
fin de l'année. D'autres problèmes que ceux qu'il connaît
à l'heure actuelle. Je comprends qu'il y en a encore, mais il en aura
d'autres qu'il ne soupçonne peut-être pas aujourd'hui.
Pour quelle raison a-t-on permis des commissions parlementaires à
tous les niveaux? Les gens des différentes classes de la
société ont pu venir se faire entendre en commission
parlementaire sur différents sujets, mais quand on parle de convoquer
une grande commission parlementaire pour faire le point dans le monde agricole,
cela semble une chose impossible aux yeux du ministre, cela semble
antidémocratique. Quand on a étudié la Loi sur la
protection du consommateur, quand on a étudié les lois de
l'éducation, la loi 22, la loi 101, quand on a étudié
d'autres lois, la réforme de l'assurance automobile, tout le monde a pu
se faire entendre devant une commission parlementaire. Pour l'assurance
automobile, le ministre titulaire avait fait une tournée dans la
province, une commission parlementaire itinérante composée
uniquement de membres du côté gouvernement, mais cela a
été fait.
Mais, dans le monde agricole, cela semble absolument impossible, cela
semble absolument impensable de permettre aux députés de
l'Opposition, comme aux députés du côté
ministériel, de pouvoir interroger les dirigeants de la classe agricole,
de pouvoir interroger les représentants des organismes agricoles en
commission parlementaire, de façon à nous donner le maximum
d'éclairage jusqu'à ce qu'on puisse en venir à faire le
point de la situation et à trouver, sur le plan législatif ou sur
le plan administratif, les éléments de solutions qui seraient
susceptibles d'orienter l'économie agricole du Québec vers une
meilleure coordination des activités. Le conflit, malheureusement
d'ailleurs, on a eu l'occasion de revenir là-dessus au cours des
derniers jours qui prévaut actuellement dans le monde agricole
vient des questions qui se posent entre le syndicalisme et la
coopération. Il ne faut pas oublier une chose: à la base, ce sont
les mêmes personnes, c'est le même agriculteur qui défraie
les frais du syndicalisme agricole, c'est le même agriculteur qui paie
pour soutenir sa coopérative, qui paie pour la faire fonctionner. C'est
absolument malheureux qu'on se retrouve dans des situations comme
celle-là. Le monde de la coopération dit, à l'heure
actuelle, que, dans la loi 116, il y a des dispositions qui permettraient non
pas de corriger la situation, mais qui verraient à l'aggraver,
plutôt qu'à l'améliorer.
Je pense qu'on fait notre devoir de parlementaires, qu'on fait notre
devoir de membres de la commission parlementaire de l'agriculture pour
tâcher de faire comprendre le gouvernement par
les moyens qu'on a à notre disposition et pour que le ministre
débouche enfin, qu'il rassure la population agricole, la population
rurale, qu'il rassure ses collègues et qu'il rassure les membres de la
commission parlementaire, ainsi que l'Assemblée nationale du
Québec en nous disant: Oui, il y en aura une commission
parlementaire.
M. le Président, si le ministre veut aller rapidement, qu'il
accepte la motion d'amendement proposée par le député de
Nicolet-Yamaska. Suspendons l'article 3, procédons à
l'étude de l'article 4, de l'article 7 et il n'y aura pas de
problème pour adopter le projet de loi à l'Assemblée
nationale. À ce moment, on pourra revenir avec une grande commission
parlementaire, comme le député de Montmagny-L'Islet l'avait
suggéré à deux ou trois reprises la semaine
dernière, où on permettra aux gens de se faire entendre et,
à partir de ce moment, chacun pourra tirer ses conclusions et faire ses
recommandations.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je ne voudrais pas intervenir
longuement à la suite de la motion qui est déposée, mais
je constate que la demande formulée par les sociétaires de la
Coopérative agricole de Granby va exactement dans le sens des
recommandations ou suggestions que j'avais faites au ministre.
Déjà, en décembre, j'avais proposé au ministre
qu'il scinde sa loi en deux de manière à régler le plus
rapidement possible les articles de la loi qui ont comme fin de combler le vide
juridique dont il a été fait mention. Pour ce qui est des autres
articles, j'avais suggéré au ministre la tenue d'une commission
parlementaire qui permettrait la venue de tous les groupes qui sont directement
touchés ou concernés par les plans conjoints. Or, cela voulait
dire le monde coopératif, puisque les sociétaires de la plupart
des coopératives, on les retrouve déjà à
l'intérieur de la Fédération des producteurs de lait
industriel; on retrouve d'autres producteurs agricoles dans d'autres
fédérations, soit les oeufs, chair de volaille, dindon ou
autres.
Il n'y aurait eu aucun péril en la demeure de scinder la loi, de
régler le problème du vide juridique, de tenir une commission
parlementaire au cours des mois d'hiver et de procéder à
l'adoption des articles sur lesquels la coopérative manifeste maintenant
un désaccord après avoir donné son appui, de façon
que tout le monde s'y retrouve, tout le monde s'y comprenne dans les
modifications qu'on apporte à la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles du Québec par la loi 116. Les colonnes du Temple ne
se seraient pas effondrées si le ministre avait accepté de
régler la partie de validation, prendre le temps qu'il fallait et
laisser parler ceux qui ont de quoi à dire. Après cela, si le
consensus se fait, on y va et on adopte l'autre partie de la loi, et il n'y a
rien de structuré, il n'y a rien qui s'écroule et qui
s'écrase.
Les plans conjoints auraient continué de fonctionner, les
retenues, les prélevés se seraient faits quand même.
Là on nous a dit que c'était urgent, que c'étaient tous
les plans conjoints qui étaient en danger si l'Assemblée
nationale du Québec faisait défaut de procéder à
l'adoption des articles 1, 3, 5 et 6, qui, selon un amendement proposé
par le ministre, va disparaître à toutes fins utiles; c'est 7 qui
devient 6.
M. le Président, c'étaient les brefs commentaires que je
voulais faire devant notre commission pour rappeler au ministre qu'on aurait pu
procéder dans le sens de suggestions que j'avais faites à
l'époque, soit en décembre. On ne se retouverait pas là
avec des gens qui nous arrivent ce matin, ou en fin de semaine, qui regrettent
d'avoir donné leur accord parce qu'il semble y avoir des dangers pour
eux. C'est ce qu'il faut comprendre du télégramme puisque le
ministre, à la suite de sa demande que je lui ai faite cet
après-midi, n'a pas donné suite, n'a pas tenu compte de mon
invitation, soit de nous transmettre les inquiétudes ou les
hésitations qu'avaient les représentants de la coopérative
lors d'entretiens téléphoniques qu'il a eus avec ces personnes en
fin de semaine dernière.
Quelles sont les craintes de ces gens devant le contenu des articles
dont ils demandent le retrait? C'est cela qu'il faudrait savoir. Nous ne les
aurons pas ces gens devant la commission, mais au moins le ministre pourrait
nous exposer les appréhensions des représentants de la
Coopérative de Granby. On aurait au moins de la lumière sur ce
petit secteur. Le ministre se garde d'informer la commission sur les
objections, les inquiétudes ou craintes qui lui ont été
exprimées pour les représentants de Granby. Il me semble que ce
ne serait pas long, M. le ministre; en quatre ou cinq minutes, nous aurions au
moins la situation telle qu'elle est perçue et vue par les gens de la
coopérative et on pourrait continuer nos travaux après cela.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Tout à l'heure,
le ministre nous a indiqué qu'il n'était pas surpris d'avoir
reçu le télégramme en provenance de la Coopérative
de Granby, lors d'une brève réplique au député de
Beauce-Sud. Je me dis: C'est quand même là une preuve ou un aveu
que vous n'étiez pas certain de leur appui puisque vous n'êtes par
surpris d'avoir reçu un télégramme. Je comprends mal le
ministre qui nous disait: J'ai l'appui du monde agricole. J'ai l'appui des
intervenants dans ce monde, dans le lait particulièrement parce que je
pense que c'est là qu'est le problème. Au nom de la transparence,
au tout début de cette séance tout à l'heure, comme il
savait que le télégramme était parvenu à son
bureau, le ministre aurait pu publiquement lire la teneur de ce
télégramme et faire part à la commission qu'il y aurait
réellement des opposants de taille à son projet de loi.
Je pense que, pour fins de transparence, le ministre aurait dû
nous lire cela publiquement tout
à l'heure. Mais il a quand même avoué être au
courant qu'un télégramme était parvenu à son
bureau. Je ne sais pas s'il y a un manque de communication quelque part, mais
vous ne l'aviez pas, comme vous nous avez dit. De toute façon, sur les
paroles qui ont été dites la semaine dernière par
vous-même et votre conseiller juridique, il y a deux articles en fait qui
sont primordiaux au niveau du projet de loi no 116, afin de combler le vide
créé par l'arrêté de la Cour suprême. Vous
aviez dit que deux étaient nécessaires, enfin, il y en a deux
importants, il peut y en avoir trois, mais il y en a deux importants, que les
autres n'étaient pas absolument nécessaires. Je pense qu'il y
aurait lieu présentement, comme la motion du député de
Nicolet-Yamaska l'indique bien, de procéder à l'étude des
articles 4 et 7 et je pense que c'est ce qui manque présentement pour
les besoins de la cause, pour les besoins du verdict. À ce moment, vous
pourriez convoquer une commission parlementaire où tous les
intervenants, les principaux intervenants seraient entendus. (16 heures)
Je pense qu'il est temps qu'on fasse la lumière sur cette
bataille de géants. La demande est très pertinente et très
à point. Le ministre aurait peut-être intérêt
à répondre à nos demandes favorablement. Cela
éviterait tous les problèmes qui peuvent suivre parce qu'il y a
du mécontentement et je pense qu'il est temps de le régler. Je
pense que cela satisferait, de part et d'autre, aussi bien le syndicat que les
coopératives. M. le Président, je suis heureux de la motion du
député de Nicolet-Yamaska et je l'appuie simplement.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Shefford, en tant qu'intervenant.
M. Verreault: M. le Président, je vais intervenir sur la
motion de mon collègue de l'Union Nationale. Vous comprendrez que le
sujet me passionne et que cela fait déjà quelque temps que
j'essaie de mettre le ministre en garde contre certains problèmes qui
vont surgir. Les problèmes sont là actuellement; ils ne sont pas
sur le point de se terminer; comme je l'ai dit en deuxième lecture,
l'abcès est sur le point d'aboutir et, comme l'a mentionné mon
collègue de Montmagny-L'Islet lui-même dans la deuxième
lecture du projet de loi, il a fait mention d'un scindement de projet de loi et
également d'une commission parlementaire.
Samedi dernier, j'étais informé des démarches qui
avaient été faites auprès de la coopérative et du
ministre. Je constate actuellement, malgré les démarches que le
ministre a faites en province pour sonder l'opinion des producteurs agricoles,
que très pris par le projet de loi no 90 et très pris
également par le projet de loi no 116, cette consultation, je crois
qu'il l'a oubliée. Ce qu'on demande actuellement dans le
télégramme de la Coopérative agricole de Granby, la
commission parlementaire en question, je crois qu'elle s'impose plus que
jamais. Le fait que mon collègue de Nicolet-Yamaska demande qu'on
suspende les articles en question, vous comprendrez que je me vois dans
l'obligation de l'appuyer. Malheureusement, je n'ai que le droit d'intervenant
dans cette commission; c'est dommage que je n'aie pas le droit de voter.
Je ne voudrais pas également m'étendre sur le sujet mais
le problème qui a été soumis ce matin par
télégramme, par la Coopérative agricole de Granby, il faut
être dans une région de la rive sud de Montréal pour le
comprendre. Cette fin de semaine-ci, M. le Président, il m'a
été donné de rencontrer quelques centaines, et je dirais
près d'un millier de producteurs agricoles de la région des
Cantons de l'Est. La semaine dernière, mercredi, dans la région
de Saint-Césaire, la région de mon collègue d'Iberville,
il y a également eu une rencontre des producteurs agricoles. Il y en
avait environ 800, je crois, dans une des salles de Saint-Césaire. Cette
réunion a été passablement tumultueuse. Lorsque 800
producteurs se rencontrent pour discuter d'un projet de loi semblable et
lorsqu'une coopérative comme celle de Granby, qui comporte quelques
milliers de sociétaires qui sont également partie
intégrante d'un syndicat que nous reconnaissons aujourd'hui, je crois
qu'il est important, il est majeur, que nous suspendions non seulement
l'article demandé par mon collègue de Nicolet-Yamaska mais que
nous suspendions aujourd'hui même la commission et fassions le
nécessaire pour que toutes les parties intéressées et
concernées par le projet de loi no 116 soient présentes ici et
viennent nous témoigner des problèmes ou des avantages qu'elles
ont du projet de loi no 116. Nous l'avons demandé et nous le demandons
de nouveau; nous insisterons, M. le Président, pour que cette commission
se tienne dans les plus brefs délais possible.
Le Président (M. Cardinal): Vous n'en faites pas une
motion?
M. Verreault: Je n'en fais pas immédiatement une motion
parce que si le ministre persiste à maintenir sa position de ne pas
convoquer la commission parlementaire, je vous le dis tout de suite, M. le
Président, des "filibusters" il va y en avoir; je suis capable de
gueuler et je vais gueuler en saint ciboire. Je viens de faire une petite
rimette. Je vous le dis, M. le Président, je pense qu'il y a des
producteurs qui ont le droit d'être protégés. Mes
collègues de l'Opposition l'ont mentionné tout à l'heure
et je vous garantis que je vais prendre tout le temps qui m'est
nécessaire; je vais faire perdre le temps de cette commission autant
qu'il me sera possible de le faire, tant et aussi longtemps que le ministre
persistera dans ses intentions de ne pas écouter les parties
intéressées. Je vous remercie.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que je laisse la parole
à M. le ministre? M. le ministre. Après, ce sera le vote.
M. Garon: M. le Président, j'ai dit simplement que les
problèmes dont on parle dans le lait sont des problèmes
antérieurs au dépôt du projet de loi no 116; ce sont des
problèmes qui ne sont pas
réglés par le projet de loi no 116; ce sont des
problèmes qui ne sont pas à trancher non plus par le projet de
loi no 116. Il faut bien distinguer les choses et, depuis le
début...
M. Giasson: Est-ce qu'on me permettrait une question, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): Oui, s'il le permet.
M. Giasson: Quand vous dites que ce sont des problèmes qui
ne sont aucunement touchés par le projet de loi no 116, pourriez-vous
préciser quelque peu la nature de ces problèmes?
M. Garon: C'est évident que tout le monde sait qu'il y a
un débat entre les coopératives et le syndicalisme agricole. Il y
a une requête par la Fédérée devant la Régie
des marchés agricoles. C'est la régie normalement qui doit
trancher cette question entre qui doit administrer un plan conjoint et doit-il
y avoir une agence de commercialisation. Ce sont des questions qui sont
pendantes actuellement devant la Régie des marchés agricoles. Les
requêtes qui sont devant la Régie des marchés agricoles, il
y en a certaines je ne sais pas s'il y en a une ou plusieurs
auxquelles s'oppose la Coopérative de Granby. Ces requêtes ont
été déposées antérieurement au
dépôt de la loi 116. On ne réglera pas ces questions, je
l'ai toujours dit, par la loi 116.
Alors, la question du lait, la place que doit occuper chacun, les
coopératives et les syndicats agricoles dans le lait, les
répartitions de pouvoirs, l'administration des plans conjoints, c'est
une autre question qui n'est pas touchée par la loi 116.
C'est difficile pour moi d'intervenir particulièrement dans le
lait quand je suis constamment en commission parlementaire ou à
l'Assemblée nationale, mais une fois que la loi 116 sera adoptée,
c'est un sujet sur lequel nous avons consacré beaucoup de temps depuis
deux ans, et il va falloir y toucher davantage; parce qu'il y a un
problème dans le lait, mais ce n'est pas un problème qui est
tranché par la loi 116. D'ailleurs, je l'ai dit à plusieurs
reprises, on ne voulait pas toucher à l'article 2. Chaque fois qu'on a
amendé ou qu'on a refondu soit dans le temps du Parti
libéral, ou dans le temps de l'Union Nationale la Loi de la
régie des marchés agricoles, le même débat est venu,
parce qu'il y a un article 2 qui dit ce qu'il dit et qui n'a jamais
été interprété par les tribunaux. Chaque fois, le
syndicalisme agricole et les coopératives agricoles auraient voulu qu'il
y ait un amendement apporté, un paragraphe ajouté pour que
l'article 2 soit déterminé clairement en faveur de l'un ou de
l'autre. C'est une autre question. Ce n'est pas la question de la loi 116. Je
pense qu'il ne faut pas mélanger les problèmes. C'est pour cette
raison que j'ai toujours dit que la loi 116 concernait une chose et que le
lait, c'était une autre question.
C'est évident que ce sont des questions complexes. Je peux bien
essayer de dire qu'à la faveur de la loi 116 on peut régler cela,
je ne le pense pas et j'en suis complètement convaincu. Je pense que la
solution la plus sage, c'est toujours ce que j'ai prétendu, c'est
d'adopter la loi 116 et, après cela, régler les problèmes
individuels qui peuvent exister. C'est évident qu'il y a des
problèmes dans les différents types de production qui varient
d'un plan national à l'autre. Dans le cas du dindon, par exemple,
l'Alberta trouve qu'elle n'a pas assez de quota sur le plan national et s'est
retirée, je pense, du plan national ou doit se retirer, dans quelques
mois, parce qu'elle voudrait avoir un plus gros quota déterminé
non pas en fonction de la capacité historique de production, mais en
fonction de l'accroissement de la population.
M. Giasson: C'est cela. Ce n'est pas bête.
M. Garon: C'est à son avantage de dire cela, comme c'est
à l'avantage du Québec de dire: C'est la capacité
historique de production. C'est la même chose dans le lait. Je dois dire
aussi qu'il y a un facteur qui est extrêmement important. L'Ontario, tout
au cours de l'année 1978, a essayé, par différentes
façons, d'obtenir un plus gros contingentement dans le lait.
M. Giasson: Laissez passer le train.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Elle menaçait même, à certaines
reprises, pas de façon peut-être complètement officielle,
mais...
M. Giasson: Vous allez voir ce qui va arriver dans le dindon.
M. Garon: ... de réviser sa position vis-à-vis du
plan national du lait. À ce moment-là, ce sont d'autres
questions, parce que d'autres provinces veulent avoir un plus gros
contingentement de la même façon que le Québec veut au
moins garder le contingentement qu'il a dans le lait, c'est-à-dire avoir
48% du lait industriel au Canada.
Je pense que la loi 116 est extrêmement importante parce qu'elle
permet de faire fonctionner les plans nationaux. Quant aux plans nationaux qui
existent actuellement, je pense que la position du Québec n'est pas
mauvaise et que ce n'est pas le temps pour le Québec de remettre en
cause les plans nationaux.
Les problèmes internes qu'il peut y avoir au Québec entre
les coopératives et les syndicats sont une autre question qui n'est pas
tranchée par la loi 116. Ce sont des problèmes antérieurs
à la loi 116 et qui vont continuer indépendamment de la loi 116.
Il faut trouver une solution que je préférerais,
négociée entre eux. Il y a des étapes là-dedans.
S'ils ne peuvent pas s'entendre entre eux... Actuellement, ils ont fait des
requêtes devant la régie pour que la régie tranche la
question. La régie, normalement, va rendre des décisions, des
décisions qui ne sont pas faciles concernant
ces questions. Suite aux décisions de la régie, il y a
toujours un appel possible devant le Conseil des ministres, qui doit voir
à ce moment-là si la décision rendue par la régie
est bonne ou non.
C'est la question qu'il y a actuellement. Je pense qu'il ne faut pas
mélanger les étapes, mélanger les organismes qui ont des
pouvoirs, soit sur le plan quasi judiciaire avec la Régie des
marchés agricoles ou sur le plan gouvernemental, par le gouvernement,
sur le plan ministériel. C'est une question complètement à
côté.
D'ailleurs, le télégramme de la Coopérative de
Granby dit: "À la lumière des récents
événements et à la suite des pressions de plus en plus
fortes de ses membres". Les événements, ce n'est pas ça
qui change l'interprétation des lois, normalement.
M. Verreault: Je pense qu'il commence à comprendre un peu
trop.
M. Garon: Je pense tout simplement...
M. Verreault: Je pense qu'il vaut mieux tard que jamais. M. le
Président, le ministre...
M. Garon: Je pense tout simplement...
M. Verreault: ... en plus d'être un mauvais ministre, est
un mauvais médecin. Il essaie de prescrire le médicament avant de
poser un diagnostic.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Shefford.
M. Verreault: C'est ce qu'il essaie de nous prouver
aujourd'hui.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Shefford, à l'ordre, s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Garon: Alors, la loi 116 vient régulariser une
situation à la suite d'un jugement de la Cour suprême. J'ai dit
qu'elle corrigeait également certaines ambiguïtés qui
amenaient des procès inutilement dans le secteur agricole. Il faut aussi
relever ce que j'ai dit en Chambre. J'ai dit que l'ensemble du monde
coopératif m'avait indiqué son appui suite à une rencontre
que j'ai eue avec lui le 18 décembre. J'ai dit également
où il y avait les conflits les plus grands dans le monde laitier; j'ai
dit que c'était dans votre région, dans Nicolet, dans la
région des Cantons de l'Est. Je pense que c'est exact, ce que je disais.
Mais je suis convaincu que ce n'est pas la loi 116 que ces problèmes
peuvent être réglés.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que ces messieurs de la
commission parlementaire sont prêts à... Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Vous voulez exercer votre
droit de réplique?
M. Fontaine: Non, pas nécessairement, M. le
Président. Je pense qu'il me reste encore du temps sur mes 20
minutes.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, je peux vous le
dire.
M. Fontaine: J'aurai encore dix minutes de réplique?
Le Président (M. Cardinal): Vous avez
commencé...
M. Verreault: M. le Président, je voudrais savoir combien
il me reste de temps.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. M. le
député de Nicolet-Yamaska parce que je tiens le temps
avait commencé à 15 h 35 et avait fini à 15 h 40;
il lui reste donc quinze minutes. M. le député de Shefford a
parlé 3 minutes.
M. Verreault: II me reste 17 minutes. Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je comprends
très mal le silence de ces honorables membres du Parti
québécois sur une motion si importante.
M. Gagnon: On ne veut pas faire perdre du temps. Si tu n'es
même pas capable de comprendre ça, je te dis que tu ne comprends
pas grand-chose.
M. Fontaine: M. le Président, le ministre nous a
donné certaines explications et il nous dit lui-même qu'il n'est
pas surpris de voir l'attitude de la Coopérative agricole de Granby. Si
on poursuit son raisonnement, vu qu'il n'est pas surpris de voir cette
attitude, c'est donc dire qu'il avait certains doutes dès le
départ et, lorsqu'il nous a dit à l'Assemblée nationale
qu'il était sûr de ce consensus, non pas du monde agricole comme
il vient de le dire, mais de l'ensemble du monde agricole, je pense qu'il a
peut-être induit un peu la Chambre en erreur, s'il savait dès le
départ que ce consensus était assez fragile et boiteux. Si on
continue le raisonnement, il a également contribué par ce fait
même à induire les producteurs en erreur. C'est peut-être
là le plus grave... (16 h 15)
M. Garon: Les producteurs savent les débats qu'il y a dans
votre région.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fontaine: Le télégramme dont j'ai fait lecture
partiellement tout à l'heure ne parle pas que du problème du
lait. Le télégramme dit que la coopérative retire son
appui aux articles 1, 3, 5 et 6 du projet de loi. C'est très important.
Je pense
que le ministre a peut-être mal compris le
télégramme. S'il l'a lu, il l'a peut-être mal compris.
Ce qu'ils veulent, M. le Président, c'est que, avant l'adoption
d'un tel projet de loi, ils soient entendus en commission parlementaire. C'est
cela, la demande de la Coopérative agricole de Granby, qui
représente 9800 membres. C'est cela, leur demande.
Je pense qu'un ministre de l'Agriculture responsable ne peut pas rester
indifférent devant une telle demande. On s'aperçoit
qu'actuellement le projet de loi ne reçoit pas l'accord de la
majorité des producteurs pour qui on veut faire voter un tel projet de
loi.
M. le Président, je ne comprends pas du tout l'attitude du
ministre de l'Agriculture. Ces gens, selon leur télégramme,
également, ce dont ils ont peur, c'est que le projet de loi 116 vienne
compromettre l'équilibre actuel des forces dans le domaine agricole.
Je vais vous relire l'avant-dernier paragraphe du
télégramme, qui dit: "Seule une disposition législative
expresse assurant que la loi n'a pas pour effet de restreindre les obligations
d'un producteur envers sa coopérative nous convaincrait que les
intentions du ministre sont véritablement celles de protéger les
intérêts de tous les producteurs agricoles du Québec."
C'est cela, M. le Président, le point important. On demande
exactement ce qu'il y avait dans la loi avant 1964. On demande de le
rétablir. L'Union Nationale a présenté une motion
dont je vais faire la lecture lorsqu'on a étudié l'article
1. Elle a présenté une motion exactement dans ce sens. La motion
disait: "Rien dans l'application de la présente loi ne doit venir en
conflit avec les engagements d'un producteur vis-à-vis sa
coopérative ou avec les engagements de celle-ci envers une autre
coopérative."
M. le Président, le Parti libéral, l'Opposition
officielle, a voté, avec le gouvernement, contre cette motion. Et on
voit aujourd'hui que c'est la Coopérative agricole de Granby qui demande
exactement la même chose. Cela prouve que nous avions raison de voir que
c'était le problème dans le domaine agricole.
Je voudrais également que le ministre nous reparle un peu du
dernier paragraphe, pas celui qui dit "Veuillez croire, M. le ministre,
à l'expression renouvelée de nos sentiments". Ce n'est pas de
celui-là que je veux parler. Je veux parler de l'autre avant qui dit:
"Enfin, nous réitérons les propos tenus dans nos communications
en date du 13 et du 21 décembre 1978".
M. le Président, si le ministre de l'Agriculture a eu des
communications avec la Coopérative agricole de Granby le 13 et le 21
décembre 1978, dans lesquelles, j'imagine, la coopérative devait
lui dire qu'elle n'était pas d'accord avec ce projet de loi, si le
ministre n'a pas pris la peine d'avertir l'Assemblée nationale de ces
faits, je pense que le ministre n'a pas été tout à fait
honnête avec l'Opposition, avec...
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Nicolet-Yamaska, vous êtes toujours sur la motion
qui est présentée?
M. Fontaine: M. le Président, si vous comprenez bien la
situation, c'est cela.
Le Président (M. Beauséjour): Si vous voulez faire
le lien.
M. Fontaine: Le ministre n'a pas été tout à
fait honnête, M. le Président, s'il n'a pas fait part aux membres
de l'Assemblée nationale de ces faits et il n'a pas été
tout à fait honnête non plus avec les producteurs agricoles.
Je pense que le ministre de l'Agriculture va avoir des explications
à donner à l'Assemblée nationale quand on va y retourner,
demain. Vous pouvez être sûr de cela.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Shefford.
M. Verreault: Est-ce qu'il y a d'autre intervenants avant
moi?
Le Président (M. Beauséjour): Je n'ai pas ici la
liste des intervenants.
M. Verreault: Je vais continuer, il me reste 17 minutes, M. le
Président. Vous comprendrez que 17 minutes pour parler de la
Coopérative agricole de Granby et également de la motion de mon
collègue de Nicolet-Yamaska, c'est nettement insuffisant.
Dans les circonstances, la Coopérative agricole de Granby, dont
on a fait mention tout à l'heure, représente un territoire
important et compte des milliers de sociétaires. Son territoire
s'étend dans les Cantons de l'Est, dans les Bois-Francs, dans
Lanaudière, Grand'Mère ou quelque chose comme cela, et on descend
jusqu'à Québec.
Vous savez, je suis quand même surpris, M. le Président,
que les députés des Cantons de l'Est, dans la région de
Sherbrooke, qui sont également visés par le
télégramme reçu et par le projet de loi 116 ainsi que tous
ceux des Bois-Francs de la région de Nicolet d'ailleurs mon
collègue de Nicolet prend la défense des producteurs et
d'autres régions, celle de Joliette etc... D'ailleurs, le
député de Joliette, de Montcalm, c'est-à-dire le
député de Nicolet, je ne sais pas d'où, le
député en question qui est toujours ici pour mettre la bisbille
et quand c'est le temps de parler pour ses producteurs, il n'y est jamais, je
me demande ce qu'il fait aujourd'hui.
Dans les circonstances, M. le Président, je suis quand même
surpris de l'attitude des parlementaires ministériels de ne pas prendre
la part des producteurs. Aujourd'hui, ce n'est pas de faire un jugement ou de
porter un jugement sur qui a raison ou qui a tort, aujourd'hui on parle
immédiatement sur une motion de mon collègue de l'Union Nationale
je suis toujours dans la pertinen-
ce et, en plus, nous avons reçu aujourd'hui un
télégramme d'une coopérative fort importante au
Québec et au Canada, une des plus importantes. Il est malheureux quand
même que la coopérative de Granby n'ait pas pu faire parvenir plus
tôt le télégramme et le communiqué de presse
à tous les journaux du Québec, parce que j'ai l'impression que la
commission de cet après-midi aurait pris une tournure un peu
différente et la salle 81-A où nous siégeons aurait
été nettement petite pour recevoir toutes les personnes qui
auraient manifesté le même besoin.
Le Président (M. Beauséjour): Les...
M. Verreault: Je suis toujours dans la pertinence, je parle des
producteurs et je parle du projet de loi 116.
Le Président (M. Beauséjour): D'accord.
M. Verreault: II me reste encore du temps, M. le
Président.
Une voix: ... le Parti libéral là-dedans.
M. Verreault: Le Parti libéral, on en parlera quand ce
sera le temps, là on parle du Parti québécois.
Le Président (M. Beauséjour): À l'ordre!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gagnon: Ce n'est pas dans la pertinence.
M. Verreault: M. le Président, si vous voulez que je ne
perde pas trop les pédales, vous allez lui demander de se taire.
Le Président (M. Beauséjour): C'est à vous
la parole, M. le député de Shefford.
M. Gagnon: ... ses capacités.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Champlain, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Verreault: S'il a quelque chose à faire, c'est qu'il va
demander le droit de parole comme les autres et on va lui accorder.
M. Roy: II y a quand même des limites.
M. Verreault: M. le Président, l'interprétation que
le ministre veut nous donner relativement au télégramme
reçu de la Coopérative agricole de Granby, c'est bien
l'interprétation qu'il veut nous en donner. Je pense que mon
collègue de Beauce-Sud en a d'ailleurs fait largement mention dans son
intervention. Depuis le début, depuis l'étude du projet de loi 90
avec le projet de loi 116, le ministre n'a pas fini, il continue et il
maintient toujours ses mêmes positions d'interpréter à sa
manière le contenu du projet de loi 116. Je suis en parfait
désaccord avec cela.
Le télégramme n'a pas simplement été fait
sur les instances des dirigeants de la Coopérative agricole de Granby,
mais beaucoup plus par ses membres. Si vous n'avez pas eu la chance de regarder
l'ampleur de la Coopérative de Granby, c'est le territoire qu'elle
dessert. Je ne sais pas au juste le nombre de sociétaires qu'elle a.
C'est une coopérative sur plusieurs. On m'a dit tout à l'heure,
on m'a signalé qu'il y en avait des milliers. Cela représente
quelques producteurs sur les 45 000. Ces producteurs, dans ma région,
j'en ai rencontré plusieurs. J'aurais souhaité que le ministre
soit dans mon comté en fin de semaine. Ils sont en net désaccord
avec le projet de loi 116. Ce sont les producteurs eux-mêmes qui ont fait
les pressions auprès de leurs dirigeants de la coopérative afin
qu'ils se désistent, se retirent de l'appui qu'ils ont donné au
ministre relativement au projet de loi 116.
Tout à l'heure, mon collègue du PNP a soulevé un
point très pertinent et le ministre a voulu le ridiculiser. Là
encore, c'est l'interpréation unique du ministre. Lorsque mon
collègue de Beauce-Sud parlait de l'absence totale d'un consensus
social, il y a plusieurs interprétations à donner. Quand on parle
d'un consensus social, M. le Président, je crois qu'on est très
loin de l'obtenir dans les circonstances et c'est là le malaise qui
existe. Sur l'application de la loi, mon collègue de Nicolet-Yamaska a
souligné également tout à l'heure le troisième
paragraphe du télégramme et la portée de celui-ci
décrit très bien, dans toutes nos régions, les
problèmes qui existent relativement au projet de loi 116. Quand on dit
en plus: "Nous offrons à l'UPA, qui s'est toujours dite favorable au
rôle essentiel du mouvement coopératif dans le domaine agricole,
l'occasion de donner son appui concret à la disposition
législative que nous proposons plus haut et ainsi démontrer son
souci de voir aux intérêts communs des mouvements
coopératif et syndical agricoles", je crois que ce passage du
télégramme mérite toute son attention. Je ne vous ferai
pas les remarques que mon collègue de l'Union Nationale a faites en vous
référant aux communications du 13 et du 21, je crois que c'est
superflu.
J'aimerais comprendre l'attitude de la Coopérative agricole de
Granby, ainsi que des autres coopératives agricoles, à la suite
de la rencontre que le ministre leur a accordée; je sais que le ministre
a, par habitude, la tendance de donner un petit suçon pour faire taire
les gens. J'aurais aimé être un petit moineau sur la ligne
téléphonique pour entendre les commentaires du ministre, lorsque
le président de la Coopérative agricole de Granby a
informé par message, par appel téléphonique, le ministre
de son intention de se retirer. J'aurais même aimé avoir la
possibilité d'enregistrer cette conversation. Je peux faire une
projection et imaginer les commentaires du ministre et les menaces du ministre
face à la Coopérative agricole de Granby. Ce n'est pas fini.
C'est avec la Coopérative agricole de Granby. Cela va l'être
demain, parce que la presse s'en empare. Demain, on va en entendre parler de ce
télégramme.
M. Garon: Le président de la Coopérative agricole
de Granby ne m'a pas téléphoné. Un instant!
M. Verreault: Les autres coopératives vont survenir. C'est
moi qui ai la parole.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Verreault: II me reste encore du temps.
Le Président (M. Cardinal): Oui, vous avez jusqu'à
16 h 37.
M. Verreault: Merci. Dans les circonstances, le chantage que fait
le ministre, pour faire adopter son projet de loi 116, a une fin et une limite.
Je crois que la limite est arrivée. Jusqu'à maintenant, dans
cette commission parlementaire, je n'ai pas trop insisté... Si tu as
quelque chose à dire, entre toi et moi... Fais-le fermer, sinon je
traverse de l'autre côté.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, je comprends que la
télévision n'est pas là, mais il y a quand même des
gens qui sont devant nous.
M. Verreault: M. le Président, se faire écoeu-rer
de cette façon, en pleine commission, s'il veut intervenir, qu'il
intervienne! D'accord? Non, je ne perds pas mon temps, c'est toi qui me le fais
perdre.
Dans les circonstances, je reviens toujours à la pertinence, je
vais prendre tout le temps qui est nécessaire, et je ne répondrai
pas à ces commentaires.
De toute façon, les lumières et les
événements, l'interprétation que le ministre nous a
donnée tout à l'heure, il a voulu faire simplement sentir
à la population, à cette commission, que ces
événements étaient insignifiants. La Coopérative de
Granby, je la connais depuis assez longtemps, parce que je vis moi-même
à Granby. Je connais passablement de producteurs. Je connais
passablement de gens là-bas, dans le domaine agricole, pour avoir une
petite idée de leur opinion, concernant le bill 116 et les
problèmes qui existent dans le domaine agricole. Je l'ai
mentionné en deuxième lecture. Je le mentionnais en
réplique, peut-être disgracieusement, mais le ministre, en plus
d'être un très mauvais ministre, ferait un très mauvais
médecin, parce qu'il a tendance à vouloir prescrire un
médicament, avant de trouver le diagnostic. C'est exactement ce qu'il a
l'intention de faire à cette commission avec les producteurs du
Québec. Je ne suis pas prêt à donner mon consentement, dans
les circonstances. Il se fait fort aujourd'hui de dire qu'il y a simplement la
Coopérative agricole de Granby qui est dissidente maintenant, en plus du
député de Shefford, mais je vous garantis, je vais le faire
perdre le temps de cette commission. Demain, vous allez en avoir des
résultats, vous allez avoir des échos, je vous le promets. Demain
matin, si vous en voulez des milliers de personnes, ici, pour vous dire que
cette loi ne se tient pas debout, je vous garantis non, ce ne sont pas
des menaces, c'est simplement la réalité... Ne t'arrange pas pour
faire comme le ministre, de te boucher les oreilles et de te fermer les deux
yeux, pour ne pas comprendre le problème. Essaie de défendre les
producteurs chez toi, ce sera déjà beaucoup en partant.
M. Brassard: II y a une entente parfaite chez nous sur le projet
de loi 116.
M. Verreault: Je comprends. Est-ce que tu les as
rencontrés? Tu ne les as même pas rencontrés.
M. Brassard: Tu viendras dans ma région.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Les deux côtés de cette table, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Brassard: Accord unanime.
Le Président (M. Cardinal): Même si le débat
se continue de cette façon, j'aimerais qu'il n'y en ait qu'un à
la fois qui puisse parler. M. le député de Shefford.
M. Verreault: C'est cela. Je vous remercie de me
reconnaître, M. le Président. Je ne suis pas trop jaloux, je suis
prêt à permettre à n'importe qui de prendre la parole
après mon intervention.
De toute façon, la Coopérative agricole de Granby a un
territoire assez vaste, très important, et, dans les circonstances,
comporte de nombreux sociétaires. Les dirigeants au moins, les
dirigeants de la Coopérative agricole de Granby écoutent leurs
membres ont fait en sorte de se retirer. Cette question, je me la pose
encore. Le ministre est sans réponse, il sera toujours sans
réponse. La seule et unique manière de pouvoir comprendre le
malaise qui existe dans les coopératives, dans le domaine syndical, est
la commission parlementaire. Je ne suis pas tout à fait dans la
pertinence, parce qu'on parle de l'article 3c, mais de toute façon,
comme je vous le dis, je vais revenir tout à l'heure sur l'autre motion
et sur plusieurs autres motions, jusqu'à ce que le ministre comprenne et
jusqu'à ce que la population se réveille définitivement.
Il me reste encore quelques minutes.
Le Président (M. Cardinal): II vous reste encore deux
minutes, monsieur.
M. Verreault: Alors, je les garde pour tout à l'heure...
(16 h 30)
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je pense que la vague de mécontentement qui
existe présentement s'est vraiment accentuée depuis le
dépôt du projet de loi no 116 et pour cause. Il y avait un but
précis au dépôt de ce projet de loi et le ministre le sait
pertinemment.
II en a fait état à l'Assemblée nationale. Quand on
a débordé des besoins actuels, des besoins urgents, c'est
là qu'on a créé tout le tumulte qui existe
présentement. Je pense qu'il n'y a personne d'entre nous qui
désire voir tomber les plans nationaux existants. Je pense que c'est
loin d'être notre but et que nous tenons à ce que ces plans soient
préservés. Vous savez pertinemment que les articles 4 et 7
préservent les plans nationaux existants, comblent le vide
créé par le verdict de la Cour suprême, le vide juridique,
comme on l'appelle. Je pense que c'est présentement une mesure
législative exagérée, avant même d'entendre les
intervenants dans le monde agricole, les intervenants dans le monde du lait
tout particulièrement. Je pense que le ministre devrait
reconnaître quand même que, pour avoir une paix entre ces deux
grands géants, il serait urgent, très urgent de rencontrer ici en
commission parlementaire les gens, les intervenants dans le monde du lait.
Je ne peux pas comprendre pourquoi le ministre serait assez têtu
pour ne pas vouloir entendre ces gens immédiatement. Régler le
problème immédiat, je pense qu'on est tous d'accord avec cela et
combler le vide créé par le verdict de la Cour suprême, on
est tous d'accord avec cela. Mais pourquoi déborder les besoins
précis actuels avant d'entendre les intervenants? Les autres mesures
législatives contenues dans le bill 116 pourraient revenir dans un autre
projet de loi séparément après qu'on aura entendu les
intervenants. Je me demande pourquoi le ministre ne veut pas.
M. Garon: Je vais vous poser une question bien simple.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Est-ce que le
député permet la question?
M. Dubois: Le ministre a encore le droit de réplique. Ses
20 minutes ne sont pas expirées.
M. Garon: Je voudrais poser une question toute simple.
Le Président (M. Cardinal): Le ministre n'a pas 20
minutes.
M. Dubois: Allez-y donc, d'abord.
M. Garon: Le jugement de la Cour suprême déclare
ultra vires l'article 2, paragraphe 2, alinéa b) qui est l'article 5 de
notre projet de loi. Vous mentionnez que ce n'est pas nécessaire. C'est
l'article fondamental, central qui a été annulé par la
Cour suprême qu'on reproduit mot à mot. Comment pouvez-vous dire
qu'il n'est pas nécessaire?
M. Dubois: II était question de ratifier...
Le Président (M. Cardinal): Si vous me le permettez,
à l'ordre!
M. Dubois: Ce n'est pas la motion.
Le Président (M. Cardinal): Je pensais qu'on parlait sur
une motion.
M. Dubois: C'est cela, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je me demande si je ne devrais
pas la relire pour savoir où nous en sommes. Cela ne prendra pas
beaucoup de temps et cela va plaire à certains membres que je la lise.
La motion telle qu'amendée par la présidence se lit comme suit:
"Que cette commission suspende l'étude du paragraphe c) de l'article 3
et procède immédiatement immédiatement
à l'étude de l'article 4." C'est exactement la motion. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. On nous a toujours dit
que le but du projet de loi était de ratifier d'une façon
rétroactive les prélevés perçus des agriculteurs
depuis nombre d'années. L'article 7 fait exactement cela. En plus, il
est question de respecter les ententes sur les plans nationaux. L'article 4
voit à cette demande. Les autres articles du projet de loi no 116 n'ont
pas un caractère aussi urgent que ces deux articles. Alors pourquoi ne
pas prendre deux semaines ou trois semaines de plus en vue
spécifiquement d'entendre les intervenants dans le lait au lieu
d'adopter à la vapeur ces articles qui sont la cause précise du
mécontentement qui existe? Le télégramme envoyé par
la Coopérative de Granby est très explicite dans ce sens et je
pense qu'ils ont quand même pris la peine de l'évaluer avant de
l'envoyer. Il serait quand même important...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Huntingdon, j'aimerais vous entendre.
M. Dubois: Ce n'est pas ma faute si le ministre parle.
Le Président (M. Cardinal): Je vous dis que j'aimerais
vous entendre.
M. Dubois: J'achève, M. le Président. Je demande au
ministre de réévaluer sa position sur le projet de loi no 116,
d'accepter la suggestion et la motion de mon collègue de
Nicolet-Yamaska. Je pense que, si on donnait deux ou trois semaines de plus aux
autres articles qui ne sont pas désirés par les
coopératives du Québec, on participerait à créer un
climat plus tolérable de part et d'autre entre les deux grands
géants du lait. C'est la seule chose que je demande au ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Huntingdon.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Attendez un peu, vous me faites faire
une comptabilité assez difficile. Est-ce que c'est votre
réplique?
M. Fontaine: Bien, de toute façon...
Le Président (M. Cardinal): Je voudrais que ce soit
clair.
M. Fontaine: Non, non, je voulais terminer mon temps, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, je vous suis.
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
Une voix: II vous reste combien de temps?
M. Fontaine: Une minute.
Le Président (M. Cardinal): II reste onze minutes.
M. Fontaine: Autant que cela? M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes surpris...
M. Fontaine: Oui, oui.
Le Président (M. Cardinal): ... de mon
impartialité.
M. Fontaine: Ah oui! cela fait changement d'avec d'autres
présidents. Merci, M. le Président. Le ministre, je me rappelle,
dans sa réplique en deuxième lecture, nous avait dit: S'il y a
des membres de l'UPA qui ne sont pas satisfaits de leurs dirigeants, qu'ils
s'organisent pour les changer. Il nous avait dit: S'il y a des membres du
Barreau qui ne sont pas honnêtes, on s'organise pour les faire rayer du
Barreau. Est-ce que le président pourrait me dire qu'est-ce qu'on
fait...
Le Président (M. Cardinal): Pardon?
M. Fontaine: ... lorsqu'un ministre ne nous dit pas toute la
vérité? Est-ce qu'on le fait rayer du Conseil des ministres?
Pourriez-vous me donner une directive là-dessus, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): Ne me faites donc pas faire un
cours de procédure parlementaire en me posant une question de directive
semblable.
M. Fontaine: De toute façon, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): D'ailleurs, ce que le ministre
a dit, c'est: Quand un membre du Barreau n'est pas bon, on ne raye pas le
Barreau, on raye le membre.
M. Fontaine: Oui, oui, je n'ai pas proposé l'abolition du
Conseil des ministres; j'ai proposé un changement de ministre
simplement.
Le Président (M. Cardinal): C'est le premier ministre qui
a ce pouvoir, M. le député.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Verreault: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de... Un instant!
M. Verreault: Sur la même question, je voulais simplement
demander au ministre un simple conseil. Pour les membres de l'UPA qui veulent
se débarrasser de quelques dirigeants, est-e qu'il y a une recette
spéciale?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Shefford, excusez-moi, vous avez épuisé...
M. Verreault: II me reste encore deux minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, bien...
M. Verreault: La question a été soulevée par
le ministre tout à l'heure et dans son discours
antérieurement.
Le Président (M. Cardinal): Justement, quelqu'un d'autre
peut la soulever.
M. Fontaine: ... même pas terminé.
Le Président (M. Cardinal): Non, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Sans revenir sur le
débat que nous venons de tenir concernant l'amendement que j'ai
proposé, le chef de l'Union Nationale a communiqué avec M. Michel
Lemire, président de la Coopérative agricole de Granby. Celui-ci
nous a appris qu'il serait prêt à venir témoigner en
commission parlementaire mercredi de cette semaine. Or, M. le Président,
je pense que le ministre devrait accepter une telle proposition. Il nous a
toujours dit, et le gouvernement nous a toujours dit, qu'il voulait faire
preuve de transparence dans l'application du règlement de
l'Assemblée nationale et essayer d'expliquer le plus possible les lois
à toute la population du Québec. C'est le temps de
démontrer aujourd'hui cette transparence et d'accepter que la
Coopérative agricole de Granby vienne se faire entendre. S'il y a
d'autres intervenants dans le monde agricole qui veulent le faire, qu'ils
viennent se faire entendre également.
M. le Président, nous ne sommes pas si pressés que cela.
On est venus ici, une session spéciale, surtout pour le problème
du monde agricole. Qu'on prenne une semaine de plus, quatre jours de plus pour
entendre les gens, personne ne s'en portera plus mal. Mais la
démocratie, par exemple, va s'en porter beaucoup mieux et les gens vont
pouvoir s'exprimer et peut-être réussir à influencer le
ministre de l'Agriculture. Jusqu'à ce jour, tout le travail de
l'Opposition l'Union Nationale et le député de Beauce-Sud,
accompagnés à quelques reprises du député de
Shefford n'a pas réussi à faire broncher le ministre une
seule fois, sur aucun amendement qu'on a présenté au projet de
ioi no 116.
Ce serait une occasion que le ministre ne peut se permettre de manquer,
de demander aux coopératives, au monde agricole, au mouvement syndical,
aux producteurs, même, qui ont quelque chose à dire
là-dessus de venir nous le dire. De cette façon, on pourra
peut-être trouver des solutions permanentes aux problèmes et non
seulement des cataplasmes à chaque fois qu'un jugement sort d'une Cour
supérieure, d'une Cour d'appel ou d'une Cour suprême.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de revenir à
nouveau sur la motion principale sauf si le ministre...
Le Président (M. Cardinal): Sur la motion...
M. Fontaine: Sur la motion d'amendement, c'est-à-dire, sur
mes 20 minutes, sauf si le ministre me provoque.
Le Président (M. Cardinal): II vous resterait deux
minutes, de toute façon. M. le député de Beauce-Sud, vous
aussi, il vous reste du temps.
M. Roy: M. le Président, est-ce qu'il me reste un peu de
temps?
Le Président (M. Cardinal): Oui, je vais vous dire cela.
Il vous reste cinq minutes.
M. Roy: Je n'ai pas l'intention de les prendre, M. le
Président, à moins que les réponses ne m'y incitent. Avec
votre permission, M. le Président, j'aurais une question à poser
à Me Trudeau, si c'est permis de l'interroger directement.
Le Président (M. Cardinal): C'est permis, sauf que, si
vous le permettez s'il répond et si le ministre le permet, c'est le
ministre qui répondra au journal des Débats.
M. Garon: Posez votre question d'abord.
Le Président (M. Cardinal): La question est permise. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Le ministre va décider si ma question est
recevable ou pas?
Le Président (M. Cardinal): Non, c'est la
présidence.
M. Roy: C'est la présidence? Cela me rassure, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud, posez votre question et M. Trudeau, s'il peut répondre, s'il
désire y répondre, le fera au nom du ministre pour les fins de
l'enregistrement du journal des Débats.
M. Roy: Merci, M. le Président. La motion d'amendement qui
est devant nous se lit comme suit: Que cette commission suspende l'étude
du paragraphe c) de l'article 3. Ma question à Me Trudeau est la
suivante: Est-ce que l'article 3 du projet de loi, pour lequel on demande la
suspension, est fondamental, essentiel pour combler le vide juridique
créé par le jugement de la Cour suprême.
Le Président (M. Cardinal): Avant que Me Trudeau nous dise
s'il désire ou pas répondre, je voudrais souligner que c'est une
opinion légale qui est demandée et que les règlements de
l'Assemblée nationale s'appliquent en commission parlementaire, tout
particulièrement l'article 168. Mais je laisse la liberté au
ministre et à son conseiller de prendre la décision. Bon! Je veux
quand même établir les faits. M. le ministre, par son
conseiller.
M. Garon: M. le Président, j'ai déjà
répondu à la même question que pose l'honorable
député parce qu'il demande si c'est fondamental et essentiel et
j'ai déjà répondu non à cela. Ce n'est pas une
question de droit, mais il y a deux épithètes dans cela:
fondamental et essentiel. J'ai dit que c'était par ailleurs utile et
nécessaire.
M. Roy: M. le Président, cela m'incite à une
deuxième question. C'est bien important. Donc, ce n'est pas
fondamental...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud, adressez-vous de ce côté-ci, s'il vous
plaît.
M. Roy: C'est parce que j'avais des distractions, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, d'accord. M. Roy:
Je vais vous regardez, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, j'aime cela,
d'ailleurs.
M. Roy: Est-ce que c'est utile et nécessaire?
Le Président (M. Cardinal): Non. Quand bien même
qu'il y aurait 30 secondes de relâche...
M. Roy: II y a un point qui est très important, parce que
cela veut dire, si j'ai bien compris on me corrigera que si
l'article 3 de la loi devait être mis de côté, les autres
dispositions qu'on retrouve dans la loi 116 suffiraient à combler le
vide juridique créé par le jugemet de la Cour suprême.
Est-ce que j'ai bien compris?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre par Me
Trudeau.
M. Garon: Je ne sais pas, M. le Président, si on parle de
vide. Si je comprends bien la décision de la Cour suprême, il y a
plusieurs choses là-dedans. Il y en a une qui crée une
distinction entre la production et la mise en marché et l'article 3
reflète cette partie du jugement de la Cour suprême où il
est question de la distinction entre la production et la mise en marché.
Par conséquent,
si on n'adopte pas l'article 3, on ne corrige pas tout ce qu'il y a
à corriger à la suite de la décision rendue par le plus
haut tribunal du pays.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Une deuxième question, M. le Président. Si
j'ai bien compris l'interprétation qui a été
donnée, la distinction qui a été faite entre la production
et la mise en marché, on a dit, dans le jugement de la Cour
suprême, que tout ce qui regarde la production est de juridiction
provinciale. C'est exact? (16 h 45)
M. Garon: Substantiellement, M. le Président, c'est exact,
à la condition qu'on ne se serve pas, on a dit ça au début
aussi, de la production comme un moyen déguisé pour
réglementer le commerce interprovincial ou d'exportation.
M. Roy: C'est ce que j'ai cru comprendre lorsque la question a
été posée. Quand vous dites que c'est essentiel et
nécessaire, est-ce que ça veut dire que selon les dispositions
actuelles de la loi 12, chapitre 36 des lois de 1974, qui ont été
utilisées par les offices de mise en marché, jusqu'à
maintenant, les articles tels que constitués dans la loi 12 ne sont pas
suffisants?
M. Garon: M. le Président, je pense qu'ils sont
insuffisants, en effet, parce qu'il est impossible de contrôler, au
niveau de la mise en marché, si vraiment quelqu'un produit pour mettre
en marché dans le commerce interprovincial ou d'exportation ou s'il
produit en violation de son quota interprovincial.
M. Roy: Mais là, il s'agit tout simplement... M. Garon:
Ils sont insuffisants.
M. Roy: Vis-à-vis des réponses qui nous sont
fournies, quand on communique avec la Commission canadienne du lait, on nous a
répondu ceci, on me corrigera, je n'ai pas de certificat
d'infaillibilité... vous non plus?
M. Garon: Non. M. Roy: Bon.
M. Garon: Vous remarquerez que c'est le fédéral qui
a fait des articles qui n'étaient pas bons. Vous remarquerez que c'est
son contentieux, sans doute, qui a fait des articles ultra vires.
M. Roy: La Commission canadienne du lait, le gouvernement
fédéral, lorsqu'on communique avec lui, nous dit ceci: Nous avons
un partage de quotas, un contingentement que nous avons réparti entre
les différentes provinces concernées. Ce qui nous
intéresse, c'est de recevoir telle quantité de lait. C'est ce qui
nous intéresse, point. Quant au reste, c'est à vous, à
l'intérieur de la province, de vous organiser en conséquence,
qu'il y ait 5000, 25 000 ou 50 000 producteurs, cela vous regarde, c'est sur le
plan provincial. Est-ce que c'est exact?
M. Garon: ...
M. Roy: Comment se fait-il que le gouvernement
fédéral viendrait s'ingérer dans l'administration interne
des offices de producteurs pour leur dire: Vous allez contrôler la
production chez vous si ces derniers sont satisfaits d'une quantité
livrée?
Le Président (M. Cardinal): M. le député, je
m'excuse, vous avez épuisé votre temps, si M. le ministre veut
répondre ou si quelqu'un d'autre veut le faire, je n'ai pas
d'objection.
M. Garon: Je ne sais pas... ce n'est pas à moi à
dire, M. le Président, s'il y a ingérence ou non. Ce que je sais,
c'est quand la commission canadienne impose une pénalité de $8
les 100 livres de lait, par exemple, et qu'elle retient les chèques des
producteurs parce que cette pénalité n'est pas payée, il
faut bien que quelqu'un, au niveau provincial, ait les pouvoirs d'aller
percevoir cette pénalité. Autrement, il va y avoir une suspension
de la subvention fédérale, j'imagine, si la province n'est pas en
mesure de respecter les engagements qu'elle prend, soit directement ou
indirectement, vis-à-vis de la commission canadienne.
M. Roy: J'aurais, M. le Président, une autre question
à poser là-dessus, si on me le permet.
Le Président (M. Cardinal): S'il y a le consentement de la
commission. Il y a consentement, M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, vous parlez d'une
pénalité, c'est une pénalité sur la quantité
livrée, sur la quantité mise en marché, ce n'est pas une
pénalité sur la quantité produite.
M. Garon: C'est exact, mais je présume qu'un producteur de
lait produit pour mettre en marché, et la commission canadienne laisse
à la province le soin de faire respecter le contingent qu'elle a
alloué au Québec.
M. Roy: Mais ce n'est pas une condition sine qua non du
gouvernement fédéral d'aller jusque-là.
M. Garon: Bien, c'est une question qui n'est pas d'ordre
juridique, M. le Président, je sais bien qu'à tout
événement, tous les producteurs le savent, s'il n'y avait pas un
contingentement, le fédéral ne serait pas prêt à
subventionner sans limite. Autrement, les troupeaux tripleraient.
M. Roy: C'est évident, on sait ça... M. Garon:
Alors...
M. Roy: ... si j'ai bien compris, ce n'est pas une exigence du
gouvernement fédéral, d'aller jusqu'à contrôler la
production.
M. Verreault: M. le Président, il me reste encore deux
minutes.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, je fais toujours
référence à la motion et également, au
télégramme de la Coopérative agricole de Granby,
lorsqu'elle dit: "Devant l'ambiguïté". Nous l'avons,
l'ambiguïté, M. le Président, lorsque mon collègue,
le député de Beauce-Sud, demande au ministre et à son
conseiller si les articles en question sont fondamentaux et essentiels, on
répond non.
Lorsque mon collègue, le député de Beauce-Sud,
demande au ministre et à son conseiller si les articles en question sont
fondamentaux et essentiels et qu'on répond non et, lorsque le ministre,
par son conseiller, répond qu'il est utile et nécessaire, s'il
n'y a pas d'ambiguïté pour cette seule et unique raison, je me
demande où sont les problèmes.
Il me reste encore quelques secondes, M. le Président. Je
voudrais quand même...
Le Président (M. Cardinal): II vous reste environ 45
secondes.
M. Verreault: Je vous remercie. Dans les circonstances, M. le
Président, vous comprendrez que je ne puis faire autrement qu'appuyer la
motion de mon collègue de l'Union Nationale et, si ma motion est
rejetée tout à l'heure, nous reviendrons avec plusieurs autres
motions, et cela, je vous le jure.
M. Garon: La question fondamentale qu'il faudrait demander
à Me Trudeau, c'est: Est-ce qu'on peut respecter les engagements du plan
national du lait sans ces articles? C'est cela qu'il faudrait demander. Quand
les producteurs signent, cela veut dire qu'ils acceptent que le gouvernement
fédéral subventionne le lait, à la condition qu'il y ait
un contrôle sur le lait. Est-ce qu'on peut, sans ces articles, respecter
les engagements du plan national? C'est la question fondamentale.
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez,
messieurs, avant que nous continuions...
M. Garon: Et cela, vous ne l'avez pas demandé. Vous prenez
bien garde de le demander.
M. Roy: On m'a dit que mon temps était terminé,
mais j'ai l'intention de revenir là-dessus.
Le Président (M. Cardinal): Oui, le temps était
terminé.
M. Verreault: Si on peut continuer, je vais continuer. J'ai
encore bien des choses à dire.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Il faut quand
même appliquer le règlement. Sur cette question, votre temps est
épuisé, M. le député de Shefford. Je le regrette,
mais j'applique le règlement à tous et chacun des membres de
cette commission. Comme vous l'avez dit vous-même, si vous voulez
présenter d'autres motions, vous en ferez.
Je rappelle, cependant, à cette commission attention, pour
l'entente de tous que nous avons au procès-verbal de
l'Assemblée nationale le texte suivant: "Du consentement unanime de
l'Assemblée sur la motion de M. Charron, il est ordonné
c'est un ordre de la Chambre auquel je suis soumis que
l'Assemblée se réunisse mardi prochain à compter de 14 h,
que le rapport de la commission permanente de l'agriculture sur le projet de
loi 116 c'est dans la même motion Loi modifiant la Loi sur
la mise en marché des produits agricoles, soit déposé
à la période des affaires courantes et que la prise en
considération de ce rapport et la troisième lecture dudit projet
de loi aient lieu au cours de cette même séance." Je ne fais que
citer le procès-verbal. Y a-t-il d'autres intervenants sur la
motion?
M. Verreault: M. le Président, vous comprendrez que
l'ordre de la Chambre qui a été donné la semaine
dernière l'a été en fonction des événements
qui se passaient alors.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. À l'ordre!
Vous êtes, comme moi, un membre de l'Assemblée nationale.
M. Verreault: Nous y reviendrons.
Le Président (M. Cardinal): C'est un ordre de la chambre
et je n'y peux rien. Je suis là pour le faire respecter.
M. Verreault: À quelle heure, M. le Président? La
Chambre siège à quelle heure demain?
Le Président (M. Cardinal): À 14 heures. C'est
aussi l'ordre de la Chambre. Vous prendrez les moyens que vous jugerez à
propos. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur la motion du
député de Nicolet-Yamaska?
M. le député de Montmagny-L'lslet.
M. Giasson: M. le Président, tout à l'heure, le
ministre de l'Agriculture a posé une question au député de
Beauce-Sud, à savoir s'il y avait possibilité de continuer de
fonctionner à l'intérieur des plans conjoints en ce qui a trait
à la production laitière et suite aux contrôles qu'exerce
la Commission canadienne du lait.
C'est évident, je pense, que le ministre a raison
là-dessus. Si on veut vraiment avoir des outils pour contrôler la
production et bloquer ceux qui ne voudraient pas respecter la
réglementation qui a été établie par un office de
producteurs qui, devant les dents qu'on ajoute, vont commencer à vouloir
être sages.
Mais est-ce que le ministre reconnaît, au-delà de l'appui
que je donne à ses commentaires, que ce n'est pas l'article 3 qui vient
régler le vide constitutionnel? Cela donne des pouvoirs additionnels
à une fédération de producteurs de lait pour inciter tout
le monde à respecter des volumes de production. On est bien d'accord
avec lui. Mais ce n'est pas cet article qui corrige le vide constitutionnel
décrété par le jugement de la Cour suprême.
Tout à l'heure, quand on en viendra à l'article 4, on va
lire le contenu du jugement en ce qui a trait au vide constitutionnel. C'est le
paragraphe a) du sous-paragraphe 2 de l'article 2 de loi fédérale
qu'il faut corriger, sur lequel les juges de la Cour suprême ont
déclaré inconstitutionnelles des activités menées
en vertu de lois fédérales.
M. Garon: Qu'on reproduit.
M. Giasson: L'article 3 n'a rien à voir pour
modifier...
M. Garon: L'article 3 n'a pas affaire à cela.
M. Giasson: D'accord.
M. Roy: Cela prend un mois pour le savoir.
M. Garon: Un instant! On n'a pas le choix d'adopter l'article 4.
On n'a pas le choix d'adopter l'article 5, parce que cela va avec l'article 2,
paragraphe a) du sous-paragraphe 2. Un instant! Il faut voir les...
M. Roy: L'article 5, on va revenir là-dessus. On parle de
l'article 3.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît,
à l'ordre!
M. Garon: L'article 3.
M. Giasson: ... sous-paragraphe 2 de la loi
fédérale.
Le Président (M. Cardinal): Pardon, à l'ordre!
À l'ordre! À l'ordre! Tout d'abord j'ai eu une
"commansuétude" énorme envers vous tous cet après-midi sur
la pertinence du débat. Je le répète, nous ne pouvons pas
revenir sur les articles adoptés. J'ai lu tantôt un ordre de la
Chambre, on l'interprétera comme on le voudra, mais je ne suis qu'un
serviteur de cette Assemblée nationale et de cette commission. Je
voudrais que cela se continue comme nous avons procédé cet
après-midi, que chacun parle à son tour tant que nous n'aurons
pas vidé cette motion. M. le ministre.
M. Garon: J'aimerais tout simplement dire que M. Trudeau vient de
dire que, quand il a compris votre question, il a compris qu'elle était
sur l'article 3j, parce qu'on parlait de l'article 3, paragraphes j), k) et I).
Avez-vous parlé de l'article 3 au complet ou avez-vous parlé du
paragraphe c) de l'article 3...
Le Président (M. Cardinal): Ne commencez pas...
M. Garon: ... qui ajoute le paragraphe j)? De quoi avez-vous
parlé exactement?
Le Président (M. Cardinal): Ne commencez pas le dialogue
s'il vous plaît.
M. Garon: C'est pour clarifier la question.
Le Président (M. Cardinal): II y a une troisième
lecture après le dépôt du rapport. Il y aurait
consentement?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Cardinal): II y a consentement. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Garon: II faudrait voir les paragraphes un par un. Dans
certains cas je l'ai dit en Chambre, j'ai dit que c'était pour
éviter des ambiguïtés. Je l'ai dit clairement en Chambre.
J'ai dit qu'il y avait des articles pour le vide juridique et des
ambiguïtés qui amenaient un tas de conflits juridiques
inutiles.
M. Roy: Vous admettiez qu'il y avait deux
éléments.
M. Garon: J'ai toujours dit en Chambre qu'il y avait... N'essayez
pas de me faire entrer dans votre jeu, je n'y entrerai pas, je répondrai
toujours comme j'ai répondu. J'ai toujours dit que c'était pour
combler le vide juridique. Il y a plusieurs articles pour le vide juridique. Il
y a quelques dispositions qui concernent des ambiguïtés juridiques
qui amenaient un tas de conflits juridiques. J'ai toujours dit cela en Chambre,
je regrette.
Une voix: C'est régler des ambiguïtés par
d'autres ambiguïtés.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Non, ce n'est pas arracher des pouvoirs, c'est
clarifier des pouvoirs.
M. Roy: Vous avez dit que ce n'était que de la
concordance.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Roy: Vous avez toujours dit que ce n'était que de la
concordance. Ce sont les termes que vous avez employés.
M. Garon: J'ai employé "ambiguïté".
M. Roy: Vous avez employé le terme "concordance".
M. Garon: "Ambiguïté".
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît, est-ce
que c'est terminé? Messieurs, je vous répète que je vous
ai dit que nous ne diviserons pas le projet de loi aujourd'hui. Ne prenez pas
indirectement des moyens qui permettraient de faire ce qui est défendu
directement. Je vous suis de près et avec beaucoup d'attention et
d'intérêt. Y a-t-il des intervenants sur la motion?
M. Giasson: M. le Président, un autre commentaire.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député.
M. Giasson: Comme nous allons être limités dans le
temps étant donné l'ordre de la Chambre dont vous avez
donné lecture tout à l'heure, pour ma part, je
préférerais qu'on puisse au moins terminer le débat sur
les articles 4 et 7 du projet de loi tels que rédigés
initialement avant le dépôt des amendements afin de travailler
fondamentalement aux deux articles qui ont comme fins d'apporter des correctifs
aux commentaires qui ont été donnés par les juges de la
Cour suprême. Si on a du temps, on procédera au débat sur
les autres articles qui ont comme fins de rajouter ou de préciser, si le
terme est plus doux à l'oreille du ministre, de façon fort
incisive, des pouvoirs que nous donne la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Merci, M. le député de Montmagny-L'Islet. Je vous
rappellerai que, dans cet ordre de la Chambre, il est prévu que, si le
ministre a des amendements à déposer, il doit le faire une heure,
si je ne me trompe pas, avant que les travaux ne commencent. L'article 123
s'appliquera alors et la présidence les déclarera recevables ou
non et organisera le débat en conséquence. Y a-t-il d'autres
intervenants sur la motion? Oui, M. le député de Nicolet-Yamaska.
Là, vraiment, il vous reste peu de temps.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais exercer mon
droit de réplique, s'il n'y a pas d'autre intervenant. (17 heures)
Le Président (M. Cardinal): D'accord. À ce moment,
vous avez vingt minutes.
M. Fontaine: S'il n'y a pas d'autres intervenants.
Le Président (M. Cardinal): Pardon, dix minutes.
M. Fontaine: Je ne parlerai pas dix minutes, je vais parler deux
minutes. L'Union Nationale a fait beaucoup d'amendements, a fait des demandes
de scinder le projet de loi. À chacun des articles, on a essayé
de procéder par amendement en demandant au ministre de considérer
ces amendements. Jamais, à quelque reprise que ce soit, le ministre n'a
dérogé à sa ligne de conduite depuis le début de
l'étude de ce projet de loi.
Le ministre a fait preuve d'une intransigeance à toute
épreuve et d'un esprit que je qualifierai, pour le moins, d'obtus. Il
refuse d'entendre qui que ce soit. Il refuse d'entendre ceux qui sont contre le
projet de loi, et même ceux qui sont pour. Quand je parle de ceux qui
sont contre, je ne parle pas des dissidents, je parle de la Coopérative
agricole de Granby, pour l'instant, parce qu'il y en aura d'autres. Le ministre
ne veut rien savoir. Le ministre veut tenir sa promesse, à savoir que le
21 décembre 1978, il a dit, c'est le leader parlementaire qui parlait
à ce moment: Je veux faire adopter ce projet de loi coûte que
coûte. Je ne pense pas que ce soit comme cela qu'on doit diriger
l'Assemblée nationale du Québec. Si on est encore en
démocratie, je pense que les principes fondamentaux de la
démocratie ne sont pas respectés actuellement lorsqu'on
étudie ce projet de loi. Cela me fait d'autant plus de peine que ce sont
les producteurs agricoles qui sont concernés. C'est tout ce que j'ai
à dire.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député d'Iberville. Question de règlement ou quoi?
M. Beauséjour: La réplique est faite? D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Si c'est la
réplique...
M. Verreault: Consentement.
M. Beauséjour: La réplique est faite.
M. Verreault: Vous savez, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): La réplique est
commencée. Il ne faut pas exagérer avec les consentements, M. le
député de Shefford. On peut peut-être violer tout,
mais...
M. Verreault: M. le Président, pour une fois qu'un
député ministériel d'une région qui est très
importante le comté d'Iberville est très important
...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Shefford, à l'ordre!
M. Verreault: ... a quelque chose à dire, je pense qu'il
est important de l'entendre.
Le Président (M. Cardinal): J'avais accordé
à monsieur... S'il vous plaît!
M. Beauséjour: Seulement pour éclaircir le point,
étant donné qu'on a beaucoup discuté, je demande le
vote.
Le Président (M. Cardinal): Non. M. le
député de Nicolet-Yamaska a son droit de réplique.
À part de cela, c'est peut-être un précédent que je
crée. Je voudrais qu'on n'en abuse point. Oui? Nous sommes en commission
parlementaire, non pas à l'Assemblée nationale.
M. Fontaine:... je pense qu'il y a une décision.
Le Président (M. Cardinal): Je sais. C'est la tradition
que j'applique et non un règlement précis.
M. Fontaine: D'accord. J'avais terminé mon droit de
réplique.
Le Président (M. Cardinal): Si vous aviez terminé,
nous en sommes à la mise aux voix. Est-ce que vous voulez un vote
à main levée, enregistré?
M. Fontaine: Enregistré à main levée.
Le Président (M. Cardinal): Non, c'est un des deux. Alors,
je prends le vote. La motion se lit comme suit: "Que cette commission suspende
l'étude du paragraphe c) de l'article 3 et procède
immédiatement à l'étude de l'article 4." M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre la perte de temps.
Le Président (M. Cardinal): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Vaillancourt (Orford)?
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Cardinal): Ce sont les seuls qui puissent
voter, puisque les autres sont intervenants. Je vais faire le décompte:
Pour quatre, contre six. La motion est rejetée. Un instant, s'il vous
plaît! La motion est rejetée. Nous revenons exactement où
nous en étions, lors de l'ajournement. Cependant, M. le
député de Nicolet-Yamaska, voulez-vous me dire de quoi vous
voulez parler?
M. Fontaine: En vertu de l'article 157 du règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Je viens de comprendre,
monsieur, 157 et 158.
Motion d'ajournement des travaux
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Étant
donné que plusieurs députés ministériels, de
l'autre côté, viennent de dire en votant que c'est une perte de
temps, ici, parce qu'il n'y a jamais personne qui veut accepter quoi que ce
soit, M. le Président, je voudrais vous proposer la motion suivante:
Conformément à l'article 157 de notre règlement, que cette
commission ajourne immédiatement ses travaux.
M. Verreault: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Il faut d'abord
que la présidence se prononce sur la recevabilité, et exerce les
pouvoirs qui lui sont conférés, en tenant compte de la situation
présente. Cette motion d'ajournement qui a déjà
été présentée à de rares reprises, mais
quand même à quelques reprises, en commission parlementaire, a
toujours été jugée recevable.
L'article 157 en effet je m'excuse, je vais prendre quelques
minutes, mais je veux que ce soit clair pour tous commence par les
commissions plénières. Je les passe sous silence. Le premier
alinéa de l'article 157 se termine en disant ceci: "En commission
élue, un député soit le député de
Nicolet-Yamaska peut proposer que la commission ajourne ses travaux". Ce
que M. le député de Nicolet-Yamaska vient de faire. 2. de 157:
"Ces motions sont mises aux voix, sans amendement, et elles ne peuvent
être faites qu'une fois je continue au cours d'une
séance, sauf par un ministre. Elles ne peuvent être
débattues, sauf qu'un représentant de chaque
parti reconnu peut prononcer un discours de dix minutes chacun à
leur sujet". Voilà une rédaction un peu singulière.
Mais 158 existe aussi. "Une commission ne peut modifier, dans son
principe, une proposition qui a déjà été
acceptée par l'Assemblée". Or, l'Assemblée a
déjà unanimement accepté et même adopté le
fait qu'un ordre de la Chambre demandait que cette commission fasse rapport
demain. J'ai dit tantôt à M. le député de Shefford
que je ne pouvais pas ici, en commission parlementaire, m'attaquer à un
ordre de la Chambre.
M. Fontaine: Question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Je pourrais donc,
de deux choses l'une, ou en vertu du règlement 65, alinéa 2,
modifier la résolution en y ajoutant des mots et en disant: Et que la
commission fasse rapport à l'Assemblée nationale, demain le... ou
je pourrais demander au député de modifier sa motion et de m'en
présenter une nouvelle qui correspondrait à la situation
présente.
M. Fontaine: Vous avez raison, M. le Président. Je pense
qu'il faudrait ajouter ce membre de phrase que vous venez d'énoncer.
Le Président (M. Cardinal): Le président,
même s'il a tort, a toujours raison.
M. Fontaine: C'est ce qu'on nous a dit la semaine
dernière.
Le Président (M. Cardinal): Je vous écoute, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Vous acceptez la motion d'amendement telle que
modifiée.
Le Président (M. Cardinal): J'aimerais avoir un texte
même si cela prenait deux minutes. Je préfère toujours
qu'en commission parlementaire, il y ait vraiment un texte
rédigé, pour qu'on puisse en débattre sur le fond.
M. Verreault: Je suggérerais qu'on suspende pour quelques
minutes pour qu'on permette au député, le proposeur...
Le Président (M. Cardinal): Pour la forme, on peut
suspendre pour deux minutes.
M. Verreault: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Suspension de deux
minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 10)
(Reprise de la séance à 17 h 16)
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre! Nous
reprenons ces travaux fort intéressants et je rappelle que nous avons,
devant nous, une motion qui se lit comme suit: "Conformément à
l'article 157 de notre règlement, que cette commission ajourne
immédiatement ses travaux et fasse rapport à l'Assemblée
nationale le 20 février 1979, à la période des affaires
courantes." Pour éviter tout débat et qu'immédiatement on
puisse en discuter, je déclare cette motion recevable. Je donne la
parole au proposeur; c'est dix minutes pour chacun des partis reconnus, en
vertu de l'article 157, dernière ligne du deuxième alinéa.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Garon: Un par parti?
Le Président (M. Cardinal): Un par parti reconnu, ce qui
fait 30 minutes.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: ... est-ce que les membres de la commission
permettraient au député de Beauce-Sud de s'exprimer sur la
motion?
M. Garon: Respectons le règlement.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il y a un
consentement de la commission?
Une voix: Non. M. Roy: Non? Une voix:Non.
M. Roy: J'en prends note. La mémoire est une
faculté qui parfois n'oublie pas.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il n'y a pas de consentement.
M. Roy: J'en ai donné des consentements la semaine
dernière à l'Assemblée nationale. Je m'aperçois
que, du côté gouvernemental, on a la mémoire courte,
très courte même. La mémoire, la mémoire,
souvenez-vous! La devise du Québec, c'est "Je me souviens." C'est
écrit sur nos plaques d'immatriculation, d'ailleurs.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M.Roy:
C'était une mise au point.
Le Président (M. Cardinal): La mise au point faite,
j'entends M. le député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, je demande également
le même consentement, mais afin d'intervenir de manière
personnelle.
Le Président (M. Cardinal): Non, M. le
député de Shefford, à moins que vous ne deveniez
député indépendant.
M. Verreault: Pour dix minutes, M. le Président, je suis
prêt à accepter.
Le Président (M. Cardinal): II n'y a pas de consentement.
La décision actuelle de la commission, non pas de la présidence
je veux bien le distinguer est que l'on suive les dispositions de
l'article 157. M. le député de Nicolet-Yamaska, dix minutes.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je n'ai pas
l'intention de prendre les dix minutes. Ce sont les députés
ministériels eux-mêmes qui, depuis le début de cette
commission, nous disent que c'est une perte de temps. Vu l'intransigeance du
ministre, vu son esprit obtus qui ne veut absolument jamais rien accepter, je
pense que cela devient stupide de rester ici, tout simplement. Cela ne donne
absolument rien de continuer à débattre ce projet de loi alors
qu'on sait d'avance que le ministre ne veut absolument rien accepter, ne veut
rien changer à son projet de loi; il veut l'adopter tel quel. Je me dis,
M. le Président, que cela ne donne absolument rien, il n'y a rien
à faire. Qu'on ajourne nos travaux, qu'on fasse rapport à
l'Assemblée nationale demain, qu'on passe à l'adop-tiondu rapport
et à la troisième lecture. On n'aura pas eu la commission
parlementaire qu'on aura voulue, que les producteurs ont demandée, que
les coopératives ont demandée. On n'aura pas accepté nos
propositions visant à scinder le projet de loi ou à
étudier en priorité les articles 4 et 7. Face à ces faits,
je demande tout simplement aux membres de la commission d'accepter d'ajourner
nos travaux.
Le Président (M. Cardinal): Au parti ministériel,
normalement.
M. Garon: Contrairement à ce que dit le
député de Nicolet-Yamaska, j'ai rencontré les gens du
mouvement coopératif et nous avons accepté d'amender à peu
près tous les articles. Il y a des amendements que j'ai acceptés
et il y en a, d'ailleurs, que j'ai proposés moi-même en
rencontrant les coopératives. Suite aux inquiétudes qui avaient
été manifestées, j'avais dit que j'allais regarder le
projet de loi une deuxième fois avec les conseillers juridiques pour
proposer certaines modifications, afin de les satisfaire.
À la suite du dépôt des amendements, le Parti
libéral me manifestait ses désirs par la voix de son critique
officiel et de ses conseillers, quant au paragraphe c) de l'article 3, qui
ajoute le paragraphe j) dans la loi de la Régie des marchés
agricoles. J'ai fait la proposition d'amendement, vendredi, d'ajouter les mots:
"par la régie" après "temporaire ou définitive" pour que
ce soit bien clair quand il s'agirait d'une annulation ou d'une suspension ou
d'une réduction temporaire ou définitive du quota. Ce serait fait
par la régie après avoir entendu la personne concernée;
cela ne serait pas fait par l'office. À ce moment-là, je pense
que ça clarifiait le point qui était soulevé par les gens,
officieusement, dans les discussions qu'on a toujours avant ou après les
commissions parlementaires. Je pense que c'étaient des amendements
acceptables et je les ai acceptés. De la même façon, sur
d'autres projets de loi, j'ai accepté de nombreux amendements. C'est
évident que je n'accepterai pas d'amendement qui change la teneur de
l'article, le fond du projet de loi.
J'ai dit à l'Assemblée nationale que ce projet de loi
était nécessaire pour combler le vide de la Cour suprême.
On le verra en voyant les articles et les ambiguïtés juridiques qui
amenaient des procès inutiles dans le monde agricole. Je dois dire que
je pense que les producteurs ont autre chose à faire qu'à se
diviser dans des luttes juridiques qui ne se terminent pas. Le projet de loi
actuel clarifie la situation, ne touche en rien les pouvoirs des
coopératives, l'article 2 reste tel qu'il est. On a voulu se pencher, il
y a eu des pressions qui ont été faites chaque fois qu'on a
touché à la loi de la Régie des marchés agricoles
depuis que le troisième paragraphe de l'article 2 a été
enlevé en 1962, lors d'une refonte qui avait été faite par
le Parti libéral, refonte qui avait été dirigée par
le premier ministre du Québec lui-même à ce
moment-là. Chaque fois qu'il y a eu des amendements, des projets
d'amendements ou des commissions parlementaires, le même débat est
revenu, et je pense qu'il n'est pas opportun de modifier l'article 2 à
ce moment-ci.
Je pense que la meilleure façon de discuter du projet de loi
c'est d'en discuter article par article. On verra, à ce
moment-là, à chacun des articles, les raisons qui motivent
l'article qui est présenté ou le paragraphe qui est ajouté
ici ou là ou les modifications d'articles dans le projet de loi, dans la
loi sur la Régie des marchés agricoles. C'est l'ordre de la
Chambre d'étudier le projet de loi, de faire rapport demain à
l'ouverture de la session. Le projet de loi avait été
déposé au mois de novembre, la deuxième lecture a eu lieu
le 7 décembre. Cela fait déjà presque deux mois et demi de
cela. Je pense que tout le monde a eu amplement le temps de
l'étudier.
C'est évident que si on veut, à la faveur du projet de loi
116, revoir toute la question des relations entre les syndicats et les
coopératives, je l'ai dit et je le répète, ce n'est pas le
temps de le faire et nous n'avons pas l'intention de le faire à ce
moment-ci, parce que nous n'avons pas l'intention de revoir de fond en comble
la loi de la Régie des marchés agricoles. Les problèmes
qui peuvent exister dans certaines productions seront étudiés et
je ne dis pas qu'il ne puisse pas y avoir éventuellement une commission
parlementaire sur un projet ou l'autre; je ne veux pas m'engager à ce
moment-ci, parce que je pense que cela mérite une étude plus
approfondie, d'autant plus qu'il y a plusieurs causes actuellement devant les
tribunaux. Eventuellement, il y aura peut-être lieu d'avoir une
commission parlementaire pour étudier une question en particulier, mais
avant cela il
y a d'autres étapes qui doivent être franchies. Je propose
qu'on continue plutôt d'étudier le projet de loi article par
article.
Le Président (M. Cardinal): MM. les députés
de l'opposition officielle. M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, personnellement, je suis
d'avis que l'on doit continuer notre discussion, nos débats, en
commission parlementaire, au lieu de décider de faire rapport
immédiatement à l'Assemblée demain.
Je tiens à ce que le débat continue, que nous puissions
adopter tous les articles, si c'était possible, je n'en suis pas
sûr, mais qu'on passe au moins le débat sur les articles 4 et 7.
Pour cette raison, je voterai contre la motion du député de
Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, avant de continuer,
bien calmement, je demande à nouveau s'il y a consentement pour que le
député de Beauce-Sud puisse s'exprimer. Consentement. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
M. Garon: Vous voyez comme on fait des compromis.
M. Roy: Vous êtes aux compromis, mais vous aviez un bel
exemple de compromis que je vous ai offert jeudi à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, je suis un peu surpris, après avoir
été accusés, depuis au moins quatre jours, de faire perdre
le temps de la commission parlementaire, parce qu'on fait des interventions sur
un projet de loi et on travaille pour apporter des améliorations, des
modifications au projet de loi... On propose des amendements et on nous
accuse...
M. Garon: Remarquez...
M. Roy: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
ministre.
M. Garon: Non, juste un aparté.
M. Roy: Ce n'est pas vous qui avez le droit de parole.
M. Garon: Jeudi, vous avez eu des réticences, vous
aussi.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Vous avez commencé par dire non.
Le Président (M. Cardinal): La commission, unanimement,
ainsi que la présidence, a reconnu M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je suis un peu surpris,
puisque mon collègue, le député de Nicolet-Yamaska,
propose une motion qui demande que la commission parlementaire ajourne ses
travaux, fasse rapport à l'Assemblée nationale,
puis-qu'effectivement, il n'y a rien... On n'a rien obtenu, absolument rien
obtenu, on n'est pas plus avancés que nous ne l'étions au tout
début, sauf que ça a peut-être permis d'apporter un
éclairage plus grand à la population, cela a permis d'illustrer
davantage les ambiguïtés où le ministre se trouve. Cela a
permis au moins ça, M. le Président. Mais si on n'accepte pas la
motion présentée par le député de Nicolet-Yamaska,
j'espère qu'au moins on aura la décence, je dis bien la
décence, de ne pas nous accuser de faire perdre le temps, puisque c'est
le côté gouvernemental qui veut qu'on continue.
Je voterai pour la motion.
Le Président (M. Cardinal): Alors, messieurs, la
motion...
M. Verreault: M. le Président, est-ce que vous
révisez votre position, je pourrais être indépendant pour
dix minutes.
Le Président (M. Cardinal): Non, parce que vous êtes
membre d'un parti très reconnu. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Une voix: C'est même le plus reconnu.
Le Président (M. Cardinal): Vote enregistré. Vous
connaissez la motion qui est une motion d'ajournement en vertu de l'article
157: Conformément à l'article 157 de notre règlement, que
cette commission ajourne immédiatement ses travaux et fasse rapport
à l'Assemblée le 20 février 1979, à la
période des affaires courantes. Vous m'indiquerez si vous êtes
pour ou contre la motion.
M. Brassard (Lac Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Lévesque
(Ka-mouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pour... Contre.
M. Roy: Voyez-vous comme c'est ambigu, M. le
Président?
Le Président (M. Cardinal): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Vaillancourt (Orford)?
M. Vaillancourt (Orford): Contre. Le Président (M.
Cardinal): Bon.
M. Verreault: Est-ce que je peux dire que je suis pour?
Le Président (M. Cardinal): Vous pouvez le dire, mais
ça n'ajoutera rien au résultat.
Je fais le compte. Pour la motion, 2, contre la motion, 8. La motion est
donc évidemment rejetée. Nous revenons au fond du
problème. Oui, M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Pour revenir au fond du
problème, c'est que le télégramme a été
envoyé en fin de semaine. J'ai reçu également le
télégramme, il a été adressé à mon
nom: Copie d'un télex envoyé ce jour au ministre de
l'Agriculture...
Contingentement (suite)
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud, est-ce une question de règlement ou si vous parlez sur
l'article 3c?
M. Roy: Je reviens à l'article 3c.
Le Président (M. Cardinal): Vous parlez de la motion, du
fond... alinéa c) de l'article 3.
M. Roy: Alinéa c), M. le Président, je reviens
justement sur ce point, par le fait que ce télégramme nous
informe qu'on retire l'appui à l'article 3.
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: Vous avez dit: Article c)...
Le Président (M. Cardinal): J'ai dit alinéa c) de
l'article 3. (17 h 30)
M. Beauséjour: Justement, mais je crois que le ministre
avait apporté un amendement et nous serions à parler sur
l'amendement.
Le Président (M. Cardinal): C'est exact, mais le ministre,
en vertu de l'article 92 de notre règlement, n'a pas élevé
la voix.
M. Garon: Je l'ai apporté vendredi.
Le Président (M. Cardinal): Je sais bien, mais...
M. Garon: Vous voulez que je le redépose?
Le Président (M. Cardinal): Écoutez, on n'en fera
pas un débat de procédure.
M. le député de Beauce-Sud, pour aider la commission,
est-ce que vous consentiriez à ce que je relise la motion d'amendement
proposée par le ministre, vendredi dernier, afin que l'on ne parle pas
d'un article qui serait déjà amendé, peut-être, ce
qui ne vous enlève en rien votre droit de parole, mais permettrait
peut-être des travaux plus ordonnés? Oui?
M. Roy: Juste un point, M. le Président. Cette question
avait été soulevée dès le début des travaux
de la commission parlementaire, et non de la séance d'aujourd'hui. Il
avait été convenu du moins c'est ce que j'avais compris et
c'est la raison pour laquelle j'ai fait erreur et je m'en excuse que les
amendements proposés par le ministre devaient être lus et
considérés comme faisant partie intégrante de
l'article.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud, vous avez parfaitement raison. Vous n'avez pas à croire que
vous avez commis une erreur. Au contraire. J'ai, devant moi, le texte de ce que
j'appellerai le premier projet de loi 116, et le texte du projet amendé
qui a été considéré, comme cela se fait souvent en
commission parlementaire, comme étant le projet de loi, pour
éviter de parler d'amendements et de sous-amendements
Cependant, n'ayant pas été là vendredi, tout en
ayant suivi vos débats, je constate que j'ai devant moi le texte
suivant, que je lis: "M. le Président, je fais motion pour que l'article
3c soit modifié par l'addition, dans la neuvième ligne, du
paragraphe j), après le mot "définitive", des mots "par la
régie".
J'en ai conclu, au début de cette séance j'aurais
pu commencer par là, mais il s'est produit d'autres incidents que
c'était un amendement au texte déjà amendé et
reconnu comme étant le projet de loi. Est-ce que c'est exact?
M. Roy: ...
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas-là, M. le
député de Beauce-Sud, j'aimerais mieux que M. le ministre, qui
n'épuise jamais son droit de parole en vertu des règlements
je ne parle pas de lui personnellement, mais du règlement
puisse s'exprimer, s'il le désire, sur l'amendement qu'il a
proposé vendredi dernier.
M. Roy: M. le Président, question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: En vertu de l'article 161. J'avais demandé le
droit de parole tout à l'heure. C'était en vue de
présenter une motion que j'avais demandé un droit de parole tout
à l'heure. Je voudrais vous demander une directive, à ce
moment-ci.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Je ne veux pas
déjouer une façon de procéder d'un député.
Mais la commission, revenant à ce que j'appellerais l'heure zéro,
ayant épuisé les deux motions de cette journée, en
revenait à la motion d'amendement proposée vendredi dernier. Et
non seulement cela, ayant vérifié, je constate que même le
ministre avait demandé l'ajournement des travaux de cette commission, ce
qui lui donnait immédiatement le droit de parole. C'est pourquoi j'en
appelle à votre collaboration. Vous pourrez toujours proposer une motion
et je ne vous demande même pas si elle est d'amendement, de forme
ou de fond, mais admettez que mon rôle n'est pas facile, je dois quand
même respecter les droits de chacun des partis et de chacun des membres
de cette commission.
Il est déjà arrivé qu'on soit obligé
d'interrompre quelqu'un qui avait commencé une allocution. Les gens du
parti reconnu de l'Union Nationale se le rappellent probablement.
Par conséquent, je suis obligé d'appliquer le
règlement et dire qu'au moment où nous en sommes, la parole est
à M. le ministre. Je regrette de vous décevoir.
M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, je vais refaire ma motion pour
que l'article 3c) soit modifié par l'addition, dans la neuvième
ligne, du paragraphe j), après le mot "définitive" des mots "par
la régie".
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous, M. le
ministre, justement pour que l'on poursuive dans le même ordre? Je ne
pense que qu'il y ait eu de décision sur la recevabilité de la
motion. En vertu de l'article 70 du règlement, on peut toujours modifier
en ajoutant ou en retranchant des mots pourvu que cela ne s'oppose pas au
principe du projet de loi. Je serais surpris que M. le ministre s'oppose au
principe du projet de loi.
M. Verreault: II y a peut-être une possibilité pour
cela; on ne sait jamais.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! Par
conséquent, je déclare la motion recevable.
M. Garon: Si j'ai ajouté ces mots-là je l'ai
dit vendredi et je l'ai répété aujourd'hui
c'était pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté.
M. Roy: Vous admettez qu'il y en avait?
M. Garon: Non. À mon avis, il n'y en avait pas, mais je
l'ai fait pour que ce soit vraiment plus clair encore. Je pense que cela
voulait dire également par la régie, parce que nous avons
ajouté à la fin "que ce producteur ait eu préalablement
l'occasion d'être entendu par la régie". Il y a des gens qui
pensaient que cela pouvait vouloir dire qu'il devait seulement être
entendu par la régie, mais que le pouvoir était à
l'office. J'ai voulu, à ce moment-là, ajouter ces mots "par la
régie" après le mot "définitive" pour qu'il soit bien
clair que, quand il s'agissait d'annulation, de suspension ou de
réduction temporaire ou définitive du contingent d'un producteur
en raison de la violation par lui de la présente loi, d'un plan
conjoint, d'une ordonnance, d'un règlement ou d'une convention
dûment homologuée ou d'une décision arbitrale, ceci ne
pouvait être fait que par la régie, après qu'elle a
entendu. Je pense que c'est évident qu'il s'agit d'une
pénalité qui est assez forte, qui va venir évidemment
uniquement en dernier recours, lorsque des pénalités auront
été déjà imposées et que, malgré
toutes les règles, il y aura vraiment une opposition systématique
au fait de respecter la loi ou les règlements qui vont avec la loi. En
dernier ressort, de tels pouvoirs pourront être exercés.
Si on regarde le jugement du juge Deschênes et qu'on le lit au
complet, on se rend compte que, dans certains cas, on n'a pas le choix. Si on
veut que ces plans fonctionnent, il faut qu'il y ait un certain ordre, une
certaine discipline. La loi doit permettre de faire respecter les
règlements qui ont été adoptés légalement,
qui sont appliqués légalement après que les gens auront pu
se faire entendre entièrement par la régie. C'est le but de cet
article, de ce paragraphe et de son amendement afin de respecter les droits de
l'individu.
Si on pense qu'un plan conjoint ou un plan national est
nécessaire, que l'évolution d'un plan conjoint vers un plan
national, à un moment donné, est nécessaire et qu'il doit
exister, il faut aussi avoir les moyens de le mettre en oeuvre. Cet article
vient, je pense, permettre cette mise en oeuvre. Je pense que ce paragraphe va
éviter un tas de conflits, de discussions, de chicanes inutiles pour la
mise en oeuvre d'un plan conjoint et va favoriser la mise en oeuvre d'un plan
conjoint dans l'ordre. C'est le but de ce paragraphe.
Le Président (M. Brassard): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, vous comprendrez que je
souscris entièrement à l'amendement
proposé par le ministre. À quelques occasions, lors
d'entretiens, je l'ai exprimé. Lors de mon discours en deuxième
lecture, j'ai indiqué que j'avais des réserves sur les pleins
pouvoirs d'un office de producteurs d'annuler, de suspendre, de révoquer
des contingentements ou des quotas de production, pas parce que je doute de
leur capacité, mais c'est la prudence la plus élémentaire,
je crois, qui commande cela. Donc, je suis heureux que le ministre ait
accepté de modifier quelque peu le paragraphe c) de la loi, pour le
moment où il y aurait une décision aussi draconienne à
prendre que celle d'enlever le droit de produire, parce qu'en définitive
le quota, c'est le droit de produire qu'a un producteur. Sans quota, qu'est-ce
que vous voulez qu'il fasse? J'aime beaucoup mieux que ce soit la régie
qui ait à rendre cette sentence, à savoir de suspendre ou de
retirer un quota à un producteur pour des raisons qui seraient
exceptionnelles, c'est-à-dire que cela pourrait se faire dans le cas
d'un producteur qui a vraiment joué contre la réglementation en
vigueur à l'intérieur d'un plan conjoint, qui a
récidivé quelquefois, qui a payé des amendes mais qui, en
dépit des amendes payées, veut toujours recommencer le même
manège. C'est l'opération en dernier recours, mais là
encore j'aime beaucoup mieux voir la régie procéder et avoir
l'autorité de procéder que l'office de producteurs, parce qu'il
pourrait peut-être arriver que la patience manque à
l'administration d'un plan conjoint, et qu'il soit peut-être plus
expéditif dans la décision de retirer les droits de produire
à un producteur.
Le Président (M. Brassard): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Premièrement,
j'aurai une question à poser à M. le ministre, et je reviendrai
immédiatement après. Je voudrais savoir pourquoi, à la
deuxième ligne de l'alinéa j), vous avez enlevé
"émis par l'office". Dans le texte original, à la fin de la
première ligne et à la deuxième, c'était
indiqué "émis par l'office". Dans le texte amendé,
à la suite de l'amendement proposé, c'est marqué "obliger
un producteur à détenir un contingent pour produire". Les mots
"émis par l'office" sont enlevés. Je voudrais simplement savoir
les raisons pour lesquelles vous avez enlevé les trois mots.
M. Beauséjour: Question de règlement.
Le Président (M. Brassard): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Je crois que nous sommes actuellement... Je
ne vois pas le rapport là-dessus. Je voudrais attendre tantôt pour
revenir, si on a décidé de l'amendement pour ce qui est de "par
la régie", avant de discuter du fond.
Le Président (M. Brassard): Si le ministre veut
répondre à la question...
M. Dubois: On peut parler dans l'ensemble du paragraphe ou de
l'alinéa, je pense que ce serait préférable, si on pouvait
le régler.
Le Président (M. Brassard): Vous êtes d'accord pour
répondre à la question, M. le ministre?
M. Garon: Oui. C'est à la demande des représentants
des coopératives que j'ai rencontrés le 16 décembre.
M. Dubois: II me semble que cela ne change pas grand-chose, parce
que l'article 67, alinéa c) ou paragraphe c), était très
clair à cet effet. Les offices de producteurs avaient ce contrôle.
On leur permettait quand même d'émettre des permis.
M. Giasson: De retirer des quotas?
M. Dubois: Enfin, on leur donnait toute l'autorité par
l'article 67, alinéa c), contingenter la production et la vente, fixer
le temps et le lieu. C'était clair et net par l'article 67c. Dans le
texte que vous nous avez présenté, amendé, "obliger un
producteur à détenir un contingent...". Je crois que c'est
l'article 67c qui est encore en vigueur. N'est-ce pas? Est-ce que vous pouvez
répondre?
M. Garon: C'est une demande qui m'a été faite et
j'ai considéré que la demande était recevable. Je l'ai
acceptée.
M. Dubois: Enfin, cela ne change absolument rien parce que
l'article 67c demeure en vigueur et c'est à peu près les
mêmes choses. Vous n'aviez pas affaire à l'enlever je pense, en
tout cas, De toute façon, j'aurai un amendement à proposer tout
à l'heure, mais en ce qui concerne le droit fondamental de produire d'un
producteur, M. le Président, présentement, la régie peut
suspendre ou enlever d'une façon définitive ou temporaire un
contingent, n'est-ce pas? Sans droit d'appel devant, M. le ministre...
Le Président (M. Brassard): Vous parlez bien sur
l'amendement?
M. Dubois: Sur l'amendement, oui. (17 h 45)
M. Garon: Ajouter les mots "par la régie"?
M. Dubois: Oui, vous avez ajouté les mots "par la
régie", cela améliore de beaucoup...
M. Garon:: II faudrait parler là-dessus d'abord.
M. Dubois: C'est là-dessus que je parle. Cela
améliore de beaucoup le projet de loi, mais étant donné
que c'est un droit fondamental pour un agriculteur de produire, il n'y a pas de
droit d'appel à la suite d'une décision de la régie. Je
pense qu'il y aurait lieu quand même...
M. Garon: Le droit d'appel, l'article 13.
M. Dubois: Le Conseil des ministres. Si je me
réfère à la Loi sur l'assurance-récolte, article
65:
Les décisions de la régie sont susceptibles d'appel
à la Cour provinciale siégeant dans le district où est
située la terre dont le rendement est assuré, mais seulement sur
des questions de droit. Je pourrais continuer les articles 65, 66, 67: Enfin,
le producteur agricole qui se sent lésé dans ses droits et qui
n'est pas heureux de la décision de la régie a un droit d'appel
à la Cour provinciale. Pour plus de sécurité pour le
producteur, je pense qu'il y aurait lieu quand même qu'on donne les
mêmes privilèges à l'agriculteur, au niveau du projet de
loi no 116, qu'on lui donne au niveau de l'assurance-récolte, un droit
d'appel devant la Cour provinciale. Je pense que ce serait quand même une
logique afin qu'un producteur puisse en appeler d'une décision de la
régie et ne pas être sujet à une décision finale du
Conseil des ministres.
C'est fondamental pour un producteur, le droit de produire. Si le
producteur peut contester ou a le désir de contester une décision
de la régie, ou une décision du Conseil des ministres, à
ce moment, il aurait le droit d'aller en Cour provinciale ou avoir un appel
quelconque. Là, il n'a pas d'appel. Le Conseil des ministres appuie
généralement la régie. C'est son appareil à lui.
C'est lui qui a créé la régie. Tandis qu'un appel à
la Cour provinciale, je pense que cela rassurerait pas mal les agriculteurs.
Ils auraient quand même le droit de faire valoir leur
mécontentement et d'aller jusqu'au bout des procédures
nécessaires. Je n'ai pas d'amendement à proposer
immédiatement, mais je pense que je vais en apporter un tout à
l'heure.
M. Garon: On ne l'a pas fait. D'abord, on ne voulait pas revoir
entièrement le pouvoir de révision du Conseil des ministres.
C'est plus complexe que cela; à qui serait dirigé le droit
d'appel? Est-ce que c'est à la Cour provinciale, à la Cour
supérieure? Il y a des débats juridiques là-dessus.
Changer la question sans être certain de l'endroit où devrait
avoir lieu le droit de révision, au lieu du Conseil des ministres,
à la Cour provinciale ou à la Cour supérieure et tomber
dans des procès pour savoir si c'est la bonne cour... Dans l'état
actuel des choses, on a préféré ne pas toucher à
cela.
M. Dubois: Au niveau de la Loi de l'assurance-récolte,
c'est bien indiqué que c'est la Cour provinciale. C'est une régie
quand même là! On en appelle à une décision de la
Régie de l'assurance-récolte en Cour provinciale. C'est inscrit
dans la loi.
M. Giasson: ... aux questions de droit.
M. Dubois: Quand même! Un droit fondamental pour un
agriculteur, c'est de produire. Si un producteur se sent lésé,
s'il sent qu'une décision rendue par la régie pourrait être
contestée, je pense que c'est tout à fait logique qu'on lui donne
le droit de contester. En démocratie, je pense qu'un appel en Cour
supérieure ou en Cour provinciale est logique.
M. Garon: Le pouvoir de surveillance de la Cour supérieure
dont vous parlez existe toujours vis-à-vis de la régie qui est un
tribunal inférieur au sens de la loi. L'article 33 du Code de
procédure civile qui permet le pouvoir général de
surveillance de la Cour supérieure sur les tribunaux inférieurs
existe toujours en droit.
M. Dubois: Ce serait pas mal plus complet et plus rassurant pour
le producteur si c'était inscrit, comme on l'a fait dans la Loi de
l'assurance-récolte.
M. Garon: Mais, cela existe...
M. Dubois: Pourquoi l'a-t-on inscrit d'abord dans la Loi de
l'assurance-récolte?
M. Garon: ... déjà en droit, par l'article 33 du
Code de procédure civile, de là les brefs d'évocation.
M. Dubois: Cela compléterait et ce serait plus
sécurisant pour le producteur si c'était inscrit. C'est une
remarque que je vous fais.
M. Garon: Mais cela existe déjà.
M. Dubois: Déjà, comme vous avez mentionné,
c'est le projet de loi no 90.
M. Garon: Le pouvoir de surveillance, en droit. Si on a
excédé sa juridiction...
M. Dubois: ... a le droit de revenir.
M. Garon: Sur le fond, pour la révision, c'est le Conseil
des ministres, en vertu de l'article 13. On n'a pas voulu toucher à cela
dans cette loi, parce que ce n'est pas un projet de loi dans le but de refondre
la Loi sur la mise en marché des produits agricoles.
M. Dubois: Ce serait pas mal plus rassurant pour les producteurs
si c'était écrit dedans. C'est seulement l'abus.
M. Vaillancourt: M. le Président, toute décision
d'une régie gouvernementale, si la décision qu'elle a prise n'est
pas selon... n'est pas acceptée par la personne jugée... elle a
toujours recours à la Cour provinciale, c'est automatique.
M. Dubois: Sur un excès de pouvoirs. Sans qu'il y ait
excès de pouvoirs, si le producteur n'est pas heureux de la
décision, il n'a pas de droit d'appel, contrairement à la Loi de
l'assurance-récolte.
M. Garon: II a un recours.
M. Dubois: II n'a pas de recours s'il n'y a pas d'excès de
pouvoirs.
M. Garon: II n'a pas d'appel à la Cour provinciale en
vertu de cette loi.
M. Dubois: C'est cela, à moins qu'il y ait excès de
pouvoirs, il va en Cour supérieure. Ce serait plus rassurant que ce soit
indiqué quand même.
Le Président (M. Brassard): Vous avez terminé votre
intervention, M. le député?
M. Dubois: Je reviendrai tout à l'heure.
Le Président (M. Brassard): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'amendement?
M. Verreault: Je vais prendre du temps, il reste dix minutes,
pourquoi pas? Dans les circonstances, à l'article et à
l'amendement du ministre d'ajouter "par la régie", évidemment, je
crois que cela peut donner un certain éclaircissement. Pour
éviter l'ambiguïté, comme le ministre l'a mentionné
tout à l'heure, vous savez, jamais le ministre ne sera capable de me
convaincre du contraire, parce que plus on avance dans le projet de loi, plus
c'est ambigu, plus c'est complexe. Le député de l'Union Nationale
a essayé tout à l'heure de faire comprendre au ministre qu'il
aurait avantage à éclaircir davantage cet article et le ministre
lui fait comme réponse que dans le Code civil, à l'article 33,
c'est prévu.
On est rendu au paragraphe j) de l'article 3 et...
Le Président (M. Brassard): Effectivement.
M. Verreault: Je suis toujours dans la pertinence, M. le
Président. Nous ne sommes pas plus avancés qu'on l'était
au tout début. Nous avons mentionné tout à l'heure qu'il y
aurait eu avantage peut-être à entendre toutes les parties pour
connaître le bien-fondé de chacun de ces articles. Vous
comprendrez que, dans le contexte, je maintiendrai toujours la même
position, à savoir: entendre les parties et aussi les
spécialistes, tant ceux du ministre que ceux de l'UPA, la
coopérative, tous les organismes qui sont touchés de près
ou de loin par le projet de loi no 116. On aurait eu avantage à analyser
en profondeur le point de vue législatif et le point de vue juridique du
projet de loi en question et surtout de l'article 3c, au paragraphe j.
M. le Président, le ministre a fait motion pour que l'article 3c)
soit modifié par l'addition, dans la neuvième ligne du paragraphe
j), après le mot "définitive", des mots "par la régie".
C'est sûr que le porte-parole officiel de mon parti s'est dit satisfait
de cette motion et que, dans les circonstances, il a l'intention de
l'approuver. Je ne dirai pas que je voterai contre cette motion du ministre,
mais...
Le Président (M. Cardinal): De toute façon, vous ne
pouvez pas voter.
M. Verreault: C'est cela. Je ne vous dirai pas que je suis contre
cette motion, mais, dans les circonstances, je sais que mon collègue de
Beauce-Sud a plusieurs points à soulever. Sachant d'avance qu'il avait
très peu de temps avant 18 heures, je me suis permis d'occuper le temps
jusqu'à 18 heures et je vais le faire de façon qu'il puisse
intervenir à 20 heures sans interruption. Je crois que les propos qui
seront tenus par mon collègue de Beauce-Sud seront très
pertinents à la chose.
M. le Président, j'aurais aimé aussi on y faisait
allusion tout à l'heure étant donné qu'on fait
mention qu'on ajoute les mots "par la régie", connaître par la
même occasion les opinions des coopératives et surtout de celle de
Granby qui me concerne le plus. Malheureusement, étant donné
qu'il m'a été impossible de participer à la commission
vendredi dernier, je n'étais pas tellement au courant de la motion qui a
été proposée par le ministre avec son nouvel amendement.
C'est pourquoi, n'ayant que dix minutes avant six heures maintenant il
m'en reste six, me dit-on cette suspension des débats me
permettra de consulter la Coopérative agricole de Granby, son
président et son directeur général afin de savoir ce
qu'ils pensent de cette nouvelle motion.
M. le Président, vous savez, lorqu'on relit le paragraphe j) de
l'article 3c, on dit "par l'addition, après le paragraphe i), des
suivants: j) obliger un producteur à détenir un contingent pour
produire ou mettre en marché un produit commercialisé,
déterminer les conditions auxquelles ce contingent peut être
émis, prohiber l'émission de tout contingent au-delà d'une
limite prescrite, prescrire la réduction des contingents lorsque cette
limite est atteinte ou susceptible de l'être, interdire la production ou
la mise en marché en violation du contingent, prévoir les
conditions d'annulation, de suspension ou de réduction temporaire ou
définitive et c'est là que le ministre, par sa motion,
insère "par la régie" du contingent d'un producteur en
raison de la violation par lui de la présente loi, d'un plan conjoint,
d'une ordonnance, d'un règlement, d'une convention dûment
homologuée ou d'une décision arbitrale à condition que ce
producteur ait eu préalablement l'occasion d'être entendu par la
régie, et prévoir les conditions de réattribution d'un
contingent".
M. le Président, je vais terminer à 18 heures, à
moins que vous acceptiez immédiatement la suspension jusqu'à 20
heures...
Le Président (M. Cardinal): C'est-à-dire que vous
proposez que les travaux de cette commission soient suspendus jusqu'à 20
heures.
M. Verreault: Et je concéderai mon droit de parole
à mon collègue de Beauce-Sud.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des voix: Non.
Le Président (M. Cardinal): La motion n'est pas
adoptée. M. le député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, je vais continuer, il me
reste à peine trois minutes maintenant. Je vous dirai qu'on
m'oblige...
Le Président (M. Cardinal): Faites-moi confiance, à
18 heures, je me lèverai d'office.
M. Verreault: Oui, et je peux vous donner 30 secondes de
plus...
Le Président (M. Cardinal): Non, non. J'observe le
règlement d'une façon...
M. Verreault: ... en avance sur le temps, si vous voulez. Je suis
très compatissant avec vous, M. le Président, je sais que c'est
une journée très chaude, la salle est très chaude. Et,
dans les circonstances, il y a aussi des humeurs très chaudes.
Le Président (M. Cardinal): Non. Il y a eu une
collaboration fantastique de tous les membres de la commission aujourd'hui.
M. Verreault: Je vous la concède aussi, M. le
Président. Vous avez tout mérite de mener en main de maître
cette commission et vous comprendrez que je ne peux faire autrement que
d'être fidèle à vos directives et d'être
obéissant dans la majorité de vos propos. M. le Président,
vous avez tout hommage de cette commission. Vous l'avez menée comme un
maître. Il reste deux minutes encore, il va le dire tout à
l'heure.
La pertinence, justement, je vous parlais de la motion du ministre tout
à l'heure. J'aimerais pouvoir vous la relire, parce que j'ai
l'impression qu'il y en a qui ne sont pas au courant de cette motion, si je
peux la retrouver. La motion disait simplement que le ministre a l'intention
d'ajouter, dans le 9e ligne du paragraphe j), après le mot
"définitive", les mots "par la régie".
Tout en terminant, puisqu'il ne reste qu'une minute et demie, M. le
Président, je dois vous dire que mon porte-parole du parti confirmait
tout à l'heure qu'il approuvait, suite à ces recommandations, la
motion qui a été présentée par le ministre. Dans
les circonstances, je me verrais très mal placé, face à
mon caucus, de faire le contraire.
Mais cela m'a permis, pendant dix minutes, de passer le temps et cela a
permis à mon collègue de Beauce-Sud de réfléchir,
chose que le ministre n'a pas tendance à faire; vous, M. le
Président, par conséquent, avez souvent de bonnes
décisions. J'aurais aimé que le ministre de l'Agriculture puisse,
à l'occasion de cette étude en commission parlementaire avoir
autant de logique que vous et autant de sympathie à l'égard des
membres de l'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): Sur ce, je vous remercie et
d'office, je suspens les travaux de cette commission jusqu'à 20 heures.
Nous nous retrouverons ce soir au même endroit.
Suspension de la séance à 18 heures
(Reprise de la séance à 20 h 13)
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre,
messieurs!
Je constate qu'il y a quorum. Je rappelle que nous sommes dans la
même séance qu'au moment de la suspension, M. le
député de Shefford, qui est un intervenant, avait le droit de
parole sur une motion d'amendement de M. le ministre de l'Agriculture,
concernant l'article 3c. Il restait à M. le député de
Shefford environ dix minutes. M. le député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, je vous remercie de cette
grande attention que vous avez à mon égard, mais, comme je
l'avais mentionné à 18 heures, mon collègue de Beauce-Sud
avait des points très importants à soulever à la motion du
ministre. Je voudrais, sans plus tarder, entendre mon collègue.
Étant donné qu'il me reste encore dix minutes, si les arguments
de mon collègue ne sont pas suffisamment forts pour convaincre le
ministre, dans les circonstances, je m'engage à prendre les dix minutes
supplémentaires qu'il me reste.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, je vous reconnais
bien. Je veux cependant souligner un fait. Nous sommes sur une motion
d'amendement du ministre par rapport au dernier texte de loi
déposé et accepté par cette commission parlementaire. Il
s'agit de l'amendement qui se lit comme suit: "Je fais motion pour que
l'article 3c soit modifié par l'addition, dans la neuvième ligne,
du paragraphe j), après le mot "définitive", des mots "par la
Régie". Monsieur... (20 h 15)
M. Fontaine: II est bien entendu qu'on parle uniquement sur la
motion d'amendement et non pas sur les deux?
Le Président (M. Cardinal): On ne parle que de la motion
d'amendement. La directive, oui, est rendue immédiatement, il n'y a pas
l'ombre d'un doute.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Si vous voulez par là
suggérer qu'une fois l'amendement adopté ou rejeté
je ne veux pas supposer ce qui va arriver l'on reparlera sur la motion
principale, il est sûr que c'est ce que nous ferons. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. La motion d'amendement
présentée par le ministre, c'est une petite motion, mais une
petite motion qui a beaucoup d'importance, beaucoup plus d'importance qu'on ne
saurait le croire. C'est pourquoi je veux en profiter pour probablement,
à sa grande surprise lui-même le remercier de nous avoir
présenté cette motion. Je le dis de façon très
sérieuse. Si on relit l'article, entre les virgules, évidemment,
parce qu'il y a plusieurs paragraphes dans le paragraphe c) de la loi, le petit
amende-
ment que nous présente le ministre apporte une clarification pour
éviter ce qu'il appelle lui-même les ambiguïtés. Donc,
M. le ministre a admis, entre parenthèses, qu'il y avait des
ambiguïtés dans le projet de loi original.
Je cite: "De suspension ou de réduction temporaire ou
définitive, par la régie, du contingent d'un producteur en raison
de la violation par lui de la présente loi." C'est un amendement qui
apporte une clarification très importante, parce qu'on ne pouvait pas
déterminer auparavant qui aurait eu le pouvoir de prévoir
l'annulation, la suspension ou la réduction temporaire ou
définitive du contingent. C'est ce qui nous a fait dire, lorsque la loi
a été déposée, même après que le
ministre nous eut fait connaître sa première série
d'amendements, qu'il y avait des dispositions inacceptables c'est le
terme que j'ai employé dans le projet de loi 116, ce qui m'avait
fait dire, effectivement: La loi 116 va trop loin. D'ailleurs, j'ai émis
un communiqué de presse là-dessus.
Alors, prévoir l'annulation, la suspension ou la réduction
temporaire ou définitive d'un contingent. Il faut qu'il y ait des
raisons sérieuses, des raisons graves pour le faire. J'ai
rencontré un agriculteur en fin de semaine et son contingent a
déjà une valeur estimée à plus de $100 000. Les
agriculteurs doivent payer ces contingents. On ne peut pas accepter qu'il y ait
des dispositions ambiguës dans des projets de loi, qui peuvent permettre
à quiconque, à des instances qui ne sont pas définies par
la loi de décider unilatéralement de l'annulation, de la
suspension ou de la réduction temporaire ou définitive d'un
contingent d'un producteur en raison de la violation de la loi.
Lorsqu'on dit dans la loi qu'il faudra que ce soit
déterminé par la régie, nous avons là une soupape
très importante, une soupape absolument essentielle, voire même
fondamentale. C'est la raison pour laquelle je dis que ce que le ministre
apporte comme amendement dans son projet de loi, c'est extrêmement
important.
M. le Président, on ne peut pas déléguer des
pouvoirs à ce point qui visent à manipuler; je ne prête pas
d'intention à qui que ce soit mais, quand ce n'est pas défini,
clairement défini par la loi, la porte est toujours ouverte à des
abus d'interprétation. Cela s'est vu ailleurs. Cela s'est vu dans bien
des domaines. Si l'agriculteur a des contingents dont la seule valeur du quota
est estimée à plus de $100 000, il faut songer que l'agriculteur
qui commence ou se lance dans une production, qui veut acheter un
établissement agricole est obligé d'emprunter des sommes pour
financer ce contingent, à moins de gagner à la loto. Il faut que
cela se finance. Les institutions financières qui consentent des
prêts, que ce soit l'Office du crédit agricole ou les institutions
bancaires, il leur faut des garanties.
S'il y a des portes ouvertes de cette façon, à savoir
qu'on peut changer la valeur d'une propriété par
l'interprétation d'une disposition d'un règlement, par
l'interprétation d'une disposition d'une loi, par
l'interprétation d'un règlement, c'est l'en- treprise agricole et
l'agriculteur qu'on met en danger. C'est dangereux. Le fait qu'on accepte que
cela aille à la régie, que ce soit la régie qui ait ce
pouvoir de suspendre, de réduire ou d'annuler le quota d'un producteur
pour violation d'un règlement de la loi, d'un plan conjoint, d'un
règlement ou d'une ordonnance, M. le Président, c'est un
amendement auquel je souscris. Il y en a d'autres dans la loi que le ministre
devra préciser aussi. Je ne veux pas aborder le fond du paragraphe j).
Je veux tout simplement me limiter expressément à la motion
d'amendement qui nous a été présentée par le
ministre.
Mais le ministre oublie une chose. Il devra aller un peu plus loin parce
qu'il permet à la régie de suspendre, de réduire
temporairement, voire d'annuler un contingent d'un producteur et, si le
producteur se sent lésé, il doit en appeler à la
même régie. La régie devient administrateur, juge et
arbitre. Il faut penser à cela aussi. Si la régie vient de rendre
une ordonnance, il est bien certain que, si l'agriculteur peut en appeler de la
décision de la régie, il doit en appeler à la régie
elle-même. Je ne sache pas qu'on agisse ainsi dans d'autres secteurs.
Justement demain, on aura à étudier le règlement de
placement dans l'industrie de la construction, fameuses cartes ou certificats
de classification qui constituent des permis de travail ou des permis de
conduire. On sait très bien que l'Office de la construction, l'OCQ, a un
pouvoir; le travailleur qui se sent lésé peut en appeler d'une
décision de l'Office de la construction du Québec, peut en
appeler aussi vis-à-vis des commissaires au placement, c'est une
deuxième instance. Il y a aussi une troisième instance pour
interjeter appel. Mais là, les agriculteurs n'ont qu'une seule
instance.
Même si l'amendement présenté par le ministre
constitue déjà une grosse amélioration sur les
réserves que j'avais sur les dispositions du paragraphe c) de l'article
3, il n'en demeure pas moins que le ministre donne le pouvoir à la
régie de décider, mais on oblige le producteur à en
appeler d'une décision de la régie à la régie.
M. le Président, il faudra, lorsqu'on étudiera le fond du
paragraphe c) de l'article 3, qui est un nouveau paragraphe de la loi 12, la
Loi sur la mise en marché des produits agricoles, qu'on prenne le temps
de revoir ces dispositions dans leur ensemble. Nous aurons des amendements
à proposer au ministre à ce moment-là. Je tiens à
dire, encore une fois, au ministre, que c'est un amendement important; je le
remercie et je vais appuyer son amendement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Si vous permettez,
M. le député, justement pour qu'on se comprenne, dans une
commission parlementaire celle-ci est maîtresse de ses travaux. Nous
sommes toujours à l'article 3c. C'est l'article 3c qui nous dit qu'il y
a des paragraphes j), k), I) qui viennent s'ajouter pour modifier le texte
précédent. Je comprends, par votre suggestion, que vous voulez
que lorsque cette motion d'amendement aura été débattue et
que nous aurons eu un
vote, nous prenions chacun de ce que j'appellerai des sous-paragraphes
l'un après l'autre. D'accord. Sur l'amendement de M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je pense que
l'amendement proposé par le ministre est, bien sûr, une
amélioration sur le texte original qui nous était proposé.
Il faut bien comprendre également que si on avait adopté ce
projet de loi, comme le voulaient le ministre de l'Agriculture et le leader du
gouvernement, le 21 décembre 1978, cet amendement n'aurait pu être
inclus dans la loi puisqu'on nous demandait tout simplement de voter à
la dernière minute. C'est un point important à noter.
On nous demande de voter un amendement qui permet à la
régie, pour quelqu'un qui enfreindrait un règlement qui
prévoirait les conditions d'annulation, de suspension ou de
réduction temporaire ou définitive d'un quota, d'un contingent
qui permet à la régie de faire ces suspensions, ces
réductions temporaires ou définitives, bien sûr
après avoir été entendu par la régie. Mais, M. le
Président, même si ce que je vous disais tantôt, cet
amendement est une amélioration par rapport à l'heure actuelle,
cela ne peut pas satisfaire les producteurs agricoles du Québec. Il
faudrait beaucoup plus que cela. Il faudrait permettre aux agriculteurs du
Québec de pouvoir être entendus par un autre organisme que la
régie, c'est-à-dire que la régie ne soit pas
appelée à réviser elle-même ses propres
décisions. Je proposerais, M. le Président, sans faire de motion
d'amendement...
Le Président (M. Cardinal): Vous ne pourriez pas.
M. Fontaine: C'est-à-dire de sous-amendement. Je
proposerais au ministre, dis-je, de vérifier d'autres exemples dans les
lois actuelles du Québec qui permettent des appels dans un cas
semblable. La proposition que je ferais serait tout simplement un appel
à un tribunal de droit commun qui s'appelle la Cour provinciale. Les
producteurs du Québec y gagneraient au point de vue de
l'indépendance du tribunal par rapport aux décisions
antérieures et par rapport également, peut-être, à
la rapidité de l'appel qui pourrait être fait.
Je voudrais vous référer à la Loi de la
régie de l'assurance-récolte qui permet un appel à peu
près semblable, dans des circonstances à peu près
similaires, soit l'article 65 de cette Loi de l'assurance-récolte qui
dit: Les décisions de la régie sont susceptibles d'appel à
la Cour provinciale siégeant dans le district où est
située la terre dont le rendement est assuré, mais seulement sur
des questions de droit.
Il y a une procédure d'appel qui est très bien simple,
soit inscrire l'appel signé par l'appelant ou par son procureur et
produite dans les 30 jours de la décision au bureau du greffier de la
Cour provinciale.
M. le Président, les producteurs ont le droit fondamental
d'être entendus par un tribunal indépendant, un tribunal de droit
commun. Il y aurait un avantage à pouvoir procéder de cette
façon. Cela n'irait aucunement à l'encontre de leur
bien-être, parce que cela pourrait aider grandement à avoir une
décision plus impartiale.
M. le Président, le ministre pourra sans doute nous dire qu'il y
a toujours les brefs d'évocation à la Cour supérieure,
mais on sait fort bien que les brefs d'évocation à la Cour
supérieure, il faut quand même avoir de sérieuses raisons
pour pouvoir les faire accepter. C'est assez difficile d'en faire accepter par
la Cour supérieure, d'autant plus que c'est très coûteux
pour un producteur qui voudrait le faire. Il faut faire une requête pour
un bref d'évocation; il faut faire une preuve qui peut durer assez
longtemps pour pouvoir faire accepter le bref. Une fois qu'il est
accepté, il faut faire mettre la cause sur le rôle et on sait
qu'en Cour supérieure ça peut prendre parfois un an ou un an et
demi avant d'être entendu. M. le Président, je ne pense pas que ce
serait une solution idéale pour les producteurs. Mais la Cour
provinciale, qui a un rôle beaucoup plus expéditif, pourrait
certainement entendre ces appels et sur simple requête, ça irait
très rapidement.
Je l'ai déjà fait, mais je voudrais à nouveau
rapporter des paroles qui ont été prononcées par le juge
Deschênes dans son jugement de la Cour supérieure. Parlant du
contingentement, il disait: "II est d'autant plus important de trouver une base
juridique à ce pouvoir d'annulation que la FEDCO c'est la cause
Boulanger que vous connaissez s'est donné par règlement
qu'une semblable annulation est susceptible de causer aux
intéressés des effets désastreux." C'est important que le
ministre prenne note de ça. "La preuve démontre que les
contingents ont acquis au cours des récentes années une valeur
substantielle. Boulanger n'a pas été contredit suite à son
affirmation devant la cour que la valeur d'un contingent se calcule maintenant
sur la base de $5 la poule pondeuse". On sait que, depuis ce temps-là,
cela a augmenté considérablement; on peut même parler de $9
à $10. (20 h 30) "En égard au quota du groupe Boulanger de 44
500, on arrive à une valeur de $222 500. D'autre part, dans un jugement
auquel la cour se référait tout à l'heure, qui
apparaît au dossier et qui a été rendu à
Trois-Rivières le 1er novembre 1976, on peut lire que, dans cette cause,
il s'agissait d'un quota de 50 000 pondeuses auquel la preuve attribuait une
valeur de $200 000, ce qui donnerait cette fois-ci le chiffre de $4
l'unité, ce qui n'est pas tellement éloigné de celui qui a
été fourni au tribunal par M. Boulanger."
Or, dans la présente cause, on est en présence d'une
annulation pure et simple, sans indemnité c'est encore la preuve
qui violente l'esprit, tout au moins, de l'article 407 du Code
civil, à l'effet que nul ne peut être contraint de
céder sa propriété si ce n'est pour cause d'utilité
publique et moyennant une juste et préalable indemnité.
M. le Président, je pense que le ministre de l'Agriculture
devrait réfléchir sur cette partie du jugement du juge
Deschênes, de la Cour supérieure, et également à la
demande, non pas formelle, mais à la demande que nous lui faisons
d'amender à nouveau son projet de loi pour inclure une disposition: Les
décisions qui seront rendues par la régie à l'effet
d'annuler, de suspendre ou de réduire un quota, un contingent, qu'on
puisse en appeler de ces décisions par simple requête à la
Cour provinciale, et ce, dans le but d'une meilleure efficacité et d'une
meilleure impartialité.
Je pense, M. le Président, que les producteurs agricoles du
Québec ont le droit, comme n'importe quel autre citoyen, de se faire
entendre à un tribunal de droit commun quand ils se sentent
lésés dans leurs droits, dans leur propriété.
Le Président (M. Cardinal): Sur la motion d'amendement de
M. le ministre. Est-ce que cette motion d'amendement sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): La motion est
adoptée.
M. Fontaine: Le ministre n'a pas de commentaires?
Le Président (M. Cardinal): La motion est
adoptée.
Nous revenons à l'article 3c, tel que modifié. Est-ce
qu'il sera adopté? L'article 3c, tel qu'amendé, est-il
adopté? Adopté?
M. Roy: Un instant.
Le Président (M. Cardinal): Nous revenons sur l'article,
tel qu'amendé.
M. Roy: Sur l'article, tel qu'amendé. On va relire
l'article, M. le Président, pour la bonne compréhension de tout
le monde: "Obliger un producteur à détenir un contingent
émis par l'office pour produire ou mettre en marché un produit
commercialisé, déterminer les conditions auxquelles ce contingent
peut être émis, prohiber l'émission de tout contingent
au-delà d'une limite prescrite, prescrire la réduction des
contingents lorsque cette limite est atteinte ou susceptible de
l'être,"...
Là, il y a un point, M. le Président, il y a même
deux points. Prescrire la réduction des contingents...
Le Président (M. Cardinal): Dans mon texte, c'est une
virgule.
M. Roy: Vous avez beaucoup d'esprit, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): Pardon?
M. Roy: C'étaient deux points que je voulais soulever, ce
n'était pas des "s", que je voulais remplacer. Je ne voulais pas, M. le
Président, faire remplacer les points par des virgules. Vous avez
raison, ce sont des virgules.
Voici la question que je veux soulever, je pense qu'on va se comprendre:
"... prescrire la réduction des contingents lorsque cette limite est
atteinte..." J'aimerais que le ministre nous explique ici, sur le plan
juridique, qui va décider quand la limite sera atteinte.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Garon: Cela, en fait, c'est pour les plans nationaux. Cela
dépend des plans nationaux. C'est prévu dans les plans nationaux
par ententes entre les producteurs des différentes provinces. Cela
dépend si on est dans le plan national du lait, ou dans le plan national
du dindon, ou des oeufs ou, éventuellement, dans le plan national du
poulet qui est en train d'être mis en oeuvre.
M. Giasson: Qui est fort d'actualité. M. Garon:
Oui.
M. Giasson: Parce que là, ce n'est pas le temps de
prescrire, c'est le temps de...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Dans le projet de loi tel que rédigé, on ne
dit pas qui va décider, on ne dit pas non plus si c'est limité
aux plans nationaux. Le ministre me donne une réponse que je
qualifierais d'évasive, mais j'ai bien posé ma question. Sur le
plan juridique qui va décider cela?
M. Garon: C'est le règlement qui va avoir
été adopté en vertu de l'article 67. "L'Office des
producteurs peut par règlement..." Habituellement, les offices ne
prescrivent pas la réduction des contingents pour le plaisir de le
faire. Au contraire, la plupart ont plutôt le goût de les
augmenter. Mais lorsqu'il y a des ententes sur la plan national quand je
dis sur la plan national, cela veut dire avec les autres provinces
à ce moment-là, en vertu des ententes qui ont été
faites... Il est prévu, par exemple, dans certaines ententes, que si les
besoins du marché diminuent, les besoins nouveaux du marché pour
une année qui s'en vient sont établis à un niveau plus
bas, et il peut y avoir réduction. S'il y a une réduction de
l'ensemble du marché de 2%, il peut y avoir, à ce
moment-là, une réduction de l'ensemble des contingents de 2%.
C'est en vertu des ententes qui sont faites. Il y a des prix à
administrer ou il y a des subventions dans certains produits. À ce
moment-là, il y a un contingent national qui devient, au niveau de
chacune des provinces, un contingent provincial. La masse des contingents
de chacun des producteurs forme le contingent provincial. Si, en vertu
de l'entente, les conditions qui se trouvent réalisées
nécessitent la réduction du quota, des contingents, à ce
moment-là, c'est l'application du plan national qui le
détermine.
M. Roy: Je ne parle pas dans le cas d'un plan national, mais dans
le cas où il n'y aurait pas de plan national.
M. Garon: Dans le cas où il n'y aurait pas de plan
national, habituellement, il n'y aurait pas de quotas, sauf qu'il y aurait bien
des...
M. Roy: Oui, il y en a, je vais vous donner des exemples.
M. Garon: C'est parce que les producteurs ont
considéré eux-mêmes que c'était nécessaire,
mais les producteurs ne réduisent pas les contingents par goût.
C'est parce qu'il y a une situation économique qui les force à le
faire. Vous savez, l'ensemble des producteurs ne veulent pas réduire
leur contingent. C'est uniquement dans le cas où on est vraiment
forcé. Il n'y a pas de contingent, par exemple, dans le porc
actuellement. Vous savez que la production américaine de porc est
très importante. Supposez que, d'ici un an ou deux la production de porc
augmente aux États-Unis de 5% ou de 10%, cela représenterait je
ne sais pas combien de fois la production totale du Québec. C'est
évident qu'il va y avoir une concurrence effrénée. Les
producteurs vont se retourner et vont demander très fortement des
contingents. Ce sont peut-être ceux qui n'en voulaient pas qui vont
être les premiers à les demander.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, sur le
même sujet. J'ai reconnu M. le député de Huntingdon
sur...
M. Garon: Ce n'est jamais par plaisir que les contingents sont
réduits. Je ne voudrais pas qu'on apporte comme exemple, celui de 1976
dans le domaine du lait, qui était une erreur administrative. Quand le
fédéral a laissé la production se faire au maximum en
1975, il s'est aperçu qu'il y avait un débordement de production
en fonction des besoins du marché. Là, il a fait une coupure
draconienne l'année suivante. C'est un exemple exceptionnel.
D'année en année, quand les marchés sont discutés
et sont négociés, ce n'est pas facile de négocier ces
marchés. Je vais vous donner des exemples concrets. Quand on parle de
dindon, les contingents se négocient actuellement. Il y a un ensemble de
critères pour négocier les contingents de l'ensemble des
provinces, parce que, quand on fixe le contingent national, mettons qu'on
s'entend pour fixer le contingent national à tant de millions de livres
de chair de dindon, les provinces veulent négocier leurs quotas, leur
contingent. Actuellement, un des critères importants, le premier qui
vient dans la liste est la capacité historique de production. Qu'est-ce
qu'on produisait dans la passé?
Actuellement, je peux vous dire que les autres provinces, principalement
l'Alberta, suivie de l'Ontario depuis 1978, et un peu la Colombie-Britannique,
font une grosse bataille et demandent que le critère qui va être
privilégié pour déterminer le quota soit l'augmentation de
la population d'une province. Quand on parle de la capacité historique
de production, dans cette production, on est avantagé. Si on parle de
l'augmentation de la population, l'Alberta, l'Ontario et la
Colombie-Britannique sont avantagées. Dans ces débats, au fond,
chaque province veut avoir le plus gros contingent. C'est la bataille pour
avoir le plus gros contingent.
Pour vous donner un exemple bien concret, pour vous montrer à
quel point cela se discute fermement, je peux vous dire qu'à la suite de
la réunion des premiers ministres où j'ai fait des interventions,
il en a résulté quand même une augmentation qui a suivi pas
longtemps après, $0.52 les cent livres pour les producteurs de lait, un
plan national du poulet qui a été adopté par le
gouvernement fédéral. Or, la Fédération canadienne
de l'agriculture remet en cause, à la suite des interventions que j'ai
faites, la stabilisation des prix du gouvernement fédéral. Les
arguments qui ont été invoqués, ont été ceux
que j'invoquais à la conférence des premiers ministres du mois de
novembre, où on a dit qu'il fallait possiblement tenir compte davantage
des fermes familiales et tenir compte davantage également de la
situation de chacune des provinces.
C'est évident qu'à ce moment c'est une bataille
très ferme et j'aimerais cela... Même, à un moment
donné, j'ai dit: Si dans ma délégation je pouvais avoir
des producteurs, des gars de chacun des partis, ce serait instructif. Ils ont
dit: Évidemment. Je disais en blague: Si je pouvais les déguiser
pour qu'ils puissent voir comment cela se passe, ils verraient à quel
point cela se discute âprement.
M. Roy: Le ministre voulait-il se déguiser ou
déguiser les autres?
M. Garon: J'ai le droit d'y être à la
conférence des ministres de l'Agriculture. Chaque province essaie
d'avoir le plus gros quota. C'est un fait. L'argument que fait valoir chacune
des provinces, c'est l'argument qui la sert le plus.Si à un moment
donné, pour une raison ou pour une autre, le quota d'une province est
réduit, parce que dans l'ensemble du plan national vous avez un pouvoir
de négociation, il y a des accords qui sont faits. Comme l'Alberta a
trouvé, par exemple, que son point n'a pas prévalu, elle veut se
retirer. C'est pour montrer à quel point ces discussions sont
âpres au point de vue des négociations. Si dans un plan national
vous dites: D'accord, il y a plus d'avantages à rester dans le plan
national même si notre contingent provincial est réduit, il faut
être capable de l'appliquer après. C'est uniquement pour cela. Ne
pensez pas que c'est par plaisir que vous voulez réduire des quotas. Au
contraire, tout le monde préfère les augmenter.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me le permettez parce
que je désire être juste pour tous. Je ne sais pas si M. le
député de Beauce-Sud a terminé.
M. Roy: Non. Je n'ai pas terminé. Vous avez
parlé...
Le Président (M. Cardinal): Bon. C'est que le
député de Huntingdon et le député de
Montmagny-L'Islet ont tous les deux demandé la parole. Mais, si vous
n'avez pas terminé...
M. Roy: Non, je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Cardinal): ... vous la conservez.
M. Roy: Le ministre nous a parlé, évidemment, des
plans nationaux. Je comprends et j'admets avec lui que les plans nationaux,
cela fait l'objet d'une négociation, d'ententes; il y a des ententes
signées. D'ailleurs, j'ai la copie de l'entente qui a été
signée avec la Régie des marchés agricoles concernant la
distribution des quotas de lait au Québec entre la
Fédération des producteurs de lait nature et la
Fédération des producteurs de lait industriel pour ce qui a trait
à la partie du lait industriel produite par les producteurs de lait
nature. J'ai cela ici. C'est facile à déterminer. Encore une
fois, à l'intérieur de la province, c'est entendu, on dit:
L'office peut par règlements. Les règlements doivent être
soumis à la Régie des marchés agricoles. Le
règlement doit être sanctionné par la Régie des
marchés agricoles. Quels sont les critères? Ce que j'aimerais
savoir, c'est quels sont les critères sur lesquels on peut se baser avec
un minimum de certitude, parce qu'un maximum de certitude, ce serait trop beau.
Sur le strict plan juridique, supposons qu'une personne se fait couper son
quota parce que, dit-on, la limite était atteinte. Le type intente une
action, décide de se prévaloir des tribunaux et il dit:
Écoutez, la limite n'était pas atteinte. Il apporte des preuves
montrant qu'il y avait une possibilité de marchés. (20 h 45)
M. Garon: II va gagner sa cause.
M. Roy: Bon.
M. Garon: Cela ne vise pas un individu, la discussion des quotas.
Cela vise l'ensemble également.
M. Roy: C'est pour cela que, quand on écrit des textes de
loi, M. le Président, il ne faut pas écrire des textes de loi
pour rire. Le ministre nous a dit depuis le début qu'il voulait
éliminer les ambiguïtés. C'est un mot que je vais savoir par
coeur pour le reste de mes jours, les ambiguïtés. Le ministre
voulait éliminer les ambiguïtés. Quand on arrive pour
discuter de ces choses, cela commence à être passablement
ambigu.
Si on parle d'un contingent de mise en marché, il est
évident que, lorsque le produit est mis sur le marché, ce n'est
pas tout à fait la même chose. Mais, si on parle d'un contingent
de production, d'un quota de production, on va beaucoup plus loin et il faut
s'y prendre d'avance. Le ministre parlait de l'erreur qui s'est faite pour le
lait. Quand la politique laitière, en 1975 ou en 1976 je ne me
souviens pas trop de l'année au juste, il me semble que c'est un 13
avril a été annoncée et qu'on a annoncé des
réductions de quota, il était trop tard. Il était beaucoup
trop tard pour les producteurs.
M. Garon: C'est pour cela qu'on met "susceptible de
l'être".
M. Roy: Encore là, M. le Président, qui va
déterminer que c'est susceptible de l'être et quand?
M. Garon: Bien, c'est le règlement.
M. Roy: L'agriculteur, lui, ne joue pas avec cela.
M. Garon: Je le sais bien.
M. Roy: L'agriculteur a besoin d'un cheptel.
M. Garon: Oui.
M. Roy: L'agriculteur doit faire des investissements;
l'agriculteur a des engagements, il a des paiements à faire; il faut
qu'il vive et que sa famille vive aussi. Il ne peut pas jouer
là-dessus.
M. Garon: Oui.
M. Roy: II faut quand même qu'il y ait des choses sur
lesquelles on puisse se baser. Le ministre a dit tantôt que
c'était une erreur. Je me suis toujours demandé pour quelle
raison on avait coupé les quotas de lait de 20,1% alors que le
fédéral avait recommandé 15% et qu'effectivement il y a eu
une diminution de production de 13%. Il y a une quantité de petits
producteurs qui se sont fait couper leur quota de 20%.
M. Garon: Vous ne me reprocherez pas cela...
M. Roy: Non, non, je ne reproche pas cela au ministre.
M. Garon: ... je n'étais pas là.
M. Roy: Mais c'est la réalité quand même. Et
combien de petits producteurs ont dû abandonner, on dû
dételer, pour employer le langage du milieu, à cause de cela! Et
combien de plaintes nous avons eues! Je me souviens d'avoir tenu des
réunions dans le temps avec de mes collègues de l'Opposition, qui
étaient à l'époque des députés du Parti
québécois; j'en ai tenu également avec de
mes collègues du Parti libéral. On a tenu également
des réunions avec les gens du Parti québécois à ce
sujet, puis il y a eu des problèmes qui ont débouché sur
des problèmes sociaux extrêmement sérieux et qui ont eu des
implications économiques dans nos milieux. On ne peut pas aller à
l'aventure là-dedans, c'est trop sérieux pour qu'on aille
à l'aventure.
Alors, quand on dit "susceptible de l'être", c'est en fonction de
quelle statistique? Qui va avoir le mandat de compiler les quotas?
M. Garon: Cela va être marqué dans le
règlement.
M. Roy: Oui, mais il va falloir que le règlement se base
sur quelque chose.
M. Garon: Oui. Le règlement va le prévoir.
M. Roy: On a eu des preuves, dans le passé, que ce
n'était pas aussi facile que cela.
M. Garon: Bien oui mais il y avait... M. Roy: Bien
oui!
M. Garon: C'est parce que peut-être bien que ces choses
n'étaient pas assez précises qu'il y a eu des problèmes.
Il y a aussi l'affaire qu'il y a peut-être eu d'autres quotas
d'émis; il y a des divisions, des fois, entre les groupes qui
amènent des mauvaises... Cela n'aide pas non plus.
M. Roy: Le ministre parle des divisions entre les groupes. Il a
un gros gros dossier là-dessus, des divisions entre les groupes.
M. Garon: Oui, mais...
M. Roy: Un gros dossier là-dessus.
M. Garon: Oui, mais vous ne pouvez pas... Je n'ai pas la
prétention d'avoir réglé tous les problèmes
agricoles dans deux ans; on en a réglé un certain nombre mais il
y en a d'autres qu'il va falloir régler aussi. On essaie de les
régler le mieux possible. Je peux vous dire que, là-dedans, vous
me trouvez opiniâtre, têtu. Entre nous, je suis bien moins
têtu avec des Québécois. Quand je vais négocier
à Ottawa, eux aussi me trouvent têtu. Quand on a parlé des
programmes de stabilisation, à un moment donné, j'étais
seul qui parlait. Tranquillement, la Colombie-Britannique a dit: Nous autres
aussi. On n'était que deux. Après la conférence des
premiers ministres, où j'ai attaché le grelot avec M. Trudeau, la
Fédération canadienne de l'agriculture s'est réunie, il y
a quelques jours, et a décidé de revoir toute la question,
disant: Peut-être bien qu'ils ont raison. Ils ne l'ont pas dit comme cela
mais ils ont dit: Peut-être qu'il y a quelque chose là.
Dans ces négociations, je vous dis une chose, vous êtes
entouré de conseillers et il faut que vous patiniez vite en
démon, parce que tout le monde est là pour essayer d'avoir la
meilleure part qu'il y a là-dedans. Le Québec essaie toujours
d'avoir la meilleure part; les autres provinces aussi essaient d'avoir la
meilleure part. C'est normal, cela fait partie, je pense, de toute
négociation d'essayer d'avoir la meilleure part pour les gens qu'on
représente. Dans les négociations auxquelles on est allé,
entre les provinces, à ces réunions, je pense qu'on a bien
représenté la part du Québec, mais il arrive des cas
où on n'a pas le choix. Tout le monde est pris dans la situation
où les quotas doivent être réduits. Pourquoi se
dépêche-t-on autant? Pourquoi pensez-vous qu'on a aidé
Gran-by avec $4 500 000 pour aller dans les fromages fins? Combien de reproches
j'ai eus là-dessus! Parce que les gens disaient: Vous aidez à
faire une concentration du pouvoir. Ce n'est pas cela, c'est parce qu'ils
faisaient une modernisation dans le secteur des fromages de
spécialité. On a fait la même chose à
Bécancour et avec SOQUIA dans le fromage de spécialité de
type brie et camembert pour occuper le marché au plus vite avant que
d'autres ne le prennent à notre place. On n'a pas le choix parce que
c'est là que le marché se développe, et la meilleure
façon d'augmenter la production de lait au Québec, d'avoir un
meilleur contingent c'est d'occuper les domaines dans lesquels... Si je
n'étais pas en commission parlementaire j'aurais une autre place
à aller pour faire de la modernisation d'entreprise encore pour des
produits de spécialités. Pourquoi? Parce qu'il faut occuper le
champ au Québec, être à la fine pointe de ce point de
vue-là pour occuper en premier les marchés qui se
développent. C'est de cette façon-là qu'on peut, je pense,
le mieux développer notre production laitière et nos produits
laitiers au Québec.
M. Roy: Le ministre a bien raison là-dessus. D'ailleurs ce
sont des initiatives auxquelles non seulement nous avons souscrit, mais des
initiatives que nous avons réclamées depuis fort longtemps. Quand
on pense, M. le Président...
M. Garon: Si vous me tenez toujours ici...
Le Président (M. Cardinal): Un à la fois.
M. Garon:... je n'ai pas le temps de faire cela.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît M. le député de Beauce-Sud. Je rappelle cependant aux
deux opinants qu'on ne pourra pas, à l'occasion de l'article 3c,
modifier l'article 1-2a qui parle et de production et de mise en marché.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: J'allais justement apporter un argument de plus pour
soutenir l'argumentation du ministre qui dit qu'il faut faire des efforts.
Quand on songe, selon les chiffres de certaines recherches que j'ai
effectuées, qu'il y a 66 variétés de fromage
fabriquées ici et que nous en importons encore quelque 140
variétés...
M. Garon: C'est plus complexe que cela.
M. Roy: C'est très complexe. C'est dire qu'il y a de la
place pour de l'étude, pour des initiatives, des innovations. Il faut
ouvrir les portes de ce côté-là; il ne faut pas brimer les
initiatives. Il y a des possibilités énormes, un gros travail
à faire de ce côté-là. Lorsque le gouvernement prend
une initiative de ce genre-là, je n'ai pas besoin de vous dire, M. le
Président, que nous y souscrivons à 200%. Il n'y a pas de
contestation et il n'y a pas d'opposition de la part de l'Opposition
là-dessus. Il y a eu des expériences qui ont été
tentées récemment, justement dans la région que j'ai
l'honneur de représenter. On sait très bien qu'une organisation
de mise en marché qu'on a faite avec un peu de publicité a
même été incapable, avec les stocks dont on disposait,
d'atteindre les marchés de Montréal. Il y avait une demande
énorme, ce qui nécessite des investissements
considérables. Il va falloir que le gouvernement voie aussi, par ses
budgets, par ses programmes, à faire en sorte que l'on débouche
au plus vite de ce côté-là. Quand on importe les
quantités de produits laitiers qu'on importe encore dans la province de
Québec et quand on se voit obligé d'étudier des lois qui
visent à restreindre, à contingenter et à contrôler
l'agriculteur qui veut faire davantage, on ne peut pas faire autrement que
d'être sceptique.
M. le Président, je laisserais, pour le moment, la parole
à d'autres collègues s'ils veulent intervenir.
M. Garon: II y a un mot que j'aimerais ajouter ici.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Il vous reste
encore environ trois minutes parce que si vous regardez le temps que vous avez
pris...
M. Garon: Le contrôle des importations...
M. Roy: Est-ce que les réponses du ministre sont incluses
dans...
Le Président (M. Cardinal): Non. En commission
parlementaire, je tiens le temps de chacun. Nous ne sommes pas à
l'Assemblée nationale.
M. Garon: Le contrôle des importations...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, un instant.
J'ai déjà indiqué que M. le député de
Huntingdon et M. le député de Montmagny-L'Islet avaient
demandé la parole. Je vais la leur laisser dans l'ordre. Si M. le
ministre a quelque chose à ajouter...
M. Garon: Le contrôle des importations n'est pas de la
juridiction du Québec, dans l'état actuel des choses, en tout
cas. Nous avions demandé au fédéral de réduire les
importations de fromage à 35 millions de livres alors qu'elles
étaient de 50 millions de livres. Il les a réduites à 45
millions de livres parce qu'en vertu des accords du GATT aussi, quand on
réduit les quotas d'importation, il faut tenir compte des importations
des cinq dernières années.
Plus on retarde pour réduire les importations de fromage, si les
fromages européens entrent au maximum du quota d'importation fixé
par le gouvernement fédéral, c'est évident qu'on ne pourra
pas le réduire autant, plus on attend. Vous qui avez des branches
fédérales de vos partis, vous pourriez peut-être leur
demander de promettre, aux prochaines élections, de réduire les
quotas d'importation des fromages.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, tout d'abord...
M. Garon: Le député de Shefford, par exemple,
pourrait faire ça.
M. Dubois: ... j'aimerais avoir un avis juridique de M.
Trudeau...
Le Président (M. Cardinal): S'il veut bien le donner,
encore une fois, je rappelle notre règlement.
M. Dubois: Si le ministre le lui permet, il peut le donner.
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Dubois: Enfin, je pense que c'est assez simple quand
même. Du texte original au texte amendé, au paragraphe qui est
à l'étude, on a enlevé les mots "émis par
l'office", au début de la première ligne à la
deuxième. J'aimerais savoir si ça change quelque chose ou non,
parce qu'à mon sens, l'article 67c est clair, précis et net dans
ce sens. Alors, enlever ou ne pas enlever ces mots, je me demande bien ce que
ça change. J'aimerais qu'on me donne la raison précise pour
laquelle vous avez enlevé ces mots et qu'est-ce que ça donne de
plus.
M. Garon: Les coopératives ont demandé de les
enlever et on a acquiescé à cette demande, on les a
enlevés.
M. Dubois: Est-ce qu'il y aurait une raison précise,
enfin, êtes-vous d'accord que ça ne change rien?
M. Garon: C'est le règlement qui va prévoir...
M. Dubois: Bien, le règlement...
M. Garon: ... l'émission, l'office peut, par
règlement...
M. Dubois: L'article 67 du chapitre 36 est pas mal précis
dans ce sens. C'est quand même un office de producteurs qui contingente.
C'est très précis, c'est net et clair.
M. Garon: Possiblement que les coopératives qui demandent
elles-mêmes un plan conjoint aimaient mieux le voir ainsi, que ce soit en
blanc là-dessus.
M. Dubois: C'est seulement pour l'apparence du texte, ça
ne change rien dans les dispositions.
M. Garon: Là, je ne peux pas interpréter la
pensée de ceux qui nous l'ont demandé. Ils nous l'ont
demandé, on a pensé que c'était correct de l'accorder, on
l'a accordé.
M. Dubois: Est-ce que vous permettez que M. Trudeau me donne son
interprétation, à savoir si ça change quelque chose ou
non?
Le Président (M. Cardinal): Ce sera au nom du
ministre.
M. Garon: Je n'aime pas beaucoup lier le ministre, je vais
simplement dire, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): On n'a pas le choix.
M. Garon: ... que c'est mon interprétation purement
personnelle. Je pense que ça ne change rien. Les coopératives
étaient d'avis que ça changeait quelque chose et, par
conséquent, étant donné qu'elles voyaient un changement,
on a respecté leur opinion. Je pense que c'est le ministre qui
décidait et on l'a enlevé. Cela ne voulait pas dire qu'on
changeait d'opinion pour autant, mais on respectait la leur et elles pouvaient
avoir une opinion différente de la nôtre. Il y a peut-être
une petite différence, elle est peut-être un peu plus large
théoriquement, en enlevant les mots, "émis par l'office", mais je
doute fort que d'autres que l'office puissent émettre des contingents,
même avec le texte actuel.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, attention
sur ce nouveau débat. Notre règlement est clair, aucune question,
ni à l'Assemblée nationale, ni en commission parlementaire n'est
admissible, si la réponse en est une d'opinion professionnelle ou d'une
appréciation personnelle.
M. Dubois: Ce qui voudrait dire qu'on pourrait lire le texte
comme suit: "obliger un producteur à détenir un contingent,
conforme à l'article 67c du chapitre 36, 1974", ce serait ce qui
s'applique à ce moment-là, dans l'espace vide. D'accord? Je pense
que c'est clair.
Je voudrais revenir sur les propos de mon collègue de
Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Quant aux dispositions très
sévères et d'une très grande implication pour
l'agriculteur, contenues dans ce paragraphe, le député de
Nicolet-Yamaska a précisé tout à l'heure et a
indiqué la complexité d'avoir un droit d'appel quand il y a
excès de pouvoir. C'est dispendieux, c'est très long et c'est
très complexe. Ce n'est pas à la portée d'un agriculteur
ou à peu près pas. Ce qui veut dire que ce droit d'appel,
d'excès de pouvoir est à peu près nul, puisqu'on mettra
pratiquement un cultivateur moyen dans la rue, pour aller se prévaloir
de ces dispositions qui existent à tout niveau. C'est simplement en cas
d'excès de pouvoir. Étant donné que c'est très
complexe, je pense que ce n'est pas à la portée de l'agriculteur,
ou à peu près pas. (21 heures)
M. Garon: Actuellement, il y a un droit de révision
à la Régie des marchés agricoles, qui ne coûte rien.
On envoie tout simplement une demande, une requête par lettre; ce n'est
pas formel.
M. Giasson: C'est refusé...
M. Garon: Oui, mais si les faits sont exacts, normalement... S'il
y a des faits nouveaux, la régie va le réviser. Si les faits sont
les mêmes, il y a des chances que la décision reste la même.
S'il y a des points de droit qui ne sont pas respectés, à ce
moment-là elle peut aller en bref d'évocation, s'il y a
excès de juridiction et qu'on n'a pas respecté la juridiction. Et
il y a encore un appel possible au Conseil des ministres qui, lui, n'est
lié ni par le droit, ni par les faits. Il peut juger dans les deux
cas.
M. Dubois: M. le Président, il reste quand même que
l'appareil législatif adopte des lois et des règlements et que
les bureaucrates les mettent en application. Ensuite, notre appareil
judiciaire, je pense qu'on le relève presque totalement de son devoir,
de ses pouvoirs. Si on prend le projet de loi 90, c'est le même cas.
Lorsqu'on arrive au projet de loi 116, c'est encore la même chose. Un
droit d'appel, c'est nil; il n'y en a pas ou à peu près pas. On
est pris, soit avec le Conseil de ministres, soit avec la régie. En
définitive, c'est le Conseil des ministres qui tranche la question
après la régie, s'il y a lieu. Mais il n'y a pas de droit d'appel
comme tel. On est pris dans les mêmes dispositions pour le projet de loi
116 et pour le projet de loi 90. Je pense qu'on bafoue royalement la
démocratie.
Antérieurement, dans les lois, ce n'était pas si coercitif
que cela. On avait un droit d'appel qui existait pour tout citoyen libre au
Québec. Là, on s'aperçoit que la liberté, de plus
en plus, est brimée. Je trouve que c'est bien dangereux. L'agriculteur
qui est reconnu comme un professionnel de la ferme a droit de se
défendre en cour aussi bien que n'importe qui.
M. Garon: Le député de Beauce-Sud a dit avec
raison, tout à l'heure, et le député de Montmagny-L'Islet
a dit la même chose, que c'est très exceptionnel. C'est uniquement
quand il s'agit d'un cas récalcitrant à respecter quoi que ce
soit, de quelqu'un qui ne veut pas respecter les pénalités, ni
quoi que ce soit. Ce n'est pas un premier recours.
Je peux vous dire aussi que, dans la Loi sur la mise en marché
des produits agricoles, il y a une bonne partie des pouvoirs qui n'ont jamais
été utilisés. Les pouvoirs sont dans la loi. Les gens
disent: On n'a pas besoin de les utiliser et on ne les utilise pas.
M. Fontaine: On les leur donne quand même.
M. Garon: Ce n'est pas moi qui les leur ai donnés; ils
étaient là. Pour que cela puisse fonctionner, il faut que les
pouvoirs soient là. Il n'est pas nécessaire de toujours les
utiliser. C'est un peu comme un gars qui s'en va sur une route. Il a le droit
d'aller à 60 milles à l'heure, mais il n'y va pas
nécessairement, s'il calcule qu'à 50 milles, c'est assez. C'est
la même chose. Vous avez des pouvoirs; vous n'êtes pas
obligé de toujours utiliser tous les pouvoirs que vous avez.
M. Fontaine: Mais le gars qui se fait arrêter avec son
automobile...
Le Président (M. Beauséjour): Un instant, à
moins que le député de Huntingdon...
M. Fontaine: M. le Président, le gars qui se fait
arrêter avec son automobile, on lui émet un billet d'infraction,
mais on ne lui enlève pas sa voiture, par exemple.
M. Garon: Cela dépend de l'infraction. Cela dépend
de ce qu'il fait avec son automobile.
M. Fontaine: Une infraction au Code de la route.
Le Président (M. Beauséjour): S'il vous
plaît, pour qu'on puisse se comprendre.
M. Garon: Je pense que cela dépend de la gravité de
l'offense. Prenons un membre du Barreau, par exemple. Il y a un code
d'éthique, qui est un règlement du Barreau. Si on contrevient au
code d'éthique, suivant la gravité de l'offense, on peut, soit
être suspendu de pratiquer pour deux mois, trois mois; on peut être
suspendu pour cinq ans et on peut être radié à vie du
Barreau également.
M. Roy: Question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Le ministre est en train de prendre une bifurcation
joliment dangereuse. Il nous parle d'un code d'éthique. Il compare cela
au code d'éthique. Il y a quand même cette question du droit de
pratiquer. Il ne s'agit pas de violer un code d'éthique. Il s'agit tout
simplement d'être contraint à un règlement, à un
conditionnement qui est imposé, mais qui peut aller jusqu'à
brimer l'exercice de la profession non pas à cause du code
d'éthique, mais à cause de la quantité produite.
Je ne sache pas qu'aucun avocat ait eu des problèmes avec son
code d'éthique parce qu'il avait eu plus de causes que les autres.
M. Garon: Non, non.
M. Roy: Non, mais il faudrait quand même éviter...
C'est la même chose pour les dentistes et pour les comptables, ils ne
sont pas contingentés au niveau du nombre de rapports d'impôt
qu'ils doivent faire.
M. Garon: Non.
M. Roy: Le code d'éthique, c'est une chose et le pouvoir
de pratique c'en est une autre.
M. Garon: Oui.
M. Roy: Qu'on ne mêle pas les choses.
M. Garon: Non. Regardez aussi ce qui est prévu à la
fin du paragraphe "et prévoir les conditions de réattribution
d'un contingent." Cela veut dire que le règlement pourrait
prévoir, par exemple, que le contingent peut être suspendu ou
annulé temporairement jusqu'à ce que le producteur se soit mis en
règle, et le contingent serait réattribué. C'est pour cela
que c'est rédigé comme tel. Il faut lire au complet et
prévoir les conditions de réattribution d'un contingent.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Huntingdon.
M. Garon: II ne faut pas penser que ces affaires seront
utilisées un peu...
M. Dubois: En terminant, M. le... Ah! il n'a pas
terminé.
M. Fontaine: On donne passablement de pouvoirs, mais des pouvoirs
dont ils n'ont pas besoin.
Le Président (M. Beauséjour): À l'ordre! la
parole est au député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, le ministre se souvient
très bien qu'à l'étude des mémoires au niveau du
projet de loi 90 plusieurs intervenants de marque ont manifesté leur
mécontentement dans le sens qu'il n'y avait pas le droit d'appel dans le
projet de loi 90, et on retrouve les mêmes dispositions au niveau du
projet de loi 116. Je dénonce fortement cet état de choses. M. le
Président, c'est tout, j'ai terminé.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Tout à l'heure,
j'ai demandé la parole à celui qui présidait
avant vous. Le député de Beauce-Sud voulait savoir qui
aurait le droit d'utiliser et d'appliquer les pouvoirs qui sont
recherchés dans l'article qui fait l'objet de nos discussions. Dans sa
réplique, le ministre a répondu par un exemple précis; il
a cité le cas d'une production qui était sous contingentement,
sous quota, avec un office national, soit la Commission canadienne du lait.
À un moment donné, il y a eu une réduction de quotas au
pays, non seulement au Québec, mais par tout le pays. La décision
à cet effet avait été prise par la Commission canadienne
du lait, de concert, sans doute, avec les autorités
fédérales qui avaient soutenu un programme de subventions aux
producteurs de lait industriel. En vue de maintenir ce programme de
subventions, le gouvernement canadien, de concert avec les personnes en
autorité à la commission, avait convenu que, pour maintenir le
programme de subventions, il faudrait réduire la production de lait au
pays, compte tenu de l'augmentation des surplus ou encore du prix que ces
surplus pouvaient commander sur le marché international, le prix de
vente. Pour sa part, le pouvoir de réduire le contingentement dans le
cas du lait industriel a été pris au départ par la
Commission canadienne du lait, approuvée par le gouvernement canadien.
Comme les provinces qui en produisent fonctionnent à l'intérieur
d'un plan national régi par la Commission canadienne du lait, chaque
province, de force pas avec plaisir ou avec bonheur, mais de force
a accepté de se limiter à cette réduction de
quotas. Cela va pour un exemple où on avait un plan national.
Nous avons d'autres productions au Québec qui sont sous
contingentement pour lesquelles on n'avait, jusqu'à décembre,
aucun plan national, même s'il y avait eu, il y a environ quatre ans, des
ententes surtout entre le Québec et l'Ontario pour se partager le
marché. Je parle de la chair de volaille.
Or, les pouvoirs prévus au paragraphe j) de l'article 67
existaient d'une certaine manière entre les mains de l'office. Vous
allez voir ce que disent les paragraphes e) et f) de l'article 67. Le
paragraphe e) dit ceci: "Prévoir l'ajustement périodique des
contingents et établir des normes à cette fin." C'est la
réglementation. Le paragraphe f) dit: "Conserver à l'office une
part de contingent ou une partie de l'ensemble des contingents disponibles
à l'ensemble des producteurs visés sur le plan et l'attribuer en
totalité ou en partie conformément aux normes et modalités
établies à cette fin." La Fédération de la chair de
volaille au Québec, dans l'administration de son plan conjoint, a
dû en quelques occasions faire de la réglementation et demander
à tous les producteurs détenteurs de quotas dans cette
spécialité de réduire les contingents ou les quotas qu'ils
détenaient. Elle a également dû demander, au-delà de
cela, d'espacer le début des élevages.
Au lieu de commencer à élever quinze jours après
avoir vidé le poulailler, on a demandé de reporter le
départ de l'autre élevage à trois semaines, un mois
même, au-delà de la réglementation demandant de
réduire le quota de 2% ou de 3%. Pourquoi, même s'il n'y avait pas
de plan national? Parce que la fédération réalisait, en
cumulant des statistiques, qu'il y avait des surplus de chair de volaille qui
augmentaient dans les entrepôts, les abattoirs et les salaisons et que
ces surplus allaient conduire inévitablement à une baisse du prix
de ce produit, parce que la seule façon d'être capable
d'écouler du stock qui s'accumule trop, c'est de l'offrir sur le
marché à des prix réduits plus compétitifs par
rapport aux prix qui sont payés ou qui ont cours dans d'autres produits,
que ce soit le porc, le boeuf ou autre.
C'est ainsi que l'Office des producteurs de chair de volaille, en
plusieurs occasions, a demandé à ses producteurs, même s'il
n'y avait pas les dispositions de la loi 116 qu'on discute, de réduire
d'un certain pourcentage les quotas et a prévu des
pénalités. Celui qui devait produire tant de livres de chair de
volaille dans l'année, par le quota qu'il détenait, avait une
pénalité. S'il avait un dépassement de 10 000 livres par
année, il fallait qu'il accepte par le règlement de
pénalité de réduire du double l'année
subséquente le dépassement de quota qu'il avait fait. S'il avait
produit 10 000 livres de trop, l'année suivante, il fallait qu'il
accepte de produire 20 000 livres de moins parce aue la réglementation
et la pénalité prévoyaient que s'il y avait un
dépassement voulu, ou s'il était facile de constater qu'il y
avait eu la volonté de la part du producteur de dépasser son
quota... Je ne parle pas d'un stock d'élevage expédié une
semaine plus tard à l'abattoir; c'est sûr que cela augmente le
poids de la masse livrée. Cela peut déranger un petit peu, mais
quand il s'agit de volume plutôt restreint, sur lequel le producteur
n'aura pas de contrôle, parce que l'abattoir ou le transporteur ne
pouvait pas venir, l'administration des plans conjoints a toujours compris
cela. J'aimerais qu'on me cite un cas où vraiment des producteurs de
chair de volaille au Québec se sont vu confisquer des quotas pour ne pas
avoir respecté la réglementation qui est en vigueur,
excepté par la fédération, comme par la Régie des
marchés agricoles. S'il y en a, j'aimerais le savoir.
Je connais le cas d'un abattoir au Québec qui, au moment de
restrictions, imposait à tous les producteurs une réglementation
parce qu'on avait des surplus qui s'accumulaient dans les entrepôts. Je
connais un abattoir qui a dit à ses producteurs: Partez vos
élevages quand même aussitôt que vous êtes
prêts, produisez votre quota en totalité, et on se porte garant
des problèmes qui vont en découler. Cela fait au moins deux ans,
si ce n'est pas trois ans, que cela s'est produit. Les dirigeants de la
Fédération de chair de volaille ont tellement été
peu durs que les pénalités possibles pour les infractions qui
étaient commises ne sont pas encore appliquées. Je me demande
même si elles vont être appliquées. Je me pose la question
sérieusement. D'habitude, on a tendance parfois à accuser les
intégrateurs et ceux qui veulent profiter au maximum, mais là, ce
n'était pas l'entreprise privée qui était en cause,
c'était une coopérative, la Chaîne coopérative du
Saguenay.
Donnez-moi des cas où les gens qui administrent des plans
conjoints dans la chair de volaille, par exemple, ont vraiment utilisé
tous les pouvoirs que la loi sur la mise en marché leur donnait.
Donnez-moi des cas! Dans les oeufs, donnez-moi des cas où il y a eu des
saisies d'oeufs, le nombre de cas où cela s'est produit lorsqu'il n'y
aurait pas dû y avoir de saisie, qu'il y a eu erreur de la part de ceux
qui ont appliqué le règlement.
M. Fontaine: II y a des causes là-dessus. La Cour
suprême leur a donné raison.
M. Giasson: Quelqu'un m'a dit que c'est arrivé une fois
qu'on avait saisi des oeufs sous prétexte qu'il y avait trop de
volaille, trop de poules dans le poulailler. On a découvert par la suite
que ce n'était pas exact, que le producteur avait respecté son
contingentement, son quota. On m'a parlé d'un cas, mais il y en a
peut-être d'autres. Dans la chair de volaille, j'aimerais avoir des cas
aussi. N'oubliez pas que les gens qui administrent cela, au départ, ce
sont les producteurs concernés par cette mise en production. S'ils
voulaient abuser des pouvoirs que la loi donne à l'endroit de
producteurs qui ont vraiment respecté le système et les
règles du jeu établies, ces dirigeants qui feraient des choses
semblables à l'endroit de producteurs qui sont corrects dans
l'application d'un plan conjoint se feraient huer et se feraient lyncher par
les producteurs eux-mêmes. Ces pouvoirs vont être utilisés
lorsqu'il y aura, à mon sens, un véritable abus de la part de
certains producteurs, des gens qui récidivent constamment, qui
acceptent, coup après coup, de payer des pénalités, mais
qui préfèrent payer des pénalités ou subir l'effet
de pénalités et qui reviennent toujours à la charge. (21 h
15)
Tant et aussi longtemps que les producteurs vont respecter les
réglementations qui s'appliquent de façon équitable et
égale à tout le monde, celui qui va respecter cela, je suis
sûr qu'il n'a pas peur de tels pouvoirs, parce qu'il n'y a personne qui
va le prendre en défaut. Ceux qui ont peur de ces pouvoirs, ce sont des
gens qui ont des goûts de profiter au maximum d'un système
établi dans une production qui est sous plan conjoint à la suite
d'un référendum je dis bien à la suite d'un
référendum. C'est un strict minimum selon moi, je l'ai
déjà dit au ministre, pour fonctionner et mettre en place un plan
conjoint dans une production donnée.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que l'article...
À l'ordre, s'il vous plaît! Je m'excuse, mais non un
instant les auditeurs, comme le président, n'ont pas le droit
d'avoir d'émotions. Les députés peuvent avoir des motions.
On le sait.
Nous sommes toujours à l'article 3c, sous-paragraphe j). Il est
même permis de sourire. Oui, M. le député de Huntingdon, il
vous reste encore neuf minutes.
M. Dubois: Je voudrais seulement faire remar- quer que le
député de Montmagny-L'Islet qui vient à la rescousse du
ministre de l'Agriculture n'a pas fait état de nouvelles dispositions
que l'on voit dans le projet de loi no 116 et qui amènent des
amendements à l'ancienne loi, au chapitre 36, 1974. Il faudra parler
d'annulation de quotas quand même qui est une disposition qui n'existait
pas dans l'ancienne loi. C'est une chose dont vous n'avez pas fait état.
Je pense qu'on est vraiment à l'étude du projet de loi no 116 et
des dispositions incluses dans le projet de loi no 116. J'aurais aimé
que vous parliez de l'annulation de quotas. Qu'est-ce que vous pensez de
l'annulation de quotas?
Le Président (M. Cardinal): Attention. Il ne faudrait pas
que cela devienne un dialogue parce que...
Une voix: De sourds.
Le Président (M. Cardinal): Non pas de sourds.
M. Dubois: Parce qu'apparemment tout allait bien
antérieurement. Enfin, le député en a fait état. Il
y a de nouvelles dispositions dans la loi qui sont, à mon sens, abusives
quand on arrive à l'annulation de quotas. Le producteur qui se verrait
annuler ses quotas n'a même pas un droit d'appel. À mon sens,
c'est imposer à l'agriculteur des mesures abusives. J'aurais aimé
que le député en fasse état. C'est tout simplement ces
remarques que je veux faire.
Le Président (M. Cardinal): Je vais permettre à M.
le député de Montmagny-L'Islet, malgré que ce soit une
procédure particulière, de répondre.
M. Giasson: Lorsque le député de Huntingdon
déclare qu'en vertu des pouvoirs qui existaient déjà dans
la Loi des marchés, il n'y a pas eu de problème, je pense qu'il
m'a mal compris. Il y en a eu des problèmes, parce qu'il y a des
producteurs qui ont décidé de ne pas respecter les
règlements. Ces producteurs ont créé des surplus, ont
stocké de la chair de volaille dans des abattoirs, et qui a payé
pour cela en définitive? Ce sont d'autres producteurs qui ont dû
accepter des réductions de quotas, parce que les uns avaient
été plus fins, plus finauds que les autres. Il y a quelqu'un qui
a payé pour cela.
Deuxièmement, j'ai indiqué dans mes propos, il y a
quelques moments, que le producteur qui détient un quota dans n'importe
quelle spécialité, qui le respecte intégralement, qui
respecte une nouvelle réglementation, qui voudrait que pour une courte
période tous les producteurs dans le même pourcentage de
réduction doivent réduire, n'aura pas de craintes devant le
pouvoir de se faire priver, confisquer ou annuler un quota.
Il n'y a pas de danger pour lui. Il y a certaines gens qui peuvent avoir
peur de l'annulation d'un quota, mais vous savez pourquoi. Vous n'avez pas
besoin de chercher longtemps. Si c'est celui-là qu'il faut
défendre absolument à l'intérieur de la loi, qu'on le
dise.
M. Dubois: Vous acceptez d'emblée les conditions
peut-être abusives...
M. Giasson: Pour ma part, comme producteur à
l'intérieur d'un plan conjoint, je n'ai pas peur de ces pouvoirs parce
que, initialement, je suis prêt à jouer à
l'intérieur du système. Quant à être dans un plan
conjoint, je veux qu'il fonctionne. Le plan conjoint, ce n'est pas venu par
l'opération du Saint-Esprit. C'est venu à partir de la
volonté des producteurs agricoles d'avoir des meilleurs contrôles
sur la mise en marché et surtout de rechercher une efficacité de
prix à partir de coûts de production et une stabilité de
prix. Selon mon évaluation, l'interprétation d'un plan conjoint,
c'est son rôle premier. Mais pour atteindre ces fins, il y a des
restrictions qu'on doit accepter. On ne peut pas être "at large" tout le
temps, et y aller sans accepter aucune restriction. Dans la vie, dans d'autres
secteurs d'activité humaine, pour ne pas commettre des infractions et
être à l'intérieur des règles établies, il
faut se freiner.
Chacun de nous, à toutes les semaines de sa vie, se freine sur
certaines choses parce qu'on se donne des règles et qu'on ne veut pas
être en dehors de réglementations ou de législations. On le
fait sans s'en rendre compte, mais on le fait. Chaque fois qu'on part avec son
véhicule, on s'astreint à des règles établies pour
éviter d'être en pénalité. Je donne un exemple; il y
a des multitudes d'exemples. C'est sûr qu'on n'a pas une liberté
totale parce que, dans la société, il y a des structures et des
règles. Si on voulait avoir la liberté totale, on serait
complètement en dehors des règles voulues par un consensus
général à l'intérieur de cette
société. C'est le même système à
l'intérieur des plans conjoints, selon mon évaluation.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que l'article...
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: ... le député de Montmagny-L'Islet
nous donne toujours son exemple de chair "à" volaille. Je le comprends,
il connaît peut-être plus ce domaine.
M. Giasson: Exactement, vous avez raison.
M. Fontaine: Mais pour la chair "à" volaille, le
producteur entre dans sa ferme des volailles et fait sa production. Quand il a
atteint son quota, il arrête de produire et il n'a pas trop de
problèmes. Mais dans le domaine du lait, que je sache, les vaches n'ont
pas de "champlure". Quand on va adopter un règlement pour prohiber la
production et annuler le quota de celui qui a produit en dehors de ce qui est
prévu par le règlement, c'est là qu'on pense en
tout cas, je pense cela qu'on va un peu trop loin.
Si le ministre voulait accepter, comme cela s'est fait, par exemple,
dans la loi du Nouveau-Brunswick, d'indiquer clairement dans le projet de loi
quelles productions on pourrait prohiber, par exemple la chair "à"
volaille ou la chair de volaille, comme dit si bien le député de
Champlain... Il parle très bien le français, mais il ne parle pas
souvent.
M. Gagnon: Vous parlez trop souvent, on n'a pas le temps.
M. Fontaine: ... M. le Président, je pense qu'à ce
moment-là on pourrait accepter un tel pouvoir dans une loi, un pouvoir
de réglementation qui est confié à un office de
producteurs. Mais dans d'autres productions, c'est mon avis et c'est l'avis de
bien des producteurs également dans mon coin, je pense que cela ne peut
pas être mis en application.
M. Garon: Voulez-vous dire qu'à ce moment-là un
contingent dans le lait doit être dépassé
légalement? Si vous savez que vous avez un contingent, disons, de 300
000 livres de lait, à ce moment-là, si vous achetez trop de
vaches, vous en produirez 400 000 livres. Ou, si vous améliorez la
productivité de vos animaux et qu'à partir de 8000 livres par
vache vous montez cela à 10 000 livres par vache, allez-vous garder le
même nombre?
M. Fontaine: Non mais...
M. Garon: À ce moment-là, si vous avez un
contingent dans le lait, c'est la même chose, dans le fond. Si vous avez
un contingent de 300 000, il faut que vous respectiez votre contingent de 300
000.
M. Fontaine: M. le Président, une bonne partie des
producteurs de lait ont, à un moment donné, à
dépasser leur contingent. Si on accepte le principe de permettre
à un office de producteurs d'adopter un règlement qui va prohiber
la production en dehors du contingent, à ce moment-là on va les
obliger à arrêter de produire.
M. Garon: II y a un contingent. À ce moment-là,
s'il produit en dehors de son contingent et qu'il n'est pas
pénalisé...
M. Fontaine: II est pénalisé actuellement.
M. Garon: ... ce sont les autres qui vont payer pour lui, ceux
qui respectent leur contingent.
M. Fontaine: II est pénalisé actuellement.
M. Garon: II y a une chose ou une autre. Si personne ne respecte
son contingent, le système ne marche pas; s'il y en a quelques-uns qui
ne le respectent pas alors que d'autres le respectent, ceux qui ne le
respectent pas pénalisent ceux qui le respectent.
M. Fontaine: Ce qui va arriver, c'est qu'en plus de la
pénalité qu'il va être obligé de payer... C'est
quoi? $8.60 les 100 livres de pénalité. Je pense que c'est $8.60,
si je ne me trompe pas. Si on empêche la production, le gars n'aura plus
à payer cette pénalité, mais il ne pourra plus
produire.
M. Garon: La formule dans le cas du dépassement de quota
de lait, ce sont plutôt les pénalités qui sont
appliquées. À k), le paragraphe suivant, on touche plutôt
les pénalités. Dans le domaine du lait, la formule qui a
plutôt été appliquée, ce sont les
pénalités.
M. Fontaine: C'est ce qui est appliqué actuellement mais,
si on amende la loi telle qu'on veut l'amender, on va pouvoir faire autre
chose. Le ministre dit toujours: On va y mettre les pouvoirs, mais ils ne s'en
serviront pas. Écoutez un peu, toujours signer des chèques en
blanc dans les lois qu'on vote, je commence à en avoir assez de
cela.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je pense qu'on interprète mal ou on ne veut pas
comprendre, parce que j'ai fortement l'impression que cela ne s'applique pas
spécialement pour le lait, et surtout pas pour le lait, parce qu'avec
une pénalité comme on parlait, de $8 les 100 livres, je pense que
personne n'est intéressé à dépasser ces
contingentements.
Une voix: Ils ne font pas exprès.
M. Gagnon: II ne font pas exprès et c'est impossible
aussi. Cela va arriver temporairement, mais tu ne produiras pas dans le but de
dépasser les contingentements dans le domaine du lait avec la
pénalité qu'il y a. C'est surtout dans d'autres productions,
comme on parlait, de chair de volaille, dans les oeufs, dans ces domaines,
où il y a des gens qui se spécialisent à passer à
côté, à dépasser le contingentement; ils se
spécialisent.
M. Fontaine: Ils sont dans la loi ceux-là.
Le Président (M. Cardinal): Nous sommes toujours, depuis
ce matin, à l'article 3c et maintenant au sous-paragraphe j), tel
qu'amendé. Oui, M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais revenir, M. le Président,
à la question.
Le Président (M. Cardinal): Non, son temps n'est pas
dépassé. M. le député de Nicolet-Yamaska n'avait
pas parlé sur la motion principale telle qu'amendée. Cependant,
je sens qu'il y a un grand désir, en cette salle, que l'on finisse par
passer au vote sur cette question. Enfin, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Vous avez dit vous même, M. le
Président, que vous ne pouviez exprimer vos sentiments.
Le Président (M. Cardinal): Non, je n'ai pas
exprimé les miens. J'ai dit que je sentais.
M. Fontaine: Quelques minutes, M. le Président... On sait
que vous êtes ici par obligation pour remplacer quelqu'un d'autre. C'est
la première fois que vous venez. Alors, cela ne peut pas tellement vous
intéresser.
M. Gagnon: II y a un avantage, c'est que vous allez savoir un peu
ce que c'est que l'agriculture.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît! Cela allait bien depuis l'après-midi. Continuez, M. le
député.
M. Fontaine: Je voudrais revenir, M. le Président,
à la... Pardon?
M. Brassard: Je comprends pourquoi celui que je remplace est
malade.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît!
M. Fontaine: Vous ne devriez pas vous réjouir du malheur
de vos confrères.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais revenir, M. le Président,
à la question du droit d'appel.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Fontaine: Le ministre nous donnait l'exemple de la personne
qui se fait arrêter sur une route alors qu'elle excède la vitesse
permise. Je lui avais dit, à ce moment-là, que si je me fais
arrêter sur la route, si j'excède la vitesse permise, je
reçois un billet d'infraction et on ne m'enlève pas mon
véhicule. À ce moment-là, je voulais faire
référence à la question du contingent, mais quant à
la question de l'appel également, lorsque je me fais arrêter sur
la route, j'ai le droit d'être entendu par un tribunal. Ce n'est pas le
directeur du Bureau des véhicules automobiles qui m'entend, c'est le
tribunal de droit commun. Dans la loi qu'on nous présente actuellement,
c'est la Régie des marchés agricoles qui, entre autres, a comme
rôle d'accepter ou de refuser les règlements proposés par
l'office de producteurs, qui va entendre le producteur qui va voir son permis
suspendu.
M. le Président, je voudrais que le ministre comprenne bien que
les producteurs ont le droit, comme les autres, de se faire entendre devant un
tribunal de droit commun. D'ailleurs, cela leur a été permis dans
d'autres lois comme la Loi de l'assurance-récolte que je mentionnais
tantôt. Lorsque le ministre nous dit qu'on peut aller par bref
d'évocation devant la Cour supérieure, encore
là, je voudrais ajouter que ce n'est pas accessible à tous
les producteurs parce que c'est très coûteux et, d'un autre
côté, on sait que c'est un pouvoir de surveillance et de
contrôle qui est exercé par la Cour supérieure. (21 h
30)
Vous, M. le Président, qui avez été professeur de
droit, pouvez certainement étayer mes dires beaucoup mieux que je peux
le faire, à savoir que la Cour supérieure n'exerce ce pouvoir que
lorsqu'il y a excès de juridiction, et que c'est très rare que la
Cour supérieure accepte d'émettre un bref d'évocation.
Le ministre nous parlait également d'un appel au Conseil des
ministres. Cela, c'est encore plus ridicule, parce que le Conseil des ministres
est un organisme politique, que je sache.
M. Garon: Administratif.
M. Fontaine: Un organisme politique. Je ne pense pas non plus
qu'au Conseil des ministres, on entende le producteur agricole qui fait une
plainte parce que son quota a été suspendu ou annulé. Cela
me surprendrait bien gros. La règle audi alteram partem, au Conseil des
ministres, je ne pense pas qu'elle soit respectée. Cela me surprendrait.
Si le ministre peut me dire le contraire, je serai bien content. Je vais
envoyer les producteurs de mon comté se faire entendre au Conseil des
ministres.
M. le Président, je pense qu'on devrait accepter de modifier
cela, pour que les producteurs agricoles du Québec aient le droit de se
faire entendre, bien sûr sur des questions de droit, peut-être,
mais par la Cour provinciale, le tribunal de droit commun du Québec. Je
continue à vous parler de la question de production.
Une voix: II n'y a pas d'amendement?
M. Fontaine: Cela va venir, ce ne sera pas long.
Je vous ai donné tout à l'heure mon opinion quant à
la question du pouvoir d'empêcher un producteur de produire. Je pense que
c'est un droit inaliénable, un droit fondamental qu'un producteur
agricole ait le droit de produire. Je pense qu'on ne peut pas accepter que dans
une loi, on ajoute de tels pouvoirs pour permettre à un office de
producteur de faire adopter des règlements pour empêcher quelqu'un
de produire. Pour ces raisons, je vous propose l'amendement suivant.
Le Président (M. Cardinal): À l'ordre, s'il vous
plaît. Je vous écoute, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Que le paragraphe c) de l'article 3 soit
modifié en retranchant, dans la deuxième ligne du nouveau
paragraphe j), les mots, "produire ou", et, dans les sixième et
septième lignes, les mots "la production ou".
Le Président (M. Cardinal): D'accord, j'en ai
déjà une copie. Il n'y aura pas de débat sur la
recevabilité. En vertu de l'article 70 de nos règlements, la
façon de proposer l'amendement est tout à fait techniquement
recevable... Bien oui.
Deuxièmement, comme cet article 3c), paragraphe j) n'est que la
suite des articles du début qui donnaient les principes du projet de
loi, je dois aussi déclarer cet amendement recevable. Il est donc
reçu.
M. Fontaine: M. le Président, l'amendement que je propose
fait tout simplement suite à...
Le Président (M. Cardinal): Je voudrais vous faire
remarquer quelque chose, M. le député de Nicolet-Yamaska. Je sais
qu'il y a eu des usages plus ou moins variés, mais quand quelqu'un
présentait une motion à la fin du temps qui lui était
imparti, normalement, à moins de consentement de la commission, son
temps était terminé.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy:... sur ce point de règlement, je pense qu'il y a
eu un consensus assez large depuis le début de nos travaux
là-dessus...
Le Président {M. Cardinal): C'est ce que je demande, s'il
y a consensus. C'est accordé, M. le député de
Nicolet-Yamaska, mais vous ne recommencez pas pour vingt minutes.
M. Fontaine: Non, je veux simplement dire que cet amendement que
je propose est un amendement que je qualifierais de concordance avec un autre
amendement qu'avait proposé le député de Beauce-Sud
à l'article 3a, paragraphe c), lorsqu'on parlait de fixer le temps et le
lieu de la production et de les prohiber... À ce moment-là, le
député de Beauce-Sud avait proposé un amendement dont nous
avons discuté, qui avait été refusé par le
gouvernement. Je pense que pour être conséquents avec
nous-mêmes, il faut continuer à débattre cette même
question au paragraphe j) pour que nous puissions le faire adopter par le
gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Beauce-Sud. Merci de votre collaboration, M. le
député de Nicolet-Yamaska, je l'apprécie. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: J'aimerais revenir quelque peu sur cette motion
d'amendement qui vise effectivement à enlever du paragraphe c) de
l'article 3 de la loi, des dispositions qui nous paraissent extrêmement
arbitraires. Je m'explique. Dans la sixième ligne de la loi, on allait
jusqu'à stipuler "interdire la production ou la mise en marché,
en violation du contingent". Je pense que personne ne nierait qu'il faut
effectivement qu'il y ait des pouvoirs dans les offices de mise en
marché, comme l'a dit
le député de Montmagny-L'Islet tout à l'heure, ce
avec quoi nous ne sommes pas en désaccord, nous l'avons toujours dit
depuis le début.
Les offices de mise en marché, les coopératives, les
syndicats, peu importe les organismes créés, en vertu de lois
existantes, ont besoin de pouvoirs pour être efficaces. La question que
j'ai posée depuis le début: Jusqu'où doivent aller les
pouvoirs?
Quand on est rendu à dire dans la loi "interdire la production",
pour quelle raison mettrions-nous une telle disposition dans une loi agricole,
alors qu'on n'a aucune loi de travail qui peut interdire les gens de
travailler? Il y en a qui aiment avoir des carcans. J'en connais pas mal.
Comme je l'ai déjà dit: S'ils veulent se mettre des
carcans, qu'ils s'en mettent eux-mêmes. Mais qu'ils ne comptent pas sur
moi. J'en connais aussi qui essaient de se défaire des carcans à
un moment donné. J'ai déjà posé cette question.
Dans quels pays a-t-on été aussi loin dans une
législation? Interdire la production.
M. Garon: L'Ontario, oui.
M. Roy: De portée générale? Dans une loi de
portée générale comme celle-là, M. le
Président?
M. Garon: Dans un article.
M. Roy: Interdire la production. Il y a quand même des
limites. Il y a un droit qui est fondamental, c'est le droit de s'associer, le
droit de se syndiquer, le droit d'être membre d'une coopérative.
Aujourd'hui, le droit de ne pas se syndiquer est un droit qui est disparu
à bien des endroits. Lorsque la loi 64 a été votée,
en 1972, 1973, si ma mémoire est bonne, le syndicalisme était
devenu obligatoire dans l'agriculture. C'est obligatoire, le syndicalisme, dans
l'agriculture. C'est dans la loi. La loi existe actuellement. C'est la formule
Rand qu'on appelle.
Jusqu'où les pouvoirs doivent-ils aller? Quand on est rendu
à stipuler dans des textes de loi "interdire la production", il faudrait
qu'on songe que cette disposition s'applique. Si elle s'applique, il va falloir
qu'il y ait des mécanismes de surveillance qui soient mis sur pied. Qui
va mettre ces mécanismes de surveillance sur pied? En vertu de la loi
actuelle, c'est la Régie des marchés agricoles. Ce n'est pas
l'UPA, ce ne sont pas les offices de mise en marché qui mettent les
inspecteurs, c'est la Régie des marchés agricoles. Ce n'est pas
la même chose tout à fait. Il va falloir qu'on y pense, et de
façon sérieuse.
Comment pourrait-on, à un moment donné, poursuivre devant
un tribunal quelqu'un qui aurait osé produire sur sa ferme, une petite
ferme prenons le cas d'une petite ferme très artisanale, d'un
petit propriétaire et qui, pour toutes sortes de raisons, se
trouve pris dans des difficultés si on en vient à appliquer une
loi aussi énorme que celle-là? M. le Président, cette
disposition qu'on introduit dans la loi aujourd'hui, on ne l'introduit
sûrement pas pour faire parler les parlementaires; c'est parce qu'on a
l'intention de l'appliquer. C'est bien clair que cela va faire l'affaire de
quelqu'un, mais est-ce que cela va faire l'affaire de tout le monde?
Nous avons toujours soutenu que, dans le monde agricole, il n'y a pas
seulement la question de la chair de volaille dont a parlé le
député de Montmagny-L'Islet tout à l'heure. Il n'y a pas
seulement les oeufs, non plus. Il y a bien d'autres secteurs dans le monde
agricole. Prenons la question du bois. Des plans conjoints du bois, il y en a.
Quand on parle d'interdiction de produire, cela veut dire l'interdiction de
couper. C'est cela que cela veut dire. Vous ne pouvez pas me faire croire que
cela veut dire autre chose que cela. Que fait-on pour une personne qui
décide pour elle-même, qui n'est même pas
intéressée à faire de la mise en marché, d'en
couper?
Actuellement, dans le domaine du bois, le bois à pâte est
régi par la loi. Les billots ne sont pas encore régis
actuellement par les offices de mise en marché, par les plans conjoints.
Quand une personne coupe des billots, elle a le choix de ramasser ce qui peut
rester, ce qui ne peut pas être mis en billots et de faire du bois de
quatre pieds avec cela. C'est un problème que je vis dans mon bureau
toutes les semaines et que j'ai vécu d'une façon plus
particulière au cours des deux dernières années. J'ai
toujours soutenu qu'il n'y avait pas de citoyens de deuxième classe et
de citoyens de troisième classe. Il y a des gens qui ont des droits. Il
y a des gens qui ont payé des propriétés. Il y a bien des
choses qui ont été faites, qui ont été dites
surtout, qui ont causé des préjudices à bien des gens.
J'aimerais, sur ce point bien précis, qu'on y pense deux fois, trois
fois. Je dis que je suis bien conscient que cela fait l'affaire de quelqu'un.
Il y a quelqu'un qui le demande, mais il y en a d'autres aussi.
M. Gagnon: La très grande majorité.
M. Roy: II y en a d'autres aussi.
M. Gagnon: La très grande majorité.
M. Roy: La question de la majorité, là, c'est bien
discutable. C'est très discutable, la question de la majorité. On
pourrait parler passablement là-dessus. Le député peut
avoir sa version et on peut avoir la nôtre. Il peut y avoir des faits
aussi. Il peut y avoir l'intérêt des régions aussi. Il y a
différentes régions. Le député a ses
responsabilités et nous avons les nôtres. Les siennes ne me
dégagent pas des miennes. Les miennes ne me dégagent pas des
siennes non plus. Qu'on y pense deux fois.
Le Président (M. Cardinal): Cette motion d'amendement
sera-t-elle adoptée?
Des voix: Rejeté. Des voix:Vote.
Le Président (M. Cardinal): Vote enregistré. Vous
connaissez la motion. Que le paragraphe c)
de l'article 3 soit modifié en retranchant dans la
deuxième ligne du nouveau paragraphe j) les mots "produire ou" et, dans
les sixième et septième lignes, les mots "la production ou".
J'appelle les membres de cette commission. M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour. (21 h 45)
Le Président (M. Cardinal): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre. Contre la perte de temps.
Le Président (M. Cardinal): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Vaillancourt (Orford)?
M. Vaillancourt (Orford): Contre.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, le résultat
du vote: Pour deux, contre huit. La motion d'amendement est donc
rejetée. Nous revenons à la motion principale de l'article 3c. M.
le député de Nicolet-Yamaska demande la parole. Il a encore six
minutes.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Sur la motion
principale, je voudrais revenir à la question de l'appel. J'ai
demandé à notre conseiller technique d'aller chercher un jugement
de la Cour supérieure du district de Trois-Rivières, par le juge
Jacques Lacoursière, rendu... Je n'ai pas la date. C'est la cause de
Louis Labrecque, Rénald Labrecque Raymond Labrecque versus la
Fédération des producteurs d'oeufs de consommation du
Québec. À la fin du jugement, le juge Lacoursière disait
ceci, concernant la position dans laquelle la régie est placée
lorsqu'elle a à rendre un jugement, à la suite d'un appel ou
d'une injonction ou d'une requête qui est présentée par un
producteur du Québec. Le juge disait ceci: "Cet organisme administratif
qu'est la régie est doté de pouvoirs décisionnels. Par
ailleurs, c'est cet organisme qui a créé l'intimée,
c'est-à-dire la Fédération des producteurs d'oeufs, ce qui
la place dans une situation équivoque pour décider des litiges
entre sa création et les tiers". La régie qui, elle-même,
accepte de créer un office de producteurs, le juge de la Cour
supérieure dit qu'elle est dans une situation équivoque pour
décider des litiges entre sa création et des tiers. On le
constate d'ailleurs par la position que prend la régie face à la
présente requête où elle est mise en cause, mais sans
conclusion quant à elle.
M. le Président, je pense que le juge de la Cour
supérieure, le juge Lacoursière de Trois-Rivières, a
effectivement la même opinion que nous avons ici en commission, à
savoir qu'il y a un certain conflit de juridiction pour la régie
lorsqu'elle a à décider d'une requête qui est faite par un
producteur. Le juge continuait en disant: Au lieu de s'en rapporter à la
justice, elle a délégué ses procureurs. Il parlait de la
régie. La régie, au lieu de s'en rapporter à la justice, a
délégué ses procureurs pour s'opposer à la
requête et lier ainsi partie avec l'intimée. Cela veut dire que la
régie a lié partie avec l'intimée qui est la
Fédération des producteurs d'oeufs de consommation du
Québec, contre un producteur qui est allé devant la Cour
supérieure.
M. le Président, comment peut-on accepter qu'un organisme qui
s'appelle la régie puisse maintenant décider d'avoir un droit
d'appel, de révision quant aux décisions qu'elle rend
elle-même lorsqu'il s'agit d'un appel qui est porté par un
producteur de quelque production que ce soit au Québec? M. le
Président, je considère inconcevable que le ministre de
l'Agriculture puisse accepter de telles choses. Je ne pense pas non plus que
les producteurs, s'ils sont au courant de cette situation, si on les met au
courant de cette situation, acceptent une telle situation.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Est-ce que j'ai bien compris le député
de Nicolet-Yamaska? Est-ce qu'il nous a bien dit que sur une question touchant
la Loi sur la mise en marché des produits agricoles du Québec, un
producteur ou des producteurs ont pu aller devant la Cour suprême?
M. Fontaine: Par une injonction.
M. Giasson: Ils se sont rendus devant la Cour
supérieure.
M. Fontaine: Oui, une injonction à la suite d'une saisie
d'oeufs.
M. Giasson: Bon.
M. Fontaine: Ce n'est pas un droit d'appel. C'est une
injonction.
M. Giasson: Ce n'est pas un droit d'appel, mais ils ont pu au
moins franchir cette étape.
M. Fontaine: Oui, mais écoutez un peu, ce qu'on vous
disait tantôt, c'est encore vrai. C'est que le producteur qui va devant
la Cour supérieure et qui est obligé de faire une injonction pour
cela, il est obligé de payer pour, engager des avocats et se
défendre. Tandis que devant la régie, il peut le faire
lui-même. Il n'y a pas de frais devant la régie.
Le Président (M. Cardinal): C'est difficile. Je n'ai
jamais le droit de me prononcer sur des questions semblables. Je m'en retiens
bien.
M. Fontaine: M. le Président, c'est une question de
principe ici qu'on demande, à savoir que le producteur du Québec
puisse être entendu par un tribunal de droit commun. Il me semble que ce
n'est pas sorcier. Plutôt que d'être entendu par la régie
qui, lorsqu'elle voit qu'un producteur veut contester quelque chose, lie partie
avec une fédération. Il faudrait peut-être comprendre que
le producteur agricole, quand il a intérêt à contester
quelque chose, un règlement ou l'application d'un règlement,
devrait être entendu par un organisme indépendant. À mon
avis, cet organisme indépendant ne peut être autre chose qu'un
tribunal de droit commun. Le producteur agricole, comme dans n'importe quel
autre domaine, a ce droit d'être entendu par un organisme et d'être
jugé impartialement. C'est cela qu'on demande. Ce n'est pas
compliqué. Je ne pense pas que le député de
Montmagny-L'Islet puisse être contre cette demande. Je ne pense pas non
plus qu'un producteur agricole qui comprend la situation soit contre le fait
d'avoir un droit de faire réviser les décisions soit de sa
fédération, de son office de producteurs ou de la régie,
par un tribunal de droit commun qui s'appellerait la Cour provinciale.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Merci, M. le
député de Nicolet-Yamaska, vous avez employé tout votre
temps. Sur l'article 3c, j). M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. J'aimerais revenir au
début du texte du paragraphe j), où il y a quand même du
droit nouveau. En fait, c'est complètement du droit nouveau: "Obliger un
producteur à détenir un contingent pour produire ou pour mettre
en marché." C'est neuf, cela n'existait pas. M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, continuez.
M. Dubois: ... je voudrais indiquer au ministre que le paragraphe
j) est entièrement du droit nouveau: "Obliger un producteur à
détenir un contingent pour produire..." Si on ajoutait à
cela...
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! Je
comprends qu'il est tard, nous allons bientôt terminer. J'aimerais
écouter avec beaucoup d'attention, M. le député de
Huntingdon. Je demanderais à ceux qui sont devant nous de faire silence,
s'il vous plaît.
M. Dubois: N'y aurait-il pas lieu, M. le Président, que la
portée de ce paragraphe s'applique sur les produits qui sont
présentement réglementés? Parce qu'on ouvre la porte,
quand même, à tout produit. "Obliger un producteur à
détenir un contingent pour produire." Il y a des produits qui sont
réglementés, il y en a plusieurs, mais on pourrait lire que cela
s'applique à tous les produits de la ferme, de A à Z, parce qu'on
n'indique pas quels produits... Écoutez, c'est très vague.
M. Garon: Allez voir la définition au début du
projet de loi no 36.
M. Dubois: Oui, mais ici c'est du droit nouveau: "Obliger un
producteur à détenir un contingent pour produire."
M. Garon: ... commercialiser.
M. Dubois: Mais il s'agit de "pour produire". Auparavant,
c'était pour mettre en marché, pour fins de vente; ici, c'est
"pour produire". Cela veut dire qu'implicitement, on pourrait dire à un
individu, demain matin: Tu n'as pas le droit de produire. Point final. Cela
pourrait s'arrêter là. Si on prend l'article comme tel, on
pourrait dire: Tu n'as pas le droit de produire.
M. Garon: La définition d'un produit commercialisé,
c'est un produit agricole auquel s'applique un plan.
M. Dubois: "Obliger un producteur à détenir un
contingent pour produire ou (pour) mettre en marché un produit
commercialisé." Mais le mot "produire" n'est pas totalement uni; il peut
aussi se prendre séparément.
M. Garon: Mais non.
M. Dubois: Oui. Ou, c'est un ou l'autre.
M. Beauséjour: C'est un adverbe, cela unit ce qu'il y a
avant à ce qu'il y a après.
M. Dubois: Cela peut être les deux ensemble. Cela pourrait
être un et cela pourrait être l'autre ou cela pourrait être
les deux. Ce qui veut dire qu'un producteur pourrait être
empêché de produire totalement. C'est clair, je pense que c'est
net: "détenir un contingent pour produire ou (pour) mettre en
marché."
M. Garon: Un produit commercialisé, tel que
défini.
M. Dubois: Oui, mais pour produire. La commercialisation se fait
dans tous les produits. Il y a des produits qui sont réglementés
et des produits qui ne sont pas réglementés.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, le "ou" est
conjonctif ou disjonctif.
M. Dubois: II y a des produits qui sont réglementés
par un contingentement et d'autres qui ne le sont pas.
M. Garon: Ceux qui ne le sont pas, cela ne s'applique pas
à eux.
M. Dubois: Cela pourrait être précisé quand
même que cela s'applique aux produits où il y a déjà
une réglementation.
M. Garon: Allez voir la définition de produit
commercialisé au début de la loi 36. Un produit
commercialisé, c'est un produit agricole auquel s'applique un plan
conjoint.
M. Dubois: Vous avez apporté des précisions
à certaines places; pourquoi n'avez-vous pas apporté la
précision ici?
M. Garon: C'est précis.
M. Dubois: Oui, c'est précis comme c'était
précis quand vous avez ajouté dans votre texte original
"émis par l'office". Vous l'avez enlevé et cela revient à
la même chose. Vous auriez pu être aussi précis ici et dire:
Dans un produit où il y a un contingentement ou une
réglementation. Cet article aurait pu être plus précis et
faire moins peur au producteur. Tel qu'on le voit, il fait peur au producteur,
parce qu'on peut lui dire demain matin: Tu n'as pas le droit de produire,
possiblement.
M. Garon: Ce que vous dites n'est pas exact, parce qu'un produit
commercialisé au sens de la loi parce que cela vient amender une
loi existante c'est défini; c'est un produit auquel s'applique un
plan conjoint. À ce moment-là, il ne s'agit pas de tous les
produits, mais il s'agit simplement des produits qui sont couverts par un plan
conjoint.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que l'article 3c)
paragraphe j) est adopté?
M. Roy: Un instant.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud, vous aurez très peu de temps parce que je prendrai quand
même trente secondes pour annoncer ce qui va se passer après.
M. Roy: De toute façon, on ne pourra pas adopter l'article
ce soir. Il me reste quand même encore deux minutes, je pense, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): C'est cela, oui.
M. Roy: II reste simplement une minute à l'horloge. Je
pourrais peut-être proposer la suspension, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Du débat.
M. Roy: ... du débat pour vous permettre, autrement dit,
de faire les annonces et les mises au point qui s'imposent.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Alors, cette motion
est adoptée. Je veux rappeler qu'en vertu du même ordre de la
Chambre adopté jeudi dernier il est dit ceci au procès-verbal:
"Mardi, à compter de 10 heures jusqu'à 12 h 30, la commission
permanente de l'Agriculture siégera à la salle 81-A pour
étudier, article par article, le projet de loi 116, Loi modifiant la Loi
sur la mise en marché des produits agricoles."
Sur ce, d'office, j'ajourne ces travaux à demain, 10 heures, au
même endroit.
(Fin de la séance à 22 heures)